1 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Avant-propos
1 Avant-propos Ce n’est pas une histoire de l’Europe qu’on va lire, mais seulement une chronique — illustrée de c
2 Avant-propos Ce n’est pas une histoire de l’ Europe qu’on va lire, mais seulement une chronique — illustrée de citations 
3 va lire, mais seulement une chronique — illustrée de citations — des prises de conscience successives de notre unité de cu
4 e chronique — illustrée de citations — des prises de conscience successives de notre unité de culture, des temps homérique
5 citations — des prises de conscience successives de notre unité de culture, des temps homériques à nos jours. Au cours de
6 s prises de conscience successives de notre unité de culture, des temps homériques à nos jours. Au cours de ces trois mill
7 jours. Au cours de ces trois millénaires, combien d’ auteurs ont-ils écrit sur le sujet qui nous occupe ? On en trouve nomm
8  ? On en trouve nommés près de 2.000 dans l’index d’ un ouvrage récent sur l’histoire de l’idée européenne, où n’ont été re
9 0 dans l’index d’un ouvrage récent sur l’histoire de l’idée européenne, où n’ont été retenus que les meilleurs ou les plus
10 ndex d’un ouvrage récent sur l’histoire de l’idée européenne , où n’ont été retenus que les meilleurs ou les plus significatifs. J’
11 meilleurs ou les plus significatifs. J’ai choisi de citer ceux qui demeurent actuels et peuvent encore parler aux hommes
12 urent actuels et peuvent encore parler aux hommes de cette époque, soit en tant que témoins des origines de notre civilisa
13 tte époque, soit en tant que témoins des origines de notre civilisation ou de l’apparition de ses problèmes cruciaux au ni
14 que témoins des origines de notre civilisation ou de l’apparition de ses problèmes cruciaux au niveau de la conscience et
15 origines de notre civilisation ou de l’apparition de ses problèmes cruciaux au niveau de la conscience et de l’histoire ;
16 problèmes cruciaux au niveau de la conscience et de l’histoire ; soit en tant que précurseurs ou champions des plans d’un
17 it en tant que précurseurs ou champions des plans d’ union fédérative qui, sous nos yeux, commencent à prendre corps. De ce
18 e qui, sous nos yeux, commencent à prendre corps. De cette évolution, qui va du Mythe au Fait en passant par les Utopies e
19 Fait en passant par les Utopies et par une série de Plans issus les uns des autres, quelques thèmes généraux se dégagent.
20 généraux se dégagent. Si je les formule au seuil de cet ouvrage, c’est dans l’espoir que le lecteur les prenne pour guide
21 le lecteur les prenne pour guides dans un dédale de citations tirées de vingt-huit siècles de littérature, d’histoire et
22 ne pour guides dans un dédale de citations tirées de vingt-huit siècles de littérature, d’histoire et de philosophie en do
23 dédale de citations tirées de vingt-huit siècles de littérature, d’histoire et de philosophie en douze langues anciennes
24 ions tirées de vingt-huit siècles de littérature, d’ histoire et de philosophie en douze langues anciennes et modernes : 1.
25 vingt-huit siècles de littérature, d’histoire et de philosophie en douze langues anciennes et modernes : 1. L’Europe est
26 hie en douze langues anciennes et modernes : 1. L’ Europe est beaucoup plus ancienne que ses nations. Elle risque de périr du f
27 aucoup plus ancienne que ses nations. Elle risque de périr du fait de leur désunion et de leurs prétentions — toujours plu
28 nne que ses nations. Elle risque de périr du fait de leur désunion et de leurs prétentions — toujours plus illusoires — à
29 Elle risque de périr du fait de leur désunion et de leurs prétentions — toujours plus illusoires — à la souveraineté abso
30 eté absolue. Au contraire, leur union sauverait l’ Europe , en sauvant du même coup ce qui reste valable dans nos fécondes diver
31 reste valable dans nos fécondes diversités. 2. L’ Europe a exercé dès sa naissance une fonction non seulement universelle, mai
32 nce une fonction non seulement universelle, mais, de fait, universalisante. Elle a fomenté le Monde, en l’explorant d’abor
33 es moyens intellectuels, techniques et politiques d’ une future unité du « genre humain ». Elle demeure responsable d’une v
34 ité du « genre humain ». Elle demeure responsable d’ une vocation mondiale, qu’elle ne pourra soutenir qu’en fédérant ses f
35 pourra soutenir qu’en fédérant ses forces. 3. L’ Europe unie n’est pas un expédient moderne, économique ou politique, mais c’
36 ceux qui ont vu loin. Homère déjà qualifiait Zeus d’ europos, adjectif signifiant « qui voit très loin ». 4. Nous ne trouve
37 t « qui voit très loin ». 4. Nous ne trouverons l’ Europe qu’en la faisant, comme l’enseigne le mythe de Cadmus, qu’on va citer
38 urope qu’en la faisant, comme l’enseigne le mythe de Cadmus, qu’on va citer. Le vrai moyen de la définir, c’est de la bâti
39 le mythe de Cadmus, qu’on va citer. Le vrai moyen de la définir, c’est de la bâtir. Et il s’agit bien moins de la délimite
40 u’on va citer. Le vrai moyen de la définir, c’est de la bâtir. Et il s’agit bien moins de la délimiter dans le temps de l’
41 finir, c’est de la bâtir. Et il s’agit bien moins de la délimiter dans le temps de l’histoire et l’espace terrestre, que d
42 l s’agit bien moins de la délimiter dans le temps de l’histoire et l’espace terrestre, que de renouveler sans cesse le ray
43 le temps de l’histoire et l’espace terrestre, que de renouveler sans cesse le rayonnement de son génie particulier, qui se
44 stre, que de renouveler sans cesse le rayonnement de son génie particulier, qui se trouve être, justement, universel. J’ét
45 ais loin de soupçonner l’ampleur et la complexité de la matière lorsque j’entrepris cet ouvrage. Je suis allé de découvert
46 ère lorsque j’entrepris cet ouvrage. Je suis allé de découverte en découverte, et mon espoir est que le lecteur participe
47 européen de la culture, qui eut la première idée de cette anthologie, et auquel je dois une bonne part des recherches bib
48 rains dont les travaux m’ont inspiré, il me plaît de citer au premier rang Gonzague de Reynold et son monumental ouvrage e
49 monumental ouvrage en 8 volumes sur la Formation de l’Europe. Puis Carlo Curcio et ses deux volumes exhaustifs intitulés
50 mental ouvrage en 8 volumes sur la Formation de l’ Europe . Puis Carlo Curcio et ses deux volumes exhaustifs intitulés Europa, S
51 o Curcio et ses deux volumes exhaustifs intitulés Europa , Storia di un’idea ; Heinz Gollwitzer et son étude exemplaire sur l’i
52 ollwitzer et son étude exemplaire sur l’idéologie européenne aux xviiie et xixe siècles, Europabild und Europagedanke ; enfin le
53 uropagedanke ; enfin les trois auteurs classiques d’ ouvrages de base sur l’internationalisme européen, Jacob ter Meulen, C
54 e ; enfin les trois auteurs classiques d’ouvrages de base sur l’internationalisme européen, Jacob ter Meulen, Christian L.
55 siques d’ouvrages de base sur l’internationalisme européen , Jacob ter Meulen, Christian L. Lange et Théodore Ruyssen. Un Suisse,
56 e souhaite la venue prochaine, qui entreprendront d’ améliorer ce premier essai téméraire d’orientation dans un sujet illim
57 eprendront d’améliorer ce premier essai téméraire d’ orientation dans un sujet illimité, puiseront sans doute à d’autres so
2 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Première partie. Les Origines d’Hésiode à Charlemagne, (du ixe siècle av. J.-C. au xie siècle de notre ère)
58 Première partieLes Origines d’ Hésiode à Charlemagne (du ixe siècle av. J.-C. au xie siècle de notr
59 rlemagne (du ixe siècle av. J.-C. au xie siècle de notre ère) D’où vient le nom ? Quel est son sens ? Depuis quand par
60 siècle av. J.-C. au xie siècle de notre ère) D’ où vient le nom ? Quel est son sens ? Depuis quand parle-t-on de l’Eur
61 nom ? Quel est son sens ? Depuis quand parle-t-on de l’Europe ? (Serait-ce seulement depuis Victor Hugo et Mazzini ? Ou de
62 Quel est son sens ? Depuis quand parle-t-on de l’ Europe  ? (Serait-ce seulement depuis Victor Hugo et Mazzini ? Ou depuis Coud
63 is Coudenhove et Briand ? Voire depuis le congrès de La Haye, au mois de mai 1948 ?) Nous avons cherché la réponse ou plut
64 and ? Voire depuis le congrès de La Haye, au mois de mai 1948 ?) Nous avons cherché la réponse ou plutôt les réponses à ce
65 on s’arrête, en général, à Pierre Dubois, juriste de Philippe le Bel, premier auteur d’un plan d’union de nos États, au dé
66 ubois, juriste de Philippe le Bel, premier auteur d’ un plan d’union de nos États, au début du xive siècle. Nous avons déc
67 iste de Philippe le Bel, premier auteur d’un plan d’ union de nos États, au début du xive siècle. Nous avons décidé d’alle
68 Philippe le Bel, premier auteur d’un plan d’union de nos États, au début du xive siècle. Nous avons décidé d’aller beauco
69 tats, au début du xive siècle. Nous avons décidé d’ aller beaucoup plus haut. Cette recherche nous a conduit vers des conf
70 s temps fabuleux. Le premier qui ait écrit le nom d’ Europe, c’est Hésiode, qui apparaît vers l’an 900 avant notre ère1. Et
71 temps fabuleux. Le premier qui ait écrit le nom d’ Europe , c’est Hésiode, qui apparaît vers l’an 900 avant notre ère1. Et le pr
72 ’Asie, c’est Hippocrate. Mais la première mention de l’Europe comme unité non seulement géographique, mais humaine, et des
73 , c’est Hippocrate. Mais la première mention de l’ Europe comme unité non seulement géographique, mais humaine, et des « Europé
74 on seulement géographique, mais humaine, et des «  Européens  » qui la défendent, ne remonte qu’au viiie siècle de notre ère, aprè
75 qui la défendent, ne remonte qu’au viiie siècle de notre ère, après la bataille de Poitiers, qui eut lieu en 732. L’empi
76 ’au viiie siècle de notre ère, après la bataille de Poitiers, qui eut lieu en 732. L’empire carolingien marque un sommet
77 ieu en 732. L’empire carolingien marque un sommet de la conscience d’une Europe unie, puis on redescend vers des guerres e
78 ire carolingien marque un sommet de la conscience d’ une Europe unie, puis on redescend vers des guerres et des querelles d
79 rolingien marque un sommet de la conscience d’une Europe unie, puis on redescend vers des guerres et des querelles d’investitu
80 is on redescend vers des guerres et des querelles d’ investitures : notre enquête sur les Origines se termine donc au xie
81 e sur les Origines se termine donc au xie siècle de notre ère. 1.Protohistoire d’un continent sans nom La quatrième
82 nc au xie siècle de notre ère. 1.Protohistoire d’ un continent sans nom La quatrième période glaciaire avait recouver
83 rt près de la moitié des plaines et des montagnes d’ une épaisse calotte, dont la fonte transforma le continent en marécage
84 avait produit les fascinantes peintures rupestres de Lascaux et d’Altamira. C’est dans le Moyen-Orient qu’une tout autre c
85 les fascinantes peintures rupestres de Lascaux et d’ Altamira. C’est dans le Moyen-Orient qu’une tout autre civilisation va
86 u chasseresse — elle envahira d’abord le pourtour de la Méditerranée, pour remonter de là sur notre continent et pénétrer
87 ord le pourtour de la Méditerranée, pour remonter de là sur notre continent et pénétrer profondément dans sa forêt central
88 aies qui s’étendent du Portugal jusqu’aux rivages de l’Asie Mineure. Le continent prend sa forme actuelle. Vers 6000 av. J
89 Écosse sont recouverts par la mer du Nord. Partis de l’Asie Mineure et de l’Égée, des colons remontent le cours du Vardar
90 s par la mer du Nord. Partis de l’Asie Mineure et de l’Égée, des colons remontent le cours du Vardar et du Danube pour all
91 e pour aller défricher les fertiles terres noires de l’Ukraine, les rives de la Baltique et de la mer du Nord, enfin la va
92 es fertiles terres noires de l’Ukraine, les rives de la Baltique et de la mer du Nord, enfin la vallée du Rhin et la Belgi
93 noires de l’Ukraine, les rives de la Baltique et de la mer du Nord, enfin la vallée du Rhin et la Belgique, poussant jusq
94 e, les abandonnent bientôt, brûlent d’autres pans de forêts, avancent lentement. Un autre courant de colons venus par mer
95 s de forêts, avancent lentement. Un autre courant de colons venus par mer des rives de l’Égypte actuelle et du Proche-Orie
96 n autre courant de colons venus par mer des rives de l’Égypte actuelle et du Proche-Orient, remonte peu à peu l’Italie et
97 il établit ses cités lacustres, occupe le bassin de la Seine, et s’aventure même jusqu’en Angleterre. Vers la fin du iiie
98 i nous cédons la parole à M. André Varagnac, l’un de nos meilleurs guides dans la protohistoire du continent : Avec cett
99 encore attestées par des milliers et des milliers de monuments dans presque toute l’Europe occidentale. Ses origines demeu
100 et des milliers de monuments dans presque toute l’ Europe occidentale. Ses origines demeurent encore mystérieuses, mais sont ce
101 à la conquête des âmes, comme feront, après plus de trois-mille ans, les conquistadors. Quels qu’aient pu être ces rituel
102 la conscience paysanne, la vénération des morts. De hardis prospecteurs ont porté jusqu’aux îles lointaines du nord de l’
103 teurs ont porté jusqu’aux îles lointaines du nord de l’Écosse, ce culte et son architecture. Ils atteignirent le Jutland,
104 tentrionale. Avec eux voyageaient armes et outils de cuivre. Ainsi s’établit, dès la première moitié du iie millénaire av
105 ié du iie millénaire avant notre ère, un système d’ échanges maritimes associant à la Méditerranée cette Méditerranée du N
106 aire avant notre ère, il semble bien qu’une sorte de civilisation commune se soit étendue à la majeure partie du continent
107 ntinent : elle est marquée par le rite généralisé de l’incinération (« Champs d’urnes »). Puis la Grèce et l’Italie des Ét
108 ar le rite généralisé de l’incinération (« Champs d’ urnes »). Puis la Grèce et l’Italie des Étrusques, quelques siècles pl
109 ent vers l’ouest et le nord les produits raffinés de leurs arts et métiers : le vase de Vix illustre cette période dite de
110 duits raffinés de leurs arts et métiers : le vase de Vix illustre cette période dite de Hallstatt. Celle-ci fera place à l
111 iers : le vase de Vix illustre cette période dite de Hallstatt. Celle-ci fera place à la civilisation des Celtes, au ve s
112 tes, au ve siècle av. J.-C. Des Gaëls d’Irlande, d’ Angleterre et de Bretagne, en passant par les Gaulois, jusqu’aux Galat
113 le av. J.-C. Des Gaëls d’Irlande, d’Angleterre et de Bretagne, en passant par les Gaulois, jusqu’aux Galates parvenus en A
114 J.-C., les Celtes ont recouvert la majeure partie de la péninsule occidentale, à l’exclusion toutefois de l’Italie et de l
115 la péninsule occidentale, à l’exclusion toutefois de l’Italie et de la Grèce, où ils n’ont fait que de rapides incursions
116 cidentale, à l’exclusion toutefois de l’Italie et de la Grèce, où ils n’ont fait que de rapides incursions (à Rome et à De
117 de l’Italie et de la Grèce, où ils n’ont fait que de rapides incursions (à Rome et à Delphes). Leur empire décentralisé, l
118 le culte druidique, préfigure comme en négatif l’ Europe à venir : celle qui sera conformée, justement, par la pensée, l’art e
119 rmée, justement, par la pensée, l’art et les lois de ces deux peuples de la mer du Sud, mystérieusement inaccessibles aux
120 la pensée, l’art et les lois de ces deux peuples de la mer du Sud, mystérieusement inaccessibles aux Celtes. La conquête
121 érieusement inaccessibles aux Celtes. La conquête de la Gaule par César va marquer le début de la fusion séculaire du mond
122 onquête de la Gaule par César va marquer le début de la fusion séculaire du monde continental et du monde méditerranéen. E
123 préhistoire, ou mieux protohistoire dont on vient d’ indiquer quelques étapes, c’est celle d’un continent sans nom, lenteme
124 on vient d’indiquer quelques étapes, c’est celle d’ un continent sans nom, lentement peuplé, civilisé et travaillé par des
125 pices ? Et que signifiera son nom ? 2.Le mythe de l’enlèvement d’Europe Quant à l’Europe, il ne paraît pas que l’on
126 ignifiera son nom ? 2.Le mythe de l’enlèvement d’ Europe Quant à l’Europe, il ne paraît pas que l’on sache, ni d’où e
127 nifiera son nom ? 2.Le mythe de l’enlèvement d’ Europe Quant à l’Europe, il ne paraît pas que l’on sache, ni d’où elle a
128 2.Le mythe de l’enlèvement d’Europe Quant à l’ Europe , il ne paraît pas que l’on sache, ni d’où elle a tiré ce nom ni qui l
129 t à l’Europe, il ne paraît pas que l’on sache, ni d’ où elle a tiré ce nom ni qui le lui a donné, à moins que nous ne disio
130 nné, à moins que nous ne disions qu’elle l’a pris d’ Europe de Tyr, car, auparavant, ainsi que les deux autres parties du m
131 deux autres parties du monde, elle n’avait point de nom. Il est certain qu’Europe était Asiatique et qu’elle n’est jamais
132 nde, elle n’avait point de nom. Il est certain qu’ Europe était Asiatique et qu’elle n’est jamais venue dans ce pays que les Gr
133 dans ce pays que les Grecs appellent maintenant l’ Europe , mais qu’elle passa seulement de Phénicie en Crète et de Crète en Lyc
134 maintenant l’Europe, mais qu’elle passa seulement de Phénicie en Crète et de Crète en Lycie.4 Hérodote Europe fut d’abo
135 s qu’elle passa seulement de Phénicie en Crète et de Crète en Lycie.4 Hérodote Europe fut d’abord une déesse, l’une des
136 nicie en Crète et de Crète en Lycie.4 Hérodote Europe fut d’abord une déesse, l’une des trois-mille Océanides, « race saint
137 e, l’une des trois-mille Océanides, « race sainte de filles qui, avec Apollon et les fleuves, nourrissent la jeunesse des
138 C., nous devons la première mention connue du nom d’ Europe, au vers 357 de sa Théogonie. Parmi les innombrables sœurs Océa
139 , nous devons la première mention connue du nom d’ Europe , au vers 357 de sa Théogonie. Parmi les innombrables sœurs Océanides
140 mière mention connue du nom d’Europe, au vers 357 de sa Théogonie. Parmi les innombrables sœurs Océanides — dont il ne cit
141 core Asie, et Métis ou la Raison, première épouse de Zeus. Beaucoup plus tard, nous retrouvons Europe non plus déesse mais
142 ouse de Zeus. Beaucoup plus tard, nous retrouvons Europe non plus déesse mais femme légendaire. Agénor, roi de Tyr en Phénicie
143 re. Agénor, roi de Tyr en Phénicie, et descendant de Neptune, est son père. Elle est si belle quant aux yeux — comme son n
144 uant aux yeux — comme son nom grec l’indique — et d’ une si éclatante blancheur, que Zeus lui-même s’en éprend. Métamorphos
145 d. Métamorphosé en taureau, il l’enlève aux rives de l’Asie pour la conduire en Crète, où elle deviendra reine, et mère de
146 Crète, où elle deviendra reine, et mère des rois de la dynastie de Minos. De cette légende, qui inspira sans nul doute be
147 deviendra reine, et mère des rois de la dynastie de Minos. De cette légende, qui inspira sans nul doute beaucoup d’œuvres
148 reine, et mère des rois de la dynastie de Minos. De cette légende, qui inspira sans nul doute beaucoup d’œuvres perdues d
149 ette légende, qui inspira sans nul doute beaucoup d’ œuvres perdues de poètes antérieurs, et dont nous parlent Hérodote et
150 inspira sans nul doute beaucoup d’œuvres perdues de poètes antérieurs, et dont nous parlent Hérodote et Thucydide entre a
151 e version grecque tardive : la célèbre « Idylle » de Moschos, qui date du iie siècle avant notre ère, en pleine littératu
152 rine. Il est probable que Moschos, poète sicilien de Syracuse, artiste érudit et précieux, s’est inspiré de peintures trad
153 racuse, artiste érudit et précieux, s’est inspiré de peintures traditionnelles, fresques, mosaïques ou cratères, vases déc
154 printanier où les poètes, sculpteurs et peintres de vingt siècles occidentaux feront jouer leur imagination sensuelle du
155 gination sensuelle du Mythe, et cela va du métope de Sélinonte au bas-relief ornant une gare moderne — celle de Genève —,
156 nte au bas-relief ornant une gare moderne — celle de Genève —, d’Ovide à Victor Hugo et de l’auteur des mosaïques d’Aquilé
157 lief ornant une gare moderne — celle de Genève —, d’ Ovide à Victor Hugo et de l’auteur des mosaïques d’Aquilée jusqu’aux d
158 rne — celle de Genève —, d’Ovide à Victor Hugo et de l’auteur des mosaïques d’Aquilée jusqu’aux décorateurs du xxe siècle
159 ’Ovide à Victor Hugo et de l’auteur des mosaïques d’ Aquilée jusqu’aux décorateurs du xxe siècle, en passant par Véronèse,
160 èse, le Titien, le Lorrain et Tiepolo. L’Idylle de Moschos5 Une fois, Kypris envoya à Europé un doux songe. C’était
161 Idylle de Moschos5 Une fois, Kypris envoya à Europé un doux songe. C’était l’heure où commence le troisième tiers de la n
162 e. C’était l’heure où commence le troisième tiers de la nuit et où l’aurore est proche, l’heure où le sommeil, plus doux q
163 songes véridiques ; alors, la fille encore vierge de Phoinix, Europé, qui dormait dans sa chambre à l’étage supérieur, cru
164 iques ; alors, la fille encore vierge de Phoinix, Europé , qui dormait dans sa chambre à l’étage supérieur, crut voir deux terr
165 oir deux terres se disputer à son sujet, la terre d’ Asie et la terre d’en face ; leur aspect était celui de femmes. L’une
166 disputer à son sujet, la terre d’Asie et la terre d’ en face ; leur aspect était celui de femmes. L’une avait les traits d’
167 e et la terre d’en face ; leur aspect était celui de femmes. L’une avait les traits d’une étrangère ; l’autre ressemblait
168 ect était celui de femmes. L’une avait les traits d’ une étrangère ; l’autre ressemblait à une femme du pays ; elle s’attac
169 it mise au jour et que seule elle avait pris soin d’ elle ; mais l’autre, la saisissant de force de ses mains puissantes, l
170 it pris soin d’elle ; mais l’autre, la saisissant de force de ses mains puissantes, l’entraînait sans qu’elle résistât, et
171 oin d’elle ; mais l’autre, la saisissant de force de ses mains puissantes, l’entraînait sans qu’elle résistât, et déclarai
172 lle résistât, et déclarait que, de par la volonté de Zeus porteur d’égide, il était décidé qu’Europé lui appartenait. Cell
173 déclarait que, de par la volonté de Zeus porteur d’ égide, il était décidé qu’Europé lui appartenait. Celle-ci se précipit
174 lonté de Zeus porteur d’égide, il était décidé qu’ Europé lui appartenait. Celle-ci se précipita hors de son lit garni de couve
175 nait. Celle-ci se précipita hors de son lit garni de couvertures ; elle avait peur et son cœur palpitait car le songe qu’e
176 intive : « Qui, des habitants du ciel, m’a envoyé de semblables visions ? Que signifient les songes, qui, planant dans ma
177 es songes, qui, planant dans ma chambre au-dessus de ma couche garnie de couvertures, m’ont dressée tout émue, pendant que
178 ant dans ma chambre au-dessus de ma couche garnie de couvertures, m’ont dressée tout émue, pendant que je dormais doucemen
179 angère que j’ai vue dans mon sommeil ? Quel désir d’ elle a envahi mon âme ! Et elle, de son côté, avec quelle affection el
180 l ? Quel désir d’elle a envahi mon âme ! Et elle, de son côté, avec quelle affection elle me faisait accueil et me regarda
181 va, et alla chercher ses compagnes, nobles filles de son âge, nées la même année qu’elle, qui plaisaient à son cœur et éta
182 qu’elle se préparât pour prendre part à un chœur de danse, qu’elle baignât son corps à l’embouchure des rivières, ou qu’e
183 es fleurs ; elles gagnèrent les prairies voisines de la mer, qui étaient le lieu de réunion habituel de leur troupe, charm
184 prairies voisines de la mer, qui étaient le lieu de réunion habituel de leur troupe, charmées par la beauté des roses et
185 e la mer, qui étaient le lieu de réunion habituel de leur troupe, charmées par la beauté des roses et par le bruit des flo
186 ar la beauté des roses et par le bruit des flots. Europé elle-même portait une corbeille d’or magnifique, admirable merveille,
187 des flots. Europé elle-même portait une corbeille d’ or magnifique, admirable merveille, admirable travail d’Héphaistos ; i
188 agnifique, admirable merveille, admirable travail d’ Héphaistos ; il l’avait donnée à Libye, quand elle était entrée dans l
189 it donnée à la toute belle Téléphaassa, qui était de son sang ; et Téléphaassa, mère d’Europé, avait remis ce superbe prés
190 présent à sa fille non mariée. L’objet était orné de beaucoup d’ouvrages d’orfèvrerie brillant d’un vif éclat. Il y avait,
191 fille non mariée. L’objet était orné de beaucoup d’ ouvrages d’orfèvrerie brillant d’un vif éclat. Il y avait, en or, Io f
192 mariée. L’objet était orné de beaucoup d’ouvrages d’ orfèvrerie brillant d’un vif éclat. Il y avait, en or, Io fille d’Inac
193 orné de beaucoup d’ouvrages d’orfèvrerie brillant d’ un vif éclat. Il y avait, en or, Io fille d’Inachos, dans le temps qu’
194 llant d’un vif éclat. Il y avait, en or, Io fille d’ Inachos, dans le temps qu’elle était encore génisse et qu’elle n’avait
195 était encore génisse et qu’elle n’avait pas forme de femme ; vagabonde elle marchait sur les chemins de la plaine salée, c
196 e femme ; vagabonde elle marchait sur les chemins de la plaine salée, comme si elle eût nagé ; la mer était faite de métal
197 alée, comme si elle eût nagé ; la mer était faite de métal azuré. Haut placés, deux hommes se tenaient debout sur l’escarp
198 qui traversait la mer. Il y avait aussi Zeus fils de Cronos, effleurant doucement de la main la génisse fille d’Inachos, q
199 t aussi Zeus fils de Cronos, effleurant doucement de la main la génisse fille d’Inachos, qu’auprès du Nil aux sept bouches
200 effleurant doucement de la main la génisse fille d’ Inachos, qu’auprès du Nil aux sept bouches, de vache cornue, il transf
201 lle d’Inachos, qu’auprès du Nil aux sept bouches, de vache cornue, il transforma de nouveau en femme ; le cours du Nil éta
202 forma de nouveau en femme ; le cours du Nil était d’ argent ; la vache, de bronze ; quant à Zeus, il était fait en or. Auto
203 emme ; le cours du Nil était d’argent ; la vache, de bronze ; quant à Zeus, il était fait en or. Autour de la corbeille ro
204 était représenté Hermès ; près de lui gisait tout de son long Argos, orné d’yeux rebelles au sommeil ; du sang rouge d’Arg
205 ; près de lui gisait tout de son long Argos, orné d’ yeux rebelles au sommeil ; du sang rouge d’Argos, surgissait un oiseau
206 , orné d’yeux rebelles au sommeil ; du sang rouge d’ Argos, surgissait un oiseau, fier de son plumage fleuri et multicolore
207 du sang rouge d’Argos, surgissait un oiseau, fier de son plumage fleuri et multicolore ; il déployait ses pennes — tel un
208  tel un navire qui fend rapidement les flots — et de ses pennes déployées couvrait les bords de la corbeille d’or. Telle é
209 s — et de ses pennes déployées couvrait les bords de la corbeille d’or. Telle était la corbeille de la toute belle Europé.
210 nnes déployées couvrait les bords de la corbeille d’ or. Telle était la corbeille de la toute belle Europé. Arrivées dans l
211 ds de la corbeille d’or. Telle était la corbeille de la toute belle Europé. Arrivées dans les prés fleuris, les jeunes fil
212 d’or. Telle était la corbeille de la toute belle Europé . Arrivées dans les prés fleuris, les jeunes filles se divertissaient
213 tissaient à chercher chacune telle ou telle sorte de fleur ; l’une prenait le narcisse odorant, une autre l’hyacinthe, cel
214 nes mains les roses resplendissantes à la couleur de flamme, attirait parmi elles les regards comme parmi les Charites la
215 es regards comme parmi les Charites la déesse née de l’écume. Elle ne devait pas longtemps prendre plaisir à ces fleurs, n
216 tacte sa ceinture virginale. Aussitôt que le fils de Cronos l’eut aperçue, de quel vertige saisi il fut dompté par les tra
217 le. Aussitôt que le fils de Cronos l’eut aperçue, de quel vertige saisi il fut dompté par les traits imprévus de Kypris, s
218 rtige saisi il fut dompté par les traits imprévus de Kypris, seule capable de dompter Zeus lui-même ! Voulant à la fois év
219 par les traits imprévus de Kypris, seule capable de dompter Zeus lui-même ! Voulant à la fois éviter le courroux de la ja
220 s lui-même ! Voulant à la fois éviter le courroux de la jalouse Héra et décevoir l’esprit naïf de la jeune fille, il mit u
221 roux de la jalouse Héra et décevoir l’esprit naïf de la jeune fille, il mit un masque au dieu, transforma sa personne, se
222 ptés par l’aiguillon, traînent des chars porteurs de lourds fardeaux. Tout son corps était de couleur blonde, à l’exceptio
223 porteurs de lourds fardeaux. Tout son corps était de couleur blonde, à l’exception d’un cercle blanc pur qui brillait au m
224 son corps était de couleur blonde, à l’exception d’ un cercle blanc pur qui brillait au milieu de son front ; ses yeux, de
225 us, étincelaient et lançaient des éclairs chargés d’ amour ; ses cornes s’élevaient, l’une en face de l’autre, égales au-de
226 aient, l’une en face de l’autre, égales au-dessus de sa tête, pareilles au croissant demi-circulaire de la lune cornue. Il
227 e sa tête, pareilles au croissant demi-circulaire de la lune cornue. Il vint dans la prairie, et son apparition n’effraya
228 les jeunes filles ; toutes furent prises du désir de s’approcher, de toucher le joli animal, dont la divine odeur, se répa
229 s ; toutes furent prises du désir de s’approcher, de toucher le joli animal, dont la divine odeur, se répandant au loin, d
230 pandant au loin, dominait même le souffle embaumé de la prée. Il s’arrêta en face de l’irréprochable Europé ; il lui lécha
231 e la prée. Il s’arrêta en face de l’irréprochable Europé  ; il lui lécha le cou et la jeune fille fut sous le charme. Elle le c
232 le charme. Elle le caressait, essuyait doucement de ses mains l’écume qui lui tombait, abondante, de la bouche ; et au ta
233 de ses mains l’écume qui lui tombait, abondante, de la bouche ; et au taureau elle donna un baiser. Lui, poussa un tendre
234 aurait cru entendre résonner le chant harmonieux de la flûte mygdonienne. Il s’agenouilla aux pieds d’Europé ; tournant l
235 e la flûte mygdonienne. Il s’agenouilla aux pieds d’ Europé ; tournant le col, il la regardait et lui montrait son large do
236 la flûte mygdonienne. Il s’agenouilla aux pieds d’ Europé  ; tournant le col, il la regardait et lui montrait son large dos. Ell
237 es tresses : « Venez, chères compagnes, compagnes de mon âge, asseyons-nous sur ce taureau, pour notre divertissement ; à
238 lles allaient en faire autant ; mais il se releva d’ un bond, enlevant celle qu’il voulait et gagna rapidement la mer. Euro
239 t celle qu’il voulait et gagna rapidement la mer. Europé , se retournant en arrière, appelait ses compagnes et leur tendait les
240 s poissons, alentour, s’ébattaient devant les pas de Zeus ; le dauphin, sorti de l’abîme, cabriolait joyeux au-dessus de l
241 taient devant les pas de Zeus ; le dauphin, sorti de l’abîme, cabriolait joyeux au-dessus de l’eau qui s’enflait. Les Néré
242 in, sorti de l’abîme, cabriolait joyeux au-dessus de l’eau qui s’enflait. Les Néréides surgirent du fond de l’onde, et, as
243 eau qui s’enflait. Les Néréides surgirent du fond de l’onde, et, assises sur le dos de poissons, défilaient en cortège ; à
244 rgirent du fond de l’onde, et, assises sur le dos de poissons, défilaient en cortège ; à la surface des flots, qu’il gouve
245 ui s’assemblaient les tritons, bruyants musiciens de la mer ; soufflant dans de longs coquillages, ils faisaient retentir
246 ns, bruyants musiciens de la mer ; soufflant dans de longs coquillages, ils faisaient retentir le chant nuptial. Assise su
247 r le chant nuptial. Assise sur le dos du taureau, Europé d’une main, serrait la grande corne de la bête ; de l’autre, elle mai
248 ant nuptial. Assise sur le dos du taureau, Europé d’ une main, serrait la grande corne de la bête ; de l’autre, elle mainte
249 ureau, Europé d’une main, serrait la grande corne de la bête ; de l’autre, elle maintenait contre elle le pli pourpré de s
250 d’une main, serrait la grande corne de la bête ; de l’autre, elle maintenait contre elle le pli pourpré de sa robe, pour
251 autre, elle maintenait contre elle le pli pourpré de sa robe, pour éviter que, traînant derrière elle, il ne fût mouillé p
252 rrière elle, il ne fût mouillé par l’onde immense de la mer blanchissante. Aux épaules, le péplos d’Europé se gonfla en un
253 e de la mer blanchissante. Aux épaules, le péplos d’ Europé se gonfla en une poche profonde, comme la voile d’un navire, et
254 de la mer blanchissante. Aux épaules, le péplos d’ Europé se gonfla en une poche profonde, comme la voile d’un navire, et allég
255 é se gonfla en une poche profonde, comme la voile d’ un navire, et allégeait le poids de la jeune fille. Déjà elle était lo
256 comme la voile d’un navire, et allégeait le poids de la jeune fille. Déjà elle était loin de la terre natale ; il n’y avai
257 bas la mer sans limites. Alors, promenant autour d’ elle ses regards, elle fit entendre ces mots : « Où m’emportes-tu, tau
258 s à fendre les flots ; mais les taureaux ont peur de la voie marine. Quelle boisson capable de te plaire, quelle nourritur
259 nt peur de la voie marine. Quelle boisson capable de te plaire, quelle nourriture trouves-tu dans l’onde salée ? Sans dout
260 je pense, tu vas t’élever aussi dans les hauteurs de l’air étincelant et tu voleras comme les oiseaux rapides. Hélas, gran
261 est mon infortune, à moi qui ai quitté la demeure de mon père, et, suivant ce taureau, accomplis une étrange navigation, e
262 gation, errante et solitaire. Mais toi, souverain de la mer blanchissante, ébranleur de la terre, montre-toi pour moi bien
263 toi, souverain de la mer blanchissante, ébranleur de la terre, montre-toi pour moi bienveillant, toi qu’il me semble voir
264 me tracer la route. Ce n’est pas sans le vouloir d’ un dieu que je suis ces humides chemins. » Elle dit ; et le taureau au
265 ssure-toi, jeune fille ; ne crains pas les vagues de la mer ; je suis Zeus en personne, bien que, de près, j’aie l’air d’ê
266 s de la mer ; je suis Zeus en personne, bien que, de près, j’aie l’air d’être un taureau ; il est en ma puissance de paraî
267 Zeus en personne, bien que, de près, j’aie l’air d’ être un taureau ; il est en ma puissance de paraître ce que je veux. C
268 l’air d’être un taureau ; il est en ma puissance de paraître ce que je veux. C’est mon amour pour toi qui m’a poussé à pa
269 parcourir une telle étendue marine, sous l’aspect d’ un taureau. Mais la Crète te recevra bientôt ; elle m’a nourri moi-mêm
270 e se célébreront tes noces. Et je te rendrai mère de nobles fils, qui tous, parmi les hommes, seront porteurs de sceptre. 
271 fils, qui tous, parmi les hommes, seront porteurs de sceptre. » Il dit ; et ce qu’il avait dit était chose accomplie. Déjà
272 Zeus reprenait sa figure ; il détacha la ceinture d’ Europé ; les Heures lui préparaient une couche ; elle qui était vierge
273 us reprenait sa figure ; il détacha la ceinture d’ Europé  ; les Heures lui préparaient une couche ; elle qui était vierge aupar
274 it vierge auparavant, sans tarder devint l’épouse de Zeus ; sans tarder, elle conçut des enfants du fils de Cronos et devi
275 us ; sans tarder, elle conçut des enfants du fils de Cronos et devint mère. C’est sans nul doute le songe du début de l’I
276 int mère. C’est sans nul doute le songe du début de l’Idylle qui contient, pour nous tout au moins, la véritable signific
277 ation du mythe ; ces deux terres qui se disputent Europe , « la terre d’Asie et la terre d’en face », le continent déjà civilis
278 s deux terres qui se disputent Europe, « la terre d’ Asie et la terre d’en face », le continent déjà civilisé et celui qui
279 e disputent Europe, « la terre d’Asie et la terre d’ en face », le continent déjà civilisé et celui qui n’a pas de nom, qui
280 , le continent déjà civilisé et celui qui n’a pas de nom, qui veut un nom et un esprit, et qui va l’arracher par la violen
281 l’arracher par la violence, mais non sans l’aide de Zeus lui-même. Le thème du songe où deux femmes se disputent apparaît
282 apparaît déjà dans les Perses, l’admirable récit de Salamine qu’Eschyle fit jouer sept ans après la bataille, en 473. Il
283 s après la bataille, en 473. Il s’agit, là aussi, de la rivalité entre l’Europe et l’Asie, l’une représentée par la Grèce
284 473. Il s’agit, là aussi, de la rivalité entre l’ Europe et l’Asie, l’une représentée par la Grèce indomptable, l’autre par la
285 domptable, l’autre par la Perse docile : Songe de la reine, mère de Xerxès Deux femmes, bien mises, ont semblé s’of
286 ises, ont semblé s’offrir à mes yeux, l’une parée de la robe perse, l’autre vêtue en Dorienne, toutes deux surpassant de b
287 l’autre vêtue en Dorienne, toutes deux surpassant de beaucoup les femmes d’aujourd’hui, aussi bien par leur taille que par
288 ne, toutes deux surpassant de beaucoup les femmes d’ aujourd’hui, aussi bien par leur taille que par leur beauté sans tache
289 leur met le harnais sur la nuque. Et l’une alors de tirer vanité de cet accoutrement et d’offrir une bouche toute docile
290 nais sur la nuque. Et l’une alors de tirer vanité de cet accoutrement et d’offrir une bouche toute docile aux rênes, tandi
291 ’une alors de tirer vanité de cet accoutrement et d’ offrir une bouche toute docile aux rênes, tandis que l’autre trépignai
292 es, tandis que l’autre trépignait, puis, soudain, de ses mains met en pièces le harnais qui la lie au char, l’entraîne de
293 pièces le harnais qui la lie au char, l’entraîne de vive force en dépit du mors, brise enfin le joug en deux. Mon fils to
294 ui couvrent son corps ! Voilà d’abord mes visions de la nuit. Mais je me lève, je trempe mes mains au cours d’une onde pur
295 it. Mais je me lève, je trempe mes mains au cours d’ une onde pure et, les chargeant d’offrandes, je m’approche de l’autel,
296 mains au cours d’une onde pure et, les chargeant d’ offrandes, je m’approche de l’autel, pour y consacrer le gâteau rituel
297 pure et, les chargeant d’offrandes, je m’approche de l’autel, pour y consacrer le gâteau rituel aux dieux préservateurs à
298 aperçois alors un aigle qui fuit vers l’autel bas de Phoibos ! Muette d’effroi, je m’arrête, amis. Mais bientôt, sous mes
299 gle qui fuit vers l’autel bas de Phoibos ! Muette d’ effroi, je m’arrête, amis. Mais bientôt, sous mes yeux, un milan fond
300 s mes yeux, un milan fond du ciel, à grands coups d’ ailes rapides et, de ses serres, se met à déchirer la tête de l’aigle,
301 fond du ciel, à grands coups d’ailes rapides et, de ses serres, se met à déchirer la tête de l’aigle, qui ne sait plus qu
302 ides et, de ses serres, se met à déchirer la tête de l’aigle, qui ne sait plus que se pelotonner sans défense ! Le milan
303 rec qui fond sur l’aigle perse annonce la défaite de Xerxès et sa dernière apparition, abandonné et désarmé, à la fin du d
304 ont des réalités plus générales et plus anciennes d’ un millénaire au moins, comme nous le verrons, que symbolise l’Idylle
305 ns, comme nous le verrons, que symbolise l’Idylle de Moschos, si tardive qu’elle soit. Selon la plupart des commentateurs
306 plupart des commentateurs récents du Mythe grec6, Europe fut d’abord une déité asiatique avant de devenir une héroïne : elle s
307 ait en somme une manifestation locale et poétique de la Grande Déesse, dont le culte dominait le Proche-Orient, de l’Euphr
308 Déesse, dont le culte dominait le Proche-Orient, de l’Euphrate au Bosphore et au Nil. Un autre érudit, le poète Robert Gr
309 Un autre érudit, le poète Robert Graves7, traduit Europe par « large face » et y voit un symbole lunaire, tandis que Zeus et l
310 n complexe assyrio-hébraïque auquel la Bible fait de fréquentes et très précises allusions et au centre duquel se situent
311 se situent des poèmes légendaires comme l’épopée de Keret (retrouvée à Ras Shamra en 1929). Keret est roi des Sidoniens-T
312 Phéniciens et qui sont des Sémites : les Hébreux de la mer. Or, Keret est le nom de la Crète ; les Keretites que mentionn
313 tes : les Hébreux de la mer. Or, Keret est le nom de la Crète ; les Keretites que mentionne le prophète Sophonie (II, 5) s
314 wé des Hébreux, est un dieu-taureau qui a coutume d’ enlever des filles sur les rives de Canaan, de Tyr et de Sidon, donc d
315 qui a coutume d’enlever des filles sur les rives de Canaan, de Tyr et de Sidon, donc de la « Phénicie » des Grecs. Il a s
316 ume d’enlever des filles sur les rives de Canaan, de Tyr et de Sidon, donc de la « Phénicie » des Grecs. Il a son siège en
317 ver des filles sur les rives de Canaan, de Tyr et de Sidon, donc de la « Phénicie » des Grecs. Il a son siège en Kaphtor (
318 sur les rives de Canaan, de Tyr et de Sidon, donc de la « Phénicie » des Grecs. Il a son siège en Kaphtor (Crète) et il es
319 en Kaphtor (Crète) et il est aussi le grand dieu d’ Edom, qui est le même nom qu’Adam, qui signifie « rouge » ou Phœnix, —
320 nom qu’Adam, qui signifie « rouge » ou Phœnix, —  d’ où Phéniciens. (Hérodote pense que les Phéniciens viennent de la mer É
321 croissant géminés, proclame l’origine phénicienne de cette représentation »8. Tout concourt à prouver l’ascendance sémitiq
322 qui n’a rien pour étonner le lecteur des travaux de Bérard sur les poèmes homériques et la Bible et sur les origines sémi
323 riques et la Bible et sur les origines sémitiques de tant de noms de dieux et de lieux grecs. Et tout cela nous renvoie, h
324 le et sur les origines sémitiques de tant de noms de dieux et de lieux grecs. Et tout cela nous renvoie, historiquement, à
325 s origines sémitiques de tant de noms de dieux et de lieux grecs. Et tout cela nous renvoie, historiquement, à des événeme
326 héologiques les plus récentes. Quoi qu’il en soit de toutes ces hypothèses, ou de ces preuves, si l’on en revient au mythe
327 . Quoi qu’il en soit de toutes ces hypothèses, ou de ces preuves, si l’on en revient au mythe grec, on voit qu’Europe rest
328 ves, si l’on en revient au mythe grec, on voit qu’ Europe reste le nom d’une puissance féminine enlevée à l’Asie, puis fécondée
329 ent au mythe grec, on voit qu’Europe reste le nom d’ une puissance féminine enlevée à l’Asie, puis fécondée par le dieu mâl
330 l’Olympe des Grecs continentaux : le grand masque d’ or retrouvé sous les ruines de Mycènes, un Zeus solaire contemporain d
331 x : le grand masque d’or retrouvé sous les ruines de Mycènes, un Zeus solaire contemporain du déclin de la Crète et de son
332 e Mycènes, un Zeus solaire contemporain du déclin de la Crète et de son culte de la Grande Mère, éclaire et reflète à la f
333 eus solaire contemporain du déclin de la Crète et de son culte de la Grande Mère, éclaire et reflète à la fois la naissanc
334 ontemporain du déclin de la Crète et de son culte de la Grande Mère, éclaire et reflète à la fois la naissance de l’Europe
335 e Mère, éclaire et reflète à la fois la naissance de l’Europe hellénique. Ainsi le mythe traduit la mutation religieuse d’
336 e, éclaire et reflète à la fois la naissance de l’ Europe hellénique. Ainsi le mythe traduit la mutation religieuse d’une civil
337 ue. Ainsi le mythe traduit la mutation religieuse d’ une civilisation venue du Proche-Orient sur l’obscur continent occiden
338 bscur continent occidental, qui va prendre le nom de sa précieuse proie. Nous ne donnerons pas ici d’autres versions fameu
339 s ne donnerons pas ici d’autres versions fameuses de l’Enlèvement, celle d’Ovide et celle de Diodore (ier siècle av. J.-C
340 d’autres versions fameuses de l’Enlèvement, celle d’ Ovide et celle de Diodore (ier siècle av. J.-C.) : elles ne font qu’i
341 fameuses de l’Enlèvement, celle d’Ovide et celle de Diodore (ier siècle av. J.-C.) : elles ne font qu’imiter le modèle d
342 le av. J.-C.) : elles ne font qu’imiter le modèle de Moschos, que nous avons tenu à citer en entier parce qu’il figure en
343 parce qu’il figure en quelque sorte l’étymologie d’ une tradition de l’Art qui traversera les siècles. Mais les traits de
344 ure en quelque sorte l’étymologie d’une tradition de l’Art qui traversera les siècles. Mais les traits de cette gracieuse
345 l’Art qui traversera les siècles. Mais les traits de cette gracieuse allégorie décorative — le songe du début mis à part —
346 aucune réalité historique ou psychologique. Rien de commun entre l’Idylle et le destin de l’Europe dans l’histoire à veni
347 gique. Rien de commun entre l’Idylle et le destin de l’Europe dans l’histoire à venir. Il n’en va pas de même avec Horace.
348 . Rien de commun entre l’Idylle et le destin de l’ Europe dans l’histoire à venir. Il n’en va pas de même avec Horace. Bien qu’
349 dans l’émouvante et solennelle apostrophe finale de Vénus : … bene ferre magnum Disce fortunam ; tua sectus orbis Nomina
350 rtunam ; tua sectus orbis Nomina ducet. L’ode d’ Horace À Galatée Ainsi Europe confia au taureau séducteur son flan
351 ina ducet. L’ode d’Horace À Galatée Ainsi Europe confia au taureau séducteur son flanc de neige, Europe, devant les mo
352 insi Europe confia au taureau séducteur son flanc de neige, Europe, devant les monstres pullulant sur la mer et les pièges
353 e confia au taureau séducteur son flanc de neige, Europe , devant les monstres pullulant sur la mer et les pièges qui l’environ
354 r la mer et les pièges qui l’environnaient, pâlit de son audace. Elle qui, naguère dans les prés, n’était occupée que des
355 uée aux nymphes, maintenant, à la clarté douteuse de la nuit, elle ne voit rien que les astres et les flots. Mais dès qu’e
356 e aux cent villes : « Ô mon père, dit-elle, ô nom de fille que j’ai trahi, ô piété qu’a vaincue mon délire ! D’où suis-je
357 que j’ai trahi, ô piété qu’a vaincue mon délire ! D’ où suis-je venue, et où ? Une seule mort est trop légère pour la faute
358 onteux ? ou bien, sans reproche, suis-je le jouet d’ une image Dont le vol trompeur, par la porte d’ivoire, m’amène un song
359 et d’une image Dont le vol trompeur, par la porte d’ ivoire, m’amène un songe ? Valait-il mieux s’en aller à travers les fl
360 colère, ce taureau qui me déshonore, je voudrais, de toutes mes forces, déchirer, briser avec le fer les cornes du monstre
361 ant qu’une affreuse maigreur n’ait envahi l’éclat de mes joues, que cette proie, tendre et pleine de sève, se soit desséch
362 t de mes joues, que cette proie, tendre et pleine de sève, se soit desséchée, je veux belle encore nourrir les tigres. Mép
363 veux belle encore nourrir les tigres. Méprisable Europe  ! ton père absent te presse : que tardes-tu à mourir ? Tu peux, à cet
364 pide, à moins que tu n’aimes mieux filer ta tâche d’ esclave. Toi, le sang des rois, livrée à une maîtresse des pays barbar
365 barbares. » Ainsi elle se lamentait, mais à côté d’ elle se tenait Vénus, souriant malignement, et son fils, l’arc détendu
366 déesse se fut assez divertie : « Trêve, dit-elle, de colères et de bouillantes querelles, quand l’odieux taureau viendra t
367 assez divertie : « Trêve, dit-elle, de colères et de bouillantes querelles, quand l’odieux taureau viendra te donner ses c
368 ornes à déchirer. Tu es, sans le savoir, la femme de l’invincible Jupiter. Laisse là les sanglots, apprends à bien porter
369 nce, qui sera suivi par saint Jérôme, s’efforcent d’ en évacuer le merveilleux : Europe fut enlevée par les Crétois dans u
370 érôme, s’efforcent d’en évacuer le merveilleux : Europe fut enlevée par les Crétois dans un navire dont l’insigne était un ta
371 n deux lignes le récit primitif : il l’introduira de la sorte, grâce au succès durable de ses Étymologies, dans les écoles
372 l’introduira de la sorte, grâce au succès durable de ses Étymologies, dans les écoles du Moyen Âge. À l’inverse de Lactanc
373 logies, dans les écoles du Moyen Âge. À l’inverse de Lactance et de Jérôme, qui avaient privé le mythe de son contenu reli
374 s écoles du Moyen Âge. À l’inverse de Lactance et de Jérôme, qui avaient privé le mythe de son contenu religieux païen, le
375 Lactance et de Jérôme, qui avaient privé le mythe de son contenu religieux païen, le Moyen Âge tente parfois de lui rendre
376 ntenu religieux païen, le Moyen Âge tente parfois de lui rendre un contenu religieux chrétien, un peu comme Simone Weil, d
377 enu religieux chrétien, un peu comme Simone Weil, de nos jours, le fera pour d’autres mythes, celui de Prométhée notamment
378 de nos jours, le fera pour d’autres mythes, celui de Prométhée notamment. En voici un exemple touchant : le moine Pierre B
379 que la Crète serait la vie contemplative. Le rapt d’ Europe symbolise à ses yeux le passage de l’âme du temporel à l’éterne
380 e la Crète serait la vie contemplative. Le rapt d’ Europe symbolise à ses yeux le passage de l’âme du temporel à l’éternel : C
381 Le rapt d’Europe symbolise à ses yeux le passage de l’âme du temporel à l’éternel : Cette pucelle Europe signifie l’âme…
382 de l’âme du temporel à l’éternel : Cette pucelle Europe signifie l’âme… Jupiter signifie le fils de Dieu qui pour sauver l’âm
383 e Europe signifie l’âme… Jupiter signifie le fils de Dieu qui pour sauver l’âme se mua en taureau, c’est-à-dire qu’il prit
384 corporelle en prenant l’humaine chair. Comme l’un de nous il vint demeurer en ce monde terrestre plein de tribulations… l’
385 nous il vint demeurer en ce monde terrestre plein de tribulations… l’âme dévote doit le suivre et se tenir à lui comme à u
386 n « ne représente pas mal à propos le naturel des Européens  ». Cet auteur croit moins à la fable divine qu’à la possible valeur e
387 mythe : Aucuns, méprisants ces fables la disent ( Europe ) avoir été ravie et enlevée en un navire, portant en proue la figure
388 enlevée en un navire, portant en proue la figure d’ un taureau. Et aucuns reconnaissent la nef, portant l’effigie de Jupin
389 Et aucuns reconnaissent la nef, portant l’effigie de Jupin tutélaire et du taureau. Palephatus dit qu’un Candiot nommé Tau
390 Palephatus dit qu’un Candiot nommé Taurus enleva d’ Italie ou région des Tyrrhènes, avec autres filles, Europe fille du ro
391 alie ou région des Tyrrhènes, avec autres filles, Europe fille du roi prisonnière. Y en a qui disent, qu’il y eut une légion d
392 nnière. Y en a qui disent, qu’il y eut une légion de gens de guerre, qui portait entre autres enseignes un taureau. Quelqu
393 Y en a qui disent, qu’il y eut une légion de gens de guerre, qui portait entre autres enseignes un taureau. Quelques-uns d
394 appelée, à cause de sa beauté par la ressemblance de cette fille ravie. Le taureau certes, par lequel ils veulent qu’Europ
395 vie. Le taureau certes, par lequel ils veulent qu’ Europe fût portée, ne représente pas mal à propos les mœurs et naturel des E
396 résente pas mal à propos les mœurs et naturel des Européens . Il est d’un courage un peu élevé, insolent, embelli par ses cornes,
397 propos les mœurs et naturel des Européens. Il est d’ un courage un peu élevé, insolent, embelli par ses cornes, de couleur
398 e un peu élevé, insolent, embelli par ses cornes, de couleur blanche, d’un gosier large, d’un col gras, guide et commandeu
399 lent, embelli par ses cornes, de couleur blanche, d’ un gosier large, d’un col gras, guide et commandeur des haras ; de trè
400 es cornes, de couleur blanche, d’un gosier large, d’ un col gras, guide et commandeur des haras ; de très grande continence
401 e, d’un col gras, guide et commandeur des haras ; de très grande continence, mais s’il est amené à sexe dissemblable, il s
402 est amené à sexe dissemblable, il se montre être de chaleur extrême, toutefois en après chaste et modéré. Tel est quasi l
403 ès chaste et modéré. Tel est quasi le naturel des Européens , nommément les plus Septentrionaux. Dès la Renaissance, cependant, l
404 rd, André Chénier, Victor Hugo, en font une sorte d’ exercice de description, dans le style de l’Idylle antique. Citons Hug
405 hénier, Victor Hugo, en font une sorte d’exercice de description, dans le style de l’Idylle antique. Citons Hugo : Un ouv
406 ne sorte d’exercice de description, dans le style de l’Idylle antique. Citons Hugo : Un ouvrier d’Égine a sculpté sur la
407 le de l’Idylle antique. Citons Hugo : Un ouvrier d’ Égine a sculpté sur la plinthe Europe dont un dieu n’écoute pas la pla
408 go : Un ouvrier d’Égine a sculpté sur la plinthe Europe dont un dieu n’écoute pas la plainte. Le taureau blanc l’emporte. Eur
409 coute pas la plainte. Le taureau blanc l’emporte. Europe , sans espoir, Crie, et baissant les yeux, s’épouvante de voir L’Océan
410 s espoir, Crie, et baissant les yeux, s’épouvante de voir L’Océan monstrueux qui baise ses pieds roses. Seul, Leconte de
411 eul, Leconte de Lisle retrouve un peu de l’accent d’ Horace, dans le discours qu’il attribue à Zeus lui-même, non plus à Vé
412 phétiques Où tu célébreras ton hymen glorieux, Et de toi sortiront des Enfants héroïques Qui régiront la terre et deviendr
413 Entre le mythe primitif et la réalité — le drame de l’Europe dans l’histoire — ces poètes ont mis toute la distance qui s
414 e le mythe primitif et la réalité — le drame de l’ Europe dans l’histoire — ces poètes ont mis toute la distance qui sépare l’a
415 toute la distance qui sépare l’archétype profond de la littérature décorative. Revenons au réel, c’est-à-dire à la relati
416 ythe, l’évolution religieuse qu’il symbolise et l’ Europe naissant à l’histoire. Un de nos grands historiens contemporains, G.
417 l symbolise et l’Europe naissant à l’histoire. Un de nos grands historiens contemporains, G. de Reynold, nous y aidera mie
418 . de Reynold, nous y aidera mieux que personne : Europe nous est venue d’Asie, mère de toutes les grandes religions, génératr
419 idera mieux que personne : Europe nous est venue d’ Asie, mère de toutes les grandes religions, génératrice de tous les gr
420 ue personne : Europe nous est venue d’Asie, mère de toutes les grandes religions, génératrice de tous les grands mythes.
421 mère de toutes les grandes religions, génératrice de tous les grands mythes. Europe est une des formes prises par le premi
422 religions, génératrice de tous les grands mythes. Europe est une des formes prises par le premier de ces mythes, par le panthé
423 . Europe est une des formes prises par le premier de ces mythes, par le panthéisme primitif et informe : l’adoration de la
424 r le panthéisme primitif et informe : l’adoration de la terre et de la fécondité, la Grande Mère où tout est un et divers
425 primitif et informe : l’adoration de la terre et de la fécondité, la Grande Mère où tout est un et divers à la fois. Dès
426 rencontre avec une intense vie maritime, une vie de piraterie et de commerce, de conflits et d’échanges, une vie dont il
427 une intense vie maritime, une vie de piraterie et de commerce, de conflits et d’échanges, une vie dont il se colore à tel
428 ie maritime, une vie de piraterie et de commerce, de conflits et d’échanges, une vie dont il se colore à tel point que l’o
429 e vie de piraterie et de commerce, de conflits et d’ échanges, une vie dont il se colore à tel point que l’on a longtemps c
430 olore à tel point que l’on a longtemps cru facile de l’expliquer par l’histoire et par les mœurs. Sitôt méditerranéen, le
431 e et par les mœurs. Sitôt méditerranéen, le mythe Europe passe en Crète. Il y devient le symbole de toute une civilisation int
432 he Europe passe en Crète. Il y devient le symbole de toute une civilisation intermédiaire entre la Grèce et l’Asie. État p
433 colonisateur, la Crète des Minos répand le culte d’ Europe associé à celui de Zeus dans le monde égéen, dans la Grèce cont
434 olonisateur, la Crète des Minos répand le culte d’ Europe associé à celui de Zeus dans le monde égéen, dans la Grèce continenta
435 es Minos répand le culte d’Europe associé à celui de Zeus dans le monde égéen, dans la Grèce continentale. Et voici le mom
436 par une remise en place des valeurs qui est déjà européenne . Qu’est-ce que l’Europe ? Europe est venue d’Asie. Elle a été enlevée
437 valeurs qui est déjà européenne. Qu’est-ce que l’ Europe  ? Europe est venue d’Asie. Elle a été enlevée à l’Orient par un dieu
438 qui est déjà européenne. Qu’est-ce que l’Europe ? Europe est venue d’Asie. Elle a été enlevée à l’Orient par un dieu du Nord.
439 péenne. Qu’est-ce que l’Europe ? Europe est venue d’ Asie. Elle a été enlevée à l’Orient par un dieu du Nord. Zeus-Jupiter
440 rs le dieu par excellence, le principe, la racine de tout le polythéisme grec. Il maintient l’unité entre toutes ces divin
441 lution durant laquelle les énergies élémentaires, d’ hypostase en hypostase, sont arrivées à se concrétiser, à s’humaniser.
442 e Zeus apparaît le dieu-homme dont la mission est de dominer le monde et de le gouverner, afin que les hommes puissent y v
443 -homme dont la mission est de dominer le monde et de le gouverner, afin que les hommes puissent y vivre. Il prendra pour p
444 son ; mais il l’absorbera en soi, dans la crainte d’ en avoir un fils plus fort que lui-même, et il engendrera par la tête
445 Junon, sera la morale. Ces mythes ne font-ils pas de lui le symbole de la grande civilisation génératrice de toute la civi
446 ale. Ces mythes ne font-ils pas de lui le symbole de la grande civilisation génératrice de toute la civilisation européenn
447 le symbole de la grande civilisation génératrice de toute la civilisation européenne ? Au culte de Zeus, celui d’Europe
448 civilisation génératrice de toute la civilisation européenne  ? Au culte de Zeus, celui d’Europe est associé, mais comme une manif
449 e de toute la civilisation européenne ? Au culte de Zeus, celui d’Europe est associé, mais comme une manifestation second
450 ivilisation européenne ? Au culte de Zeus, celui d’ Europe est associé, mais comme une manifestation secondaire. Comment v
451 ilisation européenne ? Au culte de Zeus, celui d’ Europe est associé, mais comme une manifestation secondaire. Comment va-t-il
452 rd, se répandre peu à peu dans l’Hellade entière. De Crète, il prend trois directions : vers Corinthe, la Thessalie, puis,
453 avers la Thrace, jusqu’à la partie septentrionale de l’Asie Mineure — vers la Béotie, la Locride, la Phocide, jusque dans
454 Phocide, jusque dans cette Épire montagneuse dont Europe sera l’éponyme — ; enfin, par les îles et le long des côtes, jusque d
455 es et phéniciennes où le mythe retrouve son point de départ. Cependant, les légendes et les traditions s’embrouillent, se
456 a déesse, paraît le continent.10 3.Le Mythe de Japhet S’il reste vrai que le mythe du rapt d’Europe se trouve tra
457 de Japhet S’il reste vrai que le mythe du rapt d’ Europe se trouve traduire le mouvement général qui a porté d’Est en Ou
458 Japhet S’il reste vrai que le mythe du rapt d’ Europe se trouve traduire le mouvement général qui a porté d’Est en Ouest, d
459 trouve traduire le mouvement général qui a porté d’ Est en Ouest, du Proche-Orient sémitique vers le « continent sans nom 
460 nom » des peuplades colonisantes et des éléments de civilisation religieux et techniques, c’est à un autre mythe, moins c
461 t techniques, c’est à un autre mythe, moins connu de nos jours, que nous devons attribuer la persistance d’un concept de l
462 s jours, que nous devons attribuer la persistance d’ un concept de l’Europe comme continent distinct, même aux époques où l
463 nous devons attribuer la persistance d’un concept de l’Europe comme continent distinct, même aux époques où le nom d’Europ
464 devons attribuer la persistance d’un concept de l’ Europe comme continent distinct, même aux époques où le nom d’Europe n’éveil
465 me continent distinct, même aux époques où le nom d’ Europe n’éveillait plus, dans les esprits, que la seule idée géographi
466 continent distinct, même aux époques où le nom d’ Europe n’éveillait plus, dans les esprits, que la seule idée géographique d’
467 dans les esprits, que la seule idée géographique d’ une des trois grandes régions de l’univers alors connu. C’est à la Bib
468 idée géographique d’une des trois grandes régions de l’univers alors connu. C’est à la Bible, interprétée par les premiers
469 l’Église, qu’entend remonter, dès le ive siècle de notre ère, cette tradition indépendante de la Grèce : nous l’appeller
470 siècle de notre ère, cette tradition indépendante de la Grèce : nous l’appellerons le Mythe de Japhet. Selon saint Jérôme
471 endante de la Grèce : nous l’appellerons le Mythe de Japhet. Selon saint Jérôme (346-420) dans son Liber hebraicarum quest
472 selon saint Ambroise (né en 340), les trois fils de Noé, Sem, Cham et Japhet, ont reçu en partage les trois parties du mo
473 de que sont respectivement l’Asie, l’Afrique et l’ Europe . Cette tripartition mythique de la terre va dominer toute la géograp
474 Afrique et l’Europe. Cette tripartition mythique de la terre va dominer toute la géographie du Moyen Âge. Elle se fonde s
475 oyen Âge. Elle se fonde sur les chapitres 9 et 10 de la Genèse, qui racontent comment les fils de Noé au sortir de l’Arche
476 t 10 de la Genèse, qui racontent comment les fils de Noé au sortir de l’Arche, reçurent de leur père l’ordre de remplir to
477 nt les fils de Noé au sortir de l’Arche, reçurent de leur père l’ordre de remplir toute la terre de leur postérité. Ils ne
478 sortir de l’Arche, reçurent de leur père l’ordre de remplir toute la terre de leur postérité. Ils ne furent pas traités é
479 nt de leur père l’ordre de remplir toute la terre de leur postérité. Ils ne furent pas traités également, car Sem et Japhe
480 lement, car Sem et Japhet ayant couvert la nudité de Noé ivre furent seuls bénis par lui : Béni soit l’Éternel, Dieu de S
481 soit l’Éternel, Dieu de Sem, et que Canaan (fils de Cham) soit leur esclave ! Que Dieu étende les possessions de Japhet,
482 it leur esclave ! Que Dieu étende les possessions de Japhet, qu’il habite dans les tentes de Sem, et que Canaan soit leur
483 ssessions de Japhet, qu’il habite dans les tentes de Sem, et que Canaan soit leur esclave ! (Gen. 9, 26 et 27.) Pour Ambr
484 ve ! (Gen. 9, 26 et 27.) Pour Ambroise, les fils de Sem sont bons, ceux de Cham mauvais, ceux de Japhet « indifférents »,
485 ) Pour Ambroise, les fils de Sem sont bons, ceux de Cham mauvais, ceux de Japhet « indifférents », c’est-à-dire païens, «
486 fils de Sem sont bons, ceux de Cham mauvais, ceux de Japhet « indifférents », c’est-à-dire païens, « attachés aux biens de
487 ents », c’est-à-dire païens, « attachés aux biens de ce monde », mais capables de se convertir11. Les commentateurs des si
488 « attachés aux biens de ce monde », mais capables de se convertir11. Les commentateurs des siècles suivants comme Paul Oro
489 e Brescia reprennent et précisent la tripartition d’ Ambroise. Pour saint Augustin, Japhet est l’ancêtre des peuples de l’O
490 saint Augustin, Japhet est l’ancêtre des peuples de l’Occident, qui comprend l’Europe et l’Afrique, tandis que Sem est l’
491 ancêtre des peuples de l’Occident, qui comprend l’ Europe et l’Afrique, tandis que Sem est l’ancêtre des peuples de l’Orient. A
492 Afrique, tandis que Sem est l’ancêtre des peuples de l’Orient. Augustin voit dans Genèse 9, 27 une prophétie, prophetica b
493 ca benedictio, et l’interprète ainsi : les tentes de Sem représentent l’Église ; Japhet, par sa postérité « s’étendra » ju
494 , par sa postérité « s’étendra » jusqu’au domaine de Sem, donc les peuples de l’Europe se convertiront au vrai Dieu. Le mo
495 endra » jusqu’au domaine de Sem, donc les peuples de l’Europe se convertiront au vrai Dieu. Le mot sur lequel insistent to
496  » jusqu’au domaine de Sem, donc les peuples de l’ Europe se convertiront au vrai Dieu. Le mot sur lequel insistent tous ces ex
497 é : dilatet selon la Vulgate. Japhet (ou Yepheth, de phatah = se dilater, se répandre) signifie latitude, largeur, expansi
498 e latitude, largeur, expansion. Ainsi l’expansion de l’Empire romain en Europe et dans tout l’orbis terrarum connu à l’épo
499 xpansion. Ainsi l’expansion de l’Empire romain en Europe et dans tout l’orbis terrarum connu à l’époque, a pré-formé, selon Is
500 pré-formé, selon Isidore de Séville, l’expansion de l’Église chrétienne. Le concept d’Europe reçoit ainsi un contenu reli
501 e, l’expansion de l’Église chrétienne. Le concept d’ Europe reçoit ainsi un contenu religieux en même temps qu’un contenu g
502 l’expansion de l’Église chrétienne. Le concept d’ Europe reçoit ainsi un contenu religieux en même temps qu’un contenu géograp
503 ographique. Isidore fait entrer dans la postérité de Japhet les Cappadociens, Ciliciens, Ioniens, Thraces, Gaulois et Espa
504 es, Gaulois et Espagnols : Tels sont les peuples de la lignée de Japhet, qui, du Mont Taurus dans l’Asie médiane jusqu’à
505 t Espagnols : Tels sont les peuples de la lignée de Japhet, qui, du Mont Taurus dans l’Asie médiane jusqu’à l’Océan Brita
506 e jusqu’à l’Océan Britannique posséderont toute l’ Europe (omnem Europam). Jürgen Fischer cite une douzaine d’auteurs du ve a
507 omnem Europam). Jürgen Fischer cite une douzaine d’ auteurs du ve au xve siècle qui rattachent à Japhet et à ses 23 ou 2
508 s diverses « nations » ou familles qui peuplent l’ Europe , avec leurs langues distinctes. Relevons en passant que certains de c
509 gues distinctes. Relevons en passant que certains de ces auteurs divisent le genre humain en trois classes : Les hommes li
510 humain en trois classes : Les hommes libres, fils de Sem, les soldais, fils de Japhet, et les esclaves, fils de Cham. Il
511 Les hommes libres, fils de Sem, les soldais, fils de Japhet, et les esclaves, fils de Cham. Il n’est certes pas démontrab
512 es soldais, fils de Japhet, et les esclaves, fils de Cham. Il n’est certes pas démontrable, mais possible, que la relatio
513 mais possible, que la relation entre Japhet et l’ Europe se soit vue confirmée dans l’esprit de ces auteurs par la traduction
514 t et l’Europe se soit vue confirmée dans l’esprit de ces auteurs par la traduction en grec de l’allégorie (biblique) : au
515 l’esprit de ces auteurs par la traduction en grec de l’allégorie (biblique) : au latin latus (large, étendu) correspond le
516 t dérive la forme poétique europos, assimilée à «  Europe  » par homophonie.12 Un lien — problématique, il est vrai, et proche
517 tabli entre la Genèse et la mythologie grecque. L’ Europe ferait partie de l’économie du salut, serait donc un concept acceptab
518 et la mythologie grecque. L’Europe ferait partie de l’économie du salut, serait donc un concept acceptable aux yeux des P
519 oncept acceptable aux yeux des Pères. Et le mythe de Japhet, ainsi interprété, exprimerait assez bien l’état du continent
520 z bien l’état du continent dans la seconde moitié de notre premier millénaire : ce mélange originellement « indifférent »
521 ement « indifférent » (à l’égard de la vraie foi) de païens et de convertis toujours plus nombreux, qui porte en bloc le n
522 férent » (à l’égard de la vraie foi) de païens et de convertis toujours plus nombreux, qui porte en bloc le nom d’Europe.
523 toujours plus nombreux, qui porte en bloc le nom d’ Europe. L’origine japhétique de l’Europe ne fut guère contestée jusqu’
524 oujours plus nombreux, qui porte en bloc le nom d’ Europe . L’origine japhétique de l’Europe ne fut guère contestée jusqu’au xix
525 rte en bloc le nom d’Europe. L’origine japhétique de l’Europe ne fut guère contestée jusqu’au xixe siècle. Joseph de Mais
526 n bloc le nom d’Europe. L’origine japhétique de l’ Europe ne fut guère contestée jusqu’au xixe siècle. Joseph de Maistre encor
527 tient pour un dogme établi. Vico spécule à partir d’ elle sur la formation des langues. Campanella se demande si « l’expans
528 langues. Campanella se demande si « l’expansion » de Japhet dans les tentes de Sem ne peut pas signifier « domination » de
529 ande si « l’expansion » de Japhet dans les tentes de Sem ne peut pas signifier « domination » de l’Europe sur le monde ara
530 entes de Sem ne peut pas signifier « domination » de l’Europe sur le monde arabe… Mais Voltaire croit pouvoir réfuter la l
531 de Sem ne peut pas signifier « domination » de l’ Europe sur le monde arabe… Mais Voltaire croit pouvoir réfuter la légende en
532 ire croit pouvoir réfuter la légende en affectant de l’interpréter littéralement jusqu’à l’absurde — l’un de ses procédés
533 nterpréter littéralement jusqu’à l’absurde — l’un de ses procédés favoris : Je laisse à de plus savans que moi le soin de
534 ris : Je laisse à de plus savans que moi le soin de prouver que les trois enfans de Noé, qui étaient les seuls habitans d
535 s que moi le soin de prouver que les trois enfans de Noé, qui étaient les seuls habitans du globe, le partagèrent tout ent
536 llèrent chacun, à deux ou trois-mille lieues l’un de l’autre, fonder par-tout de puissans empires ; et que Javan son petit
537 ois-mille lieues l’un de l’autre, fonder par-tout de puissans empires ; et que Javan son petit-fils peupla la Grèce en pas
538 peupla la Grèce en passant en Italie : que c’est de là que les Grecs s’appelèrent Ioniens parce qu’Ion envoya des colonie
539 ns parce qu’Ion envoya des colonies sur les côtes de l’Asie Mineure ; que cet Ion est visiblement Javan, en changeant I en
540 avan, en changeant I en Ja, et on en van. On fait de ces contes aux enfans, et les enfans n’en croient rien.13 Mais les
541 nfants parfois sont mauvais juges et la gaminerie de Voltaire a tort en l’occurrence. L’émigration des Sémites « phénicien
542 n des Sémites « phéniciens » vers l’Ionie, patrie d’ Homère (certains ayant passé par la Boétie de Cadmus) est aujourd’hui
543 stée14. Mais si l’on songe à l’immense popularité de la légende de Japhet chez les clercs de tout rang, pendant quatorze s
544 i l’on songe à l’immense popularité de la légende de Japhet chez les clercs de tout rang, pendant quatorze siècles, on s’é
545 opularité de la légende de Japhet chez les clercs de tout rang, pendant quatorze siècles, on s’étonne d’observer que deux
546 tout rang, pendant quatorze siècles, on s’étonne d’ observer que deux ou trois humanistes seulement aient osé suggérer que
547 ient osé suggérer que cette tradition étant celle de la chrétienté, la logique eût voulu que notre continent fût nommé Jap
548 que notre continent fût nommé Japhétie plutôt qu’ Europe . Ainsi Guillaume Postel, au xvie siècle : Non, est, quod repetatur,
549 principem institutum.15 4.Cadmus ou la quête d’ Europe Les légendes et l’archéologie révèlent une autre zone de con
550 incipem institutum.15 4.Cadmus ou la quête d’ Europe Les légendes et l’archéologie révèlent une autre zone de contact o
551 légendes et l’archéologie révèlent une autre zone de contact ou de contamination entre les deux mythes, le grec et le bibl
552 archéologie révèlent une autre zone de contact ou de contamination entre les deux mythes, le grec et le biblique. Voyons d
553 r venu de la région du Delta pour habiter le pays de Canaan, est le père de cinq fils et d’une fille : Europe. Cette derni
554 Delta pour habiter le pays de Canaan, est le père de cinq fils et d’une fille : Europe. Cette dernière ayant été enlevée p
555 er le pays de Canaan, est le père de cinq fils et d’ une fille : Europe. Cette dernière ayant été enlevée par le taureau di
556 Canaan, est le père de cinq fils et d’une fille : Europe . Cette dernière ayant été enlevée par le taureau divin (ou par le roi
557 in (ou par le roi de Crète Taurus), les cinq fils d’ Agénor partent à sa recherche, sur l’ordre de leur père. Comme ils ign
558 fils d’Agénor partent à sa recherche, sur l’ordre de leur père. Comme ils ignorent où est allé le taureau, ils prennent ch
559 future Carthage, où il donne son nom aux Punici ( de Pœni) puis revient en Canaan, qui sera rebaptisé Phénicie en son honn
560 inq frères va d’abord à Rhodes, puis en Thrace et de là, à Delphes. Il interroge l’oracle pour savoir où il trouvera Europ
561 Il interroge l’oracle pour savoir où il trouvera Europe . La Pythie lui conseille d’abandonner sa Quête, et de suivre plutôt u
562 ir où il trouvera Europe. La Pythie lui conseille d’ abandonner sa Quête, et de suivre plutôt une vache : là où cette vache
563 La Pythie lui conseille d’abandonner sa Quête, et de suivre plutôt une vache : là où cette vache tombera de fatigue, Cadmu
564 ivre plutôt une vache : là où cette vache tombera de fatigue, Cadmus devra bâtir une ville. Il achète donc une vache marqu
565 bâtir une ville. Il achète donc une vache marquée d’ une pleine lune blanche sur chaque flanc, la chasse devant lui sans ré
566 ’effondre, épuisée, au lieu où s’élèvera la ville de Thèbes. On voit donc que la Quête d’Europe — selon ce groupe de légen
567 era la ville de Thèbes. On voit donc que la Quête d’ Europe — selon ce groupe de légendes rapportées notamment par Pausania
568 a la ville de Thèbes. On voit donc que la Quête d’ Europe — selon ce groupe de légendes rapportées notamment par Pausanias — se
569 voit donc que la Quête d’Europe — selon ce groupe de légendes rapportées notamment par Pausanias — se confond avec les voy
570 ien, dès ces débuts fabuleux, il paraît difficile de « retrouver Europe » ! C’est la poursuite de son image mythique qui f
571 buts fabuleux, il paraît difficile de « retrouver Europe  » ! C’est la poursuite de son image mythique qui fait découvrir aux c
572 cile de « retrouver Europe » ! C’est la poursuite de son image mythique qui fait découvrir aux cinq frères sa réalité géog
573 le au plus actif d’entre eux. Voilà qui est plein d’ enseignements. Rechercher l’Europe c’est la faire ! En d’autres termes
574 Voilà qui est plein d’enseignements. Rechercher l’ Europe c’est la faire ! En d’autres termes : c’est la recherche qui la crée.
575 en Chnas, qui apparaît dans la Genèse sous le nom de Canaan. Nombre de coutumes cananéennes indiquent une provenance est-a
576 raît dans la Genèse sous le nom de Canaan. Nombre de coutumes cananéennes indiquent une provenance est-africaine, et les C
577 vallée du Nil et le Delta. La dispersion des fils d’ Agénor rappellerait, selon Robert Graves, la fuite vers l’ouest des Ca
578 Elle correspond en tout cas à la grande aventure de ces premiers descubridores que furent les Phéniciens. Voici comment V
579 d ramasse en une page étonnante tout cet ensemble de symboles et de réalités historiques que sa thèse « phénicienne » nous
580 e page étonnante tout cet ensemble de symboles et de réalités historiques que sa thèse « phénicienne » nous rend intelligi
581 mérique, s’étaient lancés pareillement à la quête d’ une Terre occidentale, qu’en leur langue, ils devaient nommer la « ter
582 mer la « terre du Couchant », Eréba. Ils tenaient de leurs maîtres égyptiens la notion de cette « belle Amenât », de ce Co
583 Ils tenaient de leurs maîtres égyptiens la notion de cette « belle Amenât », de ce Couchant mystérieux où l’Égypte plaçait
584 es égyptiens la notion de cette « belle Amenât », de ce Couchant mystérieux où l’Égypte plaçait le séjour éternel et bienh
585 l’Égypte plaçait le séjour éternel et bienheureux de ses morts. De cette quête de l’Eréba, les Hellènes firent leur légend
586 it le séjour éternel et bienheureux de ses morts. De cette quête de l’Eréba, les Hellènes firent leur légende de la belle
587 ernel et bienheureux de ses morts. De cette quête de l’Eréba, les Hellènes firent leur légende de la belle Europé, « l’Occ
588 uête de l’Eréba, les Hellènes firent leur légende de la belle Europé, « l’Occidentale », poursuivie par son frère Cadmos,
589 éba, les Hellènes firent leur légende de la belle Europé , « l’Occidentale », poursuivie par son frère Cadmos, « l’Oriental »,
590 Agénor, roi de Tyr, avait envoyé à la recherche : de Phénicie en Crète, en Béotie, en Illyrie, Cadmos avait marché vers ce
591 alents pour cette Terre du Couchant, que les gens de Tyr-Sidon se figuraient sans doute à l’origine comme une masse compac
592 te, un continent « prodigieux », semblable à l’un de ceux qu’ils pouvaient connaître en leur voisinage, Asie et Libye… Com
593 leur voisinage, Asie et Libye… Combien fallut-il d’ années aux découvreurs de passes pour découper cette masse en îles, pr
594 Libye… Combien fallut-il d’années aux découvreurs de passes pour découper cette masse en îles, presqu’îles et territoires
595 ue : ils voulurent pousser plus loin la recherche de Cadmos et reculer toujours le gîte de cet autre monde : quand, au-del
596 a recherche de Cadmos et reculer toujours le gîte de cet autre monde : quand, au-delà de Calypso et des Colonnes d’Hercule
597 jours le gîte de cet autre monde : quand, au-delà de Calypso et des Colonnes d’Hercule, s’ouvrit devant eux l’Océan sans b
598 monde : quand, au-delà de Calypso et des Colonnes d’ Hercule, s’ouvrit devant eux l’Océan sans bornes, ils soutinrent qu’Es
599 éan sans bornes, ils soutinrent qu’Espéris, fille d’ Atlas, — l’Atlantide — s’était effondrée dans ces eaux, où quelques-un
600 s’était effondrée dans ces eaux, où quelques-uns de nos navigateurs modernes ont pensé la retrouver, où certains de nos g
601 eurs modernes ont pensé la retrouver, où certains de nos géographes et géologues s’entêtent encore à l’entrevoir.17 Mais
602 e à l’entrevoir.17 Mais la pleine signification de la légende de Cadmus est encore loin d’être épuisée par ce rappel de
603 r.17 Mais la pleine signification de la légende de Cadmus est encore loin d’être épuisée par ce rappel de la découverte
604 ification de la légende de Cadmus est encore loin d’ être épuisée par ce rappel de la découverte du Couchant. En effet, et
605 dmus est encore loin d’être épuisée par ce rappel de la découverte du Couchant. En effet, et toujours selon Victor Bérard,
606 resque unanime attribuait à Cadmus l’introduction de l’alphabet en Grèce, et plaçait la venue de Cadmus au début du xve s
607 but du xve siècle ». Or les trouvailles récentes de l’archéologie confirment cette date. Par la Crète, l’alphabet nous vi
608 x-ci colonisèrent la Béotie et y firent souche et de leurs nobles dynasties des « Cadméens » procèdent nombre des lettrés
609 Sept Sages, fondèrent plus tard en Ionie, patrie d’ Homère, la prose grecque et la philosophie. Qu’on n’oublie pas non plu
610 blie pas non plus qu’Hésiode, le premier à nommer Europe , était né et avait vécu en Béotie… Relevons enfin deux autres élément
611 cu en Béotie… Relevons enfin deux autres éléments de parenté mythologique. Si Agénor, père d’Europe, est Canaan, il serait
612 , est Canaan, il serait, selon la Genèse, ce fils de Cham promis à l’esclavage. Le mythe gréco-phénicien et la légende de
613 esclavage. Le mythe gréco-phénicien et la légende de Japhet se recouperaient donc en ce point, non sans qu’il en résulte d
614 aient donc en ce point, non sans qu’il en résulte de nouvelles incertitudes et complexités, puisque Europe descendrait ain
615 de nouvelles incertitudes et complexités, puisque Europe descendrait ainsi de Cham selon la légende classique et son interprét
616 et complexités, puisque Europe descendrait ainsi de Cham selon la légende classique et son interprétation phénicienne, ta
617 elon la tradition biblique, c’est aux descendants de Japhet qu’aurait été promis le continent occidental. Non moins curieu
618 is déconcerte, entre le Japhet de la Genèse, fils de Noé, et le Japet de la mythologie, ce Titan père de Prométhée, et don
619 le Japhet de la Genèse, fils de Noé, et le Japet de la mythologie, ce Titan père de Prométhée, et donc grand-père de Deuc
620 Noé, et le Japet de la mythologie, ce Titan père de Prométhée, et donc grand-père de Deucalion, qui fut précisément le No
621 18 : Japhet, qui a peuplé la plus grande partie de l’Occident, y est demeuré célèbre sous le nom fameux d’Iapet. Nous a
622 ccident, y est demeuré célèbre sous le nom fameux d’ Iapet. Nous allons voir comment s’explique cette apparente confusion.
623 la pratiquent sans art. À travers des filiations de signes et de sons qu’il est parfois possible d’établir sans équivoque
624 t sans art. À travers des filiations de signes et de sons qu’il est parfois possible d’établir sans équivoque, elle se pro
625 s de signes et de sons qu’il est parfois possible d’ établir sans équivoque, elle se propose de rechercher des significatio
626 ossible d’établir sans équivoque, elle se propose de rechercher des significations, tenant les primitives pour plus authen
627 st significatif. Elle décrit donc les préférences de celui qui découvre une « vraie » racine, plutôt qu’elle ne statue sur
628 ne, plutôt qu’elle ne statue sur le « vrai » sens d’ un mot. Et c’est pourquoi il est intéressant de rappeler ici quelques-
629 ns d’un mot. Et c’est pourquoi il est intéressant de rappeler ici quelques-unes des « origines » retenues par diverses épo
630 tenues par diverses époques pour expliquer ce nom d’ Europe, dont Hérodote pensait que nul mortel ne saurait espérer découv
631 nues par diverses époques pour expliquer ce nom d’ Europe , dont Hérodote pensait que nul mortel ne saurait espérer découvrir le
632 sur la double croyance traditionnelle que le nom d’ Europe vient de l’hébreu et que notre continent fut la part de Japhet.
633 ur la double croyance traditionnelle que le nom d’ Europe vient de l’hébreu et que notre continent fut la part de Japhet. (Il s
634 nt de l’hébreu et que notre continent fut la part de Japhet. (Il s’agit donc, comme on l’a vu plus haut, de donner une rac
635 phet. (Il s’agit donc, comme on l’a vu plus haut, de donner une racine biblique à ce nom qui, autrement, rappellerait fâch
636 t les coupables amours du roi des dieux païens et d’ une fille de Tyr, cette ville cent fois maudite par les Prophètes.) Go
637 les amours du roi des dieux païens et d’une fille de Tyr, cette ville cent fois maudite par les Prophètes.) Goropius écrit
638 n mariage légitime ; Ur, excellent, Hop, espoir : d’ où réussit Europ soit espoir excellent d’un mariage légitime, lequel a
639 espoir : d’où réussit Europ soit espoir excellent d’ un mariage légitime, lequel a été propre de cette portion des terres,
640 ellent d’un mariage légitime, lequel a été propre de cette portion des terres, laquelle Noé donna à Japhet pour sa demeure
641 het pour sa demeure. Car combien que la postérité de Sem a été plusieurs siècles alliée avec Dieu en la race d’Abraham, si
642 été plusieurs siècles alliée avec Dieu en la race d’ Abraham, si a elle toutefois répudiée. Mais le mariage, par lequel le
643 le mariage, par lequel le Christ s’est adjoint l’ Europe son Église, ne sera jamais rompu : de sorte qu’à bon droit la portion
644 jamais rompu : de sorte qu’à bon droit la portion de Japhet est dite Europe. b) Après l’étymologie fantaisiste, voici la
645 orte qu’à bon droit la portion de Japhet est dite Europe . b) Après l’étymologie fantaisiste, voici la celtique : dans leur A
646 fantaisiste, voici la celtique : dans leur Atlas de géographie ancienne et moderne publié en 1829, Lapie père et Lapie fi
647 ié en 1829, Lapie père et Lapie fils font dériver Europe du celtique wrab, qui veut dire occident. Reynold, qui les cite, ajou
648 t, paraît s’imposer tout d’abord par des raisons… d’ orientation ! Ainsi l’historien roumain Nicolas Jorga écrivait en 1932
649 iens peuples orientaux qui vivaient dans les pays d’ où se lève le soleil, c’est-à-dire en Asie, par le mot Europe, on ente
650 lève le soleil, c’est-à-dire en Asie, par le mot Europe , on entendait le pays où le soleil se couche. De leur côté, la lumièr
651 ope, on entendait le pays où le soleil se couche. De leur côté, la lumière ; du nôtre, l’obscurité, les ténèbres, l’Arip,
652 , mot que l’on doit mettre à côté du sombre Érèbe de la mythologie grecque. En effet, ne pouvant pas déplacer encore davan
653 s haut sur les origines « phéniciennes » du mythe d’ Europe vient renforcer la vraisemblance de l’étymologie ereb. Mais voi
654 haut sur les origines « phéniciennes » du mythe d’ Europe vient renforcer la vraisemblance de l’étymologie ereb. Mais voici, de
655 u mythe d’Europe vient renforcer la vraisemblance de l’étymologie ereb. Mais voici, de surcroît, un argument immédiatement
656 a vraisemblance de l’étymologie ereb. Mais voici, de surcroît, un argument immédiatement tiré de la phonétique. On sait qu
657 oici, de surcroît, un argument immédiatement tiré de la phonétique. On sait qu’en hébreu, ce sont les consonnes qui compte
658 re en faveur de l’origine sémitique : On a cessé de croire à la parenté d’Erèbe et d’Europe, par quoi entendre une parent
659 ne sémitique : On a cessé de croire à la parenté d’ Erèbe et d’Europe, par quoi entendre une parenté directe, comme celle
660 e : On a cessé de croire à la parenté d’Erèbe et d’ Europe, par quoi entendre une parenté directe, comme celle du frère et
661 : On a cessé de croire à la parenté d’Erèbe et d’ Europe , par quoi entendre une parenté directe, comme celle du frère et de la
662 ndre une parenté directe, comme celle du frère et de la sœur. Cependant, il y a un lien indirect, et c’est encore la mytho
663 iode — engendra donc la Nuit. Et la Nuit engendra de terribles enfants : la Détresse, le Trépas, la Mort, les Parques, Ném
664 personne », le Sommeil, les Songes ; mais enfin, de son frère Erèbe lui-même, l’Éther et la Lumière du jour, cette lumièr
665 mière du jour, cette lumière victorieuse qui naît de la nuit pour la tuer. Puis Erèbe prit un sens dérivé : les profondeur
666 ique ereb, soir. d) Reste notre nom grec, celui de la fille d’Agénor. Ici, nous invoquerons de nouveau G. de Reynold21 :
667 oir. d) Reste notre nom grec, celui de la fille d’ Agénor. Ici, nous invoquerons de nouveau G. de Reynold21 : Europe est
668 i, nous invoquerons de nouveau G. de Reynold21 : Europe est dans son premier sens un adjectif féminin : eurôpé. Cet adjectif
669 us rarement euruopè, une des épithètes homériques de Zeus. Euruopa se relève plusieurs fois dans l’Iliade et l’Odyssée : e
670 ment récents. Ces formes sont des vocatifs. Celle d’ euruopa est également employée comme nominatif éolien ou bien comme ac
671 ogie, elle est facile. Nous avons là des composés de deux autres mots grecs : l’adjectif eurus, large, ample, spacieux ; l
672 yeux, au beau regard, au beau visage. La parenté d’ Europe avec l’épithète homérique de Zeus est ainsi évidente. Eurôpè,
673 eux, au beau regard, au beau visage. La parenté d’ Europe avec l’épithète homérique de Zeus est ainsi évidente. Eurôpè, de son
674 ge. La parenté d’Europe avec l’épithète homérique de Zeus est ainsi évidente. Eurôpè, de son côté, n’a point tardé à prod
675 te homérique de Zeus est ainsi évidente. Eurôpè, de son côté, n’a point tardé à produire son masculin eurôpos. « Zeus qui
676  » a sa cité divine sur l’Olympe : dans le massif de l’Olympe, le Pénée prend sa source, et il a pour affluent l’Europos.
677 uropos. Le fait qu’« europe » est un qualificatif de Zeus amène à se demander s’il ne se serait pas produit un dédoublemen
678 à son tour des possibilités diverses. Voici l’une d’ elles, explorée par Robert Graves22, dans les notes jointes à son chap
679 aves22, dans les notes jointes à son chapitre sur Europe et Cadmus. Le foisonnement des correspondances étymologiques signalée
680 ues signalées par cet auteur donnera quelque idée de l’extrême complexité du thème : Europe signifie « large face », syno
681 quelque idée de l’extrême complexité du thème : Europe signifie « large face », synonyme de pleine lune et l’un des titres d
682 thème : Europe signifie « large face », synonyme de pleine lune et l’un des titres des déesses-Lune, Demeter à Labadie et
683  bien irrigué ». Le saule régit le cinquième mois de l’année sacrée23 et il est associé à la magie et aux rites de fertili
684 acrée23 et il est associé à la magie et aux rites de fertilité dans toute l’Europe… Le rapt d’Europe par Zeus, qui rappell
685 à la magie et aux rites de fertilité dans toute l’ Europe … Le rapt d’Europe par Zeus, qui rappelle une très longue occupation d
686 x rites de fertilité dans toute l’Europe… Le rapt d’ Europe par Zeus, qui rappelle une très longue occupation de la Crète p
687 rites de fertilité dans toute l’Europe… Le rapt d’ Europe par Zeus, qui rappelle une très longue occupation de la Crète par les
688 par Zeus, qui rappelle une très longue occupation de la Crète par les Hellènes, a été tiré d’images préhelléniques de la P
689 cupation de la Crète par les Hellènes, a été tiré d’ images préhelléniques de la Prêtresse lunaire chevauchant triomphaleme
690 les Hellènes, a été tiré d’images préhelléniques de la Prêtresse lunaire chevauchant triomphalement le taureau solaire, s
691 e. La scène est dépeinte par huit plaques moulées de verre bleu, trouvées dans la cité mycénienne de Midea : il semble qu’
692 s de verre bleu, trouvées dans la cité mycénienne de Midea : il semble qu’elle fasse partie d’un rituel de fertilité au co
693 énienne de Midea : il semble qu’elle fasse partie d’ un rituel de fertilité au cours duquel la guirlande de Mai d’Europe ét
694 idea : il semble qu’elle fasse partie d’un rituel de fertilité au cours duquel la guirlande de Mai d’Europe était portée e
695 rituel de fertilité au cours duquel la guirlande de Mai d’Europe était portée en procession. Quant à la séduction d’Europ
696 de fertilité au cours duquel la guirlande de Mai d’ Europe était portée en procession. Quant à la séduction d’Europe par Z
697 e fertilité au cours duquel la guirlande de Mai d’ Europe était portée en procession. Quant à la séduction d’Europe par Zeus ch
698 était portée en procession. Quant à la séduction d’ Europe par Zeus changé en aigle24, elle rappelle la séduction d’Héra p
699 tait portée en procession. Quant à la séduction d’ Europe par Zeus changé en aigle24, elle rappelle la séduction d’Héra par Zeu
700 eus changé en aigle24, elle rappelle la séduction d’ Héra par Zeus changé en coucou ; et selon Hésychius, Héra portait le t
701 oucou ; et selon Hésychius, Héra portait le titre d’ Europia. Le nom crétois et corinthien d’Europe était Hellotis, qui évo
702 le titre d’Europia. Le nom crétois et corinthien d’ Europe était Hellotis, qui évoque Helice (saule) ; Hellé et Hélène son
703 e titre d’Europia. Le nom crétois et corinthien d’ Europe était Hellotis, qui évoque Helice (saule) ; Hellé et Hélène sont un s
704 que le plane était aussi tenu pour l’arbre sacré d’ Hélène. Sa sainteté s’explique par les cinq pointes de sa feuille, rep
705 lène. Sa sainteté s’explique par les cinq pointes de sa feuille, représentant les cinq doigts de la déesse… Faut-il rappe
706 intes de sa feuille, représentant les cinq doigts de la déesse… Faut-il rappeler au surplus que Hellén — masculin d’Hélèn
707 Faut-il rappeler au surplus que Hellén — masculin d’ Hélène et ancêtre éponyme de tous les Hellènes — était le fils de Deuc
708 que Hellén — masculin d’Hélène et ancêtre éponyme de tous les Hellènes — était le fils de Deucalion ? Que celui-ci est le
709 être éponyme de tous les Hellènes — était le fils de Deucalion ? Que celui-ci est le Noé de la mythologie grecque, seul re
710 it le fils de Deucalion ? Que celui-ci est le Noé de la mythologie grecque, seul rescapé avec Pyrrha sa femme (grâce à l’A
711 une que Prométhée son père lui a fait construire) d’ un déluge dont une colombe lui annonça la fin ? Hellén est donc l’arri
712 des symboles et des mythes ! On n’en finirait pas de les préciser, de les distinguer, de les contraster — jusqu’au moment
713 es mythes ! On n’en finirait pas de les préciser, de les distinguer, de les contraster — jusqu’au moment où ils apparaîtra
714 finirait pas de les préciser, de les distinguer, de les contraster — jusqu’au moment où ils apparaîtraient, peut-être, co
715 nt où ils apparaîtraient, peut-être, comme autant de récits véridiques d’une seule et même histoire, vue par divers témoin
716 ent, peut-être, comme autant de récits véridiques d’ une seule et même histoire, vue par divers témoins. 6.Le concept gé
717 ins. 6.Le concept géographique On a coutume d’ attribuer à Paul Valéry la remarque que l’Europe n’est qu’un cap ou « 
718 utume d’attribuer à Paul Valéry la remarque que l’ Europe n’est qu’un cap ou « un appendice de l’Asie ». Voici son texte le plu
719 ue que l’Europe n’est qu’un cap ou « un appendice de l’Asie ». Voici son texte le plus souvent cité à ce sujet : L’Europe
720 ci son texte le plus souvent cité à ce sujet : L’ Europe deviendra-t-elle ce qu’elle est en réalité, c’est-à-dire un petit cap
721 e un petit cap du continent asiatique ? Ou bien l’ Europe restera-t-elle ce qu’elle paraît, c’est-à-dire : la partie précieuse
722 u’elle paraît, c’est-à-dire : la partie précieuse de l’univers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau d’un vaste cor
723 partie précieuse de l’univers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau d’un vaste corps ?25 Ailleurs encore Valéry n
724 vers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau d’ un vaste corps ?25 Ailleurs encore Valéry nomme l’Europe une sorte
725 vaste corps ?25 Ailleurs encore Valéry nomme l’ Europe une sorte de cap du vieux continent, un appendice occidental de l’As
726 Ailleurs encore Valéry nomme l’Europe une sorte de cap du vieux continent, un appendice occidental de l’Asie. Cela fit
727 e cap du vieux continent, un appendice occidental de l’Asie. Cela fit naguère sensation. Il s’agit en réalité d’un lieu c
728 Cela fit naguère sensation. Il s’agit en réalité d’ un lieu commun des géographes depuis des siècles. Citons-en quelques-u
729 itons-en quelques-uns, d’après G. de Reynold : L’ Europe est une grande presqu’île.26 Cette étroite presqu’île qui ne figure
730 e, est devenue la métropole du genre humain.27 L’ Europe n’est à proprement parler qu’une grande péninsule qui termine à l’oue
731 mine à l’ouest le vaste continent asiatique.28 L’ Europe ne constitue pas à proprement parler un tout indépendant. Ce n’est qu
732 er un tout indépendant. Ce n’est qu’une péninsule de l’Asie, l’extrémité, la pointe du continent asiatique.29 Et, dans l
733 lus, Auguste Himly, Raoul Blanchard, tous auteurs d’ Atlas et de manuels classiques. Mais une comparaison non moins traditi
734 e Himly, Raoul Blanchard, tous auteurs d’Atlas et de manuels classiques. Mais une comparaison non moins traditionnelle fai
735 ais une comparaison non moins traditionnelle fait de l’Europe une Grèce agrandie30 : On a souvent dit que l’Europe était
736 ne comparaison non moins traditionnelle fait de l’ Europe une Grèce agrandie30 : On a souvent dit que l’Europe était à l’égard
737 pe une Grèce agrandie30 : On a souvent dit que l’ Europe était à l’égard de la terre ce que la Grèce fut jadis à l’égard de l’
738 la terre ce que la Grèce fut jadis à l’égard de l’ Europe . La Grèce a le sol médiocrement fertile, la surface variée et coupée,
739 riée et coupée, des limites naturelles ; entourée de mers, baignée de golfes profonds, elle tenait un heureux milieu entre
740 es limites naturelles ; entourée de mers, baignée de golfes profonds, elle tenait un heureux milieu entre l’hiver de la Sc
741 onds, elle tenait un heureux milieu entre l’hiver de la Scythie et les ardeurs de l’Égypte. Elle dominait alors les mers l
742 milieu entre l’hiver de la Scythie et les ardeurs de l’Égypte. Elle dominait alors les mers les plus connues. Mais ce para
743 mers les plus connues. Mais ce parallèle entre l’ Europe et la Grèce doit être étendu à des rapports plus nobles que ceux de l
744 t être étendu à des rapports plus nobles que ceux de la nature corporelle. Le jeu mutuel de plusieurs caractères nationaux
745 s que ceux de la nature corporelle. Le jeu mutuel de plusieurs caractères nationaux différents et même opposés ; l’esprit
746 s nationaux différents et même opposés ; l’esprit de liberté tant civil que politique : voilà les deux grands points de re
747 ivil que politique : voilà les deux grands points de ressemblance. Pourtant ce ne sont pas les Grecs qui ont « découvert 
748 ce ne sont pas les Grecs qui ont « découvert » l’ Europe , mais bien les Phéniciens, étendant leurs comptoirs de commerce, leur
749 ais bien les Phéniciens, étendant leurs comptoirs de commerce, leur piraterie et leurs explorations maritimes à toute la M
750 toute la Méditerranée, puis au-delà des Colonnes d’ Hercule jusqu’aux Canaries, à la Bretagne, aux Îles Britanniques et à
751 tanniques et à la mer du Nord, où le Monde cesse… De Carthage, colonie de Tyr (fondée nous l’avons vu, par Phœnix, l’un de
752 du Nord, où le Monde cesse… De Carthage, colonie de Tyr (fondée nous l’avons vu, par Phœnix, l’un des frères d’Europe), H
753 selon Pline, reçut un siècle plus tard la mission de remonter les côtes atlantiques de l’Europe : Sicut ad extera Europæ
754 tard la mission de remonter les côtes atlantiques de l’Europe : Sicut ad extera Europæ noscenda missus eodem tempore Himi
755 la mission de remonter les côtes atlantiques de l’ Europe  : Sicut ad extera Europæ noscenda missus eodem tempore Himilco. Un
756 côtes atlantiques de l’Europe : Sicut ad extera Europæ noscenda missus eodem tempore Himilco. Un poète de la décadence, Ruf
757 noscenda missus eodem tempore Himilco. Un poète de la décadence, Rufius Festus Avenius, devait mettre en vers latin, ver
758 ttre en vers latin, vers 370, le récit du périple d’ Himilco : Au-delà des Colonnes, sur les plages d’Europe, les Carthagi
759 d’Himilco : Au-delà des Colonnes, sur les plages d’ Europe, les Carthaginois eurent autrefois des établissements et des vi
760 Himilco : Au-delà des Colonnes, sur les plages d’ Europe , les Carthaginois eurent autrefois des établissements et des villes.
