1
Avant-propos Ce n’
est
pas une histoire de l’Europe qu’on va lire, mais seulement une chroni
2
ent sur l’histoire de l’idée européenne, où n’ont
été
retenus que les meilleurs ou les plus significatifs. J’ai choisi de c
3
peuvent encore parler aux hommes de cette époque,
soit
en tant que témoins des origines de notre civilisation ou de l’appari
4
aux au niveau de la conscience et de l’histoire ;
soit
en tant que précurseurs ou champions des plans d’union fédérative qui
5
douze langues anciennes et modernes : 1. L’Europe
est
beaucoup plus ancienne que ses nations. Elle risque de périr du fait
6
ir qu’en fédérant ses forces. 3. L’Europe unie n’
est
pas un expédient moderne, économique ou politique, mais c’est un idéa
7
yonnement de son génie particulier, qui se trouve
être
, justement, universel. J’étais loin de soupçonner l’ampleur et la com
8
lier, qui se trouve être, justement, universel. J’
étais
loin de soupçonner l’ampleur et la complexité de la matière lorsque j
9
de la matière lorsque j’entrepris cet ouvrage. Je
suis
allé de découverte en découverte, et mon espoir est que le lecteur pa
10
s allé de découverte en découverte, et mon espoir
est
que le lecteur participe au plaisir que j’y ai pris. Il me reste à re
11
siècle de notre ère) D’où vient le nom ? Quel
est
son sens ? Depuis quand parle-t-on de l’Europe ? (Serait-ce seulement
12
son sens ? Depuis quand parle-t-on de l’Europe ? (
Serait
-ce seulement depuis Victor Hugo et Mazzini ? Ou depuis Coudenhove et
13
continent en marécage puis en forêt vierge. Ainsi
fut
anéantie, vers l’an 8000 av. J.-C., la civilisation qui avait produit
14
et marécages qui reliaient le Danemark à l’Écosse
sont
recouverts par la mer du Nord. Partis de l’Asie Mineure et de l’Égée,
15
e courant mystique, dont la puissance et la durée
sont
encore attestées par des milliers et des milliers de monuments dans p
16
Ses origines demeurent encore mystérieuses, mais
sont
certainement proche-orientales. Son élan associe étrangement la conqu
17
s-mille ans, les conquistadors. Quels qu’aient pu
être
ces rituels mystérieux, ils ont profondément implanté, dans la consci
18
mble bien qu’une sorte de civilisation commune se
soit
étendue à la majeure partie du continent : elle est marquée par le ri
19
t étendue à la majeure partie du continent : elle
est
marquée par le rite généralisé de l’incinération (« Champs d’urnes »)
20
ure comme en négatif l’Europe à venir : celle qui
sera
conformée, justement, par la pensée, l’art et les lois de ces deux pe
21
s parties du monde, elle n’avait point de nom. Il
est
certain qu’Europe était Asiatique et qu’elle n’est jamais venue dans
22
le n’avait point de nom. Il est certain qu’Europe
était
Asiatique et qu’elle n’est jamais venue dans ce pays que les Grecs ap
23
st certain qu’Europe était Asiatique et qu’elle n’
est
jamais venue dans ce pays que les Grecs appellent maintenant l’Europe
24
n Crète et de Crète en Lycie.4 Hérodote Europe
fut
d’abord une déesse, l’une des trois-mille Océanides, « race sainte de
25
roi de Tyr en Phénicie, et descendant de Neptune,
est
son père. Elle est si belle quant aux yeux — comme son nom grec l’ind
26
cie, et descendant de Neptune, est son père. Elle
est
si belle quant aux yeux — comme son nom grec l’indique — et d’une si
27
notre ère, en pleine littérature alexandrine. Il
est
probable que Moschos, poète sicilien de Syracuse, artiste érudit et p
28
cilien de Syracuse, artiste érudit et précieux, s’
est
inspiré de peintures traditionnelles, fresques, mosaïques ou cratères
29
ence le troisième tiers de la nuit et où l’aurore
est
proche, l’heure où le sommeil, plus doux que le miel, posé sur les pa
30
terre d’Asie et la terre d’en face ; leur aspect
était
celui de femmes. L’une avait les traits d’une étrangère ; l’autre res
31
ue, de par la volonté de Zeus porteur d’égide, il
était
décidé qu’Europé lui appartenait. Celle-ci se précipita hors de son l
32
lpitait car le songe qu’elle venait de voir avait
été
aussi net que ce que l’on voit quand on veille. Longtemps, la jeune f
33
tout émue, pendant que je dormais doucement ? Qui
était
cette étrangère que j’ai vue dans mon sommeil ? Quel désir d’elle a e
34
même année qu’elle, qui plaisaient à son cœur et
étaient
associées à tous ses jeux, qu’elle se préparât pour prendre part à un
35
es gagnèrent les prairies voisines de la mer, qui
étaient
le lieu de réunion habituel de leur troupe, charmées par la beauté de
36
éphaistos ; il l’avait donnée à Libye, quand elle
était
entrée dans le lit du dieu qui ébranle la terre ; Libye l’avait donné
37
l’avait donnée à la toute belle Téléphaassa, qui
était
de son sang ; et Téléphaassa, mère d’Europé, avait remis ce superbe p
38
ce superbe présent à sa fille non mariée. L’objet
était
orné de beaucoup d’ouvrages d’orfèvrerie brillant d’un vif éclat. Il
39
en or, Io fille d’Inachos, dans le temps qu’elle
était
encore génisse et qu’elle n’avait pas forme de femme ; vagabonde elle
40
la plaine salée, comme si elle eût nagé ; la mer
était
faite de métal azuré. Haut placés, deux hommes se tenaient debout sur
41
faite de métal azuré. Haut placés, deux hommes se
tenaient
debout sur l’escarpement du rivage, serrés l’un contre l’autre ; ils
42
transforma de nouveau en femme ; le cours du Nil
était
d’argent ; la vache, de bronze ; quant à Zeus, il était fait en or. A
43
d’argent ; la vache, de bronze ; quant à Zeus, il
était
fait en or. Autour de la corbeille ronde, au-dessous de la bordure ci
44
eille ronde, au-dessous de la bordure circulaire,
était
représenté Hermès ; près de lui gisait tout de son long Argos, orné d
45
es couvrait les bords de la corbeille d’or. Telle
était
la corbeille de la toute belle Europé. Arrivées dans les prés fleuris
46
de Cronos l’eut aperçue, de quel vertige saisi il
fut
dompté par les traits imprévus de Kypris, seule capable de dompter Ze
47
ea en taureau ; non pas en taureau comme ceux qui
sont
nourris dans les étables, ni comme ceux qui tirant la charrue recourb
48
chars porteurs de lourds fardeaux. Tout son corps
était
de couleur blonde, à l’exception d’un cercle blanc pur qui brillait a
49
rition n’effraya point les jeunes filles ; toutes
furent
prises du désir de s’approcher, de toucher le joli animal, dont la di
50
le Europé ; il lui lécha le cou et la jeune fille
fut
sous le charme. Elle le caressait, essuyait doucement de ses mains l’
51
e, pour éviter que, traînant derrière elle, il ne
fût
mouillé par l’onde immense de la mer blanchissante. Aux épaules, le p
52
t allégeait le poids de la jeune fille. Déjà elle
était
loin de la terre natale ; il n’y avait en vue ni rivage battu par les
53
es mots : « Où m’emportes-tu, taureau divin ? Qui
es
-tu ? Comment peux-tu parcourir des chemins dangereux aux animaux qui
54
tournant les pieds et ne pas craindre la mer ? Ce
sont
les navires qui courent sur la mer, les navires prompts à fendre les
55
ture trouves-tu dans l’onde salée ? Sans doute tu
es
un dieu ; ce que tu fais ressemble à ce que font les dieux. Les dauph
56
voleras comme les oiseaux rapides. Hélas, grande
est
mon infortune, à moi qui ai quitté la demeure de mon père, et, suivan
57
riger cette traversée et me tracer la route. Ce n’
est
pas sans le vouloir d’un dieu que je suis ces humides chemins. » Elle
58
te. Ce n’est pas sans le vouloir d’un dieu que je
suis
ces humides chemins. » Elle dit ; et le taureau aux belles cornes lui
59
e fille ; ne crains pas les vagues de la mer ; je
suis
Zeus en personne, bien que, de près, j’aie l’air d’être un taureau ;
60
eus en personne, bien que, de près, j’aie l’air d’
être
un taureau ; il est en ma puissance de paraître ce que je veux. C’est
61
que, de près, j’aie l’air d’être un taureau ; il
est
en ma puissance de paraître ce que je veux. C’est mon amour pour toi
62
mère de nobles fils, qui tous, parmi les hommes,
seront
porteurs de sceptre. » Il dit ; et ce qu’il avait dit était chose acc
63
eurs de sceptre. » Il dit ; et ce qu’il avait dit
était
chose accomplie. Déjà apparaissait la Crète ; par un nouveau changeme
64
les Heures lui préparaient une couche ; elle qui
était
vierge auparavant, sans tarder devint l’épouse de Zeus ; sans tarder,
65
s menaient quelque querelle et que mon fils, s’en
étant
aperçu, cherchait à les contenir et à les calmer — cependant qu’il le
66
er le gâteau rituel aux dieux préservateurs à qui
est
dû l’hommage : et j’aperçois alors un aigle qui fuit vers l’autel bas
67
la fin du drame. L’événement que prédit le Songe
est
donc purement historique, non mythique. Ce sont des réalités plus gén
68
ge est donc purement historique, non mythique. Ce
sont
des réalités plus générales et plus anciennes d’un millénaire au moin
69
symbolise l’Idylle de Moschos, si tardive qu’elle
soit
. Selon la plupart des commentateurs récents du Mythe grec6, Europe fu
70
des commentateurs récents du Mythe grec6, Europe
fut
d’abord une déité asiatique avant de devenir une héroïne : elle serai
71
ité asiatique avant de devenir une héroïne : elle
serait
en somme une manifestation locale et poétique de la Grande Déesse, do
72
un symbole lunaire, tandis que Zeus et le Taureau
seraient
tous les deux solaires par excellence. À la vérité, l’arrière-plan d
73
lence. À la vérité, l’arrière-plan du mythe grec
est
sémitique. Il se situe dans un complexe assyrio-hébraïque auquel la B
74
de Keret (retrouvée à Ras Shamra en 1929). Keret
est
roi des Sidoniens-Tyriens, c’est-à-dire des Cananéens, que les Grecs
75
anéens, que les Grecs nommeront Phéniciens et qui
sont
des Sémites : les Hébreux de la mer. Or, Keret est le nom de la Crète
76
nt des Sémites : les Hébreux de la mer. Or, Keret
est
le nom de la Crète ; les Keretites que mentionne le prophète Sophonie
77
etites que mentionne le prophète Sophonie (II, 5)
sont
des Crétois. D’autre part, le dieu El, père du Jahwé des Hébreux, est
78
utre part, le dieu El, père du Jahwé des Hébreux,
est
un dieu-taureau qui a coutume d’enlever des filles sur les rives de C
79
es Grecs. Il a son siège en Kaphtor (Crète) et il
est
aussi le grand dieu d’Edom, qui est le même nom qu’Adam, qui signifie
80
(Crète) et il est aussi le grand dieu d’Edom, qui
est
le même nom qu’Adam, qui signifie « rouge » ou Phœnix, — d’où Phénici
81
e les Phéniciens viennent de la mer Érythrée, qui
est
la mer Rouge.) Notons enfin, d’après Victor Bérard, que le symbole fr
82
s archéologiques les plus récentes. Quoi qu’il en
soit
de toutes ces hypothèses, ou de ces preuves, si l’on en revient au my
83
nt qu’imiter le modèle de Moschos, que nous avons
tenu
à citer en entier parce qu’il figure en quelque sorte l’étymologie d’
84
n qu’il adopte le décor traditionnel du mythe, il
est
le premier à lui donner son sens historique et mondial dans l’émouvan
85
de son audace. Elle qui, naguère dans les prés, n’
était
occupée que des fleurs, et en faisait, habile ouvrière, une couronne
86
’ai trahi, ô piété qu’a vaincue mon délire ! D’où
suis
-je venue, et où ? Une seule mort est trop légère pour la faute des vi
87
lire ! D’où suis-je venue, et où ? Une seule mort
est
trop légère pour la faute des vierges. Suis-je éveillée, pleurant un
88
e mort est trop légère pour la faute des vierges.
Suis
-je éveillée, pleurant un acte honteux ? ou bien, sans reproche, suis-
89
leurant un acte honteux ? ou bien, sans reproche,
suis
-je le jouet d’une image Dont le vol trompeur, par la porte d’ivoire,
90
es, que cette proie, tendre et pleine de sève, se
soit
desséchée, je veux belle encore nourrir les tigres. Méprisable Europe
91
» Ainsi elle se lamentait, mais à côté d’elle se
tenait
Vénus, souriant malignement, et son fils, l’arc détendu. Puis, quand
92
son fils, l’arc détendu. Puis, quand la déesse se
fut
assez divertie : « Trêve, dit-elle, de colères et de bouillantes quer
93
ureau viendra te donner ses cornes à déchirer. Tu
es
, sans le savoir, la femme de l’invincible Jupiter. Laisse là les sang
94
voici le mythe attaqué et dénoncé — preuve qu’il
est
encore bien vivant — par les polémistes chrétiens. Les uns, comme Pru
95
t son immoralité, les autres, comme Lactance, qui
sera
suivi par saint Jérôme, s’efforcent d’en évacuer le merveilleux : Eu
96
s’efforcent d’en évacuer le merveilleux : Europe
fut
enlevée par les Crétois dans un navire dont l’insigne était un taurea
97
vée par les Crétois dans un navire dont l’insigne
était
un taureau.9 Cependant, Isidore de Séville, au viie siècle, se bor
98
représente la vie du siècle, tandis que la Crète
serait
la vie contemplative. Le rapt d’Europe symbolise à ses yeux le passag
99
e tribulations… l’âme dévote doit le suivre et se
tenir
à lui comme à un très ferme appui. Pour le géographe Mercator, dont
100
s, méprisants ces fables la disent (Europe) avoir
été
ravie et enlevée en un navire, portant en proue la figure d’un taurea
101
enseignes un taureau. Quelques-uns disent qu’elle
fut
ainsi appelée, à cause de sa beauté par la ressemblance de cette fill
102
taureau certes, par lequel ils veulent qu’Europe
fût
portée, ne représente pas mal à propos les mœurs et naturel des Europ
103
l à propos les mœurs et naturel des Européens. Il
est
d’un courage un peu élevé, insolent, embelli par ses cornes, de coule
104
des haras ; de très grande continence, mais s’il
est
amené à sexe dissemblable, il se montre être de chaleur extrême, tout
105
s’il est amené à sexe dissemblable, il se montre
être
de chaleur extrême, toutefois en après chaste et modéré. Tel est quas
106
extrême, toutefois en après chaste et modéré. Tel
est
quasi le naturel des Européens, nommément les plus Septentrionaux. D
107
naux. Dès la Renaissance, cependant, le mythe ne
sera
plus qu’un « beau sujet », soit pour les peintres, soit pour les poèt
108
dant, le mythe ne sera plus qu’un « beau sujet »,
soit
pour les peintres, soit pour les poètes. Rémy Belleau, Ronsard, André
109
lus qu’un « beau sujet », soit pour les peintres,
soit
pour les poètes. Rémy Belleau, Ronsard, André Chénier, Victor Hugo, e
110
on plus à Vénus : Et quand la terre, au loin, se
fut
toute perdue Quand le silencieux espace Ouranien Rayonna, seul ardent
111
, nous y aidera mieux que personne : Europe nous
est
venue d’Asie, mère de toutes les grandes religions, génératrice de to
112
ns, génératrice de tous les grands mythes. Europe
est
une des formes prises par le premier de ces mythes, par le panthéisme
113
terre et de la fécondité, la Grande Mère où tout
est
un et divers à la fois. Dès que ce mythe arrive au bord de la Méditer
114
femelle, par une remise en place des valeurs qui
est
déjà européenne. Qu’est-ce que l’Europe ? Europe est venue d’Asie. El
115
en place des valeurs qui est déjà européenne. Qu’
est
-ce que l’Europe ? Europe est venue d’Asie. Elle a été enlevée à l’Ori
116
déjà européenne. Qu’est-ce que l’Europe ? Europe
est
venue d’Asie. Elle a été enlevée à l’Orient par un dieu du Nord. Zeu
117
ce que l’Europe ? Europe est venue d’Asie. Elle a
été
enlevée à l’Orient par un dieu du Nord. Zeus-Jupiter devient alors l
118
énergies élémentaires, d’hypostase en hypostase,
sont
arrivées à se concrétiser, à s’humaniser. Mais avec lui commence une
119
onide Zeus apparaît le dieu-homme dont la mission
est
de dominer le monde et de le gouverner, afin que les hommes puissent
120
prendra pour première femme l’Océanide Métis, qui
est
la raison ; mais il l’absorbera en soi, dans la crainte d’en avoir un
121
et il engendrera par la tête Athéné-Minerve, qui
est
l’intelligence inventrice, active et artiste, le symbole du génie hel
122
e symbole du génie hellénique. Sa deuxième épouse
sera
Thémis, la justice. Plus tard, il prendra pour femme Mnémosyne, la mé
123
es. Et la dernière, Junon la jalouse, Héra-Junon,
sera
la morale. Ces mythes ne font-ils pas de lui le symbole de la grande
124
on européenne ? Au culte de Zeus, celui d’Europe
est
associé, mais comme une manifestation secondaire. Comment va-t-il évo
125
, jusque dans cette Épire montagneuse dont Europe
sera
l’éponyme — ; enfin, par les îles et le long des côtes, jusque dans l
126
rouve traduire le mouvement général qui a porté d’
Est
en Ouest, du Proche-Orient sémitique vers le « continent sans nom » d
127
nt reçu en partage les trois parties du monde que
sont
respectivement l’Asie, l’Afrique et l’Europe. Cette tripartition myt
128
remplir toute la terre de leur postérité. Ils ne
furent
pas traités également, car Sem et Japhet ayant couvert la nudité de N
129
Sem et Japhet ayant couvert la nudité de Noé ivre
furent
seuls bénis par lui : Béni soit l’Éternel, Dieu de Sem, et que Canaa
130
té de Noé ivre furent seuls bénis par lui : Béni
soit
l’Éternel, Dieu de Sem, et que Canaan (fils de Cham) soit leur esclav
131
ternel, Dieu de Sem, et que Canaan (fils de Cham)
soit
leur esclave ! Que Dieu étende les possessions de Japhet, qu’il habit
132
u’il habite dans les tentes de Sem, et que Canaan
soit
leur esclave ! (Gen. 9, 26 et 27.) Pour Ambroise, les fils de Sem so
133
en. 9, 26 et 27.) Pour Ambroise, les fils de Sem
sont
bons, ceux de Cham mauvais, ceux de Japhet « indifférents », c’est-à-
134
partition d’Ambroise. Pour saint Augustin, Japhet
est
l’ancêtre des peuples de l’Occident, qui comprend l’Europe et l’Afriq
135
ui comprend l’Europe et l’Afrique, tandis que Sem
est
l’ancêtre des peuples de l’Orient. Augustin voit dans Genèse 9, 27 un
136
eu. Le mot sur lequel insistent tous ces exégètes
est
celui que nous avons souligné dans le verset 27 cité : dilatet selon
137
s, Ioniens, Thraces, Gaulois et Espagnols : Tels
sont
les peuples de la lignée de Japhet, qui, du Mont Taurus dans l’Asie m
138
s de Japhet, et les esclaves, fils de Cham. Il n’
est
certes pas démontrable, mais possible, que la relation entre Japhet e
139
ible, que la relation entre Japhet et l’Europe se
soit
vue confirmée dans l’esprit de ces auteurs par la traduction en grec
140
» par homophonie.12 Un lien — problématique, il
est
vrai, et proche du calembour — serait ainsi établi entre la Genèse et
141
blématique, il est vrai, et proche du calembour —
serait
ainsi établi entre la Genèse et la mythologie grecque. L’Europe ferai
142
e. L’Europe ferait partie de l’économie du salut,
serait
donc un concept acceptable aux yeux des Pères. Et le mythe de Japhet,
143
nom d’Europe. L’origine japhétique de l’Europe ne
fut
guère contestée jusqu’au xixe siècle. Joseph de Maistre encore, comm
144
ècle. Joseph de Maistre encore, comme Bossuet, la
tient
pour un dogme établi. Vico spécule à partir d’elle sur la formation d
145
soin de prouver que les trois enfans de Noé, qui
étaient
les seuls habitans du globe, le partagèrent tout entier ; qu’ils allè
146
ies sur les côtes de l’Asie Mineure ; que cet Ion
est
visiblement Javan, en changeant I en Ja, et on en van. On fait de ces
147
s n’en croient rien.13 Mais les enfants parfois
sont
mauvais juges et la gaminerie de Voltaire a tort en l’occurrence. L’é
148
re (certains ayant passé par la Boétie de Cadmus)
est
aujourd’hui bien attestée14. Mais si l’on songe à l’immense popularit
149
seulement aient osé suggérer que cette tradition
étant
celle de la chrétienté, la logique eût voulu que notre continent fût
150
étienté, la logique eût voulu que notre continent
fût
nommé Japhétie plutôt qu’Europe. Ainsi Guillaume Postel, au xvie siè
151
. Ainsi Guillaume Postel, au xvie siècle : Non,
est
, quod repetatur, eam partem terræ, quam fabulæ Europam dixere, Japeti
152
a région du Delta pour habiter le pays de Canaan,
est
le père de cinq fils et d’une fille : Europe. Cette dernière ayant ét
153
ils et d’une fille : Europe. Cette dernière ayant
été
enlevée par le taureau divin (ou par le roi de Crète Taurus), les cin
154
, sur l’ordre de leur père. Comme ils ignorent où
est
allé le taureau, ils prennent chacun une direction différente. Phœnix
155
aux Punici (de Pœni) puis revient en Canaan, qui
sera
rebaptisé Phénicie en son honneur. Cilix va en Cilicie, Phineus aux D
156
ir une ville au plus actif d’entre eux. Voilà qui
est
plein d’enseignements. Rechercher l’Europe c’est la faire ! En d’autr
157
ce des deux mythes. Selon Robert Graves16, Agénor
est
le héros phénicien Chnas, qui apparaît dans la Genèse sous le nom de
158
enance est-africaine, et les Cananéens pourraient
être
venus de l’Ouganda par la vallée du Nil et le Delta. La dispersion de
159
grande aventure de ces premiers descubridores que
furent
les Phéniciens. Voici comment Victor Bérard ramasse en une page étonn
160
héniciens, dans la Méditerranée anté-homérique, s’
étaient
lancés pareillement à la quête d’une Terre occidentale, qu’en leur la
161
aient nommer la « terre du Couchant », Eréba. Ils
tenaient
de leurs maîtres égyptiens la notion de cette « belle Amenât », de ce
162
rent qu’Espéris, fille d’Atlas, — l’Atlantide — s’
était
effondrée dans ces eaux, où quelques-uns de nos navigateurs modernes
163
s la pleine signification de la légende de Cadmus
est
encore loin d’être épuisée par ce rappel de la découverte du Couchant
164
ication de la légende de Cadmus est encore loin d’
être
épuisée par ce rappel de la découverte du Couchant. En effet, et touj
165
non plus qu’Hésiode, le premier à nommer Europe,
était
né et avait vécu en Béotie… Relevons enfin deux autres éléments de pa
166
e parenté mythologique. Si Agénor, père d’Europe,
est
Canaan, il serait, selon la Genèse, ce fils de Cham promis à l’esclav
167
logique. Si Agénor, père d’Europe, est Canaan, il
serait
, selon la Genèse, ce fils de Cham promis à l’esclavage. Le mythe gréc
168
blique, c’est aux descendants de Japhet qu’aurait
été
promis le continent occidental. Non moins curieux est le rapprochemen
169
promis le continent occidental. Non moins curieux
est
le rapprochement qui saute aux yeux, mais déconcerte, entre le Japhet
170
e Prométhée, et donc grand-père de Deucalion, qui
fut
précisément le Noé des Grecs… L’Antiquité tenait Japet pour l’ancêtre
171
qui fut précisément le Noé des Grecs… L’Antiquité
tenait
Japet pour l’ancêtre du genre humain. Audax Japeti genus, écrit Horac
172
i a peuplé la plus grande partie de l’Occident, y
est
demeuré célèbre sous le nom fameux d’Iapet. Nous allons voir comment
173
s étymologies L’étymologie, trop souvent, nous
est
donnée pour science par ceux qui la pratiquent sans art. À travers de
174
travers des filiations de signes et de sons qu’il
est
parfois possible d’établir sans équivoque, elle se propose de recherc
175
pour plus authentiques que les actuelles, qui en
seraient
dérivées. En tant que science, elle n’en trouve guère, et recense sur
176
n’en trouve que trop et c’est alors son choix qui
est
significatif. Elle décrit donc les préférences de celui qui découvre
177
r le « vrai » sens d’un mot. Et c’est pourquoi il
est
intéressant de rappeler ici quelques-unes des « origines » retenues p
178
d’Europe vient de l’hébreu et que notre continent
fut
la part de Japhet. (Il s’agit donc, comme on l’a vu plus haut, de don
179
écrit, selon Mercator : Nous voyons qu’à Japhet
est
promise dilatation, ou, comme d’autres l’interprètent, joie, laquelle
180
; Ur, excellent, Hop, espoir : d’où réussit Europ
soit
espoir excellent d’un mariage légitime, lequel a été propre de cette
181
espoir excellent d’un mariage légitime, lequel a
été
propre de cette portion des terres, laquelle Noé donna à Japhet pour
182
sa demeure. Car combien que la postérité de Sem a
été
plusieurs siècles alliée avec Dieu en la race d’Abraham, si a elle to
183
répudiée. Mais le mariage, par lequel le Christ s’
est
adjoint l’Europe son Église, ne sera jamais rompu : de sorte qu’à bon
184
l le Christ s’est adjoint l’Europe son Église, ne
sera
jamais rompu : de sorte qu’à bon droit la portion de Japhet est dite
185
pu : de sorte qu’à bon droit la portion de Japhet
est
dite Europe. b) Après l’étymologie fantaisiste, voici la celtique :
186
nt. Reynold, qui les cite, ajoute : « Leur excuse
est
qu’ils vivaient en un temps où l’on croyait encore qu’Adam parlait ba
187
t tiré de la phonétique. On sait qu’en hébreu, ce
sont
les consonnes qui comptent, les voyelles étant variables et souvent a
188
ce sont les consonnes qui comptent, les voyelles
étant
variables et souvent ajoutées par reconstitution. Or les deux consonn
189
e couchant, tant en hébreu qu’en arabe. L’Algarve
est
la province la plus occidentale du Portugal, or Algarve = El Gharb =
190
aît donc hautement plausible. G. de Reynold, qui
tient
pour l’étymologie grecque, nous signale toutefois une raison suppléme
191
rbe erephô, couvrir, ombrager, ou encore era, qui
est
un terme poétique pour désigner la terre. Il est donc possible qu’il
192
est un terme poétique pour désigner la terre. Il
est
donc possible qu’il soit venu, directement ou indirectement, du sémit
193
our désigner la terre. Il est donc possible qu’il
soit
venu, directement ou indirectement, du sémitique ereb, soir. d) Res
194
invoquerons de nouveau G. de Reynold21 : Europe
est
dans son premier sens un adjectif féminin : eurôpé. Cet adjectif est
195
r sens un adjectif féminin : eurôpé. Cet adjectif
est
le pendant du masculin euruopa ou, plus rarement euruopè, une des épi
196
des mythographes relativement récents. Ces formes
sont
des vocatifs. Celle d’euruopa est également employée comme nominatif
197
ts. Ces formes sont des vocatifs. Celle d’euruopa
est
également employée comme nominatif éolien ou bien comme accusatif. Ré
198
me accusatif. Régulièrement, le nominatif devrait
être
: euruopès, ou euruops ; mais ces deux formes sont hypothétiques : au
199
tre : euruopès, ou euruops ; mais ces deux formes
sont
hypothétiques : autrement dit, on ne les trouve nulle part dans les t
200
uites par déclinaison. Quant à l’étymologie, elle
est
facile. Nous avons là des composés de deux autres mots grecs : l’adje
201
arenté d’Europe avec l’épithète homérique de Zeus
est
ainsi évidente. Eurôpè, de son côté, n’a point tardé à produire son
202
a pour affluent l’Europos. Le fait qu’« europe »
est
un qualificatif de Zeus amène à se demander s’il ne se serait pas pro
203
alificatif de Zeus amène à se demander s’il ne se
serait
pas produit un dédoublement, si l’adjectif ne se serait point séparé
204
pas produit un dédoublement, si l’adjectif ne se
serait
point séparé du substantif pour devenir lui-même un substantif. Et vo
205
régit le cinquième mois de l’année sacrée23 et il
est
associé à la magie et aux rites de fertilité dans toute l’Europe… Le
206
longue occupation de la Crète par les Hellènes, a
été
tiré d’images préhelléniques de la Prêtresse lunaire chevauchant trio
207
halement le taureau solaire, sa victime. La scène
est
dépeinte par huit plaques moulées de verre bleu, trouvées dans la cit
208
lité au cours duquel la guirlande de Mai d’Europe
était
portée en procession. Quant à la séduction d’Europe par Zeus changé e
209
d’Europia. Le nom crétois et corinthien d’Europe
était
Hellotis, qui évoque Helice (saule) ; Hellé et Hélène sont un seul et
210
otis, qui évoque Helice (saule) ; Hellé et Hélène
sont
un seul et même personnage divin. Callimaque, dans son Épithalame pou
211
s son Épithalame pour Hélène indique que le plane
était
aussi tenu pour l’arbre sacré d’Hélène. Sa sainteté s’explique par le
212
lame pour Hélène indique que le plane était aussi
tenu
pour l’arbre sacré d’Hélène. Sa sainteté s’explique par les cinq poin
213
’Hélène et ancêtre éponyme de tous les Hellènes —
était
le fils de Deucalion ? Que celui-ci est le Noé de la mythologie grecq
214
lènes — était le fils de Deucalion ? Que celui-ci
est
le Noé de la mythologie grecque, seul rescapé avec Pyrrha sa femme (g
215
luge dont une colombe lui annonça la fin ? Hellén
est
donc l’arrière-petit-fils du Japet grec, tandis que Japhet était le f
216
rière-petit-fils du Japet grec, tandis que Japhet
était
le fils du Noé biblique. La mère de Hellén, Pyrrha, serait la même qu
217
fils du Noé biblique. La mère de Hellén, Pyrrha,
serait
la même que la déesse Ishtar, qui selon la mythologie babylonienne au
218
qué le Déluge au 3e millénaire av. J.-C. ; et qui
est
aussi la déesse des Philistins, peuple venu de Crète en Palestine ver
219
ttribuer à Paul Valéry la remarque que l’Europe n’
est
qu’un cap ou « un appendice de l’Asie ». Voici son texte le plus souv
220
ce sujet : L’Europe deviendra-t-elle ce qu’elle
est
en réalité, c’est-à-dire un petit cap du continent asiatique ? Ou bie
221
n quelques-uns, d’après G. de Reynold : L’Europe
est
une grande presqu’île.26 Cette étroite presqu’île qui ne figure sur
222
ure sur le globe que comme un appendice à l’Asie,
est
devenue la métropole du genre humain.27 L’Europe n’est à proprement
223
venue la métropole du genre humain.27 L’Europe n’
est
à proprement parler qu’une grande péninsule qui termine à l’ouest le
224
pas à proprement parler un tout indépendant. Ce n’
est
qu’une péninsule de l’Asie, l’extrémité, la pointe du continent asiat
225
Grèce agrandie30 : On a souvent dit que l’Europe
était
à l’égard de la terre ce que la Grèce fut jadis à l’égard de l’Europe
226
urope était à l’égard de la terre ce que la Grèce
fut
jadis à l’égard de l’Europe. La Grèce a le sol médiocrement fertile,
227
ntourée de mers, baignée de golfes profonds, elle
tenait
un heureux milieu entre l’hiver de la Scythie et les ardeurs de l’Égy
228
Mais ce parallèle entre l’Europe et la Grèce doit
être
étendu à des rapports plus nobles que ceux de la nature corporelle. L
229
ux grands points de ressemblance. Pourtant ce ne
sont
pas les Grecs qui ont « découvert » l’Europe, mais bien les Phénicien
230
vu, par Phœnix, l’un des frères d’Europe), Hannon
était
allé jusqu’au Sénégal dès le Ve siècle avant notre ère. C’est un autr
231
is des établissements et des villes. Leur coutume
était
de construire des navires à carène plate, propres à glisser sur une m
232
ent du ciel ne gonflerait la voile. Aussi l’air y
est
-il enveloppé comme d’un manteau de brouillards ; une brume épaisse ca
233
ilent la clarté du jour. Cependant les Grecs ont
été
les premiers à donner à ce continent le nom de la princesse enlevée p
234
mer Noire. Ainsi Platon fait dire à Socrate : Je
suis
de plus en plus convaincu que la terre est très vaste et que nous qui
235
: Je suis de plus en plus convaincu que la terre
est
très vaste et que nous qui habitons du Phase aux Colonnes d’Hercule,
236
ables. C’est ici le lieu de rappeler que Socrate
fut
le premier philosophe à dire que sa patrie était « le genre humain »,
237
te fut le premier philosophe à dire que sa patrie
était
« le genre humain », non point sa seule cité natale. Quoi de plus Eur
238
stent entre eux d’une manière étonnante. Comme il
serait
trop difficile de traiter ces phénomènes dans tous leurs développemen
239
idérablement de l’Europe, non seulement en ce qui
est
particulier aux hommes, mais encore en ce qui est relatif à toutes le
240
est particulier aux hommes, mais encore en ce qui
est
relatif à toutes les productions de la terre. Tous les caractères des
241
rre. Tous les caractères des différens phénomènes
sont
donc communément plus beaux et plus parfaits en Asie qu’en Europe, pa
242
e, parce que la température la plus habituelle en
est
plus douce ; d’où il suit encore que les peuples qui l’habitent sont
243
’où il suit encore que les peuples qui l’habitent
sont
d’un naturel plus doux et d’un esprit plus pénétrant… § 21. Si donc l
244
prit plus pénétrant… § 21. Si donc les Asiatiques
sont
pusillanimes, sans courage, moins belliqueux et d’un caractère plus d
245
usses vives dont les changemens violens des corps
sont
les résultats, et qui impriment enfin à l’homme un caractère plus far
246
vait dans une température toujours égale ; car ce
sont
les passages rapides d’un extrême à l’autre qui stimulent les esprits
247
e l’attribuer à la nature des lois auxquelles ils
sont
soumis. La plus grande partie de l’Asie étant gouvernée par des rois,
248
ils sont soumis. La plus grande partie de l’Asie
étant
gouvernée par des rois, il en résulte que partout où les hommes ne so
249
rois, il en résulte que partout où les hommes ne
sont
ni maîtres de leurs volontés, ni gouvernés par les lois qu’ils se son
250
urs volontés, ni gouvernés par les lois qu’ils se
sont
données, mais au contraire, soumis à des volontés absolues, ils sont
251
au contraire, soumis à des volontés absolues, ils
sont
bien loin de s’occuper du métier des armes, ils ont même grand soin d
252
ar la raison que les dangers (ou les intérêts) ne
sont
pas également partagés. Sous de tels gouvernements les sujets sont fo
253
t partagés. Sous de tels gouvernements les sujets
sont
forcés d’aller à la guerre, d’en supporter toutes les peines, et de m
254
e de leurs tyrans, lorsque les dangers et la mort
sont
les seuls fruits qu’ils recueillent de leur bravoure. Ajoutez à cela
255
ux caractères moraux. Aussi voit-on les Européens
être
d’un naturel plus sauvage, insociable, emporté, par cela même que viv
256
uniforme naît l’insouciance et la paresse, ce qui
est
le contraire dans une température très variée. Dans cette dernière, l
257
variée. Dans cette dernière, le corps et l’esprit
sont
plus disposés à l’action, ce qui fortifie le courage et le génie, com
258
, comme l’uniformité dispose à la lâcheté. Telles
sont
donc les causes du caractère plus belliqueux des habitants de l’Europ
259
ants de l’Europe que des Asiatiques. Mais il n’en
est
pas moins certain que la forme du gouvernement y contribue aussi, les
260
u gouvernement y contribue aussi, les Européens n’
étant
point gouvernés par des rois, comme les Asiatiques, car j’ai déjà obs
261
car j’ai déjà observé que partout où les peuples
sont
soumis à des rois, ils sont nécessairement très-lâches, en raison de
262
artout où les peuples sont soumis à des rois, ils
sont
nécessairement très-lâches, en raison de ce que l’âme asservie ne peu
263
ys froids et les différentes contrées de l’Europe
sont
généralement pleins de courage, mais ils sont inférieurs sous le rapp
264
ope sont généralement pleins de courage, mais ils
sont
inférieurs sous le rapport de l’intelligence et de l’industrie. C’est
265
ils savent mieux conserver leur liberté, mais ils
sont
incapables d’organiser un gouvernement et ils ne peuvent pas conquéri
266
conquérir les pays voisins. Les peuples de l’Asie
sont
intelligents et propres à l’industrie, mais ils manquent de courage,
267
aires, réunit ces deux sortes de caractères, elle
est
brave et intelligente. Aussi demeure-t-elle libre : elle conserve le
268
ttre à son obéissance toutes les nations, si elle
était
réunie en un seul État. Après cette étape « hégémonique » vient l’ét
269
gémonique » vient l’étape de « l’adoption ». Elle
est
caractérisée par la phrase célèbre d’Isocrate, contemporain de Platon
270
nordique assez mal distinguée de la Scythie, qui
est
la plaine russe. Il lui donne pour axe le Danube, qu’il nomme Ister :
271
pour axe le Danube, qu’il nomme Ister : L’Ister
est
le plus grand des fleuves que nous connaissions… On ne doit pas s’éto
272
Cependant, Hérodote se demande pourquoi la Terre
étant
une on lui donne trois noms différents, qui sont des noms de femmes.
273
étant une on lui donne trois noms différents, qui
sont
des noms de femmes. En effet, selon Strabon : Du temps d’Homère, ni
274
; l’œcoumène ou terre habitée n’avait pas encore
été
partagée en trois continents distincts, fait trop marquant qu’il n’eû
275
éussi à faire des montagnes et des rochers où ils
étaient
confinés un beau et agréable séjour, grâce à leur administration prév
276
telle autre cause rendaient presque inhabitables,
sont
parvenus à les tirer de leur isolement, à les mettre en rapport les u
277
de la partie habitable, là où le sol de l’Europe
est
uni et son climat tempéré, la nature semble avoir tout fait pour hâte
278
les contrées riantes et fertiles, les populations
sont
toujours d’humeur pacifique, tandis qu’elles sont belliqueuses et éne
279
sont toujours d’humeur pacifique, tandis qu’elles
sont
belliqueuses et énergiques dans les contrées les plus pauvres, il s’é
280
insi, l’avantage dans le cas d’un conflit, devant
être
, à ce qu’il semble, du côté de ces populations toujours armées et tou
281
reçu de la nature de grands avantages. Comme elle
est
, en effet, toute parsemée de montagnes et de plaines, partout les pop
282
j’entends celles qui ont le caractère pacifique,
étant
les plus nombreuses, la paix a fini par y prévaloir universellement,
283
. Il s’ensuit aussi qu’en cas de guerre, l’Europe
est
en état de suffire à elle-même, puisque, à côté d’une population nomb
284
onc les parfums et les pierres précieuses qu’elle
est
obligée de tirer du dehors, mais ce sont là des biens dont on peut êt
285
s qu’elle est obligée de tirer du dehors, mais ce
sont
là des biens dont on peut être privé sans mener pour cela une existen
286
du dehors, mais ce sont là des biens dont on peut
être
privé sans mener pour cela une existence plus misérable que ne l’est
287
r pour cela une existence plus misérable que ne l’
est
en somme celle des peuples qui en regorgent. Ajoutons enfin qu’elle n
288
plus tard, il apparaît clairement que la Grèce n’
est
qu’une « petite partie » de l’Europe. Cicéron (Pro Flacco, XXVII), di
289
ugustin, dans La Cité de Dieu, pense que le monde
est
partagé en deux moitiés, l’Asie occupant l’une, l’Europe et l’Afrique
290
is parcourir de la plume l’Europe en tant qu’elle
est
connue des hommes. Elle commence donc aux monts Riphées, puis au fleu
291
puis au fleuve Tanaïs35 et aux marais Mæotis, qui
sont
à l’orient. Elle se continue par le rivage de l’océan septentrional j
292
isse se dire commune à toutes les nations si ce n’
est
l’île de Crète… Les anciens se plurent à diviser le monde habitable d
293
rope et l’Afrique… Et ainsi l’île de Crète paraît
être
située aux confins de ces trois parties du monde. Les géographes qui
294
ite du côté méridional : ils ont dit que l’Europe
était
délimitée par la mer Méditerranée, qui se continue par la mer que nou
295
tian Münster écrit dans sa Cosmographie : Europa
est
un pays merveilleusement fertile et a un air naturellement tempéré, u
296
uple viril, qu’elle surpasse Asia et Africa. Elle
est
partout habitée par les hommes, excepté une petite partie où à cause
297
u’on peut avec cela venir au secours des gens qui
sont
dans les montagnes.37 En 1679, Robbe, ingénieur et géographe de Lou
298
. On y lit : On ne peut pas nier que l’Europe ne
soit
la moins étendue des trois parties qui composent l’Ancien Monde ; mai
299
avouer en même temps que, dans sa petitesse, elle
est
la plus grande en qualité… Si l’Asie se vante d’avoir vu former le pr
300
es du Créateur du ciel et de la terre, et d’avoir
été
honorée de la naissance et de la présence du Sauveur du monde pendant
301
e de la Sagesse éternelle ; mais que la gloire en
est
empruntée pour l’Asie qui n’a reçu ce bienfait que par préférence ou
302
ans le Dictionnaire de Moreri : Quoique l’Europe
soit
la moindre des trois parties de continent, elle a pourtant des avanta
303
qui la doivent faire préférer aux autres. L’air y
est
extrêmement tempéré, et les provinces très fertiles, si l’on excepte
304
ovinces très fertiles, si l’on excepte celles qui
sont
sous le continent. Elle est abondante en toutes sortes de biens, et l
305
n excepte celles qui sont sous le continent. Elle
est
abondante en toutes sortes de biens, et les peuples y sont ordinairem
306
dante en toutes sortes de biens, et les peuples y
sont
ordinairement doux, honnêtes, civilisés et très propres pour les scie
307
sède le moins de richesses territoriales… nous ne
sommes
riches que d’emprunts. Tel est néanmoins le pouvoir de l’esprit humai
308
riales… nous ne sommes riches que d’emprunts. Tel
est
néanmoins le pouvoir de l’esprit humain. Cette région, que la nature
309
la nature n’avait ornée que de forêts immenses, s’
est
peuplée de nations puissantes, s’est couverte de cités magnifiques, s
310
immenses, s’est peuplée de nations puissantes, s’
est
couverte de cités magnifiques, s’est enrichie du butin des deux monde
311
uissantes, s’est couverte de cités magnifiques, s’
est
enrichie du butin des deux mondes ; cette étroite presqu’île qui ne f
312
ure sur le globe que comme un appendice à l’Asie,
est
devenue la métropole du genre humain. Ainsi d’Hérodote et d’Hippocra
313
qu’à nos jours, l’Europe physique n’a pas cessé d’
être
conçue comme un ensemble caractéristique, diversifié mais distingué p
314
il n’en trouve que 34), quoique indéterminée à l’
Est
— elle l’est encore au xxe siècle — elle n’en forme pas moins aux ye
315
ve que 34), quoique indéterminée à l’Est — elle l’
est
encore au xxe siècle — elle n’en forme pas moins aux yeux des géogra
316
onzague de Reynold : Physiquement, l’Europe, qui
est
le seul continent articulé, semble déjà l’œuvre de l’intelligence plu
317
de la découverte et de la colonisation. L’Europe
est
née impériale. Elle a été créée pour être le globe. Voyez sa ligne de
318
colonisation. L’Europe est née impériale. Elle a
été
créée pour être le globe. Voyez sa ligne de force sortir de l’Asie po
319
L’Europe est née impériale. Elle a été créée pour
être
le globe. Voyez sa ligne de force sortir de l’Asie pour se tendre ver
320
’infini par-dessus l’océan. Les autres continents
sont
lourds et immobiles. Même sur la carte, l’Europe semble bouger. Son d
321
sur la carte, l’Europe semble bouger. Son dessin
est
évocateur. Strabon la comparait à un dragon ; Camoëns, à un corps hum
322
ëns, à un corps humain dont la péninsule ibérique
serait
la tête avec le Portugal pour front. D’autres la représentaient comme
323
ainsi en l’honneur de Charles-Quint : « L’Espagne
était
la tête de cette femme ; le col, les provinces de Languedoc et de Gas
324
nces. » Mais la représentation la plus symbolique
est
encore celle de quelques anciens géographes. Ils voyaient dans l’Euro
325
ns se dégagent : le concept géographique d’Europe
est
beaucoup plus ancien, et les mythes grecs et sémitiques beaucoup moin
326
le qu’Hérodote ou Strabon la décrivent, peut-elle
être
attestée par les textes à des dates aussi reculées ? On en relèvera q
327
ocrate et Aristote. Mais ces deux grands génies n’
étaient
pas l’expression d’une opinion courante ou d’une conscience populaire
328
dant l’ère romaine, l’idée d’une Europe politique
est
tout naturellement refoulée par celle de l’unité impériale commune à
329
alis et pars occidentalis. Il arrive que l’Europe
soit
nommée en lieu et place de la moitié occidentale de l’Empire, l’Asie
330
comme Seigneur de l’Europe et de l’Asie 39. Ce ne
sont
là ni l’Europe réelle ni encore moins l’Asie dans toute son extension
331
de l’Orient et se montre jusqu’en Occident, ainsi
sera
l’avènement du Fils de l’Homme. Ce thème de l’ex oriente lux est si
332
du Fils de l’Homme. Ce thème de l’ex oriente lux
est
si puissant, que la Vulgate traduit presque toujours par oriens des m
333
ccord pour reconnaître une même Loi 45. Cette loi
serait
le monothéisme chrétien, qui, selon Celse, détruirait les diversités
334
c’est l’universalisme des chrétiens. Mais ceci n’
est
qu’une parenthèse. Avec Sulpice Sévère, écrivain ecclésiastique né e
335
’est à ses saints qu’elle le doit. Sulpice Sévère
est
en effet le biographe de saint Martin de Tours, qui passera pour « le
336
isse du nombre et des vertus de ses saints, il ne
sera
pas mauvais de lui faire entendre que l’Europe ne le cède pas à toute
337
a Vie de Landibert écrit : En ce temps-là, Pépin
était
le prince de nombreuses régions et cités d’Europe. (Il orthographie E
338
ppa.) Mais voici le texte capital, que l’on peut
tenir
pour l’acte de naissance de l’Europe historique et politique : on le
339
s-Martel sur les Arabes en 732. Il a certainement
été
mêlé de près à l’événement, qu’il rapporte en détail quelques années
340
uerant castra locata… Mais les tentes des Arabes
sont
vides ; les guerriers de Charles-Martel, après le pillage, n’ont plus
341
rancs. Le recul de l’islam à partir de cette date
serait
dû à une crise intérieure du monde arabe, et surtout à la défaite sub
342
une date décisive dans notre histoire. La preuve
est
là, qu’au viiie siècle, ceux qui défendent ce continent se voient na
343
chroniqueur « Des six États du monde », l’Europe
était
essentiellement composée de la Gaulle, de la Germanie et de l’Espagne
344
d’Austrasie, déborde largement l’ancien limes à l’
est
et au nord, ainsi que les Pyrénées à l’Ouest : comment nommer l’empir
345
prêtre Cathwulf qui loue Charles, en 775, d’avoir
été
choisi par Dieu pour être élevé au rang de « gloire de l’empire d’Eur
346
Charles, en 775, d’avoir été choisi par Dieu pour
être
élevé au rang de « gloire de l’empire d’Europe » : quoi ipse te exal
347
me (ou tiare) de l’Europe, … père suprême » et ce
sont
là titres mêlés et conjugués d’imperator et de pontifex : Rex Carolu
348
omment les Annales de Fulda (fin du ixe siècle),
est
donc un seul empire chrétien, né hors de Rome, à domination franque i
349
ncontestée — nous dirions franco-germanique. Ce n’
est
donc plus seulement l’une des trois parties de la carte du Monde trad
350
s, éducateur, théologien et rhéteur de cour, elle
est
le continent de la foi. En tant que telle, l’Europe de Charles se tro
351
Charles se trouve plus près de « l’Orient », qui
est
Jésus-Christ, que de « l’Occident » classique, mauvaise moitié du mon
352
Pieux, son fils — le partage de l’empire vient d’
être
consommé — on note un changement bien typique dans les formules des p
353
ent dans l’ombre des intrigues pré-nationales, et
sera
le champ de l’ambition « romaine » des empereurs « de nation germaniq
354
Empire et papauté, dans les siècles à venir, qui
seront
notre Moyen Âge, vont remplir les chroniques de leurs luttes, refoula
355
ouvoir des Européens, « grands et petits », s’ils
sont
unis : … Comme en témoignent les arches du pont de Mayence, que tout
356
parlent encore de l’Europe, mais le sens du nom n’
est
plus que rhétorique (souvenir de Charles) ou simplement géographique
357
miserat). Sur le manteau constellé de l’empereur
était
brodée cette inscription : O decus Europæ Cæsar Heinrice beate — An
358
s l’an 850 av. J.-C. 2. André Varagnac : Comment
est
née l’Europe ?, La Table ronde, n° 113. 3. Hegel puis Ranke ont for
359
e interprétation « rationaliste » de saint Jérôme
était
déjà celle d’Hérodote — évhémériste avant la lettre — qui écrit dans
360
t ravirent la fille du roi, Europe ; ce pouvaient
être
des Crétois. 10. Gonzague de Reynold, La formation de l’Europe, I, p
361
-184. L’année sacrée des Celtes, qui paraît avoir
été
commune aux traditions sacrées de toute l’Europe, commençait un jour
362
av. J.-C.) divise la Terre en deux moitiés : à l’
est
de l’Hellespont, l’Asie, qui n’est encore que l’Asie Mineure ; à l’ou
363
moitiés : à l’est de l’Hellespont, l’Asie, qui n’
est
encore que l’Asie Mineure ; à l’ouest l’Europe. 32. Dans une lettre
364
erra plus loin, p. 224 comment Hegel conçoit un «
Est
en soi » qui est l’Asie. 43. Selon la remarque de J. Fischer, op. ci
365
. 224 comment Hegel conçoit un « Est en soi » qui
est
l’Asie. 43. Selon la remarque de J. Fischer, op. cit., p. 41. 44. C
366
rages récents désignent, dans leurs titres, comme
étant
celle, par excellence, de « la Naissance », ou de « l’Essor », ou de
367
mer une Europe ? Cette période d’unité exemplaire
serait
aussi celle où le sujet de cette unité eût ignoré qu’il existât ? J.
368
cette phrase paradoxale : « L’Europe occidentale
est
issue de la désintégration de l’Empire carolingien. » Or, l’Empire ca
369
l’Empire carolingien. » Or, l’Empire carolingien
était
une Europe occidentale unie. L’Europe serait donc née de la désintégr
370
ngien était une Europe occidentale unie. L’Europe
serait
donc née de la désintégration de son unité politique ? Là-dessus, des
371
. Essayons de simplifier. L’Europe de Charlemagne
est
un empire sacerdotal. À partir de la querelle des Investitures, elle
372
r de la querelle des Investitures, elle cessera d’
être
une en esprit. Elle retombera donc au niveau d’une entité purement gé
373
ibniz. Le motif de la croisade contre les Turcs n’
est
guère absent que chez trois des auteurs marquants que nous citerons :
374
ppels à l’union des princes de l’Europe n’ont-ils
été
lancés — en vain d’ailleurs — qu’au début du xive siècle ? Ne serait
375
ain d’ailleurs — qu’au début du xive siècle ? Ne
serait
-ce point parce qu’en ce temps paraît la première nation qui défie à l
376
’ici les tensions qui animaient le corps chrétien
étaient
de nature « universelle » ou pouvaient apparaître telles. Elles conce
377
r compensation, la nostalgie de l’unité. Dante en
est
le premier témoin, viril, sublime et absolu. Situons-le dans le débat
378
. Brugmans. 54. Paris, 1941. La date et le lieu
sont
à noter.
379
1321) Selon Gilles de Rome (xiiie s.) le pape
est
à l’instar de Dieu, premier Moteur. Il est la source de l’ordre cosmi
380
e pape est à l’instar de Dieu, premier Moteur. Il
est
la source de l’ordre cosmique, du mouvement des choses et de la jurid
381
i viennent l’autorité (un prince païen ne saurait
être
qu’un « brigand »), le droit de propriété et de succession, la légiti
382
égitimité du mariage. Un pécheur séparé du pape n’
est
littéralement rien. En face du pape, pourtant, voici que se dresse l’
383
eur. Selon Marsile de Padoue, c’est le peuple qui
est
le vrai dépositaire de toute autorité, et il la délègue à l’empereur.
384
se situe Dante dans ce drame ? Pour lui, le pape
est
la source unique de l’autorité, la neuvième sphère du Ciel qui commun
385
ns lui devoir son autorité. Cependant, l’empereur
est
la cause première de l’ordre social, et nul baron ne commande sans te
386
de l’ordre social, et nul baron ne commande sans
tenir
de lui son pouvoir. Il est le principe d’unité du genre humain. Et il
387
ron ne commande sans tenir de lui son pouvoir. Il
est
le principe d’unité du genre humain. Et il est nécessairement juste,
388
Il est le principe d’unité du genre humain. Et il
est
nécessairement juste, étant tout-puissant, donc sans ambition personn
389
du genre humain. Et il est nécessairement juste,
étant
tout-puissant, donc sans ambition personnelle, donc vertueux. De plus
390
s ambition personnelle, donc vertueux. De plus il
est
le délégué du peuple romain, prédestiné par Dieu à régner sur le mond
391
is que le pape conduit les âmes à la lumière, qui
est
leur seule liberté. (De Monarchia, III, XVI.) Dans un tel système, po
392
uniformiser) une Société universelle des États55,
est
donc nécessaire à la paix du genre humain. Et le monarque, l’empereur
393
ommes au nom de l’intelligence supérieure qui lui
est
impartie par nature. (Ne serait-ce pas un équivalent, a-t-on remarqué
394
e supérieure qui lui est impartie par nature. (Ne
serait
-ce pas un équivalent, a-t-on remarqué56, du pouvoir moderne de la Sci
395
squ’il jouit du repos et de la paix ; et sa tâche
est
presque divine, selon la parole sainte : tu l’as placé peu au-dessous
396
s des anges. D’où il suit que la paix universelle
est
le meilleur de tous les moyens qui peuvent nous procurer le bonheur…5
397
r…57 Si nous considérons le village, dont la fin
est
le concours agréable des personnes et des choses, il faut qu’un seul
398
e des personnes et des choses, il faut qu’un seul
soit
le chef des autres, que ce chef soit désigné par des étrangers, ou qu
399
t qu’un seul soit le chef des autres, que ce chef
soit
désigné par des étrangers, ou que sa propre supériorité, du consentem
400
des rivalités qui luttent pour la prééminence, il
est
complètement détruit. Ensuite, si nous considérons la cité, dont la f
401
Ensuite, si nous considérons la cité, dont la fin
est
le bien-vivre et le mieux-vivre, un gouvernement unique s’impose ; et
402
roduit-il, non seulement la fin de la vie sociale
est
perdue, mais la cité elle-même disparaît. Enfin dans un royaume, dont
403
ême disparaît. Enfin dans un royaume, dont la fin
est
d’assurer, avec plus de sécurité et de tranquillité les bienfaits de
404
ole de l’infaillible vérité : tout royaume divisé
est
perdu. Ce qui se passe en chacun des groupements qui sont ordonnés à
405
du. Ce qui se passe en chacun des groupements qui
sont
ordonnés à un but unique établit la vérité de ce qui a été avancé plu
406
nés à un but unique établit la vérité de ce qui a
été
avancé plus haut. Désormais, il est évident que la totalité du genre
407
é de ce qui a été avancé plus haut. Désormais, il
est
évident que la totalité du genre humain est ordonnée à un but unique,
408
s, il est évident que la totalité du genre humain
est
ordonnée à un but unique, ainsi qu’on l’avait déjà fait entendre. Don
409
eul commande, qu’un seul dirige ; et ce chef doit
être
appelé monarque ou empereur. Donc il est évident que la bonne existen
410
ef doit être appelé monarque ou empereur. Donc il
est
évident que la bonne existence du monde exige l’existence de la Monar
411
u de l’Empire.58 Entre deux princes, dont l’un n’
est
nullement soumis à l’autre, peut s’élever un litige, soit par leur pr
412
lement soumis à l’autre, peut s’élever un litige,
soit
par leur propre faute, soit par la faute de leurs sujets ; c’est évid
413
t s’élever un litige, soit par leur propre faute,
soit
par la faute de leurs sujets ; c’est évident. Donc entre eux il faut
414
eut examiner la conduite de l’autre (chacun d’eux
étant
indépendant, et un égal n’ayant sur son égal aucun pouvoir), un trois
415
oit exister, d’une juridiction plus ample, et qui
tienne
les deux princes précédents sous son pouvoir. Ce prince sera le monar
416
ux princes précédents sous son pouvoir. Ce prince
sera
le monarque…59 Remarquons que cette phrase : le genre humain peut êt
417
emarquons que cette phrase : le genre humain peut
être
gouverné par un seul, ne doit pas être entendue au sens que les plus
418
umain peut être gouverné par un seul, ne doit pas
être
entendue au sens que les plus minimes règlements d’une ville quelconq
419
e suprême ; souvent en effet les lois municipales
sont
défectueuses, et elles ont besoin d’être jugées, ainsi qu’il résulte
420
icipales sont défectueuses, et elles ont besoin d’
être
jugées, ainsi qu’il résulte du cinquième livre à Nicomaque, où le Phi
421
s possèdent des qualités différentes, qui doivent
être
dirigées par des lois différentes. La loi est une règle de direction
422
nt être dirigées par des lois différentes. La loi
est
une règle de direction pour la vie. Autrement doivent être dirigés le
423
règle de direction pour la vie. Autrement doivent
être
dirigés les Scythes qui vivent hors le septième climat, ils subissent
424
chaleur. Le véritable sens de la phrase du début
est
celui-ci : le genre humain, sur les points communs qui intéressent to
425
nts communs qui intéressent tous les hommes, doit
être
gouverné par un seul monarque, et doit être orienté vers la paix par
426
doit être gouverné par un seul monarque, et doit
être
orienté vers la paix par une seule loi. Cette règle ou loi, les princ
427
à telle action. Or cette opération, non seulement
est
possible à un seul, mais elle ne peut être faite que par un seul, sou
428
ulement est possible à un seul, mais elle ne peut
être
faite que par un seul, sous peine d’introduire la confusion dans les
429
stait une Monarchie parfaite. Que le genre humain
fût
alors heureux, au milieu de la tranquillité de la paix universelle, t
430
omporta le monde, comment la tunique sans couture
fut
déchirée par les ongles de la cupidité, nous pouvons le lire chez les
431
s luttes et querelles, de quels naufrages dois-tu
être
agité ! Tu es devenu un monstre aux multiples têtes, et tu te perds e
432
elles, de quels naufrages dois-tu être agité ! Tu
es
devenu un monstre aux multiples têtes, et tu te perds en efforts cont
433
es, et tu te perds en efforts contradictoires. Tu
es
malade en l’un et l’autre de tes intellects, et aussi en ta sensibili
434
au nom du Saint-Esprit, annoncent : « combien il
est
bon, combien il est agréable de vivre avec des frères et d’être fondu
435
rit, annoncent : « combien il est bon, combien il
est
agréable de vivre avec des frères et d’être fondu en un. »61 Après
436
ien il est agréable de vivre avec des frères et d’
être
fondu en un. »61 Après cette utopie sublime de la Paix par l’Empire
437
namment précise pour l’époque, d’une Europe qui n’
est
pas seulement géographique mais déjà « culturelle » comme dirait notr
438
dirait notre siècle. Son unité dans la diversité
est
illustrée par l’exemple des langues. Citons le traité De vulgari eloq
439
. Et comme la souche primitive de la race humaine
fut
plantée aux rivages de l’Orient, et que de là notre race s’est propag
440
ux rivages de l’Orient, et que de là notre race s’
est
propagée des deux côtés en multiples rameaux pour s’étendre enfin jus
441
tendre enfin jusqu’aux pays d’Occident, peut-être
est
-ce alors pour la première fois que les fleuves de l’Europe, ou du moi
442
du moins certains d’entre eux, ont désaltéré des
êtres
doués de raison. Mais, que ses derniers occupants soient venus de l’é
443
doués de raison. Mais, que ses derniers occupants
soient
venus de l’étranger ou que des indigènes de l’Europe y soient revenus
444
de l’étranger ou que des indigènes de l’Europe y
soient
revenus, ces hommes y apportèrent un langage divisé en trois branches
445
Méotide aux limites occidentales de l’Angleterre,
est
borné par le pays des Italiens et des Français et par l’Océan, n’a pa
446
parlé qu’un seul idiome, bien que plus tard il se
soit
divisé en plusieurs langues vulgaires chez les Esclavons, les Hongroi
447
tout ce qui, au-delà, porte le nom d’Europe, et s’
est
propagé plus loin. Tout le reste de l’Europe a été occupé par un troi
448
st propagé plus loin. Tout le reste de l’Europe a
été
occupé par un troisième langage, bien que maintenant il semble divisé
449
insi Dieu, le ciel, l’amour, la mer, la terre, il
est
, il vit, il meurt, il aime, et presque tout le reste. Les peuples de
450
que la Sicile. Quant aux gens de langue d’oïl, ce
sont
en quelque sorte des septentrionaux en regard de ceux-là, car ils ont
451
de ceux-là, car ils ont à l’orient les Allemands,
sont
entourés à l’ouest et au nord par la mer d’Angleterre, et limités par
452
r les montagnes d’Aragon ; au midi également, ils
sont
bornés par les Provençaux et par les pentes de l’Apennin. Pierre
453
ter la Politique d’Aristote. Saint Thomas d’Aquin
étant
mort en 1274 et l’enseignement de Siger devant être placé vers le mêm
454
nt mort en 1274 et l’enseignement de Siger devant
être
placé vers le même temps, il semble que l’on ne se tromperait guère e
455
for ecclésiastique très large encore, mais qui n’
était
rien auprès de l’immensité des attributions que les cours cléricales
456
nsité des attributions que les cours cléricales s’
étaient
arrogées jusque-là. En 1300, nous trouvons Pierre Dubois exerçant à C
457
royales. Déjà, sans doute, avant cette époque, il
était
entré en rapport avec quelques-unes des personnes du gouvernement. En
458
de précision des cinq derniers mois de l’an 1300,
est
adressé à Philippe le Bel, et rentre tout à fait dans l’ordre des pré
459
ur avocat de province, sans rapport avec la cour,
fût
si bien renseigné… La pensée dominante de Pierre Dubois était la rési
460
n renseigné… La pensée dominante de Pierre Dubois
était
la résistance aux empiètements de l’Église et l’extension des pouvoir
461
le plus important de ses ouvrages, celui où il s’
est
plu à rassembler toutes ses idées de politique et de réformes sociale
462
r les moyens de recouvrer la Terre sainte65. … Il
est
permis de penser que Dubois tenait assez peu au but lointain qu’il as
463
re sainte65. … Il est permis de penser que Dubois
tenait
assez peu au but lointain qu’il assignait à l’activité des nations ch
464
is en Normandie. En l’année 1308, il paraît avoir
été
au plus haut degré de son crédit auprès de Philippe. En cette année,
465
n cette année, l’empereur Albert d’Autriche ayant
été
assassiné, et Clément V se trouvant à Poitiers entre les mains de Phi
466
e paraît pas avoir donné suite à ce projet. « Il
serait
assez difficile, écrit Chr. L. Lange 66, d’exposer les idées du trait
467
systématique : les digressions et les répétitions
sont
fréquentes ; les idées exposées par l’auteur semblent assez disparate
468
moyens d’abréger les procès. Ce dernier sujet lui
tient
notamment à cœur, il le considère comme étroitement lié à celui de «
469
is comme pour Dante et Marsile de Padoue, la paix
est
le summum bonum. Mais elle signifie avant tout la paix entre nations
470
as en Terre sainte s’ils apprennent que leur pays
est
en danger de guerre. Cependant, il ne suffit pas de prêcher la paix :
471
le, dans cette fin des siècles, que tout le monde
soit
gouverné quant aux choses temporelles par un seul monarque, qui dirig
472
, des séditions, des dissensions sans fin ; et il
serait
impossible pour n’importe qui d’y mettre fin, à cause de la multitude
473
isposition naturelle des hommes au désaccord ; il
est
vrai que quelques-uns ont été appelés généralement les monarques du m
474
s au désaccord ; il est vrai que quelques-uns ont
été
appelés généralement les monarques du monde ; je ne crois pas toutefo
475
efois que, depuis que les différentes régions ont
été
peuplées, il n’y eut jamais personne à qui tous aient obéi… Mais il e
476
ut jamais personne à qui tous aient obéi… Mais il
est
vraisemblable que dans les choses spirituelles, il peut et il doit y
477
ant au spirituel, gouvernerait et dirigerait de l’
est
à l’ouest et du nord au sud. La « république chrétienne » de Pierre
478
d. La « république chrétienne » de Pierre Dubois
est
une sorte de Confédération, qui serait placée sous la direction d’un
479
Pierre Dubois est une sorte de Confédération, qui
serait
placée sous la direction d’un concile, dans lequel les différentes na
480
tatuer que des arbitres ecclésiastiques ou autres
seraient
désignés, des hommes prudents et experts et fidèles, qui après avoir
481
parties, hommes aisés et de telle condition qu’il
soit
probable qu’ils ne puissent être corrompus ni par amour, ni par haine
482
condition qu’il soit probable qu’ils ne puissent
être
corrompus ni par amour, ni par haine, ni par peur, ni par convoitise,
483
ils se réuniraient dans un endroit approprié, et,
étant
assermentés de la manière la plus stricte, après qu’ils auraient reçu
484
ls recevraient — en éliminant d’abord tout ce qui
serait
superflu et inepte — les preuves et les instruments qu’ils examinerai
485
raient consciencieusement… Si l’une des parties n’
est
pas contente de la sentence, les juges eux-mêmes doivent renvoyer tou
486
ences, devant le siège apostolique, afin qu’elles
soient
amendées et changées par le Souverain Pontife, si cela est juste ; si
487
ées et changées par le Souverain Pontife, si cela
est
juste ; si non elles doivent être confirmées et enregistrées dans les
488
Pontife, si cela est juste ; si non elles doivent
être
confirmées et enregistrées dans les archives de l’Église ad perpetuam
489
s archives de l’Église ad perpetuam memoriam. Il
est
intéressant de noter que le pape est désigné par cet avocat de l’État
490
emoriam. Il est intéressant de noter que le pape
est
désigné par cet avocat de l’État national pour être le juge suprême d
491
st désigné par cet avocat de l’État national pour
être
le juge suprême dans les litiges des princes superioris in terris non
492
entes. Cependant les sanctions ecclésiastiques ne
sont
pas suffisantes car, note-t-il, ce sont surtout les peines temporelle
493
tiques ne sont pas suffisantes car, note-t-il, ce
sont
surtout les peines temporelles que l’on craint : La peine temporell
494
l’on craint : La peine temporelle, bien qu’elle
soit
sans comparaison moindre que la peine éternelle, est plus redoutée ;
495
sans comparaison moindre que la peine éternelle,
est
plus redoutée ; elle sera plus avantageuse à la Terre sainte ; elle n
496
que la peine éternelle, est plus redoutée ; elle
sera
plus avantageuse à la Terre sainte ; elle nuira moins à tous les pare
497
t de conquête des lieux saints : les trouble-paix
seront
déportés en Orient, où ils auront l’occasion de développer leurs capa
498
ême l’opposition à prévoir : le pays récalcitrant
serait
cerné, toute importation prohibée, et la faim réussirait plus facilem
499
el il vit. Il voit que la monarchie universelle n’
est
plus possible ; que le problème qui se pose, c’est la coexistence dan
500
iaire de vider les litiges entre États souverains
est
l’arbitrage. Il recommande des mesures dont beaucoup étaient connues
501
rbitrage. Il recommande des mesures dont beaucoup
étaient
connues à son époque : le concile convoqué par le pape ; l’arbitrage
502
voient vraiment la réalité, comme il l’a vue. Il
était
trop réaliste pour son époque, qui ne l’était guère. » Cependant, Lan
503
Il était trop réaliste pour son époque, qui ne l’
était
guère. » Cependant, Lange a bien montré la faiblesse essentielle — qu
504
Dubois : « Le point de départ de son raisonnement
est
l’existence de l’État, du prince souverain, rex qui non recognoscit s
505
hilippe le Bel et de Boniface VIII. Pierre Dubois
est
le premier qui l’a posé, et qui a tâché d’en indiquer une solution. »
506
l’état naissant et virulent, déchirent son corps.
