Concordance, null [Alix]

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1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Avant-propos
    1
      Avant-propos   Ce n’est pas une histoire 
    
de

     l’Europe qu’on va lire, mais seulement une chronique — illustrée de c
  
    2
    va lire, mais seulement une chronique — illustrée 
    
de

     citations — des prises de conscience successives de notre unité de cu
  
    3
    e chronique — illustrée de citations — des prises 
    
de

     conscience successives de notre unité de culture, des temps homérique
  
    4
     citations — des prises de conscience successives 
    
de

     notre unité de culture, des temps homériques à nos jours. Au cours de
  
    5
    s prises de conscience successives de notre unité 
    
de

     culture, des temps homériques à nos jours. Au cours de ces trois mill
  
    6
    jours. Au cours de ces trois millénaires, combien 
    
d’

    auteurs ont-ils écrit sur le sujet qui nous occupe ? On en trouve nomm
  
    7
     ? On en trouve nommés près de 2.000 dans l’index 
    
d’

    un ouvrage récent sur l’histoire de l’idée européenne, où n’ont été re
  
    8
    0 dans l’index d’un ouvrage récent sur l’histoire 
    
de

     l’idée européenne, où n’ont été retenus que les meilleurs ou les plus
  
    9
     meilleurs ou les plus significatifs. J’ai choisi 
    
de

     citer ceux qui demeurent actuels et peuvent encore parler aux hommes 
  
    10
    urent actuels et peuvent encore parler aux hommes 
    
de

     cette époque, soit en tant que témoins des origines de notre civilisa
  
    11
    tte époque, soit en tant que témoins des origines 
    
de

     notre civilisation ou de l’apparition de ses problèmes cruciaux au ni
  
    12
    que témoins des origines de notre civilisation ou 
    
de

     l’apparition de ses problèmes cruciaux au niveau de la conscience et 
  
    13
    origines de notre civilisation ou de l’apparition 
    
de

     ses problèmes cruciaux au niveau de la conscience et de l’histoire ; 
  
    14
     problèmes cruciaux au niveau de la conscience et 
    
de

     l’histoire ; soit en tant que précurseurs ou champions des plans d’un
  
    15
    it en tant que précurseurs ou champions des plans 
    
d’

    union fédérative qui, sous nos yeux, commencent à prendre corps. De ce
  
    16
    e qui, sous nos yeux, commencent à prendre corps. 
    
De

     cette évolution, qui va du Mythe au Fait en passant par les Utopies e
  
    17
     Fait en passant par les Utopies et par une série 
    
de

     Plans issus les uns des autres, quelques thèmes généraux se dégagent.
  
    18
     généraux se dégagent. Si je les formule au seuil 
    
de

     cet ouvrage, c’est dans l’espoir que le lecteur les prenne pour guide
  
    19
     le lecteur les prenne pour guides dans un dédale 
    
de

     citations tirées de vingt-huit siècles de littérature, d’histoire et 
  
    20
    ne pour guides dans un dédale de citations tirées 
    
de

     vingt-huit siècles de littérature, d’histoire et de philosophie en do
  
    21
     dédale de citations tirées de vingt-huit siècles 
    
de

     littérature, d’histoire et de philosophie en douze langues anciennes 
  
    22
    ions tirées de vingt-huit siècles de littérature, 
    
d’

    histoire et de philosophie en douze langues anciennes et modernes : 1.
  
    23
     vingt-huit siècles de littérature, d’histoire et 
    
de

     philosophie en douze langues anciennes et modernes : 1. L’Europe est 
  
    24
    aucoup plus ancienne que ses nations. Elle risque 
    
de

     périr du fait de leur désunion et de leurs prétentions — toujours plu
  
    25
    nne que ses nations. Elle risque de périr du fait 
    
de

     leur désunion et de leurs prétentions — toujours plus illusoires — à 
  
    26
     Elle risque de périr du fait de leur désunion et 
    
de

     leurs prétentions — toujours plus illusoires — à la souveraineté abso
  
    27
    nce une fonction non seulement universelle, mais, 
    
de

     fait, universalisante. Elle a fomenté le Monde, en l’explorant d’abor
  
    28
    es moyens intellectuels, techniques et politiques 
    
d’

    une future unité du « genre humain ». Elle demeure responsable d’une v
  
    29
    ité du « genre humain ». Elle demeure responsable 
    
d’

    une vocation mondiale, qu’elle ne pourra soutenir qu’en fédérant ses f
  
    30
    ceux qui ont vu loin. Homère déjà qualifiait Zeus 
    
d’

    europos, adjectif signifiant « qui voit très loin ». 4. Nous ne trouve
  
    31
    urope qu’en la faisant, comme l’enseigne le mythe 
    
de

     Cadmus, qu’on va citer. Le vrai moyen de la définir, c’est de la bâti
  
    32
    le mythe de Cadmus, qu’on va citer. Le vrai moyen 
    
de

     la définir, c’est de la bâtir. Et il s’agit bien moins de la délimite
  
    33
    u’on va citer. Le vrai moyen de la définir, c’est 
    
de

     la bâtir. Et il s’agit bien moins de la délimiter dans le temps de l’
  
    34
    finir, c’est de la bâtir. Et il s’agit bien moins 
    
de

     la délimiter dans le temps de l’histoire et l’espace terrestre, que d
  
    35
    l s’agit bien moins de la délimiter dans le temps 
    
de

     l’histoire et l’espace terrestre, que de renouveler sans cesse le ray
  
    36
    le temps de l’histoire et l’espace terrestre, que 
    
de

     renouveler sans cesse le rayonnement de son génie particulier, qui se
  
    37
    stre, que de renouveler sans cesse le rayonnement 
    
de

     son génie particulier, qui se trouve être, justement, universel. J’ét
  
    38
    ais loin de soupçonner l’ampleur et la complexité 
    
de

     la matière lorsque j’entrepris cet ouvrage. Je suis allé de découvert
  
    39
    ère lorsque j’entrepris cet ouvrage. Je suis allé 
    
de

     découverte en découverte, et mon espoir est que le lecteur participe 
  
    40
     européen de la culture, qui eut la première idée 
    
de

     cette anthologie, et auquel je dois une bonne part des recherches bib
  
    41
    rains dont les travaux m’ont inspiré, il me plaît 
    
de

     citer au premier rang Gonzague de Reynold et son monumental ouvrage e
  
    42
     monumental ouvrage en 8 volumes sur la Formation 
    
de

     l’Europe. Puis Carlo Curcio et ses deux volumes exhaustifs intitulés 
  
    43
    uropagedanke ; enfin les trois auteurs classiques 
    
d’

    ouvrages de base sur l’internationalisme européen, Jacob ter Meulen, C
  
    44
    e ; enfin les trois auteurs classiques d’ouvrages 
    
de

     base sur l’internationalisme européen, Jacob ter Meulen, Christian L.
  
    45
    e souhaite la venue prochaine, qui entreprendront 
    
d’

    améliorer ce premier essai téméraire d’orientation dans un sujet illim
  
    46
    eprendront d’améliorer ce premier essai téméraire 
    
d’

    orientation dans un sujet illimité, puiseront sans doute à d’autres so

2 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Première partie. Les Origines d’Hésiode à Charlemagne,  (du ixe
          siècle av. J.-C. au xie
          siècle de notre ère)
    47
      Première partieLes Origines 
    
d’

    Hésiode à Charlemagne (du ixe  siècle av. J.-C. au xie  siècle de notr
  
    48
    rlemagne (du ixe  siècle av. J.-C. au xie  siècle 
    
de

     notre ère)   D’où vient le nom ? Quel est son sens ? Depuis quand par
  
    49
      siècle av. J.-C. au xie  siècle de notre ère)   
    
D’

    où vient le nom ? Quel est son sens ? Depuis quand parle-t-on de l’Eur
  
    50
    nom ? Quel est son sens ? Depuis quand parle-t-on 
    
de

     l’Europe ? (Serait-ce seulement depuis Victor Hugo et Mazzini ? Ou de
  
    51
    is Coudenhove et Briand ? Voire depuis le congrès 
    
de

     La Haye, au mois de mai 1948 ?) Nous avons cherché la réponse ou plut
  
    52
    and ? Voire depuis le congrès de La Haye, au mois 
    
de

     mai 1948 ?) Nous avons cherché la réponse ou plutôt les réponses à ce
  
    53
    on s’arrête, en général, à Pierre Dubois, juriste 
    
de

     Philippe le Bel, premier auteur d’un plan d’union de nos États, au dé
  
    54
    ubois, juriste de Philippe le Bel, premier auteur 
    
d’

    un plan d’union de nos États, au début du xive  siècle. Nous avons déc
  
    55
    iste de Philippe le Bel, premier auteur d’un plan 
    
d’

    union de nos États, au début du xive  siècle. Nous avons décidé d’alle
  
    56
    Philippe le Bel, premier auteur d’un plan d’union 
    
de

     nos États, au début du xive  siècle. Nous avons décidé d’aller beauco
  
    57
    tats, au début du xive  siècle. Nous avons décidé 
    
d’

    aller beaucoup plus haut. Cette recherche nous a conduit vers des conf
  
    58
    s temps fabuleux. Le premier qui ait écrit le nom 
    
d’

    Europe, c’est Hésiode, qui apparaît vers l’an 900 avant notre ère1. Et
  
    59
    ’Asie, c’est Hippocrate. Mais la première mention 
    
de

     l’Europe comme unité non seulement géographique, mais humaine, et des
  
    60
     qui la défendent, ne remonte qu’au viiie  siècle 
    
de

     notre ère, après la bataille de Poitiers, qui eut lieu en 732. L’empi
  
    61
    ’au viiie  siècle de notre ère, après la bataille 
    
de

     Poitiers, qui eut lieu en 732. L’empire carolingien marque un sommet 
  
    62
    ieu en 732. L’empire carolingien marque un sommet 
    
de

     la conscience d’une Europe unie, puis on redescend vers des guerres e
  
    63
    ire carolingien marque un sommet de la conscience 
    
d’

    une Europe unie, puis on redescend vers des guerres et des querelles d
  
    64
    is on redescend vers des guerres et des querelles 
    
d’

    investitures : notre enquête sur les Origines se termine donc au xie  
  
    65
    e sur les Origines se termine donc au xie  siècle 
    
de

     notre ère.   1.Protohistoire d’un continent sans nom    La quatrième 
  
    66
    nc au xie  siècle de notre ère.   1.Protohistoire 
    
d’

    un continent sans nom    La quatrième période glaciaire avait recouver
  
    67
    rt près de la moitié des plaines et des montagnes 
    
d’

    une épaisse calotte, dont la fonte transforma le continent en marécage
  
    68
    avait produit les fascinantes peintures rupestres 
    
de

     Lascaux et d’Altamira. C’est dans le Moyen-Orient qu’une tout autre c
  
    69
    les fascinantes peintures rupestres de Lascaux et 
    
d’

    Altamira. C’est dans le Moyen-Orient qu’une tout autre civilisation va
  
    70
    u chasseresse — elle envahira d’abord le pourtour 
    
de

     la Méditerranée, pour remonter de là sur notre continent et pénétrer 
  
    71
    ord le pourtour de la Méditerranée, pour remonter 
    
de

     là sur notre continent et pénétrer profondément dans sa forêt central
  
    72
    aies qui s’étendent du Portugal jusqu’aux rivages 
    
de

     l’Asie Mineure. Le continent prend sa forme actuelle. Vers 6000 av. J
  
    73
    Écosse sont recouverts par la mer du Nord. Partis 
    
de

     l’Asie Mineure et de l’Égée, des colons remontent le cours du Vardar 
  
    74
    s par la mer du Nord. Partis de l’Asie Mineure et 
    
de

     l’Égée, des colons remontent le cours du Vardar et du Danube pour all
  
    75
    e pour aller défricher les fertiles terres noires 
    
de

     l’Ukraine, les rives de la Baltique et de la mer du Nord, enfin la va
  
    76
    es fertiles terres noires de l’Ukraine, les rives 
    
de

     la Baltique et de la mer du Nord, enfin la vallée du Rhin et la Belgi
  
    77
     noires de l’Ukraine, les rives de la Baltique et 
    
de

     la mer du Nord, enfin la vallée du Rhin et la Belgique, poussant jusq
  
    78
    e, les abandonnent bientôt, brûlent d’autres pans 
    
de

     forêts, avancent lentement. Un autre courant de colons venus par mer 
  
    79
    s de forêts, avancent lentement. Un autre courant 
    
de

     colons venus par mer des rives de l’Égypte actuelle et du Proche-Orie
  
    80
    n autre courant de colons venus par mer des rives 
    
de

     l’Égypte actuelle et du Proche-Orient, remonte peu à peu l’Italie et 
  
    81
     il établit ses cités lacustres, occupe le bassin 
    
de

     la Seine, et s’aventure même jusqu’en Angleterre. Vers la fin du iiie
  
    82
    i nous cédons la parole à M. André Varagnac, l’un 
    
de

     nos meilleurs guides dans la protohistoire du continent :   Avec cett
  
    83
    encore attestées par des milliers et des milliers 
    
de

     monuments dans presque toute l’Europe occidentale. Ses origines demeu
  
    84
     à la conquête des âmes, comme feront, après plus 
    
de

     trois-mille ans, les conquistadors. Quels qu’aient pu être ces rituel
  
    85
     la conscience paysanne, la vénération des morts. 
    
De

     hardis prospecteurs ont porté jusqu’aux îles lointaines du nord de l’
  
    86
    teurs ont porté jusqu’aux îles lointaines du nord 
    
de

     l’Écosse, ce culte et son architecture. Ils atteignirent le Jutland, 
  
    87
    tentrionale. Avec eux voyageaient armes et outils 
    
de

     cuivre. Ainsi s’établit, dès la première moitié du iie  millénaire av
  
    88
    ié du iie  millénaire avant notre ère, un système 
    
d’

    échanges maritimes associant à la Méditerranée cette Méditerranée du N
  
    89
    aire avant notre ère, il semble bien qu’une sorte 
    
de

     civilisation commune se soit étendue à la majeure partie du continent
  
    90
    ntinent : elle est marquée par le rite généralisé 
    
de

     l’incinération (« Champs d’urnes »). Puis la Grèce et l’Italie des Ét
  
    91
    ar le rite généralisé de l’incinération (« Champs 
    
d’

    urnes »). Puis la Grèce et l’Italie des Étrusques, quelques siècles pl
  
    92
    ent vers l’ouest et le nord les produits raffinés 
    
de

     leurs arts et métiers : le vase de Vix illustre cette période dite de
  
    93
    duits raffinés de leurs arts et métiers : le vase 
    
de

     Vix illustre cette période dite de Hallstatt. Celle-ci fera place à l
  
    94
    iers : le vase de Vix illustre cette période dite 
    
de

     Hallstatt. Celle-ci fera place à la civilisation des Celtes, au ve  s
  
    95
    tes, au ve  siècle av. J.-C. Des Gaëls d’Irlande, 
    
d’

    Angleterre et de Bretagne, en passant par les Gaulois, jusqu’aux Galat
  
    96
    le av. J.-C. Des Gaëls d’Irlande, d’Angleterre et 
    
de

     Bretagne, en passant par les Gaulois, jusqu’aux Galates parvenus en A
  
    97
    J.-C., les Celtes ont recouvert la majeure partie 
    
de

     la péninsule occidentale, à l’exclusion toutefois de l’Italie et de l
  
    98
    la péninsule occidentale, à l’exclusion toutefois 
    
de

     l’Italie et de la Grèce, où ils n’ont fait que de rapides incursions 
  
    99
    cidentale, à l’exclusion toutefois de l’Italie et 
    
de

     la Grèce, où ils n’ont fait que de rapides incursions (à Rome et à De
  
    100
    de l’Italie et de la Grèce, où ils n’ont fait que 
    
de

     rapides incursions (à Rome et à Delphes). Leur empire décentralisé, l
  
    101
    rmée, justement, par la pensée, l’art et les lois 
    
de

     ces deux peuples de la mer du Sud, mystérieusement inaccessibles aux 
  
    102
     la pensée, l’art et les lois de ces deux peuples 
    
de

     la mer du Sud, mystérieusement inaccessibles aux Celtes. La conquête 
  
    103
    érieusement inaccessibles aux Celtes. La conquête 
    
de

     la Gaule par César va marquer le début de la fusion séculaire du mond
  
    104
    onquête de la Gaule par César va marquer le début 
    
de

     la fusion séculaire du monde continental et du monde méditerranéen. E
  
    105
    préhistoire, ou mieux protohistoire dont on vient 
    
d’

    indiquer quelques étapes, c’est celle d’un continent sans nom, lenteme
  
    106
     on vient d’indiquer quelques étapes, c’est celle 
    
d’

    un continent sans nom, lentement peuplé, civilisé et travaillé par des
  
    107
    pices ? Et que signifiera son nom ?    2.Le mythe 
    
de

     l’enlèvement d’Europe    Quant à l’Europe, il ne paraît pas que l’on 
  
    108
    ignifiera son nom ?    2.Le mythe de l’enlèvement 
    
d’

    Europe    Quant à l’Europe, il ne paraît pas que l’on sache, ni d’où e
  
    109
    t à l’Europe, il ne paraît pas que l’on sache, ni 
    
d’

    où elle a tiré ce nom ni qui le lui a donné, à moins que nous ne disio
  
    110
    nné, à moins que nous ne disions qu’elle l’a pris 
    
d’

    Europe de Tyr, car, auparavant, ainsi que les deux autres parties du m
  
    111
     deux autres parties du monde, elle n’avait point 
    
de

     nom. Il est certain qu’Europe était Asiatique et qu’elle n’est jamais
  
    112
    maintenant l’Europe, mais qu’elle passa seulement 
    
de

     Phénicie en Crète et de Crète en Lycie.4  Hérodote   Europe fut d’abo
  
    113
    s qu’elle passa seulement de Phénicie en Crète et 
    
de

     Crète en Lycie.4  Hérodote   Europe fut d’abord une déesse, l’une des
  
    114
    e, l’une des trois-mille Océanides, « race sainte 
    
de

     filles qui, avec Apollon et les fleuves, nourrissent la jeunesse des 
  
    115
    C., nous devons la première mention connue du nom 
    
d’

    Europe, au vers 357 de sa Théogonie. Parmi les innombrables sœurs Océa
  
    116
    mière mention connue du nom d’Europe, au vers 357 
    
de

     sa Théogonie. Parmi les innombrables sœurs Océanides — dont il ne cit
  
    117
    core Asie, et Métis ou la Raison, première épouse 
    
de

     Zeus. Beaucoup plus tard, nous retrouvons Europe non plus déesse mais
  
    118
    re. Agénor, roi de Tyr en Phénicie, et descendant 
    
de

     Neptune, est son père. Elle est si belle quant aux yeux — comme son n
  
    119
    uant aux yeux — comme son nom grec l’indique — et 
    
d’

    une si éclatante blancheur, que Zeus lui-même s’en éprend. Métamorphos
  
    120
    d. Métamorphosé en taureau, il l’enlève aux rives 
    
de

     l’Asie pour la conduire en Crète, où elle deviendra reine, et mère de
  
    121
     Crète, où elle deviendra reine, et mère des rois 
    
de

     la dynastie de Minos. De cette légende, qui inspira sans nul doute be
  
    122
     deviendra reine, et mère des rois de la dynastie 
    
de

     Minos. De cette légende, qui inspira sans nul doute beaucoup d’œuvres
  
    123
     reine, et mère des rois de la dynastie de Minos. 
    
De

     cette légende, qui inspira sans nul doute beaucoup d’œuvres perdues d
  
    124
    ette légende, qui inspira sans nul doute beaucoup 
    
d’

    œuvres perdues de poètes antérieurs, et dont nous parlent Hérodote et 
  
    125
     inspira sans nul doute beaucoup d’œuvres perdues 
    
de

     poètes antérieurs, et dont nous parlent Hérodote et Thucydide entre a
  
    126
    e version grecque tardive : la célèbre « Idylle » 
    
de

     Moschos, qui date du iie  siècle avant notre ère, en pleine littératu
  
    127
    rine. Il est probable que Moschos, poète sicilien 
    
de

     Syracuse, artiste érudit et précieux, s’est inspiré de peintures trad
  
    128
    racuse, artiste érudit et précieux, s’est inspiré 
    
de

     peintures traditionnelles, fresques, mosaïques ou cratères, vases déc
  
    129
     printanier où les poètes, sculpteurs et peintres 
    
de

     vingt siècles occidentaux feront jouer leur imagination sensuelle du 
  
    130
    gination sensuelle du Mythe, et cela va du métope 
    
de

     Sélinonte au bas-relief ornant une gare moderne — celle de Genève —, 
  
    131
    nte au bas-relief ornant une gare moderne — celle 
    
de

     Genève —, d’Ovide à Victor Hugo et de l’auteur des mosaïques d’Aquilé
  
    132
    lief ornant une gare moderne — celle de Genève —, 
    
d’

    Ovide à Victor Hugo et de l’auteur des mosaïques d’Aquilée jusqu’aux d
  
    133
    rne — celle de Genève —, d’Ovide à Victor Hugo et 
    
de

     l’auteur des mosaïques d’Aquilée jusqu’aux décorateurs du xxe  siècle
  
    134
    ’Ovide à Victor Hugo et de l’auteur des mosaïques 
    
d’

    Aquilée jusqu’aux décorateurs du xxe  siècle, en passant par Véronèse,
  
    135
    èse, le Titien, le Lorrain et Tiepolo.   L’Idylle 
    
de

     Moschos5      Une fois, Kypris envoya à Europé un doux songe. C’était
  
    136
    e. C’était l’heure où commence le troisième tiers 
    
de

     la nuit et où l’aurore est proche, l’heure où le sommeil, plus doux q
  
    137
    songes véridiques ; alors, la fille encore vierge 
    
de

     Phoinix, Europé, qui dormait dans sa chambre à l’étage supérieur, cru
  
    138
    oir deux terres se disputer à son sujet, la terre 
    
d’

    Asie et la terre d’en face ; leur aspect était celui de femmes. L’une 
  
    139
    disputer à son sujet, la terre d’Asie et la terre 
    
d’

    en face ; leur aspect était celui de femmes. L’une avait les traits d’
  
    140
    e et la terre d’en face ; leur aspect était celui 
    
de

     femmes. L’une avait les traits d’une étrangère ; l’autre ressemblait 
  
    141
    ect était celui de femmes. L’une avait les traits 
    
d’

    une étrangère ; l’autre ressemblait à une femme du pays ; elle s’attac
  
    142
    it mise au jour et que seule elle avait pris soin 
    
d’

    elle ; mais l’autre, la saisissant de force de ses mains puissantes, l
  
    143
    it pris soin d’elle ; mais l’autre, la saisissant 
    
de

     force de ses mains puissantes, l’entraînait sans qu’elle résistât, et
  
    144
    oin d’elle ; mais l’autre, la saisissant de force 
    
de

     ses mains puissantes, l’entraînait sans qu’elle résistât, et déclarai
  
    145
    lle résistât, et déclarait que, de par la volonté 
    
de

     Zeus porteur d’égide, il était décidé qu’Europé lui appartenait. Cell
  
    146
     déclarait que, de par la volonté de Zeus porteur 
    
d’

    égide, il était décidé qu’Europé lui appartenait. Celle-ci se précipit
  
    147
    nait. Celle-ci se précipita hors de son lit garni 
    
de

     couvertures ; elle avait peur et son cœur palpitait car le songe qu’e
  
    148
    intive : « Qui, des habitants du ciel, m’a envoyé 
    
de

     semblables visions ? Que signifient les songes, qui, planant dans ma 
  
    149
    es songes, qui, planant dans ma chambre au-dessus 
    
de

     ma couche garnie de couvertures, m’ont dressée tout émue, pendant que
  
    150
    ant dans ma chambre au-dessus de ma couche garnie 
    
de

     couvertures, m’ont dressée tout émue, pendant que je dormais doucemen
  
    151
    angère que j’ai vue dans mon sommeil ? Quel désir 
    
d’

    elle a envahi mon âme ! Et elle, de son côté, avec quelle affection el
  
    152
    l ? Quel désir d’elle a envahi mon âme ! Et elle, 
    
de

     son côté, avec quelle affection elle me faisait accueil et me regarda
  
    153
    va, et alla chercher ses compagnes, nobles filles 
    
de

     son âge, nées la même année qu’elle, qui plaisaient à son cœur et éta
  
    154
     qu’elle se préparât pour prendre part à un chœur 
    
de

     danse, qu’elle baignât son corps à l’embouchure des rivières, ou qu’e
  
    155
    es fleurs ; elles gagnèrent les prairies voisines 
    
de

     la mer, qui étaient le lieu de réunion habituel de leur troupe, charm
  
    156
     prairies voisines de la mer, qui étaient le lieu 
    
de

     réunion habituel de leur troupe, charmées par la beauté des roses et 
  
    157
    e la mer, qui étaient le lieu de réunion habituel 
    
de

     leur troupe, charmées par la beauté des roses et par le bruit des flo
  
    158
    des flots. Europé elle-même portait une corbeille 
    
d’

    or magnifique, admirable merveille, admirable travail d’Héphaistos ; i
  
    159
    agnifique, admirable merveille, admirable travail 
    
d’

    Héphaistos ; il l’avait donnée à Libye, quand elle était entrée dans l
  
    160
    it donnée à la toute belle Téléphaassa, qui était 
    
de

     son sang ; et Téléphaassa, mère d’Europé, avait remis ce superbe prés
  
    161
    présent à sa fille non mariée. L’objet était orné 
    
de

     beaucoup d’ouvrages d’orfèvrerie brillant d’un vif éclat. Il y avait,
  
    162
     fille non mariée. L’objet était orné de beaucoup 
    
d’

    ouvrages d’orfèvrerie brillant d’un vif éclat. Il y avait, en or, Io f
  
    163
    mariée. L’objet était orné de beaucoup d’ouvrages 
    
d’

    orfèvrerie brillant d’un vif éclat. Il y avait, en or, Io fille d’Inac
  
    164
    orné de beaucoup d’ouvrages d’orfèvrerie brillant 
    
d’

    un vif éclat. Il y avait, en or, Io fille d’Inachos, dans le temps qu’
  
    165
    llant d’un vif éclat. Il y avait, en or, Io fille 
    
d’

    Inachos, dans le temps qu’elle était encore génisse et qu’elle n’avait
  
    166
    était encore génisse et qu’elle n’avait pas forme 
    
de

     femme ; vagabonde elle marchait sur les chemins de la plaine salée, c
  
    167
    e femme ; vagabonde elle marchait sur les chemins 
    
de

     la plaine salée, comme si elle eût nagé ; la mer était faite de métal
  
    168
    alée, comme si elle eût nagé ; la mer était faite 
    
de

     métal azuré. Haut placés, deux hommes se tenaient debout sur l’escarp
  
    169
    qui traversait la mer. Il y avait aussi Zeus fils 
    
de

     Cronos, effleurant doucement de la main la génisse fille d’Inachos, q
  
    170
    t aussi Zeus fils de Cronos, effleurant doucement 
    
de

     la main la génisse fille d’Inachos, qu’auprès du Nil aux sept bouches
  
    171
     effleurant doucement de la main la génisse fille 
    
d’

    Inachos, qu’auprès du Nil aux sept bouches, de vache cornue, il transf
  
    172
    lle d’Inachos, qu’auprès du Nil aux sept bouches, 
    
de

     vache cornue, il transforma de nouveau en femme ; le cours du Nil éta
  
    173
    forma de nouveau en femme ; le cours du Nil était 
    
d’

    argent ; la vache, de bronze ; quant à Zeus, il était fait en or. Auto
  
    174
    emme ; le cours du Nil était d’argent ; la vache, 
    
de

     bronze ; quant à Zeus, il était fait en or. Autour de la corbeille ro
  
    175
    était représenté Hermès ; près de lui gisait tout 
    
de

     son long Argos, orné d’yeux rebelles au sommeil ; du sang rouge d’Arg
  
    176
    ; près de lui gisait tout de son long Argos, orné 
    
d’

    yeux rebelles au sommeil ; du sang rouge d’Argos, surgissait un oiseau
  
    177
    , orné d’yeux rebelles au sommeil ; du sang rouge 
    
d’

    Argos, surgissait un oiseau, fier de son plumage fleuri et multicolore
  
    178
    du sang rouge d’Argos, surgissait un oiseau, fier 
    
de

     son plumage fleuri et multicolore ; il déployait ses pennes — tel un 
  
    179
     tel un navire qui fend rapidement les flots — et 
    
de

     ses pennes déployées couvrait les bords de la corbeille d’or. Telle é
  
    180
    s — et de ses pennes déployées couvrait les bords 
    
de

     la corbeille d’or. Telle était la corbeille de la toute belle Europé.
  
    181
    nnes déployées couvrait les bords de la corbeille 
    
d’

    or. Telle était la corbeille de la toute belle Europé. Arrivées dans l
  
    182
    ds de la corbeille d’or. Telle était la corbeille 
    
de

     la toute belle Europé. Arrivées dans les prés fleuris, les jeunes fil
  
    183
    tissaient à chercher chacune telle ou telle sorte 
    
de

     fleur ; l’une prenait le narcisse odorant, une autre l’hyacinthe, cel
  
    184
    nes mains les roses resplendissantes à la couleur 
    
de

     flamme, attirait parmi elles les regards comme parmi les Charites la 
  
    185
    es regards comme parmi les Charites la déesse née 
    
de

     l’écume. Elle ne devait pas longtemps prendre plaisir à ces fleurs, n
  
    186
    tacte sa ceinture virginale. Aussitôt que le fils 
    
de

     Cronos l’eut aperçue, de quel vertige saisi il fut dompté par les tra
  
    187
    le. Aussitôt que le fils de Cronos l’eut aperçue, 
    
de

     quel vertige saisi il fut dompté par les traits imprévus de Kypris, s
  
    188
    rtige saisi il fut dompté par les traits imprévus 
    
de

     Kypris, seule capable de dompter Zeus lui-même ! Voulant à la fois év
  
    189
     par les traits imprévus de Kypris, seule capable 
    
de

     dompter Zeus lui-même ! Voulant à la fois éviter le courroux de la ja
  
    190
    s lui-même ! Voulant à la fois éviter le courroux 
    
de

     la jalouse Héra et décevoir l’esprit naïf de la jeune fille, il mit u
  
    191
    roux de la jalouse Héra et décevoir l’esprit naïf 
    
de

     la jeune fille, il mit un masque au dieu, transforma sa personne, se 
  
    192
    ptés par l’aiguillon, traînent des chars porteurs 
    
de

     lourds fardeaux. Tout son corps était de couleur blonde, à l’exceptio
  
    193
    porteurs de lourds fardeaux. Tout son corps était 
    
de

     couleur blonde, à l’exception d’un cercle blanc pur qui brillait au m
  
    194
     son corps était de couleur blonde, à l’exception 
    
d’

    un cercle blanc pur qui brillait au milieu de son front ; ses yeux, de
  
    195
    us, étincelaient et lançaient des éclairs chargés 
    
d’

    amour ; ses cornes s’élevaient, l’une en face de l’autre, égales au-de
  
    196
    aient, l’une en face de l’autre, égales au-dessus 
    
de

     sa tête, pareilles au croissant demi-circulaire de la lune cornue. Il
  
    197
    e sa tête, pareilles au croissant demi-circulaire 
    
de

     la lune cornue. Il vint dans la prairie, et son apparition n’effraya 
  
    198
    les jeunes filles ; toutes furent prises du désir 
    
de

     s’approcher, de toucher le joli animal, dont la divine odeur, se répa
  
    199
    s ; toutes furent prises du désir de s’approcher, 
    
de

     toucher le joli animal, dont la divine odeur, se répandant au loin, d
  
    200
    pandant au loin, dominait même le souffle embaumé 
    
de

     la prée. Il s’arrêta en face de l’irréprochable Europé ; il lui lécha
  
    201
     le charme. Elle le caressait, essuyait doucement 
    
de

     ses mains l’écume qui lui tombait, abondante, de la bouche ; et au ta
  
    202
     de ses mains l’écume qui lui tombait, abondante, 
    
de

     la bouche ; et au taureau elle donna un baiser. Lui, poussa un tendre
  
    203
     aurait cru entendre résonner le chant harmonieux 
    
de

     la flûte mygdonienne. Il s’agenouilla aux pieds d’Europé ; tournant l
  
    204
    e la flûte mygdonienne. Il s’agenouilla aux pieds 
    
d’

    Europé ; tournant le col, il la regardait et lui montrait son large do
  
    205
    es tresses : « Venez, chères compagnes, compagnes 
    
de

     mon âge, asseyons-nous sur ce taureau, pour notre divertissement ; à 
  
    206
    lles allaient en faire autant ; mais il se releva 
    
d’

    un bond, enlevant celle qu’il voulait et gagna rapidement la mer. Euro
  
    207
    s poissons, alentour, s’ébattaient devant les pas 
    
de

     Zeus ; le dauphin, sorti de l’abîme, cabriolait joyeux au-dessus de l
  
    208
    taient devant les pas de Zeus ; le dauphin, sorti 
    
de

     l’abîme, cabriolait joyeux au-dessus de l’eau qui s’enflait. Les Néré
  
    209
    in, sorti de l’abîme, cabriolait joyeux au-dessus 
    
de

     l’eau qui s’enflait. Les Néréides surgirent du fond de l’onde, et, as
  
    210
    eau qui s’enflait. Les Néréides surgirent du fond 
    
de

     l’onde, et, assises sur le dos de poissons, défilaient en cortège ; à
  
    211
    rgirent du fond de l’onde, et, assises sur le dos 
    
de

     poissons, défilaient en cortège ; à la surface des flots, qu’il gouve
  
    212
    ui s’assemblaient les tritons, bruyants musiciens 
    
de

     la mer ; soufflant dans de longs coquillages, ils faisaient retentir 
  
    213
    ns, bruyants musiciens de la mer ; soufflant dans 
    
de

     longs coquillages, ils faisaient retentir le chant nuptial. Assise su
  
    214
    ant nuptial. Assise sur le dos du taureau, Europé 
    
d’

    une main, serrait la grande corne de la bête ; de l’autre, elle mainte
  
    215
    ureau, Europé d’une main, serrait la grande corne 
    
de

     la bête ; de l’autre, elle maintenait contre elle le pli pourpré de s
  
    216
     d’une main, serrait la grande corne de la bête ; 
    
de

     l’autre, elle maintenait contre elle le pli pourpré de sa robe, pour 
  
    217
    autre, elle maintenait contre elle le pli pourpré 
    
de

     sa robe, pour éviter que, traînant derrière elle, il ne fût mouillé p
  
    218
    rrière elle, il ne fût mouillé par l’onde immense 
    
de

     la mer blanchissante. Aux épaules, le péplos d’Europé se gonfla en un
  
    219
    e de la mer blanchissante. Aux épaules, le péplos 
    
d’

    Europé se gonfla en une poche profonde, comme la voile d’un navire, et
  
    220
    é se gonfla en une poche profonde, comme la voile 
    
d’

    un navire, et allégeait le poids de la jeune fille. Déjà elle était lo
  
    221
    comme la voile d’un navire, et allégeait le poids 
    
de

     la jeune fille. Déjà elle était loin de la terre natale ; il n’y avai
  
    222
     bas la mer sans limites. Alors, promenant autour 
    
d’

    elle ses regards, elle fit entendre ces mots : « Où m’emportes-tu, tau
  
    223
    s à fendre les flots ; mais les taureaux ont peur 
    
de

     la voie marine. Quelle boisson capable de te plaire, quelle nourritur
  
    224
    nt peur de la voie marine. Quelle boisson capable 
    
de

     te plaire, quelle nourriture trouves-tu dans l’onde salée ? Sans dout
  
    225
    je pense, tu vas t’élever aussi dans les hauteurs 
    
de

     l’air étincelant et tu voleras comme les oiseaux rapides. Hélas, gran
  
    226
    est mon infortune, à moi qui ai quitté la demeure 
    
de

     mon père, et, suivant ce taureau, accomplis une étrange navigation, e
  
    227
    gation, errante et solitaire. Mais toi, souverain 
    
de

     la mer blanchissante, ébranleur de la terre, montre-toi pour moi bien
  
    228
    toi, souverain de la mer blanchissante, ébranleur 
    
de

     la terre, montre-toi pour moi bienveillant, toi qu’il me semble voir 
  
    229
     me tracer la route. Ce n’est pas sans le vouloir 
    
d’

    un dieu que je suis ces humides chemins. » Elle dit ; et le taureau au
  
    230
    ssure-toi, jeune fille ; ne crains pas les vagues 
    
de

     la mer ; je suis Zeus en personne, bien que, de près, j’aie l’air d’ê
  
    231
    s de la mer ; je suis Zeus en personne, bien que, 
    
de

     près, j’aie l’air d’être un taureau ; il est en ma puissance de paraî
  
    232
     Zeus en personne, bien que, de près, j’aie l’air 
    
d’

    être un taureau ; il est en ma puissance de paraître ce que je veux. C
  
    233
     l’air d’être un taureau ; il est en ma puissance 
    
de

     paraître ce que je veux. C’est mon amour pour toi qui m’a poussé à pa
  
    234
    parcourir une telle étendue marine, sous l’aspect 
    
d’

    un taureau. Mais la Crète te recevra bientôt ; elle m’a nourri moi-mêm
  
    235
    e se célébreront tes noces. Et je te rendrai mère 
    
de

     nobles fils, qui tous, parmi les hommes, seront porteurs de sceptre. 
  
    236
    fils, qui tous, parmi les hommes, seront porteurs 
    
de

     sceptre. » Il dit ; et ce qu’il avait dit était chose accomplie. Déjà
  
    237
    Zeus reprenait sa figure ; il détacha la ceinture 
    
d’

    Europé ; les Heures lui préparaient une couche ; elle qui était vierge
  
    238
    it vierge auparavant, sans tarder devint l’épouse 
    
de

     Zeus ; sans tarder, elle conçut des enfants du fils de Cronos et devi
  
    239
    us ; sans tarder, elle conçut des enfants du fils 
    
de

     Cronos et devint mère.  C’est sans nul doute le songe du début de l’I
  
    240
    int mère.  C’est sans nul doute le songe du début 
    
de

     l’Idylle qui contient, pour nous tout au moins, la véritable signific
  
    241
    s deux terres qui se disputent Europe, « la terre 
    
d’

    Asie et la terre d’en face », le continent déjà civilisé et celui qui 
  
    242
    e disputent Europe, « la terre d’Asie et la terre 
    
d’

    en face », le continent déjà civilisé et celui qui n’a pas de nom, qui
  
    243
    , le continent déjà civilisé et celui qui n’a pas 
    
de

     nom, qui veut un nom et un esprit, et qui va l’arracher par la violen
  
    244
     l’arracher par la violence, mais non sans l’aide 
    
de

     Zeus lui-même. Le thème du songe où deux femmes se disputent apparaît
  
    245
     apparaît déjà dans les Perses, l’admirable récit 
    
de

     Salamine qu’Eschyle fit jouer sept ans après la bataille, en 473. Il 
  
    246
    s après la bataille, en 473. Il s’agit, là aussi, 
    
de

     la rivalité entre l’Europe et l’Asie, l’une représentée par la Grèce 
  
    247
    domptable, l’autre par la Perse docile :    Songe 
    
de

     la reine, mère de Xerxès     Deux femmes, bien mises, ont semblé s’of
  
    248
    ises, ont semblé s’offrir à mes yeux, l’une parée 
    
de

     la robe perse, l’autre vêtue en Dorienne, toutes deux surpassant de b
  
    249
    l’autre vêtue en Dorienne, toutes deux surpassant 
    
de

     beaucoup les femmes d’aujourd’hui, aussi bien par leur taille que par
  
    250
    ne, toutes deux surpassant de beaucoup les femmes 
    
d’

    aujourd’hui, aussi bien par leur taille que par leur beauté sans tache
  
    251
     leur met le harnais sur la nuque. Et l’une alors 
    
de

     tirer vanité de cet accoutrement et d’offrir une bouche toute docile 
  
    252
    nais sur la nuque. Et l’une alors de tirer vanité 
    
de

     cet accoutrement et d’offrir une bouche toute docile aux rênes, tandi
  
    253
    ’une alors de tirer vanité de cet accoutrement et 
    
d’

    offrir une bouche toute docile aux rênes, tandis que l’autre trépignai
  
    254
    es, tandis que l’autre trépignait, puis, soudain, 
    
de

     ses mains met en pièces le harnais qui la lie au char, l’entraîne de 
  
    255
     pièces le harnais qui la lie au char, l’entraîne 
    
de

     vive force en dépit du mors, brise enfin le joug en deux. Mon fils to
  
    256
    ui couvrent son corps ! Voilà d’abord mes visions 
    
de

     la nuit. Mais je me lève, je trempe mes mains au cours d’une onde pur
  
    257
    it. Mais je me lève, je trempe mes mains au cours 
    
d’

    une onde pure et, les chargeant d’offrandes, je m’approche de l’autel,
  
    258
     mains au cours d’une onde pure et, les chargeant 
    
d’

    offrandes, je m’approche de l’autel, pour y consacrer le gâteau rituel
  
    259
    pure et, les chargeant d’offrandes, je m’approche 
    
de

     l’autel, pour y consacrer le gâteau rituel aux dieux préservateurs à 
  
    260
    aperçois alors un aigle qui fuit vers l’autel bas 
    
de

     Phoibos ! Muette d’effroi, je m’arrête, amis. Mais bientôt, sous mes 
  
    261
    gle qui fuit vers l’autel bas de Phoibos ! Muette 
    
d’

    effroi, je m’arrête, amis. Mais bientôt, sous mes yeux, un milan fond 
  
    262
    s mes yeux, un milan fond du ciel, à grands coups 
    
d’

    ailes rapides et, de ses serres, se met à déchirer la tête de l’aigle,
  
    263
     fond du ciel, à grands coups d’ailes rapides et, 
    
de

     ses serres, se met à déchirer la tête de l’aigle, qui ne sait plus qu
  
    264
    ides et, de ses serres, se met à déchirer la tête 
    
de

     l’aigle, qui ne sait plus que se pelotonner sans défense !  Le milan 
  
    265
    rec qui fond sur l’aigle perse annonce la défaite 
    
de

     Xerxès et sa dernière apparition, abandonné et désarmé, à la fin du d
  
    266
    ont des réalités plus générales et plus anciennes 
    
d’

    un millénaire au moins, comme nous le verrons, que symbolise l’Idylle 
  
    267
    ns, comme nous le verrons, que symbolise l’Idylle 
    
de

     Moschos, si tardive qu’elle soit. Selon la plupart des commentateurs 
  
    268
    ait en somme une manifestation locale et poétique 
    
de

     la Grande Déesse, dont le culte dominait le Proche-Orient, de l’Euphr
  
    269
     Déesse, dont le culte dominait le Proche-Orient, 
    
de

     l’Euphrate au Bosphore et au Nil. Un autre érudit, le poète Robert Gr
  
    270
    n complexe assyrio-hébraïque auquel la Bible fait 
    
de

     fréquentes et très précises allusions et au centre duquel se situent 
  
    271
     se situent des poèmes légendaires comme l’épopée 
    
de

     Keret (retrouvée à Ras Shamra en 1929). Keret est roi des Sidoniens-T
  
    272
     Phéniciens et qui sont des Sémites : les Hébreux 
    
de

     la mer. Or, Keret est le nom de la Crète ; les Keretites que mentionn
  
    273
    tes : les Hébreux de la mer. Or, Keret est le nom 
    
de

     la Crète ; les Keretites que mentionne le prophète Sophonie (II, 5) s
  
    274
    wé des Hébreux, est un dieu-taureau qui a coutume 
    
d’

    enlever des filles sur les rives de Canaan, de Tyr et de Sidon, donc d
  
    275
     qui a coutume d’enlever des filles sur les rives 
    
de

     Canaan, de Tyr et de Sidon, donc de la « Phénicie » des Grecs. Il a s
  
    276
    ume d’enlever des filles sur les rives de Canaan, 
    
de

     Tyr et de Sidon, donc de la « Phénicie » des Grecs. Il a son siège en
  
    277
    ver des filles sur les rives de Canaan, de Tyr et 
    
de

     Sidon, donc de la « Phénicie » des Grecs. Il a son siège en Kaphtor (
  
    278
    sur les rives de Canaan, de Tyr et de Sidon, donc 
    
de

     la « Phénicie » des Grecs. Il a son siège en Kaphtor (Crète) et il es
  
    279
     en Kaphtor (Crète) et il est aussi le grand dieu 
    
d’

    Edom, qui est le même nom qu’Adam, qui signifie « rouge » ou Phœnix, —
  
    280
     nom qu’Adam, qui signifie « rouge » ou Phœnix, — 
    
d’

    où Phéniciens. (Hérodote pense que les Phéniciens viennent de la mer É
  
    281
    croissant géminés, proclame l’origine phénicienne 
    
de

     cette représentation »8. Tout concourt à prouver l’ascendance sémitiq
  
    282
     qui n’a rien pour étonner le lecteur des travaux 
    
de

     Bérard sur les poèmes homériques et la Bible et sur les origines sémi
  
    283
    riques et la Bible et sur les origines sémitiques 
    
de

     tant de noms de dieux et de lieux grecs. Et tout cela nous renvoie, h
  
    284
    le et sur les origines sémitiques de tant de noms 
    
de

     dieux et de lieux grecs. Et tout cela nous renvoie, historiquement, à
  
    285
    s origines sémitiques de tant de noms de dieux et 
    
de

     lieux grecs. Et tout cela nous renvoie, historiquement, à des événeme
  
    286
    héologiques les plus récentes. Quoi qu’il en soit 
    
de

     toutes ces hypothèses, ou de ces preuves, si l’on en revient au mythe
  
    287
    . Quoi qu’il en soit de toutes ces hypothèses, ou 
    
de

     ces preuves, si l’on en revient au mythe grec, on voit qu’Europe rest
  
    288
    ent au mythe grec, on voit qu’Europe reste le nom 
    
d’

    une puissance féminine enlevée à l’Asie, puis fécondée par le dieu mâl
  
    289
    l’Olympe des Grecs continentaux : le grand masque 
    
d’

    or retrouvé sous les ruines de Mycènes, un Zeus solaire contemporain d
  
    290
    x : le grand masque d’or retrouvé sous les ruines 
    
de

     Mycènes, un Zeus solaire contemporain du déclin de la Crète et de son
  
    291
    e Mycènes, un Zeus solaire contemporain du déclin 
    
de

     la Crète et de son culte de la Grande Mère, éclaire et reflète à la f
  
    292
    eus solaire contemporain du déclin de la Crète et 
    
de

     son culte de la Grande Mère, éclaire et reflète à la fois la naissanc
  
    293
    ontemporain du déclin de la Crète et de son culte 
    
de

     la Grande Mère, éclaire et reflète à la fois la naissance de l’Europe
  
    294
    e Mère, éclaire et reflète à la fois la naissance 
    
de

     l’Europe hellénique. Ainsi le mythe traduit la mutation religieuse d’
  
    295
    ue. Ainsi le mythe traduit la mutation religieuse 
    
d’

    une civilisation venue du Proche-Orient sur l’obscur continent occiden
  
    296
    bscur continent occidental, qui va prendre le nom 
    
de

     sa précieuse proie. Nous ne donnerons pas ici d’autres versions fameu
  
    297
    s ne donnerons pas ici d’autres versions fameuses 
    
de

     l’Enlèvement, celle d’Ovide et celle de Diodore (ier  siècle av. J.-C
  
    298
    d’autres versions fameuses de l’Enlèvement, celle 
    
d’

    Ovide et celle de Diodore (ier  siècle av. J.-C.) : elles ne font qu’i
  
    299
     fameuses de l’Enlèvement, celle d’Ovide et celle 
    
de

     Diodore (ier  siècle av. J.-C.) : elles ne font qu’imiter le modèle d
  
    300
    le av. J.-C.) : elles ne font qu’imiter le modèle 
    
de

     Moschos, que nous avons tenu à citer en entier parce qu’il figure en 
  
    301
     parce qu’il figure en quelque sorte l’étymologie 
    
d’

    une tradition de l’Art qui traversera les siècles. Mais les traits de 
  
    302
    ure en quelque sorte l’étymologie d’une tradition 
    
de

     l’Art qui traversera les siècles. Mais les traits de cette gracieuse 
  
    303
    l’Art qui traversera les siècles. Mais les traits 
    
de

     cette gracieuse allégorie décorative — le songe du début mis à part —
  
    304
     aucune réalité historique ou psychologique. Rien 
    
de

     commun entre l’Idylle et le destin de l’Europe dans l’histoire à veni
  
    305
    gique. Rien de commun entre l’Idylle et le destin 
    
de

     l’Europe dans l’histoire à venir. Il n’en va pas de même avec Horace.
  
    306
     dans l’émouvante et solennelle apostrophe finale 
    
de

     Vénus :  … bene ferre magnum Disce fortunam ; tua sectus orbis Nomina
  
    307
    rtunam ; tua sectus orbis Nomina ducet.     L’ode 
    
d’

    Horace À Galatée     Ainsi Europe confia au taureau séducteur son flan
  
    308
    insi Europe confia au taureau séducteur son flanc 
    
de

     neige, Europe, devant les monstres pullulant sur la mer et les pièges
  
    309
    r la mer et les pièges qui l’environnaient, pâlit 
    
de

     son audace. Elle qui, naguère dans les prés, n’était occupée que des 
  
    310
    uée aux nymphes, maintenant, à la clarté douteuse 
    
de

     la nuit, elle ne voit rien que les astres et les flots. Mais dès qu’e
  
    311
    e aux cent villes : « Ô mon père, dit-elle, ô nom 
    
de

     fille que j’ai trahi, ô piété qu’a vaincue mon délire ! D’où suis-je 
  
    312
    que j’ai trahi, ô piété qu’a vaincue mon délire ! 
    
D’

    où suis-je venue, et où ? Une seule mort est trop légère pour la faute
  
    313
    onteux ? ou bien, sans reproche, suis-je le jouet 
    
d’

    une image Dont le vol trompeur, par la porte d’ivoire, m’amène un song
  
    314
    et d’une image Dont le vol trompeur, par la porte 
    
d’

    ivoire, m’amène un songe ? Valait-il mieux s’en aller à travers les fl
  
    315
    colère, ce taureau qui me déshonore, je voudrais, 
    
de

     toutes mes forces, déchirer, briser avec le fer les cornes du monstre
  
    316
    ant qu’une affreuse maigreur n’ait envahi l’éclat 
    
de

     mes joues, que cette proie, tendre et pleine de sève, se soit desséch
  
    317
    t de mes joues, que cette proie, tendre et pleine 
    
de

     sève, se soit desséchée, je veux belle encore nourrir les tigres. Mép
  
    318
    pide, à moins que tu n’aimes mieux filer ta tâche 
    
d’

    esclave. Toi, le sang des rois, livrée à une maîtresse des pays barbar
  
    319
     barbares. » Ainsi elle se lamentait, mais à côté 
    
d’

    elle se tenait Vénus, souriant malignement, et son fils, l’arc détendu
  
    320
    déesse se fut assez divertie : « Trêve, dit-elle, 
    
de

     colères et de bouillantes querelles, quand l’odieux taureau viendra t
  
    321
    assez divertie : « Trêve, dit-elle, de colères et 
    
de

     bouillantes querelles, quand l’odieux taureau viendra te donner ses c
  
    322
    ornes à déchirer. Tu es, sans le savoir, la femme 
    
de

     l’invincible Jupiter. Laisse là les sanglots, apprends à bien porter 
  
    323
    nce, qui sera suivi par saint Jérôme, s’efforcent 
    
d’

    en évacuer le merveilleux :  Europe fut enlevée par les Crétois dans u
  
    324
    n deux lignes le récit primitif : il l’introduira 
    
de

     la sorte, grâce au succès durable de ses Étymologies, dans les écoles
  
    325
    l’introduira de la sorte, grâce au succès durable 
    
de

     ses Étymologies, dans les écoles du Moyen Âge. À l’inverse de Lactanc
  
    326
    logies, dans les écoles du Moyen Âge. À l’inverse 
    
de

     Lactance et de Jérôme, qui avaient privé le mythe de son contenu reli
  
    327
    s écoles du Moyen Âge. À l’inverse de Lactance et 
    
de

     Jérôme, qui avaient privé le mythe de son contenu religieux païen, le
  
    328
    Lactance et de Jérôme, qui avaient privé le mythe 
    
de

     son contenu religieux païen, le Moyen Âge tente parfois de lui rendre
  
    329
    ntenu religieux païen, le Moyen Âge tente parfois 
    
de

     lui rendre un contenu religieux chrétien, un peu comme Simone Weil, d
  
    330
    enu religieux chrétien, un peu comme Simone Weil, 
    
de

     nos jours, le fera pour d’autres mythes, celui de Prométhée notamment
  
    331
    de nos jours, le fera pour d’autres mythes, celui 
    
de

     Prométhée notamment. En voici un exemple touchant : le moine Pierre B
  
    332
    que la Crète serait la vie contemplative. Le rapt 
    
d’

    Europe symbolise à ses yeux le passage de l’âme du temporel à l’éterne
  
    333
     Le rapt d’Europe symbolise à ses yeux le passage 
    
de

     l’âme du temporel à l’éternel :  Cette pucelle Europe signifie l’âme…
  
    334
    e Europe signifie l’âme… Jupiter signifie le fils 
    
de

     Dieu qui pour sauver l’âme se mua en taureau, c’est-à-dire qu’il prit
  
    335
    corporelle en prenant l’humaine chair. Comme l’un 
    
de

     nous il vint demeurer en ce monde terrestre plein de tribulations… l’
  
    336
    nous il vint demeurer en ce monde terrestre plein 
    
de

     tribulations… l’âme dévote doit le suivre et se tenir à lui comme à u
  
    337
     enlevée en un navire, portant en proue la figure 
    
d’

    un taureau. Et aucuns reconnaissent la nef, portant l’effigie de Jupin
  
    338
    Et aucuns reconnaissent la nef, portant l’effigie 
    
de

     Jupin tutélaire et du taureau. Palephatus dit qu’un Candiot nommé Tau
  
    339
     Palephatus dit qu’un Candiot nommé Taurus enleva 
    
d’

    Italie ou région des Tyrrhènes, avec autres filles, Europe fille du ro
  
    340
    nnière. Y en a qui disent, qu’il y eut une légion 
    
de

     gens de guerre, qui portait entre autres enseignes un taureau. Quelqu
  
    341
    Y en a qui disent, qu’il y eut une légion de gens 
    
de

     guerre, qui portait entre autres enseignes un taureau. Quelques-uns d
  
    342
    appelée, à cause de sa beauté par la ressemblance 
    
de

     cette fille ravie. Le taureau certes, par lequel ils veulent qu’Europ
  
    343
    propos les mœurs et naturel des Européens. Il est 
    
d’

    un courage un peu élevé, insolent, embelli par ses cornes, de couleur 
  
    344
    e un peu élevé, insolent, embelli par ses cornes, 
    
de

     couleur blanche, d’un gosier large, d’un col gras, guide et commandeu
  
    345
    lent, embelli par ses cornes, de couleur blanche, 
    
d’

    un gosier large, d’un col gras, guide et commandeur des haras ; de trè
  
    346
    es cornes, de couleur blanche, d’un gosier large, 
    
d’

    un col gras, guide et commandeur des haras ; de très grande continence
  
    347
    e, d’un col gras, guide et commandeur des haras ; 
    
de

     très grande continence, mais s’il est amené à sexe dissemblable, il s
  
    348
     est amené à sexe dissemblable, il se montre être 
    
de

     chaleur extrême, toutefois en après chaste et modéré. Tel est quasi l
  
    349
    rd, André Chénier, Victor Hugo, en font une sorte 
    
d’

    exercice de description, dans le style de l’Idylle antique. Citons Hug
  
    350
    hénier, Victor Hugo, en font une sorte d’exercice 
    
de

     description, dans le style de l’Idylle antique. Citons Hugo :  Un ouv
  
    351
    ne sorte d’exercice de description, dans le style 
    
de

     l’Idylle antique. Citons Hugo :  Un ouvrier d’Égine a sculpté sur la 
  
    352
    le de l’Idylle antique. Citons Hugo :  Un ouvrier 
    
d’

    Égine a sculpté sur la plinthe Europe dont un dieu n’écoute pas la pla
  
    353
    s espoir, Crie, et baissant les yeux, s’épouvante 
    
de

     voir L’Océan monstrueux qui baise ses pieds roses.  Seul, Leconte de 
  
    354
    eul, Leconte de Lisle retrouve un peu de l’accent 
    
d’

    Horace, dans le discours qu’il attribue à Zeus lui-même, non plus à Vé
  
    355
    phétiques Où tu célébreras ton hymen glorieux, Et 
    
de

     toi sortiront des Enfants héroïques Qui régiront la terre et deviendr
  
    356
     Entre le mythe primitif et la réalité — le drame 
    
de

     l’Europe dans l’histoire — ces poètes ont mis toute la distance qui s
  
    357
     toute la distance qui sépare l’archétype profond 
    
de

     la littérature décorative. Revenons au réel, c’est-à-dire à la relati
  
    358
    l symbolise et l’Europe naissant à l’histoire. Un 
    
de

     nos grands historiens contemporains, G. de Reynold, nous y aidera mie
  
    359
    idera mieux que personne :  Europe nous est venue 
    
d’

    Asie, mère de toutes les grandes religions, génératrice de tous les gr
  
    360
    ue personne :  Europe nous est venue d’Asie, mère 
    
de

     toutes les grandes religions, génératrice de tous les grands mythes. 
  
    361
    mère de toutes les grandes religions, génératrice 
    
de

     tous les grands mythes. Europe est une des formes prises par le premi
  
    362
    . Europe est une des formes prises par le premier 
    
de

     ces mythes, par le panthéisme primitif et informe : l’adoration de la
  
    363
    r le panthéisme primitif et informe : l’adoration 
    
de

     la terre et de la fécondité, la Grande Mère où tout est un et divers 
  
    364
     primitif et informe : l’adoration de la terre et 
    
de

     la fécondité, la Grande Mère où tout est un et divers à la fois. Dès 
  
    365
     rencontre avec une intense vie maritime, une vie 
    
de

     piraterie et de commerce, de conflits et d’échanges, une vie dont il 
  
    366
    une intense vie maritime, une vie de piraterie et 
    
de

     commerce, de conflits et d’échanges, une vie dont il se colore à tel 
  
    367
    ie maritime, une vie de piraterie et de commerce, 
    
de

     conflits et d’échanges, une vie dont il se colore à tel point que l’o
  
    368
    e vie de piraterie et de commerce, de conflits et 
    
d’

    échanges, une vie dont il se colore à tel point que l’on a longtemps c
  
    369
    olore à tel point que l’on a longtemps cru facile 
    
de

     l’expliquer par l’histoire et par les mœurs. Sitôt méditerranéen, le 
  
    370
    he Europe passe en Crète. Il y devient le symbole 
    
de

     toute une civilisation intermédiaire entre la Grèce et l’Asie. État p
  
    371
     colonisateur, la Crète des Minos répand le culte 
    
d’

    Europe associé à celui de Zeus dans le monde égéen, dans la Grèce cont
  
    372
    es Minos répand le culte d’Europe associé à celui 
    
de

     Zeus dans le monde égéen, dans la Grèce continentale. Et voici le mom
  
    373
    péenne. Qu’est-ce que l’Europe ? Europe est venue 
    
d’

    Asie. Elle a été enlevée à l’Orient par un dieu du Nord.  Zeus-Jupiter
  
    374
    rs le dieu par excellence, le principe, la racine 
    
de

     tout le polythéisme grec. Il maintient l’unité entre toutes ces divin
  
    375
    lution durant laquelle les énergies élémentaires, 
    
d’

    hypostase en hypostase, sont arrivées à se concrétiser, à s’humaniser.
  
    376
    e Zeus apparaît le dieu-homme dont la mission est 
    
de

     dominer le monde et de le gouverner, afin que les hommes puissent y v
  
    377
    -homme dont la mission est de dominer le monde et 
    
de

     le gouverner, afin que les hommes puissent y vivre. Il prendra pour p
  
    378
    son ; mais il l’absorbera en soi, dans la crainte 
    
d’

    en avoir un fils plus fort que lui-même, et il engendrera par la tête 
  
    379
    Junon, sera la morale. Ces mythes ne font-ils pas 
    
de

     lui le symbole de la grande civilisation génératrice de toute la civi
  
    380
    ale. Ces mythes ne font-ils pas de lui le symbole 
    
de

     la grande civilisation génératrice de toute la civilisation européenn
  
    381
     le symbole de la grande civilisation génératrice 
    
de

     toute la civilisation européenne ?  Au culte de Zeus, celui d’Europe 
  
    382
    e de toute la civilisation européenne ?  Au culte 
    
de

     Zeus, celui d’Europe est associé, mais comme une manifestation second
  
    383
    ivilisation européenne ?  Au culte de Zeus, celui 
    
d’

    Europe est associé, mais comme une manifestation secondaire. Comment v
  
    384
    rd, se répandre peu à peu dans l’Hellade entière. 
    
De

     Crète, il prend trois directions : vers Corinthe, la Thessalie, puis,
  
    385
    avers la Thrace, jusqu’à la partie septentrionale 
    
de

     l’Asie Mineure — vers la Béotie, la Locride, la Phocide, jusque dans 
  
    386
    es et phéniciennes où le mythe retrouve son point 
    
de

     départ. Cependant, les légendes et les traditions s’embrouillent, se 
  
    387
    a déesse, paraît le continent.10       3.Le Mythe 
    
de

     Japhet    S’il reste vrai que le mythe du rapt d’Europe se trouve tra
  
    388
    de Japhet    S’il reste vrai que le mythe du rapt 
    
d’

    Europe se trouve traduire le mouvement général qui a porté d’Est en Ou
  
    389
     trouve traduire le mouvement général qui a porté 
    
d’

    Est en Ouest, du Proche-Orient sémitique vers le « continent sans nom 
  
    390
     nom » des peuplades colonisantes et des éléments 
    
de

     civilisation religieux et techniques, c’est à un autre mythe, moins c
  
    391
    t techniques, c’est à un autre mythe, moins connu 
    
de

     nos jours, que nous devons attribuer la persistance d’un concept de l
  
    392
    s jours, que nous devons attribuer la persistance 
    
d’

    un concept de l’Europe comme continent distinct, même aux époques où l
  
    393
    nous devons attribuer la persistance d’un concept 
    
de

     l’Europe comme continent distinct, même aux époques où le nom d’Europ
  
    394
    me continent distinct, même aux époques où le nom 
    
d’

    Europe n’éveillait plus, dans les esprits, que la seule idée géographi
  
    395
     dans les esprits, que la seule idée géographique 
    
d’

    une des trois grandes régions de l’univers alors connu. C’est à la Bib
  
    396
    idée géographique d’une des trois grandes régions 
    
de

     l’univers alors connu. C’est à la Bible, interprétée par les premiers
  
    397
     l’Église, qu’entend remonter, dès le ive  siècle 
    
de

     notre ère, cette tradition indépendante de la Grèce : nous l’appeller
  
    398
    siècle de notre ère, cette tradition indépendante 
    
de

     la Grèce : nous l’appellerons le Mythe de Japhet. Selon saint Jérôme 
  
    399
    endante de la Grèce : nous l’appellerons le Mythe 
    
de

     Japhet. Selon saint Jérôme (346-420) dans son Liber hebraicarum quest
  
    400
     selon saint Ambroise (né en 340), les trois fils 
    
de

     Noé, Sem, Cham et Japhet, ont reçu en partage les trois parties du mo
  
    401
    Afrique et l’Europe.  Cette tripartition mythique 
    
de

     la terre va dominer toute la géographie du Moyen Âge. Elle se fonde s
  
    402
    oyen Âge. Elle se fonde sur les chapitres 9 et 10 
    
de

     la Genèse, qui racontent comment les fils de Noé au sortir de l’Arche
  
    403
    t 10 de la Genèse, qui racontent comment les fils 
    
de

     Noé au sortir de l’Arche, reçurent de leur père l’ordre de remplir to
  
    404
    nt les fils de Noé au sortir de l’Arche, reçurent 
    
de

     leur père l’ordre de remplir toute la terre de leur postérité. Ils ne
  
    405
     sortir de l’Arche, reçurent de leur père l’ordre 
    
de

     remplir toute la terre de leur postérité. Ils ne furent pas traités é
  
    406
    nt de leur père l’ordre de remplir toute la terre 
    
de

     leur postérité. Ils ne furent pas traités également, car Sem et Japhe
  
    407
    lement, car Sem et Japhet ayant couvert la nudité 
    
de

     Noé ivre furent seuls bénis par lui :  Béni soit l’Éternel, Dieu de S
  
    408
     soit l’Éternel, Dieu de Sem, et que Canaan (fils 
    
de

     Cham) soit leur esclave ! Que Dieu étende les possessions de Japhet, 
  
    409
    it leur esclave ! Que Dieu étende les possessions 
    
de

     Japhet, qu’il habite dans les tentes de Sem, et que Canaan soit leur 
  
    410
    ssessions de Japhet, qu’il habite dans les tentes 
    
de

     Sem, et que Canaan soit leur esclave ! (Gen. 9, 26 et 27.)  Pour Ambr
  
    411
    ve ! (Gen. 9, 26 et 27.)  Pour Ambroise, les fils 
    
de

     Sem sont bons, ceux de Cham mauvais, ceux de Japhet « indifférents »,
  
    412
    )  Pour Ambroise, les fils de Sem sont bons, ceux 
    
de

     Cham mauvais, ceux de Japhet « indifférents », c’est-à-dire païens, «
  
    413
    fils de Sem sont bons, ceux de Cham mauvais, ceux 
    
de

     Japhet « indifférents », c’est-à-dire païens, « attachés aux biens de
  
    414
    ents », c’est-à-dire païens, « attachés aux biens 
    
de

     ce monde », mais capables de se convertir11. Les commentateurs des si
  
    415
    « attachés aux biens de ce monde », mais capables 
    
de

     se convertir11. Les commentateurs des siècles suivants comme Paul Oro
  
    416
    e Brescia reprennent et précisent la tripartition 
    
d’

    Ambroise. Pour saint Augustin, Japhet est l’ancêtre des peuples de l’O
  
    417
     saint Augustin, Japhet est l’ancêtre des peuples 
    
de

     l’Occident, qui comprend l’Europe et l’Afrique, tandis que Sem est l’
  
    418
    Afrique, tandis que Sem est l’ancêtre des peuples 
    
de

     l’Orient. Augustin voit dans Genèse 9, 27 une prophétie, prophetica b
  
    419
    ca benedictio, et l’interprète ainsi : les tentes 
    
de

     Sem représentent l’Église ; Japhet, par sa postérité « s’étendra » ju
  
    420
    , par sa postérité « s’étendra » jusqu’au domaine 
    
de

     Sem, donc les peuples de l’Europe se convertiront au vrai Dieu. Le mo
  
    421
    endra » jusqu’au domaine de Sem, donc les peuples 
    
de

     l’Europe se convertiront au vrai Dieu. Le mot sur lequel insistent to
  
    422
    é : dilatet selon la Vulgate. Japhet (ou Yepheth, 
    
de

     phatah = se dilater, se répandre) signifie latitude, largeur, expansi
  
    423
    e latitude, largeur, expansion. Ainsi l’expansion 
    
de

     l’Empire romain en Europe et dans tout l’orbis terrarum connu à l’épo
  
    424
     pré-formé, selon Isidore de Séville, l’expansion 
    
de

     l’Église chrétienne. Le concept d’Europe reçoit ainsi un contenu reli
  
    425
    e, l’expansion de l’Église chrétienne. Le concept 
    
d’

    Europe reçoit ainsi un contenu religieux en même temps qu’un contenu g
  
    426
    ographique. Isidore fait entrer dans la postérité 
    
de

     Japhet les Cappadociens, Ciliciens, Ioniens, Thraces, Gaulois et Espa
  
    427
    es, Gaulois et Espagnols :  Tels sont les peuples 
    
de

     la lignée de Japhet, qui, du Mont Taurus dans l’Asie médiane jusqu’à 
  
    428
    t Espagnols :  Tels sont les peuples de la lignée 
    
de

     Japhet, qui, du Mont Taurus dans l’Asie médiane jusqu’à l’Océan Brita
  
    429
    omnem Europam).  Jürgen Fischer cite une douzaine 
    
d’

    auteurs du ve  au xve  siècle qui rattachent à Japhet et à ses 23 ou 2
  
    430
    gues distinctes. Relevons en passant que certains 
    
de

     ces auteurs divisent le genre humain en trois classes : Les hommes li
  
    431
    humain en trois classes : Les hommes libres, fils 
    
de

     Sem, les soldais, fils de Japhet, et les esclaves, fils de Cham.  Il 
  
    432
    Les hommes libres, fils de Sem, les soldais, fils 
    
de

     Japhet, et les esclaves, fils de Cham.  Il n’est certes pas démontrab
  
    433
    es soldais, fils de Japhet, et les esclaves, fils 
    
de

     Cham.  Il n’est certes pas démontrable, mais possible, que la relatio
  
    434
    t et l’Europe se soit vue confirmée dans l’esprit 
    
de

     ces auteurs par la traduction en grec de l’allégorie (biblique) : au 
  
    435
    l’esprit de ces auteurs par la traduction en grec 
    
de

     l’allégorie (biblique) : au latin latus (large, étendu) correspond le
  
    436
     et la mythologie grecque. L’Europe ferait partie 
    
de

     l’économie du salut, serait donc un concept acceptable aux yeux des P
  
    437
    oncept acceptable aux yeux des Pères. Et le mythe 
    
de

     Japhet, ainsi interprété, exprimerait assez bien l’état du continent 
  
    438
    z bien l’état du continent dans la seconde moitié 
    
de

     notre premier millénaire : ce mélange originellement « indifférent » 
  
    439
    ement « indifférent » (à l’égard de la vraie foi) 
    
de

     païens et de convertis toujours plus nombreux, qui porte en bloc le n
  
    440
    férent » (à l’égard de la vraie foi) de païens et 
    
de

     convertis toujours plus nombreux, qui porte en bloc le nom d’Europe. 
  
    441
     toujours plus nombreux, qui porte en bloc le nom 
    
d’

    Europe. L’origine japhétique de l’Europe ne fut guère contestée jusqu’
  
    442
    rte en bloc le nom d’Europe. L’origine japhétique 
    
de

     l’Europe ne fut guère contestée jusqu’au xixe  siècle. Joseph de Mais
  
    443
    tient pour un dogme établi. Vico spécule à partir 
    
d’

    elle sur la formation des langues. Campanella se demande si « l’expans
  
    444
    langues. Campanella se demande si « l’expansion » 
    
de

     Japhet dans les tentes de Sem ne peut pas signifier « domination » de
  
    445
    ande si « l’expansion » de Japhet dans les tentes 
    
de

     Sem ne peut pas signifier « domination » de l’Europe sur le monde ara
  
    446
    entes de Sem ne peut pas signifier « domination » 
    
de

     l’Europe sur le monde arabe… Mais Voltaire croit pouvoir réfuter la l
  
    447
    ire croit pouvoir réfuter la légende en affectant 
    
de

     l’interpréter littéralement jusqu’à l’absurde — l’un de ses procédés 
  
    448
    nterpréter littéralement jusqu’à l’absurde — l’un 
    
de

     ses procédés favoris :  Je laisse à de plus savans que moi le soin de
  
    449
    ris :  Je laisse à de plus savans que moi le soin 
    
de

     prouver que les trois enfans de Noé, qui étaient les seuls habitans d
  
    450
    s que moi le soin de prouver que les trois enfans 
    
de

     Noé, qui étaient les seuls habitans du globe, le partagèrent tout ent
  
    451
    llèrent chacun, à deux ou trois-mille lieues l’un 
    
de

     l’autre, fonder par-tout de puissans empires ; et que Javan son petit
  
    452
    ois-mille lieues l’un de l’autre, fonder par-tout 
    
de

     puissans empires ; et que Javan son petit-fils peupla la Grèce en pas
  
    453
     peupla la Grèce en passant en Italie : que c’est 
    
de

     là que les Grecs s’appelèrent Ioniens parce qu’Ion envoya des colonie
  
    454
    ns parce qu’Ion envoya des colonies sur les côtes 
    
de

     l’Asie Mineure ; que cet Ion est visiblement Javan, en changeant I en
  
    455
    avan, en changeant I en Ja, et on en van. On fait 
    
de

     ces contes aux enfans, et les enfans n’en croient rien.13   Mais les 
  
    456
    nfants parfois sont mauvais juges et la gaminerie 
    
de

     Voltaire a tort en l’occurrence. L’émigration des Sémites « phénicien
  
    457
    n des Sémites « phéniciens » vers l’Ionie, patrie 
    
d’

    Homère (certains ayant passé par la Boétie de Cadmus) est aujourd’hui 
  
    458
    stée14. Mais si l’on songe à l’immense popularité 
    
de

     la légende de Japhet chez les clercs de tout rang, pendant quatorze s
  
    459
    i l’on songe à l’immense popularité de la légende 
    
de

     Japhet chez les clercs de tout rang, pendant quatorze siècles, on s’é
  
    460
    opularité de la légende de Japhet chez les clercs 
    
de

     tout rang, pendant quatorze siècles, on s’étonne d’observer que deux 
  
    461
     tout rang, pendant quatorze siècles, on s’étonne 
    
d’

    observer que deux ou trois humanistes seulement aient osé suggérer que
  
    462
    ient osé suggérer que cette tradition étant celle 
    
de

     la chrétienté, la logique eût voulu que notre continent fût nommé Jap
  
    463
    principem institutum.15      4.Cadmus ou la quête 
    
d’

    Europe    Les légendes et l’archéologie révèlent une autre zone de con
  
    464
    légendes et l’archéologie révèlent une autre zone 
    
de

     contact ou de contamination entre les deux mythes, le grec et le bibl
  
    465
    archéologie révèlent une autre zone de contact ou 
    
de

     contamination entre les deux mythes, le grec et le biblique. Voyons d
  
    466
    r venu de la région du Delta pour habiter le pays 
    
de

     Canaan, est le père de cinq fils et d’une fille : Europe. Cette derni
  
    467
    Delta pour habiter le pays de Canaan, est le père 
    
de

     cinq fils et d’une fille : Europe. Cette dernière ayant été enlevée p
  
    468
    er le pays de Canaan, est le père de cinq fils et 
    
d’

    une fille : Europe. Cette dernière ayant été enlevée par le taureau di
  
    469
    in (ou par le roi de Crète Taurus), les cinq fils 
    
d’

    Agénor partent à sa recherche, sur l’ordre de leur père. Comme ils ign
  
    470
    fils d’Agénor partent à sa recherche, sur l’ordre 
    
de

     leur père. Comme ils ignorent où est allé le taureau, ils prennent ch
  
    471
     future Carthage, où il donne son nom aux Punici (
    
de

     Pœni) puis revient en Canaan, qui sera rebaptisé Phénicie en son honn
  
    472
    inq frères va d’abord à Rhodes, puis en Thrace et 
    
de

     là, à Delphes. Il interroge l’oracle pour savoir où il trouvera Europ
  
    473
    ir où il trouvera Europe. La Pythie lui conseille 
    
d’

    abandonner sa Quête, et de suivre plutôt une vache : là où cette vache
  
    474
    La Pythie lui conseille d’abandonner sa Quête, et 
    
de

     suivre plutôt une vache : là où cette vache tombera de fatigue, Cadmu
  
    475
    ivre plutôt une vache : là où cette vache tombera 
    
de

     fatigue, Cadmus devra bâtir une ville. Il achète donc une vache marqu
  
    476
    bâtir une ville. Il achète donc une vache marquée 
    
d’

    une pleine lune blanche sur chaque flanc, la chasse devant lui sans ré
  
    477
    ’effondre, épuisée, au lieu où s’élèvera la ville 
    
de

     Thèbes. On voit donc que la Quête d’Europe — selon ce groupe de légen
  
    478
    era la ville de Thèbes. On voit donc que la Quête 
    
d’

    Europe — selon ce groupe de légendes rapportées notamment par Pausania
  
    479
    voit donc que la Quête d’Europe — selon ce groupe 
    
de

     légendes rapportées notamment par Pausanias — se confond avec les voy
  
    480
    ien, dès ces débuts fabuleux, il paraît difficile 
    
de

     « retrouver Europe » ! C’est la poursuite de son image mythique qui f
  
    481
    cile de « retrouver Europe » ! C’est la poursuite 
    
de

     son image mythique qui fait découvrir aux cinq frères sa réalité géog
  
    482
    le au plus actif d’entre eux. Voilà qui est plein 
    
d’

    enseignements. Rechercher l’Europe c’est la faire ! En d’autres termes
  
    483
    en Chnas, qui apparaît dans la Genèse sous le nom 
    
de

     Canaan. Nombre de coutumes cananéennes indiquent une provenance est-a
  
    484
    raît dans la Genèse sous le nom de Canaan. Nombre 
    
de

     coutumes cananéennes indiquent une provenance est-africaine, et les C
  
    485
    vallée du Nil et le Delta. La dispersion des fils 
    
d’

    Agénor rappellerait, selon Robert Graves, la fuite vers l’ouest des Ca
  
    486
     Elle correspond en tout cas à la grande aventure 
    
de

     ces premiers descubridores que furent les Phéniciens. Voici comment V
  
    487
    d ramasse en une page étonnante tout cet ensemble 
    
de

     symboles et de réalités historiques que sa thèse « phénicienne » nous
  
    488
    e page étonnante tout cet ensemble de symboles et 
    
de

     réalités historiques que sa thèse « phénicienne » nous rend intelligi
  
    489
    mérique, s’étaient lancés pareillement à la quête 
    
d’

    une Terre occidentale, qu’en leur langue, ils devaient nommer la « ter
  
    490
    mer la « terre du Couchant », Eréba. Ils tenaient 
    
de

     leurs maîtres égyptiens la notion de cette « belle Amenât », de ce Co
  
    491
    Ils tenaient de leurs maîtres égyptiens la notion 
    
de

     cette « belle Amenât », de ce Couchant mystérieux où l’Égypte plaçait
  
    492
    es égyptiens la notion de cette « belle Amenât », 
    
de

     ce Couchant mystérieux où l’Égypte plaçait le séjour éternel et bienh
  
    493
    l’Égypte plaçait le séjour éternel et bienheureux 
    
de

     ses morts. De cette quête de l’Eréba, les Hellènes firent leur légend
  
    494
    it le séjour éternel et bienheureux de ses morts. 
    
De

     cette quête de l’Eréba, les Hellènes firent leur légende de la belle 
  
    495
    ernel et bienheureux de ses morts. De cette quête 
    
de

     l’Eréba, les Hellènes firent leur légende de la belle Europé, « l’Occ
  
    496
    uête de l’Eréba, les Hellènes firent leur légende 
    
de

     la belle Europé, « l’Occidentale », poursuivie par son frère Cadmos, 
  
    497
    Agénor, roi de Tyr, avait envoyé à la recherche : 
    
de

     Phénicie en Crète, en Béotie, en Illyrie, Cadmos avait marché vers ce
  
    498
    alents pour cette Terre du Couchant, que les gens 
    
de

     Tyr-Sidon se figuraient sans doute à l’origine comme une masse compac
  
    499
    te, un continent « prodigieux », semblable à l’un 
    
de

     ceux qu’ils pouvaient connaître en leur voisinage, Asie et Libye… Com
  
    500
     leur voisinage, Asie et Libye… Combien fallut-il 
    
d’

    années aux découvreurs de passes pour découper cette masse en îles, pr
  
    501
    Libye… Combien fallut-il d’années aux découvreurs 
    
de

     passes pour découper cette masse en îles, presqu’îles et territoires 
  
    502
    ue : ils voulurent pousser plus loin la recherche 
    
de

     Cadmos et reculer toujours le gîte de cet autre monde : quand, au-del
  
    503
    a recherche de Cadmos et reculer toujours le gîte 
    
de

     cet autre monde : quand, au-delà de Calypso et des Colonnes d’Hercule
  
    504
    jours le gîte de cet autre monde : quand, au-delà 
    
de

     Calypso et des Colonnes d’Hercule, s’ouvrit devant eux l’Océan sans b
  
    505
    monde : quand, au-delà de Calypso et des Colonnes 
    
d’

    Hercule, s’ouvrit devant eux l’Océan sans bornes, ils soutinrent qu’Es
  
    506
    éan sans bornes, ils soutinrent qu’Espéris, fille 
    
d’

    Atlas, — l’Atlantide — s’était effondrée dans ces eaux, où quelques-un
  
    507
     s’était effondrée dans ces eaux, où quelques-uns 
    
de

     nos navigateurs modernes ont pensé la retrouver, où certains de nos g
  
    508
    eurs modernes ont pensé la retrouver, où certains 
    
de

     nos géographes et géologues s’entêtent encore à l’entrevoir.17   Mais
  
    509
    e à l’entrevoir.17   Mais la pleine signification 
    
de

     la légende de Cadmus est encore loin d’être épuisée par ce rappel de 
  
    510
    r.17   Mais la pleine signification de la légende 
    
de

     Cadmus est encore loin d’être épuisée par ce rappel de la découverte 
  
    511
    ification de la légende de Cadmus est encore loin 
    
d’

    être épuisée par ce rappel de la découverte du Couchant. En effet, et 
  
    512
    dmus est encore loin d’être épuisée par ce rappel 
    
de

     la découverte du Couchant. En effet, et toujours selon Victor Bérard,
  
    513
    resque unanime attribuait à Cadmus l’introduction 
    
de

     l’alphabet en Grèce, et plaçait la venue de Cadmus au début du xve  s
  
    514
    but du xve  siècle ». Or les trouvailles récentes 
    
de

     l’archéologie confirment cette date. Par la Crète, l’alphabet nous vi
  
    515
    x-ci colonisèrent la Béotie et y firent souche et 
    
de

     leurs nobles dynasties des « Cadméens » procèdent nombre des lettrés 
  
    516
     Sept Sages, fondèrent plus tard en Ionie, patrie 
    
d’

    Homère, la prose grecque et la philosophie. Qu’on n’oublie pas non plu
  
    517
    cu en Béotie… Relevons enfin deux autres éléments 
    
de

     parenté mythologique. Si Agénor, père d’Europe, est Canaan, il serait
  
    518
    , est Canaan, il serait, selon la Genèse, ce fils 
    
de

     Cham promis à l’esclavage. Le mythe gréco-phénicien et la légende de 
  
    519
    esclavage. Le mythe gréco-phénicien et la légende 
    
de

     Japhet se recouperaient donc en ce point, non sans qu’il en résulte d
  
    520
    aient donc en ce point, non sans qu’il en résulte 
    
de

     nouvelles incertitudes et complexités, puisque Europe descendrait ain
  
    521
     et complexités, puisque Europe descendrait ainsi 
    
de

     Cham selon la légende classique et son interprétation phénicienne, ta
  
    522
    elon la tradition biblique, c’est aux descendants 
    
de

     Japhet qu’aurait été promis le continent occidental. Non moins curieu
  
    523
    is déconcerte, entre le Japhet de la Genèse, fils 
    
de

     Noé, et le Japet de la mythologie, ce Titan père de Prométhée, et don
  
    524
     le Japhet de la Genèse, fils de Noé, et le Japet 
    
de

     la mythologie, ce Titan père de Prométhée, et donc grand-père de Deuc
  
    525
     Noé, et le Japet de la mythologie, ce Titan père 
    
de

     Prométhée, et donc grand-père de Deucalion, qui fut précisément le No
  
    526
    18 :   Japhet, qui a peuplé la plus grande partie 
    
de

     l’Occident, y est demeuré célèbre sous le nom fameux d’Iapet.  Nous a
  
    527
    ccident, y est demeuré célèbre sous le nom fameux 
    
d’

    Iapet.  Nous allons voir comment s’explique cette apparente confusion.
  
    528
     la pratiquent sans art. À travers des filiations 
    
de

     signes et de sons qu’il est parfois possible d’établir sans équivoque
  
    529
    t sans art. À travers des filiations de signes et 
    
de

     sons qu’il est parfois possible d’établir sans équivoque, elle se pro
  
    530
    s de signes et de sons qu’il est parfois possible 
    
d’

    établir sans équivoque, elle se propose de rechercher des significatio
  
    531
    ossible d’établir sans équivoque, elle se propose 
    
de

     rechercher des significations, tenant les primitives pour plus authen
  
    532
    st significatif. Elle décrit donc les préférences 
    
de

     celui qui découvre une « vraie » racine, plutôt qu’elle ne statue sur
  
    533
    ne, plutôt qu’elle ne statue sur le « vrai » sens 
    
d’

    un mot. Et c’est pourquoi il est intéressant de rappeler ici quelques-
  
    534
    ns d’un mot. Et c’est pourquoi il est intéressant 
    
de

     rappeler ici quelques-unes des « origines » retenues par diverses épo
  
    535
    tenues par diverses époques pour expliquer ce nom 
    
d’

    Europe, dont Hérodote pensait que nul mortel ne saurait espérer découv
  
    536
     sur la double croyance traditionnelle que le nom 
    
d’

    Europe vient de l’hébreu et que notre continent fut la part de Japhet.
  
    537
    nt de l’hébreu et que notre continent fut la part 
    
de

     Japhet. (Il s’agit donc, comme on l’a vu plus haut, de donner une rac
  
    538
    phet. (Il s’agit donc, comme on l’a vu plus haut, 
    
de

     donner une racine biblique à ce nom qui, autrement, rappellerait fâch
  
    539
    t les coupables amours du roi des dieux païens et 
    
d’

    une fille de Tyr, cette ville cent fois maudite par les Prophètes.) Go
  
    540
    les amours du roi des dieux païens et d’une fille 
    
de

     Tyr, cette ville cent fois maudite par les Prophètes.) Goropius écrit
  
    541
    n mariage légitime ; Ur, excellent, Hop, espoir : 
    
d’

    où réussit Europ soit espoir excellent d’un mariage légitime, lequel a
  
    542
    espoir : d’où réussit Europ soit espoir excellent 
    
d’

    un mariage légitime, lequel a été propre de cette portion des terres, 
  
    543
    ellent d’un mariage légitime, lequel a été propre 
    
de

     cette portion des terres, laquelle Noé donna à Japhet pour sa demeure
  
    544
    het pour sa demeure. Car combien que la postérité 
    
de

     Sem a été plusieurs siècles alliée avec Dieu en la race d’Abraham, si
  
    545
    été plusieurs siècles alliée avec Dieu en la race 
    
d’

    Abraham, si a elle toutefois répudiée. Mais le mariage, par lequel le 
  
    546
    jamais rompu : de sorte qu’à bon droit la portion 
    
de

     Japhet est dite Europe.   b) Après l’étymologie fantaisiste, voici la
  
    547
     fantaisiste, voici la celtique : dans leur Atlas 
    
de

     géographie ancienne et moderne publié en 1829, Lapie père et Lapie fi
  
    548
    t, paraît s’imposer tout d’abord par des raisons… 
    
d’

    orientation ! Ainsi l’historien roumain Nicolas Jorga écrivait en 1932
  
    549
    iens peuples orientaux qui vivaient dans les pays 
    
d’

    où se lève le soleil, c’est-à-dire en Asie, par le mot Europe, on ente
  
    550
    ope, on entendait le pays où le soleil se couche. 
    
De

     leur côté, la lumière ; du nôtre, l’obscurité, les ténèbres, l’Arip, 
  
    551
    , mot que l’on doit mettre à côté du sombre Érèbe 
    
de

     la mythologie grecque. En effet, ne pouvant pas déplacer encore davan
  
    552
    s haut sur les origines « phéniciennes » du mythe 
    
d’

    Europe vient renforcer la vraisemblance de l’étymologie ereb. Mais voi
  
    553
    u mythe d’Europe vient renforcer la vraisemblance 
    
de

     l’étymologie ereb. Mais voici, de surcroît, un argument immédiatement
  
    554
    a vraisemblance de l’étymologie ereb. Mais voici, 
    
de

     surcroît, un argument immédiatement tiré de la phonétique. On sait qu
  
    555
    oici, de surcroît, un argument immédiatement tiré 
    
de

     la phonétique. On sait qu’en hébreu, ce sont les consonnes qui compte
  
    556
    re en faveur de l’origine sémitique :  On a cessé 
    
de

     croire à la parenté d’Erèbe et d’Europe, par quoi entendre une parent
  
    557
    ne sémitique :  On a cessé de croire à la parenté 
    
d’

    Erèbe et d’Europe, par quoi entendre une parenté directe, comme celle 
  
    558
    e :  On a cessé de croire à la parenté d’Erèbe et 
    
d’

    Europe, par quoi entendre une parenté directe, comme celle du frère et
  
    559
    ndre une parenté directe, comme celle du frère et 
    
de

     la sœur. Cependant, il y a un lien indirect, et c’est encore la mytho
  
    560
    iode — engendra donc la Nuit. Et la Nuit engendra 
    
de

     terribles enfants : la Détresse, le Trépas, la Mort, les Parques, Ném
  
    561
     personne », le Sommeil, les Songes ; mais enfin, 
    
de

     son frère Erèbe lui-même, l’Éther et la Lumière du jour, cette lumièr
  
    562
    mière du jour, cette lumière victorieuse qui naît 
    
de

     la nuit pour la tuer. Puis Erèbe prit un sens dérivé : les profondeur
  
    563
    ique ereb, soir.   d) Reste notre nom grec, celui 
    
de

     la fille d’Agénor. Ici, nous invoquerons de nouveau G. de Reynold21 :
  
    564
    oir.   d) Reste notre nom grec, celui de la fille 
    
d’

    Agénor. Ici, nous invoquerons de nouveau G. de Reynold21 :  Europe est
  
    565
    us rarement euruopè, une des épithètes homériques 
    
de

     Zeus. Euruopa se relève plusieurs fois dans l’Iliade et l’Odyssée : e
  
    566
    ment récents. Ces formes sont des vocatifs. Celle 
    
d’

    euruopa est également employée comme nominatif éolien ou bien comme ac
  
    567
    ogie, elle est facile. Nous avons là des composés 
    
de

     deux autres mots grecs : l’adjectif eurus, large, ample, spacieux ; l
  
    568
     yeux, au beau regard, au beau visage. La parenté 
    
d’

    Europe avec l’épithète homérique de Zeus est ainsi évidente.  Eurôpè, 
  
    569
    ge. La parenté d’Europe avec l’épithète homérique 
    
de

     Zeus est ainsi évidente.  Eurôpè, de son côté, n’a point tardé à prod
  
    570
    te homérique de Zeus est ainsi évidente.  Eurôpè, 
    
de

     son côté, n’a point tardé à produire son masculin eurôpos. « Zeus qui
  
    571
     » a sa cité divine sur l’Olympe : dans le massif 
    
de

     l’Olympe, le Pénée prend sa source, et il a pour affluent l’Europos. 
  
    572
    uropos. Le fait qu’« europe » est un qualificatif 
    
de

     Zeus amène à se demander s’il ne se serait pas produit un dédoublemen
  
    573
    à son tour des possibilités diverses. Voici l’une 
    
d’

    elles, explorée par Robert Graves22, dans les notes jointes à son chap
  
    574
    ues signalées par cet auteur donnera quelque idée 
    
de

     l’extrême complexité du thème :  Europe signifie « large face », syno
  
    575
    thème :  Europe signifie « large face », synonyme 
    
de

     pleine lune et l’un des titres des déesses-Lune, Demeter à Labadie et
  
    576
     bien irrigué ». Le saule régit le cinquième mois 
    
de

     l’année sacrée23 et il est associé à la magie et aux rites de fertili
  
    577
    acrée23 et il est associé à la magie et aux rites 
    
de

     fertilité dans toute l’Europe… Le rapt d’Europe par Zeus, qui rappell
  
    578
    x rites de fertilité dans toute l’Europe… Le rapt 
    
d’

    Europe par Zeus, qui rappelle une très longue occupation de la Crète p
  
    579
    par Zeus, qui rappelle une très longue occupation 
    
de

     la Crète par les Hellènes, a été tiré d’images préhelléniques de la P
  
    580
    cupation de la Crète par les Hellènes, a été tiré 
    
d’

    images préhelléniques de la Prêtresse lunaire chevauchant triomphaleme
  
    581
     les Hellènes, a été tiré d’images préhelléniques 
    
de

     la Prêtresse lunaire chevauchant triomphalement le taureau solaire, s
  
    582
    e. La scène est dépeinte par huit plaques moulées 
    
de

     verre bleu, trouvées dans la cité mycénienne de Midea : il semble qu’
  
    583
    s de verre bleu, trouvées dans la cité mycénienne 
    
de

     Midea : il semble qu’elle fasse partie d’un rituel de fertilité au co
  
    584
    énienne de Midea : il semble qu’elle fasse partie 
    
d’

    un rituel de fertilité au cours duquel la guirlande de Mai d’Europe ét
  
    585
    idea : il semble qu’elle fasse partie d’un rituel 
    
de

     fertilité au cours duquel la guirlande de Mai d’Europe était portée e
  
    586
     rituel de fertilité au cours duquel la guirlande 
    
de

     Mai d’Europe était portée en procession. Quant à la séduction d’Europ
  
    587
     de fertilité au cours duquel la guirlande de Mai 
    
d’

    Europe était portée en procession. Quant à la séduction d’Europe par Z
  
    588
     était portée en procession. Quant à la séduction 
    
d’

    Europe par Zeus changé en aigle24, elle rappelle la séduction d’Héra p
  
    589
    eus changé en aigle24, elle rappelle la séduction 
    
d’

    Héra par Zeus changé en coucou ; et selon Hésychius, Héra portait le t
  
    590
    oucou ; et selon Hésychius, Héra portait le titre 
    
d’

    Europia. Le nom crétois et corinthien d’Europe était Hellotis, qui évo
  
    591
     le titre d’Europia. Le nom crétois et corinthien 
    
d’

    Europe était Hellotis, qui évoque Helice (saule) ; Hellé et Hélène son
  
    592
     que le plane était aussi tenu pour l’arbre sacré 
    
d’

    Hélène. Sa sainteté s’explique par les cinq pointes de sa feuille, rep
  
    593
    lène. Sa sainteté s’explique par les cinq pointes 
    
de

     sa feuille, représentant les cinq doigts de la déesse…  Faut-il rappe
  
    594
    intes de sa feuille, représentant les cinq doigts 
    
de

     la déesse…  Faut-il rappeler au surplus que Hellén — masculin d’Hélèn
  
    595
    Faut-il rappeler au surplus que Hellén — masculin 
    
d’

    Hélène et ancêtre éponyme de tous les Hellènes — était le fils de Deuc
  
    596
    que Hellén — masculin d’Hélène et ancêtre éponyme 
    
de

     tous les Hellènes — était le fils de Deucalion ? Que celui-ci est le 
  
    597
    être éponyme de tous les Hellènes — était le fils 
    
de

     Deucalion ? Que celui-ci est le Noé de la mythologie grecque, seul re
  
    598
    it le fils de Deucalion ? Que celui-ci est le Noé 
    
de

     la mythologie grecque, seul rescapé avec Pyrrha sa femme (grâce à l’A
  
    599
    une que Prométhée son père lui a fait construire) 
    
d’

    un déluge dont une colombe lui annonça la fin ? Hellén est donc l’arri
  
    600
    des symboles et des mythes ! On n’en finirait pas 
    
de

     les préciser, de les distinguer, de les contraster — jusqu’au moment 
  
    601
    es mythes ! On n’en finirait pas de les préciser, 
    
de

     les distinguer, de les contraster — jusqu’au moment où ils apparaîtra
  
    602
     finirait pas de les préciser, de les distinguer, 
    
de

     les contraster — jusqu’au moment où ils apparaîtraient, peut-être, co
  
    603
    nt où ils apparaîtraient, peut-être, comme autant 
    
de

     récits véridiques d’une seule et même histoire, vue par divers témoin
  
    604
    ent, peut-être, comme autant de récits véridiques 
    
d’

    une seule et même histoire, vue par divers témoins.    6.Le concept gé
  
    605
    ins.    6.Le concept géographique    On a coutume 
    
d’

    attribuer à Paul Valéry la remarque que l’Europe n’est qu’un cap ou « 
  
    606
    ue que l’Europe n’est qu’un cap ou « un appendice 
    
de

     l’Asie ». Voici son texte le plus souvent cité à ce sujet :  L’Europe
  
    607
    u’elle paraît, c’est-à-dire : la partie précieuse 
    
de

     l’univers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau d’un vaste cor
  
    608
    partie précieuse de l’univers terrestre, la perle 
    
de

     la sphère, le cerveau d’un vaste corps ?25   Ailleurs encore Valéry n
  
    609
    vers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau 
    
d’

    un vaste corps ?25   Ailleurs encore Valéry nomme l’Europe  une sorte 
  
    610
     Ailleurs encore Valéry nomme l’Europe  une sorte 
    
de

     cap du vieux continent, un appendice occidental de l’Asie.  Cela fit 
  
    611
    e cap du vieux continent, un appendice occidental 
    
de

     l’Asie.  Cela fit naguère sensation. Il s’agit en réalité d’un lieu c
  
    612
     Cela fit naguère sensation. Il s’agit en réalité 
    
d’

    un lieu commun des géographes depuis des siècles. Citons-en quelques-u
  
    613
    er un tout indépendant. Ce n’est qu’une péninsule 
    
de

     l’Asie, l’extrémité, la pointe du continent asiatique.29   Et, dans l
  
    614
    lus, Auguste Himly, Raoul Blanchard, tous auteurs 
    
d’

    Atlas et de manuels classiques. Mais une comparaison non moins traditi
  
    615
    e Himly, Raoul Blanchard, tous auteurs d’Atlas et 
    
de

     manuels classiques. Mais une comparaison non moins traditionnelle fai
  
    616
    ais une comparaison non moins traditionnelle fait 
    
de

     l’Europe une Grèce agrandie30 :  On a souvent dit que l’Europe était 
  
    617
    riée et coupée, des limites naturelles ; entourée 
    
de

     mers, baignée de golfes profonds, elle tenait un heureux milieu entre
  
    618
    es limites naturelles ; entourée de mers, baignée 
    
de

     golfes profonds, elle tenait un heureux milieu entre l’hiver de la Sc
  
    619
    onds, elle tenait un heureux milieu entre l’hiver 
    
de

     la Scythie et les ardeurs de l’Égypte. Elle dominait alors les mers l
  
    620
    milieu entre l’hiver de la Scythie et les ardeurs 
    
de

     l’Égypte. Elle dominait alors les mers les plus connues. Mais ce para
  
    621
    t être étendu à des rapports plus nobles que ceux 
    
de

     la nature corporelle. Le jeu mutuel de plusieurs caractères nationaux
  
    622
    s que ceux de la nature corporelle. Le jeu mutuel 
    
de

     plusieurs caractères nationaux différents et même opposés ; l’esprit 
  
    623
    s nationaux différents et même opposés ; l’esprit 
    
de

     liberté tant civil que politique : voilà les deux grands points de re
  
    624
    ivil que politique : voilà les deux grands points 
    
de

     ressemblance.  Pourtant ce ne sont pas les Grecs qui ont « découvert 
  
    625
    ais bien les Phéniciens, étendant leurs comptoirs 
    
de

     commerce, leur piraterie et leurs explorations maritimes à toute la M
  
    626
     toute la Méditerranée, puis au-delà des Colonnes 
    
d’

    Hercule jusqu’aux Canaries, à la Bretagne, aux Îles Britanniques et à 
  
    627
    tanniques et à la mer du Nord, où le Monde cesse… 
    
De

     Carthage, colonie de Tyr (fondée nous l’avons vu, par Phœnix, l’un de
  
    628
     du Nord, où le Monde cesse… De Carthage, colonie 
    
de

     Tyr (fondée nous l’avons vu, par Phœnix, l’un des frères d’Europe), H
  
    629
    selon Pline, reçut un siècle plus tard la mission 
    
de

     remonter les côtes atlantiques de l’Europe :  Sicut ad extera Europæ 
  
    630
    tard la mission de remonter les côtes atlantiques 
    
de

     l’Europe :  Sicut ad extera Europæ noscenda missus eodem tempore Himi
  
    631
     noscenda missus eodem tempore Himilco.  Un poète 
    
de

     la décadence, Rufius Festus Avenius, devait mettre en vers latin, ver
  
    632
    ttre en vers latin, vers 370, le récit du périple 
    
d’

    Himilco :  Au-delà des Colonnes, sur les plages d’Europe, les Carthagi
  
    633
    d’Himilco :  Au-delà des Colonnes, sur les plages 
    
d’

    Europe, les Carthaginois eurent autrefois des établissements et des vi
  
    634
     établissements et des villes. Leur coutume était 
    
de

     construire des navires à carène plate, propres à glisser sur une mer 
  
    635
     rapporte qu’en dehors des Colonnes, à l’Occident 
    
de

     l’Europe, s’étend une mer sans limites ; l’océan s’y déploie vers des
  
    636
    it la voile. Aussi l’air y est-il enveloppé comme 
    
d’

    un manteau de brouillards ; une brume épaisse cache en tout temps les 
  
    637
    Aussi l’air y est-il enveloppé comme d’un manteau 
    
de

     brouillards ; une brume épaisse cache en tout temps les flots, et de 
  
    638
    e brume épaisse cache en tout temps les flots, et 
    
de

     sombres vapeurs y voilent la clarté du jour.  Cependant les Grecs ont
  
    639
    t été les premiers à donner à ce continent le nom 
    
de

     la princesse enlevée par leur dieu aux Phéniciens, précisément : d’ap
  
    640
    c’est le savant Hippias d’Élis, inventeur allégué 
    
de

     la mnémotechnie, qui aurait le premier nommé les parties du monde d’a
  
    641
    é vers 540 av. J.-C., avait écrit une Description 
    
de

     la Terre en deux livres, dont l’un consacré à l’Europe, l’autre à l’A
  
    642
    n Prométhée joué en 472, Eschyle fait dire à l’un 
    
de

     ses héros décrivant un voyage qui implique la traversée du Bosphore :
  
    643
    raversée du Bosphore :  Dès lors, laissant le sol 
    
d’

    Europe, tu prendras pied sur le continent d’Asie.   Anaximandre pense 
  
    644
    e sol d’Europe, tu prendras pied sur le continent 
    
d’

    Asie.   Anaximandre pense de même31. Mais à partir de là, tous les aut
  
    645
    pied sur le continent d’Asie.   Anaximandre pense 
    
de

     même31. Mais à partir de là, tous les auteurs antiques jusqu’à Strabo
  
    646
    ent la même définition : l’Europe va des Colonnes 
    
d’

    Hercule (c’est Gibraltar) jusqu’au Phase — ou Rioni — petit fleuve qui
  
    647
    te et que nous qui habitons du Phase aux Colonnes 
    
d’

    Hercule, nous n’en habitons qu’une petite partie, vivant tout autour d
  
    648
     mer, comme des fourmis et des grenouilles autour 
    
d’

    un marécage, et qu’il y a par ailleurs divers et nombreux peuples qui 
  
    649
     d’autres contrées semblables.  C’est ici le lieu 
    
de

     rappeler que Socrate fut le premier philosophe à dire que sa patrie é
  
    650
     Reynold32 distingue trois étapes dans le passage 
    
de

     la conception mythique et géographique au plan politique et « culture
  
    651
    hique au plan politique et « culturel » : l’étape 
    
d’

    Hippocrate, celle d’Aristote et celle d’Isocrate. Voici les textes : V
  
    652
    que et « culturel » : l’étape d’Hippocrate, celle 
    
d’

    Aristote et celle d’Isocrate. Voici les textes : Vers la fin du Ve siè
  
    653
    : l’étape d’Hippocrate, celle d’Aristote et celle 
    
d’

    Isocrate. Voici les textes : Vers la fin du Ve siècle av. J.-C., Hippo
  
    654
    a fin du Ve siècle av. J.-C., Hippocrate (ou l’un 
    
de

     ses disciples), dans son Traité des airs, des eaux et des lieux fait 
  
    655
    s différens phénomènes qui, par leur dissemblance 
    
de

     caractère, font distinguer l’Asie de l’Europe. Dissemblance qui s’éte
  
    656
    ux parties du monde, qu’ils contrastent entre eux 
    
d’

    une manière étonnante. Comme il serait trop difficile de traiter ces p
  
    657
    manière étonnante. Comme il serait trop difficile 
    
de

     traiter ces phénomènes dans tous leurs développements, je me bornerai
  
    658
    J’avance donc que l’Asie diffère considérablement 
    
de

     l’Europe, non seulement en ce qui est particulier aux hommes, mais en
  
    659
    re en ce qui est relatif à toutes les productions 
    
de

     la terre. Tous les caractères des différens phénomènes sont donc comm
  
    660
    empérature la plus habituelle en est plus douce ; 
    
d’

    où il suit encore que les peuples qui l’habitent sont d’un naturel plu
  
    661
    l suit encore que les peuples qui l’habitent sont 
    
d’

    un naturel plus doux et d’un esprit plus pénétrant… § 21. Si donc les 
  
    662
    les qui l’habitent sont d’un naturel plus doux et 
    
d’

    un esprit plus pénétrant… § 21. Si donc les Asiatiques sont pusillanim
  
    663
    t pusillanimes, sans courage, moins belliqueux et 
    
d’

    un caractère plus doux que les Européens, c’est encore dans la nature 
  
    664
     faut chercher la principale cause. En Asie, loin 
    
d’

    éprouver de fortes tribulations, celles-ci ont à peu près les mêmes ca
  
    665
    her la principale cause. En Asie, loin d’éprouver 
    
de

     fortes tribulations, celles-ci ont à peu près les mêmes caractères, p
  
    666
    s les mêmes caractères, passant du froid au chaud 
    
d’

    une manière insensible ; de sorte que dans une telle température la fa
  
    667
    toujours égale ; car ce sont les passages rapides 
    
d’

    un extrême à l’autre qui stimulent les esprits de l’homme, et font naî
  
    668
     d’un extrême à l’autre qui stimulent les esprits 
    
de

     l’homme, et font naître les idées de s’arracher à son état d’inertie 
  
    669
     les esprits de l’homme, et font naître les idées 
    
de

     s’arracher à son état d’inertie et d’insouciance. Mais, non seulement
  
    670
    et font naître les idées de s’arracher à son état 
    
d’

    inertie et d’insouciance. Mais, non seulement, je pense que c’est au d
  
    671
    e les idées de s’arracher à son état d’inertie et 
    
d’

    insouciance. Mais, non seulement, je pense que c’est au défaut de pare
  
    672
    Mais, non seulement, je pense que c’est au défaut 
    
de

     pareils changemens qu’il faut attribuer la pusillanimité des Asiatiqu
  
    673
    auxquelles ils sont soumis. La plus grande partie 
    
de

     l’Asie étant gouvernée par des rois, il en résulte que partout où les
  
    674
    ulte que partout où les hommes ne sont ni maîtres 
    
de

     leurs volontés, ni gouvernés par les lois qu’ils se sont données, mai
  
    675
    uper du métier des armes, ils ont même grand soin 
    
de

     ne point paraître avoir l’inclination guerrière, par la raison que le
  
    676
    es intérêts) ne sont pas également partagés. Sous 
    
de

     tels gouvernements les sujets sont forcés d’aller à la guerre, d’en s
  
    677
    Sous de tels gouvernements les sujets sont forcés 
    
d’

    aller à la guerre, d’en supporter toutes les peines, et de mourir même
  
    678
    ments les sujets sont forcés d’aller à la guerre, 
    
d’

    en supporter toutes les peines, et de mourir même pour leurs maîtres, 
  
    679
    à la guerre, d’en supporter toutes les peines, et 
    
de

     mourir même pour leurs maîtres, loin de leurs enfans, de leurs femmes
  
    680
    ir même pour leurs maîtres, loin de leurs enfans, 
    
de

     leurs femmes et de leurs amis. Leurs exploits ne servent donc qu’à au
  
    681
    maîtres, loin de leurs enfans, de leurs femmes et 
    
de

     leurs amis. Leurs exploits ne servent donc qu’à augmenter et à propag
  
    682
    nt donc qu’à augmenter et à propager la puissance 
    
de

     leurs tyrans, lorsque les dangers et la mort sont les seuls fruits qu
  
    683
     la mort sont les seuls fruits qu’ils recueillent 
    
de

     leur bravoure. Ajoutez à cela que sous de tels hommes la terre reste 
  
    684
    eillent de leur bravoure. Ajoutez à cela que sous 
    
de

     tels hommes la terre reste encore sans culture, autant par l’inertie 
  
    685
    e reste encore sans culture, autant par l’inertie 
    
de

     leur tempérament, que par la crainte des ravages de la guerre ; de so
  
    686
     leur tempérament, que par la crainte des ravages 
    
de

     la guerre ; de sorte que, quand même il se trouverait parmi eux des h
  
    687
    rmi eux des hommes braves et courageux, la nature 
    
de

     leurs lois doit s’ajouter à la répugnance de donner essor à leur cour
  
    688
    ture de leurs lois doit s’ajouter à la répugnance 
    
de

     donner essor à leur courage. § 23… Ce qu’on vient d’observer à l’égar
  
    689
    donner essor à leur courage. § 23… Ce qu’on vient 
    
d’

    observer à l’égard du caractère du physique, peut aussi s’appliquer au
  
    690
    ractères moraux. Aussi voit-on les Européens être 
    
d’

    un naturel plus sauvage, insociable, emporté, par cela même que vivant
  
    691
    rendent l’homme agreste, et dépouillent ses mœurs 
    
de

     douceur et d’aménité. Par la même raison, je les regarde donc comme p
  
    692
    e agreste, et dépouillent ses mœurs de douceur et 
    
d’

    aménité. Par la même raison, je les regarde donc comme plus courageux 
  
    693
    donc comme plus courageux que les Asiatiques, car 
    
de

     l’influence d’une température uniforme naît l’insouciance et la pares
  
    694
     courageux que les Asiatiques, car de l’influence 
    
d’

    une température uniforme naît l’insouciance et la paresse, ce qui est 
  
    695
    causes du caractère plus belliqueux des habitants 
    
de

     l’Europe que des Asiatiques. Mais il n’en est pas moins certain que l
  
    696
     ce que l’âme asservie ne peut avoir aucune envie 
    
de

     risquer sa personne, sans autre intérêt que celui d’augmenter la puis
  
    697
    risquer sa personne, sans autre intérêt que celui 
    
d’

    augmenter la puissance de qui l’opprime.  Le passage essentiel d’Arist
  
    698
     autre intérêt que celui d’augmenter la puissance 
    
de

     qui l’opprime.  Le passage essentiel d’Aristote (384-322 av. J.-C.) s
  
    699
    puissance de qui l’opprime.  Le passage essentiel 
    
d’

    Aristote (384-322 av. J.-C.) sur l’Europe se trouve au livre VII, chap
  
    700
     sur l’Europe se trouve au livre VII, chapitre 6, 
    
de

     la Politique :  Les peuples qui habitent les pays froids et les diffé
  
    701
    itent les pays froids et les différentes contrées 
    
de

     l’Europe sont généralement pleins de courage, mais ils sont inférieur
  
    702
    tes contrées de l’Europe sont généralement pleins 
    
de

     courage, mais ils sont inférieurs sous le rapport de l’intelligence e
  
    703
    t inférieurs sous le rapport de l’intelligence et 
    
de

     l’industrie. C’est pour cette raison qu’ils savent mieux conserver le
  
    704
     conserver leur liberté, mais ils sont incapables 
    
d’

    organiser un gouvernement et ils ne peuvent pas conquérir les pays voi
  
    705
    uvent pas conquérir les pays voisins. Les peuples 
    
de

     l’Asie sont intelligents et propres à l’industrie, mais ils manquent 
  
    706
    gents et propres à l’industrie, mais ils manquent 
    
de

     courage, et c’est pour cela qu’ils ne sortent pas de leur assujettiss
  
    707
    courage, et c’est pour cela qu’ils ne sortent pas 
    
de

     leur assujettissement et de leur esclavage perpétuels. La race des Gr
  
    708
    qu’ils ne sortent pas de leur assujettissement et 
    
de

     leur esclavage perpétuels. La race des Grecs, occupant les contrées i
  
    709
    s contrées intermédiaires, réunit ces deux sortes 
    
de

     caractères, elle est brave et intelligente. Aussi demeure-t-elle libr
  
    710
      Après cette étape « hégémonique » vient l’étape 
    
de

     « l’adoption ». Elle est caractérisée par la phrase célèbre d’Isocrat
  
    711
    on ». Elle est caractérisée par la phrase célèbre 
    
d’

    Isocrate, contemporain de Platon (ve  au ive  siècle av. J.-C.) et anc
  
    712
    ée par la phrase célèbre d’Isocrate, contemporain 
    
de

     Platon (ve  au ive  siècle av. J.-C.) et ancêtre de tous les « conféd
  
    713
     Platon (ve  au ive  siècle av. J.-C.) et ancêtre 
    
de

     tous les « confédéralistes » ou « unionistes » européens :  On appell
  
    714
    nant la généalogie des descriptions géographiques 
    
de

     l’Europe, d’Hérodote à saint Augustin.  Hérodote, écrivant au ve  siè
  
    715
    logie des descriptions géographiques de l’Europe, 
    
d’

    Hérodote à saint Augustin.  Hérodote, écrivant au ve  siècle av. J.-C.
  
    716
    pe comme une région nordique assez mal distinguée 
    
de

     la Scythie, qui est la plaine russe. Il lui donne pour axe le Danube,
  
    717
    ’Europe entière, il entre dans la Scythie par une 
    
de

     ses extrémités.  Cependant, Hérodote se demande  pourquoi la Terre ét
  
    718
    ui donne trois noms différents, qui sont des noms 
    
de

     femmes.  En effet, selon Strabon :  Du temps d’Homère, ni l’Europe, n
  
    719
    s de femmes.  En effet, selon Strabon :  Du temps 
    
d’

    Homère, ni l’Europe, ni l’Asie n’avaient reçu leurs noms respectifs ; 
  
    720
    fait trop marquant qu’il n’eût certes pas négligé 
    
de

     mentionner.  Et pourtant, il semble qu’Homère ait eu la notion de l’E
  
    721
    Et pourtant, il semble qu’Homère ait eu la notion 
    
de

     l’Europe. On lit au chant XIV de l’Iliade, à propos d’Hypnos et d’Hér
  
    722
    ait eu la notion de l’Europe. On lit au chant XIV 
    
de

     l’Iliade, à propos d’Hypnos et d’Héré :  Tous deux allèrent sur le co
  
    723
    it au chant XIV de l’Iliade, à propos d’Hypnos et 
    
d’

    Héré :  Tous deux allèrent sur le continent, et le haut des forêts s’a
  
    724
      Strabon, Grec du Pont, écrivant sous les règnes 
    
d’

    Auguste et de Tibère, nous donne un premier grand tableau géographique
  
    725
    ec du Pont, écrivant sous les règnes d’Auguste et 
    
de

     Tibère, nous donne un premier grand tableau géographique de l’Europe,
  
    726
     nous donne un premier grand tableau géographique 
    
de

     l’Europe, continent supérieur aux deux autres, nous dit-il, à cause  
  
    727
    e l’a placé pour le développement moral et social 
    
de

     ses habitants… Car même dans les régions montagneuses, leur intellige
  
    728
    nt vaincu la nature et permis à leur civilisation 
    
de

     se développer.  Suit une théorie des climats, qui rappelle l’école d’
  
    729
    uit une théorie des climats, qui rappelle l’école 
    
d’

    Hippocrate et qui fera fortune jusqu’au xixe  siècle ; on la retrouve 
  
    730
    eur goût pour les arts et à leur parfaite entente 
    
de

     toutes les conditions de la vie matérielle. Les Romains, de leur côté
  
    731
     à leur parfaite entente de toutes les conditions 
    
de

     la vie matérielle. Les Romains, de leur côté, après avoir incorporé à
  
    732
    les conditions de la vie matérielle. Les Romains, 
    
de

     leur côté, après avoir incorporé à leur empire maintes nations restée
  
    733
    upaient et que leur âpreté naturelle, leur manque 
    
de

     ports, la rigueur de leur climat ou telle autre cause rendaient presq
  
    734
    preté naturelle, leur manque de ports, la rigueur 
    
de

     leur climat ou telle autre cause rendaient presque inhabitables, sont
  
    735
    t presque inhabitables, sont parvenus à les tirer 
    
de

     leur isolement, à les mettre en rapport les unes avec les autres, et 
  
    736
    tres, et à ployer les plus barbares aux habitudes 
    
de

     la vie sociale. Mais dans le reste de la partie habitable, là où le s
  
    737
    x habitudes de la vie sociale. Mais dans le reste 
    
de

     la partie habitable, là où le sol de l’Europe est uni et son climat t
  
    738
    ans le reste de la partie habitable, là où le sol 
    
de

     l’Europe est uni et son climat tempéré, la nature semble avoir tout f
  
    739
    ure semble avoir tout fait pour hâter les progrès 
    
de

     la civilisation. Comme il arrive, en effet, que dans les contrées ria
  
    740
    iantes et fertiles, les populations sont toujours 
    
d’

    humeur pacifique, tandis qu’elles sont belliqueuses et énergiques dans
  
    741
    s’établit entre les unes et les autres un échange 
    
de

     mutuels services, les secondes prêtant le secours de leurs armes aux 
  
    742
    mutuels services, les secondes prêtant le secours 
    
de

     leurs armes aux premières qui les aident à leur tour des productions 
  
    743
    mières qui les aident à leur tour des productions 
    
de

     leur sol, des travaux de leurs artistes et des leçons de leurs philos
  
    744
    eur tour des productions de leur sol, des travaux 
    
de

     leurs artistes et des leçons de leurs philosophes. En revanche, on co
  
    745
     sol, des travaux de leurs artistes et des leçons 
    
de

     leurs philosophes. En revanche, on conçoit tout le mal qu’elles peuve
  
    746
    ’elles peuvent se faire pour peu qu’elles cessent 
    
de

     s’entraider ainsi, l’avantage dans le cas d’un conflit, devant être, 
  
    747
    sent de s’entraider ainsi, l’avantage dans le cas 
    
d’

    un conflit, devant être, à ce qu’il semble, du côté de ces populations
  
    748
    lations toujours armées et toujours prêtes à user 
    
de

     violence, à moins pourtant qu’elles ne succombent sous le nombre. Eh 
  
    749
    Eh bien ! à cet égard, là encore, l’Europe a reçu 
    
de

     la nature de grands avantages. Comme elle est, en effet, toute parsem
  
    750
    et égard, là encore, l’Europe a reçu de la nature 
    
de

     grands avantages. Comme elle est, en effet, toute parsemée de montagn
  
    751
    antages. Comme elle est, en effet, toute parsemée 
    
de

     montagnes et de plaines, partout les populations agricoles et civilis
  
    752
    lle est, en effet, toute parsemée de montagnes et 
    
de

     plaines, partout les populations agricoles et civilisées y vivent côt
  
    753
    ervir et la propager. Il s’ensuit aussi qu’en cas 
    
de

     guerre, l’Europe est en état de suffire à elle-même, puisque, à côté 
  
    754
    t aussi qu’en cas de guerre, l’Europe est en état 
    
de

     suffire à elle-même, puisque, à côté d’une population nombreuse de cu
  
    755
    t en état de suffire à elle-même, puisque, à côté 
    
d’

    une population nombreuse de cultivateurs et de citadins, elle compte b
  
    756
    -même, puisque, à côté d’une population nombreuse 
    
de

     cultivateurs et de citadins, elle compte beaucoup de soldats exercés.
  
    757
    ôté d’une population nombreuse de cultivateurs et 
    
de

     citadins, elle compte beaucoup de soldats exercés. Un autre de ces av
  
    758
    elle compte beaucoup de soldats exercés. Un autre 
    
de

     ces avantages, c’est qu’elle tire de son sol les produits les meilleu
  
    759
    és. Un autre de ces avantages, c’est qu’elle tire 
    
de

     son sol les produits les meilleurs et les plus nécessaires à la vie, 
  
    760
    es meilleurs et les plus nécessaires à la vie, et 
    
de

     ses mines les métaux les plus utiles. Restent donc les parfums et les
  
    761
    ums et les pierres précieuses qu’elle est obligée 
    
de

     tirer du dehors, mais ce sont là des biens dont on peut être privé sa
  
    762
    ns enfin qu’elle nourrit une très grande quantité 
    
de

     bétail et fort peu de bêtes féroces, et nous aurons achevé de donner 
  
    763
     fort peu de bêtes féroces, et nous aurons achevé 
    
de

     donner de la nature de ce continent une idée générale.  Dira-t-on que
  
    764
    de bêtes féroces, et nous aurons achevé de donner 
    
de

     la nature de ce continent une idée générale.  Dira-t-on que tous ces 
  
    765
    ces, et nous aurons achevé de donner de la nature 
    
de

     ce continent une idée générale.  Dira-t-on que tous ces auteurs grecs
  
    766
     grecs confondent l’Europe avec la seule province 
    
de

     Thrace qui porta en effet ce nom, ou avec la Grèce, comme c’est le ca
  
    767
    ffet ce nom, ou avec la Grèce, comme c’est le cas 
    
d’

    Eschyle ? Mais on s’expliquerait mal qu’ils aient éprouvé le besoin de
  
    768
    s’expliquerait mal qu’ils aient éprouvé le besoin 
    
de

     désigner la Grèce par un terme plus général, s’ils n’entendaient vrai
  
    769
     général, s’ils n’entendaient vraiment parler que 
    
d’

    elle. On a vu, dans la page citée plus haut de Victor Bérard qu’il exi
  
    770
    que d’elle. On a vu, dans la page citée plus haut 
    
de

     Victor Bérard qu’il existait dès la plus haute époque une « utopie » 
  
    771
     existait dès la plus haute époque une « utopie » 
    
de

     l’Europe continentale, très comparable à l’utopie qui animera Christo
  
    772
    ement que la Grèce n’est qu’une « petite partie » 
    
de

     l’Europe. Cicéron (Pro Flacco, XXVII), dit de la Grèce :  Parvum quen
  
    773
    e » de l’Europe. Cicéron (Pro Flacco, XXVII), dit 
    
de

     la Grèce :  Parvum quendam locum Europætenet.   Saint Augustin, dans 
  
    774
    locum Europætenet.   Saint Augustin, dans La Cité 
    
de

     Dieu, pense que le monde est partagé en deux moitiés, l’Asie occupant
  
    775
    lités modernes :  Et maintenant je vais parcourir 
    
de

     la plume l’Europe en tant qu’elle est connue des hommes. Elle commenc
  
    776
    i sont à l’orient. Elle se continue par le rivage 
    
de

     l’océan septentrional jusqu’à la Gaule Belgique et au fleuve Rhin qui
  
    777
    à la Gaule Belgique et au fleuve Rhin qui descend 
    
de

     l’occident, puis jusqu’au Danube, que l’on appelle aussi l’Ister, qui
  
    778
    ble représente cinquante-quatre nations.  Sautons 
    
de

     là au xive  siècle de notre ère. Dans son Commento alla Comedia 36, G
  
    779
    te-quatre nations.  Sautons de là au xive  siècle 
    
de

     notre ère. Dans son Commento alla Comedia 36, Giovanni Boccace (1313-
  
    780
    prend la division tripartite du Monde, et insiste 
    
d’

    une manière significative sur la position centrale de la Crète, où Zeu
  
    781
    ne manière significative sur la position centrale 
    
de

     la Crète, où Zeus avait fait Europe reine :  Il n’y a au monde aucune
  
    782
    s anciens se plurent à diviser le monde habitable 
    
de

     notre hémisphère supérieur en trois parties, qu’ils nommèrent l’Asie,
  
    783
    nsi l’île de Crète paraît être située aux confins 
    
de

     ces trois parties du monde. Les géographes qui ont délimité l’Europe 
  
    784
    es frontières du côté du Levant : par l’extrémité 
    
de

     la mer Égée, l’Hellespont, la mer appelée Propontide, le cours du fle
  
    785
    Norvège, l’Angleterre et les parties occidentales 
    
de

     l’Espagne jusqu’à l’endroit où commence la mer Méditerranée ; ensuite
  
    786
    péré, un ciel doux, et n’y a dedans nulle pénurie 
    
de

     vin et d’arbres fruitiers. En sus, c’est un beau pays, bien orné de v
  
    787
    iel doux, et n’y a dedans nulle pénurie de vin et 
    
d’

    arbres fruitiers. En sus, c’est un beau pays, bien orné de villes, châ
  
    788
     fruitiers. En sus, c’est un beau pays, bien orné 
    
de

     villes, châteaux, villages, et a un peuple viril, qu’elle surpasse As
  
    789
     a aussi des régions occupées tout à la ronde par 
    
d’

    âpres montagnes, et là c’est dur de rester. Mais là où c’est plat, c’e
  
    790
    à la ronde par d’âpres montagnes, et là c’est dur 
    
de

     rester. Mais là où c’est plat, c’est un bon pays, et y croissent tout
  
    791
    agnes.37   En 1679, Robbe, ingénieur et géographe 
    
de

     Louis XIV, fait imprimer à Paris une Méthode pour apprendre facilemen
  
    792
    est la plus grande en qualité… Si l’Asie se vante 
    
d’

    avoir vu former le premier homme par les mains mêmes du Créateur du ci
  
    793
     homme par les mains mêmes du Créateur du ciel et 
    
de

     la terre, et d’avoir été honorée de la naissance et de la présence du
  
    794
    ains mêmes du Créateur du ciel et de la terre, et 
    
d’

    avoir été honorée de la naissance et de la présence du Sauveur du mond
  
    795
    ur du ciel et de la terre, et d’avoir été honorée 
    
de

     la naissance et de la présence du Sauveur du monde pendant le cours d
  
    796
     terre, et d’avoir été honorée de la naissance et 
    
de

     la présence du Sauveur du monde pendant le cours de sa vie mortelle :
  
    797
     la présence du Sauveur du monde pendant le cours 
    
de

     sa vie mortelle : l’Europe dira que c’est une grâce singulière, à la 
  
    798
    ne grâce singulière, à la vérité, qu’elle a reçue 
    
de

     la Sagesse éternelle ; mais que la gloire en est empruntée pour l’Asi
  
    799
    rendent illustre.  Même idée dans le Dictionnaire 
    
de

     Moreri :  Quoique l’Europe soit la moindre des trois parties de conti
  
    800
    uoique l’Europe soit la moindre des trois parties 
    
de

     continent, elle a pourtant des avantages qui la doivent faire préfére
  
    801
    le continent. Elle est abondante en toutes sortes 
    
de

     biens, et les peuples y sont ordinairement doux, honnêtes, civilisés 
  
    802
    es termes presque, dans la Géographie universelle 
    
de

     Mantelle et Malte Brun, parue à Paris en 1816 :  En sortant des mains
  
    803
    un, parue à Paris en 1816 :  En sortant des mains 
    
de

     la nature, notre partie du monde n’avait reçu aucun titre à cette glo
  
    804
    ujourd’hui. Petit continent, qui possède le moins 
    
de

     richesses territoriales… nous ne sommes riches que d’emprunts. Tel es
  
    805
    ichesses territoriales… nous ne sommes riches que 
    
d’

    emprunts. Tel est néanmoins le pouvoir de l’esprit humain. Cette régio
  
    806
    ches que d’emprunts. Tel est néanmoins le pouvoir 
    
de

     l’esprit humain. Cette région, que la nature n’avait ornée que de for
  
    807
    in. Cette région, que la nature n’avait ornée que 
    
de

     forêts immenses, s’est peuplée de nations puissantes, s’est couverte 
  
    808
    avait ornée que de forêts immenses, s’est peuplée 
    
de

     nations puissantes, s’est couverte de cités magnifiques, s’est enrich
  
    809
    est peuplée de nations puissantes, s’est couverte 
    
de

     cités magnifiques, s’est enrichie du butin des deux mondes ; cette ét
  
    810
     est devenue la métropole du genre humain.  Ainsi 
    
d’

    Hérodote et d’Hippocrate jusqu’à nos jours, l’Europe physique n’a pas 
  
    811
    a métropole du genre humain.  Ainsi d’Hérodote et 
    
d’

    Hippocrate jusqu’à nos jours, l’Europe physique n’a pas cessé d’être c
  
    812
    usqu’à nos jours, l’Europe physique n’a pas cessé 
    
d’

    être conçue comme un ensemble caractéristique, diversifié mais disting
  
    813
    t le seul continent articulé, semble déjà l’œuvre 
    
de

     l’intelligence plus que de la nature. L’Europe, c’est le continent qu
  
    814
    é, semble déjà l’œuvre de l’intelligence plus que 
    
de

     la nature. L’Europe, c’est le continent qui doit se projeter hors de 
  
    815
    nent qui doit se projeter hors de soi-même, celui 
    
de

     l’expansion et de la conquête, de la découverte et de la colonisation
  
    816
    rojeter hors de soi-même, celui de l’expansion et 
    
de

     la conquête, de la découverte et de la colonisation. L’Europe est née
  
    817
    soi-même, celui de l’expansion et de la conquête, 
    
de

     la découverte et de la colonisation. L’Europe est née impériale. Elle
  
    818
    ’expansion et de la conquête, de la découverte et 
    
de

     la colonisation. L’Europe est née impériale. Elle a été créée pour êt
  
    819
    le a été créée pour être le globe. Voyez sa ligne 
    
de

     force sortir de l’Asie pour se tendre vers l’infini par-dessus l’océa
  
    820
    our être le globe. Voyez sa ligne de force sortir 
    
de

     l’Asie pour se tendre vers l’infini par-dessus l’océan. Les autres co
  
    821
    ’article Europe, la représente ainsi en l’honneur 
    
de

     Charles-Quint : « L’Espagne était la tête de cette femme ; le col, le
  
    822
    neur de Charles-Quint : « L’Espagne était la tête 
    
de

     cette femme ; le col, les provinces de Languedoc et de Gascogne ; le 
  
    823
    it la tête de cette femme ; le col, les provinces 
    
de

     Languedoc et de Gascogne ; le reste de la Gaule, la poitrine ; les br
  
    824
    tte femme ; le col, les provinces de Languedoc et 
    
de

     Gascogne ; le reste de la Gaule, la poitrine ; les bras, l’Italie et 
  
    825
     provinces de Languedoc et de Gascogne ; le reste 
    
de

     la Gaule, la poitrine ; les bras, l’Italie et la Grande-Bretagne ; le
  
    826
    emagne ; la Bohême, le nombril ; et tout le reste 
    
de

     son corps, les autres royaumes et provinces. » Mais la représentation
  
    827
    eprésentation la plus symbolique est encore celle 
    
de

     quelques anciens géographes. Ils voyaient dans l’Europe l’image de la
  
    828
    ns géographes. Ils voyaient dans l’Europe l’image 
    
de

     la Vierge : une Vierge couronnée, pour tête l’Espagne, pour cœur la F
  
    829
    ne Vierge dont la plaine russe se perdant au fond 
    
de

     l’Asie obscure, représentait la robe aux vastes et vagues plis. La Vi
  
    830
    conclusions se dégagent : le concept géographique 
    
d’

    Europe est beaucoup plus ancien, et les mythes grecs et sémitiques bea
  
    831
    ythes grecs et sémitiques beaucoup moins éloignés 
    
de

     la réalité qu’on ne l’imagine généralement de nos jours. Mais la cons
  
    832
    nés de la réalité qu’on ne l’imagine généralement 
    
de

     nos jours. Mais la conscience politico-historique d’une entité europé
  
    833
    nos jours. Mais la conscience politico-historique 
    
d’

    une entité européenne, c’est-à-dire d’une communauté de destin des peu
  
    834
    -historique d’une entité européenne, c’est-à-dire 
    
d’

    une communauté de destin des peuples habitant l’Europe telle qu’Hérodo
  
    835
     entité européenne, c’est-à-dire d’une communauté 
    
de

     destin des peuples habitant l’Europe telle qu’Hérodote ou Strabon la 
  
    836
    comparaisons globales entre le destin des peuples 
    
de

     l’Europe et de l’Asie, esquissées par Hippocrate et Aristote. Mais ce
  
    837
    obales entre le destin des peuples de l’Europe et 
    
de

     l’Asie, esquissées par Hippocrate et Aristote. Mais ces deux grands g
  
    838
    ces deux grands génies n’étaient pas l’expression 
    
d’

    une opinion courante ou d’une conscience populaire : celles-ci ne pouv
  
    839
    taient pas l’expression d’une opinion courante ou 
    
d’

    une conscience populaire : celles-ci ne pouvaient exister, de leur tem
  
    840
    ience populaire : celles-ci ne pouvaient exister, 
    
de

     leur temps, que dans la croyance religieuse et dans les mythes. Penda
  
    841
    et dans les mythes. Pendant l’ère romaine, l’idée 
    
d’

    une Europe politique est tout naturellement refoulée par celle de l’un
  
    842
    litique est tout naturellement refoulée par celle 
    
de

     l’unité impériale commune à l’Orient et à l’Occident, moitiés géograp
  
    843
    és géographiques et administrativement distinctes 
    
d’

    un seul et même État : utraques pars, pars orientalis et pars occident
  
    844
     nommée en lieu et place de la moitié occidentale 
    
de

     l’Empire, l’Asie en lieu et place de la moitié orientale : ainsi dans
  
    845
    de la moitié orientale : ainsi dans l’inscription 
    
de

     l’an 7 av. J.-C., trouvée sur l’île de Philae, en Égypte, et désignan
  
    846
    t désignant Auguste comme Seigneur de l’Europe et 
    
de

     l’Asie 39. Ce ne sont là ni l’Europe réelle ni encore moins l’Asie da
  
    847
     des désignations allégoriques. C’est ici le lieu 
    
de

     remarquer que les termes d’Orient et d’Occident ont subi au cours des
  
    848
    es. C’est ici le lieu de remarquer que les termes 
    
d’

    Orient et d’Occident ont subi au cours des siècles antiques et moderne
  
    849
    i le lieu de remarquer que les termes d’Orient et 
    
d’

    Occident ont subi au cours des siècles antiques et modernes des fluctu
  
    850
    es fluctuations beaucoup plus fortes que le terme 
    
d’

    Europe : tantôt moitiés administratives de l’Empire (Arcadius et Honor
  
    851
    e terme d’Europe : tantôt moitiés administratives 
    
de

     l’Empire (Arcadius et Honorius), tantôt moitiés théologiques de l’Égl
  
    852
    rcadius et Honorius), tantôt moitiés théologiques 
    
de

     l’Église (Rome et Byzance), ou enfin vastes et vagues désignations my
  
    853
    és lumineuses et spirituelles, l’Occident la nuit 
    
de

     la matière. Relevant les caractères régulièrement attribués à cet Ori
  
    854
    t à cet Occident mystiques par les métaphysiciens 
    
de

     la Grèce présocratique, puis de la Perse avicenienne, et enfin par to
  
    855
    es métaphysiciens de la Grèce présocratique, puis 
    
de

     la Perse avicenienne, et enfin par tous les auteurs européens jusqu’à
  
    856
    opéens jusqu’à nos jours qui déclarent s’inspirer 
    
de

     « la Tradition », D. de Rougemont donne le tableau suivant formé de q
  
    857
    », D. de Rougemont donne le tableau suivant formé 
    
de

     quatorze antithèses40 :   Orient : l’aurore, le matin, le haut, la dr
  
    858
    droite, l’extrême raffinement, la lumière, l’Ange 
    
de

     la Révélation, le but dernier, l’âme, l’initiation, la sagesse, la ré
  
    859
    gauche, l’épaisseur opaque, la pénombre, le démon 
    
de

     l’utilitarisme et de la puissance aveugle, l’oubli des buts de l’âme,
  
    860
    paque, la pénombre, le démon de l’utilitarisme et 
    
de

     la puissance aveugle, l’oubli des buts de l’âme, le corps et la matiè
  
    861
    isme et de la puissance aveugle, l’oubli des buts 
    
de

     l’âme, le corps et la matière, l’activité désordonnée, la passion, la
  
    862
    e par les liens matériels et passionnels, le lieu 
    
d’

    exil. Cette unanimité dans l’interprétation, uniquement favorable à l’
  
    863
    ’interprétation, uniquement favorable à l’Orient, 
    
de

     nos deux termes symboliques ne peut manquer d’impressionner. On ne sa
  
    864
    t, de nos deux termes symboliques ne peut manquer 
    
d’

    impressionner. On ne saurait la réduire à rien d’accidentel, de physiq
  
    865
     d’impressionner. On ne saurait la réduire à rien 
    
d’

    accidentel, de physique ou d’anecdotique. Car si le soleil se lève à l
  
    866
    er. On ne saurait la réduire à rien d’accidentel, 
    
de

     physique ou d’anecdotique. Car si le soleil se lève à l’Orient pour l
  
    867
    it la réduire à rien d’accidentel, de physique ou 
    
d’

    anecdotique. Car si le soleil se lève à l’Orient pour les Grecs, il en
  
    868
    et ceux-ci ne figurent pas pour autant l’Occident 
    
de

     la Chine41 ou de la Malaisie, ni le Japon, l’Occident de l’Amérique !
  
    869
    urent pas pour autant l’Occident de la Chine41 ou 
    
de

     la Malaisie, ni le Japon, l’Occident de l’Amérique ! Elle révèle donc
  
    870
    hine41 ou de la Malaisie, ni le Japon, l’Occident 
    
de

     l’Amérique ! Elle révèle donc une forme de l’âme, une pente de l’âme,
  
    871
    cident de l’Amérique ! Elle révèle donc une forme 
    
de

     l’âme, une pente de l’âme, voire une « orientation » de la psyché occ
  
    872
     ! Elle révèle donc une forme de l’âme, une pente 
    
de

     l’âme, voire une « orientation » de la psyché occidentale42.   Ajouto
  
    873
    me, une pente de l’âme, voire une « orientation » 
    
de

     la psyché occidentale42.   Ajoutons à tout cela l’influence de plusie
  
    874
    occidentale42.   Ajoutons à tout cela l’influence 
    
de

     plusieurs passages des psaumes, des prophètes et des évangiles célébr
  
    875
    et des évangiles célébrant l’Orient comme le lieu 
    
d’

    où vient le salut. Ainsi Matthieu 24, 27 :  Comme l’éclair part de l’O
  
    876
    lut. Ainsi Matthieu 24, 27 :  Comme l’éclair part 
    
de

     l’Orient et se montre jusqu’en Occident, ainsi sera l’avènement du Fi
  
    877
    jusqu’en Occident, ainsi sera l’avènement du Fils 
    
de

     l’Homme.  Ce thème de l’ex oriente lux est si puissant, que la Vulgat
  
    878
    si sera l’avènement du Fils de l’Homme.  Ce thème 
    
de

     l’ex oriente lux est si puissant, que la Vulgate traduit presque touj
  
    879
    r « germe » ! (ainsi Zacharie 6, 12). Le prestige 
    
de

     l’Orient biblique, métaphysique et occultiste empêchera longtemps que
  
    880
    ra longtemps que l’Europe (plus ou moins synonyme 
    
d’

    Occident) prenne un sens autre que géographique, c’est-à-dire prenne l
  
    881
    tre que géographique, c’est-à-dire prenne le sens 
    
d’

    une entité historique et spirituelle que l’on puisse opposer à l’Asie,
  
    882
    pologètes. Il faut attendre le début du Ve siècle 
    
de

     notre ère pour voir reparaître — et c’est la première fois depuis Hér
  
    883
    e fois depuis Hérodote43 — l’autonomie historique 
    
de

     l’Europe. Un poème latin de Claudius Claudien (né à Alexandrie vers 3
  
    884
    ’autonomie historique de l’Europe. Un poème latin 
    
de

     Claudius Claudien (né à Alexandrie vers 365, et demeuré païen) désign
  
    885
    t demeuré païen) désigne en effet les « ennemis » 
    
de

     l’Europe : le maure Gildon et le barbare Alaric :  … Duo namque fuere
  
    886
    ricum barbara Peuce Nutrierat…44   Au iie  siècle 
    
de

     notre ère — donc 200 ans après l’inscription de Philae : notons ce lo
  
    887
    e de notre ère — donc 200 ans après l’inscription 
    
de

     Philae : notons ce long silence — c’est un polémiste antichrétien, Ce
  
    888
     détruirait les diversités politiques des peuples 
    
de

     la Terre, voulues et garanties par les dieux païens ! Pour cet ancêtr
  
    889
    ur cet ancêtre du nationalisme, qui ne manque pas 
    
de

     lucidité, l’ennemi juré c’est l’universalisme des chrétiens. Mais cec
  
    890
    le doit. Sulpice Sévère est en effet le biographe 
    
de

     saint Martin de Tours, qui passera pour « le plus grand ascète de tou
  
    891
    de Tours, qui passera pour « le plus grand ascète 
    
de

     toute l’Europe » pendant les siècles à venir. Et ce seul saint, selon
  
    892
    celle-ci s’enorgueillisse du nombre et des vertus 
    
de

     ses saints, il ne sera pas mauvais de lui faire entendre que l’Europe
  
    893
     des vertus de ses saints, il ne sera pas mauvais 
    
de

     lui faire entendre que l’Europe ne le cède pas à toute l’Asie, et cel
  
    894
     Martin.46   À Martin de Tours s’ajoutent bientôt 
    
d’

    innombrables saints européens : Vital de Ravenne, Gervais et Ambroise 
  
    895
    t bientôt d’innombrables saints européens : Vital 
    
de

     Ravenne, Gervais et Ambroise de Milan, Justine de Padoue, Eulalie de 
  
    896
    e Rome, Cécile de Sicile, et finalement tous ceux 
    
de

     la Légion Thébaine, saint Maurice à leur tête, sacrifiés pour leur fo
  
    897
    ir, selon les chroniqueurs du temps, fait le tour 
    
de

     presque toute l’Europe : omne … fere Europa circuita. C’est donc à se
  
    898
    rcuita. C’est donc à ses saints que l’Europe doit 
    
de

     se distinguer enfin de « l’Occident » — si mal vu par les spirituels 
  
    899
    s saints que l’Europe doit de se distinguer enfin 
    
de

     « l’Occident » — si mal vu par les spirituels — et de revêtir une dig
  
    900
     l’Occident » — si mal vu par les spirituels — et 
    
de

     revêtir une dignité qui la rapproche de « l’Orient » des mystiques. D
  
    901
    uels — et de revêtir une dignité qui la rapproche 
    
de

     « l’Orient » des mystiques. Dès lors, le nom d’Europe et le concept d
  
    902
    e de « l’Orient » des mystiques. Dès lors, le nom 
    
d’

    Europe et le concept d’Europe vont revenir avec une insistance croissa
  
    903
    ystiques. Dès lors, le nom d’Europe et le concept 
    
d’

    Europe vont revenir avec une insistance croissante, jusqu’à l’Empire d
  
    904
     avec une insistance croissante, jusqu’à l’Empire 
    
de

     Charlemagne, dans les textes solennels des apostrophes au pape, dans 
  
    905
     600, s’adresse au pape Grégoire comme à la fleur 
    
de

     toute l’Europe, puis en 615 au pape Boniface IV comme  au chef de tou
  
    906
    e, puis en 615 au pape Boniface IV comme  au chef 
    
de

     toutes les Églises de toute l’Europe (omnium totius Europæ ecclesiaru
  
    907
     Boniface IV comme  au chef de toutes les Églises 
    
de

     toute l’Europe (omnium totius Europæ ecclesiarum capiti).  Dans les A
  
    908
     ecclesiarum capiti).  Dans les Annales burgondes 
    
d’

    Avenches (milieu du viie  siècle) on lit à plusieurs reprises le nom d
  
    909
     viie  siècle) on lit à plusieurs reprises le nom 
    
de

     Eurupa, désignant à la fois les peuples francs et le continent arrosé
  
    910
    son Histoire des Goths, montre   tous les peuples 
    
de

     l’Europe tremblant devant eux (Hos Europæ omnes tremuere gentes).  L’
  
    911
    eux (Hos Europæ omnes tremuere gentes).  L’auteur 
    
de

     la Vie de Gertrude, parlant de la fille de Pépin de Landen, déclare q
  
    912
    uropæ omnes tremuere gentes).  L’auteur de la Vie 
    
de

     Gertrude, parlant de la fille de Pépin de Landen, déclare que tout un
  
    913
    gentes).  L’auteur de la Vie de Gertrude, parlant 
    
de

     la fille de Pépin de Landen, déclare que tout un chacun en Europe (qu
  
    914
    auteur de la Vie de Gertrude, parlant de la fille 
    
de

     Pépin de Landen, déclare que tout un chacun en Europe (quisnam in Eur
  
    915
     la Vie de Gertrude, parlant de la fille de Pépin 
    
de

     Landen, déclare que tout un chacun en Europe (quisnam in Euruppa habi
  
    916
    in Euruppa habitans) connaît son nom et la gloire 
    
de

     sa race ; tandis que l’auteur de la Vie de Landibert écrit :  En ce t
  
    917
    nom et la gloire de sa race ; tandis que l’auteur 
    
de

     la Vie de Landibert écrit :  En ce temps-là, Pépin était le prince de
  
    918
    gloire de sa race ; tandis que l’auteur de la Vie 
    
de

     Landibert écrit :  En ce temps-là, Pépin était le prince de nombreuse
  
    919
    rt écrit :  En ce temps-là, Pépin était le prince 
    
de

     nombreuses régions et cités d’Europe. (Il orthographie Eoruppa.)  Mai
  
    920
    in était le prince de nombreuses régions et cités 
    
d’

    Europe. (Il orthographie Eoruppa.)  Mais voici le texte capital, que l
  
    921
    le texte capital, que l’on peut tenir pour l’acte 
    
de

     naissance de l’Europe historique et politique : on le trouve dans une
  
    922
    tal, que l’on peut tenir pour l’acte de naissance 
    
de

     l’Europe historique et politique : on le trouve dans une suite à la f
  
    923
    n le trouve dans une suite à la fameuse Chronique 
    
d’

    Isidore de Séville, rédigée un siècle plus tôt. Le continuateur anonym
  
    924
    nonyme (Isidor Pacensis, ou Isidore de Badajoz ou 
    
de

     Beja ? on ne sait, et l’on appelle aujourd’hui ce texte la « chroniqu
  
    925
    elle aujourd’hui ce texte la « chronique mozarabe 
    
de

     754 ») décrit la bataille de Poitiers, gagnée par Charles-Martel sur 
  
    926
    « chronique mozarabe de 754 ») décrit la bataille 
    
de

     Poitiers, gagnée par Charles-Martel sur les Arabes en 732. Il a certa
  
    927
    sur les Arabes en 732. Il a certainement été mêlé 
    
de

     près à l’événement, qu’il rapporte en détail quelques années plus tar
  
    928
    Européens » (soldats des contrées diverses allant 
    
de

     l’Aquitaine à la Germanie et formant l’armée du Maire du Palais) vire
  
    929
     les tentes des Arabes sont vides ; les guerriers 
    
de

     Charles-Martel, après le pillage, n’ont plus qu’à s’en retourner, joy
  
    930
    n suas leti recipiunt patrias.47   Ainsi le terme 
    
d’

    Européens, pour la première fois dans notre ère, désigne une communaut
  
    931
    ntinentale, celle qui englobe dans un même destin 
    
de

     défense contre un même ennemi les peuples vivant au nord des Pyrénées
  
    932
     peut que les historiens qui ramènent la bataille 
    
de

     Poitiers à un « mythe » ou à « un incident sans importance » aient ra
  
    933
    s Arabes n’aient qu’à peine enregistré la défaite 
    
d’

    Abdarrahmân : selon leurs historiens de l’époque, elle n’aurait marqué
  
    934
    la défaite d’Abdarrahmân : selon leurs historiens 
    
de

     l’époque, elle n’aurait marqué que l’issue malheureuse d’une razzia d
  
    935
    que, elle n’aurait marqué que l’issue malheureuse 
    
d’

    une razzia de plus chez les Francs. Le recul de l’islam à partir de ce
  
    936
    se d’une razzia de plus chez les Francs. Le recul 
    
de

     l’islam à partir de cette date serait dû à une crise intérieure du mo
  
    937
    t Byzance, dès 71848. Mais il y a cette chronique 
    
de

     l’anonyme espagnol, il y a ce mot Europenses qui suffit à lui seul po
  
    938
    nt naturellement décrits non comme les défenseurs 
    
d’

    une Romania devenue mythique, ni de l’Occident en général, ni de la pa
  
    939
    les défenseurs d’une Romania devenue mythique, ni 
    
de

     l’Occident en général, ni de la papauté, ni de leur « nation » ou pat
  
    940
    devenue mythique, ni de l’Occident en général, ni 
    
de

     la papauté, ni de leur « nation » ou patrie particulière, mais bien c
  
    941
    ni de l’Occident en général, ni de la papauté, ni 
    
de

     leur « nation » ou patrie particulière, mais bien comme les membres d
  
    942
     patrie particulière, mais bien comme les membres 
    
d’

    une même famille de peuples.    8.« Europa vel regnum Caroli »    Cett
  
    943
    e, mais bien comme les membres d’une même famille 
    
de

     peuples.    8.« Europa vel regnum Caroli »    Cette conscience commun
  
    944
    a vel regnum Caroli »    Cette conscience commune 
    
de

     l’Europe — remplaçant de plus en plus le concept déprécié ou déprécia
  
    945
    e plus en plus le concept déprécié ou dépréciatif 
    
d’

    Occident — va s’affermir et se préciser avec les conquêtes de Charlema
  
    946
    — va s’affermir et se préciser avec les conquêtes 
    
de

     Charlemagne, de 768 à 814. Selon Bède le Vénérable (675-755), histori
  
    947
    et se préciser avec les conquêtes de Charlemagne, 
    
de

     768 à 814. Selon Bède le Vénérable (675-755), historien des Anglais e
  
    948
     monde », l’Europe était essentiellement composée 
    
de

     la Gaulle, de la Germanie et de l’Espagne, l’Italie s’y joignant plus
  
    949
    rope était essentiellement composée de la Gaulle, 
    
de

     la Germanie et de l’Espagne, l’Italie s’y joignant plus tard. (L’Angl
  
    950
    ellement composée de la Gaulle, de la Germanie et 
    
de

     l’Espagne, l’Italie s’y joignant plus tard. (L’Angleterre et la Scand
  
    951
    arlemagne conquiert les Lombards, ajoute le titre 
    
de

     roi d’Italie à ceux de roi de Neustrie, d’Aquitaine et d’Austrasie, d
  
    952
     Lombards, ajoute le titre de roi d’Italie à ceux 
    
de

     roi de Neustrie, d’Aquitaine et d’Austrasie, déborde largement l’anci
  
    953
     titre de roi d’Italie à ceux de roi de Neustrie, 
    
d’

    Aquitaine et d’Austrasie, déborde largement l’ancien limes à l’est et 
  
    954
    ’Italie à ceux de roi de Neustrie, d’Aquitaine et 
    
d’

    Austrasie, déborde largement l’ancien limes à l’est et au nord, ainsi 
  
    955
    ine et chrétienne, impérialiste et universaliste, 
    
d’

    un impossible imperium mundi. Voici le prêtre Cathwulf qui loue Charle
  
    956
    oici le prêtre Cathwulf qui loue Charles, en 775, 
    
d’

    avoir été choisi par Dieu pour être élevé au rang de « gloire de l’emp
  
    957
    avoir été choisi par Dieu pour être élevé au rang 
    
de

     « gloire de l’empire d’Europe » :  quoi ipse te exaltavit in honorem 
  
    958
    oisi par Dieu pour être élevé au rang de « gloire 
    
de

     l’empire d’Europe » :  quoi ipse te exaltavit in honorem gloriæ regni
  
    959
    u pour être élevé au rang de « gloire de l’empire 
    
d’

    Europe » :  quoi ipse te exaltavit in honorem gloriæ regni Europæ.   V
  
    960
     in honorem gloriæ regni Europæ.   Voici le poète 
    
de

     la cour, Angilbert, gendre de l’empereur, qui décerne à Charles, en 7
  
    961
    æ.   Voici le poète de la cour, Angilbert, gendre 
    
de

     l’empereur, qui décerne à Charles, en 799, les titres de « tête du mo
  
    962
    pereur, qui décerne à Charles, en 799, les titres 
    
de

     « tête du monde…, cime (ou tiare) de l’Europe, … père suprême » et ce
  
    963
    , les titres de « tête du monde…, cime (ou tiare) 
    
de

     l’Europe, … père suprême » et ce sont là titres mêlés et conjugués d’
  
    964
    suprême » et ce sont là titres mêlés et conjugués 
    
d’

    imperator et de pontifex :  Rex Carolus caput orbis, amor populique, d
  
    965
     sont là titres mêlés et conjugués d’imperator et 
    
de

     pontifex :  Rex Carolus caput orbis, amor populique, decusque Europæ 
  
    966
    49 :  Rex, pater Europæ…  Cette « Europe ou règne 
    
de

     Charles », Europa vel regnum Caroli comme la nomment les Annales de F
  
    967
    pa vel regnum Caroli comme la nomment les Annales 
    
de

     Fulda (fin du ixe  siècle), est donc un seul empire chrétien, né hors
  
    968
    n’est donc plus seulement l’une des trois parties 
    
de

     la carte du Monde traditionnelle (l’Europe, la Libye ou Afrique, l’As
  
    969
    ue, l’Asie), mais une existence autonome et dotée 
    
de

     vertus spirituelles. Selon Alcuin (735-804), maître de l’école du pal
  
    970
    rtus spirituelles. Selon Alcuin (735-804), maître 
    
de

     l’école du palais, éducateur, théologien et rhéteur de cour, elle est
  
    971
    école du palais, éducateur, théologien et rhéteur 
    
de

     cour, elle est le continent de la foi. En tant que telle, l’Europe de
  
    972
    ologien et rhéteur de cour, elle est le continent 
    
de

     la foi. En tant que telle, l’Europe de Charles se trouve plus près de
  
    973
    s près de « l’Orient », qui est Jésus-Christ, que 
    
de

     « l’Occident » classique, mauvaise moitié du monde… C’est ici le prem
  
    974
    tié du monde… C’est ici le premier épanouissement 
    
d’

    une véritable idée européenne, d’une conscience commune attestée par d
  
    975
    r épanouissement d’une véritable idée européenne, 
    
d’

    une conscience commune attestée par d’innombrables expressions exclama
  
    976
    européenne, d’une conscience commune attestée par 
    
d’

    innombrables expressions exclamatives et par des fêtes communes50. Hél
  
    977
     Tôt après Charlemagne, en effet, la grande image 
    
d’

    un « règne européen » s’estompe. Déjà, sous Louis le Pieux, son fils —
  
    978
     Déjà, sous Louis le Pieux, son fils — le partage 
    
de

     l’empire vient d’être consommé — on note un changement bien typique d
  
    979
    le Pieux, son fils — le partage de l’empire vient 
    
d’

    être consommé — on note un changement bien typique dans les formules d
  
    980
    num Europæ — empire unique —, voici dans un poème 
    
de

     l’Espagnol Theowulf (après 814) l’expression de regna, ou royaumes d’
  
    981
    e de l’Espagnol Theowulf (après 814) l’expression 
    
de

     regna, ou royaumes d’Europe :  Tu pius Europæ regna potenter habes51.
  
    982
    lf (après 814) l’expression de regna, ou royaumes 
    
d’

    Europe :  Tu pius Europæ regna potenter habes51.   L’idée du regnum Eu
  
    983
    ter habes51.   L’idée du regnum Europæ se détache 
    
de

     l’idée d’un empire terrestre — qui déjà ne se compose plus que de reg
  
    984
    1.   L’idée du regnum Europæ se détache de l’idée 
    
d’

    un empire terrestre — qui déjà ne se compose plus que de regna, c’est-
  
    985
    mpire terrestre — qui déjà ne se compose plus que 
    
de

     regna, c’est-à-dire d’une multiplicité de royaumes distincts — pour s
  
    986
    éjà ne se compose plus que de regna, c’est-à-dire 
    
d’

    une multiplicité de royaumes distincts — pour se rapprocher de l’idée 
  
    987
    lus que de regna, c’est-à-dire d’une multiplicité 
    
de

     royaumes distincts — pour se rapprocher de l’idée médiévale d’un empi
  
    988
    licité de royaumes distincts — pour se rapprocher 
    
de

     l’idée médiévale d’un empire sur les âmes, c’est-à-dire au concret : 
  
    989
    istincts — pour se rapprocher de l’idée médiévale 
    
d’

    un empire sur les âmes, c’est-à-dire au concret : d’une chrétienté pap
  
    990
    un empire sur les âmes, c’est-à-dire au concret : 
    
d’

    une chrétienté papale. Au lieu de l’Europe unie de Charlemagne, règne 
  
    991
    d’une chrétienté papale. Au lieu de l’Europe unie 
    
de

     Charlemagne, règne sacerdotal et impérial tout à la fois, une confédé
  
    992
    tal et impérial tout à la fois, une confédération 
    
de

     princes occidentaux se dessine vaguement dans l’ombre des intrigues p
  
    993
    re des intrigues pré-nationales, et sera le champ 
    
de

     l’ambition « romaine » des empereurs « de nation germanique » ; tandi
  
    994
    e champ de l’ambition « romaine » des empereurs « 
    
de

     nation germanique » ; tandis que l’unité spirituelle deviendra l’autr
  
    995
    l’unité spirituelle deviendra l’autre pôle, celui 
    
de

     la papauté. Dès 843, Léon IV s’oppose au Patriarche de Constantinople
  
    996
     papauté. Dès 843, Léon IV s’oppose au Patriarche 
    
de

     Constantinople, en invoquant toutes les Églises d’Europe contre l’Emp
  
    997
    e Constantinople, en invoquant toutes les Églises 
    
d’

    Europe contre l’Empire romano-byzantin. Empire et papauté, dans les si
  
    998
    ront notre Moyen Âge, vont remplir les chroniques 
    
de

     leurs luttes, refoulant le concept d’Europe dans le domaine du mythe 
  
    999
     chroniques de leurs luttes, refoulant le concept 
    
d’

    Europe dans le domaine du mythe et de l’allégorie, ou dans la nostalgi
  
    1000
    t le concept d’Europe dans le domaine du mythe et 
    
de

     l’allégorie, ou dans la nostalgie du grand passé carolingien. Parfois
  
    1001
    and passé carolingien. Parfois, cependant, le nom 
    
d’

    Europe affleure et brille encore pour un instant. Notker le Bègue, cha
  
    1002
    nt. Notker le Bègue, chargé par Charles le Simple 
    
de

     rédiger les Gesta Caroli dès 883, célèbre la construction du pont de 
  
    1003
    a Caroli dès 883, célèbre la construction du pont 
    
de

     Mayence comme une démonstration du pouvoir des Européens, « grands et
  
    1004
     unis :  … Comme en témoignent les arches du pont 
    
de

     Mayence, que toute l’Europe édifia par une œuvre commune certes, mais
  
    1005
    mieux ordonnées (ordinatissimæ participationis).  
    
De

     cette fin du ixe  et de tout le xe  siècle, Jürgen Fischer nous cite 
  
    1006
    issimæ participationis).  De cette fin du ixe  et 
    
de

     tout le xe  siècle, Jürgen Fischer nous cite plusieurs dizaines d’aut
  
    1007
    ècle, Jürgen Fischer nous cite plusieurs dizaines 
    
d’

    auteurs qui parlent encore de l’Europe, mais le sens du nom n’est plus
  
    1008
    e plusieurs dizaines d’auteurs qui parlent encore 
    
de

     l’Europe, mais le sens du nom n’est plus que rhétorique (souvenir de 
  
    1009
    e sens du nom n’est plus que rhétorique (souvenir 
    
de

     Charles) ou simplement géographique ; tout cela, le plus souvent, dan
  
    1010
    vent, dans un latin douteux. Après le règne agité 
    
d’

    Othon III, « imperator » d’imitation, l’idée revit d’un « peuple europ
  
    1011
    . Après le règne agité d’Othon III, « imperator » 
    
d’

    imitation, l’idée revit d’un « peuple européen » : des expressions tel
  
    1012
    thon III, « imperator » d’imitation, l’idée revit 
    
d’

    un « peuple européen » : des expressions telles que populus Europæ, ou
  
    1013
     plume des annalistes : c’est que l’utopie tenace 
    
d’

    une rénovation de l’Empire romain a provisoirement reculé. Derniers ra
  
    1014
    stes : c’est que l’utopie tenace d’une rénovation 
    
de

     l’Empire romain a provisoirement reculé. Derniers rayons furtifs, mai
  
    1015
    lemagnes, accompagné seulement, nous dit le récit 
    
de

     l’époque52, par très peu de soldats, c’est-à-dire :  … soutenu par ce
  
    1016
    a occurendo admiserat).  Sur le manteau constellé 
    
de

     l’empereur était brodée cette inscription :   O decus Europæ Cæsar He
  
    1017
    erii tibi rex qui régnât in ævum. (Ô toi, honneur 
    
de

     l’Europe, César Henri, bienheureux ! Que celui qui règne en éternité 
  
    1018
    t funèbre, rimé par un poète rhénan, clama la fin 
    
de

     l’idée carolingienne de l’Europe : « Pleure l’Europe décapitée ! » : 
  
    1019
    oète rhénan, clama la fin de l’idée carolingienne 
    
de

     l’Europe : « Pleure l’Europe décapitée ! » :  Ploret hunc Europa iam 
  
    1020
     iam decapitata.  Et commença l’éclipse médiévale 
    
de

     la conscience — non certes de la réalité — européenne. Il faudra les 
  
    1021
    l’éclipse médiévale de la conscience — non certes 
    
de

     la réalité — européenne. Il faudra les menaces mongole et turque pour
  
    1022
    turque pour réveiller, avec la chrétienté, l’idée 
    
de

     l’Europe. Ici donc prend fin notre enquête sur les origines attestées
  
    1023
     origines attestées.    1. Selon la démonstration 
    
de

     Victor Bérard dans sa Résurrection d’Homère, chap. VIII, Hésiode aura
  
    1024
    monstration de Victor Bérard dans sa Résurrection 
    
d’

    Homère, chap. VIII, Hésiode aurait vécu vers l’an 900, Homère vers l’a
  
    1025
    el puis Ranke ont fortement souligné l’importance 
    
de

     la conquête des Gaules, dans laquelle ils voient l’un et l’autre l’ac
  
    1026
    ié à Melpomène.  5. Nous empruntons la traduction 
    
de

     l’Idylle au précieux petit livre d’Alfred Lombard intitulé : Un Mythe
  
    1027
    la traduction de l’Idylle au précieux petit livre 
    
d’

    Alfred Lombard intitulé : Un Mythe dans la poésie et dans l’art : l’En
  
    1028
    Mythe dans la poésie et dans l’art : l’Enlèvement 
    
d’

    Europe, qui donne aussi les textes d’Horace et des poètes de l’ère mod
  
    1029
    l’Enlèvement d’Europe, qui donne aussi les textes 
    
d’

    Horace et des poètes de l’ère moderne qu’on lira plus loin. Éditions d
  
    1030
    qui donne aussi les textes d’Horace et des poètes 
    
de

     l’ère moderne qu’on lira plus loin. Éditions de la Baconnière, Neuchâ
  
    1031
    s de l’ère moderne qu’on lira plus loin. Éditions 
    
de

     la Baconnière, Neuchâtel, 1946, 32 illustrations.  6. Voir notamment 
  
    1032
     auf dem Stier, cité par G. de Reynold, Formation 
    
de

     l’Europe, t. I, LUF Fribourg, 1944 et Plon, Paris ; et par Jürgen Fis
  
    1033
    , Londres, 1955.  8.  V. Bérard : La Résurrection 
    
d’

    Homère, p. 207, Paris, 1930.  9. Notons que cette interprétation « rat
  
    1034
     Notons que cette interprétation « rationaliste » 
    
de

     saint Jérôme était déjà celle d’Hérodote — évhémériste avant la lettr
  
    1035
    « rationaliste » de saint Jérôme était déjà celle 
    
d’

    Hérodote — évhémériste avant la lettre — qui écrit dans son premier li
  
    1036
    s Crétois.  10. Gonzague de Reynold, La formation 
    
de

     l’Europe, I, p. 112, 110, 111.  11. Nous suivons ici la démonstration
  
    1037
     110, 111.  11. Nous suivons ici la démonstration 
    
de

     Jürgen Fischer, op. cit., p. 10 à 19 : Die Japhet-Historie.  12. Jürg
  
    1038
    sage blanc ». De même, le Dictionnaire historique 
    
de

     Moreri (1674) donne l’avis de Bouchart, qui pense qu’Europe vient du 
  
    1039
    ionnaire historique de Moreri (1674) donne l’avis 
    
de

     Bouchart, qui pense qu’Europe vient du phénicien chur-appe = visage b
  
    1040
    isage blanc, et rappelle la blancheur tant vantée 
    
de

     la fille d’Agénor.  20. Au sujet du nom « arabe », G. Rawlinson, Note
  
    1041
     et rappelle la blancheur tant vantée de la fille 
    
d’

    Agénor.  20. Au sujet du nom « arabe », G. Rawlinson, Notes to Herodot
  
    1042
    i paraît avoir été commune aux traditions sacrées 
    
de

     toute l’Europe, commençait un jour après le solstice d’hiver et se di
  
    1043
    te l’Europe, commençait un jour après le solstice 
    
d’

    hiver et se divisait en 13 mois désignés chacun par une lettre et par 
  
    1044
    un par une lettre et par un arbre.  24. Il s’agit 
    
d’

    une autre légende d’Europe, beaucoup moins connue.  25.  Variétés I, p
  
    1045
     par un arbre.  24. Il s’agit d’une autre légende 
    
d’

    Europe, beaucoup moins connue.  25.  Variétés I, p. 24, puis p. 38.  2
  
    1046
     J.-C.) divise la Terre en deux moitiés : à l’est 
    
de

     l’Hellespont, l’Asie, qui n’est encore que l’Asie Mineure ; à l’ouest
  
    1047
    sse au sujet de cette Anthologie.  33. Traduction 
    
de

     Delavaud, chez Bossange et consorts, Paris, 1804.  34.  Panégyrique, 
  
    1048
    e, 50. Cf. Georges Mathieu : Les Idées politiques 
    
d’

    Isocrate, Paris, 1925. L’auteur fait des réserves sur l’universalisme 
  
    1049
    5. L’auteur fait des réserves sur l’universalisme 
    
d’

    Isocrate…  35. C’est aujourd’hui le Don.  36.  Commento alla Comedia a
  
    1050
    . Moreri, Grand Dictionnaire Historique, première 
    
édit

    . Prias, 1674, 20e édit. 1759 en 10 vol.  39.  R. Cagnat, Inscriptione
  
    1051
    naire Historique, première édit. Prias, 1674, 20e 
    
édit

    . 1759 en 10 vol.  39.  R. Cagnat, Inscriptiones Græcæ ad res Romanas 
  
    1052
     pertinentes, 1906.  40.   L’Aventure occidentale 
    
de

     l’homme , Albin Michel, Paris, 1957, p. 26.  41. L’auteur a simplifié
  
    1053
    t en soi » qui est l’Asie.  43. Selon la remarque 
    
de

     J. Fischer, op. cit., p. 41.  44. Claudius Claudianus, Paneg. de sext
  
    1054
    op. cit., p. 41.  44. Claudius Claudianus, Paneg. 
    
de

     sext. consul. Honorii, Monumenta Germaniæ Historica, AA, X, 293.  45.
  
    1055
    363, 20 et 30.  48. Emmanuel Berl, Les Impostures 
    
de

     l’Histoire, Paris 1959.  49.  Monumenta germ. Hist., Pœt. Carol. I., 
  
    1056
    opagedanke, Münich, 1951, p. 417, cite une « Fête 
    
de

     la Toussaint de l’Europe » (a feast of the Saints of Europe) institué

3 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Deuxième partie. Prises de conscience européennes.  De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre,  (xive
          au xixe
          siècle) — 1. Sur plusieurs siècles de silence « européen »
    1057
      1.Sur plusieurs siècles 
    
de

     silence « européen »   À partir du milieu du xie  siècle jusqu’à la R
  
    1058
    endant la haute époque du Moyen Âge, peu ou point 
    
de

     textes sur l’Europe. Et pourtant, c’est précisément cette période des
  
    1059
    ette période des xiie  et xiiie  siècles que tant 
    
d’

    ouvrages récents désignent, dans leurs titres, comme étant celle, par 
  
    1060
     leurs titres, comme étant celle, par excellence, 
    
de

     « la Naissance », ou de « l’Essor », ou de « l’Ascension », ou de la 
  
    1061
    nt celle, par excellence, de « la Naissance », ou 
    
de

     « l’Essor », ou de « l’Ascension », ou de la « Formation », ou même d
  
    1062
    lence, de « la Naissance », ou de « l’Essor », ou 
    
de

     « l’Ascension », ou de la « Formation », ou même des « Origines » de 
  
    1063
    e », ou de « l’Essor », ou de « l’Ascension », ou 
    
de

     la « Formation », ou même des « Origines » de l’Europe53. Ainsi les h
  
    1064
     ou de la « Formation », ou même des « Origines » 
    
de

     l’Europe53. Ainsi les historiens modernes considéreraient comme le so
  
    1065
    storiens modernes considéreraient comme le sommet 
    
de

     l’Europe — son « toit », dit l’un d’entre eux — ces temps où nos ancê
  
    1066
     où nos ancêtres n’ont manifesté nulle conscience 
    
de

     former une Europe ? Cette période d’unité exemplaire serait aussi cel
  
    1067
    e conscience de former une Europe ? Cette période 
    
d’

    unité exemplaire serait aussi celle où le sujet de cette unité eût ign
  
    1068
    d’unité exemplaire serait aussi celle où le sujet 
    
de

     cette unité eût ignoré qu’il existât ? J. Calmette ouvre son livre su
  
    1069
     ? J. Calmette ouvre son livre sur l’Effondrement 
    
d’

    un Empire et la naissance d’une Europe 54 par cette phrase paradoxale 
  
    1070
    re sur l’Effondrement d’un Empire et la naissance 
    
d’

    une Europe 54 par cette phrase paradoxale : « L’Europe occidentale est
  
    1071
    ase paradoxale : « L’Europe occidentale est issue 
    
de

     la désintégration de l’Empire carolingien. » Or, l’Empire carolingien
  
    1072
    Europe occidentale est issue de la désintégration 
    
de

     l’Empire carolingien. » Or, l’Empire carolingien était une Europe occ
  
    1073
    Europe occidentale unie. L’Europe serait donc née 
    
de

     la désintégration de son unité politique ? Là-dessus, des centaines d
  
    1074
    ie. L’Europe serait donc née de la désintégration 
    
de

     son unité politique ? Là-dessus, des centaines d’essais et de gros vo
  
    1075
    de son unité politique ? Là-dessus, des centaines 
    
d’

    essais et de gros volumes. Essayons de simplifier. L’Europe de Charlem
  
    1076
     politique ? Là-dessus, des centaines d’essais et 
    
de

     gros volumes. Essayons de simplifier. L’Europe de Charlemagne est un 
  
    1077
    s centaines d’essais et de gros volumes. Essayons 
    
de

     simplifier. L’Europe de Charlemagne est un empire sacerdotal. À parti
  
    1078
    tir de la querelle des Investitures, elle cessera 
    
d’

    être une en esprit. Elle retombera donc au niveau d’une entité puremen
  
    1079
    être une en esprit. Elle retombera donc au niveau 
    
d’

    une entité purement géographique. Ce qui compte désormais, ce qui pass
  
    1080
     (ne sauraient d’ailleurs en appeler) qu’à l’idée 
    
de

     chrétienté, seule commune. L’apparition d’un tiers parti interne, men
  
    1081
    l’idée de chrétienté, seule commune. L’apparition 
    
d’

    un tiers parti interne, menaçant à la fois les deux autres, changera l
  
    1082
    a la situation dès le xive  siècle. Alors, l’idée 
    
d’

    Europe poindra de nouveau obscurément, comme le nouveau symbole presse
  
    1083
    u obscurément, comme le nouveau symbole pressenti 
    
d’

    une unité qui allait de soi, et que l’empereur, pas plus que le pape, 
  
    1084
    ettre en question : il ne voulait qu’en disposer. 
    
De

     l’extérieur vient une autre menace, propre à réveiller, elle aussi, l
  
    1085
    ce, propre à réveiller, elle aussi, la conscience 
    
de

     ce qui reste commun, malgré tout, aux gibelins et aux guelfes. L’isla
  
    1086
    gibelins et aux guelfes. L’islam a séparé la part 
    
de

     Japhet de celle de Sem et de celle de Cham. Il n’y a donc plus, en tê
  
    1087
    t aux guelfes. L’islam a séparé la part de Japhet 
    
de

     celle de Sem et de celle de Cham. Il n’y a donc plus, en tête à tête 
  
    1088
    lfes. L’islam a séparé la part de Japhet de celle 
    
de

     Sem et de celle de Cham. Il n’y a donc plus, en tête à tête et en con
  
    1089
    lam a séparé la part de Japhet de celle de Sem et 
    
de

     celle de Cham. Il n’y a donc plus, en tête à tête et en contacts guer
  
    1090
    aré la part de Japhet de celle de Sem et de celle 
    
de

     Cham. Il n’y a donc plus, en tête à tête et en contacts guerriers ou 
  
    1091
    nfidèles. Pratiquement refoulée sur le territoire 
    
de

     l’Europe, la chrétienté définit l’unité la plus visible, la plus prof
  
    1092
    s visible, la plus profonde et la mieux ressentie 
    
de

     tous les peuples qui habitent ce continent. Mais les dissensions inte
  
    1093
    issante et vulnérable. La dernière croisade vient 
    
d’

    échouer, celle de saint Louis. Marco Polo, redécouvrant la Chine, vien
  
    1094
    able. La dernière croisade vient d’échouer, celle 
    
de

     saint Louis. Marco Polo, redécouvrant la Chine, vient d’ajouter une d
  
    1095
    t Louis. Marco Polo, redécouvrant la Chine, vient 
    
d’

    ajouter une dimension nouvelle au monde connu. Cette situation ne va p
  
    1096
    au monde connu. Cette situation ne va pas manquer 
    
de

     poser à la conscience européenne deux problèmes concrets : celui de l
  
    1097
    cience européenne deux problèmes concrets : celui 
    
de

     l’établissement de la paix entre les peuples chrétiens et celui d’une
  
    1098
    eux problèmes concrets : celui de l’établissement 
    
de

     la paix entre les peuples chrétiens et celui d’une reprise de la guer
  
    1099
    t de la paix entre les peuples chrétiens et celui 
    
d’

    une reprise de la guerre contre les Infidèles. La plupart des projets 
  
    1100
    ntre les peuples chrétiens et celui d’une reprise 
    
de

     la guerre contre les Infidèles. La plupart des projets de pacificatio
  
    1101
    erre contre les Infidèles. La plupart des projets 
    
de

     pacification, et par suite d’union de l’Europe se trouveront donc org
  
    1102
    plupart des projets de pacification, et par suite 
    
d’

    union de l’Europe se trouveront donc organiquement liés — et cela jusq
  
    1103
    des projets de pacification, et par suite d’union 
    
de

     l’Europe se trouveront donc organiquement liés — et cela jusqu’au xvi
  
    1104
    et cela jusqu’au xviiie  siècle ! — à des projets 
    
de

     reconquête des lieux saints, puis de coalition défensive contre les T
  
    1105
     des projets de reconquête des lieux saints, puis 
    
de

     coalition défensive contre les Turcs. Trois grands motifs commandent 
  
    1106
     la croisade, la lutte pour ou contre l’hégémonie 
    
d’

    une puissance à l’intérieur de l’Europe. On les voit combinés chez le 
  
    1107
     X ; et jusque chez l’universel Leibniz. Le motif 
    
de

     la croisade contre les Turcs n’est guère absent que chez trois des au
  
    1108
    que nous citerons : chez Dante, surtout préoccupé 
    
de

     faire triompher le principe impérial ; chez Sully, surtout préoccupé 
  
    1109
    principe impérial ; chez Sully, surtout préoccupé 
    
de

     contenir la Maison d’Autriche ; et chez Émeric Crucé, pacifiste intég
  
    1110
    ez Sully, surtout préoccupé de contenir la Maison 
    
d’

    Autriche ; et chez Émeric Crucé, pacifiste intégral, qui voudrait engl
  
    1111
    ourquoi les premiers appels à l’union des princes 
    
de

     l’Europe n’ont-ils été lancés — en vain d’ailleurs — qu’au début du x
  
    1112
    tife : la France de Philippe le Bel ? (L’attentat 
    
d’

    Anagni date de 1303.) Jusqu’ici les tensions qui animaient le corps ch
  
    1113
    ce de Philippe le Bel ? (L’attentat d’Anagni date 
    
de

     1303.) Jusqu’ici les tensions qui animaient le corps chrétien étaient
  
    1114
     tensions qui animaient le corps chrétien étaient 
    
de

     nature « universelle » ou pouvaient apparaître telles. Elles concerna
  
    1115
    ut homme et tout état social. Elles vont devenir, 
    
d’

    une manière avouée, particulières, nationales, donc séparatistes. À la
  
    1116
     développer, comme par compensation, la nostalgie 
    
de

     l’unité. Dante en est le premier témoin, viril, sublime et absolu. Si
  
    1117
    é et les nations.   53. On pense ici aux ouvrages 
    
de

     J. Calmette, de Louis Halphen, de Friedrich Heer, de G. de Reynold et
  
    1118
    .   53. On pense ici aux ouvrages de J. Calmette, 
    
de

     Louis Halphen, de Friedrich Heer, de G. de Reynold et de H. Brugmans.
  
    1119
    ci aux ouvrages de J. Calmette, de Louis Halphen, 
    
de

     Friedrich Heer, de G. de Reynold et de H. Brugmans.   54. Paris, 1941
  
    1120
    J. Calmette, de Louis Halphen, de Friedrich Heer, 
    
de

     G. de Reynold et de H. Brugmans.   54. Paris, 1941. La date et le lie
  
    1121
    s Halphen, de Friedrich Heer, de G. de Reynold et 
    
de

     H. Brugmans.   54. Paris, 1941. La date et le lieu sont à noter.

4 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Deuxième partie. Prises de conscience européennes.  De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre,  (xive
          au xixe
          siècle) — 2. Premiers plans d’union
    1122
      2.Premiers plans 
    
d’

    union     Dante (1265-1321)    Selon Gilles de Rome (xiiie  s.) le pap
  
    1123
    ’instar de Dieu, premier Moteur. Il est la source 
    
de

     l’ordre cosmique, du mouvement des choses et de la juridiction des pr
  
    1124
    e de l’ordre cosmique, du mouvement des choses et 
    
de

     la juridiction des princes et des peuples. L’empereur reçoit de lui s
  
    1125
    ion des princes et des peuples. L’empereur reçoit 
    
de

     lui son autorité temporelle, comme la Lune reçoit du Soleil la lumièr
  
    1126
    reçoit du Soleil la lumière qu’elle nous renvoie. 
    
De

     lui viennent l’autorité (un prince païen ne saurait être qu’un « brig
  
    1127
    aïen ne saurait être qu’un « brigand »), le droit 
    
de

     propriété et de succession, la légitimité du mariage. Un pécheur sépa
  
    1128
    être qu’un « brigand »), le droit de propriété et 
    
de

     succession, la légitimité du mariage. Un pécheur séparé du pape n’est
  
    1129
    doue, c’est le peuple qui est le vrai dépositaire 
    
de

     toute autorité, et il la délègue à l’empereur. Ce dernier représente 
  
    1130
    empereur. Ce dernier représente donc la plénitude 
    
de

     la juridiction. Hors de lui, point d’autorité. L’Église peut avertir,
  
    1131
    a plénitude de la juridiction. Hors de lui, point 
    
d’

    autorité. L’Église peut avertir, éclairer les âmes ; lui gouverne la t
  
    1132
    e pour la première fois les droits « souverains » 
    
de

     l’État national.  Comment se situe Dante dans ce drame ? Pour lui, le
  
    1133
    ce drame ? Pour lui, le pape est la source unique 
    
de

     l’autorité, la neuvième sphère du Ciel qui communique son mouvement a
  
    1134
    rité. Cependant, l’empereur est la cause première 
    
de

     l’ordre social, et nul baron ne commande sans tenir de lui son pouvoi
  
    1135
    ordre social, et nul baron ne commande sans tenir 
    
de

     lui son pouvoir. Il est le principe d’unité du genre humain. Et il es
  
    1136
    sans tenir de lui son pouvoir. Il est le principe 
    
d’

    unité du genre humain. Et il est nécessairement juste, étant tout-puis
  
    1137
    s âmes à la lumière, qui est leur seule liberté. (
    
De

     Monarchia, III, XVI.) Dans un tel système, point de place pour la sou
  
    1138
     Monarchia, III, XVI.) Dans un tel système, point 
    
de

     place pour la souveraineté absolue des États, qui ne saurait mener qu
  
    1139
    équivalent, a-t-on remarqué56, du pouvoir moderne 
    
de

     la Science ?) C’est pour saluer la marche de l’empereur Henri VII qui
  
    1140
    erne de la Science ?) C’est pour saluer la marche 
    
de

     l’empereur Henri VII qui vient se faire couronner à Rome par Clément 
  
    1141
    à Rome par Clément V, que Dante écrit en 1308 son 
    
De

     Monarchia. (Il a 46 ans, et il n’a composé de sa Comédie que l’Enfer.
  
    1142
    son De Monarchia. (Il a 46 ans, et il n’a composé 
    
de

     sa Comédie que l’Enfer.) Le paradoxe central de cet ouvrage, en leque
  
    1143
    é de sa Comédie que l’Enfer.) Le paradoxe central 
    
de

     cet ouvrage, en lequel on a voulu voir la première proclamation de l’
  
    1144
    n lequel on a voulu voir la première proclamation 
    
de

     l’union fédérale des nations sous l’égide « romaine » (lisons europée
  
    1145
    ropre du genre humain, pris en sa totalité, c’est 
    
d’

    actuer continuellement la plénitude de la puissance de l’intellect pos
  
    1146
    lité, c’est d’actuer continuellement la plénitude 
    
de

     la puissance de l’intellect possible, d’abord en vue de la spéculatio
  
    1147
    tuer continuellement la plénitude de la puissance 
    
de

     l’intellect possible, d’abord en vue de la spéculation, puis, par voi
  
    1148
     d’abord en vue de la spéculation, puis, par voie 
    
de

     conséquence, pour la pratique. Or parties et tout obéissent aux mêmes
  
    1149
    nt à sa tâche propre, lorsqu’il jouit du repos et 
    
de

     la paix ; et sa tâche est presque divine, selon la parole sainte : tu
  
    1150
     sainte : tu l’as placé peu au-dessous des anges. 
    
D’

    où il suit que la paix universelle est le meilleur de tous les moyens 
  
    1151
    ù il suit que la paix universelle est le meilleur 
    
de

     tous les moyens qui peuvent nous procurer le bonheur…57  Si nous cons
  
    1152
    rs, ou que sa propre supériorité, du consentement 
    
de

     tous, lui donne l’autorité ; autrement, le village, non seulement n’a
  
    1153
    non seulement n’atteint pas le minimum nécessaire 
    
de

     bien-être, mais, souvent, sous la pression des rivalités qui luttent 
  
    1154
     Le contraire se produit-il, non seulement la fin 
    
de

     la vie sociale est perdue, mais la cité elle-même disparaît. Enfin da
  
    1155
    disparaît. Enfin dans un royaume, dont la fin est 
    
d’

    assurer, avec plus de sécurité et de tranquillité les bienfaits de la 
  
    1156
     un royaume, dont la fin est d’assurer, avec plus 
    
de

     sécurité et de tranquillité les bienfaits de la cité, un seul roi doi
  
    1157
    nt la fin est d’assurer, avec plus de sécurité et 
    
de

     tranquillité les bienfaits de la cité, un seul roi doit régner et gou
  
    1158
    plus de sécurité et de tranquillité les bienfaits 
    
de

     la cité, un seul roi doit régner et gouverner ; autrement, non seulem
  
    1159
     royaume tombe en dissolution, selon cette parole 
    
de

     l’infaillible vérité : tout royaume divisé est perdu. Ce qui se passe
  
    1160
    i sont ordonnés à un but unique établit la vérité 
    
de

     ce qui a été avancé plus haut. Désormais, il est évident que la total
  
    1161
    que la bonne existence du monde exige l’existence 
    
de

     la Monarchie ou de l’Empire.58  Entre deux princes, dont l’un n’est n
  
    1162
    nce du monde exige l’existence de la Monarchie ou 
    
de

     l’Empire.58  Entre deux princes, dont l’un n’est nullement soumis à l
  
    1163
    gement. Puisque l’un ne peut examiner la conduite 
    
de

     l’autre (chacun d’eux étant indépendant, et un égal n’ayant sur son é
  
    1164
    n ne peut examiner la conduite de l’autre (chacun 
    
d’

    eux étant indépendant, et un égal n’ayant sur son égal aucun pouvoir),
  
    1165
    aucun pouvoir), un troisième prince doit exister, 
    
d’

    une juridiction plus ample, et qui tienne les deux princes précédents 
  
    1166
     entendue au sens que les plus minimes règlements 
    
d’

    une ville quelconque doivent émaner directement du prince suprême ; so
  
    1167
    unicipales sont défectueuses, et elles ont besoin 
    
d’

    être jugées, ainsi qu’il résulte du cinquième livre à Nicomaque, où le
  
    1168
    es par des lois différentes. La loi est une règle 
    
de

     direction pour la vie. Autrement doivent être dirigés les Scythes qui
  
    1169
    ptième climat, ils subissent une grande inégalité 
    
de

     jours et de nuits, et ils supportent un froid presque intolérable ; a
  
    1170
    t, ils subissent une grande inégalité de jours et 
    
de

     nuits, et ils supportent un froid presque intolérable ; autrement, le
  
    1171
    ntes qui habitent sous l’équinoxe ; ils jouissent 
    
de

     jours et de nuits toujours égaux et ils ne peuvent se couvrir de vête
  
    1172
    itent sous l’équinoxe ; ils jouissent de jours et 
    
de

     nuits toujours égaux et ils ne peuvent se couvrir de vêtements à caus
  
    1173
    nuits toujours égaux et ils ne peuvent se couvrir 
    
de

     vêtements à cause de la trop grande chaleur. Le véritable sens de la 
  
    1174
    ause de la trop grande chaleur. Le véritable sens 
    
de

     la phrase du début est celui-ci : le genre humain, sur les points com
  
    1175
    r du monarque ; ainsi l’intellect pratique reçoit 
    
de

     l’intellect spéculatif la majeure qui commande la conclusion pratique
  
    1176
    le ne peut être faite que par un seul, sous peine 
    
d’

    introduire la confusion dans les principes universels.60  Si, depuis l
  
    1177
     les principes universels.60  Si, depuis la chute 
    
de

     nos premiers parents, cause de toutes nos erreurs, nous considérons l
  
    1178
    i, depuis la chute de nos premiers parents, cause 
    
de

     toutes nos erreurs, nous considérons les mœurs des hommes et les évén
  
    1179
    n fût alors heureux, au milieu de la tranquillité 
    
de

     la paix universelle, tous les historiens, tous les poètes illustres, 
  
    1180
    ens, tous les poètes illustres, et même le témoin 
    
de

     la bonté du Christ l’ont témoigné ; enfin Paul nomma cet état très he
  
    1181
     tunique sans couture fut déchirée par les ongles 
    
de

     la cupidité, nous pouvons le lire chez les historiens, puissions-nous
  
    1182
     puissions-nous ne pas le revoir. Ô genre humain, 
    
de

     quelles luttes et querelles, de quels naufrages dois-tu être agité ! 
  