761 établissements et des villes. Leur coutume était de construire des navires à carène plate, propres à glisser sur une mer
762 rapporte qu’en dehors des Colonnes, à l’Occident de l’Europe, s’étend une mer sans limites ; l’océan s’y déploie vers des
763 orte qu’en dehors des Colonnes, à l’Occident de l’ Europe , s’étend une mer sans limites ; l’océan s’y déploie vers des horizons
764 it la voile. Aussi l’air y est-il enveloppé comme d’ un manteau de brouillards ; une brume épaisse cache en tout temps les
765 Aussi l’air y est-il enveloppé comme d’un manteau de brouillards ; une brume épaisse cache en tout temps les flots, et de
766 e brume épaisse cache en tout temps les flots, et de sombres vapeurs y voilent la clarté du jour. Cependant les Grecs ont
767 t été les premiers à donner à ce continent le nom de la princesse enlevée par leur dieu aux Phéniciens, précisément : d’ap
768 c’est le savant Hippias d’Élis, inventeur allégué de la mnémotechnie, qui aurait le premier nommé les parties du monde d’a
769 remier nommé les parties du monde d’après Asie et Europe , les Océanides. Hippias vivait au ve siècle avant notre ère. Avant l
770 é vers 540 av. J.-C., avait écrit une Description de la Terre en deux livres, dont l’un consacré à l’Europe, l’autre à l’A
771 e la Terre en deux livres, dont l’un consacré à l’ Europe , l’autre à l’Asie. Que pouvait-il entendre par Europe ? Dans son Prom
772 pe, l’autre à l’Asie. Que pouvait-il entendre par Europe  ? Dans son Prométhée joué en 472, Eschyle fait dire à l’un de ses hér
773 n Prométhée joué en 472, Eschyle fait dire à l’un de ses héros décrivant un voyage qui implique la traversée du Bosphore :
774 raversée du Bosphore : Dès lors, laissant le sol d’ Europe, tu prendras pied sur le continent d’Asie. Anaximandre pense
775 versée du Bosphore : Dès lors, laissant le sol d’ Europe , tu prendras pied sur le continent d’Asie. Anaximandre pense de mêm
776 e sol d’Europe, tu prendras pied sur le continent d’ Asie. Anaximandre pense de même31. Mais à partir de là, tous les aut
777 pied sur le continent d’Asie. Anaximandre pense de même31. Mais à partir de là, tous les auteurs antiques jusqu’à Strabo
778 squ’à Strabon nous donnent la même définition : l’ Europe va des Colonnes d’Hercule (c’est Gibraltar) jusqu’au Phase — ou Rioni
779 ent la même définition : l’Europe va des Colonnes d’ Hercule (c’est Gibraltar) jusqu’au Phase — ou Rioni — petit fleuve qui
780 te et que nous qui habitons du Phase aux Colonnes d’ Hercule, nous n’en habitons qu’une petite partie, vivant tout autour d
781 mer, comme des fourmis et des grenouilles autour d’ un marécage, et qu’il y a par ailleurs divers et nombreux peuples qui
782 d’autres contrées semblables. C’est ici le lieu de rappeler que Socrate fut le premier philosophe à dire que sa patrie é
783 n », non point sa seule cité natale. Quoi de plus Européen que cet universalisme ? Mais venons-en aux textes grecs. G. de Reynol
784 Reynold32 distingue trois étapes dans le passage de la conception mythique et géographique au plan politique et « culture
785 hique au plan politique et « culturel » : l’étape d’ Hippocrate, celle d’Aristote et celle d’Isocrate. Voici les textes : V
786 que et « culturel » : l’étape d’Hippocrate, celle d’ Aristote et celle d’Isocrate. Voici les textes : Vers la fin du Ve siè
787 : l’étape d’Hippocrate, celle d’Aristote et celle d’ Isocrate. Voici les textes : Vers la fin du Ve siècle av. J.-C., Hippo
788 a fin du Ve siècle av. J.-C., Hippocrate (ou l’un de ses disciples), dans son Traité des airs, des eaux et des lieux fait
789 s différens phénomènes qui, par leur dissemblance de caractère, font distinguer l’Asie de l’Europe. Dissemblance qui s’éte
790 ux parties du monde, qu’ils contrastent entre eux d’ une manière étonnante. Comme il serait trop difficile de traiter ces p
791 manière étonnante. Comme il serait trop difficile de traiter ces phénomènes dans tous leurs développements, je me bornerai
792 J’avance donc que l’Asie diffère considérablement de l’Europe, non seulement en ce qui est particulier aux hommes, mais en
793 nce donc que l’Asie diffère considérablement de l’ Europe , non seulement en ce qui est particulier aux hommes, mais encore en c
794 re en ce qui est relatif à toutes les productions de la terre. Tous les caractères des différens phénomènes sont donc comm
795 unément plus beaux et plus parfaits en Asie qu’en Europe , parce que la température la plus habituelle en est plus douce ; d’où
796 empérature la plus habituelle en est plus douce ; d’ où il suit encore que les peuples qui l’habitent sont d’un naturel plu
797 l suit encore que les peuples qui l’habitent sont d’ un naturel plus doux et d’un esprit plus pénétrant… § 21. Si donc les
798 les qui l’habitent sont d’un naturel plus doux et d’ un esprit plus pénétrant… § 21. Si donc les Asiatiques sont pusillanim
799 t pusillanimes, sans courage, moins belliqueux et d’ un caractère plus doux que les Européens, c’est encore dans la nature
800 ns belliqueux et d’un caractère plus doux que les Européens , c’est encore dans la nature des saisons qu’il faut chercher la princ
801 faut chercher la principale cause. En Asie, loin d’ éprouver de fortes tribulations, celles-ci ont à peu près les mêmes ca
802 her la principale cause. En Asie, loin d’éprouver de fortes tribulations, celles-ci ont à peu près les mêmes caractères, p
803 s les mêmes caractères, passant du froid au chaud d’ une manière insensible ; de sorte que dans une telle température la fa
804 toujours égale ; car ce sont les passages rapides d’ un extrême à l’autre qui stimulent les esprits de l’homme, et font naî
805 d’un extrême à l’autre qui stimulent les esprits de l’homme, et font naître les idées de s’arracher à son état d’inertie
806 les esprits de l’homme, et font naître les idées de s’arracher à son état d’inertie et d’insouciance. Mais, non seulement
807 et font naître les idées de s’arracher à son état d’ inertie et d’insouciance. Mais, non seulement, je pense que c’est au d
808 e les idées de s’arracher à son état d’inertie et d’ insouciance. Mais, non seulement, je pense que c’est au défaut de pare
809 Mais, non seulement, je pense que c’est au défaut de pareils changemens qu’il faut attribuer la pusillanimité des Asiatiqu
810 auxquelles ils sont soumis. La plus grande partie de l’Asie étant gouvernée par des rois, il en résulte que partout où les
811 ulte que partout où les hommes ne sont ni maîtres de leurs volontés, ni gouvernés par les lois qu’ils se sont données, mai
812 uper du métier des armes, ils ont même grand soin de ne point paraître avoir l’inclination guerrière, par la raison que le
813 es intérêts) ne sont pas également partagés. Sous de tels gouvernements les sujets sont forcés d’aller à la guerre, d’en s
814 Sous de tels gouvernements les sujets sont forcés d’ aller à la guerre, d’en supporter toutes les peines, et de mourir même
815 ments les sujets sont forcés d’aller à la guerre, d’ en supporter toutes les peines, et de mourir même pour leurs maîtres,
816 à la guerre, d’en supporter toutes les peines, et de mourir même pour leurs maîtres, loin de leurs enfans, de leurs femmes
817 ir même pour leurs maîtres, loin de leurs enfans, de leurs femmes et de leurs amis. Leurs exploits ne servent donc qu’à au
818 maîtres, loin de leurs enfans, de leurs femmes et de leurs amis. Leurs exploits ne servent donc qu’à augmenter et à propag
819 nt donc qu’à augmenter et à propager la puissance de leurs tyrans, lorsque les dangers et la mort sont les seuls fruits qu
820 la mort sont les seuls fruits qu’ils recueillent de leur bravoure. Ajoutez à cela que sous de tels hommes la terre reste
821 eillent de leur bravoure. Ajoutez à cela que sous de tels hommes la terre reste encore sans culture, autant par l’inertie
822 e reste encore sans culture, autant par l’inertie de leur tempérament, que par la crainte des ravages de la guerre ; de so
823 leur tempérament, que par la crainte des ravages de la guerre ; de sorte que, quand même il se trouverait parmi eux des h
824 rmi eux des hommes braves et courageux, la nature de leurs lois doit s’ajouter à la répugnance de donner essor à leur cour
825 ture de leurs lois doit s’ajouter à la répugnance de donner essor à leur courage. § 23… Ce qu’on vient d’observer à l’égar
826 donner essor à leur courage. § 23… Ce qu’on vient d’ observer à l’égard du caractère du physique, peut aussi s’appliquer au
827 ppliquer aux caractères moraux. Aussi voit-on les Européens être d’un naturel plus sauvage, insociable, emporté, par cela même qu
828 ractères moraux. Aussi voit-on les Européens être d’ un naturel plus sauvage, insociable, emporté, par cela même que vivant
829 rendent l’homme agreste, et dépouillent ses mœurs de douceur et d’aménité. Par la même raison, je les regarde donc comme p
830 e agreste, et dépouillent ses mœurs de douceur et d’ aménité. Par la même raison, je les regarde donc comme plus courageux
831 donc comme plus courageux que les Asiatiques, car de l’influence d’une température uniforme naît l’insouciance et la pares
832 courageux que les Asiatiques, car de l’influence d’ une température uniforme naît l’insouciance et la paresse, ce qui est
833 causes du caractère plus belliqueux des habitants de l’Europe que des Asiatiques. Mais il n’en est pas moins certain que l
834 s du caractère plus belliqueux des habitants de l’ Europe que des Asiatiques. Mais il n’en est pas moins certain que la forme d
835 e la forme du gouvernement y contribue aussi, les Européens n’étant point gouvernés par des rois, comme les Asiatiques, car j’ai
836 ce que l’âme asservie ne peut avoir aucune envie de risquer sa personne, sans autre intérêt que celui d’augmenter la puis
837 risquer sa personne, sans autre intérêt que celui d’ augmenter la puissance de qui l’opprime. Le passage essentiel d’Arist
838 autre intérêt que celui d’augmenter la puissance de qui l’opprime. Le passage essentiel d’Aristote (384-322 av. J.-C.) s
839 puissance de qui l’opprime. Le passage essentiel d’ Aristote (384-322 av. J.-C.) sur l’Europe se trouve au livre VII, chap
840 ge essentiel d’Aristote (384-322 av. J.-C.) sur l’ Europe se trouve au livre VII, chapitre 6, de la Politique : Les peuples qu
841 sur l’Europe se trouve au livre VII, chapitre 6, de la Politique : Les peuples qui habitent les pays froids et les diffé
842 itent les pays froids et les différentes contrées de l’Europe sont généralement pleins de courage, mais ils sont inférieur
843 les pays froids et les différentes contrées de l’ Europe sont généralement pleins de courage, mais ils sont inférieurs sous le
844 tes contrées de l’Europe sont généralement pleins de courage, mais ils sont inférieurs sous le rapport de l’intelligence e
845 t inférieurs sous le rapport de l’intelligence et de l’industrie. C’est pour cette raison qu’ils savent mieux conserver le
846 conserver leur liberté, mais ils sont incapables d’ organiser un gouvernement et ils ne peuvent pas conquérir les pays voi
847 uvent pas conquérir les pays voisins. Les peuples de l’Asie sont intelligents et propres à l’industrie, mais ils manquent
848 gents et propres à l’industrie, mais ils manquent de courage, et c’est pour cela qu’ils ne sortent pas de leur assujettiss
849 courage, et c’est pour cela qu’ils ne sortent pas de leur assujettissement et de leur esclavage perpétuels. La race des Gr
850 qu’ils ne sortent pas de leur assujettissement et de leur esclavage perpétuels. La race des Grecs, occupant les contrées i
851 s contrées intermédiaires, réunit ces deux sortes de caractères, elle est brave et intelligente. Aussi demeure-t-elle libr
852 Après cette étape « hégémonique » vient l’étape de « l’adoption ». Elle est caractérisée par la phrase célèbre d’Isocrat
853 on ». Elle est caractérisée par la phrase célèbre d’ Isocrate, contemporain de Platon (ve au ive siècle av. J.-C.) et anc
854 ée par la phrase célèbre d’Isocrate, contemporain de Platon (ve au ive siècle av. J.-C.) et ancêtre de tous les « conféd
855 Platon (ve au ive siècle av. J.-C.) et ancêtre de tous les « confédéralistes » ou « unionistes » européens : On appell
856 de tous les « confédéralistes » ou « unionistes » européens  : On appelle Grecs plutôt les gens qui participent à notre éducation
857 nant la généalogie des descriptions géographiques de l’Europe, d’Hérodote à saint Augustin. Hérodote, écrivant au ve siè
858 la généalogie des descriptions géographiques de l’ Europe , d’Hérodote à saint Augustin. Hérodote, écrivant au ve siècle av. J
859 logie des descriptions géographiques de l’Europe, d’ Hérodote à saint Augustin. Hérodote, écrivant au ve siècle av. J.-C.
860 dote, écrivant au ve siècle av. J.-C., définit l’ Europe comme une région nordique assez mal distinguée de la Scythie, qui est
861 pe comme une région nordique assez mal distinguée de la Scythie, qui est la plaine russe. Il lui donne pour axe le Danube,
862 çoive tant de rivières puisqu’il traverse toute l’ Europe . Il prend sa source dans le pays des Celtes… Et après avoir traversé
863 ans le pays des Celtes… Et après avoir traversé l’ Europe entière, il entre dans la Scythie par une de ses extrémités. Cependa
864 ’Europe entière, il entre dans la Scythie par une de ses extrémités. Cependant, Hérodote se demande pourquoi la Terre ét
865 ui donne trois noms différents, qui sont des noms de femmes. En effet, selon Strabon : Du temps d’Homère, ni l’Europe, n
866 s de femmes. En effet, selon Strabon : Du temps d’ Homère, ni l’Europe, ni l’Asie n’avaient reçu leurs noms respectifs ;
867 n effet, selon Strabon : Du temps d’Homère, ni l’ Europe , ni l’Asie n’avaient reçu leurs noms respectifs ; l’œcoumène ou terre
868 fait trop marquant qu’il n’eût certes pas négligé de mentionner. Et pourtant, il semble qu’Homère ait eu la notion de l’E
869 Et pourtant, il semble qu’Homère ait eu la notion de l’Europe. On lit au chant XIV de l’Iliade, à propos d’Hypnos et d’Hér
870 urtant, il semble qu’Homère ait eu la notion de l’ Europe . On lit au chant XIV de l’Iliade, à propos d’Hypnos et d’Héré : Tous
871 ait eu la notion de l’Europe. On lit au chant XIV de l’Iliade, à propos d’Hypnos et d’Héré : Tous deux allèrent sur le co
872 it au chant XIV de l’Iliade, à propos d’Hypnos et d’ Héré : Tous deux allèrent sur le continent, et le haut des forêts s’a
873 Strabon, Grec du Pont, écrivant sous les règnes d’ Auguste et de Tibère, nous donne un premier grand tableau géographique
874 ec du Pont, écrivant sous les règnes d’Auguste et de Tibère, nous donne un premier grand tableau géographique de l’Europe,
875 nous donne un premier grand tableau géographique de l’Europe, continent supérieur aux deux autres, nous dit-il, à cause
876 donne un premier grand tableau géographique de l’ Europe , continent supérieur aux deux autres, nous dit-il, à cause des condi
877 e l’a placé pour le développement moral et social de ses habitants… Car même dans les régions montagneuses, leur intellige
878 nt vaincu la nature et permis à leur civilisation de se développer. Suit une théorie des climats, qui rappelle l’école d’
879 uit une théorie des climats, qui rappelle l’école d’ Hippocrate et qui fera fortune jusqu’au xixe siècle ; on la retrouve
880 eur goût pour les arts et à leur parfaite entente de toutes les conditions de la vie matérielle. Les Romains, de leur côté
881 à leur parfaite entente de toutes les conditions de la vie matérielle. Les Romains, de leur côté, après avoir incorporé à
882 les conditions de la vie matérielle. Les Romains, de leur côté, après avoir incorporé à leur empire maintes nations restée
883 upaient et que leur âpreté naturelle, leur manque de ports, la rigueur de leur climat ou telle autre cause rendaient presq
884 preté naturelle, leur manque de ports, la rigueur de leur climat ou telle autre cause rendaient presque inhabitables, sont
885 t presque inhabitables, sont parvenus à les tirer de leur isolement, à les mettre en rapport les unes avec les autres, et
886 tres, et à ployer les plus barbares aux habitudes de la vie sociale. Mais dans le reste de la partie habitable, là où le s
887 x habitudes de la vie sociale. Mais dans le reste de la partie habitable, là où le sol de l’Europe est uni et son climat t
888 ans le reste de la partie habitable, là où le sol de l’Europe est uni et son climat tempéré, la nature semble avoir tout f
889 e reste de la partie habitable, là où le sol de l’ Europe est uni et son climat tempéré, la nature semble avoir tout fait pour
890 ure semble avoir tout fait pour hâter les progrès de la civilisation. Comme il arrive, en effet, que dans les contrées ria
891 iantes et fertiles, les populations sont toujours d’ humeur pacifique, tandis qu’elles sont belliqueuses et énergiques dans
892 s’établit entre les unes et les autres un échange de mutuels services, les secondes prêtant le secours de leurs armes aux
893 mutuels services, les secondes prêtant le secours de leurs armes aux premières qui les aident à leur tour des productions
894 mières qui les aident à leur tour des productions de leur sol, des travaux de leurs artistes et des leçons de leurs philos
895 eur tour des productions de leur sol, des travaux de leurs artistes et des leçons de leurs philosophes. En revanche, on co
896 sol, des travaux de leurs artistes et des leçons de leurs philosophes. En revanche, on conçoit tout le mal qu’elles peuve
897 ’elles peuvent se faire pour peu qu’elles cessent de s’entraider ainsi, l’avantage dans le cas d’un conflit, devant être,
898 sent de s’entraider ainsi, l’avantage dans le cas d’ un conflit, devant être, à ce qu’il semble, du côté de ces populations
899 lations toujours armées et toujours prêtes à user de violence, à moins pourtant qu’elles ne succombent sous le nombre. Eh
900 us le nombre. Eh bien ! à cet égard, là encore, l’ Europe a reçu de la nature de grands avantages. Comme elle est, en effet, to
901 Eh bien ! à cet égard, là encore, l’Europe a reçu de la nature de grands avantages. Comme elle est, en effet, toute parsem
902 et égard, là encore, l’Europe a reçu de la nature de grands avantages. Comme elle est, en effet, toute parsemée de montagn
903 antages. Comme elle est, en effet, toute parsemée de montagnes et de plaines, partout les populations agricoles et civilis
904 lle est, en effet, toute parsemée de montagnes et de plaines, partout les populations agricoles et civilisées y vivent côt
905 ervir et la propager. Il s’ensuit aussi qu’en cas de guerre, l’Europe est en état de suffire à elle-même, puisque, à côté
906 ropager. Il s’ensuit aussi qu’en cas de guerre, l’ Europe est en état de suffire à elle-même, puisque, à côté d’une population
907 t aussi qu’en cas de guerre, l’Europe est en état de suffire à elle-même, puisque, à côté d’une population nombreuse de cu
908 t en état de suffire à elle-même, puisque, à côté d’ une population nombreuse de cultivateurs et de citadins, elle compte b
909 -même, puisque, à côté d’une population nombreuse de cultivateurs et de citadins, elle compte beaucoup de soldats exercés.
910 ôté d’une population nombreuse de cultivateurs et de citadins, elle compte beaucoup de soldats exercés. Un autre de ces av
911 elle compte beaucoup de soldats exercés. Un autre de ces avantages, c’est qu’elle tire de son sol les produits les meilleu
912 és. Un autre de ces avantages, c’est qu’elle tire de son sol les produits les meilleurs et les plus nécessaires à la vie,
913 es meilleurs et les plus nécessaires à la vie, et de ses mines les métaux les plus utiles. Restent donc les parfums et les
914 ums et les pierres précieuses qu’elle est obligée de tirer du dehors, mais ce sont là des biens dont on peut être privé sa
915 ns enfin qu’elle nourrit une très grande quantité de bétail et fort peu de bêtes féroces, et nous aurons achevé de donner
916 fort peu de bêtes féroces, et nous aurons achevé de donner de la nature de ce continent une idée générale. Dira-t-on que
917 de bêtes féroces, et nous aurons achevé de donner de la nature de ce continent une idée générale. Dira-t-on que tous ces
918 ces, et nous aurons achevé de donner de la nature de ce continent une idée générale. Dira-t-on que tous ces auteurs grecs
919 Dira-t-on que tous ces auteurs grecs confondent l’ Europe avec la seule province de Thrace qui porta en effet ce nom, ou avec l
920 grecs confondent l’Europe avec la seule province de Thrace qui porta en effet ce nom, ou avec la Grèce, comme c’est le ca
921 ffet ce nom, ou avec la Grèce, comme c’est le cas d’ Eschyle ? Mais on s’expliquerait mal qu’ils aient éprouvé le besoin de
922 s’expliquerait mal qu’ils aient éprouvé le besoin de désigner la Grèce par un terme plus général, s’ils n’entendaient vrai
923 général, s’ils n’entendaient vraiment parler que d’ elle. On a vu, dans la page citée plus haut de Victor Bérard qu’il exi
924 que d’elle. On a vu, dans la page citée plus haut de Victor Bérard qu’il existait dès la plus haute époque une « utopie »
925 existait dès la plus haute époque une « utopie » de l’Europe continentale, très comparable à l’utopie qui animera Christo
926 tait dès la plus haute époque une « utopie » de l’ Europe continentale, très comparable à l’utopie qui animera Christophe Colom
927 ement que la Grèce n’est qu’une « petite partie » de l’Europe. Cicéron (Pro Flacco, XXVII), dit de la Grèce : Parvum quen
928 que la Grèce n’est qu’une « petite partie » de l’ Europe . Cicéron (Pro Flacco, XXVII), dit de la Grèce : Parvum quendam locum
929 e » de l’Europe. Cicéron (Pro Flacco, XXVII), dit de la Grèce : Parvum quendam locum Europætenet. Saint Augustin, dans
930 locum Europætenet. Saint Augustin, dans La Cité de Dieu, pense que le monde est partagé en deux moitiés, l’Asie occupant
931 partagé en deux moitiés, l’Asie occupant l’une, l’ Europe et l’Afrique l’autre. Paul Orose, son disciple et continuateur, délim
932 disciple et continuateur, délimite et décrit une Europe assez proche des réalités modernes : Et maintenant je vais parcourir
933 lités modernes : Et maintenant je vais parcourir de la plume l’Europe en tant qu’elle est connue des hommes. Elle commenc
934  : Et maintenant je vais parcourir de la plume l’ Europe en tant qu’elle est connue des hommes. Elle commence donc aux monts R
935 i sont à l’orient. Elle se continue par le rivage de l’océan septentrional jusqu’à la Gaule Belgique et au fleuve Rhin qui
936 à la Gaule Belgique et au fleuve Rhin qui descend de l’occident, puis jusqu’au Danube, que l’on appelle aussi l’Ister, qui
937 ble représente cinquante-quatre nations. Sautons de là au xive siècle de notre ère. Dans son Commento alla Comedia 36, G
938 te-quatre nations. Sautons de là au xive siècle de notre ère. Dans son Commento alla Comedia 36, Giovanni Boccace (1313-
939 prend la division tripartite du Monde, et insiste d’ une manière significative sur la position centrale de la Crète, où Zeu
940 ne manière significative sur la position centrale de la Crète, où Zeus avait fait Europe reine : Il n’y a au monde aucune
941 position centrale de la Crète, où Zeus avait fait Europe reine : Il n’y a au monde aucune partie qui puisse se dire commune à
942 s anciens se plurent à diviser le monde habitable de notre hémisphère supérieur en trois parties, qu’ils nommèrent l’Asie,
943 ieur en trois parties, qu’ils nommèrent l’Asie, l’ Europe et l’Afrique… Et ainsi l’île de Crète paraît être située aux confins
944 nsi l’île de Crète paraît être située aux confins de ces trois parties du monde. Les géographes qui ont délimité l’Europe
945 rties du monde. Les géographes qui ont délimité l’ Europe font passer ses frontières du côté du Levant : par l’extrémité de la
946 es frontières du côté du Levant : par l’extrémité de la mer Égée, l’Hellespont, la mer appelée Propontide, le cours du fle
947 Norvège, l’Angleterre et les parties occidentales de l’Espagne jusqu’à l’endroit où commence la mer Méditerranée ; ensuite
948  ; ensuite du côté méridional : ils ont dit que l’ Europe était délimitée par la mer Méditerranée, qui se continue par la mer q
949 Africaine ; et ainsi les géographes la nommèrent Européenne , laquelle s’étend jusqu’à l’île de Crète. Sébastian Münster écrit da
950 Sébastian Münster écrit dans sa Cosmographie : Europa est un pays merveilleusement fertile et a un air naturellement tempér
951 péré, un ciel doux, et n’y a dedans nulle pénurie de vin et d’arbres fruitiers. En sus, c’est un beau pays, bien orné de v
952 iel doux, et n’y a dedans nulle pénurie de vin et d’ arbres fruitiers. En sus, c’est un beau pays, bien orné de villes, châ
953 fruitiers. En sus, c’est un beau pays, bien orné de villes, châteaux, villages, et a un peuple viril, qu’elle surpasse As
954 a aussi des régions occupées tout à la ronde par d’ âpres montagnes, et là c’est dur de rester. Mais là où c’est plat, c’e
955 à la ronde par d’âpres montagnes, et là c’est dur de rester. Mais là où c’est plat, c’est un bon pays, et y croissent tout
956 agnes.37 En 1679, Robbe, ingénieur et géographe de Louis XIV, fait imprimer à Paris une Méthode pour apprendre facilemen
957 géographie. On y lit : On ne peut pas nier que l’ Europe ne soit la moins étendue des trois parties qui composent l’Ancien Mon
958 est la plus grande en qualité… Si l’Asie se vante d’ avoir vu former le premier homme par les mains mêmes du Créateur du ci
959 homme par les mains mêmes du Créateur du ciel et de la terre, et d’avoir été honorée de la naissance et de la présence du
960 ains mêmes du Créateur du ciel et de la terre, et d’ avoir été honorée de la naissance et de la présence du Sauveur du mond
961 ur du ciel et de la terre, et d’avoir été honorée de la naissance et de la présence du Sauveur du monde pendant le cours d
962 terre, et d’avoir été honorée de la naissance et de la présence du Sauveur du monde pendant le cours de sa vie mortelle :
963 la présence du Sauveur du monde pendant le cours de sa vie mortelle : l’Europe dira que c’est une grâce singulière, à la
964 du monde pendant le cours de sa vie mortelle : l’ Europe dira que c’est une grâce singulière, à la vérité, qu’elle a reçue de
965 ne grâce singulière, à la vérité, qu’elle a reçue de la Sagesse éternelle ; mais que la gloire en est empruntée pour l’Asi
966 ienfait que par préférence ou par bonheur. Mais l’ Europe , sans des bienfaits si extraordinaires, fait elle-même toute sa gloir
967 rendent illustre. Même idée dans le Dictionnaire de Moreri : Quoique l’Europe soit la moindre des trois parties de conti
968 idée dans le Dictionnaire de Moreri : Quoique l’ Europe soit la moindre des trois parties de continent, elle a pourtant des a
969 uoique l’Europe soit la moindre des trois parties de continent, elle a pourtant des avantages qui la doivent faire préfére
970 le continent. Elle est abondante en toutes sortes de biens, et les peuples y sont ordinairement doux, honnêtes, civilisés
971 es termes presque, dans la Géographie universelle de Mantelle et Malte Brun, parue à Paris en 1816 : En sortant des mains
972 un, parue à Paris en 1816 : En sortant des mains de la nature, notre partie du monde n’avait reçu aucun titre à cette glo
973 ujourd’hui. Petit continent, qui possède le moins de richesses territoriales… nous ne sommes riches que d’emprunts. Tel es
974 ichesses territoriales… nous ne sommes riches que d’ emprunts. Tel est néanmoins le pouvoir de l’esprit humain. Cette régio
975 ches que d’emprunts. Tel est néanmoins le pouvoir de l’esprit humain. Cette région, que la nature n’avait ornée que de for
976 in. Cette région, que la nature n’avait ornée que de forêts immenses, s’est peuplée de nations puissantes, s’est couverte
977 avait ornée que de forêts immenses, s’est peuplée de nations puissantes, s’est couverte de cités magnifiques, s’est enrich
978 est peuplée de nations puissantes, s’est couverte de cités magnifiques, s’est enrichie du butin des deux mondes ; cette ét
979 est devenue la métropole du genre humain. Ainsi d’ Hérodote et d’Hippocrate jusqu’à nos jours, l’Europe physique n’a pas
980 a métropole du genre humain. Ainsi d’Hérodote et d’ Hippocrate jusqu’à nos jours, l’Europe physique n’a pas cessé d’être c
981 i d’Hérodote et d’Hippocrate jusqu’à nos jours, l’ Europe physique n’a pas cessé d’être conçue comme un ensemble caractéristiqu
982 usqu’à nos jours, l’Europe physique n’a pas cessé d’ être conçue comme un ensemble caractéristique, diversifié mais disting
983 e crétois, Gonzague de Reynold : Physiquement, l’ Europe , qui est le seul continent articulé, semble déjà l’œuvre de l’intelli
984 t le seul continent articulé, semble déjà l’œuvre de l’intelligence plus que de la nature. L’Europe, c’est le continent qu
985 é, semble déjà l’œuvre de l’intelligence plus que de la nature. L’Europe, c’est le continent qui doit se projeter hors de
986 ’œuvre de l’intelligence plus que de la nature. L’ Europe , c’est le continent qui doit se projeter hors de soi-même, celui de l
987 nent qui doit se projeter hors de soi-même, celui de l’expansion et de la conquête, de la découverte et de la colonisation
988 rojeter hors de soi-même, celui de l’expansion et de la conquête, de la découverte et de la colonisation. L’Europe est née
989 soi-même, celui de l’expansion et de la conquête, de la découverte et de la colonisation. L’Europe est née impériale. Elle
990 ’expansion et de la conquête, de la découverte et de la colonisation. L’Europe est née impériale. Elle a été créée pour êt
991 nquête, de la découverte et de la colonisation. L’ Europe est née impériale. Elle a été créée pour être le globe. Voyez sa lign
992 le a été créée pour être le globe. Voyez sa ligne de force sortir de l’Asie pour se tendre vers l’infini par-dessus l’océa
993 our être le globe. Voyez sa ligne de force sortir de l’Asie pour se tendre vers l’infini par-dessus l’océan. Les autres co
994 ts sont lourds et immobiles. Même sur la carte, l’ Europe semble bouger. Son dessin est évocateur. Strabon la comparait à un dr
995 femme assise. Postel, nous dit Moreri à l’article Europe , la représente ainsi en l’honneur de Charles-Quint : « L’Espagne étai
996 ’article Europe, la représente ainsi en l’honneur de Charles-Quint : « L’Espagne était la tête de cette femme ; le col, le
997 neur de Charles-Quint : « L’Espagne était la tête de cette femme ; le col, les provinces de Languedoc et de Gascogne ; le
998 it la tête de cette femme ; le col, les provinces de Languedoc et de Gascogne ; le reste de la Gaule, la poitrine ; les br
999 tte femme ; le col, les provinces de Languedoc et de Gascogne ; le reste de la Gaule, la poitrine ; les bras, l’Italie et
1000 provinces de Languedoc et de Gascogne ; le reste de la Gaule, la poitrine ; les bras, l’Italie et la Grande-Bretagne ; le
1001 emagne ; la Bohême, le nombril ; et tout le reste de son corps, les autres royaumes et provinces. » Mais la représentation
1002 eprésentation la plus symbolique est encore celle de quelques anciens géographes. Ils voyaient dans l’Europe l’image de la
1003 quelques anciens géographes. Ils voyaient dans l’ Europe l’image de la Vierge : une Vierge couronnée, pour tête l’Espagne, pou
1004 ns géographes. Ils voyaient dans l’Europe l’image de la Vierge : une Vierge couronnée, pour tête l’Espagne, pour cœur la F
1005 ne Vierge dont la plaine russe se perdant au fond de l’Asie obscure, représentait la robe aux vastes et vagues plis. La Vi
1006 conclusions se dégagent : le concept géographique d’ Europe est beaucoup plus ancien, et les mythes grecs et sémitiques bea
1007 nclusions se dégagent : le concept géographique d’ Europe est beaucoup plus ancien, et les mythes grecs et sémitiques beaucoup
1008 ythes grecs et sémitiques beaucoup moins éloignés de la réalité qu’on ne l’imagine généralement de nos jours. Mais la cons
1009 nés de la réalité qu’on ne l’imagine généralement de nos jours. Mais la conscience politico-historique d’une entité europé
1010 nos jours. Mais la conscience politico-historique d’ une entité européenne, c’est-à-dire d’une communauté de destin des peu
1011 is la conscience politico-historique d’une entité européenne , c’est-à-dire d’une communauté de destin des peuples habitant l’Europ
1012 -historique d’une entité européenne, c’est-à-dire d’ une communauté de destin des peuples habitant l’Europe telle qu’Hérodo
1013 entité européenne, c’est-à-dire d’une communauté de destin des peuples habitant l’Europe telle qu’Hérodote ou Strabon la
1014 d’une communauté de destin des peuples habitant l’ Europe telle qu’Hérodote ou Strabon la décrivent, peut-elle être attestée pa
1015 comparaisons globales entre le destin des peuples de l’Europe et de l’Asie, esquissées par Hippocrate et Aristote. Mais ce
1016 raisons globales entre le destin des peuples de l’ Europe et de l’Asie, esquissées par Hippocrate et Aristote. Mais ces deux gr
1017 obales entre le destin des peuples de l’Europe et de l’Asie, esquissées par Hippocrate et Aristote. Mais ces deux grands g
1018 ces deux grands génies n’étaient pas l’expression d’ une opinion courante ou d’une conscience populaire : celles-ci ne pouv
1019 taient pas l’expression d’une opinion courante ou d’ une conscience populaire : celles-ci ne pouvaient exister, de leur tem
1020 ience populaire : celles-ci ne pouvaient exister, de leur temps, que dans la croyance religieuse et dans les mythes. Penda
1021 et dans les mythes. Pendant l’ère romaine, l’idée d’ une Europe politique est tout naturellement refoulée par celle de l’un
1022 s les mythes. Pendant l’ère romaine, l’idée d’une Europe politique est tout naturellement refoulée par celle de l’unité impéri
1023 litique est tout naturellement refoulée par celle de l’unité impériale commune à l’Orient et à l’Occident, moitiés géograp
1024 és géographiques et administrativement distinctes d’ un seul et même État : utraques pars, pars orientalis et pars occident
1025 orientalis et pars occidentalis. Il arrive que l’ Europe soit nommée en lieu et place de la moitié occidentale de l’Empire, l’
1026 nommée en lieu et place de la moitié occidentale de l’Empire, l’Asie en lieu et place de la moitié orientale : ainsi dans
1027 de la moitié orientale : ainsi dans l’inscription de l’an 7 av. J.-C., trouvée sur l’île de Philae, en Égypte, et désignan
1028 t désignant Auguste comme Seigneur de l’Europe et de l’Asie 39. Ce ne sont là ni l’Europe réelle ni encore moins l’Asie da
1029 r de l’Europe et de l’Asie 39. Ce ne sont là ni l’ Europe réelle ni encore moins l’Asie dans toute son extension, mais plutôt d
1030 des désignations allégoriques. C’est ici le lieu de remarquer que les termes d’Orient et d’Occident ont subi au cours des
1031 es. C’est ici le lieu de remarquer que les termes d’ Orient et d’Occident ont subi au cours des siècles antiques et moderne
1032 i le lieu de remarquer que les termes d’Orient et d’ Occident ont subi au cours des siècles antiques et modernes des fluctu
1033 es fluctuations beaucoup plus fortes que le terme d’ Europe : tantôt moitiés administratives de l’Empire (Arcadius et Honor
1034 fluctuations beaucoup plus fortes que le terme d’ Europe  : tantôt moitiés administratives de l’Empire (Arcadius et Honorius),
1035 e terme d’Europe : tantôt moitiés administratives de l’Empire (Arcadius et Honorius), tantôt moitiés théologiques de l’Égl
1036 rcadius et Honorius), tantôt moitiés théologiques de l’Église (Rome et Byzance), ou enfin vastes et vagues désignations my
1037 és lumineuses et spirituelles, l’Occident la nuit de la matière. Relevant les caractères régulièrement attribués à cet Ori
1038 t à cet Occident mystiques par les métaphysiciens de la Grèce présocratique, puis de la Perse avicenienne, et enfin par to
1039 es métaphysiciens de la Grèce présocratique, puis de la Perse avicenienne, et enfin par tous les auteurs européens jusqu’à
1040 Perse avicenienne, et enfin par tous les auteurs européens jusqu’à nos jours qui déclarent s’inspirer de « la Tradition », D. de
1041 opéens jusqu’à nos jours qui déclarent s’inspirer de « la Tradition », D. de Rougemont donne le tableau suivant formé de q
1042 », D. de Rougemont donne le tableau suivant formé de quatorze antithèses40 : Orient : l’aurore, le matin, le haut, la dr
1043 droite, l’extrême raffinement, la lumière, l’Ange de la Révélation, le but dernier, l’âme, l’initiation, la sagesse, la ré
1044 gauche, l’épaisseur opaque, la pénombre, le démon de l’utilitarisme et de la puissance aveugle, l’oubli des buts de l’âme,
1045 paque, la pénombre, le démon de l’utilitarisme et de la puissance aveugle, l’oubli des buts de l’âme, le corps et la matiè
1046 isme et de la puissance aveugle, l’oubli des buts de l’âme, le corps et la matière, l’activité désordonnée, la passion, la
1047 e par les liens matériels et passionnels, le lieu d’ exil. Cette unanimité dans l’interprétation, uniquement favorable à l’
1048 ’interprétation, uniquement favorable à l’Orient, de nos deux termes symboliques ne peut manquer d’impressionner. On ne sa
1049 t, de nos deux termes symboliques ne peut manquer d’ impressionner. On ne saurait la réduire à rien d’accidentel, de physiq
1050 d’impressionner. On ne saurait la réduire à rien d’ accidentel, de physique ou d’anecdotique. Car si le soleil se lève à l
1051 er. On ne saurait la réduire à rien d’accidentel, de physique ou d’anecdotique. Car si le soleil se lève à l’Orient pour l
1052 it la réduire à rien d’accidentel, de physique ou d’ anecdotique. Car si le soleil se lève à l’Orient pour les Grecs, il en
1053 et ceux-ci ne figurent pas pour autant l’Occident de la Chine41 ou de la Malaisie, ni le Japon, l’Occident de l’Amérique !
1054 urent pas pour autant l’Occident de la Chine41 ou de la Malaisie, ni le Japon, l’Occident de l’Amérique ! Elle révèle donc
1055 hine41 ou de la Malaisie, ni le Japon, l’Occident de l’Amérique ! Elle révèle donc une forme de l’âme, une pente de l’âme,
1056 cident de l’Amérique ! Elle révèle donc une forme de l’âme, une pente de l’âme, voire une « orientation » de la psyché occ
1057  ! Elle révèle donc une forme de l’âme, une pente de l’âme, voire une « orientation » de la psyché occidentale42. Ajouto
1058 me, une pente de l’âme, voire une « orientation » de la psyché occidentale42. Ajoutons à tout cela l’influence de plusie
1059 occidentale42. Ajoutons à tout cela l’influence de plusieurs passages des psaumes, des prophètes et des évangiles célébr
1060 et des évangiles célébrant l’Orient comme le lieu d’ où vient le salut. Ainsi Matthieu 24, 27 : Comme l’éclair part de l’O
1061 lut. Ainsi Matthieu 24, 27 : Comme l’éclair part de l’Orient et se montre jusqu’en Occident, ainsi sera l’avènement du Fi
1062 jusqu’en Occident, ainsi sera l’avènement du Fils de l’Homme. Ce thème de l’ex oriente lux est si puissant, que la Vulgat
1063 si sera l’avènement du Fils de l’Homme. Ce thème de l’ex oriente lux est si puissant, que la Vulgate traduit presque touj
1064 r « germe » ! (ainsi Zacharie 6, 12). Le prestige de l’Orient biblique, métaphysique et occultiste empêchera longtemps que
1065 aphysique et occultiste empêchera longtemps que l’ Europe (plus ou moins synonyme d’Occident) prenne un sens autre que géograph
1066 ra longtemps que l’Europe (plus ou moins synonyme d’ Occident) prenne un sens autre que géographique, c’est-à-dire prenne l
1067 tre que géographique, c’est-à-dire prenne le sens d’ une entité historique et spirituelle que l’on puisse opposer à l’Asie,
1068 pologètes. Il faut attendre le début du Ve siècle de notre ère pour voir reparaître — et c’est la première fois depuis Hér
1069 e fois depuis Hérodote43 — l’autonomie historique de l’Europe. Un poème latin de Claudius Claudien (né à Alexandrie vers 3
1070 s depuis Hérodote43 — l’autonomie historique de l’ Europe . Un poème latin de Claudius Claudien (né à Alexandrie vers 365, et de
1071 ’autonomie historique de l’Europe. Un poème latin de Claudius Claudien (né à Alexandrie vers 365, et demeuré païen) désign
1072 t demeuré païen) désigne en effet les « ennemis » de l’Europe : le maure Gildon et le barbare Alaric : … Duo namque fuere
1073 euré païen) désigne en effet les « ennemis » de l’ Europe  : le maure Gildon et le barbare Alaric : … Duo namque fuere Europæ L
1074 ricum barbara Peuce Nutrierat…44 Au iie siècle de notre ère — donc 200 ans après l’inscription de Philae : notons ce lo
1075 e de notre ère — donc 200 ans après l’inscription de Philae : notons ce long silence — c’est un polémiste antichrétien, Ce
1076 ien, Celse, qui nomme pour la première fois « les Européens  » dans un passage où il repousse toute possibilité que les Asiates, l
1077 l repousse toute possibilité que les Asiates, les Européens et Libyens, les Hellènes ainsi que les Barbares, se mettent jamais d’
1078 détruirait les diversités politiques des peuples de la Terre, voulues et garanties par les dieux païens ! Pour cet ancêtr
1079 ur cet ancêtre du nationalisme, qui ne manque pas de lucidité, l’ennemi juré c’est l’universalisme des chrétiens. Mais cec
1080 vers le milieu du ive siècle et mort vers 410, l’ Europe trouve enfin sa place dans « l’économie du salut », et c’est à ses sa
1081 le doit. Sulpice Sévère est en effet le biographe de saint Martin de Tours, qui passera pour « le plus grand ascète de tou
1082 de Tours, qui passera pour « le plus grand ascète de toute l’Europe » pendant les siècles à venir. Et ce seul saint, selon
1083 ui passera pour « le plus grand ascète de toute l’ Europe  » pendant les siècles à venir. Et ce seul saint, selon son laudateur,
1084 celle-ci s’enorgueillisse du nombre et des vertus de ses saints, il ne sera pas mauvais de lui faire entendre que l’Europe
1085 des vertus de ses saints, il ne sera pas mauvais de lui faire entendre que l’Europe ne le cède pas à toute l’Asie, et cel
1086 l ne sera pas mauvais de lui faire entendre que l’ Europe ne le cède pas à toute l’Asie, et cela grâce au seul Martin.46 À Ma
1087 Martin.46 À Martin de Tours s’ajoutent bientôt d’ innombrables saints européens : Vital de Ravenne, Gervais et Ambroise
1088 de Tours s’ajoutent bientôt d’innombrables saints européens  : Vital de Ravenne, Gervais et Ambroise de Milan, Justine de Padoue,
1089 t bientôt d’innombrables saints européens : Vital de Ravenne, Gervais et Ambroise de Milan, Justine de Padoue, Eulalie de
1090 e Rome, Cécile de Sicile, et finalement tous ceux de la Légion Thébaine, saint Maurice à leur tête, sacrifiés pour leur fo
1091 ir, selon les chroniqueurs du temps, fait le tour de presque toute l’Europe : omne … fere Europa circuita. C’est donc à se
1092 iqueurs du temps, fait le tour de presque toute l’ Europe  : omne … fere Europa circuita. C’est donc à ses saints que l’Europe d
1093 t le tour de presque toute l’Europe : omne … fere Europa circuita. C’est donc à ses saints que l’Europe doit de se distinguer
1094 re Europa circuita. C’est donc à ses saints que l’ Europe doit de se distinguer enfin de « l’Occident » — si mal vu par les spi
1095 rcuita. C’est donc à ses saints que l’Europe doit de se distinguer enfin de « l’Occident » — si mal vu par les spirituels 
1096 s saints que l’Europe doit de se distinguer enfin de « l’Occident » — si mal vu par les spirituels — et de revêtir une dig
1097  l’Occident » — si mal vu par les spirituels — et de revêtir une dignité qui la rapproche de « l’Orient » des mystiques. D
1098 uels — et de revêtir une dignité qui la rapproche de « l’Orient » des mystiques. Dès lors, le nom d’Europe et le concept d
1099 e de « l’Orient » des mystiques. Dès lors, le nom d’ Europe et le concept d’Europe vont revenir avec une insistance croissa
1100 de « l’Orient » des mystiques. Dès lors, le nom d’ Europe et le concept d’Europe vont revenir avec une insistance croissante, j
1101 ystiques. Dès lors, le nom d’Europe et le concept d’ Europe vont revenir avec une insistance croissante, jusqu’à l’Empire d
1102 tiques. Dès lors, le nom d’Europe et le concept d’ Europe vont revenir avec une insistance croissante, jusqu’à l’Empire de Char
1103 avec une insistance croissante, jusqu’à l’Empire de Charlemagne, dans les textes solennels des apostrophes au pape, dans
1104 600, s’adresse au pape Grégoire comme à la fleur de toute l’Europe, puis en 615 au pape Boniface IV comme au chef de tou
1105 esse au pape Grégoire comme à la fleur de toute l’ Europe , puis en 615 au pape Boniface IV comme au chef de toutes les Églises
1106 e, puis en 615 au pape Boniface IV comme au chef de toutes les Églises de toute l’Europe (omnium totius Europæ ecclesiaru
1107 Boniface IV comme au chef de toutes les Églises de toute l’Europe (omnium totius Europæ ecclesiarum capiti). Dans les A
1108 V comme au chef de toutes les Églises de toute l’ Europe (omnium totius Europæ ecclesiarum capiti). Dans les Annales burgonde
1109 utes les Églises de toute l’Europe (omnium totius Europæ ecclesiarum capiti). Dans les Annales burgondes d’Avenches (milieu d
1110 ecclesiarum capiti). Dans les Annales burgondes d’ Avenches (milieu du viie siècle) on lit à plusieurs reprises le nom d
1111 viie siècle) on lit à plusieurs reprises le nom de Eurupa, désignant à la fois les peuples francs et le continent arrosé
1112 son Histoire des Goths, montre tous les peuples de l’Europe tremblant devant eux (Hos Europæ omnes tremuere gentes). L’
1113 istoire des Goths, montre tous les peuples de l’ Europe tremblant devant eux (Hos Europæ omnes tremuere gentes). L’auteur de
1114 eux (Hos Europæ omnes tremuere gentes). L’auteur de la Vie de Gertrude, parlant de la fille de Pépin de Landen, déclare q
1115 uropæ omnes tremuere gentes). L’auteur de la Vie de Gertrude, parlant de la fille de Pépin de Landen, déclare que tout un
1116 gentes). L’auteur de la Vie de Gertrude, parlant de la fille de Pépin de Landen, déclare que tout un chacun en Europe (qu
1117 auteur de la Vie de Gertrude, parlant de la fille de Pépin de Landen, déclare que tout un chacun en Europe (quisnam in Eur
1118 la Vie de Gertrude, parlant de la fille de Pépin de Landen, déclare que tout un chacun en Europe (quisnam in Euruppa habi
1119 de Pépin de Landen, déclare que tout un chacun en Europe (quisnam in Euruppa habitans) connaît son nom et la gloire de sa race
1120 in Euruppa habitans) connaît son nom et la gloire de sa race ; tandis que l’auteur de la Vie de Landibert écrit : En ce t
1121 nom et la gloire de sa race ; tandis que l’auteur de la Vie de Landibert écrit : En ce temps-là, Pépin était le prince de
1122 gloire de sa race ; tandis que l’auteur de la Vie de Landibert écrit : En ce temps-là, Pépin était le prince de nombreuse
1123 rt écrit : En ce temps-là, Pépin était le prince de nombreuses régions et cités d’Europe. (Il orthographie Eoruppa.) Mai
1124 in était le prince de nombreuses régions et cités d’ Europe. (Il orthographie Eoruppa.) Mais voici le texte capital, que l
1125 était le prince de nombreuses régions et cités d’ Europe . (Il orthographie Eoruppa.) Mais voici le texte capital, que l’on pe
1126 le texte capital, que l’on peut tenir pour l’acte de naissance de l’Europe historique et politique : on le trouve dans une
1127 tal, que l’on peut tenir pour l’acte de naissance de l’Europe historique et politique : on le trouve dans une suite à la f
1128 que l’on peut tenir pour l’acte de naissance de l’ Europe historique et politique : on le trouve dans une suite à la fameuse Ch
1129 n le trouve dans une suite à la fameuse Chronique d’ Isidore de Séville, rédigée un siècle plus tôt. Le continuateur anonym
1130 nonyme (Isidor Pacensis, ou Isidore de Badajoz ou de Beja ? on ne sait, et l’on appelle aujourd’hui ce texte la « chroniqu
1131 elle aujourd’hui ce texte la « chronique mozarabe de 754 ») décrit la bataille de Poitiers, gagnée par Charles-Martel sur
1132 « chronique mozarabe de 754 ») décrit la bataille de Poitiers, gagnée par Charles-Martel sur les Arabes en 732. Il a certa
1133 sur les Arabes en 732. Il a certainement été mêlé de près à l’événement, qu’il rapporte en détail quelques années plus tar
1134 lon lui, dura sept jours, au terme desquels « les Européens  » (soldats des contrées diverses allant de l’Aquitaine à la Germanie
1135 Européens » (soldats des contrées diverses allant de l’Aquitaine à la Germanie et formant l’armée du Maire du Palais) vire
1136 les tentes des Arabes sont vides ; les guerriers de Charles-Martel, après le pillage, n’ont plus qu’à s’en retourner, joy
1137 n suas leti recipiunt patrias.47 Ainsi le terme d’ Européens, pour la première fois dans notre ère, désigne une communaut
1138 suas leti recipiunt patrias.47 Ainsi le terme d’ Européens , pour la première fois dans notre ère, désigne une communauté contine
1139 ntinentale, celle qui englobe dans un même destin de défense contre un même ennemi les peuples vivant au nord des Pyrénées
1140 peut que les historiens qui ramènent la bataille de Poitiers à un « mythe » ou à « un incident sans importance » aient ra
1141 s Arabes n’aient qu’à peine enregistré la défaite d’ Abdarrahmân : selon leurs historiens de l’époque, elle n’aurait marqué
1142 la défaite d’Abdarrahmân : selon leurs historiens de l’époque, elle n’aurait marqué que l’issue malheureuse d’une razzia d
1143 que, elle n’aurait marqué que l’issue malheureuse d’ une razzia de plus chez les Francs. Le recul de l’islam à partir de ce
1144 se d’une razzia de plus chez les Francs. Le recul de l’islam à partir de cette date serait dû à une crise intérieure du mo
1145 t Byzance, dès 71848. Mais il y a cette chronique de l’anonyme espagnol, il y a ce mot Europenses qui suffit à lui seul po
1146 nt naturellement décrits non comme les défenseurs d’ une Romania devenue mythique, ni de l’Occident en général, ni de la pa
1147 les défenseurs d’une Romania devenue mythique, ni de l’Occident en général, ni de la papauté, ni de leur « nation » ou pat
1148 devenue mythique, ni de l’Occident en général, ni de la papauté, ni de leur « nation » ou patrie particulière, mais bien c
1149 ni de l’Occident en général, ni de la papauté, ni de leur « nation » ou patrie particulière, mais bien comme les membres d
1150 patrie particulière, mais bien comme les membres d’ une même famille de peuples. 8.« Europa vel regnum Caroli » Cett
1151 e, mais bien comme les membres d’une même famille de peuples. 8.« Europa vel regnum Caroli » Cette conscience commun
1152 les membres d’une même famille de peuples. 8.«  Europa vel regnum Caroli » Cette conscience commune de l’Europe — remplaç
1153 a vel regnum Caroli » Cette conscience commune de l’Europe — remplaçant de plus en plus le concept déprécié ou déprécia
1154 regnum Caroli » Cette conscience commune de l’ Europe — remplaçant de plus en plus le concept déprécié ou dépréciatif d’Occ
1155 e plus en plus le concept déprécié ou dépréciatif d’ Occident — va s’affermir et se préciser avec les conquêtes de Charlema
1156 — va s’affermir et se préciser avec les conquêtes de Charlemagne, de 768 à 814. Selon Bède le Vénérable (675-755), histori
1157 et se préciser avec les conquêtes de Charlemagne, de 768 à 814. Selon Bède le Vénérable (675-755), historien des Anglais e
1158 lais et chroniqueur « Des six États du monde », l’ Europe était essentiellement composée de la Gaulle, de la Germanie et de l’E
1159 monde », l’Europe était essentiellement composée de la Gaulle, de la Germanie et de l’Espagne, l’Italie s’y joignant plus
1160 rope était essentiellement composée de la Gaulle, de la Germanie et de l’Espagne, l’Italie s’y joignant plus tard. (L’Angl
1161 ellement composée de la Gaulle, de la Germanie et de l’Espagne, l’Italie s’y joignant plus tard. (L’Angleterre et la Scand
1162 arlemagne conquiert les Lombards, ajoute le titre de roi d’Italie à ceux de roi de Neustrie, d’Aquitaine et d’Austrasie, d
1163 Lombards, ajoute le titre de roi d’Italie à ceux de roi de Neustrie, d’Aquitaine et d’Austrasie, déborde largement l’anci
1164 titre de roi d’Italie à ceux de roi de Neustrie, d’ Aquitaine et d’Austrasie, déborde largement l’ancien limes à l’est et
1165 ’Italie à ceux de roi de Neustrie, d’Aquitaine et d’ Austrasie, déborde largement l’ancien limes à l’est et au nord, ainsi
1166  : comment nommer l’empire qu’il fonde, — sinon l’ Europe  ? C’est bien ce que font les chroniqueurs et les panégyristes du temp
1167 ine et chrétienne, impérialiste et universaliste, d’ un impossible imperium mundi. Voici le prêtre Cathwulf qui loue Charle
1168 oici le prêtre Cathwulf qui loue Charles, en 775, d’ avoir été choisi par Dieu pour être élevé au rang de « gloire de l’emp
1169 avoir été choisi par Dieu pour être élevé au rang de « gloire de l’empire d’Europe » : quoi ipse te exaltavit in honorem
1170 oisi par Dieu pour être élevé au rang de « gloire de l’empire d’Europe » : quoi ipse te exaltavit in honorem gloriæ regni
1171 u pour être élevé au rang de « gloire de l’empire d’ Europe » : quoi ipse te exaltavit in honorem gloriæ regni Europæ. V
1172 pour être élevé au rang de « gloire de l’empire d’ Europe  » : quoi ipse te exaltavit in honorem gloriæ regni Europæ. Voici l
1173 : quoi ipse te exaltavit in honorem gloriæ regni Europæ . Voici le poète de la cour, Angilbert, gendre de l’empereur, qui dé
1174 in honorem gloriæ regni Europæ. Voici le poète de la cour, Angilbert, gendre de l’empereur, qui décerne à Charles, en 7
1175 æ. Voici le poète de la cour, Angilbert, gendre de l’empereur, qui décerne à Charles, en 799, les titres de « tête du mo
1176 pereur, qui décerne à Charles, en 799, les titres de « tête du monde…, cime (ou tiare) de l’Europe, … père suprême » et ce
1177 , les titres de « tête du monde…, cime (ou tiare) de l’Europe, … père suprême » et ce sont là titres mêlés et conjugués d’
1178 titres de « tête du monde…, cime (ou tiare) de l’ Europe , … père suprême » et ce sont là titres mêlés et conjugués d’imperator
1179 suprême » et ce sont là titres mêlés et conjugués d’ imperator et de pontifex : Rex Carolus caput orbis, amor populique, d
1180 sont là titres mêlés et conjugués d’imperator et de pontifex : Rex Carolus caput orbis, amor populique, decusque Europæ
1181 Rex Carolus caput orbis, amor populique, decusque Europæ venerandus apex, pater optimus, heros Augustus… Plus loin, il le sal
1182 il le salue « père de l’Europe »49 : Rex, pater Europæ … Cette « Europe ou règne de Charles », Europa vel regnum Caroli comm
1183 re de l’Europe »49 : Rex, pater Europæ… Cette «  Europe ou règne de Charles », Europa vel regnum Caroli comme la nomment les
1184 49 : Rex, pater Europæ… Cette « Europe ou règne de Charles », Europa vel regnum Caroli comme la nomment les Annales de F
1185 er Europæ… Cette « Europe ou règne de Charles », Europa vel regnum Caroli comme la nomment les Annales de Fulda (fin du ixe
1186 pa vel regnum Caroli comme la nomment les Annales de Fulda (fin du ixe siècle), est donc un seul empire chrétien, né hors
1187 n’est donc plus seulement l’une des trois parties de la carte du Monde traditionnelle (l’Europe, la Libye ou Afrique, l’As
1188 is parties de la carte du Monde traditionnelle (l’ Europe , la Libye ou Afrique, l’Asie), mais une existence autonome et dotée d
1189 ue, l’Asie), mais une existence autonome et dotée de vertus spirituelles. Selon Alcuin (735-804), maître de l’école du pal
1190 rtus spirituelles. Selon Alcuin (735-804), maître de l’école du palais, éducateur, théologien et rhéteur de cour, elle est
1191 école du palais, éducateur, théologien et rhéteur de cour, elle est le continent de la foi. En tant que telle, l’Europe de
1192 ologien et rhéteur de cour, elle est le continent de la foi. En tant que telle, l’Europe de Charles se trouve plus près de
1193 s près de « l’Orient », qui est Jésus-Christ, que de « l’Occident » classique, mauvaise moitié du monde… C’est ici le prem
1194 tié du monde… C’est ici le premier épanouissement d’ une véritable idée européenne, d’une conscience commune attestée par d
1195 ci le premier épanouissement d’une véritable idée européenne , d’une conscience commune attestée par d’innombrables expressions exc
1196 r épanouissement d’une véritable idée européenne, d’ une conscience commune attestée par d’innombrables expressions exclama
1197 européenne, d’une conscience commune attestée par d’ innombrables expressions exclamatives et par des fêtes communes50. Hél
1198 Tôt après Charlemagne, en effet, la grande image d’ un « règne européen » s’estompe. Déjà, sous Louis le Pieux, son fils —
1199 arlemagne, en effet, la grande image d’un « règne européen  » s’estompe. Déjà, sous Louis le Pieux, son fils — le partage de l’em
1200 Déjà, sous Louis le Pieux, son fils — le partage de l’empire vient d’être consommé — on note un changement bien typique d
1201 le Pieux, son fils — le partage de l’empire vient d’ être consommé — on note un changement bien typique dans les formules d
1202 les formules des panégyristes. Au lieu de regnum Europæ — empire unique —, voici dans un poème de l’Espagnol Theowulf (après
1203 num Europæ — empire unique —, voici dans un poème de l’Espagnol Theowulf (après 814) l’expression de regna, ou royaumes d’
1204 e de l’Espagnol Theowulf (après 814) l’expression de regna, ou royaumes d’Europe : Tu pius Europæ regna potenter habes51.
1205 lf (après 814) l’expression de regna, ou royaumes d’ Europe : Tu pius Europæ regna potenter habes51. L’idée du regnum Eu
1206 (après 814) l’expression de regna, ou royaumes d’ Europe  : Tu pius Europæ regna potenter habes51. L’idée du regnum Europæ s
1207 ression de regna, ou royaumes d’Europe : Tu pius Europæ regna potenter habes51. L’idée du regnum Europæ se détache de l’idé
1208 Europæ regna potenter habes51. L’idée du regnum Europæ se détache de l’idée d’un empire terrestre — qui déjà ne se compose p
1209 ter habes51. L’idée du regnum Europæ se détache de l’idée d’un empire terrestre — qui déjà ne se compose plus que de reg
1210 1. L’idée du regnum Europæ se détache de l’idée d’ un empire terrestre — qui déjà ne se compose plus que de regna, c’est-
1211 mpire terrestre — qui déjà ne se compose plus que de regna, c’est-à-dire d’une multiplicité de royaumes distincts — pour s
1212 éjà ne se compose plus que de regna, c’est-à-dire d’ une multiplicité de royaumes distincts — pour se rapprocher de l’idée
1213 lus que de regna, c’est-à-dire d’une multiplicité de royaumes distincts — pour se rapprocher de l’idée médiévale d’un empi
1214 licité de royaumes distincts — pour se rapprocher de l’idée médiévale d’un empire sur les âmes, c’est-à-dire au concret :
1215 istincts — pour se rapprocher de l’idée médiévale d’ un empire sur les âmes, c’est-à-dire au concret : d’une chrétienté pap
1216 un empire sur les âmes, c’est-à-dire au concret : d’ une chrétienté papale. Au lieu de l’Europe unie de Charlemagne, règne
1217 u concret : d’une chrétienté papale. Au lieu de l’ Europe unie de Charlemagne, règne sacerdotal et impérial tout à la fois, une
1218 d’une chrétienté papale. Au lieu de l’Europe unie de Charlemagne, règne sacerdotal et impérial tout à la fois, une confédé
1219 tal et impérial tout à la fois, une confédération de princes occidentaux se dessine vaguement dans l’ombre des intrigues p
1220 re des intrigues pré-nationales, et sera le champ de l’ambition « romaine » des empereurs « de nation germanique » ; tandi
1221 e champ de l’ambition « romaine » des empereurs «  de nation germanique » ; tandis que l’unité spirituelle deviendra l’autr
1222 l’unité spirituelle deviendra l’autre pôle, celui de la papauté. Dès 843, Léon IV s’oppose au Patriarche de Constantinople
1223 papauté. Dès 843, Léon IV s’oppose au Patriarche de Constantinople, en invoquant toutes les Églises d’Europe contre l’Emp
1224 e Constantinople, en invoquant toutes les Églises d’ Europe contre l’Empire romano-byzantin. Empire et papauté, dans les si
1225 Constantinople, en invoquant toutes les Églises d’ Europe contre l’Empire romano-byzantin. Empire et papauté, dans les siècles
1226 ront notre Moyen Âge, vont remplir les chroniques de leurs luttes, refoulant le concept d’Europe dans le domaine du mythe
1227 chroniques de leurs luttes, refoulant le concept d’ Europe dans le domaine du mythe et de l’allégorie, ou dans la nostalgi
1228 hroniques de leurs luttes, refoulant le concept d’ Europe dans le domaine du mythe et de l’allégorie, ou dans la nostalgie du g
1229 t le concept d’Europe dans le domaine du mythe et de l’allégorie, ou dans la nostalgie du grand passé carolingien. Parfois
1230 and passé carolingien. Parfois, cependant, le nom d’ Europe affleure et brille encore pour un instant. Notker le Bègue, cha
1231 d passé carolingien. Parfois, cependant, le nom d’ Europe affleure et brille encore pour un instant. Notker le Bègue, chargé pa
1232 nt. Notker le Bègue, chargé par Charles le Simple de rédiger les Gesta Caroli dès 883, célèbre la construction du pont de
1233 a Caroli dès 883, célèbre la construction du pont de Mayence comme une démonstration du pouvoir des Européens, « grands et
1234 de Mayence comme une démonstration du pouvoir des Européens , « grands et petits », s’ils sont unis : … Comme en témoignent les a
1235 unis : … Comme en témoignent les arches du pont de Mayence, que toute l’Europe édifia par une œuvre commune certes, mais
1236 ignent les arches du pont de Mayence, que toute l’ Europe édifia par une œuvre commune certes, mais grâce à une division du tra
1237 mieux ordonnées (ordinatissimæ participationis). De cette fin du ixe et de tout le xe siècle, Jürgen Fischer nous cite
1238 issimæ participationis). De cette fin du ixe et de tout le xe siècle, Jürgen Fischer nous cite plusieurs dizaines d’aut
1239 ècle, Jürgen Fischer nous cite plusieurs dizaines d’ auteurs qui parlent encore de l’Europe, mais le sens du nom n’est plus
1240 e plusieurs dizaines d’auteurs qui parlent encore de l’Europe, mais le sens du nom n’est plus que rhétorique (souvenir de
1241 sieurs dizaines d’auteurs qui parlent encore de l’ Europe , mais le sens du nom n’est plus que rhétorique (souvenir de Charles)
1242 e sens du nom n’est plus que rhétorique (souvenir de Charles) ou simplement géographique ; tout cela, le plus souvent, dan
1243 vent, dans un latin douteux. Après le règne agité d’ Othon III, « imperator » d’imitation, l’idée revit d’un « peuple europ
1244 . Après le règne agité d’Othon III, « imperator » d’ imitation, l’idée revit d’un « peuple européen » : des expressions tel
1245 thon III, « imperator » d’imitation, l’idée revit d’ un « peuple européen » : des expressions telles que populus Europæ, ou
1246 perator » d’imitation, l’idée revit d’un « peuple européen  » : des expressions telles que populus Europæ, ou totius Europæ popul
1247 e européen » : des expressions telles que populus Europæ , ou totius Europæ populo acclamante reviennent pendant quelques année
1248 expressions telles que populus Europæ, ou totius Europæ populo acclamante reviennent pendant quelques années sous la plume de
1249 plume des annalistes : c’est que l’utopie tenace d’ une rénovation de l’Empire romain a provisoirement reculé. Derniers ra
1250 stes : c’est que l’utopie tenace d’une rénovation de l’Empire romain a provisoirement reculé. Derniers rayons furtifs, mai
1251 lemagnes, accompagné seulement, nous dit le récit de l’époque52, par très peu de soldats, c’est-à-dire : … soutenu par ce
1252 ’est-à-dire : … soutenu par ceux-là seuls que la mère Europe avait envoyés à son aide (… exceptis his quos sibi mater Europa occur
1253 nvoyés à son aide (… exceptis his quos sibi mater Europa occurendo admiserat). Sur le manteau constellé de l’empereur était b
1254 a occurendo admiserat). Sur le manteau constellé de l’empereur était brodée cette inscription : O decus Europæ Cæsar He
1255 erii tibi rex qui régnât in ævum. (Ô toi, honneur de l’Europe, César Henri, bienheureux ! Que celui qui règne en éternité
1256 tibi rex qui régnât in ævum. (Ô toi, honneur de l’ Europe , César Henri, bienheureux ! Que celui qui règne en éternité augmente
1257 t funèbre, rimé par un poète rhénan, clama la fin de l’idée carolingienne de l’Europe : « Pleure l’Europe décapitée ! » :
1258 oète rhénan, clama la fin de l’idée carolingienne de l’Europe : « Pleure l’Europe décapitée ! » : Ploret hunc Europa iam
1259 rhénan, clama la fin de l’idée carolingienne de l’ Europe  : « Pleure l’Europe décapitée ! » : Ploret hunc Europa iam decapitat
1260 de l’idée carolingienne de l’Europe : « Pleure l’ Europe décapitée ! » : Ploret hunc Europa iam decapitata. Et commença l’éc
1261  : « Pleure l’Europe décapitée ! » : Ploret hunc Europa iam decapitata. Et commença l’éclipse médiévale de la conscience — n
1262 iam decapitata. Et commença l’éclipse médiévale de la conscience — non certes de la réalité — européenne. Il faudra les
1263 l’éclipse médiévale de la conscience — non certes de la réalité — européenne. Il faudra les menaces mongole et turque pour
1264 ale de la conscience — non certes de la réalité — européenne . Il faudra les menaces mongole et turque pour réveiller, avec la chré
1265 turque pour réveiller, avec la chrétienté, l’idée de l’Europe. Ici donc prend fin notre enquête sur les origines attestées
1266 e pour réveiller, avec la chrétienté, l’idée de l’ Europe . Ici donc prend fin notre enquête sur les origines attestées. 1. S
1267 origines attestées. 1. Selon la démonstration de Victor Bérard dans sa Résurrection d’Homère, chap. VIII, Hésiode aura
1268 monstration de Victor Bérard dans sa Résurrection d’ Homère, chap. VIII, Hésiode aurait vécu vers l’an 900, Homère vers l’a
1269 av. J.-C. 2. André Varagnac : Comment est née l’ Europe  ?, La Table ronde, n° 113. 3. Hegel puis Ranke ont fortement soulig
1270 el puis Ranke ont fortement souligné l’importance de la conquête des Gaules, dans laquelle ils voient l’un et l’autre l’ac
1271 ié à Melpomène. 5. Nous empruntons la traduction de l’Idylle au précieux petit livre d’Alfred Lombard intitulé : Un Mythe
1272 la traduction de l’Idylle au précieux petit livre d’ Alfred Lombard intitulé : Un Mythe dans la poésie et dans l’art : l’En
1273 Mythe dans la poésie et dans l’art : l’Enlèvement d’ Europe, qui donne aussi les textes d’Horace et des poètes de l’ère mod
1274 the dans la poésie et dans l’art : l’Enlèvement d’ Europe , qui donne aussi les textes d’Horace et des poètes de l’ère moderne q
1275 l’Enlèvement d’Europe, qui donne aussi les textes d’ Horace et des poètes de l’ère moderne qu’on lira plus loin. Éditions d
1276 qui donne aussi les textes d’Horace et des poètes de l’ère moderne qu’on lira plus loin. Éditions de la Baconnière, Neuchâ
1277 s de l’ère moderne qu’on lira plus loin. Éditions de la Baconnière, Neuchâtel, 1946, 32 illustrations. 6. Voir notamment
1278 auf dem Stier, cité par G. de Reynold, Formation de l’Europe, t. I, LUF Fribourg, 1944 et Plon, Paris ; et par Jürgen Fis
1279 dem Stier, cité par G. de Reynold, Formation de l’ Europe , t. I, LUF Fribourg, 1944 et Plon, Paris ; et par Jürgen Fischer : Or
1280 r : Oriens, Occidens, Europa-Begriffund Gedanke «  Europa  » in der späten Antike und im früher Mittelalter, Franz Steiner Verla
1281 , Londres, 1955. 8. V. Bérard : La Résurrection d’ Homère, p. 207, Paris, 1930. 9. Notons que cette interprétation « rat
1282 Notons que cette interprétation « rationaliste » de saint Jérôme était déjà celle d’Hérodote — évhémériste avant la lettr
1283 « rationaliste » de saint Jérôme était déjà celle d’ Hérodote — évhémériste avant la lettre — qui écrit dans son premier li
1284 en Phénicie, à Tyr, et ravirent la fille du roi, Europe  ; ce pouvaient être des Crétois. 10. Gonzague de Reynold, La formati
1285 s Crétois. 10. Gonzague de Reynold, La formation de l’Europe, I, p. 112, 110, 111. 11. Nous suivons ici la démonstration
1286 tois. 10. Gonzague de Reynold, La formation de l’ Europe , I, p. 112, 110, 111. 11. Nous suivons ici la démonstration de Jürge
1287 110, 111. 11. Nous suivons ici la démonstration de Jürgen Fischer, op. cit., p. 10 à 19 : Die Japhet-Historie. 12. Jürg
1288 erselle, I, 2. 19. L’Encyclopédie (1777) dérive Europe du phénicien woppa, qui dans cette langue signifie « visage blanc ».
1289 sage blanc ». De même, le Dictionnaire historique de Moreri (1674) donne l’avis de Bouchart, qui pense qu’Europe vient du
1290 ionnaire historique de Moreri (1674) donne l’avis de Bouchart, qui pense qu’Europe vient du phénicien chur-appe = visage b
1291 eri (1674) donne l’avis de Bouchart, qui pense qu’ Europe vient du phénicien chur-appe = visage blanc, et rappelle la blancheur
1292 isage blanc, et rappelle la blancheur tant vantée de la fille d’Agénor. 20. Au sujet du nom « arabe », G. Rawlinson, Note
1293 et rappelle la blancheur tant vantée de la fille d’ Agénor. 20. Au sujet du nom « arabe », G. Rawlinson, Notes to Herodot
1294 i paraît avoir été commune aux traditions sacrées de toute l’Europe, commençait un jour après le solstice d’hiver et se di
1295 oir été commune aux traditions sacrées de toute l’ Europe , commençait un jour après le solstice d’hiver et se divisait en 13 mo
1296 te l’Europe, commençait un jour après le solstice d’ hiver et se divisait en 13 mois désignés chacun par une lettre et par
1297 un par une lettre et par un arbre. 24. Il s’agit d’ une autre légende d’Europe, beaucoup moins connue. 25. Variétés I, p
1298 par un arbre. 24. Il s’agit d’une autre légende d’ Europe, beaucoup moins connue. 25. Variétés I, p. 24, puis p. 38. 2
1299 ar un arbre. 24. Il s’agit d’une autre légende d’ Europe , beaucoup moins connue. 25. Variétés I, p. 24, puis p. 38. 26. No
1300 J.-C.) divise la Terre en deux moitiés : à l’est de l’Hellespont, l’Asie, qui n’est encore que l’Asie Mineure ; à l’ouest
1301 qui n’est encore que l’Asie Mineure ; à l’ouest l’ Europe . 32. Dans une lettre qu’il nous adresse au sujet de cette Anthologie
1302 sse au sujet de cette Anthologie. 33. Traduction de Delavaud, chez Bossange et consorts, Paris, 1804. 34. Panégyrique,
1303 e, 50. Cf. Georges Mathieu : Les Idées politiques d’ Isocrate, Paris, 1925. L’auteur fait des réserves sur l’universalisme
1304 5. L’auteur fait des réserves sur l’universalisme d’ Isocrate… 35. C’est aujourd’hui le Don. 36. Commento alla Comedia a
1305 pertinentes, 1906. 40. L’Aventure occidentale de l’homme , Albin Michel, Paris, 1957, p. 26. 41. L’auteur a simplifié
1306 t en soi » qui est l’Asie. 43. Selon la remarque de J. Fischer, op. cit., p. 41. 44. Claudius Claudianus, Paneg. de sext
1307 op. cit., p. 41. 44. Claudius Claudianus, Paneg. de sext. consul. Honorii, Monumenta Germaniæ Historica, AA, X, 293. 45.
1308 363, 20 et 30. 48. Emmanuel Berl, Les Impostures de l’Histoire, Paris 1959. 49. Monumenta germ. Hist., Pœt. Carol. I.,
1309 opagedanke, Münich, 1951, p. 417, cite une « Fête de la Toussaint de l’Europe » (a feast of the Saints of Europe) institué
1310 Toussaint de l’Europe » (a feast of the Saints of Europe ) instituée en Irlande à cette époque. Voir aussi Rosenstock-Wittig, D
3 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Deuxième partie. Prises de conscience européennes. De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre, (xive au xixe siècle) — 1. Sur plusieurs siècles de silence « européen »
1311 1.Sur plusieurs siècles de silence « européen » À partir du milieu du xie siècle jusqu’à la R
1312 1.Sur plusieurs siècles de silence «  européen  » À partir du milieu du xie siècle jusqu’à la Renaissance, et spéc
1313 endant la haute époque du Moyen Âge, peu ou point de textes sur l’Europe. Et pourtant, c’est précisément cette période des
1314 époque du Moyen Âge, peu ou point de textes sur l’ Europe . Et pourtant, c’est précisément cette période des xiie et xiiie siè
1315 ette période des xiie et xiiie siècles que tant d’ ouvrages récents désignent, dans leurs titres, comme étant celle, par
1316 leurs titres, comme étant celle, par excellence, de « la Naissance », ou de « l’Essor », ou de « l’Ascension », ou de la
1317 nt celle, par excellence, de « la Naissance », ou de « l’Essor », ou de « l’Ascension », ou de la « Formation », ou même d
1318 lence, de « la Naissance », ou de « l’Essor », ou de « l’Ascension », ou de la « Formation », ou même des « Origines » de
1319 e », ou de « l’Essor », ou de « l’Ascension », ou de la « Formation », ou même des « Origines » de l’Europe53. Ainsi les h
1320 ou de la « Formation », ou même des « Origines » de l’Europe53. Ainsi les historiens modernes considéreraient comme le so
1321 storiens modernes considéreraient comme le sommet de l’Europe — son « toit », dit l’un d’entre eux — ces temps où nos ancê
1322 ens modernes considéreraient comme le sommet de l’ Europe — son « toit », dit l’un d’entre eux — ces temps où nos ancêtres n’on
1323 où nos ancêtres n’ont manifesté nulle conscience de former une Europe ? Cette période d’unité exemplaire serait aussi cel
1324 es n’ont manifesté nulle conscience de former une Europe  ? Cette période d’unité exemplaire serait aussi celle où le sujet de
1325 e conscience de former une Europe ? Cette période d’ unité exemplaire serait aussi celle où le sujet de cette unité eût ign
1326 d’unité exemplaire serait aussi celle où le sujet de cette unité eût ignoré qu’il existât ? J. Calmette ouvre son livre su
1327  ? J. Calmette ouvre son livre sur l’Effondrement d’ un Empire et la naissance d’une Europe 54 par cette phrase paradoxale 
1328 re sur l’Effondrement d’un Empire et la naissance d’ une Europe 54 par cette phrase paradoxale : « L’Europe occidentale est
1329 l’Effondrement d’un Empire et la naissance d’une Europe 54 par cette phrase paradoxale : « L’Europe occidentale est issue de
1330 d’une Europe 54 par cette phrase paradoxale : « L’ Europe occidentale est issue de la désintégration de l’Empire carolingien. »
1331 ase paradoxale : « L’Europe occidentale est issue de la désintégration de l’Empire carolingien. » Or, l’Empire carolingien
1332 Europe occidentale est issue de la désintégration de l’Empire carolingien. » Or, l’Empire carolingien était une Europe occ
1333 carolingien. » Or, l’Empire carolingien était une Europe occidentale unie. L’Europe serait donc née de la désintégration de so
1334 carolingien était une Europe occidentale unie. L’ Europe serait donc née de la désintégration de son unité politique ? Là-dess
1335 Europe occidentale unie. L’Europe serait donc née de la désintégration de son unité politique ? Là-dessus, des centaines d
1336 ie. L’Europe serait donc née de la désintégration de son unité politique ? Là-dessus, des centaines d’essais et de gros vo
1337 de son unité politique ? Là-dessus, des centaines d’ essais et de gros volumes. Essayons de simplifier. L’Europe de Charlem
1338 politique ? Là-dessus, des centaines d’essais et de gros volumes. Essayons de simplifier. L’Europe de Charlemagne est un
1339 s centaines d’essais et de gros volumes. Essayons de simplifier. L’Europe de Charlemagne est un empire sacerdotal. À parti
1340 tir de la querelle des Investitures, elle cessera d’ être une en esprit. Elle retombera donc au niveau d’une entité puremen
1341 être une en esprit. Elle retombera donc au niveau d’ une entité purement géographique. Ce qui compte désormais, ce qui pass
1342 (ne sauraient d’ailleurs en appeler) qu’à l’idée de chrétienté, seule commune. L’apparition d’un tiers parti interne, men
1343 l’idée de chrétienté, seule commune. L’apparition d’ un tiers parti interne, menaçant à la fois les deux autres, changera l
1344 a la situation dès le xive siècle. Alors, l’idée d’ Europe poindra de nouveau obscurément, comme le nouveau symbole presse
1345 la situation dès le xive siècle. Alors, l’idée d’ Europe poindra de nouveau obscurément, comme le nouveau symbole pressenti d’
1346 u obscurément, comme le nouveau symbole pressenti d’ une unité qui allait de soi, et que l’empereur, pas plus que le pape,
1347 ettre en question : il ne voulait qu’en disposer. De l’extérieur vient une autre menace, propre à réveiller, elle aussi, l
1348 ce, propre à réveiller, elle aussi, la conscience de ce qui reste commun, malgré tout, aux gibelins et aux guelfes. L’isla
1349 gibelins et aux guelfes. L’islam a séparé la part de Japhet de celle de Sem et de celle de Cham. Il n’y a donc plus, en tê
1350 t aux guelfes. L’islam a séparé la part de Japhet de celle de Sem et de celle de Cham. Il n’y a donc plus, en tête à tête
1351 lfes. L’islam a séparé la part de Japhet de celle de Sem et de celle de Cham. Il n’y a donc plus, en tête à tête et en con
1352 lam a séparé la part de Japhet de celle de Sem et de celle de Cham. Il n’y a donc plus, en tête à tête et en contacts guer
1353 aré la part de Japhet de celle de Sem et de celle de Cham. Il n’y a donc plus, en tête à tête et en contacts guerriers ou
1354 nfidèles. Pratiquement refoulée sur le territoire de l’Europe, la chrétienté définit l’unité la plus visible, la plus prof
1355 les. Pratiquement refoulée sur le territoire de l’ Europe , la chrétienté définit l’unité la plus visible, la plus profonde et l
1356 s visible, la plus profonde et la mieux ressentie de tous les peuples qui habitent ce continent. Mais les dissensions inte
1357 issante et vulnérable. La dernière croisade vient d’ échouer, celle de saint Louis. Marco Polo, redécouvrant la Chine, vien
1358 able. La dernière croisade vient d’échouer, celle de saint Louis. Marco Polo, redécouvrant la Chine, vient d’ajouter une d
1359 t Louis. Marco Polo, redécouvrant la Chine, vient d’ ajouter une dimension nouvelle au monde connu. Cette situation ne va p
1360 au monde connu. Cette situation ne va pas manquer de poser à la conscience européenne deux problèmes concrets : celui de l
1361 uation ne va pas manquer de poser à la conscience européenne deux problèmes concrets : celui de l’établissement de la paix entre l
1362 cience européenne deux problèmes concrets : celui de l’établissement de la paix entre les peuples chrétiens et celui d’une
1363 eux problèmes concrets : celui de l’établissement de la paix entre les peuples chrétiens et celui d’une reprise de la guer
1364 t de la paix entre les peuples chrétiens et celui d’ une reprise de la guerre contre les Infidèles. La plupart des projets
1365 ntre les peuples chrétiens et celui d’une reprise de la guerre contre les Infidèles. La plupart des projets de pacificatio
1366 erre contre les Infidèles. La plupart des projets de pacification, et par suite d’union de l’Europe se trouveront donc org
1367 plupart des projets de pacification, et par suite d’ union de l’Europe se trouveront donc organiquement liés — et cela jusq
1368 des projets de pacification, et par suite d’union de l’Europe se trouveront donc organiquement liés — et cela jusqu’au xvi
1369 rojets de pacification, et par suite d’union de l’ Europe se trouveront donc organiquement liés — et cela jusqu’au xviiie sièc
1370 et cela jusqu’au xviiie siècle ! — à des projets de reconquête des lieux saints, puis de coalition défensive contre les T
1371 des projets de reconquête des lieux saints, puis de coalition défensive contre les Turcs. Trois grands motifs commandent
1372 la croisade, la lutte pour ou contre l’hégémonie d’ une puissance à l’intérieur de l’Europe. On les voit combinés chez le
1373 re l’hégémonie d’une puissance à l’intérieur de l’ Europe . On les voit combinés chez le juriste Pierre Dubois et chez le roi Ge
1374 X ; et jusque chez l’universel Leibniz. Le motif de la croisade contre les Turcs n’est guère absent que chez trois des au
1375 que nous citerons : chez Dante, surtout préoccupé de faire triompher le principe impérial ; chez Sully, surtout préoccupé
1376 principe impérial ; chez Sully, surtout préoccupé de contenir la Maison d’Autriche ; et chez Émeric Crucé, pacifiste intég
1377 ez Sully, surtout préoccupé de contenir la Maison d’ Autriche ; et chez Émeric Crucé, pacifiste intégral, qui voudrait engl
1378 ourquoi les premiers appels à l’union des princes de l’Europe n’ont-ils été lancés — en vain d’ailleurs — qu’au début du x
1379 oi les premiers appels à l’union des princes de l’ Europe n’ont-ils été lancés — en vain d’ailleurs — qu’au début du xive sièc
1380 tife : la France de Philippe le Bel ? (L’attentat d’ Anagni date de 1303.) Jusqu’ici les tensions qui animaient le corps ch
1381 ce de Philippe le Bel ? (L’attentat d’Anagni date de 1303.) Jusqu’ici les tensions qui animaient le corps chrétien étaient
1382 tensions qui animaient le corps chrétien étaient de nature « universelle » ou pouvaient apparaître telles. Elles concerna
1383 ut homme et tout état social. Elles vont devenir, d’ une manière avouée, particulières, nationales, donc séparatistes. À la
1384 développer, comme par compensation, la nostalgie de l’unité. Dante en est le premier témoin, viril, sublime et absolu. Si
1385 é et les nations. 53. On pense ici aux ouvrages de J. Calmette, de Louis Halphen, de Friedrich Heer, de G. de Reynold et
1386 . 53. On pense ici aux ouvrages de J. Calmette, de Louis Halphen, de Friedrich Heer, de G. de Reynold et de H. Brugmans.
1387 ci aux ouvrages de J. Calmette, de Louis Halphen, de Friedrich Heer, de G. de Reynold et de H. Brugmans. 54. Paris, 1941
1388 J. Calmette, de Louis Halphen, de Friedrich Heer, de G. de Reynold et de H. Brugmans. 54. Paris, 1941. La date et le lie
1389 s Halphen, de Friedrich Heer, de G. de Reynold et de H. Brugmans. 54. Paris, 1941. La date et le lieu sont à noter.
4 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Deuxième partie. Prises de conscience européennes. De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre, (xive au xixe siècle) — 2. Premiers plans d’union
1390 2.Premiers plans d’ union Dante (1265-1321) Selon Gilles de Rome (xiiie s.) le pap
1391 ’instar de Dieu, premier Moteur. Il est la source de l’ordre cosmique, du mouvement des choses et de la juridiction des pr
1392 e de l’ordre cosmique, du mouvement des choses et de la juridiction des princes et des peuples. L’empereur reçoit de lui s
1393 ion des princes et des peuples. L’empereur reçoit de lui son autorité temporelle, comme la Lune reçoit du Soleil la lumièr
1394 reçoit du Soleil la lumière qu’elle nous renvoie. De lui viennent l’autorité (un prince païen ne saurait être qu’un « brig
1395 aïen ne saurait être qu’un « brigand »), le droit de propriété et de succession, la légitimité du mariage. Un pécheur sépa
1396 être qu’un « brigand »), le droit de propriété et de succession, la légitimité du mariage. Un pécheur séparé du pape n’est
1397 doue, c’est le peuple qui est le vrai dépositaire de toute autorité, et il la délègue à l’empereur. Ce dernier représente
1398 empereur. Ce dernier représente donc la plénitude de la juridiction. Hors de lui, point d’autorité. L’Église peut avertir,
1399 a plénitude de la juridiction. Hors de lui, point d’ autorité. L’Église peut avertir, éclairer les âmes ; lui gouverne la t
1400 e pour la première fois les droits « souverains » de l’État national. Comment se situe Dante dans ce drame ? Pour lui, le
1401 ce drame ? Pour lui, le pape est la source unique de l’autorité, la neuvième sphère du Ciel qui communique son mouvement a
1402 rité. Cependant, l’empereur est la cause première de l’ordre social, et nul baron ne commande sans tenir de lui son pouvoi
1403 ordre social, et nul baron ne commande sans tenir de lui son pouvoir. Il est le principe d’unité du genre humain. Et il es
1404 sans tenir de lui son pouvoir. Il est le principe d’ unité du genre humain. Et il est nécessairement juste, étant tout-puis
1405 s âmes à la lumière, qui est leur seule liberté. ( De Monarchia, III, XVI.) Dans un tel système, point de place pour la sou
1406 Monarchia, III, XVI.) Dans un tel système, point de place pour la souveraineté absolue des États, qui ne saurait mener qu
1407 équivalent, a-t-on remarqué56, du pouvoir moderne de la Science ?) C’est pour saluer la marche de l’empereur Henri VII qui
1408 erne de la Science ?) C’est pour saluer la marche de l’empereur Henri VII qui vient se faire couronner à Rome par Clément
1409 à Rome par Clément V, que Dante écrit en 1308 son De Monarchia. (Il a 46 ans, et il n’a composé de sa Comédie que l’Enfer.
1410 son De Monarchia. (Il a 46 ans, et il n’a composé de sa Comédie que l’Enfer.) Le paradoxe central de cet ouvrage, en leque
1411 é de sa Comédie que l’Enfer.) Le paradoxe central de cet ouvrage, en lequel on a voulu voir la première proclamation de l’
1412 n lequel on a voulu voir la première proclamation de l’union fédérale des nations sous l’égide « romaine » (lisons europée
1413 rale des nations sous l’égide « romaine » (lisons européenne ), c’est que tout en glorifiant l’unité chrétienne, mythe médiéval par
1414 ropre du genre humain, pris en sa totalité, c’est d’ actuer continuellement la plénitude de la puissance de l’intellect pos
1415 lité, c’est d’actuer continuellement la plénitude de la puissance de l’intellect possible, d’abord en vue de la spéculatio
1416 tuer continuellement la plénitude de la puissance de l’intellect possible, d’abord en vue de la spéculation, puis, par voi
1417 d’abord en vue de la spéculation, puis, par voie de conséquence, pour la pratique. Or parties et tout obéissent aux mêmes
1418 nt à sa tâche propre, lorsqu’il jouit du repos et de la paix ; et sa tâche est presque divine, selon la parole sainte : tu
1419 sainte : tu l’as placé peu au-dessous des anges. D’ où il suit que la paix universelle est le meilleur de tous les moyens
1420 ù il suit que la paix universelle est le meilleur de tous les moyens qui peuvent nous procurer le bonheur…57 Si nous cons
1421 rs, ou que sa propre supériorité, du consentement de tous, lui donne l’autorité ; autrement, le village, non seulement n’a
1422 non seulement n’atteint pas le minimum nécessaire de bien-être, mais, souvent, sous la pression des rivalités qui luttent
1423 Le contraire se produit-il, non seulement la fin de la vie sociale est perdue, mais la cité elle-même disparaît. Enfin da
1424 disparaît. Enfin dans un royaume, dont la fin est d’ assurer, avec plus de sécurité et de tranquillité les bienfaits de la
1425 un royaume, dont la fin est d’assurer, avec plus de sécurité et de tranquillité les bienfaits de la cité, un seul roi doi
1426 nt la fin est d’assurer, avec plus de sécurité et de tranquillité les bienfaits de la cité, un seul roi doit régner et gou
1427 plus de sécurité et de tranquillité les bienfaits de la cité, un seul roi doit régner et gouverner ; autrement, non seulem
1428 royaume tombe en dissolution, selon cette parole de l’infaillible vérité : tout royaume divisé est perdu. Ce qui se passe
1429 i sont ordonnés à un but unique établit la vérité de ce qui a été avancé plus haut. Désormais, il est évident que la total
1430 que la bonne existence du monde exige l’existence de la Monarchie ou de l’Empire.58 Entre deux princes, dont l’un n’est n
1431 nce du monde exige l’existence de la Monarchie ou de l’Empire.58 Entre deux princes, dont l’un n’est nullement soumis à l
1432 gement. Puisque l’un ne peut examiner la conduite de l’autre (chacun d’eux étant indépendant, et un égal n’ayant sur son é
1433 n ne peut examiner la conduite de l’autre (chacun d’ eux étant indépendant, et un égal n’ayant sur son égal aucun pouvoir),
1434 aucun pouvoir), un troisième prince doit exister, d’ une juridiction plus ample, et qui tienne les deux princes précédents
1435 entendue au sens que les plus minimes règlements d’ une ville quelconque doivent émaner directement du prince suprême ; so
1436 unicipales sont défectueuses, et elles ont besoin d’ être jugées, ainsi qu’il résulte du cinquième livre à Nicomaque, où le
1437 es par des lois différentes. La loi est une règle de direction pour la vie. Autrement doivent être dirigés les Scythes qui
1438 ptième climat, ils subissent une grande inégalité de jours et de nuits, et ils supportent un froid presque intolérable ; a
1439 t, ils subissent une grande inégalité de jours et de nuits, et ils supportent un froid presque intolérable ; autrement, le
1440 ntes qui habitent sous l’équinoxe ; ils jouissent de jours et de nuits toujours égaux et ils ne peuvent se couvrir de vête
1441 itent sous l’équinoxe ; ils jouissent de jours et de nuits toujours égaux et ils ne peuvent se couvrir de vêtements à caus
1442 nuits toujours égaux et ils ne peuvent se couvrir de vêtements à cause de la trop grande chaleur. Le véritable sens de la
1443 ause de la trop grande chaleur. Le véritable sens de la phrase du début est celui-ci : le genre humain, sur les points com
1444 r du monarque ; ainsi l’intellect pratique reçoit de l’intellect spéculatif la majeure qui commande la conclusion pratique
1445 le ne peut être faite que par un seul, sous peine d’ introduire la confusion dans les principes universels.60 Si, depuis l
1446 les principes universels.60 Si, depuis la chute de nos premiers parents, cause de toutes nos erreurs, nous considérons l
1447 i, depuis la chute de nos premiers parents, cause de toutes nos erreurs, nous considérons les mœurs des hommes et les évén
1448 n fût alors heureux, au milieu de la tranquillité de la paix universelle, tous les historiens, tous les poètes illustres,
1449 ens, tous les poètes illustres, et même le témoin de la bonté du Christ l’ont témoigné ; enfin Paul nomma cet état très he
1450 tunique sans couture fut déchirée par les ongles de la cupidité, nous pouvons le lire chez les historiens, puissions-nous
1451 puissions-nous ne pas le revoir. Ô genre humain, de quelles luttes et querelles, de quels naufrages dois-tu être agité !