Est
-ce le corps de la chrétienté ? Pétrarque n’a pas l’air de le penser,
507
ne Europe où, dans plusieurs régions, « le Christ
est
inconnu ou méconnu » : Transporte-toi maintenant en esprit plus loin
508
t la Grande-Bretagne, projetée hors du continent,
sont
fréquemment affaiblies par des guerres désastreuses. La Germanie, non
509
èche. Dans les autres régions d’Europe, le Christ
est
inconnu ou mal vu… Le lieu de naissance et le sépulcre même du Seigne
510
gneur, double port de la paix pour les chrétiens,
sont
piétinés par les chiens et ceux qui s’y rendent ne trouvent nul accès
511
nnique, et peut-être y mourir ? Et voici que nous
sommes
maintenant certains qu’il est en cette geôle et nous craignons qu’il
512
t voici que nous sommes maintenant certains qu’il
est
en cette geôle et nous craignons qu’il y meure. Qui eût imaginé que l
513
ât jusqu’aux portes de Paris ? Et voici qu’elle y
est
.68 Le roi Georges Podiebrad et Antoine Marini Le roi de Franc
514
iebrad (1420-1471), pauvre gentilhomme tchèque, s’
était
battu avec l’armée des « taborites » ou hussites radicaux, n’étant d’
515
l’armée des « taborites » ou hussites radicaux, n’
étant
d’ailleurs lui-même qu’un hussite modéré ou « utraquiste ». Élu roi d
516
raves, qui cependant l’ont influencé. C’est qu’il
est
ambitieux et que, briguant l’Empire bien qu’hérétique, il a besoin de
517
ux princes étrangers au nom du roi de Bohême ; il
est
allé à Venise, il s’est adressé au duc de Bourgogne, qui l’a éconduit
518
nom du roi de Bohême ; il est allé à Venise, il s’
est
adressé au duc de Bourgogne, qui l’a éconduit. Il a enfin soumis le p
519
ommunié et déclaré déchu le roi Georges. Celui-ci
tint
bon cependant ; il mourut sur le trône en 1471. » Le projet présenté
520
en 1471. » Le projet présenté à Louis XI en 1463
est
écrit en latin. Dans les Mémoires de Philippe de Comines, qui le repr
521
ens historiens, nous constatons que la chrétienté
fut
autrefois extrêmement florissante et heureuse tant par sa population
522
nt par sa population que par sa puissance : telle
était
son étendue qu’elle enfermait en son sein cent-dix-sept vastes royaum
523
enant, en revanche, nous voyons tous combien elle
est
déchirée, réduite, affaiblie, dépouillée de tout son éclat et de tout
524
endeur d’autrefois… Car l’islam, puis les Turcs,
sont
survenus, « réduisant en leur puissance d’abord le glorieux empire de
525
enté, gloire de l’univers, comment tout honneur s’
est
-il retiré de toi ? Comment a disparu ton éclat sans rival ? Où est la
526
toi ? Comment a disparu ton éclat sans rival ? Où
est
la vigueur de ton peuple ? Où, le respect que toutes les nations te p
527
ont servi tant de victoires, si tu devais si vite
être
menée au triomphe de tes vainqueurs ? À quoi bon avoir résisté à la p
528
oyaumes et s’évanouissent les puissances ! Quelle
est
la cause d’un tel changement et d’une telle ruine ? Il n’est pas faci
529
e d’un tel changement et d’une telle ruine ? Il n’
est
pas facile de la discerner, parce que les jugements de Dieu sont cach
530
de la discerner, parce que les jugements de Dieu
sont
cachés. Les champs ne sont pas moins fertiles aujourd’hui qu’autrefoi
531
les jugements de Dieu sont cachés. Les champs ne
sont
pas moins fertiles aujourd’hui qu’autrefois, les troupeaux ne sont pa
532
rtiles aujourd’hui qu’autrefois, les troupeaux ne
sont
pas moins féconds ; le produit de la vigne emplit les cuves avec usur
533
s preuves dans une foule de domaines, les lettres
sont
aussi florissantes que jamais. Qu’est-ce donc qui a abattu la chrétie
534
es lettres sont aussi florissantes que jamais. Qu’
est
-ce donc qui a abattu la chrétienté au point que des cent-dix-sept roy
535
us avons parlé, il n’en a subsisté que seize ? Il
est
peut-être certains péchés que Dieu veut punir, ainsi que nous lisons
536
ue nous lisons dans l’Ancien Testament que cela s’
est
produit quelquefois. Aussi croyons-nous devoir nous examiner attentiv
537
examiner attentivement, afin que, si une faute a
été
commise, elle soit réparée. … Bien qu’à présent le sort des Grecs soi
538
ement, afin que, si une faute a été commise, elle
soit
réparée. … Bien qu’à présent le sort des Grecs soit lamentable et qu’
539
it réparée. … Bien qu’à présent le sort des Grecs
soit
lamentable et qu’il faille déplorer la ruine de Constantinople et d’a
540
d’autres provinces, nous devons pourtant, si nous
sommes
avides de gloire, souhaiter cette occasion qui peut nous réserver l’h
541
cette occasion qui peut nous réserver l’honneur d’
être
appelés défenseurs et mainteneurs du nom chrétien. C’est pourquoi, da
542
ces guerres, rapines, désordres (etc.), nous nous
sommes
décidés, en toute connaissance de cause, après mûre délibération, apr
543
éclame de nous amour et fraternité, et sans avoir
été
attaqués ou provoqués, ouvrent les hostilités contre l’un de nous, ou
544
és contre l’un de nous, ou qu’il arrivât qu’elles
fussent
ouvertes (ce qui paraît fort peu à craindre étant donné cette amitié
545
ssent ouvertes (ce qui paraît fort peu à craindre
étant
donné cette amitié et charité), notre Assemblée ci-dessous désignée d
546
ambassadeurs à nos frais communs et sans même en
être
requise par notre collègue attaqué, pour apaiser les litiges et rétab
547
ires à la concorde et à la paix, à l’amiable s’il
est
possible, ou les amener à choisir des arbitres ou à plaider devant le
548
n ou habitation… Les organes de la Confédération
sont
ensuite indiqués : Cour de justice ou Consistoire, Assemblée, enfin f
549
entrer en action : Mais, comme la paix ne peut
être
cultivée sans la justice ni la justice sans la paix… nous avons prévu
550
partout les ruisseaux de la justice. Ce tribunal
sera
organisé, quant au nombre et à la qualité des personnes et des statut
551
et décidé. Et afin que dans ce tribunal un terme
soit
fixé aux procès pour éviter qu’ils ne s’éternisent, nous voulons que
552
omme cet acte de bonne intelligence et de charité
est
fait et établi avant tout à la gloire et à l’honneur de la divine maj
553
onnellement les forces et les ressources qui nous
sont
communes ; et pour accomplir et exécuter cette tâche, nous paierons e
554
, nous paierons et donnerons toutes les dîmes qui
sont
données et versées aux Églises, aux ecclésiastiques et aux religieux
555
uments et ceux de nos sujets, à fournir, comme il
est
dit, à raison de trois jours par an tant que besoin sera. En outre, c
556
t, à raison de trois jours par an tant que besoin
sera
. En outre, comme il faut tout prévoir avec un zèle et un soin judicie
557
s, quelles machines et quel matériel de guerre il
sera
nécessaire d’employer, à quel endroit toutes les armées de terre devr
558
esse de la construction : Item, afin que ce qui
est
écrit ci-dessus et ci-dessous soit, dans l’ensemble et le détail, mis
559
afin que ce qui est écrit ci-dessus et ci-dessous
soit
, dans l’ensemble et le détail, mis à exécution comme il est dû, nous
560
l’ensemble et le détail, mis à exécution comme il
est
dû, nous promettons et prenons l’engagement de la manière susdite que
561
seil propre et spécial, qu’un seul président X en
soit
le père et la tête, et que nous autres rois et princes de la chrétien
562
e nous autres rois et princes de la chrétienté en
soyons
les membres ; que ledit Collège ait aussi sur nous tous, sur nos suje
563
touchent et concernent en quelque manière que ce
soit
un Collège légal et légitime. Et afin que chaque pays conserve intact
564
principaux offices de l’Assemblée des hommes qui
soient
issus et originaires de cette même nation, et en connaissent et compr
565
d’une seule et même nation, des votes contraires
sont
donnés et émis sur quelque sujet, nous décidons que ce qui aura été f
566
sur quelque sujet, nous décidons que ce qui aura
été
fait et conclu par la majorité sera maintenu aussi fermement que si c
567
ue ce qui aura été fait et conclu par la majorité
sera
maintenu aussi fermement que si cela avait été jugé et arrêté à l’una
568
é sera maintenu aussi fermement que si cela avait
été
jugé et arrêté à l’unanimité par cette nation… L’une des dernières c
569
te nation… L’une des dernières clauses du traité
fut
la raison bien évidente de l’échec final du projet : par une ruse cou
570
veiller à ce que les dîmes, perçues par l’Église,
soient
désormais versées à l’Assemblée, nouveau défenseur de la Foi ! Polime
571
e, c’est un pape, à l’aube de la Renaissance, qui
sera
le premier à désigner de nouveau par son nom légendaire et païen cett
572
sait que trop que les premiers efforts d’unité se
sont
dessinés jusqu’alors contre le Saint-Siège, précisément, et ses préte
573
l’un des plus glorieux humanistes de son temps71,
fut
élevé au pontificat sous le nom de Pie II en 1458, l’année même, noto
574
58, l’année même, notons-le, où Georges Podiebrad
était
élu roi de Bohême. Byzance venait de tomber aux mains des Turcs. Pour
575
aux mains des Turcs. Pour Æneas Silvius, l’Europe
est
identifiée à « notre patrie, notre maison », car tout y participe d’u
576
s notre propre maison, dans notre siège, que nous
sommes
attaqués et tués.72 Vers la fin de sa vie, il avait entrepris la ré
577
s les chapitres sur « Asie » et « Europe » purent
être
terminés. Pour la première fois depuis des siècles, l’Europe s’y trou
578
t historique, non plus seulement géographique. Il
est
malheureusement impossible d’en citer des extraits significatifs, car
579
ay 73, et quand il devint pape, sa première tâche
fut
de défendre la chrétienté par la force de la persuasion et par la for
580
des armes. Pour Pie II, la chrétienté et l’Europe
étaient
une seule et même chose. » Dans sa fameuse Lettre à Mahomet II, il én
581
il énumère les ressources de la chrétienté comme
étant
les ressources de l’Europe, et nie l’existence de véritables chrétien
582
ehors de l’Europe. Nous ne pouvons croire que tu
sois
assez ignorant de ce qui nous concerne pour ne pas voir quelle est la
583
t de ce qui nous concerne pour ne pas voir quelle
est
la puissance du peuple chrétien, combien vaillante est l’Espagne, gue
584
a puissance du peuple chrétien, combien vaillante
est
l’Espagne, guerrière la France, populeuse la Germanie, forte la Breta
585
de les exclure en tant que faux chrétiens : Ils
sont
tous imbus d’erreur, quoiqu’ils rendent un culte au Christ — Arménien
586
jamais accepté les accords conclus à Florence et
sont
demeurés dans l’erreur. Mahomet comprendrait vite la puissance des c
587
rrait refuser son concours quand l’évêque de Rome
est
fret à exposer sa propre vie ? Rien n’y fit. À Ancône, où il avait do
588
Pontife ni à l’empereur on ne rend leur dû. Il n’
est
plus de respect ni d’obéissance. Nous regardons le pape et l’empereur
589
ntralisé et unifié au sens moderne. Sa conception
est
proprement fédéraliste : il veut l’union dans la diversité. Comme le
590
en tant que propagateur des doctrines d’Averroès,
fut
aussi l’un des maîtres de Dante. 65. Il s’agit de l’ouvrage qu’on va
591
atione Terra Sancte. La première partie du traité
est
adressée en forme de circulaire à tous les princes de la chrétienté,
592
ric III, dernier empereur du Saint-Empire qui ait
été
couronné à Rome. Grands symboles ! 72. De Constantinopolitana clade
593
gregando. Texte latin : « Nunc vero in Europa, id
est
, in patria, in domo propria, in sede nostra, percussi cæsique sumus.
594
in sede nostra, percussi cæsique sumus. » Ce « id
est
» mérite d’être souligné. 73. Denis Hay : « Sur un problème de termi
595
percussi cæsique sumus. » Ce « id est » mérite d’
être
souligné. 73. Denis Hay : « Sur un problème de terminologie historiq
596
s penseurs et les hommes politiques du temps : ce
sont
les grandes découvertes et les débuts du colonialisme, la Réforme, et
597
urs répercussions sur « l’image de l’Europe » ont
été
diverses et contradictoires. Les grandes découvertes n’entraînent pas
598
a primauté de l’État. Mais ces transformations ne
sont
guère enregistrées que par les « Utopies » relatives au Nouveau Monde
599
ibériques. Sa royauté universelle, incontestée, n’
est
menacée que par les Turcs à l’extérieur : eux seuls, parfois, réveill
600
d’une certaine union nécessaire, mais celle-ci n’
est
imaginée que sous la forme d’une coalition des Souverains. La crise p
601
des Souverains. La crise profonde de la Réforme n’
est
pas ressentie comme divisant l’Europe, mais seulement la chrétienté.
602
hrétienté. (Nos jugements modernes, sur ce point,
sont
donc frappés d’anachronisme.) Si l’on s’en tient aux témoignages du t
603
, sont donc frappés d’anachronisme.) Si l’on s’en
tient
aux témoignages du temps, on voit qu’en fait, jamais le concept d’Eur
604
on voit qu’en fait, jamais le concept d’Europe n’
est
invoqué par l’une ou l’autre des parties en présence, en faveur de sa
605
n faveur de sa thèse 76. Calvin, Luther et Loyola
sont
de très grandes figures européennes, mais aucun n’a jamais parlé de l
606
éalité. Charles-Quint, à son avènement, se trouve
être
à la fois le maître des Allemagnes, des Espagnes, des Pays-Bas, de Na
607
êve d’une monarchie universelle dont le foyer eût
été
l’Europe unie ? Tout s’est défait, dénaturé et disloqué. L’unité de l
608
elle dont le foyer eût été l’Europe unie ? Tout s’
est
défait, dénaturé et disloqué. L’unité de l’Église est brisée pour des
609
défait, dénaturé et disloqué. L’unité de l’Église
est
brisée pour des siècles, la France s’est alliée aux Turcs contre le r
610
l’Église est brisée pour des siècles, la France s’
est
alliée aux Turcs contre le reste de l’Europe, l’Espagne a perdu la pl
611
unales et régionales, la Bohême et la Hongrie ont
été
écrasées à Mohacs, Rome a été mise à sac et l’Italie asservie, les Al
612
e et la Hongrie ont été écrasées à Mohacs, Rome a
été
mise à sac et l’Italie asservie, les Allemagnes sont en pleine anarch
613
é mise à sac et l’Italie asservie, les Allemagnes
sont
en pleine anarchie, et la « mise en valeur » du Nouveau Monde, qui eû
614
nts pose le problème d’un droit international qui
sera
fondé au début du xviie siècle par Hugo Grotius, à partir du droit m
615
physique et religieuse, profondément européenne —
est
exaltée en nobles phrases ; mais l’union des Européens, mesure politi
616
nion des Européens, mesure politique immédiate, n’
est
simplement pas mentionnée. De Francisco de Vitoria (1580-1546), domin
617
citons deux pages sur la guerre : Nulle guerre n’
est
légitime, s’il est évident qu’elle est menée au détriment de la Répub
618
ur la guerre : Nulle guerre n’est légitime, s’il
est
évident qu’elle est menée au détriment de la République, plutôt qu’à
619
e guerre n’est légitime, s’il est évident qu’elle
est
menée au détriment de la République, plutôt qu’à son profit et avanta
620
qu’à son profit et avantage… Et puisqu’un État n’
est
qu’une partie du monde entier, puisque, encore davantage, une provinc
621
sque, encore davantage, une province chrétienne n’
est
qu’une partie de toute la République, j’estime que même si une guerre
622
te la République, j’estime que même si une guerre
est
utile à une province, ou à un État, mais que d’autre part elle est au
623
rovince, ou à un État, mais que d’autre part elle
est
au détriment du monde ou de la chrétienté, alors la guerre est par ce
624
ent du monde ou de la chrétienté, alors la guerre
est
par cela même injuste. Si par exemple une guerre de l’Espagne contre
625
exemple une guerre de l’Espagne contre la France
était
entreprise par des motifs justes, et qu’elle fût sous d’autres rappor
626
tait entreprise par des motifs justes, et qu’elle
fût
sous d’autres rapports utile au royaume d’Espagne, mais que, toutefoi
627
e au royaume d’Espagne, mais que, toutefois, elle
fût
menée avec un préjudice plus grand et aux risques de la chrétienté (s
628
je savais quelque chose utile à ma patrie et qui
fût
préjudiciable à l’Europe et au genre humain, je la regarderais comme
629
revient sur l’idée que les guerres ne pourraient
être
justifiées que par le bien des peuples, mais qu’elles ne servent pas
630
pas ce bien, en fait ; leur condamnation globale
est
donc implicite : Maintenant je ne demanderai pas à Dieu grâce plus g
631
is Ier) des frères dans leur volonté comme ils le
sont
en parenté ; car alors, il n’y aurait plus d’hérétiques dans l’Église
632
ni plus de Maures qui la tourmentent, et l’Église
serait
réformée, que le pape le veuille ou non ; et avant que je n’aie vu ce
633
il ne leur pardonnera pas les guerres ; elles ne
sont
pas inventées pour le bien des princes mais pour le bien des peuples
634
ces mais pour le bien des peuples ; et les choses
étant
ainsi, veuillez voir, ô hommes de bien, si nos guerres sont au profit
635
, veuillez voir, ô hommes de bien, si nos guerres
sont
au profit de l’Espagne, ou de la France, ou de l’Italie ou de l’Allem
636
uropéens ont ouvert les routes, « tous les hommes
sont
reliés entre eux et participent merveilleusement à la République univ
637
es, empires, tyrannies ou républiques de la terre
sont
réunis par un lien qui n’est pas autre chose que l’autorité de la rai
638
bliques de la terre sont réunis par un lien qui n’
est
pas autre chose que l’autorité de la raison ou du droit des gens. D’o
639
u du droit des gens. D’où il résulte que ce monde
est
comme une grande cité et tous les hommes coulés pour ainsi dire dans
640
ans un même droit, afin qu’ils comprennent qu’ils
sont
tous de même sang et sous la protection d’une même raison. Mais parce
641
me raison. Mais parce que cet empire de la raison
est
dépourvu de contrainte, on ne saurait réunir en une seule république
642
e : La grandeur d’un prince, à en bien parler, n’
est
autre chose que la ruine, ou diminution de ses voisins : et sa force
643
ine, ou diminution de ses voisins : et sa force n’
est
rien que la faiblesse d’autrui. L’égoïsme sacré serait donc le derni
644
rien que la faiblesse d’autrui. L’égoïsme sacré
serait
donc le dernier mot de la sagesse politique ? Il en est bien ainsi, d
645
nc le dernier mot de la sagesse politique ? Il en
est
bien ainsi, dès qu’on admet le principe de la souveraineté sans limit
646
pour ainsi dire politique et morale. Cette unité
est
indiquée par le précepte naturel de l’amour mutuel et de la miséricor
647
, même aux étrangers, de quelque condition qu’ils
soient
. C’est pourquoi tout État souverain, république ou royaume, quoique c
648
yaume, quoique complet en soi et fermement assis,
est
néanmoins en même temps d’une certaine manière membre de cet univers,
649
nne comme telle. Deux textes cependant méritent d’
être
cités. Ils montrent à quel point la vision des penseurs de ce temps e
650
t à quel point la vision des penseurs de ce temps
est
naturellement européenne, en ce sens qu’elle ne cesse de comparer ent
651
e la renommée d’innombrables grands hommes qui se
sont
illustrés à la guerre. L’Afrique n’en a eu qu’un petit nombre, et l’A
652
il y a d’États, plus il y a de grands hommes. Ils
sont
plus rares à mesure que le nombre des États diminue. On trouve en Asi
653
e peut guère trouver d’autres noms dignes de leur
être
comparés. Et sans parler de l’ancienne Égypte, l’Afrique nomme ses Ma
654
dans son sein. Cependant ces guerriers illustres
sont
bien peu nombreux en comparaison de ceux de l’Europe : c’est en Europ
655
ommes qui ont excellé dans tous les genres et ils
seraient
plus nombreux encore si l’on pouvait ajouter tous ceux dont le temps
656
e où les vertus ont brillé d’un plus grand éclat,
est
celle où il s’est trouvé le plus d’États à les favoriser, poussés par
657
t brillé d’un plus grand éclat, est celle où il s’
est
trouvé le plus d’États à les favoriser, poussés par la nécessité ou p
658
ouvait enfanter que peu d’hommes illustres. Il en
est
allé de même en Afrique. Cependant cette contrée a vu naître quelques
659
la république de Carthage. Car les grands hommes
sont
plus nombreux dans une république que dans une monarchie. Dans l’une
660
lique que dans une monarchie. Dans l’une la vertu
est
presque toujours honorée, dans l’autre elle est toujours redoutée. Il
661
u est presque toujours honorée, dans l’autre elle
est
toujours redoutée. Il en résulte que dans la première tout tend à nou
662
es les contrées de l’Europe, on constate qu’elles
furent
remplies d’une foule de républiques et de principautés qui, vivant da
663
s la crainte continuelle les unes des autres, ont
été
obligées de conserver leurs institutions militaires et de combler d’h
664
les Gaulois cisalpins. La Gaule et la Germanie n’
étaient
que républiques et principautés. L’Espagne offrait le même spectacle.
665
e même spectacle. Et si hormis les Romains, il en
est
peu hélas qui furent glorifiés, il faut en accuser la malignité des a
666
Et si hormis les Romains, il en est peu hélas qui
furent
glorifiés, il faut en accuser la malignité des auteurs qui visent la
667
fortune et qui n’honorent que le vainqueur. Il n’
est
pas raisonnable de croire que pendant les cent-cinquante années où le
668
s et les Toscans combattirent les Romains avant d’
être
vaincus, ils n’aient pas donné le jour à de nombreux hommes illustres
669
é le jour à de nombreux hommes illustres. Il en a
été
de même dans les Gaules et dans l’Espagne. Mais ce courage que les hi
670
la persévérance à défendre la liberté. Puisqu’il
est
vrai que plus il y a d’empires, plus on voit de grands hommes se dist
671
degré de l’abaissement. Car limitée comme elle l’
était
pour ainsi dire à Rome seule, dès que la ville fut corrompue, la corr
672
it pour ainsi dire à Rome seule, dès que la ville
fut
corrompue, la corruption entraîna celle du monde entier. C’est alors
673
la vertu n’a pu y renaître : d’abord, parce qu’il
est
difficile de faire revivre des institutions entièrement viciées, et,
674
nouvelles introduites par la religion chrétienne
sont
telles que l’homme n’a plus le même besoin de se défendre qu’autrefoi
675
ne massacre guère les vaincus, et les prisonniers
sont
libérés facilement. Les villes, dussent-elles se révolter mille fois,
676
à un seul monarque. L’Espagne également. L’Italie
est
divisée en peu d’États ; de sorte que les villes faibles se défendent
677
isons, n’ont pas à redouter une ruine totale. Où
sont
les temps où un Sulpice Sévère, louait l’Europe pour ses saints, et n
678
et du traité Dulce bellum inexpertis (« La guerre
est
douce à ceux qui ne la connaissent pas »). Ce n’est pas lui qui nomme
679
t douce à ceux qui ne la connaissent pas »). Ce n’
est
pas lui qui nommerait « excellent » l’homme d’armes, qu’il tient plut
680
ui nommerait « excellent » l’homme d’armes, qu’il
tient
plutôt pour une apparition monstrueuse et qui répugne à la nature : «
681
n animal d’un certain caractère divin.83 » Érasme
est
le type même de ces grands hommes du xvie siècle qui ne parlent pas
682
vie et ses travaux, par toutes les fibres de son
être
, il a bien mérité le titre de « premier Européen », sinon par l’inten
683
gouvernât l’État, pourvu que les intérêts publics
fussent
bien administrés. Un autre prend pour prétexte un point omis dans un
684
avec les autres princes qui, lorsque le prétexte
est
trouvé, provoquent la guerre, afin de tout diviser par la discorde de
685
té sans frein que donne la guerre… XXXV. — Ils ne
sont
jamais unis que pour nuire et ils ne s’entendent jamais que pour oppr
686
eurs États. Et ceux qui agissent de cette manière
sont
considérés comme des chrétiens ? Ainsi souillés de sang osent-ils ent
687
ocher des autels ? Ô fléaux des nations, dignes d’
être
déportés dans les îles les plus éloignées ! S’ils sont les membres d’
688
déportés dans les îles les plus éloignées ! S’ils
sont
les membres d’un seul corps chrétien, pourquoi chacun d’eux ne s’esti
689
le voisinage d’un royaume un peu trop florissant
est
presque un motif légitime de guerre. En effet, si nous voulons être j
690
tif légitime de guerre. En effet, si nous voulons
être
justes, quelle autre cause a poussé et pousse encore maintenant tant
691
armes contre la France, sinon le fait que ce pays
est
le plus florissant de tous ? Nul ne possède une étendue plus vaste ;
692
de une étendue plus vaste ; nulle part le Sénat n’
est
plus auguste, l’Académie plus célèbre ; aucun ne jouit de plus de con
693
a même de plus de pouvoir. Nulle part les lois ne
sont
mieux appliquées et, en ce qui concerne la religion, nulle part l’int
694
ne la religion, nulle part l’intégrité du Dogme n’
est
plus respectée. Elle n’est ni corrompue par le commerce des Juifs, co
695
l’intégrité du Dogme n’est plus respectée. Elle n’
est
ni corrompue par le commerce des Juifs, comme chez les Italiens ; ni
696
ols. L’Allemagne, pour ne rien dire de la Bohême,
est
divisée en une foule de royaumes et on ne voit cependant chez elle nu
697
le la France, fleur intacte du royaume du Christ,
est
son asile le plus sûr. Si par hasard quelque orage survient, elle ser
698
s sûr. Si par hasard quelque orage survient, elle
sera
attaquée de toutes les façons, assaillie par toutes les ruses de ceux
699
celle de l’esprit chrétien ? LV. — La guerre, qui
est
la chose la plus dangereuse qui soit, ne doit être faite qu’avec le c
700
a guerre, qui est la chose la plus dangereuse qui
soit
, ne doit être faite qu’avec le consentement de toute la nation. Il fa
701
est la chose la plus dangereuse qui soit, ne doit
être
faite qu’avec le consentement de toute la nation. Il faut supprimer l
702
VII. — Mais, si la guerre, cette maladie funeste,
est
à ce point inhérente à la nature humaine que nul ne puisse subsister
703
s ne déchaînent-ils pas ce mal sur les Turcs ? Il
serait
, naturellement préférable de convertir les Turcs au christianisme, pa
704
lutôt que par les armes : cependant, si la guerre
est
absolument inévitable, ce malheur serait moins grave que si les chrét
705
i la guerre est absolument inévitable, ce malheur
serait
moins grave que si les chrétiens se déchiraient et se tuaient entre e
706
et se tuaient entre eux. Si l’amour réciproque n’
est
pas de nature à les unir, que du moins ils soient unis contre l’ennem
707
n’est pas de nature à les unir, que du moins ils
soient
unis contre l’ennemi commun…85 Malheureusement, c’est le contraire qu
708
l’Anglais hait le Français uniquement parce qu’il
est
Français. Le Breton hait l’Écossais simplement parce qu’il est Écossa
709
Le Breton hait l’Écossais simplement parce qu’il
est
Écossais. L’Allemand ne s’entend pas avec le Français. Ô cruelle perv
710
ntendant des chrétiens prononcer ces paroles : Je
suis
Apollinien ; je suis Cephéen ; je suis Paulicien. Il ne permit pas de
711
s prononcer ces paroles : Je suis Apollinien ; je
suis
Cephéen ; je suis Paulicien. Il ne permit pas des dénominations de ce
712
roles : Je suis Apollinien ; je suis Cephéen ; je
suis
Paulicien. Il ne permit pas des dénominations de ce genre qui eussent
713
princes, de même qu’en proposant que la guerre ne
soit
faite « qu’avec le consentement de toute la nation », loin de « suppr
714
ope par des guerres nationales, puis totales ? Il
est
mieux inspiré lorsqu’en 1530, dans sa Consultation sur la guerre aux
715
lus ou moins fédératif des puissances : D’aucuns
sont
effrayés par le mot de Monarchie universelle, que certains paraissent
716
ains paraissent ambitionner… Certes, la Monarchie
serait
la meilleure des choses, s’il se trouvait un prince semblable à Dieu
717
emblable à Dieu ; cependant, les mœurs des hommes
étant
ce qu’elles sont, les États de grandeur moyenne (moderata imperia) so
718
cependant, les mœurs des hommes étant ce qu’elles
sont
, les États de grandeur moyenne (moderata imperia) sont les plus sûrs,
719
les États de grandeur moyenne (moderata imperia)
sont
les plus sûrs, s’ils sont unis par des pactes chrétiens. Cependant,
720
enne (moderata imperia) sont les plus sûrs, s’ils
sont
unis par des pactes chrétiens. Cependant, à l’autre extrémité de l’E
721
rmateur de la Suède, Olaus Petri (1497-1552), qui
fut
le chancelier du roi Gustav Vasa, et le premier pasteur de Stockholm
722
leur vie des centaines de milliers d’hommes. Tel
fut
leur courage tant vanté, ainsi que les chroniques le font voir claire
723
, dédiée au jeune Charles-Quint, dont il venait d’
être
nommé conseiller, Érasme écrivait, non sans une profonde ironie : Fai
724
une profonde ironie : Faisons d’abord en sorte d’
être
nous-mêmes chrétiens sincères ; puis, si cela est acquis, alors attaq
725
tre nous-mêmes chrétiens sincères ; puis, si cela
est
acquis, alors attaquons les Turcs. 86. De la chronique suédoise du
726
re les princes… Dis que la guerre entre chrétiens
est
criminelle ; blâme-la absolument, comme une dispute entre les membres
727
es membres d’un même corps.87 Cette exhortation
étant
restée sans effets, il recourt à l’argument turc, dans une lettre au
728
turc, dans une lettre au roi d’Angleterre : Vous
êtes
deux ou trois dans le monde chrétien : les victoires des Turcs nous o
729
t avec lui beaucoup d’autres grands hommes qui se
sont
dédiés à l’étude fatigante de la Nature et des causes des choses, nou
730
oureuse, la plus courageuse et la plus résistante
est
celle qui peuple l’Europe ; que les Asiatiques sont craintifs et ne v
731
st celle qui peuple l’Europe ; que les Asiatiques
sont
craintifs et ne valent rien pour la guerre, étant pareils aux femmes
732
sont craintifs et ne valent rien pour la guerre,
étant
pareils aux femmes plutôt qu’aux hommes. Au reste, l’Europe ne produi
733
toujours, peu à peu, à elle-même, et quand l’art
est
supprimé ou se montre impuissant, elle réclame impérieusement ce qui
734
tre le Turc, vous connaîtriez immédiatement ce qu’
est
le temple des Asiatiques. L’adversité révélerait ce qu’une série de s
735
, et ferait voir en toute clarté que les Turcs ne
furent
pas forts de leur propre force et courage, mais de vos erreurs. … Les
736
emagne. Qu’ils cessent de se combattre, sinon ils
sont
perdus. Qu’ils fortifient l’Allemagne, oui, qu’ils la fortifient par
737
ottes vers le Nouveau Monde. Mais là même, ils ne
seront
pas à l’abri des attaques de ce tyran piqué par le taon de l’avidité
738
l s’emparait de l’Allemagne ? Tout autre obstacle
serait
un château de cartes. Il est douloureux d’avoir à dire que seule la f
739
ut autre obstacle serait un château de cartes. Il
est
douloureux d’avoir à dire que seule la faiblesse pourrait être opposé
740
ux d’avoir à dire que seule la faiblesse pourrait
être
opposée au souverain de l’Allemagne et d’un si grand nombre de races
741
d’un si grand nombre de races et de royaumes. Il
est
vrai que l’Europe est très forte ; mais de quoi cela lui servirait-il
742
de races et de royaumes. Il est vrai que l’Europe
est
très forte ; mais de quoi cela lui servirait-il, si le Turc possédait
743
uncto de l’Allemagne, de la France et de l’Italie
serait
capable de sauver l’Europe. C’est en s’appuyant avant tout sur les Al
744
Dès lors, dans une série si longue de guerres qui
sont
nées l’une de l’autre par une fécondité incroyable, toute l’Europe a
745
uction ; mais de nulle autre chose la nécessité n’
est
plus pressante, que d’une immédiate réconciliation et concorde, qui s
746
hristianisme raisonnable ». Cela fait, quand tous
seront
un : Donnons au monde entier, s’il est possible, un seul prince… mei
747
d tous seront un : Donnons au monde entier, s’il
est
possible, un seul prince… meilleure image du Dieu unique d’où procède
748
e du monde. Un tel monarque universel ne saurait
être
que le roi de France, puisque ce roi descend du fils aîné de Japhet,
749
lique au témoignage de Josèphe… Toutefois, Postel
est
loin de se regarder comme un impérialiste « gaulois ». Dans l’un de s
750
traire et à plusieurs reprises cosmopolite. On le
tient
aujourd’hui pour l’inventeur du mot, promis à des fortunes diverses.
751
et effort de mise en ordre, qui semble bien avoir
été
la devise du siècle. Nous leur découvrons, après coup, plusieurs trai
752
s de ressemblance assez profonds. Tous les quatre
sont
des utopies, données comme telles — encore que celui de Sully prétend
753
sième quart du xvie siècle et mourut en 1648. Il
fut
« moine pédagogue dans on ne sait quel collège de Paris », enseigna l
754
n respecterons l’orthographe savoureuse. La paix
est
un subject trivial, je le confesse, mais on ne la pourchasse qu’à dem
755
ron91, et plusieurs autres belles conceptions qui
sont
fort aysées à mettre par escrit. Il y en a qui limitent encore plus l
756
afin de jouyr d’un repos plus asseuré.92 Mais je
suis
bien d’un autre advis, et me semble quand on voit brusler ou tomber l
757
ant que de compassion, veu que la société humaine
est
un corps, dont tous les membres ont une sympathie, de manière qu’il e
758
s les membres ont une sympathie, de manière qu’il
est
impossible que les maladies de l’un ne se communiquent aux autres. Fa
759
cres et boucherie ?… Mais supposons que la guerre
fut
nécessaire pour fonder les monarchies. Aujourd’hui qu’elles sont esta
760
pour fonder les monarchies. Aujourd’hui qu’elles
sont
establies, il n’est plus besoing à ceux qui en ioüissent de remplir l
761
rchies. Aujourd’hui qu’elles sont establies, il n’
est
plus besoing à ceux qui en ioüissent de remplir le monde de ce carnag
762
erver, chère à Érasme, nous l’avons vu. La guerre
est
« sans proffit » parce qu’elle ébranle les trônes, même celui du Gran
763
ns. Je confronte ces deux peuples, pour ce qu’ils
sont
par manière de dire ennemis naturels, et ont divisé presque tout le m
764
on, tellement que s’ils se pouvoient accorder, ce
serait
un grand acheminement pour la paix universelle. Inutile d’insister s
765
ale de laquelle nous parlerons cy-après… Comments
est
-il possible, dira quelqu’un, d’accorder des peuples qui sont si sépar
766
sible, dira quelqu’un, d’accorder des peuples qui
sont
si séparez de volonté et d’affection, comme le Turc et le Persan, le
767
if ou mahometain ? Je dis que telles inimitiez ne
sont
que politiques, et ne peuvent oster la conionction qui est et doibt e
768
olitiques, et ne peuvent oster la conionction qui
est
et doibt estre entre les hommes. La distance des lieux, la separation
769
ent d’amitié et société humaine. Pourquoy moy qui
suis
François voudray-je du mal à un Anglois, Hespagnol, et Indien ? Je ne
770
Indien ? Je ne le puis, quand je considéré qu’ils
sont
hommes comme moy, que je suis subjet comme eux à erreur et péché, et
771
je considéré qu’ils sont hommes comme moy, que je
suis
subjet comme eux à erreur et péché, et que toutes les nations sont as
772
eux à erreur et péché, et que toutes les nations
sont
associées par un lien naturel, et consequemment indissoluble. La mêm
773
ce doit s’étendre au domaine de la religion : Qu’
est
-il besoin de se faire la guerre pour la diversité des cérémonies ? Je
774
ui ne veulent pas embrasser les nostres… La pieté
est
un trop bel arbre pour produire de si mauvais fruits. Tandis que nous
775
t leurs miracles, et chacun presume que la sienne
est
la meilleure. Je n’ay pas entrepris de vuider ce différend. Un plus s
776
vuider ce différend. Un plus suffisant que moy y
seroit
bein empesché. Seulement je diray qu’elles tendent toutes à une mesme
777
se instruction, que par malice, et par consequent
sont
plus dignes de compassion que de haine… (Seuls des esprits bornés cro
778
aine… (Seuls des esprits bornés croient) que tous
sont
tenus de vivre comme luy, et ne prise que ses coutusmes, à la façon d
779
(Seuls des esprits bornés croient) que tous sont
tenus
de vivre comme luy, et ne prise que ses coutusmes, à la façon de ces
780
lus loing, et considèrent que l’harmonie du monde
est
composée de diverses humeurs, et que ce qui est loüable en un lieu, n
781
e est composée de diverses humeurs, et que ce qui
est
loüable en un lieu, n’est pas trouvé bon partout… (Il faut reconnaîtr
782
humeurs, et que ce qui est loüable en un lieu, n’
est
pas trouvé bon partout… (Il faut reconnaître que) les hommes sont for
783
bon partout… (Il faut reconnaître que) les hommes
sont
fort bizarres et que ce qui est honoré en un endroict est abominé ou
784
que) les hommes sont fort bizarres et que ce qui
est
honoré en un endroict est abominé ou moqué en un autre. Crucé imagin
785
bizarres et que ce qui est honoré en un endroict
est
abominé ou moqué en un autre. Crucé imagine une Assemblée ou Sénat p
786
des États : Posez le cas que la paix aujourd’huy
soit
signee, qu’elle soit publiée en plein theatre du monde : Que sçavons-
787
cas que la paix aujourd’huy soit signee, qu’elle
soit
publiée en plein theatre du monde : Que sçavons-nous si la postérité
788
é en voudra emologuer les articles ? Les volontez
sont
muables, et les actions des hommes de ce temps n’obligent pas leurs s
789
Néantmoins pour en prévenir les inconvéniens, il
seroit
necessaire de choisir une ville, où tous les Souverains eussent perpé
790
s, afin que les differens qui pourraient survenir
fussent
vuidez par le jugement de toute l’assemblee. Les ambassadeurs de ceux
791
siège sur le territoire de Venise, pour ce qu’il
est
comme neutre et indifferent à tous princes : joinct aussi qu’il est p
792
t indifferent à tous princes : joinct aussi qu’il
est
proche des plus signalées Monarchies de la terre, de celles du pape,
793
e, des deux empereurs, et du roy d’Hespagne. Il n’
est
pas loing de France, de Tartarie, Moschouie, Polongne, Angleterre, et
794
seulement » et au contraire de parler comme s’il
était
né « en la république imaginaire de Platon ou en la région de ses Idé
795
s vienne immédiatement après lui, « attendu qu’il
tient
le siège de l’empire oriental ». Viendront ensuite « l’empereur chres
796
n. Dès la première partie de son traité, Crucé s’
était
demandé ce que feraient les peuples, s’ils n’avaient plus la guerre p
797
à cultiver. Et déjà il s’écriait : Quel plaisir
seroit
-ce, de voir les hommes aller de part et d’autre librement, et communi
798
mblables, comme si la terre estoit, ainsi qu’elle
est
véritablement, une cité commune à tous ? Vers la fin de l’ouvrage, i
799
vec l’autre, dont le premier et le plus important
est
qu’ils se contentent des limites de leur seigneurie qui leur seront p
800
ontentent des limites de leur seigneurie qui leur
seront
prescripts par la generale assemblée de laquelle nous avons parlé. Ce
801
tice aux estrangers, et ne permettre point qu’ils
soient
offensez en aucune sorte par les originaires du pays, quand ils y vie
802
de l’Europe — supposait d’autres mesures : … il
est
necessaire que les princes d’un commun consentement réduisent les mon
803
quer par tout sans dommage. Il n’y a personne qui
soit
plus capable de cela que le pape. C’est son devoir de moyenner une co
804
porter que des vœux et humbles remonstrances, qui
seront
peut-estre inutiles. J’en ay voulu neantmoins laisser ce tesmoignage
805
ses prédécesseurs. Mais ceux qui le dédaignèrent
sont
oubliés, lui non. Il a fait son chemin clandestin à travers une série
806
cles s’y réfère, mais presque personne ne l’a lu.
Est
-on même certain qu’il existe ? La « Charte de l’Atlantique », pendant
807
t davantage citer le Grand Dessein : ses éléments
sont
dispersés dans les milliers de pages des Mémoires de Sully, dont au s
808
s deux premières parties datées de 1638 et qui ne
furent
pas « mises dans le commerce » ; la troisième partie, publiée en 1662
809
te primitif, souvent « amélioré ». Ces mémoires93
furent
composés par quatre secrétaires anonymes, à l’aide d’un gigantesque f
810
t au duc à la deuxième personne du pluriel, qui n’
est
pas sans produire un effet singulier. Sully, qui espère agir sur Rich
811
nwich sur une heure après midi du lendemain. Vous
fûtes
reçu, comme il nous semble, par le comte Derby, et conduit vers le ro
812
vous sachiez que quelque enveloppé que je puisse
être
dans les vanités mondaines, je préfère néanmoins la gloire de Dieu, m
813
n de toute créance contraire à la romaine. Ils ne
sont
retardés d’y travailler tout ouvertement que parce qu’ils n’ont point
814
ndre le roi mon maître à ce même dessein. Mais il
est
à craindre que par la diminution de ma faveur (comme celle des prince
815
diminution de ma faveur (comme celle des princes
est
sujette à varier) ou par de trop continuelles sollicitations, il ne s
816
itations, il ne se laisse enfin persuader, s’il n’
est
retenu par d’autres voies et moyens plausibles à son généreux esprit
817
esprit (car c’est cette vertu de magnanimité qui
tient
le premier lieu en son âme), qui sont ceux desquels je veux faire ouv
818
nimité qui tient le premier lieu en son âme), qui
sont
ceux desquels je veux faire ouverture à Votre Majesté, et dans quels
819
nneur et sa gloire, et perpétuer sa renommée, qui
est
le second but de mes désirs. De vous seul dépend l’exécution des chos
820
ubliques, villes et communautés protestantes, qui
sont
comme obligés d’être toujours contraires à la faction espagnole et d’
821
ommunautés protestantes, qui sont comme obligés d’
être
toujours contraires à la faction espagnole et d’Autriche, et confirme
822
de lui faire posséder une propriété ce dont il n’
est
reconnu que par une vaine apparence de féodalité. » Sur toutes lesque
823
rer des « Sages et royales Économies » : L’Europe
sera
composée de : 5 monarchies électives : le Saint-Empire romain german
824
de ces territoires voir plus loin). Les pays dont
seront
composés ces États sont énumérés en détail ; s’il y a désaccord sur l
825
us loin). Les pays dont seront composés ces États
sont
énumérés en détail ; s’il y a désaccord sur l’attribution d’un territ
826
a désaccord sur l’attribution d’un territoire, il
sera
soumis directement à l’autorité européenne centrale, c’est-à-dire dev
827
superficie et leurs richesses, ces États devront
être
d’importance à peu près égale, pour assurer entre eux le plus haut de
828
rienne et calviniste. Cette Confédération d’États
sera
placée sous la garde d’un Conseil de l’Europe composé de six Conseils
829
Strasbourg, Bâle et Besançon. On voit que le Rhin
est
l’artère principale de cette nouvelle configuration politique. Ce Con
830
velle configuration politique. Ce Conseil Général
sera
composé de représentants de chacun des gouvernements de la république
831
ompétences et les devoirs d’un Sénat, ses membres
étant
à réélire tous les trois ans. Les décisions du Conseil devront être c
832
s les trois ans. Les décisions du Conseil devront
être
considérées par tous les États comme exécutoires et définitives. À l’
833
’égard de ce Conseil la souveraineté des États ne
sera
qu’une souveraineté conditionnelle. Comme base de la république europ
834
umes chargés d’assurer la défense de l’Europe à l’
Est
. Il prévoit en effet : comme « marche » et rempart contre les Turcs,
835
ispositions : d’une part leurs souverains devront
être
élus par un collège composé de huit souverains : le pape, l’empereur,
836
et de Lombardie, d’autre part ces huit souverains
seront
obligés par devoir d’alliance à défendre ces royaumes contre toute ag
837
rend entre Venise et ses voisins : ces différends
seront
tranchés par le roi d’Espagne et les cantons suisses. Le devoir d’all
838
anisation de l’Europe : La souveraineté espagnole
est
limitée à la péninsule ibérique. Les autres royaumes héréditaires exi
839
e gardent leur statu quo. Le royaume de Lombardie
est
formé par : la Savoie, le Piémont, Montferrat et Milan. La République
840
nt, Montferrat et Milan. La République helvétique
est
renforcée territorialement : elle s’accroît de la Franche-Comté, de l
841
llande actuelles. Enfin, une république italienne
sera
formée, englobant tous les États qui ne sont attribués ni au pape, ni
842
enne sera formée, englobant tous les États qui ne
sont
attribués ni au pape, ni à la Savoie, ni à Venise. Cette république f
843
ue faite d’une mosaïque de territoires en surplus
sera
placée sous la souveraineté du pape. La Russie enfin, selon Sully, ne
844
pape. La Russie enfin, selon Sully, ne devra pas
être
admise comme membre de la Communauté chrétienne. C. J. Burckhardt co
845
né en Moravie en 1592, mort en Hollande en 1670,
est
d’avoir contribué plus que tout autre, en écrivant sa Grande Didactiq
846
ses recherches de philosophe et de théologien (il
fut
évêque de l’Unité des frères moraves) autant que son action de pédago
847
que Comenius écrivit à Elbing en 1645, et qui ne
fut
publiée qu’en 1666, devait être l’introduction à cette grande œuvre «
848
en 1645, et qui ne fut publiée qu’en 1666, devait
être
l’introduction à cette grande œuvre « pansophique ». Elle porte le so
849
is de plus que le « monde » dont parle Comenius n’
est
en fait que la chrétienté de son temps, donc l’Europe. Au reste, Come
850
oi, je vais payer d’exemple : car mon but suprême
est
d’annoncer le Christ à tous les peuples. Cette Lumière doit être appo
851
le Christ à tous les peuples. Cette Lumière doit
être
apportée aux autres peuples au nom de notre patrie européenne ; et c’
852
re nous ; car, nous autres Européens, nous devons
être
considérés comme des voyageurs embarqués sur un seul et même navire.
853
même navire. Je ne puis me taire, car mon espoir
est
d’adoucir les maux de la guerre par mon message, comme par une musiqu
854
mme par une musique tout harmonieuse, et sinon je
serais
grandement coupable devant Dieu et devant les hommes. Mais je me vois
855
e aux Lettrés des gardiens vigilants ; leur tâche
sera
de leur apprendre, en les exhortant, leur principale mission, qui est
856
e, en les exhortant, leur principale mission, qui
est
d’éliminer tous les restes de l’ignorance ou des erreurs dans les esp
857
eau ; ou, si elle commence à germer, pour qu’elle
soit
extirpée à temps et à propos. § 9. … Mais il faut qu’on institue plus
858
re, père, ou conducteur, appellations qui doivent
être
réservées aux lettrés ecclésiastiques et aux politiques. Ce qui veut
859
seul Père dans les cieux et au Christ qui nous a
été
donné comme seul Maître et Conducteur. § 10. Dans chacun des trois ét
860
irigeants. Le chef suprême de chacun de ces corps
sera
cet Hermès Trimégiste96 (le trois fois grand truchement des volontés
861
nt. Mais, pour maintenir l’ordre, partout les uns
seront
subordonnés aux autres, afin que, grâce à cette subordination graduée
862
rist, le temple du Christ et le royaume du Christ
soient
solidement établis. § 12. Il sera utile d’adopter des appellations di
863
ume du Christ soient solidement établis. § 12. Il
sera
utile d’adopter des appellations différentes pour ces tribunaux : le
864
. Le Conseil de la lumière veillera à ce qu’il ne
soit
nécessaire, nulle part au monde, d’instruire quelqu’un et moins encor
865
hose d’indispensable, et à ce que tous les hommes
soient
instruits par Dieu. Ce qui veut dire que ce Conseil, en créant des oc
866
ettes des chevaux et toutes les chaudières, etc.,
soient
consacrées à l’Éternel (Zach. 14, 20), et à ce que Jérusalem ne soit
867
’Éternel (Zach. 14, 20), et à ce que Jérusalem ne
soit
pas livrée à l’interdit, mais qu’elle soit désormais en sûreté (Zach.
868
lem ne soit pas livrée à l’interdit, mais qu’elle
soit
désormais en sûreté (Zach. 14, 11) ; c’est-à-dire à ce que toute la t
869
-à-dire à ce que toute la terre dans sa plénitude
soit
consacrée à Dieu ; qu’il n’y ait pas de scandale, ni d’écrits, ni de
870
s armes ; à ce que toutes les épées et les lances
soient
transformées en serpes et en socs de charrue (Es. 2, 4, etc.). § 16.
871
ent transformées en serpes et en socs de charrue (
Es
. 2, 4, etc.). § 16. Par conséquent, tous les corps savants (comme act
872
en un seul Consistoire de l’Église, telle qu’elle
est
préfigurée par la Jérusalem merveilleusement édifiée, la seule ville
873
salem merveilleusement édifiée, la seule ville où
sont
dressés les trônes de la justice, les trônes de la maison de David (P
874
car, une fois que tous les royaumes du monde lui
seront
remis (Psaume 72, 11 ; Dan. 7, 14 ; Apocal. 11, 15), c’est selon la j
875
glais, qui, à la différence de ses prédécesseurs,
fut
un grand fondateur d’État : « le Lycurgue moderne », dira de lui Mont
876
1681, Louis XIV régnant en France et William Penn
étant
âgé de 37 ans. Il introduisit en « Pennsylvania » la constitution la
877
III d’Orange, devenu roi d’Angleterre. La guerre
est
générale. C’est le spectacle des « tragédies sanglantes de cette guer
878
sme du vieux Monde. « J’ai entrepris un sujet qui
est
au-dessus de mes forces, mais qui mérite vraiment d’être discuté, éta
879
-dessus de mes forces, mais qui mérite vraiment d’
être
discuté, étant donné l’état lamentable de l’Europe. » Ainsi débute l’
880
forces, mais qui mérite vraiment d’être discuté,
étant
donné l’état lamentable de l’Europe. » Ainsi débute l’ouvrage. Ses tr
881
si débute l’ouvrage. Ses trois premières sections
sont
consacrées à montrer combien la paix est désirable ; quel est le vrai
882
ections sont consacrées à montrer combien la paix
est
désirable ; quel est le vrai moyen de la réaliser, à savoir la justic
883
es à montrer combien la paix est désirable ; quel
est
le vrai moyen de la réaliser, à savoir la justice, non la guerre ; et
884
r la justice, non la guerre ; et « que la justice
est
le fruit du gouvernement, comme le gouvernement est le résultat de la
885
t le fruit du gouvernement, comme le gouvernement
est
le résultat de la société, laquelle provient d’abord d’un dessein rai
886
tous les différends en suspens qui n’auraient pu
être
réglés avant la session par le moyen des ambassades ; s’ils étaient d
887
nt la session par le moyen des ambassades ; s’ils
étaient
d’accord aussi pour qu’au cas où l’une des souverainetés participante
888
égalité. Mais je ne pense pas que ces difficultés
soient
insurmontables, car s’il est possible de connaître chaque année la va
889
e ces difficultés soient insurmontables, car s’il
est
possible de connaître chaque année la valeur des pays souverains dont
890
re, la France, l’Espagne, l’Empire, etc., peuvent
être
estimés presque exactement, en considérant le revenu des terres, les
891
les importations, les rôles des contributions, et
étant
donné le contrôle qui existe dans chaque État, il est certain que l’o
892
donné le contrôle qui existe dans chaque État, il
est
certain que l’on ne s’arrêtera pas à l’objection ci-dessus, si l’on a
893
et de Courlande, un ; si les Turcs et les Russes
étaient
compris, ce qui semblerait convenable et juste, ils auraient chacun d
894
égués. Cela ferait en tout quatre-vingt-dix. Cela
est
important, car les délégués représenteraient le quart et la meilleure
895
e lieu de la première session de la Diète devrait
être
au centre de l’Europe, autant que possible, et ensuite comme elle en
896
ssions au sujet des préséances, la salle pourrait
être
ronde et comporter diverses entrées et sorties pour empêcher toutes e
897
exceptions. Si le nombre total des délégués peut
être
divisé en dizaines, chaque dizaine choisira un délégué ; ils rempliro
898
’un des délégués de cette haute assemblée pouvait
être
assez vil, faux et malhonnête au point d’être influencé par l’argent,
899
ait être assez vil, faux et malhonnête au point d’
être
influencé par l’argent, il aurait la possibilité de prendre l’argent
900
udrait donner de l’argent avec un pareil risque d’
être
dupé, préférera s’abstenir. Et ceux qui accepteraient de l’argent dan
901
pteurs plutôt que faire tort à leur pays, car ils
seront
sûrs de ne pas être découverts. Il me semble que dans ce Parlement im
902
e tort à leur pays, car ils seront sûrs de ne pas
être
découverts. Il me semble que dans ce Parlement impérial, rien ne pour
903
que dans ce Parlement impérial, rien ne pourrait
être
décidé qu’à une majorité des trois quarts des membres, ou au moins de
904
moins de la moitié plus sept. Toutes les plaintes
seraient
remises par écrit sous forme de mémoires conservés par une personne d
905
chaque dizaine de délégués, une table ou un banc
serait
prévu pour ces employés. À la fin de chaque session, un délégué de ch
906
n de chaque session, un délégué de chaque dizaine
sera
chargé d’examiner et de comparer les mémoires ou journaux de ces secr
907
ttre sous clés comme je l’ai dit ci-dessus ; cela
serait
sûr et donnerait satisfaction… Je dirai peu de chose au sujet de la l
908
… Je dirai peu de chose au sujet de la langue qui
sera
employée dans la Diète internationale, mais ce sera certainement le l
909
ra employée dans la Diète internationale, mais ce
sera
certainement le latin ou le français. Le premier serait très bien pou
910
certainement le latin ou le français. Le premier
serait
très bien pour les juristes, mais le second plus pratique pour les ge
911
gens de qualité. IX. — Des objections qui peuvent
être
avancées contre le projet … La seconde objection est qu’il peut s’eng
912
avancées contre le projet … La seconde objection
est
qu’il peut s’engendrer une effémination par suite de la suppression d
913
on n’aurait pas d’armée suffisante, comme cela s’
est
produit en Hollande en 72. Il n’y a pas de danger d’effémination, par
914
mmes la connaissance d’eux-mêmes, du monde où ils
sont
nés, et les moyens d’être utiles aux autres et à eux aussi et encore
915
-mêmes, du monde où ils sont nés, et les moyens d’
être
utiles aux autres et à eux aussi et encore de secourir et aider, mais
916
e, et pardessus tout de celle de son propre pays,
sont
des choses très recommandables. Cela prépare le citoyen au parlement
917
et à la Diète générale à l’extérieur. Au moins il
sera
un bon citoyen, pourra rendre des services à la communauté ou prendre
918
aite quand il le pourra. … La troisième objection
est
qu’il y aurait un grand besoin d’emplois pour les frères cadets et qu
919
s pour les frères cadets et que le pauvre ne peut
être
que soldat ou voleur. J’ai déjà répondu à cela dans ma réponse à la s
920
ingénieux naturalistes, si le gouvernement a tant
soit
peu le souci de l’éducation de la jeunesse, ce qui, après le bien-êtr
921
ien-être présent et immédiat de chaque pays, doit
être
la préoccupation et l’art du gouvernement. Car la prochaine génératio
922
ne génération dépend de la façon dont la jeunesse
est
élevée ; de même le gouvernement se trouvera en bonnes ou mauvaises m
923
r ils resteront chez eux aussi puissants qu’ils l’
étaient
auparavant. Ni leur souveraineté, ni leurs revenus ne seront diminués
924
ravant. Ni leur souveraineté, ni leurs revenus ne
seront
diminués ; au contraire, le budget de la guerre pouvant être réduit,
925
és ; au contraire, le budget de la guerre pouvant
être
réduit, par suite de mon plan, les deniers seront mieux employés au b
926
t être réduit, par suite de mon plan, les deniers
seront
mieux employés au bien public. De sorte que les souverainetés demeure
927
sorte que les souverainetés demeurent comme elles
étaient
; mais aucune d’elles n’a de suprématie sur les autres. Si cela peut
928
’appeler un amoindrissement de leur puissance, ce
serait
seulement parce que le gros poisson ne pourrait plus avaler les petit
929
ourrait plus avaler les petits et que chaque pays
est
préservé de tout dommage et incapable d’en commettre. X.— Des réels a
930
eraient de cette proposition en vue de la paix Je
suis
maintenant parvenu à mon dernier chapitre dans lequel je vais énumére
931
, les cris de tant de veuves, d’orphelins, qui ne
sont
agréables aux oreilles d’aucun gouvernement, qui sont la conséquence
932
agréables aux oreilles d’aucun gouvernement, qui
sont
la conséquence de la guerre partout, seront évités. Il y a encore un
933
nt, qui sont la conséquence de la guerre partout,
seront
évités. Il y a encore un bienfait manifeste qui sera procuré à la chr
934
t évités. Il y a encore un bienfait manifeste qui
sera
procuré à la chrétienté par ce moyen pacifique ; la réputation du chr
935
n seulement contre les infidèles, mais entre eux,
sera
en quelque sorte recouvrée. Car pour le scandale de ce saint état, le
936
leurs passions du monde aussi souvent qu’ils ont
été
excités par l’impulsion de l’ambition ou de la vengeance. Ils n’ont p
937
bition ou de la vengeance. Ils n’ont pas toujours
été
dans le droit et le droit n’a pas été non plus la cause de la guerre.