    1183
    . Ô genre humain, de quelles luttes et querelles, 
    
de

     quels naufrages dois-tu être agité ! Tu es devenu un monstre aux mult
  
    1184
     contradictoires. Tu es malade en l’un et l’autre 
    
de

     tes intellects, et aussi en ta sensibilité ; tu n’as pas souci de nou
  
    1185
    s, et aussi en ta sensibilité ; tu n’as pas souci 
    
de

     nourrir l’intellect supérieur par des raisons irréfragables ; ni l’in
  
    1186
    r l’expérience ; ni la sensibilité par la douceur 
    
de

     l’appel divin, lorsque les trompettes divines, au nom du Saint-Esprit
  
    1187
    t : « combien il est bon, combien il est agréable 
    
de

     vivre avec des frères et d’être fondu en un. »61   Après cette utopie
  
    1188
    mbien il est agréable de vivre avec des frères et 
    
d’

    être fondu en un. »61   Après cette utopie sublime de la Paix par l’Em
  
    1189
    tre fondu en un. »61   Après cette utopie sublime 
    
de

     la Paix par l’Empire — bafouée par des siècles de progrès constant du
  
    1190
    de la Paix par l’Empire — bafouée par des siècles 
    
de

     progrès constant du nationalisme, mais qui pourtant, ne cessera d’agi
  
    1191
    nt du nationalisme, mais qui pourtant, ne cessera 
    
d’

    agir sur la conscience des meilleurs jusqu’à nous — voici la descripti
  
    1192
    la description étonnamment précise pour l’époque, 
    
d’

    une Europe qui n’est pas seulement géographique mais déjà « culturelle
  
    1193
    strée par l’exemple des langues. Citons le traité 
    
De

     vulgari eloquentia (I, 8) :  Par suite de la confusion des langues do
  
    1194
    des langues dont on vient de parler62, nous avons 
    
de

     sérieuses raisons de penser qu’alors pour la première fois les hommes
  
    1195
    ient de parler62, nous avons de sérieuses raisons 
    
de

     penser qu’alors pour la première fois les hommes se dispersèrent pour
  
    1196
     du monde, toutes les régions et tous les recoins 
    
de

     ces pays. Et comme la souche primitive de la race humaine fut plantée
  
    1197
    recoins de ces pays. Et comme la souche primitive 
    
de

     la race humaine fut plantée aux rivages de l’Orient, et que de là not
  
    1198
    mitive de la race humaine fut plantée aux rivages 
    
de

     l’Orient, et que de là notre race s’est propagée des deux côtés en mu
  
    1199
    maine fut plantée aux rivages de l’Orient, et que 
    
de

     là notre race s’est propagée des deux côtés en multiples rameaux pour
  
    1200
    iples rameaux pour s’étendre enfin jusqu’aux pays 
    
d’

    Occident, peut-être est-ce alors pour la première fois que les fleuves
  
    1201
    st-ce alors pour la première fois que les fleuves 
    
de

     l’Europe, ou du moins certains d’entre eux, ont désaltéré des êtres d
  
    1202
    rtains d’entre eux, ont désaltéré des êtres doués 
    
de

     raison. Mais, que ses derniers occupants soient venus de l’étranger o
  
    1203
    s soient venus de l’étranger ou que des indigènes 
    
de

     l’Europe y soient revenus, ces hommes y apportèrent un langage divisé
  
    1204
    ortèrent un langage divisé en trois branches ; et 
    
de

     ceux qui l’apportèrent, les uns s’attribuèrent la région méridionale 
  
    1205
    ent, les uns s’attribuèrent la région méridionale 
    
de

     l’Europe, d’autres la région septentrionale ; et le troisième groupe,
  
    1206
     appelons maintenant les Grecs, occupa une partie 
    
de

     l’Europe et une partie de l’Asie. C’est d’un seul et même langage reç
  
    1207
    recs, occupa une partie de l’Europe et une partie 
    
de

     l’Asie. C’est d’un seul et même langage reçu dans le châtiment de la 
  
    1208
    partie de l’Europe et une partie de l’Asie. C’est 
    
d’

    un seul et même langage reçu dans le châtiment de la confusion que les
  
    1209
     d’un seul et même langage reçu dans le châtiment 
    
de

     la confusion que les diverses langues vulgaires ont pris naissance, c
  
    1210
    nube ou du Palus-Méotide aux limites occidentales 
    
de

     l’Angleterre, est borné par le pays des Italiens et des Français et p
  
    1211
    re d’autres nations. Il ne resta qu’un seul signe 
    
de

     la même origine commune : presque tous les peuples cités ci-dessus po
  
    1212
    e à partir du pays des Hongrois dans la direction 
    
de

     l’orient, un autre a occupé tout ce qui, au-delà, porte le nom d’Euro
  
    1213
    autre a occupé tout ce qui, au-delà, porte le nom 
    
d’

    Europe, et s’est propagé plus loin. Tout le reste de l’Europe a été oc
  
    1214
    Europe, et s’est propagé plus loin. Tout le reste 
    
de

     l’Europe a été occupé par un troisième langage, bien que maintenant i
  
    1215
    is et les Latins. Mais le signe évident que c’est 
    
d’

    un seul et même langage que procèdent les langues vulgaires de ces tro
  
    1216
     même langage que procèdent les langues vulgaires 
    
de

     ces trois peuples, c’est qu’on les voit désigner une foule d’objets p
  
    1217
     peuples, c’est qu’on les voit désigner une foule 
    
d’

    objets par les mêmes mots : ainsi Dieu, le ciel, l’amour, la mer, la t
  
    1218
    t, il aime, et presque tout le reste. Les peuples 
    
de

     langue d’oc occupent l’occident de l’Europe méridionale au-delà du pa
  
    1219
    , et presque tout le reste. Les peuples de langue 
    
d’

    oc occupent l’occident de l’Europe méridionale au-delà du pays des Gén
  
    1220
    e. Les peuples de langue d’oc occupent l’occident 
    
de

     l’Europe méridionale au-delà du pays des Génois. Ceux qui disent si o
  
    1221
     des Génois. Ceux qui disent si occupent l’orient 
    
de

     ces pays jusqu’au promontoire de l’Italie où commence la mer Adriatiq
  
    1222
    ccupent l’orient de ces pays jusqu’au promontoire 
    
de

     l’Italie où commence la mer Adriatique, ainsi que la Sicile. Quant au
  
    1223
    r Adriatique, ainsi que la Sicile. Quant aux gens 
    
de

     langue d’oïl, ce sont en quelque sorte des septentrionaux en regard d
  
    1224
    ue, ainsi que la Sicile. Quant aux gens de langue 
    
d’

    oïl, ce sont en quelque sorte des septentrionaux en regard de ceux-là,
  
    1225
    ds, sont entourés à l’ouest et au nord par la mer 
    
d’

    Angleterre, et limités par les montagnes d’Aragon ; au midi également,
  
    1226
    la mer d’Angleterre, et limités par les montagnes 
    
d’

    Aragon ; au midi également, ils sont bornés par les Provençaux et par 
  
    1227
     sont bornés par les Provençaux et par les pentes 
    
de

     l’Apennin.     Pierre Dubois (env. 1250-1320)    Contemporain de la M
  
    1228
       Pierre Dubois (env. 1250-1320)    Contemporain 
    
de

     la Monarchie (1308), l’essai de Pierre Dubois (1306) s’en distingue p
  
    1229
    )    Contemporain de la Monarchie (1308), l’essai 
    
de

     Pierre Dubois (1306) s’en distingue par un empirisme sans vergogne, o
  
    1230
    st à Ernest Renan que nous devons la résurrection 
    
de

     ce projet, enterré pendant cinq siècles dans la paix des archives de 
  
    1231
    ré pendant cinq siècles dans la paix des archives 
    
de

     Christine de Suède, puis du Vatican. Depuis Renan, tout le monde le c
  
    1232
    r rendre un peu de son relief à la figure étrange 
    
de

     l’avocat normand que l’historien français Charles Langlois caractéris
  
    1233
    glois caractérisait comme « le premier publiciste 
    
de

     son époque », citons ici quelques extraits du chapitre que Renan lui 
  
    1234
    e Renan lui consacre dans son Histoire littéraire 
    
de

     la France 63.  Pierre Dubois naquit certainement en Normandie et très
  
    1235
    nces ou aux environs. Il étudia dans l’Université 
    
de

     Paris, où il entendit saint Thomas d’Aquin prononcer un sermon et Sig
  
    1236
    rmon et Siger de Brabant64 commenter la Politique 
    
d’

    Aristote. Saint Thomas d’Aquin étant mort en 1274 et l’enseignement de
  
    1237
    omas d’Aquin étant mort en 1274 et l’enseignement 
    
de

     Siger devant être placé vers le même temps, il semble que l’on ne se 
  
    1238
    e prenait définitivement le dessus sur la justice 
    
d’

    église, et reléguait celle-ci dans un for ecclésiastique très large en
  
    1239
     Pierre Dubois exerçant à Coutances les fonctions 
    
d’

    avocat des causes royales. Déjà, sans doute, avant cette époque, il ét
  
    1240
    nement. En effet, le premier écrit qui nous reste 
    
de

     lui, le Traité sur l’abrègement des guerres et des procès, daté avec 
  
    1241
    c la plus grande précision des cinq derniers mois 
    
de

     l’an 1300, est adressé à Philippe le Bel, et rentre tout à fait dans 
  
    1242
    es préoccupations qui dictèrent le prononcé papal 
    
de

     1298, ainsi que les actes de la diplomatie royale en 1300. Cet ouvrag
  
    1243
    nt le prononcé papal de 1298, ainsi que les actes 
    
de

     la diplomatie royale en 1300. Cet ouvrage témoigne d’une connaissance
  
    1244
    a diplomatie royale en 1300. Cet ouvrage témoigne 
    
d’

    une connaissance étendue des affaires politiques de l’Europe et des se
  
    1245
    ’une connaissance étendue des affaires politiques 
    
de

     l’Europe et des secrets de la maison de France ; on ne peut supposer 
  
    1246
    es affaires politiques de l’Europe et des secrets 
    
de

     la maison de France ; on ne peut supposer qu’un obscur avocat de prov
  
    1247
    olitiques de l’Europe et des secrets de la maison 
    
de

     France ; on ne peut supposer qu’un obscur avocat de province, sans ra
  
    1248
     France ; on ne peut supposer qu’un obscur avocat 
    
de

     province, sans rapport avec la cour, fût si bien renseigné… La pensée
  
    1249
     cour, fût si bien renseigné… La pensée dominante 
    
de

     Pierre Dubois était la résistance aux empiètements de l’Église et l’e
  
    1250
    ierre Dubois était la résistance aux empiètements 
    
de

     l’Église et l’extension des pouvoirs de la société civile. La lutte d
  
    1251
    iètements de l’Église et l’extension des pouvoirs 
    
de

     la société civile. La lutte de Philippe le Bel et de Boniface VIII vi
  
    1252
    nsion des pouvoirs de la société civile. La lutte 
    
de

     Philippe le Bel et de Boniface VIII vint lui offrir une occasion exce
  
    1253
    la société civile. La lutte de Philippe le Bel et 
    
de

     Boniface VIII vint lui offrir une occasion excellente pour donner cou
  
    1254
    s passions anticléricales. Pendant toute la durée 
    
de

     cette lutte, nous le voyons à côté du roi, recevant ses inspirations,
  
    1255
    guments, tenant la plume pour défendre les droits 
    
de

     la couronne… Avant 1306, pour des raisons qu’on ignore, et certaineme
  
    1256
    t certainement sans rompre ses liens avec la cour 
    
de

     France, Dubois entrait au service d’Édouard Ier, roi d’Angleterre. … 
  
    1257
    avec la cour de France, Dubois entrait au service 
    
d’

    Édouard Ier, roi d’Angleterre. … En 1306, il composa le plus important
  
    1258
    gleterre. … En 1306, il composa le plus important 
    
de

     ses ouvrages, celui où il s’est plu à rassembler toutes ses idées de 
  
    1259
    lui où il s’est plu à rassembler toutes ses idées 
    
de

     politique et de réformes sociales. C’est un traité adressé à Édouard 
  
    1260
    plu à rassembler toutes ses idées de politique et 
    
de

     réformes sociales. C’est un traité adressé à Édouard Ier, sur les moy
  
    1261
    t un traité adressé à Édouard Ier, sur les moyens 
    
de

     recouvrer la Terre sainte65. … Il est permis de penser que Dubois ten
  
    1262
    s de recouvrer la Terre sainte65. … Il est permis 
    
de

     penser que Dubois tenait assez peu au but lointain qu’il assignait à 
  
    1263
    l’activité des nations chrétiennes… Sous prétexte 
    
d’

    indiquer les meilleurs procédés pour conquérir la Terre sainte, Dubois
  
    1264
    érir la Terre sainte, Dubois expose un vaste plan 
    
de

     réformes, qui consiste à détruire le pouvoir temporel du pape, à dépo
  
    1265
     pouvoir temporel du pape, à dépouiller le clergé 
    
de

     ses biens, à transformer ces biens en pensions payées par le pouvoir 
  
    1266
    ouvoir séculier et à donner la direction générale 
    
de

     la chrétienté au roi de France. En 1307 nous trouvons de nouveau Dubo
  
    1267
    nnée 1308, il paraît avoir été au plus haut degré 
    
de

     son crédit auprès de Philippe. En cette année, l’empereur Albert d’Au
  
    1268
     Clément V se trouvant à Poitiers entre les mains 
    
de

     Philippe le Bel, Dubois proposa au roi de profiter de l’occasion pour
  
    1269
    s mains de Philippe le Bel, Dubois proposa au roi 
    
de

     profiter de l’occasion pour se faire élire empereur… Une fois nommé e
  
    1270
    hilippe le Bel, Dubois proposa au roi de profiter 
    
de

     l’occasion pour se faire élire empereur… Une fois nommé empereur, le 
  
    1271
    e fois nommé empereur, le roi se mettra à la tête 
    
de

     la chrétienté et marchera sur Jérusalem par terre, comme le firent Ch
  
    1272
    l serait assez difficile, écrit Chr. L. Lange 66, 
    
d’

    exposer les idées du traité de Pierre Dubois d’après le plan suivi par
  
    1273
    t Chr. L. Lange 66, d’exposer les idées du traité 
    
de

     Pierre Dubois d’après le plan suivi par l’auteur lui-même. Son ouvrag
  
    1274
    suivi par l’auteur lui-même. Son ouvrage n’a rien 
    
de

     systématique : les digressions et les répétitions sont fréquentes ; l
  
    1275
    l’auteur semblent assez disparates et n’ont guère 
    
de

     relation avec le sujet principal : il disserte sur l’éducation des fe
  
    1276
    cation des femmes et sur l’organisation militaire 
    
de

     la France, sur la réforme des couvents de religieuses et sur l’utilit
  
    1277
    litaire de la France, sur la réforme des couvents 
    
de

     religieuses et sur l’utilité d’apprendre les langues, sur les mariage
  
    1278
    orme des couvents de religieuses et sur l’utilité 
    
d’

    apprendre les langues, sur les mariages mixtes entre sarrasins et chré
  
    1279
     entre sarrasins et chrétiennes et sur les moyens 
    
d’

    abréger les procès. Ce dernier sujet lui tient notamment à cœur, il le
  
    1280
    ur, il le considère comme étroitement lié à celui 
    
de

     « l’abréviation des guerres ». Nous suivrons donc ici l’analyse propo
  
    1281
     nations chrétiennes, condition absolue du succès 
    
de

     la croisade. Les croisés ne demeureront pas en Terre sainte s’ils app
  
    1282
    inte s’ils apprennent que leur pays est en danger 
    
de

     guerre. Cependant, il ne suffit pas de prêcher la paix :  Ne voit-on 
  
    1283
     en danger de guerre. Cependant, il ne suffit pas 
    
de

     prêcher la paix :  Ne voit-on pas que l’Écriture sainte, qui déteste 
  
    1284
    et l’enseignement des ministres actuels et futurs 
    
de

     l’Église puissent faire cesser les guerres et les cupidités dont elle
  
    1285
    mme à leur supérieur ; car si l’évolution tendait 
    
de

     ce côté-là, il y aurait des guerres, des séditions, des dissensions s
  
    1286
     fin ; et il serait impossible pour n’importe qui 
    
d’

    y mettre fin, à cause de la multitude des nations, de l’éloignement et
  
    1287
     mettre fin, à cause de la multitude des nations, 
    
de

     l’éloignement et de la diversité des lieux, et de la disposition natu
  
    1288
     de la multitude des nations, de l’éloignement et 
    
de

     la diversité des lieux, et de la disposition naturelle des hommes au 
  
    1289
    de l’éloignement et de la diversité des lieux, et 
    
de

     la disposition naturelle des hommes au désaccord ; il est vrai que qu
  
    1290
    i, quant au spirituel, gouvernerait et dirigerait 
    
de

     l’est à l’ouest et du nord au sud.  La « république chrétienne » de P
  
    1291
     et du nord au sud.  La « république chrétienne » 
    
de

     Pierre Dubois est une sorte de Confédération, qui serait placée sous 
  
    1292
    lique chrétienne » de Pierre Dubois est une sorte 
    
de

     Confédération, qui serait placée sous la direction d’un concile, dans
  
    1293
    onfédération, qui serait placée sous la direction 
    
d’

    un concile, dans lequel les différentes nations garderaient une indépe
  
    1294
    il ne croit pas la paix possible sans une réforme 
    
de

     l’Église. Fort de l’autorité gagnée par ce moyen, le pape devrait pre
  
    1295
     paix possible sans une réforme de l’Église. Fort 
    
de

     l’autorité gagnée par ce moyen, le pape devrait prendre l’initiative 
  
    1296
    ar ce moyen, le pape devrait prendre l’initiative 
    
de

     la convocation d’un concile qui établirait la paix entre les chrétien
  
    1297
    pe devrait prendre l’initiative de la convocation 
    
d’

    un concile qui établirait la paix entre les chrétiens, en organisant l
  
    1298
    nt la société internationale en vue de la reprise 
    
de

     la Terre sainte. Il faut surtout organiser des moyens judiciaires afi
  
    1299
     Pierre Dubois développe alors un projet détaillé 
    
d’

    arbitrage international entre les princes, qu’il admet d’ailleurs « so
  
    1300
    tés et ces princes nombreux, ne reconnaissant pas 
    
de

     supérieurs au monde qui exercent la justice sur eux selon les lois et
  
    1301
     autres pour chacune des parties, hommes aisés et 
    
de

     telle condition qu’il soit probable qu’ils ne puissent être corrompus
  
    1302
     dans un endroit approprié, et, étant assermentés 
    
de

     la manière la plus stricte, après qu’ils auraient reçu avant leur réu
  
    1303
    leur réunion les plaidoiries sommaires et claires 
    
de

     chaque partie, ils recevraient — en éliminant d’abord tout ce qui ser
  
    1304
    eusement… Si l’une des parties n’est pas contente 
    
de

     la sentence, les juges eux-mêmes doivent renvoyer tout le procès, acc
  
    1305
    être confirmées et enregistrées dans les archives 
    
de

     l’Église ad perpetuam memoriam.  Il est intéressant de noter que le p
  
    1306
    Église ad perpetuam memoriam.  Il est intéressant 
    
de

     noter que le pape est désigné par cet avocat de l’État national pour 
  
    1307
    t de noter que le pape est désigné par cet avocat 
    
de

     l’État national pour être le juge suprême dans les litiges des prince
  
    1308
    nts et amis des condamnés.  Il veut donc profiter 
    
de

     l’esprit guerrier de son époque pour faire avancer son projet de conq
  
    1309
    mnés.  Il veut donc profiter de l’esprit guerrier 
    
de

     son époque pour faire avancer son projet de conquête des lieux saints
  
    1310
    rrier de son époque pour faire avancer son projet 
    
de

     conquête des lieux saints : les trouble-paix seront déportés en Orien
  
    1311
    ront déportés en Orient, où ils auront l’occasion 
    
de

     développer leurs capacités militaires contre les Infidèles, au lieu q
  
    1312
    ’en restant en Europe, ils y détruiraient la paix 
    
de

     la république chrétienne ! Mais cette disposition ne suffit pas. Dubo
  
    1313
    ilement que les armes. « Le trait caractéristique 
    
de

     ce projet, remarque Lange67, c’est son esprit réaliste. Dubois sait a
  
    1314
    me qui se pose, c’est la coexistence dans la paix 
    
d’

    États souverains ; il voit également que le moyen judiciaire de vider 
  
    1315
    rains ; il voit également que le moyen judiciaire 
    
de

     vider les litiges entre États souverains est l’arbitrage. Il recomman
  
    1316
    s en usage depuis le xiie  siècle ; les sanctions 
    
de

     l’arbitrage, qui également entraient tout à fait dans la pratique de 
  
    1317
     également entraient tout à fait dans la pratique 
    
de

     son époque… S’il n’a pas trouvé d’écho, c’est qu’il y a peu d’hommes 
  
    1318
    ns la pratique de son époque… S’il n’a pas trouvé 
    
d’

    écho, c’est qu’il y a peu d’hommes qui voient vraiment la réalité, com
  
    1319
    … S’il n’a pas trouvé d’écho, c’est qu’il y a peu 
    
d’

    hommes qui voient vraiment la réalité, comme il l’a vue. Il était trop
  
    1320
    sentielle — qui fait aussi l’intérêt — du système 
    
de

     Dubois : « Le point de départ de son raisonnement est l’existence de 
  
    1321
    ssi l’intérêt — du système de Dubois : « Le point 
    
de

     départ de son raisonnement est l’existence de l’État, du prince souve
  
    1322
    rêt — du système de Dubois : « Le point de départ 
    
de

     son raisonnement est l’existence de l’État, du prince souverain, rex 
  
    1323
    int de départ de son raisonnement est l’existence 
    
de

     l’État, du prince souverain, rex qui non recognoscit superiorem in te
  
    1324
    t superiorem in terris… Or, l’affirmation absolue 
    
de

     la souveraineté de l’État doit, poussée à fond, amener l’établissemen
  
    1325
    ris… Or, l’affirmation absolue de la souveraineté 
    
de

     l’État doit, poussée à fond, amener l’établissement de l’anarchie dan
  
    1326
    État doit, poussée à fond, amener l’établissement 
    
de

     l’anarchie dans les relations entre les États, anarchie qui, en princ
  
    1327
    e toujours devant notre époque comme devant celle 
    
de

     Philippe le Bel et de Boniface VIII. Pierre Dubois est le premier qui
  
    1328
    e époque comme devant celle de Philippe le Bel et 
    
de

     Boniface VIII. Pierre Dubois est le premier qui l’a posé, et qui a tâ
  
    1329
    ubois est le premier qui l’a posé, et qui a tâché 
    
d’

    en indiquer une solution. »    Pétrarque (1304-1374)    Cependant l’an
  
    1330
    et virulent, déchirent son corps. Est-ce le corps 
    
de

     la chrétienté ? Pétrarque n’a pas l’air de le penser, lorsqu’il lamen
  
    1331
     corps de la chrétienté ? Pétrarque n’a pas l’air 
    
de

     le penser, lorsqu’il lamente la décadence d’une Europe où, dans plusi
  
    1332
    ’air de le penser, lorsqu’il lamente la décadence 
    
d’

    une Europe où, dans plusieurs régions, « le Christ est inconnu ou méco
  
    1333
    esprit plus loin ; toute la Gaule, limite extrême 
    
de

     notre continent, et la Grande-Bretagne, projetée hors du continent, s
  
    1334
    ses. La Germanie, non moins que l’Italie, souffre 
    
de

     luttes intestines et brûle en son propre feu. Les rois d’Espagne pren
  
    1335
    s intestines et brûle en son propre feu. Les rois 
    
d’

    Espagne prennent les armes l’un contre l’autre… La Grèce laboure pour 
  
    1336
    alut, délaisse la crèche. Dans les autres régions 
    
d’

    Europe, le Christ est inconnu ou mal vu… Le lieu de naissance et le sé
  
    1337
    ’Europe, le Christ est inconnu ou mal vu… Le lieu 
    
de

     naissance et le sépulcre même du Seigneur, double port de la paix pou
  
    1338
    ance et le sépulcre même du Seigneur, double port 
    
de

     la paix pour les chrétiens, sont piétinés par les chiens et ceux qui 
  
    1339
     briguant l’Empire bien qu’hérétique, il a besoin 
    
de

     l’appui du pape et des princes de la chrétienté. « C’est probablement
  
    1340
    ue, il a besoin de l’appui du pape et des princes 
    
de

     la chrétienté. « C’est probablement pendant l’année même de son avène
  
    1341
    tienté. « C’est probablement pendant l’année même 
    
de

     son avènement au trône — écrit Lange69 — que Georges a fait la connai
  
    1342
    crit Lange69 — que Georges a fait la connaissance 
    
d’

    Antoine Marini, originaire de Grenoble, inventeur et grand industriel,
  
    1343
    fait la connaissance d’Antoine Marini, originaire 
    
de

     Grenoble, inventeur et grand industriel, qui avait fondé des entrepri
  
    1344
    grand industriel, qui avait fondé des entreprises 
    
de

     tuileries et de chaufournerie en Styrie et en Salzburg. Antoine déplo
  
    1345
    , qui avait fondé des entreprises de tuileries et 
    
de

     chaufournerie en Styrie et en Salzburg. Antoine déployait depuis 1456
  
    1346
    llemands, probablement aussi en Bohême ; dans une 
    
de

     ses lettres de créance, le roi appelle Antoine carbonista, charbonnie
  
    1347
    blement aussi en Bohême ; dans une de ses lettres 
    
de

     créance, le roi appelle Antoine carbonista, charbonnier. On doit supp
  
    1348
    che en ressources, qui a suggéré à Georges l’idée 
    
de

     faire introduire ses projets d’alliances politiques par un plan grand
  
    1349
     à Georges l’idée de faire introduire ses projets 
    
d’

    alliances politiques par un plan grandiose de fédération européenne. C
  
    1350
    jets d’alliances politiques par un plan grandiose 
    
de

     fédération européenne. C’est encore Antoine qui a présenté le projet 
  
    1351
    enfin soumis le projet à Louis XI pendant l’hiver 
    
de

     1462 à 1463. En 1464 Antoine prend part à une grande ambassade bohémi
  
    1352
    s XI. C’est sa dernière apparition ; il disparaît 
    
de

     l’histoire après cet événement. — On sait que plus tard, en 1466, le 
  
    1353
     XI en 1463 est écrit en latin. Dans les Mémoires 
    
de

     Philippe de Comines, qui le reproduisent, il porte ce titre en frança
  
    1354
    roduisent, il porte ce titre en français : Traité 
    
d’

    alliance et confédération entre le roy Louis XI, Georges roy de Bohême
  
    1355
     confédération entre le roy Louis XI, Georges roy 
    
de

     Bohême et la seigneurie de Venise, pour résister au Turc. Podiebrad c
  
    1356
     Louis XI, Georges roy de Bohême et la seigneurie 
    
de

     Venise, pour résister au Turc. Podiebrad comptait y faire participer 
  
    1357
    er au Turc. Podiebrad comptait y faire participer 
    
d’

    entrée de jeu les rois de Pologne et de Hongrie, ainsi que les ducs de
  
    1358
    c. Podiebrad comptait y faire participer d’entrée 
    
de

     jeu les rois de Pologne et de Hongrie, ainsi que les ducs de Bourgogn
  
    1359
    ptait y faire participer d’entrée de jeu les rois 
    
de

     Pologne et de Hongrie, ainsi que les ducs de Bourgogne et de Bavière 
  
    1360
    participer d’entrée de jeu les rois de Pologne et 
    
de

     Hongrie, ainsi que les ducs de Bourgogne et de Bavière ; mais l’emper
  
    1361
    rois de Pologne et de Hongrie, ainsi que les ducs 
    
de

     Bourgogne et de Bavière ; mais l’empereur et le pape s’en voyaient ex
  
    1362
    et de Hongrie, ainsi que les ducs de Bourgogne et 
    
de

     Bavière ; mais l’empereur et le pape s’en voyaient exclus. C’est donc
  
    1363
    elle des États et des nations naissantes, — celle 
    
de

     Pierre Dubois — qu’entendait se fonder ce plan fédératif : il prenait
  
    1364
    ait se fonder ce plan fédératif : il prenait acte 
    
d’

    une situation de fait, et tentait de prévenir le péril de l’anarchie d
  
    1365
     plan fédératif : il prenait acte d’une situation 
    
de

     fait, et tentait de prévenir le péril de l’anarchie des souverainetés
  
    1366
     prenait acte d’une situation de fait, et tentait 
    
de

     prévenir le péril de l’anarchie des souverainetés. Bien qu’il ait éch
  
    1367
    ituation de fait, et tentait de prévenir le péril 
    
de

     l’anarchie des souverainetés. Bien qu’il ait échoué devant la résista
  
    1368
    netés. Bien qu’il ait échoué devant la résistance 
    
de

     deux papes, au pouvoir desquels il entendait faire pièce, ce projet m
  
    1369
     pièce, ce projet marque une date dans l’histoire 
    
de

     l’Europe : il esquisse pour la première fois une Confédération contin
  
    1370
     l’autonomie des États membres. Il porte création 
    
d’

    une Assemblée votant à la majorité simple ; d’une Cour de Justice ; d’
  
    1371
    ion d’une Assemblée votant à la majorité simple ; 
    
d’

    une Cour de Justice ; d’une procédure d’arbitrage international ; d’un
  
    1372
    ssemblée votant à la majorité simple ; d’une Cour 
    
de

     Justice ; d’une procédure d’arbitrage international ; d’une force arm
  
    1373
    nt à la majorité simple ; d’une Cour de Justice ; 
    
d’

    une procédure d’arbitrage international ; d’une force armée commune ; 
  
    1374
     simple ; d’une Cour de Justice ; d’une procédure 
    
d’

    arbitrage international ; d’une force armée commune ; et d’un budget f
  
    1375
    ice ; d’une procédure d’arbitrage international ; 
    
d’

    une force armée commune ; et d’un budget fédéral, alimenté d’ailleurs 
  
    1376
    ge international ; d’une force armée commune ; et 
    
d’

    un budget fédéral, alimenté d’ailleurs aux dépens de la dîme ecclésias
  
    1377
     d’ailleurs aux dépens de la dîme ecclésiastique. 
    
De

     ce texte fort long, redondant et fleuri comme il se devait à l’époque
  
    1378
    omme il se devait à l’époque, nous traduirons ici 
    
d’

    amples extraits : il nous paraît que le justifient les nombreux rappro
  
    1379
     que cette lecture suggère avec les circonstances 
    
de

     notre temps.  Au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, Nous, Georges, r
  
    1380
    mps que le sépulcre du Seigneur. Il n’y avait pas 
    
de

     nation à cette époque dans le monde entier qui osât attaquer la domin
  
    1381
    elle est déchirée, réduite, affaiblie, dépouillée 
    
de

     tout son éclat et de toute sa splendeur d’autrefois…  Car l’islam, pu
  
    1382
    duite, affaiblie, dépouillée de tout son éclat et 
    
de

     toute sa splendeur d’autrefois…  Car l’islam, puis les Turcs, sont su
  
    1383
    uillée de tout son éclat et de toute sa splendeur 
    
d’

    autrefois…  Car l’islam, puis les Turcs, sont survenus, « réduisant en
  
    1384
    uis … déportant hors des pays chrétiens un nombre 
    
d’

    âmes presque infini ».  Ô Province dorée ! Ô chrétienté, gloire de l’u
  
    1385
    nfini ».  Ô Province dorée ! Ô chrétienté, gloire 
    
de

     l’univers, comment tout honneur s’est-il retiré de toi ? Comment a di
  
    1386
    e l’univers, comment tout honneur s’est-il retiré 
    
de

     toi ? Comment a disparu ton éclat sans rival ? Où est la vigueur de t
  
    1387
     disparu ton éclat sans rival ? Où est la vigueur 
    
de

     ton peuple ? Où, le respect que toutes les nations te portaient ? Où,
  
    1388
    ires, si tu devais si vite être menée au triomphe 
    
de

     tes vainqueurs ? À quoi bon avoir résisté à la puissance des chefs pa
  
    1389
    , si maintenant tu ne peux plus soutenir l’assaut 
    
de

     tes voisins ? Ô vicissitudes de la fortune, que de changements vous a
  
    1390
    soutenir l’assaut de tes voisins ? Ô vicissitudes 
    
de

     la fortune, que de changements vous apportez aux empires ! Avec quell
  
    1391
    e tes voisins ? Ô vicissitudes de la fortune, que 
    
de

     changements vous apportez aux empires ! Avec quelle rapidité se trans
  
    1392
    évanouissent les puissances ! Quelle est la cause 
    
d’

    un tel changement et d’une telle ruine ? Il n’est pas facile de la dis
  
    1393
    nces ! Quelle est la cause d’un tel changement et 
    
d’

    une telle ruine ? Il n’est pas facile de la discerner, parce que les j
  
    1394
    gement et d’une telle ruine ? Il n’est pas facile 
    
de

     la discerner, parce que les jugements de Dieu sont cachés. Les champs
  
    1395
    s facile de la discerner, parce que les jugements 
    
de

     Dieu sont cachés. Les champs ne sont pas moins fertiles aujourd’hui q
  
    1396
     troupeaux ne sont pas moins féconds ; le produit 
    
de

     la vigne emplit les cuves avec usure ; des hommes industrieux ont déc
  
    1397
     ; des hommes industrieux ont découvert des mines 
    
d’

    or et d’argent, de grands esprits ont fait leurs preuves dans une foul
  
    1398
    ommes industrieux ont découvert des mines d’or et 
    
d’

    argent, de grands esprits ont fait leurs preuves dans une foule de dom
  
    1399
    strieux ont découvert des mines d’or et d’argent, 
    
de

     grands esprits ont fait leurs preuves dans une foule de domaines, les
  
    1400
    nds esprits ont fait leurs preuves dans une foule 
    
de

     domaines, les lettres sont aussi florissantes que jamais. Qu’est-ce d
  
    1401
    soit lamentable et qu’il faille déplorer la ruine 
    
de

     Constantinople et d’autres provinces, nous devons pourtant, si nous s
  
    1402
    nces, nous devons pourtant, si nous sommes avides 
    
de

     gloire, souhaiter cette occasion qui peut nous réserver l’honneur d’ê
  
    1403
    r cette occasion qui peut nous réserver l’honneur 
    
d’

    être appelés défenseurs et mainteneurs du nom chrétien. C’est pourquoi
  
    1404
    du nom chrétien. C’est pourquoi, dans notre désir 
    
de

     voir cesser et disparaître entièrement ces guerres, rapines, désordre
  
    1405
    s prélats, des princes, des grands, des nobles et 
    
de

     nos docteurs en droit divin et humain, à cet acte d’alliance, de paix
  
    1406
    nos docteurs en droit divin et humain, à cet acte 
    
d’

    alliance, de paix, de fraternité et de concorde destiné à durer inébra
  
    1407
     en droit divin et humain, à cet acte d’alliance, 
    
de

     paix, de fraternité et de concorde destiné à durer inébranlablement, 
  
    1408
     divin et humain, à cet acte d’alliance, de paix, 
    
de

     fraternité et de concorde destiné à durer inébranlablement, à cause d
  
    1409
     à cet acte d’alliance, de paix, de fraternité et 
    
de

     concorde destiné à durer inébranlablement, à cause du respect de Dieu
  
    1410
    tiné à durer inébranlablement, à cause du respect 
    
de

     Dieu et du maintien de la foi, pour nous, nos héritiers et nos futurs
  
    1411
    lement, à cause du respect de Dieu et du maintien 
    
de

     la foi, pour nous, nos héritiers et nos futurs successeurs, à perpétu
  
    1412
    té statuent : que les contractants s’abstiendront 
    
de

     recourir aux armes les uns contre les autres ; qu’ils ne prêteront se
  
    1413
    ours ni conseil à aucune conspiration contre l’un 
    
d’

    eux ; et qu’ils s’entraideront pour réprimer les délits commis par leu
  
    1414
     délits commis par leurs sujets sur le territoire 
    
de

     n’importe quel pays membre. L’article suivant aborde le sujet capital
  
    1415
    membre. L’article suivant aborde le sujet capital 
    
de

     l’assistance mutuelle et de l’arbitrage international :  Quatrièmemen
  
    1416
    orde le sujet capital de l’assistance mutuelle et 
    
de

     l’arbitrage international :  Quatrièmement, nous voulons que si par h
  
    1417
    es-uns, en dehors de cette convention qui réclame 
    
de

     nous amour et fraternité, et sans avoir été attaqués ou provoqués, ou
  
    1418
     ou provoqués, ouvrent les hostilités contre l’un 
    
de

     nous, ou qu’il arrivât qu’elles fussent ouvertes (ce qui paraît fort 
  
    1419
    es ; et là, en présence des parties en conflit ou 
    
de

     leurs ambassadeurs plénipotentiaires, employer tout son zèle et toute
  
    1420
     ci-dessous désigné. Et si, du fait et par défaut 
    
de

     l’agresseur, la paix et l’union ne peuvent se faire par l’un des moye
  
    1421
    n des moyens susdits, tous les autres parmi nous, 
    
d’

    un accord unanime, voulons secourir notre allié attaqué ou contraint d
  
    1422
    voulons secourir notre allié attaqué ou contraint 
    
de

     se défendre en lui procurant chaque année pour sa défense les dîmes d
  
    1423
     procurant chaque année pour sa défense les dîmes 
    
de

     notre royaume, ainsi que les revenus, gains ou émoluments de nos gens
  
    1424
    yaume, ainsi que les revenus, gains ou émoluments 
    
de

     nos gens et de nos sujets, qu’ils auront versé à proportion de trois 
  
    1425
    e les revenus, gains ou émoluments de nos gens et 
    
de

     nos sujets, qu’ils auront versé à proportion de trois jours par année
  
    1426
    t de nos sujets, qu’ils auront versé à proportion 
    
de

     trois jours par année pour la jouissance de leur maison ou habitation
  
    1427
    rtion de trois jours par année pour la jouissance 
    
de

     leur maison ou habitation…  Les organes de la Confédération sont ensu
  
    1428
    ssance de leur maison ou habitation…  Les organes 
    
de

     la Confédération sont ensuite indiqués : Cour de justice ou Consistoi
  
    1429
     de la Confédération sont ensuite indiqués : Cour 
    
de

     justice ou Consistoire, Assemblée, enfin force armée commune, ainsi q
  
    1430
    , enfin force armée commune, ainsi que la manière 
    
de

     la financer et de la faire entrer en action :   Mais, comme la paix n
  
    1431
    e commune, ainsi que la manière de la financer et 
    
de

     la faire entrer en action :   Mais, comme la paix ne peut être cultiv
  
    1432
    la justice sans la paix… nous avons prévu d’abord 
    
d’

    organiser une sorte de Consistoire général qui siégera au lieu où l’As
  
    1433
    x… nous avons prévu d’abord d’organiser une sorte 
    
de

     Consistoire général qui siégera au lieu où l’Assemblée elle-même se t
  
    1434
    ssemblée elle-même se trouvera pour le moment, et 
    
d’

    où, comme d’une source, découleront de partout les ruisseaux de la jus
  
    1435
    e-même se trouvera pour le moment, et d’où, comme 
    
d’

    une source, découleront de partout les ruisseaux de la justice. Ce tri
  
    1436
     moment, et d’où, comme d’une source, découleront 
    
de

     partout les ruisseaux de la justice. Ce tribunal sera organisé, quant
  
    1437
    ’une source, découleront de partout les ruisseaux 
    
de

     la justice. Ce tribunal sera organisé, quant au nombre et à la qualit
  
    1438
    otre Assemblée ci-dessous désignée ou la majorité 
    
de

     celle-ci l’aura arrêté et décidé. Et afin que dans ce tribunal un ter
  
    1439
     simplement et clairement, sans figure et tumulte 
    
de

     procès, en l’absence de tout subterfuge et de toute manœuvre dilatoir
  
    1440
    t, sans figure et tumulte de procès, en l’absence 
    
de

     tout subterfuge et de toute manœuvre dilatoire. … D’autre part, comme
  
    1441
    lte de procès, en l’absence de tout subterfuge et 
    
de

     toute manœuvre dilatoire. … D’autre part, comme cet acte de bonne int
  
    1442
    anœuvre dilatoire. … D’autre part, comme cet acte 
    
de

     bonne intelligence et de charité est fait et établi avant tout à la g
  
    1443
    tre part, comme cet acte de bonne intelligence et 
    
de

     charité est fait et établi avant tout à la gloire et à l’honneur de l
  
    1444
    t et établi avant tout à la gloire et à l’honneur 
    
de

     la divine majesté de la sainte Église romaine et de la foi catholique
  
    1445
    t à la gloire et à l’honneur de la divine majesté 
    
de

     la sainte Église romaine et de la foi catholique, de défendre et prot
  
    1446
     la divine majesté de la sainte Église romaine et 
    
de

     la foi catholique, de défendre et protéger la religion chrétienne et 
  
    1447
    la sainte Église romaine et de la foi catholique, 
    
de

     défendre et protéger la religion chrétienne et tous les fidèles oppri
  
    1448
    s avec nos revenus, profits et émoluments et ceux 
    
de

     nos sujets, à fournir, comme il est dit, à raison de trois jours par 
  
    1449
    e par accabler l’imprévoyance, nous décidons que, 
    
d’

    un commun accord de toute notre Assemblée ou de la majeure partie de c
  
    1450
    prévoyance, nous décidons que, d’un commun accord 
    
de

     toute notre Assemblée ou de la majeure partie de celle-ci, on fixera 
  
    1451
    e, d’un commun accord de toute notre Assemblée ou 
    
de

     la majeure partie de celle-ci, on fixera à quel moment il conviendra 
  
    1452
     de toute notre Assemblée ou de la majeure partie 
    
de

     celle-ci, on fixera à quel moment il conviendra d’attaquer l’ennemi, 
  
    1453
    e celle-ci, on fixera à quel moment il conviendra 
    
d’

    attaquer l’ennemi, avec quelles forces de terre et de mer il faudra fa
  
    1454
    nviendra d’attaquer l’ennemi, avec quelles forces 
    
de

     terre et de mer il faudra faire la guerre, quels chefs militaires, qu
  
    1455
    ttaquer l’ennemi, avec quelles forces de terre et 
    
de

     mer il faudra faire la guerre, quels chefs militaires, quelles machin
  
    1456
    efs militaires, quelles machines et quel matériel 
    
de

     guerre il sera nécessaire d’employer, à quel endroit toutes les armée
  
    1457
    nes et quel matériel de guerre il sera nécessaire 
    
d’

    employer, à quel endroit toutes les armées de terre devront se réunir 
  
    1458
    aire d’employer, à quel endroit toutes les armées 
    
de

     terre devront se réunir pour poursuivre leur marche contre les Turcs.
  
    1459
    voici comment le traité prévoit le fonctionnement 
    
de

     l’Assemblée fédérale, pièce maîtresse de la construction :   Item, af
  
    1460
    onnement de l’Assemblée fédérale, pièce maîtresse 
    
de

     la construction :   Item, afin que ce qui est écrit ci-dessus et ci-d
  
    1461
    l est dû, nous promettons et prenons l’engagement 
    
de

     la manière susdite que chacun de nous assemblera ses ambassadeurs, ge
  
    1462
    ons l’engagement de la manière susdite que chacun 
    
de

     nous assemblera ses ambassadeurs, gens notables et jouissant d’une gr
  
    1463
    lera ses ambassadeurs, gens notables et jouissant 
    
d’

    une grande autorité, munis des plus larges pouvoirs et de son sceau, l
  
    1464
    rande autorité, munis des plus larges pouvoirs et 
    
de

     son sceau, le dimanche Reminiscere de l’année 1464 après la nativité 
  
    1465
    pouvoirs et de son sceau, le dimanche Reminiscere 
    
de

     l’année 1464 après la nativité du Seigneur70, dans la cité de Bâle en
  
    1466
    464 après la nativité du Seigneur70, dans la cité 
    
de

     Bâle en Allemagne, afin qu’ils y demeurent tous pendant les cinq ans 
  
    1467
     corps, communauté ou Collège ; que, ces cinq ans 
    
de

     l’Assemblée de Bâle une fois écoulés, cette même Assemblée se réunira
  
    1468
     cinq ans immédiatement suivants dans une ville X 
    
de

     France, et, au cours de la troisième période de cinq ans, dans une ci
  
    1469
    X de France, et, au cours de la troisième période 
    
de

     cinq ans, dans une cité X d’Italie, de sorte qu’en faisant toujours p
  
    1470
    la troisième période de cinq ans, dans une cité X 
    
d’

    Italie, de sorte qu’en faisant toujours par la suite une rotation de c
  
    1471
     qu’en faisant toujours par la suite une rotation 
    
de

     cinq en cinq ans jusqu’à ce que l’Assemblée elle-même ou la majorité 
  
    1472
    squ’à ce que l’Assemblée elle-même ou la majorité 
    
de

     celle-ci juge devoir en ordonner et disposer autrement, l’Assemblée e
  
    1473
    re et la tête, et que nous autres rois et princes 
    
de

     la chrétienté en soyons les membres ; que ledit Collège ait aussi sur
  
    1474
    empire, selon que ladite Assemblée ou la majorité 
    
de

     celle-ci l’aura arrêté et décidé ; qu’enfin il ait ses propres armes,
  
    1475
    oment, on mettra à la tête des principaux offices 
    
de

     l’Assemblée des hommes qui soient issus et originaires de cette même 
  
    1476
    emblée des hommes qui soient issus et originaires 
    
de

     cette même nation, et en connaissent et comprennent les coutumes et l
  
    1477
    s, roi de France, avec les autres rois et princes 
    
de

     la Gaule, ayons une voix dans l’Assemblée elle-même, nous, rois et pr
  
    1478
    dans l’Assemblée elle-même, nous, rois et princes 
    
de

     Germanie, une autre, et nous, doge de Venise, avec les princes et com
  
    1479
     et princes de Germanie, une autre, et nous, doge 
    
de

     Venise, avec les princes et communes d’Italie, une troisième ; mais q
  
    1480
    ous, doge de Venise, avec les princes et communes 
    
d’

    Italie, une troisième ; mais que si le roi de Castille ou d’autres roi
  
    1481
    si le roi de Castille ou d’autres rois et princes 
    
d’

    Espagne se joignaient à notre union, amitié et fraternité, ils aient e
  
    1482
    is si, entre les ambassadeurs des rois et princes 
    
d’

    une seule et même nation, des votes contraires sont donnés et émis sur
  
    1483
    res clauses du traité fut la raison bien évidente 
    
de

     l’échec final du projet : par une ruse cousue de fil blanc, les princ
  
    1484
     de l’échec final du projet : par une ruse cousue 
    
de

     fil blanc, les princes décident de s’adresser au pape pour le charger
  
    1485
    ne ruse cousue de fil blanc, les princes décident 
    
de

     s’adresser au pape pour le charger de veiller à ce que les dîmes, per
  
    1486
    es décident de s’adresser au pape pour le charger 
    
de

     veiller à ce que les dîmes, perçues par l’Église, soient désormais ve
  
    1487
    ésormais versées à l’Assemblée, nouveau défenseur 
    
de

     la Foi ! Poliment écarté par Louis XI, expressément condamné par le p
  
    1488
     XI, expressément condamné par le pape, le projet 
    
de

     Podiebrad n’eut aucune suite.    Æneas Silvius Piccolomini (1405-1464
  
    1489
    Pierre Dubois, ni Podiebrad, ne font usage du nom 
    
d’

    Europe ou de l’adjectif européen, dans leurs plans qui cependant ne co
  
    1490
    s, ni Podiebrad, ne font usage du nom d’Europe ou 
    
de

     l’adjectif européen, dans leurs plans qui cependant ne concernent que
  
    1491
    e concernent que l’Europe, en tant que chrétienté 
    
de

     fait. Chose curieuse, c’est un pape, à l’aube de la Renaissance, qui 
  
    1492
     de fait. Chose curieuse, c’est un pape, à l’aube 
    
de

     la Renaissance, qui sera le premier à désigner de nouveau par son nom
  
    1493
    dont il ne sait que trop que les premiers efforts 
    
d’

    unité se sont dessinés jusqu’alors contre le Saint-Siège, précisément,
  
    1494
    us Piccolomini, l’un des plus glorieux humanistes 
    
de

     son temps71, fut élevé au pontificat sous le nom de Pie II en 1458, l
  
    1495
     son temps71, fut élevé au pontificat sous le nom 
    
de

     Pie II en 1458, l’année même, notons-le, où Georges Podiebrad était é
  
    1496
    otre patrie, notre maison », car tout y participe 
    
d’

    un même destin menacé :  Maintenant, c’est en Europe même, c’est-à-dir
  
    1497
    que nous sommes attaqués et tués.72   Vers la fin 
    
de

     sa vie, il avait entrepris la rédaction d’une Cosmographie générale, 
  
    1498
    la fin de sa vie, il avait entrepris la rédaction 
    
d’

    une Cosmographie générale, dont seuls les chapitres sur « Asie » et « 
  
    1499
    t géographique. Il est malheureusement impossible 
    
d’

    en citer des extraits significatifs, car l’œuvre se divise en chapitre
  
    1500
    3, et quand il devint pape, sa première tâche fut 
    
de

     défendre la chrétienté par la force de la persuasion et par la force 
  
    1501
     tâche fut de défendre la chrétienté par la force 
    
de

     la persuasion et par la force des armes. Pour Pie II, la chrétienté e
  
    1502
    se Lettre à Mahomet II, il énumère les ressources 
    
de

     la chrétienté comme étant les ressources de l’Europe, et nie l’existe
  
    1503
    urces de la chrétienté comme étant les ressources 
    
de

     l’Europe, et nie l’existence de véritables chrétiens en dehors de l’E
  
    1504
    nt les ressources de l’Europe, et nie l’existence 
    
de

     véritables chrétiens en dehors de l’Europe.  Nous ne pouvons croire q
  
    1505
    Nous ne pouvons croire que tu sois assez ignorant 
    
de

     ce qui nous concerne pour ne pas voir quelle est la puissance du peup
  
    1506
    aux chrétiens non européens, que Mahomet se vante 
    
de

     dominer, Pie II a tôt fait de les exclure en tant que faux chrétiens 
  
    1507
    ue Mahomet se vante de dominer, Pie II a tôt fait 
    
de

     les exclure en tant que faux chrétiens :  Ils sont tous imbus d’erreu
  
    1508
    en tant que faux chrétiens :  Ils sont tous imbus 
    
d’

    erreur, quoiqu’ils rendent un culte au Christ — Arméniens, Jacobites, 
  
    1509
    s, Maronites et le reste. Les Grecs se séparèrent 
    
de

     l’unité de l’Église romaine lorsque tu envahis Constantinople. Ils n’
  
    1510
    s et le reste. Les Grecs se séparèrent de l’unité 
    
de

     l’Église romaine lorsque tu envahis Constantinople. Ils n’ont jamais 
  
    1511
    sance des chrétiens, dit le pape, s’il approchait 
    
de

     l’intérieur de la chrétienté, c’est-à-dire de l’intérieur de l’Europe
  
    1512
    iens, dit le pape, s’il approchait de l’intérieur 
    
de

     la chrétienté, c’est-à-dire de l’intérieur de l’Europe. Tandis que si
  
    1513
    ait de l’intérieur de la chrétienté, c’est-à-dire 
    
de

     l’intérieur de l’Europe. Tandis que si Mahomet accepte la conversion 
  
    1514
    eur de la chrétienté, c’est-à-dire de l’intérieur 
    
de

     l’Europe. Tandis que si Mahomet accepte la conversion (comme un autre
  
    1515
    utre Constantin), le pape lui promet l’admiration 
    
de

     toute la Grèce, de toute l’Italie, de toute l’Europe. Quant à la croi
  
    1516
    e pape lui promet l’admiration de toute la Grèce, 
    
de

     toute l’Italie, de toute l’Europe. Quant à la croisade que Pie II ess
  
    1517
    ’admiration de toute la Grèce, de toute l’Italie, 
    
de

     toute l’Europe. Quant à la croisade que Pie II essaya de promouvoir à
  
    1518
    e l’Europe. Quant à la croisade que Pie II essaya 
    
de

     promouvoir à Mantoue, c’était, selon ses propres termes, pour chasser
  
    1519
    selon ses propres termes, pour chasser l’infidèle 
    
d’

    Europe. Lorsque, à la fin de sa vie, il prie pour le succès des croisé
  
    1520
    ur chasser l’infidèle d’Europe. Lorsque, à la fin 
    
de

     sa vie, il prie pour le succès des croisés, il dit : Donne-nous la vi
  
    1521
    ope.  Relevons la triade significative des termes 
    
de

     Grèce, d’Italie et de chrétienté pour désigner « toute l’Europe » : p
  
    1522
    vons la triade significative des termes de Grèce, 
    
d’

    Italie et de chrétienté pour désigner « toute l’Europe » : première es
  
    1523
    de significative des termes de Grèce, d’Italie et 
    
de

     chrétienté pour désigner « toute l’Europe » : première esquisse de ce
  
    1524
    r désigner « toute l’Europe » : première esquisse 
    
de

     cette définition de notre culture par ses trois sources principales, 
  
    1525
    ’Europe » : première esquisse de cette définition 
    
de

     notre culture par ses trois sources principales, Athènes, Rome et Jér
  
    1526
    is les chefs des nouveaux États divisant le corps 
    
de

     l’Europe restèrent sourds aux appels du Pontife, comme à ceux de son 
  
    1527
    tèrent sourds aux appels du Pontife, comme à ceux 
    
de

     son rival le roi de Bohême. Il eut beau joindre à ses prières l’annon
  
    1528
    prières l’annonce, qu’il croyait décisive, du don 
    
de

     sa personne sacrée, en promettant de se mettre lui-même à la tête d’u
  
    1529
    sive, du don de sa personne sacrée, en promettant 
    
de

     se mettre lui-même à la tête d’une nouvelle croisade : Qui pourrait r
  
    1530
    ée, en promettant de se mettre lui-même à la tête 
    
d’

    une nouvelle croisade : Qui pourrait refuser son concours quand l’évêq
  
    1531
     Qui pourrait refuser son concours quand l’évêque 
    
de

     Rome est fret à exposer sa propre vie ? Rien n’y fit. À Ancône, où il
  
    1532
    en 1464 — l’année même où Podiebrad avait proposé 
    
de

     réunir à Bâle la première Assemblée fédérale ! — il ne trouva qu’une 
  
    1533
     Assemblée fédérale ! — il ne trouva qu’une cohue 
    
d’

    aventuriers sans armes ni chefs. Il mourut quelques semaines plus tard
  
    1534
     mourut quelques semaines plus tard, sous le coup 
    
de

     cette déception. Ne devait-il pas, cependant, l’avoir prévue, lui qui
  
    1535
     avant de devenir pape :  La chrétienté n’a point 
    
de

     chef auquel tous veuillent obéir. Ni au Souverain Pontife ni à l’empe
  
    1536
    ni à l’empereur on ne rend leur dû. Il n’est plus 
    
de

     respect ni d’obéissance. Nous regardons le pape et l’empereur comme d
  
    1537
    r on ne rend leur dû. Il n’est plus de respect ni 
    
d’

    obéissance. Nous regardons le pape et l’empereur comme des noms, des f
  
    1538
    prince.74      55. Lorsque Dante se fait l’avocat 
    
d’

    un Empire qui réaliserait l’ordinatio ad unum, il n’envisage pas un in
  
    1539
    , dans son introduction à la traduction française 
    
de

     la Monarchie, Felix Alcan, Paris, 1933, qu’on va citer.  57.  De Mona
  
    1540
    , Felix Alcan, Paris, 1933, qu’on va citer.  57.  
    
De

     Monarchia, I, 4.  58.  Ibid., I, 5.  59.  Ibid., I, 10.  60.  Op. cit
  
    1541
    . cit., I, 14.  61.  Ibid., I, 16.  62. Il s’agit 
    
de

     la tour de Babel.  63.  E. Renan, Histoire littéraire de la France, T
  
    1542
    14.  61.  Ibid., I, 16.  62. Il s’agit de la tour 
    
de

     Babel.  63.  E. Renan, Histoire littéraire de la France, Tome XXVI, F
  
    1543
    our de Babel.  63.  E. Renan, Histoire littéraire 
    
de

     la France, Tome XXVI, Firmin-Didot, Paris, 1873.  64. Siger de Braban
  
    1544
    ar l’Église en tant que propagateur des doctrines 
    
d’

    Averroès, fut aussi l’un des maîtres de Dante.  65. Il s’agit de l’ouv
  
    1545
    t aussi l’un des maîtres de Dante.  65. Il s’agit 
    
de

     l’ouvrage qu’on va citer : De recuperatione Terra Sancte. La première
  
    1546
    nte.  65. Il s’agit de l’ouvrage qu’on va citer : 
    
De

     recuperatione Terra Sancte. La première partie du traité est adressée
  
    1547
    dressée en forme de circulaire à tous les princes 
    
de

     la chrétienté, Édouard d’abord ; tandis qu’une lettre à Philippe le B
  
    1548
    orme la conclusion.  66. Chr. L. Lange : Histoire 
    
de

     l’internationalisme, Christiania, 1919. Tome I, chap. IV : Les précur
  
    1549
    stiania, 1919. Tome I, chap. IV : Les précurseurs 
    
de

     l’internationalisme moderne. Le tome II (de 1648 à 1815) terminé par 
  
    1550
    seurs de l’internationalisme moderne. Le tome II (
    
de

     1648 à 1815) terminé par Auguste Schou, a paru en 1954.  67. Chr. L. 
  
    1551
    tyle nouveau).  71. On connaît la fresque fameuse 
    
de

     Benozzo Gozzoli (Le départ des trois Mages) où l’on peut le voir chev
  
    1552
     où l’on peut le voir chevauchant vers le concile 
    
de

     Bâle, dans un paysage hautement civilisé ; et le tableau de Pinturicc
  
    1553
    ans un paysage hautement civilisé ; et le tableau 
    
de

     Pinturicchio qui le montre recevant la couronne des poètes des mains 
  
    1554
     montre recevant la couronne des poètes des mains 
    
de

     Frédéric III, dernier empereur du Saint-Empire qui ait été couronné à
  
    1555
     ait été couronné à Rome. Grands symboles !  72.  
    
De

     Constantinopolitana clade ac bello contra Turcos congregando. Texte l
  
    1556
    a, percussi cæsique sumus. » Ce « id est » mérite 
    
d’

    être souligné.  73. Denis Hay : « Sur un problème de terminologie hist
  
    1557
    être souligné.  73. Denis Hay : « Sur un problème 
    
de

     terminologie historique : « Europe » et « chrétienté » », Diogène, n°

5 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Deuxième partie. Prises de conscience européennes.  De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre,  (xive
          au xixe
          siècle) — 3. Le problème de la guerre et l’essor des États (xvie
          siècle)
    1558
      3.Le problème 
    
de

     la guerre et l’essor des États (xvie  siècle)   Trois événements maje
  
    1559
    es débuts du colonialisme, la Réforme, et l’échec 
    
de

     la grandiose tentative impériale de Charles-Quint. Leurs répercussion
  
    1560
    e, et l’échec de la grandiose tentative impériale 
    
de

     Charles-Quint. Leurs répercussions sur « l’image de l’Europe » ont ét
  
    1561
     Charles-Quint. Leurs répercussions sur « l’image 
    
de

     l’Europe » ont été diverses et contradictoires. Les grandes découvert
  
    1562
    înent pas encore une prise de conscience nouvelle 
    
de

     la singularité de l’Europe dans le monde (il faut attendre le xviiie 
  
    1563
    ne prise de conscience nouvelle de la singularité 
    
de

     l’Europe dans le monde (il faut attendre le xviiie  siècle pour la vo
  
    1564
    er) ni, à plus forte raison, une mise en question 
    
de

     l’excellence de notre civilisation, qu’elles paraissent au contraire 
  
    1565
    orte raison, une mise en question de l’excellence 
    
de

     notre civilisation, qu’elles paraissent au contraire confirmer. Elles
  
    1566
    nt au contraire confirmer. Elles inaugurent l’ère 
    
d’

    un aventureux impérialisme économique au moment où sombre l’idée du Sa
  
    1567
    continental. Elles déplacent les foyers créateurs 
    
de

     notre civilisation vers les rivages atlantiques. Elles créent les bas
  
    1568
    ntiques. Elles créent les bases du capitalisme et 
    
de

     la primauté de l’État. Mais ces transformations ne sont guère enregis
  
    1569
    créent les bases du capitalisme et de la primauté 
    
de

     l’État. Mais ces transformations ne sont guère enregistrées que par l
  
    1570
    ue par les « Utopies » relatives au Nouveau Monde 
    
de

     Thomas More et de Campanella. Pour les meilleurs esprits du temps, l’
  
    1571
    es » relatives au Nouveau Monde de Thomas More et 
    
de

     Campanella. Pour les meilleurs esprits du temps, l’Europe ne pose pas
  
    1572
     meilleurs esprits du temps, l’Europe ne pose pas 
    
de

     problème : elle va de soi, comme l’air que l’on respire. Ils la conna
  
    1573
    rement, ils y entretiennent un commerce continuel 
    
d’

    idées, de colloques, de correspondances érudites, de polémiques nobles
  
    1574
    ls y entretiennent un commerce continuel d’idées, 
    
de

     colloques, de correspondances érudites, de polémiques nobles ou virul
  
    1575
    nent un commerce continuel d’idées, de colloques, 
    
de

     correspondances érudites, de polémiques nobles ou virulentes. « L’Eur
  
    1576
    idées, de colloques, de correspondances érudites, 
    
de

     polémiques nobles ou virulentes. « L’Europe en un seul corps », comme
  
    1577
    xtérieur : eux seuls, parfois, réveillent le sens 
    
d’

    une certaine union nécessaire, mais celle-ci n’est imaginée que sous l
  
    1578
    e, mais celle-ci n’est imaginée que sous la forme 
    
d’

    une coalition des Souverains. La crise profonde de la Réforme n’est pa
  
    1579
    d’une coalition des Souverains. La crise profonde 
    
de

     la Réforme n’est pas ressentie comme divisant l’Europe, mais seulemen
  
    1580
    gements modernes, sur ce point, sont donc frappés 
    
d’

    anachronisme.) Si l’on s’en tient aux témoignages du temps, on voit qu
  
    1581
    s du temps, on voit qu’en fait, jamais le concept 
    
d’

    Europe n’est invoqué par l’une ou l’autre des parties en présence, en 
  
    1582
    eur de sa thèse 76. Calvin, Luther et Loyola sont 
    
de

     très grandes figures européennes, mais aucun n’a jamais parlé de l’Eu
  
    1583
     figures européennes, mais aucun n’a jamais parlé 
    
de

     l’Europe comme telle, encore moins de son unité. Dans le domaine poli
  
    1584
    amais parlé de l’Europe comme telle, encore moins 
    
de

     son unité. Dans le domaine politique, au contraire, la conscience d’u
  
    1585
    le domaine politique, au contraire, la conscience 
    
d’

    une Europe rassemblée sous la couronne du Saint-Empire paraît plus prè
  
    1586
    ronne du Saint-Empire paraît plus près que jamais 
    
de

     se traduire en une grandiose réalité. Charles-Quint, à son avènement,
  
    1587
    aître des Allemagnes, des Espagnes, des Pays-Bas, 
    
de

     Naples et de Milan, et d’une partie de la France actuelle, c’est-à-di
  
    1588
    emagnes, des Espagnes, des Pays-Bas, de Naples et 
    
de

     Milan, et d’une partie de la France actuelle, c’est-à-dire des trois 
  
    1589
    Espagnes, des Pays-Bas, de Naples et de Milan, et 
    
d’

    une partie de la France actuelle, c’est-à-dire des trois quarts de l’E
  
    1590
     Pays-Bas, de Naples et de Milan, et d’une partie 
    
de

     la France actuelle, c’est-à-dire des trois quarts de l’Europe contine
  
    1591
    la France actuelle, c’est-à-dire des trois quarts 
    
de

     l’Europe continentale, tandis que les conquistadores vont lui apporte
  
    1592
    e les conquistadores vont lui apporter les titres 
    
de

     souverain des Indes et de la Terre ferme de la mer Océane, et de domi
  
    1593
    lui apporter les titres de souverain des Indes et 
    
de

     la Terre ferme de la mer Océane, et de dominateur de l’Afrique et de 
  
    1594
    itres de souverain des Indes et de la Terre ferme 
    
de

     la mer Océane, et de dominateur de l’Afrique et de l’Asie. Et pourtan
  
    1595
    s Indes et de la Terre ferme de la mer Océane, et 
    
de

     dominateur de l’Afrique et de l’Asie. Et pourtant à sa mort, en 1558,
  
    1596
    la Terre ferme de la mer Océane, et de dominateur 
    
de

     l’Afrique et de l’Asie. Et pourtant à sa mort, en 1558, que reste-t-i
  
    1597
    e la mer Océane, et de dominateur de l’Afrique et 
    
de

     l’Asie. Et pourtant à sa mort, en 1558, que reste-t-il de ce grand rê
  
    1598
    e. Et pourtant à sa mort, en 1558, que reste-t-il 
    
de

     ce grand rêve d’une monarchie universelle dont le foyer eût été l’Eur
  
    1599
    sa mort, en 1558, que reste-t-il de ce grand rêve 
    
d’

    une monarchie universelle dont le foyer eût été l’Europe unie ? Tout s
  
    1600
     Tout s’est défait, dénaturé et disloqué. L’unité 
    
de

     l’Église est brisée pour des siècles, la France s’est alliée aux Turc
  
    1601
     la France s’est alliée aux Turcs contre le reste 
    
de

     l’Europe, l’Espagne a perdu la plupart de ses anciennes libertés comm
  
    1602
    nies commerciales, des armateurs et des banquiers 
    
de

     toute l’Europe, fait place à une exploitation stérilisante sous le mo
  
    1603
    ’idéal impérial, idée platonicienne qui n’a cessé 
    
de

     fasciner les ambitions des grands monarques, de Charlemagne à Charles
  
    1604
    é de fasciner les ambitions des grands monarques, 
    
de

     Charlemagne à Charles-Quint en passant par Othon III et Frédéric II, 
  
    1605
    aineté absolue posent au premier plan le problème 
    
de

     la guerre et du droit de guerre ; tandis que l’expansion du commerce 
  
    1606
    premier plan le problème de la guerre et du droit 
    
de

     guerre ; tandis que l’expansion du commerce vers d’autres continents 
  
    1607
    ommerce vers d’autres continents pose le problème 
    
d’

    un droit international qui sera fondé au début du xviie  siècle par Hu
  
    1608
    tius, à partir du droit maritime ; et le problème 
    
d’

    un droit des gens (jus gentium), à partir du drame des colonies : Fran
  
    1609
    tique immédiate, n’est simplement pas mentionnée. 
    
De

     Francisco de Vitoria (1580-1546), dominicain, professeur à Salamanque
  
    1610
    avec Suárez, du droit des gens, célèbre auteur du 
    
De

     Indis, citons deux pages sur la guerre :  Nulle guerre n’est légitime
  
    1611
    tage, une province chrétienne n’est qu’une partie 
    
de

     toute la République, j’estime que même si une guerre est utile à une 
  
    1612
    ue d’autre part elle est au détriment du monde ou 
    
de

     la chrétienté, alors la guerre est par cela même injuste. Si par exem
  
    1613
     par cela même injuste. Si par exemple une guerre 
    
de

     l’Espagne contre la France était entreprise par des motifs justes, et
  
    1614
    ’elle fût sous d’autres rapports utile au royaume 
    
d’

    Espagne, mais que, toutefois, elle fût menée avec un préjudice plus gr
  
    1615
    menée avec un préjudice plus grand et aux risques 
    
de

     la chrétienté (si par exemple les Turcs occupent, sur ces entrefaits,
  
    1616
    inces des chrétiens) alors il faudrait s’abstenir 
    
de

     telle guerre.77   On ne peut s’empêcher de penser que Montesquieu, da
  
    1617
    stenir de telle guerre.77   On ne peut s’empêcher 
    
de

     penser que Montesquieu, dans sa célèbre déclaration qui se termine pa
  
    1618
    paraphrasé Vitoria. Dans une lettre au connétable 
    
de

     Castille, Vitoria revient sur l’idée que les guerres ne pourraient êt
  
    1619
    demanderai pas à Dieu grâce plus grande que celle 
    
de

     faire de ces deux princes (Charles V et François Ier) des frères dans
  
    1620
    i pas à Dieu grâce plus grande que celle de faire 
    
de

     ces deux princes (Charles V et François Ier) des frères dans leur vol
  
    1621
    e sont en parenté ; car alors, il n’y aurait plus 
    
d’

    hérétiques dans l’Église ni plus de Maures qui la tourmentent, et l’Ég
  
    1622
    ’y aurait plus d’hérétiques dans l’Église ni plus 
    
de

     Maures qui la tourmentent, et l’Église serait réformée, que le pape l
  
    1623
    dans la personne du roi de France et moins encore 
    
de

     l’empereur. Que Dieu pardonne aux princes ou à leurs opposants ; mais
  
    1624
    t les choses étant ainsi, veuillez voir, ô hommes 
    
de

     bien, si nos guerres sont au profit de l’Espagne, ou de la France, ou
  
    1625
    , ô hommes de bien, si nos guerres sont au profit 
    
de

     l’Espagne, ou de la France, ou de l’Italie ou de l’Allemagne, ou plut
  
    1626
    n, si nos guerres sont au profit de l’Espagne, ou 
    
de

     la France, ou de l’Italie ou de l’Allemagne, ou plutôt pour la destru
  
    1627
     sont au profit de l’Espagne, ou de la France, ou 
    
de

     l’Italie ou de l’Allemagne, ou plutôt pour la destruction de tous ces
  
    1628
     de l’Espagne, ou de la France, ou de l’Italie ou 
    
de

     l’Allemagne, ou plutôt pour la destruction de tous ces pays.79   Curi
  
    1629
     ou de l’Allemagne, ou plutôt pour la destruction 
    
de

     tous ces pays.79   Curieusement, les grands pacifistes du xvie  siècl
  
    1630
    voir cherché dans un droit supranational le moyen 
    
de

     combattre la cause principale des guerres : l’arrogante et anarchique
  
    1631
    nte et Pierre Dubois, qui avaient vu la nécessité 
    
d’

    instaurer un pouvoir supérieur à celui des souverains nationaux, ils s
  
    1632
    celui des souverains nationaux, ils se contentent 
    
de

     vitupérer la guerre et de ridiculiser ses prétextes (voir plus loin É
  
    1633
    naux, ils se contentent de vitupérer la guerre et 
    
de

     ridiculiser ses prétextes (voir plus loin Érasme) au nom de la morale
  
    1634
    us loin Érasme) au nom de la morale chrétienne et 
    
de

     la raison. Quant aux juristes, en régression sur la coutume du Moyen 
  
    1635
    t à peine s’ils mentionnent encore la possibilité 
    
de

     l’arbitrage. Et quant aux penseurs politiques, loin de songer à conte
  
    1636
    ), dans sa Méthode pour faciliter la connaissance 
    
de

     l’histoire, publiée en 1566 à Paris, le genre humain forme une unité.
  
    1637
    s les royaumes, empires, tyrannies ou républiques 
    
de

     la terre sont réunis par un lien qui n’est pas autre chose que l’auto
  
    1638
     un lien qui n’est pas autre chose que l’autorité 
    
de

     la raison ou du droit des gens. D’où il résulte que ce monde est comm
  
    1639
    que l’autorité de la raison ou du droit des gens. 
    
D’

    où il résulte que ce monde est comme une grande cité et tous les homme
  
    1640
    ’ils sont tous de même sang et sous la protection 
    
d’

    une même raison. Mais parce que cet empire de la raison est dépourvu d
  
    1641
    tion d’une même raison. Mais parce que cet empire 
    
de

     la raison est dépourvu de contrainte, on ne saurait réunir en une seu
  
    1642
    is parce que cet empire de la raison est dépourvu 
    
de

     contrainte, on ne saurait réunir en une seule république toutes les n
  
    1643
    s à la seule réalité sérieuse, celle des États et 
    
de

     leurs luttes fratricides sans « raison », sans fin, sans merci. En ef
  
    1644
    même Jean Bodin dans sa République :  La grandeur 
    
d’

    un prince, à en bien parler, n’est autre chose que la ruine, ou diminu
  
    1645
    er, n’est autre chose que la ruine, ou diminution 
    
de

     ses voisins : et sa force n’est rien que la faiblesse d’autrui.  L’ég
  
    1646
    voisins : et sa force n’est rien que la faiblesse 
    
d’

    autrui.  L’égoïsme sacré serait donc le dernier mot de la sagesse poli
  
    1647
    trui.  L’égoïsme sacré serait donc le dernier mot 
    
de

     la sagesse politique ? Il en est bien ainsi, dès qu’on admet le princ
  
    1648
    Il en est bien ainsi, dès qu’on admet le principe 
    
de

     la souveraineté sans limites que s’arrogent un prince ou une républiq
  
    1649
    n prince ou une république. En regard de ce texte 
    
d’

    un ton machiavélien, citons cependant une page célèbre de Francisco Su
  
    1650
    n machiavélien, citons cependant une page célèbre 
    
de

     Francisco Suárez (1548-1617). Le grand jésuite espagnol ne se content
  
    1651
    17). Le grand jésuite espagnol ne se contente pas 
    
d’

    exalter la communauté du genre humain, mais suggère et implique l’idée
  
    1652
     du genre humain, mais suggère et implique l’idée 
    
d’

    un droit des gens, imposant sa réelle autorité à la prétendue potestas
  
    1653
     Cette unité est indiquée par le précepte naturel 
    
de

     l’amour mutuel et de la miséricorde, précepte qui s’étend à tous, mêm
  
    1654
    quée par le précepte naturel de l’amour mutuel et 
    
de

     la miséricorde, précepte qui s’étend à tous, même aux étrangers, de q
  
    1655
     précepte qui s’étend à tous, même aux étrangers, 
    
de

     quelque condition qu’ils soient. C’est pourquoi tout État souverain, 
  
    1656
    i et fermement assis, est néanmoins en même temps 
    
d’

    une certaine manière membre de cet univers, en tant qu’il regarde le g
  
    1657
    moins en même temps d’une certaine manière membre 
    
de

     cet univers, en tant qu’il regarde le genre humain. Jamais aucun État
  
    1658
    in. Jamais aucun État ne peut se suffire au point 
    
de

     n’avoir besoin d’aucun appui, d’association et de rapports mutuels, t
  
    1659
    tat ne peut se suffire au point de n’avoir besoin 
    
d’

    aucun appui, d’association et de rapports mutuels, tantôt pour son bie
  
    1660
    suffire au point de n’avoir besoin d’aucun appui, 
    
d’

    association et de rapports mutuels, tantôt pour son bien-être et pour 
  
    1661
    de n’avoir besoin d’aucun appui, d’association et 
    
de

     rapports mutuels, tantôt pour son bien-être et pour une fin d’utilité
  
    1662
    utuels, tantôt pour son bien-être et pour une fin 
    
d’

    utilité, tantôt à cause d’une nécessité et d’un besoin moral, comme il
  
    1663
    en-être et pour une fin d’utilité, tantôt à cause 
    
d’

    une nécessité et d’un besoin moral, comme il ressort de l’expérience m
  
    1664
     fin d’utilité, tantôt à cause d’une nécessité et 
    
d’

    un besoin moral, comme il ressort de l’expérience même. Il faut donc a
  
    1665
     nécessité et d’un besoin moral, comme il ressort 
    
de

     l’expérience même. Il faut donc aux États un droit qui les dirige et 
  
    1666
    oit qui les dirige et les gouverne, dans ce genre 
    
de

     communauté et de société. Sans doute à ce point de vue la raison natu
  
    1667
    e et les gouverne, dans ce genre de communauté et 
    
de

     société. Sans doute à ce point de vue la raison naturelle fait beauco
  
    1668
    s n’avons donc trouvé que peu de pages témoignant 
    
d’

    une conscience européenne comme telle. Deux textes cependant méritent 
  
    1669
    éenne comme telle. Deux textes cependant méritent 
    
d’

    être cités. Ils montrent à quel point la vision des penseurs de ce tem
  
    1670
     Ils montrent à quel point la vision des penseurs 
    
de

     ce temps est naturellement européenne, en ce sens qu’elle ne cesse de
  
    1671
    rellement européenne, en ce sens qu’elle ne cesse 
    
de

     comparer entre elles nos diverses nations comme parties d’un tout imp
  
    1672
    er entre elles nos diverses nations comme parties 
    
d’

    un tout implicite. Mais ils montrent aussi combien, à cette époque, la
  
    1673
    chez les autres, loin de conduire à la conscience 
    
d’

    une politique positive, visant à juguler l’anarchie des États. Voici d
  
    1674
    ie des États. Voici d’abord des pages peu connues 
    
de

     Machiavel (1469-1527), tirées de son Art de la guerre 82. Il y dévelo
  
    1675
    ages peu connues de Machiavel (1469-1527), tirées 
    
de

     son Art de la guerre 82. Il y développe une thèse que l’on a vue plus
  
    1676
    nnues de Machiavel (1469-1527), tirées de son Art 
    
de

     la guerre 82. Il y développe une thèse que l’on a vue plus haut esqui
  
    1677
    pe :  Vous savez que l’Europe célèbre la renommée 
    
d’

    innombrables grands hommes qui se sont illustrés à la guerre. L’Afriqu
  
    1678
     et l’Asie encore moins. Cette différence résulte 
    
de

     ce que, dans ces deux dernières parties du monde, il n’y eut qu’une o
  
    1679
    urage, que lorsque l’État les emploie ou les tire 
    
de

     leur obscurité, qu’ils vivent dans une monarchie ou dans une républiq
  
    1680
    narchie ou dans une république. Ainsi plus il y a 
    
d’

    États, plus il y a de grands hommes. Ils sont plus rares à mesure que 
  
    1681
    épublique. Ainsi plus il y a d’États, plus il y a 
    
de

     grands hommes. Ils sont plus rares à mesure que le nombre des États d
  
    1682
    e ; on ne peut guère trouver d’autres noms dignes 
    
de

     leur être comparés. Et sans parler de l’ancienne Égypte, l’Afrique no
  
    1683
    noms dignes de leur être comparés. Et sans parler 
    
de

     l’ancienne Égypte, l’Afrique nomme ses Massinissa, ses Jugurtha, et l
  
    1684
    ses Jugurtha, et les capitaines que la république 
    
de

     Carthage a élevés dans son sein. Cependant ces guerriers illustres so
  
    1685
    res sont bien peu nombreux en comparaison de ceux 
    
de

     l’Europe : c’est en Europe en effet que l’on voit briller sans nombre
  
    1686
    cé le nom ; car l’époque où les vertus ont brillé 
    
d’

    un plus grand éclat, est celle où il s’est trouvé le plus d’États à le
  
    1687
    grand éclat, est celle où il s’est trouvé le plus 
    
d’

    États à les favoriser, poussés par la nécessité ou par toute autre pas
  
    1688
    e passion humaine. Ainsi l’Asie ne compte que peu 
    
d’

    hommes illustres. Cette immense contrée où dominait pour ainsi dire un
  
    1689
    régnait trop souvent, ne pouvait enfanter que peu 
    
d’

    hommes illustres. Il en est allé de même en Afrique. Cependant cette c
  
    1690
    lques grands hommes de plus grâce à la république 
    
de

     Carthage. Car les grands hommes sont plus nombreux dans une républiqu
  
    1691
    ouffer. Que si l’on considère toutes les contrées 
    
de

     l’Europe, on constate qu’elles furent remplies d’une foule de républi
  
    1692
    de l’Europe, on constate qu’elles furent remplies 
    
d’

    une foule de républiques et de principautés qui, vivant dans la craint
  
    1693
     on constate qu’elles furent remplies d’une foule 
    
de

     républiques et de principautés qui, vivant dans la crainte continuell
  
    1694
    les furent remplies d’une foule de républiques et 
    
de

     principautés qui, vivant dans la crainte continuelle les unes des aut
  
    1695
    continuelle les unes des autres, ont été obligées 
    
de

     conserver leurs institutions militaires et de combler d’honneurs ceux
  
    1696
    ées de conserver leurs institutions militaires et 
    
de

     combler d’honneurs ceux qui se distinguaient dans l’art de la guerre.
  
    1697
    erver leurs institutions militaires et de combler 
    
d’

    honneurs ceux qui se distinguaient dans l’art de la guerre. En effet, 
  
    1698
    r d’honneurs ceux qui se distinguaient dans l’art 
    
de

     la guerre. En effet, en Grèce, sans compter le royaume de Macédoine, 
  
    1699
    erre. En effet, en Grèce, sans compter le royaume 
    
de

     Macédoine, il y avait de nombreuses républiques qui toutes ont eu des
  
    1700
     sans compter le royaume de Macédoine, il y avait 
    
de

     nombreuses républiques qui toutes ont eu des hommes remarquables. L’I
  
    1701
    norent que le vainqueur. Il n’est pas raisonnable 
    
de

     croire que pendant les cent-cinquante années où les Samnites et les T
  
    1702
    tes et les Toscans combattirent les Romains avant 
    
d’

    être vaincus, ils n’aient pas donné le jour à de nombreux hommes illus
  
    1703
    t d’être vaincus, ils n’aient pas donné le jour à 
    
de

     nombreux hommes illustres. Il en a été de même dans les Gaules et dan
  
    1704
    courage que les historiens n’ont pas célébré chez 
    
de

     simples citoyens, ils l’ont du moins loué chez les peuples dont ils p
  
    1705
    re la liberté. Puisqu’il est vrai que plus il y a 
    
d’

    empires, plus on voit de grands hommes se distinguer, il s’ensuit néce
  
    1706
     est vrai que plus il y a d’empires, plus on voit 
    
de

     grands hommes se distinguer, il s’ensuit nécessairement qu’empêcher l
  
    1707
    ’est étouffer peu à peu la vertu que l’on empêche 
    
de

     se manifester dans les actions de ceux qu’elle inspire. Ainsi, lorsqu
  
    1708
    ue l’on empêche de se manifester dans les actions 
    
de

     ceux qu’elle inspire. Ainsi, lorsque l’Empire romain au faîte de sa g
  
    1709
     inspire. Ainsi, lorsque l’Empire romain au faîte 
    
de

     sa grandeur eut vaincu toutes les républiques et toutes les monarchie
  
    1710
    u toutes les républiques et toutes les monarchies 
    
de

     l’Europe, de l’Afrique, et la plupart de celles de l’Asie, Rome resta
  
    1711
    républiques et toutes les monarchies de l’Europe, 
    
de

     l’Afrique, et la plupart de celles de l’Asie, Rome resta la seule car
  
    1712
    e l’Europe, de l’Afrique, et la plupart de celles 
    
de

     l’Asie, Rome resta la seule carrière ouverte au courage. Et les grand
  
    1713
    qu’en Asie. La vertu tomba alors au dernier degré 
    
de

     l’abaissement. Car limitée comme elle l’était pour ainsi dire à Rome 
  
    1714
    des Scythes vinrent et se partagèrent l’empire en 
    
de

     nombreux États, mais la vertu n’a pu y renaître : d’abord, parce qu’i
  
    1715
    u y renaître : d’abord, parce qu’il est difficile 
    
de

     faire revivre des institutions entièrement viciées, et, ensuite parce
  
    1716
    e sont telles que l’homme n’a plus le même besoin 
    
de

     se défendre qu’autrefois. On tuait alors les vaincus ou on les livrai
  
    1717
    it les habitants ; et, après les avoir dépouillés 
    
de

     leurs biens on les dispersait dans tout l’univers. Les vaincus suppor
  
    1718
    ette terreur toujours renaissante auraient craint 
    
de

     négliger leurs institutions militaires et ils honoraient donc tous ce
  
    1719
    raindre qu’on les détruise. On conserve les biens 
    
de

     leurs habitants et le plus grand malheur qu’elles aient à redouter, c
  
    1720
    us grand malheur qu’elles aient à redouter, c’est 
    
de

     payer des contributions. Les hommes répugnent à se soumettre aux obli
  
    1721
    Par comparaison d’ailleurs, les diverses contrées 
    
de

     l’Europe ont bien peu de chefs aujourd’hui. En effet, la France entiè
  
    1722
     L’Espagne également. L’Italie est divisée en peu 
    
d’

    États ; de sorte que les villes faibles se défendent en s’attachant au
  
    1723
    our ses saints, et ne la mettait que par la grâce 
    
d’

    eux seuls au-dessus des nations du Proche-Orient ! (Car c’est au Proch
  
    1724
    e compte, la raison et la liberté, voici l’auteur 
    
de

     l’Éloge de la Folie et du traité Dulce bellum inexpertis (« La guerre
  
    1725
    a raison et la liberté, voici l’auteur de l’Éloge 
    
de

     la Folie et du traité Dulce bellum inexpertis (« La guerre est douce 
  
    1726
    n’est pas lui qui nommerait « excellent » l’homme 
    
d’

    armes, qu’il tient plutôt pour une apparition monstrueuse et qui répug
  
    1727
    guerrier furieux… Je t’ai imaginé comme un animal 
    
d’

    un certain caractère divin.83 » Érasme est le type même de ces grands 
  
    1728
    tain caractère divin.83 » Érasme est le type même 
    
de

     ces grands hommes du xvie  siècle qui ne parlent pas de l’Europe parc
  
    1729
     grands hommes du xvie  siècle qui ne parlent pas 
    
de

     l’Europe parce qu’en somme ils ne voient rien qu’elle. Ce Hollandais 
  
    1730
    n somme ils ne voient rien qu’elle. Ce Hollandais 
    
de

     naissance a vécu à Bruxelles, à Paris, en Angleterre et en Suisse, et
  
    1731
    il a visité l’Italie et l’Allemagne. On a pu dire 
    
de

     lui que « s’il avait une patrie, c’était l’Europe » (Lange). Par tout
  
    1732
    oute sa vie et ses travaux, par toutes les fibres 
    
de

     son être, il a bien mérité le titre de « premier Européen », sinon pa
  
    1733
    les fibres de son être, il a bien mérité le titre 
    
de

     « premier Européen », sinon par l’intention, du moins par le fait. De
  
    1734
    n », sinon par l’intention, du moins par le fait. 
    
De

     sa Querela pacis 84, voici quelques pages qui résument ses idées sur 
  
    1735
    ur le nationalisme naissant :  XXXIV. — On rougit 
    
de

     rappeler pour quels motifs honteux ou frivoles les princes chrétiens 
  
    1736
     prend pour prétexte un point omis dans un traité 
    
de

     cent chapitres. Celui-ci a un ressentiment contre celui-là au sujet d
  
    1737
    lui-ci a un ressentiment contre celui-là au sujet 
    
d’

    une fiancée refusée ou enlevée ou de quelque raillerie un peu trop lib
  
    1738
    i-là au sujet d’une fiancée refusée ou enlevée ou 
    
de

     quelque raillerie un peu trop libre ; et, le comble de l’infamie, c’e
  
    1739
    elque raillerie un peu trop libre ; et, le comble 
    
de

     l’infamie, c’est qu’il y a des princes qui, sentant leur autorité fai
  
    1740
    nces qui, sentant leur autorité faiblir par suite 
    
d’

    une paix trop longue et de l’union de leurs sujets, s’entendent en sec
  
    1741
    orité faiblir par suite d’une paix trop longue et 
    
de

     l’union de leurs sujets, s’entendent en secret, de façon diabolique, 
  
    1742
    ir par suite d’une paix trop longue et de l’union 
    
de

     leurs sujets, s’entendent en secret, de façon diabolique, avec les au
  
    1743
    e l’union de leurs sujets, s’entendent en secret, 
    
de

     façon diabolique, avec les autres princes qui, lorsque le prétexte es
  
    1744
    t la guerre, afin de tout diviser par la discorde 
    
de

     ceux qui vivaient étroitement unis et de dépouiller le malheureux peu
  
    1745
    discorde de ceux qui vivaient étroitement unis et 
    
de

     dépouiller le malheureux peuple, grâce à cette autorité sans frein qu
  
    1746
    e pour opprimer leurs États. Et ceux qui agissent 
    
de

     cette manière sont considérés comme des chrétiens ? Ainsi souillés de
  
    1747
    t considérés comme des chrétiens ? Ainsi souillés 
    
de

     sang osent-ils entrer dans les Églises et s’approcher des autels ? Ô 
  
    1748
    procher des autels ? Ô fléaux des nations, dignes 
    
d’

    être déportés dans les îles les plus éloignées ! S’ils sont les membre
  
    1749
     îles les plus éloignées ! S’ils sont les membres 
    
d’

    un seul corps chrétien, pourquoi chacun d’eux ne s’estime-t-il pas heu
  
    1750
    membres d’un seul corps chrétien, pourquoi chacun 
    
d’

    eux ne s’estime-t-il pas heureux du bonheur de l’autre ? XXXVI. — Aujo
  
    1751
    cun d’eux ne s’estime-t-il pas heureux du bonheur 
    
de

     l’autre ? XXXVI. — Aujourd’hui le voisinage d’un royaume un peu trop 
  
    1752
    ur de l’autre ? XXXVI. — Aujourd’hui le voisinage 
    
d’

    un royaume un peu trop florissant est presque un motif légitime de gue
  
    1753
    peu trop florissant est presque un motif légitime 
    
de

     guerre. En effet, si nous voulons être justes, quelle autre cause a p
  
    1754
     sinon le fait que ce pays est le plus florissant 
    
de

     tous ? Nul ne possède une étendue plus vaste ; nulle part le Sénat n’
  
    1755
     l’Académie plus célèbre ; aucun ne jouit de plus 
    
de

     concorde et par cela même de plus de pouvoir. Nulle part les lois ne 
  
    1756
    ouit de plus de concorde et par cela même de plus 
    
de

     pouvoir. Nulle part les lois ne sont mieux appliquées et, en ce qui c
  
    1757
     ou les Espagnols. L’Allemagne, pour ne rien dire 
    
de

     la Bohême, est divisée en une foule de royaumes et on ne voit cependa
  
    1758
     rien dire de la Bohême, est divisée en une foule 
    
de

     royaumes et on ne voit cependant chez elle nulle ombre d’autorité. Se
  
    1759
    mes et on ne voit cependant chez elle nulle ombre 
    
d’

    autorité. Seule la France, fleur intacte du royaume du Christ, est son
  
    1760
    hasard quelque orage survient, elle sera attaquée 
    
de

     toutes les façons, assaillie par toutes les ruses de ceux qui la boul
  
    1761
    toutes les façons, assaillie par toutes les ruses 
    
de

     ceux qui la bouleversent, pour le seul plaisir de se féliciter de l’o
  
    1762
    de ceux qui la bouleversent, pour le seul plaisir 
    
de

     se féliciter de l’orage qu’ils auront provoqué. Et après cela, peut-o
  
    1763
    ouleversent, pour le seul plaisir de se féliciter 
    
de

     l’orage qu’ils auront provoqué. Et après cela, peut-on dire que ces h
  
    1764
    après cela, peut-on dire que ces hommes jouissent 
    
de

     la moindre parcelle de l’esprit chrétien ? LV. — La guerre, qui est l
  
    1765
    e que ces hommes jouissent de la moindre parcelle 
    
de

     l’esprit chrétien ? LV. — La guerre, qui est la chose la plus dangere
  
    1766
     soit, ne doit être faite qu’avec le consentement 
    
de

     toute la nation. Il faut supprimer les causes de la guerre dès qu’ell
  
    1767
     de toute la nation. Il faut supprimer les causes 
    
de

     la guerre dès qu’elles se manifestent… LVII. — Mais, si la guerre, ce
  
    1768
    r les Turcs ? Il serait, naturellement préférable 
    
de

     convertir les Turcs au christianisme, par la persuasion, par les bien
  
    1769
    a persuasion, par les bienfaits, et par l’exemple 
    
d’

    une vie pure, plutôt que par les armes : cependant, si la guerre est a
  
    1770
    uaient entre eux. Si l’amour réciproque n’est pas 
    
de

     nature à les unir, que du moins ils soient unis contre l’ennemi commu
  
    1771
    seule à les diviser à ce point et le titre commun 
    
d’

    hommes et de chrétiens ne peut pas les unir ! Pourquoi une chose de si
  
    1772
    diviser à ce point et le titre commun d’hommes et 
    
de

     chrétiens ne peut pas les unir ! Pourquoi une chose de si peu d’impor
  
    1773
    rétiens ne peut pas les unir ! Pourquoi une chose 
    
de

     si peu d’importance agit-elle avec plus de force sur eux que les lien
  
    1774
     peut pas les unir ! Pourquoi une chose de si peu 
    
d’

    importance agit-elle avec plus de force sur eux que les liens de la na
  
    1775
     chose de si peu d’importance agit-elle avec plus 
    
de

     force sur eux que les liens de la nature et du Christ ? La distance d
  
    1776
    git-elle avec plus de force sur eux que les liens 
    
de

     la nature et du Christ ? La distance d’un pays à l’autre sépare les c
  
    1777
    les liens de la nature et du Christ ? La distance 
    
d’

    un pays à l’autre sépare les corps et non les âmes. Jadis le Rhin sépa
  
    1778
     des Français, mais elle ne peut rompre les liens 
    
de

     la société du Christ. L’apôtre Paul s’indigna un jour, en entendant d
  
    1779
    uis Paulicien. Il ne permit pas des dénominations 
    
de

     ce genre qui eussent pu blesser le Christ, le conciliateur de toute c
  
    1780
    qui eussent pu blesser le Christ, le conciliateur 
    
de

     toute chose. Et nous considérons cette dissemblance de noms communs à
  
    1781
    ute chose. Et nous considérons cette dissemblance 
    
de

     noms communs à chaque pays, comme un motif suffisant pour que les nat
  
    1782
    pas applaudir à ces sarcasmes contre les « causes 
    
de

     guerre », alléguées par les « princes » ? Mais comment ne pas voir, e
  
    1783
    as voir, en même temps, qu’en se faisant l’avocat 
    
d’

    une cristallisation des frontières et d’une sorte de « nationalisation
  
    1784
     l’avocat d’une cristallisation des frontières et 
    
d’

    une sorte de « nationalisation » des princes, de même qu’en proposant 
  
    1785
    une cristallisation des frontières et d’une sorte 
    
de

     « nationalisation » des princes, de même qu’en proposant que la guerr
  
    1786
    la guerre ne soit faite « qu’avec le consentement 
    
de

     toute la nation », loin de « supprimer les causes de guerre », Érasme
  
    1787
    toute la nation », loin de « supprimer les causes 
    
de

     guerre », Érasme fait le jeu de ces forces collectives et régressives
  
    1788
    primer les causes de guerre », Érasme fait le jeu 
    
de

     ces forces collectives et régressives dont l’avenir devait révéler qu
  
    1789
    r la guerre aux Turcs, il en vient enfin à l’idée 
    
d’

    un Pouvoir supranational : il ne peut toutefois l’imaginer qu’à l’inst
  
    1790
    outefois l’imaginer qu’à l’instar de la Monarchie 
    
de

     Dante, qui lui semble idéale mais utopique ; il faut donc se rabattre
  
    1791
    uilibre plus ou moins fédératif des puissances :  
    
D’

    aucuns sont effrayés par le mot de Monarchie universelle, que certains
  
    1792
    s puissances :  D’aucuns sont effrayés par le mot 
    
de

     Monarchie universelle, que certains paraissent ambitionner… Certes, l
  
    1793
    œurs des hommes étant ce qu’elles sont, les États 
    
de

     grandeur moyenne (moderata imperia) sont les plus sûrs, s’ils sont un
  
    1794
    pactes chrétiens.  Cependant, à l’autre extrémité 
    
de

     l’Europe, en Scandinavie, une voix de rude bon sens s’élève contre l’
  
    1795
    e extrémité de l’Europe, en Scandinavie, une voix 
    
de

     rude bon sens s’élève contre l’exaltation machiavélienne de la virtù 
  
    1796
    n sens s’élève contre l’exaltation machiavélienne 
    
de

     la virtù guerrière. C’est celle du réformateur de la Suède, Olaus Pet
  
    1797
    de la virtù guerrière. C’est celle du réformateur 
    
de

     la Suède, Olaus Petri (1497-1552), qui fut le chancelier du roi Gusta
  
    1798
    ncelier du roi Gustav Vasa, et le premier pasteur 
    
de

     Stockholm :  Nos chroniques suédoises font grand honneur à nos ancêtr
  
    1799
    rangers. Mais si l’on y réfléchit, il y avait peu 
    
d’

    honneur en tout cela… Loue qui veut les anciens Goths : ceux qui euren
  
    1800
    e les louèrent pas, mais les appelèrent une horde 
    
de

     bandits et de tyrans, pour avoir pillé et brûlé campagnes et cités, e
  
    1801
     pas, mais les appelèrent une horde de bandits et 
    
de

     tyrans, pour avoir pillé et brûlé campagnes et cités, et privé de leu
  
    1802
    avoir pillé et brûlé campagnes et cités, et privé 
    
de

     leurs biens et de leur vie des centaines de milliers d’hommes. Tel fu
  
    1803
    lé campagnes et cités, et privé de leurs biens et 
    
de

     leur vie des centaines de milliers d’hommes. Tel fut leur courage tan
  
    1804
    privé de leurs biens et de leur vie des centaines 
    
de

     milliers d’hommes. Tel fut leur courage tant vanté, ainsi que les chr
  
    1805
    rs biens et de leur vie des centaines de milliers 
    
d’

    hommes. Tel fut leur courage tant vanté, ainsi que les chroniques le f
  
    1806
    us jamais les réparer. Celui qui pense s’acquérir 
    
de

     l’honneur par l’incendie, le meurtre et la guerre devrait pouvoir se 
  
    1807
     meurtre et la guerre devrait pouvoir se réclamer 
    
d’

    une juste cause, sinon l’on verra que c’est une grossière brutalité, n
  
    1808
     courage, qui l’anime.86      75. Dans son Abrégé 
    
de

     cosmographie, cité par Moreri, et d’après la présentation que Christi
  
    1809
    n du siècle que la Réforme a provoqué une rupture 
    
de

     l’« unité des peuples et des princes » dans « une Europe autrefois to
  
    1810
    e.  77.  Relectiones theologicæ tredecim, édition 
    
de

     Venise, 1626.  78. On trouvera le texte entier de ce passage de Monte
  
    1811
    de Venise, 1626.  78. On trouvera le texte entier 
    
de

     ce passage de Montesquieu, p. 132.  79. Au Connétable de Castille, 19
  
    1812
    6.  78. On trouvera le texte entier de ce passage 
    
de

     Montesquieu, p. 132.  79. Au Connétable de Castille, 19 novembre 1536
  
    1813
    assage de Montesquieu, p. 132.  79. Au Connétable 
    
de

     Castille, 19 novembre 1536.  80. « On y pourrait ajouter (à ces cause
  
    1814
     1536.  80. « On y pourrait ajouter (à ces causes 
    
de

     guerre) la religion — écrira Émeric Crucé —, si l’expérience n’eût fa
  
    1815
    n’eût fait connaître qu’elle sert le plus souvent 
    
de

     prétexte. »  81.  Tractatus de legibus ac de Deo legislatores, II, XI
  
    1816
    rt le plus souvent de prétexte. »  81.  Tractatus 
    
de

     legibus ac de Deo legislatores, II, XIX, 9, publié à Anvers en 1614, 
  
    1817
    vent de prétexte. »  81.  Tractatus de legibus ac 
    
de

     Deo legislatores, II, XIX, 9, publié à Anvers en 1614, mais composé à
  
    1818
    Sur l’idée européenne chez Machiavel, cf. l’essai 
    
de

     C. Curcio in Macchiavelli nel Risorgimento, Milan, 1953.  83.  Dulce 
  
    1819
    15, dédiée au jeune Charles-Quint, dont il venait 
    
d’

    être nommé conseiller, Érasme écrivait, non sans une profonde ironie :
  
    1820
    ns une profonde ironie : Faisons d’abord en sorte 
    
d’

    être nous-mêmes chrétiens sincères ; puis, si cela est acquis, alors a
  
    1821
    cela est acquis, alors attaquons les Turcs.   86. 
    
De

     la chronique suédoise du xvie  siècle, d’Olaf Petri.    
  
    1822
    .   86. De la chronique suédoise du xvie  siècle, 
    
d’

    Olaf Petri.

6 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Deuxième partie. Prises de conscience européennes.  De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre,  (xive
          au xixe
          siècle) — 4. « Têtes de Turcs »
    1823
      4.« Têtes 
    
de

     Turcs »   Nous avons dit, au reste, que le xvie  siècle n’apporte rie
  
    1824
    dit, au reste, que le xvie  siècle n’apporte rien 
    
de

     neuf quant à l’union de l’Europe : il n’y penserait plus sans les Tur
  
    1825
    ie  siècle n’apporte rien de neuf quant à l’union 
    
de

     l’Europe : il n’y penserait plus sans les Turcs. Ceux-ci ont certes a
  
    1826
    nt certes assiégé Vienne en 1552, au grand effroi 
    
de

     la chrétienté. Mais don Juan d’Autriche a battu leur flotte à Lépante
  
    1827
     voit-on pas que les guerres intestines font plus 
    
de

     mal à l’Europe que le Turc ? Peut-être, mais on n’ose appeler l’union
  
    1828
    n’ose appeler l’union qu’en se réclamant du mythe 
    
de

     la croisade, levier traditionnel, cause bien vue par les princes. Ain
  
    1829
    Bruges en 1540, après avoir vécu à Louvain auprès 
    
d’

    Érasme, puis en Angleterre au service d’Henry VIII) se persuade que po
  
    1830
    in auprès d’Érasme, puis en Angleterre au service 
    
d’

    Henry VIII) se persuade que pour pacifier l’Europe, il suffirait de co
  
    1831
    persuade que pour pacifier l’Europe, il suffirait 
    
de

     convaincre quelques princes et leurs conseillers. À cette fin, il écr
  
    1832
     fin, il écrit au pape :  Ce qu’on attend d’abord 
    
de

     toi, c’est de faire la paix entre les princes… Dis que la guerre entr
  
    1833
     au pape :  Ce qu’on attend d’abord de toi, c’est 
    
de

     faire la paix entre les princes… Dis que la guerre entre chrétiens es
  
    1834
    a absolument, comme une dispute entre les membres 
    
d’

    un même corps.87   Cette exhortation étant restée sans effets, il reco
  
    1835
    vrage le plus connu porte un titre significatif : 
    
De

     Europæ Dissidiis et Bello Turcico Dialogus. Vives y reprend, après Ma
  
    1836
    et tant d’autres Renaissants, le vieux thème grec 
    
de

     l’opposition Asie-Europe :   Aristote, grand sectateur de la sagesse,
  
    1837
    osition Asie-Europe :   Aristote, grand sectateur 
    
de

     la sagesse, et avec lui beaucoup d’autres grands hommes qui se sont d
  
    1838
    nds hommes qui se sont dédiés à l’étude fatigante 
    
de

     la Nature et des causes des choses, nous ont tous confirmé que la rac
  
    1839
    par le courage et la force, mais il en va de même 
    
de

     ses bêtes sauvages. Les lions nés en Europe ont plus de courage que l
  
    1840
     bêtes sauvages. Les lions nés en Europe ont plus 
    
de

     courage que les lions puniques ; cela vaut également pour les chiens,
  
    1841
    ns, les loups et les autres animaux, quoique ceux 
    
de

     l’Afrique semblent avoir plus de férocité… La discorde de l’Europe, n
  
    1842
    ux, quoique ceux de l’Afrique semblent avoir plus 
    
de

     férocité… La discorde de l’Europe, notamment celle qui s’enflamma ent
  
    1843
    ique semblent avoir plus de férocité… La discorde 
    
de

     l’Europe, notamment celle qui s’enflamma entre les princes de Constan
  
    1844
     notamment celle qui s’enflamma entre les princes 
    
de

     Constantinople, a livré l’Asie aux mains des Turcs ; elle leur a ouve
  
    1845
    x mains des Turcs ; elle leur a ouvert les portes 
    
de

     la Thrace. Par la suite, les dissensions entre les rois de l’Europe e
  
    1846
    ace. Par la suite, les dissensions entre les rois 
    
de

     l’Europe et les guerres naissant l’une de l’autre comme les têtes de 
  
    1847
    es rois de l’Europe et les guerres naissant l’une 
    
de

     l’autre comme les têtes de l’hydre ont encouragé les Turcs à s’étendr
  
    1848
    guerres naissant l’une de l’autre comme les têtes 
    
de

     l’hydre ont encouragé les Turcs à s’étendre sur l’Europe plus largeme
  
    1849
     Parfois l’art arrive à corriger quelques défauts 
    
de

     la Nature, mais il n’en supprime pas la racine ; et quand l’art recul
  
    1850
    siatiques. L’adversité révélerait ce qu’une série 
    
de

     succès ininterrompue a caché, et ferait voir en toute clarté que les 
  
    1851
    en toute clarté que les Turcs ne furent pas forts 
    
de

     leur propre force et courage, mais de vos erreurs. … Les chrétiens po
  
    1852
    t pas forts de leur propre force et courage, mais 
    
de

     vos erreurs. … Les chrétiens possèdent encore la part la plus solide 
  
    1853
    chrétiens possèdent encore la part la plus solide 
    
de

     l’Europe : l’Allemagne. Qu’ils cessent de se combattre, sinon ils son
  
    1854
     solide de l’Europe : l’Allemagne. Qu’ils cessent 
    
de

     se combattre, sinon ils sont perdus. Qu’ils fortifient l’Allemagne, o
  
    1855
    ravaillent en commun pour que le Turc ne s’empare 
    
de

     l’Allemagne ; sinon il n’y a plus d’espoir que tout l’Occident ne tom
  
    1856
     ne s’empare de l’Allemagne ; sinon il n’y a plus 
    
d’

    espoir que tout l’Occident ne tombe au pouvoir des Turcs, et que ceux 
  
    1857
    be au pouvoir des Turcs, et que ceux qui refusent 
    
de

     vivre sous ce joug, n’émigrent en grandes flottes vers le Nouveau Mon
  
    1858
     là même, ils ne seront pas à l’abri des attaques 
    
de

     ce tyran piqué par le taon de l’avidité et de l’ambition. Quelle redo
  
    1859
    l’abri des attaques de ce tyran piqué par le taon 
    
de

     l’avidité et de l’ambition. Quelle redoute pourrions-nous encore lui 
  
    1860
    ues de ce tyran piqué par le taon de l’avidité et 
    
de

     l’ambition. Quelle redoute pourrions-nous encore lui opposer s’il s’e
  
    1861
    pourrions-nous encore lui opposer s’il s’emparait 
    
de

     l’Allemagne ? Tout autre obstacle serait un château de cartes. Il est
  
    1862
    Allemagne ? Tout autre obstacle serait un château 
    
de

     cartes. Il est douloureux d’avoir à dire que seule la faiblesse pourr
  
    1863
    le serait un château de cartes. Il est douloureux 
    
d’

    avoir à dire que seule la faiblesse pourrait être opposée au souverain
  
    1864
    e la faiblesse pourrait être opposée au souverain 
    
de

     l’Allemagne et d’un si grand nombre de races et de royaumes. Il est v
  
    1865
    rrait être opposée au souverain de l’Allemagne et 
    
d’

    un si grand nombre de races et de royaumes. Il est vrai que l’Europe e
  
    1866
     souverain de l’Allemagne et d’un si grand nombre 
    
de

     races et de royaumes. Il est vrai que l’Europe est très forte ; mais 
  
    1867
    e l’Allemagne et d’un si grand nombre de races et 
    
de

     royaumes. Il est vrai que l’Europe est très forte ; mais de quoi cela
  
    1868
    s. Il est vrai que l’Europe est très forte ; mais 
    
de

     quoi cela lui servirait-il, si le Turc possédait la meilleure partie 
  
    1869
    rait-il, si le Turc possédait la meilleure partie 
    
de

     l’Europe ?  Vives rejoint ici l’opinion d’un autre champion de la rés
  
    1870
    partie de l’Europe ?  Vives rejoint ici l’opinion 
    
d’

    un autre champion de la résistance aux Turcs, Gaspard Peucer (1525-160
  
    1871
      Vives rejoint ici l’opinion d’un autre champion 
    
de

     la résistance aux Turcs, Gaspard Peucer (1525-1602), savant allemand,
  
    1872
    spard Peucer (1525-1602), savant allemand, gendre 
    
de

     Melanchton, dont il partageait la conviction que seule la pulchra con
  
    1873
    eait la conviction que seule la pulchra coniuncto 
    
de

     l’Allemagne, de la France et de l’Italie serait capable de sauver l’E
  
    1874
    on que seule la pulchra coniuncto de l’Allemagne, 
    
de

     la France et de l’Italie serait capable de sauver l’Europe. C’est en 
  
    1875
    pulchra coniuncto de l’Allemagne, de la France et 
    
de

     l’Italie serait capable de sauver l’Europe. C’est en s’appuyant avant
  
    1876
    magne, de la France et de l’Italie serait capable 
    
de

     sauver l’Europe. C’est en s’appuyant avant tout sur les Allemagnes qu
  
    1877
    ces luthériens entrevoyaient la création possible 
    
d’

    une respublica cristiana en Europe, c’est-à-dire une confédération ant
  
    1878
    édération antipapale et anti-impériale à la fois. 
    
De

     son côté, Vives dans un écrit complémentaire à celui qu’on vient de c
  
    1879
    rit complémentaire à celui qu’on vient de citer : 
    
De

     Concordia et Discordia in Humano Genere 89 dit la nécessité d’une « r
  
    1880
    et Discordia in Humano Genere 89 dit la nécessité 
    
d’

    une « reconstruction générale de l’Europe », mais n’en décrit pas les 
  
    1881
     dit la nécessité d’une « reconstruction générale 
    
de

     l’Europe », mais n’en décrit pas les moyens : les « grands desseins »
  
    1882
    s plus tard :  Dès lors, dans une série si longue 
    
de

     guerres qui sont nées l’une de l’autre par une fécondité incroyable, 
  
    1883
    ne série si longue de guerres qui sont nées l’une 
    
de

     l’autre par une fécondité incroyable, toute l’Europe a souffert des d
  
    1884
    s et aura besoin, dans presque tous les domaines, 
    
d’

    une grande et quasi universelle reconstruction ; mais de nulle autre c
  
    1885
    grande et quasi universelle reconstruction ; mais 
    
de

     nulle autre chose la nécessité n’est plus pressante, que d’une immédi
  
    1886
    utre chose la nécessité n’est plus pressante, que 
    
d’

    une immédiate réconciliation et concorde, qui s’étendent et se communi
  
    1887
    ensemble, peuvent en quatre ans chasser les Turcs 
    
de

     l’Europe. La Noue propose une confédération entre les princes chrétie
  
    1888
    s chrétiens réunis à Augsbourg sous la présidence 
    
de

     l’empereur :  Ayant basti une telle confédération, il conviendrait en
  
    1889
    ons expediens pour la continuer au moins l’espace 
    
de

     quatre années.  Projet modeste, en vérité, mais qui n’en eut pas plus
  
    1890
    et modeste, en vérité, mais qui n’en eut pas plus 
    
de

     suites. Il convient de citer enfin dans ce contexte Guillaume Postel 
  
    1891
    mais qui n’en eut pas plus de suites. Il convient 
    
de

     citer enfin dans ce contexte Guillaume Postel (1510-1581), humaniste 
  
    1892
    talien, en latin et traduit les Saintes Écritures 
    
de

     l’hébreu et du grec en arabe.) Postel croit à la Monarchie universell
  
    1893
     mahométans ou « Ismaéliens », par la propagation 
    
d’

    un « christianisme raisonnable ». Cela fait, quand tous seront un :  D
  
    1894
    e, un seul prince… meilleure image du Dieu unique 
    
d’

    où procède l’ordre du monde.  Un tel monarque universel ne saurait êtr
  
    1895
    oi de France, puisque ce roi descend du fils aîné 
    
de

     Japhet, Gomer, fondateur de la race gallique au témoignage de Josèphe
  
    1896
     descend du fils aîné de Japhet, Gomer, fondateur 
    
de

     la race gallique au témoignage de Josèphe… Toutefois, Postel est loin
  
    1897
    omer, fondateur de la race gallique au témoignage 
    
de

     Josèphe… Toutefois, Postel est loin de se regarder comme un impériali
  
    1898
    rder comme un impérialiste « gaulois ». Dans l’un 
    
de

     ses livres intitulé La République des Turcs (1560), il se nomme au co

7 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Deuxième partie. Prises de conscience européennes.  De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre,  (xive
          au xixe
          siècle) — 5. Les grands desseins du xviie
          siècle
    1899
    siècle   C’est au xviie  siècle qu’il appartenait 
    
de

     tirer certaines conclusions constructives, à la fois philosophiques e
  
    1900
    s et proprement politiques, du grand remue-ménage 
    
de

     la Renaissance et de la Réforme. Quatre plans de vaste envergure appo
  
    1901
    iques, du grand remue-ménage de la Renaissance et 
    
de

     la Réforme. Quatre plans de vaste envergure apportent leur contributi
  
    1902
     de la Renaissance et de la Réforme. Quatre plans 
    
de

     vaste envergure apportent leur contribution à cet effort de mise en o
  
    1903
    nvergure apportent leur contribution à cet effort 
    
de

     mise en ordre, qui semble bien avoir été la devise du siècle. Nous le
  
    1904
    ous leur découvrons, après coup, plusieurs traits 
    
de

     ressemblance assez profonds. Tous les quatre sont des utopies, donnée
  
    1905
     utopies, données comme telles — encore que celui 
    
de

     Sully prétende à quelque réalisme politique, celui de William Penn à 
  
    1906
    ully prétende à quelque réalisme politique, celui 
    
de

     William Penn à une économie bien entendue. Tous les quatre expriment 
  
    1907
    atre expriment avec force la vocation fédératrice 
    
de

     l’Europe, et la sourde angoisse de l’époque devant les prétentions ab
  
    1908
    on fédératrice de l’Europe, et la sourde angoisse 
    
de

     l’époque devant les prétentions absolutistes des États. Tous les quat
  
    1909
    s absolutistes des États. Tous les quatre émanent 
    
d’

    esprits profondément religieux mais « œcuméniques », au sens qu’a pris
  
    1910
     la mémoire des siècles aux traités « réalistes » 
    
de

     l’époque, rapidement effacés par le mouvement de l’histoire, et n’ont
  
    1911
     de l’époque, rapidement effacés par le mouvement 
    
de

     l’histoire, et n’ont cessé d’agir sur l’imagination des créateurs d’i
  
    1912
    és par le mouvement de l’histoire, et n’ont cessé 
    
d’

    agir sur l’imagination des créateurs d’institutions, jusqu’à nos jours
  
    1913
    ’ont cessé d’agir sur l’imagination des créateurs 
    
d’

    institutions, jusqu’à nos jours. Nous les citerons ici selon la chrono
  
    1914
    645 ; William Penn, 1692.    Le « Nouveau Cynée » 
    
d’

    Émeric Crucé     De ce premier auteur d’un plan d’union qui engloberai
  
    1915
     1692.    Le « Nouveau Cynée » d’Émeric Crucé     
    
De

     ce premier auteur d’un plan d’union qui engloberait non seulement l’E
  
    1916
    u Cynée » d’Émeric Crucé     De ce premier auteur 
    
d’

    un plan d’union qui engloberait non seulement l’Europe chrétienne mais
  
    1917
    d’Émeric Crucé     De ce premier auteur d’un plan 
    
d’

    union qui engloberait non seulement l’Europe chrétienne mais le monde 
  
    1918
    ut « moine pédagogue dans on ne sait quel collège 
    
de

     Paris », enseigna les mathématiques et publia quelques pesants travau
  
    1919
    x qui le firent traiter par des érudits allemands 
    
de

     « petit maître d’école parisien »90. Ce personnage obscur n’en eut pa
  
    1920
    . Ce personnage obscur n’en eut pas moins le cœur 
    
de

     s’adresser à tous les princes d’Europe, dans l’envoi de son grand tra
  
    1921
    as moins le cœur de s’adresser à tous les princes 
    
d’

    Europe, dans l’envoi de son grand traité, qui parut à Paris en 1623 : 
  
    1922
    dresser à tous les princes d’Europe, dans l’envoi 
    
de

     son grand traité, qui parut à Paris en 1623 : Le Nouveau Cynée ou Dis
  
    1923
    ut à Paris en 1623 : Le Nouveau Cynée ou Discours 
    
d’

    Estat représentant les occasions et moyens d’établir une paix générale
  
    1924
    ours d’Estat représentant les occasions et moyens 
    
d’

    établir une paix générale et la liberté du commerce par tout le monde.
  
    1925
    out le monde. Aux monarques et princes souverains 
    
de

     ce temps. Ses 249 grandes pages ne comportent pas de divisions en cha
  
    1926
    ce temps. Ses 249 grandes pages ne comportent pas 
    
de

     divisions en chapitres, et seulement deux alinéas en tout ! Nous en r
  
    1927
    t mesme un fameux personnage a monstré les moyens 
    
d’

    exterminer les Turcs dans les quatre ans ou environ91, et plusieurs au
  
    1928
    strangers, qu’ils estiment une prudence politique 
    
de

     semer parmy eux des divisions, afin de jouyr d’un repos plus asseuré.
  
    1929
    e de semer parmy eux des divisions, afin de jouyr 
    
d’

    un repos plus asseuré.92  Mais je suis bien d’un autre advis, et me se
  
    1930
    uyr d’un repos plus asseuré.92  Mais je suis bien 
    
d’

    un autre advis, et me semble quand on voit brusler ou tomber la maison
  
    1931
     semble quand on voit brusler ou tomber la maison 
    
de

     son voisin qu’on a subject de crainte, autant que de compassion, veu 
  
    1932
    ou tomber la maison de son voisin qu’on a subject 
    
de

     crainte, autant que de compassion, veu que la société humaine est un 
  
    1933
    son voisin qu’on a subject de crainte, autant que 
    
de

     compassion, veu que la société humaine est un corps, dont tous les me
  
    1934
    n corps, dont tous les membres ont une sympathie, 
    
de

     manière qu’il est impossible que les maladies de l’un ne se communiqu
  
    1935
     de manière qu’il est impossible que les maladies 
    
de

     l’un ne se communiquent aux autres. Faut-il que les monarchies s’étab
  
    1936
    es, il n’est plus besoing à ceux qui en ioüissent 
    
de

     remplir le monde de ce carnage.  Crucé insistera plus loin sur cette 
  
    1937
    soing à ceux qui en ioüissent de remplir le monde 
    
de

     ce carnage.  Crucé insistera plus loin sur cette idée de statu quo à 
  
    1938
    arnage.  Crucé insistera plus loin sur cette idée 
    
de

     statu quo à conserver, chère à Érasme, nous l’avons vu. La guerre est
  
    1939
    nnent, et ne se laissent point aisément dessaisir 
    
de

     leurs possessions. Je confronte ces deux peuples, pour ce qu’ils sont
  
    1940
    ces deux peuples, pour ce qu’ils sont par manière 
    
de

     dire ennemis naturels, et ont divisé presque tout le monde en deux pa
  
    1941
    le monde en deux parties, à cause de la diversité 
    
de

     leur religion, tellement que s’ils se pouvoient accorder, ce serait u
  
    1942
    d acheminement pour la paix universelle.  Inutile 
    
d’

    insister sur le parallèle avec nos « deux blocs » actuels. La plus sûr
  
    1943
    s « deux blocs » actuels. La plus sûre prévention 
    
de

     la guerre, Crucé la voit dans l’arbitrage, idée reprise du Moyen Âge 
  
    1944
    rage, idée reprise du Moyen Âge :  Auparavant que 
    
de

     venir aux armes (les princes devraient)… se rapporter à l’arbitrage d
  
    1945
    souverains : Ce faisant ils gaigneroient l’amitié 
    
de

     leurs semblables, pour s’en prévaloir contre leurs ennemis, au cas qu
  
    1946
    s qu’ils ne voulussent se soubsmettre au jugement 
    
d’

    un tiers. Or si un prince recevoit un juge qui voulust impérieusement 
  
    1947
    voit un juge qui voulust impérieusement s’ingérer 
    
de

     vuider les differens, cela véritablement ravaleroit sa grandeur : mai
  
    1948
     cela véritablement ravaleroit sa grandeur : mais 
    
d’

    accepter volontairement les arbitres, c’est une chose jadis pratiquée 
  
    1949
    t à cecy servirait grandement rassemblée generale 
    
de

     laquelle nous parlerons cy-après… Comments est-il possible, dira quel
  
    1950
    -après… Comments est-il possible, dira quelqu’un, 
    
d’

    accorder des peuples qui sont si séparez de volonté et d’affection, co
  
    1951
    qu’un, d’accorder des peuples qui sont si séparez 
    
de

     volonté et d’affection, comme le Turc et le Persan, le François et l’
  
    1952
    der des peuples qui sont si séparez de volonté et 
    
d’

    affection, comme le Turc et le Persan, le François et l’Espagnol, le C
  
    1953
    us oster la similitude du naturel, vray fondement 
    
d’

    amitié et société humaine. Pourquoy moy qui suis François voudray-je d
  
    1954
    ble.  La même tolérance doit s’étendre au domaine 
    
de

     la religion :  Qu’est-il besoin de se faire la guerre pour la diversi
  
    1955
    dre au domaine de la religion :  Qu’est-il besoin 
    
de

     se faire la guerre pour la diversité des cérémonies ? Je ne dirai pas
  
    1956
    our la diversité des cérémonies ? Je ne dirai pas 
    
de

     religion, vu que leur fin principale reside en l’adoration de Dieu, q
  
    1957
     vu que leur fin principale reside en l’adoration 
    
de

     Dieu, qui demande plutost le cœur des hommes que le culte extérieur e
  
    1958
    res… La pieté est un trop bel arbre pour produire 
    
de

     si mauvais fruits. Tandis que nous taschons de gagner le ciel par l’i
  
    1959
    re de si mauvais fruits. Tandis que nous taschons 
    
de

     gagner le ciel par l’ingredient de la religion, gardons-nous de tombe
  
    1960
     nous taschons de gagner le ciel par l’ingredient 
    
de

     la religion, gardons-nous de tomber en une stupidité et inhumanité br
  
    1961
    iel par l’ingredient de la religion, gardons-nous 
    
de

     tomber en une stupidité et inhumanité brutale… Toutes ces Religions (
  
    1962
    la sienne est la meilleure. Je n’ay pas entrepris 
    
de

     vuider ce différend. Un plus suffisant que moy y seroit bein empesché
  
    1963
    e fin, à sçavoir à la recognoissance et adoration 
    
de

     la divinité. Que si aucunes ne choisissent pas le bon chemin ou moyen
  
    1964
    ue par malice, et par consequent sont plus dignes 
    
de

     compassion que de haine… (Seuls des esprits bornés croient) que tous 
  
    1965
    par consequent sont plus dignes de compassion que 
    
de

     haine… (Seuls des esprits bornés croient) que tous sont tenus de vivr
  
    1966
    s des esprits bornés croient) que tous sont tenus 
    
de

     vivre comme luy, et ne prise que ses coutusmes, à la façon de ces nia
  
    1967
    me luy, et ne prise que ses coutusmes, à la façon 
    
de

     ces niais d’Athènes, qui estimoient la Lune de leur pays meilleure qu
  
    1968
     prise que ses coutusmes, à la façon de ces niais 
    
d’

    Athènes, qui estimoient la Lune de leur pays meilleure que celle des a
  
    1969
    on de ces niais d’Athènes, qui estimoient la Lune 
    
de

     leur pays meilleure que celle des autres. Les sages et divins esprits
  
    1970
     considèrent que l’harmonie du monde est composée 
    
de

     diverses humeurs, et que ce qui est loüable en un lieu, n’est pas tro
  
    1971
     volontez sont muables, et les actions des hommes 
    
de

     ce temps n’obligent pas leurs successeurs… Néantmoins pour en préveni
  
    1972
    n prévenir les inconvéniens, il seroit necessaire 
    
de

     choisir une ville, où tous les Souverains eussent perpétuellement leu
  
    1973
    ourraient survenir fussent vuidez par le jugement 
    
de

     toute l’assemblee. Les ambassadeurs de ceux qui seroient intéressez e
  
    1974
    e jugement de toute l’assemblee. Les ambassadeurs 
    
de

     ceux qui seroient intéressez exposeroient là les plaintes de leurs ma
  
    1975
     seroient intéressez exposeroient là les plaintes 
    
de

     leurs maistres, et les autres députez en jugeraient sans passion.  Il
  
    1976
    s députez en jugeraient sans passion.  Il propose 
    
d’

    en fixer le siège sur le territoire de Venise,  pour ce qu’il est comm
  
    1977
     Il propose d’en fixer le siège sur le territoire 
    
de

     Venise,  pour ce qu’il est comme neutre et indifferent à tous princes
  
    1978
    si qu’il est proche des plus signalées Monarchies 
    
de

     la terre, de celles du pape, des deux empereurs, et du roy d’Hespagne
  
    1979
    proche des plus signalées Monarchies de la terre, 
    
de

     celles du pape, des deux empereurs, et du roy d’Hespagne. Il n’est pa
  
    1980
    pereurs, et du roy d’Hespagne. Il n’est pas loing 
    
de

     France, de Tartarie, Moschouie, Polongne, Angleterre, et Dannemarch. 
  
    1981
     du roy d’Hespagne. Il n’est pas loing de France, 
    
de

     Tartarie, Moschouie, Polongne, Angleterre, et Dannemarch.  Quant à la
  
    1982
    il a bien ses idées là-dessus, mais il a décidé « 
    
de

     ne pas songer à soy seulement » et au contraire de parler comme s’il 
  
    1983
    comme s’il était né « en la république imaginaire 
    
de

     Platon ou en la région de ses Idées ». Il finit donc par proposer que
  
    1984
    a république imaginaire de Platon ou en la région 
    
de

     ses Idées ». Il finit donc par proposer que le pape « ait la préséanc
  
    1985
    r que le pape « ait la préséance, pour le respect 
    
de

     l’ancienne Rome », mais — ô révolution presque impensable ! — que le 
  
    1986
    atement après lui, « attendu qu’il tient le siège 
    
de

     l’empire oriental ». Viendront ensuite « l’empereur chrestien » puis 
  
    1987
    ixiesme lieu pourroit estre debatu entre les roys 
    
de

     Perse, de la Chine, le Pretre-Jan, le Precop de Tartarie, et le grand
  
    1988
    eu pourroit estre debatu entre les roys de Perse, 
    
de

     la Chine, le Pretre-Jan, le Precop de Tartarie, et le grand duc de Mo
  
    1989
    rtarie, et le grand duc de Moschouie… Et les roys 
    
de

     la grand Bretagne, de Pologne, de Dannemarch, de Suede, du Jappon, de
  
    1990
    c de Moschouie… Et les roys de la grand Bretagne, 
    
de

     Pologne, de Dannemarch, de Suede, du Jappon, de Marroc, le grand Mogo
  
    1991
    ie… Et les roys de la grand Bretagne, de Pologne, 
    
de

     Dannemarch, de Suede, du Jappon, de Marroc, le grand Mogol, et autres
  
    1992
     de la grand Bretagne, de Pologne, de Dannemarch, 
    
de

     Suede, du Jappon, de Marroc, le grand Mogol, et autres monarques tant
  
    1993
    , de Pologne, de Dannemarch, de Suede, du Jappon, 
    
de

     Marroc, le grand Mogol, et autres monarques tant des Indes que d’Afri
  
    1994
    and Mogol, et autres monarques tant des Indes que 
    
d’

    Afrique, ne doivent pas estre aux derniers rangs, tous braves princes,
  
    1995
    s rangs, tous braves princes, qui se maintiennent 
    
d’

    eux-mesmes et ne dependent de personne… Et pour authoriser d’avantage 
  
    1996
     qui se maintiennent d’eux-mesmes et ne dependent 
    
de

     personne… Et pour authoriser d’avantage le jugement, on prendroit adu
  
    1997
    s et ne dependent de personne… Et pour authoriser 
    
d’

    avantage le jugement, on prendroit aduis des grandes Republiques, qui 
  
    1998
    me celle des Vénitiens et des Suisses, et non pas 
    
de

     ces petites Seigneuries, qui ne se peuvent maintenir d’elles-mesmes, 
  
    1999
     petites Seigneuries, qui ne se peuvent maintenir 
    
d’

    elles-mesmes, et dependent de la protection d’autruy. … Ceste compagni
  
    2000
    se peuvent maintenir d’elles-mesmes, et dependent 
    
de

     la protection d’autruy. … Ceste compagnie donc jugeroit les débats qu
  
    2001
    nir d’elles-mesmes, et dependent de la protection 
    
d’

    autruy. … Ceste compagnie donc jugeroit les débats qui surviendroient 
  
    2002
    es mescontentemens, et les apoiseroit par la voye 
    
de

     douceur, si faire se pouvoit, ou en cas de nécessité par la force. Qu
  
    2003
    a voye de douceur, si faire se pouvoit, ou en cas 
    
de

     nécessité par la force. Que si quelqu’un contrevenoit à l’arrest d’un
  
    2004
    a force. Que si quelqu’un contrevenoit à l’arrest 
    
d’

    une si notable compagnie, il encourrait la disgrace de tous les autres
  
    2005
    e si notable compagnie, il encourrait la disgrace 
    
de

     tous les autres princes, qui auraient beau moyen de le faire venir à 
  
    2006
     tous les autres princes, qui auraient beau moyen 
    
de

     le faire venir à la raison.  Dès la première partie de son traité, Cr
  
    2007
     faire venir à la raison.  Dès la première partie 
    
de

     son traité, Crucé s’était demandé ce que feraient les peuples, s’ils 
  
    2008
    la guerre pour « exercice ». Il proposait un plan 
    
d’

    éducation des peuples (sciences, médecine et mathématiques en premier 
  
    2009
    decine et mathématiques en premier lieu), un plan 
    
de

     développement des industries artisanales, et un plan d’aménagement de
  
    2010
    eloppement des industries artisanales, et un plan 
    
d’

    aménagement des territoires : rivières à rendre navigables, canal joig
  
    2011
    . Et déjà il s’écriait :  Quel plaisir seroit-ce, 
    
de

     voir les hommes aller de part et d’autre librement, et communiquer en
  
    2012
     Quel plaisir seroit-ce, de voir les hommes aller 
    
de

     part et d’autre librement, et communiquer ensemble sans aucun scrupul
  
    2013
    ir seroit-ce, de voir les hommes aller de part et 
    
d’

    autre librement, et communiquer ensemble sans aucun scrupule de pays, 
  
    2014
    ment, et communiquer ensemble sans aucun scrupule 
    
de

     pays, de ceremonies, ou d’autres diversitez semblables, comme si la t
  
    2015
    communiquer ensemble sans aucun scrupule de pays, 
    
de

     ceremonies, ou d’autres diversitez semblables, comme si la terre esto
  
    2016
    tablement, une cité commune à tous ?  Vers la fin 
    
de

     l’ouvrage, il reprend et développe ce thème de la libre circulation d
  
    2017
    in de l’ouvrage, il reprend et développe ce thème 
    
de

     la libre circulation des biens et des personnes :  Voilà les moyens d
  
    2018
    on des biens et des personnes :  Voilà les moyens 
    
d’

    entretenir la paix particulièrement en chaque monarchie. Il y en a d’a
  
    2019
     universels, qui concernent la bonne intelligence 
    
de

     tous les souverains respectivement l’un avec l’autre, dont le premier
  
    2020
    us important est qu’ils se contentent des limites 
    
de

     leur seigneurie qui leur seront prescripts par la generale assemblée 
  
    2021
     leur seront prescripts par la generale assemblée 
    
de

     laquelle nous avons parlé. Ce poinct estant gaigné, il faudra aduiser
  
    2022
    igné, il faudra aduiser à ce que les particuliers 
    
de

     diverses nations se puissent hanter et trafiquer ensemble en asseuran
  
    2023
     les accorde promptement sans faveur ny acception 
    
de

     personne. Car puisqu’il s’agist d’une paix universelle il faut rendre
  
    2024
    r ny acception de personne. Car puisqu’il s’agist 
    
d’

    une paix universelle il faut rendre la justice aux estrangers, et ne p
  
    2025
     leur plaisir.  Crucé a bien vu que cette liberté 
    
de

     commerce — diamétralement opposée au protectionnisme national qui com
  
    2026
    onal qui commençait à s’appesantir sur l’économie 
    
de

     l’Europe — supposait d’autres mesures :  … il est necessaire que les 
  
    2027
    es mesures :  … il est necessaire que les princes 
    
d’

    un commun consentement réduisent les monnoyes à un mesme pied, afin qu
  
    2028
     libres et le commerce estant ouvert par le moyen 
    
de

     la paix, on puisse trafiquer par tout sans dommage. Il n’y a personne
  
    2029
     dommage. Il n’y a personne qui soit plus capable 
    
de

     cela que le pape. C’est son devoir de moyenner une concorde générale 
  
    2030
    lus capable de cela que le pape. C’est son devoir 
    
de

     moyenner une concorde générale entre les princes chrestiens. Et pour 
  
    2031
    isser ce tesmoignage à la postérité. S’il ne sert 
    
de

     rien, patience. C’est peu de chose, de perdre du papier, et des parol
  
    2032
    il ne sert de rien, patience. C’est peu de chose, 
    
de

     perdre du papier, et des paroles. Je protesteray en ce cas comme Solo
  
    2033
    des paroles. Je protesteray en ce cas comme Solon 
    
d’

    avoir dit et faict ce qui m’a esté possible pour le bien public, et qu
  
    2034
    m’en sçauront gré, et m’honoreront comme j’espère 
    
de

     leur souvenance.  Le mémoire de Crucé n’eut pas plus de succès que le
  
    2035
    nt comme j’espère de leur souvenance.  Le mémoire 
    
de

     Crucé n’eut pas plus de succès que les projets de ses prédécesseurs. 
  
    2036
    r souvenance.  Le mémoire de Crucé n’eut pas plus 
    
de

     succès que les projets de ses prédécesseurs. Mais ceux qui le dédaign
  
    2037
    de Crucé n’eut pas plus de succès que les projets 
    
de

     ses prédécesseurs. Mais ceux qui le dédaignèrent sont oubliés, lui no
  
    2038
     a fait son chemin clandestin à travers une série 
    
d’

    œuvres souvent glorieuses. Le jeune Leibniz l’a lu et s’en souvient : 
  
    2039
    Société des Nations, puis Churchill et le congrès 
    
de

     La Haye et les grands débats de notre temps.    Le Grand Dessein du d
  
    2040
    ill et le congrès de La Haye et les grands débats 
    
de

     notre temps.    Le Grand Dessein du duc de Sully     Tout le monde, d
  
    2041
    u. Est-on même certain qu’il existe ? La « Charte 
    
de

     l’Atlantique », pendant la dernière guerre, exerça, elle aussi, une g
  
    2042
    n : ses éléments sont dispersés dans les milliers 
    
de

     pages des Mémoires de Sully, dont au surplus nous possédons plusieurs
  
    2043
    dispersés dans les milliers de pages des Mémoires 
    
de

     Sully, dont au surplus nous possédons plusieurs versions : les deux p
  
    2044
    eurs versions : les deux premières parties datées 
    
de

     1638 et qui ne furent pas « mises dans le commerce » ; la troisième p
  
    2045
    bé de l’Écluse, qui fit connaître au grand public 
    
de

     1745 une œuvre fortement remaniée ; enfin, des éditions modernes, res
  
    2046
    omposés par quatre secrétaires anonymes, à l’aide 
    
d’

    un gigantesque fatras de documents, copies de lettres, ou lettres écri
  
    2047
    taires anonymes, à l’aide d’un gigantesque fatras 
    
de

     documents, copies de lettres, ou lettres écrites après coup, brouillo
  
    2048
    aide d’un gigantesque fatras de documents, copies 
    
de

     lettres, ou lettres écrites après coup, brouillons de discours, états
  
    2049
    ettres, ou lettres écrites après coup, brouillons 
    
de

     discours, états financiers, notes, souvenirs, dictées, bilans, etc. L
  
    2050
    elieu, attribue le Grand Dessein à Henry IV, plus 
    
de

     vingt ans après l’assassinat du roi. Les états successifs du plan qu’
  
    2051
     nous révèle (sous forme de lettres apocryphes ou 
    
de

     discours) défient la citation par la longueur des phrases et le désor
  
    2052
    tion par la longueur des phrases et le désordonné 
    
de

     la présentation. Voici tout de même un assez court fragment où, par u
  
    2053
    , Sully cherche à gagner l’Angleterre aux projets 
    
d’

    Henry IV contre les Habsbourg :  Suivant ce que le roi d’Angleterre vo
  
    2054
    ui ayant ainsi envoyé le plus ancien et confident 
    
de

     ses serviteurs et celui sur lequel lui-même pouvait prendre le plus d
  
    2055
    celui sur lequel lui-même pouvait prendre le plus 
    
de

     confiance. Sur quoi voyant, comme il vous sembla, l’occasion très opp
  
    2056
    hautes propositions que le roi vous avait ordonné 
    
de

     lui faire, mais seulement comme de vous-même, vous lui répondîtes en 
  
    2057
     avait ordonné de lui faire, mais seulement comme 
    
de

     vous-même, vous lui répondîtes en ces termes : « […] Sire, il faut qu
  
    2058
    vanités mondaines, je préfère néanmoins la gloire 
    
de

     Dieu, mon salut et la subsistance de la vraie religion que je profess
  
    2059
    ns la gloire de Dieu, mon salut et la subsistance 
    
de

     la vraie religion que je professe, au roi mon maître, ma fortune, ma 
  
    2060
    pagne, les archiducs, les princes ecclésiastiques 
    
d’

    Allemagne, et tous autres grands et communautés catholiques, n’ont poi
  
    2061
    n’ont point de plus forte passion en l’esprit que 
    
de

     former une puissante association pour la ruine et destruction de tout
  
    2062
    uissante association pour la ruine et destruction 
    
de

     toute créance contraire à la romaine. Ils ne sont retardés d’y travai
  
    2063
    ance contraire à la romaine. Ils ne sont retardés 
    
d’

    y travailler tout ouvertement que parce qu’ils n’ont point encore pu f
  
    2064
    ein. Mais il est à craindre que par la diminution 
    
de

     ma faveur (comme celle des princes est sujette à varier) ou par de tr
  
    2065
    me celle des princes est sujette à varier) ou par 
    
de

     trop continuelles sollicitations, il ne se laisse enfin persuader, s’
  
    2066
    bles à son généreux esprit (car c’est cette vertu 
    
de

     magnanimité qui tient le premier lieu en son âme), qui sont ceux desq
  
    2067
     Votre Majesté, et dans quels aussi elle trouvera 
    
de

     quoi accroître sa puissance et son autorité, amplifier sa domination,
  
    2068
    , et perpétuer sa renommée, qui est le second but 
    
de

     mes désirs. De vous seul dépend l’exécution des choses que je veux pr
  
    2069
    sa renommée, qui est le second but de mes désirs. 
    
De

     vous seul dépend l’exécution des choses que je veux proposer, lesquel
  
    2070
    le tous les autres rois, princes, et surtout ceux 
    
de

     Danemark et de Suède, États, républiques, villes et communautés prote
  
    2071
    res rois, princes, et surtout ceux de Danemark et 
    
de

     Suède, États, républiques, villes et communautés protestantes, qui so
  
    2072
     communautés protestantes, qui sont comme obligés 
    
d’

    être toujours contraires à la faction espagnole et d’Autriche, et conf
  
    2073
    tre toujours contraires à la faction espagnole et 
    
d’

    Autriche, et confirmer tout cela par l’alliance de vos communs enfants
  
    2074
    d’Autriche, et confirmer tout cela par l’alliance 
    
de

     vos communs enfants, qui se trouveront d’âge sortable les uns aux aut
  
    2075
    lliance de vos communs enfants, qui se trouveront 
    
d’

    âge sortable les uns aux autres. Je ne désespère pas si je vous vois g
  
    2076
    turel volage et à son véhément et ambitieux désir 
    
de

     porter couronne royale, les plus puissants princes catholiques d’Alle
  
    2077
    ne royale, les plus puissants princes catholiques 
    
d’

    Allemagne, pour l’espérance d’arracher la couronne impériale de la mai
  
    2078
    princes catholiques d’Allemagne, pour l’espérance 
    
d’

    arracher la couronne impériale de la maison d’Autriche et tous les éta
  
    2079
    pour l’espérance d’arracher la couronne impériale 
    
de

     la maison d’Autriche et tous les états de Bohême, Autriche, Moravie, 
  
    2080
    nce d’arracher la couronne impériale de la maison 
    
d’

    Autriche et tous les états de Bohême, Autriche, Moravie, Silésie et Lu
  
    2081
    périale de la maison d’Autriche et tous les états 
    
de

     Bohême, Autriche, Moravie, Silésie et Lusatie, pour les rétablir dans
  
    2082
    ciennes libertés, voire même le pape en proposant 
    
de

     lui faire posséder une propriété ce dont il n’est reconnu que par une
  
    2083
    dont il n’est reconnu que par une vaine apparence 
    
de

     féodalité. » Sur toutes lesquelles ouvertures, quoique d’abord en gén
  
    2084
    et en gros, le roi d’Angleterre fît démonstration 
    
d’

    y prendre goût, voire de les louer et approuver, si ne laissa-t-il pas
  
    2085
    leterre fît démonstration d’y prendre goût, voire 
    
de

     les louer et approuver, si ne laissa-t-il pas d’en vouloir entendre t
  
    2086
     de les louer et approuver, si ne laissa-t-il pas 
    
d’

    en vouloir entendre tout le détail, et de former lors une infinité de 
  
    2087
    t-il pas d’en vouloir entendre tout le détail, et 
    
de

     former lors une infinité de difficultés sur la jonction en une loyale
  
    2088
    re tout le détail, et de former lors une infinité 
    
de

     difficultés sur la jonction en une loyale association de tant de dive
  
    2089
    icultés sur la jonction en une loyale association 
    
de

     tant de diverses têtes et tant diversement intentionnées et intéressé
  
    2090
    ent intentionnées et intéressées sur la poursuite 
    
d’

    un si haut dessein… Les discours que vous eûtes lors, tant sur ce suje
  
    2091
    ieurs autres très importants, vous retinrent plus 
    
de

     quatre heures seuls enfermés ensemble.  Cependant, le Grand Dessein, 
  
    2092
    s ses derniers états, déborde largement au profit 
    
de

     l’Europe entière, ce projet initial d’alliance protestante — nonobsta
  
    2093
     au profit de l’Europe entière, ce projet initial 
    
d’

    alliance protestante — nonobstant l’adhésion de princes catholiques et
  
    2094
    al d’alliance protestante — nonobstant l’adhésion 
    
de

     princes catholiques et même du pape. Nous en donnerons ici l’exposé m
  
    2095
    s et royales Économies » : L’Europe sera composée 
    
de

     :  5 monarchies électives : le Saint-Empire romain germanique, les Ét
  
    2096
    talie, la Suisse, la Belgique (pour la définition 
    
de

     ces territoires voir plus loin). Les pays dont seront composés ces Ét
  
    2097
     en détail ; s’il y a désaccord sur l’attribution 
    
d’

    un territoire, il sera soumis directement à l’autorité européenne cent
  
    2098
    rficie et leurs richesses, ces États devront être 
    
d’

    importance à peu près égale, pour assurer entre eux le plus haut degré
  
    2099
    our assurer entre eux le plus haut degré possible 
    
d’

    équilibre, de même qu’entre les religions catholique, luthérienne et c
  
    2100
    e, luthérienne et calviniste. Cette Confédération 
    
d’

    États sera placée sous la garde d’un Conseil de l’Europe composé de si
  
    2101
    e Confédération d’États sera placée sous la garde 
    
d’

    un Conseil de l’Europe composé de six Conseils provinciaux et d’un Con
  
    2102
    ée sous la garde d’un Conseil de l’Europe composé 
    
de

     six Conseils provinciaux et d’un Conseil Général.  Les Conseils provi
  
    2103
    e l’Europe composé de six Conseils provinciaux et 
    
d’

    un Conseil Général.  Les Conseils provinciaux auront leurs sièges à : 
  
    2104
    ardie, etc., et une ville à désigner dans l’Ouest 
    
de

     l’Europe pour la France, l’Espagne, l’Angleterre et la Belgique. Le C
  
    2105
    l Général aura son siège dans une ville du centre 
    
de

     l’Europe, à désigner chaque année parmi les villes suivantes : Metz, 
  
    2106
    nçon. On voit que le Rhin est l’artère principale 
    
de

     cette nouvelle configuration politique. Ce Conseil Général sera compo
  
    2107
    ration politique. Ce Conseil Général sera composé 
    
de

     représentants de chacun des gouvernements de la république chrétienne
  
    2108
     Ce Conseil Général sera composé de représentants 
    
de

     chacun des gouvernements de la république chrétienne, au total 40 hom
  
    2109
    posé de représentants de chacun des gouvernements 
    
de

     la république chrétienne, au total 40 hommes d’expérience, à raison d
  
    2110
    s de la république chrétienne, au total 40 hommes 
    
d’

    expérience, à raison de 4 représentants pour les grands États et de 2 
  
    2111
    aison de 4 représentants pour les grands États et 
    
de

     2 pour les États plus petits. Ces Conseils recevront le pouvoir de tr
  
    2112
    ts plus petits. Ces Conseils recevront le pouvoir 
    
de

     trancher tout différend, tant entre un souverain et son peuple qu’ent
  
    2113
    e qu’entre différents États. Ils ont pour mission 
    
de

     régler toutes les questions d’intérêt commun et d’élaborer tous les p
  
    2114
    s ont pour mission de régler toutes les questions 
    
d’

    intérêt commun et d’élaborer tous les projets concernant l’ensemble de
  
    2115
    e régler toutes les questions d’intérêt commun et 
    
d’

    élaborer tous les projets concernant l’ensemble de la République chrét
  
    2116
    d’élaborer tous les projets concernant l’ensemble 
    
de

     la République chrétienne. Le Conseil de l’Europe a les compétences et
  
    2117
    seil de l’Europe a les compétences et les devoirs 
    
d’

    un Sénat, ses membres étant à réélire tous les trois ans. Les décision
  
    2118
    ra qu’une souveraineté conditionnelle. Comme base 
    
de

     la république européenne, Sully exige la liberté du commerce et même 
  
    2119
    e la suppression des barrières douanières. L’idée 
    
de

     l’arbitrage et aussi du « concert européen » apparaît avec une nettet
  
    2120
    lection des souverains des trois royaumes chargés 
    
d’

    assurer la défense de l’Europe à l’Est. Il prévoit en effet : comme « 
  
    2121
     marche » et rempart contre les Turcs, un royaume 
    
de

     Hongrie (Basse-Autriche, Styrie, Carinthie, Croatie, Bosnie, Slovénie
  
    2122
    contre les Moscovites et les Tartares, un royaume 
    
de

     Pologne, enfin un royaume de Bohême. Pour associer ces royaumes le pl
  
    2123
    Tartares, un royaume de Pologne, enfin un royaume 
    
de

     Bohême. Pour associer ces royaumes le plus étroitement possible au so
  
    2124
    aumes le plus étroitement possible au sort commun 
    
de

     l’Europe, deux dispositions : d’une part leurs souverains devront êtr
  
    2125
    uverains devront être élus par un collège composé 
    
de

     huit souverains : le pape, l’empereur, les rois de France, d’Espagne,
  
    2126
    e huit souverains : le pape, l’empereur, les rois 
    
de

     France, d’Espagne, d’Angleterre, du Danemark, de Suède et de Lombardi
  
    2127
    erains : le pape, l’empereur, les rois de France, 
    
d’

    Espagne, d’Angleterre, du Danemark, de Suède et de Lombardie, d’autre 
  
    2128
     pape, l’empereur, les rois de France, d’Espagne, 
    
d’

    Angleterre, du Danemark, de Suède et de Lombardie, d’autre part ces hu
  
    2129
     de France, d’Espagne, d’Angleterre, du Danemark, 
    
de

     Suède et de Lombardie, d’autre part ces huit souverains seront obligé
  
    2130
    d’Espagne, d’Angleterre, du Danemark, de Suède et 
    
de

     Lombardie, d’autre part ces huit souverains seront obligés par devoir
  
    2131
    art ces huit souverains seront obligés par devoir 
    
d’

    alliance à défendre ces royaumes contre toute agression. Arbitrage aus
  
    2132
    e roi d’Espagne et les cantons suisses. Le devoir 
    
d’

    alliance des huit souverains joue également pour Venise et le royaume 
  
    2133
    uverains joue également pour Venise et le royaume 
    
de

     Sicile. Enfin, le plan Sully prévoit en détail les ajustements territ
  
    2134
    erritoriaux nécessaires pour cette réorganisation 
    
de

     l’Europe : La souveraineté espagnole est limitée à la péninsule ibéri
  
    2135
    rk et la Suède gardent leur statu quo. Le royaume 
    
de

     Lombardie est formé par : la Savoie, le Piémont, Montferrat et Milan.
  
    2136
    e est renforcée territorialement : elle s’accroît 
    
de

     la Franche-Comté, de l’Alsace et du Tyrol. La République de Belgique 
  
    2137
    torialement : elle s’accroît de la Franche-Comté, 
    
de

     l’Alsace et du Tyrol. La République de Belgique se compose de la Belg
  
    2138
    et du Tyrol. La République de Belgique se compose 
    
de

     la Belgique et de la Hollande actuelles. Enfin, une république italie
  
    2139
    publique de Belgique se compose de la Belgique et 
    
de

     la Hollande actuelles. Enfin, une république italienne sera formée, e
  
    2140
     à la Savoie, ni à Venise. Cette république faite 
    
d’

    une mosaïque de territoires en surplus sera placée sous la souverainet
  
    2141
    i à Venise. Cette république faite d’une mosaïque 
    
de

     territoires en surplus sera placée sous la souveraineté du pape. La R
  
    2142
    elon Sully, ne devra pas être admise comme membre 
    
de

     la Communauté chrétienne.  C. J. Burckhardt compare, en conclusion, l
  
    2143
     J. Burckhardt compare, en conclusion, le Dessein 
    
de

     Sully et les autres projets européens de paix perpétuelle :  Cet effo
  
    2144
     Dessein de Sully et les autres projets européens 
    
de

     paix perpétuelle :  Cet effort toujours repris à nouveau peut se rame
  
    2145
     mobiles constants : l’espoir placé dans l’action 
    
de

     la volonté libre pour surmonter l’entraînement fatidique vers la guer
  
    2146
     supérieure aux États ; et surtout : le sentiment 
    
de

     tout ce que les Européens, malgré contrastes et conflits, possèdent d
  
    2147
    ropéens, malgré contrastes et conflits, possèdent 
    
de

     commun et d’irremplaçable. Ce qui distingue les écrits de Sully de ce
  
    2148
    ré contrastes et conflits, possèdent de commun et 
    
d’

    irremplaçable. Ce qui distingue les écrits de Sully de ceux de ses pré
  
    2149
    n et d’irremplaçable. Ce qui distingue les écrits 
    
de

     Sully de ceux de ses prédécesseurs et contemporains, c’est qu’en sa q
  
    2150
    remplaçable. Ce qui distingue les écrits de Sully 
    
de

     ceux de ses prédécesseurs et contemporains, c’est qu’en sa qualité d’
  
    2151
    ble. Ce qui distingue les écrits de Sully de ceux 
    
de

     ses prédécesseurs et contemporains, c’est qu’en sa qualité d’homme d’
  
    2152
    cesseurs et contemporains, c’est qu’en sa qualité 
    
d’

    homme d’État il part d’un contexte politique tout à fait concret et pa
  
    2153
    ns, c’est qu’en sa qualité d’homme d’État il part 
    
d’

    un contexte politique tout à fait concret et particulier et qu’ensuite
  
    2154
     mesure que lentement il mûrit son plan, le désir 
    
d’

    assurer la primauté à sa propre nation s’estompe de plus en plus chez 
  
    2155
    e que, dans son grand âge, et déjà presque au ban 
    
de

     la communauté française en sa qualité de protestant, il finit par ard
  
    2156
    e au ban de la communauté française en sa qualité 
    
de

     protestant, il finit par ardemment souhaiter un pouvoir suprême supra
  
    2157
    , tant de défaites et tant de lamentables traités 
    
de

     paix qu’il ne pourra plus en supporter beaucoup d’autres sans périr… 
  
    2158
    passées à observer l’agitation des hommes du fond 
    
de

     sa retraite l’ont amené pour finir à surmonter en lui-même, dans son 
  
    2159
    ns son propre cœur, la force la plus considérable 
    
de

     son époque, cette force qui jadis dans sa jeunesse l’avait poussé à l
  
    2160
    t tendu vers l’avenir.94      Le Réveil universel 
    
de

     Comenius     Le principal titre de gloire d’Amos Comenius (nom latini
  
    2161
    veil universel de Comenius     Le principal titre 
    
de

     gloire d’Amos Comenius (nom latinisé de Jean Amos Komenski), né en Mo
  
    2162
    rsel de Comenius     Le principal titre de gloire 
    
d’

    Amos Comenius (nom latinisé de Jean Amos Komenski), né en Moravie en 1
  
    2163
    pal titre de gloire d’Amos Comenius (nom latinisé 
    
de

     Jean Amos Komenski), né en Moravie en 1592, mort en Hollande en 1670,
  
    2164
    en Moravie en 1592, mort en Hollande en 1670, est 
    
d’

    avoir contribué plus que tout autre, en écrivant sa Grande Didactique 
  
    2165
    e tout autre, en écrivant sa Grande Didactique et 
    
de

     nombreux traités spéciaux, à créer la science de l’éducation en Europ
  
    2166
     de nombreux traités spéciaux, à créer la science 
    
de

     l’éducation en Europe. Mais ses recherches de philosophe et de théolo
  
    2167
    nce de l’éducation en Europe. Mais ses recherches 
    
de

     philosophe et de théologien (il fut évêque de l’Unité des frères mora
  
    2168
    n en Europe. Mais ses recherches de philosophe et 
    
de

     théologien (il fut évêque de l’Unité des frères moraves) autant que s
  
    2169
    hes de philosophe et de théologien (il fut évêque 
    
de

     l’Unité des frères moraves) autant que son action de pédagogue, devai
  
    2170
    l’Unité des frères moraves) autant que son action 
    
de

     pédagogue, devaient trouver leur couronnement et l’expression de leur
  
    2171
    evaient trouver leur couronnement et l’expression 
    
de

     leur unité profonde dans un ouvrage qu’il ne put achever : la Délibér
  
    2172
    pansophique ». Elle porte le sous-titre suivant : 
    
De

     rerum humanarum emendatione consultatio catholica ad genus humanum, a
  
    2173
    n système scolaire perfectionné sous la direction 
    
d’

    une sorte d’académie internationale ; coordination politique, sous la 
  
    2174
    olaire perfectionné sous la direction d’une sorte 
    
d’

    académie internationale ; coordination politique, sous la direction d’
  
    2175
    onale ; coordination politique, sous la direction 
    
d’

    institutions internationales ; réconciliation des Églises, qui se donn
  
    2176
    ent un Consistoire mondial. Le projet gigantesque 
    
d’

    une fédération mondiale à la fois culturelle, politique et religieuse,
  
    2177
    la fois culturelle, politique et religieuse, fait 
    
de

     Comenius l’un des grands précurseurs de l’union européenne autant que
  
    2178
    use, fait de Comenius l’un des grands précurseurs 
    
de

     l’union européenne autant que du mouvement œcuménique. Notons une foi
  
    2179
    nt parle Comenius n’est en fait que la chrétienté 
    
de

     son temps, donc l’Europe. Au reste, Comenius se qualifie lui-même d’E
  
    2180
    l’Europe. Au reste, Comenius se qualifie lui-même 
    
d’

    Européen. Dans la Præfatio ad Europeos qui ouvre sa Panegersia, il par
  
    2181
    a Panegersia, il parle — le premier peut-être ? — 
    
de

     notre patrie européenne :  Afin que nous cessions de dissimuler nos p
  
    2182
    notre patrie européenne :  Afin que nous cessions 
    
de

     dissimuler nos projets et nos efforts, et de travailler chacun pour s
  
    2183
    ions de dissimuler nos projets et nos efforts, et 
    
de

     travailler chacun pour soi, je vais payer d’exemple : car mon but sup
  
    2184
    , et de travailler chacun pour soi, je vais payer 
    
d’

    exemple : car mon but suprême est d’annoncer le Christ à tous les peup
  
    2185
    je vais payer d’exemple : car mon but suprême est 
    
d’

    annoncer le Christ à tous les peuples. Cette Lumière doit être apporté
  
    2186
    e navire. Je ne puis me taire, car mon espoir est 
    
d’

    adoucir les maux de la guerre par mon message, comme par une musique t
  
    2187
    s me taire, car mon espoir est d’adoucir les maux 
    
de

     la guerre par mon message, comme par une musique tout harmonieuse, et
  
    2188
     à cette action par les efforts qui se produisent 
    
de

     notre temps, en Europe plus qu’ailleurs, et qui portent en eux la pro
  
    2189
    s qu’ailleurs, et qui portent en eux la pro messe 
    
de

     grandes choses.  Voici quelques extraits de la Panegersia 95   § 6. I
  
    2190
    messe de grandes choses.  Voici quelques extraits 
    
de

     la Panegersia 95   § 6. Il importe, dis-je, d’adjoindre aux Lettrés d
  
    2191
    ts de la Panegersia 95   § 6. Il importe, dis-je, 
    
d’

    adjoindre aux Lettrés des gardiens vigilants ; leur tâche sera de leur
  
    2192
     Lettrés des gardiens vigilants ; leur tâche sera 
    
de

     leur apprendre, en les exhortant, leur principale mission, qui est d’
  
    2193
    n les exhortant, leur principale mission, qui est 
    
d’

    éliminer tous les restes de l’ignorance ou des erreurs dans les esprit
  
    2194
    ipale mission, qui est d’éliminer tous les restes 
    
de

     l’ignorance ou des erreurs dans les esprits humains. Il faut adjoindr
  
    2195
    er, avec leur aide, tout ce qui subsistera encore 
    
d’

    athéisme, d’épicurisme et d’impiété. Et il faut adjoindre aux Puissant
  
    2196
    r aide, tout ce qui subsistera encore d’athéisme, 
    
d’

    épicurisme et d’impiété. Et il faut adjoindre aux Puissants des gardie
  
    2197
    qui subsistera encore d’athéisme, d’épicurisme et 
    
d’

    impiété. Et il faut adjoindre aux Puissants des gardiens du pouvoir po
  
    2198
    pouvoir pour que, par un zèle exagéré, la semence 
    
de

     discorde ne germe pas de nouveau ; ou, si elle commence à germer, pou
  
    2199
    ce célèbre passage, Matth. 23, 8-10, en ordonnant 
    
de

     ne pas établir parmi les hommes le gouvernement d’un seul chef, la co
  
    2200
    e ne pas établir parmi les hommes le gouvernement 
    
d’

    un seul chef, la conduite d’un seul conducteur et la sagesse d’un seul
  
    2201
    ommes le gouvernement d’un seul chef, la conduite 
    
d’

    un seul conducteur et la sagesse d’un seul sage. Il interdit, en effet
  
    2202
    f, la conduite d’un seul conducteur et la sagesse 
    
d’

    un seul sage. Il interdit, en effet, que quelqu’un au monde se fasse a
  
    2203
     introduire autre chose que l’enseignement commun 
    
de

     nous tous, unis par des liens fraternels, que l’assujettissement de n
  
    2204
     par des liens fraternels, que l’assujettissement 
    
de

     nous tous au seul Père dans les cieux et au Christ qui nous a été don
  
    2205
    rois états, on instituera par conséquent un corps 
    
de

     dirigeants. Le chef suprême de chacun de ces corps sera cet Hermès Tr
  
    2206
    onséquent un corps de dirigeants. Le chef suprême 
    
de

     chacun de ces corps sera cet Hermès Trimégiste96 (le trois fois grand
  
    2207
    un corps de dirigeants. Le chef suprême de chacun 
    
de

     ces corps sera cet Hermès Trimégiste96 (le trois fois grand truchemen
  
    2208
    te96 (le trois fois grand truchement des volontés 
    
de

     Dieu concernant les hommes, le suprême prophète, le suprême prêtre, l
  
    2209
    e roi), c’est-à-dire le Christ qui seul a pouvoir 
    
de

     tout diriger puissamment. Mais, pour maintenir l’ordre, partout les u
  
    2210
    st soient solidement établis. § 12. Il sera utile 
    
d’

    adopter des appellations différentes pour ces tribunaux : le tribunal 
  
    2211
     le tribunal des lettrés s’appellerait le Conseil 
    
de

     la lumière, le tribunal ecclésiastique le Consistoire et le tribunal 
  
    2212
    e le Consistoire et le tribunal politique la Cour 
    
de

     justice. § 13. Le Conseil de la lumière veillera à ce qu’il ne soit n
  
    2213
    al politique la Cour de justice. § 13. Le Conseil 
    
de

     la lumière veillera à ce qu’il ne soit nécessaire, nulle part au mond
  
    2214
    ce qu’il ne soit nécessaire, nulle part au monde, 
    
d’

    instruire quelqu’un et moins encore à ce qu’il se trouve quelqu’un qui
  
    2215
    u’il se trouve quelqu’un qui ignore quelque chose 
    
d’

    indispensable, et à ce que tous les hommes soient instruits par Dieu. 
  
    2216
    bles, permettra à tous les hommes du monde entier 
    
de

     tourner leurs yeux vers cette lumière dans laquelle tous verront, par
  
    2217
    énitude soit consacrée à Dieu ; qu’il n’y ait pas 
    
de

     scandale, ni d’écrits, ni de gravures, ni de peintures, etc., scandal
  
    2218
    sacrée à Dieu ; qu’il n’y ait pas de scandale, ni 
    
d’

    écrits, ni de gravures, ni de peintures, etc., scandaleux mais qu’il y
  
    2219
     ; qu’il n’y ait pas de scandale, ni d’écrits, ni 
    
de

     gravures, ni de peintures, etc., scandaleux mais qu’il y ait partout 
  
    2220
     pas de scandale, ni d’écrits, ni de gravures, ni 
    
de

     peintures, etc., scandaleux mais qu’il y ait partout à profusion des 
  
    2221
     que chacun, où qu’il se tourne, trouve matière à 
    
de

     saintes réflexions. § 15. Enfin, la Cour de la paix veillera à ce que
  
    2222
    ère à de saintes réflexions. § 15. Enfin, la Cour 
    
de

     la paix veillera à ce que nulle part une nation ne s’élève contre une
  
    2223
    rsonne n’ose se montrer pour enseigner la manière 
    
de

     combattre ou de fabriquer les armes ; à ce que toutes les épées et le
  
    2224
    montrer pour enseigner la manière de combattre ou 
    
de

     fabriquer les armes ; à ce que toutes les épées et les lances soient 
  
    2225
    s lances soient transformées en serpes et en socs 
    
de

     charrue (Es. 2, 4, etc.). § 16. Par conséquent, tous les corps savant
  
    2226
    ociété fructifère en Allemagne, etc.) feront bien 
    
de

     se réunir en un seul Conseil de la lumière ; car c’est le Père éterne
  
    2227
    etc.) feront bien de se réunir en un seul Conseil 
    
de

     la lumière ; car c’est le Père éternel des lumières lui-même qui les 
  
    2228
    e qui les invite à former une unité et communauté 
    
de

     la lumière… § 17. Et tous les consistoires ou conseils des anciens de
  
    2229
    , les Éthiopiens, les réformés, etc.) feront bien 
    
de

     fusionner en un seul Consistoire de l’Église, telle qu’elle est préfi
  
    2230
    ) feront bien de fusionner en un seul Consistoire 
    
de

     l’Église, telle qu’elle est préfigurée par la Jérusalem merveilleusem
  
    2231
    difiée, la seule ville où sont dressés les trônes 
    
de

     la justice, les trônes de la maison de David (Psaume 122, 3, 5). § 18
  
    2232
    sont dressés les trônes de la justice, les trônes 
    
de

     la maison de David (Psaume 122, 3, 5). § 18. Et tous les tribunaux du
  
    2233
    les trônes de la justice, les trônes de la maison 
    
de

     David (Psaume 122, 3, 5). § 18. Et tous les tribunaux du monde feront
  
    2234
     § 18. Et tous les tribunaux du monde feront bien 
    
de

     devenir un seul tribunal de Christ ; car, une fois que tous les royau
  
    2235
     du monde feront bien de devenir un seul tribunal 
    
de

     Christ ; car, une fois que tous les royaumes du monde lui seront remi
  
    2236
    rès les plans du moine français, du duc huguenot, 
    
de

     l’évêque morave, voici enfin celui d’un « dissenter » anglais, qui, à
  
    2237
    c huguenot, de l’évêque morave, voici enfin celui 
    
d’

    un « dissenter » anglais, qui, à la différence de ses prédécesseurs, f
  
    2238
     d’un « dissenter » anglais, qui, à la différence 
    
de

     ses prédécesseurs, fut un grand fondateur d’État : « le Lycurgue mode
  
    2239
    ence de ses prédécesseurs, fut un grand fondateur 
    
d’

    État : « le Lycurgue moderne », dira de lui Montesquieu. Fils d’un ric
  
    2240
     fondateur d’État : « le Lycurgue moderne », dira 
    
de

     lui Montesquieu. Fils d’un riche et noble amiral qui l’envoya très je
  
    2241
    Lycurgue moderne », dira de lui Montesquieu. Fils 
    
d’

    un riche et noble amiral qui l’envoya très jeune en France apprendre l
  
    2242
    retour en Angleterre et plusieurs fois emprisonné 
    
de

     ce chef à la Tour de Londres, William Penn obtint de la Couronne, en 
  
    2243
    et plusieurs fois emprisonné de ce chef à la Tour 
    
de

     Londres, William Penn obtint de la Couronne, en échange d’une créance
  
    2244
    ce chef à la Tour de Londres, William Penn obtint 
    
de

     la Couronne, en échange d’une créance laissée par son père sur le roi
  
    2245
    s, William Penn obtint de la Couronne, en échange 
    
d’

    une créance laissée par son père sur le roi Charles II, le vaste terri
  
    2246
    te territoire américain qui allait prendre le nom 
    
de

     sa famille. Cela se passait en 1681, Louis XIV régnant en France et W
  
    2247
    s XIV régnant en France et William Penn étant âgé 
    
de

     37 ans. Il introduisit en « Pennsylvania » la constitution la plus to
  
    2248
    l’histoire occidentale ait connue. C’est au cours 
    
d’

    une brève interruption de sa carrière de Gouverneur — de 1692 à 1694 —
  
    2249
    t connue. C’est au cours d’une brève interruption 
    
de

     sa carrière de Gouverneur — de 1692 à 1694 — qu’il composa son Essay 
  
    2250
     au cours d’une brève interruption de sa carrière 
    
de

     Gouverneur — de 1692 à 1694 — qu’il composa son Essay towards the Pre
  
    2251
    brève interruption de sa carrière de Gouverneur — 
    
de

     1692 à 1694 — qu’il composa son Essay towards the Present and Future 
  
    2252
     1701, laissant à ses descendants le gouvernement 
    
de

     son État, et mourut en 1718. On sait les circonstances de l’Europe à 
  
    2253
    tat, et mourut en 1718. On sait les circonstances 
    
de

     l’Europe à la date où William Penn rédige son Essay : l’agression de 
  
    2254
    te où William Penn rédige son Essay : l’agression 
    
de

     Louis XIV contre le Palatinat a provoqué la Grande Alliance de 1689, 
  
    2255
    contre le Palatinat a provoqué la Grande Alliance 
    
de

     1689, sous la direction de Guillaume III d’Orange, devenu roi d’Angle
  
    2256
    qué la Grande Alliance de 1689, sous la direction 
    
de

     Guillaume III d’Orange, devenu roi d’Angleterre. La guerre est généra
  
    2257
    le. C’est le spectacle des « tragédies sanglantes 
    
de

     cette guerre, en Hongrie, en Allemagne, en Flandres, en Irlande, et s
  
    2258
    ut à écrire le pacifiste quaker et le législateur 
    
d’

    un État neuf, délivré des folies invétérées de l’absolutisme du vieux 
  
    2259
    eur d’un État neuf, délivré des folies invétérées 
    
de

     l’absolutisme du vieux Monde. « J’ai entrepris un sujet qui est au-de
  
    2260
    onde. « J’ai entrepris un sujet qui est au-dessus 
    
de

     mes forces, mais qui mérite vraiment d’être discuté, étant donné l’ét
  
    2261
    au-dessus de mes forces, mais qui mérite vraiment 
    
d’

    être discuté, étant donné l’état lamentable de l’Europe. » Ainsi début
  
    2262
    ent d’être discuté, étant donné l’état lamentable 
    
de

     l’Europe. » Ainsi débute l’ouvrage. Ses trois premières sections sont
  
    2263
    en la paix est désirable ; quel est le vrai moyen 
    
de

     la réaliser, à savoir la justice, non la guerre ; et « que la justice
  
    2264
    uvernement, comme le gouvernement est le résultat 
    
de

     la société, laquelle provient d’abord d’un dessein raisonnable des ho
  
    2265
    résultat de la société, laquelle provient d’abord 
    
d’

    un dessein raisonnable des hommes paisibles ». La IVe section, que nou
  
    2266
    ction, que nous allons citer, introduit un projet 
    
de

     fédération de princes, qui rappelle celui de Crucé, encore qu’il se r
  
    2267
    s allons citer, introduit un projet de fédération 
    
de

     princes, qui rappelle celui de Crucé, encore qu’il se réclame d’Henri
  
    2268
    ojet de fédération de princes, qui rappelle celui 
    
de

     Crucé, encore qu’il se réclame d’Henri IV (c’est-à-dire du Dessein de
  
    2269
     rappelle celui de Crucé, encore qu’il se réclame 
    
d’

    Henri IV (c’est-à-dire du Dessein de Sully) et de l’exemple qu’ont don
  
    2270
    il se réclame d’Henri IV (c’est-à-dire du Dessein 
    
de

     Sully) et de l’exemple qu’ont donné les Provinces-Unies des Pays-Bas9
  
    2271
     d’Henri IV (c’est-à-dire du Dessein de Sully) et 
    
de

     l’exemple qu’ont donné les Provinces-Unies des Pays-Bas97.   Si les s
  
    2272
    ovinces-Unies des Pays-Bas97.   Si les souverains 
    
d’

    Europe, qui représentent cette société ou cet état indépendant des hom
  
    2273
    cline les hommes à la vie sociale, savoir l’amour 
    
de

     la paix et de l’ordre, pour se rencontrer, par leurs délégués, dans u
  
    2274
    es à la vie sociale, savoir l’amour de la paix et 
    
de

     l’ordre, pour se rencontrer, par leurs délégués, dans une Diète génér
  
    2275
    le, un État ou Parlement, et y établir des règles 
    
de

     justice à observer mutuellement par eux tous ; pour se réunir ainsi t
  
    2276
     l’une des souverainetés participantes refuserait 
    
de

     soumettre au jugement de la Diète ses réclamations ou prétentions, ou
  
    2277
    participantes refuserait de soumettre au jugement 
    
de

     la Diète ses réclamations ou prétentions, ou refuserait d’exécuter la
  
    2278
    te ses réclamations ou prétentions, ou refuserait 
    
d’

    exécuter la décision intervenue, ou chercherait une solution par les a
  
    2279
    rée pour ses habitants torturés, harassés. VII. — 
    
De

     la composition de la Diète générale Cette composition semble donner l
  
    2280
    ants torturés, harassés. VII. — De la composition 
    
de

     la Diète générale Cette composition semble donner lieu à certaines di
  
    2281
    ltés soient insurmontables, car s’il est possible 
    
de

     connaître chaque année la valeur des pays souverains dont les délégué
  
    2282
    auguste assemblée, on pourra déterminer le nombre 
    
de

     personnes ou de voix pour chacune des souverainetés. Maintenant que l
  
    2283
    e, on pourra déterminer le nombre de personnes ou 
    
de

     voix pour chacune des souverainetés. Maintenant que l’Angleterre, la 
  
    2284
    l’objection ci-dessus, si l’on a le moindre désir 
    
de

     parvenir à la paix européenne… Je suppose donc que l’Empire germaniqu
  
    2285
    petites souverainetés voisines, deux ; les duchés 
    
de

     Holstein et de Courlande, un ; si les Turcs et les Russes étaient com
  
    2286
    inetés voisines, deux ; les duchés de Holstein et 
    
de

     Courlande, un ; si les Turcs et les Russes étaient compris, ce qui se
  
    2287
    sie et les arts ont leur place et empire… Le lieu 
    
de

     la première session de la Diète devrait être au centre de l’Europe, a
  
    2288
    r place et empire… Le lieu de la première session 
    
de

     la Diète devrait être au centre de l’Europe, autant que possible, et 
  
    2289
    emière session de la Diète devrait être au centre 
    
de

     l’Europe, autant que possible, et ensuite comme elle en déciderait. V
  
    2290
     comme elle en déciderait. VIII. — Des règlements 
    
de

     la Diète européenne ès session Afin d’éviter des discussions au sujet
  
    2291
    ils rempliront, chacun à leur tour, les fonctions 
    
de

     président à qui on devra s’adresser pour obtenir la parole ; ce prési
  
    2292
    e, dans une grande proportion, les mauvais effets 
    
de

     la corruption. Car, si l’un des délégués de cette haute assemblée pou
  
    2293
    ffets de la corruption. Car, si l’un des délégués 
    
de

     cette haute assemblée pouvait être assez vil, faux et malhonnête au p
  
    2294
    uvait être assez vil, faux et malhonnête au point 
    
d’

    être influencé par l’argent, il aurait la possibilité de prendre l’arg
  
    2295
     influencé par l’argent, il aurait la possibilité 
    
de

     prendre l’argent et de voter selon sa conscience sans qu’on le sache.
  
    2296
    , il aurait la possibilité de prendre l’argent et 
    
de

     voter selon sa conscience sans qu’on le sache. C’est aussi un remède,
  
    2297
    st aussi un remède, car celui qui voudrait donner 
    
de

     l’argent avec un pareil risque d’être dupé, préférera s’abstenir. Et 
  
    2298
    voudrait donner de l’argent avec un pareil risque 
    
d’

    être dupé, préférera s’abstenir. Et ceux qui accepteraient de l’argent
  
    2299
    , préférera s’abstenir. Et ceux qui accepteraient 
    
de

     l’argent dans de pareilles conditions préféreront mentir aux corrupte
  
    2300
    tenir. Et ceux qui accepteraient de l’argent dans 
    
de

     pareilles conditions préféreront mentir aux corrupteurs plutôt que fa
  
    2301
    t que faire tort à leur pays, car ils seront sûrs 
    
de

     ne pas être découverts. Il me semble que dans ce Parlement impérial, 
  
    2302
    ajorité des trois quarts des membres, ou au moins 
    
de

     la moitié plus sept. Toutes les plaintes seraient remises par écrit s
  
    2303
     une armoire ou un coffre qui comporterait autant 
    
de

     fermetures qu’il y aurait de dizaines d’États, et s’il y avait un sec
  
    2304
     comporterait autant de fermetures qu’il y aurait 
    
de

     dizaines d’États, et s’il y avait un secrétaire pour chaque dizaine d
  
    2305
    t autant de fermetures qu’il y aurait de dizaines 
    
d’

    États, et s’il y avait un secrétaire pour chaque dizaine de délégués, 
  
    2306
    et s’il y avait un secrétaire pour chaque dizaine 
    
de

     délégués, une table ou un banc serait prévu pour ces employés. À la f
  
    2307
     un banc serait prévu pour ces employés. À la fin 
    
de

     chaque session, un délégué de chaque dizaine sera chargé d’examiner e
  
    2308
     employés. À la fin de chaque session, un délégué 
    
de

     chaque dizaine sera chargé d’examiner et de comparer les mémoires ou 
  
    2309
    session, un délégué de chaque dizaine sera chargé 
    
d’

    examiner et de comparer les mémoires ou journaux de ces secrétaires et
  
    2310
    légué de chaque dizaine sera chargé d’examiner et 
    
de

     comparer les mémoires ou journaux de ces secrétaires et de les mettre
  
    2311
    ’examiner et de comparer les mémoires ou journaux 
    
de

     ces secrétaires et de les mettre sous clés comme je l’ai dit ci-dessu
  
    2312
    er les mémoires ou journaux de ces secrétaires et 
    
de

     les mettre sous clés comme je l’ai dit ci-dessus ; cela serait sûr et
  
    2313
    istes, mais le second plus pratique pour les gens 
    
de

     qualité. IX. — Des objections qui peuvent être avancées contre le pro
  
    2314
    e la suppression du métier militaire et qu’en cas 
    
de

     besoin on n’aurait pas d’armée suffisante, comme cela s’est produit e
  
    2315
     militaire et qu’en cas de besoin on n’aurait pas 
    
d’

    armée suffisante, comme cela s’est produit en Hollande en 72. Il n’y a
  
    2316
    ela s’est produit en Hollande en 72. Il n’y a pas 
    
de

     danger d’effémination, parce que chaque pays peut introduire une disc
  
    2317
    produit en Hollande en 72. Il n’y a pas de danger 
    
d’

    effémination, parce que chaque pays peut introduire une discipline sév
  
    2318
    une discipline sévère ou modérée dans l’éducation 
    
de

     la jeunesse, par une vie simple et un labeur convenable. Apprenez-lui
  
    2319
     naturelle par la pratique, ce qui fait l’honneur 
    
de

     la noblesse allemande. Cela fera des hommes, non des femmes ni des li
  
    2320
    s lions : car les soldats se trouvent à l’extrême 
    
de

     l’effémination. La connaissance de la nature et la culture des arts a
  
    2321
    nt à l’extrême de l’effémination. La connaissance 
    
de

     la nature et la culture des arts aussi utiles qu’agréables, donnent a
  
    2322
     qu’agréables, donnent aux hommes la connaissance 
    
d’

    eux-mêmes, du monde où ils sont nés, et les moyens d’être utiles aux a
  
    2323
    ux-mêmes, du monde où ils sont nés, et les moyens 
    
d’

    être utiles aux autres et à eux aussi et encore de secourir et aider, 
  
    2324
    d’être utiles aux autres et à eux aussi et encore 
    
de

     secourir et aider, mais non de nuire et de détruire. La connaissance 
  
    2325
    ux aussi et encore de secourir et aider, mais non 
    
de

     nuire et de détruire. La connaissance du gouvernement en général, des
  
    2326
    encore de secourir et aider, mais non de nuire et 
    
de

     détruire. La connaissance du gouvernement en général, des constitutio
  
    2327
    ement en général, des constitutions particulières 
    
de

     l’Europe, et pardessus tout de celle de son propre pays, sont des cho
  
    2328
    ions particulières de l’Europe, et pardessus tout 
    
de

     celle de son propre pays, sont des choses très recommandables. Cela p
  
    2329
    iculières de l’Europe, et pardessus tout de celle 
    
de

     son propre pays, sont des choses très recommandables. Cela prépare le
  
    2330
    ela prépare le citoyen au parlement et au conseil 
    
de

     l’intérieur, aux cours des princes et à la Diète générale à l’extérie
  
    2331
    ième objection est qu’il y aurait un grand besoin 
    
d’

    emplois pour les frères cadets et que le pauvre ne peut être que solda
  
    2332
     réponse à la seconde objection. Nous aurons plus 
    
de

     commerçants et de cultivateurs ou d’ingénieux naturalistes, si le gou
  
    2333
    nde objection. Nous aurons plus de commerçants et 
    
de

     cultivateurs ou d’ingénieux naturalistes, si le gouvernement a tant s
  
    2334
     aurons plus de commerçants et de cultivateurs ou 
    
d’

    ingénieux naturalistes, si le gouvernement a tant soit peu le souci de
  
    2335
    stes, si le gouvernement a tant soit peu le souci 
    
de

     l’éducation de la jeunesse, ce qui, après le bien-être présent et imm
  
    2336
    vernement a tant soit peu le souci de l’éducation 
    
de

     la jeunesse, ce qui, après le bien-être présent et immédiat de chaque
  
    2337
    e, ce qui, après le bien-être présent et immédiat 
    
de

     chaque pays, doit être la préoccupation et l’art du gouvernement. Car
  
    2338
     gouvernement. Car la prochaine génération dépend 
    
de

     la façon dont la jeunesse est élevée ; de même le gouvernement se tro
  
    2339
    enus ne seront diminués ; au contraire, le budget 
    
de

     la guerre pouvant être réduit, par suite de mon plan, les deniers ser
  
    2340
    netés demeurent comme elles étaient ; mais aucune 
    
d’

    elles n’a de suprématie sur les autres. Si cela peut s’appeler un amoi
  
    2341
    ent comme elles étaient ; mais aucune d’elles n’a 
    
de

     suprématie sur les autres. Si cela peut s’appeler un amoindrissement 
  
    2342
    autres. Si cela peut s’appeler un amoindrissement 
    
de

     leur puissance, ce serait seulement parce que le gros poisson ne pour
  
    2343
    avaler les petits et que chaque pays est préservé 
    
de

     tout dommage et incapable d’en commettre. X.— Des réels avantages qui
  
    2344
    ue pays est préservé de tout dommage et incapable 
    
d’

    en commettre. X.— Des réels avantages qui résulteraient de cette propo
  
    2345
    mettre. X.— Des réels avantages qui résulteraient 
    
de

     cette proposition en vue de la paix Je suis maintenant parvenu à mon 
  
    2346
    hapitre dans lequel je vais énumérer quelques-uns 
    
de

     ces nombreux et réels bienfaits qui découleraient de cette propositio
  
    2347
    ces nombreux et réels bienfaits qui découleraient 
    
de

     cette proposition pour la présente et future paix de l’Europe… En deh
  
    2348
    cette proposition pour la présente et future paix 
    
de

     l’Europe… En dehors de la perte de tant de vies si importantes pour t
  
    2349
    et future paix de l’Europe… En dehors de la perte 
    
de

     tant de vies si importantes pour tout gouvernement, aussi bien au poi
  
    2350
     vue du travail qu’à l’égard du progrès, les cris 
    
de

     tant de veuves, d’orphelins, qui ne sont agréables aux oreilles d’auc
  
    2351
    à l’égard du progrès, les cris de tant de veuves, 
    
d’

    orphelins, qui ne sont agréables aux oreilles d’aucun gouvernement, qu
  
    2352
    , d’orphelins, qui ne sont agréables aux oreilles 
    
d’

    aucun gouvernement, qui sont la conséquence de la guerre partout, sero
  
    2353
    les d’aucun gouvernement, qui sont la conséquence 
    
de

     la guerre partout, seront évités. Il y a encore un bienfait manifeste
  
    2354
     en quelque sorte recouvrée. Car pour le scandale 
    
de

     ce saint état, les chrétiens qui se glorifient du nom de leur Sauveur
  
    2355
    aint état, les chrétiens qui se glorifient du nom 
    
de

     leur Sauveur ont sacrifié son crédit et sa dignité à leurs passions d
  
    2356
    si souvent qu’ils ont été excités par l’impulsion 
    
de

     l’ambition ou de la vengeance. Ils n’ont pas toujours été dans le dro
  
    2357
     ont été excités par l’impulsion de l’ambition ou 
    
de

     la vengeance. Ils n’ont pas toujours été dans le droit et le droit n’
  
    2358
    e droit et le droit n’a pas été non plus la cause 
    
de

     la guerre. Non seulement des chrétiens contre des chrétiens, mais enc
  
    2359
    e secte, ils ont souillé leurs mains dans le sang 
    
de

     leurs frères, invoquant de toutes leurs forces le Dieu bon et miséric
  
    2360
    urs mains dans le sang de leurs frères, invoquant 
    
de

     toutes leurs forces le Dieu bon et miséricordieux pour le succès de l
  
    2361
    rces le Dieu bon et miséricordieux pour le succès 
    
de

     leurs armes dans la destruction de leurs frères. … Le troisième bienf
  
    2362
    pour le succès de leurs armes dans la destruction 
    
de

     leurs frères. … Le troisième bienfait est l’économie de l’argent pour
  
    2363
    rs frères. … Le troisième bienfait est l’économie 
    
de

     l’argent pour les princes comme pour les peuples. Par ce moyen sont d
  
    2364
    t qui sont la conséquence des dépenses dévorantes 
    
de

     la guerre. Ils auront alors la possibilité d’améliorer les œuvres pub
  
    2365
    tes de la guerre. Ils auront alors la possibilité 
    
d’

    améliorer les œuvres publiques pour l’enseignement, la charité, les ma
  
    2366
    ntionner les pensions aux veuves et aux orphelins 
    
de

     ceux qui meurent dans les guerres et à ceux qui ont été estropiés ; e
  
    2367
    les, cités et pays qui sont mis à sac par la rage 
    
de

     la guerre seront préservés. Ce vœu sera bien entendu dans les Flandre
  
    2368
     des ruines et des misères. Le cinquième bienfait 
    
de

     cette paix est l’aisance et la sécurité du voyage et du trafic, bonhe
  
    2369
    ons aisément concevoir la commodité et l’avantage 
    
de

     pouvoir voyager à travers l’Europe avec un passeport délivré par une 
  
    2370
     voyagé en Allemagne où il y a un si grand nombre 
    
d’

    États se rendent compte de la nécessité et de la valeur de ce privilèg
  
    2371
     y a un si grand nombre d’États se rendent compte 
    
de

     la nécessité et de la valeur de ce privilège par les nombreux arrêts 
  
    2372
    mbre d’États se rendent compte de la nécessité et 
    
de

     la valeur de ce privilège par les nombreux arrêts qu’ils subissent en
  
    2373
    se rendent compte de la nécessité et de la valeur 
    
de

     ce privilège par les nombreux arrêts qu’ils subissent en cours de rou
  
    2374
    par les nombreux arrêts qu’ils subissent en cours 
    
de

     route ; et surtout ceux qui ont fait le grand tour de l’Europe. Concl
  
    2375
    oute ; et surtout ceux qui ont fait le grand tour 
    
de

     l’Europe. Conclusion … J’avoue que je désire sincèrement que l’honneu
  
    2376
    … J’avoue que je désire sincèrement que l’honneur 
    
de

     proposer et de réaliser un dessein si bon et si grand revienne à l’An
  
    2377
    e désire sincèrement que l’honneur de proposer et 
    
de

     réaliser un dessein si bon et si grand revienne à l’Angleterre, parmi
  
    2378
     grand revienne à l’Angleterre, parmi les nations 
    
de

     l’Europe, quoique certaines parties de ma proposition aient été envis
  
    2379
    es nations de l’Europe, quoique certaines parties 
    
de

     ma proposition aient été envisagées par la sagesse, la justice et la 
  
    2380
    nvisagées par la sagesse, la justice et la valeur 
    
d’

    Henri IV de France, dont les qualités supérieures l’élevant au-dessus 
  
    2381
    dont les qualités supérieures l’élevant au-dessus 
    
de

     ses ancêtres ou contemporains lui méritèrent le titre d’Henri le Gran
  
    2382
    ancêtres ou contemporains lui méritèrent le titre 
    
d’

    Henri le Grand.     La Paix perpétuelle de l’abbé de Saint-Pierre.    
  
    2383
    e titre d’Henri le Grand.     La Paix perpétuelle 
    
de

     l’abbé de Saint-Pierre.     Aux quatre grands projets du xviiie  sièc
  
    2384
     du xviiie  siècle fait immédiatement suite celui 
    
de

     l’abbé de Saint-Pierre, publié pour la première fois en 1712. S’il es
  
    2385
    a première fois en 1712. S’il est le plus célèbre 
    
de

     tous, ce n’est point qu’il soit le meilleur, il s’en faut ; mais c’es
  
    2386
    , et c’est ensuite qu’il a valu à son auteur plus 
    
de

     railleries qu’aucun écrit de l’ère moderne n’en aura jamais motivées.
  
    2387
    lu à son auteur plus de railleries qu’aucun écrit 
    
de

     l’ère moderne n’en aura jamais motivées. Bien entendu, ni cet excès d
  
    2388
     aura jamais motivées. Bien entendu, ni cet excès 
    
d’

    honneur, ni cette indignité ne sont justifiés. Charles-Irénée Castel d
  
    2389
    Saint-Pierre (1658-1743) naquit dans le Cotentin, 
    
d’

    une très ancienne famille, peu fortunée. Il entra dans les ordres mine
  
    2390
    trise. À Paris, il fit carrière sous les auspices 
    
de

     Fontenelle et du salon de la marquise de Lambert, qui lui ouvrirent l
  
    2391
    rière sous les auspices de Fontenelle et du salon 
    
de

     la marquise de Lambert, qui lui ouvrirent les portes de l’Académie fr
  
    2392
    marquise de Lambert, qui lui ouvrirent les portes 
    
de

     l’Académie française en 1695. Il venait d’acheter la charge d’aumônie
  
    2393
    portes de l’Académie française en 1695. Il venait 
    
d’

    acheter la charge d’aumônier de Madame et connut la Cour. En qualité d
  
    2394
     française en 1695. Il venait d’acheter la charge 
    
d’

    aumônier de Madame et connut la Cour. En qualité de secrétaire de l’ab
  
    2395
    en 1695. Il venait d’acheter la charge d’aumônier 
    
de

     Madame et connut la Cour. En qualité de secrétaire de l’abbé de Polig
  
    2396
    ’aumônier de Madame et connut la Cour. En qualité 
    
de

     secrétaire de l’abbé de Polignac, envoyé de la France au congrès de l
  
    2397
    adame et connut la Cour. En qualité de secrétaire 
    
de

     l’abbé de Polignac, envoyé de la France au congrès de la paix d’Utrec
  
    2398
    alité de secrétaire de l’abbé de Polignac, envoyé 
    
de

     la France au congrès de la paix d’Utrecht (1712) il put voir de tout 
  
    2399
    ’abbé de Polignac, envoyé de la France au congrès 
    
de

     la paix d’Utrecht (1712) il put voir de tout près la pratique des tra
  
    2400
    lignac, envoyé de la France au congrès de la paix 
    
d’

    Utrecht (1712) il put voir de tout près la pratique des traités et ses
  
    2401
    u congrès de la paix d’Utrecht (1712) il put voir 
    
de

     tout près la pratique des traités et ses défauts. Exclu de l’Académie
  
    2402
    rès la pratique des traités et ses défauts. Exclu 
    
de

     l’Académie en 1716 pour avoir critiqué la mémoire de Louis XIV, il fo
  
    2403
    l’Académie en 1716 pour avoir critiqué la mémoire 
    
de

     Louis XIV, il fonda le « Club de l’Entresol », société de libres disc
  
    2404
    tiqué la mémoire de Louis XIV, il fonda le « Club 
    
de

     l’Entresol », société de libres discussions, qui lui valut de nouveau
  
    2405
     XIV, il fonda le « Club de l’Entresol », société 
    
de

     libres discussions, qui lui valut de nouveaux ennuis. « Il avait de l
  
    2406
    l », société de libres discussions, qui lui valut 
    
de

     nouveaux ennuis. « Il avait de l’esprit, des lettres et des chimères 
  
    2407
    ons, qui lui valut de nouveaux ennuis. « Il avait 
    
de

     l’esprit, des lettres et des chimères », dit Saint-Simon dans ses mém
  
    2408
    il mourut insensible aux sarcasmes que ne cessait 
    
de

     provoquer son Projet. Et l’on dit que son dernier mot fut « Espérance
  
    2409
     que son dernier mot fut « Espérance ». Le Projet 
    
de

     paix perpétuelle parut d’abord à Cologne, sans nom d’auteur, en 1712.
  
    2410
    aix perpétuelle parut d’abord à Cologne, sans nom 
    
d’

    auteur, en 1712. L’année suivante paraissait à Utrecht une version amp
  
    2411
    dédié à Louis XV, fut publié à Rotterdam en 1729. 
    
De

     ces ouvrages assez médiocrement écrits, mal construits et pleins de r
  
    2412
    sez médiocrement écrits, mal construits et pleins 
    
de

     répétitions, il n’est pas facile de tirer des extraits qui rendent ju
  
    2413
    its et pleins de répétitions, il n’est pas facile 
    
de

     tirer des extraits qui rendent justice aux idées positives de l’abbé 
  
    2414
     extraits qui rendent justice aux idées positives 
    
de

     l’abbé ou qui en dégagent l’originalité. Cependant, pour leur intérêt
  
    2415
    sèque, nous donnerons ci-après quelques fragments 
    
de

     la Préface et des XII Articles principaux du Projet de 1713. Mais rap
  
    2416
     Préface et des XII Articles principaux du Projet 
    
de

     1713. Mais rapportons d’abord l’occasion singulière qui inspira son p
  
    2417
    ière qui inspira son projet au bon abbé. Au cours 
    
d’

    un voyage en Normandie, durant l’hiver 1706-1707, sa voiture ayant ver
  
    2418
    vre, et sans transition, il écrit :  Je finissais 
    
de

     mettre la dernière main à ce mémoire, lorsqu’il m’est venu à l’esprit
  
    2419
    émoire, lorsqu’il m’est venu à l’esprit un projet 
    
d’

    établissement qui par sa grande beauté m’a frappé d’étonnement. Il a a
  
    2420
    établissement qui par sa grande beauté m’a frappé 
    
d’

    étonnement. Il a attiré depuis quinze jours toute mon attention. Je me
  
    2421
    puis quinze jours toute mon attention. Je me sens 
    
d’

    autant plus d’inclination à l’approfondir que plus je le considère, et
  
    2422
    urs toute mon attention. Je me sens d’autant plus 
    
d’

    inclination à l’approfondir que plus je le considère, et ce par différ
  
    2423
     avantageux aux souverains. C’est l’établissement 
    
d’

    un arbitrage permanent entre eux pour terminer sans guerre leurs diffé
  
    2424
    . Je ne sais si je me trompe, mais on a fondement 
    
d’

    espérer qu’un traité se signera quelque jour… C’est avec cette espéran
  
    2425
    Socrate : Que l’on va loin lorsqu’on a le courage 
    
de

     marcher longtemps et sur la même ligne.  Voyons maintenant les chemin
  
    2426
    ntenant les chemins nouveaux que l’abbé s’efforça 
    
d’

    ouvrir.  Préface98  … Il y a environ quatre ans qu’après avoir chevé l
  
    2427
    atre ans qu’après avoir chevé la première ébauche 
    
d’

    un Règlement utile au Commerce intérieur du royaume, instruit par mes 
  
    2428
    merce intérieur du royaume, instruit par mes yeux 
    
de

     l’extrême misère où les Peuples sont réduits par les grandes Impositi
  
    2429
    tions particulières des Contributions excessives, 
    
de

     Fouragemens, des Incendies, des violences, des cruautez, & des me
  
    2430
    s des États chrétiens ; enfin touché sensiblement 
    
de

     tous les maux que la Guerre cause aux Souverains d’Europe & à leu
  
    2431
     tous les maux que la Guerre cause aux Souverains 
    
d’

    Europe & à leurs Sujets, je pris la résolution de pénétrer jusqu’a
  
    2432
    urope & à leurs Sujets, je pris la résolution 
    
de

     pénétrer jusqu’aux premières sources du mal, & de chercher par me
  
    2433
    énétrer jusqu’aux premières sources du mal, & 
    
de

     chercher par mes propres réflexions si ce mal étoit tellement attaché
  
    2434
    r la matière pour découvrir s’il étoit impossible 
    
de

     trouver des moyens praticables pour terminer sans Guerre tous leurs d
  
    2435
     Paix perpétuelle. … Il me parut alors nécessaire 
    
de

     commencer par faire quelques réflexions sur la nécessité où sont les 
  
    2436
    éflexions sur la nécessité où sont les Souverains 
    
d’

    Europe, comme les autres hommes, de vivre en Paix, unis par quelque so
  
    2437
    les Souverains d’Europe, comme les autres hommes, 
    
de

     vivre en Paix, unis par quelque société permanente, pour vivre plus h
  
    2438
    plus heureux, sur la nécessité où ils se trouvent 
    
d’

    avoir des Guerres entre eux, pour la possession ou pour le partage de 
  
    2439
     entre eux, pour la possession ou pour le partage 
    
de

     quelques biens, & enfin sur les moyens dont ils se sont servi jus
  
    2440
    ont servi jusqu’à présent, soit pour se dispenser 
    
d’

    entreprendre ces Guerres, soit pour n’y pas succomber quand elles ont 
  
    2441
    s promesses mutuelles écrites ou dans des Traitez 
    
de

     Commerce, de Trêve, de Paix, où l’on règle les limites du Territoire,
  
    2442
    utuelles écrites ou dans des Traitez de Commerce, 
    
de

     Trêve, de Paix, où l’on règle les limites du Territoire, & les au
  
    2443
    crites ou dans des Traitez de Commerce, de Trêve, 
    
de

     Paix, où l’on règle les limites du Territoire, & les autres préte
  
    2444
    tres prétentions réciproques, ou dans des Traitez 
    
de

     Garantie ou de Ligue offensive & défensive pour établir, pour mai
  
    2445
    s réciproques, ou dans des Traitez de Garantie ou 
    
de

     Ligue offensive & défensive pour établir, pour maintenir ou pour 
  
    2446
    blir, pour maintenir ou pour rétablir l’Équilibre 
    
de

     puissance des maisons dominantes ; Système qui jusques ici semble êtr
  
    2447
    me qui jusques ici semble être le plus haut degré 
    
de

     prudence, auquel les Souverains d’Europe & les ministres ayent po
  
    2448
    lus haut degré de prudence, auquel les Souverains 
    
d’

    Europe & les ministres ayent porté leur politique. Je ne fus pas l
  
    2449
    -tems sans voir que tant que l’on se contenteroit 
    
de

     pareils moyens, on n’auroit jamais de sûreté suffisante de l’exécutio
  
    2450
    ontenteroit de pareils moyens, on n’auroit jamais 
    
de

     sûreté suffisante de l’exécution des Traitez, ni de moyens suffisans 
  
    2451
    s moyens, on n’auroit jamais de sûreté suffisante 
    
de

     l’exécution des Traitez, ni de moyens suffisans pour terminer équitab
  
    2452
     sûreté suffisante de l’exécution des Traitez, ni 
    
de

     moyens suffisans pour terminer équitablement, & sur tout sans Gue
  
    2453
    x chefs ou à deux Propositions, que je me propose 
    
d’

    y démontrer. 1° La constitution présente de l’Europe ne sçauroit jamai
  
    2454
    ropose d’y démontrer. 1° La constitution présente 
    
de

     l’Europe ne sçauroit jamais produire que des Guerres presque continue
  
    2455
     ne sçauroit jamais procurer la sûreté suffisante 
    
de

     l’exécution des Traitez.  2° L’Équilibre de puissance entre la Maison
  
    2456
    sante de l’exécution des Traitez.  2° L’Équilibre 
    
de

     puissance entre la Maison de France & la Maison d’Autriche ne sça
  
    2457
    tez.  2° L’Équilibre de puissance entre la Maison 
    
de

     France & la Maison d’Autriche ne sçauroit procurer de sûreté suff
  
    2458
    issance entre la Maison de France & la Maison 
    
d’

    Autriche ne sçauroit procurer de sûreté suffisante ni contre les Guerr
  
    2459
    e & la Maison d’Autriche ne sçauroit procurer 
    
de

     sûreté suffisante ni contre les Guerres Étrangères, ni contre les Gue
  
    2460
    iviles, & ne sçauroit par conséquent procurer 
    
de

     sûreté suffisante soit pour la conservation des États, soit pour la c
  
    2461
     pourraient pas trouver quelque sûreté suffisante 
    
de

     l’exécution des promesses mutuelles en établissant entre eux un Arbit
  
    2462
     elles, & pour se procurer tous les avantages 
    
d’

    un Commerce perpétuel de nation à Nation, vouloient faire un traité d’
  
    2463
    ocurer tous les avantages d’un Commerce perpétuel 
    
de

     nation à Nation, vouloient faire un traité d’Union & un Congrez p
  
    2464
    uel de nation à Nation, vouloient faire un traité 
    
d’

    Union & un Congrez perpétuel à peu près sur le même modèle, ou des
  
    2465
    rès sur le même modèle, ou des Sept Souverainetés 
    
de

     Hollande, ou des treize Souverainetés des Suisses, ou des Souverainet
  
    2466
    e Souverainetés des Suisses, ou des Souverainetés 
    
d’

    Allemagne, & former l’Union européenne sur ce qu’il y a de bon dan
  
    2467
     & former l’Union européenne sur ce qu’il y a 
    
de

     bon dans ces Unions, & sur tout dans l’Union Germanique composée 
  
    2468
    sur tout dans l’Union Germanique composée de plus 
    
de

     deux cens Souverainetés, je trouvai, dis-je, que les plus foibles aur
  
    2469
    la. … En examinant le gouvernement des Souverains 
    
d’

    Allemagne, je ne trouvai pas plus de difficultez à former de nos jours
  
    2470
    es Souverains d’Allemagne, je ne trouvai pas plus 
    
de

     difficultez à former de nos jours le Corps Européen, qu’on en trouva 
  
    2471
    e, je ne trouvai pas plus de difficultez à former 
    
de

     nos jours le Corps Européen, qu’on en trouva autrefois à former le Co
  
    2472
    nd ; au contraire je trouvai qu’il y auroit moins 
    
d’

    obstacles & plus de facilitez pour former le Corps Européen, &
  
    2473
    ouvai qu’il y auroit moins d’obstacles & plus 
    
de

     facilitez pour former le Corps Européen, & ce qui m’aida beaucoup
  
    2474
    mère, ce fut l’avis que me donna bientôt après un 
    
de

     mes amis, lorsque je lui montrai la première ébauche de cet Ouvrage d
  
    2475
     amis, lorsque je lui montrai la première ébauche 
    
de

     cet Ouvrage dans ma Province : il me dit qu’Henry IV avoit formé un P
  
    2476
    u duc de Sully son Premier ministre… … Je sçavois 
    
de

     quel poids sont les préjugez, & que souvent ils font plus d’impre
  
    2477
    ont les préjugez, & que souvent ils font plus 
    
d’

    impression sur le commun des esprits, que les véritables raisons prise
  
    2478
    & les Sociétez que je donne comme des espèces 
    
de

     modèles ; qu’après tout Henri IV avoit pû se tromper en croyant possi
  
    2479
    bles & suffisans, qui consistent aux articles 
    
d’

    un traité d’union, dans lequel on trouvât pour tout le monde une sûret
  
    2480
    uffisans, qui consistent aux articles d’un traité 
    
d’

    union, dans lequel on trouvât pour tout le monde une sûreté suffisante
  
    2481
    trouvât pour tout le monde une sûreté suffisante, 
    
de

     la perpétuité de la paix, je ne négligerai rien pour les inventer, &a
  
    2482
     le monde une sûreté suffisante, de la perpétuité 
    
de

     la paix, je ne négligerai rien pour les inventer, & je crois les 
  
    2483
    er à tous les princes chrétiens sûreté suffisante 
    
de

     la perpétuité de la Paix au-dedans & dehors de leurs États, il n’
  
    2484
    nces chrétiens sûreté suffisante de la perpétuité 
    
de

     la Paix au-dedans & dehors de leurs États, il n’y a aucun d’eux p
  
    2485
    e la perpétuité de la Paix au-dedans & dehors 
    
de

     leurs États, il n’y a aucun d’eux pour qui il n’y ait beaucoup plus d
  
    2486
    edans & dehors de leurs États, il n’y a aucun 
    
d’

    eux pour qui il n’y ait beaucoup plus d’avantages à signer le traité p
  
    2487
    y a aucun d’eux pour qui il n’y ait beaucoup plus 
    
d’

    avantages à signer le traité pour l’établissement de cette Société, qu
  
    2488
    avantages à signer le traité pour l’établissement 
    
de

     cette Société, qu’à ne le pas signer. Or la Société européenne, que l
  
    2489
    er à tous les princes chrétiens sûreté suffisante 
    
de

     la perpétuité de la paix au-dedans & au-dehors de leurs États. Do
  
    2490
    nces chrétiens sûreté suffisante de la perpétuité 
    
de

     la paix au-dedans & au-dehors de leurs États. Donc il n’y aura au
  
    2491
    a perpétuité de la paix au-dedans & au-dehors 
    
de

     leurs États. Donc il n’y aura aucun d’eux pour qui il n’y ait beaucou
  
    2492
     au-dehors de leurs États. Donc il n’y aura aucun 
    
d’

    eux pour qui il n’y ait beaucoup plus d’avantages à signer le traité p
  
    2493
    ura aucun d’eux pour qui il n’y ait beaucoup plus 
    
d’

    avantages à signer le traité pour l’établissement de cette Société, qu
  
    2494
    avantages à signer le traité pour l’établissement 
    
de

     cette Société, qu’à ne le pas signer.  La majeure, ou la première pro
  
    2495
    ur disposer l’esprit du Lecteur à sentir la force 
    
de

     la démonstration. La mineure ou la seconde proposition contient les m
  
    2496
    iscours. À l’égard de la dernière proposition, ou 
    
de

     la conclusion, c’est le but que je me suis proposé dans cet Ouvrage… 
  
    2497
    re tous les Souverains chrétiens, dans le dessein 
    
de

     rendre la Paix inaltérable en Europe, & dans cette vue l’Union fe
  
    2498
    es Souverains Mahometans ses voisins, des Traitez 
    
de

     Ligue offensive & défensive, pour maintenir chacun en Paix dans l
  
    2499
    ve, pour maintenir chacun en Paix dans les bornes 
    
de

     son Territoire, en prenant d’eux, & leur donnant toutes les sûret
  
    2500
    aix dans les bornes de son Territoire, en prenant 
    
d’

    eux, & leur donnant toutes les sûretez possibles réciproques. Les 
  
    2501
    été Européenne ne se mêlera point du gouvernement 
    
de

     chaque État, si ce n’est pour en conserver la forme fondamentale, &am
  
    2502
    -joint… Les Souverains ne pourront entr’eux faire 
    
d’

    échange d’aucun Territoire, ni signer aucun Traité entr’eux que du con
  
    2503
    s Souverains ne pourront entr’eux faire d’échange 
    
d’

    aucun Territoire, ni signer aucun Traité entr’eux que du consentement,
  
    2504
    r’eux que du consentement, & sous la garantie 
    
de

     l’Union aux trois quarts des vingt-quatre voix, & l’Union démeure
  
    2505
    ingt-quatre voix, & l’Union démeurera garante 
    
de

     l’éxécution des promesses réciproques. VII. — Les Députez travaillero
  
    2506
    férens Commerces entre les Nations particulières, 
    
de

     sorte cependant que les Loix soient égales & réciproques pour tou
  
    2507
     Chambres pour le maintien du Commerce, composées 
    
de

     Députez autorisez à concilier, & à juger à la rigueur, & en d
  
    2508
     le Commerce, ou autres matières entre les Sujets 
    
de

     divers Souverains, au-dessus de dix mille livres : les autres procez 
  
    2509
     entre les Sujets de divers Souverains, au-dessus 
    
de

     dix mille livres : les autres procez de moindre conséquence seront dé
  
    2510
    au-dessus de dix mille livres : les autres procez 
    
de

     moindre conséquence seront décidez à l’ordinaire par les Juges du lie
  
    2511
    lité que contre celui qui aura été déclaré ennemi 
    
de

     la Société européenne : mais s’il y a quelque sujet de se plaindre de
  
    2512
     Société européenne : mais s’il y a quelque sujet 
    
de

     se plaindre de quelqu’un des Membres ou quelque demande à lui faire, 
  
    2513
    enne : mais s’il y a quelque sujet de se plaindre 
    
de

     quelqu’un des Membres ou quelque demande à lui faire, il fera donner 
  
    2514
    par son Député son Mémoire au Sénat dans la Ville 
    
de

     paix, & le Sénat prendra soin de concilier les différens par ses 
  
    2515
    ans la Ville de paix, & le Sénat prendra soin 
    
de

     concilier les différens par ses Commissaires Médiateurs, ou s’ils ne 
  
    2516
    verain qui prendra les armes avant la déclaration 
    
de

     guerre de l’Union, ou qui refusera d’exécuter un Réglement de la Soci
  
    2517
     prendra les armes avant la déclaration de guerre 
    
de

     l’Union, ou qui refusera d’exécuter un Réglement de la Société, elle 
  
    2518
    déclaration de guerre de l’Union, ou qui refusera 
    
d’

    exécuter un Réglement de la Société, elle lui fera la Guerre, jusqu’à 
  
    2519
    ment & des Réglemens il payera même les frais 
    
de

     la Guerre, & le Païs qui sera conquis sur lui lors de la suspensi
  
    2520
    ïs qui sera conquis sur lui lors de la suspension 
    
d’

    armes, demeurera pour toujours séparé de son État…  IX. — Il y aura da
  
    2521
    uspension d’armes, demeurera pour toujours séparé 
    
de

     son État…  IX. — Il y aura dans le Sénat d’Europe vingt-quatre Sénate
  
    2522
    éparé de son État…  IX. — Il y aura dans le Sénat 
    
d’

    Europe vingt-quatre Sénateurs ou Députez des Souverains unis, ni plus,
  
    2523
     qu’une voix. X. — Les Membres & les Associez 
    
de

     l’Union contribueront aux frais de la Société, & aux subsides pou
  
    2524
    ; les Associez de l’Union contribueront aux frais 
    
de

     la Société, & aux subsides pour la sûreté à proportion chacun de 
  
    2525
    ; aux subsides pour la sûreté à proportion chacun 
    
de

     leurs révenus & des richesses de leurs Peuples… XII. — On ne chan
  
    2526
    rtion chacun de leurs révenus & des richesses 
    
de

     leurs Peuples… XII. — On ne changera jamais rien aux onze Articles fo
  
    2527
     ci-dessus exprimez, sans le consentement unanime 
    
de

     tous les membres : mais à l’égard des autres Articles, la Société pou
  
    2528
    généralement sur « l’utopie ».et les « chimères » 
    
de

     son Projet, l’abbé avait écrit avec une sobre lucidité :  Je conviens
  
    2529
     il avait ajouté :  Il ne s’agit présentement que 
    
de

     commencer la ligue dans un congrès, à La Haye ou ailleurs.  Deux-cent
  
    2530
     le Projet devait surtout sa célébrité au concert 
    
de

     railleries qu’il provoqua : c’est qu’elles n’émanaient point d’obscur
  
    2531
    qu’il provoqua : c’est qu’elles n’émanaient point 
    
d’

    obscurantistes invétérés, mais plutôt d’esprits « éclairés », quoique 
  
    2532
    ent point d’obscurantistes invétérés, mais plutôt 
    
d’

    esprits « éclairés », quoique mauvaises langues, comme Voltaire et Fré
  
    2533
    ses langues, comme Voltaire et Frédéric II, voire 
    
d’

    illustres protagonistes d’une Europe fédérée, comme Leibniz et Roussea
  
    2534
    e et Frédéric II, voire d’illustres protagonistes 
    
d’

    une Europe fédérée, comme Leibniz et Rousseau, qui redoutaient que le 
  
    2535
     Projet ne desservît la cause.  Voltaire, parlant 
    
de

     l’art militaire :  Je vous l’avoue, je formais des souhaits Pour que 
  
    2536
    quité fît régner sur la terre L’impraticable paix 
    
de

     l’abbé de Saint-Pierre.   Frédéric II, dans une lettre à Voltaire99 :
  
    2537
    int-Pierre, qui me distingue assez pour m’honorer 
    
de

     sa correspondance, m’a envoyé un bel ouvrage sur la façon de rétablir
  
    2538
    spondance, m’a envoyé un bel ouvrage sur la façon 
    
de

     rétablir la paix en Europe. La chose est très praticable : il ne manq
  
    2539
     manque pour la faire réussir que le consentement 
    
de

     l’Europe et quelques autres bagatelles semblables.  Leibniz, à propos
  
    2540
    gatelles semblables.  Leibniz, à propos d’un plan 
    
de

     Tribunal catholique européen100 :  Voilà des projets qui réussiront a
  
    2541
    s projets qui réussiront aussi aisément que celui 
    
de

     M. l’abbé de Saint-Pierre, mais puisqu’il est permis de faire des rom
  
    2542
     réussiront aussi aisément que celui de M. l’abbé 
    
de

     Saint-Pierre, mais puisqu’il est permis de faire des romans, pourquoi
  
    2543
    l’abbé de Saint-Pierre, mais puisqu’il est permis 
    
de

     faire des romans, pourquoi trouverons-nous sa fiction mauvaise, qui n
  
    2544
    a fiction mauvaise, qui nous ramènerait le siècle 
    
d’

    or.   Rousseau, dans son Extrait du Projet :  Si le Projet demeure san
  
    2545
    e les hommes sont insensés et que c’est une sorte 
    
de

     folie que d’être sage au milieu des fous.101    Bluntschli, juriste i
  
    2546
    sont insensés et que c’est une sorte de folie que 
    
d’

    être sage au milieu des fous.101    Bluntschli, juriste international 
  
    2547
     sort au mot du Cardinal Dubois : « C’est le rêve 
    
d’

    un homme de bien. » À quoi Th. Ruyssen ajoute : « Mais ce rêve ne cess
  
    2548
    t du Cardinal Dubois : « C’est le rêve d’un homme 
    
de

     bien. » À quoi Th. Ruyssen ajoute : « Mais ce rêve ne cessera de hant
  
    2549
    oi Th. Ruyssen ajoute : « Mais ce rêve ne cessera 
    
de

     hanter la conscience de l’humanité. »    90. Ernest Nys, Émeric Crucé
  
    2550
    « Mais ce rêve ne cessera de hanter la conscience 
    
de

     l’humanité. »    90. Ernest Nys, Émeric Crucé, in Études de Droit Int
  
    2551
    ité. »    90. Ernest Nys, Émeric Crucé, in Études 
    
de

     Droit International, I, 1896.  91. Allusion au projet de La Noue, voi
  
    2552
    t International, I, 1896.  91. Allusion au projet 
    
de

     La Noue, voir plus haut.  92. Allusion à Jean Bodin, cité plus haut. 
  