1452 . Ô genre humain, de quelles luttes et querelles, de quels naufrages dois-tu être agité ! Tu es devenu un monstre aux mult
1453 contradictoires. Tu es malade en l’un et l’autre de tes intellects, et aussi en ta sensibilité ; tu n’as pas souci de nou
1454 s, et aussi en ta sensibilité ; tu n’as pas souci de nourrir l’intellect supérieur par des raisons irréfragables ; ni l’in
1455 r l’expérience ; ni la sensibilité par la douceur de l’appel divin, lorsque les trompettes divines, au nom du Saint-Esprit
1456 t : « combien il est bon, combien il est agréable de vivre avec des frères et d’être fondu en un. »61 Après cette utopie
1457 mbien il est agréable de vivre avec des frères et d’ être fondu en un. »61 Après cette utopie sublime de la Paix par l’Em
1458 tre fondu en un. »61 Après cette utopie sublime de la Paix par l’Empire — bafouée par des siècles de progrès constant du
1459 de la Paix par l’Empire — bafouée par des siècles de progrès constant du nationalisme, mais qui pourtant, ne cessera d’agi
1460 nt du nationalisme, mais qui pourtant, ne cessera d’ agir sur la conscience des meilleurs jusqu’à nous — voici la descripti
1461 la description étonnamment précise pour l’époque, d’ une Europe qui n’est pas seulement géographique mais déjà « culturelle
1462 cription étonnamment précise pour l’époque, d’une Europe qui n’est pas seulement géographique mais déjà « culturelle » comme d
1463 strée par l’exemple des langues. Citons le traité De vulgari eloquentia (I, 8) : Par suite de la confusion des langues do
1464 des langues dont on vient de parler62, nous avons de sérieuses raisons de penser qu’alors pour la première fois les hommes
1465 ient de parler62, nous avons de sérieuses raisons de penser qu’alors pour la première fois les hommes se dispersèrent pour
1466 du monde, toutes les régions et tous les recoins de ces pays. Et comme la souche primitive de la race humaine fut plantée
1467 recoins de ces pays. Et comme la souche primitive de la race humaine fut plantée aux rivages de l’Orient, et que de là not
1468 mitive de la race humaine fut plantée aux rivages de l’Orient, et que de là notre race s’est propagée des deux côtés en mu
1469 maine fut plantée aux rivages de l’Orient, et que de là notre race s’est propagée des deux côtés en multiples rameaux pour
1470 iples rameaux pour s’étendre enfin jusqu’aux pays d’ Occident, peut-être est-ce alors pour la première fois que les fleuves
1471 st-ce alors pour la première fois que les fleuves de l’Europe, ou du moins certains d’entre eux, ont désaltéré des êtres d
1472 alors pour la première fois que les fleuves de l’ Europe , ou du moins certains d’entre eux, ont désaltéré des êtres doués de r
1473 rtains d’entre eux, ont désaltéré des êtres doués de raison. Mais, que ses derniers occupants soient venus de l’étranger o
1474 s soient venus de l’étranger ou que des indigènes de l’Europe y soient revenus, ces hommes y apportèrent un langage divisé
1475 ent venus de l’étranger ou que des indigènes de l’ Europe y soient revenus, ces hommes y apportèrent un langage divisé en trois
1476 ortèrent un langage divisé en trois branches ; et de ceux qui l’apportèrent, les uns s’attribuèrent la région méridionale
1477 ent, les uns s’attribuèrent la région méridionale de l’Europe, d’autres la région septentrionale ; et le troisième groupe,
1478 les uns s’attribuèrent la région méridionale de l’ Europe , d’autres la région septentrionale ; et le troisième groupe, que nous
1479 appelons maintenant les Grecs, occupa une partie de l’Europe et une partie de l’Asie. C’est d’un seul et même langage reç
1480 lons maintenant les Grecs, occupa une partie de l’ Europe et une partie de l’Asie. C’est d’un seul et même langage reçu dans le
1481 recs, occupa une partie de l’Europe et une partie de l’Asie. C’est d’un seul et même langage reçu dans le châtiment de la
1482 partie de l’Europe et une partie de l’Asie. C’est d’ un seul et même langage reçu dans le châtiment de la confusion que les
1483 d’un seul et même langage reçu dans le châtiment de la confusion que les diverses langues vulgaires ont pris naissance, c
1484 nube ou du Palus-Méotide aux limites occidentales de l’Angleterre, est borné par le pays des Italiens et des Français et p
1485 re d’autres nations. Il ne resta qu’un seul signe de la même origine commune : presque tous les peuples cités ci-dessus po
1486 e à partir du pays des Hongrois dans la direction de l’orient, un autre a occupé tout ce qui, au-delà, porte le nom d’Euro
1487 autre a occupé tout ce qui, au-delà, porte le nom d’ Europe, et s’est propagé plus loin. Tout le reste de l’Europe a été oc
1488 tre a occupé tout ce qui, au-delà, porte le nom d’ Europe , et s’est propagé plus loin. Tout le reste de l’Europe a été occupé p
1489 Europe, et s’est propagé plus loin. Tout le reste de l’Europe a été occupé par un troisième langage, bien que maintenant i
1490 e, et s’est propagé plus loin. Tout le reste de l’ Europe a été occupé par un troisième langage, bien que maintenant il semble
1491 is et les Latins. Mais le signe évident que c’est d’ un seul et même langage que procèdent les langues vulgaires de ces tro
1492 même langage que procèdent les langues vulgaires de ces trois peuples, c’est qu’on les voit désigner une foule d’objets p
1493 peuples, c’est qu’on les voit désigner une foule d’ objets par les mêmes mots : ainsi Dieu, le ciel, l’amour, la mer, la t
1494 t, il aime, et presque tout le reste. Les peuples de langue d’oc occupent l’occident de l’Europe méridionale au-delà du pa
1495 , et presque tout le reste. Les peuples de langue d’ oc occupent l’occident de l’Europe méridionale au-delà du pays des Gén
1496 e. Les peuples de langue d’oc occupent l’occident de l’Europe méridionale au-delà du pays des Génois. Ceux qui disent si o
1497 s peuples de langue d’oc occupent l’occident de l’ Europe méridionale au-delà du pays des Génois. Ceux qui disent si occupent l
1498 des Génois. Ceux qui disent si occupent l’orient de ces pays jusqu’au promontoire de l’Italie où commence la mer Adriatiq
1499 ccupent l’orient de ces pays jusqu’au promontoire de l’Italie où commence la mer Adriatique, ainsi que la Sicile. Quant au
1500 r Adriatique, ainsi que la Sicile. Quant aux gens de langue d’oïl, ce sont en quelque sorte des septentrionaux en regard d
1501 ue, ainsi que la Sicile. Quant aux gens de langue d’ oïl, ce sont en quelque sorte des septentrionaux en regard de ceux-là,
1502 ds, sont entourés à l’ouest et au nord par la mer d’ Angleterre, et limités par les montagnes d’Aragon ; au midi également,
1503 la mer d’Angleterre, et limités par les montagnes d’ Aragon ; au midi également, ils sont bornés par les Provençaux et par
1504 sont bornés par les Provençaux et par les pentes de l’Apennin. Pierre Dubois (env. 1250-1320) Contemporain de la M
1505 Pierre Dubois (env. 1250-1320) Contemporain de la Monarchie (1308), l’essai de Pierre Dubois (1306) s’en distingue p
1506 ) Contemporain de la Monarchie (1308), l’essai de Pierre Dubois (1306) s’en distingue par un empirisme sans vergogne, o
1507 st à Ernest Renan que nous devons la résurrection de ce projet, enterré pendant cinq siècles dans la paix des archives de
1508 ré pendant cinq siècles dans la paix des archives de Christine de Suède, puis du Vatican. Depuis Renan, tout le monde le c
1509 r rendre un peu de son relief à la figure étrange de l’avocat normand que l’historien français Charles Langlois caractéris
1510 glois caractérisait comme « le premier publiciste de son époque », citons ici quelques extraits du chapitre que Renan lui
1511 e Renan lui consacre dans son Histoire littéraire de la France 63. Pierre Dubois naquit certainement en Normandie et très
1512 nces ou aux environs. Il étudia dans l’Université de Paris, où il entendit saint Thomas d’Aquin prononcer un sermon et Sig
1513 rmon et Siger de Brabant64 commenter la Politique d’ Aristote. Saint Thomas d’Aquin étant mort en 1274 et l’enseignement de
1514 omas d’Aquin étant mort en 1274 et l’enseignement de Siger devant être placé vers le même temps, il semble que l’on ne se
1515 e prenait définitivement le dessus sur la justice d’ église, et reléguait celle-ci dans un for ecclésiastique très large en
1516 Pierre Dubois exerçant à Coutances les fonctions d’ avocat des causes royales. Déjà, sans doute, avant cette époque, il ét
1517 nement. En effet, le premier écrit qui nous reste de lui, le Traité sur l’abrègement des guerres et des procès, daté avec
1518 c la plus grande précision des cinq derniers mois de l’an 1300, est adressé à Philippe le Bel, et rentre tout à fait dans
1519 es préoccupations qui dictèrent le prononcé papal de 1298, ainsi que les actes de la diplomatie royale en 1300. Cet ouvrag
1520 nt le prononcé papal de 1298, ainsi que les actes de la diplomatie royale en 1300. Cet ouvrage témoigne d’une connaissance
1521 a diplomatie royale en 1300. Cet ouvrage témoigne d’ une connaissance étendue des affaires politiques de l’Europe et des se
1522 ’une connaissance étendue des affaires politiques de l’Europe et des secrets de la maison de France ; on ne peut supposer
1523 connaissance étendue des affaires politiques de l’ Europe et des secrets de la maison de France ; on ne peut supposer qu’un obs
1524 es affaires politiques de l’Europe et des secrets de la maison de France ; on ne peut supposer qu’un obscur avocat de prov
1525 olitiques de l’Europe et des secrets de la maison de France ; on ne peut supposer qu’un obscur avocat de province, sans ra
1526 France ; on ne peut supposer qu’un obscur avocat de province, sans rapport avec la cour, fût si bien renseigné… La pensée
1527 cour, fût si bien renseigné… La pensée dominante de Pierre Dubois était la résistance aux empiètements de l’Église et l’e
1528 ierre Dubois était la résistance aux empiètements de l’Église et l’extension des pouvoirs de la société civile. La lutte d
1529 iètements de l’Église et l’extension des pouvoirs de la société civile. La lutte de Philippe le Bel et de Boniface VIII vi
1530 nsion des pouvoirs de la société civile. La lutte de Philippe le Bel et de Boniface VIII vint lui offrir une occasion exce
1531 la société civile. La lutte de Philippe le Bel et de Boniface VIII vint lui offrir une occasion excellente pour donner cou
1532 s passions anticléricales. Pendant toute la durée de cette lutte, nous le voyons à côté du roi, recevant ses inspirations,
1533 guments, tenant la plume pour défendre les droits de la couronne… Avant 1306, pour des raisons qu’on ignore, et certaineme
1534 t certainement sans rompre ses liens avec la cour de France, Dubois entrait au service d’Édouard Ier, roi d’Angleterre. …
1535 avec la cour de France, Dubois entrait au service d’ Édouard Ier, roi d’Angleterre. … En 1306, il composa le plus important
1536 gleterre. … En 1306, il composa le plus important de ses ouvrages, celui où il s’est plu à rassembler toutes ses idées de
1537 lui où il s’est plu à rassembler toutes ses idées de politique et de réformes sociales. C’est un traité adressé à Édouard
1538 plu à rassembler toutes ses idées de politique et de réformes sociales. C’est un traité adressé à Édouard Ier, sur les moy
1539 t un traité adressé à Édouard Ier, sur les moyens de recouvrer la Terre sainte65. … Il est permis de penser que Dubois ten
1540 s de recouvrer la Terre sainte65. … Il est permis de penser que Dubois tenait assez peu au but lointain qu’il assignait à
1541 l’activité des nations chrétiennes… Sous prétexte d’ indiquer les meilleurs procédés pour conquérir la Terre sainte, Dubois
1542 érir la Terre sainte, Dubois expose un vaste plan de réformes, qui consiste à détruire le pouvoir temporel du pape, à dépo
1543 pouvoir temporel du pape, à dépouiller le clergé de ses biens, à transformer ces biens en pensions payées par le pouvoir
1544 ouvoir séculier et à donner la direction générale de la chrétienté au roi de France. En 1307 nous trouvons de nouveau Dubo
1545 nnée 1308, il paraît avoir été au plus haut degré de son crédit auprès de Philippe. En cette année, l’empereur Albert d’Au
1546 Clément V se trouvant à Poitiers entre les mains de Philippe le Bel, Dubois proposa au roi de profiter de l’occasion pour
1547 s mains de Philippe le Bel, Dubois proposa au roi de profiter de l’occasion pour se faire élire empereur… Une fois nommé e
1548 hilippe le Bel, Dubois proposa au roi de profiter de l’occasion pour se faire élire empereur… Une fois nommé empereur, le
1549 e fois nommé empereur, le roi se mettra à la tête de la chrétienté et marchera sur Jérusalem par terre, comme le firent Ch
1550 l serait assez difficile, écrit Chr. L. Lange 66, d’ exposer les idées du traité de Pierre Dubois d’après le plan suivi par
1551 t Chr. L. Lange 66, d’exposer les idées du traité de Pierre Dubois d’après le plan suivi par l’auteur lui-même. Son ouvrag
1552 suivi par l’auteur lui-même. Son ouvrage n’a rien de systématique : les digressions et les répétitions sont fréquentes ; l
1553 l’auteur semblent assez disparates et n’ont guère de relation avec le sujet principal : il disserte sur l’éducation des fe
1554 cation des femmes et sur l’organisation militaire de la France, sur la réforme des couvents de religieuses et sur l’utilit
1555 litaire de la France, sur la réforme des couvents de religieuses et sur l’utilité d’apprendre les langues, sur les mariage
1556 orme des couvents de religieuses et sur l’utilité d’ apprendre les langues, sur les mariages mixtes entre sarrasins et chré
1557 entre sarrasins et chrétiennes et sur les moyens d’ abréger les procès. Ce dernier sujet lui tient notamment à cœur, il le
1558 ur, il le considère comme étroitement lié à celui de « l’abréviation des guerres ». Nous suivrons donc ici l’analyse propo
1559 nations chrétiennes, condition absolue du succès de la croisade. Les croisés ne demeureront pas en Terre sainte s’ils app
1560 inte s’ils apprennent que leur pays est en danger de guerre. Cependant, il ne suffit pas de prêcher la paix : Ne voit-on
1561 en danger de guerre. Cependant, il ne suffit pas de prêcher la paix : Ne voit-on pas que l’Écriture sainte, qui déteste
1562 et l’enseignement des ministres actuels et futurs de l’Église puissent faire cesser les guerres et les cupidités dont elle
1563 mme à leur supérieur ; car si l’évolution tendait de ce côté-là, il y aurait des guerres, des séditions, des dissensions s
1564 fin ; et il serait impossible pour n’importe qui d’ y mettre fin, à cause de la multitude des nations, de l’éloignement et
1565 mettre fin, à cause de la multitude des nations, de l’éloignement et de la diversité des lieux, et de la disposition natu
1566 de la multitude des nations, de l’éloignement et de la diversité des lieux, et de la disposition naturelle des hommes au
1567 de l’éloignement et de la diversité des lieux, et de la disposition naturelle des hommes au désaccord ; il est vrai que qu
1568 i, quant au spirituel, gouvernerait et dirigerait de l’est à l’ouest et du nord au sud. La « république chrétienne » de P
1569 et du nord au sud. La « république chrétienne » de Pierre Dubois est une sorte de Confédération, qui serait placée sous
1570 lique chrétienne » de Pierre Dubois est une sorte de Confédération, qui serait placée sous la direction d’un concile, dans
1571 onfédération, qui serait placée sous la direction d’ un concile, dans lequel les différentes nations garderaient une indépe
1572 il ne croit pas la paix possible sans une réforme de l’Église. Fort de l’autorité gagnée par ce moyen, le pape devrait pre
1573 paix possible sans une réforme de l’Église. Fort de l’autorité gagnée par ce moyen, le pape devrait prendre l’initiative
1574 ar ce moyen, le pape devrait prendre l’initiative de la convocation d’un concile qui établirait la paix entre les chrétien
1575 pe devrait prendre l’initiative de la convocation d’ un concile qui établirait la paix entre les chrétiens, en organisant l
1576 nt la société internationale en vue de la reprise de la Terre sainte. Il faut surtout organiser des moyens judiciaires afi
1577 Pierre Dubois développe alors un projet détaillé d’ arbitrage international entre les princes, qu’il admet d’ailleurs « so
1578 tés et ces princes nombreux, ne reconnaissant pas de supérieurs au monde qui exercent la justice sur eux selon les lois et
1579 autres pour chacune des parties, hommes aisés et de telle condition qu’il soit probable qu’ils ne puissent être corrompus
1580 dans un endroit approprié, et, étant assermentés de la manière la plus stricte, après qu’ils auraient reçu avant leur réu
1581 leur réunion les plaidoiries sommaires et claires de chaque partie, ils recevraient — en éliminant d’abord tout ce qui ser
1582 eusement… Si l’une des parties n’est pas contente de la sentence, les juges eux-mêmes doivent renvoyer tout le procès, acc
1583 être confirmées et enregistrées dans les archives de l’Église ad perpetuam memoriam. Il est intéressant de noter que le p
1584 Église ad perpetuam memoriam. Il est intéressant de noter que le pape est désigné par cet avocat de l’État national pour
1585 t de noter que le pape est désigné par cet avocat de l’État national pour être le juge suprême dans les litiges des prince
1586 nts et amis des condamnés. Il veut donc profiter de l’esprit guerrier de son époque pour faire avancer son projet de conq
1587 mnés. Il veut donc profiter de l’esprit guerrier de son époque pour faire avancer son projet de conquête des lieux saints
1588 rrier de son époque pour faire avancer son projet de conquête des lieux saints : les trouble-paix seront déportés en Orien
1589 ront déportés en Orient, où ils auront l’occasion de développer leurs capacités militaires contre les Infidèles, au lieu q
1590 es contre les Infidèles, au lieu qu’en restant en Europe , ils y détruiraient la paix de la république chrétienne ! Mais cette
1591 ’en restant en Europe, ils y détruiraient la paix de la république chrétienne ! Mais cette disposition ne suffit pas. Dubo
1592 lui du duc de Bourgogne — comment on vaincrait en Europe même l’opposition à prévoir : le pays récalcitrant serait cerné, tout
1593 ilement que les armes. « Le trait caractéristique de ce projet, remarque Lange67, c’est son esprit réaliste. Dubois sait a
1594 me qui se pose, c’est la coexistence dans la paix d’ États souverains ; il voit également que le moyen judiciaire de vider
1595 rains ; il voit également que le moyen judiciaire de vider les litiges entre États souverains est l’arbitrage. Il recomman
1596 s en usage depuis le xiie siècle ; les sanctions de l’arbitrage, qui également entraient tout à fait dans la pratique de
1597 également entraient tout à fait dans la pratique de son époque… S’il n’a pas trouvé d’écho, c’est qu’il y a peu d’hommes
1598 ns la pratique de son époque… S’il n’a pas trouvé d’ écho, c’est qu’il y a peu d’hommes qui voient vraiment la réalité, com
1599 … S’il n’a pas trouvé d’écho, c’est qu’il y a peu d’ hommes qui voient vraiment la réalité, comme il l’a vue. Il était trop
1600 sentielle — qui fait aussi l’intérêt — du système de Dubois : « Le point de départ de son raisonnement est l’existence de
1601 ssi l’intérêt — du système de Dubois : « Le point de départ de son raisonnement est l’existence de l’État, du prince souve
1602 rêt — du système de Dubois : « Le point de départ de son raisonnement est l’existence de l’État, du prince souverain, rex
1603 int de départ de son raisonnement est l’existence de l’État, du prince souverain, rex qui non recognoscit superiorem in te
1604 t superiorem in terris… Or, l’affirmation absolue de la souveraineté de l’État doit, poussée à fond, amener l’établissemen
1605 ris… Or, l’affirmation absolue de la souveraineté de l’État doit, poussée à fond, amener l’établissement de l’anarchie dan
1606 État doit, poussée à fond, amener l’établissement de l’anarchie dans les relations entre les États, anarchie qui, en princ
1607 e toujours devant notre époque comme devant celle de Philippe le Bel et de Boniface VIII. Pierre Dubois est le premier qui
1608 e époque comme devant celle de Philippe le Bel et de Boniface VIII. Pierre Dubois est le premier qui l’a posé, et qui a tâ
1609 ubois est le premier qui l’a posé, et qui a tâché d’ en indiquer une solution. » Pétrarque (1304-1374) Cependant l’an
1610 4) Cependant l’anarchie ne fait que grandir en Europe . Les Souverainetés absolues, à l’état naissant et virulent, déchirent
1611 et virulent, déchirent son corps. Est-ce le corps de la chrétienté ? Pétrarque n’a pas l’air de le penser, lorsqu’il lamen
1612 corps de la chrétienté ? Pétrarque n’a pas l’air de le penser, lorsqu’il lamente la décadence d’une Europe où, dans plusi
1613 ’air de le penser, lorsqu’il lamente la décadence d’ une Europe où, dans plusieurs régions, « le Christ est inconnu ou méco
1614 e le penser, lorsqu’il lamente la décadence d’une Europe où, dans plusieurs régions, « le Christ est inconnu ou méconnu » : T
1615 esprit plus loin ; toute la Gaule, limite extrême de notre continent, et la Grande-Bretagne, projetée hors du continent, s
1616 ses. La Germanie, non moins que l’Italie, souffre de luttes intestines et brûle en son propre feu. Les rois d’Espagne pren
1617 s intestines et brûle en son propre feu. Les rois d’ Espagne prennent les armes l’un contre l’autre… La Grèce laboure pour
1618 alut, délaisse la crèche. Dans les autres régions d’ Europe, le Christ est inconnu ou mal vu… Le lieu de naissance et le sé
1619 ut, délaisse la crèche. Dans les autres régions d’ Europe , le Christ est inconnu ou mal vu… Le lieu de naissance et le sépulcre
1620 ’Europe, le Christ est inconnu ou mal vu… Le lieu de naissance et le sépulcre même du Seigneur, double port de la paix pou
1621 ance et le sépulcre même du Seigneur, double port de la paix pour les chrétiens, sont piétinés par les chiens et ceux qui
1622 Cent-cinquante ans plus tard, à l’autre bout de l’ Europe , un autre monarque reprend un projet similaire, peut-être inspiré du
1623 briguant l’Empire bien qu’hérétique, il a besoin de l’appui du pape et des princes de la chrétienté. « C’est probablement
1624 ue, il a besoin de l’appui du pape et des princes de la chrétienté. « C’est probablement pendant l’année même de son avène
1625 tienté. « C’est probablement pendant l’année même de son avènement au trône — écrit Lange69 — que Georges a fait la connai
1626 crit Lange69 — que Georges a fait la connaissance d’ Antoine Marini, originaire de Grenoble, inventeur et grand industriel,
1627 fait la connaissance d’Antoine Marini, originaire de Grenoble, inventeur et grand industriel, qui avait fondé des entrepri
1628 grand industriel, qui avait fondé des entreprises de tuileries et de chaufournerie en Styrie et en Salzburg. Antoine déplo
1629 , qui avait fondé des entreprises de tuileries et de chaufournerie en Styrie et en Salzburg. Antoine déployait depuis 1456
1630 llemands, probablement aussi en Bohême ; dans une de ses lettres de créance, le roi appelle Antoine carbonista, charbonnie
1631 blement aussi en Bohême ; dans une de ses lettres de créance, le roi appelle Antoine carbonista, charbonnier. On doit supp
1632 che en ressources, qui a suggéré à Georges l’idée de faire introduire ses projets d’alliances politiques par un plan grand
1633 à Georges l’idée de faire introduire ses projets d’ alliances politiques par un plan grandiose de fédération européenne. C
1634 jets d’alliances politiques par un plan grandiose de fédération européenne. C’est encore Antoine qui a présenté le projet
1635 es politiques par un plan grandiose de fédération européenne . C’est encore Antoine qui a présenté le projet aux princes étrangers
1636 enfin soumis le projet à Louis XI pendant l’hiver de 1462 à 1463. En 1464 Antoine prend part à une grande ambassade bohémi
1637 s XI. C’est sa dernière apparition ; il disparaît de l’histoire après cet événement. — On sait que plus tard, en 1466, le
1638 XI en 1463 est écrit en latin. Dans les Mémoires de Philippe de Comines, qui le reproduisent, il porte ce titre en frança
1639 roduisent, il porte ce titre en français : Traité d’ alliance et confédération entre le roy Louis XI, Georges roy de Bohême
1640 confédération entre le roy Louis XI, Georges roy de Bohême et la seigneurie de Venise, pour résister au Turc. Podiebrad c
1641 Louis XI, Georges roy de Bohême et la seigneurie de Venise, pour résister au Turc. Podiebrad comptait y faire participer
1642 er au Turc. Podiebrad comptait y faire participer d’ entrée de jeu les rois de Pologne et de Hongrie, ainsi que les ducs de
1643 c. Podiebrad comptait y faire participer d’entrée de jeu les rois de Pologne et de Hongrie, ainsi que les ducs de Bourgogn
1644 ptait y faire participer d’entrée de jeu les rois de Pologne et de Hongrie, ainsi que les ducs de Bourgogne et de Bavière 
1645 participer d’entrée de jeu les rois de Pologne et de Hongrie, ainsi que les ducs de Bourgogne et de Bavière ; mais l’emper
1646 rois de Pologne et de Hongrie, ainsi que les ducs de Bourgogne et de Bavière ; mais l’empereur et le pape s’en voyaient ex
1647 et de Hongrie, ainsi que les ducs de Bourgogne et de Bavière ; mais l’empereur et le pape s’en voyaient exclus. C’est donc
1648 ape s’en voyaient exclus. C’est donc bien sur une Europe nouvelle, celle des États et des nations naissantes, — celle de Pierr
1649 elle des États et des nations naissantes, — celle de Pierre Dubois — qu’entendait se fonder ce plan fédératif : il prenait
1650 ait se fonder ce plan fédératif : il prenait acte d’ une situation de fait, et tentait de prévenir le péril de l’anarchie d
1651 plan fédératif : il prenait acte d’une situation de fait, et tentait de prévenir le péril de l’anarchie des souverainetés
1652 prenait acte d’une situation de fait, et tentait de prévenir le péril de l’anarchie des souverainetés. Bien qu’il ait éch
1653 ituation de fait, et tentait de prévenir le péril de l’anarchie des souverainetés. Bien qu’il ait échoué devant la résista
1654 netés. Bien qu’il ait échoué devant la résistance de deux papes, au pouvoir desquels il entendait faire pièce, ce projet m
1655 pièce, ce projet marque une date dans l’histoire de l’Europe : il esquisse pour la première fois une Confédération contin
1656 e, ce projet marque une date dans l’histoire de l’ Europe  : il esquisse pour la première fois une Confédération continentale, l
1657 l’autonomie des États membres. Il porte création d’ une Assemblée votant à la majorité simple ; d’une Cour de Justice ; d’
1658 ion d’une Assemblée votant à la majorité simple ; d’ une Cour de Justice ; d’une procédure d’arbitrage international ; d’un
1659 ssemblée votant à la majorité simple ; d’une Cour de Justice ; d’une procédure d’arbitrage international ; d’une force arm
1660 nt à la majorité simple ; d’une Cour de Justice ; d’ une procédure d’arbitrage international ; d’une force armée commune ;
1661 simple ; d’une Cour de Justice ; d’une procédure d’ arbitrage international ; d’une force armée commune ; et d’un budget f
1662 ice ; d’une procédure d’arbitrage international ; d’ une force armée commune ; et d’un budget fédéral, alimenté d’ailleurs
1663 ge international ; d’une force armée commune ; et d’ un budget fédéral, alimenté d’ailleurs aux dépens de la dîme ecclésias
1664 d’ailleurs aux dépens de la dîme ecclésiastique. De ce texte fort long, redondant et fleuri comme il se devait à l’époque
1665 omme il se devait à l’époque, nous traduirons ici d’ amples extraits : il nous paraît que le justifient les nombreux rappro
1666 que cette lecture suggère avec les circonstances de notre temps. Au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, Nous, Georges, r
1667 mps que le sépulcre du Seigneur. Il n’y avait pas de nation à cette époque dans le monde entier qui osât attaquer la domin
1668 elle est déchirée, réduite, affaiblie, dépouillée de tout son éclat et de toute sa splendeur d’autrefois… Car l’islam, pu
1669 duite, affaiblie, dépouillée de tout son éclat et de toute sa splendeur d’autrefois… Car l’islam, puis les Turcs, sont su
1670 uillée de tout son éclat et de toute sa splendeur d’ autrefois… Car l’islam, puis les Turcs, sont survenus, « réduisant en
1671 uis … déportant hors des pays chrétiens un nombre d’ âmes presque infini ». Ô Province dorée ! Ô chrétienté, gloire de l’u
1672 nfini ». Ô Province dorée ! Ô chrétienté, gloire de l’univers, comment tout honneur s’est-il retiré de toi ? Comment a di
1673 e l’univers, comment tout honneur s’est-il retiré de toi ? Comment a disparu ton éclat sans rival ? Où est la vigueur de t
1674 disparu ton éclat sans rival ? Où est la vigueur de ton peuple ? Où, le respect que toutes les nations te portaient ? Où,
1675 ires, si tu devais si vite être menée au triomphe de tes vainqueurs ? À quoi bon avoir résisté à la puissance des chefs pa
1676 , si maintenant tu ne peux plus soutenir l’assaut de tes voisins ? Ô vicissitudes de la fortune, que de changements vous a
1677 soutenir l’assaut de tes voisins ? Ô vicissitudes de la fortune, que de changements vous apportez aux empires ! Avec quell
1678 e tes voisins ? Ô vicissitudes de la fortune, que de changements vous apportez aux empires ! Avec quelle rapidité se trans
1679 évanouissent les puissances ! Quelle est la cause d’ un tel changement et d’une telle ruine ? Il n’est pas facile de la dis
1680 nces ! Quelle est la cause d’un tel changement et d’ une telle ruine ? Il n’est pas facile de la discerner, parce que les j
1681 gement et d’une telle ruine ? Il n’est pas facile de la discerner, parce que les jugements de Dieu sont cachés. Les champs
1682 s facile de la discerner, parce que les jugements de Dieu sont cachés. Les champs ne sont pas moins fertiles aujourd’hui q
1683 troupeaux ne sont pas moins féconds ; le produit de la vigne emplit les cuves avec usure ; des hommes industrieux ont déc
1684  ; des hommes industrieux ont découvert des mines d’ or et d’argent, de grands esprits ont fait leurs preuves dans une foul
1685 ommes industrieux ont découvert des mines d’or et d’ argent, de grands esprits ont fait leurs preuves dans une foule de dom
1686 strieux ont découvert des mines d’or et d’argent, de grands esprits ont fait leurs preuves dans une foule de domaines, les
1687 nds esprits ont fait leurs preuves dans une foule de domaines, les lettres sont aussi florissantes que jamais. Qu’est-ce d
1688 soit lamentable et qu’il faille déplorer la ruine de Constantinople et d’autres provinces, nous devons pourtant, si nous s
1689 nces, nous devons pourtant, si nous sommes avides de gloire, souhaiter cette occasion qui peut nous réserver l’honneur d’ê
1690 r cette occasion qui peut nous réserver l’honneur d’ être appelés défenseurs et mainteneurs du nom chrétien. C’est pourquoi
1691 du nom chrétien. C’est pourquoi, dans notre désir de voir cesser et disparaître entièrement ces guerres, rapines, désordre
1692 s prélats, des princes, des grands, des nobles et de nos docteurs en droit divin et humain, à cet acte d’alliance, de paix
1693 nos docteurs en droit divin et humain, à cet acte d’ alliance, de paix, de fraternité et de concorde destiné à durer inébra
1694 en droit divin et humain, à cet acte d’alliance, de paix, de fraternité et de concorde destiné à durer inébranlablement,
1695 divin et humain, à cet acte d’alliance, de paix, de fraternité et de concorde destiné à durer inébranlablement, à cause d
1696 à cet acte d’alliance, de paix, de fraternité et de concorde destiné à durer inébranlablement, à cause du respect de Dieu
1697 tiné à durer inébranlablement, à cause du respect de Dieu et du maintien de la foi, pour nous, nos héritiers et nos futurs
1698 lement, à cause du respect de Dieu et du maintien de la foi, pour nous, nos héritiers et nos futurs successeurs, à perpétu
1699 té statuent : que les contractants s’abstiendront de recourir aux armes les uns contre les autres ; qu’ils ne prêteront se
1700 ours ni conseil à aucune conspiration contre l’un d’ eux ; et qu’ils s’entraideront pour réprimer les délits commis par leu
1701 délits commis par leurs sujets sur le territoire de n’importe quel pays membre. L’article suivant aborde le sujet capital
1702 membre. L’article suivant aborde le sujet capital de l’assistance mutuelle et de l’arbitrage international : Quatrièmemen
1703 orde le sujet capital de l’assistance mutuelle et de l’arbitrage international : Quatrièmement, nous voulons que si par h
1704 es-uns, en dehors de cette convention qui réclame de nous amour et fraternité, et sans avoir été attaqués ou provoqués, ou
1705 ou provoqués, ouvrent les hostilités contre l’un de nous, ou qu’il arrivât qu’elles fussent ouvertes (ce qui paraît fort
1706 es ; et là, en présence des parties en conflit ou de leurs ambassadeurs plénipotentiaires, employer tout son zèle et toute
1707 ci-dessous désigné. Et si, du fait et par défaut de l’agresseur, la paix et l’union ne peuvent se faire par l’un des moye
1708 n des moyens susdits, tous les autres parmi nous, d’ un accord unanime, voulons secourir notre allié attaqué ou contraint d
1709 voulons secourir notre allié attaqué ou contraint de se défendre en lui procurant chaque année pour sa défense les dîmes d
1710 procurant chaque année pour sa défense les dîmes de notre royaume, ainsi que les revenus, gains ou émoluments de nos gens
1711 yaume, ainsi que les revenus, gains ou émoluments de nos gens et de nos sujets, qu’ils auront versé à proportion de trois
1712 e les revenus, gains ou émoluments de nos gens et de nos sujets, qu’ils auront versé à proportion de trois jours par année
1713 t de nos sujets, qu’ils auront versé à proportion de trois jours par année pour la jouissance de leur maison ou habitation
1714 rtion de trois jours par année pour la jouissance de leur maison ou habitation… Les organes de la Confédération sont ensu
1715 ssance de leur maison ou habitation… Les organes de la Confédération sont ensuite indiqués : Cour de justice ou Consistoi
1716 de la Confédération sont ensuite indiqués : Cour de justice ou Consistoire, Assemblée, enfin force armée commune, ainsi q
1717 , enfin force armée commune, ainsi que la manière de la financer et de la faire entrer en action : Mais, comme la paix n
1718 e commune, ainsi que la manière de la financer et de la faire entrer en action : Mais, comme la paix ne peut être cultiv
1719 la justice sans la paix… nous avons prévu d’abord d’ organiser une sorte de Consistoire général qui siégera au lieu où l’As
1720 x… nous avons prévu d’abord d’organiser une sorte de Consistoire général qui siégera au lieu où l’Assemblée elle-même se t
1721 ssemblée elle-même se trouvera pour le moment, et d’ où, comme d’une source, découleront de partout les ruisseaux de la jus
1722 e-même se trouvera pour le moment, et d’où, comme d’ une source, découleront de partout les ruisseaux de la justice. Ce tri
1723 moment, et d’où, comme d’une source, découleront de partout les ruisseaux de la justice. Ce tribunal sera organisé, quant
1724 ’une source, découleront de partout les ruisseaux de la justice. Ce tribunal sera organisé, quant au nombre et à la qualit
1725 otre Assemblée ci-dessous désignée ou la majorité de celle-ci l’aura arrêté et décidé. Et afin que dans ce tribunal un ter
1726 simplement et clairement, sans figure et tumulte de procès, en l’absence de tout subterfuge et de toute manœuvre dilatoir
1727 t, sans figure et tumulte de procès, en l’absence de tout subterfuge et de toute manœuvre dilatoire. … D’autre part, comme
1728 lte de procès, en l’absence de tout subterfuge et de toute manœuvre dilatoire. … D’autre part, comme cet acte de bonne int
1729 anœuvre dilatoire. … D’autre part, comme cet acte de bonne intelligence et de charité est fait et établi avant tout à la g
1730 tre part, comme cet acte de bonne intelligence et de charité est fait et établi avant tout à la gloire et à l’honneur de l
1731 t et établi avant tout à la gloire et à l’honneur de la divine majesté de la sainte Église romaine et de la foi catholique
1732 t à la gloire et à l’honneur de la divine majesté de la sainte Église romaine et de la foi catholique, de défendre et prot
1733 la divine majesté de la sainte Église romaine et de la foi catholique, de défendre et protéger la religion chrétienne et
1734 la sainte Église romaine et de la foi catholique, de défendre et protéger la religion chrétienne et tous les fidèles oppri
1735 s avec nos revenus, profits et émoluments et ceux de nos sujets, à fournir, comme il est dit, à raison de trois jours par
1736 e par accabler l’imprévoyance, nous décidons que, d’ un commun accord de toute notre Assemblée ou de la majeure partie de c
1737 prévoyance, nous décidons que, d’un commun accord de toute notre Assemblée ou de la majeure partie de celle-ci, on fixera
1738 e, d’un commun accord de toute notre Assemblée ou de la majeure partie de celle-ci, on fixera à quel moment il conviendra
1739 de toute notre Assemblée ou de la majeure partie de celle-ci, on fixera à quel moment il conviendra d’attaquer l’ennemi,
1740 e celle-ci, on fixera à quel moment il conviendra d’ attaquer l’ennemi, avec quelles forces de terre et de mer il faudra fa
1741 nviendra d’attaquer l’ennemi, avec quelles forces de terre et de mer il faudra faire la guerre, quels chefs militaires, qu
1742 ttaquer l’ennemi, avec quelles forces de terre et de mer il faudra faire la guerre, quels chefs militaires, quelles machin
1743 efs militaires, quelles machines et quel matériel de guerre il sera nécessaire d’employer, à quel endroit toutes les armée
1744 nes et quel matériel de guerre il sera nécessaire d’ employer, à quel endroit toutes les armées de terre devront se réunir
1745 aire d’employer, à quel endroit toutes les armées de terre devront se réunir pour poursuivre leur marche contre les Turcs.
1746 voici comment le traité prévoit le fonctionnement de l’Assemblée fédérale, pièce maîtresse de la construction : Item, af
1747 onnement de l’Assemblée fédérale, pièce maîtresse de la construction : Item, afin que ce qui est écrit ci-dessus et ci-d
1748 l est dû, nous promettons et prenons l’engagement de la manière susdite que chacun de nous assemblera ses ambassadeurs, ge
1749 ons l’engagement de la manière susdite que chacun de nous assemblera ses ambassadeurs, gens notables et jouissant d’une gr
1750 lera ses ambassadeurs, gens notables et jouissant d’ une grande autorité, munis des plus larges pouvoirs et de son sceau, l
1751 rande autorité, munis des plus larges pouvoirs et de son sceau, le dimanche Reminiscere de l’année 1464 après la nativité
1752 pouvoirs et de son sceau, le dimanche Reminiscere de l’année 1464 après la nativité du Seigneur70, dans la cité de Bâle en
1753 464 après la nativité du Seigneur70, dans la cité de Bâle en Allemagne, afin qu’ils y demeurent tous pendant les cinq ans
1754 corps, communauté ou Collège ; que, ces cinq ans de l’Assemblée de Bâle une fois écoulés, cette même Assemblée se réunira
1755 cinq ans immédiatement suivants dans une ville X de France, et, au cours de la troisième période de cinq ans, dans une ci
1756 X de France, et, au cours de la troisième période de cinq ans, dans une cité X d’Italie, de sorte qu’en faisant toujours p
1757 la troisième période de cinq ans, dans une cité X d’ Italie, de sorte qu’en faisant toujours par la suite une rotation de c
1758 qu’en faisant toujours par la suite une rotation de cinq en cinq ans jusqu’à ce que l’Assemblée elle-même ou la majorité
1759 squ’à ce que l’Assemblée elle-même ou la majorité de celle-ci juge devoir en ordonner et disposer autrement, l’Assemblée e
1760 re et la tête, et que nous autres rois et princes de la chrétienté en soyons les membres ; que ledit Collège ait aussi sur
1761 empire, selon que ladite Assemblée ou la majorité de celle-ci l’aura arrêté et décidé ; qu’enfin il ait ses propres armes,
1762 oment, on mettra à la tête des principaux offices de l’Assemblée des hommes qui soient issus et originaires de cette même
1763 emblée des hommes qui soient issus et originaires de cette même nation, et en connaissent et comprennent les coutumes et l
1764 s, roi de France, avec les autres rois et princes de la Gaule, ayons une voix dans l’Assemblée elle-même, nous, rois et pr
1765 dans l’Assemblée elle-même, nous, rois et princes de Germanie, une autre, et nous, doge de Venise, avec les princes et com
1766 et princes de Germanie, une autre, et nous, doge de Venise, avec les princes et communes d’Italie, une troisième ; mais q
1767 ous, doge de Venise, avec les princes et communes d’ Italie, une troisième ; mais que si le roi de Castille ou d’autres roi
1768 si le roi de Castille ou d’autres rois et princes d’ Espagne se joignaient à notre union, amitié et fraternité, ils aient e
1769 is si, entre les ambassadeurs des rois et princes d’ une seule et même nation, des votes contraires sont donnés et émis sur
1770 res clauses du traité fut la raison bien évidente de l’échec final du projet : par une ruse cousue de fil blanc, les princ
1771 de l’échec final du projet : par une ruse cousue de fil blanc, les princes décident de s’adresser au pape pour le charger
1772 ne ruse cousue de fil blanc, les princes décident de s’adresser au pape pour le charger de veiller à ce que les dîmes, per
1773 es décident de s’adresser au pape pour le charger de veiller à ce que les dîmes, perçues par l’Église, soient désormais ve
1774 ésormais versées à l’Assemblée, nouveau défenseur de la Foi ! Poliment écarté par Louis XI, expressément condamné par le p
1775 XI, expressément condamné par le pape, le projet de Podiebrad n’eut aucune suite. Æneas Silvius Piccolomini (1405-1464
1776 Pierre Dubois, ni Podiebrad, ne font usage du nom d’ Europe ou de l’adjectif européen, dans leurs plans qui cependant ne co
1777 erre Dubois, ni Podiebrad, ne font usage du nom d’ Europe ou de l’adjectif européen, dans leurs plans qui cependant ne concerne
1778 s, ni Podiebrad, ne font usage du nom d’Europe ou de l’adjectif européen, dans leurs plans qui cependant ne concernent que
1779 d, ne font usage du nom d’Europe ou de l’adjectif européen , dans leurs plans qui cependant ne concernent que l’Europe, en tant q
1780 ans leurs plans qui cependant ne concernent que l’ Europe , en tant que chrétienté de fait. Chose curieuse, c’est un pape, à l’a
1781 e concernent que l’Europe, en tant que chrétienté de fait. Chose curieuse, c’est un pape, à l’aube de la Renaissance, qui
1782 de fait. Chose curieuse, c’est un pape, à l’aube de la Renaissance, qui sera le premier à désigner de nouveau par son nom
1783 dont il ne sait que trop que les premiers efforts d’ unité se sont dessinés jusqu’alors contre le Saint-Siège, précisément,
1784 us Piccolomini, l’un des plus glorieux humanistes de son temps71, fut élevé au pontificat sous le nom de Pie II en 1458, l
1785 son temps71, fut élevé au pontificat sous le nom de Pie II en 1458, l’année même, notons-le, où Georges Podiebrad était é
1786 tomber aux mains des Turcs. Pour Æneas Silvius, l’ Europe est identifiée à « notre patrie, notre maison », car tout y participe
1787 otre patrie, notre maison », car tout y participe d’ un même destin menacé : Maintenant, c’est en Europe même, c’est-à-dir
1788 e d’un même destin menacé : Maintenant, c’est en Europe même, c’est-à-dire dans notre patrie, dans notre propre maison, dans
1789 que nous sommes attaqués et tués.72 Vers la fin de sa vie, il avait entrepris la rédaction d’une Cosmographie générale,
1790 la fin de sa vie, il avait entrepris la rédaction d’ une Cosmographie générale, dont seuls les chapitres sur « Asie » et « 
1791 érale, dont seuls les chapitres sur « Asie » et «  Europe  » purent être terminés. Pour la première fois depuis des siècles, l’E
1792 inés. Pour la première fois depuis des siècles, l’ Europe s’y trouve décrite comme un ensemble humain et historique, non plus s
1793 t géographique. Il est malheureusement impossible d’ en citer des extraits significatifs, car l’œuvre se divise en chapitre
1794 a culture, en un mot. « Personne ne connaissait l’ Europe aussi bien qu’Æneas Silvius, écrit l’historien anglais Denys Hay 73,
1795 3, et quand il devint pape, sa première tâche fut de défendre la chrétienté par la force de la persuasion et par la force
1796 tâche fut de défendre la chrétienté par la force de la persuasion et par la force des armes. Pour Pie II, la chrétienté e
1797 force des armes. Pour Pie II, la chrétienté et l’ Europe étaient une seule et même chose. » Dans sa fameuse Lettre à Mahomet I
1798 se Lettre à Mahomet II, il énumère les ressources de la chrétienté comme étant les ressources de l’Europe, et nie l’existe
1799 urces de la chrétienté comme étant les ressources de l’Europe, et nie l’existence de véritables chrétiens en dehors de l’E
1800 de la chrétienté comme étant les ressources de l’ Europe , et nie l’existence de véritables chrétiens en dehors de l’Europe. N
1801 nt les ressources de l’Europe, et nie l’existence de véritables chrétiens en dehors de l’Europe. Nous ne pouvons croire q
1802 ’existence de véritables chrétiens en dehors de l’ Europe . Nous ne pouvons croire que tu sois assez ignorant de ce qui nous co
1803 Nous ne pouvons croire que tu sois assez ignorant de ce qui nous concerne pour ne pas voir quelle est la puissance du peup
1804 erte aux armes l’Italie. Quant aux chrétiens non européens , que Mahomet se vante de dominer, Pie II a tôt fait de les exclure en
1805 aux chrétiens non européens, que Mahomet se vante de dominer, Pie II a tôt fait de les exclure en tant que faux chrétiens 
1806 ue Mahomet se vante de dominer, Pie II a tôt fait de les exclure en tant que faux chrétiens : Ils sont tous imbus d’erreu
1807 en tant que faux chrétiens : Ils sont tous imbus d’ erreur, quoiqu’ils rendent un culte au Christ — Arméniens, Jacobites,
1808 s, Maronites et le reste. Les Grecs se séparèrent de l’unité de l’Église romaine lorsque tu envahis Constantinople. Ils n’
1809 s et le reste. Les Grecs se séparèrent de l’unité de l’Église romaine lorsque tu envahis Constantinople. Ils n’ont jamais
1810 sance des chrétiens, dit le pape, s’il approchait de l’intérieur de la chrétienté, c’est-à-dire de l’intérieur de l’Europe
1811 iens, dit le pape, s’il approchait de l’intérieur de la chrétienté, c’est-à-dire de l’intérieur de l’Europe. Tandis que si
1812 ait de l’intérieur de la chrétienté, c’est-à-dire de l’intérieur de l’Europe. Tandis que si Mahomet accepte la conversion
1813 eur de la chrétienté, c’est-à-dire de l’intérieur de l’Europe. Tandis que si Mahomet accepte la conversion (comme un autre
1814 e la chrétienté, c’est-à-dire de l’intérieur de l’ Europe . Tandis que si Mahomet accepte la conversion (comme un autre Constant
1815 utre Constantin), le pape lui promet l’admiration de toute la Grèce, de toute l’Italie, de toute l’Europe. Quant à la croi
1816 e pape lui promet l’admiration de toute la Grèce, de toute l’Italie, de toute l’Europe. Quant à la croisade que Pie II ess
1817 ’admiration de toute la Grèce, de toute l’Italie, de toute l’Europe. Quant à la croisade que Pie II essaya de promouvoir à
1818 de toute la Grèce, de toute l’Italie, de toute l’ Europe . Quant à la croisade que Pie II essaya de promouvoir à Mantoue, c’éta
1819 e l’Europe. Quant à la croisade que Pie II essaya de promouvoir à Mantoue, c’était, selon ses propres termes, pour chasser
1820 selon ses propres termes, pour chasser l’infidèle d’ Europe. Lorsque, à la fin de sa vie, il prie pour le succès des croisé
1821 lon ses propres termes, pour chasser l’infidèle d’ Europe . Lorsque, à la fin de sa vie, il prie pour le succès des croisés, il
1822 ur chasser l’infidèle d’Europe. Lorsque, à la fin de sa vie, il prie pour le succès des croisés, il dit : Donne-nous la vi
1823 , nous puissions chanter tes louanges par toute l’ Europe . Relevons la triade significative des termes de Grèce, d’Italie et d
1824 ope. Relevons la triade significative des termes de Grèce, d’Italie et de chrétienté pour désigner « toute l’Europe » : p
1825 vons la triade significative des termes de Grèce, d’ Italie et de chrétienté pour désigner « toute l’Europe » : première es
1826 de significative des termes de Grèce, d’Italie et de chrétienté pour désigner « toute l’Europe » : première esquisse de ce
1827 d’Italie et de chrétienté pour désigner « toute l’ Europe  » : première esquisse de cette définition de notre culture par ses tr
1828 r désigner « toute l’Europe » : première esquisse de cette définition de notre culture par ses trois sources principales,
1829 ’Europe » : première esquisse de cette définition de notre culture par ses trois sources principales, Athènes, Rome et Jér
1830 is les chefs des nouveaux États divisant le corps de l’Europe restèrent sourds aux appels du Pontife, comme à ceux de son
1831 s chefs des nouveaux États divisant le corps de l’ Europe restèrent sourds aux appels du Pontife, comme à ceux de son rival le
1832 tèrent sourds aux appels du Pontife, comme à ceux de son rival le roi de Bohême. Il eut beau joindre à ses prières l’annon
1833 prières l’annonce, qu’il croyait décisive, du don de sa personne sacrée, en promettant de se mettre lui-même à la tête d’u
1834 sive, du don de sa personne sacrée, en promettant de se mettre lui-même à la tête d’une nouvelle croisade : Qui pourrait r
1835 ée, en promettant de se mettre lui-même à la tête d’ une nouvelle croisade : Qui pourrait refuser son concours quand l’évêq
1836 Qui pourrait refuser son concours quand l’évêque de Rome est fret à exposer sa propre vie ? Rien n’y fit. À Ancône, où il
1837 en 1464 — l’année même où Podiebrad avait proposé de réunir à Bâle la première Assemblée fédérale ! — il ne trouva qu’une
1838 Assemblée fédérale ! — il ne trouva qu’une cohue d’ aventuriers sans armes ni chefs. Il mourut quelques semaines plus tard
1839 mourut quelques semaines plus tard, sous le coup de cette déception. Ne devait-il pas, cependant, l’avoir prévue, lui qui
1840 avant de devenir pape : La chrétienté n’a point de chef auquel tous veuillent obéir. Ni au Souverain Pontife ni à l’empe
1841 ni à l’empereur on ne rend leur dû. Il n’est plus de respect ni d’obéissance. Nous regardons le pape et l’empereur comme d
1842 r on ne rend leur dû. Il n’est plus de respect ni d’ obéissance. Nous regardons le pape et l’empereur comme des noms, des f
1843 prince.74 55. Lorsque Dante se fait l’avocat d’ un Empire qui réaliserait l’ordinatio ad unum, il n’envisage pas un in
1844 , dans son introduction à la traduction française de la Monarchie, Felix Alcan, Paris, 1933, qu’on va citer. 57. De Mona
1845 , Felix Alcan, Paris, 1933, qu’on va citer. 57. De Monarchia, I, 4. 58. Ibid., I, 5. 59. Ibid., I, 10. 60. Op. cit
1846 . cit., I, 14. 61. Ibid., I, 16. 62. Il s’agit de la tour de Babel. 63. E. Renan, Histoire littéraire de la France, T
1847 14. 61. Ibid., I, 16. 62. Il s’agit de la tour de Babel. 63. E. Renan, Histoire littéraire de la France, Tome XXVI, F
1848 our de Babel. 63. E. Renan, Histoire littéraire de la France, Tome XXVI, Firmin-Didot, Paris, 1873. 64. Siger de Braban
1849 ar l’Église en tant que propagateur des doctrines d’ Averroès, fut aussi l’un des maîtres de Dante. 65. Il s’agit de l’ouv
1850 t aussi l’un des maîtres de Dante. 65. Il s’agit de l’ouvrage qu’on va citer : De recuperatione Terra Sancte. La première
1851 nte. 65. Il s’agit de l’ouvrage qu’on va citer : De recuperatione Terra Sancte. La première partie du traité est adressée
1852 dressée en forme de circulaire à tous les princes de la chrétienté, Édouard d’abord ; tandis qu’une lettre à Philippe le B
1853 orme la conclusion. 66. Chr. L. Lange : Histoire de l’internationalisme, Christiania, 1919. Tome I, chap. IV : Les précur
1854 stiania, 1919. Tome I, chap. IV : Les précurseurs de l’internationalisme moderne. Le tome II (de 1648 à 1815) terminé par
1855 seurs de l’internationalisme moderne. Le tome II ( de 1648 à 1815) terminé par Auguste Schou, a paru en 1954. 67. Chr. L.
1856 tyle nouveau). 71. On connaît la fresque fameuse de Benozzo Gozzoli (Le départ des trois Mages) où l’on peut le voir chev
1857 où l’on peut le voir chevauchant vers le concile de Bâle, dans un paysage hautement civilisé ; et le tableau de Pinturicc
1858 ans un paysage hautement civilisé ; et le tableau de Pinturicchio qui le montre recevant la couronne des poètes des mains
1859 montre recevant la couronne des poètes des mains de Frédéric III, dernier empereur du Saint-Empire qui ait été couronné à
1860 ait été couronné à Rome. Grands symboles ! 72. De Constantinopolitana clade ac bello contra Turcos congregando. Texte l
1861 Turcos congregando. Texte latin : « Nunc vero in Europa , id est, in patria, in domo propria, in sede nostra, percussi cæsique
1862 a, percussi cæsique sumus. » Ce « id est » mérite d’ être souligné. 73. Denis Hay : « Sur un problème de terminologie hist
1863 être souligné. 73. Denis Hay : « Sur un problème de terminologie historique : « Europe » et « chrétienté » », Diogène, n°
1864 « Sur un problème de terminologie historique : «  Europe  » et « chrétienté » », Diogène, n° 17, 1957. Voir surtout, du même au
1865 gène, n° 17, 1957. Voir surtout, du même auteur ; Europe , the emergence of an idea, Edinburgh. University Press, 1957. 74. O
5 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Deuxième partie. Prises de conscience européennes. De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre, (xive au xixe siècle) — 3. Le problème de la guerre et l’essor des États (xvie siècle)
1866 3.Le problème de la guerre et l’essor des États (xvie siècle) Trois événements maje
1867 es débuts du colonialisme, la Réforme, et l’échec de la grandiose tentative impériale de Charles-Quint. Leurs répercussion
1868 e, et l’échec de la grandiose tentative impériale de Charles-Quint. Leurs répercussions sur « l’image de l’Europe » ont ét
1869 Charles-Quint. Leurs répercussions sur « l’image de l’Europe » ont été diverses et contradictoires. Les grandes découvert
1870 les-Quint. Leurs répercussions sur « l’image de l’ Europe  » ont été diverses et contradictoires. Les grandes découvertes n’entr
1871 înent pas encore une prise de conscience nouvelle de la singularité de l’Europe dans le monde (il faut attendre le xviiie
1872 ne prise de conscience nouvelle de la singularité de l’Europe dans le monde (il faut attendre le xviiie siècle pour la vo
1873 ise de conscience nouvelle de la singularité de l’ Europe dans le monde (il faut attendre le xviiie siècle pour la voir se man
1874 er) ni, à plus forte raison, une mise en question de l’excellence de notre civilisation, qu’elles paraissent au contraire
1875 orte raison, une mise en question de l’excellence de notre civilisation, qu’elles paraissent au contraire confirmer. Elles
1876 nt au contraire confirmer. Elles inaugurent l’ère d’ un aventureux impérialisme économique au moment où sombre l’idée du Sa
1877 continental. Elles déplacent les foyers créateurs de notre civilisation vers les rivages atlantiques. Elles créent les bas
1878 ntiques. Elles créent les bases du capitalisme et de la primauté de l’État. Mais ces transformations ne sont guère enregis
1879 créent les bases du capitalisme et de la primauté de l’État. Mais ces transformations ne sont guère enregistrées que par l
1880 ue par les « Utopies » relatives au Nouveau Monde de Thomas More et de Campanella. Pour les meilleurs esprits du temps, l’
1881 es » relatives au Nouveau Monde de Thomas More et de Campanella. Pour les meilleurs esprits du temps, l’Europe ne pose pas
1882 ampanella. Pour les meilleurs esprits du temps, l’ Europe ne pose pas de problème : elle va de soi, comme l’air que l’on respir
1883 meilleurs esprits du temps, l’Europe ne pose pas de problème : elle va de soi, comme l’air que l’on respire. Ils la conna
1884 rement, ils y entretiennent un commerce continuel d’ idées, de colloques, de correspondances érudites, de polémiques nobles
1885 ls y entretiennent un commerce continuel d’idées, de colloques, de correspondances érudites, de polémiques nobles ou virul
1886 nent un commerce continuel d’idées, de colloques, de correspondances érudites, de polémiques nobles ou virulentes. « L’Eur
1887 idées, de colloques, de correspondances érudites, de polémiques nobles ou virulentes. « L’Europe en un seul corps », comme
1888 érudites, de polémiques nobles ou virulentes. « L’ Europe en un seul corps », comme la décrit Guillaume Postel 75, reste au cen
1889 xtérieur : eux seuls, parfois, réveillent le sens d’ une certaine union nécessaire, mais celle-ci n’est imaginée que sous l
1890 e, mais celle-ci n’est imaginée que sous la forme d’ une coalition des Souverains. La crise profonde de la Réforme n’est pa
1891 d’une coalition des Souverains. La crise profonde de la Réforme n’est pas ressentie comme divisant l’Europe, mais seulemen
1892 e la Réforme n’est pas ressentie comme divisant l’ Europe , mais seulement la chrétienté. (Nos jugements modernes, sur ce point,
1893 gements modernes, sur ce point, sont donc frappés d’ anachronisme.) Si l’on s’en tient aux témoignages du temps, on voit qu
1894 s du temps, on voit qu’en fait, jamais le concept d’ Europe n’est invoqué par l’une ou l’autre des parties en présence, en
1895 du temps, on voit qu’en fait, jamais le concept d’ Europe n’est invoqué par l’une ou l’autre des parties en présence, en faveur
1896 eur de sa thèse 76. Calvin, Luther et Loyola sont de très grandes figures européennes, mais aucun n’a jamais parlé de l’Eu
1897 in, Luther et Loyola sont de très grandes figures européennes , mais aucun n’a jamais parlé de l’Europe comme telle, encore moins de
1898 figures européennes, mais aucun n’a jamais parlé de l’Europe comme telle, encore moins de son unité. Dans le domaine poli
1899 res européennes, mais aucun n’a jamais parlé de l’ Europe comme telle, encore moins de son unité. Dans le domaine politique, au
1900 amais parlé de l’Europe comme telle, encore moins de son unité. Dans le domaine politique, au contraire, la conscience d’u
1901 le domaine politique, au contraire, la conscience d’ une Europe rassemblée sous la couronne du Saint-Empire paraît plus prè
1902 aine politique, au contraire, la conscience d’une Europe rassemblée sous la couronne du Saint-Empire paraît plus près que jama
1903 ronne du Saint-Empire paraît plus près que jamais de se traduire en une grandiose réalité. Charles-Quint, à son avènement,
1904 aître des Allemagnes, des Espagnes, des Pays-Bas, de Naples et de Milan, et d’une partie de la France actuelle, c’est-à-di
1905 emagnes, des Espagnes, des Pays-Bas, de Naples et de Milan, et d’une partie de la France actuelle, c’est-à-dire des trois
1906 Espagnes, des Pays-Bas, de Naples et de Milan, et d’ une partie de la France actuelle, c’est-à-dire des trois quarts de l’E
1907 Pays-Bas, de Naples et de Milan, et d’une partie de la France actuelle, c’est-à-dire des trois quarts de l’Europe contine
1908 la France actuelle, c’est-à-dire des trois quarts de l’Europe continentale, tandis que les conquistadores vont lui apporte
1909 ance actuelle, c’est-à-dire des trois quarts de l’ Europe continentale, tandis que les conquistadores vont lui apporter les tit
1910 e les conquistadores vont lui apporter les titres de souverain des Indes et de la Terre ferme de la mer Océane, et de domi
1911 lui apporter les titres de souverain des Indes et de la Terre ferme de la mer Océane, et de dominateur de l’Afrique et de
1912 itres de souverain des Indes et de la Terre ferme de la mer Océane, et de dominateur de l’Afrique et de l’Asie. Et pourtan
1913 s Indes et de la Terre ferme de la mer Océane, et de dominateur de l’Afrique et de l’Asie. Et pourtant à sa mort, en 1558,
1914 la Terre ferme de la mer Océane, et de dominateur de l’Afrique et de l’Asie. Et pourtant à sa mort, en 1558, que reste-t-i
1915 e la mer Océane, et de dominateur de l’Afrique et de l’Asie. Et pourtant à sa mort, en 1558, que reste-t-il de ce grand rê
1916 e. Et pourtant à sa mort, en 1558, que reste-t-il de ce grand rêve d’une monarchie universelle dont le foyer eût été l’Eur
1917 sa mort, en 1558, que reste-t-il de ce grand rêve d’ une monarchie universelle dont le foyer eût été l’Europe unie ? Tout s
1918 une monarchie universelle dont le foyer eût été l’ Europe unie ? Tout s’est défait, dénaturé et disloqué. L’unité de l’Église e
1919 Tout s’est défait, dénaturé et disloqué. L’unité de l’Église est brisée pour des siècles, la France s’est alliée aux Turc
1920 la France s’est alliée aux Turcs contre le reste de l’Europe, l’Espagne a perdu la plupart de ses anciennes libertés comm
1921 rance s’est alliée aux Turcs contre le reste de l’ Europe , l’Espagne a perdu la plupart de ses anciennes libertés communales et
1922 nies commerciales, des armateurs et des banquiers de toute l’Europe, fait place à une exploitation stérilisante sous le mo
1923 ciales, des armateurs et des banquiers de toute l’ Europe , fait place à une exploitation stérilisante sous le monopole ibérique
1924 ’idéal impérial, idée platonicienne qui n’a cessé de fasciner les ambitions des grands monarques, de Charlemagne à Charles
1925 é de fasciner les ambitions des grands monarques, de Charlemagne à Charles-Quint en passant par Othon III et Frédéric II,
1926 aineté absolue posent au premier plan le problème de la guerre et du droit de guerre ; tandis que l’expansion du commerce
1927 premier plan le problème de la guerre et du droit de guerre ; tandis que l’expansion du commerce vers d’autres continents
1928 ommerce vers d’autres continents pose le problème d’ un droit international qui sera fondé au début du xviie siècle par Hu
1929 tius, à partir du droit maritime ; et le problème d’ un droit des gens (jus gentium), à partir du drame des colonies : Fran
1930 n — idée métaphysique et religieuse, profondément européenne  — est exaltée en nobles phrases ; mais l’union des Européens, mesure
1931 est exaltée en nobles phrases ; mais l’union des Européens , mesure politique immédiate, n’est simplement pas mentionnée. De Fran
1932 tique immédiate, n’est simplement pas mentionnée. De Francisco de Vitoria (1580-1546), dominicain, professeur à Salamanque
1933 avec Suárez, du droit des gens, célèbre auteur du De Indis, citons deux pages sur la guerre : Nulle guerre n’est légitime
1934 tage, une province chrétienne n’est qu’une partie de toute la République, j’estime que même si une guerre est utile à une
1935 ue d’autre part elle est au détriment du monde ou de la chrétienté, alors la guerre est par cela même injuste. Si par exem
1936 par cela même injuste. Si par exemple une guerre de l’Espagne contre la France était entreprise par des motifs justes, et
1937 ’elle fût sous d’autres rapports utile au royaume d’ Espagne, mais que, toutefois, elle fût menée avec un préjudice plus gr
1938 menée avec un préjudice plus grand et aux risques de la chrétienté (si par exemple les Turcs occupent, sur ces entrefaits,
1939 inces des chrétiens) alors il faudrait s’abstenir de telle guerre.77 On ne peut s’empêcher de penser que Montesquieu, da
1940 stenir de telle guerre.77 On ne peut s’empêcher de penser que Montesquieu, dans sa célèbre déclaration qui se termine pa
1941 se utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l’ Europe et au genre humain, je la regarderais comme un crime »78, a paraphras
1942 paraphrasé Vitoria. Dans une lettre au connétable de Castille, Vitoria revient sur l’idée que les guerres ne pourraient êt
1943 demanderai pas à Dieu grâce plus grande que celle de faire de ces deux princes (Charles V et François Ier) des frères dans
1944 i pas à Dieu grâce plus grande que celle de faire de ces deux princes (Charles V et François Ier) des frères dans leur vol
1945 e sont en parenté ; car alors, il n’y aurait plus d’ hérétiques dans l’Église ni plus de Maures qui la tourmentent, et l’Ég
1946 ’y aurait plus d’hérétiques dans l’Église ni plus de Maures qui la tourmentent, et l’Église serait réformée, que le pape l
1947 dans la personne du roi de France et moins encore de l’empereur. Que Dieu pardonne aux princes ou à leurs opposants ; mais
1948 t les choses étant ainsi, veuillez voir, ô hommes de bien, si nos guerres sont au profit de l’Espagne, ou de la France, ou
1949 , ô hommes de bien, si nos guerres sont au profit de l’Espagne, ou de la France, ou de l’Italie ou de l’Allemagne, ou plut
1950 n, si nos guerres sont au profit de l’Espagne, ou de la France, ou de l’Italie ou de l’Allemagne, ou plutôt pour la destru
1951 sont au profit de l’Espagne, ou de la France, ou de l’Italie ou de l’Allemagne, ou plutôt pour la destruction de tous ces
1952 de l’Espagne, ou de la France, ou de l’Italie ou de l’Allemagne, ou plutôt pour la destruction de tous ces pays.79 Curi
1953 ou de l’Allemagne, ou plutôt pour la destruction de tous ces pays.79 Curieusement, les grands pacifistes du xvie siècl
1954 voir cherché dans un droit supranational le moyen de combattre la cause principale des guerres : l’arrogante et anarchique
1955 nte et Pierre Dubois, qui avaient vu la nécessité d’ instaurer un pouvoir supérieur à celui des souverains nationaux, ils s
1956 celui des souverains nationaux, ils se contentent de vitupérer la guerre et de ridiculiser ses prétextes (voir plus loin É
1957 naux, ils se contentent de vitupérer la guerre et de ridiculiser ses prétextes (voir plus loin Érasme) au nom de la morale
1958 us loin Érasme) au nom de la morale chrétienne et de la raison. Quant aux juristes, en régression sur la coutume du Moyen
1959 t à peine s’ils mentionnent encore la possibilité de l’arbitrage. Et quant aux penseurs politiques, loin de songer à conte
1960 ), dans sa Méthode pour faciliter la connaissance de l’histoire, publiée en 1566 à Paris, le genre humain forme une unité.
1961 rme une unité. Grâce au commerce mondial dont les Européens ont ouvert les routes, « tous les hommes sont reliés entre eux et par
1962 onséquence politique, ni pour le monde, ni pour l’ Europe , qui reste fatalement livrée à l’anarchie des souverainetés : Tous l
1963 s les royaumes, empires, tyrannies ou républiques de la terre sont réunis par un lien qui n’est pas autre chose que l’auto
1964 un lien qui n’est pas autre chose que l’autorité de la raison ou du droit des gens. D’où il résulte que ce monde est comm
1965 que l’autorité de la raison ou du droit des gens. D’ où il résulte que ce monde est comme une grande cité et tous les homme
1966 ’ils sont tous de même sang et sous la protection d’ une même raison. Mais parce que cet empire de la raison est dépourvu d
1967 tion d’une même raison. Mais parce que cet empire de la raison est dépourvu de contrainte, on ne saurait réunir en une seu
1968 is parce que cet empire de la raison est dépourvu de contrainte, on ne saurait réunir en une seule république toutes les n
1969 s à la seule réalité sérieuse, celle des États et de leurs luttes fratricides sans « raison », sans fin, sans merci. En ef
1970 même Jean Bodin dans sa République : La grandeur d’ un prince, à en bien parler, n’est autre chose que la ruine, ou diminu
1971 er, n’est autre chose que la ruine, ou diminution de ses voisins : et sa force n’est rien que la faiblesse d’autrui. L’ég
1972 voisins : et sa force n’est rien que la faiblesse d’ autrui. L’égoïsme sacré serait donc le dernier mot de la sagesse poli
1973 trui. L’égoïsme sacré serait donc le dernier mot de la sagesse politique ? Il en est bien ainsi, dès qu’on admet le princ
1974 Il en est bien ainsi, dès qu’on admet le principe de la souveraineté sans limites que s’arrogent un prince ou une républiq
1975 n prince ou une république. En regard de ce texte d’ un ton machiavélien, citons cependant une page célèbre de Francisco Su
1976 n machiavélien, citons cependant une page célèbre de Francisco Suárez (1548-1617). Le grand jésuite espagnol ne se content
1977 17). Le grand jésuite espagnol ne se contente pas d’ exalter la communauté du genre humain, mais suggère et implique l’idée
1978 du genre humain, mais suggère et implique l’idée d’ un droit des gens, imposant sa réelle autorité à la prétendue potestas
1979 Cette unité est indiquée par le précepte naturel de l’amour mutuel et de la miséricorde, précepte qui s’étend à tous, mêm
1980 quée par le précepte naturel de l’amour mutuel et de la miséricorde, précepte qui s’étend à tous, même aux étrangers, de q
1981 précepte qui s’étend à tous, même aux étrangers, de quelque condition qu’ils soient. C’est pourquoi tout État souverain,
1982 i et fermement assis, est néanmoins en même temps d’ une certaine manière membre de cet univers, en tant qu’il regarde le g
1983 moins en même temps d’une certaine manière membre de cet univers, en tant qu’il regarde le genre humain. Jamais aucun État
1984 in. Jamais aucun État ne peut se suffire au point de n’avoir besoin d’aucun appui, d’association et de rapports mutuels, t
1985 tat ne peut se suffire au point de n’avoir besoin d’ aucun appui, d’association et de rapports mutuels, tantôt pour son bie
1986 suffire au point de n’avoir besoin d’aucun appui, d’ association et de rapports mutuels, tantôt pour son bien-être et pour
1987 de n’avoir besoin d’aucun appui, d’association et de rapports mutuels, tantôt pour son bien-être et pour une fin d’utilité
1988 utuels, tantôt pour son bien-être et pour une fin d’ utilité, tantôt à cause d’une nécessité et d’un besoin moral, comme il
1989 en-être et pour une fin d’utilité, tantôt à cause d’ une nécessité et d’un besoin moral, comme il ressort de l’expérience m
1990 fin d’utilité, tantôt à cause d’une nécessité et d’ un besoin moral, comme il ressort de l’expérience même. Il faut donc a
1991 nécessité et d’un besoin moral, comme il ressort de l’expérience même. Il faut donc aux États un droit qui les dirige et
1992 oit qui les dirige et les gouverne, dans ce genre de communauté et de société. Sans doute à ce point de vue la raison natu
1993 e et les gouverne, dans ce genre de communauté et de société. Sans doute à ce point de vue la raison naturelle fait beauco
1994 s n’avons donc trouvé que peu de pages témoignant d’ une conscience européenne comme telle. Deux textes cependant méritent
1995 ouvé que peu de pages témoignant d’une conscience européenne comme telle. Deux textes cependant méritent d’être cités. Ils montren
1996 éenne comme telle. Deux textes cependant méritent d’ être cités. Ils montrent à quel point la vision des penseurs de ce tem
1997 Ils montrent à quel point la vision des penseurs de ce temps est naturellement européenne, en ce sens qu’elle ne cesse de
1998 vision des penseurs de ce temps est naturellement européenne , en ce sens qu’elle ne cesse de comparer entre elles nos diverses nat
1999 rellement européenne, en ce sens qu’elle ne cesse de comparer entre elles nos diverses nations comme parties d’un tout imp
2000 er entre elles nos diverses nations comme parties d’ un tout implicite. Mais ils montrent aussi combien, à cette époque, la
2001 chez les autres, loin de conduire à la conscience d’ une politique positive, visant à juguler l’anarchie des États. Voici d
2002 ie des États. Voici d’abord des pages peu connues de Machiavel (1469-1527), tirées de son Art de la guerre 82. Il y dévelo
2003 ages peu connues de Machiavel (1469-1527), tirées de son Art de la guerre 82. Il y développe une thèse que l’on a vue plus
2004 nnues de Machiavel (1469-1527), tirées de son Art de la guerre 82. Il y développe une thèse que l’on a vue plus haut esqui
2005 ar Aristote, dans son parallèle entre l’Asie et l’ Europe  : Vous savez que l’Europe célèbre la renommée d’innombrables grands
2006 lèle entre l’Asie et l’Europe : Vous savez que l’ Europe célèbre la renommée d’innombrables grands hommes qui se sont illustré
2007 pe : Vous savez que l’Europe célèbre la renommée d’ innombrables grands hommes qui se sont illustrés à la guerre. L’Afriqu
2008 et l’Asie encore moins. Cette différence résulte de ce que, dans ces deux dernières parties du monde, il n’y eut qu’une o
2009 s monarchies et peu de républiques ; tandis qu’en Europe il y eut beaucoup de républiques et quelques royaumes seulement. Mais
2010 urage, que lorsque l’État les emploie ou les tire de leur obscurité, qu’ils vivent dans une monarchie ou dans une républiq
2011 narchie ou dans une république. Ainsi plus il y a d’ États, plus il y a de grands hommes. Ils sont plus rares à mesure que
2012 épublique. Ainsi plus il y a d’États, plus il y a de grands hommes. Ils sont plus rares à mesure que le nombre des États d
2013 e ; on ne peut guère trouver d’autres noms dignes de leur être comparés. Et sans parler de l’ancienne Égypte, l’Afrique no
2014 noms dignes de leur être comparés. Et sans parler de l’ancienne Égypte, l’Afrique nomme ses Massinissa, ses Jugurtha, et l
2015 ses Jugurtha, et les capitaines que la république de Carthage a élevés dans son sein. Cependant ces guerriers illustres so
2016 res sont bien peu nombreux en comparaison de ceux de l’Europe : c’est en Europe en effet que l’on voit briller sans nombre
2017 ont bien peu nombreux en comparaison de ceux de l’ Europe  : c’est en Europe en effet que l’on voit briller sans nombre les homm
2018 eux en comparaison de ceux de l’Europe : c’est en Europe en effet que l’on voit briller sans nombre les hommes qui ont excellé
2019 cé le nom ; car l’époque où les vertus ont brillé d’ un plus grand éclat, est celle où il s’est trouvé le plus d’États à le
2020 grand éclat, est celle où il s’est trouvé le plus d’ États à les favoriser, poussés par la nécessité ou par toute autre pas
2021 e passion humaine. Ainsi l’Asie ne compte que peu d’ hommes illustres. Cette immense contrée où dominait pour ainsi dire un
2022 régnait trop souvent, ne pouvait enfanter que peu d’ hommes illustres. Il en est allé de même en Afrique. Cependant cette c
2023 lques grands hommes de plus grâce à la république de Carthage. Car les grands hommes sont plus nombreux dans une républiqu
2024 ouffer. Que si l’on considère toutes les contrées de l’Europe, on constate qu’elles furent remplies d’une foule de républi
2025 r. Que si l’on considère toutes les contrées de l’ Europe , on constate qu’elles furent remplies d’une foule de républiques et d
2026 de l’Europe, on constate qu’elles furent remplies d’ une foule de républiques et de principautés qui, vivant dans la craint
2027 on constate qu’elles furent remplies d’une foule de républiques et de principautés qui, vivant dans la crainte continuell
2028 les furent remplies d’une foule de républiques et de principautés qui, vivant dans la crainte continuelle les unes des aut
2029 continuelle les unes des autres, ont été obligées de conserver leurs institutions militaires et de combler d’honneurs ceux
2030 ées de conserver leurs institutions militaires et de combler d’honneurs ceux qui se distinguaient dans l’art de la guerre.
2031 erver leurs institutions militaires et de combler d’ honneurs ceux qui se distinguaient dans l’art de la guerre. En effet,
2032 r d’honneurs ceux qui se distinguaient dans l’art de la guerre. En effet, en Grèce, sans compter le royaume de Macédoine,
2033 erre. En effet, en Grèce, sans compter le royaume de Macédoine, il y avait de nombreuses républiques qui toutes ont eu des
2034 sans compter le royaume de Macédoine, il y avait de nombreuses républiques qui toutes ont eu des hommes remarquables. L’I
2035 norent que le vainqueur. Il n’est pas raisonnable de croire que pendant les cent-cinquante années où les Samnites et les T
2036 tes et les Toscans combattirent les Romains avant d’ être vaincus, ils n’aient pas donné le jour à de nombreux hommes illus
2037 t d’être vaincus, ils n’aient pas donné le jour à de nombreux hommes illustres. Il en a été de même dans les Gaules et dan
2038 courage que les historiens n’ont pas célébré chez de simples citoyens, ils l’ont du moins loué chez les peuples dont ils p
2039 re la liberté. Puisqu’il est vrai que plus il y a d’ empires, plus on voit de grands hommes se distinguer, il s’ensuit néce
2040 est vrai que plus il y a d’empires, plus on voit de grands hommes se distinguer, il s’ensuit nécessairement qu’empêcher l
2041 ’est étouffer peu à peu la vertu que l’on empêche de se manifester dans les actions de ceux qu’elle inspire. Ainsi, lorsqu
2042 ue l’on empêche de se manifester dans les actions de ceux qu’elle inspire. Ainsi, lorsque l’Empire romain au faîte de sa g
2043 inspire. Ainsi, lorsque l’Empire romain au faîte de sa grandeur eut vaincu toutes les républiques et toutes les monarchie
2044 u toutes les républiques et toutes les monarchies de l’Europe, de l’Afrique, et la plupart de celles de l’Asie, Rome resta
2045 tes les républiques et toutes les monarchies de l’ Europe , de l’Afrique, et la plupart de celles de l’Asie, Rome resta la seule
2046 républiques et toutes les monarchies de l’Europe, de l’Afrique, et la plupart de celles de l’Asie, Rome resta la seule car
2047 e l’Europe, de l’Afrique, et la plupart de celles de l’Asie, Rome resta la seule carrière ouverte au courage. Et les grand
2048 ge. Et les grands hommes se firent aussi rares en Europe qu’en Asie. La vertu tomba alors au dernier degré de l’abaissement. C
2049 qu’en Asie. La vertu tomba alors au dernier degré de l’abaissement. Car limitée comme elle l’était pour ainsi dire à Rome
2050 des Scythes vinrent et se partagèrent l’empire en de nombreux États, mais la vertu n’a pu y renaître : d’abord, parce qu’i
2051 u y renaître : d’abord, parce qu’il est difficile de faire revivre des institutions entièrement viciées, et, ensuite parce
2052 e sont telles que l’homme n’a plus le même besoin de se défendre qu’autrefois. On tuait alors les vaincus ou on les livrai
2053 it les habitants ; et, après les avoir dépouillés de leurs biens on les dispersait dans tout l’univers. Les vaincus suppor
2054 ette terreur toujours renaissante auraient craint de négliger leurs institutions militaires et ils honoraient donc tous ce
2055 raindre qu’on les détruise. On conserve les biens de leurs habitants et le plus grand malheur qu’elles aient à redouter, c
2056 us grand malheur qu’elles aient à redouter, c’est de payer des contributions. Les hommes répugnent à se soumettre aux obli
2057 Par comparaison d’ailleurs, les diverses contrées de l’Europe ont bien peu de chefs aujourd’hui. En effet, la France entiè
2058 omparaison d’ailleurs, les diverses contrées de l’ Europe ont bien peu de chefs aujourd’hui. En effet, la France entière n’obéi
2059 L’Espagne également. L’Italie est divisée en peu d’ États ; de sorte que les villes faibles se défendent en s’attachant au
2060 Où sont les temps où un Sulpice Sévère, louait l’ Europe pour ses saints, et ne la mettait que par la grâce d’eux seuls au-des
2061 our ses saints, et ne la mettait que par la grâce d’ eux seuls au-dessus des nations du Proche-Orient ! (Car c’est au Proch
2062 e compte, la raison et la liberté, voici l’auteur de l’Éloge de la Folie et du traité Dulce bellum inexpertis (« La guerre
2063 a raison et la liberté, voici l’auteur de l’Éloge de la Folie et du traité Dulce bellum inexpertis (« La guerre est douce
2064 n’est pas lui qui nommerait « excellent » l’homme d’ armes, qu’il tient plutôt pour une apparition monstrueuse et qui répug
2065 guerrier furieux… Je t’ai imaginé comme un animal d’ un certain caractère divin.83 » Érasme est le type même de ces grands
2066 tain caractère divin.83 » Érasme est le type même de ces grands hommes du xvie siècle qui ne parlent pas de l’Europe parc
2067 grands hommes du xvie siècle qui ne parlent pas de l’Europe parce qu’en somme ils ne voient rien qu’elle. Ce Hollandais
2068 ds hommes du xvie siècle qui ne parlent pas de l’ Europe parce qu’en somme ils ne voient rien qu’elle. Ce Hollandais de naissa
2069 n somme ils ne voient rien qu’elle. Ce Hollandais de naissance a vécu à Bruxelles, à Paris, en Angleterre et en Suisse, et
2070 il a visité l’Italie et l’Allemagne. On a pu dire de lui que « s’il avait une patrie, c’était l’Europe » (Lange). Par tout
2071 ire de lui que « s’il avait une patrie, c’était l’ Europe  » (Lange). Par toute sa vie et ses travaux, par toutes les fibres de
2072 oute sa vie et ses travaux, par toutes les fibres de son être, il a bien mérité le titre de « premier Européen », sinon pa
2073 les fibres de son être, il a bien mérité le titre de « premier Européen », sinon par l’intention, du moins par le fait. De
2074 son être, il a bien mérité le titre de « premier Européen  », sinon par l’intention, du moins par le fait. De sa Querela pacis 8
2075 n », sinon par l’intention, du moins par le fait. De sa Querela pacis 84, voici quelques pages qui résument ses idées sur
2076 s idées sur la guerre, sur la stabilité des États européens , sur les Turcs, et sur le nationalisme naissant : XXXIV. — On rougit
2077 ur le nationalisme naissant : XXXIV. — On rougit de rappeler pour quels motifs honteux ou frivoles les princes chrétiens
2078 prend pour prétexte un point omis dans un traité de cent chapitres. Celui-ci a un ressentiment contre celui-là au sujet d
2079 lui-ci a un ressentiment contre celui-là au sujet d’ une fiancée refusée ou enlevée ou de quelque raillerie un peu trop lib
2080 i-là au sujet d’une fiancée refusée ou enlevée ou de quelque raillerie un peu trop libre ; et, le comble de l’infamie, c’e
2081 elque raillerie un peu trop libre ; et, le comble de l’infamie, c’est qu’il y a des princes qui, sentant leur autorité fai
2082 nces qui, sentant leur autorité faiblir par suite d’ une paix trop longue et de l’union de leurs sujets, s’entendent en sec
2083 orité faiblir par suite d’une paix trop longue et de l’union de leurs sujets, s’entendent en secret, de façon diabolique,
2084 ir par suite d’une paix trop longue et de l’union de leurs sujets, s’entendent en secret, de façon diabolique, avec les au
2085 e l’union de leurs sujets, s’entendent en secret, de façon diabolique, avec les autres princes qui, lorsque le prétexte es
2086 t la guerre, afin de tout diviser par la discorde de ceux qui vivaient étroitement unis et de dépouiller le malheureux peu
2087 discorde de ceux qui vivaient étroitement unis et de dépouiller le malheureux peuple, grâce à cette autorité sans frein qu
2088 e pour opprimer leurs États. Et ceux qui agissent de cette manière sont considérés comme des chrétiens ? Ainsi souillés de
2089 t considérés comme des chrétiens ? Ainsi souillés de sang osent-ils entrer dans les Églises et s’approcher des autels ? Ô
2090 procher des autels ? Ô fléaux des nations, dignes d’ être déportés dans les îles les plus éloignées ! S’ils sont les membre
2091 îles les plus éloignées ! S’ils sont les membres d’ un seul corps chrétien, pourquoi chacun d’eux ne s’estime-t-il pas heu
2092 membres d’un seul corps chrétien, pourquoi chacun d’ eux ne s’estime-t-il pas heureux du bonheur de l’autre ? XXXVI. — Aujo
2093 cun d’eux ne s’estime-t-il pas heureux du bonheur de l’autre ? XXXVI. — Aujourd’hui le voisinage d’un royaume un peu trop
2094 ur de l’autre ? XXXVI. — Aujourd’hui le voisinage d’ un royaume un peu trop florissant est presque un motif légitime de gue
2095 peu trop florissant est presque un motif légitime de guerre. En effet, si nous voulons être justes, quelle autre cause a p
2096 sinon le fait que ce pays est le plus florissant de tous ? Nul ne possède une étendue plus vaste ; nulle part le Sénat n’
2097 l’Académie plus célèbre ; aucun ne jouit de plus de concorde et par cela même de plus de pouvoir. Nulle part les lois ne
2098 ouit de plus de concorde et par cela même de plus de pouvoir. Nulle part les lois ne sont mieux appliquées et, en ce qui c
2099 ou les Espagnols. L’Allemagne, pour ne rien dire de la Bohême, est divisée en une foule de royaumes et on ne voit cependa
2100 rien dire de la Bohême, est divisée en une foule de royaumes et on ne voit cependant chez elle nulle ombre d’autorité. Se
2101 mes et on ne voit cependant chez elle nulle ombre d’ autorité. Seule la France, fleur intacte du royaume du Christ, est son
2102 hasard quelque orage survient, elle sera attaquée de toutes les façons, assaillie par toutes les ruses de ceux qui la boul
2103 toutes les façons, assaillie par toutes les ruses de ceux qui la bouleversent, pour le seul plaisir de se féliciter de l’o
2104 de ceux qui la bouleversent, pour le seul plaisir de se féliciter de l’orage qu’ils auront provoqué. Et après cela, peut-o
2105 ouleversent, pour le seul plaisir de se féliciter de l’orage qu’ils auront provoqué. Et après cela, peut-on dire que ces h
2106 après cela, peut-on dire que ces hommes jouissent de la moindre parcelle de l’esprit chrétien ? LV. — La guerre, qui est l
2107 e que ces hommes jouissent de la moindre parcelle de l’esprit chrétien ? LV. — La guerre, qui est la chose la plus dangere
2108 soit, ne doit être faite qu’avec le consentement de toute la nation. Il faut supprimer les causes de la guerre dès qu’ell
2109 de toute la nation. Il faut supprimer les causes de la guerre dès qu’elles se manifestent… LVII. — Mais, si la guerre, ce
2110 r les Turcs ? Il serait, naturellement préférable de convertir les Turcs au christianisme, par la persuasion, par les bien
2111 a persuasion, par les bienfaits, et par l’exemple d’ une vie pure, plutôt que par les armes : cependant, si la guerre est a
2112 uaient entre eux. Si l’amour réciproque n’est pas de nature à les unir, que du moins ils soient unis contre l’ennemi commu
2113 seule à les diviser à ce point et le titre commun d’ hommes et de chrétiens ne peut pas les unir ! Pourquoi une chose de si
2114 diviser à ce point et le titre commun d’hommes et de chrétiens ne peut pas les unir ! Pourquoi une chose de si peu d’impor
2115 rétiens ne peut pas les unir ! Pourquoi une chose de si peu d’importance agit-elle avec plus de force sur eux que les lien
2116 peut pas les unir ! Pourquoi une chose de si peu d’ importance agit-elle avec plus de force sur eux que les liens de la na
2117 chose de si peu d’importance agit-elle avec plus de force sur eux que les liens de la nature et du Christ ? La distance d
2118 git-elle avec plus de force sur eux que les liens de la nature et du Christ ? La distance d’un pays à l’autre sépare les c
2119 les liens de la nature et du Christ ? La distance d’ un pays à l’autre sépare les corps et non les âmes. Jadis le Rhin sépa
2120 des Français, mais elle ne peut rompre les liens de la société du Christ. L’apôtre Paul s’indigna un jour, en entendant d
2121 uis Paulicien. Il ne permit pas des dénominations de ce genre qui eussent pu blesser le Christ, le conciliateur de toute c
2122 qui eussent pu blesser le Christ, le conciliateur de toute chose. Et nous considérons cette dissemblance de noms communs à
2123 ute chose. Et nous considérons cette dissemblance de noms communs à chaque pays, comme un motif suffisant pour que les nat
2124 pas applaudir à ces sarcasmes contre les « causes de guerre », alléguées par les « princes » ? Mais comment ne pas voir, e
2125 as voir, en même temps, qu’en se faisant l’avocat d’ une cristallisation des frontières et d’une sorte de « nationalisation
2126 l’avocat d’une cristallisation des frontières et d’ une sorte de « nationalisation » des princes, de même qu’en proposant
2127 une cristallisation des frontières et d’une sorte de « nationalisation » des princes, de même qu’en proposant que la guerr
2128 la guerre ne soit faite « qu’avec le consentement de toute la nation », loin de « supprimer les causes de guerre », Érasme
2129 toute la nation », loin de « supprimer les causes de guerre », Érasme fait le jeu de ces forces collectives et régressives
2130 primer les causes de guerre », Érasme fait le jeu de ces forces collectives et régressives dont l’avenir devait révéler qu
2131 ait révéler qu’elles ne pourraient que dévaster l’ Europe par des guerres nationales, puis totales ? Il est mieux inspiré lorsq
2132 r la guerre aux Turcs, il en vient enfin à l’idée d’ un Pouvoir supranational : il ne peut toutefois l’imaginer qu’à l’inst
2133 outefois l’imaginer qu’à l’instar de la Monarchie de Dante, qui lui semble idéale mais utopique ; il faut donc se rabattre
2134 uilibre plus ou moins fédératif des puissances : D’ aucuns sont effrayés par le mot de Monarchie universelle, que certains
2135 s puissances : D’aucuns sont effrayés par le mot de Monarchie universelle, que certains paraissent ambitionner… Certes, l
2136 œurs des hommes étant ce qu’elles sont, les États de grandeur moyenne (moderata imperia) sont les plus sûrs, s’ils sont un
2137 pactes chrétiens. Cependant, à l’autre extrémité de l’Europe, en Scandinavie, une voix de rude bon sens s’élève contre l’
2138 s chrétiens. Cependant, à l’autre extrémité de l’ Europe , en Scandinavie, une voix de rude bon sens s’élève contre l’exaltatio
2139 e extrémité de l’Europe, en Scandinavie, une voix de rude bon sens s’élève contre l’exaltation machiavélienne de la virtù
2140 n sens s’élève contre l’exaltation machiavélienne de la virtù guerrière. C’est celle du réformateur de la Suède, Olaus Pet
2141 de la virtù guerrière. C’est celle du réformateur de la Suède, Olaus Petri (1497-1552), qui fut le chancelier du roi Gusta
2142 ncelier du roi Gustav Vasa, et le premier pasteur de Stockholm : Nos chroniques suédoises font grand honneur à nos ancêtr
2143 rangers. Mais si l’on y réfléchit, il y avait peu d’ honneur en tout cela… Loue qui veut les anciens Goths : ceux qui euren
2144 e les louèrent pas, mais les appelèrent une horde de bandits et de tyrans, pour avoir pillé et brûlé campagnes et cités, e
2145 pas, mais les appelèrent une horde de bandits et de tyrans, pour avoir pillé et brûlé campagnes et cités, et privé de leu
2146 avoir pillé et brûlé campagnes et cités, et privé de leurs biens et de leur vie des centaines de milliers d’hommes. Tel fu
2147 lé campagnes et cités, et privé de leurs biens et de leur vie des centaines de milliers d’hommes. Tel fut leur courage tan
2148 privé de leurs biens et de leur vie des centaines de milliers d’hommes. Tel fut leur courage tant vanté, ainsi que les chr
2149 rs biens et de leur vie des centaines de milliers d’ hommes. Tel fut leur courage tant vanté, ainsi que les chroniques le f
2150 us jamais les réparer. Celui qui pense s’acquérir de l’honneur par l’incendie, le meurtre et la guerre devrait pouvoir se
2151 meurtre et la guerre devrait pouvoir se réclamer d’ une juste cause, sinon l’on verra que c’est une grossière brutalité, n
2152 courage, qui l’anime.86 75. Dans son Abrégé de cosmographie, cité par Moreri, et d’après la présentation que Christi
2153 n du siècle que la Réforme a provoqué une rupture de l’« unité des peuples et des princes » dans « une Europe autrefois to
2154 l’« unité des peuples et des princes » dans « une Europe autrefois toute catholique » (Discorsi, IV). Il en conclut que l’Euro
2155 catholique » (Discorsi, IV). Il en conclut que l’ Europe ne peut plus résister aux Turcs, et que la chrétienté devra se transp
2156 e. 77. Relectiones theologicæ tredecim, édition de Venise, 1626. 78. On trouvera le texte entier de ce passage de Monte
2157 de Venise, 1626. 78. On trouvera le texte entier de ce passage de Montesquieu, p. 132. 79. Au Connétable de Castille, 19
2158 6. 78. On trouvera le texte entier de ce passage de Montesquieu, p. 132. 79. Au Connétable de Castille, 19 novembre 1536
2159 assage de Montesquieu, p. 132. 79. Au Connétable de Castille, 19 novembre 1536. 80. « On y pourrait ajouter (à ces cause
2160 1536. 80. « On y pourrait ajouter (à ces causes de guerre) la religion — écrira Émeric Crucé —, si l’expérience n’eût fa
2161 n’eût fait connaître qu’elle sert le plus souvent de prétexte. » 81. Tractatus de legibus ac de Deo legislatores, II, XI
2162 rt le plus souvent de prétexte. » 81. Tractatus de legibus ac de Deo legislatores, II, XIX, 9, publié à Anvers en 1614,
2163 vent de prétexte. » 81. Tractatus de legibus ac de Deo legislatores, II, XIX, 9, publié à Anvers en 1614, mais composé à
2164 2. L’arte della guerra. Livre second. Sur l’idée européenne chez Machiavel, cf. l’essai de C. Curcio in Macchiavelli nel Risorgim
2165 Sur l’idée européenne chez Machiavel, cf. l’essai de C. Curcio in Macchiavelli nel Risorgimento, Milan, 1953. 83. Dulce
2166 15, dédiée au jeune Charles-Quint, dont il venait d’ être nommé conseiller, Érasme écrivait, non sans une profonde ironie :
2167 ns une profonde ironie : Faisons d’abord en sorte d’ être nous-mêmes chrétiens sincères ; puis, si cela est acquis, alors a
2168 cela est acquis, alors attaquons les Turcs. 86. De la chronique suédoise du xvie siècle, d’Olaf Petri.
2169 . 86. De la chronique suédoise du xvie siècle, d’ Olaf Petri.
6 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Deuxième partie. Prises de conscience européennes. De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre, (xive au xixe siècle) — 4. « Têtes de Turcs »
2170 4.« Têtes de Turcs » Nous avons dit, au reste, que le xvie siècle n’apporte rie
2171 dit, au reste, que le xvie siècle n’apporte rien de neuf quant à l’union de l’Europe : il n’y penserait plus sans les Tur
2172 ie siècle n’apporte rien de neuf quant à l’union de l’Europe : il n’y penserait plus sans les Turcs. Ceux-ci ont certes a
2173 iècle n’apporte rien de neuf quant à l’union de l’ Europe  : il n’y penserait plus sans les Turcs. Ceux-ci ont certes assiégé Vi
2174 nt certes assiégé Vienne en 1552, au grand effroi de la chrétienté. Mais don Juan d’Autriche a battu leur flotte à Lépante
2175 voit-on pas que les guerres intestines font plus de mal à l’Europe que le Turc ? Peut-être, mais on n’ose appeler l’union
2176 s que les guerres intestines font plus de mal à l’ Europe que le Turc ? Peut-être, mais on n’ose appeler l’union qu’en se récla
2177 n’ose appeler l’union qu’en se réclamant du mythe de la croisade, levier traditionnel, cause bien vue par les princes. Ain
2178 Bruges en 1540, après avoir vécu à Louvain auprès d’ Érasme, puis en Angleterre au service d’Henry VIII) se persuade que po
2179 in auprès d’Érasme, puis en Angleterre au service d’ Henry VIII) se persuade que pour pacifier l’Europe, il suffirait de co
2180 ice d’Henry VIII) se persuade que pour pacifier l’ Europe , il suffirait de convaincre quelques princes et leurs conseillers. À
2181 persuade que pour pacifier l’Europe, il suffirait de convaincre quelques princes et leurs conseillers. À cette fin, il écr
2182 fin, il écrit au pape : Ce qu’on attend d’abord de toi, c’est de faire la paix entre les princes… Dis que la guerre entr
2183 au pape : Ce qu’on attend d’abord de toi, c’est de faire la paix entre les princes… Dis que la guerre entre chrétiens es
2184 a absolument, comme une dispute entre les membres d’ un même corps.87 Cette exhortation étant restée sans effets, il reco
2185 vrage le plus connu porte un titre significatif : De Europæ Dissidiis et Bello Turcico Dialogus. Vives y reprend, après Ma
2186 et tant d’autres Renaissants, le vieux thème grec de l’opposition Asie-Europe : Aristote, grand sectateur de la sagesse,
2187 osition Asie-Europe : Aristote, grand sectateur de la sagesse, et avec lui beaucoup d’autres grands hommes qui se sont d
2188 nds hommes qui se sont dédiés à l’étude fatigante de la Nature et des causes des choses, nous ont tous confirmé que la rac
2189 euse et la plus résistante est celle qui peuple l’ Europe  ; que les Asiatiques sont craintifs et ne valent rien pour la guerre,
2190 eils aux femmes plutôt qu’aux hommes. Au reste, l’ Europe ne produit pas seulement des hommes supérieurs aux autres par le cour
2191 par le courage et la force, mais il en va de même de ses bêtes sauvages. Les lions nés en Europe ont plus de courage que l
2192 a de même de ses bêtes sauvages. Les lions nés en Europe ont plus de courage que les lions puniques ; cela vaut également pour
2193 bêtes sauvages. Les lions nés en Europe ont plus de courage que les lions puniques ; cela vaut également pour les chiens,
2194 ns, les loups et les autres animaux, quoique ceux de l’Afrique semblent avoir plus de férocité… La discorde de l’Europe, n
2195 ux, quoique ceux de l’Afrique semblent avoir plus de férocité… La discorde de l’Europe, notamment celle qui s’enflamma ent
2196 ique semblent avoir plus de férocité… La discorde de l’Europe, notamment celle qui s’enflamma entre les princes de Constan
2197 semblent avoir plus de férocité… La discorde de l’ Europe , notamment celle qui s’enflamma entre les princes de Constantinople,
2198 notamment celle qui s’enflamma entre les princes de Constantinople, a livré l’Asie aux mains des Turcs ; elle leur a ouve
2199 x mains des Turcs ; elle leur a ouvert les portes de la Thrace. Par la suite, les dissensions entre les rois de l’Europe e
2200 ace. Par la suite, les dissensions entre les rois de l’Europe et les guerres naissant l’une de l’autre comme les têtes de
2201 Par la suite, les dissensions entre les rois de l’ Europe et les guerres naissant l’une de l’autre comme les têtes de l’hydre o
2202 es rois de l’Europe et les guerres naissant l’une de l’autre comme les têtes de l’hydre ont encouragé les Turcs à s’étendr
2203 guerres naissant l’une de l’autre comme les têtes de l’hydre ont encouragé les Turcs à s’étendre sur l’Europe plus largeme
2204 l’hydre ont encouragé les Turcs à s’étendre sur l’ Europe plus largement encore… N’importe qui peut gouverner le timon sur une
2205 Parfois l’art arrive à corriger quelques défauts de la Nature, mais il n’en supprime pas la racine ; et quand l’art recul
2206 siatiques. L’adversité révélerait ce qu’une série de succès ininterrompue a caché, et ferait voir en toute clarté que les
2207 en toute clarté que les Turcs ne furent pas forts de leur propre force et courage, mais de vos erreurs. … Les chrétiens po
2208 t pas forts de leur propre force et courage, mais de vos erreurs. … Les chrétiens possèdent encore la part la plus solide
2209 chrétiens possèdent encore la part la plus solide de l’Europe : l’Allemagne. Qu’ils cessent de se combattre, sinon ils son
2210 iens possèdent encore la part la plus solide de l’ Europe  : l’Allemagne. Qu’ils cessent de se combattre, sinon ils sont perdus.
2211 solide de l’Europe : l’Allemagne. Qu’ils cessent de se combattre, sinon ils sont perdus. Qu’ils fortifient l’Allemagne, o
2212 ravaillent en commun pour que le Turc ne s’empare de l’Allemagne ; sinon il n’y a plus d’espoir que tout l’Occident ne tom
2213 ne s’empare de l’Allemagne ; sinon il n’y a plus d’ espoir que tout l’Occident ne tombe au pouvoir des Turcs, et que ceux
2214 be au pouvoir des Turcs, et que ceux qui refusent de vivre sous ce joug, n’émigrent en grandes flottes vers le Nouveau Mon
2215 là même, ils ne seront pas à l’abri des attaques de ce tyran piqué par le taon de l’avidité et de l’ambition. Quelle redo
2216 l’abri des attaques de ce tyran piqué par le taon de l’avidité et de l’ambition. Quelle redoute pourrions-nous encore lui
2217 ues de ce tyran piqué par le taon de l’avidité et de l’ambition. Quelle redoute pourrions-nous encore lui opposer s’il s’e
2218 pourrions-nous encore lui opposer s’il s’emparait de l’Allemagne ? Tout autre obstacle serait un château de cartes. Il est
2219 Allemagne ? Tout autre obstacle serait un château de cartes. Il est douloureux d’avoir à dire que seule la faiblesse pourr
2220 le serait un château de cartes. Il est douloureux d’ avoir à dire que seule la faiblesse pourrait être opposée au souverain
2221 e la faiblesse pourrait être opposée au souverain de l’Allemagne et d’un si grand nombre de races et de royaumes. Il est v
2222 rrait être opposée au souverain de l’Allemagne et d’ un si grand nombre de races et de royaumes. Il est vrai que l’Europe e
2223 souverain de l’Allemagne et d’un si grand nombre de races et de royaumes. Il est vrai que l’Europe est très forte ; mais
2224 e l’Allemagne et d’un si grand nombre de races et de royaumes. Il est vrai que l’Europe est très forte ; mais de quoi cela
2225 nombre de races et de royaumes. Il est vrai que l’ Europe est très forte ; mais de quoi cela lui servirait-il, si le Turc possé
2226 s. Il est vrai que l’Europe est très forte ; mais de quoi cela lui servirait-il, si le Turc possédait la meilleure partie
2227 rait-il, si le Turc possédait la meilleure partie de l’Europe ? Vives rejoint ici l’opinion d’un autre champion de la rés
2228 il, si le Turc possédait la meilleure partie de l’ Europe  ? Vives rejoint ici l’opinion d’un autre champion de la résistance a
2229 partie de l’Europe ? Vives rejoint ici l’opinion d’ un autre champion de la résistance aux Turcs, Gaspard Peucer (1525-160
2230 Vives rejoint ici l’opinion d’un autre champion de la résistance aux Turcs, Gaspard Peucer (1525-1602), savant allemand,
2231 spard Peucer (1525-1602), savant allemand, gendre de Melanchton, dont il partageait la conviction que seule la pulchra con
2232 eait la conviction que seule la pulchra coniuncto de l’Allemagne, de la France et de l’Italie serait capable de sauver l’E
2233 on que seule la pulchra coniuncto de l’Allemagne, de la France et de l’Italie serait capable de sauver l’Europe. C’est en
2234 pulchra coniuncto de l’Allemagne, de la France et de l’Italie serait capable de sauver l’Europe. C’est en s’appuyant avant
2235 magne, de la France et de l’Italie serait capable de sauver l’Europe. C’est en s’appuyant avant tout sur les Allemagnes qu
2236 France et de l’Italie serait capable de sauver l’ Europe . C’est en s’appuyant avant tout sur les Allemagnes que ces luthériens
2237 ces luthériens entrevoyaient la création possible d’ une respublica cristiana en Europe, c’est-à-dire une confédération ant
2238 a création possible d’une respublica cristiana en Europe , c’est-à-dire une confédération antipapale et anti-impériale à la foi
2239 édération antipapale et anti-impériale à la fois. De son côté, Vives dans un écrit complémentaire à celui qu’on vient de c
2240 rit complémentaire à celui qu’on vient de citer : De Concordia et Discordia in Humano Genere 89 dit la nécessité d’une « r
2241 et Discordia in Humano Genere 89 dit la nécessité d’ une « reconstruction générale de l’Europe », mais n’en décrit pas les
2242 dit la nécessité d’une « reconstruction générale de l’Europe », mais n’en décrit pas les moyens : les « grands desseins »
2243 la nécessité d’une « reconstruction générale de l’ Europe  », mais n’en décrit pas les moyens : les « grands desseins » n’appara
2244 s plus tard : Dès lors, dans une série si longue de guerres qui sont nées l’une de l’autre par une fécondité incroyable,
2245 ne série si longue de guerres qui sont nées l’une de l’autre par une fécondité incroyable, toute l’Europe a souffert des d
2246 de l’autre par une fécondité incroyable, toute l’ Europe a souffert des dommages gigantesques et aura besoin, dans presque tou
2247 s et aura besoin, dans presque tous les domaines, d’ une grande et quasi universelle reconstruction ; mais de nulle autre c
2248 grande et quasi universelle reconstruction ; mais de nulle autre chose la nécessité n’est plus pressante, que d’une immédi
2249 utre chose la nécessité n’est plus pressante, que d’ une immédiate réconciliation et concorde, qui s’étendent et se communi
2250 ensemble, peuvent en quatre ans chasser les Turcs de l’Europe. La Noue propose une confédération entre les princes chrétie
2251 ble, peuvent en quatre ans chasser les Turcs de l’ Europe . La Noue propose une confédération entre les princes chrétiens réunis
2252 s chrétiens réunis à Augsbourg sous la présidence de l’empereur : Ayant basti une telle confédération, il conviendrait en
2253 ons expediens pour la continuer au moins l’espace de quatre années. Projet modeste, en vérité, mais qui n’en eut pas plus
2254 et modeste, en vérité, mais qui n’en eut pas plus de suites. Il convient de citer enfin dans ce contexte Guillaume Postel
2255 mais qui n’en eut pas plus de suites. Il convient de citer enfin dans ce contexte Guillaume Postel (1510-1581), humaniste
2256 talien, en latin et traduit les Saintes Écritures de l’hébreu et du grec en arabe.) Postel croit à la Monarchie universell
2257 mahométans ou « Ismaéliens », par la propagation d’ un « christianisme raisonnable ». Cela fait, quand tous seront un : D
2258 e, un seul prince… meilleure image du Dieu unique d’ où procède l’ordre du monde. Un tel monarque universel ne saurait êtr
2259 oi de France, puisque ce roi descend du fils aîné de Japhet, Gomer, fondateur de la race gallique au témoignage de Josèphe
2260 descend du fils aîné de Japhet, Gomer, fondateur de la race gallique au témoignage de Josèphe… Toutefois, Postel est loin
2261 omer, fondateur de la race gallique au témoignage de Josèphe… Toutefois, Postel est loin de se regarder comme un impériali
2262 rder comme un impérialiste « gaulois ». Dans l’un de ses livres intitulé La République des Turcs (1560), il se nomme au co
7 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Deuxième partie. Prises de conscience européennes. De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre, (xive au xixe siècle) — 5. Les grands desseins du xviie siècle
2263 siècle C’est au xviie siècle qu’il appartenait de tirer certaines conclusions constructives, à la fois philosophiques e
2264 s et proprement politiques, du grand remue-ménage de la Renaissance et de la Réforme. Quatre plans de vaste envergure appo
2265 iques, du grand remue-ménage de la Renaissance et de la Réforme. Quatre plans de vaste envergure apportent leur contributi
2266 de la Renaissance et de la Réforme. Quatre plans de vaste envergure apportent leur contribution à cet effort de mise en o
2267 nvergure apportent leur contribution à cet effort de mise en ordre, qui semble bien avoir été la devise du siècle. Nous le
2268 ous leur découvrons, après coup, plusieurs traits de ressemblance assez profonds. Tous les quatre sont des utopies, donnée
2269 utopies, données comme telles — encore que celui de Sully prétende à quelque réalisme politique, celui de William Penn à
2270 ully prétende à quelque réalisme politique, celui de William Penn à une économie bien entendue. Tous les quatre expriment
2271 atre expriment avec force la vocation fédératrice de l’Europe, et la sourde angoisse de l’époque devant les prétentions ab
2272 expriment avec force la vocation fédératrice de l’ Europe , et la sourde angoisse de l’époque devant les prétentions absolutiste
2273 on fédératrice de l’Europe, et la sourde angoisse de l’époque devant les prétentions absolutistes des États. Tous les quat
2274 s absolutistes des États. Tous les quatre émanent d’ esprits profondément religieux mais « œcuméniques », au sens qu’a pris
2275 la mémoire des siècles aux traités « réalistes » de l’époque, rapidement effacés par le mouvement de l’histoire, et n’ont
2276 de l’époque, rapidement effacés par le mouvement de l’histoire, et n’ont cessé d’agir sur l’imagination des créateurs d’i
2277 és par le mouvement de l’histoire, et n’ont cessé d’ agir sur l’imagination des créateurs d’institutions, jusqu’à nos jours
2278 ’ont cessé d’agir sur l’imagination des créateurs d’ institutions, jusqu’à nos jours. Nous les citerons ici selon la chrono
2279 645 ; William Penn, 1692. Le « Nouveau Cynée » d’ Émeric Crucé De ce premier auteur d’un plan d’union qui engloberai
2280 1692. Le « Nouveau Cynée » d’Émeric Crucé De ce premier auteur d’un plan d’union qui engloberait non seulement l’E
2281 u Cynée » d’Émeric Crucé De ce premier auteur d’ un plan d’union qui engloberait non seulement l’Europe chrétienne mais
2282 d’Émeric Crucé De ce premier auteur d’un plan d’ union qui engloberait non seulement l’Europe chrétienne mais le monde
2283 d’un plan d’union qui engloberait non seulement l’ Europe chrétienne mais le monde entier alors connu, nous savons peu. Il naqu
2284 ut « moine pédagogue dans on ne sait quel collège de Paris », enseigna les mathématiques et publia quelques pesants travau
2285 x qui le firent traiter par des érudits allemands de « petit maître d’école parisien »90. Ce personnage obscur n’en eut pa
2286 . Ce personnage obscur n’en eut pas moins le cœur de s’adresser à tous les princes d’Europe, dans l’envoi de son grand tra
2287 as moins le cœur de s’adresser à tous les princes d’ Europe, dans l’envoi de son grand traité, qui parut à Paris en 1623 :
2288 moins le cœur de s’adresser à tous les princes d’ Europe , dans l’envoi de son grand traité, qui parut à Paris en 1623 : Le Nou
2289 dresser à tous les princes d’Europe, dans l’envoi de son grand traité, qui parut à Paris en 1623 : Le Nouveau Cynée ou Dis
2290 ut à Paris en 1623 : Le Nouveau Cynée ou Discours d’ Estat représentant les occasions et moyens d’établir une paix générale
2291 ours d’Estat représentant les occasions et moyens d’ établir une paix générale et la liberté du commerce par tout le monde.
2292 out le monde. Aux monarques et princes souverains de ce temps. Ses 249 grandes pages ne comportent pas de divisions en cha
2293 ce temps. Ses 249 grandes pages ne comportent pas de divisions en chapitres, et seulement deux alinéas en tout ! Nous en r
2294 t mesme un fameux personnage a monstré les moyens d’ exterminer les Turcs dans les quatre ans ou environ91, et plusieurs au
2295 strangers, qu’ils estiment une prudence politique de semer parmy eux des divisions, afin de jouyr d’un repos plus asseuré.
2296 e de semer parmy eux des divisions, afin de jouyr d’ un repos plus asseuré.92 Mais je suis bien d’un autre advis, et me se
2297 uyr d’un repos plus asseuré.92 Mais je suis bien d’ un autre advis, et me semble quand on voit brusler ou tomber la maison
2298 semble quand on voit brusler ou tomber la maison de son voisin qu’on a subject de crainte, autant que de compassion, veu
2299 ou tomber la maison de son voisin qu’on a subject de crainte, autant que de compassion, veu que la société humaine est un
2300 son voisin qu’on a subject de crainte, autant que de compassion, veu que la société humaine est un corps, dont tous les me
2301 n corps, dont tous les membres ont une sympathie, de manière qu’il est impossible que les maladies de l’un ne se communiqu
2302 de manière qu’il est impossible que les maladies de l’un ne se communiquent aux autres. Faut-il que les monarchies s’étab
2303 es, il n’est plus besoing à ceux qui en ioüissent de remplir le monde de ce carnage. Crucé insistera plus loin sur cette
2304 soing à ceux qui en ioüissent de remplir le monde de ce carnage. Crucé insistera plus loin sur cette idée de statu quo à
2305 arnage. Crucé insistera plus loin sur cette idée de statu quo à conserver, chère à Érasme, nous l’avons vu. La guerre est
2306 nnent, et ne se laissent point aisément dessaisir de leurs possessions. Je confronte ces deux peuples, pour ce qu’ils sont
2307 ces deux peuples, pour ce qu’ils sont par manière de dire ennemis naturels, et ont divisé presque tout le monde en deux pa
2308 le monde en deux parties, à cause de la diversité de leur religion, tellement que s’ils se pouvoient accorder, ce serait u
2309 d acheminement pour la paix universelle. Inutile d’ insister sur le parallèle avec nos « deux blocs » actuels. La plus sûr
2310 s « deux blocs » actuels. La plus sûre prévention de la guerre, Crucé la voit dans l’arbitrage, idée reprise du Moyen Âge 
2311 rage, idée reprise du Moyen Âge : Auparavant que de venir aux armes (les princes devraient)… se rapporter à l’arbitrage d
2312 souverains : Ce faisant ils gaigneroient l’amitié de leurs semblables, pour s’en prévaloir contre leurs ennemis, au cas qu
2313 s qu’ils ne voulussent se soubsmettre au jugement d’ un tiers. Or si un prince recevoit un juge qui voulust impérieusement
2314 voit un juge qui voulust impérieusement s’ingérer de vuider les differens, cela véritablement ravaleroit sa grandeur : mai
2315 cela véritablement ravaleroit sa grandeur : mais d’ accepter volontairement les arbitres, c’est une chose jadis pratiquée
2316 t à cecy servirait grandement rassemblée generale de laquelle nous parlerons cy-après… Comments est-il possible, dira quel
2317 -après… Comments est-il possible, dira quelqu’un, d’ accorder des peuples qui sont si séparez de volonté et d’affection, co
2318 qu’un, d’accorder des peuples qui sont si séparez de volonté et d’affection, comme le Turc et le Persan, le François et l’
2319 der des peuples qui sont si séparez de volonté et d’ affection, comme le Turc et le Persan, le François et l’Espagnol, le C
2320 us oster la similitude du naturel, vray fondement d’ amitié et société humaine. Pourquoy moy qui suis François voudray-je d
2321 ble. La même tolérance doit s’étendre au domaine de la religion : Qu’est-il besoin de se faire la guerre pour la diversi
2322 dre au domaine de la religion : Qu’est-il besoin de se faire la guerre pour la diversité des cérémonies ? Je ne dirai pas
2323 our la diversité des cérémonies ? Je ne dirai pas de religion, vu que leur fin principale reside en l’adoration de Dieu, q
2324 vu que leur fin principale reside en l’adoration de Dieu, qui demande plutost le cœur des hommes que le culte extérieur e
2325 res… La pieté est un trop bel arbre pour produire de si mauvais fruits. Tandis que nous taschons de gagner le ciel par l’i
2326 re de si mauvais fruits. Tandis que nous taschons de gagner le ciel par l’ingredient de la religion, gardons-nous de tombe
2327 nous taschons de gagner le ciel par l’ingredient de la religion, gardons-nous de tomber en une stupidité et inhumanité br
2328 iel par l’ingredient de la religion, gardons-nous de tomber en une stupidité et inhumanité brutale… Toutes ces Religions (
2329 la sienne est la meilleure. Je n’ay pas entrepris de vuider ce différend. Un plus suffisant que moy y seroit bein empesché
2330 e fin, à sçavoir à la recognoissance et adoration de la divinité. Que si aucunes ne choisissent pas le bon chemin ou moyen
2331 ue par malice, et par consequent sont plus dignes de compassion que de haine… (Seuls des esprits bornés croient) que tous
2332 par consequent sont plus dignes de compassion que de haine… (Seuls des esprits bornés croient) que tous sont tenus de vivr
2333 s des esprits bornés croient) que tous sont tenus de vivre comme luy, et ne prise que ses coutusmes, à la façon de ces nia
2334 me luy, et ne prise que ses coutusmes, à la façon de ces niais d’Athènes, qui estimoient la Lune de leur pays meilleure qu
2335 prise que ses coutusmes, à la façon de ces niais d’ Athènes, qui estimoient la Lune de leur pays meilleure que celle des a
2336 on de ces niais d’Athènes, qui estimoient la Lune de leur pays meilleure que celle des autres. Les sages et divins esprits
2337 considèrent que l’harmonie du monde est composée de diverses humeurs, et que ce qui est loüable en un lieu, n’est pas tro
2338 volontez sont muables, et les actions des hommes de ce temps n’obligent pas leurs successeurs… Néantmoins pour en préveni
2339 n prévenir les inconvéniens, il seroit necessaire de choisir une ville, où tous les Souverains eussent perpétuellement leu
2340 ourraient survenir fussent vuidez par le jugement de toute l’assemblee. Les ambassadeurs de ceux qui seroient intéressez e
2341 e jugement de toute l’assemblee. Les ambassadeurs de ceux qui seroient intéressez exposeroient là les plaintes de leurs ma
2342 seroient intéressez exposeroient là les plaintes de leurs maistres, et les autres députez en jugeraient sans passion. Il
2343 s députez en jugeraient sans passion. Il propose d’ en fixer le siège sur le territoire de Venise, pour ce qu’il est comm
2344 Il propose d’en fixer le siège sur le territoire de Venise, pour ce qu’il est comme neutre et indifferent à tous princes
2345 si qu’il est proche des plus signalées Monarchies de la terre, de celles du pape, des deux empereurs, et du roy d’Hespagne
2346 proche des plus signalées Monarchies de la terre, de celles du pape, des deux empereurs, et du roy d’Hespagne. Il n’est pa
2347 pereurs, et du roy d’Hespagne. Il n’est pas loing de France, de Tartarie, Moschouie, Polongne, Angleterre, et Dannemarch.