938
as toujours été dans le droit et le droit n’a pas
été
non plus la cause de la guerre. Non seulement des chrétiens contre de
939
truction de leurs frères. … Le troisième bienfait
est
l’économie de l’argent pour les princes comme pour les peuples. Par c
940
les princes comme pour les peuples. Par ce moyen
sont
dissipés les malentendus qui s’élèvent entre eux et qui sont la consé
941
és les malentendus qui s’élèvent entre eux et qui
sont
la conséquence des dépenses dévorantes de la guerre. Ils auront alors
942
eignement, la charité, les manufactures, etc. qui
sont
les vertus du gouvernement et l’ornement des États… Je pourrais encor
943
ux qui meurent dans les guerres et à ceux qui ont
été
estropiés ; elles représentent une très grosse portion du budget dans
944
dget dans certains pays. Notre quatrième avantage
est
que les villes, cités et pays qui sont mis à sac par la rage de la gu
945
me avantage est que les villes, cités et pays qui
sont
mis à sac par la rage de la guerre seront préservés. Ce vœu sera bien
946
pays qui sont mis à sac par la rage de la guerre
seront
préservés. Ce vœu sera bien entendu dans les Flandres et en Hongrie e
947
par la rage de la guerre seront préservés. Ce vœu
sera
bien entendu dans les Flandres et en Hongrie et dans tous les pays fr
948
t en Hongrie et dans tous les pays frontières qui
sont
presque toujours le théâtre des ruines et des misères. Le cinquième b
949
des misères. Le cinquième bienfait de cette paix
est
l’aisance et la sécurité du voyage et du trafic, bonheur qui n’a jama
950
té du voyage et du trafic, bonheur qui n’a jamais
été
apprécié depuis que l’Empire romain a été divisé en tant de souverain
951
jamais été apprécié depuis que l’Empire romain a
été
divisé en tant de souverainetés. Mais nous pouvons aisément concevoir
952
quoique certaines parties de ma proposition aient
été
envisagées par la sagesse, la justice et la valeur d’Henri IV de Fran
953
ierre, publié pour la première fois en 1712. S’il
est
le plus célèbre de tous, ce n’est point qu’il soit le meilleur, il s’
954
s en 1712. S’il est le plus célèbre de tous, ce n’
est
point qu’il soit le meilleur, il s’en faut ; mais c’est d’abord qu’il
955
est le plus célèbre de tous, ce n’est point qu’il
soit
le meilleur, il s’en faut ; mais c’est d’abord qu’il a frappé son tem
956
du, ni cet excès d’honneur, ni cette indignité ne
sont
justifiés. Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre (1658-1743) naquit d
957
oquer son Projet. Et l’on dit que son dernier mot
fut
« Espérance ». Le Projet de paix perpétuelle parut d’abord à Cologne,
958
un Abrégé, signé cette fois, et dédié à Louis XV,
fut
publié à Rotterdam en 1729. De ces ouvrages assez médiocrement écrits
959
ts, mal construits et pleins de répétitions, il n’
est
pas facile de tirer des extraits qui rendent justice aux idées positi
960
ture ayant versé dans un chemin mal entretenu, il
fut
amené à rédiger un court Mémoire sur la réparation des chemins. À la
961
mettre la dernière main à ce mémoire, lorsqu’il m’
est
venu à l’esprit un projet d’établissement qui par sa grande beauté m’
962
t par mes yeux de l’extrême misère où les Peuples
sont
réduits par les grandes Impositions, informé par diverses Relations p
963
de chercher par mes propres réflexions si ce mal
étoit
tellement attaché à la nature des Souverainetez & des Souverains,
964
ure des Souverainetez & des Souverains, qu’il
fût
absolument sans remède, je me mis à creuser la matière pour découvrir
965
e me mis à creuser la matière pour découvrir s’il
étoit
impossible de trouver des moyens praticables pour terminer sans Guerr
966
par faire quelques réflexions sur la nécessité où
sont
les Souverains d’Europe, comme les autres hommes, de vivre en Paix, u
967
ues biens, & enfin sur les moyens dont ils se
sont
servi jusqu’à présent, soit pour se dispenser d’entreprendre ces Guer
968
es moyens dont ils se sont servi jusqu’à présent,
soit
pour se dispenser d’entreprendre ces Guerres, soit pour n’y pas succo
969
oit pour se dispenser d’entreprendre ces Guerres,
soit
pour n’y pas succomber quand elles ont été entreprises. Je trouvai qu
970
rres, soit pour n’y pas succomber quand elles ont
été
entreprises. Je trouvai que tous ces moyens se réduisoient à se faire
971
isons dominantes ; Système qui jusques ici semble
être
le plus haut degré de prudence, auquel les Souverains d’Europe &
972
; les ministres ayent porté leur politique. Je ne
fus
pas long-tems sans voir que tant que l’on se contenteroit de pareils
973
mp; sur tout sans Guerre les différens futurs… Ce
sont
ces réflexions qui sont le sujet du premier Discours. Je les ai toute
974
les différens futurs… Ce sont ces réflexions qui
sont
le sujet du premier Discours. Je les ai toutes rapportées à deux chef
975
roit par conséquent procurer de sûreté suffisante
soit
pour la conservation des États, soit pour la conservation du Commerce
976
é suffisante soit pour la conservation des États,
soit
pour la conservation du Commerce. … Je cherchai ensuite si les Souve
977
ent les promesses réciproques, que le Commerce ne
seroit
jamais interrompu, & que tous les différens futurs se termineraie
978
Corps Germanique, à exécuter en plus grand ce qui
étoit
déjà exécuté en moins grand ; au contraire je trouvai qu’il y auroit
979
ui m’aida beaucoup à me persuader que ce Projet n’
étoit
point une chimère, ce fut l’avis que me donna bientôt après un de mes
980
uader que ce Projet n’étoit point une chimère, ce
fut
l’avis que me donna bientôt après un de mes amis, lorsque je lui mont
981
son Premier ministre… … Je sçavois de quel poids
sont
les préjugez, & que souvent ils font plus d’impression sur le com
982
IV avoit pû se tromper en croyant possible ce qui
étoit
en effet impossible. Ainsi je compris qu’il falloit tout démontrer à
983
tion, ou de la conclusion, c’est le but que je me
suis
proposé dans cet Ouvrage… Extraits du IV e Discours I. — Les Souver
984
s Souverains présens par leurs Députez soussignez
sont
convenus des articles suivans. Il y aura dés ce jour à l’avenir une S
985
uelle entre les Souverains soussignez, & s’il
est
possible entre tous les Souverains chrétiens, dans le dessein de rend
986
n Europe, & dans cette vue l’Union fera, s’il
est
possible, avec les Souverains Mahometans ses voisins, des Traitez de
987
les sûretez possibles réciproques. Les Souverains
seront
perpétuellement représentés par leurs Députez dans un Congrez ou Séna
988
era point du gouvernement de chaque État, si ce n’
est
pour en conserver la forme fondamentale, & pour donner un prompt
989
ns particulières, de sorte cependant que les Loix
soient
égales & réciproques pour toutes les nations, & fondées sur l
990
livres : les autres procez de moindre conséquence
seront
décidez à l’ordinaire par les Juges du lieu où demeure le Défenseur :
991
e fera aucune hostilité que contre celui qui aura
été
déclaré ennemi de la Société européenne : mais s’il y a quelque sujet
992
ses Commissaires Médiateurs, ou s’ils ne peuvent
être
conciliez, le Sénat les jugera par Jugement Arbitral à la pluralité d
993
ociété, elle lui fera la Guerre, jusqu’à ce qu’il
soit
désarmé, & jusqu’à l’exécution du Jugement & des Réglemens il
994
ra même les frais de la Guerre, & le Païs qui
sera
conquis sur lui lors de la suspension d’armes, demeurera pour toujour
995
s tard, en effet, la première Société des Nations
était
inaugurée à Genève. Mais il fallut attendre jusqu’à 1948, pour qu’un
996
la façon de rétablir la paix en Europe. La chose
est
très praticable : il ne manque pour la faire réussir que le consentem
997
elui de M. l’abbé de Saint-Pierre, mais puisqu’il
est
permis de faire des romans, pourquoi trouverons-nous sa fiction mauva
998
ojet : Si le Projet demeure sans exécution, ce n’
est
donc pas qu’il soit chimérique ; c’est que les hommes sont insensés e
999
t demeure sans exécution, ce n’est donc pas qu’il
soit
chimérique ; c’est que les hommes sont insensés et que c’est une sort
1000
pas qu’il soit chimérique ; c’est que les hommes
sont
insensés et que c’est une sorte de folie que d’être sage au milieu de
1001
nt insensés et que c’est une sorte de folie que d’
être
sage au milieu des fous.101 Bluntschli, juriste international suis
1002
sse époque désignaient le dieu égyptien Toth, qui
était
le dieu des mesures, des chiffres et l’inventeur des hiéroglyphes. Le
1003
entifié avec leur dieu Hermès. 97. Nos citations
sont
extraites de l’Essai pour la paix présente et future de l’Europe par
1004
chefoucauld : « C’est une grande folie de vouloir
être
sage tout seul. »
1005
ubrations : les titres seuls souvent vaudraient d’
être
cités, dans la mesure où ils nomment l’Europe comme unité, mais il y
1006
it paru à Cassel un ouvrage anonyme dont le titre
tient
en dix lignes ; voici le début : Allgemeine und General Reformation d
1007
italien Trajano Boccalini. Des historiens sérieux
tiennent
aujourd’hui que l’ordre des rose-croix n’a jamais existé, en dehors d
1008
s, un seul membre de cette société. Cependant, il
est
établi que Leibniz fut, à vingt ans, le secrétaire d’une confrérie de
1009
tte société. Cependant, il est établi que Leibniz
fut
, à vingt ans, le secrétaire d’une confrérie de rose-croix, à Nurember
1010
r l’Empire ottoman102. La paix perpétuelle devait
être
assurée « par une armée de 40.000 Suisses équipée et maintenue sous l
1011
ve : par le Chevalier G. La situation de l’Europe
est
assez triste à l’en croire : On ne parle que des machines de Guerre
1012
e des machines de Guerre et les plus destructives
sont
toujours les mieux reçues. Un Particulier qui découvriroit un moyen d
1013
d’exterminer une nation entière, d’un seul coup,
seroit
regardé aujourd’hui comme un grand homme d’État. Ce sont d’ailleurs
1014
ardé aujourd’hui comme un grand homme d’État. Ce
sont
d’ailleurs les Européens, observe-t-il, qui ont propagé le fléau de l
1015
leur expansion économique. Les armes économiques
sont
devenues décisives : Ce ne sont plus les armées aujourd’hui qui font
1016
rmes économiques sont devenues décisives : Ce ne
sont
plus les armées aujourd’hui qui font la guerre, ce sont les Arts, par
1017
lus les armées aujourd’hui qui font la guerre, ce
sont
les Arts, parce qu’ils procurent les richesses qui sont les nerfs de
1018
es Arts, parce qu’ils procurent les richesses qui
sont
les nerfs de la Guerre. Cet esprit très moderne, et sobre, ne voit d
1019
dents : 1° la souveraineté des États participants
serait
transférée au congrès ; 2° un « Tribunal souverain » appliquerait aux
1020
, l’élément fédérateur apparemment indispensable,
est
procuré par la menace ottomane. Il faut aller jusqu’aux dernières aim
1021
e et le corps germanique. Quant à la Suisse, elle
serait
entièrement neutre et deviendrait le siège de la Confédération d’Occi
1022
de la Confédération d’Occident, tandis que Danzig
serait
le siège de celle d’Orient. Au reste, qu’on ne croie pas que l’unifo
1023
e, qu’on ne croie pas que l’uniformité économique
soit
un facteur d’union, bien au contraire : C’est parce que le sol de l’E
1024
contraire : C’est parce que le sol de l’Europe n’
est
pas le même partout, n’est pas également fertile, produit des fruits
1025
e le sol de l’Europe n’est pas le même partout, n’
est
pas également fertile, produit des fruits différents et des trésors d
1026
es trésors de diverses natures, que les Européens
sont
appelés à s’unir et à se bien entendre, pour se procurer, par des éch
1027
, par des échanges faciles, tout ce qui peut leur
être
de nécessité, d’utilité ou de luxe.107 102. Il s’agit donc d’un de
1028
bniz Gottfried Wilhelm von Leibniz (1646-1716)
fut
mathématicien, physicien, alchimiste, naturaliste, psychologue, logic
1029
as, sed in unitatem reducta : la variété du monde
est
délectable, surtout si on la ramène à l’unité. Il a vécu dans la plup
1030
découverte mathématique, le calcul infinitésimal,
est
encore un moyen de passage du discontinu au continu, une harmonie… «
1031
s’efforçait de fonder dans les différents pays n’
étaient
dans sa pensée que les fragments épars et provisoires d’une vaste Aca
1032
onyme. Voici d’abord le citoyen du monde : Je ne
suis
pas de ceux qui sont fanatisés par leur pays ou encore par une nation
1033
le citoyen du monde : Je ne suis pas de ceux qui
sont
fanatisés par leur pays ou encore par une nation particulière ; mais
1034
as, les difficultés de la France avec le Sultan s’
étant
aplanies entre-temps… En 1676, la paix de Nimègue ayant affirmé la pr
1035
nant le Christ lui-même pour chef et Seigneur, il
fut
communément admis que deux magistrats suprêmes, le pape et l’empereur
1036
oir spirituel, l’autre le pouvoir temporel. Et il
était
manifestement dans l’intérêt de tous que les chrétiens fussent réunis
1037
estement dans l’intérêt de tous que les chrétiens
fussent
réunis sous une autorité commune, en sorte qu’ils pussent ensemble sa
1038
e sur cette base, il s’ensuit qu’elle ne doit pas
être
contestée, mais défendue par nos princes… Si on agit donc conformémen
1039
agit donc conformément au droit, l’empereur doit
être
investi, dans une grande partie de l’Europe, d’un pouvoir, ainsi que
1040
e la paix universelle, des contributions communes
sont
exigées pour la guerre contre les incroyants et que l’on y fait régne
1041
le, la médiation et les garanties, pourrait alors
être
décidé par un pouvoir public fondé par le pape et l’empereur en quali
1042
té de rétablir la forme de l’Église telle qu’elle
fut
du tems de Charlemagne, lorsqu’il tenait le concile de Francfort ; et
1043
lle qu’elle fut du tems de Charlemagne, lorsqu’il
tenait
le concile de Francfort ; et de renoncer à tous conciles tenus depuis
1044
ile de Francfort ; et de renoncer à tous conciles
tenus
depuis, qui ne sauroient passer pour œcuméniques. Il faudroit aussi q
1045
elui de M. l’abbé de Saint-Pierre, mais puisqu’il
est
permis de faire des romans, pourquoi trouverons-nous sa fiction mauva
1046
n’y a pas mal réussi, grâces à Dieu ; la peste s’
est
arrêtée de mon tems à ses frontières. Un Souverain pourrait encore ga
1047
princes de son tems, goûtât votre Projet. Le mal
est
qu’il est difficile de le faire entendre aux grands princes. Il n’y a
1048
e son tems, goûtât votre Projet. Le mal est qu’il
est
difficile de le faire entendre aux grands princes. Il n’y a point de
1049
souvent des fatalités qui empêchent les hommes d’
être
heureux… Leibniz, conseiller de Pierre le Grand, considérait que le
1050
rand, considérait que le rôle de la Russie devait
être
celui d’un trait d’union chrétien entre l’Europe et la Chine, en vue
1051
Providence, qu’à même temps dans le Nord, dans l’
Est
et dans le Sud, les trois plus grands monarques ont des intentions se
1052
ouvelles de la Chine, où le christianisme vient d’
être
autorisé et appuyé d’un édit du roy, que par l’ambassade des Abyssins
1053
Batavie en 1692. Le tsar et (le) roy des Abyssins
sont
chrétiens tous deux, ennemis et frontiers du Turc, quoique bien éloig
1054
l’autre. Mais le tsar et le monarque des Chinois
sont
frontiers entre eux et tous deux merveilleusement portés à attirer da
1055
joignent à celles des jésuites : J’insinue qu’il
serait
de la gloire de Dieu et de l’honneur des protestants de prendre part
1056
champ du Seigneur, afin que la religion respurgée
soit
portée dans ce pays, aussi bien que les superstitions romaines.112 J
1057
rstitions romaines.112 Je juge que cette mission
est
la plus grande affaire de notre temps, tant pour la gloire de Dieu et
1058
se découvre Ces dernières citations de Leibniz
sont
importantes. Elles témoignent d’une révolution de l’esprit qui se pro
1059
du xviiie siècle. Tout ce qui compte en Europe s’
est
remis à voyager, plus encore qu’aux beaux jours de la Renaissance, et
1060
la Renaissance, et surtout bien plus loin. Ce ne
sont
plus seulement les élites qui apprennent à connaître les diversités e
1061
e nation pour entrer en France, et quoique nous y
fussions
bien accueillis, je désirai voir tout le reste. Je passai donc en Ita
1062
élèbre auteur de « L’Homme de Cour » : L’Europe
est
la face admirable du monde : grave en Espagne, jolie en Angleterre, d
1063
vie.115 Montesquieu (vers 1730) : L’Allemagne
est
faite pour y voyager, l’Italie pour y séjourner, l’Angleterre pour y
1064
isté jusqu’à nos jours : On dit que les Français
sont
polis, adroits, généreux, mais prompts et inconstants ; les Allemands
1065
’Europe, par leur adresse et par leur courage, se
sont
soumis ceux des autres parties du Monde. Leur esprit paraît dans leur
1066
ssi en toutes choses les autres parties du monde,
soit
pour les édifices saints et profanes, soit pour les génies différents
1067
monde, soit pour les édifices saints et profanes,
soit
pour les génies différents des peuples qui l’habitent. Nous devons en
1068
uter aux avantages de l’Europe, celui qu’elle a d’
être
presque toute éclairée des lumières de l’Évangile. Suit une « liste
1069
d Boileau prenait les eaux de Bourbon, il pensait
être
au but du monde ; Auteuil lui suffisait. Paris suffisait à Racine ; e
1070
isait à Racine ; et tous deux, Racine et Boileau,
furent
bien gênés, lorsqu’ils durent suivre le roi dans ses expéditions. Bos
1071
jamais à Rome ; ni Fénelon. Les grands classiques
sont
stables. Les errants, ce seront Voltaire, Montesquieu, Rousseau ; mai
1072
s grands classiques sont stables. Les errants, ce
seront
Voltaire, Montesquieu, Rousseau ; mais on n’a pas passé des uns aux a
1073
es uns aux autres sans un obscur travail. Le fait
est
qu’à la fin du xviie siècle, et au commencement du xviiie , l’humeur
1074
aliens redevenait voyageuse ; et que les Français
étaient
mobiles comme du vif argent : à en croire un observateur contemporain
1075
de curieux en chaque pays. Lorsque nos voyageurs
sont
gens de lettres, ils se munissent en partant de chez eux d’un livre b
1076
ville en ville, comme Antonio Conti, Padouan, qui
fut
en 1713 à Paris, en 1715 à Londres, où il intervint dans la querelle
1077
de l’Europe. Mais la Galerie agréable du monde, n’
est
-elle pas plus séduisante encore ? L’Europe, en effet, ne cessait plus
1078
lient la plus copieuse littérature de voyages qui
soit
au monde ; à mesure que Colbert propose à l’activité des Français les
1079
lus nécessaires au maintien de son autorité. … Il
est
parfaitement exact d’affirmer que toutes les idées vitales, celle de
1080
ropriété, celle de liberté, celle de justice, ont
été
remises en discussion par l’exemple du lointain. D’abord, parce qu’au
1081
eçons que donne l’espace, la plus neuve peut-être
fut
celle de la relativité. » Jésuites missionnaires, réformés chassés p
1082
enters » embarqués pour la Nouvelle Amsterdam qui
sera
New York, explorateurs, colonisateurs, commerçants, marins et soldats
1083
physique et la sociologie des siècles à venir, il
fut
en plein xviiie siècle à la fois le dernier des Renaissants et le pr
1084
son autorité sur un peuple sans énergie comme le
furent
les anciens Sères qui formaient la majeure partie de la population de
1085
de la population de son empire et dont le pays a
été
rattaché à la Chine ; quant au négus d’Éthiopie et aux puissants rois
1086
ne veulent point admettre que les gens du peuple
sont
hommes comme eux. Il y a beaucoup d’humanité chez les Chinois car leu
1087
oup d’humanité chez les Chinois car leur religion
est
faite de douceur et de mansuétude et les lettres y sont fort cultivée
1088
aite de douceur et de mansuétude et les lettres y
sont
fort cultivées ; il en est de même des Indes où l’on s’adonne surtout
1089
tude et les lettres y sont fort cultivées ; il en
est
de même des Indes où l’on s’adonne surtout aux occupations pacifiques
1090
de nos jours en Pologne et en Angleterre comme ce
fut
le cas il y a quelque cent-cinquante ans de la Suède et du Danemark —
1091
aix et de guerre ; l’Empire germanique lui-même n’
est
qu’un ensemble de cités libres dont les souverains sont indépendants
1092
u’un ensemble de cités libres dont les souverains
sont
indépendants et à la tête desquelles se trouve l’empereur… Lorsque de
1093
politiques et l’on ne saurait imaginer d’État qui
fût
supérieur à ces aristocraties ; ce fut également la forme primitive,
1094
d’État qui fût supérieur à ces aristocraties ; ce
fut
également la forme primitive, la première à apparaître avec l’union d
1095
nt aristocratiquement les premières cités ; telle
est
bien en effet la nature des véritables principes d’être à l’origine,
1096
ien en effet la nature des véritables principes d’
être
à l’origine, et de marquer la fin des choses.120 Pour revenir à notr
1097
nte, la langue latine ; disons enfin qu’à ne s’en
tenir
qu’aux fins humaines, la religion chrétienne apparaît comme supérieur
1098
pour passer dans le Nouveau-Monde ; nous pouvons
être
sûrs que ces Américains auraient connu la même évolution que nous ven
1099
09. Lettre à Pierre Ier, 16 janvier 1716. Leibniz
était
devenu le conseiller du tsar. 110. Lettre à Grimarest, Hanovre, 4 ju
1100
Cromvele, Amsterdam, 1692. Trad. fr., 1694. — Il
est
amusant de citer ici une page de l’Émile de Rousseau (Tome IV, éditio
1101
iter : « De tous les peuples du monde le François
est
celui qui voyage le plus, mais plein de ses usages, il confond tout c
1102
’une autre manière ; il faut que ces deux Peuples
soient
contraires en tout. La Noblesse Angloise voyage, la Noblesse François
1103
chercher fortune chez les autres Nations, si ce n’
est
par le commerce, & les mains pleines ; quand ils y voyagent, c’es
1104
ser leur argent, non pour vivre d’industrie ; ils
sont
trop fiers pour aller ramper hors de chez eux. Cela fait aussi qu’ils
1105
en ont même plus que personne ; mais ces préjugés
tiennent
moins à l’ignorance qu’à la passion. L’Anglois a les préjugés de l’or
1106
e la vanité. Comme les Peuples les moins cultivés
sont
généralement les plus sages, ceux qui voyagent le moins, voyagent le
1107
i voyagent le moins, voyagent le mieux ; parce qu’
étant
moins avancés que nous dans nos recherches frivoles, & moins occu
1108
iosité, ils donnent toute leur attention à ce qui
est
véritablement utile. Je ne connois guère que les Espagnols qui voyage
1109
e le gouvernement, les mœurs, la police, & il
est
le seul des quatre qui de retour chez lui, rapporte de ce qu’il a vu
1110
s entre la Gaule & l’Espagne : l’Europe seule
étoit
plus éparse que la terre entière ne l’est aujourd’hui. » 120. Vico
1111
seule étoit plus éparse que la terre entière ne l’
est
aujourd’hui. » 120. Vico entend : la confédération. Dans la Scienza
1112
lèbres Entretiens sur la pluralité des mondes, il
est
l’ancêtre distingué et tout involontaire de cette immense littérature
1113
le, n’ai-je pas toujours ouï dire que les Chinois
étoient
de très-grands Astronomes ? Il est vrai, repris-je ; mais les Chinois
1114
es Chinois étoient de très-grands Astronomes ? Il
est
vrai, repris-je ; mais les Chinois y ont gagné à être séparés de nous
1115
vrai, repris-je ; mais les Chinois y ont gagné à
être
séparés de nous par un long espace de terre, comme les Grecs et les R
1116
espace de terre, comme les Grecs et les Romains à
être
séparés par une longue suite de siècles ; tout éloignement est en dro
1117
ar une longue suite de siècles ; tout éloignement
est
en droit de nous en imposer. En vérité, je crois toujours de plus en
1118
s qu’il y a un certain génie qui n’a point encore
été
hors de notre Europe, ou qui du moins ne s’en est beaucoup éloigné. P
1119
été hors de notre Europe, ou qui du moins ne s’en
est
beaucoup éloigné. Peut-être qu’il ne lui est pas permis de se répandr
1120
s’en est beaucoup éloigné. Peut-être qu’il ne lui
est
pas permis de se répandre dans une grande étendue de terre à la fois,
1121
Charles-Louis de Secondât, baron de Montesquieu n’
est
pas seulement le plus grand théoricien du gouvernement libéral, mais
1122
tous sens. L’artifice du « barbare perspicace » n’
est
pour lui qu’une manière d’exposer sa méthode d’observation sociologiq
1123
épendance de nos nations : Un prince croit qu’il
sera
plus grand par la ruine d’un état voisin. Au contraire. Les choses so
1124
ruine d’un état voisin. Au contraire. Les choses
sont
telles en Europe que tous les États dépendent les uns des autres. La
1125
e la Bretagne et la Bretagne de l’Anjou. L’Europe
est
un état composé de plusieurs provinces.124 Sur la puissance de l’e
1126
rtaine partie des citoyens ; il faut les regarder
sois
une autre face. On a remarqué que leur prospérité est si intimement a
1127
une autre face. On a remarqué que leur prospérité
est
si intimement attachée à celle des empires qu’elle en est infaillible
1128
ntimement attachée à celle des empires qu’elle en
est
infailliblement le signe ou la cause. Et si l’on veut jeter un coup d
1129
’Europe domine sur les autres parties du Monde et
est
dans la prospérité, tandis que tout le reste gémit dans l’esclavage e
1130
dans l’esclavage et la misère ; de même l’Europe
est
plus éclairée, à proportion, que dans les autres parties, elles sont
1131
à proportion, que dans les autres parties, elles
sont
ensevelies dans une épaisse nuit. Que si nous voulons jeter les yeux
1132
Europe, nous verrons que les États où les lettres
sont
les plus cultivées ont aussi, à proportion, plus de puissance.125 S
1133
e Monde : L’effet de la découverte de l’Amérique
fut
de lier à l’Europe l’Asie et l’Afrique. L’Amérique fournit à l’Europe
1134
rgent, ce métal si utile au commerce comme signe,
fut
encore la base du plus grand commerce de l’univers, comme marchandise
1135
l des mines et des terres de l’Amérique. L’Europe
est
parvenue à un si haut degré de puissance, que l’histoire n’a rien à c
1136
a continuité de leur entretien, même lorsqu’elles
sont
le plus inutiles, et qu’on ne les a que pour l’ostentation. Le P. Duh
1137
Duhalde dit que le commerce intérieur de la Chine
est
plus grand que celui de toute l’Europe. Cela pourrait être, si notre
1138
grand que celui de toute l’Europe. Cela pourrait
être
, si notre commerce extérieur n’augmentait pas l’intérieur. L’Europe f
1139
imat très-froid y touchent immédiatement ceux qui
sont
dans un climat très-chaud, c’est-à-dire la Turquie, la Perse, le Mogo
1140
Japon. En Europe, au contraire, la zone tempérée
est
très-étendue, quoiqu’elle soit située dans des climats très-différent
1141
e, la zone tempérée est très-étendue, quoiqu’elle
soit
située dans des climats très-différents entre eux, n’y ayant point de
1142
itude de chaque pays, il y arrive que chaque pays
est
à peu près semblable à celui qui en est voisin ; qu’il n’y a pas une
1143
aque pays est à peu près semblable à celui qui en
est
voisin ; qu’il n’y a pas une notable différence ; et que, comme je vi
1144
ue, comme je viens de le dire, la zone tempérée y
est
très-étendue. De là suit qu’en Asie les nations sont opposées aux nat
1145
t très-étendue. De là suit qu’en Asie les nations
sont
opposées aux nations du fort au faible, les peuples guerriers, braves
1146
minés, paresseux, timides : il faut donc que l’un
soit
conquis, et l’autre conquérant. En Europe, au contraire, les nations
1147
conquérant. En Europe, au contraire, les nations
sont
opposées du fort au fort ; celles qui se touchent ont à peu près le m
1148
et n’ont vaincu que pour un maître. La raison en
est
que le peuple tartare, conquérant naturel de l’Asie, est devenu escla
1149
le peuple tartare, conquérant naturel de l’Asie,
est
devenu esclave lui-même. … C’est ce qui a fait que le génie de la nat
1150
génie de la nation tartare ou gétique a toujours
été
semblable à celui des empires de l’Asie. Les peuples, dans ceux-ci, s
1151
des empires de l’Asie. Les peuples, dans ceux-ci,
sont
gouvernés par le bâton ; les peuples tartares par les longs fouets. L
1152
les longs fouets. L’esprit de l’Europe a toujours
été
contraire à ces mœurs ; et, dans tous les temps, ce que les peuples d
1153
de tous les peuples du monde : c’est qu’elles ont
été
la source de la liberté de l’Europe, c’est-à-dire de presque toute ce
1154
l’Europe, c’est-à-dire de presque toute celle qui
est
aujourd’hui parmi les hommes. Le Goth Jornandès a appelé le nord de l
1155
nous connaissons a de plus grandes plaines ; elle
est
coupée en de plus grands morceaux par les montagnes et les mers… La p
1156
les montagnes et les mers… La puissance doit donc
être
toujours despotique en Asie ; car, si la servitude n’y était pas extr
1157
urs despotique en Asie ; car, si la servitude n’y
était
pas extrême, il se ferait d’abord un partage que la nature du pays ne
1158
édiocre, dans lesquels le gouvernement des lois n’
est
pas incompatible avec le maintien de l’État : au contraire, il y est
1159
e avec le maintien de l’État : au contraire, il y
est
si favorable, que sans elles cet État tombe dans la décadence, et dev
1160
e liberté qui rend chaque partie très-difficile à
être
subjuguée et soumise à une force étrangère, autrement que par les loi
1161
; et, dans toutes les histoires de ce pays, il n’
est
pas possible de trouver un seul trait qui marque une âme libre : on y
1162
e entre tous : Si je savais quelque chose qui me
fût
utile et qui fût préjudiciable à ma famille, je la rejetterais de mon
1163
i je savais quelque chose qui me fût utile et qui
fût
préjudiciable à ma famille, je la rejetterais de mon esprit. Si je sa
1164
ais de mon esprit. Si je savais quelque chose qui
serait
utile à ma famille et qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à
1165
chose qui serait utile à ma famille et qui ne le
fût
pas à ma patrie, je chercherais à l’oublier. Si je savais quelque cho
1166
je savais quelque chose utile à ma patrie et qui
fût
préjudiciable à l’Europe et au genre humain, je la regarderais comme
1167
le de l’avenir. « Il faut examiner l’état où l’on
est
, et non l’état où l’on ne peut être. » Ni Rousseau ni l’abbé de Saint
1168
l’état où l’on est, et non l’état où l’on ne peut
être
. » Ni Rousseau ni l’abbé de Saint-Pierre ne le convainquent. Sur le s
1169
peut lire : La seule paix perpétuelle qui puisse
être
établie chez les hommes est la tolérance : la paix imaginée par un Fr
1170
rpétuelle qui puisse être établie chez les hommes
est
la tolérance : la paix imaginée par un Français nommé l’abbé de Saint
1171
née par un Français nommé l’abbé de Saint-Pierre,
est
une chimère qui ne subsistera pas plus entre les princes qu’entre les
1172
nois philosophe — sinon du Huron ingénu dont il s’
est
lui-même si bien servi ! — voici ce qu’il fait dire au personnage d’u
1173
ses Dialogues qu’il désigne par A. et qui semble
être
anglais (C. étant partisan des Anciens et B. des Primitifs)131 : C.
1174
’il désigne par A. et qui semble être anglais (C.
étant
partisan des Anciens et B. des Primitifs)131 : C. — Seriez-vous asse
1175
tisan des Anciens et B. des Primitifs)131 : C. —
Seriez
-vous assez hardi pour me soutenir que vous autres Anglais vous valez
1176
bouffons qui jouent leur rôle dans vos tragédies
sont
-ils supérieurs aux héros de Sophocle ? Vos orateurs font-ils oublier
1177
oublier Cicéron et Démosthène ? Et enfin Londres
est
-elle mieux policée que l’ancienne Rome ? A. — Non ; mais Londres vaut
1178
ille fois mieux qu’elle ne valait alors, et il en
est
de même du reste de l’Europe. B. — Ah ! exceptez-en, je vous prie, la
1179
les excepte aussi ; mais songez que Paris, qui n’
est
que d’un dixième moins grand que Londres, n’était alors qu’une petite
1180
n’est que d’un dixième moins grand que Londres, n’
était
alors qu’une petite cité barbare. Amsterdam n’était qu’un marais. Mad
1181
ait alors qu’une petite cité barbare. Amsterdam n’
était
qu’un marais. Madrid un désert, et de la rive droite du Rhin jusqu’au
1182
ive droite du Rhin jusqu’au golfe de Bothnie tout
était
sauvage ; les habitants de ces climats vivaient, comme les Tartares o
1183
sie, et que les découvertes de notre grand Newton
soient
devenues le catéchisme de la noblesse de Moscou et de Pétersbourg ? C
1184
de Pétersbourg ? C. — Vous m’avouerez qu’il n’en
est
pas de même sur les bords du Danube et du Maçanarès ; la lumière est
1185
les bords du Danube et du Maçanarès ; la lumière
est
venue du Nord, car vous êtes gens du Nord par rapport à moi, qui suis
1186
açanarès ; la lumière est venue du Nord, car vous
êtes
gens du Nord par rapport à moi, qui suis né sous le quarante-cinquièm
1187
car vous êtes gens du Nord par rapport à moi, qui
suis
né sous le quarante-cinquième degré ; mais toutes ces nouveautés font
1188
gré ; mais toutes ces nouveautés font-elles qu’on
soit
plus heureux dans ces pays qu’on ne l’était quand César descendit dan
1189
qu’on soit plus heureux dans ces pays qu’on ne l’
était
quand César descendit dans votre île, où il vous trouva à moitié nus
1190
e la disette, l’anarchie et l’esclavage. Ceux qui
sont
mécontents de Londres n’ont qu’à s’en aller aux Orcades : ils y vivro
1191
s pourriez bien avoir corrompu la nature ; elle n’
est
point altérée dans les îles Orcades et chez les Topinambous. A. — Et
1192
les Topinambous. A. — Et si je vous disais que ce
sont
les sauvages qui corrompent la nature, et que c’est nous qui la suivo
1193
pourtant vous le prouver, ou je me trompe fort. N’
est
-il pas vrai que l’instinct et le jugement, ces deux fils aînés de la
1194
quand leur bien-être fait le nôtre évidemment ? N’
est
-il pas vrai que si deux vieux cardinaux se rencontraient à jeun et mo
1195
ux qui fourniront le plus de secours à la société
seront
donc ceux qui suivront la nature de plus près. Ceux qui inventeront l
1196
de plus près. Ceux qui inventeront les arts (qui
est
un grand don de Dieu), ceux qui proposeront des lois (ce qui est infi
1197
n de Dieu), ceux qui proposeront des lois (ce qui
est
infiniment plus aisé), seront donc ceux qui auront le mieux obéi à la
1198
eront des lois (ce qui est infiniment plus aisé),
seront
donc ceux qui auront le mieux obéi à la loi naturelle : donc, plus le
1199
eux obéi à la loi naturelle : donc, plus les arts
seront
cultivés et les propriétés assurées, plus la loi naturelle aura été e
1200
s propriétés assurées, plus la loi naturelle aura
été
en effet observée. Donc, lorsque nous convenons de payer trois schell
1201
quand nous convenons de choisir un Allemand pour
être
, sous le nom de roi, le conservateur de notre liberté, l’arbitre entr
1202
s la maison ; quand nous tolérons (parce que nous
sommes
riches) qu’un archevêque de Cantorbéry ait douze mille pièces de reve
1203
tin au soir, que de pervertir la loi naturelle en
étant
inutile à lui-même et à tous les hommes ? Une abeille qui ne ferait n
1204
ait jamais, corrompraient leur loi naturelle, qui
est
leur instinct : les hommes insociables corrompent l’instinct de la na
1205
c’est là l’homme naturel, et le Brésilien tout nu
est
l’homme artificiel ? A. — Non ; mais le Brésilien est un animal qui n
1206
l’homme artificiel ? A. — Non ; mais le Brésilien
est
un animal qui n’a pas encore atteint le complément de son espèce. C’e
1207
tard, une chenille enfermée dans sa fève, qui ne
sera
en papillon que dans quelques siècles. Il aura peut-être un jour des
1208
ère humaine, supposé que les organes du Brésilien
soient
assez forts et assez souples pour arriver à ce terme : car tout dépen
1209
ésilien et les sentiments d’un Topinambou ? Je ne
suis
ni l’un ni l’autre, je veux être heureux chez moi à ma façon. Il faut
1210
pinambou ? Je ne suis ni l’un ni l’autre, je veux
être
heureux chez moi à ma façon. Il faut examiner l’état où l’on est, et
1211
z moi à ma façon. Il faut examiner l’état où l’on
est
, et non l’état où l’on ne peut être. Voltaire se tient donc à mi-che
1212
l’état où l’on est, et non l’état où l’on ne peut
être
. Voltaire se tient donc à mi-chemin entre les détracteurs systématiq
1213
et non l’état où l’on ne peut être. Voltaire se
tient
donc à mi-chemin entre les détracteurs systématiques de l’Europe et c
1214
n faire un paradis par leur Système ; comme il se
tient
à mi-chemin entre le pessimisme de Hobbes et l’optimisme de Leibniz,
1215
ntégral. Considérant l’Europe dans l’état où elle
est
, pleine d’abus et d’intolérance mais aussi de « lumières » nouvelles
1216
es s’accordent surtout, dans la sage politique de
tenir
entr’elles, autant qu’elles peuvent, une balance égale de pouvoir, em
1217
r les plus faibles des invasions que le plus fort
est
toujours prêt d’entreprendre. Rousseau (1712-1778) « Rousseau
1218
leur auteur mieux que leur objet. Car Rousseau s’
est
bel et bien cru l’inventeur du fédéralisme « matière toute neuve, écr
1219
atière toute neuve, écrit-il, et où les principes
sont
encore à établir » ; et peut-être l’a-t-il été. Il se proposait d’en
1220
s sont encore à établir » ; et peut-être l’a-t-il
été
. Il se proposait d’en exposer le système dans une suite au Contrat so
1221
le système dans une suite au Contrat social qui a
été
perdue ou détruite, si elle a jamais été écrite, ce qui n’est pas sûr
1222
al qui a été perdue ou détruite, si elle a jamais
été
écrite, ce qui n’est pas sûr132. Mais il s’est exprimé longuement sur
1223
u détruite, si elle a jamais été écrite, ce qui n’
est
pas sûr132. Mais il s’est exprimé longuement sur les avantages de l’u
1224
is été écrite, ce qui n’est pas sûr132. Mais il s’
est
exprimé longuement sur les avantages de l’union européenne dans Extra
1225
J. Rousseau, citoyen de Genève. Au début, l’éloge
est
fervent, bien que Rousseau n’entende pas perdre son sens critique :
1226
refuser ces premières lignes au sentiment dont j’
étais
plein. Tâchons maintenant de raisonner de sang-froid. Quel est l’ét
1227
ons maintenant de raisonner de sang-froid. Quel
est
l’état réel de l’Europe ? On n’y a su prévenir les guerres particuliè
1228
lever ces dangereuses contradictions, ce ne peut
être
que par une forme de gouvernement confédérative, qui, unissant les pe
1229
elle à certains égards, et qu’elle n’ait en effet
été
bien entendue que par les modernes, les anciens ne l’ont pas ignorée.
1230
s, par le commerce, par une sorte d’équilibre qui
est
l’effet nécessaire de tout cela, et qui, sans que personne songe en e
1231
ns que personne songe en effet à le conserver, ne
serait
pourtant pas si facile à rompre que le pensent beaucoup de gens. Cet
1232
rnité prétendue des peuples de l’Europe ne semble
être
qu’un nom de dérision pour exprimer avec ironie leur mutuelle animosi
1233
t manquer de choquer les autres ; leurs divisions
sont
d’autant plus funestes, que leurs liaisons sont plus intimes, et leur
1234
s sont d’autant plus funestes, que leurs liaisons
sont
plus intimes, et leurs fréquentes querelles ont presque la cruauté de
1235
e ce grand ouvrage, commencé par la fortune, peut
être
achevé par la raison ; et comment la société libre et volontaire qui
1236
ticulier ; où l’on délibère en commun si la table
sera
ronde ou carrée, si la salle aura plus ou moins de portes, si un tel
1237
eut faire que les membres d’une de ces assemblées
soient
une fois doués du sens commun ; il n’est pas même impossible qu’ils v
1238
blées soient une fois doués du sens commun ; il n’
est
pas même impossible qu’ils veuillent sincèrement le bien public, et,
1239
ncèrement le bien public, et, par les raisons qui
seront
ci-après déduites, on peut concevoir encore qu’après avoir aplani bie
1240
e difficulté que leur résistance. Sans doute ce n’
est
pas à dire que les souverains adopteront ce projet (qui peut répondre
1241
ns point supposé les hommes tels qu’ils devraient
être
, bons, généreux, désintéressés, et aimant le bien public par humanité
1242
nt le bien public par humanité ; mais tels qu’ils
sont
, injustes, avides, et préférant leur intérêt à tout. La seule chose q
1243
pose, c’est assez de raison pour voir ce qui leur
est
utile, et assez de courage pour faire leur propre bonheur. Si, malgré
1244
tout cela, ce projet demeure sans exécution, ce n’
est
donc pas qu’il soit chimérique ; c’est que les hommes sont insensés,
1245
t demeure sans exécution, ce n’est donc pas qu’il
soit
chimérique ; c’est que les hommes sont insensés, et que c’est une sor
1246
pas qu’il soit chimérique ; c’est que les hommes
sont
insensés, et que c’est une sorte de folie d’être sage au milieu des f
1247
sont insensés, et que c’est une sorte de folie d’
être
sage au milieu des fous. Dans un Jugement sur la Paix perpétuelle, é
1248
nal supérieur des hommes qui s’osent vanter de ne
tenir
leur pouvoir que de leur épée, et qui ne font mention de Dieu même qu
1249
qui ne font mention de Dieu même que parce qu’il
est
au ciel ? Les souverains se soumettront-ils dans leurs querelles à de
1250
and ils pèseraient leurs intérêts eux-mêmes : que
sera
-ce quand ils le feront peser par leurs ministres, dont les intérêts s
1251
ront peser par leurs ministres, dont les intérêts
sont
toujours opposés à ceux du peuple et presque toujours à ceux du princ
1252
ne laisse pas de demander pourquoi, si ce projet
est
possible, ils ne l’ont pas adopté ? Il ne voit pas qu’il n’y a rien d
1253
y a rien d’impossible dans ce projet, sinon qu’il
soit
adopté par eux. Que feront-ils donc pour s’y opposer ? ce qu’ils ont
1254
près la rédaction de l’Extrait, en 1771, Rousseau
est
approché par les Confédérés polonais, au cours d’une suspension de le
1255
72. Son premier souci, qui dominera tout l’essai,
est
de détourner les Polonais d’imiter « l’Europe », c’est-à-dire les pui
1256
isme résolu, qu’il appelle « national », mais qui
est
en réalité local ou communal, comme on le verra par la suite. La Pol
1257
unal, comme on le verra par la suite. La Pologne
est
un grand état environné d’États encore plus considérables, qui, par l
1258
nsive. Faible au contraire par son anarchie, elle
est
, malgré la valeur polonaise, en butte à tous leurs outrages… Je ne vo
1259
en voir une preuve à jamais mémorable. La Pologne
était
dans les fers du Russe, mais les Polonais sont restés libres. Grand e
1260
e était dans les fers du Russe, mais les Polonais
sont
restés libres. Grand exemple qui vous montre comment vous pouvez brav
1261
ites au moins qu’ils ne puissent vous digérer… Ce
sont
les institutions nationales qui forment le génie, le caractère, les g
1262
, les goûts et les mœurs d’un peuple, qui le font
être
lui et non pas un autre… Il n’y a plus aujourd’hui de Français, d’All
1263
l’argent à voler, et des femmes à corrompre, ils
sont
partout dans leur pays. Que les Polonais soient donc eux-mêmes et qu
1264
ls sont partout dans leur pays. Que les Polonais
soient
donc eux-mêmes et qu’ils éduquent leur âme à n’aimer que leur patrie
1265
tellement leurs opinions et leurs goûts, qu’elles
soient
patriotes par inclination, par passion, par nécessité. Un enfant, en
1266
la patrie, il ne vit que pour elle ; sitôt qu’il
est
seul, il est nul ; sitôt qu’il n’a plus de patrie, il n’est plus : et
1267
l ne vit que pour elle ; sitôt qu’il est seul, il
est
nul ; sitôt qu’il n’a plus de patrie, il n’est plus : et s’il n’est p
1268
il est nul ; sitôt qu’il n’a plus de patrie, il n’
est
plus : et s’il n’est pas mort, il est pis. L’éducation nationale n’ap
1269
’il n’a plus de patrie, il n’est plus : et s’il n’
est
pas mort, il est pis. L’éducation nationale n’appartient qu’aux homme
1270
atrie, il n’est plus : et s’il n’est pas mort, il
est
pis. L’éducation nationale n’appartient qu’aux hommes libres ; il n’y
1271
y a qu’eux qui aient une existence commune et qui
soient
vraiment liés par la loi. Un Français, un Anglais, un Espagnol, un It
1272
s, un Anglais, un Espagnol, un Italien, un Russe,
sont
tous à peu près le même homme ; il sort du collège, déjà tout façonné
1273
a servitude. À vingt ans, un Polonais ne doit pas
être
un autre homme ; il doit être un Polonais. Je veux qu’en apprenant à
1274
olonais ne doit pas être un autre homme ; il doit
être
un Polonais. Je veux qu’en apprenant à lire il lise des choses de son
1275
tière, l’ordre et la forme de leurs études… Tous,
étant
égaux par la constitution de l’état, doivent être élevés ensemble et
1276
tant égaux par la constitution de l’état, doivent
être
élevés ensemble et de la même manière ; et si l’on ne peut établir un
1277
es totalitaires du xxe siècle ? Les apparences y
sont
, et le langage aussi, mais c’est précisément ce langage qui trompe. C
1278
s indifféremment, prospèrent par cela seul qu’ils
sont
petits, que tous les citoyens s’y connaissent mutuellement et s’entre
1279
nner… La première réforme dont vous auriez besoin
serait
celle de votre étendue… Commencez par resserrer vos limites, si vous
1280
voisins songent-ils à vous rendre ce service. Ce
serait
sans doute un grand mal pour les parties démembrées ; mais ce serait
1281
n grand mal pour les parties démembrées ; mais ce
serait
un grand bien pour le corps de la nation… Je voudrais, s’il était pos
1282
ien pour le corps de la nation… Je voudrais, s’il
était
possible, que vous eussiez autant d’États que de palatinats133. Forme
1283
l réfère ses lecteurs : Ceci, me dira-t-on, peut
être
bon pour une seule ville ; mais que faire quand l’état en comprend pl
1284
n ni l’autre. Premièrement, l’autorité souveraine
est
simple et une, et l’on ne peut la diviser sans la détruire. En second
1285
nd lieu, une ville non plus qu’une nation ne peut
être
légitimement sujette d’une autre, parce que l’essence du corps politi
1286
une autre, parce que l’essence du corps politique
est
dans l’accord de l’obéissance et de la liberté, et que ces mots de su
1287
liberté, et que ces mots de sujet et de souverain
sont
des corrélations identiques dont l’idée se réunit sous le seul mot de
1288
s une guerre en Europe où vous n’ayez l’honneur d’
être
fourrés : si le bonheur vous en veut, vous pourrez rentrer dans vos a
1289
-à-dire comme les enfants : « Quand tout le monde
sera
à moi, je mangerai bien du sucre. » Gloire de l’Europe L’Europ
1290
ert-Jacques Turgot, baron de l’Aulne (1727-1781),
fut
tout d’abord séminariste, avant d’entrer dans une carrière civile qui
1291
sopopée typique du siècle : … Superbe Grèce ! où
sont
ces villes sans nombre que ta splendeur avait rendues si brillantes ?
1292
ur leurs ruines. Notre Europe n’a-t-elle donc pas
été
aussi la proie des barbares du Nord ? Quel heureux abri put conserver
1293
s prêt à s’éteindre ? Quoi ! cette religion qui s’
était
établie à Rome, qui s’était attachée à elle malgré elle-même, la sout
1294
cette religion qui s’était établie à Rome, qui s’
était
attachée à elle malgré elle-même, la soutint, la fit survivre à sa ch
1295
e, les modèles du goût peu consultés, peu suivis,
furent
conservés dans les mains de l’ignorance, comme des dépôts, pour être
1296
les mains de l’ignorance, comme des dépôts, pour
être
ouverts dans des temps plus heureux. L’intelligence des langues ancie
1297
lus heureux. L’intelligence des langues anciennes
fut
perpétuée par la nécessité du service divin. Cette connaissance demeu
1298
s, auteur à 22 ans d’un ouvrage sur les monnaies,
fut
au dire de Marmontel « le plus joli petit arlequin qu’ait produit l’I
1299
n 1770, Voltaire put écrire : « On n’avait jamais
été
plus plaisant à propos de famine. » Sa correspondance avec Mme d’Épin
1300
de la Californie et de la Nouvelle-Hollande, qui
sont
anciens de trois ou quatre-mille ans, sont encore de vraies brutes. L
1301
e, qui sont anciens de trois ou quatre-mille ans,
sont
encore de vraies brutes. La perfectibilité a commencé à faire de gran
1302
ue, d’où elle a fait le tour du globe, l’homme ne
serait
encore que le plus espiègle, le plus malin et le plus adroit des sing
1303
plus adroit des singes. Ainsi la perfectibilité n’
est
pas un don de l’homme en entier, mais de la seule race blanche et bar
1304
agné quelque chose. Tout ce qu’on dit des climats
est
une bêtise, un non causa pro causa, erreur la plus commune de la logi
1305
causa, erreur la plus commune de la logique. Tout
tient
aux races. La première, la plus noble des races, vient naturellement
1306
nt naturellement du Nord de l’Asie. Les Russes en
tiennent
le plus près, et c’est pour cela qu’ils ont fait plus de progrès en c
1307
faire aux Portugais en cinquante. … L’inconstance
est
une loi physique… Sans elle point de fertilité, point de variété, poi
1308
’immense variété des nations qui ont peuplé ou se
sont
alliées en Europe, a fait la perfection de notre race. Les Chinois ne
1309
it la perfection de notre race. Les Chinois ne se
sont
abrutis que par la non-mixtion ; et depuis l’arrivée des Tartares, il
1310
des auteurs d’échos scandaleux dans la presse, n’
est
guère connu de nos jours que par son Discours sur l’Universalité de l
1311
e autre face aux empires. Ceux qui brilloient, se
sont
tout-à-coup obscurcis ; & d’autres sortant de leur obscurité, son
1312
urcis ; & d’autres sortant de leur obscurité,
sont
venus figurer à leur tour sur la scène du monde. Si du nord au midi l
1313
nde. Si du nord au midi le voile de la Religion s’
est
déchiré, un commerce immense a jetté de nouveaux liens parmi les homm
1314
’offrit jamais un tel spectacle. L’Europe surtout
est
parvenue à un si haut degré de puissance, que l’histoire n’a rien à l
1315
re. Les États se renverseront, & cette Langue
sera
toujours retenue dans la tempête par deux ancres, sa littérature &
1316
ensuite, à une confédération générale dont le but
sera
d’assurer à chacune d’elles la jouissance des avantages que le ciel l
1317
ou des canons, mais avec la force de sa voix, qui
sera
plus forte et terrible qu’eux, ces peuples téméraires qui oseraient t
1318
ature et la religion lui dictent, et la seule qui
soit
digne de la haute destinée pour laquelle Dieu l’a créée ?135 122
1319
la Monarchie universelle en Europe : « L’Europe n’
est
plus qu’une nation composée de plusieurs provinces. » 125. Cahiers,
1320
XV, note in fine (1762). On sait que le Contrat n’
est
qu’un fragment du grand traité sur les Institutions Politiques qu’il
1321
ongtemps d’écrire. 133. À cette date, la Pologne
était
divisée en 33 « palatinats », possédant chacun leur diète locale ou «
1322
II, Paris, I. G. Dentu, 1818. Les fragments cités
sont
datés l’un du 12 octobre 1776, l’autre du 22 novembre 1777. 135. Tr
1323
s lois immanentes de développement, ou, pour s’en
tenir
à ses propres termes, « à des causes générales » gouvernant le détail
1324
structives pour l’évolution de l’Europe, et elles
sont
, de justesse, optimistes. Mais le problème de notre décadence n’en de
1325
au-delà, que l’ère de la raison « cosmopolite » a
été
instaurée pour toujours par l’Europe… William Robertson (1721-1793),
1326
se et principal de l’Université d’Édimbourg, peut
être
considéré comme le premier historien qui ait pris pour objet de son é
1327
rtout où les différentes Puissances de l’Europe s’
étant
plus étroitement unies, les opérations d’un État ont affecté toutes l
1328
l’histoire de Charles-Quint, car, écrit-il : Il
est
une époque, avant laquelle chaque Pays, n’ayant que peu de liaisons a
1329
écrire l’Histoire de l’empereur Charles-Quint. Ce
fut
pendant son règne que les Puissances de l’Europe formèrent un vaste s
1330
l’attendre… Le siècle de Charles-Quint peut donc
être
regardé comme la période à laquelle l’état politique de l’Europe comm
1331
rtson136 : Il paroit que les nations d’Europe se
sont
regardées pendant plusieurs siècles comme des sociétés séparées, à pe
1332
deurs qui, résidant constamment dans chaque cour,
fussent
à portée d’épier tous ses mouvements et d’en donner sur le champ avis
1333
te de quelques dangers incertains ou possibles, n’
étoient
pas des motifs suffisans pour faire prendre les armes à une nation. I
1334
ts de l’Europe pendant les deux derniers siècles,
est
obligé d’écrire l’histoire de l’Europe entière. Depuis cette époque,
1335
, la connaissance des diversités de l’Europe n’en
est
pas moins essentielle à l’historien que celle de son unité : Tandis
1336
La connoissance de ces dernières circonstances n’
est
pas moins nécessaire que celle des premières. Le tableau que j’ai tra
1337
cé des causes et des événemens dont l’influence a
été
universelle, mettra mes lecteurs en état d’expliquer cette singulière
1338
écrit l’histoire d’une nation particulière, ne se
sont
guère proposé que d’intéresser et d’instruire leurs compatriotes, à q
1339
ser que les mœurs et les institutions intérieures
étoient
parfaitement connues ; en conséquence ils ont souvent négligé d’entre
1340
embrasse les révolutions de tant de pays divers,
serait
extrêmement imparfaite, sans un examen préliminaire de leur constitut
1341
ur état politique.137 Robertson, en définitive,
sera
donc ramené à examiner l’une après l’autre les composantes nationales
1342
t désormais la sécurité de l’Europe. Et certes il
serait
aisé de renverser, au nom des expériences de notre siècle, les prévis
1343
u’il fondait sur l’observation du sien. Mais s’il
était
trop optimiste, il se peut que nous soyons trop pessimistes, ces deux
1344
is s’il était trop optimiste, il se peut que nous
soyons
trop pessimistes, ces deux erreurs d’appréciation ne changeant rien a
1345
’intérêt et la gloire de son pays natal ; mais il
est
permis à un philosophe d’étendre ses vues, et de considérer l’Europe
1346
Européens et leurs colonies. Les peuples sauvages
sont
les ennemis communs de toutes les sociétés civilisées ; nous allons e
1347
e et du Rhin, les pays septentrionaux de l’Europe
étaient
remplis d’innombrables tribus de pâtres et de chasseurs, pauvres, vor
1348
uosité sur l’Empire romain ; à peine les premiers
étaient
-ils détruits, que d’autres occupaient leur place et présentaient de n
1349
émigrations formidables ; et le long repos qui a
été
attribué au décroissement de la population est la suite heureuse des
1350
a été attribué au décroissement de la population
est
la suite heureuse des progrès des arts et de l’agriculture. Au lieu d
1351
ens du Danemarck, de la Suède et de la Pologne se
sont
élevés successivement ; les négocians hanséatiques et les chevaliers
1352
u souffle de l’enthousiasme. II. L’empire de Rome
était
solidement établi sur la parfaite union de toutes ses parties. Les pe
1353
ent corrompu le caractère et les inclinations. Ce
fut
sous les minorités des fils et des petits-fils de Théodose que l’empi
1354
les provinces aux barbares. Aujourd’hui l’Europe
est
divisée en douze royaumes puissans, quoique inégaux, trois république
1355
chances de talens dans les rois et les ministres
sont
au moins multipliées en raison du nombre des souverains ; et un Julie
1356
une chose heureuse que la destruction d’une ville
soit
une entreprise difficile et dispendieuse, ou qu’un peuple industrieux
1357
s à redouter une irruption de barbares, puisqu’il
serait
indispensable qu’ils se civilisassent avant de pouvoir conquérir. Leu
1358
r. Leurs découvertes dans la science de la guerre
seraient
nécessairement accompagnées comme l’exemple de la Russie le démontre,
1359
ns la politique civile ; ils mériteraient alors d’
être
comptés au nombre des nations civilisées qu’ils auraient soumises.138
1360
eau historique des progrès de l’esprit humain. Il
fut
le précurseur des assurances sociales « par le calcul des probabilité
1361
e rapprocher un jour de l’état de civilisation où
sont
parvenus les peuples les plus éclairés, les plus libres, les plus aff
1362
ociété ont augmentée et pour ainsi dire produite,
tient
-elle à la civilisation même, ou aux imperfections actuelles de l’art
1363
… Enfin, l’espèce humaine doit-elle s’améliorer,
soit
par des nouvelles découvertes dans les sciences et dans les arts, et
1364
bien-être particulier et de prospérité commune ;
soit
par des progrès dans les principes de conduite et dans la morale prat
1365
rincipes de conduite et dans la morale pratique ;
soit
enfin par le perfectionnement des facultés intellectuelles, morales e
1366
urope, les principes de la constitution française
sont
déjà ceux de tous les hommes éclairés. Nous les y verrons trop répand
1367
la mémoire de leur grandeur ». (Paul Valéry s’en
est
sans doute souvenu en écrivant ses pages fameuses sur la « Crise de l
1368
is-je, ici fleurit jadis une ville opulente : ici
fut
le siège d’un empire puissant. Oui ! ces lieux maintenant si déserts,
1369
é une solitude de mort. Le silence des tombeaux s’
est
substitué au murmure des places publiques. L’opulence d’une cité de c
1370
es publiques. L’opulence d’une cité de commerce s’
est
échangée en une pauvreté hideuse. Les palais des rois sont devenus le
1371
ngée en une pauvreté hideuse. Les palais des rois
sont
devenus le repaire des fauves ; les troupeaux parquent au seuil des t
1372
itent les sanctuaires des dieux !… Ah ! comment s’
est
éclipsée tant de gloire !… Comment se sont anéantis tant de travaux !
1373
mment s’est éclipsée tant de gloire !… Comment se
sont
anéantis tant de travaux !… Ainsi donc périssent les ouvrages des hom
1374
uplée, comptait alors cent villes puissantes… Que
sont
devenus tant de brillantes créations de la main de l’homme ? Où sont-
1375
e brillantes créations de la main de l’homme ? Où
sont
-ils ces remparts de Ninive, ces murs de Babylonie, ces palais de Pers
1376
olis, ces temples de Balbeck et de Jérusalem ? Où
sont
ces flottes de Tyr, ces chantiers d’Arad, ces ateliers de Sidon, et c
1377
sons, et ces troupeaux, et toute cette création d’
êtres
vivants dont s’enorgueillissait la face de la terre ? Hélas ! je l’ai
1378
, cette terre ravagée ! J’ai visité les lieux qui
furent
le théâtre de tant de splendeur, et je n’ai vu qu’abandon et que soli
1379
pe moderne ; mais bientôt le charme de ma rêverie
fut
flétri par un dernier terme de comparaison. Réfléchissant que telle a
1380
rme de comparaison. Réfléchissant que telle avait
été
jadis l’activité des lieux que je contemplais : Qui sait, me dis-je,
1381
e je contemplais : Qui sait, me dis-je, si tel ne
sera
pas un jour l’abandon de nos propres contrées ? Qui sait si sur les r
1382
quant aux autres, il s’y soumet par nécessité. Il
est
de bonne foi à l’endroit de sa nation, mais aussi à l’endroit des aut
1383
mais aussi à l’endroit des autres nations ; et il
est
incapable de vouloir fonder le bien-être, la gloire et la grandeur de
1384
dans une organisation particulière dont les buts
soient
incompatibles avec leur idéal. Ils s’abstiennent de faire partie de t
1385
Lumières avaient plongé l’élite du siècle : Ils
furent
peu nombreux parmi les peuples des temps passés ceux qui connurent co
1386
à eux — dont les mérites ne pourront jamais assez
être
reconnus par l’Humanité — que l’Europe devint peu à peu ce qu’elle es
1387
manité — que l’Europe devint peu à peu ce qu’elle
est
et ce qu’elle sera vraisemblablement toujours, la véritable patrie de
1388
ope devint peu à peu ce qu’elle est et ce qu’elle
sera
vraisemblablement toujours, la véritable patrie des arts et des scien
1389
i a conquis pour toujours l’hégémonie, bien qu’il
soit
le plus petit, en vertu de la supériorité que ses habitants ont su co
1390
une direction responsable des affaires de l’État
est
de loin, comparativement, le moins avancé. Dans la plus grande et la
1391
mps relativement court, tant d’échelons, que ce n’
est
pas sans une sorte de vertige qu’on regarde les siècles précédents. M
1392
ble aller vers une révolution bienfaisante qui ne
sera
pas causée par des insurrections et des guerres civiles, mais par une
1393
re, inébranlablement fidèle aux devoirs qu’elle s’
est
fixés ; révolution qui ne sera pas non plus causée par la lutte funes
1394
x devoirs qu’elle s’est fixés ; révolution qui ne
sera
pas non plus causée par la lutte funeste que la passion livre à la pa
1395
Europe de sang, ni mettre partout le feu, saura n’
être
qu’une œuvre toute simple et bienfaisante, apprenant aux hommes quel
1396
simple et bienfaisante, apprenant aux hommes quel
est
leur véritable intérêt, quels sont leurs droits et leurs devoirs, que
1397
aux hommes quel est leur véritable intérêt, quels
sont
leurs droits et leurs devoirs, quel est le but de leur existence et q
1398
t, quels sont leurs droits et leurs devoirs, quel
est
le but de leur existence et quels sont les moyens qui permettront d’a
1399
voirs, quel est le but de leur existence et quels
sont
les moyens qui permettront d’atteindre sûrement et immanquablement ce
1400
tes peuvent se tromper dans leurs suppositions et
être
déçus dans leurs espérances, c’est ce qui s’est avéré, pendant les hu
1401
être déçus dans leurs espérances, c’est ce qui s’
est
avéré, pendant les huit années qui se sont écoulées depuis la rédacti
1402
e qui s’est avéré, pendant les huit années qui se
sont
écoulées depuis la rédaction de cet essai, d’une manière telle que to
1403
e comme plus sage et plus honnête qu’ils ne l’ont
été
eux-mêmes par le passé, du moins quand ils agissaient de concert, en
1404
d ils agissaient de concert, en grande foule. Il
est
admirable que le démenti sanglant infligé à son idéal cosmopolite n’a
1405
uvernement peu importante dans le fond ; et ainsi
serait
créée et organisée, de façon durable, une communauté d’États européen
1406
is parut en Angleterre en 1776, mais l’ouvrage ne
fut
terminé qu’en 1787, à Lausanne. 139. « Je parlerai… de la réunion de
1407
sciences, la seule dont le projet et l’utilité ne
soit
pas une illusion puérile. » Fragment sur l’Atlantide, ou efforts comb
1408
tes de Paris à ses compatriotes : Toute l’Europe
est
gagnée à notre cause (la création de l’Union des États indépendants a
1409
urs fortunes, dès que la paix et l’indépendance y
seront
assurées, de sorte que l’on peut généralement escompter que les émigr
1410
ici dans presque tous les milieux que notre cause
est
la cause de tout le genre humain, et qu’en défendant notre liberté, n
1411
aucun, l’Amérique, elle, se fédérait. Ses hommes
étaient
Européens, sans exception. Et ses idées étaient européennes. Elle ne
1412
s étaient Européens, sans exception. Et ses idées
étaient
européennes. Elle ne se sépara de la mère patrie que sur la seule que
1413
rmulés par nos propres élites, mais ces principes
étaient
refusés en fait par tous nos États souverains. C’est pourquoi l’Angla
1414
e d’un nouveau retour des choses… The Federalist
est
un recueil de 85 articles de journaux écrits pour défendre la Constit
1415
ntion Fédérale le 17 septembre 1787. Ce plaidoyer
est
adressé au peuple de l’État de New York par Alexander Hamilton, John
1416
Hamilton, John Jay et James Madison. Son autorité
est
restée considérable jusqu’à nos jours. Les publicistes d’Amérique, le
1417
de la science politique. Le texte que nous citons
est
de Hamilton, et il est extrait du chapitre XI : Le monde peut être d
1418
. Le texte que nous citons est de Hamilton, et il
est
extrait du chapitre XI : Le monde peut être divisé politiquement, co
1419
et il est extrait du chapitre XI : Le monde peut
être
divisé politiquement, comme géographiquement, en quatre parties dont
1420
e et par la fraude. L’Afrique, l’Asie, l’Amérique
sont
successivement tombées sous sa domination. La supériorité que l’Europ
1421
n triomphe. Que les Américains se lassent enfin d’
être
les instruments de la grandeur européenne ! Que les Treize-États, réu
1422
t à la formation d’un grand système américain qui
soit
au-dessus du contrôle de toute force ou de toute influence européenne
1423
rope Les illusions d’un Wieland n’ont-elles pas
été
partagées par ceux-là mêmes qui donnèrent son impulsion première au p
1424
hilanthropique » d’un Mirabeau, d’un Robespierre,
est
certainement sincère. Mais comme elle change vite de registre quand i
1425
’alliés, lorsqu’elle n’aura plus d’ennemis ? Il n’
est
pas loin de nous peut-être, ce moment où la liberté, régnant sans riv
1426
a paix universelle ; alors le bonheur des peuples
sera
le seul but des législateurs, la seule force des lois, la seule gloir
1427
t, ces considérations, toutes puissantes qu’elles
sont
, ne peuvent pas seules, dans ce moment, déterminer notre conduite. L
1428
ons plus immédiates qui déterminent la Révolution
sont
en fait dictées par la guerre, qu’elle mène au nom de la liberté et d
1429
ours du 15 mai 1790 à l’Assemblée nationale : Il
est
de l’intérêt des nations de protéger la nation française, parce que c
1430
termes : Chantez donc, chantez une victoire qui
sera
celle de l’humanité. Il a péri des hommes ; mais c’est pour qu’il n’e
1431
lle que vous allez établir, chacun de vos combats
sera
un pas de fait vers la paix, l’humanité et le bonheur des peuples. D
1432
ison anticléricale : La guerre ! la guerre ! tel
est
le cri de tous les patriotes, tel est le vœu de tous les amis de la l
1433
uerre ! tel est le cri de tous les patriotes, tel
est
le vœu de tous les amis de la liberté répandus sur la surface de l’Eu
1434
C’est à cette guerre sainte qu’Anacharsis Cloots
est
venu inviter l’Assemblée nationale, au nom du genre humain dont il n’
1435
du genre humain dont il n’a jamais mieux mérité d’
être
appelé l’ami. C’est en effet à Jean-Baptiste, dit Anacharsis Cloots,
1436
es, ni armées, ni vaincus, ni vainqueurs… L’Océan
sera
couvert de navires qui formeront un superbe pont de communication, et
1437
urs. Il n’y aura plus de déserts ; toute la terre
sera
un jardin. L’Orient et l’Occident s’embrasseront au champ de la Fédér
1438
e, dans le même sens, le 26 avril 1793 : Nous ne
sommes
pas libres, si un seul obstacle moral arrête notre marche physique su
1439
it souveraine, blesse grièvement l’humanité, elle
est
en pleine révolte contre le bon sens et le bonheur ; elle coupe les c
1440
verselle ; sa Constitution, manquant par la base,
sera
contradictoire, journalière et chancelante. Mais ce libéralisme univ
1441
tinct universel, je m’y oppose ; cette résistance
est
un état de guerre et de servitude dont le genre humain, l’être suprêm
1442
de guerre et de servitude dont le genre humain, l’
être
suprême, fera justice tôt ou tard. Le 21 avril 1792, Cloots remet à
1443
seul corps, la nation unique… La commune de Paris
sera
le point de réunion, le fanal central de la communauté universelle.