    2553
    imitif : Mémoires des sages et royales oeconomies 
    
d’

    Estat, domestiques, politiques et militaires de Henry le Grand, l’Exem
  
    2554
    es d’Estat, domestiques, politiques et militaires 
    
de

     Henry le Grand, l’Exemplaire des roys, le prince des Vertus, des Arme
  
    2555
    ertus, des Armes et des Loix, et le Père en effet 
    
de

     ses Peuples François, et des servitudes utiles, obéissances convenabl
  
    2556
    béissances convenables et administrations loyales 
    
de

     Maximilien de Béthune…, etc.  94.  C. J. Burckhardt : Vier historisch
  
    2557
    Verlag, Zürich, 1953, p. 25-29, 48-49.  95. Tirés 
    
de

     Jean Amos Comenius — Pages choisies, avec une introduction de Jean Pi
  
    2558
     Comenius — Pages choisies, avec une introduction 
    
de

     Jean Piaget — Unesco, 1957.  96. Hermès Trimégiste : c’est sous ce no
  
    2559
    rmès Trimégiste : c’est sous ce nom que les Grecs 
    
de

     la basse époque désignaient le dieu égyptien Toth, qui était le dieu 
  
    2560
    ur dieu Hermès.  97. Nos citations sont extraites 
    
de

     l’Essai pour la paix présente et future de l’Europe par William Penn,
  
    2561
    raites de l’Essai pour la paix présente et future 
    
de

     l’Europe par William Penn, traduit par R. Umbdenstock, in William Pen
  
    2562
    k, in William Penn théoricien du Pacifisme. Thèse 
    
de

     l’Université de Dijon, 1931.  98. Extraits du Projet pour rendre la P
  
    2563
    nn théoricien du Pacifisme. Thèse de l’Université 
    
de

     Dijon, 1931.  98. Extraits du Projet pour rendre la Paix perpétuelle 
  
    2564
    tuelle en Europe, Tome 1, Utrecht, 1713 (sans nom 
    
d’

    auteur).  99.  Frédéric II, Œuvres, tome XIV, p. 247.  100. Lettre à G
  
    2565
     101. La Rochefoucauld : « C’est une grande folie 
    
de

     vouloir être sage tout seul. »

8 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Deuxième partie. Prises de conscience européennes.  De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre,  (xive
          au xixe
          siècle) — 6. En marge des grands plans, l’utopie prolifère
    2566
    entre 1623 et 1713, gravitent plusieurs douzaines 
    
d’

    utopies politico-mystiques, de plans de fédérations, d’anticipations p
  
    2567
    plusieurs douzaines d’utopies politico-mystiques, 
    
de

     plans de fédérations, d’anticipations pacifistes ou d’élucubrations :
  
    2568
     douzaines d’utopies politico-mystiques, de plans 
    
de

     fédérations, d’anticipations pacifistes ou d’élucubrations : les titr
  
    2569
    pies politico-mystiques, de plans de fédérations, 
    
d’

    anticipations pacifistes ou d’élucubrations : les titres seuls souvent
  
    2570
    ans de fédérations, d’anticipations pacifistes ou 
    
d’

    élucubrations : les titres seuls souvent vaudraient d’être cités, dans
  
    2571
    ucubrations : les titres seuls souvent vaudraient 
    
d’

    être cités, dans la mesure où ils nomment l’Europe comme unité, mais i
  
    2572
    ent l’Europe comme unité, mais il y faudrait trop 
    
de

     pages. Bornons-nous à quelques exemples choisis aux quatre coins du c
  
    2573
     und Haüpter Europæ geschrieben…  C’était l’œuvre 
    
d’

    un jeune théologien luthérien, Valentin Andreæ, inspirée de la Riforma
  
    2574
    e théologien luthérien, Valentin Andreæ, inspirée 
    
de

     la Riforma Generale dell’Universo du satiriste italien Trajano Boccal
  
    2575
    trouver au cours de leurs voyages, un seul membre 
    
de

     cette société. Cependant, il est établi que Leibniz fut, à vingt ans,
  
    2576
    tabli que Leibniz fut, à vingt ans, le secrétaire 
    
d’

    une confrérie de rose-croix, à Nuremberg… En 1691, un commerçant suiss
  
    2577
    z fut, à vingt ans, le secrétaire d’une confrérie 
    
de

     rose-croix, à Nuremberg… En 1691, un commerçant suisse du nom de Goud
  
    2578
    à Nuremberg… En 1691, un commerçant suisse du nom 
    
de

     Goudet publiait en Hollande un ouvrage aujourd’hui introuvable, et qu
  
    2579
    sujet Jurieu et Pierre Bayle. Ces Huit Entretiens 
    
d’

    Irène et Ariste proposaient aux Européens de s’unir pour se partager l
  
    2580
    tiens d’Irène et Ariste proposaient aux Européens 
    
de

     s’unir pour se partager l’Empire ottoman102. La paix perpétuelle deva
  
    2581
    x perpétuelle devait être assurée « par une armée 
    
de

     40.000 Suisses équipée et maintenue sous les armes après accord de to
  
    2582
     équipée et maintenue sous les armes après accord 
    
de

     tous les pays d’Europe, ainsi que par 30.000 hommes recrutés chez d’a
  
    2583
    enue sous les armes après accord de tous les pays 
    
d’

    Europe, ainsi que par 30.000 hommes recrutés chez d’autres nations eur
  
    2584
    me auteur du libelle, ce dernier perdit la chaire 
    
de

     philosophie qu’il occupait à Rotterdam. Le Projet de l’abbé de Saint-
  
    2585
    philosophie qu’il occupait à Rotterdam. Le Projet 
    
de

     l’abbé de Saint-Pierre devait donner lieu à une série d’ouvrages plus
  
    2586
    bé de Saint-Pierre devait donner lieu à une série 
    
d’

    ouvrages plus ou moins analogues, tout au long du xviiie  siècle. En I
  
    2587
    t entre les princes. On en revient donc aux plans 
    
de

     l’abbé. En Allemagne c’est le Dr Eobald Toze qui reprend l’idée dans 
  
    2588
    Mecklembourg, 1752. Il passe en revue les projets 
    
d’

    « Henry IV » (Sully), de Goudet, et de l’abbé, et les juges irréaliste
  
    2589
    asse en revue les projets d’« Henry IV » (Sully), 
    
de

     Goudet, et de l’abbé, et les juges irréalistes, parce que contraires 
  
    2590
    les projets d’« Henry IV » (Sully), de Goudet, et 
    
de

     l’abbé, et les juges irréalistes, parce que contraires au principe tr
  
    2591
    stes, parce que contraires au principe triomphant 
    
de

     la souveraineté des États. Il n’a d’espoirs que dans une lente éducat
  
    2592
    e triomphant de la souveraineté des États. Il n’a 
    
d’

    espoirs que dans une lente éducation « de l’esprit de justice, de l’am
  
    2593
    . Il n’a d’espoirs que dans une lente éducation « 
    
de

     l’esprit de justice, de l’amour du prochain et de la maîtrise de soi,
  
    2594
    spoirs que dans une lente éducation « de l’esprit 
    
de

     justice, de l’amour du prochain et de la maîtrise de soi, aussi bien 
  
    2595
    ans une lente éducation « de l’esprit de justice, 
    
de

     l’amour du prochain et de la maîtrise de soi, aussi bien chez les pri
  
    2596
    de l’esprit de justice, de l’amour du prochain et 
    
de

     la maîtrise de soi, aussi bien chez les princes que chez les peuples 
  
    2597
    justice, de l’amour du prochain et de la maîtrise 
    
de

     soi, aussi bien chez les princes que chez les peuples »105. Dans un m
  
    2598
    05. Dans un manuscrit retrouvé à Nancy, et datant 
    
de

     1748, le roi Stanislas Leczinski critique lui aussi le Projet de l’ab
  
    2599
     Stanislas Leczinski critique lui aussi le Projet 
    
de

     l’abbé, et propose que le roi de France prenne la tête d’une union de
  
    2600
    é, et propose que le roi de France prenne la tête 
    
d’

    une union des républiques européennes, car, dit-il avec un bel optimis
  
    2601
    e pour s’agrandir. Un aventurier français, auteur 
    
d’

    un ouvrage d’économie, Ange Goudar, fait paraître à Rotterdam en 1757 
  
    2602
    ndir. Un aventurier français, auteur d’un ouvrage 
    
d’

    économie, Ange Goudar, fait paraître à Rotterdam en 1757 un écrit inti
  
    2603
    tre à Rotterdam en 1757 un écrit intitulé La paix 
    
de

     l’Europe ne petit s’établir qu’à la suite d’une longue trêve : par le
  
    2604
    paix de l’Europe ne petit s’établir qu’à la suite 
    
d’

    une longue trêve : par le Chevalier G. La situation de l’Europe est as
  
    2605
    e longue trêve : par le Chevalier G. La situation 
    
de

     l’Europe est assez triste à l’en croire :  On ne parle que des machin
  
    2606
    ste à l’en croire :  On ne parle que des machines 
    
de

     Guerre et les plus destructives sont toujours les mieux reçues. Un Pa
  
    2607
     reçues. Un Particulier qui découvriroit un moyen 
    
d’

    exterminer une nation entière, d’un seul coup, seroit regardé aujourd’
  
    2608
    Européens, observe-t-il, qui ont propagé le fléau 
    
de

     leurs guerres sur les autres continents, et cela du fait de leur expa
  
    2609
    uerres sur les autres continents, et cela du fait 
    
de

     leur expansion économique. Les armes économiques sont devenues décisi
  
    2610
    qu’ils procurent les richesses qui sont les nerfs 
    
de

     la Guerre.  Cet esprit très moderne, et sobre, ne voit d’espoir que d
  
    2611
    erre.  Cet esprit très moderne, et sobre, ne voit 
    
d’

    espoir que dans une trêve de vingt ans pour apaiser les fièvres guerri
  
    2612
    ne, et sobre, ne voit d’espoir que dans une trêve 
    
de

     vingt ans pour apaiser les fièvres guerrières des souverains d’Europe
  
    2613
    our apaiser les fièvres guerrières des souverains 
    
d’

    Europe. Un grand seigneur livonien, J. H. von Lilienfeld, publie à Lei
  
    2614
    s Staats-Gebaüde. Il propose lui aussi la réunion 
    
d’

    un congrès des puissances chrétiennes, mais il ajoute deux importantes
  
    2615
    ibunal souverain » appliquerait aux États un Code 
    
de

     droit international, et désignerait en cas de besoin les forces armée
  
    2616
    ode de droit international, et désignerait en cas 
    
de

     besoin les forces armées chargées d’exécuter contre tel État récalcit
  
    2617
    erait en cas de besoin les forces armées chargées 
    
d’

    exécuter contre tel État récalcitrant les sanctions requises par le co
  
    2618
    es mêmes motifs militent en faveur d’un même type 
    
d’

    union : c’est toujours pour assurer la paix, et donc pour juguler les 
  
    2619
    our juguler les souverainetés que l’on se propose 
    
d’

    unir les puissances chrétiennes par quelque lien de droit confédéral. 
  
    2620
    ’unir les puissances chrétiennes par quelque lien 
    
de

     droit confédéral. Et toujours, l’élément fédérateur apparemment indis
  
    2621
    e Révolution française pour voir paraître un plan 
    
d’

    union qui change de « tête de Turc » si l’on ose dire. Anticipons sur 
  
    2622
    ise pour voir paraître un plan d’union qui change 
    
de

     « tête de Turc » si l’on ose dire. Anticipons sur la chronologie, pou
  
    2623
    oir paraître un plan d’union qui change de « tête 
    
de

     Turc » si l’on ose dire. Anticipons sur la chronologie, pour marquer 
  
    2624
    cipons sur la chronologie, pour marquer cette fin 
    
d’

    une époque. Il s’agit du Plan d’une pacification générale en Europe pa
  
    2625
    marquer cette fin d’une époque. Il s’agit du Plan 
    
d’

    une pacification générale en Europe par le Citoyen Delaunay, Consul de
  
    2626
    énérale en Europe par le Citoyen Delaunay, Consul 
    
de

     la République, Paris 1794. L’auteur commence par avertir que quand on
  
    2627
    and on rêve pour le public, il faut prendre garde 
    
de

     s’endormir et de mettre sa sensibilité à la place de son jugement. Il
  
    2628
    le public, il faut prendre garde de s’endormir et 
    
de

     mettre sa sensibilité à la place de son jugement. Il s’agit de créer 
  
    2629
    sensibilité à la place de son jugement. Il s’agit 
    
de

     créer une Convention européenne. Mais, à cette fin, qu’on n’attende p
  
    2630
    gramme aux futurs députés, mais qu’on se contente 
    
d’

    indiquer les moyens de parvenir à cette Convention. Enfin et surtout, 
  
    2631
    tés, mais qu’on se contente d’indiquer les moyens 
    
de

     parvenir à cette Convention. Enfin et surtout, qu’on se garde de reco
  
    2632
    ette Convention. Enfin et surtout, qu’on se garde 
    
de

     recourir au mythe de la croisade contre les Turcs : car il faut au co
  
    2633
    n et surtout, qu’on se garde de recourir au mythe 
    
de

     la croisade contre les Turcs : car il faut au contraire les avoir ave
  
    2634
    me organisation européenne, on doit tout craindre 
    
de

     l’influence russe :  Si on réfléchit sur l’étonnante augmentation de 
  
    2635
    e :  Si on réfléchit sur l’étonnante augmentation 
    
de

     puissance de la Russie, depuis un siècle, sur ce qu’elle peut devenir
  
    2636
    fléchit sur l’étonnante augmentation de puissance 
    
de

     la Russie, depuis un siècle, sur ce qu’elle peut devenir, et sur son 
  
    2637
    alement qu’on mette un frein à la seule puissance 
    
de

     l’Europe qui puisse y lancer de grandes révolutions.  D’où l’idée d’i
  
    2638
    a seule puissance de l’Europe qui puisse y lancer 
    
de

     grandes révolutions.  D’où l’idée d’instituer deux grands groupes : u
  
    2639
    rope qui puisse y lancer de grandes révolutions.  
    
D’

    où l’idée d’instituer deux grands groupes : une Confédération d’Occide
  
    2640
    sse y lancer de grandes révolutions.  D’où l’idée 
    
d’

    instituer deux grands groupes : une Confédération d’Occident, centrée 
  
    2641
    instituer deux grands groupes : une Confédération 
    
d’

    Occident, centrée sur la France, l’Angleterre et l’Espagne, et une Con
  
    2642
    , l’Angleterre et l’Espagne, et une Confédération 
    
d’

    Orient, centrée sur la Russie, l’Autriche et le corps germanique. Quan
  
    2643
    serait entièrement neutre et deviendrait le siège 
    
de

     la Confédération d’Occident, tandis que Danzig serait le siège de cel
  
    2644
    eutre et deviendrait le siège de la Confédération 
    
d’

    Occident, tandis que Danzig serait le siège de celle d’Orient.  Au res
  
    2645
    ion d’Occident, tandis que Danzig serait le siège 
    
de

     celle d’Orient.  Au reste, qu’on ne croie pas que l’uniformité économ
  
    2646
    ident, tandis que Danzig serait le siège de celle 
    
d’

    Orient.  Au reste, qu’on ne croie pas que l’uniformité économique soit
  
    2647
    e pas que l’uniformité économique soit un facteur 
    
d’

    union, bien au contraire : C’est parce que le sol de l’Europe n’est pa
  
    2648
    union, bien au contraire : C’est parce que le sol 
    
de

     l’Europe n’est pas le même partout, n’est pas également fertile, prod
  
    2649
    ile, produit des fruits différents et des trésors 
    
de

     diverses natures, que les Européens sont appelés à s’unir et à se bie
  
    2650
     des échanges faciles, tout ce qui peut leur être 
    
de

     nécessité, d’utilité ou de luxe.107    102. Il s’agit donc d’un des C
  
    2651
    faciles, tout ce qui peut leur être de nécessité, 
    
d’

    utilité ou de luxe.107    102. Il s’agit donc d’un des Cent projets de
  
    2652
     ce qui peut leur être de nécessité, d’utilité ou 
    
de

     luxe.107    102. Il s’agit donc d’un des Cent projets de partage de l
  
    2653
    , d’utilité ou de luxe.107    102. Il s’agit donc 
    
d’

    un des Cent projets de partage de la Turquie recensés par Djuvara dans
  
    2654
    .107    102. Il s’agit donc d’un des Cent projets 
    
de

     partage de la Turquie recensés par Djuvara dans un livre qui porte ce
  
    2655
    . Il s’agit donc d’un des Cent projets de partage 
    
de

     la Turquie recensés par Djuvara dans un livre qui porte ce titre, Par
  
    2656
    etzevitch, La Révolution française et les projets 
    
d’

    union européenne in La Révolution française, Paris, 1931, Tome 84, p.

9 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Troisième partie. L’ère des philosophes.  De Leibniz à Condorcet — 1. Perspectives élargies
    2657
    Il a vécu dans la plupart de nos pays, il souffre 
    
de

     leurs dissensions, il veut l’union de l’Europe dans ses diversités, e
  
    2658
     il souffre de leurs dissensions, il veut l’union 
    
de

     l’Europe dans ses diversités, en fait un plan et le propose à Louis X
  
    2659
    mais admirateur sincère du catholicisme romain et 
    
de

     l’orthodoxie russe, il s’épuise à les concilier, d’où sa correspondan
  
    2660
     l’orthodoxie russe, il s’épuise à les concilier, 
    
d’

    où sa correspondance fameuse avec Bossuet : œcuménisme. Européen consc
  
    2661
    use avec Bossuet : œcuménisme. Européen conscient 
    
de

     nos valeurs spécifiques, il voit le monde s’agrandir et s’en réjouit 
  
    2662
    en réjouit : universalisme. Il a cherché le moyen 
    
de

     correspondre en toutes les langues, par le moyen d’un ars combinatori
  
    2663
     correspondre en toutes les langues, par le moyen 
    
d’

    un ars combinatoria, et sa plus glorieuse découverte mathématique, le 
  
    2664
    que, le calcul infinitésimal, est encore un moyen 
    
de

     passage du discontinu au continu, une harmonie… « Les académies qu’il
  
    2665
    , une harmonie… « Les académies qu’il s’efforçait 
    
de

     fonder dans les différents pays n’étaient dans sa pensée que les frag
  
    2666
     sa pensée que les fragments épars et provisoires 
    
d’

    une vaste Académie européenne, d’une fédération des savants dont elles
  
    2667
    s et provisoires d’une vaste Académie européenne, 
    
d’

    une fédération des savants dont elles eussent constitué simplement des
  
    2668
    ici d’abord le citoyen du monde :  Je ne suis pas 
    
de

     ceux qui sont fanatisés par leur pays ou encore par une nation partic
  
    2669
    sidère le Ciel comme la Patrie et tous les hommes 
    
de

     bonne volonté comme les concitoyens en ce Ciel ; et j’aime mieux acco
  
    2670
       En 1670, déjà, Leibniz redoutant les ambitions 
    
de

     Louis XIV avait cherché à les détourner vers l’Orient. De là l’ébauch
  
    2671
     XIV avait cherché à les détourner vers l’Orient. 
    
De

     là l’ébauche du plan qu’il soumit au roi, intitulé Consilium Ægypticm
  
    2672
    i, intitulé Consilium Ægypticmorum. Il s’agissait 
    
de

     se tourner contre les Turcs, une fois de plus, de conquérir l’Égypte 
  
    2673
    de se tourner contre les Turcs, une fois de plus, 
    
de

     conquérir l’Égypte et de percer l’isthme de Suez. Leibniz espérait ai
  
    2674
    Turcs, une fois de plus, de conquérir l’Égypte et 
    
de

     percer l’isthme de Suez. Leibniz espérait ainsi pacifier l’Europe et 
  
    2675
    plus, de conquérir l’Égypte et de percer l’isthme 
    
de

     Suez. Leibniz espérait ainsi pacifier l’Europe et provoquer son union
  
    2676
    me à Paris, mais ne le reçut pas, les difficultés 
    
de

     la France avec le Sultan s’étant aplanies entre-temps… En 1676, la pa
  
    2677
    an s’étant aplanies entre-temps… En 1676, la paix 
    
de

     Nimègue ayant affirmé la prédominance menaçante de Louis XIV en Europ
  
    2678
    e Nimègue ayant affirmé la prédominance menaçante 
    
de

     Louis XIV en Europe, Leibniz publie un traité en latin sous le pseudo
  
    2679
    bniz publie un traité en latin sous le pseudonyme 
    
de

     Cæsarius Fursterinus, dans lequel il prend la défense des princes du 
  
    2680
    l prend la défense des princes du Saint-Empire et 
    
de

     leur autonomie. Il rappelle qu’au Moyen Âge la double autorité de l’e
  
    2681
    e. Il rappelle qu’au Moyen Âge la double autorité 
    
de

     l’empereur et du pape ménageait la liberté des souverainetés fédérées
  
    2682
    mes, le pape et l’empereur, exerçaient le pouvoir 
    
de

     sa part, l’un le pouvoir spirituel, l’autre le pouvoir temporel. Et i
  
    2683
    emporel. Et il était manifestement dans l’intérêt 
    
de

     tous que les chrétiens fussent réunis sous une autorité commune, en s
  
    2684
    mps ils se fissent craindre davantage des ennemis 
    
de

     la foi… Et parce que manifestement, dans le monde chrétien, la majest
  
    2685
    tement, dans le monde chrétien, la majesté sacrée 
    
de

     l’empereur romain repose sur cette base, il s’ensuit qu’elle ne doit 
  
    2686
    mpereur doit être investi, dans une grande partie 
    
de

     l’Europe, d’un pouvoir, ainsi que d’une sorte de souveraineté suprême
  
    2687
    être investi, dans une grande partie de l’Europe, 
    
d’

    un pouvoir, ainsi que d’une sorte de souveraineté suprême correspondan
  
    2688
    rande partie de l’Europe, d’un pouvoir, ainsi que 
    
d’

    une sorte de souveraineté suprême correspondant à celle de l’Église ; 
  
    2689
     de l’Europe, d’un pouvoir, ainsi que d’une sorte 
    
de

     souveraineté suprême correspondant à celle de l’Église ; et de même q
  
    2690
    rte de souveraineté suprême correspondant à celle 
    
de

     l’Église ; et de même que, dans notre Empire, en vue du maintien de l
  
    2691
    e même que, dans notre Empire, en vue du maintien 
    
de

     la paix universelle, des contributions communes sont exigées pour la 
  
    2692
    étien.  On reconnaît ici les thèses fondamentales 
    
de

     la Monarchie de Dante. Par ailleurs, la sympathie qu’éprouvait ce lut
  
    2693
    naît ici les thèses fondamentales de la Monarchie 
    
de

     Dante. Par ailleurs, la sympathie qu’éprouvait ce luthérien pour la p
  
    2694
    feste à maintes reprises, quoique parfois teintée 
    
de

     quelque ironie. Ainsi une lettre relative au projet du prince de Hess
  
    2695
    du prince de Hesse-Rheinfels : celui-ci proposait 
    
d’

    établir un « Tribunal catholique européen » et d’en fixer le siège à L
  
    2696
     d’établir un « Tribunal catholique européen » et 
    
d’

    en fixer le siège à Lucerne. Leibniz commente :  S’il existait un cons
  
    2697
    permanent ou un Sénat créé par ce concile, chargé 
    
de

     veiller aux intérêts généraux de la chrétienté, ce qui se fait mainte
  
    2698
     concile, chargé de veiller aux intérêts généraux 
    
de

     la chrétienté, ce qui se fait maintenant par les alliances, et, comme
  
    2699
    public fondé par le pape et l’empereur en qualité 
    
de

     chefs de la chrétienté ; donc par le moyen d’une entente amicale et d
  
    2700
    ndé par le pape et l’empereur en qualité de chefs 
    
de

     la chrétienté ; donc par le moyen d’une entente amicale et d’une mani
  
    2701
    ité de chefs de la chrétienté ; donc par le moyen 
    
d’

    une entente amicale et d’une manière plus pratique et convenable qu’ac
  
    2702
    enté ; donc par le moyen d’une entente amicale et 
    
d’

    une manière plus pratique et convenable qu’actuellement. … Pour moi, j
  
    2703
    convenable qu’actuellement. … Pour moi, je serois 
    
d’

    avis de l’établir à Rome même et d’en faire le pape président, comme e
  
    2704
    ble qu’actuellement. … Pour moi, je serois d’avis 
    
de

     l’établir à Rome même et d’en faire le pape président, comme en effet
  
    2705
    moi, je serois d’avis de l’établir à Rome même et 
    
d’

    en faire le pape président, comme en effet il faisoit autrefois figure
  
    2706
    ident, comme en effet il faisoit autrefois figure 
    
de

     juge entre les princes chrétiens. Mais il faudroit en même temps que 
  
    2707
     trembler des rois et des royaumes, comme du tems 
    
de

     Nicolas Ier ou de Grégoire VII. Et pour y faire consentir les protest
  
    2708
     et des royaumes, comme du tems de Nicolas Ier ou 
    
de

     Grégoire VII. Et pour y faire consentir les protestants, il faudroit 
  
    2709
    ir les protestants, il faudroit prier sa Sainteté 
    
de

     rétablir la forme de l’Église telle qu’elle fut du tems de Charlemagn
  
    2710
    l faudroit prier sa Sainteté de rétablir la forme 
    
de

     l’Église telle qu’elle fut du tems de Charlemagne, lorsqu’il tenait l
  
    2711
    ir la forme de l’Église telle qu’elle fut du tems 
    
de

     Charlemagne, lorsqu’il tenait le concile de Francfort ; et de renonce
  
    2712
     tems de Charlemagne, lorsqu’il tenait le concile 
    
de

     Francfort ; et de renoncer à tous conciles tenus depuis, qui ne sauro
  
    2713
    ne, lorsqu’il tenait le concile de Francfort ; et 
    
de

     renoncer à tous conciles tenus depuis, qui ne sauroient passer pour œ
  
    2714
    que les papes ressemblassent aux premiers évêques 
    
de

     Rome. Voilà des projets qui réussiront aussi aisément que celui de M.
  
    2715
    s projets qui réussiront aussi aisément que celui 
    
de

     M. l’abbé de Saint-Pierre, mais puisqu’il est permis de faire des rom
  
    2716
     réussiront aussi aisément que celui de M. l’abbé 
    
de

     Saint-Pierre, mais puisqu’il est permis de faire des romans, pourquoi
  
    2717
    l’abbé de Saint-Pierre, mais puisqu’il est permis 
    
de

     faire des romans, pourquoi trouverons-nous sa fiction mauvaise, qui n
  
    2718
    a fiction mauvaise, qui nous ramènerait le siècle 
    
d’

    or.110   Au sujet de l’abbé de Saint-Pierre, Leibniz s’exprimera un pe
  
    2719
    des objections, et à votre manière nette et ronde 
    
d’

    y répondre. Il n’y a que la volonté qui manque aux hommes pour se déli
  
    2720
    la volonté qui manque aux hommes pour se délivrer 
    
d’

    une infinité de maux. Si cinq ou six personnes vouloient, elles pourro
  
    2721
    manque aux hommes pour se délivrer d’une infinité 
    
de

     maux. Si cinq ou six personnes vouloient, elles pourroient faire cess
  
    2722
    t, elles pourroient faire cesser le grand Schisme 
    
d’

    Occident, et mettre l’Église dans un bon ordre. Un Souverain qui le ve
  
    2723
    uverain qui le veut bien peut préserver ses États 
    
de

     la peste ; la maison de Brunswick n’y a pas mal réussi, grâces à Dieu
  
    2724
     peut préserver ses États de la peste ; la maison 
    
de

     Brunswick n’y a pas mal réussi, grâces à Dieu ; la peste s’est arrêté
  
    2725
    al réussi, grâces à Dieu ; la peste s’est arrêtée 
    
de

     mon tems à ses frontières. Un Souverain pourrait encore garantir ses 
  
    2726
    . Un Souverain pourrait encore garantir ses États 
    
de

     la famine. Mais pour faire cesser les guerres, il faudroit qu’un autr
  
    2727
    u’un autre Henri IV, avec quelques grands princes 
    
de

     son tems, goûtât votre Projet. Le mal est qu’il est difficile de le f
  
    2728
    ûtât votre Projet. Le mal est qu’il est difficile 
    
de

     le faire entendre aux grands princes. Il n’y a point de Ministre main
  
    2729
    faire entendre aux grands princes. Il n’y a point 
    
de

     Ministre maintenant qui voudrait proposer à l’empereur de renoncer à 
  
    2730
    tre maintenant qui voudrait proposer à l’empereur 
    
de

     renoncer à la succession de l’Espagne, et des Indes. Les Puissances M
  
    2731
    proposer à l’empereur de renoncer à la succession 
    
de

     l’Espagne, et des Indes. Les Puissances Maritimes et tant d’autres y 
  
    2732
    us souvent des fatalités qui empêchent les hommes 
    
d’

    être heureux…  Leibniz, conseiller de Pierre le Grand, considérait que
  
    2733
    t les hommes d’être heureux…  Leibniz, conseiller 
    
de

     Pierre le Grand, considérait que le rôle de la Russie devait être cel
  
    2734
    iller de Pierre le Grand, considérait que le rôle 
    
de

     la Russie devait être celui d’un trait d’union chrétien entre l’Europ
  
    2735
    dérait que le rôle de la Russie devait être celui 
    
d’

    un trait d’union chrétien entre l’Europe et la Chine, en vue d’une syn
  
    2736
    le rôle de la Russie devait être celui d’un trait 
    
d’

    union chrétien entre l’Europe et la Chine, en vue d’une synthèse supér
  
    2737
    union chrétien entre l’Europe et la Chine, en vue 
    
d’

    une synthèse supérieure des civilisations.  Il semble encore, que c’es
  
    2738
    ’est une fatalité singulière, ou plustost un coup 
    
de

     la Providence, qu’à même temps dans le Nord, dans l’Est et dans le Su
  
    2739
    iewiecz, souverain Seigneur des Russes et presque 
    
de

     tout le Nord, nous apprenons que Cam-hi, Amalogdo-Chan, monarque de l
  
    2740
    ous apprenons que Cam-hi, Amalogdo-Chan, monarque 
    
de

     la Chine et des Tartares les plus orientaux, et Jakso Adjam-Saugbed, 
  
    2741
    res — ont tous conçu des desseins, qui surpassent 
    
de

     beaucoup ceux de leurs ancestres, comme nous apprenons tant par les r
  
    2742
    nçu des desseins, qui surpassent de beaucoup ceux 
    
de

     leurs ancestres, comme nous apprenons tant par les relations nouvelle
  
    2743
    e nous apprenons tant par les relations nouvelles 
    
de

     la Chine, où le christianisme vient d’être autorisé et appuyé d’un éd
  
    2744
     nouvelles de la Chine, où le christianisme vient 
    
d’

    être autorisé et appuyé d’un édit du roy, que par l’ambassade des Abys
  
    2745
     le christianisme vient d’être autorisé et appuyé 
    
d’

    un édit du roy, que par l’ambassade des Abyssins à Batavie en 1692. Le
  
    2746
    hristianisme vient d’être autorisé et appuyé d’un 
    
édit

     du roy, que par l’ambassade des Abyssins à Batavie en 1692. Le tsar e
  
    2747
     et frontiers du Turc, quoique bien éloignés l’un 
    
de

     l’autre. Mais le tsar et le monarque des Chinois sont frontiers entre
  
    2748
     les arts et les bonnes manières particulièrement 
    
de

     notre Europe, et ils se peuvent prester la main et obliger mutuelleme
  
    2749
    t à celles des jésuites :  J’insinue qu’il serait 
    
de

     la gloire de Dieu et de l’honneur des protestants de prendre part à c
  
    2750
    s jésuites :  J’insinue qu’il serait de la gloire 
    
de

     Dieu et de l’honneur des protestants de prendre part à cette grande a
  
    2751
    :  J’insinue qu’il serait de la gloire de Dieu et 
    
de

     l’honneur des protestants de prendre part à cette grande aventure dan
  
    2752
    la gloire de Dieu et de l’honneur des protestants 
    
de

     prendre part à cette grande aventure dans le champ du Seigneur, afin 
  
    2753
    juge que cette mission est la plus grande affaire 
    
de

     notre temps, tant pour la gloire de Dieu et la propagation de la reli
  
    2754
    rande affaire de notre temps, tant pour la gloire 
    
de

     Dieu et la propagation de la religion chrétienne, que pour le bien gé
  
    2755
    ps, tant pour la gloire de Dieu et la propagation 
    
de

     la religion chrétienne, que pour le bien général des hommes et l’accr
  
    2756
    bien que chez les Chinois ; car c’est un commerce 
    
de

     lumière qui nous peut donner d’un seul coup leurs travaux de quelques
  
    2757
    qui nous peut donner d’un seul coup leurs travaux 
    
de

     quelques milliers d’années… et doubler, pour ainsi dire, nos véritabl
  
    2758
    d’un seul coup leurs travaux de quelques milliers 
    
d’

    années… et doubler, pour ainsi dire, nos véritables richesses de part 
  
    2759
    oubler, pour ainsi dire, nos véritables richesses 
    
de

     part et d’autre.113   Enfin ce trait final : dans un fragment latin i
  
    2760
    r ainsi dire, nos véritables richesses de part et 
    
d’

    autre.113   Enfin ce trait final : dans un fragment latin intitulé : «
  
    2761
    , l’Europe se découvre    Ces dernières citations 
    
de

     Leibniz sont importantes. Elles témoignent d’une révolution de l’espr
  
    2762
    ons de Leibniz sont importantes. Elles témoignent 
    
d’

    une révolution de l’esprit qui se produit à la fin du xviie  et au déb
  
    2763
    nt importantes. Elles témoignent d’une révolution 
    
de

     l’esprit qui se produit à la fin du xviie  et au début du xviiie  siè
  
    2764
    t remis à voyager, plus encore qu’aux beaux jours 
    
de

     la Renaissance, et surtout bien plus loin. Ce ne sont plus seulement 
  
    2765
    e découvre elle-même, en se comparant aux peuples 
    
d’

    outre-mer. Au début et au terme de cette vaste enquête, plaçons en épi
  
    2766
    ant aux peuples d’outre-mer. Au début et au terme 
    
de

     cette vaste enquête, plaçons en épigraphes quatre cartes postales du 
  
    2767
    s :  Miguel de Cervantès (1547-1616) :  Je sortis 
    
de

     notre nation pour entrer en France, et quoique nous y fussions bien a
  
    2768
     il me sembla que l’on pouvait vivre avec le plus 
    
de

     liberté.114    Balthazar Gracian (1601-1658), célèbre auteur de « L’H
  
    2769
        Balthazar Gracian (1601-1658), célèbre auteur 
    
de

     « L’Homme de Cour » :   L’Europe est la face admirable du monde : gra
  
    2770
     Gracian (1601-1658), célèbre auteur de « L’Homme 
    
de

     Cour » :   L’Europe est la face admirable du monde : grave en Espagne
  
    2771
    du monde : grave en Espagne, jolie en Angleterre, 
    
de

     bel air en France, fine en Italie, fraîche en Allemagne, précieuse en
  
    2772
    arl von Linné (1707-1778), le « premier botaniste 
    
de

     l’Europe », aussi zoologiste, et ici anthropologue :  Homo Europæus. 
  
    2773
    ur ritibus.116   Le Grand Dictionnaire historique 
    
de

     Louis Moreri, publié en 1674, donne une description sommaire de l’Eur
  
    2774
    i, publié en 1674, donne une description sommaire 
    
de

     l’Europe où déjà se retrouvent tous les clichés sur la psychologie de
  
    2775
    prisans et fiers jusqu’à la férocité. Les peuples 
    
d’

    Europe, par leur adresse et par leur courage, se sont soumis ceux des 
  
    2776
    abitent. Nous devons encore ajouter aux avantages 
    
de

     l’Europe, celui qu’elle a d’être presque toute éclairée des lumières 
  
    2777
    jouter aux avantages de l’Europe, celui qu’elle a 
    
d’

    être presque toute éclairée des lumières de l’Évangile.  Suit une « li
  
    2778
    elle a d’être presque toute éclairée des lumières 
    
de

     l’Évangile.  Suit une « liste des auteurs qui parlent de l’Europe » (
  
    2779
    angile.  Suit une « liste des auteurs qui parlent 
    
de

     l’Europe » (premier sommaire pour une Anthologie européenne !) qui va
  
    2780
    sommaire pour une Anthologie européenne !) qui va 
    
de

     Strabon et Ptolémée jusqu’aux géographes modernes, comme Rabbe.  L’hi
  
    2781
    ux géographes modernes, comme Rabbe.  L’historien 
    
de

     la culture Paul Hazard a décrit mieux que personne, de nos jours, ce 
  
    2782
     culture Paul Hazard a décrit mieux que personne, 
    
de

     nos jours, ce phénomène de découverte de l’Europe par elle-même117 : 
  
    2783
    it mieux que personne, de nos jours, ce phénomène 
    
de

     découverte de l’Europe par elle-même117 :  Quand Boileau prenait les 
  
    2784
    ersonne, de nos jours, ce phénomène de découverte 
    
de

     l’Europe par elle-même117 :  Quand Boileau prenait les eaux de Bourbo
  
    2785
    ar elle-même117 :  Quand Boileau prenait les eaux 
    
de

     Bourbon, il pensait être au but du monde ; Auteuil lui suffisait. Par
  
    2786
    , ils aimaient tant la nouveauté qu’ils faisaient 
    
de

     leur mieux pour ne pas conserver longtemps un ami ; qu’ils inventaien
  
    2787
     l’Asie et tantôt pour l’Afrique, afin de changer 
    
de

     lieu et de se divertir118. Les Allemands voyageaient, c’était leur ha
  
    2788
    tantôt pour l’Afrique, afin de changer de lieu et 
    
de

     se divertir118. Les Allemands voyageaient, c’était leur habitude, leu
  
    2789
    t, c’était leur habitude, leur manie ; impossible 
    
de

     les retenir chez eux. « Nous voyageons de père en fils, sans qu’aucun
  
    2790
    ossible de les retenir chez eux. « Nous voyageons 
    
de

     père en fils, sans qu’aucune affaire nous en empêche jamais », dit l’
  
    2791
    age ; la première chose dont on se fournit, c’est 
    
d’

    un Itinéraire, qui enseigne les voies ; la seconde, d’un petit livre q
  
    2792
     Itinéraire, qui enseigne les voies ; la seconde, 
    
d’

    un petit livre qui apprend ce qu’il y a de curieux en chaque pays. Lor
  
    2793
    econde, d’un petit livre qui apprend ce qu’il y a 
    
de

     curieux en chaque pays. Lorsque nos voyageurs sont gens de lettres, i
  
    2794
    x en chaque pays. Lorsque nos voyageurs sont gens 
    
de

     lettres, ils se munissent en partant de chez eux d’un livre blanc, bi
  
    2795
    sont gens de lettres, ils se munissent en partant 
    
de

     chez eux d’un livre blanc, bien relié, qu’on nomme Album Amicorum, et
  
    2796
     lettres, ils se munissent en partant de chez eux 
    
d’

    un livre blanc, bien relié, qu’on nomme Album Amicorum, et ne manquent
  
    2797
    é, qu’on nomme Album Amicorum, et ne manquent pas 
    
d’

    aller visiter les savants de tous les lieux où ils passent, et de le l
  
    2798
    m, et ne manquent pas d’aller visiter les savants 
    
de

     tous les lieux où ils passent, et de le leur présenter afin qu’ils y 
  
    2799
     les savants de tous les lieux où ils passent, et 
    
de

     le leur présenter afin qu’ils y mettent leur nom… Les Anglais voyagea
  
    2800
    m… Les Anglais voyageaient, c’était le complément 
    
de

     leur éducation ; les jeunes seigneurs fraîchement sortis d’Oxford et 
  
    2801
    ucation ; les jeunes seigneurs fraîchement sortis 
    
d’

    Oxford et de Cambridge, bien pourvus de guinées et flanqués d’un sage 
  
    2802
    s jeunes seigneurs fraîchement sortis d’Oxford et 
    
de

     Cambridge, bien pourvus de guinées et flanqués d’un sage précepteur, 
  
    2803
    ent sortis d’Oxford et de Cambridge, bien pourvus 
    
de

     guinées et flanqués d’un sage précepteur, franchissaient le détroit e
  
    2804
    de Cambridge, bien pourvus de guinées et flanqués 
    
d’

    un sage précepteur, franchissaient le détroit et entreprenaient le gra
  
    2805
    troit et entreprenaient le grand tour. On en a vu 
    
de

     toute espèce ; certains se contentaient de connaître le muscat de Fro
  
    2806
    n a vu de toute espèce ; certains se contentaient 
    
de

     connaître le muscat de Frontignan et de Montefiascone, les vins d’Ay,
  
    2807
    ; certains se contentaient de connaître le muscat 
    
de

     Frontignan et de Montefiascone, les vins d’Ay, d’Arbois, de Bordeaux,
  
    2808
    tentaient de connaître le muscat de Frontignan et 
    
de

     Montefiascone, les vins d’Ay, d’Arbois, de Bordeaux, de Xérez, tandis
  
    2809
    uscat de Frontignan et de Montefiascone, les vins 
    
d’

    Ay, d’Arbois, de Bordeaux, de Xérez, tandis que d’autres, avec conscie
  
    2810
    de Frontignan et de Montefiascone, les vins d’Ay, 
    
d’

    Arbois, de Bordeaux, de Xérez, tandis que d’autres, avec conscience, é
  
    2811
    nan et de Montefiascone, les vins d’Ay, d’Arbois, 
    
de

     Bordeaux, de Xérez, tandis que d’autres, avec conscience, étudiaient 
  
    2812
    tefiascone, les vins d’Ay, d’Arbois, de Bordeaux, 
    
de

     Xérez, tandis que d’autres, avec conscience, étudiaient tous les cabi
  
    2813
    es, avec conscience, étudiaient tous les cabinets 
    
d’

    histoire naturelle, toutes les collections d’antiquités. À chacun son 
  
    2814
    nets d’histoire naturelle, toutes les collections 
    
d’

    antiquités. À chacun son caractère : « Les Français voyagent ordinaire
  
    2815
    rgner, de sorte qu’ils apportent quelquefois plus 
    
de

     dommage que de profit dans les endroits où ils logent. Les Anglais, a
  
    2816
     qu’ils apportent quelquefois plus de dommage que 
    
de

     profit dans les endroits où ils logent. Les Anglais, au contraire, so
  
    2817
    où ils logent. Les Anglais, au contraire, sortent 
    
d’

    Angleterre avec de bonnes lettres de change, avec un bel équipage et u
  
    2818
     Anglais, au contraire, sortent d’Angleterre avec 
    
de

     bonnes lettres de change, avec un bel équipage et une grande suite, e
  
    2819
    aire, sortent d’Angleterre avec de bonnes lettres 
    
de

     change, avec un bel équipage et une grande suite, et font de magnifiq
  
    2820
    avec un bel équipage et une grande suite, et font 
    
de

     magnifiques dépenses. On compte que, dans la seule ville de Rome, il 
  
    2821
    ques dépenses. On compte que, dans la seule ville 
    
de

     Rome, il y a pour l’ordinaire plus de cinquante gentilshommes anglais
  
    2822
    seule ville de Rome, il y a pour l’ordinaire plus 
    
de

     cinquante gentilshommes anglais, et toujours avec des gens à leurs ga
  
    2823
    x-mille écus par an ; de sorte que la seule ville 
    
de

     Rome tire tous les ans d’Angleterre plus de trente mille pistoles eff
  
    2824
    orte que la seule ville de Rome tire tous les ans 
    
d’

    Angleterre plus de trente mille pistoles effectives. » C’est Gregorio 
  
    2825
    ville de Rome tire tous les ans d’Angleterre plus 
    
de

     trente mille pistoles effectives. » C’est Gregorio Leti qui nous le d
  
    2826
     à Milan, se fit calviniste à Genève, panégyriste 
    
de

     Louis XIV à Paris, historien d’Angleterre à Londres, pamphlétaire au 
  
    2827
    nève, panégyriste de Louis XIV à Paris, historien 
    
d’

    Angleterre à Londres, pamphlétaire au service des États en Hollande, o
  
    2828
    née 1701. Des savants enrichissaient leur science 
    
de

     ville en ville, comme Antonio Conti, Padouan, qui fut en 1713 à Paris
  
    2829
    Leibniz, et, en passant par la Hollande, eut soin 
    
de

     rendre visite à Leuwenhœck. Des philosophes voyageaient, et non pas a
  
    2830
    ites, les catalogues des musées, ou les histoires 
    
d’

    amour, le Voyage triomphait.  … Il existe un titre charmant, qu’on ne 
  
    2831
    tre charmant, qu’on ne peut lire sans avoir envie 
    
de

     prendre la poste, sans entrevoir un horizon plein de douces promesses
  
    2832
    prendre la poste, sans entrevoir un horizon plein 
    
de

     douces promesses : les Délices. Les Délices de l’Italie ; Les Délices
  
    2833
    in de douces promesses : les Délices. Les Délices 
    
de

     l’Italie ; Les Délices et Agréments du Danemark et de la Norvège ; Le
  
    2834
    ’Italie ; Les Délices et Agréments du Danemark et 
    
de

     la Norvège ; Les Délices de la Grande-Bretagne et de l’Irlande ; L’Ét
  
    2835
    éments du Danemark et de la Norvège ; Les Délices 
    
de

     la Grande-Bretagne et de l’Irlande ; L’État et les Délices de la Suis
  
    2836
    la Norvège ; Les Délices de la Grande-Bretagne et 
    
de

     l’Irlande ; L’État et les Délices de la Suisse. Et toutes ces Délices
  
    2837
    -Bretagne et de l’Irlande ; L’État et les Délices 
    
de

     la Suisse. Et toutes ces Délices, réunies, donnent Les Merveilles de 
  
    2838
    utes ces Délices, réunies, donnent Les Merveilles 
    
de

     l’Europe. Mais la Galerie agréable du monde, n’est-elle pas plus sédu
  
    2839
    ante encore ? L’Europe, en effet, ne cessait plus 
    
de

     travailler à découvrir le monde, et à l’exploiter ; le xviie  siècle 
  
    2840
     mers, mais publient la plus copieuse littérature 
    
de

     voyages qui soit au monde ; à mesure que Colbert propose à l’activité
  
    2841
     riches colonies et les comptoirs lointains : que 
    
de

     récits en reviendront, « faits par ordre du roi » ! Le roi ne se dout
  
    2842
    par ordre du roi » ! Le roi ne se doutait pas que 
    
de

     ces récits eux-mêmes, naîtraient des idées capables d’ébranler les no
  
    2843
    s récits eux-mêmes, naîtraient des idées capables 
    
d’

    ébranler les notions les plus chères à sa croyance, et les plus nécess
  
    2844
     sa croyance, et les plus nécessaires au maintien 
    
de

     son autorité. … Il est parfaitement exact d’affirmer que toutes les i
  
    2845
    tien de son autorité. … Il est parfaitement exact 
    
d’

    affirmer que toutes les idées vitales, celle de propriété, celle de li
  
    2846
    ct d’affirmer que toutes les idées vitales, celle 
    
de

     propriété, celle de liberté, celle de justice, ont été remises en dis
  
    2847
    utes les idées vitales, celle de propriété, celle 
    
de

     liberté, celle de justice, ont été remises en discussion par l’exempl
  
    2848
    ales, celle de propriété, celle de liberté, celle 
    
de

     justice, ont été remises en discussion par l’exemple du lointain. D’a
  
    2849
    versel, on a constaté l’existence du particulier, 
    
de

     l’irréductible, de l’individuel. Ensuite parce qu’aux opinions reçues
  
    2850
    té l’existence du particulier, de l’irréductible, 
    
de

     l’individuel. Ensuite parce qu’aux opinions reçues, on peut opposer d
  
    2851
    qu’aux opinions reçues, on peut opposer des faits 
    
d’

    expérience, mis sans peine à la portée des penseurs. … De toutes les l
  
    2852
    ience, mis sans peine à la portée des penseurs. … 
    
De

     toutes les leçons que donne l’espace, la plus neuve peut-être fut cel
  
    2853
    donne l’espace, la plus neuve peut-être fut celle 
    
de

     la relativité. »  Jésuites missionnaires, réformés chassés par la rév
  
    2854
    missionnaires, réformés chassés par la révocation 
    
de

     l’édit de Nantes, « dissenters » embarqués pour la Nouvelle Amsterdam
  
    2855
    s antipodes donnent surtout une vision nouvelle … 
    
de

     l’Europe. D’une Europe relativisée, certes, mais mieux vue dans son u
  
    2856
    onnent surtout une vision nouvelle … de l’Europe. 
    
D’

    une Europe relativisée, certes, mais mieux vue dans son unicité, et au
  
    2857
    e dans son unicité, et aussi dans son unité. Plus 
    
d’

    un, d’ailleurs, a cru trouver chez les « barbares » l’idéal qu’il avai
  
    2858
    érante. L’éloge du Primitif lointain sert d’abord 
    
d’

    argument contre certains voisins. De là les nombreux mythes de compens
  
    2859
     sert d’abord d’argument contre certains voisins. 
    
De

     là les nombreux mythes de compensation qui se développent au xviiie  
  
    2860
    ontre certains voisins. De là les nombreux mythes 
    
de

     compensation qui se développent au xviiie  siècle : le bon sauvage, l
  
    2861
    Hindou tolérant et surtout le Chinois philosophe. 
    
De

     là les « utopies » (mot créé par Thomas More au xvie  siècle) et les 
  
    2862
    inien Cyrano de Bergerac et ses Estats et empires 
    
de

     la Lune puis du Soleil, Swift et ses Voyages de Gulliver, Giovanni Pa
  
    2863
    s de la Lune puis du Soleil, Swift et ses Voyages 
    
de

     Gulliver, Giovanni Paolo Marana et son Espoir du Grand Seigneur, Mont
  
    2864
     son Ingénu, Rousseau et son Homme né bon. Autant 
    
de

     pamphlets d’ailleurs, autant de manœuvres politiques et philosophique
  
    2865
    me né bon. Autant de pamphlets d’ailleurs, autant 
    
de

     manœuvres politiques et philosophiques, autant de prises de conscienc
  
    2866
    de manœuvres politiques et philosophiques, autant 
    
de

     prises de conscience critiques du rôle de l’Europe dans le monde. Le 
  
    2867
    es politiques et philosophiques, autant de prises 
    
de

     conscience critiques du rôle de l’Europe dans le monde. Le xviiie  si
  
    2868
     autant de prises de conscience critiques du rôle 
    
de

     l’Europe dans le monde. Le xviiie  siècle marque ainsi le mouvement d
  
    2869
    onde. Le xviiie  siècle marque ainsi le mouvement 
    
de

     réflexion sur l’Europe de ses propres « grandes découvertes ».    Vic
  
    2870
    rque ainsi le mouvement de réflexion sur l’Europe 
    
de

     ses propres « grandes découvertes ».    Vico    Jean-Baptiste Vico na
  
    2871
    ien aux vues amples et poétiques mais peu capable 
    
d’

    exactitude, métaphysicien baroque mais devançant plus d’une fois la sc
  
    2872
    titude, métaphysicien baroque mais devançant plus 
    
d’

    une fois la science physique et la sociologie des siècles à venir, il 
  
    2873
    sants et le premier des Modernes, le continuateur 
    
de

     Pic de la Mirandole, de Giordano Bruno, de Cardan, et le précurseur d
  
    2874
    t le premier des Modernes, le continuateur de Pic 
    
de

     la Mirandole, de Giordano Bruno, de Cardan, et le précurseur de Hegel
  
    2875
    Modernes, le continuateur de Pic de la Mirandole, 
    
de

     Giordano Bruno, de Cardan, et le précurseur de Hegel et de Croce. C’e
  
    2876
    uateur de Pic de la Mirandole, de Giordano Bruno, 
    
de

     Cardan, et le précurseur de Hegel et de Croce. C’est à son œuvre prin
  
    2877
    e, de Giordano Bruno, de Cardan, et le précurseur 
    
de

     Hegel et de Croce. C’est à son œuvre principale, la Scienza Nuova que
  
    2878
    no Bruno, de Cardan, et le précurseur de Hegel et 
    
de

     Croce. C’est à son œuvre principale, la Scienza Nuova que nous emprun
  
    2879
    cription du Monde Moderne », très caractéristique 
    
de

     la vision de l’Europe et de sa place dans le monde, que pouvait prend
  
    2880
    onde Moderne », très caractéristique de la vision 
    
de

     l’Europe et de sa place dans le monde, que pouvait prendre un grand e
  
    2881
     très caractéristique de la vision de l’Europe et 
    
de

     sa place dans le monde, que pouvait prendre un grand esprit de cette 
  
    2882
    ans le monde, que pouvait prendre un grand esprit 
    
de

     cette époque.  À notre époque la civilisation se trouve répandue dans
  
    2883
    s toutes les nations et un petit nombre seulement 
    
de

     grands monarques règnent dans le monde ; s’il s’en trouve encore de b
  
    2884
    s règnent dans le monde ; s’il s’en trouve encore 
    
de

     barbares c’est qu’ils ont pu maintenir leur autorité grâce à des croy
  
    2885
    les pays froids du Nord, nous rencontrons le tsar 
    
de

     Moscovie, prince chrétien sans doute mais qui commande à des hommes d
  
    2886
    hrétien sans doute mais qui commande à des hommes 
    
d’

    une grande paresse d’esprit ; le khan de Tartarie étend son autorité s
  
    2887
    is qui commande à des hommes d’une grande paresse 
    
d’

    esprit ; le khan de Tartarie étend son autorité sur un peuple sans éne
  
    2888
    es hommes d’une grande paresse d’esprit ; le khan 
    
de

     Tartarie étend son autorité sur un peuple sans énergie comme le furen
  
    2889
    les anciens Sères qui formaient la majeure partie 
    
de

     la population de son empire et dont le pays a été rattaché à la Chine
  
    2890
     qui formaient la majeure partie de la population 
    
de

     son empire et dont le pays a été rattaché à la Chine ; quant au négus
  
    2891
    e pays a été rattaché à la Chine ; quant au négus 
    
d’

    Éthiopie et aux puissants rois de Fez et du Maroc, ils régnent sur des
  
    2892
    ; quant au négus d’Éthiopie et aux puissants rois 
    
de

     Fez et du Maroc, ils régnent sur des peuples faibles et très simples 
  
    2893
    s régnent sur des peuples faibles et très simples 
    
de

     goûts. Mais si l’on passe à la zone tempérée, on trouve que la nature
  
    2894
    arouche et belliqueux et la langue même — au dire 
    
de

     certains doctes voyageurs — rappelle par ses consonances le latin ; c
  
    2895
    frayante et cruelle, des dieux terribles couverts 
    
d’

    armes redoutables. Les missionnaires qui ont visité ces régions, rappo
  
    2896
     du peuple sont hommes comme eux. Il y a beaucoup 
    
d’

    humanité chez les Chinois car leur religion est faite de douceur et de
  
    2897
    nité chez les Chinois car leur religion est faite 
    
de

     douceur et de mansuétude et les lettres y sont fort cultivées ; il en
  
    2898
    Chinois car leur religion est faite de douceur et 
    
de

     mansuétude et les lettres y sont fort cultivées ; il en est de même d
  
    2899
    s ; Persans et Turcs enfin ont mêlé à la mollesse 
    
de

     l’Asie qu’ils ont soumise, les croyances grossières de leur religion 
  
    2900
    Asie qu’ils ont soumise, les croyances grossières 
    
de

     leur religion ; les Turcs en particulier tempèrent leur orgueil par l
  
    2901
    iniment pur et parfait, le christianisme qui fait 
    
de

     la charité un devoir envers tous les hommes, domine partout en Europe
  
    2902
    rs tous les hommes, domine partout en Europe ; là 
    
de

     puissantes monarchies entretiennent une civilisation des plus évoluée
  
    2903
    plus évoluées. Sans doute trouvera-t-on au nord — 
    
de

     nos jours en Pologne et en Angleterre comme ce fut le cas il y a quel
  
    2904
    e ce fut le cas il y a quelque cent-cinquante ans 
    
de

     la Suède et du Danemark — des monarchies gouvernées aristocratiquemen
  
    2905
    eaucoup les sciences, il y a un plus grand nombre 
    
d’

    États populaires que dans les trois autres. Le retour des mêmes besoin
  
    2906
    pour se défendre contre la puissance grandissante 
    
de

     Rome et c’est ce qu’on observe aujourd’hui avec les cantons Suisses e
  
    2907
    trouvent ainsi liées les unes aux autres en temps 
    
de

     paix et de guerre ; l’Empire germanique lui-même n’est qu’un ensemble
  
    2908
    nsi liées les unes aux autres en temps de paix et 
    
de

     guerre ; l’Empire germanique lui-même n’est qu’un ensemble de cités l
  
    2909
    l’Empire germanique lui-même n’est qu’un ensemble 
    
de

     cités libres dont les souverains sont indépendants et à la tête desqu
  
    2910
    s états aristocratiques entraînant une atmosphère 
    
de

     soupçon et de crainte propres à ces sortes d’états comme nous l’avons
  
    2911
    cratiques entraînant une atmosphère de soupçon et 
    
de

     crainte propres à ces sortes d’états comme nous l’avons déjà montré. 
  
    2912
    ère de soupçon et de crainte propres à ces sortes 
    
d’

    états comme nous l’avons déjà montré. C’est là la forme ultime des soc
  
    2913
    s sociétés politiques et l’on ne saurait imaginer 
    
d’

    État qui fût supérieur à ces aristocraties ; ce fut également la forme
  
    2914
    aître avec l’union des pères, ces véritables rois 
    
de

     l’âge des familles qui gouvernèrent aristocratiquement les premières 
  
    2915
     bien en effet la nature des véritables principes 
    
d’

    être à l’origine, et de marquer la fin des choses.120  Pour revenir à 
  
    2916
    e des véritables principes d’être à l’origine, et 
    
de

     marquer la fin des choses.120  Pour revenir à notre sujet, nous diron
  
    2917
    evenir à notre sujet, nous dirons qu’on ne trouve 
    
de

     nos jours en Europe que cinq aristocraties, Venise, Gênes et Lucques 
  
    2918
     fort limité. Mais cette Europe chrétienne brille 
    
d’

    une admirable civilisation ; tous les biens auxquels l’homme peut aspi
  
    2919
    plus profonds d’entre les systèmes philosophiques 
    
de

     l’antiquité païenne la secondent et que, d’autre part, elle cultive t
  
    2920
    ur découverte.121      108.  L. Couturat, Logique 
    
de

     Leibniz, Paris 1901, p. 527-528. Notons ici que Campanella le premier
  
    2921
    7-528. Notons ici que Campanella le premier, rêva 
    
d’

    une « Académie européenne ».  109. Lettre à Pierre Ier, 16 janvier 171
  
    2922
    ld und Europagedanke.  117. Paul Hazard, La Crise 
    
de

     la conscience européenne, 1680-1715, Paris, 1935. Nous citons des ext
  
    2923
    pages 5 à 11.  118. Giovanni Paolo Marana, Lettre 
    
d’

    un Sicilien à l’un de ses amis, contenant une agréable critique de Par
  
    2924
    iovanni Paolo Marana, Lettre d’un Sicilien à l’un 
    
de

     ses amis, contenant une agréable critique de Paris et des Français, 1
  
    2925
    l’un de ses amis, contenant une agréable critique 
    
de

     Paris et des Français, 1700 et 1710.   119. Gregorio Leti, Historia e
  
    2926
    msterdam, 1692. Trad. fr., 1694. — Il est amusant 
    
de

     citer ici une page de l’Émile de Rousseau (Tome IV, édition de 1762) 
  
    2927
    fr., 1694. — Il est amusant de citer ici une page 
    
de

     l’Émile de Rousseau (Tome IV, édition de 1762) qui s’inspire libremen
  
    2928
    une page de l’Émile de Rousseau (Tome IV, édition 
    
de

     1762) qui s’inspire librement de Saint-Évremond et de G. Leti, tels q
  
    2929
    Tome IV, édition de 1762) qui s’inspire librement 
    
de

     Saint-Évremond et de G. Leti, tels que P. Hazard vient de les citer :
  
    2930
    762) qui s’inspire librement de Saint-Évremond et 
    
de

     G. Leti, tels que P. Hazard vient de les citer : « De tous les peuple
  
    2931
    . Leti, tels que P. Hazard vient de les citer : « 
    
De

     tous les peuples du monde le François est celui qui voyage le plus, m
  
    2932
    François est celui qui voyage le plus, mais plein 
    
de

     ses usages, il confond tout ce qui n’y ressemble pas. Il y a des Fran
  
    2933
    çais dans tous les coins du monde. Il n’y a point 
    
de

     pays où l’on trouve plus de gens qui aient voyagé qu’on en trouve en 
  
    2934
    monde. Il n’y a point de pays où l’on trouve plus 
    
de

     gens qui aient voyagé qu’on en trouve en France. Avec cela pourtant, 
  
    2935
    gé qu’on en trouve en France. Avec cela pourtant, 
    
de

     tous les peuples de l’Europe celui qui en voit le plus connoît le moi
  
    2936
    n France. Avec cela pourtant, de tous les peuples 
    
de

     l’Europe celui qui en voit le plus connoît le moins. L’Anglois voyage
  
    2937
    us connoît le moins. L’Anglois voyage aussi, mais 
    
d’

    une autre manière ; il faut que ces deux Peuples soient contraires en 
  
    2938
    er. Les François ont presque toujours quelque vue 
    
d’

    intérêt dans leurs voyages : mais les Anglois ne vont point chercher f
  
    2939
    , c’est pour y verser leur argent, non pour vivre 
    
d’

    industrie ; ils sont trop fiers pour aller ramper hors de chez eux. Ce
  
    2940
    norance qu’à la passion. L’Anglois a les préjugés 
    
de

     l’orgueil, & le François ceux de la vanité. Comme les Peuples les
  
    2941
    les préjugés de l’orgueil, & le François ceux 
    
de

     la vanité. Comme les Peuples les moins cultivés sont généralement les
  
    2942
    cherches frivoles, & moins occupés des objets 
    
de

     notre vaine curiosité, ils donnent toute leur attention à ce qui est 
  
    2943
    e ne connois guère que les Espagnols qui voyagent 
    
de

     cette manière. Tandis qu’un François court chez les Artistes d’un pay
  
    2944
    re. Tandis qu’un François court chez les Artistes 
    
d’

    un pays, qu’un Anglois en fait dessiner quelque antique, et qu’un Alle
  
    2945
    s, la police, & il est le seul des quatre qui 
    
de

     retour chez lui, rapporte de ce qu’il a vu quelque remarque utile à s
  
    2946
     seul des quatre qui de retour chez lui, rapporte 
    
de

     ce qu’il a vu quelque remarque utile à son Pays. » Et Rousseau de con
  
    2947
     quelque remarque utile à son Pays. » Et Rousseau 
    
de

     conclure : « Il y a cent fois plus de liaison maintenant entre l’Euro
  
    2948
    Et Rousseau de conclure : « Il y a cent fois plus 
    
de

     liaison maintenant entre l’Europe et l’Asie, qu’il y en avoit jadis e
  
    2949
    rima (Œuvres, III, 1, 56) il n’avait imaginé rien 
    
de

     moins qu’une confédération comprenant toutes les nations unies comme 
  
    2950
    e V, chap. III, §§ 1089 à 1095. Collection Unesco 
    
d’

    œuvres représentatives, Éd. Nagel, Paris 1953.

10 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Troisième partie. L’ère des philosophes.  De Leibniz à Condorcet — 2. L’Europe des lumières
    2951
    e à peu près absolu avec le génie sombre et tendu 
    
d’

    un Vico, voici un hédoniste, un sceptique indulgent, épris d’observati
  
    2952
    voici un hédoniste, un sceptique indulgent, épris 
    
d’

    observations exactes, qui conclut également en faveur de l’Europe, apr
  
    2953
    , il est l’ancêtre distingué et tout involontaire 
    
de

     cette immense littérature qui aboutit de nos jours à la science-ficti
  
    2954
    lontaire de cette immense littérature qui aboutit 
    
de

     nos jours à la science-fiction. Au Sixième Soir de ses promenades ave
  
    2955
    e nos jours à la science-fiction. Au Sixième Soir 
    
de

     ses promenades avec une marquise, dans un parc, lui ayant expliqué to
  
    2956
    ue l’on sait des autres mondes et ce qu’en permet 
    
d’

    imaginer l’astronomie, la marquise lui fait observer que les Chinois, 
  
    2957
    is, selon ce qu’elle en a lu, ont décrit la chute 
    
de

     mille étoiles à la fois. Fontenelle en doute. La marquise réitère :  
  
    2958
    -je pas toujours ouï dire que les Chinois étoient 
    
de

     très-grands Astronomes ? Il est vrai, repris-je ; mais les Chinois y 
  
    2959
    -je ; mais les Chinois y ont gagné à être séparés 
    
de

     nous par un long espace de terre, comme les Grecs et les Romains à êt
  
    2960
    t gagné à être séparés de nous par un long espace 
    
de

     terre, comme les Grecs et les Romains à être séparés par une longue s
  
    2961
    t les Romains à être séparés par une longue suite 
    
de

     siècles ; tout éloignement est en droit de nous en imposer. En vérité
  
    2962
     suite de siècles ; tout éloignement est en droit 
    
de

     nous en imposer. En vérité, je crois toujours de plus en plus qu’il y
  
    2963
    up éloigné. Peut-être qu’il ne lui est pas permis 
    
de

     se répandre dans une grande étendue de terre à la fois, et que quelqu
  
    2964
    pas permis de se répandre dans une grande étendue 
    
de

     terre à la fois, et que quelque fatalité lui prescrit des bornes asse
  
    2965
    ns-en tandis que nous le possédons ; ce qu’il y a 
    
de

     meilleur, c’est qu’il ne se renferme pas dans les sciences et dans le
  
    2966
     les spéculations sèches ; il s’étend avec autant 
    
de

     succès jusqu’aux choses d’agrément, sur lesquelles je doute qu’aucun 
  
    2967
    il s’étend avec autant de succès jusqu’aux choses 
    
d’

    agrément, sur lesquelles je doute qu’aucun peuple nous égale.122     M
  
    2968
     du gouvernement libéral, mais le plus sûr témoin 
    
de

     l’Europe de son temps, qu’il avait parcourue en tous sens. L’artifice
  
    2969
    ment libéral, mais le plus sûr témoin de l’Europe 
    
de

     son temps, qu’il avait parcourue en tous sens. L’artifice du « barbar
  
    2970
    arbare perspicace » n’est pour lui qu’une manière 
    
d’

    exposer sa méthode d’observation sociologique. C’est ainsi qu’il fait 
  
    2971
    ’est pour lui qu’une manière d’exposer sa méthode 
    
d’

    observation sociologique. C’est ainsi qu’il fait dire à l’un de ses Pe
  
    2972
     sociologique. C’est ainsi qu’il fait dire à l’un 
    
de

     ses Persans comment il entend mener sa propre enquête sur les diversi
  
    2973
    es secrets du commerce, des intérêts des princes, 
    
de

     la forme de leur gouvernement ; je ne néglige pas même les superstiti
  
    2974
    u commerce, des intérêts des princes, de la forme 
    
de

     leur gouvernement ; je ne néglige pas même les superstitions européen
  
    2975
    s des nuages qui couvraient mes yeux dans le pays 
    
de

     ma naissance.  Citons, sans plus de système qu’on en trouve dans les 
  
    2976
    stème qu’on en trouve dans les notes et opuscules 
    
de

     Montesquieu, quelques résultats de cette méthode. Sur l’interdépendan
  
    2977
    s et opuscules de Montesquieu, quelques résultats 
    
de

     cette méthode. Sur l’interdépendance de nos nations :  Un prince croi
  
    2978
    résultats de cette méthode. Sur l’interdépendance 
    
de

     nos nations :  Un prince croit qu’il sera plus grand par la ruine d’u
  
    2979
    n prince croit qu’il sera plus grand par la ruine 
    
d’

    un état voisin. Au contraire. Les choses sont telles en Europe que tou
  
    2980
     dépendent les uns des autres. La France a besoin 
    
de

     l’opulence de la Pologne et de la Moscovie, comme la Guyenne a besoin
  
    2981
     uns des autres. La France a besoin de l’opulence 
    
de

     la Pologne et de la Moscovie, comme la Guyenne a besoin de la Bretagn
  
    2982
    La France a besoin de l’opulence de la Pologne et 
    
de

     la Moscovie, comme la Guyenne a besoin de la Bretagne et la Bretagne 
  
    2983
    ogne et de la Moscovie, comme la Guyenne a besoin 
    
de

     la Bretagne et la Bretagne de l’Anjou. L’Europe est un état composé d
  
    2984
    Bretagne de l’Anjou. L’Europe est un état composé 
    
de

     plusieurs provinces.124    Sur la puissance de l’esprit et l’atout qu
  
    2985
    sé de plusieurs provinces.124    Sur la puissance 
    
de

     l’esprit et l’atout que sa culture représente pour l’Europe :  On ne 
  
    2986
    as dire que les lettres ne soyent qu’un amusement 
    
d’

    une certaine partie des citoyens ; il faut les regarder sois une autre
  
    2987
     les plus cultivées ont aussi, à proportion, plus 
    
de

     puissance.125   Sur la position de l’Europe dans le Monde :  L’effet 
  
    2988
    oportion, plus de puissance.125   Sur la position 
    
de

     l’Europe dans le Monde :  L’effet de la découverte de l’Amérique fut 
  
    2989
     la position de l’Europe dans le Monde :  L’effet 
    
de

     la découverte de l’Amérique fut de lier à l’Europe l’Asie et l’Afriqu
  
    2990
    ’Europe dans le Monde :  L’effet de la découverte 
    
de

     l’Amérique fut de lier à l’Europe l’Asie et l’Afrique. L’Amérique fou
  
    2991
    nde :  L’effet de la découverte de l’Amérique fut 
    
de

     lier à l’Europe l’Asie et l’Afrique. L’Amérique fournit à l’Europe la
  
    2992
    Afrique. L’Amérique fournit à l’Europe la matière 
    
de

     son commerce avec cette vaste partie de l’Asie qu’on appelle les Inde
  
    2993
    a matière de son commerce avec cette vaste partie 
    
de

     l’Asie qu’on appelle les Indes orientales. L’argent, ce métal si util
  
    2994
     signe, fut encore la base du plus grand commerce 
    
de

     l’univers, comme marchandise. Enfin, la navigation d’Afrique devint n
  
    2995
    ’univers, comme marchandise. Enfin, la navigation 
    
d’

    Afrique devint nécessaire ; elle fournissait des hommes pour le travai
  
    2996
    es hommes pour le travail des mines et des terres 
    
de

     l’Amérique. L’Europe est parvenue à un si haut degré de puissance, qu
  
    2997
    mérique. L’Europe est parvenue à un si haut degré 
    
de

     puissance, que l’histoire n’a rien à comparer là-dessus, si l’on cons
  
    2998
     dépenses, la grandeur des engagements, le nombre 
    
de

     troupes, et la continuité de leur entretien, même lorsqu’elles sont l
  
    2999
    gagements, le nombre de troupes, et la continuité 
    
de

     leur entretien, même lorsqu’elles sont le plus inutiles, et qu’on ne 
  
    3000
    tion. Le P. Duhalde dit que le commerce intérieur 
    
de

     la Chine est plus grand que celui de toute l’Europe. Cela pourrait êt
  
    3001
    ce intérieur de la Chine est plus grand que celui 
    
de

     toute l’Europe. Cela pourrait être, si notre commerce extérieur n’aug
  
    3002
    ande font à peu près la navigation et le commerce 
    
de

     l’Europe.126   Sur le parallèle Europe-Asie :  L’Asie n’a point propr
  
    3003
    allèle Europe-Asie :  L’Asie n’a point proprement 
    
de

     zone tempérée ; et les lieux situés dans un climat très-froid y touch
  
    3004
    limats très-différents entre eux, n’y ayant point 
    
de

     rapport entre les climats d’Espagne et d’Italie, et ceux de Norwège e
  
    3005
    eux, n’y ayant point de rapport entre les climats 
    
d’

    Espagne et d’Italie, et ceux de Norwège et de Suède. Mais, comme le cl
  
    3006
    t point de rapport entre les climats d’Espagne et 
    
d’

    Italie, et ceux de Norwège et de Suède. Mais, comme le climat y devien
  
    3007
     entre les climats d’Espagne et d’Italie, et ceux 
    
de

     Norwège et de Suède. Mais, comme le climat y devient insensiblement f
  
    3008
    mats d’Espagne et d’Italie, et ceux de Norwège et 
    
de

     Suède. Mais, comme le climat y devient insensiblement froid en allant
  
    3009
    n allant du midi au nord, à peu près à proportion 
    
de

     la latitude de chaque pays, il y arrive que chaque pays est à peu prè
  
    3010
    i au nord, à peu près à proportion de la latitude 
    
de

     chaque pays, il y arrive que chaque pays est à peu près semblable à c
  
    3011
     de le dire, la zone tempérée y est très-étendue. 
    
De

     là suit qu’en Asie les nations sont opposées aux nations du fort au f
  
    3012
     peu près le même courage. C’est la grande raison 
    
de

     la faiblesse de l’Asie et de la force de l’Europe, de la liberté de l
  
    3013
    e courage. C’est la grande raison de la faiblesse 
    
de

     l’Asie et de la force de l’Europe, de la liberté de l’Europe et de la
  
    3014
    est la grande raison de la faiblesse de l’Asie et 
    
de

     la force de l’Europe, de la liberté de l’Europe et de la servitude de
  
    3015
    e raison de la faiblesse de l’Asie et de la force 
    
de

     l’Europe, de la liberté de l’Europe et de la servitude de l’Asie ; ca
  
    3016
    a faiblesse de l’Asie et de la force de l’Europe, 
    
de

     la liberté de l’Europe et de la servitude de l’Asie ; cause que je ne
  
    3017
     l’Asie et de la force de l’Europe, de la liberté 
    
de

     l’Europe et de la servitude de l’Asie ; cause que je ne sache pas que
  
    3018
    a force de l’Europe, de la liberté de l’Europe et 
    
de

     la servitude de l’Asie ; cause que je ne sache pas que l’on ait encor
  
    3019
    ope, de la liberté de l’Europe et de la servitude 
    
de

     l’Asie ; cause que je ne sache pas que l’on ait encore remarquée. C’e
  
    3020
     en est que le peuple tartare, conquérant naturel 
    
de

     l’Asie, est devenu esclave lui-même. … C’est ce qui a fait que le gén
  
    3021
    lave lui-même. … C’est ce qui a fait que le génie 
    
de

     la nation tartare ou gétique a toujours été semblable à celui des emp
  
    3022
    ique a toujours été semblable à celui des empires 
    
de

     l’Asie. Les peuples, dans ceux-ci, sont gouvernés par le bâton ; les 
  
    3023
    s peuples tartares par les longs fouets. L’esprit 
    
de

     l’Europe a toujours été contraire à ces mœurs ; et, dans tous les tem
  
    3024
    urs ; et, dans tous les temps, ce que les peuples 
    
d’

    Asie ont appelé punition, les peuples d’Europe l’ont appelé outrage. L
  
    3025
    s peuples d’Asie ont appelé punition, les peuples 
    
d’

    Europe l’ont appelé outrage. Les Tartares, détruisant l’empire grec, é
  
    3026
    n Atlantique, a tant loué la Scandinavie, a parlé 
    
de

     cette grande prérogative qui doit mettre les nations qui l’habitent a
  
    3027
     doit mettre les nations qui l’habitent au-dessus 
    
de

     tous les peuples du monde : c’est qu’elles ont été la source de la li
  
    3028
    uples du monde : c’est qu’elles ont été la source 
    
de

     la liberté de l’Europe, c’est-à-dire de presque toute celle qui est a
  
    3029
     : c’est qu’elles ont été la source de la liberté 
    
de

     l’Europe, c’est-à-dire de presque toute celle qui est aujourd’hui par
  
    3030
    la source de la liberté de l’Europe, c’est-à-dire 
    
de

     presque toute celle qui est aujourd’hui parmi les hommes. Le Goth Jor
  
    3031
    mi les hommes. Le Goth Jornandès a appelé le nord 
    
de

     l’Europe la fabrique du genre humain : je l’appellerai plutôt la fabr
  
    3032
    que se forment ces nations vaillantes qui sortent 
    
de

     leur pays pour détruire les tyrans et les esclaves, et apprendre aux 
  
    3033
    que pour le bonheur128.  En Asie on a toujours vu 
    
de

     grands empires ; en Europe, ils n’ont jamais pu subsister. C’est que 
  
    3034
     Europe, le partage naturel forme plusieurs États 
    
d’

    une étendue médiocre, dans lesquels le gouvernement des lois n’est pas
  
    3035
     des lois n’est pas incompatible avec le maintien 
    
de

     l’État : au contraire, il y est si favorable, que sans elles cet État
  
    3036
     à tous les autres. C’est ce qui a formé un génie 
    
de

     liberté qui rend chaque partie très-difficile à être subjuguée et sou
  
    3037
    trangère, autrement que par les lois et l’utilité 
    
de

     son commerce. Au contraire, il règne en Asie un esprit de servitude q
  
    3038
    ommerce. Au contraire, il règne en Asie un esprit 
    
de

     servitude qui ne l’a jamais quitté ; et, dans toutes les histoires de
  
    3039
    l’a jamais quitté ; et, dans toutes les histoires 
    
de

     ce pays, il n’est pas possible de trouver un seul trait qui marque un
  
    3040
    s les histoires de ce pays, il n’est pas possible 
    
de

     trouver un seul trait qui marque une âme libre : on y verra jamais qu
  
    3041
     une âme libre : on y verra jamais que l’héroïsme 
    
de

     la servitude129.  Enfin ce texte célèbre entre tous :  Si je savais q
  
    3042
    fût préjudiciable à ma famille, je la rejetterais 
    
de

     mon esprit. Si je savais quelque chose qui serait utile à ma famille 
  
    3043
    ns l’utopie, ni dans celle du passé ni dans celle 
    
de

     l’avenir. « Il faut examiner l’état où l’on est, et non l’état où l’o
  
    3044
    le second, il publie en 1769 un opuscule intitulé 
    
De

     la Paix perpétuelle, par le Dr Goodheart, où l’on peut lire :  La seu
  
    3045
     servi ! — voici ce qu’il fait dire au personnage 
    
d’

    un de ses Dialogues qu’il désigne par A. et qui semble être anglais (C
  
    3046
    i ! — voici ce qu’il fait dire au personnage d’un 
    
de

     ses Dialogues qu’il désigne par A. et qui semble être anglais (C. éta
  
    3047
    ue les Athéniens et les Romains ; que vos combats 
    
de

     coqs ou de gladiateurs, dans une enceinte de planches pourries, l’emp
  
    3048
    niens et les Romains ; que vos combats de coqs ou 
    
de

     gladiateurs, dans une enceinte de planches pourries, l’emportent sur 
  
    3049
    bats de coqs ou de gladiateurs, dans une enceinte 
    
de

     planches pourries, l’emportent sur le Colisée ? Les savetiers et les 
  
    3050
     dans vos tragédies sont-ils supérieurs aux héros 
    
de

     Sophocle ? Vos orateurs font-ils oublier Cicéron et Démosthène ? Et e
  
    3051
    le ne valait alors, et il en est de même du reste 
    
de

     l’Europe. B. — Ah ! exceptez-en, je vous prie, la Grèce, qui obéit au
  
    3052
    qui obéit au Grand Turc, et la malheureuse partie 
    
de

     l’Italie qui obéit au pape. A. — Je les excepte aussi ; mais songez q
  
    3053
    epte aussi ; mais songez que Paris, qui n’est que 
    
d’

    un dixième moins grand que Londres, n’était alors qu’une petite cité b
  
    3054
    terdam n’était qu’un marais. Madrid un désert, et 
    
de

     la rive droite du Rhin jusqu’au golfe de Bothnie tout était sauvage ;
  
    3055
    lfe de Bothnie tout était sauvage ; les habitants 
    
de

     ces climats vivaient, comme les Tartares ont toujours vécu, dans l’ig
  
    3056
    de, en Pologne, en Russie, et que les découvertes 
    
de

     notre grand Newton soient devenues le catéchisme de la noblesse de Mo
  
    3057
     notre grand Newton soient devenues le catéchisme 
    
de

     la noblesse de Moscou et de Pétersbourg ? C. — Vous m’avouerez qu’il 
  
    3058
    wton soient devenues le catéchisme de la noblesse 
    
de

     Moscou et de Pétersbourg ? C. — Vous m’avouerez qu’il n’en est pas de
  
    3059
    evenues le catéchisme de la noblesse de Moscou et 
    
de

     Pétersbourg ? C. — Vous m’avouerez qu’il n’en est pas de même sur les
  
    3060
    rouva à moitié nus ? A. — Je le crois fermement ; 
    
de

     bonnes maisons, de bons vêtements, de la bonne chère, avec de bonnes 
  
    3061
    ? A. — Je le crois fermement ; de bonnes maisons, 
    
de

     bons vêtements, de la bonne chère, avec de bonnes lois et de la liber
  
    3062
    fermement ; de bonnes maisons, de bons vêtements, 
    
de

     la bonne chère, avec de bonnes lois et de la liberté, valent mieux qu
  
    3063
    isons, de bons vêtements, de la bonne chère, avec 
    
de

     bonnes lois et de la liberté, valent mieux que la disette, l’anarchie
  
    3064
    ements, de la bonne chère, avec de bonnes lois et 
    
de

     la liberté, valent mieux que la disette, l’anarchie et l’esclavage. C
  
    3065
    anarchie et l’esclavage. Ceux qui sont mécontents 
    
de

     Londres n’ont qu’à s’en aller aux Orcades : ils y vivront comme nous 
  
    3066
    s y vivront comme nous vivions à Londres du temps 
    
de

     César ; ils mangeront du pain d’avoine, et s’égorgeront à coups de co
  
    3067
    Londres du temps de César ; ils mangeront du pain 
    
d’

    avoine, et s’égorgeront à coups de couteau pour un poisson séché au so
  
    3068
    ngeront du pain d’avoine, et s’égorgeront à coups 
    
de

     couteau pour un poisson séché au soleil et pour une cabane de paille.
  
    3069
    our un poisson séché au soleil et pour une cabane 
    
de

     paille. La vie sauvage a ses charmes ; ceux qui la prêchent n’ont qu’
  
    3070
    urelle. La pure nature n’a jamais connu ni débats 
    
de

     parlement, ni prérogatives de la couronne, ni compagnie des Indes, ni
  
    3071
    ais connu ni débats de parlement, ni prérogatives 
    
de

     la couronne, ni compagnie des Indes, ni impôts de trois schellings pa
  
    3072
    de la couronne, ni compagnie des Indes, ni impôts 
    
de

     trois schellings par livre sur son champ et sur son pré, et d’un sche
  
    3073
    llings par livre sur son champ et sur son pré, et 
    
d’

    un schelling par fenêtre. Vous pourriez bien avoir corrompu la nature 
  
    3074
    ous m’étonnez ; quoi ! c’est suivre la nature que 
    
de

     sacrer un archevêque de Cantorbéry ? d’appeler un Allemand transplant
  
    3075
    ’est suivre la nature que de sacrer un archevêque 
    
de

     Cantorbéry ? d’appeler un Allemand transplanté chez vous « Votre Maje
  
    3076
    ature que de sacrer un archevêque de Cantorbéry ? 
    
d’

    appeler un Allemand transplanté chez vous « Votre Majesté » ? de ne po
  
    3077
    llemand transplanté chez vous « Votre Majesté » ? 
    
de

     ne pouvoir épouser qu’une seule femme, et de payer plus du quart de v
  
    3078
     » ? de ne pouvoir épouser qu’une seule femme, et 
    
de

     payer plus du quart de votre revenu tous les ans ? sans compter bien 
  
    3079
    ser qu’une seule femme, et de payer plus du quart 
    
de

     votre revenu tous les ans ? sans compter bien d’autres transgressions
  
    3080
    ue l’instinct et le jugement, ces deux fils aînés 
    
de

     la nature, nous enseignent à chercher en tout notre bien-être, et à p
  
    3081
    ieux cardinaux se rencontraient à jeun et mourant 
    
de

     faim sous un prunier, ils s’aideraient tous deux machinalement à mont
  
    3082
    r cueillir des prunes, et que deux petits coquins 
    
de

     la Forêt-Noire ou des Chicachas en feraient autant ? B. — Eh bien ! q
  
    3083
     il faut s’entraider. Ceux qui fourniront le plus 
    
de

     secours à la société seront donc ceux qui suivront la nature de plus 
  
    3084
    ux qui inventeront les arts (qui est un grand don 
    
de

     Dieu), ceux qui proposeront des lois (ce qui est infiniment plus aisé
  
    3085
    é en effet observée. Donc, lorsque nous convenons 
    
de

     payer trois schellings en commun par livre sterling, pour jouir plus 
  
    3086
    dix-sept autres schellings ; quand nous convenons 
    
de

     choisir un Allemand pour être, sous le nom de roi, le conservateur de
  
    3087
    ons de choisir un Allemand pour être, sous le nom 
    
de

     roi, le conservateur de notre liberté, l’arbitre entre les lords et l
  
    3088
    nd pour être, sous le nom de roi, le conservateur 
    
de

     notre liberté, l’arbitre entre les lords et les communes, le chef de 
  
    3089
    ’arbitre entre les lords et les communes, le chef 
    
de

     la république ; quand nous n’épousons qu’une seule femme par économie
  
    3090
    s (parce que nous sommes riches) qu’un archevêque 
    
de

     Cantorbéry ait douze mille pièces de revenu pour soulager les pauvres
  
    3091
    n archevêque de Cantorbéry ait douze mille pièces 
    
de

     revenu pour soulager les pauvres, pour prêcher la vertu s’il sait prê
  
    3092
    dans le clergé, etc., etc., nous faisons plus que 
    
de

     perfectionner la loi naturelle, nous allons au-delà du but ; mais le 
  
    3093
     du but ; mais le sauvage isolé et brut (s’il y a 
    
de

     tels animaux sur la terre, ce dont je doute fort), que fait-il du mat
  
    3094
    je doute fort), que fait-il du matin au soir, que 
    
de

     pervertir la loi naturelle en étant inutile à lui-même et à tous les 
  
    3095
    ct : les hommes insociables corrompent l’instinct 
    
de

     la nature humaine.  C. — Ainsi l’homme, déguisé sous la laine des mou
  
    3096
     et allant chercher la vérole à deux-mille lieues 
    
de

     chez lui, c’est là l’homme naturel, et le Brésilien tout nu est l’hom
  
    3097
    n animal qui n’a pas encore atteint le complément 
    
de

     son espèce. C’est un oiseau qui n’a ses plumes que fort tard, une che
  
    3098
    es Locke, et alors il aura rempli toute l’étendue 
    
de

     la carrière humaine, supposé que les organes du Brésilien soient asse
  
    3099
    nes. Mais que m’importent après tout le caractère 
    
d’

    un Brésilien et les sentiments d’un Topinambou ? Je ne suis ni l’un ni
  
    3100
    out le caractère d’un Brésilien et les sentiments 
    
d’

    un Topinambou ? Je ne suis ni l’un ni l’autre, je veux être heureux ch
  
    3101
    c à mi-chemin entre les détracteurs systématiques 
    
de

     l’Europe et ceux qui veulent en faire un paradis par leur Système ; c
  
    3102
    comme il se tient à mi-chemin entre le pessimisme 
    
de

     Hobbes et l’optimisme de Leibniz, ou encore entre les tyrans éclairés
  
    3103
    emin entre le pessimisme de Hobbes et l’optimisme 
    
de

     Leibniz, ou encore entre les tyrans éclairés et le pacifisme intégral
  
    3104
    sidérant l’Europe dans l’état où elle est, pleine 
    
d’

    abus et d’intolérance mais aussi de « lumières » nouvelles et de grand
  
    3105
    ’Europe dans l’état où elle est, pleine d’abus et 
    
d’

    intolérance mais aussi de « lumières » nouvelles et de grands génies t
  
    3106
    le est, pleine d’abus et d’intolérance mais aussi 
    
de

     « lumières » nouvelles et de grands génies tels que Newton, il écrit 
  
    3107
    tolérance mais aussi de « lumières » nouvelles et 
    
de

     grands génies tels que Newton, il écrit en 1767 :  Je vois avec plais
  
    3108
    ’il se forme dans l’Europe une république immense 
    
d’

    esprits cultivés.  C’est donc l’Europe de la culture — comme nous diri
  
    3109
     immense d’esprits cultivés.  C’est donc l’Europe 
    
de

     la culture — comme nous dirions aujourd’hui — la société des esprits 
  
    3110
    écrivait en 1752, dans son introduction au Siècle 
    
de

     Louis XIV :  L’Europe surpasse en toutes choses les autres parties du
  
    3111
    pe chrétienne (à la Russie près) comme une espèce 
    
de

     grande république partagée en plusieurs États, les uns monarchiques, 
  
    3112
     les uns avec les autres, tous ayant un même fond 
    
de

     religion, quoique divisés en plusieurs sectes ; tous ayant les mêmes 
  
    3113
    plusieurs sectes ; tous ayant les mêmes principes 
    
de

     droit public et de politique, inconnus dans les autres parties du mon
  
    3114
    tous ayant les mêmes principes de droit public et 
    
de

     politique, inconnus dans les autres parties du monde. C’est par ces p
  
    3115
    prisonniers, qu’elles respectent les ambassadeurs 
    
de

     leurs ennemis, qu’elles conviennent ensemble de la prééminence et de 
  
    3116
    s de leurs ennemis, qu’elles conviennent ensemble 
    
de

     la prééminence et de quelques droits de certains princes, comme de l’
  
    3117
    u’elles conviennent ensemble de la prééminence et 
    
de

     quelques droits de certains princes, comme de l’empereur, des rois et
  
    3118
     ensemble de la prééminence et de quelques droits 
    
de

     certains princes, comme de l’empereur, des rois et des autres moindre
  
    3119
     et de quelques droits de certains princes, comme 
    
de

     l’empereur, des rois et des autres moindres potents et qu’elles s’acc
  
    3120
    elles s’accordent surtout, dans la sage politique 
    
de

     tenir entr’elles, autant qu’elles peuvent, une balance égale de pouvo
  
    3121
    elles, autant qu’elles peuvent, une balance égale 
    
de

     pouvoir, employant sans cesse les négociations, même au milieu de la 
  
    3122
    qui peuvent avertir toutes les cours des desseins 
    
d’

    une seule, donner à la fois l’allarme à l’Europe et garantir les plus 
  
    3123
     des invasions que le plus fort est toujours prêt 
    
d’

    entreprendre.     Rousseau (1712-1778)    « Rousseau n’a rien inventé,
  
    3124
    tout enflammé », disait Mme de Staël, et c’est un 
    
de

     ces jugements qui caractérisent leur auteur mieux que leur objet. Car
  
    3125
    ir » ; et peut-être l’a-t-il été. Il se proposait 
    
d’

    en exposer le système dans une suite au Contrat social qui a été perdu
  
    3126
    ais il s’est exprimé longuement sur les avantages 
    
de

     l’union européenne dans Extrait, et sur le principe fédératif lui-mêm
  
    3127
    nnu, mais beaucoup plus original, le Gouvernement 
    
de

     Pologne. Une dame Dupin avait confié à Jean-Jacques l’éducation de so
  
    3128
    ame Dupin avait confié à Jean-Jacques l’éducation 
    
de

     son fils. Elle pria le précepteur de rédiger un « condensé » (procédé
  
    3129
     l’éducation de son fils. Elle pria le précepteur 
    
de

     rédiger un « condensé » (procédé littéraire cher à l’époque) du Proje
  
    3130
     » (procédé littéraire cher à l’époque) du Projet 
    
de

     l’abbé de Saint-Pierre. Rousseau l’écrivit le garda longtemps dans se
  
    3131
    1, à Amsterdam, sous le titre : Extrait du Projet 
    
de

     paix perpétuelle de M. l’abbé de Saint-Pierre, par J. J. Rousseau, ci
  
    3132
     le titre : Extrait du Projet de paix perpétuelle 
    
de

     M. l’abbé de Saint-Pierre, par J. J. Rousseau, citoyen de Genève. Au 
  
    3133
    xtrait du Projet de paix perpétuelle de M. l’abbé 
    
de

     Saint-Pierre, par J. J. Rousseau, citoyen de Genève. Au début, l’élog
  
    3134
    abbé de Saint-Pierre, par J. J. Rousseau, citoyen 
    
de

     Genève. Au début, l’éloge est fervent, bien que Rousseau n’entende pa
  
    3135
    i plus utile, n’occupa l’esprit humain, que celui 
    
d’

    une paix perpétuelle et universelle entre tous les peuples d’Europe, j
  
    3136
    perpétuelle et universelle entre tous les peuples 
    
d’

    Europe, jamais auteur ne mérita mieux l’attention du public que celui 
  
    3137
     sentiment dont j’étais plein. Tâchons maintenant 
    
de

     raisonner de sang-froid.   Quel est l’état réel de l’Europe ? On n’y 
  
    3138
    nt j’étais plein. Tâchons maintenant de raisonner 
    
de

     sang-froid.   Quel est l’état réel de l’Europe ? On n’y a su prévenir
  
    3139
    e raisonner de sang-froid.   Quel est l’état réel 
    
de

     l’Europe ? On n’y a su prévenir les guerres particulières que pour en
  
    3140
    nir les guerres particulières que pour en allumer 
    
de

     générales, on ne s’unit à quelques-uns que contre tous les autres :  
  
    3141
     contre tous les autres :  S’il y a quelque moyen 
    
de

     lever ces dangereuses contradictions, ce ne peut être que par une for
  
    3142
    contradictions, ce ne peut être que par une forme 
    
de

     gouvernement confédérative, qui, unissant les peuples par des liens s
  
    3143
    s, les Gaules leurs cités et les derniers soupirs 
    
de

     la Grèce devinrent encore illustres dans la ligne achéenne. Mais null
  
    3144
    ore illustres dans la ligne achéenne. Mais nulles 
    
de

     ces confédérations n’approchèrent, pour la sagesse, de celle du corps
  
    3145
    s confédérations n’approchèrent, pour la sagesse, 
    
de

     celle du corps germanique, de la ligue helvétique, et des états génér
  
    3146
    t, pour la sagesse, de celle du corps germanique, 
    
de

     la ligue helvétique, et des états généraux. Outre ces confédérations 
  
    3147
    réelles, par l’union des intérêts, par le rapport 
    
de

     nos maximes, par la conformité des coutumes, ou par d’autres circonst
  
    3148
    es divisés. C’est ainsi que toutes les puissances 
    
de

     l’Europe forment entre elles une sorte de système qui les unit par un
  
    3149
    ssances de l’Europe forment entre elles une sorte 
    
de

     système qui les unit par une même religion, par un même droit des gen
  
    3150
    , par les lettres, par le commerce, par une sorte 
    
d’

    équilibre qui est l’effet nécessaire de tout cela, et qui, sans que pe
  
    3151
     une sorte d’équilibre qui est l’effet nécessaire 
    
de

     tout cela, et qui, sans que personne songe en effet à le conserver, n
  
    3152
    oujours existé : c’est à l’Empire puis à l’Église 
    
de

     Rome que nous devons une sorte de « société étroite entre les nations
  
    3153
    puis à l’Église de Rome que nous devons une sorte 
    
de

     « société étroite entre les nations de l’Europe ». Mais il y a plus :
  
    3154
     une sorte de « société étroite entre les nations 
    
de

     l’Europe ». Mais il y a plus :  Joignez à cela la situation particuli
  
    3155
     plus :  Joignez à cela la situation particulière 
    
de

     l’Europe, plus également peuplée, plus également fertile, mieux réuni
  
    3156
    verains ; la multitude des rivières et la variété 
    
de

     leur cours, qui rend toutes les communications faciles ; l’humeur inc
  
    3157
    fréquemment les uns chez les autres ; l’invention 
    
de

     l’imprimerie et le goût général des lettres, qui a mis entre eux une 
  
    3158
    l des lettres, qui a mis entre eux une communauté 
    
d’

    études et de connaissances ; enfin la multitude et la petitesse des ét
  
    3159
    s, qui a mis entre eux une communauté d’études et 
    
de

     connaissances ; enfin la multitude et la petitesse des états, qui, jo
  
    3160
    es aux autres. Toutes ces causes réunies, forment 
    
de

     l’Europe, non seulement, comme l’Asie ou l’Afrique, une idéale collec
  
    3161
     comme l’Asie ou l’Afrique, une idéale collection 
    
de

     peuples qui n’ont de commun qu’un nom, mais une société réelle qui a 
  
    3162
    rique, une idéale collection de peuples qui n’ont 
    
de

     commun qu’un nom, mais une société réelle qui a sa religion, ses mœur
  
    3163
    os beaux discours et nos procédés horribles, tant 
    
d’

    humanité dans les maximes et de cruauté dans les actions, une religion
  
    3164
    és horribles, tant d’humanité dans les maximes et 
    
de

     cruauté dans les actions, une religion si douce et une si sanguinaire
  
    3165
    iétés ; et cette fraternité prétendue des peuples 
    
de

     l’Europe ne semble être qu’un nom de dérision pour exprimer avec iron
  
    3166
     des peuples de l’Europe ne semble être qu’un nom 
    
de

     dérision pour exprimer avec ironie leur mutuelle animosité. Cependant
  
    3167
     qui vient à changer. L’antique union des peuples 
    
de

     l’Europe a compliqué leurs intérêts et leurs droits de mille manières
  
    3168
    Europe a compliqué leurs intérêts et leurs droits 
    
de

     mille manières ; ils se touchent par tant de points, que le moindre m
  
    3169
     que le moindre mouvement des uns ne peut manquer 
    
de

     choquer les autres ; leurs divisions sont d’autant plus funestes, que
  
    3170
    quer de choquer les autres ; leurs divisions sont 
    
d’

    autant plus funestes, que leurs liaisons sont plus intimes, et leurs f
  
    3171
    la cruauté des guerres civiles. Voyons maintenant 
    
de

     quelle manière ce grand ouvrage, commencé par la fortune, peut être a
  
    3172
     états européens, prenant la force et la solidité 
    
d’

    un vrai corps politique, peut se changer en une confédération réelle. 
  
    3173
    se forme de temps en temps parmi nous des espèces 
    
de

     diètes générales sous le nom de congrès, où l’on se rend solennelleme
  
    3174
     nous des espèces de diètes générales sous le nom 
    
de

     congrès, où l’on se rend solennellement de tous les états de l’Europe
  
    3175
    le nom de congrès, où l’on se rend solennellement 
    
de

     tous les états de l’Europe pour s’en retourner de même ; où l’on s’as
  
    3176
     où l’on se rend solennellement de tous les états 
    
de

     l’Europe pour s’en retourner de même ; où l’on s’assemble pour ne rie
  
    3177
    a ronde ou carrée, si la salle aura plus ou moins 
    
de

     portes, si un tel plénipotentiaire aura le visage ou le dos tourné ve
  
    3178
    né vers la fenêtre, si tel autre fera deux pouces 
    
de

     chemin de plus ou de moins dans une visite, et sur mille questions de
  
    3179
    i tel autre fera deux pouces de chemin de plus ou 
    
de

     moins dans une visite, et sur mille questions de pareille importance,
  
    3180
     de moins dans une visite, et sur mille questions 
    
de

     pareille importance, inutilement agitée depuis trois siècles, et très
  
    3181
    e depuis trois siècles, et très dignes assurément 
    
d’

    occuper les politiques du nôtre. Il se peut faire que les membres d’un
  
    3182
    tiques du nôtre. Il se peut faire que les membres 
    
d’

    une de ces assemblées soient une fois doués du sens commun ; il n’est 
  
    3183
     du nôtre. Il se peut faire que les membres d’une 
    
de

     ces assemblées soient une fois doués du sens commun ; il n’est pas mê
  
    3184
    oir aplani bien des difficultés, ils auront ordre 
    
de

     leurs souverains respectifs de signer la confédération générale que j
  
    3185
    , ils auront ordre de leurs souverains respectifs 
    
de

     signer la confédération générale que je suppose sommairement contenue
  
    3186
    icles suivants.  Suit un long résumé des 23 tomes 
    
de

     l’abbé, suivi de cette conclusion justement célèbre :  L’établissemen
  
    3187
    Suit un long résumé des 23 tomes de l’abbé, suivi 
    
de

     cette conclusion justement célèbre :  L’établissement de la paix perp
  
    3188
    e conclusion justement célèbre :  L’établissement 
    
de

     la paix perpétuelle dépend uniquement du consentement des souverains,
  
    3189
    entement des souverains, et n’offre point à lever 
    
d’

    autre difficulté que leur résistance. Sans doute ce n’est pas à dire q
  
    3190
    ouverains adopteront ce projet (qui peut répondre 
    
de

     la raison d’autrui ?) mais seulement qu’ils l’adopteraient s’ils cons
  
    3191
    pteront ce projet (qui peut répondre de la raison 
    
d’

    autrui ?) mais seulement qu’ils l’adopteraient s’ils consultaient leur
  
    3192
    t. La seule chose qu’on leur suppose, c’est assez 
    
de

     raison pour voir ce qui leur est utile, et assez de courage pour fair
  
    3193
     raison pour voir ce qui leur est utile, et assez 
    
de

     courage pour faire leur propre bonheur. Si, malgré tout cela, ce proj
  
    3194
     les hommes sont insensés, et que c’est une sorte 
    
de

     folie d’être sage au milieu des fous.  Dans un Jugement sur la Paix p
  
    3195
    es sont insensés, et que c’est une sorte de folie 
    
d’

    être sage au milieu des fous.  Dans un Jugement sur la Paix perpétuell
  
    3196
    bé, c’est aux princes souverains qu’il appartient 
    
de

     convoquer le Congrès européen. Pour Rousseau, c’est aux peuples eux-m
  
    3197
    à créer leur fédération. Car :  … peut-on espérer 
    
de

     soumettre à un tribunal supérieur des hommes qui s’osent vanter de ne
  
    3198
     tribunal supérieur des hommes qui s’osent vanter 
    
de

     ne tenir leur pouvoir que de leur épée, et qui ne font mention de Die
  
    3199
    s qui s’osent vanter de ne tenir leur pouvoir que 
    
de

     leur épée, et qui ne font mention de Dieu même que parce qu’il est au
  
    3200
     pouvoir que de leur épée, et qui ne font mention 
    
de

     Dieu même que parce qu’il est au ciel ? Les souverains se soumettront
  
    3201
    ur des lois n’a jamais pu forcer les particuliers 
    
d’

    admettre dans les leurs ? Un simple gentilhomme offensé dédaigne de po
  
    3202
    es leurs ? Un simple gentilhomme offensé dédaigne 
    
de

     porter ses plaintes au tribunal des maréchaux de France, et vous voul
  
    3203
     de porter ses plaintes au tribunal des maréchaux 
    
de

     France, et vous voulez qu’un roi porte les siennes à la diète europée
  
    3204
    jours à ceux du prince ? Les ministres ont besoin 
    
de

     la guerre pour se rendre nécessaires… Et le public ne laisse pas de d
  
    3205
    se rendre nécessaires… Et le public ne laisse pas 
    
de

     demander pourquoi, si ce projet est possible, ils ne l’ont pas adopté
  
    3206
    ’ont pas adopté ? Il ne voit pas qu’il n’y a rien 
    
d’

    impossible dans ce projet, sinon qu’il soit adopté par eux. Que feront
  
    3207
    n ridicule.  Près de vingt ans après la rédaction 
    
de

     l’Extrait, en 1771, Rousseau est approché par les Confédérés polonais
  
    3208
    st approché par les Confédérés polonais, au cours 
    
d’

    une suspension de leur guerre contre les Russes. À la veille du partag
  
    3209
    es Confédérés polonais, au cours d’une suspension 
    
de

     leur guerre contre les Russes. À la veille du partage tragique, ces p
  
    3210
     patriotes demandent à l’auteur du Contrat social 
    
d’

    élaborer le plan d’une constitution moins bizarre et anarchique que ce
  
    3211
    t à l’auteur du Contrat social d’élaborer le plan 
    
d’

    une constitution moins bizarre et anarchique que celle qui a causé la 
  
    3212
    arre et anarchique que celle qui a causé la ruine 
    
de

     leur pays. Rousseau accepte ce travail considérable, tout en se plaig
  
    3213
    pte ce travail considérable, tout en se plaignant 
    
de

     son état « qui lui laisse à peine la faculté de lier ses idées ». Il 
  
    3214
    t de son état « qui lui laisse à peine la faculté 
    
de

     lier ses idées ». Il terminera l’ouvrage en 1773, l’année même du Tra
  
    3215
    et l’intitulera Considération sur le gouvernement 
    
de

     Pologne et sur sa réformation projetée en 1772. Son premier souci, qu
  
    3216
    Son premier souci, qui dominera tout l’essai, est 
    
de

     détourner les Polonais d’imiter « l’Europe », c’est-à-dire les puissa
  
    3217
    inera tout l’essai, est de détourner les Polonais 
    
d’

    imiter « l’Europe », c’est-à-dire les puissances de l’Ouest qui « s’ab
  
    3218
    ’imiter « l’Europe », c’est-à-dire les puissances 
    
de

     l’Ouest qui « s’abâtardissent journellement par la pente générale de 
  
    3219
    abâtardissent journellement par la pente générale 
    
de

     prendre les goûts et les mœurs des Français ». Au cosmopolitisme à la
  
    3220
    la suite.  La Pologne est un grand état environné 
    
d’

    États encore plus considérables, qui, par leur despotisme, et par leur
  
    3221
    s dans l’état présent des choses qu’un seul moyen 
    
de

     lui donner cette consistance qui lui manque ; c’est d’infuser pour ai
  
    3222
    i donner cette consistance qui lui manque ; c’est 
    
d’

    infuser pour ainsi dire dans toute la nation l’âme des confédérés : c’
  
    3223
    dans toute la nation l’âme des confédérés : c’est 
    
d’

    établir tellement la république dans le cœur des Polonais, qu’elle y s
  
    3224
    onais, qu’elle y subsiste malgré tous les efforts 
    
de

     ses oppresseurs. C’est là, ce me semble, l’unique asile où la force n
  
    3225
    e ne peut ni l’atteindre ni la détruire. On vient 
    
d’

    en voir une preuve à jamais mémorable. La Pologne était dans les fers 
  
    3226
    ent vous pouvez braver la puissance et l’ambition 
    
de

     vos voisins. Vous ne sauriez empêcher qu’ils ne vous engloutissent ; 
  
    3227
    nt le génie, le caractère, les goûts et les mœurs 
    
d’

    un peuple, qui le font être lui et non pas un autre… Il n’y a plus auj
  
    3228
    ui et non pas un autre… Il n’y a plus aujourd’hui 
    
de

     Français, d’Allemands, d’Espagnols, d’Anglais même, quoi qu’on en dis
  
    3229
     un autre… Il n’y a plus aujourd’hui de Français, 
    
d’

    Allemands, d’Espagnols, d’Anglais même, quoi qu’on en dise ; il n’y a 
  
    3230
     n’y a plus aujourd’hui de Français, d’Allemands, 
    
d’

    Espagnols, d’Anglais même, quoi qu’on en dise ; il n’y a que des Europ
  
    3231
    ujourd’hui de Français, d’Allemands, d’Espagnols, 
    
d’

    Anglais même, quoi qu’on en dise ; il n’y a que des Européens. Tous on
  
    3232
    assions, les mêmes mœurs, parce qu’aucun n’a reçu 
    
de

     forme nationale par une institution particulière… Que leur importe à 
  
    3233
    re… Que leur importe à quel maître ils obéissent, 
    
de

     quel état ils suivent les lois, pourvu qu’ils trouvent de l’argent à 
  
    3234
    état ils suivent les lois, pourvu qu’ils trouvent 
    
de

     l’argent à voler, et des femmes à corrompre, ils sont partout dans le
  
    3235
    uent leur âme à n’aimer que leur patrie ! L’éloge 
    
de

     cette « éducation nationale » ne se lit pas aujourd’hui sans quelque 
  
    3236
     qu’elle. Tout vrai républicain suça avec le lait 
    
de

     sa mère l’amour qui fait toute son existence : il ne voit que la patr
  
    3237
    qu’il est seul, il est nul ; sitôt qu’il n’a plus 
    
de

     patrie, il n’est plus : et s’il n’est pas mort, il est pis. L’éducati
  
    3238
    Je veux qu’en apprenant à lire il lise des choses 
    
de

     son pays ; qu’à dix ans il en connaisse toutes les productions, à dou
  
    3239
    a loi doit régler la matière, l’ordre et la forme 
    
de

     leurs études… Tous, étant égaux par la constitution de l’état, doiven
  
    3240
    urs études… Tous, étant égaux par la constitution 
    
de

     l’état, doivent être élevés ensemble et de la même manière ; et si l’
  
    3241
    tution de l’état, doivent être élevés ensemble et 
    
de

     la même manière ; et si l’on ne peut établir une éducation publique t
  
    3242
    mettre à un prix que les pauvres puissent payer…  
    
De

     telles pages ne feraient-elles pas de Rousseau le véritable précurseu
  
    3243
    ent payer…  De telles pages ne feraient-elles pas 
    
de

     Rousseau le véritable précurseur des régimes totalitaires du xxe  siè
  
    3244
    ternes qu’une gradation nécessaire force les rois 
    
de

     leur donner… La première réforme dont vous auriez besoin serait celle
  
    3245
    ière réforme dont vous auriez besoin serait celle 
    
de

     votre étendue… Commencez par resserrer vos limites, si vous voulez ré
  
    3246
    rées ; mais ce serait un grand bien pour le corps 
    
de

     la nation… Je voudrais, s’il était possible, que vous eussiez autant 
  
    3247
    ais, s’il était possible, que vous eussiez autant 
    
d’

    États que de palatinats133. Formez dans chacun autant d’administration
  
    3248
    ait possible, que vous eussiez autant d’États que 
    
de

     palatinats133. Formez dans chacun autant d’administrations particuliè
  
    3249
    s que de palatinats133. Formez dans chacun autant 
    
d’

    administrations particulières. Perfectionnez la forme des diétines, ét
  
    3250
    tes que rien ne puisse rompre entre elles le lien 
    
de

     la commune législation, et de la subordination au corps de la républi
  
    3251
    entre elles le lien de la commune législation, et 
    
de

     la subordination au corps de la république. En un mot, appliquez-vous
  
    3252
    mune législation, et de la subordination au corps 
    
de

     la république. En un mot, appliquez-vous à étendre et perfectionner l
  
    3253
     puisse vous convenir.   En cette partie centrale 
    
de

     son mémoire, Rousseau rappelle expressément les moyens qu’il préconis
  
    3254
    s qu’une nation ne peut être légitimement sujette 
    
d’

    une autre, parce que l’essence du corps politique est dans l’accord de
  
    3255
    ue l’essence du corps politique est dans l’accord 
    
de

     l’obéissance et de la liberté, et que ces mots de sujet et de souvera
  
    3256
    ps politique est dans l’accord de l’obéissance et 
    
de

     la liberté, et que ces mots de sujet et de souverain sont des corréla
  
    3257
    de l’obéissance et de la liberté, et que ces mots 
    
de

     sujet et de souverain sont des corrélations identiques dont l’idée se
  
    3258
    nce et de la liberté, et que ces mots de sujet et 
    
de

     souverain sont des corrélations identiques dont l’idée se réunit sous
  
    3259
    identiques dont l’idée se réunit sous le seul mot 
    
de

     citoyen… Mais comment donner aux petits états assez de force pour rés
  
    3260
    toyen… Mais comment donner aux petits états assez 
    
de

     force pour résister aux grands ? Comme jadis les villes grecques rési
  
    3261
     la Hollande et la Suisse ont résisté à la maison 
    
d’

    Autriche.   Que si les Polonais préfèrent à ce fédéralisme intégral la
  
    3262
    e fois), alors, qu’ils suivent l’exemple du reste 
    
de

     l’Europe, qu’ils développent les sciences, les arts, le commerce, les
  
    3263
    ent tout cela au nom de la puissance nationale :  
    
De

     cette manière, vous formerez un peuple ingrat, avide, servile et frip
  
    3264
    ujours sans aucun milieu à l’un des deux extrêmes 
    
de

     la misère ou de l’opulence, de la licence ou de l’esclavage : mais on
  
    3265
    n milieu à l’un des deux extrêmes de la misère ou 
    
de

     l’opulence, de la licence ou de l’esclavage : mais on vous comptera p
  
    3266
     des deux extrêmes de la misère ou de l’opulence, 
    
de

     la licence ou de l’esclavage : mais on vous comptera parmi les grande
  
    3267
    s de la misère ou de l’opulence, de la licence ou 
    
de

     l’esclavage : mais on vous comptera parmi les grandes puissances de l
  
    3268
    ais on vous comptera parmi les grandes puissances 
    
de

     l’Europe, vous entrerez dans les systèmes politiques ; dans toutes le
  
    3269
    pas une guerre en Europe où vous n’ayez l’honneur 
    
d’

    être fourrés : si le bonheur vous en veut, vous pourrez rentrer dans v
  
    3270
    vos anciennes possessions, peut-être en conquérir 
    
de

     nouvelles, et puis dire comme Pyrrhus ou comme les Russes, c’est-à-di
  
    3271
    ra à moi, je mangerai bien du sucre. »     Gloire 
    
de

     l’Europe    L’Europe de Montesquieu, de Voltaire et de Rousseau peut 
  
    3272
       Gloire de l’Europe    L’Europe de Montesquieu, 
    
de

     Voltaire et de Rousseau peut se mettre en question, se comparer, et l
  
    3273
    Europe    L’Europe de Montesquieu, de Voltaire et 
    
de

     Rousseau peut se mettre en question, se comparer, et le fait pour la 
  
    3274
    e des idées ; mais elle ne doute pas sérieusement 
    
d’

    elle-même. C’est une Europe française, et la France au sommet de son h
  
    3275
    ’est une Europe française, et la France au sommet 
    
de

     son hégémonie intellectuelle ne saurait concevoir aucune comparaison 
  
    3276
     son avantage, même si elle tourne à la confusion 
    
d’

    un parti détesté, qui ne la représente pas. (C’est Rousseau pour Volta
  
    3277
    ce, la vraie Europe par conséquent, ne peut pâtir 
    
de

     la défaite de ceux qui ont tort contre son vrai génie !) Les trois te
  
    3278
    urope par conséquent, ne peut pâtir de la défaite 
    
de

     ceux qui ont tort contre son vrai génie !) Les trois textes qui suive
  
    3279
    trois textes qui suivent donneront une juste idée 
    
de

     la confiance orgueilleuse que met en ses destins l’Europe française. 
  
    3280
    ament la supériorité essentielle et comme absolue 
    
de

     la religion européenne, de la race blanche et de la langue française.
  
    3281
    ielle et comme absolue de la religion européenne, 
    
de

     la race blanche et de la langue française. Anne-Robert-Jacques Turgot
  
    3282
     de la religion européenne, de la race blanche et 
    
de

     la langue française. Anne-Robert-Jacques Turgot, baron de l’Aulne (17
  
    3283
     (1727-1781), fut tout d’abord séminariste, avant 
    
d’

    entrer dans une carrière civile qui devait faire de lui l’un des plus 
  
    3284
    ’entrer dans une carrière civile qui devait faire 
    
de

     lui l’un des plus grands ministres de Louis XVI. En 1750, prieur de l
  
    3285
    evait faire de lui l’un des plus grands ministres 
    
de

     Louis XVI. En 1750, prieur de la Sorbonne, et tout jeune homme il pro
  
    3286
    us grands ministres de Louis XVI. En 1750, prieur 
    
de

     la Sorbonne, et tout jeune homme il prononce en latin un « Premier di
  
    3287
    t du christianisme a procurés au genre humain ».  
    
De

     ce long exercice de rhétorique, détachons une prosopopée typique du s
  
    3288
     procurés au genre humain ».  De ce long exercice 
    
de

     rhétorique, détachons une prosopopée typique du siècle :  … Superbe G
  
    3289
    splendeur avait rendues si brillantes ? Une foule 
    
de

     barbares a effacé jusqu’aux traces de ces arts par lesquels tu avais 
  
    3290
    ? Une foule de barbares a effacé jusqu’aux traces 
    
de

     ces arts par lesquels tu avais autrefois triomphé des Romains et soum
  
    3291
    is tes vainqueurs mêmes. Tout a cédé au fanatisme 
    
de

     cette religion destructive qui consacre la barbarie. L’Égypte, l’Asie
  
    3292
    Quel heureux abri put conserver au milieu de tant 
    
d’

    orages le flambeau des sciences prêt à s’éteindre ? Quoi ! cette relig
  
    3293
    coup, si les divisions des conquérants, les vices 
    
de

     leurs gouvernements, le séjour de la noblesse à la campagne, le défau
  
    3294
    ants, les vices de leurs gouvernements, le séjour 
    
de

     la noblesse à la campagne, le défaut de commerce, le mélange de tant 
  
    3295
    le séjour de la noblesse à la campagne, le défaut 
    
de

     commerce, le mélange de tant de peuples et de leurs langages, retinre
  
    3296
     à la campagne, le défaut de commerce, le mélange 
    
de

     tant de peuples et de leurs langages, retinrent longtemps l’Europe da
  
    3297
    aut de commerce, le mélange de tant de peuples et 
    
de

     leurs langages, retinrent longtemps l’Europe dans une ignorance gross
  
    3298
    l a fallu du temps pour effacer toutes les traces 
    
de

     la barbarie, du moins les monuments du génie, les modèles du goût peu
  
    3299
    ltés, peu suivis, furent conservés dans les mains 
    
de

     l’ignorance, comme des dépôts, pour être ouverts dans des temps plus 
  
    3300
    ; mais elle subsista, comme les arbres dépouillés 
    
de

     leurs feuilles par l’hiver, subsistent au milieu des frimas pour donn
  
    3301
    (1727-1787) né dans les Abruzzes, auteur à 22 ans 
    
d’

    un ouvrage sur les monnaies, fut au dire de Marmontel « le plus joli p
  
    3302
    22 ans d’un ouvrage sur les monnaies, fut au dire 
    
de

     Marmontel « le plus joli petit arlequin qu’ait produit l’Italie », ma
  
    3303
    rige : « C’est Platon avec la verve et les gestes 
    
d’

    Arlequin. » De ses « Dialogues sur les blés » publiés en 1770, Voltair
  
    3304
     Platon avec la verve et les gestes d’Arlequin. » 
    
De

     ses « Dialogues sur les blés » publiés en 1770, Voltaire put écrire :
  
    3305
    pos que pouvaient accepter les salons « avancés » 
    
de

     l’époque. En voici deux fragments134 :  … Les hommes aussi ont mis un
  
    3306
    s immense à leur perfectibilité ; car les peuples 
    
de

     la Californie et de la Nouvelle-Hollande, qui sont anciens de trois o
  
    3307
    fectibilité ; car les peuples de la Californie et 
    
de

     la Nouvelle-Hollande, qui sont anciens de trois ou quatre-mille ans, 
  
    3308
    rnie et de la Nouvelle-Hollande, qui sont anciens 
    
de

     trois ou quatre-mille ans, sont encore de vraies brutes. La perfectib
  
    3309
    anciens de trois ou quatre-mille ans, sont encore 
    
de

     vraies brutes. La perfectibilité a commencé à faire de grands progrès
  
    3310
    aies brutes. La perfectibilité a commencé à faire 
    
de

     grands progrès en Asie, à ce qu’on dit, il y a plus de douze mille an
  
    3311
    ands progrès en Asie, à ce qu’on dit, il y a plus 
    
de

     douze mille ans ; et Dieu sait combien de temps auparavant on n’avait
  
    3312
     a plus de douze mille ans ; et Dieu sait combien 
    
de

     temps auparavant on n’avait fait que de vains efforts. Si une race as
  
    3313
    t combien de temps auparavant on n’avait fait que 
    
de

     vains efforts. Si une race asiatique n’avait point passé en Europe et
  
    3314
    ’avait point passé en Europe et en Afrique, et si 
    
d’

    Europe elle n’eût passé en Amérique, d’où elle a fait le tour du globe
  
    3315
    que, et si d’Europe elle n’eût passé en Amérique, 
    
d’

    où elle a fait le tour du globe, l’homme ne serait encore que le plus 
  
    3316
     singes. Ainsi la perfectibilité n’est pas un don 
    
de

     l’homme en entier, mais de la seule race blanche et barbue. Par allia
  
    3317
    ilité n’est pas un don de l’homme en entier, mais 
    
de

     la seule race blanche et barbue. Par alliance, la race basanée et bar
  
    3318
    e, un non causa pro causa, erreur la plus commune 
    
de

     la logique. Tout tient aux races. La première, la plus noble des race
  
    3319
    lus près, et c’est pour cela qu’ils ont fait plus 
    
de

     progrès en cinquante ans, qu’on n’en fera faire aux Portugais en cinq
  
    3320
    inconstance est une loi physique… Sans elle point 
    
de

     fertilité, point de variété, point de perfectibilité. L’immense varié
  
    3321
    loi physique… Sans elle point de fertilité, point 
    
de

     variété, point de perfectibilité. L’immense variété des nations qui o
  
    3322
     elle point de fertilité, point de variété, point 
    
de

     perfectibilité. L’immense variété des nations qui ont peuplé ou se so
  
    3323
    u se sont alliées en Europe, a fait la perfection 
    
de

     notre race. Les Chinois ne se sont abrutis que par la non-mixtion ; e
  
    3324
    gné beaucoup.  Antoine Rivarol (1753-1801), homme 
    
d’

    esprit et précurseur des auteurs d’échos scandaleux dans la presse, n’
  
    3325
    3-1801), homme d’esprit et précurseur des auteurs 
    
d’

    échos scandaleux dans la presse, n’est guère connu de nos jours que pa
  
    3326
    chos scandaleux dans la presse, n’est guère connu 
    
de

     nos jours que par son Discours sur l’Universalité de la langue frança
  
    3327
    nos jours que par son Discours sur l’Universalité 
    
de

     la langue française, couronné par l’Académie de Berlin en 1784. On y 
  
    3328
    é de la langue française, couronné par l’Académie 
    
de

     Berlin en 1784. On y lit, à propos de la Renaissance :  À cette époqu
  
    3329
    époque, la renaissance des lettres, la découverte 
    
de

     l’Amérique & du passage aux Indes, l’invention de la poudre &
  
    3330
    ’Amérique & du passage aux Indes, l’invention 
    
de

     la poudre & de l’Imprimerie, ont donné une autre face aux empires
  
    3331
    passage aux Indes, l’invention de la poudre & 
    
de

     l’Imprimerie, ont donné une autre face aux empires. Ceux qui brilloie
  
    3332
    nt tout-à-coup obscurcis ; & d’autres sortant 
    
de

     leur obscurité, sont venus figurer à leur tour sur la scène du monde.
  
    3333
    ur la scène du monde. Si du nord au midi le voile 
    
de

     la Religion s’est déchiré, un commerce immense a jetté de nouveaux li
  
    3334
    ligion s’est déchiré, un commerce immense a jetté 
    
de

     nouveaux liens parmi les hommes. C’est avec les sujets de l’Afrique q
  
    3335
    aux liens parmi les hommes. C’est avec les sujets 
    
de

     l’Afrique que nous cultivons l’Amérique & c’est avec les richesse
  
    3336
    ltivons l’Amérique & c’est avec les richesses 
    
de

     l’Amérique que nous trafiquons en Asie. L’Univers n’offrit jamais un 
  
    3337
     L’Europe surtout est parvenue à un si haut degré 
    
de

     puissance, que l’histoire n’a rien à lui comparer : le nombre des Cap
  
    3338
    rope présente une République fédérative, composée 
    
d’

    empires & de royaumes, & la plus redoutable qui ait jamais exi
  
    3339
    e République fédérative, composée d’empires & 
    
de

     royaumes, & la plus redoutable qui ait jamais existé ; on ne peut
  
    3340
    ure & sa clarté : jusqu’au moment où, par une 
    
de

     ces grandes révolutions qui remettent les choses à leur premier point
  
    3341
    enre humain.  Comme en écho à ces voix optimistes 
    
de

     la France, voici d’Espagne le message non moins « philosophique » d’u
  
    3342
    en écho à ces voix optimistes de la France, voici 
    
d’

    Espagne le message non moins « philosophique » d’un partisan de l’Euro
  
    3343
     d’Espagne le message non moins « philosophique » 
    
d’

    un partisan de l’Europe fédérée… par l’Instruction : Melchior-Gaspar d
  
    3344
    message non moins « philosophique » d’un partisan 
    
de

     l’Europe fédérée… par l’Instruction : Melchior-Gaspar de Jovellanos (
  
    3345
    re, et poète :  Qui ne voit que grâce au progrès (
    
de

     l’Enseignement) les gouvernements travailleront seulement et efficace
  
    3346
    lleront seulement et efficacement pour le bonheur 
    
de

     leurs gouvernés, et que les nations, au heu de se combattre et de se 
  
    3347
    ur de leurs gouvernés, et que les nations, au heu 
    
de

     se combattre et de se détruire pour de mesquines raisons d’intérêt ou
  
    3348
    és, et que les nations, au heu de se combattre et 
    
de

     se détruire pour de mesquines raisons d’intérêt ou d’ambition, resser
  
    3349
    ns, au heu de se combattre et de se détruire pour 
    
de

     mesquines raisons d’intérêt ou d’ambition, resserreront entre elles l
  
    3350
    attre et de se détruire pour de mesquines raisons 
    
d’

    intérêt ou d’ambition, resserreront entre elles les liens d’amour et d
  
    3351
    e détruire pour de mesquines raisons d’intérêt ou 
    
d’

    ambition, resserreront entre elles les liens d’amour et de fraternité 
  
    3352
    ou d’ambition, resserreront entre elles les liens 
    
d’

    amour et de fraternité auxquels les a destinées la Providence ? Qui ne
  
    3353
    on, resserreront entre elles les liens d’amour et 
    
de

     fraternité auxquels les a destinées la Providence ? Qui ne voit que l
  
    3354
    s la Providence ? Qui ne voit que le progrès même 
    
de

     l’instruction conduira un jour les nations les plus éclairées d’Europ
  
    3355
    n conduira un jour les nations les plus éclairées 
    
d’

    Europe d’abord, et toutes celles du globe ensuite, à une confédération
  
    3356
    te, à une confédération générale dont le but sera 
    
d’

    assurer à chacune d’elles la jouissance des avantages que le ciel leur
  
    3357
    ion générale dont le but sera d’assurer à chacune 
    
d’

    elles la jouissance des avantages que le ciel leur a donnés, ainsi que
  
    3358
    es avantages que le ciel leur a donnés, ainsi que 
    
de

     maintenir une paix inviolable et perpétuelle, et de réprimer, non pas
  
    3359
     maintenir une paix inviolable et perpétuelle, et 
    
de

     réprimer, non pas avec des armées ou des canons, mais avec la force d
  
    3360
    avec des armées ou des canons, mais avec la force 
    
de

     sa voix, qui sera plus forte et terrible qu’eux, ces peuples témérair
  
    3361
     religion lui dictent, et la seule qui soit digne 
    
de

     la haute destinée pour laquelle Dieu l’a créée ?135      122.  B. de 
  
    3362
    onclusion.  123.  Lettres persanes, XXXIe lettre, 
    
de

     Rhédi à Usbek, datée de Venise.  124.  Cahiers, Sur la puissance des 
  
    3363
    s persanes, XXXIe lettre, de Rhédi à Usbek, datée 
    
de

     Venise.  124.  Cahiers, Sur la puissance des États. C’est une réfutat
  
    3364
     Sur la puissance des États. C’est une réfutation 
    
de

     Jean Bodin, cf. p. 77. Dans les Réflexions sur la Monarchie universel
  
    3365
    pe : « L’Europe n’est plus qu’une nation composée 
    
de

     plusieurs provinces. »  125.  Cahiers, Sur les ouvrages de l’Esprit. 
  
    3366
    urs provinces. »  125.  Cahiers, Sur les ouvrages 
    
de

     l’Esprit.  126.  De l’Esprit des Lois. Firmin Didot et Cie, Paris, Li
  
    3367
    5.  Cahiers, Sur les ouvrages de l’Esprit.  126.  
    
De

     l’Esprit des Lois. Firmin Didot et Cie, Paris, Livre XXI, chap. XXI, 
  
    3368
     Cie, Paris, Livre XXI, chap. XXI, p. 316.  127.  
    
De

     l’Esprit des Lois, Livre XVII, chap. Ill, p. 228.  128.  Ibid., Livre
  
    3369
    VI, p. 230-231.  130.  Pensées diverses (Portrait 
    
de

     soi-même). Cf. supra la citation de Vitoria, p. 75.  131. Extrait de 
  
    3370
    ses (Portrait de soi-même). Cf. supra la citation 
    
de

     Vitoria, p. 75.  131. Extrait de Dialogues et anecdotes philosophique
  
    3371
    upra la citation de Vitoria, p. 75.  131. Extrait 
    
de

     Dialogues et anecdotes philosophiques, septième entretien : « Que l’E
  
    3372
     les Institutions Politiques qu’il rêva longtemps 
    
d’

    écrire.  133. À cette date, la Pologne était divisée en 33 « palatinat
  
    3373
      134. Ferdinand Galiani : Correspondance inédite 
    
de

     l’abbé F. G., conseiller du roi, pendant les années 1765 à 1783 (Extr
  
    3374
     du roi, pendant les années 1765 à 1783 (Extraits 
    
de

     deux lettres à Madame d’Épinay), tome II, Paris, I. G. Dentu, 1818. L
  
    3375
    22 novembre 1777.  135.  Tratado teorico-practico 
    
de

     Ensenanza. Biblioteca de autores espanoles, Œuvres de Jovellanos, I, 
  
    3376
    Tratado teorico-practico de Ensenanza. Biblioteca 
    
de

     autores espanoles, Œuvres de Jovellanos, I, p. 251.   
  
    3377
    nsenanza. Biblioteca de autores espanoles, Œuvres 
    
de

     Jovellanos, I, p. 251.

11 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Troisième partie. L’ère des philosophes.  De Leibniz à Condorcet — 3. Évolution : vers le progrès ou vers la décadence ?
    3378
    l’étudie dans ses « Considérations sur les causes 
    
de

     la grandeur et de la décadence des Romains » formait une sorte d’orga
  
    3379
    « Considérations sur les causes de la grandeur et 
    
de

     la décadence des Romains » formait une sorte d’organisme soumis à des
  
    3380
    t de la décadence des Romains » formait une sorte 
    
d’

    organisme soumis à des lois immanentes de développement, ou, pour s’en
  
    3381
    ne sorte d’organisme soumis à des lois immanentes 
    
de

     développement, ou, pour s’en tenir à ses propres termes, « à des caus
  
    3382
    u xviiie  siècle s’ouvre l’ère des vues générales 
    
de

     l’Histoire du monde. L’idée d’un développement organique ou « dialect
  
    3383
    des vues générales de l’Histoire du monde. L’idée 
    
d’

    un développement organique ou « dialectique » des civilisations s’impo
  
    3384
    ences incalculables. Car s’il existe des « lois » 
    
d’

    évolution, il en résulte à première vue qu’à toute ascension vers la g
  
    3385
    science européenne un doute anxieux sur le destin 
    
de

     notre civilisation : d’où la naissance exactement simultanée des idée
  
    3386
    ute anxieux sur le destin de notre civilisation : 
    
d’

    où la naissance exactement simultanée des idées de Progrès à l’infini 
  
    3387
    d’où la naissance exactement simultanée des idées 
    
de

     Progrès à l’infini et de Déclin fatal de l’Occident. Robertson entrep
  
    3388
    ent simultanée des idées de Progrès à l’infini et 
    
de

     Déclin fatal de l’Occident. Robertson entreprend d’écrire une histoir
  
    3389
    es idées de Progrès à l’infini et de Déclin fatal 
    
de

     l’Occident. Robertson entreprend d’écrire une histoire de l’Europe co
  
    3390
     Déclin fatal de l’Occident. Robertson entreprend 
    
d’

    écrire une histoire de l’Europe comme ensemble organique. Gibbon, quel
  
    3391
    ident. Robertson entreprend d’écrire une histoire 
    
de

     l’Europe comme ensemble organique. Gibbon, quelques années plus tard,
  
    3392
    bbon, quelques années plus tard, reprend le sujet 
    
de

     Montesquieu mais dans une vue plus historique, moins moraliste : il e
  
    3393
    lus historique, moins moraliste : il entend tirer 
    
de

     l’évolution de Rome des conclusions instructives pour l’évolution de 
  
    3394
     moins moraliste : il entend tirer de l’évolution 
    
de

     Rome des conclusions instructives pour l’évolution de l’Europe, et el
  
    3395
    ome des conclusions instructives pour l’évolution 
    
de

     l’Europe, et elles sont, de justesse, optimistes. Mais le problème de
  
    3396
    ives pour l’évolution de l’Europe, et elles sont, 
    
de

     justesse, optimistes. Mais le problème de notre décadence n’en demeur
  
    3397
    s sont, de justesse, optimistes. Mais le problème 
    
de

     notre décadence n’en demeure pas moins posé, dès ce moment. Condorcet
  
    3398
     voit bien, mais répond au défi en lançant l’idée 
    
de

     Progrès. Volney cède au contraire, premier des romantiques, aux verti
  
    3399
     contraire, premier des romantiques, aux vertiges 
    
de

     la Décadence. Quant à Wieland, dernier des philosophes « éclairés », 
  
    3400
    lairés », il croira jusqu’au dernier jour — celui 
    
de

     la Révolution — et même au-delà, que l’ère de la raison « cosmopolite
  
    3401
    lui de la Révolution — et même au-delà, que l’ère 
    
de

     la raison « cosmopolite » a été instaurée pour toujours par l’Europe…
  
    3402
    793), chapelain du roi pour l’Écosse et principal 
    
de

     l’Université d’Édimbourg, peut être considéré comme le premier histor
  
    3403
    du roi pour l’Écosse et principal de l’Université 
    
d’

    Édimbourg, peut être considéré comme le premier historien qui ait pris
  
    3404
    omme le premier historien qui ait pris pour objet 
    
de

     son étude l’Europe entière, considérée comme unité, non comme une add
  
    3405
    e, considérée comme unité, non comme une addition 
    
de

     chroniques régionales. Le lecteur d’aujourd’hui ne manquera pas de vo
  
    3406
    une addition de chroniques régionales. Le lecteur 
    
d’

    aujourd’hui ne manquera pas de voir dans cette méthode l’annonce de la
  
    3407
    ionales. Le lecteur d’aujourd’hui ne manquera pas 
    
de

     voir dans cette méthode l’annonce de la thèse de Toynbee sur les « ch
  
    3408
    manquera pas de voir dans cette méthode l’annonce 
    
de

     la thèse de Toynbee sur les « champs d’étude intelligibles ». Dans la
  
    3409
     de voir dans cette méthode l’annonce de la thèse 
    
de

     Toynbee sur les « champs d’étude intelligibles ». Dans la Préface à s
  
    3410
    l’annonce de la thèse de Toynbee sur les « champs 
    
d’

    étude intelligibles ». Dans la Préface à son Histoire de Charles-Quint
  
    3411
    e intelligibles ». Dans la Préface à son Histoire 
    
de

     Charles-Quint (1769), Robertson déclare expressément qu’il entend « b
  
    3412
    éclare expressément qu’il entend « borner l’étude 
    
de

     l’Histoire à cette période surtout où les différentes Puissances de l
  
    3413
    tte période surtout où les différentes Puissances 
    
de

     l’Europe s’étant plus étroitement unies, les opérations d’un État ont
  
    3414
    pe s’étant plus étroitement unies, les opérations 
    
d’

    un État ont affecté toutes les autres, au point d’influer sur leurs pr
  
    3415
    d’un État ont affecté toutes les autres, au point 
    
d’

    influer sur leurs projets et de régler leurs démarches ». C’est pourqu
  
    3416
    s autres, au point d’influer sur leurs projets et 
    
de

     régler leurs démarches ». C’est pourquoi il a entrepris de présenter 
  
    3417
     leurs démarches ». C’est pourquoi il a entrepris 
    
de

     présenter l’histoire de Charles-Quint, car, écrit-il :  Il est une ép
  
    3418
    t pourquoi il a entrepris de présenter l’histoire 
    
de

     Charles-Quint, car, écrit-il :  Il est une époque, avant laquelle cha
  
    3419
    propre Histoire, et après laquelle les événements 
    
de

     chaque nation considérable de l’Europe deviennent instructifs et inté
  
    3420
    elle les événements de chaque nation considérable 
    
de

     l’Europe deviennent instructifs et intéressants pour toutes les autre
  
    3421
    terminer. C’est dans cette vue que j’ai entrepris 
    
d’

    écrire l’Histoire de l’empereur Charles-Quint. Ce fut pendant son règn
  
    3422
     cette vue que j’ai entrepris d’écrire l’Histoire 
    
de

     l’empereur Charles-Quint. Ce fut pendant son règne que les Puissances
  
    3423
    uint. Ce fut pendant son règne que les Puissances 
    
de

     l’Europe formèrent un vaste système politique, où chacune prit un ran
  
    3424
    ang, qu’elle a conservé depuis avec beaucoup plus 
    
de

     stabilité qu’on n’aurait pu l’attendre… Le siècle de Charles-Quint pe
  
    3425
    stabilité qu’on n’aurait pu l’attendre… Le siècle 
    
de

     Charles-Quint peut donc être regardé comme la période à laquelle l’ét
  
    3426
    ardé comme la période à laquelle l’état politique 
    
de

     l’Europe commença de prendre une nouvelle forme.  Deux passages de ce
  
    3427
     à laquelle l’état politique de l’Europe commença 
    
de

     prendre une nouvelle forme.  Deux passages de cette préface, intitulé
  
    3428
    nça de prendre une nouvelle forme.  Deux passages 
    
de

     cette préface, intitulée « Tableau des progrès de la société en Europ
  
    3429
    de cette préface, intitulée « Tableau des progrès 
    
de

     la société en Europe, depuis la destruction de l’Empire romain jusqu’
  
    3430
    ès de la société en Europe, depuis la destruction 
    
de

     l’Empire romain jusqu’au commencement du xvie  siècle », éclairent et
  
    3431
    iée par Robertson136 :  Il paroit que les nations 
    
d’

    Europe se sont regardées pendant plusieurs siècles comme des sociétés 
  
    3432
    rce étendu et suivi, qui leur donnât une occasion 
    
d’

    observer et de pénétrer leurs vues et leurs projets réciproques. Ils n
  
    3433
    suivi, qui leur donnât une occasion d’observer et 
    
de

     pénétrer leurs vues et leurs projets réciproques. Ils n’avoient point
  
    3434
    et leurs projets réciproques. Ils n’avoient point 
    
d’

    ambassadeurs qui, résidant constamment dans chaque cour, fussent à por
  
    3435
    nt constamment dans chaque cour, fussent à portée 
    
d’

    épier tous ses mouvements et d’en donner sur le champ avis à leurs maî
  
    3436
    , fussent à portée d’épier tous ses mouvements et 
    
d’

    en donner sur le champ avis à leurs maîtres. L’espérance de quelques a
  
    3437
    er sur le champ avis à leurs maîtres. L’espérance 
    
de

     quelques avantages éloignés, ou la crainte de quelques dangers incert
  
    3438
    nce de quelques avantages éloignés, ou la crainte 
    
de

     quelques dangers incertains ou possibles, n’étoient pas des motifs su
  
    3439
    r propre sûreté. Quiconque veut écrire l’histoire 
    
de

     quelqu’un des grands États de l’Europe pendant les deux derniers sièc
  
    3440
    ope pendant les deux derniers siècles, est obligé 
    
d’

    écrire l’histoire de l’Europe entière. Depuis cette époque, les différ
  
    3441
     derniers siècles, est obligé d’écrire l’histoire 
    
de

     l’Europe entière. Depuis cette époque, les différens royaumes n’ont f
  
    3442
    et vaste système, si étroitement, uni, que chacun 
    
d’

    entr’eux ayant un rang déterminé, les opérations de l’un se font senti
  
    3443
    ’entr’eux ayant un rang déterminé, les opérations 
    
de

     l’un se font sentir à tous les autres assez puissamment pour influer 
  
    3444
    e mêloient rarement, excepté lorsque le voisinage 
    
de

     territoire rendoit les occasions de querelles fréquentes et inévitabl
  
    3445
     le voisinage de territoire rendoit les occasions 
    
de

     querelles fréquentes et inévitables…  Cependant, la connaissance des 
  
    3446
    ables…  Cependant, la connaissance des diversités 
    
de

     l’Europe n’en est pas moins essentielle à l’historien que celle de so
  
    3447
    est pas moins essentielle à l’historien que celle 
    
de

     son unité :  Tandis que les institutions et les événemens que j’ai dé
  
    3448
    loient devoir donner les mêmes mœurs aux habitans 
    
de

     l’Europe, en les conduisant de la barbarie à la civilisation, par les
  
    3449
    mœurs aux habitans de l’Europe, en les conduisant 
    
de

     la barbarie à la civilisation, par les mêmes sentiers et à peu près d
  
    3450
    ivilisation, par les mêmes sentiers et à peu près 
    
d’

    un pas égal, il se rencontra d’autres circonstances qui produisirent u
  
    3451
    et donnèrent naissance à ces formes particulières 
    
de

     gouvernement, d’où résulta une si grande variété dans le caractère et
  
    3452
    sance à ces formes particulières de gouvernement, 
    
d’

    où résulta une si grande variété dans le caractère et le génie des nat
  
    3453
    aractère et le génie des nations. La connoissance 
    
de

     ces dernières circonstances n’est pas moins nécessaire que celle des 
  
    3454
    ce a été universelle, mettra mes lecteurs en état 
    
d’

    expliquer cette singulière ressemblance qu’on remarque dans la police 
  
    3455
    re et dans les expéditions militaires des peuples 
    
de

     l’Europe. Mais sans une connoissance exacte de la forme particulière 
  
    3456
    es de l’Europe. Mais sans une connoissance exacte 
    
de

     la forme particulière et du caractère de leur gouvernement civil, une
  
    3457
    e exacte de la forme particulière et du caractère 
    
de

     leur gouvernement civil, une grande partie de leur histoire paroîtroi
  
    3458
    ère de leur gouvernement civil, une grande partie 
    
de

     leur histoire paroîtroit mystérieuse et inexpliquable. Les auteurs qu
  
    3459
    expliquable. Les auteurs qui ont écrit l’histoire 
    
d’

    une nation particulière, ne se sont guère proposé que d’intéresser et 
  
    3460
    nation particulière, ne se sont guère proposé que 
    
d’

    intéresser et d’instruire leurs compatriotes, à qui ils pouvoient supp
  
    3461
    ère, ne se sont guère proposé que d’intéresser et 
    
d’

    instruire leurs compatriotes, à qui ils pouvoient supposer que les mœu
  
    3462
     connues ; en conséquence ils ont souvent négligé 
    
d’

    entrer à cet égard, dans des détails suffisans pour faire connoître au
  
    3463
    t. Mais une histoire qui embrasse les révolutions 
    
de

     tant de pays divers, serait extrêmement imparfaite, sans un examen pr
  
    3464
    trêmement imparfaite, sans un examen préliminaire 
    
de

     leur constitution et de leur état politique.137   Robertson, en défin
  
    3465
    ns un examen préliminaire de leur constitution et 
    
de

     leur état politique.137   Robertson, en définitive, sera donc ramené 
  
    3466
    er l’une après l’autre les composantes nationales 
    
de

     son Tableau, comme vient de le faire Voltaire dans son Essai sur les 
  
    3467
    e le fera bientôt Jean de Müller. C’est le centre 
    
de

     référence des jugements de l’historien qui a changé : décrivant telle
  
    3468
    üller. C’est le centre de référence des jugements 
    
de

     l’historien qui a changé : décrivant telle ou telle évolution nationa
  
    3469
    ’il fondait une redoutable tradition par le titre 
    
de

     l’ouvrage monumental dont il nous dit aux dernières lignes qu’il a « 
  
    3470
    res lignes qu’il a « occupé et amusé vingt années 
    
de

     sa vie » : l’Histoire de la Décadence et de la Chute de l’Empire roma
  
    3471
    pé et amusé vingt années de sa vie » : l’Histoire 
    
de

     la Décadence et de la Chute de l’Empire romain. Son exemple n’a cessé
  
    3472
    nnées de sa vie » : l’Histoire de la Décadence et 
    
de

     la Chute de l’Empire romain. Son exemple n’a cessé d’inspirer jusqu’à
  
    3473
    vie » : l’Histoire de la Décadence et de la Chute 
    
de

     l’Empire romain. Son exemple n’a cessé d’inspirer jusqu’à nos jours l
  
    3474
    a Chute de l’Empire romain. Son exemple n’a cessé 
    
d’

    inspirer jusqu’à nos jours les auteurs de grandes synthèses de l’histo
  
    3475
    ’a cessé d’inspirer jusqu’à nos jours les auteurs 
    
de

     grandes synthèses de l’histoire des civilisations. Mais à la différen
  
    3476
    usqu’à nos jours les auteurs de grandes synthèses 
    
de

     l’histoire des civilisations. Mais à la différence d’un Spengler ou d
  
    3477
    ’histoire des civilisations. Mais à la différence 
    
d’

    un Spengler ou d’un Toynbee, Gibbon, comme les Schlegel, Hegel et Comt
  
    3478
    ilisations. Mais à la différence d’un Spengler ou 
    
d’

    un Toynbee, Gibbon, comme les Schlegel, Hegel et Comte, qui écrivirent
  
    3479
    ui écrivirent avant Darwin et Marx, ne déduit pas 
    
de

     la décadence du monde antique la fatalité organique d’une décadence d
  
    3480
     décadence du monde antique la fatalité organique 
    
d’

    une décadence de l’Europe. Bien au contraire ! Dans les Observations g
  
    3481
    nde antique la fatalité organique d’une décadence 
    
de

     l’Europe. Bien au contraire ! Dans les Observations générales sur la 
  
    3482
    re ! Dans les Observations générales sur la chute 
    
de

     l’Empire romain d’Occident (qui font suite au chapitre XXXVIII de son
  
    3483
    vations générales sur la chute de l’Empire romain 
    
d’

    Occident (qui font suite au chapitre XXXVIII de son grand ouvrage), il
  
    3484
    in d’Occident (qui font suite au chapitre XXXVIII 
    
de

     son grand ouvrage), il examine les trois grandes causes, qui, selon l
  
    3485
    auses, qui, selon lui, ayant contribué à la ruine 
    
de

     Rome, motivent désormais la sécurité de l’Europe. Et certes il serait
  
    3486
     la ruine de Rome, motivent désormais la sécurité 
    
de

     l’Europe. Et certes il serait aisé de renverser, au nom des expérienc
  
    3487
    la sécurité de l’Europe. Et certes il serait aisé 
    
de

     renverser, au nom des expériences de notre siècle, les prévisions qu’
  
    3488
     serait aisé de renverser, au nom des expériences 
    
de

     notre siècle, les prévisions qu’il fondait sur l’observation du sien.
  
    3489
    ue nous soyons trop pessimistes, ces deux erreurs 
    
d’

    appréciation ne changeant rien aux faits de civilisation que Gibbon én
  
    3490
    rreurs d’appréciation ne changeant rien aux faits 
    
de

     civilisation que Gibbon énumère avec lucidité. Les « 10 000 vaisseaux
  
    3491
     » prêts à porter vers les États-Unis les trésors 
    
de

     l’Europe ont déjà plus d’une fois traversé l’Atlantique…  Un patriote
  
    3492
     États-Unis les trésors de l’Europe ont déjà plus 
    
d’

    une fois traversé l’Atlantique…  Un patriote doit sans doute préférer 
  
    3493
     et chercher exclusivement l’intérêt et la gloire 
    
de

     son pays natal ; mais il est permis à un philosophe d’étendre ses vue
  
    3494
    n pays natal ; mais il est permis à un philosophe 
    
d’

    étendre ses vues, et de considérer l’Europe entière comme une républiq
  
    3495
    est permis à un philosophe d’étendre ses vues, et 
    
de

     considérer l’Europe entière comme une république dont tous les habita
  
    3496
    es habitants ont atteint à peu près au même degré 
    
de

     culture et de perfection. La prépondérance continuera de passer succe
  
    3497
    nt atteint à peu près au même degré de culture et 
    
de

     perfection. La prépondérance continuera de passer successivement d’un
  
    3498
    ure et de perfection. La prépondérance continuera 
    
de

     passer successivement d’une puissance à l’autre, et la prospérité de 
  
    3499
    prépondérance continuera de passer successivement 
    
d’

    une puissance à l’autre, et la prospérité de notre patrie ou des royau
  
    3500
    ement d’une puissance à l’autre, et la prospérité 
    
de

     notre patrie ou des royaumes voisins peut alternativement s’accroître
  
    3501
    es. Les peuples sauvages sont les ennemis communs 
    
de

     toutes les sociétés civilisées ; nous allons examiner si l’Europe peu
  
    3502
    épétition des calamités qui renversèrent l’empire 
    
de

     Rome et anéantirent ses institutions. La même réflexion servira peut-
  
    3503
    expliquer les causes qui contribuèrent à la ruine 
    
de

     ce puissant empire, et celles qui motivent aujourd’hui notre sécurité
  
    3504
    tre sécurité. I. Les Romains ignoraient l’étendue 
    
de

     leur danger et le nombre de leurs ennemis. Au-delà du Danube et du Rh
  
    3505
     ignoraient l’étendue de leur danger et le nombre 
    
de

     leurs ennemis. Au-delà du Danube et du Rhin, les pays septentrionaux 
  
    3506
    elà du Danube et du Rhin, les pays septentrionaux 
    
de

     l’Europe étaient remplis d’innombrables tribus de pâtres et de chasse
  
    3507
    s pays septentrionaux de l’Europe étaient remplis 
    
d’

    innombrables tribus de pâtres et de chasseurs, pauvres, voraces et tur
  
    3508
    de l’Europe étaient remplis d’innombrables tribus 
    
de

     pâtres et de chasseurs, pauvres, voraces et turbulents, intrépides da
  
    3509
    taient remplis d’innombrables tribus de pâtres et 
    
de

     chasseurs, pauvres, voraces et turbulents, intrépides dans les combat
  
    3510
    urbulents, intrépides dans les combats, et avides 
    
de

     s’emparer des fruits de l’industrie. La rapide impulsion de la guerre
  
    3511
    ns les combats, et avides de s’emparer des fruits 
    
de

     l’industrie. La rapide impulsion de la guerre agita le monde barbare,
  
    3512
    er des fruits de l’industrie. La rapide impulsion 
    
de

     la guerre agita le monde barbare, et les révolutions de la Chine entr
  
    3513
    guerre agita le monde barbare, et les révolutions 
    
de

     la Chine entraînèrent celles de la Gaule et de l’Italie. Les Huns, qu
  
    3514
    t les révolutions de la Chine entraînèrent celles 
    
de

     la Gaule et de l’Italie. Les Huns, qui fuyaient devant un ennemi vict
  
    3515
    ns de la Chine entraînèrent celles de la Gaule et 
    
de

     l’Italie. Les Huns, qui fuyaient devant un ennemi victorieux, dirigèr
  
    3516
    rent à leur tour des conquêtes. Le poids accumulé 
    
d’

    une multitude de barbares qui se précipitaient les uns sur les autres 
  
    3517
     des conquêtes. Le poids accumulé d’une multitude 
    
de

     barbares qui se précipitaient les uns sur les autres fondit avec impé
  
    3518
    ue d’autres occupaient leur place et présentaient 
    
de

     nouveaux assaillans. On ne voit plus sortir du Nord ces émigrations f
  
    3519
    le long repos qui a été attribué au décroissement 
    
de

     la population est la suite heureuse des progrès des arts et de l’agri
  
    3520
    ion est la suite heureuse des progrès des arts et 
    
de

     l’agriculture. Au lieu de quelques villages placés de loin en loin, a
  
    3521
    ’agriculture. Au lieu de quelques villages placés 
    
de

     loin en loin, au milieu des bois et des marais, l’Allemagne compte au
  
    3522
    urd’hui deux-mille-trois-cents villes environnées 
    
de

     murs. Les royaumes chrétiens du Danemarck, de la Suède et de la Polog
  
    3523
    ées de murs. Les royaumes chrétiens du Danemarck, 
    
de

     la Suède et de la Pologne se sont élevés successivement ; les négocia
  
    3524
    s royaumes chrétiens du Danemarck, de la Suède et 
    
de

     la Pologne se sont élevés successivement ; les négocians hanséatiques
  
    3525
    iques ont étendu leurs colonies le long des côtes 
    
de

     la mer Baltique jusqu’au golfe de Finlande. Depuis le golfe de Finlan
  
    3526
    an Oriental, la Russie prend aujourd’hui la forme 
    
d’

    un empire puissant et civilisé. On voit sur les bords de la Volga, de 
  
    3527
    mpire puissant et civilisé. On voit sur les bords 
    
de

     la Volga, de l’Obi et du Lena, le laboureur conduire sa charrue, le t
  
    3528
    t et civilisé. On voit sur les bords de la Volga, 
    
de

     l’Obi et du Lena, le laboureur conduire sa charrue, le tisserand trav
  
    3529
    t pas inquiéter sérieusement la grande république 
    
d’

    Europe. Cependant cette sécurité apparente ne doit pas nous faire oubl
  
    3530
    isible sur la carte du monde, peut nous présenter 
    
de

     nouveaux ennemis et des dangers imprévus. Les Arabes ou Sarrasins, qu
  
    3531
    que Mahomet anima leurs corps sauvages du souffle 
    
de

     l’enthousiasme. II. L’empire de Rome était solidement établi sur la p
  
    3532
    uvages du souffle de l’enthousiasme. II. L’empire 
    
de

     Rome était solidement établi sur la parfaite union de toutes ses part
  
    3533
    ome était solidement établi sur la parfaite union 
    
de

     toutes ses parties. Les peuples, devenus des sujets, renoncèrent à l’
  
    3534
    s sujets, renoncèrent à l’espoir et même au désir 
    
de

     l’indépendance, et se trouvèrent honorés du titre de citoyens romains
  
    3535
    l’indépendance, et se trouvèrent honorés du titre 
    
de

     citoyens romains. Forcées de céder aux barbares, les provinces de l’O
  
    3536
    ent honorés du titre de citoyens romains. Forcées 
    
de

     céder aux barbares, les provinces de l’Occident se virent avec douleu
  
    3537
    ins. Forcées de céder aux barbares, les provinces 
    
de

     l’Occident se virent avec douleur séparées de leur mère-patrie ; mais
  
    3538
    ces de l’Occident se virent avec douleur séparées 
    
de

     leur mère-patrie ; mais elles avaient acheté cette union par la perte
  
    3539
    ais elles avaient acheté cette union par la perte 
    
de

     la liberté nationale et de l’esprit militaire. Renonçant à tout senti
  
    3540
    tte union par la perte de la liberté nationale et 
    
de

     l’esprit militaire. Renonçant à tout sentiment de vigueur et d’activi
  
    3541
    de l’esprit militaire. Renonçant à tout sentiment 
    
de

     vigueur et d’activité, les provinces asservies attendaient leur salut
  
    3542
    litaire. Renonçant à tout sentiment de vigueur et 
    
d’

    activité, les provinces asservies attendaient leur salut de troupes me
  
    3543
    é, les provinces asservies attendaient leur salut 
    
de

     troupes mercenaires et de gouvernemens dirigés par les ordres d’une c
  
    3544
     attendaient leur salut de troupes mercenaires et 
    
de

     gouvernemens dirigés par les ordres d’une cour éloignée. Le bonheur d
  
    3545
    enaires et de gouvernemens dirigés par les ordres 
    
d’

    une cour éloignée. Le bonheur de cent-millions d’individus dépendait d
  
    3546
    és par les ordres d’une cour éloignée. Le bonheur 
    
de

     cent-millions d’individus dépendait du mérite personnel d’un ou de de
  
    3547
     d’une cour éloignée. Le bonheur de cent-millions 
    
d’

    individus dépendait du mérite personnel d’un ou de deux hommes, peut-ê
  
    3548
    illions d’individus dépendait du mérite personnel 
    
d’

    un ou de deux hommes, peut-être de deux enfans, dont l’éducation, le l
  
    3549
    d’individus dépendait du mérite personnel d’un ou 
    
de

     deux hommes, peut-être de deux enfans, dont l’éducation, le luxe et l
  
    3550
    érite personnel d’un ou de deux hommes, peut-être 
    
de

     deux enfans, dont l’éducation, le luxe et le despotisme avaient corro
  
    3551
    ut sous les minorités des fils et des petits-fils 
    
de

     Théodose que l’empire éprouva les plus funestes calamités ; et, lorsq
  
    3552
    sque ces princes méprisables eurent atteint l’âge 
    
de

     la virilité, ils abandonnèrent l’église aux évêques, l’état aux eunuq
  
    3553
    tés plus petites, mais indépendantes. Les chances 
    
de

     talens dans les rois et les ministres sont au moins multipliées en ra
  
    3554
     sommeilleront sur les trônes du sud. L’influence 
    
de

     la crainte et la honte arrêtent l’abus de la tyrannie. Les république
  
    3555
    fluence de la crainte et la honte arrêtent l’abus 
    
de

     la tyrannie. Les républiques ont acquis de l’ordre et de la stabilité
  
    3556
    l’abus de la tyrannie. Les républiques ont acquis 
    
de

     l’ordre et de la stabilité ; les monarchies ont adopté des maximes de
  
    3557
    yrannie. Les républiques ont acquis de l’ordre et 
    
de

     la stabilité ; les monarchies ont adopté des maximes de liberté, ou a
  
    3558
    stabilité ; les monarchies ont adopté des maximes 
    
de

     liberté, ou au moins de modération ; et les mœurs générales du siècle
  
    3559
    es ont adopté des maximes de liberté, ou au moins 
    
de

     modération ; et les mœurs générales du siècle ont introduit quelques 
  
    3560
    rales du siècle ont introduit quelques sentiments 
    
d’

    honneur et de justice dans les constitutions les plus défectueuses. En
  
    3561
    le ont introduit quelques sentiments d’honneur et 
    
de

     justice dans les constitutions les plus défectueuses. En temps de pai
  
    3562
    les constitutions les plus défectueuses. En temps 
    
de

     paix, l’émulation active de tant de rivaux accélère les progrès des s
  
    3563
    éfectueuses. En temps de paix, l’émulation active 
    
de

     tant de rivaux accélère les progrès des sciences et de l’industrie ; 
  
    3564
    nt de rivaux accélère les progrès des sciences et 
    
de

     l’industrie ; en temps de guerre, des contestations passagères et peu
  
    3565
    progrès des sciences et de l’industrie ; en temps 
    
de

     guerre, des contestations passagères et peu décisives exercent les fo
  
    3566
    s et peu décisives exercent les forces militaires 
    
de

     l’Europe. Si un conquérant sauvage sortait des déserts de la Tartarie
  
    3567
    ope. Si un conquérant sauvage sortait des déserts 
    
de

     la Tartarie, il faudrait qu’il vainquît successivement les paysans ro
  
    3568
    u’il vainquît successivement les paysans robustes 
    
de

     la Russie, les nombreuses armées de l’Allemagne, la vaillante nobless
  
    3569
    sans robustes de la Russie, les nombreuses armées 
    
de

     l’Allemagne, la vaillante noblesse de France, et les intrépides citoy
  
    3570
    uses armées de l’Allemagne, la vaillante noblesse 
    
de

     France, et les intrépides citoyens de la Bretagne, que la défense com
  
    3571
    te noblesse de France, et les intrépides citoyens 
    
de

     la Bretagne, que la défense commune pourrait peut-être réunir. En sup
  
    3572
    ntique, dix mille vaisseaux mettraient les restes 
    
de

     la société civilisée à l’abri de leurs poursuites, et l’Europe renaît
  
    3573
    aient les restes de la société civilisée à l’abri 
    
de

     leurs poursuites, et l’Europe renaîtrait et fleurirait en Amérique, o
  
    3574
     Le froid, la pauvreté, l’habitude des dangers et 
    
de

     la fatigue entretiennent les forces et le courage des peuples barbare
  
    3575
    ont fait la loi aux nations paisibles et policées 
    
de

     la Chine, de l’Inde, et de la Perse, qui négligeaient et négligent en
  
    3576
    oi aux nations paisibles et policées de la Chine, 
    
de

     l’Inde, et de la Perse, qui négligeaient et négligent encore de suppl
  
    3577
     paisibles et policées de la Chine, de l’Inde, et 
    
de

     la Perse, qui négligeaient et négligent encore de suppléer à ces avan
  
    3578
    de la Perse, qui négligeaient et négligent encore 
    
de

     suppléer à ces avantages naturels par les ressources de l’art militai
  
    3579
    pléer à ces avantages naturels par les ressources 
    
de

     l’art militaire. Les nations guerrières de l’antiquité, de la Grèce, 
  
    3580
    ources de l’art militaire. Les nations guerrières 
    
de

     l’antiquité, de la Grèce, de la Macédoine et de Rome, élevaient une r
  
    3581
    militaire. Les nations guerrières de l’antiquité, 
    
de

     la Grèce, de la Macédoine et de Rome, élevaient une race de soldats, 
  
    3582
    s nations guerrières de l’antiquité, de la Grèce, 
    
de

     la Macédoine et de Rome, élevaient une race de soldats, exerçaient le
  
    3583
    s de l’antiquité, de la Grèce, de la Macédoine et 
    
de

     Rome, élevaient une race de soldats, exerçaient leurs corps, discipli
  
    3584
    e, de la Macédoine et de Rome, élevaient une race 
    
de

     soldats, exerçaient leurs corps, disciplinaient leur courage, multipl
  
    3585
     l’attaque et pour la défense. Mais la corruption 
    
de

     leurs mœurs et de leurs lois fit disparaître insensiblement cette sup
  
    3586
     la défense. Mais la corruption de leurs mœurs et 
    
de

     leurs lois fit disparaître insensiblement cette supériorité. La polit
  
    3587
    nsiblement cette supériorité. La politique faible 
    
de

     Constantin et de ses successeurs arma et introduisit la valeur indisc
  
    3588
    supériorité. La politique faible de Constantin et 
    
de

     ses successeurs arma et introduisit la valeur indisciplinée des merce
  
    3589
    s barbares qui renversèrent l’empire. L’invention 
    
de

     la poudre a produit une grande révolution dans l’art militaire, en so
  
    3590
    on dans l’art militaire, en soumettant au pouvoir 
    
de

     l’homme l’air et le feu, les deux plus redoutables agens de la nature
  
    3591
     l’air et le feu, les deux plus redoutables agens 
    
de

     la nature. Les mathématiques, la chimie, la mécanique, et l’architect
  
    3592
    ecture, ont appliqué leurs découvertes au service 
    
de

     la guerre ; et les combattans emploient aujourd’hui les méthodes les 
  
    3593
    ion qu’avec l’argent dépensé pour les préparatifs 
    
d’

    un siège on établirait et entretiendrait une colonie florissante ; mai
  
    3594
    moins comme une chose heureuse que la destruction 
    
d’

    une ville soit une entreprise difficile et dispendieuse, ou qu’un peup
  
    3595
    es, et l’Europe n’a plus à redouter une irruption 
    
de

     barbares, puisqu’il serait indispensable qu’ils se civilisassent avan
  
    3596
    voir conquérir. Leurs découvertes dans la science 
    
de

     la guerre seraient nécessairement accompagnées comme l’exemple de la 
  
    3597
    aient nécessairement accompagnées comme l’exemple 
    
de

     la Russie le démontre, de progrès proportionnels dans les arts paisib
  
    3598
    pagnées comme l’exemple de la Russie le démontre, 
    
de

     progrès proportionnels dans les arts paisibles et dans la politique c
  
    3599
    dans la politique civile ; ils mériteraient alors 
    
d’

    être comptés au nombre des nations civilisées qu’ils auraient soumises
  
    3600
    arquis Antoine de Condorcet (1743-1794), partisan 
    
de

     la Révolution et tué par elle, avait écrit un an avant sa mort, caché
  
    3601
     avant sa mort, caché chez des amis, son Esquisse 
    
d’

    un tableau historique des progrès de l’esprit humain. Il fut le précur
  
    3602
     son Esquisse d’un tableau historique des progrès 
    
de

     l’esprit humain. Il fut le précurseur des assurances sociales « par l
  
    3603
    urances sociales « par le calcul des probabilités 
    
de

     la vie », et le précurseur de la coopération scientifique internation
  
    3604
    ul des probabilités de la vie », et le précurseur 
    
de

     la coopération scientifique internationale139. Nous citerons les page
  
    3605
    ifique internationale139. Nous citerons les pages 
    
de

     l’Esquisse où il prévoit avec lucidité (mais résout avec trop d’optim
  
    3606
    ù il prévoit avec lucidité (mais résout avec trop 
    
d’

    optimisme) les problèmes que créera dans le monde l’expansion de nos c
  
    3607
    es problèmes que créera dans le monde l’expansion 
    
de

     nos concepts et techniques, ou comme il dit « des lumières et de la r
  
    3608
     et techniques, ou comme il dit « des lumières et 
    
de

     la raison en Europe ».  Toutes les nations doivent-elles se rapproche
  
    3609
    s les nations doivent-elles se rapprocher un jour 
    
de

     l’état de civilisation où sont parvenus les peuples les plus éclairés
  
    3610
    ons doivent-elles se rapprocher un jour de l’état 
    
de

     civilisation où sont parvenus les peuples les plus éclairés, les plus
  
    3611
    us éclairés, les plus libres, les plus affranchis 
    
de

     préjugés, tels que les Français et les Anglo-Américains ? Cette dista
  
    3612
    s ? Cette distance immense qui sépare ces peuples 
    
de

     la servitude des nations soumises à des rois, de la barbarie des peup
  
    3613
     de la servitude des nations soumises à des rois, 
    
de

     la barbarie des peuplades africaines, de l’ignorance des sauvages, do
  
    3614
    es rois, de la barbarie des peuplades africaines, 
    
de

     l’ignorance des sauvages, doit-elle peu à peu s’évanouir ? Y a-t-il s
  
    3615
    ture ait condamné les habitants à ne jamais jouir 
    
de

     la liberté, à ne jamais exercer leur raison ? Cette différence de lum
  
    3616
     ne jamais exercer leur raison ? Cette différence 
    
de

     lumière, de moyens ou de richesses, observée jusqu’à présent chez tou
  
    3617
    xercer leur raison ? Cette différence de lumière, 
    
de

     moyens ou de richesses, observée jusqu’à présent chez tous les peuple
  
    3618
    aison ? Cette différence de lumière, de moyens ou 
    
de

     richesses, observée jusqu’à présent chez tous les peuples civilisés, 
  
    3619
    ntre les différentes classes qui composent chacun 
    
d’

    eux ; cette inégalité, que les premiers progrès de la société ont augm
  
    3620
    d’eux ; cette inégalité, que les premiers progrès 
    
de

     la société ont augmentée et pour ainsi dire produite, tient-elle à la
  
    3621
    civilisation même, ou aux imperfections actuelles 
    
de

     l’art social ? doit-elle continuellement s’affaiblir pour faire place
  
    3622
    ment s’affaiblir pour faire place à cette égalité 
    
de

     fait, dernier but de l’art social, qui, diminuant même les effets de 
  
    3623
     faire place à cette égalité de fait, dernier but 
    
de

     l’art social, qui, diminuant même les effets de la différence naturel
  
    3624
    t de l’art social, qui, diminuant même les effets 
    
de

     la différence naturelle des facultés, ne laisse plus subsister qu’une
  
    3625
    plus subsister qu’une inégalité utile à l’intérêt 
    
de

     tous, parce qu’elle favorisera les progrès de la civilisation, de l’i
  
    3626
    rêt de tous, parce qu’elle favorisera les progrès 
    
de

     la civilisation, de l’instruction et de l’industrie, sans entraîner n
  
    3627
    u’elle favorisera les progrès de la civilisation, 
    
de

     l’instruction et de l’industrie, sans entraîner ni dépendance, ni hum
  
    3628
    s progrès de la civilisation, de l’instruction et 
    
de

     l’industrie, sans entraîner ni dépendance, ni humiliation, ni appauvr
  
    3629
    s, et par conséquence nécessaire, dans les moyens 
    
de

     bien-être particulier et de prospérité commune ; soit par des progrès
  
    3630
    aire, dans les moyens de bien-être particulier et 
    
de

     prospérité commune ; soit par des progrès dans les principes de condu
  
    3631
    commune ; soit par des progrès dans les principes 
    
de

     conduite et dans la morale pratique ; soit enfin par le perfectionnem
  
    3632
    acultés intellectuelles, morales et physiques, ou 
    
de

     l’organisation naturelle de l’homme ? En répondant à ces trois questi
  
    3633
    ales et physiques, ou de l’organisation naturelle 
    
de

     l’homme ? En répondant à ces trois questions, nous trouverons… les mo
  
    3634
    tions, nous trouverons… les motifs les plus forts 
    
de

     croire que la nature n’a mis aucun terme à nos espérances. Si nous je
  
    3635
    verrons d’abord que, dans l’Europe, les principes 
    
de

     la constitution française sont déjà ceux de tous les hommes éclairés.
  
    3636
    cipes de la constitution française sont déjà ceux 
    
de

     tous les hommes éclairés. Nous les y verrons trop répandus, et trop h
  
    3637
    s des tyrans et des prêtres puissent les empêcher 
    
de

     pénétrer peu à peu jusqu’aux cabanes de leurs esclaves ; et ces princ
  
    3638
     empêcher de pénétrer peu à peu jusqu’aux cabanes 
    
de

     leurs esclaves ; et ces principes y réveilleront bientôt un reste de 
  
    3639
     et ces principes y réveilleront bientôt un reste 
    
de

     bon sens, et cette sourde indignation que l’habitude de l’humiliation
  
    3640
     sens, et cette sourde indignation que l’habitude 
    
de

     l’humiliation et de la terreur ne peuvent étouffer dans l’âme des opp
  
    3641
    de indignation que l’habitude de l’humiliation et 
    
de

     la terreur ne peuvent étouffer dans l’âme des opprimés. … Peut-on dou
  
    3642
     les effets lents, mais infaillibles, des progrès 
    
de

     leurs colonies, ne produisent bientôt l’indépendance du Nouveau Monde
  
    3643
    quête, les nations sauvages qui y occupent encore 
    
de

     vastes contrées ? Parcourez l’histoire de nos entreprises, de nos éta
  
    3644
     encore de vastes contrées ? Parcourez l’histoire 
    
de

     nos entreprises, de nos établissements en Afrique et ou en Asie, vous
  
    3645
    ntrées ? Parcourez l’histoire de nos entreprises, 
    
de

     nos établissements en Afrique et ou en Asie, vous verrez nos monopole
  
    3646
     Afrique et ou en Asie, vous verrez nos monopoles 
    
de

     commerce, nos trahisons, notre mépris sanguinaire pour les hommes d’u
  
    3647
    ahisons, notre mépris sanguinaire pour les hommes 
    
d’

    une autre couleur ou d’une autre croyance, l’insolence de nos usurpati
  
    3648
    anguinaire pour les hommes d’une autre couleur ou 
    
d’

    une autre croyance, l’insolence de nos usurpations, l’extravagant pros
  
    3649
    utre couleur ou d’une autre croyance, l’insolence 
    
de

     nos usurpations, l’extravagant prosélytisme ou les intrigues de nos p
  
    3650
    ions, l’extravagant prosélytisme ou les intrigues 
    
de

     nos prêtres, détruire ces sentiments de respect et de bienveillance q
  
    3651
    intrigues de nos prêtres, détruire ces sentiments 
    
de

     respect et de bienveillance que la supériorité de nos lumières et les
  
    3652
    os prêtres, détruire ces sentiments de respect et 
    
de

     bienveillance que la supériorité de nos lumières et les avantages de 
  
    3653
    de respect et de bienveillance que la supériorité 
    
de

     nos lumières et les avantages de notre commerce avaient d’abord obten
  
    3654
    e la supériorité de nos lumières et les avantages 
    
de

     notre commerce avaient d’abord obtenu. Mais l’instant approche sans d
  
    3655
    u. Mais l’instant approche sans doute où, cessant 
    
de

     ne leur montrer que des corrupteurs ou des tyrans, nous deviendrons p
  
    3656
    op éclairé sur leurs propres droits pour se jouer 
    
de

     ceux des autres peuples, respecteront cette indépendance, qu’ils ont 
  
    3657
    dépendance, qu’ils ont jusqu’ici violée avec tant 
    
d’

    audace. Leurs établissements, au lieu de se remplir de protégés des go
  
    3658
    dace. Leurs établissements, au lieu de se remplir 
    
de

     protégés des gouvernements qui, à la faveur d’une place ou d’un privi
  
    3659
    ir de protégés des gouvernements qui, à la faveur 
    
d’

    une place ou d’un privilège, courent amasser des trésors par le brigan
  
    3660
    des gouvernements qui, à la faveur d’une place ou 
    
d’

    un privilège, courent amasser des trésors par le brigandage et la perf
  
    3661
     Europe des honneurs et des titres, se peupleront 
    
d’

    hommes industrieux, qui iront chercher dans ces climats heureux l’aisa
  
    3662
    . La liberté les y retiendra ; l’ambition cessera 
    
de

     les rappeler, et ces comptoirs de brigands deviendront des colonies d
  
    3663
    mbition cessera de les rappeler, et ces comptoirs 
    
de

     brigands deviendront des colonies de citoyens qui répandront dans l’A
  
    3664
    es comptoirs de brigands deviendront des colonies 
    
de

     citoyens qui répandront dans l’Afrique et dans l’Asie les principes e
  
    3665
    Afrique et dans l’Asie les principes et l’exemple 
    
de

     la liberté, les lumières et la raison de l’Europe.  Le comte Constant
  
    3666
    ’exemple de la liberté, les lumières et la raison 
    
de

     l’Europe.  Le comte Constantin-François Chassebœuf de Volney, né en 1
  
    3667
    né par la Révolution, finalement sénateur et pair 
    
de

     France sous la Restauration, dut sa célébrité à un ouvrage Les Ruines
  
    3668
    es auteurs du xxe  siècle qui ont rêvé sur la fin 
    
de

     l’Europe, « sur la cendre des peuples et la mémoire de leur grandeur 
  
    3669
    Europe, « sur la cendre des peuples et la mémoire 
    
de

     leur grandeur ». (Paul Valéry s’en est sans doute souvenu en écrivant
  
    3670
    enu en écrivant ses pages fameuses sur la « Crise 
    
de

     l’Esprit ».)  Ici, me dis-je, ici fleurit jadis une ville opulente : 
  
    3671
    eurit jadis une ville opulente : ici fut le siège 
    
d’

    un empire puissant. Oui ! ces lieux maintenant si déserts, jadis une m
  
    3672
    ssaient sans cesse le bruit des arts, et les cris 
    
d’

    allégresse et de fête : ces marbres amoncelés formaient des palais rég
  
    3673
    se le bruit des arts, et les cris d’allégresse et 
    
de

     fête : ces marbres amoncelés formaient des palais réguliers ; ces col
  
    3674
    aces publiques. Là, pour les devoirs respectables 
    
de

     son culte, pour les soins touchans de sa subsistance, affluait un peu
  
    3675
    espectables de son culte, pour les soins touchans 
    
de

     sa subsistance, affluait un peuple nombreux : là, une industrie créat
  
    3676
     un peuple nombreux : là, une industrie créatrice 
    
de

     jouissances appelait les richesses de tous les climats, et l’on voyai
  
    3677
    e créatrice de jouissances appelait les richesses 
    
de

     tous les climats, et l’on voyait s’échanger la pourpre de Tyr pour le
  
    3678
    les climats, et l’on voyait s’échanger la pourpre 
    
de

     Tyr pour le fil précieux de la Sérique, les tissus moelleux de Kachem
  
    3679
    s’échanger la pourpre de Tyr pour le fil précieux 
    
de

     la Sérique, les tissus moelleux de Kachemire, pour les tapis fastueux
  
    3680
    e fil précieux de la Sérique, les tissus moelleux 
    
de

     Kachemire, pour les tapis fastueux de la Lydie, l’ambre de la Baltiqu
  
    3681
    us moelleux de Kachemire, pour les tapis fastueux 
    
de

     la Lydie, l’ambre de la Baltique pour les perles et les parfums arabe
  
    3682
    ire, pour les tapis fastueux de la Lydie, l’ambre 
    
de

     la Baltique pour les perles et les parfums arabes, l’or d’Ophir pour 
  
    3683
    tique pour les perles et les parfums arabes, l’or 
    
d’

    Ophir pour l’étain de Thulé. Et maintenant voilà ce qui subsiste de ce
  
    3684
     et les parfums arabes, l’or d’Ophir pour l’étain 
    
de

     Thulé. Et maintenant voilà ce qui subsiste de cette ville puissante, 
  
    3685
    ain de Thulé. Et maintenant voilà ce qui subsiste 
    
de

     cette ville puissante, un lugubre squelette ! Voilà ce qui reste d’un
  
    3686
    ssante, un lugubre squelette ! Voilà ce qui reste 
    
d’

    une vaste domination, un souvenir obscur et vain ! Au concours bruyant
  
    3687
    ressait sous ces portiques a succédé une solitude 
    
de

     mort. Le silence des tombeaux s’est substitué au murmure des places p
  
    3688
    titué au murmure des places publiques. L’opulence 
    
d’

    une cité de commerce s’est échangée en une pauvreté hideuse. Les palai
  
    3689
    rmure des places publiques. L’opulence d’une cité 
    
de

     commerce s’est échangée en une pauvreté hideuse. Les palais des rois 
  
    3690
    es… Que sont devenus tant de brillantes créations 
    
de

     la main de l’homme ? Où sont-ils ces remparts de Ninive, ces murs de 
  
    3691
    t devenus tant de brillantes créations de la main 
    
de

     l’homme ? Où sont-ils ces remparts de Ninive, ces murs de Babylonie, 
  
    3692
     de la main de l’homme ? Où sont-ils ces remparts 
    
de

     Ninive, ces murs de Babylonie, ces palais de Persépolis, ces temples 
  
    3693
    me ? Où sont-ils ces remparts de Ninive, ces murs 
    
de

     Babylonie, ces palais de Persépolis, ces temples de Balbeck et de Jér
  
    3694
    arts de Ninive, ces murs de Babylonie, ces palais 
    
de

     Persépolis, ces temples de Balbeck et de Jérusalem ? Où sont ces flot
  
    3695
     Babylonie, ces palais de Persépolis, ces temples 
    
de

     Balbeck et de Jérusalem ? Où sont ces flottes de Tyr, ces chantiers d
  
    3696
    s palais de Persépolis, ces temples de Balbeck et 
    
de

     Jérusalem ? Où sont ces flottes de Tyr, ces chantiers d’Arad, ces ate
  
    3697
     de Balbeck et de Jérusalem ? Où sont ces flottes 
    
de

     Tyr, ces chantiers d’Arad, ces ateliers de Sidon, et cette multitude 
  
    3698
    salem ? Où sont ces flottes de Tyr, ces chantiers 
    
d’

    Arad, ces ateliers de Sidon, et cette multitude de matelots, de pilote
  
    3699
    lottes de Tyr, ces chantiers d’Arad, ces ateliers 
    
de

     Sidon, et cette multitude de matelots, de pilotes, de marchands, de s
  
    3700
    d’Arad, ces ateliers de Sidon, et cette multitude 
    
de

     matelots, de pilotes, de marchands, de soldats ? et ces laboureurs, e
  
    3701
    teliers de Sidon, et cette multitude de matelots, 
    
de

     pilotes, de marchands, de soldats ? et ces laboureurs, et ces moisson
  
    3702
    idon, et cette multitude de matelots, de pilotes, 
    
de

     marchands, de soldats ? et ces laboureurs, et ces moissons, et ces tr
  
    3703
     multitude de matelots, de pilotes, de marchands, 
    
de

     soldats ? et ces laboureurs, et ces moissons, et ces troupeaux, et to
  
    3704
    issons, et ces troupeaux, et toute cette création 
    
d’

    êtres vivants dont s’enorgueillissait la face de la terre ? Hélas ! je
  
    3705
    n d’êtres vivants dont s’enorgueillissait la face 
    
de

     la terre ? Hélas ! je l’ai parcourue, cette terre ravagée ! J’ai visi
  
    3706
    gée ! J’ai visité les lieux qui furent le théâtre 
    
de

     tant de splendeur, et je n’ai vu qu’abandon et que solitude. … Et à c
  
    3707
    is le sceptre du monde à des peuples si différens 
    
de

     cultes et de mœurs, depuis ceux de l’Asie antique jusqu’aux plus réce
  
    3708
     du monde à des peuples si différens de cultes et 
    
de

     mœurs, depuis ceux de l’Asie antique jusqu’aux plus récens de l’Europ
  
    3709
    s si différens de cultes et de mœurs, depuis ceux 
    
de

     l’Asie antique jusqu’aux plus récens de l’Europe, ce nom d’une terre 
  
    3710
    puis ceux de l’Asie antique jusqu’aux plus récens 
    
de

     l’Europe, ce nom d’une terre natale réveilla en moi le sentiment de l
  
    3711
    antique jusqu’aux plus récens de l’Europe, ce nom 
    
d’

    une terre natale réveilla en moi le sentiment de la patrie ; et tourna
  
    3712
    m d’une terre natale réveilla en moi le sentiment 
    
de

     la patrie ; et tournant vers elle mes regards, j’arrêtai toutes mes p
  
    3713
    r toutes les mers, ses ports couverts des tributs 
    
de

     l’une et de l’autre Inde ; et comparant à l’activité de son commerce,
  
    3714
     mers, ses ports couverts des tributs de l’une et 
    
de

     l’autre Inde ; et comparant à l’activité de son commerce, à l’étendue
  
    3715
    ne et de l’autre Inde ; et comparant à l’activité 
    
de

     son commerce, à l’étendue de sa navigation, à la richesse de ses monu
  
    3716
    mparant à l’activité de son commerce, à l’étendue 
    
de

     sa navigation, à la richesse de ses monumens, aux arts et à l’industr
  
    3717
    erce, à l’étendue de sa navigation, à la richesse 
    
de

     ses monumens, aux arts et à l’industrie de ses habitants, tout ce que
  
    3718
    chesse de ses monumens, aux arts et à l’industrie 
    
de

     ses habitants, tout ce que l’Égypte et la Syrie purent jadis posséder
  
    3719
    ce que l’Égypte et la Syrie purent jadis posséder 
    
de

     semblable, je me plaisais à retrouver la splendeur passée de l’Asie d
  
    3720
    e, je me plaisais à retrouver la splendeur passée 
    
de

     l’Asie dans l’Europe moderne ; mais bientôt le charme de ma rêverie f
  
    3721
    ie dans l’Europe moderne ; mais bientôt le charme 
    
de

     ma rêverie fut flétri par un dernier terme de comparaison. Réfléchiss
  
    3722
    rme de ma rêverie fut flétri par un dernier terme 
    
de

     comparaison. Réfléchissant que telle avait été jadis l’activité des l
  
    3723
    , me dis-je, si tel ne sera pas un jour l’abandon 
    
de

     nos propres contrées ? Qui sait si sur les rives de la Seine, de la T
  
    3724
     nos propres contrées ? Qui sait si sur les rives 
    
de

     la Seine, de la Tamise ou du Zuydersée, là où maintenant, dans le tou
  
    3725
    contrées ? Qui sait si sur les rives de la Seine, 
    
de

     la Tamise ou du Zuydersée, là où maintenant, dans le tourbillon de ta
  
    3726
    u Zuydersée, là où maintenant, dans le tourbillon 
    
de

     tant de jouissances, le cœur et les yeux ne peuvent suffire à la mult
  
    3727
     voyageur comme moi ne s’asseoira pas un jour sur 
    
de

     muettes ruines, et ne pleurera pas solitaire sur la cendre des peuple
  
    3728
    solitaire sur la cendre des peuples et la mémoire 
    
de

     leur grandeur ?140   Christoph Martin Wieland (1733-1813), à la veill
  
    3729
    Christoph Martin Wieland (1733-1813), à la veille 
    
de

     la Révolution, exprimera une dernière fois l’idéal des Montesquieu et
  
    3730
    olite » :  Le cosmopolite obéit à toutes les lois 
    
de

     l’État dans lequel il vit, quand celles-ci reflètent manifestement la
  
    3731
    t aux autres, il s’y soumet par nécessité. Il est 
    
de

     bonne foi à l’endroit de sa nation, mais aussi à l’endroit des autres
  
    3732
    ’endroit des autres nations ; et il est incapable 
    
de

     vouloir fonder le bien-être, la gloire et la grandeur de sa patrie su
  
    3733
    oir fonder le bien-être, la gloire et la grandeur 
    
de

     sa patrie sur une oppression et une exploitation volontaire des autre
  
    3734
     incompatibles avec leur idéal. Ils s’abstiennent 
    
de

     faire partie de toute administration d’État qui prescrirait des princ
  
    3735
    vec leur idéal. Ils s’abstiennent de faire partie 
    
de

     toute administration d’État qui prescrirait des principes contraires 
  
    3736
    stiennent de faire partie de toute administration 
    
d’

    État qui prescrirait des principes contraires à leurs propres maximes.
  