2348 du roy d’Hespagne. Il n’est pas loing de France, de Tartarie, Moschouie, Polongne, Angleterre, et Dannemarch. Quant à la
2349 il a bien ses idées là-dessus, mais il a décidé «  de ne pas songer à soy seulement » et au contraire de parler comme s’il
2350 comme s’il était né « en la république imaginaire de Platon ou en la région de ses Idées ». Il finit donc par proposer que
2351 a république imaginaire de Platon ou en la région de ses Idées ». Il finit donc par proposer que le pape « ait la préséanc
2352 r que le pape « ait la préséance, pour le respect de l’ancienne Rome », mais — ô révolution presque impensable ! — que le
2353 atement après lui, « attendu qu’il tient le siège de l’empire oriental ». Viendront ensuite « l’empereur chrestien » puis
2354 ixiesme lieu pourroit estre debatu entre les roys de Perse, de la Chine, le Pretre-Jan, le Precop de Tartarie, et le grand
2355 eu pourroit estre debatu entre les roys de Perse, de la Chine, le Pretre-Jan, le Precop de Tartarie, et le grand duc de Mo
2356 rtarie, et le grand duc de Moschouie… Et les roys de la grand Bretagne, de Pologne, de Dannemarch, de Suede, du Jappon, de
2357 c de Moschouie… Et les roys de la grand Bretagne, de Pologne, de Dannemarch, de Suede, du Jappon, de Marroc, le grand Mogo
2358 ie… Et les roys de la grand Bretagne, de Pologne, de Dannemarch, de Suede, du Jappon, de Marroc, le grand Mogol, et autres
2359 de la grand Bretagne, de Pologne, de Dannemarch, de Suede, du Jappon, de Marroc, le grand Mogol, et autres monarques tant
2360 , de Pologne, de Dannemarch, de Suede, du Jappon, de Marroc, le grand Mogol, et autres monarques tant des Indes que d’Afri
2361 and Mogol, et autres monarques tant des Indes que d’ Afrique, ne doivent pas estre aux derniers rangs, tous braves princes,
2362 s rangs, tous braves princes, qui se maintiennent d’ eux-mesmes et ne dependent de personne… Et pour authoriser d’avantage
2363 qui se maintiennent d’eux-mesmes et ne dependent de personne… Et pour authoriser d’avantage le jugement, on prendroit adu
2364 s et ne dependent de personne… Et pour authoriser d’ avantage le jugement, on prendroit aduis des grandes Republiques, qui
2365 me celle des Vénitiens et des Suisses, et non pas de ces petites Seigneuries, qui ne se peuvent maintenir d’elles-mesmes,
2366 petites Seigneuries, qui ne se peuvent maintenir d’ elles-mesmes, et dependent de la protection d’autruy. … Ceste compagni
2367 se peuvent maintenir d’elles-mesmes, et dependent de la protection d’autruy. … Ceste compagnie donc jugeroit les débats qu
2368 nir d’elles-mesmes, et dependent de la protection d’ autruy. … Ceste compagnie donc jugeroit les débats qui surviendroient
2369 es mescontentemens, et les apoiseroit par la voye de douceur, si faire se pouvoit, ou en cas de nécessité par la force. Qu
2370 a voye de douceur, si faire se pouvoit, ou en cas de nécessité par la force. Que si quelqu’un contrevenoit à l’arrest d’un
2371 a force. Que si quelqu’un contrevenoit à l’arrest d’ une si notable compagnie, il encourrait la disgrace de tous les autres
2372 e si notable compagnie, il encourrait la disgrace de tous les autres princes, qui auraient beau moyen de le faire venir à
2373 tous les autres princes, qui auraient beau moyen de le faire venir à la raison. Dès la première partie de son traité, Cr
2374 faire venir à la raison. Dès la première partie de son traité, Crucé s’était demandé ce que feraient les peuples, s’ils
2375 la guerre pour « exercice ». Il proposait un plan d’ éducation des peuples (sciences, médecine et mathématiques en premier
2376 decine et mathématiques en premier lieu), un plan de développement des industries artisanales, et un plan d’aménagement de
2377 eloppement des industries artisanales, et un plan d’ aménagement des territoires : rivières à rendre navigables, canal joig
2378 . Et déjà il s’écriait : Quel plaisir seroit-ce, de voir les hommes aller de part et d’autre librement, et communiquer en
2379 Quel plaisir seroit-ce, de voir les hommes aller de part et d’autre librement, et communiquer ensemble sans aucun scrupul
2380 ir seroit-ce, de voir les hommes aller de part et d’ autre librement, et communiquer ensemble sans aucun scrupule de pays,
2381 ment, et communiquer ensemble sans aucun scrupule de pays, de ceremonies, ou d’autres diversitez semblables, comme si la t
2382 communiquer ensemble sans aucun scrupule de pays, de ceremonies, ou d’autres diversitez semblables, comme si la terre esto
2383 tablement, une cité commune à tous ? Vers la fin de l’ouvrage, il reprend et développe ce thème de la libre circulation d
2384 in de l’ouvrage, il reprend et développe ce thème de la libre circulation des biens et des personnes : Voilà les moyens d
2385 on des biens et des personnes : Voilà les moyens d’ entretenir la paix particulièrement en chaque monarchie. Il y en a d’a
2386 universels, qui concernent la bonne intelligence de tous les souverains respectivement l’un avec l’autre, dont le premier
2387 us important est qu’ils se contentent des limites de leur seigneurie qui leur seront prescripts par la generale assemblée
2388 leur seront prescripts par la generale assemblée de laquelle nous avons parlé. Ce poinct estant gaigné, il faudra aduiser
2389 igné, il faudra aduiser à ce que les particuliers de diverses nations se puissent hanter et trafiquer ensemble en asseuran
2390 les accorde promptement sans faveur ny acception de personne. Car puisqu’il s’agist d’une paix universelle il faut rendre
2391 r ny acception de personne. Car puisqu’il s’agist d’ une paix universelle il faut rendre la justice aux estrangers, et ne p
2392 leur plaisir. Crucé a bien vu que cette liberté de commerce — diamétralement opposée au protectionnisme national qui com
2393 onal qui commençait à s’appesantir sur l’économie de l’Europe — supposait d’autres mesures : … il est necessaire que les
2394 qui commençait à s’appesantir sur l’économie de l’ Europe  — supposait d’autres mesures : … il est necessaire que les princes d
2395 es mesures : … il est necessaire que les princes d’ un commun consentement réduisent les monnoyes à un mesme pied, afin qu
2396 libres et le commerce estant ouvert par le moyen de la paix, on puisse trafiquer par tout sans dommage. Il n’y a personne
2397 dommage. Il n’y a personne qui soit plus capable de cela que le pape. C’est son devoir de moyenner une concorde générale
2398 lus capable de cela que le pape. C’est son devoir de moyenner une concorde générale entre les princes chrestiens. Et pour
2399 isser ce tesmoignage à la postérité. S’il ne sert de rien, patience. C’est peu de chose, de perdre du papier, et des parol
2400 il ne sert de rien, patience. C’est peu de chose, de perdre du papier, et des paroles. Je protesteray en ce cas comme Solo
2401 des paroles. Je protesteray en ce cas comme Solon d’ avoir dit et faict ce qui m’a esté possible pour le bien public, et qu
2402 m’en sçauront gré, et m’honoreront comme j’espère de leur souvenance. Le mémoire de Crucé n’eut pas plus de succès que le
2403 nt comme j’espère de leur souvenance. Le mémoire de Crucé n’eut pas plus de succès que les projets de ses prédécesseurs.
2404 r souvenance. Le mémoire de Crucé n’eut pas plus de succès que les projets de ses prédécesseurs. Mais ceux qui le dédaign
2405 de Crucé n’eut pas plus de succès que les projets de ses prédécesseurs. Mais ceux qui le dédaignèrent sont oubliés, lui no
2406 a fait son chemin clandestin à travers une série d’ œuvres souvent glorieuses. Le jeune Leibniz l’a lu et s’en souvient :
2407 Société des Nations, puis Churchill et le congrès de La Haye et les grands débats de notre temps. Le Grand Dessein du d
2408 ill et le congrès de La Haye et les grands débats de notre temps. Le Grand Dessein du duc de Sully Tout le monde, d
2409 u. Est-on même certain qu’il existe ? La « Charte de l’Atlantique », pendant la dernière guerre, exerça, elle aussi, une g
2410 n : ses éléments sont dispersés dans les milliers de pages des Mémoires de Sully, dont au surplus nous possédons plusieurs
2411 dispersés dans les milliers de pages des Mémoires de Sully, dont au surplus nous possédons plusieurs versions : les deux p
2412 eurs versions : les deux premières parties datées de 1638 et qui ne furent pas « mises dans le commerce » ; la troisième p
2413 bé de l’Écluse, qui fit connaître au grand public de 1745 une œuvre fortement remaniée ; enfin, des éditions modernes, res
2414 omposés par quatre secrétaires anonymes, à l’aide d’ un gigantesque fatras de documents, copies de lettres, ou lettres écri
2415 taires anonymes, à l’aide d’un gigantesque fatras de documents, copies de lettres, ou lettres écrites après coup, brouillo
2416 aide d’un gigantesque fatras de documents, copies de lettres, ou lettres écrites après coup, brouillons de discours, états
2417 ettres, ou lettres écrites après coup, brouillons de discours, états financiers, notes, souvenirs, dictées, bilans, etc. L
2418 elieu, attribue le Grand Dessein à Henry IV, plus de vingt ans après l’assassinat du roi. Les états successifs du plan qu’
2419 nous révèle (sous forme de lettres apocryphes ou de discours) défient la citation par la longueur des phrases et le désor
2420 tion par la longueur des phrases et le désordonné de la présentation. Voici tout de même un assez court fragment où, par u
2421 , Sully cherche à gagner l’Angleterre aux projets d’ Henry IV contre les Habsbourg : Suivant ce que le roi d’Angleterre vo
2422 ui ayant ainsi envoyé le plus ancien et confident de ses serviteurs et celui sur lequel lui-même pouvait prendre le plus d
2423 celui sur lequel lui-même pouvait prendre le plus de confiance. Sur quoi voyant, comme il vous sembla, l’occasion très opp
2424 hautes propositions que le roi vous avait ordonné de lui faire, mais seulement comme de vous-même, vous lui répondîtes en
2425 avait ordonné de lui faire, mais seulement comme de vous-même, vous lui répondîtes en ces termes : « […] Sire, il faut qu
2426 vanités mondaines, je préfère néanmoins la gloire de Dieu, mon salut et la subsistance de la vraie religion que je profess
2427 ns la gloire de Dieu, mon salut et la subsistance de la vraie religion que je professe, au roi mon maître, ma fortune, ma
2428 pagne, les archiducs, les princes ecclésiastiques d’ Allemagne, et tous autres grands et communautés catholiques, n’ont poi
2429 n’ont point de plus forte passion en l’esprit que de former une puissante association pour la ruine et destruction de tout
2430 uissante association pour la ruine et destruction de toute créance contraire à la romaine. Ils ne sont retardés d’y travai
2431 ance contraire à la romaine. Ils ne sont retardés d’ y travailler tout ouvertement que parce qu’ils n’ont point encore pu f
2432 ein. Mais il est à craindre que par la diminution de ma faveur (comme celle des princes est sujette à varier) ou par de tr
2433 me celle des princes est sujette à varier) ou par de trop continuelles sollicitations, il ne se laisse enfin persuader, s’
2434 bles à son généreux esprit (car c’est cette vertu de magnanimité qui tient le premier lieu en son âme), qui sont ceux desq
2435 Votre Majesté, et dans quels aussi elle trouvera de quoi accroître sa puissance et son autorité, amplifier sa domination,
2436 , et perpétuer sa renommée, qui est le second but de mes désirs. De vous seul dépend l’exécution des choses que je veux pr
2437 sa renommée, qui est le second but de mes désirs. De vous seul dépend l’exécution des choses que je veux proposer, lesquel
2438 le tous les autres rois, princes, et surtout ceux de Danemark et de Suède, États, républiques, villes et communautés prote
2439 res rois, princes, et surtout ceux de Danemark et de Suède, États, républiques, villes et communautés protestantes, qui so
2440 communautés protestantes, qui sont comme obligés d’ être toujours contraires à la faction espagnole et d’Autriche, et conf
2441 tre toujours contraires à la faction espagnole et d’ Autriche, et confirmer tout cela par l’alliance de vos communs enfants
2442 d’Autriche, et confirmer tout cela par l’alliance de vos communs enfants, qui se trouveront d’âge sortable les uns aux aut
2443 lliance de vos communs enfants, qui se trouveront d’ âge sortable les uns aux autres. Je ne désespère pas si je vous vois g
2444 turel volage et à son véhément et ambitieux désir de porter couronne royale, les plus puissants princes catholiques d’Alle
2445 ne royale, les plus puissants princes catholiques d’ Allemagne, pour l’espérance d’arracher la couronne impériale de la mai
2446 princes catholiques d’Allemagne, pour l’espérance d’ arracher la couronne impériale de la maison d’Autriche et tous les éta
2447 pour l’espérance d’arracher la couronne impériale de la maison d’Autriche et tous les états de Bohême, Autriche, Moravie,
2448 nce d’arracher la couronne impériale de la maison d’ Autriche et tous les états de Bohême, Autriche, Moravie, Silésie et Lu
2449 périale de la maison d’Autriche et tous les états de Bohême, Autriche, Moravie, Silésie et Lusatie, pour les rétablir dans
2450 ciennes libertés, voire même le pape en proposant de lui faire posséder une propriété ce dont il n’est reconnu que par une
2451 dont il n’est reconnu que par une vaine apparence de féodalité. » Sur toutes lesquelles ouvertures, quoique d’abord en gén
2452 et en gros, le roi d’Angleterre fît démonstration d’ y prendre goût, voire de les louer et approuver, si ne laissa-t-il pas
2453 leterre fît démonstration d’y prendre goût, voire de les louer et approuver, si ne laissa-t-il pas d’en vouloir entendre t
2454 de les louer et approuver, si ne laissa-t-il pas d’ en vouloir entendre tout le détail, et de former lors une infinité de
2455 t-il pas d’en vouloir entendre tout le détail, et de former lors une infinité de difficultés sur la jonction en une loyale
2456 re tout le détail, et de former lors une infinité de difficultés sur la jonction en une loyale association de tant de dive
2457 icultés sur la jonction en une loyale association de tant de diverses têtes et tant diversement intentionnées et intéressé
2458 ent intentionnées et intéressées sur la poursuite d’ un si haut dessein… Les discours que vous eûtes lors, tant sur ce suje
2459 ieurs autres très importants, vous retinrent plus de quatre heures seuls enfermés ensemble. Cependant, le Grand Dessein,
2460 s ses derniers états, déborde largement au profit de l’Europe entière, ce projet initial d’alliance protestante — nonobsta
2461 derniers états, déborde largement au profit de l’ Europe entière, ce projet initial d’alliance protestante — nonobstant l’adhé
2462 au profit de l’Europe entière, ce projet initial d’ alliance protestante — nonobstant l’adhésion de princes catholiques et
2463 al d’alliance protestante — nonobstant l’adhésion de princes catholiques et même du pape. Nous en donnerons ici l’exposé m
2464 a su tirer des « Sages et royales Économies » : L’ Europe sera composée de : 5 monarchies électives : le Saint-Empire romain g
2465 s et royales Économies » : L’Europe sera composée de  : 5 monarchies électives : le Saint-Empire romain germanique, les Ét
2466 talie, la Suisse, la Belgique (pour la définition de ces territoires voir plus loin). Les pays dont seront composés ces Ét
2467 en détail ; s’il y a désaccord sur l’attribution d’ un territoire, il sera soumis directement à l’autorité européenne cent
2468 rritoire, il sera soumis directement à l’autorité européenne centrale, c’est-à-dire deviendra territoire sous mandat. Par leur sup
2469 rficie et leurs richesses, ces États devront être d’ importance à peu près égale, pour assurer entre eux le plus haut degré
2470 our assurer entre eux le plus haut degré possible d’ équilibre, de même qu’entre les religions catholique, luthérienne et c
2471 e, luthérienne et calviniste. Cette Confédération d’ États sera placée sous la garde d’un Conseil de l’Europe composé de si
2472 e Confédération d’États sera placée sous la garde d’ un Conseil de l’Europe composé de six Conseils provinciaux et d’un Con
2473 ée sous la garde d’un Conseil de l’Europe composé de six Conseils provinciaux et d’un Conseil Général. Les Conseils provi
2474 e l’Europe composé de six Conseils provinciaux et d’ un Conseil Général. Les Conseils provinciaux auront leurs sièges à :
2475 ardie, etc., et une ville à désigner dans l’Ouest de l’Europe pour la France, l’Espagne, l’Angleterre et la Belgique. Le C
2476 , etc., et une ville à désigner dans l’Ouest de l’ Europe pour la France, l’Espagne, l’Angleterre et la Belgique. Le Conseil Gé
2477 l Général aura son siège dans une ville du centre de l’Europe, à désigner chaque année parmi les villes suivantes : Metz,
2478 éral aura son siège dans une ville du centre de l’ Europe , à désigner chaque année parmi les villes suivantes : Metz, Luxembour
2479 nçon. On voit que le Rhin est l’artère principale de cette nouvelle configuration politique. Ce Conseil Général sera compo
2480 ration politique. Ce Conseil Général sera composé de représentants de chacun des gouvernements de la république chrétienne
2481 Ce Conseil Général sera composé de représentants de chacun des gouvernements de la république chrétienne, au total 40 hom
2482 posé de représentants de chacun des gouvernements de la république chrétienne, au total 40 hommes d’expérience, à raison d
2483 s de la république chrétienne, au total 40 hommes d’ expérience, à raison de 4 représentants pour les grands États et de 2
2484 aison de 4 représentants pour les grands États et de 2 pour les États plus petits. Ces Conseils recevront le pouvoir de tr
2485 ts plus petits. Ces Conseils recevront le pouvoir de trancher tout différend, tant entre un souverain et son peuple qu’ent
2486 e qu’entre différents États. Ils ont pour mission de régler toutes les questions d’intérêt commun et d’élaborer tous les p
2487 s ont pour mission de régler toutes les questions d’ intérêt commun et d’élaborer tous les projets concernant l’ensemble de
2488 e régler toutes les questions d’intérêt commun et d’ élaborer tous les projets concernant l’ensemble de la République chrét
2489 d’élaborer tous les projets concernant l’ensemble de la République chrétienne. Le Conseil de l’Europe a les compétences et
2490 seil de l’Europe a les compétences et les devoirs d’ un Sénat, ses membres étant à réélire tous les trois ans. Les décision
2491 ra qu’une souveraineté conditionnelle. Comme base de la république européenne, Sully exige la liberté du commerce et même
2492 ineté conditionnelle. Comme base de la république européenne , Sully exige la liberté du commerce et même la suppression des barriè
2493 e la suppression des barrières douanières. L’idée de l’arbitrage et aussi du « concert européen » apparaît avec une nettet
2494 ères. L’idée de l’arbitrage et aussi du « concert européen  » apparaît avec une netteté particulière dans les dispositions prévue
2495 lection des souverains des trois royaumes chargés d’ assurer la défense de l’Europe à l’Est. Il prévoit en effet : comme « 
2496 trois royaumes chargés d’assurer la défense de l’ Europe à l’Est. Il prévoit en effet : comme « marche » et rempart contre les
2497  marche » et rempart contre les Turcs, un royaume de Hongrie (Basse-Autriche, Styrie, Carinthie, Croatie, Bosnie, Slovénie
2498 contre les Moscovites et les Tartares, un royaume de Pologne, enfin un royaume de Bohême. Pour associer ces royaumes le pl
2499 Tartares, un royaume de Pologne, enfin un royaume de Bohême. Pour associer ces royaumes le plus étroitement possible au so
2500 aumes le plus étroitement possible au sort commun de l’Europe, deux dispositions : d’une part leurs souverains devront êtr
2501 le plus étroitement possible au sort commun de l’ Europe , deux dispositions : d’une part leurs souverains devront être élus pa
2502 uverains devront être élus par un collège composé de huit souverains : le pape, l’empereur, les rois de France, d’Espagne,
2503 e huit souverains : le pape, l’empereur, les rois de France, d’Espagne, d’Angleterre, du Danemark, de Suède et de Lombardi
2504 erains : le pape, l’empereur, les rois de France, d’ Espagne, d’Angleterre, du Danemark, de Suède et de Lombardie, d’autre
2505 pape, l’empereur, les rois de France, d’Espagne, d’ Angleterre, du Danemark, de Suède et de Lombardie, d’autre part ces hu
2506 de France, d’Espagne, d’Angleterre, du Danemark, de Suède et de Lombardie, d’autre part ces huit souverains seront obligé
2507 d’Espagne, d’Angleterre, du Danemark, de Suède et de Lombardie, d’autre part ces huit souverains seront obligés par devoir
2508 art ces huit souverains seront obligés par devoir d’ alliance à défendre ces royaumes contre toute agression. Arbitrage aus
2509 e roi d’Espagne et les cantons suisses. Le devoir d’ alliance des huit souverains joue également pour Venise et le royaume
2510 uverains joue également pour Venise et le royaume de Sicile. Enfin, le plan Sully prévoit en détail les ajustements territ
2511 erritoriaux nécessaires pour cette réorganisation de l’Europe : La souveraineté espagnole est limitée à la péninsule ibéri
2512 oriaux nécessaires pour cette réorganisation de l’ Europe  : La souveraineté espagnole est limitée à la péninsule ibérique. Les
2513 rk et la Suède gardent leur statu quo. Le royaume de Lombardie est formé par : la Savoie, le Piémont, Montferrat et Milan.
2514 e est renforcée territorialement : elle s’accroît de la Franche-Comté, de l’Alsace et du Tyrol. La République de Belgique
2515 torialement : elle s’accroît de la Franche-Comté, de l’Alsace et du Tyrol. La République de Belgique se compose de la Belg
2516 et du Tyrol. La République de Belgique se compose de la Belgique et de la Hollande actuelles. Enfin, une république italie
2517 publique de Belgique se compose de la Belgique et de la Hollande actuelles. Enfin, une république italienne sera formée, e
2518 à la Savoie, ni à Venise. Cette république faite d’ une mosaïque de territoires en surplus sera placée sous la souverainet
2519 i à Venise. Cette république faite d’une mosaïque de territoires en surplus sera placée sous la souveraineté du pape. La R
2520 elon Sully, ne devra pas être admise comme membre de la Communauté chrétienne. C. J. Burckhardt compare, en conclusion, l
2521 J. Burckhardt compare, en conclusion, le Dessein de Sully et les autres projets européens de paix perpétuelle : Cet effo
2522 lusion, le Dessein de Sully et les autres projets européens de paix perpétuelle : Cet effort toujours repris à nouveau peut se r
2523 Dessein de Sully et les autres projets européens de paix perpétuelle : Cet effort toujours repris à nouveau peut se rame
2524 mobiles constants : l’espoir placé dans l’action de la volonté libre pour surmonter l’entraînement fatidique vers la guer
2525 supérieure aux États ; et surtout : le sentiment de tout ce que les Européens, malgré contrastes et conflits, possèdent d
2526 ts ; et surtout : le sentiment de tout ce que les Européens , malgré contrastes et conflits, possèdent de commun et d’irremplaçabl
2527 ropéens, malgré contrastes et conflits, possèdent de commun et d’irremplaçable. Ce qui distingue les écrits de Sully de ce
2528 ré contrastes et conflits, possèdent de commun et d’ irremplaçable. Ce qui distingue les écrits de Sully de ceux de ses pré
2529 n et d’irremplaçable. Ce qui distingue les écrits de Sully de ceux de ses prédécesseurs et contemporains, c’est qu’en sa q
2530 remplaçable. Ce qui distingue les écrits de Sully de ceux de ses prédécesseurs et contemporains, c’est qu’en sa qualité d’
2531 ble. Ce qui distingue les écrits de Sully de ceux de ses prédécesseurs et contemporains, c’est qu’en sa qualité d’homme d’
2532 cesseurs et contemporains, c’est qu’en sa qualité d’ homme d’État il part d’un contexte politique tout à fait concret et pa
2533 ns, c’est qu’en sa qualité d’homme d’État il part d’ un contexte politique tout à fait concret et particulier et qu’ensuite
2534 mesure que lentement il mûrit son plan, le désir d’ assurer la primauté à sa propre nation s’estompe de plus en plus chez
2535 e que, dans son grand âge, et déjà presque au ban de la communauté française en sa qualité de protestant, il finit par ard
2536 e au ban de la communauté française en sa qualité de protestant, il finit par ardemment souhaiter un pouvoir suprême supra
2537 , tant de défaites et tant de lamentables traités de paix qu’il ne pourra plus en supporter beaucoup d’autres sans périr…
2538 passées à observer l’agitation des hommes du fond de sa retraite l’ont amené pour finir à surmonter en lui-même, dans son
2539 ns son propre cœur, la force la plus considérable de son époque, cette force qui jadis dans sa jeunesse l’avait poussé à l
2540 t tendu vers l’avenir.94 Le Réveil universel de Comenius Le principal titre de gloire d’Amos Comenius (nom latini
2541 veil universel de Comenius Le principal titre de gloire d’Amos Comenius (nom latinisé de Jean Amos Komenski), né en Mo
2542 rsel de Comenius Le principal titre de gloire d’ Amos Comenius (nom latinisé de Jean Amos Komenski), né en Moravie en 1
2543 pal titre de gloire d’Amos Comenius (nom latinisé de Jean Amos Komenski), né en Moravie en 1592, mort en Hollande en 1670,
2544 en Moravie en 1592, mort en Hollande en 1670, est d’ avoir contribué plus que tout autre, en écrivant sa Grande Didactique
2545 e tout autre, en écrivant sa Grande Didactique et de nombreux traités spéciaux, à créer la science de l’éducation en Europ
2546 de nombreux traités spéciaux, à créer la science de l’éducation en Europe. Mais ses recherches de philosophe et de théolo
2547 és spéciaux, à créer la science de l’éducation en Europe . Mais ses recherches de philosophe et de théologien (il fut évêque de
2548 nce de l’éducation en Europe. Mais ses recherches de philosophe et de théologien (il fut évêque de l’Unité des frères mora
2549 n en Europe. Mais ses recherches de philosophe et de théologien (il fut évêque de l’Unité des frères moraves) autant que s
2550 hes de philosophe et de théologien (il fut évêque de l’Unité des frères moraves) autant que son action de pédagogue, devai
2551 l’Unité des frères moraves) autant que son action de pédagogue, devaient trouver leur couronnement et l’expression de leur
2552 evaient trouver leur couronnement et l’expression de leur unité profonde dans un ouvrage qu’il ne put achever : la Délibér
2553 pansophique ». Elle porte le sous-titre suivant : De rerum humanarum emendatione consultatio catholica ad genus humanum, a
2554 n système scolaire perfectionné sous la direction d’ une sorte d’académie internationale ; coordination politique, sous la
2555 olaire perfectionné sous la direction d’une sorte d’ académie internationale ; coordination politique, sous la direction d’
2556 onale ; coordination politique, sous la direction d’ institutions internationales ; réconciliation des Églises, qui se donn
2557 ent un Consistoire mondial. Le projet gigantesque d’ une fédération mondiale à la fois culturelle, politique et religieuse,
2558 la fois culturelle, politique et religieuse, fait de Comenius l’un des grands précurseurs de l’union européenne autant que
2559 use, fait de Comenius l’un des grands précurseurs de l’union européenne autant que du mouvement œcuménique. Notons une foi
2560 e Comenius l’un des grands précurseurs de l’union européenne autant que du mouvement œcuménique. Notons une fois de plus que le « 
2561 nt parle Comenius n’est en fait que la chrétienté de son temps, donc l’Europe. Au reste, Comenius se qualifie lui-même d’E
2562 st en fait que la chrétienté de son temps, donc l’ Europe . Au reste, Comenius se qualifie lui-même d’Européen. Dans la Præfatio
2563 l’Europe. Au reste, Comenius se qualifie lui-même d’ Européen. Dans la Præfatio ad Europeos qui ouvre sa Panegersia, il par
2564 Europe. Au reste, Comenius se qualifie lui-même d’ Européen . Dans la Præfatio ad Europeos qui ouvre sa Panegersia, il parle — le
2565 a Panegersia, il parle — le premier peut-être ? —  de notre patrie européenne : Afin que nous cessions de dissimuler nos p
2566 parle — le premier peut-être ? — de notre patrie européenne  : Afin que nous cessions de dissimuler nos projets et nos efforts, e
2567 notre patrie européenne : Afin que nous cessions de dissimuler nos projets et nos efforts, et de travailler chacun pour s
2568 ions de dissimuler nos projets et nos efforts, et de travailler chacun pour soi, je vais payer d’exemple : car mon but sup
2569 , et de travailler chacun pour soi, je vais payer d’ exemple : car mon but suprême est d’annoncer le Christ à tous les peup
2570 je vais payer d’exemple : car mon but suprême est d’ annoncer le Christ à tous les peuples. Cette Lumière doit être apporté
2571 pportée aux autres peuples au nom de notre patrie européenne  ; et c’est pourquoi nous devons tout d’abord nous unir entre nous ; c
2572 t d’abord nous unir entre nous ; car, nous autres Européens , nous devons être considérés comme des voyageurs embarqués sur un seu
2573 e navire. Je ne puis me taire, car mon espoir est d’ adoucir les maux de la guerre par mon message, comme par une musique t
2574 s me taire, car mon espoir est d’adoucir les maux de la guerre par mon message, comme par une musique tout harmonieuse, et
2575 à cette action par les efforts qui se produisent de notre temps, en Europe plus qu’ailleurs, et qui portent en eux la pro
2576 les efforts qui se produisent de notre temps, en Europe plus qu’ailleurs, et qui portent en eux la pro messe de grandes chose
2577 s qu’ailleurs, et qui portent en eux la pro messe de grandes choses. Voici quelques extraits de la Panegersia 95 § 6. I
2578 messe de grandes choses. Voici quelques extraits de la Panegersia 95 § 6. Il importe, dis-je, d’adjoindre aux Lettrés d
2579 ts de la Panegersia 95 § 6. Il importe, dis-je, d’ adjoindre aux Lettrés des gardiens vigilants ; leur tâche sera de leur
2580 Lettrés des gardiens vigilants ; leur tâche sera de leur apprendre, en les exhortant, leur principale mission, qui est d’
2581 n les exhortant, leur principale mission, qui est d’ éliminer tous les restes de l’ignorance ou des erreurs dans les esprit
2582 ipale mission, qui est d’éliminer tous les restes de l’ignorance ou des erreurs dans les esprits humains. Il faut adjoindr
2583 er, avec leur aide, tout ce qui subsistera encore d’ athéisme, d’épicurisme et d’impiété. Et il faut adjoindre aux Puissant
2584 r aide, tout ce qui subsistera encore d’athéisme, d’ épicurisme et d’impiété. Et il faut adjoindre aux Puissants des gardie
2585 qui subsistera encore d’athéisme, d’épicurisme et d’ impiété. Et il faut adjoindre aux Puissants des gardiens du pouvoir po
2586 pouvoir pour que, par un zèle exagéré, la semence de discorde ne germe pas de nouveau ; ou, si elle commence à germer, pou
2587 ce célèbre passage, Matth. 23, 8-10, en ordonnant de ne pas établir parmi les hommes le gouvernement d’un seul chef, la co
2588 e ne pas établir parmi les hommes le gouvernement d’ un seul chef, la conduite d’un seul conducteur et la sagesse d’un seul
2589 ommes le gouvernement d’un seul chef, la conduite d’ un seul conducteur et la sagesse d’un seul sage. Il interdit, en effet
2590 f, la conduite d’un seul conducteur et la sagesse d’ un seul sage. Il interdit, en effet, que quelqu’un au monde se fasse a
2591 introduire autre chose que l’enseignement commun de nous tous, unis par des liens fraternels, que l’assujettissement de n
2592 par des liens fraternels, que l’assujettissement de nous tous au seul Père dans les cieux et au Christ qui nous a été don
2593 rois états, on instituera par conséquent un corps de dirigeants. Le chef suprême de chacun de ces corps sera cet Hermès Tr
2594 onséquent un corps de dirigeants. Le chef suprême de chacun de ces corps sera cet Hermès Trimégiste96 (le trois fois grand
2595 un corps de dirigeants. Le chef suprême de chacun de ces corps sera cet Hermès Trimégiste96 (le trois fois grand truchemen
2596 te96 (le trois fois grand truchement des volontés de Dieu concernant les hommes, le suprême prophète, le suprême prêtre, l
2597 e roi), c’est-à-dire le Christ qui seul a pouvoir de tout diriger puissamment. Mais, pour maintenir l’ordre, partout les u
2598 st soient solidement établis. § 12. Il sera utile d’ adopter des appellations différentes pour ces tribunaux : le tribunal
2599 le tribunal des lettrés s’appellerait le Conseil de la lumière, le tribunal ecclésiastique le Consistoire et le tribunal
2600 e le Consistoire et le tribunal politique la Cour de justice. § 13. Le Conseil de la lumière veillera à ce qu’il ne soit n
2601 al politique la Cour de justice. § 13. Le Conseil de la lumière veillera à ce qu’il ne soit nécessaire, nulle part au mond
2602 ce qu’il ne soit nécessaire, nulle part au monde, d’ instruire quelqu’un et moins encore à ce qu’il se trouve quelqu’un qui
2603 u’il se trouve quelqu’un qui ignore quelque chose d’ indispensable, et à ce que tous les hommes soient instruits par Dieu.
2604 bles, permettra à tous les hommes du monde entier de tourner leurs yeux vers cette lumière dans laquelle tous verront, par
2605 énitude soit consacrée à Dieu ; qu’il n’y ait pas de scandale, ni d’écrits, ni de gravures, ni de peintures, etc., scandal
2606 sacrée à Dieu ; qu’il n’y ait pas de scandale, ni d’ écrits, ni de gravures, ni de peintures, etc., scandaleux mais qu’il y
2607  ; qu’il n’y ait pas de scandale, ni d’écrits, ni de gravures, ni de peintures, etc., scandaleux mais qu’il y ait partout
2608 pas de scandale, ni d’écrits, ni de gravures, ni de peintures, etc., scandaleux mais qu’il y ait partout à profusion des
2609 que chacun, où qu’il se tourne, trouve matière à de saintes réflexions. § 15. Enfin, la Cour de la paix veillera à ce que
2610 ère à de saintes réflexions. § 15. Enfin, la Cour de la paix veillera à ce que nulle part une nation ne s’élève contre une
2611 rsonne n’ose se montrer pour enseigner la manière de combattre ou de fabriquer les armes ; à ce que toutes les épées et le
2612 montrer pour enseigner la manière de combattre ou de fabriquer les armes ; à ce que toutes les épées et les lances soient
2613 s lances soient transformées en serpes et en socs de charrue (Es. 2, 4, etc.). § 16. Par conséquent, tous les corps savant
2614 ociété fructifère en Allemagne, etc.) feront bien de se réunir en un seul Conseil de la lumière ; car c’est le Père éterne
2615 etc.) feront bien de se réunir en un seul Conseil de la lumière ; car c’est le Père éternel des lumières lui-même qui les
2616 e qui les invite à former une unité et communauté de la lumière… § 17. Et tous les consistoires ou conseils des anciens de
2617 , les Éthiopiens, les réformés, etc.) feront bien de fusionner en un seul Consistoire de l’Église, telle qu’elle est préfi
2618 ) feront bien de fusionner en un seul Consistoire de l’Église, telle qu’elle est préfigurée par la Jérusalem merveilleusem
2619 difiée, la seule ville où sont dressés les trônes de la justice, les trônes de la maison de David (Psaume 122, 3, 5). § 18
2620 sont dressés les trônes de la justice, les trônes de la maison de David (Psaume 122, 3, 5). § 18. Et tous les tribunaux du
2621 les trônes de la justice, les trônes de la maison de David (Psaume 122, 3, 5). § 18. Et tous les tribunaux du monde feront
2622 § 18. Et tous les tribunaux du monde feront bien de devenir un seul tribunal de Christ ; car, une fois que tous les royau
2623 du monde feront bien de devenir un seul tribunal de Christ ; car, une fois que tous les royaumes du monde lui seront remi
2624 rès les plans du moine français, du duc huguenot, de l’évêque morave, voici enfin celui d’un « dissenter » anglais, qui, à
2625 c huguenot, de l’évêque morave, voici enfin celui d’ un « dissenter » anglais, qui, à la différence de ses prédécesseurs, f
2626 d’un « dissenter » anglais, qui, à la différence de ses prédécesseurs, fut un grand fondateur d’État : « le Lycurgue mode
2627 ence de ses prédécesseurs, fut un grand fondateur d’ État : « le Lycurgue moderne », dira de lui Montesquieu. Fils d’un ric
2628 fondateur d’État : « le Lycurgue moderne », dira de lui Montesquieu. Fils d’un riche et noble amiral qui l’envoya très je
2629 Lycurgue moderne », dira de lui Montesquieu. Fils d’ un riche et noble amiral qui l’envoya très jeune en France apprendre l
2630 retour en Angleterre et plusieurs fois emprisonné de ce chef à la Tour de Londres, William Penn obtint de la Couronne, en
2631 et plusieurs fois emprisonné de ce chef à la Tour de Londres, William Penn obtint de la Couronne, en échange d’une créance
2632 ce chef à la Tour de Londres, William Penn obtint de la Couronne, en échange d’une créance laissée par son père sur le roi
2633 s, William Penn obtint de la Couronne, en échange d’ une créance laissée par son père sur le roi Charles II, le vaste terri
2634 te territoire américain qui allait prendre le nom de sa famille. Cela se passait en 1681, Louis XIV régnant en France et W
2635 s XIV régnant en France et William Penn étant âgé de 37 ans. Il introduisit en « Pennsylvania » la constitution la plus to
2636 l’histoire occidentale ait connue. C’est au cours d’ une brève interruption de sa carrière de Gouverneur — de 1692 à 1694 —
2637 t connue. C’est au cours d’une brève interruption de sa carrière de Gouverneur — de 1692 à 1694 — qu’il composa son Essay
2638 au cours d’une brève interruption de sa carrière de Gouverneur — de 1692 à 1694 — qu’il composa son Essay towards the Pre
2639 brève interruption de sa carrière de Gouverneur —  de 1692 à 1694 — qu’il composa son Essay towards the Present and Future
2640 son Essay towards the Present and Future Peace of Europe , ainsi que d’autres ouvrages moraux et historiques. Il regagna l’Angl
2641 1701, laissant à ses descendants le gouvernement de son État, et mourut en 1718. On sait les circonstances de l’Europe à
2642 tat, et mourut en 1718. On sait les circonstances de l’Europe à la date où William Penn rédige son Essay : l’agression de
2643 et mourut en 1718. On sait les circonstances de l’ Europe à la date où William Penn rédige son Essay : l’agression de Louis XIV
2644 te où William Penn rédige son Essay : l’agression de Louis XIV contre le Palatinat a provoqué la Grande Alliance de 1689,
2645 contre le Palatinat a provoqué la Grande Alliance de 1689, sous la direction de Guillaume III d’Orange, devenu roi d’Angle
2646 qué la Grande Alliance de 1689, sous la direction de Guillaume III d’Orange, devenu roi d’Angleterre. La guerre est généra
2647 le. C’est le spectacle des « tragédies sanglantes de cette guerre, en Hongrie, en Allemagne, en Flandres, en Irlande, et s
2648 ut à écrire le pacifiste quaker et le législateur d’ un État neuf, délivré des folies invétérées de l’absolutisme du vieux
2649 eur d’un État neuf, délivré des folies invétérées de l’absolutisme du vieux Monde. « J’ai entrepris un sujet qui est au-de
2650 onde. « J’ai entrepris un sujet qui est au-dessus de mes forces, mais qui mérite vraiment d’être discuté, étant donné l’ét
2651 au-dessus de mes forces, mais qui mérite vraiment d’ être discuté, étant donné l’état lamentable de l’Europe. » Ainsi début
2652 ent d’être discuté, étant donné l’état lamentable de l’Europe. » Ainsi débute l’ouvrage. Ses trois premières sections sont
2653 ’être discuté, étant donné l’état lamentable de l’ Europe . » Ainsi débute l’ouvrage. Ses trois premières sections sont consacré
2654 en la paix est désirable ; quel est le vrai moyen de la réaliser, à savoir la justice, non la guerre ; et « que la justice
2655 uvernement, comme le gouvernement est le résultat de la société, laquelle provient d’abord d’un dessein raisonnable des ho
2656 résultat de la société, laquelle provient d’abord d’ un dessein raisonnable des hommes paisibles ». La IVe section, que nou
2657 ction, que nous allons citer, introduit un projet de fédération de princes, qui rappelle celui de Crucé, encore qu’il se r
2658 s allons citer, introduit un projet de fédération de princes, qui rappelle celui de Crucé, encore qu’il se réclame d’Henri
2659 ojet de fédération de princes, qui rappelle celui de Crucé, encore qu’il se réclame d’Henri IV (c’est-à-dire du Dessein de
2660 rappelle celui de Crucé, encore qu’il se réclame d’ Henri IV (c’est-à-dire du Dessein de Sully) et de l’exemple qu’ont don
2661 il se réclame d’Henri IV (c’est-à-dire du Dessein de Sully) et de l’exemple qu’ont donné les Provinces-Unies des Pays-Bas9
2662 d’Henri IV (c’est-à-dire du Dessein de Sully) et de l’exemple qu’ont donné les Provinces-Unies des Pays-Bas97. Si les s
2663 ovinces-Unies des Pays-Bas97. Si les souverains d’ Europe, qui représentent cette société ou cet état indépendant des hom
2664 inces-Unies des Pays-Bas97. Si les souverains d’ Europe , qui représentent cette société ou cet état indépendant des hommes an
2665 cline les hommes à la vie sociale, savoir l’amour de la paix et de l’ordre, pour se rencontrer, par leurs délégués, dans u
2666 es à la vie sociale, savoir l’amour de la paix et de l’ordre, pour se rencontrer, par leurs délégués, dans une Diète génér
2667 le, un État ou Parlement, et y établir des règles de justice à observer mutuellement par eux tous ; pour se réunir ainsi t
2668 l’une des souverainetés participantes refuserait de soumettre au jugement de la Diète ses réclamations ou prétentions, ou
2669 participantes refuserait de soumettre au jugement de la Diète ses réclamations ou prétentions, ou refuserait d’exécuter la
2670 te ses réclamations ou prétentions, ou refuserait d’ exécuter la décision intervenue, ou chercherait une solution par les a
2671 netés ayant dû intervenir…, alors certainement, l’ Europe obtiendrait par ce moyen la paix tant désirée pour ses habitants tort
2672 rée pour ses habitants torturés, harassés. VII. —  De la composition de la Diète générale Cette composition semble donner l
2673 ants torturés, harassés. VII. — De la composition de la Diète générale Cette composition semble donner lieu à certaines di
2674 ltés soient insurmontables, car s’il est possible de connaître chaque année la valeur des pays souverains dont les délégué
2675 auguste assemblée, on pourra déterminer le nombre de personnes ou de voix pour chacune des souverainetés. Maintenant que l
2676 e, on pourra déterminer le nombre de personnes ou de voix pour chacune des souverainetés. Maintenant que l’Angleterre, la
2677 l’objection ci-dessus, si l’on a le moindre désir de parvenir à la paix européenne… Je suppose donc que l’Empire germaniqu
2678 si l’on a le moindre désir de parvenir à la paix européenne … Je suppose donc que l’Empire germanique enverrait douze délégués ; l
2679 petites souverainetés voisines, deux ; les duchés de Holstein et de Courlande, un ; si les Turcs et les Russes étaient com
2680 inetés voisines, deux ; les duchés de Holstein et de Courlande, un ; si les Turcs et les Russes étaient compris, ce qui se
2681 sie et les arts ont leur place et empire… Le lieu de la première session de la Diète devrait être au centre de l’Europe, a
2682 r place et empire… Le lieu de la première session de la Diète devrait être au centre de l’Europe, autant que possible, et
2683 emière session de la Diète devrait être au centre de l’Europe, autant que possible, et ensuite comme elle en déciderait. V
2684 e session de la Diète devrait être au centre de l’ Europe , autant que possible, et ensuite comme elle en déciderait. VIII. — De
2685 comme elle en déciderait. VIII. — Des règlements de la Diète européenne ès session Afin d’éviter des discussions au sujet
2686 en déciderait. VIII. — Des règlements de la Diète européenne ès session Afin d’éviter des discussions au sujet des préséances, la
2687 ils rempliront, chacun à leur tour, les fonctions de président à qui on devra s’adresser pour obtenir la parole ; ce prési
2688 e, dans une grande proportion, les mauvais effets de la corruption. Car, si l’un des délégués de cette haute assemblée pou
2689 ffets de la corruption. Car, si l’un des délégués de cette haute assemblée pouvait être assez vil, faux et malhonnête au p
2690 uvait être assez vil, faux et malhonnête au point d’ être influencé par l’argent, il aurait la possibilité de prendre l’arg
2691 influencé par l’argent, il aurait la possibilité de prendre l’argent et de voter selon sa conscience sans qu’on le sache.
2692 , il aurait la possibilité de prendre l’argent et de voter selon sa conscience sans qu’on le sache. C’est aussi un remède,
2693 st aussi un remède, car celui qui voudrait donner de l’argent avec un pareil risque d’être dupé, préférera s’abstenir. Et
2694 voudrait donner de l’argent avec un pareil risque d’ être dupé, préférera s’abstenir. Et ceux qui accepteraient de l’argent
2695 , préférera s’abstenir. Et ceux qui accepteraient de l’argent dans de pareilles conditions préféreront mentir aux corrupte
2696 tenir. Et ceux qui accepteraient de l’argent dans de pareilles conditions préféreront mentir aux corrupteurs plutôt que fa
2697 t que faire tort à leur pays, car ils seront sûrs de ne pas être découverts. Il me semble que dans ce Parlement impérial,
2698 ajorité des trois quarts des membres, ou au moins de la moitié plus sept. Toutes les plaintes seraient remises par écrit s
2699 une armoire ou un coffre qui comporterait autant de fermetures qu’il y aurait de dizaines d’États, et s’il y avait un sec
2700 comporterait autant de fermetures qu’il y aurait de dizaines d’États, et s’il y avait un secrétaire pour chaque dizaine d
2701 t autant de fermetures qu’il y aurait de dizaines d’ États, et s’il y avait un secrétaire pour chaque dizaine de délégués,
2702 et s’il y avait un secrétaire pour chaque dizaine de délégués, une table ou un banc serait prévu pour ces employés. À la f
2703 un banc serait prévu pour ces employés. À la fin de chaque session, un délégué de chaque dizaine sera chargé d’examiner e
2704 employés. À la fin de chaque session, un délégué de chaque dizaine sera chargé d’examiner et de comparer les mémoires ou
2705 session, un délégué de chaque dizaine sera chargé d’ examiner et de comparer les mémoires ou journaux de ces secrétaires et
2706 légué de chaque dizaine sera chargé d’examiner et de comparer les mémoires ou journaux de ces secrétaires et de les mettre
2707 ’examiner et de comparer les mémoires ou journaux de ces secrétaires et de les mettre sous clés comme je l’ai dit ci-dessu
2708 er les mémoires ou journaux de ces secrétaires et de les mettre sous clés comme je l’ai dit ci-dessus ; cela serait sûr et
2709 istes, mais le second plus pratique pour les gens de qualité. IX. — Des objections qui peuvent être avancées contre le pro
2710 e la suppression du métier militaire et qu’en cas de besoin on n’aurait pas d’armée suffisante, comme cela s’est produit e
2711 militaire et qu’en cas de besoin on n’aurait pas d’ armée suffisante, comme cela s’est produit en Hollande en 72. Il n’y a
2712 ela s’est produit en Hollande en 72. Il n’y a pas de danger d’effémination, parce que chaque pays peut introduire une disc
2713 produit en Hollande en 72. Il n’y a pas de danger d’ effémination, parce que chaque pays peut introduire une discipline sév
2714 une discipline sévère ou modérée dans l’éducation de la jeunesse, par une vie simple et un labeur convenable. Apprenez-lui
2715 naturelle par la pratique, ce qui fait l’honneur de la noblesse allemande. Cela fera des hommes, non des femmes ni des li
2716 s lions : car les soldats se trouvent à l’extrême de l’effémination. La connaissance de la nature et la culture des arts a
2717 nt à l’extrême de l’effémination. La connaissance de la nature et la culture des arts aussi utiles qu’agréables, donnent a
2718 qu’agréables, donnent aux hommes la connaissance d’ eux-mêmes, du monde où ils sont nés, et les moyens d’être utiles aux a
2719 ux-mêmes, du monde où ils sont nés, et les moyens d’ être utiles aux autres et à eux aussi et encore de secourir et aider,
2720 d’être utiles aux autres et à eux aussi et encore de secourir et aider, mais non de nuire et de détruire. La connaissance
2721 ux aussi et encore de secourir et aider, mais non de nuire et de détruire. La connaissance du gouvernement en général, des
2722 encore de secourir et aider, mais non de nuire et de détruire. La connaissance du gouvernement en général, des constitutio
2723 ement en général, des constitutions particulières de l’Europe, et pardessus tout de celle de son propre pays, sont des cho
2724 en général, des constitutions particulières de l’ Europe , et pardessus tout de celle de son propre pays, sont des choses très
2725 ions particulières de l’Europe, et pardessus tout de celle de son propre pays, sont des choses très recommandables. Cela p
2726 iculières de l’Europe, et pardessus tout de celle de son propre pays, sont des choses très recommandables. Cela prépare le
2727 ela prépare le citoyen au parlement et au conseil de l’intérieur, aux cours des princes et à la Diète générale à l’extérie
2728 ième objection est qu’il y aurait un grand besoin d’ emplois pour les frères cadets et que le pauvre ne peut être que solda
2729 réponse à la seconde objection. Nous aurons plus de commerçants et de cultivateurs ou d’ingénieux naturalistes, si le gou
2730 nde objection. Nous aurons plus de commerçants et de cultivateurs ou d’ingénieux naturalistes, si le gouvernement a tant s
2731 aurons plus de commerçants et de cultivateurs ou d’ ingénieux naturalistes, si le gouvernement a tant soit peu le souci de
2732 stes, si le gouvernement a tant soit peu le souci de l’éducation de la jeunesse, ce qui, après le bien-être présent et imm
2733 vernement a tant soit peu le souci de l’éducation de la jeunesse, ce qui, après le bien-être présent et immédiat de chaque
2734 e, ce qui, après le bien-être présent et immédiat de chaque pays, doit être la préoccupation et l’art du gouvernement. Car
2735 gouvernement. Car la prochaine génération dépend de la façon dont la jeunesse est élevée ; de même le gouvernement se tro
2736 enus ne seront diminués ; au contraire, le budget de la guerre pouvant être réduit, par suite de mon plan, les deniers ser
2737 netés demeurent comme elles étaient ; mais aucune d’ elles n’a de suprématie sur les autres. Si cela peut s’appeler un amoi
2738 ent comme elles étaient ; mais aucune d’elles n’a de suprématie sur les autres. Si cela peut s’appeler un amoindrissement
2739 autres. Si cela peut s’appeler un amoindrissement de leur puissance, ce serait seulement parce que le gros poisson ne pour
2740 avaler les petits et que chaque pays est préservé de tout dommage et incapable d’en commettre. X.— Des réels avantages qui
2741 ue pays est préservé de tout dommage et incapable d’ en commettre. X.— Des réels avantages qui résulteraient de cette propo
2742 mettre. X.— Des réels avantages qui résulteraient de cette proposition en vue de la paix Je suis maintenant parvenu à mon
2743 hapitre dans lequel je vais énumérer quelques-uns de ces nombreux et réels bienfaits qui découleraient de cette propositio
2744 ces nombreux et réels bienfaits qui découleraient de cette proposition pour la présente et future paix de l’Europe… En deh
2745 cette proposition pour la présente et future paix de l’Europe… En dehors de la perte de tant de vies si importantes pour t
2746 proposition pour la présente et future paix de l’ Europe … En dehors de la perte de tant de vies si importantes pour tout gouve
2747 et future paix de l’Europe… En dehors de la perte de tant de vies si importantes pour tout gouvernement, aussi bien au poi
2748 vue du travail qu’à l’égard du progrès, les cris de tant de veuves, d’orphelins, qui ne sont agréables aux oreilles d’auc
2749 à l’égard du progrès, les cris de tant de veuves, d’ orphelins, qui ne sont agréables aux oreilles d’aucun gouvernement, qu
2750 , d’orphelins, qui ne sont agréables aux oreilles d’ aucun gouvernement, qui sont la conséquence de la guerre partout, sero
2751 les d’aucun gouvernement, qui sont la conséquence de la guerre partout, seront évités. Il y a encore un bienfait manifeste
2752 en quelque sorte recouvrée. Car pour le scandale de ce saint état, les chrétiens qui se glorifient du nom de leur Sauveur
2753 aint état, les chrétiens qui se glorifient du nom de leur Sauveur ont sacrifié son crédit et sa dignité à leurs passions d
2754 si souvent qu’ils ont été excités par l’impulsion de l’ambition ou de la vengeance. Ils n’ont pas toujours été dans le dro
2755 ont été excités par l’impulsion de l’ambition ou de la vengeance. Ils n’ont pas toujours été dans le droit et le droit n’
2756 e droit et le droit n’a pas été non plus la cause de la guerre. Non seulement des chrétiens contre des chrétiens, mais enc
2757 e secte, ils ont souillé leurs mains dans le sang de leurs frères, invoquant de toutes leurs forces le Dieu bon et miséric
2758 urs mains dans le sang de leurs frères, invoquant de toutes leurs forces le Dieu bon et miséricordieux pour le succès de l
2759 rces le Dieu bon et miséricordieux pour le succès de leurs armes dans la destruction de leurs frères. … Le troisième bienf
2760 pour le succès de leurs armes dans la destruction de leurs frères. … Le troisième bienfait est l’économie de l’argent pour
2761 rs frères. … Le troisième bienfait est l’économie de l’argent pour les princes comme pour les peuples. Par ce moyen sont d
2762 t qui sont la conséquence des dépenses dévorantes de la guerre. Ils auront alors la possibilité d’améliorer les œuvres pub
2763 tes de la guerre. Ils auront alors la possibilité d’ améliorer les œuvres publiques pour l’enseignement, la charité, les ma
2764 ntionner les pensions aux veuves et aux orphelins de ceux qui meurent dans les guerres et à ceux qui ont été estropiés ; e
2765 les, cités et pays qui sont mis à sac par la rage de la guerre seront préservés. Ce vœu sera bien entendu dans les Flandre
2766 des ruines et des misères. Le cinquième bienfait de cette paix est l’aisance et la sécurité du voyage et du trafic, bonhe
2767 ons aisément concevoir la commodité et l’avantage de pouvoir voyager à travers l’Europe avec un passeport délivré par une
2768 dité et l’avantage de pouvoir voyager à travers l’ Europe avec un passeport délivré par une souveraineté quelconque et que la L
2769 voyagé en Allemagne où il y a un si grand nombre d’ États se rendent compte de la nécessité et de la valeur de ce privilèg
2770 y a un si grand nombre d’États se rendent compte de la nécessité et de la valeur de ce privilège par les nombreux arrêts
2771 mbre d’États se rendent compte de la nécessité et de la valeur de ce privilège par les nombreux arrêts qu’ils subissent en
2772 se rendent compte de la nécessité et de la valeur de ce privilège par les nombreux arrêts qu’ils subissent en cours de rou
2773 par les nombreux arrêts qu’ils subissent en cours de route ; et surtout ceux qui ont fait le grand tour de l’Europe. Concl
2774 oute ; et surtout ceux qui ont fait le grand tour de l’Europe. Conclusion … J’avoue que je désire sincèrement que l’honneu
2775 ; et surtout ceux qui ont fait le grand tour de l’ Europe . Conclusion … J’avoue que je désire sincèrement que l’honneur de prop
2776 … J’avoue que je désire sincèrement que l’honneur de proposer et de réaliser un dessein si bon et si grand revienne à l’An
2777 e désire sincèrement que l’honneur de proposer et de réaliser un dessein si bon et si grand revienne à l’Angleterre, parmi
2778 grand revienne à l’Angleterre, parmi les nations de l’Europe, quoique certaines parties de ma proposition aient été envis
2779 d revienne à l’Angleterre, parmi les nations de l’ Europe , quoique certaines parties de ma proposition aient été envisagées par
2780 es nations de l’Europe, quoique certaines parties de ma proposition aient été envisagées par la sagesse, la justice et la
2781 nvisagées par la sagesse, la justice et la valeur d’ Henri IV de France, dont les qualités supérieures l’élevant au-dessus
2782 dont les qualités supérieures l’élevant au-dessus de ses ancêtres ou contemporains lui méritèrent le titre d’Henri le Gran
2783 ancêtres ou contemporains lui méritèrent le titre d’ Henri le Grand. La Paix perpétuelle de l’abbé de Saint-Pierre.
2784 e titre d’Henri le Grand. La Paix perpétuelle de l’abbé de Saint-Pierre. Aux quatre grands projets du xviiie sièc
2785 du xviiie siècle fait immédiatement suite celui de l’abbé de Saint-Pierre, publié pour la première fois en 1712. S’il es
2786 a première fois en 1712. S’il est le plus célèbre de tous, ce n’est point qu’il soit le meilleur, il s’en faut ; mais c’es
2787 , et c’est ensuite qu’il a valu à son auteur plus de railleries qu’aucun écrit de l’ère moderne n’en aura jamais motivées.
2788 lu à son auteur plus de railleries qu’aucun écrit de l’ère moderne n’en aura jamais motivées. Bien entendu, ni cet excès d
2789 aura jamais motivées. Bien entendu, ni cet excès d’ honneur, ni cette indignité ne sont justifiés. Charles-Irénée Castel d
2790 Saint-Pierre (1658-1743) naquit dans le Cotentin, d’ une très ancienne famille, peu fortunée. Il entra dans les ordres mine
2791 trise. À Paris, il fit carrière sous les auspices de Fontenelle et du salon de la marquise de Lambert, qui lui ouvrirent l
2792 rière sous les auspices de Fontenelle et du salon de la marquise de Lambert, qui lui ouvrirent les portes de l’Académie fr
2793 marquise de Lambert, qui lui ouvrirent les portes de l’Académie française en 1695. Il venait d’acheter la charge d’aumônie
2794 portes de l’Académie française en 1695. Il venait d’ acheter la charge d’aumônier de Madame et connut la Cour. En qualité d
2795 française en 1695. Il venait d’acheter la charge d’ aumônier de Madame et connut la Cour. En qualité de secrétaire de l’ab
2796 en 1695. Il venait d’acheter la charge d’aumônier de Madame et connut la Cour. En qualité de secrétaire de l’abbé de Polig
2797 ’aumônier de Madame et connut la Cour. En qualité de secrétaire de l’abbé de Polignac, envoyé de la France au congrès de l
2798 adame et connut la Cour. En qualité de secrétaire de l’abbé de Polignac, envoyé de la France au congrès de la paix d’Utrec
2799 alité de secrétaire de l’abbé de Polignac, envoyé de la France au congrès de la paix d’Utrecht (1712) il put voir de tout
2800 ’abbé de Polignac, envoyé de la France au congrès de la paix d’Utrecht (1712) il put voir de tout près la pratique des tra
2801 lignac, envoyé de la France au congrès de la paix d’ Utrecht (1712) il put voir de tout près la pratique des traités et ses
2802 u congrès de la paix d’Utrecht (1712) il put voir de tout près la pratique des traités et ses défauts. Exclu de l’Académie
2803 rès la pratique des traités et ses défauts. Exclu de l’Académie en 1716 pour avoir critiqué la mémoire de Louis XIV, il fo
2804 l’Académie en 1716 pour avoir critiqué la mémoire de Louis XIV, il fonda le « Club de l’Entresol », société de libres disc
2805 tiqué la mémoire de Louis XIV, il fonda le « Club de l’Entresol », société de libres discussions, qui lui valut de nouveau
2806 XIV, il fonda le « Club de l’Entresol », société de libres discussions, qui lui valut de nouveaux ennuis. « Il avait de l
2807 l », société de libres discussions, qui lui valut de nouveaux ennuis. « Il avait de l’esprit, des lettres et des chimères 
2808 ons, qui lui valut de nouveaux ennuis. « Il avait de l’esprit, des lettres et des chimères », dit Saint-Simon dans ses mém
2809 il mourut insensible aux sarcasmes que ne cessait de provoquer son Projet. Et l’on dit que son dernier mot fut « Espérance
2810 que son dernier mot fut « Espérance ». Le Projet de paix perpétuelle parut d’abord à Cologne, sans nom d’auteur, en 1712.
2811 aix perpétuelle parut d’abord à Cologne, sans nom d’ auteur, en 1712. L’année suivante paraissait à Utrecht une version amp
2812 dédié à Louis XV, fut publié à Rotterdam en 1729. De ces ouvrages assez médiocrement écrits, mal construits et pleins de r
2813 sez médiocrement écrits, mal construits et pleins de répétitions, il n’est pas facile de tirer des extraits qui rendent ju
2814 its et pleins de répétitions, il n’est pas facile de tirer des extraits qui rendent justice aux idées positives de l’abbé
2815 extraits qui rendent justice aux idées positives de l’abbé ou qui en dégagent l’originalité. Cependant, pour leur intérêt
2816 sèque, nous donnerons ci-après quelques fragments de la Préface et des XII Articles principaux du Projet de 1713. Mais rap
2817 Préface et des XII Articles principaux du Projet de 1713. Mais rapportons d’abord l’occasion singulière qui inspira son p
2818 ière qui inspira son projet au bon abbé. Au cours d’ un voyage en Normandie, durant l’hiver 1706-1707, sa voiture ayant ver
2819 vre, et sans transition, il écrit : Je finissais de mettre la dernière main à ce mémoire, lorsqu’il m’est venu à l’esprit
2820 émoire, lorsqu’il m’est venu à l’esprit un projet d’ établissement qui par sa grande beauté m’a frappé d’étonnement. Il a a
2821 établissement qui par sa grande beauté m’a frappé d’ étonnement. Il a attiré depuis quinze jours toute mon attention. Je me
2822 puis quinze jours toute mon attention. Je me sens d’ autant plus d’inclination à l’approfondir que plus je le considère, et
2823 urs toute mon attention. Je me sens d’autant plus d’ inclination à l’approfondir que plus je le considère, et ce par différ
2824 avantageux aux souverains. C’est l’établissement d’ un arbitrage permanent entre eux pour terminer sans guerre leurs diffé
2825 . Je ne sais si je me trompe, mais on a fondement d’ espérer qu’un traité se signera quelque jour… C’est avec cette espéran
2826 Socrate : Que l’on va loin lorsqu’on a le courage de marcher longtemps et sur la même ligne. Voyons maintenant les chemin
2827 ntenant les chemins nouveaux que l’abbé s’efforça d’ ouvrir. Préface98 … Il y a environ quatre ans qu’après avoir chevé l
2828 atre ans qu’après avoir chevé la première ébauche d’ un Règlement utile au Commerce intérieur du royaume, instruit par mes
2829 merce intérieur du royaume, instruit par mes yeux de l’extrême misère où les Peuples sont réduits par les grandes Impositi
2830 tions particulières des Contributions excessives, de Fouragemens, des Incendies, des violences, des cruautez, & des me
2831 s des États chrétiens ; enfin touché sensiblement de tous les maux que la Guerre cause aux Souverains d’Europe & à leu
2832 tous les maux que la Guerre cause aux Souverains d’ Europe & à leurs Sujets, je pris la résolution de pénétrer jusqu’a
2833 ous les maux que la Guerre cause aux Souverains d’ Europe & à leurs Sujets, je pris la résolution de pénétrer jusqu’aux pre
2834 urope & à leurs Sujets, je pris la résolution de pénétrer jusqu’aux premières sources du mal, & de chercher par me
2835 énétrer jusqu’aux premières sources du mal, & de chercher par mes propres réflexions si ce mal étoit tellement attaché
2836 r la matière pour découvrir s’il étoit impossible de trouver des moyens praticables pour terminer sans Guerre tous leurs d
2837 Paix perpétuelle. … Il me parut alors nécessaire de commencer par faire quelques réflexions sur la nécessité où sont les
2838 éflexions sur la nécessité où sont les Souverains d’ Europe, comme les autres hommes, de vivre en Paix, unis par quelque so
2839 lexions sur la nécessité où sont les Souverains d’ Europe , comme les autres hommes, de vivre en Paix, unis par quelque société
2840 les Souverains d’Europe, comme les autres hommes, de vivre en Paix, unis par quelque société permanente, pour vivre plus h
2841 plus heureux, sur la nécessité où ils se trouvent d’ avoir des Guerres entre eux, pour la possession ou pour le partage de
2842 entre eux, pour la possession ou pour le partage de quelques biens, & enfin sur les moyens dont ils se sont servi jus
2843 ont servi jusqu’à présent, soit pour se dispenser d’ entreprendre ces Guerres, soit pour n’y pas succomber quand elles ont
2844 s promesses mutuelles écrites ou dans des Traitez de Commerce, de Trêve, de Paix, où l’on règle les limites du Territoire,
2845 utuelles écrites ou dans des Traitez de Commerce, de Trêve, de Paix, où l’on règle les limites du Territoire, & les au
2846 crites ou dans des Traitez de Commerce, de Trêve, de Paix, où l’on règle les limites du Territoire, & les autres préte
2847 tres prétentions réciproques, ou dans des Traitez de Garantie ou de Ligue offensive & défensive pour établir, pour mai
2848 s réciproques, ou dans des Traitez de Garantie ou de Ligue offensive & défensive pour établir, pour maintenir ou pour
2849 blir, pour maintenir ou pour rétablir l’Équilibre de puissance des maisons dominantes ; Système qui jusques ici semble êtr
2850 me qui jusques ici semble être le plus haut degré de prudence, auquel les Souverains d’Europe & les ministres ayent po
2851 lus haut degré de prudence, auquel les Souverains d’ Europe & les ministres ayent porté leur politique. Je ne fus pas l
2852 s haut degré de prudence, auquel les Souverains d’ Europe & les ministres ayent porté leur politique. Je ne fus pas long-te
2853 -tems sans voir que tant que l’on se contenteroit de pareils moyens, on n’auroit jamais de sûreté suffisante de l’exécutio
2854 ontenteroit de pareils moyens, on n’auroit jamais de sûreté suffisante de l’exécution des Traitez, ni de moyens suffisans
2855 s moyens, on n’auroit jamais de sûreté suffisante de l’exécution des Traitez, ni de moyens suffisans pour terminer équitab
2856 sûreté suffisante de l’exécution des Traitez, ni de moyens suffisans pour terminer équitablement, & sur tout sans Gue
2857 x chefs ou à deux Propositions, que je me propose d’ y démontrer. 1° La constitution présente de l’Europe ne sçauroit jamai
2858 ropose d’y démontrer. 1° La constitution présente de l’Europe ne sçauroit jamais produire que des Guerres presque continue
2859 e d’y démontrer. 1° La constitution présente de l’ Europe ne sçauroit jamais produire que des Guerres presque continuelles ; pa
2860 ne sçauroit jamais procurer la sûreté suffisante de l’exécution des Traitez. 2° L’Équilibre de puissance entre la Maison
2861 sante de l’exécution des Traitez. 2° L’Équilibre de puissance entre la Maison de France & la Maison d’Autriche ne sça
2862 tez. 2° L’Équilibre de puissance entre la Maison de France & la Maison d’Autriche ne sçauroit procurer de sûreté suff
2863 issance entre la Maison de France & la Maison d’ Autriche ne sçauroit procurer de sûreté suffisante ni contre les Guerr
2864 e & la Maison d’Autriche ne sçauroit procurer de sûreté suffisante ni contre les Guerres Étrangères, ni contre les Gue
2865 iviles, & ne sçauroit par conséquent procurer de sûreté suffisante soit pour la conservation des États, soit pour la c
2866 pourraient pas trouver quelque sûreté suffisante de l’exécution des promesses mutuelles en établissant entre eux un Arbit
2867 elles, & pour se procurer tous les avantages d’ un Commerce perpétuel de nation à Nation, vouloient faire un traité d’
2868 ocurer tous les avantages d’un Commerce perpétuel de nation à Nation, vouloient faire un traité d’Union & un Congrez p
2869 uel de nation à Nation, vouloient faire un traité d’ Union & un Congrez perpétuel à peu près sur le même modèle, ou des
2870 rès sur le même modèle, ou des Sept Souverainetés de Hollande, ou des treize Souverainetés des Suisses, ou des Souverainet
2871 e Souverainetés des Suisses, ou des Souverainetés d’ Allemagne, & former l’Union européenne sur ce qu’il y a de bon dan
2872 s Souverainetés d’Allemagne, & former l’Union européenne sur ce qu’il y a de bon dans ces Unions, & sur tout dans l’Union
2873 & former l’Union européenne sur ce qu’il y a de bon dans ces Unions, & sur tout dans l’Union Germanique composée
2874 sur tout dans l’Union Germanique composée de plus de deux cens Souverainetés, je trouvai, dis-je, que les plus foibles aur
2875 la. … En examinant le gouvernement des Souverains d’ Allemagne, je ne trouvai pas plus de difficultez à former de nos jours
2876 es Souverains d’Allemagne, je ne trouvai pas plus de difficultez à former de nos jours le Corps Européen, qu’on en trouva
2877 e, je ne trouvai pas plus de difficultez à former de nos jours le Corps Européen, qu’on en trouva autrefois à former le Co
2878 lus de difficultez à former de nos jours le Corps Européen , qu’on en trouva autrefois à former le Corps Germanique, à exécuter e
2879 nd ; au contraire je trouvai qu’il y auroit moins d’ obstacles & plus de facilitez pour former le Corps Européen, &
2880 ouvai qu’il y auroit moins d’obstacles & plus de facilitez pour former le Corps Européen, & ce qui m’aida beaucoup
2881 cles & plus de facilitez pour former le Corps Européen , & ce qui m’aida beaucoup à me persuader que ce Projet n’étoit po
2882 mère, ce fut l’avis que me donna bientôt après un de mes amis, lorsque je lui montrai la première ébauche de cet Ouvrage d
2883 amis, lorsque je lui montrai la première ébauche de cet Ouvrage dans ma Province : il me dit qu’Henry IV avoit formé un P
2884 u duc de Sully son Premier ministre… … Je sçavois de quel poids sont les préjugez, & que souvent ils font plus d’impre
2885 ont les préjugez, & que souvent ils font plus d’ impression sur le commun des esprits, que les véritables raisons prise
2886 des différences, des disparitez entre la Société européenne , que je propose, & les Sociétez que je donne comme des espèces de
2887 & les Sociétez que je donne comme des espèces de modèles ; qu’après tout Henri IV avoit pû se tromper en croyant possi
2888 bles & suffisans, qui consistent aux articles d’ un traité d’union, dans lequel on trouvât pour tout le monde une sûret
2889 uffisans, qui consistent aux articles d’un traité d’ union, dans lequel on trouvât pour tout le monde une sûreté suffisante
2890 trouvât pour tout le monde une sûreté suffisante, de la perpétuité de la paix, je ne négligerai rien pour les inventer, &a
2891 le monde une sûreté suffisante, de la perpétuité de la paix, je ne négligerai rien pour les inventer, & je crois les
2892 nc à un simple argument que voici. Si la Société européenne que l’on propose, peut procurer à tous les princes chrétiens sûreté s
2893 er à tous les princes chrétiens sûreté suffisante de la perpétuité de la Paix au-dedans & dehors de leurs États, il n’
2894 nces chrétiens sûreté suffisante de la perpétuité de la Paix au-dedans & dehors de leurs États, il n’y a aucun d’eux p
2895 e la perpétuité de la Paix au-dedans & dehors de leurs États, il n’y a aucun d’eux pour qui il n’y ait beaucoup plus d
2896 edans & dehors de leurs États, il n’y a aucun d’ eux pour qui il n’y ait beaucoup plus d’avantages à signer le traité p
2897 y a aucun d’eux pour qui il n’y ait beaucoup plus d’ avantages à signer le traité pour l’établissement de cette Société, qu
2898 avantages à signer le traité pour l’établissement de cette Société, qu’à ne le pas signer. Or la Société européenne, que l
2899 tte Société, qu’à ne le pas signer. Or la Société européenne , que l’on propose, pourra procurer à tous les princes chrétiens sûret
2900 er à tous les princes chrétiens sûreté suffisante de la perpétuité de la paix au-dedans & au-dehors de leurs États. Do
2901 nces chrétiens sûreté suffisante de la perpétuité de la paix au-dedans & au-dehors de leurs États. Donc il n’y aura au
2902 a perpétuité de la paix au-dedans & au-dehors de leurs États. Donc il n’y aura aucun d’eux pour qui il n’y ait beaucou
2903 au-dehors de leurs États. Donc il n’y aura aucun d’ eux pour qui il n’y ait beaucoup plus d’avantages à signer le traité p
2904 ura aucun d’eux pour qui il n’y ait beaucoup plus d’ avantages à signer le traité pour l’établissement de cette Société, qu
2905 avantages à signer le traité pour l’établissement de cette Société, qu’à ne le pas signer. La majeure, ou la première pro
2906 ur disposer l’esprit du Lecteur à sentir la force de la démonstration. La mineure ou la seconde proposition contient les m
2907 iscours. À l’égard de la dernière proposition, ou de la conclusion, c’est le but que je me suis proposé dans cet Ouvrage…
2908 re tous les Souverains chrétiens, dans le dessein de rendre la Paix inaltérable en Europe, & dans cette vue l’Union fe
2909 dans le dessein de rendre la Paix inaltérable en Europe , & dans cette vue l’Union fera, s’il est possible, avec les Souve
2910 es Souverains Mahometans ses voisins, des Traitez de Ligue offensive & défensive, pour maintenir chacun en Paix dans l
2911 ve, pour maintenir chacun en Paix dans les bornes de son Territoire, en prenant d’eux, & leur donnant toutes les sûret
2912 aix dans les bornes de son Territoire, en prenant d’ eux, & leur donnant toutes les sûretez possibles réciproques. Les
2913 été Européenne ne se mêlera point du gouvernement de chaque État, si ce n’est pour en conserver la forme fondamentale, &am
2914 -joint… Les Souverains ne pourront entr’eux faire d’ échange d’aucun Territoire, ni signer aucun Traité entr’eux que du con
2915 s Souverains ne pourront entr’eux faire d’échange d’ aucun Territoire, ni signer aucun Traité entr’eux que du consentement,
2916 r’eux que du consentement, & sous la garantie de l’Union aux trois quarts des vingt-quatre voix, & l’Union démeure
2917 ingt-quatre voix, & l’Union démeurera garante de l’éxécution des promesses réciproques. VII. — Les Députez travaillero
2918 férens Commerces entre les Nations particulières, de sorte cependant que les Loix soient égales & réciproques pour tou
2919 Chambres pour le maintien du Commerce, composées de Députez autorisez à concilier, & à juger à la rigueur, & en d
2920 le Commerce, ou autres matières entre les Sujets de divers Souverains, au-dessus de dix mille livres : les autres procez
2921 entre les Sujets de divers Souverains, au-dessus de dix mille livres : les autres procez de moindre conséquence seront dé
2922 au-dessus de dix mille livres : les autres procez de moindre conséquence seront décidez à l’ordinaire par les Juges du lie
2923 lité que contre celui qui aura été déclaré ennemi de la Société européenne : mais s’il y a quelque sujet de se plaindre de
2924 e celui qui aura été déclaré ennemi de la Société européenne  : mais s’il y a quelque sujet de se plaindre de quelqu’un des Membres
2925 Société européenne : mais s’il y a quelque sujet de se plaindre de quelqu’un des Membres ou quelque demande à lui faire,
2926 enne : mais s’il y a quelque sujet de se plaindre de quelqu’un des Membres ou quelque demande à lui faire, il fera donner
2927 par son Député son Mémoire au Sénat dans la Ville de paix, & le Sénat prendra soin de concilier les différens par ses
2928 ans la Ville de paix, & le Sénat prendra soin de concilier les différens par ses Commissaires Médiateurs, ou s’ils ne
2929 verain qui prendra les armes avant la déclaration de guerre de l’Union, ou qui refusera d’exécuter un Réglement de la Soci
2930 prendra les armes avant la déclaration de guerre de l’Union, ou qui refusera d’exécuter un Réglement de la Société, elle
2931 déclaration de guerre de l’Union, ou qui refusera d’ exécuter un Réglement de la Société, elle lui fera la Guerre, jusqu’à
2932 ment & des Réglemens il payera même les frais de la Guerre, & le Païs qui sera conquis sur lui lors de la suspensi
2933 ïs qui sera conquis sur lui lors de la suspension d’ armes, demeurera pour toujours séparé de son État… IX. — Il y aura da
2934 uspension d’armes, demeurera pour toujours séparé de son État… IX. — Il y aura dans le Sénat d’Europe vingt-quatre Sénate
2935 éparé de son État… IX. — Il y aura dans le Sénat d’ Europe vingt-quatre Sénateurs ou Députez des Souverains unis, ni plus,
2936 aré de son État… IX. — Il y aura dans le Sénat d’ Europe vingt-quatre Sénateurs ou Députez des Souverains unis, ni plus, ni mo
2937 qu’une voix. X. — Les Membres & les Associez de l’Union contribueront aux frais de la Société, & aux subsides pou
2938 ; les Associez de l’Union contribueront aux frais de la Société, & aux subsides pour la sûreté à proportion chacun de
2939 ; aux subsides pour la sûreté à proportion chacun de leurs révenus & des richesses de leurs Peuples… XII. — On ne chan
2940 rtion chacun de leurs révenus & des richesses de leurs Peuples… XII. — On ne changera jamais rien aux onze Articles fo
2941 ci-dessus exprimez, sans le consentement unanime de tous les membres : mais à l’égard des autres Articles, la Société pou
2942 généralement sur « l’utopie ».et les « chimères » de son Projet, l’abbé avait écrit avec une sobre lucidité : Je conviens
2943 conviens qu’il se peut bien faire que l’arbitrage européen ne se forme que peu à peu, par degrés insensibles et en deux-cents an
2944 il avait ajouté : Il ne s’agit présentement que de commencer la ligue dans un congrès, à La Haye ou ailleurs. Deux-cent
2945 e, précisément, aux fins de « commencer » l’union européenne … Nous avons dit que le Projet devait surtout sa célébrité au concert
2946 le Projet devait surtout sa célébrité au concert de railleries qu’il provoqua : c’est qu’elles n’émanaient point d’obscur
2947 qu’il provoqua : c’est qu’elles n’émanaient point d’ obscurantistes invétérés, mais plutôt d’esprits « éclairés », quoique
2948 ent point d’obscurantistes invétérés, mais plutôt d’ esprits « éclairés », quoique mauvaises langues, comme Voltaire et Fré
2949 ses langues, comme Voltaire et Frédéric II, voire d’ illustres protagonistes d’une Europe fédérée, comme Leibniz et Roussea
2950 e et Frédéric II, voire d’illustres protagonistes d’ une Europe fédérée, comme Leibniz et Rousseau, qui redoutaient que le
2951 rédéric II, voire d’illustres protagonistes d’une Europe fédérée, comme Leibniz et Rousseau, qui redoutaient que le Projet ne
2952 Projet ne desservît la cause. Voltaire, parlant de l’art militaire : Je vous l’avoue, je formais des souhaits Pour que
2953 quité fît régner sur la terre L’impraticable paix de l’abbé de Saint-Pierre. Frédéric II, dans une lettre à Voltaire99 :
2954 int-Pierre, qui me distingue assez pour m’honorer de sa correspondance, m’a envoyé un bel ouvrage sur la façon de rétablir
2955 spondance, m’a envoyé un bel ouvrage sur la façon de rétablir la paix en Europe. La chose est très praticable : il ne manq
2956 n bel ouvrage sur la façon de rétablir la paix en Europe . La chose est très praticable : il ne manque pour la faire réussir qu
2957 manque pour la faire réussir que le consentement de l’Europe et quelques autres bagatelles semblables. Leibniz, à propos
2958 ue pour la faire réussir que le consentement de l’ Europe et quelques autres bagatelles semblables. Leibniz, à propos d’un pla
2959 gatelles semblables. Leibniz, à propos d’un plan de Tribunal catholique européen100 : Voilà des projets qui réussiront a
2960 s projets qui réussiront aussi aisément que celui de M. l’abbé de Saint-Pierre, mais puisqu’il est permis de faire des rom
2961 réussiront aussi aisément que celui de M. l’abbé de Saint-Pierre, mais puisqu’il est permis de faire des romans, pourquoi
2962 l’abbé de Saint-Pierre, mais puisqu’il est permis de faire des romans, pourquoi trouverons-nous sa fiction mauvaise, qui n
2963 a fiction mauvaise, qui nous ramènerait le siècle d’ or. Rousseau, dans son Extrait du Projet : Si le Projet demeure san
2964 e les hommes sont insensés et que c’est une sorte de folie que d’être sage au milieu des fous.101 Bluntschli, juriste i
2965 sont insensés et que c’est une sorte de folie que d’ être sage au milieu des fous.101 Bluntschli, juriste international
2966 sort au mot du Cardinal Dubois : « C’est le rêve d’ un homme de bien. » À quoi Th. Ruyssen ajoute : « Mais ce rêve ne cess
2967 t du Cardinal Dubois : « C’est le rêve d’un homme de bien. » À quoi Th. Ruyssen ajoute : « Mais ce rêve ne cessera de hant
2968 oi Th. Ruyssen ajoute : « Mais ce rêve ne cessera de hanter la conscience de l’humanité. » 90. Ernest Nys, Émeric Crucé
2969 « Mais ce rêve ne cessera de hanter la conscience de l’humanité. » 90. Ernest Nys, Émeric Crucé, in Études de Droit Int
2970 ité. » 90. Ernest Nys, Émeric Crucé, in Études de Droit International, I, 1896. 91. Allusion au projet de La Noue, voi
2971 t International, I, 1896. 91. Allusion au projet de La Noue, voir plus haut. 92. Allusion à Jean Bodin, cité plus haut.
2972 imitif : Mémoires des sages et royales oeconomies d’ Estat, domestiques, politiques et militaires de Henry le Grand, l’Exem
2973 es d’Estat, domestiques, politiques et militaires de Henry le Grand, l’Exemplaire des roys, le prince des Vertus, des Arme
2974 ertus, des Armes et des Loix, et le Père en effet de ses Peuples François, et des servitudes utiles, obéissances convenabl
2975 béissances convenables et administrations loyales de Maximilien de Béthune…, etc. 94. C. J. Burckhardt : Vier historisch
2976 Verlag, Zürich, 1953, p. 25-29, 48-49. 95. Tirés de Jean Amos Comenius — Pages choisies, avec une introduction de Jean Pi
2977 Comenius — Pages choisies, avec une introduction de Jean Piaget — Unesco, 1957. 96. Hermès Trimégiste : c’est sous ce no
2978 rmès Trimégiste : c’est sous ce nom que les Grecs de la basse époque désignaient le dieu égyptien Toth, qui était le dieu
2979 ur dieu Hermès. 97. Nos citations sont extraites de l’Essai pour la paix présente et future de l’Europe par William Penn,
2980 raites de l’Essai pour la paix présente et future de l’Europe par William Penn, traduit par R. Umbdenstock, in William Pen
2981 s de l’Essai pour la paix présente et future de l’ Europe par William Penn, traduit par R. Umbdenstock, in William Penn théoric
2982 k, in William Penn théoricien du Pacifisme. Thèse de l’Université de Dijon, 1931. 98. Extraits du Projet pour rendre la P
2983 nn théoricien du Pacifisme. Thèse de l’Université de Dijon, 1931. 98. Extraits du Projet pour rendre la Paix perpétuelle
2984 aits du Projet pour rendre la Paix perpétuelle en Europe , Tome 1, Utrecht, 1713 (sans nom d’auteur). 99. Frédéric II, Œuvres
2985 tuelle en Europe, Tome 1, Utrecht, 1713 (sans nom d’ auteur). 99. Frédéric II, Œuvres, tome XIV, p. 247. 100. Lettre à G
2986 101. La Rochefoucauld : « C’est une grande folie de vouloir être sage tout seul. »
8 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Deuxième partie. Prises de conscience européennes. De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre, (xive au xixe siècle) — 6. En marge des grands plans, l’utopie prolifère
2987 entre 1623 et 1713, gravitent plusieurs douzaines d’ utopies politico-mystiques, de plans de fédérations, d’anticipations p
2988 plusieurs douzaines d’utopies politico-mystiques, de plans de fédérations, d’anticipations pacifistes ou d’élucubrations :
2989 douzaines d’utopies politico-mystiques, de plans de fédérations, d’anticipations pacifistes ou d’élucubrations : les titr
2990 pies politico-mystiques, de plans de fédérations, d’ anticipations pacifistes ou d’élucubrations : les titres seuls souvent
2991 ans de fédérations, d’anticipations pacifistes ou d’ élucubrations : les titres seuls souvent vaudraient d’être cités, dans
2992 ucubrations : les titres seuls souvent vaudraient d’ être cités, dans la mesure où ils nomment l’Europe comme unité, mais i
2993 ent d’être cités, dans la mesure où ils nomment l’ Europe comme unité, mais il y faudrait trop de pages. Bornons-nous à quelque
2994 ent l’Europe comme unité, mais il y faudrait trop de pages. Bornons-nous à quelques exemples choisis aux quatre coins du c
2995 und Haüpter Europæ geschrieben… C’était l’œuvre d’ un jeune théologien luthérien, Valentin Andreæ, inspirée de la Riforma
2996 e théologien luthérien, Valentin Andreæ, inspirée de la Riforma Generale dell’Universo du satiriste italien Trajano Boccal
2997 trouver au cours de leurs voyages, un seul membre de cette société. Cependant, il est établi que Leibniz fut, à vingt ans,
2998 tabli que Leibniz fut, à vingt ans, le secrétaire d’ une confrérie de rose-croix, à Nuremberg… En 1691, un commerçant suiss
2999 z fut, à vingt ans, le secrétaire d’une confrérie de rose-croix, à Nuremberg… En 1691, un commerçant suisse du nom de Goud
3000 à Nuremberg… En 1691, un commerçant suisse du nom de Goudet publiait en Hollande un ouvrage aujourd’hui introuvable, et qu
3001 sujet Jurieu et Pierre Bayle. Ces Huit Entretiens d’ Irène et Ariste proposaient aux Européens de s’unir pour se partager l
3002 Huit Entretiens d’Irène et Ariste proposaient aux Européens de s’unir pour se partager l’Empire ottoman102. La paix perpétuelle d
3003 tiens d’Irène et Ariste proposaient aux Européens de s’unir pour se partager l’Empire ottoman102. La paix perpétuelle deva
3004 x perpétuelle devait être assurée « par une armée de 40.000 Suisses équipée et maintenue sous les armes après accord de to
3005 équipée et maintenue sous les armes après accord de tous les pays d’Europe, ainsi que par 30.000 hommes recrutés chez d’a
3006 enue sous les armes après accord de tous les pays d’ Europe, ainsi que par 30.000 hommes recrutés chez d’autres nations eur
3007 ue sous les armes après accord de tous les pays d’ Europe , ainsi que par 30.000 hommes recrutés chez d’autres nations européenn
3008 par 30.000 hommes recrutés chez d’autres nations européennes  »103. Jurieu ayant dénoncé Bayle — à tort — comme auteur du libelle,
3009 me auteur du libelle, ce dernier perdit la chaire de philosophie qu’il occupait à Rotterdam. Le Projet de l’abbé de Saint-
3010 philosophie qu’il occupait à Rotterdam. Le Projet de l’abbé de Saint-Pierre devait donner lieu à une série d’ouvrages plus
3011 bé de Saint-Pierre devait donner lieu à une série d’ ouvrages plus ou moins analogues, tout au long du xviiie siècle. En I
3012 et les orthodoxes, mais non le pape ! Un Congrès européen , siégeant à Ratisbonne, exercerait un arbitrage permanent entre les p
3013 t entre les princes. On en revient donc aux plans de l’abbé. En Allemagne c’est le Dr Eobald Toze qui reprend l’idée dans
3014 ’idée dans Die allgemeine Christliche Republik in Europa , Mecklembourg, 1752. Il passe en revue les projets d’« Henry IV » (Su
3015 Mecklembourg, 1752. Il passe en revue les projets d’ « Henry IV » (Sully), de Goudet, et de l’abbé, et les juges irréaliste
3016 asse en revue les projets d’« Henry IV » (Sully), de Goudet, et de l’abbé, et les juges irréalistes, parce que contraires
3017 les projets d’« Henry IV » (Sully), de Goudet, et de l’abbé, et les juges irréalistes, parce que contraires au principe tr
3018 stes, parce que contraires au principe triomphant de la souveraineté des États. Il n’a d’espoirs que dans une lente éducat
3019 e triomphant de la souveraineté des États. Il n’a d’ espoirs que dans une lente éducation « de l’esprit de justice, de l’am
3020 . Il n’a d’espoirs que dans une lente éducation «  de l’esprit de justice, de l’amour du prochain et de la maîtrise de soi,
3021 spoirs que dans une lente éducation « de l’esprit de justice, de l’amour du prochain et de la maîtrise de soi, aussi bien
3022 ans une lente éducation « de l’esprit de justice, de l’amour du prochain et de la maîtrise de soi, aussi bien chez les pri
3023 de l’esprit de justice, de l’amour du prochain et de la maîtrise de soi, aussi bien chez les princes que chez les peuples 
3024 justice, de l’amour du prochain et de la maîtrise de soi, aussi bien chez les princes que chez les peuples »105. Dans un m
3025 05. Dans un manuscrit retrouvé à Nancy, et datant de 1748, le roi Stanislas Leczinski critique lui aussi le Projet de l’ab
3026 Stanislas Leczinski critique lui aussi le Projet de l’abbé, et propose que le roi de France prenne la tête d’une union de
3027 é, et propose que le roi de France prenne la tête d’ une union des républiques européennes, car, dit-il avec un bel optimis
3028 France prenne la tête d’une union des républiques européennes , car, dit-il avec un bel optimisme, jamais république ne fit la guerr
3029 e pour s’agrandir. Un aventurier français, auteur d’ un ouvrage d’économie, Ange Goudar, fait paraître à Rotterdam en 1757
3030 ndir. Un aventurier français, auteur d’un ouvrage d’ économie, Ange Goudar, fait paraître à Rotterdam en 1757 un écrit inti
3031 tre à Rotterdam en 1757 un écrit intitulé La paix de l’Europe ne petit s’établir qu’à la suite d’une longue trêve : par le
3032 Rotterdam en 1757 un écrit intitulé La paix de l’ Europe ne petit s’établir qu’à la suite d’une longue trêve : par le Chevalie
3033 paix de l’Europe ne petit s’établir qu’à la suite d’ une longue trêve : par le Chevalier G. La situation de l’Europe est as
3034 e longue trêve : par le Chevalier G. La situation de l’Europe est assez triste à l’en croire : On ne parle que des machin
3035 gue trêve : par le Chevalier G. La situation de l’ Europe est assez triste à l’en croire : On ne parle que des machines de Gue
3036 ste à l’en croire : On ne parle que des machines de Guerre et les plus destructives sont toujours les mieux reçues. Un Pa
3037 reçues. Un Particulier qui découvriroit un moyen d’ exterminer une nation entière, d’un seul coup, seroit regardé aujourd’
3038 me un grand homme d’État. Ce sont d’ailleurs les Européens , observe-t-il, qui ont propagé le fléau de leurs guerres sur les autr
3039 Européens, observe-t-il, qui ont propagé le fléau de leurs guerres sur les autres continents, et cela du fait de leur expa
3040 uerres sur les autres continents, et cela du fait de leur expansion économique. Les armes économiques sont devenues décisi
3041 qu’ils procurent les richesses qui sont les nerfs de la Guerre. Cet esprit très moderne, et sobre, ne voit d’espoir que d
3042 erre. Cet esprit très moderne, et sobre, ne voit d’ espoir que dans une trêve de vingt ans pour apaiser les fièvres guerri
3043 ne, et sobre, ne voit d’espoir que dans une trêve de vingt ans pour apaiser les fièvres guerrières des souverains d’Europe
3044 our apaiser les fièvres guerrières des souverains d’ Europe. Un grand seigneur livonien, J. H. von Lilienfeld, publie à Lei
3045 r apaiser les fièvres guerrières des souverains d’ Europe . Un grand seigneur livonien, J. H. von Lilienfeld, publie à Leipzig,
3046 s Staats-Gebaüde. Il propose lui aussi la réunion d’ un congrès des puissances chrétiennes, mais il ajoute deux importantes
3047 ibunal souverain » appliquerait aux États un Code de droit international, et désignerait en cas de besoin les forces armée
3048 ode de droit international, et désignerait en cas de besoin les forces armées chargées d’exécuter contre tel État récalcit
3049 erait en cas de besoin les forces armées chargées d’ exécuter contre tel État récalcitrant les sanctions requises par le co
3050 ntendu, l’on irait montrer aux Infidèles ce que l’ Europe unie sait faire. Ainsi partout, les mêmes motifs militent en faveur d
3051 es mêmes motifs militent en faveur d’un même type d’ union : c’est toujours pour assurer la paix, et donc pour juguler les
3052 our juguler les souverainetés que l’on se propose d’ unir les puissances chrétiennes par quelque lien de droit confédéral.
3053 ’unir les puissances chrétiennes par quelque lien de droit confédéral. Et toujours, l’élément fédérateur apparemment indis
3054 e Révolution française pour voir paraître un plan d’ union qui change de « tête de Turc » si l’on ose dire. Anticipons sur
3055 ise pour voir paraître un plan d’union qui change de « tête de Turc » si l’on ose dire. Anticipons sur la chronologie, pou
3056 oir paraître un plan d’union qui change de « tête de Turc » si l’on ose dire. Anticipons sur la chronologie, pour marquer
3057 cipons sur la chronologie, pour marquer cette fin d’ une époque. Il s’agit du Plan d’une pacification générale en Europe pa
3058 marquer cette fin d’une époque. Il s’agit du Plan d’ une pacification générale en Europe par le Citoyen Delaunay, Consul de
3059 Il s’agit du Plan d’une pacification générale en Europe par le Citoyen Delaunay, Consul de la République, Paris 1794. L’auteu
3060 énérale en Europe par le Citoyen Delaunay, Consul de la République, Paris 1794. L’auteur commence par avertir que quand on
3061 and on rêve pour le public, il faut prendre garde de s’endormir et de mettre sa sensibilité à la place de son jugement. Il
3062 le public, il faut prendre garde de s’endormir et de mettre sa sensibilité à la place de son jugement. Il s’agit de créer
3063 sensibilité à la place de son jugement. Il s’agit de créer une Convention européenne. Mais, à cette fin, qu’on n’attende p
3064 e son jugement. Il s’agit de créer une Convention européenne . Mais, à cette fin, qu’on n’attende pas un soulèvement des peuples, c
3065 gramme aux futurs députés, mais qu’on se contente d’ indiquer les moyens de parvenir à cette Convention. Enfin et surtout,
3066 tés, mais qu’on se contente d’indiquer les moyens de parvenir à cette Convention. Enfin et surtout, qu’on se garde de reco
3067 ette Convention. Enfin et surtout, qu’on se garde de recourir au mythe de la croisade contre les Turcs : car il faut au co
3068 n et surtout, qu’on se garde de recourir au mythe de la croisade contre les Turcs : car il faut au contraire les avoir ave
3069 … contre les Russes ! Sans une ferme organisation européenne , on doit tout craindre de l’influence russe : Si on réfléchit sur l’
3070 me organisation européenne, on doit tout craindre de l’influence russe : Si on réfléchit sur l’étonnante augmentation de
3071 e : Si on réfléchit sur l’étonnante augmentation de puissance de la Russie, depuis un siècle, sur ce qu’elle peut devenir
3072 fléchit sur l’étonnante augmentation de puissance de la Russie, depuis un siècle, sur ce qu’elle peut devenir, et sur son
3073 alement qu’on mette un frein à la seule puissance de l’Europe qui puisse y lancer de grandes révolutions. D’où l’idée d’i
3074 nt qu’on mette un frein à la seule puissance de l’ Europe qui puisse y lancer de grandes révolutions. D’où l’idée d’instituer
3075 a seule puissance de l’Europe qui puisse y lancer de grandes révolutions. D’où l’idée d’instituer deux grands groupes : u
3076 rope qui puisse y lancer de grandes révolutions. D’ où l’idée d’instituer deux grands groupes : une Confédération d’Occide
3077 sse y lancer de grandes révolutions. D’où l’idée d’ instituer deux grands groupes : une Confédération d’Occident, centrée
3078 instituer deux grands groupes : une Confédération d’ Occident, centrée sur la France, l’Angleterre et l’Espagne, et une Con
3079 , l’Angleterre et l’Espagne, et une Confédération d’ Orient, centrée sur la Russie, l’Autriche et le corps germanique. Quan
3080 serait entièrement neutre et deviendrait le siège de la Confédération d’Occident, tandis que Danzig serait le siège de cel
3081 eutre et deviendrait le siège de la Confédération d’ Occident, tandis que Danzig serait le siège de celle d’Orient. Au res
3082 ion d’Occident, tandis que Danzig serait le siège de celle d’Orient. Au reste, qu’on ne croie pas que l’uniformité économ
3083 ident, tandis que Danzig serait le siège de celle d’ Orient. Au reste, qu’on ne croie pas que l’uniformité économique soit
3084 e pas que l’uniformité économique soit un facteur d’ union, bien au contraire : C’est parce que le sol de l’Europe n’est pa
3085 union, bien au contraire : C’est parce que le sol de l’Europe n’est pas le même partout, n’est pas également fertile, prod
3086 , bien au contraire : C’est parce que le sol de l’ Europe n’est pas le même partout, n’est pas également fertile, produit des f
3087 ile, produit des fruits différents et des trésors de diverses natures, que les Européens sont appelés à s’unir et à se bie
3088 rents et des trésors de diverses natures, que les Européens sont appelés à s’unir et à se bien entendre, pour se procurer, par de
3089 des échanges faciles, tout ce qui peut leur être de nécessité, d’utilité ou de luxe.107 102. Il s’agit donc d’un des C
3090 faciles, tout ce qui peut leur être de nécessité, d’ utilité ou de luxe.107 102. Il s’agit donc d’un des Cent projets de
3091 ce qui peut leur être de nécessité, d’utilité ou de luxe.107 102. Il s’agit donc d’un des Cent projets de partage de l
3092 , d’utilité ou de luxe.107 102. Il s’agit donc d’ un des Cent projets de partage de la Turquie recensés par Djuvara dans
3093 .107 102. Il s’agit donc d’un des Cent projets de partage de la Turquie recensés par Djuvara dans un livre qui porte ce
3094 . Il s’agit donc d’un des Cent projets de partage de la Turquie recensés par Djuvara dans un livre qui porte ce titre, Par
3095 etzevitch, La Révolution française et les projets d’ union européenne in La Révolution française, Paris, 1931, Tome 84, p. 
3096 h, La Révolution française et les projets d’union européenne in La Révolution française, Paris, 1931, Tome 84, p. 321-35.
9 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Troisième partie. L’ère des philosophes. De Leibniz à Condorcet — 1. Perspectives élargies
3097 Il a vécu dans la plupart de nos pays, il souffre de leurs dissensions, il veut l’union de l’Europe dans ses diversités, e
3098 il souffre de leurs dissensions, il veut l’union de l’Europe dans ses diversités, en fait un plan et le propose à Louis X
3099 ouffre de leurs dissensions, il veut l’union de l’ Europe dans ses diversités, en fait un plan et le propose à Louis XIV : fédé
3100 mais admirateur sincère du catholicisme romain et de l’orthodoxie russe, il s’épuise à les concilier, d’où sa correspondan
3101 l’orthodoxie russe, il s’épuise à les concilier, d’ où sa correspondance fameuse avec Bossuet : œcuménisme. Européen consc
3102 correspondance fameuse avec Bossuet : œcuménisme. Européen conscient de nos valeurs spécifiques, il voit le monde s’agrandir et
3103 use avec Bossuet : œcuménisme. Européen conscient de nos valeurs spécifiques, il voit le monde s’agrandir et s’en réjouit 
3104 en réjouit : universalisme. Il a cherché le moyen de correspondre en toutes les langues, par le moyen d’un ars combinatori
3105 correspondre en toutes les langues, par le moyen d’ un ars combinatoria, et sa plus glorieuse découverte mathématique, le
3106 que, le calcul infinitésimal, est encore un moyen de passage du discontinu au continu, une harmonie… « Les académies qu’il
3107 , une harmonie… « Les académies qu’il s’efforçait de fonder dans les différents pays n’étaient dans sa pensée que les frag
3108 sa pensée que les fragments épars et provisoires d’ une vaste Académie européenne, d’une fédération des savants dont elles
3109 agments épars et provisoires d’une vaste Académie européenne , d’une fédération des savants dont elles eussent constitué simplement
3110 s et provisoires d’une vaste Académie européenne, d’ une fédération des savants dont elles eussent constitué simplement des
3111 s. Limitons-nous à quelques thèmes spécifiquement européens , qu’il a traités dans sa correspondance et dans un écrit pseudonyme.
3112 ici d’abord le citoyen du monde : Je ne suis pas de ceux qui sont fanatisés par leur pays ou encore par une nation partic
3113 sidère le Ciel comme la Patrie et tous les hommes de bonne volonté comme les concitoyens en ce Ciel ; et j’aime mieux acco
3114 les Russes que peu parmi les Allemands et autres Européens … Car mon inclination et mon goût vont au Bien Général.109 En 1670,
3115 En 1670, déjà, Leibniz redoutant les ambitions de Louis XIV avait cherché à les détourner vers l’Orient. De là l’ébauch
3116 XIV avait cherché à les détourner vers l’Orient. De là l’ébauche du plan qu’il soumit au roi, intitulé Consilium Ægypticm
3117 i, intitulé Consilium Ægypticmorum. Il s’agissait de se tourner contre les Turcs, une fois de plus, de conquérir l’Égypte
3118 de se tourner contre les Turcs, une fois de plus, de conquérir l’Égypte et de percer l’isthme de Suez. Leibniz espérait ai
3119 Turcs, une fois de plus, de conquérir l’Égypte et de percer l’isthme de Suez. Leibniz espérait ainsi pacifier l’Europe et
3120 plus, de conquérir l’Égypte et de percer l’isthme de Suez. Leibniz espérait ainsi pacifier l’Europe et provoquer son union
3121 isthme de Suez. Leibniz espérait ainsi pacifier l’ Europe et provoquer son union. Louis XIV appela le jeune homme à Paris, mais
3122 me à Paris, mais ne le reçut pas, les difficultés de la France avec le Sultan s’étant aplanies entre-temps… En 1676, la pa
3123 an s’étant aplanies entre-temps… En 1676, la paix de Nimègue ayant affirmé la prédominance menaçante de Louis XIV en Europ
3124 e Nimègue ayant affirmé la prédominance menaçante de Louis XIV en Europe, Leibniz publie un traité en latin sous le pseudo
3125 affirmé la prédominance menaçante de Louis XIV en Europe , Leibniz publie un traité en latin sous le pseudonyme de Cæsarius Fur
3126 bniz publie un traité en latin sous le pseudonyme de Cæsarius Fursterinus, dans lequel il prend la défense des princes du
3127 l prend la défense des princes du Saint-Empire et de leur autonomie. Il rappelle qu’au Moyen Âge la double autorité de l’e
3128 e. Il rappelle qu’au Moyen Âge la double autorité de l’empereur et du pape ménageait la liberté des souverainetés fédérées
3129 mes, le pape et l’empereur, exerçaient le pouvoir de sa part, l’un le pouvoir spirituel, l’autre le pouvoir temporel. Et i
3130 emporel. Et il était manifestement dans l’intérêt de tous que les chrétiens fussent réunis sous une autorité commune, en s
3131 mps ils se fissent craindre davantage des ennemis de la foi… Et parce que manifestement, dans le monde chrétien, la majest
3132 tement, dans le monde chrétien, la majesté sacrée de l’empereur romain repose sur cette base, il s’ensuit qu’elle ne doit
3133 mpereur doit être investi, dans une grande partie de l’Europe, d’un pouvoir, ainsi que d’une sorte de souveraineté suprême
3134 ur doit être investi, dans une grande partie de l’ Europe , d’un pouvoir, ainsi que d’une sorte de souveraineté suprême correspo
3135 être investi, dans une grande partie de l’Europe, d’ un pouvoir, ainsi que d’une sorte de souveraineté suprême correspondan
3136 rande partie de l’Europe, d’un pouvoir, ainsi que d’ une sorte de souveraineté suprême correspondant à celle de l’Église ;
3137 de l’Europe, d’un pouvoir, ainsi que d’une sorte de souveraineté suprême correspondant à celle de l’Église ; et de même q
3138 rte de souveraineté suprême correspondant à celle de l’Église ; et de même que, dans notre Empire, en vue du maintien de l
3139 e même que, dans notre Empire, en vue du maintien de la paix universelle, des contributions communes sont exigées pour la
3140 étien. On reconnaît ici les thèses fondamentales de la Monarchie de Dante. Par ailleurs, la sympathie qu’éprouvait ce lut
3141 naît ici les thèses fondamentales de la Monarchie de Dante. Par ailleurs, la sympathie qu’éprouvait ce luthérien pour la p
3142 feste à maintes reprises, quoique parfois teintée de quelque ironie. Ainsi une lettre relative au projet du prince de Hess
3143 du prince de Hesse-Rheinfels : celui-ci proposait d’ établir un « Tribunal catholique européen » et d’en fixer le siège à L
3144 i-ci proposait d’établir un « Tribunal catholique européen  » et d’en fixer le siège à Lucerne. Leibniz commente : S’il existait
3145 d’établir un « Tribunal catholique européen » et d’ en fixer le siège à Lucerne. Leibniz commente : S’il existait un cons
3146 permanent ou un Sénat créé par ce concile, chargé de veiller aux intérêts généraux de la chrétienté, ce qui se fait mainte
3147 concile, chargé de veiller aux intérêts généraux de la chrétienté, ce qui se fait maintenant par les alliances, et, comme
3148 public fondé par le pape et l’empereur en qualité de chefs de la chrétienté ; donc par le moyen d’une entente amicale et d
3149 ndé par le pape et l’empereur en qualité de chefs de la chrétienté ; donc par le moyen d’une entente amicale et d’une mani
3150 ité de chefs de la chrétienté ; donc par le moyen d’ une entente amicale et d’une manière plus pratique et convenable qu’ac
3151 enté ; donc par le moyen d’une entente amicale et d’ une manière plus pratique et convenable qu’actuellement. … Pour moi, j
3152 convenable qu’actuellement. … Pour moi, je serois d’ avis de l’établir à Rome même et d’en faire le pape président, comme e
3153 ble qu’actuellement. … Pour moi, je serois d’avis de l’établir à Rome même et d’en faire le pape président, comme en effet
3154 moi, je serois d’avis de l’établir à Rome même et d’ en faire le pape président, comme en effet il faisoit autrefois figure
3155 ident, comme en effet il faisoit autrefois figure de juge entre les princes chrétiens. Mais il faudroit en même temps que
3156 trembler des rois et des royaumes, comme du tems de Nicolas Ier ou de Grégoire VII. Et pour y faire consentir les protest
3157 et des royaumes, comme du tems de Nicolas Ier ou de Grégoire VII. Et pour y faire consentir les protestants, il faudroit
3158 ir les protestants, il faudroit prier sa Sainteté de rétablir la forme de l’Église telle qu’elle fut du tems de Charlemagn
3159 l faudroit prier sa Sainteté de rétablir la forme de l’Église telle qu’elle fut du tems de Charlemagne, lorsqu’il tenait l
3160 ir la forme de l’Église telle qu’elle fut du tems de Charlemagne, lorsqu’il tenait le concile de Francfort ; et de renonce
3161 tems de Charlemagne, lorsqu’il tenait le concile de Francfort ; et de renoncer à tous conciles tenus depuis, qui ne sauro
3162 ne, lorsqu’il tenait le concile de Francfort ; et de renoncer à tous conciles tenus depuis, qui ne sauroient passer pour œ
3163 que les papes ressemblassent aux premiers évêques de Rome. Voilà des projets qui réussiront aussi aisément que celui de M.
