1 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Avant-propos
1 Avant-propos Ce n’ est pas une histoire de l’Europe qu’on va lire, mais seulement une chroni
2 ent sur l’histoire de l’idée européenne, où n’ont été retenus que les meilleurs ou les plus significatifs. J’ai choisi de c
3 peuvent encore parler aux hommes de cette époque, soit en tant que témoins des origines de notre civilisation ou de l’appari
4 aux au niveau de la conscience et de l’histoire ; soit en tant que précurseurs ou champions des plans d’union fédérative qui
5 douze langues anciennes et modernes : 1. L’Europe est beaucoup plus ancienne que ses nations. Elle risque de périr du fait
6 ir qu’en fédérant ses forces. 3. L’Europe unie n’ est pas un expédient moderne, économique ou politique, mais c’est un idéa
7 yonnement de son génie particulier, qui se trouve être , justement, universel. J’étais loin de soupçonner l’ampleur et la com
8 lier, qui se trouve être, justement, universel. J’ étais loin de soupçonner l’ampleur et la complexité de la matière lorsque j
9 de la matière lorsque j’entrepris cet ouvrage. Je suis allé de découverte en découverte, et mon espoir est que le lecteur pa
10 s allé de découverte en découverte, et mon espoir est que le lecteur participe au plaisir que j’y ai pris. Il me reste à re
2 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Première partie. Les Origines d’Hésiode à Charlemagne, (du ixe siècle av. J.-C. au xie siècle de notre ère)
11 siècle de notre ère) D’où vient le nom ? Quel est son sens ? Depuis quand parle-t-on de l’Europe ? (Serait-ce seulement
12 son sens ? Depuis quand parle-t-on de l’Europe ? ( Serait -ce seulement depuis Victor Hugo et Mazzini ? Ou depuis Coudenhove et
13 continent en marécage puis en forêt vierge. Ainsi fut anéantie, vers l’an 8000 av. J.-C., la civilisation qui avait produit
14 et marécages qui reliaient le Danemark à l’Écosse sont recouverts par la mer du Nord. Partis de l’Asie Mineure et de l’Égée,
15 e courant mystique, dont la puissance et la durée sont encore attestées par des milliers et des milliers de monuments dans p
16 Ses origines demeurent encore mystérieuses, mais sont certainement proche-orientales. Son élan associe étrangement la conqu
17 s-mille ans, les conquistadors. Quels qu’aient pu être ces rituels mystérieux, ils ont profondément implanté, dans la consci
18 mble bien qu’une sorte de civilisation commune se soit étendue à la majeure partie du continent : elle est marquée par le ri
19 t étendue à la majeure partie du continent : elle est marquée par le rite généralisé de l’incinération (« Champs d’urnes »)
20 ure comme en négatif l’Europe à venir : celle qui sera conformée, justement, par la pensée, l’art et les lois de ces deux pe
21 s parties du monde, elle n’avait point de nom. Il est certain qu’Europe était Asiatique et qu’elle n’est jamais venue dans
22 le n’avait point de nom. Il est certain qu’Europe était Asiatique et qu’elle n’est jamais venue dans ce pays que les Grecs ap
23 st certain qu’Europe était Asiatique et qu’elle n’ est jamais venue dans ce pays que les Grecs appellent maintenant l’Europe
24 n Crète et de Crète en Lycie.4 Hérodote Europe fut d’abord une déesse, l’une des trois-mille Océanides, « race sainte de
25 roi de Tyr en Phénicie, et descendant de Neptune, est son père. Elle est si belle quant aux yeux — comme son nom grec l’ind
26 cie, et descendant de Neptune, est son père. Elle est si belle quant aux yeux — comme son nom grec l’indique — et d’une si
27 notre ère, en pleine littérature alexandrine. Il est probable que Moschos, poète sicilien de Syracuse, artiste érudit et p
28 cilien de Syracuse, artiste érudit et précieux, s’ est inspiré de peintures traditionnelles, fresques, mosaïques ou cratères
29 ence le troisième tiers de la nuit et où l’aurore est proche, l’heure où le sommeil, plus doux que le miel, posé sur les pa
30 terre d’Asie et la terre d’en face ; leur aspect était celui de femmes. L’une avait les traits d’une étrangère ; l’autre res
31 ue, de par la volonté de Zeus porteur d’égide, il était décidé qu’Europé lui appartenait. Celle-ci se précipita hors de son l
32 lpitait car le songe qu’elle venait de voir avait été aussi net que ce que l’on voit quand on veille. Longtemps, la jeune f
33 tout émue, pendant que je dormais doucement ? Qui était cette étrangère que j’ai vue dans mon sommeil ? Quel désir d’elle a e
34 même année qu’elle, qui plaisaient à son cœur et étaient associées à tous ses jeux, qu’elle se préparât pour prendre part à un
35 es gagnèrent les prairies voisines de la mer, qui étaient le lieu de réunion habituel de leur troupe, charmées par la beauté de
36 éphaistos ; il l’avait donnée à Libye, quand elle était entrée dans le lit du dieu qui ébranle la terre ; Libye l’avait donné
37 l’avait donnée à la toute belle Téléphaassa, qui était de son sang ; et Téléphaassa, mère d’Europé, avait remis ce superbe p
38 ce superbe présent à sa fille non mariée. L’objet était orné de beaucoup d’ouvrages d’orfèvrerie brillant d’un vif éclat. Il
39 en or, Io fille d’Inachos, dans le temps qu’elle était encore génisse et qu’elle n’avait pas forme de femme ; vagabonde elle
40 la plaine salée, comme si elle eût nagé ; la mer était faite de métal azuré. Haut placés, deux hommes se tenaient debout sur
41 faite de métal azuré. Haut placés, deux hommes se tenaient debout sur l’escarpement du rivage, serrés l’un contre l’autre ; ils
42 transforma de nouveau en femme ; le cours du Nil était d’argent ; la vache, de bronze ; quant à Zeus, il était fait en or. A
43 d’argent ; la vache, de bronze ; quant à Zeus, il était fait en or. Autour de la corbeille ronde, au-dessous de la bordure ci
44 eille ronde, au-dessous de la bordure circulaire, était représenté Hermès ; près de lui gisait tout de son long Argos, orné d
45 es couvrait les bords de la corbeille d’or. Telle était la corbeille de la toute belle Europé. Arrivées dans les prés fleuris
46 de Cronos l’eut aperçue, de quel vertige saisi il fut dompté par les traits imprévus de Kypris, seule capable de dompter Ze
47 ea en taureau ; non pas en taureau comme ceux qui sont nourris dans les étables, ni comme ceux qui tirant la charrue recourb
48 chars porteurs de lourds fardeaux. Tout son corps était de couleur blonde, à l’exception d’un cercle blanc pur qui brillait a
49 rition n’effraya point les jeunes filles ; toutes furent prises du désir de s’approcher, de toucher le joli animal, dont la di
50 le Europé ; il lui lécha le cou et la jeune fille fut sous le charme. Elle le caressait, essuyait doucement de ses mains l’
51 e, pour éviter que, traînant derrière elle, il ne fût mouillé par l’onde immense de la mer blanchissante. Aux épaules, le p
52 t allégeait le poids de la jeune fille. Déjà elle était loin de la terre natale ; il n’y avait en vue ni rivage battu par les
53 es mots : « Où m’emportes-tu, taureau divin ? Qui es -tu ? Comment peux-tu parcourir des chemins dangereux aux animaux qui
54 tournant les pieds et ne pas craindre la mer ? Ce sont les navires qui courent sur la mer, les navires prompts à fendre les
55 ture trouves-tu dans l’onde salée ? Sans doute tu es un dieu ; ce que tu fais ressemble à ce que font les dieux. Les dauph
56 voleras comme les oiseaux rapides. Hélas, grande est mon infortune, à moi qui ai quitté la demeure de mon père, et, suivan
57 riger cette traversée et me tracer la route. Ce n’ est pas sans le vouloir d’un dieu que je suis ces humides chemins. » Elle
58 te. Ce n’est pas sans le vouloir d’un dieu que je suis ces humides chemins. » Elle dit ; et le taureau aux belles cornes lui
59 e fille ; ne crains pas les vagues de la mer ; je suis Zeus en personne, bien que, de près, j’aie l’air d’être un taureau ;
60 eus en personne, bien que, de près, j’aie l’air d’ être un taureau ; il est en ma puissance de paraître ce que je veux. C’est
61 que, de près, j’aie l’air d’être un taureau ; il est en ma puissance de paraître ce que je veux. C’est mon amour pour toi
62 mère de nobles fils, qui tous, parmi les hommes, seront porteurs de sceptre. » Il dit ; et ce qu’il avait dit était chose acc
63 eurs de sceptre. » Il dit ; et ce qu’il avait dit était chose accomplie. Déjà apparaissait la Crète ; par un nouveau changeme
64 les Heures lui préparaient une couche ; elle qui était vierge auparavant, sans tarder devint l’épouse de Zeus ; sans tarder,
65 s menaient quelque querelle et que mon fils, s’en étant aperçu, cherchait à les contenir et à les calmer — cependant qu’il le
66 er le gâteau rituel aux dieux préservateurs à qui est dû l’hommage : et j’aperçois alors un aigle qui fuit vers l’autel bas
67 la fin du drame. L’événement que prédit le Songe est donc purement historique, non mythique. Ce sont des réalités plus gén
68 ge est donc purement historique, non mythique. Ce sont des réalités plus générales et plus anciennes d’un millénaire au moin
69 symbolise l’Idylle de Moschos, si tardive qu’elle soit . Selon la plupart des commentateurs récents du Mythe grec6, Europe fu
70 des commentateurs récents du Mythe grec6, Europe fut d’abord une déité asiatique avant de devenir une héroïne : elle serai
71 ité asiatique avant de devenir une héroïne : elle serait en somme une manifestation locale et poétique de la Grande Déesse, do
72 un symbole lunaire, tandis que Zeus et le Taureau seraient tous les deux solaires par excellence. À la vérité, l’arrière-plan d
73 lence. À la vérité, l’arrière-plan du mythe grec est sémitique. Il se situe dans un complexe assyrio-hébraïque auquel la B
74 de Keret (retrouvée à Ras Shamra en 1929). Keret est roi des Sidoniens-Tyriens, c’est-à-dire des Cananéens, que les Grecs
75 anéens, que les Grecs nommeront Phéniciens et qui sont des Sémites : les Hébreux de la mer. Or, Keret est le nom de la Crète
76 nt des Sémites : les Hébreux de la mer. Or, Keret est le nom de la Crète ; les Keretites que mentionne le prophète Sophonie
77 etites que mentionne le prophète Sophonie (II, 5) sont des Crétois. D’autre part, le dieu El, père du Jahwé des Hébreux, est
78 utre part, le dieu El, père du Jahwé des Hébreux, est un dieu-taureau qui a coutume d’enlever des filles sur les rives de C
79 es Grecs. Il a son siège en Kaphtor (Crète) et il est aussi le grand dieu d’Edom, qui est le même nom qu’Adam, qui signifie
80 (Crète) et il est aussi le grand dieu d’Edom, qui est le même nom qu’Adam, qui signifie « rouge » ou Phœnix, — d’où Phénici
81 e les Phéniciens viennent de la mer Érythrée, qui est la mer Rouge.) Notons enfin, d’après Victor Bérard, que le symbole fr
82 s archéologiques les plus récentes. Quoi qu’il en soit de toutes ces hypothèses, ou de ces preuves, si l’on en revient au my
83 nt qu’imiter le modèle de Moschos, que nous avons tenu à citer en entier parce qu’il figure en quelque sorte l’étymologie d’
84 n qu’il adopte le décor traditionnel du mythe, il est le premier à lui donner son sens historique et mondial dans l’émouvan
85 de son audace. Elle qui, naguère dans les prés, n’ était occupée que des fleurs, et en faisait, habile ouvrière, une couronne
86 ’ai trahi, ô piété qu’a vaincue mon délire ! D’où suis -je venue, et où ? Une seule mort est trop légère pour la faute des vi
87 lire ! D’où suis-je venue, et où ? Une seule mort est trop légère pour la faute des vierges. Suis-je éveillée, pleurant un
88 e mort est trop légère pour la faute des vierges. Suis -je éveillée, pleurant un acte honteux ? ou bien, sans reproche, suis-
89 leurant un acte honteux ? ou bien, sans reproche, suis -je le jouet d’une image Dont le vol trompeur, par la porte d’ivoire,
90 es, que cette proie, tendre et pleine de sève, se soit desséchée, je veux belle encore nourrir les tigres. Méprisable Europe
91  » Ainsi elle se lamentait, mais à côté d’elle se tenait Vénus, souriant malignement, et son fils, l’arc détendu. Puis, quand
92 son fils, l’arc détendu. Puis, quand la déesse se fut assez divertie : « Trêve, dit-elle, de colères et de bouillantes quer
93 ureau viendra te donner ses cornes à déchirer. Tu es , sans le savoir, la femme de l’invincible Jupiter. Laisse là les sang
94 voici le mythe attaqué et dénoncé — preuve qu’il est encore bien vivant — par les polémistes chrétiens. Les uns, comme Pru
95 t son immoralité, les autres, comme Lactance, qui sera suivi par saint Jérôme, s’efforcent d’en évacuer le merveilleux : Eu
96 s’efforcent d’en évacuer le merveilleux : Europe fut enlevée par les Crétois dans un navire dont l’insigne était un taurea
97 vée par les Crétois dans un navire dont l’insigne était un taureau.9 Cependant, Isidore de Séville, au viie siècle, se bor
98 représente la vie du siècle, tandis que la Crète serait la vie contemplative. Le rapt d’Europe symbolise à ses yeux le passag
99 e tribulations… l’âme dévote doit le suivre et se tenir à lui comme à un très ferme appui. Pour le géographe Mercator, dont
100 s, méprisants ces fables la disent (Europe) avoir été ravie et enlevée en un navire, portant en proue la figure d’un taurea
101 enseignes un taureau. Quelques-uns disent qu’elle fut ainsi appelée, à cause de sa beauté par la ressemblance de cette fill
102 taureau certes, par lequel ils veulent qu’Europe fût portée, ne représente pas mal à propos les mœurs et naturel des Europ
103 l à propos les mœurs et naturel des Européens. Il est d’un courage un peu élevé, insolent, embelli par ses cornes, de coule
104 des haras ; de très grande continence, mais s’il est amené à sexe dissemblable, il se montre être de chaleur extrême, tout
105 s’il est amené à sexe dissemblable, il se montre être de chaleur extrême, toutefois en après chaste et modéré. Tel est quas
106 extrême, toutefois en après chaste et modéré. Tel est quasi le naturel des Européens, nommément les plus Septentrionaux. D
107 naux. Dès la Renaissance, cependant, le mythe ne sera plus qu’un « beau sujet », soit pour les peintres, soit pour les poèt
108 dant, le mythe ne sera plus qu’un « beau sujet », soit pour les peintres, soit pour les poètes. Rémy Belleau, Ronsard, André
109 lus qu’un « beau sujet », soit pour les peintres, soit pour les poètes. Rémy Belleau, Ronsard, André Chénier, Victor Hugo, e
110 on plus à Vénus : Et quand la terre, au loin, se fut toute perdue Quand le silencieux espace Ouranien Rayonna, seul ardent
111 , nous y aidera mieux que personne : Europe nous est venue d’Asie, mère de toutes les grandes religions, génératrice de to
112 ns, génératrice de tous les grands mythes. Europe est une des formes prises par le premier de ces mythes, par le panthéisme
113 terre et de la fécondité, la Grande Mère où tout est un et divers à la fois. Dès que ce mythe arrive au bord de la Méditer
114 femelle, par une remise en place des valeurs qui est déjà européenne. Qu’est-ce que l’Europe ? Europe est venue d’Asie. El
115 en place des valeurs qui est déjà européenne. Qu’ est -ce que l’Europe ? Europe est venue d’Asie. Elle a été enlevée à l’Ori
116 déjà européenne. Qu’est-ce que l’Europe ? Europe est venue d’Asie. Elle a été enlevée à l’Orient par un dieu du Nord. Zeu
117 ce que l’Europe ? Europe est venue d’Asie. Elle a été enlevée à l’Orient par un dieu du Nord. Zeus-Jupiter devient alors l
118 énergies élémentaires, d’hypostase en hypostase, sont arrivées à se concrétiser, à s’humaniser. Mais avec lui commence une
119 onide Zeus apparaît le dieu-homme dont la mission est de dominer le monde et de le gouverner, afin que les hommes puissent
120 prendra pour première femme l’Océanide Métis, qui est la raison ; mais il l’absorbera en soi, dans la crainte d’en avoir un
121 et il engendrera par la tête Athéné-Minerve, qui est l’intelligence inventrice, active et artiste, le symbole du génie hel
122 e symbole du génie hellénique. Sa deuxième épouse sera Thémis, la justice. Plus tard, il prendra pour femme Mnémosyne, la mé
123 es. Et la dernière, Junon la jalouse, Héra-Junon, sera la morale. Ces mythes ne font-ils pas de lui le symbole de la grande
124 on européenne ? Au culte de Zeus, celui d’Europe est associé, mais comme une manifestation secondaire. Comment va-t-il évo
125 , jusque dans cette Épire montagneuse dont Europe sera l’éponyme — ; enfin, par les îles et le long des côtes, jusque dans l
126 rouve traduire le mouvement général qui a porté d’ Est en Ouest, du Proche-Orient sémitique vers le « continent sans nom » d
127 nt reçu en partage les trois parties du monde que sont respectivement l’Asie, l’Afrique et l’Europe. Cette tripartition myt
128 remplir toute la terre de leur postérité. Ils ne furent pas traités également, car Sem et Japhet ayant couvert la nudité de N
129 Sem et Japhet ayant couvert la nudité de Noé ivre furent seuls bénis par lui : Béni soit l’Éternel, Dieu de Sem, et que Canaa
130 té de Noé ivre furent seuls bénis par lui : Béni soit l’Éternel, Dieu de Sem, et que Canaan (fils de Cham) soit leur esclav
131 ternel, Dieu de Sem, et que Canaan (fils de Cham) soit leur esclave ! Que Dieu étende les possessions de Japhet, qu’il habit
132 u’il habite dans les tentes de Sem, et que Canaan soit leur esclave ! (Gen. 9, 26 et 27.) Pour Ambroise, les fils de Sem so
133 en. 9, 26 et 27.) Pour Ambroise, les fils de Sem sont bons, ceux de Cham mauvais, ceux de Japhet « indifférents », c’est-à-
134 partition d’Ambroise. Pour saint Augustin, Japhet est l’ancêtre des peuples de l’Occident, qui comprend l’Europe et l’Afriq
135 ui comprend l’Europe et l’Afrique, tandis que Sem est l’ancêtre des peuples de l’Orient. Augustin voit dans Genèse 9, 27 un
136 eu. Le mot sur lequel insistent tous ces exégètes est celui que nous avons souligné dans le verset 27 cité : dilatet selon
137 s, Ioniens, Thraces, Gaulois et Espagnols : Tels sont les peuples de la lignée de Japhet, qui, du Mont Taurus dans l’Asie m
138 s de Japhet, et les esclaves, fils de Cham. Il n’ est certes pas démontrable, mais possible, que la relation entre Japhet e
139 ible, que la relation entre Japhet et l’Europe se soit vue confirmée dans l’esprit de ces auteurs par la traduction en grec
140 » par homophonie.12 Un lien — problématique, il est vrai, et proche du calembour — serait ainsi établi entre la Genèse et
141 blématique, il est vrai, et proche du calembour — serait ainsi établi entre la Genèse et la mythologie grecque. L’Europe ferai
142 e. L’Europe ferait partie de l’économie du salut, serait donc un concept acceptable aux yeux des Pères. Et le mythe de Japhet,
143 nom d’Europe. L’origine japhétique de l’Europe ne fut guère contestée jusqu’au xixe siècle. Joseph de Maistre encore, comm
144 ècle. Joseph de Maistre encore, comme Bossuet, la tient pour un dogme établi. Vico spécule à partir d’elle sur la formation d
145 soin de prouver que les trois enfans de Noé, qui étaient les seuls habitans du globe, le partagèrent tout entier ; qu’ils allè
146 ies sur les côtes de l’Asie Mineure ; que cet Ion est visiblement Javan, en changeant I en Ja, et on en van. On fait de ces
147 s n’en croient rien.13 Mais les enfants parfois sont mauvais juges et la gaminerie de Voltaire a tort en l’occurrence. L’é
148 re (certains ayant passé par la Boétie de Cadmus) est aujourd’hui bien attestée14. Mais si l’on songe à l’immense popularit
149 seulement aient osé suggérer que cette tradition étant celle de la chrétienté, la logique eût voulu que notre continent fût
150 étienté, la logique eût voulu que notre continent fût nommé Japhétie plutôt qu’Europe. Ainsi Guillaume Postel, au xvie siè
151 . Ainsi Guillaume Postel, au xvie siècle : Non, est , quod repetatur, eam partem terræ, quam fabulæ Europam dixere, Japeti
152 a région du Delta pour habiter le pays de Canaan, est le père de cinq fils et d’une fille : Europe. Cette dernière ayant ét
153 ils et d’une fille : Europe. Cette dernière ayant été enlevée par le taureau divin (ou par le roi de Crète Taurus), les cin
154 , sur l’ordre de leur père. Comme ils ignorent où est allé le taureau, ils prennent chacun une direction différente. Phœnix
155 aux Punici (de Pœni) puis revient en Canaan, qui sera rebaptisé Phénicie en son honneur. Cilix va en Cilicie, Phineus aux D
156 ir une ville au plus actif d’entre eux. Voilà qui est plein d’enseignements. Rechercher l’Europe c’est la faire ! En d’autr
157 ce des deux mythes. Selon Robert Graves16, Agénor est le héros phénicien Chnas, qui apparaît dans la Genèse sous le nom de
158 enance est-africaine, et les Cananéens pourraient être venus de l’Ouganda par la vallée du Nil et le Delta. La dispersion de
159 grande aventure de ces premiers descubridores que furent les Phéniciens. Voici comment Victor Bérard ramasse en une page étonn
160 héniciens, dans la Méditerranée anté-homérique, s’ étaient lancés pareillement à la quête d’une Terre occidentale, qu’en leur la
161 aient nommer la « terre du Couchant », Eréba. Ils tenaient de leurs maîtres égyptiens la notion de cette « belle Amenât », de ce
162 rent qu’Espéris, fille d’Atlas, — l’Atlantide — s’ était effondrée dans ces eaux, où quelques-uns de nos navigateurs modernes
163 s la pleine signification de la légende de Cadmus est encore loin d’être épuisée par ce rappel de la découverte du Couchant
164 ication de la légende de Cadmus est encore loin d’ être épuisée par ce rappel de la découverte du Couchant. En effet, et touj
165 non plus qu’Hésiode, le premier à nommer Europe, était né et avait vécu en Béotie… Relevons enfin deux autres éléments de pa
166 e parenté mythologique. Si Agénor, père d’Europe, est Canaan, il serait, selon la Genèse, ce fils de Cham promis à l’esclav
167 logique. Si Agénor, père d’Europe, est Canaan, il serait , selon la Genèse, ce fils de Cham promis à l’esclavage. Le mythe gréc
168 blique, c’est aux descendants de Japhet qu’aurait été promis le continent occidental. Non moins curieux est le rapprochemen
169 promis le continent occidental. Non moins curieux est le rapprochement qui saute aux yeux, mais déconcerte, entre le Japhet
170 e Prométhée, et donc grand-père de Deucalion, qui fut précisément le Noé des Grecs… L’Antiquité tenait Japet pour l’ancêtre
171 qui fut précisément le Noé des Grecs… L’Antiquité tenait Japet pour l’ancêtre du genre humain. Audax Japeti genus, écrit Horac
172 i a peuplé la plus grande partie de l’Occident, y est demeuré célèbre sous le nom fameux d’Iapet. Nous allons voir comment
173 s étymologies L’étymologie, trop souvent, nous est donnée pour science par ceux qui la pratiquent sans art. À travers de
174 travers des filiations de signes et de sons qu’il est parfois possible d’établir sans équivoque, elle se propose de recherc
175 pour plus authentiques que les actuelles, qui en seraient dérivées. En tant que science, elle n’en trouve guère, et recense sur
176 n’en trouve que trop et c’est alors son choix qui est significatif. Elle décrit donc les préférences de celui qui découvre
177 r le « vrai » sens d’un mot. Et c’est pourquoi il est intéressant de rappeler ici quelques-unes des « origines » retenues p
178 d’Europe vient de l’hébreu et que notre continent fut la part de Japhet. (Il s’agit donc, comme on l’a vu plus haut, de don
179 écrit, selon Mercator : Nous voyons qu’à Japhet est promise dilatation, ou, comme d’autres l’interprètent, joie, laquelle
180 ; Ur, excellent, Hop, espoir : d’où réussit Europ soit espoir excellent d’un mariage légitime, lequel a été propre de cette
181 espoir excellent d’un mariage légitime, lequel a été propre de cette portion des terres, laquelle Noé donna à Japhet pour
182 sa demeure. Car combien que la postérité de Sem a été plusieurs siècles alliée avec Dieu en la race d’Abraham, si a elle to
183 répudiée. Mais le mariage, par lequel le Christ s’ est adjoint l’Europe son Église, ne sera jamais rompu : de sorte qu’à bon
184 l le Christ s’est adjoint l’Europe son Église, ne sera jamais rompu : de sorte qu’à bon droit la portion de Japhet est dite
185 pu : de sorte qu’à bon droit la portion de Japhet est dite Europe. b) Après l’étymologie fantaisiste, voici la celtique :
186 nt. Reynold, qui les cite, ajoute : « Leur excuse est qu’ils vivaient en un temps où l’on croyait encore qu’Adam parlait ba
187 t tiré de la phonétique. On sait qu’en hébreu, ce sont les consonnes qui comptent, les voyelles étant variables et souvent a
188 ce sont les consonnes qui comptent, les voyelles étant variables et souvent ajoutées par reconstitution. Or les deux consonn
189 e couchant, tant en hébreu qu’en arabe. L’Algarve est la province la plus occidentale du Portugal, or Algarve = El Gharb =
190 aît donc hautement plausible. G. de Reynold, qui tient pour l’étymologie grecque, nous signale toutefois une raison suppléme
191 rbe erephô, couvrir, ombrager, ou encore era, qui est un terme poétique pour désigner la terre. Il est donc possible qu’il
192 est un terme poétique pour désigner la terre. Il est donc possible qu’il soit venu, directement ou indirectement, du sémit
193 our désigner la terre. Il est donc possible qu’il soit venu, directement ou indirectement, du sémitique ereb, soir. d) Res
194 invoquerons de nouveau G. de Reynold21 : Europe est dans son premier sens un adjectif féminin : eurôpé. Cet adjectif est
195 r sens un adjectif féminin : eurôpé. Cet adjectif est le pendant du masculin euruopa ou, plus rarement euruopè, une des épi
196 des mythographes relativement récents. Ces formes sont des vocatifs. Celle d’euruopa est également employée comme nominatif
197 ts. Ces formes sont des vocatifs. Celle d’euruopa est également employée comme nominatif éolien ou bien comme accusatif. Ré
198 me accusatif. Régulièrement, le nominatif devrait être  : euruopès, ou euruops ; mais ces deux formes sont hypothétiques : au
199 tre : euruopès, ou euruops ; mais ces deux formes sont hypothétiques : autrement dit, on ne les trouve nulle part dans les t
200 uites par déclinaison. Quant à l’étymologie, elle est facile. Nous avons là des composés de deux autres mots grecs : l’adje
201 arenté d’Europe avec l’épithète homérique de Zeus est ainsi évidente. Eurôpè, de son côté, n’a point tardé à produire son
202 a pour affluent l’Europos. Le fait qu’« europe » est un qualificatif de Zeus amène à se demander s’il ne se serait pas pro
203 alificatif de Zeus amène à se demander s’il ne se serait pas produit un dédoublement, si l’adjectif ne se serait point séparé
204 pas produit un dédoublement, si l’adjectif ne se serait point séparé du substantif pour devenir lui-même un substantif. Et vo
205 régit le cinquième mois de l’année sacrée23 et il est associé à la magie et aux rites de fertilité dans toute l’Europe… Le
206 longue occupation de la Crète par les Hellènes, a été tiré d’images préhelléniques de la Prêtresse lunaire chevauchant trio
207 halement le taureau solaire, sa victime. La scène est dépeinte par huit plaques moulées de verre bleu, trouvées dans la cit
208 lité au cours duquel la guirlande de Mai d’Europe était portée en procession. Quant à la séduction d’Europe par Zeus changé e
209 d’Europia. Le nom crétois et corinthien d’Europe était Hellotis, qui évoque Helice (saule) ; Hellé et Hélène sont un seul et
210 otis, qui évoque Helice (saule) ; Hellé et Hélène sont un seul et même personnage divin. Callimaque, dans son Épithalame pou
211 s son Épithalame pour Hélène indique que le plane était aussi tenu pour l’arbre sacré d’Hélène. Sa sainteté s’explique par le
212 lame pour Hélène indique que le plane était aussi tenu pour l’arbre sacré d’Hélène. Sa sainteté s’explique par les cinq poin
213 ’Hélène et ancêtre éponyme de tous les Hellènes — était le fils de Deucalion ? Que celui-ci est le Noé de la mythologie grecq
214 lènes — était le fils de Deucalion ? Que celui-ci est le Noé de la mythologie grecque, seul rescapé avec Pyrrha sa femme (g
215 luge dont une colombe lui annonça la fin ? Hellén est donc l’arrière-petit-fils du Japet grec, tandis que Japhet était le f
216 rière-petit-fils du Japet grec, tandis que Japhet était le fils du Noé biblique. La mère de Hellén, Pyrrha, serait la même qu
217 fils du Noé biblique. La mère de Hellén, Pyrrha, serait la même que la déesse Ishtar, qui selon la mythologie babylonienne au
218 qué le Déluge au 3e millénaire av. J.-C. ; et qui est aussi la déesse des Philistins, peuple venu de Crète en Palestine ver
219 ttribuer à Paul Valéry la remarque que l’Europe n’ est qu’un cap ou « un appendice de l’Asie ». Voici son texte le plus souv
220 ce sujet : L’Europe deviendra-t-elle ce qu’elle est en réalité, c’est-à-dire un petit cap du continent asiatique ? Ou bie
221 n quelques-uns, d’après G. de Reynold : L’Europe est une grande presqu’île.26 Cette étroite presqu’île qui ne figure sur
222 ure sur le globe que comme un appendice à l’Asie, est devenue la métropole du genre humain.27 L’Europe n’est à proprement
223 venue la métropole du genre humain.27 L’Europe n’ est à proprement parler qu’une grande péninsule qui termine à l’ouest le
224 pas à proprement parler un tout indépendant. Ce n’ est qu’une péninsule de l’Asie, l’extrémité, la pointe du continent asiat
225 Grèce agrandie30 : On a souvent dit que l’Europe était à l’égard de la terre ce que la Grèce fut jadis à l’égard de l’Europe
226 urope était à l’égard de la terre ce que la Grèce fut jadis à l’égard de l’Europe. La Grèce a le sol médiocrement fertile,
227 ntourée de mers, baignée de golfes profonds, elle tenait un heureux milieu entre l’hiver de la Scythie et les ardeurs de l’Égy
228 Mais ce parallèle entre l’Europe et la Grèce doit être étendu à des rapports plus nobles que ceux de la nature corporelle. L
229 ux grands points de ressemblance. Pourtant ce ne sont pas les Grecs qui ont « découvert » l’Europe, mais bien les Phénicien
230 vu, par Phœnix, l’un des frères d’Europe), Hannon était allé jusqu’au Sénégal dès le Ve siècle avant notre ère. C’est un autr
231 is des établissements et des villes. Leur coutume était de construire des navires à carène plate, propres à glisser sur une m
232 ent du ciel ne gonflerait la voile. Aussi l’air y est -il enveloppé comme d’un manteau de brouillards ; une brume épaisse ca
233 ilent la clarté du jour. Cependant les Grecs ont été les premiers à donner à ce continent le nom de la princesse enlevée p
234 mer Noire. Ainsi Platon fait dire à Socrate : Je suis de plus en plus convaincu que la terre est très vaste et que nous qui
235 : Je suis de plus en plus convaincu que la terre est très vaste et que nous qui habitons du Phase aux Colonnes d’Hercule,
236 ables. C’est ici le lieu de rappeler que Socrate fut le premier philosophe à dire que sa patrie était « le genre humain »,
237 te fut le premier philosophe à dire que sa patrie était « le genre humain », non point sa seule cité natale. Quoi de plus Eur
238 stent entre eux d’une manière étonnante. Comme il serait trop difficile de traiter ces phénomènes dans tous leurs développemen
239 idérablement de l’Europe, non seulement en ce qui est particulier aux hommes, mais encore en ce qui est relatif à toutes le
240 est particulier aux hommes, mais encore en ce qui est relatif à toutes les productions de la terre. Tous les caractères des
241 rre. Tous les caractères des différens phénomènes sont donc communément plus beaux et plus parfaits en Asie qu’en Europe, pa
242 e, parce que la température la plus habituelle en est plus douce ; d’où il suit encore que les peuples qui l’habitent sont
243 ’où il suit encore que les peuples qui l’habitent sont d’un naturel plus doux et d’un esprit plus pénétrant… § 21. Si donc l
244 prit plus pénétrant… § 21. Si donc les Asiatiques sont pusillanimes, sans courage, moins belliqueux et d’un caractère plus d
245 usses vives dont les changemens violens des corps sont les résultats, et qui impriment enfin à l’homme un caractère plus far
246 vait dans une température toujours égale ; car ce sont les passages rapides d’un extrême à l’autre qui stimulent les esprits
247 e l’attribuer à la nature des lois auxquelles ils sont soumis. La plus grande partie de l’Asie étant gouvernée par des rois,
248 ils sont soumis. La plus grande partie de l’Asie étant gouvernée par des rois, il en résulte que partout où les hommes ne so
249 rois, il en résulte que partout où les hommes ne sont ni maîtres de leurs volontés, ni gouvernés par les lois qu’ils se son
250 urs volontés, ni gouvernés par les lois qu’ils se sont données, mais au contraire, soumis à des volontés absolues, ils sont
251 au contraire, soumis à des volontés absolues, ils sont bien loin de s’occuper du métier des armes, ils ont même grand soin d
252 ar la raison que les dangers (ou les intérêts) ne sont pas également partagés. Sous de tels gouvernements les sujets sont fo
253 t partagés. Sous de tels gouvernements les sujets sont forcés d’aller à la guerre, d’en supporter toutes les peines, et de m
254 e de leurs tyrans, lorsque les dangers et la mort sont les seuls fruits qu’ils recueillent de leur bravoure. Ajoutez à cela
255 ux caractères moraux. Aussi voit-on les Européens être d’un naturel plus sauvage, insociable, emporté, par cela même que viv
256 uniforme naît l’insouciance et la paresse, ce qui est le contraire dans une température très variée. Dans cette dernière, l
257 variée. Dans cette dernière, le corps et l’esprit sont plus disposés à l’action, ce qui fortifie le courage et le génie, com
258 , comme l’uniformité dispose à la lâcheté. Telles sont donc les causes du caractère plus belliqueux des habitants de l’Europ
259 ants de l’Europe que des Asiatiques. Mais il n’en est pas moins certain que la forme du gouvernement y contribue aussi, les
260 u gouvernement y contribue aussi, les Européens n’ étant point gouvernés par des rois, comme les Asiatiques, car j’ai déjà obs
261 car j’ai déjà observé que partout où les peuples sont soumis à des rois, ils sont nécessairement très-lâches, en raison de
262 artout où les peuples sont soumis à des rois, ils sont nécessairement très-lâches, en raison de ce que l’âme asservie ne peu
263 ys froids et les différentes contrées de l’Europe sont généralement pleins de courage, mais ils sont inférieurs sous le rapp
264 ope sont généralement pleins de courage, mais ils sont inférieurs sous le rapport de l’intelligence et de l’industrie. C’est
265 ils savent mieux conserver leur liberté, mais ils sont incapables d’organiser un gouvernement et ils ne peuvent pas conquéri
266 conquérir les pays voisins. Les peuples de l’Asie sont intelligents et propres à l’industrie, mais ils manquent de courage,
267 aires, réunit ces deux sortes de caractères, elle est brave et intelligente. Aussi demeure-t-elle libre : elle conserve le
268 ttre à son obéissance toutes les nations, si elle était réunie en un seul État. Après cette étape « hégémonique » vient l’ét
269 gémonique » vient l’étape de « l’adoption ». Elle est caractérisée par la phrase célèbre d’Isocrate, contemporain de Platon
270 nordique assez mal distinguée de la Scythie, qui est la plaine russe. Il lui donne pour axe le Danube, qu’il nomme Ister :
271 pour axe le Danube, qu’il nomme Ister : L’Ister est le plus grand des fleuves que nous connaissions… On ne doit pas s’éto
272 Cependant, Hérodote se demande pourquoi la Terre étant une on lui donne trois noms différents, qui sont des noms de femmes.
273 étant une on lui donne trois noms différents, qui sont des noms de femmes. En effet, selon Strabon : Du temps d’Homère, ni
274  ; l’œcoumène ou terre habitée n’avait pas encore été partagée en trois continents distincts, fait trop marquant qu’il n’eû
275 éussi à faire des montagnes et des rochers où ils étaient confinés un beau et agréable séjour, grâce à leur administration prév
276 telle autre cause rendaient presque inhabitables, sont parvenus à les tirer de leur isolement, à les mettre en rapport les u
277 de la partie habitable, là où le sol de l’Europe est uni et son climat tempéré, la nature semble avoir tout fait pour hâte
278 les contrées riantes et fertiles, les populations sont toujours d’humeur pacifique, tandis qu’elles sont belliqueuses et éne
279 sont toujours d’humeur pacifique, tandis qu’elles sont belliqueuses et énergiques dans les contrées les plus pauvres, il s’é
280 insi, l’avantage dans le cas d’un conflit, devant être , à ce qu’il semble, du côté de ces populations toujours armées et tou
281 reçu de la nature de grands avantages. Comme elle est , en effet, toute parsemée de montagnes et de plaines, partout les pop
282 j’entends celles qui ont le caractère pacifique, étant les plus nombreuses, la paix a fini par y prévaloir universellement,
283 . Il s’ensuit aussi qu’en cas de guerre, l’Europe est en état de suffire à elle-même, puisque, à côté d’une population nomb
284 onc les parfums et les pierres précieuses qu’elle est obligée de tirer du dehors, mais ce sont là des biens dont on peut êt
285 s qu’elle est obligée de tirer du dehors, mais ce sont là des biens dont on peut être privé sans mener pour cela une existen
286 du dehors, mais ce sont là des biens dont on peut être privé sans mener pour cela une existence plus misérable que ne l’est
287 r pour cela une existence plus misérable que ne l’ est en somme celle des peuples qui en regorgent. Ajoutons enfin qu’elle n
288 plus tard, il apparaît clairement que la Grèce n’ est qu’une « petite partie » de l’Europe. Cicéron (Pro Flacco, XXVII), di
289 ugustin, dans La Cité de Dieu, pense que le monde est partagé en deux moitiés, l’Asie occupant l’une, l’Europe et l’Afrique
290 is parcourir de la plume l’Europe en tant qu’elle est connue des hommes. Elle commence donc aux monts Riphées, puis au fleu
291 puis au fleuve Tanaïs35 et aux marais Mæotis, qui sont à l’orient. Elle se continue par le rivage de l’océan septentrional j
292 isse se dire commune à toutes les nations si ce n’ est l’île de Crète… Les anciens se plurent à diviser le monde habitable d
293 rope et l’Afrique… Et ainsi l’île de Crète paraît être située aux confins de ces trois parties du monde. Les géographes qui
294 ite du côté méridional : ils ont dit que l’Europe était délimitée par la mer Méditerranée, qui se continue par la mer que nou
295 tian Münster écrit dans sa Cosmographie : Europa est un pays merveilleusement fertile et a un air naturellement tempéré, u
296 uple viril, qu’elle surpasse Asia et Africa. Elle est partout habitée par les hommes, excepté une petite partie où à cause
297 u’on peut avec cela venir au secours des gens qui sont dans les montagnes.37 En 1679, Robbe, ingénieur et géographe de Lou
298 . On y lit : On ne peut pas nier que l’Europe ne soit la moins étendue des trois parties qui composent l’Ancien Monde ; mai
299 avouer en même temps que, dans sa petitesse, elle est la plus grande en qualité… Si l’Asie se vante d’avoir vu former le pr
300 es du Créateur du ciel et de la terre, et d’avoir été honorée de la naissance et de la présence du Sauveur du monde pendant
301 e de la Sagesse éternelle ; mais que la gloire en est empruntée pour l’Asie qui n’a reçu ce bienfait que par préférence ou
302 ans le Dictionnaire de Moreri : Quoique l’Europe soit la moindre des trois parties de continent, elle a pourtant des avanta
303 qui la doivent faire préférer aux autres. L’air y est extrêmement tempéré, et les provinces très fertiles, si l’on excepte
304 ovinces très fertiles, si l’on excepte celles qui sont sous le continent. Elle est abondante en toutes sortes de biens, et l
305 n excepte celles qui sont sous le continent. Elle est abondante en toutes sortes de biens, et les peuples y sont ordinairem
306 dante en toutes sortes de biens, et les peuples y sont ordinairement doux, honnêtes, civilisés et très propres pour les scie
307 sède le moins de richesses territoriales… nous ne sommes riches que d’emprunts. Tel est néanmoins le pouvoir de l’esprit humai
308 riales… nous ne sommes riches que d’emprunts. Tel est néanmoins le pouvoir de l’esprit humain. Cette région, que la nature
309 la nature n’avait ornée que de forêts immenses, s’ est peuplée de nations puissantes, s’est couverte de cités magnifiques, s
310 immenses, s’est peuplée de nations puissantes, s’ est couverte de cités magnifiques, s’est enrichie du butin des deux monde
311 uissantes, s’est couverte de cités magnifiques, s’ est enrichie du butin des deux mondes ; cette étroite presqu’île qui ne f
312 ure sur le globe que comme un appendice à l’Asie, est devenue la métropole du genre humain. Ainsi d’Hérodote et d’Hippocra
313 qu’à nos jours, l’Europe physique n’a pas cessé d’ être conçue comme un ensemble caractéristique, diversifié mais distingué p
314 il n’en trouve que 34), quoique indéterminée à l’ Est — elle l’est encore au xxe siècle — elle n’en forme pas moins aux ye
315 ve que 34), quoique indéterminée à l’Est — elle l’ est encore au xxe siècle — elle n’en forme pas moins aux yeux des géogra
316 onzague de Reynold : Physiquement, l’Europe, qui est le seul continent articulé, semble déjà l’œuvre de l’intelligence plu
317 de la découverte et de la colonisation. L’Europe est née impériale. Elle a été créée pour être le globe. Voyez sa ligne de
318 colonisation. L’Europe est née impériale. Elle a été créée pour être le globe. Voyez sa ligne de force sortir de l’Asie po
319 L’Europe est née impériale. Elle a été créée pour être le globe. Voyez sa ligne de force sortir de l’Asie pour se tendre ver
320 ’infini par-dessus l’océan. Les autres continents sont lourds et immobiles. Même sur la carte, l’Europe semble bouger. Son d
321 sur la carte, l’Europe semble bouger. Son dessin est évocateur. Strabon la comparait à un dragon ; Camoëns, à un corps hum
322 ëns, à un corps humain dont la péninsule ibérique serait la tête avec le Portugal pour front. D’autres la représentaient comme
323 ainsi en l’honneur de Charles-Quint : « L’Espagne était la tête de cette femme ; le col, les provinces de Languedoc et de Gas
324 nces. » Mais la représentation la plus symbolique est encore celle de quelques anciens géographes. Ils voyaient dans l’Euro
325 ns se dégagent : le concept géographique d’Europe est beaucoup plus ancien, et les mythes grecs et sémitiques beaucoup moin
326 le qu’Hérodote ou Strabon la décrivent, peut-elle être attestée par les textes à des dates aussi reculées ? On en relèvera q
327 ocrate et Aristote. Mais ces deux grands génies n’ étaient pas l’expression d’une opinion courante ou d’une conscience populaire
328 dant l’ère romaine, l’idée d’une Europe politique est tout naturellement refoulée par celle de l’unité impériale commune à
329 alis et pars occidentalis. Il arrive que l’Europe soit nommée en lieu et place de la moitié occidentale de l’Empire, l’Asie
330 comme Seigneur de l’Europe et de l’Asie 39. Ce ne sont là ni l’Europe réelle ni encore moins l’Asie dans toute son extension
331 de l’Orient et se montre jusqu’en Occident, ainsi sera l’avènement du Fils de l’Homme. Ce thème de l’ex oriente lux est si
332 du Fils de l’Homme. Ce thème de l’ex oriente lux est si puissant, que la Vulgate traduit presque toujours par oriens des m
333 ccord pour reconnaître une même Loi 45. Cette loi serait le monothéisme chrétien, qui, selon Celse, détruirait les diversités
334 c’est l’universalisme des chrétiens. Mais ceci n’ est qu’une parenthèse. Avec Sulpice Sévère, écrivain ecclésiastique né e
335 ’est à ses saints qu’elle le doit. Sulpice Sévère est en effet le biographe de saint Martin de Tours, qui passera pour « le
336 isse du nombre et des vertus de ses saints, il ne sera pas mauvais de lui faire entendre que l’Europe ne le cède pas à toute
337 a Vie de Landibert écrit : En ce temps-là, Pépin était le prince de nombreuses régions et cités d’Europe. (Il orthographie E
338 ppa.) Mais voici le texte capital, que l’on peut tenir pour l’acte de naissance de l’Europe historique et politique : on le
339 s-Martel sur les Arabes en 732. Il a certainement été mêlé de près à l’événement, qu’il rapporte en détail quelques années
340 uerant castra locata… Mais les tentes des Arabes sont vides ; les guerriers de Charles-Martel, après le pillage, n’ont plus
341 rancs. Le recul de l’islam à partir de cette date serait dû à une crise intérieure du monde arabe, et surtout à la défaite sub
342 une date décisive dans notre histoire. La preuve est là, qu’au viiie siècle, ceux qui défendent ce continent se voient na
343 chroniqueur « Des six États du monde », l’Europe était essentiellement composée de la Gaulle, de la Germanie et de l’Espagne
344 d’Austrasie, déborde largement l’ancien limes à l’ est et au nord, ainsi que les Pyrénées à l’Ouest : comment nommer l’empir
345 prêtre Cathwulf qui loue Charles, en 775, d’avoir été choisi par Dieu pour être élevé au rang de « gloire de l’empire d’Eur
346 Charles, en 775, d’avoir été choisi par Dieu pour être élevé au rang de « gloire de l’empire d’Europe » : quoi ipse te exal
347 me (ou tiare) de l’Europe, … père suprême » et ce sont là titres mêlés et conjugués d’imperator et de pontifex : Rex Carolu
348 omment les Annales de Fulda (fin du ixe siècle), est donc un seul empire chrétien, né hors de Rome, à domination franque i
349 ncontestée — nous dirions franco-germanique. Ce n’ est donc plus seulement l’une des trois parties de la carte du Monde trad
350 s, éducateur, théologien et rhéteur de cour, elle est le continent de la foi. En tant que telle, l’Europe de Charles se tro
351 Charles se trouve plus près de « l’Orient », qui est Jésus-Christ, que de « l’Occident » classique, mauvaise moitié du mon
352 Pieux, son fils — le partage de l’empire vient d’ être consommé — on note un changement bien typique dans les formules des p
353 ent dans l’ombre des intrigues pré-nationales, et sera le champ de l’ambition « romaine » des empereurs « de nation germaniq
354 Empire et papauté, dans les siècles à venir, qui seront notre Moyen Âge, vont remplir les chroniques de leurs luttes, refoula
355 ouvoir des Européens, « grands et petits », s’ils sont unis : … Comme en témoignent les arches du pont de Mayence, que tout
356 parlent encore de l’Europe, mais le sens du nom n’ est plus que rhétorique (souvenir de Charles) ou simplement géographique 
357 miserat). Sur le manteau constellé de l’empereur était brodée cette inscription : O decus Europæ Cæsar Heinrice beate — An
358 s l’an 850 av. J.-C. 2. André Varagnac : Comment est née l’Europe ?, La Table ronde, n° 113. 3. Hegel puis Ranke ont for
359 e interprétation « rationaliste » de saint Jérôme était déjà celle d’Hérodote — évhémériste avant la lettre — qui écrit dans
360 t ravirent la fille du roi, Europe ; ce pouvaient être des Crétois. 10. Gonzague de Reynold, La formation de l’Europe, I, p
361 -184. L’année sacrée des Celtes, qui paraît avoir été commune aux traditions sacrées de toute l’Europe, commençait un jour
362 av. J.-C.) divise la Terre en deux moitiés : à l’ est de l’Hellespont, l’Asie, qui n’est encore que l’Asie Mineure ; à l’ou
363 moitiés : à l’est de l’Hellespont, l’Asie, qui n’ est encore que l’Asie Mineure ; à l’ouest l’Europe. 32. Dans une lettre
364 erra plus loin, p. 224 comment Hegel conçoit un «  Est en soi » qui est l’Asie. 43. Selon la remarque de J. Fischer, op. ci
365 . 224 comment Hegel conçoit un « Est en soi » qui est l’Asie. 43. Selon la remarque de J. Fischer, op. cit., p. 41. 44. C
3 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Deuxième partie. Prises de conscience européennes. De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre, (xive au xixe siècle) — 1. Sur plusieurs siècles de silence « européen »
366 rages récents désignent, dans leurs titres, comme étant celle, par excellence, de « la Naissance », ou de « l’Essor », ou de
367 mer une Europe ? Cette période d’unité exemplaire serait aussi celle où le sujet de cette unité eût ignoré qu’il existât ? J.
368 cette phrase paradoxale : « L’Europe occidentale est issue de la désintégration de l’Empire carolingien. » Or, l’Empire ca
369 l’Empire carolingien. » Or, l’Empire carolingien était une Europe occidentale unie. L’Europe serait donc née de la désintégr
370 ngien était une Europe occidentale unie. L’Europe serait donc née de la désintégration de son unité politique ? Là-dessus, des
371 . Essayons de simplifier. L’Europe de Charlemagne est un empire sacerdotal. À partir de la querelle des Investitures, elle
372 r de la querelle des Investitures, elle cessera d’ être une en esprit. Elle retombera donc au niveau d’une entité purement gé
373 ibniz. Le motif de la croisade contre les Turcs n’ est guère absent que chez trois des auteurs marquants que nous citerons :
374 ppels à l’union des princes de l’Europe n’ont-ils été lancés — en vain d’ailleurs — qu’au début du xive siècle ? Ne serait
375 ain d’ailleurs — qu’au début du xive siècle ? Ne serait -ce point parce qu’en ce temps paraît la première nation qui défie à l
376 ’ici les tensions qui animaient le corps chrétien étaient de nature « universelle » ou pouvaient apparaître telles. Elles conce
377 r compensation, la nostalgie de l’unité. Dante en est le premier témoin, viril, sublime et absolu. Situons-le dans le débat
378 . Brugmans. 54. Paris, 1941. La date et le lieu sont à noter.
4 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Deuxième partie. Prises de conscience européennes. De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre, (xive au xixe siècle) — 2. Premiers plans d’union
379 1321) Selon Gilles de Rome (xiiie s.) le pape est à l’instar de Dieu, premier Moteur. Il est la source de l’ordre cosmi
380 e pape est à l’instar de Dieu, premier Moteur. Il est la source de l’ordre cosmique, du mouvement des choses et de la jurid
381 i viennent l’autorité (un prince païen ne saurait être qu’un « brigand »), le droit de propriété et de succession, la légiti
382 égitimité du mariage. Un pécheur séparé du pape n’ est littéralement rien. En face du pape, pourtant, voici que se dresse l’
383 eur. Selon Marsile de Padoue, c’est le peuple qui est le vrai dépositaire de toute autorité, et il la délègue à l’empereur.