    3737
     les différents régimes existants comme autant  … 
    
d’

    échafaudages pour l’édification de ce temple immortel de la félicité u
  
    3738
    comme autant  … d’échafaudages pour l’édification 
    
de

     ce temple immortel de la félicité universelle, à laquelle, en un cert
  
    3739
    faudages pour l’édification de ce temple immortel 
    
de

     la félicité universelle, à laquelle, en un certain sens, tous les siè
  
    3740
    nt travaillé.  La page que l’on va lire, extraite 
    
d’

    un ouvrage intitulé Das Geheimnis des Kosmopoliten-Ordens — et qui par
  
    3741
    és ceux qui connurent comme il convient la valeur 
    
de

     la liberté ; les Grecs le surent et c’est grâce à eux — dont les méri
  
    3742
    habitants ont su conserver sur les autres peuples 
    
de

     la terre de par un perfectionnement des facultés naturelles de l’homm
  
    3743
    e par un perfectionnement des facultés naturelles 
    
de

     l’homme toujours plus grand et poussé toujours plus loin. On connaît 
  
    3744
    oujours plus loin. On connaît bien cet effet issu 
    
de

     causes également connues : malgré les progrès très rapides de la civi
  
    3745
    alement connues : malgré les progrès très rapides 
    
de

     la civilisation dans le domaine des arts et des sciences particulière
  
    3746
    tif, à l’industrie, au zèle opiniâtre, à l’esprit 
    
de

     compétition que l’homme puise dans la rivalité —, l’art suprême qui s
  
    3747
    slation et une direction responsable des affaires 
    
de

     l’État est de loin, comparativement, le moins avancé. Dans la plus gr
  
    3748
     direction responsable des affaires de l’État est 
    
de

     loin, comparativement, le moins avancé. Dans la plus grande et la plu
  
    3749
    ancé. Dans la plus grande et la plus belle partie 
    
de

     l’Europe, les forces les plus nobles de l’Humanité étouffent encore s
  
    3750
    le partie de l’Europe, les forces les plus nobles 
    
de

     l’Humanité étouffent encore sous le poids de tous ces résidus de la c
  
    3751
    bles de l’Humanité étouffent encore sous le poids 
    
de

     tous ces résidus de la constitution barbare, de l’incertitude et des 
  
    3752
    touffent encore sous le poids de tous ces résidus 
    
de

     la constitution barbare, de l’incertitude et des erreurs d’un milléna
  
    3753
    s de tous ces résidus de la constitution barbare, 
    
de

     l’incertitude et des erreurs d’un millénaire sauvage et sombre. Et ce
  
    3754
    titution barbare, de l’incertitude et des erreurs 
    
d’

    un millénaire sauvage et sombre. Et cela en Europe, dans un siècle où 
  
    3755
    ilisation et le raffinement ont gravi, en un laps 
    
de

     temps relativement court, tant d’échelons, que ce n’est pas sans une 
  
    3756
    avi, en un laps de temps relativement court, tant 
    
d’

    échelons, que ce n’est pas sans une sorte de vertige qu’on regarde les
  
    3757
     tant d’échelons, que ce n’est pas sans une sorte 
    
de

     vertige qu’on regarde les siècles précédents. Mais après ces étapes i
  
    3758
    sive et, en fin de compte, irrésistible puissance 
    
de

     la raison ; bref, une révolution qui, sans souiller l’Europe de sang,
  
    3759
     bref, une révolution qui, sans souiller l’Europe 
    
de

     sang, ni mettre partout le feu, saura n’être qu’une œuvre toute simpl
  
    3760
    nt leurs droits et leurs devoirs, quel est le but 
    
de

     leur existence et quels sont les moyens qui permettront d’atteindre s
  
    3761
    xistence et quels sont les moyens qui permettront 
    
d’

    atteindre sûrement et immanquablement ce but.  En 1796, Wieland lui-mê
  
    3762
    t années qui se sont écoulées depuis la rédaction 
    
de

     cet essai, d’une manière telle que tous nos concitoyens ne peuvent pl
  
    3763
    e sont écoulées depuis la rédaction de cet essai, 
    
d’

    une manière telle que tous nos concitoyens ne peuvent plus guère consi
  
    3764
    mêmes par le passé, du moins quand ils agissaient 
    
de

     concert, en grande foule.  Il est admirable que le démenti sanglant i
  
    3765
    à son idéal cosmopolite n’ait pas empêché Wieland 
    
de

     poursuivre le projet d’une association des peuples européens. C’est a
  
    3766
    n’ait pas empêché Wieland de poursuivre le projet 
    
d’

    une association des peuples européens. C’est ainsi que dans ses Gesprä
  
    3767
    rançais qu’il nomme « Frankgall » :  À quel degré 
    
de

     perfection et de bien-être les peuples d’Europe ne parviendraient-ils
  
    3768
    me « Frankgall » :  À quel degré de perfection et 
    
de

     bien-être les peuples d’Europe ne parviendraient-ils, avec nous ou in
  
    3769
    l degré de perfection et de bien-être les peuples 
    
d’

    Europe ne parviendraient-ils, avec nous ou indépendamment de nous, s’i
  
    3770
    e parviendraient-ils, avec nous ou indépendamment 
    
de

     nous, s’ils renonçaient définitivement à tous ces résidus honteux de 
  
    3771
    nçaient définitivement à tous ces résidus honteux 
    
de

     la vieille barbarie, à cette sanguinaire haine de nation à nation, au
  
    3772
    de la vieille barbarie, à cette sanguinaire haine 
    
de

     nation à nation, au bas préjugé, à ce bonheur étranger qu’on veut ass
  
    3773
     assurer au détriment du nôtre à toutes ces ruses 
    
d’

    épicier et tours de coupeur de bourse que l’on nommait autrefois polit
  
    3774
    nt du nôtre à toutes ces ruses d’épicier et tours 
    
de

     coupeur de bourse que l’on nommait autrefois politique et qui ne trom
  
    3775
     à toutes ces ruses d’épicier et tours de coupeur 
    
de

     bourse que l’on nommait autrefois politique et qui ne trompent plus p
  
    3776
    rraient atteindre ce résultat par une association 
    
de

     peuples, constituée sans tenir compte de cette variété des formes de 
  
    3777
    ociation de peuples, constituée sans tenir compte 
    
de

     cette variété des formes de gouvernement peu importante dans le fond 
  
    3778
    uée sans tenir compte de cette variété des formes 
    
de

     gouvernement peu importante dans le fond ; et ainsi serait créée et o
  
    3779
    ans le fond ; et ainsi serait créée et organisée, 
    
de

     façon durable, une communauté d’États européenne.  Quelques années pl
  
    3780
    ée et organisée, de façon durable, une communauté 
    
d’

    États européenne.  Quelques années plus tard, en 1806, Wieland exposer
  
    3781
    ra encore dans sa revue Teutscher Merkur, un plan 
    
de

     Tribunal européen, comptant cette fois-ci sur Napoléon pour le réalis
  
    3782
    frapper…   136.  W. Robertson : Histoire du règne 
    
de

     l’empereur Charles-Quint. Tableau des progrès de la Société en Europe
  
    3783
     de l’empereur Charles-Quint. Tableau des progrès 
    
de

     la Société en Europe, depuis la destruction de l’Empire romain jusqu’
  
    3784
    ès de la Société en Europe, depuis la destruction 
    
de

     l’Empire romain jusqu’au commencement du xvie  siècle. — Traduction f
  
    3785
     III, p. 168, 169.  138. Edward Gibbon : Histoire 
    
de

     la décadence et de la chute de l’Empire romain, Éd. A. Desrez, Paris.
  
    3786
     138. Edward Gibbon : Histoire de la décadence et 
    
de

     la chute de l’Empire romain, Éd. A. Desrez, Paris. Tome I. Observatio
  
    3787
     Gibbon : Histoire de la décadence et de la chute 
    
de

     l’Empire romain, Éd. A. Desrez, Paris. Tome I. Observations générales
  
    3788
    miné qu’en 1787, à Lausanne.  139. « Je parlerai… 
    
de

     la réunion des savants du globe en une république universelle des sci
  
    3789
    . » Fragment sur l’Atlantide, ou efforts combinés 
    
de

     l’Espèce humaine pour le Progrès des Sciences.  140.  Les Ruines, par

12 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Troisième partie. L’ère des philosophes.  De Leibniz à Condorcet — 4. Pendant ce temps, l’Amérique du Nord…
    3790
    Amérique décidait du sien. Elle devenait l’avenir 
    
de

     l’Europe, ou du moins l’avenir de ces Européens qui désespéraient de 
  
    3791
    venait l’avenir de l’Europe, ou du moins l’avenir 
    
de

     ces Européens qui désespéraient de réussir sur leur sol l’union néces
  
    3792
    moins l’avenir de ces Européens qui désespéraient 
    
de

     réussir sur leur sol l’union nécessaire. C’est ce que Benjamin Frankl
  
    3793
    (1706-1790) a bien su voir et dire dans une série 
    
de

     lettres écrites de Paris à ses compatriotes :  Toute l’Europe est gag
  
    3794
    su voir et dire dans une série de lettres écrites 
    
de

     Paris à ses compatriotes :  Toute l’Europe est gagnée à notre cause (
  
    3795
    te l’Europe est gagnée à notre cause (la création 
    
de

     l’Union des États indépendants américains), elle applaudit à nos effo
  
    3796
    , elle applaudit à nos efforts et nous accompagne 
    
de

     ses vœux. Les hommes qui vivent sous le joug du pouvoir arbitraire n’
  
    3797
    nt pas moins la liberté : ils désespèrent presque 
    
de

     voir jamais le rétablissement de l’Europe et lisent avec impatience t
  
    3798
    espèrent presque de voir jamais le rétablissement 
    
de

     l’Europe et lisent avec impatience tout ce que l’on écrit sur l’établ
  
    3799
    tience tout ce que l’on écrit sur l’établissement 
    
de

     constitutions indépendantes dans notre continent. On rencontre partou
  
    3800
    dantes dans notre continent. On rencontre partout 
    
d’

    innombrables personnes qui envisagent de se rendre en Amérique avec le
  
    3801
    e partout d’innombrables personnes qui envisagent 
    
de

     se rendre en Amérique avec leurs familles et leurs fortunes, dès que 
  
    3802
    n peut généralement escompter que les émigrations 
    
de

     l’Europe nous vaudront un surcroît de puissance, de richesse et de sc
  
    3803
    émigrations de l’Europe nous vaudront un surcroît 
    
de

     puissance, de richesse et de science. L’idée se répand de plus en plu
  
    3804
     l’Europe nous vaudront un surcroît de puissance, 
    
de

     richesse et de science. L’idée se répand de plus en plus que les régi
  
    3805
    vaudront un surcroît de puissance, de richesse et 
    
de

     science. L’idée se répand de plus en plus que les régimes tyranniques
  
    3806
    ir en Europe devront s’assouplir et accorder plus 
    
de

     libertés aux peuples, s’ils veulent diminuer l’ampleur des émigration
  
    3807
    que tous les milieux que notre cause est la cause 
    
de

     tout le genre humain, et qu’en défendant notre liberté, nous combatto
  
    3808
    pour la remplir et qu’elle couronnera nos efforts 
    
de

     succès.141   Et tandis que l’Europe intellectuelle, négligée par les 
  
    3809
    e par les grands politiques, accumulait les plans 
    
d’

    union mais n’en réalisait aucun, l’Amérique, elle, se fédérait. Ses ho
  
    3810
     ses idées étaient européennes. Elle ne se sépara 
    
de

     la mère patrie que sur la seule question de la réalisation de ces idé
  
    3811
    épara de la mère patrie que sur la seule question 
    
de

     la réalisation de ces idées. Or à ce point, intérêts précis entraient
  
    3812
    atrie que sur la seule question de la réalisation 
    
de

     ces idées. Or à ce point, intérêts précis entraient en jeu, et comme 
  
    3813
     hommes d’État européens se révélaient incapables 
    
de

     les prendre au sérieux, il n’y eut pas convergence mais conflit. Cert
  
    3814
    s convergence mais conflit. Certes, les pionniers 
    
de

     l’Union américaine n’opposaient à l’Europe que les principes formulés
  
    3815
    Or il faut voir que si cette colonie a trouvé bon 
    
de

     mettre un terme à la désunion de ses États, c’est aussi pour se rendr
  
    3816
    nie a trouvé bon de mettre un terme à la désunion 
    
de

     ses États, c’est aussi pour se rendre indépendante « de tout contrôle
  
    3817
     États, c’est aussi pour se rendre indépendante « 
    
de

     tout contrôle et de toute influence européenne ». Citons une page du 
  
    3818
    pour se rendre indépendante « de tout contrôle et 
    
de

     toute influence européenne ». Citons une page du Federalist, qui ne m
  
    3819
    itons une page du Federalist, qui ne manquera pas 
    
de

     suggérer aujourd’hui l’idée d’un nouveau retour des choses…  The Fede
  
    3820
    ui ne manquera pas de suggérer aujourd’hui l’idée 
    
d’

    un nouveau retour des choses…  The Federalist est un recueil de 85 art
  
    3821
    retour des choses…  The Federalist est un recueil 
    
de

     85 articles de journaux écrits pour défendre la Constitution votée pa
  
    3822
    es…  The Federalist est un recueil de 85 articles 
    
de

     journaux écrits pour défendre la Constitution votée par la Convention
  
    3823
    eptembre 1787. Ce plaidoyer est adressé au peuple 
    
de

     l’État de New York par Alexander Hamilton, John Jay et James Madison.
  
    3824
    e considérable jusqu’à nos jours. Les publicistes 
    
d’

    Amérique, les professeurs et les étudiants, les juges de la Cour suprê
  
    3825
    ique, les professeurs et les étudiants, les juges 
    
de

     la Cour suprême, y voient avec raison le premier commentaire de la Co
  
    3826
    rême, y voient avec raison le premier commentaire 
    
de

     la Constitution fédérale, et l’un des monuments de la science politiq
  
    3827
    e la Constitution fédérale, et l’un des monuments 
    
de

     la science politique. Le texte que nous citons est de Hamilton, et il
  
    3828
    a science politique. Le texte que nous citons est 
    
de

     Hamilton, et il est extrait du chapitre XI :  Le monde peut être divi
  
    3829
    vée l’a disposée à se regarder comme la Maîtresse 
    
de

     l’univers, et à croire le reste du genre humain créé pour son utilité
  
    3830
     créé pour son utilité. Des hommes, admirés comme 
    
de

     grands philosophes, ont positivement attribué à ses habitants une sup
  
    3831
    érique ; que les chiens même perdaient la faculté 
    
d’

    aboyer, après avoir respiré quelque temps dans notre atmosphère. Les f
  
    3832
    s des Européens. C’est à nous à relever l’honneur 
    
de

     la race humaine et à faire connaître la modération à ces frères usurp
  
    3833
    son triomphe. Que les Américains se lassent enfin 
    
d’

    être les instruments de la grandeur européenne ! Que les Treize-États,
  
    3834
    méricains se lassent enfin d’être les instruments 
    
de

     la grandeur européenne ! Que les Treize-États, réunis dans une étroit
  
    3835
     et indissoluble Union, concourent à la formation 
    
d’

    un grand système américain qui soit au-dessus du contrôle de toute for
  
    3836
     système américain qui soit au-dessus du contrôle 
    
de

     toute force ou de toute influence européenne, et qui lui permette de 
  
    3837
     qui soit au-dessus du contrôle de toute force ou 
    
de

     toute influence européenne, et qui lui permette de dicter les termes 
  
    3838
    e toute influence européenne, et qui lui permette 
    
de

     dicter les termes des relations entre l’Ancien et le Nouveau Monde ! 
  
    3839
     Monde !    141. Benjamin Franklin, Lettre écrite 
    
de

     Paris, 1777.

13 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 1. La Révolution française et l’Europe
    3840
     Révolution française et l’Europe   Les illusions 
    
d’

    un Wieland n’ont-elles pas été partagées par ceux-là mêmes qui donnère
  
    3841
    ’éloquence « cosmopolite » et « philanthropique » 
    
d’

    un Mirabeau, d’un Robespierre, est certainement sincère. Mais comme el
  
    3842
    smopolite » et « philanthropique » d’un Mirabeau, 
    
d’

    un Robespierre, est certainement sincère. Mais comme elle change vite 
  
    3843
    certainement sincère. Mais comme elle change vite 
    
de

     registre quand il s’agit de reconnaître que l’idéal qu’elle exalte ne
  
    3844
    omme elle change vite de registre quand il s’agit 
    
de

     reconnaître que l’idéal qu’elle exalte ne saurait entrer dans l’Histo
  
    3845
    nfondant avec les intérêts ou la survie militaire 
    
d’

    une nation ! Partie pour instaurer la fraternité mondiale et « la soci
  
    3846
    on va se voir rapidement entraînée dans une suite 
    
de

     guerres qui créeront le nationalisme moderne. Une déclaration de Mira
  
    3847
    créeront le nationalisme moderne. Une déclaration 
    
de

     Mirabeau, le 25 août 1790, annonce, par le coup de frein des derniers
  
    3848
    e Mirabeau, le 25 août 1790, annonce, par le coup 
    
de

     frein des derniers mots, cette dramatique évolution :  La France aura
  
    3849
    matique évolution :  La France aura-t-elle besoin 
    
d’

    alliés, lorsqu’elle n’aura plus d’ennemis ? Il n’est pas loin de nous 
  
    3850
    a-t-elle besoin d’alliés, lorsqu’elle n’aura plus 
    
d’

    ennemis ? Il n’est pas loin de nous peut-être, ce moment où la liberté
  
    3851
    sans rivale sur les deux mondes, réalisera le vœu 
    
de

     la philosophie, absoudra l’espèce humaine du crime de la guerre et pr
  
    3852
    a philosophie, absoudra l’espèce humaine du crime 
    
de

     la guerre et proclamera la paix universelle ; alors le bonheur des pe
  
    3853
    eront plus par des querelles sanglantes les nœuds 
    
de

     la fraternité qui doivent unir tous les gouvernements et tous les hom
  
    3854
    et tous les hommes ; alors se consommera le pacte 
    
de

     la fédération du genre humain ; mais avouons-le à regret, ces considé
  
    3855
    r la guerre, qu’elle mène au nom de la liberté et 
    
de

     la paix universelle. Robespierre l’a dit en une phrase dans son disco
  
    3856
     du 15 mai 1790 à l’Assemblée nationale :  Il est 
    
de

     l’intérêt des nations de protéger la nation française, parce que c’es
  
    3857
    blée nationale :  Il est de l’intérêt des nations 
    
de

     protéger la nation française, parce que c’est de la France que doit p
  
    3858
     de protéger la nation française, parce que c’est 
    
de

     la France que doit partir la liberté et le bonheur du monde.  Il faut
  
    3859
    us tard, le 9 novembre 1792, la Convention décide 
    
de

     célébrer les victoires de l’armée de la Liberté par une « fête de l’H
  
    3860
    2, la Convention décide de célébrer les victoires 
    
de

     l’armée de la Liberté par une « fête de l’Humanité », que Vergniaud c
  
    3861
    ntion décide de célébrer les victoires de l’armée 
    
de

     la Liberté par une « fête de l’Humanité », que Vergniaud célèbre en c
  
    3862
    victoires de l’armée de la Liberté par une « fête 
    
de

     l’Humanité », que Vergniaud célèbre en ces termes :  Chantez donc, ch
  
    3863
    Chantez donc, chantez une victoire qui sera celle 
    
de

     l’humanité. Il a péri des hommes ; mais c’est pour qu’il n’en périsse
  
    3864
    ernité universelle que vous allez établir, chacun 
    
de

     vos combats sera un pas de fait vers la paix, l’humanité et le bonheu
  
    3865
     allez établir, chacun de vos combats sera un pas 
    
de

     fait vers la paix, l’humanité et le bonheur des peuples.  Déjà, le Pa
  
    3866
    5 décembre 1791, cet appel à la « guerre sainte » 
    
de

     la Raison anticléricale :  La guerre ! la guerre ! tel est le cri de 
  
    3867
    éricale :  La guerre ! la guerre ! tel est le cri 
    
de

     tous les patriotes, tel est le vœu de tous les amis de la liberté rép
  
    3868
     est le cri de tous les patriotes, tel est le vœu 
    
de

     tous les amis de la liberté répandus sur la surface de l’Europe, qui 
  
    3869
    us les patriotes, tel est le vœu de tous les amis 
    
de

     la liberté répandus sur la surface de l’Europe, qui n’attendent plus 
  
    3870
    us les amis de la liberté répandus sur la surface 
    
de

     l’Europe, qui n’attendent plus que cette heureuse diversion pour atta
  
    3871
    m du genre humain dont il n’a jamais mieux mérité 
    
d’

    être appelé l’ami.  C’est en effet à Jean-Baptiste, dit Anacharsis Clo
  
    3872
     à Jean-Baptiste, dit Anacharsis Cloots, Prussien 
    
de

     naissance, mais aristocrate hollandais d’ascendance, qu’il appartiend
  
    3873
    russien de naissance, mais aristocrate hollandais 
    
d’

    ascendance, qu’il appartiendra de formuler de la manière la plus théât
  
    3874
    crate hollandais d’ascendance, qu’il appartiendra 
    
de

     formuler de la manière la plus théâtrale l’idéal unitaire de la Révol
  
    3875
    dais d’ascendance, qu’il appartiendra de formuler 
    
de

     la manière la plus théâtrale l’idéal unitaire de la Révolution, étend
  
    3876
     de la manière la plus théâtrale l’idéal unitaire 
    
de

     la Révolution, étendu à un genre humain totalement « nivelé » par les
  
    3877
    n genre humain totalement « nivelé » par les lois 
    
de

     la Liberté. Cloots, lui aussi, est parti de l’idéal cosmopolite. Il s
  
    3878
     lois de la Liberté. Cloots, lui aussi, est parti 
    
de

     l’idéal cosmopolite. Il s’écrie dans son discours du 13 juin 1790 :  
  
    3879
    , ni vaincus, ni vainqueurs… L’Océan sera couvert 
    
de

     navires qui formeront un superbe pont de communication, et les grande
  
    3880
     couvert de navires qui formeront un superbe pont 
    
de

     communication, et les grandes routes de France se prolongeront jusqu’
  
    3881
    erbe pont de communication, et les grandes routes 
    
de

     France se prolongeront jusqu’aux confins de la Chine. On ira en poste
  
    3882
    outes de France se prolongeront jusqu’aux confins 
    
de

     la Chine. On ira en poste de Paris à Pékin, comme de Bordeaux à Stras
  
    3883
    nt jusqu’aux confins de la Chine. On ira en poste 
    
de

     Paris à Pékin, comme de Bordeaux à Strasbourg, sans que rien ne nous 
  
    3884
    la Chine. On ira en poste de Paris à Pékin, comme 
    
de

     Bordeaux à Strasbourg, sans que rien ne nous arrête, ni barrières, ni
  
    3885
    ailles, ni commis, ni chasseurs. Il n’y aura plus 
    
de

     déserts ; toute la terre sera un jardin. L’Orient et l’Occident s’emb
  
    3886
    n. L’Orient et l’Occident s’embrasseront au champ 
    
de

     la Fédération.   Et il ajoute, dans le même sens, le 26 avril 1793 : 
  
    3887
    le bon sens et le bonheur ; elle coupe les canaux 
    
de

     la prospérité universelle ; sa Constitution, manquant par la base, se
  
    3888
    t en effet dans ces termes :  Nous ne voulons pas 
    
d’

    autre maître que l’expression de la volonté générale, absolue, suprême
  
    3889
    us ne voulons pas d’autre maître que l’expression 
    
de

     la volonté générale, absolue, suprême. Or, si je rencontre sur la ter
  
    3890
    sel, je m’y oppose ; cette résistance est un état 
    
de

     guerre et de servitude dont le genre humain, l’être suprême, fera jus
  
    3891
    ppose ; cette résistance est un état de guerre et 
    
de

     servitude dont le genre humain, l’être suprême, fera justice tôt ou t
  
    3892
    ra qu’un seul corps, la nation unique… La commune 
    
de

     Paris sera le point de réunion, le fanal central de la communauté uni
  
    3893
     nation unique… La commune de Paris sera le point 
    
de

     réunion, le fanal central de la communauté universelle.  Il pense qu’
  
    3894
     Paris sera le point de réunion, le fanal central 
    
de

     la communauté universelle.  Il pense qu’il ne serait pas difficile de
  
    3895
    verselle.  Il pense qu’il ne serait pas difficile 
    
de

     régir le monde à partir de Paris :  Quand un Lama de Rome et un Lama 
  
    3896
    régir le monde à partir de Paris :  Quand un Lama 
    
de

     Rome et un Lama de la Mecque donnent des lois aux Péruviens et aux Ma
  
    3897
    rtir de Paris :  Quand un Lama de Rome et un Lama 
    
de

     la Mecque donnent des lois aux Péruviens et aux Malais ; quand des ma
  
    3898
    aux Péruviens et aux Malais ; quand des marchands 
    
d’

    Amsterdam et de Londres dominent sur le Bengale et les Moluques, je co
  
    3899
    t aux Malais ; quand des marchands d’Amsterdam et 
    
de

     Londres dominent sur le Bengale et les Moluques, je conçois la facili
  
    3900
    le fédéraliste lui paraît réactionnaire :  Nombre 
    
d’

    écrivains politiques ont présenté des projets de paix perpétuelle, de 
  
    3901
    e d’écrivains politiques ont présenté des projets 
    
de

     paix perpétuelle, de confédérations d’États, de nations ; mais aucun 
  
    3902
    ues ont présenté des projets de paix perpétuelle, 
    
de

     confédérations d’États, de nations ; mais aucun homme ne s’est élevé 
  
    3903
    es projets de paix perpétuelle, de confédérations 
    
d’

    États, de nations ; mais aucun homme ne s’est élevé au véritable princ
  
    3904
    s de paix perpétuelle, de confédérations d’États, 
    
de

     nations ; mais aucun homme ne s’est élevé au véritable principe de l’
  
    3905
     aucun homme ne s’est élevé au véritable principe 
    
de

     l’unité souveraine, de la confédération individuelle.  Au nom — pour 
  
    3906
    levé au véritable principe de l’unité souveraine, 
    
de

     la confédération individuelle.  Au nom — pour le moins paradoxal — de
  
    3907
    individuelle.  Au nom — pour le moins paradoxal — 
    
de

     cette « confédération individuelle », Cloots dépose en conclusion le 
  
    3908
    viduelle », Cloots dépose en conclusion le Projet 
    
de

     décret suivant :   La Convention nationale voulant mettre un terme au
  
    3909
    es des droits de l’homme : Art. I. — Il n’y a pas 
    
d’

    autre souverain que le genre humain. Art. II. — Tout individu, toute c
  
    3910
    oîtra ce principe lumineux et immuable, sera reçu 
    
de

     droit dans notre association fraternelle, dans la République des Homm
  
    3911
    Universels. Art. III. — À défaut de contiguïté ou 
    
de

     communication maritime, on attendra la propagation de la vérité, pour
  
    3912
    ommunication maritime, on attendra la propagation 
    
de

     la vérité, pour admettre les communes, et les enclaves lointaines.  M
  
    3913
    r ce Projet fantastique en adjurant la Convention 
    
de

     revenir à la « réalité » :  Laissons aux philosophes, laissons-leur l
  
    3914
      Laissons aux philosophes, laissons-leur le soin 
    
d’

    examiner l’humanité sous tous les rapports : nous ne sommes pas les re
  
    3915
     du genre humain. Je veux donc que le législateur 
    
de

     la France oublie un instant l’univers pour ne s’occuper que de son pa
  
    3916
    oublie un instant l’univers pour ne s’occuper que 
    
de

     son pays ; je veux cette espèce d’égoïsme national sans lequel nous t
  
    3917
     s’occuper que de son pays ; je veux cette espèce 
    
d’

    égoïsme national sans lequel nous trahirons nos devoirs, sans lequel n
  
    3918
    mmes libres ; mais j’aime mieux les hommes libres 
    
de

     la France que tous les autres hommes de l’univers.  Le refus jacobin 
  
    3919
    es libres de la France que tous les autres hommes 
    
de

     l’univers.  Le refus jacobin de la formule fédéraliste, tant pour la 
  
    3920
    les autres hommes de l’univers.  Le refus jacobin 
    
de

     la formule fédéraliste, tant pour la France que pour l’Europe, le dél
  
    3921
     tant pour la France que pour l’Europe, le délire 
    
d’

    unité universelle nivelée et centralisée, devait conduire la Révolutio
  
    3922
    n, par une nécessité concrète, à la négation même 
    
de

     ses premiers principes : à l’« égoïsme national », au nationalisme ag
  
    3923
    sez souligner l’importance décisive pour l’Europe 
    
de

     cette évolution de la pensée politique et du vocabulaire français. Le
  
    3924
    ortance décisive pour l’Europe de cette évolution 
    
de

     la pensée politique et du vocabulaire français. Les girondins qui se 
  
    3925
    ot, si l’on en croit le dictionnaire étymologique 
    
de

     Warburg — furent dénoncés par les jacobins comme traîtres à la Patrie
  
    3926
    nçais et des Européens qui tiennent à se réclamer 
    
de

     la Révolution et de la tradition jacobine. D’où le malentendu permane
  
    3927
    ns qui tiennent à se réclamer de la Révolution et 
    
de

     la tradition jacobine. D’où le malentendu permanent qui les oppose dè
  
    3928
    mer de la Révolution et de la tradition jacobine. 
    
D’

    où le malentendu permanent qui les oppose dès cette date, aux démocrat
  
    3929
    monde anglo-saxon et des petits pays. Un Français 
    
d’

    aujourd’hui, s’il tient à s’assurer du sens de ce mot décrié, recourt 
  
    3930
    ais d’aujourd’hui, s’il tient à s’assurer du sens 
    
de

     ce mot décrié, recourt au dictionnaire Littré, et lit ceci à l’articl
  
    3931
    dant la révolution, projet attribué aux girondins 
    
de

     rompre l’unité nationale et de transformer la France en une fédératio
  
    3932
    ibué aux girondins de rompre l’unité nationale et 
    
de

     transformer la France en une fédération de petits États. — Aux jacobi
  
    3933
    ale et de transformer la France en une fédération 
    
de

     petits États. — Aux jacobins, on agita gravement la question du fédér
  
    3934
    mille fureurs contre les girondins, Thiers, Hist. 
    
de

     la Rév.

14 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 2. Plans d’union européenne contemporains de la Révolution
    3935
      2.Plans 
    
d’

    union européenne contemporains de la Révolution   En dépit des nombreu
  
    3936
      2.Plans d’union européenne contemporains 
    
de

     la Révolution   En dépit des nombreuses déclamations des conventionne
  
    3937
     déclamations des conventionnels invoquant le nom 
    
de

     l’Europe, pas un seul plan sérieux d’union continentale n’est sorti d
  
    3938
    uant le nom de l’Europe, pas un seul plan sérieux 
    
d’

    union continentale n’est sorti de la Révolution, du moins en France et
  
    3939
    eul plan sérieux d’union continentale n’est sorti 
    
de

     la Révolution, du moins en France et cela s’explique. L’explosion pas
  
    3940
    ique. L’explosion passionnelle a jeté ses acteurs 
    
de

     l’utopie du « genre humain » à l’idéal nationaliste en sautant le sta
  
    3941
    l’idéal nationaliste en sautant le stade réaliste 
    
de

     la fédération de l’Europe. Le résidu concret du phénomène sera la « n
  
    3942
    ste en sautant le stade réaliste de la fédération 
    
de

     l’Europe. Le résidu concret du phénomène sera la « nationalisation » 
  
    3943
    euples. Le « qui veut faire l’ange fait la bête » 
    
de

     Pascal se traduit ici par « qui veut le Monde abstrait fait la nation
  
    3944
    smoulins écrivait :  Nous avons arraché les haies 
    
de

     division qui séparaient les Français entre eux, et déjà il n’y a plus
  
    3945
    ent les Français entre eux, et déjà il n’y a plus 
    
de

     provinces ; espérons que bientôt la division des royaumes ne sera plu
  
    3946
    e, qu’on appellera le genre humain.  Le processus 
    
de

     nivellement des diversités régionales, préconisé par cette déclaratio
  
    3947
    omme que l’Europe, comme le faisaient les auteurs 
    
d’

    avant la Renaissance lorsqu’ils parlaient de la « chrétienté ». Mais p
  
    3948
    teurs d’avant la Renaissance lorsqu’ils parlaient 
    
de

     la « chrétienté ». Mais précisément ce défaut de perspective historiq
  
    3949
     de la « chrétienté ». Mais précisément ce défaut 
    
de

     perspective historique l’empêche de voir les caractères spécifiques d
  
    3950
    ent ce défaut de perspective historique l’empêche 
    
de

     voir les caractères spécifiques de l’ensemble Europe dans le monde. H
  
    3951
    ique l’empêche de voir les caractères spécifiques 
    
de

     l’ensemble Europe dans le monde. Hors du drame de Paris, on les disti
  
    3952
    de l’ensemble Europe dans le monde. Hors du drame 
    
de

     Paris, on les distingue mieux. Les plans d’union de l’Anglais Bentham
  
    3953
    drame de Paris, on les distingue mieux. Les plans 
    
d’

    union de l’Anglais Bentham, de l’Italien E. L’Aurora, des Allemands Ka
  
    3954
     Paris, on les distingue mieux. Les plans d’union 
    
de

     l’Anglais Bentham, de l’Italien E. L’Aurora, des Allemands Kant et Ge
  
    3955
    ue mieux. Les plans d’union de l’Anglais Bentham, 
    
de

     l’Italien E. L’Aurora, des Allemands Kant et Gentz, seront expresséme
  
    3956
    logique qu’exprime la Révolution, ils s’efforcent 
    
de

     rejoindre les réalités concrètes qu’il s’agirait maintenant d’organis
  
    3957
    les réalités concrètes qu’il s’agirait maintenant 
    
d’

    organiser. Jeremy Bentham (1747-1832) fut décrété citoyen français par
  
    3958
    é citoyen français par la Convention à l’occasion 
    
d’

    un grand discours contre le colonialisme. Il n’a pas seulement lié son
  
    3959
    sme. Il n’a pas seulement lié son nom au principe 
    
de

     l’utilitarisme : il a lancé l’idée d’une législation internationale d
  
    3960
    au principe de l’utilitarisme : il a lancé l’idée 
    
d’

    une législation internationale dans ses Principles of International La
  
    3961
     des Objets et des Sujets du droit international, 
    
de

     la Guerre et de la Paix. C’est dans le quatrième essai, « A Plan for 
  
    3962
    es Sujets du droit international, de la Guerre et 
    
de

     la Paix. C’est dans le quatrième essai, « A Plan for an Universal and
  
    3963
    e Bentham aborde la question européenne. Le champ 
    
de

     son ambition est le monde, annonce-t-il. Mais les mesures qu’il propo
  
    3964
    seule compte, avec la France, et ce qu’il va dire 
    
de

     l’une vaudra pour l’autre142.  L’objet du présent essai est de soumet
  
    3965
    ra pour l’autre142.  L’objet du présent essai est 
    
de

     soumettre au monde un plan de paix universel et perpétuel. Le Globe e
  
    3966
    u présent essai est de soumettre au monde un plan 
    
de

     paix universel et perpétuel. Le Globe est l’aire de l’influence à laq
  
    3967
     paix universel et perpétuel. Le Globe est l’aire 
    
de

     l’influence à laquelle aspire l’auteur, — la Presse son instrument, e
  
    3968
    t, et le seul auquel il ait recours, — le Cabinet 
    
de

     l’Humanité le théâtre de son intrigue. Le plan qui suit se fonde sur 
  
    3969
    it recours, — le Cabinet de l’Humanité le théâtre 
    
de

     son intrigue. Le plan qui suit se fonde sur deux propositions fondame
  
    3970
    ns fondamentales : 1. La réduction et la fixation 
    
de

     la force des différentes nations qui composent le système européen ; 
  
    3971
    en ; 2. l’émancipation des dépendances lointaines 
    
de

     chaque État. Chacune de ces propositions possède ses avantages distin
  
    3972
    es dépendances lointaines de chaque État. Chacune 
    
de

     ces propositions possède ses avantages distincts ; mais ni l’une ni l
  
    3973
    une ni l’autre, comme on le verra, ne permettrait 
    
d’

    atteindre seule le but recherché Quant à l’utilité d’une paix universe
  
    3974
    tteindre seule le but recherché Quant à l’utilité 
    
d’

    une paix universelle et durable, moyennant un plan praticable à cet ef
  
    3975
    un plan praticable à cet effet, et qui ait chance 
    
d’

    être adopté, il ne saurait y avoir qu’une voix. La seule objection pos
  
    3976
    tel que toute proposition dans ce sens mériterait 
    
d’

    être tenue pour visionnaire et ridicule. Je m’appliquerai tout d’abord
  
    3977
     cette objection, car il se peut que la réduction 
    
d’

    un tel préjugé soit nécessaire pour que le plan reçoive audience. Quoi
  
    3978
    écessaire pour que le plan reçoive audience. Quoi 
    
de

     mieux fait, pour préparer les esprits à recevoir une proposition de c
  
    3979
    r préparer les esprits à recevoir une proposition 
    
de

     ce genre, que la proposition elle-même ? Et qu’on ne m’objecte pas qu
  
    3980
    entreprendre ce qui peut les faire mûrir. Un plan 
    
de

     cette nature est de ceux qui ne viennent jamais trop tôt, ni trop tar
  
    3981
    peut les faire mûrir. Un plan de cette nature est 
    
de

     ceux qui ne viennent jamais trop tôt, ni trop tard. … Les feuillets q
  
    3982
     feuillets qui suivent sont dédiés au bien commun 
    
de

     toutes les nations civilisées, mais plus particulièrement à celui de 
  
    3983
    ns civilisées, mais plus particulièrement à celui 
    
de

     la Grande-Bretagne et de la France. Leur but est de promouvoir trois 
  
    3984
    particulièrement à celui de la Grande-Bretagne et 
    
de

     la France. Leur but est de promouvoir trois grands objets : — la simp
  
    3985
     la Grande-Bretagne et de la France. Leur but est 
    
de

     promouvoir trois grands objets : — la simplicité du gouvernement, la 
  
    3986
    nationale, et la paix. La réflexion m’a convaincu 
    
de

     la vérité des propositions suivantes : I. Qu’il n’est pas de l’intérê
  
    3987
    é des propositions suivantes : I. Qu’il n’est pas 
    
de

     l’intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir des dépendances lointaines, q
  
    3988
    tions suivantes : I. Qu’il n’est pas de l’intérêt 
    
de

     la Grande-Bretagne d’avoir des dépendances lointaines, quelles qu’ell
  
    3989
    u’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne 
    
d’

    avoir des dépendances lointaines, quelles qu’elles soient. II Qu’il n’
  
    3990
    ines, quelles qu’elles soient. II Qu’il n’est pas 
    
de

     l’intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir des traités d’alliance, offen
  
    3991
     qu’elles soient. II Qu’il n’est pas de l’intérêt 
    
de

     la Grande-Bretagne d’avoir des traités d’alliance, offensive ou défen
  
    3992
    u’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne 
    
d’

    avoir des traités d’alliance, offensive ou défensive, avec quelque pui
  
    3993
    intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir des traités 
    
d’

    alliance, offensive ou défensive, avec quelque puissance que ce soit. 
  
    3994
    elque puissance que ce soit. III. Qu’il n’est pas 
    
de

     l’intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir aucun traité, avec quelque pu
  
    3995
    ce que ce soit. III. Qu’il n’est pas de l’intérêt 
    
de

     la Grande-Bretagne d’avoir aucun traité, avec quelque puissance que c
  
    3996
    u’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne 
    
d’

    avoir aucun traité, avec quelque puissance que ce soit, aux fins de s’
  
    3997
    porte quelle autre puissance. IV. Qu’il n’est pas 
    
de

     l’intérêt de la Grande-Bretagne d’entretenir aucune force navale excé
  
    3998
    autre puissance. IV. Qu’il n’est pas de l’intérêt 
    
de

     la Grande-Bretagne d’entretenir aucune force navale excédant celle qu
  
    3999
    u’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne 
    
d’

    entretenir aucune force navale excédant celle qui lui suffit pour défe
  
    4000
    n commerce contre les pirates. V. Qu’il n’est pas 
    
de

     l’intérêt de la Grande-Bretagne de garder en vigueur quelque ordonnan
  
    4001
    ntre les pirates. V. Qu’il n’est pas de l’intérêt 
    
de

     la Grande-Bretagne de garder en vigueur quelque ordonnance que ce soi
  
    4002
    u’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne 
    
de

     garder en vigueur quelque ordonnance que ce soit visant à l’augmentat
  
    4003
    ue ce soit visant à l’augmentation ou au maintien 
    
de

     ses forces navales au loin, telles que l’Acte de Navigation, les prim
  
    4004
     de ses forces navales au loin, telles que l’Acte 
    
de

     Navigation, les primes au commerce avec le Groënland, et autres dispo
  
    4005
    ement vrai pour la France. XI. Que l’accord total 
    
de

     la Grande-Bretagne et de la France étant supposé acquis, les principa
  
    4006
    . XI. Que l’accord total de la Grande-Bretagne et 
    
de

     la France étant supposé acquis, les principales difficultés d’un plan
  
    4007
    étant supposé acquis, les principales difficultés 
    
d’

    un plan de pacification générale et permanente pour toute l’Europe ser
  
    4008
    osé acquis, les principales difficultés d’un plan 
    
de

     pacification générale et permanente pour toute l’Europe seraient écar
  
    4009
    fs des troupes entretenues. XIII. Que le maintien 
    
de

     cette pacification serait considérablement facilité par l’institution
  
    4010
    erait considérablement facilité par l’institution 
    
d’

    une Cour de Justice commune pour régler les différends entre nations, 
  
    4011
    dérablement facilité par l’institution d’une Cour 
    
de

     Justice commune pour régler les différends entre nations, encore qu’u
  
    4012
    , encore qu’une telle Cour n’ait pas à être dotée 
    
de

     pouvoirs de coercition. XIV. Que le secret des opérations du ministèr
  
    4013
    une telle Cour n’ait pas à être dotée de pouvoirs 
    
de

     coercition. XIV. Que le secret des opérations du ministère des Affair
  
    4014
    ent inutile, et au surplus contraire aux intérêts 
    
de

     la liberté comme à ceux de la paix.  Après avoir discuté tambour batt
  
    4015
    contraire aux intérêts de la liberté comme à ceux 
    
de

     la paix.  Après avoir discuté tambour battant les douze premiers arti
  
    4016
    scuté tambour battant les douze premiers articles 
    
de

     son plan, Bentham remarque au sujet du treizième :  Établissez un Tri
  
    4017
    :  Établissez un Tribunal commun, et la nécessité 
    
de

     faire la guerre ne résultera plus des différences d’opinion. Juste ou
  
    4018
    faire la guerre ne résultera plus des différences 
    
d’

    opinion. Juste ou non, la sentence des arbitres sauvera l’honneur et l
  
    4019
    tence des arbitres sauvera l’honneur et le crédit 
    
de

     la partie plaignante. Peut-on vraiment traiter de visionnaire un tel 
  
    4020
    de la partie plaignante. Peut-on vraiment traiter 
    
de

     visionnaire un tel arrangement, une fois prouvé à son sujet que : 1. 
  
    4021
     ou la Ligue helvétique ? Ces dernières n’ont pas 
    
d’

    ambitions. Qu’il en soit donc ainsi ; mais n’est-ce pas déjà le cas de
  
    4022
    ventions ? L’un des principaux objets du plan est 
    
d’

    effectuer une réduction — et très considérable — des dépenses des peup
  
    4023
    nsidérable — des dépenses des peuples. Le montant 
    
de

     cette réduction, pour chaque nation, devrait être stipulé par le Trai
  
    4024
     ratification du Traité par les différents États. 
    
De

     cette manière, la masse des peuples, qui est la partie la plus exposé
  
    4025
     des préventions, ne serait pas plus tôt informée 
    
de

     la ratification du Traité qu’elle en sentirait les bienfaits. Ils ver
  
    4026
    aire reconnaître et circuler dans toute l’étendue 
    
de

     chaque État ; 3, après un certain délai, à mettre l’État réfractaire 
  
    4027
    certain délai, à mettre l’État réfractaire au ban 
    
de

     l’Europe. Il ne serait peut-être pas mauvais de fixer le contingent q
  
    4028
    n de l’Europe. Il ne serait peut-être pas mauvais 
    
de

     fixer le contingent que les différents États devraient fournir pour d
  
    4029
     force aux décrets du Tribunal. Mais la nécessité 
    
de

     recourir à cette ultime ressource serait, en toute probabilité suppri
  
    4030
    l’expédient beaucoup plus simple et moins onéreux 
    
d’

    une clause introduite dans l’instrument créant la Cour, et garantissan
  
    4031
    rument créant la Cour, et garantissant la liberté 
    
de

     la presse dans chaque État…  Le reste de l’essai est occupé par une l
  
    4032
     liberté de la presse dans chaque État…  Le reste 
    
de

     l’essai est occupé par une longue polémique contre le secret diplomat
  
    4033
    ècle, ait su voir à la fois l’importance décisive 
    
d’

    une presse libre, et les dangers d’une telle liberté lorsqu’elle n’est
  
    4034
    tance décisive d’une presse libre, et les dangers 
    
d’

    une telle liberté lorsqu’elle n’est inspirée que par l’égoïsme nationa
  
    4035
    que par l’égoïsme national, sacralisé sous le nom 
    
de

     « patriotisme » :  La voix de la nation ne peut se faire entendre que
  
    4036
    cralisé sous le nom de « patriotisme » :  La voix 
    
de

     la nation ne peut se faire entendre que par les journaux. Mais sur ce
  
    4037
    tenus pour criminels ou vicieux dans la poursuite 
    
d’

    intérêts individuels, se voient aussitôt sublimés et qualifiés de vert
  
    4038
    viduels, se voient aussitôt sublimés et qualifiés 
    
de

     vertueux, dans la poursuite d’intérêts nationaux. Que celui qui a jam
  
    4039
    limés et qualifiés de vertueux, dans la poursuite 
    
d’

    intérêts nationaux. Que celui qui a jamais lu un journal anglais ose d
  
    4040
    rer qu’il n’en va pas ainsi ! Et là-dessus, point 
    
de

     différences entre les partis. Quelque opposés qu’ils soient sur tous 
  
    4041
    soi que les faits doivent se plier. Qui rougirait 
    
de

     les fausser, quand les fausser est une vertu ? Mais s’il est vrai que
  
    4042
    voix des journaux n’est encore qu’une faible part 
    
de

     la voix du peuple, il n’en reste pas moins que l’enseignement qu’ils 
  
    4043
    itatore », fut un des jacobins les plus éloquents 
    
de

     l’Italie, comme on peut en juger par le titre de l’ouvrage qu’il publ
  
    4044
     de l’Italie, comme on peut en juger par le titre 
    
de

     l’ouvrage qu’il publia en 1796 : All’Italia nelle tenebre L’Aurora po
  
    4045
    à s’unir en une seule nation pour inaugurer l’ère 
    
de

     la Liberté-égalité-fraternité, succédant aux ères historiques de l’âg
  
    4046
    galité-fraternité, succédant aux ères historiques 
    
de

     l’âge d’or, de la barbarie, de la justice et de la monarchie.  Non, E
  
    4047
    aternité, succédant aux ères historiques de l’âge 
    
d’

    or, de la barbarie, de la justice et de la monarchie.  Non, Européens,
  
    4048
    té, succédant aux ères historiques de l’âge d’or, 
    
de

     la barbarie, de la justice et de la monarchie.  Non, Européens, que n
  
    4049
    x ères historiques de l’âge d’or, de la barbarie, 
    
de

     la justice et de la monarchie.  Non, Européens, que notre enfance, no
  
    4050
    s de l’âge d’or, de la barbarie, de la justice et 
    
de

     la monarchie.  Non, Européens, que notre enfance, notre ignorance et 
  
    4051
    colère universelle s’abatte sur la tête branlante 
    
de

     nos persécuteurs, que les vicissitudes d’une guerre sanglante touchen
  
    4052
    anlante de nos persécuteurs, que les vicissitudes 
    
d’

    une guerre sanglante touchent nos seuls ennemis ! Et que les nations, 
  
    4053
    , soient gouvernées selon les droits sacro-saints 
    
de

     la liberté et de l’égalité, dirigées selon les principes de la paix, 
  
    4054
    es selon les droits sacro-saints de la liberté et 
    
de

     l’égalité, dirigées selon les principes de la paix, de la vertu et de
  
    4055
    rté et de l’égalité, dirigées selon les principes 
    
de

     la paix, de la vertu et de la justice… Que toutes les nations de l’Eu
  
    4056
    égalité, dirigées selon les principes de la paix, 
    
de

     la vertu et de la justice… Que toutes les nations de l’Europe puissen
  
    4057
    es selon les principes de la paix, de la vertu et 
    
de

     la justice… Que toutes les nations de l’Europe puissent se considérer
  
    4058
    la vertu et de la justice… Que toutes les nations 
    
de

     l’Europe puissent se considérer comme appartenant à un seul État, que
  
    4059
    Europe puisse être tenue pour la mère universelle 
    
de

     tous ses habitants !   Il demandait la convocation d’un « congrès uni
  
    4060
    ous ses habitants !   Il demandait la convocation 
    
d’

    un « congrès universel des hommes sages et érudits » élus par la « gen
  
    4061
     fût réuni en Sicile ou à Majorque pour délibérer 
    
d’

    une « constitution générale pour toute l’Europe » et de trois pactes o
  
    4062
     « constitution générale pour toute l’Europe » et 
    
de

     trois pactes ou codes réglant les relations morales, sociales et mili
  
    4063
    sociales et militaires entre les nations. Le plan 
    
de

     Bentham ne fut publié qu’un demi-siècle après avoir été écrit, et cel
  
    4064
    qu’un demi-siècle après avoir été écrit, et celui 
    
de

     L’Aurora n’a été redécouvert que par des érudits italiens de notre si
  
    4065
     n’a été redécouvert que par des érudits italiens 
    
de

     notre siècle143. Beaucoup plus célèbre sera dès 1795 le plan de Kant,
  
    4066
    e143. Beaucoup plus célèbre sera dès 1795 le plan 
    
de

     Kant, et beaucoup plus efficace la pensée de Gentz, homme politique m
  
    4067
    plan de Kant, et beaucoup plus efficace la pensée 
    
de

     Gentz, homme politique mêlé aux grandes affaires du temps. Emmanuel K
  
    4068
    res du temps. Emmanuel Kant (1724-1804) était âgé 
    
de

     71 ans lorsqu’il publia en 1795 son traité Zum ewigen Friede. Il n’ét
  
    4069
    95 son traité Zum ewigen Friede. Il n’était sorti 
    
de

     sa ville natale de Königsberg qu’une seule fois en sa vie, mais suiva
  
    4070
    wigen Friede. Il n’était sorti de sa ville natale 
    
de

     Königsberg qu’une seule fois en sa vie, mais suivait de près les gran
  
    4071
    igsberg qu’une seule fois en sa vie, mais suivait 
    
de

     près les grands mouvements de l’époque : on sait que l’annonce de la 
  
    4072
    a vie, mais suivait de près les grands mouvements 
    
de

     l’époque : on sait que l’annonce de la Révolution française lui fit m
  
    4073
    ds mouvements de l’époque : on sait que l’annonce 
    
de

     la Révolution française lui fit modifier d’Est en Ouest la direction 
  
    4074
    nonce de la Révolution française lui fit modifier 
    
d’

    Est en Ouest la direction de sa promenade quotidienne. Il connaissait 
  
    4075
    aise lui fit modifier d’Est en Ouest la direction 
    
de

     sa promenade quotidienne. Il connaissait le Projet de l’abbé de Saint
  
    4076
    a promenade quotidienne. Il connaissait le Projet 
    
de

     l’abbé de Saint-Pierre (qu’il cite avec éloges dès 1750) et l’Extrait
  
    4077
    qu’en avait donné Rousseau. Dès 1760, l’influence 
    
de

     Rousseau l’amène à s’occuper de l’idée d’un « Völkerbund ». Il en pré
  
    4078
    1760, l’influence de Rousseau l’amène à s’occuper 
    
de

     l’idée d’un « Völkerbund ». Il en précise les bases morales dans plus
  
    4079
    fluence de Rousseau l’amène à s’occuper de l’idée 
    
d’

    un « Völkerbund ». Il en précise les bases morales dans plusieurs de s
  
    4080
    ». Il en précise les bases morales dans plusieurs 
    
de

     ses ouvrages rédigés à la veille de la Révolution. Puis dans un petit
  
    4081
    ans plusieurs de ses ouvrages rédigés à la veille 
    
de

     la Révolution. Puis dans un petit écrit datant de 1793 : Ueber den Ge
  
    4082
    de la Révolution. Puis dans un petit écrit datant 
    
de

     1793 : Ueber den Gemeinspruch : Das mag in der Théorie richtigsein, t
  
    4083
     forme systématique, mais avec un souci manifeste 
    
de

     réalisme politique : il se réfère en effet (jusque dans l’ordonnance 
  
    4084
    : il se réfère en effet (jusque dans l’ordonnance 
    
de

     son plan) à la Paix de Bâle, que la Prusse et l’Espagne viennent de s
  
    4085
     (jusque dans l’ordonnance de son plan) à la Paix 
    
de

     Bâle, que la Prusse et l’Espagne viennent de signer avec la Républiqu
  
    4086
    c la République Française. L’essai revêt la forme 
    
d’

    un traité international divisé en 6 articles préliminaires, 3 « articl
  
    4087
    uxième article définitif » que réside l’essentiel 
    
de

     la pensée fédéraliste européenne du grand philosophe :  Si l’on ne pe
  
    4088
    s un profond mépris les sauvages, dans leur amour 
    
d’

    une indépendance sans règle, préférer se battre sans cesse, plutôt que
  
    4089
    erté raisonnable, et si l’on considère cela comme 
    
de

     la barbarie, comme un manque de civilisation et comme une dégradation
  
    4090
    sidère cela comme de la barbarie, comme un manque 
    
de

     civilisation et comme une dégradation brutale de l’humanité, dès lors
  
    4091
     de civilisation et comme une dégradation brutale 
    
de

     l’humanité, dès lors ne devrions-nous pas penser que les peuples civi
  
    4092
    chacun forme un État distinct) devraient se hâter 
    
de

     sortir au plus tôt d’un état si abject ? Au lieu de cela, chaque État
  
    4093
    istinct) devraient se hâter de sortir au plus tôt 
    
d’

    un état si abject ? Au lieu de cela, chaque État fait bien plutôt cons
  
    4094
    n plutôt consister sa majesté (car il est absurde 
    
de

     parler de la majesté populaire) à ne se soumettre à aucune contrainte
  
    4095
    onsister sa majesté (car il est absurde de parler 
    
de

     la majesté populaire) à ne se soumettre à aucune contrainte légale ex
  
    4096
    r, sans qu’il ait lui-même à courir aucun danger, 
    
de

     plusieurs milliers d’hommes qui se laissent sacrifier pour une cause 
  
    4097
    même à courir aucun danger, de plusieurs milliers 
    
d’

    hommes qui se laissent sacrifier pour une cause qui ne les concerne pa
  
    4098
    cerne pas. Toute la différence entre les sauvages 
    
de

     l’Amérique et ceux de l’Europe, consiste en ce que les premiers ont d
  
    4099
    fférence entre les sauvages de l’Amérique et ceux 
    
de

     l’Europe, consiste en ce que les premiers ont déjà mangé maintes trib
  
    4100
    eur parti des vaincus ; ils préfèrent, plutôt que 
    
de

     les manger, augmenter le nombre de leurs sujets, et, par conséquent, 
  
    4101
    nt, plutôt que de les manger, augmenter le nombre 
    
de

     leurs sujets, et, par conséquent, celui des instruments qu’ils destin
  
    4102
    s conquêtes. […] Quand on considère la méchanceté 
    
de

     la nature humaine, qui se montre à nu dans les libres relations des p
  
    4103
     mot droit n’ait pas encore été tout à fait banni 
    
de

     la politique de la guerre comme une expression pédante, et qu’aucun É
  
    4104
     pas encore été tout à fait banni de la politique 
    
de

     la guerre comme une expression pédante, et qu’aucun État ne se soit e
  
    4105
    re ingénument, pour « justifier » une déclaration 
    
de

     guerre, Hugo Grotius, Pufendorf, Vattel et d’autres encore (tristes c
  
    4106
    (tristes consolateurs), bien que leur code, conçu 
    
de

     manière philosophique ou diplomatique, n’ait ou ne puisse avoir la mo
  
    4107
    sseins. Cet hommage que chaque État rend à l’idée 
    
de

     droit (du moins en paroles) prouve cependant qu’il y a en l’homme une
  
    4108
    ) est l’avantage que la nature donne au plus fort 
    
de

     se faire obéir par le plus faible. »  […] La possibilité de réaliser 
  
    4109
    e obéir par le plus faible. »  […] La possibilité 
    
de

     réaliser (il s’agit de réalité objective) cette idée de fédération, q
  
    4110
    ble. »  […] La possibilité de réaliser (il s’agit 
    
de

     réalité objective) cette idée de fédération, qui doit s’étendre progr
  
    4111
    liser (il s’agit de réalité objective) cette idée 
    
de

     fédération, qui doit s’étendre progressivement à tous les États, et l
  
    4112
    la paix perpétuelle), il y aurait ainsi un centre 
    
d’

    alliance fédérative à laquelle les autres États pourraient adhérer, af
  
    4113
    erté, conformément à l’idée du droit des gens, et 
    
d’

    étendre cette alliance peu à peu par d’autres associations de ce genre
  
    4114
    ette alliance peu à peu par d’autres associations 
    
de

     ce genre. L’idée du droit des gens, comprise comme un droit à la guer
  
    4115
    oprement inconcevable (puisque ce serait le droit 
    
de

     décider ce qui est juste non pas d’après des lois extérieures univers
  
    4116
    s universellement valables et limitant la liberté 
    
de

     chaque individu, mais par la force, selon des maximes particulières).
  
    4117
     force, selon des maximes particulières). À moins 
    
d’

    entendre par là qu’il est tout à fait juste que des hommes dans de sem
  
    4118
    à qu’il est tout à fait juste que des hommes dans 
    
de

     semblables dispositions se détruisent les uns les autres et trouvent 
  
    4119
    tombeau qui recouvre avec eux toutes les horreurs 
    
de

     la violence. Aux yeux de la raison, il n’y a pas, pour des États entr
  
    4120
     des États entretenant des relations réciproques, 
    
d’

    autre moyen de sortir de l’absence de légalité, source de guerres décl
  
    4121
    retenant des relations réciproques, d’autre moyen 
    
de

     sortir de l’absence de légalité, source de guerres déclarées, que de 
  
    4122
    es relations réciproques, d’autre moyen de sortir 
    
de

     l’absence de légalité, source de guerres déclarées, que de renoncer, 
  
    4123
    réciproques, d’autre moyen de sortir de l’absence 
    
de

     légalité, source de guerres déclarées, que de renoncer, comme les ind
  
    4124
     moyen de sortir de l’absence de légalité, source 
    
de

     guerres déclarées, que de renoncer, comme les individus, à leur liber
  
    4125
    nce de légalité, source de guerres déclarées, que 
    
de

     renoncer, comme les individus, à leur liberté sauvage (anarchique), p
  
    4126
    r liberté sauvage (anarchique), pour s’accommoder 
    
de

     la contrainte publique des lois et former ainsi un « État des nations
  
    4127
    ment, qui s’étendrait à la fin à tous les peuples 
    
de

     la terre. Mais comme, d’après l’idée qu’ils se font du droit des gens
  
    4128
    t du droit des gens, ils ne veulent point du tout 
    
de

     ce moyen, et rejettent in hypothesi ce qui est juste in thesi, à défa
  
    4129
    i est juste in thesi, à défaut de l’idée positive 
    
d’

    une « république mondiale », il n’y a (si l’on ne veut pas tout perdre
  
    4130
    ne veut pas tout perdre) que l’ersatz « négatif » 
    
d’

    une « alliance » permanente, sans cesse élargie, qui puisse préserver 
  
    4131
    manente, sans cesse élargie, qui puisse préserver 
    
de

     la guerre et contenir le torrent de ces dispositions hostiles et oppo
  
    4132
    sse préserver de la guerre et contenir le torrent 
    
de

     ces dispositions hostiles et opposées au droit ; pourtant, le danger 
  
    4133
    stiles et opposées au droit ; pourtant, le danger 
    
de

     leur déchaînement subsiste. (Furor impius intus frémit horridus ore c
  
    4134
    leur et la vivacité des discussions que le projet 
    
de

     Kant provoqua en Allemagne s’expliquent par l’intérêt qu’avait déjà s
  
    4135
    dans l’élite prussienne la redécouverte des plans 
    
de

     Sully et de l’abbé de Saint-Pierre (grâce à l’édition des Œconomies r
  
    4136
     prussienne la redécouverte des plans de Sully et 
    
de

     l’abbé de Saint-Pierre (grâce à l’édition des Œconomies royales due à
  
    4137
    t à l’influence qu’exercèrent très vite les idées 
    
de

     Kant, elle est illustrée par la publication, cinq ans après La Paix é
  
    4138
    la publication, cinq ans après La Paix éternelle, 
    
d’

    un important essai de Gentz qui porte à peu près le même titre. Friedr
  
    4139
    ans après La Paix éternelle, d’un important essai 
    
de

     Gentz qui porte à peu près le même titre. Friedrich von Gentz (1764-1
  
    4140
    ministre du roi de Prusse, puis conseiller intime 
    
de

     la politique autrichienne, bras droit de Metternich et secrétaire du 
  
    4141
    r intime de la politique autrichienne, bras droit 
    
de

     Metternich et secrétaire du congrès de Vienne, avait été dès sa jeune
  
    4142
    bras droit de Metternich et secrétaire du congrès 
    
de

     Vienne, avait été dès sa jeunesse un disciple de Kant, dont il partag
  
    4143
     de Vienne, avait été dès sa jeunesse un disciple 
    
de

     Kant, dont il partagea au début l’enthousiasme pour la Révolution. Ma
  
    4144
    ture des Reflections on the Revolution in France, 
    
d’

    Edmund Burke, qu’il traduisit un an après leur publication en 1790, le
  
    4145
    e. Ses vues sur le problème européen, dans chacun 
    
de

     ses ouvrages comme dans sa carrière politique, manifestent le même ba
  
    4146
    qu’inspirerait la raison pure au non qu’il déduit 
    
de

     son expérience politique, et, vers la fin de sa vie, d’une lassitude 
  
    4147
    duit de son expérience politique, et, vers la fin 
    
de

     sa vie, d’une lassitude désenchantée. Cet homme que le tsar Alexandre
  
    4148
     expérience politique, et, vers la fin de sa vie, 
    
d’

    une lassitude désenchantée. Cet homme que le tsar Alexandre avait pu b
  
    4149
    e tsar Alexandre avait pu baptiser « le chevalier 
    
de

     l’Europe » et « le secrétaire général présomptif de l’Europe », finit
  
    4150
     l’Europe » et « le secrétaire général présomptif 
    
de

     l’Europe », finit par écrire en 1814 : « Ma politique devient tous le
  
    4151
     égoïste et plus étroitement autrichienne. Le mot 
    
d’

    Europe m’est devenu objet d’horreur » ; ou encore : « … j’ai perdu tou
  
    4152
     autrichienne. Le mot d’Europe m’est devenu objet 
    
d’

    horreur » ; ou encore : « … j’ai perdu toute envie d’être un Européen.
  
    4153
    orreur » ; ou encore : « … j’ai perdu toute envie 
    
d’

    être un Européen. » Ce qui retient notre attention dans son essai de 1
  
    4154
    . » Ce qui retient notre attention dans son essai 
    
de

     1800 intitulé Über den ewigen Frieden, c’est la critique lucide (quoi
  
    4155
    enfin la fédération des États soit par un système 
    
d’

    arbitrage, soit par des liens constitutionnels. Gentz repousse avec fo
  
    4156
    stitutionnels. Gentz repousse avec force l’utopie 
    
de

     la République universelle et unitaire des jacobins, qui n’est autre q
  
    4157
    u’une version renouvelée du vieux mythe effrayant 
    
de

     la Monarchie universelle : « L’Europe soumise à un seul gouvernement 
  
    4158
     faut faire quelque chose pour prévenir le retour 
    
de

     guerres intestines qui ruinent l’Europe, cette « vingtième partie des
  
    4159
    urope, cette « vingtième partie des terres fermes 
    
de

     la planète » qui n’a dû qu’à sa culture de dominer le monde. Cette hé
  
    4160
    fermes de la planète » qui n’a dû qu’à sa culture 
    
de

     dominer le monde. Cette hégémonie durera-t-elle ? L’Amérique ne va-t-
  
    4161
    ient de proposer l’année même : la transformation 
    
de

     nos États en autarcies commerciales, politiques et culturelles (voir 
  
    4162
    ceptique que Gentz consacre la partie essentielle 
    
de

     son essai :  Le troisième moyen d’assurer ou de préparer la paix éter
  
    4163
    ie essentielle de son essai :  Le troisième moyen 
    
d’

    assurer ou de préparer la paix éternelle serait d’instaurer une libre 
  
    4164
    e de son essai :  Le troisième moyen d’assurer ou 
    
de

     préparer la paix éternelle serait d’instaurer une libre fédération ou
  
    4165
    d’assurer ou de préparer la paix éternelle serait 
    
d’

    instaurer une libre fédération ou d’élaborer dans ses moindres détails
  
    4166
    rnelle serait d’instaurer une libre fédération ou 
    
d’

    élaborer dans ses moindres détails une constitution fédérale entre les
  
    4167
    insi, les États fédérés se réserveraient le droit 
    
de

     nommer, en cas de litige, un ou plusieurs arbitres ; ou bien ils adop
  
    4168
    dérés se réserveraient le droit de nommer, en cas 
    
de

     litige, un ou plusieurs arbitres ; ou bien ils adopteraient le princi
  
    4169
    ue la nécessité s’en ferait sentir, aux décisions 
    
de

     la majorité ; et enfin un congrès permanent serait institué, chargé d
  
    4170
    nfin un congrès permanent serait institué, chargé 
    
de

     régler toutes les affaires communes des États confédérés, de mener à 
  
    4171
    outes les affaires communes des États confédérés, 
    
de

     mener à terme tous leurs procès et de mettre fin, en dernière instanc
  
    4172
    confédérés, de mener à terme tous leurs procès et 
    
de

     mettre fin, en dernière instance, à tous les contentieux.  Suit une c
  
    4173
    criraient jamais à une constitution les empêchant 
    
d’

    être injustes quand il leur plaît ; s’il était vrai, comme il le préte
  
    4174
     nous ne devrions pas laisser s’évanouir l’espoir 
    
de

     la voir se réaliser. Il s’est trouvé plus d’un moment dans l’histoire
  
    4175
    poir de la voir se réaliser. Il s’est trouvé plus 
    
d’

    un moment dans l’histoire récente de l’Europe, où tous les gouvernemen
  
    4176
    t trouvé plus d’un moment dans l’histoire récente 
    
de

     l’Europe, où tous les gouvernements eussent préféré avec empressement
  
    4177
    nts eussent préféré avec empressement la sécurité 
    
d’

    une paix durable au succès incertain des guerres ; un tel moment peut 
  
    4178
    etrouver et tout ce qui, parmi les hommes, dépend 
    
d’

    une décision instantanée, est possible et pratiquement réalisable. La 
  
    4179
    e. La difficulté, ou même la totale impossibilité 
    
de

     ce projet, réside moins dans la création de la fédération que dans le
  
    4180
    ilité de ce projet, réside moins dans la création 
    
de

     la fédération que dans les conditions mêmes de sa durée. Un libre con
  
    4181
    on de la fédération que dans les conditions mêmes 
    
de

     sa durée. Un libre contrat conclu entre les États n’entrera en consid
  
    4182
    s ne possède à la fois la volonté et la puissance 
    
de

     le rompre ; ou, en d’autres termes, que si la paix, que ce contrat de
  
    4183
    urer sans lui.  C’est donc à un retour au système 
    
de

     l’« équilibre européen » que conclut Gentz, annonçant ainsi la politi
  
    4184
    » que conclut Gentz, annonçant ainsi la politique 
    
de

     la Sainte-Alliance dont il sera l’un des grands artisans :  Le but de
  
    4185
    e dont il sera l’un des grands artisans :  Le but 
    
de

     ce système n’a jamais été, comme on l’en a accusé à tort, de rendre t
  
    4186
    me n’a jamais été, comme on l’en a accusé à tort, 
    
de

     rendre tous les États également puissants, mais bien, autant que poss
  
    4187
    lement puissants, mais bien, autant que possible, 
    
de

     protéger les plus faibles, en les alliant avec les plus forts, contre
  
    4188
    liant avec les plus forts, contre les entreprises 
    
d’

    un État prépondérant. On se proposait d’organiser cette manière de con
  
    4189
    treprises d’un État prépondérant. On se proposait 
    
d’

    organiser cette manière de constitution fédérale, qui s’est naturellem
  
    4190
    dérant. On se proposait d’organiser cette manière 
    
de

     constitution fédérale, qui s’est naturellement créée en Europe, de te
  
    4191
    édérale, qui s’est naturellement créée en Europe, 
    
de

     telle sorte que chaque poids dans la grande masse politique eût quelq
  
    4192
    ait, chaque fois qu’il le fallait, à la tentation 
    
de

     la guerre les grandes difficultés que celle-ci soulève ; ou on cherch
  
    4193
    ner, par la peur ou l’intérêt, ce qu’en l’absence 
    
de

     toute autorité supérieure, ni la loi ni la moralité n’étaient capable
  
    4194
    eure, ni la loi ni la moralité n’étaient capables 
    
de

     réprimer. On voulait, en un mot, obtenir par des pactes séparés ce qu
  
    4195
    , obtenir par des pactes séparés ce que le projet 
    
de

     Saint-Pierre promettait de réaliser par un pacte général.  Quant à la
  
    4196
    parés ce que le projet de Saint-Pierre promettait 
    
de

     réaliser par un pacte général.  Quant à la quatrième possibilité, cel
  
    4197
    général.  Quant à la quatrième possibilité, celle 
    
d’

    une Constitution fédérale, c’est hélas — dit Gentz — « une éternelle c
  
    4198
     », car :  1. Elle devrait, pour réaliser l’idéal 
    
de

     la paix éternelle, pouvoir régir la terre entière. Un système fédérat
  
    4199
    u monde, n’offrirait en aucune façon une garantie 
    
de

     paix suffisante. L’état de nature, qui règne entre les différents pay
  
    4200
    ys, ne cessera véritablement sur toute la surface 
    
de

     la Terre que le jour où tous les États pourront s’unir en un seul ; c
  
    4201
     en aucune condition, pour un nombre considérable 
    
de

     pays et surtout de grands pays. Une association de petits États, que 
  
    4202
    n, pour un nombre considérable de pays et surtout 
    
de

     grands pays. Une association de petits États, que relie entre eux un 
  
    4203
    e pays et surtout de grands pays. Une association 
    
de

     petits États, que relie entre eux un intérêt commun, peut certes vivr
  
    4204
    ut certes vivre et se développer, si on l’a dotée 
    
d’

    une constitution de ce genre145. Mais s’il fallait appliquer le systèm
  
    4205
    se développer, si on l’a dotée d’une constitution 
    
de

     ce genre145. Mais s’il fallait appliquer le système fédératif à de gr
  
    4206
    ais s’il fallait appliquer le système fédératif à 
    
de

     grands États, s’il fallait transformer l’Europe en une véritable répu
  
    4207
     fédérative — non pas d’après le plan insuffisant 
    
de

     Saint-Pierre, mais dans le sens indiqué ici et seul valable — il conv
  
    4208
    ens indiqué ici et seul valable — il conviendrait 
    
d’

    investir le Sénat suprême de cette immense république d’une autorité q
  
    4209
    ble — il conviendrait d’investir le Sénat suprême 
    
de

     cette immense république d’une autorité qui ne souffrît aucune compar
  
    4210
    stir le Sénat suprême de cette immense république 
    
d’

    une autorité qui ne souffrît aucune comparaison avec celle de chacun d
  
    4211
    ité qui ne souffrît aucune comparaison avec celle 
    
de

     chacun des États membres ; ce qui, une fois de plus, est absolument i
  
    4212
    t purement idéal du projet. Car il est impossible 
    
d’

    admettre que chaque État puisse se soumettre de plein gré aux jugement
  
    4213
    at puisse se soumettre de plein gré aux jugements 
    
de

     la Haute Cour de la fédération. À l’intérieur des États il faut souve
  
    4214
    ettre de plein gré aux jugements de la Haute Cour 
    
de

     la fédération. À l’intérieur des États il faut souvent avoir recours 
  
    4215
    eut-être plus souvent encore que dans les litiges 
    
d’

    ordre privé, la bonne exécution des décisions du Tribunal devrait être
  
    4216
    res coercitives contre un État ne signifient rien 
    
d’

    autre que la guerre ; par conséquent, la guerre reste inévitable, même
  
    4217
    névitable, et comme la Révolution française vient 
    
d’

    aggraver ses conditions — ici Gentz reprend la critique de Burke et de
  
    4218
    er ses conditions — ici Gentz reprend la critique 
    
de

     Burke et de Bonald — tout ce que l’on est en droit d’espérer et de pr
  
    4219
    tions — ici Gentz reprend la critique de Burke et 
    
de

     Bonald — tout ce que l’on est en droit d’espérer et de préparer, c’es
  
    4220
    urke et de Bonald — tout ce que l’on est en droit 
    
d’

    espérer et de préparer, c’est un système d’équilibre qui « limite le m
  
    4221
    nald — tout ce que l’on est en droit d’espérer et 
    
de

     préparer, c’est un système d’équilibre qui « limite le mal » :  Les h
  
    4222
     droit d’espérer et de préparer, c’est un système 
    
d’

    équilibre qui « limite le mal » :  Les hommes de la Révolution croyaie
  
    4223
    e d’équilibre qui « limite le mal » :  Les hommes 
    
de

     la Révolution croyaient unir tous les peuples de la terre en une gran
  
    4224
     de la Révolution croyaient unir tous les peuples 
    
de

     la terre en une grande fédération cosmopolite, et ils n’ont réussi qu
  
    4225
    à fait quelques pas importants dans l’élaboration 
    
d’

    une constitution pacifique de droit international. Le pas le plus impo
  
    4226
    s dans l’élaboration d’une constitution pacifique 
    
de

     droit international. Le pas le plus important de tous était sans cont
  
    4227
     de droit international. Le pas le plus important 
    
de

     tous était sans contredit la découverte des vrais principes de l’écon
  
    4228
     sans contredit la découverte des vrais principes 
    
de

     l’économie politique. Une conception éclairée, libérale et bienfaisan
  
    4229
     système selon lequel la grandeur et le bien-être 
    
de

     l’État reposent sur la guerre et les conquêtes. Les gouvernements app
  
    4230
    rnements apprenaient peu à peu que la source même 
    
de

     leur puissance, qu’ils avaient cherchée bien loin de leur patrie, gis
  
    4231
    el État, contribuaient plus ou moins au bien-être 
    
de

     tous. Même la nation la plus riche retire de plus grands avantages de
  
    4232
    ion la plus riche retire de plus grands avantages 
    
de

     l’opulence que de la pauvreté de ses voisins et de toutes les autres 
  
    4233
    retire de plus grands avantages de l’opulence que 
    
de

     la pauvreté de ses voisins et de toutes les autres nations. Quant aux
  
    4234
    grands avantages de l’opulence que de la pauvreté 
    
de

     ses voisins et de toutes les autres nations. Quant aux ravages causés
  
    4235
    e l’opulence que de la pauvreté de ses voisins et 
    
de

     toutes les autres nations. Quant aux ravages causés par la guerre, qu
  
    4236
    es semblaient bien avoir trouvé le chemin de plus 
    
d’

    un trône. Ainsi paraissait s’ouvrir en Europe, partout à la fois, une 
  
    4237
    ir en Europe, partout à la fois, une ère nouvelle 
    
de

     sagesse, d’humanité et de paix. Cette terrible Révolution a fini par 
  
    4238
    , partout à la fois, une ère nouvelle de sagesse, 
    
d’

    humanité et de paix. Cette terrible Révolution a fini par contaminer l
  
    4239
     fois, une ère nouvelle de sagesse, d’humanité et 
    
de

     paix. Cette terrible Révolution a fini par contaminer la vie politiqu
  
    4240
    Révolution a fini par contaminer la vie politique 
    
de

     l’Europe entière, car elle ne trouvait plus à l’intérieur de la Franc
  
    4241
     elle ne trouvait plus à l’intérieur de la France 
    
de

     quoi satisfaire sa grande puissance destructrice. Son résultat final 
  
    4242
    uissance destructrice. Son résultat final dépasse 
    
de

     loin toutes les évaluations des hommes. Mais actuellement une seule c
  
    4243
    ellement une seule certitude a été acquise : loin 
    
d’

    avoir affermi la paix sur la terre, elle s’est mise au service de la g
  
    4244
     la paix sur la terre, elle s’est mise au service 
    
de

     la guerre, lui fournissant maintes occasions d’éclater et maints moye
  
    4245
    e de la guerre, lui fournissant maintes occasions 
    
d’

    éclater et maints moyens de se développer, disposant même les esprits 
  
    4246
    sant maintes occasions d’éclater et maints moyens 
    
de

     se développer, disposant même les esprits en sa faveur. Certes, des é
  
    4247
    eversement des guerres, une nouvelle Constitution 
    
de

     droit international peut naître et se développer plus rapidement qu’o
  
    4248
     se développer plus rapidement qu’on est en droit 
    
de

     l’espérer. Un ordre des choses plus pacifique, fondé sur de meilleurs
  
    4249
    er. Un ordre des choses plus pacifique, fondé sur 
    
de

     meilleurs principes, s’établirait alors de façon tout à fait inattend
  
    4250
    dé sur de meilleurs principes, s’établirait alors 
    
de

     façon tout à fait inattendue pour la plus grande joie de l’humanité. 
  
    4251
    n tout à fait inattendue pour la plus grande joie 
    
de

     l’humanité. Mais ce sont là de ces bienfaits de la Fortune, sur lesqu
  
    4252
    a plus grande joie de l’humanité. Mais ce sont là 
    
de

     ces bienfaits de la Fortune, sur lesquels personne ne peut compter, s
  
    4253
    e de l’humanité. Mais ce sont là de ces bienfaits 
    
de

     la Fortune, sur lesquels personne ne peut compter, surtout pas lorsqu
  
    4254
    nne ne peut compter, surtout pas lorsqu’il s’agit 
    
d’

    édifier l’avenir. Dans l’état actuel des choses, une seule vérité subs
  
    4255
    non seulement la paix, mais la simple possibilité 
    
de

     la paix est très éloignée de nous ; la guerre est notre destin sur te
  
    4256
    a simple possibilité de la paix est très éloignée 
    
de

     nous ; la guerre est notre destin sur terre, et si des changements et
  
    4257
     assez souvent cette vérité dans les antichambres 
    
de

     la politique, pour que diplomates et politiciens se rendent compte de
  
    4258
    r que diplomates et politiciens se rendent compte 
    
de

     la lourde tâche et de la grande vocation qui est désormais la leur ; 
  
    4259
    liticiens se rendent compte de la lourde tâche et 
    
de

     la grande vocation qui est désormais la leur ; et qu’ils redoublent d
  
    4260
     qui est désormais la leur ; et qu’ils redoublent 
    
de

     volonté, de courage et de force pour trouver enfin la voie du salut o
  
    4261
    ormais la leur ; et qu’ils redoublent de volonté, 
    
de

     courage et de force pour trouver enfin la voie du salut ou, du moins,
  
    4262
     ; et qu’ils redoublent de volonté, de courage et 
    
de

     force pour trouver enfin la voie du salut ou, du moins, une limite au
  
    4263
    , écrivain politique abondant et brillant orateur 
    
de

     la Chambre des communes, fut à la fois le premier défenseur des droit
  
    4264
    ur des droits américains et le premier adversaire 
    
de

     l’idéologie jacobine. Héritier de Montesquieu, maître de Gentz, il no
  
    4265
    mier adversaire de l’idéologie jacobine. Héritier 
    
de

     Montesquieu, maître de Gentz, il nous apparaît comme le précurseur de
  
    4266
    carme qu’entretiennent les clameurs enthousiastes 
    
de

     la gauche et les anathèmes de la droite, sa voix s’élève de nouveau a
  
    4267
    meurs enthousiastes de la gauche et les anathèmes 
    
de

     la droite, sa voix s’élève de nouveau au xxe  siècle, en Angleterre e
  
    4268
    tats-Unis, où le « néo-conservatisme » s’autorise 
    
de

     la pondération et du sens réaliste qu’il défendit avec tant de violen
  
    4269
     réaliste qu’il défendit avec tant de violence et 
    
de

     généreux paradoxes.  Contrairement à Kant, il croit la guerre inévita
  
    4270
    viniser comme J. de Maistre : il se fait l’avocat 
    
d’

    un équilibre difficile, précieux et toujours menacé, entre l’idéal chr
  
    4271
    ou à l’autre, découlent dans notre monde européen 
    
de

     deux principes : … de l’esprit chevaleresque (spirit of gentleman) et
  
    4272
    t dans notre monde européen de deux principes : … 
    
de

     l’esprit chevaleresque (spirit of gentleman) et de l’esprit religieux
  
    4273
    e l’esprit chevaleresque (spirit of gentleman) et 
    
de

     l’esprit religieux.  Mais les temps de la chevalerie sont révolus ; v
  
    4274
    tleman) et de l’esprit religieux.  Mais les temps 
    
de

     la chevalerie sont révolus ; voici venu le temps de la « barbarie phi
  
    4275
     la chevalerie sont révolus ; voici venu le temps 
    
de

     la « barbarie philosophique », des économistes et des cyniques. « La 
  
    4276
    e », des économistes et des cyniques. « La gloire 
    
de

     l’Europe est éteinte. » Voici, tirée de ses quatre Letters on the Pro
  
    4277
    La gloire de l’Europe est éteinte. » Voici, tirée 
    
de

     ses quatre Letters on the Proposal for peace with the regicide Direct
  
    4278
    rectory of France (1796) sa description classique 
    
de

     l’unité européenne :  La conformité et l’analogie dont j’ai parlé, qu
  
    4279
    et l’analogie dont j’ai parlé, quoique incapables 
    
de

     préserver à elles seules une parfaite confiance et tranquillité parmi
  
    4280
    utres que ne l’ont été plus tard bien des nations 
    
de

     l’Europe, au cours de guerres longues et sanglantes. La cause doit en
  
    4281
    nt écrit sur le droit public ont souvent qualifié 
    
de

     Commonwealth cet agrégat de nations. Ils avaient raison. Car il repré
  
    4282
     ont souvent qualifié de Commonwealth cet agrégat 
    
de

     nations. Ils avaient raison. Car il représente virtuellement un seul 
  
    4283
    llement un seul grand État, ayant les mêmes bases 
    
de

     droit, malgré quelques diversités de coutumes régionales et d’ordonna
  
    4284
     mêmes bases de droit, malgré quelques diversités 
    
de

     coutumes régionales et d’ordonnances locales. Les nations de l’Europe
  
    4285
    gré quelques diversités de coutumes régionales et 
    
d’

    ordonnances locales. Les nations de l’Europe ont eu la même religion c
  
    4286
     régionales et d’ordonnances locales. Les nations 
    
de

     l’Europe ont eu la même religion chrétienne, s’accordant quant aux fo
  
    4287
    s subordonnées. Le régime politique et l’économie 
    
de

     chaque pays, dans leur ensemble, dérivaient des mêmes sources. Ils av
  
    4288
    , qui en avait fait un système et une discipline. 
    
De

     là naquirent les ordres multiples, avec ou sans monarque, qu’on nomme
  
    4289
    trées qui avaient rejeté cette dernière, l’esprit 
    
de

     la monarchie européenne subsistait. On y trouvait encore les états, c
  
    4290
     à peine changés. En fait, la vigueur et la forme 
    
de

     l’institution des états se maintenaient plus parfaitement dans ces co
  
    4291
    ommunautés républicaines que sous les monarchies. 
    
De

     toutes ces sources s’était composé un système de mœurs et d’éducation
  
    4292
     De toutes ces sources s’était composé un système 
    
de

     mœurs et d’éducation qui était à peu près le même dans toute cette ré
  
    4293
    es sources s’était composé un système de mœurs et 
    
d’

    éducation qui était à peu près le même dans toute cette région du Glob
  
    4294
    qui estompait, mêlait et harmonisait les couleurs 
    
de

     l’ensemble. Il y avait peu de variations dans le régime des universit
  
    4295
    iences, ou des formes plus libérales et élégantes 
    
de

     l’érudition. Cette ressemblance dans le mode des relations et dans to
  
    4296
    s relations et dans toutes les formes et coutumes 
    
de

     la vie courante faisait que nul citoyen de l’Europe ne pouvait se reg
  
    4297
    utumes de la vie courante faisait que nul citoyen 
    
de

     l’Europe ne pouvait se regarder comme un exilé dans aucun de nos pays
  
    4298
     ne pouvait se regarder comme un exilé dans aucun 
    
de

     nos pays. Il n’y trouvait rien d’autre qu’une plaisante variété, récr
  
    4299
    xilé dans aucun de nos pays. Il n’y trouvait rien 
    
d’

    autre qu’une plaisante variété, récréant et instruisant l’esprit, enri
  
    4300
    . Car, selon Burke, « les principes et les formes 
    
de

     l’antique constitution commune des États européens, améliorés et adap
  
    4301
    ens, améliorés et adaptés à la situation présente 
    
de

     l’Europe, ne se trouvent plus conservés qu’en Angleterre »147. Mais d
  
    4302
    ouvent plus conservés qu’en Angleterre »147. Mais 
    
de

     fait, l’Angleterre va devenir l’ennemie du continent conquis par les 
  
    4303
    enir l’ennemie du continent conquis par les idées 
    
de

     la Révolution ; et la politique « d’équilibre des Puissances », telle
  
    4304
    ar les idées de la Révolution ; et la politique « 
    
d’

    équilibre des Puissances », telle que la Sainte-Alliance pourra la réa
  
    4305
     p. 67-113.  145. « Dans ce domaine, les exemples 
    
de

     réussite ont démontré que seule une fédération, dont l’ensemble des é
  
    4306
    ’ensemble des états membres ne compose qu’un pays 
    
de

     petite ou de moyenne dimension, a des chances de se maintenir. Par de
  
    4307
     états membres ne compose qu’un pays de petite ou 
    
de

     moyenne dimension, a des chances de se maintenir. Par deux fois, l’es
  
    4308
     de petite ou de moyenne dimension, a des chances 
    
de

     se maintenir. Par deux fois, l’essai a été tenté en des régions très 
  
    4309
    dues : en Allemagne et en Amérique du Nord. L’une 
    
de

     ces tentatives a eu l’issue que l’on sait, l’avenir seul permettra de
  
    4310
    eu l’issue que l’on sait, l’avenir seul permettra 
    
de

     porter un jugement sur l’autre. Mais si des circonstances tout à fait
  
    4311
     à fait exceptionnelles ne préservent pas l’unité 
    
de

     l’état indépendant d’Amérique du Nord, celle-ci aura beaucoup de pein
  
    4312
    s ne préservent pas l’unité de l’état indépendant 
    
d’

    Amérique du Nord, celle-ci aura beaucoup de peine à subsister, ne sera
  
    4313
    ine à subsister, ne serait-ce qu’une cinquantaine 
    
d’

    années. »  146. Edmund Burke Selected Works, éd. E. J. Payne, Clarendo

15 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 3. Synthèses historico-philosophiques (I)
    4314
    ais par excellence, celui du rayonnement européen 
    
de

     la France, de Montesquieu à Condorcet, par Voltaire le cosmopolite et
  
    4315
    ence, celui du rayonnement européen de la France, 
    
de

     Montesquieu à Condorcet, par Voltaire le cosmopolite et Rousseau le f
  
    4316
     xixe  siècles en prenant pour axe la Révolution. 
    
De

     Wieland à Schelling, de Herder à Hegel, en passant par un Kant ou par
  
    4317
    t pour axe la Révolution. De Wieland à Schelling, 
    
de

     Herder à Hegel, en passant par un Kant ou par un Goethe, l’Allemagne 
  
    4318
    Kant ou par un Goethe, l’Allemagne a pris la tête 
    
d’

    une révolution intellectuelle et poétique qui évolue en marge de l’aut
  
    4319
    contre elle, et la débordera largement : théories 
    
de

     l’Histoire, systèmes métaphysiques, romantisme, inconscient, dialecti
  
    4320
     romantisme, inconscient, dialectique — naissance 
    
de

     la pensée moderne. Groupons ici quatre écrivains et philosophes qui, 
  
    4321
    ce grand renouvellement des valeurs dont la chute 
    
de

     Napoléon, après leur mort, semblera déclencher le processus européen.
  
    4322
    Schiller (1759-1805) lorsqu’il écrit son Histoire 
    
de

     la guerre de Trente Ans (dès 1790) vient enfin de s’établir à Weimar.
  
    4323
    9-1805) lorsqu’il écrit son Histoire de la guerre 
    
de

     Trente Ans (dès 1790) vient enfin de s’établir à Weimar. Son « Sturm 
  
    4324
    de la guerre de Trente Ans (dès 1790) vient enfin 
    
de

     s’établir à Weimar. Son « Sturm und Drang » est terminé et l’auteur d
  
    4325
     et l’auteur des Brigands professe à l’Université 
    
d’

    Iéna ! C’est alors qu’il reçoit de la Convention le titre de citoyen f
  
    4326
     à l’Université d’Iéna ! C’est alors qu’il reçoit 
    
de

     la Convention le titre de citoyen français : et certes, son cœur et s
  
    4327
    ’est alors qu’il reçoit de la Convention le titre 
    
de

     citoyen français : et certes, son cœur et son tempérament sont avec l
  
    4328
    sing, comme Herder et Kant, et comme les orateurs 
    
de

     la Révolution, Schiller s’inspire de Rousseau : et c’est parce qu’il 
  
    4329
    les orateurs de la Révolution, Schiller s’inspire 
    
de

     Rousseau : et c’est parce qu’il a lu l’Extrait du système de l’abbé d
  
    4330
     : et c’est parce qu’il a lu l’Extrait du système 
    
de

     l’abbé de Saint-Pierre qu’il écrit cette strophe illustre chantée par
  
    4331
    rit cette strophe illustre chantée par les chœurs 
    
de

     Beethoven :  Seid umschlungen, Millionen, Diesen Kuss der ganzen Welt
  
    4332
    wohnen.148   Mais il ne partage pas les illusions 
    
d’

    un Cloots sur l’unité de style néo-romain qu’il faudrait imposer à tou
  
    4333
    partage pas les illusions d’un Cloots sur l’unité 
    
de

     style néo-romain qu’il faudrait imposer à toute l’humanité. Sa concep
  
    4334
    audrait imposer à toute l’humanité. Sa conception 
    
de

     l’Europe est en effet bien plus fédéraliste que jacobine. C’est aux l
  
    4335
    la Réformation qu’il attribue l’origine véritable 
    
de

     la Communauté des peuples européens. Le contraste est total avec les 
  
    4336
    tions des Schlegel, Novalis et Görres, ses cadets 
    
d’

    une quinzaine d’années — qui bientôt accuseront la Réforme d’avoir bri
  
    4337
    el, Novalis et Görres, ses cadets d’une quinzaine 
    
d’

    années — qui bientôt accuseront la Réforme d’avoir brisé l’antique uni
  
    4338
    aine d’années — qui bientôt accuseront la Réforme 
    
d’

    avoir brisé l’antique union et marqué le commencement de la fin d’une 
  
    4339
    r brisé l’antique union et marqué le commencement 
    
de

     la fin d’une Europe germano-catholique, utopie nostalgique du romanti
  
    4340
    antique union et marqué le commencement de la fin 
    
d’

    une Europe germano-catholique, utopie nostalgique du romantisme allema
  
    4341
    gique du romantisme allemand. Dès la seconde page 
    
de

     l’Histoire de la guerre de Trente Ans, il expose sa thèse à grands tr
  
    4342
    tisme allemand. Dès la seconde page de l’Histoire 
    
de

     la guerre de Trente Ans, il expose sa thèse à grands traits :  C’est 
  
    4343
    d. Dès la seconde page de l’Histoire de la guerre 
    
de

     Trente Ans, il expose sa thèse à grands traits :  C’est la Réformatio
  
    4344
    ncèrent, grâce à la Réformation, à avoir un point 
    
de

     contact et à se rapprocher les uns des autres, mus par une sympathie 
  
    4345
    ie politique réciproque. De même que les rapports 
    
de

     citoyen à citoyen, de souverain à sujet furent complètement transform
  
    4346
    e. De même que les rapports de citoyen à citoyen, 
    
de

     souverain à sujet furent complètement transformés par la Réformation,
  
    4347
    choses, la séparation des Églises devint la cause 
    
d’

    une union plus étroite entre les États. Il est vrai que les premiers e
  
    4348
    ais l’Europe réchappa, insoumise et indépendante, 
    
de

     cette terrible guerre, pendant laquelle elle s’affirma pour la premiè
  
    4349
    ffirma pour la première fois comme une communauté 
    
d’

    États cohérente ; et cette collaboration étroite entre États, qui s’in
  
    4350
    raintes dissipées.  Au IIe Livre, Schiller évoque 
    
d’

    une manière plus précise la nature des liens tissés par la Réforme ent
  
    4351
    , des mœurs, des caractères nationaux, qui a fait 
    
de

     chaque pays et nation un « tout » isolé, élevant entre eux des cloiso
  
    4352
    s, a rendu chaque État insensible aux difficultés 
    
d’

    un autre, quand elle ne les a pas dressés les uns contre les autres pa
  
    4353
    pas dressés les uns contre les autres par le fait 
    
d’

    une rivalité impitoyable de nation à nation. La Réformation abattit ce
  
    4354
    les autres par le fait d’une rivalité impitoyable 
    
de

     nation à nation. La Réformation abattit ces cloisons. Un intérêt plus
  
    4355
    us immédiat que l’intérêt national ou que l’amour 
    
de

     la patrie, sans rapport aucun avec la vie civique, commença à animer 
  
    4356
    t même des États entiers. Cet intérêt fut capable 
    
de

     lier entre eux plusieurs États, même les plus éloignés les uns des au
  
    4357
    en pouvait fort bien disparaître entre les sujets 
    
d’

    un même État. Le calviniste français avait donc avec le réformé genevo
  
    4358
    enevois, anglais, allemand ou hollandais un point 
    
de

     contact qu’il n’avait plus avec son propre concitoyen catholique. Ain
  
    4359
    olique. Ainsi il cessait, sur un point important, 
    
d’

    être le citoyen d’un État particulier et d’accorder à cet unique État 
  
    4360
    essait, sur un point important, d’être le citoyen 
    
d’

    un État particulier et d’accorder à cet unique État toute son attentio
  
    4361
    rtant, d’être le citoyen d’un État particulier et 
    
d’

    accorder à cet unique État toute son attention et sa collaboration. So
  
    4362
    commence à faire dépendre son propre destin futur 
    
de

     celui des pays étrangers qui ont la même foi que lui et à considérer 
  
    4363
    ur la première fois des gouvernants se permettent 
    
de

     soumettre à l’assemblée de leurs États des questions provenant de pay
  
    4364
    vernants se permettent de soumettre à l’assemblée 
    
de

     leurs États des questions provenant de pays étrangers, sachant très b
  
    4365
    ’assemblée de leurs États des questions provenant 
    
de

     pays étrangers, sachant très bien qu’ils peuvent espérer trouver des 
  
    4366
     le maltraite et passe en l’autre camp, acceptant 
    
de

     mourir pour la liberté de la Hollande. On voit maintenant, sur les ri
  
    4367
    l’autre camp, acceptant de mourir pour la liberté 
    
de

     la Hollande. On voit maintenant, sur les rives de la Loire et de la S
  
    4368
    de la Hollande. On voit maintenant, sur les rives 
    
de

     la Loire et de la Seine, le Suisse se battre contre le Suisse, l’Alle
  
    4369
     On voit maintenant, sur les rives de la Loire et 
    
de

     la Seine, le Suisse se battre contre le Suisse, l’Allemand contre l’A
  
    4370
    d contre l’Allemand, afin de trancher la question 
    
de

     la succession du trône en France. Le Danois passe l’Eider, le Suédois
  
    4371
    eurs l’un des premiers à mettre en valeur l’unité 
    
de

     mœurs et la similitude des institutions dans l’Europe médiévale, en d
  
    4372
    ns dans l’Europe médiévale, en dépit de l’absence 
    
de

     relations régulières et d’échanges entre nos divers peuples. Dans un 
  
    4373
     en dépit de l’absence de relations régulières et 
    
d’

    échanges entre nos divers peuples. Dans un fragment sur les Croisades 
  
    4374
    ivers peuples. Dans un fragment sur les Croisades 
    
de

     son Universalhistorische Uebersicht, on lit :  L’Occident européen, q
  
    4375
    aient issues, qui se trouvaient, lors de la prise 
    
de

     possession du pays, à peu près dans la même situation, l’Occident aur
  
    4376
    cle très varié, ce qui aurait eu pour conséquence 
    
de

     faire apparaître, par la suite, d’importantes différences entre ces n
  
    4377
    ur conséquence de faire apparaître, par la suite, 
    
d’

    importantes différences entre ces nations. Mais la même rage dévastatr
  
    4378
    lture ; elles foulèrent aux pieds et détruisirent 
    
de

     la même façon tout ce qui s’offrait à elles, transformant ces pays de
  
    4379
    t ce qui s’offrait à elles, transformant ces pays 
    
de

     telle manière que l’État nouveau dans lequel ils se trouvèrent n’eut 
  
    4380
    édiats, la situation géographique furent la cause 
    
de

     différences sensibles, que, d’autre part, les vestiges laissés par la
  
    4381
    bes cultivés dans les pays du Sud-Ouest, le siège 
    
de

     la hiérarchie en Italie et le commerce actif de ce même pays avec les
  
    4382
    e de la hiérarchie en Italie et le commerce actif 
    
de

     ce même pays avec les Grecs n’aient pas pu rester sans conséquences p
  
    4383
    as pu rester sans conséquences pour les habitants 
    
de

     toutes ces contrées, il faut tout de même reconnaître que toutes ces 
  
    4384
    es, trop peu marquées pour effacer ou transformer 
    
de

     façon visible la forte empreinte générique que ces nations avaient ap
  
    4385
     l’historien constate, en général, aux extrémités 
    
de

     l’Europe, en Sicile, en Grande-Bretagne, sur les bords du Danube et d
  
    4386
    e, en Grande-Bretagne, sur les bords du Danube et 
    
de

     l’Eider, sur ceux de l’Elbe et de l’Ebre, une similitude de constitut
  
    4387
    , sur les bords du Danube et de l’Eider, sur ceux 
    
de

     l’Elbe et de l’Ebre, une similitude de constitutions et de mœurs qui 
  
    4388
    ds du Danube et de l’Eider, sur ceux de l’Elbe et 
    
de

     l’Ebre, une similitude de constitutions et de mœurs qui le remplit d’
  
    4389
    , sur ceux de l’Elbe et de l’Ebre, une similitude 
    
de

     constitutions et de mœurs qui le remplit d’autant plus d’admiration q
  
    4390
     et de l’Ebre, une similitude de constitutions et 
    
de

     mœurs qui le remplit d’autant plus d’admiration qu’elle s’accompagne 
  
    4391
    itude de constitutions et de mœurs qui le remplit 
    
d’

    autant plus d’admiration qu’elle s’accompagne d’une très grande indépe
  
    4392
    itutions et de mœurs qui le remplit d’autant plus 
    
d’

    admiration qu’elle s’accompagne d’une très grande indépendance et d’un
  
    4393
    t d’autant plus d’admiration qu’elle s’accompagne 
    
d’

    une très grande indépendance et d’une absence presque complète de rela
  
    4394
    le s’accompagne d’une très grande indépendance et 
    
d’

    une absence presque complète de relations réciproques. Si nombreux soi
  
    4395
    de indépendance et d’une absence presque complète 
    
de

     relations réciproques. Si nombreux soient les siècles qui ont passé s
  
    4396
     de nouvelles situations, par suite du changement 
    
de

     religion et de langue, de l’acquisition de nouveaux arts, de nouveaux
  
    4397
    ituations, par suite du changement de religion et 
    
de

     langue, de l’acquisition de nouveaux arts, de nouveaux objets d’envie
  
    4398
    par suite du changement de religion et de langue, 
    
de

     l’acquisition de nouveaux arts, de nouveaux objets d’envie, de nouvel
  
    4399
    gement de religion et de langue, de l’acquisition 
    
de

     nouveaux arts, de nouveaux objets d’envie, de nouvelles jouissances e
  
    4400
     et de langue, de l’acquisition de nouveaux arts, 
    
de

     nouveaux objets d’envie, de nouvelles jouissances et commodités de la
  
    4401
    ’acquisition de nouveaux arts, de nouveaux objets 
    
d’

    envie, de nouvelles jouissances et commodités de la vie, il n’en subsi
  
    4402
    ion de nouveaux arts, de nouveaux objets d’envie, 
    
de

     nouvelles jouissances et commodités de la vie, il n’en subsiste pas m
  
    4403
    s d’envie, de nouvelles jouissances et commodités 
    
de

     la vie, il n’en subsiste pas moins, en général, une structure de l’Ét
  
    4404
    ’en subsiste pas moins, en général, une structure 
    
de

     l’État inchangée, édifiée par leurs ancêtres. Actuellement encore ils
  
    4405
    qu’ils furent en leur patrie scythe, dans un état 
    
d’

    indépendance sauvage, armés pour l’attaque et la défense, disséminés d
  
    4406
    et la défense, disséminés dans tous ces districts 
    
d’

    Europe comme dans un immense camp militaire, ayant transplanté leur pr
  
    4407
    ant l’Europe déchirée et concevant la possibilité 
    
de

     sa décadence, prend une conscience nouvelle du rôle qu’elle a joué da
  
    4408
    mps je me suis passé le temps en lisant le voyage 
    
de

     Niebuhr et Volney en Syrie et en Égypte et je ne saurais qu’en recomm
  
    4409
    pour la première fois quel bienfait nous est échu 
    
d’

    être nés en Europe. Il est véritablement incompréhensible que la force
  
    4410
    que la force vivifiante en l’homme n’ait un champ 
    
d’

    action que dans une petite partie du monde et que des foules innombrab
  
    4411
    te partie du monde et que des foules innombrables 
    
de

     peuples n’entrent absolument pas en ligne de compte pour ce qui est d
  
    4412
    absolument pas en ligne de compte pour ce qui est 
    
de

     la perfectibilité humaine. Je ne puis que difficilement concevoir que
  
    4413
    énéral tous les non-Européens manquent totalement 
    
de

     dispositions morales ou esthétiques. Le réalisme ainsi que l’idéalism
  
    4414
    oethe se borne à répondre :  Soyons donc contents 
    
de

     vivre sur cette partie du globe, même si l’Europe doit connaître enco
  
    4415
    lobe, même si l’Europe doit connaître encore plus 
    
de

     remous.  Johann Gottlieb Fichte (1762-1814) peut être considéré comme
  
    4416
     Pourtant, la série des grandes œuvres politiques 
    
de

     ce disciple de Rousseau et de Kant, contemporaines de la Révolution f
  
    4417
    érie des grandes œuvres politiques de ce disciple 
    
de

     Rousseau et de Kant, contemporaines de la Révolution française (qu’il
  
    4418
    s œuvres politiques de ce disciple de Rousseau et 
    
de

     Kant, contemporaines de la Révolution française (qu’il défend dès 179
  
    4419
    e disciple de Rousseau et de Kant, contemporaines 
    
de

     la Révolution française (qu’il défend dès 1793) et de Napoléon (qu’il
  
    4420
    a Révolution française (qu’il défend dès 1793) et 
    
de

     Napoléon (qu’il attaquera violemment) s’ouvre par un projet de Sociét
  
    4421
    qu’il attaquera violemment) s’ouvre par un projet 
    
de

     Société des Nations et de citoyenneté mondiale : Grundriss der Völker
  
    4422
    ) s’ouvre par un projet de Société des Nations et 
    
de

     citoyenneté mondiale : Grundriss der Völker- und Weltbürgerrechts, 17
  
    4423
    ire triompher dans le monde entier les conditions 
    
de

     la liberté populaire conquises par la Révolution. Fichte n’abandonner
  
    4424
    oies militaires par lesquelles Napoléon va tenter 
    
d’

    imposer la révolution jacobine à l’Europe. Dans l’un et l’autre cas, l
  
    4425
    nettes, Fichte veut l’instaurer par la contrainte 
    
de

     l’État national autarcique. Partant de l’idée de société des peuples 
  
    4426
    contrainte de l’État national autarcique. Partant 
    
de

     l’idée de société des peuples libres, Fichte constate d’abord que l’e
  
    4427
     de l’État national autarcique. Partant de l’idée 
    
de

     société des peuples libres, Fichte constate d’abord que l’expansion c
  
    4428
    bord que l’expansion coloniale est le grand péché 
    
de

     l’Europe : elle est inutile et immorale — Bentham pensait de même — e
  
    4429
    est elle qui a provoqué la dissolution anarchique 
    
de

     l’Europe, jadis indivise, en États instables et belliqueux. Le mouvem
  
    4430
    et refermés chacun sur soi, sans espoir ni besoin 
    
d’

    agrandissement. Alors, l’État qui a la plus haute culture (« der auf d
  
    4431
    ce finalement réunira le genre humain. Les étapes 
    
de

     ce raisonnement — qui annonce souvent de la manière la plus précise l
  
    4432
    s étapes de ce raisonnement — qui annonce souvent 
    
de

     la manière la plus précise le national-socialisme et le communisme  —
  
    4433
    illustrées par les citations suivantes, extraites 
    
de

     l’ouvrage intitulé Der geschlossene Handelsstaat (L’État commercial f
  
    4434
     monde antique étaient séparés les uns des autres 
    
d’

    une manière très rigoureuse, par une foule de conditions. Pour eux l’é
  
    4435
    tres d’une manière très rigoureuse, par une foule 
    
de

     conditions. Pour eux l’étranger était un ennemi ou un barbare. On peu
  
    4436
    bare. On peut au contraire considérer les peuples 
    
de

     la nouvelle Europe chrétienne comme formant une seule nation. Unis pa
  
    4437
    es et les mêmes conceptions primitives des forêts 
    
de

     Germanie, ils furent aussi liés les uns aux autres, depuis leur expan
  
    4438
     autres, depuis leur expansion dans les provinces 
    
de

     l’Empire romain d’Occident, par une même religion commune et la même 
  
    4439
    r expansion dans les provinces de l’Empire romain 
    
d’

    Occident, par une même religion commune et la même soumission au chef 
  
    4440
    ion commune et la même soumission au chef visible 
    
de

     cette dernière. Aux peuples de race différente qui vinrent plus tard,
  
    4441
    on au chef visible de cette dernière. Aux peuples 
    
de

     race différente qui vinrent plus tard, on inculqua, en même temps que
  
    4442
     religion, le même système germanique fondamental 
    
d’

    usages et d’idées… Quoi d’étonnant si ces peuples qui, unis de toute m
  
    4443
    e même système germanique fondamental d’usages et 
    
d’

    idées… Quoi d’étonnant si ces peuples qui, unis de toute manière, n’ét
  
    4444
     germanique fondamental d’usages et d’idées… Quoi 
    
d’

    étonnant si ces peuples qui, unis de toute manière, n’étaient pas sépa
  
    4445
    d’idées… Quoi d’étonnant si ces peuples qui, unis 
    
de

     toute manière, n’étaient pas séparés par ce qui d’ordinaire sépare le
  
    4446
    e toute manière, n’étaient pas séparés par ce qui 
    
d’

    ordinaire sépare les hommes, la constitution de l’État, n’en ayant poi
  
    4447
    ui d’ordinaire sépare les hommes, la constitution 
    
de

     l’État, n’en ayant point en fait, se considéraient et se comportaient
  
    4448
    ient du service et si chacun, arrivé dans le pays 
    
d’

    autrui se croyait toujours chez lui. Plus tard seulement, avec l’intro
  
    4449
    e à l’origine, ne fut considéré que comme général 
    
de

     la chrétienté, devant être pour l’Église entière ce qu’étaient les pa
  
    4450
     se sont ainsi formés ; — non, comme on a coutume 
    
de

     décrire dans la doctrine du droit la formation d’un État, par le rass
  
    4451
    de décrire dans la doctrine du droit la formation 
    
d’

    un État, par le rassemblement et la réunion d’individus isolés sous l’
  
    4452
    ion d’un État, par le rassemblement et la réunion 
    
d’

    individus isolés sous l’unité de la loi, mais plutôt par la séparation
  
    4453
    ent et la réunion d’individus isolés sous l’unité 
    
de

     la loi, mais plutôt par la séparation et la division d’une seule gran
  
    4454
    loi, mais plutôt par la séparation et la division 
    
d’

    une seule grande masse humaine, faiblement unie. Ainsi les divers État
  
    4455
    insi les divers États de l’Europe chrétienne sont 
    
de

     ces morceaux détachés de l’ancien ensemble, déterminés en grande part
  
    4456
    l’Europe chrétienne sont de ces morceaux détachés 
    
de

     l’ancien ensemble, déterminés en grande partie pour leur étendue par 
  
    4457
    pour leur étendue par le hasard. C’est à l’époque 
    
de

     cette unité de l’Europe chrétienne que s’est formé aussi, entre autre
  
    4458
    ue par le hasard. C’est à l’époque de cette unité 
    
de

     l’Europe chrétienne que s’est formé aussi, entre autres, le système c
  
    4459
    s’est maintenu jusqu’à aujourd’hui. Chaque partie 
    
de

     ce grand Tout et chaque individu, cultivait, fabriquait, acquérait pa
  
    4460
    ns les autres parties du monde, ce qu’il pouvait, 
    
de

     la façon la plus pratique, suivant sa condition naturelle, et le port
  
    4461
    , et le portait au marché dans toutes les parties 
    
de

     ce même Tout, sans empêchement, et les prix des objets s’établissaien
  
    4462
    pêchement, et les prix des objets s’établissaient 
    
d’

    eux-mêmes…  Les citoyens d’un même État doivent tous trafiquer entre e
  
    4463
    objets s’établissaient d’eux-mêmes…  Les citoyens 
    
d’

    un même État doivent tous trafiquer entre eux. L’Europe chrétienne for
  
    4464
    opéens entre eux devait être libre. Il est facile 
    
de

     faire l’application à l’état actuel des choses. Si toute l’Europe chr
  
    4465
    Europe chrétienne avec les colonies et les places 
    
de

     commerce qui s’y sont ajoutées dans les autres parties du monde, form
  
    4466
    orme encore un tout, alors assurément le commerce 
    
de

     toutes les parties entre elles doit rester libre, comme il l’était à 
  
    4467
    plètement fermés. Nous voici parvenus à la source 
    
de

     la plus grande partie des abus qui existent encore. Dans l’Europe nou
  
    4468
    t encore. Dans l’Europe nouvelle, il n’y a pas eu 
    
d’

    États du tout pendant un long espace de temps. On en est encore à la p
  
    4469
    y a pas eu d’États du tout pendant un long espace 
    
de

     temps. On en est encore à la période des essais pour en former. De pl
  
    4470
     former. De plus, on a jusqu’ici conçu la mission 
    
de

     l’État seulement d’une manière unilatérale et à moitié incomplète, co
  
    4471
     a jusqu’ici conçu la mission de l’État seulement 
    
d’

    une manière unilatérale et à moitié incomplète, comme une institution 
  
    4472
    nstitution pour maintenir le citoyen par le moyen 
    
de

     la loi, dans les conditions de propriété où on le trouve. On a néglig
  
    4473
    toyen par le moyen de la loi, dans les conditions 
    
de

     propriété où on le trouve. On a négligé le devoir plus profond de l’É
  
    4474
    on le trouve. On a négligé le devoir plus profond 
    
de

     l’État qui consiste à établir d’abord chacun dans la propriété qui lu
  
    4475
     en ce qui concerne sa législation et sa fonction 
    
de

     juge.150   Faut-il se lamenter sur la division de l’Europe ? Non, il 
  
    4476
    de juge.150   Faut-il se lamenter sur la division 
    
de

     l’Europe ? Non, il serait vain de « déplorer l’inévitable » :  Si l’o
  
    4477
    sur la division de l’Europe ? Non, il serait vain 
    
de

     « déplorer l’inévitable » :  Si l’on veut supprimer la guerre, il fau
  
    4478
    l faut que chaque État obtienne ce qu’il projette 
    
d’

    obtenir par la guerre et ce que seulement il peut projeter raisonnable
  
    4479
    ce que seulement il peut projeter raisonnablement 
    
d’

    obtenir, ses frontières naturelles. Dès lors, il n’a plus rien à deman
  
    4480
    il cherchait.151   Ainsi, à l’utopie rousseauiste 
    
de

     l’homme naturellement bon, correspond chez Fichte l’utopie de l’État 
  
    4481
    aturellement bon, correspond chez Fichte l’utopie 
    
de

     l’État naturellement raisonnable. Il n’y a plus qu’à tirer les conséq
  
    4482
    l n’y a plus qu’à tirer les conséquences logiques 
    
de

     ces prémisses : fermer les États, interdire entre eux les échanges, d
  
    4483
    diversifier leurs monnaies, etc. C’est la théorie 
    
de

     l’autarcie absolue qui naît sous nos yeux. C’est d’un processus exact
  
    4484
     l’autarcie absolue qui naît sous nos yeux. C’est 
    
d’

    un processus exactement inverse de celui du Marché commun que Fichte s
  
    4485
    nos yeux. C’est d’un processus exactement inverse 
    
de

     celui du Marché commun que Fichte se fait l’avocat :  Toute la monnai
  
    4486
     c’est-à-dire tout l’or et l’argent, sera retirée 
    
de

     la circulation et échangée contre une nouvelle monnaie nationale, c’e
  
    4487
     vue de restreindre périodiquement ce commerce et 
    
de

     le faire cesser entièrement après un laps de temps déterminé… Tous le
  
    4488
    e et de le faire cesser entièrement après un laps 
    
de

     temps déterminé… Tous les ans l’importation étrangère doit diminuer. 
  
    4489
    us les ans l’importation étrangère doit diminuer. 
    
D’

    une année à l’autre le public a moins besoin de ces marchandises qui n
  
    4490
    r. D’une année à l’autre le public a moins besoin 
    
de

     ces marchandises qui ne peuvent être produites en leur pureté ni remp
  
    4491
    sage des marchandises où il n’est tenu compte que 
    
de

     l’opinion, peuvent même être interdits sur le champ. Le besoin de ces
  
    4492
    uvent même être interdits sur le champ. Le besoin 
    
de

     ces marchandises importées de l’étranger diminue également si elles-m
  
    4493
    le champ. Le besoin de ces marchandises importées 
    
de

     l’étranger diminue également si elles-mêmes ou leurs succédanés, doiv
  
    4494
     se développent constamment et ainsi les produits 
    
de

     l’extérieur sont remplacés par ceux de l’intérieur. L’exportation éga
  
    4495
    s produits de l’extérieur sont remplacés par ceux 
    
de

     l’intérieur. L’exportation également doit diminuer… Car, suivant le p
  
    4496
    r les étrangers à des travaux pour les nationaux, 
    
de

     la manière convenable. Il ne cherche pas en effet à acquérir une prép
  
    4497
     Le savant seul et l’artiste supérieur ont besoin 
    
de

     voyager hors de l’État commercial fermé : il ne doit pas être permis 
  
    4498
    longtemps à une vaine curiosité et à la recherche 
    
de

     distractions de transporter en tout pays leur ennui. Les voyages des 
  
    4499
    vaine curiosité et à la recherche de distractions 
    
de

     transporter en tout pays leur ennui. Les voyages des premiers s’effec
  
    4500
    des premiers s’effectuent pour le plus grand bien 
    
de

     l’humanité et de l’État ; loin de les empêcher, le gouvernement devra
  
    4501
    fectuent pour le plus grand bien de l’humanité et 
    
de

     l’État ; loin de les empêcher, le gouvernement devrait même les encou
  
    4502
    it même les encourager et faire voyager aux frais 
    
de

     l’État savants et artistes.153  Il est évident que dans une nation ai
  
    4503
    acquiert par suite des mesures indiquées sa façon 
    
de

     vivre, son organisation et ses mœurs particulières, qui aime avec dév
  
    4504
    aime avec dévouement la patrie et tout ce qui est 
    
de

     la patrie, l’honneur national se développera très vite, à un degré él
  
    4505
    e nation, absolument nouvelle. Cette introduction 
    
d’

    une monnaie nationale en est véritablement la création…  Un seul lien 
  
    4506
    ul lien devra subsister entre les peuples : celui 
    
de

     la science.  Grâce à elle, mais à elle seule, les hommes s’uniront de
  
    4507
    e à elle, mais à elle seule, les hommes s’uniront 
    
de

     manière durable et ils le doivent, quand pour tout le reste, leur div
  
    4508
    en, il le favorisera plutôt, car l’enrichissement 
    
de

     la Science par la puissance réunie de l’espèce humaine, avance même c
  
    4509
    ichissement de la Science par la puissance réunie 
    
de

     l’espèce humaine, avance même ces fins terrestres particulières. Les 
  
    4510
    ribuer sur eux une prépondérance quelconque.154   
    
De

     toutes les utopies issues de la philosophie pré-romantique, il faut a
  
    4511
    nce quelconque.154   De toutes les utopies issues 
    
de

     la philosophie pré-romantique, il faut avouer que celle de Fichte, po
  
    4512
    losophie pré-romantique, il faut avouer que celle 
    
de

     Fichte, pour délirante qu’elle nous paraisse, se trouve avoir le mieu
  
    4513
     allaient suivre. Et cependant, il serait injuste 
    
de

     considérer Fichte sous le seul aspect d’un précurseur de l’Anti-Europ
  
    4514
     injuste de considérer Fichte sous le seul aspect 
    
d’

    un précurseur de l’Anti-Europe des nationalismes totalitaires. Par des
  
    4515
    idérer Fichte sous le seul aspect d’un précurseur 
    
de

     l’Anti-Europe des nationalismes totalitaires. Par des voies « dialect
  
    4516
     croyait atteindre. Cinq ans après la publication 
    
de

     son manifeste de l’Autarcie, il écrivait, dans ses Grundzüge des gege
  
    4517
    e. Cinq ans après la publication de son manifeste 
    
de

     l’Autarcie, il écrivait, dans ses Grundzüge des gegenwärtigen Zeitalt
  
    4518
    ärtigen Zeitalters (1804-1805) :  … les Européens 
    
de

     religion chrétienne ne forment en réalité qu’un seul peuple, ils ne r
  
    4519
    e que cette Europe qui est leur terre commune, et 
    
d’

    une extrémité à l’autre du continent, ils ne poursuivent, à peu de cho
  
    4520
    seins, grâce à eux cependant la première esquisse 
    
de

     l’organisation mondiale se prépare et les progrès de la culture unive
  
    4521
    l’organisation mondiale se prépare et les progrès 
    
de

     la culture universelle s’intensifient peu à peu ; et selon la même rè
  
    4522
    bite notre globe, sera réuni par les institutions 
    
de

     l’unique République universelle de la culture, qui comprendra tous le
  
    4523
    s institutions de l’unique République universelle 
    
de

     la culture, qui comprendra tous les peuples.  À l’expansion coloniali
  
    4524
    peuples.  À l’expansion colonialiste, responsable 
    
de

     la division de l’Europe en nations hostiles, puis au processus de fer
  
    4525
    xpansion colonialiste, responsable de la division 
    
de

     l’Europe en nations hostiles, puis au processus de fermeture totale d
  
    4526
    e l’Europe en nations hostiles, puis au processus 
    
de

     fermeture totale de ces monades politiques, succédera donc un jour, s
  
    4527
    s hostiles, puis au processus de fermeture totale 
    
de

     ces monades politiques, succédera donc un jour, selon Fichte, l’expan
  
    4528
    onc un jour, selon Fichte, l’expansion triomphale 
    
de

     la culture européenne, portée par la Science et libérée de tout impér
  
    4529
    ture européenne, portée par la Science et libérée 
    
de

     tout impérialisme. Nous n’en sommes pas si loin, dans cette seconde m
  
    4530
    uvait l’imaginer : ne fût-ce que par la collusion 
    
de

     la science et des nationalismes… Johann Gottfried von Herder (1744-18
  
    4531
    n fécondes hypothèses contradictoires sur le rôle 
    
de

     l’Europe dans l’histoire. Il a célébré « l’âme des peuples » en précu
  
    4532
    omantique, « l’équilibre européen » en précurseur 
    
de

     la Sainte-Alliance, les vertus nordiques en précurseur du racisme, la
  
    4533
    précurseur du racisme, la supériorité spirituelle 
    
de

     l’Orient en précurseur des philosophes modernes de notre « décadence 
  
    4534
    e l’Orient en précurseur des philosophes modernes 
    
de

     notre « décadence fatale ». Tantôt il voit l’Europe à la tête du prog
  
    4535
    qu’elle a colonisés et pillés. Essayons cependant 
    
de

     saisir, dans ce balancement pendulaire de sa pensée, quelques-uns des
  
    4536
    pendant de saisir, dans ce balancement pendulaire 
    
de

     sa pensée, quelques-uns des moments de passage à l’axe européen. Voic
  
    4537
    pendulaire de sa pensée, quelques-uns des moments 
    
de

     passage à l’axe européen. Voici d’abord l’Europe « République des sav
  
    4538
    s qu’elle est allée chercher sur toute la surface 
    
de

     la Terre, a su se donner une forme idéale que seuls le savant perçoit
  
    4539
    ent leur cours : nous poursuivons l’image magique 
    
d’

    une Science suprême et d’une Connaissance universelle, que nous n’atte
  
    4540
    rsuivons l’image magique d’une Science suprême et 
    
d’

    une Connaissance universelle, que nous n’atteindrons jamais, mais qui 
  
    4541
    si longtemps que durera la Constitution politique 
    
de

     l’Europe. Les États qui ne sont jamais entrés dans ce conflit, ne com
  
    4542
    mptent pour ainsi dire pas.155   Mais voici l’une 
    
de

     ces intuitions typiquement herdériennes, c’est-à-dire géo-historico-l
  
    4543
    noncent les grands systèmes « weltgeschichtlich » 
    
de

     Schlegel à Spengler en passant par Hegel :  Est-ce le Nord ou le Sud,
  
    4544
     été la « vagina hominum » ? Quelle est l’origine 
    
de

     l’espèce humaine, des inventions, des arts et des religions ? Faut-il
  
    4545
    ons ? Faut-il croire que le genre humain a émigré 
    
de

     l’est vers le nord, pour s’y reproduire dans les montagnes du froid, 
  
    4546
    uire dans les montagnes du froid, mû par sa force 
    
de

     géant, comme ces monstrueux poissons conservés sous les glaces ? Ensu
  
    4547
    ces ? Ensuite, après avoir inventé cette religion 
    
de

     la cruauté conforme à son climat, il aurait envahi l’Europe à la forc
  
    4548
     son climat, il aurait envahi l’Europe à la force 
    
de

     l’épée, y implantant ses mœurs et sa conception de la justice. S’il e
  
    4549
    e l’épée, y implantant ses mœurs et sa conception 
    
de

     la justice. S’il en est ainsi, je vois deux courants : l’un, venu d’O
  
    4550
     en est ainsi, je vois deux courants : l’un, venu 
    
d’

    Orient, passe par la Grèce et l’Italie et s’infléchit légèrement dans 
  
    4551
    et l’Italie et s’infléchit légèrement dans le sud 
    
de

     l’Europe, inventeur d’une douce religion méridionale, d’une poésie de
  
    4552
    hit légèrement dans le sud de l’Europe, inventeur 
    
d’

    une douce religion méridionale, d’une poésie de l’imagination, d’une m
  
    4553
    rope, inventeur d’une douce religion méridionale, 
    
d’

    une poésie de l’imagination, d’une musique, d’un art, d’une sagesse de
  
    4554
    ur d’une douce religion méridionale, d’une poésie 
    
de

     l’imagination, d’une musique, d’un art, d’une sagesse des mœurs, d’un
  
    4555
    igion méridionale, d’une poésie de l’imagination, 
    
d’

    une musique, d’un art, d’une sagesse des mœurs, d’une science qui form
  
    4556
    le, d’une poésie de l’imagination, d’une musique, 
    
d’

    un art, d’une sagesse des mœurs, d’une science qui forment le patrimoi
  
    4557
    poésie de l’imagination, d’une musique, d’un art, 
    
d’

    une sagesse des mœurs, d’une science qui forment le patrimoine du Sud-
  
    4558
    d’une musique, d’un art, d’une sagesse des mœurs, 
    
d’

    une science qui forment le patrimoine du Sud-Ouest européen. Quant au 
  
    4559
    uest européen. Quant au deuxième courant, il part 
    
d’

    Asie, par le nord rejoint l’Europe où il submerge l’autre courant… S’i
  
    4560
    t ainsi, le troisième courant ne viendra-t-il pas 
    
d’

    Amérique et le dernier peut-être du cap de Bonne-Espérance ou des régi
  
    4561
    s situées au-delà ?156   Sur la fonction mondiale 
    
de

     l’Europe, Herder a des vues prophétiques, que vérifie l’évolution ant
  
    4562
     siècle. Déjà dans ses Idées pour une Philosophie 
    
de

     l’Histoire (1784) il annonçait que les instruments et moyens inventés
  
    4563
     dû se souvenir :  On peut considérer l’existence 
    
d’

    un État en soi ou par rapport aux autres États ; l’Europe se trouve da
  
    4564
    tres États ; l’Europe se trouve dans l’obligation 
    
d’

    utiliser les deux échelles, les États d’Asie n’en ont qu’une seule.159
  
    4565
    752-1809), historien des Suisses, combla les vœux 
    
de

     Herder en donnant à ses contemporains une Vue générale de l’Histoire 
  
    4566
    r en donnant à ses contemporains une Vue générale 
    
de

     l’Histoire du Genre Humain (1797) dont le succès fut immense à l’époq
  
    4567
    chen Menschheit) cette vue générale ne laisse pas 
    
d’

    être pessimiste. Selon Heinz Gollwitzer, J. von Müller « fut le premie
  
    4568
     parfois assumé le contenu affectif et conceptuel 
    
d’

    une conscience de la décadence spécifiquement européenne, apparentée (
  
    4569
    e contenu affectif et conceptuel d’une conscience 
    
de

     la décadence spécifiquement européenne, apparentée (mais non identiqu
  
    4570
    e, apparentée (mais non identique), au pessimisme 
    
de

     la vision chrétienne du monde »160. Comme Rousseau, il voyait « tous 
  
    4571
    soit à l’Amérique ». Voici le tableau qu’il donne 
    
de

     l’état des puissances européennes, tel qu’on pouvait le concevoir à l
  
    4572
     ensemble, l’intérêt protestant dans cette partie 
    
de

     l’Europe ; un jour la neutralité armée se joindra ici…  Parmi les pui
  
    4573
    alité armée se joindra ici…  Parmi les puissances 
    
de

     la seconde classe, qui tiennent l’équilibre de la liberté européenne,
  
    4574
    es de la seconde classe, qui tiennent l’équilibre 
    
de

     la liberté européenne, l’empereur, la Russie et la Prusse sont par le
  
    4575
    e et la Prusse sont par le nombre et l’excellence 
    
de

     leurs troupes, naturellement les principales. D’autres leur disputera
  
    4576
    uelque nouveau Gustave Adolphe, qui par l’énergie 
    
de

     son héroïsme, sût placer un petit peuple à la tête des Potentats. À l
  
    4577
    nces barbares est le Padisha ; l’Europe n’a point 
    
de

     relations avec les Cours d’Asie ; en Afrique, Alger, Tunis, Tripoli, 
  
    4578
     ; l’Europe n’a point de relations avec les Cours 
    
d’

    Asie ; en Afrique, Alger, Tunis, Tripoli, Maroc, sont dignes de remarq
  
    4579
    frique, Alger, Tunis, Tripoli, Maroc, sont dignes 
    
de

     remarque. On peut traiter de la Suisse et des rois de Sardaigne et de
  
    4580
    , Maroc, sont dignes de remarque. On peut traiter 
    
de

     la Suisse et des rois de Sardaigne et de Portugal après la maison de 
  
    4581
    emarque. On peut traiter de la Suisse et des rois 
    
de

     Sardaigne et de Portugal après la maison de Bourbon, dont l’un est ce
  
    4582
     traiter de la Suisse et des rois de Sardaigne et 
    
de

     Portugal après la maison de Bourbon, dont l’un est censé d’être allié
  
    4583
     rois de Sardaigne et de Portugal après la maison 
    
de

     Bourbon, dont l’un est censé d’être allié ; et dont les liaisons peuv
  
    4584
    l après la maison de Bourbon, dont l’un est censé 
    
d’

    être allié ; et dont les liaisons peuvent seules faire valoir les droi
  
    4585
    cernant la Lombardie. La Scandinavie, les princes 
    
de

     l’Empire, la Pologne, quelques États d’Italie peuvent être considérés
  
    4586
    ribuer surtout à gêner ou à accélérer les progrès 
    
de

     l’une contre l’autre de ces puissances. Parmi les États gouvernés par
  
    4587
    u à accélérer les progrès de l’une contre l’autre 
    
de

     ces puissances. Parmi les États gouvernés par les Bourbons, la France
  
    4588
    tion, son terroir, sa population, et le caractère 
    
de

     ses habitants, pourroit seule donner la loi au monde, si un système s
  
    4589
    monde, si un système suivi, approprié à la nature 
    
d’

    une grande puissance, faisoit valoir ses prodigieuses ressources.161  
  
    4590
    On est frappé par la complication et la fragilité 
    
de

     ces divers groupes de puissances censées « tenir l’équilibre de la li
  
    4591
    omplication et la fragilité de ces divers groupes 
    
de

     puissances censées « tenir l’équilibre de la liberté européenne ». El
  
    4592
    groupes de puissances censées « tenir l’équilibre 
    
de

     la liberté européenne ». Elles évoquent la page dans laquelle Kant, c
  
    4593
    ent la page dans laquelle Kant, critiquant l’idée 
    
d’

    équilibre européen chère à Gentz et à Burke, rappelait cette maison dé
  
    4594
    cette maison décrite par Swift et qui était bâtie 
    
d’

    une manière si conforme au seul principe d’équilibre que lorsqu’un moi
  
    4595
     bâtie d’une manière si conforme au seul principe 
    
d’

    équilibre que lorsqu’un moineau se posa sur son toit, elle s’écroula. 
  
    4596
    rs, Müller est surtout intéressant par ses essais 
    
de

     comparaison globale des civilisations. À cet égard, le Résumé du ixe 
  
    4597
    gard, le Résumé du ixe  Discours est très typique 
    
de

     cette apparition d’une conscience de l’Europe-dans-le-Monde qui marqu
  
    4598
    xe  Discours est très typique de cette apparition 
    
d’

    une conscience de l’Europe-dans-le-Monde qui marque la pensée germaniq
  
    4599
    très typique de cette apparition d’une conscience 
    
de

     l’Europe-dans-le-Monde qui marque la pensée germanique de l’époque : 
  
    4600
    ope-dans-le-Monde qui marque la pensée germanique 
    
de

     l’époque :  Pendant huit siècles depuis la ruine de l’Empire romain n
  
    4601
     l’époque :  Pendant huit siècles depuis la ruine 
    
de

     l’Empire romain nous avons vu l’Orient toujours semblable à lui-même 
  
    4602
    me ; un empire, aussi prompt à s’élever que celui 
    
de

     Ninus et de Cyrus, s’affoiblir, se partager, et diverses dynasties se
  
    4603
    re, aussi prompt à s’élever que celui de Ninus et 
    
de

     Cyrus, s’affoiblir, se partager, et diverses dynasties se succéder, p
  
    4604
    espotes ; les Mongols, comme les Scythes du temps 
    
de

     Cyaxares, envahir mille diverses tribus du genre humain, et disparoît
  
    4605
    ssager du premier empereur des Francs, le passage 
    
de

     la vie des anciens Germains à l’état de police, quand les nations con
  
    4606
    e passage de la vie des anciens Germains à l’état 
    
de

     police, quand les nations contenues l’une par l’autre, furent forcées
  
    4607
    ntenues l’une par l’autre, furent forcées à tirer 
    
de

     leur sol, ce qu’ils auraient mieux aimé conquérir. De cette applicati
  
    4608
    eur sol, ce qu’ils auraient mieux aimé conquérir. 
    
De

     cette application résulte l’industrie, puis le courage de la liberté,
  
    4609
     application résulte l’industrie, puis le courage 
    
de

     la liberté, parmi les bourgeois, enfin le développement de l’esprit h
  
    4610
    erté, parmi les bourgeois, enfin le développement 
    
de

     l’esprit humain. Toutes les religions sont venues de l’Orient ; le se
  
    4611
    l’esprit humain. Toutes les religions sont venues 
    
de

     l’Orient ; le sentiment y est plus vif, plus élevé ; ces connoissance
  
    4612
     emploient, ici elles accélèrent le grand ouvrage 
    
de

     l’établissement de l’ordre civil. On voit plus d’art, plus de persévé
  
    4613
    es accélèrent le grand ouvrage de l’établissement 
    
de

     l’ordre civil. On voit plus d’art, plus de persévérance dans la polit
  
    4614
    de l’établissement de l’ordre civil. On voit plus 
    
d’

    art, plus de persévérance dans la politique des Européens, dans celle 
  
    4615
    sement de l’ordre civil. On voit plus d’art, plus 
    
de

     persévérance dans la politique des Européens, dans celle des Orientau
  
    4616
    ique des Européens, dans celle des Orientaux plus 
    
de

     cette énergie momentanée. Nous sommes au milieu du Drame qu’ont ouver
  
    4617
    qu’ont ouvert les Géans du Nord, les destructeurs 
    
de

     l’ancien Empire.    148.  Soyez embrassés, ô millions. Par ce baiser 
  
    4618
     1951, p.117.  161. Jean de Müller : Vue générale 
    
de

     l’histoire du genre humain. Vingt-unième discours, conclusion. Paris,

16 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 4. Napoléon et l’Europe
    4619
    t l’Autriche et la Prusse, et combattu toute idée 
    
d’

    hégémonie européenne, estima qu’il était temps « de substituer aux for
  
    4620
    ’hégémonie européenne, estima qu’il était temps « 
    
de

     substituer aux formes surannées de la vieille Europe un nouvel ordre 
  
    4621
     était temps « de substituer aux formes surannées 
    
de

     la vieille Europe un nouvel ordre des choses »162 et devint ministre 
  
    4622
    ôme de Westphalie. C’était le temps où la Gazette 
    
de

     France écrivait sous le titre de « Tableau de l’Europe »163 :  Ce ne 
  
    4623
    ps où la Gazette de France écrivait sous le titre 
    
de

     « Tableau de l’Europe »163 :  Ce ne seront plus des forces égales qui
  
    4624
    tte de France écrivait sous le titre de « Tableau 
    
de

     l’Europe »163 :  Ce ne seront plus des forces égales qui, par leur op
  
    4625
    ur être attaquée et trop grande pour avoir besoin 
    
de

     s’étendre, tiendra tout en paix autour d’elle… Désormais la France se
  
    4626
     besoin de s’étendre, tiendra tout en paix autour 
    
d’

    elle… Désormais la France sera le point d’appui sur lequel reposera l’
  
    4627
     autour d’elle… Désormais la France sera le point 
    
d’

    appui sur lequel reposera l’Europe entière.  C’était le temps aussi où
  
    4628
     que celle, où Napoléon le Grand réunit la moitié 
    
de

     l’Europe sous son empire et par l’ascendant de son exemple exerce sur
  
    4629
    ié de l’Europe sous son empire et par l’ascendant 
    
de

     son exemple exerce sur l’autre moitié la plus heureuse influence ? Gr
  
    4630
    ce et en Allemagne, reprenant les anciens projets 
    
de

     paix en Europe par l’union des États, mais cette fois sous l’égide du
  
    4631
    s cette fois sous l’égide du Premier Consul, puis 
    
de

     l’empereur : ainsi le Tableau politique de l’Europe par Echassériaux 
  
    4632
    , puis de l’empereur : ainsi le Tableau politique 
    
de

     l’Europe par Echassériaux (1802), Die Europäische Republik par Niklas
  
    4633
    opäische Republik par Niklas Vogt (1802 et 1808), 
    
De

     la Paix de l’Europe et de ses bases par Delisle de Sales, Du droit pu
  
    4634
    publik par Niklas Vogt (1802 et 1808), De la Paix 
    
de

     l’Europe et de ses bases par Delisle de Sales, Du droit public et du 
  
    4635
    as Vogt (1802 et 1808), De la Paix de l’Europe et 
    
de

     ses bases par Delisle de Sales, Du droit public et du droit des gens,
  
    4636
    ales, Du droit public et du droit des gens, suivi 
    
d’

    un projet de paix générale et perpétuelle par Gondon (1807), Das Urbil
  
    4637
    it public et du droit des gens, suivi d’un projet 
    
de

     paix générale et perpétuelle par Gondon (1807), Das Urbild der Mensch
  
    4638
     (1807-1811), et vingt autres… On sait d’ailleurs 
    
de

     quel étrange prestige Napoléon bénéficia auprès des grands esprits de
  
    4639
    tige Napoléon bénéficia auprès des grands esprits 
    
de

     Weimar et de Iéna, un Goethe, un Wieland, un Hegel, les plus « europé
  
    4640
     bénéficia auprès des grands esprits de Weimar et 
    
de

     Iéna, un Goethe, un Wieland, un Hegel, les plus « européens » du mond
  
    4641
    « européens » du monde germanique, et même auprès 
    
d’

    un poète aussi peu politique que Jean Paul (Johann Paul Friedrich Rich
  
    4642
    . Cet enthousiaste a été jusqu’à louer l’empereur 
    
d’

    avoir tenté de transformer le continent tout entier en l’« État commer
  
    4643
    aste a été jusqu’à louer l’empereur d’avoir tenté 
    
de

     transformer le continent tout entier en l’« État commercial fermé » q
  
    4644
    mait Fichte ! Mais c’est en réalité l’imagination 
    
de

     l’Humanité unie et de l’Europe s’ouvrant au monde qui inspirent les é
  
    4645
    st en réalité l’imagination de l’Humanité unie et 
    
de

     l’Europe s’ouvrant au monde qui inspirent les écrits politiques de Je
  
    4646
    rant au monde qui inspirent les écrits politiques 
    
de

     Jean Paul, tels que Dämmerungen für Deutschland et Politische Fastenp
  
    4647
    ssage qui rappelle si curieusement la description 
    
de

     l’Europe en un seul corps par Guillaume Postel et par les graveurs de
  
    4648
    ul corps par Guillaume Postel et par les graveurs 
    
de

     la Renaissance.  Non seulement l’Allemagne occupe le centre géographi
  
    4649
    ulement l’Allemagne occupe le centre géographique 
    
de

     l’Europe, mais elle en est aussi le centre moral. À juste titre, on l
  
    4650
    ste titre, on la représente souvent sur l’effigie 
    
d’

    une jeune fille sous la forme du cœur, tandis que mainte autre partie 
  
    4651
     la forme du cœur, tandis que mainte autre partie 
    
de

     l’Europe n’est que la tête ou le bras avec le poing. Ce bon cœur si h
  
    4652
    es les guerres européennes ont transpercé à coups 
    
de

     canon !165   Que pensait dans le même temps le héros de ces utopistes
  
    4653
    on !165   Que pensait dans le même temps le héros 
    
de

     ces utopistes, le porteur de leurs espoirs européens, celui qui avait
  
    4654
     même temps le héros de ces utopistes, le porteur 
    
de

     leurs espoirs européens, celui qui avait rêvé d’une conquête de l’Asi
  
    4655
     de leurs espoirs européens, celui qui avait rêvé 
    
d’

    une conquête de l’Asie mais que son échec égyptien avait contraint de 
  
    4656
    rs européens, celui qui avait rêvé d’une conquête 
    
de

     l’Asie mais que son échec égyptien avait contraint de limiter ses amb
  
    4657
    ’Asie mais que son échec égyptien avait contraint 
    
de

     limiter ses ambitions au continent dont on prétend qu’il dit un jour 
  
    4658
    pète que l’empereur n’a « révélé » ses intentions 
    
d’

    unir l’Europe qu’au temps de Sainte-Hélène, quand il était trop tard. 
  
    4659
    as exact. Si l’Acte additionnel aux Constitutions 
    
de

     l’Empire, rédigé au retour de l’île d’Elbe, fut comme on sait l’œuvre
  
    4660
    l aux Constitutions de l’Empire, rédigé au retour 
    
de

     l’île d’Elbe, fut comme on sait l’œuvre de Benjamin Constant, son pré
  
    4661
    retour de l’île d’Elbe, fut comme on sait l’œuvre 
    
de

     Benjamin Constant, son préambule porte les marques de la pensée et de
  
    4662
    enjamin Constant, son préambule porte les marques 
    
de

     la pensée et de la main de l’empereur. Or on y lit :  Nous avions alo
  
    4663
    , son préambule porte les marques de la pensée et 
    
de

     la main de l’empereur. Or on y lit :  Nous avions alors pour but d’or
  
    4664
    bule porte les marques de la pensée et de la main 
    
de

     l’empereur. Or on y lit :  Nous avions alors pour but d’organiser un 
  
    4665
    pereur. Or on y lit :  Nous avions alors pour but 
    
d’

    organiser un grand système fédératif européen, que nous avions adopté 
  
    4666
    me à l’esprit du siècle, et favorable aux progrès 
    
de

     la civilisation. Pour parvenir à le compléter et à lui donner toute l
  
    4667
     susceptible, nous avions ajourné l’établissement 
    
de

     plusieurs institutions intérieures, plus spécialement destinées à pro
  
    4668
    é des citoyens…  On conçoit que l’inaction forcée 
    
de

     Sainte-Hélène ait seule permis au despote déposé de se former une vue
  
    4669
     Sainte-Hélène ait seule permis au despote déposé 
    
de

     se former une vue cohérente des motifs qui animaient son action polit
  
    4670
    te des motifs qui animaient son action politique. 
    
D’

    où les déclarations fréquentes faites à Las Cases sur l’organisation q
  
    4671
    ation qu’il souhaite pour l’Europe. À la question 
    
de

     savoir ce qui fût advenu s’il était sorti victorieux de la campagne d
  
    4672
    oir ce qui fût advenu s’il était sorti victorieux 
    
de

     la campagne de Russie, Napoléon répond :  La paix dans Moscou accompl
  
    4673
    advenu s’il était sorti victorieux de la campagne 
    
de

     Russie, Napoléon répond :  La paix dans Moscou accomplissait et termi
  
    4674
    Moscou accomplissait et terminait mes expéditions 
    
de

     guerre. C’était, pour la grande cause, la fin des hasards et le comme
  
    4675
    ande cause, la fin des hasards et le commencement 
    
de

     la sécurité. Un nouvel horizon, de nouveaux travaux allaient se dérou
  
    4676
    e commencement de la sécurité. Un nouvel horizon, 
    
de

     nouveaux travaux allaient se dérouler, tous pleins du bien-être et de
  
    4677
    allaient se dérouler, tous pleins du bien-être et 
    
de

     la prospérité de tous. Le système européen se trouvait fondé ; il n’é
  
    4678
    ler, tous pleins du bien-être et de la prospérité 
    
de

     tous. Le système européen se trouvait fondé ; il n’était plus questio
  
    4679
     se trouvait fondé ; il n’était plus question que 
    
de

     l’organiser. Satisfait sur ces grands points, et tranquille partout, 
  
    4680
    nt des idées qu’on m’a volées. Dans cette réunion 
    
de

     tous les souverains, nous eussions traité de nos intérêts en famille,
  
    4681
    nion de tous les souverains, nous eussions traité 
    
de

     nos intérêts en famille, et compté de clerc à maître avec les peuples
  
    4682
    ions traité de nos intérêts en famille, et compté 
    
de

     clerc à maître avec les peuples.  L’empereur, ajoute Las Cases dans l
  
    4683
    s.  L’empereur, ajoute Las Cases dans le Mémorial 
    
de

     Sainte-Hélène,  passait ensuite en revue ce qu’il eût proposé pour la
  
    4684
    rité, les intérêts, la jouissance et le bien-être 
    
de

     l’association européenne. Il eût voulu les mêmes principes, le même s
  
    4685
    même système partout. Un Code européen ; une Cour 
    
de

     Cassation européenne, redressant, pour tous, les erreurs, comme la nô
  
    4686
    erreurs, comme la nôtre redresse chez nous celles 
    
de

     nos tribunaux. Une même monnaie sous des coins différents ; les mêmes
  
    4687
    tc., etc. L’Europe, disait-il, n’eût bientôt fait 
    
de

     la sorte véritablement qu’un même peuple, et chacun en voyageant, par
  
    4688
    cobin — et nullement fédéraliste ! — la condition 
    
de

     toute union européenne résidait dans une « simplification sommaire » 
  
    4689
     unifiés à l’intérieur des grandes nations :  Une 
    
de

     mes plus grandes pensées avait été l’agglomération, la concentration 
  
    4690
     Ainsi l’on compte en Europe, bien qu’épars, plus 
    
de

     trente millions de Français, quinze millions d’Espagnols, quinze mill
  
    4691
    en Europe, bien qu’épars, plus de trente millions 
    
de

     Français, quinze millions d’Espagnols, quinze millions d’Italiens, tr
  
    4692
    s de trente millions de Français, quinze millions 
    
d’

    Espagnols, quinze millions d’Italiens, trente millions d’Allemands : j
  
    4693
    ais, quinze millions d’Espagnols, quinze millions 
    
d’

    Italiens, trente millions d’Allemands : j’eusse voulu faire de chacun 
  
    4694
    nols, quinze millions d’Italiens, trente millions 
    
d’

    Allemands : j’eusse voulu faire de chacun de ces peuples un seul et mê
  
    4695
    trente millions d’Allemands : j’eusse voulu faire 
    
de

     chacun de ces peuples un seul et même corps de nation. C’est avec un 
  
    4696
    lions d’Allemands : j’eusse voulu faire de chacun 
    
de

     ces peuples un seul et même corps de nation. C’est avec un tel cortèg
  
    4697
    re de chacun de ces peuples un seul et même corps 
    
de

     nation. C’est avec un tel cortège qu’il eût été beau de s’avancer dan
  
    4698
    ion. C’est avec un tel cortège qu’il eût été beau 
    
de

     s’avancer dans la postérité et la bénédiction des siècles. Je me sent
  
    4699
    t la bénédiction des siècles. Je me sentais digne 
    
de

     cette gloire ! Après cette simplification sommaire, il eût été plus p
  
    4700
    simplification sommaire, il eût été plus possible 
    
de

     se livrer à la chimère du beau idéal de la civilisation : c’est dans 
  
    4701
     possible de se livrer à la chimère du beau idéal 
    
de

     la civilisation : c’est dans cet état de choses qu’on eût trouvé plus
  
    4702
    est dans cet état de choses qu’on eût trouvé plus 
    
de

     chances d’amener partout l’unité des codes, celle des principes, des 
  
    4703
    t état de choses qu’on eût trouvé plus de chances 
    
d’

    amener partout l’unité des codes, celle des principes, des opinions, d
  
    4704
    res universellement répandues, devenait-il permis 
    
de

     rêver, pour la grande famille européenne, l’application du Congrès am
  
    4705
    on du Congrès américain, ou celle des amphictions 
    
de

     la Grèce ; et quelle perspective alors de force, de grandeur, de joui
  
    4706
    ictions de la Grèce ; et quelle perspective alors 
    
de

     force, de grandeur, de jouissances, de prospérité ! Quel grand et mag
  
    4707
     la Grèce ; et quelle perspective alors de force, 
    
de

     grandeur, de jouissances, de prospérité ! Quel grand et magnifique sp
  
    4708
    t quelle perspective alors de force, de grandeur, 
    
de

     jouissances, de prospérité ! Quel grand et magnifique spectacle ! … Q
  
    4709
    tive alors de force, de grandeur, de jouissances, 
    
de

     prospérité ! Quel grand et magnifique spectacle ! … Quoi qu’il en soi
  
    4710
     ne pense pas qu’après ma chute et la disparition 
    
de

     mon système, il y ait en Europe d’autre grand équilibre possible que 
  
    4711
    la disparition de mon système, il y ait en Europe 
    
d’

    autre grand équilibre possible que l’agglomération et la confédération
  
    4712
    au milieu de la première grande mêlée, embrassera 
    
de

     bonne foi la cause des peuples, se trouvera à la tête de toute l’Euro
  
    4713
    e foi la cause des peuples, se trouvera à la tête 
    
de

     toute l’Europe, et pourra tenter tout ce qu’il voudra.    162. Cf. Go
  
    4714
    und J. v. Müller, Frauenfeld, 1893. La lettre est 
    
de

     1804.  163. Numéro du 2 janvier 1806.  164. Marquis de Laplace : Expo

17 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 5. L’Europe des adversaires de l’empereur
    4715
      5.L’Europe des adversaires 
    
de

     l’empereur   Napoléon avait raison sur ce dernier point : le seul « é
  
    4716
    t : le seul « équilibre possible » après la chute 
    
de

     son empire, eût été la fédération. De fait, l’équilibre impossible de
  
    4717
    ès la chute de son empire, eût été la fédération. 
    
De

     fait, l’équilibre impossible de la Sainte-Alliance fut imposé par des
  
    4718
    té la fédération. De fait, l’équilibre impossible 
    
de

     la Sainte-Alliance fut imposé par des souverains qui, très loin d’« e
  
    4719
    ance fut imposé par des souverains qui, très loin 
    
d’

    « embrasser de bonne foi la cause des peuples », ne purent nouer au no
  
    4720
    é par des souverains qui, très loin d’« embrasser 
    
de

     bonne foi la cause des peuples », ne purent nouer au nom de la stabil
  
    4721
    is. Toutefois, l’idée européenne avait pris assez 
    
de

     force et rassemblé assez d’espoirs divers pour que les négociateurs d
  
    4722
    enne avait pris assez de force et rassemblé assez 
    
d’

    espoirs divers pour que les négociateurs des Traités de paix se sentis
  
    4723
    oirs divers pour que les négociateurs des Traités 
    
de

     paix se sentissent obligés de l’honorer au moins des lèvres : Extrait
  
    4724
    iateurs des Traités de paix se sentissent obligés 
    
de

     l’honorer au moins des lèvres : Extrait du protocole de la séance du 
  
    4725
    onorer au moins des lèvres : Extrait du protocole 
    
de

     la séance du 5 février 1814, au congrès de Châtillon :  Les plénipote
  
    4726
    tocole de la séance du 5 février 1814, au congrès 
    
de

     Châtillon :  Les plénipotentiaires des cours alliées déclarent qu’ils
  
    4727
    ces comme uniquement envoyés par les quatre cours 
    
de

     la part desquelles ils sont munis de pleins pouvoirs, mais se trouvan
  
    4728
    quatre cours de la part desquelles ils sont munis 
    
de

     pleins pouvoirs, mais se trouvant chargés de traiter la paix avec la 
  
    4729
    unis de pleins pouvoirs, mais se trouvant chargés 
    
de

     traiter la paix avec la France au nom de l’Europe, ne formant qu’un s
  
    4730
    e, ne formant qu’un seul tout.  Extrait du traité 
    
de

     Chaumont, 1er mars 1814 :  Le présent traité d’alliance défensive, ay
  
    4731
    é de Chaumont, 1er mars 1814 :  Le présent traité 
    
d’

    alliance défensive, ayant pour but de maintenir l’équilibre en Europe,
  
    4732
    ésent traité d’alliance défensive, ayant pour but 
    
de

     maintenir l’équilibre en Europe, d’assurer le repos et l’indépendance
  
    4733
    yant pour but de maintenir l’équilibre en Europe, 
    
d’

    assurer le repos et l’indépendance des puissances et de prévenir les e
  
    4734
    urer le repos et l’indépendance des puissances et 
    
de

     prévenir les envahissements qui, depuis tant d’années, ont désolé le 
  
    4735
    t de prévenir les envahissements qui, depuis tant 
    
d’

    années, ont désolé le monde, les Hautes Parties contractantes sont con
  
    4736
     Parties contractantes sont convenues entre elles 
    
d’

    en étendre la durée de vingt ans, à date du jour de la signature.  Ext
  
    4737
     sont convenues entre elles d’en étendre la durée 
    
de

     vingt ans, à date du jour de la signature.  Extrait de la Déclaration
  
    4738
    ’en étendre la durée de vingt ans, à date du jour 
    
de

     la signature.  Extrait de la Déclaration de Vichy, 15 mars 1814 :  La
  
    4739
    ngt ans, à date du jour de la signature.  Extrait 
    
de

     la Déclaration de Vichy, 15 mars 1814 :  La marche des événements (a 
  
    4740
     jour de la signature.  Extrait de la Déclaration 
    
de

     Vichy, 15 mars 1814 :  La marche des événements (a donné) aux Cours a
  
    4741
    énements (a donné) aux Cours alliées le sentiment 
    
de

     toute la force de la ligue européenne… La paix sera celle de l’Europe
  
    4742
     aux Cours alliées le sentiment de toute la force 
    
de

     la ligue européenne… La paix sera celle de l’Europe, toute autre est 
  
    4743
     force de la ligue européenne… La paix sera celle 
    
de

     l’Europe, toute autre est inadmissible.  Extrait de l’Acte de reconna
  
    4744
     l’Europe, toute autre est inadmissible.  Extrait 
    
de

     l’Acte de reconnaissance de la neutralité de la Suisse, 1814 et 1815 
  
    4745
     toute autre est inadmissible.  Extrait de l’Acte 
    
de

     reconnaissance de la neutralité de la Suisse, 1814 et 1815 :  Les Pui
  
    4746
    nadmissible.  Extrait de l’Acte de reconnaissance 
    
de

     la neutralité de la Suisse, 1814 et 1815 :  Les Puissances signataire
  
    4747
    rait de l’Acte de reconnaissance de la neutralité 
    
de

     la Suisse, 1814 et 1815 :  Les Puissances signataires… reconnaissent…
  
    4748
    connaissent… que la neutralité et l’inviolabilité 
    
de

     la Suisse… sont dans les vrais intérêts de l’Europe tout entière.  Et
  
    4749
    bilité de la Suisse… sont dans les vrais intérêts 
    
de

     l’Europe tout entière.  Et Metternich lui-même, l’un des principaux i
  
    4750
    ernich lui-même, l’un des principaux inspirateurs 
    
de

     ces Traités, déclarait :  Depuis longtemps, l’Europe est pour moi une
  
    4751
     une patrie.  Toute l’Europe se mit donc à parler 
    
de

     l’Europe, contre Napoléon qui avait voulu la faire. Mais ce concert d
  
    4752
    stico-métaphysiques ou socioéconomiques). Domaine 
    
d’

    expression française : deux libéraux suisses, Constant et Mme de Staël
  
    4753
    iste, Saint-Simon. Domaine germanique : un groupe 
    
de

     romantiques catholicisants, Novalis, Görres, Baader et Adam Müller ; 
  
    4754
    lis, Görres, Baader et Adam Müller ; et un groupe 
    
de

     philosophes aux vues profondes, systématiques et mondiales à la Ficht
  
    4755
    chlegel, Hegel et Schelling. Mme de Staël servira 
    
de

     trait d’union entre les deux domaines. Et Goethe les dominera de sa s
  
    4756
    Hegel et Schelling. Mme de Staël servira de trait 
    
d’

    union entre les deux domaines. Et Goethe les dominera de sa stature, m
  
    4757
    n entre les deux domaines. Et Goethe les dominera 
    
de

     sa stature, mais non pas de son influence. C’est au moment où Napoléo
  
    4758
    t Goethe les dominera de sa stature, mais non pas 
    
de

     son influence. C’est au moment où Napoléon vient de quitter l’île d’E
  
    4759
    onstant (1767-1830) publie son célèbre pamphlet : 
    
De

     l’Esprit de conquête et de l’usurpation dans leurs rapports avec la c
  
    4760
    7-1830) publie son célèbre pamphlet : De l’Esprit 
    
de

     conquête et de l’usurpation dans leurs rapports avec la civilisation 
  
    4761
    son célèbre pamphlet : De l’Esprit de conquête et 
    
de

     l’usurpation dans leurs rapports avec la civilisation européenne. Cer
  
    4762
    on européenne. Certes, il n’y propose pas un plan 
    
d’

    union166, mais l’idée de l’Europe comme formant un ensemble n’est pas 
  
    4763
    l n’y propose pas un plan d’union166, mais l’idée 
    
de

     l’Europe comme formant un ensemble n’est pas seulement dans le titre 
  
    4764
    eulement dans le titre : elle est le sous-entendu 
    
de

     l’ouvrage entier. Napoléon, c’est l’esprit de conquête et d’uniformit
  
    4765
    ndu de l’ouvrage entier. Napoléon, c’est l’esprit 
    
de

     conquête et d’uniformité imposé par les armes, c’est l’anti-Europe. L
  
    4766
    e entier. Napoléon, c’est l’esprit de conquête et 
    
d’

    uniformité imposé par les armes, c’est l’anti-Europe. La polémique de 
  
    4767
     par les armes, c’est l’anti-Europe. La polémique 
    
de

     Benjamin Constant contre la guerre se lie donc à une attaque contre l
  
    4768
     se lie donc à une attaque contre l’idée jacobine 
    
de

     la nation centralisée. Par là même, Benjamin Constant se fait le préc
  
    4769
    e précurseur des fédéralistes modernes, partisans 
    
d’

    une Europe unie dans ses diversités et opposant au nationalisme abstra
  
    4770
    able que l’uniformité n’ait jamais rencontré plus 
    
de

     faveur que dans une révolution faite au nom des droits et de la liber
  
    4771
    ue dans une révolution faite au nom des droits et 
    
de

     la liberté des hommes. L’esprit systématique s’est d’abord extasié su
  
    4772
    attachement aux intérêts, aux mœurs, aux coutumes 
    
de

     localité, nos soi-disant patriotes ont déclaré la guerre à toutes ces
  
    4773
    s un être abstrait, une idée générale, dépouillée 
    
de

     tout ce qui frappe l’imagination et de tout ce qui parle à la mémoire
  
    4774
    dépouillée de tout ce qui frappe l’imagination et 
    
de

     tout ce qui parle à la mémoire. Pour bâtir l’édifice, ils commençaien
  
    4775
    gnaient par des chiffres les légions et les corps 
    
d’

    armée, tant ils semblaient craindre qu’une idée morale ne pût se ratta
  
    4776
    is longtemps, et dont l’amalgame a perdu l’odieux 
    
de

     la violence et de la conquête, on voit le patriotisme qui naît des va
  
    4777
    ont l’amalgame a perdu l’odieux de la violence et 
    
de

     la conquête, on voit le patriotisme qui naît des variétés locales, se
  
    4778
    iotisme qui naît des variétés locales, seul genre 
    
de

     patriotisme véritable, renaître comme des cendres, dès que la main du
  
    4779
    ut ce qui leur donne l’apparence, même trompeuse, 
    
d’

    être constitués en corps de nation, et réunis par des hens particulier
  
    4780
    rence, même trompeuse, d’être constitués en corps 
    
de

     nation, et réunis par des hens particuliers. On sent que s’ils n’étai
  
    4781
    que s’ils n’étaient arrêtés dans le développement 
    
de

     cette inclination innocente et bienfaisante, il se formerait bientôt 
  
    4782
    aisante, il se formerait bientôt en eux une sorte 
    
d’

    honneur communal, pour ainsi dire, d’honneur de ville, d’honneur de pr
  
    4783
    ux une sorte d’honneur communal, pour ainsi dire, 
    
d’

    honneur de ville, d’honneur de province, qui serait à la fois une joui
  
    4784
    te d’honneur communal, pour ainsi dire, d’honneur 
    
de

     ville, d’honneur de province, qui serait à la fois une jouissance et 
  
    4785
    ur communal, pour ainsi dire, d’honneur de ville, 
    
d’

    honneur de province, qui serait à la fois une jouissance et une vertu.
  
    4786
    l, pour ainsi dire, d’honneur de ville, d’honneur 
    
de

     province, qui serait à la fois une jouissance et une vertu. Mais la j
  
    4787
    ois une jouissance et une vertu. Mais la jalousie 
    
de

     l’autorité les surveille, s’alarme, et brise le germe prêt à éclore. 
  
    4788
    Quelle politique déplorable que celle qui en fait 
    
de

     la rébellion ! Qu’arrive-t-il ? que dans tous les États où l’on détru
  
    4789
    dans un isolement contre nature, étrangers au heu 
    
de

     leur naissance, sans contact avec le passé, ne vivant que dans un pré
  
    4790
    s sur une plaine immense et nivelée, se détachent 
    
d’

    une patrie qu’ils n’aperçoivent nulle part, et dont l’ensemble leur de
  
    4791
     que leur affection ne peut se reposer sur aucune 
    
de

     ses parties. La variété, c’est de l’organisation : l’uniformité, c’es
  
    4792
    oser sur aucune de ses parties. La variété, c’est 
    
de

     l’organisation : l’uniformité, c’est du mécanisme. La variété, c’est 
  
    4793
     la mort.  L’année même où paraissait la brochure 
    
de

     Constant, manifeste du libéralisme politique, où mourait Fichte, théo
  
    4794
    ur Sainte-Hélène tandis que Gentz, le « chevalier 
    
de

     l’Europe » se voyait placé au cœur des grandes affaires, un obscur ar
  
    4795
    ncien officier, ancien spéculateur, ancien détenu 
    
de

     la Terreur, économiste, ingénieur, écrivain, et futur fondateur d’une
  
    4796
    onomiste, ingénieur, écrivain, et futur fondateur 
    
d’

    une secte religieuse, publiait un plan d’États-Unis d’Europe d’une con
  
    4797
    ondateur d’une secte religieuse, publiait un plan 
    
d’

    États-Unis d’Europe d’une conception absolument nouvelle. En voici le 
  
    4798
    eligieuse, publiait un plan d’États-Unis d’Europe 
    
d’

    une conception absolument nouvelle. En voici le titre complet : De la 
  
    4799
     absolument nouvelle. En voici le titre complet : 
    
De

     la réorganisation de la Société européenne, ou de la nécessité de ras
  
    4800
     En voici le titre complet : De la réorganisation 
    
de

     la Société européenne, ou de la nécessité de rassembler les peuples d
  
    4801
    De la réorganisation de la Société européenne, ou 
    
de

     la nécessité de rassembler les peuples de l’Europe en un seul corps p
  
    4802
    tion de la Société européenne, ou de la nécessité 
    
de

     rassembler les peuples de l’Europe en un seul corps politique, en con
  
    4803
    nne, ou de la nécessité de rassembler les peuples 
    
de

     l’Europe en un seul corps politique, en conservant à chacun son indép
  
    4804
    n indépendance nationale.  Sans même tenir compte 
    
de

     l’influence que Saint-Simon devait exercer par la suite sur l’histori
  
    4805
    u capitalisme industriel par F. de Lesseps (canal 
    
de

     Suez) et sur le socialisme français par Enfantin, Fourier et les phal
  
    4806
    nces, que Metternich et Alexandre allaient tenter 
    
de

     réaliser, en vain, et il propose l’élection de députés européens par 
  
    4807
    er de réaliser, en vain, et il propose l’élection 
    
de

     députés européens par les « corporations », ou professions qu’ils rep
  
    4808
    engagements solides ». Plus que tout autre auteur 
    
de

     Plans antérieurs, il se fonde sur l’économie. Il est le vrai précurse
  
    4809
    e fonde sur l’économie. Il est le vrai précurseur 
    
de

     la tendance institutionnaliste du xxe  siècle, qui a produit le March
  
    4810
    rché commun et l’OCDE. Qu’on en juge :  Le traité 
    
de

     Westphalie établit un nouvel ordre de choses par une opération politi
  
    4811
      Le traité de Westphalie établit un nouvel ordre 
    
de

     choses par une opération politique, qu’on appela équilibre des puissa
  
    4812
    partagée en deux confédérations qu’on s’efforçait 
    
de

     maintenir égales : c’était créer la guerre et l’entretenir constituti
  
    4813
    ntretenir constitutionnellement ; car deux ligues 
    
d’

    égale force sont nécessairement rivales, et il n’y a pas de rivalités 
  
    4814
    orce sont nécessairement rivales, et il n’y a pas 
    
de

     rivalités sans guerres. Dès lors chaque puissance n’eut d’autre occup
  
    4815
    tés sans guerres. Dès lors chaque puissance n’eut 
    
d’

    autre occupation que d’accroître ses forces militaires. Au lieu de ces
  
    4816
    ors chaque puissance n’eut d’autre occupation que 
    
d’

    accroître ses forces militaires. Au lieu de ces chétives poignées de s
  
    4817
    rces militaires. Au lieu de ces chétives poignées 
    
de

     soldats levées pour un temps et bientôt licenciées, on vit partout de
  
    4818
    , presque toujours actives ; car depuis le traité 
    
de

     Westphalie la guerre a été l’état habituel de l’Europe… L’Europe a fo
  
    4819
    ité de Westphalie la guerre a été l’état habituel 
    
de

     l’Europe… L’Europe a formé autrefois une société confédérative unie p
  
    4820
    réparer. Je ne prétends pas sans doute qu’on tire 
    
de

     la poussière cette vieille organisation qui fatigue encore l’Europe d
  
    4821
     vieille organisation qui fatigue encore l’Europe 
    
de

     ses débris inutiles : le xixe  siècle est trop loin du xiiie . Une co
  
    4822
    là ce que je propose aujourd’hui… À toute réunion 
    
de

     peuples comme à toute réunion d’hommes, il faut des institutions comm
  
    4823
     À toute réunion de peuples comme à toute réunion 
    
d’

    hommes, il faut des institutions communes, il faut une organisation : 
  
    4824
    e par un parlement, reconnaissaient la suprématie 
    
d’

    un parlement général placé au-dessus de tous les gouvememens nationaux
  
    4825
    suprématie d’un parlement général placé au-dessus 
    
de

     tous les gouvememens nationaux et investi du pouvoir de juger leurs d
  
    4826
    s les gouvememens nationaux et investi du pouvoir 
    
de

     juger leurs différens. … Il en est du gouvernement européen, comme de
  
    4827
    omme des Gouvernemens nationaux, il ne peut avoir 
    
d’

    action sans une volonté commune à tous ses membres. Or, cette volonté 
  
    4828
    nté commune à tous ses membres. Or, cette volonté 
    
de

     corps qui, dans un gouvernement national, naît du patriotisme nationa
  
    4829
    ans le gouvernement européen ne peut provenir que 
    
d’

    une plus grande généralité de vues, d’un sentiment plus étendu, qu’on 
  
    4830
    ne peut provenir que d’une plus grande généralité 
    
de

     vues, d’un sentiment plus étendu, qu’on peut appeler le patriotisme e
  
    4831
    rovenir que d’une plus grande généralité de vues, 
    
d’

    un sentiment plus étendu, qu’on peut appeler le patriotisme européen. 
  
    4832
    nt qui fait sortir le patriotisme hors des bornes 
    
de

     la patrie, cette habitude de considérer les intérêts de l’Europe, au 
  
    4833
    isme hors des bornes de la patrie, cette habitude 
    
de

     considérer les intérêts de l’Europe, au lieu des intérêts nationaux, 
  
    4834
    patrie, cette habitude de considérer les intérêts 
    
de

     l’Europe, au lieu des intérêts nationaux, sera pour ceux qui doivent 
  
    4835
    former le parlement européen, un fruit nécessaire 
    
de

     son établissement. Il est vrai ; mais aussi ce sont les hommes qui fo
  
    4836
     peut s’établir si elle ne les trouve tout formés 
    
d’

    avance, ou du moins préparés à l’être. C’est donc une nécessité de n’a
  
    4837
    moins préparés à l’être. C’est donc une nécessité 
    
de

     n’admettre dans la chambre des députés du parlement européen, c’est-à
  
    4838
    , c’est-à-dire dans l’un des deux pouvoirs actifs 
    
de

     la constitution européenne, que des hommes qui, par des relations plu
  
    4839
    e répand sur tous les peuples, sont plus capables 
    
d’

    arriver bientôt à cette généralité de vues qui doit être l’esprit de c
  
    4840
    lus capables d’arriver bientôt à cette généralité 
    
de

     vues qui doit être l’esprit de corps, à cet intérêt général qui doit 
  
    4841
    à cette généralité de vues qui doit être l’esprit 
    
de

     corps, à cet intérêt général qui doit être l’intérêt de corps du parl
  
    4842
    ps, à cet intérêt général qui doit être l’intérêt 
    
de

     corps du parlement européen. Des négocians, des savans, des magistrat
  
    4843
    u grand parlement. Et en effet, tout ce qu’il y a 
    
d’

    intérêts communs à la société européenne, peut être rapporté aux scien
  
    4844
    l’administration et à l’industrie. Chaque million 
    
d’

    hommes sachant lire et écrire en Europe, devra députer à la chambre de
  
    4845
    supposant qu’il y ait en Europe soixante millions 
    
d’

    hommes sachant lire et écrire, la chambre sera composée de deux-cent-q
  
    4846
     sachant lire et écrire, la chambre sera composée 
    
de

     deux-cent-quarante membres. Les élections de chacun des membres se fe
  
    4847
    osée de deux-cent-quarante membres. Les élections 
    
de

     chacun des membres se feront par la corporation à laquelle il apparti
  
    4848
    us seront nommés pour dix années…  Toute question 
    
d’

    intérêt général de la société européenne sera portée devant le grand p
  
    4849
    our dix années…  Toute question d’intérêt général 
    
de

     la société européenne sera portée devant le grand parlement, et exami
  
    4850
    e et son territoire. Le parlement aura le pouvoir 
    
de

     lever sur la confédération tous les impôts qu’il jugera nécessaires. 
  
    4851
     qu’il jugera nécessaires. Toutes les entreprises 
    
d’

    une utilité générale pour la société européenne, seront dirigées par l
  
    4852
    que, etc. Sans activité au-dehors, il n’y a point 
    
de

     tranquillité au-dedans. Le plus sûr moyen de maintenir la paix dans l
  
    4853
    oint de tranquillité au-dedans. Le plus sûr moyen 
    
de

     maintenir la paix dans la confédération sera de la porter sans cesse 
  
    4854
    n de maintenir la paix dans la confédération sera 
    
de

     la porter sans cesse hors d’elle-même, et de l’occuper sans relâche p
  
    4855
    a confédération sera de la porter sans cesse hors 
    
d’

    elle-même, et de l’occuper sans relâche par des grands travaux intérie
  
    4856
    sera de la porter sans cesse hors d’elle-même, et 
    
de

     l’occuper sans relâche par des grands travaux intérieurs. Peupler le 
  
    4857
    r des grands travaux intérieurs. Peupler le globe 
    
de

     la race européenne, qui est supérieure à toutes les autres races d’ho
  
    4858
    nne, qui est supérieure à toutes les autres races 
    
d’

    hommes ; le rendre voyageable et habitable comme l’Europe, voilà l’ent
  
    4859
    européen devra continuellement exercer l’activité 
    
de

     l’Europe, et la tenir toujours en haleine. L’instruction publique dan
  
    4860
    on et la surveillance du grand parlement. Un code 
    
de

     morale tant générale que nationale et individuelle, sera rédigé par l
  
    4861
    s meilleurs, les plus solides, les seuls capables 
    
de

     rendre la société aussi heureuse qu’elle puisse l’être, et par la nat
  
    4862
    e l’être, et par la nature humaine, et par l’état 
    
de

     ses lumières. Le grand parlement permettra l’entière liberté de consc
  
    4863
    s. Le grand parlement permettra l’entière liberté 
    
de

     conscience, et l’exercice libre de toutes les religions ; mais il rép
  
    4864
    ntière liberté de conscience, et l’exercice libre 
    
de

     toutes les religions ; mais il réprimera celles dont les principes se
  
    4865
    t les principes seraient contraires au grand code 
    
de

     morale qui aura été établi. Ainsi, il y aura entre les peuples europé
  
    4866
     peuples européens ce qui fait le lien et la base 
    
de

     toute association politique : conformité d’institutions, union d’inté
  
    4867
     base de toute association politique : conformité 
    
d’

    institutions, union d’intérêts, rapport de maximes, communauté de mora
  
    4868
    tion politique : conformité d’institutions, union 
    
d’

    intérêts, rapport de maximes, communauté de morale et d’instruction pu
  
    4869
    formité d’institutions, union d’intérêts, rapport 
    
de

     maximes, communauté de morale et d’instruction publique… Après de gra
  
    4870
     union d’intérêts, rapport de maximes, communauté 
    
de

     morale et d’instruction publique… Après de grands efforts et de grand
  
    4871
    rêts, rapport de maximes, communauté de morale et 
    
d’

    instruction publique… Après de grands efforts et de grands travaux, je
  
    4872
    unauté de morale et d’instruction publique… Après 
    
de

     grands efforts et de grands travaux, je me suis placé du point de vue
  
    4873
    ’instruction publique… Après de grands efforts et 
    
de

     grands travaux, je me suis placé du point de vue de l’intérêt commun 
  
    4874
     grands travaux, je me suis placé du point de vue 
    
de

     l’intérêt commun des peuples européens. Ce point est le seul duquel o
  
    4875
    evoir et les maux qui nous menacent et les moyens 
    
d’

    éviter ces maux. Que ceux qui dirigent les affaires s’élèvent à la mêm
  
    4876
    l viendra sans doute un temps où tous les peuples 
    
de

     l’Europe sentiront qu’il faut régler les points d’intérêt général, av
  
    4877
    e l’Europe sentiront qu’il faut régler les points 
    
d’

    intérêt général, avant de descendre aux intérêts nationaux ; alors les
  
    4878
    ue nous tendons sans cesse, c’est là que le cours 
    
de

     l’esprit humain nous emporte ! mais lequel est le plus digne de la pr
  
    4879
    main nous emporte ! mais lequel est le plus digne 
    
de

     la prudence de l’homme ou de s’y traîner, ou d’y courir ?  Le comte J
  
    4880
    te ! mais lequel est le plus digne de la prudence 
    
de

     l’homme ou de s’y traîner, ou d’y courir ?  Le comte Joseph de Maistr
  
    4881
    el est le plus digne de la prudence de l’homme ou 
    
de

     s’y traîner, ou d’y courir ?  Le comte Joseph de Maistre (1754-1821) 
  
    4882
    e de la prudence de l’homme ou de s’y traîner, ou 
    
d’

    y courir ?  Le comte Joseph de Maistre (1754-1821) né en Savoie, longt
  
    4883
    e en marge de la France, — quoique grand écrivain 
    
de

     langue française — l’opposition la plus fanatique à la Révolution lib
  
    4884
    eti genus, comme l’écrivait Horace) est à la tête 
    
de

     l’humanité, il n’en énonce pas moins les prophéties les plus sombres 
  
    4885
    t imaginer pour elle qu’un seul salut : le retour 
    
de

     tous les peuples à Rome, et leur subordination sans condition au pape
  
    4886
    dination sans condition au pape, « grand Démiurge 
    
de

     la civilisation », fondateur de la « monarchie européenne » et « sour
  
    4887
     « grand Démiurge de la civilisation », fondateur 
    
de

     la « monarchie européenne » et « source de la souveraineté de l’Europ
  
    4888
    dateur de la « monarchie européenne » et « source 
    
de

     la souveraineté de l’Europe ». Mais comment croire à la réalisation d
  
    4889
    rchie européenne » et « source de la souveraineté 
    
de

     l’Europe ». Mais comment croire à la réalisation de cette grandiose r
  
    4890
     l’Europe ». Mais comment croire à la réalisation 
    
de

     cette grandiose rêverie théocratique ? On doute que son auteur y ait 
  
    4891
    us tard, il n’en définit pas moins la supériorité 
    
de

     l’Europe et de la liberté sur l’Asie et le despotisme :  L’univers s’
  
    4892
    n définit pas moins la supériorité de l’Europe et 
    
de

     la liberté sur l’Asie et le despotisme :  L’univers s’est partagé en 
  
    4893
    tisme :  L’univers s’est partagé en deux systèmes 
    
d’

    une diversité tranchante.  La race audacieuse de Japhet n’a cessé, s’i
  
    4894
    s d’une diversité tranchante.  La race audacieuse 
    
de

     Japhet n’a cessé, s’il est permis de s’exprimer ainsi, de graviter ve
  
    4895
    e audacieuse de Japhet n’a cessé, s’il est permis 
    
de

     s’exprimer ainsi, de graviter vers ce qu’on appelle la liberté, c’est
  
    4896
    t n’a cessé, s’il est permis de s’exprimer ainsi, 
    
de

     graviter vers ce qu’on appelle la liberté, c’est-à-dire vers cet État
  
    4897
     tenté, il a épuisé toutes les formes imaginables 
    
de

     gouvernement, pour se passer de maîtres ou pour restreindre leur puis
  
    4898
    ormes imaginables de gouvernement, pour se passer 
    
de

     maîtres ou pour restreindre leur puissance. L’immense postérité de Se
  
    4899
    r restreindre leur puissance. L’immense postérité 
    
de

     Sem et de Cham a pris une autre route. Depuis les temps primitifs jus
  
    4900
    dre leur puissance. L’immense postérité de Sem et 
    
de

     Cham a pris une autre route. Depuis les temps primitifs jusqu’à ceux 
  
    4901
    hez elle, l’homme le plus riche et le plus maître 
    
de

     ses actions, le possesseur d’une immense fortune mobilière, absolumen
  
    4902
    e et le plus maître de ses actions, le possesseur 
    
d’

    une immense fortune mobilière, absolument libre de la transporter où i
  
    4903
    d’une immense fortune mobilière, absolument libre 
    
de

     la transporter où il voudroit, sûr d’ailleurs d’une protection parfai
  
    4904
     de la transporter où il voudroit, sûr d’ailleurs 
    
d’

    une protection parfaite sur le sol européen, et voyant déjà arriver à 
  
    4905
     ou le poignard, les préfère cependant au malheur 
    
de

     mourir d’ennui au milieu de nous. Personne sans doute n’imaginera de 
  
    4906
    gnard, les préfère cependant au malheur de mourir 
    
d’

    ennui au milieu de nous. Personne sans doute n’imaginera de conseiller
  
    4907
    u milieu de nous. Personne sans doute n’imaginera 
    
de

     conseiller à l’Europe le droit public, si court et si clair, de l’Asi
  
    4908
    à l’Europe le droit public, si court et si clair, 
    
de

     l’Asie et de l’Afrique ; mais puisque le pouvoir chez elle est toujou
  
    4909
     droit public, si court et si clair, de l’Asie et 
    
de

     l’Afrique ; mais puisque le pouvoir chez elle est toujours craint, di
  
    4910
    uté, attaqué ou transporté ; puisqu’il n’y a rien 
    
de

     si insupportable à notre orgueil que le gouvernement despotique, le p
  
    4911
    potique, le plus grand problème européen est donc 
    
de

     savoir : Comment on peut restreindre le pouvoir souverain sans le dét
  
    4912
    s’est demandé si le vrai but du livre n’était pas 
    
de

     ramener à l’obédience de Rome l’empereur Alexandre Ier. Pour une négo
  
    4913
    but du livre n’était pas de ramener à l’obédience 
    
de

     Rome l’empereur Alexandre Ier. Pour une négociation de cette nature, 
  
    4914
    me l’empereur Alexandre Ier. Pour une négociation 
    
de

     cette nature, de Maistre a peu d’atouts : il condamne d’avance toute 
  
    4915
    une négociation de cette nature, de Maistre a peu 
    
d’

    atouts : il condamne d’avance toute idée de rapprochement avec l’ortho
  
    4916
    e nature, de Maistre a peu d’atouts : il condamne 
    
d’

    avance toute idée de rapprochement avec l’orthodoxie ou avec les prote
  
    4917
     a peu d’atouts : il condamne d’avance toute idée 
    
de

     rapprochement avec l’orthodoxie ou avec les protestants, qui n’ont qu
  
    4918
    s premiers, le retour à Rome serait le seul moyen 
    
de

     « s’élever au plus haut niveau de la culture européenne » ; pour les 
  
    4919
    t le seul moyen de « s’élever au plus haut niveau 
    
de

     la culture européenne » ; pour les seconds, il s’agirait d’une abdica
  
    4920
    ure européenne » ; pour les seconds, il s’agirait 
    
d’

    une abdication de leur « orgueil » et d’une conversion totale, car, di
  
    4921
    ; pour les seconds, il s’agirait d’une abdication 
    
de

     leur « orgueil » et d’une conversion totale, car, dit-il, « la moitié
  
    4922
    s’agirait d’une abdication de leur « orgueil » et 
    
d’

    une conversion totale, car, dit-il, « la moitié (protestante) de l’Eur
  
    4923
    on totale, car, dit-il, « la moitié (protestante) 
    
de

     l’Europe est sans religion ». Bien plus, à l’en croire :  Le plus gra
  
    4924
     Bien plus, à l’en croire :  Le plus grand ennemi 
    
de

     l’Europe, qu’il importe d’étouffer par tous les moyens qui ne sont pa
  
    4925
      Le plus grand ennemi de l’Europe, qu’il importe 
    
d’

    étouffer par tous les moyens qui ne sont pas des crimes, l’ulcère fune
  
    4926
    verainetés et qui les ronge sans relâche, le fils 
    
de

     l’orgueil, le père de l’anarchie, le dissolvant universel, c’est le p
  
    4927
    ronge sans relâche, le fils de l’orgueil, le père 
    
de

     l’anarchie, le dissolvant universel, c’est le protestantisme.  Fille 
  
    4928
    olvant universel, c’est le protestantisme.  Fille 
    
de

     Necker, ministre genevois, protestant et libéral, de Louis XVI, la ba
  
    4929
    Necker, ministre genevois, protestant et libéral, 
    
de

     Louis XVI, la baronne de Staël-Holstein (1766-1817) est aux antipodes
  
    4930
    Holstein (1766-1817) est aux antipodes spirituels 
    
de

     son voisin de Chambéry, le ministre savoyard du roi de Sardaigne. Ell
  
    4931
    -1817) est aux antipodes spirituels de son voisin 
    
de

     Chambéry, le ministre savoyard du roi de Sardaigne. Elle est née pour
  
    4932
     et lui ne voit dans la Réforme que l’ennemi juré 
    
de

     l’unité. Ne serait-ce pas qu’il se fait de l’unité la même idée forme
  
    4933
    i juré de l’unité. Ne serait-ce pas qu’il se fait 
    
de

     l’unité la même idée formelle et coercitive que les jacobins exécrés 
  
    4934
    itive que les jacobins exécrés ? Mme de Staël est 
    
de

     l’école fédéraliste, qui est aussi œcuménique :  Il y a dans l’esprit
  
    4935
     forces très distinctes : l’une inspire le besoin 
    
de

     croire, l’autre celui d’examiner. L’une de ces facultés ne doit pas ê
  
    4936
     l’une inspire le besoin de croire, l’autre celui 
    
d’

    examiner. L’une de ces facultés ne doit pas être satisfaite aux dépens
  
    4937
    besoin de croire, l’autre celui d’examiner. L’une 
    
de

     ces facultés ne doit pas être satisfaite aux dépens de l’autre : le p
  
    4938
    otestantisme et le catholicisme ne viennent point 
    
de

     ce qu’il y a eu des papes et Luther ; c’est une pauvre manière de con
  
    4939
    eu des papes et Luther ; c’est une pauvre manière 
    
de

     considérer l’histoire que de l’attribuer à des hasards. Le protestant
  
    4940
    t une pauvre manière de considérer l’histoire que 
    
de

     l’attribuer à des hasards. Le protestantisme et le catholicisme exist
  
    4941
    dans chaque homme. … Il se peut qu’un jour un cri 
    
d’

    union s’élève, et que l’universalité des chrétiens aspire à professer 
  
    4942
    ternelle prodigue les siècles à l’accomplissement 
    
de

     ses desseins, et notre existence passagère s’en irrite et s’en étonne
  
    4943
    ’être plus qu’un même peuple dans les divers pays 
    
de

     l’Europe et la religion chrétienne y a puissamment contribué.169   Le
  
    4944
     Napoléon, que dans l’usage fécond qu’elle a fait 
    
de

     son exil. Coppet devint grâce à elle (comme le lui reprocheront les n
  
    4945
    elle (comme le lui reprocheront les nationalistes 
    
de

     l’école de Charles Maurras) la « trouée » par laquelle la France fut 
  
    4946
     le lui reprocheront les nationalistes de l’école 
    
de

     Charles Maurras) la « trouée » par laquelle la France fut ouverte au 
  
    4947
    » par laquelle la France fut ouverte au renouveau 
    
de

     la pensée européenne, initié par le génie des Goethe et des Herder. S
  
    4948
    ie des Goethe et des Herder. Son ouvrage intitulé 
    
De

     l’Allemagne est un acte européen dont les conséquences se révéleront 
  
    4949
    nt plus amples que celles des actes diplomatiques 
    
de

     l’époque :  Il faut, dans nos temps modernes, avoir l’esprit européen
  
    4950
    ’esprit européen. … Les nations doivent se servir 
    
de

     guide les unes aux autres, et toutes auraient tort de se priver des l
  
    4951
    uide les unes aux autres, et toutes auraient tort 
    
de

     se priver des lumières qu’elles peuvent mutuellement se prêter. Il y 
  
    4952
    vent mutuellement se prêter. Il y a quelque chose 
    
de

     très-singulier dans la différence d’un peuple à un autre : le climat,
  
    4953
    uelque chose de très-singulier dans la différence 
    
d’

    un peuple à un autre : le climat, l’aspect de la nature, la langue, le
  
    4954
    ence d’un peuple à un autre : le climat, l’aspect 
    
de

     la nature, la langue, le gouvernement, enfin surtout les événements d
  
    4955
    ue, le gouvernement, enfin surtout les événements 
    
de

     l’histoire, puissance plus extraordinaire encore que toutes les autre
  
    4956
    r ce qui se développe naturellement dans l’esprit 
    
de

     celui qui vit sur un autre sol et respire un autre air ; on se trouve
  
    4957
    autre air ; on se trouvera donc bien en tout pays 
    
d’

    accueillir les pensées étrangères ; car dans ce genre, l’hospitalité f
  
    4958
     car dans ce genre, l’hospitalité fait la fortune 
    
de

     celui qui reçoit. … Enfin, il reste encore une chose, dont l’ignoranc
  
    4959
    a frivolité ne peuvent jouir, c’est l’association 
    
de

     tous les hommes qui pensent, d’un bout de l’Europe à l’autre. Souvent
  
    4960
    est l’association de tous les hommes qui pensent, 
    
d’

    un bout de l’Europe à l’autre. Souvent ils n’ont entre eux aucune rela
  
    4961
    ciation de tous les hommes qui pensent, d’un bout 
    
de

     l’Europe à l’autre. Souvent ils n’ont entre eux aucune relation ; ils
  
    4962
    nt dispersés souvent à des grandes distances l’un 
    
de

     l’autre ; mais quand ils se rencontrent, un mot suffit pour qu’ils se
  
    4963
    ’est pas telle religion, telle opinion, tel genre 
    
d’

    étude, c’est le culte de la vérité qui les réunit. Tantôt, comme les m
  
    4964
     telle opinion, tel genre d’étude, c’est le culte 
    
de

     la vérité qui les réunit. Tantôt, comme les mineurs, ils creusent jus
  
    4965
    ôt, comme les mineurs, ils creusent jusqu’au fond 
    
de

     la terre, pour pénétrer, au sein de l’éternelle nuit, les mystères du
  
    4966
    nomènes inconnus, tantôt ils étudient les langues 
    
de

     l’Orient, pour y chercher l’histoire primitive de l’homme, tantôt ils
  
    4967
    de l’Orient, pour y chercher l’histoire primitive 
    
de

     l’homme, tantôt ils vont à Jérusalem pour faire sortir des ruines sai
  
    4968
    et la poésie ; enfin, ils sont vraiment le peuple 
    
de

     Dieu, ces hommes qui ne désespèrent pas encore de la racine humaine, 
  
    4969
    de Dieu, ces hommes qui ne désespèrent pas encore 
    
de

     la racine humaine, et veulent lui conserver l’empire de la pensée.170
  
    4970
    racine humaine, et veulent lui conserver l’empire 
    
de

     la pensée.170  Il n’y a pas de plus éminent service à rendre à la lit
  
    4971
    us éminent service à rendre à la littérature, que 
    
de

     transporter d’une langue à l’autre les chefs-d’œuvre de l’esprit huma
  
    4972
    ice à rendre à la littérature, que de transporter 
    
d’

    une langue à l’autre les chefs-d’œuvre de l’esprit humain. Il existe s
  
    4973
    nsporter d’une langue à l’autre les chefs-d’œuvre 
    
de

     l’esprit humain. Il existe si peu de productions du premier rang ; le
  
    4974
    pauvre. D’ailleurs, la circulation des idées est, 
    
de

     tous les genres de commerce, celui dont les avantages sont les plus c
  
    4975
     la circulation des idées est, de tous les genres 
    
de

     commerce, celui dont les avantages sont les plus certains.171   On va
  
    4976
    nt les plus certains.171   On va retrouver l’écho 
    
de

     cet œcuménisme ou fédéralisme des esprits dans les déclarations de Go
  
    4977
     ou fédéralisme des esprits dans les déclarations 
    
de

     Goethe sur la littérature mondiale.   166. Il aura l’occasion de le f
  
    4978
    a littérature mondiale.   166. Il aura l’occasion 
    
de

     le faire quelques semaines plus tard, lorsqu’il rédigera sur la deman
  
    4979
    ines plus tard, lorsqu’il rédigera sur la demande 
    
de

     Napoléon lui-même, l’Acte additionnel aux Constitutions de l’Empire, 
  
    4980
    on lui-même, l’Acte additionnel aux Constitutions 
    
de

     l’Empire, dans lequel est affirmée expressément la volonté de créer u
  
    4981
     dans lequel est affirmée expressément la volonté 
    
de

     créer une fédération européenne.  167.  De l’Esprit de conquête. Chap
  
    4982
    olonté de créer une fédération européenne.  167.  
    
De

     l’Esprit de conquête. Chap. XIII : De l’Uniformité.  168. Livre II, c
  
    4983
    éer une fédération européenne.  167.  De l’Esprit 
    
de

     conquête. Chap. XIII : De l’Uniformité.  168. Livre II, chap. 2 : « I
  
    4984
    nne.  167.  De l’Esprit de conquête. Chap. XIII : 
    
De

     l’Uniformité.  168. Livre II, chap. 2 : « Inconvéniens de la Souverai
  
    4985
    veraineté », Paris, 1821.  169.  Œuvres complètes 
    
de

     la baronne de Staël, tome IV, De la Littérature, Paris, 1820.  170.  
  
    4986
    Œuvres complètes de la baronne de Staël, tome IV, 
    
De

     la Littérature, Paris, 1820.  170.  De l’Allemagne, op. cit., T. XI. 
  
    4987
    , tome IV, De la Littérature, Paris, 1820.  170.  
    
De

     l’Allemagne, op. cit., T. XI. Cet ouvrage, confisqué et détruit par l
  
    4988
    é en France qu’en 1814.  171.  Op. cit., t. XVII, 
    
De

     l’esprit des traductions.

18 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 6. Goethe
    4989
    ans les 143 volumes in octavo qui forment l’œuvre 
    
de

     ce « grand Européen », on trouve peu de choses sur l’Europe : c’est q
  
    4990
    te à sa personne qu’il ne trouve guère l’occasion 
    
d’

    en parler comme d’une entité objective. Les plans d’union le laissent 
  
    4991
    u’il ne trouve guère l’occasion d’en parler comme 
    
d’

    une entité objective. Les plans d’union le laissent indifférent, comme
  
    4992
    en parler comme d’une entité objective. Les plans 
    
d’

    union le laissent indifférent, comme la chose politique en général. To
  
    4993
    al-oriental, ou la jeune Amérique dans Les Années 
    
de

     voyage de Wilhelm Meister, ses prises de position peuvent paraître am
  
    4994
    l, ou la jeune Amérique dans Les Années de voyage 
    
de

     Wilhelm Meister, ses prises de position peuvent paraître ambiguës. On
  
    4995
    s Années de voyage de Wilhelm Meister, ses prises 
    
de

     position peuvent paraître ambiguës. On a lu sa réponse évasive à Schi
  
    4996
    à Schiller, qui lui vantait les avantages uniques 
    
de

     l’Europe. On va lire ses déclarations contrastées sur les avantages r
  
    4997
    arations contrastées sur les avantages respectifs 
    
de

     l’ancienneté de notre culture et de la nouveauté de l’american way of
  
    4998
    tées sur les avantages respectifs de l’ancienneté 
    
de

     notre culture et de la nouveauté de l’american way of life. On ne sau
  
    4999
    es respectifs de l’ancienneté de notre culture et 
    
de

     la nouveauté de l’american way of life. On ne saurait s’en étonner. C
  
    5000
     l’ancienneté de notre culture et de la nouveauté 
    
de

     l’american way of life. On ne saurait s’en étonner. Ces contradiction
  
    5001
    adictions apparentes relèvent aussi naturellement 
    
de

     la formule vitale de Goethe que de la formule créatrice de l’Europe. 
  
    5002
    relèvent aussi naturellement de la formule vitale 
    
de

     Goethe que de la formule créatrice de l’Europe. Rien ne serait moins 
  
    5003
     naturellement de la formule vitale de Goethe que 
    
de

     la formule créatrice de l’Europe. Rien ne serait moins goethéen qu’un
  
    5004
    mule vitale de Goethe que de la formule créatrice 
    
de

     l’Europe. Rien ne serait moins goethéen qu’un « nationalisme européen
  
    5005
     », rien de plus contraire à l’Europe qu’un refus 
    
de

     la mettre en question, de la comparer objectivement aux autres, et de
  
    5006
     à l’Europe qu’un refus de la mettre en question, 
    
de

     la comparer objectivement aux autres, et de lui donner tort, cas éché
  
    5007
    tion, de la comparer objectivement aux autres, et 
    
de

     lui donner tort, cas échéant, quoique au nom même des idéaux universe
  
    5008
    ’abord conçus et propagés… Voici d’abord un choix 
    
de

     propos de Goethe où l’on retrouvera les mêmes idées, parfois presque 
  
    5009
    çus et propagés… Voici d’abord un choix de propos 
    
de

     Goethe où l’on retrouvera les mêmes idées, parfois presque dans les m
  
    5010
    u’exprimait Mme de Staël :  Les diversités innées 
    
de

     conceptions et de sentiments… propres à des peuples entiers aussi bie
  
    5011
     Staël :  Les diversités innées de conceptions et 
    
de

     sentiments… propres à des peuples entiers aussi bien qu’à des individ
  
    5012
    ntiers aussi bien qu’à des individus et résultant 
    
de

     l’inclination, de l’orgueil, ou de vues erronées, ou d’exagérations p
  
    5013
    qu’à des individus et résultant de l’inclination, 
    
de

     l’orgueil, ou de vues erronées, ou d’exagérations passionnées, prenne
  
    5014
    s et résultant de l’inclination, de l’orgueil, ou 
    
de

     vues erronées, ou d’exagérations passionnées, prennent avec le temps 
  
    5015
    nclination, de l’orgueil, ou de vues erronées, ou 
    
d’

    exagérations passionnées, prennent avec le temps et pour les foules av
  
    5016
    c le temps et pour les foules aveugles, la valeur 
    
de

     frontières infranchissables, tout comme les mers et les montagnes lim
  
    5017
    omme les mers et les montagnes limitent les pays. 
    
De

     là, pour les gens cultivés et pour l’élite, le devoir d’exercer sur l
  
    5018
    pour les gens cultivés et pour l’élite, le devoir 
    
d’

    exercer sur les relations entre les peuples une influence pacifiante e
  
    5019
    gnes. Le libre commerce des idées et des manières 
    
de

     sentir accroît, tout autant que l’échange des produits et denrées, la
  
    5020
    s et denrées, la richesse et le bien-être général 
    
de

     l’humanité. Qu’il n’ait pas eu lieu jusqu’ici, cela ne tient à rien d
  
    5021
    n’ait pas eu lieu jusqu’ici, cela ne tient à rien 
    
d’

    autre qu’au fait que la communauté internationale n’a pas encore de lo
  
    5022
    t que la communauté internationale n’a pas encore 
    
de

     lois morales et de principes fermes, comme il en existe dans les rela
  
    5023
     internationale n’a pas encore de lois morales et 
    
de

     principes fermes, comme il en existe dans les relations privées, et q
  
    5024
    ans les relations privées, et qui soient capables 
    
de

     fondre en un tour plus ou moins harmonieux les innombrables diversité
  
    5025
    , Anglais et Allemands, nous ayons la possibilité 
    
de

     nous corriger l’un l’autre. Tel est le grand profit qu’apporte une li
  
    5026
    t qui se révélera toujours davantage173. Le terme 
    
de

     littérature nationale ne signifie plus grand-chose aujourd’hui ; nous
  
    5027
     nous ne devons pas nous attacher à quelque chose 
    
de

     particulier et vouloir le considérer comme un modèle, que ce soit la 
  
    5028
     ou les Nibelungen ; mais quand nous avons besoin 
    
d’

    un modèle, il nous faut sans cesse retourner vers les anciens Grecs do
  
    5029
    rier dans la mesure du possible ce qui s’y trouve 
    
de

     bon.174  Il n’existe pas d’art patriotique ni de science patriotique.
  