3164 s projets qui réussiront aussi aisément que celui de M. l’abbé de Saint-Pierre, mais puisqu’il est permis de faire des rom
3165 réussiront aussi aisément que celui de M. l’abbé de Saint-Pierre, mais puisqu’il est permis de faire des romans, pourquoi
3166 l’abbé de Saint-Pierre, mais puisqu’il est permis de faire des romans, pourquoi trouverons-nous sa fiction mauvaise, qui n
3167 a fiction mauvaise, qui nous ramènerait le siècle d’ or.110 Au sujet de l’abbé de Saint-Pierre, Leibniz s’exprimera un pe
3168 des objections, et à votre manière nette et ronde d’ y répondre. Il n’y a que la volonté qui manque aux hommes pour se déli
3169 la volonté qui manque aux hommes pour se délivrer d’ une infinité de maux. Si cinq ou six personnes vouloient, elles pourro
3170 manque aux hommes pour se délivrer d’une infinité de maux. Si cinq ou six personnes vouloient, elles pourroient faire cess
3171 t, elles pourroient faire cesser le grand Schisme d’ Occident, et mettre l’Église dans un bon ordre. Un Souverain qui le ve
3172 uverain qui le veut bien peut préserver ses États de la peste ; la maison de Brunswick n’y a pas mal réussi, grâces à Dieu
3173 peut préserver ses États de la peste ; la maison de Brunswick n’y a pas mal réussi, grâces à Dieu ; la peste s’est arrêté
3174 al réussi, grâces à Dieu ; la peste s’est arrêtée de mon tems à ses frontières. Un Souverain pourrait encore garantir ses
3175 . Un Souverain pourrait encore garantir ses États de la famine. Mais pour faire cesser les guerres, il faudroit qu’un autr
3176 u’un autre Henri IV, avec quelques grands princes de son tems, goûtât votre Projet. Le mal est qu’il est difficile de le f
3177 ûtât votre Projet. Le mal est qu’il est difficile de le faire entendre aux grands princes. Il n’y a point de Ministre main
3178 faire entendre aux grands princes. Il n’y a point de Ministre maintenant qui voudrait proposer à l’empereur de renoncer à
3179 tre maintenant qui voudrait proposer à l’empereur de renoncer à la succession de l’Espagne, et des Indes. Les Puissances M
3180 proposer à l’empereur de renoncer à la succession de l’Espagne, et des Indes. Les Puissances Maritimes et tant d’autres y
3181 us souvent des fatalités qui empêchent les hommes d’ être heureux… Leibniz, conseiller de Pierre le Grand, considérait que
3182 t les hommes d’être heureux… Leibniz, conseiller de Pierre le Grand, considérait que le rôle de la Russie devait être cel
3183 iller de Pierre le Grand, considérait que le rôle de la Russie devait être celui d’un trait d’union chrétien entre l’Europ
3184 dérait que le rôle de la Russie devait être celui d’ un trait d’union chrétien entre l’Europe et la Chine, en vue d’une syn
3185 le rôle de la Russie devait être celui d’un trait d’ union chrétien entre l’Europe et la Chine, en vue d’une synthèse supér
3186 it être celui d’un trait d’union chrétien entre l’ Europe et la Chine, en vue d’une synthèse supérieure des civilisations. Il
3187 union chrétien entre l’Europe et la Chine, en vue d’ une synthèse supérieure des civilisations. Il semble encore, que c’es
3188 ’est une fatalité singulière, ou plustost un coup de la Providence, qu’à même temps dans le Nord, dans l’Est et dans le Su
3189 iewiecz, souverain Seigneur des Russes et presque de tout le Nord, nous apprenons que Cam-hi, Amalogdo-Chan, monarque de l
3190 ous apprenons que Cam-hi, Amalogdo-Chan, monarque de la Chine et des Tartares les plus orientaux, et Jakso Adjam-Saugbed,
3191 res — ont tous conçu des desseins, qui surpassent de beaucoup ceux de leurs ancestres, comme nous apprenons tant par les r
3192 nçu des desseins, qui surpassent de beaucoup ceux de leurs ancestres, comme nous apprenons tant par les relations nouvelle
3193 e nous apprenons tant par les relations nouvelles de la Chine, où le christianisme vient d’être autorisé et appuyé d’un éd
3194 nouvelles de la Chine, où le christianisme vient d’ être autorisé et appuyé d’un édit du roy, que par l’ambassade des Abys
3195 le christianisme vient d’être autorisé et appuyé d’ un édit du roy, que par l’ambassade des Abyssins à Batavie en 1692. Le
3196 et frontiers du Turc, quoique bien éloignés l’un de l’autre. Mais le tsar et le monarque des Chinois sont frontiers entre
3197 les arts et les bonnes manières particulièrement de notre Europe, et ils se peuvent prester la main et obliger mutuelleme
3198 et les bonnes manières particulièrement de notre Europe , et ils se peuvent prester la main et obliger mutuellement à cet égar
3199 t à celles des jésuites : J’insinue qu’il serait de la gloire de Dieu et de l’honneur des protestants de prendre part à c
3200 s jésuites : J’insinue qu’il serait de la gloire de Dieu et de l’honneur des protestants de prendre part à cette grande a
3201 : J’insinue qu’il serait de la gloire de Dieu et de l’honneur des protestants de prendre part à cette grande aventure dan
3202 la gloire de Dieu et de l’honneur des protestants de prendre part à cette grande aventure dans le champ du Seigneur, afin
3203 juge que cette mission est la plus grande affaire de notre temps, tant pour la gloire de Dieu et la propagation de la reli
3204 rande affaire de notre temps, tant pour la gloire de Dieu et la propagation de la religion chrétienne, que pour le bien gé
3205 ps, tant pour la gloire de Dieu et la propagation de la religion chrétienne, que pour le bien général des hommes et l’accr
3206 bien que chez les Chinois ; car c’est un commerce de lumière qui nous peut donner d’un seul coup leurs travaux de quelques
3207 qui nous peut donner d’un seul coup leurs travaux de quelques milliers d’années… et doubler, pour ainsi dire, nos véritabl
3208 d’un seul coup leurs travaux de quelques milliers d’ années… et doubler, pour ainsi dire, nos véritables richesses de part
3209 oubler, pour ainsi dire, nos véritables richesses de part et d’autre.113 Enfin ce trait final : dans un fragment latin i
3210 r ainsi dire, nos véritables richesses de part et d’ autre.113 Enfin ce trait final : dans un fragment latin intitulé : «
3211 oses se découvrit.) En découvrant le monde, l’ Europe se découvre Ces dernières citations de Leibniz sont importantes. E
3212 , l’Europe se découvre Ces dernières citations de Leibniz sont importantes. Elles témoignent d’une révolution de l’espr
3213 ons de Leibniz sont importantes. Elles témoignent d’ une révolution de l’esprit qui se produit à la fin du xviie et au déb
3214 nt importantes. Elles témoignent d’une révolution de l’esprit qui se produit à la fin du xviie et au début du xviiie siè
3215 au début du xviiie siècle. Tout ce qui compte en Europe s’est remis à voyager, plus encore qu’aux beaux jours de la Renaissan
3216 t remis à voyager, plus encore qu’aux beaux jours de la Renaissance, et surtout bien plus loin. Ce ne sont plus seulement
3217 élites qui apprennent à connaître les diversités européennes  ; c’est l’Europe comme un tout qui se découvre elle-même, en se compa
3218 à connaître les diversités européennes ; c’est l’ Europe comme un tout qui se découvre elle-même, en se comparant aux peuples
3219 e découvre elle-même, en se comparant aux peuples d’ outre-mer. Au début et au terme de cette vaste enquête, plaçons en épi
3220 ant aux peuples d’outre-mer. Au début et au terme de cette vaste enquête, plaçons en épigraphes quatre cartes postales du
3221 s : Miguel de Cervantès (1547-1616) : Je sortis de notre nation pour entrer en France, et quoique nous y fussions bien a
3222 il me sembla que l’on pouvait vivre avec le plus de liberté.114 Balthazar Gracian (1601-1658), célèbre auteur de « L’H
3223 Balthazar Gracian (1601-1658), célèbre auteur de « L’Homme de Cour » : L’Europe est la face admirable du monde : gra
3224 Gracian (1601-1658), célèbre auteur de « L’Homme de Cour » : L’Europe est la face admirable du monde : grave en Espagne
3225 658), célèbre auteur de « L’Homme de Cour » : L’ Europe est la face admirable du monde : grave en Espagne, jolie en Angleterr
3226 du monde : grave en Espagne, jolie en Angleterre, de bel air en France, fine en Italie, fraîche en Allemagne, précieuse en
3227 arl von Linné (1707-1778), le « premier botaniste de l’Europe », aussi zoologiste, et ici anthropologue : Homo Europæus.
3228 on Linné (1707-1778), le « premier botaniste de l’ Europe  », aussi zoologiste, et ici anthropologue : Homo Europæus. Albus san
3229 ur ritibus.116 Le Grand Dictionnaire historique de Louis Moreri, publié en 1674, donne une description sommaire de l’Eur
3230 i, publié en 1674, donne une description sommaire de l’Europe où déjà se retrouvent tous les clichés sur la psychologie de
3231 blié en 1674, donne une description sommaire de l’ Europe où déjà se retrouvent tous les clichés sur la psychologie des peuples
3232 prisans et fiers jusqu’à la férocité. Les peuples d’ Europe, par leur adresse et par leur courage, se sont soumis ceux des
3233 isans et fiers jusqu’à la férocité. Les peuples d’ Europe , par leur adresse et par leur courage, se sont soumis ceux des autres
3234 ommerce et leur magnificence dans leurs villes. L’ Europe surpasse aussi en toutes choses les autres parties du monde, soit pou
3235 abitent. Nous devons encore ajouter aux avantages de l’Europe, celui qu’elle a d’être presque toute éclairée des lumières
3236 nt. Nous devons encore ajouter aux avantages de l’ Europe , celui qu’elle a d’être presque toute éclairée des lumières de l’Évan
3237 jouter aux avantages de l’Europe, celui qu’elle a d’ être presque toute éclairée des lumières de l’Évangile. Suit une « li
3238 elle a d’être presque toute éclairée des lumières de l’Évangile. Suit une « liste des auteurs qui parlent de l’Europe » (
3239 angile. Suit une « liste des auteurs qui parlent de l’Europe » (premier sommaire pour une Anthologie européenne !) qui va
3240 e. Suit une « liste des auteurs qui parlent de l’ Europe  » (premier sommaire pour une Anthologie européenne !) qui va de Strab
3241 l’Europe » (premier sommaire pour une Anthologie européenne  !) qui va de Strabon et Ptolémée jusqu’aux géographes modernes, comme
3242 sommaire pour une Anthologie européenne !) qui va de Strabon et Ptolémée jusqu’aux géographes modernes, comme Rabbe. L’hi
3243 ux géographes modernes, comme Rabbe. L’historien de la culture Paul Hazard a décrit mieux que personne, de nos jours, ce
3244 culture Paul Hazard a décrit mieux que personne, de nos jours, ce phénomène de découverte de l’Europe par elle-même117 :
3245 it mieux que personne, de nos jours, ce phénomène de découverte de l’Europe par elle-même117 : Quand Boileau prenait les
3246 ersonne, de nos jours, ce phénomène de découverte de l’Europe par elle-même117 : Quand Boileau prenait les eaux de Bourbo
3247 ne, de nos jours, ce phénomène de découverte de l’ Europe par elle-même117 : Quand Boileau prenait les eaux de Bourbon, il pen
3248 ar elle-même117 : Quand Boileau prenait les eaux de Bourbon, il pensait être au but du monde ; Auteuil lui suffisait. Par
3249 , ils aimaient tant la nouveauté qu’ils faisaient de leur mieux pour ne pas conserver longtemps un ami ; qu’ils inventaien
3250 l’Asie et tantôt pour l’Afrique, afin de changer de lieu et de se divertir118. Les Allemands voyageaient, c’était leur ha
3251 tantôt pour l’Afrique, afin de changer de lieu et de se divertir118. Les Allemands voyageaient, c’était leur habitude, leu
3252 t, c’était leur habitude, leur manie ; impossible de les retenir chez eux. « Nous voyageons de père en fils, sans qu’aucun
3253 ossible de les retenir chez eux. « Nous voyageons de père en fils, sans qu’aucune affaire nous en empêche jamais », dit l’
3254 age ; la première chose dont on se fournit, c’est d’ un Itinéraire, qui enseigne les voies ; la seconde, d’un petit livre q
3255 Itinéraire, qui enseigne les voies ; la seconde, d’ un petit livre qui apprend ce qu’il y a de curieux en chaque pays. Lor
3256 econde, d’un petit livre qui apprend ce qu’il y a de curieux en chaque pays. Lorsque nos voyageurs sont gens de lettres, i
3257 x en chaque pays. Lorsque nos voyageurs sont gens de lettres, ils se munissent en partant de chez eux d’un livre blanc, bi
3258 sont gens de lettres, ils se munissent en partant de chez eux d’un livre blanc, bien relié, qu’on nomme Album Amicorum, et
3259 lettres, ils se munissent en partant de chez eux d’ un livre blanc, bien relié, qu’on nomme Album Amicorum, et ne manquent
3260 é, qu’on nomme Album Amicorum, et ne manquent pas d’ aller visiter les savants de tous les lieux où ils passent, et de le l
3261 m, et ne manquent pas d’aller visiter les savants de tous les lieux où ils passent, et de le leur présenter afin qu’ils y
3262 les savants de tous les lieux où ils passent, et de le leur présenter afin qu’ils y mettent leur nom… Les Anglais voyagea
3263 m… Les Anglais voyageaient, c’était le complément de leur éducation ; les jeunes seigneurs fraîchement sortis d’Oxford et
3264 ucation ; les jeunes seigneurs fraîchement sortis d’ Oxford et de Cambridge, bien pourvus de guinées et flanqués d’un sage
3265 s jeunes seigneurs fraîchement sortis d’Oxford et de Cambridge, bien pourvus de guinées et flanqués d’un sage précepteur,
3266 ent sortis d’Oxford et de Cambridge, bien pourvus de guinées et flanqués d’un sage précepteur, franchissaient le détroit e
3267 de Cambridge, bien pourvus de guinées et flanqués d’ un sage précepteur, franchissaient le détroit et entreprenaient le gra
3268 troit et entreprenaient le grand tour. On en a vu de toute espèce ; certains se contentaient de connaître le muscat de Fro
3269 n a vu de toute espèce ; certains se contentaient de connaître le muscat de Frontignan et de Montefiascone, les vins d’Ay,
3270 ; certains se contentaient de connaître le muscat de Frontignan et de Montefiascone, les vins d’Ay, d’Arbois, de Bordeaux,
3271 tentaient de connaître le muscat de Frontignan et de Montefiascone, les vins d’Ay, d’Arbois, de Bordeaux, de Xérez, tandis
3272 uscat de Frontignan et de Montefiascone, les vins d’ Ay, d’Arbois, de Bordeaux, de Xérez, tandis que d’autres, avec conscie
3273 de Frontignan et de Montefiascone, les vins d’Ay, d’ Arbois, de Bordeaux, de Xérez, tandis que d’autres, avec conscience, é
3274 nan et de Montefiascone, les vins d’Ay, d’Arbois, de Bordeaux, de Xérez, tandis que d’autres, avec conscience, étudiaient
3275 tefiascone, les vins d’Ay, d’Arbois, de Bordeaux, de Xérez, tandis que d’autres, avec conscience, étudiaient tous les cabi
3276 es, avec conscience, étudiaient tous les cabinets d’ histoire naturelle, toutes les collections d’antiquités. À chacun son
3277 nets d’histoire naturelle, toutes les collections d’ antiquités. À chacun son caractère : « Les Français voyagent ordinaire
3278 rgner, de sorte qu’ils apportent quelquefois plus de dommage que de profit dans les endroits où ils logent. Les Anglais, a
3279 qu’ils apportent quelquefois plus de dommage que de profit dans les endroits où ils logent. Les Anglais, au contraire, so
3280 où ils logent. Les Anglais, au contraire, sortent d’ Angleterre avec de bonnes lettres de change, avec un bel équipage et u
3281 Anglais, au contraire, sortent d’Angleterre avec de bonnes lettres de change, avec un bel équipage et une grande suite, e
3282 aire, sortent d’Angleterre avec de bonnes lettres de change, avec un bel équipage et une grande suite, et font de magnifiq
3283 avec un bel équipage et une grande suite, et font de magnifiques dépenses. On compte que, dans la seule ville de Rome, il
3284 ques dépenses. On compte que, dans la seule ville de Rome, il y a pour l’ordinaire plus de cinquante gentilshommes anglais
3285 seule ville de Rome, il y a pour l’ordinaire plus de cinquante gentilshommes anglais, et toujours avec des gens à leurs ga
3286 x-mille écus par an ; de sorte que la seule ville de Rome tire tous les ans d’Angleterre plus de trente mille pistoles eff
3287 orte que la seule ville de Rome tire tous les ans d’ Angleterre plus de trente mille pistoles effectives. » C’est Gregorio
3288 ville de Rome tire tous les ans d’Angleterre plus de trente mille pistoles effectives. » C’est Gregorio Leti qui nous le d
3289 à Milan, se fit calviniste à Genève, panégyriste de Louis XIV à Paris, historien d’Angleterre à Londres, pamphlétaire au
3290 nève, panégyriste de Louis XIV à Paris, historien d’ Angleterre à Londres, pamphlétaire au service des États en Hollande, o
3291 née 1701. Des savants enrichissaient leur science de ville en ville, comme Antonio Conti, Padouan, qui fut en 1713 à Paris
3292 Leibniz, et, en passant par la Hollande, eut soin de rendre visite à Leuwenhœck. Des philosophes voyageaient, et non pas a
3293 rt à Rome en 1689 ; et le tsar Pierre part pour l’ Europe en 1696. Genre littéraire aux frontières indécises, commode parce qu’
3294 ites, les catalogues des musées, ou les histoires d’ amour, le Voyage triomphait. … Il existe un titre charmant, qu’on ne
3295 tre charmant, qu’on ne peut lire sans avoir envie de prendre la poste, sans entrevoir un horizon plein de douces promesses
3296 prendre la poste, sans entrevoir un horizon plein de douces promesses : les Délices. Les Délices de l’Italie ; Les Délices
3297 in de douces promesses : les Délices. Les Délices de l’Italie ; Les Délices et Agréments du Danemark et de la Norvège ; Le
3298 ’Italie ; Les Délices et Agréments du Danemark et de la Norvège ; Les Délices de la Grande-Bretagne et de l’Irlande ; L’Ét
3299 éments du Danemark et de la Norvège ; Les Délices de la Grande-Bretagne et de l’Irlande ; L’État et les Délices de la Suis
3300 la Norvège ; Les Délices de la Grande-Bretagne et de l’Irlande ; L’État et les Délices de la Suisse. Et toutes ces Délices
3301 -Bretagne et de l’Irlande ; L’État et les Délices de la Suisse. Et toutes ces Délices, réunies, donnent Les Merveilles de
3302 utes ces Délices, réunies, donnent Les Merveilles de l’Europe. Mais la Galerie agréable du monde, n’est-elle pas plus sédu
3303 ces Délices, réunies, donnent Les Merveilles de l’ Europe . Mais la Galerie agréable du monde, n’est-elle pas plus séduisante en
3304 monde, n’est-elle pas plus séduisante encore ? L’ Europe , en effet, ne cessait plus de travailler à découvrir le monde, et à l
3305 ante encore ? L’Europe, en effet, ne cessait plus de travailler à découvrir le monde, et à l’exploiter ; le xviie siècle
3306 mers, mais publient la plus copieuse littérature de voyages qui soit au monde ; à mesure que Colbert propose à l’activité
3307 riches colonies et les comptoirs lointains : que de récits en reviendront, « faits par ordre du roi » ! Le roi ne se dout
3308 par ordre du roi » ! Le roi ne se doutait pas que de ces récits eux-mêmes, naîtraient des idées capables d’ébranler les no
3309 s récits eux-mêmes, naîtraient des idées capables d’ ébranler les notions les plus chères à sa croyance, et les plus nécess
3310 sa croyance, et les plus nécessaires au maintien de son autorité. … Il est parfaitement exact d’affirmer que toutes les i
3311 tien de son autorité. … Il est parfaitement exact d’ affirmer que toutes les idées vitales, celle de propriété, celle de li
3312 ct d’affirmer que toutes les idées vitales, celle de propriété, celle de liberté, celle de justice, ont été remises en dis
3313 utes les idées vitales, celle de propriété, celle de liberté, celle de justice, ont été remises en discussion par l’exempl
3314 ales, celle de propriété, celle de liberté, celle de justice, ont été remises en discussion par l’exemple du lointain. D’a
3315 versel, on a constaté l’existence du particulier, de l’irréductible, de l’individuel. Ensuite parce qu’aux opinions reçues
3316 té l’existence du particulier, de l’irréductible, de l’individuel. Ensuite parce qu’aux opinions reçues, on peut opposer d
3317 qu’aux opinions reçues, on peut opposer des faits d’ expérience, mis sans peine à la portée des penseurs. … De toutes les l
3318 ience, mis sans peine à la portée des penseurs. … De toutes les leçons que donne l’espace, la plus neuve peut-être fut cel
3319 donne l’espace, la plus neuve peut-être fut celle de la relativité. » Jésuites missionnaires, réformés chassés par la rév
3320 missionnaires, réformés chassés par la révocation de l’édit de Nantes, « dissenters » embarqués pour la Nouvelle Amsterdam
3321 s antipodes donnent surtout une vision nouvelle … de l’Europe. D’une Europe relativisée, certes, mais mieux vue dans son u
3322 ipodes donnent surtout une vision nouvelle … de l’ Europe . D’une Europe relativisée, certes, mais mieux vue dans son unicité, e
3323 onnent surtout une vision nouvelle … de l’Europe. D’ une Europe relativisée, certes, mais mieux vue dans son unicité, et au
3324 surtout une vision nouvelle … de l’Europe. D’une Europe relativisée, certes, mais mieux vue dans son unicité, et aussi dans s
3325 e dans son unicité, et aussi dans son unité. Plus d’ un, d’ailleurs, a cru trouver chez les « barbares » l’idéal qu’il avai
3326 » l’idéal qu’il avait dans son cœur en fuyant une Europe intolérante. L’éloge du Primitif lointain sert d’abord d’argument con
3327 érante. L’éloge du Primitif lointain sert d’abord d’ argument contre certains voisins. De là les nombreux mythes de compens
3328 sert d’abord d’argument contre certains voisins. De là les nombreux mythes de compensation qui se développent au xviiie
3329 ontre certains voisins. De là les nombreux mythes de compensation qui se développent au xviiie siècle : le bon sauvage, l
3330 Hindou tolérant et surtout le Chinois philosophe. De là les « utopies » (mot créé par Thomas More au xvie siècle) et les
3331 inien Cyrano de Bergerac et ses Estats et empires de la Lune puis du Soleil, Swift et ses Voyages de Gulliver, Giovanni Pa
3332 s de la Lune puis du Soleil, Swift et ses Voyages de Gulliver, Giovanni Paolo Marana et son Espoir du Grand Seigneur, Mont
3333 son Ingénu, Rousseau et son Homme né bon. Autant de pamphlets d’ailleurs, autant de manœuvres politiques et philosophique
3334 me né bon. Autant de pamphlets d’ailleurs, autant de manœuvres politiques et philosophiques, autant de prises de conscienc
3335 de manœuvres politiques et philosophiques, autant de prises de conscience critiques du rôle de l’Europe dans le monde. Le
3336 es politiques et philosophiques, autant de prises de conscience critiques du rôle de l’Europe dans le monde. Le xviiie si
3337 autant de prises de conscience critiques du rôle de l’Europe dans le monde. Le xviiie siècle marque ainsi le mouvement d
3338 nt de prises de conscience critiques du rôle de l’ Europe dans le monde. Le xviiie siècle marque ainsi le mouvement de réflexi
3339 onde. Le xviiie siècle marque ainsi le mouvement de réflexion sur l’Europe de ses propres « grandes découvertes ». Vic
3340 ècle marque ainsi le mouvement de réflexion sur l’ Europe de ses propres « grandes découvertes ». Vico Jean-Baptiste Vico
3341 rque ainsi le mouvement de réflexion sur l’Europe de ses propres « grandes découvertes ». Vico Jean-Baptiste Vico na
3342 ien aux vues amples et poétiques mais peu capable d’ exactitude, métaphysicien baroque mais devançant plus d’une fois la sc
3343 titude, métaphysicien baroque mais devançant plus d’ une fois la science physique et la sociologie des siècles à venir, il
3344 sants et le premier des Modernes, le continuateur de Pic de la Mirandole, de Giordano Bruno, de Cardan, et le précurseur d
3345 t le premier des Modernes, le continuateur de Pic de la Mirandole, de Giordano Bruno, de Cardan, et le précurseur de Hegel
3346 Modernes, le continuateur de Pic de la Mirandole, de Giordano Bruno, de Cardan, et le précurseur de Hegel et de Croce. C’e
3347 uateur de Pic de la Mirandole, de Giordano Bruno, de Cardan, et le précurseur de Hegel et de Croce. C’est à son œuvre prin
3348 e, de Giordano Bruno, de Cardan, et le précurseur de Hegel et de Croce. C’est à son œuvre principale, la Scienza Nuova que
3349 no Bruno, de Cardan, et le précurseur de Hegel et de Croce. C’est à son œuvre principale, la Scienza Nuova que nous emprun
3350 cription du Monde Moderne », très caractéristique de la vision de l’Europe et de sa place dans le monde, que pouvait prend
3351 onde Moderne », très caractéristique de la vision de l’Europe et de sa place dans le monde, que pouvait prendre un grand e
3352 Moderne », très caractéristique de la vision de l’ Europe et de sa place dans le monde, que pouvait prendre un grand esprit de
3353 très caractéristique de la vision de l’Europe et de sa place dans le monde, que pouvait prendre un grand esprit de cette
3354 ans le monde, que pouvait prendre un grand esprit de cette époque. À notre époque la civilisation se trouve répandue dans
3355 s toutes les nations et un petit nombre seulement de grands monarques règnent dans le monde ; s’il s’en trouve encore de b
3356 s règnent dans le monde ; s’il s’en trouve encore de barbares c’est qu’ils ont pu maintenir leur autorité grâce à des croy
3357 les pays froids du Nord, nous rencontrons le tsar de Moscovie, prince chrétien sans doute mais qui commande à des hommes d
3358 hrétien sans doute mais qui commande à des hommes d’ une grande paresse d’esprit ; le khan de Tartarie étend son autorité s
3359 is qui commande à des hommes d’une grande paresse d’ esprit ; le khan de Tartarie étend son autorité sur un peuple sans éne
3360 es hommes d’une grande paresse d’esprit ; le khan de Tartarie étend son autorité sur un peuple sans énergie comme le furen
3361 les anciens Sères qui formaient la majeure partie de la population de son empire et dont le pays a été rattaché à la Chine
3362 qui formaient la majeure partie de la population de son empire et dont le pays a été rattaché à la Chine ; quant au négus
3363 e pays a été rattaché à la Chine ; quant au négus d’ Éthiopie et aux puissants rois de Fez et du Maroc, ils régnent sur des
3364 ; quant au négus d’Éthiopie et aux puissants rois de Fez et du Maroc, ils régnent sur des peuples faibles et très simples
3365 s régnent sur des peuples faibles et très simples de goûts. Mais si l’on passe à la zone tempérée, on trouve que la nature
3366 arouche et belliqueux et la langue même — au dire de certains doctes voyageurs — rappelle par ses consonances le latin ; c
3367 frayante et cruelle, des dieux terribles couverts d’ armes redoutables. Les missionnaires qui ont visité ces régions, rappo
3368 du peuple sont hommes comme eux. Il y a beaucoup d’ humanité chez les Chinois car leur religion est faite de douceur et de
3369 nité chez les Chinois car leur religion est faite de douceur et de mansuétude et les lettres y sont fort cultivées ; il en
3370 Chinois car leur religion est faite de douceur et de mansuétude et les lettres y sont fort cultivées ; il en est de même d
3371 s ; Persans et Turcs enfin ont mêlé à la mollesse de l’Asie qu’ils ont soumise, les croyances grossières de leur religion 
3372 Asie qu’ils ont soumise, les croyances grossières de leur religion ; les Turcs en particulier tempèrent leur orgueil par l
3373 iniment pur et parfait, le christianisme qui fait de la charité un devoir envers tous les hommes, domine partout en Europe
3374 devoir envers tous les hommes, domine partout en Europe  ; là de puissantes monarchies entretiennent une civilisation des plus
3375 rs tous les hommes, domine partout en Europe ; là de puissantes monarchies entretiennent une civilisation des plus évoluée
3376 plus évoluées. Sans doute trouvera-t-on au nord —  de nos jours en Pologne et en Angleterre comme ce fut le cas il y a quel
3377 e ce fut le cas il y a quelque cent-cinquante ans de la Suède et du Danemark — des monarchies gouvernées aristocratiquemen
3378 eaucoup les sciences, il y a un plus grand nombre d’ États populaires que dans les trois autres. Le retour des mêmes besoin
3379 mêmes besoins, des mêmes intérêts a renouvelé en Europe la forme des anciennes républiques étoliennes et achéennes ; les Grec
3380 pour se défendre contre la puissance grandissante de Rome et c’est ce qu’on observe aujourd’hui avec les cantons Suisses e
3381 trouvent ainsi liées les unes aux autres en temps de paix et de guerre ; l’Empire germanique lui-même n’est qu’un ensemble
3382 nsi liées les unes aux autres en temps de paix et de guerre ; l’Empire germanique lui-même n’est qu’un ensemble de cités l
3383 l’Empire germanique lui-même n’est qu’un ensemble de cités libres dont les souverains sont indépendants et à la tête desqu
3384 s états aristocratiques entraînant une atmosphère de soupçon et de crainte propres à ces sortes d’états comme nous l’avons
3385 cratiques entraînant une atmosphère de soupçon et de crainte propres à ces sortes d’états comme nous l’avons déjà montré.
3386 ère de soupçon et de crainte propres à ces sortes d’ états comme nous l’avons déjà montré. C’est là la forme ultime des soc
3387 s sociétés politiques et l’on ne saurait imaginer d’ État qui fût supérieur à ces aristocraties ; ce fut également la forme
3388 aître avec l’union des pères, ces véritables rois de l’âge des familles qui gouvernèrent aristocratiquement les premières
3389 bien en effet la nature des véritables principes d’ être à l’origine, et de marquer la fin des choses.120 Pour revenir à
3390 e des véritables principes d’être à l’origine, et de marquer la fin des choses.120 Pour revenir à notre sujet, nous diron
3391 evenir à notre sujet, nous dirons qu’on ne trouve de nos jours en Europe que cinq aristocraties, Venise, Gênes et Lucques
3392 ujet, nous dirons qu’on ne trouve de nos jours en Europe que cinq aristocraties, Venise, Gênes et Lucques en Italie, Raguse en
3393 couvrent qu’un territoire fort limité. Mais cette Europe chrétienne brille d’une admirable civilisation ; tous les biens auxqu
3394 fort limité. Mais cette Europe chrétienne brille d’ une admirable civilisation ; tous les biens auxquels l’homme peut aspi
3395 plus profonds d’entre les systèmes philosophiques de l’antiquité païenne la secondent et que, d’autre part, elle cultive t
3396 ême évolution que nous venons de retracer, si les Européens n’avaient fait leur découverte.121 108. L. Couturat, Logique de
3397 ur découverte.121 108. L. Couturat, Logique de Leibniz, Paris 1901, p. 527-528. Notons ici que Campanella le premier
3398 7-528. Notons ici que Campanella le premier, rêva d’ une « Académie européenne ». 109. Lettre à Pierre Ier, 16 janvier 171
3399 que Campanella le premier, rêva d’une « Académie européenne  ». 109. Lettre à Pierre Ier, 16 janvier 1716. Leibniz était devenu l
3400 ld und Europagedanke. 117. Paul Hazard, La Crise de la conscience européenne, 1680-1715, Paris, 1935. Nous citons des ext
3401 nke. 117. Paul Hazard, La Crise de la conscience européenne , 1680-1715, Paris, 1935. Nous citons des extraits des pages 5 à 11.
3402 pages 5 à 11. 118. Giovanni Paolo Marana, Lettre d’ un Sicilien à l’un de ses amis, contenant une agréable critique de Par
3403 iovanni Paolo Marana, Lettre d’un Sicilien à l’un de ses amis, contenant une agréable critique de Paris et des Français, 1
3404 l’un de ses amis, contenant une agréable critique de Paris et des Français, 1700 et 1710. 119. Gregorio Leti, Historia e
3405 msterdam, 1692. Trad. fr., 1694. — Il est amusant de citer ici une page de l’Émile de Rousseau (Tome IV, édition de 1762)
3406 fr., 1694. — Il est amusant de citer ici une page de l’Émile de Rousseau (Tome IV, édition de 1762) qui s’inspire libremen
3407 une page de l’Émile de Rousseau (Tome IV, édition de 1762) qui s’inspire librement de Saint-Évremond et de G. Leti, tels q
3408 Tome IV, édition de 1762) qui s’inspire librement de Saint-Évremond et de G. Leti, tels que P. Hazard vient de les citer :
3409 762) qui s’inspire librement de Saint-Évremond et de G. Leti, tels que P. Hazard vient de les citer : « De tous les peuple
3410 . Leti, tels que P. Hazard vient de les citer : «  De tous les peuples du monde le François est celui qui voyage le plus, m
3411 François est celui qui voyage le plus, mais plein de ses usages, il confond tout ce qui n’y ressemble pas. Il y a des Fran
3412 çais dans tous les coins du monde. Il n’y a point de pays où l’on trouve plus de gens qui aient voyagé qu’on en trouve en
3413 monde. Il n’y a point de pays où l’on trouve plus de gens qui aient voyagé qu’on en trouve en France. Avec cela pourtant,
3414 gé qu’on en trouve en France. Avec cela pourtant, de tous les peuples de l’Europe celui qui en voit le plus connoît le moi
3415 n France. Avec cela pourtant, de tous les peuples de l’Europe celui qui en voit le plus connoît le moins. L’Anglois voyage
3416 nce. Avec cela pourtant, de tous les peuples de l’ Europe celui qui en voit le plus connoît le moins. L’Anglois voyage aussi, m
3417 us connoît le moins. L’Anglois voyage aussi, mais d’ une autre manière ; il faut que ces deux Peuples soient contraires en
3418 er. Les François ont presque toujours quelque vue d’ intérêt dans leurs voyages : mais les Anglois ne vont point chercher f
3419 , c’est pour y verser leur argent, non pour vivre d’ industrie ; ils sont trop fiers pour aller ramper hors de chez eux. Ce
3420 norance qu’à la passion. L’Anglois a les préjugés de l’orgueil, & le François ceux de la vanité. Comme les Peuples les
3421 les préjugés de l’orgueil, & le François ceux de la vanité. Comme les Peuples les moins cultivés sont généralement les
3422 cherches frivoles, & moins occupés des objets de notre vaine curiosité, ils donnent toute leur attention à ce qui est
3423 e ne connois guère que les Espagnols qui voyagent de cette manière. Tandis qu’un François court chez les Artistes d’un pay
3424 re. Tandis qu’un François court chez les Artistes d’ un pays, qu’un Anglois en fait dessiner quelque antique, et qu’un Alle
3425 s, la police, & il est le seul des quatre qui de retour chez lui, rapporte de ce qu’il a vu quelque remarque utile à s
3426 seul des quatre qui de retour chez lui, rapporte de ce qu’il a vu quelque remarque utile à son Pays. » Et Rousseau de con
3427 quelque remarque utile à son Pays. » Et Rousseau de conclure : « Il y a cent fois plus de liaison maintenant entre l’Euro
3428 Et Rousseau de conclure : « Il y a cent fois plus de liaison maintenant entre l’Europe et l’Asie, qu’il y en avoit jadis e
3429 y a cent fois plus de liaison maintenant entre l’ Europe et l’Asie, qu’il y en avoit jadis entre la Gaule & l’Espagne : l’
3430 en avoit jadis entre la Gaule & l’Espagne : l’ Europe seule étoit plus éparse que la terre entière ne l’est aujourd’hui. »
3431 rima (Œuvres, III, 1, 56) il n’avait imaginé rien de moins qu’une confédération comprenant toutes les nations unies comme
3432 e V, chap. III, §§ 1089 à 1095. Collection Unesco d’ œuvres représentatives, Éd. Nagel, Paris 1953.
10 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Troisième partie. L’ère des philosophes. De Leibniz à Condorcet — 2. L’Europe des lumières
3433 e à peu près absolu avec le génie sombre et tendu d’ un Vico, voici un hédoniste, un sceptique indulgent, épris d’observati
3434 voici un hédoniste, un sceptique indulgent, épris d’ observations exactes, qui conclut également en faveur de l’Europe, apr
3435 ons exactes, qui conclut également en faveur de l’ Europe , après inventaire du domaine, étude sans préjugé des « relations » lo
3436 , il est l’ancêtre distingué et tout involontaire de cette immense littérature qui aboutit de nos jours à la science-ficti
3437 lontaire de cette immense littérature qui aboutit de nos jours à la science-fiction. Au Sixième Soir de ses promenades ave
3438 e nos jours à la science-fiction. Au Sixième Soir de ses promenades avec une marquise, dans un parc, lui ayant expliqué to
3439 ue l’on sait des autres mondes et ce qu’en permet d’ imaginer l’astronomie, la marquise lui fait observer que les Chinois,
3440 is, selon ce qu’elle en a lu, ont décrit la chute de mille étoiles à la fois. Fontenelle en doute. La marquise réitère :
3441 -je pas toujours ouï dire que les Chinois étoient de très-grands Astronomes ? Il est vrai, repris-je ; mais les Chinois y
3442 -je ; mais les Chinois y ont gagné à être séparés de nous par un long espace de terre, comme les Grecs et les Romains à êt
3443 t gagné à être séparés de nous par un long espace de terre, comme les Grecs et les Romains à être séparés par une longue s
3444 t les Romains à être séparés par une longue suite de siècles ; tout éloignement est en droit de nous en imposer. En vérité
3445 suite de siècles ; tout éloignement est en droit de nous en imposer. En vérité, je crois toujours de plus en plus qu’il y
3446 tain génie qui n’a point encore été hors de notre Europe , ou qui du moins ne s’en est beaucoup éloigné. Peut-être qu’il ne lui
3447 up éloigné. Peut-être qu’il ne lui est pas permis de se répandre dans une grande étendue de terre à la fois, et que quelqu
3448 pas permis de se répandre dans une grande étendue de terre à la fois, et que quelque fatalité lui prescrit des bornes asse
3449 ns-en tandis que nous le possédons ; ce qu’il y a de meilleur, c’est qu’il ne se renferme pas dans les sciences et dans le
3450 les spéculations sèches ; il s’étend avec autant de succès jusqu’aux choses d’agrément, sur lesquelles je doute qu’aucun
3451 il s’étend avec autant de succès jusqu’aux choses d’ agrément, sur lesquelles je doute qu’aucun peuple nous égale.122 M
3452 du gouvernement libéral, mais le plus sûr témoin de l’Europe de son temps, qu’il avait parcourue en tous sens. L’artifice
3453 ouvernement libéral, mais le plus sûr témoin de l’ Europe de son temps, qu’il avait parcourue en tous sens. L’artifice du « bar
3454 ment libéral, mais le plus sûr témoin de l’Europe de son temps, qu’il avait parcourue en tous sens. L’artifice du « barbar
3455 arbare perspicace » n’est pour lui qu’une manière d’ exposer sa méthode d’observation sociologique. C’est ainsi qu’il fait
3456 ’est pour lui qu’une manière d’exposer sa méthode d’ observation sociologique. C’est ainsi qu’il fait dire à l’un de ses Pe
3457 sociologique. C’est ainsi qu’il fait dire à l’un de ses Persans comment il entend mener sa propre enquête sur les diversi
3458 es secrets du commerce, des intérêts des princes, de la forme de leur gouvernement ; je ne néglige pas même les superstiti
3459 u commerce, des intérêts des princes, de la forme de leur gouvernement ; je ne néglige pas même les superstitions européen
3460 nement ; je ne néglige pas même les superstitions européennes  ; je m’applique à la médecine, à la physique, à l’astronomie ; j’étud
3461 s des nuages qui couvraient mes yeux dans le pays de ma naissance. Citons, sans plus de système qu’on en trouve dans les
3462 stème qu’on en trouve dans les notes et opuscules de Montesquieu, quelques résultats de cette méthode. Sur l’interdépendan
3463 s et opuscules de Montesquieu, quelques résultats de cette méthode. Sur l’interdépendance de nos nations : Un prince croi
3464 résultats de cette méthode. Sur l’interdépendance de nos nations : Un prince croit qu’il sera plus grand par la ruine d’u
3465 n prince croit qu’il sera plus grand par la ruine d’ un état voisin. Au contraire. Les choses sont telles en Europe que tou
3466 t voisin. Au contraire. Les choses sont telles en Europe que tous les États dépendent les uns des autres. La France a besoin d
3467 dépendent les uns des autres. La France a besoin de l’opulence de la Pologne et de la Moscovie, comme la Guyenne a besoin
3468 uns des autres. La France a besoin de l’opulence de la Pologne et de la Moscovie, comme la Guyenne a besoin de la Bretagn
3469 La France a besoin de l’opulence de la Pologne et de la Moscovie, comme la Guyenne a besoin de la Bretagne et la Bretagne
3470 ogne et de la Moscovie, comme la Guyenne a besoin de la Bretagne et la Bretagne de l’Anjou. L’Europe est un état composé d
3471 esoin de la Bretagne et la Bretagne de l’Anjou. L’ Europe est un état composé de plusieurs provinces.124 Sur la puissance de
3472 Bretagne de l’Anjou. L’Europe est un état composé de plusieurs provinces.124 Sur la puissance de l’esprit et l’atout qu
3473 sé de plusieurs provinces.124 Sur la puissance de l’esprit et l’atout que sa culture représente pour l’Europe : On ne
3474 sprit et l’atout que sa culture représente pour l’ Europe  : On ne peut pas dire que les lettres ne soyent qu’un amusement d’un
3475 as dire que les lettres ne soyent qu’un amusement d’ une certaine partie des citoyens ; il faut les regarder sois une autre
3476 onde, nous verrons que, pour la même raison que l’ Europe domine sur les autres parties du Monde et est dans la prospérité, tan
3477 e gémit dans l’esclavage et la misère ; de même l’ Europe est plus éclairée, à proportion, que dans les autres parties, elles s
3478 se nuit. Que si nous voulons jeter les yeux sur l’ Europe , nous verrons que les États où les lettres sont les plus cultivées on
3479 les plus cultivées ont aussi, à proportion, plus de puissance.125 Sur la position de l’Europe dans le Monde : L’effet
3480 oportion, plus de puissance.125 Sur la position de l’Europe dans le Monde : L’effet de la découverte de l’Amérique fut
3481 ion, plus de puissance.125 Sur la position de l’ Europe dans le Monde : L’effet de la découverte de l’Amérique fut de lier à
3482 la position de l’Europe dans le Monde : L’effet de la découverte de l’Amérique fut de lier à l’Europe l’Asie et l’Afriqu
3483 ’Europe dans le Monde : L’effet de la découverte de l’Amérique fut de lier à l’Europe l’Asie et l’Afrique. L’Amérique fou
3484 nde : L’effet de la découverte de l’Amérique fut de lier à l’Europe l’Asie et l’Afrique. L’Amérique fournit à l’Europe la
3485 urope l’Asie et l’Afrique. L’Amérique fournit à l’ Europe la matière de son commerce avec cette vaste partie de l’Asie qu’on ap
3486 Afrique. L’Amérique fournit à l’Europe la matière de son commerce avec cette vaste partie de l’Asie qu’on appelle les Inde
3487 a matière de son commerce avec cette vaste partie de l’Asie qu’on appelle les Indes orientales. L’argent, ce métal si util
3488 signe, fut encore la base du plus grand commerce de l’univers, comme marchandise. Enfin, la navigation d’Afrique devint n
3489 ’univers, comme marchandise. Enfin, la navigation d’ Afrique devint nécessaire ; elle fournissait des hommes pour le travai
3490 es hommes pour le travail des mines et des terres de l’Amérique. L’Europe est parvenue à un si haut degré de puissance, qu
3491 travail des mines et des terres de l’Amérique. L’ Europe est parvenue à un si haut degré de puissance, que l’histoire n’a rien
3492 mérique. L’Europe est parvenue à un si haut degré de puissance, que l’histoire n’a rien à comparer là-dessus, si l’on cons
3493 dépenses, la grandeur des engagements, le nombre de troupes, et la continuité de leur entretien, même lorsqu’elles sont l
3494 gagements, le nombre de troupes, et la continuité de leur entretien, même lorsqu’elles sont le plus inutiles, et qu’on ne
3495 tion. Le P. Duhalde dit que le commerce intérieur de la Chine est plus grand que celui de toute l’Europe. Cela pourrait êt
3496 ce intérieur de la Chine est plus grand que celui de toute l’Europe. Cela pourrait être, si notre commerce extérieur n’aug
3497 r de la Chine est plus grand que celui de toute l’ Europe . Cela pourrait être, si notre commerce extérieur n’augmentait pas l’i
3498 ommerce extérieur n’augmentait pas l’intérieur. L’ Europe fait le commerce et la navigation des trois autres parties du monde,
3499 ande font à peu près la navigation et le commerce de l’Europe.126 Sur le parallèle Europe-Asie : L’Asie n’a point propr
3500 font à peu près la navigation et le commerce de l’ Europe .126 Sur le parallèle Europe-Asie : L’Asie n’a point proprement de
3501 allèle Europe-Asie : L’Asie n’a point proprement de zone tempérée ; et les lieux situés dans un climat très-froid y touch
3502 se, le Mogol, la Chine, la Corée et le Japon. En Europe , au contraire, la zone tempérée est très-étendue, quoiqu’elle soit si
3503 limats très-différents entre eux, n’y ayant point de rapport entre les climats d’Espagne et d’Italie, et ceux de Norwège e
3504 eux, n’y ayant point de rapport entre les climats d’ Espagne et d’Italie, et ceux de Norwège et de Suède. Mais, comme le cl
3505 t point de rapport entre les climats d’Espagne et d’ Italie, et ceux de Norwège et de Suède. Mais, comme le climat y devien
3506 entre les climats d’Espagne et d’Italie, et ceux de Norwège et de Suède. Mais, comme le climat y devient insensiblement f
3507 mats d’Espagne et d’Italie, et ceux de Norwège et de Suède. Mais, comme le climat y devient insensiblement froid en allant
3508 n allant du midi au nord, à peu près à proportion de la latitude de chaque pays, il y arrive que chaque pays est à peu prè
3509 i au nord, à peu près à proportion de la latitude de chaque pays, il y arrive que chaque pays est à peu près semblable à c
3510 de le dire, la zone tempérée y est très-étendue. De là suit qu’en Asie les nations sont opposées aux nations du fort au f
3511 que l’un soit conquis, et l’autre conquérant. En Europe , au contraire, les nations sont opposées du fort au fort ; celles qui
3512 peu près le même courage. C’est la grande raison de la faiblesse de l’Asie et de la force de l’Europe, de la liberté de l
3513 e courage. C’est la grande raison de la faiblesse de l’Asie et de la force de l’Europe, de la liberté de l’Europe et de la
3514 est la grande raison de la faiblesse de l’Asie et de la force de l’Europe, de la liberté de l’Europe et de la servitude de
3515 e raison de la faiblesse de l’Asie et de la force de l’Europe, de la liberté de l’Europe et de la servitude de l’Asie ; ca
3516 son de la faiblesse de l’Asie et de la force de l’ Europe , de la liberté de l’Europe et de la servitude de l’Asie ; cause que j
3517 a faiblesse de l’Asie et de la force de l’Europe, de la liberté de l’Europe et de la servitude de l’Asie ; cause que je ne
3518 l’Asie et de la force de l’Europe, de la liberté de l’Europe et de la servitude de l’Asie ; cause que je ne sache pas que
3519 ie et de la force de l’Europe, de la liberté de l’ Europe et de la servitude de l’Asie ; cause que je ne sache pas que l’on ait
3520 a force de l’Europe, de la liberté de l’Europe et de la servitude de l’Asie ; cause que je ne sache pas que l’on ait encor
3521 ope, de la liberté de l’Europe et de la servitude de l’Asie ; cause que je ne sache pas que l’on ait encore remarquée. C’e
3522 ive jamais que la liberté augmente ; au heu qu’en Europe elle augmente ou diminue, selon les circonstances.127 Les peuples du
3523 en est que le peuple tartare, conquérant naturel de l’Asie, est devenu esclave lui-même. … C’est ce qui a fait que le gén
3524 lave lui-même. … C’est ce qui a fait que le génie de la nation tartare ou gétique a toujours été semblable à celui des emp
3525 ique a toujours été semblable à celui des empires de l’Asie. Les peuples, dans ceux-ci, sont gouvernés par le bâton ; les
3526 s peuples tartares par les longs fouets. L’esprit de l’Europe a toujours été contraire à ces mœurs ; et, dans tous les tem
3527 ples tartares par les longs fouets. L’esprit de l’ Europe a toujours été contraire à ces mœurs ; et, dans tous les temps, ce qu
3528 urs ; et, dans tous les temps, ce que les peuples d’ Asie ont appelé punition, les peuples d’Europe l’ont appelé outrage. L
3529 s peuples d’Asie ont appelé punition, les peuples d’ Europe l’ont appelé outrage. Les Tartares, détruisant l’empire grec, é
3530 peuples d’Asie ont appelé punition, les peuples d’ Europe l’ont appelé outrage. Les Tartares, détruisant l’empire grec, établir
3531 n Atlantique, a tant loué la Scandinavie, a parlé de cette grande prérogative qui doit mettre les nations qui l’habitent a
3532 doit mettre les nations qui l’habitent au-dessus de tous les peuples du monde : c’est qu’elles ont été la source de la li
3533 uples du monde : c’est qu’elles ont été la source de la liberté de l’Europe, c’est-à-dire de presque toute celle qui est a
3534  : c’est qu’elles ont été la source de la liberté de l’Europe, c’est-à-dire de presque toute celle qui est aujourd’hui par
3535 est qu’elles ont été la source de la liberté de l’ Europe , c’est-à-dire de presque toute celle qui est aujourd’hui parmi les ho
3536 la source de la liberté de l’Europe, c’est-à-dire de presque toute celle qui est aujourd’hui parmi les hommes. Le Goth Jor
3537 mi les hommes. Le Goth Jornandès a appelé le nord de l’Europe la fabrique du genre humain : je l’appellerai plutôt la fabr
3538 s hommes. Le Goth Jornandès a appelé le nord de l’ Europe la fabrique du genre humain : je l’appellerai plutôt la fabrique des
3539 que se forment ces nations vaillantes qui sortent de leur pays pour détruire les tyrans et les esclaves, et apprendre aux
3540 que pour le bonheur128. En Asie on a toujours vu de grands empires ; en Europe, ils n’ont jamais pu subsister. C’est que
3541 En Asie on a toujours vu de grands empires ; en Europe , ils n’ont jamais pu subsister. C’est que l’Asie que nous connaissons
3542 ge que la nature du pays ne peut pas souffrir. En Europe , le partage naturel forme plusieurs États d’une étendue médiocre, dan
3543 Europe, le partage naturel forme plusieurs États d’ une étendue médiocre, dans lesquels le gouvernement des lois n’est pas
3544 des lois n’est pas incompatible avec le maintien de l’État : au contraire, il y est si favorable, que sans elles cet État
3545 à tous les autres. C’est ce qui a formé un génie de liberté qui rend chaque partie très-difficile à être subjuguée et sou
3546 trangère, autrement que par les lois et l’utilité de son commerce. Au contraire, il règne en Asie un esprit de servitude q
3547 ommerce. Au contraire, il règne en Asie un esprit de servitude qui ne l’a jamais quitté ; et, dans toutes les histoires de
3548 l’a jamais quitté ; et, dans toutes les histoires de ce pays, il n’est pas possible de trouver un seul trait qui marque un
3549 s les histoires de ce pays, il n’est pas possible de trouver un seul trait qui marque une âme libre : on y verra jamais qu
3550 une âme libre : on y verra jamais que l’héroïsme de la servitude129. Enfin ce texte célèbre entre tous : Si je savais q
3551 fût préjudiciable à ma famille, je la rejetterais de mon esprit. Si je savais quelque chose qui serait utile à ma famille
3552 se utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l’ Europe et au genre humain, je la regarderais comme un crime.130 Voltair
3553 ns l’utopie, ni dans celle du passé ni dans celle de l’avenir. « Il faut examiner l’état où l’on est, et non l’état où l’o
3554 le second, il publie en 1769 un opuscule intitulé De la Paix perpétuelle, par le Dr Goodheart, où l’on peut lire : La seu
3555 servi ! — voici ce qu’il fait dire au personnage d’ un de ses Dialogues qu’il désigne par A. et qui semble être anglais (C
3556 i ! — voici ce qu’il fait dire au personnage d’un de ses Dialogues qu’il désigne par A. et qui semble être anglais (C. éta
3557 ue les Athéniens et les Romains ; que vos combats de coqs ou de gladiateurs, dans une enceinte de planches pourries, l’emp
3558 niens et les Romains ; que vos combats de coqs ou de gladiateurs, dans une enceinte de planches pourries, l’emportent sur
3559 bats de coqs ou de gladiateurs, dans une enceinte de planches pourries, l’emportent sur le Colisée ? Les savetiers et les
3560 dans vos tragédies sont-ils supérieurs aux héros de Sophocle ? Vos orateurs font-ils oublier Cicéron et Démosthène ? Et e
3561 le ne valait alors, et il en est de même du reste de l’Europe. B. — Ah ! exceptez-en, je vous prie, la Grèce, qui obéit au
3562 valait alors, et il en est de même du reste de l’ Europe . B. — Ah ! exceptez-en, je vous prie, la Grèce, qui obéit au Grand Tu
3563 qui obéit au Grand Turc, et la malheureuse partie de l’Italie qui obéit au pape. A. — Je les excepte aussi ; mais songez q
3564 epte aussi ; mais songez que Paris, qui n’est que d’ un dixième moins grand que Londres, n’était alors qu’une petite cité b
3565 terdam n’était qu’un marais. Madrid un désert, et de la rive droite du Rhin jusqu’au golfe de Bothnie tout était sauvage ;
3566 lfe de Bothnie tout était sauvage ; les habitants de ces climats vivaient, comme les Tartares ont toujours vécu, dans l’ig
3567 de, en Pologne, en Russie, et que les découvertes de notre grand Newton soient devenues le catéchisme de la noblesse de Mo
3568 notre grand Newton soient devenues le catéchisme de la noblesse de Moscou et de Pétersbourg ? C. — Vous m’avouerez qu’il
3569 wton soient devenues le catéchisme de la noblesse de Moscou et de Pétersbourg ? C. — Vous m’avouerez qu’il n’en est pas de
3570 evenues le catéchisme de la noblesse de Moscou et de Pétersbourg ? C. — Vous m’avouerez qu’il n’en est pas de même sur les
3571 rouva à moitié nus ? A. — Je le crois fermement ; de bonnes maisons, de bons vêtements, de la bonne chère, avec de bonnes
3572 ? A. — Je le crois fermement ; de bonnes maisons, de bons vêtements, de la bonne chère, avec de bonnes lois et de la liber
3573 fermement ; de bonnes maisons, de bons vêtements, de la bonne chère, avec de bonnes lois et de la liberté, valent mieux qu
3574 isons, de bons vêtements, de la bonne chère, avec de bonnes lois et de la liberté, valent mieux que la disette, l’anarchie
3575 ements, de la bonne chère, avec de bonnes lois et de la liberté, valent mieux que la disette, l’anarchie et l’esclavage. C
3576 anarchie et l’esclavage. Ceux qui sont mécontents de Londres n’ont qu’à s’en aller aux Orcades : ils y vivront comme nous
3577 s y vivront comme nous vivions à Londres du temps de César ; ils mangeront du pain d’avoine, et s’égorgeront à coups de co
3578 Londres du temps de César ; ils mangeront du pain d’ avoine, et s’égorgeront à coups de couteau pour un poisson séché au so
3579 ngeront du pain d’avoine, et s’égorgeront à coups de couteau pour un poisson séché au soleil et pour une cabane de paille.
3580 our un poisson séché au soleil et pour une cabane de paille. La vie sauvage a ses charmes ; ceux qui la prêchent n’ont qu’
3581 urelle. La pure nature n’a jamais connu ni débats de parlement, ni prérogatives de la couronne, ni compagnie des Indes, ni
3582 ais connu ni débats de parlement, ni prérogatives de la couronne, ni compagnie des Indes, ni impôts de trois schellings pa
3583 de la couronne, ni compagnie des Indes, ni impôts de trois schellings par livre sur son champ et sur son pré, et d’un sche
3584 llings par livre sur son champ et sur son pré, et d’ un schelling par fenêtre. Vous pourriez bien avoir corrompu la nature 
3585 ous m’étonnez ; quoi ! c’est suivre la nature que de sacrer un archevêque de Cantorbéry ? d’appeler un Allemand transplant
3586 ’est suivre la nature que de sacrer un archevêque de Cantorbéry ? d’appeler un Allemand transplanté chez vous « Votre Maje
3587 ature que de sacrer un archevêque de Cantorbéry ? d’ appeler un Allemand transplanté chez vous « Votre Majesté » ? de ne po
3588 llemand transplanté chez vous « Votre Majesté » ? de ne pouvoir épouser qu’une seule femme, et de payer plus du quart de v
3589  » ? de ne pouvoir épouser qu’une seule femme, et de payer plus du quart de votre revenu tous les ans ? sans compter bien
3590 ser qu’une seule femme, et de payer plus du quart de votre revenu tous les ans ? sans compter bien d’autres transgressions
3591 ue l’instinct et le jugement, ces deux fils aînés de la nature, nous enseignent à chercher en tout notre bien-être, et à p
3592 ieux cardinaux se rencontraient à jeun et mourant de faim sous un prunier, ils s’aideraient tous deux machinalement à mont
3593 r cueillir des prunes, et que deux petits coquins de la Forêt-Noire ou des Chicachas en feraient autant ? B. — Eh bien ! q
3594 il faut s’entraider. Ceux qui fourniront le plus de secours à la société seront donc ceux qui suivront la nature de plus
3595 ux qui inventeront les arts (qui est un grand don de Dieu), ceux qui proposeront des lois (ce qui est infiniment plus aisé
3596 é en effet observée. Donc, lorsque nous convenons de payer trois schellings en commun par livre sterling, pour jouir plus
3597 dix-sept autres schellings ; quand nous convenons de choisir un Allemand pour être, sous le nom de roi, le conservateur de
3598 ons de choisir un Allemand pour être, sous le nom de roi, le conservateur de notre liberté, l’arbitre entre les lords et l
3599 nd pour être, sous le nom de roi, le conservateur de notre liberté, l’arbitre entre les lords et les communes, le chef de
3600 ’arbitre entre les lords et les communes, le chef de la république ; quand nous n’épousons qu’une seule femme par économie
3601 s (parce que nous sommes riches) qu’un archevêque de Cantorbéry ait douze mille pièces de revenu pour soulager les pauvres
3602 n archevêque de Cantorbéry ait douze mille pièces de revenu pour soulager les pauvres, pour prêcher la vertu s’il sait prê
3603 dans le clergé, etc., etc., nous faisons plus que de perfectionner la loi naturelle, nous allons au-delà du but ; mais le
3604 du but ; mais le sauvage isolé et brut (s’il y a de tels animaux sur la terre, ce dont je doute fort), que fait-il du mat
3605 je doute fort), que fait-il du matin au soir, que de pervertir la loi naturelle en étant inutile à lui-même et à tous les
3606 ct : les hommes insociables corrompent l’instinct de la nature humaine. C. — Ainsi l’homme, déguisé sous la laine des mou
3607 et allant chercher la vérole à deux-mille lieues de chez lui, c’est là l’homme naturel, et le Brésilien tout nu est l’hom
3608 n animal qui n’a pas encore atteint le complément de son espèce. C’est un oiseau qui n’a ses plumes que fort tard, une che
3609 es Locke, et alors il aura rempli toute l’étendue de la carrière humaine, supposé que les organes du Brésilien soient asse
3610 nes. Mais que m’importent après tout le caractère d’ un Brésilien et les sentiments d’un Topinambou ? Je ne suis ni l’un ni
3611 out le caractère d’un Brésilien et les sentiments d’ un Topinambou ? Je ne suis ni l’un ni l’autre, je veux être heureux ch
3612 c à mi-chemin entre les détracteurs systématiques de l’Europe et ceux qui veulent en faire un paradis par leur Système ; c
3613 i-chemin entre les détracteurs systématiques de l’ Europe et ceux qui veulent en faire un paradis par leur Système ; comme il s
3614 comme il se tient à mi-chemin entre le pessimisme de Hobbes et l’optimisme de Leibniz, ou encore entre les tyrans éclairés
3615 emin entre le pessimisme de Hobbes et l’optimisme de Leibniz, ou encore entre les tyrans éclairés et le pacifisme intégral
3616 éclairés et le pacifisme intégral. Considérant l’ Europe dans l’état où elle est, pleine d’abus et d’intolérance mais aussi de
3617 sidérant l’Europe dans l’état où elle est, pleine d’ abus et d’intolérance mais aussi de « lumières » nouvelles et de grand
3618 ’Europe dans l’état où elle est, pleine d’abus et d’ intolérance mais aussi de « lumières » nouvelles et de grands génies t
3619 le est, pleine d’abus et d’intolérance mais aussi de « lumières » nouvelles et de grands génies tels que Newton, il écrit
3620 tolérance mais aussi de « lumières » nouvelles et de grands génies tels que Newton, il écrit en 1767 : Je vois avec plais
3621 767 : Je vois avec plaisir qu’il se forme dans l’ Europe une république immense d’esprits cultivés. C’est donc l’Europe de la
3622 ’il se forme dans l’Europe une république immense d’ esprits cultivés. C’est donc l’Europe de la culture — comme nous diri
3623 ublique immense d’esprits cultivés. C’est donc l’ Europe de la culture — comme nous dirions aujourd’hui — la société des espri
3624 immense d’esprits cultivés. C’est donc l’Europe de la culture — comme nous dirions aujourd’hui — la société des esprits
3625 il faut se contenter du peu de civilisation que l’ Europe christianisée a pu introduire dans la jungle des nations. Il écrivait
3626 écrivait en 1752, dans son introduction au Siècle de Louis XIV : L’Europe surpasse en toutes choses les autres parties du
3627 dans son introduction au Siècle de Louis XIV : L’ Europe surpasse en toutes choses les autres parties du monde… (on peut) rega
3628 les autres parties du monde… (on peut) regarder l’ Europe chrétienne (à la Russie près) comme une espèce de grande république p
3629 pe chrétienne (à la Russie près) comme une espèce de grande république partagée en plusieurs États, les uns monarchiques,
3630 les uns avec les autres, tous ayant un même fond de religion, quoique divisés en plusieurs sectes ; tous ayant les mêmes
3631 plusieurs sectes ; tous ayant les mêmes principes de droit public et de politique, inconnus dans les autres parties du mon
3632 tous ayant les mêmes principes de droit public et de politique, inconnus dans les autres parties du monde. C’est par ces p
3633 du monde. C’est par ces principes que les nations européennes ne font point esclaves leurs prisonniers, qu’elles respectent les amb
3634 prisonniers, qu’elles respectent les ambassadeurs de leurs ennemis, qu’elles conviennent ensemble de la prééminence et de
3635 s de leurs ennemis, qu’elles conviennent ensemble de la prééminence et de quelques droits de certains princes, comme de l’
3636 u’elles conviennent ensemble de la prééminence et de quelques droits de certains princes, comme de l’empereur, des rois et
3637 ensemble de la prééminence et de quelques droits de certains princes, comme de l’empereur, des rois et des autres moindre
3638 et de quelques droits de certains princes, comme de l’empereur, des rois et des autres moindres potents et qu’elles s’acc
3639 elles s’accordent surtout, dans la sage politique de tenir entr’elles, autant qu’elles peuvent, une balance égale de pouvo
3640 elles, autant qu’elles peuvent, une balance égale de pouvoir, employant sans cesse les négociations, même au milieu de la
3641 qui peuvent avertir toutes les cours des desseins d’ une seule, donner à la fois l’allarme à l’Europe et garantir les plus
3642 seins d’une seule, donner à la fois l’allarme à l’ Europe et garantir les plus faibles des invasions que le plus fort est toujo
3643 des invasions que le plus fort est toujours prêt d’ entreprendre. Rousseau (1712-1778) « Rousseau n’a rien inventé,
3644 tout enflammé », disait Mme de Staël, et c’est un de ces jugements qui caractérisent leur auteur mieux que leur objet. Car
3645 ir » ; et peut-être l’a-t-il été. Il se proposait d’ en exposer le système dans une suite au Contrat social qui a été perdu
3646 ais il s’est exprimé longuement sur les avantages de l’union européenne dans Extrait, et sur le principe fédératif lui-mêm
3647 t exprimé longuement sur les avantages de l’union européenne dans Extrait, et sur le principe fédératif lui-même dans un ouvrage m
3648 nnu, mais beaucoup plus original, le Gouvernement de Pologne. Une dame Dupin avait confié à Jean-Jacques l’éducation de so
3649 ame Dupin avait confié à Jean-Jacques l’éducation de son fils. Elle pria le précepteur de rédiger un « condensé » (procédé
3650 l’éducation de son fils. Elle pria le précepteur de rédiger un « condensé » (procédé littéraire cher à l’époque) du Proje
3651  » (procédé littéraire cher à l’époque) du Projet de l’abbé de Saint-Pierre. Rousseau l’écrivit le garda longtemps dans se
3652 1, à Amsterdam, sous le titre : Extrait du Projet de paix perpétuelle de M. l’abbé de Saint-Pierre, par J. J. Rousseau, ci
3653 le titre : Extrait du Projet de paix perpétuelle de M. l’abbé de Saint-Pierre, par J. J. Rousseau, citoyen de Genève. Au
3654 xtrait du Projet de paix perpétuelle de M. l’abbé de Saint-Pierre, par J. J. Rousseau, citoyen de Genève. Au début, l’élog
3655 abbé de Saint-Pierre, par J. J. Rousseau, citoyen de Genève. Au début, l’éloge est fervent, bien que Rousseau n’entende pa
3656 i plus utile, n’occupa l’esprit humain, que celui d’ une paix perpétuelle et universelle entre tous les peuples d’Europe, j
3657 perpétuelle et universelle entre tous les peuples d’ Europe, jamais auteur ne mérita mieux l’attention du public que celui
3658 rpétuelle et universelle entre tous les peuples d’ Europe , jamais auteur ne mérita mieux l’attention du public que celui qui pr
3659 sentiment dont j’étais plein. Tâchons maintenant de raisonner de sang-froid. Quel est l’état réel de l’Europe ? On n’y
3660 nt j’étais plein. Tâchons maintenant de raisonner de sang-froid. Quel est l’état réel de l’Europe ? On n’y a su prévenir
3661 e raisonner de sang-froid. Quel est l’état réel de l’Europe ? On n’y a su prévenir les guerres particulières que pour en
3662 sonner de sang-froid. Quel est l’état réel de l’ Europe  ? On n’y a su prévenir les guerres particulières que pour en allumer
3663 nir les guerres particulières que pour en allumer de générales, on ne s’unit à quelques-uns que contre tous les autres :
3664 contre tous les autres : S’il y a quelque moyen de lever ces dangereuses contradictions, ce ne peut être que par une for
3665 contradictions, ce ne peut être que par une forme de gouvernement confédérative, qui, unissant les peuples par des liens s
3666 s, les Gaules leurs cités et les derniers soupirs de la Grèce devinrent encore illustres dans la ligne achéenne. Mais null
3667 ore illustres dans la ligne achéenne. Mais nulles de ces confédérations n’approchèrent, pour la sagesse, de celle du corps
3668 s confédérations n’approchèrent, pour la sagesse, de celle du corps germanique, de la ligue helvétique, et des états génér
3669 t, pour la sagesse, de celle du corps germanique, de la ligue helvétique, et des états généraux. Outre ces confédérations
3670 réelles, par l’union des intérêts, par le rapport de nos maximes, par la conformité des coutumes, ou par d’autres circonst
3671 es divisés. C’est ainsi que toutes les puissances de l’Europe forment entre elles une sorte de système qui les unit par un
3672 visés. C’est ainsi que toutes les puissances de l’ Europe forment entre elles une sorte de système qui les unit par une même re
3673 ssances de l’Europe forment entre elles une sorte de système qui les unit par une même religion, par un même droit des gen
3674 , par les lettres, par le commerce, par une sorte d’ équilibre qui est l’effet nécessaire de tout cela, et qui, sans que pe
3675 une sorte d’équilibre qui est l’effet nécessaire de tout cela, et qui, sans que personne songe en effet à le conserver, n
3676 oujours existé : c’est à l’Empire puis à l’Église de Rome que nous devons une sorte de « société étroite entre les nations
3677 puis à l’Église de Rome que nous devons une sorte de « société étroite entre les nations de l’Europe ». Mais il y a plus :
3678 une sorte de « société étroite entre les nations de l’Europe ». Mais il y a plus : Joignez à cela la situation particuli
3679 sorte de « société étroite entre les nations de l’ Europe  ». Mais il y a plus : Joignez à cela la situation particulière de l’
3680 plus : Joignez à cela la situation particulière de l’Europe, plus également peuplée, plus également fertile, mieux réuni
3681  : Joignez à cela la situation particulière de l’ Europe , plus également peuplée, plus également fertile, mieux réunie en tout
3682 verains ; la multitude des rivières et la variété de leur cours, qui rend toutes les communications faciles ; l’humeur inc
3683 fréquemment les uns chez les autres ; l’invention de l’imprimerie et le goût général des lettres, qui a mis entre eux une
3684 l des lettres, qui a mis entre eux une communauté d’ études et de connaissances ; enfin la multitude et la petitesse des ét
3685 s, qui a mis entre eux une communauté d’études et de connaissances ; enfin la multitude et la petitesse des états, qui, jo
3686 es aux autres. Toutes ces causes réunies, forment de l’Europe, non seulement, comme l’Asie ou l’Afrique, une idéale collec
3687 x autres. Toutes ces causes réunies, forment de l’ Europe , non seulement, comme l’Asie ou l’Afrique, une idéale collection de p
3688 comme l’Asie ou l’Afrique, une idéale collection de peuples qui n’ont de commun qu’un nom, mais une société réelle qui a
3689 rique, une idéale collection de peuples qui n’ont de commun qu’un nom, mais une société réelle qui a sa religion, ses mœur
3690 os beaux discours et nos procédés horribles, tant d’ humanité dans les maximes et de cruauté dans les actions, une religion
3691 és horribles, tant d’humanité dans les maximes et de cruauté dans les actions, une religion si douce et une si sanguinaire
3692 iétés ; et cette fraternité prétendue des peuples de l’Europe ne semble être qu’un nom de dérision pour exprimer avec iron
3693  ; et cette fraternité prétendue des peuples de l’ Europe ne semble être qu’un nom de dérision pour exprimer avec ironie leur m
3694 des peuples de l’Europe ne semble être qu’un nom de dérision pour exprimer avec ironie leur mutuelle animosité. Cependant
3695 qui vient à changer. L’antique union des peuples de l’Europe a compliqué leurs intérêts et leurs droits de mille manières
3696 vient à changer. L’antique union des peuples de l’ Europe a compliqué leurs intérêts et leurs droits de mille manières ; ils se
3697 Europe a compliqué leurs intérêts et leurs droits de mille manières ; ils se touchent par tant de points, que le moindre m
3698 que le moindre mouvement des uns ne peut manquer de choquer les autres ; leurs divisions sont d’autant plus funestes, que
3699 quer de choquer les autres ; leurs divisions sont d’ autant plus funestes, que leurs liaisons sont plus intimes, et leurs f
3700 la cruauté des guerres civiles. Voyons maintenant de quelle manière ce grand ouvrage, commencé par la fortune, peut être a
3701 ciété libre et volontaire qui unit tous les états européens , prenant la force et la solidité d’un vrai corps politique, peut se c
3702 états européens, prenant la force et la solidité d’ un vrai corps politique, peut se changer en une confédération réelle.
3703 se forme de temps en temps parmi nous des espèces de diètes générales sous le nom de congrès, où l’on se rend solennelleme
3704 nous des espèces de diètes générales sous le nom de congrès, où l’on se rend solennellement de tous les états de l’Europe
3705 le nom de congrès, où l’on se rend solennellement de tous les états de l’Europe pour s’en retourner de même ; où l’on s’as
3706 où l’on se rend solennellement de tous les états de l’Europe pour s’en retourner de même ; où l’on s’assemble pour ne rie
3707 ’on se rend solennellement de tous les états de l’ Europe pour s’en retourner de même ; où l’on s’assemble pour ne rien dire ;
3708 a ronde ou carrée, si la salle aura plus ou moins de portes, si un tel plénipotentiaire aura le visage ou le dos tourné ve
3709 né vers la fenêtre, si tel autre fera deux pouces de chemin de plus ou de moins dans une visite, et sur mille questions de
3710 i tel autre fera deux pouces de chemin de plus ou de moins dans une visite, et sur mille questions de pareille importance,
3711 de moins dans une visite, et sur mille questions de pareille importance, inutilement agitée depuis trois siècles, et très
3712 e depuis trois siècles, et très dignes assurément d’ occuper les politiques du nôtre. Il se peut faire que les membres d’un
3713 tiques du nôtre. Il se peut faire que les membres d’ une de ces assemblées soient une fois doués du sens commun ; il n’est
3714 du nôtre. Il se peut faire que les membres d’une de ces assemblées soient une fois doués du sens commun ; il n’est pas mê
3715 oir aplani bien des difficultés, ils auront ordre de leurs souverains respectifs de signer la confédération générale que j
3716 , ils auront ordre de leurs souverains respectifs de signer la confédération générale que je suppose sommairement contenue
3717 icles suivants. Suit un long résumé des 23 tomes de l’abbé, suivi de cette conclusion justement célèbre : L’établissemen
3718 Suit un long résumé des 23 tomes de l’abbé, suivi de cette conclusion justement célèbre : L’établissement de la paix perp
3719 e conclusion justement célèbre : L’établissement de la paix perpétuelle dépend uniquement du consentement des souverains,
3720 entement des souverains, et n’offre point à lever d’ autre difficulté que leur résistance. Sans doute ce n’est pas à dire q
3721 ouverains adopteront ce projet (qui peut répondre de la raison d’autrui ?) mais seulement qu’ils l’adopteraient s’ils cons
3722 pteront ce projet (qui peut répondre de la raison d’ autrui ?) mais seulement qu’ils l’adopteraient s’ils consultaient leur
3723 t. La seule chose qu’on leur suppose, c’est assez de raison pour voir ce qui leur est utile, et assez de courage pour fair
3724 raison pour voir ce qui leur est utile, et assez de courage pour faire leur propre bonheur. Si, malgré tout cela, ce proj
3725 les hommes sont insensés, et que c’est une sorte de folie d’être sage au milieu des fous. Dans un Jugement sur la Paix p
3726 es sont insensés, et que c’est une sorte de folie d’ être sage au milieu des fous. Dans un Jugement sur la Paix perpétuell
3727 bé, c’est aux princes souverains qu’il appartient de convoquer le Congrès européen. Pour Rousseau, c’est aux peuples eux-m
3728 uverains qu’il appartient de convoquer le Congrès européen . Pour Rousseau, c’est aux peuples eux-mêmes à créer leur fédération.
3729 à créer leur fédération. Car : … peut-on espérer de soumettre à un tribunal supérieur des hommes qui s’osent vanter de ne
3730 tribunal supérieur des hommes qui s’osent vanter de ne tenir leur pouvoir que de leur épée, et qui ne font mention de Die
3731 s qui s’osent vanter de ne tenir leur pouvoir que de leur épée, et qui ne font mention de Dieu même que parce qu’il est au
3732 pouvoir que de leur épée, et qui ne font mention de Dieu même que parce qu’il est au ciel ? Les souverains se soumettront
3733 ur des lois n’a jamais pu forcer les particuliers d’ admettre dans les leurs ? Un simple gentilhomme offensé dédaigne de po
3734 es leurs ? Un simple gentilhomme offensé dédaigne de porter ses plaintes au tribunal des maréchaux de France, et vous voul
3735 de porter ses plaintes au tribunal des maréchaux de France, et vous voulez qu’un roi porte les siennes à la diète europée
3736 ous voulez qu’un roi porte les siennes à la diète européenne  ? Sans cesse abusés par l’apparence des choses, les princes rejettera
3737 jours à ceux du prince ? Les ministres ont besoin de la guerre pour se rendre nécessaires… Et le public ne laisse pas de d
3738 se rendre nécessaires… Et le public ne laisse pas de demander pourquoi, si ce projet est possible, ils ne l’ont pas adopté
3739 ’ont pas adopté ? Il ne voit pas qu’il n’y a rien d’ impossible dans ce projet, sinon qu’il soit adopté par eux. Que feront
3740 n ridicule. Près de vingt ans après la rédaction de l’Extrait, en 1771, Rousseau est approché par les Confédérés polonais
3741 st approché par les Confédérés polonais, au cours d’ une suspension de leur guerre contre les Russes. À la veille du partag
3742 es Confédérés polonais, au cours d’une suspension de leur guerre contre les Russes. À la veille du partage tragique, ces p
3743 patriotes demandent à l’auteur du Contrat social d’ élaborer le plan d’une constitution moins bizarre et anarchique que ce
3744 t à l’auteur du Contrat social d’élaborer le plan d’ une constitution moins bizarre et anarchique que celle qui a causé la
3745 arre et anarchique que celle qui a causé la ruine de leur pays. Rousseau accepte ce travail considérable, tout en se plaig
3746 pte ce travail considérable, tout en se plaignant de son état « qui lui laisse à peine la faculté de lier ses idées ». Il
3747 t de son état « qui lui laisse à peine la faculté de lier ses idées ». Il terminera l’ouvrage en 1773, l’année même du Tra
3748 et l’intitulera Considération sur le gouvernement de Pologne et sur sa réformation projetée en 1772. Son premier souci, qu
3749 Son premier souci, qui dominera tout l’essai, est de détourner les Polonais d’imiter « l’Europe », c’est-à-dire les puissa
3750 inera tout l’essai, est de détourner les Polonais d’ imiter « l’Europe », c’est-à-dire les puissances de l’Ouest qui « s’ab
3751 essai, est de détourner les Polonais d’imiter « l’ Europe  », c’est-à-dire les puissances de l’Ouest qui « s’abâtardissent journ
3752 ’imiter « l’Europe », c’est-à-dire les puissances de l’Ouest qui « s’abâtardissent journellement par la pente générale de
3753 abâtardissent journellement par la pente générale de prendre les goûts et les mœurs des Français ». Au cosmopolitisme à la
3754 la suite. La Pologne est un grand état environné d’ États encore plus considérables, qui, par leur despotisme, et par leur
3755 s dans l’état présent des choses qu’un seul moyen de lui donner cette consistance qui lui manque ; c’est d’infuser pour ai
3756 i donner cette consistance qui lui manque ; c’est d’ infuser pour ainsi dire dans toute la nation l’âme des confédérés : c’
3757 dans toute la nation l’âme des confédérés : c’est d’ établir tellement la république dans le cœur des Polonais, qu’elle y s
3758 onais, qu’elle y subsiste malgré tous les efforts de ses oppresseurs. C’est là, ce me semble, l’unique asile où la force n
3759 e ne peut ni l’atteindre ni la détruire. On vient d’ en voir une preuve à jamais mémorable. La Pologne était dans les fers
3760 ent vous pouvez braver la puissance et l’ambition de vos voisins. Vous ne sauriez empêcher qu’ils ne vous engloutissent ;
3761 nt le génie, le caractère, les goûts et les mœurs d’ un peuple, qui le font être lui et non pas un autre… Il n’y a plus auj
3762 ui et non pas un autre… Il n’y a plus aujourd’hui de Français, d’Allemands, d’Espagnols, d’Anglais même, quoi qu’on en dis
3763 un autre… Il n’y a plus aujourd’hui de Français, d’ Allemands, d’Espagnols, d’Anglais même, quoi qu’on en dise ; il n’y a
3764 n’y a plus aujourd’hui de Français, d’Allemands, d’ Espagnols, d’Anglais même, quoi qu’on en dise ; il n’y a que des Europ
3765 ujourd’hui de Français, d’Allemands, d’Espagnols, d’ Anglais même, quoi qu’on en dise ; il n’y a que des Européens. Tous on
3766 glais même, quoi qu’on en dise ; il n’y a que des Européens . Tous ont les mêmes goûts, les mêmes passions, les mêmes mœurs, parce
3767 assions, les mêmes mœurs, parce qu’aucun n’a reçu de forme nationale par une institution particulière… Que leur importe à
3768 re… Que leur importe à quel maître ils obéissent, de quel état ils suivent les lois, pourvu qu’ils trouvent de l’argent à
3769 état ils suivent les lois, pourvu qu’ils trouvent de l’argent à voler, et des femmes à corrompre, ils sont partout dans le
3770 uent leur âme à n’aimer que leur patrie ! L’éloge de cette « éducation nationale » ne se lit pas aujourd’hui sans quelque
3771 qu’elle. Tout vrai républicain suça avec le lait de sa mère l’amour qui fait toute son existence : il ne voit que la patr
3772 qu’il est seul, il est nul ; sitôt qu’il n’a plus de patrie, il n’est plus : et s’il n’est pas mort, il est pis. L’éducati
3773 Je veux qu’en apprenant à lire il lise des choses de son pays ; qu’à dix ans il en connaisse toutes les productions, à dou
3774 a loi doit régler la matière, l’ordre et la forme de leurs études… Tous, étant égaux par la constitution de l’état, doiven
3775 urs études… Tous, étant égaux par la constitution de l’état, doivent être élevés ensemble et de la même manière ; et si l’
3776 tution de l’état, doivent être élevés ensemble et de la même manière ; et si l’on ne peut établir une éducation publique t
3777 mettre à un prix que les pauvres puissent payer… De telles pages ne feraient-elles pas de Rousseau le véritable précurseu
3778 ent payer… De telles pages ne feraient-elles pas de Rousseau le véritable précurseur des régimes totalitaires du xxe siè
3779 ternes qu’une gradation nécessaire force les rois de leur donner… La première réforme dont vous auriez besoin serait celle
3780 ière réforme dont vous auriez besoin serait celle de votre étendue… Commencez par resserrer vos limites, si vous voulez ré
3781 rées ; mais ce serait un grand bien pour le corps de la nation… Je voudrais, s’il était possible, que vous eussiez autant
3782 ais, s’il était possible, que vous eussiez autant d’ États que de palatinats133. Formez dans chacun autant d’administration
3783 ait possible, que vous eussiez autant d’États que de palatinats133. Formez dans chacun autant d’administrations particuliè
3784 s que de palatinats133. Formez dans chacun autant d’ administrations particulières. Perfectionnez la forme des diétines, ét
3785 tes que rien ne puisse rompre entre elles le lien de la commune législation, et de la subordination au corps de la républi
3786 entre elles le lien de la commune législation, et de la subordination au corps de la république. En un mot, appliquez-vous
3787 mune législation, et de la subordination au corps de la république. En un mot, appliquez-vous à étendre et perfectionner l
3788 puisse vous convenir. En cette partie centrale de son mémoire, Rousseau rappelle expressément les moyens qu’il préconis
3789 s qu’une nation ne peut être légitimement sujette d’ une autre, parce que l’essence du corps politique est dans l’accord de
3790 ue l’essence du corps politique est dans l’accord de l’obéissance et de la liberté, et que ces mots de sujet et de souvera
3791 ps politique est dans l’accord de l’obéissance et de la liberté, et que ces mots de sujet et de souverain sont des corréla
3792 de l’obéissance et de la liberté, et que ces mots de sujet et de souverain sont des corrélations identiques dont l’idée se
3793 nce et de la liberté, et que ces mots de sujet et de souverain sont des corrélations identiques dont l’idée se réunit sous
3794 identiques dont l’idée se réunit sous le seul mot de citoyen… Mais comment donner aux petits états assez de force pour rés
3795 toyen… Mais comment donner aux petits états assez de force pour résister aux grands ? Comme jadis les villes grecques rési
3796 la Hollande et la Suisse ont résisté à la maison d’ Autriche. Que si les Polonais préfèrent à ce fédéralisme intégral la
3797 e fois), alors, qu’ils suivent l’exemple du reste de l’Europe, qu’ils développent les sciences, les arts, le commerce, les
3798 s), alors, qu’ils suivent l’exemple du reste de l’ Europe , qu’ils développent les sciences, les arts, le commerce, les finances
3799 ent tout cela au nom de la puissance nationale : De cette manière, vous formerez un peuple ingrat, avide, servile et frip
3800 ujours sans aucun milieu à l’un des deux extrêmes de la misère ou de l’opulence, de la licence ou de l’esclavage : mais on
3801 n milieu à l’un des deux extrêmes de la misère ou de l’opulence, de la licence ou de l’esclavage : mais on vous comptera p
3802 des deux extrêmes de la misère ou de l’opulence, de la licence ou de l’esclavage : mais on vous comptera parmi les grande
3803 s de la misère ou de l’opulence, de la licence ou de l’esclavage : mais on vous comptera parmi les grandes puissances de l
3804 ais on vous comptera parmi les grandes puissances de l’Europe, vous entrerez dans les systèmes politiques ; dans toutes le
3805 n vous comptera parmi les grandes puissances de l’ Europe , vous entrerez dans les systèmes politiques ; dans toutes les négocia
3806 a par des traités : il n’y aura pas une guerre en Europe où vous n’ayez l’honneur d’être fourrés : si le bonheur vous en veut,
3807 pas une guerre en Europe où vous n’ayez l’honneur d’ être fourrés : si le bonheur vous en veut, vous pourrez rentrer dans v
3808 vos anciennes possessions, peut-être en conquérir de nouvelles, et puis dire comme Pyrrhus ou comme les Russes, c’est-à-di
3809 ra à moi, je mangerai bien du sucre. » Gloire de l’Europe L’Europe de Montesquieu, de Voltaire et de Rousseau peut
3810 moi, je mangerai bien du sucre. » Gloire de l’ Europe L’Europe de Montesquieu, de Voltaire et de Rousseau peut se mettre
3811 Gloire de l’Europe L’Europe de Montesquieu, de Voltaire et de Rousseau peut se mettre en question, se comparer, et l
3812 Europe L’Europe de Montesquieu, de Voltaire et de Rousseau peut se mettre en question, se comparer, et le fait pour la
3813 e des idées ; mais elle ne doute pas sérieusement d’ elle-même. C’est une Europe française, et la France au sommet de son h
3814 ne doute pas sérieusement d’elle-même. C’est une Europe française, et la France au sommet de son hégémonie intellectuelle ne
3815 ’est une Europe française, et la France au sommet de son hégémonie intellectuelle ne saurait concevoir aucune comparaison
3816 son avantage, même si elle tourne à la confusion d’ un parti détesté, qui ne la représente pas. (C’est Rousseau pour Volta
3817 re pour Rousseau ; mais la vraie France, la vraie Europe par conséquent, ne peut pâtir de la défaite de ceux qui ont tort cont
3818 ce, la vraie Europe par conséquent, ne peut pâtir de la défaite de ceux qui ont tort contre son vrai génie !) Les trois te
3819 urope par conséquent, ne peut pâtir de la défaite de ceux qui ont tort contre son vrai génie !) Les trois textes qui suive
3820 trois textes qui suivent donneront une juste idée de la confiance orgueilleuse que met en ses destins l’Europe française.
3821 a confiance orgueilleuse que met en ses destins l’ Europe française. Tous les trois proclament la supériorité essentielle et co
3822 ament la supériorité essentielle et comme absolue de la religion européenne, de la race blanche et de la langue française.
3823 orité essentielle et comme absolue de la religion européenne , de la race blanche et de la langue française. Anne-Robert-Jacques Tu
3824 ielle et comme absolue de la religion européenne, de la race blanche et de la langue française. Anne-Robert-Jacques Turgot
3825 de la religion européenne, de la race blanche et de la langue française. Anne-Robert-Jacques Turgot, baron de l’Aulne (17
3826 (1727-1781), fut tout d’abord séminariste, avant d’ entrer dans une carrière civile qui devait faire de lui l’un des plus
3827 ’entrer dans une carrière civile qui devait faire de lui l’un des plus grands ministres de Louis XVI. En 1750, prieur de l
3828 evait faire de lui l’un des plus grands ministres de Louis XVI. En 1750, prieur de la Sorbonne, et tout jeune homme il pro
3829 us grands ministres de Louis XVI. En 1750, prieur de la Sorbonne, et tout jeune homme il prononce en latin un « Premier di
3830 t du christianisme a procurés au genre humain ». De ce long exercice de rhétorique, détachons une prosopopée typique du s
3831 procurés au genre humain ». De ce long exercice de rhétorique, détachons une prosopopée typique du siècle : … Superbe G
3832 splendeur avait rendues si brillantes ? Une foule de barbares a effacé jusqu’aux traces de ces arts par lesquels tu avais
3833 ? Une foule de barbares a effacé jusqu’aux traces de ces arts par lesquels tu avais autrefois triomphé des Romains et soum
3834 is tes vainqueurs mêmes. Tout a cédé au fanatisme de cette religion destructive qui consacre la barbarie. L’Égypte, l’Asie
3835 despotisme brutal établis sur leurs ruines. Notre Europe n’a-t-elle donc pas été aussi la proie des barbares du Nord ? Quel he
3836 Quel heureux abri put conserver au milieu de tant d’ orages le flambeau des sciences prêt à s’éteindre ? Quoi ! cette relig
3837 d’avec les barbares vit encore aujourd’hui dans l’ Europe  ; et si tant de ravages coup sur coup, si les divisions des conquéran
3838 coup, si les divisions des conquérants, les vices de leurs gouvernements, le séjour de la noblesse à la campagne, le défau
3839 ants, les vices de leurs gouvernements, le séjour de la noblesse à la campagne, le défaut de commerce, le mélange de tant
3840 le séjour de la noblesse à la campagne, le défaut de commerce, le mélange de tant de peuples et de leurs langages, retinre
3841 à la campagne, le défaut de commerce, le mélange de tant de peuples et de leurs langages, retinrent longtemps l’Europe da
3842 aut de commerce, le mélange de tant de peuples et de leurs langages, retinrent longtemps l’Europe dans une ignorance gross
3843 uples et de leurs langages, retinrent longtemps l’ Europe dans une ignorance grossière, s’il a fallu du temps pour effacer tout
3844 l a fallu du temps pour effacer toutes les traces de la barbarie, du moins les monuments du génie, les modèles du goût peu
3845 ltés, peu suivis, furent conservés dans les mains de l’ignorance, comme des dépôts, pour être ouverts dans des temps plus
3846 ; mais elle subsista, comme les arbres dépouillés de leurs feuilles par l’hiver, subsistent au milieu des frimas pour donn
3847 (1727-1787) né dans les Abruzzes, auteur à 22 ans d’ un ouvrage sur les monnaies, fut au dire de Marmontel « le plus joli p
3848 22 ans d’un ouvrage sur les monnaies, fut au dire de Marmontel « le plus joli petit arlequin qu’ait produit l’Italie », ma
3849 rige : « C’est Platon avec la verve et les gestes d’ Arlequin. » De ses « Dialogues sur les blés » publiés en 1770, Voltair
3850 Platon avec la verve et les gestes d’Arlequin. » De ses « Dialogues sur les blés » publiés en 1770, Voltaire put écrire :
3851 pos que pouvaient accepter les salons « avancés » de l’époque. En voici deux fragments134 : … Les hommes aussi ont mis un
3852 s immense à leur perfectibilité ; car les peuples de la Californie et de la Nouvelle-Hollande, qui sont anciens de trois o
3853 fectibilité ; car les peuples de la Californie et de la Nouvelle-Hollande, qui sont anciens de trois ou quatre-mille ans,
3854 rnie et de la Nouvelle-Hollande, qui sont anciens de trois ou quatre-mille ans, sont encore de vraies brutes. La perfectib
3855 anciens de trois ou quatre-mille ans, sont encore de vraies brutes. La perfectibilité a commencé à faire de grands progrès
3856 aies brutes. La perfectibilité a commencé à faire de grands progrès en Asie, à ce qu’on dit, il y a plus de douze mille an
3857 ands progrès en Asie, à ce qu’on dit, il y a plus de douze mille ans ; et Dieu sait combien de temps auparavant on n’avait
3858 a plus de douze mille ans ; et Dieu sait combien de temps auparavant on n’avait fait que de vains efforts. Si une race as
3859 t combien de temps auparavant on n’avait fait que de vains efforts. Si une race asiatique n’avait point passé en Europe et
3860 rts. Si une race asiatique n’avait point passé en Europe et en Afrique, et si d’Europe elle n’eût passé en Amérique, d’où elle
3861 ’avait point passé en Europe et en Afrique, et si d’ Europe elle n’eût passé en Amérique, d’où elle a fait le tour du globe
3862 vait point passé en Europe et en Afrique, et si d’ Europe elle n’eût passé en Amérique, d’où elle a fait le tour du globe, l’ho
3863 que, et si d’Europe elle n’eût passé en Amérique, d’ où elle a fait le tour du globe, l’homme ne serait encore que le plus
3864 singes. Ainsi la perfectibilité n’est pas un don de l’homme en entier, mais de la seule race blanche et barbue. Par allia
3865 ilité n’est pas un don de l’homme en entier, mais de la seule race blanche et barbue. Par alliance, la race basanée et bar
3866 e, un non causa pro causa, erreur la plus commune de la logique. Tout tient aux races. La première, la plus noble des race
3867 lus près, et c’est pour cela qu’ils ont fait plus de progrès en cinquante ans, qu’on n’en fera faire aux Portugais en cinq
3868 inconstance est une loi physique… Sans elle point de fertilité, point de variété, point de perfectibilité. L’immense varié
3869 loi physique… Sans elle point de fertilité, point de variété, point de perfectibilité. L’immense variété des nations qui o
3870 elle point de fertilité, point de variété, point de perfectibilité. L’immense variété des nations qui ont peuplé ou se so
3871 des nations qui ont peuplé ou se sont alliées en Europe , a fait la perfection de notre race. Les Chinois ne se sont abrutis q
3872 u se sont alliées en Europe, a fait la perfection de notre race. Les Chinois ne se sont abrutis que par la non-mixtion ; e
3873 gné beaucoup. Antoine Rivarol (1753-1801), homme d’ esprit et précurseur des auteurs d’échos scandaleux dans la presse, n’
3874 3-1801), homme d’esprit et précurseur des auteurs d’ échos scandaleux dans la presse, n’est guère connu de nos jours que pa
3875 chos scandaleux dans la presse, n’est guère connu de nos jours que par son Discours sur l’Universalité de la langue frança
3876 nos jours que par son Discours sur l’Universalité de la langue française, couronné par l’Académie de Berlin en 1784. On y
3877 é de la langue française, couronné par l’Académie de Berlin en 1784. On y lit, à propos de la Renaissance : À cette époqu
3878 époque, la renaissance des lettres, la découverte de l’Amérique & du passage aux Indes, l’invention de la poudre &
3879 ’Amérique & du passage aux Indes, l’invention de la poudre & de l’Imprimerie, ont donné une autre face aux empires
3880 passage aux Indes, l’invention de la poudre & de l’Imprimerie, ont donné une autre face aux empires. Ceux qui brilloie
3881 nt tout-à-coup obscurcis ; & d’autres sortant de leur obscurité, sont venus figurer à leur tour sur la scène du monde.
3882 ur la scène du monde. Si du nord au midi le voile de la Religion s’est déchiré, un commerce immense a jetté de nouveaux li
3883 ligion s’est déchiré, un commerce immense a jetté de nouveaux liens parmi les hommes. C’est avec les sujets de l’Afrique q
3884 aux liens parmi les hommes. C’est avec les sujets de l’Afrique que nous cultivons l’Amérique & c’est avec les richesse
3885 ltivons l’Amérique & c’est avec les richesses de l’Amérique que nous trafiquons en Asie. L’Univers n’offrit jamais un
3886 ie. L’Univers n’offrit jamais un tel spectacle. L’ Europe surtout est parvenue à un si haut degré de puissance, que l’histoire
3887 L’Europe surtout est parvenue à un si haut degré de puissance, que l’histoire n’a rien à lui comparer : le nombre des Cap
3888 culières, en ont fait une immense République. … L’ Europe présente une République fédérative, composée d’empires & de royau
3889 rope présente une République fédérative, composée d’ empires & de royaumes, & la plus redoutable qui ait jamais exi
3890 e République fédérative, composée d’empires & de royaumes, & la plus redoutable qui ait jamais existé ; on ne peut
3891 ure & sa clarté : jusqu’au moment où, par une de ces grandes révolutions qui remettent les choses à leur premier point
3892 enre humain. Comme en écho à ces voix optimistes de la France, voici d’Espagne le message non moins « philosophique » d’u
3893 en écho à ces voix optimistes de la France, voici d’ Espagne le message non moins « philosophique » d’un partisan de l’Euro
3894 d’Espagne le message non moins « philosophique » d’ un partisan de l’Europe fédérée… par l’Instruction : Melchior-Gaspar d
3895 message non moins « philosophique » d’un partisan de l’Europe fédérée… par l’Instruction : Melchior-Gaspar de Jovellanos (
3896 ge non moins « philosophique » d’un partisan de l’ Europe fédérée… par l’Instruction : Melchior-Gaspar de Jovellanos (1744-1811
3897 re, et poète : Qui ne voit que grâce au progrès ( de l’Enseignement) les gouvernements travailleront seulement et efficace
3898 lleront seulement et efficacement pour le bonheur de leurs gouvernés, et que les nations, au heu de se combattre et de se
3899 ur de leurs gouvernés, et que les nations, au heu de se combattre et de se détruire pour de mesquines raisons d’intérêt ou
3900 és, et que les nations, au heu de se combattre et de se détruire pour de mesquines raisons d’intérêt ou d’ambition, resser
3901 ns, au heu de se combattre et de se détruire pour de mesquines raisons d’intérêt ou d’ambition, resserreront entre elles l
3902 attre et de se détruire pour de mesquines raisons d’ intérêt ou d’ambition, resserreront entre elles les liens d’amour et d
3903 e détruire pour de mesquines raisons d’intérêt ou d’ ambition, resserreront entre elles les liens d’amour et de fraternité
3904 ou d’ambition, resserreront entre elles les liens d’ amour et de fraternité auxquels les a destinées la Providence ? Qui ne
3905 on, resserreront entre elles les liens d’amour et de fraternité auxquels les a destinées la Providence ? Qui ne voit que l
3906 s la Providence ? Qui ne voit que le progrès même de l’instruction conduira un jour les nations les plus éclairées d’Europ
3907 n conduira un jour les nations les plus éclairées d’ Europe d’abord, et toutes celles du globe ensuite, à une confédération
3908 conduira un jour les nations les plus éclairées d’ Europe d’abord, et toutes celles du globe ensuite, à une confédération génér
3909 te, à une confédération générale dont le but sera d’ assurer à chacune d’elles la jouissance des avantages que le ciel leur
3910 ion générale dont le but sera d’assurer à chacune d’ elles la jouissance des avantages que le ciel leur a donnés, ainsi que
3911 es avantages que le ciel leur a donnés, ainsi que de maintenir une paix inviolable et perpétuelle, et de réprimer, non pas
3912 maintenir une paix inviolable et perpétuelle, et de réprimer, non pas avec des armées ou des canons, mais avec la force d
3913 avec des armées ou des canons, mais avec la force de sa voix, qui sera plus forte et terrible qu’eux, ces peuples témérair
3914 religion lui dictent, et la seule qui soit digne de la haute destinée pour laquelle Dieu l’a créée ?135 122. B. de
3915 onclusion. 123. Lettres persanes, XXXIe lettre, de Rhédi à Usbek, datée de Venise. 124. Cahiers, Sur la puissance des
3916 s persanes, XXXIe lettre, de Rhédi à Usbek, datée de Venise. 124. Cahiers, Sur la puissance des États. C’est une réfutat
3917 Sur la puissance des États. C’est une réfutation de Jean Bodin, cf. p. 77. Dans les Réflexions sur la Monarchie universel
3918 ns les Réflexions sur la Monarchie universelle en Europe  : « L’Europe n’est plus qu’une nation composée de plusieurs provinces
3919 ions sur la Monarchie universelle en Europe : « L’ Europe n’est plus qu’une nation composée de plusieurs provinces. » 125. Ca
3920 pe : « L’Europe n’est plus qu’une nation composée de plusieurs provinces. » 125. Cahiers, Sur les ouvrages de l’Esprit.
3921 urs provinces. » 125. Cahiers, Sur les ouvrages de l’Esprit. 126. De l’Esprit des Lois. Firmin Didot et Cie, Paris, Li
3922 5. Cahiers, Sur les ouvrages de l’Esprit. 126. De l’Esprit des Lois. Firmin Didot et Cie, Paris, Livre XXI, chap. XXI,
3923 Cie, Paris, Livre XXI, chap. XXI, p. 316. 127. De l’Esprit des Lois, Livre XVII, chap. Ill, p. 228. 128. Ibid., Livre
3924 VI, p. 230-231. 130. Pensées diverses (Portrait de soi-même). Cf. supra la citation de Vitoria, p. 75. 131. Extrait de
3925 ses (Portrait de soi-même). Cf. supra la citation de Vitoria, p. 75. 131. Extrait de Dialogues et anecdotes philosophique
3926 upra la citation de Vitoria, p. 75. 131. Extrait de Dialogues et anecdotes philosophiques, septième entretien : « Que l’E
3927 otes philosophiques, septième entretien : « Que l’ Europe moderne vaut mieux que l’Europe ancienne », 1768. 132. Cf. Contrat s
3928 tretien : « Que l’Europe moderne vaut mieux que l’ Europe ancienne », 1768. 132. Cf. Contrat social, Livre III, chap. XV, note
3929 les Institutions Politiques qu’il rêva longtemps d’ écrire. 133. À cette date, la Pologne était divisée en 33 « palatinat
3930 134. Ferdinand Galiani : Correspondance inédite de l’abbé F. G., conseiller du roi, pendant les années 1765 à 1783 (Extr
3931 du roi, pendant les années 1765 à 1783 (Extraits de deux lettres à Madame d’Épinay), tome II, Paris, I. G. Dentu, 1818. L
3932 22 novembre 1777. 135. Tratado teorico-practico de Ensenanza. Biblioteca de autores espanoles, Œuvres de Jovellanos, I,
3933 Tratado teorico-practico de Ensenanza. Biblioteca de autores espanoles, Œuvres de Jovellanos, I, p. 251.
3934 nsenanza. Biblioteca de autores espanoles, Œuvres de Jovellanos, I, p. 251.