1444
de la communauté universelle. Il pense qu’il ne
serait
pas difficile de régir le monde à partir de Paris : Quand un Lama de
1445
tions d’États, de nations ; mais aucun homme ne s’
est
élevé au véritable principe de l’unité souveraine, de la confédératio
1446
qui reconnoîtra ce principe lumineux et immuable,
sera
reçu de droit dans notre association fraternelle, dans la République
1447
miner l’humanité sous tous les rapports : nous ne
sommes
pas les représentants du genre humain. Je veux donc que le législateu
1448
isans du fédéralisme — et leur ennemi Robespierre
fut
le premier à dire le mot, si l’on en croit le dictionnaire étymologiq
1449
n croit le dictionnaire étymologique de Warburg —
furent
dénoncés par les jacobins comme traîtres à la Patrie, traîtres à la N
1450
, dans l’esprit des Français et des Européens qui
tiennent
à se réclamer de la Révolution et de la tradition jacobine. D’où le m
1451
des petits pays. Un Français d’aujourd’hui, s’il
tient
à s’assurer du sens de ce mot décrié, recourt au dictionnaire Littré,
1452
trine du gouvernement fédératif. — Le fédéralisme
était
une des formes politiques les plus communes employées par les sauvage
1453
, pas un seul plan sérieux d’union continentale n’
est
sorti de la Révolution, du moins en France et cela s’explique. L’expl
1454
ation de l’Europe. Le résidu concret du phénomène
sera
la « nationalisation » du sentiment patriotique dans tous nos peuples
1455
espérons que bientôt la division des royaumes ne
sera
plus ; il n’y aura plus qu’un seul peuple, qu’on appellera le genre h
1456
écessairement supprimer la réalité européenne. Il
est
vrai qu’en parlant du « genre humain », l’orateur n’envisage en somme
1457
Italien E. L’Aurora, des Allemands Kant et Gentz,
seront
expressément européens. Inspirés par le grand bouleversement idéologi
1458
aintenant d’organiser. Jeremy Bentham (1747-1832)
fut
décrété citoyen français par la Convention à l’occasion d’un grand di
1459
la question européenne. Le champ de son ambition
est
le monde, annonce-t-il. Mais les mesures qu’il propose concernent l’E
1460
vaudra pour l’autre142. L’objet du présent essai
est
de soumettre au monde un plan de paix universel et perpétuel. Le Glob
1461
un plan de paix universel et perpétuel. Le Globe
est
l’aire de l’influence à laquelle aspire l’auteur, — la Presse son ins
1462
plan praticable à cet effet, et qui ait chance d’
être
adopté, il ne saurait y avoir qu’une voix. La seule objection possibl
1463
ion possible consisterait à dire que cette paix n’
est
pas réalisable, qu’elle n’est pas seulement sans espoir, mais qu’elle
1464
re que cette paix n’est pas réalisable, qu’elle n’
est
pas seulement sans espoir, mais qu’elle l’est à un degré tel que tout
1465
e n’est pas seulement sans espoir, mais qu’elle l’
est
à un degré tel que toute proposition dans ce sens mériterait d’être t
1466
car il se peut que la réduction d’un tel préjugé
soit
nécessaire pour que le plan reçoive audience. Quoi de mieux fait, pou
1467
même ? Et qu’on ne m’objecte pas que les temps ne
sont
pas mûrs : moins ils le sont, plus vite nous devons entreprendre ce q
1468
pas que les temps ne sont pas mûrs : moins ils le
sont
, plus vite nous devons entreprendre ce qui peut les faire mûrir. Un p
1469
qui peut les faire mûrir. Un plan de cette nature
est
de ceux qui ne viennent jamais trop tôt, ni trop tard. … Les feuillet
1470
op tôt, ni trop tard. … Les feuillets qui suivent
sont
dédiés au bien commun de toutes les nations civilisées, mais plus par
1471
i de la Grande-Bretagne et de la France. Leur but
est
de promouvoir trois grands objets : — la simplicité du gouvernement,
1472
la vérité des propositions suivantes : I. Qu’il n’
est
pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir des dépendances lointa
1473
voir des dépendances lointaines, quelles qu’elles
soient
. II Qu’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir des tr
1474
s lointaines, quelles qu’elles soient. II Qu’il n’
est
pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir des traités d’alliance
1475
nsive ou défensive, avec quelque puissance que ce
soit
. III. Qu’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir aucu
1476
avec quelque puissance que ce soit. III. Qu’il n’
est
pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir aucun traité, avec que
1477
avoir aucun traité, avec quelque puissance que ce
soit
, aux fins de s’assurer quelque avantage commercial que ce soit, au dé
1478
s de s’assurer quelque avantage commercial que ce
soit
, au détriment de n’importe quelle autre puissance. IV. Qu’il n’est pa
1479
de n’importe quelle autre puissance. IV. Qu’il n’
est
pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne d’entretenir aucune force nava
1480
endre son commerce contre les pirates. V. Qu’il n’
est
pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne de garder en vigueur quelque o
1481
ne de garder en vigueur quelque ordonnance que ce
soit
visant à l’augmentation ou au maintien de ses forces navales au loin,
1482
. VI. VII, VIII, IX et X. Que tout ce qui précède
est
également vrai pour la France. XI. Que l’accord total de la Grande-Br
1483
ccord total de la Grande-Bretagne et de la France
étant
supposé acquis, les principales difficultés d’un plan de pacification
1484
cation générale et permanente pour toute l’Europe
seraient
écartées. XII. Que pour assurer cette pacification, des traités génér
1485
ion, des traités généraux et permanents devraient
être
conclus, limitant les effectifs des troupes entretenues. XIII. Que le
1486
nues. XIII. Que le maintien de cette pacification
serait
considérablement facilité par l’institution d’une Cour de Justice com
1487
tre nations, encore qu’une telle Cour n’ait pas à
être
dotée de pouvoirs de coercition. XIV. Que le secret des opérations du
1488
s du ministère des Affaires étrangères ne saurait
être
toléré en Angleterre ; étant parfaitement inutile, et au surplus cont
1489
étrangères ne saurait être toléré en Angleterre ;
étant
parfaitement inutile, et au surplus contraire aux intérêts de la libe
1490
angement, une fois prouvé à son sujet que : 1. Il
est
dans l’intérêt des parties intéressées ; 2. Les parties sont déjà sen
1491
’intérêt des parties intéressées ; 2. Les parties
sont
déjà sensibles à cet intérêt ; 3. La situation dans laquelle il mettr
1492
situation dans laquelle il mettrait ces parties n’
est
pas nouvelle, et n’est autre que celle dont elles partent. Des conven
1493
il mettrait ces parties n’est pas nouvelle, et n’
est
autre que celle dont elles partent. Des conventions difficiles et com
1494
tent. Des conventions difficiles et complexes ont
été
bel et bien réalisées ; citons par exemple : la neutralité armée, la
1495
e ? Ces dernières n’ont pas d’ambitions. Qu’il en
soit
donc ainsi ; mais n’est-ce pas déjà le cas des premières ? Comment, e
1496
as d’ambitions. Qu’il en soit donc ainsi ; mais n’
est
-ce pas déjà le cas des premières ? Comment, ensuite, pourrons-nous co
1497
préventions ? L’un des principaux objets du plan
est
d’effectuer une réduction — et très considérable — des dépenses des p
1498
t de cette réduction, pour chaque nation, devrait
être
stipulé par le Traité ; et même, avant sa signature, des lois devraie
1499
; et même, avant sa signature, des lois devraient
être
préparées à cet effet dans chaque nation et présentées à toutes les a
1500
présentées à toutes les autres, en sorte qu’elles
soient
prêtes à entrer en vigueur dès la ratification du Traité par les diff
1501
tats. De cette manière, la masse des peuples, qui
est
la partie la plus exposée à se laisser égarer par des préventions, ne
1502
posée à se laisser égarer par des préventions, ne
serait
pas plus tôt informée de la ratification du Traité qu’elle en sentira
1503
rait les bienfaits. Ils verraient que le Traité a
été
calculé pour leur avantage, et ne pouvait l’être à nulle autre fin. …
1504
a été calculé pour leur avantage, et ne pouvait l’
être
à nulle autre fin. … Un tel Congrès ou Diète pourrait être composé pa
1505
lle autre fin. … Un tel Congrès ou Diète pourrait
être
composé par les puissances, envoyant chacune deux députés au lieu où
1506
ne deux députés au lieu où il se réunirait ; l’un
étant
le principal, l’autre agissant à l’occasion comme substitut. Toutes l
1507
ion comme substitut. Toutes les séances devraient
être
publiques. Les pouvoirs du Congrès ou Diète consisteraient : 1, à for
1508
ttre l’État réfractaire au ban de l’Europe. Il ne
serait
peut-être pas mauvais de fixer le contingent que les différents États
1509
la nécessité de recourir à cette ultime ressource
serait
, en toute probabilité supprimée pour toujours, par l’expédient beauco
1510
la presse dans chaque État… Le reste de l’essai
est
occupé par une longue polémique contre le secret diplomatique. Il est
1511
ongue polémique contre le secret diplomatique. Il
est
remarquable que Bentham, dès la fin du xviiie siècle, ait su voir à
1512
et les dangers d’une telle liberté lorsqu’elle n’
est
inspirée que par l’égoïsme national, sacralisé sous le nom de « patri
1513
e : « C’est nous qui avons toujours raison, et il
est
impossible qu’il en soit autrement. Contre nous, les autres nations n
1514
ns toujours raison, et il est impossible qu’il en
soit
autrement. Contre nous, les autres nations n’ont aucun droit. Si nous
1515
inon, nous avons raison selon le patriotisme, qui
est
une plus grande vertu que la justice. » Injustice, oppression, fraude
1516
oppression, fraude, mensonge, tous les actes qui
seraient
tenus pour criminels ou vicieux dans la poursuite d’intérêts individu
1517
on, fraude, mensonge, tous les actes qui seraient
tenus
pour criminels ou vicieux dans la poursuite d’intérêts individuels, s
1518
férences entre les partis. Quelque opposés qu’ils
soient
sur tous les autres points, sur celui-ci, ils n’ont qu’une voix, ils
1519
x, ils écrivent tous en parfaite harmonie. Telles
sont
leurs opinions, et à ces opinions, il va de soi que les faits doivent
1520
. Qui rougirait de les fausser, quand les fausser
est
une vertu ? Mais s’il est vrai que la voix des journaux n’est encore
1521
sser, quand les fausser est une vertu ? Mais s’il
est
vrai que la voix des journaux n’est encore qu’une faible part de la v
1522
u ? Mais s’il est vrai que la voix des journaux n’
est
encore qu’une faible part de la voix du peuple, il n’en reste pas moi
1523
’Aurora, qu’on a nommé « il bizzarro agitatore »,
fut
un des jacobins les plus éloquents de l’Italie, comme on peut en juge
1524
! Et que les nations, s’unissant et se libérant,
soient
gouvernées selon les droits sacro-saints de la liberté et de l’égalit
1525
me appartenant à un seul État, que leurs intérêts
soient
communs, et que l’Europe puisse être tenue pour la mère universelle d
1526
» élus par la « generalità del popolo » et qui se
fût
réuni en Sicile ou à Majorque pour délibérer d’une « constitution gén
1527
litaires entre les nations. Le plan de Bentham ne
fut
publié qu’un demi-siècle après avoir été écrit, et celui de L’Aurora
1528
ntham ne fut publié qu’un demi-siècle après avoir
été
écrit, et celui de L’Aurora n’a été redécouvert que par des érudits i
1529
e après avoir été écrit, et celui de L’Aurora n’a
été
redécouvert que par des érudits italiens de notre siècle143. Beaucoup
1530
taliens de notre siècle143. Beaucoup plus célèbre
sera
dès 1795 le plan de Kant, et beaucoup plus efficace la pensée de Gent
1531
ndes affaires du temps. Emmanuel Kant (1724-1804)
était
âgé de 71 ans lorsqu’il publia en 1795 son traité Zum ewigen Friede.
1532
publia en 1795 son traité Zum ewigen Friede. Il n’
était
sorti de sa ville natale de Königsberg qu’une seule fois en sa vie, m
1533
nce de la Révolution française lui fit modifier d’
Est
en Ouest la direction de sa promenade quotidienne. Il connaissait le
1534
toujours plus lourds, hausse des prix) ne peuvent
être
enrayées que si la souveraineté absolue est enlevée aux princes et pa
1535
vent être enrayées que si la souveraineté absolue
est
enlevée aux princes et passe aux peuples : c’est la doctrine rousseau
1536
tat fait bien plutôt consister sa majesté (car il
est
absurde de parler de la majesté populaire) à ne se soumettre à aucune
1537
(alors que, dans l’État civil et juridique, elle
est
voilée par la contrainte du gouvernement), on s’étonne que le mot dro
1538
t), on s’étonne que le mot droit n’ait pas encore
été
tout à fait banni de la politique de la guerre comme une expression p
1539
me une expression pédante, et qu’aucun État ne se
soit
enhardi à se rallier publiquement à cette dernière opinion. Car on ci
1540
e force légale (puisque les États, comme tels, ne
sont
pas soumis à une contrainte commune et extérieure) ; mais il est sans
1541
à une contrainte commune et extérieure) ; mais il
est
sans exemple qu’un État ait été amené, par des arguments appuyés sur
1542
rieure) ; mais il est sans exemple qu’un État ait
été
amené, par des arguments appuyés sur les écrits des personnalités aus
1543
se rendre maître un jour du mauvais principe qui
est
en lui (et qu’il ne peut nier), et à en espérer autant des autres. Si
1544
érer autant des autres. Sinon le mot « droit » ne
serait
jamais prononcé par les États qui veulent se faire la guerre, à moins
1545
qui veulent se faire la guerre, à moins que ce ne
fût
par ironie, et dans le sens où le définissait ce prince gaulois : « (
1546
ù le définissait ce prince gaulois : « (le droit)
est
l’avantage que la nature donne au plus fort de se faire obéir par le
1547
it des gens, comprise comme un droit à la guerre,
est
proprement inconcevable (puisque ce serait le droit de décider ce qui
1548
a guerre, est proprement inconcevable (puisque ce
serait
le droit de décider ce qui est juste non pas d’après des lois extérie
1549
ble (puisque ce serait le droit de décider ce qui
est
juste non pas d’après des lois extérieures universellement valables e
1550
s particulières). À moins d’entendre par là qu’il
est
tout à fait juste que des hommes dans de semblables dispositions se d
1551
out de ce moyen, et rejettent in hypothesi ce qui
est
juste in thesi, à défaut de l’idée positive d’une « république mondia
1552
e qu’exercèrent très vite les idées de Kant, elle
est
illustrée par la publication, cinq ans après La Paix éternelle, d’un
1553
ternich et secrétaire du congrès de Vienne, avait
été
dès sa jeunesse un disciple de Kant, dont il partagea au début l’enth
1554
plus étroitement autrichienne. Le mot d’Europe m’
est
devenu objet d’horreur » ; ou encore : « … j’ai perdu toute envie d’ê
1555
reur » ; ou encore : « … j’ai perdu toute envie d’
être
un Européen. » Ce qui retient notre attention dans son essai de 1800
1556
erre, ou par Kant. Trois moyens, selon Gentz, ont
été
proposés pour établir la paix perpétuelle : l’État mondial, les natio
1557
es nations fermées, enfin la fédération des États
soit
par un système d’arbitrage, soit par des liens constitutionnels. Gent
1558
ration des États soit par un système d’arbitrage,
soit
par des liens constitutionnels. Gentz repousse avec force l’utopie de
1559
lique universelle et unitaire des jacobins, qui n’
est
autre qu’une version renouvelée du vieux mythe effrayant de la Monarc
1560
moyen d’assurer ou de préparer la paix éternelle
serait
d’instaurer une libre fédération ou d’élaborer dans ses moindres déta
1561
ns de la majorité ; et enfin un congrès permanent
serait
institué, chargé de régler toutes les affaires communes des États con
1562
uit une critique du Rousseau de L’Extrait : S’il
était
vrai, comme dit Rousseau, que cette fédération à but pacifique ne sau
1563
, que cette fédération à but pacifique ne saurait
être
réalisée parce que les dirigeants des États qui devraient en faire pa
1564
iraient jamais à une constitution les empêchant d’
être
injustes quand il leur plaît ; s’il était vrai, comme il le prétend p
1565
êchant d’être injustes quand il leur plaît ; s’il
était
vrai, comme il le prétend plus loin, que si elle pouvait être réalisé
1566
omme il le prétend plus loin, que si elle pouvait
être
réalisée « un seul jour, ce serait assez pour la faire durer éternell
1567
si elle pouvait être réalisée « un seul jour, ce
serait
assez pour la faire durer éternellement », nous ne devrions pas laiss
1568
s’évanouir l’espoir de la voir se réaliser. Il s’
est
trouvé plus d’un moment dans l’histoire récente de l’Europe, où tous
1569
mi les hommes, dépend d’une décision instantanée,
est
possible et pratiquement réalisable. La difficulté, ou même la totale
1570
ainsi la politique de la Sainte-Alliance dont il
sera
l’un des grands artisans : Le but de ce système n’a jamais été, comm
1571
rands artisans : Le but de ce système n’a jamais
été
, comme on l’en a accusé à tort, de rendre tous les États également pu
1572
ser cette manière de constitution fédérale, qui s’
est
naturellement créée en Europe, de telle sorte que chaque poids dans l
1573
e autorité supérieure, ni la loi ni la moralité n’
étaient
capables de réprimer. On voulait, en un mot, obtenir par des pactes s
1574
ous les États pourront s’unir en un seul ; ce qui
est
absolument impossible. 2. On ne parviendrait pas non plus à établir u
1575
cun des États membres ; ce qui, une fois de plus,
est
absolument impossible. 3. Enfin, même si on pouvait imaginer, dans un
1576
ne même l’aspect purement idéal du projet. Car il
est
impossible d’admettre que chaque État puisse se soumettre de plein gr
1577
s à la force pour faire régner la justice ; il en
serait
de même dans les procès entre les peuples, où, peut-être plus souvent
1578
bonne exécution des décisions du Tribunal devrait
être
assurée par des mesures coercitives. Or, les mesures coercitives cont
1579
critique de Burke et de Bonald — tout ce que l’on
est
en droit d’espérer et de préparer, c’est un système d’équilibre qui «
1580
t international. Le pas le plus important de tous
était
sans contredit la découverte des vrais principes de l’économie politi
1581
ompte que l’industrie, le commerce et la richesse
étaient
en réalité des biens communs, qui, même si on les trouvait en plus gr
1582
ant aux ravages causés par la guerre, quelles que
soient
les régions touchées par ce fléau, ils sont toujours, en fin de compt
1583
que soient les régions touchées par ce fléau, ils
sont
toujours, en fin de compte, pris en charge par la société. Ces grande
1584
Ces grandes et terribles vérités ne pouvaient pas
être
perdues pour la haute politique. S’emparant peu à peu des meilleurs e
1585
s hommes. Mais actuellement une seule certitude a
été
acquise : loin d’avoir affermi la paix sur la terre, elle s’est mise
1586
loin d’avoir affermi la paix sur la terre, elle s’
est
mise au service de la guerre, lui fournissant maintes occasions d’écl
1587
eut naître et se développer plus rapidement qu’on
est
en droit de l’espérer. Un ordre des choses plus pacifique, fondé sur
1588
e pour la plus grande joie de l’humanité. Mais ce
sont
là de ces bienfaits de la Fortune, sur lesquels personne ne peut comp
1589
nt la paix, mais la simple possibilité de la paix
est
très éloignée de nous ; la guerre est notre destin sur terre, et si d
1590
de la paix est très éloignée de nous ; la guerre
est
notre destin sur terre, et si des changements et révolutions extraord
1591
es ne viennent pas conjurer ce mauvais sort, elle
sera
longtemps encore notre destin sur terre. On ne saurait crier assez fo
1592
e de la lourde tâche et de la grande vocation qui
est
désormais la leur ; et qu’ils redoublent de volonté, de courage et de
1593
t et brillant orateur de la Chambre des communes,
fut
à la fois le premier défenseur des droits américains et le premier ad
1594
nt à Kant, il croit la guerre inévitable, mais il
est
loin de la diviniser comme J. de Maistre : il se fait l’avocat d’un é
1595
sprit religieux. Mais les temps de la chevalerie
sont
révolus ; voici venu le temps de la « barbarie philosophique », des é
1596
nomistes et des cyniques. « La gloire de l’Europe
est
éteinte. » Voici, tirée de ses quatre Letters on the Proposal for pea
1597
à cette similitude profonde des nations, la paix
était
davantage la paix, la guerre était un peu moins la guerre. J’irai plu
1598
tions, la paix était davantage la paix, la guerre
était
un peu moins la guerre. J’irai plus loin. Il y eut des temps où des c
1599
tés apparemment en paix les unes avec les autres,
furent
plus parfaitement séparées les unes des autres que ne l’ont été plus
1600
itement séparées les unes des autres que ne l’ont
été
plus tard bien des nations de l’Europe, au cours de guerres longues e
1601
e guerres longues et sanglantes. La cause doit en
être
cherchée dans la similitude des religions, des lois et des mœurs qu’o
1602
observe à travers toute l’Europe : au fond, elles
sont
toutes pareilles. Ceux qui ont écrit sur le droit public ont souvent
1603
semble, dérivaient des mêmes sources. Ils avaient
été
tirés des anciennes coutumes germaniques ou gothiques, améliorées et
1604
ys européens, et dont les traces bien marquées ne
furent
jamais totalement abolies ni confondues dans le despotisme, là où pré
1605
que sous les monarchies. De toutes ces sources s’
était
composé un système de mœurs et d’éducation qui était à peu près le mê
1606
it composé un système de mœurs et d’éducation qui
était
à peu près le même dans toute cette région du Globe et qui estompait,
1607
s l’éducation qu’elles donnaient à leur jeunesse,
soit
qu’il s’agît des diverses facultés, ou des sciences, ou des formes pl
1608
r ou sa santé, pour ses affaires ou parce qu’il y
était
contraint, il ne se sentait jamais tout à fait étranger.146 Tout ce
1609
chances de se maintenir. Par deux fois, l’essai a
été
tenté en des régions très étendues : en Allemagne et en Amérique du N
1610
, celle-ci aura beaucoup de peine à subsister, ne
serait
-ce qu’une cinquantaine d’années. » 146. Edmund Burke Selected Works,
1611
in de s’établir à Weimar. Son « Sturm und Drang »
est
terminé et l’auteur des Brigands professe à l’Université d’Iéna ! C’e
1612
français : et certes, son cœur et son tempérament
sont
avec la Révolution, dont il partage les grands espoirs humanitaires.
1613
ser à toute l’humanité. Sa conception de l’Europe
est
en effet bien plus fédéraliste que jacobine. C’est aux liens supranat
1614
la Communauté des peuples européens. Le contraste
est
total avec les conceptions des Schlegel, Novalis et Görres, ses cadet
1615
eur admission et qu’elle-même, d’autre part, leur
était
devenue indispensable. Des États qui n’existaient qu’à peine les uns
1616
pports de citoyen à citoyen, de souverain à sujet
furent
complètement transformés par la Réformation, de même des États entier
1617
ause d’une union plus étroite entre les États. Il
est
vrai que les premiers effets par lesquels cette sympathie politique s
1618
sympathie politique se manifesta un peu partout,
furent
terribles et désastreux : une guerre éclata, dévastatrice, et qui dur
1619
citoyens, et même des États entiers. Cet intérêt
fut
capable de lier entre eux plusieurs États, même les plus éloignés les
1620
ique. Ainsi il cessait, sur un point important, d’
être
le citoyen d’un État particulier et d’accorder à cet unique État tout
1621
tives et une aide rapide. Ces affaires étrangères
sont
devenues actuellement des affaires intérieures et on aime à tendre un
1622
e Suédois le Belt, afin de briser les chaînes qui
furent
forgées pour l’Allemagne. Schiller est d’ailleurs l’un des premiers
1623
es qui furent forgées pour l’Allemagne. Schiller
est
d’ailleurs l’un des premiers à mettre en valeur l’unité de mœurs et l
1624
bersicht, on lit : L’Occident européen, quel que
soit
le nombre des États qui le composent, présente au xie siècle un aspe
1625
e même caractère dû à la souche unique dont elles
étaient
issues, qui se trouvaient, lors de la prise de possession du pays, à
1626
dit semblables les uns aux autres les pays qui en
furent
victimes, et qui étaient encore à l’époque si différents par leur pop
1627
ux autres les pays qui en furent victimes, et qui
étaient
encore à l’époque si différents par leur population et par leur agric
1628
ut plus le moindre rapport avec l’ancien. Si tant
est
que le climat, la nature du sol, les voisins immédiats, la situation
1629
les voisins immédiats, la situation géographique
furent
la cause de différences sensibles, que, d’autre part, les vestiges la
1630
de même reconnaître que toutes ces influences ont
été
trop faibles, trop lentes, trop peu marquées pour effacer ou transfor
1631
ue complète de relations réciproques. Si nombreux
soient
les siècles qui ont passé sur ces peuples, si grands les changements
1632
es changements qui auraient dû s’opérer ou qui se
sont
réellement opérés à l’intérieur de ces pays, par suite de tant de nou
1633
ifiée par leurs ancêtres. Actuellement encore ils
sont
là, tels qu’ils furent en leur patrie scythe, dans un état d’indépend
1634
res. Actuellement encore ils sont là, tels qu’ils
furent
en leur patrie scythe, dans un état d’indépendance sauvage, armés pou
1635
à Goethe, le 26 janvier 1798 : Entre-temps je me
suis
passé le temps en lisant le voyage de Niebuhr et Volney en Syrie et e
1636
ellement pour la première fois quel bienfait nous
est
échu d’être nés en Europe. Il est véritablement incompréhensible que
1637
ur la première fois quel bienfait nous est échu d’
être
nés en Europe. Il est véritablement incompréhensible que la force viv
1638
l bienfait nous est échu d’être nés en Europe. Il
est
véritablement incompréhensible que la force vivifiante en l’homme n’a
1639
ent absolument pas en ligne de compte pour ce qui
est
de la perfectibilité humaine. Je ne puis que difficilement concevoir
1640
ment belle. À quoi Goethe se borne à répondre :
Soyons
donc contents de vivre sur cette partie du globe, même si l’Europe do
1641
remous. Johann Gottlieb Fichte (1762-1814) peut
être
considéré comme le premier et le plus impitoyable théoricien du natio
1642
Fichte constate d’abord que l’expansion coloniale
est
le grand péché de l’Europe : elle est inutile et immorale — Bentham p
1643
n coloniale est le grand péché de l’Europe : elle
est
inutile et immorale — Bentham pensait de même — et c’est elle qui a p
1644
ats instables et belliqueux. Le mouvement ne peut
être
renversé tant que tous les États ne se seront pas solidifiés, ramenés
1645
peut être renversé tant que tous les États ne se
seront
pas solidifiés, ramenés à leurs « frontières naturelles », c’est-à-di
1646
uf der Höhe der Kultur steht ») et qui ne saurait
être
que la Prusse, deviendra la vraie patrie des Européens chrétiens ; il
1647
e national-socialisme et le communisme — peuvent
être
illustrées par les citations suivantes, extraites de l’ouvrage intitu
1648
149 publié en 1800. Les peuples du monde antique
étaient
séparés les uns des autres d’une manière très rigoureuse, par une fou
1649
par une foule de conditions. Pour eux l’étranger
était
un ennemi ou un barbare. On peut au contraire considérer les peuples
1650
onceptions primitives des forêts de Germanie, ils
furent
aussi liés les uns aux autres, depuis leur expansion dans les provinc
1651
nant si ces peuples qui, unis de toute manière, n’
étaient
pas séparés par ce qui d’ordinaire sépare les hommes, la constitution
1652
’empereur moderne qui, sans doute à l’origine, ne
fut
considéré que comme général de la chrétienté, devant être pour l’Égli
1653
sidéré que comme général de la chrétienté, devant
être
pour l’Église entière ce qu’étaient les patrons pour les évêchés ou l
1654
rétienté, devant être pour l’Église entière ce qu’
étaient
les patrons pour les évêchés ou les couvents, — commencèrent à avoir
1655
ions proprement politiques… Les États modernes se
sont
ainsi formés ; — non, comme on a coutume de décrire dans la doctrine
1656
ie. Ainsi les divers États de l’Europe chrétienne
sont
de ces morceaux détachés de l’ancien ensemble, déterminés en grande p
1657
poque de cette unité de l’Europe chrétienne que s’
est
formé aussi, entre autres, le système commercial qui, tout au moins e
1658
l qui, tout au moins en ses traits fondamentaux s’
est
maintenu jusqu’à aujourd’hui. Chaque partie de ce grand Tout et chaqu
1659
tout, le commerce des Européens entre eux devait
être
libre. Il est facile de faire l’application à l’état actuel des chose
1660
rce des Européens entre eux devait être libre. Il
est
facile de faire l’application à l’état actuel des choses. Si toute l’
1661
ec les colonies et les places de commerce qui s’y
sont
ajoutées dans les autres parties du monde, forme encore un tout, alor
1662
parties entre elles doit rester libre, comme il l’
était
à l’origine. Si elle est au contraire divisée en plusieurs États sous
1663
ster libre, comme il l’était à l’origine. Si elle
est
au contraire divisée en plusieurs États sous divers gouvernements, el
1664
sieurs États sous divers gouvernements, elle doit
être
divisée de même en plusieurs États commerciaux complètement fermés. N
1665
ts du tout pendant un long espace de temps. On en
est
encore à la période des essais pour en former. De plus, on a jusqu’ic
1666
acun dans la propriété qui lui revient. Or ceci n’
est
possible que si l’anarchie commerciale est supprimée, comme on suppri
1667
ceci n’est possible que si l’anarchie commerciale
est
supprimée, comme on supprime peu à peu l’anarchie politique et si l’É
1668
t se ferme, en tant qu’État commercial comme il s’
est
fermé en ce qui concerne sa législation et sa fonction de juge.150
1669
se lamenter sur la division de l’Europe ? Non, il
serait
vain de « déplorer l’inévitable » : Si l’on veut supprimer la guerre
1670
des citoyens, c’est-à-dire tout l’or et l’argent,
sera
retirée de la circulation et échangée contre une nouvelle monnaie nat
1671
a moins besoin de ces marchandises qui ne peuvent
être
produites en leur pureté ni remplacées par des succédanés dans le pay
1672
’introduction et l’usage des marchandises où il n’
est
tenu compte que de l’opinion, peuvent même être interdits sur le cham
1673
n’est tenu compte que de l’opinion, peuvent même
être
interdits sur le champ. Le besoin de ces marchandises importées de l’
1674
lles-mêmes ou leurs succédanés, doivent désormais
être
produits dans le pays, car la production et la fabrication à l’intéri
1675
ur, dirigées méthodiquement et rationnellement, n’
étant
plus abandonnées à l’aveugle hasard, se développent constamment et ai
1676
constamment et ainsi les produits de l’extérieur
sont
remplacés par ceux de l’intérieur. L’exportation également doit dimin
1677
à acquérir une prépondérance commerciale, ce qui
est
une tendance dangereuse, mais à rendre la nation entièrement indépend
1678
entièrement indépendante et autonome.152 Ce ne
sont
pas seulement les échanges commerciaux qu’il faut supprimer, mais aus
1679
hors de l’État commercial fermé : il ne doit pas
être
permis plus longtemps à une vaine curiosité et à la recherche de dist
1680
r aux frais de l’État savants et artistes.153 Il
est
évident que dans une nation ainsi fermée, dont les membres ne vivent
1681
qui aime avec dévouement la patrie et tout ce qui
est
de la patrie, l’honneur national se développera très vite, à un degré
1682
nsi qu’un caractère national nettement marqué. Ce
sera
une autre nation, absolument nouvelle. Cette introduction d’une monna
1683
le. Cette introduction d’une monnaie nationale en
est
véritablement la création… Un seul lien devra subsister entre les pe
1684
ur tout le reste, leur division en peuples divers
sera
achevée. Elle seule demeure leur propriété commune, après qu’ils ont
1685
culières. Les trésors des littératures étrangères
seront
importés par des académies rétribuées et échangés contre ceux du pays
1686
des 150 ans qui allaient suivre. Et cependant, il
serait
injuste de considérer Fichte sous le seul aspect d’un précurseur de l
1687
sent pour seule vraie patrie que cette Europe qui
est
leur terre commune, et d’une extrémité à l’autre du continent, ils ne
1688
genre humain tout entier, qui habite notre globe,
sera
réuni par les institutions de l’unique République universelle de la c
1689
cience et libérée de tout impérialisme. Nous n’en
sommes
pas si loin, dans cette seconde moitié du xxe siècle … Cependant le
1690
et au monde que Fichte ne pouvait l’imaginer : ne
fût
-ce que par la collusion de la science et des nationalismes… Johann Go
1691
ations sur le destin des civilisations. Son œuvre
est
l’une des plus riches en jugements et en fécondes hypothèses contradi
1692
n Voltaire pouvait la définir : L’Europe entière
est
une République des savants qui, d’une part grâce à une grande rivalit
1693
rniers, grâce à des ressources précieuses qu’elle
est
allée chercher sur toute la surface de la Terre, a su se donner une f
1694
stitution politique de l’Europe. Les États qui ne
sont
jamais entrés dans ce conflit, ne comptent pour ainsi dire pas.155
1695
» de Schlegel à Spengler en passant par Hegel :
Est
-ce le Nord ou le Sud, le Levant ou le Couchant qui a été la « vagina
1696
le Nord ou le Sud, le Levant ou le Couchant qui a
été
la « vagina hominum » ? Quelle est l’origine de l’espèce humaine, des
1697
Couchant qui a été la « vagina hominum » ? Quelle
est
l’origine de l’espèce humaine, des inventions, des arts et des religi
1698
Faut-il croire que le genre humain a émigré de l’
est
vers le nord, pour s’y reproduire dans les montagnes du froid, mû par
1699
ses mœurs et sa conception de la justice. S’il en
est
ainsi, je vois deux courants : l’un, venu d’Orient, passe par la Grèc
1700
l’Europe où il submerge l’autre courant… S’il en
est
ainsi, le troisième courant ne viendra-t-il pas d’Amérique et le dern
1701
ent un jour contre elle : Nous autres Européens…
sommes
en train de forger les chaînes avec lesquelles vous nous traînerez, q
1702
yeux de Herder — et à cette date déjà — l’Europe
est
en train de trahir sa mission mondiale. Dans le recueil intitulé Adra
1703
voir comme entité fermée ou monade autonome. Elle
est
fonctionnellement liée au monde. Il le dit en une phrase décisive, do
1704
l’Histoire du Genre Humain (1797) dont le succès
fut
immense à l’époque. Quoique centrée sur l’Europe, comme l’indique son
1705
en Menschheit) cette vue générale ne laisse pas d’
être
pessimiste. Selon Heinz Gollwitzer, J. von Müller « fut le premier gr
1706
ssimiste. Selon Heinz Gollwitzer, J. von Müller «
fut
le premier grand esprit allemand qui ait pleinement saisi et parfois
1707
, et il pressentait que l’avenir appartiendrait «
soit
à la Russie soit à l’Amérique ». Voici le tableau qu’il donne de l’ét
1708
it que l’avenir appartiendrait « soit à la Russie
soit
à l’Amérique ». Voici le tableau qu’il donne de l’état des puissances
1709
… Parmi les puissances de la seconde classe, qui
tiennent
l’équilibre de la liberté européenne, l’empereur, la Russie et la Pru
1710
té européenne, l’empereur, la Russie et la Prusse
sont
par le nombre et l’excellence de leurs troupes, naturellement les pri
1711
des Potentats. À la tête des puissances barbares
est
le Padisha ; l’Europe n’a point de relations avec les Cours d’Asie ;
1712
’Asie ; en Afrique, Alger, Tunis, Tripoli, Maroc,
sont
dignes de remarque. On peut traiter de la Suisse et des rois de Sarda
1713
de Portugal après la maison de Bourbon, dont l’un
est
censé d’être allié ; et dont les liaisons peuvent seules faire valoir
1714
après la maison de Bourbon, dont l’un est censé d’
être
allié ; et dont les liaisons peuvent seules faire valoir les droits o
1715
pire, la Pologne, quelques États d’Italie peuvent
être
considérés après les trois puissances qui tiennent l’équilibre, parce
1716
nt être considérés après les trois puissances qui
tiennent
l’équilibre, parce que leur alliance peut contribuer surtout à gêner
1717
isoit valoir ses prodigieuses ressources.161 On
est
frappé par la complication et la fragilité de ces divers groupes de p
1718
ité de ces divers groupes de puissances censées «
tenir
l’équilibre de la liberté européenne ». Elles évoquent la page dans l
1719
, rappelait cette maison décrite par Swift et qui
était
bâtie d’une manière si conforme au seul principe d’équilibre que lors
1720
sur son toit, elle s’écroula. D’ailleurs, Müller
est
surtout intéressant par ses essais de comparaison globale des civilis
1721
isations. À cet égard, le Résumé du ixe Discours
est
très typique de cette apparition d’une conscience de l’Europe-dans-le
1722
e, quand les nations contenues l’une par l’autre,
furent
forcées à tirer de leur sol, ce qu’ils auraient mieux aimé conquérir.
1723
oppement de l’esprit humain. Toutes les religions
sont
venues de l’Orient ; le sentiment y est plus vif, plus élevé ; ces co
1724
eligions sont venues de l’Orient ; le sentiment y
est
plus vif, plus élevé ; ces connoissances intuitives ou adaptées au se
1725
Orientaux plus de cette énergie momentanée. Nous
sommes
au milieu du Drame qu’ont ouvert les Géans du Nord, les destructeurs
1726
rd, les destructeurs de l’ancien Empire. 148.
Soyez
embrassés, ô millions. Par ce baiser du monde entier ! Frères, au-del
1727
u toute idée d’hégémonie européenne, estima qu’il
était
temps « de substituer aux formes surannées de la vieille Europe un no
1728
s le titre de « Tableau de l’Europe »163 : Ce ne
seront
plus des forces égales qui, par leur opposition, se maintiendront en
1729
issance prépondérante, trop forte désormais, pour
être
attaquée et trop grande pour avoir besoin de s’étendre, tiendra tout
1730
ée et trop grande pour avoir besoin de s’étendre,
tiendra
tout en paix autour d’elle… Désormais la France sera le point d’appui
1731
a tout en paix autour d’elle… Désormais la France
sera
le point d’appui sur lequel reposera l’Europe entière. C’était le te
1732
des mesures déclarait : Quelle circonstance peut
être
plus favorable à leur adoption, que celle, où Napoléon le Grand réuni
1733
Friedrich Richter, 1763-1825). Cet enthousiaste a
été
jusqu’à louer l’empereur d’avoir tenté de transformer le continent to
1734
rope comme sa véritable patrie, et l’Allemagne en
serait
le cœur. Ainsi dans ce passage qui rappelle si curieusement la descri
1735
le centre géographique de l’Europe, mais elle en
est
aussi le centre moral. À juste titre, on la représente souvent sur l’
1736
œur, tandis que mainte autre partie de l’Europe n’
est
que la tête ou le bras avec le poing. Ce bon cœur si honnête que pres
1737
r l’Europe qu’au temps de Sainte-Hélène, quand il
était
trop tard. Ce n’est pas exact. Si l’Acte additionnel aux Constitution
1738
de Sainte-Hélène, quand il était trop tard. Ce n’
est
pas exact. Si l’Acte additionnel aux Constitutions de l’Empire, rédig
1739
ns de l’Empire, rédigé au retour de l’île d’Elbe,
fut
comme on sait l’œuvre de Benjamin Constant, son préambule porte les m
1740
ner toute l’étendue et toute la stabilité dont il
était
susceptible, nous avions ajourné l’établissement de plusieurs institu
1741
ite pour l’Europe. À la question de savoir ce qui
fût
advenu s’il était sorti victorieux de la campagne de Russie, Napoléon
1742
e. À la question de savoir ce qui fût advenu s’il
était
sorti victorieux de la campagne de Russie, Napoléon répond : La paix
1743
ous. Le système européen se trouvait fondé ; il n’
était
plus question que de l’organiser. Satisfait sur ces grands points, et
1744
is eu aussi mon Congrès et ma Sainte-Alliance. Ce
sont
des idées qu’on m’a volées. Dans cette réunion de tous les souverains
1745
n même peuple, et chacun en voyageant, partout se
fût
trouvé toujours dans la patrie commune. Il eût demandé toutes les ri
1746
uté des mers ; que les grandes armées permanentes
fussent
réduites désormais à la seule garde des souverains, etc., etc. Dans
1747
nations : Une de mes plus grandes pensées avait
été
l’agglomération, la concentration des mêmes peuples géographiques, qu
1748
ps de nation. C’est avec un tel cortège qu’il eût
été
beau de s’avancer dans la postérité et la bénédiction des siècles. Je
1749
ire ! Après cette simplification sommaire, il eût
été
plus possible de se livrer à la chimère du beau idéal de la civilisat
1750
l grand et magnifique spectacle ! … Quoi qu’il en
soit
, cette agglomération arrivera tôt ou tard, par la force des choses, l
1751
tôt ou tard, par la force des choses, l’impulsion
est
donnée, et je ne pense pas qu’après ma chute et la disparition de mon
1752
org und J. v. Müller, Frauenfeld, 1893. La lettre
est
de 1804. 163. Numéro du 2 janvier 1806. 164. Marquis de Laplace : E
1753
ibre possible » après la chute de son empire, eût
été
la fédération. De fait, l’équilibre impossible de la Sainte-Alliance
1754
ait, l’équilibre impossible de la Sainte-Alliance
fut
imposé par des souverains qui, très loin d’« embrasser de bonne foi l
1755
és par les quatre cours de la part desquelles ils
sont
munis de pleins pouvoirs, mais se trouvant chargés de traiter la paix
1756
désolé le monde, les Hautes Parties contractantes
sont
convenues entre elles d’en étendre la durée de vingt ans, à date du j
1757
de toute la force de la ligue européenne… La paix
sera
celle de l’Europe, toute autre est inadmissible. Extrait de l’Acte d
1758
enne… La paix sera celle de l’Europe, toute autre
est
inadmissible. Extrait de l’Acte de reconnaissance de la neutralité d
1759
ue la neutralité et l’inviolabilité de la Suisse…
sont
dans les vrais intérêts de l’Europe tout entière. Et Metternich lui-
1760
Traités, déclarait : Depuis longtemps, l’Europe
est
pour moi une patrie. Toute l’Europe se mit donc à parler de l’Europe
1761
voulu la faire. Mais ce concert des Intellectuels
est
aussi discordant que celui des Puissances se prétend harmonieux. Troi
1762
is l’idée de l’Europe comme formant un ensemble n’
est
pas seulement dans le titre : elle est le sous-entendu de l’ouvrage e
1763
ensemble n’est pas seulement dans le titre : elle
est
le sous-entendu de l’ouvrage entier. Napoléon, c’est l’esprit de conq
1764
lités locales, écrasées par l’État-nation167. Il
est
assez remarquable que l’uniformité n’ait jamais rencontré plus de fav
1765
de la liberté des hommes. L’esprit systématique s’
est
d’abord extasié sur la symétrie. L’amour du pouvoir a bientôt découve
1766
voulu remplacer par une passion factice envers un
être
abstrait, une idée générale, dépouillée de tout ce qui frappe l’imagi
1767
les matériaux qu’ils devaient employer. Peu s’en
est
fallu qu’ils ne désignassent par des chiffres les cités et les provin
1768
ce qui leur donne l’apparence, même trompeuse, d’
être
constitués en corps de nation, et réunis par des hens particuliers. O
1769
is par des hens particuliers. On sent que s’ils n’
étaient
arrêtés dans le développement de cette inclination innocente et bienf
1770
e, d’honneur de ville, d’honneur de province, qui
serait
à la fois une jouissance et une vertu. Mais la jalousie de l’autorité
1771
prêt à éclore. L’attachement aux coutumes locales
tient
à tous les sentiments désintéressés, nobles et pieux. Quelle politiqu
1772
là vont s’agiter toutes les ambitions : le reste
est
immobile. Les individus, perdus dans un isolement contre nature, étra
1773
Plans antérieurs, il se fonde sur l’économie. Il
est
le vrai précurseur de la tendance institutionnaliste du xxe siècle,
1774
, qu’on appela équilibre des puissances. L’Europe
fut
partagée en deux confédérations qu’on s’efforçait de maintenir égales
1775
titutionnellement ; car deux ligues d’égale force
sont
nécessairement rivales, et il n’y a pas de rivalités sans guerres. Dè
1776
; car depuis le traité de Westphalie la guerre a
été
l’état habituel de l’Europe… L’Europe a formé autrefois une société c
1777
s communes, soumise à un gouvernement général qui
était
aux peuples ce que les gouvernements nationaux sont aux individus : u
1778
it aux peuples ce que les gouvernements nationaux
sont
aux individus : un pareil état de choses est le seul qui puisse tout
1779
aux sont aux individus : un pareil état de choses
est
le seul qui puisse tout réparer. Je ne prétends pas sans doute qu’on
1780
l’Europe de ses débris inutiles : le xixe siècle
est
trop loin du xiiie . Une constitution, forte par elle-même, appuyée s
1781
tout se décide par la force. Vouloir que l’Europe
soit
en paix par des traités et des congrès, c’est vouloir qu’un corps soc
1782
possible, si toutes les nations qu’elle renferme,
étant
gouvernées chacune par un parlement, reconnaissaient la suprématie d’
1783
esti du pouvoir de juger leurs différens. … Il en
est
du gouvernement européen, comme des Gouvernemens nationaux, il ne peu
1784
rêts de l’Europe, au lieu des intérêts nationaux,
sera
pour ceux qui doivent former le parlement européen, un fruit nécessai
1785
éen, un fruit nécessaire de son établissement. Il
est
vrai ; mais aussi ce sont les hommes qui font l’institution, et l’ins
1786
de son établissement. Il est vrai ; mais aussi ce
sont
les hommes qui font l’institution, et l’institution ne peut s’établir
1787
ve tout formés d’avance, ou du moins préparés à l’
être
. C’est donc une nécessité de n’admettre dans la chambre des députés d
1788
s habitudes natales, des travaux dont l’utilité n’
est
point bornée aux usages nationaux, et se répand sur tous les peuples,
1789
ges nationaux, et se répand sur tous les peuples,
sont
plus capables d’arriver bientôt à cette généralité de vues qui doit ê
1790
river bientôt à cette généralité de vues qui doit
être
l’esprit de corps, à cet intérêt général qui doit être l’intérêt de c
1791
l’esprit de corps, à cet intérêt général qui doit
être
l’intérêt de corps du parlement européen. Des négocians, des savans,
1792
ns, des magistrats et des administrateurs doivent
être
appelés seuls à composer la chambre des députés du grand parlement. E
1793
d’intérêts communs à la société européenne, peut
être
rapporté aux sciences, aux arts, à la législation, au commerce, à l’a
1794
lions d’hommes sachant lire et écrire, la chambre
sera
composée de deux-cent-quarante membres. Les élections de chacun des m
1795
r la corporation à laquelle il appartiendra. Tous
seront
nommés pour dix années… Toute question d’intérêt général de la socié
1796
estion d’intérêt général de la société européenne
sera
portée devant le grand parlement, et examinée et résolue par lui. Il
1797
and parlement, et examinée et résolue par lui. Il
sera
le seul juge des contestations qui pourront s’élever entre les Gouvem
1798
’une utilité générale pour la société européenne,
seront
dirigées par le grand parlement : ainsi, par exemple, il joindra par
1799
moyen de maintenir la paix dans la confédération
sera
de la porter sans cesse hors d’elle-même, et de l’occuper sans relâch
1800
eurs. Peupler le globe de la race européenne, qui
est
supérieure à toutes les autres races d’hommes ; le rendre voyageable
1801
inuellement exercer l’activité de l’Europe, et la
tenir
toujours en haleine. L’instruction publique dans toute l’Europe, sera
1802
eine. L’instruction publique dans toute l’Europe,
sera
mise sous la direction et la surveillance du grand parlement. Un code
1803
rale tant générale que nationale et individuelle,
sera
rédigé par les soins du grand parlement, pour être enseigné dans tout
1804
era rédigé par les soins du grand parlement, pour
être
enseigné dans toute l’Europe. Il y sera démontré que les principes su
1805
ent, pour être enseigné dans toute l’Europe. Il y
sera
démontré que les principes sur lesquels reposera la confédération eur
1806
ur lesquels reposera la confédération européenne,
sont
les meilleurs, les plus solides, les seuls capables de rendre la soci
1807
rendre la société aussi heureuse qu’elle puisse l’
être
, et par la nature humaine, et par l’état de ses lumières. Le grand pa
1808
ons ; mais il réprimera celles dont les principes
seraient
contraires au grand code de morale qui aura été établi. Ainsi, il y a
1809
aient contraires au grand code de morale qui aura
été
établi. Ainsi, il y aura entre les peuples européens ce qui fait le l
1810
rès de grands efforts et de grands travaux, je me
suis
placé du point de vue de l’intérêt commun des peuples européens. Ce p
1811
l’intérêt commun des peuples européens. Ce point
est
le seul duquel on puisse apercevoir et les maux qui nous menacent et
1812
urs de l’esprit humain nous emporte ! mais lequel
est
le plus digne de la prudence de l’homme ou de s’y traîner, ou d’y cou
1813
ope (audax Japeti genus, comme l’écrivait Horace)
est
à la tête de l’humanité, il n’en énonce pas moins les prophéties les
1814
omte de Marcellus) : « Je meurs avec l’Europe, je
suis
en bonne compagnie. » Dans son livre intitulé Du pape 168, publié deu
1815
iberté sur l’Asie et le despotisme : L’univers s’
est
partagé en deux systèmes d’une diversité tranchante. La race audacie
1816
te. La race audacieuse de Japhet n’a cessé, s’il
est
permis de s’exprimer ainsi, de graviter vers ce qu’on appelle la libe
1817
té, c’est-à-dire vers cet État où le gouvernement
est
aussi peu gouvernant, et le gouverné aussi peu gouverné qu’il est pos
1818
uvernant, et le gouverné aussi peu gouverné qu’il
est
possible. Toujours en garde contre ses maîtres, tantôt l’Européen les
1819
Faites tout ce que vous voudrez, et lorsque nous
serons
las, nous vous égorgerons. Du reste, elle n’a jamais pu ni voulu comp
1820
lèges, à toutes ces lois fondamentales, dont nous
sommes
si fiers. Chez elle, l’homme le plus riche et le plus maître de ses a
1821
de l’Afrique ; mais puisque le pouvoir chez elle
est
toujours craint, discuté, attaqué ou transporté ; puisqu’il n’y a rie
1822
ement despotique, le plus grand problème européen
est
donc de savoir : Comment on peut restreindre le pouvoir souverain san
1823
ndre le pouvoir souverain sans le détruire. On s’
est
demandé si le vrai but du livre n’était pas de ramener à l’obédience
1824
uire. On s’est demandé si le vrai but du livre n’
était
pas de ramener à l’obédience de Rome l’empereur Alexandre Ier. Pour u
1825
se soumettre. Pour les premiers, le retour à Rome
serait
le seul moyen de « s’élever au plus haut niveau de la culture europée
1826
ar, dit-il, « la moitié (protestante) de l’Europe
est
sans religion ». Bien plus, à l’en croire : Le plus grand ennemi de
1827
’il importe d’étouffer par tous les moyens qui ne
sont
pas des crimes, l’ulcère funeste qui s’attache à toutes les souverain
1828
uis XVI, la baronne de Staël-Holstein (1766-1817)
est
aux antipodes spirituels de son voisin de Chambéry, le ministre savoy
1829
y, le ministre savoyard du roi de Sardaigne. Elle
est
née pour unir, pour admirer, Maistre pour provoquer et jeter l’anathè
1830
te la paix, pendant que lui profère que la guerre
est
divine ; elle voit dans le catholicisme et le protestantisme deux bes
1831
dans la Réforme que l’ennemi juré de l’unité. Ne
serait
-ce pas qu’il se fait de l’unité la même idée formelle et coercitive q
1832
oercitive que les jacobins exécrés ? Mme de Staël
est
de l’école fédéraliste, qui est aussi œcuménique : Il y a dans l’esp
1833
és ? Mme de Staël est de l’école fédéraliste, qui
est
aussi œcuménique : Il y a dans l’esprit humain deux forces très dist
1834
lui d’examiner. L’une de ces facultés ne doit pas
être
satisfaite aux dépens de l’autre : le protestantisme et le catholicis
1835
le catholicisme existent dans le cœur humain ; ce
sont
des puissances morales qui se développent dans les nations, parce qu’
1836
, politique et morale ; mais avant que ce miracle
soit
accompli, tous les hommes qui ont un cœur et qui lui obéissent, doive
1837
ondant ainsi l’Europe ? La religion chrétienne a
été
le lien des peuples du Nord et du Midi ; elle a fondu, pour ainsi dir
1838
nt le caractère des hommes éclairés. Ce mélange s’
est
fait lentement, sans doute. La providence éternelle prodigue les sièc
1839
nfin les vainqueurs et les vaincus ont fini par n’
être
plus qu’un même peuple dans les divers pays de l’Europe et la religio
1840
les Maurras) la « trouée » par laquelle la France
fut
ouverte au renouveau de la pensée européenne, initié par le génie des
1841
t des Herder. Son ouvrage intitulé De l’Allemagne
est
un acte européen dont les conséquences se révéleront plus amples que
1842
diversités, et nul homme, quelque supérieur qu’il
soit
, ne peut deviner ce qui se développe naturellement dans l’esprit de c
1843
Souvent ils n’ont entre eux aucune relation ; ils
sont
dispersés souvent à des grandes distances l’un de l’autre ; mais quan
1844
un mot suffit pour qu’ils se reconnaissent. Ce n’
est
pas telle religion, telle opinion, tel genre d’étude, c’est le culte
1845
qui ranime la religion et la poésie ; enfin, ils
sont
vraiment le peuple de Dieu, ces hommes qui ne désespèrent pas encore
1846
remier rang ; le génie, dans quelque genre que ce
soit
, est un phénomène tellement rare, que si chaque nation moderne en éta
1847
rang ; le génie, dans quelque genre que ce soit,
est
un phénomène tellement rare, que si chaque nation moderne en était ré
1848
e tellement rare, que si chaque nation moderne en
était
réduite à ses propres trésors, elle serait toujours pauvre. D’ailleur
1849
erne en était réduite à ses propres trésors, elle
serait
toujours pauvre. D’ailleurs, la circulation des idées est, de tous le
1850
ours pauvre. D’ailleurs, la circulation des idées
est
, de tous les genres de commerce, celui dont les avantages sont les pl
1851
les genres de commerce, celui dont les avantages
sont
les plus certains.171 On va retrouver l’écho de cet œcuménisme ou f
1852
ionnel aux Constitutions de l’Empire, dans lequel
est
affirmée expressément la volonté de créer une fédération européenne.
1853
impériale lors de son impression en 1810, ne put
être
publié en France qu’en 1814. 171. Op. cit., t. XVII, De l’esprit de
1854
6.Goethe Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832)
est
inclassable : il mérite à lui seul un chapitre. Dans les 143 volumes
1855
trouve peu de choses sur l’Europe : c’est qu’elle
est
implicite dans tout ce qu’a pensé Goethe, et tellement immanente à sa
1856
en France que dans son Allemagne. Mais lorsqu’il
est
amené à confronter l’Europe à d’autres civilisations, l’Orient dans l
1857
que de la formule créatrice de l’Europe. Rien ne
serait
moins goethéen qu’un « nationalisme européen », rien de plus contrair
1858
anité. Qu’il n’ait pas eu lieu jusqu’ici, cela ne
tient
à rien d’autre qu’au fait que la communauté internationale n’a pas en
1859
e il en existe dans les relations privées, et qui
soient
capables de fondre en un tour plus ou moins harmonieux les innombrabl
1860
les innombrables diversités individuelles.172 Il
est
très agréable qu’actuellement, en raison des relations étroites entre
1861
la possibilité de nous corriger l’un l’autre. Tel
est
le grand profit qu’apporte une littérature universelle et qui se révé
1862
ue de cette époque. Mais en estimant ainsi ce qui
est
étranger, nous ne devons pas nous attacher à quelque chose de particu
1863
et vouloir le considérer comme un modèle, que ce
soit
la littérature chinoise, ou serbe, que ce soit Calderon ou les Nibelu
1864
ce soit la littérature chinoise, ou serbe, que ce
soit
Calderon ou les Nibelungen ; mais quand nous avons besoin d’un modèle
1865
e patriotique. L’un et l’autre, comme tout ce qui
est
haut et bon, appartiennent au monde entier175. … La haine nationale e
1866
tiennent au monde entier175. … La haine nationale
est
quelque chose de singulier. Vous la trouverez toujours plus forte et
1867
dente aux degrés inférieurs de la culture. Or, il
est
un degré où elle disparaît complètement et où l’on est en quelque sor
1868
n degré où elle disparaît complètement et où l’on
est
en quelque sorte au-dessus des nations, où l’on sent le bonheur et le
1869
degré de culture répondait à ma nature et je m’y
étais
solidement fixé longtemps avant d’être parvenu à la soixantaine176.
1870
et je m’y étais solidement fixé longtemps avant d’
être
parvenu à la soixantaine176. C’est la culture qui a fait la véritabl
1871
ans le sens de l’union : L’Europe — dit Goethe —
était
autrefois l’une des plus extraordinaires républiques qui ait jamais e
1872
républiques qui ait jamais existé, et sa ruine a
été
due au fait qu’une de ses parties a voulu devenir ce qu’était le tout
1873
fait qu’une de ses parties a voulu devenir ce qu’
était
le tout, à savoir la France, qui voulut devenir République177. Nous p
1874
l’unité de l’Allemagne et dîmes en quel sens elle
est
possible et désirable. « Je ne crains pas, dit Goethe, que l’Allemagn
1875
et nos chemins de fer feront le reste. … Qu’elle
soit
une dans l’affection des uns pour les autres et contre l’ennemi du de
1876
les autres et contre l’ennemi du dehors… Qu’elle
soit
une en ce que ma malle puisse circuler à travers les trente États san
1877
e puisse circuler à travers les trente États sans
être
ouverte… Qu’elle soit une dans les poids et les mesures, dans le comm
1878
avers les trente États sans être ouverte… Qu’elle
soit
une dans les poids et les mesures, dans le commerce et l’échange, etc
1879
es, dans le commerce et l’échange, etc. Par quoi
est
-elle grande, sinon par cette culture du peuple, … qui a également imp
1880
avaux — qu’il glorifie à la fin du Second Faust —
sont
aussi pour lui une promesse d’union des peuples. Il s’enthousiasme à
1881
: J’aimerais vivre assez pour le voir, mais ce n’
est
pas possible. J’aimerais voir aussi une communication s’établir entre
1882
la culture. (Une fois de plus, le stade politique
est
survolé). Mais il ne se résout pas à choisir entre les deux mondes. T
1883
us portons tous plutôt mal. Nos conditions de vie
sont
trop artificielles et trop compliquées, notre nourriture et notre gen
1884
mpliquées, notre nourriture et notre genre de vie
sont
trop éloignés de la saine nature et nos relations sociales manquent d
1885
s manquent de charité et de bienveillance. Chacun
est
distingué et poli, mais personne n’a le courage d’être sincère et vra
1886
distingué et poli, mais personne n’a le courage d’
être
sincère et vrai, de sorte qu’un honnête homme, avec des tendances et
1887
e, avec des tendances et des sentiments naturels,
est
mal à sa place parmi nous. Souvent on souhaiterait d’être un de ces s
1888
à sa place parmi nous. Souvent on souhaiterait d’
être
un de ces soi-disant sauvages nés dans les îles des mers du Sud, pour
1889
s vers fameux sur l’Amérique : Amerika, du hast
es
besser als unser Kontinent, der alte, hast keine verfallene Schlösser
1890
autre a décidé de revenir à l’Europe, après avoir
été
élevé en Amérique par ses parents, émigrés de la première génération.
1891
. Au commencement du xviiie siècle, les esprits
étaient
vivement portés vers l’Amérique, parce que tout homme qui se sentait
1892
it trouver la liberté sur l’autre bord ; cet élan
était
entretenu par l’espérance des belles possessions qu’on pouvait obteni
1893
qu’on pouvait obtenir, avant que la population se
fût
étendue vers l’Occident. De vastes territoires, sous le nom de comtés
1894
nt. De vastes territoires, sous le nom de comtés,
étaient
encore à vendre aux limites des terres habitées. Le père de notre vie
1895
s terres habitées. Le père de notre vieillard s’y
était
fait lui-même un établissement considérable. Mais les sentiments des
1896
sement considérable. Mais les sentiments des fils
sont
souvent en opposition avec ceux des pères, et cela se vit encore dans
1897
pas de châteaux en ruines Pas de basalte. Et tu n’
es
pas, au plus intime Des heures vitales Troublée par de vains souvenir
1898
maturée de son auteur. Mais si son influence ne s’
est
pas exercée sur la première génération des romantiques, il n’en expri
1899
s, catholiques de naissance ou néophytes comme le
fut
Novalis lui-même : Schlegel, Schelling, Görres, Baader, Adam Müller,
1900
nes à la Nuit — qui a toujours fasciné Novalis, n’
est
pas seulement une vision utopique du passé, jetée à la face du présen
1901
Belle et brillante époque, que celle où l’Europe
était
une terre chrétienne, où une seule et unique chrétienté habitait ce c
1902
étruite avait pris sa revanche, et Rome elle-même
était
devenue la Jérusalem nouvelle, le siège sacré du gouvernement divin s
1903
e les murailles solitaires des monastères… … Tels
étaient
les beaux traits essentiels de ces temps véritablement catholiques ou
1904
itablement catholiques ou chrétiens. L’humanité n’
était
pas encore assez mûre ni tout à fait formée pour ce royaume de splend
1905
s le poids de la vie temporelle, dont le souvenir
fut
effacé par des soucis égoïstes et dont le lien, plus tard décrié comm
1906
sion et jugé d’après des expériences ultérieures,
fut
déchiré pour toujours par une grande partie des Européens. Ce grand s
1907
eur, qu’accompagnèrent des guerres destructrices,
fut
une démonstration remarquable de la nocivité de la culture pour le se
1908
nécessaire de leur action, ils séparèrent ce qui
est
inséparable, divisèrent l’Église indivisible et s’arrachèrent crimine
1909
elle des chrétiens, par laquelle et dans laquelle
était
seule possible une véritable et durable renaissance… La Réforme a son
1910
désormais. Catholiques et protestants ou réformés
sont
plus éloignés les uns des autres, dans leur isolement sectaire, qu’il
1911
utres, dans leur isolement sectaire, qu’ils ne le
sont
des musulmans et des païens. Les derniers États catholiques continuèr
1912
holique, transformé en un trône… La Réforme avait
été
un signe des temps. Elle importait à toute l’Europe, bien qu’elle n’e
1913
t libre. Les bons esprits de toutes les nations s’
étaient
secrètement émancipés, et pleins du sentiment illusoire de leur vocat
1914
lus d’insolence une contrainte périmée. Le savant
est
instinctivement l’ennemi du clergé dans sa forme ancienne ; la classe
1915
airement une guerre d’extermination, dès qu’elles
sont
séparées ; car elles se disputent une seule et même position. Cette s
1916
nt une seule et même position. Cette séparation s’
est
accentuée de plus en plus, et les savants gagnèrent d’autant plus de
1917
osophie et l’on comprit sous ce terme tout ce qui
était
contraire au passé, donc essentiellement tout ce qui s’attaquait à la
1918
à la religion. La haine toute particulière qui s’
était
d’abord attachée à la foi catholique devint peu à peu haine de la Bib
1919
açon très naturelle et logique à tout ce qui peut
être
objet d’enthousiasme et condamna l’imagination et le sentiment, la mo
1920
nécessairement l’homme au sommet de l’échelle des
êtres
et à faire de la musique éternelle et inépuisable de l’univers le tic
1921
qui se moud soi-même. Un seul enthousiasme avait
été
généreusement laissé à la malheureuse race humaine et rendu obligatoi
1922
es et ses mystagogues. La France eut le bonheur d’
être
le centre et le siège de cette religion nouvelle, faite de fragments
1923
fragments de savoir mal recollés. Si décriée que
fût
la poésie dans cette nouvelle Église, elle avait pourtant dans son se
1924
de les auditeurs déjà trop échauffés. Ces adeptes
étaient
sans cesse occupés à nettoyer de toute poésie la nature, le sol, les
1925
ilité mathématique et de son impudeur, la lumière
était
devenue leur favorite. Ils se félicitaient qu’elle se laissât briser
1926
c’est ainsi qu’ils nommèrent d’après elle ce qui
était
leur grande affaire, la philosophie des lumières… En l’absence des di
1927
notre temps. Le monde ancien et le monde nouveau
sont
en lutte, l’insuffisance et l’indigence des institutions politiques s
1928
nce et l’indigence des institutions politiques se
sont
manifestées dans des phénomènes terrifiants. Qui sait si, ici comme d
1929
s les sciences, la fin historique de la guerre ne
serait
point d’abord d’amener une connexion plus étroite et plus variée et u
1930
tte figure géométrique fondamentale des États, ne
serait
-elle pas le principe d’une société des États, étant l’intuition intel
1931
ait-elle pas le principe d’une société des États,
étant
l’intuition intellectuelle du moi politique ? Il est impossible que l
1932
l’intuition intellectuelle du moi politique ? Il
est
impossible que les forces de l’univers se mettent d’elles-mêmes en éq
1933
e, peut résoudre le problème. Aucune paix ne peut
être
conclue entre les puissances belligérantes, toute paix n’est qu’une i
1934
entre les puissances belligérantes, toute paix n’
est
qu’une illusion, un armistice ; du point de vue des politiciens de ca
1935
, de la conscience commune, aucune conciliation n’
est
possible. Les deux partis ont de grandes et nécessaires revendication
1936
s ont de grandes et nécessaires revendications et
sont
tenus de les faire valoir, pour obéir aux impulsions de l’esprit de l
1937
de grandes et nécessaires revendications et sont
tenus
de les faire valoir, pour obéir aux impulsions de l’esprit de l’unive
1938
e trouve pas derrière des murailles et ne saurait
être
prise d’assaut. Qui sait si la guerre n’a pas assez duré ? Mais elle
1939
âche qui consistera dans le réveil de la religion
sera
menée selon un vaste plan divin où rien ne sera négligé. Personne ne
1940
n sera menée selon un vaste plan divin où rien ne
sera
négligé. Personne ne protestera plus alors contre la contrainte chrét
1941
hrétienne ou séculière, car l’essence de l’Église
sera
la vraie liberté, et toutes les réformes bienfaisantes s’accompliront
1942
loppements politiques pacifiques et légaux. Quand
sera
-ce ou quand ne sera-ce pas ? Patience, il vient, il viendra nécessair
1943
s pacifiques et légaux. Quand sera-ce ou quand ne
sera
-ce pas ? Patience, il vient, il viendra nécessairement, l’âge sacré d
1944
cré de la paix éternelle où la Jérusalem nouvelle
sera
la capitale de l’univers. Jusque-là demeurez calmes et courageux dans
1945
e, jusque dans la mort. Josef Görres (1776-1848)
est
celui des penseurs politiques de la Restauration et du romantisme qui
1946
x jugements, difficile à citer pour tout dire, il
tient
une place qui doit être marquée dans cet ouvrage, ne fût-ce que par u
1947
citer pour tout dire, il tient une place qui doit
être
marquée dans cet ouvrage, ne fût-ce que par un aperçu de ses thèses l
1948
place qui doit être marquée dans cet ouvrage, ne
fût
-ce que par un aperçu de ses thèses les plus constantes. Comme tant d’
1949
s constantes. Comme tant d’autres Allemands, il s’
est
d’abord enthousiasmé pour la Révolution. Il écrit en 1795, dans un ou
1950
nyme sur « La République européenne » où l’Europe
est
décrite comme une création des Germains. En 1819, il salue la Sainte-
1951
tre (Du pape vient de paraître deux ans plus tôt)
sont
repris, comme on le voit, dans leur version allemande. Enfin, en 1822
1952
s la forme d’une confédération d’États. Et quels
seront
les ennemis de cet Empire germano-catholique enfin relevé ? Non pas l
1953
sentées par ces monarques. L’idée centrale paraît
être
de ramener la Russie dans le concert européen comme une hérétique rep
1954
e ses contemporains : les premiers slavophiles ne
furent
pas Russes mais Allemands ! Friedrich von Schlegel (1772-1829) publia
1955
nsée romantique. L’Asie — l’Inde en particulier —
est
la patrie de toute religion véritable mais le christianisme a fait l’
1956
« république européenne », et depuis lors, tout n’
est
que décadence. Nous ne sommes pas encore au bas de la courbe, en ce d
1957
et depuis lors, tout n’est que décadence. Nous ne
sommes
pas encore au bas de la courbe, en ce début du xixe siècle. Pourtant
1958
la terre décisive, si l’on pense que c’est ici,
étant
donné l’organisation même des forces telluriennes, que se trouve le s
1959
terre avec le mal, et que c’est donc ici que doit
être
scellé le sort de l’Humanité… La véritable Europe doit d’abord voir l
1960
e qui présidait à l’ensemble de l’empire chrétien
était
celle d’une grande autorité protectrice, partant du centre d’une puis
1961
ganisée. Si le partage de l’empire de Charlemagne
était
conforme aux usages antiques et fondé sur les droits d’héritage usité
1962
, et régnant comme un père au sein de sa famille,
fut
concilié d’une manière beaucoup moins imparfaite avec la puissante un
1963
eul roi ou empereur ; quoique là aussi l’union ne
soit
pas restée inébranlable, et que la discorde ait fini par prendre le d
1964
toutes ces choses qui se développèrent plus tard
étaient
précisément contenues en germe dans les assemblées nationales des Éta
1965
a nation et les usages de la vie ; de même qu’ils
étaient
basés sur des coutumes positives et sur le droit individuel, au lieu
1966
s positives et sur le droit individuel, au lieu d’
être
fondés sur la théorie purement spéculative d’une égalité parfaite et
1967
tique, quoique ses limites et ses attributions ne
fussent
pas aussi bien posées, aussi bien définies qu’elles l’ont été depuis,
1968
i bien posées, aussi bien définies qu’elles l’ont
été
depuis, et bien qu’elle existât à côté du pouvoir souverain et se mêl
1969
pouvoir souverain et se mêlât quelquefois à lui,
était
dès lors une puissance purement spirituelle, tout en exerçant une inf
1970
t en exerçant une influence importante et qui lui
était
particulière. Pour se convaincre que, si le sentiment reste bon et qu
1971
t, tant que cette harmonie se conserva, les temps
furent
prospères, la paix et la justice croissaient de jour en jour et les p
1972
et les peuples jouissaient du bien-être… L’Église
était
comme un toit protecteur, comme une voûte céleste qui embrassait tout
1973
ude des sciences et le développement de l’esprit,
étaient
confiés à sa sollicitude protectrice, et se distribuaient dans le cer
1974
iennes. Si la science avait peu d’étendue, elle n’
était
pas du moins ensevelie sans utilité dans les cabinets des savants, ou
1975
savants, ou dans des bibliothèques, comme elle le
fut
plus tard, comme elle l’était en partie chez les Grecs d’alors ; puis
1976
hèques, comme elle le fut plus tard, comme elle l’
était
en partie chez les Grecs d’alors ; puis elle répondait suffisamment a
1977
les uns après les autres. Le peu qu’on possédait
était
partout appliqué avec succès à la vie et employé avec la raison prati
1978
l’excellent clergé de ce temps ; car le savoir n’
était
pas encore entré en opposition hostile avec la vraie croyance et avec
1979
out le nord de l’Europe non occupé avait pu aussi
être
incorporé à l’Empire et que là aussi les nations se soient vu ravir l
1980
corporé à l’Empire et que là aussi les nations se
soient
vu ravir leur liberté et leur caractère propre et transformer avec la
1981
, cette diversité qui fait de l’Europe ce qu’elle
est
, qui lui donne l’avantage d’être le siège le plus favorable de la vie
1982
Europe ce qu’elle est, qui lui donne l’avantage d’
être
le siège le plus favorable de la vie et de la culture de l’Humanité.