384 se situe Dante dans ce drame ? Pour lui, le pape est la source unique de l’autorité, la neuvième sphère du Ciel qui commun
385 ns lui devoir son autorité. Cependant, l’empereur est la cause première de l’ordre social, et nul baron ne commande sans te
386 de l’ordre social, et nul baron ne commande sans tenir de lui son pouvoir. Il est le principe d’unité du genre humain. Et il
387 ron ne commande sans tenir de lui son pouvoir. Il est le principe d’unité du genre humain. Et il est nécessairement juste,
388 Il est le principe d’unité du genre humain. Et il est nécessairement juste, étant tout-puissant, donc sans ambition personn
389 du genre humain. Et il est nécessairement juste, étant tout-puissant, donc sans ambition personnelle, donc vertueux. De plus
390 s ambition personnelle, donc vertueux. De plus il est le délégué du peuple romain, prédestiné par Dieu à régner sur le mond
391 is que le pape conduit les âmes à la lumière, qui est leur seule liberté. (De Monarchia, III, XVI.) Dans un tel système, po
392 uniformiser) une Société universelle des États55, est donc nécessaire à la paix du genre humain. Et le monarque, l’empereur
393 ommes au nom de l’intelligence supérieure qui lui est impartie par nature. (Ne serait-ce pas un équivalent, a-t-on remarqué
394 e supérieure qui lui est impartie par nature. (Ne serait -ce pas un équivalent, a-t-on remarqué56, du pouvoir moderne de la Sci
395 squ’il jouit du repos et de la paix ; et sa tâche est presque divine, selon la parole sainte : tu l’as placé peu au-dessous
396 s des anges. D’où il suit que la paix universelle est le meilleur de tous les moyens qui peuvent nous procurer le bonheur…5
397 r…57 Si nous considérons le village, dont la fin est le concours agréable des personnes et des choses, il faut qu’un seul
398 e des personnes et des choses, il faut qu’un seul soit le chef des autres, que ce chef soit désigné par des étrangers, ou qu
399 t qu’un seul soit le chef des autres, que ce chef soit désigné par des étrangers, ou que sa propre supériorité, du consentem
400 des rivalités qui luttent pour la prééminence, il est complètement détruit. Ensuite, si nous considérons la cité, dont la f
401 Ensuite, si nous considérons la cité, dont la fin est le bien-vivre et le mieux-vivre, un gouvernement unique s’impose ; et
402 roduit-il, non seulement la fin de la vie sociale est perdue, mais la cité elle-même disparaît. Enfin dans un royaume, dont
403 ême disparaît. Enfin dans un royaume, dont la fin est d’assurer, avec plus de sécurité et de tranquillité les bienfaits de
404 ole de l’infaillible vérité : tout royaume divisé est perdu. Ce qui se passe en chacun des groupements qui sont ordonnés à
405 du. Ce qui se passe en chacun des groupements qui sont ordonnés à un but unique établit la vérité de ce qui a été avancé plu
406 nés à un but unique établit la vérité de ce qui a été avancé plus haut. Désormais, il est évident que la totalité du genre
407 é de ce qui a été avancé plus haut. Désormais, il est évident que la totalité du genre humain est ordonnée à un but unique,
408 s, il est évident que la totalité du genre humain est ordonnée à un but unique, ainsi qu’on l’avait déjà fait entendre. Don
409 eul commande, qu’un seul dirige ; et ce chef doit être appelé monarque ou empereur. Donc il est évident que la bonne existen
410 ef doit être appelé monarque ou empereur. Donc il est évident que la bonne existence du monde exige l’existence de la Monar
411 u de l’Empire.58 Entre deux princes, dont l’un n’ est nullement soumis à l’autre, peut s’élever un litige, soit par leur pr
412 lement soumis à l’autre, peut s’élever un litige, soit par leur propre faute, soit par la faute de leurs sujets ; c’est évid
413 t s’élever un litige, soit par leur propre faute, soit par la faute de leurs sujets ; c’est évident. Donc entre eux il faut
414 eut examiner la conduite de l’autre (chacun d’eux étant indépendant, et un égal n’ayant sur son égal aucun pouvoir), un trois
415 oit exister, d’une juridiction plus ample, et qui tienne les deux princes précédents sous son pouvoir. Ce prince sera le monar
416 ux princes précédents sous son pouvoir. Ce prince sera le monarque…59 Remarquons que cette phrase : le genre humain peut êt
417 emarquons que cette phrase : le genre humain peut être gouverné par un seul, ne doit pas être entendue au sens que les plus
418 umain peut être gouverné par un seul, ne doit pas être entendue au sens que les plus minimes règlements d’une ville quelconq
419 e suprême ; souvent en effet les lois municipales sont défectueuses, et elles ont besoin d’être jugées, ainsi qu’il résulte
420 icipales sont défectueuses, et elles ont besoin d’ être jugées, ainsi qu’il résulte du cinquième livre à Nicomaque, où le Phi
421 s possèdent des qualités différentes, qui doivent être dirigées par des lois différentes. La loi est une règle de direction
422 nt être dirigées par des lois différentes. La loi est une règle de direction pour la vie. Autrement doivent être dirigés le
423 règle de direction pour la vie. Autrement doivent être dirigés les Scythes qui vivent hors le septième climat, ils subissent
424 chaleur. Le véritable sens de la phrase du début est celui-ci : le genre humain, sur les points communs qui intéressent to
425 nts communs qui intéressent tous les hommes, doit être gouverné par un seul monarque, et doit être orienté vers la paix par
426 doit être gouverné par un seul monarque, et doit être orienté vers la paix par une seule loi. Cette règle ou loi, les princ
427 à telle action. Or cette opération, non seulement est possible à un seul, mais elle ne peut être faite que par un seul, sou
428 ulement est possible à un seul, mais elle ne peut être faite que par un seul, sous peine d’introduire la confusion dans les
429 stait une Monarchie parfaite. Que le genre humain fût alors heureux, au milieu de la tranquillité de la paix universelle, t
430 omporta le monde, comment la tunique sans couture fut déchirée par les ongles de la cupidité, nous pouvons le lire chez les
431 s luttes et querelles, de quels naufrages dois-tu être agité ! Tu es devenu un monstre aux multiples têtes, et tu te perds e
432 elles, de quels naufrages dois-tu être agité ! Tu es devenu un monstre aux multiples têtes, et tu te perds en efforts cont
433 es, et tu te perds en efforts contradictoires. Tu es malade en l’un et l’autre de tes intellects, et aussi en ta sensibili
434 au nom du Saint-Esprit, annoncent : « combien il est bon, combien il est agréable de vivre avec des frères et d’être fondu
435 rit, annoncent : « combien il est bon, combien il est agréable de vivre avec des frères et d’être fondu en un. »61 Après
436 ien il est agréable de vivre avec des frères et d’ être fondu en un. »61 Après cette utopie sublime de la Paix par l’Empire
437 namment précise pour l’époque, d’une Europe qui n’ est pas seulement géographique mais déjà « culturelle » comme dirait notr
438 dirait notre siècle. Son unité dans la diversité est illustrée par l’exemple des langues. Citons le traité De vulgari eloq
439 . Et comme la souche primitive de la race humaine fut plantée aux rivages de l’Orient, et que de là notre race s’est propag
440 ux rivages de l’Orient, et que de là notre race s’ est propagée des deux côtés en multiples rameaux pour s’étendre enfin jus
441 tendre enfin jusqu’aux pays d’Occident, peut-être est -ce alors pour la première fois que les fleuves de l’Europe, ou du moi
442 du moins certains d’entre eux, ont désaltéré des êtres doués de raison. Mais, que ses derniers occupants soient venus de l’é
443 doués de raison. Mais, que ses derniers occupants soient venus de l’étranger ou que des indigènes de l’Europe y soient revenus
444 de l’étranger ou que des indigènes de l’Europe y soient revenus, ces hommes y apportèrent un langage divisé en trois branches
445 Méotide aux limites occidentales de l’Angleterre, est borné par le pays des Italiens et des Français et par l’Océan, n’a pa
446 parlé qu’un seul idiome, bien que plus tard il se soit divisé en plusieurs langues vulgaires chez les Esclavons, les Hongroi
447 tout ce qui, au-delà, porte le nom d’Europe, et s’ est propagé plus loin. Tout le reste de l’Europe a été occupé par un troi
448 st propagé plus loin. Tout le reste de l’Europe a été occupé par un troisième langage, bien que maintenant il semble divisé
449 insi Dieu, le ciel, l’amour, la mer, la terre, il est , il vit, il meurt, il aime, et presque tout le reste. Les peuples de
450 que la Sicile. Quant aux gens de langue d’oïl, ce sont en quelque sorte des septentrionaux en regard de ceux-là, car ils ont
451 de ceux-là, car ils ont à l’orient les Allemands, sont entourés à l’ouest et au nord par la mer d’Angleterre, et limités par
452 r les montagnes d’Aragon ; au midi également, ils sont bornés par les Provençaux et par les pentes de l’Apennin. Pierre
453 ter la Politique d’Aristote. Saint Thomas d’Aquin étant mort en 1274 et l’enseignement de Siger devant être placé vers le mêm
454 nt mort en 1274 et l’enseignement de Siger devant être placé vers le même temps, il semble que l’on ne se tromperait guère e
455 for ecclésiastique très large encore, mais qui n’ était rien auprès de l’immensité des attributions que les cours cléricales
456 nsité des attributions que les cours cléricales s’ étaient arrogées jusque-là. En 1300, nous trouvons Pierre Dubois exerçant à C
457 royales. Déjà, sans doute, avant cette époque, il était entré en rapport avec quelques-unes des personnes du gouvernement. En
458 de précision des cinq derniers mois de l’an 1300, est adressé à Philippe le Bel, et rentre tout à fait dans l’ordre des pré
459 ur avocat de province, sans rapport avec la cour, fût si bien renseigné… La pensée dominante de Pierre Dubois était la rési
460 n renseigné… La pensée dominante de Pierre Dubois était la résistance aux empiètements de l’Église et l’extension des pouvoir
461 le plus important de ses ouvrages, celui où il s’ est plu à rassembler toutes ses idées de politique et de réformes sociale
462 r les moyens de recouvrer la Terre sainte65. … Il est permis de penser que Dubois tenait assez peu au but lointain qu’il as
463 re sainte65. … Il est permis de penser que Dubois tenait assez peu au but lointain qu’il assignait à l’activité des nations ch
464 is en Normandie. En l’année 1308, il paraît avoir été au plus haut degré de son crédit auprès de Philippe. En cette année,
465 n cette année, l’empereur Albert d’Autriche ayant été assassiné, et Clément V se trouvant à Poitiers entre les mains de Phi
466 e paraît pas avoir donné suite à ce projet. « Il serait assez difficile, écrit Chr. L. Lange 66, d’exposer les idées du trait
467 systématique : les digressions et les répétitions sont fréquentes ; les idées exposées par l’auteur semblent assez disparate
468 moyens d’abréger les procès. Ce dernier sujet lui tient notamment à cœur, il le considère comme étroitement lié à celui de « 
469 is comme pour Dante et Marsile de Padoue, la paix est le summum bonum. Mais elle signifie avant tout la paix entre nations
470 as en Terre sainte s’ils apprennent que leur pays est en danger de guerre. Cependant, il ne suffit pas de prêcher la paix :
471 le, dans cette fin des siècles, que tout le monde soit gouverné quant aux choses temporelles par un seul monarque, qui dirig
472 , des séditions, des dissensions sans fin ; et il serait impossible pour n’importe qui d’y mettre fin, à cause de la multitude
473 isposition naturelle des hommes au désaccord ; il est vrai que quelques-uns ont été appelés généralement les monarques du m
474 s au désaccord ; il est vrai que quelques-uns ont été appelés généralement les monarques du monde ; je ne crois pas toutefo
475 efois que, depuis que les différentes régions ont été peuplées, il n’y eut jamais personne à qui tous aient obéi… Mais il e
476 ut jamais personne à qui tous aient obéi… Mais il est vraisemblable que dans les choses spirituelles, il peut et il doit y
477 ant au spirituel, gouvernerait et dirigerait de l’ est à l’ouest et du nord au sud. La « république chrétienne » de Pierre
478 d. La « république chrétienne » de Pierre Dubois est une sorte de Confédération, qui serait placée sous la direction d’un
479 Pierre Dubois est une sorte de Confédération, qui serait placée sous la direction d’un concile, dans lequel les différentes na
480 tatuer que des arbitres ecclésiastiques ou autres seraient désignés, des hommes prudents et experts et fidèles, qui après avoir
481 parties, hommes aisés et de telle condition qu’il soit probable qu’ils ne puissent être corrompus ni par amour, ni par haine
482 condition qu’il soit probable qu’ils ne puissent être corrompus ni par amour, ni par haine, ni par peur, ni par convoitise,
483 ils se réuniraient dans un endroit approprié, et, étant assermentés de la manière la plus stricte, après qu’ils auraient reçu
484 ls recevraient — en éliminant d’abord tout ce qui serait superflu et inepte — les preuves et les instruments qu’ils examinerai
485 raient consciencieusement… Si l’une des parties n’ est pas contente de la sentence, les juges eux-mêmes doivent renvoyer tou
486 ences, devant le siège apostolique, afin qu’elles soient amendées et changées par le Souverain Pontife, si cela est juste ; si
487 ées et changées par le Souverain Pontife, si cela est juste ; si non elles doivent être confirmées et enregistrées dans les
488 Pontife, si cela est juste ; si non elles doivent être confirmées et enregistrées dans les archives de l’Église ad perpetuam
489 s archives de l’Église ad perpetuam memoriam. Il est intéressant de noter que le pape est désigné par cet avocat de l’État
490 emoriam. Il est intéressant de noter que le pape est désigné par cet avocat de l’État national pour être le juge suprême d
491 st désigné par cet avocat de l’État national pour être le juge suprême dans les litiges des princes superioris in terris non
492 entes. Cependant les sanctions ecclésiastiques ne sont pas suffisantes car, note-t-il, ce sont surtout les peines temporelle
493 tiques ne sont pas suffisantes car, note-t-il, ce sont surtout les peines temporelles que l’on craint : La peine temporell
494 l’on craint : La peine temporelle, bien qu’elle soit sans comparaison moindre que la peine éternelle, est plus redoutée ;
495 sans comparaison moindre que la peine éternelle, est plus redoutée ; elle sera plus avantageuse à la Terre sainte ; elle n
496 que la peine éternelle, est plus redoutée ; elle sera plus avantageuse à la Terre sainte ; elle nuira moins à tous les pare
497 t de conquête des lieux saints : les trouble-paix seront déportés en Orient, où ils auront l’occasion de développer leurs capa
498 ême l’opposition à prévoir : le pays récalcitrant serait cerné, toute importation prohibée, et la faim réussirait plus facilem
499 el il vit. Il voit que la monarchie universelle n’ est plus possible ; que le problème qui se pose, c’est la coexistence dan
500 iaire de vider les litiges entre États souverains est l’arbitrage. Il recommande des mesures dont beaucoup étaient connues
501 rbitrage. Il recommande des mesures dont beaucoup étaient connues à son époque : le concile convoqué par le pape ; l’arbitrage
502 voient vraiment la réalité, comme il l’a vue. Il était trop réaliste pour son époque, qui ne l’était guère. » Cependant, Lan
503 Il était trop réaliste pour son époque, qui ne l’ était guère. » Cependant, Lange a bien montré la faiblesse essentielle — qu
504 Dubois : « Le point de départ de son raisonnement est l’existence de l’État, du prince souverain, rex qui non recognoscit s
505 hilippe le Bel et de Boniface VIII. Pierre Dubois est le premier qui l’a posé, et qui a tâché d’en indiquer une solution. »
506 l’état naissant et virulent, déchirent son corps. Est -ce le corps de la chrétienté ? Pétrarque n’a pas l’air de le penser,
507 ne Europe où, dans plusieurs régions, « le Christ est inconnu ou méconnu » : Transporte-toi maintenant en esprit plus loin
508 t la Grande-Bretagne, projetée hors du continent, sont fréquemment affaiblies par des guerres désastreuses. La Germanie, non
509 èche. Dans les autres régions d’Europe, le Christ est inconnu ou mal vu… Le lieu de naissance et le sépulcre même du Seigne
510 gneur, double port de la paix pour les chrétiens, sont piétinés par les chiens et ceux qui s’y rendent ne trouvent nul accès
511 nnique, et peut-être y mourir ? Et voici que nous sommes maintenant certains qu’il est en cette geôle et nous craignons qu’il
512 t voici que nous sommes maintenant certains qu’il est en cette geôle et nous craignons qu’il y meure. Qui eût imaginé que l
513 ât jusqu’aux portes de Paris ? Et voici qu’elle y est .68 Le roi Georges Podiebrad et Antoine Marini Le roi de Franc
514 iebrad (1420-1471), pauvre gentilhomme tchèque, s’ était battu avec l’armée des « taborites » ou hussites radicaux, n’étant d’
515 l’armée des « taborites » ou hussites radicaux, n’ étant d’ailleurs lui-même qu’un hussite modéré ou « utraquiste ». Élu roi d
516 raves, qui cependant l’ont influencé. C’est qu’il est ambitieux et que, briguant l’Empire bien qu’hérétique, il a besoin de
517 ux princes étrangers au nom du roi de Bohême ; il est allé à Venise, il s’est adressé au duc de Bourgogne, qui l’a éconduit
518 nom du roi de Bohême ; il est allé à Venise, il s’ est adressé au duc de Bourgogne, qui l’a éconduit. Il a enfin soumis le p
519 ommunié et déclaré déchu le roi Georges. Celui-ci tint bon cependant ; il mourut sur le trône en 1471. » Le projet présenté
520 en 1471. » Le projet présenté à Louis XI en 1463 est écrit en latin. Dans les Mémoires de Philippe de Comines, qui le repr
521 ens historiens, nous constatons que la chrétienté fut autrefois extrêmement florissante et heureuse tant par sa population
522 nt par sa population que par sa puissance : telle était son étendue qu’elle enfermait en son sein cent-dix-sept vastes royaum
523 enant, en revanche, nous voyons tous combien elle est déchirée, réduite, affaiblie, dépouillée de tout son éclat et de tout
524 endeur d’autrefois… Car l’islam, puis les Turcs, sont survenus, « réduisant en leur puissance d’abord le glorieux empire de
525 enté, gloire de l’univers, comment tout honneur s’ est -il retiré de toi ? Comment a disparu ton éclat sans rival ? Où est la
526 toi ? Comment a disparu ton éclat sans rival ? Où est la vigueur de ton peuple ? Où, le respect que toutes les nations te p
527 ont servi tant de victoires, si tu devais si vite être menée au triomphe de tes vainqueurs ? À quoi bon avoir résisté à la p
528 oyaumes et s’évanouissent les puissances ! Quelle est la cause d’un tel changement et d’une telle ruine ? Il n’est pas faci
529 e d’un tel changement et d’une telle ruine ? Il n’ est pas facile de la discerner, parce que les jugements de Dieu sont cach
530 de la discerner, parce que les jugements de Dieu sont cachés. Les champs ne sont pas moins fertiles aujourd’hui qu’autrefoi
531 les jugements de Dieu sont cachés. Les champs ne sont pas moins fertiles aujourd’hui qu’autrefois, les troupeaux ne sont pa
532 rtiles aujourd’hui qu’autrefois, les troupeaux ne sont pas moins féconds ; le produit de la vigne emplit les cuves avec usur
533 s preuves dans une foule de domaines, les lettres sont aussi florissantes que jamais. Qu’est-ce donc qui a abattu la chrétie
534 es lettres sont aussi florissantes que jamais. Qu’ est -ce donc qui a abattu la chrétienté au point que des cent-dix-sept roy
535 us avons parlé, il n’en a subsisté que seize ? Il est peut-être certains péchés que Dieu veut punir, ainsi que nous lisons
536 ue nous lisons dans l’Ancien Testament que cela s’ est produit quelquefois. Aussi croyons-nous devoir nous examiner attentiv
537 examiner attentivement, afin que, si une faute a été commise, elle soit réparée. … Bien qu’à présent le sort des Grecs soi
538 ement, afin que, si une faute a été commise, elle soit réparée. … Bien qu’à présent le sort des Grecs soit lamentable et qu’
539 it réparée. … Bien qu’à présent le sort des Grecs soit lamentable et qu’il faille déplorer la ruine de Constantinople et d’a
540 d’autres provinces, nous devons pourtant, si nous sommes avides de gloire, souhaiter cette occasion qui peut nous réserver l’h
541 cette occasion qui peut nous réserver l’honneur d’ être appelés défenseurs et mainteneurs du nom chrétien. C’est pourquoi, da
542 ces guerres, rapines, désordres (etc.), nous nous sommes décidés, en toute connaissance de cause, après mûre délibération, apr
543 éclame de nous amour et fraternité, et sans avoir été attaqués ou provoqués, ouvrent les hostilités contre l’un de nous, ou
544 és contre l’un de nous, ou qu’il arrivât qu’elles fussent ouvertes (ce qui paraît fort peu à craindre étant donné cette amitié
545 ssent ouvertes (ce qui paraît fort peu à craindre étant donné cette amitié et charité), notre Assemblée ci-dessous désignée d
546 ambassadeurs à nos frais communs et sans même en être requise par notre collègue attaqué, pour apaiser les litiges et rétab
547 ires à la concorde et à la paix, à l’amiable s’il est possible, ou les amener à choisir des arbitres ou à plaider devant le
548 n ou habitation… Les organes de la Confédération sont ensuite indiqués : Cour de justice ou Consistoire, Assemblée, enfin f
549 entrer en action : Mais, comme la paix ne peut être cultivée sans la justice ni la justice sans la paix… nous avons prévu
550 partout les ruisseaux de la justice. Ce tribunal sera organisé, quant au nombre et à la qualité des personnes et des statut
551 et décidé. Et afin que dans ce tribunal un terme soit fixé aux procès pour éviter qu’ils ne s’éternisent, nous voulons que
552 omme cet acte de bonne intelligence et de charité est fait et établi avant tout à la gloire et à l’honneur de la divine maj
553 onnellement les forces et les ressources qui nous sont communes ; et pour accomplir et exécuter cette tâche, nous paierons e
554 , nous paierons et donnerons toutes les dîmes qui sont données et versées aux Églises, aux ecclésiastiques et aux religieux
555 uments et ceux de nos sujets, à fournir, comme il est dit, à raison de trois jours par an tant que besoin sera. En outre, c
556 t, à raison de trois jours par an tant que besoin sera . En outre, comme il faut tout prévoir avec un zèle et un soin judicie
557 s, quelles machines et quel matériel de guerre il sera nécessaire d’employer, à quel endroit toutes les armées de terre devr
558 esse de la construction : Item, afin que ce qui est écrit ci-dessus et ci-dessous soit, dans l’ensemble et le détail, mis
559 afin que ce qui est écrit ci-dessus et ci-dessous soit , dans l’ensemble et le détail, mis à exécution comme il est dû, nous
560 l’ensemble et le détail, mis à exécution comme il est dû, nous promettons et prenons l’engagement de la manière susdite que
561 seil propre et spécial, qu’un seul président X en soit le père et la tête, et que nous autres rois et princes de la chrétien
562 e nous autres rois et princes de la chrétienté en soyons les membres ; que ledit Collège ait aussi sur nous tous, sur nos suje
563 touchent et concernent en quelque manière que ce soit un Collège légal et légitime. Et afin que chaque pays conserve intact
564 principaux offices de l’Assemblée des hommes qui soient issus et originaires de cette même nation, et en connaissent et compr
565 d’une seule et même nation, des votes contraires sont donnés et émis sur quelque sujet, nous décidons que ce qui aura été f
566 sur quelque sujet, nous décidons que ce qui aura été fait et conclu par la majorité sera maintenu aussi fermement que si c
567 ue ce qui aura été fait et conclu par la majorité sera maintenu aussi fermement que si cela avait été jugé et arrêté à l’una
568 é sera maintenu aussi fermement que si cela avait été jugé et arrêté à l’unanimité par cette nation… L’une des dernières c
569 te nation… L’une des dernières clauses du traité fut la raison bien évidente de l’échec final du projet : par une ruse cou
570 veiller à ce que les dîmes, perçues par l’Église, soient désormais versées à l’Assemblée, nouveau défenseur de la Foi ! Polime
571 e, c’est un pape, à l’aube de la Renaissance, qui sera le premier à désigner de nouveau par son nom légendaire et païen cett
572 sait que trop que les premiers efforts d’unité se sont dessinés jusqu’alors contre le Saint-Siège, précisément, et ses préte
573 l’un des plus glorieux humanistes de son temps71, fut élevé au pontificat sous le nom de Pie II en 1458, l’année même, noto
574 58, l’année même, notons-le, où Georges Podiebrad était élu roi de Bohême. Byzance venait de tomber aux mains des Turcs. Pour
575 aux mains des Turcs. Pour Æneas Silvius, l’Europe est identifiée à « notre patrie, notre maison », car tout y participe d’u
576 s notre propre maison, dans notre siège, que nous sommes attaqués et tués.72 Vers la fin de sa vie, il avait entrepris la ré
577 s les chapitres sur « Asie » et « Europe » purent être terminés. Pour la première fois depuis des siècles, l’Europe s’y trou
578 t historique, non plus seulement géographique. Il est malheureusement impossible d’en citer des extraits significatifs, car
579 ay 73, et quand il devint pape, sa première tâche fut de défendre la chrétienté par la force de la persuasion et par la for
580 des armes. Pour Pie II, la chrétienté et l’Europe étaient une seule et même chose. » Dans sa fameuse Lettre à Mahomet II, il én
581 il énumère les ressources de la chrétienté comme étant les ressources de l’Europe, et nie l’existence de véritables chrétien
582 ehors de l’Europe. Nous ne pouvons croire que tu sois assez ignorant de ce qui nous concerne pour ne pas voir quelle est la
583 t de ce qui nous concerne pour ne pas voir quelle est la puissance du peuple chrétien, combien vaillante est l’Espagne, gue
584 a puissance du peuple chrétien, combien vaillante est l’Espagne, guerrière la France, populeuse la Germanie, forte la Breta
585 de les exclure en tant que faux chrétiens : Ils sont tous imbus d’erreur, quoiqu’ils rendent un culte au Christ — Arménien
586 jamais accepté les accords conclus à Florence et sont demeurés dans l’erreur. Mahomet comprendrait vite la puissance des c
587 rrait refuser son concours quand l’évêque de Rome est fret à exposer sa propre vie ? Rien n’y fit. À Ancône, où il avait do
588 Pontife ni à l’empereur on ne rend leur dû. Il n’ est plus de respect ni d’obéissance. Nous regardons le pape et l’empereur
589 ntralisé et unifié au sens moderne. Sa conception est proprement fédéraliste : il veut l’union dans la diversité. Comme le
590 en tant que propagateur des doctrines d’Averroès, fut aussi l’un des maîtres de Dante. 65. Il s’agit de l’ouvrage qu’on va
591 atione Terra Sancte. La première partie du traité est adressée en forme de circulaire à tous les princes de la chrétienté,
592 ric III, dernier empereur du Saint-Empire qui ait été couronné à Rome. Grands symboles ! 72. De Constantinopolitana clade
593 gregando. Texte latin : « Nunc vero in Europa, id est , in patria, in domo propria, in sede nostra, percussi cæsique sumus. 
594 in sede nostra, percussi cæsique sumus. » Ce « id est  » mérite d’être souligné. 73. Denis Hay : « Sur un problème de termi
595 percussi cæsique sumus. » Ce « id est » mérite d’ être souligné. 73. Denis Hay : « Sur un problème de terminologie historiq
5 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Deuxième partie. Prises de conscience européennes. De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre, (xive au xixe siècle) — 3. Le problème de la guerre et l’essor des États (xvie siècle)
596 s penseurs et les hommes politiques du temps : ce sont les grandes découvertes et les débuts du colonialisme, la Réforme, et
597 urs répercussions sur « l’image de l’Europe » ont été diverses et contradictoires. Les grandes découvertes n’entraînent pas
598 a primauté de l’État. Mais ces transformations ne sont guère enregistrées que par les « Utopies » relatives au Nouveau Monde
599 ibériques. Sa royauté universelle, incontestée, n’ est menacée que par les Turcs à l’extérieur : eux seuls, parfois, réveill
600 d’une certaine union nécessaire, mais celle-ci n’ est imaginée que sous la forme d’une coalition des Souverains. La crise p
601 des Souverains. La crise profonde de la Réforme n’ est pas ressentie comme divisant l’Europe, mais seulement la chrétienté.
602 hrétienté. (Nos jugements modernes, sur ce point, sont donc frappés d’anachronisme.) Si l’on s’en tient aux témoignages du t
603 , sont donc frappés d’anachronisme.) Si l’on s’en tient aux témoignages du temps, on voit qu’en fait, jamais le concept d’Eur
604 on voit qu’en fait, jamais le concept d’Europe n’ est invoqué par l’une ou l’autre des parties en présence, en faveur de sa
605 n faveur de sa thèse 76. Calvin, Luther et Loyola sont de très grandes figures européennes, mais aucun n’a jamais parlé de l
606 éalité. Charles-Quint, à son avènement, se trouve être à la fois le maître des Allemagnes, des Espagnes, des Pays-Bas, de Na
607 êve d’une monarchie universelle dont le foyer eût été l’Europe unie ? Tout s’est défait, dénaturé et disloqué. L’unité de l
608 elle dont le foyer eût été l’Europe unie ? Tout s’ est défait, dénaturé et disloqué. L’unité de l’Église est brisée pour des
609 défait, dénaturé et disloqué. L’unité de l’Église est brisée pour des siècles, la France s’est alliée aux Turcs contre le r
610 l’Église est brisée pour des siècles, la France s’ est alliée aux Turcs contre le reste de l’Europe, l’Espagne a perdu la pl
611 unales et régionales, la Bohême et la Hongrie ont été écrasées à Mohacs, Rome a été mise à sac et l’Italie asservie, les Al
612 e et la Hongrie ont été écrasées à Mohacs, Rome a été mise à sac et l’Italie asservie, les Allemagnes sont en pleine anarch
613 é mise à sac et l’Italie asservie, les Allemagnes sont en pleine anarchie, et la « mise en valeur » du Nouveau Monde, qui eû
614 nts pose le problème d’un droit international qui sera fondé au début du xviie siècle par Hugo Grotius, à partir du droit m
615 physique et religieuse, profondément européenne — est exaltée en nobles phrases ; mais l’union des Européens, mesure politi
616 nion des Européens, mesure politique immédiate, n’ est simplement pas mentionnée. De Francisco de Vitoria (1580-1546), domin
617 citons deux pages sur la guerre : Nulle guerre n’ est légitime, s’il est évident qu’elle est menée au détriment de la Répub
618 ur la guerre : Nulle guerre n’est légitime, s’il est évident qu’elle est menée au détriment de la République, plutôt qu’à
619 e guerre n’est légitime, s’il est évident qu’elle est menée au détriment de la République, plutôt qu’à son profit et avanta
620 qu’à son profit et avantage… Et puisqu’un État n’ est qu’une partie du monde entier, puisque, encore davantage, une provinc
621 sque, encore davantage, une province chrétienne n’ est qu’une partie de toute la République, j’estime que même si une guerre
622 te la République, j’estime que même si une guerre est utile à une province, ou à un État, mais que d’autre part elle est au
623 rovince, ou à un État, mais que d’autre part elle est au détriment du monde ou de la chrétienté, alors la guerre est par ce
624 ent du monde ou de la chrétienté, alors la guerre est par cela même injuste. Si par exemple une guerre de l’Espagne contre
625 exemple une guerre de l’Espagne contre la France était entreprise par des motifs justes, et qu’elle fût sous d’autres rappor
626 tait entreprise par des motifs justes, et qu’elle fût sous d’autres rapports utile au royaume d’Espagne, mais que, toutefoi
627 e au royaume d’Espagne, mais que, toutefois, elle fût menée avec un préjudice plus grand et aux risques de la chrétienté (s
628 je savais quelque chose utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l’Europe et au genre humain, je la regarderais comme
629 revient sur l’idée que les guerres ne pourraient être justifiées que par le bien des peuples, mais qu’elles ne servent pas
630 pas ce bien, en fait ; leur condamnation globale est donc implicite : Maintenant je ne demanderai pas à Dieu grâce plus g
631 is Ier) des frères dans leur volonté comme ils le sont en parenté ; car alors, il n’y aurait plus d’hérétiques dans l’Église
632 ni plus de Maures qui la tourmentent, et l’Église serait réformée, que le pape le veuille ou non ; et avant que je n’aie vu ce
633 il ne leur pardonnera pas les guerres ; elles ne sont pas inventées pour le bien des princes mais pour le bien des peuples 
634 ces mais pour le bien des peuples ; et les choses étant ainsi, veuillez voir, ô hommes de bien, si nos guerres sont au profit
635 , veuillez voir, ô hommes de bien, si nos guerres sont au profit de l’Espagne, ou de la France, ou de l’Italie ou de l’Allem
636 uropéens ont ouvert les routes, « tous les hommes sont reliés entre eux et participent merveilleusement à la République univ
637 es, empires, tyrannies ou républiques de la terre sont réunis par un lien qui n’est pas autre chose que l’autorité de la rai
638 bliques de la terre sont réunis par un lien qui n’ est pas autre chose que l’autorité de la raison ou du droit des gens. D’o
639 u du droit des gens. D’où il résulte que ce monde est comme une grande cité et tous les hommes coulés pour ainsi dire dans
640 ans un même droit, afin qu’ils comprennent qu’ils sont tous de même sang et sous la protection d’une même raison. Mais parce
641 me raison. Mais parce que cet empire de la raison est dépourvu de contrainte, on ne saurait réunir en une seule république
642 e : La grandeur d’un prince, à en bien parler, n’ est autre chose que la ruine, ou diminution de ses voisins : et sa force
643 ine, ou diminution de ses voisins : et sa force n’ est rien que la faiblesse d’autrui. L’égoïsme sacré serait donc le derni
644 rien que la faiblesse d’autrui. L’égoïsme sacré serait donc le dernier mot de la sagesse politique ? Il en est bien ainsi, d
645 nc le dernier mot de la sagesse politique ? Il en est bien ainsi, dès qu’on admet le principe de la souveraineté sans limit
646 pour ainsi dire politique et morale. Cette unité est indiquée par le précepte naturel de l’amour mutuel et de la miséricor
647 , même aux étrangers, de quelque condition qu’ils soient . C’est pourquoi tout État souverain, république ou royaume, quoique c
648 yaume, quoique complet en soi et fermement assis, est néanmoins en même temps d’une certaine manière membre de cet univers,
649 nne comme telle. Deux textes cependant méritent d’ être cités. Ils montrent à quel point la vision des penseurs de ce temps e
650 t à quel point la vision des penseurs de ce temps est naturellement européenne, en ce sens qu’elle ne cesse de comparer ent
651 e la renommée d’innombrables grands hommes qui se sont illustrés à la guerre. L’Afrique n’en a eu qu’un petit nombre, et l’A
652 il y a d’États, plus il y a de grands hommes. Ils sont plus rares à mesure que le nombre des États diminue. On trouve en Asi
653 e peut guère trouver d’autres noms dignes de leur être comparés. Et sans parler de l’ancienne Égypte, l’Afrique nomme ses Ma
654 dans son sein. Cependant ces guerriers illustres sont bien peu nombreux en comparaison de ceux de l’Europe : c’est en Europ
655 ommes qui ont excellé dans tous les genres et ils seraient plus nombreux encore si l’on pouvait ajouter tous ceux dont le temps
656 e où les vertus ont brillé d’un plus grand éclat, est celle où il s’est trouvé le plus d’États à les favoriser, poussés par
657 t brillé d’un plus grand éclat, est celle où il s’ est trouvé le plus d’États à les favoriser, poussés par la nécessité ou p
658 ouvait enfanter que peu d’hommes illustres. Il en est allé de même en Afrique. Cependant cette contrée a vu naître quelques
659 la république de Carthage. Car les grands hommes sont plus nombreux dans une république que dans une monarchie. Dans l’une
660 lique que dans une monarchie. Dans l’une la vertu est presque toujours honorée, dans l’autre elle est toujours redoutée. Il
661 u est presque toujours honorée, dans l’autre elle est toujours redoutée. Il en résulte que dans la première tout tend à nou
662 es les contrées de l’Europe, on constate qu’elles furent remplies d’une foule de républiques et de principautés qui, vivant da
663 s la crainte continuelle les unes des autres, ont été obligées de conserver leurs institutions militaires et de combler d’h
664 les Gaulois cisalpins. La Gaule et la Germanie n’ étaient que républiques et principautés. L’Espagne offrait le même spectacle.
665 e même spectacle. Et si hormis les Romains, il en est peu hélas qui furent glorifiés, il faut en accuser la malignité des a
666 Et si hormis les Romains, il en est peu hélas qui furent glorifiés, il faut en accuser la malignité des auteurs qui visent la
667 fortune et qui n’honorent que le vainqueur. Il n’ est pas raisonnable de croire que pendant les cent-cinquante années où le
668 s et les Toscans combattirent les Romains avant d’ être vaincus, ils n’aient pas donné le jour à de nombreux hommes illustres
669 é le jour à de nombreux hommes illustres. Il en a été de même dans les Gaules et dans l’Espagne. Mais ce courage que les hi
670 la persévérance à défendre la liberté. Puisqu’il est vrai que plus il y a d’empires, plus on voit de grands hommes se dist
671 degré de l’abaissement. Car limitée comme elle l’ était pour ainsi dire à Rome seule, dès que la ville fut corrompue, la corr
672 it pour ainsi dire à Rome seule, dès que la ville fut corrompue, la corruption entraîna celle du monde entier. C’est alors
673 la vertu n’a pu y renaître : d’abord, parce qu’il est difficile de faire revivre des institutions entièrement viciées, et,
674 nouvelles introduites par la religion chrétienne sont telles que l’homme n’a plus le même besoin de se défendre qu’autrefoi
675 ne massacre guère les vaincus, et les prisonniers sont libérés facilement. Les villes, dussent-elles se révolter mille fois,
676 à un seul monarque. L’Espagne également. L’Italie est divisée en peu d’États ; de sorte que les villes faibles se défendent
677 isons, n’ont pas à redouter une ruine totale. Où sont les temps où un Sulpice Sévère, louait l’Europe pour ses saints, et n
678 et du traité Dulce bellum inexpertis (« La guerre est douce à ceux qui ne la connaissent pas »). Ce n’est pas lui qui nomme
679 t douce à ceux qui ne la connaissent pas »). Ce n’ est pas lui qui nommerait « excellent » l’homme d’armes, qu’il tient plut
680 ui nommerait « excellent » l’homme d’armes, qu’il tient plutôt pour une apparition monstrueuse et qui répugne à la nature : «
681 n animal d’un certain caractère divin.83 » Érasme est le type même de ces grands hommes du xvie siècle qui ne parlent pas
682 vie et ses travaux, par toutes les fibres de son être , il a bien mérité le titre de « premier Européen », sinon par l’inten
683 gouvernât l’État, pourvu que les intérêts publics fussent bien administrés. Un autre prend pour prétexte un point omis dans un
684 avec les autres princes qui, lorsque le prétexte est trouvé, provoquent la guerre, afin de tout diviser par la discorde de
685 té sans frein que donne la guerre… XXXV. — Ils ne sont jamais unis que pour nuire et ils ne s’entendent jamais que pour oppr
686 eurs États. Et ceux qui agissent de cette manière sont considérés comme des chrétiens ? Ainsi souillés de sang osent-ils ent
687 ocher des autels ? Ô fléaux des nations, dignes d’ être déportés dans les îles les plus éloignées ! S’ils sont les membres d’
688 déportés dans les îles les plus éloignées ! S’ils sont les membres d’un seul corps chrétien, pourquoi chacun d’eux ne s’esti
689 le voisinage d’un royaume un peu trop florissant est presque un motif légitime de guerre. En effet, si nous voulons être j
690 tif légitime de guerre. En effet, si nous voulons être justes, quelle autre cause a poussé et pousse encore maintenant tant
691 armes contre la France, sinon le fait que ce pays est le plus florissant de tous ? Nul ne possède une étendue plus vaste ;
692 de une étendue plus vaste ; nulle part le Sénat n’ est plus auguste, l’Académie plus célèbre ; aucun ne jouit de plus de con
693 a même de plus de pouvoir. Nulle part les lois ne sont mieux appliquées et, en ce qui concerne la religion, nulle part l’int
694 ne la religion, nulle part l’intégrité du Dogme n’ est plus respectée. Elle n’est ni corrompue par le commerce des Juifs, co
695 l’intégrité du Dogme n’est plus respectée. Elle n’ est ni corrompue par le commerce des Juifs, comme chez les Italiens ; ni
696 ols. L’Allemagne, pour ne rien dire de la Bohême, est divisée en une foule de royaumes et on ne voit cependant chez elle nu
697 le la France, fleur intacte du royaume du Christ, est son asile le plus sûr. Si par hasard quelque orage survient, elle ser
698 s sûr. Si par hasard quelque orage survient, elle sera attaquée de toutes les façons, assaillie par toutes les ruses de ceux
699 celle de l’esprit chrétien ? LV. — La guerre, qui est la chose la plus dangereuse qui soit, ne doit être faite qu’avec le c
700 a guerre, qui est la chose la plus dangereuse qui soit , ne doit être faite qu’avec le consentement de toute la nation. Il fa
701 est la chose la plus dangereuse qui soit, ne doit être faite qu’avec le consentement de toute la nation. Il faut supprimer l
702 VII. — Mais, si la guerre, cette maladie funeste, est à ce point inhérente à la nature humaine que nul ne puisse subsister
703 s ne déchaînent-ils pas ce mal sur les Turcs ? Il serait , naturellement préférable de convertir les Turcs au christianisme, pa
704 lutôt que par les armes : cependant, si la guerre est absolument inévitable, ce malheur serait moins grave que si les chrét
705 i la guerre est absolument inévitable, ce malheur serait moins grave que si les chrétiens se déchiraient et se tuaient entre e
706 et se tuaient entre eux. Si l’amour réciproque n’ est pas de nature à les unir, que du moins ils soient unis contre l’ennem
707 n’est pas de nature à les unir, que du moins ils soient unis contre l’ennemi commun…85 Malheureusement, c’est le contraire qu
708 l’Anglais hait le Français uniquement parce qu’il est Français. Le Breton hait l’Écossais simplement parce qu’il est Écossa
709 Le Breton hait l’Écossais simplement parce qu’il est Écossais. L’Allemand ne s’entend pas avec le Français. Ô cruelle perv
710 ntendant des chrétiens prononcer ces paroles : Je suis Apollinien ; je suis Cephéen ; je suis Paulicien. Il ne permit pas de
711 s prononcer ces paroles : Je suis Apollinien ; je suis Cephéen ; je suis Paulicien. Il ne permit pas des dénominations de ce
712 roles : Je suis Apollinien ; je suis Cephéen ; je suis Paulicien. Il ne permit pas des dénominations de ce genre qui eussent
713 princes, de même qu’en proposant que la guerre ne soit faite « qu’avec le consentement de toute la nation », loin de « suppr
714 ope par des guerres nationales, puis totales ? Il est mieux inspiré lorsqu’en 1530, dans sa Consultation sur la guerre aux
715 lus ou moins fédératif des puissances : D’aucuns sont effrayés par le mot de Monarchie universelle, que certains paraissent
716 ains paraissent ambitionner… Certes, la Monarchie serait la meilleure des choses, s’il se trouvait un prince semblable à Dieu 
717 emblable à Dieu ; cependant, les mœurs des hommes étant ce qu’elles sont, les États de grandeur moyenne (moderata imperia) so
718 cependant, les mœurs des hommes étant ce qu’elles sont , les États de grandeur moyenne (moderata imperia) sont les plus sûrs,
719 les États de grandeur moyenne (moderata imperia) sont les plus sûrs, s’ils sont unis par des pactes chrétiens. Cependant,
720 enne (moderata imperia) sont les plus sûrs, s’ils sont unis par des pactes chrétiens. Cependant, à l’autre extrémité de l’E
721 rmateur de la Suède, Olaus Petri (1497-1552), qui fut le chancelier du roi Gustav Vasa, et le premier pasteur de Stockholm 
722 leur vie des centaines de milliers d’hommes. Tel fut leur courage tant vanté, ainsi que les chroniques le font voir claire
723 , dédiée au jeune Charles-Quint, dont il venait d’ être nommé conseiller, Érasme écrivait, non sans une profonde ironie : Fai
724 une profonde ironie : Faisons d’abord en sorte d’ être nous-mêmes chrétiens sincères ; puis, si cela est acquis, alors attaq
725 tre nous-mêmes chrétiens sincères ; puis, si cela est acquis, alors attaquons les Turcs. 86. De la chronique suédoise du
6 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Deuxième partie. Prises de conscience européennes. De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre, (xive au xixe siècle) — 4. « Têtes de Turcs »
726 re les princes… Dis que la guerre entre chrétiens est criminelle ; blâme-la absolument, comme une dispute entre les membres
727 es membres d’un même corps.87 Cette exhortation étant restée sans effets, il recourt à l’argument turc, dans une lettre au
728 turc, dans une lettre au roi d’Angleterre : Vous êtes deux ou trois dans le monde chrétien : les victoires des Turcs nous o
729 t avec lui beaucoup d’autres grands hommes qui se sont dédiés à l’étude fatigante de la Nature et des causes des choses, nou
730 oureuse, la plus courageuse et la plus résistante est celle qui peuple l’Europe ; que les Asiatiques sont craintifs et ne v
731 st celle qui peuple l’Europe ; que les Asiatiques sont craintifs et ne valent rien pour la guerre, étant pareils aux femmes
732 sont craintifs et ne valent rien pour la guerre, étant pareils aux femmes plutôt qu’aux hommes. Au reste, l’Europe ne produi
733 toujours, peu à peu, à elle-même, et quand l’art est supprimé ou se montre impuissant, elle réclame impérieusement ce qui
734 tre le Turc, vous connaîtriez immédiatement ce qu’ est le temple des Asiatiques. L’adversité révélerait ce qu’une série de s
735 , et ferait voir en toute clarté que les Turcs ne furent pas forts de leur propre force et courage, mais de vos erreurs. … Les
736 emagne. Qu’ils cessent de se combattre, sinon ils sont perdus. Qu’ils fortifient l’Allemagne, oui, qu’ils la fortifient par
737 ottes vers le Nouveau Monde. Mais là même, ils ne seront pas à l’abri des attaques de ce tyran piqué par le taon de l’avidité
738 l s’emparait de l’Allemagne ? Tout autre obstacle serait un château de cartes. Il est douloureux d’avoir à dire que seule la f
739 ut autre obstacle serait un château de cartes. Il est douloureux d’avoir à dire que seule la faiblesse pourrait être opposé
740 ux d’avoir à dire que seule la faiblesse pourrait être opposée au souverain de l’Allemagne et d’un si grand nombre de races
741 d’un si grand nombre de races et de royaumes. Il est vrai que l’Europe est très forte ; mais de quoi cela lui servirait-il
742 de races et de royaumes. Il est vrai que l’Europe est très forte ; mais de quoi cela lui servirait-il, si le Turc possédait
743 uncto de l’Allemagne, de la France et de l’Italie serait capable de sauver l’Europe. C’est en s’appuyant avant tout sur les Al
744 Dès lors, dans une série si longue de guerres qui sont nées l’une de l’autre par une fécondité incroyable, toute l’Europe a
745 uction ; mais de nulle autre chose la nécessité n’ est plus pressante, que d’une immédiate réconciliation et concorde, qui s
746 hristianisme raisonnable ». Cela fait, quand tous seront un : Donnons au monde entier, s’il est possible, un seul prince… mei
747 d tous seront un : Donnons au monde entier, s’il est possible, un seul prince… meilleure image du Dieu unique d’où procède
748 e du monde. Un tel monarque universel ne saurait être que le roi de France, puisque ce roi descend du fils aîné de Japhet,
749 lique au témoignage de Josèphe… Toutefois, Postel est loin de se regarder comme un impérialiste « gaulois ». Dans l’un de s
750 traire et à plusieurs reprises cosmopolite. On le tient aujourd’hui pour l’inventeur du mot, promis à des fortunes diverses.
7 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Deuxième partie. Prises de conscience européennes. De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre, (xive au xixe siècle) — 5. Les grands desseins du xviie siècle
751 et effort de mise en ordre, qui semble bien avoir été la devise du siècle. Nous leur découvrons, après coup, plusieurs trai
752 s de ressemblance assez profonds. Tous les quatre sont des utopies, données comme telles — encore que celui de Sully prétend
753 sième quart du xvie siècle et mourut en 1648. Il fut « moine pédagogue dans on ne sait quel collège de Paris », enseigna l
754 n respecterons l’orthographe savoureuse. La paix est un subject trivial, je le confesse, mais on ne la pourchasse qu’à dem
755 ron91, et plusieurs autres belles conceptions qui sont fort aysées à mettre par escrit. Il y en a qui limitent encore plus l
756 afin de jouyr d’un repos plus asseuré.92 Mais je suis bien d’un autre advis, et me semble quand on voit brusler ou tomber l
757 ant que de compassion, veu que la société humaine est un corps, dont tous les membres ont une sympathie, de manière qu’il e
758 s les membres ont une sympathie, de manière qu’il est impossible que les maladies de l’un ne se communiquent aux autres. Fa
759 cres et boucherie ?… Mais supposons que la guerre fut nécessaire pour fonder les monarchies. Aujourd’hui qu’elles sont esta
760 pour fonder les monarchies. Aujourd’hui qu’elles sont establies, il n’est plus besoing à ceux qui en ioüissent de remplir l
761 rchies. Aujourd’hui qu’elles sont establies, il n’ est plus besoing à ceux qui en ioüissent de remplir le monde de ce carnag
762 erver, chère à Érasme, nous l’avons vu. La guerre est « sans proffit » parce qu’elle ébranle les trônes, même celui du Gran
763 ns. Je confronte ces deux peuples, pour ce qu’ils sont par manière de dire ennemis naturels, et ont divisé presque tout le m
764 on, tellement que s’ils se pouvoient accorder, ce serait un grand acheminement pour la paix universelle. Inutile d’insister s
765 ale de laquelle nous parlerons cy-après… Comments est -il possible, dira quelqu’un, d’accorder des peuples qui sont si sépar
766 sible, dira quelqu’un, d’accorder des peuples qui sont si séparez de volonté et d’affection, comme le Turc et le Persan, le
767 if ou mahometain ? Je dis que telles inimitiez ne sont que politiques, et ne peuvent oster la conionction qui est et doibt e
768 olitiques, et ne peuvent oster la conionction qui est et doibt estre entre les hommes. La distance des lieux, la separation
769 ent d’amitié et société humaine. Pourquoy moy qui suis François voudray-je du mal à un Anglois, Hespagnol, et Indien ? Je ne
770 Indien ? Je ne le puis, quand je considéré qu’ils sont hommes comme moy, que je suis subjet comme eux à erreur et péché, et
771 je considéré qu’ils sont hommes comme moy, que je suis subjet comme eux à erreur et péché, et que toutes les nations sont as
772 eux à erreur et péché, et que toutes les nations sont associées par un lien naturel, et consequemment indissoluble. La mêm
773 ce doit s’étendre au domaine de la religion : Qu’ est -il besoin de se faire la guerre pour la diversité des cérémonies ? Je
774 ui ne veulent pas embrasser les nostres… La pieté est un trop bel arbre pour produire de si mauvais fruits. Tandis que nous
775 t leurs miracles, et chacun presume que la sienne est la meilleure. Je n’ay pas entrepris de vuider ce différend. Un plus s
776 vuider ce différend. Un plus suffisant que moy y seroit bein empesché. Seulement je diray qu’elles tendent toutes à une mesme
777 se instruction, que par malice, et par consequent sont plus dignes de compassion que de haine… (Seuls des esprits bornés cro
778 aine… (Seuls des esprits bornés croient) que tous sont tenus de vivre comme luy, et ne prise que ses coutusmes, à la façon d
779 (Seuls des esprits bornés croient) que tous sont tenus de vivre comme luy, et ne prise que ses coutusmes, à la façon de ces
780 lus loing, et considèrent que l’harmonie du monde est composée de diverses humeurs, et que ce qui est loüable en un lieu, n
781 e est composée de diverses humeurs, et que ce qui est loüable en un lieu, n’est pas trouvé bon partout… (Il faut reconnaîtr
782 humeurs, et que ce qui est loüable en un lieu, n’ est pas trouvé bon partout… (Il faut reconnaître que) les hommes sont for
783 bon partout… (Il faut reconnaître que) les hommes sont fort bizarres et que ce qui est honoré en un endroict est abominé ou
784 que) les hommes sont fort bizarres et que ce qui est honoré en un endroict est abominé ou moqué en un autre. Crucé imagin
785 bizarres et que ce qui est honoré en un endroict est abominé ou moqué en un autre. Crucé imagine une Assemblée ou Sénat p
786 des États : Posez le cas que la paix aujourd’huy soit signee, qu’elle soit publiée en plein theatre du monde : Que sçavons-
787 cas que la paix aujourd’huy soit signee, qu’elle soit publiée en plein theatre du monde : Que sçavons-nous si la postérité
788 é en voudra emologuer les articles ? Les volontez sont muables, et les actions des hommes de ce temps n’obligent pas leurs s
789 Néantmoins pour en prévenir les inconvéniens, il seroit necessaire de choisir une ville, où tous les Souverains eussent perpé
790 s, afin que les differens qui pourraient survenir fussent vuidez par le jugement de toute l’assemblee. Les ambassadeurs de ceux
791 siège sur le territoire de Venise, pour ce qu’il est comme neutre et indifferent à tous princes : joinct aussi qu’il est p
792 t indifferent à tous princes : joinct aussi qu’il est proche des plus signalées Monarchies de la terre, de celles du pape,
793 e, des deux empereurs, et du roy d’Hespagne. Il n’ est pas loing de France, de Tartarie, Moschouie, Polongne, Angleterre, et
794 seulement » et au contraire de parler comme s’il était né « en la république imaginaire de Platon ou en la région de ses Idé
795 s vienne immédiatement après lui, « attendu qu’il tient le siège de l’empire oriental ». Viendront ensuite « l’empereur chres
796 n. Dès la première partie de son traité, Crucé s’ était demandé ce que feraient les peuples, s’ils n’avaient plus la guerre p
797 à cultiver. Et déjà il s’écriait : Quel plaisir seroit -ce, de voir les hommes aller de part et d’autre librement, et communi
798 mblables, comme si la terre estoit, ainsi qu’elle est véritablement, une cité commune à tous ? Vers la fin de l’ouvrage, i
799 vec l’autre, dont le premier et le plus important est qu’ils se contentent des limites de leur seigneurie qui leur seront p
800 ontentent des limites de leur seigneurie qui leur seront prescripts par la generale assemblée de laquelle nous avons parlé. Ce
801 tice aux estrangers, et ne permettre point qu’ils soient offensez en aucune sorte par les originaires du pays, quand ils y vie
802 de l’Europe — supposait d’autres mesures : … il est necessaire que les princes d’un commun consentement réduisent les mon
803 quer par tout sans dommage. Il n’y a personne qui soit plus capable de cela que le pape. C’est son devoir de moyenner une co
804 porter que des vœux et humbles remonstrances, qui seront peut-estre inutiles. J’en ay voulu neantmoins laisser ce tesmoignage
805 ses prédécesseurs. Mais ceux qui le dédaignèrent sont oubliés, lui non. Il a fait son chemin clandestin à travers une série
806 cles s’y réfère, mais presque personne ne l’a lu. Est -on même certain qu’il existe ? La « Charte de l’Atlantique », pendant
807 t davantage citer le Grand Dessein : ses éléments sont dispersés dans les milliers de pages des Mémoires de Sully, dont au s
808 s deux premières parties datées de 1638 et qui ne furent pas « mises dans le commerce » ; la troisième partie, publiée en 1662
809 te primitif, souvent « amélioré ». Ces mémoires93 furent composés par quatre secrétaires anonymes, à l’aide d’un gigantesque f
810 t au duc à la deuxième personne du pluriel, qui n’ est pas sans produire un effet singulier. Sully, qui espère agir sur Rich
811 nwich sur une heure après midi du lendemain. Vous fûtes reçu, comme il nous semble, par le comte Derby, et conduit vers le ro
812 vous sachiez que quelque enveloppé que je puisse être dans les vanités mondaines, je préfère néanmoins la gloire de Dieu, m
813 n de toute créance contraire à la romaine. Ils ne sont retardés d’y travailler tout ouvertement que parce qu’ils n’ont point
814 ndre le roi mon maître à ce même dessein. Mais il est à craindre que par la diminution de ma faveur (comme celle des prince
815 diminution de ma faveur (comme celle des princes est sujette à varier) ou par de trop continuelles sollicitations, il ne s
816 itations, il ne se laisse enfin persuader, s’il n’ est retenu par d’autres voies et moyens plausibles à son généreux esprit
817 esprit (car c’est cette vertu de magnanimité qui tient le premier lieu en son âme), qui sont ceux desquels je veux faire ouv
818 nimité qui tient le premier lieu en son âme), qui sont ceux desquels je veux faire ouverture à Votre Majesté, et dans quels
819 nneur et sa gloire, et perpétuer sa renommée, qui est le second but de mes désirs. De vous seul dépend l’exécution des chos
820 ubliques, villes et communautés protestantes, qui sont comme obligés d’être toujours contraires à la faction espagnole et d’
821 ommunautés protestantes, qui sont comme obligés d’ être toujours contraires à la faction espagnole et d’Autriche, et confirme
822 de lui faire posséder une propriété ce dont il n’ est reconnu que par une vaine apparence de féodalité. » Sur toutes lesque
823 rer des « Sages et royales Économies » : L’Europe sera composée de : 5 monarchies électives : le Saint-Empire romain german
824 de ces territoires voir plus loin). Les pays dont seront composés ces États sont énumérés en détail ; s’il y a désaccord sur l
825 us loin). Les pays dont seront composés ces États sont énumérés en détail ; s’il y a désaccord sur l’attribution d’un territ
826 a désaccord sur l’attribution d’un territoire, il sera soumis directement à l’autorité européenne centrale, c’est-à-dire dev
827 superficie et leurs richesses, ces États devront être d’importance à peu près égale, pour assurer entre eux le plus haut de
828 rienne et calviniste. Cette Confédération d’États sera placée sous la garde d’un Conseil de l’Europe composé de six Conseils
829 Strasbourg, Bâle et Besançon. On voit que le Rhin est l’artère principale de cette nouvelle configuration politique. Ce Con
830 velle configuration politique. Ce Conseil Général sera composé de représentants de chacun des gouvernements de la république
831 ompétences et les devoirs d’un Sénat, ses membres étant à réélire tous les trois ans. Les décisions du Conseil devront être c
832 s les trois ans. Les décisions du Conseil devront être considérées par tous les États comme exécutoires et définitives. À l’
833 ’égard de ce Conseil la souveraineté des États ne sera qu’une souveraineté conditionnelle. Comme base de la république europ
834 umes chargés d’assurer la défense de l’Europe à l’ Est . Il prévoit en effet : comme « marche » et rempart contre les Turcs,
835 ispositions : d’une part leurs souverains devront être élus par un collège composé de huit souverains : le pape, l’empereur,
836 et de Lombardie, d’autre part ces huit souverains seront obligés par devoir d’alliance à défendre ces royaumes contre toute ag
837 rend entre Venise et ses voisins : ces différends seront tranchés par le roi d’Espagne et les cantons suisses. Le devoir d’all
838 anisation de l’Europe : La souveraineté espagnole est limitée à la péninsule ibérique. Les autres royaumes héréditaires exi
839 e gardent leur statu quo. Le royaume de Lombardie est formé par : la Savoie, le Piémont, Montferrat et Milan. La République
840 nt, Montferrat et Milan. La République helvétique est renforcée territorialement : elle s’accroît de la Franche-Comté, de l
841 llande actuelles. Enfin, une république italienne sera formée, englobant tous les États qui ne sont attribués ni au pape, ni
842 enne sera formée, englobant tous les États qui ne sont attribués ni au pape, ni à la Savoie, ni à Venise. Cette république f
843 ue faite d’une mosaïque de territoires en surplus sera placée sous la souveraineté du pape. La Russie enfin, selon Sully, ne
844 pape. La Russie enfin, selon Sully, ne devra pas être admise comme membre de la Communauté chrétienne. C. J. Burckhardt co
845 né en Moravie en 1592, mort en Hollande en 1670, est d’avoir contribué plus que tout autre, en écrivant sa Grande Didactiq
846 ses recherches de philosophe et de théologien (il fut évêque de l’Unité des frères moraves) autant que son action de pédago
847 que Comenius écrivit à Elbing en 1645, et qui ne fut publiée qu’en 1666, devait être l’introduction à cette grande œuvre «
848 en 1645, et qui ne fut publiée qu’en 1666, devait être l’introduction à cette grande œuvre « pansophique ». Elle porte le so
849 is de plus que le « monde » dont parle Comenius n’ est en fait que la chrétienté de son temps, donc l’Europe. Au reste, Come
850 oi, je vais payer d’exemple : car mon but suprême est d’annoncer le Christ à tous les peuples. Cette Lumière doit être appo
851 le Christ à tous les peuples. Cette Lumière doit être apportée aux autres peuples au nom de notre patrie européenne ; et c’
852 re nous ; car, nous autres Européens, nous devons être considérés comme des voyageurs embarqués sur un seul et même navire.
853 même navire. Je ne puis me taire, car mon espoir est d’adoucir les maux de la guerre par mon message, comme par une musiqu
854 mme par une musique tout harmonieuse, et sinon je serais grandement coupable devant Dieu et devant les hommes. Mais je me vois
855 e aux Lettrés des gardiens vigilants ; leur tâche sera de leur apprendre, en les exhortant, leur principale mission, qui est
856 e, en les exhortant, leur principale mission, qui est d’éliminer tous les restes de l’ignorance ou des erreurs dans les esp
857 eau ; ou, si elle commence à germer, pour qu’elle soit extirpée à temps et à propos. § 9. … Mais il faut qu’on institue plus
858 re, père, ou conducteur, appellations qui doivent être réservées aux lettrés ecclésiastiques et aux politiques. Ce qui veut
859 seul Père dans les cieux et au Christ qui nous a été donné comme seul Maître et Conducteur. § 10. Dans chacun des trois ét
860 irigeants. Le chef suprême de chacun de ces corps sera cet Hermès Trimégiste96 (le trois fois grand truchement des volontés
861 nt. Mais, pour maintenir l’ordre, partout les uns seront subordonnés aux autres, afin que, grâce à cette subordination graduée
862 rist, le temple du Christ et le royaume du Christ soient solidement établis. § 12. Il sera utile d’adopter des appellations di
863 ume du Christ soient solidement établis. § 12. Il sera utile d’adopter des appellations différentes pour ces tribunaux : le
864 . Le Conseil de la lumière veillera à ce qu’il ne soit nécessaire, nulle part au monde, d’instruire quelqu’un et moins encor
865 hose d’indispensable, et à ce que tous les hommes soient instruits par Dieu. Ce qui veut dire que ce Conseil, en créant des oc
866 ettes des chevaux et toutes les chaudières, etc., soient consacrées à l’Éternel (Zach. 14, 20), et à ce que Jérusalem ne soit
867 ’Éternel (Zach. 14, 20), et à ce que Jérusalem ne soit pas livrée à l’interdit, mais qu’elle soit désormais en sûreté (Zach.
868 lem ne soit pas livrée à l’interdit, mais qu’elle soit désormais en sûreté (Zach. 14, 11) ; c’est-à-dire à ce que toute la t
869 -à-dire à ce que toute la terre dans sa plénitude soit consacrée à Dieu ; qu’il n’y ait pas de scandale, ni d’écrits, ni de
870 s armes ; à ce que toutes les épées et les lances soient transformées en serpes et en socs de charrue (Es. 2, 4, etc.). § 16.
871 ent transformées en serpes et en socs de charrue ( Es . 2, 4, etc.). § 16. Par conséquent, tous les corps savants (comme act
872 en un seul Consistoire de l’Église, telle qu’elle est préfigurée par la Jérusalem merveilleusement édifiée, la seule ville
873 salem merveilleusement édifiée, la seule ville où sont dressés les trônes de la justice, les trônes de la maison de David (P
874 car, une fois que tous les royaumes du monde lui seront remis (Psaume 72, 11 ; Dan. 7, 14 ; Apocal. 11, 15), c’est selon la j
875 glais, qui, à la différence de ses prédécesseurs, fut un grand fondateur d’État : « le Lycurgue moderne », dira de lui Mont
876 1681, Louis XIV régnant en France et William Penn étant âgé de 37 ans. Il introduisit en « Pennsylvania » la constitution la
877 III d’Orange, devenu roi d’Angleterre. La guerre est générale. C’est le spectacle des « tragédies sanglantes de cette guer
878 sme du vieux Monde. « J’ai entrepris un sujet qui est au-dessus de mes forces, mais qui mérite vraiment d’être discuté, éta
879 -dessus de mes forces, mais qui mérite vraiment d’ être discuté, étant donné l’état lamentable de l’Europe. » Ainsi débute l’
880 forces, mais qui mérite vraiment d’être discuté, étant donné l’état lamentable de l’Europe. » Ainsi débute l’ouvrage. Ses tr
881 si débute l’ouvrage. Ses trois premières sections sont consacrées à montrer combien la paix est désirable ; quel est le vrai
882 ections sont consacrées à montrer combien la paix est désirable ; quel est le vrai moyen de la réaliser, à savoir la justic
883 es à montrer combien la paix est désirable ; quel est le vrai moyen de la réaliser, à savoir la justice, non la guerre ; et
884 r la justice, non la guerre ; et « que la justice est le fruit du gouvernement, comme le gouvernement est le résultat de la
885 t le fruit du gouvernement, comme le gouvernement est le résultat de la société, laquelle provient d’abord d’un dessein rai
886 tous les différends en suspens qui n’auraient pu être réglés avant la session par le moyen des ambassades ; s’ils étaient d
887 nt la session par le moyen des ambassades ; s’ils étaient d’accord aussi pour qu’au cas où l’une des souverainetés participante
888 égalité. Mais je ne pense pas que ces difficultés soient insurmontables, car s’il est possible de connaître chaque année la va
889 e ces difficultés soient insurmontables, car s’il est possible de connaître chaque année la valeur des pays souverains dont
890 re, la France, l’Espagne, l’Empire, etc., peuvent être estimés presque exactement, en considérant le revenu des terres, les
891 les importations, les rôles des contributions, et étant donné le contrôle qui existe dans chaque État, il est certain que l’o
892 donné le contrôle qui existe dans chaque État, il est certain que l’on ne s’arrêtera pas à l’objection ci-dessus, si l’on a
893 et de Courlande, un ; si les Turcs et les Russes étaient compris, ce qui semblerait convenable et juste, ils auraient chacun d
894 égués. Cela ferait en tout quatre-vingt-dix. Cela est important, car les délégués représenteraient le quart et la meilleure
895 e lieu de la première session de la Diète devrait être au centre de l’Europe, autant que possible, et ensuite comme elle en
896 ssions au sujet des préséances, la salle pourrait être ronde et comporter diverses entrées et sorties pour empêcher toutes e
897 exceptions. Si le nombre total des délégués peut être divisé en dizaines, chaque dizaine choisira un délégué ; ils rempliro
898 ’un des délégués de cette haute assemblée pouvait être assez vil, faux et malhonnête au point d’être influencé par l’argent,
899 ait être assez vil, faux et malhonnête au point d’ être influencé par l’argent, il aurait la possibilité de prendre l’argent
900 udrait donner de l’argent avec un pareil risque d’ être dupé, préférera s’abstenir. Et ceux qui accepteraient de l’argent dan
901 pteurs plutôt que faire tort à leur pays, car ils seront sûrs de ne pas être découverts. Il me semble que dans ce Parlement im
902 e tort à leur pays, car ils seront sûrs de ne pas être découverts. Il me semble que dans ce Parlement impérial, rien ne pour
903 que dans ce Parlement impérial, rien ne pourrait être décidé qu’à une majorité des trois quarts des membres, ou au moins de
904 moins de la moitié plus sept. Toutes les plaintes seraient remises par écrit sous forme de mémoires conservés par une personne d
905 chaque dizaine de délégués, une table ou un banc serait prévu pour ces employés. À la fin de chaque session, un délégué de ch
906 n de chaque session, un délégué de chaque dizaine sera chargé d’examiner et de comparer les mémoires ou journaux de ces secr
907 ttre sous clés comme je l’ai dit ci-dessus ; cela serait sûr et donnerait satisfaction… Je dirai peu de chose au sujet de la l
908 … Je dirai peu de chose au sujet de la langue qui sera employée dans la Diète internationale, mais ce sera certainement le l
909 ra employée dans la Diète internationale, mais ce sera certainement le latin ou le français. Le premier serait très bien pou
910 certainement le latin ou le français. Le premier serait très bien pour les juristes, mais le second plus pratique pour les ge
911 gens de qualité. IX. — Des objections qui peuvent être avancées contre le projet … La seconde objection est qu’il peut s’eng
912 avancées contre le projet … La seconde objection est qu’il peut s’engendrer une effémination par suite de la suppression d
913 on n’aurait pas d’armée suffisante, comme cela s’ est produit en Hollande en 72. Il n’y a pas de danger d’effémination, par
914 mmes la connaissance d’eux-mêmes, du monde où ils sont nés, et les moyens d’être utiles aux autres et à eux aussi et encore
915 -mêmes, du monde où ils sont nés, et les moyens d’ être utiles aux autres et à eux aussi et encore de secourir et aider, mais
916 e, et pardessus tout de celle de son propre pays, sont des choses très recommandables. Cela prépare le citoyen au parlement
917 et à la Diète générale à l’extérieur. Au moins il sera un bon citoyen, pourra rendre des services à la communauté ou prendre
918 aite quand il le pourra. … La troisième objection est qu’il y aurait un grand besoin d’emplois pour les frères cadets et qu
919 s pour les frères cadets et que le pauvre ne peut être que soldat ou voleur. J’ai déjà répondu à cela dans ma réponse à la s
920 ingénieux naturalistes, si le gouvernement a tant soit peu le souci de l’éducation de la jeunesse, ce qui, après le bien-êtr
921 ien-être présent et immédiat de chaque pays, doit être la préoccupation et l’art du gouvernement. Car la prochaine génératio
922 ne génération dépend de la façon dont la jeunesse est élevée ; de même le gouvernement se trouvera en bonnes ou mauvaises m
923 r ils resteront chez eux aussi puissants qu’ils l’ étaient auparavant. Ni leur souveraineté, ni leurs revenus ne seront diminués
924 ravant. Ni leur souveraineté, ni leurs revenus ne seront diminués ; au contraire, le budget de la guerre pouvant être réduit,
925 és ; au contraire, le budget de la guerre pouvant être réduit, par suite de mon plan, les deniers seront mieux employés au b
926 t être réduit, par suite de mon plan, les deniers seront mieux employés au bien public. De sorte que les souverainetés demeure
927 sorte que les souverainetés demeurent comme elles étaient  ; mais aucune d’elles n’a de suprématie sur les autres. Si cela peut
928 ’appeler un amoindrissement de leur puissance, ce serait seulement parce que le gros poisson ne pourrait plus avaler les petit
929 ourrait plus avaler les petits et que chaque pays est préservé de tout dommage et incapable d’en commettre. X.— Des réels a
930 eraient de cette proposition en vue de la paix Je suis maintenant parvenu à mon dernier chapitre dans lequel je vais énumére
931 , les cris de tant de veuves, d’orphelins, qui ne sont agréables aux oreilles d’aucun gouvernement, qui sont la conséquence
932 agréables aux oreilles d’aucun gouvernement, qui sont la conséquence de la guerre partout, seront évités. Il y a encore un
933 nt, qui sont la conséquence de la guerre partout, seront évités. Il y a encore un bienfait manifeste qui sera procuré à la chr
934 t évités. Il y a encore un bienfait manifeste qui sera procuré à la chrétienté par ce moyen pacifique ; la réputation du chr
935 n seulement contre les infidèles, mais entre eux, sera en quelque sorte recouvrée. Car pour le scandale de ce saint état, le
936 leurs passions du monde aussi souvent qu’ils ont été excités par l’impulsion de l’ambition ou de la vengeance. Ils n’ont p
937 bition ou de la vengeance. Ils n’ont pas toujours été dans le droit et le droit n’a pas été non plus la cause de la guerre.