11 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Troisième partie. L’ère des philosophes. De Leibniz à Condorcet — 3. Évolution : vers le progrès ou vers la décadence ?
3935 l’étudie dans ses « Considérations sur les causes de la grandeur et de la décadence des Romains » formait une sorte d’orga
3936 « Considérations sur les causes de la grandeur et de la décadence des Romains » formait une sorte d’organisme soumis à des
3937 t de la décadence des Romains » formait une sorte d’ organisme soumis à des lois immanentes de développement, ou, pour s’en
3938 ne sorte d’organisme soumis à des lois immanentes de développement, ou, pour s’en tenir à ses propres termes, « à des caus
3939 u xviiie siècle s’ouvre l’ère des vues générales de l’Histoire du monde. L’idée d’un développement organique ou « dialect
3940 des vues générales de l’Histoire du monde. L’idée d’ un développement organique ou « dialectique » des civilisations s’impo
3941 ences incalculables. Car s’il existe des « lois » d’ évolution, il en résulte à première vue qu’à toute ascension vers la g
3942 ort. Ainsi s’insinue lentement dans la conscience européenne un doute anxieux sur le destin de notre civilisation : d’où la naissa
3943 science européenne un doute anxieux sur le destin de notre civilisation : d’où la naissance exactement simultanée des idée
3944 ute anxieux sur le destin de notre civilisation : d’ où la naissance exactement simultanée des idées de Progrès à l’infini
3945 d’où la naissance exactement simultanée des idées de Progrès à l’infini et de Déclin fatal de l’Occident. Robertson entrep
3946 ent simultanée des idées de Progrès à l’infini et de Déclin fatal de l’Occident. Robertson entreprend d’écrire une histoir
3947 es idées de Progrès à l’infini et de Déclin fatal de l’Occident. Robertson entreprend d’écrire une histoire de l’Europe co
3948 Déclin fatal de l’Occident. Robertson entreprend d’ écrire une histoire de l’Europe comme ensemble organique. Gibbon, quel
3949 ident. Robertson entreprend d’écrire une histoire de l’Europe comme ensemble organique. Gibbon, quelques années plus tard,
3950 . Robertson entreprend d’écrire une histoire de l’ Europe comme ensemble organique. Gibbon, quelques années plus tard, reprend
3951 bbon, quelques années plus tard, reprend le sujet de Montesquieu mais dans une vue plus historique, moins moraliste : il e
3952 lus historique, moins moraliste : il entend tirer de l’évolution de Rome des conclusions instructives pour l’évolution de
3953 moins moraliste : il entend tirer de l’évolution de Rome des conclusions instructives pour l’évolution de l’Europe, et el
3954 ome des conclusions instructives pour l’évolution de l’Europe, et elles sont, de justesse, optimistes. Mais le problème de
3955 es conclusions instructives pour l’évolution de l’ Europe , et elles sont, de justesse, optimistes. Mais le problème de notre dé
3956 ives pour l’évolution de l’Europe, et elles sont, de justesse, optimistes. Mais le problème de notre décadence n’en demeur
3957 s sont, de justesse, optimistes. Mais le problème de notre décadence n’en demeure pas moins posé, dès ce moment. Condorcet
3958 voit bien, mais répond au défi en lançant l’idée de Progrès. Volney cède au contraire, premier des romantiques, aux verti
3959 contraire, premier des romantiques, aux vertiges de la Décadence. Quant à Wieland, dernier des philosophes « éclairés »,
3960 lairés », il croira jusqu’au dernier jour — celui de la Révolution — et même au-delà, que l’ère de la raison « cosmopolite
3961 lui de la Révolution — et même au-delà, que l’ère de la raison « cosmopolite » a été instaurée pour toujours par l’Europe…
3962 cosmopolite » a été instaurée pour toujours par l’ Europe … William Robertson (1721-1793), chapelain du roi pour l’Écosse et pri
3963 793), chapelain du roi pour l’Écosse et principal de l’Université d’Édimbourg, peut être considéré comme le premier histor
3964 du roi pour l’Écosse et principal de l’Université d’ Édimbourg, peut être considéré comme le premier historien qui ait pris
3965 omme le premier historien qui ait pris pour objet de son étude l’Europe entière, considérée comme unité, non comme une add
3966 historien qui ait pris pour objet de son étude l’ Europe entière, considérée comme unité, non comme une addition de chroniques
3967 e, considérée comme unité, non comme une addition de chroniques régionales. Le lecteur d’aujourd’hui ne manquera pas de vo
3968 une addition de chroniques régionales. Le lecteur d’ aujourd’hui ne manquera pas de voir dans cette méthode l’annonce de la
3969 ionales. Le lecteur d’aujourd’hui ne manquera pas de voir dans cette méthode l’annonce de la thèse de Toynbee sur les « ch
3970 manquera pas de voir dans cette méthode l’annonce de la thèse de Toynbee sur les « champs d’étude intelligibles ». Dans la
3971 de voir dans cette méthode l’annonce de la thèse de Toynbee sur les « champs d’étude intelligibles ». Dans la Préface à s
3972 l’annonce de la thèse de Toynbee sur les « champs d’ étude intelligibles ». Dans la Préface à son Histoire de Charles-Quint
3973 e intelligibles ». Dans la Préface à son Histoire de Charles-Quint (1769), Robertson déclare expressément qu’il entend « b
3974 éclare expressément qu’il entend « borner l’étude de l’Histoire à cette période surtout où les différentes Puissances de l
3975 tte période surtout où les différentes Puissances de l’Europe s’étant plus étroitement unies, les opérations d’un État ont
3976 ériode surtout où les différentes Puissances de l’ Europe s’étant plus étroitement unies, les opérations d’un État ont affecté
3977 pe s’étant plus étroitement unies, les opérations d’ un État ont affecté toutes les autres, au point d’influer sur leurs pr
3978 d’un État ont affecté toutes les autres, au point d’ influer sur leurs projets et de régler leurs démarches ». C’est pourqu
3979 s autres, au point d’influer sur leurs projets et de régler leurs démarches ». C’est pourquoi il a entrepris de présenter
3980 leurs démarches ». C’est pourquoi il a entrepris de présenter l’histoire de Charles-Quint, car, écrit-il : Il est une ép
3981 t pourquoi il a entrepris de présenter l’histoire de Charles-Quint, car, écrit-il : Il est une époque, avant laquelle cha
3982 propre Histoire, et après laquelle les événements de chaque nation considérable de l’Europe deviennent instructifs et inté
3983 elle les événements de chaque nation considérable de l’Europe deviennent instructifs et intéressants pour toutes les autre
3984 les événements de chaque nation considérable de l’ Europe deviennent instructifs et intéressants pour toutes les autres : c’est
3985 terminer. C’est dans cette vue que j’ai entrepris d’ écrire l’Histoire de l’empereur Charles-Quint. Ce fut pendant son règn
3986 cette vue que j’ai entrepris d’écrire l’Histoire de l’empereur Charles-Quint. Ce fut pendant son règne que les Puissances
3987 uint. Ce fut pendant son règne que les Puissances de l’Europe formèrent un vaste système politique, où chacune prit un ran
3988 Ce fut pendant son règne que les Puissances de l’ Europe formèrent un vaste système politique, où chacune prit un rang, qu’ell
3989 ang, qu’elle a conservé depuis avec beaucoup plus de stabilité qu’on n’aurait pu l’attendre… Le siècle de Charles-Quint pe
3990 stabilité qu’on n’aurait pu l’attendre… Le siècle de Charles-Quint peut donc être regardé comme la période à laquelle l’ét
3991 ardé comme la période à laquelle l’état politique de l’Europe commença de prendre une nouvelle forme. Deux passages de ce
3992 comme la période à laquelle l’état politique de l’ Europe commença de prendre une nouvelle forme. Deux passages de cette préfa
3993 à laquelle l’état politique de l’Europe commença de prendre une nouvelle forme. Deux passages de cette préface, intitulé
3994 nça de prendre une nouvelle forme. Deux passages de cette préface, intitulée « Tableau des progrès de la société en Europ
3995 de cette préface, intitulée « Tableau des progrès de la société en Europe, depuis la destruction de l’Empire romain jusqu’
3996 intitulée « Tableau des progrès de la société en Europe , depuis la destruction de l’Empire romain jusqu’au commencement du xv
3997 ès de la société en Europe, depuis la destruction de l’Empire romain jusqu’au commencement du xvie siècle », éclairent et
3998 cle », éclairent et définissent l’historiographie européenne initiée par Robertson136 : Il paroit que les nations d’Europe se son
3999 iée par Robertson136 : Il paroit que les nations d’ Europe se sont regardées pendant plusieurs siècles comme des sociétés
4000 e par Robertson136 : Il paroit que les nations d’ Europe se sont regardées pendant plusieurs siècles comme des sociétés séparé
4001 rce étendu et suivi, qui leur donnât une occasion d’ observer et de pénétrer leurs vues et leurs projets réciproques. Ils n
4002 suivi, qui leur donnât une occasion d’observer et de pénétrer leurs vues et leurs projets réciproques. Ils n’avoient point
4003 et leurs projets réciproques. Ils n’avoient point d’ ambassadeurs qui, résidant constamment dans chaque cour, fussent à por
4004 nt constamment dans chaque cour, fussent à portée d’ épier tous ses mouvements et d’en donner sur le champ avis à leurs maî
4005 , fussent à portée d’épier tous ses mouvements et d’ en donner sur le champ avis à leurs maîtres. L’espérance de quelques a
4006 er sur le champ avis à leurs maîtres. L’espérance de quelques avantages éloignés, ou la crainte de quelques dangers incert
4007 nce de quelques avantages éloignés, ou la crainte de quelques dangers incertains ou possibles, n’étoient pas des motifs su
4008 r propre sûreté. Quiconque veut écrire l’histoire de quelqu’un des grands États de l’Europe pendant les deux derniers sièc
4009 ope pendant les deux derniers siècles, est obligé d’ écrire l’histoire de l’Europe entière. Depuis cette époque, les différ
4010 derniers siècles, est obligé d’écrire l’histoire de l’Europe entière. Depuis cette époque, les différens royaumes n’ont f
4011 iers siècles, est obligé d’écrire l’histoire de l’ Europe entière. Depuis cette époque, les différens royaumes n’ont formé qu’u
4012 et vaste système, si étroitement, uni, que chacun d’ entr’eux ayant un rang déterminé, les opérations de l’un se font senti
4013 ’entr’eux ayant un rang déterminé, les opérations de l’un se font sentir à tous les autres assez puissamment pour influer
4014 e mêloient rarement, excepté lorsque le voisinage de territoire rendoit les occasions de querelles fréquentes et inévitabl
4015 le voisinage de territoire rendoit les occasions de querelles fréquentes et inévitables… Cependant, la connaissance des
4016 ables… Cependant, la connaissance des diversités de l’Europe n’en est pas moins essentielle à l’historien que celle de so
4017 … Cependant, la connaissance des diversités de l’ Europe n’en est pas moins essentielle à l’historien que celle de son unité :
4018 est pas moins essentielle à l’historien que celle de son unité : Tandis que les institutions et les événemens que j’ai dé
4019 loient devoir donner les mêmes mœurs aux habitans de l’Europe, en les conduisant de la barbarie à la civilisation, par les
4020 t devoir donner les mêmes mœurs aux habitans de l’ Europe , en les conduisant de la barbarie à la civilisation, par les mêmes se
4021 mœurs aux habitans de l’Europe, en les conduisant de la barbarie à la civilisation, par les mêmes sentiers et à peu près d
4022 ivilisation, par les mêmes sentiers et à peu près d’ un pas égal, il se rencontra d’autres circonstances qui produisirent u
4023 et donnèrent naissance à ces formes particulières de gouvernement, d’où résulta une si grande variété dans le caractère et
4024 sance à ces formes particulières de gouvernement, d’ où résulta une si grande variété dans le caractère et le génie des nat
4025 aractère et le génie des nations. La connoissance de ces dernières circonstances n’est pas moins nécessaire que celle des
4026 ce a été universelle, mettra mes lecteurs en état d’ expliquer cette singulière ressemblance qu’on remarque dans la police
4027 re et dans les expéditions militaires des peuples de l’Europe. Mais sans une connoissance exacte de la forme particulière
4028 dans les expéditions militaires des peuples de l’ Europe . Mais sans une connoissance exacte de la forme particulière et du car
4029 es de l’Europe. Mais sans une connoissance exacte de la forme particulière et du caractère de leur gouvernement civil, une
4030 e exacte de la forme particulière et du caractère de leur gouvernement civil, une grande partie de leur histoire paroîtroi
4031 ère de leur gouvernement civil, une grande partie de leur histoire paroîtroit mystérieuse et inexpliquable. Les auteurs qu
4032 expliquable. Les auteurs qui ont écrit l’histoire d’ une nation particulière, ne se sont guère proposé que d’intéresser et
4033 nation particulière, ne se sont guère proposé que d’ intéresser et d’instruire leurs compatriotes, à qui ils pouvoient supp
4034 ère, ne se sont guère proposé que d’intéresser et d’ instruire leurs compatriotes, à qui ils pouvoient supposer que les mœu
4035 connues ; en conséquence ils ont souvent négligé d’ entrer à cet égard, dans des détails suffisans pour faire connoître au
4036 t. Mais une histoire qui embrasse les révolutions de tant de pays divers, serait extrêmement imparfaite, sans un examen pr
4037 trêmement imparfaite, sans un examen préliminaire de leur constitution et de leur état politique.137 Robertson, en défin
4038 ns un examen préliminaire de leur constitution et de leur état politique.137 Robertson, en définitive, sera donc ramené
4039 er l’une après l’autre les composantes nationales de son Tableau, comme vient de le faire Voltaire dans son Essai sur les
4040 e le fera bientôt Jean de Müller. C’est le centre de référence des jugements de l’historien qui a changé : décrivant telle
4041 üller. C’est le centre de référence des jugements de l’historien qui a changé : décrivant telle ou telle évolution nationa
4042 elle ou telle évolution nationale, il mentionne l’ Europe à chaque page. Edward Gibbon (1737-1794) ne se doutait pas qu’il fond
4043 ’il fondait une redoutable tradition par le titre de l’ouvrage monumental dont il nous dit aux dernières lignes qu’il a « 
4044 res lignes qu’il a « occupé et amusé vingt années de sa vie » : l’Histoire de la Décadence et de la Chute de l’Empire roma
4045 pé et amusé vingt années de sa vie » : l’Histoire de la Décadence et de la Chute de l’Empire romain. Son exemple n’a cessé
4046 nnées de sa vie » : l’Histoire de la Décadence et de la Chute de l’Empire romain. Son exemple n’a cessé d’inspirer jusqu’à
4047 vie » : l’Histoire de la Décadence et de la Chute de l’Empire romain. Son exemple n’a cessé d’inspirer jusqu’à nos jours l
4048 a Chute de l’Empire romain. Son exemple n’a cessé d’ inspirer jusqu’à nos jours les auteurs de grandes synthèses de l’histo
4049 ’a cessé d’inspirer jusqu’à nos jours les auteurs de grandes synthèses de l’histoire des civilisations. Mais à la différen
4050 usqu’à nos jours les auteurs de grandes synthèses de l’histoire des civilisations. Mais à la différence d’un Spengler ou d
4051 ’histoire des civilisations. Mais à la différence d’ un Spengler ou d’un Toynbee, Gibbon, comme les Schlegel, Hegel et Comt
4052 ilisations. Mais à la différence d’un Spengler ou d’ un Toynbee, Gibbon, comme les Schlegel, Hegel et Comte, qui écrivirent
4053 ui écrivirent avant Darwin et Marx, ne déduit pas de la décadence du monde antique la fatalité organique d’une décadence d
4054 décadence du monde antique la fatalité organique d’ une décadence de l’Europe. Bien au contraire ! Dans les Observations g
4055 nde antique la fatalité organique d’une décadence de l’Europe. Bien au contraire ! Dans les Observations générales sur la
4056 ntique la fatalité organique d’une décadence de l’ Europe . Bien au contraire ! Dans les Observations générales sur la chute de
4057 re ! Dans les Observations générales sur la chute de l’Empire romain d’Occident (qui font suite au chapitre XXXVIII de son
4058 vations générales sur la chute de l’Empire romain d’ Occident (qui font suite au chapitre XXXVIII de son grand ouvrage), il
4059 in d’Occident (qui font suite au chapitre XXXVIII de son grand ouvrage), il examine les trois grandes causes, qui, selon l
4060 auses, qui, selon lui, ayant contribué à la ruine de Rome, motivent désormais la sécurité de l’Europe. Et certes il serait
4061 la ruine de Rome, motivent désormais la sécurité de l’Europe. Et certes il serait aisé de renverser, au nom des expérienc
4062 uine de Rome, motivent désormais la sécurité de l’ Europe . Et certes il serait aisé de renverser, au nom des expériences de not
4063 la sécurité de l’Europe. Et certes il serait aisé de renverser, au nom des expériences de notre siècle, les prévisions qu’
4064 serait aisé de renverser, au nom des expériences de notre siècle, les prévisions qu’il fondait sur l’observation du sien.
4065 ue nous soyons trop pessimistes, ces deux erreurs d’ appréciation ne changeant rien aux faits de civilisation que Gibbon én
4066 rreurs d’appréciation ne changeant rien aux faits de civilisation que Gibbon énumère avec lucidité. Les « 10 000 vaisseaux
4067  » prêts à porter vers les États-Unis les trésors de l’Europe ont déjà plus d’une fois traversé l’Atlantique… Un patriote
4068 êts à porter vers les États-Unis les trésors de l’ Europe ont déjà plus d’une fois traversé l’Atlantique… Un patriote doit san
4069 États-Unis les trésors de l’Europe ont déjà plus d’ une fois traversé l’Atlantique… Un patriote doit sans doute préférer
4070 et chercher exclusivement l’intérêt et la gloire de son pays natal ; mais il est permis à un philosophe d’étendre ses vue
4071 n pays natal ; mais il est permis à un philosophe d’ étendre ses vues, et de considérer l’Europe entière comme une républiq
4072 est permis à un philosophe d’étendre ses vues, et de considérer l’Europe entière comme une république dont tous les habita
4073 philosophe d’étendre ses vues, et de considérer l’ Europe entière comme une république dont tous les habitants ont atteint à pe
4074 es habitants ont atteint à peu près au même degré de culture et de perfection. La prépondérance continuera de passer succe
4075 nt atteint à peu près au même degré de culture et de perfection. La prépondérance continuera de passer successivement d’un
4076 ure et de perfection. La prépondérance continuera de passer successivement d’une puissance à l’autre, et la prospérité de
4077 prépondérance continuera de passer successivement d’ une puissance à l’autre, et la prospérité de notre patrie ou des royau
4078 ement d’une puissance à l’autre, et la prospérité de notre patrie ou des royaumes voisins peut alternativement s’accroître
4079 des mœurs, qui distinguent si avantageusement les Européens et leurs colonies. Les peuples sauvages sont les ennemis communs de t
4080 es. Les peuples sauvages sont les ennemis communs de toutes les sociétés civilisées ; nous allons examiner si l’Europe peu
4081 s sociétés civilisées ; nous allons examiner si l’ Europe peut craindre encore une répétition des calamités qui renversèrent l’
4082 épétition des calamités qui renversèrent l’empire de Rome et anéantirent ses institutions. La même réflexion servira peut-
4083 expliquer les causes qui contribuèrent à la ruine de ce puissant empire, et celles qui motivent aujourd’hui notre sécurité
4084 tre sécurité. I. Les Romains ignoraient l’étendue de leur danger et le nombre de leurs ennemis. Au-delà du Danube et du Rh
4085 ignoraient l’étendue de leur danger et le nombre de leurs ennemis. Au-delà du Danube et du Rhin, les pays septentrionaux
4086 elà du Danube et du Rhin, les pays septentrionaux de l’Europe étaient remplis d’innombrables tribus de pâtres et de chasse
4087 u Danube et du Rhin, les pays septentrionaux de l’ Europe étaient remplis d’innombrables tribus de pâtres et de chasseurs, pauv
4088 s pays septentrionaux de l’Europe étaient remplis d’ innombrables tribus de pâtres et de chasseurs, pauvres, voraces et tur
4089 de l’Europe étaient remplis d’innombrables tribus de pâtres et de chasseurs, pauvres, voraces et turbulents, intrépides da
4090 taient remplis d’innombrables tribus de pâtres et de chasseurs, pauvres, voraces et turbulents, intrépides dans les combat
4091 urbulents, intrépides dans les combats, et avides de s’emparer des fruits de l’industrie. La rapide impulsion de la guerre
4092 ns les combats, et avides de s’emparer des fruits de l’industrie. La rapide impulsion de la guerre agita le monde barbare,
4093 er des fruits de l’industrie. La rapide impulsion de la guerre agita le monde barbare, et les révolutions de la Chine entr
4094 guerre agita le monde barbare, et les révolutions de la Chine entraînèrent celles de la Gaule et de l’Italie. Les Huns, qu
4095 t les révolutions de la Chine entraînèrent celles de la Gaule et de l’Italie. Les Huns, qui fuyaient devant un ennemi vict
4096 ns de la Chine entraînèrent celles de la Gaule et de l’Italie. Les Huns, qui fuyaient devant un ennemi victorieux, dirigèr
4097 rent à leur tour des conquêtes. Le poids accumulé d’ une multitude de barbares qui se précipitaient les uns sur les autres
4098 des conquêtes. Le poids accumulé d’une multitude de barbares qui se précipitaient les uns sur les autres fondit avec impé
4099 ue d’autres occupaient leur place et présentaient de nouveaux assaillans. On ne voit plus sortir du Nord ces émigrations f
4100 le long repos qui a été attribué au décroissement de la population est la suite heureuse des progrès des arts et de l’agri
4101 ion est la suite heureuse des progrès des arts et de l’agriculture. Au lieu de quelques villages placés de loin en loin, a
4102 ’agriculture. Au lieu de quelques villages placés de loin en loin, au milieu des bois et des marais, l’Allemagne compte au
4103 urd’hui deux-mille-trois-cents villes environnées de murs. Les royaumes chrétiens du Danemarck, de la Suède et de la Polog
4104 ées de murs. Les royaumes chrétiens du Danemarck, de la Suède et de la Pologne se sont élevés successivement ; les négocia
4105 s royaumes chrétiens du Danemarck, de la Suède et de la Pologne se sont élevés successivement ; les négocians hanséatiques
4106 iques ont étendu leurs colonies le long des côtes de la mer Baltique jusqu’au golfe de Finlande. Depuis le golfe de Finlan
4107 an Oriental, la Russie prend aujourd’hui la forme d’ un empire puissant et civilisé. On voit sur les bords de la Volga, de
4108 mpire puissant et civilisé. On voit sur les bords de la Volga, de l’Obi et du Lena, le laboureur conduire sa charrue, le t
4109 t et civilisé. On voit sur les bords de la Volga, de l’Obi et du Lena, le laboureur conduire sa charrue, le tisserand trav
4110 t pas inquiéter sérieusement la grande république d’ Europe. Cependant cette sécurité apparente ne doit pas nous faire oubl
4111 pas inquiéter sérieusement la grande république d’ Europe . Cependant cette sécurité apparente ne doit pas nous faire oublier qu
4112 isible sur la carte du monde, peut nous présenter de nouveaux ennemis et des dangers imprévus. Les Arabes ou Sarrasins, qu
4113 que Mahomet anima leurs corps sauvages du souffle de l’enthousiasme. II. L’empire de Rome était solidement établi sur la p
4114 uvages du souffle de l’enthousiasme. II. L’empire de Rome était solidement établi sur la parfaite union de toutes ses part
4115 ome était solidement établi sur la parfaite union de toutes ses parties. Les peuples, devenus des sujets, renoncèrent à l’
4116 s sujets, renoncèrent à l’espoir et même au désir de l’indépendance, et se trouvèrent honorés du titre de citoyens romains
4117 l’indépendance, et se trouvèrent honorés du titre de citoyens romains. Forcées de céder aux barbares, les provinces de l’O
4118 ent honorés du titre de citoyens romains. Forcées de céder aux barbares, les provinces de l’Occident se virent avec douleu
4119 ins. Forcées de céder aux barbares, les provinces de l’Occident se virent avec douleur séparées de leur mère-patrie ; mais
4120 ces de l’Occident se virent avec douleur séparées de leur mère-patrie ; mais elles avaient acheté cette union par la perte
4121 ais elles avaient acheté cette union par la perte de la liberté nationale et de l’esprit militaire. Renonçant à tout senti
4122 tte union par la perte de la liberté nationale et de l’esprit militaire. Renonçant à tout sentiment de vigueur et d’activi
4123 de l’esprit militaire. Renonçant à tout sentiment de vigueur et d’activité, les provinces asservies attendaient leur salut
4124 litaire. Renonçant à tout sentiment de vigueur et d’ activité, les provinces asservies attendaient leur salut de troupes me
4125 é, les provinces asservies attendaient leur salut de troupes mercenaires et de gouvernemens dirigés par les ordres d’une c
4126 attendaient leur salut de troupes mercenaires et de gouvernemens dirigés par les ordres d’une cour éloignée. Le bonheur d
4127 enaires et de gouvernemens dirigés par les ordres d’ une cour éloignée. Le bonheur de cent-millions d’individus dépendait d
4128 és par les ordres d’une cour éloignée. Le bonheur de cent-millions d’individus dépendait du mérite personnel d’un ou de de
4129 d’une cour éloignée. Le bonheur de cent-millions d’ individus dépendait du mérite personnel d’un ou de deux hommes, peut-ê
4130 illions d’individus dépendait du mérite personnel d’ un ou de deux hommes, peut-être de deux enfans, dont l’éducation, le l
4131 d’individus dépendait du mérite personnel d’un ou de deux hommes, peut-être de deux enfans, dont l’éducation, le luxe et l
4132 érite personnel d’un ou de deux hommes, peut-être de deux enfans, dont l’éducation, le luxe et le despotisme avaient corro
4133 ut sous les minorités des fils et des petits-fils de Théodose que l’empire éprouva les plus funestes calamités ; et, lorsq
4134 sque ces princes méprisables eurent atteint l’âge de la virilité, ils abandonnèrent l’église aux évêques, l’état aux eunuq
4135 ues, et les provinces aux barbares. Aujourd’hui l’ Europe est divisée en douze royaumes puissans, quoique inégaux, trois républ
4136 tés plus petites, mais indépendantes. Les chances de talens dans les rois et les ministres sont au moins multipliées en ra
4137 sommeilleront sur les trônes du sud. L’influence de la crainte et la honte arrêtent l’abus de la tyrannie. Les république
4138 fluence de la crainte et la honte arrêtent l’abus de la tyrannie. Les républiques ont acquis de l’ordre et de la stabilité
4139 l’abus de la tyrannie. Les républiques ont acquis de l’ordre et de la stabilité ; les monarchies ont adopté des maximes de
4140 yrannie. Les républiques ont acquis de l’ordre et de la stabilité ; les monarchies ont adopté des maximes de liberté, ou a
4141 stabilité ; les monarchies ont adopté des maximes de liberté, ou au moins de modération ; et les mœurs générales du siècle
4142 es ont adopté des maximes de liberté, ou au moins de modération ; et les mœurs générales du siècle ont introduit quelques
4143 rales du siècle ont introduit quelques sentiments d’ honneur et de justice dans les constitutions les plus défectueuses. En
4144 le ont introduit quelques sentiments d’honneur et de justice dans les constitutions les plus défectueuses. En temps de pai
4145 les constitutions les plus défectueuses. En temps de paix, l’émulation active de tant de rivaux accélère les progrès des s
4146 éfectueuses. En temps de paix, l’émulation active de tant de rivaux accélère les progrès des sciences et de l’industrie ;
4147 nt de rivaux accélère les progrès des sciences et de l’industrie ; en temps de guerre, des contestations passagères et peu
4148 progrès des sciences et de l’industrie ; en temps de guerre, des contestations passagères et peu décisives exercent les fo
4149 s et peu décisives exercent les forces militaires de l’Europe. Si un conquérant sauvage sortait des déserts de la Tartarie
4150 peu décisives exercent les forces militaires de l’ Europe . Si un conquérant sauvage sortait des déserts de la Tartarie, il faud
4151 ope. Si un conquérant sauvage sortait des déserts de la Tartarie, il faudrait qu’il vainquît successivement les paysans ro
4152 u’il vainquît successivement les paysans robustes de la Russie, les nombreuses armées de l’Allemagne, la vaillante nobless
4153 sans robustes de la Russie, les nombreuses armées de l’Allemagne, la vaillante noblesse de France, et les intrépides citoy
4154 uses armées de l’Allemagne, la vaillante noblesse de France, et les intrépides citoyens de la Bretagne, que la défense com
4155 te noblesse de France, et les intrépides citoyens de la Bretagne, que la défense commune pourrait peut-être réunir. En sup
4156 ntique, dix mille vaisseaux mettraient les restes de la société civilisée à l’abri de leurs poursuites, et l’Europe renaît
4157 aient les restes de la société civilisée à l’abri de leurs poursuites, et l’Europe renaîtrait et fleurirait en Amérique, o
4158 iété civilisée à l’abri de leurs poursuites, et l’ Europe renaîtrait et fleurirait en Amérique, où elle a déjà fait passer ses
4159 Le froid, la pauvreté, l’habitude des dangers et de la fatigue entretiennent les forces et le courage des peuples barbare
4160 ont fait la loi aux nations paisibles et policées de la Chine, de l’Inde, et de la Perse, qui négligeaient et négligent en
4161 oi aux nations paisibles et policées de la Chine, de l’Inde, et de la Perse, qui négligeaient et négligent encore de suppl
4162 paisibles et policées de la Chine, de l’Inde, et de la Perse, qui négligeaient et négligent encore de suppléer à ces avan
4163 de la Perse, qui négligeaient et négligent encore de suppléer à ces avantages naturels par les ressources de l’art militai
4164 pléer à ces avantages naturels par les ressources de l’art militaire. Les nations guerrières de l’antiquité, de la Grèce,
4165 ources de l’art militaire. Les nations guerrières de l’antiquité, de la Grèce, de la Macédoine et de Rome, élevaient une r
4166 militaire. Les nations guerrières de l’antiquité, de la Grèce, de la Macédoine et de Rome, élevaient une race de soldats,
4167 s nations guerrières de l’antiquité, de la Grèce, de la Macédoine et de Rome, élevaient une race de soldats, exerçaient le
4168 s de l’antiquité, de la Grèce, de la Macédoine et de Rome, élevaient une race de soldats, exerçaient leurs corps, discipli
4169 e, de la Macédoine et de Rome, élevaient une race de soldats, exerçaient leurs corps, disciplinaient leur courage, multipl
4170 l’attaque et pour la défense. Mais la corruption de leurs mœurs et de leurs lois fit disparaître insensiblement cette sup
4171 la défense. Mais la corruption de leurs mœurs et de leurs lois fit disparaître insensiblement cette supériorité. La polit
4172 nsiblement cette supériorité. La politique faible de Constantin et de ses successeurs arma et introduisit la valeur indisc
4173 supériorité. La politique faible de Constantin et de ses successeurs arma et introduisit la valeur indisciplinée des merce
4174 s barbares qui renversèrent l’empire. L’invention de la poudre a produit une grande révolution dans l’art militaire, en so
4175 on dans l’art militaire, en soumettant au pouvoir de l’homme l’air et le feu, les deux plus redoutables agens de la nature
4176 l’air et le feu, les deux plus redoutables agens de la nature. Les mathématiques, la chimie, la mécanique, et l’architect
4177 ecture, ont appliqué leurs découvertes au service de la guerre ; et les combattans emploient aujourd’hui les méthodes les
4178 ion qu’avec l’argent dépensé pour les préparatifs d’ un siège on établirait et entretiendrait une colonie florissante ; mai
4179 moins comme une chose heureuse que la destruction d’ une ville soit une entreprise difficile et dispendieuse, ou qu’un peup
4180 re impénétrable à la cavalerie des Tartares, et l’ Europe n’a plus à redouter une irruption de barbares, puisqu’il serait indis
4181 es, et l’Europe n’a plus à redouter une irruption de barbares, puisqu’il serait indispensable qu’ils se civilisassent avan
4182 voir conquérir. Leurs découvertes dans la science de la guerre seraient nécessairement accompagnées comme l’exemple de la
4183 aient nécessairement accompagnées comme l’exemple de la Russie le démontre, de progrès proportionnels dans les arts paisib
4184 pagnées comme l’exemple de la Russie le démontre, de progrès proportionnels dans les arts paisibles et dans la politique c
4185 dans la politique civile ; ils mériteraient alors d’ être comptés au nombre des nations civilisées qu’ils auraient soumises
4186 arquis Antoine de Condorcet (1743-1794), partisan de la Révolution et tué par elle, avait écrit un an avant sa mort, caché
4187 avant sa mort, caché chez des amis, son Esquisse d’ un tableau historique des progrès de l’esprit humain. Il fut le précur
4188 son Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain. Il fut le précurseur des assurances sociales « par l
4189 urances sociales « par le calcul des probabilités de la vie », et le précurseur de la coopération scientifique internation
4190 ul des probabilités de la vie », et le précurseur de la coopération scientifique internationale139. Nous citerons les page
4191 ifique internationale139. Nous citerons les pages de l’Esquisse où il prévoit avec lucidité (mais résout avec trop d’optim
4192 ù il prévoit avec lucidité (mais résout avec trop d’ optimisme) les problèmes que créera dans le monde l’expansion de nos c
4193 es problèmes que créera dans le monde l’expansion de nos concepts et techniques, ou comme il dit « des lumières et de la r
4194 et techniques, ou comme il dit « des lumières et de la raison en Europe ». Toutes les nations doivent-elles se rapproche
4195 ou comme il dit « des lumières et de la raison en Europe  ». Toutes les nations doivent-elles se rapprocher un jour de l’état
4196 s les nations doivent-elles se rapprocher un jour de l’état de civilisation où sont parvenus les peuples les plus éclairés
4197 ons doivent-elles se rapprocher un jour de l’état de civilisation où sont parvenus les peuples les plus éclairés, les plus
4198 us éclairés, les plus libres, les plus affranchis de préjugés, tels que les Français et les Anglo-Américains ? Cette dista
4199 s ? Cette distance immense qui sépare ces peuples de la servitude des nations soumises à des rois, de la barbarie des peup
4200 de la servitude des nations soumises à des rois, de la barbarie des peuplades africaines, de l’ignorance des sauvages, do
4201 es rois, de la barbarie des peuplades africaines, de l’ignorance des sauvages, doit-elle peu à peu s’évanouir ? Y a-t-il s
4202 ture ait condamné les habitants à ne jamais jouir de la liberté, à ne jamais exercer leur raison ? Cette différence de lum
4203 ne jamais exercer leur raison ? Cette différence de lumière, de moyens ou de richesses, observée jusqu’à présent chez tou
4204 xercer leur raison ? Cette différence de lumière, de moyens ou de richesses, observée jusqu’à présent chez tous les peuple
4205 aison ? Cette différence de lumière, de moyens ou de richesses, observée jusqu’à présent chez tous les peuples civilisés,
4206 ntre les différentes classes qui composent chacun d’ eux ; cette inégalité, que les premiers progrès de la société ont augm
4207 d’eux ; cette inégalité, que les premiers progrès de la société ont augmentée et pour ainsi dire produite, tient-elle à la
4208 civilisation même, ou aux imperfections actuelles de l’art social ? doit-elle continuellement s’affaiblir pour faire place
4209 ment s’affaiblir pour faire place à cette égalité de fait, dernier but de l’art social, qui, diminuant même les effets de
4210 faire place à cette égalité de fait, dernier but de l’art social, qui, diminuant même les effets de la différence naturel
4211 t de l’art social, qui, diminuant même les effets de la différence naturelle des facultés, ne laisse plus subsister qu’une
4212 plus subsister qu’une inégalité utile à l’intérêt de tous, parce qu’elle favorisera les progrès de la civilisation, de l’i
4213 rêt de tous, parce qu’elle favorisera les progrès de la civilisation, de l’instruction et de l’industrie, sans entraîner n
4214 u’elle favorisera les progrès de la civilisation, de l’instruction et de l’industrie, sans entraîner ni dépendance, ni hum
4215 s progrès de la civilisation, de l’instruction et de l’industrie, sans entraîner ni dépendance, ni humiliation, ni appauvr
4216 s, et par conséquence nécessaire, dans les moyens de bien-être particulier et de prospérité commune ; soit par des progrès
4217 aire, dans les moyens de bien-être particulier et de prospérité commune ; soit par des progrès dans les principes de condu
4218 commune ; soit par des progrès dans les principes de conduite et dans la morale pratique ; soit enfin par le perfectionnem
4219 acultés intellectuelles, morales et physiques, ou de l’organisation naturelle de l’homme ? En répondant à ces trois questi
4220 ales et physiques, ou de l’organisation naturelle de l’homme ? En répondant à ces trois questions, nous trouverons… les mo
4221 tions, nous trouverons… les motifs les plus forts de croire que la nature n’a mis aucun terme à nos espérances. Si nous je
4222 actuel du globe, nous verrons d’abord que, dans l’ Europe , les principes de la constitution française sont déjà ceux de tous le
4223 verrons d’abord que, dans l’Europe, les principes de la constitution française sont déjà ceux de tous les hommes éclairés.
4224 cipes de la constitution française sont déjà ceux de tous les hommes éclairés. Nous les y verrons trop répandus, et trop h
4225 s des tyrans et des prêtres puissent les empêcher de pénétrer peu à peu jusqu’aux cabanes de leurs esclaves ; et ces princ
4226 empêcher de pénétrer peu à peu jusqu’aux cabanes de leurs esclaves ; et ces principes y réveilleront bientôt un reste de
4227 et ces principes y réveilleront bientôt un reste de bon sens, et cette sourde indignation que l’habitude de l’humiliation
4228 sens, et cette sourde indignation que l’habitude de l’humiliation et de la terreur ne peuvent étouffer dans l’âme des opp
4229 de indignation que l’habitude de l’humiliation et de la terreur ne peuvent étouffer dans l’âme des opprimés. … Peut-on dou
4230 la sagesse ou les divisions insensées des nations européennes , secondant les effets lents, mais infaillibles, des progrès de leurs
4231 les effets lents, mais infaillibles, des progrès de leurs colonies, ne produisent bientôt l’indépendance du Nouveau Monde
4232 nce du Nouveau Monde ; et dès-lors, la population européenne , prenant des accroissements rapides sur cet immense territoire, ne do
4233 quête, les nations sauvages qui y occupent encore de vastes contrées ? Parcourez l’histoire de nos entreprises, de nos éta
4234 encore de vastes contrées ? Parcourez l’histoire de nos entreprises, de nos établissements en Afrique et ou en Asie, vous
4235 ntrées ? Parcourez l’histoire de nos entreprises, de nos établissements en Afrique et ou en Asie, vous verrez nos monopole
4236 Afrique et ou en Asie, vous verrez nos monopoles de commerce, nos trahisons, notre mépris sanguinaire pour les hommes d’u
4237 ahisons, notre mépris sanguinaire pour les hommes d’ une autre couleur ou d’une autre croyance, l’insolence de nos usurpati
4238 anguinaire pour les hommes d’une autre couleur ou d’ une autre croyance, l’insolence de nos usurpations, l’extravagant pros
4239 utre couleur ou d’une autre croyance, l’insolence de nos usurpations, l’extravagant prosélytisme ou les intrigues de nos p
4240 ions, l’extravagant prosélytisme ou les intrigues de nos prêtres, détruire ces sentiments de respect et de bienveillance q
4241 intrigues de nos prêtres, détruire ces sentiments de respect et de bienveillance que la supériorité de nos lumières et les
4242 os prêtres, détruire ces sentiments de respect et de bienveillance que la supériorité de nos lumières et les avantages de
4243 de respect et de bienveillance que la supériorité de nos lumières et les avantages de notre commerce avaient d’abord obten
4244 e la supériorité de nos lumières et les avantages de notre commerce avaient d’abord obtenu. Mais l’instant approche sans d
4245 u. Mais l’instant approche sans doute où, cessant de ne leur montrer que des corrupteurs ou des tyrans, nous deviendrons p
4246 ts utiles, ou des généreux libérateurs… Alors les Européens , se bornant à un commerce libre, trop éclairé sur leurs propres droit
4247 op éclairé sur leurs propres droits pour se jouer de ceux des autres peuples, respecteront cette indépendance, qu’ils ont
4248 dépendance, qu’ils ont jusqu’ici violée avec tant d’ audace. Leurs établissements, au lieu de se remplir de protégés des go
4249 dace. Leurs établissements, au lieu de se remplir de protégés des gouvernements qui, à la faveur d’une place ou d’un privi
4250 ir de protégés des gouvernements qui, à la faveur d’ une place ou d’un privilège, courent amasser des trésors par le brigan
4251 des gouvernements qui, à la faveur d’une place ou d’ un privilège, courent amasser des trésors par le brigandage et la perf
4252 rigandage et la perfidie, pour revenir acheter en Europe des honneurs et des titres, se peupleront d’hommes industrieux, qui i
4253 Europe des honneurs et des titres, se peupleront d’ hommes industrieux, qui iront chercher dans ces climats heureux l’aisa
4254 . La liberté les y retiendra ; l’ambition cessera de les rappeler, et ces comptoirs de brigands deviendront des colonies d
4255 mbition cessera de les rappeler, et ces comptoirs de brigands deviendront des colonies de citoyens qui répandront dans l’A
4256 es comptoirs de brigands deviendront des colonies de citoyens qui répandront dans l’Afrique et dans l’Asie les principes e
4257 Afrique et dans l’Asie les principes et l’exemple de la liberté, les lumières et la raison de l’Europe. Le comte Constant
4258 ’exemple de la liberté, les lumières et la raison de l’Europe. Le comte Constantin-François Chassebœuf de Volney, né en 1
4259 ple de la liberté, les lumières et la raison de l’ Europe . Le comte Constantin-François Chassebœuf de Volney, né en 1757, voya
4260 né par la Révolution, finalement sénateur et pair de France sous la Restauration, dut sa célébrité à un ouvrage Les Ruines
4261 es auteurs du xxe siècle qui ont rêvé sur la fin de l’Europe, « sur la cendre des peuples et la mémoire de leur grandeur 
4262 teurs du xxe siècle qui ont rêvé sur la fin de l’ Europe , « sur la cendre des peuples et la mémoire de leur grandeur ». (Paul
4263 Europe, « sur la cendre des peuples et la mémoire de leur grandeur ». (Paul Valéry s’en est sans doute souvenu en écrivant
4264 enu en écrivant ses pages fameuses sur la « Crise de l’Esprit ».) Ici, me dis-je, ici fleurit jadis une ville opulente :
4265 eurit jadis une ville opulente : ici fut le siège d’ un empire puissant. Oui ! ces lieux maintenant si déserts, jadis une m
4266 ssaient sans cesse le bruit des arts, et les cris d’ allégresse et de fête : ces marbres amoncelés formaient des palais rég
4267 se le bruit des arts, et les cris d’allégresse et de fête : ces marbres amoncelés formaient des palais réguliers ; ces col
4268 aces publiques. Là, pour les devoirs respectables de son culte, pour les soins touchans de sa subsistance, affluait un peu
4269 espectables de son culte, pour les soins touchans de sa subsistance, affluait un peuple nombreux : là, une industrie créat
4270 un peuple nombreux : là, une industrie créatrice de jouissances appelait les richesses de tous les climats, et l’on voyai
4271 e créatrice de jouissances appelait les richesses de tous les climats, et l’on voyait s’échanger la pourpre de Tyr pour le
4272 les climats, et l’on voyait s’échanger la pourpre de Tyr pour le fil précieux de la Sérique, les tissus moelleux de Kachem
4273 s’échanger la pourpre de Tyr pour le fil précieux de la Sérique, les tissus moelleux de Kachemire, pour les tapis fastueux
4274 e fil précieux de la Sérique, les tissus moelleux de Kachemire, pour les tapis fastueux de la Lydie, l’ambre de la Baltiqu
4275 us moelleux de Kachemire, pour les tapis fastueux de la Lydie, l’ambre de la Baltique pour les perles et les parfums arabe
4276 ire, pour les tapis fastueux de la Lydie, l’ambre de la Baltique pour les perles et les parfums arabes, l’or d’Ophir pour
4277 tique pour les perles et les parfums arabes, l’or d’ Ophir pour l’étain de Thulé. Et maintenant voilà ce qui subsiste de ce
4278 et les parfums arabes, l’or d’Ophir pour l’étain de Thulé. Et maintenant voilà ce qui subsiste de cette ville puissante,
4279 ain de Thulé. Et maintenant voilà ce qui subsiste de cette ville puissante, un lugubre squelette ! Voilà ce qui reste d’un
4280 ssante, un lugubre squelette ! Voilà ce qui reste d’ une vaste domination, un souvenir obscur et vain ! Au concours bruyant
4281 ressait sous ces portiques a succédé une solitude de mort. Le silence des tombeaux s’est substitué au murmure des places p
4282 titué au murmure des places publiques. L’opulence d’ une cité de commerce s’est échangée en une pauvreté hideuse. Les palai
4283 rmure des places publiques. L’opulence d’une cité de commerce s’est échangée en une pauvreté hideuse. Les palais des rois
4284 es… Que sont devenus tant de brillantes créations de la main de l’homme ? Où sont-ils ces remparts de Ninive, ces murs de
4285 t devenus tant de brillantes créations de la main de l’homme ? Où sont-ils ces remparts de Ninive, ces murs de Babylonie,
4286 de la main de l’homme ? Où sont-ils ces remparts de Ninive, ces murs de Babylonie, ces palais de Persépolis, ces temples
4287 me ? Où sont-ils ces remparts de Ninive, ces murs de Babylonie, ces palais de Persépolis, ces temples de Balbeck et de Jér
4288 arts de Ninive, ces murs de Babylonie, ces palais de Persépolis, ces temples de Balbeck et de Jérusalem ? Où sont ces flot
4289 Babylonie, ces palais de Persépolis, ces temples de Balbeck et de Jérusalem ? Où sont ces flottes de Tyr, ces chantiers d
4290 s palais de Persépolis, ces temples de Balbeck et de Jérusalem ? Où sont ces flottes de Tyr, ces chantiers d’Arad, ces ate
4291 de Balbeck et de Jérusalem ? Où sont ces flottes de Tyr, ces chantiers d’Arad, ces ateliers de Sidon, et cette multitude
4292 salem ? Où sont ces flottes de Tyr, ces chantiers d’ Arad, ces ateliers de Sidon, et cette multitude de matelots, de pilote
4293 lottes de Tyr, ces chantiers d’Arad, ces ateliers de Sidon, et cette multitude de matelots, de pilotes, de marchands, de s
4294 d’Arad, ces ateliers de Sidon, et cette multitude de matelots, de pilotes, de marchands, de soldats ? et ces laboureurs, e
4295 teliers de Sidon, et cette multitude de matelots, de pilotes, de marchands, de soldats ? et ces laboureurs, et ces moisson
4296 idon, et cette multitude de matelots, de pilotes, de marchands, de soldats ? et ces laboureurs, et ces moissons, et ces tr
4297 multitude de matelots, de pilotes, de marchands, de soldats ? et ces laboureurs, et ces moissons, et ces troupeaux, et to
4298 issons, et ces troupeaux, et toute cette création d’ êtres vivants dont s’enorgueillissait la face de la terre ? Hélas ! je
4299 n d’êtres vivants dont s’enorgueillissait la face de la terre ? Hélas ! je l’ai parcourue, cette terre ravagée ! J’ai visi
4300 gée ! J’ai visité les lieux qui furent le théâtre de tant de splendeur, et je n’ai vu qu’abandon et que solitude. … Et à c
4301 is le sceptre du monde à des peuples si différens de cultes et de mœurs, depuis ceux de l’Asie antique jusqu’aux plus réce
4302 du monde à des peuples si différens de cultes et de mœurs, depuis ceux de l’Asie antique jusqu’aux plus récens de l’Europ
4303 s si différens de cultes et de mœurs, depuis ceux de l’Asie antique jusqu’aux plus récens de l’Europe, ce nom d’une terre
4304 puis ceux de l’Asie antique jusqu’aux plus récens de l’Europe, ce nom d’une terre natale réveilla en moi le sentiment de l
4305 ceux de l’Asie antique jusqu’aux plus récens de l’ Europe , ce nom d’une terre natale réveilla en moi le sentiment de la patrie 
4306 antique jusqu’aux plus récens de l’Europe, ce nom d’ une terre natale réveilla en moi le sentiment de la patrie ; et tourna
4307 m d’une terre natale réveilla en moi le sentiment de la patrie ; et tournant vers elle mes regards, j’arrêtai toutes mes p
4308 r toutes les mers, ses ports couverts des tributs de l’une et de l’autre Inde ; et comparant à l’activité de son commerce,
4309 mers, ses ports couverts des tributs de l’une et de l’autre Inde ; et comparant à l’activité de son commerce, à l’étendue
4310 ne et de l’autre Inde ; et comparant à l’activité de son commerce, à l’étendue de sa navigation, à la richesse de ses monu
4311 mparant à l’activité de son commerce, à l’étendue de sa navigation, à la richesse de ses monumens, aux arts et à l’industr
4312 erce, à l’étendue de sa navigation, à la richesse de ses monumens, aux arts et à l’industrie de ses habitants, tout ce que
4313 chesse de ses monumens, aux arts et à l’industrie de ses habitants, tout ce que l’Égypte et la Syrie purent jadis posséder
4314 ce que l’Égypte et la Syrie purent jadis posséder de semblable, je me plaisais à retrouver la splendeur passée de l’Asie d
4315 e, je me plaisais à retrouver la splendeur passée de l’Asie dans l’Europe moderne ; mais bientôt le charme de ma rêverie f
4316 à retrouver la splendeur passée de l’Asie dans l’ Europe moderne ; mais bientôt le charme de ma rêverie fut flétri par un dern
4317 ie dans l’Europe moderne ; mais bientôt le charme de ma rêverie fut flétri par un dernier terme de comparaison. Réfléchiss
4318 rme de ma rêverie fut flétri par un dernier terme de comparaison. Réfléchissant que telle avait été jadis l’activité des l
4319 , me dis-je, si tel ne sera pas un jour l’abandon de nos propres contrées ? Qui sait si sur les rives de la Seine, de la T
4320 nos propres contrées ? Qui sait si sur les rives de la Seine, de la Tamise ou du Zuydersée, là où maintenant, dans le tou
4321 contrées ? Qui sait si sur les rives de la Seine, de la Tamise ou du Zuydersée, là où maintenant, dans le tourbillon de ta
4322 u Zuydersée, là où maintenant, dans le tourbillon de tant de jouissances, le cœur et les yeux ne peuvent suffire à la mult
4323 voyageur comme moi ne s’asseoira pas un jour sur de muettes ruines, et ne pleurera pas solitaire sur la cendre des peuple
4324 solitaire sur la cendre des peuples et la mémoire de leur grandeur ?140 Christoph Martin Wieland (1733-1813), à la veill
4325 Christoph Martin Wieland (1733-1813), à la veille de la Révolution, exprimera une dernière fois l’idéal des Montesquieu et
4326 olite » : Le cosmopolite obéit à toutes les lois de l’État dans lequel il vit, quand celles-ci reflètent manifestement la
4327 t aux autres, il s’y soumet par nécessité. Il est de bonne foi à l’endroit de sa nation, mais aussi à l’endroit des autres
4328 ’endroit des autres nations ; et il est incapable de vouloir fonder le bien-être, la gloire et la grandeur de sa patrie su
4329 oir fonder le bien-être, la gloire et la grandeur de sa patrie sur une oppression et une exploitation volontaire des autre
4330 incompatibles avec leur idéal. Ils s’abstiennent de faire partie de toute administration d’État qui prescrirait des princ
4331 vec leur idéal. Ils s’abstiennent de faire partie de toute administration d’État qui prescrirait des principes contraires
4332 stiennent de faire partie de toute administration d’ État qui prescrirait des principes contraires à leurs propres maximes.
4333 les différents régimes existants comme autant … d’ échafaudages pour l’édification de ce temple immortel de la félicité u
4334 comme autant … d’échafaudages pour l’édification de ce temple immortel de la félicité universelle, à laquelle, en un cert
4335 faudages pour l’édification de ce temple immortel de la félicité universelle, à laquelle, en un certain sens, tous les siè
4336 nt travaillé. La page que l’on va lire, extraite d’ un ouvrage intitulé Das Geheimnis des Kosmopoliten-Ordens — et qui par
4337 és ceux qui connurent comme il convient la valeur de la liberté ; les Grecs le surent et c’est grâce à eux — dont les méri
4338 jamais assez être reconnus par l’Humanité — que l’ Europe devint peu à peu ce qu’elle est et ce qu’elle sera vraisemblablement
4339 habitants ont su conserver sur les autres peuples de la terre de par un perfectionnement des facultés naturelles de l’homm
4340 e par un perfectionnement des facultés naturelles de l’homme toujours plus grand et poussé toujours plus loin. On connaît
4341 oujours plus loin. On connaît bien cet effet issu de causes également connues : malgré les progrès très rapides de la civi
4342 alement connues : malgré les progrès très rapides de la civilisation dans le domaine des arts et des sciences particulière
4343 tif, à l’industrie, au zèle opiniâtre, à l’esprit de compétition que l’homme puise dans la rivalité —, l’art suprême qui s
4344 slation et une direction responsable des affaires de l’État est de loin, comparativement, le moins avancé. Dans la plus gr
4345 direction responsable des affaires de l’État est de loin, comparativement, le moins avancé. Dans la plus grande et la plu
4346 ancé. Dans la plus grande et la plus belle partie de l’Europe, les forces les plus nobles de l’Humanité étouffent encore s
4347 Dans la plus grande et la plus belle partie de l’ Europe , les forces les plus nobles de l’Humanité étouffent encore sous le po
4348 le partie de l’Europe, les forces les plus nobles de l’Humanité étouffent encore sous le poids de tous ces résidus de la c
4349 bles de l’Humanité étouffent encore sous le poids de tous ces résidus de la constitution barbare, de l’incertitude et des
4350 touffent encore sous le poids de tous ces résidus de la constitution barbare, de l’incertitude et des erreurs d’un milléna
4351 s de tous ces résidus de la constitution barbare, de l’incertitude et des erreurs d’un millénaire sauvage et sombre. Et ce
4352 titution barbare, de l’incertitude et des erreurs d’ un millénaire sauvage et sombre. Et cela en Europe, dans un siècle où
4353 urs d’un millénaire sauvage et sombre. Et cela en Europe , dans un siècle où l’art et la science, le goût, la civilisation et l
4354 ilisation et le raffinement ont gravi, en un laps de temps relativement court, tant d’échelons, que ce n’est pas sans une
4355 avi, en un laps de temps relativement court, tant d’ échelons, que ce n’est pas sans une sorte de vertige qu’on regarde les
4356 tant d’échelons, que ce n’est pas sans une sorte de vertige qu’on regarde les siècles précédents. Mais après ces étapes i
4357 s, si essentielles pour le bonheur des peuples, l’ Europe , en sa situation actuelle, semble aller vers une révolution bienfaisa
4358 sive et, en fin de compte, irrésistible puissance de la raison ; bref, une révolution qui, sans souiller l’Europe de sang,
4359 aison ; bref, une révolution qui, sans souiller l’ Europe de sang, ni mettre partout le feu, saura n’être qu’une œuvre toute si
4360 bref, une révolution qui, sans souiller l’Europe de sang, ni mettre partout le feu, saura n’être qu’une œuvre toute simpl
4361 nt leurs droits et leurs devoirs, quel est le but de leur existence et quels sont les moyens qui permettront d’atteindre s
4362 xistence et quels sont les moyens qui permettront d’ atteindre sûrement et immanquablement ce but. En 1796, Wieland lui-mê
4363 t années qui se sont écoulées depuis la rédaction de cet essai, d’une manière telle que tous nos concitoyens ne peuvent pl
4364 e sont écoulées depuis la rédaction de cet essai, d’ une manière telle que tous nos concitoyens ne peuvent plus guère consi
4365 mêmes par le passé, du moins quand ils agissaient de concert, en grande foule. Il est admirable que le démenti sanglant i
4366 à son idéal cosmopolite n’ait pas empêché Wieland de poursuivre le projet d’une association des peuples européens. C’est a
4367 n’ait pas empêché Wieland de poursuivre le projet d’ une association des peuples européens. C’est ainsi que dans ses Gesprä
4368 oursuivre le projet d’une association des peuples européens . C’est ainsi que dans ses Gespräche unter vier Augen, parus en 1798,
4369 rançais qu’il nomme « Frankgall » : À quel degré de perfection et de bien-être les peuples d’Europe ne parviendraient-ils
4370 me « Frankgall » : À quel degré de perfection et de bien-être les peuples d’Europe ne parviendraient-ils, avec nous ou in
4371 l degré de perfection et de bien-être les peuples d’ Europe ne parviendraient-ils, avec nous ou indépendamment de nous, s’i
4372 degré de perfection et de bien-être les peuples d’ Europe ne parviendraient-ils, avec nous ou indépendamment de nous, s’ils ren
4373 e parviendraient-ils, avec nous ou indépendamment de nous, s’ils renonçaient définitivement à tous ces résidus honteux de
4374 nçaient définitivement à tous ces résidus honteux de la vieille barbarie, à cette sanguinaire haine de nation à nation, au
4375 de la vieille barbarie, à cette sanguinaire haine de nation à nation, au bas préjugé, à ce bonheur étranger qu’on veut ass
4376 assurer au détriment du nôtre à toutes ces ruses d’ épicier et tours de coupeur de bourse que l’on nommait autrefois polit
4377 nt du nôtre à toutes ces ruses d’épicier et tours de coupeur de bourse que l’on nommait autrefois politique et qui ne trom
4378 à toutes ces ruses d’épicier et tours de coupeur de bourse que l’on nommait autrefois politique et qui ne trompent plus p
4379 rraient atteindre ce résultat par une association de peuples, constituée sans tenir compte de cette variété des formes de
4380 ociation de peuples, constituée sans tenir compte de cette variété des formes de gouvernement peu importante dans le fond 
4381 uée sans tenir compte de cette variété des formes de gouvernement peu importante dans le fond ; et ainsi serait créée et o
4382 ans le fond ; et ainsi serait créée et organisée, de façon durable, une communauté d’États européenne. Quelques années pl
4383 ée et organisée, de façon durable, une communauté d’ États européenne. Quelques années plus tard, en 1806, Wieland exposer
4384 ganisée, de façon durable, une communauté d’États européenne . Quelques années plus tard, en 1806, Wieland exposera encore dans sa
4385 ra encore dans sa revue Teutscher Merkur, un plan de Tribunal européen, comptant cette fois-ci sur Napoléon pour le réalis
4386 ns sa revue Teutscher Merkur, un plan de Tribunal européen , comptant cette fois-ci sur Napoléon pour le réaliser. Et là encore,
4387 frapper… 136. W. Robertson : Histoire du règne de l’empereur Charles-Quint. Tableau des progrès de la Société en Europe
4388 de l’empereur Charles-Quint. Tableau des progrès de la Société en Europe, depuis la destruction de l’Empire romain jusqu’
4389 arles-Quint. Tableau des progrès de la Société en Europe , depuis la destruction de l’Empire romain jusqu’au commencement du xv
4390 ès de la Société en Europe, depuis la destruction de l’Empire romain jusqu’au commencement du xvie siècle. — Traduction f
4391 III, p. 168, 169. 138. Edward Gibbon : Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain, Éd. A. Desrez, Paris.
4392 138. Edward Gibbon : Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain, Éd. A. Desrez, Paris. Tome I. Observatio
4393 Gibbon : Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain, Éd. A. Desrez, Paris. Tome I. Observations générales
4394 miné qu’en 1787, à Lausanne. 139. « Je parlerai… de la réunion des savants du globe en une république universelle des sci
4395 . » Fragment sur l’Atlantide, ou efforts combinés de l’Espèce humaine pour le Progrès des Sciences. 140. Les Ruines, par
12 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Troisième partie. L’ère des philosophes. De Leibniz à Condorcet — 4. Pendant ce temps, l’Amérique du Nord…
4396 dant ce temps, l’Amérique du Nord… Tandis que l’ Europe intellectuelle s’interrogeait ainsi sur son destin, l’Amérique décida
4397 Amérique décidait du sien. Elle devenait l’avenir de l’Europe, ou du moins l’avenir de ces Européens qui désespéraient de
4398 que décidait du sien. Elle devenait l’avenir de l’ Europe , ou du moins l’avenir de ces Européens qui désespéraient de réussir s
4399 venait l’avenir de l’Europe, ou du moins l’avenir de ces Européens qui désespéraient de réussir sur leur sol l’union néces
4400 l’avenir de l’Europe, ou du moins l’avenir de ces Européens qui désespéraient de réussir sur leur sol l’union nécessaire. C’est c
4401 moins l’avenir de ces Européens qui désespéraient de réussir sur leur sol l’union nécessaire. C’est ce que Benjamin Frankl
4402 (1706-1790) a bien su voir et dire dans une série de lettres écrites de Paris à ses compatriotes : Toute l’Europe est gag
4403 su voir et dire dans une série de lettres écrites de Paris à ses compatriotes : Toute l’Europe est gagnée à notre cause (
4404 es écrites de Paris à ses compatriotes : Toute l’ Europe est gagnée à notre cause (la création de l’Union des États indépendan
4405 te l’Europe est gagnée à notre cause (la création de l’Union des États indépendants américains), elle applaudit à nos effo
4406 , elle applaudit à nos efforts et nous accompagne de ses vœux. Les hommes qui vivent sous le joug du pouvoir arbitraire n’
4407 nt pas moins la liberté : ils désespèrent presque de voir jamais le rétablissement de l’Europe et lisent avec impatience t
4408 espèrent presque de voir jamais le rétablissement de l’Europe et lisent avec impatience tout ce que l’on écrit sur l’établ
4409 ent presque de voir jamais le rétablissement de l’ Europe et lisent avec impatience tout ce que l’on écrit sur l’établissement
4410 tience tout ce que l’on écrit sur l’établissement de constitutions indépendantes dans notre continent. On rencontre partou
4411 dantes dans notre continent. On rencontre partout d’ innombrables personnes qui envisagent de se rendre en Amérique avec le
4412 e partout d’innombrables personnes qui envisagent de se rendre en Amérique avec leurs familles et leurs fortunes, dès que
4413 n peut généralement escompter que les émigrations de l’Europe nous vaudront un surcroît de puissance, de richesse et de sc
4414 t généralement escompter que les émigrations de l’ Europe nous vaudront un surcroît de puissance, de richesse et de science. L’
4415 émigrations de l’Europe nous vaudront un surcroît de puissance, de richesse et de science. L’idée se répand de plus en plu
4416 l’Europe nous vaudront un surcroît de puissance, de richesse et de science. L’idée se répand de plus en plus que les régi
4417 vaudront un surcroît de puissance, de richesse et de science. L’idée se répand de plus en plus que les régimes tyranniques
4418 mes tyranniques qui se maintiennent au pouvoir en Europe devront s’assouplir et accorder plus de libertés aux peuples, s’ils v
4419 ir en Europe devront s’assouplir et accorder plus de libertés aux peuples, s’ils veulent diminuer l’ampleur des émigration
4420 que tous les milieux que notre cause est la cause de tout le genre humain, et qu’en défendant notre liberté, nous combatto
4421 pour la remplir et qu’elle couronnera nos efforts de succès.141 Et tandis que l’Europe intellectuelle, négligée par les
4422 nnera nos efforts de succès.141 Et tandis que l’ Europe intellectuelle, négligée par les grands politiques, accumulait les pl
4423 e par les grands politiques, accumulait les plans d’ union mais n’en réalisait aucun, l’Amérique, elle, se fédérait. Ses ho
4424 l’Amérique, elle, se fédérait. Ses hommes étaient Européens , sans exception. Et ses idées étaient européennes. Elle ne se sépara
4425 t Européens, sans exception. Et ses idées étaient européennes . Elle ne se sépara de la mère patrie que sur la seule question de la
4426 ses idées étaient européennes. Elle ne se sépara de la mère patrie que sur la seule question de la réalisation de ces idé
4427 épara de la mère patrie que sur la seule question de la réalisation de ces idées. Or à ce point, intérêts précis entraient
4428 atrie que sur la seule question de la réalisation de ces idées. Or à ce point, intérêts précis entraient en jeu, et comme
4429 écis entraient en jeu, et comme les hommes d’État européens se révélaient incapables de les prendre au sérieux, il n’y eut pas co
4430 hommes d’État européens se révélaient incapables de les prendre au sérieux, il n’y eut pas convergence mais conflit. Cert
4431 s convergence mais conflit. Certes, les pionniers de l’Union américaine n’opposaient à l’Europe que les principes formulés
4432 pionniers de l’Union américaine n’opposaient à l’ Europe que les principes formulés par nos propres élites, mais ces principes
4433 ’est pourquoi l’Anglais Penn, s’il n’a pu faire l’ Europe , a contribué à faire l’Amérique. Or il faut voir que si cette colonie
4434 Or il faut voir que si cette colonie a trouvé bon de mettre un terme à la désunion de ses États, c’est aussi pour se rendr
4435 nie a trouvé bon de mettre un terme à la désunion de ses États, c’est aussi pour se rendre indépendante « de tout contrôle
4436 États, c’est aussi pour se rendre indépendante «  de tout contrôle et de toute influence européenne ». Citons une page du
4437 pour se rendre indépendante « de tout contrôle et de toute influence européenne ». Citons une page du Federalist, qui ne m
4438 pendante « de tout contrôle et de toute influence européenne  ». Citons une page du Federalist, qui ne manquera pas de suggérer auj
4439 itons une page du Federalist, qui ne manquera pas de suggérer aujourd’hui l’idée d’un nouveau retour des choses… The Fede
4440 ui ne manquera pas de suggérer aujourd’hui l’idée d’ un nouveau retour des choses… The Federalist est un recueil de 85 art
4441 retour des choses… The Federalist est un recueil de 85 articles de journaux écrits pour défendre la Constitution votée pa
4442 es… The Federalist est un recueil de 85 articles de journaux écrits pour défendre la Constitution votée par la Convention
4443 eptembre 1787. Ce plaidoyer est adressé au peuple de l’État de New York par Alexander Hamilton, John Jay et James Madison.
4444 e considérable jusqu’à nos jours. Les publicistes d’ Amérique, les professeurs et les étudiants, les juges de la Cour suprê
4445 ique, les professeurs et les étudiants, les juges de la Cour suprême, y voient avec raison le premier commentaire de la Co
4446 rême, y voient avec raison le premier commentaire de la Constitution fédérale, et l’un des monuments de la science politiq
4447 e la Constitution fédérale, et l’un des monuments de la science politique. Le texte que nous citons est de Hamilton, et il
4448 a science politique. Le texte que nous citons est de Hamilton, et il est extrait du chapitre XI : Le monde peut être divi
4449 parties dont chacune a des intérêts distincts. L’ Europe , pour le malheur des trois autres, les a toutes, à des degrés divers,
4450 tombées sous sa domination. La supériorité que l’ Europe a depuis si longtemps conservée l’a disposée à se regarder comme la M
4451 vée l’a disposée à se regarder comme la Maîtresse de l’univers, et à croire le reste du genre humain créé pour son utilité
4452 créé pour son utilité. Des hommes, admirés comme de grands philosophes, ont positivement attribué à ses habitants une sup
4453 érique ; que les chiens même perdaient la faculté d’ aboyer, après avoir respiré quelque temps dans notre atmosphère. Les f
4454 p longtemps appuyé ces arrogantes prétentions des Européens . C’est à nous à relever l’honneur de la race humaine et à faire conna
4455 s des Européens. C’est à nous à relever l’honneur de la race humaine et à faire connaître la modération à ces frères usurp
4456 son triomphe. Que les Américains se lassent enfin d’ être les instruments de la grandeur européenne ! Que les Treize-États,
4457 méricains se lassent enfin d’être les instruments de la grandeur européenne ! Que les Treize-États, réunis dans une étroit
4458 ssent enfin d’être les instruments de la grandeur européenne  ! Que les Treize-États, réunis dans une étroite et indissoluble Union
4459 et indissoluble Union, concourent à la formation d’ un grand système américain qui soit au-dessus du contrôle de toute for
4460 système américain qui soit au-dessus du contrôle de toute force ou de toute influence européenne, et qui lui permette de
4461 qui soit au-dessus du contrôle de toute force ou de toute influence européenne, et qui lui permette de dicter les termes
4462 du contrôle de toute force ou de toute influence européenne , et qui lui permette de dicter les termes des relations entre l’Ancie
4463 e toute influence européenne, et qui lui permette de dicter les termes des relations entre l’Ancien et le Nouveau Monde !
4464 Monde ! 141. Benjamin Franklin, Lettre écrite de Paris, 1777.
13 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 1. La Révolution française et l’Europe
4465 1.La Révolution française et l’ Europe Les illusions d’un Wieland n’ont-elles pas été partagées par ceux-l
4466 Révolution française et l’Europe Les illusions d’ un Wieland n’ont-elles pas été partagées par ceux-là mêmes qui donnère
4467 première au plus brutal bouleversement subi par l’ Europe depuis sa formation carolingienne ? L’éloquence « cosmopolite » et « 
4468 ’éloquence « cosmopolite » et « philanthropique » d’ un Mirabeau, d’un Robespierre, est certainement sincère. Mais comme el
4469 smopolite » et « philanthropique » d’un Mirabeau, d’ un Robespierre, est certainement sincère. Mais comme elle change vite
4470 certainement sincère. Mais comme elle change vite de registre quand il s’agit de reconnaître que l’idéal qu’elle exalte ne
4471 omme elle change vite de registre quand il s’agit de reconnaître que l’idéal qu’elle exalte ne saurait entrer dans l’Histo
4472 nfondant avec les intérêts ou la survie militaire d’ une nation ! Partie pour instaurer la fraternité mondiale et « la soci
4473 on va se voir rapidement entraînée dans une suite de guerres qui créeront le nationalisme moderne. Une déclaration de Mira
4474 créeront le nationalisme moderne. Une déclaration de Mirabeau, le 25 août 1790, annonce, par le coup de frein des derniers
4475 e Mirabeau, le 25 août 1790, annonce, par le coup de frein des derniers mots, cette dramatique évolution : La France aura
4476 matique évolution : La France aura-t-elle besoin d’ alliés, lorsqu’elle n’aura plus d’ennemis ? Il n’est pas loin de nous
4477 a-t-elle besoin d’alliés, lorsqu’elle n’aura plus d’ ennemis ? Il n’est pas loin de nous peut-être, ce moment où la liberté
4478 sans rivale sur les deux mondes, réalisera le vœu de la philosophie, absoudra l’espèce humaine du crime de la guerre et pr
4479 a philosophie, absoudra l’espèce humaine du crime de la guerre et proclamera la paix universelle ; alors le bonheur des pe
4480 eront plus par des querelles sanglantes les nœuds de la fraternité qui doivent unir tous les gouvernements et tous les hom
4481 et tous les hommes ; alors se consommera le pacte de la fédération du genre humain ; mais avouons-le à regret, ces considé
4482 r la guerre, qu’elle mène au nom de la liberté et de la paix universelle. Robespierre l’a dit en une phrase dans son disco
4483 du 15 mai 1790 à l’Assemblée nationale : Il est de l’intérêt des nations de protéger la nation française, parce que c’es
4484 blée nationale : Il est de l’intérêt des nations de protéger la nation française, parce que c’est de la France que doit p
4485 de protéger la nation française, parce que c’est de la France que doit partir la liberté et le bonheur du monde. Il faut
4486 us tard, le 9 novembre 1792, la Convention décide de célébrer les victoires de l’armée de la Liberté par une « fête de l’H
4487 2, la Convention décide de célébrer les victoires de l’armée de la Liberté par une « fête de l’Humanité », que Vergniaud c
4488 ntion décide de célébrer les victoires de l’armée de la Liberté par une « fête de l’Humanité », que Vergniaud célèbre en c
4489 victoires de l’armée de la Liberté par une « fête de l’Humanité », que Vergniaud célèbre en ces termes : Chantez donc, ch
4490 Chantez donc, chantez une victoire qui sera celle de l’humanité. Il a péri des hommes ; mais c’est pour qu’il n’en périsse
4491 ernité universelle que vous allez établir, chacun de vos combats sera un pas de fait vers la paix, l’humanité et le bonheu
4492 allez établir, chacun de vos combats sera un pas de fait vers la paix, l’humanité et le bonheur des peuples. Déjà, le Pa
4493 5 décembre 1791, cet appel à la « guerre sainte » de la Raison anticléricale : La guerre ! la guerre ! tel est le cri de
4494 éricale : La guerre ! la guerre ! tel est le cri de tous les patriotes, tel est le vœu de tous les amis de la liberté rép
4495 est le cri de tous les patriotes, tel est le vœu de tous les amis de la liberté répandus sur la surface de l’Europe, qui
4496 us les patriotes, tel est le vœu de tous les amis de la liberté répandus sur la surface de l’Europe, qui n’attendent plus
4497 us les amis de la liberté répandus sur la surface de l’Europe, qui n’attendent plus que cette heureuse diversion pour atta
4498 s amis de la liberté répandus sur la surface de l’ Europe , qui n’attendent plus que cette heureuse diversion pour attaquer et r
4499 m du genre humain dont il n’a jamais mieux mérité d’ être appelé l’ami. C’est en effet à Jean-Baptiste, dit Anacharsis Clo
4500 à Jean-Baptiste, dit Anacharsis Cloots, Prussien de naissance, mais aristocrate hollandais d’ascendance, qu’il appartiend
4501 russien de naissance, mais aristocrate hollandais d’ ascendance, qu’il appartiendra de formuler de la manière la plus théât
4502 crate hollandais d’ascendance, qu’il appartiendra de formuler de la manière la plus théâtrale l’idéal unitaire de la Révol
4503 dais d’ascendance, qu’il appartiendra de formuler de la manière la plus théâtrale l’idéal unitaire de la Révolution, étend
4504 de la manière la plus théâtrale l’idéal unitaire de la Révolution, étendu à un genre humain totalement « nivelé » par les
4505 n genre humain totalement « nivelé » par les lois de la Liberté. Cloots, lui aussi, est parti de l’idéal cosmopolite. Il s
4506 lois de la Liberté. Cloots, lui aussi, est parti de l’idéal cosmopolite. Il s’écrie dans son discours du 13 juin 1790 :
4507 , ni vaincus, ni vainqueurs… L’Océan sera couvert de navires qui formeront un superbe pont de communication, et les grande
4508 couvert de navires qui formeront un superbe pont de communication, et les grandes routes de France se prolongeront jusqu’
4509 erbe pont de communication, et les grandes routes de France se prolongeront jusqu’aux confins de la Chine. On ira en poste
4510 outes de France se prolongeront jusqu’aux confins de la Chine. On ira en poste de Paris à Pékin, comme de Bordeaux à Stras
4511 nt jusqu’aux confins de la Chine. On ira en poste de Paris à Pékin, comme de Bordeaux à Strasbourg, sans que rien ne nous
4512 la Chine. On ira en poste de Paris à Pékin, comme de Bordeaux à Strasbourg, sans que rien ne nous arrête, ni barrières, ni
4513 ailles, ni commis, ni chasseurs. Il n’y aura plus de déserts ; toute la terre sera un jardin. L’Orient et l’Occident s’emb
4514 n. L’Orient et l’Occident s’embrasseront au champ de la Fédération. Et il ajoute, dans le même sens, le 26 avril 1793 :
4515 le bon sens et le bonheur ; elle coupe les canaux de la prospérité universelle ; sa Constitution, manquant par la base, se
4516 t en effet dans ces termes : Nous ne voulons pas d’ autre maître que l’expression de la volonté générale, absolue, suprême
4517 us ne voulons pas d’autre maître que l’expression de la volonté générale, absolue, suprême. Or, si je rencontre sur la ter
4518 sel, je m’y oppose ; cette résistance est un état de guerre et de servitude dont le genre humain, l’être suprême, fera jus
4519 ppose ; cette résistance est un état de guerre et de servitude dont le genre humain, l’être suprême, fera justice tôt ou t
4520 ra qu’un seul corps, la nation unique… La commune de Paris sera le point de réunion, le fanal central de la communauté uni
4521 nation unique… La commune de Paris sera le point de réunion, le fanal central de la communauté universelle. Il pense qu’
4522 Paris sera le point de réunion, le fanal central de la communauté universelle. Il pense qu’il ne serait pas difficile de
4523 verselle. Il pense qu’il ne serait pas difficile de régir le monde à partir de Paris : Quand un Lama de Rome et un Lama
4524 régir le monde à partir de Paris : Quand un Lama de Rome et un Lama de la Mecque donnent des lois aux Péruviens et aux Ma
4525 rtir de Paris : Quand un Lama de Rome et un Lama de la Mecque donnent des lois aux Péruviens et aux Malais ; quand des ma
4526 aux Péruviens et aux Malais ; quand des marchands d’ Amsterdam et de Londres dominent sur le Bengale et les Moluques, je co
4527 t aux Malais ; quand des marchands d’Amsterdam et de Londres dominent sur le Bengale et les Moluques, je conçois la facili
4528 le fédéraliste lui paraît réactionnaire : Nombre d’ écrivains politiques ont présenté des projets de paix perpétuelle, de
4529 e d’écrivains politiques ont présenté des projets de paix perpétuelle, de confédérations d’États, de nations ; mais aucun
4530 ues ont présenté des projets de paix perpétuelle, de confédérations d’États, de nations ; mais aucun homme ne s’est élevé
4531 es projets de paix perpétuelle, de confédérations d’ États, de nations ; mais aucun homme ne s’est élevé au véritable princ
4532 s de paix perpétuelle, de confédérations d’États, de nations ; mais aucun homme ne s’est élevé au véritable principe de l’
4533 aucun homme ne s’est élevé au véritable principe de l’unité souveraine, de la confédération individuelle. Au nom — pour
4534 levé au véritable principe de l’unité souveraine, de la confédération individuelle. Au nom — pour le moins paradoxal — de
4535 individuelle. Au nom — pour le moins paradoxal — de cette « confédération individuelle », Cloots dépose en conclusion le
4536 viduelle », Cloots dépose en conclusion le Projet de décret suivant : La Convention nationale voulant mettre un terme au
4537 es des droits de l’homme : Art. I. — Il n’y a pas d’ autre souverain que le genre humain. Art. II. — Tout individu, toute c
4538 oîtra ce principe lumineux et immuable, sera reçu de droit dans notre association fraternelle, dans la République des Homm
4539 Universels. Art. III. — À défaut de contiguïté ou de communication maritime, on attendra la propagation de la vérité, pour
4540 ommunication maritime, on attendra la propagation de la vérité, pour admettre les communes, et les enclaves lointaines. M
4541 r ce Projet fantastique en adjurant la Convention de revenir à la « réalité » : Laissons aux philosophes, laissons-leur l
4542 Laissons aux philosophes, laissons-leur le soin d’ examiner l’humanité sous tous les rapports : nous ne sommes pas les re
4543 du genre humain. Je veux donc que le législateur de la France oublie un instant l’univers pour ne s’occuper que de son pa
4544 oublie un instant l’univers pour ne s’occuper que de son pays ; je veux cette espèce d’égoïsme national sans lequel nous t
4545 s’occuper que de son pays ; je veux cette espèce d’ égoïsme national sans lequel nous trahirons nos devoirs, sans lequel n
4546 mmes libres ; mais j’aime mieux les hommes libres de la France que tous les autres hommes de l’univers. Le refus jacobin
4547 es libres de la France que tous les autres hommes de l’univers. Le refus jacobin de la formule fédéraliste, tant pour la
4548 les autres hommes de l’univers. Le refus jacobin de la formule fédéraliste, tant pour la France que pour l’Europe, le dél
4549 rmule fédéraliste, tant pour la France que pour l’ Europe , le délire d’unité universelle nivelée et centralisée, devait conduir
4550 tant pour la France que pour l’Europe, le délire d’ unité universelle nivelée et centralisée, devait conduire la Révolutio
4551 n, par une nécessité concrète, à la négation même de ses premiers principes : à l’« égoïsme national », au nationalisme ag
4552 rait assez souligner l’importance décisive pour l’ Europe de cette évolution de la pensée politique et du vocabulaire français.
4553 sez souligner l’importance décisive pour l’Europe de cette évolution de la pensée politique et du vocabulaire français. Le
4554 ortance décisive pour l’Europe de cette évolution de la pensée politique et du vocabulaire français. Les girondins qui se
4555 ot, si l’on en croit le dictionnaire étymologique de Warburg — furent dénoncés par les jacobins comme traîtres à la Patrie
4556 par la Terreur, dans l’esprit des Français et des Européens qui tiennent à se réclamer de la Révolution et de la tradition jacobi
4557 nçais et des Européens qui tiennent à se réclamer de la Révolution et de la tradition jacobine. D’où le malentendu permane
4558 ns qui tiennent à se réclamer de la Révolution et de la tradition jacobine. D’où le malentendu permanent qui les oppose dè
4559 mer de la Révolution et de la tradition jacobine. D’ où le malentendu permanent qui les oppose dès cette date, aux démocrat
4560 monde anglo-saxon et des petits pays. Un Français d’ aujourd’hui, s’il tient à s’assurer du sens de ce mot décrié, recourt
4561 ais d’aujourd’hui, s’il tient à s’assurer du sens de ce mot décrié, recourt au dictionnaire Littré, et lit ceci à l’articl
4562 dant la révolution, projet attribué aux girondins de rompre l’unité nationale et de transformer la France en une fédératio
4563 ibué aux girondins de rompre l’unité nationale et de transformer la France en une fédération de petits États. — Aux jacobi
4564 ale et de transformer la France en une fédération de petits États. — Aux jacobins, on agita gravement la question du fédér
4565 mille fureurs contre les girondins, Thiers, Hist. de la Rév.
14 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 2. Plans d’union européenne contemporains de la Révolution
4566 2.Plans d’ union européenne contemporains de la Révolution En dépit des nombreu
4567 2.Plans d’union européenne contemporains de la Révolution En dépit des nombreuses déclamations
4568 2.Plans d’union européenne contemporains de la Révolution En dépit des nombreuses déclamations des conventionne
4569 déclamations des conventionnels invoquant le nom de l’Europe, pas un seul plan sérieux d’union continentale n’est sorti d
4570 amations des conventionnels invoquant le nom de l’ Europe , pas un seul plan sérieux d’union continentale n’est sorti de la Révo
4571 uant le nom de l’Europe, pas un seul plan sérieux d’ union continentale n’est sorti de la Révolution, du moins en France et
4572 eul plan sérieux d’union continentale n’est sorti de la Révolution, du moins en France et cela s’explique. L’explosion pas
4573 ique. L’explosion passionnelle a jeté ses acteurs de l’utopie du « genre humain » à l’idéal nationaliste en sautant le sta
4574 l’idéal nationaliste en sautant le stade réaliste de la fédération de l’Europe. Le résidu concret du phénomène sera la « n
4575 ste en sautant le stade réaliste de la fédération de l’Europe. Le résidu concret du phénomène sera la « nationalisation »
4576 n sautant le stade réaliste de la fédération de l’ Europe . Le résidu concret du phénomène sera la « nationalisation » du sentim
4577 euples. Le « qui veut faire l’ange fait la bête » de Pascal se traduit ici par « qui veut le Monde abstrait fait la nation
4578 smoulins écrivait : Nous avons arraché les haies de division qui séparaient les Français entre eux, et déjà il n’y a plus
4579 ent les Français entre eux, et déjà il n’y a plus de provinces ; espérons que bientôt la division des royaumes ne sera plu
4580 e, qu’on appellera le genre humain. Le processus de nivellement des diversités régionales, préconisé par cette déclaratio
4581 aration, doit nécessairement supprimer la réalité européenne . Il est vrai qu’en parlant du « genre humain », l’orateur n’envisage
4582 nre humain », l’orateur n’envisage en somme que l’ Europe , comme le faisaient les auteurs d’avant la Renaissance lorsqu’ils par
4583 omme que l’Europe, comme le faisaient les auteurs d’ avant la Renaissance lorsqu’ils parlaient de la « chrétienté ». Mais p
4584 teurs d’avant la Renaissance lorsqu’ils parlaient de la « chrétienté ». Mais précisément ce défaut de perspective historiq
4585 de la « chrétienté ». Mais précisément ce défaut de perspective historique l’empêche de voir les caractères spécifiques d
4586 ent ce défaut de perspective historique l’empêche de voir les caractères spécifiques de l’ensemble Europe dans le monde. H
4587 ique l’empêche de voir les caractères spécifiques de l’ensemble Europe dans le monde. Hors du drame de Paris, on les disti
4588 de voir les caractères spécifiques de l’ensemble Europe dans le monde. Hors du drame de Paris, on les distingue mieux. Les pl
4589 de l’ensemble Europe dans le monde. Hors du drame de Paris, on les distingue mieux. Les plans d’union de l’Anglais Bentham
4590 drame de Paris, on les distingue mieux. Les plans d’ union de l’Anglais Bentham, de l’Italien E. L’Aurora, des Allemands Ka
4591 Paris, on les distingue mieux. Les plans d’union de l’Anglais Bentham, de l’Italien E. L’Aurora, des Allemands Kant et Ge
4592 ue mieux. Les plans d’union de l’Anglais Bentham, de l’Italien E. L’Aurora, des Allemands Kant et Gentz, seront expresséme
4593 des Allemands Kant et Gentz, seront expressément européens . Inspirés par le grand bouleversement idéologique qu’exprime la Révol
4594 logique qu’exprime la Révolution, ils s’efforcent de rejoindre les réalités concrètes qu’il s’agirait maintenant d’organis
4595 les réalités concrètes qu’il s’agirait maintenant d’ organiser. Jeremy Bentham (1747-1832) fut décrété citoyen français par
4596 é citoyen français par la Convention à l’occasion d’ un grand discours contre le colonialisme. Il n’a pas seulement lié son
4597 sme. Il n’a pas seulement lié son nom au principe de l’utilitarisme : il a lancé l’idée d’une législation internationale d
4598 au principe de l’utilitarisme : il a lancé l’idée d’ une législation internationale dans ses Principles of International La
4599 des Objets et des Sujets du droit international, de la Guerre et de la Paix. C’est dans le quatrième essai, « A Plan for
4600 es Sujets du droit international, de la Guerre et de la Paix. C’est dans le quatrième essai, « A Plan for an Universal and
4601 Perpetual Peace », que Bentham aborde la question européenne . Le champ de son ambition est le monde, annonce-t-il. Mais les mesure
4602 e Bentham aborde la question européenne. Le champ de son ambition est le monde, annonce-t-il. Mais les mesures qu’il propo
4603 t-il. Mais les mesures qu’il propose concernent l’ Europe , et tout d’abord la Grande-Bretagne, car elle seule compte, avec la F
4604 seule compte, avec la France, et ce qu’il va dire de l’une vaudra pour l’autre142. L’objet du présent essai est de soumet
4605 ra pour l’autre142. L’objet du présent essai est de soumettre au monde un plan de paix universel et perpétuel. Le Globe e
4606 u présent essai est de soumettre au monde un plan de paix universel et perpétuel. Le Globe est l’aire de l’influence à laq
4607 paix universel et perpétuel. Le Globe est l’aire de l’influence à laquelle aspire l’auteur, — la Presse son instrument, e
4608 t, et le seul auquel il ait recours, — le Cabinet de l’Humanité le théâtre de son intrigue. Le plan qui suit se fonde sur
4609 it recours, — le Cabinet de l’Humanité le théâtre de son intrigue. Le plan qui suit se fonde sur deux propositions fondame
4610 ns fondamentales : 1. La réduction et la fixation de la force des différentes nations qui composent le système européen ;
4611 des différentes nations qui composent le système européen  ; 2. l’émancipation des dépendances lointaines de chaque État. Chacun
4612 en ; 2. l’émancipation des dépendances lointaines de chaque État. Chacune de ces propositions possède ses avantages distin
4613 es dépendances lointaines de chaque État. Chacune de ces propositions possède ses avantages distincts ; mais ni l’une ni l
4614 une ni l’autre, comme on le verra, ne permettrait d’ atteindre seule le but recherché Quant à l’utilité d’une paix universe
4615 tteindre seule le but recherché Quant à l’utilité d’ une paix universelle et durable, moyennant un plan praticable à cet ef
4616 un plan praticable à cet effet, et qui ait chance d’ être adopté, il ne saurait y avoir qu’une voix. La seule objection pos
4617 tel que toute proposition dans ce sens mériterait d’ être tenue pour visionnaire et ridicule. Je m’appliquerai tout d’abord
4618 cette objection, car il se peut que la réduction d’ un tel préjugé soit nécessaire pour que le plan reçoive audience. Quoi
4619 écessaire pour que le plan reçoive audience. Quoi de mieux fait, pour préparer les esprits à recevoir une proposition de c
4620 r préparer les esprits à recevoir une proposition de ce genre, que la proposition elle-même ? Et qu’on ne m’objecte pas qu
4621 entreprendre ce qui peut les faire mûrir. Un plan de cette nature est de ceux qui ne viennent jamais trop tôt, ni trop tar
4622 peut les faire mûrir. Un plan de cette nature est de ceux qui ne viennent jamais trop tôt, ni trop tard. … Les feuillets q
4623 feuillets qui suivent sont dédiés au bien commun de toutes les nations civilisées, mais plus particulièrement à celui de
4624 ns civilisées, mais plus particulièrement à celui de la Grande-Bretagne et de la France. Leur but est de promouvoir trois
4625 particulièrement à celui de la Grande-Bretagne et de la France. Leur but est de promouvoir trois grands objets : — la simp
4626 la Grande-Bretagne et de la France. Leur but est de promouvoir trois grands objets : — la simplicité du gouvernement, la
4627 nationale, et la paix. La réflexion m’a convaincu de la vérité des propositions suivantes : I. Qu’il n’est pas de l’intérê
4628 é des propositions suivantes : I. Qu’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir des dépendances lointaines, q
4629 tions suivantes : I. Qu’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir des dépendances lointaines, quelles qu’ell
4630 u’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne d’ avoir des dépendances lointaines, quelles qu’elles soient. II Qu’il n’
4631 ines, quelles qu’elles soient. II Qu’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir des traités d’alliance, offen
4632 qu’elles soient. II Qu’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir des traités d’alliance, offensive ou défen
4633 u’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne d’ avoir des traités d’alliance, offensive ou défensive, avec quelque pui
4634 intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir des traités d’ alliance, offensive ou défensive, avec quelque puissance que ce soit.
4635 elque puissance que ce soit. III. Qu’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir aucun traité, avec quelque pu
4636 ce que ce soit. III. Qu’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir aucun traité, avec quelque puissance que c
4637 u’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne d’ avoir aucun traité, avec quelque puissance que ce soit, aux fins de s’
4638 porte quelle autre puissance. IV. Qu’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne d’entretenir aucune force navale excé
4639 autre puissance. IV. Qu’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne d’entretenir aucune force navale excédant celle qu
4640 u’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne d’ entretenir aucune force navale excédant celle qui lui suffit pour défe
4641 n commerce contre les pirates. V. Qu’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne de garder en vigueur quelque ordonnan
4642 ntre les pirates. V. Qu’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne de garder en vigueur quelque ordonnance que ce soi
4643 u’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne de garder en vigueur quelque ordonnance que ce soit visant à l’augmentat
4644 ue ce soit visant à l’augmentation ou au maintien de ses forces navales au loin, telles que l’Acte de Navigation, les prim
4645 de ses forces navales au loin, telles que l’Acte de Navigation, les primes au commerce avec le Groënland, et autres dispo
4646 ement vrai pour la France. XI. Que l’accord total de la Grande-Bretagne et de la France étant supposé acquis, les principa
4647 . XI. Que l’accord total de la Grande-Bretagne et de la France étant supposé acquis, les principales difficultés d’un plan
4648 étant supposé acquis, les principales difficultés d’ un plan de pacification générale et permanente pour toute l’Europe ser
4649 osé acquis, les principales difficultés d’un plan de pacification générale et permanente pour toute l’Europe seraient écar
4650 pacification générale et permanente pour toute l’ Europe seraient écartées. XII. Que pour assurer cette pacification, des trai
4651 fs des troupes entretenues. XIII. Que le maintien de cette pacification serait considérablement facilité par l’institution
4652 erait considérablement facilité par l’institution d’ une Cour de Justice commune pour régler les différends entre nations,
4653 dérablement facilité par l’institution d’une Cour de Justice commune pour régler les différends entre nations, encore qu’u
4654 , encore qu’une telle Cour n’ait pas à être dotée de pouvoirs de coercition. XIV. Que le secret des opérations du ministèr
4655 une telle Cour n’ait pas à être dotée de pouvoirs de coercition. XIV. Que le secret des opérations du ministère des Affair
4656 ent inutile, et au surplus contraire aux intérêts de la liberté comme à ceux de la paix. Après avoir discuté tambour batt
4657 contraire aux intérêts de la liberté comme à ceux de la paix. Après avoir discuté tambour battant les douze premiers arti
4658 scuté tambour battant les douze premiers articles de son plan, Bentham remarque au sujet du treizième : Établissez un Tri
4659 : Établissez un Tribunal commun, et la nécessité de faire la guerre ne résultera plus des différences d’opinion. Juste ou
4660 faire la guerre ne résultera plus des différences d’ opinion. Juste ou non, la sentence des arbitres sauvera l’honneur et l
4661 tence des arbitres sauvera l’honneur et le crédit de la partie plaignante. Peut-on vraiment traiter de visionnaire un tel
4662 de la partie plaignante. Peut-on vraiment traiter de visionnaire un tel arrangement, une fois prouvé à son sujet que : 1.
4663 ique, la Ligue helvétique. Pourquoi la fraternité européenne ne pourrait-elle pas exister aussi bien que la Diète allemande ou la
4664 ou la Ligue helvétique ? Ces dernières n’ont pas d’ ambitions. Qu’il en soit donc ainsi ; mais n’est-ce pas déjà le cas de
4665 ventions ? L’un des principaux objets du plan est d’ effectuer une réduction — et très considérable — des dépenses des peup
4666 nsidérable — des dépenses des peuples. Le montant de cette réduction, pour chaque nation, devrait être stipulé par le Trai
4667 ratification du Traité par les différents États. De cette manière, la masse des peuples, qui est la partie la plus exposé
4668 des préventions, ne serait pas plus tôt informée de la ratification du Traité qu’elle en sentirait les bienfaits. Ils ver
4669 aire reconnaître et circuler dans toute l’étendue de chaque État ; 3, après un certain délai, à mettre l’État réfractaire
4670 certain délai, à mettre l’État réfractaire au ban de l’Europe. Il ne serait peut-être pas mauvais de fixer le contingent q
4671 in délai, à mettre l’État réfractaire au ban de l’ Europe . Il ne serait peut-être pas mauvais de fixer le contingent que les di
4672 n de l’Europe. Il ne serait peut-être pas mauvais de fixer le contingent que les différents États devraient fournir pour d
4673 force aux décrets du Tribunal. Mais la nécessité de recourir à cette ultime ressource serait, en toute probabilité suppri
4674 l’expédient beaucoup plus simple et moins onéreux d’ une clause introduite dans l’instrument créant la Cour, et garantissan
4675 rument créant la Cour, et garantissant la liberté de la presse dans chaque État… Le reste de l’essai est occupé par une l
4676 liberté de la presse dans chaque État… Le reste de l’essai est occupé par une longue polémique contre le secret diplomat
4677 ècle, ait su voir à la fois l’importance décisive d’ une presse libre, et les dangers d’une telle liberté lorsqu’elle n’est
4678 tance décisive d’une presse libre, et les dangers d’ une telle liberté lorsqu’elle n’est inspirée que par l’égoïsme nationa
4679 que par l’égoïsme national, sacralisé sous le nom de « patriotisme » : La voix de la nation ne peut se faire entendre que
4680 cralisé sous le nom de « patriotisme » : La voix de la nation ne peut se faire entendre que par les journaux. Mais sur ce
4681 tenus pour criminels ou vicieux dans la poursuite d’ intérêts individuels, se voient aussitôt sublimés et qualifiés de vert
4682 viduels, se voient aussitôt sublimés et qualifiés de vertueux, dans la poursuite d’intérêts nationaux. Que celui qui a jam
4683 limés et qualifiés de vertueux, dans la poursuite d’ intérêts nationaux. Que celui qui a jamais lu un journal anglais ose d
4684 rer qu’il n’en va pas ainsi ! Et là-dessus, point de différences entre les partis. Quelque opposés qu’ils soient sur tous
4685 soi que les faits doivent se plier. Qui rougirait de les fausser, quand les fausser est une vertu ? Mais s’il est vrai que
4686 voix des journaux n’est encore qu’une faible part de la voix du peuple, il n’en reste pas moins que l’enseignement qu’ils
4687 itatore », fut un des jacobins les plus éloquents de l’Italie, comme on peut en juger par le titre de l’ouvrage qu’il publ
4688 de l’Italie, comme on peut en juger par le titre de l’ouvrage qu’il publia en 1796 : All’Italia nelle tenebre L’Aurora po
4689 tenebre L’Aurora porta la luce. Il y appelait les Européens à s’unir en une seule nation pour inaugurer l’ère de la Liberté-égali
4690 à s’unir en une seule nation pour inaugurer l’ère de la Liberté-égalité-fraternité, succédant aux ères historiques de l’âg
4691 galité-fraternité, succédant aux ères historiques de l’âge d’or, de la barbarie, de la justice et de la monarchie. Non, E
4692 aternité, succédant aux ères historiques de l’âge d’ or, de la barbarie, de la justice et de la monarchie. Non, Européens,
4693 té, succédant aux ères historiques de l’âge d’or, de la barbarie, de la justice et de la monarchie. Non, Européens, que n
4694 x ères historiques de l’âge d’or, de la barbarie, de la justice et de la monarchie. Non, Européens, que notre enfance, no
4695 s de l’âge d’or, de la barbarie, de la justice et de la monarchie. Non, Européens, que notre enfance, notre ignorance et
4696 barbarie, de la justice et de la monarchie. Non, Européens , que notre enfance, notre ignorance et notre stupidité trouvent une f
4697 colère universelle s’abatte sur la tête branlante de nos persécuteurs, que les vicissitudes d’une guerre sanglante touchen
4698 anlante de nos persécuteurs, que les vicissitudes d’ une guerre sanglante touchent nos seuls ennemis ! Et que les nations,
4699 , soient gouvernées selon les droits sacro-saints de la liberté et de l’égalité, dirigées selon les principes de la paix,
4700 es selon les droits sacro-saints de la liberté et de l’égalité, dirigées selon les principes de la paix, de la vertu et de
4701 rté et de l’égalité, dirigées selon les principes de la paix, de la vertu et de la justice… Que toutes les nations de l’Eu
4702 égalité, dirigées selon les principes de la paix, de la vertu et de la justice… Que toutes les nations de l’Europe puissen
4703 es selon les principes de la paix, de la vertu et de la justice… Que toutes les nations de l’Europe puissent se considérer
4704 la vertu et de la justice… Que toutes les nations de l’Europe puissent se considérer comme appartenant à un seul État, que
4705 rtu et de la justice… Que toutes les nations de l’ Europe puissent se considérer comme appartenant à un seul État, que leurs in
4706 État, que leurs intérêts soient communs, et que l’ Europe puisse être tenue pour la mère universelle de tous ses habitants !
4707 Europe puisse être tenue pour la mère universelle de tous ses habitants ! Il demandait la convocation d’un « congrès uni
4708 ous ses habitants ! Il demandait la convocation d’ un « congrès universel des hommes sages et érudits » élus par la « gen
4709 fût réuni en Sicile ou à Majorque pour délibérer d’ une « constitution générale pour toute l’Europe » et de trois pactes o
4710 ibérer d’une « constitution générale pour toute l’ Europe  » et de trois pactes ou codes réglant les relations morales, sociales
4711 « constitution générale pour toute l’Europe » et de trois pactes ou codes réglant les relations morales, sociales et mili
4712 sociales et militaires entre les nations. Le plan de Bentham ne fut publié qu’un demi-siècle après avoir été écrit, et cel
4713 qu’un demi-siècle après avoir été écrit, et celui de L’Aurora n’a été redécouvert que par des érudits italiens de notre si
4714 n’a été redécouvert que par des érudits italiens de notre siècle143. Beaucoup plus célèbre sera dès 1795 le plan de Kant,
4715 e143. Beaucoup plus célèbre sera dès 1795 le plan de Kant, et beaucoup plus efficace la pensée de Gentz, homme politique m
4716 plan de Kant, et beaucoup plus efficace la pensée de Gentz, homme politique mêlé aux grandes affaires du temps. Emmanuel K
4717 res du temps. Emmanuel Kant (1724-1804) était âgé de 71 ans lorsqu’il publia en 1795 son traité Zum ewigen Friede. Il n’ét
4718 95 son traité Zum ewigen Friede. Il n’était sorti de sa ville natale de Königsberg qu’une seule fois en sa vie, mais suiva
4719 wigen Friede. Il n’était sorti de sa ville natale de Königsberg qu’une seule fois en sa vie, mais suivait de près les gran
4720 igsberg qu’une seule fois en sa vie, mais suivait de près les grands mouvements de l’époque : on sait que l’annonce de la
4721 a vie, mais suivait de près les grands mouvements de l’époque : on sait que l’annonce de la Révolution française lui fit m
4722 ds mouvements de l’époque : on sait que l’annonce de la Révolution française lui fit modifier d’Est en Ouest la direction
4723 nonce de la Révolution française lui fit modifier d’ Est en Ouest la direction de sa promenade quotidienne. Il connaissait
4724 aise lui fit modifier d’Est en Ouest la direction de sa promenade quotidienne. Il connaissait le Projet de l’abbé de Saint
4725 a promenade quotidienne. Il connaissait le Projet de l’abbé de Saint-Pierre (qu’il cite avec éloges dès 1750) et l’Extrait
4726 qu’en avait donné Rousseau. Dès 1760, l’influence de Rousseau l’amène à s’occuper de l’idée d’un « Völkerbund ». Il en pré
4727 1760, l’influence de Rousseau l’amène à s’occuper de l’idée d’un « Völkerbund ». Il en précise les bases morales dans plus
4728 fluence de Rousseau l’amène à s’occuper de l’idée d’ un « Völkerbund ». Il en précise les bases morales dans plusieurs de s
4729 ». Il en précise les bases morales dans plusieurs de ses ouvrages rédigés à la veille de la Révolution. Puis dans un petit
4730 ans plusieurs de ses ouvrages rédigés à la veille de la Révolution. Puis dans un petit écrit datant de 1793 : Ueber den Ge
4731 de la Révolution. Puis dans un petit écrit datant de 1793 : Ueber den Gemeinspruch : Das mag in der Théorie richtigsein, t
4732 forme systématique, mais avec un souci manifeste de réalisme politique : il se réfère en effet (jusque dans l’ordonnance
4733 : il se réfère en effet (jusque dans l’ordonnance de son plan) à la Paix de Bâle, que la Prusse et l’Espagne viennent de s
4734 (jusque dans l’ordonnance de son plan) à la Paix de Bâle, que la Prusse et l’Espagne viennent de signer avec la Républiqu
4735 c la République Française. L’essai revêt la forme d’ un traité international divisé en 6 articles préliminaires, 3 « articl
4736 uxième article définitif » que réside l’essentiel de la pensée fédéraliste européenne du grand philosophe : Si l’on ne pe
4737 » que réside l’essentiel de la pensée fédéraliste européenne du grand philosophe : Si l’on ne peut voir sans un profond mépris le
4738 s un profond mépris les sauvages, dans leur amour d’ une indépendance sans règle, préférer se battre sans cesse, plutôt que
4739 erté raisonnable, et si l’on considère cela comme de la barbarie, comme un manque de civilisation et comme une dégradation
4740 sidère cela comme de la barbarie, comme un manque de civilisation et comme une dégradation brutale de l’humanité, dès lors
4741 de civilisation et comme une dégradation brutale de l’humanité, dès lors ne devrions-nous pas penser que les peuples civi
4742 chacun forme un État distinct) devraient se hâter de sortir au plus tôt d’un état si abject ? Au lieu de cela, chaque État
4743 istinct) devraient se hâter de sortir au plus tôt d’ un état si abject ? Au lieu de cela, chaque État fait bien plutôt cons
4744 n plutôt consister sa majesté (car il est absurde de parler de la majesté populaire) à ne se soumettre à aucune contrainte
4745 onsister sa majesté (car il est absurde de parler de la majesté populaire) à ne se soumettre à aucune contrainte légale ex
4746 r, sans qu’il ait lui-même à courir aucun danger, de plusieurs milliers d’hommes qui se laissent sacrifier pour une cause
4747 même à courir aucun danger, de plusieurs milliers d’ hommes qui se laissent sacrifier pour une cause qui ne les concerne pa
4748 cerne pas. Toute la différence entre les sauvages de l’Amérique et ceux de l’Europe, consiste en ce que les premiers ont d
4749 fférence entre les sauvages de l’Amérique et ceux de l’Europe, consiste en ce que les premiers ont déjà mangé maintes trib
4750 nce entre les sauvages de l’Amérique et ceux de l’ Europe , consiste en ce que les premiers ont déjà mangé maintes tribus ennemi
4751 eur parti des vaincus ; ils préfèrent, plutôt que de les manger, augmenter le nombre de leurs sujets, et, par conséquent,
4752 nt, plutôt que de les manger, augmenter le nombre de leurs sujets, et, par conséquent, celui des instruments qu’ils destin
4753 s conquêtes. […] Quand on considère la méchanceté de la nature humaine, qui se montre à nu dans les libres relations des p
4754 mot droit n’ait pas encore été tout à fait banni de la politique de la guerre comme une expression pédante, et qu’aucun É
4755 pas encore été tout à fait banni de la politique de la guerre comme une expression pédante, et qu’aucun État ne se soit e
4756 re ingénument, pour « justifier » une déclaration de guerre, Hugo Grotius, Pufendorf, Vattel et d’autres encore (tristes c
4757 (tristes consolateurs), bien que leur code, conçu de manière philosophique ou diplomatique, n’ait ou ne puisse avoir la mo
4758 sseins. Cet hommage que chaque État rend à l’idée de droit (du moins en paroles) prouve cependant qu’il y a en l’homme une
4759 ) est l’avantage que la nature donne au plus fort de se faire obéir par le plus faible. » […] La possibilité de réaliser
4760 e obéir par le plus faible. » […] La possibilité de réaliser (il s’agit de réalité objective) cette idée de fédération, q
4761 ble. » […] La possibilité de réaliser (il s’agit de réalité objective) cette idée de fédération, qui doit s’étendre progr
4762 liser (il s’agit de réalité objective) cette idée de fédération, qui doit s’étendre progressivement à tous les États, et l
4763 la paix perpétuelle), il y aurait ainsi un centre d’ alliance fédérative à laquelle les autres États pourraient adhérer, af
4764 erté, conformément à l’idée du droit des gens, et d’ étendre cette alliance peu à peu par d’autres associations de ce genre
4765 ette alliance peu à peu par d’autres associations de ce genre. L’idée du droit des gens, comprise comme un droit à la guer
4766 oprement inconcevable (puisque ce serait le droit de décider ce qui est juste non pas d’après des lois extérieures univers
4767 s universellement valables et limitant la liberté de chaque individu, mais par la force, selon des maximes particulières).