1983
n’y aurait qu’une Unique Rome, dans laquelle tout
serait
dissous et fondu ; et, en lieu et place de cette copieuse histoire eu
1984
êtir un aspect si différent de l’état auquel nous
sommes
accoutumés. Avant que cette propension à la domination du monde ait p
1985
ansmettre ensuite aux Romains, l’état de l’Europe
était
à peu près le même partout. Les rudiments de la culture étaient déjà
1986
près le même partout. Les rudiments de la culture
étaient
déjà connus, l’agriculture était répandue et quelques pays avaient dé
1987
de la culture étaient déjà connus, l’agriculture
était
répandue et quelques pays avaient déjà une population relativement fo
1988
lles importantes. Dans l’ensemble d’ailleurs tout
était
particulier et sans cohésion. L’Europe était peuplée et habitée princ
1989
tout était particulier et sans cohésion. L’Europe
était
peuplée et habitée principalement par des hommes appartenant à trois
1990
ou quatre grandes nations, mais aucune d’elles n’
était
« une » ni ne formait un tout. Chacune se subdivisait en une grande q
1991
des n’entendait que très peu parler de celles qui
étaient
très éloignées, mais était en guerre avec les plus proches. … En géné
1992
parler de celles qui étaient très éloignées, mais
était
en guerre avec les plus proches. … En général, si misérable que puiss
1993
nos autres avantages, — la liberté. Cette liberté
était
favorisée et conservée par ce particularisme et cette dissémination d
1994
États et peuplades. Cette liberté originelle doit
être
considérée, par opposition à l’Asie, comme le caractère distinctif de
1995
nsi qu’une domination universelle. En Europe tout
était
originellement particularisé, par conséquent en état de lutte et de r
1996
s de sa propre liberté. L’Asie, pourrait-on dire,
est
le pays de l’unité, où tout s’épanouit en grandes masses et dans des
1997
s circonstances on ne peut plus simples. L’Europe
est
le pays de la liberté, c’est-à-dire de la formation, par la rivalité
1998
et différentes l’une de l’autre. Cette diversité
est
devenue, tout au long des siècles, le caractère distinctif de la form
1999
r, même après que de plus grands États et nations
furent
constitués, ce qu’il y a d’essentiel dans ce caractère originel est r
2000
qu’il y a d’essentiel dans ce caractère originel
est
resté intact. Et dans ses Vorlesungen über Karl V (15e leçon), il dé
2001
entir que le héros et le défenseur d’une époque n’
était
plus, époque à laquelle allait succéder, d’autant plus sûrement que c
2002
prit. Le terme ultime de ce grandiose processus n’
est
autre que l’Europe « vraiment fin de l’Histoire », éminemment représe
2003
e les Orientaux ont su seulement qu’un seul homme
était
libre, — que le monde grec et romain a su que quelques-uns étaient li
2004
que le monde grec et romain a su que quelques-uns
étaient
libres, — mais que nous savons que tous les hommes sont libres, que l
2005
ibres, — mais que nous savons que tous les hommes
sont
libres, que l’homme en tant qu’homme est libre. Ces stades dans la co
2006
hommes sont libres, que l’homme en tant qu’homme
est
libre. Ces stades dans la connaissance de la Liberté constituent la d
2007
nous l’étudierons… L’Histoire universelle va de l’
est
à l’ouest, car l’Europe est vraiment la fin de l’Histoire, dont l’Asi
2008
e universelle va de l’est à l’ouest, car l’Europe
est
vraiment la fin de l’Histoire, dont l’Asie est le commencement. Pour
2009
pe est vraiment la fin de l’Histoire, dont l’Asie
est
le commencement. Pour l’Histoire universelle, il existe un Est en soi
2010
cement. Pour l’Histoire universelle, il existe un
Est
en soi, κατ`έξοχήν, l’Est pour-soi étant quelque chose de tout relati
2011
iverselle, il existe un Est en soi, κατ`έξοχήν, l’
Est
pour-soi étant quelque chose de tout relatif ; car, quoique la Terre
2012
existe un Est en soi, κατ`έξοχήν, l’Est pour-soi
étant
quelque chose de tout relatif ; car, quoique la Terre soit une sphère
2013
que chose de tout relatif ; car, quoique la Terre
soit
une sphère, l’Histoire ne décrit pourtant pas un cercle autour d’elle
2014
cercle autour d’elle, mais elle a bien plutôt un
Est
déterminé, et c’est l’Asie. Là se lève le soleil physique, extérieur,
2015
lat.187 Wilhelm Josef von Schelling (1775-1854)
fut
le dernier survivant de la grande génération des philosophes romantiq
2016
esse et devenu plus tard catholique comme lui, il
fut
l’un des maîtres les plus influents de la pensée européenne du xixe
2017
la « Providence ». L’histoire dans son ensemble
est
une révélation continue et progressive de l’absolu. Nous pouvons dist
2018
ois périodes dans l’histoire. La première période
est
celle où seul domine le destin ; force absolument aveugle, il détruit
2019
de l’histoire, que nous pouvons appeler tragique,
est
celle de la décadence de la splendeur et des merveilles du monde anci
2020
de la chute des grands empires dont le souvenir s’
est
à peine conservé et dont les ruines seules nous font présumer la gran
2021
ait jamais fleuri et dont le retour sur la terre
est
l’objet de vœux éternels. La seconde période est celle où ce qui dans
2022
est l’objet de vœux éternels. La seconde période
est
celle où ce qui dans la première apparaissait comme destin, c’est-à-d
2023
des arts et des sciences qui, jusqu’alors avaient
été
le monopole de quelques peuples isolés, contrainte qu’elle était, san
2024
le de quelques peuples isolés, contrainte qu’elle
était
, sans en avoir conscience et même contre sa volonté, de s’adapter à u
2025
peuples et l’État universel. La troisième période
sera
celle où les forces que dans les périodes précédentes l’on attribuait
2026
ui paraissait l’œuvre du destin ou de la nature n’
était
que le commencement d’une providence qui ne se révélait qu’imparfaite
2027
nous ne pouvons le dire. Mais quand cette période
sera
, Dieu aussi sera. On ne saurait donc envisager l’existence durable d’
2028
e dire. Mais quand cette période sera, Dieu aussi
sera
. On ne saurait donc envisager l’existence durable d’une constitution
2029
nce durable d’une constitution politique unique —
fût
-elle parfaite dans sa forme — sans une organisation se superposant à
2030
édération de tous les États où chacun d’entre eux
serait
le garant de la constitution de l’autre. Cependant, d’une part, cette
2031
d’une part, cette garantie générale et mutuelle n’
est
elle-même possible que si les États acceptent les principes d’un véri
2032
politique commune à l’égard de l’Orient. Qu’il en
soit
conscient ou non, c’est dans ce sens que travaille le Destructeur. P
2033
ation d’une unité spirituelle au sein de l’Église
était
vouée à l’échec, car elle tendait en même temps à assurer une unité e
2034
ise à l’époque de la hiérarchie ecclésiastique ne
fut
pas d’intervenir dans le domaine de l’État mais au contraire, de lais
2035
nversement de la hiérarchie ecclésiastique, et il
est
évident que le joug des tyrans s’est toujours appesanti dans la mesur
2036
tique, et il est évident que le joug des tyrans s’
est
toujours appesanti dans la mesure même où ils croyaient pouvoir se pa
2037
ient pouvoir se passer de l’unité spirituelle. Il
est
certain en tout cas que, quel que puisse être le but ultime, la vraie
2038
. Il est certain en tout cas que, quel que puisse
être
le but ultime, la vraie unité ne peut être réalisée que par la voie d
2039
puisse être le but ultime, la vraie unité ne peut
être
réalisée que par la voie de la religion. Il ne s’agit pas là de la do
2040
tour une secte, la religion positiviste, dont il
sera
le grand prêtre. Il fonde surtout, la sociologie moderne. Comme tous
2041
de traités sur l’unité européenne), Auguste Comte
est
un défenseur convaincu, quasi mystique, de l’européocentrisme, du rôl
2042
nfondre, parce qu’elle seule peut l’unir, après s’
être
elle-même unifiée. Le titre d’une de ses publications donnera une idé
2043
de civilisation indépendante, dont l’évolution a
été
, par des causes quelconques, arrêtée jusqu’ici à un état plus imparfa
2044
ologique. Notre exploration historique devra donc
être
presque uniquement réduite à l’élite ou l’avant-garde de l’humanité,
2045
ctérisée, à l’éclaircissement de laquelle doivent
être
constamment subordonnées toutes les observations collatérales relativ
2046
’ailleurs offrir, leur appréciation spéciale doit
être
systématiquement ajournée jusqu’au moment où, les lois principales du
2047
ù, les lois principales du mouvement social ayant
été
ainsi appréciées dans le cas le plus favorable à leur pleine manifest
2048
subir chez les populations qui, à divers titres,
sont
restées plus ou moins en arrière d’un tel type de développement. Jusq
2049
sur notre passé aucune véritable influence, devra
être
hautement signalé comme une source inextricable de confusion radicale
2050
le et toutes les modifications diverses devraient
être
ainsi simultanément considérées, ce qui, à mon gré, rendrait le probl
2051
le ; restriction éminemment judicieuse, qui lui a
été
si étrangement reprochée par tant d’esprits antiphilosophiques, et ve
2052
l développement social », tandis que « l’Europe a
été
le lien essentiel de cette civilisation prépondérante ». 184. Euro
2053
s suivantes, qu’on croirait d’aujourd’hui, et qui
étaient
vraies déjà en tant que diagnostic, bien que l’Histoire n’ait guère t
2054
ir de l’humanité. Les guerres civiles de l’Europe
sont
finies, la rivalité des peuples qui la composent va s’éloignant, comm
2055
cités grecques… et de même, l’Europe commence à n’
être
plus qu’une nation depuis qu’il y a une Amérique, une Asie, une Afriq
2056
obale vers l’harmonie de l’un et de divers a-t-il
été
brutalement démenti au terme même du processus d’épanouissement des g
2057
ocessus d’épanouissement des grandes nations, qui
était
censé produire la paix, et qui a produit la Première Guerre mondiale
2058
apes nécessaires d’une dialectique de l’Esprit, s’
est
trouvé déchaîner en fait des passions que l’esprit ne pouvait contrôl
2059
e malentendu, les poètes de la génération de 1848
furent
les premières victimes, enthousiastes et bernées. Ils croient tous qu
2060
it, la liberté de la Nation, une fois acquise, ne
sera
rien que la souveraineté de l’État qui s’en prévaudra. Et l’anarchie
2061
, dont aussitôt la politique des États, après s’y
être
opposée, s’empare sans vergogne. Le grand élan libertaire des Quarant
2062
it l’inverse se réaliser. Jamais les idéaux n’ont
été
mieux démentis par les faits, ni mieux détournés de leurs buts. Jamai
2063
ndant, achève de la subjuguer par les armes, ne s’
est
montrée à la fois moins humanitaire et moins unie. Tout se fait par l
2064
page très caractéristique de la révolution qui s’
est
opérée dans tous nos pays, entre 1789 et 1848, et qui s’annonçait dan
2065
g (1783-1872), auquel nous empruntons cette page,
fut
à la fois le grand pionnier de l’éducation populaire en Europe du Nor
2066
t de son époque. Le monde que l’on nomme cultivé
est
victime d’une grave erreur sur la vie humaine et sur les conditions d
2067
squ’il se met à choyer l’idée que, parce que nous
sommes
tous des hommes, peu importe à quel peuple nous appartenons et quelle
2068
’en distingue par quelque trait particulier qu’il
serait
né pour développer ; que toutes les différences entre les hommes sont
2069
per ; que toutes les différences entre les hommes
sont
de nature purement fortuite étant nées de l’habitude et des circonsta
2070
entre les hommes sont de nature purement fortuite
étant
nées de l’habitude et des circonstances, en sorte qu’on ferait aussi
2071
nstances, en sorte qu’on ferait aussi bien de les
tenir
toutes pour équivalentes, et que la pure humanité se manifesterait d’
2072
plus faux, car sur notre Terre où nulle feuille n’
est
pareille à une autre et où l’on ne peut mener deux chevaux de la même
2073
manière, alors que bien au contraire la diversité
est
l’un des biens suprêmes de la nature humaine… En dépit de cela, le si
2074
nglais, Français, Allemands et Scandinaves. Il en
est
résulté qu’aussitôt l’on a perdu la notion de ce qui distingue un sag
2075
omme de la femme. Mais la vraie culture doit s’en
tenir
à ceci : de même que la vie s’est développée dès l’origine à partir d
2076
ure doit s’en tenir à ceci : de même que la vie s’
est
développée dès l’origine à partir des deux éléments masculin et fémin
2077
s deux éléments masculin et féminin, l’humanité s’
est
divisée en peuples très différents, dont chacun parlait sa propre lan
2078
pre langue et montrait de nombreux traits qui lui
étaient
essentiellement propres. D’autant plus courageusement un peuple défen
2079
s toutes les directions, et d’autant plus féconde
sera
l’influence que chacun pourra exercer sur les autres.192 Heinrich H
2080
r sur les autres.192 Heinrich Heine (1799-1856)
fut
le principal représentant du groupe littéraire « Jeune Allemagne », q
2081
tienne.193 Sa conception de l’union des peuples
est
d’ailleurs très nettement fédéraliste : « harmonie et non point uniss
2082
ins du grand maître, chaque peuple lui paraissait
être
une corde de cette harpe géante, montée sur un ton particulier, et il
2083
d’exercer sa lucidité sur l’Europe telle qu’elle
est
, menacée à la fois (dirait-on) par son excès de conscience et par son
2084
este actuellement dans la littérature européenne,
est
peut-être le symptôme d’une proche agonie ; de même certains hommes d
2085
’au-delà. Ou faut-il penser que la vieille Europe
est
en train de rajeunir et que cette spiritualité crépusculaire dont ses
2086
dont ses écrivains et ses artistes font preuve, n’
est
pas la merveilleuse prémonition du mourant, mais l’inquiétant pressen
2087
e spirituel d’un nouveau printemps ?195 Quel que
soit
le comportement de la vierge Europe — elle peut veiller avec sagesse
2088
ine a ce nouvel élan d’espoir : La vierge Europe
est
fiancée au beau génie de la Liberté : ils tendent amoureusement les b
2089
ne affirmation délirante : « Oui, le monde entier
sera
allemand !… » Cette oscillation du nationalisme germanique au libéral
2090
» (« die furchtbarsten Nivelleurs Europas ») que
sont
les unitaires à la Richelieu ou à la Robespierre, ou les « empereurs
2091
ement mortel, qui rendrait notre monde invivable,
serait
l’issue fatale d’une grande guerre franco-allemande, déclenchée par l
2092
e par les idées révolutionnaires de Paris : Quel
serait
l’aboutissement de ce mouvement, dont Paris, comme toujours, aurait d
2093
aris, comme toujours, aurait donné le signal ? Ce
serait
la guerre, la plus épouvantable des guerres d’anéantissement, qui env
2094
de la France et de l’Allemagne… Le deuxième acte
sera
certainement la révolution européenne, mondiale même, le duel implaca
2095
étaires et l’aristocratie de la propriété ; il ne
sera
alors question ni de nationalité ni de religion ; il n’y aura qu’une
2096
Sainte-Hélène sur l’avenir prochain du monde, qui
sera
République américaine ou Monarchie universelle russe, — la découragea
2097
russe, — la décourageante prophétie !… Ce rêve n’
est
pas une bulle de savon qu’un souffle anéantit, mais en lui nous épie
2098
des révoltes hongroises et polonaises de 1848. Ce
fut
l’équivalent de 1956, à tous égards, y compris la paralysie politique
2099
49), aide de camp du général polonais Bam, et qui
fut
tué dans un combat. Kossuth, à Bruxelles en 1859 : Je me bornerai à
2100
s en 1859 : Je me bornerai à dire que la Hongrie
est
la Hongrie depuis le ixe siècle, que sa gloire dans le passé et ses
2101
e à sa vigoureuse existence, tout atteste qu’elle
fut
, tout exige qu’elle reste la Hongrie. Enlevez-lui cette qualité, et e
2102
la Hongrie. Enlevez-lui cette qualité, et elle n’
est
plus rien pour l’Europe, si peu que rien même ; car elle ne peut deve
2103
1855) il élève la plainte séculaire des pays de l’
Est
européen périodiquement « libérés » par les Russes. Voici quelques st
2104
nations. Et elle dira à la première : Voilà que j’
étais
attaquée par les brigands, et je criai vers toi, nation, afin d’avoir
2105
kases. Et la Liberté dira à la seconde nation : J’
étais
dans la peine et la misère, et je t’ai demandé, ô nation, la protecti
2106
rdonnances. Et la nation répondra : Madame, quand
êtes
-vous venue à moi ? Et la Liberté répondra : Je suis venue à toi sous
2107
es-vous venue à moi ? Et la Liberté répondra : Je
suis
venue à toi sous l’habit de ces pèlerins, et tu m’as méprisée ; va do
2108
kases. Je vous le dis en vérité, votre pèlerinage
sera
pour les Puissances une pierre d’achoppement. Les Puissances ont reje
2109
vous présentera un dos dur et froid, et la barre
sera
frappée et refrappée si bien qu’on ne la reconnaîtra plus. « Aujourd
2110
éologien, homme d’État libéral et catholique, qui
fut
mêlé aux conspirations républicaines de 1833, exilé à Paris et Bruxel
2111
mont dont il devint le Premier ministre, Gioberti
fut
un néo-guelfe. Il voulait l’union de l’Italie et il voulait aussi l’u
2112
e et il voulait aussi l’union de l’Europe : l’une
étant
condition de l’autre. À ses yeux, l’Italie (« cet Orient de l’Occiden
2113
umains, suggéra l’idée dialectique de nation, qui
est
, si l’on peut dire, la cité agrandie et l’humanité en petit… Le même
2114
lon lui, de notre « idée européenne » : L’Europe
est
la première partie du monde parce que placée, mieux que tout autre, à
2115
Colure glacé et celle du Tropique brûlant et qui
est
, pour les êtres protégés naturellement aussi bien que pour ceux qui d
2116
et celle du Tropique brûlant et qui est, pour les
êtres
protégés naturellement aussi bien que pour ceux qui doivent se vêtir
2117
ut se déduire aussi de la qualité de la race, qui
est
blanche, japhétique, et qui appartient à la branche principale des In
2118
e des Indo-pélages ; ou enfin de la religion, qui
est
le christianisme, père de cette civilisation adulte qui marche à gran
2119
ariété et de l’opposition de ses composantes, qui
sont
harmonisées par l’unité dominante de la race et des rites chrétiens,
2120
ope, du point de vue du droit constitutionnel, en
est
au même stade que l’Italie, toute proportion gardée ; ce qui revient
2121
proportion gardée ; ce qui revient à dire qu’elle
est
un composé de plusieurs États qui ont besoin d’une union réciproque (
2122
sans perdre pour autant leur individualité), mais
sont
dépourvus des semences qui pourraient l’engendrer ; d’autre part, ils
2123
es qui pourraient l’engendrer ; d’autre part, ils
sont
désunis et opposés par bien des foyers de haine et discorde réciproqu
2124
iscorde réciproque.201 La Pologne et la Hongrie
sont
des nationalités opprimées et qui ont perdu leur indépendance politiq
2125
indépendance politique ; l’Allemagne et l’Italie
sont
des nations encore à naître. On conçoit que pour ces quatre pays, l’i
2126
qui l’opposent au plus vaste ensemble. Mais qu’en
sera-t
-il de la France et de l’Espagne, ces aînées, ces modèles de l’État na
2127
qui ne veut rien devoir à personne ? Les deux cas
sont
très différents. Car la France de 1848 se considère comme une nation
2128
urope entière qu’une menace diabolique contre son
être
même. Illustrons d’abord la position des « Européens » français. Aprè
2129
ixe siècle. Alphonse de Lamartine (1790-1869) ne
fut
pas seulement le poète élégiaque des Harmonies et des Méditations, ma
2130
, en 1843, il s’écrie : La France, heureusement,
est
ainsi placée dans le monde qu’elle n’a aucun intérêt sérieux incompat
2131
européens, avec lesquels elle a à traiter et à se
tenir
en harmonie… Nous avons donné au monde européen, politique, social, r
2132
En 1792, les idées de la France et de l’Europe n’
étaient
pas préparées à comprendre et à accepter la grande harmonie des natio
2133
genre humain. La pensée du siècle qui finissait n’
était
que dans la tête de quelques philosophes. La philosophie est populair
2134
s la tête de quelques philosophes. La philosophie
est
populaire aujourd’hui. Cinquante années de liberté de penser, de parl
2135
prits cette grande nationalité intellectuelle qui
sera
l’achèvement de la Révolution française et la constitution de la frat
2136
prosélytisme de l’estime et de la sympathie. Ce n’
est
point là la guerre, c’est la nature. Ce n’est point là l’agitation de
2137
e n’est point là la guerre, c’est la nature. Ce n’
est
point là l’agitation de l’Europe, c’est la vie. Ce n’est point là inc
2138
nt là l’agitation de l’Europe, c’est la vie. Ce n’
est
point là incendier le monde, c’est briller de sa place sur l’horizon
2139
nationale du romantisme politique. Parce qu’il n’
est
pas suspect de nationalisme borné, et parce qu’il fut au xixe siècle
2140
pas suspect de nationalisme borné, et parce qu’il
fut
au xixe siècle, le prophète le plus exalté de l’union européenne, se
2141
rsel, de se transfigurer en Europe et en monde ne
sera-t
-elle pas nécessairement interprétée par les autres comme un désir sec
2142
e nation ouverte, qui appelle chez elle quiconque
est
frère ou veut l’être. De leur côté, invasion ; du côté de la France,
2143
i appelle chez elle quiconque est frère ou veut l’
être
. De leur côté, invasion ; du côté de la France, expansion. Sur ce th
2144
inspirées : La France a cela d’admirable qu’elle
est
destinée à mourir, mais à mourir comme les dieux, par la transfigurat
2145
de lui, et c’est ainsi qu’Athènes, Rome et Paris
sont
pléiades. Lois immenses. La Grèce s’est transfigurée, et est devenue
2146
et Paris sont pléiades. Lois immenses. La Grèce s’
est
transfigurée, et est devenue le monde chrétien ; la France se transfi
2147
s. Lois immenses. La Grèce s’est transfigurée, et
est
devenue le monde chrétien ; la France se transfigurera et deviendra l
2148
ne travaille pas pour elle seule, parce qu’elle]
est
créatrice d’espérances universelles, parce qu’elle représente toute l
2149
lonté humaine, parce que là où les autres nations
sont
seulement des sœurs, elle est mère. Cette maternité de la généreuse F
2150
les autres nations sont seulement des sœurs, elle
est
mère. Cette maternité de la généreuse France éclate dans tous les phé
2151
il y aura une nation extraordinaire. Cette nation
sera
grande, ce qui ne l’empêchera pas d’être libre. Elle sera illustre, r
2152
e nation sera grande, ce qui ne l’empêchera pas d’
être
libre. Elle sera illustre, riche, pensante, pacifique, cordiale au re
2153
nde, ce qui ne l’empêchera pas d’être libre. Elle
sera
illustre, riche, pensante, pacifique, cordiale au reste de l’humanité
2154
é la plus moderne. Voici l’exorde : Que l’Europe
soit
la bienvenue. Qu’elle entre chez elle. Qu’elle prenne possession de c
2155
ons de l’esprit du xixe siècle ; c’est ici que s’
est
tenu, magnifique spectacle contemporain, pendant trente-six ans de li
2156
de l’esprit du xixe siècle ; c’est ici que s’est
tenu
, magnifique spectacle contemporain, pendant trente-six ans de liberté
2157
, le concile des intelligences ; c’est ici qu’ont
été
posées, débattues et résolues dans le sens de la délivrance, toutes l
2158
. Et voici la péroraison : Ô France, adieu ! tu
es
trop grande pour n’être qu’une patrie. On se sépare de sa mère qui de
2159
son : Ô France, adieu ! tu es trop grande pour n’
être
qu’une patrie. On se sépare de sa mère qui devient déesse. Encore un
2160
s, et tu t’évanouiras dans la transfiguration. Tu
es
si grande que voilà que tu ne vas plus être. Tu ne seras plus France,
2161
ion. Tu es si grande que voilà que tu ne vas plus
être
. Tu ne seras plus France, tu seras Humanité ; tu ne seras plus nation
2162
i grande que voilà que tu ne vas plus être. Tu ne
seras
plus France, tu seras Humanité ; tu ne seras plus nation, tu seras ub
2163
tu ne vas plus être. Tu ne seras plus France, tu
seras
Humanité ; tu ne seras plus nation, tu seras ubiquité. Tu es destinée
2164
u ne seras plus France, tu seras Humanité ; tu ne
seras
plus nation, tu seras ubiquité. Tu es destinée à te dissoudre tout en
2165
, tu seras Humanité ; tu ne seras plus nation, tu
seras
ubiquité. Tu es destinée à te dissoudre tout entière en rayonnement,
2166
; tu ne seras plus nation, tu seras ubiquité. Tu
es
destinée à te dissoudre tout entière en rayonnement, et rien n’est au
2167
dissoudre tout entière en rayonnement, et rien n’
est
auguste à cette heure comme l’effacement visible de ta frontière. Rés
2168
l et sublime, ô ma patrie, et, de même qu’Athènes
est
devenue la Grèce, de même que Rome est devenue la chrétienté, toi, Fr
2169
qu’Athènes est devenue la Grèce, de même que Rome
est
devenue la chrétienté, toi, France, deviens le monde. Face aux nati
2170
on sans équivoque ; elle entend rester ce qu’elle
fut
, même diminuée de son empire américain, n’espérant rien du Progrès, n
2171
jacobinisme et d’un antiromantisme absolus : ce n’
est
pas une idéologie libertaire qui fonde ici la souveraineté, mais une
2172
une théologie autoritaire. Le jeu des antithèses
est
aussi violent et simpliste que chez Hugo, mais il a changé de signe.
2173
rendu absolu, universel et nécessaire le mal, qui
était
relatif, exceptionnel et contingent. Cette période de rapide rétrogra
2174
x et du paganisme politique. Aujourd’hui le monde
est
à la veille de la dernière de ces restaurations : la restauration du
2175
ément humain… Du reste ce grand retour en arrière
était
dans la loi sage, et mystérieuse en même temps, par laquelle Dieu dir
2176
uivi un progrès continu, la terre aurait fini par
être
le paradis de l’homme, et Dieu a voulu que la terre fût une vallée de
2177
paradis de l’homme, et Dieu a voulu que la terre
fût
une vallée de larmes. Dieu aurait été socialiste. Alors qu’eût été Pr
2178
ue la terre fût une vallée de larmes. Dieu aurait
été
socialiste. Alors qu’eût été Proudhon ? Chacun est bien où il est : D
2179
larmes. Dieu aurait été socialiste. Alors qu’eût
été
Proudhon ? Chacun est bien où il est : Dieu dans le ciel, et Proudhon
2180
té socialiste. Alors qu’eût été Proudhon ? Chacun
est
bien où il est : Dieu dans le ciel, et Proudhon sur la terre ; Proudh
2181
Alors qu’eût été Proudhon ? Chacun est bien où il
est
: Dieu dans le ciel, et Proudhon sur la terre ; Proudhon cherchant to
2182
Et pour annoncer ces choses, je n’ai pas besoin d’
être
prophète ; il me suffit de considérer l’ensemble des événements humai
2183
es… Je vous dirai la vérité, messieurs. La vérité
est
que nous sommes aujourd’hui ce que nous étions hier, ce que nous somm
2184
irai la vérité, messieurs. La vérité est que nous
sommes
aujourd’hui ce que nous étions hier, ce que nous sommes depuis la rév
2185
érité est que nous sommes aujourd’hui ce que nous
étions
hier, ce que nous sommes depuis la révolution de février. Depuis cett
2186
aujourd’hui ce que nous étions hier, ce que nous
sommes
depuis la révolution de février. Depuis cette révolution de formidabl
2187
rencontrez une seule société qui puisse dire : Je
suis
solide sur mes fondements ; un seul fondement qui puisse dire : Je su
2188
ndements ; un seul fondement qui puisse dire : Je
suis
solide sur moi-même ! Et qu’on n’allègue pas que la révolution a été
2189
même ! Et qu’on n’allègue pas que la révolution a
été
vaincue en Espagne, vaincue en Italie, vaincue en France, vaincue en
2190
rance, vaincue en Hongrie ; non, messieurs ; ce n’
est
pas la vérité. La vérité est que toutes les forces sociales concentré
2191
on, messieurs ; ce n’est pas la vérité. La vérité
est
que toutes les forces sociales concentrées et portées à leur plus hau
2192
a Confédération germanique. Cette Confédération a
été
faite contre Paris, qui était la cité révolutionnaire, la cité maudit
2193
Cette Confédération a été faite contre Paris, qui
était
la cité révolutionnaire, la cité maudite ; et en faveur de Saint-Péte
2194
maudite ; et en faveur de Saint-Pétersbourg, qui
était
alors la cité sainte, la cité du gouvernement, la cité des traditions
2195
ces. Qu’en résulta-t-il ? Que la Confédération ne
fut
pas un empire comme elle eût pu l’être alors ; et elle ne fut pas un
2196
dération ne fut pas un empire comme elle eût pu l’
être
alors ; et elle ne fut pas un empire, parce que la Russie ne pouvait,
2197
mpire comme elle eût pu l’être alors ; et elle ne
fut
pas un empire, parce que la Russie ne pouvait, en aucun cas, s’accomm
2198
microscopiques et de deux grandes monarchies. Qu’
est
-ce qui convenait dans l’hypothèse d’une guerre en France ? Ce qui con
2199
convenait à la Russie, c’était que ces monarchies
fussent
absolues, et ces deux monarchies furent absolues. Voilà, messieurs, c
2200
narchies fussent absolues, et ces deux monarchies
furent
absolues. Voilà, messieurs, comment il est arrivé que l’influence de
2201
ies furent absolues. Voilà, messieurs, comment il
est
arrivé que l’influence de la Russie, depuis la formation de la Conféd
2202
Confédération jusqu’à la révolution de février, s’
est
étendue de Saint-Pétersbourg à Paris. Mais depuis la révolution de fé
2203
manique n’existe plus ; l’Allemagne aujourd’hui n’
est
plus qu’un chaos. C’est vous dire, messieurs, qu’à l’influence de la
2204
ique de Paris, qui s’étend jusqu’en Pologne… Ce n’
est
pas mon opinion cependant que l’Europe n’ait rien à redouter de la Ru
2205
t les trois événements que je vais dire, lesquels
sont
, remarquez-le, messieurs, non seulement possibles, mais encore probab
2206
patriotisme, parce qu’un propriétaire dépouillé n’
est
pas, ne peut pas être patriote ; en effet, dès que la question a été
2207
’un propriétaire dépouillé n’est pas, ne peut pas
être
patriote ; en effet, dès que la question a été poussée jusqu’à ce ter
2208
s être patriote ; en effet, dès que la question a
été
poussée jusqu’à ce terme, jusqu’à cette angoisse, tout patriotisme me
2209
me en Europe, lorsque, à l’orient de l’Europe, se
sera
accomplie la grande fédération des peuples slaves ; lorsque dans l’Oc
2210
enregistré l’histoire, ce châtiment épouvantable
sera
le châtiment de l’Angleterre. 191. Théodore Jouffroy : De l’État a
2211
de compensation : les États-Unis d’Europe Quel
fut
le premier auteur de l’expression ? Cattaneo ? Cobden ? Mazzini ? ou
2212
ns hésitent et concluent fort sagement que l’idée
était
dans l’air du temps. Exalter les nations, même libérées, cela pouvait
2213
Le recours à l’Europe mystique d’un Lamartine ne
serait
plus qu’une clause de style dès qu’au nom de leurs intérêts les États
2214
ire, le mot d’ordre des « États-Unis d’Europe » n’
est
en somme qu’un idéal de compensation. Sauf peut-être chez Proudhon, i
2215
chef des insurgés milanais de mars 1848, n’a pas
été
amené à l’idée européenne par un élan passionnel ni par la logique id
2216
n fédérale progressive : pour Cattaneo, l’union n’
est
nullement, comme le pensaient les romantiques, un âge d’or primitif q
2217
u’il faudrait restaurer ; bien au contraire, elle
est
au terme de l’effort civilisateur209 : Il serait vain de croire que
2218
le est au terme de l’effort civilisateur209 : Il
serait
vain de croire que l’Europe, en ces siècles de sauvagerie, ait été di
2219
e que l’Europe, en ces siècles de sauvagerie, ait
été
différente des terres qui sont restées telles quelles jusqu’à nos jou
2220
de sauvagerie, ait été différente des terres qui
sont
restées telles quelles jusqu’à nos jours. L’Européen trouva l’Amériqu
2221
troit que lui assignaient les tribus ennemies. Ce
serait
faux et aller à fin contraire que de rechercher à laquelle des grande
2222
rechercher à laquelle des grandes nations qui se
sont
ensuite développées au cours des siècles, au gré des lentes préparati
2223
l’histoire, telle ou telle tribu appartenait ; ce
serait
aussi absurde que de vouloir savoir de quel fleuve les ruisseaux déri
2224
ontagnes pour grossir celui-là. Par conséquent il
serait
temps plus que jamais de cesser ces divagations au sujet de la postér
2225
aneo à Giuseppe Mazzini (1807-1872), le contraste
est
grand : c’est celui de la science prudente et de l’éloquence militant
2226
ils ont cru tous les deux que la « nationalité »
était
l’un des termes essentiels de toute union vivante de l’Europe — l’aut
2227
e toute union vivante de l’Europe — l’autre terme
étant
l’Humanité. Mais Cattaneo reste un penseur, Mazzini est avant tout un
2228
Humanité. Mais Cattaneo reste un penseur, Mazzini
est
avant tout un agitateur. D’où l’emploi différent des idées, chez l’un
2229
éalités dans l’élan mystique d’une idéologie, qui
est
beaucoup moins sa création individuelle que le résumé tourbillonnant
2230
euple, dira-t-il, parole sacrée de l’avenir… » Il
fut
d’abord l’apôtre de l’italianité, de l’unité italienne dans le républ
2231
es précurseurs et utopistes cités jusqu’ici, ce n’
est
pas un plan d’union des princes ou des États qu’il propose, mais il r
2232
s, de cinq Allemands et de sept Polonais. Mazzini
est
en ce moment réfugié clandestin en Suisse. Il a fondé le mouvement «
2233
ouvement en Italie (une série de soulèvements ont
été
écrasés) Mazzini décide d’élargir son action. Il crée des comités Jeu
2234
Fraternité des Peuples ; croyant : Que l’Humanité
est
appelée à procéder, par un progrès continuel et sous l’empire de la l
2235
entement ; Que la Liberté, l’Égalité, l’Humanité,
sont
également sacrées, qu’elles constituent trois éléments inviolables po
2236
ial, et que toutes les fois qu’un de ces éléments
est
sacrifié aux deux autres, l’ordonnance des travaux humains pour attei
2237
nvaincus : Que si le but auquel tend l’Humanité,
est
un essentiellement, si les principes généraux qui doivent diriger les
2238
s familles humaines dans leur voyage vers ce but,
sont
identiques, mille voies cependant sont ouvertes au Progrès ; Convainc
2239
rs ce but, sont identiques, mille voies cependant
sont
ouvertes au Progrès ; Convaincus : Que tout homme et tout peuple a un
2240
e la mission individuelle à la certitude que tout
est
fait en vue du développement de la mission générale ; Forts de nos dr
2241
e à la sainte cause du progrès des peuples ; Nous
étant
auparavant constitués en Associations nationales libres et indépendan
2242
rale universelle appliquée aux sociétés humaines,
sera
préparée et signée concordément par les trois associations nationales
2243
éclaration de principes, chacune des associations
est
libre et indépendante. IV La ligne d’attaque et de défense solidaire
2244
éfense solidaire des peuples qui se reconnaissent
est
constituée par les trois associations. Toutes les trois travailleront
2245
es individus qui composent les trois associations
sont
frères. Chacun d’eux accomplira vis-à-vis des autres les devoirs de l
2246
Suisse), le 15 avril 1834. Tout l’espoir de 1848
est
dans ce texte, et lorsque éclata la Révolution de février à Paris, ce
2247
ans la désunion des fédéralistes eux-mêmes, qu’il
fut
le premier Européen, répétons-le, à tenter d’organiser en mouvement :
2248
tenter d’organiser en mouvement : Oui, la cause
est
en nous, elle est dans notre manque d’organisation, dans le fractionn
2249
r en mouvement : Oui, la cause est en nous, elle
est
dans notre manque d’organisation, dans le fractionnement que des syst
2250
e l’intolérance, ont produit dans nos rangs. Elle
est
dans nos défiances, dans nos mesquines vanités perpétuelles, dans le
2251
issantes à dissoudre, impuissantes à fonder. Elle
est
dans le culte des intérêts matériels qui s’est peu à peu substitué su
2252
le est dans le culte des intérêts matériels qui s’
est
peu à peu substitué sur le drapeau de nos écoles à l’adoration des sa
2253
es, au sentiment de la Vie et de sa mission. Elle
est
dans l’oubli de Dieu, de sa loi d’amour, de dévouement et de progrès
2254
la terre, seules capables de la transformer. Elle
est
dans l’esprit de nationalisme substitué partout à l’esprit de nationa
2255
de cette grande vérité : que la cause des peuples
est
une ; que la patrie doit s’appuyer sur l’humanité ; que toute révolut
2256
puyer sur l’humanité ; que toute révolution qui n’
est
pas explicitement un culte de dévouement envers tous ceux qui souffre
2257
le et tomber ; que la Sainte-Alliance des nations
est
le but de nos luttes, la seule force qui puisse terrasser la ligue de
2258
égoïsme des intérêts. Et quant à nos ennemis, ils
sont
à la merci de notre travail. Ils ne sont forts que par nos fautes, à
2259
mis, ils sont à la merci de notre travail. Ils ne
sont
forts que par nos fautes, à nous. Nous marchons sous l’orage ; mais a
2260
à nous. Nous marchons sous l’orage ; mais au-delà
est
le soleil, le soleil de Dieu, brillant, éternel. Ils peuvent, pendant
2261
rd ; mais l’effacer… jamais. Dieu merci, l’Europe
est
émancipée ; elle l’est depuis Marathon. Ce jour-là, le principe stati
2262
mais. Dieu merci, l’Europe est émancipée ; elle l’
est
depuis Marathon. Ce jour-là, le principe stationnaire oriental fut va
2263
on. Ce jour-là, le principe stationnaire oriental
fut
vaincu pour toujours ; la liberté baptisa notre sol ; l’Europe marcha
2264
l ; l’Europe marcha. Elle marche encore ; et ce n’
est
pas par quelques chiffons de papier qu’on l’arrêtera dans sa marche.2
2265
. Ces trois révolutions qui n’en font qu’une ce n’
est
pas une révolution locale, c’est la révolution humaine ; ce n’est pas
2266
lution locale, c’est la révolution humaine ; ce n’
est
pas le cri égoïste d’un peuple, c’est la revendication de la sainte é
2267
fanté en France la république… la république, qui
est
pour le peuple une sorte de droit naturel comme la liberté pour l’hom
2268
— Les États-Unis d’Europe ! C’est trop fort. Hugo
est
fou. M. Molé. — Les États-Unis d’Europe ! Voilà une idée ! Quelle ex
2269
vous vous sentirez tous vivre, une assemblée qui
sera
comme votre âme à tous, un concile souverain et populaire qui décider
2270
ns sérieux, tous les grands politiques d’alors se
fussent
écriés : — Oh ! le songeur ! Oh ! le rêve-creux ! Comme cet homme con
2271
rsbourg et Berlin, entre Vienne et Turin, qu’elle
serait
impossible et paraîtrait absurde aujourd’hui entre Rouen et Amiens, e
2272
e, la Lorraine, l’Alsace, toutes nos provinces se
sont
fondues dans la France. Un jour viendra où il n’y aura plus d’autres
2273
ées. Un jour viendra où les boulets et les bombes
seront
remplacés par les votes, par le suffrage universel des peuples, par l
2274
éritable arbitrage d’un grand sénat souverain qui
sera
à l’Europe ce que le parlement est à l’Angleterre, ce que la diète es
2275
souverain qui sera à l’Europe ce que le parlement
est
à l’Angleterre, ce que la diète est à l’Allemagne, ce que l’assemblée
2276
le parlement est à l’Angleterre, ce que la diète
est
à l’Allemagne, ce que l’assemblée législative est à la France !… Un j
2277
est à l’Allemagne, ce que l’assemblée législative
est
à la France !… Un jour viendra où l’on verra ces deux groupes immense
2278
, Hugo ne paraît pas au Congrès de la paix qui se
tient
cette année-là à Lugano, mais lui envoie un message qui s’ouvre par c
2279
s nations ont au-dessus d’elles quelque chose qui
est
au-dessous d’elles, les gouvernements. À de certains moments, ce cont
2280
s moments, ce contresens éclate : la civilisation
est
dans les peuples, la barbarie est dans les gouvernants. Cette barbari
2281
la civilisation est dans les peuples, la barbarie
est
dans les gouvernants. Cette barbarie est-elle voulue ? Non ; elle est
2282
barbarie est dans les gouvernants. Cette barbarie
est
-elle voulue ? Non ; elle est simplement professionnelle. Ce que le ge
2283
ants. Cette barbarie est-elle voulue ? Non ; elle
est
simplement professionnelle. Ce que le genre humain sait, les gouverne
2284
e humain sait, les gouvernements l’ignorent. Cela
tient
à ce que les gouvernements ne voient rien qu’à travers cette myopie,
2285
en leur apprenant une chose, c’est que les crimes
sont
des crimes, c’est qu’il n’est pas plus permis à un gouvernement qu’à
2286
est que les crimes sont des crimes, c’est qu’il n’
est
pas plus permis à un gouvernement qu’à un individu d’être assassin, c
2287
plus permis à un gouvernement qu’à un individu d’
être
assassin, c’est que l’Europe est solidaire, c’est que tout ce qui se
2288
à un individu d’être assassin, c’est que l’Europe
est
solidaire, c’est que tout ce qui se fait en Europe est fait par l’Eur
2289
olidaire, c’est que tout ce qui se fait en Europe
est
fait par l’Europe, c’est que, s’il existe un gouvernement bête fauve,
2290
, s’il existe un gouvernement bête fauve, il doit
être
traité en bête fauve ; c’est qu’à l’heure qu’il est, tout près de nou
2291
e traité en bête fauve ; c’est qu’à l’heure qu’il
est
, tout près de nous, là, sous nos yeux, on massacre, on incendie, on p
2292
garçons ; c’est que, les enfants trop petits pour
être
vendus, on les fend en deux d’un coup de sabre ; c’est qu’on brûle le
2293
sons ; c’est que telle ville, Balak, par exemple,
est
réduite en quelques heures de neuf-mille habitants à treize cents ; c
2294
bitants à treize cents ; c’est que les cimetières
sont
encombrés de plus de cadavres qu’on n’en peut enterrer, de sorte qu’a
2295
le carnage, les morts renvoient la peste, ce qui
est
bien fait ; nous apprenons aux gouvernements d’Europe ceci, c’est qu’
2296
ne des jeunes filles violées, c’est que tout cela
est
horrible, c’est qu’il suffirait d’un geste des gouvernements d’Europe
2297
, et que les sauvages qui commettent ces forfaits
sont
effrayants, et que les civilisés qui les laissent commettre sont épou
2298
, et que les civilisés qui les laissent commettre
sont
épouvantables. Il est temps qu’il sorte de la civilisation une majest
2299
qui les laissent commettre sont épouvantables. Il
est
temps qu’il sorte de la civilisation une majestueuse défense d’aller
2300
nages ; libre pensée, libre échange ; fraternité.
Est
-ce donc si difficile, la paix ? La République d’Europe, la fédération
2301
ent, les événements aussi. Sur cette réalité, qui
est
une nécessité, tous les philosophes sont d’accord, et aujourd’hui les
2302
lité, qui est une nécessité, tous les philosophes
sont
d’accord, et aujourd’hui les bourreaux joignent leur démonstration à
2303
(1809-1865) a pu se vanter à juste titre d’avoir
été
le premier théoricien du fédéralisme, encore que Rousseau — qu’il ava
2304
charnement intellectuel dont Jean-Jacques ne peut
être
accusé. Si Marx lui est sans conteste supérieur dans l’analyse économ
2305
ont Jean-Jacques ne peut être accusé. Si Marx lui
est
sans conteste supérieur dans l’analyse économique, Proudhon n’en est
2306
upérieur dans l’analyse économique, Proudhon n’en
est
pas moins l’ancêtre européen des formes démocratiques du socialisme :
2307
r sur la doctrine dans les deux cas, mais Marx en
est
complice, Proudhon victime : il croyait à la liberté, et son adversai
2308
versaire ne croyait qu’à la force des choses, qui
est
en effet totale aussitôt que l’homme démissionne. Marx triomphe malgr
2309
re où l’Europe saura découvrir que le fédéralisme
est
la santé de ses peuples, et le secret de son rayonnement sur la planè
2310
on assimilé (ou peu s’en faut) à l’Antéchrist. Il
est
juste de citer également ce que Proudhon dit de lui-même : Et moi au
2311
tradition, une généalogie politique à laquelle je
tiens
comme à la légitimité de ma naissance ; je suis fils de la Révolution
2312
tiens comme à la légitimité de ma naissance ; je
suis
fils de la Révolution, qui fut fille elle-même de la Philosophie du x
2313
ma naissance ; je suis fils de la Révolution, qui
fut
fille elle-même de la Philosophie du xviiie siècle, laquelle eut pou
2314
utes les Idées, orthodoxes et hétérodoxes, qui se
sont
succédé d’âge en âge depuis l’origine du christianisme jusqu’à la chu
2315
tution hiérarchique et sa distinction des castes,
fut
aussi, dans son temps, une forme de liberté. Et de qui est fils le ch
2316
, dans son temps, une forme de liberté. Et de qui
est
fils le christianisme lui-même, que je ne sépare pas de cette généalo
2317
tte généalogie révolutionnaire ? Le christianisme
est
fils du judaïsme, de l’égyptianisme, du brahmanisme, du magisme, du p
2318
passé les origines ?215 Les textes qui suivent
sont
tous extraits du grand ouvrage qui ne parut qu’après la mort de son a
2319
gner leur importance littéralement posthume : ils
sont
écrits pour notre siècle. Pour que le contrat politique reste avant
2320
, sa souveraineté et son initiative, moins ce qui
est
relatif à l’objet spécial pour lequel le contrat est formé et dont on
2321
relatif à l’objet spécial pour lequel le contrat
est
formé et dont on demande la garantie à l’État. Ainsi réglé et compris
2322
tat. Ainsi réglé et compris, le contrat politique
est
ce que j’appelle une fédération. FÉDÉRATION, du latin fœdus, génitif
2323
cte, contrat, traité, convention, alliance, etc.,
est
une convention par laquelle un ou plusieurs chefs de famille, une ou
2324
de la fédération. En résumé, le système fédératif
est
l’opposé de la hiérarchie ou centralisation administrative et gouvern
2325
unitaires. Sa loi fondamentale, caractéristique,
est
celle-ci : Dans la fédération, les attributs de l’autorité centrale s
2326
quence de ce fait, c’est que, le système unitaire
étant
l’inverse du système fédératif, une confédération entre grandes monar
2327
à plus forte raison entre démocraties impériales,
est
chose impossible. Des États comme la France, l’Autriche, l’Angleterre
2328
se fédéralisent, d’abord parce que leur principe
est
contraire, qu’il les mettrait en opposition avec le pacte fédéral ; q
2329
moins pour certains cas, un arbitre. Leur nature
est
de commander, non de transiger ni d’obéir. Les princes qui, en 1813,
2330
on, qui plus tard formèrent la Sainte-Alliance, n’
étaient
pas des confédérés : l’absolutisme de leur pouvoir leur défendait d’e
2331
tre nom. … l’idée d’une confédération universelle
est
contradictoire. En cela se manifeste une fois de plus la supériorité
2332
de l’illimité, de l’absolu, de l’idéal. L’Europe
serait
encore trop grande pour une confédération unique : elle ne pourrait f
2333
Nation ; c’est-à-dire la Multitude, la Masse ; il
est
le vrai Souverain, le Législateur, la Puissance, la Domination, la Pa
2334
inorités. Son idéal, son rêve le plus délectable,
est
unité, identité, uniformité, concentration ; il maudit, comme attenta
2335
s, maîtres d’eux-mêmes, ne suivent pas ? Paris en
sera
pour ses frais… La fédération devient ainsi le salut du peuple : car
2336
ation. Johann Caspar Bluntschli (1808-1881) avait
été
l’auteur du code civil de son canton natal, Zurich, avant de devenir
2337
uniformes qui composent l’Europe ? Le problème s’
est
révélé insoluble, et c’est qu’il était mal posé. L’exemple d’une nati
2338
e problème s’est révélé insoluble, et c’est qu’il
était
mal posé. L’exemple d’une nation « internationale » par essence perme
2339
par essence permet au contraire d’imaginer ce que
serait
un État fédéral européen : La Suisse, pays de montagnes en Europe ce
2340
re et relie en même temps les grandes nations que
sont
l’Allemagne, l’Italie, la France et l’Autriche, a de ce fait un carac
2341
publiques cantonales qu’à la grande république qu’
est
la Confédération — ont de grandes tâches vitales à accomplir, d’impor
2342
ité suisse arrêtée dans son développement. … S’il
est
une nationalité suisse, elle possède au plus haut degré un caractère
2343
un caractère international… Les parties dont elle
est
composée sont liées indissolublement aux autres grandes nations, form
2344
international… Les parties dont elle est composée
sont
liées indissolublement aux autres grandes nations, formant avec celle
2345
de la nationalité suisse aura sa juste valeur. Il
est
devenu pour la Suisse un principe vital, lui conférant au sein de la
2346
isse a émis et réalisé des idées et principes qui
sont
pour l’ensemble des États européens une source de prospérité et de dé
2347
e source de prospérité et de développement et qui
seront
un jour destinés à assurer la paix en Europe… Si cet idéal de l’aveni
2348
re de telles choses, non les faire. Cependant, il
est
curieux qu’un Bluntschli, si conscient des avantages d’une vraie fédé
2349
ion, la condition principale qu’il faudra remplir
sera
le maintien scrupuleux de l’indépendance et de la liberté des États a
2350
se considèrent comme des personnes souveraines et
sont
tous décidés à affirmer leur souveraineté et à se soustraire à toute
2351
ts jusqu’alors souverains devraient s’incorporer,
est
irréalisable. Bluntschli propose alors une Union d’États souverains
2352
dans le domaine de la grande politique européenne
seront
confiés de préférence au Conseil Fédéral, sous la direction des grand
2353
évue pour une certaine durée devra nécessairement
être
soumise à l’approbation du Sénat. Parmi les affaires de la grande pol
2354
outes ces questions, la seule autorité compétente
sera
la communauté des États européens, à laquelle s’adjoindra une représe
2355
opulaire européenne — et encore cette dernière ne
sera
habilitée à collaborer qu’à certaines conditions. Les États en litige
2356
e les gouvernements et les peuples, et quand cela
est
possible, par une union étroite entre eux, pour le moins par le souti
2357
u projet d’une constitution fédérale européenne n’
est
pas très brillant et n’a rien d’extraordinaire ; il est modeste et mo
2358
s très brillant et n’a rien d’extraordinaire ; il
est
modeste et modéré ; mais étant donné qu’il ne fait appel qu’aux force
2359
’extraordinaire ; il est modeste et modéré ; mais
étant
donné qu’il ne fait appel qu’aux forces réelles, leur confiant l’acco
2360
ment des nobles tâches que comporte cet idéal, il
sera
, du moins je l’espère, plus réalisable et plus efficace que les proje
2361
cessa de condamner les prétentions hégémoniques),
fut
non seulement l’un des plus zélés partisans d’une unité allemande de
2362
chrétienne217. Il s’agissait d’abord pour lui de
tenir
en échec les deux puissances impérialistes, France à l’ouest et Russi
2363
ces impérialistes, France à l’ouest et Russie à l’
est
; puis une fois l’atmosphère purifiée, de les faire adhérer à l’union
2364
générale, à celle d’une simple nation « fermée »,
étant
donné les rapports étroits, déterminants pour son évolution, qui ont
2365
e pas un ensemble unifié, mais qu’elle a toujours
été
, dès le début, — pour reprendre une expression de Schelling — « un pe
2366
il n’y a pas d’union possible, ou bien le carcan
est
brisé et l’union devient possible : tertium non datur : Je pose la q
2367
peut-il passer pour durable, alors que les faits
sont
en contradiction flagrante avec le droit écrit ? Si l’on admet que le
2368
ellement, que la formation d’un pur État unitaire
est
proche. Il n’est pas impossible que nous soyons les témoins de cette
2369
formation d’un pur État unitaire est proche. Il n’
est
pas impossible que nous soyons les témoins de cette transformation ;
2370
aire est proche. Il n’est pas impossible que nous
soyons
les témoins de cette transformation ; mais supposons l’État unitaire
2371
la camisole de force qu’on lui aurait mise. Ceci
est
un des termes de notre alternative. En revanche, si nous voulons écha
2372
it un nouveau marché aussi important qu’elle-même
est
étendue, mais elle permettrait aussi la réunion d’une telle masse de
2373
anifester de tendances agressives. De cette façon
serait
fondé un système pour le maintien de la paix tel que l’Europe n’en a
2374
Et quel honneur pour l’Allemagne si elle pouvait
être
la base d’une fédération pour la paix, au lieu d’avoir, par le systèm
2375
n qui nous suce notre propre sang. Si grandes que
soient
les difficultés réelles qui s’opposent à la fondation de la fédératio
2376
tion de la fédération d’Europe Centrale — et nous
sommes
les derniers à nous bercer d’illusions —, elles pourraient très bien
2377
bercer d’illusions —, elles pourraient très bien
être
surmontées grâce à une prévoyance, une énergie et une endurance appro
2378
r exige, elle, des institutions permanentes : Il
est
bien établi que le but final de l’organisation n’est pas l’État unive
2379
bien établi que le but final de l’organisation n’
est
pas l’État universel, mais bien la fédération des peuples, qui ne pou
2380
dite aura d’emblée un caractère définitif : elle
sera
constituée pour toujours et dotée d’organes permanents prêts à foncti
2381
uissances, on constate d’après son nom même qu’il
est
fondé sur l’idée de la seule puissance, et qu’il fait abstraction aus
2382
des buts élevés de la civilisation. La seule fin
est
d’être ou de devenir une grande puissance. Et pour autant que plusieu
2383
uts élevés de la civilisation. La seule fin est d’
être
ou de devenir une grande puissance. Et pour autant que plusieurs de c
2384
e plusieurs de ces grandes puissances se trouvent
être
l’une à côté de l’autre, quel autre but poursuivront-elles principale
2385
sinon celui d’augmenter leur force militaire ? Il
est
frappant de constater que la prédominance de l’élément militaire va d
2386
a caserne ou à la Bourse… … Tous les petits États
sont
ainsi menacés de décadence, à moins qu’ils ne soient déjà réellement
2387
ont ainsi menacés de décadence, à moins qu’ils ne
soient
déjà réellement déchus… En revanche, l’histoire témoigne que les peti
2388
essus historique, la notion de grande puissance n’
est
par conséquent qu’une catégorie de l’histoire, destinée à disparaître
2389
étape de l’évolution, de la même manière qu’elle
est
apparue un jour et qu’elle a acquis, temporairement, droit de cité un
2390
de non-intervention, proclamé depuis longtemps, n’
est
-il pas la déclaration de faillite de la politique du concert européen
2391
oncert européen ? De ce fait même, cette dernière
est
devenue, si l’on peut dire, un « asystème ». Et maintenant la tâche i
2392
ce concert une voix allemande, et la voici : Il
est
évident qu’une telle fédération ne peut pas s’instaurer d’un coup. Il
2393
se réelle, d’où, par la suite, l’impulsion pourra
être
donnée… Si c’est l’Allemagne, où a commencé la scission de l’Église,
2394
l, si peu compte-t-il dans la politique actuelle,
est
le principe de l’évolution politique de l’avenir. 208. Cf. P. Reno
2395
t individuellement, comme un amant, la patrie ! N’
est
-ce pas l’inspiration patriotique qui nous a donné le courage d’entrep
2396
dinaves, Belgique et Hollande. Une entente devait
être
conclue avec l’Angleterre pour la politique extérieure. 218. Toutes
2397
térieure. 218. Toutes les citations de C. Frantz
sont
empruntées à son ouvrage paru en 1879 sous ce titre : Der Föderalismu
2398
3.Un problème séculaire : la Russie et l’Europe
Est
-ce à la France, à l’Italie ou à l’Allemagne, voire à la Suisse fédéra
2399
la Russie pourra devenir européenne. Que l’Europe
soit
unie ou non, la France, l’Allemagne, l’Italie et la Suisse en font in
2400
indiscutablement partie. Mais le cas de la Russie
est
différent. Elle peut choisir d’être d’Europe ou non, selon que l’Euro
2401
s de la Russie est différent. Elle peut choisir d’
être
d’Europe ou non, selon que l’Europe sera conforme ou non à l’idée rus
2402
hoisir d’être d’Europe ou non, selon que l’Europe
sera
conforme ou non à l’idée russe de l’humanité, du christianisme et de
2403
al. Ce privilège exorbitant, existe-t-il en fait,
est
-il fondé en droit ? Ou bien ne serait-il qu’un phantasme, un besoin d
2404
-t-il en fait, est-il fondé en droit ? Ou bien ne
serait
-il qu’un phantasme, un besoin de surcompenser le retard de la Russie
2405
alousés et honnis ? Notre propos dans cet ouvrage
étant
de présenter des textes afin de les mieux laisser parler, nous rappel
2406
devient soudain le vrai danger, contre lequel il
serait
bon de s’unir et de s’entendre avec les Turcs. Voltaire et ses contem
2407
dre avec les Turcs. Voltaire et ses contemporains
tenaient
encore que l’Europe s’arrête au Don, au-delà duquel la « Moscovie » e
2408
au-delà duquel la « Moscovie » et la « Scythie »
sont
en Asie… La tsarine éclairée, Catherine le Grand — comme l’appelait l
2409
e Grand — comme l’appelait le prince de Ligne — n’
était
pas une menace à leurs yeux mais une amie, presque une complice. Un p
2410
’occident, et nous autres, peuples du noyau, nous
serons
trop dégradés, trop avilis, pour savoir autrement que par une vague e
2411
une vague et stupide tradition, ce que nous avons
été
. Dès ce moment, l’Amérique et la Russie vont obséder l’imagination h
2412
des « peuples du noyau ». L’Amérique et la Russie
sont
les « pays d’avenir » destinés à succéder à l’Europe lorsque ses divi
2413
ean de Müller annonce que « l’avenir appartiendra
soit
à la Russie, soit à l’Amérique » : Napoléon, dans le Mémorial de Sai
2414
nce que « l’avenir appartiendra soit à la Russie,
soit
à l’Amérique » : Napoléon, dans le Mémorial de Sainte-Hélène, prévoi
2415
e Mémorial de Sainte-Hélène, prévoit que le monde
sera
sous peu « République américaine ou Monarchie universelle russe », et
2416
reste, beaucoup plus énergiquement), et l’Europe
est
à lui. Il peut commencer ses opérations sur le sol allemand même, à c
2417
capitales, Berlin et Vienne, dont les souverains
sont
les seuls obstacles… … Au besoin, si le cas le requiert, il jette, en
2418
rique (« cette seconde Angleterre ») et la Russie
sont
destinées, l’une à renouveler le vieux monde, l’autre à tenter de le
2419
de la Vistule tombe un rideau derrière lequel il
est
fort difficile de bien voir ce qui se passe dans l’intérieur de l’emp
2420
’origine et pris les mœurs, le gouvernement russe
est
concentré dans le cabinet du prince ; il parle seul, n’écrit guère et
2421
pour tout dérober à la connaissance du public, on
est
à peu près réduit à des conjectures ; c’est aussi d’après elles seule
2422
e jour, la politique de la Russie n’a pas cessé d’
être
conquérante ; on dirait que depuis un siècle entier son cabinet n’a é
2423
irait que depuis un siècle entier son cabinet n’a
été
composé que d’un seul et même homme tant il n’a eu qu’une seule et mê
2424
tre jeunesse, c’est l’Amérique… L’avenir du monde
est
là, entre ces deux grands mondes. Ils se heurteront quelque jour et l
2425
, les États-Unis la Démocratie, même quand ils ne
sont
pas nommés. Ainsi : Carlo Cattaneo, en 1848219 : Les grandes proph
2426
Les grandes prophéties s’accomplissent, l’Océan
est
agité et tempétueux, les courants vont vers deux fins : ou l’Autocrat
2427
lus longuement) : Lorsque je considère l’état où
sont
déjà arrivées plusieurs nations européennes et celui où toutes les au
2428
dt, en 1869220 : Pour moi et depuis longtemps, il
est
clair que le monde va au-devant de l’alternative suivante : ou la Dém
2429
férents, semblent s’avancer vers le même but : ce
sont
les Russes et les Anglo-Américains. Tous deux ont grandi dans l’obscu
2430
’obscurité ; et tandis que les regards des hommes
étaient
occupés ailleurs, ils se sont placés tout à coup au premier rang des
2431
gards des hommes étaient occupés ailleurs, ils se
sont
placés tout à coup au premier rang des nations, et le monde a appris
2432
nature, et n’avoir plus qu’à conserver ; mais eux
sont
en croissance222 : tous les autres sont arrêtés ou n’avancent qu’avec
2433
mais eux sont en croissance222 : tous les autres
sont
arrêtés ou n’avancent qu’avec mille efforts ; eux seuls marchent d’un
2434
les obstacles que lui oppose la nature ; le Russe
est
aux prises avec les hommes. L’un combat le désert et la barbarie, l’a
2435
rté ; l’autre, la servitude. Leur point de départ
est
différent, leurs voies sont diverses ; néanmoins, chacun d’eux semble
2436
. Leur point de départ est différent, leurs voies
sont
diverses ; néanmoins, chacun d’eux semble appelé par un dessein secre
2437
e appelé par un dessein secret de la Providence à
tenir
un jour dans ses mains les destinées de la moitié du monde.223 On n
2438
choix final, sans doute inévitable, mais qui n’en
sera
pas moins son choix. Ainsi pensent la plupart des auteurs innombrable
2439
e Ernst von Lasaulx l’écrit en 1856, que l’Europe
sera
fatalement broyée « entre les deux roues du moulin », ils ne se passi
2440
e gauche et d’extrême droite. Beaucoup plus rares
sont
les auteurs qui, comme Jean-Paul, Franz von Baader et Schelling, ont
2441
urope et l’Amérique : ce que l’on trouve là-bas n’
est
qu’un développement de nos races et de notre genre de vie : en fait,
2442
… La Russie voit dans l’Europe une proie qui lui
sera
livrée tôt ou tard par nos dissensions ; elle fomente chez nous l’ana
2443
’une corruption favorisée par elle, parce qu’elle
est
favorable à ses vues : c’est l’histoire de la Pologne recommencée en
2444
restons puissants, précisément parce que nous ne
sommes
pas libres : patientons sous le joug, nous ferons payer aux autres no
2445
eut paraître chimérique à des yeux distraits ; il
sera
reconnu pour vrai par tout homme initié à la marche des affaires de l
2446
el, la conviction absolue que l’Europe de l’Ouest
était
la partie du monde la plus « douée » (begabt), la plus avancée, la pl
2447
ité paradoxale, lui qui estimait que la culture n’
est
qu’un produit secondaire des processus matériels et quantitatifs.) De
2448
, dans une société sans classe et sans nation. Il
était
d’ailleurs convaincu que cette union ne serait jamais accomplie par l
2449
Il était d’ailleurs convaincu que cette union ne
serait
jamais accomplie par les bourgeois libéraux ni par les idéalistes à l
2450
par les uns, rejeté par les autres, le fait doit
être
admis par tous. À Beirouth, les Américains viennent d’arracher un fug
2451
rois de plus aux serres de l’aigle autrichien. Il
est
réconfortant de constater que l’intervention américaine en Europe se
2452
l’explication violente et permanente qui oppose l’
Est
à l’Ouest, l’Amérique est le plus jeune et le plus puissant représent
2453
permanente qui oppose l’Est à l’Ouest, l’Amérique
est
le plus jeune et le plus puissant représentant de l’Ouest.227 Mais
2454
oît ses exigences à la limite du possible, afin d’
être
en mesure plus tard de se donner l’air magnanime en se contentant des
2455
s qui ont leur révolution derrière eux. La Russie
est
une nation conquérante et l’a été pendant un siècle, jusqu’à ce que l
2456
eux. La Russie est une nation conquérante et l’a
été
pendant un siècle, jusqu’à ce que le grand mouvement de 1789 lui ait
2457
nt de la politique russe, son « étoile polaire »,
est
la domination du monde : Il ne manque pas de naïfs qui s’imaginent q
2458
’imaginent que tout cela (l’impérialisme russe) s’
est
modifié, que la Pologne a cessé d’être une « nation nécessaire » comm
2459
me russe) s’est modifié, que la Pologne a cessé d’
être
une « nation nécessaire » comme l’appelait un écrivain, et n’est déjà
2460
n nécessaire » comme l’appelait un écrivain, et n’
est
déjà plus qu’un souvenir historique… Mais je vous le demande : qu’est
2461
souvenir historique… Mais je vous le demande : qu’
est
-ce qui s’est modifié ? Le danger s’est-il atténué ? Non, seul l’aveug
2462
orique… Mais je vous le demande : qu’est-ce qui s’
est
modifié ? Le danger s’est-il atténué ? Non, seul l’aveuglement des co
2463
mande : qu’est-ce qui s’est modifié ? Le danger s’
est
-il atténué ? Non, seul l’aveuglement des couches dirigeantes de l’Eur
2464
aveuglement des couches dirigeantes de l’Europe s’
est
accru et a atteint son zénith. La politique russe est invariable, com
2465
accru et a atteint son zénith. La politique russe
est
invariable, comme le reconnaît l’historien officiel, le Moscovite Kar
2466
olaire de sa politique — la domination mondiale —
est
une étoile fixe. Cependant, Marx prévoyait la chute finale du despot
2467
eront l’unité de but, tandis que le Colosse russe
sera
ruiné par le progrès des masses et la force explosive des idées.229
2468
e, si elle s’applique mal aux événements de 1917,
est
loin d’avoir perdu son sens pour autant. B. Opinions russes sur l’
2469
icolas Ier, au sortir des guerres napoléoniennes,
est
encore en plein servage, mais son élite intellectuelle, son intellige
2470
ques allemands. Le grand problème qu’elle se pose
est
celui des relations de la Russie et de l’Europe. La première réponse
2471
ie et de l’Europe. La première réponse importante
sera
donnée par un occidentaliste convaincu. Pierre Tchaadaïev (1790-1856)
2472
rons chez ses amis, ennemis et successeurs russes
sont
en germe dans ces Lettres : « Il nie l’histoire de son pays, écrit Be
2473
toire de son pays, écrit Berdiaev, et sa négation
est
précisément le type de la négation russe. » Il veut que la Russie s’e
2474
s’européanise, et il affirme que le peuple russe
est
seul capable de résoudre les problèmes spirituels et sociaux de l’Occ
2475
ples a un caractère particulier, mais tout cela n’
est
que de l’Histoire et de la tradition. Cela fait le patrimoine hérédit
2476
vec l’air qu’il respire, et qui ont déjà fait son
être
moral avant qu’il soit livré au monde et à la société. Voulez-vous sa
2477
, et qui ont déjà fait son être moral avant qu’il
soit
livré au monde et à la société. Voulez-vous savoir qu’elles sont ces
2478
onde et à la société. Voulez-vous savoir qu’elles
sont
ces idées ? Ce sont les idées de devoir, de justice, de droit, d’ordr
2479
. Voulez-vous savoir qu’elles sont ces idées ? Ce
sont
les idées de devoir, de justice, de droit, d’ordre. Elles dérivent de
2480
ents mêmes qui y ont constitué la société ; elles
sont
des éléments intégrants du monde social de ces pays. C’est l’atmosphè
2481
ela chez nous ? Toutes les nations de l’Europe se
tenaient
par la main en avançant dans les siècles. Quelque chose qu’elles fass
2482
le développement de famille de ces peuples, il n’
est
pas besoin d’étudier l’histoire. Lisez seulement le Tasse, et voyez-l
2483
s, tous à la fois ils élevaient leurs voix vers l’
Être
suprême, pour célébrer sa gloire dans le plus grand de ses bienfaits.