938 as toujours été dans le droit et le droit n’a pas été non plus la cause de la guerre. Non seulement des chrétiens contre de
939 truction de leurs frères. … Le troisième bienfait est l’économie de l’argent pour les princes comme pour les peuples. Par c
940 les princes comme pour les peuples. Par ce moyen sont dissipés les malentendus qui s’élèvent entre eux et qui sont la consé
941 és les malentendus qui s’élèvent entre eux et qui sont la conséquence des dépenses dévorantes de la guerre. Ils auront alors
942 eignement, la charité, les manufactures, etc. qui sont les vertus du gouvernement et l’ornement des États… Je pourrais encor
943 ux qui meurent dans les guerres et à ceux qui ont été estropiés ; elles représentent une très grosse portion du budget dans
944 dget dans certains pays. Notre quatrième avantage est que les villes, cités et pays qui sont mis à sac par la rage de la gu
945 me avantage est que les villes, cités et pays qui sont mis à sac par la rage de la guerre seront préservés. Ce vœu sera bien
946 pays qui sont mis à sac par la rage de la guerre seront préservés. Ce vœu sera bien entendu dans les Flandres et en Hongrie e
947 par la rage de la guerre seront préservés. Ce vœu sera bien entendu dans les Flandres et en Hongrie et dans tous les pays fr
948 t en Hongrie et dans tous les pays frontières qui sont presque toujours le théâtre des ruines et des misères. Le cinquième b
949 des misères. Le cinquième bienfait de cette paix est l’aisance et la sécurité du voyage et du trafic, bonheur qui n’a jama
950 té du voyage et du trafic, bonheur qui n’a jamais été apprécié depuis que l’Empire romain a été divisé en tant de souverain
951 jamais été apprécié depuis que l’Empire romain a été divisé en tant de souverainetés. Mais nous pouvons aisément concevoir
952 quoique certaines parties de ma proposition aient été envisagées par la sagesse, la justice et la valeur d’Henri IV de Fran
953 ierre, publié pour la première fois en 1712. S’il est le plus célèbre de tous, ce n’est point qu’il soit le meilleur, il s’
954 s en 1712. S’il est le plus célèbre de tous, ce n’ est point qu’il soit le meilleur, il s’en faut ; mais c’est d’abord qu’il
955 est le plus célèbre de tous, ce n’est point qu’il soit le meilleur, il s’en faut ; mais c’est d’abord qu’il a frappé son tem
956 du, ni cet excès d’honneur, ni cette indignité ne sont justifiés. Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre (1658-1743) naquit d
957 oquer son Projet. Et l’on dit que son dernier mot fut « Espérance ». Le Projet de paix perpétuelle parut d’abord à Cologne,
958 un Abrégé, signé cette fois, et dédié à Louis XV, fut publié à Rotterdam en 1729. De ces ouvrages assez médiocrement écrits
959 ts, mal construits et pleins de répétitions, il n’ est pas facile de tirer des extraits qui rendent justice aux idées positi
960 ture ayant versé dans un chemin mal entretenu, il fut amené à rédiger un court Mémoire sur la réparation des chemins. À la
961 mettre la dernière main à ce mémoire, lorsqu’il m’ est venu à l’esprit un projet d’établissement qui par sa grande beauté m’
962 t par mes yeux de l’extrême misère où les Peuples sont réduits par les grandes Impositions, informé par diverses Relations p
963 de chercher par mes propres réflexions si ce mal étoit tellement attaché à la nature des Souverainetez & des Souverains,
964 ure des Souverainetez & des Souverains, qu’il fût absolument sans remède, je me mis à creuser la matière pour découvrir
965 e me mis à creuser la matière pour découvrir s’il étoit impossible de trouver des moyens praticables pour terminer sans Guerr
966 par faire quelques réflexions sur la nécessité où sont les Souverains d’Europe, comme les autres hommes, de vivre en Paix, u
967 ues biens, & enfin sur les moyens dont ils se sont servi jusqu’à présent, soit pour se dispenser d’entreprendre ces Guer
968 es moyens dont ils se sont servi jusqu’à présent, soit pour se dispenser d’entreprendre ces Guerres, soit pour n’y pas succo
969 oit pour se dispenser d’entreprendre ces Guerres, soit pour n’y pas succomber quand elles ont été entreprises. Je trouvai qu
970 rres, soit pour n’y pas succomber quand elles ont été entreprises. Je trouvai que tous ces moyens se réduisoient à se faire
971 isons dominantes ; Système qui jusques ici semble être le plus haut degré de prudence, auquel les Souverains d’Europe &
972 ; les ministres ayent porté leur politique. Je ne fus pas long-tems sans voir que tant que l’on se contenteroit de pareils
973 mp; sur tout sans Guerre les différens futurs… Ce sont ces réflexions qui sont le sujet du premier Discours. Je les ai toute
974 les différens futurs… Ce sont ces réflexions qui sont le sujet du premier Discours. Je les ai toutes rapportées à deux chef
975 roit par conséquent procurer de sûreté suffisante soit pour la conservation des États, soit pour la conservation du Commerce
976 é suffisante soit pour la conservation des États, soit pour la conservation du Commerce. … Je cherchai ensuite si les Souve
977 ent les promesses réciproques, que le Commerce ne seroit jamais interrompu, & que tous les différens futurs se termineraie
978 Corps Germanique, à exécuter en plus grand ce qui étoit déjà exécuté en moins grand ; au contraire je trouvai qu’il y auroit
979 ui m’aida beaucoup à me persuader que ce Projet n’ étoit point une chimère, ce fut l’avis que me donna bientôt après un de mes
980 uader que ce Projet n’étoit point une chimère, ce fut l’avis que me donna bientôt après un de mes amis, lorsque je lui mont
981 son Premier ministre… … Je sçavois de quel poids sont les préjugez, & que souvent ils font plus d’impression sur le com
982 IV avoit pû se tromper en croyant possible ce qui étoit en effet impossible. Ainsi je compris qu’il falloit tout démontrer à
983 tion, ou de la conclusion, c’est le but que je me suis proposé dans cet Ouvrage… Extraits du IV e Discours I. — Les Souver
984 s Souverains présens par leurs Députez soussignez sont convenus des articles suivans. Il y aura dés ce jour à l’avenir une S
985 uelle entre les Souverains soussignez, & s’il est possible entre tous les Souverains chrétiens, dans le dessein de rend
986 n Europe, & dans cette vue l’Union fera, s’il est possible, avec les Souverains Mahometans ses voisins, des Traitez de
987 les sûretez possibles réciproques. Les Souverains seront perpétuellement représentés par leurs Députez dans un Congrez ou Séna
988 era point du gouvernement de chaque État, si ce n’ est pour en conserver la forme fondamentale, & pour donner un prompt
989 ns particulières, de sorte cependant que les Loix soient égales & réciproques pour toutes les nations, & fondées sur l
990 livres : les autres procez de moindre conséquence seront décidez à l’ordinaire par les Juges du lieu où demeure le Défenseur :
991 e fera aucune hostilité que contre celui qui aura été déclaré ennemi de la Société européenne : mais s’il y a quelque sujet
992 ses Commissaires Médiateurs, ou s’ils ne peuvent être conciliez, le Sénat les jugera par Jugement Arbitral à la pluralité d
993 ociété, elle lui fera la Guerre, jusqu’à ce qu’il soit désarmé, & jusqu’à l’exécution du Jugement & des Réglemens il
994 ra même les frais de la Guerre, & le Païs qui sera conquis sur lui lors de la suspension d’armes, demeurera pour toujour
995 s tard, en effet, la première Société des Nations était inaugurée à Genève. Mais il fallut attendre jusqu’à 1948, pour qu’un
996 la façon de rétablir la paix en Europe. La chose est très praticable : il ne manque pour la faire réussir que le consentem
997 elui de M. l’abbé de Saint-Pierre, mais puisqu’il est permis de faire des romans, pourquoi trouverons-nous sa fiction mauva
998 ojet : Si le Projet demeure sans exécution, ce n’ est donc pas qu’il soit chimérique ; c’est que les hommes sont insensés e
999 t demeure sans exécution, ce n’est donc pas qu’il soit chimérique ; c’est que les hommes sont insensés et que c’est une sort
1000 pas qu’il soit chimérique ; c’est que les hommes sont insensés et que c’est une sorte de folie que d’être sage au milieu de
1001 nt insensés et que c’est une sorte de folie que d’ être sage au milieu des fous.101 Bluntschli, juriste international suis
1002 sse époque désignaient le dieu égyptien Toth, qui était le dieu des mesures, des chiffres et l’inventeur des hiéroglyphes. Le
1003 entifié avec leur dieu Hermès. 97. Nos citations sont extraites de l’Essai pour la paix présente et future de l’Europe par
1004 chefoucauld : « C’est une grande folie de vouloir être sage tout seul. »
8 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Deuxième partie. Prises de conscience européennes. De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre, (xive au xixe siècle) — 6. En marge des grands plans, l’utopie prolifère
1005 ubrations : les titres seuls souvent vaudraient d’ être cités, dans la mesure où ils nomment l’Europe comme unité, mais il y
1006 it paru à Cassel un ouvrage anonyme dont le titre tient en dix lignes ; voici le début : Allgemeine und General Reformation d
1007 italien Trajano Boccalini. Des historiens sérieux tiennent aujourd’hui que l’ordre des rose-croix n’a jamais existé, en dehors d
1008 s, un seul membre de cette société. Cependant, il est établi que Leibniz fut, à vingt ans, le secrétaire d’une confrérie de
1009 tte société. Cependant, il est établi que Leibniz fut , à vingt ans, le secrétaire d’une confrérie de rose-croix, à Nurember
1010 r l’Empire ottoman102. La paix perpétuelle devait être assurée « par une armée de 40.000 Suisses équipée et maintenue sous l
1011 ve : par le Chevalier G. La situation de l’Europe est assez triste à l’en croire : On ne parle que des machines de Guerre
1012 e des machines de Guerre et les plus destructives sont toujours les mieux reçues. Un Particulier qui découvriroit un moyen d
1013 d’exterminer une nation entière, d’un seul coup, seroit regardé aujourd’hui comme un grand homme d’État. Ce sont d’ailleurs
1014 ardé aujourd’hui comme un grand homme d’État. Ce sont d’ailleurs les Européens, observe-t-il, qui ont propagé le fléau de l
1015 leur expansion économique. Les armes économiques sont devenues décisives : Ce ne sont plus les armées aujourd’hui qui font
1016 rmes économiques sont devenues décisives : Ce ne sont plus les armées aujourd’hui qui font la guerre, ce sont les Arts, par
1017 lus les armées aujourd’hui qui font la guerre, ce sont les Arts, parce qu’ils procurent les richesses qui sont les nerfs de
1018 es Arts, parce qu’ils procurent les richesses qui sont les nerfs de la Guerre. Cet esprit très moderne, et sobre, ne voit d
1019 dents : 1° la souveraineté des États participants serait transférée au congrès ; 2° un « Tribunal souverain » appliquerait aux
1020 , l’élément fédérateur apparemment indispensable, est procuré par la menace ottomane. Il faut aller jusqu’aux dernières aim
1021 e et le corps germanique. Quant à la Suisse, elle serait entièrement neutre et deviendrait le siège de la Confédération d’Occi
1022 de la Confédération d’Occident, tandis que Danzig serait le siège de celle d’Orient. Au reste, qu’on ne croie pas que l’unifo
1023 e, qu’on ne croie pas que l’uniformité économique soit un facteur d’union, bien au contraire : C’est parce que le sol de l’E
1024 contraire : C’est parce que le sol de l’Europe n’ est pas le même partout, n’est pas également fertile, produit des fruits
1025 e le sol de l’Europe n’est pas le même partout, n’ est pas également fertile, produit des fruits différents et des trésors d
1026 es trésors de diverses natures, que les Européens sont appelés à s’unir et à se bien entendre, pour se procurer, par des éch
1027 , par des échanges faciles, tout ce qui peut leur être de nécessité, d’utilité ou de luxe.107 102. Il s’agit donc d’un de
9 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Troisième partie. L’ère des philosophes. De Leibniz à Condorcet — 1. Perspectives élargies
1028 bniz Gottfried Wilhelm von Leibniz (1646-1716) fut mathématicien, physicien, alchimiste, naturaliste, psychologue, logic
1029 as, sed in unitatem reducta : la variété du monde est délectable, surtout si on la ramène à l’unité. Il a vécu dans la plup
1030 découverte mathématique, le calcul infinitésimal, est encore un moyen de passage du discontinu au continu, une harmonie… « 
1031 s’efforçait de fonder dans les différents pays n’ étaient dans sa pensée que les fragments épars et provisoires d’une vaste Aca
1032 onyme. Voici d’abord le citoyen du monde : Je ne suis pas de ceux qui sont fanatisés par leur pays ou encore par une nation
1033 le citoyen du monde : Je ne suis pas de ceux qui sont fanatisés par leur pays ou encore par une nation particulière ; mais
1034 as, les difficultés de la France avec le Sultan s’ étant aplanies entre-temps… En 1676, la paix de Nimègue ayant affirmé la pr
1035 nant le Christ lui-même pour chef et Seigneur, il fut communément admis que deux magistrats suprêmes, le pape et l’empereur
1036 oir spirituel, l’autre le pouvoir temporel. Et il était manifestement dans l’intérêt de tous que les chrétiens fussent réunis
1037 estement dans l’intérêt de tous que les chrétiens fussent réunis sous une autorité commune, en sorte qu’ils pussent ensemble sa
1038 e sur cette base, il s’ensuit qu’elle ne doit pas être contestée, mais défendue par nos princes… Si on agit donc conformémen
1039 agit donc conformément au droit, l’empereur doit être investi, dans une grande partie de l’Europe, d’un pouvoir, ainsi que
1040 e la paix universelle, des contributions communes sont exigées pour la guerre contre les incroyants et que l’on y fait régne
1041 le, la médiation et les garanties, pourrait alors être décidé par un pouvoir public fondé par le pape et l’empereur en quali
1042 té de rétablir la forme de l’Église telle qu’elle fut du tems de Charlemagne, lorsqu’il tenait le concile de Francfort ; et
1043 lle qu’elle fut du tems de Charlemagne, lorsqu’il tenait le concile de Francfort ; et de renoncer à tous conciles tenus depuis
1044 ile de Francfort ; et de renoncer à tous conciles tenus depuis, qui ne sauroient passer pour œcuméniques. Il faudroit aussi q
1045 elui de M. l’abbé de Saint-Pierre, mais puisqu’il est permis de faire des romans, pourquoi trouverons-nous sa fiction mauva
1046 n’y a pas mal réussi, grâces à Dieu ; la peste s’ est arrêtée de mon tems à ses frontières. Un Souverain pourrait encore ga
1047 princes de son tems, goûtât votre Projet. Le mal est qu’il est difficile de le faire entendre aux grands princes. Il n’y a
1048 e son tems, goûtât votre Projet. Le mal est qu’il est difficile de le faire entendre aux grands princes. Il n’y a point de
1049 souvent des fatalités qui empêchent les hommes d’ être heureux… Leibniz, conseiller de Pierre le Grand, considérait que le
1050 rand, considérait que le rôle de la Russie devait être celui d’un trait d’union chrétien entre l’Europe et la Chine, en vue
1051 Providence, qu’à même temps dans le Nord, dans l’ Est et dans le Sud, les trois plus grands monarques ont des intentions se
1052 ouvelles de la Chine, où le christianisme vient d’ être autorisé et appuyé d’un édit du roy, que par l’ambassade des Abyssins
1053 Batavie en 1692. Le tsar et (le) roy des Abyssins sont chrétiens tous deux, ennemis et frontiers du Turc, quoique bien éloig
1054 l’autre. Mais le tsar et le monarque des Chinois sont frontiers entre eux et tous deux merveilleusement portés à attirer da
1055 joignent à celles des jésuites : J’insinue qu’il serait de la gloire de Dieu et de l’honneur des protestants de prendre part
1056 champ du Seigneur, afin que la religion respurgée soit portée dans ce pays, aussi bien que les superstitions romaines.112 J
1057 rstitions romaines.112 Je juge que cette mission est la plus grande affaire de notre temps, tant pour la gloire de Dieu et
1058 se découvre Ces dernières citations de Leibniz sont importantes. Elles témoignent d’une révolution de l’esprit qui se pro
1059 du xviiie siècle. Tout ce qui compte en Europe s’ est remis à voyager, plus encore qu’aux beaux jours de la Renaissance, et
1060 la Renaissance, et surtout bien plus loin. Ce ne sont plus seulement les élites qui apprennent à connaître les diversités e
1061 e nation pour entrer en France, et quoique nous y fussions bien accueillis, je désirai voir tout le reste. Je passai donc en Ita
1062 élèbre auteur de « L’Homme de Cour » : L’Europe est la face admirable du monde : grave en Espagne, jolie en Angleterre, d
1063 vie.115 Montesquieu (vers 1730) : L’Allemagne est faite pour y voyager, l’Italie pour y séjourner, l’Angleterre pour y
1064 isté jusqu’à nos jours : On dit que les Français sont polis, adroits, généreux, mais prompts et inconstants ; les Allemands
1065 ’Europe, par leur adresse et par leur courage, se sont soumis ceux des autres parties du Monde. Leur esprit paraît dans leur
1066 ssi en toutes choses les autres parties du monde, soit pour les édifices saints et profanes, soit pour les génies différents
1067 monde, soit pour les édifices saints et profanes, soit pour les génies différents des peuples qui l’habitent. Nous devons en
1068 uter aux avantages de l’Europe, celui qu’elle a d’ être presque toute éclairée des lumières de l’Évangile. Suit une « liste
1069 d Boileau prenait les eaux de Bourbon, il pensait être au but du monde ; Auteuil lui suffisait. Paris suffisait à Racine ; e
1070 isait à Racine ; et tous deux, Racine et Boileau, furent bien gênés, lorsqu’ils durent suivre le roi dans ses expéditions. Bos
1071 jamais à Rome ; ni Fénelon. Les grands classiques sont stables. Les errants, ce seront Voltaire, Montesquieu, Rousseau ; mai
1072 s grands classiques sont stables. Les errants, ce seront Voltaire, Montesquieu, Rousseau ; mais on n’a pas passé des uns aux a
1073 es uns aux autres sans un obscur travail. Le fait est qu’à la fin du xviie siècle, et au commencement du xviiie , l’humeur
1074 aliens redevenait voyageuse ; et que les Français étaient mobiles comme du vif argent : à en croire un observateur contemporain
1075 de curieux en chaque pays. Lorsque nos voyageurs sont gens de lettres, ils se munissent en partant de chez eux d’un livre b
1076 ville en ville, comme Antonio Conti, Padouan, qui fut en 1713 à Paris, en 1715 à Londres, où il intervint dans la querelle
1077 de l’Europe. Mais la Galerie agréable du monde, n’ est -elle pas plus séduisante encore ? L’Europe, en effet, ne cessait plus
1078 lient la plus copieuse littérature de voyages qui soit au monde ; à mesure que Colbert propose à l’activité des Français les
1079 lus nécessaires au maintien de son autorité. … Il est parfaitement exact d’affirmer que toutes les idées vitales, celle de
1080 ropriété, celle de liberté, celle de justice, ont été remises en discussion par l’exemple du lointain. D’abord, parce qu’au
1081 eçons que donne l’espace, la plus neuve peut-être fut celle de la relativité. » Jésuites missionnaires, réformés chassés p
1082 enters » embarqués pour la Nouvelle Amsterdam qui sera New York, explorateurs, colonisateurs, commerçants, marins et soldats
1083 physique et la sociologie des siècles à venir, il fut en plein xviiie siècle à la fois le dernier des Renaissants et le pr
1084 son autorité sur un peuple sans énergie comme le furent les anciens Sères qui formaient la majeure partie de la population de
1085 de la population de son empire et dont le pays a été rattaché à la Chine ; quant au négus d’Éthiopie et aux puissants rois
1086 ne veulent point admettre que les gens du peuple sont hommes comme eux. Il y a beaucoup d’humanité chez les Chinois car leu
1087 oup d’humanité chez les Chinois car leur religion est faite de douceur et de mansuétude et les lettres y sont fort cultivée
1088 aite de douceur et de mansuétude et les lettres y sont fort cultivées ; il en est de même des Indes où l’on s’adonne surtout
1089 tude et les lettres y sont fort cultivées ; il en est de même des Indes où l’on s’adonne surtout aux occupations pacifiques
1090 de nos jours en Pologne et en Angleterre comme ce fut le cas il y a quelque cent-cinquante ans de la Suède et du Danemark —
1091 aix et de guerre ; l’Empire germanique lui-même n’ est qu’un ensemble de cités libres dont les souverains sont indépendants
1092 u’un ensemble de cités libres dont les souverains sont indépendants et à la tête desquelles se trouve l’empereur… Lorsque de
1093 politiques et l’on ne saurait imaginer d’État qui fût supérieur à ces aristocraties ; ce fut également la forme primitive,
1094 d’État qui fût supérieur à ces aristocraties ; ce fut également la forme primitive, la première à apparaître avec l’union d
1095 nt aristocratiquement les premières cités ; telle est bien en effet la nature des véritables principes d’être à l’origine,
1096 ien en effet la nature des véritables principes d’ être à l’origine, et de marquer la fin des choses.120 Pour revenir à notr
1097 nte, la langue latine ; disons enfin qu’à ne s’en tenir qu’aux fins humaines, la religion chrétienne apparaît comme supérieur
1098 pour passer dans le Nouveau-Monde ; nous pouvons être sûrs que ces Américains auraient connu la même évolution que nous ven
1099 09. Lettre à Pierre Ier, 16 janvier 1716. Leibniz était devenu le conseiller du tsar. 110. Lettre à Grimarest, Hanovre, 4 ju
1100 Cromvele, Amsterdam, 1692. Trad. fr., 1694. — Il est amusant de citer ici une page de l’Émile de Rousseau (Tome IV, éditio
1101 iter : « De tous les peuples du monde le François est celui qui voyage le plus, mais plein de ses usages, il confond tout c
1102 ’une autre manière ; il faut que ces deux Peuples soient contraires en tout. La Noblesse Angloise voyage, la Noblesse François
1103 chercher fortune chez les autres Nations, si ce n’ est par le commerce, & les mains pleines ; quand ils y voyagent, c’es
1104 ser leur argent, non pour vivre d’industrie ; ils sont trop fiers pour aller ramper hors de chez eux. Cela fait aussi qu’ils
1105 en ont même plus que personne ; mais ces préjugés tiennent moins à l’ignorance qu’à la passion. L’Anglois a les préjugés de l’or
1106 e la vanité. Comme les Peuples les moins cultivés sont généralement les plus sages, ceux qui voyagent le moins, voyagent le
1107 i voyagent le moins, voyagent le mieux ; parce qu’ étant moins avancés que nous dans nos recherches frivoles, & moins occu
1108 iosité, ils donnent toute leur attention à ce qui est véritablement utile. Je ne connois guère que les Espagnols qui voyage
1109 e le gouvernement, les mœurs, la police, & il est le seul des quatre qui de retour chez lui, rapporte de ce qu’il a vu
1110 s entre la Gaule & l’Espagne : l’Europe seule étoit plus éparse que la terre entière ne l’est aujourd’hui. » 120. Vico
1111 seule étoit plus éparse que la terre entière ne l’ est aujourd’hui. » 120. Vico entend : la confédération. Dans la Scienza
10 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Troisième partie. L’ère des philosophes. De Leibniz à Condorcet — 2. L’Europe des lumières
1112 lèbres Entretiens sur la pluralité des mondes, il est l’ancêtre distingué et tout involontaire de cette immense littérature
1113 le, n’ai-je pas toujours ouï dire que les Chinois étoient de très-grands Astronomes ? Il est vrai, repris-je ; mais les Chinois
1114 es Chinois étoient de très-grands Astronomes ? Il est vrai, repris-je ; mais les Chinois y ont gagné à être séparés de nous
1115 vrai, repris-je ; mais les Chinois y ont gagné à être séparés de nous par un long espace de terre, comme les Grecs et les R
1116 espace de terre, comme les Grecs et les Romains à être séparés par une longue suite de siècles ; tout éloignement est en dro
1117 ar une longue suite de siècles ; tout éloignement est en droit de nous en imposer. En vérité, je crois toujours de plus en
1118 s qu’il y a un certain génie qui n’a point encore été hors de notre Europe, ou qui du moins ne s’en est beaucoup éloigné. P
1119 été hors de notre Europe, ou qui du moins ne s’en est beaucoup éloigné. Peut-être qu’il ne lui est pas permis de se répandr
1120 s’en est beaucoup éloigné. Peut-être qu’il ne lui est pas permis de se répandre dans une grande étendue de terre à la fois,
1121 Charles-Louis de Secondât, baron de Montesquieu n’ est pas seulement le plus grand théoricien du gouvernement libéral, mais
1122 tous sens. L’artifice du « barbare perspicace » n’ est pour lui qu’une manière d’exposer sa méthode d’observation sociologiq
1123 épendance de nos nations : Un prince croit qu’il sera plus grand par la ruine d’un état voisin. Au contraire. Les choses so
1124 ruine d’un état voisin. Au contraire. Les choses sont telles en Europe que tous les États dépendent les uns des autres. La
1125 e la Bretagne et la Bretagne de l’Anjou. L’Europe est un état composé de plusieurs provinces.124 Sur la puissance de l’e
1126 rtaine partie des citoyens ; il faut les regarder sois une autre face. On a remarqué que leur prospérité est si intimement a
1127 une autre face. On a remarqué que leur prospérité est si intimement attachée à celle des empires qu’elle en est infaillible
1128 ntimement attachée à celle des empires qu’elle en est infailliblement le signe ou la cause. Et si l’on veut jeter un coup d
1129 ’Europe domine sur les autres parties du Monde et est dans la prospérité, tandis que tout le reste gémit dans l’esclavage e
1130 dans l’esclavage et la misère ; de même l’Europe est plus éclairée, à proportion, que dans les autres parties, elles sont
1131 à proportion, que dans les autres parties, elles sont ensevelies dans une épaisse nuit. Que si nous voulons jeter les yeux
1132 Europe, nous verrons que les États où les lettres sont les plus cultivées ont aussi, à proportion, plus de puissance.125 S
1133 e Monde : L’effet de la découverte de l’Amérique fut de lier à l’Europe l’Asie et l’Afrique. L’Amérique fournit à l’Europe
1134 rgent, ce métal si utile au commerce comme signe, fut encore la base du plus grand commerce de l’univers, comme marchandise
1135 l des mines et des terres de l’Amérique. L’Europe est parvenue à un si haut degré de puissance, que l’histoire n’a rien à c
1136 a continuité de leur entretien, même lorsqu’elles sont le plus inutiles, et qu’on ne les a que pour l’ostentation. Le P. Duh
1137 Duhalde dit que le commerce intérieur de la Chine est plus grand que celui de toute l’Europe. Cela pourrait être, si notre
1138 grand que celui de toute l’Europe. Cela pourrait être , si notre commerce extérieur n’augmentait pas l’intérieur. L’Europe f
1139 imat très-froid y touchent immédiatement ceux qui sont dans un climat très-chaud, c’est-à-dire la Turquie, la Perse, le Mogo
1140 Japon. En Europe, au contraire, la zone tempérée est très-étendue, quoiqu’elle soit située dans des climats très-différent
1141 e, la zone tempérée est très-étendue, quoiqu’elle soit située dans des climats très-différents entre eux, n’y ayant point de
1142 itude de chaque pays, il y arrive que chaque pays est à peu près semblable à celui qui en est voisin ; qu’il n’y a pas une
1143 aque pays est à peu près semblable à celui qui en est voisin ; qu’il n’y a pas une notable différence ; et que, comme je vi
1144 ue, comme je viens de le dire, la zone tempérée y est très-étendue. De là suit qu’en Asie les nations sont opposées aux nat
1145 t très-étendue. De là suit qu’en Asie les nations sont opposées aux nations du fort au faible, les peuples guerriers, braves
1146 minés, paresseux, timides : il faut donc que l’un soit conquis, et l’autre conquérant. En Europe, au contraire, les nations
1147 conquérant. En Europe, au contraire, les nations sont opposées du fort au fort ; celles qui se touchent ont à peu près le m
1148 et n’ont vaincu que pour un maître. La raison en est que le peuple tartare, conquérant naturel de l’Asie, est devenu escla
1149 le peuple tartare, conquérant naturel de l’Asie, est devenu esclave lui-même. … C’est ce qui a fait que le génie de la nat
1150 génie de la nation tartare ou gétique a toujours été semblable à celui des empires de l’Asie. Les peuples, dans ceux-ci, s
1151 des empires de l’Asie. Les peuples, dans ceux-ci, sont gouvernés par le bâton ; les peuples tartares par les longs fouets. L
1152 les longs fouets. L’esprit de l’Europe a toujours été contraire à ces mœurs ; et, dans tous les temps, ce que les peuples d
1153 de tous les peuples du monde : c’est qu’elles ont été la source de la liberté de l’Europe, c’est-à-dire de presque toute ce
1154 l’Europe, c’est-à-dire de presque toute celle qui est aujourd’hui parmi les hommes. Le Goth Jornandès a appelé le nord de l
1155 nous connaissons a de plus grandes plaines ; elle est coupée en de plus grands morceaux par les montagnes et les mers… La p
1156 les montagnes et les mers… La puissance doit donc être toujours despotique en Asie ; car, si la servitude n’y était pas extr
1157 urs despotique en Asie ; car, si la servitude n’y était pas extrême, il se ferait d’abord un partage que la nature du pays ne
1158 édiocre, dans lesquels le gouvernement des lois n’ est pas incompatible avec le maintien de l’État : au contraire, il y est
1159 e avec le maintien de l’État : au contraire, il y est si favorable, que sans elles cet État tombe dans la décadence, et dev
1160 e liberté qui rend chaque partie très-difficile à être subjuguée et soumise à une force étrangère, autrement que par les loi
1161  ; et, dans toutes les histoires de ce pays, il n’ est pas possible de trouver un seul trait qui marque une âme libre : on y
1162 e entre tous : Si je savais quelque chose qui me fût utile et qui fût préjudiciable à ma famille, je la rejetterais de mon
1163 i je savais quelque chose qui me fût utile et qui fût préjudiciable à ma famille, je la rejetterais de mon esprit. Si je sa
1164 ais de mon esprit. Si je savais quelque chose qui serait utile à ma famille et qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à
1165 chose qui serait utile à ma famille et qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à l’oublier. Si je savais quelque cho
1166 je savais quelque chose utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l’Europe et au genre humain, je la regarderais comme
1167 le de l’avenir. « Il faut examiner l’état où l’on est , et non l’état où l’on ne peut être. » Ni Rousseau ni l’abbé de Saint
1168 l’état où l’on est, et non l’état où l’on ne peut être . » Ni Rousseau ni l’abbé de Saint-Pierre ne le convainquent. Sur le s
1169 peut lire : La seule paix perpétuelle qui puisse être établie chez les hommes est la tolérance : la paix imaginée par un Fr
1170 rpétuelle qui puisse être établie chez les hommes est la tolérance : la paix imaginée par un Français nommé l’abbé de Saint
1171 née par un Français nommé l’abbé de Saint-Pierre, est une chimère qui ne subsistera pas plus entre les princes qu’entre les
1172 nois philosophe — sinon du Huron ingénu dont il s’ est lui-même si bien servi ! — voici ce qu’il fait dire au personnage d’u
1173 ses Dialogues qu’il désigne par A. et qui semble être anglais (C. étant partisan des Anciens et B. des Primitifs)131 : C.
1174 ’il désigne par A. et qui semble être anglais (C. étant partisan des Anciens et B. des Primitifs)131 : C. — Seriez-vous asse
1175 tisan des Anciens et B. des Primitifs)131 : C. —  Seriez -vous assez hardi pour me soutenir que vous autres Anglais vous valez
1176 bouffons qui jouent leur rôle dans vos tragédies sont -ils supérieurs aux héros de Sophocle ? Vos orateurs font-ils oublier
1177 oublier Cicéron et Démosthène ? Et enfin Londres est -elle mieux policée que l’ancienne Rome ? A. — Non ; mais Londres vaut
1178 ille fois mieux qu’elle ne valait alors, et il en est de même du reste de l’Europe. B. — Ah ! exceptez-en, je vous prie, la
1179 les excepte aussi ; mais songez que Paris, qui n’ est que d’un dixième moins grand que Londres, n’était alors qu’une petite
1180 n’est que d’un dixième moins grand que Londres, n’ était alors qu’une petite cité barbare. Amsterdam n’était qu’un marais. Mad
1181 ait alors qu’une petite cité barbare. Amsterdam n’ était qu’un marais. Madrid un désert, et de la rive droite du Rhin jusqu’au
1182 ive droite du Rhin jusqu’au golfe de Bothnie tout était sauvage ; les habitants de ces climats vivaient, comme les Tartares o
1183 sie, et que les découvertes de notre grand Newton soient devenues le catéchisme de la noblesse de Moscou et de Pétersbourg ? C
1184 de Pétersbourg ? C. — Vous m’avouerez qu’il n’en est pas de même sur les bords du Danube et du Maçanarès ; la lumière est
1185 les bords du Danube et du Maçanarès ; la lumière est venue du Nord, car vous êtes gens du Nord par rapport à moi, qui suis
1186 açanarès ; la lumière est venue du Nord, car vous êtes gens du Nord par rapport à moi, qui suis né sous le quarante-cinquièm
1187 car vous êtes gens du Nord par rapport à moi, qui suis né sous le quarante-cinquième degré ; mais toutes ces nouveautés font
1188 gré ; mais toutes ces nouveautés font-elles qu’on soit plus heureux dans ces pays qu’on ne l’était quand César descendit dan
1189 qu’on soit plus heureux dans ces pays qu’on ne l’ était quand César descendit dans votre île, où il vous trouva à moitié nus 
1190 e la disette, l’anarchie et l’esclavage. Ceux qui sont mécontents de Londres n’ont qu’à s’en aller aux Orcades : ils y vivro
1191 s pourriez bien avoir corrompu la nature ; elle n’ est point altérée dans les îles Orcades et chez les Topinambous. A. — Et
1192 les Topinambous. A. — Et si je vous disais que ce sont les sauvages qui corrompent la nature, et que c’est nous qui la suivo
1193 pourtant vous le prouver, ou je me trompe fort. N’ est -il pas vrai que l’instinct et le jugement, ces deux fils aînés de la
1194 quand leur bien-être fait le nôtre évidemment ? N’ est -il pas vrai que si deux vieux cardinaux se rencontraient à jeun et mo
1195 ux qui fourniront le plus de secours à la société seront donc ceux qui suivront la nature de plus près. Ceux qui inventeront l
1196 de plus près. Ceux qui inventeront les arts (qui est un grand don de Dieu), ceux qui proposeront des lois (ce qui est infi
1197 n de Dieu), ceux qui proposeront des lois (ce qui est infiniment plus aisé), seront donc ceux qui auront le mieux obéi à la
1198 eront des lois (ce qui est infiniment plus aisé), seront donc ceux qui auront le mieux obéi à la loi naturelle : donc, plus le
1199 eux obéi à la loi naturelle : donc, plus les arts seront cultivés et les propriétés assurées, plus la loi naturelle aura été e
1200 s propriétés assurées, plus la loi naturelle aura été en effet observée. Donc, lorsque nous convenons de payer trois schell
1201 quand nous convenons de choisir un Allemand pour être , sous le nom de roi, le conservateur de notre liberté, l’arbitre entr
1202 s la maison ; quand nous tolérons (parce que nous sommes riches) qu’un archevêque de Cantorbéry ait douze mille pièces de reve
1203 tin au soir, que de pervertir la loi naturelle en étant inutile à lui-même et à tous les hommes ? Une abeille qui ne ferait n
1204 ait jamais, corrompraient leur loi naturelle, qui est leur instinct : les hommes insociables corrompent l’instinct de la na
1205 c’est là l’homme naturel, et le Brésilien tout nu est l’homme artificiel ? A. — Non ; mais le Brésilien est un animal qui n
1206 l’homme artificiel ? A. — Non ; mais le Brésilien est un animal qui n’a pas encore atteint le complément de son espèce. C’e
1207 tard, une chenille enfermée dans sa fève, qui ne sera en papillon que dans quelques siècles. Il aura peut-être un jour des
1208 ère humaine, supposé que les organes du Brésilien soient assez forts et assez souples pour arriver à ce terme : car tout dépen
1209 ésilien et les sentiments d’un Topinambou ? Je ne suis ni l’un ni l’autre, je veux être heureux chez moi à ma façon. Il faut
1210 pinambou ? Je ne suis ni l’un ni l’autre, je veux être heureux chez moi à ma façon. Il faut examiner l’état où l’on est, et
1211 z moi à ma façon. Il faut examiner l’état où l’on est , et non l’état où l’on ne peut être. Voltaire se tient donc à mi-che
1212 l’état où l’on est, et non l’état où l’on ne peut être . Voltaire se tient donc à mi-chemin entre les détracteurs systématiq
1213 et non l’état où l’on ne peut être. Voltaire se tient donc à mi-chemin entre les détracteurs systématiques de l’Europe et c
1214 n faire un paradis par leur Système ; comme il se tient à mi-chemin entre le pessimisme de Hobbes et l’optimisme de Leibniz,
1215 ntégral. Considérant l’Europe dans l’état où elle est , pleine d’abus et d’intolérance mais aussi de « lumières » nouvelles
1216 es s’accordent surtout, dans la sage politique de tenir entr’elles, autant qu’elles peuvent, une balance égale de pouvoir, em
1217 r les plus faibles des invasions que le plus fort est toujours prêt d’entreprendre. Rousseau (1712-1778) « Rousseau
1218 leur auteur mieux que leur objet. Car Rousseau s’ est bel et bien cru l’inventeur du fédéralisme « matière toute neuve, écr
1219 atière toute neuve, écrit-il, et où les principes sont encore à établir » ; et peut-être l’a-t-il été. Il se proposait d’en
1220 s sont encore à établir » ; et peut-être l’a-t-il été . Il se proposait d’en exposer le système dans une suite au Contrat so
1221 le système dans une suite au Contrat social qui a été perdue ou détruite, si elle a jamais été écrite, ce qui n’est pas sûr
1222 al qui a été perdue ou détruite, si elle a jamais été écrite, ce qui n’est pas sûr132. Mais il s’est exprimé longuement sur
1223 u détruite, si elle a jamais été écrite, ce qui n’ est pas sûr132. Mais il s’est exprimé longuement sur les avantages de l’u
1224 is été écrite, ce qui n’est pas sûr132. Mais il s’ est exprimé longuement sur les avantages de l’union européenne dans Extra
1225 J. Rousseau, citoyen de Genève. Au début, l’éloge est fervent, bien que Rousseau n’entende pas perdre son sens critique :
1226 refuser ces premières lignes au sentiment dont j’ étais plein. Tâchons maintenant de raisonner de sang-froid. Quel est l’ét
1227 ons maintenant de raisonner de sang-froid. Quel est l’état réel de l’Europe ? On n’y a su prévenir les guerres particuliè
1228 lever ces dangereuses contradictions, ce ne peut être que par une forme de gouvernement confédérative, qui, unissant les pe
1229 elle à certains égards, et qu’elle n’ait en effet été bien entendue que par les modernes, les anciens ne l’ont pas ignorée.
1230 s, par le commerce, par une sorte d’équilibre qui est l’effet nécessaire de tout cela, et qui, sans que personne songe en e
1231 ns que personne songe en effet à le conserver, ne serait pourtant pas si facile à rompre que le pensent beaucoup de gens. Cet
1232 rnité prétendue des peuples de l’Europe ne semble être qu’un nom de dérision pour exprimer avec ironie leur mutuelle animosi
1233 t manquer de choquer les autres ; leurs divisions sont d’autant plus funestes, que leurs liaisons sont plus intimes, et leur
1234 s sont d’autant plus funestes, que leurs liaisons sont plus intimes, et leurs fréquentes querelles ont presque la cruauté de
1235 e ce grand ouvrage, commencé par la fortune, peut être achevé par la raison ; et comment la société libre et volontaire qui
1236 ticulier ; où l’on délibère en commun si la table sera ronde ou carrée, si la salle aura plus ou moins de portes, si un tel
1237 eut faire que les membres d’une de ces assemblées soient une fois doués du sens commun ; il n’est pas même impossible qu’ils v
1238 blées soient une fois doués du sens commun ; il n’ est pas même impossible qu’ils veuillent sincèrement le bien public, et,
1239 ncèrement le bien public, et, par les raisons qui seront ci-après déduites, on peut concevoir encore qu’après avoir aplani bie
1240 e difficulté que leur résistance. Sans doute ce n’ est pas à dire que les souverains adopteront ce projet (qui peut répondre
1241 ns point supposé les hommes tels qu’ils devraient être , bons, généreux, désintéressés, et aimant le bien public par humanité
1242 nt le bien public par humanité ; mais tels qu’ils sont , injustes, avides, et préférant leur intérêt à tout. La seule chose q
1243 pose, c’est assez de raison pour voir ce qui leur est utile, et assez de courage pour faire leur propre bonheur. Si, malgré
1244 tout cela, ce projet demeure sans exécution, ce n’ est donc pas qu’il soit chimérique ; c’est que les hommes sont insensés,
1245 t demeure sans exécution, ce n’est donc pas qu’il soit chimérique ; c’est que les hommes sont insensés, et que c’est une sor
1246 pas qu’il soit chimérique ; c’est que les hommes sont insensés, et que c’est une sorte de folie d’être sage au milieu des f
1247 sont insensés, et que c’est une sorte de folie d’ être sage au milieu des fous. Dans un Jugement sur la Paix perpétuelle, é
1248 nal supérieur des hommes qui s’osent vanter de ne tenir leur pouvoir que de leur épée, et qui ne font mention de Dieu même qu
1249 qui ne font mention de Dieu même que parce qu’il est au ciel ? Les souverains se soumettront-ils dans leurs querelles à de
1250 and ils pèseraient leurs intérêts eux-mêmes : que sera -ce quand ils le feront peser par leurs ministres, dont les intérêts s
1251 ront peser par leurs ministres, dont les intérêts sont toujours opposés à ceux du peuple et presque toujours à ceux du princ
1252 ne laisse pas de demander pourquoi, si ce projet est possible, ils ne l’ont pas adopté ? Il ne voit pas qu’il n’y a rien d
1253 y a rien d’impossible dans ce projet, sinon qu’il soit adopté par eux. Que feront-ils donc pour s’y opposer ? ce qu’ils ont
1254 près la rédaction de l’Extrait, en 1771, Rousseau est approché par les Confédérés polonais, au cours d’une suspension de le
1255 72. Son premier souci, qui dominera tout l’essai, est de détourner les Polonais d’imiter « l’Europe », c’est-à-dire les pui
1256 isme résolu, qu’il appelle « national », mais qui est en réalité local ou communal, comme on le verra par la suite. La Pol
1257 unal, comme on le verra par la suite. La Pologne est un grand état environné d’États encore plus considérables, qui, par l
1258 nsive. Faible au contraire par son anarchie, elle est , malgré la valeur polonaise, en butte à tous leurs outrages… Je ne vo
1259 en voir une preuve à jamais mémorable. La Pologne était dans les fers du Russe, mais les Polonais sont restés libres. Grand e
1260 e était dans les fers du Russe, mais les Polonais sont restés libres. Grand exemple qui vous montre comment vous pouvez brav
1261 ites au moins qu’ils ne puissent vous digérer… Ce sont les institutions nationales qui forment le génie, le caractère, les g
1262 , les goûts et les mœurs d’un peuple, qui le font être lui et non pas un autre… Il n’y a plus aujourd’hui de Français, d’All
1263 l’argent à voler, et des femmes à corrompre, ils sont partout dans leur pays. Que les Polonais soient donc eux-mêmes et qu
1264 ls sont partout dans leur pays. Que les Polonais soient donc eux-mêmes et qu’ils éduquent leur âme à n’aimer que leur patrie 
1265 tellement leurs opinions et leurs goûts, qu’elles soient patriotes par inclination, par passion, par nécessité. Un enfant, en
1266 la patrie, il ne vit que pour elle ; sitôt qu’il est seul, il est nul ; sitôt qu’il n’a plus de patrie, il n’est plus : et
1267 l ne vit que pour elle ; sitôt qu’il est seul, il est nul ; sitôt qu’il n’a plus de patrie, il n’est plus : et s’il n’est p
1268 il est nul ; sitôt qu’il n’a plus de patrie, il n’ est plus : et s’il n’est pas mort, il est pis. L’éducation nationale n’ap
1269 ’il n’a plus de patrie, il n’est plus : et s’il n’ est pas mort, il est pis. L’éducation nationale n’appartient qu’aux homme
1270 atrie, il n’est plus : et s’il n’est pas mort, il est pis. L’éducation nationale n’appartient qu’aux hommes libres ; il n’y
1271 y a qu’eux qui aient une existence commune et qui soient vraiment liés par la loi. Un Français, un Anglais, un Espagnol, un It
1272 s, un Anglais, un Espagnol, un Italien, un Russe, sont tous à peu près le même homme ; il sort du collège, déjà tout façonné
1273 a servitude. À vingt ans, un Polonais ne doit pas être un autre homme ; il doit être un Polonais. Je veux qu’en apprenant à
1274 olonais ne doit pas être un autre homme ; il doit être un Polonais. Je veux qu’en apprenant à lire il lise des choses de son
1275 tière, l’ordre et la forme de leurs études… Tous, étant égaux par la constitution de l’état, doivent être élevés ensemble et
1276 tant égaux par la constitution de l’état, doivent être élevés ensemble et de la même manière ; et si l’on ne peut établir un
1277 es totalitaires du xxe siècle ? Les apparences y sont , et le langage aussi, mais c’est précisément ce langage qui trompe. C
1278 s indifféremment, prospèrent par cela seul qu’ils sont petits, que tous les citoyens s’y connaissent mutuellement et s’entre
1279 nner… La première réforme dont vous auriez besoin serait celle de votre étendue… Commencez par resserrer vos limites, si vous
1280 voisins songent-ils à vous rendre ce service. Ce serait sans doute un grand mal pour les parties démembrées ; mais ce serait
1281 n grand mal pour les parties démembrées ; mais ce serait un grand bien pour le corps de la nation… Je voudrais, s’il était pos
1282 ien pour le corps de la nation… Je voudrais, s’il était possible, que vous eussiez autant d’États que de palatinats133. Forme
1283 l réfère ses lecteurs : Ceci, me dira-t-on, peut être bon pour une seule ville ; mais que faire quand l’état en comprend pl
1284 n ni l’autre. Premièrement, l’autorité souveraine est simple et une, et l’on ne peut la diviser sans la détruire. En second
1285 nd lieu, une ville non plus qu’une nation ne peut être légitimement sujette d’une autre, parce que l’essence du corps politi
1286 une autre, parce que l’essence du corps politique est dans l’accord de l’obéissance et de la liberté, et que ces mots de su
1287 liberté, et que ces mots de sujet et de souverain sont des corrélations identiques dont l’idée se réunit sous le seul mot de
1288 s une guerre en Europe où vous n’ayez l’honneur d’ être fourrés : si le bonheur vous en veut, vous pourrez rentrer dans vos a
1289 -à-dire comme les enfants : « Quand tout le monde sera à moi, je mangerai bien du sucre. » Gloire de l’Europe L’Europ
1290 ert-Jacques Turgot, baron de l’Aulne (1727-1781), fut tout d’abord séminariste, avant d’entrer dans une carrière civile qui
1291 sopopée typique du siècle : … Superbe Grèce ! où sont ces villes sans nombre que ta splendeur avait rendues si brillantes ?
1292 ur leurs ruines. Notre Europe n’a-t-elle donc pas été aussi la proie des barbares du Nord ? Quel heureux abri put conserver
1293 s prêt à s’éteindre ? Quoi ! cette religion qui s’ était établie à Rome, qui s’était attachée à elle malgré elle-même, la sout
1294 cette religion qui s’était établie à Rome, qui s’ était attachée à elle malgré elle-même, la soutint, la fit survivre à sa ch
1295 e, les modèles du goût peu consultés, peu suivis, furent conservés dans les mains de l’ignorance, comme des dépôts, pour être
1296 les mains de l’ignorance, comme des dépôts, pour être ouverts dans des temps plus heureux. L’intelligence des langues ancie
1297 lus heureux. L’intelligence des langues anciennes fut perpétuée par la nécessité du service divin. Cette connaissance demeu
1298 s, auteur à 22 ans d’un ouvrage sur les monnaies, fut au dire de Marmontel « le plus joli petit arlequin qu’ait produit l’I
1299 n 1770, Voltaire put écrire : « On n’avait jamais été plus plaisant à propos de famine. » Sa correspondance avec Mme d’Épin
1300 de la Californie et de la Nouvelle-Hollande, qui sont anciens de trois ou quatre-mille ans, sont encore de vraies brutes. L
1301 e, qui sont anciens de trois ou quatre-mille ans, sont encore de vraies brutes. La perfectibilité a commencé à faire de gran
1302 ue, d’où elle a fait le tour du globe, l’homme ne serait encore que le plus espiègle, le plus malin et le plus adroit des sing
1303 plus adroit des singes. Ainsi la perfectibilité n’ est pas un don de l’homme en entier, mais de la seule race blanche et bar
1304 agné quelque chose. Tout ce qu’on dit des climats est une bêtise, un non causa pro causa, erreur la plus commune de la logi
1305 causa, erreur la plus commune de la logique. Tout tient aux races. La première, la plus noble des races, vient naturellement
1306 nt naturellement du Nord de l’Asie. Les Russes en tiennent le plus près, et c’est pour cela qu’ils ont fait plus de progrès en c
1307 faire aux Portugais en cinquante. … L’inconstance est une loi physique… Sans elle point de fertilité, point de variété, poi
1308 ’immense variété des nations qui ont peuplé ou se sont alliées en Europe, a fait la perfection de notre race. Les Chinois ne
1309 it la perfection de notre race. Les Chinois ne se sont abrutis que par la non-mixtion ; et depuis l’arrivée des Tartares, il
1310 des auteurs d’échos scandaleux dans la presse, n’ est guère connu de nos jours que par son Discours sur l’Universalité de l
1311 e autre face aux empires. Ceux qui brilloient, se sont tout-à-coup obscurcis ; & d’autres sortant de leur obscurité, son
1312 urcis ; & d’autres sortant de leur obscurité, sont venus figurer à leur tour sur la scène du monde. Si du nord au midi l
1313 nde. Si du nord au midi le voile de la Religion s’ est déchiré, un commerce immense a jetté de nouveaux liens parmi les homm
1314 ’offrit jamais un tel spectacle. L’Europe surtout est parvenue à un si haut degré de puissance, que l’histoire n’a rien à l
1315 re. Les États se renverseront, & cette Langue sera toujours retenue dans la tempête par deux ancres, sa littérature &
1316 ensuite, à une confédération générale dont le but sera d’assurer à chacune d’elles la jouissance des avantages que le ciel l
1317 ou des canons, mais avec la force de sa voix, qui sera plus forte et terrible qu’eux, ces peuples téméraires qui oseraient t
1318 ature et la religion lui dictent, et la seule qui soit digne de la haute destinée pour laquelle Dieu l’a créée ?135 122
1319 la Monarchie universelle en Europe : « L’Europe n’ est plus qu’une nation composée de plusieurs provinces. » 125. Cahiers,
1320 XV, note in fine (1762). On sait que le Contrat n’ est qu’un fragment du grand traité sur les Institutions Politiques qu’il
1321 ongtemps d’écrire. 133. À cette date, la Pologne était divisée en 33 « palatinats », possédant chacun leur diète locale ou «
1322 II, Paris, I. G. Dentu, 1818. Les fragments cités sont datés l’un du 12 octobre 1776, l’autre du 22 novembre 1777. 135. Tr
11 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Troisième partie. L’ère des philosophes. De Leibniz à Condorcet — 3. Évolution : vers le progrès ou vers la décadence ?
1323 s lois immanentes de développement, ou, pour s’en tenir à ses propres termes, « à des causes générales » gouvernant le détail
1324 structives pour l’évolution de l’Europe, et elles sont , de justesse, optimistes. Mais le problème de notre décadence n’en de
1325 au-delà, que l’ère de la raison « cosmopolite » a été instaurée pour toujours par l’Europe… William Robertson (1721-1793),
1326 se et principal de l’Université d’Édimbourg, peut être considéré comme le premier historien qui ait pris pour objet de son é
1327 rtout où les différentes Puissances de l’Europe s’ étant plus étroitement unies, les opérations d’un État ont affecté toutes l
1328 l’histoire de Charles-Quint, car, écrit-il : Il est une époque, avant laquelle chaque Pays, n’ayant que peu de liaisons a
1329 écrire l’Histoire de l’empereur Charles-Quint. Ce fut pendant son règne que les Puissances de l’Europe formèrent un vaste s
1330 l’attendre… Le siècle de Charles-Quint peut donc être regardé comme la période à laquelle l’état politique de l’Europe comm
1331 rtson136 : Il paroit que les nations d’Europe se sont regardées pendant plusieurs siècles comme des sociétés séparées, à pe
1332 deurs qui, résidant constamment dans chaque cour, fussent à portée d’épier tous ses mouvements et d’en donner sur le champ avis
1333 te de quelques dangers incertains ou possibles, n’ étoient pas des motifs suffisans pour faire prendre les armes à une nation. I
1334 ts de l’Europe pendant les deux derniers siècles, est obligé d’écrire l’histoire de l’Europe entière. Depuis cette époque,
1335 , la connaissance des diversités de l’Europe n’en est pas moins essentielle à l’historien que celle de son unité : Tandis
1336 La connoissance de ces dernières circonstances n’ est pas moins nécessaire que celle des premières. Le tableau que j’ai tra
1337 cé des causes et des événemens dont l’influence a été universelle, mettra mes lecteurs en état d’expliquer cette singulière
1338 écrit l’histoire d’une nation particulière, ne se sont guère proposé que d’intéresser et d’instruire leurs compatriotes, à q
1339 ser que les mœurs et les institutions intérieures étoient parfaitement connues ; en conséquence ils ont souvent négligé d’entre
1340 embrasse les révolutions de tant de pays divers, serait extrêmement imparfaite, sans un examen préliminaire de leur constitut
1341 ur état politique.137 Robertson, en définitive, sera donc ramené à examiner l’une après l’autre les composantes nationales
1342 t désormais la sécurité de l’Europe. Et certes il serait aisé de renverser, au nom des expériences de notre siècle, les prévis
1343 u’il fondait sur l’observation du sien. Mais s’il était trop optimiste, il se peut que nous soyons trop pessimistes, ces deux
1344 is s’il était trop optimiste, il se peut que nous soyons trop pessimistes, ces deux erreurs d’appréciation ne changeant rien a
1345 ’intérêt et la gloire de son pays natal ; mais il est permis à un philosophe d’étendre ses vues, et de considérer l’Europe
1346 Européens et leurs colonies. Les peuples sauvages sont les ennemis communs de toutes les sociétés civilisées ; nous allons e
1347 e et du Rhin, les pays septentrionaux de l’Europe étaient remplis d’innombrables tribus de pâtres et de chasseurs, pauvres, vor
1348 uosité sur l’Empire romain ; à peine les premiers étaient -ils détruits, que d’autres occupaient leur place et présentaient de n
1349 émigrations formidables ; et le long repos qui a été attribué au décroissement de la population est la suite heureuse des
1350 a été attribué au décroissement de la population est la suite heureuse des progrès des arts et de l’agriculture. Au lieu d
1351 ens du Danemarck, de la Suède et de la Pologne se sont élevés successivement ; les négocians hanséatiques et les chevaliers
1352 u souffle de l’enthousiasme. II. L’empire de Rome était solidement établi sur la parfaite union de toutes ses parties. Les pe
1353 ent corrompu le caractère et les inclinations. Ce fut sous les minorités des fils et des petits-fils de Théodose que l’empi
1354 les provinces aux barbares. Aujourd’hui l’Europe est divisée en douze royaumes puissans, quoique inégaux, trois république
1355 chances de talens dans les rois et les ministres sont au moins multipliées en raison du nombre des souverains ; et un Julie
1356 une chose heureuse que la destruction d’une ville soit une entreprise difficile et dispendieuse, ou qu’un peuple industrieux
1357 s à redouter une irruption de barbares, puisqu’il serait indispensable qu’ils se civilisassent avant de pouvoir conquérir. Leu
1358 r. Leurs découvertes dans la science de la guerre seraient nécessairement accompagnées comme l’exemple de la Russie le démontre,
1359 ns la politique civile ; ils mériteraient alors d’ être comptés au nombre des nations civilisées qu’ils auraient soumises.138
1360 eau historique des progrès de l’esprit humain. Il fut le précurseur des assurances sociales « par le calcul des probabilité
1361 e rapprocher un jour de l’état de civilisation où sont parvenus les peuples les plus éclairés, les plus libres, les plus aff
1362 ociété ont augmentée et pour ainsi dire produite, tient -elle à la civilisation même, ou aux imperfections actuelles de l’art
1363 … Enfin, l’espèce humaine doit-elle s’améliorer, soit par des nouvelles découvertes dans les sciences et dans les arts, et
1364 bien-être particulier et de prospérité commune ; soit par des progrès dans les principes de conduite et dans la morale prat
1365 rincipes de conduite et dans la morale pratique ; soit enfin par le perfectionnement des facultés intellectuelles, morales e
1366 urope, les principes de la constitution française sont déjà ceux de tous les hommes éclairés. Nous les y verrons trop répand
1367 la mémoire de leur grandeur ». (Paul Valéry s’en est sans doute souvenu en écrivant ses pages fameuses sur la « Crise de l
1368 is-je, ici fleurit jadis une ville opulente : ici fut le siège d’un empire puissant. Oui ! ces lieux maintenant si déserts,
1369 é une solitude de mort. Le silence des tombeaux s’ est substitué au murmure des places publiques. L’opulence d’une cité de c
1370 es publiques. L’opulence d’une cité de commerce s’ est échangée en une pauvreté hideuse. Les palais des rois sont devenus le
1371 ngée en une pauvreté hideuse. Les palais des rois sont devenus le repaire des fauves ; les troupeaux parquent au seuil des t
1372 itent les sanctuaires des dieux !… Ah ! comment s’ est éclipsée tant de gloire !… Comment se sont anéantis tant de travaux !
1373 mment s’est éclipsée tant de gloire !… Comment se sont anéantis tant de travaux !… Ainsi donc périssent les ouvrages des hom
1374 uplée, comptait alors cent villes puissantes… Que sont devenus tant de brillantes créations de la main de l’homme ? Où sont-
1375 e brillantes créations de la main de l’homme ? Où sont -ils ces remparts de Ninive, ces murs de Babylonie, ces palais de Pers
1376 olis, ces temples de Balbeck et de Jérusalem ? Où sont ces flottes de Tyr, ces chantiers d’Arad, ces ateliers de Sidon, et c
1377 sons, et ces troupeaux, et toute cette création d’ êtres vivants dont s’enorgueillissait la face de la terre ? Hélas ! je l’ai
1378 , cette terre ravagée ! J’ai visité les lieux qui furent le théâtre de tant de splendeur, et je n’ai vu qu’abandon et que soli
1379 pe moderne ; mais bientôt le charme de ma rêverie fut flétri par un dernier terme de comparaison. Réfléchissant que telle a
1380 rme de comparaison. Réfléchissant que telle avait été jadis l’activité des lieux que je contemplais : Qui sait, me dis-je,
1381 e je contemplais : Qui sait, me dis-je, si tel ne sera pas un jour l’abandon de nos propres contrées ? Qui sait si sur les r
1382 quant aux autres, il s’y soumet par nécessité. Il est de bonne foi à l’endroit de sa nation, mais aussi à l’endroit des aut
1383 mais aussi à l’endroit des autres nations ; et il est incapable de vouloir fonder le bien-être, la gloire et la grandeur de
1384 dans une organisation particulière dont les buts soient incompatibles avec leur idéal. Ils s’abstiennent de faire partie de t
1385 Lumières avaient plongé l’élite du siècle : Ils furent peu nombreux parmi les peuples des temps passés ceux qui connurent co
1386 à eux — dont les mérites ne pourront jamais assez être reconnus par l’Humanité — que l’Europe devint peu à peu ce qu’elle es
1387 manité — que l’Europe devint peu à peu ce qu’elle est et ce qu’elle sera vraisemblablement toujours, la véritable patrie de
1388 ope devint peu à peu ce qu’elle est et ce qu’elle sera vraisemblablement toujours, la véritable patrie des arts et des scien
1389 i a conquis pour toujours l’hégémonie, bien qu’il soit le plus petit, en vertu de la supériorité que ses habitants ont su co
1390 une direction responsable des affaires de l’État est de loin, comparativement, le moins avancé. Dans la plus grande et la
1391 mps relativement court, tant d’échelons, que ce n’ est pas sans une sorte de vertige qu’on regarde les siècles précédents. M
1392 ble aller vers une révolution bienfaisante qui ne sera pas causée par des insurrections et des guerres civiles, mais par une
1393 re, inébranlablement fidèle aux devoirs qu’elle s’ est fixés ; révolution qui ne sera pas non plus causée par la lutte funes
1394 x devoirs qu’elle s’est fixés ; révolution qui ne sera pas non plus causée par la lutte funeste que la passion livre à la pa
1395 Europe de sang, ni mettre partout le feu, saura n’ être qu’une œuvre toute simple et bienfaisante, apprenant aux hommes quel
1396 simple et bienfaisante, apprenant aux hommes quel est leur véritable intérêt, quels sont leurs droits et leurs devoirs, que
1397 aux hommes quel est leur véritable intérêt, quels sont leurs droits et leurs devoirs, quel est le but de leur existence et q
1398 t, quels sont leurs droits et leurs devoirs, quel est le but de leur existence et quels sont les moyens qui permettront d’a
1399 voirs, quel est le but de leur existence et quels sont les moyens qui permettront d’atteindre sûrement et immanquablement ce
1400 tes peuvent se tromper dans leurs suppositions et être déçus dans leurs espérances, c’est ce qui s’est avéré, pendant les hu
1401 être déçus dans leurs espérances, c’est ce qui s’ est avéré, pendant les huit années qui se sont écoulées depuis la rédacti
1402 e qui s’est avéré, pendant les huit années qui se sont écoulées depuis la rédaction de cet essai, d’une manière telle que to
1403 e comme plus sage et plus honnête qu’ils ne l’ont été eux-mêmes par le passé, du moins quand ils agissaient de concert, en
1404 d ils agissaient de concert, en grande foule. Il est admirable que le démenti sanglant infligé à son idéal cosmopolite n’a
1405 uvernement peu importante dans le fond ; et ainsi serait créée et organisée, de façon durable, une communauté d’États européen
1406 is parut en Angleterre en 1776, mais l’ouvrage ne fut terminé qu’en 1787, à Lausanne. 139. « Je parlerai… de la réunion de
1407 sciences, la seule dont le projet et l’utilité ne soit pas une illusion puérile. » Fragment sur l’Atlantide, ou efforts comb
12 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Troisième partie. L’ère des philosophes. De Leibniz à Condorcet — 4. Pendant ce temps, l’Amérique du Nord…
1408 tes de Paris à ses compatriotes : Toute l’Europe est gagnée à notre cause (la création de l’Union des États indépendants a
1409 urs fortunes, dès que la paix et l’indépendance y seront assurées, de sorte que l’on peut généralement escompter que les émigr
1410 ici dans presque tous les milieux que notre cause est la cause de tout le genre humain, et qu’en défendant notre liberté, n
1411 aucun, l’Amérique, elle, se fédérait. Ses hommes étaient Européens, sans exception. Et ses idées étaient européennes. Elle ne
1412 s étaient Européens, sans exception. Et ses idées étaient européennes. Elle ne se sépara de la mère patrie que sur la seule que
1413 rmulés par nos propres élites, mais ces principes étaient refusés en fait par tous nos États souverains. C’est pourquoi l’Angla
1414 e d’un nouveau retour des choses… The Federalist est un recueil de 85 articles de journaux écrits pour défendre la Constit
1415 ntion Fédérale le 17 septembre 1787. Ce plaidoyer est adressé au peuple de l’État de New York par Alexander Hamilton, John
1416 Hamilton, John Jay et James Madison. Son autorité est restée considérable jusqu’à nos jours. Les publicistes d’Amérique, le
1417 de la science politique. Le texte que nous citons est de Hamilton, et il est extrait du chapitre XI : Le monde peut être d
1418 . Le texte que nous citons est de Hamilton, et il est extrait du chapitre XI : Le monde peut être divisé politiquement, co
1419 et il est extrait du chapitre XI : Le monde peut être divisé politiquement, comme géographiquement, en quatre parties dont
1420 e et par la fraude. L’Afrique, l’Asie, l’Amérique sont successivement tombées sous sa domination. La supériorité que l’Europ
1421 n triomphe. Que les Américains se lassent enfin d’ être les instruments de la grandeur européenne ! Que les Treize-États, réu
1422 t à la formation d’un grand système américain qui soit au-dessus du contrôle de toute force ou de toute influence européenne
13 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 1. La Révolution française et l’Europe
1423 rope Les illusions d’un Wieland n’ont-elles pas été partagées par ceux-là mêmes qui donnèrent son impulsion première au p
1424 hilanthropique » d’un Mirabeau, d’un Robespierre, est certainement sincère. Mais comme elle change vite de registre quand i
1425 ’alliés, lorsqu’elle n’aura plus d’ennemis ? Il n’ est pas loin de nous peut-être, ce moment où la liberté, régnant sans riv
1426 a paix universelle ; alors le bonheur des peuples sera le seul but des législateurs, la seule force des lois, la seule gloir
1427 t, ces considérations, toutes puissantes qu’elles sont , ne peuvent pas seules, dans ce moment, déterminer notre conduite. L
1428 ons plus immédiates qui déterminent la Révolution sont en fait dictées par la guerre, qu’elle mène au nom de la liberté et d
1429 ours du 15 mai 1790 à l’Assemblée nationale : Il est de l’intérêt des nations de protéger la nation française, parce que c
1430 termes : Chantez donc, chantez une victoire qui sera celle de l’humanité. Il a péri des hommes ; mais c’est pour qu’il n’e
1431 lle que vous allez établir, chacun de vos combats sera un pas de fait vers la paix, l’humanité et le bonheur des peuples. D
1432 ison anticléricale : La guerre ! la guerre ! tel est le cri de tous les patriotes, tel est le vœu de tous les amis de la l
1433 uerre ! tel est le cri de tous les patriotes, tel est le vœu de tous les amis de la liberté répandus sur la surface de l’Eu
1434 C’est à cette guerre sainte qu’Anacharsis Cloots est venu inviter l’Assemblée nationale, au nom du genre humain dont il n’
1435 du genre humain dont il n’a jamais mieux mérité d’ être appelé l’ami. C’est en effet à Jean-Baptiste, dit Anacharsis Cloots,
1436 es, ni armées, ni vaincus, ni vainqueurs… L’Océan sera couvert de navires qui formeront un superbe pont de communication, et
1437 urs. Il n’y aura plus de déserts ; toute la terre sera un jardin. L’Orient et l’Occident s’embrasseront au champ de la Fédér
1438 e, dans le même sens, le 26 avril 1793 : Nous ne sommes pas libres, si un seul obstacle moral arrête notre marche physique su
1439 it souveraine, blesse grièvement l’humanité, elle est en pleine révolte contre le bon sens et le bonheur ; elle coupe les c
1440 verselle ; sa Constitution, manquant par la base, sera contradictoire, journalière et chancelante. Mais ce libéralisme univ
1441 tinct universel, je m’y oppose ; cette résistance est un état de guerre et de servitude dont le genre humain, l’être suprêm
1442 de guerre et de servitude dont le genre humain, l’ être suprême, fera justice tôt ou tard. Le 21 avril 1792, Cloots remet à
1443 seul corps, la nation unique… La commune de Paris sera le point de réunion, le fanal central de la communauté universelle.