4768 force, selon des maximes particulières). À moins d’ entendre par là qu’il est tout à fait juste que des hommes dans de sem
4769 à qu’il est tout à fait juste que des hommes dans de semblables dispositions se détruisent les uns les autres et trouvent
4770 tombeau qui recouvre avec eux toutes les horreurs de la violence. Aux yeux de la raison, il n’y a pas, pour des États entr
4771 des États entretenant des relations réciproques, d’ autre moyen de sortir de l’absence de légalité, source de guerres décl
4772 retenant des relations réciproques, d’autre moyen de sortir de l’absence de légalité, source de guerres déclarées, que de
4773 es relations réciproques, d’autre moyen de sortir de l’absence de légalité, source de guerres déclarées, que de renoncer,
4774 réciproques, d’autre moyen de sortir de l’absence de légalité, source de guerres déclarées, que de renoncer, comme les ind
4775 moyen de sortir de l’absence de légalité, source de guerres déclarées, que de renoncer, comme les individus, à leur liber
4776 nce de légalité, source de guerres déclarées, que de renoncer, comme les individus, à leur liberté sauvage (anarchique), p
4777 r liberté sauvage (anarchique), pour s’accommoder de la contrainte publique des lois et former ainsi un « État des nations
4778 ment, qui s’étendrait à la fin à tous les peuples de la terre. Mais comme, d’après l’idée qu’ils se font du droit des gens
4779 t du droit des gens, ils ne veulent point du tout de ce moyen, et rejettent in hypothesi ce qui est juste in thesi, à défa
4780 i est juste in thesi, à défaut de l’idée positive d’ une « république mondiale », il n’y a (si l’on ne veut pas tout perdre
4781 ne veut pas tout perdre) que l’ersatz « négatif » d’ une « alliance » permanente, sans cesse élargie, qui puisse préserver
4782 manente, sans cesse élargie, qui puisse préserver de la guerre et contenir le torrent de ces dispositions hostiles et oppo
4783 sse préserver de la guerre et contenir le torrent de ces dispositions hostiles et opposées au droit ; pourtant, le danger
4784 stiles et opposées au droit ; pourtant, le danger de leur déchaînement subsiste. (Furor impius intus frémit horridus ore c
4785 leur et la vivacité des discussions que le projet de Kant provoqua en Allemagne s’expliquent par l’intérêt qu’avait déjà s
4786 dans l’élite prussienne la redécouverte des plans de Sully et de l’abbé de Saint-Pierre (grâce à l’édition des Œconomies r
4787 prussienne la redécouverte des plans de Sully et de l’abbé de Saint-Pierre (grâce à l’édition des Œconomies royales due à
4788 t à l’influence qu’exercèrent très vite les idées de Kant, elle est illustrée par la publication, cinq ans après La Paix é
4789 la publication, cinq ans après La Paix éternelle, d’ un important essai de Gentz qui porte à peu près le même titre. Friedr
4790 ans après La Paix éternelle, d’un important essai de Gentz qui porte à peu près le même titre. Friedrich von Gentz (1764-1
4791 ministre du roi de Prusse, puis conseiller intime de la politique autrichienne, bras droit de Metternich et secrétaire du
4792 r intime de la politique autrichienne, bras droit de Metternich et secrétaire du congrès de Vienne, avait été dès sa jeune
4793 bras droit de Metternich et secrétaire du congrès de Vienne, avait été dès sa jeunesse un disciple de Kant, dont il partag
4794 de Vienne, avait été dès sa jeunesse un disciple de Kant, dont il partagea au début l’enthousiasme pour la Révolution. Ma
4795 ture des Reflections on the Revolution in France, d’ Edmund Burke, qu’il traduisit un an après leur publication en 1790, le
4796 uctibles du jacobinisme. Ses vues sur le problème européen , dans chacun de ses ouvrages comme dans sa carrière politique, manife
4797 e. Ses vues sur le problème européen, dans chacun de ses ouvrages comme dans sa carrière politique, manifestent le même ba
4798 qu’inspirerait la raison pure au non qu’il déduit de son expérience politique, et, vers la fin de sa vie, d’une lassitude
4799 duit de son expérience politique, et, vers la fin de sa vie, d’une lassitude désenchantée. Cet homme que le tsar Alexandre
4800 expérience politique, et, vers la fin de sa vie, d’ une lassitude désenchantée. Cet homme que le tsar Alexandre avait pu b
4801 e tsar Alexandre avait pu baptiser « le chevalier de l’Europe » et « le secrétaire général présomptif de l’Europe », finit
4802 r Alexandre avait pu baptiser « le chevalier de l’ Europe  » et « le secrétaire général présomptif de l’Europe », finit par écri
4803 l’Europe » et « le secrétaire général présomptif de l’Europe », finit par écrire en 1814 : « Ma politique devient tous le
4804 rope » et « le secrétaire général présomptif de l’ Europe  », finit par écrire en 1814 : « Ma politique devient tous les jours p
4805 égoïste et plus étroitement autrichienne. Le mot d’ Europe m’est devenu objet d’horreur » ; ou encore : « … j’ai perdu tou
4806 goïste et plus étroitement autrichienne. Le mot d’ Europe m’est devenu objet d’horreur » ; ou encore : « … j’ai perdu toute env
4807 autrichienne. Le mot d’Europe m’est devenu objet d’ horreur » ; ou encore : « … j’ai perdu toute envie d’être un Européen.
4808 orreur » ; ou encore : « … j’ai perdu toute envie d’ être un Européen. » Ce qui retient notre attention dans son essai de 1
4809 ou encore : « … j’ai perdu toute envie d’être un Européen . » Ce qui retient notre attention dans son essai de 1800 intitulé Übe
4810 . » Ce qui retient notre attention dans son essai de 1800 intitulé Über den ewigen Frieden, c’est la critique lucide (quoi
4811 ue exagérément pessimiste) des diverses doctrines européennes proclamées par l’absolutisme et la Révolution, ou par l’abbé de Saint
4812 enfin la fédération des États soit par un système d’ arbitrage, soit par des liens constitutionnels. Gentz repousse avec fo
4813 stitutionnels. Gentz repousse avec force l’utopie de la République universelle et unitaire des jacobins, qui n’est autre q
4814 u’une version renouvelée du vieux mythe effrayant de la Monarchie universelle : « L’Europe soumise à un seul gouvernement
4815 mythe effrayant de la Monarchie universelle : « L’ Europe soumise à un seul gouvernement — cette seule image suffit presque à f
4816 faut faire quelque chose pour prévenir le retour de guerres intestines qui ruinent l’Europe, cette « vingtième partie des
4817 nir le retour de guerres intestines qui ruinent l’ Europe , cette « vingtième partie des terres fermes de la planète » qui n’a d
4818 urope, cette « vingtième partie des terres fermes de la planète » qui n’a dû qu’à sa culture de dominer le monde. Cette hé
4819 fermes de la planète » qui n’a dû qu’à sa culture de dominer le monde. Cette hégémonie durera-t-elle ? L’Amérique ne va-t-
4820 ient de proposer l’année même : la transformation de nos États en autarcies commerciales, politiques et culturelles (voir
4821 ceptique que Gentz consacre la partie essentielle de son essai : Le troisième moyen d’assurer ou de préparer la paix éter
4822 ie essentielle de son essai : Le troisième moyen d’ assurer ou de préparer la paix éternelle serait d’instaurer une libre
4823 e de son essai : Le troisième moyen d’assurer ou de préparer la paix éternelle serait d’instaurer une libre fédération ou
4824 d’assurer ou de préparer la paix éternelle serait d’ instaurer une libre fédération ou d’élaborer dans ses moindres détails
4825 rnelle serait d’instaurer une libre fédération ou d’ élaborer dans ses moindres détails une constitution fédérale entre les
4826 insi, les États fédérés se réserveraient le droit de nommer, en cas de litige, un ou plusieurs arbitres ; ou bien ils adop
4827 dérés se réserveraient le droit de nommer, en cas de litige, un ou plusieurs arbitres ; ou bien ils adopteraient le princi
4828 ue la nécessité s’en ferait sentir, aux décisions de la majorité ; et enfin un congrès permanent serait institué, chargé d
4829 nfin un congrès permanent serait institué, chargé de régler toutes les affaires communes des États confédérés, de mener à
4830 outes les affaires communes des États confédérés, de mener à terme tous leurs procès et de mettre fin, en dernière instanc
4831 confédérés, de mener à terme tous leurs procès et de mettre fin, en dernière instance, à tous les contentieux. Suit une c
4832 criraient jamais à une constitution les empêchant d’ être injustes quand il leur plaît ; s’il était vrai, comme il le préte
4833 nous ne devrions pas laisser s’évanouir l’espoir de la voir se réaliser. Il s’est trouvé plus d’un moment dans l’histoire
4834 poir de la voir se réaliser. Il s’est trouvé plus d’ un moment dans l’histoire récente de l’Europe, où tous les gouvernemen
4835 t trouvé plus d’un moment dans l’histoire récente de l’Europe, où tous les gouvernements eussent préféré avec empressement
4836 uvé plus d’un moment dans l’histoire récente de l’ Europe , où tous les gouvernements eussent préféré avec empressement la sécur
4837 nts eussent préféré avec empressement la sécurité d’ une paix durable au succès incertain des guerres ; un tel moment peut
4838 etrouver et tout ce qui, parmi les hommes, dépend d’ une décision instantanée, est possible et pratiquement réalisable. La
4839 e. La difficulté, ou même la totale impossibilité de ce projet, réside moins dans la création de la fédération que dans le
4840 ilité de ce projet, réside moins dans la création de la fédération que dans les conditions mêmes de sa durée. Un libre con
4841 on de la fédération que dans les conditions mêmes de sa durée. Un libre contrat conclu entre les États n’entrera en consid
4842 s ne possède à la fois la volonté et la puissance de le rompre ; ou, en d’autres termes, que si la paix, que ce contrat de
4843 urer sans lui. C’est donc à un retour au système de l’« équilibre européen » que conclut Gentz, annonçant ainsi la politi
4844 ’est donc à un retour au système de l’« équilibre européen  » que conclut Gentz, annonçant ainsi la politique de la Sainte-Allian
4845 » que conclut Gentz, annonçant ainsi la politique de la Sainte-Alliance dont il sera l’un des grands artisans : Le but de
4846 e dont il sera l’un des grands artisans : Le but de ce système n’a jamais été, comme on l’en a accusé à tort, de rendre t
4847 me n’a jamais été, comme on l’en a accusé à tort, de rendre tous les États également puissants, mais bien, autant que poss
4848 lement puissants, mais bien, autant que possible, de protéger les plus faibles, en les alliant avec les plus forts, contre
4849 liant avec les plus forts, contre les entreprises d’ un État prépondérant. On se proposait d’organiser cette manière de con
4850 treprises d’un État prépondérant. On se proposait d’ organiser cette manière de constitution fédérale, qui s’est naturellem
4851 dérant. On se proposait d’organiser cette manière de constitution fédérale, qui s’est naturellement créée en Europe, de te
4852 tution fédérale, qui s’est naturellement créée en Europe , de telle sorte que chaque poids dans la grande masse politique eût q
4853 édérale, qui s’est naturellement créée en Europe, de telle sorte que chaque poids dans la grande masse politique eût quelq
4854 ait, chaque fois qu’il le fallait, à la tentation de la guerre les grandes difficultés que celle-ci soulève ; ou on cherch
4855 ner, par la peur ou l’intérêt, ce qu’en l’absence de toute autorité supérieure, ni la loi ni la moralité n’étaient capable
4856 eure, ni la loi ni la moralité n’étaient capables de réprimer. On voulait, en un mot, obtenir par des pactes séparés ce qu
4857 , obtenir par des pactes séparés ce que le projet de Saint-Pierre promettait de réaliser par un pacte général. Quant à la
4858 parés ce que le projet de Saint-Pierre promettait de réaliser par un pacte général. Quant à la quatrième possibilité, cel
4859 général. Quant à la quatrième possibilité, celle d’ une Constitution fédérale, c’est hélas — dit Gentz — « une éternelle c
4860  », car : 1. Elle devrait, pour réaliser l’idéal de la paix éternelle, pouvoir régir la terre entière. Un système fédérat
4861 u monde, n’offrirait en aucune façon une garantie de paix suffisante. L’état de nature, qui règne entre les différents pay
4862 ys, ne cessera véritablement sur toute la surface de la Terre que le jour où tous les États pourront s’unir en un seul ; c
4863 en aucune condition, pour un nombre considérable de pays et surtout de grands pays. Une association de petits États, que
4864 n, pour un nombre considérable de pays et surtout de grands pays. Une association de petits États, que relie entre eux un
4865 e pays et surtout de grands pays. Une association de petits États, que relie entre eux un intérêt commun, peut certes vivr
4866 ut certes vivre et se développer, si on l’a dotée d’ une constitution de ce genre145. Mais s’il fallait appliquer le systèm
4867 se développer, si on l’a dotée d’une constitution de ce genre145. Mais s’il fallait appliquer le système fédératif à de gr
4868 ais s’il fallait appliquer le système fédératif à de grands États, s’il fallait transformer l’Europe en une véritable répu
4869 tif à de grands États, s’il fallait transformer l’ Europe en une véritable république fédérative — non pas d’après le plan insu
4870 fédérative — non pas d’après le plan insuffisant de Saint-Pierre, mais dans le sens indiqué ici et seul valable — il conv
4871 ens indiqué ici et seul valable — il conviendrait d’ investir le Sénat suprême de cette immense république d’une autorité q
4872 ble — il conviendrait d’investir le Sénat suprême de cette immense république d’une autorité qui ne souffrît aucune compar
4873 stir le Sénat suprême de cette immense république d’ une autorité qui ne souffrît aucune comparaison avec celle de chacun d
4874 ité qui ne souffrît aucune comparaison avec celle de chacun des États membres ; ce qui, une fois de plus, est absolument i
4875 ner, dans un immense État fédératif comme seule l’ Europe pourrait en former un, une autorité assez grande pour imposer aux int
4876 t purement idéal du projet. Car il est impossible d’ admettre que chaque État puisse se soumettre de plein gré aux jugement
4877 at puisse se soumettre de plein gré aux jugements de la Haute Cour de la fédération. À l’intérieur des États il faut souve
4878 ettre de plein gré aux jugements de la Haute Cour de la fédération. À l’intérieur des États il faut souvent avoir recours
4879 eut-être plus souvent encore que dans les litiges d’ ordre privé, la bonne exécution des décisions du Tribunal devrait être
4880 res coercitives contre un État ne signifient rien d’ autre que la guerre ; par conséquent, la guerre reste inévitable, même
4881 guerre reste inévitable, même si la Constitution européenne venait à voir le jour. La guerre reste donc inévitable, et comme la
4882 névitable, et comme la Révolution française vient d’ aggraver ses conditions — ici Gentz reprend la critique de Burke et de
4883 er ses conditions — ici Gentz reprend la critique de Burke et de Bonald — tout ce que l’on est en droit d’espérer et de pr
4884 tions — ici Gentz reprend la critique de Burke et de Bonald — tout ce que l’on est en droit d’espérer et de préparer, c’es
4885 urke et de Bonald — tout ce que l’on est en droit d’ espérer et de préparer, c’est un système d’équilibre qui « limite le m
4886 nald — tout ce que l’on est en droit d’espérer et de préparer, c’est un système d’équilibre qui « limite le mal » : Les h
4887 droit d’espérer et de préparer, c’est un système d’ équilibre qui « limite le mal » : Les hommes de la Révolution croyaie
4888 e d’équilibre qui « limite le mal » : Les hommes de la Révolution croyaient unir tous les peuples de la terre en une gran
4889 de la Révolution croyaient unir tous les peuples de la terre en une grande fédération cosmopolite, et ils n’ont réussi qu
4890 . À l’époque où éclata la Révolution française, l’ Europe avait vraiment déjà fait quelques pas importants dans l’élaboration d
4891 à fait quelques pas importants dans l’élaboration d’ une constitution pacifique de droit international. Le pas le plus impo
4892 s dans l’élaboration d’une constitution pacifique de droit international. Le pas le plus important de tous était sans cont
4893 de droit international. Le pas le plus important de tous était sans contredit la découverte des vrais principes de l’écon
4894 sans contredit la découverte des vrais principes de l’économie politique. Une conception éclairée, libérale et bienfaisan
4895 système selon lequel la grandeur et le bien-être de l’État reposent sur la guerre et les conquêtes. Les gouvernements app
4896 rnements apprenaient peu à peu que la source même de leur puissance, qu’ils avaient cherchée bien loin de leur patrie, gis
4897 el État, contribuaient plus ou moins au bien-être de tous. Même la nation la plus riche retire de plus grands avantages de
4898 ion la plus riche retire de plus grands avantages de l’opulence que de la pauvreté de ses voisins et de toutes les autres
4899 retire de plus grands avantages de l’opulence que de la pauvreté de ses voisins et de toutes les autres nations. Quant aux
4900 grands avantages de l’opulence que de la pauvreté de ses voisins et de toutes les autres nations. Quant aux ravages causés
4901 e l’opulence que de la pauvreté de ses voisins et de toutes les autres nations. Quant aux ravages causés par la guerre, qu
4902 es semblaient bien avoir trouvé le chemin de plus d’ un trône. Ainsi paraissait s’ouvrir en Europe, partout à la fois, une
4903 de plus d’un trône. Ainsi paraissait s’ouvrir en Europe , partout à la fois, une ère nouvelle de sagesse, d’humanité et de pai
4904 ir en Europe, partout à la fois, une ère nouvelle de sagesse, d’humanité et de paix. Cette terrible Révolution a fini par
4905 , partout à la fois, une ère nouvelle de sagesse, d’ humanité et de paix. Cette terrible Révolution a fini par contaminer l
4906 fois, une ère nouvelle de sagesse, d’humanité et de paix. Cette terrible Révolution a fini par contaminer la vie politiqu
4907 Révolution a fini par contaminer la vie politique de l’Europe entière, car elle ne trouvait plus à l’intérieur de la Franc
4908 ution a fini par contaminer la vie politique de l’ Europe entière, car elle ne trouvait plus à l’intérieur de la France de quoi
4909 elle ne trouvait plus à l’intérieur de la France de quoi satisfaire sa grande puissance destructrice. Son résultat final
4910 uissance destructrice. Son résultat final dépasse de loin toutes les évaluations des hommes. Mais actuellement une seule c
4911 ellement une seule certitude a été acquise : loin d’ avoir affermi la paix sur la terre, elle s’est mise au service de la g
4912 la paix sur la terre, elle s’est mise au service de la guerre, lui fournissant maintes occasions d’éclater et maints moye
4913 e de la guerre, lui fournissant maintes occasions d’ éclater et maints moyens de se développer, disposant même les esprits
4914 sant maintes occasions d’éclater et maints moyens de se développer, disposant même les esprits en sa faveur. Certes, des é
4915 eversement des guerres, une nouvelle Constitution de droit international peut naître et se développer plus rapidement qu’o
4916 se développer plus rapidement qu’on est en droit de l’espérer. Un ordre des choses plus pacifique, fondé sur de meilleurs
4917 er. Un ordre des choses plus pacifique, fondé sur de meilleurs principes, s’établirait alors de façon tout à fait inattend
4918 dé sur de meilleurs principes, s’établirait alors de façon tout à fait inattendue pour la plus grande joie de l’humanité.
4919 n tout à fait inattendue pour la plus grande joie de l’humanité. Mais ce sont là de ces bienfaits de la Fortune, sur lesqu
4920 a plus grande joie de l’humanité. Mais ce sont là de ces bienfaits de la Fortune, sur lesquels personne ne peut compter, s
4921 e de l’humanité. Mais ce sont là de ces bienfaits de la Fortune, sur lesquels personne ne peut compter, surtout pas lorsqu
4922 nne ne peut compter, surtout pas lorsqu’il s’agit d’ édifier l’avenir. Dans l’état actuel des choses, une seule vérité subs
4923 non seulement la paix, mais la simple possibilité de la paix est très éloignée de nous ; la guerre est notre destin sur te
4924 a simple possibilité de la paix est très éloignée de nous ; la guerre est notre destin sur terre, et si des changements et
4925 assez souvent cette vérité dans les antichambres de la politique, pour que diplomates et politiciens se rendent compte de
4926 r que diplomates et politiciens se rendent compte de la lourde tâche et de la grande vocation qui est désormais la leur ;
4927 liticiens se rendent compte de la lourde tâche et de la grande vocation qui est désormais la leur ; et qu’ils redoublent d
4928 qui est désormais la leur ; et qu’ils redoublent de volonté, de courage et de force pour trouver enfin la voie du salut o
4929 ormais la leur ; et qu’ils redoublent de volonté, de courage et de force pour trouver enfin la voie du salut ou, du moins,
4930  ; et qu’ils redoublent de volonté, de courage et de force pour trouver enfin la voie du salut ou, du moins, une limite au
4931 , écrivain politique abondant et brillant orateur de la Chambre des communes, fut à la fois le premier défenseur des droit
4932 ur des droits américains et le premier adversaire de l’idéologie jacobine. Héritier de Montesquieu, maître de Gentz, il no
4933 mier adversaire de l’idéologie jacobine. Héritier de Montesquieu, maître de Gentz, il nous apparaît comme le précurseur de
4934 carme qu’entretiennent les clameurs enthousiastes de la gauche et les anathèmes de la droite, sa voix s’élève de nouveau a
4935 meurs enthousiastes de la gauche et les anathèmes de la droite, sa voix s’élève de nouveau au xxe siècle, en Angleterre e
4936 tats-Unis, où le « néo-conservatisme » s’autorise de la pondération et du sens réaliste qu’il défendit avec tant de violen
4937 réaliste qu’il défendit avec tant de violence et de généreux paradoxes. Contrairement à Kant, il croit la guerre inévita
4938 viniser comme J. de Maistre : il se fait l’avocat d’ un équilibre difficile, précieux et toujours menacé, entre l’idéal chr
4939 les réalités nationales, entre la communauté des Européens et les prétentions des Puissances. Dans ses Reflections on the Revolu
4940 e Revolution in France (1790), il définit ainsi l’ Europe  : … nos Nations, notre civilisation, et toutes les autres valeurs qu
4941 aux unes ou à l’autre, découlent dans notre monde européen de deux principes : … de l’esprit chevaleresque (spirit of gentleman)
4942 ou à l’autre, découlent dans notre monde européen de deux principes : … de l’esprit chevaleresque (spirit of gentleman) et
4943 t dans notre monde européen de deux principes : … de l’esprit chevaleresque (spirit of gentleman) et de l’esprit religieux
4944 e l’esprit chevaleresque (spirit of gentleman) et de l’esprit religieux. Mais les temps de la chevalerie sont révolus ; v
4945 tleman) et de l’esprit religieux. Mais les temps de la chevalerie sont révolus ; voici venu le temps de la « barbarie phi
4946 la chevalerie sont révolus ; voici venu le temps de la « barbarie philosophique », des économistes et des cyniques. « La
4947 e », des économistes et des cyniques. « La gloire de l’Europe est éteinte. » Voici, tirée de ses quatre Letters on the Pro
4948 des économistes et des cyniques. « La gloire de l’ Europe est éteinte. » Voici, tirée de ses quatre Letters on the Proposal for
4949 La gloire de l’Europe est éteinte. » Voici, tirée de ses quatre Letters on the Proposal for peace with the regicide Direct
4950 rectory of France (1796) sa description classique de l’unité européenne : La conformité et l’analogie dont j’ai parlé, qu
4951 France (1796) sa description classique de l’unité européenne  : La conformité et l’analogie dont j’ai parlé, quoique incapables de
4952 et l’analogie dont j’ai parlé, quoique incapables de préserver à elles seules une parfaite confiance et tranquillité parmi
4953 utres que ne l’ont été plus tard bien des nations de l’Europe, au cours de guerres longues et sanglantes. La cause doit en
4954 que ne l’ont été plus tard bien des nations de l’ Europe , au cours de guerres longues et sanglantes. La cause doit en être che
4955 lois et des mœurs qu’on observe à travers toute l’ Europe  : au fond, elles sont toutes pareilles. Ceux qui ont écrit sur le dro
4956 nt écrit sur le droit public ont souvent qualifié de Commonwealth cet agrégat de nations. Ils avaient raison. Car il repré
4957 ont souvent qualifié de Commonwealth cet agrégat de nations. Ils avaient raison. Car il représente virtuellement un seul
4958 llement un seul grand État, ayant les mêmes bases de droit, malgré quelques diversités de coutumes régionales et d’ordonna
4959 mêmes bases de droit, malgré quelques diversités de coutumes régionales et d’ordonnances locales. Les nations de l’Europe
4960 gré quelques diversités de coutumes régionales et d’ ordonnances locales. Les nations de l’Europe ont eu la même religion c
4961 régionales et d’ordonnances locales. Les nations de l’Europe ont eu la même religion chrétienne, s’accordant quant aux fo
4962 onales et d’ordonnances locales. Les nations de l’ Europe ont eu la même religion chrétienne, s’accordant quant aux fondements,
4963 s subordonnées. Le régime politique et l’économie de chaque pays, dans leur ensemble, dérivaient des mêmes sources. Ils av
4964 , qui en avait fait un système et une discipline. De là naquirent les ordres multiples, avec ou sans monarque, qu’on nomme
4965 ns monarque, qu’on nomme états dans tous les pays européens , et dont les traces bien marquées ne furent jamais totalement abolies
4966 trées qui avaient rejeté cette dernière, l’esprit de la monarchie européenne subsistait. On y trouvait encore les états, c
4967 t rejeté cette dernière, l’esprit de la monarchie européenne subsistait. On y trouvait encore les états, c’est-à-dire les classes,
4968 à peine changés. En fait, la vigueur et la forme de l’institution des états se maintenaient plus parfaitement dans ces co
4969 ommunautés républicaines que sous les monarchies. De toutes ces sources s’était composé un système de mœurs et d’éducation
4970 De toutes ces sources s’était composé un système de mœurs et d’éducation qui était à peu près le même dans toute cette ré
4971 es sources s’était composé un système de mœurs et d’ éducation qui était à peu près le même dans toute cette région du Glob
4972 qui estompait, mêlait et harmonisait les couleurs de l’ensemble. Il y avait peu de variations dans le régime des universit
4973 iences, ou des formes plus libérales et élégantes de l’érudition. Cette ressemblance dans le mode des relations et dans to
4974 s relations et dans toutes les formes et coutumes de la vie courante faisait que nul citoyen de l’Europe ne pouvait se reg
4975 utumes de la vie courante faisait que nul citoyen de l’Europe ne pouvait se regarder comme un exilé dans aucun de nos pays
4976 s de la vie courante faisait que nul citoyen de l’ Europe ne pouvait se regarder comme un exilé dans aucun de nos pays. Il n’y
4977 ne pouvait se regarder comme un exilé dans aucun de nos pays. Il n’y trouvait rien d’autre qu’une plaisante variété, récr
4978 xilé dans aucun de nos pays. Il n’y trouvait rien d’ autre qu’une plaisante variété, récréant et instruisant l’esprit, enri
4979 . Car, selon Burke, « les principes et les formes de l’antique constitution commune des États européens, améliorés et adap
4980 ormes de l’antique constitution commune des États européens , améliorés et adaptés à la situation présente de l’Europe, ne se trou
4981 ens, améliorés et adaptés à la situation présente de l’Europe, ne se trouvent plus conservés qu’en Angleterre »147. Mais d
4982 améliorés et adaptés à la situation présente de l’ Europe , ne se trouvent plus conservés qu’en Angleterre »147. Mais de fait, l
4983 ouvent plus conservés qu’en Angleterre »147. Mais de fait, l’Angleterre va devenir l’ennemie du continent conquis par les
4984 enir l’ennemie du continent conquis par les idées de la Révolution ; et la politique « d’équilibre des Puissances », telle
4985 ar les idées de la Révolution ; et la politique «  d’ équilibre des Puissances », telle que la Sainte-Alliance pourra la réa
4986 iformatori italiani, Florence, 1943 ; C. Curcio : Europa , Storia di un’idea, Vallecchi, Firenze, 1958, et A. Saitta : Dalla Re
4987 p. 67-113. 145. « Dans ce domaine, les exemples de réussite ont démontré que seule une fédération, dont l’ensemble des é
4988 ’ensemble des états membres ne compose qu’un pays de petite ou de moyenne dimension, a des chances de se maintenir. Par de
4989 états membres ne compose qu’un pays de petite ou de moyenne dimension, a des chances de se maintenir. Par deux fois, l’es
4990 de petite ou de moyenne dimension, a des chances de se maintenir. Par deux fois, l’essai a été tenté en des régions très
4991 dues : en Allemagne et en Amérique du Nord. L’une de ces tentatives a eu l’issue que l’on sait, l’avenir seul permettra de
4992 eu l’issue que l’on sait, l’avenir seul permettra de porter un jugement sur l’autre. Mais si des circonstances tout à fait
4993 à fait exceptionnelles ne préservent pas l’unité de l’état indépendant d’Amérique du Nord, celle-ci aura beaucoup de pein
4994 s ne préservent pas l’unité de l’état indépendant d’ Amérique du Nord, celle-ci aura beaucoup de peine à subsister, ne sera
4995 ine à subsister, ne serait-ce qu’une cinquantaine d’ années. » 146. Edmund Burke Selected Works, éd. E. J. Payne, Clarendo
15 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 3. Synthèses historico-philosophiques (I)
4996 ux grandes figures isolées, qui avaient su voir l’ Europe sur l’arrière-plan du Monde : Leibniz, Vico. Puis il y eut le siècle
4997 cle français par excellence, celui du rayonnement européen de la France, de Montesquieu à Condorcet, par Voltaire le cosmopolite
4998 ais par excellence, celui du rayonnement européen de la France, de Montesquieu à Condorcet, par Voltaire le cosmopolite et
4999 ence, celui du rayonnement européen de la France, de Montesquieu à Condorcet, par Voltaire le cosmopolite et Rousseau le f
5000 xixe siècles en prenant pour axe la Révolution. De Wieland à Schelling, de Herder à Hegel, en passant par un Kant ou par
5001 t pour axe la Révolution. De Wieland à Schelling, de Herder à Hegel, en passant par un Kant ou par un Goethe, l’Allemagne
5002 Kant ou par un Goethe, l’Allemagne a pris la tête d’ une révolution intellectuelle et poétique qui évolue en marge de l’aut
5003 contre elle, et la débordera largement : théories de l’Histoire, systèmes métaphysiques, romantisme, inconscient, dialecti
5004 romantisme, inconscient, dialectique — naissance de la pensée moderne. Groupons ici quatre écrivains et philosophes qui,
5005 ce grand renouvellement des valeurs dont la chute de Napoléon, après leur mort, semblera déclencher le processus européen.
5006 après leur mort, semblera déclencher le processus européen . Johann Christoph Friedrich von Schiller (1759-1805) lorsqu’il écrit
5007 Schiller (1759-1805) lorsqu’il écrit son Histoire de la guerre de Trente Ans (dès 1790) vient enfin de s’établir à Weimar.
5008 9-1805) lorsqu’il écrit son Histoire de la guerre de Trente Ans (dès 1790) vient enfin de s’établir à Weimar. Son « Sturm
5009 de la guerre de Trente Ans (dès 1790) vient enfin de s’établir à Weimar. Son « Sturm und Drang » est terminé et l’auteur d
5010 et l’auteur des Brigands professe à l’Université d’ Iéna ! C’est alors qu’il reçoit de la Convention le titre de citoyen f
5011 à l’Université d’Iéna ! C’est alors qu’il reçoit de la Convention le titre de citoyen français : et certes, son cœur et s
5012 ’est alors qu’il reçoit de la Convention le titre de citoyen français : et certes, son cœur et son tempérament sont avec l
5013 sing, comme Herder et Kant, et comme les orateurs de la Révolution, Schiller s’inspire de Rousseau : et c’est parce qu’il
5014 les orateurs de la Révolution, Schiller s’inspire de Rousseau : et c’est parce qu’il a lu l’Extrait du système de l’abbé d
5015  : et c’est parce qu’il a lu l’Extrait du système de l’abbé de Saint-Pierre qu’il écrit cette strophe illustre chantée par
5016 rit cette strophe illustre chantée par les chœurs de Beethoven : Seid umschlungen, Millionen, Diesen Kuss der ganzen Welt
5017 wohnen.148 Mais il ne partage pas les illusions d’ un Cloots sur l’unité de style néo-romain qu’il faudrait imposer à tou
5018 partage pas les illusions d’un Cloots sur l’unité de style néo-romain qu’il faudrait imposer à toute l’humanité. Sa concep
5019 audrait imposer à toute l’humanité. Sa conception de l’Europe est en effet bien plus fédéraliste que jacobine. C’est aux l
5020 it imposer à toute l’humanité. Sa conception de l’ Europe est en effet bien plus fédéraliste que jacobine. C’est aux liens supr
5021 la Réformation qu’il attribue l’origine véritable de la Communauté des peuples européens. Le contraste est total avec les
5022 l’origine véritable de la Communauté des peuples européens . Le contraste est total avec les conceptions des Schlegel, Novalis et
5023 tions des Schlegel, Novalis et Görres, ses cadets d’ une quinzaine d’années — qui bientôt accuseront la Réforme d’avoir bri
5024 el, Novalis et Görres, ses cadets d’une quinzaine d’ années — qui bientôt accuseront la Réforme d’avoir brisé l’antique uni
5025 aine d’années — qui bientôt accuseront la Réforme d’ avoir brisé l’antique union et marqué le commencement de la fin d’une
5026 r brisé l’antique union et marqué le commencement de la fin d’une Europe germano-catholique, utopie nostalgique du romanti
5027 antique union et marqué le commencement de la fin d’ une Europe germano-catholique, utopie nostalgique du romantisme allema
5028 e union et marqué le commencement de la fin d’une Europe germano-catholique, utopie nostalgique du romantisme allemand. Dès la
5029 gique du romantisme allemand. Dès la seconde page de l’Histoire de la guerre de Trente Ans, il expose sa thèse à grands tr
5030 tisme allemand. Dès la seconde page de l’Histoire de la guerre de Trente Ans, il expose sa thèse à grands traits : C’est
5031 d. Dès la seconde page de l’Histoire de la guerre de Trente Ans, il expose sa thèse à grands traits : C’est la Réformatio
5032 e Danemark et la Suède, dans le système des États européens , parce que la confédération des États protestants se trouva renforcée
5033 ncèrent, grâce à la Réformation, à avoir un point de contact et à se rapprocher les uns des autres, mus par une sympathie
5034 ie politique réciproque. De même que les rapports de citoyen à citoyen, de souverain à sujet furent complètement transform
5035 e. De même que les rapports de citoyen à citoyen, de souverain à sujet furent complètement transformés par la Réformation,
5036 choses, la séparation des Églises devint la cause d’ une union plus étroite entre les États. Il est vrai que les premiers e
5037 ata, dévastatrice, et qui dura trente ans… Mais l’ Europe réchappa, insoumise et indépendante, de cette terrible guerre, pendan
5038 ais l’Europe réchappa, insoumise et indépendante, de cette terrible guerre, pendant laquelle elle s’affirma pour la premiè
5039 ffirma pour la première fois comme une communauté d’ États cohérente ; et cette collaboration étroite entre États, qui s’in
5040 raintes dissipées. Au IIe Livre, Schiller évoque d’ une manière plus précise la nature des liens tissés par la Réforme ent
5041 , des mœurs, des caractères nationaux, qui a fait de chaque pays et nation un « tout » isolé, élevant entre eux des cloiso
5042 s, a rendu chaque État insensible aux difficultés d’ un autre, quand elle ne les a pas dressés les uns contre les autres pa
5043 pas dressés les uns contre les autres par le fait d’ une rivalité impitoyable de nation à nation. La Réformation abattit ce
5044 les autres par le fait d’une rivalité impitoyable de nation à nation. La Réformation abattit ces cloisons. Un intérêt plus
5045 us immédiat que l’intérêt national ou que l’amour de la patrie, sans rapport aucun avec la vie civique, commença à animer
5046 t même des États entiers. Cet intérêt fut capable de lier entre eux plusieurs États, même les plus éloignés les uns des au
5047 en pouvait fort bien disparaître entre les sujets d’ un même État. Le calviniste français avait donc avec le réformé genevo
5048 enevois, anglais, allemand ou hollandais un point de contact qu’il n’avait plus avec son propre concitoyen catholique. Ain
5049 olique. Ainsi il cessait, sur un point important, d’ être le citoyen d’un État particulier et d’accorder à cet unique État
5050 essait, sur un point important, d’être le citoyen d’ un État particulier et d’accorder à cet unique État toute son attentio
5051 rtant, d’être le citoyen d’un État particulier et d’ accorder à cet unique État toute son attention et sa collaboration. So
5052 commence à faire dépendre son propre destin futur de celui des pays étrangers qui ont la même foi que lui et à considérer
5053 ur la première fois des gouvernants se permettent de soumettre à l’assemblée de leurs États des questions provenant de pay
5054 vernants se permettent de soumettre à l’assemblée de leurs États des questions provenant de pays étrangers, sachant très b
5055 ’assemblée de leurs États des questions provenant de pays étrangers, sachant très bien qu’ils peuvent espérer trouver des
5056 le maltraite et passe en l’autre camp, acceptant de mourir pour la liberté de la Hollande. On voit maintenant, sur les ri
5057 l’autre camp, acceptant de mourir pour la liberté de la Hollande. On voit maintenant, sur les rives de la Loire et de la S
5058 de la Hollande. On voit maintenant, sur les rives de la Loire et de la Seine, le Suisse se battre contre le Suisse, l’Alle
5059 On voit maintenant, sur les rives de la Loire et de la Seine, le Suisse se battre contre le Suisse, l’Allemand contre l’A
5060 d contre l’Allemand, afin de trancher la question de la succession du trône en France. Le Danois passe l’Eider, le Suédois
5061 eurs l’un des premiers à mettre en valeur l’unité de mœurs et la similitude des institutions dans l’Europe médiévale, en d
5062 de mœurs et la similitude des institutions dans l’ Europe médiévale, en dépit de l’absence de relations régulières et d’échange
5063 ns dans l’Europe médiévale, en dépit de l’absence de relations régulières et d’échanges entre nos divers peuples. Dans un
5064 en dépit de l’absence de relations régulières et d’ échanges entre nos divers peuples. Dans un fragment sur les Croisades
5065 ivers peuples. Dans un fragment sur les Croisades de son Universalhistorische Uebersicht, on lit : L’Occident européen, q
5066 ersalhistorische Uebersicht, on lit : L’Occident européen , quel que soit le nombre des États qui le composent, présente au xie
5067 aient issues, qui se trouvaient, lors de la prise de possession du pays, à peu près dans la même situation, l’Occident aur
5068 cle très varié, ce qui aurait eu pour conséquence de faire apparaître, par la suite, d’importantes différences entre ces n
5069 ur conséquence de faire apparaître, par la suite, d’ importantes différences entre ces nations. Mais la même rage dévastatr
5070 lture ; elles foulèrent aux pieds et détruisirent de la même façon tout ce qui s’offrait à elles, transformant ces pays de
5071 t ce qui s’offrait à elles, transformant ces pays de telle manière que l’État nouveau dans lequel ils se trouvèrent n’eut
5072 édiats, la situation géographique furent la cause de différences sensibles, que, d’autre part, les vestiges laissés par la
5073 bes cultivés dans les pays du Sud-Ouest, le siège de la hiérarchie en Italie et le commerce actif de ce même pays avec les
5074 e de la hiérarchie en Italie et le commerce actif de ce même pays avec les Grecs n’aient pas pu rester sans conséquences p
5075 as pu rester sans conséquences pour les habitants de toutes ces contrées, il faut tout de même reconnaître que toutes ces
5076 es, trop peu marquées pour effacer ou transformer de façon visible la forte empreinte générique que ces nations avaient ap
5077 l’historien constate, en général, aux extrémités de l’Europe, en Sicile, en Grande-Bretagne, sur les bords du Danube et d
5078 storien constate, en général, aux extrémités de l’ Europe , en Sicile, en Grande-Bretagne, sur les bords du Danube et de l’Eider
5079 e, en Grande-Bretagne, sur les bords du Danube et de l’Eider, sur ceux de l’Elbe et de l’Ebre, une similitude de constitut
5080 , sur les bords du Danube et de l’Eider, sur ceux de l’Elbe et de l’Ebre, une similitude de constitutions et de mœurs qui
5081 ds du Danube et de l’Eider, sur ceux de l’Elbe et de l’Ebre, une similitude de constitutions et de mœurs qui le remplit d’
5082 , sur ceux de l’Elbe et de l’Ebre, une similitude de constitutions et de mœurs qui le remplit d’autant plus d’admiration q
5083 et de l’Ebre, une similitude de constitutions et de mœurs qui le remplit d’autant plus d’admiration qu’elle s’accompagne
5084 itude de constitutions et de mœurs qui le remplit d’ autant plus d’admiration qu’elle s’accompagne d’une très grande indépe
5085 itutions et de mœurs qui le remplit d’autant plus d’ admiration qu’elle s’accompagne d’une très grande indépendance et d’un
5086 t d’autant plus d’admiration qu’elle s’accompagne d’ une très grande indépendance et d’une absence presque complète de rela
5087 le s’accompagne d’une très grande indépendance et d’ une absence presque complète de relations réciproques. Si nombreux soi
5088 de indépendance et d’une absence presque complète de relations réciproques. Si nombreux soient les siècles qui ont passé s
5089 de nouvelles situations, par suite du changement de religion et de langue, de l’acquisition de nouveaux arts, de nouveaux
5090 ituations, par suite du changement de religion et de langue, de l’acquisition de nouveaux arts, de nouveaux objets d’envie
5091 par suite du changement de religion et de langue, de l’acquisition de nouveaux arts, de nouveaux objets d’envie, de nouvel
5092 gement de religion et de langue, de l’acquisition de nouveaux arts, de nouveaux objets d’envie, de nouvelles jouissances e
5093 et de langue, de l’acquisition de nouveaux arts, de nouveaux objets d’envie, de nouvelles jouissances et commodités de la
5094 ’acquisition de nouveaux arts, de nouveaux objets d’ envie, de nouvelles jouissances et commodités de la vie, il n’en subsi
5095 ion de nouveaux arts, de nouveaux objets d’envie, de nouvelles jouissances et commodités de la vie, il n’en subsiste pas m
5096 s d’envie, de nouvelles jouissances et commodités de la vie, il n’en subsiste pas moins, en général, une structure de l’Ét
5097 ’en subsiste pas moins, en général, une structure de l’État inchangée, édifiée par leurs ancêtres. Actuellement encore ils
5098 qu’ils furent en leur patrie scythe, dans un état d’ indépendance sauvage, armés pour l’attaque et la défense, disséminés d
5099 et la défense, disséminés dans tous ces districts d’ Europe comme dans un immense camp militaire, ayant transplanté leur pr
5100 la défense, disséminés dans tous ces districts d’ Europe comme dans un immense camp militaire, ayant transplanté leur propre d
5101 a plupart de ses contemporains, Schiller voyant l’ Europe déchirée et concevant la possibilité de sa décadence, prend une consc
5102 ant l’Europe déchirée et concevant la possibilité de sa décadence, prend une conscience nouvelle du rôle qu’elle a joué da
5103 mps je me suis passé le temps en lisant le voyage de Niebuhr et Volney en Syrie et en Égypte et je ne saurais qu’en recomm
5104 pour la première fois quel bienfait nous est échu d’ être nés en Europe. Il est véritablement incompréhensible que la force
5105 re fois quel bienfait nous est échu d’être nés en Europe . Il est véritablement incompréhensible que la force vivifiante en l’h
5106 que la force vivifiante en l’homme n’ait un champ d’ action que dans une petite partie du monde et que des foules innombrab
5107 te partie du monde et que des foules innombrables de peuples n’entrent absolument pas en ligne de compte pour ce qui est d
5108 absolument pas en ligne de compte pour ce qui est de la perfectibilité humaine. Je ne puis que difficilement concevoir que
5109 énéral tous les non-Européens manquent totalement de dispositions morales ou esthétiques. Le réalisme ainsi que l’idéalism
5110 oethe se borne à répondre : Soyons donc contents de vivre sur cette partie du globe, même si l’Europe doit connaître enco
5111 nts de vivre sur cette partie du globe, même si l’ Europe doit connaître encore plus de remous. Johann Gottlieb Fichte (1762-1
5112 lobe, même si l’Europe doit connaître encore plus de remous. Johann Gottlieb Fichte (1762-1814) peut être considéré comme
5113 le plus impitoyable théoricien du nationalisme en Europe . Pourtant, la série des grandes œuvres politiques de ce disciple de R
5114 Pourtant, la série des grandes œuvres politiques de ce disciple de Rousseau et de Kant, contemporaines de la Révolution f
5115 érie des grandes œuvres politiques de ce disciple de Rousseau et de Kant, contemporaines de la Révolution française (qu’il
5116 s œuvres politiques de ce disciple de Rousseau et de Kant, contemporaines de la Révolution française (qu’il défend dès 179
5117 e disciple de Rousseau et de Kant, contemporaines de la Révolution française (qu’il défend dès 1793) et de Napoléon (qu’il
5118 a Révolution française (qu’il défend dès 1793) et de Napoléon (qu’il attaquera violemment) s’ouvre par un projet de Sociét
5119 qu’il attaquera violemment) s’ouvre par un projet de Société des Nations et de citoyenneté mondiale : Grundriss der Völker
5120 ) s’ouvre par un projet de Société des Nations et de citoyenneté mondiale : Grundriss der Völker- und Weltbürgerrechts, 17
5121 ire triompher dans le monde entier les conditions de la liberté populaire conquises par la Révolution. Fichte n’abandonner
5122 oies militaires par lesquelles Napoléon va tenter d’ imposer la révolution jacobine à l’Europe. Dans l’un et l’autre cas, l
5123 on va tenter d’imposer la révolution jacobine à l’ Europe . Dans l’un et l’autre cas, les moyens apparaissent contraires aux fin
5124 nettes, Fichte veut l’instaurer par la contrainte de l’État national autarcique. Partant de l’idée de société des peuples
5125 contrainte de l’État national autarcique. Partant de l’idée de société des peuples libres, Fichte constate d’abord que l’e
5126 de l’État national autarcique. Partant de l’idée de société des peuples libres, Fichte constate d’abord que l’expansion c
5127 bord que l’expansion coloniale est le grand péché de l’Europe : elle est inutile et immorale — Bentham pensait de même — e
5128 que l’expansion coloniale est le grand péché de l’ Europe  : elle est inutile et immorale — Bentham pensait de même — et c’est e
5129 est elle qui a provoqué la dissolution anarchique de l’Europe, jadis indivise, en États instables et belliqueux. Le mouvem
5130 lle qui a provoqué la dissolution anarchique de l’ Europe , jadis indivise, en États instables et belliqueux. Le mouvement ne pe
5131 et refermés chacun sur soi, sans espoir ni besoin d’ agrandissement. Alors, l’État qui a la plus haute culture (« der auf d
5132 être que la Prusse, deviendra la vraie patrie des Européens chrétiens ; il imposera sa culture, par la guerre s’il le faut, aux p
5133 ce finalement réunira le genre humain. Les étapes de ce raisonnement — qui annonce souvent de la manière la plus précise l
5134 s étapes de ce raisonnement — qui annonce souvent de la manière la plus précise le national-socialisme et le communisme  —
5135 illustrées par les citations suivantes, extraites de l’ouvrage intitulé Der geschlossene Handelsstaat (L’État commercial f
5136 monde antique étaient séparés les uns des autres d’ une manière très rigoureuse, par une foule de conditions. Pour eux l’é
5137 tres d’une manière très rigoureuse, par une foule de conditions. Pour eux l’étranger était un ennemi ou un barbare. On peu
5138 bare. On peut au contraire considérer les peuples de la nouvelle Europe chrétienne comme formant une seule nation. Unis pa
5139 u contraire considérer les peuples de la nouvelle Europe chrétienne comme formant une seule nation. Unis par une même origine,
5140 es et les mêmes conceptions primitives des forêts de Germanie, ils furent aussi liés les uns aux autres, depuis leur expan
5141 autres, depuis leur expansion dans les provinces de l’Empire romain d’Occident, par une même religion commune et la même
5142 r expansion dans les provinces de l’Empire romain d’ Occident, par une même religion commune et la même soumission au chef
5143 ion commune et la même soumission au chef visible de cette dernière. Aux peuples de race différente qui vinrent plus tard,
5144 on au chef visible de cette dernière. Aux peuples de race différente qui vinrent plus tard, on inculqua, en même temps que
5145 religion, le même système germanique fondamental d’ usages et d’idées… Quoi d’étonnant si ces peuples qui, unis de toute m
5146 e même système germanique fondamental d’usages et d’ idées… Quoi d’étonnant si ces peuples qui, unis de toute manière, n’ét
5147 germanique fondamental d’usages et d’idées… Quoi d’ étonnant si ces peuples qui, unis de toute manière, n’étaient pas sépa
5148 d’idées… Quoi d’étonnant si ces peuples qui, unis de toute manière, n’étaient pas séparés par ce qui d’ordinaire sépare le
5149 e toute manière, n’étaient pas séparés par ce qui d’ ordinaire sépare les hommes, la constitution de l’État, n’en ayant poi
5150 ui d’ordinaire sépare les hommes, la constitution de l’État, n’en ayant point en fait, se considéraient et se comportaient
5151 ient du service et si chacun, arrivé dans le pays d’ autrui se croyait toujours chez lui. Plus tard seulement, avec l’intro
5152 e à l’origine, ne fut considéré que comme général de la chrétienté, devant être pour l’Église entière ce qu’étaient les pa
5153 se sont ainsi formés ; — non, comme on a coutume de décrire dans la doctrine du droit la formation d’un État, par le rass
5154 de décrire dans la doctrine du droit la formation d’ un État, par le rassemblement et la réunion d’individus isolés sous l’
5155 ion d’un État, par le rassemblement et la réunion d’ individus isolés sous l’unité de la loi, mais plutôt par la séparation
5156 ent et la réunion d’individus isolés sous l’unité de la loi, mais plutôt par la séparation et la division d’une seule gran
5157 loi, mais plutôt par la séparation et la division d’ une seule grande masse humaine, faiblement unie. Ainsi les divers État
5158 insi les divers États de l’Europe chrétienne sont de ces morceaux détachés de l’ancien ensemble, déterminés en grande part
5159 l’Europe chrétienne sont de ces morceaux détachés de l’ancien ensemble, déterminés en grande partie pour leur étendue par
5160 pour leur étendue par le hasard. C’est à l’époque de cette unité de l’Europe chrétienne que s’est formé aussi, entre autre
5161 ue par le hasard. C’est à l’époque de cette unité de l’Europe chrétienne que s’est formé aussi, entre autres, le système c
5162 r le hasard. C’est à l’époque de cette unité de l’ Europe chrétienne que s’est formé aussi, entre autres, le système commercial
5163 s’est maintenu jusqu’à aujourd’hui. Chaque partie de ce grand Tout et chaque individu, cultivait, fabriquait, acquérait pa
5164 ns les autres parties du monde, ce qu’il pouvait, de la façon la plus pratique, suivant sa condition naturelle, et le port
5165 , et le portait au marché dans toutes les parties de ce même Tout, sans empêchement, et les prix des objets s’établissaien
5166 pêchement, et les prix des objets s’établissaient d’ eux-mêmes… Les citoyens d’un même État doivent tous trafiquer entre e
5167 objets s’établissaient d’eux-mêmes… Les citoyens d’ un même État doivent tous trafiquer entre eux. L’Europe chrétienne for
5168 ’un même État doivent tous trafiquer entre eux. L’ Europe chrétienne formant un tout, le commerce des Européens entre eux devai
5169 urope chrétienne formant un tout, le commerce des Européens entre eux devait être libre. Il est facile de faire l’application à l
5170 opéens entre eux devait être libre. Il est facile de faire l’application à l’état actuel des choses. Si toute l’Europe chr
5171 pplication à l’état actuel des choses. Si toute l’ Europe chrétienne avec les colonies et les places de commerce qui s’y sont a
5172 Europe chrétienne avec les colonies et les places de commerce qui s’y sont ajoutées dans les autres parties du monde, form
5173 orme encore un tout, alors assurément le commerce de toutes les parties entre elles doit rester libre, comme il l’était à
5174 plètement fermés. Nous voici parvenus à la source de la plus grande partie des abus qui existent encore. Dans l’Europe nou
5175 rande partie des abus qui existent encore. Dans l’ Europe nouvelle, il n’y a pas eu d’États du tout pendant un long espace de t
5176 t encore. Dans l’Europe nouvelle, il n’y a pas eu d’ États du tout pendant un long espace de temps. On en est encore à la p
5177 y a pas eu d’États du tout pendant un long espace de temps. On en est encore à la période des essais pour en former. De pl
5178 former. De plus, on a jusqu’ici conçu la mission de l’État seulement d’une manière unilatérale et à moitié incomplète, co
5179 a jusqu’ici conçu la mission de l’État seulement d’ une manière unilatérale et à moitié incomplète, comme une institution
5180 nstitution pour maintenir le citoyen par le moyen de la loi, dans les conditions de propriété où on le trouve. On a néglig
5181 toyen par le moyen de la loi, dans les conditions de propriété où on le trouve. On a négligé le devoir plus profond de l’É
5182 on le trouve. On a négligé le devoir plus profond de l’État qui consiste à établir d’abord chacun dans la propriété qui lu
5183 en ce qui concerne sa législation et sa fonction de juge.150 Faut-il se lamenter sur la division de l’Europe ? Non, il
5184 de juge.150 Faut-il se lamenter sur la division de l’Europe ? Non, il serait vain de « déplorer l’inévitable » : Si l’o
5185 ge.150 Faut-il se lamenter sur la division de l’ Europe  ? Non, il serait vain de « déplorer l’inévitable » : Si l’on veut su
5186 sur la division de l’Europe ? Non, il serait vain de « déplorer l’inévitable » : Si l’on veut supprimer la guerre, il fau
5187 l faut que chaque État obtienne ce qu’il projette d’ obtenir par la guerre et ce que seulement il peut projeter raisonnable
5188 ce que seulement il peut projeter raisonnablement d’ obtenir, ses frontières naturelles. Dès lors, il n’a plus rien à deman
5189 il cherchait.151 Ainsi, à l’utopie rousseauiste de l’homme naturellement bon, correspond chez Fichte l’utopie de l’État
5190 aturellement bon, correspond chez Fichte l’utopie de l’État naturellement raisonnable. Il n’y a plus qu’à tirer les conséq
5191 l n’y a plus qu’à tirer les conséquences logiques de ces prémisses : fermer les États, interdire entre eux les échanges, d
5192 diversifier leurs monnaies, etc. C’est la théorie de l’autarcie absolue qui naît sous nos yeux. C’est d’un processus exact
5193 l’autarcie absolue qui naît sous nos yeux. C’est d’ un processus exactement inverse de celui du Marché commun que Fichte s
5194 nos yeux. C’est d’un processus exactement inverse de celui du Marché commun que Fichte se fait l’avocat : Toute la monnai
5195 c’est-à-dire tout l’or et l’argent, sera retirée de la circulation et échangée contre une nouvelle monnaie nationale, c’e
5196 vue de restreindre périodiquement ce commerce et de le faire cesser entièrement après un laps de temps déterminé… Tous le
5197 e et de le faire cesser entièrement après un laps de temps déterminé… Tous les ans l’importation étrangère doit diminuer.
5198 us les ans l’importation étrangère doit diminuer. D’ une année à l’autre le public a moins besoin de ces marchandises qui n
5199 r. D’une année à l’autre le public a moins besoin de ces marchandises qui ne peuvent être produites en leur pureté ni remp
5200 sage des marchandises où il n’est tenu compte que de l’opinion, peuvent même être interdits sur le champ. Le besoin de ces
5201 uvent même être interdits sur le champ. Le besoin de ces marchandises importées de l’étranger diminue également si elles-m
5202 le champ. Le besoin de ces marchandises importées de l’étranger diminue également si elles-mêmes ou leurs succédanés, doiv
5203 se développent constamment et ainsi les produits de l’extérieur sont remplacés par ceux de l’intérieur. L’exportation éga
5204 s produits de l’extérieur sont remplacés par ceux de l’intérieur. L’exportation également doit diminuer… Car, suivant le p
5205 r les étrangers à des travaux pour les nationaux, de la manière convenable. Il ne cherche pas en effet à acquérir une prép
5206 Le savant seul et l’artiste supérieur ont besoin de voyager hors de l’État commercial fermé : il ne doit pas être permis
5207 longtemps à une vaine curiosité et à la recherche de distractions de transporter en tout pays leur ennui. Les voyages des
5208 vaine curiosité et à la recherche de distractions de transporter en tout pays leur ennui. Les voyages des premiers s’effec
5209 des premiers s’effectuent pour le plus grand bien de l’humanité et de l’État ; loin de les empêcher, le gouvernement devra
5210 fectuent pour le plus grand bien de l’humanité et de l’État ; loin de les empêcher, le gouvernement devrait même les encou
5211 it même les encourager et faire voyager aux frais de l’État savants et artistes.153 Il est évident que dans une nation ai
5212 acquiert par suite des mesures indiquées sa façon de vivre, son organisation et ses mœurs particulières, qui aime avec dév
5213 aime avec dévouement la patrie et tout ce qui est de la patrie, l’honneur national se développera très vite, à un degré él
5214 e nation, absolument nouvelle. Cette introduction d’ une monnaie nationale en est véritablement la création… Un seul lien
5215 ul lien devra subsister entre les peuples : celui de la science. Grâce à elle, mais à elle seule, les hommes s’uniront de
5216 e à elle, mais à elle seule, les hommes s’uniront de manière durable et ils le doivent, quand pour tout le reste, leur div
5217 en, il le favorisera plutôt, car l’enrichissement de la Science par la puissance réunie de l’espèce humaine, avance même c
5218 ichissement de la Science par la puissance réunie de l’espèce humaine, avance même ces fins terrestres particulières. Les
5219 ribuer sur eux une prépondérance quelconque.154 De toutes les utopies issues de la philosophie pré-romantique, il faut a
5220 nce quelconque.154 De toutes les utopies issues de la philosophie pré-romantique, il faut avouer que celle de Fichte, po
5221 losophie pré-romantique, il faut avouer que celle de Fichte, pour délirante qu’elle nous paraisse, se trouve avoir le mieu
5222 allaient suivre. Et cependant, il serait injuste de considérer Fichte sous le seul aspect d’un précurseur de l’Anti-Europ
5223 injuste de considérer Fichte sous le seul aspect d’ un précurseur de l’Anti-Europe des nationalismes totalitaires. Par des
5224 idérer Fichte sous le seul aspect d’un précurseur de l’Anti-Europe des nationalismes totalitaires. Par des voies « dialect
5225 croyait atteindre. Cinq ans après la publication de son manifeste de l’Autarcie, il écrivait, dans ses Grundzüge des gege
5226 e. Cinq ans après la publication de son manifeste de l’Autarcie, il écrivait, dans ses Grundzüge des gegenwärtigen Zeitalt
5227 des gegenwärtigen Zeitalters (1804-1805) : … les Européens de religion chrétienne ne forment en réalité qu’un seul peuple, ils n
5228 ärtigen Zeitalters (1804-1805) : … les Européens de religion chrétienne ne forment en réalité qu’un seul peuple, ils ne r
5229 e reconnaissent pour seule vraie patrie que cette Europe qui est leur terre commune, et d’une extrémité à l’autre du continent
5230 e que cette Europe qui est leur terre commune, et d’ une extrémité à l’autre du continent, ils ne poursuivent, à peu de cho
5231 seins, grâce à eux cependant la première esquisse de l’organisation mondiale se prépare et les progrès de la culture unive
5232 l’organisation mondiale se prépare et les progrès de la culture universelle s’intensifient peu à peu ; et selon la même rè
5233 bite notre globe, sera réuni par les institutions de l’unique République universelle de la culture, qui comprendra tous le
5234 s institutions de l’unique République universelle de la culture, qui comprendra tous les peuples. À l’expansion coloniali
5235 peuples. À l’expansion colonialiste, responsable de la division de l’Europe en nations hostiles, puis au processus de fer
5236 xpansion colonialiste, responsable de la division de l’Europe en nations hostiles, puis au processus de fermeture totale d
5237 ion colonialiste, responsable de la division de l’ Europe en nations hostiles, puis au processus de fermeture totale de ces mon
5238 e l’Europe en nations hostiles, puis au processus de fermeture totale de ces monades politiques, succédera donc un jour, s
5239 s hostiles, puis au processus de fermeture totale de ces monades politiques, succédera donc un jour, selon Fichte, l’expan
5240 onc un jour, selon Fichte, l’expansion triomphale de la culture européenne, portée par la Science et libérée de tout impér
5241 elon Fichte, l’expansion triomphale de la culture européenne , portée par la Science et libérée de tout impérialisme. Nous n’en som
5242 ture européenne, portée par la Science et libérée de tout impérialisme. Nous n’en sommes pas si loin, dans cette seconde m
5243 rocessus « dialectique » aura coûté plus cher à l’ Europe et au monde que Fichte ne pouvait l’imaginer : ne fût-ce que par la c
5244 uvait l’imaginer : ne fût-ce que par la collusion de la science et des nationalismes… Johann Gottfried von Herder (1744-18
5245 n fécondes hypothèses contradictoires sur le rôle de l’Europe dans l’histoire. Il a célébré « l’âme des peuples » en précu
5246 ondes hypothèses contradictoires sur le rôle de l’ Europe dans l’histoire. Il a célébré « l’âme des peuples » en précurseur du
5247 curseur du nationalisme romantique, « l’équilibre européen  » en précurseur de la Sainte-Alliance, les vertus nordiques en précur
5248 omantique, « l’équilibre européen » en précurseur de la Sainte-Alliance, les vertus nordiques en précurseur du racisme, la
5249 précurseur du racisme, la supériorité spirituelle de l’Orient en précurseur des philosophes modernes de notre « décadence
5250 e l’Orient en précurseur des philosophes modernes de notre « décadence fatale ». Tantôt il voit l’Europe à la tête du prog
5251 s de notre « décadence fatale ». Tantôt il voit l’ Europe à la tête du progrès mondial, tantôt il la décrit comme promise à la
5252 qu’elle a colonisés et pillés. Essayons cependant de saisir, dans ce balancement pendulaire de sa pensée, quelques-uns des
5253 pendant de saisir, dans ce balancement pendulaire de sa pensée, quelques-uns des moments de passage à l’axe européen. Voic
5254 pendulaire de sa pensée, quelques-uns des moments de passage à l’axe européen. Voici d’abord l’Europe « République des sav
5255 nsée, quelques-uns des moments de passage à l’axe européen . Voici d’abord l’Europe « République des savants », telle qu’un Volta
5256 ents de passage à l’axe européen. Voici d’abord l’ Europe « République des savants », telle qu’un Voltaire pouvait la définir :
5257 s », telle qu’un Voltaire pouvait la définir : L’ Europe entière est une République des savants qui, d’une part grâce à une gr
5258 s qu’elle est allée chercher sur toute la surface de la Terre, a su se donner une forme idéale que seuls le savant perçoit
5259 ent leur cours : nous poursuivons l’image magique d’ une Science suprême et d’une Connaissance universelle, que nous n’atte
5260 rsuivons l’image magique d’une Science suprême et d’ une Connaissance universelle, que nous n’atteindrons jamais, mais qui
5261 si longtemps que durera la Constitution politique de l’Europe. Les États qui ne sont jamais entrés dans ce conflit, ne com
5262 ngtemps que durera la Constitution politique de l’ Europe . Les États qui ne sont jamais entrés dans ce conflit, ne comptent pou
5263 mptent pour ainsi dire pas.155 Mais voici l’une de ces intuitions typiquement herdériennes, c’est-à-dire géo-historico-l
5264 noncent les grands systèmes « weltgeschichtlich » de Schlegel à Spengler en passant par Hegel : Est-ce le Nord ou le Sud,
5265 été la « vagina hominum » ? Quelle est l’origine de l’espèce humaine, des inventions, des arts et des religions ? Faut-il
5266 ons ? Faut-il croire que le genre humain a émigré de l’est vers le nord, pour s’y reproduire dans les montagnes du froid,
5267 uire dans les montagnes du froid, mû par sa force de géant, comme ces monstrueux poissons conservés sous les glaces ? Ensu
5268 ces ? Ensuite, après avoir inventé cette religion de la cruauté conforme à son climat, il aurait envahi l’Europe à la forc
5269 cruauté conforme à son climat, il aurait envahi l’ Europe à la force de l’épée, y implantant ses mœurs et sa conception de la j
5270 son climat, il aurait envahi l’Europe à la force de l’épée, y implantant ses mœurs et sa conception de la justice. S’il e
5271 e l’épée, y implantant ses mœurs et sa conception de la justice. S’il en est ainsi, je vois deux courants : l’un, venu d’O
5272 en est ainsi, je vois deux courants : l’un, venu d’ Orient, passe par la Grèce et l’Italie et s’infléchit légèrement dans
5273 et l’Italie et s’infléchit légèrement dans le sud de l’Europe, inventeur d’une douce religion méridionale, d’une poésie de
5274 Italie et s’infléchit légèrement dans le sud de l’ Europe , inventeur d’une douce religion méridionale, d’une poésie de l’imagin
5275 hit légèrement dans le sud de l’Europe, inventeur d’ une douce religion méridionale, d’une poésie de l’imagination, d’une m
5276 rope, inventeur d’une douce religion méridionale, d’ une poésie de l’imagination, d’une musique, d’un art, d’une sagesse de
5277 ur d’une douce religion méridionale, d’une poésie de l’imagination, d’une musique, d’un art, d’une sagesse des mœurs, d’un
5278 igion méridionale, d’une poésie de l’imagination, d’ une musique, d’un art, d’une sagesse des mœurs, d’une science qui form
5279 le, d’une poésie de l’imagination, d’une musique, d’ un art, d’une sagesse des mœurs, d’une science qui forment le patrimoi
5280 poésie de l’imagination, d’une musique, d’un art, d’ une sagesse des mœurs, d’une science qui forment le patrimoine du Sud-
5281 d’une musique, d’un art, d’une sagesse des mœurs, d’ une science qui forment le patrimoine du Sud-Ouest européen. Quant au
5282 ne science qui forment le patrimoine du Sud-Ouest européen . Quant au deuxième courant, il part d’Asie, par le nord rejoint l’Eur
5283 uest européen. Quant au deuxième courant, il part d’ Asie, par le nord rejoint l’Europe où il submerge l’autre courant… S’i
5284 me courant, il part d’Asie, par le nord rejoint l’ Europe où il submerge l’autre courant… S’il en est ainsi, le troisième coura
5285 t ainsi, le troisième courant ne viendra-t-il pas d’ Amérique et le dernier peut-être du cap de Bonne-Espérance ou des régi
5286 s situées au-delà ?156 Sur la fonction mondiale de l’Europe, Herder a des vues prophétiques, que vérifie l’évolution ant
5287 uées au-delà ?156 Sur la fonction mondiale de l’ Europe , Herder a des vues prophétiques, que vérifie l’évolution anticolonial
5288 siècle. Déjà dans ses Idées pour une Philosophie de l’Histoire (1784) il annonçait que les instruments et moyens inventés
5289 çait que les instruments et moyens inventés par l’ Europe pour subjuguer les autres continents se retourneraient un jour contre
5290 retourneraient un jour contre elle : Nous autres Européens … sommes en train de forger les chaînes avec lesquelles vous nous traî
5291 7 Aux yeux de Herder — et à cette date déjà — l’ Europe est en train de trahir sa mission mondiale. Dans le recueil intitulé
5292 Adrastea, on trouve le dialogue suivant entre un Européen et un Asiatique : L’Asiatique : Un jour la Providence a mis entre le
5293 : Un jour la Providence a mis entre les mains des Européens une jauge et une balance. Ils doivent mesurer, ils doivent peser. Mai
5294 onfiée pour contribuer au bonheur des peuples ? L’ Européen  : En Europe personne n’y songe.158 Ce que Herder, l’un des premiers
5295 ntribuer au bonheur des peuples ? L’Européen : En Europe personne n’y songe.158 Ce que Herder, l’un des premiers, a su compr
5296 , l’un des premiers, a su comprendre, c’est que l’ Europe ne peut se concevoir comme entité fermée ou monade autonome. Elle est
5297 dû se souvenir : On peut considérer l’existence d’ un État en soi ou par rapport aux autres États ; l’Europe se trouve da
5298 n État en soi ou par rapport aux autres États ; l’ Europe se trouve dans l’obligation d’utiliser les deux échelles, les États d
5299 tres États ; l’Europe se trouve dans l’obligation d’ utiliser les deux échelles, les États d’Asie n’en ont qu’une seule.159
5300 752-1809), historien des Suisses, combla les vœux de Herder en donnant à ses contemporains une Vue générale de l’Histoire
5301 r en donnant à ses contemporains une Vue générale de l’Histoire du Genre Humain (1797) dont le succès fut immense à l’époq
5302 cès fut immense à l’époque. Quoique centrée sur l’ Europe , comme l’indique son titre en allemand (Vierundzwanzig Bücher allgeme
5303 chen Menschheit) cette vue générale ne laisse pas d’ être pessimiste. Selon Heinz Gollwitzer, J. von Müller « fut le premie
5304 parfois assumé le contenu affectif et conceptuel d’ une conscience de la décadence spécifiquement européenne, apparentée (
5305 e contenu affectif et conceptuel d’une conscience de la décadence spécifiquement européenne, apparentée (mais non identiqu
5306 l d’une conscience de la décadence spécifiquement européenne , apparentée (mais non identique), au pessimisme de la vision chrétien
5307 e, apparentée (mais non identique), au pessimisme de la vision chrétienne du monde »160. Comme Rousseau, il voyait « tous
5308 soit à l’Amérique ». Voici le tableau qu’il donne de l’état des puissances européennes, tel qu’on pouvait le concevoir à l
5309 i le tableau qu’il donne de l’état des puissances européennes , tel qu’on pouvait le concevoir à la fin du xviiie siècle : Toutes
5310 ensemble, l’intérêt protestant dans cette partie de l’Europe ; un jour la neutralité armée se joindra ici… Parmi les pui
5311 mble, l’intérêt protestant dans cette partie de l’ Europe  ; un jour la neutralité armée se joindra ici… Parmi les puissances d
5312 alité armée se joindra ici… Parmi les puissances de la seconde classe, qui tiennent l’équilibre de la liberté européenne,
5313 es de la seconde classe, qui tiennent l’équilibre de la liberté européenne, l’empereur, la Russie et la Prusse sont par le
5314 de classe, qui tiennent l’équilibre de la liberté européenne , l’empereur, la Russie et la Prusse sont par le nombre et l’excellenc
5315 e et la Prusse sont par le nombre et l’excellence de leurs troupes, naturellement les principales. D’autres leur disputera
5316 uelque nouveau Gustave Adolphe, qui par l’énergie de son héroïsme, sût placer un petit peuple à la tête des Potentats. À l
5317 a tête des puissances barbares est le Padisha ; l’ Europe n’a point de relations avec les Cours d’Asie ; en Afrique, Alger, Tun
5318 nces barbares est le Padisha ; l’Europe n’a point de relations avec les Cours d’Asie ; en Afrique, Alger, Tunis, Tripoli,
5319  ; l’Europe n’a point de relations avec les Cours d’ Asie ; en Afrique, Alger, Tunis, Tripoli, Maroc, sont dignes de remarq
5320 frique, Alger, Tunis, Tripoli, Maroc, sont dignes de remarque. On peut traiter de la Suisse et des rois de Sardaigne et de
5321 , Maroc, sont dignes de remarque. On peut traiter de la Suisse et des rois de Sardaigne et de Portugal après la maison de
5322 emarque. On peut traiter de la Suisse et des rois de Sardaigne et de Portugal après la maison de Bourbon, dont l’un est ce
5323 traiter de la Suisse et des rois de Sardaigne et de Portugal après la maison de Bourbon, dont l’un est censé d’être allié
5324 rois de Sardaigne et de Portugal après la maison de Bourbon, dont l’un est censé d’être allié ; et dont les liaisons peuv
5325 l après la maison de Bourbon, dont l’un est censé d’ être allié ; et dont les liaisons peuvent seules faire valoir les droi
5326 cernant la Lombardie. La Scandinavie, les princes de l’Empire, la Pologne, quelques États d’Italie peuvent être considérés
5327 ribuer surtout à gêner ou à accélérer les progrès de l’une contre l’autre de ces puissances. Parmi les États gouvernés par
5328 u à accélérer les progrès de l’une contre l’autre de ces puissances. Parmi les États gouvernés par les Bourbons, la France
5329 tion, son terroir, sa population, et le caractère de ses habitants, pourroit seule donner la loi au monde, si un système s
5330 monde, si un système suivi, approprié à la nature d’ une grande puissance, faisoit valoir ses prodigieuses ressources.161
5331 On est frappé par la complication et la fragilité de ces divers groupes de puissances censées « tenir l’équilibre de la li
5332 omplication et la fragilité de ces divers groupes de puissances censées « tenir l’équilibre de la liberté européenne ». El
5333 groupes de puissances censées « tenir l’équilibre de la liberté européenne ». Elles évoquent la page dans laquelle Kant, c
5334 ssances censées « tenir l’équilibre de la liberté européenne  ». Elles évoquent la page dans laquelle Kant, critiquant l’idée d’équ
5335 ent la page dans laquelle Kant, critiquant l’idée d’ équilibre européen chère à Gentz et à Burke, rappelait cette maison dé
5336 dans laquelle Kant, critiquant l’idée d’équilibre européen chère à Gentz et à Burke, rappelait cette maison décrite par Swift et
5337 cette maison décrite par Swift et qui était bâtie d’ une manière si conforme au seul principe d’équilibre que lorsqu’un moi
5338 bâtie d’une manière si conforme au seul principe d’ équilibre que lorsqu’un moineau se posa sur son toit, elle s’écroula.
5339 rs, Müller est surtout intéressant par ses essais de comparaison globale des civilisations. À cet égard, le Résumé du ixe
5340 gard, le Résumé du ixe Discours est très typique de cette apparition d’une conscience de l’Europe-dans-le-Monde qui marqu
5341 xe Discours est très typique de cette apparition d’ une conscience de l’Europe-dans-le-Monde qui marque la pensée germaniq
5342 très typique de cette apparition d’une conscience de l’Europe-dans-le-Monde qui marque la pensée germanique de l’époque :
5343 ope-dans-le-Monde qui marque la pensée germanique de l’époque : Pendant huit siècles depuis la ruine de l’Empire romain n
5344 l’époque : Pendant huit siècles depuis la ruine de l’Empire romain nous avons vu l’Orient toujours semblable à lui-même 
5345 me ; un empire, aussi prompt à s’élever que celui de Ninus et de Cyrus, s’affoiblir, se partager, et diverses dynasties se
5346 re, aussi prompt à s’élever que celui de Ninus et de Cyrus, s’affoiblir, se partager, et diverses dynasties se succéder, p
5347 espotes ; les Mongols, comme les Scythes du temps de Cyaxares, envahir mille diverses tribus du genre humain, et disparoît
5348 ssager du premier empereur des Francs, le passage de la vie des anciens Germains à l’état de police, quand les nations con
5349 e passage de la vie des anciens Germains à l’état de police, quand les nations contenues l’une par l’autre, furent forcées
5350 ntenues l’une par l’autre, furent forcées à tirer de leur sol, ce qu’ils auraient mieux aimé conquérir. De cette applicati
5351 eur sol, ce qu’ils auraient mieux aimé conquérir. De cette application résulte l’industrie, puis le courage de la liberté,
5352 application résulte l’industrie, puis le courage de la liberté, parmi les bourgeois, enfin le développement de l’esprit h
5353 erté, parmi les bourgeois, enfin le développement de l’esprit humain. Toutes les religions sont venues de l’Orient ; le se
5354 l’esprit humain. Toutes les religions sont venues de l’Orient ; le sentiment y est plus vif, plus élevé ; ces connoissance
5355 emploient, ici elles accélèrent le grand ouvrage de l’établissement de l’ordre civil. On voit plus d’art, plus de persévé
5356 es accélèrent le grand ouvrage de l’établissement de l’ordre civil. On voit plus d’art, plus de persévérance dans la polit
5357 de l’établissement de l’ordre civil. On voit plus d’ art, plus de persévérance dans la politique des Européens, dans celle
5358 sement de l’ordre civil. On voit plus d’art, plus de persévérance dans la politique des Européens, dans celle des Orientau
5359 d’art, plus de persévérance dans la politique des Européens , dans celle des Orientaux plus de cette énergie momentanée. Nous somm
5360 ique des Européens, dans celle des Orientaux plus de cette énergie momentanée. Nous sommes au milieu du Drame qu’ont ouver
5361 qu’ont ouvert les Géans du Nord, les destructeurs de l’ancien Empire. 148. Soyez embrassés, ô millions. Par ce baiser
5362 1951, p.117. 161. Jean de Müller : Vue générale de l’histoire du genre humain. Vingt-unième discours, conclusion. Paris,
16 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 4. Napoléon et l’Europe
5363 4.Napoléon et l’ Europe Cependant, un nouvel Empire allait s’élever. J. de Müller lui-même,
5364 t l’Autriche et la Prusse, et combattu toute idée d’ hégémonie européenne, estima qu’il était temps « de substituer aux for
5365 et la Prusse, et combattu toute idée d’hégémonie européenne , estima qu’il était temps « de substituer aux formes surannées de la
5366 ’hégémonie européenne, estima qu’il était temps «  de substituer aux formes surannées de la vieille Europe un nouvel ordre
5367 était temps « de substituer aux formes surannées de la vieille Europe un nouvel ordre des choses »162 et devint ministre
5368  de substituer aux formes surannées de la vieille Europe un nouvel ordre des choses »162 et devint ministre du roi Jérôme de W
5369 ôme de Westphalie. C’était le temps où la Gazette de France écrivait sous le titre de « Tableau de l’Europe »163 : Ce ne
5370 ps où la Gazette de France écrivait sous le titre de « Tableau de l’Europe »163 : Ce ne seront plus des forces égales qui
5371 tte de France écrivait sous le titre de « Tableau de l’Europe »163 : Ce ne seront plus des forces égales qui, par leur op
5372 e France écrivait sous le titre de « Tableau de l’ Europe  »163 : Ce ne seront plus des forces égales qui, par leur opposition,
5373 ur être attaquée et trop grande pour avoir besoin de s’étendre, tiendra tout en paix autour d’elle… Désormais la France se
5374 besoin de s’étendre, tiendra tout en paix autour d’ elle… Désormais la France sera le point d’appui sur lequel reposera l’
5375 autour d’elle… Désormais la France sera le point d’ appui sur lequel reposera l’Europe entière. C’était le temps aussi où
5376 rance sera le point d’appui sur lequel reposera l’ Europe entière. C’était le temps aussi où un Laplace, préconisant le systèm
5377 que celle, où Napoléon le Grand réunit la moitié de l’Europe sous son empire et par l’ascendant de son exemple exerce sur
5378 celle, où Napoléon le Grand réunit la moitié de l’ Europe sous son empire et par l’ascendant de son exemple exerce sur l’autre
5379 ié de l’Europe sous son empire et par l’ascendant de son exemple exerce sur l’autre moitié la plus heureuse influence ? Gr
5380 la plus heureuse influence ? Grâce à son Génie, l’ Europe entière ne formera bientôt qu’une immense famille, unie par la même r
5381 ce et en Allemagne, reprenant les anciens projets de paix en Europe par l’union des États, mais cette fois sous l’égide du
5382 lemagne, reprenant les anciens projets de paix en Europe par l’union des États, mais cette fois sous l’égide du Premier Consul
5383 s cette fois sous l’égide du Premier Consul, puis de l’empereur : ainsi le Tableau politique de l’Europe par Echassériaux
5384 , puis de l’empereur : ainsi le Tableau politique de l’Europe par Echassériaux (1802), Die Europäische Republik par Niklas
5385 s de l’empereur : ainsi le Tableau politique de l’ Europe par Echassériaux (1802), Die Europäische Republik par Niklas Vogt (18
5386 opäische Republik par Niklas Vogt (1802 et 1808), De la Paix de l’Europe et de ses bases par Delisle de Sales, Du droit pu
5387 publik par Niklas Vogt (1802 et 1808), De la Paix de l’Europe et de ses bases par Delisle de Sales, Du droit public et du
5388 k par Niklas Vogt (1802 et 1808), De la Paix de l’ Europe et de ses bases par Delisle de Sales, Du droit public et du droit des
5389 as Vogt (1802 et 1808), De la Paix de l’Europe et de ses bases par Delisle de Sales, Du droit public et du droit des gens,
5390 ales, Du droit public et du droit des gens, suivi d’ un projet de paix générale et perpétuelle par Gondon (1807), Das Urbil
5391 it public et du droit des gens, suivi d’un projet de paix générale et perpétuelle par Gondon (1807), Das Urbild der Mensch
5392 (1807-1811), et vingt autres… On sait d’ailleurs de quel étrange prestige Napoléon bénéficia auprès des grands esprits de
5393 tige Napoléon bénéficia auprès des grands esprits de Weimar et de Iéna, un Goethe, un Wieland, un Hegel, les plus « europé
5394 bénéficia auprès des grands esprits de Weimar et de Iéna, un Goethe, un Wieland, un Hegel, les plus « européens » du mond
5395 Iéna, un Goethe, un Wieland, un Hegel, les plus «  européens  » du monde germanique, et même auprès d’un poète aussi peu politique
5396 « européens » du monde germanique, et même auprès d’ un poète aussi peu politique que Jean Paul (Johann Paul Friedrich Rich
5397 . Cet enthousiaste a été jusqu’à louer l’empereur d’ avoir tenté de transformer le continent tout entier en l’« État commer
5398 aste a été jusqu’à louer l’empereur d’avoir tenté de transformer le continent tout entier en l’« État commercial fermé » q
5399 mait Fichte ! Mais c’est en réalité l’imagination de l’Humanité unie et de l’Europe s’ouvrant au monde qui inspirent les é
5400 st en réalité l’imagination de l’Humanité unie et de l’Europe s’ouvrant au monde qui inspirent les écrits politiques de Je
5401 réalité l’imagination de l’Humanité unie et de l’ Europe s’ouvrant au monde qui inspirent les écrits politiques de Jean Paul,
5402 rant au monde qui inspirent les écrits politiques de Jean Paul, tels que Dämmerungen für Deutschland et Politische Fastenp
5403 Politische Fastenpredigten. Il y décrit souvent l’ Europe comme sa véritable patrie, et l’Allemagne en serait le cœur. Ainsi da
5404 ssage qui rappelle si curieusement la description de l’Europe en un seul corps par Guillaume Postel et par les graveurs de
5405 qui rappelle si curieusement la description de l’ Europe en un seul corps par Guillaume Postel et par les graveurs de la Renai
5406 ul corps par Guillaume Postel et par les graveurs de la Renaissance. Non seulement l’Allemagne occupe le centre géographi
5407 ulement l’Allemagne occupe le centre géographique de l’Europe, mais elle en est aussi le centre moral. À juste titre, on l
5408 nt l’Allemagne occupe le centre géographique de l’ Europe , mais elle en est aussi le centre moral. À juste titre, on la représe
5409 ste titre, on la représente souvent sur l’effigie d’ une jeune fille sous la forme du cœur, tandis que mainte autre partie
5410 la forme du cœur, tandis que mainte autre partie de l’Europe n’est que la tête ou le bras avec le poing. Ce bon cœur si h
5411 orme du cœur, tandis que mainte autre partie de l’ Europe n’est que la tête ou le bras avec le poing. Ce bon cœur si honnête qu
5412 on cœur si honnête que presque toutes les guerres européennes ont transpercé à coups de canon !165 Que pensait dans le même temps
5413 es les guerres européennes ont transpercé à coups de canon !165 Que pensait dans le même temps le héros de ces utopistes
5414 on !165 Que pensait dans le même temps le héros de ces utopistes, le porteur de leurs espoirs européens, celui qui avait
5415 même temps le héros de ces utopistes, le porteur de leurs espoirs européens, celui qui avait rêvé d’une conquête de l’Asi
5416 ros de ces utopistes, le porteur de leurs espoirs européens , celui qui avait rêvé d’une conquête de l’Asie mais que son échec égy
5417 de leurs espoirs européens, celui qui avait rêvé d’ une conquête de l’Asie mais que son échec égyptien avait contraint de
5418 rs européens, celui qui avait rêvé d’une conquête de l’Asie mais que son échec égyptien avait contraint de limiter ses amb
5419 ’Asie mais que son échec égyptien avait contraint de limiter ses ambitions au continent dont on prétend qu’il dit un jour 
5420 nt on prétend qu’il dit un jour : « Cette vieille Europe m’ennuie » ? Tout le monde répète que l’empereur n’a « révélé » ses i
5421 pète que l’empereur n’a « révélé » ses intentions d’ unir l’Europe qu’au temps de Sainte-Hélène, quand il était trop tard.
5422 l’empereur n’a « révélé » ses intentions d’unir l’ Europe qu’au temps de Sainte-Hélène, quand il était trop tard. Ce n’est pas
5423 as exact. Si l’Acte additionnel aux Constitutions de l’Empire, rédigé au retour de l’île d’Elbe, fut comme on sait l’œuvre
5424 l aux Constitutions de l’Empire, rédigé au retour de l’île d’Elbe, fut comme on sait l’œuvre de Benjamin Constant, son pré
5425 retour de l’île d’Elbe, fut comme on sait l’œuvre de Benjamin Constant, son préambule porte les marques de la pensée et de
5426 enjamin Constant, son préambule porte les marques de la pensée et de la main de l’empereur. Or on y lit : Nous avions alo
5427 , son préambule porte les marques de la pensée et de la main de l’empereur. Or on y lit : Nous avions alors pour but d’or
5428 bule porte les marques de la pensée et de la main de l’empereur. Or on y lit : Nous avions alors pour but d’organiser un
5429 pereur. Or on y lit : Nous avions alors pour but d’ organiser un grand système fédératif européen, que nous avions adopté
5430 s pour but d’organiser un grand système fédératif européen , que nous avions adopté comme conforme à l’esprit du siècle, et favor
5431 me à l’esprit du siècle, et favorable aux progrès de la civilisation. Pour parvenir à le compléter et à lui donner toute l
5432 susceptible, nous avions ajourné l’établissement de plusieurs institutions intérieures, plus spécialement destinées à pro
5433 é des citoyens… On conçoit que l’inaction forcée de Sainte-Hélène ait seule permis au despote déposé de se former une vue
5434 Sainte-Hélène ait seule permis au despote déposé de se former une vue cohérente des motifs qui animaient son action polit
5435 te des motifs qui animaient son action politique. D’ où les déclarations fréquentes faites à Las Cases sur l’organisation q
5436 as Cases sur l’organisation qu’il souhaite pour l’ Europe . À la question de savoir ce qui fût advenu s’il était sorti victorieu
5437 ation qu’il souhaite pour l’Europe. À la question de savoir ce qui fût advenu s’il était sorti victorieux de la campagne d
5438 oir ce qui fût advenu s’il était sorti victorieux de la campagne de Russie, Napoléon répond : La paix dans Moscou accompl
5439 advenu s’il était sorti victorieux de la campagne de Russie, Napoléon répond : La paix dans Moscou accomplissait et termi
5440 Moscou accomplissait et terminait mes expéditions de guerre. C’était, pour la grande cause, la fin des hasards et le comme
5441 ande cause, la fin des hasards et le commencement de la sécurité. Un nouvel horizon, de nouveaux travaux allaient se dérou
5442 e commencement de la sécurité. Un nouvel horizon, de nouveaux travaux allaient se dérouler, tous pleins du bien-être et de
5443 allaient se dérouler, tous pleins du bien-être et de la prospérité de tous. Le système européen se trouvait fondé ; il n’é
5444 ler, tous pleins du bien-être et de la prospérité de tous. Le système européen se trouvait fondé ; il n’était plus questio
5445 bien-être et de la prospérité de tous. Le système européen se trouvait fondé ; il n’était plus question que de l’organiser. Sati
5446 se trouvait fondé ; il n’était plus question que de l’organiser. Satisfait sur ces grands points, et tranquille partout,
5447 nt des idées qu’on m’a volées. Dans cette réunion de tous les souverains, nous eussions traité de nos intérêts en famille,
5448 nion de tous les souverains, nous eussions traité de nos intérêts en famille, et compté de clerc à maître avec les peuples
5449 ions traité de nos intérêts en famille, et compté de clerc à maître avec les peuples. L’empereur, ajoute Las Cases dans l
5450 s. L’empereur, ajoute Las Cases dans le Mémorial de Sainte-Hélène, passait ensuite en revue ce qu’il eût proposé pour la
5451 rité, les intérêts, la jouissance et le bien-être de l’association européenne. Il eût voulu les mêmes principes, le même s
5452 s, la jouissance et le bien-être de l’association européenne . Il eût voulu les mêmes principes, le même système partout. Un Code e
5453 mêmes principes, le même système partout. Un Code européen  ; une Cour de Cassation européenne, redressant, pour tous, les erreur
5454 même système partout. Un Code européen ; une Cour de Cassation européenne, redressant, pour tous, les erreurs, comme la nô
5455 partout. Un Code européen ; une Cour de Cassation européenne , redressant, pour tous, les erreurs, comme la nôtre redresse chez nou
5456 erreurs, comme la nôtre redresse chez nous celles de nos tribunaux. Une même monnaie sous des coins différents ; les mêmes
5457 , les mêmes mesures, les mêmes lois, etc., etc. L’ Europe , disait-il, n’eût bientôt fait de la sorte véritablement qu’un même p
5458 tc., etc. L’Europe, disait-il, n’eût bientôt fait de la sorte véritablement qu’un même peuple, et chacun en voyageant, par
5459 cobin — et nullement fédéraliste ! — la condition de toute union européenne résidait dans une « simplification sommaire »
5460 ement fédéraliste ! — la condition de toute union européenne résidait dans une « simplification sommaire » des codes, des opinions
5461 unifiés à l’intérieur des grandes nations : Une de mes plus grandes pensées avait été l’agglomération, la concentration
5462 révolutions et la politique. Ainsi l’on compte en Europe , bien qu’épars, plus de trente millions de Français, quinze millions
5463 Ainsi l’on compte en Europe, bien qu’épars, plus de trente millions de Français, quinze millions d’Espagnols, quinze mill
5464 en Europe, bien qu’épars, plus de trente millions de Français, quinze millions d’Espagnols, quinze millions d’Italiens, tr
5465 s de trente millions de Français, quinze millions d’ Espagnols, quinze millions d’Italiens, trente millions d’Allemands : j
5466 ais, quinze millions d’Espagnols, quinze millions d’ Italiens, trente millions d’Allemands : j’eusse voulu faire de chacun
5467 nols, quinze millions d’Italiens, trente millions d’ Allemands : j’eusse voulu faire de chacun de ces peuples un seul et mê
5468 trente millions d’Allemands : j’eusse voulu faire de chacun de ces peuples un seul et même corps de nation. C’est avec un
5469 lions d’Allemands : j’eusse voulu faire de chacun de ces peuples un seul et même corps de nation. C’est avec un tel cortèg
5470 re de chacun de ces peuples un seul et même corps de nation. C’est avec un tel cortège qu’il eût été beau de s’avancer dan
5471 ion. C’est avec un tel cortège qu’il eût été beau de s’avancer dans la postérité et la bénédiction des siècles. Je me sent
5472 t la bénédiction des siècles. Je me sentais digne de cette gloire ! Après cette simplification sommaire, il eût été plus p
5473 simplification sommaire, il eût été plus possible de se livrer à la chimère du beau idéal de la civilisation : c’est dans
5474 possible de se livrer à la chimère du beau idéal de la civilisation : c’est dans cet état de choses qu’on eût trouvé plus
5475 est dans cet état de choses qu’on eût trouvé plus de chances d’amener partout l’unité des codes, celle des principes, des
5476 t état de choses qu’on eût trouvé plus de chances d’ amener partout l’unité des codes, celle des principes, des opinions, d
5477 res universellement répandues, devenait-il permis de rêver, pour la grande famille européenne, l’application du Congrès am
5478 venait-il permis de rêver, pour la grande famille européenne , l’application du Congrès américain, ou celle des amphictions de la G
5479 on du Congrès américain, ou celle des amphictions de la Grèce ; et quelle perspective alors de force, de grandeur, de joui
5480 ictions de la Grèce ; et quelle perspective alors de force, de grandeur, de jouissances, de prospérité ! Quel grand et mag
5481 la Grèce ; et quelle perspective alors de force, de grandeur, de jouissances, de prospérité ! Quel grand et magnifique sp
5482 t quelle perspective alors de force, de grandeur, de jouissances, de prospérité ! Quel grand et magnifique spectacle ! … Q
5483 tive alors de force, de grandeur, de jouissances, de prospérité ! Quel grand et magnifique spectacle ! … Quoi qu’il en soi
5484 ne pense pas qu’après ma chute et la disparition de mon système, il y ait en Europe d’autre grand équilibre possible que
5485 ute et la disparition de mon système, il y ait en Europe d’autre grand équilibre possible que l’agglomération et la confédérat
5486 la disparition de mon système, il y ait en Europe d’ autre grand équilibre possible que l’agglomération et la confédération
5487 au milieu de la première grande mêlée, embrassera de bonne foi la cause des peuples, se trouvera à la tête de toute l’Euro
5488 e foi la cause des peuples, se trouvera à la tête de toute l’Europe, et pourra tenter tout ce qu’il voudra. 162. Cf. Go
5489 use des peuples, se trouvera à la tête de toute l’ Europe , et pourra tenter tout ce qu’il voudra. 162. Cf. Gollwitzer, op. c
5490 und J. v. Müller, Frauenfeld, 1893. La lettre est de 1804. 163. Numéro du 2 janvier 1806. 164. Marquis de Laplace : Expo
17 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 5. L’Europe des adversaires de l’empereur
5491 5.L’Europe des adversaires de l’empereur Napoléon avait raison sur ce dernier point : le seul « é
5492 t : le seul « équilibre possible » après la chute de son empire, eût été la fédération. De fait, l’équilibre impossible de
5493 ès la chute de son empire, eût été la fédération. De fait, l’équilibre impossible de la Sainte-Alliance fut imposé par des
5494 té la fédération. De fait, l’équilibre impossible de la Sainte-Alliance fut imposé par des souverains qui, très loin d’« e
5495 ance fut imposé par des souverains qui, très loin d’ « embrasser de bonne foi la cause des peuples », ne purent nouer au no
5496 é par des souverains qui, très loin d’« embrasser de bonne foi la cause des peuples », ne purent nouer au nom de la stabil
5497 qu’une précaire Ligue des rois. Toutefois, l’idée européenne avait pris assez de force et rassemblé assez d’espoirs divers pour qu
5498 is. Toutefois, l’idée européenne avait pris assez de force et rassemblé assez d’espoirs divers pour que les négociateurs d
5499 enne avait pris assez de force et rassemblé assez d’ espoirs divers pour que les négociateurs des Traités de paix se sentis
5500 oirs divers pour que les négociateurs des Traités de paix se sentissent obligés de l’honorer au moins des lèvres : Extrait
5501 iateurs des Traités de paix se sentissent obligés de l’honorer au moins des lèvres : Extrait du protocole de la séance du
5502 onorer au moins des lèvres : Extrait du protocole de la séance du 5 février 1814, au congrès de Châtillon : Les plénipote
5503 tocole de la séance du 5 février 1814, au congrès de Châtillon : Les plénipotentiaires des cours alliées déclarent qu’ils
5504 ces comme uniquement envoyés par les quatre cours de la part desquelles ils sont munis de pleins pouvoirs, mais se trouvan
5505 quatre cours de la part desquelles ils sont munis de pleins pouvoirs, mais se trouvant chargés de traiter la paix avec la
5506 unis de pleins pouvoirs, mais se trouvant chargés de traiter la paix avec la France au nom de l’Europe, ne formant qu’un s
5507 gés de traiter la paix avec la France au nom de l’ Europe , ne formant qu’un seul tout. Extrait du traité de Chaumont, 1er mars
5508 e, ne formant qu’un seul tout. Extrait du traité de Chaumont, 1er mars 1814 : Le présent traité d’alliance défensive, ay
5509 é de Chaumont, 1er mars 1814 : Le présent traité d’ alliance défensive, ayant pour but de maintenir l’équilibre en Europe,
5510 ésent traité d’alliance défensive, ayant pour but de maintenir l’équilibre en Europe, d’assurer le repos et l’indépendance
5511 nsive, ayant pour but de maintenir l’équilibre en Europe , d’assurer le repos et l’indépendance des puissances et de prévenir l
5512 yant pour but de maintenir l’équilibre en Europe, d’ assurer le repos et l’indépendance des puissances et de prévenir les e
5513 urer le repos et l’indépendance des puissances et de prévenir les envahissements qui, depuis tant d’années, ont désolé le
5514 t de prévenir les envahissements qui, depuis tant d’ années, ont désolé le monde, les Hautes Parties contractantes sont con
5515 Parties contractantes sont convenues entre elles d’ en étendre la durée de vingt ans, à date du jour de la signature. Ext
5516 sont convenues entre elles d’en étendre la durée de vingt ans, à date du jour de la signature. Extrait de la Déclaration
5517 ’en étendre la durée de vingt ans, à date du jour de la signature. Extrait de la Déclaration de Vichy, 15 mars 1814 : La
5518 ngt ans, à date du jour de la signature. Extrait de la Déclaration de Vichy, 15 mars 1814 : La marche des événements (a
5519 jour de la signature. Extrait de la Déclaration de Vichy, 15 mars 1814 : La marche des événements (a donné) aux Cours a
5520 énements (a donné) aux Cours alliées le sentiment de toute la force de la ligue européenne… La paix sera celle de l’Europe
5521 aux Cours alliées le sentiment de toute la force de la ligue européenne… La paix sera celle de l’Europe, toute autre est
5522 lliées le sentiment de toute la force de la ligue européenne … La paix sera celle de l’Europe, toute autre est inadmissible. Extra
5523 force de la ligue européenne… La paix sera celle de l’Europe, toute autre est inadmissible. Extrait de l’Acte de reconna
5524 e de la ligue européenne… La paix sera celle de l’ Europe , toute autre est inadmissible. Extrait de l’Acte de reconnaissance d
5525 l’Europe, toute autre est inadmissible. Extrait de l’Acte de reconnaissance de la neutralité de la Suisse, 1814 et 1815 
5526 toute autre est inadmissible. Extrait de l’Acte de reconnaissance de la neutralité de la Suisse, 1814 et 1815 : Les Pui
5527 nadmissible. Extrait de l’Acte de reconnaissance de la neutralité de la Suisse, 1814 et 1815 : Les Puissances signataire
5528 rait de l’Acte de reconnaissance de la neutralité de la Suisse, 1814 et 1815 : Les Puissances signataires… reconnaissent…
5529 connaissent… que la neutralité et l’inviolabilité de la Suisse… sont dans les vrais intérêts de l’Europe tout entière. Et
5530 bilité de la Suisse… sont dans les vrais intérêts de l’Europe tout entière. Et Metternich lui-même, l’un des principaux i
5531 é de la Suisse… sont dans les vrais intérêts de l’ Europe tout entière. Et Metternich lui-même, l’un des principaux inspirateu
5532 ernich lui-même, l’un des principaux inspirateurs de ces Traités, déclarait : Depuis longtemps, l’Europe est pour moi une
5533 de ces Traités, déclarait : Depuis longtemps, l’ Europe est pour moi une patrie. Toute l’Europe se mit donc à parler de l’Eu
5534 temps, l’Europe est pour moi une patrie. Toute l’ Europe se mit donc à parler de l’Europe, contre Napoléon qui avait voulu la
5535 une patrie. Toute l’Europe se mit donc à parler de l’Europe, contre Napoléon qui avait voulu la faire. Mais ce concert d
5536 patrie. Toute l’Europe se mit donc à parler de l’ Europe , contre Napoléon qui avait voulu la faire. Mais ce concert des Intell
5537 stico-métaphysiques ou socioéconomiques). Domaine d’ expression française : deux libéraux suisses, Constant et Mme de Staël
5538 iste, Saint-Simon. Domaine germanique : un groupe de romantiques catholicisants, Novalis, Görres, Baader et Adam Müller ;
5539 lis, Görres, Baader et Adam Müller ; et un groupe de philosophes aux vues profondes, systématiques et mondiales à la Ficht
5540 chlegel, Hegel et Schelling. Mme de Staël servira de trait d’union entre les deux domaines. Et Goethe les dominera de sa s
5541 Hegel et Schelling. Mme de Staël servira de trait d’ union entre les deux domaines. Et Goethe les dominera de sa stature, m
5542 n entre les deux domaines. Et Goethe les dominera de sa stature, mais non pas de son influence. C’est au moment où Napoléo
5543 t Goethe les dominera de sa stature, mais non pas de son influence. C’est au moment où Napoléon vient de quitter l’île d’E
5544 onstant (1767-1830) publie son célèbre pamphlet : De l’Esprit de conquête et de l’usurpation dans leurs rapports avec la c
5545 7-1830) publie son célèbre pamphlet : De l’Esprit de conquête et de l’usurpation dans leurs rapports avec la civilisation
5546 son célèbre pamphlet : De l’Esprit de conquête et de l’usurpation dans leurs rapports avec la civilisation européenne. Cer
5547 urpation dans leurs rapports avec la civilisation européenne . Certes, il n’y propose pas un plan d’union166, mais l’idée de l’Euro
5548 on européenne. Certes, il n’y propose pas un plan d’ union166, mais l’idée de l’Europe comme formant un ensemble n’est pas
5549 l n’y propose pas un plan d’union166, mais l’idée de l’Europe comme formant un ensemble n’est pas seulement dans le titre 
5550 propose pas un plan d’union166, mais l’idée de l’ Europe comme formant un ensemble n’est pas seulement dans le titre : elle es
5551 eulement dans le titre : elle est le sous-entendu de l’ouvrage entier. Napoléon, c’est l’esprit de conquête et d’uniformit
5552 ndu de l’ouvrage entier. Napoléon, c’est l’esprit de conquête et d’uniformité imposé par les armes, c’est l’anti-Europe. L
5553 e entier. Napoléon, c’est l’esprit de conquête et d’ uniformité imposé par les armes, c’est l’anti-Europe. La polémique de
5554 par les armes, c’est l’anti-Europe. La polémique de Benjamin Constant contre la guerre se lie donc à une attaque contre l
5555 se lie donc à une attaque contre l’idée jacobine de la nation centralisée. Par là même, Benjamin Constant se fait le préc
5556 e précurseur des fédéralistes modernes, partisans d’ une Europe unie dans ses diversités et opposant au nationalisme abstra
5557 urseur des fédéralistes modernes, partisans d’une Europe unie dans ses diversités et opposant au nationalisme abstrait, nivele
5558 able que l’uniformité n’ait jamais rencontré plus de faveur que dans une révolution faite au nom des droits et de la liber
5559 ue dans une révolution faite au nom des droits et de la liberté des hommes. L’esprit systématique s’est d’abord extasié su
5560 attachement aux intérêts, aux mœurs, aux coutumes de localité, nos soi-disant patriotes ont déclaré la guerre à toutes ces
5561 s un être abstrait, une idée générale, dépouillée de tout ce qui frappe l’imagination et de tout ce qui parle à la mémoire
5562 dépouillée de tout ce qui frappe l’imagination et de tout ce qui parle à la mémoire. Pour bâtir l’édifice, ils commençaien
5563 gnaient par des chiffres les légions et les corps d’ armée, tant ils semblaient craindre qu’une idée morale ne pût se ratta
5564 is longtemps, et dont l’amalgame a perdu l’odieux de la violence et de la conquête, on voit le patriotisme qui naît des va
5565 ont l’amalgame a perdu l’odieux de la violence et de la conquête, on voit le patriotisme qui naît des variétés locales, se
5566 iotisme qui naît des variétés locales, seul genre de patriotisme véritable, renaître comme des cendres, dès que la main du
5567 ut ce qui leur donne l’apparence, même trompeuse, d’ être constitués en corps de nation, et réunis par des hens particulier
5568 rence, même trompeuse, d’être constitués en corps de nation, et réunis par des hens particuliers. On sent que s’ils n’étai
5569 que s’ils n’étaient arrêtés dans le développement de cette inclination innocente et bienfaisante, il se formerait bientôt
5570 aisante, il se formerait bientôt en eux une sorte d’ honneur communal, pour ainsi dire, d’honneur de ville, d’honneur de pr
5571 ux une sorte d’honneur communal, pour ainsi dire, d’ honneur de ville, d’honneur de province, qui serait à la fois une joui
5572 te d’honneur communal, pour ainsi dire, d’honneur de ville, d’honneur de province, qui serait à la fois une jouissance et
5573 ur communal, pour ainsi dire, d’honneur de ville, d’ honneur de province, qui serait à la fois une jouissance et une vertu.