    5030
    ble ce qui s’y trouve de bon.174  Il n’existe pas 
    
d’

    art patriotique ni de science patriotique. L’un et l’autre, comme tout
  
    5031
     de bon.174  Il n’existe pas d’art patriotique ni 
    
de

     science patriotique. L’un et l’autre, comme tout ce qui est haut et b
  
    5032
    entier175. … La haine nationale est quelque chose 
    
de

     singulier. Vous la trouverez toujours plus forte et plus ardente aux 
  
    5033
     plus forte et plus ardente aux degrés inférieurs 
    
de

     la culture. Or, il est un degré où elle disparaît complètement et où 
  
    5034
    es nations, où l’on sent le bonheur et le malheur 
    
de

     la nation voisine comme si c’était le nôtre. Ce degré de culture répo
  
    5035
    ation voisine comme si c’était le nôtre. Ce degré 
    
de

     culture répondait à ma nature et je m’y étais solidement fixé longtem
  
    5036
    e et je m’y étais solidement fixé longtemps avant 
    
d’

    être parvenu à la soixantaine176.  C’est la culture qui a fait la véri
  
    5037
    .  C’est la culture qui a fait la véritable unité 
    
de

     l’Europe, et c’est la politique idéologique, adoptée par les masses, 
  
    5038
     la technique jouera de plus en plus dans le sens 
    
de

     l’union :  L’Europe — dit Goethe — était autrefois l’une des plus ext
  
    5039
    mais existé, et sa ruine a été due au fait qu’une 
    
de

     ses parties a voulu devenir ce qu’était le tout, à savoir la France, 
  
    5040
    , qui voulut devenir République177. Nous parlâmes 
    
de

     l’unité de l’Allemagne et dîmes en quel sens elle est possible et dés
  
    5041
    t devenir République177. Nous parlâmes de l’unité 
    
de

     l’Allemagne et dîmes en quel sens elle est possible et désirable. « J
  
    5042
    le, … qui a également imprégné toutes les parties 
    
de

     l’empire. »178   Mais Goethe craint qu’une centralisation politique t
  
    5043
    sation politique trop poussée nuise à cette unité 
    
de

     culture qui ne saurait prospérer que dans la diversité : tout ce qu’i
  
    5044
    ospérer que dans la diversité : tout ce qu’il dit 
    
de

     l’Allemagne, ici, s’applique identiquement à l’Europe. Les grands tra
  
    5045
    u Second Faust — sont aussi pour lui une promesse 
    
d’

    union des peuples. Il s’enthousiasme à l’idée du percement de l’isthme
  
    5046
     peuples. Il s’enthousiasme à l’idée du percement 
    
de

     l’isthme de Panama :  J’aimerais vivre assez pour le voir, mais ce n’
  
    5047
     s’enthousiasme à l’idée du percement de l’isthme 
    
de

     Panama :  J’aimerais vivre assez pour le voir, mais ce n’est pas poss
  
    5048
     lieu, je voudrais voir les Anglais en possession 
    
d’

    un canal à Suez. Oui, je voudrais vivre assez pour voir se réaliser ce
  
    5049
    the, devient le symbole du monde technique, libre 
    
de

     toutes contraintes traditionnelles, succédant au monde européen de la
  
    5050
    ntes traditionnelles, succédant au monde européen 
    
de

     la culture. (Une fois de plus, le stade politique est survolé). Mais 
  
    5051
    t, il exprime son irritation devant la complexité 
    
de

     nos relations humaines et leur absence de cordialité ; ainsi :  Du re
  
    5052
    plexité de nos relations humaines et leur absence 
    
de

     cordialité ; ainsi :  Du reste, nous autres vieux Européens, nous nou
  
    5053
    nous nous portons tous plutôt mal. Nos conditions 
    
de

     vie sont trop artificielles et trop compliquées, notre nourriture et 
  
    5054
    trop compliquées, notre nourriture et notre genre 
    
de

     vie sont trop éloignés de la saine nature et nos relations sociales m
  
    5055
    urriture et notre genre de vie sont trop éloignés 
    
de

     la saine nature et nos relations sociales manquent de charité et de b
  
    5056
    a saine nature et nos relations sociales manquent 
    
de

     charité et de bienveillance. Chacun est distingué et poli, mais perso
  
    5057
     et nos relations sociales manquent de charité et 
    
de

     bienveillance. Chacun est distingué et poli, mais personne n’a le cou
  
    5058
    t distingué et poli, mais personne n’a le courage 
    
d’

    être sincère et vrai, de sorte qu’un honnête homme, avec des tendances
  
    5059
    al à sa place parmi nous. Souvent on souhaiterait 
    
d’

    être un de ces soi-disant sauvages nés dans les îles des mers du Sud, 
  
    5060
    ace parmi nous. Souvent on souhaiterait d’être un 
    
de

     ces soi-disant sauvages nés dans les îles des mers du Sud, pour pouvo
  
    5061
     jamais rien mettre sur pied ». Et il se félicite 
    
d’

    avoir encore vécu dans l’âge de la culture, comme « l’un des derniers 
  
    5062
     Et il se félicite d’avoir encore vécu dans l’âge 
    
de

     la culture, comme « l’un des derniers d’une époque qui ne reviendra p
  
    5063
    ns l’âge de la culture, comme « l’un des derniers 
    
d’

    une époque qui ne reviendra pas de si tôt »182. Cette ambivalence de s
  
    5064
    un des derniers d’une époque qui ne reviendra pas 
    
de

     si tôt »182. Cette ambivalence de son jugement se traduit par le doub
  
    5065
    e reviendra pas de si tôt »182. Cette ambivalence 
    
de

     son jugement se traduit par le double mouvement qu’il donne aux perso
  
    5066
    nt qu’il donne aux personnages des Années nomades 
    
de

     Wilhelm Meister : tandis que les uns s’embarquent pour le Nouveau Mon
  
    5067
    barquent pour le Nouveau Monde, un autre a décidé 
    
de

     revenir à l’Europe, après avoir été élevé en Amérique par ses parents
  
    5068
    ir été élevé en Amérique par ses parents, émigrés 
    
de

     la première génération.  Au commencement du xviiie  siècle, les espri
  
    5069
    que la population se fût étendue vers l’Occident. 
    
De

     vastes territoires, sous le nom de comtés, étaient encore à vendre au
  
    5070
    rs l’Occident. De vastes territoires, sous le nom 
    
de

     comtés, étaient encore à vendre aux limites des terres habitées. Le p
  
    5071
    à vendre aux limites des terres habitées. Le père 
    
de

     notre vieillard s’y était fait lui-même un établissement considérable
  
    5072
     autrefois, sous mille et mille formes, lui donna 
    
de

     tout autres idées du point où l’humanité peut parvenir. Il aima mieux
  
    5073
     et se perdre dans le mouvement vaste et régulier 
    
de

     la foule, en travaillant avec elle, que de reculer de plusieurs siècl
  
    5074
    gulier de la foule, en travaillant avec elle, que 
    
de

     reculer de plusieurs siècles et de jouer, au-delà des mers, le rôle d
  
    5075
    a foule, en travaillant avec elle, que de reculer 
    
de

     plusieurs siècles et de jouer, au-delà des mers, le rôle d’Orphée et 
  
    5076
    avec elle, que de reculer de plusieurs siècles et 
    
de

     jouer, au-delà des mers, le rôle d’Orphée et de Lycurgue. Partout, se
  
    5077
    rs siècles et de jouer, au-delà des mers, le rôle 
    
d’

    Orphée et de Lycurgue. Partout, se disait-il, l’homme a besoin de pati
  
    5078
    t de jouer, au-delà des mers, le rôle d’Orphée et 
    
de

     Lycurgue. Partout, se disait-il, l’homme a besoin de patience ; parto
  
    5079
    Lycurgue. Partout, se disait-il, l’homme a besoin 
    
de

     patience ; partout il a des ménagements à garder, et j’aime mieux m’a
  
    5080
    isant, d’un autre côté, quelques concessions, que 
    
de

     guerroyer avec les Iroquois, pour les refouler, ou de les tromper par
  
    5081
    uerroyer avec les Iroquois, pour les refouler, ou 
    
de

     les tromper par des traités, pour les chasser de leurs marais, ou l’o
  
    5082
     de les tromper par des traités, pour les chasser 
    
de

     leurs marais, ou l’on souffre à mourir de la morsure des moustiques.1
  
    5083
    chasser de leurs marais, ou l’on souffre à mourir 
    
de

     la morsure des moustiques.183     172.  Gespräche, zu Mickiewicz, 182
  
    5084
    illeur Sur notre continent, l’ancien. Tu n’as pas 
    
de

     châteaux en ruines Pas de basalte. Et tu n’es pas, au plus intime Des
  
    5085
    , l’ancien. Tu n’as pas de châteaux en ruines Pas 
    
de

     basalte. Et tu n’es pas, au plus intime Des heures vitales Troublée p
  
    5086
    s, au plus intime Des heures vitales Troublée par 
    
de

     vains souvenirs. Par tant de vieux conflits en vain… Saisis les chanc
  
    5087
     ! »   182. Cité par E. Ludwig : Goethe, histoire 
    
d’

    un homme, III, 362.  183.  Wilhelm Meisters Wanderjahre, Ire partie, c

19 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 7. Synthèses historico-philosophiques (II)
    5088
    l’Europe, dont il avait donné lecture à un groupe 
    
d’

    amis (parmi lesquels les frères Schlegel et le jeune Schelling), mais 
  
    5089
    ublier, comme trop « catholicisant » selon l’avis 
    
de

     Goethe. L’écrit ne parut qu’en 1826, longtemps après la mort prématur
  
    5090
    ut qu’en 1826, longtemps après la mort prématurée 
    
de

     son auteur. Mais si son influence ne s’est pas exercée sur la premièr
  
    5091
    ermanique qui allait devenir la nostalgie commune 
    
de

     tous les amis de Novalis, penseurs, artistes et poètes, catholiques d
  
    5092
    ait devenir la nostalgie commune de tous les amis 
    
de

     Novalis, penseurs, artistes et poètes, catholiques de naissance ou né
  
    5093
    ovalis, penseurs, artistes et poètes, catholiques 
    
de

     naissance ou néophytes comme le fut Novalis lui-même : Schlegel, Sche
  
    5094
    z Joseph de Maistre. C’est aussi le pressentiment 
    
d’

    une réconciliation des âmes et d’une renaissance religieuse, d’un gran
  
    5095
    le pressentiment d’une réconciliation des âmes et 
    
d’

    une renaissance religieuse, d’un grand « concile européen » réunissant
  
    5096
    liation des âmes et d’une renaissance religieuse, 
    
d’

    un grand « concile européen » réunissant dans une nouvelle Jérusalem c
  
    5097
    pour célébrer le « Liebesmahl », l’agape, la Fête 
    
de

     la paix. Les fragments que nous citons restituent la succession des a
  
    5098
     commun unissait les provinces les plus éloignées 
    
de

     ce vaste empire spirituel. Un seul chef dénué de grandes possessions 
  
    5099
     de ce vaste empire spirituel. Un seul chef dénué 
    
de

     grandes possessions temporelles, dirigeait et unissait les grandes pu
  
    5100
    t les grandes puissances politiques… Le sage chef 
    
de

     l’Église s’opposait à bon droit aux empiètements insolents des instit
  
    5101
    maines quand elles lésaient les privilèges sacrés 
    
de

     l’esprit, ainsi qu’aux découvertes importunes et dangereuses dans le 
  
    5102
    rassemblaient tous les hommes sages et vénérables 
    
de

     l’Europe. Tous les trésors y affluaient, Jérusalem détruite avait pri
  
    5103
    Des princes soumettaient leurs différends au Père 
    
de

     la chrétienté, mettaient volontairement à ses pieds leurs couronnes e
  
    5104
    , et allaient jusqu’à tirer gloire, comme membres 
    
de

     cette sublime corporation, d’aller finir leur vie dans de pieuses méd
  
    5105
    oire, comme membres de cette sublime corporation, 
    
d’

    aller finir leur vie dans de pieuses méditations entre les murailles s
  
    5106
     sublime corporation, d’aller finir leur vie dans 
    
de

     pieuses méditations entre les murailles solitaires des monastères… … 
  
    5107
    tères… … Tels étaient les beaux traits essentiels 
    
de

     ces temps véritablement catholiques ou chrétiens. L’humanité n’était 
  
    5108
     assez mûre ni tout à fait formée pour ce royaume 
    
de

     splendeur. C’était un premier amour qui mourut sous le poids de la vi
  
    5109
    C’était un premier amour qui mourut sous le poids 
    
de

     la vie temporelle, dont le souvenir fut effacé par des soucis égoïste
  
    5110
     destructrices, fut une démonstration remarquable 
    
de

     la nocivité de la culture pour le sens de l’invisible, à tout le moin
  
    5111
     fut une démonstration remarquable de la nocivité 
    
de

     la culture pour le sens de l’invisible, à tout le moins de la nocivit
  
    5112
    rquable de la nocivité de la culture pour le sens 
    
de

     l’invisible, à tout le moins de la nocivité temporelle d’un certain d
  
    5113
    ture pour le sens de l’invisible, à tout le moins 
    
de

     la nocivité temporelle d’un certain degré de culture… […] Les insurgé
  
    5114
    isible, à tout le moins de la nocivité temporelle 
    
d’

    un certain degré de culture… […] Les insurgés prirent avec raison le n
  
    5115
    oins de la nocivité temporelle d’un certain degré 
    
de

     culture… […] Les insurgés prirent avec raison le nom de protestants, 
  
    5116
    ture… […] Les insurgés prirent avec raison le nom 
    
de

     protestants, car ils protestaient solennellement contre tout empiètem
  
    5117
    otestaient solennellement contre tout empiètement 
    
d’

    un pouvoir incommode et qui semblait illégitime, sur les consciences. 
  
    5118
    ndiquèrent provisoirement pour eux-mêmes le droit 
    
d’

    examiner, de définir et de choisir en matière religieuse, droit auquel
  
    5119
    rovisoirement pour eux-mêmes le droit d’examiner, 
    
de

     définir et de choisir en matière religieuse, droit auquel ce pouvoir 
  
    5120
    pour eux-mêmes le droit d’examiner, de définir et 
    
de

     choisir en matière religieuse, droit auquel ce pouvoir avait renoncé 
  
    5121
    i demeurait vacant. Ils érigèrent aussi une foule 
    
de

     principes justes, introduisirent une foule de choses louables et abol
  
    5122
    ule de principes justes, introduisirent une foule 
    
de

     choses louables et abolirent une foule d’institutions néfastes ; mais
  
    5123
    e foule de choses louables et abolirent une foule 
    
d’

    institutions néfastes ; mais ils perdirent de vue l’aboutissement néce
  
    5124
    oule d’institutions néfastes ; mais ils perdirent 
    
de

     vue l’aboutissement nécessaire de leur action, ils séparèrent ce qui 
  
    5125
    s ils perdirent de vue l’aboutissement nécessaire 
    
de

     leur action, ils séparèrent ce qui est inséparable, divisèrent l’Égli
  
    5126
    t durable renaissance… La Réforme a sonné le glas 
    
de

     la chrétienté. Celle-ci n’existe plus désormais. Catholiques et prote
  
    5127
    t à végéter, non sans se ressentir insensiblement 
    
de

     l’influence pernicieuse des États protestants voisins. La politique m
  
    5128
    estants voisins. La politique moderne ne date que 
    
d’

    alors et certains États puissants s’efforcèrent de prendre possession 
  
    5129
    d’alors et certains États puissants s’efforcèrent 
    
de

     prendre possession du siège de la puissance catholique, transformé en
  
    5130
    ants s’efforcèrent de prendre possession du siège 
    
de

     la puissance catholique, transformé en un trône… La Réforme avait été
  
    5131
    dans l’Allemagne vraiment libre. Les bons esprits 
    
de

     toutes les nations s’étaient secrètement émancipés, et pleins du sent
  
    5132
    ement émancipés, et pleins du sentiment illusoire 
    
de

     leur vocation ils répudiaient avec d’autant plus d’insolence une cont
  
    5133
    t illusoire de leur vocation ils répudiaient avec 
    
d’

    autant plus d’insolence une contrainte périmée. Le savant est instinct
  
    5134
     leur vocation ils répudiaient avec d’autant plus 
    
d’

    insolence une contrainte périmée. Le savant est instinctivement l’enne
  
    5135
    clésiastique se livrent nécessairement une guerre 
    
d’

    extermination, dès qu’elles sont séparées ; car elles se disputent une
  
    5136
    centuée de plus en plus, et les savants gagnèrent 
    
d’

    autant plus de terrain que l’histoire de l’humanité européenne approch
  
    5137
    s en plus, et les savants gagnèrent d’autant plus 
    
de

     terrain que l’histoire de l’humanité européenne approchait de l’ère d
  
    5138
    gagnèrent d’autant plus de terrain que l’histoire 
    
de

     l’humanité européenne approchait de l’ère de la science triomphante, 
  
    5139
    ue l’histoire de l’humanité européenne approchait 
    
de

     l’ère de la science triomphante, et que le savoir et la foi s’affront
  
    5140
    oire de l’humanité européenne approchait de l’ère 
    
de

     la science triomphante, et que le savoir et la foi s’affrontaient de 
  
    5141
    phante, et que le savoir et la foi s’affrontaient 
    
de

     façon de plus en plus marquée. On chercha dans la foi la cause de la 
  
    5142
     en plus marquée. On chercha dans la foi la cause 
    
de

     la stagnation générale que l’on espérait guérir grâce au savoir. Part
  
    5143
    ’esprit religieux souffrait diverses persécutions 
    
de

     son mode ancien et de ses formes individuelles présentes. On donna au
  
    5144
    frait diverses persécutions de son mode ancien et 
    
de

     ses formes individuelles présentes. On donna au fruit de la nouvelle 
  
    5145
    formes individuelles présentes. On donna au fruit 
    
de

     la nouvelle façon de penser le nom de philosophie et l’on comprit sou
  
    5146
    présentes. On donna au fruit de la nouvelle façon 
    
de

     penser le nom de philosophie et l’on comprit sous ce terme tout ce qu
  
    5147
    na au fruit de la nouvelle façon de penser le nom 
    
de

     philosophie et l’on comprit sous ce terme tout ce qui était contraire
  
    5148
    tachée à la foi catholique devint peu à peu haine 
    
de

     la Bible, de la foi chrétienne et finalement de la religion. Bien plu
  
    5149
    oi catholique devint peu à peu haine de la Bible, 
    
de

     la foi chrétienne et finalement de la religion. Bien plus : cette hai
  
    5150
    e de la Bible, de la foi chrétienne et finalement 
    
de

     la religion. Bien plus : cette haine de la religion s’étendit de faço
  
    5151
    inalement de la religion. Bien plus : cette haine 
    
de

     la religion s’étendit de façon très naturelle et logique à tout ce qu
  
    5152
     Bien plus : cette haine de la religion s’étendit 
    
de

     façon très naturelle et logique à tout ce qui peut être objet d’entho
  
    5153
    aturelle et logique à tout ce qui peut être objet 
    
d’

    enthousiasme et condamna l’imagination et le sentiment, la morale et l
  
    5154
    imagination et le sentiment, la morale et l’amour 
    
de

     l’art, l’avenir et le passé ; on en vint à placer nécessairement l’ho
  
    5155
    en vint à placer nécessairement l’homme au sommet 
    
de

     l’échelle des êtres et à faire de la musique éternelle et inépuisable
  
    5156
    homme au sommet de l’échelle des êtres et à faire 
    
de

     la musique éternelle et inépuisable de l’univers le tic-tac monotone 
  
    5157
    et à faire de la musique éternelle et inépuisable 
    
de

     l’univers le tic-tac monotone d’un immense moulin, mû et porté par le
  
    5158
    e et inépuisable de l’univers le tic-tac monotone 
    
d’

    un immense moulin, mû et porté par le torrent du hasard, un moulin en 
  
    5159
    use race humaine et rendu obligatoire pour chacun 
    
de

     ses actionnaires, comme la pierre de touche de la plus haute culture 
  
    5160
     pour chacun de ses actionnaires, comme la pierre 
    
de

     touche de la plus haute culture — l’enthousiasme pour cette magnifiqu
  
    5161
    un de ses actionnaires, comme la pierre de touche 
    
de

     la plus haute culture — l’enthousiasme pour cette magnifique et grand
  
    5162
    tres et ses mystagogues. La France eut le bonheur 
    
d’

    être le centre et le siège de cette religion nouvelle, faite de fragme
  
    5163
    rance eut le bonheur d’être le centre et le siège 
    
de

     cette religion nouvelle, faite de fragments de savoir mal recollés. S
  
    5164
    tre et le siège de cette religion nouvelle, faite 
    
de

     fragments de savoir mal recollés. Si décriée que fût la poésie dans c
  
    5165
    ge de cette religion nouvelle, faite de fragments 
    
de

     savoir mal recollés. Si décriée que fût la poésie dans cette nouvelle
  
    5166
    ments anciens et des lumières anciennes, mais qui 
    
de

     ce fait risquaient de consumer par ce feu ancien le nouveau système d
  
    5167
    umières anciennes, mais qui de ce fait risquaient 
    
de

     consumer par ce feu ancien le nouveau système de l’univers. Des adept
  
    5168
     de consumer par ce feu ancien le nouveau système 
    
de

     l’univers. Des adeptes plus avisés surent arroser d’eau froide les au
  
    5169
    l’univers. Des adeptes plus avisés surent arroser 
    
d’

    eau froide les auditeurs déjà trop échauffés. Ces adeptes étaient sans
  
    5170
    Ces adeptes étaient sans cesse occupés à nettoyer 
    
de

     toute poésie la nature, le sol, les âmes humaines et les sciences à d
  
    5171
    divin, à déshonorer par des sarcasmes le souvenir 
    
de

     tous les événements et de tous les hommes dignes d’admiration, et à d
  
    5172
    s sarcasmes le souvenir de tous les événements et 
    
de

     tous les hommes dignes d’admiration, et à dépouiller le monde de tout
  
    5173
     tous les événements et de tous les hommes dignes 
    
d’

    admiration, et à dépouiller le monde de toute sa parure bigarrée. À ca
  
    5174
    mes dignes d’admiration, et à dépouiller le monde 
    
de

     toute sa parure bigarrée. À cause de sa docilité mathématique et de s
  
    5175
     bigarrée. À cause de sa docilité mathématique et 
    
de

     son impudeur, la lumière était devenue leur favorite. Ils se félicita
  
    5176
    félicitaient qu’elle se laissât briser plutôt que 
    
de

     jouer avec les couleurs et c’est ainsi qu’ils nommèrent d’après elle 
  
    5177
     peu près complètement la forme, c’est la période 
    
de

     transition entre la religion grecque et le christianisme. Entrez donc
  
    5178
     philanthropes et encyclopédistes dans cette loge 
    
de

     paix, et recevez le baiser fraternel, dépouillez ce voile gris et reg
  
    5179
    z avec un amour juvénile la miraculeuse splendeur 
    
de

     la nature, de l’histoire et de l’humanité. Je vous conduirai vers un 
  
    5180
    r juvénile la miraculeuse splendeur de la nature, 
    
de

     l’histoire et de l’humanité. Je vous conduirai vers un frère à la par
  
    5181
    aculeuse splendeur de la nature, de l’histoire et 
    
de

     l’humanité. Je vous conduirai vers un frère à la parole duquel vos cœ
  
    5182
    e duquel vos cœurs s’ouvriront, et vous revêtirez 
    
d’

    un corps nouveau l’âme défunte de votre pressentiment aimé, vous l’étr
  
    5183
    t vous revêtirez d’un corps nouveau l’âme défunte 
    
de

     votre pressentiment aimé, vous l’étreindrez à nouveau et reconnaîtrez
  
    5184
    as vous procurer. Ce frère, c’est le cœur battant 
    
de

     l’ère nouvelle ; quiconque l’a senti battre ne doute plus qu’elle n’a
  
    5185
    i battre ne doute plus qu’elle n’arrive et, plein 
    
de

     la douce fierté d’appartenir à son époque, il se détache lui aussi de
  
    5186
    lus qu’elle n’arrive et, plein de la douce fierté 
    
d’

    appartenir à son époque, il se détache lui aussi de la foule pour se j
  
    5187
    ’appartenir à son époque, il se détache lui aussi 
    
de

     la foule pour se joindre à la troupe des disciples nouveaux… Tournons
  
    5188
    urnons-nous à présent vers le spectacle politique 
    
de

     notre temps. Le monde ancien et le monde nouveau sont en lutte, l’ins
  
    5189
    i, ici comme dans les sciences, la fin historique 
    
de

     la guerre ne serait point d’abord d’amener une connexion plus étroite
  
    5190
    n historique de la guerre ne serait point d’abord 
    
d’

    amener une connexion plus étroite et plus variée et un rapprochement e
  
    5191
    ons pas nous trouver en face d’un État des États, 
    
d’

    une Doctrine de la Science appliquée à la politique ! La hiérarchie, c
  
    5192
    ouver en face d’un État des États, d’une Doctrine 
    
de

     la Science appliquée à la politique ! La hiérarchie, cette figure géo
  
    5193
    mentale des États, ne serait-elle pas le principe 
    
d’

    une société des États, étant l’intuition intellectuelle du moi politiq
  
    5194
     moi politique ? Il est impossible que les forces 
    
de

     l’univers se mettent d’elles-mêmes en équilibre, seul un troisième él
  
    5195
    impossible que les forces de l’univers se mettent 
    
d’

    elles-mêmes en équilibre, seul un troisième élément, à la fois séculie
  
    5196
    n, un armistice ; du point de vue des politiciens 
    
de

     cabinet, de la conscience commune, aucune conciliation n’est possible
  
    5197
    ice ; du point de vue des politiciens de cabinet, 
    
de

     la conscience commune, aucune conciliation n’est possible. Les deux p
  
    5198
     conciliation n’est possible. Les deux partis ont 
    
de

     grandes et nécessaires revendications et sont tenus de les faire valo
  
    5199
    andes et nécessaires revendications et sont tenus 
    
de

     les faire valoir, pour obéir aux impulsions de l’esprit de l’univers 
  
    5200
    us de les faire valoir, pour obéir aux impulsions 
    
de

     l’esprit de l’univers et de l’humanité. Tous deux représentent des fo
  
    5201
    ire valoir, pour obéir aux impulsions de l’esprit 
    
de

     l’univers et de l’humanité. Tous deux représentent des forces indestr
  
    5202
     obéir aux impulsions de l’esprit de l’univers et 
    
de

     l’humanité. Tous deux représentent des forces indestructibles au cœur
  
    5203
    x représentent des forces indestructibles au cœur 
    
de

     l’humanité ; d’une part le sentiment exaltant de la liberté, l’espoir
  
    5204
     de l’humanité ; d’une part le sentiment exaltant 
    
de

     la liberté, l’espoir illimité de puissantes sphères d’action, le goût
  
    5205
    ntiment exaltant de la liberté, l’espoir illimité 
    
de

     puissantes sphères d’action, le goût de la nouveauté, et de la jeunes
  
    5206
     liberté, l’espoir illimité de puissantes sphères 
    
d’

    action, le goût de la nouveauté, et de la jeunesse, les relations fami
  
    5207
     illimité de puissantes sphères d’action, le goût 
    
de

     la nouveauté, et de la jeunesse, les relations familières entre tous 
  
    5208
    tes sphères d’action, le goût de la nouveauté, et 
    
de

     la jeunesse, les relations familières entre tous les concitoyens, la 
  
    5209
     familières entre tous les concitoyens, la fierté 
    
de

     vérités universellement humaines et valables, le goût du droit indivi
  
    5210
    aines et valables, le goût du droit individuel et 
    
de

     la propriété collective, et le vigoureux sens civique. Que ni l’un ni
  
    5211
    gnifient rien, car la capitale la plus intérieure 
    
de

     chaque empire ne se trouve pas derrière des murailles et ne saurait ê
  
    5212
    s derrière des murailles et ne saurait être prise 
    
d’

    assaut. Qui sait si la guerre n’a pas assez duré ? Mais elle ne cesser
  
    5213
    pe jusqu’à ce que les nations prennent conscience 
    
de

     la redoutable folie qui les fait tourner en rond, jusqu’à ce que sens
  
    5214
     pied des anciens autels, entreprenant des œuvres 
    
de

     paix et célébrant sur des champs de bataille fumants, sous un déluge 
  
    5215
    nt des œuvres de paix et célébrant sur des champs 
    
de

     bataille fumants, sous un déluge de chaudes larmes, de grandes agapes
  
    5216
    ur des champs de bataille fumants, sous un déluge 
    
de

     chaudes larmes, de grandes agapes en guise de fête de la paix. Seule 
  
    5217
    taille fumants, sous un déluge de chaudes larmes, 
    
de

     grandes agapes en guise de fête de la paix. Seule la religion peut ré
  
    5218
    haudes larmes, de grandes agapes en guise de fête 
    
de

     la paix. Seule la religion peut réveiller l’Europe et rassurer les pe
  
    5219
    ts attendent la réconciliation et la résurrection 
    
de

     l’Europe pour se joindre à elle et devenir concitoyens du Royaume des
  
    5220
    as y avoir bientôt de nouveau en Europe une foule 
    
d’

    esprits vraiment consacrés ? Tous les véritables membres de la famille
  
    5221
     vraiment consacrés ? Tous les véritables membres 
    
de

     la famille religieuse ne devraient-ils pas aspirer ardemment à voir l
  
    5222
    oyaume des cieux s’établir sur terre, et y entrer 
    
de

     bon gré, et entonner des hymnes sacrées ? Il faut que la chrétienté r
  
    5223
     accueille dans son sein toutes les âmes altérées 
    
de

     ciel et qui s’offre à devenir médiatrice entre le monde ancien et le 
  
    5224
    ’elle déverse de nouveau sur les peuples la corne 
    
d’

    abondance de ses bénédictions. Du sein sacré d’un vénérable concile eu
  
    5225
    e de nouveau sur les peuples la corne d’abondance 
    
de

     ses bénédictions. Du sein sacré d’un vénérable concile européen, la c
  
    5226
    ne d’abondance de ses bénédictions. Du sein sacré 
    
d’

    un vénérable concile européen, la chrétienté renaîtra, et la tâche qui
  
    5227
    naîtra, et la tâche qui consistera dans le réveil 
    
de

     la religion sera menée selon un vaste plan divin où rien ne sera négl
  
    5228
    contrainte chrétienne ou séculière, car l’essence 
    
de

     l’Église sera la vraie liberté, et toutes les réformes bienfaisantes 
  
    5229
     il vient, il viendra nécessairement, l’âge sacré 
    
de

     la paix éternelle où la Jérusalem nouvelle sera la capitale de l’univ
  
    5230
    ernelle où la Jérusalem nouvelle sera la capitale 
    
de

     l’univers. Jusque-là demeurez calmes et courageux dans les dangers du
  
    5231
     courageux dans les dangers du siècle, compagnons 
    
de

     ma foi, annoncez par la parole et par l’action l’évangile divin, et r
  
    5232
    res (1776-1848) est celui des penseurs politiques 
    
de

     la Restauration et du romantisme qui a le plus écrit sur l’Europe. Ob
  
    5233
    uée dans cet ouvrage, ne fût-ce que par un aperçu 
    
de

     ses thèses les plus constantes. Comme tant d’autres Allemands, il s’e
  
    5234
    toi aussi tu vas te dresser pour libérer l’Europe 
    
de

     ses despotes !  Et il propose une organisation internationale dirigée
  
    5235
    tres, il retourne ses batteries, dès les journées 
    
de

     Brumaire 1799 — Bonaparte a trahi, pense-t-il — et la Restauration le
  
    5236
    -t-il — et la Restauration le trouve dans le camp 
    
de

     la Sainte-Alliance. En 1815, il publie dans son journal Der Rheinisch
  
    5237
     il salue la Sainte-Alliance comme la « fondation 
    
d’

    une République européenne au pied des autels du Dieu inconnu. » Il ann
  
    5238
    la grandeur allemande : si ce peuple a le bonheur 
    
de

     trouver un jour son Wallenstein, dit-il, celui-ci « soumettra l’Europ
  
    5239
    i « soumettra l’Europe entière, jusqu’aux limites 
    
de

     l’Asie » ! En 1821, dans un écrit intitulé Europa und die Revolution,
  
    5240
    lution, il attaque la Réformation, qu’il qualifie 
    
de

     « second péché originel », et il la compare aux autres catastrophes q
  
    5241
    tionales, la Révolution, et finalement « l’empire 
    
de

     Satan », celui de Napoléon. Tous les thèmes favoris de Joseph de Mais
  
    5242
    ution, et finalement « l’empire de Satan », celui 
    
de

     Napoléon. Tous les thèmes favoris de Joseph de Maistre (Du pape vient
  
    5243
    tan », celui de Napoléon. Tous les thèmes favoris 
    
de

     Joseph de Maistre (Du pape vient de paraître deux ans plus tôt) sont 
  
    5244
     sur La Sainte-Alliance et les peuples au congrès 
    
de

     Vérone, il demande que l’Allemagne redevienne  … l’Autorité supérieur
  
    5245
    e redevienne  … l’Autorité supérieure honorifique 
    
de

     la république européenne, l’Instance de conciliation qui apaise les d
  
    5246
    norifique de la république européenne, l’Instance 
    
de

     conciliation qui apaise les différends, et tout cela parce que sa pos
  
    5247
    ela parce que sa position, sa situation, sa façon 
    
de

     penser, tout la pousse vers la paix et non vers la conquête ; c’est e
  
    5248
     fixe des limites, c’est elle qui sépare l’Orient 
    
de

     l’Occident, le Nord du Sud, c’est elle le point d’appui de tout le sy
  
    5249
    e l’Occident, le Nord du Sud, c’est elle le point 
    
d’

    appui de tout le système des États européens, le centre naturel de ce 
  
    5250
    dent, le Nord du Sud, c’est elle le point d’appui 
    
de

     tout le système des États européens, le centre naturel de ce nouveau 
  
    5251
    le système des États européens, le centre naturel 
    
de

     ce nouveau Saint-Empire romain germanique, plus grand que l’ancien, f
  
    5252
    e contrainte par la Sainte-Alliance sous la forme 
    
d’

    une confédération d’États.  Et quels seront les ennemis de cet Empire 
  
    5253
    Sainte-Alliance sous la forme d’une confédération 
    
d’

    États.  Et quels seront les ennemis de cet Empire germano-catholique e
  
    5254
    nfédération d’États.  Et quels seront les ennemis 
    
de

     cet Empire germano-catholique enfin relevé ? Non pas la Russie, « col
  
    5255
    lique enfin relevé ? Non pas la Russie, « colonie 
    
de

     l’Europe » qui va s’ouvrir librement à notre culture, mais bien l’Asi
  
    5256
    varois, théosophe et mystique, longtemps disciple 
    
de

     Claude de Saint-Martin, voit lui aussi dans une renaissance religieus
  
    5257
    ssi dans une renaissance religieuse le seul salut 
    
de

     la « Société européenne ». Mais loin d’exiger comme condition préalab
  
    5258
    eul salut de la « Société européenne ». Mais loin 
    
d’

    exiger comme condition préalable l’anéantissement du protestantisme et
  
    5259
    tissement du protestantisme et le retour au giron 
    
de

     l’orthodoxie, comme Görres et Maistre, il communie dans l’espérance œ
  
    5260
     Maistre, il communie dans l’espérance œcuménique 
    
de

     Novalis. Dans un écrit qu’il adresse en 1814 aux empereurs de Russie 
  
    5261
    Dans un écrit qu’il adresse en 1814 aux empereurs 
    
de

     Russie et d’Autriche, et au roi de Prusse, il propose une fédération 
  
    5262
     qu’il adresse en 1814 aux empereurs de Russie et 
    
d’

    Autriche, et au roi de Prusse, il propose une fédération chrétienne de
  
    5263
    i de Prusse, il propose une fédération chrétienne 
    
de

     l’Europe, fondée sur « une liaison nouvelle et plus intime de la reli
  
    5264
     fondée sur « une liaison nouvelle et plus intime 
    
de

     la religion et de la politique », et sur l’union des trois grandes co
  
    5265
    liaison nouvelle et plus intime de la religion et 
    
de

     la politique », et sur l’union des trois grandes confessions représen
  
    5266
    es par ces monarques. L’idée centrale paraît être 
    
de

     ramener la Russie dans le concert européen comme une hérétique repent
  
    5267
     jour, dès cette époque, chez Baader et plusieurs 
    
de

     ses contemporains : les premiers slavophiles ne furent pas Russes mai
  
    5268
    remière revue européenne du xixe  siècle, Europa, 
    
de

     1803 à 1805. (Il la dirigeait de Paris, mais elle paraissait à Francf
  
    5269
     siècle, Europa, de 1803 à 1805. (Il la dirigeait 
    
de

     Paris, mais elle paraissait à Francfort.) Il y développa les mêmes id
  
    5270
    Il y développa les mêmes idées générales qui font 
    
de

     sa Philosophie de l’histoire universelle le monument de la pensée rom
  
    5271
     mêmes idées générales qui font de sa Philosophie 
    
de

     l’histoire universelle le monument de la pensée romantique. L’Asie — 
  
    5272
    Philosophie de l’histoire universelle le monument 
    
de

     la pensée romantique. L’Asie — l’Inde en particulier — est la patrie 
  
    5273
    e. L’Asie — l’Inde en particulier — est la patrie 
    
de

     toute religion véritable mais le christianisme a fait l’Europe et peu
  
    5274
    d, du romantisme et du classicisme, du moderne et 
    
de

     l’antique, du christianisme et de l’hellénisme. L’Empire de Charlemag
  
    5275
    , du moderne et de l’antique, du christianisme et 
    
de

     l’hellénisme. L’Empire de Charlemagne, puis la papauté (Schlegel alla
  
    5276
    ue, du christianisme et de l’hellénisme. L’Empire 
    
de

     Charlemagne, puis la papauté (Schlegel allait devenir catholique en 1
  
    5277
    1808) ont représenté les plus hautes institutions 
    
de

     la « république européenne », et depuis lors, tout n’est que décadenc
  
    5278
    début du xixe  siècle. Pourtant nous aurions tort 
    
de

     désespérer de l’Europe, car elle reste la terre décisive, si l’on pen
  
    5279
     siècle. Pourtant nous aurions tort de désespérer 
    
de

     l’Europe, car elle reste la terre décisive, si l’on pense que  c’est 
  
    5280
    lit, que c’est ici que le bien lutte avec le plus 
    
de

     véhémence sur la terre avec le mal, et que c’est donc ici que doit êt
  
    5281
    t que c’est donc ici que doit être scellé le sort 
    
de

     l’Humanité… La véritable Europe doit d’abord voir le jour.184   Sembl
  
    5282
    ’abord voir le jour.184   Semblables déclarations 
    
de

     foi dans l’avenir européen (qu’on rapprochera de celles de Hegel sur 
  
    5283
     de foi dans l’avenir européen (qu’on rapprochera 
    
de

     celles de Hegel sur l’Europe considérée comme « fin de l’Histoire »)1
  
    5284
    ns l’avenir européen (qu’on rapprochera de celles 
    
de

     Hegel sur l’Europe considérée comme « fin de l’Histoire »)185 revienn
  
    5285
    lles de Hegel sur l’Europe considérée comme « fin 
    
de

     l’Histoire »)185 reviennent maintes fois dans Europa et dans les Leço
  
    5286
    gel et les romantiques allemands, même romanisés, 
    
de

     Joseph de Maistre et des catholiques français préromantiques. On ne l
  
    5287
    On ne l’oubliera pas en lisant les pages fameuses 
    
de

     Schlegel sur l’unité de l’Europe médiévale, écho direct de la ferveur
  
    5288
    lisant les pages fameuses de Schlegel sur l’unité 
    
de

     l’Europe médiévale, écho direct de la ferveur et des illusions de Nov
  
    5289
    el sur l’unité de l’Europe médiévale, écho direct 
    
de

     la ferveur et des illusions de Novalis186 :  L’idée qui présidait à l
  
    5290
    évale, écho direct de la ferveur et des illusions 
    
de

     Novalis186 :  L’idée qui présidait à l’ensemble de l’empire chrétien 
  
    5291
    e Novalis186 :  L’idée qui présidait à l’ensemble 
    
de

     l’empire chrétien était celle d’une grande autorité protectrice, part
  
    5292
    ait à l’ensemble de l’empire chrétien était celle 
    
d’

    une grande autorité protectrice, partant du centre d’une puissance fon
  
    5293
    ne grande autorité protectrice, partant du centre 
    
d’

    une puissance fondée sur le droit, qui servirait d’égide à tous les pa
  
    5294
    ’une puissance fondée sur le droit, qui servirait 
    
d’

    égide à tous les pays et à tous les peuples chrétiens, et c’était dans
  
    5295
     tout ce grand corps. Sitôt que cette force cessa 
    
d’

    agir, tout l’édifice dut nécessairement s’écrouler. Aussi dans les con
  
    5296
    n y substituant la relation purement artificielle 
    
d’

    un équilibre dynamique et d’une égalité républicaine entre les divers 
  
    5297
    purement artificielle d’un équilibre dynamique et 
    
d’

    une égalité républicaine entre les divers États, sans aucune tendance 
  
    5298
    rétienne des États, et cette alliance des peuples 
    
de

     l’Europe occidentale ; et n’a-t-on réussi à faire sortir de cette rév
  
    5299
    e occidentale ; et n’a-t-on réussi à faire sortir 
    
de

     cette révolution générale et antichrétienne qui s’opéra dans les mœur
  
    5300
    confusion symétriquement organisée. Si le partage 
    
de

     l’empire de Charlemagne était conforme aux usages antiques et fondé s
  
    5301
    métriquement organisée. Si le partage de l’empire 
    
de

     Charlemagne était conforme aux usages antiques et fondé sur les droit
  
    5302
    forme aux usages antiques et fondé sur les droits 
    
d’

    héritage usités dans les familles des grands, il n’annonce pas moins u
  
    5303
    ands, il n’annonce pas moins une confiance pleine 
    
d’

    une naïveté antique, une confiance presque héroïque en une conformité 
  
    5304
    iance presque héroïque en une conformité et unité 
    
de

     tendance, dont on supposait l’existence, à ce qu’il paraît. Car on cr
  
    5305
    ce qu’il paraît. Car on croyait pouvoir concilier 
    
de

     cette manière la nécessité de la présence d’un souverain dans un pays
  
    5306
    t pouvoir concilier de cette manière la nécessité 
    
de

     la présence d’un souverain dans un pays d’une étendue raisonnable ave
  
    5307
    lier de cette manière la nécessité de la présence 
    
d’

    un souverain dans un pays d’une étendue raisonnable avec l’unité d’ens
  
    5308
    essité de la présence d’un souverain dans un pays 
    
d’

    une étendue raisonnable avec l’unité d’ensemble d’une grande monarchie
  
    5309
    ns un pays d’une étendue raisonnable avec l’unité 
    
d’

    ensemble d’une grande monarchie collective… Dans la première monarchie
  
    5310
    d’une étendue raisonnable avec l’unité d’ensemble 
    
d’

    une grande monarchie collective… Dans la première monarchie allemande,
  
    5311
    … Dans la première monarchie allemande, le besoin 
    
d’

    un gouvernement indigène, résidant dans le pays, et régnant comme un p
  
    5312
    comme un père au sein de sa famille, fut concilié 
    
d’

    une manière beaucoup moins imparfaite avec la puissante unité de l’ens
  
    5313
    beaucoup moins imparfaite avec la puissante unité 
    
de

     l’ensemble, par le moyen des quatre grands duchés nationaux soumis à 
  
    5314
    e grands duchés nationaux soumis à la suzeraineté 
    
d’

    un seul roi ou empereur ; quoique là aussi l’union ne soit pas restée 
  
    5315
     n’a jamais encore imaginé ou découvert une forme 
    
de

     constitution ou de système politique qui pût résister à la longue au 
  
    5316
    imaginé ou découvert une forme de constitution ou 
    
de

     système politique qui pût résister à la longue au manque et au change
  
    5317
    t résister à la longue au manque et au changement 
    
de

     tendance. Les parlements, les états généraux, les droits civils et po
  
    5318
    ssemblées nationales des États, grands et petits, 
    
de

     ce temps-là, dans les conciliabules et les délibérations des ducs et 
  
    5319
    s une forme tout à fait locale, suivant les mœurs 
    
de

     la nation et les usages de la vie ; de même qu’ils étaient basés sur 
  
    5320
    ale, suivant les mœurs de la nation et les usages 
    
de

     la vie ; de même qu’ils étaient basés sur des coutumes positives et s
  
    5321
    d’être fondés sur la théorie purement spéculative 
    
d’

    une égalité parfaite et générale ; on ne cherchait pas l’unité et la s
  
    5322
    rale ; on ne cherchait pas l’unité et la solidité 
    
de

     l’ensemble dans la combinaison d’un équilibre appuyé sur une forme ar
  
    5323
     et la solidité de l’ensemble dans la combinaison 
    
d’

    un équilibre appuyé sur une forme artificielle, mais bien dans les mœu
  
    5324
    ennement parlant unique même dans la vie, l’union 
    
de

     la force et de l’esprit peut subsister malgré la division des pouvoir
  
    5325
    t unique même dans la vie, l’union de la force et 
    
de

     l’esprit peut subsister malgré la division des pouvoirs, on n’a qu’à 
  
    5326
    rent prospères, la paix et la justice croissaient 
    
de

     jour en jour et les peuples jouissaient du bien-être… L’Église était 
  
    5327
    e qui embrassait tout, et sous l’abri hospitalier 
    
de

     laquelle ces peuples guerriers [du Nord] commencèrent à se ranger pai
  
    5328
    se former, et à se constituer selon les principes 
    
de

     l’équité. Le soin de l’enseignement, le patrimoine des connaissances,
  
    5329
    nstituer selon les principes de l’équité. Le soin 
    
de

     l’enseignement, le patrimoine des connaissances, l’étude des sciences
  
    5330
    ssances, l’étude des sciences et le développement 
    
de

     l’esprit, étaient confiés à sa sollicitude protectrice, et se distrib
  
    5331
    e des écoles chrétiennes. Si la science avait peu 
    
d’

    étendue, elle n’était pas du moins ensevelie sans utilité dans les cab
  
    5332
    tard, comme elle l’était en partie chez les Grecs 
    
d’

    alors ; puis elle répondait suffisamment aux forces et à la civilisati
  
    5333
    dait suffisamment aux forces et à la civilisation 
    
de

     cette époque ; attendu qu’en fait de développement, on ne peut franch
  
    5334
    civilisation de cette époque ; attendu qu’en fait 
    
de

     développement, on ne peut franchir tous les degrés d’un seul bond, ma
  
    5335
    éveloppement, on ne peut franchir tous les degrés 
    
d’

    un seul bond, mais qu’il faut les monter progressivement, et les uns a
  
    5336
     Occident alors si actif, et à l’excellent clergé 
    
de

     ce temps ; car le savoir n’était pas encore entré en opposition hosti
  
    5337
    a vraie croyance et avec la vie, comme il le fit, 
    
d’

    une manière si arrogante et si dédaigneuse, dans la période subséquent
  
    5338
    insi que les pensées salutaires descendirent donc 
    
de

     la voûte céleste de la foi, non comme un déluge envahissant, mais com
  
    5339
     salutaires descendirent donc de la voûte céleste 
    
de

     la foi, non comme un déluge envahissant, mais comme une douce ondée, 
  
    5340
    mme une pluie féconde, pour tomber sur le terrain 
    
de

     la vie, continuellement agité dans la guerre et dans la paix, dans le
  
    5341
    ’Europe, surtout en ce qui concerne la conception 
    
de

     la liberté ; après celui de l’Unité, voici l’éloge de nos diversités 
  
    5342
    oncerne la conception de la liberté ; après celui 
    
de

     l’Unité, voici l’éloge de nos diversités :  Si les invasions barbares
  
    5343
    a liberté ; après celui de l’Unité, voici l’éloge 
    
de

     nos diversités :  Si les invasions barbares n’avaient pas eu lieu, si
  
    5344
    iser le joug romain, si au contraire tout le nord 
    
de

     l’Europe non occupé avait pu aussi être incorporé à l’Empire et que l
  
    5345
    cette lutte magnifique ni cet ample développement 
    
de

     l’esprit humain au sein de ces nouvelles nations. Et cependant c’est 
  
    5346
    ustement cette richesse, cette diversité qui fait 
    
de

     l’Europe ce qu’elle est, qui lui donne l’avantage d’être le siège le 
  
    5347
    l’Europe ce qu’elle est, qui lui donne l’avantage 
    
d’

    être le siège le plus favorable de la vie et de la culture de l’Humani
  
    5348
    onne l’avantage d’être le siège le plus favorable 
    
de

     la vie et de la culture de l’Humanité. Cette Europe, libre et riche, 
  
    5349
    ge d’être le siège le plus favorable de la vie et 
    
de

     la culture de l’Humanité. Cette Europe, libre et riche, n’existerait 
  
    5350
    iège le plus favorable de la vie et de la culture 
    
de

     l’Humanité. Cette Europe, libre et riche, n’existerait donc pas et à 
  
    5351
    e cette copieuse histoire européenne, les annales 
    
de

     l’Unique Empire romain feraient pendant à ces chroniques chinoises d’
  
    5352
    omain feraient pendant à ces chroniques chinoises 
    
d’

    une si triste uniformité. … Jetons d’abord un coup d’œil sur la situat
  
    5353
    d un coup d’œil sur la situation la plus ancienne 
    
de

     l’Europe. C’est un spectacle étrange et attirant que de voir l’homme 
  
    5354
    urope. C’est un spectacle étrange et attirant que 
    
de

     voir l’homme si richement doté par la nature, plein d’une force extra
  
    5355
    ir l’homme si richement doté par la nature, plein 
    
d’

    une force extraordinaire, revêtir un aspect si différent de l’état auq
  
    5356
    ce extraordinaire, revêtir un aspect si différent 
    
de

     l’état auquel nous sommes accoutumés. Avant que cette propension à la
  
    5357
    tte propension à la domination du monde ait passé 
    
d’

    Asie en Grèce pour se transmettre ensuite aux Romains, l’état de l’Eur
  
    5358
    e pour se transmettre ensuite aux Romains, l’état 
    
de

     l’Europe était à peu près le même partout. Les rudiments de la cultur
  
    5359
    e était à peu près le même partout. Les rudiments 
    
de

     la culture étaient déjà connus, l’agriculture était répandue et quelq
  
    5360
    illes en quantité, mais il y avait presque autant 
    
de

     petits États que de villes importantes. Dans l’ensemble d’ailleurs to
  
    5361
    ais il y avait presque autant de petits États que 
    
de

     villes importantes. Dans l’ensemble d’ailleurs tout était particulier
  
    5362
    nt à trois ou quatre grandes nations, mais aucune 
    
d’

    elles n’était « une » ni ne formait un tout. Chacune se subdivisait en
  
    5363
    ut. Chacune se subdivisait en une grande quantité 
    
de

     petites peuplades et tribus composant tout autant d’États particulier
  
    5364
    petites peuplades et tribus composant tout autant 
    
d’

    États particuliers. Chacune de ces peuplades n’entendait que très peu 
  
    5365
    mposant tout autant d’États particuliers. Chacune 
    
de

     ces peuplades n’entendait que très peu parler de celles qui étaient t
  
    5366
     de ces peuplades n’entendait que très peu parler 
    
de

     celles qui étaient très éloignées, mais était en guerre avec les plus
  
    5367
    al, si misérable que puisse paraître la condition 
    
de

     ces anciennes peuplades, celles-ci n’en possédaient pas moins presque
  
    5368
    pposition à l’Asie, comme le caractère distinctif 
    
de

     l’Europe. En Asie nous trouvons dès le commencement de grandes quanti
  
    5369
    Europe. En Asie nous trouvons dès le commencement 
    
de

     grandes quantités d’États et de nations ainsi qu’une domination unive
  
    5370
    trouvons dès le commencement de grandes quantités 
    
d’

    États et de nations ainsi qu’une domination universelle. En Europe tou
  
    5371
    s le commencement de grandes quantités d’États et 
    
de

     nations ainsi qu’une domination universelle. En Europe tout était ori
  
    5372
    ginellement particularisé, par conséquent en état 
    
de

     lutte et de rivalité constantes, chacun se développant selon les poss
  
    5373
    particularisé, par conséquent en état de lutte et 
    
de

     rivalité constantes, chacun se développant selon les possibilités de 
  
    5374
    tes, chacun se développant selon les possibilités 
    
de

     sa propre liberté. L’Asie, pourrait-on dire, est le pays de l’unité, 
  
    5375
    re liberté. L’Asie, pourrait-on dire, est le pays 
    
de

     l’unité, où tout s’épanouit en grandes masses et dans des circonstanc
  
    5376
    ces on ne peut plus simples. L’Europe est le pays 
    
de

     la liberté, c’est-à-dire de la formation, par la rivalité entre États
  
    5377
     L’Europe est le pays de la liberté, c’est-à-dire 
    
de

     la formation, par la rivalité entre États, de forces particulières et
  
    5378
    ire de la formation, par la rivalité entre États, 
    
de

     forces particulières et différentes l’une de l’autre. Cette diversité
  
    5379
    ats, de forces particulières et différentes l’une 
    
de

     l’autre. Cette diversité est devenue, tout au long des siècles, le ca
  
    5380
    tout au long des siècles, le caractère distinctif 
    
de

     la formation de l’Europe ; car, même après que de plus grands États e
  
    5381
     siècles, le caractère distinctif de la formation 
    
de

     l’Europe ; car, même après que de plus grands États et nations furent
  
    5382
     États et nations furent constitués, ce qu’il y a 
    
d’

    essentiel dans ce caractère originel est resté intact.  Et dans ses Vo
  
    5383
    sungen über Karl V (15e leçon), il déplore la fin 
    
de

     cette synthèse vivante entre l’unité et la diversité, que l’empereur 
  
    5384
    ’unité et la diversité, que l’empereur avait rêvé 
    
de

     faire revivre :  … Ainsi se retira à nouveau du monde l’homme qui, en
  
    5385
    urope. À sa mort les États chrétiens rivalisèrent 
    
de

     splendeur et de pompe lors des cérémonies funèbres, pour glorifier so
  
    5386
     les États chrétiens rivalisèrent de splendeur et 
    
de

     pompe lors des cérémonies funèbres, pour glorifier son nom et sa gran
  
    5387
    er son nom et sa grandeur ; même dans la capitale 
    
de

     l’empire turc un noble ennemi honora par un service funèbre public la
  
    5388
    ’Europe parut sentir que le héros et le défenseur 
    
d’

    une époque n’était plus, époque à laquelle allait succéder, d’autant p
  
    5389
     n’était plus, époque à laquelle allait succéder, 
    
d’

    autant plus sûrement que cette ultime force au service de l’unité avai
  
    5390
    t plus sûrement que cette ultime force au service 
    
de

     l’unité avait disparu, un siècle de guerre et d’ébranlement.  Pour Ge
  
    5391
    ce au service de l’unité avait disparu, un siècle 
    
de

     guerre et d’ébranlement.  Pour Georg Friedrich Hegel (1770-1831), l’H
  
    5392
     de l’unité avait disparu, un siècle de guerre et 
    
d’

    ébranlement.  Pour Georg Friedrich Hegel (1770-1831), l’Histoire mondi
  
    5393
    stoire mondiale reflète et traduit la dialectique 
    
de

     « l’Idée qui se réalise », de l’Idée de liberté, c’est-à-dire du « de
  
    5394
    duit la dialectique de « l’Idée qui se réalise », 
    
de

     l’Idée de liberté, c’est-à-dire du « devenir réel de l’Esprit ». C’es
  
    5395
    alectique de « l’Idée qui se réalise », de l’Idée 
    
de

     liberté, c’est-à-dire du « devenir réel de l’Esprit ». C’est donc, au
  
    5396
    l’Idée de liberté, c’est-à-dire du « devenir réel 
    
de

     l’Esprit ». C’est donc, au vrai, une Théodicée. Conformément au Systè
  
    5397
    d für sich »). Dans ses Leçons sur la Philosophie 
    
de

     l’Histoire (publication posthume), Hegel décrit l’évolution de l’Asie
  
    5398
     (publication posthume), Hegel décrit l’évolution 
    
de

     l’Asie, de l’Antiquité et de l’Europe moderne, comme s’il s’agissait 
  
    5399
    on posthume), Hegel décrit l’évolution de l’Asie, 
    
de

     l’Antiquité et de l’Europe moderne, comme s’il s’agissait réellement 
  
    5400
    l décrit l’évolution de l’Asie, de l’Antiquité et 
    
de

     l’Europe moderne, comme s’il s’agissait réellement d’une évolution de
  
    5401
    ’Europe moderne, comme s’il s’agissait réellement 
    
d’

    une évolution de l’Esprit. Le terme ultime de ce grandiose processus n
  
    5402
     comme s’il s’agissait réellement d’une évolution 
    
de

     l’Esprit. Le terme ultime de ce grandiose processus n’est autre que l
  
    5403
    ment d’une évolution de l’Esprit. Le terme ultime 
    
de

     ce grandiose processus n’est autre que l’Europe « vraiment fin de l’H
  
    5404
    processus n’est autre que l’Europe « vraiment fin 
    
de

     l’Histoire », éminemment représentée par sa composante germanique, et
  
    5405
    germanique, et comme le préciseront les hégéliens 
    
de

     droite, par l’État prussien. Deux citations célèbres (empruntées à l’
  
    5406
    ntroduction) suffiront ici à caractériser le rôle 
    
de

     l’Europe dans l’Histoire mondiale, selon Hegel :  J’ai dit que les Or
  
    5407
    ’homme est libre. Ces stades dans la connaissance 
    
de

     la Liberté constituent la division que nous ferons dans l’Histoire un
  
    5408
    elle nous l’étudierons… L’Histoire universelle va 
    
de

     l’est à l’ouest, car l’Europe est vraiment la fin de l’Histoire, dont
  
    5409
    l’est à l’ouest, car l’Europe est vraiment la fin 
    
de

     l’Histoire, dont l’Asie est le commencement. Pour l’Histoire universe
  
    5410
    i, κατ`έξοχήν, l’Est pour-soi étant quelque chose 
    
de

     tout relatif ; car, quoique la Terre soit une sphère, l’Histoire ne d
  
    5411
    ’Histoire ne décrit pourtant pas un cercle autour 
    
d’

    elle, mais elle a bien plutôt un Est déterminé, et c’est l’Asie. Là se
  
    5412
     c’est pourquoi. ici, se lève le soleil intérieur 
    
de

     la conscience de soi, qui répand un plus haut éclat.187   Wilhelm Jos
  
    5413
    ici, se lève le soleil intérieur de la conscience 
    
de

     soi, qui répand un plus haut éclat.187   Wilhelm Josef von Schelling 
  
    5414
    on Schelling (1775-1854) fut le dernier survivant 
    
de

     la grande génération des philosophes romantiques. Avec la fin de sa c
  
    5415
    nération des philosophes romantiques. Avec la fin 
    
de

     sa carrière, nous voyons se fermer les cycles inaugurés par Herder, K
  
    5416
    Système » porte la même date que « l’État fermé » 
    
de

     Fichte et l’essai sur l’Europe de Gentz. Ami de Novalis dans sa jeune
  
    5417
    » de Fichte et l’essai sur l’Europe de Gentz. Ami 
    
de

     Novalis dans sa jeunesse et devenu plus tard catholique comme lui, il
  
    5418
    e lui, il fut l’un des maîtres les plus influents 
    
de

     la pensée européenne du xixe  siècle : car on ne compte pas seulement
  
    5419
    siècle : car on ne compte pas seulement au nombre 
    
de

     ses disciples ses camarades du cercle de l’Athenæum (tous ceux qu’on 
  
    5420
    u nombre de ses disciples ses camarades du cercle 
    
de

     l’Athenæum (tous ceux qu’on a cités dans les pages qui précèdent), ma
  
    5421
    plupart des penseurs russes, surtout slavophiles, 
    
de

     son temps. Déjà, dans l’Introduction à son System der Transcendentale
  
    5422
    ismus 188 publié en 1800, Schelling défend l’idée 
    
d’

    une fédération et d’une Cour de justice internationales, dans lesquell
  
    5423
    1800, Schelling défend l’idée d’une fédération et 
    
d’

    une Cour de justice internationales, dans lesquelles il voit le couron
  
    5424
    ling défend l’idée d’une fédération et d’une Cour 
    
de

     justice internationales, dans lesquelles il voit le couronnement néce
  
    5425
    ans lesquelles il voit le couronnement nécessaire 
    
de

     l’ère historique de la « Nature » succédant à celle du « Destin » et 
  
    5426
    it le couronnement nécessaire de l’ère historique 
    
de

     la « Nature » succédant à celle du « Destin » et annonçant celle de l
  
    5427
    uccédant à celle du « Destin » et annonçant celle 
    
de

     la « Providence ».  L’histoire dans son ensemble est une révélation c
  
    5428
    semble est une révélation continue et progressive 
    
de

     l’absolu. Nous pouvons distinguer trois périodes dans cette manifesta
  
    5429
    y a de plus grand et de plus noble. Cette période 
    
de

     l’histoire, que nous pouvons appeler tragique, est celle de la décade
  
    5430
    ire, que nous pouvons appeler tragique, est celle 
    
de

     la décadence de la splendeur et des merveilles du monde ancien, et de
  
    5431
    uvons appeler tragique, est celle de la décadence 
    
de

     la splendeur et des merveilles du monde ancien, et de la chute des gr
  
    5432
    a splendeur et des merveilles du monde ancien, et 
    
de

     la chute des grands empires dont le souvenir s’est à peine conservé e
  
    5433
    les nous font présumer la grandeur : la décadence 
    
de

     l’humanité la plus noble qui ait jamais fleuri et dont le retour sur 
  
    5434
    fleuri et dont le retour sur la terre est l’objet 
    
de

     vœux éternels. La seconde période est celle où ce qui dans la premièr
  
    5435
    me nature. Elle paraît commencer avec l’expansion 
    
de

     la république romaine qui, dans sa soif de conquêtes et d’asservissem
  
    5436
    ansion de la république romaine qui, dans sa soif 
    
de

     conquêtes et d’asservissement —  manifestations du despotisme effréné
  
    5437
    ublique romaine qui, dans sa soif de conquêtes et 
    
d’

    asservissement —  manifestations du despotisme effréné qui y régnait —
  
    5438
    sciences qui, jusqu’alors avaient été le monopole 
    
de

     quelques peuples isolés, contrainte qu’elle était, sans en avoir cons
  
    5439
    ns en avoir conscience et même contre sa volonté, 
    
de

     s’adapter à un plan naturel dont l’aboutissement verra l’union univer
  
    5440
    e développeront et se manifesteront comme l’œuvre 
    
de

     la providence ; ainsi même ce qui paraissait l’œuvre du destin ou de 
  
    5441
    ainsi même ce qui paraissait l’œuvre du destin ou 
    
de

     la nature n’était que le commencement d’une providence qui ne se révé
  
    5442
    estin ou de la nature n’était que le commencement 
    
d’

    une providence qui ne se révélait qu’imparfaitement. Quand cette pério
  
    5443
     On ne saurait donc envisager l’existence durable 
    
d’

    une constitution politique unique — fût-elle parfaite dans sa forme — 
  
    5444
    erposant à l’État individuel, sans une fédération 
    
de

     tous les États où chacun d’entre eux serait le garant de la constitut
  
    5445
     les États où chacun d’entre eux serait le garant 
    
de

     la constitution de l’autre. Cependant, d’une part, cette garantie gén
  
    5446
    n d’entre eux serait le garant de la constitution 
    
de

     l’autre. Cependant, d’une part, cette garantie générale et mutuelle n
  
    5447
    possible que si les États acceptent les principes 
    
d’

    un véritable ordre judiciaire, de sorte que chaque État ait intérêt à 
  
    5448
    Je forme des vœux pour la réconciliation complète 
    
de

     tous les peuples européens et veux croire qu’ils adopteront à nouveau
  
    5449
    te, Schelling en viendra, lui aussi, à n’attendre 
    
d’

    autre salut pour l’Europe que de la libre coopération de l’État et de 
  
    5450
    ssi, à n’attendre d’autre salut pour l’Europe que 
    
de

     la libre coopération de l’État et de l’Église, seule base d’une union
  
    5451
    e salut pour l’Europe que de la libre coopération 
    
de

     l’État et de l’Église, seule base d’une union durable des peuples :  
  
    5452
    l’Europe que de la libre coopération de l’État et 
    
de

     l’Église, seule base d’une union durable des peuples :  L’étude de l’
  
    5453
     coopération de l’État et de l’Église, seule base 
    
d’

    une union durable des peuples :  L’étude de l’histoire moderne qui déb
  
    5454
    e base d’une union durable des peuples :  L’étude 
    
de

     l’histoire moderne qui débute, au fond, avec l’apparition du christia
  
    5455
    tianisme en Europe fait ressortir deux tentatives 
    
de

     l’humanité dans sa quête de l’unité. La première qui visait la créati
  
    5456
    ortir deux tentatives de l’humanité dans sa quête 
    
de

     l’unité. La première qui visait la création d’une unité spirituelle a
  
    5457
    te de l’unité. La première qui visait la création 
    
d’

    une unité spirituelle au sein de l’Église était vouée à l’échec, car e
  
    5458
    e l’État. L’erreur que commit l’Église à l’époque 
    
de

     la hiérarchie ecclésiastique ne fut pas d’intervenir dans le domaine 
  
    5459
    époque de la hiérarchie ecclésiastique ne fut pas 
    
d’

    intervenir dans le domaine de l’État mais au contraire, de laisser cel
  
    5460
    siastique ne fut pas d’intervenir dans le domaine 
    
de

     l’État mais au contraire, de laisser celui-ci s’immiscer dans le sien
  
    5461
    enir dans le domaine de l’État mais au contraire, 
    
de

     laisser celui-ci s’immiscer dans le sien propre. Au lieu de se garder
  
    5462
    er dans le sien propre. Au lieu de se garder pure 
    
de

     tout élément extérieur, elle se livra à l’État en épousant certaines 
  
    5463
    eur, elle se livra à l’État en épousant certaines 
    
de

     ses formes. La violence extérieure ne pourra jamais servir la cause d
  
    5464
    a cause du vrai et du divin, et l’Église s’écarta 
    
de

     sa vraie vocation dès qu’elle commença à persécuter les hérétiques. L
  
    5465
    ença à persécuter les hérétiques. L’État a acquis 
    
de

     l’importance au moment du renversement de la hiérarchie ecclésiastiqu
  
    5466
     acquis de l’importance au moment du renversement 
    
de

     la hiérarchie ecclésiastique, et il est évident que le joug des tyran
  
    5467
    la mesure même où ils croyaient pouvoir se passer 
    
de

     l’unité spirituelle. Il est certain en tout cas que, quel que puisse 
  
    5468
    vraie unité ne peut être réalisée que par la voie 
    
de

     la religion. Il ne s’agit pas là de la domination de l’Église par l’É
  
    5469
    e par la voie de la religion. Il ne s’agit pas là 
    
de

     la domination de l’Église par l’État ou vice versa, mais de la nécess
  
    5470
    la religion. Il ne s’agit pas là de la domination 
    
de

     l’Église par l’État ou vice versa, mais de la nécessité ou se trouve 
  
    5471
    nation de l’Église par l’État ou vice versa, mais 
    
de

     la nécessité ou se trouve l’État lui-même de développer les principes
  
    5472
    mais de la nécessité ou se trouve l’État lui-même 
    
de

     développer les principes religieux de façon que l’union de tous les p
  
    5473
    at lui-même de développer les principes religieux 
    
de

     façon que l’union de tous les peuples puisse se fonder sur la communa
  
    5474
    pper les principes religieux de façon que l’union 
    
de

     tous les peuples puisse se fonder sur la communauté des convictions r
  
    5475
    te époque, l’un des seuls équivalents des auteurs 
    
de

     grands systèmes historico-philosophiques que nous venons de citer. Ma
  
    5476
     que nous venons de citer. Mais il ne se rattache 
    
de

     près ni de loin à aucun d’eux. Disciple préféré de Saint-Simon, auprè
  
    5477
    enons de citer. Mais il ne se rattache de près ni 
    
de

     loin à aucun d’eux. Disciple préféré de Saint-Simon, auprès duquel il
  
    5478
    Mais il ne se rattache de près ni de loin à aucun 
    
d’

    eux. Disciple préféré de Saint-Simon, auprès duquel il a remplacé Augu
  
    5479
    e près ni de loin à aucun d’eux. Disciple préféré 
    
de

     Saint-Simon, auprès duquel il a remplacé Augustin Thierry dans le rôl
  
    5480
    uquel il a remplacé Augustin Thierry dans le rôle 
    
de

     « fils adoptif », il fonde à son tour une secte, la religion positivi
  
    5481
    ciologie moderne. Comme tous les saint-simoniens (
    
d’

    Eichthal, Pierre Leroux, Feugueray, Considérant, Pecqueur, Littré et t
  
    5482
    , Pecqueur, Littré et tant d’autres, tous auteurs 
    
de

     traités sur l’unité européenne), Auguste Comte est un défenseur conva
  
    5483
    Comte est un défenseur convaincu, quasi mystique, 
    
de

     l’européocentrisme, du rôle privilégié et redoutable que l’Europe doi
  
    5484
     l’unir, après s’être elle-même unifiée. Le titre 
    
d’

    une de ses publications donnera une idée de l’espèce de délire rationn
  
    5485
    r, après s’être elle-même unifiée. Le titre d’une 
    
de

     ses publications donnera une idée de l’espèce de délire rationnel (et
  
    5486
     titre d’une de ses publications donnera une idée 
    
de

     l’espèce de délire rationnel (et romantique à sa façon, quoiqu’il se 
  
    5487
     de ses publications donnera une idée de l’espèce 
    
de

     délire rationnel (et romantique à sa façon, quoiqu’il se dise « posit
  
    5488
    a pensée européenne des saint-simoniens, et celle 
    
de

     Comte en particulier :  Calendrier positiviste ou système général de 
  
    5489
    lier :  Calendrier positiviste ou système général 
    
de

     commémoration publique, destiné surtout à la transition finale de la 
  
    5490
     publique, destiné surtout à la transition finale 
    
de

     la grande République occidentale, formée des cinq populations avancée
  
    5491
    50.  Cependant, dans son œuvre capitale, le Cours 
    
de

     philosophie positive 190 Comte entend donner une solide base critique
  
    5492
    ’on puisse trouver : l’Europe. Il se propose donc 
    
de

      … considérer exclusivement le développement effectif des populations
  
    5493
    ionnelle digression sur les divers autres centres 
    
de

     civilisation indépendante, dont l’évolution a été, par des causes que
  
    5494
     plus imparfait ; à moins que l’examen comparatif 
    
de

     ces séries accessoires ne puisse utilement éclairer le sujet principa
  
    5495
    jet principal, comme je l’ai expliqué en traitant 
    
de

     la méthode sociologique. Notre exploration historique devra donc être
  
    5496
    que uniquement réduite à l’élite ou l’avant-garde 
    
de

     l’humanité, comprenant la majeure partie de la race blanche ou des na
  
    5497
    garde de l’humanité, comprenant la majeure partie 
    
de

     la race blanche ou des nations européennes, en nous bornant même, pou
  
    5498
    ions européennes, en nous bornant même, pour plus 
    
de

     précision, surtout dans les temps modernes, aux peuples de l’Europe o
  
    5499
    ion, surtout dans les temps modernes, aux peuples 
    
de

     l’Europe occidentale. … On ne peut certainement espérer de reconnaîtr
  
    5500
    pe occidentale. … On ne peut certainement espérer 
    
de

     reconnaître d’abord la véritable marche fondamentale des sociétés hum
  
    5501
    iétés humaines que par la considération exclusive 
    
de

     l’évolution la plus complète et la mieux caractérisée, à l’éclairciss
  
    5502
    ète et la mieux caractérisée, à l’éclaircissement 
    
de

     laquelle doivent être constamment subordonnées toutes les observation
  
    5503
    ifestation, il deviendra possible, et même utile, 
    
de

     procéder à l’explication rationnelle des modifications plus ou moins 
  
    5504
    ers titres, sont restées plus ou moins en arrière 
    
d’

    un tel type de développement. Jusqu’alors, ce puéril et inopportun éta
  
    5505
    nt restées plus ou moins en arrière d’un tel type 
    
de

     développement. Jusqu’alors, ce puéril et inopportun étalage d’une éru
  
    5506
    ent. Jusqu’alors, ce puéril et inopportun étalage 
    
d’

    une érudition stérile et mal dirigée, qui tend aujourd’hui à entraver 
  
    5507
     dirigée, qui tend aujourd’hui à entraver l’étude 
    
de

     notre évolution sociale par le vicieux mélange de l’histoire des popu
  
    5508
    de notre évolution sociale par le vicieux mélange 
    
de

     l’histoire des populations qui, telles que celles de l’Inde, de la Ch
  
    5509
    l’histoire des populations qui, telles que celles 
    
de

     l’Inde, de la Chine, etc., n’ont pu exercer sur notre passé aucune vé
  
    5510
    des populations qui, telles que celles de l’Inde, 
    
de

     la Chine, etc., n’ont pu exercer sur notre passé aucune véritable inf
  
    5511
    e hautement signalé comme une source inextricable 
    
de

     confusion radicale dans la recherche des lois réelles de la sociabili
  
    5512
    usion radicale dans la recherche des lois réelles 
    
de

     la sociabilité humaine, dont la marche fondamentale et toutes les mod
  
    5513
    dé sans doute par le principe purement littéraire 
    
de

     l’unité de composition, me paraît avoir d’avance senti instinctivemen
  
    5514
    te par le principe purement littéraire de l’unité 
    
de

     composition, me paraît avoir d’avance senti instinctivement les condi
  
    5515
    éraire de l’unité de composition, me paraît avoir 
    
d’

    avance senti instinctivement les conditions logiques imposées par la n
  
    5516
    rit son appréciation historique à l’unique examen 
    
d’

    une série homogène et continue, et néanmoins justement qualifiée d’uni
  
    5517
    ène et continue, et néanmoins justement qualifiée 
    
d’

    universelle ; restriction éminemment judicieuse, qui lui a été si étra
  
    5518
    , qui lui a été si étrangement reprochée par tant 
    
d’

    esprits antiphilosophiques, et vers laquelle nous ramène aujourd’hui e
  
    5519
    aujourd’hui essentiellement l’analyse approfondie 
    
de

     la marche intellectuelle propre à de telles études.  Voilà pourquoi A
  
    5520
     approfondie de la marche intellectuelle propre à 
    
de

     telles études.  Voilà pourquoi Auguste Comte bornera son étude à « l’
  
    5521
    omte bornera son étude à « l’explication spéciale 
    
de

     l’agent et du théâtre de l’évolution sociale la plus complète », à l’
  
    5522
    « l’explication spéciale de l’agent et du théâtre 
    
de

     l’évolution sociale la plus complète », à l’Europe. Et il exposera da
  
    5523
    aisons pour lesquelles « la race blanche possède, 
    
d’

    une manière si prononcée, le privilège effectif du principal développe
  
    5524
     », tandis que « l’Europe a été le lien essentiel 
    
de

     cette civilisation prépondérante ».   184.  Europa, Frankfurt a. Main
  
    5525
    p. 38 et 39.  185. Cf. p. 224.  186.  Philosophie 
    
de

     l’Histoire, professée en dix-huit leçons publiques à Vienne, par F. d
  
    5526
     187.  G. W. F. Hegel : Leçons sur la philosophie 
    
de

     l’histoire. Traduction par J. Gibelin, Éd. H. Vrin, Paris, 1946.  188
  
    5527
    tuttgarter Privatvorlesungen), 1810.  190.  Cours 
    
de

     Philosophie Positive, 1830-42, tome V, Paris, 1894.

20 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Cinquième Partie. L’Ère des nations,  (de 1848 à 1914) — 1. De l’harmonie entre les nations libérées à l’anarchie des États souverains
    5528
    1842), écrivait dans un ouvrage sur L’État actuel 
    
de

     l’Humanité les phrases suivantes, qu’on croirait d’aujourd’hui, et qu
  
    5529
     l’Humanité les phrases suivantes, qu’on croirait 
    
d’

    aujourd’hui, et qui étaient vraies déjà en tant que diagnostic, bien q
  
    5530
    stic, bien que l’Histoire n’ait guère tenu compte 
    
de

     leur pronostic pendant le siècle qui suivit :  Il ne s’agit plus aujo
  
    5531
    vit :  Il ne s’agit plus aujourd’hui en politique 
    
de

     la balance de l’Europe, mais de l’avenir de l’humanité. Les guerres c
  
    5532
    ’agit plus aujourd’hui en politique de la balance 
    
de

     l’Europe, mais de l’avenir de l’humanité. Les guerres civiles de l’Eu
  
    5533
    ’hui en politique de la balance de l’Europe, mais 
    
de

     l’avenir de l’humanité. Les guerres civiles de l’Europe sont finies, 
  
    5534
    tique de la balance de l’Europe, mais de l’avenir 
    
de

     l’humanité. Les guerres civiles de l’Europe sont finies, la rivalité 
  
    5535
    is de l’avenir de l’humanité. Les guerres civiles 
    
de

     l’Europe sont finies, la rivalité des peuples qui la composent va s’é
  
    5536
    s’éloignant, comme s’éteignit, sous la domination 
    
d’

    Alexandre, la rivalité des cités grecques… et de même, l’Europe commen
  
    5537
    il y a une Amérique, une Asie, une Afrique. C’est 
    
de

     l’unité de l’Europe contre ces masses et de la balance de ces masses 
  
    5538
    Amérique, une Asie, une Afrique. C’est de l’unité 
    
de

     l’Europe contre ces masses et de la balance de ces masses entre elles
  
    5539
    C’est de l’unité de l’Europe contre ces masses et 
    
de

     la balance de ces masses entre elles, que l’homme doit à présent s’oc
  
    5540
    té de l’Europe contre ces masses et de la balance 
    
de

     ces masses entre elles, que l’homme doit à présent s’occuper.191   Jo
  
    5541
    nde. L’Europe représentait pour lui l’avant-garde 
    
de

     l’humanité, en tant que civilisation ; la France, l’avant-garde de l’
  
    5542
     tant que civilisation ; la France, l’avant-garde 
    
de

     l’Europe en tant que nation. Quant aux intérêts des individus dans ch
  
    5543
    ivilisation, et des civilisations dans l’ensemble 
    
de

     l’humanité, ils ne pouvaient finalement que converger au sein d’une a
  
    5544
    e, nous avons du Hegel.  Pourquoi ce beau système 
    
d’

    évolution globale vers l’harmonie de l’un et de divers a-t-il été brut
  
    5545
     beau système d’évolution globale vers l’harmonie 
    
de

     l’un et de divers a-t-il été brutalement démenti au terme même du pro
  
    5546
    me d’évolution globale vers l’harmonie de l’un et 
    
de

     divers a-t-il été brutalement démenti au terme même du processus d’ép
  
    5547
    té brutalement démenti au terme même du processus 
    
d’

    épanouissement des grandes nations, qui était censé produire la paix, 
  
    5548
    t la formation des « nationalités », comme autant 
    
d’

    étapes nécessaires d’une dialectique de l’Esprit, s’est trouvé déchaîn
  
    5549
    nationalités », comme autant d’étapes nécessaires 
    
d’

    une dialectique de l’Esprit, s’est trouvé déchaîner en fait des passio
  
    5550
    mme autant d’étapes nécessaires d’une dialectique 
    
de

     l’Esprit, s’est trouvé déchaîner en fait des passions que l’esprit ne
  
    5551
     exploiter et bientôt nationaliser au sens actuel 
    
de

     l’expression. De ce tragique malentendu, les poètes de la génération 
  
    5552
    ntôt nationaliser au sens actuel de l’expression. 
    
De

     ce tragique malentendu, les poètes de la génération de 1848 furent le
  
    5553
    expression. De ce tragique malentendu, les poètes 
    
de

     la génération de 1848 furent les premières victimes, enthousiastes et
  
    5554
     tragique malentendu, les poètes de la génération 
    
de

     1848 furent les premières victimes, enthousiastes et bernées. Ils cro
  
    5555
    gale liberté. Ils s’inspirent tous du messianisme 
    
de

     la Révolution française : libérer sa propre nation du joug des tyrans
  
    5556
     l’Europe et le genre humain… En fait, la liberté 
    
de

     la Nation, une fois acquise, ne sera rien que la souveraineté de l’Ét
  
    5557
    ne fois acquise, ne sera rien que la souveraineté 
    
de

     l’État qui s’en prévaudra. Et l’anarchie des souverainetés divinisées
  
    5558
    rande Dialectique idéaliste prévoyait l’avènement 
    
de

     la paix. Inaugurée par le traumatisme de la Révolution, imposée à tou
  
    5559
    vènement de la paix. Inaugurée par le traumatisme 
    
de

     la Révolution, imposée à toute l’Europe par les armées de Napoléon, l
  
    5560
    volution, imposée à toute l’Europe par les armées 
    
de

     Napoléon, l’ère des Nations a succédé à l’ère du cosmopolitisme des É
  
    5561
    a trouver grâce aux poètes nationaux et militants 
    
de

     1848 ses traductions lyriques et populaires, en termes de liberté et 
  
    5562
    s lyriques et populaires, en termes de liberté et 
    
de

     patriotisme. La « Sainte-Alliance des Peuples » va proclamer son utop
  
    5563
    able face à la politique courte mais « positive » 
    
de

     la Sainte-Alliance des rois. Puis les derniers saint-simoniens, les f
  
    5564
    iéristes, un agitateur italien, Mazzini, un poète 
    
de

     génie, Hugo, et un idéologue socialiste, Proudhon, essaieront de comb
  
    5565
     et un idéologue socialiste, Proudhon, essaieront 
    
de

     combler le vide laissé par le grand mythe du Saint-Empire, en proclam
  
    5566
    es « États-Unis d’Europe », substitut démocratisé 
    
de

     l’instance supérieure aux Nations. Hélas ! l’histoire réelle se passe
  
    5567
    -Simon aboutit entre autres au percement du canal 
    
de

     Suez, dont aussitôt la politique des États, après s’y être opposée, s
  
    5568
    ire des Quarante-huitards échoue dans les manuels 
    
d’

    écoles primaires, et s’y dénature en nationalisme, culte laïque de l’É
  
    5569
    es, et s’y dénature en nationalisme, culte laïque 
    
de

     l’État. Le mouvement Jeune Europe, qui voulait utiliser les passions 
  
    5570
    ulait utiliser les passions nationales au service 
    
de

     l’idée fédéraliste, voit l’inverse se réaliser. Jamais les idéaux n’o
  
    5571
     mieux démentis par les faits, ni mieux détournés 
    
de

     leurs buts. Jamais l’Europe qui crée par la révolution industrielle l
  
    5572
    ui crée par la révolution industrielle les moyens 
    
d’

    unifier l’humanité, et qui en attendant, achève de la subjuguer par le
  
    5573
    d’unifier l’humanité, et qui en attendant, achève 
    
de

     la subjuguer par les armes, ne s’est montrée à la fois moins humanita
  
    5574
    e fait par les États et dans leur cadre au profit 
    
de

     leurs intérêts immédiats, mal calculés, et au détriment de cet équili
  
    5575
    les données. Et c’est pourquoi les grands esprits 
    
de

     la fin du xixe  siècle, enregistrant cette dissolution de l’idéal eur
  
    5576
    n du xixe  siècle, enregistrant cette dissolution 
    
de

     l’idéal européen, de Ranke à Renan et de Nietzsche à Sorel, aboutiron
  
    5577
    registrant cette dissolution de l’idéal européen, 
    
de

     Ranke à Renan et de Nietzsche à Sorel, aboutiront à une série de prop
  
    5578
    solution de l’idéal européen, de Ranke à Renan et 
    
de

     Nietzsche à Sorel, aboutiront à une série de prophéties uniformément 
  
    5579
    n et de Nietzsche à Sorel, aboutiront à une série 
    
de

     prophéties uniformément pessimistes, quant à l’avenir de notre civili
  
    5580
    héties uniformément pessimistes, quant à l’avenir 
    
de

     notre civilisation. Voici les textes qui jalonnent, de Heine à George
  
    5581
    tre civilisation. Voici les textes qui jalonnent, 
    
de

     Heine à Georges Sorel, cette double évolution des idées et des faits,
  
    5582
    914. Citons d’abord une page très caractéristique 
    
de

     la révolution qui s’est opérée dans tous nos pays, entre 1789 et 1848
  
    5583
    tre 1789 et 1848, et qui s’annonçait dans l’œuvre 
    
de

     Herder. L’humanisme nouveau, celui qui inspire les fondateurs de l’in
  
    5584
    manisme nouveau, celui qui inspire les fondateurs 
    
de

     l’instruction publique obligatoire, se présente comme anticosmopolite
  
    5585
    ntons cette page, fut à la fois le grand pionnier 
    
de

     l’éducation populaire en Europe du Nord et l’initiateur d’un mouvemen
  
    5586
    ation populaire en Europe du Nord et l’initiateur 
    
d’

    un mouvement religieux (dérivé du luthéranisme) qui marqua longuement 
  
    5587
    ivé du luthéranisme) qui marqua longuement la vie 
    
de

     son pays. Poète, théologien, éducateur, et homme politique au surplus
  
    5588
    fois la pensée et l’action, et aussi le sentiment 
    
de

     son époque.  Le monde que l’on nomme cultivé est victime d’une grave 
  
    5589
    que.  Le monde que l’on nomme cultivé est victime 
    
d’

    une grave erreur sur la vie humaine et sur les conditions de son évolu
  
    5590
    e erreur sur la vie humaine et sur les conditions 
    
de

     son évolution éclairée, lorsqu’il se met à choyer l’idée que, parce q
  
    5591
     que toutes les différences entre les hommes sont 
    
de

     nature purement fortuite étant nées de l’habitude et des circonstance
  
    5592
    ommes sont de nature purement fortuite étant nées 
    
de

     l’habitude et des circonstances, en sorte qu’on ferait aussi bien de 
  
    5593
    s circonstances, en sorte qu’on ferait aussi bien 
    
de

     les tenir toutes pour équivalentes, et que la pure humanité se manife
  
    5594
    alentes, et que la pure humanité se manifesterait 
    
d’

    autant mieux que l’on négligerait davantage toute particularité. On ne
  
    5595
    à une autre et où l’on ne peut mener deux chevaux 
    
de

     la même façon, seule une sagesse démente prétendrait que l’on peut tr
  
    5596
    prétendrait que l’on peut traiter tous les hommes 
    
de

     la même manière, alors que bien au contraire la diversité est l’un de
  
    5597
    ontraire la diversité est l’un des biens suprêmes 
    
de

     la nature humaine… En dépit de cela, le siècle dernier a considéré qu
  
    5598
    a, le siècle dernier a considéré que l’excellence 
    
de

     la culture consistait à nier les différences entre Anglais, Français,
  
    5599
    en est résulté qu’aussitôt l’on a perdu la notion 
    
de

     ce qui distingue un sage d’un sot, l’intelligence du sentiment, voire
  
    5600
    ’on a perdu la notion de ce qui distingue un sage 
    
d’

    un sot, l’intelligence du sentiment, voire l’homme de la femme. Mais l
  
    5601
    n sot, l’intelligence du sentiment, voire l’homme 
    
de

     la femme. Mais la vraie culture doit s’en tenir à ceci : de même que 
  
    5602
     dont chacun parlait sa propre langue et montrait 
    
de

     nombreux traits qui lui étaient essentiellement propres. D’autant plu
  
    5603
    x traits qui lui étaient essentiellement propres. 
    
D’

    autant plus courageusement un peuple défend ses particularités, d’auta
  
    5604
    urageusement un peuple défend ses particularités, 
    
d’

    autant mieux la vie générale peut se déployer dans toutes les directio
  
    5605
    e peut se déployer dans toutes les directions, et 
    
d’

    autant plus féconde sera l’influence que chacun pourra exercer sur les
  
    5606
    l ne faut pas confondre avec la section allemande 
    
de

     la « Jeune Europe » de Mazzini dont nous aurons à reparler. Point de 
  
    5607
     avec la section allemande de la « Jeune Europe » 
    
de

     Mazzini dont nous aurons à reparler. Point de pensée européenne systé
  
    5608
    e » de Mazzini dont nous aurons à reparler. Point 
    
de

     pensée européenne systématique, chez Heine, mais une série de « point
  
    5609
    ropéenne systématique, chez Heine, mais une série 
    
de

     « pointes » alternées, — diastole lyrique, systole sardonique. L’idée
  
    5610
    s, — diastole lyrique, systole sardonique. L’idée 
    
de

     l’Europe, omniprésente dans ses œuvres, s’y manifeste par des observa
  
    5611
    ts et prophéties contradictoires, dont on tentera 
    
de

     communiquer le mouvement par quelques citations fort disparates. Au d
  
    5612
    s. Au début, Heine épouse l’idéologie herdérienne 
    
d’

    une Europe des « nationalités » qu’il considère, un peu à la manière d
  
    5613
     manière de Fichte, comme une étape indispensable 
    
de

     l’évolution historique :  Tous les peuples de l’Europe et du monde de
  
    5614
    ble de l’évolution historique :  Tous les peuples 
    
de

     l’Europe et du monde devront traverser cette agonie, pour que la vie 
  
    5615
     traverser cette agonie, pour que la vie surgisse 
    
de

     la mort et pour qu’à la nationalité païenne succède la fraternité chr
  
    5616
    cède la fraternité chrétienne.193   Sa conception 
    
de

     l’union des peuples est d’ailleurs très nettement fédéraliste : « har
  
    5617
    ître, chaque peuple lui paraissait être une corde 
    
de

     cette harpe géante, montée sur un ton particulier, et il percevait l’
  
    5618
    rticulier, et il percevait l’harmonie universelle 
    
de

     leurs sons différents.194   Mais ces élans lyriques ne l’empêchent pa
  
    5619
    s ces élans lyriques ne l’empêchent pas longtemps 
    
d’

    exercer sa lucidité sur l’Europe telle qu’elle est, menacée à la fois 
  
    5620
     est, menacée à la fois (dirait-on) par son excès 
    
de

     conscience et par son manque de vigilance, tantôt vieillard et tantôt
  
    5621
    on) par son excès de conscience et par son manque 
    
de

     vigilance, tantôt vieillard et tantôt vierge folle :  Cette spiritual
  
    5622
    littérature européenne, est peut-être le symptôme 
    
d’

    une proche agonie ; de même certains hommes deviennent voyants sur leu
  
    5623
    e certains hommes deviennent voyants sur leur lit 
    
de

     mort et, de leurs lèvres livides, laissent échapper des secrets de l’
  
    5624
    ommes deviennent voyants sur leur lit de mort et, 
    
de

     leurs lèvres livides, laissent échapper des secrets de l’au-delà. Ou 
  
    5625
    urs lèvres livides, laissent échapper des secrets 
    
de

     l’au-delà. Ou faut-il penser que la vieille Europe est en train de ra
  
    5626
    ition du mourant, mais l’inquiétant pressentiment 
    
d’

    une renaissance, le souffle spirituel d’un nouveau printemps ?195  Que
  
    5627
    sentiment d’une renaissance, le souffle spirituel 
    
d’

    un nouveau printemps ?195  Quel que soit le comportement de la vierge 
  
    5628
    eau printemps ?195  Quel que soit le comportement 
    
de

     la vierge Europe — elle peut veiller avec sagesse près de sa lampe ou
  
    5629
     s’endormir à côté de la lampe éteinte — nul jour 
    
de

     joie ne l’attend.196   Dans le poème intitulé Germania, Heine a ce no
  
    5630
    e poème intitulé Germania, Heine a ce nouvel élan 
    
d’

    espoir :  La vierge Europe est fiancée au beau génie de la Liberté : i
  
    5631
    oir :  La vierge Europe est fiancée au beau génie 
    
de

     la Liberté : ils tendent amoureusement les bras pour un premier baise
  
    5632
    allemands. Elle a pour axe, ici et là, la passion 
    
d’

    une liberté conçue tantôt comme celle du groupe populaire, de la « nat
  
    5633
    té conçue tantôt comme celle du groupe populaire, 
    
de

     la « nationalité » secouant le joug de tous les despotismes, politiqu
  
    5634
    populaire, de la « nationalité » secouant le joug 
    
de

     tous les despotismes, politiques ou spirituels, tantôt comme l’embras
  
    5635
    qués par Schiller. Quand Heine fait sienne l’idée 
    
de

     nation, c’est dans le sens mazzinien d’une « Internationale des natio
  
    5636
    ne l’idée de nation, c’est dans le sens mazzinien 
    
d’

    une « Internationale des nationalistes » : c’est donc pour préserver l
  
    5637
     les diversités, contre les « terribles niveleurs 
    
de

     l’Europe » (« die furchtbarsten Nivelleurs Europas ») que sont les un
  
    5638
    Richelieu ou à la Robespierre, ou les « empereurs 
    
de

     la finance » à la Rothschild. Ce nivellement mortel, qui rendrait not
  
    5639
    rait notre monde invivable, serait l’issue fatale 
    
d’

    une grande guerre franco-allemande, déclenchée par les idées révolutio
  
    5640
    emande, déclenchée par les idées révolutionnaires 
    
de

     Paris :  Quel serait l’aboutissement de ce mouvement, dont Paris, com
  
    5641
    ionnaires de Paris :  Quel serait l’aboutissement 
    
de

     ce mouvement, dont Paris, comme toujours, aurait donné le signal ? Ce
  
    5642
    erait la guerre, la plus épouvantable des guerres 
    
d’

    anéantissement, qui enverrait dans l’arène les deux plus nobles peuple
  
    5643
    verrait dans l’arène les deux plus nobles peuples 
    
de

     la civilisation, causant leur perte à tous les deux ; je veux parler 
  
    5644
    usant leur perte à tous les deux ; je veux parler 
    
de

     la France et de l’Allemagne… Le deuxième acte sera certainement la ré
  
    5645
     à tous les deux ; je veux parler de la France et 
    
de

     l’Allemagne… Le deuxième acte sera certainement la révolution europée
  
    5646
    mplacable entre les prolétaires et l’aristocratie 
    
de

     la propriété ; il ne sera alors question ni de nationalité ni de reli
  
    5647
    ie de la propriété ; il ne sera alors question ni 
    
de

     nationalité ni de religion ; il n’y aura qu’une seule patrie, la terr
  
    5648
     ; il ne sera alors question ni de nationalité ni 
    
de

     religion ; il n’y aura qu’une seule patrie, la terre, et qu’une seule
  
    5649
     pense qu’à la fin on écrasera la tête du serpent 
    
de

     mer et qu’on écorchera l’ours du Nord. Il n’y aura plus alors qu’un s
  
    5650
    ucoup de coups. Je conseille à nos petits-enfants 
    
de

     venir au monde avec la peau du dos fort épaisse.197   Cette curieuse 
  
    5651
    ion ! En voici une autre version, dans une lettre 
    
de

     Heine écrite deux ans plus tôt. Ce qu’a dit Napoléon à Sainte-Hélène 
  
    5652
    rageante prophétie !… Ce rêve n’est pas une bulle 
    
de

     savon qu’un souffle anéantit, mais en lui nous épie une possibilité t
  
    5653
    e possibilité terrible, pétrifiante comme la tête 
    
de

     Méduse. Quelle perspective ! Dans le meilleur des cas, mourir d’ennui
  
    5654
    le perspective ! Dans le meilleur des cas, mourir 
    
d’

    ennui en tant que Républicain ! Pauvres petits-neveux !198  On sait qu
  
    5655
     les Russes des révoltes hongroises et polonaises 
    
de

     1848. Ce fut l’équivalent de 1956, à tous égards, y compris la paraly
  
    5656
    roises et polonaises de 1848. Ce fut l’équivalent 
    
de

     1956, à tous égards, y compris la paralysie politique de nos États, d
  
    5657
    , à tous égards, y compris la paralysie politique 
    
de

     nos États, demeurés pratiquement insensibles au soulèvement de l’opin
  
    5658
     demeurés pratiquement insensibles au soulèvement 
    
de

     l’opinion unanime. Voici deux textes brefs comme deux cris, échappés 
  
    5659
    ux textes brefs comme deux cris, échappés au chef 
    
de

     la révolte hongroise, Lajos Kossuth (1802-1894), qui put émigrer en E
  
    5660
    même ; car elle ne peut devenir que l’avant-garde 
    
de

     la monarchie universelle de la Russie.199   Et Petöfi, dans son poème
  
    5661
    nir que l’avant-garde de la monarchie universelle 
    
de

     la Russie.199   Et Petöfi, dans son poème de 1848 intitulé Silence de
  
    5662
    elle de la Russie.199   Et Petöfi, dans son poème 
    
de

     1848 intitulé Silence de l’Europe :  L’Europe se tait… Honte à cette 
  
    5663
    t Petöfi, dans son poème de 1848 intitulé Silence 
    
de

     l’Europe :  L’Europe se tait… Honte à cette Europe silencieuse Et qui
  
    5664
    1798-1855) il élève la plainte séculaire des pays 
    
de

     l’Est européen périodiquement « libérés » par les Russes. Voici quelq
  
    5665
    libérés » par les Russes. Voici quelques strophes 
    
de

     son grand poème intitulé Le Livre des Pèlerins 200 :  Lorsque la Libe
  
    5666
    e criai vers toi, nation, afin d’avoir un morceau 
    
de

     fer pour défense et une poignée de poudre, et toi tu m’as donné un ar
  
    5667
    oir un morceau de fer pour défense et une poignée 
    
de

     poudre, et toi tu m’as donné un article de gazette. Mais cette nation
  
    5668
    oignée de poudre, et toi tu m’as donné un article 
    
de

     gazette. Mais cette nation répondra : Quand m’avez-vous appelée ? Et 
  
    5669
    t la Liberté répondra : J’ai appelé par la bouche 
    
de

     ces pèlerins, et tu ne m’as pas écoutée ; va donc en servitude, là où
  
    5670
    sère, et je t’ai demandé, ô nation, la protection 
    
de

     tes lois et des secours, et toi tu m’as jeté des ordonnances. Et la n
  
    5671
    berté répondra : Je suis venue à toi sous l’habit 
    
de

     ces pèlerins, et tu m’as méprisée ; va donc dans la servitude là où i
  
    5672
    re pèlerinage sera pour les Puissances une pierre 
    
d’

    achoppement. Les Puissances ont rejeté votre pierre de l’édifice europ
  
    5673
    hoppement. Les Puissances ont rejeté votre pierre 
    
de

     l’édifice européen, et voici que cette pierre deviendra la pierre ang
  
    5674
    e pierre deviendra la pierre angulaire et la clef 
    
de

     voûte de l’édifice futur ; et celui sur qui elle tombera, elle l’écra
  
    5675
    deviendra la pierre angulaire et la clef de voûte 
    
de

     l’édifice futur ; et celui sur qui elle tombera, elle l’écrasera et c
  
    5676
    econnaîtra plus.  « Aujourd’hui, l’Occident meurt 
    
de

     ses doctrines ! » s’écriait le Polonais, désespérant pour sa patrie. 
  
    5677
     sa patrie. Les Italiens, qui se sentent au seuil 
    
de

     leur indépendance, prennent une vue beaucoup moins pessimiste de l’Eu
  
    5678
    dance, prennent une vue beaucoup moins pessimiste 
    
de

     l’Europe. Ainsi Vincenzo Gioberti (1801-1852). Philosophe et théologi
  
    5679
    que, qui fut mêlé aux conspirations républicaines 
    
de

     1833, exilé à Paris et Bruxelles, puis réhabilité par le Piémont dont
  
    5680
    e, Gioberti fut un néo-guelfe. Il voulait l’union 
    
de

     l’Italie et il voulait aussi l’union de l’Europe : l’une étant condit
  
    5681
    t l’union de l’Italie et il voulait aussi l’union 
    
de

     l’Europe : l’une étant condition de l’autre. À ses yeux, l’Italie (« 
  
    5682
    aussi l’union de l’Europe : l’une étant condition 
    
de

     l’autre. À ses yeux, l’Italie (« cet Orient de l’Occident ») devait j
  
    5683
    on de l’autre. À ses yeux, l’Italie (« cet Orient 
    
de

     l’Occident ») devait jouer pour l’Europe le rôle de nation-guide, sou
  
    5684
     l’Occident ») devait jouer pour l’Europe le rôle 
    
de

     nation-guide, sous la haute direction du pape, Rome devenant la métro
  
    5685
    ute direction du pape, Rome devenant la métropole 
    
d’

    un monde au sein duquel toutes les « nationalités » politiques et spir
  
    5686
    rdant leur diversité, entreraient dans un rapport 
    
d’

    union « dialectique » : « La dictature du Pontife, chargé de la direct
  
    5687
    dialectique » : « La dictature du Pontife, chargé 
    
de

     la direction politique de l’Italie et de l’organisation de l’Europe, 
  
    5688
    ture du Pontife, chargé de la direction politique 
    
de

     l’Italie et de l’organisation de l’Europe, avait pour but d’instituer
  
    5689
    , chargé de la direction politique de l’Italie et 
    
de

     l’organisation de l’Europe, avait pour but d’instituer les différente
  
    5690
    ection politique de l’Italie et de l’organisation 
    
de

     l’Europe, avait pour but d’instituer les différentes chrétientés nati
  
    5691
     et de l’organisation de l’Europe, avait pour but 
    
d’

    instituer les différentes chrétientés nationales », écrivait-il en 184
  
    5692
    -il en 1843, dans un ouvrage publié à Bruxelles : 
    
De

     la primauté morale et civile des Italiens, que l’on appelle en Italie
  
    5693
     il donnait la formule du passage « dialectique » 
    
de

     la cité à la nation, puis à l’Europe et au monde :  Le Christ, en fix
  
    5694
    n fixant à la civilisation l’ultime but terrestre 
    
d’

    unifier la grande famille des humains, suggéra l’idée dialectique de n
  
    5695
    e famille des humains, suggéra l’idée dialectique 
    
de

     nation, qui est, si l’on peut dire, la cité agrandie et l’humanité en
  
    5696
     et l’humanité en petit… Le même concept unitaire 
    
de

     l’Europe, sorte de confédération amphictionique des nations chrétienn
  
    5697
    etit… Le même concept unitaire de l’Europe, sorte 
    
de

     confédération amphictionique des nations chrétiennes et dernière étap
  
    5698
    ionique des nations chrétiennes et dernière étape 
    
de

     ce processus d’unification qui tend à embrasser tout le genre humain,
  
    5699
    ons chrétiennes et dernière étape de ce processus 
    
d’

    unification qui tend à embrasser tout le genre humain, n’eut pas d’aut
  
    5700
     tend à embrasser tout le genre humain, n’eut pas 
    
d’

    autre origine.  Et il ajoutait dans Rinnovamento :  Tout peuple divisé
  
    5701
    appel se réfère à l’Europe.  Au reste, il donnait 
    
de

     l’Europe la définition classique formulée d’abord par les Grecs, véri
  
    5702
    rd par les Grecs, véritables ancêtres, selon lui, 
    
de

     notre « idée européenne » :  L’Europe est la première partie du monde
  
    5703
    ctique du genre humain aussi bien du point de vue 
    
de

     la situation géographique que de celui du climat ou de la race. Ce fa
  
    5704
     du point de vue de la situation géographique que 
    
de

     celui du climat ou de la race. Ce fait apparaît clairement si on cons
  
    5705
     situation géographique que de celui du climat ou 
    
de

     la race. Ce fait apparaît clairement si on considère sa structure ent
  
    5706
    airement si on considère sa structure entrecoupée 
    
de

     mers et de grands fleuves, ou sa température intermédiaire entre cell
  
    5707
     on considère sa structure entrecoupée de mers et 
    
de

     grands fleuves, ou sa température intermédiaire entre celle du Colure
  
    5708
    mes latitudes. Ce même fait peut se déduire aussi 
    
de

     la qualité de la race, qui est blanche, japhétique, et qui appartient
  
    5709
     Ce même fait peut se déduire aussi de la qualité 
    
de

     la race, qui est blanche, japhétique, et qui appartient à la branche 
  
    5710
    la branche principale des Indo-pélages ; ou enfin 
    
de

     la religion, qui est le christianisme, père de cette civilisation adu
  
    5711
    in de la religion, qui est le christianisme, père 
    
de

     cette civilisation adulte qui marche à grands pas vers la conquête de
  
    5712
    n adulte qui marche à grands pas vers la conquête 
    
de

     la paix et la concorde dans le monde. Sa supériorité [de l’Europe] pr
  
    5713
    aix et la concorde dans le monde. Sa supériorité [
    
de

     l’Europe] provient de la variété et de l’opposition de ses composante
  
    5714
    s le monde. Sa supériorité [de l’Europe] provient 
    
de

     la variété et de l’opposition de ses composantes, qui sont harmonisée
  
    5715
    périorité [de l’Europe] provient de la variété et 
    
de

     l’opposition de ses composantes, qui sont harmonisées par l’unité dom
  
    5716
    Europe] provient de la variété et de l’opposition 
    
de

     ses composantes, qui sont harmonisées par l’unité dominante de la rac
  
    5717
    antes, qui sont harmonisées par l’unité dominante 
    
de

     la race et des rites chrétiens, puisque la valeur de chaque force cré
  
    5718
    la race et des rites chrétiens, puisque la valeur 
    
de

     chaque force créée naît du concours de deux moments dialectiques, à s
  
    5719
     la valeur de chaque force créée naît du concours 
    
de

     deux moments dialectiques, à savoir de l’opposition des contraires et
  
    5720
    u concours de deux moments dialectiques, à savoir 
    
de

     l’opposition des contraires et de leur nature conciliante. L’Europe, 
  
    5721
    iques, à savoir de l’opposition des contraires et 
    
de

     leur nature conciliante. L’Europe, du point de vue du droit constitut
  
    5722
    ée ; ce qui revient à dire qu’elle est un composé 
    
de

     plusieurs États qui ont besoin d’une union réciproque (sans perdre po
  
    5723
     est un composé de plusieurs États qui ont besoin 
    
d’

    une union réciproque (sans perdre pour autant leur individualité), mai
  
    5724
    , ils sont désunis et opposés par bien des foyers 
    
de

     haine et discorde réciproque.201   La Pologne et la Hongrie sont des 
  
    5725
    ationale se confonde irrésistiblement avec l’idée 
    
de

     liberté et s’harmonise avec l’idée d’une Europe unie : une nation en 
  
    5726
    avec l’idée de liberté et s’harmonise avec l’idée 
    
d’

    une Europe unie : une nation en devenir n’a pas encore d’intérêts « tr
  
    5727
    urope unie : une nation en devenir n’a pas encore 
    
d’

    intérêts « traditionnels » qui l’opposent au plus vaste ensemble. Mais
  
    5728
    sent au plus vaste ensemble. Mais qu’en sera-t-il 
    
de

     la France et de l’Espagne, ces aînées, ces modèles de l’État national
  
    5729
    te ensemble. Mais qu’en sera-t-il de la France et 
    
de

     l’Espagne, ces aînées, ces modèles de l’État national fortement const
  
    5730
    a France et de l’Espagne, ces aînées, ces modèles 
    
de

     l’État national fortement constitué et qui ne veut rien devoir à pers
  
    5731
     Les deux cas sont très différents. Car la France 
    
de

     1848 se considère comme une nation qui vient de renaître, dans une Eu
  
    5732
    , dans une Europe rénovée par les principes mêmes 
    
de

     sa révolution ; tandis que l’Espagne ne voit dans ces principes étend
  
    5733
    es et des Méditations, mais l’historien (peu sûr) 
    
de

     la Révolution et l’homme d’État éloquent du gouvernement provisoire d
  
    5734
    ’homme d’État éloquent du gouvernement provisoire 
    
de

     1848, partisan d’un régime « sincèrement progressiste et énergiquemen
  
    5735
    uent du gouvernement provisoire de 1848, partisan 
    
d’

    un régime « sincèrement progressiste et énergiquement conservateur ». 
  
    5736
    ns tous ses discours, exaltant le rôle libérateur 
    
de

     la France des deux révolutions, il se réfère à l’Europe comme à une v
  
    5737
     gouvernement provisoire établi par la révolution 
    
de

     février 1848, Lamartine adresse aux agents diplomatiques français un 
  
    5738
    02 destiné à rassurer l’Europe sur les intentions 
    
de

     la France nouvelle. L’idée de l’harmonie des Nations au bénéfice de l
  
    5739
     sur les intentions de la France nouvelle. L’idée 
    
de

     l’harmonie des Nations au bénéfice de l’ensemble européen y revient a
  
    5740
    lle. L’idée de l’harmonie des Nations au bénéfice 
    
de

     l’ensemble européen y revient avec insistance :  En 1792, les idées d
  
    5741
    n y revient avec insistance :  En 1792, les idées 
    
de

     la France et de l’Europe n’étaient pas préparées à comprendre et à ac
  
    5742
     insistance :  En 1792, les idées de la France et 
    
de

     l’Europe n’étaient pas préparées à comprendre et à accepter la grande
  
    5743
     du siècle qui finissait n’était que dans la tête 
    
de

     quelques philosophes. La philosophie est populaire aujourd’hui. Cinqu
  
    5744
    ophie est populaire aujourd’hui. Cinquante années 
    
de

     liberté de penser, de parler et d’écrire, ont produit leur résultat. 
  
    5745
    opulaire aujourd’hui. Cinquante années de liberté 
    
de

     penser, de parler et d’écrire, ont produit leur résultat. Les livres,
  
    5746
    jourd’hui. Cinquante années de liberté de penser, 
    
de

     parler et d’écrire, ont produit leur résultat. Les livres, les journa
  
    5747
    nquante années de liberté de penser, de parler et 
    
d’

    écrire, ont produit leur résultat. Les livres, les journaux, les tribu
  
    5748
     les journaux, les tribunes ont opéré l’apostolat 
    
de

     l’intelligence européenne. La raison, rayonnant de partout, par-dessu
  
    5749
    e l’intelligence européenne. La raison, rayonnant 
    
de

     partout, par-dessus les frontières des peuples, a créé entre les espr
  
    5750
     nationalité intellectuelle qui sera l’achèvement 
    
de

     la Révolution française et la constitution de la fraternité internati
  
    5751
    ent de la Révolution française et la constitution 
    
de

     la fraternité internationale sur le globe… La République exercera, pa
  
    5752
    ur le globe… La République exercera, par la lueur 
    
de

     ses idées, par le spectacle d’ordre et de paix qu’elle espère donner 
  
    5753
    cera, par la lueur de ses idées, par le spectacle 
    
d’

    ordre et de paix qu’elle espère donner au monde, le seul et honnête pr
  
    5754
    a lueur de ses idées, par le spectacle d’ordre et 
    
de

     paix qu’elle espère donner au monde, le seul et honnête prosélytisme,
  
    5755
     le seul et honnête prosélytisme, le prosélytisme 
    
de

     l’estime et de la sympathie. Ce n’est point là la guerre, c’est la na
  
    5756
    nête prosélytisme, le prosélytisme de l’estime et 
    
de

     la sympathie. Ce n’est point là la guerre, c’est la nature. Ce n’est 
  
    5757
    e, c’est la nature. Ce n’est point là l’agitation 
    
de

     l’Europe, c’est la vie. Ce n’est point là incendier le monde, c’est b
  
    5758
     n’est point là incendier le monde, c’est briller 
    
de

     sa place sur l’horizon des peuples pour les devancer et les guider à 
  
    5759
    r à la fois.  Dans le même esprit, mais avec plus 
    
de

     profondeur, l’historien Jules Michelet (1798-1874) exaltait « l’intim
  
    5760
     qui devait unir toutes les parties constituantes 
    
de

     l’Europe, et tous les patriotismes, si « unique » que chacun d’eux se
  
    5761
    t tous les patriotismes, si « unique » que chacun 
    
d’

    eux se conçût :  Ce qu’il y a de moins simple, de moins naturel, de pl
  
    5762
    ique » que chacun d’eux se conçût :  Ce qu’il y a 
    
de

     moins simple, de moins naturel, de plus artificiel, c’est-à-dire de m
  
    5763
     d’eux se conçût :  Ce qu’il y a de moins simple, 
    
de

     moins naturel, de plus artificiel, c’est-à-dire de moins fatal, de pl
  
    5764
    e moins naturel, de plus artificiel, c’est-à-dire 
    
de

     moins fatal, de plus humain et de plus libre dans le monde, c’est l’E
  
    5765
    go qu’il appartiendra, bien des années plus tard, 
    
d’

    opérer la « transfiguration » des idéaux de 1848 en un européisme et e
  
    5766
     tard, d’opérer la « transfiguration » des idéaux 
    
de

     1848 en un européisme et en un mondialisme sublimes, achevant ainsi —
  
    5767
    mantisme politique. Parce qu’il n’est pas suspect 
    
de

     nationalisme borné, et parce qu’il fut au xixe  siècle, le prophète l
  
    5768
    l fut au xixe  siècle, le prophète le plus exalté 
    
de

     l’union européenne, ses déclarations réitérées sur l’avenir européen 
  
    5769
     ses déclarations réitérées sur l’avenir européen 
    
de

     sa patrie illustrent mieux que toute autre la grandiose ambiguïté de 
  
    5770
    rent mieux que toute autre la grandiose ambiguïté 
    
de

     l’idée nationale. Cette généreuse et sincère volonté de se perdre dan
  
    5771
    dée nationale. Cette généreuse et sincère volonté 
    
de

     se perdre dans l’universel, de se transfigurer en Europe et en monde 
  
    5772
    et sincère volonté de se perdre dans l’universel, 
    
de

     se transfigurer en Europe et en monde ne sera-t-elle pas nécessaireme
  
    5773
     interprétée par les autres comme un désir secret 
    
de

     gagner tout l’univers au style de vie et de pensée d’une « nation mèr
  
    5774
    un désir secret de gagner tout l’univers au style 
    
de

     vie et de pensée d’une « nation mère » ? Parlant des « sauvages » de 
  
    5775
    ecret de gagner tout l’univers au style de vie et 
    
de

     pensée d’une « nation mère » ? Parlant des « sauvages » de l’empire f
  
    5776
    agner tout l’univers au style de vie et de pensée 
    
d’

    une « nation mère » ? Parlant des « sauvages » de l’empire français qu
  
    5777
     d’une « nation mère » ? Parlant des « sauvages » 
    
de

     l’empire français qui viennent contempler à Paris l’exposition univer
  
    5778
    nnent contempler à Paris l’exposition universelle 
    
de

     1867, il a des phrases qui découragent la critique :  Ces yeux saturé
  
    5779
    s qui découragent la critique :  Ces yeux saturés 
    
de

     nuit viennent regarder la vérité… Ils savent qu’il existe un peuple d
  
    5780
    rder la vérité… Ils savent qu’il existe un peuple 
    
de

     réconciliation… une nation ouverte, qui appelle chez elle quiconque e
  
    5781
    lle chez elle quiconque est frère ou veut l’être. 
    
De

     leur côté, invasion ; du côté de la France, expansion.  Sur ce thème 
  
    5782
    oici quelques pages inspirées :  La France a cela 
    
d’

    admirable qu’elle est destinée à mourir, mais à mourir comme les dieux
  
    5783
    tre en constellation ; les autres peuples, astres 
    
de

     deuxième grandeur, se groupent autour de lui, et c’est ainsi qu’Athèn
  
    5784
    urera et deviendra le monde humain. La révolution 
    
de

     France s’appellera l’évolution des peuples. Pourquoi ? Parce que la F
  
    5785
    ce que la France le mérite ; parce qu’elle manque 
    
d’

    égoïsme, parce qu’elle ne travaille pas pour elle seule, parce qu’elle
  
    5786
    pas pour elle seule, parce qu’elle] est créatrice 
    
d’

    espérances universelles, parce qu’elle représente toute la bonne volon
  
    5787
    ulement des sœurs, elle est mère. Cette maternité 
    
de

     la généreuse France éclate dans tous les phénomènes sociaux de ce tem
  
    5788
    se France éclate dans tous les phénomènes sociaux 
    
de

     ce temps ; les autres peuples lui font ses malheurs, elle leur fait l
  
    5789
    tte nation sera grande, ce qui ne l’empêchera pas 
    
d’

    être libre. Elle sera illustre, riche, pensante, pacifique, cordiale a
  
    5790
    re, riche, pensante, pacifique, cordiale au reste 
    
de

     l’humanité. Elle aura la gravité douce d’une aînée. […] Cette nation 
  
    5791
    u reste de l’humanité. Elle aura la gravité douce 
    
d’

    une aînée. […] Cette nation aura pour capitale Paris, et ne s’appeller
  
    5792
    uoi assiste le xixe  siècle, c’est à la formation 
    
de

     l’Europe.205   Enfin, dans son discours pour saluer l’Exposition univ
  
    5793
    son discours pour saluer l’Exposition universelle 
    
de

     1867, à Paris206, Hugo s’élève à des sommets d’éloquence d’où l’on vo
  
    5794
    e de 1867, à Paris206, Hugo s’élève à des sommets 
    
d’

    éloquence d’où l’on voit l’Europe elle-même se fondre dans l’immensité
  
    5795
     Paris206, Hugo s’élève à des sommets d’éloquence 
    
d’

    où l’on voit l’Europe elle-même se fondre dans l’immensité de l’humani
  
    5796
    oit l’Europe elle-même se fondre dans l’immensité 
    
de

     l’humanité la plus moderne. Voici l’exorde :  Que l’Europe soit la bi
  
    5797
    u’elle entre chez elle. Qu’elle prenne possession 
    
de

     ce Paris qui lui appartient, et auquel elle appartient ! Qu’elle ait 
  
    5798
    qu’elle respire à pleins poumons dans cette ville 
    
de

     tous et pour tous, qui a le privilège de faire des actes européens ! 
  
    5799
    te ville de tous et pour tous, qui a le privilège 
    
de

     faire des actes européens ! c’est d’ici que sont parties toutes les h
  
    5800
    ici que sont parties toutes les hautes impulsions 
    
de

     l’esprit du xixe  siècle ; c’est ici que s’est tenu, magnifique spect
  
    5801
    ue spectacle contemporain, pendant trente-six ans 
    
de

     liberté, le concile des intelligences ; c’est ici qu’ont été posées, 
  
    5802
    nt été posées, débattues et résolues dans le sens 
    
de

     la délivrance, toutes les grandes questions de cette époque : droit d
  
    5803
    ns de la délivrance, toutes les grandes questions 
    
de

     cette époque : droit de l’individu, base et point de départ du droit 
  
    5804
    tes les grandes questions de cette époque : droit 
    
de

     l’individu, base et point de départ du droit social, droit du travail
  
    5805
    cette époque : droit de l’individu, base et point 
    
de

     départ du droit social, droit du travail, droit de la femme, droit de
  
    5806
    e départ du droit social, droit du travail, droit 
    
de

     la femme, droit de l’enfant, abolition de l’ignorance, abolition de l
  
    5807
    ocial, droit du travail, droit de la femme, droit 
    
de

     l’enfant, abolition de l’ignorance, abolition de la misère, abolition
  
    5808
    , droit de la femme, droit de l’enfant, abolition 
    
de

     l’ignorance, abolition de la misère, abolition du glaive sous toutes 
  
    5809
     de l’enfant, abolition de l’ignorance, abolition 
    
de

     la misère, abolition du glaive sous toutes ses formes, inviolabilité 
  
    5810
    n du glaive sous toutes ses formes, inviolabilité 
    
de

     la vue humaine. Comme les glaciers, qui ont on ne sait quelle chastet
  
    5811
    ont on ne sait quelle chasteté grandiose, et qui, 
    
d’

    un mouvement insensible, mais irrésistible et inconnu, rejettent sur l
  
    5812
    es immondices, la voirie, les abattoirs, la peine 
    
de

     mort.  Et voici la péroraison :  Ô France, adieu ! tu es trop grande 
  
    5813
    op grande pour n’être qu’une patrie. On se sépare 
    
de

     sa mère qui devient déesse. Encore un peu de temps, et tu t’évanouira
  
    5814
     auguste à cette heure comme l’effacement visible 
    
de

     ta frontière. Résigne-toi à ton immensité. Adieu Peuple ! Salut Homme
  
    5815
     elle entend rester ce qu’elle fut, même diminuée 
    
de

     son empire américain, n’espérant rien du Progrès, ni de la Science, n
  
    5816
     empire américain, n’espérant rien du Progrès, ni 
    
de

     la Science, ni de la Démocratie sociale, ni du mouvement de l’Histoir
  
    5817
     n’espérant rien du Progrès, ni de la Science, ni 
    
de

     la Démocratie sociale, ni du mouvement de l’Histoire, et encore moins
  
    5818
    nce, ni de la Démocratie sociale, ni du mouvement 
    
de

     l’Histoire, et encore moins de la Liberté, mais plaçant toute sa foi 
  
    5819
    e, ni du mouvement de l’Histoire, et encore moins 
    
de

     la Liberté, mais plaçant toute sa foi terrestre et politique dans un 
  
    5820
    ), le nationalisme le plus hautain prend la forme 
    
d’

    un antijacobinisme et d’un antiromantisme absolus : ce n’est pas une i
  
    5821
    us hautain prend la forme d’un antijacobinisme et 
    
d’

    un antiromantisme absolus : ce n’est pas une idéologie libertaire qui 
  
    5822
    lent et simpliste que chez Hugo, mais il a changé 
    
de

     signe. Voici, en quelques phrases, tirées de deux lettres à Montalemb
  
    5823
    angé de signe. Voici, en quelques phrases, tirées 
    
de

     deux lettres à Montalembert, toute la philosophie de l’Objecteur le p
  
    5824
    deux lettres à Montalembert, toute la philosophie 
    
de

     l’Objecteur le plus total aux idéaux politiques de 1848 :  Je crois q
  
    5825
    e l’Objecteur le plus total aux idéaux politiques 
    
de

     1848 :  Je crois que la civilisation catholique contient le bien sans
  
    5826
    lisation catholique contient le bien sans mélange 
    
de

     mal, et que la civilisation philosophique contient le mal sans mélang
  
    5827
    sation philosophique contient le mal sans mélange 
    
de

     bien… Si je considère la civilisation catholique dans sa réalité hist
  
    5828
     je dirai que ses imperfections venant uniquement 
    
de

     sa combinaison avec la liberté humaine, le véritable progrès aurait c
  
    5829
    ne voie différente. En donnant pour mort l’empire 
    
de

     la foi, et en proclamant l’indépendance de la raison et de la volonté
  
    5830
    empire de la foi, et en proclamant l’indépendance 
    
de

     la raison et de la volonté de l’homme, elle a rendu absolu, universel
  
    5831
    , et en proclamant l’indépendance de la raison et 
    
de

     la volonté de l’homme, elle a rendu absolu, universel et nécessaire l
  
    5832
    mant l’indépendance de la raison et de la volonté 
    
de

     l’homme, elle a rendu absolu, universel et nécessaire le mal, qui éta
  
    5833
    elatif, exceptionnel et contingent. Cette période 
    
de

     rapide rétrogradation a commencé en Europe avec la restauration du pa
  
    5834
    e politique. Aujourd’hui le monde est à la veille 
    
de

     la dernière de ces restaurations : la restauration du paganisme socia
  
    5835
    jourd’hui le monde est à la veille de la dernière 
    
de

     ces restaurations : la restauration du paganisme socialiste… L’histoi
  
    5836
    ’une consiste à conformer la raison et la volonté 
    
de

     l’homme à l’élément divin, et l’autre à laisser de côté l’élément div
  
    5837
    e l’homme à l’élément divin, et l’autre à laisser 
    
de

     côté l’élément divin et à proclamer l’indépendance et la souveraineté
  
    5838
     et à proclamer l’indépendance et la souveraineté 
    
de

     l’élément humain… Du reste ce grand retour en arrière était dans la l
  
    5839
    continu, la terre aurait fini par être le paradis 
    
de

     l’homme, et Dieu a voulu que la terre fût une vallée de larmes. Dieu 
  
    5840
    omme, et Dieu a voulu que la terre fût une vallée 
    
de

     larmes. Dieu aurait été socialiste. Alors qu’eût été Proudhon ? Chacu
  
    5841
     le rencontrer jamais, un paradis dans une vallée 
    
de

     larmes, et Dieu plaçant cette vallée de larmes entre deux paradis, po
  
    5842
    ne vallée de larmes, et Dieu plaçant cette vallée 
    
de

     larmes entre deux paradis, pour que l’homme puisse se trouver toujour
  
    5843
    ique hugolienne n’empêche nullement Donoso Cortès 
    
de

     porter sur l’Europe politique des jugements d’une lucidité cruelle. D
  
    5844
    ès de porter sur l’Europe politique des jugements 
    
d’

    une lucidité cruelle. Dans son célèbre discours « Sur la situation gén
  
    5845
     son célèbre discours « Sur la situation générale 
    
de

     l’Europe » prononcé à la Chambre des Députés d’Espagne le 30 janvier 
  
    5846
    e de l’Europe » prononcé à la Chambre des Députés 
    
d’

    Espagne le 30 janvier 1850, il n’annonce pas, comme le fera Hugo, la p
  
    5847
    tés qu’il faut redouter et que les meneurs du jeu 
    
de

     l’Histoire laissent monter :  La cause de toutes vos erreurs, messieu
  
    5848
     du jeu de l’Histoire laissent monter :  La cause 
    
de

     toutes vos erreurs, messieurs (l’orateur s’adresse aux bancs de la ga
  
    5849
    erreurs, messieurs (l’orateur s’adresse aux bancs 
    
de

     la gauche), c’est que vous ignorez la marche de la civilisation et du
  
    5850
    s de la gauche), c’est que vous ignorez la marche 
    
de

     la civilisation et du monde. Vous croyez, vous autres, que la civilis
  
    5851
    t. Le monde marche à grands pas à la constitution 
    
d’

    un despotisme, le plus gigantesque et le plus terrible que les hommes 
  
    5852
    . Et pour annoncer ces choses, je n’ai pas besoin 
    
d’

    être prophète ; il me suffit de considérer l’ensemble des événements h
  
    5853
    je n’ai pas besoin d’être prophète ; il me suffit 
    
de

     considérer l’ensemble des événements humains de leur seul et vrai poi
  
    5854
    t de considérer l’ensemble des événements humains 
    
de

     leur seul et vrai point de vue, je veux dire des hauteurs catholiques
  
    5855
    ons hier, ce que nous sommes depuis la révolution 
    
de

     février. Depuis cette révolution de formidable mémoire, il n’y a plus
  
    5856
    la révolution de février. Depuis cette révolution 
    
de

     formidable mémoire, il n’y a plus rien de solide, plus rien de sûr en
  
    5857
    olution de formidable mémoire, il n’y a plus rien 
    
de

     solide, plus rien de sûr en Europe… Voyez l’état de l’Europe. Il semb
  
    5858
     mémoire, il n’y a plus rien de solide, plus rien 
    
de

     sûr en Europe… Voyez l’état de l’Europe. Il semble que tous les chefs
  
    5859
     solide, plus rien de sûr en Europe… Voyez l’état 
    
de

     l’Europe. Il semble que tous les chefs d’État ont perdu le don de con
  
    5860
    semble que tous les chefs d’État ont perdu le don 
    
de

     conseil ; la raison humaine subit des éclipses, les institutions subi
  
    5861
    ons subissent des bouleversements, et les nations 
    
de

     grandes et soudaines décadences. Jetez, messieurs, jetez avec moi les
  
    5862
     messieurs, jetez avec moi les yeux sur l’Europe, 
    
de

     la Pologne au Portugal, et dites-moi, la main sur la conscience, dite
  
    5863
    t dites-moi, la main sur la conscience, dites-moi 
    
de

     bonne foi si vous rencontrez une seule société qui puisse dire : Je s
  
    5864
    les concentrées et portées à leur plus haut degré 
    
de

     puissance, ont suffi à peine, et n’ont rien fait de plus que suffire 
  
    5865
    ance qu’elle n’a pas le moindre danger à redouter 
    
de

     ce côté. L’influence que la Russie exerçait en Europe, messieurs, ell
  
    5866
     la Russie ne pouvait, en aucun cas, s’accommoder 
    
d’

    avoir en face d’elle un empire allemand et toutes les races allemandes
  
    5867
    emandes réunies. La Confédération se composa donc 
    
de

     principautés microscopiques et de deux grandes monarchies. Qu’est-ce 
  
    5868
    se composa donc de principautés microscopiques et 
    
de

     deux grandes monarchies. Qu’est-ce qui convenait dans l’hypothèse d’u
  
    5869
    archies. Qu’est-ce qui convenait dans l’hypothèse 
    
d’

    une guerre en France ? Ce qui convenait à la Russie, c’était que ces m
  
    5870
     messieurs, comment il est arrivé que l’influence 
    
de

     la Russie, depuis la formation de la Confédération jusqu’à la révolut
  
    5871
    que l’influence de la Russie, depuis la formation 
    
de

     la Confédération jusqu’à la révolution de février, s’est étendue de S
  
    5872
    rmation de la Confédération jusqu’à la révolution 
    
de

     février, s’est étendue de Saint-Pétersbourg à Paris. Mais depuis la r
  
    5873
    n jusqu’à la révolution de février, s’est étendue 
    
de

     Saint-Pétersbourg à Paris. Mais depuis la révolution de février les c
  
    5874
    nt-Pétersbourg à Paris. Mais depuis la révolution 
    
de

     février les choses ont changé de face ; la tempête révolutionnaire a 
  
    5875
    is la révolution de février les choses ont changé 
    
de

     face ; la tempête révolutionnaire a jeté bas les trônes, traîné dans 
  
    5876
    aos. C’est vous dire, messieurs, qu’à l’influence 
    
de

     la Russie, qui s’étendait de Saint-Pétersbourg à Paris, a succédé l’i
  
    5877
    rs, qu’à l’influence de la Russie, qui s’étendait 
    
de

     Saint-Pétersbourg à Paris, a succédé l’influence démagogique de Paris
  
    5878
    sbourg à Paris, a succédé l’influence démagogique 
    
de

     Paris, qui s’étend jusqu’en Pologne… Ce n’est pas mon opinion cependa
  
    5879
    nion cependant que l’Europe n’ait rien à redouter 
    
de

     la Russie ; je crois tout le contraire ; mais pour que la Russie acce
  
    5880
     une guerre générale, pour que la Russie s’empare 
    
de

     l’Europe, il faut auparavant les trois événements que je vais dire, l
  
    5881
    ’à cette angoisse, tout patriotisme meurt au cœur 
    
de

     l’homme ; en troisième heu, il faut que se réalise la confédération p
  
    5882
    il faut que se réalise la confédération puissante 
    
de

     tous les peuples slaves sous l’influence et le protectorat de la Russ
  
    5883
    peuples slaves sous l’influence et le protectorat 
    
de

     la Russie. Les nations slaves comptent, messieurs, 80 millions d’habi
  
    5884
    s nations slaves comptent, messieurs, 80 millions 
    
d’

    habitants. Eh bien, lorsque la révolution aura détruit en Europe les a
  
    5885
    int le patriotisme en Europe, lorsque, à l’orient 
    
de

     l’Europe, se sera accomplie la grande fédération des peuples slaves ;
  
    5886
    s spoliés et celle des spoliateurs, alors l’heure 
    
de

     la Russie sonnera ; alors la Russie pourra se promener tranquillement
  
    5887
    oire, ce châtiment épouvantable sera le châtiment 
    
de

     l’Angleterre.    191. Théodore Jouffroy : De l’État actuel de l’Human
  
    5888
    ment de l’Angleterre.    191. Théodore Jouffroy : 
    
De

     l’État actuel de l’Humanité, mélanges philosophiques, Bruxelles, 1834
  
    5889
    rre.    191. Théodore Jouffroy : De l’État actuel 
    
de

     l’Humanité, mélanges philosophiques, Bruxelles, 1834.  192. An Gustav
  
    5890
     192. An Gustav Kolb, Florenz, 11-11-1828.  193.  
    
De

     la Pologne, in Œuvres complètes, Patries et Portraits, Paris, 1868.  
  
    5891
    rie, Bruxelles, 1859.  200. Chap. XXII : La Cause 
    
de

     la Liberté des peuples.  201.  Prolegomeni al Primato.  202. Parfois 
  
    5892
    i al Primato.  202. Parfois désigné sous le titre 
    
de

     Manifeste à l’Europe, cf. Gollwitzer, op. cit., p. 323.  203.  J. Mic
  
    5893
    89 et 295.  206. Article intitulé : « Déclaration 
    
de

     Paix », 1867, op. cit., tome IV, p. 349-350, 351. 365.  207. Lettres 
  
    5894
    it., tome IV, p. 349-350, 351. 365.  207. Lettres 
    
de

     M. Donoso Cortès sur l’Avenir de la Société Nouvelle, à M. le comte d
  
    5895
    5.  207. Lettres de M. Donoso Cortès sur l’Avenir 
    
de

     la Société Nouvelle, à M. le comte de Montalembert, 26 mai et 4 juin 
  
    5896
    ur l’Avenir de la Société Nouvelle, à M. le comte 
    
de

     Montalembert, 26 mai et 4 juin 1849.

21 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Cinquième Partie. L’Ère des nations,  (de 1848 à 1914) — 2. Un idéal de compensation : les États-Unis d’Europe
    5897
      2.Un idéal 
    
de

     compensation : les États-Unis d’Europe   Quel fut le premier auteur d
  
    5898
     États-Unis d’Europe   Quel fut le premier auteur 
    
de

     l’expression ? Cattaneo ? Cobden ? Mazzini ? ou Hugo ? Un obscur orat
  
    5899
     ? Cobden ? Mazzini ? ou Hugo ? Un obscur orateur 
    
de

     la « campagne des Banquets », qui préluda en 1847 à la révolution, ou
  
    5900
     en 1847 à la révolution, ou le rédacteur anonyme 
    
d’

    un article du Moniteur daté du 26 février 1848208 ? Les historiens hés
  
    5901
    génies collectifs. Le recours à l’Europe mystique 
    
d’

    un Lamartine ne serait plus qu’une clause de style dès qu’au nom de le
  
    5902
    tique d’un Lamartine ne serait plus qu’une clause 
    
de

     style dès qu’au nom de leurs intérêts les États refuseraient de jouer
  
    5903
    u’au nom de leurs intérêts les États refuseraient 
    
de

     jouer le beau jeu de la dialectique idéaliste. D’où le besoin d’une s
  
    5904
    érêts les États refuseraient de jouer le beau jeu 
    
de

     la dialectique idéaliste. D’où le besoin d’une souveraineté nouvelle,
  
    5905
    de jouer le beau jeu de la dialectique idéaliste. 
    
D’

    où le besoin d’une souveraineté nouvelle, d’une instance supérieure au
  
    5906
    u jeu de la dialectique idéaliste. D’où le besoin 
    
d’

    une souveraineté nouvelle, d’une instance supérieure aux États, d’une 
  
    5907
    iste. D’où le besoin d’une souveraineté nouvelle, 
    
d’

    une instance supérieure aux États, d’une Europe fédérale plus efficace
  
    5908
    té nouvelle, d’une instance supérieure aux États, 
    
d’

    une Europe fédérale plus efficace et franche que « l’Europe des nation
  
    5909
    ploitée par les politiciens aux courtes ruses. Né 
    
d’

    une angoisse prémonitoire, le mot d’ordre des « États-Unis d’Europe » 
  
    5910
     États-Unis d’Europe » n’est en somme qu’un idéal 
    
de

     compensation. Sauf peut-être chez Proudhon, il ne prend pas la suite 
  
    5911
    chez Proudhon, il ne prend pas la suite des plans 
    
de

     paix européenne que nous avons cités plus haut, de Pierre Dubois à Sa
  
    5912
    e paix européenne que nous avons cités plus haut, 
    
de

     Pierre Dubois à Saint-Simon. Il essaie plutôt de conjurer les méfaits
  
    5913
     de Pierre Dubois à Saint-Simon. Il essaie plutôt 
    
de

     conjurer les méfaits pressentis de passions nationales qu’on a trop l
  
    5914
     essaie plutôt de conjurer les méfaits pressentis 
    
de

     passions nationales qu’on a trop lyriquement célébrées pour oser s’y 
  
    5915
    économiste, mais aussi chef des insurgés milanais 
    
de

     mars 1848, n’a pas été amené à l’idée européenne par un élan passionn
  
    5916
    e par un élan passionnel ni par la logique idéale 
    
d’

    une construction à la Hegel. Nous assistons avec lui à la découverte e
  
    5917
    Nous assistons avec lui à la découverte empirique 
    
d’

    une réalité européenne sous-jacente, seule assez vaste et assez bien d
  
    5918
     vaste et assez bien délimitée pour rendre compte 
    
de

     la naissance et de l’interaction des complexes d’intérêts qu’il étudi
  
    5919
    n délimitée pour rendre compte de la naissance et 
    
de

     l’interaction des complexes d’intérêts qu’il étudiait. (Par un proces
  
    5920
    de la naissance et de l’interaction des complexes 
    
d’

    intérêts qu’il étudiait. (Par un processus analogue, Toynbee choisira 
  
    5921
     pas les nations, ni le monde, comme seul « champ 
    
d’

    étude intelligible de l’Histoire »).  Toutefois, Cattaneo n’envisage p
  
    5922
    le monde, comme seul « champ d’étude intelligible 
    
de

     l’Histoire »).  Toutefois, Cattaneo n’envisage pas une unification de
  
    5923
    outefois, Cattaneo n’envisage pas une unification 
    
de

     nos diversités de tous ordres. La variété, la multiplicité, l’individ
  
    5924
     n’envisage pas une unification de nos diversités 
    
de

     tous ordres. La variété, la multiplicité, l’individualité, la nationa
  
    5925
     essentielles à l’Europe, qui par là se distingue 
    
de

     l’Asie-mère, encore qu’elle en ait hérité les éléments d’uniformité c
  
    5926
    e-mère, encore qu’elle en ait hérité les éléments 
    
d’

    uniformité constitutifs de toute civilisation. Posant ainsi le problèm
  
    5927
    ait hérité les éléments d’uniformité constitutifs 
    
de

     toute civilisation. Posant ainsi le problème des tensions nécessaires
  
    5928
    roprement fédéraliste. Le développement organique 
    
de

     l’Europe, la logique des faits économiques autant que celle de l’hist
  
    5929
    la logique des faits économiques autant que celle 
    
de

     l’histoire, nous conduisent inévitablement vers une intégration fédér
  
    5930
    ement, comme le pensaient les romantiques, un âge 
    
d’

    or primitif qu’il faudrait restaurer ; bien au contraire, elle est au 
  
    5931
     restaurer ; bien au contraire, elle est au terme 
    
de

     l’effort civilisateur209 :  Il serait vain de croire que l’Europe, en
  
    5932
    rme de l’effort civilisateur209 :  Il serait vain 
    
de

     croire que l’Europe, en ces siècles de sauvagerie, ait été différente
  
    5933
    erait vain de croire que l’Europe, en ces siècles 
    
de

     sauvagerie, ait été différente des terres qui sont restées telles que
  
    5934
    i, bien avant les grandes nations, il dut y avoir 
    
de

     petits peuples, et avant ces peuples, des tribus divisées. Et chaque 
  
    5935
    le habitât une vallée écartée ou une lande ceinte 
    
de

     marais et entrecoupée de fleuves, dut vivre d’abord en vase clos, cha
  
    5936
    rtée ou une lande ceinte de marais et entrecoupée 
    
de

     fleuves, dut vivre d’abord en vase clos, chacune ayant son propre idi
  
    5937
    clos, chacune ayant son propre idiome et sa façon 
    
de

     se vêtir particulière, dans le cercle étroit que lui assignaient les 
  
    5938
    mies. Ce serait faux et aller à fin contraire que 
    
de

     rechercher à laquelle des grandes nations qui se sont ensuite dévelop
  
    5939
    cours des siècles, au gré des lentes préparations 
    
de

     l’histoire, telle ou telle tribu appartenait ; ce serait aussi absurd
  
    5940
    e tribu appartenait ; ce serait aussi absurde que 
    
de

     vouloir savoir de quel fleuve les ruisseaux dérivent, alors qu’au con
  
    5941
    t ; ce serait aussi absurde que de vouloir savoir 
    
de

     quel fleuve les ruisseaux dérivent, alors qu’au contraire ceux-ci des
  
    5942
    à. Par conséquent il serait temps plus que jamais 
    
de

     cesser ces divagations au sujet de la postérité des Celtes, des Illyr
  
    5943
     orientale ne pénétrât en Europe avec son système 
    
de

     colonisation, ses rites religieux, son commerce, ses armes de conquér
  
    5944
    ion, ses rites religieux, son commerce, ses armes 
    
de

     conquérant, ainsi que toutes les misères de l’exil et de la servitude
  
    5945
    armes de conquérant, ainsi que toutes les misères 
    
de

     l’exil et de la servitude ; civilisation qui, d’un autre côté, propag
  
    5946
    uérant, ainsi que toutes les misères de l’exil et 
    
de

     la servitude ; civilisation qui, d’un autre côté, propagea le long de
  
    5947
    re côté, propagea le long des mers et des fleuves 
    
d’

    Europe cette mystérieuse unité de langage qui a sa source, pour notre 
  
    5948
    s et des fleuves d’Europe cette mystérieuse unité 
    
de

     langage qui a sa source, pour notre plus grand émerveillement, aux In
  
    5949
    ermanique et slave. S’il y a en Europe un élément 
    
d’

    unité prenant racine certainement en Asie, mère antique des religions,
  
    5950
    es écritures et des arts, il y a aussi un élément 
    
de

     variété ; celui-ci constitue le principe des nationalités respectives
  
    5951
    résente ce que les peuples autochtones ont retenu 
    
d’

    eux-mêmes, y compris leur façon de s’agréger et celle de s’adapter à c
  
    5952
    ones ont retenu d’eux-mêmes, y compris leur façon 
    
de

     s’agréger et celle de s’adapter à cette civilisation diffusée par les
  
    5953
    mêmes, y compris leur façon de s’agréger et celle 
    
de

     s’adapter à cette civilisation diffusée par les centres que l’influen
  
    5954
    t la variété autochtone se formèrent sur la terre 
    
d’

    Europe, et non en Asie. Les principales langues se répandirent en des 
  
    5955
    nts originels ; et si on enlève tout ce qu’il y a 
    
d’

    uniforme, c’est-à-dire d’étranger et de factice, les rauques dialectes
  
    5956
    enlève tout ce qu’il y a d’uniforme, c’est-à-dire 
    
d’

    étranger et de factice, les rauques dialectes reprennent vie et redevi
  
    5957
     qu’il y a d’uniforme, c’est-à-dire d’étranger et 
    
de

     factice, les rauques dialectes reprennent vie et redeviennent ces lan
  
    5958
    indépendants et absolus, créés par les conditions 
    
de

     vie que le genre humain connut à son origine.  De Cattaneo à Giuseppe
  
    5959
    de vie que le genre humain connut à son origine.  
    
De

     Cattaneo à Giuseppe Mazzini (1807-1872), le contraste est grand : c’e
  
    5960
    (1807-1872), le contraste est grand : c’est celui 
    
de

     la science prudente et de l’éloquence militante, de la sobre sociolog
  
    5961
    est grand : c’est celui de la science prudente et 
    
de

     l’éloquence militante, de la sobre sociologie et de la propagande exa
  
    5962
     la science prudente et de l’éloquence militante, 
    
de

     la sobre sociologie et de la propagande exaltée. Ils ont voulu tous l
  
    5963
     l’éloquence militante, de la sobre sociologie et 
    
de

     la propagande exaltée. Ils ont voulu tous les deux l’union de l’Itali
  
    5964
    ande exaltée. Ils ont voulu tous les deux l’union 
    
de

     l’Italie dans une Europe unie ; ils ont cru tous les deux que la « na
  
    5965
     « nationalité » était l’un des termes essentiels 
    
de

     toute union vivante de l’Europe — l’autre terme étant l’Humanité. Mai
  
    5966
    l’un des termes essentiels de toute union vivante 
    
de

     l’Europe — l’autre terme étant l’Humanité. Mais Cattaneo reste un pen
  
    5967
     un penseur, Mazzini est avant tout un agitateur. 
    
D’

    où l’emploi différent des idées, chez l’un et l’autre. Le philosophe v
  
    5968
    fie des concepts en les confrontant au réel serré 
    
de

     près, par des méthodes variées, tandis que l’agitateur veut entraîner
  
    5969
     veut entraîner les réalités dans l’élan mystique 
    
d’

    une idéologie, qui est beaucoup moins sa création individuelle que le 
  
    5970
    e résumé tourbillonnant des plus nobles illusions 
    
de

     son temps. Dénoncé par le vieux Metternich comme un danger public pou
  
    5971
    r Cavour qui soupçonne en lui un dictateur doublé 
    
d’

    un démagogue, admiré par le jeune Nietzsche qu’un hasard le fait renco
  
    5972
    1 au sommet du Gothard — lieu sacré, cœur et toit 
    
de

     l’Europe —, il touche aux deux extrémités du siècle : entre la Réacti
  
    5973
     le dur pessimisme historique qui marquera la fin 
    
de

     l’ère des Nations, il a cru tout ce qu’homme de son temps a pu croire
  
    5974
    n de l’ère des Nations, il a cru tout ce qu’homme 
    
de

     son temps a pu croire sur la liberté, sur l’amour et sur l’harmonie, 
  
    5975
    s peuples : « Le Peuple, dira-t-il, parole sacrée 
    
de

     l’avenir… » Il fut d’abord l’apôtre de l’italianité, de l’unité itali
  
    5976
    ole sacrée de l’avenir… » Il fut d’abord l’apôtre 
    
de

     l’italianité, de l’unité italienne dans le républicanisme ; puis, par
  
    5977
    venir… » Il fut d’abord l’apôtre de l’italianité, 
    
de

     l’unité italienne dans le républicanisme ; puis, partant de là210, de
  
    5978
     italienne dans le républicanisme ; puis, partant 
    
de

     là210, de l’union européenne ; mais il la concevait comme l’union des
  
    5979
     dans le républicanisme ; puis, partant de là210, 
    
de

     l’union européenne ; mais il la concevait comme l’union des proscrits
  
    5980
     mais il la concevait comme l’union des proscrits 
    
de

     toutes les monarchies, l’autrichienne, la française, puis l’italienne
  
    5981
    t utopistes cités jusqu’ici, ce n’est pas un plan 
    
d’

    union des princes ou des États qu’il propose, mais il rédige la premiè
  
    5982
     qu’il propose, mais il rédige la première charte 
    
d’

    un mouvement de militants européens. Ce document date de 1834, et port
  
    5983
     mais il rédige la première charte d’un mouvement 
    
de

     militants européens. Ce document date de 1834, et porte la signature 
  
    5984
    ouvement de militants européens. Ce document date 
    
de

     1834, et porte la signature de sept Italiens, de cinq Allemands et de
  
    5985
    . Ce document date de 1834, et porte la signature 
    
de

     sept Italiens, de cinq Allemands et de sept Polonais. Mazzini est en 
  
    5986
     de 1834, et porte la signature de sept Italiens, 
    
de

     cinq Allemands et de sept Polonais. Mazzini est en ce moment réfugié 
  
    5987
     signature de sept Italiens, de cinq Allemands et 
    
de

     sept Polonais. Mazzini est en ce moment réfugié clandestin en Suisse.
  
    5988
    pétés qu’essuie le mouvement en Italie (une série 
    
de

     soulèvements ont été écrasés) Mazzini décide d’élargir son action. Il
  
    5989
    e de soulèvements ont été écrasés) Mazzini décide 
    
d’

    élargir son action. Il crée des comités Jeune Allemagne et Jeune Polog
  
    5990
    nce. La charte qu’on va lire doit sceller l’union 
    
de

     ces groupements nationaux et républicains :  JEUNE EUROPE Liberté — É
  
    5991
    :  JEUNE EUROPE Liberté — Égalité — Humanité ACTE 
    
DE

     FRATERNITÉ Nous soussignés, hommes de Progrès et de Liberté, croyant 
  
    5992
    manité ACTE DE FRATERNITÉ Nous soussignés, hommes 
    
de

     Progrès et de Liberté, croyant : Dans l’Église et la Fraternité des H
  
    5993
     FRATERNITÉ Nous soussignés, hommes de Progrès et 
    
de

     Liberté, croyant : Dans l’Église et la Fraternité des Hommes ; Dans l
  
    5994
    océder, par un progrès continuel et sous l’empire 
    
de

     la loi morale universelle, au développement libre et harmonieux de se
  
    5995
    universelle, au développement libre et harmonieux 
    
de

     ses propres facultés et à l’accomplissement de sa propre mission dans
  
    5996
    ux de ses propres facultés et à l’accomplissement 
    
de

     sa propre mission dans l’univers ; Qu’elle ne le peut pas sans le con
  
    5997
    s ; Qu’elle ne le peut pas sans le concours actif 
    
de

     tous ses membres, librement unis ; Que l’association ne peut se const
  
    5998
    x, puisque toute inégalité entraîne une violation 
    
de

     l’indépendance, et que toute violation d’indépendance empêche la libe
  
    5999
    olation de l’indépendance, et que toute violation 
    
d’

    indépendance empêche la liberté du consentement ; Que la Liberté, l’Ég
  
    6000
     du problème social, et que toutes les fois qu’un 
    
de

     ces éléments est sacrifié aux deux autres, l’ordonnance des travaux h
  
    6001
    ère, qui tandis qu’elle constitue l’individualité 
    
de

     cet homme et de ce peuple, concourt nécessairement à l’accomplissemen
  
    6002
    qu’elle constitue l’individualité de cet homme et 
    
de

     ce peuple, concourt nécessairement à l’accomplissement de la mission 
  
    6003
    uple, concourt nécessairement à l’accomplissement 
    
de

     la mission générale de l’humanité ; Convaincus enfin : Que l’associat
  
    6004
    rement à l’accomplissement de la mission générale 
    
de

     l’humanité ; Convaincus enfin : Que l’association des hommes et des p
  
    6005
    uples doit réunir la protection du libre exercice 
    
de

     la mission individuelle à la certitude que tout est fait en vue du dé
  
    6006
    rtitude que tout est fait en vue du développement 
    
de

     la mission générale ; Forts de nos droits d’hommes et de citoyens, fo
  
    6007
    e du développement de la mission générale ; Forts 
    
de

     nos droits d’hommes et de citoyens, forts de notre conscience et du m
  
    6008
    ment de la mission générale ; Forts de nos droits 
    
d’

    hommes et de citoyens, forts de notre conscience et du mandat que Dieu
  
    6009
    ission générale ; Forts de nos droits d’hommes et 
    
de

     citoyens, forts de notre conscience et du mandat que Dieu et l’Humani
  
    6010
    orts de nos droits d’hommes et de citoyens, forts 
    
de

     notre conscience et du mandat que Dieu et l’Humanité confient à ceux 
  
    6011
    onales libres et indépendantes : noyaux primitifs 
    
de

     la Jeune Italie, de la Jeune Pologne et de la Jeune Allemagne. Réunis
  
    6012
    épendantes : noyaux primitifs de la Jeune Italie, 
    
de

     la Jeune Pologne et de la Jeune Allemagne. Réunis en assemblée dans u
  
    6013
    mitifs de la Jeune Italie, de la Jeune Pologne et 
    
de

     la Jeune Allemagne. Réunis en assemblée dans un but d’utilité général
  
    6014
     Jeune Allemagne. Réunis en assemblée dans un but 
    
d’

    utilité générale, le 15 avril 1834, la main sur le cœur et nous portan
  
    6015
    1834, la main sur le cœur et nous portant garants 
    
de

     l’avenir, nous avons décidé ce qui suit : I La Jeune Allemagne, la Je
  
    6016
    entique qui embrasse l’Humanité, et sous l’empire 
    
d’

    une même foi de Liberté, d’Égalité et de Progrès, signent un acte de f
  
    6017
    rasse l’Humanité, et sous l’empire d’une même foi 
    
de

     Liberté, d’Égalité et de Progrès, signent un acte de fraternité valab
  
    6018
    nité, et sous l’empire d’une même foi de Liberté, 
    
d’

    Égalité et de Progrès, signent un acte de fraternité valable aujourd’h
  
    6019
     l’empire d’une même foi de Liberté, d’Égalité et 
    
de

     Progrès, signent un acte de fraternité valable aujourd’hui et toujour
  
    6020
    Liberté, d’Égalité et de Progrès, signent un acte 
    
de

     fraternité valable aujourd’hui et toujours pour tout ce qui concerne 
  
    6021
    e qui concerne le but général. II Une déclaration 
    
de

     principe constituant la loi morale universelle appliquée aux sociétés
  
    6022
     la direction générale des trois sociétés. Aucune 
    
d’

    elles ne pourra s’en écarter dans ses travaux, sans violer de façon co
  
    6023
    pourra s’en écarter dans ses travaux, sans violer 
    
de

     façon coupable l’acte de fraternité et sans en subir les conséquences
  
    6024
    ses travaux, sans violer de façon coupable l’acte 
    
de

     fraternité et sans en subir les conséquences. III Pour ce qui sort de
  
    6025
    s en subir les conséquences. III Pour ce qui sort 
    
de

     la sphère des intérêts généraux et de la déclaration de principes, ch
  
    6026
    ce qui sort de la sphère des intérêts généraux et 
    
de

     la déclaration de principes, chacune des associations est libre et in
  
    6027
    sphère des intérêts généraux et de la déclaration 
    
de

     principes, chacune des associations est libre et indépendante. IV La 
  
    6028
    sociations est libre et indépendante. IV La ligne 
    
d’

    attaque et de défense solidaire des peuples qui se reconnaissent est c
  
    6029
    t libre et indépendante. IV La ligne d’attaque et 
    
de

     défense solidaire des peuples qui se reconnaissent est constituée par
  
    6030
     réunion des Congreghe nationales ou des délégués 
    
de

     chacune d’elles constituera la Congrega de la Jeune Europe. VI Les in
  
    6031
    s Congreghe nationales ou des délégués de chacune 
    
d’

    elles constituera la Congrega de la Jeune Europe. VI Les individus qui
  
    6032
    posent les trois associations sont frères. Chacun 
    
d’

    eux accomplira vis-à-vis des autres les devoirs de la fraternité. VII 
  
    6033
    d’eux accomplira vis-à-vis des autres les devoirs 
    
de

     la fraternité. VII La Congrega de la Jeune Europe choisira un symbole
  
    6034
    e placée en tête des écrits contresignera l’œuvre 
    
de

     la société. VIII Tout peuple qui voudrait participer aux droits et au
  
    6035
    qui voudrait participer aux droits et aux devoirs 
    
de

     la fraternité établie entre les trois peuples fédérés par cet acte, a
  
    6036
    llement à l’acte même, le signant par l’entremise 
    
de

     sa Congrega nationale. Fait à Berne (Suisse), le 15 avril 1834.  Tout
  
    6037
     Berne (Suisse), le 15 avril 1834.  Tout l’espoir 
    
de

     1848 est dans ce texte, et lorsque éclata la Révolution de février à 
  
    6038
    st dans ce texte, et lorsque éclata la Révolution 
    
de

     février à Paris, cependant que les cantons suisses décidaient de se f
  
    6039
    ris, cependant que les cantons suisses décidaient 
    
de

     se fédérer, qu’un Parlement fédéral allemand se réunissait à Francfor
  
    6040
    on put croire pendant quelques mois à l’avènement 
    
de

     la Jeune Europe, tout au moins de ses idéaux. En 1850, réfugié à Lond
  
    6041
    s à l’avènement de la Jeune Europe, tout au moins 
    
de

     ses idéaux. En 1850, réfugié à Londres, où il subit les sarcasmes d’u
  
    6042
    850, réfugié à Londres, où il subit les sarcasmes 
    
d’

    un exilé qui va mieux réussir, Karl Marx, Mazzini constate l’écrasemen
  
    6043
    » des nationalités. Il s’interroge sur les causes 
    
de

     cette défaite et les trouve dans la désunion des fédéralistes eux-mêm
  
    6044
    il fut le premier Européen, répétons-le, à tenter 
    
d’

    organiser en mouvement :  Oui, la cause est en nous, elle est dans not
  
    6045
     la cause est en nous, elle est dans notre manque 
    
d’

    organisation, dans le fractionnement que des systèmes, quelquefois abs
  
    6046
    ant soutenus avec l’exclusivisme et l’acharnement 
    
de

     l’intolérance, ont produit dans nos rangs. Elle est dans nos défiance
  
    6047
    uines vanités perpétuelles, dans le manque absolu 
    
de

     cet esprit de discipline qui seul accomplit les grandes choses, dans 
  
    6048
    perpétuelles, dans le manque absolu de cet esprit 
    
de

     discipline qui seul accomplit les grandes choses, dans l’éparpillemen
  
    6049
    ccomplit les grandes choses, dans l’éparpillement 
    
de

     nos forces en une multitude de petits foyers, de groupes, de sectes, 
  
    6050
    ns l’éparpillement de nos forces en une multitude 
    
de

     petits foyers, de groupes, de sectes, de coteries puissantes à dissou
  
    6051
     de nos forces en une multitude de petits foyers, 
    
de

     groupes, de sectes, de coteries puissantes à dissoudre, impuissantes 
  
    6052
    es en une multitude de petits foyers, de groupes, 
    
de

     sectes, de coteries puissantes à dissoudre, impuissantes à fonder. El
  
    6053
    ultitude de petits foyers, de groupes, de sectes, 
    
de

     coteries puissantes à dissoudre, impuissantes à fonder. Elle est dans
  
    6054
    iels qui s’est peu à peu substitué sur le drapeau 
    
de

     nos écoles à l’adoration des saintes idées, au grand problème éducati
  
    6055
    qui seul rend nos efforts légitimes, au sentiment 
    
de

     la Vie et de sa mission. Elle est dans l’oubli de Dieu, de sa loi d’a
  
    6056
     nos efforts légitimes, au sentiment de la Vie et 
    
de

     sa mission. Elle est dans l’oubli de Dieu, de sa loi d’amour, de dévo
  
    6057
    de la Vie et de sa mission. Elle est dans l’oubli 
    
de

     Dieu, de sa loi d’amour, de dévouement et de progrès moral de la gran
  
    6058
     et de sa mission. Elle est dans l’oubli de Dieu, 
    
de

     sa loi d’amour, de dévouement et de progrès moral de la grande tradit
  
    6059
    mission. Elle est dans l’oubli de Dieu, de sa loi 
    
d’

    amour, de dévouement et de progrès moral de la grande tradition religi
  
    6060
    Elle est dans l’oubli de Dieu, de sa loi d’amour, 
    
de

     dévouement et de progrès moral de la grande tradition religieuse de l
  
    6061
    ubli de Dieu, de sa loi d’amour, de dévouement et 
    
de

     progrès moral de la grande tradition religieuse de l’humanité, pour l
  
    6062
    sa loi d’amour, de dévouement et de progrès moral 
    
de

     la grande tradition religieuse de l’humanité, pour le bien-être, pour
  
    6063
    e progrès moral de la grande tradition religieuse 
    
de

     l’humanité, pour le bien-être, pour le catéchisme de Volney, pour le 
  
    6064
    l’humanité, pour le bien-être, pour le catéchisme 
    
de

     Volney, pour le principe égoïste de Bentham, pour l’indifférence aux 
  
    6065
    le catéchisme de Volney, pour le principe égoïste 
    
de

     Bentham, pour l’indifférence aux vérités d’un ordre plus élevé que la
  
    6066
    oïste de Bentham, pour l’indifférence aux vérités 
    
d’

    un ordre plus élevé que la terre, seules capables de la transformer. E
  
    6067
    un ordre plus élevé que la terre, seules capables 
    
de

     la transformer. Elle est dans l’esprit de nationalisme substitué part
  
    6068
    apables de la transformer. Elle est dans l’esprit 
    
de

     nationalisme substitué partout à l’esprit de nationalité, dans la fol
  
    6069
    prit de nationalisme substitué partout à l’esprit 
    
de

     nationalité, dans la folle prétention que chaque peuple a eue de pouv
  
    6070
     dans la folle prétention que chaque peuple a eue 
    
de

     pouvoir résoudre le problème politique, économique et social en son s
  
    6071
    n son sein et par ses seules forces, dans l’oubli 
    
de

     cette grande vérité : que la cause des peuples est une ; que la patri
  
    6072
    e révolution qui n’est pas explicitement un culte 
    
de

     dévouement envers tous ceux qui souffrent et combattent doit se consu
  
    6073
    r ; que la Sainte-Alliance des nations est le but 
    
de

     nos luttes, la seule force qui puisse terrasser la ligue des pouvoirs
  
    6074
    asser la ligue des pouvoirs issus du privilège ou 
    
de

     l’égoïsme des intérêts. Et quant à nos ennemis, ils sont à la merci d
  
    6075
    rêts. Et quant à nos ennemis, ils sont à la merci 
    
de

     notre travail. Ils ne sont forts que par nos fautes, à nous. Nous mar
  
    6076
    s l’orage ; mais au-delà est le soleil, le soleil 
    
de

     Dieu, brillant, éternel. Ils peuvent, pendant quelque temps, l’obscur
  
    6077
    he encore ; et ce n’est pas par quelques chiffons 
    
de

     papier qu’on l’arrêtera dans sa marche.211   Le mouvement Jeune Europ
  
    6078
    eune Europe avait échoué. Mais plusieurs Sociétés 
    
d’

    allures moins subversives se fondèrent à sa suite, sous les auspices d
  
    6079
    rsives se fondèrent à sa suite, sous les auspices 
    
de

     Frédéric Passy puis de Camille Lemonnier, notamment. On y retrouve le
  
    6080
    a suite, sous les auspices de Frédéric Passy puis 
    
de

     Camille Lemonnier, notamment. On y retrouve les derniers disciples de
  
    6081
    , notamment. On y retrouve les derniers disciples 
    
de

     Saint-Simon, de Cobden, de Bastiat, de Mazzini lui-même, des anarchis
  
    6082
    y retrouve les derniers disciples de Saint-Simon, 
    
de

     Cobden, de Bastiat, de Mazzini lui-même, des anarchistes, des pacifis
  
    6083
    les derniers disciples de Saint-Simon, de Cobden, 
    
de

     Bastiat, de Mazzini lui-même, des anarchistes, des pacifistes illumin
  
    6084
     disciples de Saint-Simon, de Cobden, de Bastiat, 
    
de

     Mazzini lui-même, des anarchistes, des pacifistes illuminés, ainsi qu
  
    6085
    s, ainsi que le Général Garibaldi, qui préside un 
    
de

     leurs congrès à Genève, en 1867 ; et enfin et surtout on y retrouve, 
  
    6086
    urtout on y retrouve, pendant vingt ans environné 
    
d’

    un long tonnerre d’acclamations, Victor Hugo (1802-1885), ce poète qu’
  
    6087
    e, pendant vingt ans environné d’un long tonnerre 
    
d’

    acclamations, Victor Hugo (1802-1885), ce poète qu’il faut saluer comm
  
    6088
    ète qu’il faut saluer comme le plus grand lyrique 
    
de

     l’idéal d’union européenne. C’est dans son discours du 17 juillet 185
  
    6089
    aut saluer comme le plus grand lyrique de l’idéal 
    
d’

    union européenne. C’est dans son discours du 17 juillet 1851 à l’Assem
  
    6090
    u 17 juillet 1851 à l’Assemblée législative, lors 
    
d’

    un débat sur la révision de la Constitution, qu’il prononce pour la pr
  
    6091
    blée législative, lors d’un débat sur la révision 
    
de

     la Constitution, qu’il prononce pour la première fois à la tribune le
  
    6092
    du monde a fait trois révolutions comme les dieux 
    
d’

    Homère faisaient trois pas. Ces trois révolutions qui n’en font qu’une
  
    6093
     révolution humaine ; ce n’est pas le cri égoïste 
    
d’

    un peuple, c’est la revendication de la sainte équité universelle, c’e
  
    6094
    e cri égoïste d’un peuple, c’est la revendication 
    
de

     la sainte équité universelle, c’est la liquidation des griefs générau
  
    6095
    erselle, c’est la liquidation des griefs généraux 
    
de

     l’humanité depuis que l’histoire existe ; c’est après les siècles de 
  
    6096
    s que l’histoire existe ; c’est après les siècles 
    
de

     l’esclavage, du servage, de la théocratie, de la féodalité, de l’inqu
  
    6097
    est après les siècles de l’esclavage, du servage, 
    
de

     la théocratie, de la féodalité, de l’inquisition, du despotisme sous 
  
    6098
    les de l’esclavage, du servage, de la théocratie, 
    
de

     la féodalité, de l’inquisition, du despotisme sous tous les noms, du 
  
    6099
    e, du servage, de la théocratie, de la féodalité, 
    
de

     l’inquisition, du despotisme sous tous les noms, du supplice humain s
  
    6100
    roclamation auguste des droits de l’homme ! Après 
    
de

     longues épreuves, cette révolution a enfanté en France la république…
  
    6101
    … la république, qui est pour le peuple une sorte 
    
de

     droit naturel comme la liberté pour l’homme. Le peuple français a tai
  
    6102
    du vieux continent monarchique la première assise 
    
de

     cet immense édifice de l’avenir, qui s’appellera un jour les États-Un
  
    6103
    rchique la première assise de cet immense édifice 
    
de

     l’avenir, qui s’appellera un jour les États-Unis d’Europe !  M. de Mo
  
    6104
    le 21 août 1849, Hugo, nommé président du Congrès 
    
de

     la paix, réuni à Paris, avait proclamé sa foi dans la venue « inévita
  
    6105
    vait proclamé sa foi dans la venue « inévitable » 
    
de

     l’union européenne. Son discours inaugural, dont on va lire les premi
  
    6106
    ges et la conclusion, préfigure les grands thèmes 
    
d’

    espérance et les plus nobles anticipations qui vont nourrir pendant un
  
    6107
    pendant un siècle toute l’éloquence des militants 
    
de

     l’Europe unie :  Messieurs, si quelqu’un, il y a quatre siècles, à l’
  
    6108
     quatre siècles, à l’époque où la guerre existait 
    
de

     commune à commune, de ville à ville, de province à province, si quelq
  
    6109
    poque où la guerre existait de commune à commune, 
    
de

     ville à ville, de province à province, si quelqu’un eût dit à la Lorr
  
    6110
     existait de commune à commune, de ville à ville, 
    
de

     province à province, si quelqu’un eût dit à la Lorraine, à la Picardi
  
    6111
    a guerre, un jour viendra où vous ne lèverez plus 
    
d’

    hommes d’armes les uns contre les autres, un jour viendra où l’on ne d
  
    6112
     un jour viendra où vous ne lèverez plus d’hommes 
    
d’

    armes les uns contre les autres, un jour viendra où l’on ne dira plus 
  
    6113
    ez-vous ce que vous mettrez à la place des hommes 
    
d’

    armes ? Savez-vous ce que vous mettrez à la place des gens de pied et 
  
    6114
    avez-vous ce que vous mettrez à la place des gens 
    
de

     pied et de cheval, des canons, des fauconneaux, des lances, des pique
  
    6115
    e que vous mettrez à la place des gens de pied et 
    
de

     cheval, des canons, des fauconneaux, des lances, des piques, des épée
  
    6116
    piques, des épées ? Vous mettrez une petite boîte 
    
de

     sapin que vous appellerez l’urne du scrutin, et de cette boîte, il so
  
    6117
    e sapin que vous appellerez l’urne du scrutin, et 
    
de

     cette boîte, il sortira, quoi ? une assemblée en laquelle vous vous s
  
    6118
    i résoudra tout en loi, qui fera tomber le glaive 
    
de

     toutes les mains et surgir la justice dans tous les cœurs, qui dira à
  
    6119
    tous les gens sérieux, tous les grands politiques 
    
d’

    alors se fussent écriés : — Oh ! le songeur ! Oh ! le rêve-creux ! Com
  
    6120
     jour viendra où il n’y aura plus d’autres champs 
    
de

     bataille que les marchés s’ouvrant au commerce et les esprits s’ouvra
  
    6121
    universel des peuples, par le véritable arbitrage 
    
d’

    un grand sénat souverain qui sera à l’Europe ce que le parlement est à
  
    6122
    que, les États-Unis d’Europe, placés en face l’un 
    
de

     l’autre, se tendant la main par-dessus les mers, échangeant leurs pro
  
    6123
    et combinant ensemble, pour en tirer le bien-être 
    
de

     tous, ces deux forces infinies, la fraternité des hommes et la puissa
  
    6124
    nfinies, la fraternité des hommes et la puissance 
    
de

     Dieu !  En 1872, Hugo ne paraît pas au Congrès de la paix qui se tien
  
    6125
    de Dieu !  En 1872, Hugo ne paraît pas au Congrès 
    
de

     la paix qui se tient cette année-là à Lugano, mais lui envoie un mess
  
    6126
     mots : « Mes compatriotes européens. » La guerre 
    
de

     1870 a remis la civilisation en question. Allons-nous vers l’Europe c
  
    6127
    rique couronnent le nouveau. Nous aurons l’esprit 
    
de

     conquête transfiguré en esprit de découverte ; nous aurons la généreu
  
    6128
    aurons l’esprit de conquête transfiguré en esprit 
    
de

     découverte ; nous aurons la généreuse fraternité des nations au lieu 
  
    6129
    ache au vieux poète des pages dont les événements 
    
de

     Budapest ont tragiquement actualisé l’accent dans notre siècle :  Il 
  
    6130
    accent dans notre siècle :  Il devient nécessaire 
    
d’

    appeler l’attention des gouvernements européens sur un fait tellement 
  
    6131
    ts le voient-ils ? Non. Les nations ont au-dessus 
    
d’

    elles quelque chose qui est au-dessous d’elles, les gouvernements. À d
  
    6132
    u-dessus d’elles quelque chose qui est au-dessous 
    
d’

    elles, les gouvernements. À de certains moments, ce contresens éclate 
  
    6133
     qui est au-dessous d’elles, les gouvernements. À 
    
de

     certains moments, ce contresens éclate : la civilisation est dans les
  
    6134
     voient rien qu’à travers cette myopie, la raison 
    
d’

    État ; le genre humain regarde avec un autre œil, la conscience. Nous 
  
    6135
    as plus permis à un gouvernement qu’à un individu 
    
d’

    être assassin, c’est que l’Europe est solidaire, c’est que tout ce qui
  
    6136
    trop petits pour être vendus, on les fend en deux 
    
d’

    un coup de sabre ; c’est qu’on brûle les familles dans les maisons ; c
  
    6137
    s pour être vendus, on les fend en deux d’un coup 
    
de

     sabre ; c’est qu’on brûle les familles dans les maisons ; c’est que t
  
    6138
    alak, par exemple, est réduite en quelques heures 
    
de

     neuf-mille habitants à treize cents ; c’est que les cimetières sont e
  
    6139
    ; c’est que les cimetières sont encombrés de plus 
    
de

     cadavres qu’on n’en peut enterrer, de sorte qu’aux vivants qui leur o
  
    6140
     est bien fait ; nous apprenons aux gouvernements 
    
d’

    Europe ceci, c’est qu’on ouvre les femmes grosses pour leur tuer les e
  
    6141
    c’est qu’il y a dans les places publiques des tas 
    
de

     squelettes de femmes ayant la trace de l’éventrement, c’est que les c
  
    6142
    a dans les places publiques des tas de squelettes 
    
de

     femmes ayant la trace de l’éventrement, c’est que les chiens rongent 
  
    6143
    es des tas de squelettes de femmes ayant la trace 
    
de

     l’éventrement, c’est que les chiens rongent dans les rues le crâne de
  
    6144
    que tout cela est horrible, c’est qu’il suffirait 
    
d’

    un geste des gouvernements d’Europe pour l’empêcher, et que les sauvag
  
    6145
    ’est qu’il suffirait d’un geste des gouvernements 
    
d’

    Europe pour l’empêcher, et que les sauvages qui commettent ces forfait
  
    6146
    ttre sont épouvantables. Il est temps qu’il sorte 
    
de

     la civilisation une majestueuse défense d’aller plus loin… Ce qui se 
  
    6147
     sorte de la civilisation une majestueuse défense 
    
d’

    aller plus loin… Ce qui se passe en Serbie démontre la nécessité des É
  
    6148
    ons et les dogmes qui ont le sabre au poing. Plus 
    
de

     guerres, plus de massacres, plus de carnages ; libre pensée, libre éc
  
    6149
     qui ont le sabre au poing. Plus de guerres, plus 
    
de

     massacres, plus de carnages ; libre pensée, libre échange ; fraternit
  
    6150
    u poing. Plus de guerres, plus de massacres, plus 
    
de

     carnages ; libre pensée, libre échange ; fraternité. Est-ce donc si d
  
    6151
    ’Europe, la fédération continentale, il n’y a pas 
    
d’

    autre réalité politique que celle-là. Les raisonnements le constatent,
  
    6152
    monstration des philosophes… Ce que les atrocités 
    
de

     Serbie mettent hors de doute, c’est qu’il faut à l’Europe une nationa
  
    6153
     Verbe, voici le penseur actif qui ouvre une voie 
    
d’

    avenir. Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) a pu se vanter à juste titr
  
    6154
    Proudhon (1809-1865) a pu se vanter à juste titre 
    
d’

    avoir été le premier théoricien du fédéralisme, encore que Rousseau — 
  
    6155
    il faut bien avouer que Proudhon garde l’avantage 
    
d’

    avoir traité le sujet d’une manière exhaustive et réaliste, avec une s
  
    6156
    Proudhon garde l’avantage d’avoir traité le sujet 
    
d’

    une manière exhaustive et réaliste, avec une sorte d’acharnement intel
  
    6157
    ne manière exhaustive et réaliste, avec une sorte 
    
d’

    acharnement intellectuel dont Jean-Jacques ne peut être accusé. Si Mar
  
    6158
    es démocratiques du socialisme : pas un seul chef 
    
de

     camp de travail forcé, pas une seule brute totalitaire n’a jamais pu 
  
    6159
    ratiques du socialisme : pas un seul chef de camp 
    
de

     travail forcé, pas une seule brute totalitaire n’a jamais pu se récla
  
    6160
    seule brute totalitaire n’a jamais pu se réclamer 
    
de

     sa doctrine pour tenter de justifier ses crimes. Le socialisme fédéra
  
    6161
     jamais pu se réclamer de sa doctrine pour tenter 
    
de

     justifier ses crimes. Le socialisme fédéraliste et libertaire de Prou
  
    6162
    s crimes. Le socialisme fédéraliste et libertaire 
    
de

     Proudhon n’a guère eu de succès jusqu’ici ; le socialisme collectivis
  
    6163
    édéraliste et libertaire de Proudhon n’a guère eu 
    
de

     succès jusqu’ici ; le socialisme collectiviste, centralisateur et aut
  
    6164
    isme collectiviste, centralisateur et autoritaire 
    
de

     Marx a fait l’URSS et domine la moitié de notre monde. Il y a sans do
  
    6165
    ritaire de Marx a fait l’URSS et domine la moitié 
    
de

     notre monde. Il y a sans doute erreur sur la doctrine dans les deux c
  
    6166
     son maître — en retard sur l’évolution créatrice 
    
de

     l’humanité. Proudhon n’aura sa revanche que dans la seule mesure où l
  
    6167
    e saura découvrir que le fédéralisme est la santé 
    
de

     ses peuples, et le secret de son rayonnement sur la planète. On a lu 
  
    6168
    ralisme est la santé de ses peuples, et le secret 
    
de

     son rayonnement sur la planète. On a lu les attaques virulentes de Do
  
    6169
    t sur la planète. On a lu les attaques virulentes 
    
de

     Donoso Cortès contre le jeune Proudhon assimilé (ou peu s’en faut) à 
  
    6170
    é (ou peu s’en faut) à l’Antéchrist. Il est juste 
    
de

     citer également ce que Proudhon dit de lui-même :  Et moi aussi j’ai 
  
    6171
     est juste de citer également ce que Proudhon dit 
    
de

     lui-même :  Et moi aussi j’ai une tradition, une généalogie politique
  
    6172
    litique à laquelle je tiens comme à la légitimité 
    
de

     ma naissance ; je suis fils de la Révolution, qui fut fille elle-même
  
    6173
    me à la légitimité de ma naissance ; je suis fils 
    
de

     la Révolution, qui fut fille elle-même de la Philosophie du xviiie  s
  
    6174
    is fils de la Révolution, qui fut fille elle-même 
    
de

     la Philosophie du xviiie  siècle, laquelle eut pour mère la Réforme, 
  
    6175
    s, orthodoxes et hétérodoxes, qui se sont succédé 
    
d’

    âge en âge depuis l’origine du christianisme jusqu’à la chute de l’emp
  
    6176
    epuis l’origine du christianisme jusqu’à la chute 
    
de

     l’empire d’Orient. N’oublions pas, dans cette génération splendide, l
  
    6177
    ine du christianisme jusqu’à la chute de l’empire 
    
d’

    Orient. N’oublions pas, dans cette génération splendide, les communes,
  
    6178
     des castes, fut aussi, dans son temps, une forme 
    
de

     liberté. Et de qui est fils le christianisme lui-même, que je ne sépa
  
    6179
    t aussi, dans son temps, une forme de liberté. Et 
    
de

     qui est fils le christianisme lui-même, que je ne sépare pas de cette
  
    6180
    s le christianisme lui-même, que je ne sépare pas 
    
de

     cette généalogie révolutionnaire ? Le christianisme est fils du judaï
  
    6181
    ionnaire ? Le christianisme est fils du judaïsme, 
    
de

     l’égyptianisme, du brahmanisme, du magisme, du platonisme, de la phil
  
    6182
    nisme, du brahmanisme, du magisme, du platonisme, 
    
de

     la philosophie grecque et du droit romain. Si je ne croyais pas à l’É
  
    6183
    ts du grand ouvrage qui ne parut qu’après la mort 
    
de

     son auteur : Du Principe fédératif. On ne saurait assez souligner leu
  
    6184
    rant dans l’association, 1° ait autant à recevoir 
    
de

     l’État qu’il lui sacrifie ; 2° qu’il conserve toute sa liberté, sa so
  
    6185
    une convention par laquelle un ou plusieurs chefs 
    
de

     famille, une ou plusieurs commîmes, un ou plusieurs groupes de commun
  
    6186
    ne ou plusieurs commîmes, un ou plusieurs groupes 
    
de

     communes ou États, s’obligent réciproquement et également les uns env
  
    6187
     spécialement alors et exclusivement aux délégués 
    
de

     la fédération. En résumé, le système fédératif est l’opposé de la hié
  
    6188
    ion. En résumé, le système fédératif est l’opposé 
    
de

     la hiérarchie ou centralisation administrative et gouvernementale par
  
    6189
     est celle-ci : Dans la fédération, les attributs 
    
de

     l’autorité centrale se spécialisent et se restreignent, diminuent de 
  
    6190
    ale se spécialisent et se restreignent, diminuent 
    
de

     nombre, d’immédiateté, et, si j’ose ainsi dire, d’intensité, à mesure
  
    6191
    ialisent et se restreignent, diminuent de nombre, 
    
d’

    immédiateté, et, si j’ose ainsi dire, d’intensité, à mesure que la Con
  
    6192
    e nombre, d’immédiateté, et, si j’ose ainsi dire, 
    
d’

    intensité, à mesure que la Confédération se développe par l’accession 
  
    6193
    que la Confédération se développe par l’accession 
    
de

     nouveaux États. Dans les gouvernements centralisés, au contraire, les
  
    6194
    , corporations et particuliers, en raison directe 
    
de

     la superficie territoriale et du chiffre de la population. De là cet 
  
    6195
    recte de la superficie territoriale et du chiffre 
    
de

     la population. De là cet écrasement sous lequel disparaît toute liber
  
    6196
    icie territoriale et du chiffre de la population. 
    
De

     là cet écrasement sous lequel disparaît toute liberté, non seulement 
  
    6197
    s même individuelle et nationale. Une conséquence 
    
de

     ce fait, c’est que, le système unitaire étant l’inverse du système fé
  
    6198
    e, la Prusse, peuvent faire entre eux des traités 
    
d’

    alliance ou de commerce ; il répugne qu’ils se fédéralisent, d’abord p
  
    6199
    peuvent faire entre eux des traités d’alliance ou 
    
de

     commerce ; il répugne qu’ils se fédéralisent, d’abord parce que leur 
  
    6200
    équence il leur faudrait abandonner quelque chose 
    
de

     leur souveraineté, et reconnaître au-dessus d’eux, au moins pour cert
  
    6201
    se de leur souveraineté, et reconnaître au-dessus 
    
d’

    eux, au moins pour certains cas, un arbitre. Leur nature est de comman
  
    6202
    ns pour certains cas, un arbitre. Leur nature est 
    
de

     commander, non de transiger ni d’obéir. Les princes qui, en 1813, sou
  
    6203
    as, un arbitre. Leur nature est de commander, non 
    
de

     transiger ni d’obéir. Les princes qui, en 1813, soutenus par l’insurr
  
    6204
    Leur nature est de commander, non de transiger ni 
    
d’

    obéir. Les princes qui, en 1813, soutenus par l’insurrection des masse
  
    6205
    ection des masses, combattaient pour les libertés 
    
de

     l’Europe contre Napoléon, qui plus tard formèrent la Sainte-Alliance,
  
    6206
    nce, n’étaient pas des confédérés : l’absolutisme 
    
de

     leur pouvoir leur défendait d’en prendre le titre. C’étaient, comme e
  
    6207
    és : l’absolutisme de leur pouvoir leur défendait 
    
d’

    en prendre le titre. C’étaient, comme en 92, des coalisés ; l’histoire
  
    6208
    92, des coalisés ; l’histoire ne leur donnera pas 
    
d’

    autre nom. … l’idée d’une confédération universelle est contradictoire
  
    6209
    istoire ne leur donnera pas d’autre nom. … l’idée 
    
d’

    une confédération universelle est contradictoire. En cela se manifeste
  
    6210
    umis à tous les inconvénients et à tous les vices 
    
de

     l’indéfini, de l’illimité, de l’absolu, de l’idéal. L’Europe serait e
  
    6211
     inconvénients et à tous les vices de l’indéfini, 
    
de

     l’illimité, de l’absolu, de l’idéal. L’Europe serait encore trop gran
  
    6212
    et à tous les vices de l’indéfini, de l’illimité, 
    
de

     l’absolu, de l’idéal. L’Europe serait encore trop grande pour une con
  
    6213
     vices de l’indéfini, de l’illimité, de l’absolu, 
    
de

     l’idéal. L’Europe serait encore trop grande pour une confédération un
  
    6214
    ue : elle ne pourrait former qu’une confédération 
    
de

     confédérations. C’est d’après cette idée que j’indiquais, dans ma der
  
    6215
    recque, batave, scandinave et danubienne, prélude 
    
de

     la décentralisation des grands États, et par suite, du désarmement gé
  
    6216
    ndrait à la liberté ; alors se réaliserait l’idée 
    
d’

    un équilibre européen, prévu par tous les publicistes et hommes d’État
  
    6217
     et hommes d’État, mais impossible à obtenir avec 
    
de

     grandes puissances à constitutions unitaires.  Le peuple, dans la vag
  
    6218
    onstitutions unitaires.  Le peuple, dans la vague 
    
de

     sa pensée, se contemple comme une gigantesque et mystérieuse existenc
  
    6219
    gage semble fait pour l’entretenir dans l’opinion 
    
de

     son indivisible unité. Il s’appelle le Peuple, la Nation ; c’est-à-di
  
    6220
    es, sa Voix, pareille au tonnerre, la grande voix 
    
de

     Dieu. Autant il se sent innombrable, irrésistible, immense, autant il
  
    6221
    des masses, à toutes les ambitions et excitations 
    
de

     la démagogie : c’est la fin du régime de la place publique, des triom
  
    6222
    itations de la démagogie : c’est la fin du régime 
    
de

     la place publique, des triomphes des tribuns, comme de l’absorption d
  
    6223
     place publique, des triomphes des tribuns, comme 
    
de

     l’absorption des capitales. Que Paris fasse, dans l’enceinte de ses m
  
    6224
    n des capitales. Que Paris fasse, dans l’enceinte 
    
de

     ses murs, des révolutions : à quoi bon si Lyon, Marseille, Toulouse, 
  
    6225
     quoi bon si Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, 
    
Nantes

    , Rouen, Lille, Strasbourg, Dijon, etc., si les départements, maîtres 
  
    6226
    sbourg, Dijon, etc., si les départements, maîtres 
    
d’

    eux-mêmes, ne suivent pas ? Paris en sera pour ses frais… La fédératio
  
    6227
    le : car elle le sauve à la fois, en le divisant, 
    
de

     la tyrannie de ses meneurs et de sa propre folie. … Après la révoluti
  
    6228
    e sauve à la fois, en le divisant, de la tyrannie 
    
de

     ses meneurs et de sa propre folie. … Après la révolution des idées do
  
    6229
     en le divisant, de la tyrannie de ses meneurs et 
    
de

     sa propre folie. … Après la révolution des idées doit arriver, comme 
  
    6230
    rations, ou l’humanité recommencera un purgatoire 
    
de

     mille ans.  Quelque dix ans après la publication du Principe fédérati
  
    6231
    araissent en allemand deux ouvrages qu’il importe 
    
de

     citer ici : en 1878 celui du Suisse J. C. Bluntschli sur L’Organisati
  
    6232
    lui du Suisse J. C. Bluntschli sur L’Organisation 
    
d’

    une Société d’États européens et en 1879 celui de l’Allemand Constanti
  
    6233
     d’une Société d’États européens et en 1879 celui 
    
de

     l’Allemand Constantin Frantz sur Le Fédéralisme. Ni le juriste suisse
  
    6234
    n devoir au socialiste français ; ils tirent tout 
    
de

     leur expérience nationale et professionnelle. Le problème du fédérali
  
    6235
    isme européen se trouve ainsi ramené des hauteurs 
    
de

     l’éloquence à la Hugo et de l’idéologie à la Mazzini au niveau d’une 
  
    6236
    i ramené des hauteurs de l’éloquence à la Hugo et 
    
de

     l’idéologie à la Mazzini au niveau d’une pratique politique et à l’ex
  
    6237
     la Hugo et de l’idéologie à la Mazzini au niveau 
    
d’

    une pratique politique et à l’examen de ses conditions d’application. 
  
    6238
     au niveau d’une pratique politique et à l’examen 
    
de

     ses conditions d’application. Johann Caspar Bluntschli (1808-1881) av
  
    6239
    ratique politique et à l’examen de ses conditions 
    
d’

    application. Johann Caspar Bluntschli (1808-1881) avait été l’auteur d
  
    6240
    chli (1808-1881) avait été l’auteur du code civil 
    
de

     son canton natal, Zurich, avant de devenir à Heidelberg l’un des plus
  
    6241
    r à Heidelberg l’un des plus célèbres professeurs 
    
de

     droit international de son temps. L’expérience vécue du fédéralisme s
  
    6242
     plus célèbres professeurs de droit international 
    
de

     son temps. L’expérience vécue du fédéralisme suisse le met en mesure 
  
    6243
    ence vécue du fédéralisme suisse le met en mesure 
    
de

     préciser certaines distinctions fondamentales qui devaient presque né
  
    6244
    mantisme politique. Ainsi aborde-t-il le problème 
    
de

     la « nationalité », dont nous avons vu les ambiguïtés pervertir tout 
  
    6245
    ous avons vu les ambiguïtés pervertir tout l’élan 
    
de

     1848. Comment concevoir une « nationalité européenne » sur le modèle 
  
    6246
    soluble, et c’est qu’il était mal posé. L’exemple 
    
d’

    une nation « internationale » par essence permet au contraire d’imagin
  
    6247
     internationale » par essence permet au contraire 
    
d’

    imaginer ce que serait un État fédéral européen :  La Suisse, pays de 
  
    6248
    erait un État fédéral européen :  La Suisse, pays 
    
de

     montagnes en Europe centrale, où les grands fleuves européens, le Rhi
  
    6249
    l’Allemagne, l’Italie, la France et l’Autriche, a 
    
de

     ce fait un caractère très particulier. De même le peuple suisse et le
  
    6250
    a grande république qu’est la Confédération — ont 
    
de

     grandes tâches vitales à accomplir, d’importance non seulement locale
  
    6251
    tion — ont de grandes tâches vitales à accomplir, 
    
d’

    importance non seulement locale, mais européenne. Ces États populaires
  
    6252
    péenne. Ces États populaires, petits, mais pleins 
    
de

     force, jouissant pleinement d’une liberté politique générale dans ce 
  
    6253
    etits, mais pleins de force, jouissant pleinement 
    
d’

    une liberté politique générale dans ce pays où règne la paix, ont la p
  
    6254
    où règne la paix, ont la possibilité et le devoir 
    
d’

    aborder, par eux-mêmes, suivant leur disposition naturelle, toutes les
  
    6255
    s les questions que le destin et le développement 
    
de

     l’humanité posent aux nations européennes, et de les résoudre entière
  
    6256
     de l’humanité posent aux nations européennes, et 
    
de

     les résoudre entièrement, conformément aux circonstances du moment. A
  
    6257
    stances du moment. Ainsi ces États peuvent servir 
    
d’

    exemples, sous ce rapport, aux autres peuples et jouer un rôle détermi
  
    6258
    les et jouer un rôle déterminant dans l’évolution 
    
de

     l’humanité. … Aussi longtemps que le peuple suisse aspire à remplir c
  
    6259
    es nations, formant avec celles-ci une communauté 
    
de

     culture qui détermine leur vie spirituelle. Pour cette raison la nati
  
    6260
    uté culturelle et plus ce caractère international 
    
de

     la nationalité suisse aura sa juste valeur. Il est devenu pour la Sui
  
    6261
    uropéens une importance à laquelle une population 
    
de

     trois millions et demi d’habitants parlant une seule et même langue n
  
    6262
    laquelle une population de trois millions et demi 
    
d’

    habitants parlant une seule et même langue ne pourrait plus prétendre 
  
    6263
    nt pour l’ensemble des États européens une source 
    
de

     prospérité et de développement et qui seront un jour destinés à assur
  
    6264
    e des États européens une source de prospérité et 
    
de

     développement et qui seront un jour destinés à assurer la paix en Eur
  
    6265
    estinés à assurer la paix en Europe… Si cet idéal 
    
de

     l’avenir se réalise un jour, la nationalité suisse de caractère inter
  
    6266
    ’avenir se réalise un jour, la nationalité suisse 
    
de

     caractère international devra s’incorporer à la communauté de la Gran
  
    6267
     international devra s’incorporer à la communauté 
    
de

     la Grande Europe. De cette façon elle n’aura pas vécu en vain ni sans
  
    6268
    s’incorporer à la communauté de la Grande Europe. 
    
De

     cette façon elle n’aura pas vécu en vain ni sans gloire.216   Ainsi s
  
    6269
     ce passage à l’Europe, cette « transfiguration » 
    
d’

    une vocation nationale dont rêvait Hugo pour la France et Mazzini pour
  
    6270
    is voilà qui ne paraît concevable que dans le cas 
    
d’

    une nation non unitaire, c’est-à-dire de structure fédéraliste. « L’In
  
    6271
    ns le cas d’une nation non unitaire, c’est-à-dire 
    
de

     structure fédéraliste. « L’Internationale des nationalismes » préconi
  
    6272
     des nationalismes » préconisée par les prophètes 
    
de

     1848, évoque l’idée d’une amicale universelle des misanthropes ou d’u
  
    6273
    éconisée par les prophètes de 1848, évoque l’idée 
    
d’

    une amicale universelle des misanthropes ou d’une mutuelle des égoïste
  
    6274
    dée d’une amicale universelle des misanthropes ou 
    
d’

    une mutuelle des égoïstes. On peut écrire de telles choses, non les fa
  
    6275
    es ou d’une mutuelle des égoïstes. On peut écrire 
    
de

     telles choses, non les faire. Cependant, il est curieux qu’un Bluntsc
  
    6276
    ieux qu’un Bluntschli, si conscient des avantages 
    
d’

    une vraie fédération pour les cantons jadis « souverains » de son pays
  
    6277
     fédération pour les cantons jadis « souverains » 
    
de

     son pays, recule devant cette solution lorsqu’il s’agit de l’applique
  
    6278
    ys, recule devant cette solution lorsqu’il s’agit 
    
de

     l’appliquer à l’Europe. À l’Écossais James Lorimer, qui venait de pub
  
    6279
    is James Lorimer, qui venait de publier un projet 
    
d’

    État fédéral européen, Bluntschli oppose un plan beaucoup plus prudemm
  
    6280
    ral. En voici le principe :  Si le grand problème 
    
de

     la constitution de la communauté des États européens doit trouver sa 
  
    6281
    incipe :  Si le grand problème de la constitution 
    
de

     la communauté des États européens doit trouver sa solution, la condit
  
    6282
     qu’il faudra remplir sera le maintien scrupuleux 
    
de

     l’indépendance et de la liberté des États associés. Les États europée
  
    6283
     sera le maintien scrupuleux de l’indépendance et 
    
de

     la liberté des États associés. Les États européens se considèrent com
  
    6284
     soustraire à toute influence due à la suprématie 
    
d’

    un autre État. Ils peuvent bien coopérer entre eux pour l’accomplissem
  
    6285
    nt bien coopérer entre eux pour l’accomplissement 
    
de

     tâches communes, mais ils ne vont pas se soumettre volontairement au 
  
    6286
    e vont pas se soumettre volontairement au pouvoir 
    
d’

    une constitution qui leur paraîtra étrangère. Ils ne renonceront jamai
  
    6287
    propre armée ; jamais ils ne toléreront au-dessus 
    
d’

    eux un monarque universel ni un parlement européen unique. C’est pourq
  
    6288
    irréalisable.  Bluntschli propose alors une Union 
    
d’

    États souverains (Staatenbund) dirigée par un Conseil Fédéral représen
  
    6289
     un Sénat représentant les peuples :  Le maintien 
    
de

     la paix des peuples, les délibérations et résolutions dans le domaine
  
    6290
     les délibérations et résolutions dans le domaine 
    
de

     la grande politique européenne seront confiés de préférence au Consei
  
    6291
    mise à l’approbation du Sénat. Parmi les affaires 
    
de

     la grande politique, il faut ranger toutes les questions concernant l
  
    6292
     liberté des États, dont dépendent les conditions 
    
de

     vie, la sécurité et le développement des peuples. Pour trancher toute
  
    6293
    ats en litige auront à se soumettre aux décisions 
    
de

     cette autorité. Celle-ci ne trouvera la force d’imposer ses résolutio
  
    6294
     de cette autorité. Celle-ci ne trouvera la force 
    
d’

    imposer ses résolutions que par une collaboration entre les gouverneme
  
    6295
    n étroite entre eux, pour le moins par le soutien 
    
d’

    une majorité importante.  Et il conclut, avec une sobriété tout helvét
  
    6296
    une sobriété tout helvétique :  Le nouveau projet 
    
d’

    une constitution fédérale européenne n’est pas très brillant et n’a ri
  
    6297
    le européenne n’est pas très brillant et n’a rien 
    
d’

    extraordinaire ; il est modeste et modéré ; mais étant donné qu’il ne 
  
    6298
     philosophe politique, diplomate et fonctionnaire 
    
de

     l’État prussien (dont il ne cessa de condamner les prétentions hégémo
  
    6299
    onctionnaire de l’État prussien (dont il ne cessa 
    
de

     condamner les prétentions hégémoniques), fut non seulement l’un des p
  
    6300
    , fut non seulement l’un des plus zélés partisans 
    
d’

    une unité allemande de type fédéraliste, mais le théoricien d’une unio
  
    6301
    un des plus zélés partisans d’une unité allemande 
    
de

     type fédéraliste, mais le théoricien d’une union des pays centraux et
  
    6302
    allemande de type fédéraliste, mais le théoricien 
    
d’

    une union des pays centraux et nordiques de l’Europe, en laquelle il v
  
    6303
    ricien d’une union des pays centraux et nordiques 
    
de

     l’Europe, en laquelle il voyait le noyau d’une future fédération mond
  
    6304
    iques de l’Europe, en laquelle il voyait le noyau 
    
d’

    une future fédération mondiale à base chrétienne217. Il s’agissait d’a
  
    6305
    ase chrétienne217. Il s’agissait d’abord pour lui 
    
de

     tenir en échec les deux puissances impérialistes, France à l’ouest et
  
    6306
    ie à l’est ; puis une fois l’atmosphère purifiée, 
    
de

     les faire adhérer à l’union, ainsi que l’Amérique du Nord. Constantin
  
    6307
    si que l’Amérique du Nord. Constantin Frantz part 
    
de

     l’expérience vécue d’une Allemagne moins une que diverse, donc destin
  
    6308
    ord. Constantin Frantz part de l’expérience vécue 
    
d’

    une Allemagne moins une que diverse, donc destinée et préparée par son
  
    6309
    it que l’Allemagne ne convient pas à la formation 
    
d’

    un État unitaire centralisé, ni même, d’une façon générale, à celle d’
  
    6310
    formation d’un État unitaire centralisé, ni même, 
    
d’

    une façon générale, à celle d’une simple nation « fermée », étant donn
  
    6311
    entralisé, ni même, d’une façon générale, à celle 
    
d’

    une simple nation « fermée », étant donné les rapports étroits, déterm
  
    6312
    ritoire allemand ne se prête guère à la formation 
    
d’

    un État unitaire, la nation allemande s’y prête encore moins, parce qu
  
    6313
    té, dès le début, — pour reprendre une expression 
    
de

     Schelling — « un peuple de peuples ».218   Frantz a bien vu et dit qu
  
    6314
    prendre une expression de Schelling — « un peuple 
    
de

     peuples ».218   Frantz a bien vu et dit que l’État unitaire ne saurai
  
    6315
    ue l’État unitaire ne saurait en aucun cas servir 
    
de

     base à une union fédérative : ou bien il reste formé et il n’y a pas 
  
    6316
    dérative : ou bien il reste formé et il n’y a pas 
    
d’

    union possible, ou bien le carcan est brisé et l’union devient possibl
  
    6317
    où vont les choses actuellement, que la formation 
    
d’

    un pur État unitaire est proche. Il n’est pas impossible que nous soyo
  
    6318
     n’est pas impossible que nous soyons les témoins 
    
de

     cette transformation ; mais supposons l’État unitaire constitué, déve
  
    6319
    t pas longtemps et ferait vite sauter la camisole 
    
de

     force qu’on lui aurait mise. Ceci est un des termes de notre alternat
  
    6320
    rce qu’on lui aurait mise. Ceci est un des termes 
    
de

     notre alternative. En revanche, si nous voulons échapper à l’actuel c
  
    6321
    on pourrait sérieusement envisager la possibilité 
    
d’

    une fédération d’Europe Centrale. Et chaque pas que nous ferions dans 
  
    6322
    usement envisager la possibilité d’une fédération 
    
d’

    Europe Centrale. Et chaque pas que nous ferions dans cette direction n
  
    6323
    nous ferions dans cette direction nous assurerait 
    
d’

    un double gain : en effet, non seulement cette fédération créerait un 
  
    6324
    t étendue, mais elle permettrait aussi la réunion 
    
d’

    une telle masse de forces défensives que chaque État membre n’aurait à
  
    6325
    le permettrait aussi la réunion d’une telle masse 
    
de

     forces défensives que chaque État membre n’aurait à maintenir sur pie
  
    6326
    ion du budget militaire et favoriserait le retour 
    
d’

    une importante main-d’œuvre à des travaux plus productifs. Aucune puis
  
    6327
    u monde n’oserait attaquer cette fédération, qui, 
    
de

     son côté, ne pourrait en aucune manière manifester de tendances agres
  
    6328
    on côté, ne pourrait en aucune manière manifester 
    
de

     tendances agressives. De cette façon serait fondé un système pour le 
  
    6329
    ucune manière manifester de tendances agressives. 
    