1444 de la communauté universelle. Il pense qu’il ne serait pas difficile de régir le monde à partir de Paris : Quand un Lama de
1445 tions d’États, de nations ; mais aucun homme ne s’ est élevé au véritable principe de l’unité souveraine, de la confédératio
1446 qui reconnoîtra ce principe lumineux et immuable, sera reçu de droit dans notre association fraternelle, dans la République
1447 miner l’humanité sous tous les rapports : nous ne sommes pas les représentants du genre humain. Je veux donc que le législateu
1448 isans du fédéralisme — et leur ennemi Robespierre fut le premier à dire le mot, si l’on en croit le dictionnaire étymologiq
1449 n croit le dictionnaire étymologique de Warburg — furent dénoncés par les jacobins comme traîtres à la Patrie, traîtres à la N
1450 , dans l’esprit des Français et des Européens qui tiennent à se réclamer de la Révolution et de la tradition jacobine. D’où le m
1451 des petits pays. Un Français d’aujourd’hui, s’il tient à s’assurer du sens de ce mot décrié, recourt au dictionnaire Littré,
1452 trine du gouvernement fédératif. — Le fédéralisme était une des formes politiques les plus communes employées par les sauvage
14 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 2. Plans d’union européenne contemporains de la Révolution
1453 , pas un seul plan sérieux d’union continentale n’ est sorti de la Révolution, du moins en France et cela s’explique. L’expl
1454 ation de l’Europe. Le résidu concret du phénomène sera la « nationalisation » du sentiment patriotique dans tous nos peuples
1455 espérons que bientôt la division des royaumes ne sera plus ; il n’y aura plus qu’un seul peuple, qu’on appellera le genre h
1456 écessairement supprimer la réalité européenne. Il est vrai qu’en parlant du « genre humain », l’orateur n’envisage en somme
1457 Italien E. L’Aurora, des Allemands Kant et Gentz, seront expressément européens. Inspirés par le grand bouleversement idéologi
1458 aintenant d’organiser. Jeremy Bentham (1747-1832) fut décrété citoyen français par la Convention à l’occasion d’un grand di
1459 la question européenne. Le champ de son ambition est le monde, annonce-t-il. Mais les mesures qu’il propose concernent l’E
1460 vaudra pour l’autre142. L’objet du présent essai est de soumettre au monde un plan de paix universel et perpétuel. Le Glob
1461 un plan de paix universel et perpétuel. Le Globe est l’aire de l’influence à laquelle aspire l’auteur, — la Presse son ins
1462 plan praticable à cet effet, et qui ait chance d’ être adopté, il ne saurait y avoir qu’une voix. La seule objection possibl
1463 ion possible consisterait à dire que cette paix n’ est pas réalisable, qu’elle n’est pas seulement sans espoir, mais qu’elle
1464 re que cette paix n’est pas réalisable, qu’elle n’ est pas seulement sans espoir, mais qu’elle l’est à un degré tel que tout
1465 e n’est pas seulement sans espoir, mais qu’elle l’ est à un degré tel que toute proposition dans ce sens mériterait d’être t
1466 car il se peut que la réduction d’un tel préjugé soit nécessaire pour que le plan reçoive audience. Quoi de mieux fait, pou
1467 même ? Et qu’on ne m’objecte pas que les temps ne sont pas mûrs : moins ils le sont, plus vite nous devons entreprendre ce q
1468 pas que les temps ne sont pas mûrs : moins ils le sont , plus vite nous devons entreprendre ce qui peut les faire mûrir. Un p
1469 qui peut les faire mûrir. Un plan de cette nature est de ceux qui ne viennent jamais trop tôt, ni trop tard. … Les feuillet
1470 op tôt, ni trop tard. … Les feuillets qui suivent sont dédiés au bien commun de toutes les nations civilisées, mais plus par
1471 i de la Grande-Bretagne et de la France. Leur but est de promouvoir trois grands objets : — la simplicité du gouvernement,
1472 la vérité des propositions suivantes : I. Qu’il n’ est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir des dépendances lointa
1473 voir des dépendances lointaines, quelles qu’elles soient . II Qu’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir des tr
1474 s lointaines, quelles qu’elles soient. II Qu’il n’ est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir des traités d’alliance
1475 nsive ou défensive, avec quelque puissance que ce soit . III. Qu’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir aucu
1476 avec quelque puissance que ce soit. III. Qu’il n’ est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir aucun traité, avec que
1477 avoir aucun traité, avec quelque puissance que ce soit , aux fins de s’assurer quelque avantage commercial que ce soit, au dé
1478 s de s’assurer quelque avantage commercial que ce soit , au détriment de n’importe quelle autre puissance. IV. Qu’il n’est pa
1479 de n’importe quelle autre puissance. IV. Qu’il n’ est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne d’entretenir aucune force nava
1480 endre son commerce contre les pirates. V. Qu’il n’ est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne de garder en vigueur quelque o
1481 ne de garder en vigueur quelque ordonnance que ce soit visant à l’augmentation ou au maintien de ses forces navales au loin,
1482 . VI. VII, VIII, IX et X. Que tout ce qui précède est également vrai pour la France. XI. Que l’accord total de la Grande-Br
1483 ccord total de la Grande-Bretagne et de la France étant supposé acquis, les principales difficultés d’un plan de pacification
1484 cation générale et permanente pour toute l’Europe seraient écartées. XII. Que pour assurer cette pacification, des traités génér
1485 ion, des traités généraux et permanents devraient être conclus, limitant les effectifs des troupes entretenues. XIII. Que le
1486 nues. XIII. Que le maintien de cette pacification serait considérablement facilité par l’institution d’une Cour de Justice com
1487 tre nations, encore qu’une telle Cour n’ait pas à être dotée de pouvoirs de coercition. XIV. Que le secret des opérations du
1488 s du ministère des Affaires étrangères ne saurait être toléré en Angleterre ; étant parfaitement inutile, et au surplus cont
1489 étrangères ne saurait être toléré en Angleterre ; étant parfaitement inutile, et au surplus contraire aux intérêts de la libe
1490 angement, une fois prouvé à son sujet que : 1. Il est dans l’intérêt des parties intéressées ; 2. Les parties sont déjà sen
1491 ’intérêt des parties intéressées ; 2. Les parties sont déjà sensibles à cet intérêt ; 3. La situation dans laquelle il mettr
1492 situation dans laquelle il mettrait ces parties n’ est pas nouvelle, et n’est autre que celle dont elles partent. Des conven
1493 il mettrait ces parties n’est pas nouvelle, et n’ est autre que celle dont elles partent. Des conventions difficiles et com
1494 tent. Des conventions difficiles et complexes ont été bel et bien réalisées ; citons par exemple : la neutralité armée, la
1495 e ? Ces dernières n’ont pas d’ambitions. Qu’il en soit donc ainsi ; mais n’est-ce pas déjà le cas des premières ? Comment, e
1496 as d’ambitions. Qu’il en soit donc ainsi ; mais n’ est -ce pas déjà le cas des premières ? Comment, ensuite, pourrons-nous co
1497 préventions ? L’un des principaux objets du plan est d’effectuer une réduction — et très considérable — des dépenses des p
1498 t de cette réduction, pour chaque nation, devrait être stipulé par le Traité ; et même, avant sa signature, des lois devraie
1499 ; et même, avant sa signature, des lois devraient être préparées à cet effet dans chaque nation et présentées à toutes les a
1500 présentées à toutes les autres, en sorte qu’elles soient prêtes à entrer en vigueur dès la ratification du Traité par les diff
1501 tats. De cette manière, la masse des peuples, qui est la partie la plus exposée à se laisser égarer par des préventions, ne
1502 posée à se laisser égarer par des préventions, ne serait pas plus tôt informée de la ratification du Traité qu’elle en sentira
1503 rait les bienfaits. Ils verraient que le Traité a été calculé pour leur avantage, et ne pouvait l’être à nulle autre fin. …
1504 a été calculé pour leur avantage, et ne pouvait l’ être à nulle autre fin. … Un tel Congrès ou Diète pourrait être composé pa
1505 lle autre fin. … Un tel Congrès ou Diète pourrait être composé par les puissances, envoyant chacune deux députés au lieu où
1506 ne deux députés au lieu où il se réunirait ; l’un étant le principal, l’autre agissant à l’occasion comme substitut. Toutes l
1507 ion comme substitut. Toutes les séances devraient être publiques. Les pouvoirs du Congrès ou Diète consisteraient : 1, à for
1508 ttre l’État réfractaire au ban de l’Europe. Il ne serait peut-être pas mauvais de fixer le contingent que les différents États
1509 la nécessité de recourir à cette ultime ressource serait , en toute probabilité supprimée pour toujours, par l’expédient beauco
1510 la presse dans chaque État… Le reste de l’essai est occupé par une longue polémique contre le secret diplomatique. Il est
1511 ongue polémique contre le secret diplomatique. Il est remarquable que Bentham, dès la fin du xviiie siècle, ait su voir à
1512 et les dangers d’une telle liberté lorsqu’elle n’ est inspirée que par l’égoïsme national, sacralisé sous le nom de « patri
1513 e : « C’est nous qui avons toujours raison, et il est impossible qu’il en soit autrement. Contre nous, les autres nations n
1514 ns toujours raison, et il est impossible qu’il en soit autrement. Contre nous, les autres nations n’ont aucun droit. Si nous
1515 inon, nous avons raison selon le patriotisme, qui est une plus grande vertu que la justice. » Injustice, oppression, fraude
1516 oppression, fraude, mensonge, tous les actes qui seraient tenus pour criminels ou vicieux dans la poursuite d’intérêts individu
1517 on, fraude, mensonge, tous les actes qui seraient tenus pour criminels ou vicieux dans la poursuite d’intérêts individuels, s
1518 férences entre les partis. Quelque opposés qu’ils soient sur tous les autres points, sur celui-ci, ils n’ont qu’une voix, ils
1519 x, ils écrivent tous en parfaite harmonie. Telles sont leurs opinions, et à ces opinions, il va de soi que les faits doivent
1520 . Qui rougirait de les fausser, quand les fausser est une vertu ? Mais s’il est vrai que la voix des journaux n’est encore
1521 sser, quand les fausser est une vertu ? Mais s’il est vrai que la voix des journaux n’est encore qu’une faible part de la v
1522 u ? Mais s’il est vrai que la voix des journaux n’ est encore qu’une faible part de la voix du peuple, il n’en reste pas moi
1523 ’Aurora, qu’on a nommé « il bizzarro agitatore », fut un des jacobins les plus éloquents de l’Italie, comme on peut en juge
1524  ! Et que les nations, s’unissant et se libérant, soient gouvernées selon les droits sacro-saints de la liberté et de l’égalit
1525 me appartenant à un seul État, que leurs intérêts soient communs, et que l’Europe puisse être tenue pour la mère universelle d
1526 » élus par la « generalità del popolo » et qui se fût réuni en Sicile ou à Majorque pour délibérer d’une « constitution gén
1527 litaires entre les nations. Le plan de Bentham ne fut publié qu’un demi-siècle après avoir été écrit, et celui de L’Aurora
1528 ntham ne fut publié qu’un demi-siècle après avoir été écrit, et celui de L’Aurora n’a été redécouvert que par des érudits i
1529 e après avoir été écrit, et celui de L’Aurora n’a été redécouvert que par des érudits italiens de notre siècle143. Beaucoup
1530 taliens de notre siècle143. Beaucoup plus célèbre sera dès 1795 le plan de Kant, et beaucoup plus efficace la pensée de Gent
1531 ndes affaires du temps. Emmanuel Kant (1724-1804) était âgé de 71 ans lorsqu’il publia en 1795 son traité Zum ewigen Friede.
1532 publia en 1795 son traité Zum ewigen Friede. Il n’ était sorti de sa ville natale de Königsberg qu’une seule fois en sa vie, m
1533 nce de la Révolution française lui fit modifier d’ Est en Ouest la direction de sa promenade quotidienne. Il connaissait le
1534 toujours plus lourds, hausse des prix) ne peuvent être enrayées que si la souveraineté absolue est enlevée aux princes et pa
1535 vent être enrayées que si la souveraineté absolue est enlevée aux princes et passe aux peuples : c’est la doctrine rousseau
1536 tat fait bien plutôt consister sa majesté (car il est absurde de parler de la majesté populaire) à ne se soumettre à aucune
1537 (alors que, dans l’État civil et juridique, elle est voilée par la contrainte du gouvernement), on s’étonne que le mot dro
1538 t), on s’étonne que le mot droit n’ait pas encore été tout à fait banni de la politique de la guerre comme une expression p
1539 me une expression pédante, et qu’aucun État ne se soit enhardi à se rallier publiquement à cette dernière opinion. Car on ci
1540 e force légale (puisque les États, comme tels, ne sont pas soumis à une contrainte commune et extérieure) ; mais il est sans
1541 à une contrainte commune et extérieure) ; mais il est sans exemple qu’un État ait été amené, par des arguments appuyés sur
1542 rieure) ; mais il est sans exemple qu’un État ait été amené, par des arguments appuyés sur les écrits des personnalités aus
1543 se rendre maître un jour du mauvais principe qui est en lui (et qu’il ne peut nier), et à en espérer autant des autres. Si
1544 érer autant des autres. Sinon le mot « droit » ne serait jamais prononcé par les États qui veulent se faire la guerre, à moins
1545 qui veulent se faire la guerre, à moins que ce ne fût par ironie, et dans le sens où le définissait ce prince gaulois : « (
1546 ù le définissait ce prince gaulois : « (le droit) est l’avantage que la nature donne au plus fort de se faire obéir par le
1547 it des gens, comprise comme un droit à la guerre, est proprement inconcevable (puisque ce serait le droit de décider ce qui
1548 a guerre, est proprement inconcevable (puisque ce serait le droit de décider ce qui est juste non pas d’après des lois extérie
1549 ble (puisque ce serait le droit de décider ce qui est juste non pas d’après des lois extérieures universellement valables e
1550 s particulières). À moins d’entendre par là qu’il est tout à fait juste que des hommes dans de semblables dispositions se d
1551 out de ce moyen, et rejettent in hypothesi ce qui est juste in thesi, à défaut de l’idée positive d’une « république mondia
1552 e qu’exercèrent très vite les idées de Kant, elle est illustrée par la publication, cinq ans après La Paix éternelle, d’un
1553 ternich et secrétaire du congrès de Vienne, avait été dès sa jeunesse un disciple de Kant, dont il partagea au début l’enth
1554 plus étroitement autrichienne. Le mot d’Europe m’ est devenu objet d’horreur » ; ou encore : « … j’ai perdu toute envie d’ê
1555 reur » ; ou encore : « … j’ai perdu toute envie d’ être un Européen. » Ce qui retient notre attention dans son essai de 1800
1556 erre, ou par Kant. Trois moyens, selon Gentz, ont été proposés pour établir la paix perpétuelle : l’État mondial, les natio
1557 es nations fermées, enfin la fédération des États soit par un système d’arbitrage, soit par des liens constitutionnels. Gent
1558 ration des États soit par un système d’arbitrage, soit par des liens constitutionnels. Gentz repousse avec force l’utopie de
1559 lique universelle et unitaire des jacobins, qui n’ est autre qu’une version renouvelée du vieux mythe effrayant de la Monarc
1560 moyen d’assurer ou de préparer la paix éternelle serait d’instaurer une libre fédération ou d’élaborer dans ses moindres déta
1561 ns de la majorité ; et enfin un congrès permanent serait institué, chargé de régler toutes les affaires communes des États con
1562 uit une critique du Rousseau de L’Extrait : S’il était vrai, comme dit Rousseau, que cette fédération à but pacifique ne sau
1563 , que cette fédération à but pacifique ne saurait être réalisée parce que les dirigeants des États qui devraient en faire pa
1564 iraient jamais à une constitution les empêchant d’ être injustes quand il leur plaît ; s’il était vrai, comme il le prétend p
1565 êchant d’être injustes quand il leur plaît ; s’il était vrai, comme il le prétend plus loin, que si elle pouvait être réalisé
1566 omme il le prétend plus loin, que si elle pouvait être réalisée « un seul jour, ce serait assez pour la faire durer éternell
1567 si elle pouvait être réalisée « un seul jour, ce serait assez pour la faire durer éternellement », nous ne devrions pas laiss
1568 s’évanouir l’espoir de la voir se réaliser. Il s’ est trouvé plus d’un moment dans l’histoire récente de l’Europe, où tous
1569 mi les hommes, dépend d’une décision instantanée, est possible et pratiquement réalisable. La difficulté, ou même la totale
1570 ainsi la politique de la Sainte-Alliance dont il sera l’un des grands artisans : Le but de ce système n’a jamais été, comm
1571 rands artisans : Le but de ce système n’a jamais été , comme on l’en a accusé à tort, de rendre tous les États également pu
1572 ser cette manière de constitution fédérale, qui s’ est naturellement créée en Europe, de telle sorte que chaque poids dans l
1573 e autorité supérieure, ni la loi ni la moralité n’ étaient capables de réprimer. On voulait, en un mot, obtenir par des pactes s
1574 ous les États pourront s’unir en un seul ; ce qui est absolument impossible. 2. On ne parviendrait pas non plus à établir u
1575 cun des États membres ; ce qui, une fois de plus, est absolument impossible. 3. Enfin, même si on pouvait imaginer, dans un
1576 ne même l’aspect purement idéal du projet. Car il est impossible d’admettre que chaque État puisse se soumettre de plein gr
1577 s à la force pour faire régner la justice ; il en serait de même dans les procès entre les peuples, où, peut-être plus souvent
1578 bonne exécution des décisions du Tribunal devrait être assurée par des mesures coercitives. Or, les mesures coercitives cont
1579 critique de Burke et de Bonald — tout ce que l’on est en droit d’espérer et de préparer, c’est un système d’équilibre qui «
1580 t international. Le pas le plus important de tous était sans contredit la découverte des vrais principes de l’économie politi
1581 ompte que l’industrie, le commerce et la richesse étaient en réalité des biens communs, qui, même si on les trouvait en plus gr
1582 ant aux ravages causés par la guerre, quelles que soient les régions touchées par ce fléau, ils sont toujours, en fin de compt
1583 que soient les régions touchées par ce fléau, ils sont toujours, en fin de compte, pris en charge par la société. Ces grande
1584 Ces grandes et terribles vérités ne pouvaient pas être perdues pour la haute politique. S’emparant peu à peu des meilleurs e
1585 s hommes. Mais actuellement une seule certitude a été acquise : loin d’avoir affermi la paix sur la terre, elle s’est mise
1586 loin d’avoir affermi la paix sur la terre, elle s’ est mise au service de la guerre, lui fournissant maintes occasions d’écl
1587 eut naître et se développer plus rapidement qu’on est en droit de l’espérer. Un ordre des choses plus pacifique, fondé sur
1588 e pour la plus grande joie de l’humanité. Mais ce sont là de ces bienfaits de la Fortune, sur lesquels personne ne peut comp
1589 nt la paix, mais la simple possibilité de la paix est très éloignée de nous ; la guerre est notre destin sur terre, et si d
1590 de la paix est très éloignée de nous ; la guerre est notre destin sur terre, et si des changements et révolutions extraord
1591 es ne viennent pas conjurer ce mauvais sort, elle sera longtemps encore notre destin sur terre. On ne saurait crier assez fo
1592 e de la lourde tâche et de la grande vocation qui est désormais la leur ; et qu’ils redoublent de volonté, de courage et de
1593 t et brillant orateur de la Chambre des communes, fut à la fois le premier défenseur des droits américains et le premier ad
1594 nt à Kant, il croit la guerre inévitable, mais il est loin de la diviniser comme J. de Maistre : il se fait l’avocat d’un é
1595 sprit religieux. Mais les temps de la chevalerie sont révolus ; voici venu le temps de la « barbarie philosophique », des é
1596 nomistes et des cyniques. « La gloire de l’Europe est éteinte. » Voici, tirée de ses quatre Letters on the Proposal for pea
1597 à cette similitude profonde des nations, la paix était davantage la paix, la guerre était un peu moins la guerre. J’irai plu
1598 tions, la paix était davantage la paix, la guerre était un peu moins la guerre. J’irai plus loin. Il y eut des temps où des c
1599 tés apparemment en paix les unes avec les autres, furent plus parfaitement séparées les unes des autres que ne l’ont été plus
1600 itement séparées les unes des autres que ne l’ont été plus tard bien des nations de l’Europe, au cours de guerres longues e
1601 e guerres longues et sanglantes. La cause doit en être cherchée dans la similitude des religions, des lois et des mœurs qu’o
1602 observe à travers toute l’Europe : au fond, elles sont toutes pareilles. Ceux qui ont écrit sur le droit public ont souvent
1603 semble, dérivaient des mêmes sources. Ils avaient été tirés des anciennes coutumes germaniques ou gothiques, améliorées et
1604 ys européens, et dont les traces bien marquées ne furent jamais totalement abolies ni confondues dans le despotisme, là où pré
1605 que sous les monarchies. De toutes ces sources s’ était composé un système de mœurs et d’éducation qui était à peu près le mê
1606 it composé un système de mœurs et d’éducation qui était à peu près le même dans toute cette région du Globe et qui estompait,
1607 s l’éducation qu’elles donnaient à leur jeunesse, soit qu’il s’agît des diverses facultés, ou des sciences, ou des formes pl
1608 r ou sa santé, pour ses affaires ou parce qu’il y était contraint, il ne se sentait jamais tout à fait étranger.146 Tout ce
1609 chances de se maintenir. Par deux fois, l’essai a été tenté en des régions très étendues : en Allemagne et en Amérique du N
1610 , celle-ci aura beaucoup de peine à subsister, ne serait -ce qu’une cinquantaine d’années. » 146. Edmund Burke Selected Works,
15 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 3. Synthèses historico-philosophiques (I)
1611 in de s’établir à Weimar. Son « Sturm und Drang » est terminé et l’auteur des Brigands professe à l’Université d’Iéna ! C’e
1612 français : et certes, son cœur et son tempérament sont avec la Révolution, dont il partage les grands espoirs humanitaires.
1613 ser à toute l’humanité. Sa conception de l’Europe est en effet bien plus fédéraliste que jacobine. C’est aux liens supranat
1614 la Communauté des peuples européens. Le contraste est total avec les conceptions des Schlegel, Novalis et Görres, ses cadet
1615 eur admission et qu’elle-même, d’autre part, leur était devenue indispensable. Des États qui n’existaient qu’à peine les uns
1616 pports de citoyen à citoyen, de souverain à sujet furent complètement transformés par la Réformation, de même des États entier
1617 ause d’une union plus étroite entre les États. Il est vrai que les premiers effets par lesquels cette sympathie politique s
1618 sympathie politique se manifesta un peu partout, furent terribles et désastreux : une guerre éclata, dévastatrice, et qui dur
1619 citoyens, et même des États entiers. Cet intérêt fut capable de lier entre eux plusieurs États, même les plus éloignés les
1620 ique. Ainsi il cessait, sur un point important, d’ être le citoyen d’un État particulier et d’accorder à cet unique État tout
1621 tives et une aide rapide. Ces affaires étrangères sont devenues actuellement des affaires intérieures et on aime à tendre un
1622 e Suédois le Belt, afin de briser les chaînes qui furent forgées pour l’Allemagne. Schiller est d’ailleurs l’un des premiers
1623 es qui furent forgées pour l’Allemagne. Schiller est d’ailleurs l’un des premiers à mettre en valeur l’unité de mœurs et l
1624 bersicht, on lit : L’Occident européen, quel que soit le nombre des États qui le composent, présente au xie siècle un aspe
1625 e même caractère dû à la souche unique dont elles étaient issues, qui se trouvaient, lors de la prise de possession du pays, à
1626 dit semblables les uns aux autres les pays qui en furent victimes, et qui étaient encore à l’époque si différents par leur pop
1627 ux autres les pays qui en furent victimes, et qui étaient encore à l’époque si différents par leur population et par leur agric
1628 ut plus le moindre rapport avec l’ancien. Si tant est que le climat, la nature du sol, les voisins immédiats, la situation
1629 les voisins immédiats, la situation géographique furent la cause de différences sensibles, que, d’autre part, les vestiges la
1630 de même reconnaître que toutes ces influences ont été trop faibles, trop lentes, trop peu marquées pour effacer ou transfor
1631 ue complète de relations réciproques. Si nombreux soient les siècles qui ont passé sur ces peuples, si grands les changements
1632 es changements qui auraient dû s’opérer ou qui se sont réellement opérés à l’intérieur de ces pays, par suite de tant de nou
1633 ifiée par leurs ancêtres. Actuellement encore ils sont là, tels qu’ils furent en leur patrie scythe, dans un état d’indépend
1634 res. Actuellement encore ils sont là, tels qu’ils furent en leur patrie scythe, dans un état d’indépendance sauvage, armés pou
1635 à Goethe, le 26 janvier 1798 : Entre-temps je me suis passé le temps en lisant le voyage de Niebuhr et Volney en Syrie et e
1636 ellement pour la première fois quel bienfait nous est échu d’être nés en Europe. Il est véritablement incompréhensible que
1637 ur la première fois quel bienfait nous est échu d’ être nés en Europe. Il est véritablement incompréhensible que la force viv
1638 l bienfait nous est échu d’être nés en Europe. Il est véritablement incompréhensible que la force vivifiante en l’homme n’a
1639 ent absolument pas en ligne de compte pour ce qui est de la perfectibilité humaine. Je ne puis que difficilement concevoir
1640 ment belle. À quoi Goethe se borne à répondre : Soyons donc contents de vivre sur cette partie du globe, même si l’Europe do
1641 remous. Johann Gottlieb Fichte (1762-1814) peut être considéré comme le premier et le plus impitoyable théoricien du natio
1642 Fichte constate d’abord que l’expansion coloniale est le grand péché de l’Europe : elle est inutile et immorale — Bentham p
1643 n coloniale est le grand péché de l’Europe : elle est inutile et immorale — Bentham pensait de même — et c’est elle qui a p
1644 ats instables et belliqueux. Le mouvement ne peut être renversé tant que tous les États ne se seront pas solidifiés, ramenés
1645 peut être renversé tant que tous les États ne se seront pas solidifiés, ramenés à leurs « frontières naturelles », c’est-à-di
1646 uf der Höhe der Kultur steht ») et qui ne saurait être que la Prusse, deviendra la vraie patrie des Européens chrétiens ; il
1647 e national-socialisme et le communisme  — peuvent être illustrées par les citations suivantes, extraites de l’ouvrage intitu
1648 149 publié en 1800. Les peuples du monde antique étaient séparés les uns des autres d’une manière très rigoureuse, par une fou
1649 par une foule de conditions. Pour eux l’étranger était un ennemi ou un barbare. On peut au contraire considérer les peuples
1650 onceptions primitives des forêts de Germanie, ils furent aussi liés les uns aux autres, depuis leur expansion dans les provinc
1651 nant si ces peuples qui, unis de toute manière, n’ étaient pas séparés par ce qui d’ordinaire sépare les hommes, la constitution
1652 ’empereur moderne qui, sans doute à l’origine, ne fut considéré que comme général de la chrétienté, devant être pour l’Égli
1653 sidéré que comme général de la chrétienté, devant être pour l’Église entière ce qu’étaient les patrons pour les évêchés ou l
1654 rétienté, devant être pour l’Église entière ce qu’ étaient les patrons pour les évêchés ou les couvents, — commencèrent à avoir
1655 ions proprement politiques… Les États modernes se sont ainsi formés ; — non, comme on a coutume de décrire dans la doctrine
1656 ie. Ainsi les divers États de l’Europe chrétienne sont de ces morceaux détachés de l’ancien ensemble, déterminés en grande p
1657 poque de cette unité de l’Europe chrétienne que s’ est formé aussi, entre autres, le système commercial qui, tout au moins e
1658 l qui, tout au moins en ses traits fondamentaux s’ est maintenu jusqu’à aujourd’hui. Chaque partie de ce grand Tout et chaqu
1659 tout, le commerce des Européens entre eux devait être libre. Il est facile de faire l’application à l’état actuel des chose
1660 rce des Européens entre eux devait être libre. Il est facile de faire l’application à l’état actuel des choses. Si toute l’
1661 ec les colonies et les places de commerce qui s’y sont ajoutées dans les autres parties du monde, forme encore un tout, alor
1662 parties entre elles doit rester libre, comme il l’ était à l’origine. Si elle est au contraire divisée en plusieurs États sous
1663 ster libre, comme il l’était à l’origine. Si elle est au contraire divisée en plusieurs États sous divers gouvernements, el
1664 sieurs États sous divers gouvernements, elle doit être divisée de même en plusieurs États commerciaux complètement fermés. N
1665 ts du tout pendant un long espace de temps. On en est encore à la période des essais pour en former. De plus, on a jusqu’ic
1666 acun dans la propriété qui lui revient. Or ceci n’ est possible que si l’anarchie commerciale est supprimée, comme on suppri
1667 ceci n’est possible que si l’anarchie commerciale est supprimée, comme on supprime peu à peu l’anarchie politique et si l’É
1668 t se ferme, en tant qu’État commercial comme il s’ est fermé en ce qui concerne sa législation et sa fonction de juge.150
1669 se lamenter sur la division de l’Europe ? Non, il serait vain de « déplorer l’inévitable » : Si l’on veut supprimer la guerre
1670 des citoyens, c’est-à-dire tout l’or et l’argent, sera retirée de la circulation et échangée contre une nouvelle monnaie nat
1671 a moins besoin de ces marchandises qui ne peuvent être produites en leur pureté ni remplacées par des succédanés dans le pay
1672 ’introduction et l’usage des marchandises où il n’ est tenu compte que de l’opinion, peuvent même être interdits sur le cham
1673 n’est tenu compte que de l’opinion, peuvent même être interdits sur le champ. Le besoin de ces marchandises importées de l’
1674 lles-mêmes ou leurs succédanés, doivent désormais être produits dans le pays, car la production et la fabrication à l’intéri
1675 ur, dirigées méthodiquement et rationnellement, n’ étant plus abandonnées à l’aveugle hasard, se développent constamment et ai
1676 constamment et ainsi les produits de l’extérieur sont remplacés par ceux de l’intérieur. L’exportation également doit dimin
1677 à acquérir une prépondérance commerciale, ce qui est une tendance dangereuse, mais à rendre la nation entièrement indépend
1678 entièrement indépendante et autonome.152 Ce ne sont pas seulement les échanges commerciaux qu’il faut supprimer, mais aus
1679 hors de l’État commercial fermé : il ne doit pas être permis plus longtemps à une vaine curiosité et à la recherche de dist
1680 r aux frais de l’État savants et artistes.153 Il est évident que dans une nation ainsi fermée, dont les membres ne vivent
1681 qui aime avec dévouement la patrie et tout ce qui est de la patrie, l’honneur national se développera très vite, à un degré
1682 nsi qu’un caractère national nettement marqué. Ce sera une autre nation, absolument nouvelle. Cette introduction d’une monna
1683 le. Cette introduction d’une monnaie nationale en est véritablement la création… Un seul lien devra subsister entre les pe
1684 ur tout le reste, leur division en peuples divers sera achevée. Elle seule demeure leur propriété commune, après qu’ils ont
1685 culières. Les trésors des littératures étrangères seront importés par des académies rétribuées et échangés contre ceux du pays
1686 des 150 ans qui allaient suivre. Et cependant, il serait injuste de considérer Fichte sous le seul aspect d’un précurseur de l
1687 sent pour seule vraie patrie que cette Europe qui est leur terre commune, et d’une extrémité à l’autre du continent, ils ne
1688 genre humain tout entier, qui habite notre globe, sera réuni par les institutions de l’unique République universelle de la c
1689 cience et libérée de tout impérialisme. Nous n’en sommes pas si loin, dans cette seconde moitié du xxe siècle … Cependant le
1690 et au monde que Fichte ne pouvait l’imaginer : ne fût -ce que par la collusion de la science et des nationalismes… Johann Go
1691 ations sur le destin des civilisations. Son œuvre est l’une des plus riches en jugements et en fécondes hypothèses contradi
1692 n Voltaire pouvait la définir : L’Europe entière est une République des savants qui, d’une part grâce à une grande rivalit
1693 rniers, grâce à des ressources précieuses qu’elle est allée chercher sur toute la surface de la Terre, a su se donner une f
1694 stitution politique de l’Europe. Les États qui ne sont jamais entrés dans ce conflit, ne comptent pour ainsi dire pas.155
1695  » de Schlegel à Spengler en passant par Hegel : Est -ce le Nord ou le Sud, le Levant ou le Couchant qui a été la « vagina
1696 le Nord ou le Sud, le Levant ou le Couchant qui a été la « vagina hominum » ? Quelle est l’origine de l’espèce humaine, des
1697 Couchant qui a été la « vagina hominum » ? Quelle est l’origine de l’espèce humaine, des inventions, des arts et des religi
1698 Faut-il croire que le genre humain a émigré de l’ est vers le nord, pour s’y reproduire dans les montagnes du froid, mû par
1699 ses mœurs et sa conception de la justice. S’il en est ainsi, je vois deux courants : l’un, venu d’Orient, passe par la Grèc
1700 l’Europe où il submerge l’autre courant… S’il en est ainsi, le troisième courant ne viendra-t-il pas d’Amérique et le dern
1701 ent un jour contre elle : Nous autres Européens… sommes en train de forger les chaînes avec lesquelles vous nous traînerez, q
1702 yeux de Herder — et à cette date déjà — l’Europe est en train de trahir sa mission mondiale. Dans le recueil intitulé Adra
1703 voir comme entité fermée ou monade autonome. Elle est fonctionnellement liée au monde. Il le dit en une phrase décisive, do
1704 l’Histoire du Genre Humain (1797) dont le succès fut immense à l’époque. Quoique centrée sur l’Europe, comme l’indique son
1705 en Menschheit) cette vue générale ne laisse pas d’ être pessimiste. Selon Heinz Gollwitzer, J. von Müller « fut le premier gr
1706 ssimiste. Selon Heinz Gollwitzer, J. von Müller «  fut le premier grand esprit allemand qui ait pleinement saisi et parfois
1707 , et il pressentait que l’avenir appartiendrait «  soit à la Russie soit à l’Amérique ». Voici le tableau qu’il donne de l’ét
1708 it que l’avenir appartiendrait « soit à la Russie soit à l’Amérique ». Voici le tableau qu’il donne de l’état des puissances
1709 … Parmi les puissances de la seconde classe, qui tiennent l’équilibre de la liberté européenne, l’empereur, la Russie et la Pru
1710 té européenne, l’empereur, la Russie et la Prusse sont par le nombre et l’excellence de leurs troupes, naturellement les pri
1711 des Potentats. À la tête des puissances barbares est le Padisha ; l’Europe n’a point de relations avec les Cours d’Asie ;
1712 ’Asie ; en Afrique, Alger, Tunis, Tripoli, Maroc, sont dignes de remarque. On peut traiter de la Suisse et des rois de Sarda
1713 de Portugal après la maison de Bourbon, dont l’un est censé d’être allié ; et dont les liaisons peuvent seules faire valoir
1714 après la maison de Bourbon, dont l’un est censé d’ être allié ; et dont les liaisons peuvent seules faire valoir les droits o
1715 pire, la Pologne, quelques États d’Italie peuvent être considérés après les trois puissances qui tiennent l’équilibre, parce
1716 nt être considérés après les trois puissances qui tiennent l’équilibre, parce que leur alliance peut contribuer surtout à gêner
1717 isoit valoir ses prodigieuses ressources.161 On est frappé par la complication et la fragilité de ces divers groupes de p
1718 ité de ces divers groupes de puissances censées «  tenir l’équilibre de la liberté européenne ». Elles évoquent la page dans l
1719 , rappelait cette maison décrite par Swift et qui était bâtie d’une manière si conforme au seul principe d’équilibre que lors
1720 sur son toit, elle s’écroula. D’ailleurs, Müller est surtout intéressant par ses essais de comparaison globale des civilis
1721 isations. À cet égard, le Résumé du ixe Discours est très typique de cette apparition d’une conscience de l’Europe-dans-le
1722 e, quand les nations contenues l’une par l’autre, furent forcées à tirer de leur sol, ce qu’ils auraient mieux aimé conquérir.
1723 oppement de l’esprit humain. Toutes les religions sont venues de l’Orient ; le sentiment y est plus vif, plus élevé ; ces co
1724 eligions sont venues de l’Orient ; le sentiment y est plus vif, plus élevé ; ces connoissances intuitives ou adaptées au se
1725 Orientaux plus de cette énergie momentanée. Nous sommes au milieu du Drame qu’ont ouvert les Géans du Nord, les destructeurs
1726 rd, les destructeurs de l’ancien Empire. 148. Soyez embrassés, ô millions. Par ce baiser du monde entier ! Frères, au-del
16 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 4. Napoléon et l’Europe
1727 u toute idée d’hégémonie européenne, estima qu’il était temps « de substituer aux formes surannées de la vieille Europe un no
1728 s le titre de « Tableau de l’Europe »163 : Ce ne seront plus des forces égales qui, par leur opposition, se maintiendront en
1729 issance prépondérante, trop forte désormais, pour être attaquée et trop grande pour avoir besoin de s’étendre, tiendra tout
1730 ée et trop grande pour avoir besoin de s’étendre, tiendra tout en paix autour d’elle… Désormais la France sera le point d’appui
1731 a tout en paix autour d’elle… Désormais la France sera le point d’appui sur lequel reposera l’Europe entière. C’était le te
1732 des mesures déclarait : Quelle circonstance peut être plus favorable à leur adoption, que celle, où Napoléon le Grand réuni
1733 Friedrich Richter, 1763-1825). Cet enthousiaste a été jusqu’à louer l’empereur d’avoir tenté de transformer le continent to
1734 rope comme sa véritable patrie, et l’Allemagne en serait le cœur. Ainsi dans ce passage qui rappelle si curieusement la descri
1735 le centre géographique de l’Europe, mais elle en est aussi le centre moral. À juste titre, on la représente souvent sur l’
1736 œur, tandis que mainte autre partie de l’Europe n’ est que la tête ou le bras avec le poing. Ce bon cœur si honnête que pres
1737 r l’Europe qu’au temps de Sainte-Hélène, quand il était trop tard. Ce n’est pas exact. Si l’Acte additionnel aux Constitution
1738 de Sainte-Hélène, quand il était trop tard. Ce n’ est pas exact. Si l’Acte additionnel aux Constitutions de l’Empire, rédig
1739 ns de l’Empire, rédigé au retour de l’île d’Elbe, fut comme on sait l’œuvre de Benjamin Constant, son préambule porte les m
1740 ner toute l’étendue et toute la stabilité dont il était susceptible, nous avions ajourné l’établissement de plusieurs institu
1741 ite pour l’Europe. À la question de savoir ce qui fût advenu s’il était sorti victorieux de la campagne de Russie, Napoléon
1742 e. À la question de savoir ce qui fût advenu s’il était sorti victorieux de la campagne de Russie, Napoléon répond : La paix
1743 ous. Le système européen se trouvait fondé ; il n’ était plus question que de l’organiser. Satisfait sur ces grands points, et
1744 is eu aussi mon Congrès et ma Sainte-Alliance. Ce sont des idées qu’on m’a volées. Dans cette réunion de tous les souverains
1745 n même peuple, et chacun en voyageant, partout se fût trouvé toujours dans la patrie commune. Il eût demandé toutes les ri
1746 uté des mers ; que les grandes armées permanentes fussent réduites désormais à la seule garde des souverains, etc., etc. Dans
1747 nations : Une de mes plus grandes pensées avait été l’agglomération, la concentration des mêmes peuples géographiques, qu
1748 ps de nation. C’est avec un tel cortège qu’il eût été beau de s’avancer dans la postérité et la bénédiction des siècles. Je
1749 ire ! Après cette simplification sommaire, il eût été plus possible de se livrer à la chimère du beau idéal de la civilisat
1750 l grand et magnifique spectacle ! … Quoi qu’il en soit , cette agglomération arrivera tôt ou tard, par la force des choses, l
1751 tôt ou tard, par la force des choses, l’impulsion est donnée, et je ne pense pas qu’après ma chute et la disparition de mon
1752 org und J. v. Müller, Frauenfeld, 1893. La lettre est de 1804. 163. Numéro du 2 janvier 1806. 164. Marquis de Laplace : E
17 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 5. L’Europe des adversaires de l’empereur
1753 ibre possible » après la chute de son empire, eût été la fédération. De fait, l’équilibre impossible de la Sainte-Alliance
1754 ait, l’équilibre impossible de la Sainte-Alliance fut imposé par des souverains qui, très loin d’« embrasser de bonne foi l
1755 és par les quatre cours de la part desquelles ils sont munis de pleins pouvoirs, mais se trouvant chargés de traiter la paix
1756 désolé le monde, les Hautes Parties contractantes sont convenues entre elles d’en étendre la durée de vingt ans, à date du j
1757 de toute la force de la ligue européenne… La paix sera celle de l’Europe, toute autre est inadmissible. Extrait de l’Acte d
1758 enne… La paix sera celle de l’Europe, toute autre est inadmissible. Extrait de l’Acte de reconnaissance de la neutralité d
1759 ue la neutralité et l’inviolabilité de la Suisse… sont dans les vrais intérêts de l’Europe tout entière. Et Metternich lui-
1760 Traités, déclarait : Depuis longtemps, l’Europe est pour moi une patrie. Toute l’Europe se mit donc à parler de l’Europe
1761 voulu la faire. Mais ce concert des Intellectuels est aussi discordant que celui des Puissances se prétend harmonieux. Troi
1762 is l’idée de l’Europe comme formant un ensemble n’ est pas seulement dans le titre : elle est le sous-entendu de l’ouvrage e
1763 ensemble n’est pas seulement dans le titre : elle est le sous-entendu de l’ouvrage entier. Napoléon, c’est l’esprit de conq
1764 lités locales, écrasées par l’État-nation167. Il est assez remarquable que l’uniformité n’ait jamais rencontré plus de fav
1765 de la liberté des hommes. L’esprit systématique s’ est d’abord extasié sur la symétrie. L’amour du pouvoir a bientôt découve
1766 voulu remplacer par une passion factice envers un être abstrait, une idée générale, dépouillée de tout ce qui frappe l’imagi
1767 les matériaux qu’ils devaient employer. Peu s’en est fallu qu’ils ne désignassent par des chiffres les cités et les provin
1768 ce qui leur donne l’apparence, même trompeuse, d’ être constitués en corps de nation, et réunis par des hens particuliers. O
1769 is par des hens particuliers. On sent que s’ils n’ étaient arrêtés dans le développement de cette inclination innocente et bienf
1770 e, d’honneur de ville, d’honneur de province, qui serait à la fois une jouissance et une vertu. Mais la jalousie de l’autorité
1771 prêt à éclore. L’attachement aux coutumes locales tient à tous les sentiments désintéressés, nobles et pieux. Quelle politiqu
1772 là vont s’agiter toutes les ambitions : le reste est immobile. Les individus, perdus dans un isolement contre nature, étra
1773 Plans antérieurs, il se fonde sur l’économie. Il est le vrai précurseur de la tendance institutionnaliste du xxe siècle,
1774 , qu’on appela équilibre des puissances. L’Europe fut partagée en deux confédérations qu’on s’efforçait de maintenir égales
1775 titutionnellement ; car deux ligues d’égale force sont nécessairement rivales, et il n’y a pas de rivalités sans guerres. Dè
1776  ; car depuis le traité de Westphalie la guerre a été l’état habituel de l’Europe… L’Europe a formé autrefois une société c
1777 s communes, soumise à un gouvernement général qui était aux peuples ce que les gouvernements nationaux sont aux individus : u
1778 it aux peuples ce que les gouvernements nationaux sont aux individus : un pareil état de choses est le seul qui puisse tout
1779 aux sont aux individus : un pareil état de choses est le seul qui puisse tout réparer. Je ne prétends pas sans doute qu’on
1780 l’Europe de ses débris inutiles : le xixe siècle est trop loin du xiiie . Une constitution, forte par elle-même, appuyée s
1781 tout se décide par la force. Vouloir que l’Europe soit en paix par des traités et des congrès, c’est vouloir qu’un corps soc
1782 possible, si toutes les nations qu’elle renferme, étant gouvernées chacune par un parlement, reconnaissaient la suprématie d’
1783 esti du pouvoir de juger leurs différens. … Il en est du gouvernement européen, comme des Gouvernemens nationaux, il ne peu
1784 rêts de l’Europe, au lieu des intérêts nationaux, sera pour ceux qui doivent former le parlement européen, un fruit nécessai
1785 éen, un fruit nécessaire de son établissement. Il est vrai ; mais aussi ce sont les hommes qui font l’institution, et l’ins
1786 de son établissement. Il est vrai ; mais aussi ce sont les hommes qui font l’institution, et l’institution ne peut s’établir
1787 ve tout formés d’avance, ou du moins préparés à l’ être . C’est donc une nécessité de n’admettre dans la chambre des députés d
1788 s habitudes natales, des travaux dont l’utilité n’ est point bornée aux usages nationaux, et se répand sur tous les peuples,
1789 ges nationaux, et se répand sur tous les peuples, sont plus capables d’arriver bientôt à cette généralité de vues qui doit ê
1790 river bientôt à cette généralité de vues qui doit être l’esprit de corps, à cet intérêt général qui doit être l’intérêt de c
1791 l’esprit de corps, à cet intérêt général qui doit être l’intérêt de corps du parlement européen. Des négocians, des savans,
1792 ns, des magistrats et des administrateurs doivent être appelés seuls à composer la chambre des députés du grand parlement. E
1793 d’intérêts communs à la société européenne, peut être rapporté aux sciences, aux arts, à la législation, au commerce, à l’a
1794 lions d’hommes sachant lire et écrire, la chambre sera composée de deux-cent-quarante membres. Les élections de chacun des m
1795 r la corporation à laquelle il appartiendra. Tous seront nommés pour dix années… Toute question d’intérêt général de la socié
1796 estion d’intérêt général de la société européenne sera portée devant le grand parlement, et examinée et résolue par lui. Il
1797 and parlement, et examinée et résolue par lui. Il sera le seul juge des contestations qui pourront s’élever entre les Gouvem
1798 ’une utilité générale pour la société européenne, seront dirigées par le grand parlement : ainsi, par exemple, il joindra par
1799 moyen de maintenir la paix dans la confédération sera de la porter sans cesse hors d’elle-même, et de l’occuper sans relâch
1800 eurs. Peupler le globe de la race européenne, qui est supérieure à toutes les autres races d’hommes ; le rendre voyageable
1801 inuellement exercer l’activité de l’Europe, et la tenir toujours en haleine. L’instruction publique dans toute l’Europe, sera
1802 eine. L’instruction publique dans toute l’Europe, sera mise sous la direction et la surveillance du grand parlement. Un code
1803 rale tant générale que nationale et individuelle, sera rédigé par les soins du grand parlement, pour être enseigné dans tout
1804 era rédigé par les soins du grand parlement, pour être enseigné dans toute l’Europe. Il y sera démontré que les principes su
1805 ent, pour être enseigné dans toute l’Europe. Il y sera démontré que les principes sur lesquels reposera la confédération eur
1806 ur lesquels reposera la confédération européenne, sont les meilleurs, les plus solides, les seuls capables de rendre la soci
1807 rendre la société aussi heureuse qu’elle puisse l’ être , et par la nature humaine, et par l’état de ses lumières. Le grand pa
1808 ons ; mais il réprimera celles dont les principes seraient contraires au grand code de morale qui aura été établi. Ainsi, il y a
1809 aient contraires au grand code de morale qui aura été établi. Ainsi, il y aura entre les peuples européens ce qui fait le l
1810 rès de grands efforts et de grands travaux, je me suis placé du point de vue de l’intérêt commun des peuples européens. Ce p
1811 l’intérêt commun des peuples européens. Ce point est le seul duquel on puisse apercevoir et les maux qui nous menacent et
1812 urs de l’esprit humain nous emporte ! mais lequel est le plus digne de la prudence de l’homme ou de s’y traîner, ou d’y cou
1813 ope (audax Japeti genus, comme l’écrivait Horace) est à la tête de l’humanité, il n’en énonce pas moins les prophéties les
1814 omte de Marcellus) : « Je meurs avec l’Europe, je suis en bonne compagnie. » Dans son livre intitulé Du pape 168, publié deu
1815 iberté sur l’Asie et le despotisme : L’univers s’ est partagé en deux systèmes d’une diversité tranchante. La race audacie
1816 te. La race audacieuse de Japhet n’a cessé, s’il est permis de s’exprimer ainsi, de graviter vers ce qu’on appelle la libe
1817 té, c’est-à-dire vers cet État où le gouvernement est aussi peu gouvernant, et le gouverné aussi peu gouverné qu’il est pos
1818 uvernant, et le gouverné aussi peu gouverné qu’il est possible. Toujours en garde contre ses maîtres, tantôt l’Européen les
1819 Faites tout ce que vous voudrez, et lorsque nous serons las, nous vous égorgerons. Du reste, elle n’a jamais pu ni voulu comp
1820 lèges, à toutes ces lois fondamentales, dont nous sommes si fiers. Chez elle, l’homme le plus riche et le plus maître de ses a
1821 de l’Afrique ; mais puisque le pouvoir chez elle est toujours craint, discuté, attaqué ou transporté ; puisqu’il n’y a rie
1822 ement despotique, le plus grand problème européen est donc de savoir : Comment on peut restreindre le pouvoir souverain san
1823 ndre le pouvoir souverain sans le détruire. On s’ est demandé si le vrai but du livre n’était pas de ramener à l’obédience
1824 uire. On s’est demandé si le vrai but du livre n’ était pas de ramener à l’obédience de Rome l’empereur Alexandre Ier. Pour u
1825 se soumettre. Pour les premiers, le retour à Rome serait le seul moyen de « s’élever au plus haut niveau de la culture europée
1826 ar, dit-il, « la moitié (protestante) de l’Europe est sans religion ». Bien plus, à l’en croire : Le plus grand ennemi de
1827 ’il importe d’étouffer par tous les moyens qui ne sont pas des crimes, l’ulcère funeste qui s’attache à toutes les souverain
1828 uis XVI, la baronne de Staël-Holstein (1766-1817) est aux antipodes spirituels de son voisin de Chambéry, le ministre savoy
1829 y, le ministre savoyard du roi de Sardaigne. Elle est née pour unir, pour admirer, Maistre pour provoquer et jeter l’anathè
1830 te la paix, pendant que lui profère que la guerre est divine ; elle voit dans le catholicisme et le protestantisme deux bes
1831 dans la Réforme que l’ennemi juré de l’unité. Ne serait -ce pas qu’il se fait de l’unité la même idée formelle et coercitive q
1832 oercitive que les jacobins exécrés ? Mme de Staël est de l’école fédéraliste, qui est aussi œcuménique : Il y a dans l’esp
1833 és ? Mme de Staël est de l’école fédéraliste, qui est aussi œcuménique : Il y a dans l’esprit humain deux forces très dist
1834 lui d’examiner. L’une de ces facultés ne doit pas être satisfaite aux dépens de l’autre : le protestantisme et le catholicis
1835 le catholicisme existent dans le cœur humain ; ce sont des puissances morales qui se développent dans les nations, parce qu’
1836 , politique et morale ; mais avant que ce miracle soit accompli, tous les hommes qui ont un cœur et qui lui obéissent, doive
1837 ondant ainsi l’Europe ? La religion chrétienne a été le lien des peuples du Nord et du Midi ; elle a fondu, pour ainsi dir
1838 nt le caractère des hommes éclairés. Ce mélange s’ est fait lentement, sans doute. La providence éternelle prodigue les sièc
1839 nfin les vainqueurs et les vaincus ont fini par n’ être plus qu’un même peuple dans les divers pays de l’Europe et la religio
1840 les Maurras) la « trouée » par laquelle la France fut ouverte au renouveau de la pensée européenne, initié par le génie des
1841 t des Herder. Son ouvrage intitulé De l’Allemagne est un acte européen dont les conséquences se révéleront plus amples que
1842 diversités, et nul homme, quelque supérieur qu’il soit , ne peut deviner ce qui se développe naturellement dans l’esprit de c
1843 Souvent ils n’ont entre eux aucune relation ; ils sont dispersés souvent à des grandes distances l’un de l’autre ; mais quan
1844 un mot suffit pour qu’ils se reconnaissent. Ce n’ est pas telle religion, telle opinion, tel genre d’étude, c’est le culte
1845 qui ranime la religion et la poésie ; enfin, ils sont vraiment le peuple de Dieu, ces hommes qui ne désespèrent pas encore
1846 remier rang ; le génie, dans quelque genre que ce soit , est un phénomène tellement rare, que si chaque nation moderne en éta
1847 rang ; le génie, dans quelque genre que ce soit, est un phénomène tellement rare, que si chaque nation moderne en était ré
1848 e tellement rare, que si chaque nation moderne en était réduite à ses propres trésors, elle serait toujours pauvre. D’ailleur
1849 erne en était réduite à ses propres trésors, elle serait toujours pauvre. D’ailleurs, la circulation des idées est, de tous le
1850 ours pauvre. D’ailleurs, la circulation des idées est , de tous les genres de commerce, celui dont les avantages sont les pl
1851 les genres de commerce, celui dont les avantages sont les plus certains.171 On va retrouver l’écho de cet œcuménisme ou f
1852 ionnel aux Constitutions de l’Empire, dans lequel est affirmée expressément la volonté de créer une fédération européenne.
1853 impériale lors de son impression en 1810, ne put être publié en France qu’en 1814. 171. Op. cit., t. XVII, De l’esprit de
18 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 6. Goethe
1854 6.Goethe Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832) est inclassable : il mérite à lui seul un chapitre. Dans les 143 volumes
1855 trouve peu de choses sur l’Europe : c’est qu’elle est implicite dans tout ce qu’a pensé Goethe, et tellement immanente à sa
1856 en France que dans son Allemagne. Mais lorsqu’il est amené à confronter l’Europe à d’autres civilisations, l’Orient dans l
1857 que de la formule créatrice de l’Europe. Rien ne serait moins goethéen qu’un « nationalisme européen », rien de plus contrair
1858 anité. Qu’il n’ait pas eu lieu jusqu’ici, cela ne tient à rien d’autre qu’au fait que la communauté internationale n’a pas en
1859 e il en existe dans les relations privées, et qui soient capables de fondre en un tour plus ou moins harmonieux les innombrabl
1860 les innombrables diversités individuelles.172 Il est très agréable qu’actuellement, en raison des relations étroites entre
1861 la possibilité de nous corriger l’un l’autre. Tel est le grand profit qu’apporte une littérature universelle et qui se révé
1862 ue de cette époque. Mais en estimant ainsi ce qui est étranger, nous ne devons pas nous attacher à quelque chose de particu
1863 et vouloir le considérer comme un modèle, que ce soit la littérature chinoise, ou serbe, que ce soit Calderon ou les Nibelu
1864 ce soit la littérature chinoise, ou serbe, que ce soit Calderon ou les Nibelungen ; mais quand nous avons besoin d’un modèle
1865 e patriotique. L’un et l’autre, comme tout ce qui est haut et bon, appartiennent au monde entier175. … La haine nationale e
1866 tiennent au monde entier175. … La haine nationale est quelque chose de singulier. Vous la trouverez toujours plus forte et
1867 dente aux degrés inférieurs de la culture. Or, il est un degré où elle disparaît complètement et où l’on est en quelque sor
1868 n degré où elle disparaît complètement et où l’on est en quelque sorte au-dessus des nations, où l’on sent le bonheur et le
1869 degré de culture répondait à ma nature et je m’y étais solidement fixé longtemps avant d’être parvenu à la soixantaine176.
1870 et je m’y étais solidement fixé longtemps avant d’ être parvenu à la soixantaine176. C’est la culture qui a fait la véritabl
1871 ans le sens de l’union : L’Europe — dit Goethe — était autrefois l’une des plus extraordinaires républiques qui ait jamais e
1872 républiques qui ait jamais existé, et sa ruine a été due au fait qu’une de ses parties a voulu devenir ce qu’était le tout
1873 fait qu’une de ses parties a voulu devenir ce qu’ était le tout, à savoir la France, qui voulut devenir République177. Nous p
1874 l’unité de l’Allemagne et dîmes en quel sens elle est possible et désirable. « Je ne crains pas, dit Goethe, que l’Allemagn
1875 et nos chemins de fer feront le reste. … Qu’elle soit une dans l’affection des uns pour les autres et contre l’ennemi du de
1876 les autres et contre l’ennemi du dehors… Qu’elle soit une en ce que ma malle puisse circuler à travers les trente États san
1877 e puisse circuler à travers les trente États sans être ouverte… Qu’elle soit une dans les poids et les mesures, dans le comm
1878 avers les trente États sans être ouverte… Qu’elle soit une dans les poids et les mesures, dans le commerce et l’échange, etc
1879 es, dans le commerce et l’échange, etc. Par quoi est -elle grande, sinon par cette culture du peuple, … qui a également imp
1880 avaux — qu’il glorifie à la fin du Second Faust — sont aussi pour lui une promesse d’union des peuples. Il s’enthousiasme à
1881 : J’aimerais vivre assez pour le voir, mais ce n’ est pas possible. J’aimerais voir aussi une communication s’établir entre
1882 la culture. (Une fois de plus, le stade politique est survolé). Mais il ne se résout pas à choisir entre les deux mondes. T
1883 us portons tous plutôt mal. Nos conditions de vie sont trop artificielles et trop compliquées, notre nourriture et notre gen
1884 mpliquées, notre nourriture et notre genre de vie sont trop éloignés de la saine nature et nos relations sociales manquent d
1885 s manquent de charité et de bienveillance. Chacun est distingué et poli, mais personne n’a le courage d’être sincère et vra
1886 distingué et poli, mais personne n’a le courage d’ être sincère et vrai, de sorte qu’un honnête homme, avec des tendances et
1887 e, avec des tendances et des sentiments naturels, est mal à sa place parmi nous. Souvent on souhaiterait d’être un de ces s
1888 à sa place parmi nous. Souvent on souhaiterait d’ être un de ces soi-disant sauvages nés dans les îles des mers du Sud, pour
1889 s vers fameux sur l’Amérique : Amerika, du hast es besser als unser Kontinent, der alte, hast keine verfallene Schlösser
1890 autre a décidé de revenir à l’Europe, après avoir été élevé en Amérique par ses parents, émigrés de la première génération.
1891 . Au commencement du xviiie siècle, les esprits étaient vivement portés vers l’Amérique, parce que tout homme qui se sentait
1892 it trouver la liberté sur l’autre bord ; cet élan était entretenu par l’espérance des belles possessions qu’on pouvait obteni
1893 qu’on pouvait obtenir, avant que la population se fût étendue vers l’Occident. De vastes territoires, sous le nom de comtés
1894 nt. De vastes territoires, sous le nom de comtés, étaient encore à vendre aux limites des terres habitées. Le père de notre vie
1895 s terres habitées. Le père de notre vieillard s’y était fait lui-même un établissement considérable. Mais les sentiments des
1896 sement considérable. Mais les sentiments des fils sont souvent en opposition avec ceux des pères, et cela se vit encore dans
1897 pas de châteaux en ruines Pas de basalte. Et tu n’ es pas, au plus intime Des heures vitales Troublée par de vains souvenir
19 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 7. Synthèses historico-philosophiques (II)
1898 maturée de son auteur. Mais si son influence ne s’ est pas exercée sur la première génération des romantiques, il n’en expri
1899 s, catholiques de naissance ou néophytes comme le fut Novalis lui-même : Schlegel, Schelling, Görres, Baader, Adam Müller,
1900 nes à la Nuit — qui a toujours fasciné Novalis, n’ est pas seulement une vision utopique du passé, jetée à la face du présen
1901 Belle et brillante époque, que celle où l’Europe était une terre chrétienne, où une seule et unique chrétienté habitait ce c
1902 étruite avait pris sa revanche, et Rome elle-même était devenue la Jérusalem nouvelle, le siège sacré du gouvernement divin s
1903 e les murailles solitaires des monastères… … Tels étaient les beaux traits essentiels de ces temps véritablement catholiques ou
1904 itablement catholiques ou chrétiens. L’humanité n’ était pas encore assez mûre ni tout à fait formée pour ce royaume de splend
1905 s le poids de la vie temporelle, dont le souvenir fut effacé par des soucis égoïstes et dont le lien, plus tard décrié comm
1906 sion et jugé d’après des expériences ultérieures, fut déchiré pour toujours par une grande partie des Européens. Ce grand s
1907 eur, qu’accompagnèrent des guerres destructrices, fut une démonstration remarquable de la nocivité de la culture pour le se
1908 nécessaire de leur action, ils séparèrent ce qui est inséparable, divisèrent l’Église indivisible et s’arrachèrent crimine
1909 elle des chrétiens, par laquelle et dans laquelle était seule possible une véritable et durable renaissance… La Réforme a son
1910 désormais. Catholiques et protestants ou réformés sont plus éloignés les uns des autres, dans leur isolement sectaire, qu’il
1911 utres, dans leur isolement sectaire, qu’ils ne le sont des musulmans et des païens. Les derniers États catholiques continuèr
1912 holique, transformé en un trône… La Réforme avait été un signe des temps. Elle importait à toute l’Europe, bien qu’elle n’e
1913 t libre. Les bons esprits de toutes les nations s’ étaient secrètement émancipés, et pleins du sentiment illusoire de leur vocat
1914 lus d’insolence une contrainte périmée. Le savant est instinctivement l’ennemi du clergé dans sa forme ancienne ; la classe
1915 airement une guerre d’extermination, dès qu’elles sont séparées ; car elles se disputent une seule et même position. Cette s
1916 nt une seule et même position. Cette séparation s’ est accentuée de plus en plus, et les savants gagnèrent d’autant plus de
1917 osophie et l’on comprit sous ce terme tout ce qui était contraire au passé, donc essentiellement tout ce qui s’attaquait à la
1918 à la religion. La haine toute particulière qui s’ était d’abord attachée à la foi catholique devint peu à peu haine de la Bib
1919 açon très naturelle et logique à tout ce qui peut être objet d’enthousiasme et condamna l’imagination et le sentiment, la mo
1920 nécessairement l’homme au sommet de l’échelle des êtres et à faire de la musique éternelle et inépuisable de l’univers le tic
1921 qui se moud soi-même. Un seul enthousiasme avait été généreusement laissé à la malheureuse race humaine et rendu obligatoi
1922 es et ses mystagogues. La France eut le bonheur d’ être le centre et le siège de cette religion nouvelle, faite de fragments
1923 fragments de savoir mal recollés. Si décriée que fût la poésie dans cette nouvelle Église, elle avait pourtant dans son se
1924 de les auditeurs déjà trop échauffés. Ces adeptes étaient sans cesse occupés à nettoyer de toute poésie la nature, le sol, les
1925 ilité mathématique et de son impudeur, la lumière était devenue leur favorite. Ils se félicitaient qu’elle se laissât briser
1926 c’est ainsi qu’ils nommèrent d’après elle ce qui était leur grande affaire, la philosophie des lumières… En l’absence des di
1927 notre temps. Le monde ancien et le monde nouveau sont en lutte, l’insuffisance et l’indigence des institutions politiques s
1928 nce et l’indigence des institutions politiques se sont manifestées dans des phénomènes terrifiants. Qui sait si, ici comme d
1929 s les sciences, la fin historique de la guerre ne serait point d’abord d’amener une connexion plus étroite et plus variée et u
1930 tte figure géométrique fondamentale des États, ne serait -elle pas le principe d’une société des États, étant l’intuition intel
1931 ait-elle pas le principe d’une société des États, étant l’intuition intellectuelle du moi politique ? Il est impossible que l
1932 l’intuition intellectuelle du moi politique ? Il est impossible que les forces de l’univers se mettent d’elles-mêmes en éq
1933 e, peut résoudre le problème. Aucune paix ne peut être conclue entre les puissances belligérantes, toute paix n’est qu’une i
1934 entre les puissances belligérantes, toute paix n’ est qu’une illusion, un armistice ; du point de vue des politiciens de ca
1935 , de la conscience commune, aucune conciliation n’ est possible. Les deux partis ont de grandes et nécessaires revendication
1936 s ont de grandes et nécessaires revendications et sont tenus de les faire valoir, pour obéir aux impulsions de l’esprit de l
1937 de grandes et nécessaires revendications et sont tenus de les faire valoir, pour obéir aux impulsions de l’esprit de l’unive
1938 e trouve pas derrière des murailles et ne saurait être prise d’assaut. Qui sait si la guerre n’a pas assez duré ? Mais elle
1939 âche qui consistera dans le réveil de la religion sera menée selon un vaste plan divin où rien ne sera négligé. Personne ne
1940 n sera menée selon un vaste plan divin où rien ne sera négligé. Personne ne protestera plus alors contre la contrainte chrét
1941 hrétienne ou séculière, car l’essence de l’Église sera la vraie liberté, et toutes les réformes bienfaisantes s’accompliront
1942 loppements politiques pacifiques et légaux. Quand sera -ce ou quand ne sera-ce pas ? Patience, il vient, il viendra nécessair
1943 s pacifiques et légaux. Quand sera-ce ou quand ne sera -ce pas ? Patience, il vient, il viendra nécessairement, l’âge sacré d
1944 cré de la paix éternelle où la Jérusalem nouvelle sera la capitale de l’univers. Jusque-là demeurez calmes et courageux dans
1945 e, jusque dans la mort. Josef Görres (1776-1848) est celui des penseurs politiques de la Restauration et du romantisme qui
1946 x jugements, difficile à citer pour tout dire, il tient une place qui doit être marquée dans cet ouvrage, ne fût-ce que par u
1947 citer pour tout dire, il tient une place qui doit être marquée dans cet ouvrage, ne fût-ce que par un aperçu de ses thèses l
1948 place qui doit être marquée dans cet ouvrage, ne fût -ce que par un aperçu de ses thèses les plus constantes. Comme tant d’
1949 s constantes. Comme tant d’autres Allemands, il s’ est d’abord enthousiasmé pour la Révolution. Il écrit en 1795, dans un ou
1950 nyme sur « La République européenne » où l’Europe est décrite comme une création des Germains. En 1819, il salue la Sainte-
1951 tre (Du pape vient de paraître deux ans plus tôt) sont repris, comme on le voit, dans leur version allemande. Enfin, en 1822
1952 s la forme d’une confédération d’États. Et quels seront les ennemis de cet Empire germano-catholique enfin relevé ? Non pas l
1953 sentées par ces monarques. L’idée centrale paraît être de ramener la Russie dans le concert européen comme une hérétique rep
1954 e ses contemporains : les premiers slavophiles ne furent pas Russes mais Allemands ! Friedrich von Schlegel (1772-1829) publia
1955 nsée romantique. L’Asie — l’Inde en particulier — est la patrie de toute religion véritable mais le christianisme a fait l’
1956 « république européenne », et depuis lors, tout n’ est que décadence. Nous ne sommes pas encore au bas de la courbe, en ce d
1957 et depuis lors, tout n’est que décadence. Nous ne sommes pas encore au bas de la courbe, en ce début du xixe siècle. Pourtant
1958 la terre décisive, si l’on pense que c’est ici, étant donné l’organisation même des forces telluriennes, que se trouve le s
1959 terre avec le mal, et que c’est donc ici que doit être scellé le sort de l’Humanité… La véritable Europe doit d’abord voir l
1960 e qui présidait à l’ensemble de l’empire chrétien était celle d’une grande autorité protectrice, partant du centre d’une puis
1961 ganisée. Si le partage de l’empire de Charlemagne était conforme aux usages antiques et fondé sur les droits d’héritage usité
1962 , et régnant comme un père au sein de sa famille, fut concilié d’une manière beaucoup moins imparfaite avec la puissante un
1963 eul roi ou empereur ; quoique là aussi l’union ne soit pas restée inébranlable, et que la discorde ait fini par prendre le d
1964 toutes ces choses qui se développèrent plus tard étaient précisément contenues en germe dans les assemblées nationales des Éta
1965 a nation et les usages de la vie ; de même qu’ils étaient basés sur des coutumes positives et sur le droit individuel, au lieu
1966 s positives et sur le droit individuel, au lieu d’ être fondés sur la théorie purement spéculative d’une égalité parfaite et
1967 tique, quoique ses limites et ses attributions ne fussent pas aussi bien posées, aussi bien définies qu’elles l’ont été depuis,
1968 i bien posées, aussi bien définies qu’elles l’ont été depuis, et bien qu’elle existât à côté du pouvoir souverain et se mêl
1969 pouvoir souverain et se mêlât quelquefois à lui, était dès lors une puissance purement spirituelle, tout en exerçant une inf
1970 t en exerçant une influence importante et qui lui était particulière. Pour se convaincre que, si le sentiment reste bon et qu
1971 t, tant que cette harmonie se conserva, les temps furent prospères, la paix et la justice croissaient de jour en jour et les p
1972 et les peuples jouissaient du bien-être… L’Église était comme un toit protecteur, comme une voûte céleste qui embrassait tout
1973 ude des sciences et le développement de l’esprit, étaient confiés à sa sollicitude protectrice, et se distribuaient dans le cer
1974 iennes. Si la science avait peu d’étendue, elle n’ était pas du moins ensevelie sans utilité dans les cabinets des savants, ou
1975 savants, ou dans des bibliothèques, comme elle le fut plus tard, comme elle l’était en partie chez les Grecs d’alors ; puis
1976 hèques, comme elle le fut plus tard, comme elle l’ était en partie chez les Grecs d’alors ; puis elle répondait suffisamment a
1977 les uns après les autres. Le peu qu’on possédait était partout appliqué avec succès à la vie et employé avec la raison prati
1978 l’excellent clergé de ce temps ; car le savoir n’ était pas encore entré en opposition hostile avec la vraie croyance et avec
1979 out le nord de l’Europe non occupé avait pu aussi être incorporé à l’Empire et que là aussi les nations se soient vu ravir l
1980 corporé à l’Empire et que là aussi les nations se soient vu ravir leur liberté et leur caractère propre et transformer avec la
1981 , cette diversité qui fait de l’Europe ce qu’elle est , qui lui donne l’avantage d’être le siège le plus favorable de la vie
1982 Europe ce qu’elle est, qui lui donne l’avantage d’ être le siège le plus favorable de la vie et de la culture de l’Humanité.