2484
cependant, Tchaadaïev ne croit pas que la Russie
soit
d’Europe — bien qu’elle soit destinée à sauver l’Europe en adoptant s
2485
it pas que la Russie soit d’Europe — bien qu’elle
soit
destinée à sauver l’Europe en adoptant ses formes de pensée, son sens
2486
u progrès de l’esprit humain, et tout ce qui nous
est
revenu de ce progrès, nous l’avons défiguré. Nous ne nous sommes donn
2487
e ce progrès, nous l’avons défiguré. Nous ne nous
sommes
donné la peine de rien imaginer nous-mêmes, et, de tout ce que les au
2488
cier franchement, de nous concevoir tels que nous
sommes
, de sortir du mensonge, et de nous placer dans la vérité. Après cela,
2489
ns plus rapidement que les autres, parce que nous
sommes
venus après eux, parce que nous avons toute leur expérience et tout l
2490
Jouffroy, par exemple, qui nous apprend que nous
sommes
destinés à civiliser l’Asie. C’est fort bien ; mais demandez-lui donc
2491
ien ; mais demandez-lui donc, je vous prie, quels
sont
les peuples de l’Asie que nous avons civilisés ? Apparemment les mast
2492
opulations fossiles de la Sibérie, seules races d’
êtres
, à ma connaissance, que nous ayons tirés de l’obscurité, et cela enco
2493
ient pour ne plus nous rencontrer en Occident. Ne
soyons
pas dupes de leur artifice involontaire ; cherchons nous-mêmes à déco
2494
as aux autres ce que nous avons à faire. L’Orient
est
aux maîtres de la mer, cela est évident, nous en sommes beaucoup plus
2495
à faire. L’Orient est aux maîtres de la mer, cela
est
évident, nous en sommes beaucoup plus éloignés que les Anglais, et no
2496
aux maîtres de la mer, cela est évident, nous en
sommes
beaucoup plus éloignés que les Anglais, et nous ne sommes plus au tem
2497
eaucoup plus éloignés que les Anglais, et nous ne
sommes
plus au temps où toutes les révolutions de l’Orient partaient de l’As
2498
de l’Asie. C’est l’Europe au contraire, que nous
sommes
destinés à instruire sur une infinité de choses qu’elle ne saurait co
2499
s puissants alors par notre intelligence que nous
sommes
aujourd’hui par notre force matérielle. Tel sera le résultat logique
2500
ommes aujourd’hui par notre force matérielle. Tel
sera
le résultat logique de notre longue solitude : toujours les grandes c
2501
tre longue solitude : toujours les grandes choses
sont
venues du désert. La puissante voix qui vient de retentir dans le mon
2502
e histoire, écrite de la main de Pierre le Grand,
est
déchirée : grâce à Dieu, nous ne sommes plus de l’Europe ; dès ce jou
2503
re le Grand, est déchirée : grâce à Dieu, nous ne
sommes
plus de l’Europe ; dès ce jour donc notre mission universelle a comme
2504
notre mission universelle a commencé. Tchaadaïev
est
ici tout près des adversaires les plus acharnés de son Apologie d’un
2505
e oppose à l’Europe la notion d’enthousiasme, qui
serait
restée le privilège des Russes et que nos pays de l’Ouest auraient pe
2506
t satisfaite, la mission de la Russie authentique
est
d’inverser l’œuvre de Pierre le Grand : le salut de l’Europe sera rus
2507
l’œuvre de Pierre le Grand : le salut de l’Europe
sera
russe. Pour Kireievsky et ses amis, la notion d’hégémonie organisatri
2508
et ses amis, la notion d’hégémonie organisatrice
est
capitale : Mais pour que l’unité de l’Europe se constitue organiquem
2509
se constitue organiquement et harmonieusement, il
est
nécessaire qu’existe un centre défini, un peuple qui domine les autre
2510
exercé successivement cette hégémonie. Mais elles
sont
épuisées. L’Amérique n’est que leur projection. Seule la Russie reste
2511
hégémonie. Mais elles sont épuisées. L’Amérique n’
est
que leur projection. Seule la Russie reste capable — bien que non eur
2512
u’avec l’aide de l’Europe… … notre nationalité a
été
jusqu’ici une nationalité barbare, grossière, immobile à la chinoise.
2513
er, lui donner la vie et le pouvoir d’évoluer, ne
serait
possible que par la médiation d’une influence étrangère ; et comme ju
2514
e notre civilisation s’inspire de l’étranger ce n’
est
que de l’étranger que nous pourrons la recevoir jusqu’au moment où no
2515
euses, pour la Russie et pour l’humanité. Telles
sont
les données du débat qui animera l’intelligentzia jusqu’à la fin du s
2516
y introduire le dogmatisme. Ce qui, en Occident,
était
théorie scientifique, sujette à la critique, hypothèse, ou, en tout c
2517
partielle, sans prétention à l’universalité, — s’
est
mué, pour l’intelligentzia russe, en une affirmation qui confinait à
2518
tiers, la réserve ou le criticisme sceptique leur
est
une attitude presque étrangère. Sans doute, y a-t-il là une lacune, u
2519
la science ces méthodes idolâtriques. Lorsqu’il s’
est
fait darwinien, le darwinisme a été pour lui, non pas une théorie bio
2520
. Lorsqu’il s’est fait darwinien, le darwinisme a
été
pour lui, non pas une théorie biologique sujette à la discussion, mai
2521
dogme, et, par exemple, les partisans de Lamarck,
étaient
en butte à son mépris. Le philosophe le plus important du xixe siècl
2522
anger, — et tous les Russes, comme un seul homme,
étaient
dans un état d’exaltation indescriptible… Qui peut dire si Tolstoï s
2523
Il n’y a pas de raison de croire que les Russes
soient
nécessairement soumis à la même loi de progression de la civilisation
2524
t les peuples européens, ni que cette progression
soit
un bien… Le peuple russe doit non se prolétariser, à l’imitation de
2525
à la violence et à l’esclavage capitaliste. Telle
est
sa haute mission historique. Et certes, pour un théologien slavophile
2526
comme Vladimir Soloviev, la mission de la Russie
tient
tout entière dans la spiritualité de l’orthodoxie, tandis que pour le
2527
e Alexandre Herzen (1812-1870), « le peuple russe
est
en premier lieu le peuple social, celui qui veut réaliser l’ordre soc
2528
de notre position, c’est cette obligation où nous
sommes
d’appeler du nom d’Europe un fait qui ne devrait jamais s’appeler que
2529
e » dont les conseils européens, non pas Staline,
seraient
responsables. Dostoïevski ne ferait-il pas partie du trésor culturel
2530
Journal d’un écrivain, gazette mensuelle dont il
était
le seul rédacteur. Des pages qu’il y consacre aux rapports entre la R
2531
s brefs extraits. L’idée constante de Dostoïevski
est
celle de la mission de l’orthodoxie, en laquelle seule …la face divi
2532
e, en laquelle seule …la face divine du Christ s’
est
conservée dans toute sa pureté. Peut-être est-ce là toute la mission
2533
t s’est conservée dans toute sa pureté. Peut-être
est
-ce là toute la mission prédestinée du peuple russe dans l’humanité, q
2534
en lui cette image divine afin, lorsque le temps
sera
venu, de la révéler à un monde qui a perdu sa voie… Ce « monde » est
2535
ler à un monde qui a perdu sa voie… Ce « monde »
est
en réalité l’Europe : En Europe, est-ce que toutes les forces qui te
2536
e « monde » est en réalité l’Europe : En Europe,
est
-ce que toutes les forces qui tendaient à l’union, et sur lesquelles n
2537
lesquelles nous comptions tant nous-mêmes, ne se
sont
pas évanouies comme un triste mirage ? Est-ce que la décomposition et
2538
ne se sont pas évanouies comme un triste mirage ?
Est
-ce que la décomposition et l’individualisation ne s’y font pas sentir
2539
ion qui ne peut échapper à l’homme russe. Où donc
est
le vrai Russe qui ne pense pas avant tout à l’Europe ?… Jamais encore
2540
ant tout à l’Europe ?… Jamais encore l’Europe n’a
été
aussi travaillée, et par autant d’éléments hostiles qu’à notre époque
2541
ts hostiles qu’à notre époque. On dirait que tout
est
sapé, miné par en dessous et que l’on n’attend plus que la première é
2542
l’on n’attend plus que la première étincelle… Qu’
est
-ce que cela nous fait, à nous, puisque cela se passe en Europe et non
2543
l’heure dernière et que l’ordre des choses actuel
sera
sur le point de finir. Elle nous demandera notre aide, non sans quelq
2544
s se retrouve chez nous comme chez elle, que ce n’
est
pas en vain que pendant deux-cents ans nous l’avons imitée et nous so
2545
endant deux-cents ans nous l’avons imitée et nous
sommes
vantés d’être des Européens, donc en la sauvant nous nous sauverons n
2546
s ans nous l’avons imitée et nous sommes vantés d’
être
des Européens, donc en la sauvant nous nous sauverons nous-mêmes… Mai
2547
-nous subitement à quel point nous avons toujours
été
dissemblables de l’Europe, en dépit de notre désir deux fois séculair
2548
ut aussi que nous ne le comprenions point, car il
sera
bien tard. Et s’il en est ainsi, nous ne comprendrons certainement pa
2549
prenions point, car il sera bien tard. Et s’il en
est
ainsi, nous ne comprendrons certainement pas ce que l’Europe attend d
2550
nous demande, et en quoi nous pourrions alors lui
être
utiles. N’irions-nous pas, au contraire, mettre à la raison l’ennemi
2551
oit, que nous pourrons hardiment nous féliciter d’
être
tout à fait des Européens !235 Dostoïevski pense d’ailleurs que la
2552
oïevski pense d’ailleurs que la Russie, tout en n’
étant
pas d’Europe sera bientôt la plus forte nation d’Europe : Dans le nu
2553
leurs que la Russie, tout en n’étant pas d’Europe
sera
bientôt la plus forte nation d’Europe : Dans le numéro de mars de mo
2554
e : Dans le numéro de mars de mon Journal, je me
suis
laissé aller à quelques rêveries sur l’avenir de l’Europe. Mais ce n’
2555
ques rêveries sur l’avenir de l’Europe. Mais ce n’
est
plus une rêverie, c’est presque une certitude qui me fait dire que bi
2556
certitude qui me fait dire que bientôt la Russie
sera
peut-être la plus forte nation de l’Europe. Cela résultera du fait qu
2557
fait que toutes les grandes puissances en Europe
seront
détruites pour un motif bien simple : toutes seront affaiblies et sap
2558
ront détruites pour un motif bien simple : toutes
seront
affaiblies et sapées par les efforts mal satisfaits de leur démocrati
2559
là qui ne saurait arriver en Russie : notre Démos
est
satisfait, et plus ça ira, plus il sera satisfait, car tout converge
2560
otre Démos est satisfait, et plus ça ira, plus il
sera
satisfait, car tout converge à cela, par une commune disposition, ou
2561
s’effacera qu’au jour où l’humanité tout entière
sera
réunie dans la vraie religion — ou absorbée par la Russie, ce qui rev
2562
s, et daignent ceux-ci ne pas s’en offusquer ! Il
est
inutile de protester contre un fait semblable. La plus haute parmi le
2563
er l’humanité en un seul faisceau, car nous, ce n’
est
pas seulement la Russie, le panslavisme, c’est l’humanité tout entièr
2564
runté à l’Europe et transplanté chez nous n’a pas
été
servilement imité par nous, mais se trouve désormais en nous, amalgam
2565
urope, dans la Moscovie inculte, ce même Schiller
était
bien plus national et beaucoup plus cher aux Russes barbares non seul
2566
citoyen français et ami de l’humanité, n’a jamais
été
connu que des professeurs de littérature, et encore pas de tous, et t
2567
as de tous, et très partiellement. Or, Schiller s’
est
incorporé à l’âme russe, il a laissé sur elle son empreinte, il a pre
2568
n à nous de considérer la littérature universelle
est
un phénomène à peu près sans exemple chez les autres peuples, aussi l
2569
eut échapper à la pensée russe, ne peut manquer d’
être
presque une force russe […]237 Non, la Russie ne sera jamais d’Eur
2570
esque une force russe […]237 Non, la Russie ne
sera
jamais d’Europe … à moins que l’Europe ne devienne russe. Et le ton m
2571
e ne devienne russe. Et le ton monte : La Russie
est
quelque chose de tout à fait à part, ne ressemblant en rien à l’Europ
2572
en les qualifiant de révolutionnaires : car nous
sommes
des révolutionnaires non seulement pour détruire là où nous n’avons r
2573
quelque autre chose, que nous ignorons encore il
est
vrai (ceux qui connaissent le secret le gardent pour eux). En un mot,
2574
t le secret le gardent pour eux). En un mot, nous
sommes
révolutionnaires, par nécessité personnelle si l’on peut dire, voire
2575
conservatisme […]238 Ils ne savent pas que nous
sommes
invincibles, que si nous pouvons fort bien perdre des batailles, nous
2576
ational et de notre conscience nationale. Nous ne
sommes
pas la France qui est tout entière dans Paris, nous ne sommes pas l’E
2577
ience nationale. Nous ne sommes pas la France qui
est
tout entière dans Paris, nous ne sommes pas l’Europe qui tout entière
2578
a France qui est tout entière dans Paris, nous ne
sommes
pas l’Europe qui tout entière dépend des Bourses de sa bourgeoisie et
2579
nom des malheureux persécutés, quand bien même ce
serait
aux dépens de nos intérêts actuels. Nous n’en croirons que plus forte
2580
a vérité : se sacrifier pour ceux qui, en Europe,
sont
opprimés et abandonnés au nom des prétendus intérêts de la civilisati
2581
vérité, cette vérité même du Christ telle qu’elle
est
reconnue par le simple croyant. Il faut bien que la vérité soit conse
2582
par le simple croyant. Il faut bien que la vérité
soit
conservée quelque fart, que tout au moins une nation serve de flambea
2583
uropéens opprimés par une fausse « civilisation »
sont
invités à se laisser éclairer et libérer par la sainte Russie, sous p
2584
du ciel et s’apparentant aux hommes… Oh ! qu’ils
étaient
beaux, ces hommes-là ! Ils se levaient et s’endormaient heureux et in
2585
ux, sublime aberration de l’humanité ! L’âge d’or
est
le rêve le plus invraisemblable de tous ceux qui ont jamais été, mais
2586
plus invraisemblable de tous ceux qui ont jamais
été
, mais pour lui des hommes ont donné toute leur vie et toutes leurs fo
2587
é toute leur vie et toutes leurs forces, pour lui
sont
morts et ont été tués les prophètes, sans lui les peuples ne veulent
2588
t toutes leurs forces, pour lui sont morts et ont
été
tués les prophètes, sans lui les peuples ne veulent pas vivre et ne p
2589
uvris les yeux, littéralement baigné de larmes. J’
étais
heureux, je m’en souviens. Une sensation de bonheur encore inéprouvé
2590
ils venaient alors de brûler les Tuileries… Oh !
sois
tranquille, je sais que c’était « logique ». Et je comprends bien la
2591
ne pouvais l’admettre, car la haute pensée russe
est
la conciliation universelle des idées. Et qui aurait pu comprendre al
2592
ndre alors cette pensée, dans le monde entier : j’
étais
seul et errant. Je ne parle pas de moi personnellement, mais de la pe
2593
y avait combat et logique ; là-bas le Français n’
était
que Français, l’Allemand qu’Allemand, et cela avec une intensité plus
2594
rs, pouvais leur dire en face que leurs Tuileries
étaient
une erreur ; moi seul entre tous les conservateurs-vengeurs pouvais d
2595
geurs pouvais dire aux vengeurs que les Tuileries
étaient
un crime sans doute mais n’en étaient pas moins logiques. Et cela, mo
2596
s Tuileries étaient un crime sans doute mais n’en
étaient
pas moins logiques. Et cela, mon petit, parce que seul, en tant que R
2597
, mon petit, parce que seul, en tant que Russe, j’
étais
alors en Europe l’unique Européen.241 J’émigrai, poursuivit-il, et j
2598
si, je la servais infiniment mieux que si j’avais
été
tout bonnement Russe, comme le Français d’alors n’était que Français,
2599
tout bonnement Russe, comme le Français d’alors n’
était
que Français, et l’Allemand qu’Allemand. En Europe, on ne le comprend
2600
encore rien savoir. C’est compréhensible : ils ne
sont
pas libres, tandis que nous sommes libres. Moi seul en Europe, avec m
2601
ensible : ils ne sont pas libres, tandis que nous
sommes
libres. Moi seul en Europe, avec mon ennui russe, étais alors libre.
2602
libres. Moi seul en Europe, avec mon ennui russe,
étais
alors libre. Note bien, mon ami, une bizarrerie : chaque Français peu
2603
me à notre époque, c’est-à-dire bien avant qu’ait
été
dressé le bilan général, a reçu la faculté d’être le plus russe préci
2604
été dressé le bilan général, a reçu la faculté d’
être
le plus russe précisément lorsqu’il est le plus européen. C’est la di
2605
aculté d’être le plus russe précisément lorsqu’il
est
le plus européen. C’est la distinction nationale la plus essentielle
2606
pare de tous les autres, et, à cet égard, nous ne
sommes
comme personne […] Oh ! ce n’est pas seulement le sang qui coulait al
2607
gard, nous ne sommes comme personne […] Oh ! ce n’
est
pas seulement le sang qui coulait alors qui m’a tant épouvanté, ce ne
2608
g qui coulait alors qui m’a tant épouvanté, ce ne
sont
pas même les Tuileries, mais tout ce qui devait suivre. Ils étaient c
2609
es Tuileries, mais tout ce qui devait suivre. Ils
étaient
condamnés à se battre encore longtemps, parce qu’ils sont encore trop
2610
damnés à se battre encore longtemps, parce qu’ils
sont
encore trop Allemands et Français et qu’ils n’ont pas achevé leur act
2611
regret des destructions. Pour le Russe, l’Europe
est
aussi précieuse que la Russie ; chaque pierre y est douce et chère à
2612
t aussi précieuse que la Russie ; chaque pierre y
est
douce et chère à son cœur. L’Europe n’était pas moins notre patrie qu
2613
ierre y est douce et chère à son cœur. L’Europe n’
était
pas moins notre patrie que la Russie. Davantage même !… et, reconnais
2614
mais uniquement pour l’Europe ! Quant à eux, ils
sont
voués à de terribles souffrances, avant d’atteindre au Royaume de Die
2615
perd dans des problèmes mondains qui ne sauraient
être
résolus que par le divin, et auxquels seul le christianisme pourrait
2616
Quatrième État — c’est-à-dire : tous les hommes —
est
apparu, il est devenu impossible d’avancer d’un pas vers la solution
2617
— c’est-à-dire : tous les hommes — est apparu, il
est
devenu impossible d’avancer d’un pas vers la solution du problème de
2618
homme avec l’homme, selon ce monde dont l’essence
est
la diversité ; oui, même si toute circulation en Europe était interro
2619
ersité ; oui, même si toute circulation en Europe
était
interrompue, si l’on devait nager dans le sang, si tous les ministres
2620
sé, quitte à devenir fous eux-mêmes, — cette voie
est
barrée pour toujours ; et cette frontière se rit de tous les efforts
2621
el seul peut expliquer et expliquera. Le problème
est
religieux… Pour regagner l’éternel, il se peut que massacres et bomba
2622
ternel, il se peut que massacres et bombardements
soient
nécessaires, item que de nombreux ministres perdent la raison… Mais n
2623
« Le Danger russe et l’Europe ». 222. La Russie
est
, de toutes les nations de l’Ancien Monde, celle dont la population au
2624
échrist, Paris 1921 : « Les Européens, en Europe,
sont
Anglais, Italiens, Français, Allemands. Seuls les Russes sont des Eur
2625
, Italiens, Français, Allemands. Seuls les Russes
sont
des Européens universels. Nous avons deux patries, notre Russie et l’
2626
de l’esprit : ou bien les descriptions des Russes
sont
délirantes et ne reflètent que leur propre esprit, ou bien le sobre i
2627
près d’un siècle. Les deux mondes en tout cas ne
sont
pas contemporains, en dépit de leurs dates identiques. Que si l’on de
2628
rs dates identiques. Que si l’on demandait lequel
est
le plus vrai, il serait vain d’espérer aucune réponse sérieuse : les
2629
Que si l’on demandait lequel est le plus vrai, il
serait
vain d’espérer aucune réponse sérieuse : les méthodes ne sont pas com
2630
espérer aucune réponse sérieuse : les méthodes ne
sont
pas comparables ici et là, et les fins d’ordres différents. Ranke est
2631
ici et là, et les fins d’ordres différents. Ranke
est
en plus d’un sens l’anti-Hegel, par sa volonté d’objectivité, de sobr
2632
irituelle, de description contrôlée de « ce qui s’
est
vraiment passé », et par son refus de tout système dialectique permet
2633
quelle énergie intrinsèque : « Chaque génération
est
immédiate à Dieu », écrit-il en une formule célèbre. Une nation ou un
2634
ire, puis du Catholicisme et de la Réforme, aient
été
des grands malheurs pour l’Europe, car cette bipolarité … a de prof
2635
que le complexe des États chrétiens d’Europe doit
être
considéré comme un ensemble, en quelque sorte comme un État. Certes,
2636
us ces efforts, tant de tendances destructives se
sont
réunies que, si celles-ci venaient à l’emporter, la culture et la chr
2637
t à l’emporter, la culture et la chrétienté mêmes
seraient
menacées.243 Sans doute a-t-il sous-estimé l’urgence et l’ampleur d
2638
rains du Journal d’un écrivain de Dostoïevski ! —
sont
à la gloire de la civilisation et du génie chrétien de l’Europe, summ
2639
de l’histoire universelle… Si variés que puissent
être
nos déchirements intérieurs, si différentes et souvent même hostiles
2640
d’autres nations et d’autres ensembles de peuples
furent
florissants, qui étaient animés par d’autres principes, qui se sont d
2641
tres ensembles de peuples furent florissants, qui
étaient
animés par d’autres principes, qui se sont donné des institutions int
2642
qui étaient animés par d’autres principes, qui se
sont
donné des institutions internes et qui les ont développées jusqu’à un
2643
ire rien maintenant. Combien menaçant et puissant
était
autrefois l’islam, face à l’Occident. Il n’y a pas si longtemps que l
2644
ie et assiégeait Vienne ; et pourtant ces dangers
sont
maintenant loin de nous… L’Empire ottoman est écrasé, traversé de tou
2645
rs sont maintenant loin de nous… L’Empire ottoman
est
écrasé, traversé de tous côtés par le fait chrétien. Disons-le tout n
2646
l’Europe dans la civilisation mondiale ne saurait
être
mise en question. Si Renan plus que Ranke croit au progrès, non sans
2647
esseur allemand David Strauss. Sa première lettre
est
datée du début de la guerre, sa seconde lettre de la fin. L’idée de f
2648
e l’Europe : La paix ne peut, à ce qu’il semble,
être
conclue directement entre la France et l’Allemagne ; elle ne peut êtr
2649
ent entre la France et l’Allemagne ; elle ne peut
être
l’ouvrage que de l’Europe, qui a blâmé la guerre et qui doit vouloir
2650
qu’aucun des membres de la famille européenne ne
soit
trop affaibli. Vous parlez à bon droit de garanties contre le retour
2651
frontières actuelles et interdisant à qui que ce
soit
de songer à déplacer les bornes fixées par les anciens traités ? Tout
2652
ue l’Église offrait au Moyen Âge.245 … La guerre
sera
sans fin, si l’on n’admet des prescriptions pour les violences du pas
2653
la Catalogne, en ont aussi fait partie. L’Alsace
est
maintenant un pays germanique de langue et de race ; mais, avant d’êt
2654
s germanique de langue et de race ; mais, avant d’
être
envahie par la race germanique, l’Alsace était un pays celtique, ains
2655
t d’être envahie par la race germanique, l’Alsace
était
un pays celtique, ainsi qu’une partie de l’Allemagne du Sud. Nous ne
2656
concluons pas de là que l’Allemagne du Sud doive
être
française ; mais qu’on ne vienne pas non plus soutenir que, par droit
2657
que, par droit ancien, Metz et Luxembourg doivent
être
allemands. Nul ne peut dire où cette archéologie s’arrêterait. Presqu
2658
stement dépossédés par la perfidie des civilisés.
Soyons
moins absolus ; à côté du droit des morts, admettons pour une petite
2659
ns européennes telles que les a faites l’histoire
sont
les pairs d’un grand sénat où chaque membre est inviolable. L’Europe
2660
sont les pairs d’un grand sénat où chaque membre
est
inviolable. L’Europe est une confédération d’États réunis par l’idée
2661
d sénat où chaque membre est inviolable. L’Europe
est
une confédération d’États réunis par l’idée commune de la civilisatio
2662
la civilisation. L’individualité de chaque nation
est
constituée sans doute par la race, la langue, l’histoire, la religion
2663
ns une conférence à la Sorbonne sur le thème « Qu’
est
-ce qu’une nation ? »247, Renan approfondit son analyse en lui ajoutan
2664
ace : il n’appartient qu’à lui-même, car c’est un
être
libre, c’est un être moral. On n’admet plus qu’il soit permis de pers
2665
qu’à lui-même, car c’est un être libre, c’est un
être
moral. On n’admet plus qu’il soit permis de persécuter les gens pour
2666
libre, c’est un être moral. On n’admet plus qu’il
soit
permis de persécuter les gens pour leur faire changer de religion ; l
2667
tout aussi mal… Ce qui constitue une nation, ce n’
est
pas de parler la même langue ou d’appartenir au même groupe ethnograp
2668
s plus funestes erreurs. Ce que nous allons faire
est
délicat ; c’est presque de la vivisection ; nous allons traiter les v
2669
deur, l’impartialité la plus absolue… L’Europe s’
est
constituée par le refus de toute hégémonie d’une de ses nations ou ré
2670
mpire romain ou d’un nouvel empire de Charlemagne
est
devenu une impossibilité. La division de l’Europe est trop grande pou
2671
devenu une impossibilité. La division de l’Europe
est
trop grande pour qu’une tentative de domination universelle ne provoq
2672
s bornes naturelles. La nation et sa citoyenneté
sont
des concepts spécifiquement européens et modernes : Les nations, ent
2673
ernes : Les nations, entendues de cette manière,
sont
quelque chose d’assez nouveau dans l’histoire. L’antiquité ne les con
2674
t pas : l’Égypte, la Chine, l’antique Chaldée, ne
furent
à aucun degré des nations. C’était des troupeaux menés par un fils du
2675
ù nous la comprenons. Athènes, Sparte, Sidon, Tyr
sont
de petits centres d’admirable patriotisme ; mais ce sont des cités av
2676
petits centres d’admirable patriotisme ; mais ce
sont
des cités avec un territoire relativement restreint. La Gaule, l’Espa
2677
alie, avant leur absorption dans l’Empire romain,
étaient
des ensembles de peuplades, souvent liguées entre elles, mais sans in
2678
ssyrien, l’empire persan, l’empire d’Alexandre ne
furent
pas non plus des patries. Il n’y eut jamais de patriotes assyriens…
2679
présidé à la confection de la carte d’Europe n’a
tenu
aucun compte de la race, et les premières nations de l’Europe sont de
2680
de la race, et les premières nations de l’Europe
sont
des nations de sang essentiellement mélangé. Le fait de la race, capi
2681
ffère essentiellement de la zoologie. La race n’y
est
pas tout, comme chez les rongeurs ou les félins, et on n’a pas le dro
2682
puis les prendre à la gorge en leur disant : — Tu
es
de notre sang tu nous appartiens !… … Ce que nous venons de dire de l
2683
ontraire, la Suisse, si bien faite, puisqu’elle a
été
faite par l’assentiment de ses différentes parties, compte trois ou q
2684
gue : c’est la volonté. La volonté de la Suisse d’
être
unie, malgré la variété de ses idiomes, est un fait bien plus importa
2685
se d’être unie, malgré la variété de ses idiomes,
est
un fait bien plus important qu’une similitude de langage souvent obte
2686
ge souvent obtenue par des vexations. La nation
serait
-elle mieux définie par ses « frontières naturelles » ? La géographie
2687
rable dans la division des nations. La géographie
est
un des facteurs essentiels de l’histoire… Peut-on dire cependant, com
2688
ent certains partis, que les limites d’une nation
sont
écrites sur la carte et que cette nation a le droit de s’adjuger ce q
2689
t que cette nation a le droit de s’adjuger ce qui
est
nécessaire pour arrondir certains contours, pour atteindre telle mont
2690
a, on justifie toutes les violences. Et, d’abord,
sont
-ce les montagnes ou bien sont-ce les rivières qui forment ces prétend
2691
ences. Et, d’abord, sont-ce les montagnes ou bien
sont
-ce les rivières qui forment ces prétendues frontières naturelles ? Il
2692
forment ces prétendues frontières naturelles ? Il
est
incontestable que les montagnes séparent ; mais les fleuves réunissen
2693
ontagnes ne sauraient découper des États. Quelles
sont
celles qui séparent et celles qui ne séparent pas ? De Biarritz à Tom
2694
ttre tant d’infractions au droit fondamental, qui
est
la volonté des hommes. Une nation est une « âme », mais non pas immo
2695
ental, qui est la volonté des hommes. Une nation
est
une « âme », mais non pas immortelle : Une nation est une âme, un pr
2696
ne « âme », mais non pas immortelle : Une nation
est
une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en fo
2697
nstituent cette âme, ce principe spirituel. L’une
est
dans le passé, l’autre dans le présent. Dans le passé, un héritage de
2698
à ce grand concert de l’humanité, qui, en somme,
est
la plus haute réalité idéale que nous atteignions. Isolées, elles ont
2699
dis souvent qu’un individu qui aurait les défauts
tenus
chez les nations pour des qualités, qui se nourrirait de vaine gloire
2700
qualités, qui se nourrirait de vaine gloire ; qui
serait
à ce point jaloux, égoïste, querelleur ; qui ne pourrait rien support
2701
r ; qui ne pourrait rien supporter sans dégainer,
serait
le plus insupportable des hommes. … Les nations ne sont pas quelque c
2702
e plus insupportable des hommes. … Les nations ne
sont
pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé, elles finiront. La c
2703
al confident du grand professeur bâlois se trouve
être
un « Polizeidirektor » de Karlsruhe, Friedrich von Preen. Lorsque Bur
2704
peuples à l’état de civilisation, et non ceux qui
sont
à l’état de nature. Et même parmi les peuples civilisés, l’histoire n
2705
’inclut pas dans son champ ceux dont la culture n’
est
pas embranchée sur celle de l’Europe, par exemple le Japon et la Chin
2706
pe, par exemple le Japon et la Chine. Pour ce qui
est
des Indes également, seules nous concernent les époques très reculées
2707
et l’avenir.248 Et cette Europe centre du monde
est
centrée à son tour sur la tradition antique : Dès que l’on sait que
2708
assés une des plus nobles occupations. Le passé n’
est
rien d’autre que l’histoire de la vie et des souffrances de l’humanit
2709
tion de l’État ; elle vit naître nos religions et
est
encore aujourd’hui l’élément le plus durable de notre civilisation. S
2710
ns le domaine des arts plastiques et littéraires,
sont
des modèles inégalés. Son héritage compte, autant par ce que nous avo
2711
ue par ce qui nous oppose à elle… Et même si nous
sommes
issus de peuples qui, encore en leur enfance, sommeillèrent à côté de
2712
Mais l’Europe des vingt siècles qui suivent, qui
est
-ce qui la tient ensemble, se demande Burckhardt ? Et il répond : la p
2713
des vingt siècles qui suivent, qui est-ce qui la
tient
ensemble, se demande Burckhardt ? Et il répond : la papauté, le Saint
2714
ce, ou peut-être même des masses actuelles. Ce ne
sont
pas les pires ennemis de Rome qui ont sauvé l’Europe, mais bien les e
2715
C’est bien un lieu commun de répéter que l’esprit
est
invincible et qu’il vaincra toujours, alors que réellement il ne dépe
2716
our que des peuples ou des civilisations entières
soient
ou non appelés à disparaître. Il faut de grands individus et ceux-ci
2717
ux moments cruciaux de son histoire.250 Mais qu’
est
-ce que l’Europe, en fin de compte ? Burckhardt en a donné, peut-être,
2718
a plus satisfaisante et la moins discutable : Il
est
une chose que nous n’avons pas à désirer, puisque nous l’avons à notr
2719
se résorbent en la seule unité ; ici, tout ce qui
est
spirituel s’exprime par le mot ou tout autre moyen. Voilà qui est eur
2720
exprime par le mot ou tout autre moyen. Voilà qui
est
européen : la manifestation de toutes les forces, y compris l’individ
2721
à vouloir absolument faire connaître tout ce qui
est
en lui et à ne pas se livrer sans un mot aux monarchies ou théocratie
2722
d’îles et de caps les attendaient. Car, voilà qui
est
aussi européen : aimer non seulement la puissance, les idoles et l’ar
2723
, les idoles et l’argent, mais aussi l’esprit. Ce
sont
ces peuples-là qui créèrent les civilisations hellénique, romaine, ce
2724
nt de beaucoup celles d’Asie par le fait qu’elles
sont
d’aspect et de forme multiples et qu’en elles l’individu put se dével
2725
ictoire aux partisans de telle ou telle tendance.
Étant
donné la violence extrême des combats du passé, le désir constant d’a
2726
pourrions, nous autres tard-venus de l’humanité,
tenir
pour un parti, même s’il s’agit de celui qu’en nous-mêmes nous croyon
2727
’il s’agit de celui qu’en nous-mêmes nous croyons
être
le nôtre.251 « Nous autres tards-venus de l’humanité »… Cette incid
2728
ains dans les usines ne doivent pas éternellement
être
abandonnés à leur misère et à leurs envies. Un certain degré de misèr
2729
d’un despotisme sans loi et absolu, ce dernier n’
étant
d’ailleurs pas le fait des dynasties qui ont maintenant le cœur trop
2730
bles simplificateurs » que l’Europe va connaître,
est
loin d’être agréable ; et de temps en temps, lors de mes rêveries, je
2731
ficateurs » que l’Europe va connaître, est loin d’
être
agréable ; et de temps en temps, lors de mes rêveries, je vois ces ga
2732
hair et en os et je vous les décrirai, quand nous
serons
, en septembre, devant un demi. … De temps à autre je suppute ce que p
2733
hes quelque peu byzantines, quand ces choses n’en
seront
encore qu’à leur début et que la civilisation aura à peine commencé s
2734
e aura le dessus et la consigne de fermer son bec
sera
donnée partout. Friedrich Nietzsche (1844-1900) couronne son siècle,
2735
le et dans sa réalité sociale et culturelle. Tout
est
contradictoire en Nietzsche, y compris sa passion pour l’Europe, pour
2736
uve que les époques qu’il vénère ou qu’il méprise
sont
les mêmes que Burckhardt a louées ou négligées. Son Europe est grecqu
2737
que Burckhardt a louées ou négligées. Son Europe
est
grecque, puis Renaissante ; elle met au premier rang les moralistes f
2738
t c’est là, écrit Nietzsche, « la question qui me
tient
le plus à cœur au seuil du problème européen tel que je l’entends »25
2739
e phénomène de création de l’Européen, qui pourra
être
retardé dans son allure par de grands retours en arrière, mais qui, p
2740
et utilisable de façon multiple, — ces conditions
sont
au plus haut degré aptes à produire des êtres d’exception, de la qual
2741
ions sont au plus haut degré aptes à produire des
êtres
d’exception, de la qualité la plus dangereuse et la plus attrayante [
2742
e au nationalisme borné : Le « bon vieux temps »
est
mort : avec Mozart il a chanté sa dernière chanson : — quel bonheur p
2743
e, de politesse du cœur, d’aspiration vers ce qui
est
précieux, amoureux, dansant, sentimental, de foi au Midi, que tout ce
2744
l’entende ! Hélas ! le temps viendra où tout cela
sera
bien fini. — Mais n’en doutez pas, l’intelligence et le goût de Beeth
2745
oven passeront plus vite encore ; car celui-là ne
fut
que le dernier écho d’une transformation et d’une brisure du style ;
2746
on et d’une brisure du style ; au lieu que Mozart
fut
la dernière expression de tout un goût européen vivant depuis des siè
2747
oût européen vivant depuis des siècles. Beethoven
est
l’intermède entre une vieille âme usée qui s’effrite, et une âme plus
2748
s que jeune, à venir, qui surgit ; sur sa musique
est
épandue la lueur crépusculaire d’une éternelle déception, et d’une ét
2749
tous ces sentiments pâlissent vite, comme il nous
est
difficile déjà de les comprendre, comme elle est lointaine et étrange
2750
est difficile déjà de les comprendre, comme elle
est
lointaine et étrange la langue des Rousseau, des Schiller, des Shelle
2751
e de l’Europe qui chantait en Beethoven ! Puis ce
fut
, dans la musique allemande, le tour du romantisme : mouvement histori
2752
core, plus fuyant et plus superficiel que n’avait
été
le grand entracte, le passage de Rousseau à Napoléon et à la démocrat
2753
Napoléon et à la démocratie montante. […] Schuman
était
déjà, en musique, un fait purement allemand, et n’était plus ce qu’av
2754
déjà, en musique, un fait purement allemand, et n’
était
plus ce qu’avait été Beethoven, ce qu’avait été Mozart à un plus haut
2755
it purement allemand, et n’était plus ce qu’avait
été
Beethoven, ce qu’avait été Mozart à un plus haut degré, un phénomène
2756
était plus ce qu’avait été Beethoven, ce qu’avait
été
Mozart à un plus haut degré, un phénomène européen ; — et avec lui la
2757
allemande courait cet immense risque de cesser d’
être
la voix par où s’énonce l’âme de l’Europe et de tomber au rang médioc
2758
ne chose purement nationale.255 Le nationalisme
est
issu du romantisme, par une fatalité à laquelle les plus grands homme
2759
oupçonner à quel point leur politique de désunion
est
fatalement une simple politique d’entracte, — grâce à tout cela, et à
2760
à venir ; s’ils appartinrent à une patrie, ce ne
fut
jamais que par les régions superficielles de leur intelligence, ou au
2761
ur suite Richard Wagner.256 Avec le romantisme
est
né le sens historique, qui domine la pensée européenne du siècle. La
2762
cle. La position de Nietzsche devant l’historisme
est
nécessairement ambiguë, car sa vision de l’Europe est historique, mai
2763
nécessairement ambiguë, car sa vision de l’Europe
est
historique, mais ses jugements de valeur se veulent de plus en plus i
2764
ropéens revendiquons comme notre spécialité, nous
est
venu à la suite de l’ensorcelante et folle demi-barbarie où l’Europe
2765
ensorcelante et folle demi-barbarie où l’Europe a
été
précipitée par le mélange démocratique des rangs et des races. Le xix
2766
ocratique des rangs et des races. Le xixe siècle
est
le premier qui connaisse ce sens devenu son sixième sens. Toutes les
2767
ncts se dispersent maintenant de tous côtés, nous
sommes
nous-mêmes une sorte de chaos ; enfin « l’esprit », je le répète, fin
2768
esure où la part la plus importante de la culture
fut
jusqu’à présent une demi-barbarie, le « sens historique » signifie pr
2769
torique », nous avons comme tels nos vertus, ce n’
est
pas contestable. Nous sommes sans prétentions, désintéressés, modeste
2770
e tels nos vertus, ce n’est pas contestable. Nous
sommes
sans prétentions, désintéressés, modestes, endurants, pleinement capa
2771
, pour nous autres hommes du « sens historique »,
est
le plus difficile à saisir, à sentir, à goûter, à aimer, ce qui, au f
2772
pparaît sur toute chose achevée.257 Si l’Europe
est
plus loin que jamais de concevoir et d’assurer ce plus haut idéal d’e
2773
calement les rangs et, par conséquent, les races,
est
, par cela même, sceptique du haut en bas de l’échelle, tantôt animée
2774
e pure, indépendante de la volonté », tout cela n’
est
que du scepticisme fardé, la paralysie de la volonté qui se déguise.
2775
maladie européenne. — La maladie de la volonté s’
est
propagée à travers l’Europe d’une façon inégale ; elle sévit avec le
2776
spects les plus variés partout où la civilisation
est
depuis le plus longtemps acclimatée ; elle tend à disparaître dans la
2777
nce, c’est dans la France contemporaine, comme il
est
facile de le montrer et de le démontrer, que la volonté est le plus m
2778
de le montrer et de le démontrer, que la volonté
est
le plus malade ; et la France qui a toujours possédé une habileté sou
2779
la force de vouloir longtemps dans un même sens,
est
déjà un peu plus accentuée en Allemagne, davantage dans l’Allemagne d
2780
a dureté des crânes — sans parler de l’Italie qui
est
trop jeune pour savoir encore ce qu’elle veut, et qui devra d’ailleur
2781
’abord ce qu’elle peut vouloir. — Mais la volonté
est
la plus forte et la plus étonnante dans ce prodigieux empire du milie
2782
Asie — en Russie. C’est là que la volonté latente
est
depuis longtemps comprimée et accumulée, là que la volonté — on ne sa
2783
accumulée, là que la volonté — on ne sait si elle
sera
affirmative ou négative — attend d’une façon menaçante le moment où e
2784
— attend d’une façon menaçante le moment où elle
sera
déclenchée, pour emprunter leur mot favori aux physiciens d’aujourd’h
2785
eur mot favori aux physiciens d’aujourd’hui. Ce n’
est
pas à la guerre avec l’Inde, ni aux complications en Asie que l’Europ
2786
ou démocratiques. Le temps de la petite politique
est
passé ; déjà le siècle qui s’annonce fait prévoir la lutte pour la so
2787
ssée vers la grande politique.258 Mais l’Europe
sera-t
-elle capable de mener cette « grande politique » à l’échelle mondiale
2788
» (en pensant aux tensions fécondes dont l’Europe
est
le théâtre dramatique) : Mais la lutte contre Platon, ou, plutôt, po
2789
puis des milliers d’années — car le christianisme
est
du platonisme à l’usage du « peuple » — cette lutte a créé en Europe
2790
sur terre : et avec un arc si fortement tendu il
est
possible, dès lors, de tirer sur les cibles les plus lointaines. Il e
2791
, de tirer sur les cibles les plus lointaines. Il
est
vrai que l’homme d’Europe souffre de cette tension et, par deux fois,
2792
fit de vastes tentatives pour détendre l’arc ; ce
fut
d’abord par le jésuitisme et ensuite par le rationalisme démocratique
2793
sidérer comme un « péril » Mais nous, nous qui ne
sommes
ni jésuites, ni démocrates, ni même assez Allemands, nous autres bons
2794
énumère dans ses notes inédites des années 1880,
sont
clairement irréalisables, et il le sent bien : le pessimisme, ce « ma
2795
considéré comme « Siècle du nationalisme » : tel
est
le titre d’un article qu’il publia le 31 décembre 1899 dans le Svensk
2796
e Stockholm : Le siècle qui se termine ce soir a
été
le témoin de bien des efforts et de bien des illusions dans la vie de
2797
es. Savoir laquelle de ses innombrables tendances
fut
la plus importante, c’est peut-être une question de goût. Pour ma par
2798
je voudrais méditer sur l’une des forces qui ont
été
à la fois les plus créatrices et les plus dissolvantes des communauté
2799
es nationalités ayant pris forme d’État souverain
est
aussi contraire à l’Histoire et étrangère à la réalité, que l’État mo
2800
uoi certains tendent […]. La haine de tout ce qui
est
étranger, entretenue au nom du patriotisme, est proche parente de la
2801
i est étranger, entretenue au nom du patriotisme,
est
proche parente de la passion de persécuter les hérétiques ; elle tran
2802
la raison. Du même coup, le nationalisme cesse d’
être
un facteur de développement culturel et devient superstition. Dans qu
2803
stiblement vers de nouvelles catastrophes, qui ne
seront
pas de moindre envergure que la guerre de Trente Ans ou la Révolution
2804
ant criminel, le témoin le plus cynique et lucide
fut
Georges Sorel (1857-1922). Ses Réflexions sur la Violence passent pou
2805
ni. (Ce dernier n’aurait-il pas dit : « Ce que je
suis
, je le dois à Sorel. » ?) Pourtant Sorel ne voulait être qu’un « théo
2806
e le dois à Sorel. » ?) Pourtant Sorel ne voulait
être
qu’un « théoricien désintéressé ». Plus européen, sans doute, qu’aucu
2807
re Guerre mondiale262 : Octobre 1908. — L’Europe
est
, par excellence, la terre des cataclysmes guerriers. Les pacifistes s
2808
a terre des cataclysmes guerriers. Les pacifistes
sont
ou des imbéciles qui ignorent des lois élémentaires, ou des malins qu
2809
de dire ou d’écrire que l’état de paix en Europe
est
un état anormal. Pourquoi l’Europe est-elle par excellence la terre d
2810
en Europe est un état anormal. Pourquoi l’Europe
est
-elle par excellence la terre des cataclysmes guerriers ? Parce qu’ell
2811
a terre des cataclysmes guerriers ? Parce qu’elle
est
habitée par une quantité de races qui sont singulièrement opposées le
2812
qu’elle est habitée par une quantité de races qui
sont
singulièrement opposées les unes aux autres, et dans leurs intérêts i
2813
une raison pour cela. Des composés chimiques, qui
sont
séparément amorphes, provoquent le feu s’ils sont amalgamés dans un r
2814
sont séparément amorphes, provoquent le feu s’ils
sont
amalgamés dans un récipient. L’Europe est un récipient rempli de cett
2815
s’ils sont amalgamés dans un récipient. L’Europe
est
un récipient rempli de cette sorte de composés chimiques. Ça met le f
2816
rti ! 18 décembre 1912. — L’Europe, ce cimetière,
est
peuplée par des peuples qui chantent avant d’aller s’entretuer. Les F
2817
ientôt. Sorel, désespérant de « cette Europe qui
est
la terre-type du malheur de l’humanité », et réinventant le mot d’Iva
2818
’Ivan Karamazov sur le « cimetière européen263 »,
fut
sans doute l’observateur le plus pessimiste de la fatalité nationalis
2819
ondial de l’Europe des nations. Cette catastrophe
fut
déclenchée dans l’allégresse de nationalismes pimpants, « fleur au fu
2820
ni les peuples ne savaient au juste pourquoi ils
tenaient
tant à se faire la guerre, ni ce qu’ils y cherchaient. Ni les uns ni
2821
e continent, ni le miracle plus fragile encore qu’
était
sa chance dans le monde. Cette Europe, la leur, devenue mère ou tutri
2822
ventions, détentrice des plus hauts secrets, leur
était
moins précieuse qu’un drapeau, qu’un chant national, qu’un dialecte,
2823
mains avait lancé un pamphlet : Pour que l’Europe
soit
, dont l’écho fut vite étouffé par les clameurs du chauvinisme célébra
2824
un pamphlet : Pour que l’Europe soit, dont l’écho
fut
vite étouffé par les clameurs du chauvinisme célébrant sa fête sacrée
2825
isme célébrant sa fête sacrée. Même sort ou pire,
fut
réservé aux appels d’un Romain Rolland qui, dès septembre 1914, en pu
2826
et contre la civilisation, où les peuples avaient
été
conduits par la politique de leurs gouvernements et la faillite des p
2827
auss », 15 sept. 1871, ibid. 247. E. Renan, « Qu’
est
-ce qu’une nation ? » Conférence faite en Sorbonne, le 11 mars 1882, R
2828
nouvelle synthèse : l’Européen de l’avenir. Ce ne
fut
qu’une fois devenus vieux, ou aux heures de faiblesse, qu’ils retombè
2829
1.« Tout s’
est
senti périr » Provoqué par un court-circuit entre tensions national
2830
ccumulées depuis un siècle, l’incendie de 1914 ne
fut
éteint, provisoirement, qu’avec l’aide des Américains et de forts con
2831
que le nationalisme, cause de nos ruines, devait
être
enfin surmonté, mais à l’échelle de l’arbitrage mondial, c’est-à-dire
2832
ationalisme scolaire. Le problème des colonies ne
fut
pas posé : elles ne se révoltaient pas encore. On se borna donc à les
2833
qui les avaient créés. Fort au-dessous de ceux-ci
étaient
ceux qui disposaient d’elle. Ils étaient nourris du passé ; ils n’ont
2834
ceux-ci étaient ceux qui disposaient d’elle. Ils
étaient
nourris du passé ; ils n’ont su faire que du passé. Ses querelles de
2835
à l’Europe cette immense occasion dont elle ne s’
est
même pas douté en temps utile qu’elle existât. Napoléon semble être l
2836
é en temps utile qu’elle existât. Napoléon semble
être
le seul qui ait pressenti ce qui devait se produire et ce qui pourrai
2837
treprendre. Mais il venait trop tôt ; les temps n’
étaient
pas mûrs, ses moyens étaient loin des nôtres. On s’est remis après lu
2838
op tôt ; les temps n’étaient pas mûrs, ses moyens
étaient
loin des nôtres. On s’est remis après lui à considérer les hectares d
2839
as mûrs, ses moyens étaient loin des nôtres. On s’
est
remis après lui à considérer les hectares du voisin et à raisonner su
2840
e le grand rôle que les Romains surent prendre et
tenir
pendant des siècles dans le monde.266 Mais dans le même temps, quel
2841
l’évolution de l’histoire. Le premier d’entre eux
fut
Spengler. Il est remarquable que le titre du grand ouvrage d’Oswald S
2842
histoire. Le premier d’entre eux fut Spengler. Il
est
remarquable que le titre du grand ouvrage d’Oswald Spengler (1880-193
2843
grand ouvrage d’Oswald Spengler (1880-1936), ait
été
trouvé par l’auteur dès 1912 : Le Déclin de l’Occident. Le sentiment
2844
souvent ne l’a pas lu, mais qui sait que Spengler
est
célèbre et qu’il prévoit notre déclin. Qu’en est-il, en réalité, de c
2845
est célèbre et qu’il prévoit notre déclin. Qu’en
est
-il, en réalité, de ce livre qui a fait époque ? Par son recours effer
2846
tinue Hegel et préfigure Toynbee. Son grand livre
est
en somme une utopie fondée sur le passé et le présent. Ses exemples s
2847
e fondée sur le passé et le présent. Ses exemples
sont
contestables, surtout quand il les tire d’une actualité que nous voyo
2848
a peinture de plein air — alors « moderne » — « n’
est
pas faite pour le peuple » ; or c’est elle justement que le « peuple
2849
’est elle justement que le « peuple » aujourd’hui
tient
pour la vraie peinture et oppose à l’art abstrait.) D’une entreprise
2850
ifier » ses thèses par des exemples prestigieux —
soit
que chacun les connaisse, ou que l’auteur soit le premier à les signa
2851
— soit que chacun les connaisse, ou que l’auteur
soit
le premier à les signaler — retenons un style de pensée qui a fait éc
2852
es instinctives et de la volonté de puissance ont
été
réalisées par Hitler beaucoup plus tôt qu’il ne le pensait, et c’est
2853
ture occidentale au xxe siècle. Ses deux maîtres
sont
Goethe et Nietzsche. Au premier, il emprunte (abusivement peut-être)
2854
héorie organiciste de la culture : chaque culture
serait
comparable à une plante, à un animal, et donc destinée à mourir après
2855
ourne ainsi à l’état psychique primaire. Mais son
être
vivant, cette succession de grandes époques qui marquent à grands tra
2856
nds traits précis son accomplissement progressif,
est
une lutte très intime et passionnée pour la conquête de l’idée sur le
2857
s du chaos et sur l’instinct où ces puissances se
sont
réfugiées avec leur rancune. Ce n’est pas seulement l’artiste qui lut
2858
ssances se sont réfugiées avec leur rancune. Ce n’
est
pas seulement l’artiste qui lutte contre la résistance de la matière
2859
t, par lequel elle veut se réaliser. Quand le but
est
atteint et l’idée achevée, quand la quantité totale des possibilités
2860
la quantité totale des possibilités intérieures s’
est
réalisée au-dehors, la culture se fige brusquement, elle meurt, son s
2861
s de ton étroite liberté : Une puissance ne peut
être
détruite que par une autre, non par un principe, et il n’y en a point
2862
y en a point d’autre contre l’argent. L’argent ne
sera
dominé que par le sang et supprimé par lui. Dans l’histoire, ce dont
2863
primé par lui. Dans l’histoire, ce dont il s’agit
est
la vie, toujours et uniquement la vie, la race, la victoire de la vol
2864
inventions ou de l’argent. L’histoire universelle
est
le tribunal universel : elle a toujours donné à la vie plus forte, pl
2865
’elle-même, le droit à l’existence, dût-il ne pas
être
un droit pour l’être éveillé ; et elle a toujours sacrifié la vérité
2866
à l’existence, dût-il ne pas être un droit pour l’
être
éveillé ; et elle a toujours sacrifié la vérité et la justice à la pu
2867
core par les faits élémentaux du sang éternel qui
est
, avec le flot cosmique en éternelle circulation, une seule et même ch
2868
e devoir — hors desquels la vie n’a pas de sens —
est
par là même tracée dans un cercle étroitement circonscrit. Nous n’avo
2869
mondiale et terminé en 1917, le livre de Spengler
fut
en réalité un ouvrage d’anticipation : il révélait les causes des cat
2870
u’on vient de vivre, — et l’on pressent qu’elle n’
est
encore qu’au premier Acte. … Paul Valéry (1871-1945), en quelques pag
2871
s, civilisations, nous savons maintenant que nous
sommes
mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers
2872
s. Nous savions bien que toute la terre apparente
est
faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevi
2873
e l’histoire, les fantômes d’immenses navires qui
furent
chargés de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Ma
2874
as les compter. Mais ces naufrages, après tout, n’
étaient
pas notre affaire. Elam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagu
2875
taient pas notre affaire. Elam, Ninive, Babylone
étaient
de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi pe
2876
istence même. Mais France, Angleterre, Russie… ce
seraient
aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons
2877
ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi
est
un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est
2878
nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire
est
assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la
2879
de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne
sont
plus du tout inconcevables : elles sont dans les journaux. … Ainsi la
2880
nandre ne sont plus du tout inconcevables : elles
sont
dans les journaux. … Ainsi la Persépolis spirituelle n’est pas moins
2881
les journaux. … Ainsi la Persépolis spirituelle n’
est
pas moins ravagée que la Suse matérielle. Tout ne s’est pas perdu, ma
2882
s moins ravagée que la Suse matérielle. Tout ne s’
est
pas perdu, mais tout s’est senti périr. Un frisson extraordinaire a c
2883
matérielle. Tout ne s’est pas perdu, mais tout s’
est
senti périr. Un frisson extraordinaire a couru la moelle de l’Europe.
2884
. Alors, comme pour une défense désespérée de son
être
et de son avoir physiologiques, toute sa mémoire lui est revenue conf
2885
de son avoir physiologiques, toute sa mémoire lui
est
revenue confusément. Ses grands hommes et ses grands livres lui sont
2886
ément. Ses grands hommes et ses grands livres lui
sont
remontés pêle-mêle. Jamais on n’a tant lu, ni si passionnément que pe
2887
uropéen regarde des millions de spectres. Mais il
est
un Hamlet intellectuel. Il médite sur la vie et la mort des vérités.
2888
pour remords tous les titres de notre gloire ; il
est
accablé sous le poids des découvertes, des connaissances, incapable d
2889
’est un crâne illustre. — Whose was it ? Celui-ci
fut
Lionardo. Il inventa l’homme volant, mais l’homme volant n’a pas préc
2890
aleur, sur le pavé des villes… Et cet autre crâne
est
celui de Leibniz qui rêva de la paix universelle. Et celui-ci fut Kan
2891
bniz qui rêva de la paix universelle. Et celui-ci
fut
Kant, Kant qui genuit Hegel, qui genuit Marx, qui genuit… Hamlet ne s
2892
ânes. Mais s’il les abandonne !… Va-t-il cesser d’
être
lui-même ? Son esprit affreusement clairvoyant contemple le passage d
2893
ple le passage de la guerre à la paix. Ce passage
est
plus obscur, plus dangereux que le passage de la paix à la guerre ; t
2894
sage de la paix à la guerre ; tous les peuples en
sont
troublés. « Et moi, se dit-il, moi l’intellect européen, que vais-je
2895
l’intellect européen, que vais-je devenir ? Et qu’
est
-ce que la paix ? La paix est, peut-être, l’état de choses dans lequel
2896
s-je devenir ? Et qu’est-ce que la paix ? La paix
est
, peut-être, l’état de choses dans lequel l’hostilité naturelle des ho
2897
ice, et de la lutte des productions. Mais Moi, ne
suis
-je pas fatigué de produire ? N’ai-je pas épuisé le désir des tentativ
2898
e maintenant un grand journal ? comme Laertes qui
est
quelque part dans l’aviation ? comme Rosenkrantz, qui fait je ne sais
2899
rspectives. À Bologne, quelqu’un m’a dit : « Vous
êtes
un Européen. » Tandis que ma voiture gravissait le Saint-Gothard, je
2900
issait le Saint-Gothard, je réfléchissais à ce qu’
est
un Européen. En êtes-vous un ? Avez-vous le courage d’être aujourd’hu
2901
ard, je réfléchissais à ce qu’est un Européen. En
êtes
-vous un ? Avez-vous le courage d’être aujourd’hui encore — ou de nouv
2902
uropéen. En êtes-vous un ? Avez-vous le courage d’
être
aujourd’hui encore — ou de nouveau — un Européen ? N’est-ce pas là un
2903
ourd’hui encore — ou de nouveau — un Européen ? N’
est
-ce pas là un état qui, partout et toujours, relève du passé ? N’était
2904
tat qui, partout et toujours, relève du passé ? N’
était
-ce pas l’espoir de la chrétienté de jadis ? Car l’humanisme, l’hérita
2905
l’humanisme, l’héritage des Grecs, ont-ils jamais
été
plus qu’une atmosphère morale, une atmosphère qui ne contraint ni ne
2906
atmosphère qui ne contraint ni ne lie ? Peut-être
êtes
-vous le dernier véritable Européen. Oui, il aurait pu y avoir une Eur
2907
élevés à l’école du « mais-aussi-en-outre ». Tout
est
interprété, analysé, résolu, même le danger. Dans toutes les parties
2908
les parties de la monarchie, vos compatriotes ont
été
gagnés par le nationalisme ; cela avait déjà commencé sous Joseph II.
2909
directement dirigés contre l’Allemagne ; et ce ne
sont
certes pas les intellectuels autrichiens, ces opportunistes dénués de
2910
sme. Gotthelf, Keller, Meyer, Jacob Burckhardt se
sont
appliqués à montrer aux Suisses alémaniques qu’ils sont Allemands de
2911
ppliqués à montrer aux Suisses alémaniques qu’ils
sont
Allemands de par leur nature, mais non politiquement. Mais ils se son
2912
leur nature, mais non politiquement. Mais ils se
sont
déjà détournés de l’Allemagne des années 48, et n’ont plus rien voulu
2913
christianisme s’amalgament en un tardif alliage,
fut
ce citoyen des villes libres, Goethe. Précisément parce qu’il est si
2914
es villes libres, Goethe. Précisément parce qu’il
est
si réceptif au monde, il est Allemand en un sens qui n’a plus cours.
2915
cisément parce qu’il est si réceptif au monde, il
est
Allemand en un sens qui n’a plus cours. En lui le sanctum Imperium ré
2916
lui le sanctum Imperium réduit à l’état d’ombre,
est
devenu une réalité. Quant au message de Herder, c’est précisément con
2917
a majorité du peuple allemand, née de la défaite,
est
en révolte. On ne peut qu’attendre, et si possible durer plus longtem
2918
e de plus en plus les esprits autour de lui, tout
est
toujours simultané, les grandes pensées et les grandes chimères… Peut
2919
vraiment un concert magnifique. Et avec cela nous
sommes
depuis longtemps dans la situation des Grecs après les premières vict
2920
core une guerre européenne fratricide, et l’on en
sera
au point où nous ne pourrons plus que contaminer le reste du monde av
2921
ue contaminer le reste du monde avec nos miasmes.