De

     cette façon serait fondé un système pour le maintien de la paix tel q
  
    6330
    te façon serait fondé un système pour le maintien 
    
de

     la paix tel que l’Europe n’en a encore jamais vu. Et quel honneur pou
  
    6331
    eur pour l’Allemagne si elle pouvait être la base 
    
d’

    une fédération pour la paix, au lieu d’avoir, par le système de 1866, 
  
    6332
    ion pour la paix, au lieu d’avoir, par le système 
    
de

     1866, créé le militarisme européen qui nous suce notre propre sang. S
  
    6333
    difficultés réelles qui s’opposent à la fondation 
    
de

     la fédération d’Europe Centrale — et nous sommes les derniers à nous 
  
    6334
    es qui s’opposent à la fondation de la fédération 
    
d’

    Europe Centrale — et nous sommes les derniers à nous bercer d’illusion
  
    6335
    trale — et nous sommes les derniers à nous bercer 
    
d’

    illusions —, elles pourraient très bien être surmontées grâce à une pr
  
    6336
    ses qui ont prévalu jusqu’à présent. Ainsi l’idée 
    
d’

    État, avec laquelle de toute façon on ne peut rien construire…  Il ren
  
    6337
    squ’à présent. Ainsi l’idée d’État, avec laquelle 
    
de

     toute façon on ne peut rien construire…  Il rend justice à l’élan pri
  
    6338
     va au-delà du but assigné, ainsi la valorisation 
    
de

     la nationalité devint un but absolu…  Au stade des nations fermées co
  
    6339
    ermanentes :  Il est bien établi que le but final 
    
de

     l’organisation n’est pas l’État universel, mais bien la fédération de
  
    6340
    iances » qui constitue manifestement le préalable 
    
d’

    un tel processus. Par alliances, nous entendons des associations concl
  
    6341
    tif : elle sera constituée pour toujours et dotée 
    
d’

    organes permanents prêts à fonctionner de façon durable. De ce point d
  
    6342
    et dotée d’organes permanents prêts à fonctionner 
    
de

     façon durable. De ce point de vue, le système politique appelé « Conc
  
    6343
     permanents prêts à fonctionner de façon durable. 
    
De

     ce point de vue, le système politique appelé « Concert européen des g
  
    6344
    ns propre, ce mot, à l’origine, ne désignait rien 
    
d’

    autre qu’un système d’alliances… À examiner de près l’essence même de 
  
    6345
    ’origine, ne désignait rien d’autre qu’un système 
    
d’

    alliances… À examiner de près l’essence même de ce système des grandes
  
    6346
    ien d’autre qu’un système d’alliances… À examiner 
    
de

     près l’essence même de ce système des grandes puissances, on constate
  
    6347
    me d’alliances… À examiner de près l’essence même 
    
de

     ce système des grandes puissances, on constate d’après son nom même q
  
    6348
    e d’après son nom même qu’il est fondé sur l’idée 
    
de

     la seule puissance, et qu’il fait abstraction aussi bien des principe
  
    6349
    t qu’il fait abstraction aussi bien des principes 
    
de

     l’histoire et de la moralité que des buts élevés de la civilisation. 
  
    6350
    raction aussi bien des principes de l’histoire et 
    
de

     la moralité que des buts élevés de la civilisation. La seule fin est 
  
    6351
     l’histoire et de la moralité que des buts élevés 
    
de

     la civilisation. La seule fin est d’être ou de devenir une grande pui
  
    6352
     buts élevés de la civilisation. La seule fin est 
    
d’

    être ou de devenir une grande puissance. Et pour autant que plusieurs 
  
    6353
    és de la civilisation. La seule fin est d’être ou 
    
de

     devenir une grande puissance. Et pour autant que plusieurs de ces gra
  
    6354
    ne grande puissance. Et pour autant que plusieurs 
    
de

     ces grandes puissances se trouvent être l’une à côté de l’autre, quel
  
    6355
    ut poursuivront-elles principalement, sinon celui 
    
d’

    augmenter leur force militaire ? Il est frappant de constater que la p
  
    6356
    ’augmenter leur force militaire ? Il est frappant 
    
de

     constater que la prédominance de l’élément militaire va de pair avec 
  
    6357
     Il est frappant de constater que la prédominance 
    
de

     l’élément militaire va de pair avec le règne de l’argent, ce qui a po
  
    6358
    ter que la prédominance de l’élément militaire va 
    
de

     pair avec le règne de l’argent, ce qui a pour conséquence que tout le
  
    6359
    e de l’élément militaire va de pair avec le règne 
    
de

     l’argent, ce qui a pour conséquence que tout le développement des peu
  
    6360
    ourse… … Tous les petits États sont ainsi menacés 
    
de

     décadence, à moins qu’ils ne soient déjà réellement déchus… En revanc
  
    6361
    ue les grandes puissances militaires… Allons donc 
    
de

     l’avant ! Puisque ce système a vu le jour uniquement par un processus
  
    6362
    uniquement par un processus historique, la notion 
    
de

     grande puissance n’est par conséquent qu’une catégorie de l’histoire,
  
    6363
    e puissance n’est par conséquent qu’une catégorie 
    
de

     l’histoire, destinée à disparaître à la prochaine étape de l’évolutio
  
    6364
    oire, destinée à disparaître à la prochaine étape 
    
de

     l’évolution, de la même manière qu’elle est apparue un jour et qu’ell
  
    6365
     disparaître à la prochaine étape de l’évolution, 
    
de

     la même manière qu’elle est apparue un jour et qu’elle a acquis, temp
  
    6366
    n jour et qu’elle a acquis, temporairement, droit 
    
de

     cité un peu partout. Le principe de non-intervention, proclamé depuis
  
    6367
    rement, droit de cité un peu partout. Le principe 
    
de

     non-intervention, proclamé depuis longtemps, n’est-il pas la déclarat
  
    6368
    amé depuis longtemps, n’est-il pas la déclaration 
    
de

     faillite de la politique du concert européen ? De ce fait même, cette
  
    6369
    ongtemps, n’est-il pas la déclaration de faillite 
    
de

     la politique du concert européen ? De ce fait même, cette dernière es
  
    6370
    de faillite de la politique du concert européen ? 
    
De

     ce fait même, cette dernière est devenue, si l’on peut dire, un « asy
  
    6371
    ». Et maintenant la tâche importante nous incombe 
    
de

     créer un nouveau système, c’est-à-dire un ordre fondé sur la réalité,
  
    6372
    ion du temps exige, devra se fonder sur le modèle 
    
de

     l’union allemande, qui exclut toute hégémonie d’un de ses États. Ains
  
    6373
     de l’union allemande, qui exclut toute hégémonie 
    
d’

    un de ses États. Ainsi le nationalisme condamné par Frantz sous sa for
  
    6374
    ’union allemande, qui exclut toute hégémonie d’un 
    
de

     ses États. Ainsi le nationalisme condamné par Frantz sous sa forme ét
  
    6375
     réapparaît irrésistiblement sous la forme épurée 
    
d’

    une « mission européenne » de l’Allemagne. Nous connaissons maintenant
  
    6376
    sous la forme épurée d’une « mission européenne » 
    
de

     l’Allemagne. Nous connaissons maintenant le processus pour l’avoir il
  
    6377
    le processus pour l’avoir illustré par des textes 
    
de

     Gioberti et de Mazzini, de Lamartine et de Hugo, de Mickiewicz, de Do
  
    6378
    ur l’avoir illustré par des textes de Gioberti et 
    
de

     Mazzini, de Lamartine et de Hugo, de Mickiewicz, de Donoso Cortès et 
  
    6379
    llustré par des textes de Gioberti et de Mazzini, 
    
de

     Lamartine et de Hugo, de Mickiewicz, de Donoso Cortès et même de Blun
  
    6380
    textes de Gioberti et de Mazzini, de Lamartine et 
    
de

     Hugo, de Mickiewicz, de Donoso Cortès et même de Bluntschli. Il manqu
  
    6381
     Gioberti et de Mazzini, de Lamartine et de Hugo, 
    
de

     Mickiewicz, de Donoso Cortès et même de Bluntschli. Il manquait à ce 
  
    6382
     Mazzini, de Lamartine et de Hugo, de Mickiewicz, 
    
de

     Donoso Cortès et même de Bluntschli. Il manquait à ce concert une voi
  
    6383
     de Hugo, de Mickiewicz, de Donoso Cortès et même 
    
de

     Bluntschli. Il manquait à ce concert une voix allemande, et la voici 
  
    6384
    t qu’une telle fédération ne peut pas s’instaurer 
    
d’

    un coup. Il faut d’abord qu’elle s’établisse sur une base réelle, d’où
  
    6385
     d’abord qu’elle s’établisse sur une base réelle, 
    
d’

    où, par la suite, l’impulsion pourra être donnée… Si c’est l’Allemagne
  
    6386
    … Si c’est l’Allemagne, où a commencé la scission 
    
de

     l’Église, qui a contribué le plus à la décadence de la communauté des
  
    6387
     l’Église, qui a contribué le plus à la décadence 
    
de

     la communauté des peuples occidentaux, il conviendrait que ce pays se
  
    6388
    x, il conviendrait que ce pays se fasse un devoir 
    
de

     participer activement au rétablissement de cette communauté et de se 
  
    6389
    devoir de participer activement au rétablissement 
    
de

     cette communauté et de se consacrer à cette tâche de telle façon que 
  
    6390
    tivement au rétablissement de cette communauté et 
    
de

     se consacrer à cette tâche de telle façon que l’on puisse bien augure
  
    6391
    cette communauté et de se consacrer à cette tâche 
    
de

     telle façon que l’on puisse bien augurer de la transformation du syst
  
    6392
    tâche de telle façon que l’on puisse bien augurer 
    
de

     la transformation du système européen dans sa totalité… Seul le fédér
  
    6393
    -t-il dans la politique actuelle, est le principe 
    
de

     l’évolution politique de l’avenir.    208. Cf. P. Renouvin, L’idée de
  
    6394
    ctuelle, est le principe de l’évolution politique 
    
de

     l’avenir.    208. Cf. P. Renouvin, L’idée de fédération européenne da
  
    6395
    ique de l’avenir.    208. Cf. P. Renouvin, L’idée 
    
de

     fédération européenne dans la pensée politique du xixe  siècle, Oxfor
  
    6396
    spiration patriotique qui nous a donné le courage 
    
d’

    entreprendre cet immense travail ? N’avons-nous pas voulu la ceindre d
  
    6397
    mense travail ? N’avons-nous pas voulu la ceindre 
    
d’

    une couronne d’éléments qui saluassent sa première résurrection ? » Cf
  
    6398
     N’avons-nous pas voulu la ceindre d’une couronne 
    
d’

    éléments qui saluassent sa première résurrection ? » Cf. Dora Melegari
  
    6399
    é par le Bureau du Nouveau Monde, Paris (brochure 
    
de

     104 p. écrite en français).  212.  V. Hugo, Œuvres complètes, Actes e
  
    6400
     politique extérieure.  218. Toutes les citations 
    
de

     C. Frantz sont empruntées à son ouvrage paru en 1879 sous ce titre :

22 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Cinquième Partie. L’Ère des nations,  (de 1848 à 1914) — 3. Un problème séculaire : la Russie et l’Europe
    6401
     ou à l’Allemagne, voire à la Suisse fédéraliste, 
    
de

     faire l’Europe et de s’y fondre, accomplissant ainsi une vocation nat
  
    6402
    ire à la Suisse fédéraliste, de faire l’Europe et 
    
de

     s’y fondre, accomplissant ainsi une vocation nationale, universelle ?
  
    6403
    s du xixe  siècle — c’est elle qui a pour mission 
    
de

     régénérer l’Europe et de l’unir, car c’est ainsi seulement que la Rus
  
    6404
     elle qui a pour mission de régénérer l’Europe et 
    
de

     l’unir, car c’est ainsi seulement que la Russie pourra devenir europé
  
    6405
    isse en font indiscutablement partie. Mais le cas 
    
de

     la Russie est différent. Elle peut choisir d’être d’Europe ou non, se
  
    6406
    cas de la Russie est différent. Elle peut choisir 
    
d’

    être d’Europe ou non, selon que l’Europe sera conforme ou non à l’idée
  
    6407
    la Russie est différent. Elle peut choisir d’être 
    
d’

    Europe ou non, selon que l’Europe sera conforme ou non à l’idée russe 
  
    6408
     que l’Europe sera conforme ou non à l’idée russe 
    
de

     l’humanité, du christianisme et de l’ordre social. Ce privilège exorb
  
    6409
    à l’idée russe de l’humanité, du christianisme et 
    
de

     l’ordre social. Ce privilège exorbitant, existe-t-il en fait, est-il 
  
    6410
    ? Ou bien ne serait-il qu’un phantasme, un besoin 
    
de

     surcompenser le retard de la Russie sur les « progrès » de l’Ouest, —
  
    6411
    un phantasme, un besoin de surcompenser le retard 
    
de

     la Russie sur les « progrès » de l’Ouest, — ces progrès à la fois jal
  
    6412
    penser le retard de la Russie sur les « progrès » 
    
de

     l’Ouest, — ces progrès à la fois jalousés et honnis ? Notre propos da
  
    6413
    s et honnis ? Notre propos dans cet ouvrage étant 
    
de

     présenter des textes afin de les mieux laisser parler, nous rappeller
  
    6414
    rappellerons d’abord les opinions contradictoires 
    
de

     l’Ouest sur la Russie, puis celles des deux écoles antagonistes qui d
  
    6415
    oïevski.   A. Opinions européennes sur la Russie, 
    
de

     Voltaire à Karl Marx    Nous avons vu Sully exclure la Russie de son 
  
    6416
    arl Marx    Nous avons vu Sully exclure la Russie 
    
de

     son grand dessein, Leibniz tenter de l’inclure — non sans réserve — d
  
    6417
    re la Russie de son grand dessein, Leibniz tenter 
    
de

     l’inclure — non sans réserve — dans l’ensemble spirituel de l’Europe,
  
    6418
    re — non sans réserve — dans l’ensemble spirituel 
    
de

     l’Europe, William Penn l’accepter dans sa Ligue des Nations, et leurs
  
    6419
    udain le vrai danger, contre lequel il serait bon 
    
de

     s’unir et de s’entendre avec les Turcs. Voltaire et ses contemporains
  
    6420
     danger, contre lequel il serait bon de s’unir et 
    
de

     s’entendre avec les Turcs. Voltaire et ses contemporains tenaient enc
  
    6421
    me Impératrice que le premier gazetier littéraire 
    
de

     Paris, Melchior Grimm, peut écrire cette prophétie sensationnelle, qu
  
    6422
    t écrire cette prophétie sensationnelle, que tant 
    
d’

    esprits plus grands que lui ne feront que répéter jusqu’à nos jours : 
  
    6423
    eux empires se partageront […] tous les avantages 
    
de

     la civilisation, de la puissance, du génie, des lettres, des arts, de
  
    6424
    geront […] tous les avantages de la civilisation, 
    
de

     la puissance, du génie, des lettres, des arts, des armes et de l’indu
  
    6425
    ce, du génie, des lettres, des arts, des armes et 
    
de

     l’industrie : la Russie du côté de l’orient, et l’Amérique, devenue l
  
    6426
    du côté de l’orient, et l’Amérique, devenue libre 
    
de

     nos jours, du côté de l’occident, et nous autres, peuples du noyau, n
  
    6427
     noyau ». L’Amérique et la Russie sont les « pays 
    
d’

    avenir » destinés à succéder à l’Europe lorsque ses divisions spiritue
  
    6428
    visions spirituelles et ses guerres auront achevé 
    
de

     l’épuiser. En 1797, Jean de Müller annonce que « l’avenir appartiendr
  
    6429
    soit à l’Amérique » :  Napoléon, dans le Mémorial 
    
de

     Sainte-Hélène, prévoit que le monde sera sous peu « République améric
  
    6430
    du nom :  Qu’il se trouve, disait-il, un empereur 
    
de

     Russie vaillant, impétueux, capable, en un mot un tsar qui ait de la 
  
    6431
    nt, impétueux, capable, en un mot un tsar qui ait 
    
de

     la barbe au menton (ce qu’il exprimait, du reste, beaucoup plus énerg
  
    6432
    ’arriverais à Calais à temps fixe et par journées 
    
d’

    étape, et je m’y trouverais le maître et l’arbitre de l’Europe…   L’ab
  
    6433
    tape, et je m’y trouverais le maître et l’arbitre 
    
de

     l’Europe…   L’abbé de Pradt, contemporain de Metternich, publie en 18
  
    6434
    itre de l’Europe…   L’abbé de Pradt, contemporain 
    
de

     Metternich, publie en 1823 un « Parallèle de la puissance anglaise et
  
    6435
    rain de Metternich, publie en 1823 un « Parallèle 
    
de

     la puissance anglaise et russe relativement à l’Europe », où il démon
  
    6436
    une à renouveler le vieux monde, l’autre à tenter 
    
de

     le dominer. Précurseur de Churchill lançant le slogan du « rideau de 
  
    6437
    monde, l’autre à tenter de le dominer. Précurseur 
    
de

     Churchill lançant le slogan du « rideau de fer », il écrit :  Au-delà
  
    6438
    urseur de Churchill lançant le slogan du « rideau 
    
de

     fer », il écrit :  Au-delà de la Vistule tombe un rideau derrière leq
  
    6439
     slogan du « rideau de fer », il écrit :  Au-delà 
    
de

     la Vistule tombe un rideau derrière lequel il est fort difficile de b
  
    6440
    e un rideau derrière lequel il est fort difficile 
    
de

     bien voir ce qui se passe dans l’intérieur de l’empire russe. À la ma
  
    6441
    ile de bien voir ce qui se passe dans l’intérieur 
    
de

     l’empire russe. À la manière de l’Orient, dont il a reçu l’origine et
  
    6442
    ussi d’après elles seulement que l’on peut parler 
    
de

     l’armée russe… … Depuis Pierre le Grand jusqu’à ce jour, la politique
  
    6443
    uis Pierre le Grand jusqu’à ce jour, la politique 
    
de

     la Russie n’a pas cessé d’être conquérante ; on dirait que depuis un 
  
    6444
     ce jour, la politique de la Russie n’a pas cessé 
    
d’

    être conquérante ; on dirait que depuis un siècle entier son cabinet n
  
    6445
     un siècle entier son cabinet n’a été composé que 
    
d’

    un seul et même homme tant il n’a eu qu’une seule et même pensée, cell
  
    6446
    tant il n’a eu qu’une seule et même pensée, celle 
    
de

     l’agrandissement méthodique.  Sainte-Beuve, commentant et paraphrasan
  
    6447
    les courants vont vers deux fins : ou l’Autocrate 
    
d’

    Europe, ou les États-Unis d’Europe.  Vers le même temps, et dans le mê
  
    6448
    re que bientôt parmi elles il ne se trouvera plus 
    
de

     place que pour la liberté démocratique ou la tyrannie des Césars.   J
  
    6449
    longtemps, il est clair que le monde va au-devant 
    
de

     l’alternative suivante : ou la Démocratie totale, ou le Despotisme ab
  
    6450
     se résument en ceci : l’Amérique a un bon siècle 
    
d’

    avance sur la Russie, et l’Europe de l’Ouest devra marcher derrière no
  
    6451
     devra marcher derrière nous pendant une centaine 
    
d’

    années, avant que la Russie puisse étendre son aile au-dessus de l’Atl
  
    6452
    t que la Russie puisse étendre son aile au-dessus 
    
de

     l’Atlantique.  Mais la formulation la plus fameuse et d’ailleurs la p
  
    6453
    ion la plus fameuse et d’ailleurs la plus précise 
    
de

     ce que je voudrais nommer le mythe européen des deux grands, nous la 
  
    6454
    ’hui sur la terre deux grands peuples qui, partis 
    
de

     points différents, semblent s’avancer vers le même but : ce sont les 
  
    6455
    ancent qu’avec mille efforts ; eux seuls marchent 
    
d’

    un pas aisé et rapide dans une carrière dont l’œil ne saurait encore a
  
    6456
    t et la barbarie, l’autre la civilisation revêtue 
    
de

     toutes ses armes ; aussi les conquêtes de l’Américain se font-elles a
  
    6457
    revêtue de toutes ses armes ; aussi les conquêtes 
    
de

     l’Américain se font-elles avec le soc du laboureur, celles du Russe a
  
    6458
    en quelque sorte dans un homme toute la puissance 
    
de

     la société. L’un a pour principal moyen d’action la liberté ; l’autre
  
    6459
    ssance de la société. L’un a pour principal moyen 
    
d’

    action la liberté ; l’autre, la servitude. Leur point de départ est di
  
    6460
    on la liberté ; l’autre, la servitude. Leur point 
    
de

     départ est différent, leurs voies sont diverses ; néanmoins, chacun d
  
    6461
    nt, leurs voies sont diverses ; néanmoins, chacun 
    
d’

    eux semble appelé par un dessein secret de la Providence à tenir un jo
  
    6462
     chacun d’eux semble appelé par un dessein secret 
    
de

     la Providence à tenir un jour dans ses mains les destinées de la moit
  
    6463
    ence à tenir un jour dans ses mains les destinées 
    
de

     la moitié du monde.223   On notera que Tocqueville ne se fait pas fau
  
    6464
    oins, en réalité, dans l’évolution qu’il annonce, 
    
d’

    une double fatalité que d’une alternative, ménageant à l’Europe un cho
  
    6465
    volution qu’il annonce, d’une double fatalité que 
    
d’

    une alternative, ménageant à l’Europe un choix final, sans doute inévi
  
    6466
     pensent la plupart des auteurs innombrables qui, 
    
de

     la fin du xviiie  siècle à nos jours, ont supputé l’avenir de notre c
  
    6467
     xviiie  siècle à nos jours, ont supputé l’avenir 
    
de

     notre continent : le seul fait qu’ils s’expriment pour ou contre l’un
  
    6468
    essimisme tende à l’emporter. S’ils avaient assez 
    
de

     foi dans le destin de l’Europe, ils opposeraient aux deux empires un 
  
    6469
    porter. S’ils avaient assez de foi dans le destin 
    
de

     l’Europe, ils opposeraient aux deux empires un même refus, serein et 
  
    6470
    une ou l’autre des roues. En vérité, leurs prises 
    
de

     position révèlent une anxiété de l’imagination plutôt qu’une angoisse
  
    6471
    té, leurs prises de position révèlent une anxiété 
    
de

     l’imagination plutôt qu’une angoisse immédiate, sans horizon. Nous av
  
    6472
    me le puissant refuge des trésors et des libertés 
    
de

     l’Europe. En revanche, de Joseph de Maistre à Georges Sorel, en passa
  
    6473
    trésors et des libertés de l’Europe. En revanche, 
    
de

     Joseph de Maistre à Georges Sorel, en passant par Proudhon et Renan, 
  
    6474
    ue virulente et hautaine du « pays du dollar » et 
    
de

     son « matérialisme » ne cessera de s’amplifier jusqu’à nos jours, où 
  
    6475
    du dollar » et de son « matérialisme » ne cessera 
    
de

     s’amplifier jusqu’à nos jours, où elle deviendra le lieu commun des n
  
    6476
    ù elle deviendra le lieu commun des nationalistes 
    
d’

    extrême gauche et d’extrême droite. Beaucoup plus rares sont les auteu
  
    6477
    lieu commun des nationalistes d’extrême gauche et 
    
d’

    extrême droite. Beaucoup plus rares sont les auteurs qui, comme Jean-P
  
    6478
    » — bien avant l’ère soviétique ! — n’a pas cessé 
    
de

     hanter à la fois les conservateurs, les libéraux et les socialistes. 
  
    6479
    x et les socialistes. Seuls, certains catholiques 
    
d’

    extrême droite comme le Savoyard Joseph de Maistre, le Bavarois Ernst 
  
    6480
    ns une secrète complaisance à rêver l’éventualité 
    
d’

    un juste châtiment fondant de Moscou sur nos démocraties… Plus sobre e
  
    6481
     rêver l’éventualité d’un juste châtiment fondant 
    
de

     Moscou sur nos démocraties… Plus sobre et plus serein, à sa coutume, 
  
    6482
    24, dans son premier ouvrage :  Il faut se garder 
    
de

     mettre en contraste l’Europe et l’Amérique : ce que l’on trouve là-ba
  
    6483
     que l’on trouve là-bas n’est qu’un développement 
    
de

     nos races et de notre genre de vie : en fait, New York et Lima nous i
  
    6484
     là-bas n’est qu’un développement de nos races et 
    
de

     notre genre de vie : en fait, New York et Lima nous importent davanta
  
    6485
    u’un développement de nos races et de notre genre 
    
de

     vie : en fait, New York et Lima nous importent davantage que Kiev et 
  
    6486
     Certes, les Russes, selon Ranke, ont bien mérité 
    
de

     l’Europe en la protégeant contre les Mongols. Mais leur manière de s’
  
    6487
     protégeant contre les Mongols. Mais leur manière 
    
de

     s’occidentaliser reste à ses yeux  liée à la tendance à s’approprier 
  
    6488
    eux  liée à la tendance à s’approprier la culture 
    
de

     l’Occident dans ses aspects matériels (in materieller Beziehung).224 
  
    6489
    te : le marquis de Custine, dans son fameux récit 
    
d’

    un séjour en Russie, « La Russie en 1839 », prédit le réveil effrayant
  
    6490
    russe, et alors « la violence mettra fin au règne 
    
de

     la parole » :  Une ambition désordonnée, immense, une de ces ambition
  
    6491
    arole » :  Une ambition désordonnée, immense, une 
    
de

     ces ambitions qui ne peuvent germer que dans l’âme des opprimés, et s
  
    6492
     l’âme des opprimés, et se nourrir que du malheur 
    
d’

    une nation entière, fermente au cœur du peuple russe. Cette nation, es
  
    6493
    t conquérante, avide à force de privations, expie 
    
d’

    avance chez elle, par une soumission avilissante, l’espoir d’exercer l
  
    6494
    ez elle, par une soumission avilissante, l’espoir 
    
d’

    exercer la tyrannie chez les autres ; la gloire, la richesse qu’elle a
  
    6495
     gloire, la richesse qu’elle attend la distraient 
    
de

     la honte qu’elle subit, et, pour se laver du sacrifice impie de toute
  
    6496
    ’elle subit, et, pour se laver du sacrifice impie 
    
de

     toute liberté publique et personnelle, l’esclave, à genoux, rêve la d
  
    6497
    ; elle fomente chez nous l’anarchie dans l’espoir 
    
de

     profiter d’une corruption favorisée par elle, parce qu’elle est favor
  
    6498
    te chez nous l’anarchie dans l’espoir de profiter 
    
d’

    une corruption favorisée par elle, parce qu’elle est favorable à ses v
  
    6499
    ’elle est favorable à ses vues : c’est l’histoire 
    
de

     la Pologne recommencée en grand. Depuis de longues années Paris lit d
  
    6500
    stoire de la Pologne recommencée en grand. Depuis 
    
de

     longues années Paris lit des journaux révolutionnaires, révolutionnai
  
    6501
    ai par tout homme initié à la marche des affaires 
    
de

     l’Europe et aux secrets des cabinets pendant les vingt dernières anné
  
    6502
    me occidental.  Dans le même sens, mais avec plus 
    
de

     précision et une lucidité qui se révèle aujourd’hui prophétique, Jaco
  
    6503
    Burckhardt constate : Le tragique, dans le destin 
    
de

     l’Europe jusqu’ici, réside en ce que les peuples de l’Ouest, considér
  
    6504
     l’Europe jusqu’ici, réside en ce que les peuples 
    
de

     l’Ouest, considérés dans leurs perpétuelles mutations et révolutions,
  
    6505
    . (On l’eût embarrassé en lui demandant la raison 
    
de

     cette supériorité paradoxale, lui qui estimait que la culture n’est q
  
    6506
     même que son ami Engels, il salua les mouvements 
    
de

     libération nationale des Polonais, des Hongrois et des Allemands (tou
  
    6507
    des Allemands (tous écrasés par les interventions 
    
de

     la Russie) comme autant d’étapes « dialectiques » vers l’union finale
  
    6508
     par les interventions de la Russie) comme autant 
    
d’

    étapes « dialectiques » vers l’union finale des Européens, dans une so
  
    6509
    ui devait triompher d’abord en France :  La chute 
    
de

     la bourgeoisie en France, le triomphe de la classe ouvrière française
  
    6510
    La chute de la bourgeoisie en France, le triomphe 
    
de

     la classe ouvrière française, l’émancipation de la classe ouvrière en
  
    6511
    e de la classe ouvrière française, l’émancipation 
    
de

     la classe ouvrière en général, voilà le mot et la solution de la libé
  
    6512
     ouvrière en général, voilà le mot et la solution 
    
de

     la libération européenne.226   Certes, l’Angleterre bourgeoise ne man
  
    6513
    Certes, l’Angleterre bourgeoise ne manquerait pas 
    
de

     s’opposer à ce mouvement, mais une « guerre mondiale » l’obligerait à
  
    6514
    ue les États-Unis devaient former part intégrante 
    
de

     l’Occident et intervenir en Europe. Il écrivait en 1853 :  Le grand é
  
    6515
    :  Le grand événement du jour, c’est l’apparition 
    
de

     la politique américaine à l’horizon européen. Salué par les uns, reje
  
    6516
    mis par tous. À Beirouth, les Américains viennent 
    
d’

    arracher un fugitif hongrois de plus aux serres de l’aigle autrichien.
  
    6517
    d’arracher un fugitif hongrois de plus aux serres 
    
de

     l’aigle autrichien. Il est réconfortant de constater que l’interventi
  
    6518
    serres de l’aigle autrichien. Il est réconfortant 
    
de

     constater que l’intervention américaine en Europe se produit d’abord 
  
    6519
    Europe se produit d’abord à propos de la question 
    
d’

    Orient… Dans l’explication violente et permanente qui oppose l’Est à l
  
    6520
    st le plus jeune et le plus puissant représentant 
    
de

     l’Ouest.227    Mais le grand adversaire de cette « libération de l’Eu
  
    6521
    entant de l’Ouest.227    Mais le grand adversaire 
    
de

     cette « libération de l’Europe » restait — et resterait toujours, sel
  
    6522
       Mais le grand adversaire de cette « libération 
    
de

     l’Europe » restait — et resterait toujours, selon Marx — la Russie, p
  
    6523
     et la « barbarie mongole », et dont la politique 
    
d’

    hégémonie mondiale ne cesserait de duper les nations européennes :  Co
  
    6524
    nt la politique d’hégémonie mondiale ne cesserait 
    
de

     duper les nations européennes :  Comptant sur la lâcheté et la peur d
  
    6525
    Comptant sur la lâcheté et la peur des puissances 
    
de

     l’Ouest, la Russie joue les spadassins et accroît ses exigences à la 
  
    6526
    mite du possible, afin d’être en mesure plus tard 
    
de

     se donner l’air magnanime en se contentant des avantages les plus imm
  
    6527
    dant un siècle, jusqu’à ce que le grand mouvement 
    
de

     1789 lui ait opposé un puissant adversaire. Nous entendons la révolut
  
    6528
    dons la révolution européenne, la force explosive 
    
de

     ses idées démocratiques et de sa soif innée de liberté. Depuis ce tem
  
    6529
     la force explosive de ses idées démocratiques et 
    
de

     sa soif innée de liberté. Depuis ce temps, il n’y a plus eu en Europe
  
    6530
    ve de ses idées démocratiques et de sa soif innée 
    
de

     liberté. Depuis ce temps, il n’y a plus eu en Europe que deux forces 
  
    6531
    cé en 1867, Marx précise que l’objectif permanent 
    
de

     la politique russe, son « étoile polaire », est la domination du mond
  
    6532
    », est la domination du monde :  Il ne manque pas 
    
de

     naïfs qui s’imaginent que tout cela (l’impérialisme russe) s’est modi
  
    6533
    isme russe) s’est modifié, que la Pologne a cessé 
    
d’

    être une « nation nécessaire » comme l’appelait un écrivain, et n’est 
  
    6534
    ? Non, seul l’aveuglement des couches dirigeantes 
    
de

     l’Europe s’est accru et a atteint son zénith. La politique russe est 
  
    6535
    s manœuvres peuvent varier, mais l’étoile polaire 
    
de

     sa politique — la domination mondiale — est une étoile fixe.  Cependa
  
    6536
    révoyait la chute finale du despotisme congénital 
    
de

     la Russie, sous les coups du « progrès des masses » et de la « force 
  
    6537
    ssie, sous les coups du « progrès des masses » et 
    
de

     la « force des idées », — recréant la « puissance et l’unité » de l’E
  
    6538
    s idées », — recréant la « puissance et l’unité » 
    
de

     l’Europe. Dans l’un des quelque 500 articles que Marx donna au New Yo
  
    6539
    rticles que Marx donna au New York Herald Tribune 
    
de

     1851 à 1861, nous trouvons les lignes suivantes, parues le 31 décembr
  
    6540
    vantes, parues le 31 décembre 1853 :  Les peuples 
    
de

     l’Ouest remonteront au pouvoir et retrouveront l’unité de but, tandis
  
    6541
    st remonteront au pouvoir et retrouveront l’unité 
    
de

     but, tandis que le Colosse russe sera ruiné par le progrès des masses
  
    6542
    sses et la force explosive des idées.229    Marx, 
    
de

     toute évidence, ne pouvait penser qu’à la Russie des tsars, mais sa p
  
    6543
     prophétie, si elle s’applique mal aux événements 
    
de

     1917, est loin d’avoir perdu son sens pour autant.    B. Opinions rus
  
    6544
    e s’applique mal aux événements de 1917, est loin 
    
d’

    avoir perdu son sens pour autant.    B. Opinions russes sur l’Europe, 
  
    6545
     pour autant.    B. Opinions russes sur l’Europe, 
    
de

     Tchaadaïev à Tolstoï    Russie de l’époque de Kiev, occidentale. Russ
  
    6546
    s sur l’Europe, de Tchaadaïev à Tolstoï    Russie 
    
de

     l’époque de Kiev, occidentale. Russie de la Horde d’Or, asiatique. Ru
  
    6547
    pe, de Tchaadaïev à Tolstoï    Russie de l’époque 
    
de

     Kiev, occidentale. Russie de la Horde d’Or, asiatique. Russie moscovi
  
    6548
    des Tartares, et se considérant, selon les termes 
    
de

     la lettre du moine Philotée à Ivan III, comme « la Troisième Rome » p
  
    6549
    tique que Byzance, si l’on en croit la prétention 
    
d’

    Ivan le Terrible à détenir non seulement le pouvoir politique, mais le
  
    6550
    n seulement le pouvoir politique, mais le pouvoir 
    
de

     sauver les âmes. Enfin Russie de Pierre le Grand, ouverte de force à 
  
    6551
    es âmes. Enfin Russie de Pierre le Grand, ouverte 
    
de

     force à l’Europe par son maître. Les encyclopédistes français y domin
  
    6552
    is y dominent par correspondance pendant le règne 
    
de

     la Grande Catherine. Dès le début du xixe , c’est le tour des philoso
  
    6553
    identalistes.  Les premiers n’ont vu dans l’œuvre 
    
de

     Pierre qu’une transgression des bases de la Russie, une contrainte qu
  
    6554
     l’œuvre de Pierre qu’une transgression des bases 
    
de

     la Russie, une contrainte qui pesa sur son développement et en interr
  
    6555
    autres n’ont pas reconnu le caractère particulier 
    
de

     la Russie, l’ont considérée comme un pays arriéré, en face de ce type
  
    6556
    cidental qui représentait pour eux le type unique 
    
de

     culture et de civilisation.230   La Russie d’Alexandre, puis de Nicol
  
    6557
    eprésentait pour eux le type unique de culture et 
    
de

     civilisation.230   La Russie d’Alexandre, puis de Nicolas Ier, au sor
  
    6558
    de civilisation.230   La Russie d’Alexandre, puis 
    
de

     Nicolas Ier, au sortir des guerres napoléoniennes, est encore en plei
  
    6559
    intelligentzia, comme on va la nommer, se nourrit 
    
de

     Saint-Simon, de Fourier, et de la philosophie des romantiques alleman
  
    6560
    comme on va la nommer, se nourrit de Saint-Simon, 
    
de

     Fourier, et de la philosophie des romantiques allemands. Le grand pro
  
    6561
    nommer, se nourrit de Saint-Simon, de Fourier, et 
    
de

     la philosophie des romantiques allemands. Le grand problème qu’elle s
  
    6562
     problème qu’elle se pose est celui des relations 
    
de

     la Russie et de l’Europe. La première réponse importante sera donnée 
  
    6563
    e se pose est celui des relations de la Russie et 
    
de

     l’Europe. La première réponse importante sera donnée par un occidenta
  
    6564
    u. Pierre Tchaadaïev (1790-1856), ancien officier 
    
de

     la Garde, disciple de Maistre, de Bonald et de Schelling, publie en 1
  
    6565
    ancien officier de la Garde, disciple de Maistre, 
    
de

     Bonald et de Schelling, publie en 1836, dans une revue de Moscou, sa 
  
    6566
    er de la Garde, disciple de Maistre, de Bonald et 
    
de

     Schelling, publie en 1836, dans une revue de Moscou, sa première Lett
  
    6567
    d et de Schelling, publie en 1836, dans une revue 
    
de

     Moscou, sa première Lettre philosophique (traduite du français en rus
  
    6568
    t en germe dans ces Lettres : « Il nie l’histoire 
    
de

     son pays, écrit Berdiaev, et sa négation est précisément le type de l
  
    6569
     Berdiaev, et sa négation est précisément le type 
    
de

     la négation russe. » Il veut que la Russie s’européanise, et il affir
  
    6570
    t il affirme que le peuple russe est seul capable 
    
de

     résoudre les problèmes spirituels et sociaux de l’Occident. Le tsar l
  
    6571
    e de résoudre les problèmes spirituels et sociaux 
    
de

     l’Occident. Le tsar l’ayant fait déclarer fou, il publie L’Apologie d
  
    6572
    r l’ayant fait déclarer fou, il publie L’Apologie 
    
d’

    un fou, où il réitère sa condamnation du passé russe mais sa foi dans 
  
    6573
    ue du peuple russe. Voici la définition lumineuse 
    
de

     l’Europe qu’il oppose aux ténèbres fécondes de la Russie231 :  Les pe
  
    6574
    se de l’Europe qu’il oppose aux ténèbres fécondes 
    
de

     la Russie231 :  Les peuples de l’Europe ont une physionomie commune, 
  
    6575
     ténèbres fécondes de la Russie231 :  Les peuples 
    
de

     l’Europe ont une physionomie commune, un air de famille. Malgré la di
  
    6576
    s de l’Europe ont une physionomie commune, un air 
    
de

     famille. Malgré la division générale de ces peuples en branche latine
  
    6577
    e, un air de famille. Malgré la division générale 
    
de

     ces peuples en branche latine et teutonique, en Méridionaux et Septen
  
    6578
     droit public. Outre ce caractère général, chacun 
    
de

     ces peuples a un caractère particulier, mais tout cela n’est que de l
  
    6579
    n caractère particulier, mais tout cela n’est que 
    
de

     l’Histoire et de la tradition. Cela fait le patrimoine héréditaire d’
  
    6580
    culier, mais tout cela n’est que de l’Histoire et 
    
de

     la tradition. Cela fait le patrimoine héréditaire d’idées de ces peup
  
    6581
    la tradition. Cela fait le patrimoine héréditaire 
    
d’

    idées de ces peuples. Chaque individu y jouit de son usufruit, amasse 
  
    6582
    tion. Cela fait le patrimoine héréditaire d’idées 
    
de

     ces peuples. Chaque individu y jouit de son usufruit, amasse dans la 
  
    6583
    e d’idées de ces peuples. Chaque individu y jouit 
    
de

     son usufruit, amasse dans la vie, sans fatigue, sans travail, ces not
  
    6584
     pouvons recueillir ainsi dans le simple commerce 
    
d’

    idées élémentaires, pour nous en servir tant bien que mal à nous dirig
  
    6585
    dans la vie ? Et remarquez qu’il ne s’agit ici ni 
    
d’

    étude ni de lecture, de rien de littéraire ou de scientifique, mais si
  
    6586
     ? Et remarquez qu’il ne s’agit ici ni d’étude ni 
    
de

     lecture, de rien de littéraire ou de scientifique, mais simplement du
  
    6587
    uez qu’il ne s’agit ici ni d’étude ni de lecture, 
    
de

     rien de littéraire ou de scientifique, mais simplement du contact des
  
    6588
    l ne s’agit ici ni d’étude ni de lecture, de rien 
    
de

     littéraire ou de scientifique, mais simplement du contact des intelli
  
    6589
    i d’étude ni de lecture, de rien de littéraire ou 
    
de

     scientifique, mais simplement du contact des intelligences ; de ces i
  
    6590
    e, mais simplement du contact des intelligences ; 
    
de

     ces idées qui s’emparent de l’enfant au berceau, qui l’environnent au
  
    6591
    t des intelligences ; de ces idées qui s’emparent 
    
de

     l’enfant au berceau, qui l’environnent au milieu de ses jeux, que sa 
  
    6592
    ui souffle dans ses caresses ; qui, sous la forme 
    
de

     sentiments divers, pénètrent dans la moelle de ses os avec l’air qu’i
  
    6593
    me de sentiments divers, pénètrent dans la moelle 
    
de

     ses os avec l’air qu’il respire, et qui ont déjà fait son être moral 
  
    6594
    avoir qu’elles sont ces idées ? Ce sont les idées 
    
de

     devoir, de justice, de droit, d’ordre. Elles dérivent des événements 
  
    6595
    les sont ces idées ? Ce sont les idées de devoir, 
    
de

     justice, de droit, d’ordre. Elles dérivent des événements mêmes qui y
  
    6596
     idées ? Ce sont les idées de devoir, de justice, 
    
de

     droit, d’ordre. Elles dérivent des événements mêmes qui y ont constit
  
    6597
    e sont les idées de devoir, de justice, de droit, 
    
d’

    ordre. Elles dérivent des événements mêmes qui y ont constitué la soci
  
    6598
    lles sont des éléments intégrants du monde social 
    
de

     ces pays. C’est l’atmosphère de l’Occident ; c’est plus que de l’hist
  
    6599
    s du monde social de ces pays. C’est l’atmosphère 
    
de

     l’Occident ; c’est plus que de l’histoire, c’est plus que de la psych
  
    6600
    C’est l’atmosphère de l’Occident ; c’est plus que 
    
de

     l’histoire, c’est plus que de la psychologie, c’est la physiologie de
  
    6601
    nt ; c’est plus que de l’histoire, c’est plus que 
    
de

     la psychologie, c’est la physiologie de l’homme de l’Europe. Qu’avez-
  
    6602
     plus que de la psychologie, c’est la physiologie 
    
de

     l’homme de l’Europe. Qu’avez-vous à mettre à la place de cela chez no
  
    6603
    e la psychologie, c’est la physiologie de l’homme 
    
de

     l’Europe. Qu’avez-vous à mettre à la place de cela chez nous ? Toutes
  
    6604
    à la place de cela chez nous ? Toutes les nations 
    
de

     l’Europe se tenaient par la main en avançant dans les siècles. Quelqu
  
    6605
    ur la même route. Pour concevoir le développement 
    
de

     famille de ces peuples, il n’est pas besoin d’étudier l’histoire. Lis
  
    6606
    route. Pour concevoir le développement de famille 
    
de

     ces peuples, il n’est pas besoin d’étudier l’histoire. Lisez seulemen
  
    6607
    nt de famille de ces peuples, il n’est pas besoin 
    
d’

    étudier l’histoire. Lisez seulement le Tasse, et voyez-les tous proste
  
    6608
    se, et voyez-les tous prosternés au pied des murs 
    
de

     Jérusalem. Rappelez-vous que, pendant quinze siècles, ils n’ont eu qu
  
    6609
    prême, pour célébrer sa gloire dans le plus grand 
    
de

     ses bienfaits.  Et cependant, Tchaadaïev ne croit pas que la Russie s
  
    6610
    ndant, Tchaadaïev ne croit pas que la Russie soit 
    
d’

    Europe — bien qu’elle soit destinée à sauver l’Europe en adoptant ses 
  
    6611
    destinée à sauver l’Europe en adoptant ses formes 
    
de

     pensée, son sens de la durée, de la continuité, de l’unité… Dans ses 
  
    6612
    Europe en adoptant ses formes de pensée, son sens 
    
de

     la durée, de la continuité, de l’unité… Dans ses Lettres philosophiqu
  
    6613
    ptant ses formes de pensée, son sens de la durée, 
    
de

     la continuité, de l’unité… Dans ses Lettres philosophiques, il repren
  
    6614
    e pensée, son sens de la durée, de la continuité, 
    
de

     l’unité… Dans ses Lettres philosophiques, il reprend l’idée que la Ru
  
    6615
    aines ; nous n’avons en rien contribué au progrès 
    
de

     l’esprit humain, et tout ce qui nous est revenu de ce progrès, nous l
  
    6616
    e l’esprit humain, et tout ce qui nous est revenu 
    
de

     ce progrès, nous l’avons défiguré. Nous ne nous sommes donné la peine
  
    6617
    vons défiguré. Nous ne nous sommes donné la peine 
    
de

     rien imaginer nous-mêmes, et, de tout ce que les autres ont imaginé, 
  
    6618
    s donné la peine de rien imaginer nous-mêmes, et, 
    
de

     tout ce que les autres ont imaginé, nous n’avons emprunté que des app
  
    6619
    ses et le luxe inutile.232   Mais dans une lettre 
    
de

     1835, il pousse cette autocritique jusqu’au point « dialectique » où 
  
    6620
    e se renverse : du désert russe sortira le messie 
    
de

     la culture européenne :  Il ne s’agit donc nullement pour nous de cou
  
    6621
    ropéenne :  Il ne s’agit donc nullement pour nous 
    
de

     courir après les autres ; il s’agit de nous apprécier franchement, de
  
    6622
     pour nous de courir après les autres ; il s’agit 
    
de

     nous apprécier franchement, de nous concevoir tels que nous sommes, d
  
    6623
    autres ; il s’agit de nous apprécier franchement, 
    
de

     nous concevoir tels que nous sommes, de sortir du mensonge, et de nou
  
    6624
    nchement, de nous concevoir tels que nous sommes, 
    
de

     sortir du mensonge, et de nous placer dans la vérité. Après cela, nou
  
    6625
    r tels que nous sommes, de sortir du mensonge, et 
    
de

     nous placer dans la vérité. Après cela, nous avancerons, et nous avan
  
    6626
    avail des siècles qui nous ont précédés. Les gens 
    
de

     l’Europe se méprennent étrangement sur notre compte. Voilà M. Jouffro
  
    6627
    ez-lui donc, je vous prie, quels sont les peuples 
    
de

     l’Asie que nous avons civilisés ? Apparemment les mastodontes et les 
  
    6628
    es mastodontes et les autres populations fossiles 
    
de

     la Sibérie, seules races d’êtres, à ma connaissance, que nous ayons t
  
    6629
     populations fossiles de la Sibérie, seules races 
    
d’

    êtres, à ma connaissance, que nous ayons tirés de l’obscurité, et cela
  
    6630
     d’êtres, à ma connaissance, que nous ayons tirés 
    
de

     l’obscurité, et cela encore grâce aux Pallas et Fischer. Ils s’obstin
  
    6631
    ’obstinent à nous livrer l’Orient ; par une sorte 
    
d’

    instinct de nationalité européenne, ils nous refoulent en Orient pour 
  
    6632
    à nous livrer l’Orient ; par une sorte d’instinct 
    
de

     nationalité européenne, ils nous refoulent en Orient pour ne plus nou
  
    6633
     nous rencontrer en Occident. Ne soyons pas dupes 
    
de

     leur artifice involontaire ; cherchons nous-mêmes à découvrir notre a
  
    6634
     que nous avons à faire. L’Orient est aux maîtres 
    
de

     la mer, cela est évident, nous en sommes beaucoup plus éloignés que l
  
    6635
    ne sommes plus au temps où toutes les révolutions 
    
de

     l’Orient partaient de l’Asie centrale. La nouvelle Charte de la Compa
  
    6636
    s où toutes les révolutions de l’Orient partaient 
    
de

     l’Asie centrale. La nouvelle Charte de la Compagnie des Indes, voilà 
  
    6637
     partaient de l’Asie centrale. La nouvelle Charte 
    
de

     la Compagnie des Indes, voilà désormais le véritable élément civilisa
  
    6638
    voilà désormais le véritable élément civilisateur 
    
de

     l’Asie. C’est l’Europe au contraire, que nous sommes destinés à instr
  
    6639
    nous sommes destinés à instruire sur une infinité 
    
de

     choses qu’elle ne saurait concevoir sans cela. Ne riez pas, vous save
  
    6640
    re force matérielle. Tel sera le résultat logique 
    
de

     notre longue solitude : toujours les grandes choses sont venues du dé
  
    6641
     servira singulièrement à hâter l’accomplissement 
    
de

     nos destinées. Frappée de stupeur et d’épouvante, l’Europe nous a rep
  
    6642
    hâter l’accomplissement de nos destinées. Frappée 
    
de

     stupeur et d’épouvante, l’Europe nous a repoussés avec colère ; la pa
  
    6643
    lissement de nos destinées. Frappée de stupeur et 
    
d’

    épouvante, l’Europe nous a repoussés avec colère ; la page fatale de n
  
    6644
    ope nous a repoussés avec colère ; la page fatale 
    
de

     notre histoire, écrite de la main de Pierre le Grand, est déchirée : 
  
    6645
    colère ; la page fatale de notre histoire, écrite 
    
de

     la main de Pierre le Grand, est déchirée : grâce à Dieu, nous ne somm
  
    6646
     page fatale de notre histoire, écrite de la main 
    
de

     Pierre le Grand, est déchirée : grâce à Dieu, nous ne sommes plus de 
  
    6647
     est déchirée : grâce à Dieu, nous ne sommes plus 
    
de

     l’Europe ; dès ce jour donc notre mission universelle a commencé.  Tc
  
    6648
    t ici tout près des adversaires les plus acharnés 
    
de

     son Apologie d’un fou. Un an plus tard, en 1837, paraît le premier nu
  
    6649
    des adversaires les plus acharnés de son Apologie 
    
d’

    un fou. Un an plus tard, en 1837, paraît le premier numéro de la revue
  
    6650
    n an plus tard, en 1837, paraît le premier numéro 
    
de

     la revue des slavophiles, partisans d’un nationalisme spirituel et cu
  
    6651
    ier numéro de la revue des slavophiles, partisans 
    
d’

    un nationalisme spirituel et culturel, de l’orthodoxie pure et des cou
  
    6652
    artisans d’un nationalisme spirituel et culturel, 
    
de

     l’orthodoxie pure et des coutumes ancestrales de la Russie paysanne, 
  
    6653
     de l’orthodoxie pure et des coutumes ancestrales 
    
de

     la Russie paysanne, telles que le mir, adversaires donc de « l’Europe
  
    6654
    sie paysanne, telles que le mir, adversaires donc 
    
de

     « l’Europe », et cette revue s’intitule Europa ! Par la plume d’Ivan 
  
    6655
    , et cette revue s’intitule Europa ! Par la plume 
    
d’

    Ivan Kireievsky, son principal rédacteur, elle oppose à l’Europe la no
  
    6656
    cipal rédacteur, elle oppose à l’Europe la notion 
    
d’

    enthousiasme, qui serait restée le privilège des Russes et que nos pay
  
    6657
    it restée le privilège des Russes et que nos pays 
    
de

     l’Ouest auraient perdue ; mais cette notion se trouve empruntée à Sch
  
    6658
    rialiste et bourgeoisement satisfaite, la mission 
    
de

     la Russie authentique est d’inverser l’œuvre de Pierre le Grand : le 
  
    6659
    tisfaite, la mission de la Russie authentique est 
    
d’

    inverser l’œuvre de Pierre le Grand : le salut de l’Europe sera russe.
  
    6660
    n de la Russie authentique est d’inverser l’œuvre 
    
de

     Pierre le Grand : le salut de l’Europe sera russe. Pour Kireievsky et
  
    6661
     d’inverser l’œuvre de Pierre le Grand : le salut 
    
de

     l’Europe sera russe. Pour Kireievsky et ses amis, la notion d’hégémon
  
    6662
    era russe. Pour Kireievsky et ses amis, la notion 
    
d’

    hégémonie organisatrice est capitale :  Mais pour que l’unité de l’Eur
  
    6663
    ganisatrice est capitale :  Mais pour que l’unité 
    
de

     l’Europe se constitue organiquement et harmonieusement, il est nécess
  
    6664
    un centre défini, un peuple qui domine les autres 
    
de

     sa supériorité politique et culturelle.  Toutes les grandes nations d
  
    6665
    itique et culturelle.  Toutes les grandes nations 
    
de

     l’Europe ont exercé successivement cette hégémonie. Mais elles sont é
  
    6666
    bien que non européenne ou à cause de cela même — 
    
de

     restaurer l’Europe en la rendant conforme au génie russe ; pourtant, 
  
    6667
     pourtant, cela ne pourra se faire qu’avec l’aide 
    
de

     l’Europe…  … notre nationalité a été jusqu’ici une nationalité barbar
  
    6668
    iliser, l’élever, lui donner la vie et le pouvoir 
    
d’

    évoluer, ne serait possible que par la médiation d’une influence étran
  
    6669
    ’évoluer, ne serait possible que par la médiation 
    
d’

    une influence étrangère ; et comme jusqu’ici toute notre civilisation 
  
    6670
    omme jusqu’ici toute notre civilisation s’inspire 
    
de

     l’étranger ce n’est que de l’étranger que nous pourrons la recevoir j
  
    6671
    civilisation s’inspire de l’étranger ce n’est que 
    
de

     l’étranger que nous pourrons la recevoir jusqu’au moment où nous égal
  
    6672
    cevoir jusqu’au moment où nous égalerons le reste 
    
de

     l’Europe. Alors, quand la civilisation commune de l’Europe coïncidera
  
    6673
    de l’Europe. Alors, quand la civilisation commune 
    
de

     l’Europe coïncidera avec le nôtre propre, naîtra une civilisation vra
  
    6674
    aîtra une civilisation vraiment russe, expression 
    
de

     la vie spirituelle d’une nation instruite, d’une civilisation stable,
  
    6675
     vraiment russe, expression de la vie spirituelle 
    
d’

    une nation instruite, d’une civilisation stable, profonde, vivante et 
  
    6676
    ion de la vie spirituelle d’une nation instruite, 
    
d’

    une civilisation stable, profonde, vivante et pleine de conséquences h
  
    6677
     civilisation stable, profonde, vivante et pleine 
    
de

     conséquences heureuses, pour la Russie et pour l’humanité.  Telles so
  
    6678
    qu’à la fin du siècle. Il faut avouer qu’aux yeux 
    
d’

    un Européen d’aujourd’hui, les thèses communes aux deux écoles (décade
  
    6679
     siècle. Il faut avouer qu’aux yeux d’un Européen 
    
d’

    aujourd’hui, les thèses communes aux deux écoles (décadence européenne
  
    6680
    social), paraissent plus décisives que les points 
    
de

     désaccord (appréciation de la valeur du passé russe, insistance sur l
  
    6681
    cisives que les points de désaccord (appréciation 
    
de

     la valeur du passé russe, insistance sur la religion et ses conséquen
  
    6682
    antin). Nicolas Berdiaev, dans une page étonnante 
    
de

     ses Sources et sens du communisme russe (cité plus haut) donne une de
  
    6683
    isme russe (cité plus haut) donne une description 
    
de

     l’Intelligentzia russe que toute l’histoire récente de la vie soviéti
  
    6684
    Intelligentzia russe que toute l’histoire récente 
    
de

     la vie soviétique illustre et confirme.  Les Russes ont témoigné d’un
  
    6685
    ue illustre et confirme.  Les Russes ont témoigné 
    
d’

    une disposition spéciale à adopter les idées occidentales et à les bra
  
    6686
    sion ou dans l’erreur, mais c’est aussi une sorte 
    
de

     vertu qui témoigne d’un élan religieux total de l’âme. L’intelligentz
  
    6687
     mais c’est aussi une sorte de vertu qui témoigne 
    
d’

    un élan religieux total de l’âme. L’intelligentziste russe applique à 
  
    6688
    e de vertu qui témoigne d’un élan religieux total 
    
de

     l’âme. L’intelligentziste russe applique à la science ces méthodes id
  
    6689
    ient pas ce dogme, et, par exemple, les partisans 
    
de

     Lamarck, étaient en butte à son mépris. Le philosophe le plus importa
  
    6690
    d que Léon Tolstoï (1828-1910), dans le préambule 
    
de

     son pamphlet intitulé « Les Décembristes », ait pu railler l’époque o
  
    6691
    n, mais avec une philosophie russe, et des revues 
    
de

     sens exclusivement russe, développant des principes russes, mais avec
  
    6692
    uropéenne […]. Tout le monde cherchait à déterrer 
    
de

     nouvelles questions et à les résoudre, tout le monde écrivait, lisait
  
    6693
    Russes, comme un seul homme, étaient dans un état 
    
d’

    exaltation indescriptible…  Qui peut dire si Tolstoï se sent plus près
  
    6694
    occidentalistes quand il écrit233 :  Il n’y a pas 
    
de

     raison de croire que les Russes soient nécessairement soumis à la mêm
  
    6695
    istes quand il écrit233 :  Il n’y a pas de raison 
    
de

     croire que les Russes soient nécessairement soumis à la même loi de p
  
    6696
    Russes soient nécessairement soumis à la même loi 
    
de

     progression de la civilisation qui régit les peuples européens, ni qu
  
    6697
    écessairement soumis à la même loi de progression 
    
de

     la civilisation qui régit les peuples européens, ni que cette progres
  
    6698
    non se prolétariser, à l’imitation de l’Europe et 
    
de

     l’Amérique, mais au contraire, il doit résoudre chez lui le problème 
  
    6699
    en slavophile comme Vladimir Soloviev, la mission 
    
de

     la Russie tient tout entière dans la spiritualité de l’orthodoxie, ta
  
    6700
    la Russie tient tout entière dans la spiritualité 
    
de

     l’orthodoxie, tandis que pour le révolutionnaire occidentaliste Alexa
  
    6701
    on et messianisme, mission (divine ou historique) 
    
de

     la Russie, face à l’Europe qui a perdu la vraie religion ou qui manqu
  
    6702
    e l’Orient et l’Occident sur le rôle et la nature 
    
de

     la « civilisation » elle-même ? C’est bien ce que nous suggère un des
  
    6703
    e nous suggère un des plus grands poètes lyriques 
    
de

     la Russie, Fiodor Ivan Tiouttchev (1803-1873) lorsqu’il écrit :  Un b
  
    6704
    73) lorsqu’il écrit :  Un bien grand inconvénient 
    
de

     notre position, c’est cette obligation où nous sommes d’appeler du no
  
    6705
    e position, c’est cette obligation où nous sommes 
    
d’

    appeler du nom d’Europe un fait qui ne devrait jamais s’appeler que pa
  
    6706
     cette obligation où nous sommes d’appeler du nom 
    
d’

    Europe un fait qui ne devrait jamais s’appeler que par son propre nom 
  
    6707
     : Civilisation.     C. Dostoïevski et la mission 
    
de

     la Russie    Toutes ces contradictions, apparentes ou réelles, nous a
  
    6708
    serrés, fiévreuses et exaltées comme les hachures 
    
de

     Van Gogh et tourmentées comme ses nuages, dans les œuvres de Dostoïev
  
    6709
     et tourmentées comme ses nuages, dans les œuvres 
    
de

     Dostoïevski. À la question de savoir si la Russie appartient ou non à
  
    6710
    es, dans les œuvres de Dostoïevski. À la question 
    
de

     savoir si la Russie appartient ou non à l’Europe, personne n’a répond
  
    6711
    ppartient ou non à l’Europe, personne n’a répondu 
    
d’

    une manière à la fois plus abondante, plus sincère, et plus désespérém
  
    6712
    , et plus désespérément ambiguë. Il ne manque pas 
    
d’

    Européens de nos jours pour protester contre une prétendue « exclusion
  
    6713
    sespérément ambiguë. Il ne manque pas d’Européens 
    
de

     nos jours pour protester contre une prétendue « exclusion de la Russi
  
    6714
    s pour protester contre une prétendue « exclusion 
    
de

     la Russie » dont les conseils européens, non pas Staline, seraient re
  
    6715
    ïevski ne ferait-il pas partie du trésor culturel 
    
de

     l’Europe ? Voyons ce que lui-même en a dit. Fiodor Michaïlovitch Dost
  
    6716
     (1821-1881) se mit à publier en 1876 son Journal 
    
d’

    un écrivain, gazette mensuelle dont il était le seul rédacteur. Des pa
  
    6717
    n voici quelques brefs extraits. L’idée constante 
    
de

     Dostoïevski est celle de la mission de l’orthodoxie, en laquelle seul
  
    6718
    traits. L’idée constante de Dostoïevski est celle 
    
de

     la mission de l’orthodoxie, en laquelle seule  …la face divine du Chr
  
    6719
     constante de Dostoïevski est celle de la mission 
    
de

     l’orthodoxie, en laquelle seule  …la face divine du Christ s’est cons
  
    6720
    te image divine afin, lorsque le temps sera venu, 
    
de

     la révéler à un monde qui a perdu sa voie…  Ce « monde » est en réali
  
    6721
     l’Europe n’a été aussi travaillée, et par autant 
    
d’

    éléments hostiles qu’à notre époque. On dirait que tout est sapé, miné
  
    6722
    ue l’Europe frappera à notre porte et nous criera 
    
de

     venir la sauver quand viendra l’heure dernière et que l’ordre des cho
  
    6723
    ans quelque droit, elle l’exigera, nous ordonnant 
    
de

     la lui accorder ; elle nous dira que nous faisons partie d’elle-même,
  
    6724
    accorder ; elle nous dira que nous faisons partie 
    
d’

    elle-même, que par conséquent le même ordre de choses se retrouve chez
  
    6725
    tie d’elle-même, que par conséquent le même ordre 
    
de

     choses se retrouve chez nous comme chez elle, que ce n’est pas en vai
  
    6726
    nts ans nous l’avons imitée et nous sommes vantés 
    
d’

    être des Européens, donc en la sauvant nous nous sauverons nous-mêmes…
  
    6727
     quel point nous avons toujours été dissemblables 
    
de

     l’Europe, en dépit de notre désir deux fois séculaire d’appartenir à 
  
    6728
    rope, en dépit de notre désir deux fois séculaire 
    
d’

    appartenir à l’Europe, désir et rêve qui nous ont poussés à des actes 
  
    6729
    prendrons certainement pas ce que l’Europe attend 
    
de

     nous, ce qu’elle nous demande, et en quoi nous pourrions alors lui êt
  
    6730
    us pas, au contraire, mettre à la raison l’ennemi 
    
de

     l’Europe et de son ordre par le même « fer et feu » que le prince de 
  
    6731
    raire, mettre à la raison l’ennemi de l’Europe et 
    
de

     son ordre par le même « fer et feu » que le prince de Bismarck ? C’es
  
    6732
    ploit, que nous pourrons hardiment nous féliciter 
    
d’

    être tout à fait des Européens !235   Dostoïevski pense d’ailleurs que
  
    6733
    nse d’ailleurs que la Russie, tout en n’étant pas 
    
d’

    Europe sera bientôt la plus forte nation d’Europe :  Dans le numéro de
  
    6734
    nt pas d’Europe sera bientôt la plus forte nation 
    
d’

    Europe :  Dans le numéro de mars de mon Journal, je me suis laissé all
  
    6735
    t la plus forte nation d’Europe :  Dans le numéro 
    
de

     mars de mon Journal, je me suis laissé aller à quelques rêveries sur 
  
    6736
    s forte nation d’Europe :  Dans le numéro de mars 
    
de

     mon Journal, je me suis laissé aller à quelques rêveries sur l’avenir
  
    6737
    uis laissé aller à quelques rêveries sur l’avenir 
    
de

     l’Europe. Mais ce n’est plus une rêverie, c’est presque une certitude
  
    6738
    tôt la Russie sera peut-être la plus forte nation 
    
de

     l’Europe. Cela résultera du fait que toutes les grandes puissances en
  
    6739
    faiblies et sapées par les efforts mal satisfaits 
    
de

     leur démocratie, par la proportion trop considérable des éléments app
  
    6740
    ge à cela, par une commune disposition, ou mieux, 
    
d’

    un commun accord. Il ne restera donc qu’un seul colosse sur le contine
  
    6741
    ira-t-il encore plus tôt qu’on ne pense. L’avenir 
    
de

     l’Europe appartient à la Russie…236   Ses affirmations réitérées (dan
  
    6742
    l’Europe, leur « seconde patrie », n’ont en somme 
    
d’

    autre effet que de mieux souligner la dualité existante et que certain
  
    6743
    econde patrie », n’ont en somme d’autre effet que 
    
de

     mieux souligner la dualité existante et que certains Européens s’obst
  
    6744
    nt ceux-ci ne pas s’en offusquer ! Il est inutile 
    
de

     protester contre un fait semblable. La plus haute parmi les hautes mi
  
    6745
     sentons devoir un jour assumer, c’est la mission 
    
de

     grouper l’humanité en un seul faisceau, car nous, ce n’est pas seulem
  
    6746
    re chair et à notre sang… La Convention française 
    
de

     1793, tout en décernant un brevet de citoyen au poète allemand Schill
  
    6747
    on française de 1793, tout en décernant un brevet 
    
de

     citoyen au poète allemand Schiller, l’ami de l’humanité, et bien qu’e
  
    6748
    evet de citoyen au poète allemand Schiller, l’ami 
    
de

     l’humanité, et bien qu’elle ait fait par là un beau geste, voire un g
  
    6749
    upçonnait certainement pas qu’à l’autre extrémité 
    
de

     l’Europe, dans la Moscovie inculte, ce même Schiller était bien plus 
  
    6750
     aux Russes barbares non seulement qu’à la France 
    
de

     ce temps-là, mais à celle de tout le xixe  siècle, où Schiller, citoy
  
    6751
    ement qu’à la France de ce temps-là, mais à celle 
    
de

     tout le xixe  siècle, où Schiller, citoyen français et ami de l’human
  
    6752
    ixe  siècle, où Schiller, citoyen français et ami 
    
de

     l’humanité, n’a jamais été connu que des professeurs de littérature, 
  
    6753
    umanité, n’a jamais été connu que des professeurs 
    
de

     littérature, et encore pas de tous, et très partiellement. Or, Schill
  
    6754
    que des professeurs de littérature, et encore pas 
    
de

     tous, et très partiellement. Or, Schiller s’est incorporé à l’âme rus
  
    6755
    , il a presque marqué une période dans l’histoire 
    
de

     notre civilisation. Cette façon à nous de considérer la littérature u
  
    6756
    istoire de notre civilisation. Cette façon à nous 
    
de

     considérer la littérature universelle est un phénomène à peu près san
  
    6757
    ale, manifester une force active, ne peut manquer 
    
de

     devenir aussitôt un poète russe, ne peut échapper à la pensée russe, 
  
    6758
     peut échapper à la pensée russe, ne peut manquer 
    
d’

    être presque une force russe […]237    Non, la Russie ne sera jamais d
  
    6759
    rce russe […]237    Non, la Russie ne sera jamais 
    
d’

    Europe … à moins que l’Europe ne devienne russe. Et le ton monte :  La
  
    6760
    e. Et le ton monte :  La Russie est quelque chose 
    
de

     tout à fait à part, ne ressemblant en rien à l’Europe, et doué de sa 
  
    6761
     part, ne ressemblant en rien à l’Europe, et doué 
    
de

     sa vie propre. L’Europe a peut-être grand tort de se moquer des Russe
  
    6762
    de sa vie propre. L’Europe a peut-être grand tort 
    
de

     se moquer des Russes en les qualifiant de révolutionnaires : car nous
  
    6763
    nd tort de se moquer des Russes en les qualifiant 
    
de

     révolutionnaires : car nous sommes des révolutionnaires non seulement
  
    6764
     pas moins invincibles, justement grâce à l’unité 
    
de

     notre esprit national et de notre conscience nationale. Nous ne somme
  
    6765
    ement grâce à l’unité de notre esprit national et 
    
de

     notre conscience nationale. Nous ne sommes pas la France qui est tout
  
    6766
     pas l’Europe qui tout entière dépend des Bourses 
    
de

     sa bourgeoisie et de la tranquillité de ses prolétaires, tranquillité
  
    6767
    t entière dépend des Bourses de sa bourgeoisie et 
    
de

     la tranquillité de ses prolétaires, tranquillité que les gouvernement
  
    6768
    s Bourses de sa bourgeoisie et de la tranquillité 
    
de

     ses prolétaires, tranquillité que les gouvernements de là-bas s’effor
  
    6769
    s prolétaires, tranquillité que les gouvernements 
    
de

     là-bas s’efforcent d’acheter et qu’ils obtiennent tout au plus pour u
  
    6770
    llité que les gouvernements de là-bas s’efforcent 
    
d’

    acheter et qu’ils obtiennent tout au plus pour un laps de temps… Tiron
  
    6771
    er et qu’ils obtiennent tout au plus pour un laps 
    
de

     temps… Tirons l’épée, s’il le faut, au nom des malheureux persécutés,
  
    6772
    roirons que plus fortement à la véritable mission 
    
de

     la Russie, à sa puissance et à sa vérité : se sacrifier pour ceux qui
  
    6773
    rimés et abandonnés au nom des prétendus intérêts 
    
de

     la civilisation. Il faut que les organes politiques reconnaissent la 
  
    6774
     quelque fart, que tout au moins une nation serve 
    
de

     flambeau. Qu’adviendrait-il sans cela ?239   Au nom de la véritable r
  
    6775
    rer et libérer par la sainte Russie, sous peine « 
    
de

     sombrer dans le cynisme » et d’y trouver leur fin, « vers laquelle il
  
    6776
    sie, sous peine « de sombrer dans le cynisme » et 
    
d’

    y trouver leur fin, « vers laquelle il semble bien qu’ils s’acheminent
  
    6777
     idées » — ou plutôt prophéties — mais les expose 
    
d’

    une manière moins haletante, et sur un ton plus ample et nostalgique :
  
    6778
    blait contradiction dans ses articles devient jeu 
    
de

     symboles poétiques. Un même « rêve de l’Europe » le hante, qu’il fait
  
    6779
    devient jeu de symboles poétiques. Un même « rêve 
    
de

     l’Europe » le hante, qu’il fait rêver successivement au Stavroguine d
  
    6780
    de L’Adolescent, et à l’homme ridicule du Journal 
    
d’

    un écrivain. Nous en donnons ici la version tirée de L’Adolescent 240,
  
    6781
    un écrivain. Nous en donnons ici la version tirée 
    
de

     L’Adolescent 240, la plus complète et la plus belle. Le soleil coucha
  
    6782
    e et la plus belle. Le soleil couchant du tableau 
    
de

     Claude Lorrain, après avoir illuminé L’Âge d’Or de l’humanité europée
  
    6783
    eau de Claude Lorrain, après avoir illuminé L’Âge 
    
d’

    Or de l’humanité européenne devient soudain, mêlé aux flammes des Tuil
  
    6784
    e Claude Lorrain, après avoir illuminé L’Âge d’Or 
    
de

     l’humanité européenne devient soudain, mêlé aux flammes des Tuileries
  
    6785
    ammes des Tuileries, l’éclairage du Grand Soir et 
    
de

     la fin de l’Europe.  Je n’oublierai jamais mes premiers instants d’Eu
  
    6786
    Tuileries, l’éclairage du Grand Soir et de la fin 
    
de

     l’Europe.  Je n’oublierai jamais mes premiers instants d’Europe… Je t
  
    6787
    ope.  Je n’oublierai jamais mes premiers instants 
    
d’

    Europe… Je te raconterai une de mes premières impressions d’alors, un 
  
    6788
     premiers instants d’Europe… Je te raconterai une 
    
de

     mes premières impressions d’alors, un songe que j’ai eu, un véritable
  
    6789
    Je te raconterai une de mes premières impressions 
    
d’

    alors, un songe que j’ai eu, un véritable songe. Il y a à Dresde, au M
  
    6790
    able songe. Il y a à Dresde, au Musée, un tableau 
    
de

     Claude Lorrain que le catalogue intitule L’âge d’or, j’ignore d’aille
  
    6791
    de Claude Lorrain que le catalogue intitule L’âge 
    
d’

    or, j’ignore d’ailleurs pourquoi… Je l’avais remarqué en passant. Je v
  
    6792
    que je vis ainsi ; comme dans le tableau, un coin 
    
de

     l’Archipel, il y a plus de trois-mille ans ; des vagues bleues et car
  
    6793
    ns le tableau, un coin de l’Archipel, il y a plus 
    
de

     trois-mille ans ; des vagues bleues et caressantes, des îles et des r
  
    6794
    dans le lointain un panorama féerique, un coucher 
    
de

     soleil séducteur… impossible de rendre cela en paroles. C’est l’human
  
    6795
    rique, un coucher de soleil séducteur… impossible 
    
de

     rendre cela en paroles. C’est l’humanité européenne qui se rappelle s
  
    6796
     rappelle son berceau : cette idée emplit mon âme 
    
d’

    un amour filial. C’était là le paradis terrestre de l’humanité : les d
  
    6797
    ’un amour filial. C’était là le paradis terrestre 
    
de

     l’humanité : les dieux descendus du ciel et s’apparentant aux hommes…
  
    6798
    nnocents ; les prés et les bocages s’emplissaient 
    
de

     leurs chants et de leurs cris joyeux ; un immense surplus d’énergies 
  
    6799
     et les bocages s’emplissaient de leurs chants et 
    
de

     leurs cris joyeux ; un immense surplus d’énergies vierges se répandai
  
    6800
    ants et de leurs cris joyeux ; un immense surplus 
    
d’

    énergies vierges se répandait en amour et en joies naïves. Le soleil l
  
    6801
     amour et en joies naïves. Le soleil les inondait 
    
de

     chaleur et de lumière, en admirant ces merveilleux enfants… Songe mer
  
    6802
    oies naïves. Le soleil les inondait de chaleur et 
    
de

     lumière, en admirant ces merveilleux enfants… Songe merveilleux, subl
  
    6803
    ux enfants… Songe merveilleux, sublime aberration 
    
de

     l’humanité ! L’âge d’or est le rêve le plus invraisemblable de tous c
  
    6804
    eilleux, sublime aberration de l’humanité ! L’âge 
    
d’

    or est le rêve le plus invraisemblable de tous ceux qui ont jamais été
  
    6805
     ! L’âge d’or est le rêve le plus invraisemblable 
    
de

     tous ceux qui ont jamais été, mais pour lui des hommes ont donné tout
  
    6806
    éveillai et ouvris les yeux, littéralement baigné 
    
de

     larmes. J’étais heureux, je m’en souviens. Une sensation de bonheur e
  
    6807
     J’étais heureux, je m’en souviens. Une sensation 
    
de

     bonheur encore inéprouvé traversa mon cœur, jusqu’à la douleur ; c’ét
  
    6808
    a mon cœur, jusqu’à la douleur ; c’était un amour 
    
de

     toute l’humanité. C’était maintenant tout à fait le soir ; à travers 
  
    6809
    re des fleurs placées sur la fenêtre, un faisceau 
    
de

     rayons obliques frappait la vitre de ma petite chambrette et m’inonda
  
    6810
     un faisceau de rayons obliques frappait la vitre 
    
de

     ma petite chambrette et m’inondait de lumière. Eh bien, mon ami, eh b
  
    6811
    it la vitre de ma petite chambrette et m’inondait 
    
de

     lumière. Eh bien, mon ami, eh bien ! ce soleil couchant du premier jo
  
    6812
    ami, eh bien ! ce soleil couchant du premier jour 
    
de

     l’humanité européenne, que je voyais dans mon songe, se transforma to
  
    6813
    n une réalité, en soleil couchant du dernier jour 
    
de

     l’humanité européenne ! À ce moment surtout on entendait tinter sur l
  
    6814
     surtout on entendait tinter sur l’Europe un glas 
    
d’

    enterrement. Je ne veux pas parler seulement de la guerre, ni des Tuil
  
    6815
    as d’enterrement. Je ne veux pas parler seulement 
    
de

     la guerre, ni des Tuileries ; je savais sans cela que tout passerait,
  
    6816
    e pouvais pas l’admettre. Oui, ils venaient alors 
    
de

     brûler les Tuileries… Oh ! sois tranquille, je sais que c’était « log
  
    6817
    ». Et je comprends bien la puissance irrésistible 
    
de

     l’idée courante, mais, comme représentant de la haute pensée russe, j
  
    6818
    ible de l’idée courante, mais, comme représentant 
    
de

     la haute pensée russe, je ne pouvais l’admettre, car la haute pensée 
  
    6819
     entier : j’étais seul et errant. Je ne parle pas 
    
de

     moi personnellement, mais de la pensée russe. Là-bas, il y avait comb
  
    6820
    ant. Je ne parle pas de moi personnellement, mais 
    
de

     la pensée russe. Là-bas, il y avait combat et logique ; là-bas le Fra
  
    6821
    ar conséquent, jamais le Français n’a fait autant 
    
de

     mal à la France, ni l’Allemand à son Allemagne qu’à cette époque-là !
  
    6822
    J’émigrai, poursuivit-il, et je ne regrettai rien 
    
de

     ce que je laissais derrière moi. Tout ce que j’avais de forces, je l’
  
    6823
    que je laissais derrière moi. Tout ce que j’avais 
    
de

     forces, je l’avais mis au service de la Russie tant que j’y avais véc
  
    6824
     que j’avais de forces, je l’avais mis au service 
    
de

     la Russie tant que j’y avais vécu ; une fois parti, je continuai à la
  
    6825
    avais été tout bonnement Russe, comme le Français 
    
d’

    alors n’était que Français, et l’Allemand qu’Allemand. En Europe, on n
  
    6826
    as. L’Europe a créé les nobles types du Français, 
    
de

     l’Anglais, de l’Allemand, mais de son homme futur elle ne sait encore
  
    6827
     créé les nobles types du Français, de l’Anglais, 
    
de

     l’Allemand, mais de son homme futur elle ne sait encore à peu près ri
  
    6828
    es du Français, de l’Anglais, de l’Allemand, mais 
    
de

     son homme futur elle ne sait encore à peu près rien. Et je crois bien
  
    6829
    it été dressé le bilan général, a reçu la faculté 
    
d’

    être le plus russe précisément lorsqu’il est le plus européen. C’est l
  
    6830
    ion nationale la plus essentielle qui nous sépare 
    
de

     tous les autres, et, à cet égard, nous ne sommes comme personne […] O
  
    6831
    i, c’est un fait remarquable que, voici déjà près 
    
d’

    un siècle, la Russie ne vit décidément plus pour elle-même, mais uniqu
  
    6832
    ent pour l’Europe ! Quant à eux, ils sont voués à 
    
de

     terribles souffrances, avant d’atteindre au Royaume de Dieu.   Finis 
  
    6833
     ils sont voués à de terribles souffrances, avant 
    
d’

    atteindre au Royaume de Dieu.   Finis Europæ… Dans les Frères Karamazo
  
    6834
    rribles souffrances, avant d’atteindre au Royaume 
    
de

     Dieu.   Finis Europæ… Dans les Frères Karamazov, Ivan parle en ces te
  
    6835
    ns les Frères Karamazov, Ivan parle en ces termes 
    
de

     son prochain départ pour l’Europe :  Je sais bien que je vais dans un
  
    6836
    e vais dans un cimetière, mais c’est le plus cher 
    
de

     tous les cimetières…  Tout proche des Russes par la passion spirituel
  
    6837
    6) appartient à son siècle comme l’œil à la tombe 
    
de

     Caïn. C’est notre temps qui l’a compris. Où le classer ? Tout l’exist
  
    6838
    istentialisme vient de lui, et c’est le contraire 
    
d’

    un système. Plaçons-le entre deux chapitres, comme il eût souhaité, lu
  
    6839
     « Le Solitaire » :  Toute l’Europe, avec la hâte 
    
d’

    une passion croissante, se perd dans des problèmes mondains qui ne sau
  
    6840
    les hommes — est apparu, il est devenu impossible 
    
d’

    avancer d’un pas vers la solution du problème de l’égalité de l’homme 
  
    6841
     — est apparu, il est devenu impossible d’avancer 
    
d’

    un pas vers la solution du problème de l’égalité de l’homme avec l’hom
  
    6842
    e d’avancer d’un pas vers la solution du problème 
    
de

     l’égalité de l’homme avec l’homme, selon ce monde dont l’essence est 
  
    6843
    ’un pas vers la solution du problème de l’égalité 
    
de

     l’homme avec l’homme, selon ce monde dont l’essence est la diversité 
  
    6844
     barrée pour toujours ; et cette frontière se rit 
    
de

     tous les efforts humains, se rit de la mesquinerie du temporel face a
  
    6845
    ntière se rit de tous les efforts humains, se rit 
    
de

     la mesquinerie du temporel face au droit suprême et seigneurial de l’
  
    6846
     du temporel face au droit suprême et seigneurial 
    
de

     l’éternel, lorsque le temporel prétend expliquer à la manière du mond
  
    6847
    res et bombardements soient nécessaires, item que 
    
de

     nombreux ministres perdent la raison… Mais nul ne peut savoir combien
  
    6848
    erdent la raison… Mais nul ne peut savoir combien 
    
de

     temps l’on passera dans la pure convulsivité.242      219. Cattaneo :
  
    6849
     Danger russe et l’Europe ».  222. La Russie est, 
    
de

     toutes les nations de l’Ancien Monde, celle dont la population augmen
  
    6850
    ope ».  222. La Russie est, de toutes les nations 
    
de

     l’Ancien Monde, celle dont la population augmente le plus rapidement,
  
    6851
    mente le plus rapidement, proportion gardée (Note 
    
de

     Tocqueville).  223. Alexis de Tocqueville : Œuvres complètes, Édition
  
    6852
    tes, Édition définitive publiée sous la direction 
    
de

     J.-P. Mayer, tome I, i : De la Démocratie en Amérique, pages 430-431.
  
    6853
    iée sous la direction de J.-P. Mayer, tome I, i : 
    
De

     la Démocratie en Amérique, pages 430-431. Éd. Gallimard, Paris.  224.
  
    6854
    7.  K. Marx, articles du New York Herald Tribune, 
    
de

     1853 à 1856, publiés en 1897 sous le titre « The Eastern Question ». 
  
    6855
    ions Gallimard.  231.  Lettres sur la Philosophie 
    
de

     l’Histoire, éd. Gerchenson, Moscou 1913, p. 81-88.  232.  op. cit., p
  
    6856
     Russie face à l’Occident, suite tirée du Journal 
    
d’

    un écrivain, par André Chédel, Lausanne, 1945.  235.  Journal d’un écr
  
    6857
     par André Chédel, Lausanne, 1945.  235.  Journal 
    
d’

    un écrivain, ch. I, mars 1876.  236.  Journal d’un écrivain, II, avril
  
    6858
    l d’un écrivain, ch. I, mars 1876.  236.  Journal 
    
d’

    un écrivain, II, avril 1876.  237.  Ibid., 1er juin 1876.  238.  Ibid.
  
    6859
     239.  Ibid., février 1877.  240. Trad. française 
    
de

     Pierre Pascal, Paris 1934.  241. Cf. Dimitri Merejkowsky, dans son Rè
  
    6860
    34.  241. Cf. Dimitri Merejkowsky, dans son Règne 
    
de

     l’Antéchrist, Paris 1921 : « Les Européens, en Europe, sont Anglais, 
  
    6861
    sie et l’Europe. » Rousseau, dans le Gouvernement 
    
de

     la Pologne, déplorait au contraire qu’il n’y eut plus en Europe que d

23 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Cinquième Partie. L’Ère des nations,  (de 1848 à 1914) — 4. De l’historisme au pessimisme
    6862
    emand Léopold von Ranke (1795-1886), un sentiment 
    
d’

    incongruité profond s’empare de l’esprit : ou bien les descriptions de
  
    6863
    886), un sentiment d’incongruité profond s’empare 
    
de

     l’esprit : ou bien les descriptions des Russes sont délirantes et ne 
  
    6864
    e leur propre esprit, ou bien le sobre interprète 
    
de

     l’Europe n’a simplement pas vu les réalités parmi lesquelles il a véc
  
    6865
     réalités parmi lesquelles il a vécu pendant près 
    
d’

    un siècle. Les deux mondes en tout cas ne sont pas contemporains, en d
  
    6866
    demandait lequel est le plus vrai, il serait vain 
    
d’

    espérer aucune réponse sérieuse : les méthodes ne sont pas comparables
  
    6867
    es ne sont pas comparables ici et là, et les fins 
    
d’

    ordres différents. Ranke est en plus d’un sens l’anti-Hegel, par sa vo
  
    6868
    t les fins d’ordres différents. Ranke est en plus 
    
d’

    un sens l’anti-Hegel, par sa volonté d’objectivité, de sobriété spirit
  
    6869
    st en plus d’un sens l’anti-Hegel, par sa volonté 
    
d’

    objectivité, de sobriété spirituelle, de description contrôlée de « ce
  
    6870
     sens l’anti-Hegel, par sa volonté d’objectivité, 
    
de

     sobriété spirituelle, de description contrôlée de « ce qui s’est vrai
  
    6871
    a volonté d’objectivité, de sobriété spirituelle, 
    
de

     description contrôlée de « ce qui s’est vraiment passé », et par son 
  
    6872
    de sobriété spirituelle, de description contrôlée 
    
de

     « ce qui s’est vraiment passé », et par son refus de tout système dia
  
    6873
    « ce qui s’est vraiment passé », et par son refus 
    
de

     tout système dialectique permettant de survoler les faits et dotant l
  
    6874
     son refus de tout système dialectique permettant 
    
de

     survoler les faits et dotant l’évolution d’on ne sait quelle énergie 
  
    6875
    ttant de survoler les faits et dotant l’évolution 
    
d’

    on ne sait quelle énergie intrinsèque : « Chaque génération est immédi
  
    6876
    lui, ne conquiert que par sa « culture » le droit 
    
de

     jouer un rôle actif dans l’histoire mondiale. La primauté appartient 
  
    6877
    « romano-germanique » : Italie — France — Espagne 
    
d’

    un côté, Allemagne — Angleterre — Scandinavie de l’autre. César, par s
  
    6878
    e d’un côté, Allemagne — Angleterre — Scandinavie 
    
de

     l’autre. César, par sa conquête des Gaules a rendu possible cette con
  
    6879
    e cette configuration, dont Charlemagne, « prince 
    
de

     la culture », a créé la première unité. Sous la conduite des papes ro
  
    6880
    s romains et des empereurs germains, la « liaison 
    
de

     l’Europe entière » n’a cessé de se développer et de s’affirmer. Ranke
  
    6881
    ins, la « liaison de l’Europe entière » n’a cessé 
    
de

     se développer et de s’affirmer. Ranke ne croit nullement que le confl
  
    6882
     l’Europe entière » n’a cessé de se développer et 
    
de

     s’affirmer. Ranke ne croit nullement que le conflit de la papauté et 
  
    6883
    affirmer. Ranke ne croit nullement que le conflit 
    
de

     la papauté et de l’Empire, puis du Catholicisme et de la Réforme, aie
  
    6884
    e croit nullement que le conflit de la papauté et 
    
de

     l’Empire, puis du Catholicisme et de la Réforme, aient été des grands
  
    6885
    a papauté et de l’Empire, puis du Catholicisme et 
    
de

     la Réforme, aient été des grands malheurs pour l’Europe, car cette bi
  
    6886
    alheurs pour l’Europe, car cette bipolarité   … a 
    
de

     profondes racines dans la nature même des choses et c’est même grâce 
  
    6887
    s et c’est même grâce à ces conflits que l’esprit 
    
de

     l’Europe a mûri.  Tensions fécondes donc, et non pas déchirements cat
  
    6888
    doivent pas empêcher l’historien fidèle aux faits 
    
de

     constater  … que le complexe des États chrétiens d’Europe doit être c
  
    6889
     constater  … que le complexe des États chrétiens 
    
d’

    Europe doit être considéré comme un ensemble, en quelque sorte comme u
  
    6890
    plus grave que représentent pour l’unité foncière 
    
de

     l’Europe les souverainetés nationales absolues :  Cependant, celui qu
  
    6891
    onales absolues :  Cependant, celui qui s’efforce 
    
de

     ne voir qu’une simple tendance de l’histoire universelle dans cette i
  
    6892
    i qui s’efforce de ne voir qu’une simple tendance 
    
de

     l’histoire universelle dans cette importance de plus en plus grande q
  
    6893
     Ses derniers ouvrages — contemporains du Journal 
    
d’

    un écrivain de Dostoïevski ! — sont à la gloire de la civilisation et 
  
    6894
    ouvrages — contemporains du Journal d’un écrivain 
    
de

     Dostoïevski ! — sont à la gloire de la civilisation et du génie chrét
  
    6895
    d’un écrivain de Dostoïevski ! — sont à la gloire 
    
de

     la civilisation et du génie chrétien de l’Europe, summum bonum de l’h
  
    6896
    la gloire de la civilisation et du génie chrétien 
    
de

     l’Europe, summum bonum de l’humanité.  Élevons notre pensée, non par 
  
    6897
    on et du génie chrétien de l’Europe, summum bonum 
    
de

     l’humanité.  Élevons notre pensée, non par l’imagination, mais par un
  
    6898
    oulement des faits, afin d’avoir une vue générale 
    
de

     l’histoire universelle… Si variés que puissent être nos déchirements 
  
    6899
     Autrefois d’autres nations et d’autres ensembles 
    
de

     peuples furent florissants, qui étaient animés par d’autres principes
  
    6900
    in de nous… L’Empire ottoman est écrasé, traversé 
    
de

     tous côtés par le fait chrétien. Disons-le tout net : par « fait chré
  
    6901
    ignent qu’incomplètement la chose. C’est le génie 
    
de

     l’Occident. C’est l’esprit qui transforme les peuples en armées bien 
  
    6902
     les canaux, s’approprie les mers en les couvrant 
    
de

     flottes, remplit les lointains continents de colonies, sonde les myst
  
    6903
    rant de flottes, remplit les lointains continents 
    
de

     colonies, sonde les mystères de la nature par la recherche scientifiq
  
    6904
    ntains continents de colonies, sonde les mystères 
    
de

     la nature par la recherche scientifique, pénètre dans tous les domain
  
    6905
    par un travail incessant, sans pour autant perdre 
    
de

     vue la vérité éternelle, enfin qui fait régner l’ordre et la loi parm
  
    6906
    re et la loi parmi les hommes malgré la diversité 
    
de

     leurs passions. Cet esprit, nous le voyons accomplir des progrès énor
  
    6907
     conquis l’Amérique, l’enlevant aux forces brutes 
    
de

     la nature et aux peuplades indomptables qui l’habitaient, puis il l’a
  
    6908
     ; par différentes voies il pénètre jusqu’au fond 
    
de

     la lointaine Asie où il n’y a guère que la Chine qui puisse encore lu
  
    6909
    univers spirituel et historique où la prééminence 
    
de

     l’Europe dans la civilisation mondiale ne saurait être mise en questi
  
    6910
    ques illusions rationalistes (ainsi dans L’Avenir 
    
de

     la Science), il a su voir mieux que Ranke le danger du nationalisme p
  
    6911
    u nationalisme pour l’Europe, pour « les intérêts 
    
de

     la raison et de la civilisation ». C’est la guerre de 1870, illustran
  
    6912
    our l’Europe, pour « les intérêts de la raison et 
    
de

     la civilisation ». C’est la guerre de 1870, illustrant les conséquenc
  
    6913
    a raison et de la civilisation ». C’est la guerre 
    
de

     1870, illustrant les conséquences tragiques du nationalisme d’État, q
  
    6914
    strant les conséquences tragiques du nationalisme 
    
d’

    État, qui l’oblige, toutes affaires cessantes, à faire face aux problè
  
    6915
    fait national. À l’idée romantique et herdérienne 
    
d’

    une nation fondée sur la race, la langue, la naissance, le passé, Rena
  
    6916
    ngue, la naissance, le passé, Renan oppose l’idée 
    
d’

    une nation fédérée par le « consentement actuel » des populations et p
  
    6917
    nt actuel » des populations et par leur « volonté 
    
de

     vivre ensemble » en vue d’un avenir commun. Cette analyse capitale po
  
    6918
     et par leur « volonté de vivre ensemble » en vue 
    
d’

    un avenir commun. Cette analyse capitale pour toute l’évolution de l’i
  
    6919
    un. Cette analyse capitale pour toute l’évolution 
    
de

     l’idée européenne dont il formule la thèse en plein drame collectif, 
  
    6920
    ule la thèse en plein drame collectif, il choisit 
    
de

     l’adresser personnellement à l’un de ses pairs dans la science neuve 
  
    6921
    , il choisit de l’adresser personnellement à l’un 
    
de

     ses pairs dans la science neuve des civilisations, le professeur alle
  
    6922
    id Strauss. Sa première lettre est datée du début 
    
de

     la guerre, sa seconde lettre de la fin. L’idée de fédération y surgit
  
    6923
    st datée du début de la guerre, sa seconde lettre 
    
de

     la fin. L’idée de fédération y surgit une fois de plus, comme la solu
  
    6924
    de la guerre, sa seconde lettre de la fin. L’idée 
    
de

     fédération y surgit une fois de plus, comme la solution évidente des 
  
    6925
    me la solution évidente des déchirements absurdes 
    
de

     l’Europe :  La paix ne peut, à ce qu’il semble, être conclue directem
  
    6926
     et l’Allemagne ; elle ne peut être l’ouvrage que 
    
de

     l’Europe, qui a blâmé la guerre et qui doit vouloir qu’aucun des memb
  
    6927
    a guerre et qui doit vouloir qu’aucun des membres 
    
de

     la famille européenne ne soit trop affaibli. Vous parlez à bon droit 
  
    6928
    ne ne soit trop affaibli. Vous parlez à bon droit 
    
de

     garanties contre le retour de rêves malsains ; mais quelle garantie v
  
    6929
     parlez à bon droit de garanties contre le retour 
    
de

     rêves malsains ; mais quelle garantie vaudrait celle de l’Europe, con
  
    6930
    es malsains ; mais quelle garantie vaudrait celle 
    
de

     l’Europe, consacrant de nouveau les frontières actuelles et interdisa
  
    6931
    tières actuelles et interdisant à qui que ce soit 
    
de

     songer à déplacer les bornes fixées par les anciens traités ? Toute a
  
    6932
    se cela, et elle aura posé pour l’avenir le germe 
    
de

     la plus féconde institution, je veux dire d’une autorité centrale, so
  
    6933
    erme de la plus féconde institution, je veux dire 
    
d’

    une autorité centrale, sorte de congrès des États-Unis d’Europe, jugea
  
    6934
    tion, je veux dire d’une autorité centrale, sorte 
    
de

     congrès des États-Unis d’Europe, jugeant les nations, s’imposant à el
  
    6935
    eant le principe des nationalités par le principe 
    
de

     fédération… Le principe de la fédération européenne peut ainsi offrir
  
    6936
    alités par le principe de fédération… Le principe 
    
de

     la fédération européenne peut ainsi offrir une base de médiation semb
  
    6937
     fédération européenne peut ainsi offrir une base 
    
de

     médiation semblable à celle que l’Église offrait au Moyen Âge.245  … 
  
    6938
    les violences du passé. La Lorraine a fait partie 
    
de

     l’empire germanique, sans aucun doute ; mais la Hollande, la Suisse, 
  
    6939
    squ’à Bénévent, et en remontant au-delà du traité 
    
de

     Verdun, la France entière, en y comprenant même la Catalogne, en ont 
  
    6940
    artie. L’Alsace est maintenant un pays germanique 
    
de

     langue et de race ; mais, avant d’être envahie par la race germanique
  
    6941
    ce est maintenant un pays germanique de langue et 
    
de

     race ; mais, avant d’être envahie par la race germanique, l’Alsace ét
  
    6942
    ays germanique de langue et de race ; mais, avant 
    
d’

    être envahie par la race germanique, l’Alsace était un pays celtique, 
  
    6943
    lsace était un pays celtique, ainsi qu’une partie 
    
de

     l’Allemagne du Sud. Nous ne concluons pas de là que l’Allemagne du Su
  
    6944
    rtie de l’Allemagne du Sud. Nous ne concluons pas 
    
de

     là que l’Allemagne du Sud doive être française ; mais qu’on ne vienne
  
    6945
    terait. Presque partout où les patriotes fougueux 
    
de

     l’Allemagne réclament un droit germanique, nous pourrions réclamer un
  
    6946
     y eut les orangs-outangs. Avec cette philosophie 
    
de

     l’histoire, il n’y aura de légitime dans le monde que le droit des or
  
    6947
    Avec cette philosophie de l’histoire, il n’y aura 
    
de

     légitime dans le monde que le droit des orangs-outangs, injustement d
  
    6948
    telles que les a faites l’histoire sont les pairs 
    
d’

    un grand sénat où chaque membre est inviolable. L’Europe est une confé
  
    6949
    re est inviolable. L’Europe est une confédération 
    
d’

    États réunis par l’idée commune de la civilisation. L’individualité de
  
    6950
    e confédération d’États réunis par l’idée commune 
    
de

     la civilisation. L’individualité de chaque nation est constituée sans
  
    6951
    ’idée commune de la civilisation. L’individualité 
    
de

     chaque nation est constituée sans doute par la race, la langue, l’his
  
    6952
    stoire, la religion, mais aussi par quelque chose 
    
de

     beaucoup plus tangible, par le consentement actuel, par la volonté qu
  
    6953
    , par la volonté qu’ont les différentes provinces 
    
d’

    un État de vivre ensemble.246    Douze ans plus tard, dans une confére
  
    6954
    olonté qu’ont les différentes provinces d’un État 
    
de

     vivre ensemble.246    Douze ans plus tard, dans une conférence à la S
  
    6955
    es. Et tout d’abord, dans une préface à l’édition 
    
de

     son texte, datée du 8 mai 1887, il réitère sa thèse fondamentale :  L
  
    6956
     un être moral. On n’admet plus qu’il soit permis 
    
de

     persécuter les gens pour leur faire changer de religion ; les persécu
  
    6957
    is de persécuter les gens pour leur faire changer 
    
de

     religion ; les persécuter pour leur faire changer de langue ou de pat
  
    6958
    religion ; les persécuter pour leur faire changer 
    
de

     langue ou de patrie nous paraît tout aussi mal… Ce qui constitue une 
  
    6959
    s persécuter pour leur faire changer de langue ou 
    
de

     patrie nous paraît tout aussi mal… Ce qui constitue une nation, ce n’
  
    6960
    si mal… Ce qui constitue une nation, ce n’est pas 
    
de

     parler la même langue ou d’appartenir au même groupe ethnographique, 
  
    6961
     nation, ce n’est pas de parler la même langue ou 
    
d’

    appartenir au même groupe ethnographique, c’est d’avoir fait ensemble 
  
    6962
    d’appartenir au même groupe ethnographique, c’est 
    
d’

    avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir en f
  
    6963
    roupe ethnographique, c’est d’avoir fait ensemble 
    
de

     grandes choses dans le passé et de vouloir en faire encore dans l’ave
  
    6964
     fait ensemble de grandes choses dans le passé et 
    
de

     vouloir en faire encore dans l’avenir.  De la conférence elle-même, q
  
    6965
    ssé et de vouloir en faire encore dans l’avenir.  
    
De

     la conférence elle-même, qui marque une date, et dont on a si souvent
  
    6966
    roduction et précautions liminaires :  À l’époque 
    
de

     la Révolution française, on croyait que les institutions de petites v
  
    6967
    lution française, on croyait que les institutions 
    
de

     petites villes indépendantes, telles que Sparte et Rome, pouvaient s’
  
    6968
    Rome, pouvaient s’appliquer à nos grandes nations 
    
de

     trente à quarante millions d’âmes. De nos jours, on commet une erreur
  
    6969
    nos grandes nations de trente à quarante millions 
    
d’

    âmes. De nos jours, on commet une erreur plus grave : on confond la ra
  
    6970
    des nations de trente à quarante millions d’âmes. 
    
De

     nos jours, on commet une erreur plus grave : on confond la race avec 
  
    6971
    à celle des peuples réellement existants. Tâchons 
    
d’

    arriver à quelque précision en ces questions difficiles, où la moindre
  
    6972
    que nous allons faire est délicat ; c’est presque 
    
de

     la vivisection ; nous allons traiter les vivants comme d’ordinaire on
  
    6973
    visection ; nous allons traiter les vivants comme 
    
d’

    ordinaire on traite les morts. Nous y mettrons la froideur, l’impartia
  
    6974
     absolue…  L’Europe s’est constituée par le refus 
    
de

     toute hégémonie d’une de ses nations ou régions :  Depuis la fin de l
  
    6975
     s’est constituée par le refus de toute hégémonie 
    
d’

    une de ses nations ou régions :  Depuis la fin de l’Empire romain, ou,
  
    6976
     constituée par le refus de toute hégémonie d’une 
    
de

     ses nations ou régions :  Depuis la fin de l’Empire romain, ou, mieux
  
    6977
     d’une de ses nations ou régions :  Depuis la fin 
    
de

     l’Empire romain, ou, mieux, depuis la dislocation de l’empire de Char
  
    6978
    l’Empire romain, ou, mieux, depuis la dislocation 
    
de

     l’empire de Charlemagne, l’Europe occidentale nous apparaît divisée e
  
    6979
    ain, ou, mieux, depuis la dislocation de l’empire 
    
de

     Charlemagne, l’Europe occidentale nous apparaît divisée en nations, d
  
    6980
    e hégémonie sur les autres, sans jamais y réussir 
    
d’

    une manière durable. Ce que n’ont pu Charles-Quint, Louis XIV, Napoléo
  
    6981
    ement ne le pourra dans l’avenir. L’établissement 
    
d’

    un nouvel Empire romain ou d’un nouvel empire de Charlemagne est deven
  
    6982
    nir. L’établissement d’un nouvel Empire romain ou 
    
d’

    un nouvel empire de Charlemagne est devenu une impossibilité. La divis
  
    6983
    t d’un nouvel Empire romain ou d’un nouvel empire 
    
de

     Charlemagne est devenu une impossibilité. La division de l’Europe est
  
    6984
    lemagne est devenu une impossibilité. La division 
    
de

     l’Europe est trop grande pour qu’une tentative de domination universe
  
    6985
    de l’Europe est trop grande pour qu’une tentative 
    
de

     domination universelle ne provoque pas très vite une coalition qui fa
  
    6986
    t européens et modernes :  Les nations, entendues 
    
de

     cette manière, sont quelque chose d’assez nouveau dans l’histoire. L’
  
    6987
    s, entendues de cette manière, sont quelque chose 
    
d’

    assez nouveau dans l’histoire. L’antiquité ne les connut pas : l’Égypt
  
    6988
    fils du Soleil ou un fils du Ciel. Il n’y eut pas 
    
de

     citoyens égyptiens, pas plus qu’il n’y a de citoyens chinois. L’antiq
  
    6989
    t pas de citoyens égyptiens, pas plus qu’il n’y a 
    
de

     citoyens chinois. L’antiquité classique eut des républiques et des ro
  
    6990
    s et des royautés municipales, des confédérations 
    
de

     républiques locales, des empires ; elle n’eut guère la nation au sens
  
    6991
    s la comprenons. Athènes, Sparte, Sidon, Tyr sont 
    
de

     petits centres d’admirable patriotisme ; mais ce sont des cités avec 
  
    6992
    thènes, Sparte, Sidon, Tyr sont de petits centres 
    
d’

    admirable patriotisme ; mais ce sont des cités avec un territoire rela
  
    6993
    ption dans l’Empire romain, étaient des ensembles 
    
de

     peuplades, souvent liguées entre elles, mais sans institutions centra
  
    6994
    ies. L’empire assyrien, l’empire persan, l’empire 
    
d’

    Alexandre ne furent pas non plus des patries. Il n’y eut jamais de pat
  
    6995
    urent pas non plus des patries. Il n’y eut jamais 
    
de

     patriotes assyriens…  La race, la langue, la culture, définissent-ell
  
    6996
    science instinctive qui a présidé à la confection 
    
de

     la carte d’Europe n’a tenu aucun compte de la race, et les premières 
  
    6997
    inctive qui a présidé à la confection de la carte 
    
d’

    Europe n’a tenu aucun compte de la race, et les premières nations de l
  
    6998
    ection de la carte d’Europe n’a tenu aucun compte 
    
de

     la race, et les premières nations de l’Europe sont des nations de san
  
    6999
    aucun compte de la race, et les premières nations 
    
de

     l’Europe sont des nations de sang essentiellement mélangé. Le fait de
  
    7000
    es premières nations de l’Europe sont des nations 
    
de

     sang essentiellement mélangé. Le fait de la race, capital à l’origine
  
    7001
     nations de sang essentiellement mélangé. Le fait 
    
de

     la race, capital à l’origine, va donc toujours perdant de son importa
  
    7002
    ce, capital à l’origine, va donc toujours perdant 
    
de

     son importance. L’histoire humaine diffère essentiellement de la zool
  
    7003
    tance. L’histoire humaine diffère essentiellement 
    
de

     la zoologie. La race n’y est pas tout, comme chez les rongeurs ou les
  
    7004
    es rongeurs ou les félins, et on n’a pas le droit 
    
d’

    aller par le monde tâter le crâne des gens, puis les prendre à la gorg
  
    7005
    s les prendre à la gorge en leur disant : — Tu es 
    
de

     notre sang tu nous appartiens !… … Ce que nous venons de dire de la r
  
    7006
    u nous appartiens !… … Ce que nous venons de dire 
    
de

     la race, il faut le dire de la langue. La langue invite à se réunir ;
  
    7007
    e nous venons de dire de la race, il faut le dire 
    
de

     la langue. La langue invite à se réunir ; elle n’y force pas. Les Éta
  
    7008
     faite, puisqu’elle a été faite par l’assentiment 
    
de

     ses différentes parties, compte trois ou quatre langues. Il y a dans 
  
    7009
    quatre langues. Il y a dans l’homme quelque chose 
    
de

     supérieur à la langue : c’est la volonté. La volonté de la Suisse d’ê
  
    7010
    érieur à la langue : c’est la volonté. La volonté 
    
de

     la Suisse d’être unie, malgré la variété de ses idiomes, est un fait 
  
    7011
    angue : c’est la volonté. La volonté de la Suisse 
    
d’

    être unie, malgré la variété de ses idiomes, est un fait bien plus imp
  
    7012
    lonté de la Suisse d’être unie, malgré la variété 
    
de

     ses idiomes, est un fait bien plus important qu’une similitude de lan
  
    7013
    est un fait bien plus important qu’une similitude 
    
de

     langage souvent obtenue par des vexations.   La nation serait-elle mi
  
    7014
    ons. La géographie est un des facteurs essentiels 
    
de

     l’histoire… Peut-on dire cependant, comme le croient certains partis,
  
    7015
    comme le croient certains partis, que les limites 
    
d’

    une nation sont écrites sur la carte et que cette nation a le droit de
  
    7016
    rites sur la carte et que cette nation a le droit 
    
de

     s’adjuger ce qui est nécessaire pour arrondir certains contours, pour
  
    7017
    gne, telle rivière, à laquelle on prête une sorte 
    
de

     faculté limitante a priori ? Je ne connais pas de doctrine plus arbit
  
    7018
    de faculté limitante a priori ? Je ne connais pas 
    
de

     doctrine plus arbitraire ni plus funeste. Avec cela, on justifie tout
  
    7019
    lles qui séparent et celles qui ne séparent pas ? 
    
De

     Biarritz à Tomea, il n’y a pas une embouchure de fleuve qui ait plus 
  
    7020
     De Biarritz à Tomea, il n’y a pas une embouchure 
    
de

     fleuve qui ait plus qu’une autre un caractère bornal. Si l’histoire l
  
    7021
    l’Oder auraient, autant que le Rhin, ce caractère 
    
de

     frontière naturelle qui a fait commettre tant d’infractions au droit 
  
    7022
     de frontière naturelle qui a fait commettre tant 
    
d’

    infractions au droit fondamental, qui est la volonté des hommes.  Une 
  
    7023
    autre dans le présent. Dans le passé, un héritage 
    
de

     gloire et de regrets à partager, dans l’avenir un même programme à ré
  
    7024
     présent. Dans le passé, un héritage de gloire et 
    
de

     regrets à partager, dans l’avenir un même programme à réaliser ; avoi
  
    7025
     voilà ce que l’on comprend malgré les diversités 
    
de

     race et de langue. … Par leurs facultés diverses, souvent opposées, l
  
    7026
    ue l’on comprend malgré les diversités de race et 
    
de

     langue. … Par leurs facultés diverses, souvent opposées, les nations 
  
    7027
    t opposées, les nations servent à l’œuvre commune 
    
de

     la civilisation ; toutes apportent une note à ce grand concert de l’h
  
    7028
    on ; toutes apportent une note à ce grand concert 
    
de

     l’humanité, qui, en somme, est la plus haute réalité idéale que nous 
  
    7029
     les nations pour des qualités, qui se nourrirait 
    
de

     vaine gloire ; qui serait à ce point jaloux, égoïste, querelleur ; qu
  
    7030
    s hommes. … Les nations ne sont pas quelque chose 
    
d’

    éternel. Elles ont commencé, elles finiront. La confédération européen
  
    7031
    ropéenne, probablement, les remplacera.  L’auteur 
    
de

     La Culture de la Renaissance et des Considérations sur l’Histoire uni
  
    7032
    ablement, les remplacera.  L’auteur de La Culture 
    
de

     la Renaissance et des Considérations sur l’Histoire universelle, l’hi
  
    7033
    kob Burckhardt (1818-1897) a incarné la tradition 
    
d’

    une cité humaniste, allemande par la langue et suisse par le civisme, 
  
    7034
     la langue et suisse par le civisme, mais nourrie 
    
d’

    influences françaises et italiennes. On ne trouve pas dans son œuvre d
  
    7035
    es et italiennes. On ne trouve pas dans son œuvre 
    
de

     système d’interprétation ou de construction métaphysique ; mais une e
  
    7036
    ennes. On ne trouve pas dans son œuvre de système 
    
d’

    interprétation ou de construction métaphysique ; mais une espèce d’imp
  
    7037
    pas dans son œuvre de système d’interprétation ou 
    
de

     construction métaphysique ; mais une espèce d’impersonnalité classiqu
  
    7038
    ou de construction métaphysique ; mais une espèce 
    
d’

    impersonnalité classique, secrètement passionnée, et la pénétration d’
  
    7039
    ssique, secrètement passionnée, et la pénétration 
    
d’

    un regard imaginatif qui ressuscite le passé qu’il aime, « taxe » avec
  
    7040
    rophètes inspirés. Nietzsche l’excessif n’a cessé 
    
de

     rechercher l’amitié de Burckhardt le mesuré. Et certes, ce dernier av
  
    7041
    zsche l’excessif n’a cessé de rechercher l’amitié 
    
de

     Burckhardt le mesuré. Et certes, ce dernier avait chaudement soutenu 
  
    7042
    liment écarté les avances pathétiques du prophète 
    
de

     Zarathoustra. Au moment de sombrer, à Turin, Nietzsche envoie deux dé
  
    7043
    seur bâlois se trouve être un « Polizeidirektor » 
    
de

     Karlsruhe, Friedrich von Preen. Lorsque Burckhardt parle de « l’histo
  
    7044
    he, Friedrich von Preen. Lorsque Burckhardt parle 
    
de

     « l’histoire mondiale », il se limite très consciemment à l’Europe, c
  
    7045
    u sens le plus élevé du mot, les peuples à l’état 
    
de

     civilisation, et non ceux qui sont à l’état de nature. Et même parmi 
  
    7046
    ux dont la culture n’est pas embranchée sur celle 
    
de

     l’Europe, par exemple le Japon et la Chine. Pour ce qui est des Indes
  
    7047
    erses, Macédoniens et autres peuples. Notre objet 
    
d’

    étude se circonscrit donc au seul passé qui ait un rapport distinct av
  
    7048
    l’on sait que cette époque heureuse appelée l’âge 
    
d’

    or, au sens mythique du mot, n’a jamais existé et n’existera jamais, o
  
    7049
    jamais existé et n’existera jamais, on s’abstient 
    
de

     surévaluer follement un certain passé ou de désespérer follement du p
  
    7050
    tient de surévaluer follement un certain passé ou 
    
de

     désespérer follement du présent ou enfin d’espérer follement en l’ave
  
    7051
    sé ou de désespérer follement du présent ou enfin 
    
d’

    espérer follement en l’avenir ; mais on voit cependant dans l’étude de
  
    7052
     des plus nobles occupations. Le passé n’est rien 
    
d’

    autre que l’histoire de la vie et des souffrances de l’humanité consid
  
    7053
    tions. Le passé n’est rien d’autre que l’histoire 
    
de

     la vie et des souffrances de l’humanité considérée dans son ensemble.
  
    7054
    autre que l’histoire de la vie et des souffrances 
    
de

     l’humanité considérée dans son ensemble. Et cependant l’Antiquité a d
  
    7055
    e : c’est à elle que nous devons notre conception 
    
de

     l’État ; elle vit naître nos religions et est encore aujourd’hui l’él
  
    7056
     est encore aujourd’hui l’élément le plus durable 
    
de

     notre civilisation. Ses créations, dans le domaine des arts plastique
  
    7057
     nous oppose à elle… Et même si nous sommes issus 
    
de

     peuples qui, encore en leur enfance, sommeillèrent à côté des grands 
  
    7058
    sommeillèrent à côté des grands peuples civilisés 
    
de

     l’Antiquité, nous ne nous sentons pas moins les descendants de ceux-c
  
    7059
    é, nous ne nous sentons pas moins les descendants 
    
de

     ceux-ci, parce que leur âme a passé en nous et que leur labeur, leur 
  
    7060
    répond : la papauté, le Saint-Empire, la conquête 
    
de

     l’Outremer, quelques grandes individualités, et la lutte permanente c
  
    7061
    és, et la lutte permanente contre toute hégémonie 
    
d’

    un des grands États :  Un seul danger mortel a paru constamment menace
  
    7062
    ’écrasante puissance mécanique, qu’elle provienne 
    
d’

    un peuple barbare conquérant ou d’une accumulation des moyens de guerr
  
    7063
    ’elle provienne d’un peuple barbare conquérant ou 
    
d’

    une accumulation des moyens de guerre au service d’un État ou d’une te
  
    7064
    rbare conquérant ou d’une accumulation des moyens 
    
de

     guerre au service d’un État ou d’une tendance, ou peut-être même des 
  
    7065
    ’une accumulation des moyens de guerre au service 
    
d’

    un État ou d’une tendance, ou peut-être même des masses actuelles. Ce 
  
    7066
    tion des moyens de guerre au service d’un État ou 
    
d’

    une tendance, ou peut-être même des masses actuelles. Ce ne sont pas l
  
    7067
    asses actuelles. Ce ne sont pas les pires ennemis 
    
de

     Rome qui ont sauvé l’Europe, mais bien les ennemis les plus opiniâtre
  
    7068
    Europe, mais bien les ennemis les plus opiniâtres 
    
de

     l’Espagne : les Hollandais, l’Angleterre (la protestante et la cathol
  
    7069
    ’arrache au danger que constituent les tentatives 
    
d’

    unification et de nivellement politico-socialo-religieux qu’on cherche
  
    7070
    r que constituent les tentatives d’unification et 
    
de

     nivellement politico-socialo-religieux qu’on cherche à lui imposer pa
  
    7071
    la plus spécifique, la richesse infiniment variée 
    
de

     son esprit. C’est bien un lieu commun de répéter que l’esprit est inv
  
    7072
    t variée de son esprit. C’est bien un lieu commun 
    
de

     répéter que l’esprit est invincible et qu’il vaincra toujours, alors 
  
    7073
     que réellement il ne dépend parfois que du degré 
    
d’

    énergie d’un seul homme à un certain moment pour que des peuples ou de
  
    7074
    ement il ne dépend parfois que du degré d’énergie 
    
d’

    un seul homme à un certain moment pour que des peuples ou des civilisa
  
    7075
    ères soient ou non appelés à disparaître. Il faut 
    
de

     grands individus et ceux-ci ont besoin de réussir. Mais l’Europe a fr
  
    7076
    Il faut de grands individus et ceux-ci ont besoin 
    
de

     réussir. Mais l’Europe a fréquemment eu de grands hommes aux moments 
  
    7077
    besoin de réussir. Mais l’Europe a fréquemment eu 
    
de

     grands hommes aux moments cruciaux de son histoire.250   Mais qu’est-
  
    7078
    quemment eu de grands hommes aux moments cruciaux 
    
de

     son histoire.250   Mais qu’est-ce que l’Europe, en fin de compte ? Bu
  
    7079
    pe en tant que foyer, à la fois vieux et nouveau, 
    
d’

    une vie aux mille aspects, lieu de naissance des plus riches créations
  
    7080
    eux et nouveau, d’une vie aux mille aspects, lieu 
    
de

     naissance des plus riches créations, patrie de tous les contrastes qu
  
    7081
    eu de naissance des plus riches créations, patrie 
    
de

     tous les contrastes qui se résorbent en la seule unité ; ici, tout ce
  
    7082
     moyen. Voilà qui est européen : la manifestation 
    
de

     toutes les forces, y compris l’individu, par le truchement du monumen
  
    7083
    ompris l’individu, par le truchement du monument, 
    
de

     la représentation plastique, du mot, des institutions, des partis ; l
  
    7084
     sens et toutes les directions ; cette aspiration 
    
de

     l’esprit à vouloir absolument faire connaître tout ce qui est en lui 
  
    7085
    ate que les cloches sonnent en harmonie, même si, 
    
de

     tout près, elles font entendre quelques dissonances : Discordia conco
  
    7086
    u’un obscur besoin ait conduit certaines branches 
    
d’

    Indo-européens vers l’Occident simplement parce qu’ici un autre sol, u
  
    7087
    parce qu’ici un autre sol, un autre climat (celui 
    
de

     la liberté et de la diversité), tout un monde déchiqueté d’îles et de
  
    7088
    utre sol, un autre climat (celui de la liberté et 
    
de

     la diversité), tout un monde déchiqueté d’îles et de caps les attenda
  
    7089
    rté et de la diversité), tout un monde déchiqueté 
    
d’

    îles et de caps les attendaient. Car, voilà qui est aussi européen : a
  
    7090
    la diversité), tout un monde déchiqueté d’îles et 
    
de

     caps les attendaient. Car, voilà qui est aussi européen : aimer non s
  
    7091
    celte et germanique ; civilisations qui dépassent 
    
de

     beaucoup celles d’Asie par le fait qu’elles sont d’aspect et de forme
  
    7092
     ; civilisations qui dépassent de beaucoup celles 
    
d’

    Asie par le fait qu’elles sont d’aspect et de forme multiples et qu’en
  
    7093
     beaucoup celles d’Asie par le fait qu’elles sont 
    
d’

    aspect et de forme multiples et qu’en elles l’individu put se développ
  
    7094
    lles d’Asie par le fait qu’elles sont d’aspect et 
    
de

     forme multiples et qu’en elles l’individu put se développer pleinemen
  
    7095
    aisait partie… L’historien ne peut que se réjouir 
    
de

     cette richesse et laisser tous les appétits de victoire aux partisans
  
    7096
    ir de cette richesse et laisser tous les appétits 
    
de

     victoire aux partisans de telle ou telle tendance. Étant donné la vio
  
    7097
    isser tous les appétits de victoire aux partisans 
    
de

     telle ou telle tendance. Étant donné la violence extrême des combats 
  
    7098
    e extrême des combats du passé, le désir constant 
    
d’

    anéantir l’ennemi, nous ne pourrions, nous autres tard-venus de l’huma
  
    7099
    ennemi, nous ne pourrions, nous autres tard-venus 
    
de

     l’humanité, tenir pour un parti, même s’il s’agit de celui qu’en nous
  
    7100
    l’humanité, tenir pour un parti, même s’il s’agit 
    
de

     celui qu’en nous-mêmes nous croyons être le nôtre.251   « Nous autres
  
    7101
    ons être le nôtre.251   « Nous autres tards-venus 
    
de

     l’humanité »… Cette incidente (qui fait penser à Nietzsche) trahit le
  
    7102
    r à Nietzsche) trahit le pessimisme irrépressible 
    
de

     l’historien de la civilisation. Bien qu’il ait observé qu’en Europe t
  
    7103
    trahit le pessimisme irrépressible de l’historien 
    
de

     la civilisation. Bien qu’il ait observé qu’en Europe toute évolution 
  
    7104
    ne peut s’empêcher, dans ses Lettres à von Preen, 
    
de

     porter sur l’avenir prochain (le xxe  siècle) un jugement des plus du
  
    7105
    nfirmé :  Vous ne croirez jamais quel cas on fait 
    
de

     ces roulements de tambour au fur et à mesure que les années passent ;
  
    7106
    croirez jamais quel cas on fait de ces roulements 
    
de

     tambour au fur et à mesure que les années passent ; la grande masse, 
  
    7107
    nt ; la grande masse, dans sa confusion, a besoin 
    
d’

    un rythme pour marcher, sans lequel elle n’aurait « aucune façon ». En
  
    7108
    anges attend les travailleurs. La vision que j’ai 
    
de

     leur avenir confine, pour le moment, à la folie ; mais je ne peux m’e
  
    7109
    taire doit devenir un fabricant en gros. Ces amas 
    
d’

    humains dans les usines ne doivent pas éternellement être abandonnés à
  
    7110
    à leur misère et à leurs envies. Un certain degré 
    
de

     misère contrôlée, avec de l’avancement, et en uniforme, chaque journé
  
    7111
    nvies. Un certain degré de misère contrôlée, avec 
    
de

     l’avancement, et en uniforme, chaque journée commencée et terminée pa
  
    7112
    ue journée commencée et terminée par un roulement 
    
de

     tambour, voilà ce qui devrait logiquement se produire. (Mais j’en con
  
    7113
    rouve irrémédiablement placé devant l’alternative 
    
d’

    une démocratie totale ou d’un despotisme sans loi et absolu, ce dernie
  
    7114
    é devant l’alternative d’une démocratie totale ou 
    
d’

    un despotisme sans loi et absolu, ce dernier n’étant d’ailleurs pas le
  
    7115
    ties qui ont maintenant le cœur trop tendre, mais 
    
de

     dictatures militaires prétendues républicaines. On n’aime guère se re
  
    7116
    ’aime guère se représenter le monde sous la botte 
    
de

     gouvernants qui fassent entièrement abstraction des notions de droit,
  
    7117
    s qui fassent entièrement abstraction des notions 
    
de

     droit, de prospérité, de travail et d’industrie toujours plus enrichi
  
    7118
    ent entièrement abstraction des notions de droit, 
    
de

     prospérité, de travail et d’industrie toujours plus enrichissants, de
  
    7119
     abstraction des notions de droit, de prospérité, 
    
de

     travail et d’industrie toujours plus enrichissants, de crédit, etc. e
  
    7120
    es notions de droit, de prospérité, de travail et 
    
d’

    industrie toujours plus enrichissants, de crédit, etc. et qui gouverne
  
    7121
    avail et d’industrie toujours plus enrichissants, 
    
de

     crédit, etc. et qui gouvernent, au contraire, brutalement. Cependant,
  
    7122
    lement. Cependant, c’est justement dans les mains 
    
de

     gens pareils que l’on précipite le monde, par cette folle concurrence
  
    7123
    cernant, la participation des masses. … Ma vision 
    
de

     ces « terribles simplificateurs » que l’Europe va connaître, est loin
  
    7124
    lificateurs » que l’Europe va connaître, est loin 
    
d’

    être agréable ; et de temps en temps, lors de mes rêveries, je vois ce
  
    7125
    uand nous serons, en septembre, devant un demi. … 
    
De

     temps à autre je suppute ce que pourront devenir notre érudition et n
  
    7126
    ne commencé son déclin. Il m’arrive parfois aussi 
    
d’

    imaginer un des beaux côtés de ces temps nouveaux : comment, sur tous 
  
    7127
    rrive parfois aussi d’imaginer un des beaux côtés 
    
de

     ces temps nouveaux : comment, sur tous les efforts et aspirations, s’
  
    7128
    fforts et aspirations, s’étendra l’horreur livide 
    
de

     la mort, parce qu’une fois de plus la force nue aura le dessus et la 
  
    7129
    e plus la force nue aura le dessus et la consigne 
    
de

     fermer son bec sera donnée partout.  Friedrich Nietzsche (1844-1900) 
  
    7130
     Baudelaire d’une part, Tocqueville et Burckhardt 
    
de

     l’autre, il le sauve de la stupidité spirituelle et de la sottise pol
  
    7131
    Tocqueville et Burckhardt de l’autre, il le sauve 
    
de

     la stupidité spirituelle et de la sottise politique, mais c’est pour 
  
    7132
    autre, il le sauve de la stupidité spirituelle et 
    
de

     la sottise politique, mais c’est pour mieux le condamner dans son ens
  
    7133
    iser, par une réaction instinctive, « l’éducation 
    
d’

    une caste nouvelle destinée à régner sur l’Europe », — et c’est là, éc
  
    7134
     que je l’entends »252. Les aphorismes 242 et 243 
    
de

     Par-delà le bien et le mal décrivent sans aucun ménagement pour les t
  
    7135
    l décrivent sans aucun ménagement pour les tabous 
    
de

     l’époque, ce processus européen :  Qu’on appelle « civilisation », ou
  
    7136
    rs, et qui s’affranchissent chaque jour davantage 
    
de

     tout milieu défini qui voudrait s’implanter pendant des siècles, dans
  
    7137
     mêmes revendications, — donc la lente apparition 
    
d’

    une espèce d’hommes essentiellement surnationale et nomade qui, comme 
  
    7138
    ications, — donc la lente apparition d’une espèce 
    
d’

    hommes essentiellement surnationale et nomade qui, comme signe distinc
  
    7139
    if, possède physiologiquement parlant, un maximum 
    
de

     faculté et de force d’assimilation. Ce phénomène de création de l’Eur
  
    7140
    ysiologiquement parlant, un maximum de faculté et 
    
de

     force d’assimilation. Ce phénomène de création de l’Européen, qui pou
  
    7141
    uement parlant, un maximum de faculté et de force 
    
d’

    assimilation. Ce phénomène de création de l’Européen, qui pourra être 
  
    7142
     faculté et de force d’assimilation. Ce phénomène 
    
de

     création de l’Européen, qui pourra être retardé dans son allure par d
  
    7143
    de force d’assimilation. Ce phénomène de création 
    
de

     l’Européen, qui pourra être retardé dans son allure par de grands ret
  
    7144
    péen, qui pourra être retardé dans son allure par 
    
de

     grands retours en arrière, mais qui, par cela même, gagnera peut-être
  
    7145
    es naïfs promoteurs et protagonistes, les apôtres 
    
de

     l’« idée moderne », voudraient le moins faire entrer en ligne de comp
  
    7146
    ront en moyenne au nivellement et à l’abaissement 
    
de

     l’homme — de la bête de troupeau humain, habile, laborieuse, utile et
  
    7147
    ne au nivellement et à l’abaissement de l’homme — 
    
de

     la bête de troupeau humain, habile, laborieuse, utile et utilisable d
  
    7148
    lement et à l’abaissement de l’homme — de la bête 
    
de

     troupeau humain, habile, laborieuse, utile et utilisable de façon mul
  
    7149
    u humain, habile, laborieuse, utile et utilisable 
    
de

     façon multiple, — ces conditions sont au plus haut degré aptes à prod
  
    7150
    ont au plus haut degré aptes à produire des êtres 
    
d’

    exception, de la qualité la plus dangereuse et la plus attrayante […]2
  
    7151
    aut degré aptes à produire des êtres d’exception, 
    
de

     la qualité la plus dangereuse et la plus attrayante […]253   Mais plu
  
    7152
     plus attrayante […]253   Mais plusieurs maladies 
    
de

     l’esprit affectent l’Europe, selon Nietzsche. Tout d’abord le nationa
  
    7153
    ures où nous nous permettons un patriotisme plein 
    
de

     courage, un bond et un retour à de vieilles amours et de vieilles étr
  
    7154
    riotisme plein de courage, un bond et un retour à 
    
de

     vieilles amours et de vieilles étroitesses — je viens d’en donner une
  
    7155
    age, un bond et un retour à de vieilles amours et 
    
de

     vieilles étroitesses — je viens d’en donner une preuve —, des heures 
  
    7156
    lles amours et de vieilles étroitesses — je viens 
    
d’

    en donner une preuve —, des heures d’effervescence nationale, d’angois
  
    7157
    s — je viens d’en donner une preuve —, des heures 
    
d’

    effervescence nationale, d’angoisse patriotique, des heures où bien d’
  
    7158
    e preuve —, des heures d’effervescence nationale, 
    
d’

    angoisse patriotique, des heures où bien d’autres sentiments antiques 
  
    7159
    t. Des esprits plus lourds que nous mettront plus 
    
de

     temps à en finir avec ce qui chez nous n’occupe que quelques heures e
  
    7160
    quelques heures : pour les uns, il faut la moitié 
    
d’

    une année, pour les autres la moitié d’une vie humaine, selon la rapid
  
    7161
     la moitié d’une année, pour les autres la moitié 
    
d’

    une vie humaine, selon la rapidité de leurs facultés d’assimilation et
  
    7162
    es la moitié d’une vie humaine, selon la rapidité 
    
de

     leurs facultés d’assimilation et de renouvellement. Je saurais même m
  
    7163
     vie humaine, selon la rapidité de leurs facultés 
    
d’

    assimilation et de renouvellement. Je saurais même me figurer des race
  
    7164
    n la rapidité de leurs facultés d’assimilation et 
    
de

     renouvellement. Je saurais même me figurer des races épaisses et hési
  
    7165
    s, qui, dans notre Europe hâtive, auraient besoin 
    
de

     demi-siècles pour surmonter de tels excès de patriotisme atavique et 
  
    7166
    e, auraient besoin de demi-siècles pour surmonter 
    
de

     tels excès de patriotisme atavique et d’attachement à la glèbe, pour 
  
    7167
    soin de demi-siècles pour surmonter de tels excès 
    
de

     patriotisme atavique et d’attachement à la glèbe, pour revenir à la r
  
    7168
    urmonter de tels excès de patriotisme atavique et 
    
d’

    attachement à la glèbe, pour revenir à la raison, je veux dire au « bo
  
    7169
    u « bon européanisme ».254   L’exemple privilégié 
    
de

     la musique, cette création essentiellement européenne, permet de suiv
  
    7170
    cette création essentiellement européenne, permet 
    
de

     suivre le processus de décomposition qui conduit de l’européanisme co
  
    7171
    llement européenne, permet de suivre le processus 
    
de

     décomposition qui conduit de l’européanisme cosmopolite au nationalis
  
    7172
     suivre le processus de décomposition qui conduit 
    
de

     l’européanisme cosmopolite au nationalisme borné :  Le « bon vieux te
  
    7173
    coco ait encore un sens pour nous, que ce qu’il a 
    
de

     « bonne compagnie », de tendres ardeurs, de goût enfantin pour la chi
  
    7174
    pour nous, que ce qu’il a de « bonne compagnie », 
    
de

     tendres ardeurs, de goût enfantin pour la chinoiserie et la fioriture
  
    7175
    ’il a de « bonne compagnie », de tendres ardeurs, 
    
de

     goût enfantin pour la chinoiserie et la fioriture, de politesse du cœ
  
    7176
    oût enfantin pour la chinoiserie et la fioriture, 
    
de

     politesse du cœur, d’aspiration vers ce qui est précieux, amoureux, d
  
    7177
    hinoiserie et la fioriture, de politesse du cœur, 
    
d’

    aspiration vers ce qui est précieux, amoureux, dansant, sentimental, d
  
    7178
    qui est précieux, amoureux, dansant, sentimental, 
    
de

     foi au Midi, que tout cela trouve encore en nous quelque chose qui l’
  
    7179
    — Mais n’en doutez pas, l’intelligence et le goût 
    
de

     Beethoven passeront plus vite encore ; car celui-là ne fut que le der
  
    7180
     encore ; car celui-là ne fut que le dernier écho 
    
d’

    une transformation et d’une brisure du style ; au lieu que Mozart fut 
  
    7181
    e fut que le dernier écho d’une transformation et 
    
d’

    une brisure du style ; au lieu que Mozart fut la dernière expression d
  
    7182
    e ; au lieu que Mozart fut la dernière expression 
    
de

     tout un goût européen vivant depuis des siècles. Beethoven est l’inte
  
    7183
    sur sa musique est épandue la lueur crépusculaire 
    
d’

    une éternelle déception, et d’une éternelle et errante espérance, — ce
  
    7184
    lueur crépusculaire d’une éternelle déception, et 
    
d’

    une éternelle et errante espérance, — cette même lueur qui baignait l’
  
    7185
    qu’elle dansait autour de l’arbre révolutionnaire 
    
de

     la liberté, qu’elle s’agenouillait enfin aux pieds de Napoléon. Comme
  
    7186
    a liberté, qu’elle s’agenouillait enfin aux pieds 
    
de

     Napoléon. Comme tous ces sentiments pâlissent vite, comme il nous est
  
    7187
     pâlissent vite, comme il nous est difficile déjà 
    
de

     les comprendre, comme elle est lointaine et étrange la langue des Rou
  
    7188
    Byron, la langue où s’exprima cette même destinée 
    
de

     l’Europe qui chantait en Beethoven ! Puis ce fut, dans la musique all
  
    7189
    iel que n’avait été le grand entracte, le passage 
    
de

     Rousseau à Napoléon et à la démocratie montante. […] Schuman était dé
  
    7190
    i la musique allemande courait cet immense risque 
    
de

     cesser d’être la voix par où s’énonce l’âme de l’Europe et de tomber 
  
    7191
    ue allemande courait cet immense risque de cesser 
    
d’

    être la voix par où s’énonce l’âme de l’Europe et de tomber au rang mé
  
    7192
    ue de cesser d’être la voix par où s’énonce l’âme 
    
de

     l’Europe et de tomber au rang médiocre d’une chose purement nationale
  
    7193
    être la voix par où s’énonce l’âme de l’Europe et 
    
de

     tomber au rang médiocre d’une chose purement nationale.255   Le natio
  
    7194
    e l’âme de l’Europe et de tomber au rang médiocre 
    
d’

    une chose purement nationale.255   Le nationalisme est issu du romanti
  
    7195
    ar une fatalité à laquelle les plus grands hommes 
    
de

     la première moitié du xixe  siècle semblent avoir tous succombé :  Gr
  
    7196
    ionalités a mises et met encore entre les peuples 
    
de

     l’Europe, grâce aux politiciens à la vue courte et aux mains promptes
  
    7197
    isme, sans soupçonner à quel point leur politique 
    
de

     désunion est fatalement une simple politique d’entracte, — grâce à to
  
    7198
    e de désunion est fatalement une simple politique 
    
d’

    entracte, — grâce à tout cela, et à bien des choses encore qu’on ne pe
  
    7199
    on déforme mensongèrement les signes qui prouvent 
    
de

     la manière la plus manifeste que l’Europe veut devenir une. Tous les 
  
    7200
    t devenir une. Tous les hommes un peu profonds et 
    
d’

    esprit large qu’a vus ce siècle ont tendu vers ce but unique le travai
  
    7201
    le ont tendu vers ce but unique le travail secret 
    
de

     leur âme : ils voulurent frayer les voies à un nouvel accord et tentè
  
    7202
     frayer les voies à un nouvel accord et tentèrent 
    
de

     réaliser en eux-mêmes l’Européen à venir ; s’ils appartinrent à une p
  
    7203
     ne fut jamais que par les régions superficielles 
    
de

     leur intelligence, ou aux heures de défaillance, ou l’âge venu : ils 
  
    7204
    uperficielles de leur intelligence, ou aux heures 
    
de

     défaillance, ou l’âge venu : ils se reposaient d’eux-mêmes en devenan
  
    7205
    de défaillance, ou l’âge venu : ils se reposaient 
    
d’

    eux-mêmes en devenant « patriotes ». Je songe à des hommes comme Napol
  
    7206
    ine, Schopenhauer. Qu’on ne m’en veuille pas trop 
    
de

     nommer à leur suite Richard Wagner.256    Avec le romantisme est né l
  
    7207
    omine la pensée européenne du siècle. La position 
    
de

     Nietzsche devant l’historisme est nécessairement ambiguë, car sa visi
  
    7208
    torisme est nécessairement ambiguë, car sa vision 
    
de

     l’Europe est historique, mais ses jugements de valeur se veulent de p
  
    7209
    on de l’Europe est historique, mais ses jugements 
    
de

     valeur se veulent de plus en plus intemporels :  Ce sens historique q
  
    7210
    ième sens. Toutes les formes, toutes les manières 
    
de

     vivre, toutes les civilisations du passé, autrefois entassées les une
  
    7211
    confusion. Nos instincts se dispersent maintenant 
    
de

     tous côtés, nous sommes nous-mêmes une sorte de chaos ; enfin « l’esp
  
    7212
    t de tous côtés, nous sommes nous-mêmes une sorte 
    
de

     chaos ; enfin « l’esprit », je le répète, finit par y trouver son pro
  
    7213
    it par y trouver son profit. Par la demi-barbarie 
    
de

     notre âme et de nos désirs, nous avons des échappées secrètes de tout
  
    7214
     son profit. Par la demi-barbarie de notre âme et 
    
de

     nos désirs, nous avons des échappées secrètes de toutes espèces, tell
  
    7215
     de nos désirs, nous avons des échappées secrètes 
    
de

     toutes espèces, telles qu’une époque noble n’en a jamais eu, surtout 
  
    7216
     civilisations incomplètes et aux enchevêtrements 
    
de

     toutes les demi-barbaries qu’il y eut jamais au monde. Et, dans la me
  
    7217
     Et, dans la mesure où la part la plus importante 
    
de

     la culture fut jusqu’à présent une demi-barbarie, le « sens historiqu
  
    7218
    éressés, modestes, endurants, pleinement capables 
    
de

     nous dominer nous-mêmes, pleins d’abandon, très reconnaissants, très 
  
    7219
    ement capables de nous dominer nous-mêmes, pleins 
    
d’

    abandon, très reconnaissants, très patients, très accueillants. Avec t
  
    7220
    s et presque hostiles, c’est précisément le point 
    
de

     perfection, de maturité dernière dans toute culture et tout art, la m
  
    7221
    stiles, c’est précisément le point de perfection, 
    
de

     maturité dernière dans toute culture et tout art, la marque propre d’
  
    7222
     dans toute culture et tout art, la marque propre 
    
d’

    aristocratie dans les œuvres et les hommes, leur aspect de mer unie et
  
    7223
    cratie dans les œuvres et les hommes, leur aspect 
    
de

     mer unie et de contentement alcyonien, l’éclat d’or brillant et froid
  
    7224
     œuvres et les hommes, leur aspect de mer unie et 
    
de

     contentement alcyonien, l’éclat d’or brillant et froid qui apparaît s
  
    7225
    de mer unie et de contentement alcyonien, l’éclat 
    
d’

    or brillant et froid qui apparaît sur toute chose achevée.257   Si l’E
  
    7226
    chevée.257   Si l’Europe est plus loin que jamais 
    
de

     concevoir et d’assurer ce plus haut idéal d’elle-même, c’est qu’elle 
  
    7227
    l’Europe est plus loin que jamais de concevoir et 
    
d’

    assurer ce plus haut idéal d’elle-même, c’est qu’elle souffre d’une ma
  
    7228
    mais de concevoir et d’assurer ce plus haut idéal 
    
d’

    elle-même, c’est qu’elle souffre d’une maladie de la volonté, d’une im
  
    7229
    lus haut idéal d’elle-même, c’est qu’elle souffre 
    
d’

    une maladie de la volonté, d’une impuissance à se vouloir une, dont la
  
    7230
     d’elle-même, c’est qu’elle souffre d’une maladie 
    
de

     la volonté, d’une impuissance à se vouloir une, dont la Russie va pro
  
    7231
    ’est qu’elle souffre d’une maladie de la volonté, 
    
d’

    une impuissance à se vouloir une, dont la Russie va profiter :  Notre 
  
    7232
     profiter :  Notre Europe contemporaine, ce foyer 
    
d’

    un effort soudain et irréfléchi pour mélanger radicalement les rangs e
  
    7233
    ces, est, par cela même, sceptique du haut en bas 
    
de

     l’échelle, tantôt animée de ce scepticisme mobile, qui impatient et l
  
    7234
    ptique du haut en bas de l’échelle, tantôt animée 
    
de

     ce scepticisme mobile, qui impatient et lascif, saute d’une branche à
  
    7235
    cepticisme mobile, qui impatient et lascif, saute 
    
d’

    une branche à l’autre, tantôt troublé et comme obscurci par un nuage d
  
    7236
    re, tantôt troublé et comme obscurci par un nuage 
    
de

     questions — et parfois las de sa volonté à en mourir ! Paralysie de l
  
    7237
    scurci par un nuage de questions — et parfois las 
    
de

     sa volonté à en mourir ! Paralysie de la volonté, où ne rencontre-t-o
  
    7238
    parfois las de sa volonté à en mourir ! Paralysie 
    
de

     la volonté, où ne rencontre-t-on pas aujourd’hui cette infirmité ! Et
  
    7239
    teurs ! Pour cacher cette maladie on a des habits 
    
d’

    apparat, des parures menteuses ; par exemple ce qu’on étale aujourd’hu
  
    7240
    ar exemple ce qu’on étale aujourd’hui sous le nom 
    
d’

    « objectivité », d’« esprit scientifique », d’« art pour l’art », de «
  
    7241
     étale aujourd’hui sous le nom d’« objectivité », 
    
d’

    « esprit scientifique », d’« art pour l’art », de « connaissance pure,
  
    7242
    nom d’« objectivité », d’« esprit scientifique », 
    
d’

    « art pour l’art », de « connaissance pure, indépendante de la volonté
  
    7243
     d’« esprit scientifique », d’« art pour l’art », 
    
de

     « connaissance pure, indépendante de la volonté », tout cela n’est qu
  
    7244
    our l’art », de « connaissance pure, indépendante 
    
de

     la volonté », tout cela n’est que du scepticisme fardé, la paralysie 
  
    7245
    cela n’est que du scepticisme fardé, la paralysie 
    
de

     la volonté qui se déguise. Je me porte garant du diagnostic de cette 
  
    7246
     qui se déguise. Je me porte garant du diagnostic 
    
de

     cette maladie européenne. — La maladie de la volonté s’est propagée à
  
    7247
    gnostic de cette maladie européenne. — La maladie 
    
de

     la volonté s’est propagée à travers l’Europe d’une façon inégale ; el
  
    7248
    e de la volonté s’est propagée à travers l’Europe 
    
d’

    une façon inégale ; elle sévit avec le plus de force et sous les aspec
  
    7249
    ope d’une façon inégale ; elle sévit avec le plus 
    
de

     force et sous les aspects les plus variés partout où la civilisation 
  
    7250
    evendiquer — ses droits sous les vêtements lâches 
    
de

     la civilisation occidentale. En conséquence, c’est dans la France con
  
    7251
    dans la France contemporaine, comme il est facile 
    
de

     le montrer et de le démontrer, que la volonté est le plus malade ; et
  
    7252
    ntemporaine, comme il est facile de le montrer et 
    
de

     le démontrer, que la volonté est le plus malade ; et la France qui a 
  
    7253
    séduisante, jusqu’aux tournures les plus néfastes 
    
de

     son esprit, apparaît aujourd’hui à l’Europe, dans l’excès de son géni
  
    7254
    it, apparaît aujourd’hui à l’Europe, dans l’excès 
    
de

     son génie national, comme la véritable école et le théâtre du sceptic
  
    7255
     de plus attrayant. La force du vouloir, la force 
    
de

     vouloir longtemps dans un même sens, est déjà un peu plus accentuée e
  
    7256
    e, ici grâce à la dureté des crânes — sans parler 
    
de

     l’Italie qui est trop jeune pour savoir encore ce qu’elle veut, et qu
  
    7257
    ait si elle sera affirmative ou négative — attend 
    
d’

    une façon menaçante le moment où elle sera déclenchée, pour emprunter 
  
    7258
    ée, pour emprunter leur mot favori aux physiciens 
    
d’

    aujourd’hui. Ce n’est pas à la guerre avec l’Inde, ni aux complication
  
    7259
    mplications en Asie que l’Europe devrait demander 
    
de

     la protéger contre le danger le plus sérieux qui la menace, mais à un
  
    7260
    ion émiettant l’empire et surtout à l’importation 
    
de

     l’absurdité parlementaire, avec l’obligation pour chacun de lire le j
  
    7261
    dité parlementaire, avec l’obligation pour chacun 
    
de

     lire le journal à son déjeuner… Je voudrais voir l’Europe, en face de
  
    7262
    , en face de l’attitude de plus en plus menaçante 
    
de

     la Russie, se décider à devenir menaçante à son tour, à se créer, au 
  
    7263
    evenir menaçante à son tour, à se créer, au moyen 
    
d’

    une nouvelle caste qui la régirait, une volonté unique, formidable, ca
  
    7264
    régirait, une volonté unique, formidable, capable 
    
de

     poursuivre un but pendant des milliers d’années, afin de mettre un te
  
    7265
    capable de poursuivre un but pendant des milliers 
    
d’

    années, afin de mettre un terme à la trop longue comédie de sa petite 
  
    7266
     afin de mettre un terme à la trop longue comédie 
    
de

     sa petite politique et à ses mesquines et innombrables volontés dynas
  
    7267
    s volontés dynastiques ou démocratiques. Le temps 
    
de

     la petite politique est passé ; déjà le siècle qui s’annonce fait pré
  
    7268
    politique.258   Mais l’Europe sera-t-elle capable 
    
de

     mener cette « grande politique » à l’échelle mondiale, donc d’affront
  
    7269
    e « grande politique » à l’échelle mondiale, donc 
    
d’

    affronter ce que lui réserve le xxe  siècle ? Dans la préface à Par-de
  
    7270
    stiano-ecclésiastique exercée depuis des milliers 
    
d’

    années — car le christianisme est du platonisme à l’usage du « peuple 
  
    7271
    e lutte a créé en Europe une merveilleuse tension 
    
de

     l’esprit, telle qu’il n’y en eut pas encore sur terre : et avec un ar
  
    7272
    arc si fortement tendu il est possible, dès lors, 
    
de

     tirer sur les cibles les plus lointaines. Il est vrai que l’homme d’E
  
    7273
    bles les plus lointaines. Il est vrai que l’homme 
    
d’

    Europe souffre de cette tension et, par deux fois, l’on fit de vastes 
  
    7274
    ntaines. Il est vrai que l’homme d’Europe souffre 
    
de

     cette tension et, par deux fois, l’on fit de vastes tentatives pour d
  
    7275
    ffre de cette tension et, par deux fois, l’on fit 
    
de

     vastes tentatives pour détendre l’arc ; ce fut d’abord par le jésuiti
  
    7276
    rationalisme démocratique. À l’aide de la liberté 
    
de

     la presse, de la lecture des journaux, il se pourrait que l’on obtînt
  
    7277
    émocratique. À l’aide de la liberté de la presse, 
    
de

     la lecture des journaux, il se pourrait que l’on obtînt véritablement
  
    7278
    prits — nous sentons encore en nous tout le péril 
    
de

     l’intelligence et toute la tension de son arc ! Et peut-être aussi la
  
    7279
    ut le péril de l’intelligence et toute la tension 
    
de

     son arc ! Et peut-être aussi la flèche, la mission, qui sait ? le but
  
    7280
    in) :  La diversité des langues, surtout, empêche 
    
de

     voir ce qui se passe au fond : la disparition de l’homme national et 
  
    7281
     de voir ce qui se passe au fond : la disparition 
    
de

     l’homme national et l’apparition de l’homme européen.  et dans la Vol
  
    7282
    a disparition de l’homme national et l’apparition 
    
de

     l’homme européen.  et dans la Volonté de Puissance :  Un peu d’air pu
  
    7283
    parition de l’homme européen.  et dans la Volonté 
    
de

     Puissance :  Un peu d’air pur ! Il ne faut pas que cet absurde état d
  
    7284
    opéen.  et dans la Volonté de Puissance :  Un peu 
    
d’

    air pur ! Il ne faut pas que cet absurde état de l’Europe dure plus lo
  
    7285
    u d’air pur ! Il ne faut pas que cet absurde état 
    
de

     l’Europe dure plus longtemps ! Y a-t-il une pensée quelconque derrièr
  
    7286
    il une pensée quelconque derrière ce nationalisme 
    
de

     bêtes à cornes ? À présent que tout s’oriente vers de plus larges int
  
    7287
    vers de plus larges intérêts communs, à quoi rime 
    
d’

    exciter ces égoïsmes galeux ? Et cela au moment où l’absence d’indépen
  
    7288
     égoïsmes galeux ? Et cela au moment où l’absence 
    
d’

    indépendance intellectuelle et la déchéance des nationalismes sautent 
  
    7289
    autent aux yeux, où toute la valeur, tout le sens 
    
de

     la civilisation présente consiste à se fondre en un seul ensemble où 
  
    7290
    nderont réciproquement !260   Mais les conditions 
    
d’

    une restauration, telles qu’il les énumère dans ses notes inédites des
  
    7291
     et il le sent bien : le pessimisme, ce « marteau 
    
de

     la philosophie », reste la dernière arme à la disposition des « bons 
  
    7292
    nt son choix : veut-elle sa décadence ? Se garder 
    
de

     la médiocrisation. Plutôt périr.261   C’est à l’historien suédois Har
  
    7293
    mme « Siècle du nationalisme » : tel est le titre 
    
d’

    un article qu’il publia le 31 décembre 1899 dans le Svenska Dagbladet,
  
    7294
     dans le Svenska Dagbladet, grand journal libéral 
    
de

     Stockholm :  Le siècle qui se termine ce soir a été le témoin de bien
  
    7295
     Le siècle qui se termine ce soir a été le témoin 
    
de

     bien des efforts et de bien des illusions dans la vie des peuples. Sa
  
    7296
    ne ce soir a été le témoin de bien des efforts et 
    
de

     bien des illusions dans la vie des peuples. Savoir laquelle de ses in
  
    7297
    llusions dans la vie des peuples. Savoir laquelle 
    
de

     ses innombrables tendances fut la plus importante, c’est peut-être un
  
    7298
     la plus importante, c’est peut-être une question 
    
de

     goût. Pour ma part, en ces dernières heures du siècle, je voudrais mé
  
    7299
     servi la culture, en ce sens qu’elles ont permis 
    
de

     surmonter bien des obstacles qui, jusqu’alors, avaient empêché les pe
  
    7300
    usqu’alors, avaient empêché les peuples dispersés 
    
de

     participer à une communauté culturelle. Mais ces avantages pèsent moi
  
    7301
    e le facteur politique dominant. La revendication 
    
de

     la pleine égalité de droits par toutes les nationalités ayant pris fo
  
    7302
    e dominant. La revendication de la pleine égalité 
    
de

     droits par toutes les nationalités ayant pris forme d’État souverain 
  
    7303
    oits par toutes les nationalités ayant pris forme 
    
d’

    État souverain est aussi contraire à l’Histoire et étrangère à la réal
  
    7304
     mondial vers quoi certains tendent […]. La haine 
    
de

     tout ce qui est étranger, entretenue au nom du patriotisme, est proch
  
    7305
    retenue au nom du patriotisme, est proche parente 
    
de

     la passion de persécuter les hérétiques ; elle transforme rapidement 
  
    7306
     du patriotisme, est proche parente de la passion 
    
de

     persécuter les hérétiques ; elle transforme rapidement le sentiment n
  
    7307
    t national en un instinct qui échappe au contrôle 
    
de

     la raison. Du même coup, le nationalisme cesse d’être un facteur de d
  
    7308
    de la raison. Du même coup, le nationalisme cesse 
    
d’

    être un facteur de développement culturel et devient superstition. Dan
  
    7309
    ême coup, le nationalisme cesse d’être un facteur 
    
de

     développement culturel et devient superstition. Dans quelle mesure le
  
    7310
    ù j’écris. Il semble au moins aussi vraisemblable 
    
de

     penser que le nationalisme, en se combinant avec d’autres forces, anc
  
    7311
    s et modernes, nous conduit irrésistiblement vers 
    
de

     nouvelles catastrophes, qui ne seront pas de moindre envergure que la
  
    7312
    vers de nouvelles catastrophes, qui ne seront pas 
    
de

     moindre envergure que la guerre de Trente Ans ou la Révolution frança
  
    7313
     ne seront pas de moindre envergure que la guerre 
    
de

     Trente Ans ou la Révolution française et ses suites.  Mais le xixe  s
  
    7314
    re mondiale qui l’achève, aux deux sens du terme. 
    
De

     cet achèvement normal, logique, et pourtant criminel, le témoin le pl
  
    7315
    sintéressé ». Plus européen, sans doute, qu’aucun 
    
de

     ses compatriotes au début de ce siècle, il n’a parlé de l’Europe que 
  
    7316
    sans doute, qu’aucun de ses compatriotes au début 
    
de

     ce siècle, il n’a parlé de l’Europe que sur le ton d’un sombre dépit 
  
    7317
     compatriotes au début de ce siècle, il n’a parlé 
    
de

     l’Europe que sur le ton d’un sombre dépit prophétique. Voici quelques
  
    7318
    e siècle, il n’a parlé de l’Europe que sur le ton 
    
d’

    un sombre dépit prophétique. Voici quelques extraits de ses Propos rec
  
    7319
    sombre dépit prophétique. Voici quelques extraits 
    
de

     ses Propos recueillis par l’un de ses disciples à la veille de la Pre
  
    7320
    elques extraits de ses Propos recueillis par l’un 
    
de

     ses disciples à la veille de la Première Guerre mondiale262 :  Octobr
  
    7321
     recueillis par l’un de ses disciples à la veille 
    
de

     la Première Guerre mondiale262 :  Octobre 1908. — L’Europe est, par e
  
    7322
    ent des lois élémentaires, ou des malins qui font 
    
de

     la démagogie et vivent de leurs mensonges. Personne n’a le courage de
  
    7323
     ou des malins qui font de la démagogie et vivent 
    
de

     leurs mensonges. Personne n’a le courage de dire ou d’écrire que l’ét
  
    7324
    ivent de leurs mensonges. Personne n’a le courage 
    
de

     dire ou d’écrire que l’état de paix en Europe est un état anormal. Po
  
    7325
    urs mensonges. Personne n’a le courage de dire ou 
    
d’

    écrire que l’état de paix en Europe est un état anormal. Pourquoi l’Eu
  
    7326
    nne n’a le courage de dire ou d’écrire que l’état 
    
de

     paix en Europe est un état anormal. Pourquoi l’Europe est-elle par ex
  
    7327
    iers ? Parce qu’elle est habitée par une quantité 
    
de

     races qui sont singulièrement opposées les unes aux autres, et dans l
  
    7328
     mœurs, et dans leurs ambitions. L’Europe n’a pas 
    
de

     chance. Tous ses habitants ne peuvent faire que mauvais voisinage. … 
  
    7329
    sinage. … Et il y a le Slavisme qui met son grain 
    
de

     sel là-dedans. La politique panslave… C’est gai pour demain ! Je vous
  
    7330
    is ; des Allemands ambitieux ; des Anglais jaloux 
    
d’

    autorité ; des Français avares ; des Italiens souffrant d’une crise de
  
    7331
    té ; des Français avares ; des Italiens souffrant 
    
d’

    une crise de croissance ; des Balkaniques braconniers ; des Hongrois g
  
    7332
    nçais avares ; des Italiens souffrant d’une crise 
    
de

     croissance ; des Balkaniques braconniers ; des Hongrois guerriers ? C
  
    7333
    uerriers ? Comment calmerez-vous ce panier rempli 
    
de

     crabes qui se pincent toute la sainte journée ? Malheureuse Europe ! 
  
    7334
    cle. 8 novembre 1912. — Rien n’améliorera le sort 
    
de

     l’Europe. Pourquoi voulez-vous qu’il s’améliore ? Que signifie ce vie
  
    7335
    ous qu’il s’améliore ? Que signifie ce vieux fond 
    
d’

    optimisme qui attend que les choses s’arrangent ? Il n’y a aucune rais
  
    7336
    ns un récipient. L’Europe est un récipient rempli 
    
de

     cette sorte de composés chimiques. Ça met le feu ; que diable ! Prene
  
    7337
    . L’Europe est un récipient rempli de cette sorte 
    
de

     composés chimiques. Ça met le feu ; que diable ! Prenez-en votre part
  
    7338
    e, est peuplée par des peuples qui chantent avant 
    
d’

    aller s’entretuer. Les Français et les Allemands chanteront bientôt.  
  
    7339
    Allemands chanteront bientôt.  Sorel, désespérant 
    
de

     « cette Europe qui est la terre-type du malheur de l’humanité », et r
  
    7340
    e « cette Europe qui est la terre-type du malheur 
    
de

     l’humanité », et réinventant le mot d’Ivan Karamazov sur le « cimetiè
  
    7341
    du malheur de l’humanité », et réinventant le mot 
    
d’

    Ivan Karamazov sur le « cimetière européen263 », fut sans doute l’obse
  
    7342
    , fut sans doute l’observateur le plus pessimiste 
    
de

     la fatalité nationaliste ; et c’est à lui que 1914 donna raison. Car 
  
    7343
    na raison. Car 1914 sonna le glas du rôle mondial 
    
de

     l’Europe des nations. Cette catastrophe fut déclenchée dans l’allégre
  
    7344
    ette catastrophe fut déclenchée dans l’allégresse 
    
de

     nationalismes pimpants, « fleur au fusil », dans l’inconscience génér
  
    7345
    , dans l’inconscience générale du véritable enjeu 
    
de

     la guerre. Car en 1914, ainsi que l’écrira plus tard Jules Romains : 
  
    7346
    s autres n’avaient présents à l’esprit le miracle 
    
de

     ce continent, ni le miracle plus fragile encore qu’était sa chance da
  
    7347
    e. Cette Europe, la leur, devenue mère ou tutrice 
    
de

     tous les peuples, source des pensées et des inventions, détentrice de
  
    7348
    qu’un chant national, qu’un dialecte, qu’un tracé 
    
de

     frontière, qu’un nom de bataille à inscrire sur un socle, qu’un gisem
  
    7349
    ’un dialecte, qu’un tracé de frontière, qu’un nom 
    
de

     bataille à inscrire sur un socle, qu’un gisement de phosphates, qu’un
  
    7350
     bataille à inscrire sur un socle, qu’un gisement 
    
de

     phosphates, qu’une statistique du tonnage comparé, que le plaisir d’h
  
    7351
    ne statistique du tonnage comparé, que le plaisir 
    
d’

    humilier le voisin.264   Il nous plaît de citer ici cette page de l’un
  
    7352
     plaisir d’humilier le voisin.264   Il nous plaît 
    
de

     citer ici cette page de l’un des rares auteurs français vivants qui a
  
    7353
    oisin.264   Il nous plaît de citer ici cette page 
    
de

     l’un des rares auteurs français vivants qui aient eu le courage et la
  
    7354
    is vivants qui aient eu le courage et la lucidité 
    
de

     militer pour une Europe unie, — Europe, mon pays que j’ai voulu chant
  
    7355
     mon pays que j’ai voulu chanter ! — tout au long 
    
d’

    une œuvre importante qui s’étend du poème intitulé « Europe », publié 
  
    7356
    « Europe », publié en 1915, jusqu’à des campagnes 
    
de

     presse en faveur de la CED, en passant par la suite romanesque des Ho
  
    7357
    ED, en passant par la suite romanesque des Hommes 
    
de

     Bonne Volonté. En pleine guerre des nations, Romains avait lancé un p
  
    7358
    sacrée. Même sort ou pire, fut réservé aux appels 
    
d’

    un Romain Rolland qui, dès septembre 1914, en publiant son pamphlet Au
  
    7359
    eptembre 1914, en publiant son pamphlet Au-dessus 
    
de

     la mêlée, avait eu  l’intuition du crime contre l’Europe et contre la
  
    7360
    les peuples avaient été conduits par la politique 
    
de

     leurs gouvernements et la faillite des puissances chargées de défendr
  
    7361
    vernements et la faillite des puissances chargées 
    
de

     défendre la paix : socialisme et christianisme.265   La renaissance d
  
    7362
    et christianisme.265   La renaissance des projets 
    
d’

    union date des lendemains de la Première Guerre mondiale. Et la naissa
  
    7363
    naissance des projets d’union date des lendemains 
    
de

     la Première Guerre mondiale. Et la naissance d’une action politique, 
  
    7364
    s de la Première Guerre mondiale. Et la naissance 
    
d’

    une action politique, économique et culturelle pour faire de ces proje
  
    7365
    on politique, économique et culturelle pour faire 
    
de

     ces projets une réalité date du lendemain de la Seconde Guerre mondia
  
    7366
    aire de ces projets une réalité date du lendemain 
    
de

     la Seconde Guerre mondiale. Il fallait toucher le fond, c’est fait. L
  
    7367
     L’Europe unie naît à l’histoire parmi les ruines 
    
de

     sa dernière grande guerre civile. Et nous allons voir les prophètes d
  
    7368
     guerre civile. Et nous allons voir les prophètes 
    
de

     sa décadence finale controuvés par les faits et réfutés par une génér
  
    7369
     Nietzsche va plus loin : il prévoit la nécessité 
    
d’

    un Marché commun européen : « Au-delà de toutes ces guerres nationales
  
    7370
    nécessité d’un Marché commun européen : « Au-delà 
    
de

     toutes ces guerres nationales, de ces « empires » et de ce qui occupe
  
    7371
    éen : « Au-delà de toutes ces guerres nationales, 
    
de

     ces « empires » et de ce qui occupe le premier plan, je vois plus loi
  
    7372
    tes ces guerres nationales, de ces « empires » et 
    
de

     ce qui occupe le premier plan, je vois plus loin. Ce qui m’importe, c
  
    7373
    ’Europe une, et je la vois se préparer lentement, 
    
d’

    une manière hésitante. Chez tous les esprits étendus et profonds de ce
  
    7374
    itante. Chez tous les esprits étendus et profonds 
    
de

     ce siècle, l’œuvre commune de l’âme a consisté à préparer, à supputer
  
    7375
    étendus et profonds de ce siècle, l’œuvre commune 
    
de

     l’âme a consisté à préparer, à supputer et à anticiper cette nouvelle
  
    7376
     à anticiper cette nouvelle synthèse : l’Européen 
    
de

     l’avenir. Ce ne fut qu’une fois devenus vieux, ou aux heures de faibl
  
    7377
    e ne fut qu’une fois devenus vieux, ou aux heures 
    
de

     faiblesse, qu’ils retombèrent dans l’étroitesse nationale et devinren
  
    7378
    e qui éveille et forme dans ces esprits le besoin 
    
d’

    une unité nouvelle, ou déjà les besoins nouveaux de cette nouvelle uni
  
    7379
    ’une unité nouvelle, ou déjà les besoins nouveaux 
    
de

     cette nouvelle unité, il faut placer un grand fait économique qui écl
  
    7380
     économiquement intenables, à bref délai, du fait 
    
de

     la tendance absolue du grand trafic et du grand commerce à dépasser t
  
    7381
    -delà le bien et le mal, § 208.  259.  Ibid., fin 
    
de

     l’avant-propos.  260.  Volonté de Puissance, III, 3.  261. « Zucht un
  
    7382
    59.  Ibid., fin de l’avant-propos.  260.  Volonté 
    
de

     Puissance, III, 3.  261. « Zucht und Züchtung », III, « Die ewige Wie
  
    7383
    e ewige Wiederkunft ».  262. Jean Variot : Propos 
    
de

     Georges Sorel, Paris, 1935.  263. Cf., p. 288.  264. Jules Romains, L
  
    7384
    263. Cf., p. 288.  264. Jules Romains, Les Hommes 
    
de

     Bonne Volonté, vol. XIV, p. 293-4.  265. Romain Rolland, Journal des 
  
    7385
    . 293-4.  265. Romain Rolland, Journal des années 
    
de

     guerre, p. 735.

24 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Sixième Partie. L’Europe en question : de Spengler à Ortega — 1. « Tout s’est senti périr »
    7386
    onalistes accumulées depuis un siècle, l’incendie 
    
de

     1914 ne fut éteint, provisoirement, qu’avec l’aide des Américains et 
  
    7387
     provisoirement, qu’avec l’aide des Américains et 
    
de

     forts contingents recrutés en Asie, en Australie et en Afrique. Appel
  
    7388
     en Australie et en Afrique. Appelés à nous tirer 
    
de

     nos décombres, ils le firent, librement ou non, puis s’en retournèren
  
    7389
    ux, sans insister, mais édifiés sur notre compte. 
    
D’

    une expérience durement acquise de la réalité européenne, les uns conc
  
    7390
    r notre compte. D’une expérience durement acquise 
    
de

     la réalité européenne, les uns conclurent qu’ils pourraient désormais
  
    7391
    s s’approprier nos forces matérielles et certains 
    
de

     nos principes politiques, quitte à les retourner contre nous profitan
  
    7392
    ues, quitte à les retourner contre nous profitant 
    
de

     nos faiblesses morales et de nos désunions passionnées : ainsi pensèr
  
    7393
    ontre nous profitant de nos faiblesses morales et 
    
de

     nos désunions passionnées : ainsi pensèrent aussi les Soviétiques ; d
  
    7394
     ; d’autres conclurent que le nationalisme, cause 
    
de

     nos ruines, devait être enfin surmonté, mais à l’échelle de l’arbitra
  
    7395
    nes, devait être enfin surmonté, mais à l’échelle 
    
de

     l’arbitrage mondial, c’est-à-dire à l’échelle des troubles que l’Euro
  
    7396
    s pour y répondre, donc loin de mesurer l’ampleur 
    
de

     notre crise, ils marquèrent leur « victoire » par des Traités qui dev
  
    7397
    es du mal. L’Europe ne comptait en 1914 pas moins 
    
de

     vingt nations souveraines. Après les Traités de Versailles, Trianon e
  
    7398
    s de vingt nations souveraines. Après les Traités 
    
de

     Versailles, Trianon et St-Germain, elle en compta trente et une (plus
  
    7399
    et les mieux dénoncés par Renan et par Nietzsche) 
    
d’

    un nationalisme scolaire. Le problème des colonies ne fut pas posé : e
  
    7400
     les auteurs des Traités posèrent ainsi les bases 
    
de

     l’échec de la Société des Nations et du succès des entreprises totali
  
    7401
    s des Traités posèrent ainsi les bases de l’échec 
    
de

     la Société des Nations et du succès des entreprises totalitaires, d’o
  
    7402
    ations et du succès des entreprises totalitaires, 
    
d’

    où devait résulter la Deuxième Guerre mondiale.  Paul Valéry les juge 
  
    7403
    ul Valéry les juge ainsi :  L’Europe avait en soi 
    
de

     quoi ordonner à des fins européennes le reste du monde. Elle avait de
  
    7404
    u-dessous de ceux-ci étaient ceux qui disposaient 
    
d’

    elle. Ils étaient nourris du passé ; ils n’ont su faire que du passé. 
  
    7405
     ; ils n’ont su faire que du passé. Ses querelles 
    
de

     clocher ont fait perdre à l’Europe cette immense occasion dont elle n
  
    7406
     aimé jouer aux Armagnacs et aux Bourguignons que 
    
de

     prendre sur la terre le grand rôle que les Romains surent prendre et 
  
    7407
    .266   Mais dans le même temps, quelques penseurs 
    
d’

    un type nouveau essayaient de regarder la réalité de l’Europe, négligé
  
    7408
    s, quelques penseurs d’un type nouveau essayaient 
    
de

     regarder la réalité de l’Europe, négligée par les réalistes. Tenant c
  
    7409
    un type nouveau essayaient de regarder la réalité 
    
de

     l’Europe, négligée par les réalistes. Tenant compte à la fois de l’hi
  
    7410
    gligée par les réalistes. Tenant compte à la fois 
    
de

     l’histoire, de la sociologie, des arts, des sciences nouvelles, de la
  
    7411
    réalistes. Tenant compte à la fois de l’histoire, 
    
de

     la sociologie, des arts, des sciences nouvelles, de la morale et de l
  
    7412
     la sociologie, des arts, des sciences nouvelles, 
    
de

     la morale et de la politique, ils tentaient d’estimer nos chances. Il
  
    7413
    des arts, des sciences nouvelles, de la morale et 
    
de

     la politique, ils tentaient d’estimer nos chances. Ils les jugeaient 
  
    7414
    s, de la morale et de la politique, ils tentaient 
    
d’

    estimer nos chances. Ils les jugeaient avec raison fort compromises. E
  
    7415
    ses ne les écouteraient, ils se donnaient le luxe 
    
de

     prévoir le pire, surcompensant par une lucidité désespérée le cynisme
  
    7416
     et la naïveté qui dominaient en fait l’évolution 
    
de

     l’histoire. Le premier d’entre eux fut Spengler. Il est remarquable q
  
    7417
     Il est remarquable que le titre du grand ouvrage 
    
d’

    Oswald Spengler (1880-1936), ait été trouvé par l’auteur dès 1912 : Le
  
    7418
     ait été trouvé par l’auteur dès 1912 : Le Déclin 
    
de

     l’Occident. Le sentiment de notre décadence aura donc précédé chez le
  
    7419
     dès 1912 : Le Déclin de l’Occident. Le sentiment 
    
de

     notre décadence aura donc précédé chez les meilleurs esprits cet évén
  
    7420
     C’est à ce titre que Spengler doit le plus clair 
    
de

     sa célébrité, dans un public immense qui souvent ne l’a pas lu, mais 
  
    7421
    l prévoit notre déclin. Qu’en est-il, en réalité, 
    
de

     ce livre qui a fait époque ? Par son recours effervescent aux analogi
  
    7422
    lanétaires et millénaires, portant sur les formes 
    
d’

    art les plus variées et sur les civilisations les plus lointaines, il 
  
    7423
    ntisme allemand, et préfigure le Musée imaginaire 
    
d’

    André Malraux. Par son recours à la comparaison des lois cycliques de 
  
    7424
    r son recours à la comparaison des lois cycliques 
    
de

     formation, d’essor, d’apogée et de déclin des cultures et des civilis
  
    7425
    à la comparaison des lois cycliques de formation, 
    
d’

    essor, d’apogée et de déclin des cultures et des civilisations, il con
  
    7426
    araison des lois cycliques de formation, d’essor, 
    
d’

    apogée et de déclin des cultures et des civilisations, il continue Heg
  
    7427
    lois cycliques de formation, d’essor, d’apogée et 
    
de

     déclin des cultures et des civilisations, il continue Hegel et préfig
  
    7428
    ples sont contestables, surtout quand il les tire 
    
d’

    une actualité que nous voyons déjà périmée. (Il déclare, en 1917, que 
  
    7429
    jà périmée. (Il déclare, en 1917, que la peinture 
    
de

     plein air — alors « moderne » — « n’est pas faite pour le peuple » ; 
  
    7430
    ur la vraie peinture et oppose à l’art abstrait.) 
    
D’

    une entreprise aussi vaste que la sienne, qui se donne d’innombrables 
  
    7431
    ntreprise aussi vaste que la sienne, qui se donne 
    
d’

    innombrables possibilités de « vérifier » ses thèses par des exemples 
  
    7432
     sienne, qui se donne d’innombrables possibilités 
    
de

     « vérifier » ses thèses par des exemples prestigieux — soit que chacu
  
    7433
    oit le premier à les signaler — retenons un style 
    
de

     pensée qui a fait école, et un parti pris pessimiste qui a fourni ses
  
    7434
    s références à toute une époque. Ses entrevisions 
    
d’

    un avenir césarien, noyant le pouvoir de l’argent dans le « sang », c’
  
    7435
    revisions d’un avenir césarien, noyant le pouvoir 
    
de

     l’argent dans le « sang », c’est-à-dire dans une éruption des forces 
  
    7436
    dire dans une éruption des forces instinctives et 
    
de

     la volonté de puissance ont été réalisées par Hitler beaucoup plus tô
  
    7437
    éruption des forces instinctives et de la volonté 
    
de

     puissance ont été réalisées par Hitler beaucoup plus tôt qu’il ne le 
  
    7438
    te un des témoins les plus sincères et importants 
    
de

     l’aventure occidentale au xxe  siècle. Ses deux maîtres sont Goethe e
  
    7439
    e (abusivement peut-être) une théorie organiciste 
    
de

     la culture : chaque culture serait comparable à une plante, à un anim
  
    7440
    orté ses fruits. Du second il retient une manière 
    
de

     regarder en face les catastrophes et d’aimer le destin qu’on ne peut 
  
    7441
    e manière de regarder en face les catastrophes et 
    
d’

    aimer le destin qu’on ne peut infléchir. Mais pour autant, il ne veut 
  
    7442
    autant, il ne veut pas renoncer au mythe faustien 
    
de

     l’individu actif et créateur… Voici deux pages qui illustrent bien le
  
    7443
    eux pages qui illustrent bien les thèmes centraux 
    
de

     cet énorme ouvrage.  Organicisme : comme les nations, selon Hegel, le
  
    7444
     moment où une grande âme se réveille, se détache 
    
de

     l’état psychique primaire d’éternelle enfance humaine, forme issue de
  
    7445
    réveille, se détache de l’état psychique primaire 
    
d’

    éternelle enfance humaine, forme issue de l’informe, limite et caducit
  
    7446
    primaire d’éternelle enfance humaine, forme issue 
    
de

     l’informe, limite et caducité sorties de l’infini et de la durée. Ell
  
    7447
    me issue de l’informe, limite et caducité sorties 
    
de

     l’infini et de la durée. Elle croît sur le sol d’un paysage exactemen
  
    7448
    nforme, limite et caducité sorties de l’infini et 
    
de

     la durée. Elle croît sur le sol d’un paysage exactement délimitable a
  
    7449
    de l’infini et de la durée. Elle croît sur le sol 
    
d’

    un paysage exactement délimitable auquel elle reste liée comme la plan
  
    7450
    ture meurt quand l’âme a réalisé la somme entière 
    
de

     ses possibilités sous la forme de peuples, de langues, de doctrines r
  
    7451
    a somme entière de ses possibilités sous la forme 
    
de

     peuples, de langues, de doctrines religieuses, d’arts, d’États, de sc
  
    7452
    ère de ses possibilités sous la forme de peuples, 
    
de

     langues, de doctrines religieuses, d’arts, d’États, de sciences, et r
  
    7453
    ossibilités sous la forme de peuples, de langues, 
    
de

     doctrines religieuses, d’arts, d’États, de sciences, et retourne ains
  
    7454
    de peuples, de langues, de doctrines religieuses, 
    
d’

    arts, d’États, de sciences, et retourne ainsi à l’état psychique prima
  
    7455
    es, de langues, de doctrines religieuses, d’arts, 
    
d’

    États, de sciences, et retourne ainsi à l’état psychique primaire. Mai
  
    7456
    ngues, de doctrines religieuses, d’arts, d’États, 
    
de

     sciences, et retourne ainsi à l’état psychique primaire. Mais son êtr
  
    7457
     primaire. Mais son être vivant, cette succession 
    
de

     grandes époques qui marquent à grands traits précis son accomplisseme
  
    7458
     lutte très intime et passionnée pour la conquête 
    
de

     l’idée sur les puissances extérieures du chaos et sur l’instinct où c
  
    7459
    eulement l’artiste qui lutte contre la résistance 
    
de

     la matière et contre la destruction de l’idée en lui. Chaque culture 
  
    7460
    résistance de la matière et contre la destruction 
    
de

     l’idée en lui. Chaque culture se trouve dans un rapport profondément 
  
    7461
    anisme, byzantinisme, mandarinisme. C’est le sens 
    
de

     tous les déclins dans l’histoire — le sens de l’accomplissement intér
  
    7462
    ens de tous les déclins dans l’histoire — le sens 
    
de

     l’accomplissement intérieur et extérieur, celui de la fin qui menace 
  
    7463
    e l’accomplissement intérieur et extérieur, celui 
    
de

     la fin qui menace toutes les cultures vivantes ; — parmi ces déclins,
  
    7464
    es ; — parmi ces déclins, le plus distinct, celui 
    
de

     « l’antiquité », s’étale à grands traits sous nos yeux, tandis qu’en 
  
    7465
    vons clairement à la trace les premiers symptômes 
    
de

     notre événement, absolument semblable au premier par son cours et sa 
  
    7466
    miers siècles du prochain millénaire, le « déclin 
    
de

     l’Occident ».267    Amor fati : si tu veux prévenir le désastre, il t
  
    7467
     loi ; mieux même : à la vouloir, dernier recours 
    
de

     ton étroite liberté :  Une puissance ne peut être détruite que par un
  
    7468
     autre, non par un principe, et il n’y en a point 
    
d’

    autre contre l’argent. L’argent ne sera dominé que par le sang et supp
  
    7469
    ujours et uniquement la vie, la race, la victoire 
    
de

     la volonté de puissance, non celle des vérités, des inventions ou de 
  
    7470
    uement la vie, la race, la victoire de la volonté 
    
de

     puissance, non celle des vérités, des inventions ou de l’argent. L’hi
  
    7471
    issance, non celle des vérités, des inventions ou 
    
de

     l’argent. L’histoire universelle est le tribunal universel : elle a t
  
    7472
    nné à la vie plus forte, plus complète, plus sûre 
    
d’

    elle-même, le droit à l’existence, dût-il ne pas être un droit pour l’
  
    7473
     la justice plus que la puissance. Ainsi le drame 
    
d’

    une haute culture, tout ce monde merveilleux de divinités, d’arts, de 
  
    7474
    me d’une haute culture, tout ce monde merveilleux 
    
de

     divinités, d’arts, de pensées, de batailles, de villes, se termine en
  
    7475
     culture, tout ce monde merveilleux de divinités, 
    
d’

    arts, de pensées, de batailles, de villes, se termine encore par les f
  
    7476
    , tout ce monde merveilleux de divinités, d’arts, 
    
de

     pensées, de batailles, de villes, se termine encore par les faits élé
  
    7477
    nde merveilleux de divinités, d’arts, de pensées, 
    
de

     batailles, de villes, se termine encore par les faits élémentaux du s
  
    7478
    x de divinités, d’arts, de pensées, de batailles, 
    
de

     villes, se termine encore par les faits élémentaux du sang éternel qu
  
    7479
    estin a placés dans cette culture, et à ce moment 
    
de

     son devenir, où l’argent célèbre ses dernières victoires et où son hé
  
    7480
    roche doucement et irrésistiblement, la direction 
    
de

     notre vouloir et de notre devoir — hors desquels la vie n’a pas de se
  
    7481
    rrésistiblement, la direction de notre vouloir et 
    
de

     notre devoir — hors desquels la vie n’a pas de sens — est par là même
  
    7482
    et de notre devoir — hors desquels la vie n’a pas 
    
de

     sens — est par là même tracée dans un cercle étroitement circonscrit.
  
    7483
    oitement circonscrit. Nous n’avons pas la liberté 
    
de

     choisir le point à atteindre, mais celle de faire le nécessaire ou ri
  
    7484
    berté de choisir le point à atteindre, mais celle 
    
de

     faire le nécessaire ou rien. Et un problème que la nécessité historiq
  
    7485
    ière Guerre mondiale et terminé en 1917, le livre 
    
de

     Spengler fut en réalité un ouvrage d’anticipation : il révélait les c
  
    7486
    7, le livre de Spengler fut en réalité un ouvrage 
    
d’

    anticipation : il révélait les causes des catastrophes à venir. Dès 19
  
    7487
    nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler 
    
de

     mondes disparus tout entiers, d’empires coulés à pic avec tous leurs 
  
    7488
    s entendu parler de mondes disparus tout entiers, 
    
d’

    empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; des
  
    7489
    urs symbolistes, leurs critiques et les critiques 
    
de

     leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est f
  
    7490
    vions bien que toute la terre apparente est faite 
    
de

     cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions à tra
  
    7491
    que chose. Nous apercevions à travers l’épaisseur 
    
de

     l’histoire, les fantômes d’immenses navires qui furent chargés de ric
  
    7492
    à travers l’épaisseur de l’histoire, les fantômes 
    
d’

    immenses navires qui furent chargés de richesse et d’esprit. Nous ne p
  
    7493
    es fantômes d’immenses navires qui furent chargés 
    
de

     richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces nauf
  
    7494
    mmenses navires qui furent chargés de richesse et 
    
d’

    esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, après to
  
    7495
    as notre affaire.  Elam, Ninive, Babylone étaient 
    
de

     beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu d
  
    7496
     étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale 
    
de

     ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existe
  
    7497
    ais France, Angleterre, Russie… ce seraient aussi 
    
de

     beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenan
  
    7498
    n beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme 
    
de

     l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une ci
  
    7499
    vie. Les circonstances qui enverraient les œuvres 
    
de

     Keats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne son
  
    7500
    ces qui enverraient les œuvres de Keats et celles 
    
de

     Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plus du tout inco
  
    7501
    eats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres 
    
de

     Ménandre ne sont plus du tout inconcevables : elles sont dans les jou
  
    7502
    érir. Un frisson extraordinaire a couru la moelle 
    
de

     l’Europe. Elle a senti, par tous ses noyaux pensants qu’elle ne se re
  
    7503
    qu’elle ne se reconnaissait plus, qu’elle cessait 
    
de

     se ressembler, qu’elle allait perdre conscience — une conscience acqu
  
    7504
    nscience — une conscience acquise par des siècles 
    
de

     malheurs supportables, par des milliers d’hommes du premier ordre, pa
  
    7505
    iècles de malheurs supportables, par des milliers 
    
d’

    hommes du premier ordre, par des chances géographiques, ethniques, his
  
    7506
    brables. Alors, comme pour une défense désespérée 
    
de

     son être et de son avoir physiologiques, toute sa mémoire lui est rev
  
    7507
     comme pour une défense désespérée de son être et 
    
de

     son avoir physiologiques, toute sa mémoire lui est revenue confusémen
  
    7508
    onaux… Et dans le même désordre mental, à l’appel 
    
de

     la même angoisse, l’Europe cultivée a subi la reviviscence rapide de 
  
    7509
    , l’Europe cultivée a subi la reviviscence rapide 
    
de

     ses innombrables pensées : dogmes, philosophies, idéaux hétérogènes ;
  
    7510
    es, idéaux hétérogènes ; les trois-cents manières 
    
d’

    expliquer le Monde, les mille et une nuances du christianisme, les deu
  
    7511
     une nuances du christianisme, les deux douzaines 
    
de

     positivismes : tout le spectre de la lumière intellectuelle a étalé s
  
    7512
     deux douzaines de positivismes : tout le spectre 
    
de

     la lumière intellectuelle a étalé ses couleurs incompatibles, éclaira
  
    7513
    lle a étalé ses couleurs incompatibles, éclairant 
    
d’

    une étrange lueur contradictoire l’agonie de l’âme européenne. … Maint
  
    7514
    irant d’une étrange lueur contradictoire l’agonie 
    
de

     l’âme européenne. … Maintenant, sur une immense terrasse d’Elsinore, 
  
    7515
    uropéenne. … Maintenant, sur une immense terrasse 
    
d’

    Elsinore, qui va de Bâle à Cologne, qui touche aux sables de Nieuport,
  
    7516
    nant, sur une immense terrasse d’Elsinore, qui va 
    
de

     Bâle à Cologne, qui touche aux sables de Nieuport, aux marais de la S
  
    7517
    , qui va de Bâle à Cologne, qui touche aux sables 
    
de

     Nieuport, aux marais de la Somme, aux craies de Champagne, aux granit
  
    7518
    ne, qui touche aux sables de Nieuport, aux marais 
    
de

     la Somme, aux craies de Champagne, aux granits d’Alsace, — l’Hamlet e
  
    7519
    s de Nieuport, aux marais de la Somme, aux craies 
    
de

     Champagne, aux granits d’Alsace, — l’Hamlet européen regarde des mill
  
    7520
    de la Somme, aux craies de Champagne, aux granits 
    
d’

    Alsace, — l’Hamlet européen regarde des millions de spectres. Mais il 
  
    7521
    ’Alsace, — l’Hamlet européen regarde des millions 
    
de

     spectres. Mais il est un Hamlet intellectuel. Il médite sur la vie et
  
    7522
    t des vérités. Il a pour fantômes tous les objets 
    
de

     nos controverses ; il a pour remords tous les titres de notre gloire 
  
    7523
     controverses ; il a pour remords tous les titres 
    
de

     notre gloire ; il est accablé sous le poids des découvertes, des conn
  
    7524
    ids des découvertes, des connaissances, incapable 
    
de

     se reprendre à cette activité illimitée. Il songe à l’ennui de recomm
  
    7525
    re à cette activité illimitée. Il songe à l’ennui 
    
de

     recommencer le passé, à la folie de vouloir innover toujours. Il chan
  
    7526
    nge à l’ennui de recommencer le passé, à la folie 
    
de

     vouloir innover toujours. Il chancelle entre les deux abîmes, car deu
  
    7527
    ntre les deux abîmes, car deux dangers ne cessent 
    
de

     menacer le monde : l’ordre et le désordre. S’il saisit un crâne, c’es
  
    7528
    e volant n’a pas précisément servi les intentions 
    
de

     l’inventeur : nous savons que l’homme volant monté sur son grand cygn
  
    7529
    uccello sopra del dosso del suo magnio cecero) a, 
    
de

     nos jours, d’autres emplois que d’aller prendre de la neige à la cime
  
    7530
    nio cecero) a, de nos jours, d’autres emplois que 
    
d’

    aller prendre de la neige à la cime des monts pour la jeter, pendant l
  
    7531
    e nos jours, d’autres emplois que d’aller prendre 
    
de

     la neige à la cime des monts pour la jeter, pendant les jours de chal
  
    7532
    a cime des monts pour la jeter, pendant les jours 
    
de

     chaleur, sur le pavé des villes… Et cet autre crâne est celui de Leib
  
    7533
     le pavé des villes… Et cet autre crâne est celui 
    
de

     Leibniz qui rêva de la paix universelle. Et celui-ci fut Kant, Kant q
  
    7534
     Et cet autre crâne est celui de Leibniz qui rêva 
    
de

     la paix universelle. Et celui-ci fut Kant, Kant qui genuit Hegel, qui
  
    7535
    t Marx, qui genuit… Hamlet ne sait trop que faire 
    
de

     tous ces crânes. Mais s’il les abandonne !… Va-t-il cesser d’être lui
  
    7536
    crânes. Mais s’il les abandonne !… Va-t-il cesser 
    
d’

    être lui-même ? Son esprit affreusement clairvoyant contemple le passa
  
    7537
    rit affreusement clairvoyant contemple le passage 
    
de

     la guerre à la paix. Ce passage est plus obscur, plus dangereux que l
  
    7538
    ge est plus obscur, plus dangereux que le passage 
    
de

     la paix à la guerre ; tous les peuples en sont troublés. « Et moi, se
  
    7539
    destructions comme fait la guerre. C’est le temps 
    
d’

    une concurrence créatrice, et de la lutte des productions. Mais Moi, n
  
    7540
    e. C’est le temps d’une concurrence créatrice, et 
    
de

     la lutte des productions. Mais Moi, ne suis-je pas fatigué de produir
  
    7541
    des productions. Mais Moi, ne suis-je pas fatigué 
    
de

     produire ? N’ai-je pas épuisé le désir des tentatives extrêmes et n’a
  
    7542
     pas abusé des savants mélanges ? Faut-il laisser 
    
de

     côté mes devoirs difficiles et mes ambitions transcendantes ? Dois-je
  
    7543
    se ? — Adieu, fantômes ! Le monde n’a plus besoin 
    
de

     vous. Ni de moi. Le monde, qui baptise du nom de progrès sa tendance 
  
    7544
    , fantômes ! Le monde n’a plus besoin de vous. Ni 
    
de

     moi. Le monde, qui baptise du nom de progrès sa tendance à une précis
  
    7545
     de vous. Ni de moi. Le monde, qui baptise du nom 
    
de

     progrès sa tendance à une précision fatale, cherche à unir aux bienfa
  
    7546
    ne précision fatale, cherche à unir aux bienfaits 
    
de

     la vie, les avantages de la mort. Une certaine confusion règne encore
  
    7547
    che à unir aux bienfaits de la vie, les avantages 
    
de

     la mort. Une certaine confusion règne encore, mais encore un peu de t
  
    7548
    ircira ; nous verrons enfin apparaître le miracle 
    
d’

    une société animale, une parfaite et définitive fourmilière ».269   Da
  
    7549
      Dans le même temps — à mi-chemin, entre l’année 
    
de

     la rédaction des fameuses lettres de Paul Valéry et l’année de leur p
  
    7550
    ntre l’année de la rédaction des fameuses lettres 
    
de

     Paul Valéry et l’année de leur publication — une jeune diplomate suis
  
    7551
    on des fameuses lettres de Paul Valéry et l’année 
    
de

     leur publication — une jeune diplomate suisse promis à une grande car
  
    7552
    nsthal, quelques pages prophétiques sur le destin 
    
de

     l’Europe270 :  Ces semaines en Italie ont modifié pour moi bien des p
  
    7553
     Européen. En êtes-vous un ? Avez-vous le courage 
    
d’

    être aujourd’hui encore — ou de nouveau — un Européen ? N’est-ce pas l
  
    7554
    ujours, relève du passé ? N’était-ce pas l’espoir 
    
de

     la chrétienté de jadis ? Car l’humanisme, l’héritage des Grecs, ont-i
  
    7555
     passé ? N’était-ce pas l’espoir de la chrétienté 
    
de

     jadis ? Car l’humanisme, l’héritage des Grecs, ont-ils jamais été plu
  
    7556
    pano-italo-slaves avec l’essence slave comme note 
    
de

     basse profonde. Une fédération ne se conçoit que sous le dénominateur
  
    7557
    ion ne se conçoit que sous le dénominateur commun 
    
d’

    une forte pensée de base, d’une conviction. Or, elles font défaut. Un 
  
    7558
    ue sous le dénominateur commun d’une forte pensée 
    
de

     base, d’une conviction. Or, elles font défaut. Un danger commun, comm
  
    7559
    e dénominateur commun d’une forte pensée de base, 
    
d’

    une conviction. Or, elles font défaut. Un danger commun, comme jadis l
  
    7560
    , résolu, même le danger. Dans toutes les parties 
    
de

     la monarchie, vos compatriotes ont été gagnés par le nationalisme ; c
  
    7561
    es naturelles et le romantisme, l’idée romantisée 
    
de

     la Révolution française y ont contribué, indirectement dirigés contre
  
    7562
    tellectuels autrichiens, ces opportunistes dénués 
    
de

     flair, qui auraient pu entraver ce processus. Chez nous, en Suisse ? 
  
    7563
    ant des affinités avec l’Allemagne, à l’exclusion 
    
de

     tout nationalisme. Gotthelf, Keller, Meyer, Jacob Burckhardt se sont 
  
    7564
    on politiquement. Mais ils se sont déjà détournés 
    
de

     l’Allemagne des années 48, et n’ont plus rien voulu avoir de commun a
  
    7565
    gne des années 48, et n’ont plus rien voulu avoir 
    
de

     commun avec le Reich de Bismarck, modelé en si grande partie sur le p
  
    7566
    ont plus rien voulu avoir de commun avec le Reich 
    
de

     Bismarck, modelé en si grande partie sur le prototype français du xvi
  
    7567
    siècle. Le dernier fédéraliste global, et citoyen 
    
d’

    un monde polyphonique où antiquité et christianisme s’amalgament en un
  
    7568
    cours. En lui le sanctum Imperium réduit à l’état 
    
d’

    ombre, est devenu une réalité. Quant au message de Herder, c’est préci
  
    7569
    d’ombre, est devenu une réalité. Quant au message 
    
de

     Herder, c’est précisément contre son esprit que la majorité du peuple
  
    7570
    on esprit que la majorité du peuple allemand, née 
    
de

     la défaite, est en révolte. On ne peut qu’attendre, et si possible du
  
    7571
    iode, mais il faudra attendre longtemps que cesse 
    
de

     résonner la note nationaliste. C’est un état d’hypnose, il gagne de p
  
    7572
    e de résonner la note nationaliste. C’est un état 
    
d’

    hypnose, il gagne de plus en plus les esprits autour de lui, tout est 
  
    7573
    es et les grandes chimères… Peut-être les progrès 
    
de

     la technique amorceront-ils, dès ce siècle, une sorte d’organisation 
  
    7574
    echnique amorceront-ils, dès ce siècle, une sorte 
    
d’

    organisation mondiale. Pour l’instant, il semble néanmoins que le mond
  
    7575
    randes nations européennes renonce à son exigence 
    
de

     primauté. « Les grandes puissances », « le concert des puissances », 
  
    7576
     Sont-ils donc si peu nombreux, les gens capables 
    
de

     lire l’inscription sur le mur que tracent notre art et notre musique 
  
    7577
    ique actuels ? Si peu nombreux, les gens capables 
    
de

     méditer sur la mort de la mélodie profondément européenne ? Il n’est 
  
    7578
    ombreux, les gens capables de méditer sur la mort 
    
de

     la mélodie profondément européenne ? Il n’est pas de retour en arrièr
  
    7579
    la mélodie profondément européenne ? Il n’est pas 
    
de

     retour en arrière possible, rien n’est jamais récupéré de ce qui fut 
  
    7580
    r en arrière possible, rien n’est jamais récupéré 
    
de

     ce qui fut perdu ; mais qui demeurera fidèle et supportera de rester 
  
    7581
    t perdu ; mais qui demeurera fidèle et supportera 
    
de

     rester seul, ressuscitera peut-être un jour, en des temps très lointa
  
    7582
    , en des temps très lointains. C’est là le secret 
    
de

     toutes les Renaissances. Peut-être, après de lourdes défaites et des 
  
    7583
    cret de toutes les Renaissances. Peut-être, après 
    
de

     lourdes défaites et des dévastations, le grain semé germera-t-il à no
  
    7584
    ol profondément labouré.  Demeurer fidèle, secret 
    
de

     toutes les Renaissances… Mais les uns veulent être fidèles à l’humani
  
    7585
    libéral, tandis que les autres y voient la source 
    
de

     nos maux. Si nous ne sauvons pas les valeurs de liberté, de tolérance
  
    7586
    e de nos maux. Si nous ne sauvons pas les valeurs 
    
de

     liberté, de tolérance et de libre examen, dit l’un, — si nous ne sauv
  
    7587
    x. Si nous ne sauvons pas les valeurs de liberté, 
    
de

     tolérance et de libre examen, dit l’un, — si nous ne sauvons pas, au 
  
    7588
    uvons pas les valeurs de liberté, de tolérance et 
    
de

     libre examen, dit l’un, — si nous ne sauvons pas, au contraire, les v
  
    7589
    75-1955) :  Dans tout humanisme il y a un élément 
    
de

     faiblesse qui vient de sa répugnance pour tout fanatisme, de sa tolér
  
    7590
    e qui vient de sa répugnance pour tout fanatisme, 
    
de

     sa tolérance et de son penchant pour un scepticisme indulgent, en un 
  
    7591
    épugnance pour tout fanatisme, de sa tolérance et 
    
de

     son penchant pour un scepticisme indulgent, en un mot de sa bonté nat
  
    7592
    penchant pour un scepticisme indulgent, en un mot 
    
de

     sa bonté naturelle. Et cela peut, en certaines circonstances, lui dev
  
    7593
     virilité et qui serait convaincu que le principe 
    
de

     la liberté, de la tolérance et du libre examen n’a pas le droit de se
  
    7594
    i serait convaincu que le principe de la liberté, 
    
de

     la tolérance et du libre examen n’a pas le droit de se laisser exploi
  
    7595
     la tolérance et du libre examen n’a pas le droit 
    
de

     se laisser exploiter par le fanatisme sans vergogne de ses ennemis. L
  
    7596
     laisser exploiter par le fanatisme sans vergogne 
    
de

     ses ennemis. L’humanisme européen est-il devenu incapable d’une résur
  
    7597
    mis. L’humanisme européen est-il devenu incapable 
    
d’

    une résurrection qui rendrait à ses principes leur valeur de combat ? 
  