1983 n’y aurait qu’une Unique Rome, dans laquelle tout serait dissous et fondu ; et, en lieu et place de cette copieuse histoire eu
1984 êtir un aspect si différent de l’état auquel nous sommes accoutumés. Avant que cette propension à la domination du monde ait p
1985 ansmettre ensuite aux Romains, l’état de l’Europe était à peu près le même partout. Les rudiments de la culture étaient déjà
1986 près le même partout. Les rudiments de la culture étaient déjà connus, l’agriculture était répandue et quelques pays avaient dé
1987 de la culture étaient déjà connus, l’agriculture était répandue et quelques pays avaient déjà une population relativement fo
1988 lles importantes. Dans l’ensemble d’ailleurs tout était particulier et sans cohésion. L’Europe était peuplée et habitée princ
1989 tout était particulier et sans cohésion. L’Europe était peuplée et habitée principalement par des hommes appartenant à trois
1990 ou quatre grandes nations, mais aucune d’elles n’ était « une » ni ne formait un tout. Chacune se subdivisait en une grande q
1991 des n’entendait que très peu parler de celles qui étaient très éloignées, mais était en guerre avec les plus proches. … En géné
1992 parler de celles qui étaient très éloignées, mais était en guerre avec les plus proches. … En général, si misérable que puiss
1993 nos autres avantages, — la liberté. Cette liberté était favorisée et conservée par ce particularisme et cette dissémination d
1994 États et peuplades. Cette liberté originelle doit être considérée, par opposition à l’Asie, comme le caractère distinctif de
1995 nsi qu’une domination universelle. En Europe tout était originellement particularisé, par conséquent en état de lutte et de r
1996 s de sa propre liberté. L’Asie, pourrait-on dire, est le pays de l’unité, où tout s’épanouit en grandes masses et dans des
1997 s circonstances on ne peut plus simples. L’Europe est le pays de la liberté, c’est-à-dire de la formation, par la rivalité
1998 et différentes l’une de l’autre. Cette diversité est devenue, tout au long des siècles, le caractère distinctif de la form
1999 r, même après que de plus grands États et nations furent constitués, ce qu’il y a d’essentiel dans ce caractère originel est r
2000 qu’il y a d’essentiel dans ce caractère originel est resté intact. Et dans ses Vorlesungen über Karl V (15e leçon), il dé
2001 entir que le héros et le défenseur d’une époque n’ était plus, époque à laquelle allait succéder, d’autant plus sûrement que c
2002 prit. Le terme ultime de ce grandiose processus n’ est autre que l’Europe « vraiment fin de l’Histoire », éminemment représe
2003 e les Orientaux ont su seulement qu’un seul homme était libre, — que le monde grec et romain a su que quelques-uns étaient li
2004 que le monde grec et romain a su que quelques-uns étaient libres, — mais que nous savons que tous les hommes sont libres, que l
2005 ibres, — mais que nous savons que tous les hommes sont libres, que l’homme en tant qu’homme est libre. Ces stades dans la co
2006 hommes sont libres, que l’homme en tant qu’homme est libre. Ces stades dans la connaissance de la Liberté constituent la d
2007 nous l’étudierons… L’Histoire universelle va de l’ est à l’ouest, car l’Europe est vraiment la fin de l’Histoire, dont l’Asi
2008 e universelle va de l’est à l’ouest, car l’Europe est vraiment la fin de l’Histoire, dont l’Asie est le commencement. Pour
2009 pe est vraiment la fin de l’Histoire, dont l’Asie est le commencement. Pour l’Histoire universelle, il existe un Est en soi
2010 cement. Pour l’Histoire universelle, il existe un Est en soi, κατ`έξοχήν, l’Est pour-soi étant quelque chose de tout relati
2011 iverselle, il existe un Est en soi, κατ`έξοχήν, l’ Est pour-soi étant quelque chose de tout relatif ; car, quoique la Terre
2012 existe un Est en soi, κατ`έξοχήν, l’Est pour-soi étant quelque chose de tout relatif ; car, quoique la Terre soit une sphère
2013 que chose de tout relatif ; car, quoique la Terre soit une sphère, l’Histoire ne décrit pourtant pas un cercle autour d’elle
2014 cercle autour d’elle, mais elle a bien plutôt un Est déterminé, et c’est l’Asie. Là se lève le soleil physique, extérieur,
2015 lat.187 Wilhelm Josef von Schelling (1775-1854) fut le dernier survivant de la grande génération des philosophes romantiq
2016 esse et devenu plus tard catholique comme lui, il fut l’un des maîtres les plus influents de la pensée européenne du xixe
2017 la « Providence ». L’histoire dans son ensemble est une révélation continue et progressive de l’absolu. Nous pouvons dist
2018 ois périodes dans l’histoire. La première période est celle où seul domine le destin ; force absolument aveugle, il détruit
2019 de l’histoire, que nous pouvons appeler tragique, est celle de la décadence de la splendeur et des merveilles du monde anci
2020 de la chute des grands empires dont le souvenir s’ est à peine conservé et dont les ruines seules nous font présumer la gran
2021 ait jamais fleuri et dont le retour sur la terre est l’objet de vœux éternels. La seconde période est celle où ce qui dans
2022 est l’objet de vœux éternels. La seconde période est celle où ce qui dans la première apparaissait comme destin, c’est-à-d
2023 des arts et des sciences qui, jusqu’alors avaient été le monopole de quelques peuples isolés, contrainte qu’elle était, san
2024 le de quelques peuples isolés, contrainte qu’elle était , sans en avoir conscience et même contre sa volonté, de s’adapter à u
2025 peuples et l’État universel. La troisième période sera celle où les forces que dans les périodes précédentes l’on attribuait
2026 ui paraissait l’œuvre du destin ou de la nature n’ était que le commencement d’une providence qui ne se révélait qu’imparfaite
2027 nous ne pouvons le dire. Mais quand cette période sera , Dieu aussi sera. On ne saurait donc envisager l’existence durable d’
2028 e dire. Mais quand cette période sera, Dieu aussi sera . On ne saurait donc envisager l’existence durable d’une constitution
2029 nce durable d’une constitution politique unique —  fût -elle parfaite dans sa forme — sans une organisation se superposant à
2030 édération de tous les États où chacun d’entre eux serait le garant de la constitution de l’autre. Cependant, d’une part, cette
2031 d’une part, cette garantie générale et mutuelle n’ est elle-même possible que si les États acceptent les principes d’un véri
2032 politique commune à l’égard de l’Orient. Qu’il en soit conscient ou non, c’est dans ce sens que travaille le Destructeur. P
2033 ation d’une unité spirituelle au sein de l’Église était vouée à l’échec, car elle tendait en même temps à assurer une unité e
2034 ise à l’époque de la hiérarchie ecclésiastique ne fut pas d’intervenir dans le domaine de l’État mais au contraire, de lais
2035 nversement de la hiérarchie ecclésiastique, et il est évident que le joug des tyrans s’est toujours appesanti dans la mesur
2036 tique, et il est évident que le joug des tyrans s’ est toujours appesanti dans la mesure même où ils croyaient pouvoir se pa
2037 ient pouvoir se passer de l’unité spirituelle. Il est certain en tout cas que, quel que puisse être le but ultime, la vraie
2038 . Il est certain en tout cas que, quel que puisse être le but ultime, la vraie unité ne peut être réalisée que par la voie d
2039 puisse être le but ultime, la vraie unité ne peut être réalisée que par la voie de la religion. Il ne s’agit pas là de la do
2040 tour une secte, la religion positiviste, dont il sera le grand prêtre. Il fonde surtout, la sociologie moderne. Comme tous
2041 de traités sur l’unité européenne), Auguste Comte est un défenseur convaincu, quasi mystique, de l’européocentrisme, du rôl
2042 nfondre, parce qu’elle seule peut l’unir, après s’ être elle-même unifiée. Le titre d’une de ses publications donnera une idé
2043 de civilisation indépendante, dont l’évolution a été , par des causes quelconques, arrêtée jusqu’ici à un état plus imparfa
2044 ologique. Notre exploration historique devra donc être presque uniquement réduite à l’élite ou l’avant-garde de l’humanité,
2045 ctérisée, à l’éclaircissement de laquelle doivent être constamment subordonnées toutes les observations collatérales relativ
2046 ’ailleurs offrir, leur appréciation spéciale doit être systématiquement ajournée jusqu’au moment où, les lois principales du
2047 ù, les lois principales du mouvement social ayant été ainsi appréciées dans le cas le plus favorable à leur pleine manifest
2048 subir chez les populations qui, à divers titres, sont restées plus ou moins en arrière d’un tel type de développement. Jusq
2049 sur notre passé aucune véritable influence, devra être hautement signalé comme une source inextricable de confusion radicale
2050 le et toutes les modifications diverses devraient être ainsi simultanément considérées, ce qui, à mon gré, rendrait le probl
2051 le ; restriction éminemment judicieuse, qui lui a été si étrangement reprochée par tant d’esprits antiphilosophiques, et ve
2052 l développement social », tandis que « l’Europe a été le lien essentiel de cette civilisation prépondérante ». 184. Euro
20 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Cinquième Partie. L’Ère des nations, (de 1848 à 1914) — 1. De l’harmonie entre les nations libérées à l’anarchie des États souverains
2053 s suivantes, qu’on croirait d’aujourd’hui, et qui étaient vraies déjà en tant que diagnostic, bien que l’Histoire n’ait guère t
2054 ir de l’humanité. Les guerres civiles de l’Europe sont finies, la rivalité des peuples qui la composent va s’éloignant, comm
2055 cités grecques… et de même, l’Europe commence à n’ être plus qu’une nation depuis qu’il y a une Amérique, une Asie, une Afriq
2056 obale vers l’harmonie de l’un et de divers a-t-il été brutalement démenti au terme même du processus d’épanouissement des g
2057 ocessus d’épanouissement des grandes nations, qui était censé produire la paix, et qui a produit la Première Guerre mondiale 
2058 apes nécessaires d’une dialectique de l’Esprit, s’ est trouvé déchaîner en fait des passions que l’esprit ne pouvait contrôl
2059 e malentendu, les poètes de la génération de 1848 furent les premières victimes, enthousiastes et bernées. Ils croient tous qu
2060 it, la liberté de la Nation, une fois acquise, ne sera rien que la souveraineté de l’État qui s’en prévaudra. Et l’anarchie
2061 , dont aussitôt la politique des États, après s’y être opposée, s’empare sans vergogne. Le grand élan libertaire des Quarant
2062 it l’inverse se réaliser. Jamais les idéaux n’ont été mieux démentis par les faits, ni mieux détournés de leurs buts. Jamai
2063 ndant, achève de la subjuguer par les armes, ne s’ est montrée à la fois moins humanitaire et moins unie. Tout se fait par l
2064 page très caractéristique de la révolution qui s’ est opérée dans tous nos pays, entre 1789 et 1848, et qui s’annonçait dan
2065 g (1783-1872), auquel nous empruntons cette page, fut à la fois le grand pionnier de l’éducation populaire en Europe du Nor
2066 t de son époque. Le monde que l’on nomme cultivé est victime d’une grave erreur sur la vie humaine et sur les conditions d
2067 squ’il se met à choyer l’idée que, parce que nous sommes tous des hommes, peu importe à quel peuple nous appartenons et quelle
2068 ’en distingue par quelque trait particulier qu’il serait né pour développer ; que toutes les différences entre les hommes sont
2069 per ; que toutes les différences entre les hommes sont de nature purement fortuite étant nées de l’habitude et des circonsta
2070 entre les hommes sont de nature purement fortuite étant nées de l’habitude et des circonstances, en sorte qu’on ferait aussi
2071 nstances, en sorte qu’on ferait aussi bien de les tenir toutes pour équivalentes, et que la pure humanité se manifesterait d’
2072 plus faux, car sur notre Terre où nulle feuille n’ est pareille à une autre et où l’on ne peut mener deux chevaux de la même
2073 manière, alors que bien au contraire la diversité est l’un des biens suprêmes de la nature humaine… En dépit de cela, le si
2074 nglais, Français, Allemands et Scandinaves. Il en est résulté qu’aussitôt l’on a perdu la notion de ce qui distingue un sag
2075 omme de la femme. Mais la vraie culture doit s’en tenir à ceci : de même que la vie s’est développée dès l’origine à partir d
2076 ure doit s’en tenir à ceci : de même que la vie s’ est développée dès l’origine à partir des deux éléments masculin et fémin
2077 s deux éléments masculin et féminin, l’humanité s’ est divisée en peuples très différents, dont chacun parlait sa propre lan
2078 pre langue et montrait de nombreux traits qui lui étaient essentiellement propres. D’autant plus courageusement un peuple défen
2079 s toutes les directions, et d’autant plus féconde sera l’influence que chacun pourra exercer sur les autres.192 Heinrich H
2080 r sur les autres.192 Heinrich Heine (1799-1856) fut le principal représentant du groupe littéraire « Jeune Allemagne », q
2081 tienne.193 Sa conception de l’union des peuples est d’ailleurs très nettement fédéraliste : « harmonie et non point uniss
2082 ins du grand maître, chaque peuple lui paraissait être une corde de cette harpe géante, montée sur un ton particulier, et il
2083 d’exercer sa lucidité sur l’Europe telle qu’elle est , menacée à la fois (dirait-on) par son excès de conscience et par son
2084 este actuellement dans la littérature européenne, est peut-être le symptôme d’une proche agonie ; de même certains hommes d
2085 ’au-delà. Ou faut-il penser que la vieille Europe est en train de rajeunir et que cette spiritualité crépusculaire dont ses
2086 dont ses écrivains et ses artistes font preuve, n’ est pas la merveilleuse prémonition du mourant, mais l’inquiétant pressen
2087 e spirituel d’un nouveau printemps ?195 Quel que soit le comportement de la vierge Europe — elle peut veiller avec sagesse
2088 ine a ce nouvel élan d’espoir : La vierge Europe est fiancée au beau génie de la Liberté : ils tendent amoureusement les b
2089 ne affirmation délirante : « Oui, le monde entier sera allemand !… » Cette oscillation du nationalisme germanique au libéral
2090  » (« die furchtbarsten Nivelleurs Europas ») que sont les unitaires à la Richelieu ou à la Robespierre, ou les « empereurs
2091 ement mortel, qui rendrait notre monde invivable, serait l’issue fatale d’une grande guerre franco-allemande, déclenchée par l
2092 e par les idées révolutionnaires de Paris : Quel serait l’aboutissement de ce mouvement, dont Paris, comme toujours, aurait d
2093 aris, comme toujours, aurait donné le signal ? Ce serait la guerre, la plus épouvantable des guerres d’anéantissement, qui env
2094 de la France et de l’Allemagne… Le deuxième acte sera certainement la révolution européenne, mondiale même, le duel implaca
2095 étaires et l’aristocratie de la propriété ; il ne sera alors question ni de nationalité ni de religion ; il n’y aura qu’une
2096 Sainte-Hélène sur l’avenir prochain du monde, qui sera République américaine ou Monarchie universelle russe, — la découragea
2097 russe, — la décourageante prophétie !… Ce rêve n’ est pas une bulle de savon qu’un souffle anéantit, mais en lui nous épie
2098 des révoltes hongroises et polonaises de 1848. Ce fut l’équivalent de 1956, à tous égards, y compris la paralysie politique
2099 49), aide de camp du général polonais Bam, et qui fut tué dans un combat. Kossuth, à Bruxelles en 1859 : Je me bornerai à
2100 s en 1859 : Je me bornerai à dire que la Hongrie est la Hongrie depuis le ixe siècle, que sa gloire dans le passé et ses
2101 e à sa vigoureuse existence, tout atteste qu’elle fut , tout exige qu’elle reste la Hongrie. Enlevez-lui cette qualité, et e
2102 la Hongrie. Enlevez-lui cette qualité, et elle n’ est plus rien pour l’Europe, si peu que rien même ; car elle ne peut deve
2103 1855) il élève la plainte séculaire des pays de l’ Est européen périodiquement « libérés » par les Russes. Voici quelques st
2104 nations. Et elle dira à la première : Voilà que j’ étais attaquée par les brigands, et je criai vers toi, nation, afin d’avoir
2105 kases. Et la Liberté dira à la seconde nation : J’ étais dans la peine et la misère, et je t’ai demandé, ô nation, la protecti
2106 rdonnances. Et la nation répondra : Madame, quand êtes -vous venue à moi ? Et la Liberté répondra : Je suis venue à toi sous
2107 es-vous venue à moi ? Et la Liberté répondra : Je suis venue à toi sous l’habit de ces pèlerins, et tu m’as méprisée ; va do
2108 kases. Je vous le dis en vérité, votre pèlerinage sera pour les Puissances une pierre d’achoppement. Les Puissances ont reje
2109 vous présentera un dos dur et froid, et la barre sera frappée et refrappée si bien qu’on ne la reconnaîtra plus. « Aujourd
2110 éologien, homme d’État libéral et catholique, qui fut mêlé aux conspirations républicaines de 1833, exilé à Paris et Bruxel
2111 mont dont il devint le Premier ministre, Gioberti fut un néo-guelfe. Il voulait l’union de l’Italie et il voulait aussi l’u
2112 e et il voulait aussi l’union de l’Europe : l’une étant condition de l’autre. À ses yeux, l’Italie (« cet Orient de l’Occiden
2113 umains, suggéra l’idée dialectique de nation, qui est , si l’on peut dire, la cité agrandie et l’humanité en petit… Le même
2114 lon lui, de notre « idée européenne » : L’Europe est la première partie du monde parce que placée, mieux que tout autre, à
2115 Colure glacé et celle du Tropique brûlant et qui est , pour les êtres protégés naturellement aussi bien que pour ceux qui d
2116 et celle du Tropique brûlant et qui est, pour les êtres protégés naturellement aussi bien que pour ceux qui doivent se vêtir
2117 ut se déduire aussi de la qualité de la race, qui est blanche, japhétique, et qui appartient à la branche principale des In
2118 e des Indo-pélages ; ou enfin de la religion, qui est le christianisme, père de cette civilisation adulte qui marche à gran
2119 ariété et de l’opposition de ses composantes, qui sont harmonisées par l’unité dominante de la race et des rites chrétiens,
2120 ope, du point de vue du droit constitutionnel, en est au même stade que l’Italie, toute proportion gardée ; ce qui revient
2121 proportion gardée ; ce qui revient à dire qu’elle est un composé de plusieurs États qui ont besoin d’une union réciproque (
2122 sans perdre pour autant leur individualité), mais sont dépourvus des semences qui pourraient l’engendrer ; d’autre part, ils
2123 es qui pourraient l’engendrer ; d’autre part, ils sont désunis et opposés par bien des foyers de haine et discorde réciproqu
2124 iscorde réciproque.201 La Pologne et la Hongrie sont des nationalités opprimées et qui ont perdu leur indépendance politiq
2125 indépendance politique ; l’Allemagne et l’Italie sont des nations encore à naître. On conçoit que pour ces quatre pays, l’i
2126 qui l’opposent au plus vaste ensemble. Mais qu’en sera-t -il de la France et de l’Espagne, ces aînées, ces modèles de l’État na
2127 qui ne veut rien devoir à personne ? Les deux cas sont très différents. Car la France de 1848 se considère comme une nation
2128 urope entière qu’une menace diabolique contre son être même. Illustrons d’abord la position des « Européens » français. Aprè
2129 ixe siècle. Alphonse de Lamartine (1790-1869) ne fut pas seulement le poète élégiaque des Harmonies et des Méditations, ma
2130 , en 1843, il s’écrie : La France, heureusement, est ainsi placée dans le monde qu’elle n’a aucun intérêt sérieux incompat
2131 européens, avec lesquels elle a à traiter et à se tenir en harmonie… Nous avons donné au monde européen, politique, social, r
2132 En 1792, les idées de la France et de l’Europe n’ étaient pas préparées à comprendre et à accepter la grande harmonie des natio
2133 genre humain. La pensée du siècle qui finissait n’ était que dans la tête de quelques philosophes. La philosophie est populair
2134 s la tête de quelques philosophes. La philosophie est populaire aujourd’hui. Cinquante années de liberté de penser, de parl
2135 prits cette grande nationalité intellectuelle qui sera l’achèvement de la Révolution française et la constitution de la frat
2136 prosélytisme de l’estime et de la sympathie. Ce n’ est point là la guerre, c’est la nature. Ce n’est point là l’agitation de
2137 e n’est point là la guerre, c’est la nature. Ce n’ est point là l’agitation de l’Europe, c’est la vie. Ce n’est point là inc
2138 nt là l’agitation de l’Europe, c’est la vie. Ce n’ est point là incendier le monde, c’est briller de sa place sur l’horizon
2139 nationale du romantisme politique. Parce qu’il n’ est pas suspect de nationalisme borné, et parce qu’il fut au xixe siècle
2140 pas suspect de nationalisme borné, et parce qu’il fut au xixe siècle, le prophète le plus exalté de l’union européenne, se
2141 rsel, de se transfigurer en Europe et en monde ne sera-t -elle pas nécessairement interprétée par les autres comme un désir sec
2142 e nation ouverte, qui appelle chez elle quiconque est frère ou veut l’être. De leur côté, invasion ; du côté de la France,
2143 i appelle chez elle quiconque est frère ou veut l’ être . De leur côté, invasion ; du côté de la France, expansion. Sur ce th
2144 inspirées : La France a cela d’admirable qu’elle est destinée à mourir, mais à mourir comme les dieux, par la transfigurat
2145 de lui, et c’est ainsi qu’Athènes, Rome et Paris sont pléiades. Lois immenses. La Grèce s’est transfigurée, et est devenue
2146 et Paris sont pléiades. Lois immenses. La Grèce s’ est transfigurée, et est devenue le monde chrétien ; la France se transfi
2147 s. Lois immenses. La Grèce s’est transfigurée, et est devenue le monde chrétien ; la France se transfigurera et deviendra l
2148 ne travaille pas pour elle seule, parce qu’elle] est créatrice d’espérances universelles, parce qu’elle représente toute l
2149 lonté humaine, parce que là où les autres nations sont seulement des sœurs, elle est mère. Cette maternité de la généreuse F
2150 les autres nations sont seulement des sœurs, elle est mère. Cette maternité de la généreuse France éclate dans tous les phé
2151 il y aura une nation extraordinaire. Cette nation sera grande, ce qui ne l’empêchera pas d’être libre. Elle sera illustre, r
2152 e nation sera grande, ce qui ne l’empêchera pas d’ être libre. Elle sera illustre, riche, pensante, pacifique, cordiale au re
2153 nde, ce qui ne l’empêchera pas d’être libre. Elle sera illustre, riche, pensante, pacifique, cordiale au reste de l’humanité
2154 é la plus moderne. Voici l’exorde : Que l’Europe soit la bienvenue. Qu’elle entre chez elle. Qu’elle prenne possession de c
2155 ons de l’esprit du xixe siècle ; c’est ici que s’ est tenu, magnifique spectacle contemporain, pendant trente-six ans de li
2156 de l’esprit du xixe siècle ; c’est ici que s’est tenu , magnifique spectacle contemporain, pendant trente-six ans de liberté
2157 , le concile des intelligences ; c’est ici qu’ont été posées, débattues et résolues dans le sens de la délivrance, toutes l
2158 . Et voici la péroraison : Ô France, adieu ! tu es trop grande pour n’être qu’une patrie. On se sépare de sa mère qui de
2159 son : Ô France, adieu ! tu es trop grande pour n’ être qu’une patrie. On se sépare de sa mère qui devient déesse. Encore un
2160 s, et tu t’évanouiras dans la transfiguration. Tu es si grande que voilà que tu ne vas plus être. Tu ne seras plus France,
2161 ion. Tu es si grande que voilà que tu ne vas plus être . Tu ne seras plus France, tu seras Humanité ; tu ne seras plus nation
2162 i grande que voilà que tu ne vas plus être. Tu ne seras plus France, tu seras Humanité ; tu ne seras plus nation, tu seras ub
2163 tu ne vas plus être. Tu ne seras plus France, tu seras Humanité ; tu ne seras plus nation, tu seras ubiquité. Tu es destinée
2164 u ne seras plus France, tu seras Humanité ; tu ne seras plus nation, tu seras ubiquité. Tu es destinée à te dissoudre tout en
2165 , tu seras Humanité ; tu ne seras plus nation, tu seras ubiquité. Tu es destinée à te dissoudre tout entière en rayonnement,
2166  ; tu ne seras plus nation, tu seras ubiquité. Tu es destinée à te dissoudre tout entière en rayonnement, et rien n’est au
2167 dissoudre tout entière en rayonnement, et rien n’ est auguste à cette heure comme l’effacement visible de ta frontière. Rés
2168 l et sublime, ô ma patrie, et, de même qu’Athènes est devenue la Grèce, de même que Rome est devenue la chrétienté, toi, Fr
2169 qu’Athènes est devenue la Grèce, de même que Rome est devenue la chrétienté, toi, France, deviens le monde. Face aux nati
2170 on sans équivoque ; elle entend rester ce qu’elle fut , même diminuée de son empire américain, n’espérant rien du Progrès, n
2171 jacobinisme et d’un antiromantisme absolus : ce n’ est pas une idéologie libertaire qui fonde ici la souveraineté, mais une
2172 une théologie autoritaire. Le jeu des antithèses est aussi violent et simpliste que chez Hugo, mais il a changé de signe.
2173 rendu absolu, universel et nécessaire le mal, qui était relatif, exceptionnel et contingent. Cette période de rapide rétrogra
2174 x et du paganisme politique. Aujourd’hui le monde est à la veille de la dernière de ces restaurations : la restauration du
2175 ément humain… Du reste ce grand retour en arrière était dans la loi sage, et mystérieuse en même temps, par laquelle Dieu dir
2176 uivi un progrès continu, la terre aurait fini par être le paradis de l’homme, et Dieu a voulu que la terre fût une vallée de
2177 paradis de l’homme, et Dieu a voulu que la terre fût une vallée de larmes. Dieu aurait été socialiste. Alors qu’eût été Pr
2178 ue la terre fût une vallée de larmes. Dieu aurait été socialiste. Alors qu’eût été Proudhon ? Chacun est bien où il est : D
2179 larmes. Dieu aurait été socialiste. Alors qu’eût été Proudhon ? Chacun est bien où il est : Dieu dans le ciel, et Proudhon
2180 té socialiste. Alors qu’eût été Proudhon ? Chacun est bien où il est : Dieu dans le ciel, et Proudhon sur la terre ; Proudh
2181 Alors qu’eût été Proudhon ? Chacun est bien où il est  : Dieu dans le ciel, et Proudhon sur la terre ; Proudhon cherchant to
2182 Et pour annoncer ces choses, je n’ai pas besoin d’ être prophète ; il me suffit de considérer l’ensemble des événements humai
2183 es… Je vous dirai la vérité, messieurs. La vérité est que nous sommes aujourd’hui ce que nous étions hier, ce que nous somm
2184 irai la vérité, messieurs. La vérité est que nous sommes aujourd’hui ce que nous étions hier, ce que nous sommes depuis la rév
2185 érité est que nous sommes aujourd’hui ce que nous étions hier, ce que nous sommes depuis la révolution de février. Depuis cett
2186 aujourd’hui ce que nous étions hier, ce que nous sommes depuis la révolution de février. Depuis cette révolution de formidabl
2187 rencontrez une seule société qui puisse dire : Je suis solide sur mes fondements ; un seul fondement qui puisse dire : Je su
2188 ndements ; un seul fondement qui puisse dire : Je suis solide sur moi-même ! Et qu’on n’allègue pas que la révolution a été
2189 même ! Et qu’on n’allègue pas que la révolution a été vaincue en Espagne, vaincue en Italie, vaincue en France, vaincue en
2190 rance, vaincue en Hongrie ; non, messieurs ; ce n’ est pas la vérité. La vérité est que toutes les forces sociales concentré
2191 on, messieurs ; ce n’est pas la vérité. La vérité est que toutes les forces sociales concentrées et portées à leur plus hau
2192 a Confédération germanique. Cette Confédération a été faite contre Paris, qui était la cité révolutionnaire, la cité maudit
2193 Cette Confédération a été faite contre Paris, qui était la cité révolutionnaire, la cité maudite ; et en faveur de Saint-Péte
2194 maudite ; et en faveur de Saint-Pétersbourg, qui était alors la cité sainte, la cité du gouvernement, la cité des traditions
2195 ces. Qu’en résulta-t-il ? Que la Confédération ne fut pas un empire comme elle eût pu l’être alors ; et elle ne fut pas un
2196 dération ne fut pas un empire comme elle eût pu l’ être alors ; et elle ne fut pas un empire, parce que la Russie ne pouvait,
2197 mpire comme elle eût pu l’être alors ; et elle ne fut pas un empire, parce que la Russie ne pouvait, en aucun cas, s’accomm
2198 microscopiques et de deux grandes monarchies. Qu’ est -ce qui convenait dans l’hypothèse d’une guerre en France ? Ce qui con
2199 convenait à la Russie, c’était que ces monarchies fussent absolues, et ces deux monarchies furent absolues. Voilà, messieurs, c
2200 narchies fussent absolues, et ces deux monarchies furent absolues. Voilà, messieurs, comment il est arrivé que l’influence de
2201 ies furent absolues. Voilà, messieurs, comment il est arrivé que l’influence de la Russie, depuis la formation de la Conféd
2202 Confédération jusqu’à la révolution de février, s’ est étendue de Saint-Pétersbourg à Paris. Mais depuis la révolution de fé
2203 manique n’existe plus ; l’Allemagne aujourd’hui n’ est plus qu’un chaos. C’est vous dire, messieurs, qu’à l’influence de la
2204 ique de Paris, qui s’étend jusqu’en Pologne… Ce n’ est pas mon opinion cependant que l’Europe n’ait rien à redouter de la Ru
2205 t les trois événements que je vais dire, lesquels sont , remarquez-le, messieurs, non seulement possibles, mais encore probab
2206 patriotisme, parce qu’un propriétaire dépouillé n’ est pas, ne peut pas être patriote ; en effet, dès que la question a été
2207 ’un propriétaire dépouillé n’est pas, ne peut pas être patriote ; en effet, dès que la question a été poussée jusqu’à ce ter
2208 s être patriote ; en effet, dès que la question a été poussée jusqu’à ce terme, jusqu’à cette angoisse, tout patriotisme me
2209 me en Europe, lorsque, à l’orient de l’Europe, se sera accomplie la grande fédération des peuples slaves ; lorsque dans l’Oc
2210 enregistré l’histoire, ce châtiment épouvantable sera le châtiment de l’Angleterre. 191. Théodore Jouffroy : De l’État a
21 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Cinquième Partie. L’Ère des nations, (de 1848 à 1914) — 2. Un idéal de compensation : les États-Unis d’Europe
2211 de compensation : les États-Unis d’Europe Quel fut le premier auteur de l’expression ? Cattaneo ? Cobden ? Mazzini ? ou
2212 ns hésitent et concluent fort sagement que l’idée était dans l’air du temps. Exalter les nations, même libérées, cela pouvait
2213 Le recours à l’Europe mystique d’un Lamartine ne serait plus qu’une clause de style dès qu’au nom de leurs intérêts les États
2214 ire, le mot d’ordre des « États-Unis d’Europe » n’ est en somme qu’un idéal de compensation. Sauf peut-être chez Proudhon, i
2215 chef des insurgés milanais de mars 1848, n’a pas été amené à l’idée européenne par un élan passionnel ni par la logique id
2216 n fédérale progressive : pour Cattaneo, l’union n’ est nullement, comme le pensaient les romantiques, un âge d’or primitif q
2217 u’il faudrait restaurer ; bien au contraire, elle est au terme de l’effort civilisateur209 : Il serait vain de croire que
2218 le est au terme de l’effort civilisateur209 : Il serait vain de croire que l’Europe, en ces siècles de sauvagerie, ait été di
2219 e que l’Europe, en ces siècles de sauvagerie, ait été différente des terres qui sont restées telles quelles jusqu’à nos jou
2220 de sauvagerie, ait été différente des terres qui sont restées telles quelles jusqu’à nos jours. L’Européen trouva l’Amériqu
2221 troit que lui assignaient les tribus ennemies. Ce serait faux et aller à fin contraire que de rechercher à laquelle des grande
2222 rechercher à laquelle des grandes nations qui se sont ensuite développées au cours des siècles, au gré des lentes préparati
2223 l’histoire, telle ou telle tribu appartenait ; ce serait aussi absurde que de vouloir savoir de quel fleuve les ruisseaux déri
2224 ontagnes pour grossir celui-là. Par conséquent il serait temps plus que jamais de cesser ces divagations au sujet de la postér
2225 aneo à Giuseppe Mazzini (1807-1872), le contraste est grand : c’est celui de la science prudente et de l’éloquence militant
2226 ils ont cru tous les deux que la « nationalité » était l’un des termes essentiels de toute union vivante de l’Europe — l’aut
2227 e toute union vivante de l’Europe — l’autre terme étant l’Humanité. Mais Cattaneo reste un penseur, Mazzini est avant tout un
2228 Humanité. Mais Cattaneo reste un penseur, Mazzini est avant tout un agitateur. D’où l’emploi différent des idées, chez l’un
2229 éalités dans l’élan mystique d’une idéologie, qui est beaucoup moins sa création individuelle que le résumé tourbillonnant
2230 euple, dira-t-il, parole sacrée de l’avenir… » Il fut d’abord l’apôtre de l’italianité, de l’unité italienne dans le républ
2231 es précurseurs et utopistes cités jusqu’ici, ce n’ est pas un plan d’union des princes ou des États qu’il propose, mais il r
2232 s, de cinq Allemands et de sept Polonais. Mazzini est en ce moment réfugié clandestin en Suisse. Il a fondé le mouvement « 
2233 ouvement en Italie (une série de soulèvements ont été écrasés) Mazzini décide d’élargir son action. Il crée des comités Jeu
2234 Fraternité des Peuples ; croyant : Que l’Humanité est appelée à procéder, par un progrès continuel et sous l’empire de la l
2235 entement ; Que la Liberté, l’Égalité, l’Humanité, sont également sacrées, qu’elles constituent trois éléments inviolables po
2236 ial, et que toutes les fois qu’un de ces éléments est sacrifié aux deux autres, l’ordonnance des travaux humains pour attei
2237 nvaincus : Que si le but auquel tend l’Humanité, est un essentiellement, si les principes généraux qui doivent diriger les
2238 s familles humaines dans leur voyage vers ce but, sont identiques, mille voies cependant sont ouvertes au Progrès ; Convainc
2239 rs ce but, sont identiques, mille voies cependant sont ouvertes au Progrès ; Convaincus : Que tout homme et tout peuple a un
2240 e la mission individuelle à la certitude que tout est fait en vue du développement de la mission générale ; Forts de nos dr
2241 e à la sainte cause du progrès des peuples ; Nous étant auparavant constitués en Associations nationales libres et indépendan
2242 rale universelle appliquée aux sociétés humaines, sera préparée et signée concordément par les trois associations nationales
2243 éclaration de principes, chacune des associations est libre et indépendante. IV La ligne d’attaque et de défense solidaire
2244 éfense solidaire des peuples qui se reconnaissent est constituée par les trois associations. Toutes les trois travailleront
2245 es individus qui composent les trois associations sont frères. Chacun d’eux accomplira vis-à-vis des autres les devoirs de l
2246 Suisse), le 15 avril 1834. Tout l’espoir de 1848 est dans ce texte, et lorsque éclata la Révolution de février à Paris, ce
2247 ans la désunion des fédéralistes eux-mêmes, qu’il fut le premier Européen, répétons-le, à tenter d’organiser en mouvement :
2248 tenter d’organiser en mouvement : Oui, la cause est en nous, elle est dans notre manque d’organisation, dans le fractionn
2249 r en mouvement : Oui, la cause est en nous, elle est dans notre manque d’organisation, dans le fractionnement que des syst
2250 e l’intolérance, ont produit dans nos rangs. Elle est dans nos défiances, dans nos mesquines vanités perpétuelles, dans le
2251 issantes à dissoudre, impuissantes à fonder. Elle est dans le culte des intérêts matériels qui s’est peu à peu substitué su
2252 le est dans le culte des intérêts matériels qui s’ est peu à peu substitué sur le drapeau de nos écoles à l’adoration des sa
2253 es, au sentiment de la Vie et de sa mission. Elle est dans l’oubli de Dieu, de sa loi d’amour, de dévouement et de progrès
2254 la terre, seules capables de la transformer. Elle est dans l’esprit de nationalisme substitué partout à l’esprit de nationa
2255 de cette grande vérité : que la cause des peuples est une ; que la patrie doit s’appuyer sur l’humanité ; que toute révolut
2256 puyer sur l’humanité ; que toute révolution qui n’ est pas explicitement un culte de dévouement envers tous ceux qui souffre
2257 le et tomber ; que la Sainte-Alliance des nations est le but de nos luttes, la seule force qui puisse terrasser la ligue de
2258 égoïsme des intérêts. Et quant à nos ennemis, ils sont à la merci de notre travail. Ils ne sont forts que par nos fautes, à
2259 mis, ils sont à la merci de notre travail. Ils ne sont forts que par nos fautes, à nous. Nous marchons sous l’orage ; mais a
2260 à nous. Nous marchons sous l’orage ; mais au-delà est le soleil, le soleil de Dieu, brillant, éternel. Ils peuvent, pendant
2261 rd ; mais l’effacer… jamais. Dieu merci, l’Europe est émancipée ; elle l’est depuis Marathon. Ce jour-là, le principe stati
2262 mais. Dieu merci, l’Europe est émancipée ; elle l’ est depuis Marathon. Ce jour-là, le principe stationnaire oriental fut va
2263 on. Ce jour-là, le principe stationnaire oriental fut vaincu pour toujours ; la liberté baptisa notre sol ; l’Europe marcha
2264 l ; l’Europe marcha. Elle marche encore ; et ce n’ est pas par quelques chiffons de papier qu’on l’arrêtera dans sa marche.2
2265 . Ces trois révolutions qui n’en font qu’une ce n’ est pas une révolution locale, c’est la révolution humaine ; ce n’est pas
2266 lution locale, c’est la révolution humaine ; ce n’ est pas le cri égoïste d’un peuple, c’est la revendication de la sainte é
2267 fanté en France la république… la république, qui est pour le peuple une sorte de droit naturel comme la liberté pour l’hom
2268 — Les États-Unis d’Europe ! C’est trop fort. Hugo est fou. M. Molé. — Les États-Unis d’Europe ! Voilà une idée ! Quelle ex
2269 vous vous sentirez tous vivre, une assemblée qui sera comme votre âme à tous, un concile souverain et populaire qui décider
2270 ns sérieux, tous les grands politiques d’alors se fussent écriés : — Oh ! le songeur ! Oh ! le rêve-creux ! Comme cet homme con
2271 rsbourg et Berlin, entre Vienne et Turin, qu’elle serait impossible et paraîtrait absurde aujourd’hui entre Rouen et Amiens, e
2272 e, la Lorraine, l’Alsace, toutes nos provinces se sont fondues dans la France. Un jour viendra où il n’y aura plus d’autres
2273 ées. Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suffrage universel des peuples, par l
2274 éritable arbitrage d’un grand sénat souverain qui sera à l’Europe ce que le parlement est à l’Angleterre, ce que la diète es
2275 souverain qui sera à l’Europe ce que le parlement est à l’Angleterre, ce que la diète est à l’Allemagne, ce que l’assemblée
2276 le parlement est à l’Angleterre, ce que la diète est à l’Allemagne, ce que l’assemblée législative est à la France !… Un j
2277 est à l’Allemagne, ce que l’assemblée législative est à la France !… Un jour viendra où l’on verra ces deux groupes immense
2278 , Hugo ne paraît pas au Congrès de la paix qui se tient cette année-là à Lugano, mais lui envoie un message qui s’ouvre par c
2279 s nations ont au-dessus d’elles quelque chose qui est au-dessous d’elles, les gouvernements. À de certains moments, ce cont
2280 s moments, ce contresens éclate : la civilisation est dans les peuples, la barbarie est dans les gouvernants. Cette barbari
2281 la civilisation est dans les peuples, la barbarie est dans les gouvernants. Cette barbarie est-elle voulue ? Non ; elle est
2282 barbarie est dans les gouvernants. Cette barbarie est -elle voulue ? Non ; elle est simplement professionnelle. Ce que le ge
2283 ants. Cette barbarie est-elle voulue ? Non ; elle est simplement professionnelle. Ce que le genre humain sait, les gouverne
2284 e humain sait, les gouvernements l’ignorent. Cela tient à ce que les gouvernements ne voient rien qu’à travers cette myopie,
2285 en leur apprenant une chose, c’est que les crimes sont des crimes, c’est qu’il n’est pas plus permis à un gouvernement qu’à
2286 est que les crimes sont des crimes, c’est qu’il n’ est pas plus permis à un gouvernement qu’à un individu d’être assassin, c
2287 plus permis à un gouvernement qu’à un individu d’ être assassin, c’est que l’Europe est solidaire, c’est que tout ce qui se
2288 à un individu d’être assassin, c’est que l’Europe est solidaire, c’est que tout ce qui se fait en Europe est fait par l’Eur
2289 olidaire, c’est que tout ce qui se fait en Europe est fait par l’Europe, c’est que, s’il existe un gouvernement bête fauve,
2290 , s’il existe un gouvernement bête fauve, il doit être traité en bête fauve ; c’est qu’à l’heure qu’il est, tout près de nou
2291 e traité en bête fauve ; c’est qu’à l’heure qu’il est , tout près de nous, là, sous nos yeux, on massacre, on incendie, on p
2292 garçons ; c’est que, les enfants trop petits pour être vendus, on les fend en deux d’un coup de sabre ; c’est qu’on brûle le
2293 sons ; c’est que telle ville, Balak, par exemple, est réduite en quelques heures de neuf-mille habitants à treize cents ; c
2294 bitants à treize cents ; c’est que les cimetières sont encombrés de plus de cadavres qu’on n’en peut enterrer, de sorte qu’a
2295 le carnage, les morts renvoient la peste, ce qui est bien fait ; nous apprenons aux gouvernements d’Europe ceci, c’est qu’
2296 ne des jeunes filles violées, c’est que tout cela est horrible, c’est qu’il suffirait d’un geste des gouvernements d’Europe
2297 , et que les sauvages qui commettent ces forfaits sont effrayants, et que les civilisés qui les laissent commettre sont épou
2298 , et que les civilisés qui les laissent commettre sont épouvantables. Il est temps qu’il sorte de la civilisation une majest
2299 qui les laissent commettre sont épouvantables. Il est temps qu’il sorte de la civilisation une majestueuse défense d’aller
2300 nages ; libre pensée, libre échange ; fraternité. Est -ce donc si difficile, la paix ? La République d’Europe, la fédération
2301 ent, les événements aussi. Sur cette réalité, qui est une nécessité, tous les philosophes sont d’accord, et aujourd’hui les
2302 lité, qui est une nécessité, tous les philosophes sont d’accord, et aujourd’hui les bourreaux joignent leur démonstration à
2303 (1809-1865) a pu se vanter à juste titre d’avoir été le premier théoricien du fédéralisme, encore que Rousseau — qu’il ava
2304 charnement intellectuel dont Jean-Jacques ne peut être accusé. Si Marx lui est sans conteste supérieur dans l’analyse économ
2305 ont Jean-Jacques ne peut être accusé. Si Marx lui est sans conteste supérieur dans l’analyse économique, Proudhon n’en est
2306 upérieur dans l’analyse économique, Proudhon n’en est pas moins l’ancêtre européen des formes démocratiques du socialisme :
2307 r sur la doctrine dans les deux cas, mais Marx en est complice, Proudhon victime : il croyait à la liberté, et son adversai
2308 versaire ne croyait qu’à la force des choses, qui est en effet totale aussitôt que l’homme démissionne. Marx triomphe malgr
2309 re où l’Europe saura découvrir que le fédéralisme est la santé de ses peuples, et le secret de son rayonnement sur la planè
2310 on assimilé (ou peu s’en faut) à l’Antéchrist. Il est juste de citer également ce que Proudhon dit de lui-même : Et moi au
2311 tradition, une généalogie politique à laquelle je tiens comme à la légitimité de ma naissance ; je suis fils de la Révolution
2312 tiens comme à la légitimité de ma naissance ; je suis fils de la Révolution, qui fut fille elle-même de la Philosophie du x
2313 ma naissance ; je suis fils de la Révolution, qui fut fille elle-même de la Philosophie du xviiie siècle, laquelle eut pou
2314 utes les Idées, orthodoxes et hétérodoxes, qui se sont succédé d’âge en âge depuis l’origine du christianisme jusqu’à la chu
2315 tution hiérarchique et sa distinction des castes, fut aussi, dans son temps, une forme de liberté. Et de qui est fils le ch
2316 , dans son temps, une forme de liberté. Et de qui est fils le christianisme lui-même, que je ne sépare pas de cette généalo
2317 tte généalogie révolutionnaire ? Le christianisme est fils du judaïsme, de l’égyptianisme, du brahmanisme, du magisme, du p
2318 passé les origines ?215 Les textes qui suivent sont tous extraits du grand ouvrage qui ne parut qu’après la mort de son a
2319 gner leur importance littéralement posthume : ils sont écrits pour notre siècle. Pour que le contrat politique reste avant
2320 , sa souveraineté et son initiative, moins ce qui est relatif à l’objet spécial pour lequel le contrat est formé et dont on
2321 relatif à l’objet spécial pour lequel le contrat est formé et dont on demande la garantie à l’État. Ainsi réglé et compris
2322 tat. Ainsi réglé et compris, le contrat politique est ce que j’appelle une fédération. FÉDÉRATION, du latin fœdus, génitif
2323 cte, contrat, traité, convention, alliance, etc., est une convention par laquelle un ou plusieurs chefs de famille, une ou
2324 de la fédération. En résumé, le système fédératif est l’opposé de la hiérarchie ou centralisation administrative et gouvern
2325 unitaires. Sa loi fondamentale, caractéristique, est celle-ci : Dans la fédération, les attributs de l’autorité centrale s
2326 quence de ce fait, c’est que, le système unitaire étant l’inverse du système fédératif, une confédération entre grandes monar
2327 à plus forte raison entre démocraties impériales, est chose impossible. Des États comme la France, l’Autriche, l’Angleterre
2328 se fédéralisent, d’abord parce que leur principe est contraire, qu’il les mettrait en opposition avec le pacte fédéral ; q
2329 moins pour certains cas, un arbitre. Leur nature est de commander, non de transiger ni d’obéir. Les princes qui, en 1813,
2330 on, qui plus tard formèrent la Sainte-Alliance, n’ étaient pas des confédérés : l’absolutisme de leur pouvoir leur défendait d’e
2331 tre nom. … l’idée d’une confédération universelle est contradictoire. En cela se manifeste une fois de plus la supériorité
2332 de l’illimité, de l’absolu, de l’idéal. L’Europe serait encore trop grande pour une confédération unique : elle ne pourrait f
2333 Nation ; c’est-à-dire la Multitude, la Masse ; il est le vrai Souverain, le Législateur, la Puissance, la Domination, la Pa
2334 inorités. Son idéal, son rêve le plus délectable, est unité, identité, uniformité, concentration ; il maudit, comme attenta
2335 s, maîtres d’eux-mêmes, ne suivent pas ? Paris en sera pour ses frais… La fédération devient ainsi le salut du peuple : car
2336 ation. Johann Caspar Bluntschli (1808-1881) avait été l’auteur du code civil de son canton natal, Zurich, avant de devenir
2337 uniformes qui composent l’Europe ? Le problème s’ est révélé insoluble, et c’est qu’il était mal posé. L’exemple d’une nati
2338 e problème s’est révélé insoluble, et c’est qu’il était mal posé. L’exemple d’une nation « internationale » par essence perme
2339 par essence permet au contraire d’imaginer ce que serait un État fédéral européen : La Suisse, pays de montagnes en Europe ce
2340 re et relie en même temps les grandes nations que sont l’Allemagne, l’Italie, la France et l’Autriche, a de ce fait un carac
2341 publiques cantonales qu’à la grande république qu’ est la Confédération — ont de grandes tâches vitales à accomplir, d’impor
2342 ité suisse arrêtée dans son développement. … S’il est une nationalité suisse, elle possède au plus haut degré un caractère
2343 un caractère international… Les parties dont elle est composée sont liées indissolublement aux autres grandes nations, form
2344 international… Les parties dont elle est composée sont liées indissolublement aux autres grandes nations, formant avec celle
2345 de la nationalité suisse aura sa juste valeur. Il est devenu pour la Suisse un principe vital, lui conférant au sein de la
2346 isse a émis et réalisé des idées et principes qui sont pour l’ensemble des États européens une source de prospérité et de dé
2347 e source de prospérité et de développement et qui seront un jour destinés à assurer la paix en Europe… Si cet idéal de l’aveni
2348 re de telles choses, non les faire. Cependant, il est curieux qu’un Bluntschli, si conscient des avantages d’une vraie fédé
2349 ion, la condition principale qu’il faudra remplir sera le maintien scrupuleux de l’indépendance et de la liberté des États a
2350 se considèrent comme des personnes souveraines et sont tous décidés à affirmer leur souveraineté et à se soustraire à toute
2351 ts jusqu’alors souverains devraient s’incorporer, est irréalisable. Bluntschli propose alors une Union d’États souverains
2352 dans le domaine de la grande politique européenne seront confiés de préférence au Conseil Fédéral, sous la direction des grand
2353 évue pour une certaine durée devra nécessairement être soumise à l’approbation du Sénat. Parmi les affaires de la grande pol
2354 outes ces questions, la seule autorité compétente sera la communauté des États européens, à laquelle s’adjoindra une représe
2355 opulaire européenne — et encore cette dernière ne sera habilitée à collaborer qu’à certaines conditions. Les États en litige
2356 e les gouvernements et les peuples, et quand cela est possible, par une union étroite entre eux, pour le moins par le souti
2357 u projet d’une constitution fédérale européenne n’ est pas très brillant et n’a rien d’extraordinaire ; il est modeste et mo
2358 s très brillant et n’a rien d’extraordinaire ; il est modeste et modéré ; mais étant donné qu’il ne fait appel qu’aux force
2359 ’extraordinaire ; il est modeste et modéré ; mais étant donné qu’il ne fait appel qu’aux forces réelles, leur confiant l’acco
2360 ment des nobles tâches que comporte cet idéal, il sera , du moins je l’espère, plus réalisable et plus efficace que les proje
2361 cessa de condamner les prétentions hégémoniques), fut non seulement l’un des plus zélés partisans d’une unité allemande de
2362 chrétienne217. Il s’agissait d’abord pour lui de tenir en échec les deux puissances impérialistes, France à l’ouest et Russi
2363 ces impérialistes, France à l’ouest et Russie à l’ est  ; puis une fois l’atmosphère purifiée, de les faire adhérer à l’union
2364 générale, à celle d’une simple nation « fermée », étant donné les rapports étroits, déterminants pour son évolution, qui ont
2365 e pas un ensemble unifié, mais qu’elle a toujours été , dès le début, — pour reprendre une expression de Schelling — « un pe
2366 il n’y a pas d’union possible, ou bien le carcan est brisé et l’union devient possible : tertium non datur : Je pose la q
2367 peut-il passer pour durable, alors que les faits sont en contradiction flagrante avec le droit écrit ? Si l’on admet que le
2368 ellement, que la formation d’un pur État unitaire est proche. Il n’est pas impossible que nous soyons les témoins de cette
2369 formation d’un pur État unitaire est proche. Il n’ est pas impossible que nous soyons les témoins de cette transformation ;
2370 aire est proche. Il n’est pas impossible que nous soyons les témoins de cette transformation ; mais supposons l’État unitaire
2371 la camisole de force qu’on lui aurait mise. Ceci est un des termes de notre alternative. En revanche, si nous voulons écha
2372 it un nouveau marché aussi important qu’elle-même est étendue, mais elle permettrait aussi la réunion d’une telle masse de
2373 anifester de tendances agressives. De cette façon serait fondé un système pour le maintien de la paix tel que l’Europe n’en a
2374 Et quel honneur pour l’Allemagne si elle pouvait être la base d’une fédération pour la paix, au lieu d’avoir, par le systèm
2375 n qui nous suce notre propre sang. Si grandes que soient les difficultés réelles qui s’opposent à la fondation de la fédératio
2376 tion de la fédération d’Europe Centrale — et nous sommes les derniers à nous bercer d’illusions —, elles pourraient très bien
2377 bercer d’illusions —, elles pourraient très bien être surmontées grâce à une prévoyance, une énergie et une endurance appro
2378 r exige, elle, des institutions permanentes : Il est bien établi que le but final de l’organisation n’est pas l’État unive
2379 bien établi que le but final de l’organisation n’ est pas l’État universel, mais bien la fédération des peuples, qui ne pou
2380 dite aura d’emblée un caractère définitif : elle sera constituée pour toujours et dotée d’organes permanents prêts à foncti
2381 uissances, on constate d’après son nom même qu’il est fondé sur l’idée de la seule puissance, et qu’il fait abstraction aus
2382 des buts élevés de la civilisation. La seule fin est d’être ou de devenir une grande puissance. Et pour autant que plusieu
2383 uts élevés de la civilisation. La seule fin est d’ être ou de devenir une grande puissance. Et pour autant que plusieurs de c
2384 e plusieurs de ces grandes puissances se trouvent être l’une à côté de l’autre, quel autre but poursuivront-elles principale
2385 sinon celui d’augmenter leur force militaire ? Il est frappant de constater que la prédominance de l’élément militaire va d
2386 a caserne ou à la Bourse… … Tous les petits États sont ainsi menacés de décadence, à moins qu’ils ne soient déjà réellement
2387 ont ainsi menacés de décadence, à moins qu’ils ne soient déjà réellement déchus… En revanche, l’histoire témoigne que les peti
2388 essus historique, la notion de grande puissance n’ est par conséquent qu’une catégorie de l’histoire, destinée à disparaître
2389 étape de l’évolution, de la même manière qu’elle est apparue un jour et qu’elle a acquis, temporairement, droit de cité un
2390 de non-intervention, proclamé depuis longtemps, n’ est -il pas la déclaration de faillite de la politique du concert européen
2391 oncert européen ? De ce fait même, cette dernière est devenue, si l’on peut dire, un « asystème ». Et maintenant la tâche i
2392 ce concert une voix allemande, et la voici : Il est évident qu’une telle fédération ne peut pas s’instaurer d’un coup. Il
2393 se réelle, d’où, par la suite, l’impulsion pourra être donnée… Si c’est l’Allemagne, où a commencé la scission de l’Église,
2394 l, si peu compte-t-il dans la politique actuelle, est le principe de l’évolution politique de l’avenir. 208. Cf. P. Reno
2395 t individuellement, comme un amant, la patrie ! N’ est -ce pas l’inspiration patriotique qui nous a donné le courage d’entrep
2396 dinaves, Belgique et Hollande. Une entente devait être conclue avec l’Angleterre pour la politique extérieure. 218. Toutes
2397 térieure. 218. Toutes les citations de C. Frantz sont empruntées à son ouvrage paru en 1879 sous ce titre : Der Föderalismu
22 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Cinquième Partie. L’Ère des nations, (de 1848 à 1914) — 3. Un problème séculaire : la Russie et l’Europe
2398 3.Un problème séculaire : la Russie et l’Europe Est -ce à la France, à l’Italie ou à l’Allemagne, voire à la Suisse fédéra
2399 la Russie pourra devenir européenne. Que l’Europe soit unie ou non, la France, l’Allemagne, l’Italie et la Suisse en font in
2400 indiscutablement partie. Mais le cas de la Russie est différent. Elle peut choisir d’être d’Europe ou non, selon que l’Euro
2401 s de la Russie est différent. Elle peut choisir d’ être d’Europe ou non, selon que l’Europe sera conforme ou non à l’idée rus
2402 hoisir d’être d’Europe ou non, selon que l’Europe sera conforme ou non à l’idée russe de l’humanité, du christianisme et de
2403 al. Ce privilège exorbitant, existe-t-il en fait, est -il fondé en droit ? Ou bien ne serait-il qu’un phantasme, un besoin d
2404 -t-il en fait, est-il fondé en droit ? Ou bien ne serait -il qu’un phantasme, un besoin de surcompenser le retard de la Russie
2405 alousés et honnis ? Notre propos dans cet ouvrage étant de présenter des textes afin de les mieux laisser parler, nous rappel
2406 devient soudain le vrai danger, contre lequel il serait bon de s’unir et de s’entendre avec les Turcs. Voltaire et ses contem
2407 dre avec les Turcs. Voltaire et ses contemporains tenaient encore que l’Europe s’arrête au Don, au-delà duquel la « Moscovie » e
2408 au-delà duquel la « Moscovie » et la « Scythie » sont en Asie… La tsarine éclairée, Catherine le Grand — comme l’appelait l
2409 e Grand — comme l’appelait le prince de Ligne — n’ était pas une menace à leurs yeux mais une amie, presque une complice. Un p
2410 ’occident, et nous autres, peuples du noyau, nous serons trop dégradés, trop avilis, pour savoir autrement que par une vague e
2411 une vague et stupide tradition, ce que nous avons été . Dès ce moment, l’Amérique et la Russie vont obséder l’imagination h
2412 des « peuples du noyau ». L’Amérique et la Russie sont les « pays d’avenir » destinés à succéder à l’Europe lorsque ses divi
2413 ean de Müller annonce que « l’avenir appartiendra soit à la Russie, soit à l’Amérique » : Napoléon, dans le Mémorial de Sai
2414 nce que « l’avenir appartiendra soit à la Russie, soit à l’Amérique » : Napoléon, dans le Mémorial de Sainte-Hélène, prévoi
2415 e Mémorial de Sainte-Hélène, prévoit que le monde sera sous peu « République américaine ou Monarchie universelle russe », et
2416 reste, beaucoup plus énergiquement), et l’Europe est à lui. Il peut commencer ses opérations sur le sol allemand même, à c
2417 capitales, Berlin et Vienne, dont les souverains sont les seuls obstacles… … Au besoin, si le cas le requiert, il jette, en
2418 rique (« cette seconde Angleterre ») et la Russie sont destinées, l’une à renouveler le vieux monde, l’autre à tenter de le
2419 de la Vistule tombe un rideau derrière lequel il est fort difficile de bien voir ce qui se passe dans l’intérieur de l’emp
2420 ’origine et pris les mœurs, le gouvernement russe est concentré dans le cabinet du prince ; il parle seul, n’écrit guère et
2421 pour tout dérober à la connaissance du public, on est à peu près réduit à des conjectures ; c’est aussi d’après elles seule
2422 e jour, la politique de la Russie n’a pas cessé d’ être conquérante ; on dirait que depuis un siècle entier son cabinet n’a é
2423 irait que depuis un siècle entier son cabinet n’a été composé que d’un seul et même homme tant il n’a eu qu’une seule et mê
2424 tre jeunesse, c’est l’Amérique… L’avenir du monde est là, entre ces deux grands mondes. Ils se heurteront quelque jour et l
2425 , les États-Unis la Démocratie, même quand ils ne sont pas nommés. Ainsi : Carlo Cattaneo, en 1848219 : Les grandes proph
2426 Les grandes prophéties s’accomplissent, l’Océan est agité et tempétueux, les courants vont vers deux fins : ou l’Autocrat
2427 lus longuement) : Lorsque je considère l’état où sont déjà arrivées plusieurs nations européennes et celui où toutes les au
2428 dt, en 1869220 : Pour moi et depuis longtemps, il est clair que le monde va au-devant de l’alternative suivante : ou la Dém
2429 férents, semblent s’avancer vers le même but : ce sont les Russes et les Anglo-Américains. Tous deux ont grandi dans l’obscu
2430 ’obscurité ; et tandis que les regards des hommes étaient occupés ailleurs, ils se sont placés tout à coup au premier rang des
2431 gards des hommes étaient occupés ailleurs, ils se sont placés tout à coup au premier rang des nations, et le monde a appris
2432 nature, et n’avoir plus qu’à conserver ; mais eux sont en croissance222 : tous les autres sont arrêtés ou n’avancent qu’avec
2433 mais eux sont en croissance222 : tous les autres sont arrêtés ou n’avancent qu’avec mille efforts ; eux seuls marchent d’un
2434 les obstacles que lui oppose la nature ; le Russe est aux prises avec les hommes. L’un combat le désert et la barbarie, l’a
2435 rté ; l’autre, la servitude. Leur point de départ est différent, leurs voies sont diverses ; néanmoins, chacun d’eux semble
2436 . Leur point de départ est différent, leurs voies sont diverses ; néanmoins, chacun d’eux semble appelé par un dessein secre
2437 e appelé par un dessein secret de la Providence à tenir un jour dans ses mains les destinées de la moitié du monde.223 On n
2438 choix final, sans doute inévitable, mais qui n’en sera pas moins son choix. Ainsi pensent la plupart des auteurs innombrable
2439 e Ernst von Lasaulx l’écrit en 1856, que l’Europe sera fatalement broyée « entre les deux roues du moulin », ils ne se passi
2440 e gauche et d’extrême droite. Beaucoup plus rares sont les auteurs qui, comme Jean-Paul, Franz von Baader et Schelling, ont
2441 urope et l’Amérique : ce que l’on trouve là-bas n’ est qu’un développement de nos races et de notre genre de vie : en fait,
2442 … La Russie voit dans l’Europe une proie qui lui sera livrée tôt ou tard par nos dissensions ; elle fomente chez nous l’ana
2443 ’une corruption favorisée par elle, parce qu’elle est favorable à ses vues : c’est l’histoire de la Pologne recommencée en
2444 restons puissants, précisément parce que nous ne sommes pas libres : patientons sous le joug, nous ferons payer aux autres no
2445 eut paraître chimérique à des yeux distraits ; il sera reconnu pour vrai par tout homme initié à la marche des affaires de l
2446 el, la conviction absolue que l’Europe de l’Ouest était la partie du monde la plus « douée » (begabt), la plus avancée, la pl
2447 ité paradoxale, lui qui estimait que la culture n’ est qu’un produit secondaire des processus matériels et quantitatifs.) De
2448 , dans une société sans classe et sans nation. Il était d’ailleurs convaincu que cette union ne serait jamais accomplie par l
2449 Il était d’ailleurs convaincu que cette union ne serait jamais accomplie par les bourgeois libéraux ni par les idéalistes à l
2450 par les uns, rejeté par les autres, le fait doit être admis par tous. À Beirouth, les Américains viennent d’arracher un fug
2451 rois de plus aux serres de l’aigle autrichien. Il est réconfortant de constater que l’intervention américaine en Europe se
2452 l’explication violente et permanente qui oppose l’ Est à l’Ouest, l’Amérique est le plus jeune et le plus puissant représent
2453 permanente qui oppose l’Est à l’Ouest, l’Amérique est le plus jeune et le plus puissant représentant de l’Ouest.227 Mais
2454 oît ses exigences à la limite du possible, afin d’ être en mesure plus tard de se donner l’air magnanime en se contentant des
2455 s qui ont leur révolution derrière eux. La Russie est une nation conquérante et l’a été pendant un siècle, jusqu’à ce que l
2456 eux. La Russie est une nation conquérante et l’a été pendant un siècle, jusqu’à ce que le grand mouvement de 1789 lui ait
2457 nt de la politique russe, son « étoile polaire », est la domination du monde : Il ne manque pas de naïfs qui s’imaginent q
2458 ’imaginent que tout cela (l’impérialisme russe) s’ est modifié, que la Pologne a cessé d’être une « nation nécessaire » comm
2459 me russe) s’est modifié, que la Pologne a cessé d’ être une « nation nécessaire » comme l’appelait un écrivain, et n’est déjà
2460 n nécessaire » comme l’appelait un écrivain, et n’ est déjà plus qu’un souvenir historique… Mais je vous le demande : qu’est
2461 souvenir historique… Mais je vous le demande : qu’ est -ce qui s’est modifié ? Le danger s’est-il atténué ? Non, seul l’aveug
2462 orique… Mais je vous le demande : qu’est-ce qui s’ est modifié ? Le danger s’est-il atténué ? Non, seul l’aveuglement des co
2463 mande : qu’est-ce qui s’est modifié ? Le danger s’ est -il atténué ? Non, seul l’aveuglement des couches dirigeantes de l’Eur
2464 aveuglement des couches dirigeantes de l’Europe s’ est accru et a atteint son zénith. La politique russe est invariable, com
2465 accru et a atteint son zénith. La politique russe est invariable, comme le reconnaît l’historien officiel, le Moscovite Kar
2466 olaire de sa politique — la domination mondiale — est une étoile fixe. Cependant, Marx prévoyait la chute finale du despot
2467 eront l’unité de but, tandis que le Colosse russe sera ruiné par le progrès des masses et la force explosive des idées.229
2468 e, si elle s’applique mal aux événements de 1917, est loin d’avoir perdu son sens pour autant. B. Opinions russes sur l’
2469 icolas Ier, au sortir des guerres napoléoniennes, est encore en plein servage, mais son élite intellectuelle, son intellige
2470 ques allemands. Le grand problème qu’elle se pose est celui des relations de la Russie et de l’Europe. La première réponse
2471 ie et de l’Europe. La première réponse importante sera donnée par un occidentaliste convaincu. Pierre Tchaadaïev (1790-1856)
2472 rons chez ses amis, ennemis et successeurs russes sont en germe dans ces Lettres : « Il nie l’histoire de son pays, écrit Be
2473 toire de son pays, écrit Berdiaev, et sa négation est précisément le type de la négation russe. » Il veut que la Russie s’e
2474 s’européanise, et il affirme que le peuple russe est seul capable de résoudre les problèmes spirituels et sociaux de l’Occ
2475 ples a un caractère particulier, mais tout cela n’ est que de l’Histoire et de la tradition. Cela fait le patrimoine hérédit
2476 vec l’air qu’il respire, et qui ont déjà fait son être moral avant qu’il soit livré au monde et à la société. Voulez-vous sa
2477 , et qui ont déjà fait son être moral avant qu’il soit livré au monde et à la société. Voulez-vous savoir qu’elles sont ces
2478 onde et à la société. Voulez-vous savoir qu’elles sont ces idées ? Ce sont les idées de devoir, de justice, de droit, d’ordr
2479 . Voulez-vous savoir qu’elles sont ces idées ? Ce sont les idées de devoir, de justice, de droit, d’ordre. Elles dérivent de
2480 ents mêmes qui y ont constitué la société ; elles sont des éléments intégrants du monde social de ces pays. C’est l’atmosphè
2481 ela chez nous ? Toutes les nations de l’Europe se tenaient par la main en avançant dans les siècles. Quelque chose qu’elles fass
2482 le développement de famille de ces peuples, il n’ est pas besoin d’étudier l’histoire. Lisez seulement le Tasse, et voyez-l
2483 s, tous à la fois ils élevaient leurs voix vers l’ Être suprême, pour célébrer sa gloire dans le plus grand de ses bienfaits.