Sont
-ils donc si peu nombreux, les gens capables de lire l’inscription sur
2922
mort de la mélodie profondément européenne ? Il n’
est
pas de retour en arrière possible, rien n’est jamais récupéré de ce q
2923
l n’est pas de retour en arrière possible, rien n’
est
jamais récupéré de ce qui fut perdu ; mais qui demeurera fidèle et su
2924
re possible, rien n’est jamais récupéré de ce qui
fut
perdu ; mais qui demeurera fidèle et supportera de rester seul, ressu
2925
de toutes les Renaissances… Mais les uns veulent
être
fidèles à l’humanisme libéral, tandis que les autres y voient la sour
2926
atal. Ce dont nous aurions besoin aujourd’hui, ce
serait
un humanisme militant, un humanisme qui affirmerait sa virilité et qu
2927
, un humanisme qui affirmerait sa virilité et qui
serait
convaincu que le principe de la liberté, de la tolérance et du libre
2928
ans vergogne de ses ennemis. L’humanisme européen
est
-il devenu incapable d’une résurrection qui rendrait à ses principes l
2929
it à ses principes leur valeur de combat ? S’il n’
est
pas plus capable de prendre conscience de lui-même, de se préparer à
2930
rs il périra et avec lui l’Europe, dont le nom ne
sera
plus qu’une expression purement géographique et historique. Et il ne
2931
pagnol « suressentiel et quichottesque » que veut
être
Miguel de Unamuno (1864-1936). Voici en quelques phrases son argument
2932
e que l’on demande pour notre pays. Ces deux mots
sont
européen et moderne. « Nous devons être européens », « nous devons êt
2933
deux mots sont européen et moderne. « Nous devons
être
européens », « nous devons être modernes », « il faut se moderniser »
2934
ne. « Nous devons être européens », « nous devons
être
modernes », « il faut se moderniser », « il faut marcher avec le sièc
2935
vec le siècle », il « faut s’européaniser », tels
sont
ces lieux communs… Je ne veux d’autre méthode que celle de la passion
2936
ils veulent. Nous autres Espagnols, dit-on, nous
sommes
des charlatans fantaisistes, qui farcissons de rhétorique les vides d
2937
es, de paradoxes et de subtilités. Saint Augustin
fut
un gongoriste et conceptiste en même temps. Ce qui me fait croire que
2938
e fait croire que le conceptisme et le gongorisme
sont
les formes les plus naturelles de la passion et de la véhémence. Le g
2939
aut autant qu’elle, pour le moins. Saint Augustin
est
Africain et ancien ; Tertullien aussi. Et pourquoi ne dirions-nous pa
2940
ne et, seul avec ma conscience, je me demande : «
Suis
-je Européen ? suis-je moderne ? » Et ma conscience me répond : « Non,
2941
conscience, je me demande : « Suis-je Européen ?
suis
-je moderne ? » Et ma conscience me répond : « Non, tu n’es pas Europé
2942
erne ? » Et ma conscience me répond : « Non, tu n’
es
pas Européen, ce qui s’appelle Européen ; non tu n’es pas moderne, ce
2943
as Européen, ce qui s’appelle Européen ; non tu n’
es
pas moderne, ce qui s’appelle moderne. » Et je continue : « Et ce fai
2944
y a deux choses dont on parle très souvent, et ce
sont
la science et la vie. Et l’une et l’autre, je dois avouer, me sont an
2945
t la vie. Et l’une et l’autre, je dois avouer, me
sont
antipathiques. … L’unique moyen d’entrer en relation vivante avec un
2946
moyen d’entrer en relation vivante avec un autre
est
le moyen de l’agression ; seuls arrivent à une vraie compénétration,
2947
juguer spirituellement les uns les autres, que ce
soient
des individus ou que ce soient des peuples. Quand je tente de mettre
2948
les autres, que ce soient des individus ou que ce
soient
des peuples. Quand je tente de mettre mon esprit dans l’esprit de mon
2949
esprit de ce prochain. La bénédiction de l’apôtre
est
qu’il reçoit en soi les âmes de tous ceux qu’il évangélise : c’est la
2950
i la profonde conviction, pour arbitraire qu’elle
soit
(d’autant plus profonde que plus arbitraire, car c’est ainsi pour les
2951
spirituel de l’Europe, de lui faire avaler ce qui
est
nôtre, essentiellement nôtre, en échange de ce qui est sien, quand no
2952
ôtre, essentiellement nôtre, en échange de ce qui
est
sien, quand nous aurons essayé d’espagnoliser l’Europe.272 Ce n’est
2953
aurons essayé d’espagnoliser l’Europe.272 Ce n’
est
pas un nationaliste qui parle ici. C’est un homme qui « a désir et be
2954
culture et la civilisation de la chrétienté — qui
fut
désignée pendant des siècles par le terme général d’Europe — ont été
2955
t des siècles par le terme général d’Europe — ont
été
faites par l’Église catholique, rassemblant les traditions sociales d
2956
nouvelle : le mahométisme. À tous les périls, il
tint
tête, bien que dépouillé de vastes territoires ; il se releva, une fo
2957
ècles, mais surtout au xiiie siècle : alors nous
fûmes
vraiment nous-mêmes et jamais notre civilisation ne fut mieux assurée
2958
aiment nous-mêmes et jamais notre civilisation ne
fut
mieux assurée. Mais pour des causes variées (dont la principale fut p
2959
Mais pour des causes variées (dont la principale
fut
peut-être le vieillissement) cette grande période montra, dès le débu
2960
nt durant le xve siècle. La Foi dont nous vivons
fut
de plus en plus mise en doute, et l’autorité morale dont tout dépenda
2961
tout dépendait, contestée. La société chrétienne
fut
soumise de la sorte à une tension, prolongée, qui la menaçait de disr
2962
et le principe vital dont sa vie dépendait ayant
été
affaibli et dénaturé, notre culture devint une maison divisée contre
2963
triment de la saisie des vérités spirituelles. Ce
fut
l’inverse de ce qui s’était produit au début de notre civilisation :
2964
érités spirituelles. Ce fut l’inverse de ce qui s’
était
produit au début de notre civilisation : alors, notre religion avait
2965
avel, ont confiance, elles, en leur principe, qui
est
la force et la ruse, et elles risquent tout là-dessus. L’épreuve hist
2966
ue continuera jusqu’à ce que la racine du mal ait
été
découverte, et du même coup le principe — enfin dégagé dans sa vraie
2967
e. Si les démocraties occidentales ne doivent pas
être
emportées, et une nuit de plusieurs siècles s’étendre sur la civilisa
2968
écouvrent dans sa pureté leur principe vital, qui
est
la justice, la justice et l’amour, et dont la source est divine, c’es
2969
justice, la justice et l’amour, et dont la source
est
divine, c’est à condition qu’elles reconstruisent leur philosophie po
2970
en retrouvant Dieu. Au crépuscule du soir où nous
sommes
, quelques signes donnent à penser que se mêlent déjà les lueurs incer
2971
leur de la personne humaine. L’Europe, cependant,
est
-il trop tard pour l’Europe ? Avec l’Europe d’aujourd’hui, qui oserait
2972
d’une nouvelle chrétienté ? — D’abord l’Europe n’
est
pas isolée, ce n’est pas pour l’Europe, c’est pour le monde entier qu
2973
ienté ? — D’abord l’Europe n’est pas isolée, ce n’
est
pas pour l’Europe, c’est pour le monde entier que le problème de la c
2974
aintenant. D’autre part l’important pour chacun n’
est
pas de savoir ce que fera l’univers, mais ce qu’il a à faire, lui. Le
2975
e par l’intimidation et la contrainte. Ces moyens
sont
en définitive, à l’égard de l’adhésion interne des cœurs, d’une effic
2976
des cœurs, d’une efficacité douteuse. La question
est
de savoir si les peuples des pays encore libres sont capables d’attei
2977
t de savoir si les peuples des pays encore libres
sont
capables d’atteindre par les voies de la liberté et de l’esprit une s
2978
ai de cette époque : « L’importance pour chacun n’
est
pas de savoir ce que fera l’univers, mais de savoir ce qu’il fera, lu
2979
et H. G. Wells) la notion même de prévision doit
être
sérieusement revue. Karl Jaspers, dans un des ouvrages les plus marqu
2980
eurs de l’hitlérisme. Avant de proclamer que tout
est
perdu, rétablissons les proportions de notre drame dans la relativité
2981
terre, les six-mille ans de la tradition humaine
sont
comme les premières secondes d’une nouvelle période de transformation
2982
la planète. Comparée aux milliers d’années qui se
sont
écoulées, d’après les découvertes paléontologiques, depuis l’appariti
2983
is l’apparition de l’homme, la période historique
est
comme une première ébauche des possibilités qui se sont ouvertes à l’
2984
omme une première ébauche des possibilités qui se
sont
ouvertes à l’homme, depuis que, ayant surmonté l’inertie d’une pure r
2985
nt surmonté l’inertie d’une pure répétition, il s’
est
mis en mouvement. Six-mille ans, il est vrai, constituent par rapport
2986
ion, il s’est mis en mouvement. Six-mille ans, il
est
vrai, constituent par rapport à notre existence très limitée une péri
2987
il y a deux-mille ans — que la fin de l’histoire
est
proche : il semble que les meilleures époques sont déjà révolues. Mai
2988
est proche : il semble que les meilleures époques
sont
déjà révolues. Mais à considérer l’histoire de la terre, nous prenons
2989
ous prenons conscience de ce que notre entreprise
est
encore très limitée et de ce que notre situation n’est que celle d’un
2990
ncore très limitée et de ce que notre situation n’
est
que celle d’un premier commencement ; tout se trouve encore en avant
2991
nalement nous demander si l’histoire tout entière
est
autre chose qu’un épisode passager de l’histoire de la terre ; l’homm
2992
évolution géologique de durée indéterminée. Tout
est
possible, devant nous : l’épuisement de nos ressources énergétiques,
2993
e ère de développement ininterrompu. Certes, nous
sommes
frappés par les signes négatifs, et nous croyons pouvoir en déduire u
2994
mmons-nous pas lentement une substance qui nous a
été
léguée par le passé ? La décadence de l’art, de la poésie, de la phil
2995
dence de l’art, de la poésie, de la philosophie n’
est
-elle pas le symptôme d’un proche épuisement de cette substance ? La d
2996
re superficiel de leurs distractions, tout cela n’
est
-il pas une preuve de ce que cette substance est déjà presque consommé
2997
n’est-il pas une preuve de ce que cette substance
est
déjà presque consommée ? Sans doute savons-nous encore quel est l’enj
2998
ue consommée ? Sans doute savons-nous encore quel
est
l’enjeu de la perte que nous éprouvons au moment même où nous la subi
2999
venir les hommes ne le saurons même plus, car ils
seront
devenus incapables de le comprendre. De pareilles questions et toutes
3000
es, ou à partir de nos doctrines militantes, peut
être
une démission de l’esprit mais peut être aussi, et doit être, une déc
3001
es, peut être une démission de l’esprit mais peut
être
aussi, et doit être, une décision existentielle : … Cette prévision
3002
mission de l’esprit mais peut être aussi, et doit
être
, une décision existentielle : … Cette prévision descriptive de la t
3003
ve… … Plus le terme sur lequel porte la prévision
est
rapproché, plus elle est efficace, puisqu’elle incite à l’action ; pl
3004
equel porte la prévision est rapproché, plus elle
est
efficace, puisqu’elle incite à l’action ; plus son terme est éloigné,
3005
e, puisqu’elle incite à l’action ; plus son terme
est
éloigné, plus elle est vaine, puisqu’elle ne peut plus conduire à l’a
3006
l’action ; plus son terme est éloigné, plus elle
est
vaine, puisqu’elle ne peut plus conduire à l’action. La prévision est
3007
le ne peut plus conduire à l’action. La prévision
est
une vision prospective par laquelle l’homme qui veut agir réfléchit s
3008
st d’après cela qu’il s’oriente. … La prévision n’
est
jamais un pur savoir mais elle est déjà, en même temps, en tant que s
3009
La prévision n’est jamais un pur savoir mais elle
est
déjà, en même temps, en tant que savoir, facteur du devenir réel.
3010
le aurore ? Les diagnostics qu’on vient de lire
sont
tous sévères, mais on a pu remarquer que, de Spengler à Maritain, une
3011
tre les deux guerres, et qui nient nos fatalités,
sont
dans ce sens autant de signes d’une vitalité neuve, d’un renouvelleme
3012
que comme au cadre naturel de leur action. Qu’en
est
-il de l’Europe elle-même, considérée comme unité, et face au Monde du
3013
, l’autre au lendemain de la Deuxième Guerre — ne
serait
-il pas le signe avant-coureur d’une renaissance ? José Ortega y Gass
3014
des Masses, traite un problème majeur — et qu’il
est
le seul alors, le premier en tout cas, à distinguer aussi clairement
3015
qu’ils en aient l’évidence, mais parce qu’ils se
sont
habitués à prendre ce fait pour certain, bien que, sincèrement, ils n
3016
sincèrement, ils ne se souviennent pas d’en avoir
été
convaincus résolument, à aucune date déterminée. … Le spectacle frivo
3017
tacle frivole que nous présentent les petits pays
est
déplorable. Pour la seule raison que l’Europe — d’après ce que l’on d
3018
e raison que l’Europe — d’après ce que l’on dit —
est
en décadence, et, par conséquent, ne s’occupe plus de commander, chaq
3019
onalismes » que l’on nous offre de tous côtés… Il
est
vraiment comique de contempler telle ou telle petite république qui,
3020
ontré l’efficacité et la fertilité. Ces normes ne
sont
pas les meilleures — il s’en faut de beaucoup, certes — mais elles so
3021
s — il s’en faut de beaucoup, certes — mais elles
sont
, sans aucun doute, définitives tant qu’il n’en existe pas d’autres, o
3022
tres. Aujourd’hui les peuples-masse ont résolu de
tenir
pour caduc ce système de normes qu’est la civilisation. Mais comme il
3023
ésolu de tenir pour caduc ce système de normes qu’
est
la civilisation. Mais comme ils sont incapables d’en créer un autre,
3024
de normes qu’est la civilisation. Mais comme ils
sont
incapables d’en créer un autre, ils ne savent que faire, et pour pass
3025
ser le temps, ils se livrent à la cabriole. Telle
est
la première conséquence qui survient lorsque dans le monde quelqu’un
3026
, mais le bruit court qu’on va les supprimer. » N’
est
-ce point là la situation présente du monde ? Le bruit se répand que d
3027
r dans leurs gonds, réduire leur extravagance qui
est
généralement vacance, fainéantise, vacuité de la vie, désolation. Il
3028
e cessât de commander, s’il y avait quelqu’un qui
fût
capable de la remplacer. Mais nous ne voyons pas même l’ombre d’un re
3029
me l’ombre d’un remplaçant. New York et Moscou ne
sont
rien de nouveau par rapport à l’Europe. Elles ne sont l’une et l’autr
3030
rien de nouveau par rapport à l’Europe. Elles ne
sont
l’une et l’autre que deux parcelles du commandement européen, qui en
3031
écadence et ceux de l’histoire byzantine. Telles
seraient
les raisons de notre décadence. Mais voici les formules de notre rena
3032
e : … Les Européens ne savent pas vivre s’ils ne
sont
engagés dans une grande entreprise qui les unit. Quand elle leur fait
3033
nos yeux. Les cercles qui, jusqu’à nos jours, se
sont
appelés nations, parvinrent, il y a un siècle ou à peu près, à leur p
3034
sion. On ne peut plus rien faire avec eux si ce n’
est
les dépasser. Ils ne sont plus qu’un passé, qui s’accumule autour et
3035
n faire avec eux si ce n’est les dépasser. Ils ne
sont
plus qu’un passé, qui s’accumule autour et au-dessous de l’Européen,
3036
té vitale que jamais, nous sentons tous que l’air
est
irrespirable à l’intérieur de chaque peuple, parce que c’est un air c
3037
parce que c’est un air confiné. Chaque nation qui
était
autrefois la grande atmosphère ouverte, est devenue une province, un
3038
qui était autrefois la grande atmosphère ouverte,
est
devenue une province, un « intérieur ». Dans la super-nation européen
3039
rmanence active de cette pluralité qui a toujours
été
la vie de l’Occident. Tout le monde perçoit l’urgence d’un nouveau pr
3040
et artificielle de ce principe qui, précisément,
est
depuis longtemps caduc. Tel est le sens de l’irruption des « national
3041
qui, précisément, est depuis longtemps caduc. Tel
est
le sens de l’irruption des « nationalismes » de ces dernières années.
3042
s. Et je ne cesse de le redire : il en a toujours
été
ainsi. C’est la dernière flamme qui est la plus longue ; le dernier s
3043
toujours été ainsi. C’est la dernière flamme qui
est
la plus longue ; le dernier soupir qui est le plus profond. À la veil
3044
me qui est la plus longue ; le dernier soupir qui
est
le plus profond. À la veille de disparaître, les frontières deviennen
3045
ontières économiques. Mais tous ces nationalismes
sont
des impasses ; qu’on essaie de les projeter vers le futur et l’on res
3046
up. Ils n’offrent aucune issue… Le nationalisme n’
est
rien qu’une manie, un prétexte qui s’offre pour éluder le pouvoir d’i
3047
des hommes qu’il exalte, révèlent amplement qu’il
est
le contraire d’une création historique. Seule, la décision de constru
3048
oint de vue politique la volonté de l’Europe aura
été
exclusivement nationaliste. Elle aura consisté dans un double travail
3049
te. Elle aura consisté dans un double travail qui
fut
, d’une part, de former des nations et, d’autre part, de les rendre in
3050
res. Le mouvement commence avec les Barbares, qui
sont
proprement les responsables des nationalités, en ce qu’ils opposèrent
3051
« gentes » à ces éléments d’internationalisme qu’
étaient
l’Empire romain et l’Église, en ce qu’ils incarnèrent la négation de
3052
se signent dans ce cri de l’une d’elles : « Nous
sommes
d’abord vénitiens, ensuite chrétiens… » Enfin, avec le xixe siècle,
3053
ièrement l’Allemagne !), la volonté de l’Europe d’
être
désunie et de former des nations indépendantes les unes des autres at
3054
ifs, surtout de leurs oppositions, non celle d’un
être
historique qui leur serait transcendant. J’ai parfois reproché à des
3055
ositions, non celle d’un être historique qui leur
serait
transcendant. J’ai parfois reproché à des professeurs d’histoire que
3056
ustifiant le mot de Stendhal : « L’Europe moderne
est
née du christianisme. » Accordons à notre historien qu’au début de l’
3057
nationaux, n’existait pas. Ce qui, au contraire,
est
très vite apparu en tant que conscience, que volonté manifeste, c’est
3058
ique immense d’esprits cultivés », dont le type a
été
le prince de Ligne et dont on peut dire que la tradition s’est poursu
3059
de Ligne et dont on peut dire que la tradition s’
est
poursuivie avec Goethe, Taine, Renan, Liszt, Nietzsche, Romain Rollan
3060
ndré Gide. Ai-je besoin de dire si ce mouvement a
été
violemment enrayé par le xixe siècle au nom des cultures nationales
3061
’idée de nation semble avoir terminé sa carrière,
être
devenue malfaisante aux Européens, l’idée d’Europe apparaît. Mais ne
3062
e bien d’autres hautes conceptions d’ensemble, ne
soit
devenu problématique, — nul doute non plus que notre survie spirituel
3063
propre de plus haut. Les grands génies, sans lui,
sont
impensables. Ils sont universels. Si la nation est leur destin, l’Eur
3064
es grands génies, sans lui, sont impensables. Ils
sont
universels. Si la nation est leur destin, l’Europe est leur expérienc
3065
nt impensables. Ils sont universels. Si la nation
est
leur destin, l’Europe est leur expérience vécue. Un grand phénomène d
3066
niversels. Si la nation est leur destin, l’Europe
est
leur expérience vécue. Un grand phénomène devient européen : ainsi en
3067
e. Un grand phénomène devient européen : ainsi en
fut
-il de Jules César et de Napoléon, de Pétrarque et de Kant, de la musi
3068
çaise d’Ingres à Cézanne. Là où une grande pensée
est
conçue, là est l’Europe. Si elle est conçue dans la sphère nationale,
3069
à Cézanne. Là où une grande pensée est conçue, là
est
l’Europe. Si elle est conçue dans la sphère nationale, elle ne demand
3070
rande pensée est conçue, là est l’Europe. Si elle
est
conçue dans la sphère nationale, elle ne demande qu’à s’épanouir dans
3071
, comme au temps d’Anaximandre, toute philosophie
est
européenne. Toute grande idée politique agissante est européenne. Tou
3072
européenne. Toute grande idée politique agissante
est
européenne. Toute connaissance féconde du passé est européenne. (Et d
3073
t européenne. Toute connaissance féconde du passé
est
européenne. (Et de quoi aurions-nous davantage besoin, que d’une visi
3074
lée et purifiée, de la non-Europe !) Notre époque
est
une époque de rétablissement, — bien que jamais l’expression de la fa
3075
ien que jamais l’expression de la faiblesse n’ait
été
si impudique, la volonté de désintégration si débridée. Derrière le r
3076
la formule de sa philosophie —, le problème de l’
être
même du « crépuscule occidental » : Anaximandre aurait vécu de la fi
3077
accepté : Ce dont les choses tirent leur origine
est
aussi cela dans quoi elles iront s’anéantir, selon la nécessité ; car
3078
le autorité parlerait-elle ? Suffirait-il qu’elle
soit
la plus ancienne ? L’antiquité par elle-même n’est d’aucun poids. Au
3079
it la plus ancienne ? L’antiquité par elle-même n’
est
d’aucun poids. Au surplus, si la sentence est la plus ancienne de cel
3080
e n’est d’aucun poids. Au surplus, si la sentence
est
la plus ancienne de celles qui nous ont été transmises, nous n’en ign
3081
tence est la plus ancienne de celles qui nous ont
été
transmises, nous n’en ignorons pas moins si elle est à sa manière la
3082
transmises, nous n’en ignorons pas moins si elle
est
à sa manière la sentence la plus primitive de la pensée occidentale.
3083
premier lieu nous parlerait-il, à nous autres qui
sommes
sans doute les plus tardifs des tard-venus de la philosophie ? Sommes
3084
s plus tardifs des tard-venus de la philosophie ?
Sommes
-nous les tard-venus d’une Histoire qui parvient aujourd’hui à sa fin,
3085
ue de l’informulé, qui parlerait à ce qui vient ?
Sommes
-nous donc à la veille de la transformation la plus inouïe de toute la
3086
uïe de toute la Terre et du temps de l’Histoire ?
Sommes
-nous devant le crépuscule d’une nuit qui prépare une autre aube ? Sur
3087
r-delà l’Occident et l’Orient et à travers ce qui
est
Européen, le lieu des commencements de l’Histoire à venir ? Sommes-no
3088
le lieu des commencements de l’Histoire à venir ?
Sommes
-nous déjà, nous les hommes d’aujourd’hui, occidentaux dans un sens qu
3089
ur de notre entrée dans la nuit universelle ? […]
Sommes
-nous vraiment les tard-venus que nous sommes ? Mais ne sommes-nous pa
3090
[…] Sommes-nous vraiment les tard-venus que nous
sommes
? Mais ne sommes-nous pas en même temps les précurseurs du matin d’un
3091
vraiment les tard-venus que nous sommes ? Mais ne
sommes
-nous pas en même temps les précurseurs du matin d’une autre ère du mo
3092
nité que celui dans lequel l’Europe des peuples n’
est
qu’un plus sombre passé d’oubli, mais où l’Europe vit encore par tren
3093
ieilliront jamais. »277 Ortega avait peut-être
été
le premier à voir dans la crise de l’Europe la condition d’une renais
3094
issance. Laissons-le donc conclure ce chapitre :
Est
-il aussi certain qu’on le dit, que l’Europe soit en décadence et aban
3095
Est-il aussi certain qu’on le dit, que l’Europe
soit
en décadence et abandonne le commandement, en un mot, abdique ? Cette
3096
en un mot, abdique ? Cette apparente décadence ne
serait
-elle pas la crise bienfaisante qui permettrait à l’Europe d’être véri
3097
a crise bienfaisante qui permettrait à l’Europe d’
être
véritablement l’Europe ? L’évidente décadence des nations européennes
3098
? L’évidente décadence des nations européennes, n’
est
-elle pas a priori nécessaire au cas où les États-Unis d’Europe seraie
3099
iori nécessaire au cas où les États-Unis d’Europe
seraient
possibles quelque jour, et la pluralité européenne remplacée par sa r
3100
e à l’union politique Le Grand Dessein de Sully
est
un projet posthume. L’abbé de Saint-Pierre ne fut pas écouté. Victor
3101
est un projet posthume. L’abbé de Saint-Pierre ne
fut
pas écouté. Victor Hugo ne fut qu’applaudi. En revanche, qu’ils le ve
3102
de Saint-Pierre ne fut pas écouté. Victor Hugo ne
fut
qu’applaudi. En revanche, qu’ils le veuillent ou non, ceux qui écrive
3103
qui se fait. Certains ont pu s’imaginer qu’ils n’
étaient
que des commentateurs, des analystes objectifs. Ils oubliaient que le
3104
rtie finale de notre ouvrage. Le choix des textes
sera
fonction d’un plan dont voici le très simple argument : L’Europe cont
3105
antes et spécifiques ; pour mieux voir ce qu’elle
fut
, ce qu’elle est et peut être, elle se compare aux autres civilisation
3106
ques ; pour mieux voir ce qu’elle fut, ce qu’elle
est
et peut être, elle se compare aux autres civilisations, et par suite
3107
mieux voir ce qu’elle fut, ce qu’elle est et peut
être
, elle se compare aux autres civilisations, et par suite elle retrouve
3108
iale et le sens de son unité très singulière, qui
est
unité dans la diversité ; il lui reste à tirer les conséquences de ce
3109
tion. À chaque époque de son histoire, l’Europe s’
est
en effet redéfinie par ce qu’elle choisissait — découvrait ou refusai
3110
sources de toute culture qui, selon lui, mérite d’
être
nommée « européenne ». Je considérerai comme européens tous les peup
3111
es trois influences que je vais dire. La première
est
celle de Rome. Partout où l’Empire romain a dominé, et partout où sa
3112
ire romain a dominé, et partout où sa puissance s’
est
fait sentir ; et même partout où l’Empire a été l’objet de crainte, d
3113
s’est fait sentir ; et même partout où l’Empire a
été
l’objet de crainte, d’admiration et d’envie ; partout où le poids du
3114
d’envie ; partout où le poids du glaive romain s’
est
fait sentir, partout où la majesté des institutions et des lois, où l
3115
ù l’appareil et la dignité de la magistrature ont
été
reconnus, copiés, parfois même bizarrement singés, — là est quelque c
3116
us, copiés, parfois même bizarrement singés, — là
est
quelque chose d’européen. Rome est le modèle éternel de la puissance
3117
t singés, — là est quelque chose d’européen. Rome
est
le modèle éternel de la puissance organisée et stable. Vint ensuite
3118
ierre, quoique l’une des très rares religions qui
fussent
mal vues à Rome, le christianisme, issu de la nation juive, s’étend a
3119
nte son langage. Un même homme né à Bordeaux peut
être
citoyen romain et même magistrat, il peut être évêque de la religion
3120
ut être citoyen romain et même magistrat, il peut
être
évêque de la religion nouvelle. Le même Gaulois, qui est préfet impér
3121
que de la religion nouvelle. Le même Gaulois, qui
est
préfet impérial, écrit en pur latin de belles hymnes à la gloire du f
3122
de belles hymnes à la gloire du fils de Dieu qui
est
né juif et sujet d’Hérode. Voici déjà un Européen presque achevé. Un
3123
re de l’Européen : Ce que nous devons à la Grèce
est
peut-être ce qui nous a distingués le plus profondément du reste de l
3124
Il doit donc développer toutes les parties de son
être
et les maintenir dans une harmonie aussi claire, et même aussi appare
3125
monie aussi claire, et même aussi apparente qu’il
est
possible. Il doit développer son corps et son esprit. Quant à l’espri
3126
une signification et une autorité simultanées, là
est
l’Europe. Toute race et toute terre qui a été successivement romanisé
3127
là est l’Europe. Toute race et toute terre qui a
été
successivement romanisée, christianisée et soumise, quant à l’esprit,
3128
ise, quant à l’esprit, à la discipline des Grecs,
est
absolument européenne. Reprenons maintenant ces Trois Sources. Jérus
3129
ment dont les héros, les guerres et les miracles,
étaient
devenus, depuis Luther, leur véritable Antiquité. Du côté catholique,
3130
t l’Occident. Et de même, ajoute Siegfried, ce n’
est
pas de la tradition gréco-latine que les révolutions d’aujourd’hui po
3131
s antireligieux : l’origine de la science moderne
serait
bien moins grecque que biblique. C’est Karl Jaspers qui l’a mis en lu
3132
dans la recherche moderne. La science européenne
est
tournée sans limites vers tout ce qui est et qui peut être pensé. Il
3133
opéenne est tournée sans limites vers tout ce qui
est
et qui peut être pensé. Il n’y a rien, pour elle, qui ne vaille la pe
3134
née sans limites vers tout ce qui est et qui peut
être
pensé. Il n’y a rien, pour elle, qui ne vaille la peine d’être connu
3135
l n’y a rien, pour elle, qui ne vaille la peine d’
être
connu ; elle paraît se disperser dans l’infini. Mais quel que soit so
3136
paraît se disperser dans l’infini. Mais quel que
soit
son objet, elle le fait entrer dans des rapports. Elle concilie une e
3137
aussi dans la Grèce antique ; la science grecque
est
seulement une introduction et un moyen pédagogique. D’où vient la sci
3138
iblique. Cette thèse a le sens suivant : Le monde
étant
créé par Dieu doit être bon dans son essence. C’est, pourquoi tout ce
3139
sens suivant : Le monde étant créé par Dieu doit
être
bon dans son essence. C’est, pourquoi tout ce qui est mérite d’être c
3140
bon dans son essence. C’est, pourquoi tout ce qui
est
mérite d’être connu, en tant que parcelle de la création. Mais il n’e
3141
essence. C’est, pourquoi tout ce qui est mérite d’
être
connu, en tant que parcelle de la création. Mais il n’est pas rare qu
3142
u, en tant que parcelle de la création. Mais il n’
est
pas rare qu’une connaissance nouvelle vienne contredire les construct
3143
nt impliquées dans un ensemble logique — comme ce
fut
le cas dans la conception du monde et dans la conscience de l’être de
3144
la conception du monde et dans la conscience de l’
être
des Grecs — la science en tant que construction logique fait éclater
3145
combat contre l’apparence pour la découverte de l’
être
, une autre impulsion est agissante ici. Dieu ayant créé le monde para
3146
pour la découverte de l’être, une autre impulsion
est
agissante ici. Dieu ayant créé le monde paraît responsable de ce qu’i
3147
yant créé le monde paraît responsable de ce qu’il
est
. La connaissance devient une attaque contre Dieu. Mais, d’autre part,
3148
et contenue qui, liée à l’amour pour tout ce qui
est
création de Dieu, a donné naissance à la science européenne — cette s
3149
ne peut rien vouloir dans le bleu mais doit s’en
tenir
à des données réelles, il s’oriente d’après son passé. La question «
3150
ès son passé. La question « Que deviendrai-je ? »
est
toujours liée pour lui à la question : « Que suis-je et qu’ai-je été
3151
est toujours liée pour lui à la question : « Que
suis
-je et qu’ai-je été ? »… Si donc nous voulons devenir des Européens (e
3152
our lui à la question : « Que suis-je et qu’ai-je
été
? »… Si donc nous voulons devenir des Européens (et c’est bien ce que
3153
) cette question devient pour nous brûlante : que
furent
les Grecs ? Au surplus, lorsque nous éprouvons les nombreuses insuffi
3154
ous nous demandons d’autant plus instamment : que
fut
donc cette culture aux temps des origines, avant la corruption modern
3155
t à réfléchir sur ce qui valait encore la peine d’
être
sauvé en Europe, certains doutes se manifestèrent chez nous : les for
3156
r temps ? L’humanisme d’un Érasme, semblait-il, n’
était
plus qu’une affaire d’érudits, celui de l’époque de Goethe était trop
3157
ne affaire d’érudits, celui de l’époque de Goethe
était
trop lié à l’esthétique. C’était d’un nouvel humanisme que l’on avait
3158
deia, de culture, et remontait, en fait, à ce qui
fut
l’origine de l’humanisme isocratique et cicéronien. Toutefois, il n’e
3159
ensemble et surtout à cet antipode d’Isocrate que
fut
Platon : lequel, précisément, n’attribuait pas une dignité particuliè
3160
oses non pas l’homme, mais Dieu […] Que les dieux
soient
la mesure de toutes choses, signifie pour les Grecs que le monde est
3161
utes choses, signifie pour les Grecs que le monde
est
un cosmos et qu’un ordre strict détermine tout. Cette « Nature », les
3162
détermine tout. Cette « Nature », les Grecs ne se
sont
pas contentés d’y croire : ils ont cherché à la comprendre, et plus i
3163
’apparaissent qu’obscurcies dans notre monde, tel
est
l’héritage des Grecs. Il n’est pas perdu, et conserve aujourd’hui sa
3164
s notre monde, tel est l’héritage des Grecs. Il n’
est
pas perdu, et conserve aujourd’hui sa force.281 Cependant, l’hérita
3165
itage grec, interrogé par l’homme du xxe siècle,
tient
en réserve bien d’autres réponses que celle des dieux modérateurs. De
3166
lisation. Ce mythe, pour celle qui nous occupe, n’
est
pas difficile à découvrir : c’est le mythe de Prométhée… Le mythe de
3167
préfigure l’aventureux esprit européen : Ulysse
est
au vrai sens du terme le prototype de l’Européen, en même temps que l
3168
ntiquité, le premier modèle d’Alexandre le Grand,
fut
le Siegfried des Grecs, héros juvénile, fort et courageux, sans trop
3169
ientôt et entrer ainsi dans l’immortalité. Ulysse
est
incomparablement plus complexe. Son caractère a plusieurs dimensions.
3170
plexe. Son caractère a plusieurs dimensions. Il n’
est
pas seulement brave et magnanime, mais aussi rusé et astucieux. Europ
3171
usé et astucieux. Européen en ceci que sa passion
est
domptée par la mesure. Il ne cherche pas l’aventure, mais il la maîtr
3172
e trapue d’un Churchill, avec son grand front. Il
est
vraisemblable que Churchill eût agi avec la même astuce et la même au
3173
pagnons de la caverne de Polyphème. Tous les deux
sont
d’abord des marins. Ulysse n’est pas seulement un guerrier, comme ses
3174
. Tous les deux sont d’abord des marins. Ulysse n’
est
pas seulement un guerrier, comme ses camarades de l’Iliade, mais un h
3175
Sa lutte principale, tout au long de l’Odyssée, n’
est
pas dirigée contre les hommes mais contre les éléments, contre les ve
3176
contre les vents et les vagues. En cela aussi, il
est
un prototype de l’Européen, qui conquit l’hégémonie mondiale parce qu
3177
talien… S’il renaissait de nos jours, il pourrait
être
le fils de n’importe laquelle de ces nations. Et il pourrait aussi se
3178
, de la volonté et de l’esprit. C’est pourquoi il
est
le précurseur des modèles de l’humanité à venir : du chevalier médiév
3179
accueillent en hôte d’honneur, sans savoir qui il
est
: ils ont senti qu’ils avaient à faire à un seigneur, à un héros, mai
3180
rd et remise en forme par un poète, pourrait bien
être
celle qui a survécu aux siècles et qui, de nos jours, passionne encor
3181
esprits, la voix de Simone Weil (1909-1943), qui
fut
, pour peu de temps, l’âme la plus naturellement grecque et chrétienne
3182
te de la vraie tradition européenne tout ce qui n’
est
pas grec ou évangélique, et notamment la source romaine et la source
3183
urce romaine et la source hébraïque : L’Évangile
est
la dernière et merveilleuse expression du génie grec, comme l’Iliade
3184
leuse expression du génie grec, comme l’Iliade en
est
la première ; l’esprit de la Grèce s’y laisse voir non seulement en c
3185
Grèce s’y laisse voir non seulement en ce qu’il y
est
ordonné de rechercher à l’exclusion de tout autre bien « le royaume e
3186
leste », mais aussi en ce que la misère humaine y
est
exposée, et cela chez un être divin en même temps qu’humain. Les réci
3187
la misère humaine y est exposée, et cela chez un
être
divin en même temps qu’humain. Les récits de la Passion montrent qu’u
3188
sion montrent qu’un esprit divin, uni à la chair,
est
altéré par le malheur, tremble devant la souffrance et la mort, se se
3189
e humaine leur donne cet accent de simplicité qui
est
la marque du génie grec, et qui fait tout le prix de la tragédie atti
3190
x de la tragédie attique et de l’Iliade. … Rien n’
est
plus rare qu’une juste expression du malheur ; en le peignant, on fei
3191
resque toujours de croire tantôt que la déchéance
est
une vocation innée du malheureux, tantôt qu’une âme peut porter le ma
3192
rce d’âme qui permet de ne pas se mentir ; ils en
furent
récompensés et surent atteindre en toute chose le plus haut degré de
3193
é et de simplicité… Les Romains et les Hébreux se
sont
crus les uns et les autres soustraits à la commune misère humaine, le
3194
ers en tant que nation choisie par le destin pour
être
la maîtresse du monde, les seconds par la faveur de leur Dieu et dans
3195
pris. Ils regardaient leurs ennemis vaincus comme
étant
en horreur à Dieu même et condamnés à expier des crimes, ce qui renda
3196
lière, et une fois dans Racine. La misère humaine
est
mise à nu, à propos de l’amour, dans l’École des Femmes, dans Phèdre.
3197
uples d’Europe ne vaut le premier poème connu qui
soit
apparu chez l’un d’eux. Ils retrouveront peut-être le génie épique qu
3198
fascisme, obsédé par la Rome impériale dont il n’
est
pas certain qu’il l’avait mieux comprise que les jacobins ne firent d
3199
la Grosse Bête », dit Simone Weil. « Les Romains
sont
des gangsters, et bien pire : ils ont souillé même la vraie religion
3200
esoin…, les Romains ne pouvaient rien tolérer qui
fût
riche en contenu spirituel. L’amour de Dieu est un feu dangereux dont
3201
i fût riche en contenu spirituel. L’amour de Dieu
est
un feu dangereux dont le contact pouvait être funeste à leur misérabl
3202
Dieu est un feu dangereux dont le contact pouvait
être
funeste à leur misérable divinisation de l’esclavage. Aussi ont-ils i
3203
ens au début… L’inspiration vraiment chrétienne a
été
heureusement conservée par la mystique. Mais en dehors de la mystique
3204
s l’hommage rendu à l’empereur, ce chrétien aussi
est
idolâtre.285 Spengler n’est pas moins dur. Rome n’est pour lui que
3205
ce chrétien aussi est idolâtre.285 Spengler n’
est
pas moins dur. Rome n’est pour lui que la « civilisation » extérieure
3206
lâtre.285 Spengler n’est pas moins dur. Rome n’
est
pour lui que la « civilisation » extérieure et artificielle qui « ach
3207
ule légende divine d’origine proprement romaine —
est
un trait qu’on ne rencontre nulle part à Athènes. Âme grecque et inte
3208
intelligence romaine — voilà ce que c’est. Telle
est
aussi la différence entre culture et civilisation286. Spengler ajout
3209
ni César ni la civilisation romaine en général ne
seraient
intelligibles. Chaque Grec a un trait de Don Quichotte, chaque Romain
3210
utres qualités disparaissent sous celles-ci. Il
est
temps que T. S. Eliot vienne nous rappeler que l’Empire ne fut pas se
3211
T. S. Eliot vienne nous rappeler que l’Empire ne
fut
pas seulement la lourde réalité esclavagiste, militaire et bureaucrat
3212
ù nous héritons la civilisation de l’Europe, nous
sommes
encore tous citoyens de l’Empire romain, et le temps n’a pas encore d
3213
it et pour lequel Enée avait assumé sa destinée n’
était
pas tout à fait le même que l’Empire romain des légionnaires, des pro
3214
de guide et de maître jusqu’à la barrière qu’il n’
était
pas autorisé à franchir, et n’était pas capable de franchir, définit
3215
rière qu’il n’était pas autorisé à franchir, et n’
était
pas capable de franchir, définit exactement la relation entre Virgile
3216
ue le monde de Virgile, comparé à celui d’Homère,
est
une approximation du monde chrétien par le choix, l’ordre et les rela
3217
e comme poète. Et je ne pense pas non plus que ce
soit
proprement une comparaison entre les mondes dans lesquels ils vécuren
3218
rement ce qui, dans l’idéal romain selon Virgile,
est
dû à l’esprit philosophique de Virgile lui-même. Car, au sens où un p
3219
que de Virgile lui-même. Car, au sens où un poète
est
un philosophe (par opposition au sens où un grand poète peut incarner
3220
rande philosophie dans une grande œuvre), Virgile
est
le plus grand philosophe de la Rome ancienne. Ce n’est donc pas simpl
3221
e plus grand philosophe de la Rome ancienne. Ce n’
est
donc pas simplement que la civilisation en laquelle vécut Virgile soi
3222
ent que la civilisation en laquelle vécut Virgile
soit
plus proche de celle du christianisme que la civilisation d’Homère ;
3223
christianisme que la civilisation d’Homère ; nous
sommes
en droit de dire que Virgile, parmi les poètes classiques et les pros
3224
i les poètes classiques et les prosateurs latins,
est
proche du christianisme d’une manière unique. Il est une formule que
3225
proche du christianisme d’une manière unique. Il
est
une formule que j’ai tenté d’éviter mais que je me sens contraint d’u
3226
nt d’utiliser ici : anima naturaliter Christiana.
Est
-elle applicable à Virgile ? C’est matière de choix personnel. Mais j’
3227
ontaine de la présente histoire européenne, telle
est
la place du Capitole, conçue par Michel-Ange et remise par lui à la V
3228
fuir dans les rêves de peuples souffrants, ce ne
serait
pas conforme à l’esprit de Marc Aurèle ! « Celui qui a vu ce qui exis
3229
e aujourd’hui a contemplé d’un seul regard ce qui
fut
de tout temps et sera de toute éternité. » Le présent contient toute
3230
mplé d’un seul regard ce qui fut de tout temps et
sera
de toute éternité. » Le présent contient toute l’histoire du monde. E
3231
ontradictoires et de sa mission infinie, l’Europe
est
là dès maintenant, comme un destin ; mais si cette figure ne s’instau
3232
figure ne s’instaure pas dans l’intimité de notre
être
, dans la vie de notre vie et le cœur de notre cœur, comme dit Hamlet
3233
alors l’Europe n’existe plus, — et ses terres ne
sont
plus que champ de bataille abandonné aux puissances techniques de l’i
3234
niques de l’inhumain.288 La source germanique n’
est
même pas mentionnée par Valéry, dans son discours de 1922. Ce Françai
3235
réflexe d’hostilité à l’endroit du Saint-Empire.
Serait
-ce, pour les unes, parce qu’il était « romain », pour les autres, par
3236
int-Empire. Serait-ce, pour les unes, parce qu’il
était
« romain », pour les autres, parce qu’il était « de nation germanique
3237
il était « romain », pour les autres, parce qu’il
était
« de nation germanique » ? C’est plutôt que la notion même de Saint-E
3238
C’est plutôt que la notion même de Saint-Empire n’
est
plus comprise. (Elle ne l’a d’ailleurs jamais été en France ni en Sca
3239
est plus comprise. (Elle ne l’a d’ailleurs jamais
été
en France ni en Scandinavie.) Qui rendra donc justice à l’apport germ
3240
de son œuvre maîtresse, La Formation de l’Europe,
est
consacré aux Germains, des origines jusqu’aux Carolingiens. Reynold y
3241
urait pas eu de péril germanique. Les Germains ne
furent
jamais assez nombreux pour le conquérir. Parler d’invasions germaniqu
3242
vasions germaniques et même de grandes invasions,
est
une sottise. Il y a les Germains de l’extérieur, et ceux qui se trou
3243
, deviendront l’Empire : … À la fin, la question
sera
de savoir quel sera le peuple germain capable d’assumer la succession
3244
re : … À la fin, la question sera de savoir quel
sera
le peuple germain capable d’assumer la succession du peuple romain et
3245
romain et de restaurer l’imperium.289 Ce peuple
sera
celui des Francs, d’où est issu Charlemagne, « Père de l’Europe »290.
3246
erium.289 Ce peuple sera celui des Francs, d’où
est
issu Charlemagne, « Père de l’Europe »290. La première tentative conc
3247
ération européenne au xxe siècle, celle des Six,
sera
baptisée non sans quelques raisons « L’Europe Charlemagne ». 2° Le Ge
3248
nisme, avec son droit des communautés populaires,
est
l’une des deux sources du fédéralisme européen, l’autre étant, selon
3249
des deux sources du fédéralisme européen, l’autre
étant
, selon Reynold, la doctrine trinitaire des premiers conciles : L’org
3250
ion bureaucratique des Romains. Leur organisation
était
fédérative au sens plein du terme, puisqu’elle reposait sur le sermen
3251
eux extrêmes du jus romanum : l’individu, l’État,
est
venu insérer les intermédiaires et les amortisseurs qui empêchent l’i
3252
isseurs qui empêchent l’individu, terme faible, d’
être
absorbé par l’État, terme fort. Le principe du droit germanique est,
3253
État, terme fort. Le principe du droit germanique
est
, en effet, l’idée d’association. Genossenschaftsrecht, dit le grand j
3254
rand juriste Gierke. … Lorsque l’imperium romanum
fut
, par miracle, devenu chrétien, l’empereur descendit du rang de dieu a
3255
he de la doctrine trinitaire, cette conception ne
fut
plus possible. « L’empereur n’est pas au-dessus de l’Église mais dans
3256
e conception ne fut plus possible. « L’empereur n’
est
pas au-dessus de l’Église mais dans l’Église », rappela durement sain
3257
éodore le pénitent. Le disciple de saint Ambroise
fut
saint Augustin… Faire correspondre à un empereur chrétien un régime c
3258
spondre à un empereur chrétien un régime chrétien
fut
l’un des buts que se proposa l’auteur de La Cité de Dieu, ce bréviair
3259
première de l’unité. C’est le fédéralisme dont on
est
en droit de dire qu’il est la conception chrétienne de la vie politiq
3260
le fédéralisme dont on est en droit de dire qu’il
est
la conception chrétienne de la vie politique et sociale, l’ordre qui
3261
dernière citation, c’est l’héritage chrétien qui
est
invoqué. Deux grandes écoles d’historiens de la culture s’opposent, s
3262
e la science et de la technique prométhéennes, et
tient
l’Europe pour une création de la Renaissance. L’autre, pessimiste par
3263
tre, pessimiste par position plus que par nature,
tient
les grands siècles (xie au xiiie ) du Moyen Âge catholique pour la s
3264
ocessus inévitable, dont l’état actuel des choses
serait
la phase dernière. Le cas d’un écrivain comme Wells justifie dans une
3265
une certaine mesure cette interprétation. Son but
est
en effet de fournir à l’homme moderne un arrière-plan historique et d
3266
nt de perfection, cette façon d’écrire l’histoire
est
fondamentalement contraire à l’esprit de l’histoire, puisqu’elle impl
3267
sme en élargissant son horizon intellectuel, elle
est
propre à faire naître le pharisaïsme des historiens whigs ou, ce qui
3268
re le pharisaïsme des historiens whigs ou, ce qui
est
pire, la complaisance envers soi-même du philistin moderne. Il est, à
3269
laisance envers soi-même du philistin moderne. Il
est
, à l’opposé, un autre danger qui consiste à se servir de l’histoire c
3270
istoire comme d’une arme contre l’époque moderne,
soit
par suite d’une idéalisation romantique du passé, soit au profit d’un
3271
par suite d’une idéalisation romantique du passé,
soit
au profit d’une propagande religieuse ou patriotique. Le second cas e
3272
opagande religieuse ou patriotique. Le second cas
est
assurément le plus redoutable des deux, puisque l’historien romantiqu
3273
au moins l’histoire comme une fin en soi — et ce
sont
en fait les historiens romantiques qui, les premiers, ont étudié la c
3274
s un dessein apologétique. C’est un risque auquel
sont
particulièrement exposés les historiens catholiques du Moyen Âge depu
3275
ècle et au début du présent, ils ont certainement
été
enclins à faire de l’histoire une branche de l’apologétique, et à idé
3276
nte et plus occidentale qu’elle ne l’avait jamais
été
. La perte de l’unité spirituelle n’entraîna pas le partage de l’Occid
3277
et d’autonomie occidentale. Aujourd’hui l’Europe
est
menacée de voir s’effondrer la culture séculière et aristocratique qu
3278
us faut satisfaire ces besoins, ou même s’il nous
est
possible de les satisfaire, nous ne pouvons à l’heure présente que le
3279
ns à l’heure présente que le conjecturer. Mais il
est
bon de ne pas oublier que l’unité de notre civilisation ne repose pas
3280
superficiels de la civilisation moderne, si nous
tenons
à découvrir les forces sociales et spirituelles qui ont abouti à fair
3281
d’harmonie profonde des esprits, dont la Réforme
serait
venue briser traîtreusement « l’unité ». Cette utopie à rebours, qui
3282
eusement « l’unité ». Cette utopie à rebours, qui
fut
celle de Novalis dans La Chrétienté ou l’Europe, est devenue lieu com
3283
celle de Novalis dans La Chrétienté ou l’Europe,
est
devenue lieu commun pour l’école catholique de la première moitié du
3284
ion du problème : comme si l’Europe un jour avait
été
chrétienne, et puis avait cessé de l’être ! C’est là pure légende. Le
3285
ur avait été chrétienne, et puis avait cessé de l’
être
! C’est là pure légende. Les faits et les archives de l’Histoire démo
3286
toire démontrent surabondamment que les choses se
sont
passées tout autrement, démontrent l’unité, la cohérence interne et m
3287
et des fresques d’églises. La lecture de la Bible
est
interdite aux fidèles dès le synode de Toulouse en 1229, rappelle F.
3288
29, rappelle F. Heer. La Bible en langue vulgaire
est
même mise à l’Index par Paul IV en 1559. « Charles-Quint sur son lit
3289
ion espagnole). » Pendant ce temps, le monachisme
est
entré en décadence ; la curie romaine est devenue bureaucratique ; de
3290
achisme est entré en décadence ; la curie romaine
est
devenue bureaucratique ; des Églises « nationales » se sont constitué
3291
ue bureaucratique ; des Églises « nationales » se
sont
constituées dès le xiiie siècle (et non pas dès le xvie siècle) en
3292
’est qu’alors, au xvie siècle, la sécularisation
était
déjà parvenue à son terme. En revanche, — et c’est bien la leçon que
3293
e d’un Moyen Âge à la Novalis a vécu, si ce passé
était
fort loin d’être aussi chrétien qu’on l’a dit, ce qui l’a suivi et ce
3294
la Novalis a vécu, si ce passé était fort loin d’
être
aussi chrétien qu’on l’a dit, ce qui l’a suivi et ce qui va suivre es
3295
’on l’a dit, ce qui l’a suivi et ce qui va suivre
est
beaucoup plus chrétien que n’ont su le voir les pessimistes catholiqu
3296
lles, nationales et liées au temps, la foi unique
soit
devenue très tôt la terre nourricière des plus rudes divergences et o
3297
rcir à nos yeux la conscience des liens intimes —
soit
positifs, soit négatifs — qui n’ont cessé d’exister entre les grandes
3298
la conscience des liens intimes — soit positifs,
soit
négatifs — qui n’ont cessé d’exister entre les grandes confessions et
3299
e intériorisée des poèmes du classicisme allemand
est
aussi peu concevable sans la liturgie de l’Église, que l’idéalisme al
3300
De 800 à 1815, tous les traités de paix en Europe
sont
conclus in nomine sanctæ et individuæ Trinitatis. Jusqu’à 1850, le la
3301
ongrie, la langue des chancelleries). Notre tâche
est
maintenant de montrer comment cette unité millénaire s’est développée
3302
enant de montrer comment cette unité millénaire s’
est
développée en contrastes, positions et contre-positions, affirmations
3303
’Europe.293 Source grecque et source chrétienne
sont
restées de nos jours les deux plus vives. Simone Weil essayait de les
3304
nt que les traditions européennes les plus fortes
soient
la tradition socratique et la tradition chrétienne. Socrate domine l’
3305
e l’esprit de l’Europe, le Christ, sa volonté. Il
est
vain de se demander si ces deux traditions sont la cause ou l’effet d
3306
Il est vain de se demander si ces deux traditions
sont
la cause ou l’effet du caractère européen ; elles sont toutes deux ca
3307
la cause ou l’effet du caractère européen ; elles
sont
toutes deux cause et effet ; et, ce qui est plus, étant donné l’intim
3308
lles sont toutes deux cause et effet ; et, ce qui
est
plus, étant donné l’intimité entre l’esprit et la volonté, les deux t
3309
toutes deux cause et effet ; et, ce qui est plus,
étant
donné l’intimité entre l’esprit et la volonté, les deux traditions se
3310
re l’esprit et la volonté, les deux traditions se
sont
influencées naturellement, de sorte que, au cours des siècles de vie
3311
, au cours des siècles de vie européenne, Socrate
est
devenu chrétien et le Christ est devenu socratique… Ce n’est que lors
3312
opéenne, Socrate est devenu chrétien et le Christ
est
devenu socratique… Ce n’est que lorsqu’il les renie délibérément que
3313
chrétien et le Christ est devenu socratique… Ce n’
est
que lorsqu’il les renie délibérément que l’Européen trahit l’Europe e
3314
conclusion imposée d’avance. L’esprit socratique
est
fier à l’égard des autres esprits, mais humble vis-à-vis des faits. C
3315
double vertu de l’esprit socratique en Europe qu’
est
fondée la liberté de pensée… En profondeur, l’histoire intérieure de
3316
rofondeur, l’histoire intérieure de l’Europe doit
être
comprise comme un effort pour atteindre ce style socratique dans le d
3317
précédents. Dans cette lutte, l’esprit européen a
été
à la fois aidé et entravé par l’autre tradition — celle du Christ. Le
3318
la vie, mais seulement comme des négations de son
être
foncier. L’individualisme européen n’est pas né sur le Golgotha, mais
3319
de son être foncier. L’individualisme européen n’
est
pas né sur le Golgotha, mais c’est du Golgotha qu’il tire sa force et
3320
ns-les à cet Espagnol qui, à la question : quelle
est
votre religion ? répondait : « Je suis athée, Dieu merci ! » À côté d
3321
on : quelle est votre religion ? répondait : « Je
suis
athée, Dieu merci ! » À côté de cette tradition puissante qui a renfo
3322
t les forêts ombragées et les brumeux rivages, il
est
venu en aide à la tendance socratique vers la liberté et la clarté de
3323
tienne un danger pour la tradition socratique. Ce
fut
la période de lutte entre la science et l’Église, l’ère de l’Inquisit
3324
server certains de ses manuscrits. Les erreurs ne
furent
d’ailleurs pas toutes du même côté. Lorsque, au xixe siècle, un cert
3325
de la connaissance. Peu à peu, les deux domaines
furent
mieux délimités et mieux définis. La tradition socratique ne viola pl
3326
es les méthodes possibles ; mais le christianisme
tient
à ce que toutes les recherches soient, en fin de compte, utiles à l’e
3327
hristianisme tient à ce que toutes les recherches
soient
, en fin de compte, utiles à l’esprit humain, et à ce que nous n’oubli
3328
amais que nous n’avons pas le droit de faire d’un
être
humain un simple outil, sans son consentement. Les enquêtes faites pa
3329
pour découvrir la limite de la résistance humaine
étaient
socratiques, mais n’étaient pas chrétiennes. Elles étaient donc contr
3330
la résistance humaine étaient socratiques, mais n’
étaient
pas chrétiennes. Elles étaient donc contraires à l’esprit européen.29
3331
ocratiques, mais n’étaient pas chrétiennes. Elles
étaient
donc contraires à l’esprit européen.294 2.Vertus et valeurs euro
3332
n.294 2.Vertus et valeurs européennes Tel
étant
l’héritage européen, que sommes-nous décidés à en tirer, nous les Eur
3333
européennes Tel étant l’héritage européen, que
sommes
-nous décidés à en tirer, nous les Européens du xxe siècle ? Depuis u
3334
doit donner à ses rêves et à sa volonté. Quelles
sont
nos valeurs spécifiques, celles qui manqueraient au monde et à l’huma
3335
re, engloutie par une catastrophe dont les causes
sont
imaginables ? Les réponses que Ton va citer ne sont peut-être pas les
3336
nt imaginables ? Les réponses que Ton va citer ne
sont
peut-être pas les meilleures, mais certainement les plus typiques et
3337
ou celui du refus — observons que leur fréquence
est
significative, et que les nuances qui les différencient ne le sont pa
3338
e, et que les nuances qui les différencient ne le
sont
pas moins.) Fondateur de la phénoménologie, maître de Heidegger et de
3339
(1859-1938) pose la question fondamentale : « Qu’
est
-ce que l’Europe, pour l’esprit ? » Et il répond : c’est l’esprit de l
3340
Grèce : « La forme spirituelle de l’Europe », qu’
est
-ce à dire ? C’est l’idée philosophique immanente à l’histoire de l’Eu
3341
suite que la philosophie, la science des Grecs, n’
est
rien qui les désigne d’une manière spécifique ni qui soit apparu pour
3342
n qui les désigne d’une manière spécifique ni qui
soit
apparu pour la première fois dans le monde avec eux. Eux-mêmes n’ont-
3343
es tout à fait essentielles et de principe. Ce n’
est
en effet que chez les Grecs que nous trouvons cette attitude nouvelle
3344
iverselles plutôt que des recettes d’action : Ce
sont
des hommes dont l’effort se porte sur la theoria et sur rien d’autre
3345
ste par de nombreux symptômes de dévitalisation n’
est
pas un sombre destin, ni une impénétrable fatalité ; elle devient com
3346
rprétable. La condition d’une telle compréhension
étant
d’ailleurs de saisir d’abord le phénomène « Europe » dans le noyau ce
3347
l s’agit de montrer comment le « monde » européen
est
né d’idées rationnelles, c’est-à-dire de l’esprit de la philosophie.
3348
it de la philosophie. La « crise » alors pourrait
être
clairement interprétée comme l’apparent échec du rationalisme… se com
3349
lointain avenir de l’humanité. Car l’esprit seul
est
immortel.295 Un autre « bon Européen », qui fut longtemps le père a
3350
est immortel.295 Un autre « bon Européen », qui
fut
longtemps le père autoritaire de la pensée des libéraux, Benedetto Cr
3351
pensée des libéraux, Benedetto Croce (1866-1952),
tient
que l’histoire européenne se confond avec celle des concepts de liber
3352
même en le contaminant d’une vulgarité dont il s’
est
maintenant dégagé. Non seulement la liberté vit dans ces hommes, non
3353
seul projet politique, parmi les nombreux qui ont
été
formés après la guerre, qui ne se soit pas perdu et dissipé et qui mê
3354
eux qui ont été formés après la guerre, qui ne se
soit
pas perdu et dissipé et qui même gagne du terrain d’année en année et
3355
établi une conscience commune des peuples qui se
sont
sentis, et qui se reconnaîtront toujours mieux, égaux dans les vertus
3356
e que, comme nous l’avons vu déjà, les nations ne
sont
pas des données naturelles, mais des états de conscience et des forma
3357
aume subalpin se firent Italiens sans renier leur
être
précédent, mais en le haussant et en l’amenant à ce nouvel être, de m
3358
, mais en le haussant et en l’amenant à ce nouvel
être
, de même Français, Allemands, Italiens et tous les autres se haussero
3359
ais qu’ils aimeront mieux.296 Mais la liberté n’
est
pas seulement une revendication politique et sociale. Pour Salvador d
3360
vador de Madariaga, grand libéral lui aussi, elle
est
« l’essence même de la vie ». Elle ne serait pas une forme décisive d
3361
i, elle est « l’essence même de la vie ». Elle ne
serait
pas une forme décisive de l’existence si elle n’était pas liée à cett
3362
t pas une forme décisive de l’existence si elle n’
était
pas liée à cette autre valeur qu’a toujours proclamée l’Espagne spiri
3363
, du Quichotte à Unamuno : la gratuité. L’Europe
tient
à la liberté ; elle tient à la qualité ; elle comprend la valeur supr
3364
la gratuité. L’Europe tient à la liberté ; elle
tient
à la qualité ; elle comprend la valeur suprême de l’inutile… Pour nou
3365
uprême de l’inutile… Pour nous, Européens, la vie
est
un processus créateur qui se poursuit avec chaque pulsation de chaque
3366
u affirmations. La première, c’est que, lorsqu’il
est
libre de choisir, chacun choisira ce qu’il y a de mieux, de sorte que
3367
x, le niveau mondial s’élèvera. Cette affirmation
est
l’évidence même, pourvu qu’elle soit tempérée par la seconde : que ce
3368
e affirmation est l’évidence même, pourvu qu’elle
soit
tempérée par la seconde : que ce « bon » choix est fait suivant les l
3369
it tempérée par la seconde : que ce « bon » choix
est
fait suivant les lumières que l’homme en question possède au moment d
3370
mme en question possède au moment donné, et qu’il
est
bon qu’il en soit ainsi ; car, s’il devait choisir (même librement) s
3371
ossède au moment donné, et qu’il est bon qu’il en
soit
ainsi ; car, s’il devait choisir (même librement) selon des critères
3372
De l’intuition de « l’esprit humain » dans lequel
sont
intégrées toutes les facultés humaines dans ce qu’elles ont de plus p
3373
e chaque individu, à l’intérieur de cette sphère,
est
représenté par une figure, pour la plupart, aux dimensions pitoyables
3374
parce que nous croyons en la qualité. La qualité
est
aussi inséparable de l’individualisme que la liberté. Moyennant le pr
3375
rsités. La diversité, la qualité, la distinction,
sont
dès lors les aspects essentiels de la vie européenne. Elles expliquen
3376
jusqu’aux Grecs et des Portugais aux Finnois. Il
est
exact que certains de ces mots sont parfois devenus mesquins et super
3377
ux Finnois. Il est exact que certains de ces mots
sont
parfois devenus mesquins et superficiels ; à la fin du xviiie siècle
3378
à la fin du xviiie siècle, un homme de qualité n’
était
souvent qu’un benêt, et au xxe siècle, un homme de distinction n’est
3379
nêt, et au xxe siècle, un homme de distinction n’
est
souvent qu’un parasite sans grâce. Mais, malgré ces torsions frivoles
3380
ristiques essentielles de la vie européenne. Cela
est
surtout vrai pour la qualité, car la qualité est pour nous Européens,
3381
est surtout vrai pour la qualité, car la qualité
est
pour nous Européens, l’essence même de la vie. Toute vie est qualitat
3382
us Européens, l’essence même de la vie. Toute vie
est
qualitative et c’est pourquoi en Europe, nous devons nous tenir en ga
3383
ive et c’est pourquoi en Europe, nous devons nous
tenir
en garde contre les deux dangers qui menacent notre vie, les deux ant
3384
bage dans le sage dicton français : « Mon verre n’
est
pas grand, mais je bois dans mon verre »… La qualité, la variété, le
3385
n plan quinquennal, aucune machine électronique n’
est
concevable. Elles excluent toute socialisation, toute production en s
3386
n’essaient de s’améliorer que comme telles. Elles
sont
à la fois les fleurs et les jardiniers de la forme. La forme est une
3387
es fleurs et les jardiniers de la forme. La forme
est
une autre manifestation spécifique de l’esprit européen. Rien ne sera
3388
estation spécifique de l’esprit européen. Rien ne
serait
plus erroné que de qualifier la forme de superficielle. Quoique d’app
3389
cela d’instinct. La civilisation, en particulier,
est
une question de forme… Souvent, une décision qui serait opportune et
3390
une question de forme… Souvent, une décision qui
serait
opportune et que la morale ne rejetterait pas explicitement n’est pas
3391
que la morale ne rejetterait pas explicitement n’
est
pas prise par l’Européen, parce qu’elle manquerait de forme. Le refus
3392
n utilitaire de l’esprit européen. L’utilitarisme
est
le signe d’une maturité insuffisante. C’est le symptôme clé d’une cul
3393
ition, pour servir un but utile, qui, à son tour,
est
utile parce qu’il sert un troisième but utile, et ainsi de suite. Mai
3394
isième but utile, et ainsi de suite. Mais, quelle
serait
l’utilité de tout cela, si, à la fin de cette chaîne d’utilité ne bri
3395
là pour la qualité, but d’une culture, mais qu’en
est
-il de sa puissance ? Elle dépend, en Europe, d’un heureux équilibre d
3396
t de la volonté : Lorsqu’on vient de l’Ouest, on
est
enclin à considérer l’Europe comme le pays des idées générales. Si l’
3397
e le pays des idées générales. Si l’on vient de l’
Est
, il semble que ce soit le pays des dures réalités. Située entre l’Amé
3398
nérales. Si l’on vient de l’Est, il semble que ce
soit
le pays des dures réalités. Située entre l’Amérique, où la volonté l’
3399
lonté, la caractéristique essentielle de l’Europe
est
un équilibre entre la volonté et l’esprit. C’est cet heureux mélange
3400
enciées chez l’homme, l’esprit et la volonté, qui
est
probablement la cause de cette intuition que nous avons de l’unité de
3401
ue nous avons de l’unité des Européens. Tout cela
est
évidemment très relatif et très ample et ne doit pas être compris com
3402
demment très relatif et très ample et ne doit pas
être
compris comme si ce mélange d’esprit et de volonté était un don dénié
3403
ompris comme si ce mélange d’esprit et de volonté
était
un don dénié aux personnes nées dans tout autre Continent. Nous préte
3404
ise les actions et les œuvres des hommes d’Europe
est
précisément ce développement harmonieux de l’esprit et de la volonté.
3405
l’esprit et de la volonté. L’esprit et la volonté
sont
les facultés les plus individualisées de l’homme… Notre continent est
3406
plus individualisées de l’homme… Notre continent
est
sans conteste le plus individualiste de tous. En Asie, l’individu com
3407
nformisme, les slogans, les hommes faits au moule
sont
plus loin de l’esprit européen que de celui de n’importe quel autre c
3408
porte quel autre continent. En Europe, l’individu
est
roi… Ceci explique la qualité active de l’esprit européen. Il ne se b
3409
ssession — il s’en saisit. L’esprit de l’Européen
est
« acquisitif ». Pour lui, le savoir est un moyen de prendre possessio
3410
’Européen est « acquisitif ». Pour lui, le savoir
est
un moyen de prendre possession de la nature ; attitude qui s’insère e
3411
ère entre celle de l’Américain pour qui le savoir
est
un outil pour l’action, et celle de l’Hindou, pour qui il est un moye
3412
pour l’action, et celle de l’Hindou, pour qui il
est
un moyen pour se libérer de lui-même. C’est donc peut-être en Europe
3413
nc peut-être en Europe que l’esprit et la volonté
sont
le plus intimement liés, à un tel degré qu’ils sont même inséparables
3414
nt le plus intimement liés, à un tel degré qu’ils
sont
même inséparables l’un de l’autre. Ceci détermine le rythme particuli
3415
onté, amène une synthèse. Ce rythme à trois temps
est
caractéristique du genre de vie européen, dans le domaine scientifiqu
3416
us dit quelque chose de neuf : c’est que l’une ne
serait
pas concevable sans l’autre : Le contenu de la liberté se révèle par
3417
le par deux phénomènes européens fondamentaux. Ce
sont
: La vie tendue entre deux pôles opposés. La vie aux limites extrêmes
3418
possède peut-être en propre que cette capacité d’
être
toute chose. C’est ce qui la rend apte non seulement à concevoir en o
3419
ordonnées, et l’inquiétude des révolutions. Elle
est
conservatrice, et elle accomplit les ruptures les plus radicales. Ell
3420
ne façon unique, la tension entre les pôles. Elle
est
le livre sacré qui, au cours des millénaires, permit à toutes les pos
3421
combattent et s’unissent jusqu’aujourd’hui. Elles
sont
européennes aussi, les oppositions fécondes de l’Église et de l’État,
3422
té lorsqu’elle perd ces antagonismes et s’apaise,
soit
en s’installant dans un ordre oublieux de ses limites, soit en se por
3423
installant dans un ordre oublieux de ses limites,
soit
en se portant à des extrémités qui excluent tout ordre à force de par
3424
és qui excluent tout ordre à force de partialité,
soit
en se fixant sur l’un des pôles qui passe alors pour être le tout. Pa
3425
se fixant sur l’un des pôles qui passe alors pour
être
le tout. Par contre, on retrouve l’Europe lorsqu’elle est ouverte, li
3426
out. Par contre, on retrouve l’Europe lorsqu’elle
est
ouverte, libre dans la tension des contraires, lorsqu’elle garde ses
3427
rté reste toujours fragmentaire parce que nous ne
sommes
jamais sûrs du vrai dans sa totalité et de façon définitive. Notre li
3428
otre liberté reste relative à autre chose, elle n’
est
pas causa sui. Si elle l’était, l’homme serait Dieu. Ici l’Européen s
3429
autre chose, elle n’est pas causa sui. Si elle l’
était
, l’homme serait Dieu. Ici l’Européen se tient à sa limite extrême. Su
3430
lle n’est pas causa sui. Si elle l’était, l’homme
serait
Dieu. Ici l’Européen se tient à sa limite extrême. Subjectivement, co
3431
e l’était, l’homme serait Dieu. Ici l’Européen se
tient
à sa limite extrême. Subjectivement, comme individu, il a l’expérienc
3432
e individu, il a l’expérience de l’origine de son
être
: je ne suis pas libre par moi-même ; quand je me sais vraiment libre
3433
l a l’expérience de l’origine de son être : je ne
suis
pas libre par moi-même ; quand je me sais vraiment libre, je sais du
3434
nt libre, je sais du même coup, justement, que je
suis
donné à moi-même comme un cadeau venu de la transcendance. Je peux me
3435
gmatique qui correspond à l’expérience possible d’
être
pour soi-même un don. L’existence que nous pouvons être n’est réelle
3436
our soi-même un don. L’existence que nous pouvons
être
n’est réelle qu’unie à la transcendance qui nous fait être. Lorsque l
3437
-même un don. L’existence que nous pouvons être n’
est
réelle qu’unie à la transcendance qui nous fait être. Lorsque l’exist
3438
t réelle qu’unie à la transcendance qui nous fait
être
. Lorsque l’existence s’assure d’elle-même, elle s’assure du même coup
3439
a besoin de l’achèvement du vrai ; mais la vérité
est
multiple et, sous toutes ses formes, en mouvement ; la connaissance s
3440
insatisfaction. Ce qui se manifeste dans le temps
est
voué à l’échec. Mais l’échec lui-même, pris dans une de ces tensions
3441
ensions entre pôles opposés propres à l’Europe, y
est
devenu symbole : la conscience tragique, telle qu’elle exista en Grèc
3442
cience de soi fondée ; il vit dans l’angoisse qui
est
l’aiguillon de sa bonne foi. Dans la liberté s’enracinent deux autres
3443
ence de l’histoire et la volonté de science. Ce n’
est
qu’en Occident que même dans la conscience individuelle la liberté se
3444
ditionnent l’une l’autre. Mais comme la liberté n’
est
jamais pour tous, et comme par là elle n’est, au sens occidental, pou
3445
té n’est jamais pour tous, et comme par là elle n’
est
, au sens occidental, pour personne, l’histoire est indispensable pour
3446
st, au sens occidental, pour personne, l’histoire
est
indispensable pour la conquête de la liberté. Ainsi le besoin de libe
3447
n de liberté produit l’histoire. Notre histoire n’
est
pas faite de simple changement, de la chute et du rétablissement d’un
3448
t au malheur peut connaître par expérience ce qui
est
, et acquérir l’impulsion nécessaire pour le changer. S’il ne se ferme
3449
uire, s’il ne se contente pas d’attendre « que ce
soit
passé » pour vivre ensuite comme si rien ne s’était produit, alors le
3450
oit passé » pour vivre ensuite comme si rien ne s’
était
produit, alors les conditions sont remplies pour que puisse naître sa
3451
si rien ne s’était produit, alors les conditions
sont
remplies pour que puisse naître sa liberté concrète. … C’est en Occid
3452
tique « impitoyable », valeurs chrétiennes. Or ce
sont
les valeurs prométhéennes cultivées par l’Europe moderne qui ont frap
3453
it là d’une illusion, mais elle s’explique : elle
était
même inévitable. Il y a, au cœur de la civilisation européenne, un re
3454
mpact des événements sans chercher à réagir : tel
fut
en général le cas des peuples sous-développés. Il y a des sociétés qu
3455
en vue de se résorber dans le grand Tout : telles
furent
les civilisations de l’Inde. Ce qui caractérise la civilisation occid
3456
e la civilisation occidentale, c’est qu’elle ne s’
est
jamais dérobée aux défis qui la menaçaient. Elle les a relevés et s’e
3457
défis qui la menaçaient. Elle les a relevés et s’
est
efforcée de les surmonter.300 Et pourtant, la technique européenne
3458
nter.300 Et pourtant, la technique européenne n’
est
pas née d’un élan prométhéen. Après tout, Prométhée est un mythe grec
3459
s née d’un élan prométhéen. Après tout, Prométhée
est
un mythe grec, et ce n’est pas des Grecs que nous vient la technique.