    7598
    rrection qui rendrait à ses principes leur valeur 
    
de

     combat ? S’il n’est pas plus capable de prendre conscience de lui-mêm
  
    7599
    ur valeur de combat ? S’il n’est pas plus capable 
    
de

     prendre conscience de lui-même, de se préparer à la lutte dans un ren
  
    7600
    S’il n’est pas plus capable de prendre conscience 
    
de

     lui-même, de se préparer à la lutte dans un renouveau de ses forces v
  
    7601
    s plus capable de prendre conscience de lui-même, 
    
de

     se préparer à la lutte dans un renouveau de ses forces vitales, alors
  
    7602
    même, de se préparer à la lutte dans un renouveau 
    
de

     ses forces vitales, alors il périra et avec lui l’Europe, dont le nom
  
    7603
    hercher dès maintenant un refuge hors du temps et 
    
de

     l’espace.271   Or, cet humanisme, précisément, cet idéal européen mod
  
    7604
    umanisme, précisément, cet idéal européen moderne 
    
de

     la Raison, du Progrès, de la Science et de la Culture, répugne à l’Es
  
    7605
     idéal européen moderne de la Raison, du Progrès, 
    
de

     la Science et de la Culture, répugne à l’Espagnol « suressentiel et q
  
    7606
    oderne de la Raison, du Progrès, de la Science et 
    
de

     la Culture, répugne à l’Espagnol « suressentiel et quichottesque » qu
  
    7607
    uelques phrases son argument, ou plutôt son refus 
    
d’

    argumenter, son cri :  En deux mots se résume l’ensemble de ce que l’o
  
    7608
    ter, son cri :  En deux mots se résume l’ensemble 
    
de

     ce que l’on demande pour notre pays. Ces deux mots sont européen et m
  
    7609
    aniser », tels sont ces lieux communs… Je ne veux 
    
d’

    autre méthode que celle de la passion ; et quand ma poitrine se soulèv
  
    7610
    eux communs… Je ne veux d’autre méthode que celle 
    
de

     la passion ; et quand ma poitrine se soulève de dégoût, de répugnance
  
    7611
    e de la passion ; et quand ma poitrine se soulève 
    
de

     dégoût, de répugnance, de pitié ou de mépris, je laisse, débordée par
  
    7612
    sion ; et quand ma poitrine se soulève de dégoût, 
    
de

     répugnance, de pitié ou de mépris, je laisse, débordée par le cœur, p
  
    7613
     ma poitrine se soulève de dégoût, de répugnance, 
    
de

     pitié ou de mépris, je laisse, débordée par le cœur, parler la bouche
  
    7614
     se soulève de dégoût, de répugnance, de pitié ou 
    
de

     mépris, je laisse, débordée par le cœur, parler la bouche et les mots
  
    7615
    ommes des charlatans fantaisistes, qui farcissons 
    
de

     rhétorique les vides de la logique, qui raffinons avec plus ou moins 
  
    7616
    taisistes, qui farcissons de rhétorique les vides 
    
de

     la logique, qui raffinons avec plus ou moins d’esprit mais sans utili
  
    7617
    s de la logique, qui raffinons avec plus ou moins 
    
d’

    esprit mais sans utilité aucune, qui manquons du sens de l’enchaînemen
  
    7618
    it mais sans utilité aucune, qui manquons du sens 
    
de

     l’enchaînement et de la dépendance, des scolastiques, des casuistes, 
  
    7619
    aucune, qui manquons du sens de l’enchaînement et 
    
de

     la dépendance, des scolastiques, des casuistes, etc., etc. J’ai enten
  
    7620
    asuistes, etc., etc. J’ai entendu dire des choses 
    
de

     ce genre d’Augustin, le grand Africain, âme de feu qui s’épanchait en
  
    7621
    c., etc. J’ai entendu dire des choses de ce genre 
    
d’

    Augustin, le grand Africain, âme de feu qui s’épanchait en flots de rh
  
    7622
    es de ce genre d’Augustin, le grand Africain, âme 
    
de

     feu qui s’épanchait en flots de rhétorique, de phrases retorses, d’an
  
    7623
    and Africain, âme de feu qui s’épanchait en flots 
    
de

     rhétorique, de phrases retorses, d’antithèses, de paradoxes et de sub
  
    7624
    me de feu qui s’épanchait en flots de rhétorique, 
    
de

     phrases retorses, d’antithèses, de paradoxes et de subtilités. Saint 
  
    7625
    hait en flots de rhétorique, de phrases retorses, 
    
d’

    antithèses, de paradoxes et de subtilités. Saint Augustin fut un gongo
  
    7626
    de rhétorique, de phrases retorses, d’antithèses, 
    
de

     paradoxes et de subtilités. Saint Augustin fut un gongoriste et conce
  
    7627
    e phrases retorses, d’antithèses, de paradoxes et 
    
de

     subtilités. Saint Augustin fut un gongoriste et conceptiste en même t
  
    7628
    le gongorisme sont les formes les plus naturelles 
    
de

     la passion et de la véhémence. Le grand Africain, le grand Africain a
  
    7629
    t les formes les plus naturelles de la passion et 
    
de

     la véhémence. Le grand Africain, le grand Africain ancien ! Voilà une
  
    7630
     : « africain ancien » qui peut s’opposer à celle 
    
d’

    « européen moderne » et qui vaut autant qu’elle, pour le moins. Saint 
  
    7631
    deux ans, après avoir voyagé dans divers domaines 
    
de

     la culture européenne moderne et, seul avec ma conscience, je me dema
  
    7632
    ’appelle moderne. » Et je continue : « Et ce fait 
    
de

     ne te sentir ni Européen ni moderne, ne t’ôte-t-il point ta qualité d
  
    7633
    ropéen ni moderne, ne t’ôte-t-il point ta qualité 
    
d’

    Espagnol ? » … Avant tout, et pour ce qui me concerne, je dois avouer 
  
    7634
    nvers tout ce qui passe pour principes directeurs 
    
de

     l’esprit européen moderne, envers l’orthodoxie scientifique d’aujourd
  
    7635
    uropéen moderne, envers l’orthodoxie scientifique 
    
d’

    aujourd’hui, ses méthodes et ses tendances. Il y a deux choses dont on
  
    7636
    s avouer, me sont antipathiques. … L’unique moyen 
    
d’

    entrer en relation vivante avec un autre est le moyen de l’agression ;
  
    7637
    er en relation vivante avec un autre est le moyen 
    
de

     l’agression ; seuls arrivent à une vraie compénétration, à une frater
  
    7638
    n, à une fraternité spirituelle ceux qui essaient 
    
de

     se subjuguer spirituellement les uns les autres, que ce soient des in
  
    7639
    idus ou que ce soient des peuples. Quand je tente 
    
de

     mettre mon esprit dans l’esprit de mon prochain, c’est alors seulemen
  
    7640
    Quand je tente de mettre mon esprit dans l’esprit 
    
de

     mon prochain, c’est alors seulement que je reçois dans le mien l’espr
  
    7641
    ors seulement que je reçois dans le mien l’esprit 
    
de

     ce prochain. La bénédiction de l’apôtre est qu’il reçoit en soi les â
  
    7642
    s le mien l’esprit de ce prochain. La bénédiction 
    
de

     l’apôtre est qu’il reçoit en soi les âmes de tous ceux qu’il évangéli
  
    7643
    tion de l’apôtre est qu’il reçoit en soi les âmes 
    
de

     tous ceux qu’il évangélise : c’est la noblesse du prosélytisme. … J’a
  
    7644
    rofonde conviction, pour arbitraire qu’elle soit (
    
d’

    autant plus profonde que plus arbitraire, car c’est ainsi pour les vér
  
    7645
    plus arbitraire, car c’est ainsi pour les vérités 
    
de

     foi) j’ai la profonde conviction que l’européanisation véritable et i
  
    7646
    viction que l’européanisation véritable et intime 
    
de

     l’Espagne, c’est-à-dire notre digestion de cette partie de l’esprit e
  
    7647
    intime de l’Espagne, c’est-à-dire notre digestion 
    
de

     cette partie de l’esprit européen qui peut devenir notre esprit, ne c
  
    7648
    gne, c’est-à-dire notre digestion de cette partie 
    
de

     l’esprit européen qui peut devenir notre esprit, ne commencera que qu
  
    7649
    sprit, ne commencera que quand nous aurons essayé 
    
de

     nous imposer à l’ordre spirituel de l’Europe, de lui faire avaler ce 
  
    7650
    aurons essayé de nous imposer à l’ordre spirituel 
    
de

     l’Europe, de lui faire avaler ce qui est nôtre, essentiellement nôtre
  
    7651
     de nous imposer à l’ordre spirituel de l’Europe, 
    
de

     lui faire avaler ce qui est nôtre, essentiellement nôtre, en échange 
  
    7652
     qui est nôtre, essentiellement nôtre, en échange 
    
de

     ce qui est sien, quand nous aurons essayé d’espagnoliser l’Europe.272
  
    7653
    ange de ce qui est sien, quand nous aurons essayé 
    
d’

    espagnoliser l’Europe.272   Ce n’est pas un nationaliste qui parle ici
  
    7654
    parle ici. C’est un homme qui « a désir et besoin 
    
de

     l’âme, et d’une âme substantielle »273. Et c’est l’Europe de la Passi
  
    7655
    est un homme qui « a désir et besoin de l’âme, et 
    
d’

    une âme substantielle »273. Et c’est l’Europe de la Passion, de l’Espr
  
    7656
    stantielle »273. Et c’est l’Europe de la Passion, 
    
de

     l’Esprit le plus subversif, qui rejette par sa bouche l’Europe tiède,
  
    7657
    , humanitaire, occupée à survivre. Hitler tentera 
    
de

     les tuer toutes les deux. L’essayiste anglais Hilaire Belloc condamne
  
    7658
    nglais Hilaire Belloc condamne lui aussi le culte 
    
de

     la Science et du Progrès, mais au nom de l’Église et de l’Autorité : 
  
    7659
    Science et du Progrès, mais au nom de l’Église et 
    
de

     l’Autorité :  Voici ma thèse : la culture et la civilisation de la ch
  
    7660
    :  Voici ma thèse : la culture et la civilisation 
    
de

     la chrétienté — qui fut désignée pendant des siècles par le terme gén
  
    7661
    e catholique, rassemblant les traditions sociales 
    
de

     l’empire gréco-romain, et animant l’ensemble de ce grand corps d’une 
  
    7662
    s de l’empire gréco-romain, et animant l’ensemble 
    
de

     ce grand corps d’une vie nouvelle. C’est l’Église catholique qui nous
  
    7663
    o-romain, et animant l’ensemble de ce grand corps 
    
d’

    une vie nouvelle. C’est l’Église catholique qui nous a faits, qui nous
  
    7664
    us a donné notre unité et toute notre philosophie 
    
de

     la vie, et qui a formé la nature du monde blanc. Ce monde — la chréti
  
    7665
    c. Ce monde — la chrétienté — surmonta les périls 
    
de

     la barbarie païenne, résistant à ses assauts tant extérieurs qu’intér
  
    7666
    ts tant extérieurs qu’intérieurs et à la pression 
    
de

     la grande hérésie qui allait devenir une religion nouvelle : le mahom
  
    7667
    tous les périls, il tint tête, bien que dépouillé 
    
de

     vastes territoires ; il se releva, une fois la tourmente passée, et e
  
    7668
     montra, dès le début du xive  siècle, les signes 
    
d’

    un déclin qui se précipita rapidement durant le xve  siècle. La Foi do
  
    7669
    ait, contestée. La société chrétienne fut soumise 
    
de

     la sorte à une tension, prolongée, qui la menaçait de disruption ; el
  
    7670
    a sorte à une tension, prolongée, qui la menaçait 
    
de

     disruption ; elle devint toujours plus instable, jusqu’à ce qu’enfin,
  
    7671
    . Selon l’usage courant, ce désastre porte le nom 
    
de

     Réformation. Dès ce moment, à travers les xvie , xviie  et xviiie  si
  
    7672
    viie  et xviiie  siècles, jusqu’au xixe , l’unité 
    
de

     la chrétienté ayant disparu et le principe vital dont sa vie dépendai
  
    7673
    re elle-même. Cette mauvaise fortune s’accompagna 
    
d’

    un accroissement rapide de la connaissance du monde extérieur, c’est-à
  
    7674
    se fortune s’accompagna d’un accroissement rapide 
    
de

     la connaissance du monde extérieur, c’est-à-dire de la science et du 
  
    7675
     la connaissance du monde extérieur, c’est-à-dire 
    
de

     la science et du pouvoir de l’homme sur les choses matérielles, au dé
  
    7676
    térieur, c’est-à-dire de la science et du pouvoir 
    
de

     l’homme sur les choses matérielles, au détriment de la saisie des vér
  
    7677
    saisie des vérités spirituelles. Ce fut l’inverse 
    
de

     ce qui s’était produit au début de notre civilisation : alors, notre 
  
    7678
     fut l’inverse de ce qui s’était produit au début 
    
de

     notre civilisation : alors, notre religion avait sauvé le monde ancie
  
    7679
     religion avait sauvé le monde ancien à l’instant 
    
de

     périr, et formé une culture nouvelle, quoique obérée par le déclin de
  
    7680
    ue obérée par le déclin des sciences, des arts et 
    
de

     la vie matérielle. L’accroissement de notre savoir extérieur et de no
  
    7681
    des arts et de la vie matérielle. L’accroissement 
    
de

     notre savoir extérieur et de notre pouvoir sur la nature ne fit rien 
  
    7682
    lle. L’accroissement de notre savoir extérieur et 
    
de

     notre pouvoir sur la nature ne fit rien pour apaiser les tensions int
  
    7683
    t entre idolâtries nationales opposées, l’absence 
    
de

     communes mesures et de doctrines invariables les garantissant, nous c
  
    7684
    onales opposées, l’absence de communes mesures et 
    
de

     doctrines invariables les garantissant, nous conduisit, aux débuts du
  
    7685
    os et à des dissensions entre les hommes menaçant 
    
de

     détruire toute société. Dans cette crise, une seule alternative demeu
  
    7686
    rnative demeure : la guérison par la restauration 
    
de

     la foi catholique, ou l’extinction de notre culture.274   Cependant, 
  
    7687
    estauration de la foi catholique, ou l’extinction 
    
de

     notre culture.274   Cependant, un autre philosophe catholique, Jacque
  
    7688
    çant lui aussi au nom du thomisme les « erreurs » 
    
de

     l’humanisme libéral, entend faire confiance non point à quelque réact
  
    7689
    manisme, à un « humanisme intégral ». À la veille 
    
de

     la Seconde Guerre mondiale, dans une conférence sur le Crépuscule de 
  
    7690
    e mondiale, dans une conférence sur le Crépuscule 
    
de

     la Civilisation, il dit sa foi dans les « voies de la liberté et de l
  
    7691
    e la Civilisation, il dit sa foi dans les « voies 
    
de

     la liberté et de l’esprit » :  La fatalité qui joue contre les démocr
  
    7692
    , il dit sa foi dans les « voies de la liberté et 
    
de

     l’esprit » :  La fatalité qui joue contre les démocraties modernes, c
  
    7693
    joue contre les démocraties modernes, c’est celle 
    
de

     la fausse philosophie de la vie qui pendant un siècle a altéré leur p
  
    7694
    es modernes, c’est celle de la fausse philosophie 
    
de

     la vie qui pendant un siècle a altéré leur principe vital authentique
  
    7695
    le principe — enfin dégagé dans sa vraie nature — 
    
d’

    une espérance renouvelée et d’une foi invincible. Si les démocraties o
  
    7696
    s sa vraie nature — d’une espérance renouvelée et 
    
d’

    une foi invincible. Si les démocraties occidentales ne doivent pas êtr
  
    7697
    ntales ne doivent pas être emportées, et une nuit 
    
de

     plusieurs siècles s’étendre sur la civilisation, c’est à condition qu
  
    7698
    e politique, et qu’elles retrouvent ainsi le sens 
    
de

     la justice, et de l’héroïsme, en retrouvant Dieu. Au crépuscule du so
  
    7699
    ’elles retrouvent ainsi le sens de la justice, et 
    
de

     l’héroïsme, en retrouvant Dieu. Au crépuscule du soir où nous sommes,
  
    7700
     penser que se mêlent déjà les lueurs incertaines 
    
d’

    un crépuscule du matin. Le redressement spirituel qui s’accomplit depu
  
    7701
    es années dans notre pays importe à tout l’avenir 
    
de

     la civilisation. Et aussi le développement, dans des parties de plus 
  
    7702
    t, dans des parties de plus en plus considérables 
    
de

     la jeunesse française, de conceptions politiques et sociales fondées 
  
    7703
    s en plus considérables de la jeunesse française, 
    
de

     conceptions politiques et sociales fondées sur la valeur de la person
  
    7704
    ions politiques et sociales fondées sur la valeur 
    
de

     la personne humaine. L’Europe, cependant, est-il trop tard pour l’Eur
  
    7705
    t, est-il trop tard pour l’Europe ? Avec l’Europe 
    
d’

    aujourd’hui, qui oserait espérer en la possibilité d’une nouvelle chré
  
    7706
    ujourd’hui, qui oserait espérer en la possibilité 
    
d’

    une nouvelle chrétienté ? — D’abord l’Europe n’est pas isolée, ce n’es
  
    7707
    urope, c’est pour le monde entier que le problème 
    
de

     la civilisation se pose maintenant. D’autre part l’important pour cha
  
    7708
    t. D’autre part l’important pour chacun n’est pas 
    
de

     savoir ce que fera l’univers, mais ce qu’il a à faire, lui. Le reste 
  
    7709
    es États totalitaires n’ignorent pas l’importance 
    
de

     l’unanimité morale ; ils s’efforcent de la procurer, ils ne peuvent y
  
    7710
    mportance de l’unanimité morale ; ils s’efforcent 
    
de

     la procurer, ils ne peuvent y parvenir que par l’intimidation et la c
  
    7711
    itive, à l’égard de l’adhésion interne des cœurs, 
    
d’

    une efficacité douteuse. La question est de savoir si les peuples des 
  
    7712
    cœurs, d’une efficacité douteuse. La question est 
    
de

     savoir si les peuples des pays encore libres sont capables d’atteindr
  
    7713
     les peuples des pays encore libres sont capables 
    
d’

    atteindre par les voies de la liberté et de l’esprit une suffisante un
  
    7714
    re libres sont capables d’atteindre par les voies 
    
de

     la liberté et de l’esprit une suffisante unanimité morale et de résis
  
    7715
    pables d’atteindre par les voies de la liberté et 
    
de

     l’esprit une suffisante unanimité morale et de résister aux altératio
  
    7716
    et de l’esprit une suffisante unanimité morale et 
    
de

     résister aux altérations qui menacent du dedans leur conscience.  Rel
  
    7717
    tte formule qu’on retrouve par ailleurs dans plus 
    
d’

    un essai de cette époque : « L’importance pour chacun n’est pas de sav
  
    7718
     qu’on retrouve par ailleurs dans plus d’un essai 
    
de

     cette époque : « L’importance pour chacun n’est pas de savoir ce que 
  
    7719
    tte époque : « L’importance pour chacun n’est pas 
    
de

     savoir ce que fera l’univers, mais de savoir ce qu’il fera, lui. » Vo
  
    7720
    n n’est pas de savoir ce que fera l’univers, mais 
    
de

     savoir ce qu’il fera, lui. » Voilà qui marque la limite existentielle
  
    7721
    , lui. » Voilà qui marque la limite existentielle 
    
de

     la valeur des prévisions qu’on vient de citer. Au reste, qu’il s’agis
  
    7722
    Au reste, qu’il s’agisse des Cassandres modernes (
    
de

     Thomas Hobbes à Orwell, en passant par Swift, Butler, Spengler et Hux
  
    7723
    ler, Spengler et Huxley) ou des grands Utopistes (
    
de

     Bacon à notre science-fiction, en passant par Thomas Moore, Campanell
  
    7724
    gerac, Jules Verne et H. G. Wells) la notion même 
    
de

     prévision doit être sérieusement revue. Karl Jaspers, dans un des ouv
  
    7725
     Jaspers, dans un des ouvrages les plus marquants 
    
de

     l’entre-deux-guerres, La Situation spirituelle de notre époque (paru 
  
    7726
    de l’entre-deux-guerres, La Situation spirituelle 
    
de

     notre époque (paru en 1931), a senti cette nécessité, devant le décha
  
    7727
    échaînement des prophètes du néant, annonciateurs 
    
de

     l’hitlérisme. Avant de proclamer que tout est perdu, rétablissons les
  
    7728
     que tout est perdu, rétablissons les proportions 
    
de

     notre drame dans la relativité de l’Histoire humaine :  … Comparés au
  
    7729
    les proportions de notre drame dans la relativité 
    
de

     l’Histoire humaine :  … Comparés aux milliards d’années sur lesquelle
  
    7730
    de l’Histoire humaine :  … Comparés aux milliards 
    
d’

    années sur lesquelles s’étend l’histoire de la terre, les six-mille an
  
    7731
    liards d’années sur lesquelles s’étend l’histoire 
    
de

     la terre, les six-mille ans de la tradition humaine sont comme les pr
  
    7732
    s’étend l’histoire de la terre, les six-mille ans 
    
de

     la tradition humaine sont comme les premières secondes d’une nouvelle
  
    7733
    adition humaine sont comme les premières secondes 
    
d’

    une nouvelle période de transformation de la planète. Comparée aux mil
  
    7734
    mme les premières secondes d’une nouvelle période 
    
de

     transformation de la planète. Comparée aux milliers d’années qui se s
  
    7735
    secondes d’une nouvelle période de transformation 
    
de

     la planète. Comparée aux milliers d’années qui se sont écoulées, d’ap
  
    7736
    ansformation de la planète. Comparée aux milliers 
    
d’

    années qui se sont écoulées, d’après les découvertes paléontologiques,
  
    7737
    découvertes paléontologiques, depuis l’apparition 
    
de

     l’homme, la période historique est comme une première ébauche des pos
  
    7738
    s à l’homme, depuis que, ayant surmonté l’inertie 
    
d’

    une pure répétition, il s’est mis en mouvement. Six-mille ans, il est 
  
    7739
    . Le souvenir nous donne évidemment la conscience 
    
de

     notre vieillesse, nous avons l’impression — aujourd’hui comme il y a 
  
    7740
    ourd’hui comme il y a deux-mille ans — que la fin 
    
de

     l’histoire est proche : il semble que les meilleures époques sont déj
  
    7741
     sont déjà révolues. Mais à considérer l’histoire 
    
de

     la terre, nous prenons conscience de ce que notre entreprise est enco
  
    7742
    r l’histoire de la terre, nous prenons conscience 
    
de

     ce que notre entreprise est encore très limitée et de ce que notre si
  
    7743
    e que notre entreprise est encore très limitée et 
    
de

     ce que notre situation n’est que celle d’un premier commencement ; to
  
    7744
    itée et de ce que notre situation n’est que celle 
    
d’

    un premier commencement ; tout se trouve encore en avant de nous ; la 
  
    7745
    idité des découvertes techniques qui se succèdent 
    
de

     décade en décade paraît en fournir une preuve infaillible. Mais nous 
  
    7746
    ut entière est autre chose qu’un épisode passager 
    
de

     l’histoire de la terre ; l’homme pourrait disparaître et son histoire
  
    7747
     autre chose qu’un épisode passager de l’histoire 
    
de

     la terre ; l’homme pourrait disparaître et son histoire faire place à
  
    7748
    toire faire place à une pure évolution géologique 
    
de

     durée indéterminée.  Tout est possible, devant nous : l’épuisement de
  
    7749
    e.  Tout est possible, devant nous : l’épuisement 
    
de

     nos ressources énergétiques, le refroidissement mortel de la Terre, o
  
    7750
    essources énergétiques, le refroidissement mortel 
    
de

     la Terre, ou air contraire la domination par la technique du mécanism
  
    7751
    a technique du mécanisme terrestre et la conquête 
    
de

     l’espace cosmique, offrant à l’homme de nouvelles conditions de vie ;
  
    7752
     conquête de l’espace cosmique, offrant à l’homme 
    
de

     nouvelles conditions de vie ; la fin de la culture, ou au contraire l
  
    7753
    smique, offrant à l’homme de nouvelles conditions 
    
de

     vie ; la fin de la culture, ou au contraire le début d’une ère de dév
  
    7754
    à l’homme de nouvelles conditions de vie ; la fin 
    
de

     la culture, ou au contraire le début d’une ère de développement inint
  
    7755
     ; la fin de la culture, ou au contraire le début 
    
d’

    une ère de développement ininterrompu. Certes, nous sommes frappés par
  
    7756
    de la culture, ou au contraire le début d’une ère 
    
de

     développement ininterrompu. Certes, nous sommes frappés par les signe
  
    7757
    loi obscure qui détermine inexorablement le cours 
    
de

     l’histoire humaine tout entière ? Ne consommons-nous pas lentement un
  
    7758
    qui nous a été léguée par le passé ? La décadence 
    
de

     l’art, de la poésie, de la philosophie n’est-elle pas le symptôme d’u
  
    7759
     été léguée par le passé ? La décadence de l’art, 
    
de

     la poésie, de la philosophie n’est-elle pas le symptôme d’un proche é
  
    7760
    r le passé ? La décadence de l’art, de la poésie, 
    
de

     la philosophie n’est-elle pas le symptôme d’un proche épuisement de c
  
    7761
    sie, de la philosophie n’est-elle pas le symptôme 
    
d’

    un proche épuisement de cette substance ? La dispersion et l’affaireme
  
    7762
    n’est-elle pas le symptôme d’un proche épuisement 
    
de

     cette substance ? La dispersion et l’affairement qui caractérisent le
  
    7763
    ion et l’affairement qui caractérisent les hommes 
    
d’

    aujourd’hui, leur comportement social, la façon mécanique dont ils s’a
  
    7764
     social, la façon mécanique dont ils s’acquittent 
    
de

     leurs tâches professionnelles, leur manque de conviction dans l’activ
  
    7765
    ent de leurs tâches professionnelles, leur manque 
    
de

     conviction dans l’activité politique, le caractère superficiel de leu
  
    7766
    ns l’activité politique, le caractère superficiel 
    
de

     leurs distractions, tout cela n’est-il pas une preuve de ce que cette
  
    7767
    s distractions, tout cela n’est-il pas une preuve 
    
de

     ce que cette substance est déjà presque consommée ? Sans doute savons
  
    7768
     ? Sans doute savons-nous encore quel est l’enjeu 
    
de

     la perte que nous éprouvons au moment même où nous la subissons. Mais
  
    7769
    rons même plus, car ils seront devenus incapables 
    
de

     le comprendre. De pareilles questions et toutes les réponses qu’on pe
  
    7770
    r ils seront devenus incapables de le comprendre. 
    
De

     pareilles questions et toutes les réponses qu’on peut y faire ne nous
  
    7771
    nos doctrines militantes, peut être une démission 
    
de

     l’esprit mais peut être aussi, et doit être, une décision existentiel
  
    7772
    n existentielle :   … Cette prévision descriptive 
    
de

     la totalité, qui se sépare de la volonté agissante, devient une dérob
  
    7773
    évision descriptive de la totalité, qui se sépare 
    
de

     la volonté agissante, devient une dérobade devant l’action authentiqu
  
    7774
    authentique qui commence avec l’action intérieure 
    
de

     l’individu. Nous nous laissons éblouir par le « théâtre de l’histoire
  
    7775
    vidu. Nous nous laissons éblouir par le « théâtre 
    
de

     l’histoire du monde » et par les théories qui défendent la nécessité 
  
    7776
    grès doit conduire à une société sans classe — ou 
    
de

     la morphologie de la culture, qui en fait un processus soumis à des l
  
    7777
     à une société sans classe — ou de la morphologie 
    
de

     la culture, qui en fait un processus soumis à des lois — ou de la phi
  
    7778
    , qui en fait un processus soumis à des lois — ou 
    
de

     la philosophie dogmatique, qui y voit l’extension progressive et la r
  
    7779
     y voit l’extension progressive et la réalisation 
    
d’

    une vérité absolue et définitive… … Plus le terme sur lequel porte la 
  
    7780
    ne voit pas le cours des événements sous la forme 
    
d’

    un déroulement inéluctable, mais seulement sous forme de possibilité e
  
    7781
     monde actuel. Éd. Stock, Paris.  267.  Le Déclin 
    
de

     l’Occident, I, p. 114. Trad. française, Gallimard, Paris.  268.  Ibid
  
    7782
    e page.  269. Paul Valéry : Variété I. « La crise 
    
de

     l’esprit » (deux lettres datées de 1919), Gallimard, Paris, 1924.  27
  
    7783
     I. « La crise de l’esprit » (deux lettres datées 
    
de

     1919), Gallimard, Paris, 1924.  270. C. J. Burckhardt, Hugo von Hofma
  
    7784
    traires, chapitre sur « L’Européanisation », daté 
    
de

     1906.  273. Cf. Le Sentiment tragique de la vie, 1912.  274. Hilaire 
  
    7785
     », daté de 1906.  273. Cf. Le Sentiment tragique 
    
de

     la vie, 1912.  274. Hilaire Belloc : The Crisis of our Civilization.

25 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Sixième Partie. L’Europe en question : de Spengler à Ortega — 2. Crépuscule ou nouvelle aurore ?
    7786
    re sont tous sévères, mais on a pu remarquer que, 
    
de

     Spengler à Maritain, une évolution se dessine vers un possible espoir
  
    7787
    rsonnaliste qui, dès 1933, lançait le mot d’ordre 
    
de

     « l’engagement », c’est-à-dire, à ce moment-là, du refus de la démiss
  
    7788
    agement », c’est-à-dire, à ce moment-là, du refus 
    
de

     la démission de l’esprit devant les lois réputées « fatales » de notr
  
    7789
    -à-dire, à ce moment-là, du refus de la démission 
    
de

     l’esprit devant les lois réputées « fatales » de notre décadence.) Le
  
    7790
     de l’esprit devant les lois réputées « fatales » 
    
de

     notre décadence.) Les nombreux « retours à l’orthodoxie » qui animent
  
    7791
    qui nient nos fatalités, sont dans ce sens autant 
    
de

     signes d’une vitalité neuve, d’un renouvellement des tensions qui ont
  
    7792
    nos fatalités, sont dans ce sens autant de signes 
    
d’

    une vitalité neuve, d’un renouvellement des tensions qui ont fait, dep
  
    7793
    ns ce sens autant de signes d’une vitalité neuve, 
    
d’

    un renouvellement des tensions qui ont fait, depuis les origines, le d
  
    7794
    s qui ont fait, depuis les origines, le dynamisme 
    
de

     notre culture. Mais ils ne se réfèrent à l’Europe que comme au cadre 
  
    7795
    se réfèrent à l’Europe que comme au cadre naturel 
    
de

     leur action. Qu’en est-il de l’Europe elle-même, considérée comme uni
  
    7796
    mme au cadre naturel de leur action. Qu’en est-il 
    
de

     l’Europe elle-même, considérée comme unité, et face au Monde du xxe  
  
    7797
    sa vocation mondiale ? A-t-elle encore conscience 
    
d’

    elle-même ? Le seul fait qu’Ortega et Benda posent ces questions — l’u
  
    7798
    uestions — l’un à la veille, l’autre au lendemain 
    
de

     la Deuxième Guerre — ne serait-il pas le signe avant-coureur d’une re
  
    7799
     Guerre — ne serait-il pas le signe avant-coureur 
    
d’

    une renaissance ?  José Ortega y Gasset (1883-1955), dans son livre le
  
    7800
    estion qui hante l’époque :  On a tellement parlé 
    
de

     la décadence européenne, que beaucoup ont fini par la prendre pour un
  
    7801
     bien que, sincèrement, ils ne se souviennent pas 
    
d’

    en avoir été convaincus résolument, à aucune date déterminée. … Le spe
  
    7802
    n décadence, et, par conséquent, ne s’occupe plus 
    
de

     commander, chaque nation, même la plus minuscule, bondit, gesticule, 
  
    7803
    ou se redresse et s’étire pour se donner des airs 
    
de

     grande personne, qui conduit elle-même son propre destin. Delà, ce vi
  
    7804
     son propre destin. Delà, ce vibrionique panorama 
    
de

     « nationalismes » que l’on nous offre de tous côtés… Il est vraiment 
  
    7805
    panorama de « nationalismes » que l’on nous offre 
    
de

     tous côtés… Il est vraiment comique de contempler telle ou telle peti
  
    7806
    nous offre de tous côtés… Il est vraiment comique 
    
de

     contempler telle ou telle petite république qui, de son petit coin pe
  
    7807
     contempler telle ou telle petite république qui, 
    
de

     son petit coin perdu, se hausse sur la pointe des pieds, tance l’Euro
  
    7808
    l’Europe, et déclare que les Européens n’ont plus 
    
de

     rôle à jouer dans l’histoire universelle. Qu’en résulte-t-il ? L’Euro
  
    7809
    ’en résulte-t-il ? L’Europe avait créé un système 
    
de

     normes dont les siècles ont montré l’efficacité et la fertilité. Ces 
  
    7810
     normes ne sont pas les meilleures — il s’en faut 
    
de

     beaucoup, certes — mais elles sont, sans aucun doute, définitives tan
  
    7811
    ’autres. Aujourd’hui les peuples-masse ont résolu 
    
de

     tenir pour caduc ce système de normes qu’est la civilisation. Mais co
  
    7812
    s-masse ont résolu de tenir pour caduc ce système 
    
de

     normes qu’est la civilisation. Mais comme ils sont incapables d’en cr
  
    7813
    t la civilisation. Mais comme ils sont incapables 
    
d’

    en créer un autre, ils ne savent que faire, et pour passer le temps, i
  
    7814
    ui survient lorsque dans le monde quelqu’un cesse 
    
de

     commander ; les autres, en se révoltant, se trouvent sans avoir rien 
  
    7815
     trouvent sans avoir rien à faire, sans programme 
    
de

     vie. Le Gitan s’en vint à confesse. Mais le curé, prudemment, commenç
  
    7816
    r lui demander s’il connaissait les commandements 
    
de

     Dieu. À quoi le Gitan répondit : « Voilà, mon père, j’allais me mettr
  
    7817
    plus cours ; aussitôt hommes et peuples profitent 
    
de

     l’occasion pour vivre sans impératifs. Car les impératifs européens e
  
    7818
    ui est généralement vacance, fainéantise, vacuité 
    
de

     la vie, désolation. Il importerait peu que l’Europe cessât de command
  
    7819
    ésolation. Il importerait peu que l’Europe cessât 
    
de

     commander, s’il y avait quelqu’un qui fût capable de la remplacer. Ma
  
    7820
    commander, s’il y avait quelqu’un qui fût capable 
    
de

     la remplacer. Mais nous ne voyons pas même l’ombre d’un remplaçant. N
  
    7821
    a remplacer. Mais nous ne voyons pas même l’ombre 
    
d’

    un remplaçant. New York et Moscou ne sont rien de nouveau par rapport 
  
    7822
    lui-même s’habitue à ne pas commander, il suffira 
    
d’

    une génération et demie pour que l’ancien continent, et avec lui le mo
  
    7823
    ale. Seule l’illusion du pouvoir et la discipline 
    
de

     responsabilité qu’elle inspire peuvent maintenir tendues les âmes d’O
  
    7824
    u’elle inspire peuvent maintenir tendues les âmes 
    
d’

    Occident. La science, l’art, la technique et tout le reste vivent de l
  
    7825
    ence, l’art, la technique et tout le reste vivent 
    
de

     l’atmosphère tonique que crée la conscience du commandement. Si celle
  
    7826
    éen deviendra définitivement quotidien. Incapable 
    
de

     tout effort créateur et gratuit, il retombera dans le passé, dans l’h
  
    7827
    éature vulgaire, formaliste, vide comme les Grecs 
    
de

     la décadence et ceux de l’histoire byzantine.  Telles seraient les ra
  
    7828
    ste, vide comme les Grecs de la décadence et ceux 
    
de

     l’histoire byzantine.  Telles seraient les raisons de notre décadence
  
    7829
    ’histoire byzantine.  Telles seraient les raisons 
    
de

     notre décadence. Mais voici les formules de notre renaissance :  … Le
  
    7830
    isons de notre décadence. Mais voici les formules 
    
de

     notre renaissance :  … Les Européens ne savent pas vivre s’ils ne son
  
    7831
    désagrège. Nous avons aujourd’hui un commencement 
    
de

     désagrégation sous nos yeux. Les cercles qui, jusqu’à nos jours, se s
  
    7832
    n passé qui l’emprisonne et l’alourdit. Avec plus 
    
de

     liberté vitale que jamais, nous sentons tous que l’air est irrespirab
  
    7833
    lus purement dynamique exige la permanence active 
    
de

     cette pluralité qui a toujours été la vie de l’Occident. Tout le mond
  
    7834
    tive de cette pluralité qui a toujours été la vie 
    
de

     l’Occident. Tout le monde perçoit l’urgence d’un nouveau principe de 
  
    7835
    ie de l’Occident. Tout le monde perçoit l’urgence 
    
d’

    un nouveau principe de vie. Mais — comme il arrive toujours en de semb
  
    7836
     le monde perçoit l’urgence d’un nouveau principe 
    
de

     vie. Mais — comme il arrive toujours en de semblables crises — quelqu
  
    7837
    incipe de vie. Mais — comme il arrive toujours en 
    
de

     semblables crises — quelques-uns essaient de sauver l’instant présent
  
    7838
    s en de semblables crises — quelques-uns essaient 
    
de

     sauver l’instant présent par une intensification extrême et artificie
  
    7839
    t par une intensification extrême et artificielle 
    
de

     ce principe qui, précisément, est depuis longtemps caduc. Tel est le 
  
    7840
    ment, est depuis longtemps caduc. Tel est le sens 
    
de

     l’irruption des « nationalismes » de ces dernières années. Et je ne c
  
    7841
     est le sens de l’irruption des « nationalismes » 
    
de

     ces dernières années. Et je ne cesse de le redire : il en a toujours 
  
    7842
    alismes » de ces dernières années. Et je ne cesse 
    
de

     le redire : il en a toujours été ainsi. C’est la dernière flamme qui 
  
    7843
    rnier soupir qui est le plus profond. À la veille 
    
de

     disparaître, les frontières deviennent plus sensibles que jamais — le
  
    7844
    es nationalismes sont des impasses ; qu’on essaie 
    
de

     les projeter vers le futur et l’on ressentira le contrecoup. Ils n’of
  
    7845
    e, un prétexte qui s’offre pour éluder le pouvoir 
    
d’

    invention, le devoir de grandes entreprises. D’ailleurs, la simplicité
  
    7846
    fre pour éluder le pouvoir d’invention, le devoir 
    
de

     grandes entreprises. D’ailleurs, la simplicité des moyens avec lesque
  
    7847
    exalte, révèlent amplement qu’il est le contraire 
    
d’

    une création historique. Seule, la décision de construire une grande n
  
    7848
    ire d’une création historique. Seule, la décision 
    
de

     construire une grande nation avec le groupe des peuples continentaux 
  
    7849
    oupe des peuples continentaux relèverait le pouls 
    
de

     l’Europe. Celle-ci recommencerait à croire en elle-même et automatiqu
  
    7850
    en elle-même et automatiquement à exiger beaucoup 
    
d’

    elle, à se discipliner.  La dialectique romantique de Spengler conclua
  
    7851
    lle, à se discipliner.  La dialectique romantique 
    
de

     Spengler concluait à la décadence inévitable. Ortega, concluant à l’u
  
    7852
     ne fait pas autre chose quand il accuse l’Europe 
    
d’

    inconscience : c’est pour la réveiller qu’il la fustige :  L’Europe n’
  
    7853
    a fustige :  L’Europe n’a pas connu la conscience 
    
d’

    une unité politique. Du point de vue politique la volonté de l’Europe 
  
    7854
    é politique. Du point de vue politique la volonté 
    
de

     l’Europe aura été exclusivement nationaliste. Elle aura consisté dans
  
    7855
    sisté dans un double travail qui fut, d’une part, 
    
de

     former des nations et, d’autre part, de les rendre indépendantes les 
  
    7856
    une part, de former des nations et, d’autre part, 
    
de

     les rendre indépendantes les unes des autres. Le mouvement commence a
  
    7857
    e qu’ils opposèrent les « gentes » à ces éléments 
    
d’

    internationalisme qu’étaient l’Empire romain et l’Église, en ce qu’ils
  
    7858
    et l’Église, en ce qu’ils incarnèrent la négation 
    
de

     l’« Imperium » et de l’« Ecclesia ». Il prend corps lors de la disloc
  
    7859
    ’ils incarnèrent la négation de l’« Imperium » et 
    
de

     l’« Ecclesia ». Il prend corps lors de la dislocation de l’unité créé
  
    7860
    Ecclesia ». Il prend corps lors de la dislocation 
    
de

     l’unité créée par Charlemagne, avec le partage de Verdun. Quelques ho
  
    7861
    de l’unité créée par Charlemagne, avec le partage 
    
de

     Verdun. Quelques hommes — des clercs nourris dans la religion de l’Em
  
    7862
    ques hommes — des clercs nourris dans la religion 
    
de

     l’Empire romain — pleurent ce partage, mais la majorité s’en réjouit.
  
    7863
    uit. Elle se réjouit, dans chacun des trois lots, 
    
de

     penser qu’elle pourra désormais réaliser une destinée indépendante. À
  
    7864
     indépendante. À partir de ce moment, la tendance 
    
de

     l’Europe vers des groupes séparés n’ira qu’en se précisant. Comme il 
  
    7865
    ntions universalistes des Hohenstaufen, plus tard 
    
de

     Charles-Quint, ne font que précipiter la volonté de sécession de la F
  
    7866
     Charles-Quint, ne font que précipiter la volonté 
    
de

     sécession de la France, de l’Autriche, des cités italiennes, des cant
  
    7867
    t, ne font que précipiter la volonté de sécession 
    
de

     la France, de l’Autriche, des cités italiennes, des cantons suisses, 
  
    7868
     précipiter la volonté de sécession de la France, 
    
de

     l’Autriche, des cités italiennes, des cantons suisses, des Flandres. 
  
    7869
    iennes, des cantons suisses, des Flandres. Celles 
    
de

     la papauté produisent le même effet sur les diverses parties de la ch
  
    7870
    produisent le même effet sur les diverses parties 
    
de

     la chrétienté. Toutes se signent dans ce cri de l’une d’elles : « Nou
  
    7871
    s de la chrétienté. Toutes se signent dans ce cri 
    
de

     l’une d’elles : « Nous sommes d’abord vénitiens, ensuite chrétiens… »
  
    7872
    hrétienté. Toutes se signent dans ce cri de l’une 
    
d’

    elles : « Nous sommes d’abord vénitiens, ensuite chrétiens… » Enfin, a
  
    7873
    ples (particulièrement l’Allemagne !), la volonté 
    
de

     l’Europe d’être désunie et de former des nations indépendantes les un
  
    7874
    ulièrement l’Allemagne !), la volonté de l’Europe 
    
d’

    être désunie et de former des nations indépendantes les unes des autre
  
    7875
    agne !), la volonté de l’Europe d’être désunie et 
    
de

     former des nations indépendantes les unes des autres atteint son apog
  
    7876
    atteint son apogée. Elle se traduit par une furie 
    
de

     séparations : la Belgique d’avec la Hollande, la Suède d’avec la Norv
  
    7877
    lande, la Suède d’avec la Norvège. Elle s’incarne 
    
d’

    une façon saisissante dans Bismarck qui, contre-pied exact de Napoléon
  
    7878
     saisissante dans Bismarck qui, contre-pied exact 
    
de

     Napoléon, entend, par ses conquêtes, faire sa nation à lui, repousse 
  
    7879
    e sa nation à lui, repousse résolument toute idée 
    
d’

    Europe, où il ne voit qu’idéalisme stupide. En conséquence logique de 
  
    7880
    voit qu’idéalisme stupide. En conséquence logique 
    
de

     son œuvre, du Niémen jusqu’à l’Atlantique s’établit un régime où chaq
  
    7881
    régime où chaque État s’enferme dans une religion 
    
de

     lui-même, dans un mépris des autres — « l’égoïsme sacré » — tels qu’o
  
    7882
     l’égoïsme sacré » — tels qu’on n’en avait pas vu 
    
de

     semblables, cependant que de nouvelles doctrines philosophiques, accl
  
    7883
    on n’en avait pas vu de semblables, cependant que 
    
de

     nouvelles doctrines philosophiques, acclamées par toutes les nations 
  
    7884
    . Le xxe  siècle qui verra peut-être la formation 
    
de

     l’Europe, s’ouvre dans le triomphe violent de l’anti-Europe… Le fait 
  
    7885
    ion de l’Europe, s’ouvre dans le triomphe violent 
    
de

     l’anti-Europe… Le fait que l’Europe n’a jamais constitué une unité po
  
    7886
    cet autre fait : on n’a jamais écrit une histoire 
    
de

     l’Europe. Les livres qui portent ce titre, sauf peut-être — et encore
  
    7887
    nne a composé dans sa captivité pendant la guerre 
    
de

     1914, nous exposent l’histoire des différentes parties de l’Europe, d
  
    7888
     nous exposent l’histoire des différentes parties 
    
de

     l’Europe, de leurs développements respectifs, surtout de leurs opposi
  
    7889
    t l’histoire des différentes parties de l’Europe, 
    
de

     leurs développements respectifs, surtout de leurs oppositions, non ce
  
    7890
    rope, de leurs développements respectifs, surtout 
    
de

     leurs oppositions, non celle d’un être historique qui leur serait tra
  
    7891
    spectifs, surtout de leurs oppositions, non celle 
    
d’

    un être historique qui leur serait transcendant. J’ai parfois reproché
  
    7892
    scendant. J’ai parfois reproché à des professeurs 
    
d’

    histoire que je savais acquis à l’idée d’une unification européenne de
  
    7893
    fesseurs d’histoire que je savais acquis à l’idée 
    
d’

    une unification européenne de ne point faire à leurs élèves quelques l
  
    7894
    vais acquis à l’idée d’une unification européenne 
    
de

     ne point faire à leurs élèves quelques leçons sur l’Europe, envisagée
  
    7895
    politique indivise. Ils m’opposaient la nécessité 
    
d’

    observer les programmes… L’Europe n’a pas connu davantage la conscienc
  
    7896
    s… L’Europe n’a pas connu davantage la conscience 
    
d’

    une unité spirituelle. Ici encore, il faut bien distinguer entre le fa
  
    7897
    moins façonnées par l’Église et justifiant le mot 
    
de

     Stendhal : « L’Europe moderne est née du christianisme. » Accordons à
  
    7898
    anisme. » Accordons à notre historien qu’au début 
    
de

     l’Europe cette communauté de civilisation ait existé. Allons même plu
  
    7899
    istorien qu’au début de l’Europe cette communauté 
    
de

     civilisation ait existé. Allons même plus loin et reconnaissons que p
  
    7900
    s nationaux n’exista point. Il ne venait à l’idée 
    
d’

    aucun étudiant parisien au xiie  siècle de s’étonner d’avoir pour dire
  
    7901
     l’idée d’aucun étudiant parisien au xiie  siècle 
    
de

     s’étonner d’avoir pour directeur l’Allemand Albert le Grand ou l’Ital
  
    7902
    un étudiant parisien au xiie  siècle de s’étonner 
    
d’

    avoir pour directeur l’Allemand Albert le Grand ou l’Italien Thomas d’
  
    7903
    d Albert le Grand ou l’Italien Thomas d’Aquin, ni 
    
d’

    aucun bachelier viennois de trouver mauvais de confier la formation de
  
    7904
    ien Thomas d’Aquin, ni d’aucun bachelier viennois 
    
de

     trouver mauvais de confier la formation de son esprit au Français Jea
  
    7905
     ni d’aucun bachelier viennois de trouver mauvais 
    
de

     confier la formation de son esprit au Français Jean Gerson ; encore a
  
    7906
    ennois de trouver mauvais de confier la formation 
    
de

     son esprit au Français Jean Gerson ; encore au xviiie  siècle, pendan
  
    7907
    isaient nos livres, adoptaient nos modes. Le fait 
    
d’

    une certaine communauté spirituelle européenne a donc existé, mais la 
  
    7908
    elle européenne a donc existé, mais la conscience 
    
de

     ce fait, de son opposition aux particularismes nationaux, n’existait 
  
    7909
    nne a donc existé, mais la conscience de ce fait, 
    
de

     son opposition aux particularismes nationaux, n’existait pas. Ce qui,
  
    7910
    s leurs oppositions. C’est la volonté des savants 
    
de

     parler désormais leur langue nationale et non plus le latin, qui les 
  
    7911
    sait par-dessus leurs nations ; celle des peuples 
    
de

     nationaliser la prière, la prédication ; celle des littérateurs de ne
  
    7912
    a prière, la prédication ; celle des littérateurs 
    
de

     nettement dégager leur idiome de ce qu’il pouvait avoir de non nation
  
    7913
    des littérateurs de nettement dégager leur idiome 
    
de

     ce qu’il pouvait avoir de non national… Nous allons pourtant voir app
  
    7914
    ent dégager leur idiome de ce qu’il pouvait avoir 
    
de

     non national… Nous allons pourtant voir apparaître dans ce passé une 
  
    7915
    ssé une époque qui a vraiment connu la conscience 
    
d’

    un esprit européen, c’est la fin du xviiie  siècle, avec ces hommes qu
  
    7916
    qu’« il se forme en Europe une république immense 
    
d’

    esprits cultivés », dont le type a été le prince de Ligne et dont on p
  
    7917
    etzsche, Romain Rolland, André Gide. Ai-je besoin 
    
de

     dire si ce mouvement a été violemment enrayé par le xixe  siècle au n
  
    7918
    par un Maurras jetant l’infamie, dans la personne 
    
de

     Romain Rolland, sur tout ce qui sert l’esprit européen. Ce nationalis
  
    7919
    , encore une fois, verra peut-être la réalisation 
    
de

     l’Europe, débute par l’affirmation la plus farouche et la plus consci
  
    7920
    s farouche et la plus consciente qu’on vit jamais 
    
de

     l’anti-Europe… Aujourd’hui, l’idée de nation semble avoir terminé sa 
  
    7921
     vit jamais de l’anti-Europe… Aujourd’hui, l’idée 
    
de

     nation semble avoir terminé sa carrière, être devenue malfaisante aux
  
    7922
    e, être devenue malfaisante aux Européens, l’idée 
    
d’

    Europe apparaît. Mais ne nous berçons pas d’illusions ; n’allons pas c
  
    7923
    ’idée d’Europe apparaît. Mais ne nous berçons pas 
    
d’

    illusions ; n’allons pas croire que cette idée va triompher naturellem
  
    7924
    ner une forte opposition, une résistance nourrie, 
    
de

     très sérieux obstacles.275   Ces obstacles nationalistes, le poète au
  
    7925
    es dépasser, par une prise de conscience nouvelle 
    
de

     nos grandeurs spirituelles :  Nul doute que le concept d’« Europe », 
  
    7926
    randeurs spirituelles :  Nul doute que le concept 
    
d’

    « Europe », comme bien d’autres hautes conceptions d’ensemble, ne soit
  
    7927
     Europe », comme bien d’autres hautes conceptions 
    
d’

    ensemble, ne soit devenu problématique, — nul doute non plus que notre
  
    7928
    ute non plus que notre survie spirituelle dépende 
    
de

     sa restauration. On ne le trouvera jamais au terme d’un processus d’a
  
    7929
    a restauration. On ne le trouvera jamais au terme 
    
d’

    un processus d’abstraction, ni en retranchant — ou en ajoutant — quelq
  
    7930
     On ne le trouvera jamais au terme d’un processus 
    
d’

    abstraction, ni en retranchant — ou en ajoutant — quelque chose au con
  
    7931
    chant — ou en ajoutant — quelque chose au concept 
    
de

     nation, et moins encore par des évocations sentimentales. Vers ce gra
  
    7932
    on. Car c’est dans les plus hautes manifestations 
    
de

     chaque nation qu’on le découvre, et d’autant plus clairement que s’y 
  
    7933
    festations de chaque nation qu’on le découvre, et 
    
d’

    autant plus clairement que s’y exprime d’une manière plus pure et plus
  
    7934
    uvre, et d’autant plus clairement que s’y exprime 
    
d’

    une manière plus pure et plus nette ce que la nation possède en propre
  
    7935
    rand phénomène devient européen : ainsi en fut-il 
    
de

     Jules César et de Napoléon, de Pétrarque et de Kant, de la musique al
  
    7936
    ient européen : ainsi en fut-il de Jules César et 
    
de

     Napoléon, de Pétrarque et de Kant, de la musique allemande de Bach à 
  
    7937
     : ainsi en fut-il de Jules César et de Napoléon, 
    
de

     Pétrarque et de Kant, de la musique allemande de Bach à Beethoven, de
  
    7938
    il de Jules César et de Napoléon, de Pétrarque et 
    
de

     Kant, de la musique allemande de Bach à Beethoven, de la peinture fra
  
    7939
    es César et de Napoléon, de Pétrarque et de Kant, 
    
de

     la musique allemande de Bach à Beethoven, de la peinture française d’
  
    7940
     de Pétrarque et de Kant, de la musique allemande 
    
de

     Bach à Beethoven, de la peinture française d’Ingres à Cézanne. Là où 
  
    7941
    ant, de la musique allemande de Bach à Beethoven, 
    
de

     la peinture française d’Ingres à Cézanne. Là où une grande pensée est
  
    7942
    nde de Bach à Beethoven, de la peinture française 
    
d’

    Ingres à Cézanne. Là où une grande pensée est conçue, là est l’Europe.
  
    7943
    uir dans l’universel. Aujourd’hui, comme au temps 
    
d’

    Anaximandre, toute philosophie est européenne. Toute grande idée polit
  
    7944
    connaissance féconde du passé est européenne. (Et 
    
de

     quoi aurions-nous davantage besoin, que d’une vision profonde, totale
  
    7945
    e. (Et de quoi aurions-nous davantage besoin, que 
    
d’

    une vision profonde, totalement renouvelée et purifiée, de la non-Euro
  
    7946
    sion profonde, totalement renouvelée et purifiée, 
    
de

     la non-Europe !) Notre époque est une époque de rétablissement, — bie
  
    7947
    , de la non-Europe !) Notre époque est une époque 
    
de

     rétablissement, — bien que jamais l’expression de la faiblesse n’ait 
  
    7948
    de rétablissement, — bien que jamais l’expression 
    
de

     la faiblesse n’ait été si impudique, la volonté de désintégration si 
  
    7949
    e la faiblesse n’ait été si impudique, la volonté 
    
de

     désintégration si débridée. Derrière le remue-ménage des prophètes de
  
    7950
     débridée. Derrière le remue-ménage des prophètes 
    
de

     la décadence et des bacchantes du chaos, des chauvinistes et des cosm
  
    7951
     chauvinistes et des cosmopolites, des adorateurs 
    
de

     l’instant et des adorateurs de l’apparence, sur le grand arrière-fond
  
    7952
    es, des adorateurs de l’instant et des adorateurs 
    
de

     l’apparence, sur le grand arrière-fond sérieux des choses européennes
  
    7953
    es nations, s’unir dans une grande pensée : celle 
    
de

     la restauration créatrice.276   Il appartenait à Martin Heidegger de 
  
    7954
    créatrice.276   Il appartenait à Martin Heidegger 
    
de

     ramasser sous sa forme la plus dense, celle de l’interrogation en soi
  
    7955
    er de ramasser sous sa forme la plus dense, celle 
    
de

     l’interrogation en soi — qui me paraît la formule de sa philosophie —
  
    7956
    l’interrogation en soi — qui me paraît la formule 
    
de

     sa philosophie —, le problème de l’être même du « crépuscule occident
  
    7957
    araît la formule de sa philosophie —, le problème 
    
de

     l’être même du « crépuscule occidental » :  Anaximandre aurait vécu d
  
    7958
    répuscule occidental » :  Anaximandre aurait vécu 
    
de

     la fin du viie  au milieu du vie  siècle avant J.-C. dans l’île de Sa
  
    7959
    Samos, et sa sentence passe pour la plus ancienne 
    
de

     la pensée occidentale. La voici, selon le texte communément accepté :
  
    7960
    iné en 1873 et intitulé La Philosophie à l’époque 
    
de

     la tragédie grecque. Du fond d’un éloignement chronologique et histor
  
    7961
    sophie à l’époque de la tragédie grecque. Du fond 
    
d’

    un éloignement chronologique et historique de deux millénaires et demi
  
    7962
    fond d’un éloignement chronologique et historique 
    
de

     deux millénaires et demi, la sentence d’Anaximandre a-t-elle encore q
  
    7963
    storique de deux millénaires et demi, la sentence 
    
d’

    Anaximandre a-t-elle encore quelque chose à nous dire ? Par quelle aut
  
    7964
    a plus ancienne ? L’antiquité par elle-même n’est 
    
d’

    aucun poids. Au surplus, si la sentence est la plus ancienne de celles
  
    7965
    . Au surplus, si la sentence est la plus ancienne 
    
de

     celles qui nous ont été transmises, nous n’en ignorons pas moins si e
  
    7966
    le est à sa manière la sentence la plus primitive 
    
de

     la pensée occidentale. Nous ne pouvons le supposer que pour autant qu
  
    7967
    pposer que pour autant que nous pensons l’essence 
    
de

     l’Occident à partir de cela même dont parle la sentence primitive. Ma
  
    7968
     cela même dont parle la sentence primitive. Mais 
    
de

     quel droit ce qui vient en premier lieu nous parlerait-il, à nous aut
  
    7969
    sommes sans doute les plus tardifs des tard-venus 
    
de

     la philosophie ? Sommes-nous les tard-venus d’une Histoire qui parvie
  
    7970
    us de la philosophie ? Sommes-nous les tard-venus 
    
d’

    une Histoire qui parvient aujourd’hui à sa fin, qui met un terme à tou
  
    7971
    Ou bien l’éloignement chronologique et historique 
    
de

     la sentence cache-t-il une proximité historique de l’informulé, qui p
  
    7972
    e la sentence cache-t-il une proximité historique 
    
de

     l’informulé, qui parlerait à ce qui vient ? Sommes-nous donc à la vei
  
    7973
    ait à ce qui vient ? Sommes-nous donc à la veille 
    
de

     la transformation la plus inouïe de toute la Terre et du temps de l’H
  
    7974
    c à la veille de la transformation la plus inouïe 
    
de

     toute la Terre et du temps de l’Histoire ? Sommes-nous devant le crép
  
    7975
    tion la plus inouïe de toute la Terre et du temps 
    
de

     l’Histoire ? Sommes-nous devant le crépuscule d’une nuit qui prépare 
  
    7976
     de l’Histoire ? Sommes-nous devant le crépuscule 
    
d’

    une nuit qui prépare une autre aube ? Surgissons-nous précisément pour
  
    7977
    rs ce qui est Européen, le lieu des commencements 
    
de

     l’Histoire à venir ? Sommes-nous déjà, nous les hommes d’aujourd’hui,
  
    7978
    toire à venir ? Sommes-nous déjà, nous les hommes 
    
d’

    aujourd’hui, occidentaux dans un sens qui se révélera d’abord à la fav
  
    7979
     dans un sens qui se révélera d’abord à la faveur 
    
de

     notre entrée dans la nuit universelle ? […] Sommes-nous vraiment les 
  
    7980
    s-nous pas en même temps les précurseurs du matin 
    
d’

    une autre ère du monde, qui aurait laissé derrière elle nos représenta
  
    7981
    aissé derrière elle nos représentations actuelles 
    
de

     l’Histoire ? Nietzsche, de la philosophie duquel Spengler a déduit, p
  
    7982
    résentations actuelles de l’Histoire ? Nietzsche, 
    
de

     la philosophie duquel Spengler a déduit, par une grossière incompréhe
  
    7983
    grossière incompréhension, sa doctrine historique 
    
de

     la décadence de l’Occident, écrivait en 1880 dans Le Voyageur et son 
  
    7984
    réhension, sa doctrine historique de la décadence 
    
de

     l’Occident, écrivait en 1880 dans Le Voyageur et son Ombre : « C’est 
  
    7985
    s Le Voyageur et son Ombre : « C’est un haut état 
    
de

     l’humanité que celui dans lequel l’Europe des peuples n’est qu’un plu
  
    7986
    ’Europe des peuples n’est qu’un plus sombre passé 
    
d’

    oubli, mais où l’Europe vit encore par trente livres très anciens, et 
  
    7987
    ait peut-être été le premier à voir dans la crise 
    
de

     l’Europe la condition d’une renaissance. Laissons-le donc conclure ce
  
    7988
    ier à voir dans la crise de l’Europe la condition 
    
d’

    une renaissance. Laissons-le donc conclure ce chapitre :  Est-il aussi
  
    7989
     la crise bienfaisante qui permettrait à l’Europe 
    
d’

    être véritablement l’Europe ? L’évidente décadence des nations europée
  
    7990
    ropéen, Conférence des Rencontres internationales 
    
de

     Genève 1946, Éditions de la Baconnière, Neuchâtel, 1957.  276. H. von
  
    7991
    ncontres internationales de Genève 1946, Éditions 
    
de

     la Baconnière, Neuchâtel, 1957.  276. H. von Hofmannsthal : article d
  
    7992
    l, 1957.  276. H. von Hofmannsthal : article daté 
    
de

     1925, in Gesammelte Werke, Prosa IV, S. Fischer Verlag, 1955.  277. M

26 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Septième Partie. L’Ère des fédérations.  De l’Unité de culture à l’union politique
    7993
      Septième PartieL’Ère des fédérations 
    
De

     l’Unité de culture à l’union politique   Le Grand Dessein de Sully es
  
    7994
      Septième PartieL’Ère des fédérations De l’Unité 
    
de

     culture à l’union politique   Le Grand Dessein de Sully est un projet
  
    7995
    de culture à l’union politique   Le Grand Dessein 
    
de

     Sully est un projet posthume. L’abbé de Saint-Pierre ne fut pas écout
  
    7996
    naux tirent leur doctrine (même s’ils l’ignorent) 
    
d’

    une atmosphère intellectuelle que les auteurs qu’on va citer ont large
  
    7997
    citer ont largement contribué à définir. Laissons 
    
de

     côté l’ordre chronologique — qui perd son importance dans une période
  
    7998
     presque simultanément — pour cette partie finale 
    
de

     notre ouvrage. Le choix des textes sera fonction d’un plan dont voici
  
    7999
     notre ouvrage. Le choix des textes sera fonction 
    
d’

    un plan dont voici le très simple argument : L’Europe contestée par le
  
    8000
     son salut cherche d’abord à remonter aux sources 
    
d’

    où dérivent ses valeurs constituantes et spécifiques ; pour mieux voir
  
    8001
    ons, et par suite elle retrouve à la fois le sens 
    
de

     sa fonction mondiale et le sens de son unité très singulière, qui est
  
    8002
    a fois le sens de sa fonction mondiale et le sens 
    
de

     son unité très singulière, qui est unité dans la diversité ; il lui r
  
    8003
    diversité ; il lui reste à tirer les conséquences 
    
de

     cette reprise de conscience…   1.Les sources vives    On ne va pas re
  
    8004
    i reste à tirer les conséquences de cette reprise 
    
de

     conscience…   1.Les sources vives    On ne va pas refaire l’inventair
  
    8005
    e l’inventaire bien connu des sources historiques 
    
de

     l’Occident : l’Antiquité proche-orientale, Athènes, Rome et Jérusalem
  
    8006
    era simplement quelques textes-témoins des prises 
    
de

     conscience renouvelées de nos diverses origines, au stade présent de 
  
    8007
    xtes-témoins des prises de conscience renouvelées 
    
de

     nos diverses origines, au stade présent de notre évolution. À chaque 
  
    8008
    velées de nos diverses origines, au stade présent 
    
de

     notre évolution. À chaque époque de son histoire, l’Europe s’est en e
  
    8009
    stade présent de notre évolution. À chaque époque 
    
de

     son histoire, l’Europe s’est en effet redéfinie par ce qu’elle choisi
  
    8010
    it ou refusait — dans ses Antiquités diverses. Et 
    
de

     nos jours, il semble bien que le choix proposé dès 1922 par Paul Valé
  
    8011
    nte sur la plupart des écrits ultérieurs traitant 
    
de

     l’Europe. Voici donc sa fameuse définition des trois sources de toute
  
    8012
    oici donc sa fameuse définition des trois sources 
    
de

     toute culture qui, selon lui, mérite d’être nommée « européenne ».  J
  
    8013
    s sources de toute culture qui, selon lui, mérite 
    
d’

    être nommée « européenne ».  Je considérerai comme européens tous les 
  
    8014
    nfluences que je vais dire. La première est celle 
    
de

     Rome. Partout où l’Empire romain a dominé, et partout où sa puissance
  
    8015
    entir ; et même partout où l’Empire a été l’objet 
    
de

     crainte, d’admiration et d’envie ; partout où le poids du glaive roma
  
    8016
    ême partout où l’Empire a été l’objet de crainte, 
    
d’

    admiration et d’envie ; partout où le poids du glaive romain s’est fai
  
    8017
    ’Empire a été l’objet de crainte, d’admiration et 
    
d’

    envie ; partout où le poids du glaive romain s’est fait sentir, partou
  
    8018
    itutions et des lois, où l’appareil et la dignité 
    
de

     la magistrature ont été reconnus, copiés, parfois même bizarrement si
  
    8019
    s même bizarrement singés, — là est quelque chose 
    
d’

    européen. Rome est le modèle éternel de la puissance organisée et stab
  
    8020
    lque chose d’européen. Rome est le modèle éternel 
    
de

     la puissance organisée et stable.  Vint ensuite le christianisme :  À
  
    8021
    le.  Vint ensuite le christianisme :  À la parole 
    
de

     saint Pierre, quoique l’une des très rares religions qui fussent mal 
  
    8022
    i fussent mal vues à Rome, le christianisme, issu 
    
de

     la nation juive, s’étend aux gentils de toute race ; il leur confère 
  
    8023
    sme, issu de la nation juive, s’étend aux gentils 
    
de

     toute race ; il leur confère par le baptême la dignité nouvelle de ch
  
    8024
    l leur confère par le baptême la dignité nouvelle 
    
de

     chrétien comme Rome conférait à ses ennemis de la veille la cité roma
  
    8025
    le de chrétien comme Rome conférait à ses ennemis 
    
de

     la veille la cité romaine. Il s’étend peu à peu dans le lit de la pui
  
    8026
    la cité romaine. Il s’étend peu à peu dans le lit 
    
de

     la puissance latine, il épouse les formes de l’empire. Il en adopte m
  
    8027
     lit de la puissance latine, il épouse les formes 
    
de

     l’empire. Il en adopte même les divisions administratives (Civitas au
  
    8028
    yen romain et même magistrat, il peut être évêque 
    
de

     la religion nouvelle. Le même Gaulois, qui est préfet impérial, écrit
  
    8029
    lois, qui est préfet impérial, écrit en pur latin 
    
de

     belles hymnes à la gloire du fils de Dieu qui est né juif et sujet d’
  
    8030
    en pur latin de belles hymnes à la gloire du fils 
    
de

     Dieu qui est né juif et sujet d’Hérode. Voici déjà un Européen presqu
  
    8031
    a gloire du fils de Dieu qui est né juif et sujet 
    
d’

    Hérode. Voici déjà un Européen presque achevé. Un droit commun, un die
  
    8032
    tienne vise et atteint progressivement le profond 
    
de

     la conscience. … Le christianisme propose à l’esprit les problèmes le
  
    8033
    portants et même les plus féconds. Qu’il s’agisse 
    
de

     la valeur des témoignages, de la critique des textes, des sources et 
  
    8034
    nds. Qu’il s’agisse de la valeur des témoignages, 
    
de

     la critique des textes, des sources et des garanties de la connaissan
  
    8035
    critique des textes, des sources et des garanties 
    
de

     la connaissance ; qu’il s’agisse de la distinction de la raison ou de
  
    8036
    des garanties de la connaissance ; qu’il s’agisse 
    
de

     la distinction de la raison ou de la foi, de l’opposition qui se décl
  
    8037
    a connaissance ; qu’il s’agisse de la distinction 
    
de

     la raison ou de la foi, de l’opposition qui se déclare entre elles, d
  
    8038
     qu’il s’agisse de la distinction de la raison ou 
    
de

     la foi, de l’opposition qui se déclare entre elles, de l’antagonisme 
  
    8039
    isse de la distinction de la raison ou de la foi, 
    
de

     l’opposition qui se déclare entre elles, de l’antagonisme entre la fo
  
    8040
     foi, de l’opposition qui se déclare entre elles, 
    
de

     l’antagonisme entre la foi et les actes et les œuvres ; qu’il s’agiss
  
    8041
    a foi et les actes et les œuvres ; qu’il s’agisse 
    
de

     la liberté, de la servitude, de la grâce ; qu’il s’agisse des pouvoir
  
    8042
    tes et les œuvres ; qu’il s’agisse de la liberté, 
    
de

     la servitude, de la grâce ; qu’il s’agisse des pouvoirs spirituel et 
  
    8043
     ; qu’il s’agisse de la liberté, de la servitude, 
    
de

     la grâce ; qu’il s’agisse des pouvoirs spirituel et matériel et de le
  
    8044
    il s’agisse des pouvoirs spirituel et matériel et 
    
de

     leur mutuel conflit, de l’égalité des hommes, des conditions des femm
  
    8045
     spirituel et matériel et de leur mutuel conflit, 
    
de

     l’égalité des hommes, des conditions des femmes, que sais-je encore ?
  
    8046
     éduque, excite, fait agir et réagir des millions 
    
d’

    esprits pendant une suite de siècles.  Mais il manque encore quelque c
  
    8047
    t réagir des millions d’esprits pendant une suite 
    
de

     siècles.  Mais il manque encore quelque chose à la figure de l’Europé
  
    8048
      Mais il manque encore quelque chose à la figure 
    
de

     l’Européen :  Ce que nous devons à la Grèce est peut-être ce qui nous
  
    8049
    i nous a distingués le plus profondément du reste 
    
de

     l’humanité. Nous lui devons la discipline de l’Esprit, l’exemple extr
  
    8050
    este de l’humanité. Nous lui devons la discipline 
    
de

     l’Esprit, l’exemple extraordinaire de la perfection dans tous les ord
  
    8051
     discipline de l’Esprit, l’exemple extraordinaire 
    
de

     la perfection dans tous les ordres. Nous lui devons une méthode de pe
  
    8052
    dans tous les ordres. Nous lui devons une méthode 
    
de

     penser qui tend à rapporter toutes choses à l’homme, à l’homme comple
  
    8053
    omplet ; l’homme se devient à soi-même le système 
    
de

     références auquel toutes choses doivent enfin pouvoir s’appliquer. Il
  
    8054
    iquer. Il doit donc développer toutes les parties 
    
de

     son être et les maintenir dans une harmonie aussi claire, et même aus
  
    8055
    son esprit. Quant à l’esprit même, il se défendra 
    
de

     ses excès, de ses rêveries, de sa production vague et purement imagin
  
    8056
    ant à l’esprit même, il se défendra de ses excès, 
    
de

     ses rêveries, de sa production vague et purement imaginaire, par une 
  
    8057
    me, il se défendra de ses excès, de ses rêveries, 
    
de

     sa production vague et purement imaginaire, par une critique et une a
  
    8058
    naire, par une critique et une analyse minutieuse 
    
de

     ses jugements, par une division rationnelle de ses fonctions, par la 
  
    8059
    se de ses jugements, par une division rationnelle 
    
de

     ses fonctions, par la régulation des formes. … Telles m’apparaissent 
  
    8060
    ut habiter dans sa plénitude. Partout où les noms 
    
de

     César, de Gaius, de Trajan et de Virgile, partout où les noms de Moïs
  
    8061
     dans sa plénitude. Partout où les noms de César, 
    
de

     Gaius, de Trajan et de Virgile, partout où les noms de Moïse et de sa
  
    8062
    lénitude. Partout où les noms de César, de Gaius, 
    
de

     Trajan et de Virgile, partout où les noms de Moïse et de saint Paul, 
  
    8063
    tout où les noms de César, de Gaius, de Trajan et 
    
de

     Virgile, partout où les noms de Moïse et de saint Paul, partout où le
  
    8064
    ius, de Trajan et de Virgile, partout où les noms 
    
de

     Moïse et de saint Paul, partout où les noms d’Aristote, de Platon et 
  
    8065
    an et de Virgile, partout où les noms de Moïse et 
    
de

     saint Paul, partout où les noms d’Aristote, de Platon et d’Euclide on
  
    8066
    ms de Moïse et de saint Paul, partout où les noms 
    
d’

    Aristote, de Platon et d’Euclide ont eu une signification et une autor
  
    8067
    et de saint Paul, partout où les noms d’Aristote, 
    
de

     Platon et d’Euclide ont eu une signification et une autorité simultan
  
    8068
    aul, partout où les noms d’Aristote, de Platon et 
    
d’

    Euclide ont eu une signification et une autorité simultanées, là est l
  
    8069
    e biblique. Les pays protestants se nourrissaient 
    
de

     la lecture d’un Ancien Testament dont les héros, les guerres et les m
  
    8070
    s pays protestants se nourrissaient de la lecture 
    
d’

    un Ancien Testament dont les héros, les guerres et les miracles, étaie
  
    8071
    ntré dans le Génie du christianisme que le secret 
    
de

     la grande littérature européenne réside dans la synthèse de la tradit
  
    8072
    de littérature européenne réside dans la synthèse 
    
de

     la tradition grecque et de la tradition biblique.  Au xxe  siècle, ce
  
    8073
    éside dans la synthèse de la tradition grecque et 
    
de

     la tradition biblique.  Au xxe  siècle, cependant, les Européens pren
  
    8074
    cle, cependant, les Européens prennent conscience 
    
de

     plusieurs aspects « nouveaux » de leur héritage sémite. Rappelons d’a
  
    8075
    nent conscience de plusieurs aspects « nouveaux » 
    
de

     leur héritage sémite. Rappelons d’abord les thèses de Victor Bérard, 
  
    8076
    eur héritage sémite. Rappelons d’abord les thèses 
    
de

     Victor Bérard, qui fait remonter aux mythes et à l’histoire des Phéni
  
    8077
     décèle une parenté formelle entre les Chroniques 
    
de

     l’Ancien Testament et Les Travaux et les Jours d’Hésiode. Ainsi la so
  
    8078
    de l’Ancien Testament et Les Travaux et les Jours 
    
d’

    Hésiode. Ainsi la source biblique rejaillit parmi nous mêlée à la sour
  
    8079
    urce hellénique la plus ancienne et la plus vive. 
    
D’

    une manière plus précise, l’Européen d’aujourd’hui découvre que certai
  
    8080
    plus vive. D’une manière plus précise, l’Européen 
    
d’

    aujourd’hui découvre que certaines de ses attitudes les plus typiques,
  
    8081
    , l’Européen d’aujourd’hui découvre que certaines 
    
de

     ses attitudes les plus typiques, qu’on avait coutume de rapporter à d
  
    8082
     attitudes les plus typiques, qu’on avait coutume 
    
de

     rapporter à des origines romaines ou grecques, relèvent plutôt de la 
  
    8083
    es origines romaines ou grecques, relèvent plutôt 
    
de

     la source hébraïque. Ainsi, les jacobins croyaient trouver dans Rome 
  
    8084
    cobins croyaient trouver dans Rome les prototypes 
    
de

     l’esprit révolutionnaire. Mais, nous dit André Siegfried :  Notre con
  
    8085
    pirituelle, et non plus seulement intellectuelle, 
    
de

     l’homme… c’est à la tradition juive, magnifiquement épanouie dans l’É
  
    8086
    ans l’Évangile, que nous la devons. Les prophètes 
    
d’

    Israël, ces démagogues fulgurants et divins, ont déposé dans notre esp
  
    8087
    posé dans notre esprit cette soif révolutionnaire 
    
de

     la justice qui distingue socialement l’Occident.  Et de même, ajoute 
  
    8088
    dent.  Et de même, ajoute Siegfried, ce n’est pas 
    
de

     la tradition gréco-latine que les révolutions d’aujourd’hui portent l
  
    8089
     de la tradition gréco-latine que les révolutions 
    
d’

    aujourd’hui portent la marque :  La passion marxiste se rattache plutô
  
    8090
    sion marxiste se rattache plutôt au vieux ferment 
    
d’

    Israël, à la fois destructeur et chargé d’un espoir indestructiblement
  
    8091
    ferment d’Israël, à la fois destructeur et chargé 
    
d’

    un espoir indestructiblement tourné vers l’avenir.  Mais voici dans un
  
    8092
    tout autre domaine un aspect non moins surprenant 
    
de

     l’héritage hébraïque des Européens, un aspect que les siècles précéde
  
    8093
    tu de leurs scientismes antireligieux : l’origine 
    
de

     la science moderne serait bien moins grecque que biblique. C’est Karl
  
    8094
     Il n’y a rien, pour elle, qui ne vaille la peine 
    
d’

    être connu ; elle paraît se disperser dans l’infini. Mais quel que soi
  
    8095
    e une extension universelle avec la concentration 
    
de

     toute connaissance dans le cosmos des sciences. Elle ne souffre aucun
  
    8096
     aucun voile ; elle ne permet pas la tranquillité 
    
d’

    opinions faites une fois pour toutes. Sa critique impitoyable révèle d
  
    8097
    e. Elle éclaire ses méthodes, reconnaît les modes 
    
de

     son savoir, le sens et les limites de ses connaissances. Une telle sc
  
    8098
    t les modes de son savoir, le sens et les limites 
    
de

     ses connaissances. Une telle science dépasse de loin les amorces qu’i
  
    8099
    s de ses connaissances. Une telle science dépasse 
    
de

     loin les amorces qu’il y eut en Chine, aux Indes, et aussi dans la Gr
  
    8100
    ulement une introduction et un moyen pédagogique. 
    
D’

    où vient la science moderne, quelles impulsions l’ont engendrée ? Elle
  
    8101
    n essence. C’est, pourquoi tout ce qui est mérite 
    
d’

    être connu, en tant que parcelle de la création. Mais il n’est pas rar
  
    8102
    qui est mérite d’être connu, en tant que parcelle 
    
de

     la création. Mais il n’est pas rare qu’une connaissance nouvelle vien
  
    8103
    dans la conception du monde et dans la conscience 
    
de

     l’être des Grecs — la science en tant que construction logique fait é
  
    8104
    ique fait éclater la logique. La cohérence fermée 
    
de

     la connaissance se trouve sacrifiée en faveur d’une recherche infinie
  
    8105
    rifiée en faveur d’une recherche infinie, la paix 
    
de

     la certitude systématique en faveur d’une mise en question qui ne ces
  
    8106
     mise en question qui ne cesse jamais. La logique 
    
de

     la science s’ouvre à l’irrationnel et pénètre en lui tout en s’y soum
  
    8107
    n lui tout en s’y soumettant. C’est l’interaction 
    
d’

    hypothèses conçues et d’expériences faites qui permet d’aller de l’ava
  
    8108
    tant. C’est l’interaction d’hypothèses conçues et 
    
d’

    expériences faites qui permet d’aller de l’avant, dans une lutte conti
  
    8109
    thèses conçues et d’expériences faites qui permet 
    
d’

    aller de l’avant, dans une lutte continue pour atteindre la réalité. M
  
    8110
    onçues et d’expériences faites qui permet d’aller 
    
de

     l’avant, dans une lutte continue pour atteindre la réalité. Mais enco
  
    8111
    e ce combat contre l’apparence pour la découverte 
    
de

     l’être, une autre impulsion est agissante ici. Dieu ayant créé le mon
  
    8112
     ici. Dieu ayant créé le monde paraît responsable 
    
de

     ce qu’il est. La connaissance devient une attaque contre Dieu. Mais, 
  
    8113
     part, une telle connaissance répond à l’exigence 
    
de

     Dieu qui veut une véracité absolue. Ainsi se développe, à la source d
  
    8114
    véracité absolue. Ainsi se développe, à la source 
    
de

     la science, le besoin d’interroger Dieu contre Dieu. Cette impulsion,
  
    8115
    e développe, à la source de la science, le besoin 
    
d’

    interroger Dieu contre Dieu. Cette impulsion, partie du livre de Job, 
  
    8116
    ieu contre Dieu. Cette impulsion, partie du livre 
    
de

     Job, traverse toute la pensée européenne. C’est cette accusation pass
  
    8117
    qui, liée à l’amour pour tout ce qui est création 
    
de

     Dieu, a donné naissance à la science européenne — cette science qui, 
  
    8118
    ertes archéologiques comme celle des « manuscrits 
    
de

     la mer Morte » — et c’est un fait patent qu’elle demeure par la Bible
  
    8119
    résente et agissante des trois, dans des millions 
    
de

     vies intimes. Quant à la source grecque, qui ne peut irriguer que les
  
    8120
     ne peut irriguer que les couches intellectuelles 
    
de

     nos pays, elle apparaît décidément en crue, aux dépens de la source r
  
    8121
    , aux dépens de la source romaine. La renaissance 
    
de

     notre intérêt pour les choses grecques se traduit au xxe  siècle par 
  
    8122
    tiques (qu’on peut lire depuis peu même en livres 
    
de

     poche) ; vogue des mythes (du complexe d’Œdipe chez Freud jusqu’aux U
  
    8123
     livres de poche) ; vogue des mythes (du complexe 
    
d’

    Œdipe chez Freud jusqu’aux Ulysses de Joyce ou de Kazantzakis, au Prom
  
    8124
     d’Œdipe chez Freud jusqu’aux Ulysses de Joyce ou 
    
de

     Kazantzakis, au Prométhée de Spitteler, au Thésée de Gide, aux Orphée
  
    8125
    Cocteau, etc.) ; reprise des thèmes et des titres 
    
de

     la tragédie grecque par la plupart de nos dramaturges, poètes et comp
  
    8126
    sme et les mystères… Un des meilleurs hellénistes 
    
de

     ce temps, le Pr Bruno Snell, de Hambourg, pose ainsi le problème de l
  
    8127
    leurs hellénistes de ce temps, le Pr Bruno Snell, 
    
de

     Hambourg, pose ainsi le problème de la vitalité de la source grecque 
  
    8128
     Bruno Snell, de Hambourg, pose ainsi le problème 
    
de

     la vitalité de la source grecque dans notre temps :  L’homme — celui 
  
    8129
    e Hambourg, pose ainsi le problème de la vitalité 
    
de

     la source grecque dans notre temps :  L’homme — celui de l’Occident d
  
    8130
    ource grecque dans notre temps :  L’homme — celui 
    
de

     l’Occident du moins — travaille avec conscience et volonté pour son a
  
    8131
    rsque nous éprouvons les nombreuses insuffisances 
    
de

     la culture européenne moderne, nous nous demandons d’autant plus inst
  
    8132
    a culture européenne moderne, nous nous demandons 
    
d’

    autant plus instamment : que fut donc cette culture aux temps des orig
  
    8133
    tion historique déterminée, doit et peut attendre 
    
de

     l’hellénisme :   Vers le milieu du xxe  siècle, après la Première Gue
  
    8134
    mit à réfléchir sur ce qui valait encore la peine 
    
d’

    être sauvé en Europe, certains doutes se manifestèrent chez nous : les
  
    8135
    se manifestèrent chez nous : les formes anciennes 
    
de

     l’humanisme n’avaient-elles pas fait leur temps ? L’humanisme d’un Ér
  
    8136
    n’avaient-elles pas fait leur temps ? L’humanisme 
    
d’

    un Érasme, semblait-il, n’était plus qu’une affaire d’érudits, celui d
  
    8137
     Érasme, semblait-il, n’était plus qu’une affaire 
    
d’

    érudits, celui de l’époque de Goethe était trop lié à l’esthétique. C’
  
    8138
    -il, n’était plus qu’une affaire d’érudits, celui 
    
de

     l’époque de Goethe était trop lié à l’esthétique. C’était d’un nouvel
  
    8139
     plus qu’une affaire d’érudits, celui de l’époque 
    
de

     Goethe était trop lié à l’esthétique. C’était d’un nouvel humanisme q
  
    8140
     de Goethe était trop lié à l’esthétique. C’était 
    
d’

    un nouvel humanisme que l’on avait besoin, embrassant le tout de l’hom
  
    8141
    manisme que l’on avait besoin, embrassant le tout 
    
de

     l’homme, non seulement la pensée et le sentiment, mais l’action. Cet 
  
    8142
     éthique et politique plaçait au centre la notion 
    
de

     Paideia, de culture, et remontait, en fait, à ce qui fut l’origine de
  
    8143
    politique plaçait au centre la notion de Paideia, 
    
de

     culture, et remontait, en fait, à ce qui fut l’origine de l’humanisme
  
    8144
    re, et remontait, en fait, à ce qui fut l’origine 
    
de

     l’humanisme isocratique et cicéronien. Toutefois, il n’entendait pas 
  
    8145
    quité dans son ensemble et surtout à cet antipode 
    
d’

    Isocrate que fut Platon : lequel, précisément, n’attribuait pas une di
  
    8146
    à l’homme et à sa culture, et prenait pour mesure 
    
de

     toutes choses non pas l’homme, mais Dieu […] Que les dieux soient la 
  
    8147
    mme, mais Dieu […] Que les dieux soient la mesure 
    
de

     toutes choses, signifie pour les Grecs que le monde est un cosmos et 
  
    8148
    te « Nature », les Grecs ne se sont pas contentés 
    
d’

    y croire : ils ont cherché à la comprendre, et plus ils s’y appliquaie
  
    8149
     vie direction, sens et consistance. Le fondement 
    
de

     la culture de l’Europe, c’est la découverte par les Grecs de la maniè
  
    8150
    , sens et consistance. Le fondement de la culture 
    
de

     l’Europe, c’est la découverte par les Grecs de la manière dont cet Or
  
    8151
    re de l’Europe, c’est la découverte par les Grecs 
    
de

     la manière dont cet Ordre se manifeste à notre connaissance comme Loi
  
    8152
     notre activité comme Droit. Croire à l’existence 
    
de

     la Vérité, de la Beauté et du Droit, même quand leurs manifestations 
  
    8153
    é comme Droit. Croire à l’existence de la Vérité, 
    
de

     la Beauté et du Droit, même quand leurs manifestations n’apparaissent
  
    8154
    es réponses que celle des dieux modérateurs. Deux 
    
de

     ses mythes fascinent l’Européen moderne, selon qu’il croit y reconnaî
  
    8155
    derne, selon qu’il croit y reconnaître sa passion 
    
de

     l’aventure technique ou de la navigation politique : Prométhée l’orgu
  
    8156
    reconnaître sa passion de l’aventure technique ou 
    
de

     la navigation politique : Prométhée l’orgueilleux et le rusé Ulysse. 
  
    8157
    ours un mythe fondamental qui préside à la genèse 
    
d’

    une civilisation. Ce mythe, pour celle qui nous occupe, n’est pas diff
  
    8158
     n’est pas difficile à découvrir : c’est le mythe 
    
de

     Prométhée… Le mythe de Prométhée, c’est la préfiguration de l’esprit 
  
    8159
    découvrir : c’est le mythe de Prométhée… Le mythe 
    
de

     Prométhée, c’est la préfiguration de l’esprit de l’Occident. C’est l’
  
    8160
    ée… Le mythe de Prométhée, c’est la préfiguration 
    
de

     l’esprit de l’Occident. C’est l’esprit de révolte contre les interdit
  
    8161
     de Prométhée, c’est la préfiguration de l’esprit 
    
de

     l’Occident. C’est l’esprit de révolte contre les interdits des dieux 
  
    8162
    uration de l’esprit de l’Occident. C’est l’esprit 
    
de

     révolte contre les interdits des dieux jaloux, qui symbolisent les cr
  
    8163
    ts des dieux jaloux, qui symbolisent les craintes 
    
de

     l’humanité primitive en présence des forces aveugles de la nature qui
  
    8164
    umanité primitive en présence des forces aveugles 
    
de

     la nature qui la dominent et qui l’effrayent. C’est l’esprit de curio
  
    8165
    ui la dominent et qui l’effrayent. C’est l’esprit 
    
de

     curiosité et d’aventure qui pousse Ulysse vers des horizons inconnus,
  
    8166
    t qui l’effrayent. C’est l’esprit de curiosité et 
    
d’

    aventure qui pousse Ulysse vers des horizons inconnus, lui fait affron
  
    8167
     horizons inconnus, lui fait affronter les périls 
    
de

     la mer, les ruses de Poséidon, et surmonter les dangers qui l’assaill
  
    8168
    ui fait affronter les périls de la mer, les ruses 
    
de

     Poséidon, et surmonter les dangers qui l’assaillent à force d’intelli
  
    8169
    et surmonter les dangers qui l’assaillent à force 
    
d’

    intelligence et de courage. C’est le culte du travail et de l’effort q
  
    8170
    angers qui l’assaillent à force d’intelligence et 
    
de

     courage. C’est le culte du travail et de l’effort qui incite Hercule 
  
    8171
    gence et de courage. C’est le culte du travail et 
    
de

     l’effort qui incite Hercule à purger la terre de ses tyrans, de ses b
  
    8172
     de l’effort qui incite Hercule à purger la terre 
    
de

     ses tyrans, de ses brigands et de ses monstres, à dompter les fleuves
  
    8173
    i incite Hercule à purger la terre de ses tyrans, 
    
de

     ses brigands et de ses monstres, à dompter les fleuves, à assainir le
  
    8174
    purger la terre de ses tyrans, de ses brigands et 
    
de

     ses monstres, à dompter les fleuves, à assainir les vallées, à percer
  
    8175
     pacifier et à civiliser la nature. C’est la soif 
    
de

     connaître qui précipite Pline l’Ancien sur le Vésuve en éruption, qui
  
    8176
    cet esprit que célèbre Lucrèce en faisant l’éloge 
    
d’

    Épicure : « Alors que l’humanité traînait sur la terre une vie abjecte
  
    8177
    r la terre une vie abjecte, écrasée sous le poids 
    
d’

    une religion dont le visage terrifiant menaçait les mortels du haut de
  
    8178
    elle, en libérant les humains des vaines terreurs 
    
de

     l’Achéron et du Tartare. »  Aux yeux de l’un des hommes auxquels l’un
  
    8179
    . »  Aux yeux de l’un des hommes auxquels l’union 
    
de

     l’Europe devra le plus, le comte Richard Coudenhove-Kalergi, c’est Ul
  
    8180
     :  Ulysse est au vrai sens du terme le prototype 
    
de

     l’Européen, en même temps que le héros du premier roman d’aventures d
  
    8181
    péen, en même temps que le héros du premier roman 
    
d’

    aventures de l’Occident. Il apparaît dans sa pleine stature, à la fois
  
    8182
    e temps que le héros du premier roman d’aventures 
    
de

     l’Occident. Il apparaît dans sa pleine stature, à la fois éternelle e
  
    8183
    ternelle et moderne, quand on le compare au héros 
    
de

     l’Iliade. Achille, l’idole de l’Antiquité, le premier modèle d’Alexan
  
    8184
    le compare au héros de l’Iliade. Achille, l’idole 
    
de

     l’Antiquité, le premier modèle d’Alexandre le Grand, fut le Siegfried
  
    8185
    chille, l’idole de l’Antiquité, le premier modèle 
    
d’

    Alexandre le Grand, fut le Siegfried des Grecs, héros juvénile, fort e
  
    8186
    ecs, héros juvénile, fort et courageux, sans trop 
    
d’

    esprit, qui se précipite dans la lutte pour y périr bientôt et entrer 
  
    8187
    l ne cherche pas la lutte, mais il gagne. Le sort 
    
de

     ses compagnons lui importe autant que le sien. Malgré ses aventures a
  
    8188
    ent, mais supporte un dur destin avec la patience 
    
de

     Job. Revêtu d’un costume moderne, Ulysse apparaît aussitôt comme un a
  
    8189
    rte un dur destin avec la patience de Job. Revêtu 
    
d’

    un costume moderne, Ulysse apparaît aussitôt comme un authentique Euro
  
    8190
    ès bien nous le représenter sous la figure trapue 
    
d’

    un Churchill, avec son grand front. Il est vraisemblable que Churchill
  
    8191
    e astuce et la même audace qui permirent à Ulysse 
    
de

     se sauver avec ses compagnons de la caverne de Polyphème. Tous les de
  
    8192
    rmirent à Ulysse de se sauver avec ses compagnons 
    
de

     la caverne de Polyphème. Tous les deux sont d’abord des marins. Ulyss
  
    8193
    se de se sauver avec ses compagnons de la caverne 
    
de

     Polyphème. Tous les deux sont d’abord des marins. Ulysse n’est pas se
  
    8194
    st pas seulement un guerrier, comme ses camarades 
    
de

     l’Iliade, mais un héros de la mer. Sa lutte principale, tout au long 
  
    8195
    r, comme ses camarades de l’Iliade, mais un héros 
    
de

     la mer. Sa lutte principale, tout au long de l’Odyssée, n’est pas dir
  
    8196
    éros de la mer. Sa lutte principale, tout au long 
    
de

     l’Odyssée, n’est pas dirigée contre les hommes mais contre les élémen
  
    8197
    et les vagues. En cela aussi, il est un prototype 
    
de

     l’Européen, qui conquit l’hégémonie mondiale parce qu’il avait appris
  
    8198
     l’accomplissement majeur réside dans le triomphe 
    
de

     la technique sur la nature. Véritable Européen, enfin, par la rencont
  
    8199
    fin, par la rencontre en lui, le Grec, des traits 
    
de

     caractères nationaux les plus divers, français, anglais, allemand, it
  
    8200
    çais, anglais, allemand, italien… S’il renaissait 
    
de

     nos jours, il pourrait être le fils de n’importe laquelle de ces nati
  
    8201
    renaissait de nos jours, il pourrait être le fils 
    
de

     n’importe laquelle de ces nations. Et il pourrait aussi se distinguer
  
    8202
    s, il pourrait être le fils de n’importe laquelle 
    
de

     ces nations. Et il pourrait aussi se distinguer dans n’importe quelle
  
    8203
    porte quelle profession : comme ingénieur ou chef 
    
d’

    équipe, comme propriétaire terrien ou officier, comme diplomate ou par
  
    8204
    e diplomate ou parlementaire. Sa grandeur procède 
    
de

     sa plénitude dans les trois dimensions du corps, de la volonté et de 
  
    8205
     sa plénitude dans les trois dimensions du corps, 
    
de

     la volonté et de l’esprit. C’est pourquoi il est le précurseur des mo
  
    8206
    s les trois dimensions du corps, de la volonté et 
    
de

     l’esprit. C’est pourquoi il est le précurseur des modèles de l’humani
  
    8207
    . C’est pourquoi il est le précurseur des modèles 
    
de

     l’humanité à venir : du chevalier médiéval et du gentleman de notre é
  
    8208
    é à venir : du chevalier médiéval et du gentleman 
    
de

     notre époque. Son port royal contredit le proverbe à bon marché qui d
  
    8209
    tempête le jette sans aucun vêtement sur la grève 
    
de

     l’île d’Alcinoüs, le roi lui-même et sa fille Nausicaa l’accueillent 
  
    8210
    i-même et sa fille Nausicaa l’accueillent en hôte 
    
d’

    honneur, sans savoir qui il est : ils ont senti qu’ils avaient à faire
  
    8211
     à un seigneur, à un héros, mais aussi à un homme 
    
d’

    esprit délié et élevé. On n’imagine pas le vieux Ménélas composant des
  
    8212
    s on voit très bien le vieil Ulysse, dans son nid 
    
d’

    aigle d’Ithaque, écrivant ses mémoires, Poésie et Vérité. Cette Odyssé
  
    8213
    t très bien le vieil Ulysse, dans son nid d’aigle 
    
d’

    Ithaque, écrivant ses mémoires, Poésie et Vérité. Cette Odyssée primit
  
    8214
    bien être celle qui a survécu aux siècles et qui, 
    
de

     nos jours, passionne encore la jeunesse européenne, par sa fraîcheur 
  
    8215
    ire et insolite, mais qui a porté au plus profond 
    
de

     beaucoup de nos meilleurs esprits, la voix de Simone Weil (1909-1943)
  
    8216
    ond de beaucoup de nos meilleurs esprits, la voix 
    
de

     Simone Weil (1909-1943), qui fut, pour peu de temps, l’âme la plus na
  
    8217
    l’âme la plus naturellement grecque et chrétienne 
    
de

     notre temps. Jugeant, et avec quelle intransigeance, du seul point de
  
    8218
     avec quelle intransigeance, du seul point de vue 
    
de

     la spiritualité et de l’amour divin, elle écarte de la vraie traditio
  
    8219
    eance, du seul point de vue de la spiritualité et 
    
de

     l’amour divin, elle écarte de la vraie tradition européenne tout ce q
  
    8220
     la spiritualité et de l’amour divin, elle écarte 
    
de

     la vraie tradition européenne tout ce qui n’est pas grec ou évangéliq
  
    8221
    rec, comme l’Iliade en est la première ; l’esprit 
    
de

     la Grèce s’y laisse voir non seulement en ce qu’il y est ordonné de r
  
    8222
    isse voir non seulement en ce qu’il y est ordonné 
    
de

     rechercher à l’exclusion de tout autre bien « le royaume et la justic
  
    8223
    e qu’il y est ordonné de rechercher à l’exclusion 
    
de

     tout autre bien « le royaume et la justice de notre Père céleste », m
  
    8224
    ion de tout autre bien « le royaume et la justice 
    
de

     notre Père céleste », mais aussi en ce que la misère humaine y est ex
  
    8225
    un être divin en même temps qu’humain. Les récits 
    
de

     la Passion montrent qu’un esprit divin, uni à la chair, est altéré pa
  
    8226
     devant la souffrance et la mort, se sent au fond 
    
de

     la détresse, séparé des hommes et de Dieu. Le sentiment de la misère 
  
    8227
    sent au fond de la détresse, séparé des hommes et 
    
de

     Dieu. Le sentiment de la misère humaine leur donne cet accent de simp
  
    8228
    resse, séparé des hommes et de Dieu. Le sentiment 
    
de

     la misère humaine leur donne cet accent de simplicité qui est la marq
  
    8229
    timent de la misère humaine leur donne cet accent 
    
de

     simplicité qui est la marque du génie grec, et qui fait tout le prix 
  
    8230
    la marque du génie grec, et qui fait tout le prix 
    
de

     la tragédie attique et de l’Iliade. … Rien n’est plus rare qu’une jus
  
    8231
    t qui fait tout le prix de la tragédie attique et 
    
de

     l’Iliade. … Rien n’est plus rare qu’une juste expression du malheur ;
  
    8232
    lheur ; en le peignant, on feint presque toujours 
    
de

     croire tantôt que la déchéance est une vocation innée du malheureux, 
  
    8233
    r la marque, sans qu’il change toutes les pensées 
    
d’

    une manière qui n’appartient qu’à lui. Les Grecs, le plus souvent, eur
  
    8234
     lui. Les Grecs, le plus souvent, eurent la force 
    
d’

    âme qui permet de ne pas se mentir ; ils en furent récompensés et sure
  
    8235
    le plus souvent, eurent la force d’âme qui permet 
    
de

     ne pas se mentir ; ils en furent récompensés et surent atteindre en t
  
    8236
    urent atteindre en toute chose le plus haut degré 
    
de

     lucidité, de pureté et de simplicité… Les Romains et les Hébreux se s
  
    8237
    re en toute chose le plus haut degré de lucidité, 
    
de

     pureté et de simplicité… Les Romains et les Hébreux se sont crus les 
  
    8238
    hose le plus haut degré de lucidité, de pureté et 
    
de

     simplicité… Les Romains et les Hébreux se sont crus les uns et les au
  
    8239
     la maîtresse du monde, les seconds par la faveur 
    
de

     leur Dieu et dans la mesure exacte où ils lui obéissaient. Les Romain
  
    8240
    dies. Ils remplaçaient les tragédies par les jeux 
    
de

     gladiateurs. Les Hébreux voyaient dans le malheur le signe du péché e
  
    8241
     le signe du péché et par suite un motif légitime 
    
de

     mépris. Ils regardaient leurs ennemis vaincus comme étant en horreur 
  
    8242
     par la découverte des lettres grecques, le génie 
    
de

     la Grèce n’a pas ressuscité au cours de vingt siècles. Il en apparaît
  
    8243
    , dans l’École des Femmes, dans Phèdre. Mais rien 
    
de

     ce qu’ont produit les peuples d’Europe ne vaut le premier poème connu
  
    8244
    hèdre. Mais rien de ce qu’ont produit les peuples 
    
d’

    Europe ne vaut le premier poème connu qui soit apparu chez l’un d’eux.
  
    8245
     le premier poème connu qui soit apparu chez l’un 
    
d’

    eux. Ils retrouveront peut-être le génie épique quand ils sauront ne r
  
    8246
    l’avait mieux comprise que les jacobins ne firent 
    
de

     la Rome de Brutus. Rome a donc mauvaise presse dans l’intelligentsia 
  
    8247
     religion en l’adoptant » :  Les Romains, poignée 
    
d’

    aventuriers réunis par le besoin…, les Romains ne pouvaient rien tolér
  
    8248
    lérer qui fût riche en contenu spirituel. L’amour 
    
de

     Dieu est un feu dangereux dont le contact pouvait être funeste à leur
  
    8249
    ouvait être funeste à leur misérable divinisation 
    
de

     l’esclavage. Aussi ont-ils impitoyablement détruit la vie spirituelle
  
    8250
    uthentiques. … Ils ont exterminé tous les druides 
    
de

     Gaule ; anéanti les cultes égyptiens ; noyé dans le sang et déshonoré
  
    8251
    es égyptiens ; noyé dans le sang et déshonoré par 
    
d’

    ingénieuses calomnies l’adoration de Dionysos. On sait ce qu’ils ont f
  
    8252
    déshonoré par d’ingénieuses calomnies l’adoration 
    
de

     Dionysos. On sait ce qu’ils ont fait des chrétiens au début… L’inspir
  
    8253
    ien adore Dieu avec un cœur disposé comme le cœur 
    
d’

    un païen de Rome dans l’hommage rendu à l’empereur, ce chrétien aussi 
  
    8254
    ieu avec un cœur disposé comme le cœur d’un païen 
    
de

     Rome dans l’hommage rendu à l’empereur, ce chrétien aussi est idolâtr
  
    8255
    e la culture hellénique et le néant. Leur faculté 
    
d’

    imagination visant uniquement au pratique — ils possédaient un droit s
  
    8256
    , mais ils n’avaient pas une seule légende divine 
    
d’

    origine proprement romaine — est un trait qu’on ne rencontre nulle par
  
    8257
    le gigantesque qui, pour beaucoup, domine le type 
    
de

     l’économie, de la magistrature et de la vie antique et qui a rabaissé
  
    8258
    qui, pour beaucoup, domine le type de l’économie, 
    
de

     la magistrature et de la vie antique et qui a rabaissé en tout cas co
  
    8259
    mine le type de l’économie, de la magistrature et 
    
de

     la vie antique et qui a rabaissé en tout cas considérablement la vale
  
    8260
    , qui enseigna d’abord à l’Antiquité la splendeur 
    
de

     l’argent — entre les mains d’hommes d’affaires à l’esprit fort et pui
  
    8261
    iquité la splendeur de l’argent — entre les mains 
    
d’

    hommes d’affaires à l’esprit fort et puissamment doués. Autrement, ni 
  
    8262
     splendeur de l’argent — entre les mains d’hommes 
    
d’

    affaires à l’esprit fort et puissamment doués. Autrement, ni César ni 
  
    8263
    ne seraient intelligibles. Chaque Grec a un trait 
    
de

     Don Quichotte, chaque Romain un de Sancho Panca, toutes leurs autres 
  
    8264
    rec a un trait de Don Quichotte, chaque Romain un 
    
de

     Sancho Panca, toutes leurs autres qualités disparaissent sous celles-
  
    8265
    ique des derniers temps, mais aussi le haut idéal 
    
de

     Virgile, l’un des pères spirituels de l’Europe :  Même ceux qui possè
  
    8266
     haut idéal de Virgile, l’un des pères spirituels 
    
de

     l’Europe :  Même ceux qui possèdent aussi peu que moi leur latin ne s
  
    8267
    n pouvait attendre que Virgile imaginât comme fin 
    
de

     l’Histoire, et que c’était une digne fin. Pensera-t-on vraiment qu’il
  
    8268
    . Dans la mesure où nous héritons la civilisation 
    
de

     l’Europe, nous sommes encore tous citoyens de l’Empire romain, et le 
  
    8269
    ion de l’Europe, nous sommes encore tous citoyens 
    
de

     l’Empire romain, et le temps n’a pas encore donné tort à Virgile lors
  
    8270
    es, des proconsuls et des gouverneurs, des hommes 
    
d’

    affaires et des spéculateurs, des démagogues et des généraux. C’était 
  
    8271
    nte assigne à Virgile dans la vie future, ce rôle 
    
de

     guide et de maître jusqu’à la barrière qu’il n’était pas autorisé à f
  
    8272
    à Virgile dans la vie future, ce rôle de guide et 
    
de

     maître jusqu’à la barrière qu’il n’était pas autorisé à franchir, et 
  
    8273
    t pas autorisé à franchir, et n’était pas capable 
    
de

     franchir, définit exactement la relation entre Virgile et le monde ch
  
    8274
    le et le monde chrétien. Nous voyons que le monde 
    
de

     Virgile, comparé à celui d’Homère, est une approximation du monde chr
  
    8275
    s voyons que le monde de Virgile, comparé à celui 
    
d’

    Homère, est une approximation du monde chrétien par le choix, l’ordre 
  
    8276
    e chrétien par le choix, l’ordre et les relations 
    
de

     ses valeurs. Ceci n’implique aucune comparaison entre Homère comme po
  
    8277
    out simplement nous en sachions plus sur le monde 
    
de

     Virgile et le comprenions mieux ; et qu’ainsi nous voyions plus clair
  
    8278
    in selon Virgile, est dû à l’esprit philosophique 
    
de

     Virgile lui-même. Car, au sens où un poète est un philosophe (par opp
  
    8279
    ande œuvre), Virgile est le plus grand philosophe 
    
de

     la Rome ancienne. Ce n’est donc pas simplement que la civilisation en
  
    8280
    che de celle du christianisme que la civilisation 
    
d’

    Homère ; nous sommes en droit de dire que Virgile, parmi les poètes cl
  
    8281
    e la civilisation d’Homère ; nous sommes en droit 
    
de

     dire que Virgile, parmi les poètes classiques et les prosateurs latin
  
    8282
    es prosateurs latins, est proche du christianisme 
    
d’

    une manière unique. Il est une formule que j’ai tenté d’éviter mais qu
  
    8283
    manière unique. Il est une formule que j’ai tenté 
    
d’

    éviter mais que je me sens contraint d’utiliser ici : anima naturalite
  
    8284
    j’ai tenté d’éviter mais que je me sens contraint 
    
d’

    utiliser ici : anima naturaliter Christiana. Est-elle applicable à Vir
  
    8285
    na. Est-elle applicable à Virgile ? C’est matière 
    
de

     choix personnel. Mais j’incline à penser que Virgile manque de très p
  
    8286
    onnel. Mais j’incline à penser que Virgile manque 
    
de

     très peu la marque : et c’est pourquoi, je disais tout à l’heure que 
  
    8287
    tir la valeur affective que garde en nous l’image 
    
de

     la Pax Romana :  Fontaine de la présente histoire européenne, telle e
  
    8288
    arde en nous l’image de la Pax Romana :  Fontaine 
    
de

     la présente histoire européenne, telle est la place du Capitole, conç
  
    8289
    se par lui à la Ville. On ne la comprend bien que 
    
de

     nuit, quand Marc Aurèle chevauche solitaire dans la lumière atténuée,
  
    8290
    es. Très peu de l’or des anciens temps, des temps 
    
de

     la paix impériale, reste attaché à l’armure de l’empereur ; mais, sel
  
    8291
    ps de la paix impériale, reste attaché à l’armure 
    
de

     l’empereur ; mais, selon la tradition du peuple romain, cet or s’accr
  
    8292
    s’accroît et lorsqu’il recouvrira toute la statue 
    
de

     l’empereur qui consuma sa vie dans les camps, les expéditions, et sur
  
    8293
    ans les camps, les expéditions, et sur les champs 
    
de

     bataille, la paix régnera : ainsi l’Europe a trouvé sa figure dans l’
  
    8294
    bénissant la Ville et le Monde. Mais gardons-nous 
    
de

     fuir dans les rêves de peuples souffrants, ce ne serait pas conforme 
  
    8295
    e Monde. Mais gardons-nous de fuir dans les rêves 
    
de

     peuples souffrants, ce ne serait pas conforme à l’esprit de Marc Aurè
  
    8296
     souffrants, ce ne serait pas conforme à l’esprit 
    
de

     Marc Aurèle ! « Celui qui a vu ce qui existe aujourd’hui a contemplé 
  
    8297
    ui qui a vu ce qui existe aujourd’hui a contemplé 
    
d’

    un seul regard ce qui fut de tout temps et sera de toute éternité. » L
  
    8298
    jourd’hui a contemplé d’un seul regard ce qui fut 
    
de

     tout temps et sera de toute éternité. » Le présent contient toute l’h
  
    8299
    d’un seul regard ce qui fut de tout temps et sera 
    
de

     toute éternité. » Le présent contient toute l’histoire du monde. Et s
  
    8300
     Et si l’Europe existe en nous, dans la plénitude 
    
de

     ses diversités contradictoires et de sa mission infinie, l’Europe est
  
    8301
    la plénitude de ses diversités contradictoires et 
    
de

     sa mission infinie, l’Europe est là dès maintenant, comme un destin ;
  
    8302
    si cette figure ne s’instaure pas dans l’intimité 
    
de

     notre être, dans la vie de notre vie et le cœur de notre cœur, comme 
  
    8303
    re pas dans l’intimité de notre être, dans la vie 
    
de

     notre vie et le cœur de notre cœur, comme dit Hamlet à Horatio, alors
  
    8304
    e notre être, dans la vie de notre vie et le cœur 
    
de

     notre cœur, comme dit Hamlet à Horatio, alors l’Europe n’existe plus,
  
    8305
    p de bataille abandonné aux puissances techniques 
    
de

     l’inhumain.288   La source germanique n’est même pas mentionnée par V
  
    8306
    même pas mentionnée par Valéry, dans son discours 
    
de

     1922. Ce Français d’origine génoise n’avait conscience que de ses hér
  
    8307
    ar Valéry, dans son discours de 1922. Ce Français 
    
d’

    origine génoise n’avait conscience que de ses héritages méditerranéens
  
    8308
    Français d’origine génoise n’avait conscience que 
    
de

     ses héritages méditerranéens. Un peu plus tard, la notion même de « G
  
    8309
     méditerranéens. Un peu plus tard, la notion même 
    
de

     « Germanentum » se trouvera obscurcie et refoulée sous l’effet des do
  
    8310
    arbares et chimériques du national-socialisme, et 
    
de

     la réaction d’horreur universelle à la découverte des crimes que ces 
  
    8311
    ériques du national-socialisme, et de la réaction 
    
d’

    horreur universelle à la découverte des crimes que ces doctrines préte
  
    8312
    rdiques autant que les Latines gardent un réflexe 
    
d’

    hostilité à l’endroit du Saint-Empire. Serait-ce, pour les unes, parce
  
    8313
     « romain », pour les autres, parce qu’il était « 
    
de

     nation germanique » ? C’est plutôt que la notion même de Saint-Empire
  
    8314
    on germanique » ? C’est plutôt que la notion même 
    
de

     Saint-Empire n’est plus comprise. (Elle ne l’a d’ailleurs jamais été 
  
    8315
     l’apport germanique ? C’est un historien suisse, 
    
de

     vieille souche fribourgeoise, écrivant en français et vivant aux lisi
  
    8316
    ique : Gonzague de Reynold. L’un des huit volumes 
    
de

     son œuvre maîtresse, La Formation de l’Europe, est consacré aux Germa
  
    8317
    huit volumes de son œuvre maîtresse, La Formation 
    
de

     l’Europe, est consacré aux Germains, des origines jusqu’aux Carolingi
  
    8318
     décrit largement cette « fusion du Barbaricum et 
    
de

     la Romania, sous les auspices de l’Église », dont on peut soutenir (c
  
    8319
    du Barbaricum et de la Romania, sous les auspices 
    
de

     l’Église », dont on peut soutenir (comme on peut le faire aussi de l’
  
    8320
    nt on peut soutenir (comme on peut le faire aussi 
    
de

     l’entreprise de Charlemagne) qu’elle a véritablement fait l’Europe. R
  
    8321
    nir (comme on peut le faire aussi de l’entreprise 
    
de

     Charlemagne) qu’elle a véritablement fait l’Europe. Résumons, d’après
  
    8322
    d’après lui, les deux principales « découvertes » 
    
de

     l’historiographie du xxe  siècle européen concernant l’héritage germa
  
    8323
    uropéen concernant l’héritage germanique : 1° Fin 
    
de

     la légende des « Grandes invasions » ruinant l’Empire :  … Sans les d
  
    8324
    Empire :  … Sans les divisions, sans la faiblesse 
    
de

     l’empire, il n’y aurait pas eu de péril germanique. Les Germains ne f
  
    8325
    ns la faiblesse de l’empire, il n’y aurait pas eu 
    
de

     péril germanique. Les Germains ne furent jamais assez nombreux pour l
  
    8326
    t jamais assez nombreux pour le conquérir. Parler 
    
d’

    invasions germaniques et même de grandes invasions, est une sottise.  
  
    8327
    conquérir. Parler d’invasions germaniques et même 
    
de

     grandes invasions, est une sottise.  Il y a les Germains de l’extérie
  
    8328
     invasions, est une sottise.  Il y a les Germains 
    
de

     l’extérieur, et ceux qui se trouvent à l’intérieur de l’Empire : les 
  
    8329
    ntre les premiers, prendront le haut commandement 
    
de

     l’armée, deviendront l’Empire :  … À la fin, la question sera de savo
  
    8330
    iendront l’Empire :  … À la fin, la question sera 
    
de

     savoir quel sera le peuple germain capable d’assumer la succession du
  
    8331
    era de savoir quel sera le peuple germain capable 
    
d’

    assumer la succession du peuple romain et de restaurer l’imperium.289 
  
    8332
    pable d’assumer la succession du peuple romain et 
    
de

     restaurer l’imperium.289   Ce peuple sera celui des Francs, d’où est 
  
    8333
    l’imperium.289   Ce peuple sera celui des Francs, 
    
d’

    où est issu Charlemagne, « Père de l’Europe »290. La première tentativ
  
    8334
     de l’Europe »290. La première tentative concrète 
    
de

     fédération européenne au xxe  siècle, celle des Six, sera baptisée no
  
    8335
    s en tribu, tribus réunies en peuple ; assemblées 
    
d’

    hommes libres et de guerriers : le Volksthing, qui survit en Suisse da
  
    8336
    réunies en peuple ; assemblées d’hommes libres et 
    
de

     guerriers : le Volksthing, qui survit en Suisse dans les Landsgemeind
  
    8337
     dans les Landsgemeinden des cantons montagnards. 
    
De

     là un droit qui, entre les deux extrêmes du jus romanum : l’individu,
  
    8338
    rtisseurs qui empêchent l’individu, terme faible, 
    
d’

    être absorbé par l’État, terme fort. Le principe du droit germanique e
  
    8339
    rincipe du droit germanique est, en effet, l’idée 
    
d’

    association. Genossenschaftsrecht, dit le grand juriste Gierke. … Lors
  
    8340
    le, devenu chrétien, l’empereur descendit du rang 
    
de

     dieu au rang de représentant de Dieu. Constantin se montra humble vis
  
    8341
    ien, l’empereur descendit du rang de dieu au rang 
    
de

     représentant de Dieu. Constantin se montra humble vis-à-vis de l’Égli
  
    8342
    descendit du rang de dieu au rang de représentant 
    
de

     Dieu. Constantin se montra humble vis-à-vis de l’Église, mais ses suc
  
    8343
    a dans l’empereur tout-puissant. Avec le triomphe 
    
de

     la doctrine trinitaire, cette conception ne fut plus possible. « L’em
  
    8344
    t plus possible. « L’empereur n’est pas au-dessus 
    
de

     l’Église mais dans l’Église », rappela durement saint Ambroise à Théo
  
    8345
    aint Ambroise à Théodore le pénitent. Le disciple 
    
de

     saint Ambroise fut saint Augustin… Faire correspondre à un empereur c
  
    8346
    hrétien fut l’un des buts que se proposa l’auteur 
    
de

     La Cité de Dieu, ce bréviaire de Charlemagne. Dans cet ouvrage qui eu
  
    8347
     l’un des buts que se proposa l’auteur de La Cité 
    
de

     Dieu, ce bréviaire de Charlemagne. Dans cet ouvrage qui eut, durant d
  
    8348
    proposa l’auteur de La Cité de Dieu, ce bréviaire 
    
de

     Charlemagne. Dans cet ouvrage qui eut, durant des siècles, autant d’i
  
    8349
    s cet ouvrage qui eut, durant des siècles, autant 
    
d’

    influence que, bien des siècles plus tard, le Contrat social ou le Cap
  
    8350
    u’elle protège et qu’elle suit. L’idéal politique 
    
de

     saint Augustin, c’est la societas civitatum, l’association des cités 
  
    8351
     La diversité devient alors la condition première 
    
de

     l’unité. C’est le fédéralisme dont on est en droit de dire qu’il est 
  
    8352
    ’unité. C’est le fédéralisme dont on est en droit 
    
de

     dire qu’il est la conception chrétienne de la vie politique et social
  
    8353
     droit de dire qu’il est la conception chrétienne 
    
de

     la vie politique et sociale, l’ordre qui assure à tous la tranquillit
  
    8354
    ociale, l’ordre qui assure à tous la tranquillité 
    
de

     la paix.  Avec cette dernière citation, c’est l’héritage chrétien qui
  
    8355
    age chrétien qui est invoqué. Deux grandes écoles 
    
d’

    historiens de la culture s’opposent, sur ce sujet, non sans violence, 
  
    8356
    qui est invoqué. Deux grandes écoles d’historiens 
    
de

     la culture s’opposent, sur ce sujet, non sans violence, durant la pér
  
    8357
     sujet, non sans violence, durant la période dite 
    
de

     l’entre-deux-guerres (1919-1939). L’une, optimiste par programme, con
  
    8358
    ar programme, continue la tradition des Lumières, 
    
de

     la science et de la technique prométhéennes, et tient l’Europe pour u
  
    8359
    tinue la tradition des Lumières, de la science et 
    
de

     la technique prométhéennes, et tient l’Europe pour une création de la
  
    8360
    rométhéennes, et tient l’Europe pour une création 
    
de

     la Renaissance. L’autre, pessimiste par position plus que par nature,
  
    8361
    a seule Europe digne du nom. Europe de l’Homme et 
    
de

     l’avenir contre Europe de la chrétienté et du passé ? Il s’agit bien 
  
    8362
    m. Europe de l’Homme et de l’avenir contre Europe 
    
de

     la chrétienté et du passé ? Il s’agit bien plutôt d’une polémique ent
  
    8363
    la chrétienté et du passé ? Il s’agit bien plutôt 
    
d’

    une polémique entre les militants de deux partis qui ont en commun le 
  
    8364
    t bien plutôt d’une polémique entre les militants 
    
de

     deux partis qui ont en commun le même souci de sauver l’Europe dans l
  
    8365
    ts de deux partis qui ont en commun le même souci 
    
de

     sauver l’Europe dans le présent, — cette Europe menacée de l’extérieu
  
    8366
     l’Europe dans le présent, — cette Europe menacée 
    
de

     l’extérieur par la montée d’empires « quantitatifs », et menacée de l
  
    8367
    cette Europe menacée de l’extérieur par la montée 
    
d’

    empires « quantitatifs », et menacée de l’intérieur par ses divisions 
  
    8368
     la montée d’empires « quantitatifs », et menacée 
    
de

     l’intérieur par ses divisions séculaires. Mais à quels saints se voue
  
    8369
    ? ou à quels savants ? Laissons à l’un des doyens 
    
de

     l’historiographie européenne, Christopher Dawson, le soin de définir 
  
    8370
    iographie européenne, Christopher Dawson, le soin 
    
de

     définir les erreurs symétriques auxquelles s’exposent les deux écoles
  
    8371
    fréquemment tendance à se servir du présent comme 
    
d’

    un modèle parfait permettant de juger le passé, et à considérer toute 
  
    8372
    r du présent comme d’un modèle parfait permettant 
    
de

     juger le passé, et à considérer toute l’histoire comme un processus i
  
    8373
    ctuel des choses serait la phase dernière. Le cas 
    
d’

    un écrivain comme Wells justifie dans une certaine mesure cette interp
  
    8374
    mesure cette interprétation. Son but est en effet 
    
de

     fournir à l’homme moderne un arrière-plan historique et de quoi se fo
  
    8375
    r à l’homme moderne un arrière-plan historique et 
    
de

     quoi se former une conception du monde. Mais, même à son point de per
  
    8376
    r une conception du monde. Mais, même à son point 
    
de

     perfection, cette façon d’écrire l’histoire est fondamentalement cont
  
    8377
    Mais, même à son point de perfection, cette façon 
    
d’

    écrire l’histoire est fondamentalement contraire à l’esprit de l’histo
  
    8378
    istoire est fondamentalement contraire à l’esprit 
    
de

     l’histoire, puisqu’elle implique la subordination du passé au présent
  
    8379
    ’opposé, un autre danger qui consiste à se servir 
    
de

     l’histoire comme d’une arme contre l’époque moderne, soit par suite d
  
    8380
    nger qui consiste à se servir de l’histoire comme 
    
d’

    une arme contre l’époque moderne, soit par suite d’une idéalisation ro
  
    8381
    ’une arme contre l’époque moderne, soit par suite 
    
d’

    une idéalisation romantique du passé, soit au profit d’une propagande 
  
    8382
     idéalisation romantique du passé, soit au profit 
    
d’

    une propagande religieuse ou patriotique. Le second cas est assurément
  
    8383
    iévale pour elle-même, et non plus comme un moyen 
    
d’

    atteindre quelque autre but. L’historien propagandiste, au contraire, 
  
    8384
    ’historien propagandiste, au contraire, s’inspire 
    
de

     motifs d’un ordre tout à fait étranger à l’histoire et tend inconscie
  
    8385
     propagandiste, au contraire, s’inspire de motifs 
    
d’

    un ordre tout à fait étranger à l’histoire et tend inconsciemment à la
  
    8386
     renaissance romantique en a exalté « les siècles 
    
de

     foi » et qu’elle a présenté la civilisation de cette période comme l’
  
    8387
    es de foi » et qu’elle a présenté la civilisation 
    
de

     cette période comme l’expression sociale de l’idéal chrétien… Au dern
  
    8388
    ation de cette période comme l’expression sociale 
    
de

     l’idéal chrétien… Au dernier siècle et au début du présent, ils ont c
  
    8389
    présent, ils ont certainement été enclins à faire 
    
de

     l’histoire une branche de l’apologétique, et à idéaliser la culture m
  
    8390
    ent été enclins à faire de l’histoire une branche 
    
de

     l’apologétique, et à idéaliser la culture médiévale pour exalter leur
  
    8391
    ter leur idéal religieux. En réalité, cette façon 
    
d’

    écrire l’histoire manque son but, puisque aussitôt que le lecteur se m
  
    8392
    son but, puisque aussitôt que le lecteur se méfie 
    
de

     l’impartialité de l’historien, il doute de la vérité de tout ce que c
  
    8393
    ussitôt que le lecteur se méfie de l’impartialité 
    
de

     l’historien, il doute de la vérité de tout ce que celui-ci lui présen
  
    8394
     méfie de l’impartialité de l’historien, il doute 
    
de

     la vérité de tout ce que celui-ci lui présente.291   Certes, Christop
  
    8395
    mpartialité de l’historien, il doute de la vérité 
    
de

     tout ce que celui-ci lui présente.291   Certes, Christopher Dawson ne
  
    8396
    1   Certes, Christopher Dawson ne se contente pas 
    
de

     renvoyer dos à dos les deux écoles. Il a décrit mieux que personne l’
  
    8397
     a décrit mieux que personne l’influence décisive 
    
de

     l’Église sur la formation d’une première synthèse européenne pendant 
  
    8398
    l’influence décisive de l’Église sur la formation 
    
d’

    une première synthèse européenne pendant l’âge sombre qui sépare le dé
  
    8399
    opéenne pendant l’âge sombre qui sépare le déclin 
    
de

     l’Empire romain et l’aurore de « l’unité médiévale » (ve  au xie  siè
  
    8400
    i sépare le déclin de l’Empire romain et l’aurore 
    
de

     « l’unité médiévale » (ve  au xie  siècle). Il ne croit pas que l’hum
  
    8401
    t seuls. Mais il ne décrète pas non plus, qu’hors 
    
d’

    un « retour » à la philosophie de saint Thomas ou à la chrétienté de G
  
    8402
    on plus, qu’hors d’un « retour » à la philosophie 
    
de

     saint Thomas ou à la chrétienté de Grégoire le Grand, il n’y aura plu
  
    8403
    la philosophie de saint Thomas ou à la chrétienté 
    
de

     Grégoire le Grand, il n’y aura plus d’Europe viable ni d’unité europé
  
    8404
    chrétienté de Grégoire le Grand, il n’y aura plus 
    
d’

    Europe viable ni d’unité européenne praticable :  À la fin du Moyen Âg
  
    8405
    ire le Grand, il n’y aura plus d’Europe viable ni 
    
d’

    unité européenne praticable :  À la fin du Moyen Âge, l’Europe se déto
  
    8406
    le :  À la fin du Moyen Âge, l’Europe se détourne 
    
de

     l’Orient et commence à regarder du côté de l’Ouest, vers l’Atlantique
  
    8407
    dura donc point, car elle avait pour base l’union 
    
de

     l’Église et des peuples du Nord, avec, en plus, un levain d’influence
  
    8408
     et des peuples du Nord, avec, en plus, un levain 
    
d’

    influence orientale. Sa mort ne signifia pas néanmoins la fin de l’uni
  
    8409
    ientale. Sa mort ne signifia pas néanmoins la fin 
    
de

     l’unité européenne. Au contraire, la culture des pays de l’Ouest devi
  
    8410
    ité européenne. Au contraire, la culture des pays 
    
de

     l’Ouest devint plus autonome, plus indépendante et plus occidentale q
  
    8411
    cidentale qu’elle ne l’avait jamais été. La perte 
    
de

     l’unité spirituelle n’entraîna pas le partage de l’Occident entre deu
  
    8412
     de l’unité spirituelle n’entraîna pas le partage 
    
de

     l’Occident entre deux types de civilisation irréductibles l’un à l’au
  
    8413
    îna pas le partage de l’Occident entre deux types 
    
de

     civilisation irréductibles l’un à l’autre et hostiles, comme elle l’e
  
    8414
     désunion religieuse, l’Europe conserva son unité 
    
de

     culture, mais celle-ci eut désormais pour base une tradition intellec
  
    8415
    tine remplaça la liturgie latine en tant que lien 
    
d’

    unité intellectuelle ; l’érudit et le gentilhomme, en tant que représe
  
    8416
    udit et le gentilhomme, en tant que représentants 
    
de

     la culture occidentale, remplacèrent le moine et le chevalier. À quat
  
    8417
    cèrent le moine et le chevalier. À quatre siècles 
    
de

     catholicisme nordique et d’influence orientale succédèrent quatre siè
  
    8418
    ier. À quatre siècles de catholicisme nordique et 
    
d’

    influence orientale succédèrent quatre siècles d’humanisme et d’autono
  
    8419
     d’influence orientale succédèrent quatre siècles 
    
d’

    humanisme et d’autonomie occidentale. Aujourd’hui l’Europe est menacée
  
    8420
    ientale succédèrent quatre siècles d’humanisme et 
    
d’

    autonomie occidentale. Aujourd’hui l’Europe est menacée de voir s’effo
  
    8421
    mie occidentale. Aujourd’hui l’Europe est menacée 
    
de

     voir s’effondrer la culture séculière et aristocratique qui servit de
  
    8422
    la culture séculière et aristocratique qui servit 
    
de

     base à la seconde phase de son unité. Nous ressentons une fois de plu
  
    8423
    stocratique qui servit de base à la seconde phase 
    
de

     son unité. Nous ressentons une fois de plus le besoin d’une unité spi
  
    8424
    unité. Nous ressentons une fois de plus le besoin 
    
d’

    une unité spirituelle, ou tout au moins morale ; nous comprenons qu’un
  
    8425
     ; nous ne pouvons nous satisfaire plus longtemps 
    
d’

    une civilisation aristocratique qui trouve son unité dans un monde ext
  
    8426
    perficiel, sans tenir compte des besoins profonds 
    
de

     la nature spirituelle de l’homme. Et en même temps nous n’avons plus 
  
    8427
    pte des besoins profonds de la nature spirituelle 
    
de

     l’homme. Et en même temps nous n’avons plus la même foi en la supério
  
    8428
     n’avons plus la même foi en la supériorité innée 
    
de

     la civilisation occidentale et en son droit à dominer le monde. Nous 
  
    8429
     sujettes, et nous ressentons à la fois le besoin 
    
de

     nous protéger contre les forces insurgées du monde oriental et d’entr
  
    8430
     contre les forces insurgées du monde oriental et 
    
d’

    entrer en contact plus étroit avec ses traditions spirituelles. Commen
  
    8431
    faire ces besoins, ou même s’il nous est possible 
    
de

     les satisfaire, nous ne pouvons à l’heure présente que le conjecturer
  
    8432
    eure présente que le conjecturer. Mais il est bon 
    
de

     ne pas oublier que l’unité de notre civilisation ne repose pas entièr
  
    8433
    er. Mais il est bon de ne pas oublier que l’unité 
    
de

     notre civilisation ne repose pas entièrement sur la culture laïque et
  
    8434
     plus profondes, et il nous faut remonter au-delà 
    
de

     l’humanisme et des triomphes superficiels de la civilisation moderne,
  
    8435
    delà de l’humanisme et des triomphes superficiels 
    
de

     la civilisation moderne, si nous tenons à découvrir les forces social
  
    8436
    u Moyen Âge, trop souvent décrit comme une époque 
    
de

     foi universelle et d’harmonie profonde des esprits, dont la Réforme s
  
    8437
    ent décrit comme une époque de foi universelle et 
    
d’

    harmonie profonde des esprits, dont la Réforme serait venue briser tra
  
    8438
     l’unité ». Cette utopie à rebours, qui fut celle 
    
de

     Novalis dans La Chrétienté ou l’Europe, est devenue lieu commun pour 
  
    8439
    , est devenue lieu commun pour l’école catholique 
    
de

     la première moitié du siècle. Personne ne l’a mieux réfutée que l’his
  
    8440
    Heer, lui-même catholique convaincu : On ne cesse 
    
de

     parler de la christianisation et de la déchristianisation de l’Europe
  
    8441
    même catholique convaincu : On ne cesse de parler 
    
de

     la christianisation et de la déchristianisation de l’Europe. Combien 
  
    8442
    : On ne cesse de parler de la christianisation et 
    
de

     la déchristianisation de l’Europe. Combien ces termes erronés trahiss
  
    8443
    e la christianisation et de la déchristianisation 
    
de

     l’Europe. Combien ces termes erronés trahissent-ils une fausse positi
  
    8444
    un jour avait été chrétienne, et puis avait cessé 
    
de

     l’être ! C’est là pure légende. Les faits et les archives de l’Histoi
  
    8445
     C’est là pure légende. Les faits et les archives 
    
de

     l’Histoire démontrent surabondamment que les choses se sont passées t
  
    8446
    rent l’unité, la cohérence interne et même intime 
    
de

     l’histoire européenne, à laquelle appartiennent Augustin, Luther et V
  
    8447
    es empereurs médiévaux et les rois « par la grâce 
    
de

     Dieu » de France et d’Espagne, dans l’évolution commune d’un phénomèn
  
    8448
    rs médiévaux et les rois « par la grâce de Dieu » 
    
de

     France et d’Espagne, dans l’évolution commune d’un phénomène historiq
  
    8449
    et les rois « par la grâce de Dieu » de France et 
    
d’

    Espagne, dans l’évolution commune d’un phénomène historique, dans l’al
  
    8450
     de France et d’Espagne, dans l’évolution commune 
    
d’

    un phénomène historique, dans l’allégeance à l’Europe. … Au début du x
  
    8451
    u du xiie  siècle. la Vita Heriberti — biographie 
    
d’

    un évêque othonien de Cologne — nous conte l’histoire de ce pauvre qui
  
    8452
     Vita Heriberti — biographie d’un évêque othonien 
    
de

     Cologne — nous conte l’histoire de ce pauvre qui court les rues de la
  
    8453
    vêque othonien de Cologne — nous conte l’histoire 
    
de

     ce pauvre qui court les rues de la Sainte Cologne, de la cité de la C
  
    8454
     conte l’histoire de ce pauvre qui court les rues 
    
de

     la Sainte Cologne, de la cité de la Cathédrale et des plus prestigieu
  
    8455
    e pauvre qui court les rues de la Sainte Cologne, 
    
de

     la cité de la Cathédrale et des plus prestigieuses fondations religie
  
    8456
    i court les rues de la Sainte Cologne, de la cité 
    
de

     la Cathédrale et des plus prestigieuses fondations religieuses, mais 
  
    8457
    es, mais ne trouve pas un seul prêtre qui accepte 
    
de

     baptiser son fils nouveau-né sans exiger une somme que l’homme ne peu
  
    8458
    ut payer. Cinquante ans plus tard, la bourgeoisie 
    
de

     Cologne s’adresse au pape Innocent II pour le supplier de diviser en 
  
    8459
    ne s’adresse au pape Innocent II pour le supplier 
    
de

     diviser en deux paroisses la communauté unique de 60.000 âmes qu’un s
  
    8460
    de diviser en deux paroisses la communauté unique 
    
de

     60.000 âmes qu’un seul prêtre administre, faute de moyens suffisants 
  
    8461
    enir d’autres gardiens des âmes. Le commun peuple 
    
d’

    Europe, jusqu’à l’époque de Jeanne d’Arc et même bien plus tard, ne co
  
    8462
    âmes. Le commun peuple d’Europe, jusqu’à l’époque 
    
de

     Jeanne d’Arc et même bien plus tard, ne connaît dans ses larges masse
  
    8463
    s tard, ne connaît dans ses larges masses ni cure 
    
d’

    âme individuelle, ni enseignement de la foi, ni institutions paroissia
  
    8464
    asses ni cure d’âme individuelle, ni enseignement 
    
de

     la foi, ni institutions paroissiales au sens actuel. Ainsi, jusque bi
  
    8465
     transmise, à quoi s’ajoute la prédication muette 
    
de

     l’architecture romane et des fresques d’églises. La lecture de la Bib
  
    8466
    n muette de l’architecture romane et des fresques 
    
d’

    églises. La lecture de la Bible est interdite aux fidèles dès le synod
  
    8467
    ture romane et des fresques d’églises. La lecture 
    
de

     la Bible est interdite aux fidèles dès le synode de Toulouse en 1229,
  
    8468
     la Bible est interdite aux fidèles dès le synode 
    
de

     Toulouse en 1229, rappelle F. Heer. La Bible en langue vulgaire est m
  
    8469
     par Paul IV en 1559. « Charles-Quint sur son lit 
    
de

     mort doit solliciter de l’Inquisition la permission de lire l’Évangil
  
    8470
    Charles-Quint sur son lit de mort doit solliciter 
    
de

     l’Inquisition la permission de lire l’Évangile en français (il n’exis
  
    8471
    rt doit solliciter de l’Inquisition la permission 
    
de

     lire l’Évangile en français (il n’existe pas de traduction espagnole)
  
    8472
    n de lire l’Évangile en français (il n’existe pas 
    
de

     traduction espagnole). » Pendant ce temps, le monachisme est entré en
  
    8473
     en Allemagne ; des laïques, non le pape, tentent 
    
de

     réformer l’Église au concile de Bâle, mais en vain… Friedrich Heer co
  
    8474
     le pape, tentent de réformer l’Église au concile 
    
de

     Bâle, mais en vain… Friedrich Heer conclut :  Toujours et encore, dan
  
    8475
    riedrich Heer conclut :  Toujours et encore, dans 
    
de

     nombreuses publications sur l’Europe et le christianisme, revient ce 
  
    8476
    ut que la sécularisation et la déchristianisation 
    
de

     l’Occident aient commencé au xvie  siècle avec la Renaissance, l’Huma
  
    8477
    ue voulait dégager Friedrich Heer — si la légende 
    
d’

    un Moyen Âge à la Novalis a vécu, si ce passé était fort loin d’être a
  
    8478
     à la Novalis a vécu, si ce passé était fort loin 
    
d’

    être aussi chrétien qu’on l’a dit, ce qui l’a suivi et ce qui va suivr
  
    8479
     — soit positifs, soit négatifs — qui n’ont cessé 
    
d’

    exister entre les grandes confessions et conceptions du monde qui s’op
  
    8480
    iie  et xiiie  « appartiennent » au christianisme 
    
de

     leur époque, tout comme le catholicisme post-tridentin, du xvie  au x
  
    8481
     siècle, reste intimement relié au protestantisme 
    
de

     ces époques, tant par ses réalisations positives que par ses échecs. 
  
    8482
    u ixe  au xixe  siècle, possède un certain nombre 
    
d’

    éléments unitifs fondamentaux. La liturgie profane intériorisée des po
  
    8483
    llemand est aussi peu concevable sans la liturgie 
    
de

     l’Église, que l’idéalisme allemand sans la théologie chrétienne, ou e
  
    8484
    ans Thomas d’Aquin, Hegel sans Eusèbe de Césarée. 
    
De

     800 à 1815, tous les traités de paix en Europe sont conclus in nomine
  
    8485
    usèbe de Césarée. De 800 à 1815, tous les traités 
    
de

     paix en Europe sont conclus in nomine sanctæ et individuæ Trinitatis.
  
    8486
    ue des chancelleries). Notre tâche est maintenant 
    
de

     montrer comment cette unité millénaire s’est développée en contrastes
  
    8487
    ues multipliés, à une richesse et à une plénitude 
    
de

     possibilités terribles et grandes, qui s’offrent aujourd’hui aux rega
  
    8488
    ards du Monde comme constituant l’héritage vivant 
    
de

     l’Europe.293   Source grecque et source chrétienne sont restées de no
  
    8489
     Source grecque et source chrétienne sont restées 
    
de

     nos jours les deux plus vives. Simone Weil essayait de les confondre.
  
    8490
    s jours les deux plus vives. Simone Weil essayait 
    
de

     les confondre. Un grand humaniste libéral, Salvador de Madariaga, pré
  
    8491
    reprend et rénove un thème classique, le dialogue 
    
de

     Socrate et de Jésus-Christ.  La primauté de l’esprit et de la volonté
  
    8492
    ove un thème classique, le dialogue de Socrate et 
    
de

     Jésus-Christ.  La primauté de l’esprit et de la volonté, et l’étroite
  
    8493
    logue de Socrate et de Jésus-Christ.  La primauté 
    
de

     l’esprit et de la volonté, et l’étroite parenté entre ces deux facult
  
    8494
    e et de Jésus-Christ.  La primauté de l’esprit et 
    
de

     la volonté, et l’étroite parenté entre ces deux facultés dans la psyc
  
    8495
     la tradition chrétienne. Socrate domine l’esprit 
    
de

     l’Europe, le Christ, sa volonté. Il est vain de se demander si ces de
  
    8496
    t de l’Europe, le Christ, sa volonté. Il est vain 
    
de

     se demander si ces deux traditions sont la cause ou l’effet du caract
  
    8497
    naturellement, de sorte que, au cours des siècles 
    
de

     vie européenne, Socrate est devenu chrétien et le Christ est devenu s
  
    8498
    ocratique, un esprit ouvert aux faits, au service 
    
de

     la logique et loyal envers la vérité, mais libre et résistant envers 
  
    8499
    stant envers toute doctrine ou conclusion imposée 
    
d’

    avance. L’esprit socratique est fier à l’égard des autres esprits, mai
  
    8500
    vis-à-vis des faits. C’est sur cette double vertu 
    
de

     l’esprit socratique en Europe qu’est fondée la liberté de pensée… En 
  
    8501
    rit socratique en Europe qu’est fondée la liberté 
    
de

     pensée… En profondeur, l’histoire intérieure de l’Europe doit être co
  
    8502
    é de pensée… En profondeur, l’histoire intérieure 
    
de

     l’Europe doit être comprise comme un effort pour atteindre ce style s
  
    8503
    teindre ce style socratique dans le développement 
    
de

     son esprit, malgré tous les obstacles inhérents aux stades précédents
  
    8504
    ition — celle du Christ. Le trait caractéristique 
    
de

     la chrétienté réside en ceci : en mourant sur la Croix pour tous les 
  
    8505
     personne ne peut mettre en doute. En choisissant 
    
de

     boire volontairement la ciguë, plutôt que de renier sa doctrine, Socr
  
    8506
    sant de boire volontairement la ciguë, plutôt que 
    
de

     renier sa doctrine, Socrate a délivré l’esprit humain du mensonge ; e
  
    8507
    élivré l’esprit humain du mensonge ; en acceptant 
    
de

     mourir sur la croix, pour expier les péchés de tous les hommes, le Ch
  
    8508
    nt de mourir sur la croix, pour expier les péchés 
    
de

     tous les hommes, le Christ a libéré définitivement la volonté de l’Eu
  
    8509
    mes, le Christ a libéré définitivement la volonté 
    
de

     l’Europe de toute inhumanité. Bien entendu, les mensonges et l’inhuma
  
    8510
    st a libéré définitivement la volonté de l’Europe 
    
de

     toute inhumanité. Bien entendu, les mensonges et l’inhumanité ont con
  
    8511
    e doit la vie, mais seulement comme des négations 
    
de

     son être foncier. L’individualisme européen n’est pas né sur le Golgo
  
    8512
     qui restent aveugles devant l’origine chrétienne 
    
de

     leur foi, renvoyons-les à cet Espagnol qui, à la question : quelle es
  
    8513
     côté de cette tradition puissante qui a renforcé 
    
de

     son esprit notre individualisme actif, le christianisme a apporté à l
  
    8514
    ’Europe un système surnaturel qui ne tolérait pas 
    
de

     rivaux. Dans la mesure où le christianisme a détruit ou écarté les cr
  
    8515
     tendance socratique vers la liberté et la clarté 
    
de

     l’esprit. Bientôt, cependant, l’apport de l’Ancien Testament venu d’A
  
    8516
     clarté de l’esprit. Bientôt, cependant, l’apport 
    
de

     l’Ancien Testament venu d’Asie Mineure et même un certain « folklore 
  
    8517
    t, cependant, l’apport de l’Ancien Testament venu 
    
d’

    Asie Mineure et même un certain « folklore » local et païen, qui vint 
  
    8518
    en, qui vint s’ajouter au cours des temps, firent 
    
de

     la tradition chrétienne un danger pour la tradition socratique. Ce fu
  
    8519
    r pour la tradition socratique. Ce fut la période 
    
de

     lutte entre la science et l’Église, l’ère de l’Inquisition, de Giorda
  
    8520
    iode de lutte entre la science et l’Église, l’ère 
    
de

     l’Inquisition, de Giordano Bruno et de Galilée, pendant laquelle Desc
  
    8521
    e la science et l’Église, l’ère de l’Inquisition, 
    
de

     Giordano Bruno et de Galilée, pendant laquelle Descartes devait surve
  
    8522
    ise, l’ère de l’Inquisition, de Giordano Bruno et 
    
de

     Galilée, pendant laquelle Descartes devait surveiller ses propos et m
  
    8523
     surveiller ses propos et même conserver certains 
    
de

     ses manuscrits. Les erreurs ne furent d’ailleurs pas toutes du même c
  
    8524
    côté. Lorsque, au xixe  siècle, un certain nombre 
    
d’

    inventions spectaculaires (la vapeur, le gaz, l’électricité, le téléph
  
    8525
    èrent en croyance ; la « science » menaçait alors 
    
d’

    envahir le domaine de la religion en tenant aussi peu compte de la réa
  
    8526
    a « science » menaçait alors d’envahir le domaine 
    
de

     la religion en tenant aussi peu compte de la réalité foncière des cho
  
    8527
    domaine de la religion en tenant aussi peu compte 
    
de

     la réalité foncière des choses que la religion l’avait fait auparavan
  
    8528
    fait auparavant lorsqu’elle avait envahi le champ 
    
de

     la science. Cet épisode se termina grâce à une compréhension plus cla
  
    8529
    grâce à une compréhension plus claire des limites 
    
de

     la connaissance. Peu à peu, les deux domaines furent mieux délimités 
  
    8530
    s. La tradition socratique ne viola plus le seuil 
    
de

     la révélation ; la tradition chrétienne accepta pour les choses de la
  
    8531
    ; la tradition chrétienne accepta pour les choses 
    
de

     la nature les méthodes et les principes de la tradition socratique. L
  
    8532
    choses de la nature les méthodes et les principes 
    
de

     la tradition socratique. La tradition socratique a fortement agi sur 
  
    8533
    cratique a fortement agi sur le côté intellectuel 
    
de

     l’Église et a contribué à doter la religion chrétienne d’un système c
  
    8534
    ise et a contribué à doter la religion chrétienne 
    
d’

    un système clair et solide de pensée, sous l’impulsion de saint Thomas
  
    8535
     religion chrétienne d’un système clair et solide 
    
de

     pensée, sous l’impulsion de saint Thomas d’Aquin. Cela revint à europ
  
    8536
    stème clair et solide de pensée, sous l’impulsion 
    
de

     saint Thomas d’Aquin. Cela revint à européaniser une religion provena
  
    8537
    Cela revint à européaniser une religion provenant 
    
d’

    Asie Mineure. Dès lors, la religion non seulement dominera le cœur des
  
    8538
    ondant son système intellectuel sur les principes 
    
de

     Socrate. À son tour, le christianisme pose des limites humaines à la 
  
    8539
    se des limites humaines à la neutralité inhumaine 
    
de

     la recherche socratique. Instruisons-nous, bien entendu, par tous les
  
    8540
    s n’oublions jamais que nous n’avons pas le droit 
    
de

     faire d’un être humain un simple outil, sans son consentement. Les en
  
    8541
    ons jamais que nous n’avons pas le droit de faire 
    
d’

    un être humain un simple outil, sans son consentement. Les enquêtes fa
  
    8542
    onsentement. Les enquêtes faites par les médecins 
    
de

     Goering sur des prisonniers des camps de concentration pour découvrir
  
    8543
    médecins de Goering sur des prisonniers des camps 
    
de

     concentration pour découvrir la limite de la résistance humaine étaie
  
    8544
    s camps de concentration pour découvrir la limite 
    
de

     la résistance humaine étaient socratiques, mais n’étaient pas chrétie
  
    8545
    us les Européens du xxe  siècle ? Depuis un tiers 
    
de

     siècle, l’Europe intellectuelle — précédant l’Europe politique, donc 
  
    8546
    e, donc la presse, qui fait l’opinion — n’a cessé 
    
de

     s’interroger sur ses vrais buts, sur ceux qu’elle peut et doit donner
  
    8547
    raient au monde et à l’humanité, si l’Europe tout 
    
d’

    un coup venait à disparaître, engloutie par une catastrophe dont les c
  
    8548
    ’elles traduisent fidèlement ce que l’Europe veut 
    
d’

    elle-même par ses meilleurs esprits. (Quant aux répétitions inévitable
  
    8549
    leurs esprits. (Quant aux répétitions inévitables 
    
de

     certains thèmes — celui de la liberté ou celui du refus — observons q
  
    8550
    épétitions inévitables de certains thèmes — celui 
    
de

     la liberté ou celui du refus — observons que leur fréquence est signi
  
    8551
    es différencient ne le sont pas moins.) Fondateur 
    
de

     la phénoménologie, maître de Heidegger et de la plupart des philosoph
  
    8552
    teur de la phénoménologie, maître de Heidegger et 
    
de

     la plupart des philosophes qui comptent aujourd’hui, Edmund Husserl (
  
    8553
    , pour l’esprit ? » Et il répond : c’est l’esprit 
    
de

     la Philosophie, née de la Grèce :  « La forme spirituelle de l’Europe
  
    8554
    il répond : c’est l’esprit de la Philosophie, née 
    
de

     la Grèce :  « La forme spirituelle de l’Europe », qu’est-ce à dire ? 
  
    8555
    sophie, née de la Grèce :  « La forme spirituelle 
    
de

     l’Europe », qu’est-ce à dire ? C’est l’idée philosophique immanente à
  
    8556
    C’est l’idée philosophique immanente à l’histoire 
    
de

     l’Europe, ou ce qui revient au même, sa téléologie immanente, qui se 
  
    8557
    logie immanente, qui se manifeste par l’irruption 
    
d’

    une époque nouvelle de l’humanité, l’époque de l’humanité qui désormai
  
    8558
    e manifeste par l’irruption d’une époque nouvelle 
    
de

     l’humanité, l’époque de l’humanité qui désormais entend vivre et peut
  
    8559
    ion d’une époque nouvelle de l’humanité, l’époque 
    
de

     l’humanité qui désormais entend vivre et peut vivre en configurant li
  
    8560
    rement son existence, sa vie historique, à l’aide 
    
d’

    idées rationnelles et pour des tâches infinies […] L’Europe de l’espri
  
    8561
    onnelles et pour des tâches infinies […] L’Europe 
    
de

     l’esprit a son lieu de naissance. Et j’entends moins par là un lieu g
  
    8562
    ches infinies […] L’Europe de l’esprit a son lieu 
    
de

     naissance. Et j’entends moins par là un lieu géographique situé dans 
  
    8563
    ion ou dans certains individus et groupes humains 
    
de

     cette nation. C’est l’antique nation grecque des viie  et vie  siècle
  
    8564
    C. En son sein se manifeste une attitude nouvelle 
    
de

     l’individu face au monde environnant. Et à la faveur de cette disposi
  
    8565
    ndividu face au monde environnant. Et à la faveur 
    
de

     cette disposition s’accomplit la percée d’une nouvelle formation spir
  
    8566
    faveur de cette disposition s’accomplit la percée 
    
d’

    une nouvelle formation spirituelle, qui se développe rapidement en une
  
    8567
    ituelle, qui se développe rapidement en une forme 
    
de

     culture cohérente et systématique : les Grecs la nommèrent philosophi
  
    8568
    cs la nommèrent philosophie… Dans cette irruption 
    
de

     la philosophie, entraînant avec elle toutes les sciences, je vois, si
  
    8569
    adoxal que cela paraisse, le phénomène primordial 
    
de

     l’Europe de l’esprit. On objectera tout de suite que la philosophie, 
  
    8570
    ela paraisse, le phénomène primordial de l’Europe 
    
de

     l’esprit. On objectera tout de suite que la philosophie, la science d
  
    8571
     la science des Grecs, n’est rien qui les désigne 
    
d’

    une manière spécifique ni qui soit apparu pour la première fois dans l
  
    8572
    avec eux. Eux-mêmes n’ont-ils pas parlé des sages 
    
de

     l’Égypte, de Babylone, etc., et n’ont-ils pas reçu leurs enseignement
  
    8573
    -mêmes n’ont-ils pas parlé des sages de l’Égypte, 
    
de

     Babylone, etc., et n’ont-ils pas reçu leurs enseignements ? Nous poss
  
    8574
    eignements ? Nous possédons aujourd’hui une masse 
    
de

     travaux sur les philosophies indiennes et chinoises, qui mettent ces 
  
    8575
    e des configurations historiques variées relevant 
    
d’

    une seule et même conception de la culture. Naturellement, tout élémen
  
    8576
    s variées relevant d’une seule et même conception 
    
de

     la culture. Naturellement, tout élément commun ne fait pas défaut. Ce
  
    8577
    r sur les différences tout à fait essentielles et 
    
de

     principe.  Ce n’est en effet que chez les Grecs que nous trouvons cet
  
    8578
     des vérités universelles plutôt que des recettes 
    
d’

    action :  Ce sont des hommes dont l’effort se porte sur la theoria et 
  
    8579
    dont l’effort se porte sur la theoria et sur rien 
    
d’

    autre qu’elle, et qui ne cherchent pas individuellement mais ensemble 
  
    8580
    e et les uns pour les autres, dans une communauté 
    
de

     travail interpersonnelle dont la croissance et le constant perfection
  
    8581
    t et que les résultats acquis par des générations 
    
de

     chercheurs se suivent, conduisent enfin à la volonté d’assumer une tâ
  
    8582
    rcheurs se suivent, conduisent enfin à la volonté 
    
d’

    assumer une tâche infinie et générale. L’attitude théorique prend chez
  
    8583
    chez les Grecs son origine historique. La « crise 
    
de

     l’existence européenne » dont on parle tant et qui se manifeste par d
  
    8584
    enne » dont on parle tant et qui se manifeste par 
    
de

     nombreux symptômes de dévitalisation n’est pas un sombre destin, ni u
  
    8585
    ant et qui se manifeste par de nombreux symptômes 
    
de

     dévitalisation n’est pas un sombre destin, ni une impénétrable fatali
  
    8586
    ompréhensible si on la replace sur l’arrière-plan 
    
de

     la téléologie de l’histoire européenne, philosophiquement interprétab
  
    8587
    on la replace sur l’arrière-plan de la téléologie 
    
de

     l’histoire européenne, philosophiquement interprétable. La condition 
  
    8588
    ne, philosophiquement interprétable. La condition 
    
d’

    une telle compréhension étant d’ailleurs de saisir d’abord le phénomèn
  
    8589
    dition d’une telle compréhension étant d’ailleurs 
    
de

     saisir d’abord le phénomène « Europe » dans le noyau central de son e
  
    8590
    ord le phénomène « Europe » dans le noyau central 
    
de

     son existence. Pour concevoir tout ce que la « crise » actuelle à d’i
  
    8591
    our concevoir tout ce que la « crise » actuelle à 
    
d’

    inessentiel, il s’agirait d’élaborer le concept d’Europe en tant que t
  
    8592
     « crise » actuelle à d’inessentiel, il s’agirait 
    
d’

    élaborer le concept d’Europe en tant que téléologie historique de buts
  
    8593
    d’inessentiel, il s’agirait d’élaborer le concept 
    
d’

    Europe en tant que téléologie historique de buts rationnels infinis. I
  
    8594
    oncept d’Europe en tant que téléologie historique 
    
de

     buts rationnels infinis. Il s’agit de montrer comment le « monde » eu
  
    8595
     historique de buts rationnels infinis. Il s’agit 
    
de

     montrer comment le « monde » européen est né d’idées rationnelles, c’
  
    8596
    t de montrer comment le « monde » européen est né 
    
d’

    idées rationnelles, c’est-à-dire de l’esprit de la philosophie. La « c
  
    8597
    uropéen est né d’idées rationnelles, c’est-à-dire 
    
de

     l’esprit de la philosophie. La « crise » alors pourrait être claireme
  
    8598
    né d’idées rationnelles, c’est-à-dire de l’esprit 
    
de

     la philosophie. La « crise » alors pourrait être clairement interprét
  
    8599
    le naturalisme et dans l’objectivisme. … La crise 
    
de

     l’existence européenne n’a que deux issues possibles : ou la décadenc
  
    8600
    e n’a que deux issues possibles : ou la décadence 
    
de

     l’Europe devenant étrangère à son propre sens rationnel de la vie, la
  
    8601
    pe devenant étrangère à son propre sens rationnel 
    
de

     la vie, la chute dans la haine contre l’esprit et la barbarie ; ou la
  
    8602
    ontre l’esprit et la barbarie ; ou la renaissance 
    
de

     l’Europe dans l’esprit de la philosophie, surmontant définitivement l
  
    8603
    rie ; ou la renaissance de l’Europe dans l’esprit 
    
de

     la philosophie, surmontant définitivement le naturalisme par l’héroïs
  
    8604
    tant définitivement le naturalisme par l’héroïsme 
    
de

     la raison. Le plus grand péril de l’Europe réside dans la fatigue. Si
  
    8605
     par l’héroïsme de la raison. Le plus grand péril 
    
de

     l’Europe réside dans la fatigue. Si nous combattons ce danger des dan
  
    8606
     pas devant les tâches infinies, alors, du bûcher 
    
de

     l’incroyance, du feu couvant de la désespérance en la mission humaine
  
    8607
     alors, du bûcher de l’incroyance, du feu couvant 
    
de

     la désespérance en la mission humaine de l’Occident, des cendres de l
  
    8608
     couvant de la désespérance en la mission humaine 
    
de

     l’Occident, des cendres de la grande fatigue, renaîtra le phénix d’un
  
    8609
     en la mission humaine de l’Occident, des cendres 
    
de

     la grande fatigue, renaîtra le phénix d’une intériorité et d’une spir
  
    8610
     cendres de la grande fatigue, renaîtra le phénix 
    
d’

    une intériorité et d’une spiritualité nouvelles, gages d’un grand et l
  
    8611
     fatigue, renaîtra le phénix d’une intériorité et 
    
d’

    une spiritualité nouvelles, gages d’un grand et lointain avenir de l’h
  
    8612
    ntériorité et d’une spiritualité nouvelles, gages 
    
d’

    un grand et lointain avenir de l’humanité. Car l’esprit seul est immor
  
    8613
    té nouvelles, gages d’un grand et lointain avenir 
    
de

     l’humanité. Car l’esprit seul est immortel.295   Un autre « bon Europ
  
    8614
    Européen », qui fut longtemps le père autoritaire 
    
de

     la pensée des libéraux, Benedetto Croce (1866-1952), tient que l’hist
  
    8615
    ire européenne se confond avec celle des concepts 
    
de

     liberté et d’humanité :  Parce que c’est là le seul idéal qui ait la 
  
    8616
     se confond avec celle des concepts de liberté et 
    
d’

    humanité :  Parce que c’est là le seul idéal qui ait la solidité qu’eu
  
    8617
     : qu’elle a l’éternité… Elle demeure dans nombre 
    
de

     nobles intelligences de toutes les parties du monde, qui dispersées e
  
    8618
     Elle demeure dans nombre de nobles intelligences 
    
de

     toutes les parties du monde, qui dispersées et isolées, réduites à un
  
    8619
    , qui dispersées et isolées, réduites à une sorte 
    
d’

    aristocratique, mais petite « respublica literaria », lui restent malg
  
    8620
    a », lui restent malgré tout fidèles, l’entourent 
    
d’

    un respect plus grand et l’accompagnent d’un plus ardent amour qu’au t
  
    8621
    tourent d’un respect plus grand et l’accompagnent 
    
d’

    un plus ardent amour qu’au temps où il n’y avait personne pour l’offen
  
    8622
    trise, au temps où le vulgaire se pressait autour 
    
d’

    elle en acclamant son nom et par là même en le contaminant d’une vulga
  
    8623
    cclamant son nom et par là même en le contaminant 
    
d’

    une vulgarité dont il s’est maintenant dégagé. Non seulement la libert
  
    8624
    ement elle existe, et résiste dans l’organisation 
    
de

     beaucoup des plus grands États, dans les institutions et dans les usa
  
    8625
    s la pensée, qui sollicitent maintenant les âmes, 
    
d’

    une trêve et d’une réduction des armements, d’une paix et d’une allian
  
    8626
    i sollicitent maintenant les âmes, d’une trêve et 
    
d’

    une réduction des armements, d’une paix et d’une alliance entre les Ét
  
    8627
    es, d’une trêve et d’une réduction des armements, 
    
d’

    une paix et d’une alliance entre les États de l’Europe, d’une concorde
  
    8628
    e et d’une réduction des armements, d’une paix et 
    
d’

    une alliance entre les États de l’Europe, d’une concorde d’intentions 
  
    8629
    ix et d’une alliance entre les États de l’Europe, 
    
d’

    une concorde d’intentions et d’efforts entre les peuples de la même Eu
  
    8630
    iance entre les États de l’Europe, d’une concorde 
    
d’

    intentions et d’efforts entre les peuples de la même Europe, pour sauv
  
    8631
    États de l’Europe, d’une concorde d’intentions et 
    
d’

    efforts entre les peuples de la même Europe, pour sauver dans le monde
  
    8632
    corde d’intentions et d’efforts entre les peuples 
    
de

     la même Europe, pour sauver dans le monde et pour le bien du monde, s
  
    8633
     et politique, du moins leur séculaire suprématie 
    
de

     créateurs et de promoteurs de civilisation, les aptitudes qu’ils ont 
  
    8634
    u moins leur séculaire suprématie de créateurs et 
    
de

     promoteurs de civilisation, les aptitudes qu’ils ont acquises pour ce
  
    8635
    éculaire suprématie de créateurs et de promoteurs 
    
de

     civilisation, les aptitudes qu’ils ont acquises pour cette œuvre ince
  
    8636
    pas perdu et dissipé et qui même gagne du terrain 
    
d’

    année en année et convertisse à lui les esprits qui y répugnaient ou q
  
    8637
    déreront peut-être comme la réduction à l’absurde 
    
de

     tous les nationalismes — si elle a aigri certains rapports entre les 
  
    8638
    entre les États à cause de l’inique et sot traité 
    
de

     paix qui l’a close, a du moins établi une conscience commune des peup
  
    8639
    s maintenant l’on assiste dans toutes les parties 
    
de

     l’Europe à la germination d’une nouvelle conscience, d’une nouvelle n
  
    8640
    s toutes les parties de l’Europe à la germination 
    
d’

    une nouvelle conscience, d’une nouvelle nationalité (parce que, comme 
  
    8641
    urope à la germination d’une nouvelle conscience, 
    
d’

    une nouvelle nationalité (parce que, comme nous l’avons vu déjà, les n
  
    8642
    e sont pas des données naturelles, mais des états 
    
de

     conscience et des formations historiques). Et de la même manière dont
  
    8643
     de conscience et des formations historiques). Et 
    
de

     la même manière dont, voici soixante-dix ans, un Napolitain de l’anti
  
    8644
    nière dont, voici soixante-dix ans, un Napolitain 
    
de

     l’antique royaume de Naples et un Piémontais du royaume subalpin se f
  
    8645
    xante-dix ans, un Napolitain de l’antique royaume 
    
de

     Naples et un Piémontais du royaume subalpin se firent Italiens sans r
  
    8646
    Italiens et tous les autres se hausseront au rang 
    
d’

    Européens, tourneront leurs pensées vers l’Europe et sentiront leurs c
  
    8647
    rand libéral lui aussi, elle est « l’essence même 
    
de

     la vie ». Elle ne serait pas une forme décisive de l’existence si ell
  
    8648
    e la vie ». Elle ne serait pas une forme décisive 
    
de

     l’existence si elle n’était pas liée à cette autre valeur qu’a toujou
  
    8649
    nt à la qualité ; elle comprend la valeur suprême 
    
de

     l’inutile… Pour nous, Européens, la vie est un processus créateur qui
  
    8650
    us créateur qui se poursuit avec chaque pulsation 
    
de

     chaque individu, grâce à sa liberté de décider quelle combinaison d’é
  
    8651
     pulsation de chaque individu, grâce à sa liberté 
    
de

     décider quelle combinaison d’événements possibles il choisit… Par sa 
  
    8652
     grâce à sa liberté de décider quelle combinaison 
    
d’

    événements possibles il choisit… Par sa libre décision, l’individu con
  
    8653
    ions. La première, c’est que, lorsqu’il est libre 
    
de

     choisir, chacun choisira ce qu’il y a de mieux, de sorte que, dans l’
  
    8654
    st libre de choisir, chacun choisira ce qu’il y a 
    
de

     mieux, de sorte que, dans l’ensemble, grâce à l’intégration de tous c
  
    8655
    sorte que, dans l’ensemble, grâce à l’intégration 
    
de

     tous ces choix heureux, le niveau mondial s’élèvera. Cette affirmatio
  
    8656
    ceci présuppose un principe général : l’existence 
    
d’

    un critère de perfection acceptable pour tous. D’où provient cette pré
  
    8657
    se un principe général : l’existence d’un critère 
    
de

     perfection acceptable pour tous. D’où provient cette présupposition ?
  
    8658
     d’un critère de perfection acceptable pour tous. 
    
D’

    où provient cette présupposition ? De l’intuition de « l’esprit humain
  
    8659
    e pour tous. D’où provient cette présupposition ? 
    
De

     l’intuition de « l’esprit humain » dans lequel sont intégrées toutes 
  
    8660
    où provient cette présupposition ? De l’intuition 
    
de

     « l’esprit humain » dans lequel sont intégrées toutes les facultés hu
  
    8661
    humaines dans ce qu’elles ont de plus puissant et 
    
de

     meilleur. Nous pouvons imaginer cet « esprit humain » comme une sphèr
  
    8662
    n ; en mathématiques, Newton et Leibniz, et ainsi 
    
de

     suite. Nous admettons instinctivement que chaque individu, à l’intéri
  
    8663
    dimensions pitoyables et menues, mais susceptible 
    
de

     croître. Les degrés que nous observons dans cette croissance et dans 
  
    8664
    s en la qualité. La qualité est aussi inséparable 
    
de

     l’individualisme que la liberté. Moyennant le processus créateur de l
  
    8665
    e que la liberté. Moyennant le processus créateur 
    
de

     liberté, l’individu produit la qualité, par une accumulation de diver
  
    8666
    individu produit la qualité, par une accumulation 
    
de

     diversités. La diversité, la qualité, la distinction, sont dès lors l
  
    8667
    distinction, sont dès lors les aspects essentiels 
    
de

     la vie européenne. Elles expliquent l’abondance, la variété et la ric
  
    8668
    nt l’abondance, la variété et la richesse humaine 
    
de

     nombreux types d’Européens, depuis les Irlandais jusqu’aux Grecs et d
  
    8669
     variété et la richesse humaine de nombreux types 
    
d’

    Européens, depuis les Irlandais jusqu’aux Grecs et des Portugais aux F
  
    8670
     Portugais aux Finnois. Il est exact que certains 
    
de

     ces mots sont parfois devenus mesquins et superficiels ; à la fin du 
  
    8671
    perficiels ; à la fin du xviiie  siècle, un homme 
    
de

     qualité n’était souvent qu’un benêt, et au xxe  siècle, un homme de d
  
    8672
     souvent qu’un benêt, et au xxe  siècle, un homme 
    
de

     distinction n’est souvent qu’un parasite sans grâce. Mais, malgré ces
  
    8673
    te sans grâce. Mais, malgré ces torsions frivoles 
    
de

     leur sens primitif, la distinction et la qualité restent néanmoins le
  
    8674
    stent néanmoins les caractéristiques essentielles 
    
de

     la vie européenne. Cela est surtout vrai pour la qualité, car la qual
  
    8675
    a qualité est pour nous Européens, l’essence même 
    
de

     la vie. Toute vie est qualitative et c’est pourquoi en Europe, nous d
  
    8676
    angers qui menacent notre vie, les deux antipodes 
    
de

     la qualité : la quantité et l’égalité. Notre répugnance pour ces deux
  
    8677
    dans mon verre »… La qualité, la variété, le coin 
    
de

     terre, la vigne, le cru, la saison, autant de concepts qui poussent c
  
    8678
    oin de terre, la vigne, le cru, la saison, autant 
    
de

     concepts qui poussent comme des champignons de choix à l’ombre du goû
  
    8679
    nt de concepts qui poussent comme des champignons 
    
de

     choix à l’ombre du goût, autant de formes de la vie européenne qui éc
  
    8680
    es champignons de choix à l’ombre du goût, autant 
    
de

     formes de la vie européenne qui échapperont toujours au cadre trop ri
  
    8681
    nons de choix à l’ombre du goût, autant de formes 
    
de

     la vie européenne qui échapperont toujours au cadre trop rigide des s
  
    8682
    sation. Elles demeurent elles-mêmes et n’essaient 
    
de

     s’améliorer que comme telles. Elles sont à la fois les fleurs et les 
  
    8683
    Elles sont à la fois les fleurs et les jardiniers 
    
de

     la forme. La forme est une autre manifestation spécifique de l’esprit
  
    8684
    . La forme est une autre manifestation spécifique 
    
de

     l’esprit européen. Rien ne serait plus erroné que de qualifier la for
  
    8685
    l’esprit européen. Rien ne serait plus erroné que 
    
de

     qualifier la forme de superficielle. Quoique d’apparence extérieure, 
  
    8686
    n ne serait plus erroné que de qualifier la forme 
    
de

     superficielle. Quoique d’apparence extérieure, elle surgit en réalité
  
    8687
    e de qualifier la forme de superficielle. Quoique 
    
d’

    apparence extérieure, elle surgit en réalité des profondeurs des objet
  
    8688
    ondeurs des objets qu’elle façonne et fait partie 
    
de

     leur substance même. Le potier sait cela d’instinct. La civilisation,
  
    8689
    artie de leur substance même. Le potier sait cela 
    
d’

    instinct. La civilisation, en particulier, est une question de forme… 
  
    8690
    La civilisation, en particulier, est une question 
    
de

     forme… Souvent, une décision qui serait opportune et que la morale ne
  
    8691
    as prise par l’Européen, parce qu’elle manquerait 
    
de

     forme. Le refus d’accorder la première place à l’opportunité, démontr
  
    8692
    péen, parce qu’elle manquerait de forme. Le refus 
    
d’

    accorder la première place à l’opportunité, démontre le caractère non 
  
    8693
    opportunité, démontre le caractère non utilitaire 
    
de

     l’esprit européen. L’utilitarisme est le signe d’une maturité insuffi
  
    8694
    de l’esprit européen. L’utilitarisme est le signe 
    
d’

    une maturité insuffisante. C’est le symptôme clé d’une culture restée 
  
    8695
    ’une maturité insuffisante. C’est le symptôme clé 
    
d’

    une culture restée en arrêt. Car, lorsque nous exécutons un acte utile
  
    8696
    parce qu’il sert un troisième but utile, et ainsi 
    
de

     suite. Mais, quelle serait l’utilité de tout cela, si, à la fin de ce
  
    8697
     et ainsi de suite. Mais, quelle serait l’utilité 
    
de

     tout cela, si, à la fin de cette chaîne d’utilité ne brillait pas l’é
  
    8698
    uelle serait l’utilité de tout cela, si, à la fin 
    
de

     cette chaîne d’utilité ne brillait pas l’étoile glorieuse de l’inutil
  
    8699
    tilité de tout cela, si, à la fin de cette chaîne 
    
d’

    utilité ne brillait pas l’étoile glorieuse de l’inutile ? Les hommes d
  
    8700
    aîne d’utilité ne brillait pas l’étoile glorieuse 
    
de

     l’inutile ? Les hommes demeurent esclaves aussi longtemps qu’ils se l
  
    8701
    sque leurs actes quotidiens et utiles s’inspirent 
    
d’

    un esprit de haute inutilité qui donne à la vie son vrai sens, sa poés
  
    8702
    ctes quotidiens et utiles s’inspirent d’un esprit 
    
de

     haute inutilité qui donne à la vie son vrai sens, sa poésie, son côté
  
    8703
    eur éternelle.297   Et voilà pour la qualité, but 
    
d’

    une culture, mais qu’en est-il de sa puissance ? Elle dépend, en Europ
  
    8704
     la qualité, but d’une culture, mais qu’en est-il 
    
de

     sa puissance ? Elle dépend, en Europe, d’un heureux équilibre de l’es
  
    8705
     est-il de sa puissance ? Elle dépend, en Europe, 
    
d’

    un heureux équilibre de l’esprit et de la volonté :  Lorsqu’on vient d
  
    8706
     ? Elle dépend, en Europe, d’un heureux équilibre 
    
de

     l’esprit et de la volonté :  Lorsqu’on vient de l’Ouest, on est encli
  
    8707
     en Europe, d’un heureux équilibre de l’esprit et 
    
de

     la volonté :  Lorsqu’on vient de l’Ouest, on est enclin à considérer 
  
    8708
    ce sur la volonté, la caractéristique essentielle 
    
de

     l’Europe est un équilibre entre la volonté et l’esprit. C’est cet heu
  
    8709
    prit et la volonté, qui est probablement la cause 
    
de

     cette intuition que nous avons de l’unité des Européens. Tout cela es
  
    8710
    lement la cause de cette intuition que nous avons 
    
de

     l’unité des Européens. Tout cela est évidemment très relatif et très 
  
    8711
    e et ne doit pas être compris comme si ce mélange 
    
d’

    esprit et de volonté était un don dénié aux personnes nées dans tout a
  
    8712
     pas être compris comme si ce mélange d’esprit et 
    
de

     volonté était un don dénié aux personnes nées dans tout autre Contine
  
    8713
     caractérise les actions et les œuvres des hommes 
    
d’

    Europe est précisément ce développement harmonieux de l’esprit et de l
  
    8714
    urope est précisément ce développement harmonieux 
    
de

     l’esprit et de la volonté. L’esprit et la volonté sont les facultés l
  
    8715
    sément ce développement harmonieux de l’esprit et 
    
de

     la volonté. L’esprit et la volonté sont les facultés les plus individ
  
    8716
    olonté sont les facultés les plus individualisées 
    
de

     l’homme… Notre continent est sans conteste le plus individualiste de 
  
    8717
    ontinent est sans conteste le plus individualiste 
    
de

     tous. En Asie, l’individu commence tout juste à compter ; en Amérique
  
    8718
     au moule sont plus loin de l’esprit européen que 
    
de

     celui de n’importe quel autre continent. En Europe, l’individu est ro
  
    8719
     sont plus loin de l’esprit européen que de celui 
    
de

     n’importe quel autre continent. En Europe, l’individu est roi… Ceci e
  
    8720
    individu est roi… Ceci explique la qualité active 
    
de

     l’esprit européen. Il ne se borne pas à observer l’objet, mais va dro
  
    8721
    et en prend possession — il s’en saisit. L’esprit 
    
de

     l’Européen est « acquisitif ». Pour lui, le savoir est un moyen de pr
  
    8722
     « acquisitif ». Pour lui, le savoir est un moyen 
    
de

     prendre possession de la nature ; attitude qui s’insère entre celle d
  
    8723
    lui, le savoir est un moyen de prendre possession 
    
de

     la nature ; attitude qui s’insère entre celle de l’Américain pour qui
  
    8724
     de la nature ; attitude qui s’insère entre celle 
    
de

     l’Américain pour qui le savoir est un outil pour l’action, et celle d
  
    8725
    ui le savoir est un outil pour l’action, et celle 
    
de

     l’Hindou, pour qui il est un moyen pour se libérer de lui-même. C’est
  
    8726
    ’Hindou, pour qui il est un moyen pour se libérer 
    
de

     lui-même. C’est donc peut-être en Europe que l’esprit et la volonté s
  
    8727
    à un tel degré qu’ils sont même inséparables l’un 
    
de

     l’autre. Ceci détermine le rythme particulier de toute la vie europée
  
    8728
     de l’autre. Ceci détermine le rythme particulier 
    
de

     toute la vie européenne, dans laquelle la volonté l’emportant sur l’e
  
    8729
    ’emportant sur l’esprit, va droit au but au cours 
    
d’

    une première phase opiniâtre, délibérée et ultraindividualiste, suivie
  
    8730
    iniâtre, délibérée et ultraindividualiste, suivie 
    
d’

    une seconde phase où l’esprit l’emportant sur la volonté, essaie de me
  
    8731
    se où l’esprit l’emportant sur la volonté, essaie 
    
de

     mettre de l’ordre dans ce chaos initial ; tandis qu’enfin une troisiè
  
    8732
    prit l’emportant sur la volonté, essaie de mettre 
    
de

     l’ordre dans ce chaos initial ; tandis qu’enfin une troisième phase, 
  
    8733
    rythme à trois temps est caractéristique du genre 
    
de

     vie européen, dans le domaine scientifique aussi bien que politique, 
  
    8734
    scientifique aussi bien que politique, dans celui 
    
de

     l’évolution juridique comme dans celui de l’expansion mondiale.298   
  
    8735
    s celui de l’évolution juridique comme dans celui 
    
de

     l’expansion mondiale.298   « Pour construire le schéma de ce qui appa
  
    8736
    ansion mondiale.298   « Pour construire le schéma 
    
de

     ce qui appartient en propre à l’Europe », Karl Jaspers a choisi trois
  
    8737
     liberté et l’histoire, il nous dit quelque chose 
    
de

     neuf : c’est que l’une ne serait pas concevable sans l’autre :  Le co
  
    8738
     serait pas concevable sans l’autre :  Le contenu 
    
de

     la liberté se révèle par deux phénomènes européens fondamentaux. Ce s
  
    8739
    la vie tendue entre deux pôles : Pour toute prise 
    
de

     position, l’Europe a elle-même développé la position inverse. Elle ne
  
    8740
    ne possède peut-être en propre que cette capacité 
    
d’

    être toute chose. C’est ce qui la rend apte non seulement à concevoir 
  
    8741
     encore à se l’assimiler et à en faire un élément 
    
de

     sa propre essence. L’Europe connaît la majesté des vastes structures 
  
    8742
     dans la négation nihiliste. Elle favorise l’idée 
    
d’

    autorité, dans sa portée chrétienne et universelle, comme aussi celle 
  
    8743
    rtée chrétienne et universelle, comme aussi celle 
    
de

     libre recherche. Elle édifie les grands systèmes de la philosophie, e
  
    8744
     libre recherche. Elle édifie les grands systèmes 
    
de

     la philosophie, et elle les laisse abattre par des prophètes proclama
  
    8745
    proclamant la vérité. Elle vit avec la conscience 
    
de

     la totalité politique, et en même temps, de ce qu’il y a de plus inti
  
    8746
    ience de la totalité politique, et en même temps, 
    
de

     ce qu’il y a de plus intime dans le domaine personnel et privé. Cette
  
    8747
     et privé. Cette réalité foncièrement dialectique 
    
de

     l’Europe s’enracine dans ses traditions les plus reculées : la Bible,
  
    8748
    itions les plus reculées : la Bible, ce fondement 
    
de

     la vie européenne, cache déjà en elle, d’une façon unique, la tension
  
    8749
    ndement de la vie européenne, cache déjà en elle, 
    
d’

    une façon unique, la tension entre les pôles. Elle est le livre sacré 
  
    8750
     permit à toutes les possibilités contradictoires 
    
de

     s’épanouir avec sa bénédiction. Puis on trouve à la base de l’Europe 
  
    8751
    uir avec sa bénédiction. Puis on trouve à la base 
    
de

     l’Europe la grande antithèse de l’antiquité et du christianisme ; tou
  
    8752
     trouve à la base de l’Europe la grande antithèse 
    
de

     l’antiquité et du christianisme ; tous deux se combattent et s’unisse
  
    8753
     sont européennes aussi, les oppositions fécondes 
    
de

     l’Église et de l’État, des nations et de l’Empire, des nations romane
  
    8754
    es aussi, les oppositions fécondes de l’Église et 
    
de

     l’État, des nations et de l’Empire, des nations romanes et germanique
  
    8755
    fécondes de l’Église et de l’État, des nations et 
    
de

     l’Empire, des nations romanes et germaniques, du catholicisme et du p
  
    8756
    ermaniques, du catholicisme et du protestantisme, 
    
de

     la théologie et de la philosophie, — aujourd’hui de la Russie et de l
  
    8757
    olicisme et du protestantisme, de la théologie et 
    
de

     la philosophie, — aujourd’hui de la Russie et de l’Amérique. L’Europe
  
    8758
     la théologie et de la philosophie, — aujourd’hui 
    
de

     la Russie et de l’Amérique. L’Europe lie ce qu’en même temps elle opp
  
    8759
     de la philosophie, — aujourd’hui de la Russie et 
    
de

     l’Amérique. L’Europe lie ce qu’en même temps elle oppose à l’extrême 
  
    8760
    aise, soit en s’installant dans un ordre oublieux 
    
de

     ses limites, soit en se portant à des extrémités qui excluent tout or
  
    8761
    de ses possibilités et qu’à travers le changement 
    
de

     situations, puisant à sa source, elle déploie sans cesse à nouveau, i
  
    8762
    ne sommes jamais sûrs du vrai dans sa totalité et 
    
de

     façon définitive. Notre liberté reste relative à autre chose, elle n’
  
    8763
    Subjectivement, comme individu, il a l’expérience 
    
de

     l’origine de son être : je ne suis pas libre par moi-même ; quand je 
  
    8764
    t, comme individu, il a l’expérience de l’origine 
    
de

     son être : je ne suis pas libre par moi-même ; quand je me sais vraim
  
    8765
    nigmatique qui correspond à l’expérience possible 
    
d’

    être pour soi-même un don. L’existence que nous pouvons être n’est rée
  
    8766
     qui nous fait être. Lorsque l’existence s’assure 
    
d’

    elle-même, elle s’assure du même coup de la transcendance. Mais object
  
    8767
     s’assure d’elle-même, elle s’assure du même coup 
    
de

     la transcendance. Mais objectivement, on peut dire de la liberté ce q
  
    8768
    a transcendance. Mais objectivement, on peut dire 
    
de

     la liberté ce qui suit : la liberté a besoin de la liberté de tous le
  
    8769
    e de la liberté ce qui suit : la liberté a besoin 
    
de

     la liberté de tous les autres ; c’est pourquoi la liberté politique n
  
    8770
    é ce qui suit : la liberté a besoin de la liberté 
    
de

     tous les autres ; c’est pourquoi la liberté politique ne saurait se r
  
    8771
    té politique ne saurait se réaliser sous la forme 
    
d’

    une stabilité sûre des institutions. La liberté a besoin de l’achèveme
  
    8772
    bilité sûre des institutions. La liberté a besoin 
    
de

     l’achèvement du vrai ; mais la vérité est multiple et, sous toutes se
  
    8773
    uvement ; la connaissance scientifique échoue sur 
    
d’

    insurmontables antinomies et reste limitée au fini, aux apparences. To
  
    8774
    é à l’échec. Mais l’échec lui-même, pris dans une 
    
de

     ces tensions entre pôles opposés propres à l’Europe, y est devenu sym
  
    8775
    qu’elle exista en Grèce, connaît la signification 
    
de

     l’échec même et le désir de l’échec authentique ; et la croix chrétie
  
    8776
    naît la signification de l’échec même et le désir 
    
de

     l’échec authentique ; et la croix chrétienne, qui permet de vaincre l
  
    8777
     authentique ; et la croix chrétienne, qui permet 
    
de

     vaincre la conscience tragique ou de l’éviter dès le début, donne sa 
  
    8778
    , qui permet de vaincre la conscience tragique ou 
    
de

     l’éviter dès le début, donne sa signification à la vie dans une récon
  
    8779
    dans une réconciliation transcendante. La liberté 
    
de

     l’Européen tend aux limites extrêmes, elle cherche la profondeur des 
  
    8780
    citée, à travers le nihilisme vers une conscience 
    
de

     soi fondée ; il vit dans l’angoisse qui est l’aiguillon de sa bonne f
  
    8781
    ndée ; il vit dans l’angoisse qui est l’aiguillon 
    
de

     sa bonne foi. Dans la liberté s’enracinent deux autres phénomènes eur
  
    8782
     deux autres phénomènes européens : la conscience 
    
de

     l’histoire et la volonté de science. Ce n’est qu’en Occident que même
  
    8783
    péens : la conscience de l’histoire et la volonté 
    
de

     science. Ce n’est qu’en Occident que même dans la conscience individu
  
    8784
    res. Liberté sociale, liberté religieuse, liberté 
    
de

     la personnalité se conditionnent l’une l’autre. Mais comme la liberté
  
    8785
    ne, l’histoire est indispensable pour la conquête 
    
de

     la liberté. Ainsi le besoin de liberté produit l’histoire. Notre hist
  
    8786
    e pour la conquête de la liberté. Ainsi le besoin 
    
de

     liberté produit l’histoire. Notre histoire n’est pas faite de simple 
  
    8787
    roduit l’histoire. Notre histoire n’est pas faite 
    
de

     simple changement, de la chute et du rétablissement d’une idée éterne
  
    8788
    re histoire n’est pas faite de simple changement, 
    
de

     la chute et du rétablissement d’une idée éternelle ; elle ne raconte 
  
    8789
    mple changement, de la chute et du rétablissement 
    
d’

    une idée éternelle ; elle ne raconte pas comment se réalise une situat
  
    8790
    e ne raconte pas comment se réalise une situation 
    
d’

    ensemble conçue comme définitive, mais une succession significative de
  
    8791
    mme définitive, mais une succession significative 
    
de

     faits dérivant les uns des autres, succession qui devient consciente 
  
    8792
    uns des autres, succession qui devient consciente 
    
d’

    elle-même en tant que lutte pour la liberté. L’histoire, dans ce sens,
  
    8793
    sente, comme partout dans le monde, sous l’aspect 
    
d’

    un effort pour faire passer de force le malheur d’une forme dans une a
  
    8794
    onde, sous l’aspect d’un effort pour faire passer 
    
de

     force le malheur d’une forme dans une autre. La douleur devient le be
  
    8795
    d’un effort pour faire passer de force le malheur 
    
d’

    une forme dans une autre. La douleur devient le berceau de l’homme qui
  
    8796
    rme dans une autre. La douleur devient le berceau 
    
de

     l’homme qui veut l’histoire. Seul l’homme qui s’expose intérieurement
  
    8797
    pas aveuglément détruire, s’il ne se contente pas 
    
d’

    attendre « que ce soit passé » pour vivre ensuite comme si rien ne s’é
  
    8798
    ète. … C’est en Occident seulement que l’exigence 
    
de

     la liberté a mené l’histoire en tant que recherche de la liberté poli
  
    8799
    a liberté a mené l’histoire en tant que recherche 
    
de

     la liberté politique.299   Quant à la science, nous l’avons vu, Jaspe
  
    8800
    ns vu, Jaspers lui donne pour origines le respect 
    
de

     la vérité et le sens critique « impitoyable », valeurs chrétiennes. O
  
    8801
    st le défi aux ordres sacrés, plus que le respect 
    
de

     la création divine ou le désir de servir l’homme en le libérant de la
  
    8802
     que le respect de la création divine ou le désir 
    
de

     servir l’homme en le libérant de la Nature, qui semble, aux yeux de l
  
    8803
    vine ou le désir de servir l’homme en le libérant 
    
de

     la Nature, qui semble, aux yeux de l’Asie traditionnelle, avoir produ
  
    8804
    it notre technique. On peut juger qu’il s’agit là 
    
d’

    une illusion, mais elle s’explique : elle était même inévitable. Il y 
  
    8805
    que : elle était même inévitable. Il y a, au cœur 
    
de

     la civilisation européenne, un refus du destin qui paraît un défi à c
  
    8806
    pés. Il y a des sociétés qui, à travers les aléas 
    
de

     leur histoire, ont cherché à perpétuer un statu quo, sans tenter des 
  
    8807
     millénaire reposant sur l’ordre du monde, modèle 
    
de

     l’ordre social, offrit pendant des siècles l’image d’un semblable imm
  
    8808
    ’ordre social, offrit pendant des siècles l’image 
    
d’

    un semblable immobilisme. Il y a des civilisations caractérisées par u
  
    8809
    sion mystique fondée sur le détachement des biens 
    
de

     ce monde, l’illusion de l’individualité, l’effort pour échapper par l
  
    8810
     le détachement des biens de ce monde, l’illusion 
    
de

     l’individualité, l’effort pour échapper par le nirvana à la roue des 
  
    8811
    s le grand Tout : telles furent les civilisations 
    
de

     l’Inde. Ce qui caractérise la civilisation occidentale, c’est qu’elle
  
    8812
     menaçaient. Elle les a relevés et s’est efforcée 
    
de

     les surmonter.300   Et pourtant, la technique européenne n’est pas né
  
    8813
    t pourtant, la technique européenne n’est pas née 
    
d’

    un élan prométhéen. Après tout, Prométhée est un mythe grec, et ce n’e
  
    8814
    ous vient la technique. Platon : Entre l’exercice 
    
d’

    une profession mécanique et le devoir des citoyens, il y a incompatibi
  
    8815
    ravail manuel : Jésus charpentier, Paul fabricant 
    
de

     tentes, « confréries de liberté », guildes et corporations du Moyen Â
  
    8816
    arpentier, Paul fabricant de tentes, « confréries 
    
de

     liberté », guildes et corporations du Moyen Âge, cathédrales… Et voic
  
    8817
     n’est plus considérée comme une pure spéculation 
    
de

     l’esprit, à la façon des Anciens, ni comme un simple divertissement d
  
    8818
    on des Anciens, ni comme un simple divertissement 
    
d’

    homme de loisir ainsi qu’elle le sera pour les mondains. On lui demand
  
    8819
    nciens, ni comme un simple divertissement d’homme 
    
de

     loisir ainsi qu’elle le sera pour les mondains. On lui demande d’être
  
    8820
    qu’elle le sera pour les mondains. On lui demande 
    
d’

    être utile et pratique, de promouvoir les arts mécaniques, en vue de s
  
    8821
    ondains. On lui demande d’être utile et pratique, 
    
de

     promouvoir les arts mécaniques, en vue de soulager la peine des homme
  
    8822
    niques, en vue de soulager la peine des hommes et 
    
d’

    améliorer leur condition. Les grands savants de la Renaissance, Léonar
  
    8823
    et d’améliorer leur condition. Les grands savants 
    
de

     la Renaissance, Léonard de Vinci, Tartaglia, Agricola, Galilée sont d
  
    8824
    s Discours admirables. Leone Alberti fait l’éloge 
    
de

     la Technique qui transforme, pour notre commodité, le visage de la te
  
    8825
    e qui transforme, pour notre commodité, le visage 
    
de

     la terre. Jérôme Cardan, au grand scandale d’un humaniste tel que Sca
  
    8826
    age de la terre. Jérôme Cardan, au grand scandale 
    
d’

    un humaniste tel que Scaliger, classe Archimède, en raison de ses inve
  
    8827
    ison de ses inventions mécaniques, bien au-dessus 
    
d’

    Aristote, dont le chancelier Bacon souhaiterait voir brûler tous les l
  
    8828
     les livres, « parce que Aristote a été incapable 
    
de

     produire des œuvres qui servissent au bien-être de l’homme ». « Ce n’
  
    8829
    e produire des œuvres qui servissent au bien-être 
    
de

     l’homme ». « Ce n’est proprement valoir rien que de n’être utile à pe
  
    8830
     l’homme ». « Ce n’est proprement valoir rien que 
    
de

     n’être utile à personne », proclame Descartes. À « cette philosophie 
  
    8831
    ive qu’on enseigne dans les écoles », le Discours 
    
de

     la Méthode oppose « une pratique, par laquelle, connaissant la force 
  
    8832
    aquelle, connaissant la force et l’action du feu, 
    
de

     l’eau, de l’air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qu
  
    8833
    onnaissant la force et l’action du feu, de l’eau, 
    
de

     l’air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous env
  
    8834
    feu, de l’eau, de l’air, des astres, des cieux et 
    
de

     tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que n
  
    8835
    inctement que nous connaissons les divers métiers 
    
de

     nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les us
  
    8836
    et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs 
    
de

     la nature ». C’est l’idée du Chancelier Bacon : on commande à la natu
  
    8837
    nature en obéissant à ses lois. Il ne suffit plus 
    
de

     connaître le monde ; il convient de le changer.301   On a reconnu dan
  
    8838
    e suffit plus de connaître le monde ; il convient 
    
de

     le changer.301   On a reconnu dans cette dernière phrase la « Deuxièm
  
    8839
    rnière phrase la « Deuxième thèse sur Feuerbach » 
    
de

     Karl Marx. Or le marxisme est postérieur au grand essor de la techniq
  
    8840
    arx. Or le marxisme est postérieur au grand essor 
    
de

     la technique européenne, et ne lui a rien apporté. En revanche, on co
  
    8841
    stes et par les héritiers mystiques du vieux rêve 
    
de

     l’alchimie : parfaire la Création de Dieu et coopérer à sa rédemption
  
    8842
    u vieux rêve de l’alchimie : parfaire la Création 
    
de

     Dieu et coopérer à sa rédemption. Mais d’où viennent encore un coup c
  
    8843
    réation de Dieu et coopérer à sa rédemption. Mais 
    
d’

    où viennent encore un coup ces passions pratiquement conjuguées de la 
  
    8844
    core un coup ces passions pratiquement conjuguées 
    
de

     la liberté, de la technique, et du défi aux ordres consacrés par l’us
  
    8845
    s passions pratiquement conjuguées de la liberté, 
    
de

     la technique, et du défi aux ordres consacrés par l’usage, non par la
  
    8846
    noncé à Lausanne lors de la Conférence européenne 
    
de

     la culture (1949), Carlo Schmid ramène toutes nos valeurs à ce refus 
  
    8847
    mid ramène toutes nos valeurs à ce refus créateur 
    
de

     l’Europe : le refus de la fatalité :  Mais qu’est-ce donc ce qui cara
  
    8848
    aleurs à ce refus créateur de l’Europe : le refus 
    
de

     la fatalité :  Mais qu’est-ce donc ce qui caractérise l’Europe ? Quel
  
    8849
    ise l’Europe ? Quelle question, quelle complexité 
    
de

     réponses possibles ! Et cependant il existe certaines données qui nou
  
    8850
    t il existe certaines données qui nous permettent 
    
de

     pressentir de quel côté à peu près nous devrions chercher pour distin
  
    8851
    rtaines données qui nous permettent de pressentir 
    
de

     quel côté à peu près nous devrions chercher pour distinguer, ne fût-c
  
    8852
    hercher pour distinguer, ne fût-ce que les ombres 
    
de

     cette réalité que l’esclavage de Platon, enchaîné dans la Grotte, voi
  
    8853
    e que les ombres de cette réalité que l’esclavage 
    
de

     Platon, enchaîné dans la Grotte, voit remuer sur les parois. Il me se
  
    8854
     voir Prométhée qui, ayant formé l’homme du limon 
    
de

     la terre, déroba le feu du ciel pour animer sa créature et qui, par c
  
    8855
    fatalité. En effet, lutter contre tout ce qui n’a 
    
d’

    autre dignité que celle qu’accorde la matérialité, se refuser à n’être
  
    8856
    ’accorde la matérialité, se refuser à n’être rien 
    
d’

    autre qu’un élément passif et déterminé de l’ordre de la Création — ce
  
    8857
    re rien d’autre qu’un élément passif et déterminé 
    
de

     l’ordre de la Création — ceci me semble la vertu primordiale qui a fa
  
    8858
    utre qu’un élément passif et déterminé de l’ordre 
    
de

     la Création — ceci me semble la vertu primordiale qui a fait d’une pr
  
    8859
     — ceci me semble la vertu primordiale qui a fait 
    
d’

    une presqu’île de l’Asie, l’Europe. Dante, l’Européen, le fait dire à 
  
    8860
     la vertu primordiale qui a fait d’une presqu’île 
    
de

     l’Asie, l’Europe. Dante, l’Européen, le fait dire à Ulysse qui voulai
  
    8861
    ir del mondo esperto malgré l’interdiction sévère 
    
de

     dépasser le détroit de Gibraltar :  O frati… Considerate la vostra se
  
    8862
    lgré l’interdiction sévère de dépasser le détroit 
    
de

     Gibraltar :  O frati… Considerate la vostra semenza : fatti non foste
  
    8863
     conoscenza. Ceci est-il autre chose que le refus 
    
d’

    être rien d’autre qu’une particule de la nature, une créature acceptan
  
    8864
     Ceci est-il autre chose que le refus d’être rien 
    
d’

    autre qu’une particule de la nature, une créature acceptant le Paradis
  
    8865
    que le refus d’être rien d’autre qu’une particule 
    
de

     la nature, une créature acceptant le Paradis de la Fatalité ? Et cet 
  
    8866
    e de la nature, une créature acceptant le Paradis 
    
de

     la Fatalité ? Et cet Ulysse du Dante, n’est-il pas le frère de Promét
  
    8867
    ateur, et non pas en vertu d’une délégation, mais 
    
de

     son plein droit ? De ceci, comme du besoin de subir sciemment le poid
  
    8868
    vertu d’une délégation, mais de son plein droit ? 
    