2484 cependant, Tchaadaïev ne croit pas que la Russie soit d’Europe — bien qu’elle soit destinée à sauver l’Europe en adoptant s
2485 it pas que la Russie soit d’Europe — bien qu’elle soit destinée à sauver l’Europe en adoptant ses formes de pensée, son sens
2486 u progrès de l’esprit humain, et tout ce qui nous est revenu de ce progrès, nous l’avons défiguré. Nous ne nous sommes donn
2487 e ce progrès, nous l’avons défiguré. Nous ne nous sommes donné la peine de rien imaginer nous-mêmes, et, de tout ce que les au
2488 cier franchement, de nous concevoir tels que nous sommes , de sortir du mensonge, et de nous placer dans la vérité. Après cela,
2489 ns plus rapidement que les autres, parce que nous sommes venus après eux, parce que nous avons toute leur expérience et tout l
2490 Jouffroy, par exemple, qui nous apprend que nous sommes destinés à civiliser l’Asie. C’est fort bien ; mais demandez-lui donc
2491 ien ; mais demandez-lui donc, je vous prie, quels sont les peuples de l’Asie que nous avons civilisés ? Apparemment les mast
2492 opulations fossiles de la Sibérie, seules races d’ êtres , à ma connaissance, que nous ayons tirés de l’obscurité, et cela enco
2493 ient pour ne plus nous rencontrer en Occident. Ne soyons pas dupes de leur artifice involontaire ; cherchons nous-mêmes à déco
2494 as aux autres ce que nous avons à faire. L’Orient est aux maîtres de la mer, cela est évident, nous en sommes beaucoup plus
2495 à faire. L’Orient est aux maîtres de la mer, cela est évident, nous en sommes beaucoup plus éloignés que les Anglais, et no
2496 aux maîtres de la mer, cela est évident, nous en sommes beaucoup plus éloignés que les Anglais, et nous ne sommes plus au tem
2497 eaucoup plus éloignés que les Anglais, et nous ne sommes plus au temps où toutes les révolutions de l’Orient partaient de l’As
2498 de l’Asie. C’est l’Europe au contraire, que nous sommes destinés à instruire sur une infinité de choses qu’elle ne saurait co
2499 s puissants alors par notre intelligence que nous sommes aujourd’hui par notre force matérielle. Tel sera le résultat logique
2500 ommes aujourd’hui par notre force matérielle. Tel sera le résultat logique de notre longue solitude : toujours les grandes c
2501 tre longue solitude : toujours les grandes choses sont venues du désert. La puissante voix qui vient de retentir dans le mon
2502 e histoire, écrite de la main de Pierre le Grand, est déchirée : grâce à Dieu, nous ne sommes plus de l’Europe ; dès ce jou
2503 re le Grand, est déchirée : grâce à Dieu, nous ne sommes plus de l’Europe ; dès ce jour donc notre mission universelle a comme
2504 notre mission universelle a commencé. Tchaadaïev est ici tout près des adversaires les plus acharnés de son Apologie d’un
2505 e oppose à l’Europe la notion d’enthousiasme, qui serait restée le privilège des Russes et que nos pays de l’Ouest auraient pe
2506 t satisfaite, la mission de la Russie authentique est d’inverser l’œuvre de Pierre le Grand : le salut de l’Europe sera rus
2507 l’œuvre de Pierre le Grand : le salut de l’Europe sera russe. Pour Kireievsky et ses amis, la notion d’hégémonie organisatri
2508 et ses amis, la notion d’hégémonie organisatrice est capitale : Mais pour que l’unité de l’Europe se constitue organiquem
2509 se constitue organiquement et harmonieusement, il est nécessaire qu’existe un centre défini, un peuple qui domine les autre
2510 exercé successivement cette hégémonie. Mais elles sont épuisées. L’Amérique n’est que leur projection. Seule la Russie reste
2511 hégémonie. Mais elles sont épuisées. L’Amérique n’ est que leur projection. Seule la Russie reste capable — bien que non eur
2512 u’avec l’aide de l’Europe… … notre nationalité a été jusqu’ici une nationalité barbare, grossière, immobile à la chinoise.
2513 er, lui donner la vie et le pouvoir d’évoluer, ne serait possible que par la médiation d’une influence étrangère ; et comme ju
2514 e notre civilisation s’inspire de l’étranger ce n’ est que de l’étranger que nous pourrons la recevoir jusqu’au moment où no
2515 euses, pour la Russie et pour l’humanité. Telles sont les données du débat qui animera l’intelligentzia jusqu’à la fin du s
2516 y introduire le dogmatisme. Ce qui, en Occident, était théorie scientifique, sujette à la critique, hypothèse, ou, en tout c
2517 partielle, sans prétention à l’universalité, — s’ est mué, pour l’intelligentzia russe, en une affirmation qui confinait à
2518 tiers, la réserve ou le criticisme sceptique leur est une attitude presque étrangère. Sans doute, y a-t-il là une lacune, u
2519 la science ces méthodes idolâtriques. Lorsqu’il s’ est fait darwinien, le darwinisme a été pour lui, non pas une théorie bio
2520 . Lorsqu’il s’est fait darwinien, le darwinisme a été pour lui, non pas une théorie biologique sujette à la discussion, mai
2521 dogme, et, par exemple, les partisans de Lamarck, étaient en butte à son mépris. Le philosophe le plus important du xixe siècl
2522 anger, — et tous les Russes, comme un seul homme, étaient dans un état d’exaltation indescriptible… Qui peut dire si Tolstoï s
2523 Il n’y a pas de raison de croire que les Russes soient nécessairement soumis à la même loi de progression de la civilisation
2524 t les peuples européens, ni que cette progression soit un bien… Le peuple russe doit non se prolétariser, à l’imitation de
2525 à la violence et à l’esclavage capitaliste. Telle est sa haute mission historique. Et certes, pour un théologien slavophile
2526 comme Vladimir Soloviev, la mission de la Russie tient tout entière dans la spiritualité de l’orthodoxie, tandis que pour le
2527 e Alexandre Herzen (1812-1870), « le peuple russe est en premier lieu le peuple social, celui qui veut réaliser l’ordre soc
2528 de notre position, c’est cette obligation où nous sommes d’appeler du nom d’Europe un fait qui ne devrait jamais s’appeler que
2529 e » dont les conseils européens, non pas Staline, seraient responsables. Dostoïevski ne ferait-il pas partie du trésor culturel
2530 Journal d’un écrivain, gazette mensuelle dont il était le seul rédacteur. Des pages qu’il y consacre aux rapports entre la R
2531 s brefs extraits. L’idée constante de Dostoïevski est celle de la mission de l’orthodoxie, en laquelle seule …la face divi
2532 e, en laquelle seule …la face divine du Christ s’ est conservée dans toute sa pureté. Peut-être est-ce là toute la mission
2533 t s’est conservée dans toute sa pureté. Peut-être est -ce là toute la mission prédestinée du peuple russe dans l’humanité, q
2534 en lui cette image divine afin, lorsque le temps sera venu, de la révéler à un monde qui a perdu sa voie… Ce « monde » est
2535 ler à un monde qui a perdu sa voie… Ce « monde » est en réalité l’Europe : En Europe, est-ce que toutes les forces qui te
2536 e « monde » est en réalité l’Europe : En Europe, est -ce que toutes les forces qui tendaient à l’union, et sur lesquelles n
2537 lesquelles nous comptions tant nous-mêmes, ne se sont pas évanouies comme un triste mirage ? Est-ce que la décomposition et
2538 ne se sont pas évanouies comme un triste mirage ? Est -ce que la décomposition et l’individualisation ne s’y font pas sentir
2539 ion qui ne peut échapper à l’homme russe. Où donc est le vrai Russe qui ne pense pas avant tout à l’Europe ?… Jamais encore
2540 ant tout à l’Europe ?… Jamais encore l’Europe n’a été aussi travaillée, et par autant d’éléments hostiles qu’à notre époque
2541 ts hostiles qu’à notre époque. On dirait que tout est sapé, miné par en dessous et que l’on n’attend plus que la première é
2542 l’on n’attend plus que la première étincelle… Qu’ est -ce que cela nous fait, à nous, puisque cela se passe en Europe et non
2543 l’heure dernière et que l’ordre des choses actuel sera sur le point de finir. Elle nous demandera notre aide, non sans quelq
2544 s se retrouve chez nous comme chez elle, que ce n’ est pas en vain que pendant deux-cents ans nous l’avons imitée et nous so
2545 endant deux-cents ans nous l’avons imitée et nous sommes vantés d’être des Européens, donc en la sauvant nous nous sauverons n
2546 s ans nous l’avons imitée et nous sommes vantés d’ être des Européens, donc en la sauvant nous nous sauverons nous-mêmes… Mai
2547 -nous subitement à quel point nous avons toujours été dissemblables de l’Europe, en dépit de notre désir deux fois séculair
2548 ut aussi que nous ne le comprenions point, car il sera bien tard. Et s’il en est ainsi, nous ne comprendrons certainement pa
2549 prenions point, car il sera bien tard. Et s’il en est ainsi, nous ne comprendrons certainement pas ce que l’Europe attend d
2550 nous demande, et en quoi nous pourrions alors lui être utiles. N’irions-nous pas, au contraire, mettre à la raison l’ennemi
2551 oit, que nous pourrons hardiment nous féliciter d’ être tout à fait des Européens !235 Dostoïevski pense d’ailleurs que la
2552 oïevski pense d’ailleurs que la Russie, tout en n’ étant pas d’Europe sera bientôt la plus forte nation d’Europe : Dans le nu
2553 leurs que la Russie, tout en n’étant pas d’Europe sera bientôt la plus forte nation d’Europe : Dans le numéro de mars de mo
2554 e : Dans le numéro de mars de mon Journal, je me suis laissé aller à quelques rêveries sur l’avenir de l’Europe. Mais ce n’
2555 ques rêveries sur l’avenir de l’Europe. Mais ce n’ est plus une rêverie, c’est presque une certitude qui me fait dire que bi
2556 certitude qui me fait dire que bientôt la Russie sera peut-être la plus forte nation de l’Europe. Cela résultera du fait qu
2557 fait que toutes les grandes puissances en Europe seront détruites pour un motif bien simple : toutes seront affaiblies et sap
2558 ront détruites pour un motif bien simple : toutes seront affaiblies et sapées par les efforts mal satisfaits de leur démocrati
2559 là qui ne saurait arriver en Russie : notre Démos est satisfait, et plus ça ira, plus il sera satisfait, car tout converge
2560 otre Démos est satisfait, et plus ça ira, plus il sera satisfait, car tout converge à cela, par une commune disposition, ou
2561 s’effacera qu’au jour où l’humanité tout entière sera réunie dans la vraie religion — ou absorbée par la Russie, ce qui rev
2562 s, et daignent ceux-ci ne pas s’en offusquer ! Il est inutile de protester contre un fait semblable. La plus haute parmi le
2563 er l’humanité en un seul faisceau, car nous, ce n’ est pas seulement la Russie, le panslavisme, c’est l’humanité tout entièr
2564 runté à l’Europe et transplanté chez nous n’a pas été servilement imité par nous, mais se trouve désormais en nous, amalgam
2565 urope, dans la Moscovie inculte, ce même Schiller était bien plus national et beaucoup plus cher aux Russes barbares non seul
2566 citoyen français et ami de l’humanité, n’a jamais été connu que des professeurs de littérature, et encore pas de tous, et t
2567 as de tous, et très partiellement. Or, Schiller s’ est incorporé à l’âme russe, il a laissé sur elle son empreinte, il a pre
2568 n à nous de considérer la littérature universelle est un phénomène à peu près sans exemple chez les autres peuples, aussi l
2569 eut échapper à la pensée russe, ne peut manquer d’ être presque une force russe […]237 Non, la Russie ne sera jamais d’Eur
2570 esque une force russe […]237 Non, la Russie ne sera jamais d’Europe … à moins que l’Europe ne devienne russe. Et le ton m
2571 e ne devienne russe. Et le ton monte : La Russie est quelque chose de tout à fait à part, ne ressemblant en rien à l’Europ
2572 en les qualifiant de révolutionnaires : car nous sommes des révolutionnaires non seulement pour détruire là où nous n’avons r
2573 quelque autre chose, que nous ignorons encore il est vrai (ceux qui connaissent le secret le gardent pour eux). En un mot,
2574 t le secret le gardent pour eux). En un mot, nous sommes révolutionnaires, par nécessité personnelle si l’on peut dire, voire
2575 conservatisme […]238 Ils ne savent pas que nous sommes invincibles, que si nous pouvons fort bien perdre des batailles, nous
2576 ational et de notre conscience nationale. Nous ne sommes pas la France qui est tout entière dans Paris, nous ne sommes pas l’E
2577 ience nationale. Nous ne sommes pas la France qui est tout entière dans Paris, nous ne sommes pas l’Europe qui tout entière
2578 a France qui est tout entière dans Paris, nous ne sommes pas l’Europe qui tout entière dépend des Bourses de sa bourgeoisie et
2579 nom des malheureux persécutés, quand bien même ce serait aux dépens de nos intérêts actuels. Nous n’en croirons que plus forte
2580 a vérité : se sacrifier pour ceux qui, en Europe, sont opprimés et abandonnés au nom des prétendus intérêts de la civilisati
2581 vérité, cette vérité même du Christ telle qu’elle est reconnue par le simple croyant. Il faut bien que la vérité soit conse
2582 par le simple croyant. Il faut bien que la vérité soit conservée quelque fart, que tout au moins une nation serve de flambea
2583 uropéens opprimés par une fausse « civilisation » sont invités à se laisser éclairer et libérer par la sainte Russie, sous p
2584 du ciel et s’apparentant aux hommes… Oh ! qu’ils étaient beaux, ces hommes-là ! Ils se levaient et s’endormaient heureux et in
2585 ux, sublime aberration de l’humanité ! L’âge d’or est le rêve le plus invraisemblable de tous ceux qui ont jamais été, mais
2586 plus invraisemblable de tous ceux qui ont jamais été , mais pour lui des hommes ont donné toute leur vie et toutes leurs fo
2587 é toute leur vie et toutes leurs forces, pour lui sont morts et ont été tués les prophètes, sans lui les peuples ne veulent
2588 t toutes leurs forces, pour lui sont morts et ont été tués les prophètes, sans lui les peuples ne veulent pas vivre et ne p
2589 uvris les yeux, littéralement baigné de larmes. J’ étais heureux, je m’en souviens. Une sensation de bonheur encore inéprouvé
2590 ils venaient alors de brûler les Tuileries… Oh ! sois tranquille, je sais que c’était « logique ». Et je comprends bien la
2591 ne pouvais l’admettre, car la haute pensée russe est la conciliation universelle des idées. Et qui aurait pu comprendre al
2592 ndre alors cette pensée, dans le monde entier : j’ étais seul et errant. Je ne parle pas de moi personnellement, mais de la pe
2593 y avait combat et logique ; là-bas le Français n’ était que Français, l’Allemand qu’Allemand, et cela avec une intensité plus
2594 rs, pouvais leur dire en face que leurs Tuileries étaient une erreur ; moi seul entre tous les conservateurs-vengeurs pouvais d
2595 geurs pouvais dire aux vengeurs que les Tuileries étaient un crime sans doute mais n’en étaient pas moins logiques. Et cela, mo
2596 s Tuileries étaient un crime sans doute mais n’en étaient pas moins logiques. Et cela, mon petit, parce que seul, en tant que R
2597 , mon petit, parce que seul, en tant que Russe, j’ étais alors en Europe l’unique Européen.241 J’émigrai, poursuivit-il, et j
2598 si, je la servais infiniment mieux que si j’avais été tout bonnement Russe, comme le Français d’alors n’était que Français,
2599 tout bonnement Russe, comme le Français d’alors n’ était que Français, et l’Allemand qu’Allemand. En Europe, on ne le comprend
2600 encore rien savoir. C’est compréhensible : ils ne sont pas libres, tandis que nous sommes libres. Moi seul en Europe, avec m
2601 ensible : ils ne sont pas libres, tandis que nous sommes libres. Moi seul en Europe, avec mon ennui russe, étais alors libre.
2602 libres. Moi seul en Europe, avec mon ennui russe, étais alors libre. Note bien, mon ami, une bizarrerie : chaque Français peu
2603 me à notre époque, c’est-à-dire bien avant qu’ait été dressé le bilan général, a reçu la faculté d’être le plus russe préci
2604 été dressé le bilan général, a reçu la faculté d’ être le plus russe précisément lorsqu’il est le plus européen. C’est la di
2605 aculté d’être le plus russe précisément lorsqu’il est le plus européen. C’est la distinction nationale la plus essentielle
2606 pare de tous les autres, et, à cet égard, nous ne sommes comme personne […] Oh ! ce n’est pas seulement le sang qui coulait al
2607 gard, nous ne sommes comme personne […] Oh ! ce n’ est pas seulement le sang qui coulait alors qui m’a tant épouvanté, ce ne
2608 g qui coulait alors qui m’a tant épouvanté, ce ne sont pas même les Tuileries, mais tout ce qui devait suivre. Ils étaient c
2609 es Tuileries, mais tout ce qui devait suivre. Ils étaient condamnés à se battre encore longtemps, parce qu’ils sont encore trop
2610 damnés à se battre encore longtemps, parce qu’ils sont encore trop Allemands et Français et qu’ils n’ont pas achevé leur act
2611 regret des destructions. Pour le Russe, l’Europe est aussi précieuse que la Russie ; chaque pierre y est douce et chère à
2612 t aussi précieuse que la Russie ; chaque pierre y est douce et chère à son cœur. L’Europe n’était pas moins notre patrie qu
2613 ierre y est douce et chère à son cœur. L’Europe n’ était pas moins notre patrie que la Russie. Davantage même !… et, reconnais
2614 mais uniquement pour l’Europe ! Quant à eux, ils sont voués à de terribles souffrances, avant d’atteindre au Royaume de Die
2615 perd dans des problèmes mondains qui ne sauraient être résolus que par le divin, et auxquels seul le christianisme pourrait
2616 Quatrième État — c’est-à-dire : tous les hommes — est apparu, il est devenu impossible d’avancer d’un pas vers la solution
2617 — c’est-à-dire : tous les hommes — est apparu, il est devenu impossible d’avancer d’un pas vers la solution du problème de
2618 homme avec l’homme, selon ce monde dont l’essence est la diversité ; oui, même si toute circulation en Europe était interro
2619 ersité ; oui, même si toute circulation en Europe était interrompue, si l’on devait nager dans le sang, si tous les ministres
2620 sé, quitte à devenir fous eux-mêmes, — cette voie est barrée pour toujours ; et cette frontière se rit de tous les efforts
2621 el seul peut expliquer et expliquera. Le problème est religieux… Pour regagner l’éternel, il se peut que massacres et bomba
2622 ternel, il se peut que massacres et bombardements soient nécessaires, item que de nombreux ministres perdent la raison… Mais n
2623 « Le Danger russe et l’Europe ». 222. La Russie est , de toutes les nations de l’Ancien Monde, celle dont la population au
2624 échrist, Paris 1921 : « Les Européens, en Europe, sont Anglais, Italiens, Français, Allemands. Seuls les Russes sont des Eur
2625 , Italiens, Français, Allemands. Seuls les Russes sont des Européens universels. Nous avons deux patries, notre Russie et l’
23 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Cinquième Partie. L’Ère des nations, (de 1848 à 1914) — 4. De l’historisme au pessimisme
2626 de l’esprit : ou bien les descriptions des Russes sont délirantes et ne reflètent que leur propre esprit, ou bien le sobre i
2627 près d’un siècle. Les deux mondes en tout cas ne sont pas contemporains, en dépit de leurs dates identiques. Que si l’on de
2628 rs dates identiques. Que si l’on demandait lequel est le plus vrai, il serait vain d’espérer aucune réponse sérieuse : les
2629 Que si l’on demandait lequel est le plus vrai, il serait vain d’espérer aucune réponse sérieuse : les méthodes ne sont pas com
2630 espérer aucune réponse sérieuse : les méthodes ne sont pas comparables ici et là, et les fins d’ordres différents. Ranke est
2631 ici et là, et les fins d’ordres différents. Ranke est en plus d’un sens l’anti-Hegel, par sa volonté d’objectivité, de sobr
2632 irituelle, de description contrôlée de « ce qui s’ est vraiment passé », et par son refus de tout système dialectique permet
2633 quelle énergie intrinsèque : « Chaque génération est immédiate à Dieu », écrit-il en une formule célèbre. Une nation ou un
2634 ire, puis du Catholicisme et de la Réforme, aient été des grands malheurs pour l’Europe, car cette bipolarité … a de prof
2635 que le complexe des États chrétiens d’Europe doit être considéré comme un ensemble, en quelque sorte comme un État. Certes,
2636 us ces efforts, tant de tendances destructives se sont réunies que, si celles-ci venaient à l’emporter, la culture et la chr
2637 t à l’emporter, la culture et la chrétienté mêmes seraient menacées.243 Sans doute a-t-il sous-estimé l’urgence et l’ampleur d
2638 rains du Journal d’un écrivain de Dostoïevski ! —  sont à la gloire de la civilisation et du génie chrétien de l’Europe, summ
2639 de l’histoire universelle… Si variés que puissent être nos déchirements intérieurs, si différentes et souvent même hostiles
2640 d’autres nations et d’autres ensembles de peuples furent florissants, qui étaient animés par d’autres principes, qui se sont d
2641 tres ensembles de peuples furent florissants, qui étaient animés par d’autres principes, qui se sont donné des institutions int
2642 qui étaient animés par d’autres principes, qui se sont donné des institutions internes et qui les ont développées jusqu’à un
2643 ire rien maintenant. Combien menaçant et puissant était autrefois l’islam, face à l’Occident. Il n’y a pas si longtemps que l
2644 ie et assiégeait Vienne ; et pourtant ces dangers sont maintenant loin de nous… L’Empire ottoman est écrasé, traversé de tou
2645 rs sont maintenant loin de nous… L’Empire ottoman est écrasé, traversé de tous côtés par le fait chrétien. Disons-le tout n
2646 l’Europe dans la civilisation mondiale ne saurait être mise en question. Si Renan plus que Ranke croit au progrès, non sans
2647 esseur allemand David Strauss. Sa première lettre est datée du début de la guerre, sa seconde lettre de la fin. L’idée de f
2648 e l’Europe : La paix ne peut, à ce qu’il semble, être conclue directement entre la France et l’Allemagne ; elle ne peut êtr
2649 ent entre la France et l’Allemagne ; elle ne peut être l’ouvrage que de l’Europe, qui a blâmé la guerre et qui doit vouloir
2650 qu’aucun des membres de la famille européenne ne soit trop affaibli. Vous parlez à bon droit de garanties contre le retour
2651 frontières actuelles et interdisant à qui que ce soit de songer à déplacer les bornes fixées par les anciens traités ? Tout
2652 ue l’Église offrait au Moyen Âge.245 … La guerre sera sans fin, si l’on n’admet des prescriptions pour les violences du pas
2653 la Catalogne, en ont aussi fait partie. L’Alsace est maintenant un pays germanique de langue et de race ; mais, avant d’êt
2654 s germanique de langue et de race ; mais, avant d’ être envahie par la race germanique, l’Alsace était un pays celtique, ains
2655 t d’être envahie par la race germanique, l’Alsace était un pays celtique, ainsi qu’une partie de l’Allemagne du Sud. Nous ne
2656 concluons pas de là que l’Allemagne du Sud doive être française ; mais qu’on ne vienne pas non plus soutenir que, par droit
2657 que, par droit ancien, Metz et Luxembourg doivent être allemands. Nul ne peut dire où cette archéologie s’arrêterait. Presqu
2658 stement dépossédés par la perfidie des civilisés. Soyons moins absolus ; à côté du droit des morts, admettons pour une petite
2659 ns européennes telles que les a faites l’histoire sont les pairs d’un grand sénat où chaque membre est inviolable. L’Europe
2660 sont les pairs d’un grand sénat où chaque membre est inviolable. L’Europe est une confédération d’États réunis par l’idée
2661 d sénat où chaque membre est inviolable. L’Europe est une confédération d’États réunis par l’idée commune de la civilisatio
2662 la civilisation. L’individualité de chaque nation est constituée sans doute par la race, la langue, l’histoire, la religion
2663 ns une conférence à la Sorbonne sur le thème « Qu’ est -ce qu’une nation ? »247, Renan approfondit son analyse en lui ajoutan
2664 ace : il n’appartient qu’à lui-même, car c’est un être libre, c’est un être moral. On n’admet plus qu’il soit permis de pers
2665 qu’à lui-même, car c’est un être libre, c’est un être moral. On n’admet plus qu’il soit permis de persécuter les gens pour
2666 libre, c’est un être moral. On n’admet plus qu’il soit permis de persécuter les gens pour leur faire changer de religion ; l
2667 tout aussi mal… Ce qui constitue une nation, ce n’ est pas de parler la même langue ou d’appartenir au même groupe ethnograp
2668 s plus funestes erreurs. Ce que nous allons faire est délicat ; c’est presque de la vivisection ; nous allons traiter les v
2669 deur, l’impartialité la plus absolue… L’Europe s’ est constituée par le refus de toute hégémonie d’une de ses nations ou ré
2670 mpire romain ou d’un nouvel empire de Charlemagne est devenu une impossibilité. La division de l’Europe est trop grande pou
2671 devenu une impossibilité. La division de l’Europe est trop grande pour qu’une tentative de domination universelle ne provoq
2672 s bornes naturelles. La nation et sa citoyenneté sont des concepts spécifiquement européens et modernes : Les nations, ent
2673 ernes : Les nations, entendues de cette manière, sont quelque chose d’assez nouveau dans l’histoire. L’antiquité ne les con
2674 t pas : l’Égypte, la Chine, l’antique Chaldée, ne furent à aucun degré des nations. C’était des troupeaux menés par un fils du
2675 ù nous la comprenons. Athènes, Sparte, Sidon, Tyr sont de petits centres d’admirable patriotisme ; mais ce sont des cités av
2676 petits centres d’admirable patriotisme ; mais ce sont des cités avec un territoire relativement restreint. La Gaule, l’Espa
2677 alie, avant leur absorption dans l’Empire romain, étaient des ensembles de peuplades, souvent liguées entre elles, mais sans in
2678 ssyrien, l’empire persan, l’empire d’Alexandre ne furent pas non plus des patries. Il n’y eut jamais de patriotes assyriens…
2679 présidé à la confection de la carte d’Europe n’a tenu aucun compte de la race, et les premières nations de l’Europe sont de
2680 de la race, et les premières nations de l’Europe sont des nations de sang essentiellement mélangé. Le fait de la race, capi
2681 ffère essentiellement de la zoologie. La race n’y est pas tout, comme chez les rongeurs ou les félins, et on n’a pas le dro
2682 puis les prendre à la gorge en leur disant : — Tu es de notre sang tu nous appartiens !… … Ce que nous venons de dire de l
2683 ontraire, la Suisse, si bien faite, puisqu’elle a été faite par l’assentiment de ses différentes parties, compte trois ou q
2684 gue : c’est la volonté. La volonté de la Suisse d’ être unie, malgré la variété de ses idiomes, est un fait bien plus importa
2685 se d’être unie, malgré la variété de ses idiomes, est un fait bien plus important qu’une similitude de langage souvent obte
2686 ge souvent obtenue par des vexations. La nation serait -elle mieux définie par ses « frontières naturelles » ? La géographie
2687 rable dans la division des nations. La géographie est un des facteurs essentiels de l’histoire… Peut-on dire cependant, com
2688 ent certains partis, que les limites d’une nation sont écrites sur la carte et que cette nation a le droit de s’adjuger ce q
2689 t que cette nation a le droit de s’adjuger ce qui est nécessaire pour arrondir certains contours, pour atteindre telle mont
2690 a, on justifie toutes les violences. Et, d’abord, sont -ce les montagnes ou bien sont-ce les rivières qui forment ces prétend
2691 ences. Et, d’abord, sont-ce les montagnes ou bien sont -ce les rivières qui forment ces prétendues frontières naturelles ? Il
2692 forment ces prétendues frontières naturelles ? Il est incontestable que les montagnes séparent ; mais les fleuves réunissen
2693 ontagnes ne sauraient découper des États. Quelles sont celles qui séparent et celles qui ne séparent pas ? De Biarritz à Tom
2694 ttre tant d’infractions au droit fondamental, qui est la volonté des hommes. Une nation est une « âme », mais non pas immo
2695 ental, qui est la volonté des hommes. Une nation est une « âme », mais non pas immortelle : Une nation est une âme, un pr
2696 ne « âme », mais non pas immortelle : Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en fo
2697 nstituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. Dans le passé, un héritage de
2698 à ce grand concert de l’humanité, qui, en somme, est la plus haute réalité idéale que nous atteignions. Isolées, elles ont
2699 dis souvent qu’un individu qui aurait les défauts tenus chez les nations pour des qualités, qui se nourrirait de vaine gloire
2700 qualités, qui se nourrirait de vaine gloire ; qui serait à ce point jaloux, égoïste, querelleur ; qui ne pourrait rien support
2701 r ; qui ne pourrait rien supporter sans dégainer, serait le plus insupportable des hommes. … Les nations ne sont pas quelque c
2702 e plus insupportable des hommes. … Les nations ne sont pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé, elles finiront. La c
2703 al confident du grand professeur bâlois se trouve être un « Polizeidirektor » de Karlsruhe, Friedrich von Preen. Lorsque Bur
2704 peuples à l’état de civilisation, et non ceux qui sont à l’état de nature. Et même parmi les peuples civilisés, l’histoire n
2705 ’inclut pas dans son champ ceux dont la culture n’ est pas embranchée sur celle de l’Europe, par exemple le Japon et la Chin
2706 pe, par exemple le Japon et la Chine. Pour ce qui est des Indes également, seules nous concernent les époques très reculées
2707 et l’avenir.248 Et cette Europe centre du monde est centrée à son tour sur la tradition antique : Dès que l’on sait que
2708 assés une des plus nobles occupations. Le passé n’ est rien d’autre que l’histoire de la vie et des souffrances de l’humanit
2709 tion de l’État ; elle vit naître nos religions et est encore aujourd’hui l’élément le plus durable de notre civilisation. S
2710 ns le domaine des arts plastiques et littéraires, sont des modèles inégalés. Son héritage compte, autant par ce que nous avo
2711 ue par ce qui nous oppose à elle… Et même si nous sommes issus de peuples qui, encore en leur enfance, sommeillèrent à côté de
2712 Mais l’Europe des vingt siècles qui suivent, qui est -ce qui la tient ensemble, se demande Burckhardt ? Et il répond : la p
2713 des vingt siècles qui suivent, qui est-ce qui la tient ensemble, se demande Burckhardt ? Et il répond : la papauté, le Saint
2714 ce, ou peut-être même des masses actuelles. Ce ne sont pas les pires ennemis de Rome qui ont sauvé l’Europe, mais bien les e
2715 C’est bien un lieu commun de répéter que l’esprit est invincible et qu’il vaincra toujours, alors que réellement il ne dépe
2716 our que des peuples ou des civilisations entières soient ou non appelés à disparaître. Il faut de grands individus et ceux-ci
2717 ux moments cruciaux de son histoire.250 Mais qu’ est -ce que l’Europe, en fin de compte ? Burckhardt en a donné, peut-être,
2718 a plus satisfaisante et la moins discutable : Il est une chose que nous n’avons pas à désirer, puisque nous l’avons à notr
2719 se résorbent en la seule unité ; ici, tout ce qui est spirituel s’exprime par le mot ou tout autre moyen. Voilà qui est eur
2720 exprime par le mot ou tout autre moyen. Voilà qui est européen : la manifestation de toutes les forces, y compris l’individ
2721 à vouloir absolument faire connaître tout ce qui est en lui et à ne pas se livrer sans un mot aux monarchies ou théocratie
2722 d’îles et de caps les attendaient. Car, voilà qui est aussi européen : aimer non seulement la puissance, les idoles et l’ar
2723 , les idoles et l’argent, mais aussi l’esprit. Ce sont ces peuples-là qui créèrent les civilisations hellénique, romaine, ce
2724 nt de beaucoup celles d’Asie par le fait qu’elles sont d’aspect et de forme multiples et qu’en elles l’individu put se dével
2725 ictoire aux partisans de telle ou telle tendance. Étant donné la violence extrême des combats du passé, le désir constant d’a
2726 pourrions, nous autres tard-venus de l’humanité, tenir pour un parti, même s’il s’agit de celui qu’en nous-mêmes nous croyon
2727 ’il s’agit de celui qu’en nous-mêmes nous croyons être le nôtre.251 « Nous autres tards-venus de l’humanité »… Cette incid
2728 ains dans les usines ne doivent pas éternellement être abandonnés à leur misère et à leurs envies. Un certain degré de misèr
2729 d’un despotisme sans loi et absolu, ce dernier n’ étant d’ailleurs pas le fait des dynasties qui ont maintenant le cœur trop
2730 bles simplificateurs » que l’Europe va connaître, est loin d’être agréable ; et de temps en temps, lors de mes rêveries, je
2731 ficateurs » que l’Europe va connaître, est loin d’ être agréable ; et de temps en temps, lors de mes rêveries, je vois ces ga
2732 hair et en os et je vous les décrirai, quand nous serons , en septembre, devant un demi. … De temps à autre je suppute ce que p
2733 hes quelque peu byzantines, quand ces choses n’en seront encore qu’à leur début et que la civilisation aura à peine commencé s
2734 e aura le dessus et la consigne de fermer son bec sera donnée partout. Friedrich Nietzsche (1844-1900) couronne son siècle,
2735 le et dans sa réalité sociale et culturelle. Tout est contradictoire en Nietzsche, y compris sa passion pour l’Europe, pour
2736 uve que les époques qu’il vénère ou qu’il méprise sont les mêmes que Burckhardt a louées ou négligées. Son Europe est grecqu
2737 que Burckhardt a louées ou négligées. Son Europe est grecque, puis Renaissante ; elle met au premier rang les moralistes f
2738 t c’est là, écrit Nietzsche, « la question qui me tient le plus à cœur au seuil du problème européen tel que je l’entends »25
2739 e phénomène de création de l’Européen, qui pourra être retardé dans son allure par de grands retours en arrière, mais qui, p
2740 et utilisable de façon multiple, — ces conditions sont au plus haut degré aptes à produire des êtres d’exception, de la qual
2741 ions sont au plus haut degré aptes à produire des êtres d’exception, de la qualité la plus dangereuse et la plus attrayante [
2742 e au nationalisme borné : Le « bon vieux temps » est mort : avec Mozart il a chanté sa dernière chanson : — quel bonheur p
2743 e, de politesse du cœur, d’aspiration vers ce qui est précieux, amoureux, dansant, sentimental, de foi au Midi, que tout ce
2744 l’entende ! Hélas ! le temps viendra où tout cela sera bien fini. — Mais n’en doutez pas, l’intelligence et le goût de Beeth
2745 oven passeront plus vite encore ; car celui-là ne fut que le dernier écho d’une transformation et d’une brisure du style ;
2746 on et d’une brisure du style ; au lieu que Mozart fut la dernière expression de tout un goût européen vivant depuis des siè
2747 oût européen vivant depuis des siècles. Beethoven est l’intermède entre une vieille âme usée qui s’effrite, et une âme plus
2748 s que jeune, à venir, qui surgit ; sur sa musique est épandue la lueur crépusculaire d’une éternelle déception, et d’une ét
2749 tous ces sentiments pâlissent vite, comme il nous est difficile déjà de les comprendre, comme elle est lointaine et étrange
2750 est difficile déjà de les comprendre, comme elle est lointaine et étrange la langue des Rousseau, des Schiller, des Shelle
2751 e de l’Europe qui chantait en Beethoven ! Puis ce fut , dans la musique allemande, le tour du romantisme : mouvement histori
2752 core, plus fuyant et plus superficiel que n’avait été le grand entracte, le passage de Rousseau à Napoléon et à la démocrat
2753 Napoléon et à la démocratie montante. […] Schuman était déjà, en musique, un fait purement allemand, et n’était plus ce qu’av
2754 déjà, en musique, un fait purement allemand, et n’ était plus ce qu’avait été Beethoven, ce qu’avait été Mozart à un plus haut
2755 it purement allemand, et n’était plus ce qu’avait été Beethoven, ce qu’avait été Mozart à un plus haut degré, un phénomène
2756 était plus ce qu’avait été Beethoven, ce qu’avait été Mozart à un plus haut degré, un phénomène européen ; — et avec lui la
2757 allemande courait cet immense risque de cesser d’ être la voix par où s’énonce l’âme de l’Europe et de tomber au rang médioc
2758 ne chose purement nationale.255 Le nationalisme est issu du romantisme, par une fatalité à laquelle les plus grands homme
2759 oupçonner à quel point leur politique de désunion est fatalement une simple politique d’entracte, — grâce à tout cela, et à
2760 à venir ; s’ils appartinrent à une patrie, ce ne fut jamais que par les régions superficielles de leur intelligence, ou au
2761 ur suite Richard Wagner.256 Avec le romantisme est né le sens historique, qui domine la pensée européenne du siècle. La
2762 cle. La position de Nietzsche devant l’historisme est nécessairement ambiguë, car sa vision de l’Europe est historique, mai
2763 nécessairement ambiguë, car sa vision de l’Europe est historique, mais ses jugements de valeur se veulent de plus en plus i
2764 ropéens revendiquons comme notre spécialité, nous est venu à la suite de l’ensorcelante et folle demi-barbarie où l’Europe
2765 ensorcelante et folle demi-barbarie où l’Europe a été précipitée par le mélange démocratique des rangs et des races. Le xix
2766 ocratique des rangs et des races. Le xixe siècle est le premier qui connaisse ce sens devenu son sixième sens. Toutes les
2767 ncts se dispersent maintenant de tous côtés, nous sommes nous-mêmes une sorte de chaos ; enfin « l’esprit », je le répète, fin
2768 esure où la part la plus importante de la culture fut jusqu’à présent une demi-barbarie, le « sens historique » signifie pr
2769 torique », nous avons comme tels nos vertus, ce n’ est pas contestable. Nous sommes sans prétentions, désintéressés, modeste
2770 e tels nos vertus, ce n’est pas contestable. Nous sommes sans prétentions, désintéressés, modestes, endurants, pleinement capa
2771 , pour nous autres hommes du « sens historique », est le plus difficile à saisir, à sentir, à goûter, à aimer, ce qui, au f
2772 pparaît sur toute chose achevée.257 Si l’Europe est plus loin que jamais de concevoir et d’assurer ce plus haut idéal d’e
2773 calement les rangs et, par conséquent, les races, est , par cela même, sceptique du haut en bas de l’échelle, tantôt animée
2774 e pure, indépendante de la volonté », tout cela n’ est que du scepticisme fardé, la paralysie de la volonté qui se déguise.
2775 maladie européenne. — La maladie de la volonté s’ est propagée à travers l’Europe d’une façon inégale ; elle sévit avec le
2776 spects les plus variés partout où la civilisation est depuis le plus longtemps acclimatée ; elle tend à disparaître dans la
2777 nce, c’est dans la France contemporaine, comme il est facile de le montrer et de le démontrer, que la volonté est le plus m
2778 de le montrer et de le démontrer, que la volonté est le plus malade ; et la France qui a toujours possédé une habileté sou
2779 la force de vouloir longtemps dans un même sens, est déjà un peu plus accentuée en Allemagne, davantage dans l’Allemagne d
2780 a dureté des crânes — sans parler de l’Italie qui est trop jeune pour savoir encore ce qu’elle veut, et qui devra d’ailleur
2781 ’abord ce qu’elle peut vouloir. — Mais la volonté est la plus forte et la plus étonnante dans ce prodigieux empire du milie
2782 Asie — en Russie. C’est là que la volonté latente est depuis longtemps comprimée et accumulée, là que la volonté — on ne sa
2783 accumulée, là que la volonté — on ne sait si elle sera affirmative ou négative — attend d’une façon menaçante le moment où e
2784  — attend d’une façon menaçante le moment où elle sera déclenchée, pour emprunter leur mot favori aux physiciens d’aujourd’h
2785 eur mot favori aux physiciens d’aujourd’hui. Ce n’ est pas à la guerre avec l’Inde, ni aux complications en Asie que l’Europ
2786 ou démocratiques. Le temps de la petite politique est passé ; déjà le siècle qui s’annonce fait prévoir la lutte pour la so
2787 ssée vers la grande politique.258 Mais l’Europe sera-t -elle capable de mener cette « grande politique » à l’échelle mondiale
2788 » (en pensant aux tensions fécondes dont l’Europe est le théâtre dramatique) : Mais la lutte contre Platon, ou, plutôt, po
2789 puis des milliers d’années — car le christianisme est du platonisme à l’usage du « peuple » — cette lutte a créé en Europe
2790 sur terre : et avec un arc si fortement tendu il est possible, dès lors, de tirer sur les cibles les plus lointaines. Il e
2791 , de tirer sur les cibles les plus lointaines. Il est vrai que l’homme d’Europe souffre de cette tension et, par deux fois,
2792 fit de vastes tentatives pour détendre l’arc ; ce fut d’abord par le jésuitisme et ensuite par le rationalisme démocratique
2793 sidérer comme un « péril » Mais nous, nous qui ne sommes ni jésuites, ni démocrates, ni même assez Allemands, nous autres bons
2794 énumère dans ses notes inédites des années 1880, sont clairement irréalisables, et il le sent bien : le pessimisme, ce « ma
2795 considéré comme « Siècle du nationalisme » : tel est le titre d’un article qu’il publia le 31 décembre 1899 dans le Svensk
2796 e Stockholm : Le siècle qui se termine ce soir a été le témoin de bien des efforts et de bien des illusions dans la vie de
2797 es. Savoir laquelle de ses innombrables tendances fut la plus importante, c’est peut-être une question de goût. Pour ma par
2798 je voudrais méditer sur l’une des forces qui ont été à la fois les plus créatrices et les plus dissolvantes des communauté
2799 es nationalités ayant pris forme d’État souverain est aussi contraire à l’Histoire et étrangère à la réalité, que l’État mo
2800 uoi certains tendent […]. La haine de tout ce qui est étranger, entretenue au nom du patriotisme, est proche parente de la
2801 i est étranger, entretenue au nom du patriotisme, est proche parente de la passion de persécuter les hérétiques ; elle tran
2802 la raison. Du même coup, le nationalisme cesse d’ être un facteur de développement culturel et devient superstition. Dans qu
2803 stiblement vers de nouvelles catastrophes, qui ne seront pas de moindre envergure que la guerre de Trente Ans ou la Révolution
2804 ant criminel, le témoin le plus cynique et lucide fut Georges Sorel (1857-1922). Ses Réflexions sur la Violence passent pou
2805 ni. (Ce dernier n’aurait-il pas dit : « Ce que je suis , je le dois à Sorel. » ?) Pourtant Sorel ne voulait être qu’un « théo
2806 e le dois à Sorel. » ?) Pourtant Sorel ne voulait être qu’un « théoricien désintéressé ». Plus européen, sans doute, qu’aucu
2807 re Guerre mondiale262 : Octobre 1908. — L’Europe est , par excellence, la terre des cataclysmes guerriers. Les pacifistes s
2808 a terre des cataclysmes guerriers. Les pacifistes sont ou des imbéciles qui ignorent des lois élémentaires, ou des malins qu
2809 de dire ou d’écrire que l’état de paix en Europe est un état anormal. Pourquoi l’Europe est-elle par excellence la terre d
2810 en Europe est un état anormal. Pourquoi l’Europe est -elle par excellence la terre des cataclysmes guerriers ? Parce qu’ell
2811 a terre des cataclysmes guerriers ? Parce qu’elle est habitée par une quantité de races qui sont singulièrement opposées le
2812 qu’elle est habitée par une quantité de races qui sont singulièrement opposées les unes aux autres, et dans leurs intérêts i
2813 une raison pour cela. Des composés chimiques, qui sont séparément amorphes, provoquent le feu s’ils sont amalgamés dans un r
2814 sont séparément amorphes, provoquent le feu s’ils sont amalgamés dans un récipient. L’Europe est un récipient rempli de cett
2815 s’ils sont amalgamés dans un récipient. L’Europe est un récipient rempli de cette sorte de composés chimiques. Ça met le f
2816 rti ! 18 décembre 1912. — L’Europe, ce cimetière, est peuplée par des peuples qui chantent avant d’aller s’entretuer. Les F
2817 ientôt. Sorel, désespérant de « cette Europe qui est la terre-type du malheur de l’humanité », et réinventant le mot d’Iva
2818 ’Ivan Karamazov sur le « cimetière européen263 », fut sans doute l’observateur le plus pessimiste de la fatalité nationalis
2819 ondial de l’Europe des nations. Cette catastrophe fut déclenchée dans l’allégresse de nationalismes pimpants, « fleur au fu
2820 ni les peuples ne savaient au juste pourquoi ils tenaient tant à se faire la guerre, ni ce qu’ils y cherchaient. Ni les uns ni
2821 e continent, ni le miracle plus fragile encore qu’ était sa chance dans le monde. Cette Europe, la leur, devenue mère ou tutri
2822 ventions, détentrice des plus hauts secrets, leur était moins précieuse qu’un drapeau, qu’un chant national, qu’un dialecte,
2823 mains avait lancé un pamphlet : Pour que l’Europe soit , dont l’écho fut vite étouffé par les clameurs du chauvinisme célébra
2824 un pamphlet : Pour que l’Europe soit, dont l’écho fut vite étouffé par les clameurs du chauvinisme célébrant sa fête sacrée
2825 isme célébrant sa fête sacrée. Même sort ou pire, fut réservé aux appels d’un Romain Rolland qui, dès septembre 1914, en pu
2826 et contre la civilisation, où les peuples avaient été conduits par la politique de leurs gouvernements et la faillite des p
2827 auss », 15 sept. 1871, ibid. 247. E. Renan, « Qu’ est -ce qu’une nation ? » Conférence faite en Sorbonne, le 11 mars 1882, R
2828 nouvelle synthèse : l’Européen de l’avenir. Ce ne fut qu’une fois devenus vieux, ou aux heures de faiblesse, qu’ils retombè
24 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Sixième Partie. L’Europe en question : de Spengler à Ortega — 1. « Tout s’est senti périr »
2829 1.« Tout s’ est senti périr » Provoqué par un court-circuit entre tensions national
2830 ccumulées depuis un siècle, l’incendie de 1914 ne fut éteint, provisoirement, qu’avec l’aide des Américains et de forts con
2831 que le nationalisme, cause de nos ruines, devait être enfin surmonté, mais à l’échelle de l’arbitrage mondial, c’est-à-dire
2832 ationalisme scolaire. Le problème des colonies ne fut pas posé : elles ne se révoltaient pas encore. On se borna donc à les
2833 qui les avaient créés. Fort au-dessous de ceux-ci étaient ceux qui disposaient d’elle. Ils étaient nourris du passé ; ils n’ont
2834 ceux-ci étaient ceux qui disposaient d’elle. Ils étaient nourris du passé ; ils n’ont su faire que du passé. Ses querelles de
2835 à l’Europe cette immense occasion dont elle ne s’ est même pas douté en temps utile qu’elle existât. Napoléon semble être l
2836 é en temps utile qu’elle existât. Napoléon semble être le seul qui ait pressenti ce qui devait se produire et ce qui pourrai
2837 treprendre. Mais il venait trop tôt ; les temps n’ étaient pas mûrs, ses moyens étaient loin des nôtres. On s’est remis après lu
2838 op tôt ; les temps n’étaient pas mûrs, ses moyens étaient loin des nôtres. On s’est remis après lui à considérer les hectares d
2839 as mûrs, ses moyens étaient loin des nôtres. On s’ est remis après lui à considérer les hectares du voisin et à raisonner su
2840 e le grand rôle que les Romains surent prendre et tenir pendant des siècles dans le monde.266 Mais dans le même temps, quel
2841 l’évolution de l’histoire. Le premier d’entre eux fut Spengler. Il est remarquable que le titre du grand ouvrage d’Oswald S
2842 histoire. Le premier d’entre eux fut Spengler. Il est remarquable que le titre du grand ouvrage d’Oswald Spengler (1880-193
2843 grand ouvrage d’Oswald Spengler (1880-1936), ait été trouvé par l’auteur dès 1912 : Le Déclin de l’Occident. Le sentiment
2844 souvent ne l’a pas lu, mais qui sait que Spengler est célèbre et qu’il prévoit notre déclin. Qu’en est-il, en réalité, de c
2845 est célèbre et qu’il prévoit notre déclin. Qu’en est -il, en réalité, de ce livre qui a fait époque ? Par son recours effer
2846 tinue Hegel et préfigure Toynbee. Son grand livre est en somme une utopie fondée sur le passé et le présent. Ses exemples s
2847 e fondée sur le passé et le présent. Ses exemples sont contestables, surtout quand il les tire d’une actualité que nous voyo
2848 a peinture de plein air — alors « moderne » — « n’ est pas faite pour le peuple » ; or c’est elle justement que le « peuple 
2849 ’est elle justement que le « peuple » aujourd’hui tient pour la vraie peinture et oppose à l’art abstrait.) D’une entreprise
2850 ifier » ses thèses par des exemples prestigieux —  soit que chacun les connaisse, ou que l’auteur soit le premier à les signa
2851 — soit que chacun les connaisse, ou que l’auteur soit le premier à les signaler — retenons un style de pensée qui a fait éc
2852 es instinctives et de la volonté de puissance ont été réalisées par Hitler beaucoup plus tôt qu’il ne le pensait, et c’est
2853 ture occidentale au xxe siècle. Ses deux maîtres sont Goethe et Nietzsche. Au premier, il emprunte (abusivement peut-être)
2854 héorie organiciste de la culture : chaque culture serait comparable à une plante, à un animal, et donc destinée à mourir après
2855 ourne ainsi à l’état psychique primaire. Mais son être vivant, cette succession de grandes époques qui marquent à grands tra
2856 nds traits précis son accomplissement progressif, est une lutte très intime et passionnée pour la conquête de l’idée sur le
2857 s du chaos et sur l’instinct où ces puissances se sont réfugiées avec leur rancune. Ce n’est pas seulement l’artiste qui lut
2858 ssances se sont réfugiées avec leur rancune. Ce n’ est pas seulement l’artiste qui lutte contre la résistance de la matière
2859 t, par lequel elle veut se réaliser. Quand le but est atteint et l’idée achevée, quand la quantité totale des possibilités
2860 la quantité totale des possibilités intérieures s’ est réalisée au-dehors, la culture se fige brusquement, elle meurt, son s
2861 s de ton étroite liberté : Une puissance ne peut être détruite que par une autre, non par un principe, et il n’y en a point
2862 y en a point d’autre contre l’argent. L’argent ne sera dominé que par le sang et supprimé par lui. Dans l’histoire, ce dont
2863 primé par lui. Dans l’histoire, ce dont il s’agit est la vie, toujours et uniquement la vie, la race, la victoire de la vol
2864 inventions ou de l’argent. L’histoire universelle est le tribunal universel : elle a toujours donné à la vie plus forte, pl
2865 ’elle-même, le droit à l’existence, dût-il ne pas être un droit pour l’être éveillé ; et elle a toujours sacrifié la vérité
2866 à l’existence, dût-il ne pas être un droit pour l’ être éveillé ; et elle a toujours sacrifié la vérité et la justice à la pu
2867 core par les faits élémentaux du sang éternel qui est , avec le flot cosmique en éternelle circulation, une seule et même ch
2868 e devoir — hors desquels la vie n’a pas de sens — est par là même tracée dans un cercle étroitement circonscrit. Nous n’avo
2869 mondiale et terminé en 1917, le livre de Spengler fut en réalité un ouvrage d’anticipation : il révélait les causes des cat
2870 u’on vient de vivre, — et l’on pressent qu’elle n’ est encore qu’au premier Acte. … Paul Valéry (1871-1945), en quelques pag
2871 s, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers
2872 s. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevi
2873 e l’histoire, les fantômes d’immenses navires qui furent chargés de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Ma
2874 as les compter. Mais ces naufrages, après tout, n’ étaient pas notre affaire. Elam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagu
2875 taient pas notre affaire. Elam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi pe
2876 istence même. Mais France, Angleterre, Russie… ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons
2877 ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est
2878 nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la
2879 de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plus du tout inconcevables : elles sont dans les journaux. … Ainsi la
2880 nandre ne sont plus du tout inconcevables : elles sont dans les journaux. … Ainsi la Persépolis spirituelle n’est pas moins
2881 les journaux. … Ainsi la Persépolis spirituelle n’ est pas moins ravagée que la Suse matérielle. Tout ne s’est pas perdu, ma
2882 s moins ravagée que la Suse matérielle. Tout ne s’ est pas perdu, mais tout s’est senti périr. Un frisson extraordinaire a c
2883 matérielle. Tout ne s’est pas perdu, mais tout s’ est senti périr. Un frisson extraordinaire a couru la moelle de l’Europe.
2884 . Alors, comme pour une défense désespérée de son être et de son avoir physiologiques, toute sa mémoire lui est revenue conf
2885 de son avoir physiologiques, toute sa mémoire lui est revenue confusément. Ses grands hommes et ses grands livres lui sont
2886 ément. Ses grands hommes et ses grands livres lui sont remontés pêle-mêle. Jamais on n’a tant lu, ni si passionnément que pe
2887 uropéen regarde des millions de spectres. Mais il est un Hamlet intellectuel. Il médite sur la vie et la mort des vérités.
2888 pour remords tous les titres de notre gloire ; il est accablé sous le poids des découvertes, des connaissances, incapable d
2889 ’est un crâne illustre. — Whose was it ? Celui-ci fut Lionardo. Il inventa l’homme volant, mais l’homme volant n’a pas préc
2890 aleur, sur le pavé des villes… Et cet autre crâne est celui de Leibniz qui rêva de la paix universelle. Et celui-ci fut Kan
2891 bniz qui rêva de la paix universelle. Et celui-ci fut Kant, Kant qui genuit Hegel, qui genuit Marx, qui genuit… Hamlet ne s
2892 ânes. Mais s’il les abandonne !… Va-t-il cesser d’ être lui-même ? Son esprit affreusement clairvoyant contemple le passage d
2893 ple le passage de la guerre à la paix. Ce passage est plus obscur, plus dangereux que le passage de la paix à la guerre ; t
2894 sage de la paix à la guerre ; tous les peuples en sont troublés. « Et moi, se dit-il, moi l’intellect européen, que vais-je
2895 l’intellect européen, que vais-je devenir ? Et qu’ est -ce que la paix ? La paix est, peut-être, l’état de choses dans lequel
2896 s-je devenir ? Et qu’est-ce que la paix ? La paix est , peut-être, l’état de choses dans lequel l’hostilité naturelle des ho
2897 ice, et de la lutte des productions. Mais Moi, ne suis -je pas fatigué de produire ? N’ai-je pas épuisé le désir des tentativ
2898 e maintenant un grand journal ? comme Laertes qui est quelque part dans l’aviation ? comme Rosenkrantz, qui fait je ne sais
2899 rspectives. À Bologne, quelqu’un m’a dit : « Vous êtes un Européen. » Tandis que ma voiture gravissait le Saint-Gothard, je
2900 issait le Saint-Gothard, je réfléchissais à ce qu’ est un Européen. En êtes-vous un ? Avez-vous le courage d’être aujourd’hu
2901 ard, je réfléchissais à ce qu’est un Européen. En êtes -vous un ? Avez-vous le courage d’être aujourd’hui encore — ou de nouv
2902 uropéen. En êtes-vous un ? Avez-vous le courage d’ être aujourd’hui encore — ou de nouveau — un Européen ? N’est-ce pas là un
2903 ourd’hui encore — ou de nouveau — un Européen ? N’ est -ce pas là un état qui, partout et toujours, relève du passé ? N’était
2904 tat qui, partout et toujours, relève du passé ? N’ était -ce pas l’espoir de la chrétienté de jadis ? Car l’humanisme, l’hérita
2905 l’humanisme, l’héritage des Grecs, ont-ils jamais été plus qu’une atmosphère morale, une atmosphère qui ne contraint ni ne
2906 atmosphère qui ne contraint ni ne lie ? Peut-être êtes -vous le dernier véritable Européen. Oui, il aurait pu y avoir une Eur
2907 élevés à l’école du « mais-aussi-en-outre ». Tout est interprété, analysé, résolu, même le danger. Dans toutes les parties
2908 les parties de la monarchie, vos compatriotes ont été gagnés par le nationalisme ; cela avait déjà commencé sous Joseph II.
2909 directement dirigés contre l’Allemagne ; et ce ne sont certes pas les intellectuels autrichiens, ces opportunistes dénués de
2910 sme. Gotthelf, Keller, Meyer, Jacob Burckhardt se sont appliqués à montrer aux Suisses alémaniques qu’ils sont Allemands de
2911 ppliqués à montrer aux Suisses alémaniques qu’ils sont Allemands de par leur nature, mais non politiquement. Mais ils se son
2912 leur nature, mais non politiquement. Mais ils se sont déjà détournés de l’Allemagne des années 48, et n’ont plus rien voulu
2913 christianisme s’amalgament en un tardif alliage, fut ce citoyen des villes libres, Goethe. Précisément parce qu’il est si
2914 es villes libres, Goethe. Précisément parce qu’il est si réceptif au monde, il est Allemand en un sens qui n’a plus cours.