3460
Après tout, Prométhée est un mythe grec, et ce n’
est
pas des Grecs que nous vient la technique. Platon : Entre l’exercice
3461
lorsque la navette marchera toute seule. (Ce qui
est
fait aujourd’hui.) Or, poursuit Rougier, c’est l’humanisme chrétien q
3462
aissance et la Réforme. Désormais : La science n’
est
plus considérée comme une pure spéculation de l’esprit, à la façon de
3463
divertissement d’homme de loisir ainsi qu’elle le
sera
pour les mondains. On lui demande d’être utile et pratique, de promou
3464
’elle le sera pour les mondains. On lui demande d’
être
utile et pratique, de promouvoir les arts mécaniques, en vue de soula
3465
e, Léonard de Vinci, Tartaglia, Agricola, Galilée
sont
des ingénieurs autant que des savants purs. Bernard Palissy fait dial
3466
ir brûler tous les livres, « parce que Aristote a
été
incapable de produire des œuvres qui servissent au bien-être de l’hom
3467
qui servissent au bien-être de l’homme ». « Ce n’
est
proprement valoir rien que de n’être utile à personne », proclame Des
3468
mme ». « Ce n’est proprement valoir rien que de n’
être
utile à personne », proclame Descartes. À « cette philosophie spécula
3469
oyer en même façon à tous les usages auxquels ils
sont
propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la natu
3470
hèse sur Feuerbach » de Karl Marx. Or le marxisme
est
postérieur au grand essor de la technique européenne, et ne lui a rie
3471
rdres consacrés par l’usage, non par la justice ?
Sont
-elles contradictoires ou bien plutôt complices ? Dans un discours pro
3472
de l’Europe : le refus de la fatalité : Mais qu’
est
-ce donc ce qui caractérise l’Europe ? Quelle question, quelle complex
3473
u près nous devrions chercher pour distinguer, ne
fût
-ce que les ombres de cette réalité que l’esclavage de Platon, enchaîn
3474
r cela même, initia la lutte contre tout ce qui n’
est
que fatalité. En effet, lutter contre tout ce qui n’a d’autre dignité
3475
e celle qu’accorde la matérialité, se refuser à n’
être
rien d’autre qu’un élément passif et déterminé de l’ordre de la Créat
3476
come bruti ma per seguir virtute conoscenza. Ceci
est
-il autre chose que le refus d’être rien d’autre qu’une particule de l
3477
onoscenza. Ceci est-il autre chose que le refus d’
être
rien d’autre qu’une particule de la nature, une créature acceptant le
3478
aradis de la Fatalité ? Et cet Ulysse du Dante, n’
est
-il pas le frère de Prométhée qui, tout en étant la créature des Dieux
3479
, n’est-il pas le frère de Prométhée qui, tout en
étant
la créature des Dieux, veut, lui aussi, devenir créateur, et non pas
3480
moments heureux les époques classiques. Prométhée
est
aussi d’une façon mystérieuse Antée, fils de Neptune et de la Terre,
3481
la conscience humaine de ses rapports avec ce qui
est
en dehors du Moi, a permis à l’homme, noyé dans la collectivité et le
3482
té de l’individu consiste justement en ce qu’il n’
est
plus permis à l’homme de justifier ses actes par ce qui n’est que nat
3483
mis à l’homme de justifier ses actes par ce qui n’
est
que nature, histoire, société. Il doit se justifier devant le tribuna
3484
n (qui, partout où elle se réfère à l’évidence, n’
est
autre chose que la conscience individuelle sécularisée). Or si nous d
3485
te les décisions de notre conscience à nous, nous
sommes
obligés de respecter la dignité de la conscience de tout autre être h
3486
specter la dignité de la conscience de tout autre
être
humain. Voici l’une des raisons qui nous ont contraint à rechercher,
3487
s des individus (pour eux absolues) la vérité qui
est
au-dessus des vérités subjectives, vraie en elle-même et pour elle-mê
3488
e en elle-même et pour elle-même et non du fait d’
être
approuvées par les doctrines de la tradition ou par l’âme collective.
3489
l’existence matérielle et politique de l’homme ne
soit
que fonction des circonstances, et que c’est lui qui, plus que ses fr
3490
lui-même. C’est en Europe que l’homme a refusé de
tenir
pour une loi fatale la stabilité de l’ordre social, et c’est ici qu’à
3491
s, cette liberté, cette égalité, cette justice se
sont
toujours réclamées des vertus de l’origine. En somme, ce que les peup
3492
recherché dans les révolutions européennes, ce n’
était
ni l’utopie ni l’abstrait. Ils ont toujours recherché — comme Machiav
3493
t avec les idéaux des grands empires mondiaux à l’
Est
et à l’Ouest, dont il disait : Ce sont eux qui ont gagné la guerre e
3494
ndiaux à l’Est et à l’Ouest, dont il disait : Ce
sont
eux qui ont gagné la guerre et non pas nous. Ce sont eux qui ont repr
3495
t eux qui ont gagné la guerre et non pas nous. Ce
sont
eux qui ont repris en charge le progrès et la foi au progrès… Avant c
3496
L’Europe nous semblait donc plus grande qu’elle n’
était
. D’où l’effet de choc que produisit dans nos esprits, au lendemain de
3497
y a ce signe de contradiction par excellence qui
est
la croix. Au contraire, à l’origine des deux empires nouveaux, il y a
3498
et sans drame. Il s’ensuit que le héros européen
sera
l’homme qui atteint, dramatiquement, le plus haut point de conscience
3499
le martyr. Tandis que le héros américain ou russe
sera
l’homme le plus conforme au standard du bonheur, celui qui réussit, c
3500
réussit, celui qui ne souffre plus parce qu’il s’
est
parfaitement adapté. L’homme exemplaire pour nous, c’est l’homme exce
3501
vie résulte d’un conflit permanent, et son but n’
est
pas le bonheur, mais la conscience plus aiguë, la découverte d’un sen
3502
uë, la découverte d’un sens, d’une signification,
fût
-ce dans le malheur de la passion, fût-ce dans l’échec. Ils visent à l
3503
nification, fût-ce dans le malheur de la passion,
fût
-ce dans l’échec. Ils visent à l’inconscience heureuse, et nous à la c
3504
même mortelles. Voilà pourquoi l’Européen typique
sera
tantôt un révolutionnaire ou un apôtre, un amant passionné ou un myst
3505
un maniaque ou un inventeur. Son bien et son mal
sont
liés, inextricablement et vitalement. L’Européen connaît donc la vale
3506
, la sécurité et le risque, les règles du jeu qui
sont
pour tous et la vocation qui est pour un seul. Crucifié, dis-je, car
3507
gles du jeu qui sont pour tous et la vocation qui
est
pour un seul. Crucifié, dis-je, car l’homme européen en tant que tel
3508
l’homme européen en tant que tel n’accepte pas d’
être
réduit à l’un ou à l’autre de ces termes. Mais il entend les assumer
3509
sions, l’effort principal de l’esprit. Européenne
sera
donc, typiquement, la volonté de rapporter à l’homme, de mesurer à l’
3510
aux prononçait à Paris une conférence dont l’écho
fut
grand. Il y ramasse et porte au plus haut point de tension dramatique
3511
r plus fière conclusion. À l’heure actuelle, que
sont
les valeurs de l’Occident ? Nous en avons assez vu pour savoir que ce
3512
ent ? Nous en avons assez vu pour savoir que ce n’
est
certainement ni le rationalisme ni le progrès. L’optimisme, la foi da
3513
le progrès. L’optimisme, la foi dans le progrès,
sont
des valeurs américaines et russes plus qu’européennes. La première va
3514
clairement, que c’est un humanisme tragique. Nous
sommes
en face d’un monde inconnu ; nous l’affrontons avec conscience. Et ce
3515
nous l’affrontons avec conscience. Et ceci, nous
sommes
seuls à le vouloir. Ne nous y méprenons pas : les volontés de conscie
3516
r l’humanisme parce qu’il sait d’où il part et où
est
sa volonté… … Nous sommes au point crucial où la volonté européenne d
3517
il sait d’où il part et où est sa volonté… … Nous
sommes
au point crucial où la volonté européenne doit se souvenir que tout g
3518
ertilité du saint et du héros ? Le héros assyrien
est
seul sur ses cadavres, le Bouddha seul sur sa charité. Michel-Ange, R
3519
ddha seul sur sa charité. Michel-Ange, Rembrandt,
est
-ce que ce sont seulement des rapports de volumes et de couleurs, ou a
3520
sa charité. Michel-Ange, Rembrandt, est-ce que ce
sont
seulement des rapports de volumes et de couleurs, ou aussi des hommes
3521
r faculté divine, au bénéfice de tous ceux qui en
seront
dignes ? La justice de la Bible, la vieille liberté des cités, qui le
3522
liberté seules, nous venons de le voir du reste,
sont
vite menacées. Et ce qui les dépasse, c’est l’Europe qui l’a cherché.
3523
herche encore. Et que, jusqu’à nouvel ordre, elle
est
seule à le chercher. En face de l’inconnu et de la torture pas encore
3524
lieu seul — des hommes courbés sous ce destin se
sont
relevés pour partir inlassablement vers la nuit, pour rendre intellig
3525
nquête dans l’espace et le temps. Ses conclusions
sont
consternantes : L’Occidental qui désire s’attaquer à ce problème doi
3526
ace, la langue, la civilisation, la religion, ils
seront
tous d’accord sur un point : si un Occidental leur demande leur opini
3527
dent, ils fourniront tous la même réponse, qu’ils
soient
russes, musulmans, hindous, chinois ou japonais. Ils diront tous que
3528
ois ou japonais. Ils diront tous que l’Occident a
été
le grand agresseur des temps modernes et chaque peuple pourra invoque
3529
ssertion. Les Russes rappelleront que leur pays a
été
envahi par les armées occidentales en 1941, 1915, 1812, 1709 et 1610
3530
e, depuis le xve siècle, les Occidentaux, qu’ils
soient
missionnaires, commerçants ou soldats, sont venus par mer et se sont
3531
ils soient missionnaires, commerçants ou soldats,
sont
venus par mer et se sont infiltrés à l’intérieur des différents pays.
3532
commerçants ou soldats, sont venus par mer et se
sont
infiltrés à l’intérieur des différents pays. Les Asiatiques pourront
3533
que, pendant la même période, les Occidentaux se
sont
taillé la part du lion dans les parties du globe qui restaient encore
3534
Australie, en Nouvelle-Zélande, dans le sud et l’
est
de l’Afrique. Les Africains rappelleront qu’ils furent réduits en esc
3535
t de l’Afrique. Les Africains rappelleront qu’ils
furent
réduits en esclavage et transportés de l’autre côté de l’Atlantique p
3536
lades autochtones rappelleront que leurs ancêtres
furent
écartés pour faire place aux envahisseurs européens et à leurs esclav
3537
Afrique. La plupart des Occidentaux d’aujourd’hui
seront
surpris, choqués et peinés par ce réquisitoire… Voici donc notre Eur
3538
: « Lorsque le monde émet des jugements, on peut
être
sûr qu’il aura le dernier mot », dit un proverbe latin. Et le jugemen
3539
Et le jugement que le monde porte sur l’Occident
est
certainement justifié, du moins pour une période de quatre siècles et
3540
ux yeux du monde, c’est l’Occident qui a toujours
été
l’agresseur ; et si, aujourd’hui, la Russie et la Chine ont renversé
3541
fait dans le monde, pendant ces derniers siècles,
est
sans commune mesure avec tout ce qui a précédé. Pour nous guérir de c
3542
our nous guérir de cette illusion occidentale qui
est
la nôtre, il suffit de jeter un regard en arrière sur ce qu’accomplir
3543
ls s’imaginèrent eux aussi, durant quelque temps,
être
différents du reste des humains… Au iie siècle avant Jésus-Christ, l
3544
sur l’océan Atlantique, à l’emplacement de ce qui
est
aujourd’hui l’Espagne du Sud et le Portugal. Le grec « populaire » da
3545
et le Portugal. Le grec « populaire » dans lequel
fut
rédigé le Nouveau Testament, au Ier siècle de notre ère, était parlé
3546
le Nouveau Testament, au Ier siècle de notre ère,
était
parlé et compris de Travancore à Marseille. À la même époque, la Gran
3547
à Marseille. À la même époque, la Grande-Bretagne
était
annexée au monde gréco-romain par les armées romaines, tandis que l’a
3548
cque, à partir du ive siècle avant Jésus-Christ,
fut
pour le monde un choc aussi considérable que la rencontre de notre ci
3549
pouvons lire notre horoscope en observant ce qui
est
arrivé dans l’histoire gréco-romaine, au-delà du point où s’arrête no
3550
ons tracer l’itinéraire à suivre. Tout de même ce
serait
de la folie de ne pas tenir compte de la lueur qui s’offre à nous, ca
3551
notre avenir par le miroir du passé gréco-romain
est
en tout cas de celles qui peuvent le mieux éclairer ce qui pour nous
3552
des manières, nous autres Occidentaux, nous nous
sommes
rendus moralement incapables de riposter à nos adversaires. En partie
3553
oster à nos adversaires. En partie parce que nous
sommes
coupables d’avoir recouru dans le passé à des méthodes brutales, mais
3554
utocritique ne tirerait pas à conséquence si nous
étions
certains que ceux qui ne nous aiment pas et qui entendent bien nous r
3555
aiment pas et qui entendent bien nous remplacer,
sont
meilleurs que nous. Mais semblables aux parents qui, par crainte de p
3556
n avenir plus tyrannique et plus brutal que ne le
fut
notre propre histoire. Au stade où nous voici, pleins de remords quan
3557
tuelles, — la question que nous devons nous poser
est
moins de savoir si nous sommes meilleurs que les autres, que de savoi
3558
ous devons nous poser est moins de savoir si nous
sommes
meilleurs que les autres, que de savoir si les autres ne sont pas pir
3559
rs que les autres, que de savoir si les autres ne
sont
pas pires que nous. Car s’ils sont pires, notre devoir est alors de v
3560
les autres ne sont pas pires que nous. Car s’ils
sont
pires, notre devoir est alors de vivre pour nos valeurs et de les aff
3561
ires que nous. Car s’ils sont pires, notre devoir
est
alors de vivre pour nos valeurs et de les affirmer. … Il n’est certes
3562
vivre pour nos valeurs et de les affirmer. … Il n’
est
certes pas facile de reconnaître ses torts et de rester malgré tout c
3563
tout conscient du fait que, par comparaison, l’on
est
encore dans son droit. Mais c’est à ce prix que la reconnaissance des
3564
é assez compliqué de comparaison et de mesure. Il
est
évident que nous ne pouvons plus établir notre supériorité en arguant
3565
éennes que nous nous devons de gérer, le monde ne
serait
pas dans un état pire encore ; et si, en vivant ces traditions, l’Eur
3566
é des traditions ; parce que de tous temps elle s’
est
efforcée d’assurer une relation étroite entre ce que j’appellerais la
3567
ux changements du moment. La culture européenne s’
est
soumise à l’épreuve sans fin qui consiste à « soutenir le rythme », e
3568
us grand succès mondial de tous les temps, et, ne
serait
-ce que pour cette raison, elle justifie son droit à survivre politiqu
3569
our que les ponts entre le passé et le présent ne
soient
pas coupés, et continuent même d’être fréquentés. On ne doit pas se l
3570
résent ne soient pas coupés, et continuent même d’
être
fréquentés. On ne doit pas se lasser de le répéter : notre vieille Eu
3571
as se lasser de le répéter : notre vieille Europe
est
la seule partie du monde où nul fossé ne sépare aujourd’hui d’hier. C
3572
dents), à savoir James Joyce et Marcel Proust. Ce
sont
deux exemples typiques de ce que l’Europe est capable de donner au mo
3573
Ce sont deux exemples typiques de ce que l’Europe
est
capable de donner au monde. Ils sont tous les deux modernes, dans le
3574
que l’Europe est capable de donner au monde. Ils
sont
tous les deux modernes, dans le plein sens du mot, et en même temps t
3575
rfois aussi, la rupture résulte d’un choc entre l’
Est
et l’industrialisation importée de l’Ouest. En Europe, l’industrialis
3576
portée de l’Ouest. En Europe, l’industrialisation
est
apparue et s’est développée en vertu d’un processus organique ; c’est
3577
. En Europe, l’industrialisation est apparue et s’
est
développée en vertu d’un processus organique ; c’est par conséquent e
3578
anique ; c’est par conséquent en Europe qu’elle a
été
le mieux absorbée. Tandis qu’en Asie, où tel un corps étranger elle a
3579
andis qu’en Asie, où tel un corps étranger elle a
été
imposée de l’extérieur, son apparition a provoqué de profonds remous.
3580
s’opposent délibérément à la tradition. Que nous
soyons
capables de constater ces faits et d’en tirer des conclusions (et mêm
3581
es parties du monde, Russie comprise. Pour ce qui
est
de l’Amérique, l’évolution va déjà dans ce sens. Car l’Amérique se so
3582
grands faits incontestables demeurent et doivent
être
remémorés : 1° Ce sont les Européens qui ont découvert la Terre entiè
3583
ables demeurent et doivent être remémorés : 1° Ce
sont
les Européens qui ont découvert la Terre entière, alors qu’aucun autr
3584
’aucun autre peuple n’a songé à les découvrir. Ce
sont
eux qui ont permis à l’humanité de prendre conscience de son unité. L
3585
e d’universalité, l’idée même de « genre humain »
sont
des créations de l’Europe chrétienne et technicienne. 2° Les prophète
3586
chute de Rome, du monde gréco-romain. Cet exemple
est
-il valable pour nous ? La civilisation européenne est-elle une civili
3587
il valable pour nous ? La civilisation européenne
est
-elle une civilisation comme les autres ? Son destin peut-il être préd
3588
ivilisation comme les autres ? Son destin peut-il
être
prédit par extrapolation des exemples antiques ? N’a-t-elle pas dépas
3589
ment incomparable ? 3° La civilisation européenne
est
la seule qui soit effectivement devenue universelle. Alexandre le Gra
3590
? 3° La civilisation européenne est la seule qui
soit
effectivement devenue universelle. Alexandre le Grand et les empereur
3591
la psychologie, le Musée et le Laboratoire, etc.)
sont
en expansion vers Le Monde, l’appellent et s’en nourrissent, préparen
3592
t s’en nourrissent, préparent son unité. Et elles
sont
seules à l’avoir fait. 5° On ne voit pas de candidats sérieux à la Re
3593
que) et le cadre mondial (d’origine européenne) s’
est
agrandi au point qu’en marge des vieilles nations d’Europe se sont co
3594
oint qu’en marge des vieilles nations d’Europe se
sont
constituées des puissances politiques qui vont se retourner contre el
3595
De toutes les souffrances, les plus douloureuses
sont
celles dont nous sommes les auteurs. Créatrice par excellence, l’Euro
3596
nces, les plus douloureuses sont celles dont nous
sommes
les auteurs. Créatrice par excellence, l’Europe s’est créé aussi, dir
3597
les auteurs. Créatrice par excellence, l’Europe s’
est
créé aussi, directement ou indirectement, la plupart de ses malheurs.
3598
», d’ailleurs. Car le pire, prévu par Toynbee, n’
est
pas sûr : Dans A Study of History de Toynbee, l’histoire universelle
3599
udy of History de Toynbee, l’histoire universelle
est
comme une grande salle d’hôpital comptant vingt-et-un lits. La plupar
3600
mptant vingt-et-un lits. La plupart des occupants
sont
déjà morts ; quelques-uns ne connaissent plus guère qu’un état léthar
3601
tat léthargique ; le principal patient, l’Europe,
est
en proie à un mal soudain et grave contre lequel sa robuste nature lu
3602
, hélas ! Le médecin sait que les jours du malade
sont
comptés. Il s’agit, en effet, d’un être sujet à la mort, à quoi le mè
3603
du malade sont comptés. Il s’agit, en effet, d’un
être
sujet à la mort, à quoi le mène un épuisement de ses forces organique
3604
es forces organiques contre lequel la politique n’
est
qu’une médecine impuissante. Tout ce qu’on peut faire, c’est de compt
3605
-Sévère, époque, après tout, assez séduisante, ne
serait
-ce que par ses déficiences, et dont la « pétrification sans histoire
3606
mporains comme une promesse de repos. La vérité
est
que la situation de l’Europe prête à la fois à plus d’optimisme et de
3607
imisme en ce qui concerne le présent. Pour ce qui
est
de la science, de la technique, de la vitalité et de la volonté d’org
3608
de la volonté d’organisation, le monde occidental
est
beaucoup moins en décadence que ne le suppose Spengler. Mais sa cultu
3609
dence que ne le suppose Spengler. Mais sa culture
est
beaucoup moins étanche qu’il ne l’avait imaginé, et par son énorme fé
3610
t pour les oreilles d’un Démosthène, à peine s’il
est
perceptible pour l’historien qui, s’efforçant de découvrir les grands
3611
itable résistance. L’empreinte européenne sur eux
est
plus profonde que celle du monde grec sur l’Orient ; elle s’insinue,
3612
s succédanés, jusqu’au tréfonds religieux, lequel
fut
la ligne de défense et de contre-attaque de l’Asie contre la Grèce. E
3613
uropéens et de leur civilisation « dépossédée » n’
est
plus séparable, en fait, de celui de l’avenir du reste des hommes :
3614
Celui-ci aura beau se saisir de l’objet, il n’en
sera
pas moins toujours en état de déficience. Il va agencer sa vie selon
3615
ines modalités extérieures et purement techniques
étaient
à la portée de l’imitation étrangère. Mais « leur point d’origine, éc
3616
ment pourrait-on l’imiter ? » Et cependant cela a
été
imité par d’autres corps sociaux, qui s’en sont emparés et en ont fai
3617
a été imité par d’autres corps sociaux, qui s’en
sont
emparés et en ont fait leur bien propre. La vérité est que ces étrang
3618
mparés et en ont fait leur bien propre. La vérité
est
que ces étrangers ne se sont pas bornés à copier les produits élaboré
3619
ien propre. La vérité est que ces étrangers ne se
sont
pas bornés à copier les produits élaborés par cette civilisation ; il
3620
oduits élaborés par cette civilisation ; ils s’en
sont
approprié les données et le moteur même, sur le plan où la distinctio
3621
u seul épiderme de la culture européenne ; elle s’
est
nourrie du suc intime, des aspirations spirituelles de cette dernière
3622
tre les plus essentiels… La mission de l’Europe n’
est
pas achevée, loin de là, même si, sur certains points, celle-ci sembl
3623
ope, si les grandes applications pratiques en ont
été
réalisées ailleurs. Nulle part notre phénomène de rapt n’offre de tra
3624
de traits mieux discernables. Mais ce phénomène
est
si neuf et si soudain que nous ne savons quelles conséquences il entr
3625
l’Europe ; mais la vieille matrice spirituelle n’
est
pas, en fin de compte, expropriable. L’activité intellectuelle est qu
3626
e compte, expropriable. L’activité intellectuelle
est
quelque chose de si délicat, est conditionnée par de si multiples fac
3627
é intellectuelle est quelque chose de si délicat,
est
conditionnée par de si multiples facteurs qu’on peut se demander si,
3628
nnaîtra ailleurs l’élan génial avec lequel elle s’
est
affirmée pendant ces cinquante dernières années sur le vieux Continen
3629
sur le vieux Continent. La mission de l’Europe n’
est
-elle pas, désormais, de repenser pour l’Homme le bon usage de ses con
3630
ans l’expansion du monde contemporain. Elle seule
est
en mesure de redonner actualité et efficacité au vieux trésor impéris
3631
t pu se réduire sur quelques points ; mais ils se
sont
accrus sur d’autres, du fait qu’elle se trouve responsable du destin
3632
us seulement d’elle-même et d’une planète qui lui
était
soumise, mais d’une planète qui a atteint sa majorité et conquis son
3633
paternel, de l’usage duquel le « pater familias »
est
toujours solidaire.306 Sur la mission mondiale de l’Europe, interro
3634
rope qu’au terme d’un périple planétaire. Il n’en
est
que plus frappant de constater que c’est à l’Europe finalement — cett
3635
uple le meilleur, et rien que cela, de ce dont il
est
capable. Et ce, non plus pour s’élever soi-même à l’exclusion des aut
3636
lle doit voir sa tâche véritable pour continuer d’
être
un facteur positif dans le développement de l’humanité. Sa suprématie
3637
loppement de l’humanité. Sa suprématie matérielle
est
évidemment finie. Elle est devenue très faible, très petite en face d
3638
suprématie matérielle est évidemment finie. Elle
est
devenue très faible, très petite en face du Nouveau Monde. Sa positio
3639
planète se transportera-t-il en Asie. L’invention
est
difficile, mais le singe même est capable d’imitation. Bientôt toute
3640
ie. L’invention est difficile, mais le singe même
est
capable d’imitation. Bientôt toute notre capacité technique sera le b
3641
imitation. Bientôt toute notre capacité technique
sera
le bien commun de l’humanité entière. Bientôt nous, Européens, si nou
3642
nous vantons de nos conquêtes scientifiques, nous
serons
regardés comme le serait Cornélius Népos s’il se présentait parmi nou
3643
êtes scientifiques, nous serons regardés comme le
serait
Cornélius Népos s’il se présentait parmi nous revendiquant un droit à
3644
quant un droit à la vénération universelle : nous
sommes
devenus nos propres classiques. Ainsi notre prestige, le plus importa
3645
plus important de tous les facteurs de puissance,
est
périmé. Mais surtout les conquêtes sociales des dernières décennies m
3646
vir. C’est-à-dire sur sa spiritualité. … Nous ne
serions
pas les porteurs qualifiés de la spiritualité intellectuelle sur terr
3647
la spiritualité intellectuelle sur terre, nous ne
serions
pas les mains de Dieu, si chez nous l’accent significatif ne reposait
3648
pas exclusivement sur l’esprit. La forme grecque
est
encore à la racine de l’art de l’Extrême-Orient, et l’Éthos juif est
3649
ine de l’art de l’Extrême-Orient, et l’Éthos juif
est
à la racine de tout Éthos qui s’affirme dans le monde. Toute science
3650
Éthos qui s’affirme dans le monde. Toute science
est
d’origine européenne. Mais pour ce qui est du christianisme, sa force
3651
cience est d’origine européenne. Mais pour ce qui
est
du christianisme, sa force expansive et active vient précisément de c
3652
rit dominateur de la Terre. En lui-même, l’esprit
est
terrestrement impuissant ; même la spiritualité la plus forte ne peut
3653
ième larron sur la croix. Or, en Europe, l’esprit
est
essentiellement dominateur de la terre. Grâce à lui l’Européen peut a
3654
peut agir terrestrement. Le fait que l’Europe ait
été
, parfois, puissante aussi au point de vue extérieur, ne fut pas l’exp
3655
is, puissante aussi au point de vue extérieur, ne
fut
pas l’expression primaire de l’esprit européen, mais sa conséquence d
3656
llectuelle. Car c’est la seule chose en quoi elle
soit
encore unique. En même temps, c’est la seule chose qui maintenant soi
3657
n même temps, c’est la seule chose qui maintenant
soit
capable d’être développée à un degré inouï. … La raison principale po
3658
’est la seule chose qui maintenant soit capable d’
être
développée à un degré inouï. … La raison principale pour laquelle l’E
3659
e l’esprit ne peut régner que là où tout l’accent
est
placé sur l’unique et sa valeur. Toutes les valeurs sont personnelles
3660
acé sur l’unique et sa valeur. Toutes les valeurs
sont
personnelles. De même que le Christ proclama la valeur infinie de l’â
3661
t qu’il n’y a d’autre compréhension que celle qui
est
personnelle, — de même la souveraineté de l’esprit sur la terre est l
3662
de même la souveraineté de l’esprit sur la terre
est
liée à ce que l’accent significatif repose sur l’individu et sur lui
3663
du et sur lui uniquement. Or, aujourd’hui il n’en
est
ainsi que chez l’Européen. … Que l’Europe puisse remplir cette missio
3664
… Que l’Europe puisse remplir cette mission, cela
est
dû à ce que son entrée dans le monde qui naît, et son entrée à elle s
3665
olution de continuité. La science et la technique
sont
les enfants authentiques de son esprit : par conséquent, leur récepti
3666
ans sa structure psychique. Ainsi le socialisme n’
est
, pour nous, qu’une conséquence entre d’autres du christianisme ; il r
3667
nt les élites européennes, mais encore les masses
sont
immunisées contre l’américanisme et le bolchévisme. Aucun grand mouve
3668
l’influence civilisatrice de l’Europe : Le monde
est
en train de prendre à notre Europe ses armes, ses méthodes et, pense-
3669
it. Ces instruments de puissance, l’Europe se les
est
laissé ravir ; bien plus, elle les a libéralement offerts à ceux-là m
3670
influence civilisatrice, la victoire de l’Europe
est
extraordinaire, sensationnelle, presque invraisemblable, puisque la p
3671
culture depuis le vie siècle avant Jésus-Christ,
est
, je le crains, sur le point de finir, pour laisser la place à un âge
3672
isser la place à un âge nouveau dont la technique
est
le ressort véritable. Tel est le drame, plus que shakespearien, vraim
3673
u dont la technique est le ressort véritable. Tel
est
le drame, plus que shakespearien, vraiment apocalyptique, auquel nous
3674
apocalyptique, auquel nous assistons. L’enjeu en
sera
demain l’existence même de notre continent. Nous mesurons la différen
3675
la trahissant peut-être en la débordant. « Rome n’
est
plus dans Rome », disait le héros cornélien. Il se pourrait que, dès
3676
ujourd’hui, le centre de gravité de l’Occident ne
soit
plus en Europe, et ceci nous invite à analyser les traits essentiels
3677
t compromis la solidité et ce que nous avions cru
être
l’intangibilité de notre puissance. Il suffisait à nos yeux que l’Eur
3678
leil, mais nous ne nous demandions pas ce qu’elle
était
, où résidait le secret ressort de son incomparable hégémonie. Le sec
3679
e, où se cache-t-il ? La source initiale peut en
être
cherchée dans l’antiquité grecque, car celle-ci avait discerné déjà l
3680
thodes scientifiques modernes ; mais elle ne s’en
était
servie que pour la contemplation, pour la recherche désintéressée de
3681
lement deux millénaires pour se manifester, n’ont
été
possibles, dans un milieu géographique nouveau, que par une mise au p
3682
pensée. Le centre de gravité de la civilisation s’
était
déplacé vers les contrées du Nord où il faisait froid, où il fallait
3683
nses conséquences si ces « maîtres à penser » que
sont
Descartes, l’ancêtre véritable de la rationalisation, Bacon, le père
3684
pas connu son étonnante fécondité. C’est de là qu’
est
issue, au xixe siècle, l’irrésistible hégémonie de l’Europe. Jusqu’a
3685
tinuait à alimenter sa force du dynamisme qu’elle
tenait
de sa double conception de la connaissance et de l’individu. Il était
3686
onception de la connaissance et de l’individu. Il
était
cependant impossible que ce monopole extraordinaire pût durer toujour
3687
pût durer toujours, car sa technique pouvait lui
être
empruntée, d’autant plus qu’elle ne se faisait pas faute de la distri
3688
électrique. Marx lui-même pensait que son système
serait
d’abord accepté des Sociétés industriellement les plus évoluées. C’es
3689
transmise en tant que technique peut également l’
être
en tant que culture. La discussion est essentielle, parce qu’elle nou
3690
alement l’être en tant que culture. La discussion
est
essentielle, parce qu’elle nous invite à déterminer ce qui, dans notr
3691
erminer ce qui, dans notre conception européenne,
est
primordial, intransmissible. La révolution industrielle n’eût pas por
3692
its si sa technique, quelque merveilleuse qu’elle
fût
, ne s’était alimentée à la source profonde d’une pensée créatrice, en
3693
technique, quelque merveilleuse qu’elle fût, ne s’
était
alimentée à la source profonde d’une pensée créatrice, en possession
3694
supériorité occidentale, la pratique de l’Europe
est
efficace parce qu’elle se nourrit d’esprit. L’esprit souffle où il ve
3695
nte à l’Europe ses machines et les recettes qui y
sont
attachées, lui emprunte-t-il de ce fait son esprit créateur ? Les don
3696
sprit créateur ? Les dons intellectuels de l’Asie
sont
incontestables ; mais il y a une atmosphère, essentiellement créatric
3697
ce, de l’Europe, dont on peut se demander si elle
est
effectivement transportable. La revendication d’un domaine où règne l
3698
tion d’un domaine où règne la liberté de l’esprit
est
typiquement européenne, et si nous y renoncions, nous ne serions plus
3699
ment européenne, et si nous y renoncions, nous ne
serions
plus nous-mêmes. Mais elle n’est nullement le fait de ces pays qui, s
3700
ons, nous ne serions plus nous-mêmes. Mais elle n’
est
nullement le fait de ces pays qui, sous l’égide Marx, se sont récemme
3701
nt le fait de ces pays qui, sous l’égide Marx, se
sont
récemment engagés à fond dans une révolution à la fois technique, soc
3702
se fleurir selon ses propres lois. L’individu n’y
est
pas respecté en tant que tel, mais seulement le travailleur, agent pr
3703
ne collectivité qui l’absorbe. Or l’individu seul
est
créateur, et il l’est plus encore par l’esprit que par la technique.
3704
absorbe. Or l’individu seul est créateur, et il l’
est
plus encore par l’esprit que par la technique. Telle est la leçon de
3705
s encore par l’esprit que par la technique. Telle
est
la leçon de deux-mille ans d’histoire ayant abouti à ce nouveau mirac
3706
s d’histoire ayant abouti à ce nouveau miracle qu’
est
l’étonnante marée technique qui déferle sur le monde. En indiquant l
3707
pe » assumant les contradictions inéluctables qui
étaient
dans sa nature et qu’elle retrouve dans le Monde, projetées par sa pr
3708
tler ou passée au rouleau compresseur des Soviets
serait
-elle encore elle-même et surtout conserverait-elle la puissance de ré
3709
versité Fondement de l’Union fédérale Si telle
est
bien la vocation particulière de l’Europe dans le Monde réveillé par
3710
n résultent : 1° l’union politique de nos peuples
est
désormais la condition non seulement de leur survie mais du juste exe
3711
, quand le prestige de la civilisation européenne
était
tel qu’elle semblait n’avoir point de rivales et qu’elle s’identifiai
3712
le s’identifiait à la civilisation en général, il
était
sans doute facile de perdre de vue cette unité ; mais il n’en va plus
3713
chesse et à développer des civilisations qui leur
sont
propres, où enfin les peuples de l’Orient font valoir à nouveau les d
3714
ste, se crée tout un ensemble d’intérêts auxquels
est
lié le soin de sa défense ; la cause de l’internationalisme a, elle a
3715
socialisme et de la finance internationale ; il n’
est
pas jusqu’aux civilisations orientales qui n’aient pris conscience d’
3716
r l’Europe une nation. Aussi la cause de l’Europe
est
-elle d’avance perdue, par défaut. Si pourtant notre civilisation doit
3717
Si pourtant notre civilisation doit survivre, il
est
essentiel qu’elle atteigne à une conscience européenne commune et qu’
3718
ante prétention à affirmer que notre civilisation
est
la seule qui compte, regardera celle-ci, sans aucun doute, d’un œil b
3719
i une véritable civilisation mondiale peut jamais
être
créée, ce sera non pas en ignorant l’existence des grandes traditions
3720
civilisation mondiale peut jamais être créée, ce
sera
non pas en ignorant l’existence des grandes traditions historiques, m
3721
derniers siècles : … Seulement, avant qu’il nous
soit
possible de donner à la culture européenne la place qui lui revient d
3722
dualités nationales. … Le fait que cette vérité n’
est
pas généralement admise est dû avant tout à ce qu’on a d’ordinaire éc
3723
it que cette vérité n’est pas généralement admise
est
dû avant tout à ce qu’on a d’ordinaire écrit l’histoire moderne du po
3724
es-uns des plus grands historiens du xixe siècle
étaient
en même temps des apôtres du nationalisme, et leurs histoires sont so
3725
s des apôtres du nationalisme, et leurs histoires
sont
souvent des manuels de propagande nationaliste. Cette tendance est ma
3726
anuels de propagande nationaliste. Cette tendance
est
manifeste tant chez les historiens philosophes, qui tenaient l’idéali
3727
nifeste tant chez les historiens philosophes, qui
tenaient
l’idéalisation hégélienne de l’État pour la suprême expression de l’i
3728
hez des écrivains comme Treitschke et Froude, qui
furent
les représentants d’un nationalisme purement politique. Au cours du x
3729
urs du xixe siècle, la conscience populaire en a
été
imprégnée, et c’est de là qu’est issue la conception que l’homme moye
3730
e populaire en a été imprégnée, et c’est de là qu’
est
issue la conception que l’homme moyen se fait de l’histoire. Celle-ci
3731
opéenne comme son œuvre propre et originale, sans
tenir
aucun compte du sol commun où a pris racine sa tradition individuelle
3732
cine sa tradition individuelle. Et cette erreur n’
est
pas le monopole des écrivains : elle a miné et vicié toute la vie int
3733
es nations. Les vrais fondements de notre culture
sont
non pas l’État national, mais l’unité européenne.310 C’est à démont
3734
péenne.310 C’est à démontrer cette thèse que se
sont
attachés les historiographes de l’Europe considérée comme unité de cu
3735
uelques formules heureuses les principes qui leur
sont
communs : L’éternel national nous semble un concept à manier avec p
3736
s sans fenêtres », des entités immuables : elle n’
est
pas la somme de leurs histoires nationales juxtaposées. C’est l’Europ
3737
es juxtaposées. C’est l’Europe, au contraire, qui
est
antérieure et qui explique les nations. Or l’Europe et les nations so
3738
explique les nations. Or l’Europe et les nations
sont
sujettes au changement. … même le nationalisme fut international, et
3739
nt sujettes au changement. … même le nationalisme
fut
international, et les conflits de l’impérialisme moderne démontrent u
3740
ne s’expliquent que par un fonds commun.311 Il
est
frappant de constater que l’unanimité des auteurs qui ont contribué a
3741
it trop facilement ? Non, la diversité européenne
est
plus organique et profonde, comme nous le rappelle Ortega : Lorsque
3742
hé sous une forme absolue et que c’est à cela que
sont
dus son développement permanent et son caractère progressif, nous ne
3743
me sait ce qu’il dit… La liberté et le pluralisme
sont
deux choses réciproques et constituent toutes les deux l’essence perm
3744
e création de richesse, et que l’ancien continent
est
passé par des crises de ce genre beaucoup plus graves. Est-ce que, pa
3745
par des crises de ce genre beaucoup plus graves.
Est
-ce que, par hasard, l’Allemand ou l’Anglais ne se sentiraient plus ca
3746
e l’économique. Car le fait véritablement curieux
est
précisément que la dépression de leurs âmes ne provient pas de ce qu’
3747
économie actuelle allemande, anglaise, française,
sont
les frontières politiques des États respectifs. La véritable difficul
3748
ù doivent se mouvoir les capacités économiques, n’
est
pas en rapport avec leur intensité… Le pessimisme, le découragement q
3749
e les barreaux de sa cage. La meilleure preuve en
est
que cette combinaison se répète dans tous les domaines, dont les fact
3750
répète dans tous les domaines, dont les facteurs
sont
en apparence très distincts du domaine économique. Par exemple dans l
3751
nt imaginaire — à vivre uniquement de ce que nous
sommes
, en tant que « nationaux », et que, par un artifice quelconque, on ex
3752
lui vient des autres pays continentaux, cet homme
serait
terrifié. Il verrait qu’il ne lui est pas possible de vivre avec ce m
3753
et homme serait terrifié. Il verrait qu’il ne lui
est
pas possible de vivre avec ce maigre recours purement national, mais
3754
ais que les quatre cinquièmes de son avoir intime
sont
des biens de la communauté européenne. On ne voit guère quelle autre
3755
us qui existons de ce côté de la planète, si ce n’
est
de réaliser la promesse que, depuis quatre siècles, signifie le mot E
3756
e passé. On va voir de nos jours si les Européens
sont
eux aussi les enfants de la femme de Loth et s’ils s’obstinent à fair
3757
rtega croit que la nécessité de l’union politique
est
inscrite dans nos réalités présentes : L’unité de l’Europe n’est pa
3758
nos réalités présentes : L’unité de l’Europe n’
est
pas une fantaisie. Elle est la réalité même ; et ce qui est fantastiq
3759
L’unité de l’Europe n’est pas une fantaisie. Elle
est
la réalité même ; et ce qui est fantastique c’est précisément l’autre
3760
e fantaisie. Elle est la réalité même ; et ce qui
est
fantastique c’est précisément l’autre thèse : la croyance que la Fran
3761
que la France, l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne
sont
des réalités substantives, indépendantes. Et il en déduit ces conclu
3762
ces conclusions curieusement prophétiques : … Il
est
extrêmement improbable qu’une société, une collectivité aussi mûre qu
3763
celle que forment déjà les peuples européens, ne
soit
pas près de créer l’appareil politique d’un État, pour donner une for
3764
connaître que l’unité de l’Europe comme société n’
est
pas un idéal mais un fait de très ancienne quotidienneté. Et lorsqu’o
3765
ement portera le processus à son terme, elle peut
être
Dieu sait quoi ! la natte d’un Chinois émergeant de derrière les Oura
3766
ans le même temps, pressent lui aussi que l’union
est
inscrite dans la logique profonde de l’Europe : L’Europe se constitu
3767
ractère français et le caractère allemand pouvait
être
considérée comme d’une importance primaire. Aujourd’hui c’est la cons
3768
llemand, etc., deviennent différents de ce qu’ils
étaient
autrefois : c’est que leurs relations avec le tout se sont modifiées.
3769
efois : c’est que leurs relations avec le tout se
sont
modifiées. L’instauration d’une « supranationalité » européenne (le
3770
ope comme formation. C’est pourquoi il ne saurait
être
question d’une unification effaçant les différences, si on aspire à u
3771
un progrès pour les Européens unis : L’Européen
serait
-il alors l’homme suprême au sens absolu ? Sûrement, il y aura bientôt
3772
aussi virulent que n’importe quel nationalisme le
fut
jamais ; ce serait l’équivalent européen de l’américanisme messianiqu
3773
ue n’importe quel nationalisme le fut jamais ; ce
serait
l’équivalent européen de l’américanisme messianique. Il va sans dire
3774
. Il va sans dire que l’Européen, lui non plus, n’
est
pas naturellement l’homme idéal. Mais il peut devenir supérieur à n’i
3775
e quel habitant de l’ancienne Europe, parce qu’il
est
d’envergure plus vaste. Toute supériorité repose sur l’intégration en
3776
réunissent les agréments et les instruments. Elle
est
assez petite pour être parcourue en un temps très court, qui deviendr
3777
ts et les instruments. Elle est assez petite pour
être
parcourue en un temps très court, qui deviendra bientôt insignifiant.
3778
s court, qui deviendra bientôt insignifiant. Elle
est
assez grande pour contenir tous les climats ; assez diverse pour prés
3779
des conditions favorables à l’homme. Et l’homme y
est
devenu l’Européen. Vous m’excuserez de donner à ces mots d’Europe et
3780
, ma pensée abusant de mon langage, qu’une Europe
est
une espèce de système formé d’une certaine diversité humaine et d’une
3781
Le produit de cette conjoncture de circonstances
est
un Européen. Valéry, écrivant en 1922, dans une France victorieuse,
3782
Paix, qui circula clandestinement dès 1943 et ne
fut
publié qu’en 1946. Approfondissant le thème de l’unité dans la divers
3783
chnique, le commerce, etc., tandis que la liberté
serait
assurée aux diversités naturelles et culturelles. Ce que la machine
3784
Et la même plainte se renouvelle : le vieux monde
serait
devenu trop étroit. Au libre déploiement de nos moyens s’opposent les
3785
oire vécue et soufferte. On comprend alors que ce
soit
ici, en son cœur, que se soient allumées les guerres monstrueuses qui
3786
mprend alors que ce soit ici, en son cœur, que se
soient
allumées les guerres monstrueuses qui ont ravagé le monde : c’est au
3787
it participer à la liberté supérieure qui déjà, a
été
regagnée sur l’espace et sur l’étroitesse héritée. … Il s’agit, dans
3788
par l’évolution historique. … Le besoin d’espace
sera
satisfait par l’union des peuples ; et il n’est pas de solution plus
3789
sera satisfait par l’union des peuples ; et il n’
est
pas de solution plus juste. Les formes de vie commune dans la maison
3790
Les formes de vie commune dans la maison nouvelle
seront
instaurées par la Constitution. Entrer ici dans les détails n’aurait
3791
ci dans les détails n’aurait pas de sens. Mais il
est
deux principes supérieurs qui doivent s’exprimer dans la Constitution
3792
ivent s’exprimer dans la Constitution, quelle que
soit
sa structure. Ces principes sont l’Unité et la Diversité. Le nouvel e
3793
tion, quelle que soit sa structure. Ces principes
sont
l’Unité et la Diversité. Le nouvel empire doit être uni dans tous ses
3794
nt l’Unité et la Diversité. Le nouvel empire doit
être
uni dans tous ses membres, tout en respectant leur nature particulièr
3795
libéral et celle de l’État autoritaire. Les deux
sont
valables et motivées, et pourtant la vie ne saurait être ni totalemen
3796
lables et motivées, et pourtant la vie ne saurait
être
ni totalement disciplinée ni totalement livrée au libre arbitre. Il s
3797
e distinguer les niveaux auxquels chacune d’elles
est
le mieux adaptée. Les formes autoritaires de l’ordre étatique sont ad
3798
ptée. Les formes autoritaires de l’ordre étatique
sont
adéquates là où les hommes et les choses sont techniquement organisab
3799
que sont adéquates là où les hommes et les choses
sont
techniquement organisables. En revanche la liberté doit régner là où
3800
doit régner là où une vie organique plus profonde
est
à l’œuvre… Doit être organisé d’une manière uniforme tout ce qui relè
3801
e vie organique plus profonde est à l’œuvre… Doit
être
organisé d’une manière uniforme tout ce qui relève de la technique, d
3802
rsités historiques. Ce qui implique également que
soient
délimités le domaine de la technique et celui de la vie organique. L’
3803
en tant qu’Allemand ou en tant que Français, sans
être
forcé ni à l’un ni à l’autre. Et surtout, il pourra vivre en tant qu’
3804
ui plaira. Il y a là un gain pour la liberté, qui
sera
visible jusque dans les petits groupes ethniques et les cités. Dans l
3805
Europe comme organisme culturel (unité existante)
sera
proposée et précisée un peu plus tard par T. S. Eliot dans ses brefs
3806
. Les rapports entre la culture et la politique y
sont
clairement définis316 : La structure politique d’une nation affecte
3807
tes. Une des erreurs de l’Allemagne hitlérienne a
été
précisément de poser en principe que toute culture autre que la sienn
3808
en principe que toute culture autre que la sienne
était
ou décadente ou barbare. Finissons-en avec de telles prétentions ! L’
3809
Et certes, il faut une organisation, et plus elle
sera
parfaite, mieux cela vaudra. Mais la culture est autre chose : quelqu
3810
sera parfaite, mieux cela vaudra. Mais la culture
est
autre chose : quelque chose qui doit pousser comme une plante. Vous n
3811
e qu’il vienne à maturité dans les délais qui lui
sont
propres, et une fois qu’il aura poussé il ne faudra pas vous plaindre
3812
duire un orme. Or, une structure politique donnée
est
partiellement construction et partiellement croissance. Elle est part
3813
nt construction et partiellement croissance. Elle
est
partiellement organisation — et une organisation, si elle est bonne,
3814
ement organisation — et une organisation, si elle
est
bonne, est également bonne pour tous les hommes ; et partiellement cr
3815
isation — et une organisation, si elle est bonne,
est
également bonne pour tous les hommes ; et partiellement croissance li
3816
se nourrissant d’elle — et dans cette mesure elle
est
différente de la structure politique d’autres nations. Il importe d’ê
3817
tructure politique d’autres nations. Il importe d’
être
bien clair sur le sens que nous donnons à ce mot de « culture », de m
3818
, d’autre part, cet organisme spirituel propre qu’
est
l’Europe. Si l’Europe meurt en tant qu’organisme spirituel, ce qui re
3819
uel, ce qui restera à organiser matériellement ne
sera
plus l’Europe, mais une foule amorphe d’êtres humains parlant différe
3820
t ne sera plus l’Europe, mais une foule amorphe d’
êtres
humains parlant différentes langues. Ajoutons que ces êtres humains n
3821
ins parlant différentes langues. Ajoutons que ces
êtres
humains n’auront plus de raison valable de parler des langues différe
3822
ce qu’ils n’auront plus rien à dire qui ne puisse
être
dit tout aussi bien dans n’importe quelle autre langue ; en un mot, i
3823
ulture « européenne » si les divers pays d’Europe
sont
isolés les uns des autres ; j’ajouterai à présent qu’il ne saurait pa
3824
y avoir une culture européenne si ces divers pays
sont
ramenés à un état d’uniformité. Nous avons besoin de diversité dans l
3825
notre unité culturelle317 : Le monde occidental
tient
son unité propre de son patrimoine culturel, du christianisme et des
3826
organisation politique ou économique, quelles que
soient
les bonnes volontés dont elle bénéficierait, ne saurait remplacer ce
3827
e culturel, nulle organisation, nul « planning »,
fût
-il l’œuvre des esprits les plus ingénieux, ne pourra nous tirer d’aff
3828
en au contraire une pluralité des allégeances. Il
est
faux de penser que le seul devoir de l’individu serait son devoir env
3829
t faux de penser que le seul devoir de l’individu
serait
son devoir envers l’État ; et il est exorbitant de considérer comme l
3830
’individu serait son devoir envers l’État ; et il
est
exorbitant de considérer comme le devoir suprême de l’individu celui
3831
en donne un exemple d’autant plus frappant qu’il
est
emprunté au domaine de la poésie, que le romantisme nous faisait cons
3832
x échanges318 : L’unité de la culture européenne
est
un sujet très vaste, en vérité, et nul ne devrait l’aborder qu’à part
3833
ance ou expérience particulière qu’il possède… Je
suis
poète et critique de la poésie. Je tenterai de montrer ce que cette p
3834
Et je pense que la raison pour laquelle l’anglais
est
un si bon langage poétique, c’est qu’il combine en lui tant de source
3835
dition : lorsque les diverses nations de l’Europe
sont
coupées les unes des autres et que les poètes ne lisent plus d’autre
3836
ans chaque pays. Quant à la seconde condition, je
tiens
à insister sur ce point précis : que chaque littérature doit avoir de
3837
chaque littérature doit avoir des sources qui lui
soient
propres et qui remontent du fond de son histoire ; mais d’une importa
3838
ncière de la littérature européenne que celui qui
fut
le plus grand « comparatiste » de la littérature de notre temps : Ern
3839
s, comme le font encore nos manuels : L’Europe n’
est
qu’un nom, « un terme géographique » (comme Metternich le disait de l
3840
comme Metternich le disait de l’Italie) si elle n’
est
pas perçue comme une entité historique. C’est ce que l’histoire à l’a
3841
ement à la littérature… La littérature européenne
est
co-extensive dans le temps, avec la culture européenne. Elle embrasse
3842
’on la morcelle […] Le « présent intemporel » qui
est
une caractéristique essentielle de la littérature, signifie que la li
3843
ignifie que la littérature du passé peut toujours
être
active dans celle du présent. Ainsi Homère dans Virgile, Virgile en D
3844
mysticisme espagnol dans T. S. Eliot. Inépuisable
est
la richesse des interrelations possibles. Et puis il y a le jardin de
3845
il y a le jardin des formes littéraires — que ce
soient
les genres, ou les formes métriques ou les strophes ; que ce soient l
3846
ou les formes métriques ou les strophes ; que ce
soient
les procédés rhétoriques ou les motifs narratifs. Enfin, il y a toute
3847
La dernière œuvre d’André Gide, et la plus mûre,
fut
un Thésée 319. C’est également de son expérience d’écrivain que part
3848
e et de comprendre qu’aujourd’hui il ne peut plus
être
question d’une culture française, pas plus que d’une culture hollanda
3849
s que la culture française reste, il faut qu’elle
soit
intégrée aux cadres d’une grande culture européenne. Et il ajoutait,
3850
oncevoir des journaux internationaux. Tout cela a
été
tenté avant la guerre de 1939. Aujourd’hui ces réalisations, qui ne m
3851
ces réalisations, qui ne manquent pas d’intérêt,
seraient
inefficaces parce que nous aurions alors une superstructure, l’unité
3852
is cette unité de culture n’aura aucun sens et ne
sera
faite que de mots, si elle ne se place pas dans le cadre d’un effort
3853
celui de la continuité dans le changement321 qui
est
sa traduction dans le temps, et il rejoint ainsi notre plus proche ac
3854
rant toute cette période. L’Europe, d’autre part,
est
le continent dont la science et la technologie ouvrent la voie au mon
3855
si radicale qu’on dirait qu’une espèce nouvelle s’
est
établie sur la planète transformée. Et pourtant, durant tout ce dével
3856
hangement, unité dans la diversité, semblent bien
être
(comme les quatre éléments d’Aristote : la terre et l’air, l’eau et l
3857
oussée, nul n’en peut plus douter ; mais le temps
est
une dimension qu’il s’agit de prendre au sérieux, et le rythme de cet
3858
endre au sérieux, et le rythme de cette évolution
est
de nature à nous inquiéter sérieusement. Il ne m’a fallu que trois he
3859
eur patrimoine commun. La civilisation européenne
est
le produit d’une collaboration séculaire et l’on ne saurait en suppri
3860
igurer et l’affaiblir. Or notre génie d’invention
est
intact. Nos méthodes critiques doivent à leurs principes mêmes de pou
3861
e se perdent pas dans une extase somnolente : ils
sont
actifs. Est-ce rêver encore que de conseiller à l’Europe, pour se red
3862
pas dans une extase somnolente : ils sont actifs.
Est
-ce rêver encore que de conseiller à l’Europe, pour se redresser, pour
3863
ait la tête des nations de la terre parce qu’elle
serait
seule à leur fournir des principes d’ordre rationnel, un programme d’
3864
t les développements du chapitre III de ce livre,
est
extrait d’une conférence de Karl Jaspers recueillie dans l’Esprit eur
3865
e nous avons citée plus haut (rex pater Europæ) n’
est
pas seulement symbolique. Si l’on en croit O. Forst de Battaglia et s
3866
e la revue Politique étrangère, dont les extraits
furent
présentés à la Conférence européenne de la culture, Lausanne, 1949.
3867
ique et économique international. Si la Paneurope
est
créée, en tant que puissance mondiale à droit égal, elle pourra const
3868
é politique. La Question européenne, la voici : «
Est
-il possible que sur la petite presqu’île européenne, 25 États vivent
3869
e ? L’avenir de l’Europe dépend de la réponse qui
sera
donnée à cette question. Il est donc entre les mains des Européens. V
3870
e la réponse qui sera donnée à cette question. Il
est
donc entre les mains des Européens. Vivant dans des États démocratiqu
3871
opéens. Vivant dans des États démocratiques, nous
sommes
co-responsables de la politique de nos gouvernements. Nous n’avons pa
3872
à tous les candidats et partis dont le programme
est
antieuropéen. Il ne faut pas se lasser de répéter cette vérité simple
3873
pe et vos enfants ! Le programme et le Manifeste
furent
adoptés par un vaste Congrès qui se réunit à Vienne en 1927. Les effi
3874
pe à nouer une « sorte de lien fédéral » : Je me
suis
associé pendant ces dernières années à une propagande active en faveu
3875
ser de la qualifier d’imprudente. Cette idée, qui
est
née il y a bien des années, qui a hanté l’imagination des philosophes
3876
répondant à une nécessité. Des propagandistes se
sont
réunis pour la répandre, la faire entrer plus avant dans l’esprit des
3877
t dans l’esprit des nations, et j’avoue que je me
suis
trouvé parmi ces propagandistes […]. Je pense qu’entre des peuples qu
3878
agandistes […]. Je pense qu’entre des peuples qui
sont
géographiquement groupés comme les peuples d’Europe, il doit exister
3879
crois que l’on peut y obtenir des succès. Mais je
suis
sûr aussi qu’au point de vue politique, au point de vue social, le li
3880
raient faire partie d’une telle association, peut
être
bienfaisant. Il fut décidé peu après qu’un Mémorandum préciserait ce
3881
une telle association, peut être bienfaisant. Il
fut
décidé peu après qu’un Mémorandum préciserait cette proposition très
3882
position très générale et assez ambiguë, et qu’il
serait
élaboré par la France. Le Mémorandum sur l’organisation d’un régime d
3883
ociété des Nations en septembre de la même année,
fut
rédigé par Alexis Léger, le plus proche collaborateur de Briand. (On
3884
collaborateur de Briand. (On sait qu’Alexis Léger
est
aussi le grand poète qui signe Saint-John Perse.) En voici deux brefs
3885
e et de l’entière indépendance politique que doit
être
réalisée l’entente entre Nations européennes. […] Avec les droits de
3886
ropéennes. […] Avec les droits de souveraineté, n’
est
-ce pas le génie même de chaque nation qui peut trouver à s’affirmer e
3887
ques propres à chaque peuple ? L’heure n’a jamais
été
plus propice ni plus pressante pour l’inauguration d’une œuvre constr
3888
re destin. S’unir pour vivre et prospérer : telle
est
la stricte nécessité devant laquelle se trouvent désormais les Nation
3889
Europe. Il semble que le sentiment des peuples se
soit
déjà clairement manifesté à ce sujet. Aux gouvernements d’assumer auj
3890
souverainetés devenues folles. La guerre de 1939
était
dès lors fatale. On n’a pas oublié qu’Hitler prétendait lui aussi fai
3891
un groupe de militants antinazis en Allemagne, se
sont
réunis dans une ville d’Europe les 31 mars, 29 avril, 20 mai, 6 et 7
3892
élégués des mouvements de résistance européens se
sont
réunis pour rédiger la présente déclaration. … Souscrivant aux déclar
3893
t que la vie des peuples qu’ils représentent doit
être
fondée sur le respect de la personne, la sécurité, la justice sociale
3894
autonome de la vie nationale. Ces buts ne peuvent
être
atteints que si les divers pays du monde acceptent de dépasser le dog
3895
unique organisation fédérale. La paix européenne
est
la clé de voûte de la paix du monde. En effet, dans l’espace d’une se
3896
dans l’espace d’une seule génération, l’Europe a
été
l’épicentre de deux conflits mondiaux qui ont eu avant tout pour orig
3897
du peuple allemand à la vie européenne sans qu’il
soit
un danger pour les autres peuples. Seule une Union fédérale permettra
3898
zones de population mixte, qui cesseront ainsi d’
être
l’objet des folles convoitises nationalistes et deviendront de simple
3899
stituent dès lors dans tous nos pays, et qui vont
tenir
à Montreux, en septembre 1947, leur premier grand congrès européen ap
3900
r premier grand congrès européen après la guerre,
sont
animés par de jeunes chefs issus de la Résistance : Spinelli, Kogon,
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En même temps, quelques hommes politiques qui ont
été
de ceux qu’Hitler a emprisonnés ou exilés, ou de ceux qui ont conduit
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te d’États-Unis d’Europe325 : Ce noble continent
est
le foyer des grandes races ancestrales de l’Occident. Il est la sourc
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r des grandes races ancestrales de l’Occident. Il
est
la source de la foi et de l’éthique chrétienne. Il est le berceau de
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a source de la foi et de l’éthique chrétienne. Il
est
le berceau de la civilisation occidentale. Et pourtant, c’est de l’Eu
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n occidentale. Et pourtant, c’est de l’Europe que
sont
issues toutes les terribles querelles nationalistes qui, par deux foi
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tes qui, par deux fois dans le temps de nos vies,
sont
venues briser la paix et obscurcir l’avenir de toute l’humanité. Quel
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x et obscurcir l’avenir de toute l’humanité. Quel
est
donc le sort misérable auquel l’Europe se voit réduite ? Quelques-uns
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ur de vastes territoires des masses tremblantes d’
êtres
humains tourmentés et angoissés, affamés, rongés de soucis et se sent
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armi les vaincus le morne silence du désespoir. N’
était
la générosité des États-Unis, qui ont compris désormais que la ruine
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eur propre destin, les temps sombres du Moyen Âge
seraient
revenus parmi nous, avec toute leur cruauté et leur misère. Ils peuve
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dans le même temps, il existe un remède qui, s’il
était
adopté partout et spontanément, transformerait comme par miracle tout
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ureuse que celle de la Suisse d’aujourd’hui. Quel
est
ce remède souverain ? C’est de reformer la famille européenne, dans t
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lement, des centaines de millions de travailleurs
seront
capables de retrouver les simples joies et les espoirs qui rendent la
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s joies et les espoirs qui rendent la vie digne d’
être
vécue. De la conjonction d’une vingtaine de « mouvements fédéraliste
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ance finale : Message aux Européens326 L’Europe
est
menacée, l’Europe est divisée, et la plus grave menace vient de ses d
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aux Européens326 L’Europe est menacée, l’Europe
est
divisée, et la plus grave menace vient de ses divisions. Appauvrie, e
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ente nous exposera demain à l’unification forcée,
soit
par l’intervention d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un
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e, soit par l’intervention d’un empire du dehors,
soit
par l’usurpation d’un parti du dedans. L’heure est venue d’entreprend
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it par l’usurpation d’un parti du dedans. L’heure
est
venue d’entreprendre une action qui soit à la mesure du danger. Tous
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. L’heure est venue d’entreprendre une action qui
soit
à la mesure du danger. Tous ensemble, demain, nous pouvons édifier av
3921
. Jamais la guerre, la peur et la misère n’auront
été
mises en échec par un plus formidable adversaire. Entre ce grand péri
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vocation de l’Europe se définit clairement. Elle
est
d’unir ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la diversi
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est d’unir ses peuples selon leur vrai génie, qui
est
celui de la diversité, et dans les conditions du xxe siècle, qui son
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rsité, et dans les conditions du xxe siècle, qui
sont
celles de la communauté, afin d’ouvrir au monde la voie qu’il cherche
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il cherche, la voie des libertés organisées. Elle
est
de ranimer ses pouvoirs d’invention pour la défense et pour l’illustr
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s’appelle la dignité de l’homme et sa vraie force
est
dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sau
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’homme et sa vraie force est dans la liberté. Tel
est
l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sauver nos libertés acquises
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ope joue son destin et celui de la paix du monde.
Soit
donc notoire à tous que nous, Européens, rassemblés pour donner une v
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le d’appliquer les sanctions nécessaires pour que
soit
respectée la Charte. 4° Nous voulons une Assemblée européenne, où soi
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rte. 4° Nous voulons une Assemblée européenne, où
soient
représentées les forces vives de toutes nos nations. 5° Et nous preno
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Résolution politique, avait proclamé : « L’heure
est
venue pour les nations de l’Europe de transférer certains de leurs dr
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Cour des droits de l’homme de Strasbourg. Aussi n’
est
-il pas question de « lien fédéral » ni de « transfert de souveraineté
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: Article 1er (a) Le but du Conseil de l’Europe
est
de réaliser une union plus étroite entre ses Membres afin de sauvegar
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et de promouvoir les idéaux et les principes qui
sont
leur patrimoine commun et de favoriser leur progrès économique et soc
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ser leur progrès économique et social. (b) Ce but
sera
poursuivi au moyen des organes du Conseil, par l’examen des questions
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Les questions relatives à la défense nationale ne
sont
pas de la compétence du Conseil de l’Europe. En revanche, trois ans
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ntes : Considérant que la paix mondiale ne peut
être
sauvegardée que par des efforts créateurs à la mesure des dangers qui
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anisée et vivante peut apporter à la civilisation
est
indispensable au maintien des relations pacifiques ; Conscients que
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… En fait, le Traité instituant le Marché commun
est
moins « supranational » dans son esprit que le Traité instituant la C
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que les nations qui s’associent ne cessent pas d’
être
elles-mêmes et que la voie suivie soit celle d’une coopération organi
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sent pas d’être elles-mêmes et que la voie suivie
soit
celle d’une coopération organisée des États, en attendant d’en venir,
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médiates qui pèsent sur l’Europe désunie ? « Vous
êtes
trop pressés », répètent les hommes d’État aux pionniers de la fédéra
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xactement depuis 1306. Le projet de Pierre Dubois
était
« prématuré », comme le furent ceux de Podiebrad et de Crucé, de Sull
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et de Pierre Dubois était « prématuré », comme le
furent
ceux de Podiebrad et de Crucé, de Sully et de Comenius, de William Pe
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maturité » de la fédération politique n’ayant pas
été
définies, ce jeu peut continuer aussi longtemps que les ennemis de l’