De

     ceci, comme du besoin de subir sciemment le poids de l’Histoire pour,
  
    8869
    ais de son plein droit ? De ceci, comme du besoin 
    
de

     subir sciemment le poids de l’Histoire pour, à chaque moment, secouer
  
    8870
    ceci, comme du besoin de subir sciemment le poids 
    
de

     l’Histoire pour, à chaque moment, secouer le joug du passé qu’elle a 
  
    8871
     moment, secouer le joug du passé qu’elle a créé, 
    
de

     ce besoin de baser ses actions sur un perpétuel présent que, malgré s
  
    8872
    uer le joug du passé qu’elle a créé, de ce besoin 
    
de

     baser ses actions sur un perpétuel présent que, malgré sa connaissanc
  
    8873
     un perpétuel présent que, malgré sa connaissance 
    
de

     la relation des causes et des effets, il veut toujours charger de spo
  
    8874
    es causes et des effets, il veut toujours charger 
    
de

     spontanéité, l’homme d’Europe a tiré son bonheur et presque tous ses 
  
    8875
     il veut toujours charger de spontanéité, l’homme 
    
d’

    Europe a tiré son bonheur et presque tous ses malheurs. Dans les momen
  
    8876
    sque tous ses malheurs. Dans les moments fortunés 
    
de

     son histoire, il sut user de la mesure. Nous appelons ces moments heu
  
    8877
    les moments fortunés de son histoire, il sut user 
    
de

     la mesure. Nous appelons ces moments heureux les époques classiques. 
  
    8878
    ureux les époques classiques. Prométhée est aussi 
    
d’

    une façon mystérieuse Antée, fils de Neptune et de la Terre, qui pour 
  
    8879
    hée est aussi d’une façon mystérieuse Antée, fils 
    
de

     Neptune et de la Terre, qui pour se régénérer et redoubler ses forces
  
    8880
    d’une façon mystérieuse Antée, fils de Neptune et 
    
de

     la Terre, qui pour se régénérer et redoubler ses forces recherche la 
  
    8881
    rces recherche la Terre, la Nature — mais l’Homme 
    
d’

    Europe ne s’abandonne pas à la Nature : il ne l’accepte dans tout son 
  
    8882
    ée et dénombrée, et là, il n’y a pas en substance 
    
de

     différence entre Thalès et Anaxagore, la « decompositio » et « recomp
  
    8883
    naxagore, la « decompositio » et « recompositio » 
    
de

     Descartes et la nature « reproduite » au sens littéral du mot par Cla
  
    8884
    ues et qui pourtant ne font que recomposer la vie 
    
de

     l’âme humaine décomposée par l’esprit humain. (D’ailleurs, les romant
  
    8885
    ment l’Européen, en isolant la conscience humaine 
    
de

     ses rapports avec ce qui est en dehors du Moi, a permis à l’homme, no
  
    8886
    is à l’homme, noyé dans la collectivité et le jeu 
    
de

     ses contingences, de devenir un individu. Or la dignité de l’individu
  
    8887
    ns la collectivité et le jeu de ses contingences, 
    
de

     devenir un individu. Or la dignité de l’individu consiste justement e
  
    8888
    ntingences, de devenir un individu. Or la dignité 
    
de

     l’individu consiste justement en ce qu’il n’est plus permis à l’homme
  
    8889
    justement en ce qu’il n’est plus permis à l’homme 
    
de

     justifier ses actes par ce qui n’est que nature, histoire, société. I
  
    8890
     société. Il doit se justifier devant le tribunal 
    
de

     sa conscience et de la raison (qui, partout où elle se réfère à l’évi
  
    8891
     justifier devant le tribunal de sa conscience et 
    
de

     la raison (qui, partout où elle se réfère à l’évidence, n’est autre c
  
    8892
    ndons à la société qu’elle respecte les décisions 
    
de

     notre conscience à nous, nous sommes obligés de respecter la dignité 
  
    8893
    s de notre conscience à nous, nous sommes obligés 
    
de

     respecter la dignité de la conscience de tout autre être humain. Voic
  
    8894
    nous, nous sommes obligés de respecter la dignité 
    
de

     la conscience de tout autre être humain. Voici l’une des raisons qui 
  
    8895
     obligés de respecter la dignité de la conscience 
    
de

     tout autre être humain. Voici l’une des raisons qui nous ont contrain
  
    8896
    aie en elle-même et pour elle-même et non du fait 
    
d’

    être approuvées par les doctrines de la tradition ou par l’âme collect
  
    8897
    t non du fait d’être approuvées par les doctrines 
    
de

     la tradition ou par l’âme collective. C’est ici que l’essor miraculeu
  
    8898
    ’âme collective. C’est ici que l’essor miraculeux 
    
de

     la pensée et de la science européennes — toutes les deux sorties du L
  
    8899
     C’est ici que l’essor miraculeux de la pensée et 
    
de

     la science européennes — toutes les deux sorties du Logos geomotretos
  
    8900
    es — toutes les deux sorties du Logos geomotretos 
    
de

     Platon — plonge l’une de ses racines les plus profondes. Et nous auri
  
    8901
    ies du Logos geomotretos de Platon — plonge l’une 
    
de

     ses racines les plus profondes. Et nous aurions passé sous silence un
  
    8902
    ons passé sous silence une des plus pures gloires 
    
de

     l’Europe si, dans cet ordre d’idées, nous avions oublié de nommer la 
  
    8903
    plus pures gloires de l’Europe si, dans cet ordre 
    
d’

    idées, nous avions oublié de nommer la musique. N’oublions pas non plu
  
    8904
    pe si, dans cet ordre d’idées, nous avions oublié 
    
de

     nommer la musique. N’oublions pas non plus que c’est bien l’homme d’E
  
    8905
    e. N’oublions pas non plus que c’est bien l’homme 
    
d’

    Europe qui n’a pas voulu que l’existence matérielle et politique de l’
  
    8906
    pas voulu que l’existence matérielle et politique 
    
de

     l’homme ne soit que fonction des circonstances, et que c’est lui qui,
  
    8907
    rs marché droit sur tout ce qui entrave la marche 
    
de

     l’homme vers un avenir de plus en plus riche en liberté spirituelle, 
  
    8908
    nt qui a fait germer partout sur terre la volonté 
    
de

     ne pas accepter la tyrannie des circonstances et du passé, la volonté
  
    8909
    yrannie des circonstances et du passé, la volonté 
    
de

     modifier les facteurs décisifs de notre existence temporelle jusque d
  
    8910
    ssé, la volonté de modifier les facteurs décisifs 
    
de

     notre existence temporelle jusque dans leur substance, afin de permet
  
    8911
     dans leur substance, afin de permettre à l’homme 
    
de

     sortir de l’aliénation dans laquelle la brutalité d’un mécanisme écon
  
    8912
     substance, afin de permettre à l’homme de sortir 
    
de

     l’aliénation dans laquelle la brutalité d’un mécanisme économique et 
  
    8913
    sortir de l’aliénation dans laquelle la brutalité 
    
d’

    un mécanisme économique et social a fait sombrer sa liberté de dispose
  
    8914
    me économique et social a fait sombrer sa liberté 
    
de

     disposer de lui-même. C’est en Europe que l’homme a refusé de tenir p
  
    8915
    e et social a fait sombrer sa liberté de disposer 
    
de

     lui-même. C’est en Europe que l’homme a refusé de tenir pour une loi 
  
    8916
    de lui-même. C’est en Europe que l’homme a refusé 
    
de

     tenir pour une loi fatale la stabilité de l’ordre social, et c’est ic
  
    8917
     refusé de tenir pour une loi fatale la stabilité 
    
de

     l’ordre social, et c’est ici qu’à chaque époque, le tiers État de l’é
  
    8918
    l, et c’est ici qu’à chaque époque, le tiers État 
    
de

     l’époque a élevé les barricades de la liberté, de l’égalité et de la 
  
    8919
     le tiers État de l’époque a élevé les barricades 
    
de

     la liberté, de l’égalité et de la justice. Néanmoins, cette liberté, 
  
    8920
    de l’époque a élevé les barricades de la liberté, 
    
de

     l’égalité et de la justice. Néanmoins, cette liberté, cette égalité, 
  
    8921
    evé les barricades de la liberté, de l’égalité et 
    
de

     la justice. Néanmoins, cette liberté, cette égalité, cette justice se
  
    8922
    tte justice se sont toujours réclamées des vertus 
    
de

     l’origine. En somme, ce que les peuples et les classes ont recherché 
  
    8923
    us reconnaissons chez Socrate, dans la république 
    
de

     Cicéron, dans le agi et pati fortia de Tite Live, dans le pax et just
  
    8924
    république de Cicéron, dans le agi et pati fortia 
    
de

     Tite Live, dans le pax et justicia de saint Augustin, et dans la « De
  
    8925
    pati fortia de Tite Live, dans le pax et justicia 
    
de

     saint Augustin, et dans la « Declaration of Rights » de l’État de Vir
  
    8926
    nt Augustin, et dans la « Declaration of Rights » 
    
de

     l’État de Virginie — don précieux par lequel le Nouveau Monde a rendu
  
    8927
    ait pu lui prêter.  Trois ans avant la conférence 
    
de

     Lausanne, les premières Rencontres internationales de Genève (septemb
  
    8928
    ausanne, les premières Rencontres internationales 
    
de

     Genève (septembre 1946), avaient posé d’une manière mémorable, devant
  
    8929
    tionales de Genève (septembre 1946), avaient posé 
    
d’

    une manière mémorable, devant le grand public intellectuel du continen
  
    8930
    and public intellectuel du continent, le problème 
    
de

     « l’Esprit européen » dans le monde bouleversé de l’après-guerre. On 
  
    8931
    de « l’Esprit européen » dans le monde bouleversé 
    
de

     l’après-guerre. On a pu lire plus haut des extraits de discours prono
  
    8932
    après-guerre. On a pu lire plus haut des extraits 
    
de

     discours prononcés à cette occasion par Julien Benda et par Karl Jasp
  
    8933
    haient à définir la conscience que l’Europe prend 
    
d’

    elle-même et les valeurs de sa culture. Quant à Denis de Rougemont, il
  
    8934
    nce que l’Europe prend d’elle-même et les valeurs 
    
de

     sa culture. Quant à Denis de Rougemont, il tentait d’évaluer les chan
  
    8935
    a culture. Quant à Denis de Rougemont, il tentait 
    
d’

    évaluer les chances du génie spécifique de l’Europe, on le comparant a
  
    8936
    tentait d’évaluer les chances du génie spécifique 
    
de

     l’Europe, on le comparant avec les idéaux des grands empires mondiaux
  
    8937
     et la foi au progrès… Avant cette guerre, le nom 
    
d’

    Europe évoquait un foyer intense dont le rayonnement s’élargissait sur
  
    8938
    e nous semblait donc plus grande qu’elle n’était. 
    
D’

    où l’effet de choc que produisit dans nos esprits, au lendemain de l’a
  
    8939
    it donc plus grande qu’elle n’était. D’où l’effet 
    
de

     choc que produisit dans nos esprits, au lendemain de l’autre guerre, 
  
    8940
    choc que produisit dans nos esprits, au lendemain 
    
de

     l’autre guerre, la phrase fameuse de Valéry sur l’Europe « petit cap 
  
    8941
    au lendemain de l’autre guerre, la phrase fameuse 
    
de

     Valéry sur l’Europe « petit cap de l’Asie ». Aujourd’hui l’Europe vue
  
    8942
    « petit cap de l’Asie ». Aujourd’hui l’Europe vue 
    
d’

    Amérique, et j’imagine aussi vue de Russie, paraît plus petite que nat
  
    8943
    i l’Europe vue d’Amérique, et j’imagine aussi vue 
    
de

     Russie, paraît plus petite que nature : physiquement resserrée entre 
  
    8944
    s dont les ombres immenses s’affrontent au-dessus 
    
d’

    elle, rongée et ruinée sur ses bords, moralement refermée sur elle-mêm
  
    8945
    plus. Nous voyons l’Europe comme vidée, au profit 
    
de

     ces deux empires, de certaines ambitions, de certains rêves et de cer
  
    8946
    urope comme vidée, au profit de ces deux empires, 
    
de

     certaines ambitions, de certains rêves et de certaines croyances appa
  
    8947
    ofit de ces deux empires, de certaines ambitions, 
    
de

     certains rêves et de certaines croyances apparus sur son sol, et qui 
  
    8948
    res, de certaines ambitions, de certains rêves et 
    
de

     certaines croyances apparus sur son sol, et qui semblaient parfois dé
  
    8949
    des grandes découvertes, par ses armes et son art 
    
de

     la guerre mis au service tantôt de la rapacité de telle nation ou de 
  
    8950
    mes et son art de la guerre mis au service tantôt 
    
de

     la rapacité de telle nation ou de tel prince, tantôt d’idéaux contagi
  
    8951
    de la guerre mis au service tantôt de la rapacité 
    
de

     telle nation ou de tel prince, tantôt d’idéaux contagieux ; enfin par
  
    8952
     service tantôt de la rapacité de telle nation ou 
    
de

     tel prince, tantôt d’idéaux contagieux ; enfin par ses machines et pa
  
    8953
    rapacité de telle nation ou de tel prince, tantôt 
    
d’

    idéaux contagieux ; enfin par ses machines et par ses capitaux. Mais v
  
    8954
     armes, le grand commerce et jusqu’à la curiosité 
    
de

     la planète ! Tout cela dans l’espace de trente ans, et sans retour po
  
    8955
    curiosité de la planète ! Tout cela dans l’espace 
    
de

     trente ans, et sans retour possible, à vues humaines. Que nous reste-
  
    8956
    -t-il donc en propre ? Un monopole unique : celui 
    
de

     la culture au sens le plus large du terme, c’est-à-dire : une mesure 
  
    8957
    le plus large du terme, c’est-à-dire : une mesure 
    
de

     l’homme, un principe de critique permanente, un certain équilibre hum
  
    8958
    c’est-à-dire : une mesure de l’homme, un principe 
    
de

     critique permanente, un certain équilibre humain résultant de tension
  
    8959
    permanente, un certain équilibre humain résultant 
    
de

     tensions innombrables. Cela, on nous le laisse encore, et à vrai dire
  
    8960
    c’est aussi le plus difficile à maintenir en état 
    
d’

    efficacité. À l’origine de la religion, de la culture et de la morale 
  
    8961
    ile à maintenir en état d’efficacité. À l’origine 
    
de

     la religion, de la culture et de la morale européennes, il y a l’idée
  
    8962
    en état d’efficacité. À l’origine de la religion, 
    
de

     la culture et de la morale européennes, il y a l’idée de la contradic
  
    8963
    ité. À l’origine de la religion, de la culture et 
    
de

     la morale européennes, il y a l’idée de la contradiction, du déchirem
  
    8964
    ulture et de la morale européennes, il y a l’idée 
    
de

     la contradiction, du déchirement fécond, du conflit créateur. Il y a 
  
    8965
    ment fécond, du conflit créateur. Il y a ce signe 
    
de

     contradiction par excellence qui est la croix. Au contraire, à l’orig
  
    8966
    ’origine des deux empires nouveaux, il y a l’idée 
    
de

     l’unification de l’homme lui-même, de l’élimination des antithèses, e
  
    8967
     empires nouveaux, il y a l’idée de l’unification 
    
de

     l’homme lui-même, de l’élimination des antithèses, et du triomphe de 
  
    8968
     y a l’idée de l’unification de l’homme lui-même, 
    
de

     l’élimination des antithèses, et du triomphe de l’organisation bien h
  
    8969
    , de l’élimination des antithèses, et du triomphe 
    
de

     l’organisation bien huilée, sans histoire, et sans drame. Il s’ensuit
  
    8970
    e qui atteint, dramatiquement, le plus haut point 
    
de

     conscience et de signification : le saint, le mystique, le martyr. Ta
  
    8971
    amatiquement, le plus haut point de conscience et 
    
de

     signification : le saint, le mystique, le martyr. Tandis que le héros
  
    8972
     plus haut exemple ; pour eux, c’est l’exemplaire 
    
de

     série… Pour nous, la vie résulte d’un conflit permanent, et son but n
  
    8973
     l’exemplaire de série… Pour nous, la vie résulte 
    
d’

    un conflit permanent, et son but n’est pas le bonheur, mais la conscie
  
    8974
    eur, mais la conscience plus aiguë, la découverte 
    
d’

    un sens, d’une signification, fût-ce dans le malheur de la passion, fû
  
    8975
    a conscience plus aiguë, la découverte d’un sens, 
    
d’

    une signification, fût-ce dans le malheur de la passion, fût-ce dans l
  
    8976
    sens, d’une signification, fût-ce dans le malheur 
    
de

     la passion, fût-ce dans l’échec. Ils visent à l’inconscience heureuse
  
    8977
    e quel prix. Ils veulent la vie, nous des raisons 
    
de

     vivre, même mortelles. Voilà pourquoi l’Européen typique sera tantôt 
  
    8978
    naît donc la valeur essentielle des antagonismes, 
    
de

     l’opposition créatrice, tandis que l’Américain et le Russe soviétique
  
    8979
    cain et le Russe soviétique considère l’existence 
    
de

     l’opposition comme l’indice d’un mauvais fonctionnement, qu’il faut é
  
    8980
    sidère l’existence de l’opposition comme l’indice 
    
d’

    un mauvais fonctionnement, qu’il faut éliminer doucement ou brutalemen
  
    8981
    ndront par la publicité, le cinéma, la production 
    
de

     série, et les autres par des moyens un peu moins souples, comme on sa
  
    8982
    ont de plus en plus. Ainsi donc, la confrontation 
    
de

     l’Europe et de ces deux filles parfois ingrates du plus grand Occiden
  
    8983
    plus. Ainsi donc, la confrontation de l’Europe et 
    
de

     ces deux filles parfois ingrates du plus grand Occident nous suggère 
  
    8984
    s du plus grand Occident nous suggère une formule 
    
de

     l’homme typiquement européen : c’est l’homme de la contradiction, l’h
  
    8985
    e de l’homme typiquement européen : c’est l’homme 
    
de

     la contradiction, l’homme dialectique par excellence. Nous le voyons 
  
    8986
    ar l’homme européen en tant que tel n’accepte pas 
    
d’

    être réduit à l’un ou à l’autre de ces termes. Mais il entend les assu
  
    8987
    liférer ailleurs. D’autre part, elle a pour effet 
    
de

     concentrer sur l’homme lui-même, créateur ou victime de ces tensions,
  
    8988
    centrer sur l’homme lui-même, créateur ou victime 
    
de

     ces tensions, l’effort principal de l’esprit. Européenne sera donc, t
  
    8989
    ur ou victime de ces tensions, l’effort principal 
    
de

     l’esprit. Européenne sera donc, typiquement, la volonté de rapporter 
  
    8990
    it. Européenne sera donc, typiquement, la volonté 
    
de

     rapporter à l’homme, de mesurer à l’homme toutes les institutions. Ce
  
    8991
    , typiquement, la volonté de rapporter à l’homme, 
    
de

     mesurer à l’homme toutes les institutions. Cet homme de la contradict
  
    8992
    urer à l’homme toutes les institutions. Cet homme 
    
de

     la contradiction (s’il la domine en création) c’est celui que j’appel
  
    8993
    sonne. Et ces institutions à sa mesure, à hauteur 
    
d’

    homme, traduisant dans la vie de la culture, comme dans les structures
  
    8994
    mesure, à hauteur d’homme, traduisant dans la vie 
    
de

     la culture, comme dans les structures politiques, les mêmes tensions 
  
    8995
    t grand. Il y ramasse et porte au plus haut point 
    
de

     tension dramatique plusieurs des thèmes illustrés dans ce chapitre, q
  
    8996
    lusion.  À l’heure actuelle, que sont les valeurs 
    
de

     l’Occident ? Nous en avons assez vu pour savoir que ce n’est certaine
  
    8997
    . La première valeur européenne, c’est la volonté 
    
de

     conscience. La seconde, c’est la volonté de découverte… La force occi
  
    8998
    lonté de conscience. La seconde, c’est la volonté 
    
de

     découverte… La force occidentale, c’est l’acceptation de l’inconnu. I
  
    8999
    uverte… La force occidentale, c’est l’acceptation 
    
de

     l’inconnu. Il y a un humanisme possible, mais il faut bien nous dire,
  
    9000
    e vouloir. Ne nous y méprenons pas : les volontés 
    
de

     conscience et de découverte, comme valeurs fondamentales, appartienne
  
    9001
    s y méprenons pas : les volontés de conscience et 
    
de

     découverte, comme valeurs fondamentales, appartiennent à l’Europe et 
  
    9002
    et à l’Europe seule. Vous les avez vues à l’œuvre 
    
d’

    une façon quotidienne dans le domaine des sciences. Les formes de l’es
  
    9003
    tidienne dans le domaine des sciences. Les formes 
    
de

     l’esprit le définissent, à l’heure actuelle, par leur point de départ
  
    9004
    e définissent, à l’heure actuelle, par leur point 
    
de

     départ et la nature de leur recherche. Colomb savait mieux d’où il pa
  
    9005
    e actuelle, par leur point de départ et la nature 
    
de

     leur recherche. Colomb savait mieux d’où il partait qu’où il irait. E
  
    9006
     la nature de leur recherche. Colomb savait mieux 
    
d’

    où il partait qu’où il irait. Et nous ne pouvons fonder une attitude h
  
    9007
    pas où il va, et sur l’humanisme parce qu’il sait 
    
d’

    où il part et où est sa volonté… … Nous sommes au point crucial où la 
  
    9008
    tout grand héritier ignore ou dilapide les objets 
    
de

     son héritage, et n’hérite vraiment que l’intelligence et la force. L’
  
    9009
    u christianisme heureux, c’est Pascal. L’héritage 
    
de

     l’Europe, c’est l’humanisme tragique. … Nous avons fait un certain no
  
    9010
    sme tragique. … Nous avons fait un certain nombre 
    
d’

    images qui valent qu’on en parle, non seulement dans les arts, mais da
  
    9011
    lement dans les arts, mais dans l’immense domaine 
    
de

     ce que l’homme tire de lui-même pour s’accuser, se nier, se grandir o
  
    9012
    ais dans l’immense domaine de ce que l’homme tire 
    
de

     lui-même pour s’accuser, se nier, se grandir ou tenter de s’éterniser
  
    9013
    ême pour s’accuser, se nier, se grandir ou tenter 
    
de

     s’éterniser. Des plus hautes solitudes, même celle en Dieu, nous avon
  
    9014
    brandt, est-ce que ce sont seulement des rapports 
    
de

     volumes et de couleurs, ou aussi des hommes jetés en pâture à leur fa
  
    9015
     que ce sont seulement des rapports de volumes et 
    
de

     couleurs, ou aussi des hommes jetés en pâture à leur faculté divine, 
  
    9016
    etés en pâture à leur faculté divine, au bénéfice 
    
de

     tous ceux qui en seront dignes ? La justice de la Bible, la vieille l
  
    9017
    ce de tous ceux qui en seront dignes ? La justice 
    
de

     la Bible, la vieille liberté des cités, qui les a imposées au monde ?
  
    9018
     est seule à le chercher. En face de l’inconnu et 
    
de

     la torture pas encore oubliée. Bien entendu, de siècle en siècle, un 
  
    9019
    t de la torture pas encore oubliée. Bien entendu, 
    
de

     siècle en siècle, un même destin de mort courbe à jamais les hommes ;
  
    9020
    Bien entendu, de siècle en siècle, un même destin 
    
de

     mort courbe à jamais les hommes ; mais de siècle en siècle aussi, en 
  
    9021
     destin de mort courbe à jamais les hommes ; mais 
    
de

     siècle en siècle aussi, en ce lieu qui s’appelle l’Europe — et en ce 
  
    9022
    ertes au lieu d’en faire des secrets, pour tenter 
    
de

     fonder en qualité victorieuse de la mort le monde éphémère, pour comp
  
    9023
    ets, pour tenter de fonder en qualité victorieuse 
    
de

     la mort le monde éphémère, pour comprendre que l’homme ne naît pas de
  
    9024
    éphémère, pour comprendre que l’homme ne naît pas 
    
de

     sa propre affirmation, mais de la mise en question de l’univers. Comm
  
    9025
    ’homme ne naît pas de sa propre affirmation, mais 
    
de

     la mise en question de l’univers. Comme de l’Angleterre de la bataill
  
    9026
    a propre affirmation, mais de la mise en question 
    
de

     l’univers. Comme de l’Angleterre de la bataille de Londres, disons : 
  
    9027
    , mais de la mise en question de l’univers. Comme 
    
de

     l’Angleterre de la bataille de Londres, disons : « Si ceci doit mouri
  
    9028
    e en question de l’univers. Comme de l’Angleterre 
    
de

     la bataille de Londres, disons : « Si ceci doit mourir, puissent tout
  
    9029
    e l’univers. Comme de l’Angleterre de la bataille 
    
de

     Londres, disons : « Si ceci doit mourir, puissent toutes les cultures
  
    9030
    contemporaine avec stupéfaction ; et que l’Europe 
    
de

     la prise de Rome, l’Europe de Nicopolis, l’Europe de la chute de Byza
  
    9031
    e avec stupéfaction ; et que l’Europe de la prise 
    
de

     Rome, l’Europe de Nicopolis, l’Europe de la chute de Byzance, ne leur
  
    9032
    la prise de Rome, l’Europe de Nicopolis, l’Europe 
    
de

     la chute de Byzance, ne leur sembleront peut-être qu’un remous miséra
  
    9033
    Rome, l’Europe de Nicopolis, l’Europe de la chute 
    
de

     Byzance, ne leur sembleront peut-être qu’un remous misérable à côté d
  
    9034
    menaçantes qui commencent à s’étendre sur lui : « 
    
De

     vous comme du reste, nous nous servirons, une fois de plus, pour tire
  
    9035
    s servirons, une fois de plus, pour tirer l’homme 
    
de

     l’argile. »303      3.L’Europe et le Monde    Pour nous connaître mie
  
    9036
    se soustraire à ce risque, mais il faut se garder 
    
de

     le sous-estimer : aux premiers pas de toute enquête sur les jugements
  
    9037
    t se garder de le sous-estimer : aux premiers pas 
    
de

     toute enquête sur les jugements que le Monde porte sur nous, c’est to
  
    9038
     tout d’abord la haine que nous rencontrerons, et 
    
d’

    aveuglantes raisons de douter de nous-mêmes. Le grand historien compar
  
    9039
     que nous rencontrerons, et d’aveuglantes raisons 
    
de

     douter de nous-mêmes. Le grand historien comparatiste, Arnold Toynbee
  
    9040
    rencontrerons, et d’aveuglantes raisons de douter 
    
de

     nous-mêmes. Le grand historien comparatiste, Arnold Toynbee, a tenté 
  
    9041
     qui désire s’attaquer à ce problème doit essayer 
    
de

     sortir, pour un instant, de sa peau d’Occidental et considérer la lut
  
    9042
    problème doit essayer de sortir, pour un instant, 
    
de

     sa peau d’Occidental et considérer la lutte entre le monde et l’Occid
  
    9043
    it essayer de sortir, pour un instant, de sa peau 
    
d’

    Occidental et considérer la lutte entre le monde et l’Occident avec le
  
    9044
    identaux, lesquels constituent la grande majorité 
    
de

     l’humanité. Les peuples non occidentaux peuvent différer par la race,
  
    9045
    s en 1941, 1915, 1812, 1709 et 1610 ; les peuples 
    
d’

    Asie et d’Afrique rappelleront que, depuis le xve  siècle, les Occiden
  
    9046
     1915, 1812, 1709 et 1610 ; les peuples d’Asie et 
    
d’

    Afrique rappelleront que, depuis le xve  siècle, les Occidentaux, qu’i
  
    9047
    tralie, en Nouvelle-Zélande, dans le sud et l’est 
    
de

     l’Afrique. Les Africains rappelleront qu’ils furent réduits en esclav
  
    9048
    qu’ils furent réduits en esclavage et transportés 
    
de

     l’autre côté de l’Atlantique pour servir les Européens qui avaient co
  
    9049
    duits en esclavage et transportés de l’autre côté 
    
de

     l’Atlantique pour servir les Européens qui avaient colonisé les Améri
  
    9050
    Amériques, et qu’entre leurs mains, ils devinrent 
    
de

     simples instruments, chargés de leur procurer les richesses dont ils 
  
    9051
    ns, ils devinrent de simples instruments, chargés 
    
de

     leur procurer les richesses dont ils avaient soif. En Amérique du Nor
  
    9052
     envahisseurs européens et à leurs esclaves venus 
    
d’

    Afrique. La plupart des Occidentaux d’aujourd’hui seront surpris, choq
  
    9053
    laves venus d’Afrique. La plupart des Occidentaux 
    
d’

    aujourd’hui seront surpris, choqués et peinés par ce réquisitoire…  Vo
  
    9054
     ce réquisitoire…  Voici donc notre Europe sommée 
    
de

     confesser devant le monde une culpabilité sans précédent dans l’histo
  
    9055
    de une culpabilité sans précédent dans l’histoire 
    
de

     l’humanité. Toynbee va-t-il relever le défi ? Loin de là, il donne ra
  
    9056
     certainement justifié, du moins pour une période 
    
de

     quatre siècles et demi, période qui s’achève en 1945. Jusqu’à cette d
  
    9057
    ôles, c’est que nous entamons un nouveau chapitre 
    
de

     cette histoire, chapitre qui ne commence qu’après la fin de la Second
  
    9058
    istoire, chapitre qui ne commence qu’après la fin 
    
de

     la Seconde Guerre mondiale. L’inquiétude et la colère que provoquèren
  
    9059
    identaux, c’est une expérience toute nouvelle que 
    
de

     subir de la part du monde ce que le monde a subi, depuis des siècles,
  
    9060
    , la tyrannie et leurs souffrances ? Toynbee taxe 
    
d’

    orgueil cette objection :  Nous Occidentaux, parce qu’humains, avons t
  
    9061
    sure avec tout ce qui a précédé. Pour nous guérir 
    
de

     cette illusion occidentale qui est la nôtre, il suffit de jeter un re
  
    9062
     illusion occidentale qui est la nôtre, il suffit 
    
de

     jeter un regard en arrière sur ce qu’accomplirent les Grecs et les Ro
  
    9063
    lirent, au profit du monde gréco-romain, une tête 
    
de

     pont sur l’océan Atlantique, à l’emplacement de ce qui est aujourd’hu
  
    9064
    e de pont sur l’océan Atlantique, à l’emplacement 
    
de

     ce qui est aujourd’hui l’Espagne du Sud et le Portugal. Le grec « pop
  
    9065
    el fut rédigé le Nouveau Testament, au Ier siècle 
    
de

     notre ère, était parlé et compris de Travancore à Marseille. À la mêm
  
    9066
    u Ier siècle de notre ère, était parlé et compris 
    
de

     Travancore à Marseille. À la même époque, la Grande-Bretagne était an
  
    9067
    rmées romaines, tandis que l’art grec, au service 
    
d’

    une religion hindoue — le bouddhisme — accomplissait une conquête paci
  
    9068
    — accomplissait une conquête pacifique en partant 
    
de

     l’Afghanistan et en se dirigeant au nord-est, pour atteindre éventuel
  
    9069
    n temps, sur le monde antique aussi largement que 
    
de

     nos jours la culture occidentale. À une époque où la civilisation ind
  
    9070
     vanter, comme nous pouvons le faire aujourd’hui, 
    
d’

    avoir atteint et pénétré par le rayonnement de leur culture toutes les
  
    9071
    ui, d’avoir atteint et pénétré par le rayonnement 
    
de

     leur culture toutes les civilisations de la planète, dont ils avaient
  
    9072
    onnement de leur culture toutes les civilisations 
    
de

     la planète, dont ils avaient d’ailleurs calculé avec précision la for
  
    9073
    écision la forme et les dimensions. Cette emprise 
    
de

     la culture grecque, à partir du ive  siècle avant Jésus-Christ, fut p
  
    9074
    monde un choc aussi considérable que la rencontre 
    
de

     notre civilisation occidentale moderne, depuis le xve  siècle de notr
  
    9075
    sation occidentale moderne, depuis le xve  siècle 
    
de

     notre ère. Et la nature humaine n’ayant guère changé depuis cette épo
  
    9076
    t guère changé depuis cette époque, il n’y a rien 
    
d’

    étonnant à ce que l’assaut d’une civilisation étrangère provoque aujou
  
    9077
    poque, il n’y a rien d’étonnant à ce que l’assaut 
    
d’

    une civilisation étrangère provoque aujourd’hui les mêmes réactions ps
  
    9078
    ue aujourd’hui les mêmes réactions psychologiques 
    
de

     défense qu’au temps des Grecs et des Romains… Naturellement, je ne ve
  
    9079
     peut faire pour nous l’oracle gréco-romain c’est 
    
de

     nous révéler, parmi beaucoup d’autres, un des dénouements possibles d
  
    9080
    i beaucoup d’autres, un des dénouements possibles 
    
de

     notre drame personnel. Dans notre cas, il se peut très bien que les c
  
    9081
     tâtonnons dans l’obscurité et devons nous garder 
    
de

     croire que nous pourrons tracer l’itinéraire à suivre. Tout de même c
  
    9082
    cer l’itinéraire à suivre. Tout de même ce serait 
    
de

     la folie de ne pas tenir compte de la lueur qui s’offre à nous, car l
  
    9083
    aire à suivre. Tout de même ce serait de la folie 
    
de

     ne pas tenir compte de la lueur qui s’offre à nous, car la lumière pr
  
    9084
    même ce serait de la folie de ne pas tenir compte 
    
de

     la lueur qui s’offre à nous, car la lumière projetée sur notre avenir
  
    9085
    r le miroir du passé gréco-romain est en tout cas 
    
de

     celles qui peuvent le mieux éclairer ce qui pour nous reste encore da
  
    9086
    ique Stephen Spender, nous rappeler que les torts 
    
de

     l’Europe, bien réels, ne lui ôtent pourtant ni le droit ni le devoir 
  
    9087
    s, ne lui ôtent pourtant ni le droit ni le devoir 
    
d’

    affirmer sa fonction culturelle dans le monde :  De bien des manières,
  
    9088
    ’affirmer sa fonction culturelle dans le monde :  
    
De

     bien des manières, nous autres Occidentaux, nous nous sommes rendus m
  
    9089
    ux, nous nous sommes rendus moralement incapables 
    
de

     riposter à nos adversaires. En partie parce que nous sommes coupables
  
    9090
    saires. En partie parce que nous sommes coupables 
    
d’

    avoir recouru dans le passé à des méthodes brutales, mais en partie au
  
    9091
    parce que nous avons réellement atteint un niveau 
    
de

     civilisation qui nous porte à éviter la franchise brutale. Culpabilit
  
    9092
    éviter la franchise brutale. Culpabilité, respect 
    
d’

    autrui et conscience de notre histoire concourent ainsi à nous désarme
  
    9093
    tale. Culpabilité, respect d’autrui et conscience 
    
de

     notre histoire concourent ainsi à nous désarmer. Ce goût de l’autocri
  
    9094
    istoire concourent ainsi à nous désarmer. Ce goût 
    
de

     l’autocritique ne tirerait pas à conséquence si nous étions certains 
  
    9095
    ire par les jeunes Œdipes, nous courons le danger 
    
de

     sacrifier notre passé et notre présent à un avenir plus tyrannique et
  
    9096
    e propre histoire. Au stade où nous voici, pleins 
    
de

     remords quant à notre passé colonialiste, et conscients de tant d’ins
  
    9097
    s quant à notre passé colonialiste, et conscients 
    
de

     tant d’insuffisances actuelles, — la question que nous devons nous po
  
    9098
    à notre passé colonialiste, et conscients de tant 
    
d’

    insuffisances actuelles, — la question que nous devons nous poser est 
  
    9099
     la question que nous devons nous poser est moins 
    
de

     savoir si nous sommes meilleurs que les autres, que de savoir si les 
  
    9100
    voir si nous sommes meilleurs que les autres, que 
    
de

     savoir si les autres ne sont pas pires que nous. Car s’ils sont pires
  
    9101
    ous. Car s’ils sont pires, notre devoir est alors 
    
de

     vivre pour nos valeurs et de les affirmer. … Il n’est certes pas faci
  
    9102
    tre devoir est alors de vivre pour nos valeurs et 
    
de

     les affirmer. … Il n’est certes pas facile de reconnaître ses torts e
  
    9103
     et de les affirmer. … Il n’est certes pas facile 
    
de

     reconnaître ses torts et de rester malgré tout conscient du fait que,
  
    9104
    est certes pas facile de reconnaître ses torts et 
    
de

     rester malgré tout conscient du fait que, par comparaison, l’on est e
  
    9105
    également, l’Europe ne pourra faire autrement que 
    
d’

    appliquer ce procédé assez compliqué de comparaison et de mesure. Il e
  
    9106
    rement que d’appliquer ce procédé assez compliqué 
    
de

     comparaison et de mesure. Il est évident que nous ne pouvons plus éta
  
    9107
    quer ce procédé assez compliqué de comparaison et 
    
de

     mesure. Il est évident que nous ne pouvons plus établir notre supério
  
    9108
    pouvons plus établir notre supériorité en arguant 
    
de

     notre peau blanche ou de notre glorieux passé, des cathédrales gothiq
  
    9109
    e supériorité en arguant de notre peau blanche ou 
    
de

     notre glorieux passé, des cathédrales gothiques ou de la peinture de 
  
    9110
    otre glorieux passé, des cathédrales gothiques ou 
    
de

     la peinture de la Renaissance. Nous ne pouvons que nous demander si d
  
    9111
    assé, des cathédrales gothiques ou de la peinture 
    
de

     la Renaissance. Nous ne pouvons que nous demander si de tous ces fact
  
    9112
    Renaissance. Nous ne pouvons que nous demander si 
    
de

     tous ces facteurs, et de beaucoup d’autres encore, ne continue pas de
  
    9113
    ons que nous demander si de tous ces facteurs, et 
    
de

     beaucoup d’autres encore, ne continue pas de résulter un potentiel qu
  
    9114
    , et de beaucoup d’autres encore, ne continue pas 
    
de

     résulter un potentiel qui légitime notre réalité présente ; si, privé
  
    9115
    l qui légitime notre réalité présente ; si, privé 
    
de

     ces traditions européennes que nous nous devons de gérer, le monde ne
  
    9116
    e ces traditions européennes que nous nous devons 
    
de

     gérer, le monde ne serait pas dans un état pire encore ; et si, en vi
  
    9117
    oui à toutes ces questions… Je crois à la mission 
    
de

     la culture européenne, et j’ai foi dans son aptitude à contribuer à l
  
    9118
    les plus difficiles, y compris ceux qui dépassent 
    
de

     loin les limites du champ culturel proprement dit. J’y crois, parce q
  
    9119
    ns hautement développé des traditions ; parce que 
    
de

     tous temps elle s’est efforcée d’assurer une relation étroite entre c
  
    9120
    ons ; parce que de tous temps elle s’est efforcée 
    
d’

    assurer une relation étroite entre ce que j’appellerais la « constante
  
    9121
    lement mouvantes ; parce que même ses révolutions 
    
de

     style les plus étonnantes n’ont jamais cessé d’exprimer les valeurs t
  
    9122
    s de style les plus étonnantes n’ont jamais cessé 
    
d’

    exprimer les valeurs traditionnelles, tout en s’adaptant aux changemen
  
    9123
    et elle y a, jusqu’ici, toujours réussi. La somme 
    
de

     son passé — alors même que les contemporains ne s’en rendent pas touj
  
    9124
    ompte — restera sans cesse calculée dans la somme 
    
de

     son présent. Au plan politique, l’Europe a peut-être failli, mais au 
  
    9125
    ommercial populaire, le plus grand succès mondial 
    
de

     tous les temps, et, ne serait-ce que pour cette raison, elle justifie
  
    9126
    actuelle avec celle qui régnait avant l’invention 
    
de

     la bombe atomique et l’on admettra qu’il n’a pas fallu moins d’un mir
  
    9127
    omique et l’on admettra qu’il n’a pas fallu moins 
    
d’

    un miracle du génie européen pour que les ponts entre le passé et le p
  
    9128
     présent ne soient pas coupés, et continuent même 
    
d’

    être fréquentés. On ne doit pas se lasser de le répéter : notre vieill
  
    9129
     même d’être fréquentés. On ne doit pas se lasser 
    
de

     le répéter : notre vieille Europe est la seule partie du monde où nul
  
    9130
    artie du monde où nul fossé ne sépare aujourd’hui 
    
d’

    hier. Cette vérité éclate avec le plus de force dans l’œuvre des deux 
  
    9131
    ourd’hui d’hier. Cette vérité éclate avec le plus 
    
de

     force dans l’œuvre des deux écrivains (que les Soviétiques considèren
  
    9132
     et Marcel Proust. Ce sont deux exemples typiques 
    
de

     ce que l’Europe est capable de donner au monde. Ils sont tous les deu
  
    9133
     exemples typiques de ce que l’Europe est capable 
    
de

     donner au monde. Ils sont tous les deux modernes, dans le plein sens 
  
    9134
    nditions présentes. Le titre même du chef-d’œuvre 
    
de

     Joyce exprime ce sens profond des traditions : Ulysse. Et chaque fois
  
    9135
    ons : Ulysse. Et chaque fois qu’un Picasso avance 
    
d’

    un pas dans la vie moderne, il avance en même temps d’un pas dans le p
  
    9136
     pas dans la vie moderne, il avance en même temps 
    
d’

    un pas dans le passé européen… Hors d’Europe, le fossé entre le présen
  
    9137
     même temps d’un pas dans le passé européen… Hors 
    
d’

    Europe, le fossé entre le présent et le passé se creuse de plus en plu
  
    9138
    s en plus. Conséquence directe, presque toujours, 
    
d’

    une politique totalitaire dont les chefs avides de pouvoir savent très
  
    9139
    d’une politique totalitaire dont les chefs avides 
    
de

     pouvoir savent très bien pourquoi ils interdisent à leurs « sujets » 
  
    9140
     bien pourquoi ils interdisent à leurs « sujets » 
    
de

     se raccrocher à un passé quelconque. Parfois aussi, la rupture résult
  
    9141
    ssé quelconque. Parfois aussi, la rupture résulte 
    
d’

    un choc entre l’Est et l’industrialisation importée de l’Ouest. En Eur
  
    9142
     choc entre l’Est et l’industrialisation importée 
    
de

     l’Ouest. En Europe, l’industrialisation est apparue et s’est développ
  
    9143
    Asie, où tel un corps étranger elle a été imposée 
    
de

     l’extérieur, son apparition a provoqué de profonds remous. Remous qui
  
    9144
    imposée de l’extérieur, son apparition a provoqué 
    
de

     profonds remous. Remous qui dans le domaine culturel se traduisent pa
  
    9145
    le domaine culturel se traduisent par une rupture 
    
d’

    autant plus brutale avec toutes les traditions : tel ou tel produit d’
  
    9146
    e avec toutes les traditions : tel ou tel produit 
    
d’

    un « art prolétarien moderne » dans la Chine d’aujourd’hui n’a plus ri
  
    9147
    it d’un « art prolétarien moderne » dans la Chine 
    
d’

    aujourd’hui n’a plus rien de commun avec ce que nous connaissons de la
  
    9148
    derne » dans la Chine d’aujourd’hui n’a plus rien 
    
de

     commun avec ce que nous connaissons de la peinture chinoise. Non seul
  
    9149
     plus rien de commun avec ce que nous connaissons 
    
de

     la peinture chinoise. Non seulement les révolutions asiatiques s’opèr
  
    9150
    bérément à la tradition. Que nous soyons capables 
    
de

     constater ces faits et d’en tirer des conclusions (et même, à mon avi
  
    9151
    ue nous soyons capables de constater ces faits et 
    
d’

    en tirer des conclusions (et même, à mon avis, des conclusions encoura
  
    9152
    rageantes), voilà qui fournit la meilleure preuve 
    
de

     ce que l’Europe et sa culture ont le droit de vivre. Peut-être ce « t
  
    9153
    uve de ce que l’Europe et sa culture ont le droit 
    
de

     vivre. Peut-être ce « traditionalisme révolutionnaire » de l’Europe, 
  
    9154
     Peut-être ce « traditionalisme révolutionnaire » 
    
de

     l’Europe, comme tant de mouvements avant lui, gagnera-t-il d’autres p
  
    9155
    arties du monde, Russie comprise. Pour ce qui est 
    
de

     l’Amérique, l’évolution va déjà dans ce sens. Car l’Amérique se souvi
  
    9156
     va déjà dans ce sens. Car l’Amérique se souvient 
    
de

     façon beaucoup plus vivante de ses origines européennes, et s’« europ
  
    9157
    érique se souvient de façon beaucoup plus vivante 
    
de

     ses origines européennes, et s’« européanise » beaucoup plus en profo
  
    9158
    ue l’Europe ne s’« américanisera » jamais à coups 
    
de

     millions de bouteilles de Coca-Cola. L’Europe doit vivre et continuer
  
    9159
    ne s’« américanisera » jamais à coups de millions 
    
de

     bouteilles de Coca-Cola. L’Europe doit vivre et continuer de vivre. M
  
    9160
    nisera » jamais à coups de millions de bouteilles 
    
de

     Coca-Cola. L’Europe doit vivre et continuer de vivre. Mais elle ne le
  
    9161
    es de Coca-Cola. L’Europe doit vivre et continuer 
    
de

     vivre. Mais elle ne le pourra que sur la base d’une autoaffirmation c
  
    9162
     de vivre. Mais elle ne le pourra que sur la base 
    
d’

    une autoaffirmation culturelle.305   Au-delà, ou en deçà de la morale,
  
    9163
    écouvrir. Ce sont eux qui ont permis à l’humanité 
    
de

     prendre conscience de son unité. L’idée d’universalité, l’idée même d
  
    9164
    qui ont permis à l’humanité de prendre conscience 
    
de

     son unité. L’idée d’universalité, l’idée même de « genre humain » son
  
    9165
    manité de prendre conscience de son unité. L’idée 
    
d’

    universalité, l’idée même de « genre humain » sont des créations de l’
  
    9166
     de son unité. L’idée d’universalité, l’idée même 
    
de

     « genre humain » sont des créations de l’Europe chrétienne et technic
  
    9167
    ’idée même de « genre humain » sont des créations 
    
de

     l’Europe chrétienne et technicienne. 2° Les prophètes de la décadence
  
    9168
    rope chrétienne et technicienne. 2° Les prophètes 
    
de

     la décadence de l’Europe, Spengler, Valéry et Toynbee, se fondaient t
  
    9169
    et technicienne. 2° Les prophètes de la décadence 
    
de

     l’Europe, Spengler, Valéry et Toynbee, se fondaient tous sur le précé
  
    9170
    ry et Toynbee, se fondaient tous sur le précédent 
    
de

     la chute de Rome, du monde gréco-romain. Cet exemple est-il valable p
  
    9171
    e, se fondaient tous sur le précédent de la chute 
    
de

     Rome, du monde gréco-romain. Cet exemple est-il valable pour nous ? L
  
    9172
    ok suffirait aujourd’hui pour les mettre à l’abri 
    
de

     ce genre d’illusion. Der Erdenkreis ist mir genug bekannt, dit Faust,
  
    9173
     aujourd’hui pour les mettre à l’abri de ce genre 
    
d’

    illusion. Der Erdenkreis ist mir genug bekannt, dit Faust, le grand Eu
  
    9174
    e grand Européen moderne. 4° Toutes les créations 
    
de

     l’Europe (l’Église et la philosophie, les sciences et la technique, l
  
    9175
    les sont seules à l’avoir fait. 5° On ne voit pas 
    
de

     candidats sérieux à la Relève de notre civilisation devenue mondiale.
  
    9176
    ° On ne voit pas de candidats sérieux à la Relève 
    
de

     notre civilisation devenue mondiale. On ne voit pas qui saurait mieux
  
    9177
    pas qui saurait mieux qu’elle prescrire les modes 
    
d’

    emploi de ses créations, et trouver les remèdes aux maladies dont elle
  
    9178
    aurait mieux qu’elle prescrire les modes d’emploi 
    
de

     ses créations, et trouver les remèdes aux maladies dont elle a répand
  
    9179
    et l’a bien dit, dans un ouvrage intitulé Le Rapt 
    
de

     l’Europe, méditation sur le sort d’une culture « dépossédée » de ses 
  
    9180
    itulé Le Rapt de l’Europe, méditation sur le sort 
    
d’

    une culture « dépossédée » de ses conquêtes par ce monde même qu’elle 
  
    9181
    ditation sur le sort d’une culture « dépossédée » 
    
de

     ses conquêtes par ce monde même qu’elle a suscité. Voici la donnée du
  
    9182
    opéen (au sens géographique) et le cadre mondial (
    
d’

    origine européenne) s’est agrandi au point qu’en marge des vieilles na
  
    9183
    agrandi au point qu’en marge des vieilles nations 
    
d’

    Europe se sont constituées des puissances politiques qui vont se retou
  
    9184
    t bouleverser littéralement le paysage historique 
    
de

     l’Europe. Par sa fécondité même, son objectivité rationnelle, la vert
  
    9185
    , son objectivité rationnelle, la vertu expansive 
    
de

     la plupart de ses créations, l’histoire universelle de l’Occident va 
  
    9186
     plupart de ses créations, l’histoire universelle 
    
de

     l’Occident va se retourner contre l’histoire concrète de l’Europe géo
  
    9187
    cident va se retourner contre l’histoire concrète 
    
de

     l’Europe géographique. C’est une espèce de renversement gigantesque o
  
    9188
    ncrète de l’Europe géographique. C’est une espèce 
    
de

     renversement gigantesque où les idées, les habitudes, les styles prop
  
    9189
    Sophocle mettait les mots suivants dans la bouche 
    
d’

    Œdipe, victime suprême de la fatalité : De toutes les souffrances, les
  
    9190
     suivants dans la bouche d’Œdipe, victime suprême 
    
de

     la fatalité : De toutes les souffrances, les plus douloureuses sont c
  
    9191
     bouche d’Œdipe, victime suprême de la fatalité : 
    
De

     toutes les souffrances, les plus douloureuses sont celles dont nous s
  
    9192
    rectement, la plupart de ses malheurs. Son esprit 
    
d’

    aventure, son élan de jeunesse, son incapacité de renoncement ont fait
  
    9193
     de ses malheurs. Son esprit d’aventure, son élan 
    
de

     jeunesse, son incapacité de renoncement ont fait sa perte.  Plutôt sa
  
    9194
     d’aventure, son élan de jeunesse, son incapacité 
    
de

     renoncement ont fait sa perte.  Plutôt sa « crise » que sa « perte »,
  
    9195
    l’histoire universelle est comme une grande salle 
    
d’

    hôpital comptant vingt-et-un lits. La plupart des occupants sont déjà 
  
    9196
    ours du malade sont comptés. Il s’agit, en effet, 
    
d’

    un être sujet à la mort, à quoi le mène un épuisement de ses forces or
  
    9197
    tre sujet à la mort, à quoi le mène un épuisement 
    
de

     ses forces organiques contre lequel la politique n’est qu’une médecin
  
    9198
    cine impuissante. Tout ce qu’on peut faire, c’est 
    
de

     compter les jours restants de vie, savoir les mettre à profit, n’en p
  
    9199
    n peut faire, c’est de compter les jours restants 
    
de

     vie, savoir les mettre à profit, n’en point accélérer le cours et acc
  
    9200
    ique entre 100 et 300 après J.-C., par conséquent 
    
de

     Trajan et Marc-Aurèle à Septime-Sévère, époque, après tout, assez séd
  
    9201
    ire » que lui attribue Splengler, ne peut manquer 
    
de

     tenter l’esprit fébrile de nos contemporains comme une promesse de re
  
    9202
    ngler, ne peut manquer de tenter l’esprit fébrile 
    
de

     nos contemporains comme une promesse de repos.   La vérité est que la
  
    9203
    t fébrile de nos contemporains comme une promesse 
    
de

     repos.   La vérité est que la situation de l’Europe prête à la fois à
  
    9204
    omesse de repos.   La vérité est que la situation 
    
de

     l’Europe prête à la fois à plus d’optimisme et de pessimisme que ne l
  
    9205
    e la situation de l’Europe prête à la fois à plus 
    
d’

    optimisme et de pessimisme que ne l’imaginent ces historiens. À plus d
  
    9206
    de l’Europe prête à la fois à plus d’optimisme et 
    
de

     pessimisme que ne l’imaginent ces historiens. À plus d’optimisme à lo
  
    9207
    simisme que ne l’imaginent ces historiens. À plus 
    
d’

    optimisme à long terme en ce qui concerne la signification positive de
  
    9208
    erme en ce qui concerne la signification positive 
    
de

     la culture européenne ; à plus de pessimisme en ce qui concerne le pr
  
    9209
    cation positive de la culture européenne ; à plus 
    
de

     pessimisme en ce qui concerne le présent. Pour ce qui est de la scien
  
    9210
    me en ce qui concerne le présent. Pour ce qui est 
    
de

     la science, de la technique, de la vitalité et de la volonté d’organi
  
    9211
    ncerne le présent. Pour ce qui est de la science, 
    
de

     la technique, de la vitalité et de la volonté d’organisation, le mond
  
    9212
    . Pour ce qui est de la science, de la technique, 
    
de

     la vitalité et de la volonté d’organisation, le monde occidental est 
  
    9213
    de la science, de la technique, de la vitalité et 
    
de

     la volonté d’organisation, le monde occidental est beaucoup moins en 
  
    9214
     de la technique, de la vitalité et de la volonté 
    
d’

    organisation, le monde occidental est beaucoup moins en décadence que 
  
    9215
    ar son énorme fécondité, le déchaînement spontané 
    
de

     conséquences qu’elle suppose, sa vertu inouïe d’expansion, peut faire
  
    9216
     de conséquences qu’elle suppose, sa vertu inouïe 
    
d’

    expansion, peut faire passer, et à bref délai, quelques mauvais moment
  
    9217
    é naissance. Diez del Corral reprend le précédent 
    
de

     la décadence hellénistique, invoqué par Toynbee, mais il y trouve des
  
    9218
    r Toynbee, mais il y trouve des raisons nouvelles 
    
de

     croire en l’avenir européen ;  L’Hellade, elle aussi, devint pays hel
  
    9219
    , politiques, économiques, spirituels, etc. Fruit 
    
de

     l’hellénisme après son expansion, le monde hellénistique reflua sur l
  
    9220
    un nouveau facteur historique, fragment désormais 
    
d’

    une vaste constellation qui élargissait et multipliait les problèmes d
  
    9221
    tion qui élargissait et multipliait les problèmes 
    
de

     la « polis » grecque. Mais, dans la perspective où nous le voyons mai
  
    9222
    r du temps qui grinçait si fort pour les oreilles 
    
d’

    un Démosthène, à peine s’il est perceptible pour l’historien qui, s’ef
  
    9223
    est perceptible pour l’historien qui, s’efforçant 
    
de

     découvrir les grands enchaînements de l’histoire, voit, sous les évén
  
    9224
    s’efforçant de découvrir les grands enchaînements 
    
de

     l’histoire, voit, sous les événements, les lignes directrices de la p
  
    9225
    voit, sous les événements, les lignes directrices 
    
de

     la philosophie, l’art, la science, la technique de la Grèce se prolon
  
    9226
    e la philosophie, l’art, la science, la technique 
    
de

     la Grèce se prolonger en substance dans l’époque hellénistique. Les l
  
    9227
    e hellénistique. Les lignes directrices analogues 
    
de

     la culture européenne semblent montrer plus de vigueur encore tandis 
  
    9228
    es de la culture européenne semblent montrer plus 
    
de

     vigueur encore tandis que cette culture s’universalise, et rien ne la
  
    9229
    mmodation aux idéologies européennes, leur défaut 
    
de

     véritable résistance. L’empreinte européenne sur eux est plus profond
  
    9230
    elle du monde grec sur l’Orient ; elle s’insinue, 
    
d’

    une façon ou d’une autre, et d’aventure par de pauvres succédanés, jus
  
    9231
    rec sur l’Orient ; elle s’insinue, d’une façon ou 
    
d’

    une autre, et d’aventure par de pauvres succédanés, jusqu’au tréfonds 
  
    9232
     ; elle s’insinue, d’une façon ou d’une autre, et 
    
d’

    aventure par de pauvres succédanés, jusqu’au tréfonds religieux, leque
  
    9233
    ue, d’une façon ou d’une autre, et d’aventure par 
    
de

     pauvres succédanés, jusqu’au tréfonds religieux, lequel fut la ligne 
  
    9234
     jusqu’au tréfonds religieux, lequel fut la ligne 
    
de

     défense et de contre-attaque de l’Asie contre la Grèce. En prolongean
  
    9235
    onds religieux, lequel fut la ligne de défense et 
    
de

     contre-attaque de l’Asie contre la Grèce. En prolongeant les lignes e
  
    9236
    quel fut la ligne de défense et de contre-attaque 
    
de

     l’Asie contre la Grèce. En prolongeant les lignes et les problèmes de
  
    9237
    Grèce. En prolongeant les lignes et les problèmes 
    
de

     la culture européenne dans leur projection universelle, on pourrait e
  
    9238
    n universelle, on pourrait estimer qu’il y a plus 
    
d’

    intérêt à étudier leurs modalités nouvelles, du fait même de cette pro
  
    9239
    à étudier leurs modalités nouvelles, du fait même 
    
de

     cette projection, leurs infléchissements dans le nouveau milieu où il
  
    9240
    on nouvelle, oublier les grandeurs passées, tirer 
    
de

     ses propres entrailles un renouveau de vitalité, unifier ses forces d
  
    9241
    ées, tirer de ses propres entrailles un renouveau 
    
de

     vitalité, unifier ses forces dispersées jusqu’ici dans le fractionnem
  
    9242
    des récents, jeunes et gigantesques protagonistes 
    
de

     l’histoire présente.  Au reste, le problème de l’avenir des Européens
  
    9243
    es de l’histoire présente.  Au reste, le problème 
    
de

     l’avenir des Européens et de leur civilisation « dépossédée » n’est p
  
    9244
    u reste, le problème de l’avenir des Européens et 
    
de

     leur civilisation « dépossédée » n’est plus séparable, en fait, de ce
  
    9245
    ion « dépossédée » n’est plus séparable, en fait, 
    
de

     celui de l’avenir du reste des hommes :  Le problème du rapt n’intére
  
    9246
    ossédée » n’est plus séparable, en fait, de celui 
    
de

     l’avenir du reste des hommes :  Le problème du rapt n’intéresse pas s
  
    9247
    aussi le spoliateur. Celui-ci aura beau se saisir 
    
de

     l’objet, il n’en sera pas moins toujours en état de déficience. Il va
  
    9248
     l’objet, il n’en sera pas moins toujours en état 
    
de

     déficience. Il va agencer sa vie selon des formes venues du dehors, q
  
    9249
    et étouffer sa vitalité… Il y a quelques dizaines 
    
d’

    années encore, on croyait la civilisation européenne monopole exclusif
  
    9250
    yait la civilisation européenne monopole exclusif 
    
de

     l’Europe. Tout au plus admettait-on que certaines modalités extérieur
  
    9251
    ieures et purement techniques étaient à la portée 
    
de

     l’imitation étrangère. Mais « leur point d’origine, écrivait Ranke, c
  
    9252
    ortée de l’imitation étrangère. Mais « leur point 
    
d’

    origine, écrivait Ranke, c’est-à-dire non seulement le fondement histo
  
    9253
    t. La technique n’appartient pas au seul épiderme 
    
de

     la culture européenne ; elle s’est nourrie du suc intime, des aspirat
  
    9254
    urrie du suc intime, des aspirations spirituelles 
    
de

     cette dernière et a pris une telle ampleur qu’elle englobe, condition
  
    9255
    lobe, conditionne et entraîne tout. Véhicule aisé 
    
d’

    exportation, elle porte avec elle, même si c’est sous une forme larvée
  
    9256
     élans, les valeurs et les idéaux les plus divers 
    
de

     la vie européenne. Sans doute, ne peut-elle pas les porter tous, ni p
  
    9257
    ous, ni peut-être les plus essentiels… La mission 
    
de

     l’Europe n’est pas achevée, loin de là, même si, sur certains points,
  
    9258
    traeuropéens, mais elle a aussi fourni les hommes 
    
de

     science, nés dans ses vieilles villes moyenâgeuses, formés dans ses v
  
    9259
    s dans ses vieilles universités, toujours en tête 
    
de

     la connaissance, auteurs des grandes, des prodigieuses découvertes ré
  
    9260
    ndes, des prodigieuses découvertes réalisées hors 
    
d’

    Europe. Nous n’en voulons, pour exemple, que la physique nucléaire, do
  
    9261
    té réalisées ailleurs. Nulle part notre phénomène 
    
de

     rapt n’offre de traits mieux discernables.  Mais ce phénomène est si 
  
    9262
    leurs. Nulle part notre phénomène de rapt n’offre 
    
de

     traits mieux discernables.  Mais ce phénomène est si neuf et si souda
  
    9263
    elles conséquences il entraînera à la longue sous 
    
de

     nouveaux cieux. L’expropriation a porté, dans une très large mesure, 
  
    9264
    able. L’activité intellectuelle est quelque chose 
    
de

     si délicat, est conditionnée par de si multiples facteurs qu’on peut 
  
    9265
    quelque chose de si délicat, est conditionnée par 
    
de

     si multiples facteurs qu’on peut se demander si, sous une apparente c
  
    9266
    nières années sur le vieux Continent.  La mission 
    
de

     l’Europe n’est-elle pas, désormais, de repenser pour l’Homme le bon u
  
    9267
    La mission de l’Europe n’est-elle pas, désormais, 
    
de

     repenser pour l’Homme le bon usage de ses conquêtes ?  D’autre part, 
  
    9268
     désormais, de repenser pour l’Homme le bon usage 
    
de

     ses conquêtes ?  D’autre part, après une avance aussi décisive que ce
  
    9269
    n réajustement des gains s’impose, centrés autour 
    
d’

    une plus vaste poussée d’humanisme intégral. Et qui, mieux que l’Europ
  
    9270
    s’impose, centrés autour d’une plus vaste poussée 
    
d’

    humanisme intégral. Et qui, mieux que l’Europe, peut faire face à ce g
  
    9271
    nd problème actuel ? Elle, et elle seule, dispose 
    
d’

    un point de vue assez ample et assez pondéré pour englober les différe
  
    9272
    assez pondéré pour englober les différents ordres 
    
de

     vie, si diversement développés dans l’expansion du monde contemporain
  
    9273
    n du monde contemporain. Elle seule est en mesure 
    
de

     redonner actualité et efficacité au vieux trésor impérissable de l’hu
  
    9274
    ualité et efficacité au vieux trésor impérissable 
    
de

     l’humanisme antique et chrétien. Ses devoirs envers l’avenir ont pu s
  
    9275
    ponsable du destin historique, non plus seulement 
    
d’

    elle-même et d’une planète qui lui était soumise, mais d’une planète q
  
    9276
    tin historique, non plus seulement d’elle-même et 
    
d’

    une planète qui lui était soumise, mais d’une planète qui a atteint sa
  
    9277
    même et d’une planète qui lui était soumise, mais 
    
d’

    une planète qui a atteint sa majorité et conquis son indépendance et, 
  
    9278
    rgie et des forces issues du patrimoine paternel, 
    
de

     l’usage duquel le « pater familias » est toujours solidaire.306   Sur
  
    9279
     toujours solidaire.306   Sur la mission mondiale 
    
de

     l’Europe, interrogeons maintenant deux grands aînés qui eurent le dro
  
    9280
     maintenant deux grands aînés qui eurent le droit 
    
de

     parler du Monde : peu d’hommes l’auront aussi passionnément interrogé
  
    9281
    înés qui eurent le droit de parler du Monde : peu 
    
d’

    hommes l’auront aussi passionnément interrogé leur vie durant, dans to
  
    9282
    rrogé leur vie durant, dans toutes les dimensions 
    
de

     sa réalité, physiques, traditionnelles et spirituelles, que Keyserlin
  
    9283
    erling (1880-1946), rendu célèbre par son Journal 
    
de

     voyage d’un Philosophe (qui décrit l’Inde, entre autres, à coup d’int
  
    9284
    80-1946), rendu célèbre par son Journal de voyage 
    
d’

    un Philosophe (qui décrit l’Inde, entre autres, à coup d’intuitions fu
  
    9285
    ilosophe (qui décrit l’Inde, entre autres, à coup 
    
d’

    intuitions fulgurantes), n’en vint à l’« analyse spectrale » de l’Euro
  
    9286
    fulgurantes), n’en vint à l’« analyse spectrale » 
    
de

     l’Europe qu’au terme d’un périple planétaire. Il n’en est que plus fr
  
    9287
    à l’« analyse spectrale » de l’Europe qu’au terme 
    
d’

    un périple planétaire. Il n’en est que plus frappant de constater que 
  
    9288
    périple planétaire. Il n’en est que plus frappant 
    
de

     constater que c’est à l’Europe finalement — cette Europe si souvent m
  
    9289
    tte Europe si souvent méprisée par les spirituels 
    
de

     l’Orient, tandis que leurs masses envient son régime matériel — que K
  
    9290
    ime matériel — que Keyserling attribue la mission 
    
de

     sauver l’Esprit :  Il s’agit de tirer de chaque peuple le meilleur, e
  
    9291
    tribue la mission de sauver l’Esprit :  Il s’agit 
    
de

     tirer de chaque peuple le meilleur, et rien que cela, de ce dont il e
  
    9292
     mission de sauver l’Esprit :  Il s’agit de tirer 
    
de

     chaque peuple le meilleur, et rien que cela, de ce dont il est capabl
  
    9293
    r de chaque peuple le meilleur, et rien que cela, 
    
de

     ce dont il est capable. Et ce, non plus pour s’élever soi-même à l’ex
  
    9294
    soi-même à l’exclusion des autres, mais au profit 
    
d’

    un organisme supérieur ; non pas aux dépens des autres, mais pour le b
  
    9295
     non pas aux dépens des autres, mais pour le bien 
    
de

     tous. … Bornons-nous donc à montrer dans quel sens l’Europe, en tant 
  
    9296
     sens l’Europe, en tant qu’ensemble, doit changer 
    
d’

    orientation et en quoi elle doit voir sa tâche véritable pour continue
  
    9297
     elle doit voir sa tâche véritable pour continuer 
    
d’

    être un facteur positif dans le développement de l’humanité. Sa suprém
  
    9298
    r d’être un facteur positif dans le développement 
    
de

     l’humanité. Sa suprématie matérielle est évidemment finie. Elle est d
  
    9299
     bientôt fin. Peut-être même le centre industriel 
    
de

     notre planète se transportera-t-il en Asie. L’invention est difficile
  
    9300
    ion est difficile, mais le singe même est capable 
    
d’

    imitation. Bientôt toute notre capacité technique sera le bien commun 
  
    9301
    oute notre capacité technique sera le bien commun 
    
de

     l’humanité entière. Bientôt nous, Européens, si nous nous vantons de 
  
    9302
    re. Bientôt nous, Européens, si nous nous vantons 
    
de

     nos conquêtes scientifiques, nous serons regardés comme le serait Cor
  
    9303
    assiques. Ainsi notre prestige, le plus important 
    
de

     tous les facteurs de puissance, est périmé. Mais surtout les conquête
  
    9304
     prestige, le plus important de tous les facteurs 
    
de

     puissance, est périmé. Mais surtout les conquêtes sociales des derniè
  
    9305
    érielle. Dans ces circonstances, le simple esprit 
    
de

     conservation oblige l’Europe à se concentrer sur ce qu’elle peut fair
  
    9306
    ’Europe à se concentrer sur ce qu’elle peut faire 
    
de

     mieux, sur ce que personne ne peut lui ravir. C’est-à-dire sur sa spi
  
    9307
    té.  … Nous ne serions pas les porteurs qualifiés 
    
de

     la spiritualité intellectuelle sur terre, nous ne serions pas les mai
  
    9308
    ectuelle sur terre, nous ne serions pas les mains 
    
de

     Dieu, si chez nous l’accent significatif ne reposait pas exclusivemen
  
    9309
    l’esprit. La forme grecque est encore à la racine 
    
de

     l’art de l’Extrême-Orient, et l’Éthos juif est à la racine de tout Ét
  
    9310
     La forme grecque est encore à la racine de l’art 
    
de

     l’Extrême-Orient, et l’Éthos juif est à la racine de tout Éthos qui s
  
    9311
    l’Extrême-Orient, et l’Éthos juif est à la racine 
    
de

     tout Éthos qui s’affirme dans le monde. Toute science est d’origine e
  
    9312
    os qui s’affirme dans le monde. Toute science est 
    
d’

    origine européenne. Mais pour ce qui est du christianisme, sa force ex
  
    9313
    e, sa force expansive et active vient précisément 
    
de

     ce qu’il incarne la compréhension tournée vers le pratique. Il y a en
  
    9314
     profondes ; mais en elles ne vit pas le principe 
    
de

     l’Esprit dominateur de la Terre. En lui-même, l’esprit est terrestrem
  
    9315
    les ne vit pas le principe de l’Esprit dominateur 
    
de

     la Terre. En lui-même, l’esprit est terrestrement impuissant ; même l
  
    9316
    n Europe, l’esprit est essentiellement dominateur 
    
de

     la terre. Grâce à lui l’Européen peut avoir sur terre une action hist
  
    9317
    une action historique. Il représente une synthèse 
    
d’

    esprit, d’âme et de corps, grâce à laquelle, en vertu de la loi de cor
  
    9318
     historique. Il représente une synthèse d’esprit, 
    
d’

    âme et de corps, grâce à laquelle, en vertu de la loi de correspondanc
  
    9319
    ue. Il représente une synthèse d’esprit, d’âme et 
    
de

     corps, grâce à laquelle, en vertu de la loi de correspondance du sens
  
    9320
    et de corps, grâce à laquelle, en vertu de la loi 
    
de

     correspondance du sens et de l’expression, l’esprit suprême peut agir
  
    9321
    , en vertu de la loi de correspondance du sens et 
    
de

     l’expression, l’esprit suprême peut agir terrestrement. Le fait que l
  
    9322
    e vue extérieur, ne fut pas l’expression primaire 
    
de

     l’esprit européen, mais sa conséquence dans le domaine des applicatio
  
    9323
    tions pratiques, tout comme des fortunes naissent 
    
d’

    inventions faites dans un intérêt purement intellectuel par un savant 
  
    9324
     étranger au monde. Or, aujourd’hui, l’importance 
    
de

     l’Europe repose plus que jamais sur sa spiritualité intellectuelle. C
  
    9325
     c’est la seule chose qui maintenant soit capable 
    
d’

    être développée à un degré inouï. … La raison principale pour laquelle
  
    9326
    incipale pour laquelle l’Europe a, dans cet ordre 
    
d’

    idées, les plus grandes perspectives d’avenir vient de ce que l’esprit
  
    9327
     cet ordre d’idées, les plus grandes perspectives 
    
d’

    avenir vient de ce que l’esprit ne peut régner que là où tout l’accent
  
    9328
     De même que le Christ proclama la valeur infinie 
    
de

     l’âme humaine et enseigna qu’aucun gain temporel ne compense le domma
  
    9329
    toute éthique a son sens dans la libre résolution 
    
de

     l’individu, de même que toute originalité créatrice a sa racine dans 
  
    9330
    atrice a sa racine dans l’individu et qu’il n’y a 
    
d’

    autre compréhension que celle qui est personnelle, — de même la souver
  
    9331
    le qui est personnelle, — de même la souveraineté 
    
de

     l’esprit sur la terre est liée à ce que l’accent significatif repose 
  
    9332
    et son entrée à elle seule, s’opère sans solution 
    
de

     continuité. La science et la technique sont les enfants authentiques 
  
    9333
    nce et la technique sont les enfants authentiques 
    
de

     son esprit : par conséquent, leur réception ne détermine aucune révol
  
    9334
    pourra plus, en Europe, renier l’esprit au profit 
    
de

     la matière. L’Europe a psychologiquement le pas sur tout le reste du 
  
    9335
    le pas sur tout le reste du monde.307   Dans l’un 
    
de

     ses derniers écrits — une préface à la traduction française du Rapt d
  
    9336
    s — une préface à la traduction française du Rapt 
    
de

     l’Europe de Diez del Corral308 —, André Siegfried résume, avec son se
  
    9337
    grands ensembles, les données du problème crucial 
    
de

     notre temps : celui que pose la diffusion mondiale d’une technique sé
  
    9338
    otre temps : celui que pose la diffusion mondiale 
    
d’

    une technique séparée de l’esprit qui l’a créée. Siegfried enregistre 
  
    9339
    ose la diffusion mondiale d’une technique séparée 
    
de

     l’esprit qui l’a créée. Siegfried enregistre d’abord la victoire « se
  
    9340
    toire « sensationnelle, presque invraisemblable » 
    
de

     l’influence civilisatrice de l’Europe :  Le monde est en train de pre
  
    9341
    ue invraisemblable » de l’influence civilisatrice 
    
de

     l’Europe :  Le monde est en train de prendre à notre Europe ses armes
  
    9342
    , pense-t-il, jusqu’à son esprit. Ces instruments 
    
de

     puissance, l’Europe se les est laissé ravir ; bien plus, elle les a l
  
    9343
    t peut-être le génie des civilisations créatrices 
    
de

     travailler pour d’autres qu’elles-mêmes. Du point de vue de son influ
  
    9344
    ler pour d’autres qu’elles-mêmes. Du point de vue 
    
de

     son influence civilisatrice, la victoire de l’Europe est extraordinai
  
    9345
    e vue de son influence civilisatrice, la victoire 
    
de

     l’Europe est extraordinaire, sensationnelle, presque invraisemblable,
  
    9346
    nte non seulement sa technique, mais ses manières 
    
de

     vivre et jusqu’à ses façons de se vêtir. Mais c’est au prix de son an
  
    9347
     mais ses manières de vivre et jusqu’à ses façons 
    
de

     se vêtir. Mais c’est au prix de son ancienne hégémonie, qui lui échap
  
    9348
    nne hégémonie, qui lui échappe, au prix peut-être 
    
de

     son intégrité spirituelle, que compromettent de subtiles et dangereus
  
    9349
    e de son intégrité spirituelle, que compromettent 
    
de

     subtiles et dangereuses contre-pénétrations. Une ère de toute-puissan
  
    9350
    tiles et dangereuses contre-pénétrations. Une ère 
    
de

     toute-puissance depuis le xvie  siècle, de haute et unique culture de
  
    9351
    ne ère de toute-puissance depuis le xvie  siècle, 
    
de

     haute et unique culture depuis le vie  siècle avant Jésus-Christ, est
  
    9352
    ssistons. L’enjeu en sera demain l’existence même 
    
de

     notre continent. Nous mesurons la différence qui sépare la civilisati
  
    9353
     différence qui sépare la civilisation européenne 
    
de

     la civilisation occidentale, la seconde issue de la première, mais la
  
    9354
     de la civilisation occidentale, la seconde issue 
    
de

     la première, mais la transformant, la trahissant peut-être en la débo
  
    9355
    n. Il se pourrait que, dès aujourd’hui, le centre 
    
de

     gravité de l’Occident ne soit plus en Europe, et ceci nous invite à a
  
    9356
    urrait que, dès aujourd’hui, le centre de gravité 
    
de

     l’Occident ne soit plus en Europe, et ceci nous invite à analyser les
  
    9357
    té et ce que nous avions cru être l’intangibilité 
    
de

     notre puissance. Il suffisait à nos yeux que l’Europe existât, irrési
  
    9358
    s ce qu’elle était, où résidait le secret ressort 
    
de

     son incomparable hégémonie.  Le secret de cette hégémonie, aux temps 
  
    9359
    ressort de son incomparable hégémonie.  Le secret 
    
de

     cette hégémonie, aux temps modernes, semble bien avoir résidé dans la
  
    9360
    ésidé dans la puissance industrielle et technique 
    
de

     notre continent. Mais le secret de cette puissance industrielle, où s
  
    9361
    e et technique de notre continent. Mais le secret 
    
de

     cette puissance industrielle, où se cache-t-il ?  La source initiale 
  
    9362
    ecque, car celle-ci avait discerné déjà l’essence 
    
de

     nos méthodes scientifiques modernes ; mais elle ne s’en était servie 
  
    9363
    la contemplation, pour la recherche désintéressée 
    
de

     la connaissance (qu’on se rappelle les réserves de Platon sur la tech
  
    9364
    e la connaissance (qu’on se rappelle les réserves 
    
de

     Platon sur la technique, les excuses d’Archimède d’avoir utilisé sa s
  
    9365
     réserves de Platon sur la technique, les excuses 
    
d’

    Archimède d’avoir utilisé sa science pour des fins pratiques !). Les r
  
    9366
     Platon sur la technique, les excuses d’Archimède 
    
d’

    avoir utilisé sa science pour des fins pratiques !). Les réalisations 
  
    9367
     que par une mise au point des méthodes anciennes 
    
de

     pensée. Le centre de gravité de la civilisation s’était déplacé vers 
  
    9368
    point des méthodes anciennes de pensée. Le centre 
    
de

     gravité de la civilisation s’était déplacé vers les contrées du Nord 
  
    9369
    éthodes anciennes de pensée. Le centre de gravité 
    
de

     la civilisation s’était déplacé vers les contrées du Nord où il faisa
  
    9370
    symboliquement, en 1764, avec la machine à vapeur 
    
de

     Watt, n’eût pu produire toutes ses immenses conséquences si ces « maî
  
    9371
     penser » que sont Descartes, l’ancêtre véritable 
    
de

     la rationalisation, Bacon, le père de l’induction, n’avaient mis au p
  
    9372
    e véritable de la rationalisation, Bacon, le père 
    
de

     l’induction, n’avaient mis au point l’instrument de raisonnement inte
  
    9373
     l’induction, n’avaient mis au point l’instrument 
    
de

     raisonnement intellectuel sans lequel la technique mécanique n’eût pa
  
    9374
    ue n’eût pas connu son étonnante fécondité. C’est 
    
de

     là qu’est issue, au xixe  siècle, l’irrésistible hégémonie de l’Europ
  
    9375
     issue, au xixe  siècle, l’irrésistible hégémonie 
    
de

     l’Europe. Jusqu’alors, l’Asie pouvait en somme opposer à l’Occident d
  
    9376
    nt cent-cinquante ans, l’Europe allait bénéficier 
    
d’

    une avance industrielle telle que toute concurrence se manifesterait c
  
    9377
     voilà les deux dates qui encadrent cette période 
    
de

     l’histoire pendant laquelle l’Europe a indiscutablement dominé le mon
  
    9378
    t un optimum, car, alors qu’elle bénéficiait déjà 
    
de

     tous les avantages de la machine, elle continuait à alimenter sa forc
  
    9379
    rs qu’elle bénéficiait déjà de tous les avantages 
    
de

     la machine, elle continuait à alimenter sa force du dynamisme qu’elle
  
    9380
     à alimenter sa force du dynamisme qu’elle tenait 
    
de

     sa double conception de la connaissance et de l’individu. Il était ce
  
    9381
     dynamisme qu’elle tenait de sa double conception 
    
de

     la connaissance et de l’individu. Il était cependant impossible que c
  
    9382
    ait de sa double conception de la connaissance et 
    
de

     l’individu. Il était cependant impossible que ce monopole extraordina
  
    9383
    urs, car sa technique pouvait lui être empruntée, 
    
d’

    autant plus qu’elle ne se faisait pas faute de la distribuer libéralem
  
    9384
    ibéralement.  Cependant, loin de porter au crédit 
    
de

     l’Europe ce qu’elle lui a donné (mais en le conquérant !), le « tiers
  
    9385
     :  Révolte d’abord simplement technique, affaire 
    
d’

    ingénieurs et d’outillage, à laquelle l’Europe prêtait négligemment et
  
    9386
    ord simplement technique, affaire d’ingénieurs et 
    
d’

    outillage, à laquelle l’Europe prêtait négligemment et imprudemment so
  
    9387
    sous l’égide du marxisme, la résonance passionnée 
    
d’

    un dynamisme tourné contre l’Occident. Doctrine étonnante de puissance
  
    9388
    isme tourné contre l’Occident. Doctrine étonnante 
    
de

     puissance infuse, le marxisme se mue en instrument de revanche contre
  
    9389
    uissance infuse, le marxisme se mue en instrument 
    
de

     revanche contre nous. Tel que pratiqué en Russie, puis en Asie, il ap
  
    9390
    ioccidentale que réclamation sociale ou programme 
    
d’

    industrialisation. Dans cette atmosphère nouvelle, l’acquisition d’un 
  
    9391
    on. Dans cette atmosphère nouvelle, l’acquisition 
    
d’

    un appareil mécanique, acclamé comme libérateur, se charge de passion 
  
    9392
    il mécanique, acclamé comme libérateur, se charge 
    
de

     passion et c’est en termes mystiques qu’on salue le tracteur ou la ce
  
    9393
    jourd’hui l’accueil le plus convaincu. Quel sujet 
    
de

     réflexion pour le philosophe, pour un Bossuet du xixe  siècle : la le
  
    9394
    r un Bossuet du xixe  siècle : la leçon technique 
    
de

     l’Europe, transmise à l’Asie non par ses initiateurs, mais par l’entr
  
    9395
    sie non par ses initiateurs, mais par l’entremise 
    
d’

    une Russie à peine européenne, disciple sans doute mais disciple révol
  
    9396
    péenne, disciple sans doute mais disciple révolté 
    
de

     l’Europe !  Mais que fera le « tiers-monde » de nos techniques, s’il 
  
    9397
    é de l’Europe !  Mais que fera le « tiers-monde » 
    
de

     nos techniques, s’il ignore les secrets de leur origine et de leur vr
  
    9398
    onde » de nos techniques, s’il ignore les secrets 
    
de

     leur origine et de leur vraie fin, la liberté de la personne ?  Ici s
  
    9399
    iques, s’il ignore les secrets de leur origine et 
    
de

     leur vraie fin, la liberté de la personne ?  Ici se pose une question
  
    9400
     de leur origine et de leur vraie fin, la liberté 
    
de

     la personne ?  Ici se pose une question fondamentale, celle de savoir
  
    9401
    e ?  Ici se pose une question fondamentale, celle 
    
de

     savoir dans quelle mesure la civilisation européenne, transmise en ta
  
    9402
    le fût, ne s’était alimentée à la source profonde 
    
d’

    une pensée créatrice, en possession de toutes les ressources du raison
  
    9403
    ce profonde d’une pensée créatrice, en possession 
    
de

     toutes les ressources du raisonnement logique. La charnière de l’espr
  
    9404
     ressources du raisonnement logique. La charnière 
    
de

     l’esprit logique et de son application pratique, ne nous y trompons p
  
    9405
    ment logique. La charnière de l’esprit logique et 
    
de

     son application pratique, ne nous y trompons pas, c’est chose jusqu’i
  
    9406
    la véritable supériorité occidentale, la pratique 
    
de

     l’Europe est efficace parce qu’elle se nourrit d’esprit. L’esprit sou
  
    9407
    de l’Europe est efficace parce qu’elle se nourrit 
    
d’

    esprit. L’esprit souffle où il veut, c’est sa nature, mais il lui faut
  
    9408
     en effet, le praticien ne trouve pas en soi-même 
    
de

     quoi se renouveler et l’industrie s’étiole si elle croit tout devoir 
  
    9409
     recettes qui y sont attachées, lui emprunte-t-il 
    
de

     ce fait son esprit créateur ? Les dons intellectuels de l’Asie sont i
  
    9410
    fait son esprit créateur ? Les dons intellectuels 
    
de

     l’Asie sont incontestables ; mais il y a une atmosphère, essentiellem
  
    9411
    il y a une atmosphère, essentiellement créatrice, 
    
de

     l’Europe, dont on peut se demander si elle est effectivement transpor
  
    9412
    est effectivement transportable. La revendication 
    
d’

    un domaine où règne la liberté de l’esprit est typiquement européenne,
  
    9413
    La revendication d’un domaine où règne la liberté 
    
de

     l’esprit est typiquement européenne, et si nous y renoncions, nous ne
  
    9414
    lus nous-mêmes. Mais elle n’est nullement le fait 
    
de

     ces pays qui, sous l’égide Marx, se sont récemment engagés à fond dan
  
    9415
    urs conceptions totalitaires ne se contentent pas 
    
de

     méconnaître, elles condamnent intégralement tout dualisme susceptible
  
    9416
    ondamnent intégralement tout dualisme susceptible 
    
de

     ménager quelque jardin secret où la pensée puisse fleurir selon ses p
  
    9417
    s seulement le travailleur, agent presque anonyme 
    
d’

    une collectivité qui l’absorbe. Or l’individu seul est créateur, et il
  
    9418
    l’esprit que par la technique. Telle est la leçon 
    
de

     deux-mille ans d’histoire ayant abouti à ce nouveau miracle qu’est l’
  
    9419
    a technique. Telle est la leçon de deux-mille ans 
    
d’

    histoire ayant abouti à ce nouveau miracle qu’est l’étonnante marée te
  
    9420
    i déferle sur le monde.  En indiquant le principe 
    
d’

    un « programme pour l’Europe » assumant les contradictions inéluctable
  
    9421
     propre action, Siegfried rejoint les conclusions 
    
de

     Keyserling :  À la vérité, il y a dans l’Europe une destinée contradi
  
    9422
    e contradictoire, due au caractère contradictoire 
    
de

     son génie. Pour renouveler le monde, il fallait que l’esprit européen
  
    9423
    ue l’esprit européen eût sa source dans un esprit 
    
de

     liberté critique, générateur de créations sans cesse renouvelées parc
  
    9424
    ce dans un esprit de liberté critique, générateur 
    
de

     créations sans cesse renouvelées parce que sans cesse discutées : la 
  
    9425
    es unes avec les autres, reflète cette atmosphère 
    
de

     liberté créatrice. Mais c’est aussi de cette division invétérée que l
  
    9426
    atmosphère de liberté créatrice. Mais c’est aussi 
    
de

     cette division invétérée que l’Europe finit par pâtir, du fait de ses
  
    9427
    n invétérée que l’Europe finit par pâtir, du fait 
    
de

     ses guerres fratricides dans lesquelles elle s’épuise. Et cependant, 
  
    9428
    le-même et surtout conserverait-elle la puissance 
    
de

     rénovation qui a marqué d’un trait de feu son passage dans l’histoire
  
    9429
    rait-elle la puissance de rénovation qui a marqué 
    
d’

    un trait de feu son passage dans l’histoire ? De ce fait commence sous
  
    9430
    a puissance de rénovation qui a marqué d’un trait 
    
de

     feu son passage dans l’histoire ? De ce fait commence sous nos yeux u
  
    9431
    é d’un trait de feu son passage dans l’histoire ? 
    
De

     ce fait commence sous nos yeux une période nouvelle de l’évolution hu
  
    9432
     fait commence sous nos yeux une période nouvelle 
    
de

     l’évolution humaine, faisant suite à la période gréco-romaine-europée
  
    9433
    e ne remplaçant pas celle-ci dans ce qu’elle a eu 
    
d’

    ailé, de spirituel, de divinement libre dans le rayonnement de son esp
  
    9434
    plaçant pas celle-ci dans ce qu’elle a eu d’ailé, 
    
de

     spirituel, de divinement libre dans le rayonnement de son esprit. L’â
  
    9435
    lle-ci dans ce qu’elle a eu d’ailé, de spirituel, 
    
de

     divinement libre dans le rayonnement de son esprit. L’âge qui vient, 
  
    9436
    pirituel, de divinement libre dans le rayonnement 
    
de

     son esprit. L’âge qui vient, d’inspiration surtout technique, mesuran
  
    9437
    ns le rayonnement de son esprit. L’âge qui vient, 
    
d’

    inspiration surtout technique, mesurant la supériorité de l’homme moin
  
    9438
    ration surtout technique, mesurant la supériorité 
    
de

     l’homme moins par la pensée que par le niveau de vie, repose sur une 
  
    9439
    . On pourrait, dans ce contraste, trouver la base 
    
d’

    un programme pour l’Europe d’aujourd’hui et de demain. Encore faudrait
  
    9440
    ste, trouver la base d’un programme pour l’Europe 
    
d’

    aujourd’hui et de demain. Encore faudrait-il qu’elle conserve un corps
  
    9441
    ase d’un programme pour l’Europe d’aujourd’hui et 
    
de

     demain. Encore faudrait-il qu’elle conserve un corps, susceptible de 
  
    9442
    audrait-il qu’elle conserve un corps, susceptible 
    
de

     servir de support à ce qui lui reste d’âme.     4.L’Unité dans la div
  
    9443
     qu’elle conserve un corps, susceptible de servir 
    
de

     support à ce qui lui reste d’âme.     4.L’Unité dans la diversité Fon
  
    9444
    sceptible de servir de support à ce qui lui reste 
    
d’

    âme.     4.L’Unité dans la diversité Fondement de l’Union fédérale    
  
    9445
     d’âme.     4.L’Unité dans la diversité Fondement 
    
de

     l’Union fédérale    Si telle est bien la vocation particulière de l’E
  
    9446
    ale    Si telle est bien la vocation particulière 
    
de

     l’Europe dans le Monde réveillé par nos œuvres, deux conclusions géné
  
    9447
    ons générales en résultent : 1° l’union politique 
    
de

     nos peuples est désormais la condition non seulement de leur survie m
  
    9448
     peuples est désormais la condition non seulement 
    
de

     leur survie mais du juste exercice de leur fonction mondiale ; 2° cet
  
    9449
    n seulement de leur survie mais du juste exercice 
    
de

     leur fonction mondiale ; 2° cette union doit prendre la forme que dic
  
    9450
    res historiques et vivantes du complexe organisme 
    
de

     notre culture : donc une forme fédéraliste.  L’union politique suppos
  
    9451
    fédéraliste.  L’union politique suppose une prise 
    
de

     « conscience européenne commune », disait Christopher Dawson dès 1932
  
    9452
     du xviiie  et du xixe  siècle, quand le prestige 
    
de

     la civilisation européenne était tel qu’elle semblait n’avoir point d
  
    9453
    ropéenne était tel qu’elle semblait n’avoir point 
    
de

     rivales et qu’elle s’identifiait à la civilisation en général, il éta
  
    9454
    vilisation en général, il était sans doute facile 
    
de

     perdre de vue cette unité ; mais il n’en va plus du tout de même aujo
  
    9455
     en général, il était sans doute facile de perdre 
    
de

     vue cette unité ; mais il n’en va plus du tout de même aujourd’hui, o
  
    9456
    lus du tout de même aujourd’hui, où l’on conteste 
    
de

     tous côtés l’hégémonie de l’Europe ; où il devient impossible de cons
  
    9457
    d’hui, où l’on conteste de tous côtés l’hégémonie 
    
de

     l’Europe ; où il devient impossible de considérer plus longtemps la R
  
    9458
    ’hégémonie de l’Europe ; où il devient impossible 
    
de

     considérer plus longtemps la Russie et l’Amérique comme des colonies 
  
    9459
    gtemps la Russie et l’Amérique comme des colonies 
    
de

     culture européenne, puisqu’elles commencent à rivaliser avec l’Europe
  
    9460
    tions qui leur sont propres, où enfin les peuples 
    
de

     l’Orient font valoir à nouveau les droits de la civilisation oriental
  
    9461
    ples de l’Orient font valoir à nouveau les droits 
    
de

     la civilisation orientale et où nous-mêmes nous perdons notre confian
  
    9462
     nous perdons notre confiance dans la supériorité 
    
de

     nos traditions.  Personne, malheureusement, n’a la charge de plaider 
  
    9463
    itions.  Personne, malheureusement, n’a la charge 
    
de

     plaider la cause de l’Europe. Chaque nation, du fait qu’elle existe, 
  
    9464
    alheureusement, n’a la charge de plaider la cause 
    
de

     l’Europe. Chaque nation, du fait qu’elle existe, se crée tout un ense
  
    9465
     du fait qu’elle existe, se crée tout un ensemble 
    
d’

    intérêts auxquels est lié le soin de sa défense ; la cause de l’intern
  
    9466
    t un ensemble d’intérêts auxquels est lié le soin 
    
de

     sa défense ; la cause de l’internationalisme a, elle aussi, ses champ
  
    9467
    auxquels est lié le soin de sa défense ; la cause 
    
de

     l’internationalisme a, elle aussi, ses champions dans les forces du l
  
    9468
     dans les forces du libéralisme, du socialisme et 
    
de

     la finance internationale ; il n’est pas jusqu’aux civilisations orie
  
    9469
    ilisations orientales qui n’aient pris conscience 
    
d’

    elles-mêmes en empruntant au nationalisme occidental ses formes et en 
  
    9470
    mes et en développant, à leur tour, sur le modèle 
    
de

     la propagande occidentale, une propagande nationaliste ; mais personn
  
    9471
    ongé à nommer l’Europe une nation. Aussi la cause 
    
de

     l’Europe est-elle d’avance perdue, par défaut. Si pourtant notre civi
  
    9472
    e une nation. Aussi la cause de l’Europe est-elle 
    
d’

    avance perdue, par défaut. Si pourtant notre civilisation doit survivr
  
    9473
    ce européenne commune et qu’elle acquière le sens 
    
de

     son unité historique et organique. On n’a pas à craindre de porter ai
  
    9474
    té historique et organique. On n’a pas à craindre 
    
de

     porter ainsi préjudice à la cause de la paix internationale ou d’accr
  
    9475
    s à craindre de porter ainsi préjudice à la cause 
    
de

     la paix internationale ou d’accroître l’hostilité entre l’Europe et l
  
    9476
    préjudice à la cause de la paix internationale ou 
    
d’

    accroître l’hostilité entre l’Europe et les sociétés non européennes. 
  
    9477
    étés non européennes. L’Oriental qui nous en veut 
    
de

     notre arrogante prétention à affirmer que notre civilisation est la s
  
    9478
    qui compte, regardera celle-ci, sans aucun doute, 
    
d’

    un œil beaucoup plus sympathique lorsqu’il apercevra le tout spirituel
  
    9479
    éhension mutuelle309.  Quant à l’unité culturelle 
    
de

     base, sur laquelle devra s’édifier notre fédération, il s’agit de la 
  
    9480
    uelle devra s’édifier notre fédération, il s’agit 
    
de

     la retrouver et de la restituer, en deçà et au-delà des « nations » c
  
    9481
    er notre fédération, il s’agit de la retrouver et 
    
de

     la restituer, en deçà et au-delà des « nations » constituées au cours
  
    9482
    es :  … Seulement, avant qu’il nous soit possible 
    
de

     donner à la culture européenne la place qui lui revient dans la socié
  
    9483
    ce qui lui revient dans la société internationale 
    
de

     l’avenir, il faut nous défaire des fausses représentations du passé q
  
    9484
    du dernier siècle et recouvrer le sens historique 
    
de

     la tradition européenne ; il nous faut récrire notre histoire du poin
  
    9485
     européen et nous donner, pour comprendre l’unité 
    
de

     notre civilisation commune, autant de peine que nous en avons pris po
  
    9486
    dre l’unité de notre civilisation commune, autant 
    
de

     peine que nous en avons pris pour étudier nos individualités national
  
    9487
    énéralement admise est dû avant tout à ce qu’on a 
    
d’

    ordinaire écrit l’histoire moderne du point de vue nationaliste. Quelq
  
    9488
    isme, et leurs histoires sont souvent des manuels 
    
de

     propagande nationaliste. Cette tendance est manifeste tant chez les h
  
    9489
    ilosophes, qui tenaient l’idéalisation hégélienne 
    
de

     l’État pour la suprême expression de l’idée universelle, que chez des
  
    9490
    n hégélienne de l’État pour la suprême expression 
    
de

     l’idée universelle, que chez des écrivains comme Treitschke et Froude
  
    9491
    reitschke et Froude, qui furent les représentants 
    
d’

    un nationalisme purement politique. Au cours du xixe  siècle, la consc
  
    9492
    conscience populaire en a été imprégnée, et c’est 
    
de

     là qu’est issue la conception que l’homme moyen se fait de l’histoire
  
    9493
    est issue la conception que l’homme moyen se fait 
    
de

     l’histoire. Celle-ci a filtré de l’Université à l’école primaire et d
  
    9494
    me moyen se fait de l’histoire. Celle-ci a filtré 
    
de

     l’Université à l’école primaire et du penseur au journaliste et au ro
  
    9495
    ncier. Il en résulte que chaque nation se réclame 
    
d’

    une unité et d’une indépendance de culture qu’elle ne possède point et
  
    9496
    sulte que chaque nation se réclame d’une unité et 
    
d’

    une indépendance de culture qu’elle ne possède point et que chacune co
  
    9497
    tion se réclame d’une unité et d’une indépendance 
    
de

     culture qu’elle ne possède point et que chacune considère son lot de 
  
    9498
    ne possède point et que chacune considère son lot 
    
de

     tradition européenne comme son œuvre propre et originale, sans tenir 
  
    9499
     elle a miné et vicié toute la vie internationale 
    
de

     l’Europe moderne, elle a trouvé sa revanche dans la guerre européenne
  
    9500
     la guerre européenne, qui a provoqué dans la vie 
    
de

     l’Europe un schisme beaucoup plus profond que toutes les guerres pass
  
    9501
    dans les folles rivalités nationales qui menacent 
    
de

     ruiner l’économie de l’Europe entière. … Le mal du nationalisme ne ré
  
    9502
    ités nationales qui menacent de ruiner l’économie 
    
de

     l’Europe entière. … Le mal du nationalisme ne réside ni dans sa fidél
  
    9503
    aux traditions du passé, ni dans sa revendication 
    
de

     l’unité nationale et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, mai
  
    9504
    nité nationale et du droit des peuples à disposer 
    
d’

    eux-mêmes, mais bien plutôt dans le fait qu’il identifie cette unité à
  
    9505
    ans le fait qu’il identifie cette unité à l’unité 
    
de

     culture, laquelle dépasse les nations. Les vrais fondements de notre 
  
    9506
    aquelle dépasse les nations. Les vrais fondements 
    
de

     notre culture sont non pas l’État national, mais l’unité européenne.3
  
    9507
    te thèse que se sont attachés les historiographes 
    
de

     l’Europe considérée comme unité de culture. C’est pourquoi la plupart
  
    9508
    istoriographes de l’Europe considérée comme unité 
    
de

     culture. C’est pourquoi la plupart — de Dawson à Heer en passant par 
  
    9509
    mme unité de culture. C’est pourquoi la plupart — 
    
de

     Dawson à Heer en passant par Halphen, Marc Bloch, Reynold, Denys Hay 
  
    9510
    her — ont centré leurs travaux sur la « formation 
    
de

     l’Europe », c’est-à-dire sur les périodes pré-nationales de notre his
  
    9511
    e », c’est-à-dire sur les périodes pré-nationales 
    
de

     notre histoire. Le plus récent d’entre eux, Henri Brugmans, résume en
  
    9512
    , des entités immuables : elle n’est pas la somme 
    
de

     leurs histoires nationales juxtaposées. C’est l’Europe, au contraire,
  
    9513
    e nationalisme fut international, et les conflits 
    
de

     l’impérialisme moderne démontrent une convergence européenne des appé
  
    9514
    ctivité européenne et son destin forment la toile 
    
de

     fond de notre histoire. … Civilisation incomparablement dynamique, l’
  
    9515
    européenne et son destin forment la toile de fond 
    
de

     notre histoire. … Civilisation incomparablement dynamique, l’Europe r
  
    9516
    grandes autorités traditionnelles. Les variations 
    
de

     son histoire ne s’expliquent que par un fonds commun.311   Il est fra
  
    9517
    ent que par un fonds commun.311   Il est frappant 
    
de

     constater que l’unanimité des auteurs qui ont contribué au xxe  siècl
  
    9518
    contribué au xxe  siècle à la prise de conscience 
    
de

     notre unité de culture, la conçoivent comme unité dans la diversité. 
  
    9519
    e  siècle à la prise de conscience de notre unité 
    
de

     culture, la conçoivent comme unité dans la diversité. Mais qu’entende
  
    9520
    meuse diversité ? S’agirait-il d’abord et surtout 
    
de

     la multiplicité de nos nations actuelles, comme on le croit trop faci
  
    9521
    ’agirait-il d’abord et surtout de la multiplicité 
    
de

     nos nations actuelles, comme on le croit trop facilement ? Non, la di
  
    9522
    ractère progressif, nous ne pouvons nous empêcher 
    
de

     dresser l’oreille. Cet homme sait ce qu’il dit… La liberté et le plur
  
    9523
     constituent toutes les deux l’essence permanente 
    
de

     l’Europe.  Le découpage de l’Europe moderne en nations n’exprime pas 
  
    9524
    x l’essence permanente de l’Europe.  Le découpage 
    
de

     l’Europe moderne en nations n’exprime pas cette « essence permanente 
  
    9525
    écondes, mais au contraire, explique le sentiment 
    
de

     paralysie et de décadence qui a régné sur la première moitié de notre
  
    9526
     contraire, explique le sentiment de paralysie et 
    
de

     décadence qui a régné sur la première moitié de notre siècle312 :  La
  
    9527
    t de décadence qui a régné sur la première moitié 
    
de

     notre siècle312 :  La seule chose qui apparaisse (et sans grande préc
  
    9528
    sion) lorsqu’on veut définir l’actuelle décadence 
    
de

     l’Europe, c’est l’ensemble des difficultés économiques devant lesquel
  
    9529
    . Mais quand on veut préciser un peu le caractère 
    
de

     ces difficultés, on remarque qu’aucune d’elles n’affecte sérieusement
  
    9530
    ractère de ces difficultés, on remarque qu’aucune 
    
d’

    elles n’affecte sérieusement le pouvoir de création de richesse, et qu
  
    9531
    ’aucune d’elles n’affecte sérieusement le pouvoir 
    
de

     création de richesse, et que l’ancien continent est passé par des cri
  
    9532
    les n’affecte sérieusement le pouvoir de création 
    
de

     richesse, et que l’ancien continent est passé par des crises de ce ge
  
    9533
    t que l’ancien continent est passé par des crises 
    
de

     ce genre beaucoup plus graves. Est-ce que, par hasard, l’Allemand ou 
  
    9534
    glais ne se sentiraient plus capables aujourd’hui 
    
de

     produire plus et mieux que jamais ? Pas du tout. Et il importe beauco
  
    9535
    Et il importe beaucoup de définir l’état d’esprit 
    
de

     cet Allemand ou de cet Anglais dans cette dimension de l’économique. 
  
    9536
    oup de définir l’état d’esprit de cet Allemand ou 
    
de

     cet Anglais dans cette dimension de l’économique. Car le fait véritab
  
    9537
    t Allemand ou de cet Anglais dans cette dimension 
    
de

     l’économique. Car le fait véritablement curieux est précisément que l
  
    9538
    blement curieux est précisément que la dépression 
    
de

     leurs âmes ne provient pas de ce qu’ils se sentent peu capables, mais
  
    9539
    t que la dépression de leurs âmes ne provient pas 
    
de

     ce qu’ils se sentent peu capables, mais au contraire de ce que, senta
  
    9540
    t à certaines barrières fatales qui les empêchent 
    
de

     réaliser ce qu’ils pourraient fort bien faire. Ces frontières fatales
  
    9541
    ourraient fort bien faire. Ces frontières fatales 
    
de

     l’économie actuelle allemande, anglaise, française, sont les frontièr
  
    9542
    nomiques qui se posent, mais dans ce que la forme 
    
de

     vie publique où doivent se mouvoir les capacités économiques, n’est p
  
    9543
    sur l’âme continentale ressemble beaucoup à celui 
    
de

     l’oiseau à grandes ailes qui, en battant l’air, se blesse contre les 
  
    9544
    , en battant l’air, se blesse contre les barreaux 
    
de

     sa cage. La meilleure preuve en est que cette combinaison se répète d
  
    9545
    s se sent aujourd’hui à l’étroit dans les limites 
    
de

     sa nation, sent sa nationalité comme une limitation absolue… Si l’on 
  
    9546
    périence purement imaginaire — à vivre uniquement 
    
de

     ce que nous sommes, en tant que « nationaux », et que, par un artific
  
    9547
    errifié. Il verrait qu’il ne lui est pas possible 
    
de

     vivre avec ce maigre recours purement national, mais que les quatre c
  
    9548
    purement national, mais que les quatre cinquièmes 
    
de

     son avoir intime sont des biens de la communauté européenne. On ne vo
  
    9549
    tre cinquièmes de son avoir intime sont des biens 
    
de

     la communauté européenne. On ne voit guère quelle autre chose d’impor
  
    9550
    é européenne. On ne voit guère quelle autre chose 
    
d’

    importance nous pourrions bien faire, nous qui existons de ce côté de 
  
    9551
    ance nous pourrions bien faire, nous qui existons 
    
de

     ce côté de la planète, si ce n’est de réaliser la promesse que, depui
  
    9552
    ourrions bien faire, nous qui existons de ce côté 
    
de

     la planète, si ce n’est de réaliser la promesse que, depuis quatre si
  
    9553
    ui existons de ce côté de la planète, si ce n’est 
    
de

     réaliser la promesse que, depuis quatre siècles, signifie le mot Euro
  
    9554
    ppose le préjugé des vieilles « nations », l’idée 
    
de

     nation en tant que passé. On va voir de nos jours si les Européens so
  
    9555
    », l’idée de nation en tant que passé. On va voir 
    
de

     nos jours si les Européens sont eux aussi les enfants de la femme de 
  
    9556
    jours si les Européens sont eux aussi les enfants 
    
de

     la femme de Loth et s’ils s’obstinent à faire de l’Histoire en regard
  
    9557
     Européens sont eux aussi les enfants de la femme 
    
de

     Loth et s’ils s’obstinent à faire de l’Histoire en regardant derrière
  
    9558
     de la femme de Loth et s’ils s’obstinent à faire 
    
de

     l’Histoire en regardant derrière eux.  Quant à lui, Ortega croit que 
  
    9559
     eux.  Quant à lui, Ortega croit que la nécessité 
    
de

     l’union politique est inscrite dans nos réalités présentes :   L’unit
  
    9560
     inscrite dans nos réalités présentes :   L’unité 
    
de

     l’Europe n’est pas une fantaisie. Elle est la réalité même ; et ce qu
  
    9561
    s, ne soit pas près de créer l’appareil politique 
    
d’

    un État, pour donner une forme à l’exercice du pouvoir public européen
  
    9562
    storique qui m’a appris à reconnaître que l’unité 
    
de

     l’Europe comme société n’est pas un idéal mais un fait de très ancien
  
    9563
    ope comme société n’est pas un idéal mais un fait 
    
de

     très ancienne quotidienneté. Et lorsqu’on a vu cela, la probabilité d
  
    9564
    idienneté. Et lorsqu’on a vu cela, la probabilité 
    
d’

    un État général européen s’impose mécaniquement. Quant à l’occasion qu
  
    9565
    n terme, elle peut être Dieu sait quoi ! la natte 
    
d’

    un Chinois émergeant de derrière les Ourals ou bien la secousse du gra
  
    9566
     Dieu sait quoi ! la natte d’un Chinois émergeant 
    
de

     derrière les Ourals ou bien la secousse du grand magma islamique.313 
  
    9567
    que l’union est inscrite dans la logique profonde 
    
de

     l’Europe :  L’Europe se constitue parce que ce qu’il y a de commun ch
  
    9568
    e :  L’Europe se constitue parce que ce qu’il y a 
    
de

     commun chez tous les Européens prend de plus en plus d’importance par
  
    9569
    mun chez tous les Européens prend de plus en plus 
    
d’

    importance par rapport à ce qui les sépare, en face d’une humanité non
  
    9570
    onc, une « Europe » vivante se forme comme membre 
    
de

     l’œcuménicité humaine. Chez tous les esprits dirigeants elle existe d
  
    9571
    cet inconscient qui décide, en dernière instance, 
    
de

     la position par rapport au monde extérieur — commence à agir dans la 
  
    9572
     caractère allemand pouvait être considérée comme 
    
d’

    une importance primaire. Aujourd’hui c’est la conscience de la différe
  
    9573
    ortance primaire. Aujourd’hui c’est la conscience 
    
de

     la différence par rapport au caractère russe et surtout au caractère 
  
    9574
     asiatique qui prédomine. […] Ainsi les habitants 
    
de

     l’Europe prennent de plus en plus conscience qu’il y a en Europe, au-
  
    9575
    es cultures, une nouvelle réalité vivante : celle 
    
de

     l’Européen. En conséquence, le Français, l’Allemand, etc., deviennent
  
    9576
    Français, l’Allemand, etc., deviennent différents 
    
de

     ce qu’ils étaient autrefois : c’est que leurs relations avec le tout 
  
    9577
    s avec le tout se sont modifiées.  L’instauration 
    
d’

    une « supranationalité » européenne (le terme apparaît ici pour la pre
  
    9578
     ne doit cependant pas entraîner l’uniformisation 
    
de

     nos peuples. D’une part, face aux autres cultures, nos oppositions in
  
    9579
    enne, elles feront place à un sentiment plus fort 
    
de

     complémentarité dans la diversité des styles :  L’Européen, et avec l
  
    9580
    écessité naturelle. Il se constitue comme produit 
    
de

     différenciation spécifique au sein de l’humanité sentie intérieuremen
  
    9581
    n plus prédominer chez les Européens le sentiment 
    
de

     ce qui les unit sur ce qui les sépare. Or, si notre voyage spirituel 
  
    9582
    ation. C’est pourquoi il ne saurait être question 
    
d’

    une unification effaçant les différences, si on aspire à un avenir mei
  
    9583
    rences, si on aspire à un avenir meilleur. Exiger 
    
de

     l’Europe qu’elle s’unifie comme l’Amérique ou la Russie, c’est la méc
  
    9584
    oir sa ruine. Si tout va bien, une nouvelle unité 
    
d’

    ordre supérieur se constituera au-dessus des nations, lesquelles subsi
  
    9585
    e, avec leur ancienne vigueur… … La glorification 
    
de

     sa propre nation au détriment des autres, qui jusqu’à présent allait 
  
    9586
     Grillparzer, lorsqu’il déclarait que « le chemin 
    
de

     l’humanité, en passant par la nationalité, mène à la bestialité ». Le
  
    9587
    Certes, Keyserling ne sous-estime pas les dangers 
    
d’

    un « supranationalisme virulent », mais il y voit cependant un progrès
  
    9588
    e le fut jamais ; ce serait l’équivalent européen 
    
de

     l’américanisme messianique. Il va sans dire que l’Européen, lui non p
  
    9589
     peut devenir supérieur à n’importe quel habitant 
    
de

     l’ancienne Europe, parce qu’il est d’envergure plus vaste. Toute supé
  
    9590
    el habitant de l’ancienne Europe, parce qu’il est 
    
d’

    envergure plus vaste. Toute supériorité repose sur l’intégration en un
  
    9591
    supériorité repose sur l’intégration en une unité 
    
d’

    ordre supérieur des éléments qui, dans leur plan, s’excluaient mutuell
  
    9592
     observions plus haut que les diversités fécondes 
    
de

     l’Europe existent sur un plan plus profond et plus organique que celu
  
    9593
     que celui du fait national. Paul Valéry, tentant 
    
de

     définir l’Europe, ne mentionne même pas la nation au nombre des diver
  
    9594
    . Au point de vue physique, c’est un chef-d’œuvre 
    
de

     tempérament et de rapprochement des conditions favorables à l’homme. 
  
    9595
    physique, c’est un chef-d’œuvre de tempérament et 
    
de

     rapprochement des conditions favorables à l’homme. Et l’homme y est d
  
    9596
    l’homme y est devenu l’Européen. Vous m’excuserez 
    
de

     donner à ces mots d’Europe et d’Européen une signification un peu plu
  
    9597
    l’Européen. Vous m’excuserez de donner à ces mots 
    
d’

    Europe et d’Européen une signification un peu plus que géographique, e
  
    9598
    Vous m’excuserez de donner à ces mots d’Europe et 
    
d’

    Européen une signification un peu plus que géographique, et un peu plu
  
    9599
    onctionnelle. Je dirai presque, ma pensée abusant 
    
de

     mon langage, qu’une Europe est une espèce de système formé d’une cert
  
    9600
    sant de mon langage, qu’une Europe est une espèce 
    
de

     système formé d’une certaine diversité humaine et d’une localité part
  
    9601
    ge, qu’une Europe est une espèce de système formé 
    
d’

    une certaine diversité humaine et d’une localité particulièrement favo
  
    9602
    système formé d’une certaine diversité humaine et 
    
d’

    une localité particulièrement favorable ; façonnée enfin par une histo
  
    9603
    singulièrement mouvementée et vivante. Le produit 
    
de

     cette conjoncture de circonstances est un Européen.  Valéry, écrivant
  
    9604
    entée et vivante. Le produit de cette conjoncture 
    
de

     circonstances est un Européen.  Valéry, écrivant en 1922, dans une Fr
  
    9605
    nnoncer le dépassement des nations et l’avènement 
    
d’

    une fédération démocratique, lorsqu’on écrivait en Allemagne : c’est c
  
    9606
    e fut publié qu’en 1946. Approfondissant le thème 
    
de

     l’unité dans la diversité, Jünger imagine qu’une future Constitution 
  
    9607
    des deux principes maintenus en tension : l’unité 
    
d’

    organisation devrait régner sur l’économie, la technique, le commerce,
  
    9608
    oteur, l’avion, la radio et l’énergie jaillissant 
    
de

     l’atome le signifient aujourd’hui sur d’autres plans et dans d’autres
  
    9609
    e serait devenu trop étroit. Au libre déploiement 
    
de

     nos moyens s’opposent les frontières et les structures nationales et 
  
    9610
    des biens. Ceci vaut surtout pour l’Europe, riche 
    
d’

    un antique héritage et qui porte en multiples fragments le fardeau de 
  
    9611
    ge et qui porte en multiples fragments le fardeau 
    
de

     l’Histoire vécue et soufferte. On comprend alors que ce soit ici, en 
  
    9612
    itesse héritée. … Il s’agit, dans cette fondation 
    
de

     l’Europe, de conférer une unité géopolitique à un espace divisé par l
  
    9613
    e. … Il s’agit, dans cette fondation de l’Europe, 
    
de

     conférer une unité géopolitique à un espace divisé par l’évolution hi
  
    9614
    ce divisé par l’évolution historique. … Le besoin 
    
d’

    espace sera satisfait par l’union des peuples ; et il n’est pas de sol
  
    9615
    tisfait par l’union des peuples ; et il n’est pas 
    
de

     solution plus juste. Les formes de vie commune dans la maison nouvell
  
    9616
    t il n’est pas de solution plus juste. Les formes 
    
de

     vie commune dans la maison nouvelle seront instaurées par la Constitu
  
    9617
    itution. Entrer ici dans les détails n’aurait pas 
    
de

     sens. Mais il est deux principes supérieurs qui doivent s’exprimer da
  
    9618
    les deux tendances qui se partagent la démocratie 
    
de

     notre temps, celle de l’État libéral et celle de l’État autoritaire. 
  
    9619
     se partagent la démocratie de notre temps, celle 
    
de

     l’État libéral et celle de l’État autoritaire. Les deux sont valables
  
    9620
     de notre temps, celle de l’État libéral et celle 
    
de

     l’État autoritaire. Les deux sont valables et motivées, et pourtant l
  
    9621
    otalement livrée au libre arbitre. Il s’agit donc 
    
de

     distinguer les niveaux auxquels chacune d’elles est le mieux adaptée.
  
    9622
    t donc de distinguer les niveaux auxquels chacune 
    
d’

    elles est le mieux adaptée. Les formes autoritaires de l’ordre étatiqu
  
    9623
    les est le mieux adaptée. Les formes autoritaires 
    
de

     l’ordre étatique sont adéquates là où les hommes et les choses sont t
  
    9624
    e plus profonde est à l’œuvre… Doit être organisé 
    
d’

    une manière uniforme tout ce qui relève de la technique, de l’industri
  
    9625
    rganisé d’une manière uniforme tout ce qui relève 
    
de

     la technique, de l’industrie, de l’économie, des transports, du comme
  
    9626
    ière uniforme tout ce qui relève de la technique, 
    
de

     l’industrie, de l’économie, des transports, du commerce, des mesures,
  
    9627
    ut ce qui relève de la technique, de l’industrie, 
    
de

     l’économie, des transports, du commerce, des mesures, et de la défens
  
    9628
    mie, des transports, du commerce, des mesures, et 
    
de

     la défense… La liberté au contraire doit régner dans le multiple et l
  
    9629
     et leur religion. Là, il ne saurait y avoir trop 
    
de

     couleurs sur la palette. La Constitution européenne doit donc disting
  
    9630
    r avec art, comme cadre et tableau, ce qui relève 
    
de

     la civilisation et ce qui relève de la culture, pour mieux les réunir
  
    9631
    ce qui relève de la civilisation et ce qui relève 
    
de

     la culture, pour mieux les réunir au bénéfice de l’homme. Elle doit c
  
    9632
     de la culture, pour mieux les réunir au bénéfice 
    
de

     l’homme. Elle doit créer un espace politique unifié en tenant compte 
  
    9633
    mplique également que soient délimités le domaine 
    
de

     la technique et celui de la vie organique. L’État symbole suprême de 
  
    9634
    ent délimités le domaine de la technique et celui 
    
de

     la vie organique. L’État symbole suprême de la technique, jette son f
  
    9635
    celui de la vie organique. L’État symbole suprême 
    
de

     la technique, jette son filet sur les peuples, mais ils vivent en lib
  
    9636
    a protection. L’Histoire ensuite interviendra, et 
    
de

     nouveaux contenus apparaîtront… Dans ce cadre, grands et petits peupl
  
    9637
     grands et petits peuples s’épanouiront avec plus 
    
de

     vigueur qu’auparavant. À mesure que la concurrence des nations s’étei
  
    9638
    ais (destinés à la radio allemande) sur « L’Unité 
    
de

     la culture européenne ». Les rapports entre la culture et la politiqu
  
    9639
    t clairement définis316 :  La structure politique 
    
d’

    une nation affecte sa culture, et inversement. Mais nos divers pays au
  
    9640
    alors qu’ils ont trop peu de contacts sur le plan 
    
de

     la culture. Or, le fait de confondre culture et politique peut mener 
  
    9641
    e contacts sur le plan de la culture. Or, le fait 
    
de

     confondre culture et politique peut mener dans deux directions différ
  
    9642
    toutes les cultures avoisinantes. Une des erreurs 
    
de

     l’Allemagne hitlérienne a été précisément de poser en principe que to
  
    9643
    eurs de l’Allemagne hitlérienne a été précisément 
    
de

     poser en principe que toute culture autre que la sienne était ou déca
  
    9644
     était ou décadente ou barbare. Finissons-en avec 
    
de

     telles prétentions ! L’autre aboutissement possible d’une confusion d
  
    9645
    lles prétentions ! L’autre aboutissement possible 
    
d’

    une confusion de la politique et de la culture, c’est l’idéal d’un Éta
  
    9646
     ! L’autre aboutissement possible d’une confusion 
    
de

     la politique et de la culture, c’est l’idéal d’un État mondial dans l
  
    9647
    ement possible d’une confusion de la politique et 
    
de

     la culture, c’est l’idéal d’un État mondial dans lequel, pour finir, 
  
    9648
    n de la politique et de la culture, c’est l’idéal 
    
d’

    un État mondial dans lequel, pour finir, il n’y aurait plus qu’une seu
  
    9649
    re uniforme. Je ne critique pas tel ou tel projet 
    
d’

    organisation mondiale. Ces projets relèvent du domaine de l’organisati
  
    9650
    isation mondiale. Ces projets relèvent du domaine 
    
de

     l’organisation, de l’ingéniosité organisatrice. Et certes, il faut un
  
    9651
    es projets relèvent du domaine de l’organisation, 
    
de

     l’ingéniosité organisatrice. Et certes, il faut une organisation, et 
  
    9652
    a pas vous plaindre si vous constatez qu’un gland 
    
de

     chêne a produit un chêne au lieu de produire un orme. Or, une structu
  
    9653
    hommes ; et partiellement croissance liée à celle 
    
de

     la culture d’une nation donnée et se nourrissant d’elle — et dans cet
  
    9654
    rtiellement croissance liée à celle de la culture 
    
d’

    une nation donnée et se nourrissant d’elle — et dans cette mesure elle
  
    9655
     la culture d’une nation donnée et se nourrissant 
    
d’

    elle — et dans cette mesure elle est différente de la structure politi
  
    9656
    d’elle — et dans cette mesure elle est différente 
    
de

     la structure politique d’autres nations. Il importe d’être bien clair
  
    9657
     structure politique d’autres nations. Il importe 
    
d’

    être bien clair sur le sens que nous donnons à ce mot de « culture », 
  
    9658
     bien clair sur le sens que nous donnons à ce mot 
    
de

     « culture », de manière à faire clairement ressortir la distinction e
  
    9659
    tion entre, d’une part, l’organisation matérielle 
    
de

     l’Europe, et, d’autre part, cet organisme spirituel propre qu’est l’E
  
    9660
    ent ne sera plus l’Europe, mais une foule amorphe 
    
d’

    êtres humains parlant différentes langues. Ajoutons que ces êtres huma
  
    9661
    ues. Ajoutons que ces êtres humains n’auront plus 
    
de

     raison valable de parler des langues différentes, parce qu’ils n’auro
  
    9662
    ces êtres humains n’auront plus de raison valable 
    
de

     parler des langues différentes, parce qu’ils n’auront plus rien à dir
  
    9663
    oir une culture « européenne » si les divers pays 
    
d’

    Europe sont isolés les uns des autres ; j’ajouterai à présent qu’il ne
  
    9664
    opéenne si ces divers pays sont ramenés à un état 
    
d’

    uniformité. Nous avons besoin de diversité dans l’unité ; non pas dans
  
    9665
    ramenés à un état d’uniformité. Nous avons besoin 
    
de

     diversité dans l’unité ; non pas dans l’unité d’organisation mais dan
  
    9666
     de diversité dans l’unité ; non pas dans l’unité 
    
d’

    organisation mais dans l’unité de nature.  T. S. Eliot met en garde co
  
    9667
    pas dans l’unité d’organisation mais dans l’unité 
    
de

     nature.  T. S. Eliot met en garde contre toute planification européen
  
    9668
    ne qui ne respecterait pas la nature particulière 
    
de

     notre unité culturelle317 :  Le monde occidental tient son unité prop
  
    9669
    317 :  Le monde occidental tient son unité propre 
    
de

     son patrimoine culturel, du christianisme et des anciennes civilisati
  
    9670
    , du christianisme et des anciennes civilisations 
    
de

     la Grèce, de Rome et d’Israël, dont deux millénaires de chrétienté no
  
    9671
    nisme et des anciennes civilisations de la Grèce, 
    
de

     Rome et d’Israël, dont deux millénaires de chrétienté nous ont tous f
  
    9672
    s anciennes civilisations de la Grèce, de Rome et 
    
d’

    Israël, dont deux millénaires de chrétienté nous ont tous faits les hé
  
    9673
    Grèce, de Rome et d’Israël, dont deux millénaires 
    
de

     chrétienté nous ont tous faits les héritiers… C’est cette unité défin
  
    9674
    placer ce que nous donne cette unité fondamentale 
    
de

     culture. Si nous dissipons ou si nous aliénons ce commun patrimoine c
  
    9675
     esprits les plus ingénieux, ne pourra nous tirer 
    
d’

    affaire ou nous rapprocher les uns des autres. Cette unité culturelle,
  
    9676
    traire une pluralité des allégeances. Il est faux 
    
de

     penser que le seul devoir de l’individu serait son devoir envers l’Ét
  
    9677
    geances. Il est faux de penser que le seul devoir 
    
de

     l’individu serait son devoir envers l’État ; et il est exorbitant de 
  
    9678
    t son devoir envers l’État ; et il est exorbitant 
    
de

     considérer comme le devoir suprême de l’individu celui qui le lierait
  
    9679
     exorbitant de considérer comme le devoir suprême 
    
de

     l’individu celui qui le lierait à quelque super-État.  Quant à cette 
  
    9680
    ierait à quelque super-État.  Quant à cette unité 
    
de

     culture toute nourrie de nos diversités, T. S. Eliot en donne un exem
  
    9681
    at.  Quant à cette unité de culture toute nourrie 
    
de

     nos diversités, T. S. Eliot en donne un exemple d’autant plus frappan
  
    9682
    e nos diversités, T. S. Eliot en donne un exemple 
    
d’

    autant plus frappant qu’il est emprunté au domaine de la poésie, que l
  
    9683
    utant plus frappant qu’il est emprunté au domaine 
    
de

     la poésie, que le romantisme nous faisait considérer comme le plus « 
  
    9684
    nal » et le plus fermé aux échanges318 :  L’unité 
    
de

     la culture européenne est un sujet très vaste, en vérité, et nul ne d
  
    9685
    iculière qu’il possède… Je suis poète et critique 
    
de

     la poésie. Je tenterai de montrer ce que cette profession peut avoir 
  
    9686
     suis poète et critique de la poésie. Je tenterai 
    
de

     montrer ce que cette profession peut avoir à faire avec mon sujet et 
  
    9687
     expérience me conduit. On a souvent soutenu que, 
    
de

     toutes les langues de l’Europe moderne, c’est l’anglais qui offre le 
  
    9688
    . On a souvent soutenu que, de toutes les langues 
    
de

     l’Europe moderne, c’est l’anglais qui offre le plus de richesses à qu
  
    9689
    Europe moderne, c’est l’anglais qui offre le plus 
    
de

     richesses à qui veut écrire de la poésie. Je le crois pour ma part. E
  
    9690
     qui offre le plus de richesses à qui veut écrire 
    
de

     la poésie. Je le crois pour ma part. Et j’en vois la raison dans la v
  
    9691
     conquête normande. Survient alors une succession 
    
d’

    influences françaises, vérifiables grâce aux mots adoptés à différente
  
    9692
    … Enfin, moins facile à détecter, mais à mon sens 
    
d’

    une importance considérable, il y a l’élément celtique. Mais je ne pen
  
    9693
    bord, à propos de la poésie, aux Rythmes. Chacune 
    
de

     ces langues a apporté sa musique propre, et la richesse poétique de l
  
    9694
    pporté sa musique propre, et la richesse poétique 
    
de

     l’anglais consiste surtout dans la variété de ses éléments métriques.
  
    9695
    que de l’anglais consiste surtout dans la variété 
    
de

     ses éléments métriques. Voici le rythme des premiers vers saxons, le 
  
    9696
    franco-normand, le rythme gallois, et l’influence 
    
de

     générations d’étude de la poésie latine et grecque. Aujourd’hui encor
  
    9697
     le rythme gallois, et l’influence de générations 
    
d’

    étude de la poésie latine et grecque. Aujourd’hui encore, l’anglais di
  
    9698
    me gallois, et l’influence de générations d’étude 
    
de

     la poésie latine et grecque. Aujourd’hui encore, l’anglais dispose de
  
    9699
    et grecque. Aujourd’hui encore, l’anglais dispose 
    
de

     possibilités permanentes de se rafraîchir à ces sources : sans même p
  
    9700
    re, l’anglais dispose de possibilités permanentes 
    
de

     se rafraîchir à ces sources : sans même parler du vocabulaire, les po
  
    9701
    péennes. La possibilité, pour chaque littérature, 
    
de

     se renouveler, d’accéder à une nouvelle étape créatrice, et de découv
  
    9702
    ilité, pour chaque littérature, de se renouveler, 
    
d’

    accéder à une nouvelle étape créatrice, et de découvrir de nouveaux us
  
    9703
    ler, d’accéder à une nouvelle étape créatrice, et 
    
de

     découvrir de nouveaux usages des mots, dépend de deux choses : premiè
  
    9704
    r à une nouvelle étape créatrice, et de découvrir 
    
de

     nouveaux usages des mots, dépend de deux choses : premièrement, de sa
  
    9705
     de découvrir de nouveaux usages des mots, dépend 
    
de

     deux choses : premièrement, de sa faculté d’assimiler des influences 
  
    9706
    s des mots, dépend de deux choses : premièrement, 
    
de

     sa faculté d’assimiler des influences étrangères, secondement, de sa 
  
    9707
    pend de deux choses : premièrement, de sa faculté 
    
d’

    assimiler des influences étrangères, secondement, de sa faculté de rev
  
    9708
    assimiler des influences étrangères, secondement, 
    
de

     sa faculté de revenir à ses sources et de s’en instruire. Quant à la 
  
    9709
    influences étrangères, secondement, de sa faculté 
    
de

     revenir à ses sources et de s’en instruire. Quant à la première condi
  
    9710
    dement, de sa faculté de revenir à ses sources et 
    
de

     s’en instruire. Quant à la première condition : lorsque les diverses 
  
    9711
    première condition : lorsque les diverses nations 
    
de

     l’Europe sont coupées les unes des autres et que les poètes ne lisent
  
    9712
     unes des autres et que les poètes ne lisent plus 
    
d’

    autre littérature que celle de leur propre langue, la poésie dépérit n
  
    9713
    ètes ne lisent plus d’autre littérature que celle 
    
de

     leur propre langue, la poésie dépérit nécessairement dans chaque pays
  
    9714
    s qui lui soient propres et qui remontent du fond 
    
de

     son histoire ; mais d’une importance au moins égale m’apparaissent le
  
    9715
    s et qui remontent du fond de son histoire ; mais 
    
d’

    une importance au moins égale m’apparaissent les sources auxquelles no
  
    9716
    xquelles nous puisons en commun, les littératures 
    
de

     Rome, de la Grèce et d’Israël. Ce que j’ai dit de la poésie me paraît
  
    9717
    nous puisons en commun, les littératures de Rome, 
    
de

     la Grèce et d’Israël. Ce que j’ai dit de la poésie me paraît aussi vr
  
    9718
     commun, les littératures de Rome, de la Grèce et 
    
d’

    Israël. Ce que j’ai dit de la poésie me paraît aussi vrai des autres a
  
    9719
    de Rome, de la Grèce et d’Israël. Ce que j’ai dit 
    
de

     la poésie me paraît aussi vrai des autres arts… Dans la pratique de c
  
    9720
    raît aussi vrai des autres arts… Dans la pratique 
    
de

     chacun d’eux nous découvrons les trois mêmes éléments : la tradition 
  
    9721
     vrai des autres arts… Dans la pratique de chacun 
    
d’

    eux nous découvrons les trois mêmes éléments : la tradition locale, la
  
    9722
    ion européenne commune, et l’influence réciproque 
    
de

     l’art d’un pays sur celui d’un autre.  Nul n’a mieux illustré ces éch
  
    9723
    éenne commune, et l’influence réciproque de l’art 
    
d’

    un pays sur celui d’un autre.  Nul n’a mieux illustré ces échanges d’i
  
    9724
    influence réciproque de l’art d’un pays sur celui 
    
d’

    un autre.  Nul n’a mieux illustré ces échanges d’influences au sein de
  
    9725
     d’un autre.  Nul n’a mieux illustré ces échanges 
    
d’

    influences au sein de l’unité foncière de la littérature européenne qu
  
    9726
    échanges d’influences au sein de l’unité foncière 
    
de

     la littérature européenne que celui qui fut le plus grand « comparati
  
    9727
     que celui qui fut le plus grand « comparatiste » 
    
de

     la littérature de notre temps : Ernst Robert Curtius. Dans l’introduc
  
    9728
     le plus grand « comparatiste » de la littérature 
    
de

     notre temps : Ernst Robert Curtius. Dans l’introduction de son dernie
  
    9729
    temps : Ernst Robert Curtius. Dans l’introduction 
    
de

     son dernier ouvrage il insiste sur l’impossibilité d’interpréter aucu
  
    9730
    on dernier ouvrage il insiste sur l’impossibilité 
    
d’

    interpréter aucune de nos « littératures nationales » en l’isolant art
  
    9731
     insiste sur l’impossibilité d’interpréter aucune 
    
de

     nos « littératures nationales » en l’isolant artificiellement des aut
  
    9732
     terme géographique » (comme Metternich le disait 
    
de

     l’Italie) si elle n’est pas perçue comme une entité historique. C’est
  
    9733
    orique. C’est ce que l’histoire à l’ancienne mode 
    
de

     nos manuels ne peut nous montrer : pour elle, l’histoire générale de 
  
    9734
    eut nous montrer : pour elle, l’histoire générale 
    
de

     l’Europe n’existe pas ; c’est simplement une coexistence d’histoires 
  
    9735
    e n’existe pas ; c’est simplement une coexistence 
    
d’

    histoires sans liens, de peuples et d’États… « L’européanisation du ta
  
    9736
    implement une coexistence d’histoires sans liens, 
    
de

     peuples et d’États… « L’européanisation du tableau historique », qu’i
  
    9737
    coexistence d’histoires sans liens, de peuples et 
    
d’

    États… « L’européanisation du tableau historique », qu’il nous faut en
  
    9738
    ulture européenne. Elle embrasse donc une période 
    
de

     vingt-six siècles (d’Homère à Goethe)… Elle constitue une « unité int
  
    9739
    e embrasse donc une période de vingt-six siècles (
    
d’

    Homère à Goethe)… Elle constitue une « unité intelligible », qui s’éva
  
    9740
    emporel » qui est une caractéristique essentielle 
    
de

     la littérature, signifie que la littérature du passé peut toujours êt
  
    9741
    Euripide dans l’Iphigénie de Racine et dans celle 
    
de

     Goethe. Ou, de nos jours, les Mille et Une Nuits et Calderon dans Hof
  
    9742
    ’Iphigénie de Racine et dans celle de Goethe. Ou, 
    
de

     nos jours, les Mille et Une Nuits et Calderon dans Hofmannsthal, l’Od
  
    9743
    pe, Sémiramis, Faust, Don Juan. La dernière œuvre 
    
d’

    André Gide, et la plus mûre, fut un Thésée 319.  C’est également de so
  
    9744
    la plus mûre, fut un Thésée 319.  C’est également 
    
de

     son expérience d’écrivain que partait Jean-Paul Sartre, lorsqu’il déf
  
    9745
    un Thésée 319.  C’est également de son expérience 
    
d’

    écrivain que partait Jean-Paul Sartre, lorsqu’il définissait, en 19493
  
    9746
    lorsqu’il définissait, en 1949320, les conditions 
    
d’

    une défense de nos diversités culturelles : il les voyait, lui aussi, 
  
    9747
    voyait, lui aussi, dans une intégration à l’unité 
    
de

     la culture européenne :  Peut-on défendre la culture française en tan
  
    9748
    implement : non. … Avons-nous donc un autre moyen 
    
de

     sauver les éléments essentiels de cette culture ? Oui. Mais à la cond
  
    9749
     un autre moyen de sauver les éléments essentiels 
    
de

     cette culture ? Oui. Mais à la condition de reprendre le problème d’u
  
    9750
    Oui. Mais à la condition de reprendre le problème 
    
d’

    une façon entièrement différente et de comprendre qu’aujourd’hui il ne
  
    9751
    le problème d’une façon entièrement différente et 
    
de

     comprendre qu’aujourd’hui il ne peut plus être question d’une culture
  
    9752
    ndre qu’aujourd’hui il ne peut plus être question 
    
d’

    une culture française, pas plus que d’une culture hollandaise ou suiss
  
    9753
    re question d’une culture française, pas plus que 
    
d’

    une culture hollandaise ou suisse ou allemande. Si nous voulons que la
  
    9754
    e reste, il faut qu’elle soit intégrée aux cadres 
    
d’

    une grande culture européenne.  Et il ajoutait, passant comme malgré l
  
    9755
    vernements, aux associations ou aux particuliers, 
    
d’

    inaugurer une politique culturelle ; bien sûr, on peut multiplier les 
  
    9756
    rnationaux. Tout cela a été tenté avant la guerre 
    
de

     1939. Aujourd’hui ces réalisations, qui ne manquent pas d’intérêt, se
  
    9757
    Aujourd’hui ces réalisations, qui ne manquent pas 
    
d’

    intérêt, seraient inefficaces parce que nous aurions alors une superst
  
    9758
     aucune unité des infrastructures. Il s’agit donc 
    
de

     concevoir — et c’est ici que je m’arrêterai, parce que je souhaite év
  
    9759
    nité culturelle européenne comme la seule capable 
    
de

     sauver, dans son sein, les cultures de chaque pays en ce qu’elles ont
  
    9760
    le capable de sauver, dans son sein, les cultures 
    
de

     chaque pays en ce qu’elles ont de valable. C’est en visant à une unit
  
    9761
    n, les cultures de chaque pays en ce qu’elles ont 
    
de

     valable. C’est en visant à une unité de culture européenne que nous s
  
    9762
    elles ont de valable. C’est en visant à une unité 
    
de

     culture européenne que nous sauverons la culture française ; mais cet
  
    9763
    sauverons la culture française ; mais cette unité 
    
de

     culture n’aura aucun sens et ne sera faite que de mots, si elle ne se
  
    9764
    de culture n’aura aucun sens et ne sera faite que 
    
de

     mots, si elle ne se place pas dans le cadre d’un effort beaucoup plus
  
    9765
    ue de mots, si elle ne se place pas dans le cadre 
    
d’

    un effort beaucoup plus profond pour réaliser une unité économique et 
  
    9766
    d pour réaliser une unité économique et politique 
    
de

     l’Europe.  Au thème de l’unité dans la diversité, Arthur Koestler lie
  
    9767
    té économique et politique de l’Europe.  Au thème 
    
de

     l’unité dans la diversité, Arthur Koestler lie étroitement celui de l
  
    9768
     diversité, Arthur Koestler lie étroitement celui 
    
de

     la continuité dans le changement321 qui est sa traduction dans le tem
  
    9769
     ce dont nulle autre région ou culture ne fournit 
    
d’

    exemples, hors des deux millénaires et demi d’histoire européenne. L’a
  
    9770
    nit d’exemples, hors des deux millénaires et demi 
    
d’

    histoire européenne. L’art égyptien, représente peut-être le plus haut
  
    9771
    en, représente peut-être le plus haut degré connu 
    
de

     continuité pendant 2.000 ans ou plus, mais il se produisit dans une c
  
    9772
    tout, a modifié l’environnement naturel et social 
    
de

     l’homo sapiens d’une manière si radicale qu’on dirait qu’une espèce n
  
    9773
    environnement naturel et social de l’homo sapiens 
    
d’

    une manière si radicale qu’on dirait qu’une espèce nouvelle s’est étab
  
    9774
    ne identité continue et bien distincte, une sorte 
    
de

     personnalité historique. Continuité dans le changement, unité dans la
  
    9775
    té, semblent bien être (comme les quatre éléments 
    
d’

    Aristote : la terre et l’air, l’eau et le feu) les constituants d’une 
  
    9776
    terre et l’air, l’eau et le feu) les constituants 
    
d’

    une culture vivante, et plus spécifiquement, d’une culture européenne.
  
    9777
    ts d’une culture vivante, et plus spécifiquement, 
    
d’

    une culture européenne. La continuité sans changement caractérise quel
  
    9778
    érise quelques-unes des plus hautes civilisations 
    
de

     l’Asie ; le changement mais sans conscience profonde d’une continuité
  
    9779
    sie ; le changement mais sans conscience profonde 
    
d’

    une continuité enracinée dans le passé, caractérise les nations de pio
  
    9780
     enracinée dans le passé, caractérise les nations 
    
de

     pionniers des continents américain et australien. Mais les humanistes
  
    9781
     australien. Mais les humanistes révolutionnaires 
    
de

     la Renaissance et les têtes chaudes de la Réformation puisèrent leurs
  
    9782
    tionnaires de la Renaissance et les têtes chaudes 
    
de

     la Réformation puisèrent leurs inspirations modernes dans les vieux t
  
    9783
    ion française emprunta ses symboles et les titres 
    
de

     ses fonctions d’État aux institutions républicaines de Rome, et les e
  
    9784
    runta ses symboles et les titres de ses fonctions 
    
d’

    État aux institutions républicaines de Rome, et les enseignements de M
  
    9785
    s fonctions d’État aux institutions républicaines 
    
de

     Rome, et les enseignements de Marx lui-même ont leurs archétypes et l
  
    9786
    tions républicaines de Rome, et les enseignements 
    
de

     Marx lui-même ont leurs archétypes et leurs racines dans le pathos de
  
    9787
    pes et leurs racines dans le pathos des Prophètes 
    
de

     l’Ancien Testament, dans les éléments platoniciens de la philosophie 
  
    9788
    ’Ancien Testament, dans les éléments platoniciens 
    
de

     la philosophie de Hegel, et dans les acrobaties dialectiques de l’Éco
  
    9789
     dans les éléments platoniciens de la philosophie 
    
de

     Hegel, et dans les acrobaties dialectiques de l’École aristotélicienn
  
    9790
    hie de Hegel, et dans les acrobaties dialectiques 
    
de

     l’École aristotélicienne. Il y a toujours quelque chose de nouveau so
  
    9791
    s c’est la nouveauté organique des jeunes pousses 
    
d’

    un vieil arbre, nourries par les sucs de ses racines souterraines. Res
  
    9792
    s pousses d’un vieil arbre, nourries par les sucs 
    
de

     ses racines souterraines. Reste l’autre polarité : l’unité dans la di
  
    9793
    la diversité. Que l’Europe évolue vers des formes 
    
d’

    union plus étroite et d’intégration plus poussée, nul n’en peut plus d
  
    9794
    pe évolue vers des formes d’union plus étroite et 
    
d’

    intégration plus poussée, nul n’en peut plus douter ; mais le temps es
  
    9795
    er ; mais le temps est une dimension qu’il s’agit 
    
de

     prendre au sérieux, et le rythme de cette évolution est de nature à n
  
    9796
     qu’il s’agit de prendre au sérieux, et le rythme 
    
de

     cette évolution est de nature à nous inquiéter sérieusement. Il ne m’
  
    9797
    e au sérieux, et le rythme de cette évolution est 
    
de

     nature à nous inquiéter sérieusement. Il ne m’a fallu que trois heure
  
    9798
    alogues visant à nous unir, rappelle plutôt celle 
    
d’

    un char à bœufs grec peinant dans la boue de la Thessalie. Reconnaisso
  
    9799
    celle d’un char à bœufs grec peinant dans la boue 
    
de

     la Thessalie. Reconnaissons ici, et dans la fragmentation persistante
  
    9800
    aissons ici, et dans la fragmentation persistante 
    
de

     l’Europe, le plus grand anachronisme du xxe  siècle322.  Condensant e
  
    9801
     siècle322.  Condensant et clarifiant les apports 
    
de

     ses aînés, anticipant sur ceux de ses cadets, l’animateur de la  Revu
  
    9802
    ant les apports de ses aînés, anticipant sur ceux 
    
de

     ses cadets, l’animateur de la  Revue de Genève , Robert de Traz (1884
  
    9803
    s, anticipant sur ceux de ses cadets, l’animateur 
    
de

     la  Revue de Genève , Robert de Traz (1884-1951) appelait l’Europe, d
  
    9804
     sur ceux de ses cadets, l’animateur de la  Revue 
    
de

     Genève , Robert de Traz (1884-1951) appelait l’Europe, dès 1929, à re
  
    9805
    1) appelait l’Europe, dès 1929, à relever le défi 
    
de

     l’Histoire en s’unissant :  Héritiers magnifiquement privilégiés, les
  
    9806
     Héritiers magnifiquement privilégiés, les hommes 
    
d’

    Occident n’ont aucun motif de déserter leur propre cause. Qu’ils se ra
  
    9807
    vilégiés, les hommes d’Occident n’ont aucun motif 
    
de

     déserter leur propre cause. Qu’ils se rapprochent donc pour mieux en 
  
    9808
    er. Qu’ils fassent, avec sang-froid, l’inventaire 
    
de

     leur patrimoine commun. La civilisation européenne est le produit d’u
  
    9809
    commun. La civilisation européenne est le produit 
    
d’

    une collaboration séculaire et l’on ne saurait en supprimer l’apport d
  
    9810
    éculaire et l’on ne saurait en supprimer l’apport 
    
d’

    aucun peuple sans la défigurer et l’affaiblir. Or notre génie d’invent
  
    9811
     sans la défigurer et l’affaiblir. Or notre génie 
    
d’

    invention est intact. Nos méthodes critiques doivent à leurs principes
  
    9812
    éthodes critiques doivent à leurs principes mêmes 
    
de

     pouvoir toujours s’adapter aux circonstances imprévues. Une égale pas
  
    9813
    er aux circonstances imprévues. Une égale passion 
    
de

     l’effort nous anime encore, de l’effort qui conquiert, qui utilise, e
  
    9814
     Une égale passion de l’effort nous anime encore, 
    
de

     l’effort qui conquiert, qui utilise, et surtout qui transfigure. Car 
  
    9815
     possibilité réside peut-être dans notre capacité 
    
de

     renouvellement. Je dirai mieux : notre capacité de résurrection. À fo
  
    9816
    e renouvellement. Je dirai mieux : notre capacité 
    
de

     résurrection. À force d’imagination et de courage, nos rêves ne se pe
  
    9817
    i mieux : notre capacité de résurrection. À force 
    
d’

    imagination et de courage, nos rêves ne se perdent pas dans une extase
  
    9818
    apacité de résurrection. À force d’imagination et 
    
de

     courage, nos rêves ne se perdent pas dans une extase somnolente : ils
  
    9819
    olente : ils sont actifs. Est-ce rêver encore que 
    
de

     conseiller à l’Europe, pour se redresser, pour imposer silence à ses 
  
    9820
    edresser, pour imposer silence à ses détracteurs, 
    
de

     se reconnaître une mission nouvelle ? En affirmant son unité conquise
  
    9821
    es dangers du dedans, elle aurait conclu un pacte 
    
d’

    alliance entre ses fils : ce pacte elle le proposerait ensuite à l’uni
  
    9822
    tur, elle les désarmerait en harmonisant non plus 
    
de

     petits États que divisent quelques collines, mais des continents que 
  
    9823
    éans séparent. Elle prendrait la tête des nations 
    
de

     la terre parce qu’elle serait seule à leur fournir des principes d’or
  
    9824
    qu’elle serait seule à leur fournir des principes 
    
d’

    ordre rationnel, un programme d’actions conjuguées, en un mot les dire
  
    9825
    nir des principes d’ordre rationnel, un programme 
    
d’

    actions conjuguées, en un mot les directives du commandement.323   Ces
  
    9826
    rs mots répercutent l’écho des pages prophétiques 
    
d’

    Ortega, citées plus haut. Ils s’adressent aux Européens pour leur rapp
  
    9827
    er une vocation plus difficile que le dénigrement 
    
de

     soi-même : celle de faire l’Europe parce qu’il faut faire le Monde, e
  
    9828
     difficile que le dénigrement de soi-même : celle 
    
de

     faire l’Europe parce qu’il faut faire le Monde, et parce que l’Europe
  
    9829
    ation.    278. Dans une conférence à l’Université 
    
de

     Zurich, nov. 1922. Cf. Variété I, Gallimard, Paris, 1924.  279. Dans 
  
    9830
    tons, résumant les développements du chapitre III 
    
de

     ce livre, est extrait d’une conférence de Karl Jaspers recueillie dan
  
    9831
    ppements du chapitre III de ce livre, est extrait 
    
d’

    une conférence de Karl Jaspers recueillie dans l’Esprit européen, Édit
  
    9832
    tre III de ce livre, est extrait d’une conférence 
    
de

     Karl Jaspers recueillie dans l’Esprit européen, Éditions de la Baconn
  
    9833
    spers recueillie dans l’Esprit européen, Éditions 
    
de

     la Baconnière, 1947, p. 303-304.  280.  Die Entdeckung des Geistes, C
  
    9834
     à 42 (chapitre intitulé : « L’Iliade ou le poème 
    
de

     la force »).  285.  L’Enracinement, Gallimard, Paris, 1949.  286.  Le
  
    9835
    inement, Gallimard, Paris, 1949.  286.  Le Déclin 
    
de

     l’Occident, trad. Tazerout, coll. « Bibliothèque des idées », Gallima
  
    9836
    pa als Lebensform, Hegner, 1957.  289.  Formation 
    
de

     l’Europe, t. VII, 340, Plon, Paris, 1937.  290. Cette expression que 
  
    9837
    l’on en croit O. Forst de Battaglia et son Traité 
    
de

     généalogie, Lausanne, 1945, on peut évaluer à 20 millions le nombre d
  
    9838
    t évaluer à 20 millions le nombre des descendants 
    
de

     Charlemagne actuellement en vie !  291.  The Making of Europe, 1932. 
  
    9839
    ng of Europe, 1932. Nous citons d’après l’édition 
    
de

     Meridian Books, New York, 1958, p. 16-17.  292.  Id. ibid., p. 243-44
  
    9840
    ag, Einsiedeln.  294.  S. de Madariaga : L’Esprit 
    
de

     l’Europe, Mouvement européen, Bruxelles, 1952.  295. E. Husserl : Die
  
    9841
    , tome VI des Œuvres complètes, sous la direction 
    
de

     H. L. van Breda, Martinus Nijhoff, La Haye, 1954.  296. Benedetto Cro
  
    9842
    anç. Librairie Plon, Paris, 1960.  297.  L’Esprit 
    
de

     l’Europe, édité par le Mouvement européen, Bruxelles, 1952, chapitre 
  
    9843
    ibid., p. 433.  302.  L’Esprit européen, Éditions 
    
de

     la Baconnière, Neuchâtel, 1949, p. 148-156.  303. Conférence prononcé
  
    9844
     1946, et publiée dans le recueil des Conférences 
    
de

     l’Unesco, Éditions de la revue Fontaine, Paris, 1947.  304. Extraits 
  
    9845
     le recueil des Conférences de l’Unesco, Éditions 
    
de

     la revue Fontaine, Paris, 1947.  304. Extraits de The World and the W
  
    9846
    de la revue Fontaine, Paris, 1947.  304. Extraits 
    
de

     The World and the West, Oxford University Press, 1953.  305. Extraits
  
    9847
    st, Oxford University Press, 1953.  305. Extraits 
    
d’

    une conférence donnée à Vienne en 1956, parue dans le Bulletin du Cent
  
    9848
    t Épilogue, trad. française par M. Pomès. Le Rapt 
    
de

     l’Europe, Stock, Paris, 1960.  307.  Spektrum Europas, 19.  308. Publ
  
    9849
    Books, New York.  310.  Ibid.  311.  Les Origines 
    
de

     la civilisation européenne, 1958, I.  312. Rappelons qu’Ortega écriva
  
    9850
    Francke Verlag, Berne 1948.  320. Dans un article 
    
de

     la revue Politique étrangère, dont les extraits furent présentés à la
  
    9851
    raits furent présentés à la Conférence européenne 
    
de

     la culture, Lausanne, 1949.  321. Cf. plus haut la citation de Stephe
  
    9852
    , Lausanne, 1949.  321. Cf. plus haut la citation 
    
de

     Stephen Spender.  322. Extrait d’une conférence à Vienne, mars 1958, 
  
    9853
    aut la citation de Stephen Spender.  322. Extrait 
    
d’

    une conférence à Vienne, mars 1958, Texte allemand dans Forum, Vienne,
  
    9854
     anglais communiqué par l’auteur.  323.  L’Esprit 
    
de

     Genève, Grasset, Paris 1929, p. 259-260.

27 
1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Appendice.  Manifestes pour l’union européenne,  (de 1922 à 1960)
    9855
      Appendice Manifestes pour l’union européenne (
    
de

     1922 à 1960)   Parmi les centaines de textes de toute nature, manifes
  
    9856
    européenne (de 1922 à 1960)   Parmi les centaines 
    
de

     textes de toute nature, manifestes de mouvements, déclarations de con
  
    9857
     (de 1922 à 1960)   Parmi les centaines de textes 
    
de

     toute nature, manifestes de mouvements, déclarations de congrès, réso
  
    9858
    s centaines de textes de toute nature, manifestes 
    
de

     mouvements, déclarations de congrès, résolutions de parlements, disco
  
    9859
    te nature, manifestes de mouvements, déclarations 
    
de

     congrès, résolutions de parlements, discours d’hommes d’État, préambu
  
    9860
     mouvements, déclarations de congrès, résolutions 
    
de

     parlements, discours d’hommes d’État, préambules aux traités et conve
  
    9861
    s de congrès, résolutions de parlements, discours 
    
d’

    hommes d’État, préambules aux traités et conventions, qui balisent le 
  
    9862
     traités et conventions, qui balisent le parcours 
    
de

     l’Idée européenne depuis un tiers de siècle, ceux que l’on va citer o
  
    9863
     le parcours de l’Idée européenne depuis un tiers 
    
de

     siècle, ceux que l’on va citer ont marqué des étapes, à divers titres
  
    9864
    e Richard Coudenhove-Kalergi lançait, par la voie 
    
de

     la presse allemande et autrichienne, un premier appel à créer la « Pa
  
    9865
    ts :  Européens ! Européennes ! L’heure du destin 
    
de

     l’Europe a sonné ! Dans les usines de toute l’Europe, on forge chaque
  
    9866
    e du destin de l’Europe a sonné ! Dans les usines 
    
de

     toute l’Europe, on forge chaque jour des armes destinées au massacre 
  
    9867
    e jour des armes destinées au massacre des hommes 
    
de

     l’Europe, — dans les laboratoires européens, on prépare des poisons d
  
    9868
    inés à l’anéantissement des femmes et des enfants 
    
de

     l’Europe. Avec une inconcevable légèreté, l’Europe joue ses destinées
  
    9869
    ées, avec un inconcevable aveuglement elle refuse 
    
de

     voir ce qui vient, avec une inconcevable passivité elle se laisse pou
  
    9870
    t réside dans la Paneurope, dans le rassemblement 
    
de

     tous les États démocratiques du continent en un groupement politique 
  
    9871
    es dans ses affaires. … Sans une garantie durable 
    
de

     la paix en Europe, toute union douanière européenne reste impossible.
  
    9872
    emps que chaque État vit dans la peur continuelle 
    
de

     ses voisins, il doit s’assurer de sa subsistance autonome en temps de
  
    9873
    eur continuelle de ses voisins, il doit s’assurer 
    
de

     sa subsistance autonome en temps de guerre, comme une place assiégée.
  
    9874
    oit s’assurer de sa subsistance autonome en temps 
    
de

     guerre, comme une place assiégée. Il lui faut pour cela des industrie
  
    9875
     et des cordons douaniers. Seule, la substitution 
    
de

     l’arbitrage obligatoire au risque de guerre pourrait ouvrir la voie à
  
    9876
    he politique, économique et culturelle ? L’avenir 
    
de

     l’Europe dépend de la réponse qui sera donnée à cette question. Il es
  
    9877
    mique et culturelle ? L’avenir de l’Europe dépend 
    
de

     la réponse qui sera donnée à cette question. Il est donc entre les ma
  
    9878
     États démocratiques, nous sommes co-responsables 
    
de

     la politique de nos gouvernements. Nous n’avons pas le droit de nous 
  
    9879
    ques, nous sommes co-responsables de la politique 
    
de

     nos gouvernements. Nous n’avons pas le droit de nous borner à la crit
  
    9880
    e de nos gouvernements. Nous n’avons pas le droit 
    
de

     nous borner à la critique, nous avons le devoir de contribuer à l’éla
  
    9881
    e nous borner à la critique, nous avons le devoir 
    
de

     contribuer à l’élaboration de nos destins politiques. Si les peuples 
  
    9882
    ous avons le devoir de contribuer à l’élaboration 
    
de

     nos destins politiques. Si les peuples de l’Europe le veulent, la Pan
  
    9883
    oration de nos destins politiques. Si les peuples 
    
de

     l’Europe le veulent, la Paneurope se réalisera : Il leur suffit, pour
  
    9884
    neurope se réalisera : Il leur suffit, pour cela, 
    
de

     refuser leurs voix à tous les candidats et partis dont le programme e
  
    9885
    gramme est antieuropéen. Il ne faut pas se lasser 
    
de

     répéter cette vérité simple : une Europe divisée conduit à la guerre,
  
    9886
    grès qui se réunit à Vienne en 1927. Les effigies 
    
de

     Sully, Comenius, l’abbé de Saint-Pierre, Kant, Mazzini, Hugo et Nietz
  
    9887
     ministre des Affaires étrangères, décida en 1928 
    
de

     soumettre à la Société des Nations un projet de Confédération europée
  
    9888
    8 de soumettre à la Société des Nations un projet 
    
de

     Confédération européenne. Devenu président du Conseil en 1929, et par
  
    9889
    ce, il prononça le 5 septembre devant l’assemblée 
    
de

     la Société des Nations à Genève, un discours retentissant, appelant l
  
    9890
    e, un discours retentissant, appelant les peuples 
    
de

     l’Europe à nouer une « sorte de lien fédéral » :  Je me suis associé 
  
    9891
    elant les peuples de l’Europe à nouer une « sorte 
    
de

     lien fédéral » :  Je me suis associé pendant ces dernières années à u
  
    9892
    en faveur d’une idée qu’on a bien voulu qualifier 
    
de

     généreuse, peut-être pour se dispenser de la qualifier d’imprudente. 
  
    9893
    alifier de généreuse, peut-être pour se dispenser 
    
de

     la qualifier d’imprudente. Cette idée, qui est née il y a bien des an
  
    9894
    euse, peut-être pour se dispenser de la qualifier 
    
d’

    imprudente. Cette idée, qui est née il y a bien des années, qui a hant
  
    9895
     qui leur a valu ce qu’on peut appeler des succès 
    
d’

    estime, cette idée a progressé dans les esprits par sa valeur propre. 
  
    9896
    i sont géographiquement groupés comme les peuples 
    
d’

    Europe, il doit exister une sorte de lien fédéral […]. C’est ce lien q
  
    9897
    e les peuples d’Europe, il doit exister une sorte 
    
de

     lien fédéral […]. C’est ce lien que je voudrais m’efforcer d’établir.
  
    9898
    ral […]. C’est ce lien que je voudrais m’efforcer 
    
d’

    établir. Évidemment, l’association agira surtout dans le domaine écono
  
    9899
    , le lien fédéral, sans toucher à la souveraineté 
    
d’

    aucune des nations qui pourraient faire partie d’une telle association
  
    9900
     d’aucune des nations qui pourraient faire partie 
    
d’

    une telle association, peut être bienfaisant.  Il fut décidé peu après
  
    9901
    é par la France. Le Mémorandum sur l’organisation 
    
d’

    un régime d’union fédérale européenne, daté du 1er mai 1930 et présent
  
    9902
    nce. Le Mémorandum sur l’organisation d’un régime 
    
d’

    union fédérale européenne, daté du 1er mai 1930 et présenté à la Socié
  
    9903
    et présenté à la Société des Nations en septembre 
    
de

     la même année, fut rédigé par Alexis Léger, le plus proche collaborat
  
    9904
    gé par Alexis Léger, le plus proche collaborateur 
    
de

     Briand. (On sait qu’Alexis Léger est aussi le grand poète qui signe S
  
    9905
    t-John Perse.) En voici deux brefs extraits tirés 
    
de

     l’introduction et de la conclusion :  … Nul ne doute aujourd’hui que 
  
    9906
    ci deux brefs extraits tirés de l’introduction et 
    
de

     la conclusion :  … Nul ne doute aujourd’hui que le manque de cohésion
  
    9907
    usion :  … Nul ne doute aujourd’hui que le manque 
    
de

     cohésion dans le groupement des forces matérielles et morales de l’Eu
  
    9908
    s le groupement des forces matérielles et morales 
    
de

     l’Europe ne constitue, pratiquement, le plus sérieux obstacle au déve
  
    9909
    rieux obstacle au développement et à l’efficacité 
    
de

     toutes institutions politiques ou juridiques sur quoi tendent à se fo
  
    9910
    uoi tendent à se fonder les premières entreprises 
    
d’

    une organisation universelle de la paix. Cette dispersion de forces ne
  
    9911
    mières entreprises d’une organisation universelle 
    
de

     la paix. Cette dispersion de forces ne limite pas moins gravement, en
  
    9912
    nisation universelle de la paix. Cette dispersion 
    
de

     forces ne limite pas moins gravement, en Europe, les possibilités d’é
  
    9913
     pas moins gravement, en Europe, les possibilités 
    
d’

    élargissement du marché économique, les tentatives d’intensification e
  
    9914
    largissement du marché économique, les tentatives 
    
d’

    intensification et d’amélioration de la production industrielle, et pa
  
    9915
    é économique, les tentatives d’intensification et 
    
d’

    amélioration de la production industrielle, et par là même toutes gara
  
    9916
    es tentatives d’intensification et d’amélioration 
    
de

     la production industrielle, et par là même toutes garanties contre le
  
    9917
    s garanties contre les crises du travail, sources 
    
d’

    instabilité politique aussi bien que sociale. Or, le danger d’un tel m
  
    9918
    é politique aussi bien que sociale. Or, le danger 
    
d’

    un tel morcellement se trouve encore accru du fait de l’étendue des fr
  
    9919
    n tel morcellement se trouve encore accru du fait 
    
de

     l’étendue des frontières nouvelles (plus de 20.000 kilomètres de barr
  
    9920
     fait de l’étendue des frontières nouvelles (plus 
    
de

     20.000 kilomètres de barrières douanières) que les Traités de paix on
  
    9921
    s frontières nouvelles (plus de 20.000 kilomètres 
    
de

     barrières douanières) que les Traités de paix ont dû créer pour faire
  
    9922
    lomètres de barrières douanières) que les Traités 
    
de

     paix ont dû créer pour faire droit, en Europe, aux aspirations nation
  
    9923
    pe, aux aspirations nationales… C’est sur le plan 
    
de

     la souveraineté absolue et de l’entière indépendance politique que do
  
    9924
    … C’est sur le plan de la souveraineté absolue et 
    
de

     l’entière indépendance politique que doit être réalisée l’entente ent
  
    9925
    te entre Nations européennes. […] Avec les droits 
    
de

     souveraineté, n’est-ce pas le génie même de chaque nation qui peut tr
  
    9926
    roits de souveraineté, n’est-ce pas le génie même 
    
de

     chaque nation qui peut trouver à s’affirmer encore plus consciemment,
  
    9927
    particulière à l’œuvre collective, sous un régime 
    
d’

    Union fédérale pleinement compatible avec le respect des traditions et
  
    9928
    lus propice ni plus pressante pour l’inauguration 
    
d’

    une œuvre constructive en Europe. Le règlement des principaux problème
  
    9929
    ière guerre aura bientôt libéré l’Europe nouvelle 
    
de

     ce qui grevait le plus lourdement sa psychologie, autant que son écon
  
    9930
    ve, où l’Europe attentive peut disposer elle-même 
    
de

     son propre destin. S’unir pour vivre et prospérer : telle est la stri
  
    9931
    devant laquelle se trouvent désormais les Nations 
    
d’

    Europe. Il semble que le sentiment des peuples se soit déjà clairement
  
    9932
    lairement manifesté à ce sujet. Aux gouvernements 
    
d’

    assumer aujourd’hui leurs responsabilités, sous peine d’abandonner au 
  
    9933
    mer aujourd’hui leurs responsabilités, sous peine 
    
d’

    abandonner au risque d’initiatives particulières et d’entreprises déso
  
    9934
    esponsabilités, sous peine d’abandonner au risque 
    
d’

    initiatives particulières et d’entreprises désordonnées le groupement 
  
    9935
    andonner au risque d’initiatives particulières et 
    
d’

    entreprises désordonnées le groupement de forces matérielles et morale
  
    9936
    ières et d’entreprises désordonnées le groupement 
    
de

     forces matérielles et morales dont il leur appartient de garder la ma
  
    9937
    es matérielles et morales dont il leur appartient 
    
de

     garder la maîtrise collective, au bénéfice de la communauté européenn
  
    9938
    ent de garder la maîtrise collective, au bénéfice 
    
de

     la communauté européenne autant que de l’humanité.  La proposition fr
  
    9939
    u bénéfice de la communauté européenne autant que 
    
de

     l’humanité.  La proposition française n’eut pas de suites concrètes :
  
    9940
    e l’humanité.  La proposition française n’eut pas 
    
de

     suites concrètes : d’une part, tout en préconisant une conférence des
  
    9941
    e part, la Grande-Bretagne affirmait une attitude 
    
d’

    isolation, cependant qu’Hitler remportait son premier grand succès éle
  
    9942
    mme raisonnables, échouait devant le déchaînement 
    
de

     souverainetés devenues folles. La guerre de 1939 était dès lors fatal
  
    9943
    ement de souverainetés devenues folles. La guerre 
    
de

     1939 était dès lors fatale. On n’a pas oublié qu’Hitler prétendait lu
  
    9944
    ne dans le camp fédéraliste. Et c’est précisément 
    
de

     la Résistance que ressurgit l’idée d’union. Dès 1942, un groupe de pr
  
    9945
    précisément de la Résistance que ressurgit l’idée 
    
d’

    union. Dès 1942, un groupe de prisonniers politiques concentrés dans l
  
    9946
    que ressurgit l’idée d’union. Dès 1942, un groupe 
    
de

     prisonniers politiques concentrés dans l’Île de Ventotene fait circul
  
    9947
    in, réunis en grand secret à Genève, au printemps 
    
de

     1944, les représentants des mouvements de résistance de neuf pays met
  
    9948
    intemps de 1944, les représentants des mouvements 
    
de

     résistance de neuf pays mettent au point la déclaration suivante :   
  
    9949
    4, les représentants des mouvements de résistance 
    
de

     neuf pays mettent au point la déclaration suivante :   Projet de décl
  
    9950
    ttent au point la déclaration suivante :   Projet 
    
de

     déclaration des Résistances européennes (extrait)324  Quelques milita
  
    9951
    s (extrait)324  Quelques militants des mouvements 
    
de

     résistance du Danemark, de France, d’Italie, de Norvège, des Pays-Bas
  
    9952
    litants des mouvements de résistance du Danemark, 
    
de

     France, d’Italie, de Norvège, des Pays-Bas, de Pologne, de Tchécoslov
  
    9953
     mouvements de résistance du Danemark, de France, 
    
d’

    Italie, de Norvège, des Pays-Bas, de Pologne, de Tchécoslovaquie et de
  
    9954
    s de résistance du Danemark, de France, d’Italie, 
    
de

     Norvège, des Pays-Bas, de Pologne, de Tchécoslovaquie et de Yougoslav
  
    9955
    k, de France, d’Italie, de Norvège, des Pays-Bas, 
    
de

     Pologne, de Tchécoslovaquie et de Yougoslavie, et le représentant d’u
  
    9956
    , d’Italie, de Norvège, des Pays-Bas, de Pologne, 
    
de

     Tchécoslovaquie et de Yougoslavie, et le représentant d’un groupe de 
  
    9957
    , des Pays-Bas, de Pologne, de Tchécoslovaquie et 
    
de

     Yougoslavie, et le représentant d’un groupe de militants antinazis en
  
    9958
    coslovaquie et de Yougoslavie, et le représentant 
    
d’

    un groupe de militants antinazis en Allemagne, se sont réunis dans une
  
    9959
    et de Yougoslavie, et le représentant d’un groupe 
    
de

     militants antinazis en Allemagne, se sont réunis dans une ville d’Eur
  
    9960
    nazis en Allemagne, se sont réunis dans une ville 
    
d’

    Europe les 31 mars, 29 avril, 20 mai, 6 et 7 juillet. Ils ont élaboré 
  
    9961
    20 mai, 6 et 7 juillet. Ils ont élaboré le projet 
    
de

     déclaration ci-dessous qu’ils ont soumis à la discussion et à l’appro
  
    9962
    ils ont soumis à la discussion et à l’approbation 
    
de

     leurs mouvements respectifs et de l’ensemble des mouvements de résist
  
    9963
    à l’approbation de leurs mouvements respectifs et 
    
de

     l’ensemble des mouvements de résistance européens… La résistance à l’
  
    9964
    ements respectifs et de l’ensemble des mouvements 
    
de

     résistance européens… La résistance à l’oppression nazie qui unit les
  
    9965
    istance à l’oppression nazie qui unit les peuples 
    
d’

    Europe dans un même combat a créé entre eux une solidarité et une comm
  
    9966
    a créé entre eux une solidarité et une communauté 
    
de

     but et d’intérêts qui prennent toute leur signification et toute leur
  
    9967
    re eux une solidarité et une communauté de but et 
    
d’

    intérêts qui prennent toute leur signification et toute leur portée da
  
    9968
    rtée dans le fait que les délégués des mouvements 
    
de

     résistance européens se sont réunis pour rédiger la présente déclarat
  
    9969
    tion. … Souscrivant aux déclarations essentielles 
    
de

     la Charte de l’Atlantique, ils affirment que la vie des peuples qu’il
  
    9970
    rivant aux déclarations essentielles de la Charte 
    
de

     l’Atlantique, ils affirment que la vie des peuples qu’ils représenten
  
    9971
    ’ils représentent doit être fondée sur le respect 
    
de

     la personne, la sécurité, la justice sociale, l’utilisation intégrale
  
    9972
    ctivité tout entière et l’épanouissement autonome 
    
de

     la vie nationale. Ces buts ne peuvent être atteints que si les divers
  
    9973
    tteints que si les divers pays du monde acceptent 
    
de

     dépasser le dogme de la souveraineté absolue des États en s’intégrant
  
    9974
    vers pays du monde acceptent de dépasser le dogme 
    
de

     la souveraineté absolue des États en s’intégrant dans une unique orga
  
    9975
    anisation fédérale. La paix européenne est la clé 
    
de

     voûte de la paix du monde. En effet, dans l’espace d’une seule généra
  
    9976
     fédérale. La paix européenne est la clé de voûte 
    
de

     la paix du monde. En effet, dans l’espace d’une seule génération, l’E
  
    9977
    oûte de la paix du monde. En effet, dans l’espace 
    
d’

    une seule génération, l’Europe a été l’épicentre de deux conflits mond
  
    9978
    ’une seule génération, l’Europe a été l’épicentre 
    
de

     deux conflits mondiaux qui ont eu avant tout pour origine l’existence
  
    9979
    nt tout pour origine l’existence sur ce continent 
    
de

     trente États souverains. Il importe de remédier à cette anarchie par 
  
    9980
     continent de trente États souverains. Il importe 
    
de

     remédier à cette anarchie par la création d’une Union fédérale entre 
  
    9981
    orte de remédier à cette anarchie par la création 
    
d’

    une Union fédérale entre les peuples européens. Seule une Union fédéra
  
    9982
    utres peuples. Seule une Union fédérale permettra 
    
de

     résoudre les problèmes des tracés de frontières dans les zones de pop
  
    9983
    le permettra de résoudre les problèmes des tracés 
    
de

     frontières dans les zones de population mixte, qui cesseront ainsi d’
  
    9984
    problèmes des tracés de frontières dans les zones 
    
de

     population mixte, qui cesseront ainsi d’être l’objet des folles convo
  
    9985
    es zones de population mixte, qui cesseront ainsi 
    
d’

    être l’objet des folles convoitises nationalistes et deviendront de si
  
    9986
    s folles convoitises nationalistes et deviendront 
    
de

     simples questions de délimitation territoriale, de pure compétence ad
  
    9987
    nationalistes et deviendront de simples questions 
    
de

     délimitation territoriale, de pure compétence administrative. Seule u
  
    9988
    e simples questions de délimitation territoriale, 
    
de

     pure compétence administrative. Seule une Union fédérale permettra la
  
    9989
    ra la solution logique et naturelle des problèmes 
    
de

     l’accès à la mer des pays situés à l’intérieur du continent, de l’uti
  
    9990
    a mer des pays situés à l’intérieur du continent, 
    
de

     l’utilisation rationnelle des fleuves qui traversent plusieurs États,
  
    9991
    ent plusieurs États, du contrôle des détroits et, 
    
d’

    une manière générale, de la plupart des problèmes qui ont troublé les 
  
    9992
    contrôle des détroits et, d’une manière générale, 
    
de

     la plupart des problèmes qui ont troublé les relations internationale
  
    9993
     exercer une juridiction directe dans les limites 
    
de

     ses attributions. 2. Une armée placée sous les ordres de ce gouvernem
  
    9994
    attributions. 2. Une armée placée sous les ordres 
    
de

     ce gouvernement et excluant toute autre armée nationale. 3. Un tribun
  
    9995
    toutes les questions relatives à l’interprétation 
    
de

     la Constitution fédérale et tranchera les différends éventuels entre 
  
    9996
    ntre les États et la fédération. … Les mouvements 
    
de

     résistance soussignés s’engagent à considérer leurs problèmes nationa
  
    9997
    oblème européen dans son ensemble et ils décident 
    
de

     constituer dès à présent un bureau permanent chargé de coordonner leu
  
    9998
    nstituer dès à présent un bureau permanent chargé 
    
de

     coordonner leurs efforts pour la libération de leurs pays, pour l’org
  
    9999
    gé de coordonner leurs efforts pour la libération 
    
de

     leurs pays, pour l’organisation de l’Union fédérale des peuples europ
  
    10000
     la libération de leurs pays, pour l’organisation 
    
de

     l’Union fédérale des peuples européens et pour l’instauration de la p
  
    10001
    rale des peuples européens et pour l’instauration 
    
de

     la paix et de la justice dans le monde.  Les mouvements fédéralistes 
  
    10002
    es européens et pour l’instauration de la paix et 
    
de

     la justice dans le monde.  Les mouvements fédéralistes qui se constit
  
    10003
    congrès européen après la guerre, sont animés par 
    
de

     jeunes chefs issus de la Résistance : Spinelli, Kogon, Brugmans, Fren
  
    10004
     la guerre, sont animés par de jeunes chefs issus 
    
de

     la Résistance : Spinelli, Kogon, Brugmans, Frenay. En même temps, que
  
    10005
    ême temps, quelques hommes politiques qui ont été 
    
de

     ceux qu’Hitler a emprisonnés ou exilés, ou de ceux qui ont conduit la
  
    10006
    été de ceux qu’Hitler a emprisonnés ou exilés, ou 
    
de

     ceux qui ont conduit la lutte contre les totalitaires, se prononcent 
  
    10007
    prononcent en faveur d’une « union plus étroite » 
    
de

     nos peuples. Les militants travaillent, écrivent et organisent ; les 
  
    10008
    Zurich, le 16 septembre 1946, propose « une sorte 
    
d’

    États-Unis d’Europe325 :  Ce noble continent est le foyer des grandes 
  
    10009
    tinent est le foyer des grandes races ancestrales 
    
de

     l’Occident. Il est la source de la foi et de l’éthique chrétienne. Il
  
    10010
    races ancestrales de l’Occident. Il est la source 
    
de

     la foi et de l’éthique chrétienne. Il est le berceau de la civilisati
  
    10011
    ales de l’Occident. Il est la source de la foi et 
    
de

     l’éthique chrétienne. Il est le berceau de la civilisation occidental
  
    10012
    foi et de l’éthique chrétienne. Il est le berceau 
    
de

     la civilisation occidentale. Et pourtant, c’est de l’Europe que sont 
  
    10013
    e la civilisation occidentale. Et pourtant, c’est 
    
de

     l’Europe que sont issues toutes les terribles querelles nationalistes
  
    10014
    es nationalistes qui, par deux fois dans le temps 
    
de

     nos vies, sont venues briser la paix et obscurcir l’avenir de toute l
  
    10015
     sont venues briser la paix et obscurcir l’avenir 
    
de

     toute l’humanité. Quel est donc le sort misérable auquel l’Europe se 
  
    10016
    ts États ont certes réussi à se relever, mais sur 
    
de

     vastes territoires des masses tremblantes d’êtres humains tourmentés 
  
    10017
     sur de vastes territoires des masses tremblantes 
    
d’

    êtres humains tourmentés et angoissés, affamés, rongés de soucis et se
  
    10018
     humains tourmentés et angoissés, affamés, rongés 
    
de

     soucis et se sentant perdus ouvrent des yeux agrandis sur les ruines 
  
    10019
    t perdus ouvrent des yeux agrandis sur les ruines 
    
de

     leurs villes et de leurs foyers, et scrutent le sombre horizon, cherc
  
    10020
    s yeux agrandis sur les ruines de leurs villes et 
    
de

     leurs foyers, et scrutent le sombre horizon, cherchant d’où vont veni
  
    10021
     foyers, et scrutent le sombre horizon, cherchant 
    
d’

    où vont venir les nouveaux périls, la tyrannie ou la terreur. Parmi le
  
    10022
    ie ou la terreur. Parmi les vainqueurs, une Babel 
    
de

     voix confuses ; parmi les vaincus le morne silence du désespoir. N’ét
  
    10023
    is désormais que la ruine et la mise en esclavage 
    
de

     l’Europe scelleraient aussi leur propre destin, les temps sombres du 
  
    10024
    erait comme par miracle toute la scène, et ferait 
    
de

     l’Europe, en peu d’années, une terre aussi libre et heureuse que cell
  
    10025
    cle toute la scène, et ferait de l’Europe, en peu 
    
d’

    années, une terre aussi libre et heureuse que celle de la Suisse d’auj
  
    10026
    nées, une terre aussi libre et heureuse que celle 
    
de

     la Suisse d’aujourd’hui. Quel est ce remède souverain ? C’est de refo
  
    10027
    re aussi libre et heureuse que celle de la Suisse 
    
d’

    aujourd’hui. Quel est ce remède souverain ? C’est de reformer la famil
  
    10028
    aujourd’hui. Quel est ce remède souverain ? C’est 
    
de

     reformer la famille européenne, dans toute la mesure où nous le pouvo
  
    10029
    ans toute la mesure où nous le pouvons encore, et 
    
de

     l’assurer d’une structure à l’abri de laquelle elle puisse vivre en p
  
    10030
    mesure où nous le pouvons encore, et de l’assurer 
    
d’

    une structure à l’abri de laquelle elle puisse vivre en paix et en séc
  
    10031
     encore, et de l’assurer d’une structure à l’abri 
    
de

     laquelle elle puisse vivre en paix et en sécurité. Nous devons constr
  
    10032
     et en sécurité. Nous devons construire une sorte 
    
d’

    États-Unis d’Europe. Ainsi seulement, des centaines de millions de tra
  
    10033
    ats-Unis d’Europe. Ainsi seulement, des centaines 
    
de

     millions de travailleurs seront capables de retrouver les simples joi
  
    10034
    urope. Ainsi seulement, des centaines de millions 
    
de

     travailleurs seront capables de retrouver les simples joies et les es
  
    10035
    aines de millions de travailleurs seront capables 
    
de

     retrouver les simples joies et les espoirs qui rendent la vie digne d
  
    10036
    les joies et les espoirs qui rendent la vie digne 
    
d’

    être vécue.  De la conjonction d’une vingtaine de « mouvements fédéral
  
    10037
    s espoirs qui rendent la vie digne d’être vécue.  
    
De

     la conjonction d’une vingtaine de « mouvements fédéralistes », de que
  
    10038
    ent la vie digne d’être vécue.  De la conjonction 
    
d’

    une vingtaine de « mouvements fédéralistes », de quelques grands homme
  
    10039
     d’être vécue.  De la conjonction d’une vingtaine 
    
de

     « mouvements fédéralistes », de quelques grands hommes politiques, et
  
    10040
    n d’une vingtaine de « mouvements fédéralistes », 
    
de

     quelques grands hommes politiques, et de plusieurs centaines de déput
  
    10041
    istes », de quelques grands hommes politiques, et 
    
de

     plusieurs centaines de députés, dirigeants syndicalistes, intellectue
  
    10042
    ands hommes politiques, et de plusieurs centaines 
    
de

     députés, dirigeants syndicalistes, intellectuels et économistes, conj
  
    10043
    , le Polonais Joseph Retinger, résulte le Congrès 
    
de

     l’Europe, qui se réunit à La Haye le 7 mai 1948. Le document que nous
  
    10044
    nace vient de ses divisions. Appauvrie, encombrée 
    
de

     barrières qui empêchent ses biens de circuler, mais qui ne sauraient 
  
    10045
    e, encombrée de barrières qui empêchent ses biens 
    
de

     circuler, mais qui ne sauraient plus la protéger, notre Europe désuni
  
    10046
    éger, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun 
    
de

     nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indép
  
    10047
    s ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse 
    
de

     son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les probl
  
    10048
    à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun 
    
de

     nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économi
  
    10049
    oblèmes que lui pose l’économie moderne. À défaut 
    
d’

    une union librement consentie, notre anarchie présente nous exposera d
  
    10050
    n à l’unification forcée, soit par l’intervention 
    
d’

    un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un parti du dedans. L’heu
  
    10051
    tion d’un empire du dehors, soit par l’usurpation 
    
d’

    un parti du dedans. L’heure est venue d’entreprendre une action qui so
  
    10052
    surpation d’un parti du dedans. L’heure est venue 
    
d’

    entreprendre une action qui soit à la mesure du danger. Tous ensemble,
  
    10053
    le, demain, nous pouvons édifier avec les peuples 
    
d’

    outre-mer associés à nos destinées, la plus grande formation politique
  
    10054
    on politique et le plus vaste ensemble économique 
    
de

     notre temps. Jamais l’histoire du monde n’aura connu un si puissant r
  
    10055
    u monde n’aura connu un si puissant rassemblement 
    
d’

    hommes libres. Jamais la guerre, la peur et la misère n’auront été mis
  
    10056
    grand péril et cette grande espérance la vocation 
    
de

     l’Europe se définit clairement. Elle est d’unir ses peuples selon leu
  
    10057
    ation de l’Europe se définit clairement. Elle est 
    
d’

    unir ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la diversité,
  
    10058
     ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui 
    
de

     la diversité, et dans les conditions du xxe  siècle, qui sont celles 
  
    10059
    ns les conditions du xxe  siècle, qui sont celles 
    
de

     la communauté, afin d’ouvrir au monde la voie qu’il cherche, la voie 
  
    10060
    herche, la voie des libertés organisées. Elle est 
    
de

     ranimer ses pouvoirs d’invention pour la défense et pour l’illustrati
  
    10061
    rtés organisées. Elle est de ranimer ses pouvoirs 
    
d’

    invention pour la défense et pour l’illustration des droits et des dev
  
    10062
     et pour l’illustration des droits et des devoirs 
    
de

     la personne humaine, dont malgré toute ses infidélités, l’Europe deme
  
    10063
    eux du monde le grand témoin. La conquête suprême 
    
de

     l’Europe s’appelle la dignité de l’homme et sa vraie force est dans l
  
    10064
    conquête suprême de l’Europe s’appelle la dignité 
    
de

     l’homme et sa vraie force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final 
  
    10065
     force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final 
    
de

     notre lutte. C’est pour sauver nos libertés acquises, mais aussi pour
  
    10066
    éfice à tous les hommes, que nous voulons l’union 
    
de

     notre continent. Sur cette union l’Europe joue son destin et celui de
  
    10067
    Sur cette union l’Europe joue son destin et celui 
    
de

     la paix du monde. Soit donc notoire à tous que nous, Européens, rasse
  
    10068
    assemblés pour donner une voix à tous les peuples 
    
de

     ce continent, déclarons solennellement notre commune volonté dans les
  
    10069
     des droits de l’homme, garantissant les libertés 
    
de

     pensée, de réunion et d’expression, ainsi que le libre exercice d’une
  
    10070
     de l’homme, garantissant les libertés de pensée, 
    
de

     réunion et d’expression, ainsi que le libre exercice d’une opposition
  
    10071
    arantissant les libertés de pensée, de réunion et 
    
d’

    expression, ainsi que le libre exercice d’une opposition politique. 3°
  
    10072
    nion et d’expression, ainsi que le libre exercice 
    
d’

    une opposition politique. 3° Nous voulons une Cour de justice capable 
  
    10073
    ne opposition politique. 3° Nous voulons une Cour 
    
de

     justice capable d’appliquer les sanctions nécessaires pour que soit r
  
    10074
    ique. 3° Nous voulons une Cour de justice capable 
    
d’

    appliquer les sanctions nécessaires pour que soit respectée la Charte.
  
    10075
    ropéenne, où soient représentées les forces vives 
    
de

     toutes nos nations. 5° Et nous prenons de bonne foi l’engagement d’ap
  
    10076
    s vives de toutes nos nations. 5° Et nous prenons 
    
de

     bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers
  
    10077
    ons. 5° Et nous prenons de bonne foi l’engagement 
    
d’

    appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos pa
  
    10078
     nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer 
    
de

     tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans
  
    10079
    t les gouvernements qui travaillent à cette œuvre 
    
de

     salut public, suprême chance de la paix et gage d’un grand avenir, po
  
    10080
    ent à cette œuvre de salut public, suprême chance 
    
de

     la paix et gage d’un grand avenir, pour cette génération et celles qu
  
    10081
    e salut public, suprême chance de la paix et gage 
    
d’

    un grand avenir, pour cette génération et celles qui la suivront.  Du 
  
    10082
    génération et celles qui la suivront.  Du congrès 
    
de

     La Haye naît le Mouvement européen, dont l’action immédiate aboutit, 
  
    10083
     à la création du Conseil de l’Europe. Le congrès 
    
de

     La Haye, dans sa Résolution politique, avait proclamé : « L’heure est
  
    10084
    t proclamé : « L’heure est venue pour les nations 
    
de

     l’Europe de transférer certains de leurs droits souverains pour les e
  
    10085
     « L’heure est venue pour les nations de l’Europe 
    
de

     transférer certains de leurs droits souverains pour les exercer désor
  
    10086
    ur les nations de l’Europe de transférer certains 
    
de

     leurs droits souverains pour les exercer désormais en commun. » En fa
  
    10087
    e à ce vœu, se trouva réaliser plutôt les projets 
    
d’

    Aristide Briand. La conférence des délégués nationaux, le comité polit
  
    10088
    le tribunal européen préconisés par le Mémorandum 
    
de

     1930 trouvent en effet leur réalisation dans l’Assemblée consultative
  
    10089
    , le secrétariat et la Cour des droits de l’homme 
    
de

     Strasbourg. Aussi n’est-il pas question de « lien fédéral » ni de « t
  
    10090
    ’homme de Strasbourg. Aussi n’est-il pas question 
    
de

     « lien fédéral » ni de « transfert de souveraineté », mais seulement 
  
    10091
    ussi n’est-il pas question de « lien fédéral » ni 
    
de

     « transfert de souveraineté », mais seulement « d’union plus étroite 
  
    10092
    as question de « lien fédéral » ni de « transfert 
    
de

     souveraineté », mais seulement « d’union plus étroite » dans l’articl
  
    10093
    e « transfert de souveraineté », mais seulement « 
    
d’

    union plus étroite » dans l’article 1er du Statut du Conseil de l’Euro
  
    10094
    rticle 1er  (a) Le but du Conseil de l’Europe est 
    
de

     réaliser une union plus étroite entre ses Membres afin de sauvegarder
  
    10095
     étroite entre ses Membres afin de sauvegarder et 
    
de

     promouvoir les idéaux et les principes qui sont leur patrimoine commu
  
    10096
     les principes qui sont leur patrimoine commun et 
    
de

     favoriser leur progrès économique et social. (b) Ce but sera poursuiv
  
    10097
    es organes du Conseil, par l’examen des questions 
    
d’

    intérêt commun, par la conclusion d’accords et par l’adoption d’une ac
  
    10098
    des questions d’intérêt commun, par la conclusion 
    
d’

    accords et par l’adoption d’une action commune dans les domaines écono
  
    10099
    un, par la conclusion d’accords et par l’adoption 
    
d’

    une action commune dans les domaines économique, social, culturel, sci
  
    10100
    ions relatives à la défense nationale ne sont pas 
    
de

     la compétence du Conseil de l’Europe.  En revanche, trois ans plus ta
  
    10101
    ui répond, dès son préambule, aux vœux du congrès 
    
de

     La Haye, en parlant d’une « fusion des intérêts essentiels » et « d’i
  
    10102
    mbule, aux vœux du congrès de La Haye, en parlant 
    
d’

    une « fusion des intérêts essentiels » et « d’institutions communes ca
  
    10103
    ant d’une « fusion des intérêts essentiels » et « 
    
d’

    institutions communes capables d’orienter un destin désormais partagé 
  
    10104
    ssentiels » et « d’institutions communes capables 
    
d’

    orienter un destin désormais partagé ». Les six parties contractantes 
  
    10105
    lisations concrètes créant d’abord une solidarité 
    
de

     fait, et par l’établissement de bases communes de développement écono
  
    10106
    rd une solidarité de fait, et par l’établissement 
    
de

     bases communes de développement économique ;  Soucieux de concourir p
  
    10107
    de fait, et par l’établissement de bases communes 
    
de

     développement économique ;  Soucieux de concourir par l’expansion de 
  
    10108
     communes de développement économique ;  Soucieux 
    
de

     concourir par l’expansion de leurs productions fondamentales au relèv
  
    10109
    onomique ;  Soucieux de concourir par l’expansion 
    
de

     leurs productions fondamentales au relèvement du niveau de la vie et 
  
    10110
    productions fondamentales au relèvement du niveau 
    
de

     la vie et au progrès des œuvres de paix ;  Résolus à substituer aux r
  
    10111
    ment du niveau de la vie et au progrès des œuvres 
    
de

     paix ;  Résolus à substituer aux rivalités séculaires une fusion de l
  
    10112
     à substituer aux rivalités séculaires une fusion 
    
de

     leurs intérêts essentiels, à fonder par l’instauration d’une communau
  
    10113
     intérêts essentiels, à fonder par l’instauration 
    
d’

    une communauté économique les premières assises d’une communauté plus 
  
    10114
    d’une communauté économique les premières assises 
    
d’

    une communauté plus large et plus profonde entre des peuples longtemps
  
    10115
    ar des divisions sanglantes, et à jeter les bases 
    
d’

    institutions capables d’orienter un destin désormais partagé ;  Ont dé
  
    10116
    tes, et à jeter les bases d’institutions capables 
    
d’

    orienter un destin désormais partagé ;  Ont décidé de créer une Commun
  
    10117
    rienter un destin désormais partagé ;  Ont décidé 
    
de

     créer une Communauté européenne du charbon et de l’acier…  Et l’artic
  
    10118
    igné à Rome le 25 mars 1957) revient à la formule 
    
de

     l’union « plus étroite » : mais ce comparatif prend cette fois-ci un 
  
    10119
    end cette fois-ci un sens concret, puisqu’on part 
    
d’

    une union existante réalisée par la CECA. Les chefs des États membres 
  
    10120
    ne action commune le progrès économique et social 
    
de

     leur pays en éliminant les barrières qui divisent l’Europe… Soucieux 
  
    10121
    ant les barrières qui divisent l’Europe… Soucieux 
    
de

     renforcer l’unité de leurs économies et d’en assurer le développement
  
    10122
     divisent l’Europe… Soucieux de renforcer l’unité 
    
de

     leurs économies et d’en assurer le développement harmonieux en réduis
  
    10123
    ucieux de renforcer l’unité de leurs économies et 
    
d’

    en assurer le développement harmonieux en réduisant l’écart entre les 
  
    10124
    gions et le retard des moins favorisées. Désireux 
    
de

     contribuer, grâce à une politique commerciale commune, à la suppressi
  
    10125
     instituant la CECA. Quant aux aspects politiques 
    
de

     l’union, les porte-paroles des gouvernements ne les évoquent encore q
  
    10126
     des gouvernements ne les évoquent encore qu’avec 
    
d’

    infinies précautions. Ainsi le général de Gaulle, dans son discours du
  
    10127
    il que les nations qui s’associent ne cessent pas 
    
d’

    être elles-mêmes et que la voie suivie soit celle d’une coopération or
  
    10128
    être elles-mêmes et que la voie suivie soit celle 
    
d’

    une coopération organisée des États, en attendant d’en venir, peut-êtr
  
    10129
    une coopération organisée des États, en attendant 
    
d’

    en venir, peut-être, à une imposante Confédération.  Cette attente, ce
  
    10130
    essés », répètent les hommes d’État aux pionniers 
    
de

     la fédération. Pour le malheur de l’Europe et du monde, ils le répète
  
    10131
    t aux pionniers de la fédération. Pour le malheur 
    
de

     l’Europe et du monde, ils le répètent depuis six siècles et demi — ex
  
    10132
    ècles et demi — exactement depuis 1306. Le projet 
    
de

     Pierre Dubois était « prématuré », comme le furent ceux de Podiebrad 
  
    10133
     Dubois était « prématuré », comme le furent ceux 
    
de

     Podiebrad et de Crucé, de Sully et de Comenius, de William Penn et de
  
    10134
    prématuré », comme le furent ceux de Podiebrad et 
    
de

     Crucé, de Sully et de Comenius, de William Penn et de l’abbé de Saint
  
    10135
    », comme le furent ceux de Podiebrad et de Crucé, 
    
de

     Sully et de Comenius, de William Penn et de l’abbé de Saint-Pierre, d
  
    10136
    furent ceux de Podiebrad et de Crucé, de Sully et 
    
de

     Comenius, de William Penn et de l’abbé de Saint-Pierre, de Kant, de S
  
    10137
    e Podiebrad et de Crucé, de Sully et de Comenius, 
    
de

     William Penn et de l’abbé de Saint-Pierre, de Kant, de Saint-Simon, d
  
    10138
    rucé, de Sully et de Comenius, de William Penn et 
    
de

     l’abbé de Saint-Pierre, de Kant, de Saint-Simon, de Mazzini, de Coude
  
    10139
    us, de William Penn et de l’abbé de Saint-Pierre, 
    
de

     Kant, de Saint-Simon, de Mazzini, de Coudenhove et de Briand, enfin d
  
    10140
    lliam Penn et de l’abbé de Saint-Pierre, de Kant, 
    
de

     Saint-Simon, de Mazzini, de Coudenhove et de Briand, enfin du congrès
  
    10141
     l’abbé de Saint-Pierre, de Kant, de Saint-Simon, 
    
de

     Mazzini, de Coudenhove et de Briand, enfin du congrès de La Haye. Les
  
    10142
    aint-Pierre, de Kant, de Saint-Simon, de Mazzini, 
    
de

     Coudenhove et de Briand, enfin du congrès de La Haye. Les conditions 
  
    10143
    ant, de Saint-Simon, de Mazzini, de Coudenhove et 
    
de

     Briand, enfin du congrès de La Haye. Les conditions de « maturité » d
  
    10144
    ini, de Coudenhove et de Briand, enfin du congrès 
    
de

     La Haye. Les conditions de « maturité » de la fédération politique n’
  
    10145
    iand, enfin du congrès de La Haye. Les conditions 
    
de

     « maturité » de la fédération politique n’ayant pas été définies, ce 
  
    10146
    ongrès de La Haye. Les conditions de « maturité » 
    
de

     la fédération politique n’ayant pas été définies, ce jeu peut continu
  
    10147
    eu peut continuer aussi longtemps que les ennemis 
    
de

     l’Europe lui en laisseront le loisir, pas davantage.   324. Texte com
  
    10148
    ement commenté, dans L’Europe de Demain, Éditions 
    
de

     la Baconnière, Neuchâtel, 1945.  325. Cf. le discours de Briand, supr
  
    10149
    aconnière, Neuchâtel, 1945.  325. Cf. le discours 
    
de

     Briand, supra : « une sorte de lien fédéral ». La gaucherie de ces fo
  
    10150
    5. Cf. le discours de Briand, supra : « une sorte 
    
de

     lien fédéral ». La gaucherie de ces formules traduit bien l’hésitatio
  
    10151
    pra : « une sorte de lien fédéral ». La gaucherie 
    
de

     ces formules traduit bien l’hésitation de la pensée politique.  326. 
  
    10152
    ucherie de ces formules traduit bien l’hésitation 
    
de

     la pensée politique.  326. Texte recueilli dans l’Europe en Jeu, par 
  
    10153
    ns l’Europe en Jeu, par D. de Rougemont, Éditions 
    
de

     la Baconnière, Neuchâtel, 1948.