2915 cisément parce qu’il est si réceptif au monde, il est Allemand en un sens qui n’a plus cours. En lui le sanctum Imperium ré
2916 lui le sanctum Imperium réduit à l’état d’ombre, est devenu une réalité. Quant au message de Herder, c’est précisément con
2917 a majorité du peuple allemand, née de la défaite, est en révolte. On ne peut qu’attendre, et si possible durer plus longtem
2918 e de plus en plus les esprits autour de lui, tout est toujours simultané, les grandes pensées et les grandes chimères… Peut
2919 vraiment un concert magnifique. Et avec cela nous sommes depuis longtemps dans la situation des Grecs après les premières vict
2920 core une guerre européenne fratricide, et l’on en sera au point où nous ne pourrons plus que contaminer le reste du monde av
2921 ue contaminer le reste du monde avec nos miasmes. Sont -ils donc si peu nombreux, les gens capables de lire l’inscription sur
2922 mort de la mélodie profondément européenne ? Il n’ est pas de retour en arrière possible, rien n’est jamais récupéré de ce q
2923 l n’est pas de retour en arrière possible, rien n’ est jamais récupéré de ce qui fut perdu ; mais qui demeurera fidèle et su
2924 re possible, rien n’est jamais récupéré de ce qui fut perdu ; mais qui demeurera fidèle et supportera de rester seul, ressu
2925 de toutes les Renaissances… Mais les uns veulent être fidèles à l’humanisme libéral, tandis que les autres y voient la sour
2926 atal. Ce dont nous aurions besoin aujourd’hui, ce serait un humanisme militant, un humanisme qui affirmerait sa virilité et qu
2927 , un humanisme qui affirmerait sa virilité et qui serait convaincu que le principe de la liberté, de la tolérance et du libre
2928 ans vergogne de ses ennemis. L’humanisme européen est -il devenu incapable d’une résurrection qui rendrait à ses principes l
2929 it à ses principes leur valeur de combat ? S’il n’ est pas plus capable de prendre conscience de lui-même, de se préparer à
2930 rs il périra et avec lui l’Europe, dont le nom ne sera plus qu’une expression purement géographique et historique. Et il ne
2931 pagnol « suressentiel et quichottesque » que veut être Miguel de Unamuno (1864-1936). Voici en quelques phrases son argument
2932 e que l’on demande pour notre pays. Ces deux mots sont européen et moderne. « Nous devons être européens », « nous devons êt
2933 deux mots sont européen et moderne. « Nous devons être européens », « nous devons être modernes », « il faut se moderniser »
2934 ne. « Nous devons être européens », « nous devons être modernes », « il faut se moderniser », « il faut marcher avec le sièc
2935 vec le siècle », il « faut s’européaniser », tels sont ces lieux communs… Je ne veux d’autre méthode que celle de la passion
2936 ils veulent. Nous autres Espagnols, dit-on, nous sommes des charlatans fantaisistes, qui farcissons de rhétorique les vides d
2937 es, de paradoxes et de subtilités. Saint Augustin fut un gongoriste et conceptiste en même temps. Ce qui me fait croire que
2938 e fait croire que le conceptisme et le gongorisme sont les formes les plus naturelles de la passion et de la véhémence. Le g
2939 aut autant qu’elle, pour le moins. Saint Augustin est Africain et ancien ; Tertullien aussi. Et pourquoi ne dirions-nous pa
2940 ne et, seul avec ma conscience, je me demande : «  Suis -je Européen ? suis-je moderne ? » Et ma conscience me répond : « Non,
2941 conscience, je me demande : « Suis-je Européen ? suis -je moderne ? » Et ma conscience me répond : « Non, tu n’es pas Europé
2942 erne ? » Et ma conscience me répond : « Non, tu n’ es pas Européen, ce qui s’appelle Européen ; non tu n’es pas moderne, ce
2943 as Européen, ce qui s’appelle Européen ; non tu n’ es pas moderne, ce qui s’appelle moderne. » Et je continue : « Et ce fai
2944 y a deux choses dont on parle très souvent, et ce sont la science et la vie. Et l’une et l’autre, je dois avouer, me sont an
2945 t la vie. Et l’une et l’autre, je dois avouer, me sont antipathiques. … L’unique moyen d’entrer en relation vivante avec un
2946 moyen d’entrer en relation vivante avec un autre est le moyen de l’agression ; seuls arrivent à une vraie compénétration,
2947 juguer spirituellement les uns les autres, que ce soient des individus ou que ce soient des peuples. Quand je tente de mettre
2948 les autres, que ce soient des individus ou que ce soient des peuples. Quand je tente de mettre mon esprit dans l’esprit de mon
2949 esprit de ce prochain. La bénédiction de l’apôtre est qu’il reçoit en soi les âmes de tous ceux qu’il évangélise : c’est la
2950 i la profonde conviction, pour arbitraire qu’elle soit (d’autant plus profonde que plus arbitraire, car c’est ainsi pour les
2951 spirituel de l’Europe, de lui faire avaler ce qui est nôtre, essentiellement nôtre, en échange de ce qui est sien, quand no
2952 ôtre, essentiellement nôtre, en échange de ce qui est sien, quand nous aurons essayé d’espagnoliser l’Europe.272 Ce n’est
2953 aurons essayé d’espagnoliser l’Europe.272 Ce n’ est pas un nationaliste qui parle ici. C’est un homme qui « a désir et be
2954 culture et la civilisation de la chrétienté — qui fut désignée pendant des siècles par le terme général d’Europe — ont été
2955 t des siècles par le terme général d’Europe — ont été faites par l’Église catholique, rassemblant les traditions sociales d
2956 nouvelle : le mahométisme. À tous les périls, il tint tête, bien que dépouillé de vastes territoires ; il se releva, une fo
2957 ècles, mais surtout au xiiie siècle : alors nous fûmes vraiment nous-mêmes et jamais notre civilisation ne fut mieux assurée
2958 aiment nous-mêmes et jamais notre civilisation ne fut mieux assurée. Mais pour des causes variées (dont la principale fut p
2959 Mais pour des causes variées (dont la principale fut peut-être le vieillissement) cette grande période montra, dès le débu
2960 nt durant le xve siècle. La Foi dont nous vivons fut de plus en plus mise en doute, et l’autorité morale dont tout dépenda
2961 tout dépendait, contestée. La société chrétienne fut soumise de la sorte à une tension, prolongée, qui la menaçait de disr
2962 et le principe vital dont sa vie dépendait ayant été affaibli et dénaturé, notre culture devint une maison divisée contre
2963 triment de la saisie des vérités spirituelles. Ce fut l’inverse de ce qui s’était produit au début de notre civilisation :
2964 érités spirituelles. Ce fut l’inverse de ce qui s’ était produit au début de notre civilisation : alors, notre religion avait
2965 avel, ont confiance, elles, en leur principe, qui est la force et la ruse, et elles risquent tout là-dessus. L’épreuve hist
2966 ue continuera jusqu’à ce que la racine du mal ait été découverte, et du même coup le principe — enfin dégagé dans sa vraie
2967 e. Si les démocraties occidentales ne doivent pas être emportées, et une nuit de plusieurs siècles s’étendre sur la civilisa
2968 écouvrent dans sa pureté leur principe vital, qui est la justice, la justice et l’amour, et dont la source est divine, c’es
2969 justice, la justice et l’amour, et dont la source est divine, c’est à condition qu’elles reconstruisent leur philosophie po
2970 en retrouvant Dieu. Au crépuscule du soir où nous sommes , quelques signes donnent à penser que se mêlent déjà les lueurs incer
2971 leur de la personne humaine. L’Europe, cependant, est -il trop tard pour l’Europe ? Avec l’Europe d’aujourd’hui, qui oserait
2972 d’une nouvelle chrétienté ? — D’abord l’Europe n’ est pas isolée, ce n’est pas pour l’Europe, c’est pour le monde entier qu
2973 ienté ? — D’abord l’Europe n’est pas isolée, ce n’ est pas pour l’Europe, c’est pour le monde entier que le problème de la c
2974 aintenant. D’autre part l’important pour chacun n’ est pas de savoir ce que fera l’univers, mais ce qu’il a à faire, lui. Le
2975 e par l’intimidation et la contrainte. Ces moyens sont en définitive, à l’égard de l’adhésion interne des cœurs, d’une effic
2976 des cœurs, d’une efficacité douteuse. La question est de savoir si les peuples des pays encore libres sont capables d’attei
2977 t de savoir si les peuples des pays encore libres sont capables d’atteindre par les voies de la liberté et de l’esprit une s
2978 ai de cette époque : « L’importance pour chacun n’ est pas de savoir ce que fera l’univers, mais de savoir ce qu’il fera, lu
2979 et H. G. Wells) la notion même de prévision doit être sérieusement revue. Karl Jaspers, dans un des ouvrages les plus marqu
2980 eurs de l’hitlérisme. Avant de proclamer que tout est perdu, rétablissons les proportions de notre drame dans la relativité
2981 terre, les six-mille ans de la tradition humaine sont comme les premières secondes d’une nouvelle période de transformation
2982 la planète. Comparée aux milliers d’années qui se sont écoulées, d’après les découvertes paléontologiques, depuis l’appariti
2983 is l’apparition de l’homme, la période historique est comme une première ébauche des possibilités qui se sont ouvertes à l’
2984 omme une première ébauche des possibilités qui se sont ouvertes à l’homme, depuis que, ayant surmonté l’inertie d’une pure r
2985 nt surmonté l’inertie d’une pure répétition, il s’ est mis en mouvement. Six-mille ans, il est vrai, constituent par rapport
2986 ion, il s’est mis en mouvement. Six-mille ans, il est vrai, constituent par rapport à notre existence très limitée une péri
2987 il y a deux-mille ans — que la fin de l’histoire est proche : il semble que les meilleures époques sont déjà révolues. Mai
2988 est proche : il semble que les meilleures époques sont déjà révolues. Mais à considérer l’histoire de la terre, nous prenons
2989 ous prenons conscience de ce que notre entreprise est encore très limitée et de ce que notre situation n’est que celle d’un
2990 ncore très limitée et de ce que notre situation n’ est que celle d’un premier commencement ; tout se trouve encore en avant
2991 nalement nous demander si l’histoire tout entière est autre chose qu’un épisode passager de l’histoire de la terre ; l’homm
2992 évolution géologique de durée indéterminée. Tout est possible, devant nous : l’épuisement de nos ressources énergétiques,
2993 e ère de développement ininterrompu. Certes, nous sommes frappés par les signes négatifs, et nous croyons pouvoir en déduire u
2994 mmons-nous pas lentement une substance qui nous a été léguée par le passé ? La décadence de l’art, de la poésie, de la phil
2995 dence de l’art, de la poésie, de la philosophie n’ est -elle pas le symptôme d’un proche épuisement de cette substance ? La d
2996 re superficiel de leurs distractions, tout cela n’ est -il pas une preuve de ce que cette substance est déjà presque consommé
2997 n’est-il pas une preuve de ce que cette substance est déjà presque consommée ? Sans doute savons-nous encore quel est l’enj
2998 ue consommée ? Sans doute savons-nous encore quel est l’enjeu de la perte que nous éprouvons au moment même où nous la subi
2999 venir les hommes ne le saurons même plus, car ils seront devenus incapables de le comprendre. De pareilles questions et toutes
3000 es, ou à partir de nos doctrines militantes, peut être une démission de l’esprit mais peut être aussi, et doit être, une déc
3001 es, peut être une démission de l’esprit mais peut être aussi, et doit être, une décision existentielle : … Cette prévision
3002 mission de l’esprit mais peut être aussi, et doit être , une décision existentielle : … Cette prévision descriptive de la t
3003 ve… … Plus le terme sur lequel porte la prévision est rapproché, plus elle est efficace, puisqu’elle incite à l’action ; pl
3004 equel porte la prévision est rapproché, plus elle est efficace, puisqu’elle incite à l’action ; plus son terme est éloigné,
3005 e, puisqu’elle incite à l’action ; plus son terme est éloigné, plus elle est vaine, puisqu’elle ne peut plus conduire à l’a
3006 l’action ; plus son terme est éloigné, plus elle est vaine, puisqu’elle ne peut plus conduire à l’action. La prévision est
3007 le ne peut plus conduire à l’action. La prévision est une vision prospective par laquelle l’homme qui veut agir réfléchit s
3008 st d’après cela qu’il s’oriente. … La prévision n’ est jamais un pur savoir mais elle est déjà, en même temps, en tant que s
3009 La prévision n’est jamais un pur savoir mais elle est déjà, en même temps, en tant que savoir, facteur du devenir réel.
25 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Sixième Partie. L’Europe en question : de Spengler à Ortega — 2. Crépuscule ou nouvelle aurore ?
3010 le aurore ? Les diagnostics qu’on vient de lire sont tous sévères, mais on a pu remarquer que, de Spengler à Maritain, une
3011 tre les deux guerres, et qui nient nos fatalités, sont dans ce sens autant de signes d’une vitalité neuve, d’un renouvelleme
3012 que comme au cadre naturel de leur action. Qu’en est -il de l’Europe elle-même, considérée comme unité, et face au Monde du
3013 , l’autre au lendemain de la Deuxième Guerre — ne serait -il pas le signe avant-coureur d’une renaissance ? José Ortega y Gass
3014 des Masses, traite un problème majeur — et qu’il est le seul alors, le premier en tout cas, à distinguer aussi clairement 
3015 qu’ils en aient l’évidence, mais parce qu’ils se sont habitués à prendre ce fait pour certain, bien que, sincèrement, ils n
3016 sincèrement, ils ne se souviennent pas d’en avoir été convaincus résolument, à aucune date déterminée. … Le spectacle frivo
3017 tacle frivole que nous présentent les petits pays est déplorable. Pour la seule raison que l’Europe — d’après ce que l’on d
3018 e raison que l’Europe — d’après ce que l’on dit — est en décadence, et, par conséquent, ne s’occupe plus de commander, chaq
3019 onalismes » que l’on nous offre de tous côtés… Il est vraiment comique de contempler telle ou telle petite république qui,
3020 ontré l’efficacité et la fertilité. Ces normes ne sont pas les meilleures — il s’en faut de beaucoup, certes — mais elles so
3021 s — il s’en faut de beaucoup, certes — mais elles sont , sans aucun doute, définitives tant qu’il n’en existe pas d’autres, o
3022 tres. Aujourd’hui les peuples-masse ont résolu de tenir pour caduc ce système de normes qu’est la civilisation. Mais comme il
3023 ésolu de tenir pour caduc ce système de normes qu’ est la civilisation. Mais comme ils sont incapables d’en créer un autre,
3024 de normes qu’est la civilisation. Mais comme ils sont incapables d’en créer un autre, ils ne savent que faire, et pour pass
3025 ser le temps, ils se livrent à la cabriole. Telle est la première conséquence qui survient lorsque dans le monde quelqu’un
3026 , mais le bruit court qu’on va les supprimer. » N’ est -ce point là la situation présente du monde ? Le bruit se répand que d
3027 r dans leurs gonds, réduire leur extravagance qui est généralement vacance, fainéantise, vacuité de la vie, désolation. Il
3028 e cessât de commander, s’il y avait quelqu’un qui fût capable de la remplacer. Mais nous ne voyons pas même l’ombre d’un re
3029 me l’ombre d’un remplaçant. New York et Moscou ne sont rien de nouveau par rapport à l’Europe. Elles ne sont l’une et l’autr
3030 rien de nouveau par rapport à l’Europe. Elles ne sont l’une et l’autre que deux parcelles du commandement européen, qui en
3031 écadence et ceux de l’histoire byzantine. Telles seraient les raisons de notre décadence. Mais voici les formules de notre rena
3032 e : … Les Européens ne savent pas vivre s’ils ne sont engagés dans une grande entreprise qui les unit. Quand elle leur fait
3033 nos yeux. Les cercles qui, jusqu’à nos jours, se sont appelés nations, parvinrent, il y a un siècle ou à peu près, à leur p
3034 sion. On ne peut plus rien faire avec eux si ce n’ est les dépasser. Ils ne sont plus qu’un passé, qui s’accumule autour et
3035 n faire avec eux si ce n’est les dépasser. Ils ne sont plus qu’un passé, qui s’accumule autour et au-dessous de l’Européen,
3036 té vitale que jamais, nous sentons tous que l’air est irrespirable à l’intérieur de chaque peuple, parce que c’est un air c
3037 parce que c’est un air confiné. Chaque nation qui était autrefois la grande atmosphère ouverte, est devenue une province, un
3038 qui était autrefois la grande atmosphère ouverte, est devenue une province, un « intérieur ». Dans la super-nation européen
3039 rmanence active de cette pluralité qui a toujours été la vie de l’Occident. Tout le monde perçoit l’urgence d’un nouveau pr
3040 et artificielle de ce principe qui, précisément, est depuis longtemps caduc. Tel est le sens de l’irruption des « national
3041 qui, précisément, est depuis longtemps caduc. Tel est le sens de l’irruption des « nationalismes » de ces dernières années.
3042 s. Et je ne cesse de le redire : il en a toujours été ainsi. C’est la dernière flamme qui est la plus longue ; le dernier s
3043 toujours été ainsi. C’est la dernière flamme qui est la plus longue ; le dernier soupir qui est le plus profond. À la veil
3044 me qui est la plus longue ; le dernier soupir qui est le plus profond. À la veille de disparaître, les frontières deviennen
3045 ontières économiques. Mais tous ces nationalismes sont des impasses ; qu’on essaie de les projeter vers le futur et l’on res
3046 up. Ils n’offrent aucune issue… Le nationalisme n’ est rien qu’une manie, un prétexte qui s’offre pour éluder le pouvoir d’i
3047 des hommes qu’il exalte, révèlent amplement qu’il est le contraire d’une création historique. Seule, la décision de constru
3048 oint de vue politique la volonté de l’Europe aura été exclusivement nationaliste. Elle aura consisté dans un double travail
3049 te. Elle aura consisté dans un double travail qui fut , d’une part, de former des nations et, d’autre part, de les rendre in
3050 res. Le mouvement commence avec les Barbares, qui sont proprement les responsables des nationalités, en ce qu’ils opposèrent
3051 « gentes » à ces éléments d’internationalisme qu’ étaient l’Empire romain et l’Église, en ce qu’ils incarnèrent la négation de
3052 se signent dans ce cri de l’une d’elles : « Nous sommes d’abord vénitiens, ensuite chrétiens… » Enfin, avec le xixe siècle,
3053 ièrement l’Allemagne !), la volonté de l’Europe d’ être désunie et de former des nations indépendantes les unes des autres at
3054 ifs, surtout de leurs oppositions, non celle d’un être historique qui leur serait transcendant. J’ai parfois reproché à des
3055 ositions, non celle d’un être historique qui leur serait transcendant. J’ai parfois reproché à des professeurs d’histoire que
3056 ustifiant le mot de Stendhal : « L’Europe moderne est née du christianisme. » Accordons à notre historien qu’au début de l’
3057 nationaux, n’existait pas. Ce qui, au contraire, est très vite apparu en tant que conscience, que volonté manifeste, c’est
3058 ique immense d’esprits cultivés », dont le type a été le prince de Ligne et dont on peut dire que la tradition s’est poursu
3059 de Ligne et dont on peut dire que la tradition s’ est poursuivie avec Goethe, Taine, Renan, Liszt, Nietzsche, Romain Rollan
3060 ndré Gide. Ai-je besoin de dire si ce mouvement a été violemment enrayé par le xixe siècle au nom des cultures nationales 
3061 ’idée de nation semble avoir terminé sa carrière, être devenue malfaisante aux Européens, l’idée d’Europe apparaît. Mais ne
3062 e bien d’autres hautes conceptions d’ensemble, ne soit devenu problématique, — nul doute non plus que notre survie spirituel
3063 propre de plus haut. Les grands génies, sans lui, sont impensables. Ils sont universels. Si la nation est leur destin, l’Eur
3064 es grands génies, sans lui, sont impensables. Ils sont universels. Si la nation est leur destin, l’Europe est leur expérienc
3065 nt impensables. Ils sont universels. Si la nation est leur destin, l’Europe est leur expérience vécue. Un grand phénomène d
3066 niversels. Si la nation est leur destin, l’Europe est leur expérience vécue. Un grand phénomène devient européen : ainsi en
3067 e. Un grand phénomène devient européen : ainsi en fut -il de Jules César et de Napoléon, de Pétrarque et de Kant, de la musi
3068 çaise d’Ingres à Cézanne. Là où une grande pensée est conçue, là est l’Europe. Si elle est conçue dans la sphère nationale,
3069 à Cézanne. Là où une grande pensée est conçue, là est l’Europe. Si elle est conçue dans la sphère nationale, elle ne demand
3070 rande pensée est conçue, là est l’Europe. Si elle est conçue dans la sphère nationale, elle ne demande qu’à s’épanouir dans
3071 , comme au temps d’Anaximandre, toute philosophie est européenne. Toute grande idée politique agissante est européenne. Tou
3072 européenne. Toute grande idée politique agissante est européenne. Toute connaissance féconde du passé est européenne. (Et d
3073 t européenne. Toute connaissance féconde du passé est européenne. (Et de quoi aurions-nous davantage besoin, que d’une visi
3074 lée et purifiée, de la non-Europe !) Notre époque est une époque de rétablissement, — bien que jamais l’expression de la fa
3075 ien que jamais l’expression de la faiblesse n’ait été si impudique, la volonté de désintégration si débridée. Derrière le r
3076 la formule de sa philosophie —, le problème de l’ être même du « crépuscule occidental » : Anaximandre aurait vécu de la fi
3077 accepté : Ce dont les choses tirent leur origine est aussi cela dans quoi elles iront s’anéantir, selon la nécessité ; car
3078 le autorité parlerait-elle ? Suffirait-il qu’elle soit la plus ancienne ? L’antiquité par elle-même n’est d’aucun poids. Au
3079 it la plus ancienne ? L’antiquité par elle-même n’ est d’aucun poids. Au surplus, si la sentence est la plus ancienne de cel
3080 e n’est d’aucun poids. Au surplus, si la sentence est la plus ancienne de celles qui nous ont été transmises, nous n’en ign
3081 tence est la plus ancienne de celles qui nous ont été transmises, nous n’en ignorons pas moins si elle est à sa manière la
3082 transmises, nous n’en ignorons pas moins si elle est à sa manière la sentence la plus primitive de la pensée occidentale.
3083 premier lieu nous parlerait-il, à nous autres qui sommes sans doute les plus tardifs des tard-venus de la philosophie ? Sommes
3084 s plus tardifs des tard-venus de la philosophie ? Sommes -nous les tard-venus d’une Histoire qui parvient aujourd’hui à sa fin,
3085 ue de l’informulé, qui parlerait à ce qui vient ? Sommes -nous donc à la veille de la transformation la plus inouïe de toute la
3086 uïe de toute la Terre et du temps de l’Histoire ? Sommes -nous devant le crépuscule d’une nuit qui prépare une autre aube ? Sur
3087 r-delà l’Occident et l’Orient et à travers ce qui est Européen, le lieu des commencements de l’Histoire à venir ? Sommes-no
3088 le lieu des commencements de l’Histoire à venir ? Sommes -nous déjà, nous les hommes d’aujourd’hui, occidentaux dans un sens qu
3089 ur de notre entrée dans la nuit universelle ? […] Sommes -nous vraiment les tard-venus que nous sommes ? Mais ne sommes-nous pa
3090 […] Sommes-nous vraiment les tard-venus que nous sommes  ? Mais ne sommes-nous pas en même temps les précurseurs du matin d’un
3091 vraiment les tard-venus que nous sommes ? Mais ne sommes -nous pas en même temps les précurseurs du matin d’une autre ère du mo
3092 nité que celui dans lequel l’Europe des peuples n’ est qu’un plus sombre passé d’oubli, mais où l’Europe vit encore par tren
3093 ieilliront jamais. »277 Ortega avait peut-être été le premier à voir dans la crise de l’Europe la condition d’une renais
3094 issance. Laissons-le donc conclure ce chapitre : Est -il aussi certain qu’on le dit, que l’Europe soit en décadence et aban
3095 Est-il aussi certain qu’on le dit, que l’Europe soit en décadence et abandonne le commandement, en un mot, abdique ? Cette
3096 en un mot, abdique ? Cette apparente décadence ne serait -elle pas la crise bienfaisante qui permettrait à l’Europe d’être véri
3097 a crise bienfaisante qui permettrait à l’Europe d’ être véritablement l’Europe ? L’évidente décadence des nations européennes
3098 ? L’évidente décadence des nations européennes, n’ est -elle pas a priori nécessaire au cas où les États-Unis d’Europe seraie
3099 iori nécessaire au cas où les États-Unis d’Europe seraient possibles quelque jour, et la pluralité européenne remplacée par sa r
26 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Septième Partie. L’Ère des fédérations. De l’Unité de culture à l’union politique
3100 e à l’union politique Le Grand Dessein de Sully est un projet posthume. L’abbé de Saint-Pierre ne fut pas écouté. Victor
3101 est un projet posthume. L’abbé de Saint-Pierre ne fut pas écouté. Victor Hugo ne fut qu’applaudi. En revanche, qu’ils le ve
3102 de Saint-Pierre ne fut pas écouté. Victor Hugo ne fut qu’applaudi. En revanche, qu’ils le veuillent ou non, ceux qui écrive
3103 qui se fait. Certains ont pu s’imaginer qu’ils n’ étaient que des commentateurs, des analystes objectifs. Ils oubliaient que le
3104 rtie finale de notre ouvrage. Le choix des textes sera fonction d’un plan dont voici le très simple argument : L’Europe cont
3105 antes et spécifiques ; pour mieux voir ce qu’elle fut , ce qu’elle est et peut être, elle se compare aux autres civilisation
3106 ques ; pour mieux voir ce qu’elle fut, ce qu’elle est et peut être, elle se compare aux autres civilisations, et par suite
3107 mieux voir ce qu’elle fut, ce qu’elle est et peut être , elle se compare aux autres civilisations, et par suite elle retrouve
3108 iale et le sens de son unité très singulière, qui est unité dans la diversité ; il lui reste à tirer les conséquences de ce
3109 tion. À chaque époque de son histoire, l’Europe s’ est en effet redéfinie par ce qu’elle choisissait — découvrait ou refusai
3110 sources de toute culture qui, selon lui, mérite d’ être nommée « européenne ». Je considérerai comme européens tous les peup
3111 es trois influences que je vais dire. La première est celle de Rome. Partout où l’Empire romain a dominé, et partout où sa
3112 ire romain a dominé, et partout où sa puissance s’ est fait sentir ; et même partout où l’Empire a été l’objet de crainte, d
3113 s’est fait sentir ; et même partout où l’Empire a été l’objet de crainte, d’admiration et d’envie ; partout où le poids du
3114 d’envie ; partout où le poids du glaive romain s’ est fait sentir, partout où la majesté des institutions et des lois, où l
3115 ù l’appareil et la dignité de la magistrature ont été reconnus, copiés, parfois même bizarrement singés, — là est quelque c
3116 us, copiés, parfois même bizarrement singés, — là est quelque chose d’européen. Rome est le modèle éternel de la puissance
3117 t singés, — là est quelque chose d’européen. Rome est le modèle éternel de la puissance organisée et stable. Vint ensuite
3118 ierre, quoique l’une des très rares religions qui fussent mal vues à Rome, le christianisme, issu de la nation juive, s’étend a
3119 nte son langage. Un même homme né à Bordeaux peut être citoyen romain et même magistrat, il peut être évêque de la religion
3120 ut être citoyen romain et même magistrat, il peut être évêque de la religion nouvelle. Le même Gaulois, qui est préfet impér
3121 que de la religion nouvelle. Le même Gaulois, qui est préfet impérial, écrit en pur latin de belles hymnes à la gloire du f
3122 de belles hymnes à la gloire du fils de Dieu qui est né juif et sujet d’Hérode. Voici déjà un Européen presque achevé. Un
3123 re de l’Européen : Ce que nous devons à la Grèce est peut-être ce qui nous a distingués le plus profondément du reste de l
3124 Il doit donc développer toutes les parties de son être et les maintenir dans une harmonie aussi claire, et même aussi appare
3125 monie aussi claire, et même aussi apparente qu’il est possible. Il doit développer son corps et son esprit. Quant à l’espri
3126 une signification et une autorité simultanées, là est l’Europe. Toute race et toute terre qui a été successivement romanisé
3127 là est l’Europe. Toute race et toute terre qui a été successivement romanisée, christianisée et soumise, quant à l’esprit,
3128 ise, quant à l’esprit, à la discipline des Grecs, est absolument européenne. Reprenons maintenant ces Trois Sources. Jérus
3129 ment dont les héros, les guerres et les miracles, étaient devenus, depuis Luther, leur véritable Antiquité. Du côté catholique,
3130 t l’Occident. Et de même, ajoute Siegfried, ce n’ est pas de la tradition gréco-latine que les révolutions d’aujourd’hui po
3131 s antireligieux : l’origine de la science moderne serait bien moins grecque que biblique. C’est Karl Jaspers qui l’a mis en lu
3132 dans la recherche moderne. La science européenne est tournée sans limites vers tout ce qui est et qui peut être pensé. Il
3133 opéenne est tournée sans limites vers tout ce qui est et qui peut être pensé. Il n’y a rien, pour elle, qui ne vaille la pe
3134 née sans limites vers tout ce qui est et qui peut être pensé. Il n’y a rien, pour elle, qui ne vaille la peine d’être connu 
3135 l n’y a rien, pour elle, qui ne vaille la peine d’ être connu ; elle paraît se disperser dans l’infini. Mais quel que soit so
3136 paraît se disperser dans l’infini. Mais quel que soit son objet, elle le fait entrer dans des rapports. Elle concilie une e
3137 aussi dans la Grèce antique ; la science grecque est seulement une introduction et un moyen pédagogique. D’où vient la sci
3138 iblique. Cette thèse a le sens suivant : Le monde étant créé par Dieu doit être bon dans son essence. C’est, pourquoi tout ce
3139 sens suivant : Le monde étant créé par Dieu doit être bon dans son essence. C’est, pourquoi tout ce qui est mérite d’être c
3140 bon dans son essence. C’est, pourquoi tout ce qui est mérite d’être connu, en tant que parcelle de la création. Mais il n’e
3141 essence. C’est, pourquoi tout ce qui est mérite d’ être connu, en tant que parcelle de la création. Mais il n’est pas rare qu
3142 u, en tant que parcelle de la création. Mais il n’ est pas rare qu’une connaissance nouvelle vienne contredire les construct
3143 nt impliquées dans un ensemble logique — comme ce fut le cas dans la conception du monde et dans la conscience de l’être de
3144 la conception du monde et dans la conscience de l’ être des Grecs — la science en tant que construction logique fait éclater
3145 combat contre l’apparence pour la découverte de l’ être , une autre impulsion est agissante ici. Dieu ayant créé le monde para
3146 pour la découverte de l’être, une autre impulsion est agissante ici. Dieu ayant créé le monde paraît responsable de ce qu’i
3147 yant créé le monde paraît responsable de ce qu’il est . La connaissance devient une attaque contre Dieu. Mais, d’autre part,
3148 et contenue qui, liée à l’amour pour tout ce qui est création de Dieu, a donné naissance à la science européenne — cette s
3149 ne peut rien vouloir dans le bleu mais doit s’en tenir à des données réelles, il s’oriente d’après son passé. La question « 
3150 ès son passé. La question « Que deviendrai-je ? » est toujours liée pour lui à la question : « Que suis-je et qu’ai-je été 
3151 est toujours liée pour lui à la question : « Que suis -je et qu’ai-je été ? »… Si donc nous voulons devenir des Européens (e
3152 our lui à la question : « Que suis-je et qu’ai-je été  ? »… Si donc nous voulons devenir des Européens (et c’est bien ce que
3153 ) cette question devient pour nous brûlante : que furent les Grecs ? Au surplus, lorsque nous éprouvons les nombreuses insuffi
3154 ous nous demandons d’autant plus instamment : que fut donc cette culture aux temps des origines, avant la corruption modern
3155 t à réfléchir sur ce qui valait encore la peine d’ être sauvé en Europe, certains doutes se manifestèrent chez nous : les for
3156 r temps ? L’humanisme d’un Érasme, semblait-il, n’ était plus qu’une affaire d’érudits, celui de l’époque de Goethe était trop
3157 ne affaire d’érudits, celui de l’époque de Goethe était trop lié à l’esthétique. C’était d’un nouvel humanisme que l’on avait
3158 deia, de culture, et remontait, en fait, à ce qui fut l’origine de l’humanisme isocratique et cicéronien. Toutefois, il n’e
3159 ensemble et surtout à cet antipode d’Isocrate que fut Platon : lequel, précisément, n’attribuait pas une dignité particuliè
3160 oses non pas l’homme, mais Dieu […] Que les dieux soient la mesure de toutes choses, signifie pour les Grecs que le monde est
3161 utes choses, signifie pour les Grecs que le monde est un cosmos et qu’un ordre strict détermine tout. Cette « Nature », les
3162 détermine tout. Cette « Nature », les Grecs ne se sont pas contentés d’y croire : ils ont cherché à la comprendre, et plus i
3163 ’apparaissent qu’obscurcies dans notre monde, tel est l’héritage des Grecs. Il n’est pas perdu, et conserve aujourd’hui sa
3164 s notre monde, tel est l’héritage des Grecs. Il n’ est pas perdu, et conserve aujourd’hui sa force.281 Cependant, l’hérita
3165 itage grec, interrogé par l’homme du xxe siècle, tient en réserve bien d’autres réponses que celle des dieux modérateurs. De
3166 lisation. Ce mythe, pour celle qui nous occupe, n’ est pas difficile à découvrir : c’est le mythe de Prométhée… Le mythe de
3167 préfigure l’aventureux esprit européen : Ulysse est au vrai sens du terme le prototype de l’Européen, en même temps que l
3168 ntiquité, le premier modèle d’Alexandre le Grand, fut le Siegfried des Grecs, héros juvénile, fort et courageux, sans trop
3169 ientôt et entrer ainsi dans l’immortalité. Ulysse est incomparablement plus complexe. Son caractère a plusieurs dimensions.
3170 plexe. Son caractère a plusieurs dimensions. Il n’ est pas seulement brave et magnanime, mais aussi rusé et astucieux. Europ
3171 usé et astucieux. Européen en ceci que sa passion est domptée par la mesure. Il ne cherche pas l’aventure, mais il la maîtr
3172 e trapue d’un Churchill, avec son grand front. Il est vraisemblable que Churchill eût agi avec la même astuce et la même au
3173 pagnons de la caverne de Polyphème. Tous les deux sont d’abord des marins. Ulysse n’est pas seulement un guerrier, comme ses
3174 . Tous les deux sont d’abord des marins. Ulysse n’ est pas seulement un guerrier, comme ses camarades de l’Iliade, mais un h
3175 Sa lutte principale, tout au long de l’Odyssée, n’ est pas dirigée contre les hommes mais contre les éléments, contre les ve
3176 contre les vents et les vagues. En cela aussi, il est un prototype de l’Européen, qui conquit l’hégémonie mondiale parce qu
3177 talien… S’il renaissait de nos jours, il pourrait être le fils de n’importe laquelle de ces nations. Et il pourrait aussi se
3178 , de la volonté et de l’esprit. C’est pourquoi il est le précurseur des modèles de l’humanité à venir : du chevalier médiév
3179 accueillent en hôte d’honneur, sans savoir qui il est  : ils ont senti qu’ils avaient à faire à un seigneur, à un héros, mai
3180 rd et remise en forme par un poète, pourrait bien être celle qui a survécu aux siècles et qui, de nos jours, passionne encor
3181 esprits, la voix de Simone Weil (1909-1943), qui fut , pour peu de temps, l’âme la plus naturellement grecque et chrétienne
3182 te de la vraie tradition européenne tout ce qui n’ est pas grec ou évangélique, et notamment la source romaine et la source
3183 urce romaine et la source hébraïque : L’Évangile est la dernière et merveilleuse expression du génie grec, comme l’Iliade
3184 leuse expression du génie grec, comme l’Iliade en est la première ; l’esprit de la Grèce s’y laisse voir non seulement en c
3185 Grèce s’y laisse voir non seulement en ce qu’il y est ordonné de rechercher à l’exclusion de tout autre bien « le royaume e
3186 leste », mais aussi en ce que la misère humaine y est exposée, et cela chez un être divin en même temps qu’humain. Les réci
3187 la misère humaine y est exposée, et cela chez un être divin en même temps qu’humain. Les récits de la Passion montrent qu’u
3188 sion montrent qu’un esprit divin, uni à la chair, est altéré par le malheur, tremble devant la souffrance et la mort, se se
3189 e humaine leur donne cet accent de simplicité qui est la marque du génie grec, et qui fait tout le prix de la tragédie atti
3190 x de la tragédie attique et de l’Iliade. … Rien n’ est plus rare qu’une juste expression du malheur ; en le peignant, on fei
3191 resque toujours de croire tantôt que la déchéance est une vocation innée du malheureux, tantôt qu’une âme peut porter le ma
3192 rce d’âme qui permet de ne pas se mentir ; ils en furent récompensés et surent atteindre en toute chose le plus haut degré de
3193 é et de simplicité… Les Romains et les Hébreux se sont crus les uns et les autres soustraits à la commune misère humaine, le
3194 ers en tant que nation choisie par le destin pour être la maîtresse du monde, les seconds par la faveur de leur Dieu et dans
3195 pris. Ils regardaient leurs ennemis vaincus comme étant en horreur à Dieu même et condamnés à expier des crimes, ce qui renda
3196 lière, et une fois dans Racine. La misère humaine est mise à nu, à propos de l’amour, dans l’École des Femmes, dans Phèdre.
3197 uples d’Europe ne vaut le premier poème connu qui soit apparu chez l’un d’eux. Ils retrouveront peut-être le génie épique qu
3198 fascisme, obsédé par la Rome impériale dont il n’ est pas certain qu’il l’avait mieux comprise que les jacobins ne firent d
3199  la Grosse Bête », dit Simone Weil. « Les Romains sont des gangsters, et bien pire : ils ont souillé même la vraie religion
3200 esoin…, les Romains ne pouvaient rien tolérer qui fût riche en contenu spirituel. L’amour de Dieu est un feu dangereux dont
3201 i fût riche en contenu spirituel. L’amour de Dieu est un feu dangereux dont le contact pouvait être funeste à leur misérabl
3202 Dieu est un feu dangereux dont le contact pouvait être funeste à leur misérable divinisation de l’esclavage. Aussi ont-ils i
3203 ens au début… L’inspiration vraiment chrétienne a été heureusement conservée par la mystique. Mais en dehors de la mystique
3204 s l’hommage rendu à l’empereur, ce chrétien aussi est idolâtre.285 Spengler n’est pas moins dur. Rome n’est pour lui que
3205 ce chrétien aussi est idolâtre.285 Spengler n’ est pas moins dur. Rome n’est pour lui que la « civilisation » extérieure
3206 lâtre.285 Spengler n’est pas moins dur. Rome n’ est pour lui que la « civilisation » extérieure et artificielle qui « ach
3207 ule légende divine d’origine proprement romaine — est un trait qu’on ne rencontre nulle part à Athènes. Âme grecque et inte
3208 intelligence romaine — voilà ce que c’est. Telle est aussi la différence entre culture et civilisation286. Spengler ajout
3209 ni César ni la civilisation romaine en général ne seraient intelligibles. Chaque Grec a un trait de Don Quichotte, chaque Romain
3210 utres qualités disparaissent sous celles-ci. Il est temps que T. S. Eliot vienne nous rappeler que l’Empire ne fut pas se
3211 T. S. Eliot vienne nous rappeler que l’Empire ne fut pas seulement la lourde réalité esclavagiste, militaire et bureaucrat
3212 ù nous héritons la civilisation de l’Europe, nous sommes encore tous citoyens de l’Empire romain, et le temps n’a pas encore d
3213 it et pour lequel Enée avait assumé sa destinée n’ était pas tout à fait le même que l’Empire romain des légionnaires, des pro
3214 de guide et de maître jusqu’à la barrière qu’il n’ était pas autorisé à franchir, et n’était pas capable de franchir, définit
3215 rière qu’il n’était pas autorisé à franchir, et n’ était pas capable de franchir, définit exactement la relation entre Virgile
3216 ue le monde de Virgile, comparé à celui d’Homère, est une approximation du monde chrétien par le choix, l’ordre et les rela
3217 e comme poète. Et je ne pense pas non plus que ce soit proprement une comparaison entre les mondes dans lesquels ils vécuren
3218 rement ce qui, dans l’idéal romain selon Virgile, est dû à l’esprit philosophique de Virgile lui-même. Car, au sens où un p
3219 que de Virgile lui-même. Car, au sens où un poète est un philosophe (par opposition au sens où un grand poète peut incarner
3220 rande philosophie dans une grande œuvre), Virgile est le plus grand philosophe de la Rome ancienne. Ce n’est donc pas simpl
3221 e plus grand philosophe de la Rome ancienne. Ce n’ est donc pas simplement que la civilisation en laquelle vécut Virgile soi
3222 ent que la civilisation en laquelle vécut Virgile soit plus proche de celle du christianisme que la civilisation d’Homère ;
3223 christianisme que la civilisation d’Homère ; nous sommes en droit de dire que Virgile, parmi les poètes classiques et les pros
3224 i les poètes classiques et les prosateurs latins, est proche du christianisme d’une manière unique. Il est une formule que
3225 proche du christianisme d’une manière unique. Il est une formule que j’ai tenté d’éviter mais que je me sens contraint d’u
3226 nt d’utiliser ici : anima naturaliter Christiana. Est -elle applicable à Virgile ? C’est matière de choix personnel. Mais j’
3227 ontaine de la présente histoire européenne, telle est la place du Capitole, conçue par Michel-Ange et remise par lui à la V
3228 fuir dans les rêves de peuples souffrants, ce ne serait pas conforme à l’esprit de Marc Aurèle ! « Celui qui a vu ce qui exis
3229 e aujourd’hui a contemplé d’un seul regard ce qui fut de tout temps et sera de toute éternité. » Le présent contient toute
3230 mplé d’un seul regard ce qui fut de tout temps et sera de toute éternité. » Le présent contient toute l’histoire du monde. E
3231 ontradictoires et de sa mission infinie, l’Europe est là dès maintenant, comme un destin ; mais si cette figure ne s’instau
3232 figure ne s’instaure pas dans l’intimité de notre être , dans la vie de notre vie et le cœur de notre cœur, comme dit Hamlet
3233 alors l’Europe n’existe plus, — et ses terres ne sont plus que champ de bataille abandonné aux puissances techniques de l’i
3234 niques de l’inhumain.288 La source germanique n’ est même pas mentionnée par Valéry, dans son discours de 1922. Ce Françai
3235 réflexe d’hostilité à l’endroit du Saint-Empire. Serait -ce, pour les unes, parce qu’il était « romain », pour les autres, par
3236 int-Empire. Serait-ce, pour les unes, parce qu’il était « romain », pour les autres, parce qu’il était « de nation germanique
3237 il était « romain », pour les autres, parce qu’il était « de nation germanique » ? C’est plutôt que la notion même de Saint-E
3238 C’est plutôt que la notion même de Saint-Empire n’ est plus comprise. (Elle ne l’a d’ailleurs jamais été en France ni en Sca
3239 est plus comprise. (Elle ne l’a d’ailleurs jamais été en France ni en Scandinavie.) Qui rendra donc justice à l’apport germ
3240 de son œuvre maîtresse, La Formation de l’Europe, est consacré aux Germains, des origines jusqu’aux Carolingiens. Reynold y
3241 urait pas eu de péril germanique. Les Germains ne furent jamais assez nombreux pour le conquérir. Parler d’invasions germaniqu
3242 vasions germaniques et même de grandes invasions, est une sottise. Il y a les Germains de l’extérieur, et ceux qui se trou
3243 , deviendront l’Empire : … À la fin, la question sera de savoir quel sera le peuple germain capable d’assumer la succession
3244 re : … À la fin, la question sera de savoir quel sera le peuple germain capable d’assumer la succession du peuple romain et
3245 romain et de restaurer l’imperium.289 Ce peuple sera celui des Francs, d’où est issu Charlemagne, « Père de l’Europe »290.
3246 erium.289 Ce peuple sera celui des Francs, d’où est issu Charlemagne, « Père de l’Europe »290. La première tentative conc
3247 ération européenne au xxe siècle, celle des Six, sera baptisée non sans quelques raisons « L’Europe Charlemagne ». 2° Le Ge
3248 nisme, avec son droit des communautés populaires, est l’une des deux sources du fédéralisme européen, l’autre étant, selon
3249 des deux sources du fédéralisme européen, l’autre étant , selon Reynold, la doctrine trinitaire des premiers conciles : L’org
3250 ion bureaucratique des Romains. Leur organisation était fédérative au sens plein du terme, puisqu’elle reposait sur le sermen
3251 eux extrêmes du jus romanum : l’individu, l’État, est venu insérer les intermédiaires et les amortisseurs qui empêchent l’i
3252 isseurs qui empêchent l’individu, terme faible, d’ être absorbé par l’État, terme fort. Le principe du droit germanique est,
3253 État, terme fort. Le principe du droit germanique est , en effet, l’idée d’association. Genossenschaftsrecht, dit le grand j
3254 rand juriste Gierke. … Lorsque l’imperium romanum fut , par miracle, devenu chrétien, l’empereur descendit du rang de dieu a
3255 he de la doctrine trinitaire, cette conception ne fut plus possible. « L’empereur n’est pas au-dessus de l’Église mais dans
3256 e conception ne fut plus possible. « L’empereur n’ est pas au-dessus de l’Église mais dans l’Église », rappela durement sain
3257 éodore le pénitent. Le disciple de saint Ambroise fut saint Augustin… Faire correspondre à un empereur chrétien un régime c
3258 spondre à un empereur chrétien un régime chrétien fut l’un des buts que se proposa l’auteur de La Cité de Dieu, ce bréviair
3259 première de l’unité. C’est le fédéralisme dont on est en droit de dire qu’il est la conception chrétienne de la vie politiq
3260 le fédéralisme dont on est en droit de dire qu’il est la conception chrétienne de la vie politique et sociale, l’ordre qui
3261 dernière citation, c’est l’héritage chrétien qui est invoqué. Deux grandes écoles d’historiens de la culture s’opposent, s
3262 e la science et de la technique prométhéennes, et tient l’Europe pour une création de la Renaissance. L’autre, pessimiste par
3263 tre, pessimiste par position plus que par nature, tient les grands siècles (xie au xiiie ) du Moyen Âge catholique pour la s
3264 ocessus inévitable, dont l’état actuel des choses serait la phase dernière. Le cas d’un écrivain comme Wells justifie dans une
3265 une certaine mesure cette interprétation. Son but est en effet de fournir à l’homme moderne un arrière-plan historique et d
3266 nt de perfection, cette façon d’écrire l’histoire est fondamentalement contraire à l’esprit de l’histoire, puisqu’elle impl
3267 sme en élargissant son horizon intellectuel, elle est propre à faire naître le pharisaïsme des historiens whigs ou, ce qui
3268 re le pharisaïsme des historiens whigs ou, ce qui est pire, la complaisance envers soi-même du philistin moderne. Il est, à
3269 laisance envers soi-même du philistin moderne. Il est , à l’opposé, un autre danger qui consiste à se servir de l’histoire c
3270 istoire comme d’une arme contre l’époque moderne, soit par suite d’une idéalisation romantique du passé, soit au profit d’un
3271 par suite d’une idéalisation romantique du passé, soit au profit d’une propagande religieuse ou patriotique. Le second cas e
3272 opagande religieuse ou patriotique. Le second cas est assurément le plus redoutable des deux, puisque l’historien romantiqu
3273 au moins l’histoire comme une fin en soi — et ce sont en fait les historiens romantiques qui, les premiers, ont étudié la c
3274 s un dessein apologétique. C’est un risque auquel sont particulièrement exposés les historiens catholiques du Moyen Âge depu
3275 ècle et au début du présent, ils ont certainement été enclins à faire de l’histoire une branche de l’apologétique, et à idé
3276 nte et plus occidentale qu’elle ne l’avait jamais été . La perte de l’unité spirituelle n’entraîna pas le partage de l’Occid
3277 et d’autonomie occidentale. Aujourd’hui l’Europe est menacée de voir s’effondrer la culture séculière et aristocratique qu
3278 us faut satisfaire ces besoins, ou même s’il nous est possible de les satisfaire, nous ne pouvons à l’heure présente que le
3279 ns à l’heure présente que le conjecturer. Mais il est bon de ne pas oublier que l’unité de notre civilisation ne repose pas
3280 superficiels de la civilisation moderne, si nous tenons à découvrir les forces sociales et spirituelles qui ont abouti à fair
3281 d’harmonie profonde des esprits, dont la Réforme serait venue briser traîtreusement « l’unité ». Cette utopie à rebours, qui
3282 eusement « l’unité ». Cette utopie à rebours, qui fut celle de Novalis dans La Chrétienté ou l’Europe, est devenue lieu com
3283 celle de Novalis dans La Chrétienté ou l’Europe, est devenue lieu commun pour l’école catholique de la première moitié du
3284 ion du problème : comme si l’Europe un jour avait été chrétienne, et puis avait cessé de l’être ! C’est là pure légende. Le
3285 ur avait été chrétienne, et puis avait cessé de l’ être  ! C’est là pure légende. Les faits et les archives de l’Histoire démo
3286 toire démontrent surabondamment que les choses se sont passées tout autrement, démontrent l’unité, la cohérence interne et m
3287 et des fresques d’églises. La lecture de la Bible est interdite aux fidèles dès le synode de Toulouse en 1229, rappelle F.
3288 29, rappelle F. Heer. La Bible en langue vulgaire est même mise à l’Index par Paul IV en 1559. « Charles-Quint sur son lit
3289 ion espagnole). » Pendant ce temps, le monachisme est entré en décadence ; la curie romaine est devenue bureaucratique ; de
3290 achisme est entré en décadence ; la curie romaine est devenue bureaucratique ; des Églises « nationales » se sont constitué
3291 ue bureaucratique ; des Églises « nationales » se sont constituées dès le xiiie siècle (et non pas dès le xvie siècle) en
3292 ’est qu’alors, au xvie siècle, la sécularisation était déjà parvenue à son terme. En revanche, — et c’est bien la leçon que
3293 e d’un Moyen Âge à la Novalis a vécu, si ce passé était fort loin d’être aussi chrétien qu’on l’a dit, ce qui l’a suivi et ce
3294 la Novalis a vécu, si ce passé était fort loin d’ être aussi chrétien qu’on l’a dit, ce qui l’a suivi et ce qui va suivre es
3295 ’on l’a dit, ce qui l’a suivi et ce qui va suivre est beaucoup plus chrétien que n’ont su le voir les pessimistes catholiqu
3296 lles, nationales et liées au temps, la foi unique soit devenue très tôt la terre nourricière des plus rudes divergences et o
3297 rcir à nos yeux la conscience des liens intimes —  soit positifs, soit négatifs — qui n’ont cessé d’exister entre les grandes
3298 la conscience des liens intimes — soit positifs, soit négatifs — qui n’ont cessé d’exister entre les grandes confessions et
3299 e intériorisée des poèmes du classicisme allemand est aussi peu concevable sans la liturgie de l’Église, que l’idéalisme al
3300 De 800 à 1815, tous les traités de paix en Europe sont conclus in nomine sanctæ et individuæ Trinitatis. Jusqu’à 1850, le la
3301 ongrie, la langue des chancelleries). Notre tâche est maintenant de montrer comment cette unité millénaire s’est développée
3302 enant de montrer comment cette unité millénaire s’ est développée en contrastes, positions et contre-positions, affirmations
3303 ’Europe.293 Source grecque et source chrétienne sont restées de nos jours les deux plus vives. Simone Weil essayait de les
3304 nt que les traditions européennes les plus fortes soient la tradition socratique et la tradition chrétienne. Socrate domine l’
3305 e l’esprit de l’Europe, le Christ, sa volonté. Il est vain de se demander si ces deux traditions sont la cause ou l’effet d
3306 Il est vain de se demander si ces deux traditions sont la cause ou l’effet du caractère européen ; elles sont toutes deux ca
3307 la cause ou l’effet du caractère européen ; elles sont toutes deux cause et effet ; et, ce qui est plus, étant donné l’intim
3308 lles sont toutes deux cause et effet ; et, ce qui est plus, étant donné l’intimité entre l’esprit et la volonté, les deux t
3309 toutes deux cause et effet ; et, ce qui est plus, étant donné l’intimité entre l’esprit et la volonté, les deux traditions se
3310 re l’esprit et la volonté, les deux traditions se sont influencées naturellement, de sorte que, au cours des siècles de vie
3311 , au cours des siècles de vie européenne, Socrate est devenu chrétien et le Christ est devenu socratique… Ce n’est que lors
3312 opéenne, Socrate est devenu chrétien et le Christ est devenu socratique… Ce n’est que lorsqu’il les renie délibérément que
3313 chrétien et le Christ est devenu socratique… Ce n’ est que lorsqu’il les renie délibérément que l’Européen trahit l’Europe e
3314 conclusion imposée d’avance. L’esprit socratique est fier à l’égard des autres esprits, mais humble vis-à-vis des faits. C
3315 double vertu de l’esprit socratique en Europe qu’ est fondée la liberté de pensée… En profondeur, l’histoire intérieure de
3316 rofondeur, l’histoire intérieure de l’Europe doit être comprise comme un effort pour atteindre ce style socratique dans le d
3317 précédents. Dans cette lutte, l’esprit européen a été à la fois aidé et entravé par l’autre tradition — celle du Christ. Le
3318 la vie, mais seulement comme des négations de son être foncier. L’individualisme européen n’est pas né sur le Golgotha, mais
3319 de son être foncier. L’individualisme européen n’ est pas né sur le Golgotha, mais c’est du Golgotha qu’il tire sa force et
3320 ns-les à cet Espagnol qui, à la question : quelle est votre religion ? répondait : « Je suis athée, Dieu merci ! » À côté d
3321 on : quelle est votre religion ? répondait : « Je suis athée, Dieu merci ! » À côté de cette tradition puissante qui a renfo
3322 t les forêts ombragées et les brumeux rivages, il est venu en aide à la tendance socratique vers la liberté et la clarté de
3323 tienne un danger pour la tradition socratique. Ce fut la période de lutte entre la science et l’Église, l’ère de l’Inquisit
3324 server certains de ses manuscrits. Les erreurs ne furent d’ailleurs pas toutes du même côté. Lorsque, au xixe siècle, un cert
3325 de la connaissance. Peu à peu, les deux domaines furent mieux délimités et mieux définis. La tradition socratique ne viola pl
3326 es les méthodes possibles ; mais le christianisme tient à ce que toutes les recherches soient, en fin de compte, utiles à l’e
3327 hristianisme tient à ce que toutes les recherches soient , en fin de compte, utiles à l’esprit humain, et à ce que nous n’oubli
3328 amais que nous n’avons pas le droit de faire d’un être humain un simple outil, sans son consentement. Les enquêtes faites pa
3329 pour découvrir la limite de la résistance humaine étaient socratiques, mais n’étaient pas chrétiennes. Elles étaient donc contr
3330 la résistance humaine étaient socratiques, mais n’ étaient pas chrétiennes. Elles étaient donc contraires à l’esprit européen.29
3331 ocratiques, mais n’étaient pas chrétiennes. Elles étaient donc contraires à l’esprit européen.294 2.Vertus et valeurs euro
3332 n.294 2.Vertus et valeurs européennes Tel étant l’héritage européen, que sommes-nous décidés à en tirer, nous les Eur
3333 européennes Tel étant l’héritage européen, que sommes -nous décidés à en tirer, nous les Européens du xxe siècle ? Depuis u
3334 doit donner à ses rêves et à sa volonté. Quelles sont nos valeurs spécifiques, celles qui manqueraient au monde et à l’huma
3335 re, engloutie par une catastrophe dont les causes sont imaginables ? Les réponses que Ton va citer ne sont peut-être pas les
3336 nt imaginables ? Les réponses que Ton va citer ne sont peut-être pas les meilleures, mais certainement les plus typiques et
3337 ou celui du refus — observons que leur fréquence est significative, et que les nuances qui les différencient ne le sont pa
3338 e, et que les nuances qui les différencient ne le sont pas moins.) Fondateur de la phénoménologie, maître de Heidegger et de
3339 (1859-1938) pose la question fondamentale : « Qu’ est -ce que l’Europe, pour l’esprit ? » Et il répond : c’est l’esprit de l
3340 Grèce : « La forme spirituelle de l’Europe », qu’ est -ce à dire ? C’est l’idée philosophique immanente à l’histoire de l’Eu
3341 suite que la philosophie, la science des Grecs, n’ est rien qui les désigne d’une manière spécifique ni qui soit apparu pour
3342 n qui les désigne d’une manière spécifique ni qui soit apparu pour la première fois dans le monde avec eux. Eux-mêmes n’ont-
3343 es tout à fait essentielles et de principe. Ce n’ est en effet que chez les Grecs que nous trouvons cette attitude nouvelle
3344 iverselles plutôt que des recettes d’action : Ce sont des hommes dont l’effort se porte sur la theoria et sur rien d’autre
3345 ste par de nombreux symptômes de dévitalisation n’ est pas un sombre destin, ni une impénétrable fatalité ; elle devient com
3346 rprétable. La condition d’une telle compréhension étant d’ailleurs de saisir d’abord le phénomène « Europe » dans le noyau ce
3347 l s’agit de montrer comment le « monde » européen est né d’idées rationnelles, c’est-à-dire de l’esprit de la philosophie.
3348 it de la philosophie. La « crise » alors pourrait être clairement interprétée comme l’apparent échec du rationalisme… se com
3349 lointain avenir de l’humanité. Car l’esprit seul est immortel.295 Un autre « bon Européen », qui fut longtemps le père a
3350 est immortel.295 Un autre « bon Européen », qui fut longtemps le père autoritaire de la pensée des libéraux, Benedetto Cr
3351 pensée des libéraux, Benedetto Croce (1866-1952), tient que l’histoire européenne se confond avec celle des concepts de liber
3352 même en le contaminant d’une vulgarité dont il s’ est maintenant dégagé. Non seulement la liberté vit dans ces hommes, non
3353 seul projet politique, parmi les nombreux qui ont été formés après la guerre, qui ne se soit pas perdu et dissipé et qui mê
3354 eux qui ont été formés après la guerre, qui ne se soit pas perdu et dissipé et qui même gagne du terrain d’année en année et
3355 établi une conscience commune des peuples qui se sont sentis, et qui se reconnaîtront toujours mieux, égaux dans les vertus
3356 e que, comme nous l’avons vu déjà, les nations ne sont pas des données naturelles, mais des états de conscience et des forma
3357 aume subalpin se firent Italiens sans renier leur être précédent, mais en le haussant et en l’amenant à ce nouvel être, de m
3358 , mais en le haussant et en l’amenant à ce nouvel être , de même Français, Allemands, Italiens et tous les autres se haussero
3359 ais qu’ils aimeront mieux.296 Mais la liberté n’ est pas seulement une revendication politique et sociale. Pour Salvador d
3360 vador de Madariaga, grand libéral lui aussi, elle est « l’essence même de la vie ». Elle ne serait pas une forme décisive d
3361 i, elle est « l’essence même de la vie ». Elle ne serait pas une forme décisive de l’existence si elle n’était pas liée à cett
3362 t pas une forme décisive de l’existence si elle n’ était pas liée à cette autre valeur qu’a toujours proclamée l’Espagne spiri
3363 , du Quichotte à Unamuno : la gratuité. L’Europe tient à la liberté ; elle tient à la qualité ; elle comprend la valeur supr
3364 la gratuité. L’Europe tient à la liberté ; elle tient à la qualité ; elle comprend la valeur suprême de l’inutile… Pour nou
3365 uprême de l’inutile… Pour nous, Européens, la vie est un processus créateur qui se poursuit avec chaque pulsation de chaque
3366 u affirmations. La première, c’est que, lorsqu’il est libre de choisir, chacun choisira ce qu’il y a de mieux, de sorte que
3367 x, le niveau mondial s’élèvera. Cette affirmation est l’évidence même, pourvu qu’elle soit tempérée par la seconde : que ce
3368 e affirmation est l’évidence même, pourvu qu’elle soit tempérée par la seconde : que ce « bon » choix est fait suivant les l
3369 it tempérée par la seconde : que ce « bon » choix est fait suivant les lumières que l’homme en question possède au moment d
3370 mme en question possède au moment donné, et qu’il est bon qu’il en soit ainsi ; car, s’il devait choisir (même librement) s
3371 ossède au moment donné, et qu’il est bon qu’il en soit ainsi ; car, s’il devait choisir (même librement) selon des critères
3372 De l’intuition de « l’esprit humain » dans lequel sont intégrées toutes les facultés humaines dans ce qu’elles ont de plus p
3373 e chaque individu, à l’intérieur de cette sphère, est représenté par une figure, pour la plupart, aux dimensions pitoyables
3374 parce que nous croyons en la qualité. La qualité est aussi inséparable de l’individualisme que la liberté. Moyennant le pr
3375 rsités. La diversité, la qualité, la distinction, sont dès lors les aspects essentiels de la vie européenne. Elles expliquen
3376 jusqu’aux Grecs et des Portugais aux Finnois. Il est exact que certains de ces mots sont parfois devenus mesquins et super
3377 ux Finnois. Il est exact que certains de ces mots sont parfois devenus mesquins et superficiels ; à la fin du xviiie siècle
3378 à la fin du xviiie siècle, un homme de qualité n’ était souvent qu’un benêt, et au xxe siècle, un homme de distinction n’est
3379 nêt, et au xxe siècle, un homme de distinction n’ est souvent qu’un parasite sans grâce. Mais, malgré ces torsions frivoles
3380 ristiques essentielles de la vie européenne. Cela est surtout vrai pour la qualité, car la qualité est pour nous Européens,
3381 est surtout vrai pour la qualité, car la qualité est pour nous Européens, l’essence même de la vie. Toute vie est qualitat
3382 us Européens, l’essence même de la vie. Toute vie est qualitative et c’est pourquoi en Europe, nous devons nous tenir en ga
3383 ive et c’est pourquoi en Europe, nous devons nous tenir en garde contre les deux dangers qui menacent notre vie, les deux ant
3384 bage dans le sage dicton français : « Mon verre n’ est pas grand, mais je bois dans mon verre »… La qualité, la variété, le
3385 n plan quinquennal, aucune machine électronique n’ est concevable. Elles excluent toute socialisation, toute production en s
3386 n’essaient de s’améliorer que comme telles. Elles sont à la fois les fleurs et les jardiniers de la forme. La forme est une
3387 es fleurs et les jardiniers de la forme. La forme est une autre manifestation spécifique de l’esprit européen. Rien ne sera
3388 estation spécifique de l’esprit européen. Rien ne serait plus erroné que de qualifier la forme de superficielle. Quoique d’app
3389 cela d’instinct. La civilisation, en particulier, est une question de forme… Souvent, une décision qui serait opportune et
3390 une question de forme… Souvent, une décision qui serait opportune et que la morale ne rejetterait pas explicitement n’est pas
3391 que la morale ne rejetterait pas explicitement n’ est pas prise par l’Européen, parce qu’elle manquerait de forme. Le refus
3392 n utilitaire de l’esprit européen. L’utilitarisme est le signe d’une maturité insuffisante. C’est le symptôme clé d’une cul
3393 ition, pour servir un but utile, qui, à son tour, est utile parce qu’il sert un troisième but utile, et ainsi de suite. Mai
3394 isième but utile, et ainsi de suite. Mais, quelle serait l’utilité de tout cela, si, à la fin de cette chaîne d’utilité ne bri
3395 là pour la qualité, but d’une culture, mais qu’en est -il de sa puissance ? Elle dépend, en Europe, d’un heureux équilibre d
3396 t de la volonté : Lorsqu’on vient de l’Ouest, on est enclin à considérer l’Europe comme le pays des idées générales. Si l’
3397 e le pays des idées générales. Si l’on vient de l’ Est , il semble que ce soit le pays des dures réalités. Située entre l’Amé
3398 nérales. Si l’on vient de l’Est, il semble que ce soit le pays des dures réalités. Située entre l’Amérique, où la volonté l’
3399 lonté, la caractéristique essentielle de l’Europe est un équilibre entre la volonté et l’esprit. C’est cet heureux mélange
3400 enciées chez l’homme, l’esprit et la volonté, qui est probablement la cause de cette intuition que nous avons de l’unité de
3401 ue nous avons de l’unité des Européens. Tout cela est évidemment très relatif et très ample et ne doit pas être compris com
3402 demment très relatif et très ample et ne doit pas être compris comme si ce mélange d’esprit et de volonté était un don dénié
3403 ompris comme si ce mélange d’esprit et de volonté était un don dénié aux personnes nées dans tout autre Continent. Nous préte
3404 ise les actions et les œuvres des hommes d’Europe est précisément ce développement harmonieux de l’esprit et de la volonté.
3405 l’esprit et de la volonté. L’esprit et la volonté sont les facultés les plus individualisées de l’homme… Notre continent est
3406 plus individualisées de l’homme… Notre continent est sans conteste le plus individualiste de tous. En Asie, l’individu com
3407 nformisme, les slogans, les hommes faits au moule sont plus loin de l’esprit européen que de celui de n’importe quel autre c
3408 porte quel autre continent. En Europe, l’individu est roi… Ceci explique la qualité active de l’esprit européen. Il ne se b
3409 ssession — il s’en saisit. L’esprit de l’Européen est « acquisitif ». Pour lui, le savoir est un moyen de prendre possessio
3410 ’Européen est « acquisitif ». Pour lui, le savoir est un moyen de prendre possession de la nature ; attitude qui s’insère e
3411 ère entre celle de l’Américain pour qui le savoir est un outil pour l’action, et celle de l’Hindou, pour qui il est un moye
3412 pour l’action, et celle de l’Hindou, pour qui il est un moyen pour se libérer de lui-même. C’est donc peut-être en Europe
3413 nc peut-être en Europe que l’esprit et la volonté sont le plus intimement liés, à un tel degré qu’ils sont même inséparables
3414 nt le plus intimement liés, à un tel degré qu’ils sont même inséparables l’un de l’autre. Ceci détermine le rythme particuli
3415 onté, amène une synthèse. Ce rythme à trois temps est caractéristique du genre de vie européen, dans le domaine scientifiqu
3416 us dit quelque chose de neuf : c’est que l’une ne serait pas concevable sans l’autre : Le contenu de la liberté se révèle par
3417 le par deux phénomènes européens fondamentaux. Ce sont  : La vie tendue entre deux pôles opposés. La vie aux limites extrêmes
3418 possède peut-être en propre que cette capacité d’ être toute chose. C’est ce qui la rend apte non seulement à concevoir en o
3419 ordonnées, et l’inquiétude des révolutions. Elle est conservatrice, et elle accomplit les ruptures les plus radicales. Ell
3420 ne façon unique, la tension entre les pôles. Elle est le livre sacré qui, au cours des millénaires, permit à toutes les pos
3421 combattent et s’unissent jusqu’aujourd’hui. Elles sont européennes aussi, les oppositions fécondes de l’Église et de l’État,
3422 té lorsqu’elle perd ces antagonismes et s’apaise, soit en s’installant dans un ordre oublieux de ses limites, soit en se por
3423 installant dans un ordre oublieux de ses limites, soit en se portant à des extrémités qui excluent tout ordre à force de par
3424 és qui excluent tout ordre à force de partialité, soit en se fixant sur l’un des pôles qui passe alors pour être le tout. Pa
3425 se fixant sur l’un des pôles qui passe alors pour être le tout. Par contre, on retrouve l’Europe lorsqu’elle est ouverte, li
3426 out. Par contre, on retrouve l’Europe lorsqu’elle est ouverte, libre dans la tension des contraires, lorsqu’elle garde ses
3427 rté reste toujours fragmentaire parce que nous ne sommes jamais sûrs du vrai dans sa totalité et de façon définitive. Notre li
3428 otre liberté reste relative à autre chose, elle n’ est pas causa sui. Si elle l’était, l’homme serait Dieu. Ici l’Européen s
3429 autre chose, elle n’est pas causa sui. Si elle l’ était , l’homme serait Dieu. Ici l’Européen se tient à sa limite extrême. Su
3430 lle n’est pas causa sui. Si elle l’était, l’homme serait Dieu. Ici l’Européen se tient à sa limite extrême. Subjectivement, co
3431 e l’était, l’homme serait Dieu. Ici l’Européen se tient à sa limite extrême. Subjectivement, comme individu, il a l’expérienc
3432 e individu, il a l’expérience de l’origine de son être  : je ne suis pas libre par moi-même ; quand je me sais vraiment libre
3433 l a l’expérience de l’origine de son être : je ne suis pas libre par moi-même ; quand je me sais vraiment libre, je sais du
3434 nt libre, je sais du même coup, justement, que je suis donné à moi-même comme un cadeau venu de la transcendance. Je peux me
3435 gmatique qui correspond à l’expérience possible d’ être pour soi-même un don. L’existence que nous pouvons être n’est réelle
3436 our soi-même un don. L’existence que nous pouvons être n’est réelle qu’unie à la transcendance qui nous fait être. Lorsque l
3437 -même un don. L’existence que nous pouvons être n’ est réelle qu’unie à la transcendance qui nous fait être. Lorsque l’exist
3438 t réelle qu’unie à la transcendance qui nous fait être . Lorsque l’existence s’assure d’elle-même, elle s’assure du même coup
3439 a besoin de l’achèvement du vrai ; mais la vérité est multiple et, sous toutes ses formes, en mouvement ; la connaissance s
3440 insatisfaction. Ce qui se manifeste dans le temps est voué à l’échec. Mais l’échec lui-même, pris dans une de ces tensions
3441 ensions entre pôles opposés propres à l’Europe, y est devenu symbole : la conscience tragique, telle qu’elle exista en Grèc
3442 cience de soi fondée ; il vit dans l’angoisse qui est l’aiguillon de sa bonne foi. Dans la liberté s’enracinent deux autres
3443 ence de l’histoire et la volonté de science. Ce n’ est qu’en Occident que même dans la conscience individuelle la liberté se
3444 ditionnent l’une l’autre. Mais comme la liberté n’ est jamais pour tous, et comme par là elle n’est, au sens occidental, pou
3445 té n’est jamais pour tous, et comme par là elle n’ est , au sens occidental, pour personne, l’histoire est indispensable pour
3446 st, au sens occidental, pour personne, l’histoire est indispensable pour la conquête de la liberté. Ainsi le besoin de libe
3447 n de liberté produit l’histoire. Notre histoire n’ est pas faite de simple changement, de la chute et du rétablissement d’un
3448 t au malheur peut connaître par expérience ce qui est , et acquérir l’impulsion nécessaire pour le changer. S’il ne se ferme
3449 uire, s’il ne se contente pas d’attendre « que ce soit passé » pour vivre ensuite comme si rien ne s’était produit, alors le
3450 oit passé » pour vivre ensuite comme si rien ne s’ était produit, alors les conditions sont remplies pour que puisse naître sa
3451 si rien ne s’était produit, alors les conditions sont remplies pour que puisse naître sa liberté concrète. … C’est en Occid
3452 tique « impitoyable », valeurs chrétiennes. Or ce sont les valeurs prométhéennes cultivées par l’Europe moderne qui ont frap
3453 it là d’une illusion, mais elle s’explique : elle était même inévitable. Il y a, au cœur de la civilisation européenne, un re
3454 mpact des événements sans chercher à réagir : tel fut en général le cas des peuples sous-développés. Il y a des sociétés qu
3455 en vue de se résorber dans le grand Tout : telles furent les civilisations de l’Inde. Ce qui caractérise la civilisation occid
3456 e la civilisation occidentale, c’est qu’elle ne s’ est jamais dérobée aux défis qui la menaçaient. Elle les a relevés et s’e
3457 défis qui la menaçaient. Elle les a relevés et s’ est efforcée de les surmonter.300 Et pourtant, la technique européenne
3458 nter.300 Et pourtant, la technique européenne n’ est pas née d’un élan prométhéen. Après tout, Prométhée est un mythe grec
3459 s née d’un élan prométhéen. Après tout, Prométhée est un mythe grec, et ce n’est pas des Grecs que nous vient la technique.
3460 Après tout, Prométhée est un mythe grec, et ce n’ est pas des Grecs que nous vient la technique. Platon : Entre l’exercice
3461 lorsque la navette marchera toute seule. (Ce qui est fait aujourd’hui.) Or, poursuit Rougier, c’est l’humanisme chrétien q
3462 aissance et la Réforme. Désormais : La science n’ est plus considérée comme une pure spéculation de l’esprit, à la façon de
3463 divertissement d’homme de loisir ainsi qu’elle le sera pour les mondains. On lui demande d’être utile et pratique, de promou
3464 ’elle le sera pour les mondains. On lui demande d’ être utile et pratique, de promouvoir les arts mécaniques, en vue de soula
3465 e, Léonard de Vinci, Tartaglia, Agricola, Galilée sont des ingénieurs autant que des savants purs. Bernard Palissy fait dial
3466 ir brûler tous les livres, « parce que Aristote a été incapable de produire des œuvres qui servissent au bien-être de l’hom
3467 qui servissent au bien-être de l’homme ». « Ce n’ est proprement valoir rien que de n’être utile à personne », proclame Des
3468 mme ». « Ce n’est proprement valoir rien que de n’ être utile à personne », proclame Descartes. À « cette philosophie spécula
3469 oyer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la natu
3470 hèse sur Feuerbach » de Karl Marx. Or le marxisme est postérieur au grand essor de la technique européenne, et ne lui a rie
3471 rdres consacrés par l’usage, non par la justice ? Sont -elles contradictoires ou bien plutôt complices ? Dans un discours pro
3472 de l’Europe : le refus de la fatalité : Mais qu’ est -ce donc ce qui caractérise l’Europe ? Quelle question, quelle complex
3473 u près nous devrions chercher pour distinguer, ne fût -ce que les ombres de cette réalité que l’esclavage de Platon, enchaîn
3474 r cela même, initia la lutte contre tout ce qui n’ est que fatalité. En effet, lutter contre tout ce qui n’a d’autre dignité
3475 e celle qu’accorde la matérialité, se refuser à n’ être rien d’autre qu’un élément passif et déterminé de l’ordre de la Créat
3476 come bruti ma per seguir virtute conoscenza. Ceci est -il autre chose que le refus d’être rien d’autre qu’une particule de l
3477 onoscenza. Ceci est-il autre chose que le refus d’ être rien d’autre qu’une particule de la nature, une créature acceptant le
3478 aradis de la Fatalité ? Et cet Ulysse du Dante, n’ est -il pas le frère de Prométhée qui, tout en étant la créature des Dieux
3479 , n’est-il pas le frère de Prométhée qui, tout en étant la créature des Dieux, veut, lui aussi, devenir créateur, et non pas
3480 moments heureux les époques classiques. Prométhée est aussi d’une façon mystérieuse Antée, fils de Neptune et de la Terre,
3481 la conscience humaine de ses rapports avec ce qui est en dehors du Moi, a permis à l’homme, noyé dans la collectivité et le
3482 té de l’individu consiste justement en ce qu’il n’ est plus permis à l’homme de justifier ses actes par ce qui n’est que nat
3483 mis à l’homme de justifier ses actes par ce qui n’ est que nature, histoire, société. Il doit se justifier devant le tribuna
3484 n (qui, partout où elle se réfère à l’évidence, n’ est autre chose que la conscience individuelle sécularisée). Or si nous d
3485 te les décisions de notre conscience à nous, nous sommes obligés de respecter la dignité de la conscience de tout autre être h
3486 specter la dignité de la conscience de tout autre être humain. Voici l’une des raisons qui nous ont contraint à rechercher,
3487 s des individus (pour eux absolues) la vérité qui est au-dessus des vérités subjectives, vraie en elle-même et pour elle-mê
3488 e en elle-même et pour elle-même et non du fait d’ être approuvées par les doctrines de la tradition ou par l’âme collective.
3489 l’existence matérielle et politique de l’homme ne soit que fonction des circonstances, et que c’est lui qui, plus que ses fr
3490 lui-même. C’est en Europe que l’homme a refusé de tenir pour une loi fatale la stabilité de l’ordre social, et c’est ici qu’à
3491 s, cette liberté, cette égalité, cette justice se sont toujours réclamées des vertus de l’origine. En somme, ce que les peup
3492 recherché dans les révolutions européennes, ce n’ était ni l’utopie ni l’abstrait. Ils ont toujours recherché — comme Machiav
3493 t avec les idéaux des grands empires mondiaux à l’ Est et à l’Ouest, dont il disait : Ce sont eux qui ont gagné la guerre e
3494 ndiaux à l’Est et à l’Ouest, dont il disait : Ce sont eux qui ont gagné la guerre et non pas nous. Ce sont eux qui ont repr
3495 t eux qui ont gagné la guerre et non pas nous. Ce sont eux qui ont repris en charge le progrès et la foi au progrès… Avant c
3496 L’Europe nous semblait donc plus grande qu’elle n’ était . D’où l’effet de choc que produisit dans nos esprits, au lendemain de
3497 y a ce signe de contradiction par excellence qui est la croix. Au contraire, à l’origine des deux empires nouveaux, il y a
3498 et sans drame. Il s’ensuit que le héros européen sera l’homme qui atteint, dramatiquement, le plus haut point de conscience
3499 le martyr. Tandis que le héros américain ou russe sera l’homme le plus conforme au standard du bonheur, celui qui réussit, c
3500 réussit, celui qui ne souffre plus parce qu’il s’ est parfaitement adapté. L’homme exemplaire pour nous, c’est l’homme exce
3501 vie résulte d’un conflit permanent, et son but n’ est pas le bonheur, mais la conscience plus aiguë, la découverte d’un sen
3502 uë, la découverte d’un sens, d’une signification, fût -ce dans le malheur de la passion, fût-ce dans l’échec. Ils visent à l
3503 nification, fût-ce dans le malheur de la passion, fût -ce dans l’échec. Ils visent à l’inconscience heureuse, et nous à la c
3504 même mortelles. Voilà pourquoi l’Européen typique sera tantôt un révolutionnaire ou un apôtre, un amant passionné ou un myst
3505 un maniaque ou un inventeur. Son bien et son mal sont liés, inextricablement et vitalement. L’Européen connaît donc la vale
3506 , la sécurité et le risque, les règles du jeu qui sont pour tous et la vocation qui est pour un seul. Crucifié, dis-je, car
3507 gles du jeu qui sont pour tous et la vocation qui est pour un seul. Crucifié, dis-je, car l’homme européen en tant que tel
3508 l’homme européen en tant que tel n’accepte pas d’ être réduit à l’un ou à l’autre de ces termes. Mais il entend les assumer
3509 sions, l’effort principal de l’esprit. Européenne sera donc, typiquement, la volonté de rapporter à l’homme, de mesurer à l’
3510 aux prononçait à Paris une conférence dont l’écho fut grand. Il y ramasse et porte au plus haut point de tension dramatique
3511 r plus fière conclusion. À l’heure actuelle, que sont les valeurs de l’Occident ? Nous en avons assez vu pour savoir que ce
3512 ent ? Nous en avons assez vu pour savoir que ce n’ est certainement ni le rationalisme ni le progrès. L’optimisme, la foi da
3513 le progrès. L’optimisme, la foi dans le progrès, sont des valeurs américaines et russes plus qu’européennes. La première va
3514 clairement, que c’est un humanisme tragique. Nous sommes en face d’un monde inconnu ; nous l’affrontons avec conscience. Et ce
3515 nous l’affrontons avec conscience. Et ceci, nous sommes seuls à le vouloir. Ne nous y méprenons pas : les volontés de conscie
3516 r l’humanisme parce qu’il sait d’où il part et où est sa volonté… … Nous sommes au point crucial où la volonté européenne d
3517 il sait d’où il part et où est sa volonté… … Nous sommes au point crucial où la volonté européenne doit se souvenir que tout g
3518 ertilité du saint et du héros ? Le héros assyrien est seul sur ses cadavres, le Bouddha seul sur sa charité. Michel-Ange, R
3519 ddha seul sur sa charité. Michel-Ange, Rembrandt, est -ce que ce sont seulement des rapports de volumes et de couleurs, ou a
3520 sa charité. Michel-Ange, Rembrandt, est-ce que ce sont seulement des rapports de volumes et de couleurs, ou aussi des hommes
3521 r faculté divine, au bénéfice de tous ceux qui en seront dignes ? La justice de la Bible, la vieille liberté des cités, qui le
3522 liberté seules, nous venons de le voir du reste, sont vite menacées. Et ce qui les dépasse, c’est l’Europe qui l’a cherché.
3523 herche encore. Et que, jusqu’à nouvel ordre, elle est seule à le chercher. En face de l’inconnu et de la torture pas encore
3524 lieu seul — des hommes courbés sous ce destin se sont relevés pour partir inlassablement vers la nuit, pour rendre intellig
3525 nquête dans l’espace et le temps. Ses conclusions sont consternantes : L’Occidental qui désire s’attaquer à ce problème doi
3526 ace, la langue, la civilisation, la religion, ils seront tous d’accord sur un point : si un Occidental leur demande leur opini
3527 dent, ils fourniront tous la même réponse, qu’ils soient russes, musulmans, hindous, chinois ou japonais. Ils diront tous que
3528 ois ou japonais. Ils diront tous que l’Occident a été le grand agresseur des temps modernes et chaque peuple pourra invoque
3529 ssertion. Les Russes rappelleront que leur pays a été envahi par les armées occidentales en 1941, 1915, 1812, 1709 et 1610 
3530 e, depuis le xve siècle, les Occidentaux, qu’ils soient missionnaires, commerçants ou soldats, sont venus par mer et se sont
3531 ils soient missionnaires, commerçants ou soldats, sont venus par mer et se sont infiltrés à l’intérieur des différents pays.
3532 commerçants ou soldats, sont venus par mer et se sont infiltrés à l’intérieur des différents pays. Les Asiatiques pourront
3533 que, pendant la même période, les Occidentaux se sont taillé la part du lion dans les parties du globe qui restaient encore
3534 Australie, en Nouvelle-Zélande, dans le sud et l’ est de l’Afrique. Les Africains rappelleront qu’ils furent réduits en esc
3535 t de l’Afrique. Les Africains rappelleront qu’ils furent réduits en esclavage et transportés de l’autre côté de l’Atlantique p
3536 lades autochtones rappelleront que leurs ancêtres furent écartés pour faire place aux envahisseurs européens et à leurs esclav
3537 Afrique. La plupart des Occidentaux d’aujourd’hui seront surpris, choqués et peinés par ce réquisitoire… Voici donc notre Eur
3538 : « Lorsque le monde émet des jugements, on peut être sûr qu’il aura le dernier mot », dit un proverbe latin. Et le jugemen
3539 Et le jugement que le monde porte sur l’Occident est certainement justifié, du moins pour une période de quatre siècles et
3540 ux yeux du monde, c’est l’Occident qui a toujours été l’agresseur ; et si, aujourd’hui, la Russie et la Chine ont renversé
3541 fait dans le monde, pendant ces derniers siècles, est sans commune mesure avec tout ce qui a précédé. Pour nous guérir de c
3542 our nous guérir de cette illusion occidentale qui est la nôtre, il suffit de jeter un regard en arrière sur ce qu’accomplir
3543 ls s’imaginèrent eux aussi, durant quelque temps, être différents du reste des humains… Au iie siècle avant Jésus-Christ, l
3544 sur l’océan Atlantique, à l’emplacement de ce qui est aujourd’hui l’Espagne du Sud et le Portugal. Le grec « populaire » da
3545 et le Portugal. Le grec « populaire » dans lequel fut rédigé le Nouveau Testament, au Ier siècle de notre ère, était parlé
3546 le Nouveau Testament, au Ier siècle de notre ère, était parlé et compris de Travancore à Marseille. À la même époque, la Gran
3547 à Marseille. À la même époque, la Grande-Bretagne était annexée au monde gréco-romain par les armées romaines, tandis que l’a
3548 cque, à partir du ive siècle avant Jésus-Christ, fut pour le monde un choc aussi considérable que la rencontre de notre ci
3549 pouvons lire notre horoscope en observant ce qui est arrivé dans l’histoire gréco-romaine, au-delà du point où s’arrête no
3550 ons tracer l’itinéraire à suivre. Tout de même ce serait de la folie de ne pas tenir compte de la lueur qui s’offre à nous, ca
3551 notre avenir par le miroir du passé gréco-romain est en tout cas de celles qui peuvent le mieux éclairer ce qui pour nous
3552 des manières, nous autres Occidentaux, nous nous sommes rendus moralement incapables de riposter à nos adversaires. En partie
3553 oster à nos adversaires. En partie parce que nous sommes coupables d’avoir recouru dans le passé à des méthodes brutales, mais
3554 utocritique ne tirerait pas à conséquence si nous étions certains que ceux qui ne nous aiment pas et qui entendent bien nous r
3555 aiment pas et qui entendent bien nous remplacer, sont meilleurs que nous. Mais semblables aux parents qui, par crainte de p
3556 n avenir plus tyrannique et plus brutal que ne le fut notre propre histoire. Au stade où nous voici, pleins de remords quan
3557 tuelles, — la question que nous devons nous poser est moins de savoir si nous sommes meilleurs que les autres, que de savoi
3558 ous devons nous poser est moins de savoir si nous sommes meilleurs que les autres, que de savoir si les autres ne sont pas pir
3559 rs que les autres, que de savoir si les autres ne sont pas pires que nous. Car s’ils sont pires, notre devoir est alors de v
3560 les autres ne sont pas pires que nous. Car s’ils sont pires, notre devoir est alors de vivre pour nos valeurs et de les aff
3561 ires que nous. Car s’ils sont pires, notre devoir est alors de vivre pour nos valeurs et de les affirmer. … Il n’est certes
3562 vivre pour nos valeurs et de les affirmer. … Il n’ est certes pas facile de reconnaître ses torts et de rester malgré tout c
3563 tout conscient du fait que, par comparaison, l’on est encore dans son droit. Mais c’est à ce prix que la reconnaissance des
3564 é assez compliqué de comparaison et de mesure. Il est évident que nous ne pouvons plus établir notre supériorité en arguant
3565 éennes que nous nous devons de gérer, le monde ne serait pas dans un état pire encore ; et si, en vivant ces traditions, l’Eur
3566 é des traditions ; parce que de tous temps elle s’ est efforcée d’assurer une relation étroite entre ce que j’appellerais la
3567 ux changements du moment. La culture européenne s’ est soumise à l’épreuve sans fin qui consiste à « soutenir le rythme », e
3568 us grand succès mondial de tous les temps, et, ne serait -ce que pour cette raison, elle justifie son droit à survivre politiqu
3569 our que les ponts entre le passé et le présent ne soient pas coupés, et continuent même d’être fréquentés. On ne doit pas se l
3570 résent ne soient pas coupés, et continuent même d’ être fréquentés. On ne doit pas se lasser de le répéter : notre vieille Eu
3571 as se lasser de le répéter : notre vieille Europe est la seule partie du monde où nul fossé ne sépare aujourd’hui d’hier. C
3572 dents), à savoir James Joyce et Marcel Proust. Ce sont deux exemples typiques de ce que l’Europe est capable de donner au mo
3573 Ce sont deux exemples typiques de ce que l’Europe est capable de donner au monde. Ils sont tous les deux modernes, dans le
3574 que l’Europe est capable de donner au monde. Ils sont tous les deux modernes, dans le plein sens du mot, et en même temps t
3575 rfois aussi, la rupture résulte d’un choc entre l’ Est et l’industrialisation importée de l’Ouest. En Europe, l’industrialis
3576 portée de l’Ouest. En Europe, l’industrialisation est apparue et s’est développée en vertu d’un processus organique ; c’est
3577 . En Europe, l’industrialisation est apparue et s’ est développée en vertu d’un processus organique ; c’est par conséquent e
3578 anique ; c’est par conséquent en Europe qu’elle a été le mieux absorbée. Tandis qu’en Asie, où tel un corps étranger elle a
3579 andis qu’en Asie, où tel un corps étranger elle a été imposée de l’extérieur, son apparition a provoqué de profonds remous.
3580 s’opposent délibérément à la tradition. Que nous soyons capables de constater ces faits et d’en tirer des conclusions (et mêm
3581 es parties du monde, Russie comprise. Pour ce qui est de l’Amérique, l’évolution va déjà dans ce sens. Car l’Amérique se so
3582 grands faits incontestables demeurent et doivent être remémorés : 1° Ce sont les Européens qui ont découvert la Terre entiè
3583 ables demeurent et doivent être remémorés : 1° Ce sont les Européens qui ont découvert la Terre entière, alors qu’aucun autr
3584 ’aucun autre peuple n’a songé à les découvrir. Ce sont eux qui ont permis à l’humanité de prendre conscience de son unité. L
3585 e d’universalité, l’idée même de « genre humain » sont des créations de l’Europe chrétienne et technicienne. 2° Les prophète
3586 chute de Rome, du monde gréco-romain. Cet exemple est -il valable pour nous ? La civilisation européenne est-elle une civili
3587 il valable pour nous ? La civilisation européenne est -elle une civilisation comme les autres ? Son destin peut-il être préd
3588 ivilisation comme les autres ? Son destin peut-il être prédit par extrapolation des exemples antiques ? N’a-t-elle pas dépas
3589 ment incomparable ? 3° La civilisation européenne est la seule qui soit effectivement devenue universelle. Alexandre le Gra
3590  ? 3° La civilisation européenne est la seule qui soit effectivement devenue universelle. Alexandre le Grand et les empereur
3591 la psychologie, le Musée et le Laboratoire, etc.) sont en expansion vers Le Monde, l’appellent et s’en nourrissent, préparen
3592 t s’en nourrissent, préparent son unité. Et elles sont seules à l’avoir fait. 5° On ne voit pas de candidats sérieux à la Re
3593 que) et le cadre mondial (d’origine européenne) s’ est agrandi au point qu’en marge des vieilles nations d’Europe se sont co
3594 oint qu’en marge des vieilles nations d’Europe se sont constituées des puissances politiques qui vont se retourner contre el
3595 De toutes les souffrances, les plus douloureuses sont celles dont nous sommes les auteurs. Créatrice par excellence, l’Euro
3596 nces, les plus douloureuses sont celles dont nous sommes les auteurs. Créatrice par excellence, l’Europe s’est créé aussi, dir
3597 les auteurs. Créatrice par excellence, l’Europe s’ est créé aussi, directement ou indirectement, la plupart de ses malheurs.
3598  », d’ailleurs. Car le pire, prévu par Toynbee, n’ est pas sûr : Dans A Study of History de Toynbee, l’histoire universelle
3599 udy of History de Toynbee, l’histoire universelle est comme une grande salle d’hôpital comptant vingt-et-un lits. La plupar
3600 mptant vingt-et-un lits. La plupart des occupants sont déjà morts ; quelques-uns ne connaissent plus guère qu’un état léthar
3601 tat léthargique ; le principal patient, l’Europe, est en proie à un mal soudain et grave contre lequel sa robuste nature lu
3602 , hélas ! Le médecin sait que les jours du malade sont comptés. Il s’agit, en effet, d’un être sujet à la mort, à quoi le mè
3603 du malade sont comptés. Il s’agit, en effet, d’un être sujet à la mort, à quoi le mène un épuisement de ses forces organique
3604 es forces organiques contre lequel la politique n’ est qu’une médecine impuissante. Tout ce qu’on peut faire, c’est de compt
3605 -Sévère, époque, après tout, assez séduisante, ne serait -ce que par ses déficiences, et dont la « pétrification sans histoire 
3606 mporains comme une promesse de repos. La vérité est que la situation de l’Europe prête à la fois à plus d’optimisme et de
3607 imisme en ce qui concerne le présent. Pour ce qui est de la science, de la technique, de la vitalité et de la volonté d’org
3608 de la volonté d’organisation, le monde occidental est beaucoup moins en décadence que ne le suppose Spengler. Mais sa cultu
3609 dence que ne le suppose Spengler. Mais sa culture est beaucoup moins étanche qu’il ne l’avait imaginé, et par son énorme fé
3610 t pour les oreilles d’un Démosthène, à peine s’il est perceptible pour l’historien qui, s’efforçant de découvrir les grands
3611 itable résistance. L’empreinte européenne sur eux est plus profonde que celle du monde grec sur l’Orient ; elle s’insinue,
3612 s succédanés, jusqu’au tréfonds religieux, lequel fut la ligne de défense et de contre-attaque de l’Asie contre la Grèce. E
3613 uropéens et de leur civilisation « dépossédée » n’ est plus séparable, en fait, de celui de l’avenir du reste des hommes :
3614 Celui-ci aura beau se saisir de l’objet, il n’en sera pas moins toujours en état de déficience. Il va agencer sa vie selon
3615 ines modalités extérieures et purement techniques étaient à la portée de l’imitation étrangère. Mais « leur point d’origine, éc
3616 ment pourrait-on l’imiter ? » Et cependant cela a été imité par d’autres corps sociaux, qui s’en sont emparés et en ont fai
3617 a été imité par d’autres corps sociaux, qui s’en sont emparés et en ont fait leur bien propre. La vérité est que ces étrang
3618 mparés et en ont fait leur bien propre. La vérité est que ces étrangers ne se sont pas bornés à copier les produits élaboré
3619 ien propre. La vérité est que ces étrangers ne se sont pas bornés à copier les produits élaborés par cette civilisation ; il
3620 oduits élaborés par cette civilisation ; ils s’en sont approprié les données et le moteur même, sur le plan où la distinctio
3621 u seul épiderme de la culture européenne ; elle s’ est nourrie du suc intime, des aspirations spirituelles de cette dernière
3622 tre les plus essentiels… La mission de l’Europe n’ est pas achevée, loin de là, même si, sur certains points, celle-ci sembl
3623 ope, si les grandes applications pratiques en ont été réalisées ailleurs. Nulle part notre phénomène de rapt n’offre de tra
3624 de traits mieux discernables. Mais ce phénomène est si neuf et si soudain que nous ne savons quelles conséquences il entr
3625 l’Europe ; mais la vieille matrice spirituelle n’ est pas, en fin de compte, expropriable. L’activité intellectuelle est qu
3626 e compte, expropriable. L’activité intellectuelle est quelque chose de si délicat, est conditionnée par de si multiples fac
3627 é intellectuelle est quelque chose de si délicat, est conditionnée par de si multiples facteurs qu’on peut se demander si,
3628 nnaîtra ailleurs l’élan génial avec lequel elle s’ est affirmée pendant ces cinquante dernières années sur le vieux Continen
3629 sur le vieux Continent. La mission de l’Europe n’ est -elle pas, désormais, de repenser pour l’Homme le bon usage de ses con
3630 ans l’expansion du monde contemporain. Elle seule est en mesure de redonner actualité et efficacité au vieux trésor impéris
3631 t pu se réduire sur quelques points ; mais ils se sont accrus sur d’autres, du fait qu’elle se trouve responsable du destin
3632 us seulement d’elle-même et d’une planète qui lui était soumise, mais d’une planète qui a atteint sa majorité et conquis son
3633 paternel, de l’usage duquel le « pater familias » est toujours solidaire.306 Sur la mission mondiale de l’Europe, interro
3634 rope qu’au terme d’un périple planétaire. Il n’en est que plus frappant de constater que c’est à l’Europe finalement — cett
3635 uple le meilleur, et rien que cela, de ce dont il est capable. Et ce, non plus pour s’élever soi-même à l’exclusion des aut
3636 lle doit voir sa tâche véritable pour continuer d’ être un facteur positif dans le développement de l’humanité. Sa suprématie
3637 loppement de l’humanité. Sa suprématie matérielle est évidemment finie. Elle est devenue très faible, très petite en face d
3638 suprématie matérielle est évidemment finie. Elle est devenue très faible, très petite en face du Nouveau Monde. Sa positio
3639 planète se transportera-t-il en Asie. L’invention est difficile, mais le singe même est capable d’imitation. Bientôt toute
3640 ie. L’invention est difficile, mais le singe même est capable d’imitation. Bientôt toute notre capacité technique sera le b
3641 imitation. Bientôt toute notre capacité technique sera le bien commun de l’humanité entière. Bientôt nous, Européens, si nou
3642 nous vantons de nos conquêtes scientifiques, nous serons regardés comme le serait Cornélius Népos s’il se présentait parmi nou
3643 êtes scientifiques, nous serons regardés comme le serait Cornélius Népos s’il se présentait parmi nous revendiquant un droit à
3644 quant un droit à la vénération universelle : nous sommes devenus nos propres classiques. Ainsi notre prestige, le plus importa
3645 plus important de tous les facteurs de puissance, est périmé. Mais surtout les conquêtes sociales des dernières décennies m
3646 vir. C’est-à-dire sur sa spiritualité. … Nous ne serions pas les porteurs qualifiés de la spiritualité intellectuelle sur terr
3647 la spiritualité intellectuelle sur terre, nous ne serions pas les mains de Dieu, si chez nous l’accent significatif ne reposait
3648 pas exclusivement sur l’esprit. La forme grecque est encore à la racine de l’art de l’Extrême-Orient, et l’Éthos juif est
3649 ine de l’art de l’Extrême-Orient, et l’Éthos juif est à la racine de tout Éthos qui s’affirme dans le monde. Toute science
3650 Éthos qui s’affirme dans le monde. Toute science est d’origine européenne. Mais pour ce qui est du christianisme, sa force
3651 cience est d’origine européenne. Mais pour ce qui est du christianisme, sa force expansive et active vient précisément de c
3652 rit dominateur de la Terre. En lui-même, l’esprit est terrestrement impuissant ; même la spiritualité la plus forte ne peut
3653 ième larron sur la croix. Or, en Europe, l’esprit est essentiellement dominateur de la terre. Grâce à lui l’Européen peut a
3654 peut agir terrestrement. Le fait que l’Europe ait été , parfois, puissante aussi au point de vue extérieur, ne fut pas l’exp
3655 is, puissante aussi au point de vue extérieur, ne fut pas l’expression primaire de l’esprit européen, mais sa conséquence d
3656 llectuelle. Car c’est la seule chose en quoi elle soit encore unique. En même temps, c’est la seule chose qui maintenant soi
3657 n même temps, c’est la seule chose qui maintenant soit capable d’être développée à un degré inouï. … La raison principale po
3658 ’est la seule chose qui maintenant soit capable d’ être développée à un degré inouï. … La raison principale pour laquelle l’E
3659 e l’esprit ne peut régner que là où tout l’accent est placé sur l’unique et sa valeur. Toutes les valeurs sont personnelles
3660 acé sur l’unique et sa valeur. Toutes les valeurs sont personnelles. De même que le Christ proclama la valeur infinie de l’â
3661 t qu’il n’y a d’autre compréhension que celle qui est personnelle, — de même la souveraineté de l’esprit sur la terre est l
3662  de même la souveraineté de l’esprit sur la terre est liée à ce que l’accent significatif repose sur l’individu et sur lui
3663 du et sur lui uniquement. Or, aujourd’hui il n’en est ainsi que chez l’Européen. … Que l’Europe puisse remplir cette missio
3664 … Que l’Europe puisse remplir cette mission, cela est dû à ce que son entrée dans le monde qui naît, et son entrée à elle s
3665 olution de continuité. La science et la technique sont les enfants authentiques de son esprit : par conséquent, leur récepti
3666 ans sa structure psychique. Ainsi le socialisme n’ est , pour nous, qu’une conséquence entre d’autres du christianisme ; il r
3667 nt les élites européennes, mais encore les masses sont immunisées contre l’américanisme et le bolchévisme. Aucun grand mouve
3668 l’influence civilisatrice de l’Europe : Le monde est en train de prendre à notre Europe ses armes, ses méthodes et, pense-
3669 it. Ces instruments de puissance, l’Europe se les est laissé ravir ; bien plus, elle les a libéralement offerts à ceux-là m
3670 influence civilisatrice, la victoire de l’Europe est extraordinaire, sensationnelle, presque invraisemblable, puisque la p
3671 culture depuis le vie siècle avant Jésus-Christ, est , je le crains, sur le point de finir, pour laisser la place à un âge
3672 isser la place à un âge nouveau dont la technique est le ressort véritable. Tel est le drame, plus que shakespearien, vraim
3673 u dont la technique est le ressort véritable. Tel est le drame, plus que shakespearien, vraiment apocalyptique, auquel nous
3674 apocalyptique, auquel nous assistons. L’enjeu en sera demain l’existence même de notre continent. Nous mesurons la différen
3675 la trahissant peut-être en la débordant. « Rome n’ est plus dans Rome », disait le héros cornélien. Il se pourrait que, dès
3676 ujourd’hui, le centre de gravité de l’Occident ne soit plus en Europe, et ceci nous invite à analyser les traits essentiels
3677 t compromis la solidité et ce que nous avions cru être l’intangibilité de notre puissance. Il suffisait à nos yeux que l’Eur
3678 leil, mais nous ne nous demandions pas ce qu’elle était , où résidait le secret ressort de son incomparable hégémonie. Le sec
3679 e, où se cache-t-il ? La source initiale peut en être cherchée dans l’antiquité grecque, car celle-ci avait discerné déjà l
3680 thodes scientifiques modernes ; mais elle ne s’en était servie que pour la contemplation, pour la recherche désintéressée de
3681 lement deux millénaires pour se manifester, n’ont été possibles, dans un milieu géographique nouveau, que par une mise au p
3682 pensée. Le centre de gravité de la civilisation s’ était déplacé vers les contrées du Nord où il faisait froid, où il fallait
3683 nses conséquences si ces « maîtres à penser » que sont Descartes, l’ancêtre véritable de la rationalisation, Bacon, le père
3684 pas connu son étonnante fécondité. C’est de là qu’ est issue, au xixe siècle, l’irrésistible hégémonie de l’Europe. Jusqu’a
3685 tinuait à alimenter sa force du dynamisme qu’elle tenait de sa double conception de la connaissance et de l’individu. Il était
3686 onception de la connaissance et de l’individu. Il était cependant impossible que ce monopole extraordinaire pût durer toujour
3687 pût durer toujours, car sa technique pouvait lui être empruntée, d’autant plus qu’elle ne se faisait pas faute de la distri
3688 électrique. Marx lui-même pensait que son système serait d’abord accepté des Sociétés industriellement les plus évoluées. C’es
3689 transmise en tant que technique peut également l’ être en tant que culture. La discussion est essentielle, parce qu’elle nou
3690 alement l’être en tant que culture. La discussion est essentielle, parce qu’elle nous invite à déterminer ce qui, dans notr
3691 erminer ce qui, dans notre conception européenne, est primordial, intransmissible. La révolution industrielle n’eût pas por
3692 its si sa technique, quelque merveilleuse qu’elle fût , ne s’était alimentée à la source profonde d’une pensée créatrice, en
3693 technique, quelque merveilleuse qu’elle fût, ne s’ était alimentée à la source profonde d’une pensée créatrice, en possession
3694 supériorité occidentale, la pratique de l’Europe est efficace parce qu’elle se nourrit d’esprit. L’esprit souffle où il ve
3695 nte à l’Europe ses machines et les recettes qui y sont attachées, lui emprunte-t-il de ce fait son esprit créateur ? Les don
3696 sprit créateur ? Les dons intellectuels de l’Asie sont incontestables ; mais il y a une atmosphère, essentiellement créatric
3697 ce, de l’Europe, dont on peut se demander si elle est effectivement transportable. La revendication d’un domaine où règne l
3698 tion d’un domaine où règne la liberté de l’esprit est typiquement européenne, et si nous y renoncions, nous ne serions plus
3699 ment européenne, et si nous y renoncions, nous ne serions plus nous-mêmes. Mais elle n’est nullement le fait de ces pays qui, s
3700 ons, nous ne serions plus nous-mêmes. Mais elle n’ est nullement le fait de ces pays qui, sous l’égide Marx, se sont récemme
3701 nt le fait de ces pays qui, sous l’égide Marx, se sont récemment engagés à fond dans une révolution à la fois technique, soc
3702 se fleurir selon ses propres lois. L’individu n’y est pas respecté en tant que tel, mais seulement le travailleur, agent pr
3703 ne collectivité qui l’absorbe. Or l’individu seul est créateur, et il l’est plus encore par l’esprit que par la technique.
3704 absorbe. Or l’individu seul est créateur, et il l’ est plus encore par l’esprit que par la technique. Telle est la leçon de
3705 s encore par l’esprit que par la technique. Telle est la leçon de deux-mille ans d’histoire ayant abouti à ce nouveau mirac
3706 s d’histoire ayant abouti à ce nouveau miracle qu’ est l’étonnante marée technique qui déferle sur le monde. En indiquant l
3707 pe » assumant les contradictions inéluctables qui étaient dans sa nature et qu’elle retrouve dans le Monde, projetées par sa pr
3708 tler ou passée au rouleau compresseur des Soviets serait -elle encore elle-même et surtout conserverait-elle la puissance de ré
3709 versité Fondement de l’Union fédérale Si telle est bien la vocation particulière de l’Europe dans le Monde réveillé par
3710 n résultent : 1° l’union politique de nos peuples est désormais la condition non seulement de leur survie mais du juste exe
3711 , quand le prestige de la civilisation européenne était tel qu’elle semblait n’avoir point de rivales et qu’elle s’identifiai
3712 le s’identifiait à la civilisation en général, il était sans doute facile de perdre de vue cette unité ; mais il n’en va plus
3713 chesse et à développer des civilisations qui leur sont propres, où enfin les peuples de l’Orient font valoir à nouveau les d
3714 ste, se crée tout un ensemble d’intérêts auxquels est lié le soin de sa défense ; la cause de l’internationalisme a, elle a
3715 socialisme et de la finance internationale ; il n’ est pas jusqu’aux civilisations orientales qui n’aient pris conscience d’
3716 r l’Europe une nation. Aussi la cause de l’Europe est -elle d’avance perdue, par défaut. Si pourtant notre civilisation doit
3717 Si pourtant notre civilisation doit survivre, il est essentiel qu’elle atteigne à une conscience européenne commune et qu’
3718 ante prétention à affirmer que notre civilisation est la seule qui compte, regardera celle-ci, sans aucun doute, d’un œil b
3719 i une véritable civilisation mondiale peut jamais être créée, ce sera non pas en ignorant l’existence des grandes traditions
3720 civilisation mondiale peut jamais être créée, ce sera non pas en ignorant l’existence des grandes traditions historiques, m
3721 derniers siècles : … Seulement, avant qu’il nous soit possible de donner à la culture européenne la place qui lui revient d
3722 dualités nationales. … Le fait que cette vérité n’ est pas généralement admise est dû avant tout à ce qu’on a d’ordinaire éc
3723 it que cette vérité n’est pas généralement admise est dû avant tout à ce qu’on a d’ordinaire écrit l’histoire moderne du po
3724 es-uns des plus grands historiens du xixe siècle étaient en même temps des apôtres du nationalisme, et leurs histoires sont so
3725 s des apôtres du nationalisme, et leurs histoires sont souvent des manuels de propagande nationaliste. Cette tendance est ma
3726 anuels de propagande nationaliste. Cette tendance est manifeste tant chez les historiens philosophes, qui tenaient l’idéali
3727 nifeste tant chez les historiens philosophes, qui tenaient l’idéalisation hégélienne de l’État pour la suprême expression de l’i
3728 hez des écrivains comme Treitschke et Froude, qui furent les représentants d’un nationalisme purement politique. Au cours du x
3729 urs du xixe siècle, la conscience populaire en a été imprégnée, et c’est de là qu’est issue la conception que l’homme moye
3730 e populaire en a été imprégnée, et c’est de là qu’ est issue la conception que l’homme moyen se fait de l’histoire. Celle-ci
3731 opéenne comme son œuvre propre et originale, sans tenir aucun compte du sol commun où a pris racine sa tradition individuelle
3732 cine sa tradition individuelle. Et cette erreur n’ est pas le monopole des écrivains : elle a miné et vicié toute la vie int
3733 es nations. Les vrais fondements de notre culture sont non pas l’État national, mais l’unité européenne.310 C’est à démont
3734 péenne.310 C’est à démontrer cette thèse que se sont attachés les historiographes de l’Europe considérée comme unité de cu
3735 uelques formules heureuses les principes qui leur sont communs : L’éternel national nous semble un concept à manier avec p
3736 s sans fenêtres », des entités immuables : elle n’ est pas la somme de leurs histoires nationales juxtaposées. C’est l’Europ
3737 es juxtaposées. C’est l’Europe, au contraire, qui est antérieure et qui explique les nations. Or l’Europe et les nations so
3738 explique les nations. Or l’Europe et les nations sont sujettes au changement. … même le nationalisme fut international, et
3739 nt sujettes au changement. … même le nationalisme fut international, et les conflits de l’impérialisme moderne démontrent u
3740 ne s’expliquent que par un fonds commun.311 Il est frappant de constater que l’unanimité des auteurs qui ont contribué a
3741 it trop facilement ? Non, la diversité européenne est plus organique et profonde, comme nous le rappelle Ortega : Lorsque
3742 hé sous une forme absolue et que c’est à cela que sont dus son développement permanent et son caractère progressif, nous ne
3743 me sait ce qu’il dit… La liberté et le pluralisme sont deux choses réciproques et constituent toutes les deux l’essence perm
3744 e création de richesse, et que l’ancien continent est passé par des crises de ce genre beaucoup plus graves. Est-ce que, pa
3745 par des crises de ce genre beaucoup plus graves. Est -ce que, par hasard, l’Allemand ou l’Anglais ne se sentiraient plus ca
3746 e l’économique. Car le fait véritablement curieux est précisément que la dépression de leurs âmes ne provient pas de ce qu’
3747 économie actuelle allemande, anglaise, française, sont les frontières politiques des États respectifs. La véritable difficul
3748 ù doivent se mouvoir les capacités économiques, n’ est pas en rapport avec leur intensité… Le pessimisme, le découragement q
3749 e les barreaux de sa cage. La meilleure preuve en est que cette combinaison se répète dans tous les domaines, dont les fact
3750 répète dans tous les domaines, dont les facteurs sont en apparence très distincts du domaine économique. Par exemple dans l
3751 nt imaginaire — à vivre uniquement de ce que nous sommes , en tant que « nationaux », et que, par un artifice quelconque, on ex
3752 lui vient des autres pays continentaux, cet homme serait terrifié. Il verrait qu’il ne lui est pas possible de vivre avec ce m
3753 et homme serait terrifié. Il verrait qu’il ne lui est pas possible de vivre avec ce maigre recours purement national, mais
3754 ais que les quatre cinquièmes de son avoir intime sont des biens de la communauté européenne. On ne voit guère quelle autre
3755 us qui existons de ce côté de la planète, si ce n’ est de réaliser la promesse que, depuis quatre siècles, signifie le mot E
3756 e passé. On va voir de nos jours si les Européens sont eux aussi les enfants de la femme de Loth et s’ils s’obstinent à fair
3757 rtega croit que la nécessité de l’union politique est inscrite dans nos réalités présentes : L’unité de l’Europe n’est pa
3758 nos réalités présentes : L’unité de l’Europe n’ est pas une fantaisie. Elle est la réalité même ; et ce qui est fantastiq
3759 L’unité de l’Europe n’est pas une fantaisie. Elle est la réalité même ; et ce qui est fantastique c’est précisément l’autre
3760 e fantaisie. Elle est la réalité même ; et ce qui est fantastique c’est précisément l’autre thèse : la croyance que la Fran
3761 que la France, l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne sont des réalités substantives, indépendantes. Et il en déduit ces conclu
3762 ces conclusions curieusement prophétiques : … Il est extrêmement improbable qu’une société, une collectivité aussi mûre qu
3763 celle que forment déjà les peuples européens, ne soit pas près de créer l’appareil politique d’un État, pour donner une for
3764 connaître que l’unité de l’Europe comme société n’ est pas un idéal mais un fait de très ancienne quotidienneté. Et lorsqu’o
3765 ement portera le processus à son terme, elle peut être Dieu sait quoi ! la natte d’un Chinois émergeant de derrière les Oura
3766 ans le même temps, pressent lui aussi que l’union est inscrite dans la logique profonde de l’Europe : L’Europe se constitu
3767 ractère français et le caractère allemand pouvait être considérée comme d’une importance primaire. Aujourd’hui c’est la cons
3768 llemand, etc., deviennent différents de ce qu’ils étaient autrefois : c’est que leurs relations avec le tout se sont modifiées.
3769 efois : c’est que leurs relations avec le tout se sont modifiées. L’instauration d’une « supranationalité » européenne (le
3770 ope comme formation. C’est pourquoi il ne saurait être question d’une unification effaçant les différences, si on aspire à u
3771 un progrès pour les Européens unis : L’Européen serait -il alors l’homme suprême au sens absolu ? Sûrement, il y aura bientôt
3772 aussi virulent que n’importe quel nationalisme le fut jamais ; ce serait l’équivalent européen de l’américanisme messianiqu
3773 ue n’importe quel nationalisme le fut jamais ; ce serait l’équivalent européen de l’américanisme messianique. Il va sans dire
3774 . Il va sans dire que l’Européen, lui non plus, n’ est pas naturellement l’homme idéal. Mais il peut devenir supérieur à n’i
3775 e quel habitant de l’ancienne Europe, parce qu’il est d’envergure plus vaste. Toute supériorité repose sur l’intégration en
3776 réunissent les agréments et les instruments. Elle est assez petite pour être parcourue en un temps très court, qui deviendr
3777 ts et les instruments. Elle est assez petite pour être parcourue en un temps très court, qui deviendra bientôt insignifiant.
3778 s court, qui deviendra bientôt insignifiant. Elle est assez grande pour contenir tous les climats ; assez diverse pour prés
3779 des conditions favorables à l’homme. Et l’homme y est devenu l’Européen. Vous m’excuserez de donner à ces mots d’Europe et
3780 , ma pensée abusant de mon langage, qu’une Europe est une espèce de système formé d’une certaine diversité humaine et d’une
3781 Le produit de cette conjoncture de circonstances est un Européen. Valéry, écrivant en 1922, dans une France victorieuse,
3782 Paix, qui circula clandestinement dès 1943 et ne fut publié qu’en 1946. Approfondissant le thème de l’unité dans la divers
3783 chnique, le commerce, etc., tandis que la liberté serait assurée aux diversités naturelles et culturelles. Ce que la machine
3784 Et la même plainte se renouvelle : le vieux monde serait devenu trop étroit. Au libre déploiement de nos moyens s’opposent les
3785 oire vécue et soufferte. On comprend alors que ce soit ici, en son cœur, que se soient allumées les guerres monstrueuses qui
3786 mprend alors que ce soit ici, en son cœur, que se soient allumées les guerres monstrueuses qui ont ravagé le monde : c’est au
3787 it participer à la liberté supérieure qui déjà, a été regagnée sur l’espace et sur l’étroitesse héritée. … Il s’agit, dans
3788 par l’évolution historique. … Le besoin d’espace sera satisfait par l’union des peuples ; et il n’est pas de solution plus
3789 sera satisfait par l’union des peuples ; et il n’ est pas de solution plus juste. Les formes de vie commune dans la maison
3790 Les formes de vie commune dans la maison nouvelle seront instaurées par la Constitution. Entrer ici dans les détails n’aurait
3791 ci dans les détails n’aurait pas de sens. Mais il est deux principes supérieurs qui doivent s’exprimer dans la Constitution
3792 ivent s’exprimer dans la Constitution, quelle que soit sa structure. Ces principes sont l’Unité et la Diversité. Le nouvel e
3793 tion, quelle que soit sa structure. Ces principes sont l’Unité et la Diversité. Le nouvel empire doit être uni dans tous ses
3794 nt l’Unité et la Diversité. Le nouvel empire doit être uni dans tous ses membres, tout en respectant leur nature particulièr
3795 libéral et celle de l’État autoritaire. Les deux sont valables et motivées, et pourtant la vie ne saurait être ni totalemen
3796 lables et motivées, et pourtant la vie ne saurait être ni totalement disciplinée ni totalement livrée au libre arbitre. Il s
3797 e distinguer les niveaux auxquels chacune d’elles est le mieux adaptée. Les formes autoritaires de l’ordre étatique sont ad
3798 ptée. Les formes autoritaires de l’ordre étatique sont adéquates là où les hommes et les choses sont techniquement organisab
3799 que sont adéquates là où les hommes et les choses sont techniquement organisables. En revanche la liberté doit régner là où
3800 doit régner là où une vie organique plus profonde est à l’œuvre… Doit être organisé d’une manière uniforme tout ce qui relè
3801 e vie organique plus profonde est à l’œuvre… Doit être organisé d’une manière uniforme tout ce qui relève de la technique, d
3802 rsités historiques. Ce qui implique également que soient délimités le domaine de la technique et celui de la vie organique. L’
3803 en tant qu’Allemand ou en tant que Français, sans être forcé ni à l’un ni à l’autre. Et surtout, il pourra vivre en tant qu’
3804 ui plaira. Il y a là un gain pour la liberté, qui sera visible jusque dans les petits groupes ethniques et les cités. Dans l
3805 Europe comme organisme culturel (unité existante) sera proposée et précisée un peu plus tard par T. S. Eliot dans ses brefs
3806 . Les rapports entre la culture et la politique y sont clairement définis316 : La structure politique d’une nation affecte
3807 tes. Une des erreurs de l’Allemagne hitlérienne a été précisément de poser en principe que toute culture autre que la sienn
3808 en principe que toute culture autre que la sienne était ou décadente ou barbare. Finissons-en avec de telles prétentions ! L’
3809 Et certes, il faut une organisation, et plus elle sera parfaite, mieux cela vaudra. Mais la culture est autre chose : quelqu
3810 sera parfaite, mieux cela vaudra. Mais la culture est autre chose : quelque chose qui doit pousser comme une plante. Vous n
3811 e qu’il vienne à maturité dans les délais qui lui sont propres, et une fois qu’il aura poussé il ne faudra pas vous plaindre
3812 duire un orme. Or, une structure politique donnée est partiellement construction et partiellement croissance. Elle est part
3813 nt construction et partiellement croissance. Elle est partiellement organisation — et une organisation, si elle est bonne,
3814 ement organisation — et une organisation, si elle est bonne, est également bonne pour tous les hommes ; et partiellement cr
3815 isation — et une organisation, si elle est bonne, est également bonne pour tous les hommes ; et partiellement croissance li
3816 se nourrissant d’elle — et dans cette mesure elle est différente de la structure politique d’autres nations. Il importe d’ê
3817 tructure politique d’autres nations. Il importe d’ être bien clair sur le sens que nous donnons à ce mot de « culture », de m
3818 , d’autre part, cet organisme spirituel propre qu’ est l’Europe. Si l’Europe meurt en tant qu’organisme spirituel, ce qui re
3819 uel, ce qui restera à organiser matériellement ne sera plus l’Europe, mais une foule amorphe d’êtres humains parlant différe
3820 t ne sera plus l’Europe, mais une foule amorphe d’ êtres humains parlant différentes langues. Ajoutons que ces êtres humains n
3821 ins parlant différentes langues. Ajoutons que ces êtres humains n’auront plus de raison valable de parler des langues différe
3822 ce qu’ils n’auront plus rien à dire qui ne puisse être dit tout aussi bien dans n’importe quelle autre langue ; en un mot, i
3823 ulture « européenne » si les divers pays d’Europe sont isolés les uns des autres ; j’ajouterai à présent qu’il ne saurait pa
3824 y avoir une culture européenne si ces divers pays sont ramenés à un état d’uniformité. Nous avons besoin de diversité dans l
3825 notre unité culturelle317 : Le monde occidental tient son unité propre de son patrimoine culturel, du christianisme et des
3826 organisation politique ou économique, quelles que soient les bonnes volontés dont elle bénéficierait, ne saurait remplacer ce
3827 e culturel, nulle organisation, nul « planning », fût -il l’œuvre des esprits les plus ingénieux, ne pourra nous tirer d’aff
3828 en au contraire une pluralité des allégeances. Il est faux de penser que le seul devoir de l’individu serait son devoir env
3829 t faux de penser que le seul devoir de l’individu serait son devoir envers l’État ; et il est exorbitant de considérer comme l
3830 ’individu serait son devoir envers l’État ; et il est exorbitant de considérer comme le devoir suprême de l’individu celui
3831 en donne un exemple d’autant plus frappant qu’il est emprunté au domaine de la poésie, que le romantisme nous faisait cons
3832 x échanges318 : L’unité de la culture européenne est un sujet très vaste, en vérité, et nul ne devrait l’aborder qu’à part
3833 ance ou expérience particulière qu’il possède… Je suis poète et critique de la poésie. Je tenterai de montrer ce que cette p
3834 Et je pense que la raison pour laquelle l’anglais est un si bon langage poétique, c’est qu’il combine en lui tant de source
3835 dition : lorsque les diverses nations de l’Europe sont coupées les unes des autres et que les poètes ne lisent plus d’autre
3836 ans chaque pays. Quant à la seconde condition, je tiens à insister sur ce point précis : que chaque littérature doit avoir de
3837 chaque littérature doit avoir des sources qui lui soient propres et qui remontent du fond de son histoire ; mais d’une importa
3838 ncière de la littérature européenne que celui qui fut le plus grand « comparatiste » de la littérature de notre temps : Ern
3839 s, comme le font encore nos manuels : L’Europe n’ est qu’un nom, « un terme géographique » (comme Metternich le disait de l
3840 comme Metternich le disait de l’Italie) si elle n’ est pas perçue comme une entité historique. C’est ce que l’histoire à l’a
3841 ement à la littérature… La littérature européenne est co-extensive dans le temps, avec la culture européenne. Elle embrasse
3842 ’on la morcelle […] Le « présent intemporel » qui est une caractéristique essentielle de la littérature, signifie que la li
3843 ignifie que la littérature du passé peut toujours être active dans celle du présent. Ainsi Homère dans Virgile, Virgile en D
3844 mysticisme espagnol dans T. S. Eliot. Inépuisable est la richesse des interrelations possibles. Et puis il y a le jardin de
3845 il y a le jardin des formes littéraires — que ce soient les genres, ou les formes métriques ou les strophes ; que ce soient l
3846 ou les formes métriques ou les strophes ; que ce soient les procédés rhétoriques ou les motifs narratifs. Enfin, il y a toute
3847 La dernière œuvre d’André Gide, et la plus mûre, fut un Thésée 319. C’est également de son expérience d’écrivain que part
3848 e et de comprendre qu’aujourd’hui il ne peut plus être question d’une culture française, pas plus que d’une culture hollanda
3849 s que la culture française reste, il faut qu’elle soit intégrée aux cadres d’une grande culture européenne. Et il ajoutait,
3850 oncevoir des journaux internationaux. Tout cela a été tenté avant la guerre de 1939. Aujourd’hui ces réalisations, qui ne m
3851 ces réalisations, qui ne manquent pas d’intérêt, seraient inefficaces parce que nous aurions alors une superstructure, l’unité
3852 is cette unité de culture n’aura aucun sens et ne sera faite que de mots, si elle ne se place pas dans le cadre d’un effort
3853 celui de la continuité dans le changement321 qui est sa traduction dans le temps, et il rejoint ainsi notre plus proche ac
3854 rant toute cette période. L’Europe, d’autre part, est le continent dont la science et la technologie ouvrent la voie au mon
3855 si radicale qu’on dirait qu’une espèce nouvelle s’ est établie sur la planète transformée. Et pourtant, durant tout ce dével
3856 hangement, unité dans la diversité, semblent bien être (comme les quatre éléments d’Aristote : la terre et l’air, l’eau et l
3857 oussée, nul n’en peut plus douter ; mais le temps est une dimension qu’il s’agit de prendre au sérieux, et le rythme de cet
3858 endre au sérieux, et le rythme de cette évolution est de nature à nous inquiéter sérieusement. Il ne m’a fallu que trois he
3859 eur patrimoine commun. La civilisation européenne est le produit d’une collaboration séculaire et l’on ne saurait en suppri
3860 igurer et l’affaiblir. Or notre génie d’invention est intact. Nos méthodes critiques doivent à leurs principes mêmes de pou
3861 e se perdent pas dans une extase somnolente : ils sont actifs. Est-ce rêver encore que de conseiller à l’Europe, pour se red
3862 pas dans une extase somnolente : ils sont actifs. Est -ce rêver encore que de conseiller à l’Europe, pour se redresser, pour
3863 ait la tête des nations de la terre parce qu’elle serait seule à leur fournir des principes d’ordre rationnel, un programme d’
3864 t les développements du chapitre III de ce livre, est extrait d’une conférence de Karl Jaspers recueillie dans l’Esprit eur
3865 e nous avons citée plus haut (rex pater Europæ) n’ est pas seulement symbolique. Si l’on en croit O. Forst de Battaglia et s
3866 e la revue Politique étrangère, dont les extraits furent présentés à la Conférence européenne de la culture, Lausanne, 1949.
27 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Appendice. Manifestes pour l’union européenne, (de 1922 à 1960)
3867 ique et économique international. Si la Paneurope est créée, en tant que puissance mondiale à droit égal, elle pourra const
3868 é politique. La Question européenne, la voici : «  Est -il possible que sur la petite presqu’île européenne, 25 États vivent
3869 e ? L’avenir de l’Europe dépend de la réponse qui sera donnée à cette question. Il est donc entre les mains des Européens. V
3870 e la réponse qui sera donnée à cette question. Il est donc entre les mains des Européens. Vivant dans des États démocratiqu
3871 opéens. Vivant dans des États démocratiques, nous sommes co-responsables de la politique de nos gouvernements. Nous n’avons pa
3872 à tous les candidats et partis dont le programme est antieuropéen. Il ne faut pas se lasser de répéter cette vérité simple
3873 pe et vos enfants ! Le programme et le Manifeste furent adoptés par un vaste Congrès qui se réunit à Vienne en 1927. Les effi
3874 pe à nouer une « sorte de lien fédéral » : Je me suis associé pendant ces dernières années à une propagande active en faveu
3875 ser de la qualifier d’imprudente. Cette idée, qui est née il y a bien des années, qui a hanté l’imagination des philosophes
3876 répondant à une nécessité. Des propagandistes se sont réunis pour la répandre, la faire entrer plus avant dans l’esprit des
3877 t dans l’esprit des nations, et j’avoue que je me suis trouvé parmi ces propagandistes […]. Je pense qu’entre des peuples qu
3878 agandistes […]. Je pense qu’entre des peuples qui sont géographiquement groupés comme les peuples d’Europe, il doit exister
3879 crois que l’on peut y obtenir des succès. Mais je suis sûr aussi qu’au point de vue politique, au point de vue social, le li
3880 raient faire partie d’une telle association, peut être bienfaisant. Il fut décidé peu après qu’un Mémorandum préciserait ce
3881 une telle association, peut être bienfaisant. Il fut décidé peu après qu’un Mémorandum préciserait cette proposition très
3882 position très générale et assez ambiguë, et qu’il serait élaboré par la France. Le Mémorandum sur l’organisation d’un régime d
3883 ociété des Nations en septembre de la même année, fut rédigé par Alexis Léger, le plus proche collaborateur de Briand. (On
3884 collaborateur de Briand. (On sait qu’Alexis Léger est aussi le grand poète qui signe Saint-John Perse.) En voici deux brefs
3885 e et de l’entière indépendance politique que doit être réalisée l’entente entre Nations européennes. […] Avec les droits de
3886 ropéennes. […] Avec les droits de souveraineté, n’ est -ce pas le génie même de chaque nation qui peut trouver à s’affirmer e
3887 ques propres à chaque peuple ? L’heure n’a jamais été plus propice ni plus pressante pour l’inauguration d’une œuvre constr
3888 re destin. S’unir pour vivre et prospérer : telle est la stricte nécessité devant laquelle se trouvent désormais les Nation
3889 Europe. Il semble que le sentiment des peuples se soit déjà clairement manifesté à ce sujet. Aux gouvernements d’assumer auj
3890 souverainetés devenues folles. La guerre de 1939 était dès lors fatale. On n’a pas oublié qu’Hitler prétendait lui aussi fai
3891 un groupe de militants antinazis en Allemagne, se sont réunis dans une ville d’Europe les 31 mars, 29 avril, 20 mai, 6 et 7
3892 élégués des mouvements de résistance européens se sont réunis pour rédiger la présente déclaration. … Souscrivant aux déclar
3893 t que la vie des peuples qu’ils représentent doit être fondée sur le respect de la personne, la sécurité, la justice sociale
3894 autonome de la vie nationale. Ces buts ne peuvent être atteints que si les divers pays du monde acceptent de dépasser le dog
3895 unique organisation fédérale. La paix européenne est la clé de voûte de la paix du monde. En effet, dans l’espace d’une se
3896 dans l’espace d’une seule génération, l’Europe a été l’épicentre de deux conflits mondiaux qui ont eu avant tout pour orig
3897 du peuple allemand à la vie européenne sans qu’il soit un danger pour les autres peuples. Seule une Union fédérale permettra
3898 zones de population mixte, qui cesseront ainsi d’ être l’objet des folles convoitises nationalistes et deviendront de simple
3899 stituent dès lors dans tous nos pays, et qui vont tenir à Montreux, en septembre 1947, leur premier grand congrès européen ap
3900 r premier grand congrès européen après la guerre, sont animés par de jeunes chefs issus de la Résistance : Spinelli, Kogon,
3901 En même temps, quelques hommes politiques qui ont été de ceux qu’Hitler a emprisonnés ou exilés, ou de ceux qui ont conduit
3902 te d’États-Unis d’Europe325 : Ce noble continent est le foyer des grandes races ancestrales de l’Occident. Il est la sourc
3903 r des grandes races ancestrales de l’Occident. Il est la source de la foi et de l’éthique chrétienne. Il est le berceau de
3904 a source de la foi et de l’éthique chrétienne. Il est le berceau de la civilisation occidentale. Et pourtant, c’est de l’Eu
3905 n occidentale. Et pourtant, c’est de l’Europe que sont issues toutes les terribles querelles nationalistes qui, par deux foi
3906 tes qui, par deux fois dans le temps de nos vies, sont venues briser la paix et obscurcir l’avenir de toute l’humanité. Quel
3907 x et obscurcir l’avenir de toute l’humanité. Quel est donc le sort misérable auquel l’Europe se voit réduite ? Quelques-uns
3908 ur de vastes territoires des masses tremblantes d’ êtres humains tourmentés et angoissés, affamés, rongés de soucis et se sent
3909 armi les vaincus le morne silence du désespoir. N’ était la générosité des États-Unis, qui ont compris désormais que la ruine
3910 eur propre destin, les temps sombres du Moyen Âge seraient revenus parmi nous, avec toute leur cruauté et leur misère. Ils peuve
3911 dans le même temps, il existe un remède qui, s’il était adopté partout et spontanément, transformerait comme par miracle tout
3912 ureuse que celle de la Suisse d’aujourd’hui. Quel est ce remède souverain ? C’est de reformer la famille européenne, dans t
3913 lement, des centaines de millions de travailleurs seront capables de retrouver les simples joies et les espoirs qui rendent la
3914 s joies et les espoirs qui rendent la vie digne d’ être vécue. De la conjonction d’une vingtaine de « mouvements fédéraliste
3915 ance finale : Message aux Européens326 L’Europe est menacée, l’Europe est divisée, et la plus grave menace vient de ses d
3916 aux Européens326 L’Europe est menacée, l’Europe est divisée, et la plus grave menace vient de ses divisions. Appauvrie, e
3917 ente nous exposera demain à l’unification forcée, soit par l’intervention d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un
3918 e, soit par l’intervention d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un parti du dedans. L’heure est venue d’entreprend
3919 it par l’usurpation d’un parti du dedans. L’heure est venue d’entreprendre une action qui soit à la mesure du danger. Tous
3920 . L’heure est venue d’entreprendre une action qui soit à la mesure du danger. Tous ensemble, demain, nous pouvons édifier av
3921 . Jamais la guerre, la peur et la misère n’auront été mises en échec par un plus formidable adversaire. Entre ce grand péri
3922 vocation de l’Europe se définit clairement. Elle est d’unir ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la diversi
3923 est d’unir ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la diversité, et dans les conditions du xxe siècle, qui son
3924 rsité, et dans les conditions du xxe siècle, qui sont celles de la communauté, afin d’ouvrir au monde la voie qu’il cherche
3925 il cherche, la voie des libertés organisées. Elle est de ranimer ses pouvoirs d’invention pour la défense et pour l’illustr
3926 s’appelle la dignité de l’homme et sa vraie force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sau
3927 ’homme et sa vraie force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sauver nos libertés acquises
3928 ope joue son destin et celui de la paix du monde. Soit donc notoire à tous que nous, Européens, rassemblés pour donner une v
3929 le d’appliquer les sanctions nécessaires pour que soit respectée la Charte. 4° Nous voulons une Assemblée européenne, où soi
3930 rte. 4° Nous voulons une Assemblée européenne, où soient représentées les forces vives de toutes nos nations. 5° Et nous preno
3931 Résolution politique, avait proclamé : « L’heure est venue pour les nations de l’Europe de transférer certains de leurs dr
3932 Cour des droits de l’homme de Strasbourg. Aussi n’ est -il pas question de « lien fédéral » ni de « transfert de souveraineté
3933 : Article 1er (a) Le but du Conseil de l’Europe est de réaliser une union plus étroite entre ses Membres afin de sauvegar
3934 et de promouvoir les idéaux et les principes qui sont leur patrimoine commun et de favoriser leur progrès économique et soc
3935 ser leur progrès économique et social. (b) Ce but sera poursuivi au moyen des organes du Conseil, par l’examen des questions
3936 Les questions relatives à la défense nationale ne sont pas de la compétence du Conseil de l’Europe. En revanche, trois ans
3937 ntes : Considérant que la paix mondiale ne peut être sauvegardée que par des efforts créateurs à la mesure des dangers qui
3938 anisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensable au maintien des relations pacifiques ; Conscients que
3939 … En fait, le Traité instituant le Marché commun est moins « supranational » dans son esprit que le Traité instituant la C
3940 que les nations qui s’associent ne cessent pas d’ être elles-mêmes et que la voie suivie soit celle d’une coopération organi
3941 sent pas d’être elles-mêmes et que la voie suivie soit celle d’une coopération organisée des États, en attendant d’en venir,
3942 médiates qui pèsent sur l’Europe désunie ? « Vous êtes trop pressés », répètent les hommes d’État aux pionniers de la fédéra
3943 xactement depuis 1306. Le projet de Pierre Dubois était « prématuré », comme le furent ceux de Podiebrad et de Crucé, de Sull
3944 et de Pierre Dubois était « prématuré », comme le furent ceux de Podiebrad et de Crucé, de Sully et de Comenius, de William Pe
3945 maturité » de la fédération politique n’ayant pas été définies, ce jeu peut continuer aussi longtemps que les ennemis de l’