5574 l, pour ainsi dire, d’honneur de ville, d’honneur de province, qui serait à la fois une jouissance et une vertu. Mais la j
5575 ois une jouissance et une vertu. Mais la jalousie de l’autorité les surveille, s’alarme, et brise le germe prêt à éclore.
5576 Quelle politique déplorable que celle qui en fait de la rébellion ! Qu’arrive-t-il ? que dans tous les États où l’on détru
5577 dans un isolement contre nature, étrangers au heu de leur naissance, sans contact avec le passé, ne vivant que dans un pré
5578 s sur une plaine immense et nivelée, se détachent d’ une patrie qu’ils n’aperçoivent nulle part, et dont l’ensemble leur de
5579 que leur affection ne peut se reposer sur aucune de ses parties. La variété, c’est de l’organisation : l’uniformité, c’es
5580 oser sur aucune de ses parties. La variété, c’est de l’organisation : l’uniformité, c’est du mécanisme. La variété, c’est
5581 la mort. L’année même où paraissait la brochure de Constant, manifeste du libéralisme politique, où mourait Fichte, théo
5582 ur Sainte-Hélène tandis que Gentz, le « chevalier de l’Europe » se voyait placé au cœur des grandes affaires, un obscur ar
5583 inte-Hélène tandis que Gentz, le « chevalier de l’ Europe  » se voyait placé au cœur des grandes affaires, un obscur aristocrate
5584 ncien officier, ancien spéculateur, ancien détenu de la Terreur, économiste, ingénieur, écrivain, et futur fondateur d’une
5585 onomiste, ingénieur, écrivain, et futur fondateur d’ une secte religieuse, publiait un plan d’États-Unis d’Europe d’une con
5586 ondateur d’une secte religieuse, publiait un plan d’ États-Unis d’Europe d’une conception absolument nouvelle. En voici le
5587 eligieuse, publiait un plan d’États-Unis d’Europe d’ une conception absolument nouvelle. En voici le titre complet : De la
5588 absolument nouvelle. En voici le titre complet : De la réorganisation de la Société européenne, ou de la nécessité de ras
5589 En voici le titre complet : De la réorganisation de la Société européenne, ou de la nécessité de rassembler les peuples d
5590 itre complet : De la réorganisation de la Société européenne , ou de la nécessité de rassembler les peuples de l’Europe en un seul
5591 De la réorganisation de la Société européenne, ou de la nécessité de rassembler les peuples de l’Europe en un seul corps p
5592 tion de la Société européenne, ou de la nécessité de rassembler les peuples de l’Europe en un seul corps politique, en con
5593 nne, ou de la nécessité de rassembler les peuples de l’Europe en un seul corps politique, en conservant à chacun son indép
5594 ou de la nécessité de rassembler les peuples de l’ Europe en un seul corps politique, en conservant à chacun son indépendance n
5595 n indépendance nationale. Sans même tenir compte de l’influence que Saint-Simon devait exercer par la suite sur l’histori
5596 u capitalisme industriel par F. de Lesseps (canal de Suez) et sur le socialisme français par Enfantin, Fourier et les phal
5597 es phalanstériens, on doit reconnaître à son plan européen deux qualités majeures : 1° il rompt avec la tradition Dubois — Sully
5598 nces, que Metternich et Alexandre allaient tenter de réaliser, en vain, et il propose l’élection de députés européens par
5599 er de réaliser, en vain, et il propose l’élection de députés européens par les « corporations », ou professions qu’ils rep
5600 ser, en vain, et il propose l’élection de députés européens par les « corporations », ou professions qu’ils représenteront ; 2° i
5601 s qu’ils représenteront ; 2° il place le problème européen sur le terrain des « intérêts communs et des engagements solides ». P
5602 engagements solides ». Plus que tout autre auteur de Plans antérieurs, il se fonde sur l’économie. Il est le vrai précurse
5603 e fonde sur l’économie. Il est le vrai précurseur de la tendance institutionnaliste du xxe siècle, qui a produit le March
5604 rché commun et l’OCDE. Qu’on en juge : Le traité de Westphalie établit un nouvel ordre de choses par une opération politi
5605 Le traité de Westphalie établit un nouvel ordre de choses par une opération politique, qu’on appela équilibre des puissa
5606 litique, qu’on appela équilibre des puissances. L’ Europe fut partagée en deux confédérations qu’on s’efforçait de maintenir ég
5607 partagée en deux confédérations qu’on s’efforçait de maintenir égales : c’était créer la guerre et l’entretenir constituti
5608 ntretenir constitutionnellement ; car deux ligues d’ égale force sont nécessairement rivales, et il n’y a pas de rivalités
5609 orce sont nécessairement rivales, et il n’y a pas de rivalités sans guerres. Dès lors chaque puissance n’eut d’autre occup
5610 tés sans guerres. Dès lors chaque puissance n’eut d’ autre occupation que d’accroître ses forces militaires. Au lieu de ces
5611 ors chaque puissance n’eut d’autre occupation que d’ accroître ses forces militaires. Au lieu de ces chétives poignées de s
5612 rces militaires. Au lieu de ces chétives poignées de soldats levées pour un temps et bientôt licenciées, on vit partout de
5613 , presque toujours actives ; car depuis le traité de Westphalie la guerre a été l’état habituel de l’Europe… L’Europe a fo
5614 ité de Westphalie la guerre a été l’état habituel de l’Europe… L’Europe a formé autrefois une société confédérative unie p
5615 e Westphalie la guerre a été l’état habituel de l’ Europe … L’Europe a formé autrefois une société confédérative unie par des in
5616 ie la guerre a été l’état habituel de l’Europe… L’ Europe a formé autrefois une société confédérative unie par des institutions
5617 réparer. Je ne prétends pas sans doute qu’on tire de la poussière cette vieille organisation qui fatigue encore l’Europe d
5618 e cette vieille organisation qui fatigue encore l’ Europe de ses débris inutiles : le xixe siècle est trop loin du xiiie . Une
5619 vieille organisation qui fatigue encore l’Europe de ses débris inutiles : le xixe siècle est trop loin du xiiie . Une co
5620 qui n’ont qu’un temps : voilà ce qui convient à l’ Europe , voilà ce que je propose aujourd’hui… À toute réunion de peuples comm
5621 là ce que je propose aujourd’hui… À toute réunion de peuples comme à toute réunion d’hommes, il faut des institutions comm
5622 À toute réunion de peuples comme à toute réunion d’ hommes, il faut des institutions communes, il faut une organisation :
5623 de là, tout se décide par la force. Vouloir que l’ Europe soit en paix par des traités et des congrès, c’est vouloir qu’un corp
5624 s intérêts communs et les engagemens solides… … L’ Europe aurait la meilleure organisation possible, si toutes les nations qu’e
5625 e par un parlement, reconnaissaient la suprématie d’ un parlement général placé au-dessus de tous les gouvememens nationaux
5626 suprématie d’un parlement général placé au-dessus de tous les gouvememens nationaux et investi du pouvoir de juger leurs d
5627 s les gouvememens nationaux et investi du pouvoir de juger leurs différens. … Il en est du gouvernement européen, comme de
5628 uger leurs différens. … Il en est du gouvernement européen , comme des Gouvernemens nationaux, il ne peut avoir d’action sans une
5629 omme des Gouvernemens nationaux, il ne peut avoir d’ action sans une volonté commune à tous ses membres. Or, cette volonté
5630 nté commune à tous ses membres. Or, cette volonté de corps qui, dans un gouvernement national, naît du patriotisme nationa
5631 aît du patriotisme national, dans le gouvernement européen ne peut provenir que d’une plus grande généralité de vues, d’un senti
5632 ans le gouvernement européen ne peut provenir que d’ une plus grande généralité de vues, d’un sentiment plus étendu, qu’on
5633 ne peut provenir que d’une plus grande généralité de vues, d’un sentiment plus étendu, qu’on peut appeler le patriotisme e
5634 rovenir que d’une plus grande généralité de vues, d’ un sentiment plus étendu, qu’on peut appeler le patriotisme européen.
5635 nt plus étendu, qu’on peut appeler le patriotisme européen . C’est l’institution qui forme les hommes, dit Montesquieu ; ainsi, c
5636 nt qui fait sortir le patriotisme hors des bornes de la patrie, cette habitude de considérer les intérêts de l’Europe, au
5637 isme hors des bornes de la patrie, cette habitude de considérer les intérêts de l’Europe, au lieu des intérêts nationaux,
5638 patrie, cette habitude de considérer les intérêts de l’Europe, au lieu des intérêts nationaux, sera pour ceux qui doivent
5639 e, cette habitude de considérer les intérêts de l’ Europe , au lieu des intérêts nationaux, sera pour ceux qui doivent former le
5640 x, sera pour ceux qui doivent former le parlement européen , un fruit nécessaire de son établissement. Il est vrai ; mais aussi c
5641 former le parlement européen, un fruit nécessaire de son établissement. Il est vrai ; mais aussi ce sont les hommes qui fo
5642 peut s’établir si elle ne les trouve tout formés d’ avance, ou du moins préparés à l’être. C’est donc une nécessité de n’a
5643 moins préparés à l’être. C’est donc une nécessité de n’admettre dans la chambre des députés du parlement européen, c’est-à
5644 admettre dans la chambre des députés du parlement européen , c’est-à-dire dans l’un des deux pouvoirs actifs de la constitution e
5645 , c’est-à-dire dans l’un des deux pouvoirs actifs de la constitution européenne, que des hommes qui, par des relations plu
5646 l’un des deux pouvoirs actifs de la constitution européenne , que des hommes qui, par des relations plus étendues, des habitudes m
5647 e répand sur tous les peuples, sont plus capables d’ arriver bientôt à cette généralité de vues qui doit être l’esprit de c
5648 lus capables d’arriver bientôt à cette généralité de vues qui doit être l’esprit de corps, à cet intérêt général qui doit
5649 à cette généralité de vues qui doit être l’esprit de corps, à cet intérêt général qui doit être l’intérêt de corps du parl
5650 ps, à cet intérêt général qui doit être l’intérêt de corps du parlement européen. Des négocians, des savans, des magistrat
5651 ral qui doit être l’intérêt de corps du parlement européen . Des négocians, des savans, des magistrats et des administrateurs doi
5652 u grand parlement. Et en effet, tout ce qu’il y a d’ intérêts communs à la société européenne, peut être rapporté aux scien
5653 tout ce qu’il y a d’intérêts communs à la société européenne , peut être rapporté aux sciences, aux arts, à la législation, au comm
5654 l’administration et à l’industrie. Chaque million d’ hommes sachant lire et écrire en Europe, devra députer à la chambre de
5655 Chaque million d’hommes sachant lire et écrire en Europe , devra députer à la chambre des communes du grand parlement un négoci
5656 un magistrat. Ainsi, en supposant qu’il y ait en Europe soixante millions d’hommes sachant lire et écrire, la chambre sera co
5657 supposant qu’il y ait en Europe soixante millions d’ hommes sachant lire et écrire, la chambre sera composée de deux-cent-q
5658 sachant lire et écrire, la chambre sera composée de deux-cent-quarante membres. Les élections de chacun des membres se fe
5659 osée de deux-cent-quarante membres. Les élections de chacun des membres se feront par la corporation à laquelle il apparti
5660 us seront nommés pour dix années… Toute question d’ intérêt général de la société européenne sera portée devant le grand p
5661 our dix années… Toute question d’intérêt général de la société européenne sera portée devant le grand parlement, et exami
5662 … Toute question d’intérêt général de la société européenne sera portée devant le grand parlement, et examinée et résolue par lui
5663 ront s’élever entre les Gouvememens. Le parlement européen devra avoir en propriété et souveraineté exclusive une ville et son t
5664 e et son territoire. Le parlement aura le pouvoir de lever sur la confédération tous les impôts qu’il jugera nécessaires.
5665 qu’il jugera nécessaires. Toutes les entreprises d’ une utilité générale pour la société européenne, seront dirigées par l
5666 ntreprises d’une utilité générale pour la société européenne , seront dirigées par le grand parlement : ainsi, par exemple, il join
5667 que, etc. Sans activité au-dehors, il n’y a point de tranquillité au-dedans. Le plus sûr moyen de maintenir la paix dans l
5668 oint de tranquillité au-dedans. Le plus sûr moyen de maintenir la paix dans la confédération sera de la porter sans cesse
5669 n de maintenir la paix dans la confédération sera de la porter sans cesse hors d’elle-même, et de l’occuper sans relâche p
5670 a confédération sera de la porter sans cesse hors d’ elle-même, et de l’occuper sans relâche par des grands travaux intérie
5671 sera de la porter sans cesse hors d’elle-même, et de l’occuper sans relâche par des grands travaux intérieurs. Peupler le
5672 r des grands travaux intérieurs. Peupler le globe de la race européenne, qui est supérieure à toutes les autres races d’ho
5673 s travaux intérieurs. Peupler le globe de la race européenne , qui est supérieure à toutes les autres races d’hommes ; le rendre vo
5674 nne, qui est supérieure à toutes les autres races d’ hommes ; le rendre voyageable et habitable comme l’Europe, voilà l’ent
5675 ommes ; le rendre voyageable et habitable comme l’ Europe , voilà l’entreprise par laquelle le parlement européen devra continue
5676 ope, voilà l’entreprise par laquelle le parlement européen devra continuellement exercer l’activité de l’Europe, et la tenir tou
5677 européen devra continuellement exercer l’activité de l’Europe, et la tenir toujours en haleine. L’instruction publique dan
5678 éen devra continuellement exercer l’activité de l’ Europe , et la tenir toujours en haleine. L’instruction publique dans toute l
5679 s en haleine. L’instruction publique dans toute l’ Europe , sera mise sous la direction et la surveillance du grand parlement. U
5680 on et la surveillance du grand parlement. Un code de morale tant générale que nationale et individuelle, sera rédigé par l
5681 grand parlement, pour être enseigné dans toute l’ Europe . Il y sera démontré que les principes sur lesquels reposera la conféd
5682 principes sur lesquels reposera la confédération européenne , sont les meilleurs, les plus solides, les seuls capables de rendre l
5683 s meilleurs, les plus solides, les seuls capables de rendre la société aussi heureuse qu’elle puisse l’être, et par la nat
5684 e l’être, et par la nature humaine, et par l’état de ses lumières. Le grand parlement permettra l’entière liberté de consc
5685 s. Le grand parlement permettra l’entière liberté de conscience, et l’exercice libre de toutes les religions ; mais il rép
5686 ntière liberté de conscience, et l’exercice libre de toutes les religions ; mais il réprimera celles dont les principes se
5687 t les principes seraient contraires au grand code de morale qui aura été établi. Ainsi, il y aura entre les peuples europé
5688 ra été établi. Ainsi, il y aura entre les peuples européens ce qui fait le lien et la base de toute association politique : confo
5689 peuples européens ce qui fait le lien et la base de toute association politique : conformité d’institutions, union d’inté
5690 base de toute association politique : conformité d’ institutions, union d’intérêts, rapport de maximes, communauté de mora
5691 tion politique : conformité d’institutions, union d’ intérêts, rapport de maximes, communauté de morale et d’instruction pu
5692 formité d’institutions, union d’intérêts, rapport de maximes, communauté de morale et d’instruction publique… Après de gra
5693 union d’intérêts, rapport de maximes, communauté de morale et d’instruction publique… Après de grands efforts et de grand
5694 rêts, rapport de maximes, communauté de morale et d’ instruction publique… Après de grands efforts et de grands travaux, je
5695 unauté de morale et d’instruction publique… Après de grands efforts et de grands travaux, je me suis placé du point de vue
5696 ’instruction publique… Après de grands efforts et de grands travaux, je me suis placé du point de vue de l’intérêt commun
5697 grands travaux, je me suis placé du point de vue de l’intérêt commun des peuples européens. Ce point est le seul duquel o
5698 é du point de vue de l’intérêt commun des peuples européens . Ce point est le seul duquel on puisse apercevoir et les maux qui nou
5699 evoir et les maux qui nous menacent et les moyens d’ éviter ces maux. Que ceux qui dirigent les affaires s’élèvent à la mêm
5700 l viendra sans doute un temps où tous les peuples de l’Europe sentiront qu’il faut régler les points d’intérêt général, av
5701 ndra sans doute un temps où tous les peuples de l’ Europe sentiront qu’il faut régler les points d’intérêt général, avant de de
5702 e l’Europe sentiront qu’il faut régler les points d’ intérêt général, avant de descendre aux intérêts nationaux ; alors les
5703 ue nous tendons sans cesse, c’est là que le cours de l’esprit humain nous emporte ! mais lequel est le plus digne de la pr
5704 main nous emporte ! mais lequel est le plus digne de la prudence de l’homme ou de s’y traîner, ou d’y courir ? Le comte J
5705 te ! mais lequel est le plus digne de la prudence de l’homme ou de s’y traîner, ou d’y courir ? Le comte Joseph de Maistr
5706 el est le plus digne de la prudence de l’homme ou de s’y traîner, ou d’y courir ? Le comte Joseph de Maistre (1754-1821)
5707 e de la prudence de l’homme ou de s’y traîner, ou d’ y courir ? Le comte Joseph de Maistre (1754-1821) né en Savoie, longt
5708 e en marge de la France, — quoique grand écrivain de langue française — l’opposition la plus fanatique à la Révolution lib
5709 nationalisme et à la démocratie. Convaincu que l’ Europe (audax Japeti genus, comme l’écrivait Horace) est à la tête de l’huma
5710 eti genus, comme l’écrivait Horace) est à la tête de l’humanité, il n’en énonce pas moins les prophéties les plus sombres
5711 t imaginer pour elle qu’un seul salut : le retour de tous les peuples à Rome, et leur subordination sans condition au pape
5712 dination sans condition au pape, « grand Démiurge de la civilisation », fondateur de la « monarchie européenne » et « sour
5713 « grand Démiurge de la civilisation », fondateur de la « monarchie européenne » et « source de la souveraineté de l’Europ
5714 de la civilisation », fondateur de la « monarchie européenne  » et « source de la souveraineté de l’Europe ». Mais comment croire à
5715 dateur de la « monarchie européenne » et « source de la souveraineté de l’Europe ». Mais comment croire à la réalisation d
5716 rchie européenne » et « source de la souveraineté de l’Europe ». Mais comment croire à la réalisation de cette grandiose r
5717 européenne » et « source de la souveraineté de l’ Europe  ». Mais comment croire à la réalisation de cette grandiose rêverie th
5718 l’Europe ». Mais comment croire à la réalisation de cette grandiose rêverie théocratique ? On doute que son auteur y ait
5719 lettre au comte de Marcellus) : « Je meurs avec l’ Europe , je suis en bonne compagnie. » Dans son livre intitulé Du pape 168, p
5720 us tard, il n’en définit pas moins la supériorité de l’Europe et de la liberté sur l’Asie et le despotisme : L’univers s’
5721 rd, il n’en définit pas moins la supériorité de l’ Europe et de la liberté sur l’Asie et le despotisme : L’univers s’est parta
5722 n définit pas moins la supériorité de l’Europe et de la liberté sur l’Asie et le despotisme : L’univers s’est partagé en
5723 tisme : L’univers s’est partagé en deux systèmes d’ une diversité tranchante. La race audacieuse de Japhet n’a cessé, s’i
5724 s d’une diversité tranchante. La race audacieuse de Japhet n’a cessé, s’il est permis de s’exprimer ainsi, de graviter ve
5725 e audacieuse de Japhet n’a cessé, s’il est permis de s’exprimer ainsi, de graviter vers ce qu’on appelle la liberté, c’est
5726 t n’a cessé, s’il est permis de s’exprimer ainsi, de graviter vers ce qu’on appelle la liberté, c’est-à-dire vers cet État
5727 e. Toujours en garde contre ses maîtres, tantôt l’ Européen les a chassés, et tantôt il leur a opposé des lois. Il a tout tenté,
5728 tenté, il a épuisé toutes les formes imaginables de gouvernement, pour se passer de maîtres ou pour restreindre leur puis
5729 ormes imaginables de gouvernement, pour se passer de maîtres ou pour restreindre leur puissance. L’immense postérité de Se
5730 r restreindre leur puissance. L’immense postérité de Sem et de Cham a pris une autre route. Depuis les temps primitifs jus
5731 dre leur puissance. L’immense postérité de Sem et de Cham a pris une autre route. Depuis les temps primitifs jusqu’à ceux
5732 hez elle, l’homme le plus riche et le plus maître de ses actions, le possesseur d’une immense fortune mobilière, absolumen
5733 e et le plus maître de ses actions, le possesseur d’ une immense fortune mobilière, absolument libre de la transporter où i
5734 d’une immense fortune mobilière, absolument libre de la transporter où il voudroit, sûr d’ailleurs d’une protection parfai
5735 de la transporter où il voudroit, sûr d’ailleurs d’ une protection parfaite sur le sol européen, et voyant déjà arriver à
5736 r d’ailleurs d’une protection parfaite sur le sol européen , et voyant déjà arriver à lui le cordon ou le poignard, les préfère c
5737 ou le poignard, les préfère cependant au malheur de mourir d’ennui au milieu de nous. Personne sans doute n’imaginera de
5738 gnard, les préfère cependant au malheur de mourir d’ ennui au milieu de nous. Personne sans doute n’imaginera de conseiller
5739 u milieu de nous. Personne sans doute n’imaginera de conseiller à l’Europe le droit public, si court et si clair, de l’Asi
5740 Personne sans doute n’imaginera de conseiller à l’ Europe le droit public, si court et si clair, de l’Asie et de l’Afrique ; ma
5741 à l’Europe le droit public, si court et si clair, de l’Asie et de l’Afrique ; mais puisque le pouvoir chez elle est toujou
5742 droit public, si court et si clair, de l’Asie et de l’Afrique ; mais puisque le pouvoir chez elle est toujours craint, di
5743 uté, attaqué ou transporté ; puisqu’il n’y a rien de si insupportable à notre orgueil que le gouvernement despotique, le p
5744 e gouvernement despotique, le plus grand problème européen est donc de savoir : Comment on peut restreindre le pouvoir souverain
5745 potique, le plus grand problème européen est donc de savoir : Comment on peut restreindre le pouvoir souverain sans le dét
5746 s’est demandé si le vrai but du livre n’était pas de ramener à l’obédience de Rome l’empereur Alexandre Ier. Pour une négo
5747 but du livre n’était pas de ramener à l’obédience de Rome l’empereur Alexandre Ier. Pour une négociation de cette nature,
5748 me l’empereur Alexandre Ier. Pour une négociation de cette nature, de Maistre a peu d’atouts : il condamne d’avance toute
5749 une négociation de cette nature, de Maistre a peu d’ atouts : il condamne d’avance toute idée de rapprochement avec l’ortho
5750 e nature, de Maistre a peu d’atouts : il condamne d’ avance toute idée de rapprochement avec l’orthodoxie ou avec les prote
5751 a peu d’atouts : il condamne d’avance toute idée de rapprochement avec l’orthodoxie ou avec les protestants, qui n’ont qu
5752 s premiers, le retour à Rome serait le seul moyen de « s’élever au plus haut niveau de la culture européenne » ; pour les
5753 t le seul moyen de « s’élever au plus haut niveau de la culture européenne » ; pour les seconds, il s’agirait d’une abdica
5754 n de « s’élever au plus haut niveau de la culture européenne  » ; pour les seconds, il s’agirait d’une abdication de leur « orgueil
5755 ure européenne » ; pour les seconds, il s’agirait d’ une abdication de leur « orgueil » et d’une conversion totale, car, di
5756 ; pour les seconds, il s’agirait d’une abdication de leur « orgueil » et d’une conversion totale, car, dit-il, « la moitié
5757 s’agirait d’une abdication de leur « orgueil » et d’ une conversion totale, car, dit-il, « la moitié (protestante) de l’Eur
5758 on totale, car, dit-il, « la moitié (protestante) de l’Europe est sans religion ». Bien plus, à l’en croire : Le plus gra
5759 tale, car, dit-il, « la moitié (protestante) de l’ Europe est sans religion ». Bien plus, à l’en croire : Le plus grand ennemi
5760 Bien plus, à l’en croire : Le plus grand ennemi de l’Europe, qu’il importe d’étouffer par tous les moyens qui ne sont pa
5761 plus, à l’en croire : Le plus grand ennemi de l’ Europe , qu’il importe d’étouffer par tous les moyens qui ne sont pas des cri
5762 Le plus grand ennemi de l’Europe, qu’il importe d’ étouffer par tous les moyens qui ne sont pas des crimes, l’ulcère fune
5763 verainetés et qui les ronge sans relâche, le fils de l’orgueil, le père de l’anarchie, le dissolvant universel, c’est le p
5764 ronge sans relâche, le fils de l’orgueil, le père de l’anarchie, le dissolvant universel, c’est le protestantisme. Fille
5765 olvant universel, c’est le protestantisme. Fille de Necker, ministre genevois, protestant et libéral, de Louis XVI, la ba
5766 Necker, ministre genevois, protestant et libéral, de Louis XVI, la baronne de Staël-Holstein (1766-1817) est aux antipodes
5767 Holstein (1766-1817) est aux antipodes spirituels de son voisin de Chambéry, le ministre savoyard du roi de Sardaigne. Ell
5768 -1817) est aux antipodes spirituels de son voisin de Chambéry, le ministre savoyard du roi de Sardaigne. Elle est née pour
5769 et lui ne voit dans la Réforme que l’ennemi juré de l’unité. Ne serait-ce pas qu’il se fait de l’unité la même idée forme
5770 i juré de l’unité. Ne serait-ce pas qu’il se fait de l’unité la même idée formelle et coercitive que les jacobins exécrés 
5771 itive que les jacobins exécrés ? Mme de Staël est de l’école fédéraliste, qui est aussi œcuménique : Il y a dans l’esprit
5772 forces très distinctes : l’une inspire le besoin de croire, l’autre celui d’examiner. L’une de ces facultés ne doit pas ê
5773 l’une inspire le besoin de croire, l’autre celui d’ examiner. L’une de ces facultés ne doit pas être satisfaite aux dépens
5774 besoin de croire, l’autre celui d’examiner. L’une de ces facultés ne doit pas être satisfaite aux dépens de l’autre : le p
5775 otestantisme et le catholicisme ne viennent point de ce qu’il y a eu des papes et Luther ; c’est une pauvre manière de con
5776 eu des papes et Luther ; c’est une pauvre manière de considérer l’histoire que de l’attribuer à des hasards. Le protestant
5777 t une pauvre manière de considérer l’histoire que de l’attribuer à des hasards. Le protestantisme et le catholicisme exist
5778 dans chaque homme. … Il se peut qu’un jour un cri d’ union s’élève, et que l’universalité des chrétiens aspire à professer
5779 commencé par unir les contraires, fondant ainsi l’ Europe  ? La religion chrétienne a été le lien des peuples du Nord et du Mid
5780 ternelle prodigue les siècles à l’accomplissement de ses desseins, et notre existence passagère s’en irrite et s’en étonne
5781 ’être plus qu’un même peuple dans les divers pays de l’Europe et la religion chrétienne y a puissamment contribué.169 Le
5782 plus qu’un même peuple dans les divers pays de l’ Europe et la religion chrétienne y a puissamment contribué.169 Le rôle his
5783 Napoléon, que dans l’usage fécond qu’elle a fait de son exil. Coppet devint grâce à elle (comme le lui reprocheront les n
5784 elle (comme le lui reprocheront les nationalistes de l’école de Charles Maurras) la « trouée » par laquelle la France fut
5785 le lui reprocheront les nationalistes de l’école de Charles Maurras) la « trouée » par laquelle la France fut ouverte au
5786 » par laquelle la France fut ouverte au renouveau de la pensée européenne, initié par le génie des Goethe et des Herder. S
5787 e la France fut ouverte au renouveau de la pensée européenne , initié par le génie des Goethe et des Herder. Son ouvrage intitulé D
5788 ie des Goethe et des Herder. Son ouvrage intitulé De l’Allemagne est un acte européen dont les conséquences se révéleront
5789 . Son ouvrage intitulé De l’Allemagne est un acte européen dont les conséquences se révéleront plus amples que celles des actes
5790 nt plus amples que celles des actes diplomatiques de l’époque : Il faut, dans nos temps modernes, avoir l’esprit européen
5791 Il faut, dans nos temps modernes, avoir l’esprit européen . … Les nations doivent se servir de guide les unes aux autres, et tou
5792 ’esprit européen. … Les nations doivent se servir de guide les unes aux autres, et toutes auraient tort de se priver des l
5793 uide les unes aux autres, et toutes auraient tort de se priver des lumières qu’elles peuvent mutuellement se prêter. Il y
5794 vent mutuellement se prêter. Il y a quelque chose de très-singulier dans la différence d’un peuple à un autre : le climat,
5795 uelque chose de très-singulier dans la différence d’ un peuple à un autre : le climat, l’aspect de la nature, la langue, le
5796 ence d’un peuple à un autre : le climat, l’aspect de la nature, la langue, le gouvernement, enfin surtout les événements d
5797 ue, le gouvernement, enfin surtout les événements de l’histoire, puissance plus extraordinaire encore que toutes les autre
5798 r ce qui se développe naturellement dans l’esprit de celui qui vit sur un autre sol et respire un autre air ; on se trouve
5799 autre air ; on se trouvera donc bien en tout pays d’ accueillir les pensées étrangères ; car dans ce genre, l’hospitalité f
5800 car dans ce genre, l’hospitalité fait la fortune de celui qui reçoit. … Enfin, il reste encore une chose, dont l’ignoranc
5801 a frivolité ne peuvent jouir, c’est l’association de tous les hommes qui pensent, d’un bout de l’Europe à l’autre. Souvent
5802 est l’association de tous les hommes qui pensent, d’ un bout de l’Europe à l’autre. Souvent ils n’ont entre eux aucune rela
5803 ciation de tous les hommes qui pensent, d’un bout de l’Europe à l’autre. Souvent ils n’ont entre eux aucune relation ; ils
5804 on de tous les hommes qui pensent, d’un bout de l’ Europe à l’autre. Souvent ils n’ont entre eux aucune relation ; ils sont dis
5805 nt dispersés souvent à des grandes distances l’un de l’autre ; mais quand ils se rencontrent, un mot suffit pour qu’ils se
5806 ’est pas telle religion, telle opinion, tel genre d’ étude, c’est le culte de la vérité qui les réunit. Tantôt, comme les m
5807 telle opinion, tel genre d’étude, c’est le culte de la vérité qui les réunit. Tantôt, comme les mineurs, ils creusent jus
5808 ôt, comme les mineurs, ils creusent jusqu’au fond de la terre, pour pénétrer, au sein de l’éternelle nuit, les mystères du
5809 nomènes inconnus, tantôt ils étudient les langues de l’Orient, pour y chercher l’histoire primitive de l’homme, tantôt ils
5810 de l’Orient, pour y chercher l’histoire primitive de l’homme, tantôt ils vont à Jérusalem pour faire sortir des ruines sai
5811 et la poésie ; enfin, ils sont vraiment le peuple de Dieu, ces hommes qui ne désespèrent pas encore de la racine humaine,
5812 de Dieu, ces hommes qui ne désespèrent pas encore de la racine humaine, et veulent lui conserver l’empire de la pensée.170
5813 racine humaine, et veulent lui conserver l’empire de la pensée.170 Il n’y a pas de plus éminent service à rendre à la lit
5814 us éminent service à rendre à la littérature, que de transporter d’une langue à l’autre les chefs-d’œuvre de l’esprit huma
5815 ice à rendre à la littérature, que de transporter d’ une langue à l’autre les chefs-d’œuvre de l’esprit humain. Il existe s
5816 nsporter d’une langue à l’autre les chefs-d’œuvre de l’esprit humain. Il existe si peu de productions du premier rang ; le
5817 pauvre. D’ailleurs, la circulation des idées est, de tous les genres de commerce, celui dont les avantages sont les plus c
5818 la circulation des idées est, de tous les genres de commerce, celui dont les avantages sont les plus certains.171 On va
5819 nt les plus certains.171 On va retrouver l’écho de cet œcuménisme ou fédéralisme des esprits dans les déclarations de Go
5820 ou fédéralisme des esprits dans les déclarations de Goethe sur la littérature mondiale. 166. Il aura l’occasion de le f
5821 a littérature mondiale. 166. Il aura l’occasion de le faire quelques semaines plus tard, lorsqu’il rédigera sur la deman
5822 ines plus tard, lorsqu’il rédigera sur la demande de Napoléon lui-même, l’Acte additionnel aux Constitutions de l’Empire,
5823 on lui-même, l’Acte additionnel aux Constitutions de l’Empire, dans lequel est affirmée expressément la volonté de créer u
5824 dans lequel est affirmée expressément la volonté de créer une fédération européenne. 167. De l’Esprit de conquête. Chap
5825 e expressément la volonté de créer une fédération européenne . 167. De l’Esprit de conquête. Chap. XIII : De l’Uniformité. 168.
5826 olonté de créer une fédération européenne. 167. De l’Esprit de conquête. Chap. XIII : De l’Uniformité. 168. Livre II, c
5827 éer une fédération européenne. 167. De l’Esprit de conquête. Chap. XIII : De l’Uniformité. 168. Livre II, chap. 2 : « I
5828 nne. 167. De l’Esprit de conquête. Chap. XIII : De l’Uniformité. 168. Livre II, chap. 2 : « Inconvéniens de la Souverai
5829 veraineté », Paris, 1821. 169. Œuvres complètes de la baronne de Staël, tome IV, De la Littérature, Paris, 1820. 170.
5830 Œuvres complètes de la baronne de Staël, tome IV, De la Littérature, Paris, 1820. 170. De l’Allemagne, op. cit., T. XI.
5831 , tome IV, De la Littérature, Paris, 1820. 170. De l’Allemagne, op. cit., T. XI. Cet ouvrage, confisqué et détruit par l
5832 é en France qu’en 1814. 171. Op. cit., t. XVII, De l’esprit des traductions.
18 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 6. Goethe
5833 ans les 143 volumes in octavo qui forment l’œuvre de ce « grand Européen », on trouve peu de choses sur l’Europe : c’est q
5834 lumes in octavo qui forment l’œuvre de ce « grand Européen  », on trouve peu de choses sur l’Europe : c’est qu’elle est implicite
5835 « grand Européen », on trouve peu de choses sur l’ Europe  : c’est qu’elle est implicite dans tout ce qu’a pensé Goethe, et tell
5836 te à sa personne qu’il ne trouve guère l’occasion d’ en parler comme d’une entité objective. Les plans d’union le laissent
5837 u’il ne trouve guère l’occasion d’en parler comme d’ une entité objective. Les plans d’union le laissent indifférent, comme
5838 en parler comme d’une entité objective. Les plans d’ union le laissent indifférent, comme la chose politique en général. To
5839 a chose politique en général. Toutefois, c’est en Européen qu’il réagit aux premières manifestations du nationalisme culturel, t
5840 llemagne. Mais lorsqu’il est amené à confronter l’ Europe à d’autres civilisations, l’Orient dans le Divan occidental-oriental,
5841 al-oriental, ou la jeune Amérique dans Les Années de voyage de Wilhelm Meister, ses prises de position peuvent paraître am
5842 l, ou la jeune Amérique dans Les Années de voyage de Wilhelm Meister, ses prises de position peuvent paraître ambiguës. On
5843 s Années de voyage de Wilhelm Meister, ses prises de position peuvent paraître ambiguës. On a lu sa réponse évasive à Schi
5844 à Schiller, qui lui vantait les avantages uniques de l’Europe. On va lire ses déclarations contrastées sur les avantages r
5845 iller, qui lui vantait les avantages uniques de l’ Europe . On va lire ses déclarations contrastées sur les avantages respectifs
5846 arations contrastées sur les avantages respectifs de l’ancienneté de notre culture et de la nouveauté de l’american way of
5847 tées sur les avantages respectifs de l’ancienneté de notre culture et de la nouveauté de l’american way of life. On ne sau
5848 es respectifs de l’ancienneté de notre culture et de la nouveauté de l’american way of life. On ne saurait s’en étonner. C
5849 l’ancienneté de notre culture et de la nouveauté de l’american way of life. On ne saurait s’en étonner. Ces contradiction
5850 adictions apparentes relèvent aussi naturellement de la formule vitale de Goethe que de la formule créatrice de l’Europe.
5851 relèvent aussi naturellement de la formule vitale de Goethe que de la formule créatrice de l’Europe. Rien ne serait moins
5852 naturellement de la formule vitale de Goethe que de la formule créatrice de l’Europe. Rien ne serait moins goethéen qu’un
5853 mule vitale de Goethe que de la formule créatrice de l’Europe. Rien ne serait moins goethéen qu’un « nationalisme européen
5854 vitale de Goethe que de la formule créatrice de l’ Europe . Rien ne serait moins goethéen qu’un « nationalisme européen », rien
5855 ien ne serait moins goethéen qu’un « nationalisme européen  », rien de plus contraire à l’Europe qu’un refus de la mettre en ques
5856 tionalisme européen », rien de plus contraire à l’ Europe qu’un refus de la mettre en question, de la comparer objectivement au
5857  », rien de plus contraire à l’Europe qu’un refus de la mettre en question, de la comparer objectivement aux autres, et de
5858 à l’Europe qu’un refus de la mettre en question, de la comparer objectivement aux autres, et de lui donner tort, cas éché
5859 tion, de la comparer objectivement aux autres, et de lui donner tort, cas échéant, quoique au nom même des idéaux universe
5860 ’abord conçus et propagés… Voici d’abord un choix de propos de Goethe où l’on retrouvera les mêmes idées, parfois presque
5861 çus et propagés… Voici d’abord un choix de propos de Goethe où l’on retrouvera les mêmes idées, parfois presque dans les m
5862 u’exprimait Mme de Staël : Les diversités innées de conceptions et de sentiments… propres à des peuples entiers aussi bie
5863 Staël : Les diversités innées de conceptions et de sentiments… propres à des peuples entiers aussi bien qu’à des individ
5864 ntiers aussi bien qu’à des individus et résultant de l’inclination, de l’orgueil, ou de vues erronées, ou d’exagérations p
5865 qu’à des individus et résultant de l’inclination, de l’orgueil, ou de vues erronées, ou d’exagérations passionnées, prenne
5866 s et résultant de l’inclination, de l’orgueil, ou de vues erronées, ou d’exagérations passionnées, prennent avec le temps
5867 nclination, de l’orgueil, ou de vues erronées, ou d’ exagérations passionnées, prennent avec le temps et pour les foules av
5868 c le temps et pour les foules aveugles, la valeur de frontières infranchissables, tout comme les mers et les montagnes lim
5869 omme les mers et les montagnes limitent les pays. De là, pour les gens cultivés et pour l’élite, le devoir d’exercer sur l
5870 pour les gens cultivés et pour l’élite, le devoir d’ exercer sur les relations entre les peuples une influence pacifiante e
5871 gnes. Le libre commerce des idées et des manières de sentir accroît, tout autant que l’échange des produits et denrées, la
5872 s et denrées, la richesse et le bien-être général de l’humanité. Qu’il n’ait pas eu lieu jusqu’ici, cela ne tient à rien d
5873 n’ait pas eu lieu jusqu’ici, cela ne tient à rien d’ autre qu’au fait que la communauté internationale n’a pas encore de lo
5874 t que la communauté internationale n’a pas encore de lois morales et de principes fermes, comme il en existe dans les rela
5875 internationale n’a pas encore de lois morales et de principes fermes, comme il en existe dans les relations privées, et q
5876 ans les relations privées, et qui soient capables de fondre en un tour plus ou moins harmonieux les innombrables diversité
5877 , Anglais et Allemands, nous ayons la possibilité de nous corriger l’un l’autre. Tel est le grand profit qu’apporte une li
5878 t qui se révélera toujours davantage173. Le terme de littérature nationale ne signifie plus grand-chose aujourd’hui ; nous
5879 nous ne devons pas nous attacher à quelque chose de particulier et vouloir le considérer comme un modèle, que ce soit la
5880 ou les Nibelungen ; mais quand nous avons besoin d’ un modèle, il nous faut sans cesse retourner vers les anciens Grecs do
5881 rier dans la mesure du possible ce qui s’y trouve de bon.174 Il n’existe pas d’art patriotique ni de science patriotique.
5882 ble ce qui s’y trouve de bon.174 Il n’existe pas d’ art patriotique ni de science patriotique. L’un et l’autre, comme tout
5883 de bon.174 Il n’existe pas d’art patriotique ni de science patriotique. L’un et l’autre, comme tout ce qui est haut et b
5884 entier175. … La haine nationale est quelque chose de singulier. Vous la trouverez toujours plus forte et plus ardente aux
5885 plus forte et plus ardente aux degrés inférieurs de la culture. Or, il est un degré où elle disparaît complètement et où
5886 es nations, où l’on sent le bonheur et le malheur de la nation voisine comme si c’était le nôtre. Ce degré de culture répo
5887 ation voisine comme si c’était le nôtre. Ce degré de culture répondait à ma nature et je m’y étais solidement fixé longtem
5888 e et je m’y étais solidement fixé longtemps avant d’ être parvenu à la soixantaine176. C’est la culture qui a fait la véri
5889 . C’est la culture qui a fait la véritable unité de l’Europe, et c’est la politique idéologique, adoptée par les masses,
5890 est la culture qui a fait la véritable unité de l’ Europe , et c’est la politique idéologique, adoptée par les masses, qui la dé
5891 la technique jouera de plus en plus dans le sens de l’union : L’Europe — dit Goethe — était autrefois l’une des plus ext
5892 uera de plus en plus dans le sens de l’union : L’ Europe — dit Goethe — était autrefois l’une des plus extraordinaires républi
5893 mais existé, et sa ruine a été due au fait qu’une de ses parties a voulu devenir ce qu’était le tout, à savoir la France,
5894 , qui voulut devenir République177. Nous parlâmes de l’unité de l’Allemagne et dîmes en quel sens elle est possible et dés
5895 t devenir République177. Nous parlâmes de l’unité de l’Allemagne et dîmes en quel sens elle est possible et désirable. « J
5896 le, … qui a également imprégné toutes les parties de l’empire. »178 Mais Goethe craint qu’une centralisation politique t
5897 sation politique trop poussée nuise à cette unité de culture qui ne saurait prospérer que dans la diversité : tout ce qu’i
5898 ospérer que dans la diversité : tout ce qu’il dit de l’Allemagne, ici, s’applique identiquement à l’Europe. Les grands tra
5899 de l’Allemagne, ici, s’applique identiquement à l’ Europe . Les grands travaux — qu’il glorifie à la fin du Second Faust — sont
5900 u Second Faust — sont aussi pour lui une promesse d’ union des peuples. Il s’enthousiasme à l’idée du percement de l’isthme
5901 peuples. Il s’enthousiasme à l’idée du percement de l’isthme de Panama : J’aimerais vivre assez pour le voir, mais ce n’
5902 s’enthousiasme à l’idée du percement de l’isthme de Panama : J’aimerais vivre assez pour le voir, mais ce n’est pas poss
5903 lieu, je voudrais voir les Anglais en possession d’ un canal à Suez. Oui, je voudrais vivre assez pour voir se réaliser ce
5904 the, devient le symbole du monde technique, libre de toutes contraintes traditionnelles, succédant au monde européen de la
5905 s contraintes traditionnelles, succédant au monde européen de la culture. (Une fois de plus, le stade politique est survolé). Ma
5906 ntes traditionnelles, succédant au monde européen de la culture. (Une fois de plus, le stade politique est survolé). Mais
5907 t, il exprime son irritation devant la complexité de nos relations humaines et leur absence de cordialité ; ainsi : Du re
5908 plexité de nos relations humaines et leur absence de cordialité ; ainsi : Du reste, nous autres vieux Européens, nous nou
5909 cordialité ; ainsi : Du reste, nous autres vieux Européens , nous nous portons tous plutôt mal. Nos conditions de vie sont trop a
5910 nous nous portons tous plutôt mal. Nos conditions de vie sont trop artificielles et trop compliquées, notre nourriture et
5911 trop compliquées, notre nourriture et notre genre de vie sont trop éloignés de la saine nature et nos relations sociales m
5912 urriture et notre genre de vie sont trop éloignés de la saine nature et nos relations sociales manquent de charité et de b
5913 a saine nature et nos relations sociales manquent de charité et de bienveillance. Chacun est distingué et poli, mais perso
5914 et nos relations sociales manquent de charité et de bienveillance. Chacun est distingué et poli, mais personne n’a le cou
5915 t distingué et poli, mais personne n’a le courage d’ être sincère et vrai, de sorte qu’un honnête homme, avec des tendances
5916 al à sa place parmi nous. Souvent on souhaiterait d’ être un de ces soi-disant sauvages nés dans les îles des mers du Sud,
5917 ace parmi nous. Souvent on souhaiterait d’être un de ces soi-disant sauvages nés dans les îles des mers du Sud, pour pouvo
5918 jamais rien mettre sur pied ». Et il se félicite d’ avoir encore vécu dans l’âge de la culture, comme « l’un des derniers
5919 Et il se félicite d’avoir encore vécu dans l’âge de la culture, comme « l’un des derniers d’une époque qui ne reviendra p
5920 ns l’âge de la culture, comme « l’un des derniers d’ une époque qui ne reviendra pas de si tôt »182. Cette ambivalence de s
5921 un des derniers d’une époque qui ne reviendra pas de si tôt »182. Cette ambivalence de son jugement se traduit par le doub
5922 e reviendra pas de si tôt »182. Cette ambivalence de son jugement se traduit par le double mouvement qu’il donne aux perso
5923 nt qu’il donne aux personnages des Années nomades de Wilhelm Meister : tandis que les uns s’embarquent pour le Nouveau Mon
5924 barquent pour le Nouveau Monde, un autre a décidé de revenir à l’Europe, après avoir été élevé en Amérique par ses parents
5925 e Nouveau Monde, un autre a décidé de revenir à l’ Europe , après avoir été élevé en Amérique par ses parents, émigrés de la pre
5926 ir été élevé en Amérique par ses parents, émigrés de la première génération. Au commencement du xviiie siècle, les espri
5927 rce que tout homme qui se sentait mal à l’aise en Europe espérait trouver la liberté sur l’autre bord ; cet élan était entrete
5928 que la population se fût étendue vers l’Occident. De vastes territoires, sous le nom de comtés, étaient encore à vendre au
5929 rs l’Occident. De vastes territoires, sous le nom de comtés, étaient encore à vendre aux limites des terres habitées. Le p
5930 à vendre aux limites des terres habitées. Le père de notre vieillard s’y était fait lui-même un établissement considérable
5931 re dans cette occasion. Le jeune homme, envoyé en Europe s’y trouva dans un monde tout nouveau pour lui : cette inestimable cu
5932 autrefois, sous mille et mille formes, lui donna de tout autres idées du point où l’humanité peut parvenir. Il aima mieux
5933 et se perdre dans le mouvement vaste et régulier de la foule, en travaillant avec elle, que de reculer de plusieurs siècl
5934 gulier de la foule, en travaillant avec elle, que de reculer de plusieurs siècles et de jouer, au-delà des mers, le rôle d
5935 a foule, en travaillant avec elle, que de reculer de plusieurs siècles et de jouer, au-delà des mers, le rôle d’Orphée et
5936 avec elle, que de reculer de plusieurs siècles et de jouer, au-delà des mers, le rôle d’Orphée et de Lycurgue. Partout, se
5937 rs siècles et de jouer, au-delà des mers, le rôle d’ Orphée et de Lycurgue. Partout, se disait-il, l’homme a besoin de pati
5938 t de jouer, au-delà des mers, le rôle d’Orphée et de Lycurgue. Partout, se disait-il, l’homme a besoin de patience ; parto
5939 Lycurgue. Partout, se disait-il, l’homme a besoin de patience ; partout il a des ménagements à garder, et j’aime mieux m’a
5940 isant, d’un autre côté, quelques concessions, que de guerroyer avec les Iroquois, pour les refouler, ou de les tromper par
5941 uerroyer avec les Iroquois, pour les refouler, ou de les tromper par des traités, pour les chasser de leurs marais, ou l’o
5942 de les tromper par des traités, pour les chasser de leurs marais, ou l’on souffre à mourir de la morsure des moustiques.1
5943 chasser de leurs marais, ou l’on souffre à mourir de la morsure des moustiques.183 172. Gespräche, zu Mickiewicz, 182
5944 illeur Sur notre continent, l’ancien. Tu n’as pas de châteaux en ruines Pas de basalte. Et tu n’es pas, au plus intime Des
5945 , l’ancien. Tu n’as pas de châteaux en ruines Pas de basalte. Et tu n’es pas, au plus intime Des heures vitales Troublée p
5946 s, au plus intime Des heures vitales Troublée par de vains souvenirs. Par tant de vieux conflits en vain… Saisis les chanc
5947  ! » 182. Cité par E. Ludwig : Goethe, histoire d’ un homme, III, 362. 183. Wilhelm Meisters Wanderjahre, Ire partie, c
19 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 7. Synthèses historico-philosophiques (II)
5948 en 1799 déjà un essai intitulé La Chrétienté ou l’ Europe , dont il avait donné lecture à un groupe d’amis (parmi lesquels les f
5949 l’Europe, dont il avait donné lecture à un groupe d’ amis (parmi lesquels les frères Schlegel et le jeune Schelling), mais
5950 ublier, comme trop « catholicisant » selon l’avis de Goethe. L’écrit ne parut qu’en 1826, longtemps après la mort prématur
5951 ut qu’en 1826, longtemps après la mort prématurée de son auteur. Mais si son influence ne s’est pas exercée sur la premièr
5952 ermanique qui allait devenir la nostalgie commune de tous les amis de Novalis, penseurs, artistes et poètes, catholiques d
5953 ait devenir la nostalgie commune de tous les amis de Novalis, penseurs, artistes et poètes, catholiques de naissance ou né
5954 ovalis, penseurs, artistes et poètes, catholiques de naissance ou néophytes comme le fut Novalis lui-même : Schlegel, Sche
5955 z Joseph de Maistre. C’est aussi le pressentiment d’ une réconciliation des âmes et d’une renaissance religieuse, d’un gran
5956 le pressentiment d’une réconciliation des âmes et d’ une renaissance religieuse, d’un grand « concile européen » réunissant
5957 liation des âmes et d’une renaissance religieuse, d’ un grand « concile européen » réunissant dans une nouvelle Jérusalem c
5958 ’une renaissance religieuse, d’un grand « concile européen  » réunissant dans une nouvelle Jérusalem chrétiens et libertaires, ré
5959 pour célébrer le « Liebesmahl », l’agape, la Fête de la paix. Les fragments que nous citons restituent la succession des a
5960 oète. Belle et brillante époque, que celle où l’ Europe était une terre chrétienne, où une seule et unique chrétienté habitai
5961 commun unissait les provinces les plus éloignées de ce vaste empire spirituel. Un seul chef dénué de grandes possessions
5962 de ce vaste empire spirituel. Un seul chef dénué de grandes possessions temporelles, dirigeait et unissait les grandes pu
5963 t les grandes puissances politiques… Le sage chef de l’Église s’opposait à bon droit aux empiètements insolents des instit
5964 maines quand elles lésaient les privilèges sacrés de l’esprit, ainsi qu’aux découvertes importunes et dangereuses dans le
5965 rassemblaient tous les hommes sages et vénérables de l’Europe. Tous les trésors y affluaient, Jérusalem détruite avait pri
5966 mblaient tous les hommes sages et vénérables de l’ Europe . Tous les trésors y affluaient, Jérusalem détruite avait pris sa reva
5967 Des princes soumettaient leurs différends au Père de la chrétienté, mettaient volontairement à ses pieds leurs couronnes e
5968 , et allaient jusqu’à tirer gloire, comme membres de cette sublime corporation, d’aller finir leur vie dans de pieuses méd
5969 oire, comme membres de cette sublime corporation, d’ aller finir leur vie dans de pieuses méditations entre les murailles s
5970 sublime corporation, d’aller finir leur vie dans de pieuses méditations entre les murailles solitaires des monastères… …
5971 tères… … Tels étaient les beaux traits essentiels de ces temps véritablement catholiques ou chrétiens. L’humanité n’était
5972 assez mûre ni tout à fait formée pour ce royaume de splendeur. C’était un premier amour qui mourut sous le poids de la vi
5973 C’était un premier amour qui mourut sous le poids de la vie temporelle, dont le souvenir fut effacé par des soucis égoïste
5974 t déchiré pour toujours par une grande partie des Européens . Ce grand schisme intérieur, qu’accompagnèrent des guerres destructri
5975 destructrices, fut une démonstration remarquable de la nocivité de la culture pour le sens de l’invisible, à tout le moin
5976 fut une démonstration remarquable de la nocivité de la culture pour le sens de l’invisible, à tout le moins de la nocivit
5977 rquable de la nocivité de la culture pour le sens de l’invisible, à tout le moins de la nocivité temporelle d’un certain d
5978 ture pour le sens de l’invisible, à tout le moins de la nocivité temporelle d’un certain degré de culture… […] Les insurgé
5979 isible, à tout le moins de la nocivité temporelle d’ un certain degré de culture… […] Les insurgés prirent avec raison le n
5980 oins de la nocivité temporelle d’un certain degré de culture… […] Les insurgés prirent avec raison le nom de protestants,
5981 ture… […] Les insurgés prirent avec raison le nom de protestants, car ils protestaient solennellement contre tout empiètem
5982 otestaient solennellement contre tout empiètement d’ un pouvoir incommode et qui semblait illégitime, sur les consciences.
5983 ndiquèrent provisoirement pour eux-mêmes le droit d’ examiner, de définir et de choisir en matière religieuse, droit auquel
5984 rovisoirement pour eux-mêmes le droit d’examiner, de définir et de choisir en matière religieuse, droit auquel ce pouvoir
5985 pour eux-mêmes le droit d’examiner, de définir et de choisir en matière religieuse, droit auquel ce pouvoir avait renoncé
5986 i demeurait vacant. Ils érigèrent aussi une foule de principes justes, introduisirent une foule de choses louables et abol
5987 ule de principes justes, introduisirent une foule de choses louables et abolirent une foule d’institutions néfastes ; mais
5988 e foule de choses louables et abolirent une foule d’ institutions néfastes ; mais ils perdirent de vue l’aboutissement néce
5989 oule d’institutions néfastes ; mais ils perdirent de vue l’aboutissement nécessaire de leur action, ils séparèrent ce qui
5990 s ils perdirent de vue l’aboutissement nécessaire de leur action, ils séparèrent ce qui est inséparable, divisèrent l’Égli
5991 t durable renaissance… La Réforme a sonné le glas de la chrétienté. Celle-ci n’existe plus désormais. Catholiques et prote
5992 t à végéter, non sans se ressentir insensiblement de l’influence pernicieuse des États protestants voisins. La politique m
5993 estants voisins. La politique moderne ne date que d’ alors et certains États puissants s’efforcèrent de prendre possession
5994 d’alors et certains États puissants s’efforcèrent de prendre possession du siège de la puissance catholique, transformé en
5995 ants s’efforcèrent de prendre possession du siège de la puissance catholique, transformé en un trône… La Réforme avait été
5996 été un signe des temps. Elle importait à toute l’ Europe , bien qu’elle n’eût éclaté ouvertement que dans l’Allemagne vraiment
5997 dans l’Allemagne vraiment libre. Les bons esprits de toutes les nations s’étaient secrètement émancipés, et pleins du sent
5998 ement émancipés, et pleins du sentiment illusoire de leur vocation ils répudiaient avec d’autant plus d’insolence une cont
5999 t illusoire de leur vocation ils répudiaient avec d’ autant plus d’insolence une contrainte périmée. Le savant est instinct
6000 leur vocation ils répudiaient avec d’autant plus d’ insolence une contrainte périmée. Le savant est instinctivement l’enne
6001 clésiastique se livrent nécessairement une guerre d’ extermination, dès qu’elles sont séparées ; car elles se disputent une
6002 centuée de plus en plus, et les savants gagnèrent d’ autant plus de terrain que l’histoire de l’humanité européenne approch
6003 s en plus, et les savants gagnèrent d’autant plus de terrain que l’histoire de l’humanité européenne approchait de l’ère d
6004 gagnèrent d’autant plus de terrain que l’histoire de l’humanité européenne approchait de l’ère de la science triomphante,
6005 tant plus de terrain que l’histoire de l’humanité européenne approchait de l’ère de la science triomphante, et que le savoir et la
6006 ue l’histoire de l’humanité européenne approchait de l’ère de la science triomphante, et que le savoir et la foi s’affront
6007 oire de l’humanité européenne approchait de l’ère de la science triomphante, et que le savoir et la foi s’affrontaient de
6008 phante, et que le savoir et la foi s’affrontaient de façon de plus en plus marquée. On chercha dans la foi la cause de la
6009 en plus marquée. On chercha dans la foi la cause de la stagnation générale que l’on espérait guérir grâce au savoir. Part
6010 ’esprit religieux souffrait diverses persécutions de son mode ancien et de ses formes individuelles présentes. On donna au
6011 frait diverses persécutions de son mode ancien et de ses formes individuelles présentes. On donna au fruit de la nouvelle
6012 formes individuelles présentes. On donna au fruit de la nouvelle façon de penser le nom de philosophie et l’on comprit sou
6013 présentes. On donna au fruit de la nouvelle façon de penser le nom de philosophie et l’on comprit sous ce terme tout ce qu
6014 na au fruit de la nouvelle façon de penser le nom de philosophie et l’on comprit sous ce terme tout ce qui était contraire
6015 tachée à la foi catholique devint peu à peu haine de la Bible, de la foi chrétienne et finalement de la religion. Bien plu
6016 oi catholique devint peu à peu haine de la Bible, de la foi chrétienne et finalement de la religion. Bien plus : cette hai
6017 e de la Bible, de la foi chrétienne et finalement de la religion. Bien plus : cette haine de la religion s’étendit de faço
6018 inalement de la religion. Bien plus : cette haine de la religion s’étendit de façon très naturelle et logique à tout ce qu
6019 Bien plus : cette haine de la religion s’étendit de façon très naturelle et logique à tout ce qui peut être objet d’entho
6020 aturelle et logique à tout ce qui peut être objet d’ enthousiasme et condamna l’imagination et le sentiment, la morale et l
6021 imagination et le sentiment, la morale et l’amour de l’art, l’avenir et le passé ; on en vint à placer nécessairement l’ho
6022 en vint à placer nécessairement l’homme au sommet de l’échelle des êtres et à faire de la musique éternelle et inépuisable
6023 homme au sommet de l’échelle des êtres et à faire de la musique éternelle et inépuisable de l’univers le tic-tac monotone
6024 et à faire de la musique éternelle et inépuisable de l’univers le tic-tac monotone d’un immense moulin, mû et porté par le
6025 e et inépuisable de l’univers le tic-tac monotone d’ un immense moulin, mû et porté par le torrent du hasard, un moulin en
6026 use race humaine et rendu obligatoire pour chacun de ses actionnaires, comme la pierre de touche de la plus haute culture
6027 pour chacun de ses actionnaires, comme la pierre de touche de la plus haute culture — l’enthousiasme pour cette magnifiqu
6028 un de ses actionnaires, comme la pierre de touche de la plus haute culture — l’enthousiasme pour cette magnifique et grand
6029 tres et ses mystagogues. La France eut le bonheur d’ être le centre et le siège de cette religion nouvelle, faite de fragme
6030 rance eut le bonheur d’être le centre et le siège de cette religion nouvelle, faite de fragments de savoir mal recollés. S
6031 tre et le siège de cette religion nouvelle, faite de fragments de savoir mal recollés. Si décriée que fût la poésie dans c
6032 ge de cette religion nouvelle, faite de fragments de savoir mal recollés. Si décriée que fût la poésie dans cette nouvelle
6033 ments anciens et des lumières anciennes, mais qui de ce fait risquaient de consumer par ce feu ancien le nouveau système d
6034 umières anciennes, mais qui de ce fait risquaient de consumer par ce feu ancien le nouveau système de l’univers. Des adept
6035 de consumer par ce feu ancien le nouveau système de l’univers. Des adeptes plus avisés surent arroser d’eau froide les au
6036 l’univers. Des adeptes plus avisés surent arroser d’ eau froide les auditeurs déjà trop échauffés. Ces adeptes étaient sans
6037 Ces adeptes étaient sans cesse occupés à nettoyer de toute poésie la nature, le sol, les âmes humaines et les sciences à d
6038 divin, à déshonorer par des sarcasmes le souvenir de tous les événements et de tous les hommes dignes d’admiration, et à d
6039 s sarcasmes le souvenir de tous les événements et de tous les hommes dignes d’admiration, et à dépouiller le monde de tout
6040 tous les événements et de tous les hommes dignes d’ admiration, et à dépouiller le monde de toute sa parure bigarrée. À ca
6041 mes dignes d’admiration, et à dépouiller le monde de toute sa parure bigarrée. À cause de sa docilité mathématique et de s
6042 bigarrée. À cause de sa docilité mathématique et de son impudeur, la lumière était devenue leur favorite. Ils se félicita
6043 félicitaient qu’elle se laissât briser plutôt que de jouer avec les couleurs et c’est ainsi qu’ils nommèrent d’après elle
6044 es, et la période qui a vu naître les fantômes en Europe , et qui en explique à peu près complètement la forme, c’est la périod
6045 peu près complètement la forme, c’est la période de transition entre la religion grecque et le christianisme. Entrez donc
6046 philanthropes et encyclopédistes dans cette loge de paix, et recevez le baiser fraternel, dépouillez ce voile gris et reg
6047 z avec un amour juvénile la miraculeuse splendeur de la nature, de l’histoire et de l’humanité. Je vous conduirai vers un
6048 r juvénile la miraculeuse splendeur de la nature, de l’histoire et de l’humanité. Je vous conduirai vers un frère à la par
6049 aculeuse splendeur de la nature, de l’histoire et de l’humanité. Je vous conduirai vers un frère à la parole duquel vos cœ
6050 e duquel vos cœurs s’ouvriront, et vous revêtirez d’ un corps nouveau l’âme défunte de votre pressentiment aimé, vous l’étr
6051 t vous revêtirez d’un corps nouveau l’âme défunte de votre pressentiment aimé, vous l’étreindrez à nouveau et reconnaîtrez
6052 as vous procurer. Ce frère, c’est le cœur battant de l’ère nouvelle ; quiconque l’a senti battre ne doute plus qu’elle n’a
6053 i battre ne doute plus qu’elle n’arrive et, plein de la douce fierté d’appartenir à son époque, il se détache lui aussi de
6054 lus qu’elle n’arrive et, plein de la douce fierté d’ appartenir à son époque, il se détache lui aussi de la foule pour se j
6055 ’appartenir à son époque, il se détache lui aussi de la foule pour se joindre à la troupe des disciples nouveaux… Tournons
6056 urnons-nous à présent vers le spectacle politique de notre temps. Le monde ancien et le monde nouveau sont en lutte, l’ins
6057 i, ici comme dans les sciences, la fin historique de la guerre ne serait point d’abord d’amener une connexion plus étroite
6058 n historique de la guerre ne serait point d’abord d’ amener une connexion plus étroite et plus variée et un rapprochement e
6059 t plus variée et un rapprochement entre les États européens  ? Qui sait si l’Europe jusqu’alors sommeillante ne va pas se réveille
6060 chement entre les États européens ? Qui sait si l’ Europe jusqu’alors sommeillante ne va pas se réveiller, si nous n’allons pas
6061 ons pas nous trouver en face d’un État des États, d’ une Doctrine de la Science appliquée à la politique ! La hiérarchie, c
6062 ouver en face d’un État des États, d’une Doctrine de la Science appliquée à la politique ! La hiérarchie, cette figure géo
6063 mentale des États, ne serait-elle pas le principe d’ une société des États, étant l’intuition intellectuelle du moi politiq
6064 moi politique ? Il est impossible que les forces de l’univers se mettent d’elles-mêmes en équilibre, seul un troisième él
6065 impossible que les forces de l’univers se mettent d’ elles-mêmes en équilibre, seul un troisième élément, à la fois séculie
6066 n, un armistice ; du point de vue des politiciens de cabinet, de la conscience commune, aucune conciliation n’est possible
6067 ice ; du point de vue des politiciens de cabinet, de la conscience commune, aucune conciliation n’est possible. Les deux p
6068 conciliation n’est possible. Les deux partis ont de grandes et nécessaires revendications et sont tenus de les faire valo
6069 andes et nécessaires revendications et sont tenus de les faire valoir, pour obéir aux impulsions de l’esprit de l’univers
6070 us de les faire valoir, pour obéir aux impulsions de l’esprit de l’univers et de l’humanité. Tous deux représentent des fo
6071 ire valoir, pour obéir aux impulsions de l’esprit de l’univers et de l’humanité. Tous deux représentent des forces indestr
6072 obéir aux impulsions de l’esprit de l’univers et de l’humanité. Tous deux représentent des forces indestructibles au cœur
6073 x représentent des forces indestructibles au cœur de l’humanité ; d’une part le sentiment exaltant de la liberté, l’espoir
6074 de l’humanité ; d’une part le sentiment exaltant de la liberté, l’espoir illimité de puissantes sphères d’action, le goût
6075 ntiment exaltant de la liberté, l’espoir illimité de puissantes sphères d’action, le goût de la nouveauté, et de la jeunes
6076 liberté, l’espoir illimité de puissantes sphères d’ action, le goût de la nouveauté, et de la jeunesse, les relations fami
6077 illimité de puissantes sphères d’action, le goût de la nouveauté, et de la jeunesse, les relations familières entre tous
6078 tes sphères d’action, le goût de la nouveauté, et de la jeunesse, les relations familières entre tous les concitoyens, la
6079 familières entre tous les concitoyens, la fierté de vérités universellement humaines et valables, le goût du droit indivi
6080 aines et valables, le goût du droit individuel et de la propriété collective, et le vigoureux sens civique. Que ni l’un ni
6081 gnifient rien, car la capitale la plus intérieure de chaque empire ne se trouve pas derrière des murailles et ne saurait ê
6082 s derrière des murailles et ne saurait être prise d’ assaut. Qui sait si la guerre n’a pas assez duré ? Mais elle ne cesser
6083 puissance spirituelle. Le sang coulera à flots en Europe jusqu’à ce que les nations prennent conscience de la redoutable folie
6084 pe jusqu’à ce que les nations prennent conscience de la redoutable folie qui les fait tourner en rond, jusqu’à ce que sens
6085 pied des anciens autels, entreprenant des œuvres de paix et célébrant sur des champs de bataille fumants, sous un déluge
6086 nt des œuvres de paix et célébrant sur des champs de bataille fumants, sous un déluge de chaudes larmes, de grandes agapes
6087 ur des champs de bataille fumants, sous un déluge de chaudes larmes, de grandes agapes en guise de fête de la paix. Seule
6088 taille fumants, sous un déluge de chaudes larmes, de grandes agapes en guise de fête de la paix. Seule la religion peut ré
6089 haudes larmes, de grandes agapes en guise de fête de la paix. Seule la religion peut réveiller l’Europe et rassurer les pe
6090 te de la paix. Seule la religion peut réveiller l’ Europe et rassurer les peuples et installer visiblement sur terre la chrétie
6091 ts attendent la réconciliation et la résurrection de l’Europe pour se joindre à elle et devenir concitoyens du Royaume des
6092 tendent la réconciliation et la résurrection de l’ Europe pour se joindre à elle et devenir concitoyens du Royaume des cieux. N
6093 . Ne devrait-il pas y avoir bientôt de nouveau en Europe une foule d’esprits vraiment consacrés ? Tous les véritables membres
6094 as y avoir bientôt de nouveau en Europe une foule d’ esprits vraiment consacrés ? Tous les véritables membres de la famille
6095 vraiment consacrés ? Tous les véritables membres de la famille religieuse ne devraient-ils pas aspirer ardemment à voir l
6096 oyaume des cieux s’établir sur terre, et y entrer de bon gré, et entonner des hymnes sacrées ? Il faut que la chrétienté r
6097 accueille dans son sein toutes les âmes altérées de ciel et qui s’offre à devenir médiatrice entre le monde ancien et le
6098 ’elle déverse de nouveau sur les peuples la corne d’ abondance de ses bénédictions. Du sein sacré d’un vénérable concile eu
6099 e de nouveau sur les peuples la corne d’abondance de ses bénédictions. Du sein sacré d’un vénérable concile européen, la c
6100 ne d’abondance de ses bénédictions. Du sein sacré d’ un vénérable concile européen, la chrétienté renaîtra, et la tâche qui
6101 énédictions. Du sein sacré d’un vénérable concile européen , la chrétienté renaîtra, et la tâche qui consistera dans le réveil de
6102 naîtra, et la tâche qui consistera dans le réveil de la religion sera menée selon un vaste plan divin où rien ne sera négl
6103 contrainte chrétienne ou séculière, car l’essence de l’Église sera la vraie liberté, et toutes les réformes bienfaisantes
6104 il vient, il viendra nécessairement, l’âge sacré de la paix éternelle où la Jérusalem nouvelle sera la capitale de l’univ
6105 ernelle où la Jérusalem nouvelle sera la capitale de l’univers. Jusque-là demeurez calmes et courageux dans les dangers du
6106 courageux dans les dangers du siècle, compagnons de ma foi, annoncez par la parole et par l’action l’évangile divin, et r
6107 res (1776-1848) est celui des penseurs politiques de la Restauration et du romantisme qui a le plus écrit sur l’Europe. Ob
6108 ration et du romantisme qui a le plus écrit sur l’ Europe . Obscur, contradictoire, intempérant quant au style et arbitraire qua
6109 uée dans cet ouvrage, ne fût-ce que par un aperçu de ses thèses les plus constantes. Comme tant d’autres Allemands, il s’e
6110 rance, toi aussi tu vas te dresser pour libérer l’ Europe de ses despotes ! Et il propose une organisation internationale diri
6111 toi aussi tu vas te dresser pour libérer l’Europe de ses despotes ! Et il propose une organisation internationale dirigée
6112 tres, il retourne ses batteries, dès les journées de Brumaire 1799 — Bonaparte a trahi, pense-t-il — et la Restauration le
6113 -t-il — et la Restauration le trouve dans le camp de la Sainte-Alliance. En 1815, il publie dans son journal Der Rheinisch
6114 kur, un grand article anonyme sur « La République européenne  » où l’Europe est décrite comme une création des Germains. En 1819, i
6115 cle anonyme sur « La République européenne » où l’ Europe est décrite comme une création des Germains. En 1819, il salue la Sai
6116 il salue la Sainte-Alliance comme la « fondation d’ une République européenne au pied des autels du Dieu inconnu. » Il ann
6117 te-Alliance comme la « fondation d’une République européenne au pied des autels du Dieu inconnu. » Il annonce en même temps la gra
6118 la grandeur allemande : si ce peuple a le bonheur de trouver un jour son Wallenstein, dit-il, celui-ci « soumettra l’Europ
6119 r son Wallenstein, dit-il, celui-ci « soumettra l’ Europe entière, jusqu’aux limites de l’Asie » ! En 1821, dans un écrit intit
6120 i « soumettra l’Europe entière, jusqu’aux limites de l’Asie » ! En 1821, dans un écrit intitulé Europa und die Revolution,
6121 tes de l’Asie » ! En 1821, dans un écrit intitulé Europa und die Revolution, il attaque la Réformation, qu’il qualifie de « se
6122 lution, il attaque la Réformation, qu’il qualifie de « second péché originel », et il la compare aux autres catastrophes q
6123 atastrophes qui ont ruiné « la vieille forteresse Europe  » : le schisme byzantin, l’islam, le démembrement du Saint-Empire, l’
6124 tionales, la Révolution, et finalement « l’empire de Satan », celui de Napoléon. Tous les thèmes favoris de Joseph de Mais
6125 ution, et finalement « l’empire de Satan », celui de Napoléon. Tous les thèmes favoris de Joseph de Maistre (Du pape vient
6126 tan », celui de Napoléon. Tous les thèmes favoris de Joseph de Maistre (Du pape vient de paraître deux ans plus tôt) sont
6127 sur La Sainte-Alliance et les peuples au congrès de Vérone, il demande que l’Allemagne redevienne … l’Autorité supérieur
6128 e redevienne … l’Autorité supérieure honorifique de la république européenne, l’Instance de conciliation qui apaise les d
6129 ’Autorité supérieure honorifique de la république européenne , l’Instance de conciliation qui apaise les différends, et tout cela p
6130 norifique de la république européenne, l’Instance de conciliation qui apaise les différends, et tout cela parce que sa pos
6131 ela parce que sa position, sa situation, sa façon de penser, tout la pousse vers la paix et non vers la conquête ; c’est e
6132 fixe des limites, c’est elle qui sépare l’Orient de l’Occident, le Nord du Sud, c’est elle le point d’appui de tout le sy
6133 e l’Occident, le Nord du Sud, c’est elle le point d’ appui de tout le système des États européens, le centre naturel de ce
6134 dent, le Nord du Sud, c’est elle le point d’appui de tout le système des États européens, le centre naturel de ce nouveau
6135 lle le point d’appui de tout le système des États européens , le centre naturel de ce nouveau Saint-Empire romain germanique, plus
6136 le système des États européens, le centre naturel de ce nouveau Saint-Empire romain germanique, plus grand que l’ancien, f
6137 e contrainte par la Sainte-Alliance sous la forme d’ une confédération d’États. Et quels seront les ennemis de cet Empire
6138 Sainte-Alliance sous la forme d’une confédération d’ États. Et quels seront les ennemis de cet Empire germano-catholique e
6139 nfédération d’États. Et quels seront les ennemis de cet Empire germano-catholique enfin relevé ? Non pas la Russie, « col
6140 lique enfin relevé ? Non pas la Russie, « colonie de l’Europe » qui va s’ouvrir librement à notre culture, mais bien l’Asi
6141 enfin relevé ? Non pas la Russie, « colonie de l’ Europe  » qui va s’ouvrir librement à notre culture, mais bien l’Asie et l’Am
6142 varois, théosophe et mystique, longtemps disciple de Claude de Saint-Martin, voit lui aussi dans une renaissance religieus
6143 ssi dans une renaissance religieuse le seul salut de la « Société européenne ». Mais loin d’exiger comme condition préalab
6144 aissance religieuse le seul salut de la « Société européenne  ». Mais loin d’exiger comme condition préalable l’anéantissement du p
6145 eul salut de la « Société européenne ». Mais loin d’ exiger comme condition préalable l’anéantissement du protestantisme et
6146 tissement du protestantisme et le retour au giron de l’orthodoxie, comme Görres et Maistre, il communie dans l’espérance œ
6147 Maistre, il communie dans l’espérance œcuménique de Novalis. Dans un écrit qu’il adresse en 1814 aux empereurs de Russie
6148 Dans un écrit qu’il adresse en 1814 aux empereurs de Russie et d’Autriche, et au roi de Prusse, il propose une fédération
6149 qu’il adresse en 1814 aux empereurs de Russie et d’ Autriche, et au roi de Prusse, il propose une fédération chrétienne de
6150 i de Prusse, il propose une fédération chrétienne de l’Europe, fondée sur « une liaison nouvelle et plus intime de la reli
6151 Prusse, il propose une fédération chrétienne de l’ Europe , fondée sur « une liaison nouvelle et plus intime de la religion et d
6152 fondée sur « une liaison nouvelle et plus intime de la religion et de la politique », et sur l’union des trois grandes co
6153 liaison nouvelle et plus intime de la religion et de la politique », et sur l’union des trois grandes confessions représen
6154 es par ces monarques. L’idée centrale paraît être de ramener la Russie dans le concert européen comme une hérétique repent
6155 paraît être de ramener la Russie dans le concert européen comme une hérétique repentante ou une demi-barbare à éduquer. Un cert
6156 jour, dès cette époque, chez Baader et plusieurs de ses contemporains : les premiers slavophiles ne furent pas Russes mai
6157 von Schlegel (1772-1829) publia la première revue européenne du xixe siècle, Europa, de 1803 à 1805. (Il la dirigeait de Paris, m
6158 lia la première revue européenne du xixe siècle, Europa , de 1803 à 1805. (Il la dirigeait de Paris, mais elle paraissait à Fr
6159 remière revue européenne du xixe siècle, Europa, de 1803 à 1805. (Il la dirigeait de Paris, mais elle paraissait à Francf
6160 siècle, Europa, de 1803 à 1805. (Il la dirigeait de Paris, mais elle paraissait à Francfort.) Il y développa les mêmes id
6161 Il y développa les mêmes idées générales qui font de sa Philosophie de l’histoire universelle le monument de la pensée rom
6162 mêmes idées générales qui font de sa Philosophie de l’histoire universelle le monument de la pensée romantique. L’Asie — 
6163 Philosophie de l’histoire universelle le monument de la pensée romantique. L’Asie — l’Inde en particulier — est la patrie
6164 e. L’Asie — l’Inde en particulier — est la patrie de toute religion véritable mais le christianisme a fait l’Europe et peu
6165 religion véritable mais le christianisme a fait l’ Europe et peut seul sauvegarder son unité, en dépit des oppositions fondamen
6166 d, du romantisme et du classicisme, du moderne et de l’antique, du christianisme et de l’hellénisme. L’Empire de Charlemag
6167 , du moderne et de l’antique, du christianisme et de l’hellénisme. L’Empire de Charlemagne, puis la papauté (Schlegel alla
6168 ue, du christianisme et de l’hellénisme. L’Empire de Charlemagne, puis la papauté (Schlegel allait devenir catholique en 1
6169 1808) ont représenté les plus hautes institutions de la « république européenne », et depuis lors, tout n’est que décadenc
6170 é les plus hautes institutions de la « république européenne  », et depuis lors, tout n’est que décadence. Nous ne sommes pas encor
6171 début du xixe siècle. Pourtant nous aurions tort de désespérer de l’Europe, car elle reste la terre décisive, si l’on pen
6172 siècle. Pourtant nous aurions tort de désespérer de l’Europe, car elle reste la terre décisive, si l’on pense que c’est
6173 le. Pourtant nous aurions tort de désespérer de l’ Europe , car elle reste la terre décisive, si l’on pense que c’est ici, étan
6174 lit, que c’est ici que le bien lutte avec le plus de véhémence sur la terre avec le mal, et que c’est donc ici que doit êt
6175 t que c’est donc ici que doit être scellé le sort de l’Humanité… La véritable Europe doit d’abord voir le jour.184 Sembl
6176 t être scellé le sort de l’Humanité… La véritable Europe doit d’abord voir le jour.184 Semblables déclarations de foi dans l
6177 ’abord voir le jour.184 Semblables déclarations de foi dans l’avenir européen (qu’on rapprochera de celles de Hegel sur
6178 84 Semblables déclarations de foi dans l’avenir européen (qu’on rapprochera de celles de Hegel sur l’Europe considérée comme «
6179 de foi dans l’avenir européen (qu’on rapprochera de celles de Hegel sur l’Europe considérée comme « fin de l’Histoire »)1
6180 ns l’avenir européen (qu’on rapprochera de celles de Hegel sur l’Europe considérée comme « fin de l’Histoire »)185 revienn
6181 opéen (qu’on rapprochera de celles de Hegel sur l’ Europe considérée comme « fin de l’Histoire »)185 reviennent maintes fois da
6182 lles de Hegel sur l’Europe considérée comme « fin de l’Histoire »)185 reviennent maintes fois dans Europa et dans les Leço
6183 de l’Histoire »)185 reviennent maintes fois dans Europa et dans les Leçons sur l’Histoire moderne. Elles distinguent fortemen
6184 gel et les romantiques allemands, même romanisés, de Joseph de Maistre et des catholiques français préromantiques. On ne l
6185 On ne l’oubliera pas en lisant les pages fameuses de Schlegel sur l’unité de l’Europe médiévale, écho direct de la ferveur
6186 lisant les pages fameuses de Schlegel sur l’unité de l’Europe médiévale, écho direct de la ferveur et des illusions de Nov
6187 t les pages fameuses de Schlegel sur l’unité de l’ Europe médiévale, écho direct de la ferveur et des illusions de Novalis186 :
6188 el sur l’unité de l’Europe médiévale, écho direct de la ferveur et des illusions de Novalis186 : L’idée qui présidait à l
6189 évale, écho direct de la ferveur et des illusions de Novalis186 : L’idée qui présidait à l’ensemble de l’empire chrétien
6190 e Novalis186 : L’idée qui présidait à l’ensemble de l’empire chrétien était celle d’une grande autorité protectrice, part
6191 ait à l’ensemble de l’empire chrétien était celle d’ une grande autorité protectrice, partant du centre d’une puissance fon
6192 ne grande autorité protectrice, partant du centre d’ une puissance fondée sur le droit, qui servirait d’égide à tous les pa
6193 ’une puissance fondée sur le droit, qui servirait d’ égide à tous les pays et à tous les peuples chrétiens, et c’était dans
6194 tout ce grand corps. Sitôt que cette force cessa d’ agir, tout l’édifice dut nécessairement s’écrouler. Aussi dans les con
6195 n y substituant la relation purement artificielle d’ un équilibre dynamique et d’une égalité républicaine entre les divers
6196 purement artificielle d’un équilibre dynamique et d’ une égalité républicaine entre les divers États, sans aucune tendance
6197 rétienne des États, et cette alliance des peuples de l’Europe occidentale ; et n’a-t-on réussi à faire sortir de cette rév
6198 nne des États, et cette alliance des peuples de l’ Europe occidentale ; et n’a-t-on réussi à faire sortir de cette révolution g
6199 e occidentale ; et n’a-t-on réussi à faire sortir de cette révolution générale et antichrétienne qui s’opéra dans les mœur
6200 confusion symétriquement organisée. Si le partage de l’empire de Charlemagne était conforme aux usages antiques et fondé s
6201 métriquement organisée. Si le partage de l’empire de Charlemagne était conforme aux usages antiques et fondé sur les droit
6202 forme aux usages antiques et fondé sur les droits d’ héritage usités dans les familles des grands, il n’annonce pas moins u
6203 ands, il n’annonce pas moins une confiance pleine d’ une naïveté antique, une confiance presque héroïque en une conformité
6204 iance presque héroïque en une conformité et unité de tendance, dont on supposait l’existence, à ce qu’il paraît. Car on cr
6205 ce qu’il paraît. Car on croyait pouvoir concilier de cette manière la nécessité de la présence d’un souverain dans un pays
6206 t pouvoir concilier de cette manière la nécessité de la présence d’un souverain dans un pays d’une étendue raisonnable ave
6207 lier de cette manière la nécessité de la présence d’ un souverain dans un pays d’une étendue raisonnable avec l’unité d’ens
6208 essité de la présence d’un souverain dans un pays d’ une étendue raisonnable avec l’unité d’ensemble d’une grande monarchie
6209 ns un pays d’une étendue raisonnable avec l’unité d’ ensemble d’une grande monarchie collective… Dans la première monarchie
6210 d’une étendue raisonnable avec l’unité d’ensemble d’ une grande monarchie collective… Dans la première monarchie allemande,
6211 … Dans la première monarchie allemande, le besoin d’ un gouvernement indigène, résidant dans le pays, et régnant comme un p
6212 comme un père au sein de sa famille, fut concilié d’ une manière beaucoup moins imparfaite avec la puissante unité de l’ens
6213 beaucoup moins imparfaite avec la puissante unité de l’ensemble, par le moyen des quatre grands duchés nationaux soumis à
6214 e grands duchés nationaux soumis à la suzeraineté d’ un seul roi ou empereur ; quoique là aussi l’union ne soit pas restée
6215 n’a jamais encore imaginé ou découvert une forme de constitution ou de système politique qui pût résister à la longue au
6216 imaginé ou découvert une forme de constitution ou de système politique qui pût résister à la longue au manque et au change
6217 t résister à la longue au manque et au changement de tendance. Les parlements, les états généraux, les droits civils et po
6218 ssemblées nationales des États, grands et petits, de ce temps-là, dans les conciliabules et les délibérations des ducs et
6219 s une forme tout à fait locale, suivant les mœurs de la nation et les usages de la vie ; de même qu’ils étaient basés sur
6220 ale, suivant les mœurs de la nation et les usages de la vie ; de même qu’ils étaient basés sur des coutumes positives et s
6221 d’être fondés sur la théorie purement spéculative d’ une égalité parfaite et générale ; on ne cherchait pas l’unité et la s
6222 rale ; on ne cherchait pas l’unité et la solidité de l’ensemble dans la combinaison d’un équilibre appuyé sur une forme ar
6223 et la solidité de l’ensemble dans la combinaison d’ un équilibre appuyé sur une forme artificielle, mais bien dans les mœu
6224 ennement parlant unique même dans la vie, l’union de la force et de l’esprit peut subsister malgré la division des pouvoir
6225 t unique même dans la vie, l’union de la force et de l’esprit peut subsister malgré la division des pouvoirs, on n’a qu’à
6226 rent prospères, la paix et la justice croissaient de jour en jour et les peuples jouissaient du bien-être… L’Église était
6227 e qui embrassait tout, et sous l’abri hospitalier de laquelle ces peuples guerriers [du Nord] commencèrent à se ranger pai
6228 se former, et à se constituer selon les principes de l’équité. Le soin de l’enseignement, le patrimoine des connaissances,
6229 nstituer selon les principes de l’équité. Le soin de l’enseignement, le patrimoine des connaissances, l’étude des sciences
6230 ssances, l’étude des sciences et le développement de l’esprit, étaient confiés à sa sollicitude protectrice, et se distrib
6231 e des écoles chrétiennes. Si la science avait peu d’ étendue, elle n’était pas du moins ensevelie sans utilité dans les cab
6232 tard, comme elle l’était en partie chez les Grecs d’ alors ; puis elle répondait suffisamment aux forces et à la civilisati
6233 dait suffisamment aux forces et à la civilisation de cette époque ; attendu qu’en fait de développement, on ne peut franch
6234 civilisation de cette époque ; attendu qu’en fait de développement, on ne peut franchir tous les degrés d’un seul bond, ma
6235 éveloppement, on ne peut franchir tous les degrés d’ un seul bond, mais qu’il faut les monter progressivement, et les uns a
6236 Occident alors si actif, et à l’excellent clergé de ce temps ; car le savoir n’était pas encore entré en opposition hosti
6237 a vraie croyance et avec la vie, comme il le fit, d’ une manière si arrogante et si dédaigneuse, dans la période subséquent
6238 insi que les pensées salutaires descendirent donc de la voûte céleste de la foi, non comme un déluge envahissant, mais com
6239 salutaires descendirent donc de la voûte céleste de la foi, non comme un déluge envahissant, mais comme une douce ondée,
6240 mme une pluie féconde, pour tomber sur le terrain de la vie, continuellement agité dans la guerre et dans la paix, dans le
6241 ste classique, depuis Aristote, entre l’Asie et l’ Europe , surtout en ce qui concerne la conception de la liberté ; après celui
6242 ’Europe, surtout en ce qui concerne la conception de la liberté ; après celui de l’Unité, voici l’éloge de nos diversités 
6243 oncerne la conception de la liberté ; après celui de l’Unité, voici l’éloge de nos diversités : Si les invasions barbares
6244 a liberté ; après celui de l’Unité, voici l’éloge de nos diversités : Si les invasions barbares n’avaient pas eu lieu, si
6245 iser le joug romain, si au contraire tout le nord de l’Europe non occupé avait pu aussi être incorporé à l’Empire et que l
6246 le joug romain, si au contraire tout le nord de l’ Europe non occupé avait pu aussi être incorporé à l’Empire et que là aussi l
6247 cette lutte magnifique ni cet ample développement de l’esprit humain au sein de ces nouvelles nations. Et cependant c’est
6248 ustement cette richesse, cette diversité qui fait de l’Europe ce qu’elle est, qui lui donne l’avantage d’être le siège le
6249 ent cette richesse, cette diversité qui fait de l’ Europe ce qu’elle est, qui lui donne l’avantage d’être le siège le plus favo
6250 l’Europe ce qu’elle est, qui lui donne l’avantage d’ être le siège le plus favorable de la vie et de la culture de l’Humani
6251 onne l’avantage d’être le siège le plus favorable de la vie et de la culture de l’Humanité. Cette Europe, libre et riche,
6252 ge d’être le siège le plus favorable de la vie et de la culture de l’Humanité. Cette Europe, libre et riche, n’existerait
6253 iège le plus favorable de la vie et de la culture de l’Humanité. Cette Europe, libre et riche, n’existerait donc pas et à
6254 e de la vie et de la culture de l’Humanité. Cette Europe , libre et riche, n’existerait donc pas et à sa place il n’y aurait qu
6255 ; et, en lieu et place de cette copieuse histoire européenne , les annales de l’Unique Empire romain feraient pendant à ces chroniq
6256 e cette copieuse histoire européenne, les annales de l’Unique Empire romain feraient pendant à ces chroniques chinoises d’
6257 omain feraient pendant à ces chroniques chinoises d’ une si triste uniformité. … Jetons d’abord un coup d’œil sur la situat
6258 d un coup d’œil sur la situation la plus ancienne de l’Europe. C’est un spectacle étrange et attirant que de voir l’homme
6259 coup d’œil sur la situation la plus ancienne de l’ Europe . C’est un spectacle étrange et attirant que de voir l’homme si richem
6260 urope. C’est un spectacle étrange et attirant que de voir l’homme si richement doté par la nature, plein d’une force extra
6261 ir l’homme si richement doté par la nature, plein d’ une force extraordinaire, revêtir un aspect si différent de l’état auq
6262 ce extraordinaire, revêtir un aspect si différent de l’état auquel nous sommes accoutumés. Avant que cette propension à la
6263 tte propension à la domination du monde ait passé d’ Asie en Grèce pour se transmettre ensuite aux Romains, l’état de l’Eur
6264 e pour se transmettre ensuite aux Romains, l’état de l’Europe était à peu près le même partout. Les rudiments de la cultur
6265 r se transmettre ensuite aux Romains, l’état de l’ Europe était à peu près le même partout. Les rudiments de la culture étaient
6266 e était à peu près le même partout. Les rudiments de la culture étaient déjà connus, l’agriculture était répandue et quelq
6267 illes en quantité, mais il y avait presque autant de petits États que de villes importantes. Dans l’ensemble d’ailleurs to
6268 ais il y avait presque autant de petits États que de villes importantes. Dans l’ensemble d’ailleurs tout était particulier
6269 lleurs tout était particulier et sans cohésion. L’ Europe était peuplée et habitée principalement par des hommes appartenant à
6270 nt à trois ou quatre grandes nations, mais aucune d’ elles n’était « une » ni ne formait un tout. Chacune se subdivisait en
6271 ut. Chacune se subdivisait en une grande quantité de petites peuplades et tribus composant tout autant d’États particulier
6272 petites peuplades et tribus composant tout autant d’ États particuliers. Chacune de ces peuplades n’entendait que très peu
6273 mposant tout autant d’États particuliers. Chacune de ces peuplades n’entendait que très peu parler de celles qui étaient t
6274 de ces peuplades n’entendait que très peu parler de celles qui étaient très éloignées, mais était en guerre avec les plus
6275 al, si misérable que puisse paraître la condition de ces anciennes peuplades, celles-ci n’en possédaient pas moins presque
6276 pposition à l’Asie, comme le caractère distinctif de l’Europe. En Asie nous trouvons dès le commencement de grandes quanti
6277 tion à l’Asie, comme le caractère distinctif de l’ Europe . En Asie nous trouvons dès le commencement de grandes quantités d’Éta
6278 Europe. En Asie nous trouvons dès le commencement de grandes quantités d’États et de nations ainsi qu’une domination unive
6279 trouvons dès le commencement de grandes quantités d’ États et de nations ainsi qu’une domination universelle. En Europe tou
6280 s le commencement de grandes quantités d’États et de nations ainsi qu’une domination universelle. En Europe tout était ori
6281 e nations ainsi qu’une domination universelle. En Europe tout était originellement particularisé, par conséquent en état de lu
6282 ginellement particularisé, par conséquent en état de lutte et de rivalité constantes, chacun se développant selon les poss
6283 particularisé, par conséquent en état de lutte et de rivalité constantes, chacun se développant selon les possibilités de
6284 tes, chacun se développant selon les possibilités de sa propre liberté. L’Asie, pourrait-on dire, est le pays de l’unité,
6285 re liberté. L’Asie, pourrait-on dire, est le pays de l’unité, où tout s’épanouit en grandes masses et dans des circonstanc
6286 dans des circonstances on ne peut plus simples. L’ Europe est le pays de la liberté, c’est-à-dire de la formation, par la rival
6287 ces on ne peut plus simples. L’Europe est le pays de la liberté, c’est-à-dire de la formation, par la rivalité entre États
6288 L’Europe est le pays de la liberté, c’est-à-dire de la formation, par la rivalité entre États, de forces particulières et
6289 ire de la formation, par la rivalité entre États, de forces particulières et différentes l’une de l’autre. Cette diversité
6290 ats, de forces particulières et différentes l’une de l’autre. Cette diversité est devenue, tout au long des siècles, le ca
6291 tout au long des siècles, le caractère distinctif de la formation de l’Europe ; car, même après que de plus grands États e
6292 siècles, le caractère distinctif de la formation de l’Europe ; car, même après que de plus grands États et nations furent
6293 les, le caractère distinctif de la formation de l’ Europe  ; car, même après que de plus grands États et nations furent constitu
6294 États et nations furent constitués, ce qu’il y a d’ essentiel dans ce caractère originel est resté intact. Et dans ses Vo
6295 sungen über Karl V (15e leçon), il déplore la fin de cette synthèse vivante entre l’unité et la diversité, que l’empereur
6296 ’unité et la diversité, que l’empereur avait rêvé de faire revivre : … Ainsi se retira à nouveau du monde l’homme qui, en
6297 son cœur et son esprit, assuma, porta et perçut l’ Europe , toute son époque, toutes les situations inextricables, tous les coup
6298 les coups du sort qui menacèrent dangereusement l’ Europe . À sa mort les États chrétiens rivalisèrent de splendeur et de pompe
6299 urope. À sa mort les États chrétiens rivalisèrent de splendeur et de pompe lors des cérémonies funèbres, pour glorifier so
6300 les États chrétiens rivalisèrent de splendeur et de pompe lors des cérémonies funèbres, pour glorifier son nom et sa gran
6301 er son nom et sa grandeur ; même dans la capitale de l’empire turc un noble ennemi honora par un service funèbre public la
6302 re du grand monarque qui avait quitté le monde. L’ Europe parut sentir que le héros et le défenseur d’une époque n’était plus,
6303 ’Europe parut sentir que le héros et le défenseur d’ une époque n’était plus, époque à laquelle allait succéder, d’autant p
6304 n’était plus, époque à laquelle allait succéder, d’ autant plus sûrement que cette ultime force au service de l’unité avai
6305 t plus sûrement que cette ultime force au service de l’unité avait disparu, un siècle de guerre et d’ébranlement. Pour Ge
6306 ce au service de l’unité avait disparu, un siècle de guerre et d’ébranlement. Pour Georg Friedrich Hegel (1770-1831), l’H
6307 de l’unité avait disparu, un siècle de guerre et d’ ébranlement. Pour Georg Friedrich Hegel (1770-1831), l’Histoire mondi
6308 stoire mondiale reflète et traduit la dialectique de « l’Idée qui se réalise », de l’Idée de liberté, c’est-à-dire du « de
6309 duit la dialectique de « l’Idée qui se réalise », de l’Idée de liberté, c’est-à-dire du « devenir réel de l’Esprit ». C’es
6310 alectique de « l’Idée qui se réalise », de l’Idée de liberté, c’est-à-dire du « devenir réel de l’Esprit ». C’est donc, au
6311 l’Idée de liberté, c’est-à-dire du « devenir réel de l’Esprit ». C’est donc, au vrai, une Théodicée. Conformément au Systè
6312 d für sich »). Dans ses Leçons sur la Philosophie de l’Histoire (publication posthume), Hegel décrit l’évolution de l’Asie
6313 (publication posthume), Hegel décrit l’évolution de l’Asie, de l’Antiquité et de l’Europe moderne, comme s’il s’agissait
6314 on posthume), Hegel décrit l’évolution de l’Asie, de l’Antiquité et de l’Europe moderne, comme s’il s’agissait réellement
6315 l décrit l’évolution de l’Asie, de l’Antiquité et de l’Europe moderne, comme s’il s’agissait réellement d’une évolution de
6316 rit l’évolution de l’Asie, de l’Antiquité et de l’ Europe moderne, comme s’il s’agissait réellement d’une évolution de l’Esprit
6317 ’Europe moderne, comme s’il s’agissait réellement d’ une évolution de l’Esprit. Le terme ultime de ce grandiose processus n
6318 comme s’il s’agissait réellement d’une évolution de l’Esprit. Le terme ultime de ce grandiose processus n’est autre que l
6319 ment d’une évolution de l’Esprit. Le terme ultime de ce grandiose processus n’est autre que l’Europe « vraiment fin de l’H
6320 ltime de ce grandiose processus n’est autre que l’ Europe « vraiment fin de l’Histoire », éminemment représentée par sa composa
6321 processus n’est autre que l’Europe « vraiment fin de l’Histoire », éminemment représentée par sa composante germanique, et
6322 germanique, et comme le préciseront les hégéliens de droite, par l’État prussien. Deux citations célèbres (empruntées à l’
6323 ntroduction) suffiront ici à caractériser le rôle de l’Europe dans l’Histoire mondiale, selon Hegel : J’ai dit que les Or
6324 uction) suffiront ici à caractériser le rôle de l’ Europe dans l’Histoire mondiale, selon Hegel : J’ai dit que les Orientaux o
6325 ’homme est libre. Ces stades dans la connaissance de la Liberté constituent la division que nous ferons dans l’Histoire un
6326 elle nous l’étudierons… L’Histoire universelle va de l’est à l’ouest, car l’Europe est vraiment la fin de l’Histoire, dont
6327 Histoire universelle va de l’est à l’ouest, car l’ Europe est vraiment la fin de l’Histoire, dont l’Asie est le commencement. P
6328 l’est à l’ouest, car l’Europe est vraiment la fin de l’Histoire, dont l’Asie est le commencement. Pour l’Histoire universe
6329 i, κατ`έξοχήν, l’Est pour-soi étant quelque chose de tout relatif ; car, quoique la Terre soit une sphère, l’Histoire ne d
6330 ’Histoire ne décrit pourtant pas un cercle autour d’ elle, mais elle a bien plutôt un Est déterminé, et c’est l’Asie. Là se
6331 c’est pourquoi. ici, se lève le soleil intérieur de la conscience de soi, qui répand un plus haut éclat.187 Wilhelm Jos
6332 ici, se lève le soleil intérieur de la conscience de soi, qui répand un plus haut éclat.187 Wilhelm Josef von Schelling
6333 on Schelling (1775-1854) fut le dernier survivant de la grande génération des philosophes romantiques. Avec la fin de sa c
6334 nération des philosophes romantiques. Avec la fin de sa carrière, nous voyons se fermer les cycles inaugurés par Herder, K
6335 Système » porte la même date que « l’État fermé » de Fichte et l’essai sur l’Europe de Gentz. Ami de Novalis dans sa jeune
6336 » de Fichte et l’essai sur l’Europe de Gentz. Ami de Novalis dans sa jeunesse et devenu plus tard catholique comme lui, il
6337 e lui, il fut l’un des maîtres les plus influents de la pensée européenne du xixe siècle : car on ne compte pas seulement
6338 l’un des maîtres les plus influents de la pensée européenne du xixe siècle : car on ne compte pas seulement au nombre de ses dis
6339 siècle : car on ne compte pas seulement au nombre de ses disciples ses camarades du cercle de l’Athenæum (tous ceux qu’on
6340 u nombre de ses disciples ses camarades du cercle de l’Athenæum (tous ceux qu’on a cités dans les pages qui précèdent), ma
6341 plupart des penseurs russes, surtout slavophiles, de son temps. Déjà, dans l’Introduction à son System der Transcendentale
6342 ismus 188 publié en 1800, Schelling défend l’idée d’ une fédération et d’une Cour de justice internationales, dans lesquell
6343 1800, Schelling défend l’idée d’une fédération et d’ une Cour de justice internationales, dans lesquelles il voit le couron
6344 ling défend l’idée d’une fédération et d’une Cour de justice internationales, dans lesquelles il voit le couronnement néce
6345 ans lesquelles il voit le couronnement nécessaire de l’ère historique de la « Nature » succédant à celle du « Destin » et
6346 it le couronnement nécessaire de l’ère historique de la « Nature » succédant à celle du « Destin » et annonçant celle de l
6347 uccédant à celle du « Destin » et annonçant celle de la « Providence ». L’histoire dans son ensemble est une révélation c
6348 semble est une révélation continue et progressive de l’absolu. Nous pouvons distinguer trois périodes dans cette manifesta
6349 y a de plus grand et de plus noble. Cette période de l’histoire, que nous pouvons appeler tragique, est celle de la décade
6350 ire, que nous pouvons appeler tragique, est celle de la décadence de la splendeur et des merveilles du monde ancien, et de
6351 uvons appeler tragique, est celle de la décadence de la splendeur et des merveilles du monde ancien, et de la chute des gr
6352 a splendeur et des merveilles du monde ancien, et de la chute des grands empires dont le souvenir s’est à peine conservé e
6353 les nous font présumer la grandeur : la décadence de l’humanité la plus noble qui ait jamais fleuri et dont le retour sur
6354 fleuri et dont le retour sur la terre est l’objet de vœux éternels. La seconde période est celle où ce qui dans la premièr
6355 me nature. Elle paraît commencer avec l’expansion de la république romaine qui, dans sa soif de conquêtes et d’asservissem
6356 ansion de la république romaine qui, dans sa soif de conquêtes et d’asservissement —  manifestations du despotisme effréné
6357 ublique romaine qui, dans sa soif de conquêtes et d’ asservissement —  manifestations du despotisme effréné qui y régnait —
6358 sciences qui, jusqu’alors avaient été le monopole de quelques peuples isolés, contrainte qu’elle était, sans en avoir cons
6359 ns en avoir conscience et même contre sa volonté, de s’adapter à un plan naturel dont l’aboutissement verra l’union univer
6360 e développeront et se manifesteront comme l’œuvre de la providence ; ainsi même ce qui paraissait l’œuvre du destin ou de
6361 ainsi même ce qui paraissait l’œuvre du destin ou de la nature n’était que le commencement d’une providence qui ne se révé
6362 estin ou de la nature n’était que le commencement d’ une providence qui ne se révélait qu’imparfaitement. Quand cette pério
6363 On ne saurait donc envisager l’existence durable d’ une constitution politique unique — fût-elle parfaite dans sa forme —
6364 erposant à l’État individuel, sans une fédération de tous les États où chacun d’entre eux serait le garant de la constitut
6365 les États où chacun d’entre eux serait le garant de la constitution de l’autre. Cependant, d’une part, cette garantie gén
6366 n d’entre eux serait le garant de la constitution de l’autre. Cependant, d’une part, cette garantie générale et mutuelle n
6367 possible que si les États acceptent les principes d’ un véritable ordre judiciaire, de sorte que chaque État ait intérêt à
6368 Je forme des vœux pour la réconciliation complète de tous les peuples européens et veux croire qu’ils adopteront à nouveau
6369 ur la réconciliation complète de tous les peuples européens et veux croire qu’ils adopteront à nouveau une politique commune à l’
6370 te, Schelling en viendra, lui aussi, à n’attendre d’ autre salut pour l’Europe que de la libre coopération de l’État et de
6371 dra, lui aussi, à n’attendre d’autre salut pour l’ Europe que de la libre coopération de l’État et de l’Église, seule base d’un
6372 ssi, à n’attendre d’autre salut pour l’Europe que de la libre coopération de l’État et de l’Église, seule base d’une union
6373 e salut pour l’Europe que de la libre coopération de l’État et de l’Église, seule base d’une union durable des peuples :
6374 l’Europe que de la libre coopération de l’État et de l’Église, seule base d’une union durable des peuples : L’étude de l’
6375 coopération de l’État et de l’Église, seule base d’ une union durable des peuples : L’étude de l’histoire moderne qui déb
6376 e base d’une union durable des peuples : L’étude de l’histoire moderne qui débute, au fond, avec l’apparition du christia
6377 e, au fond, avec l’apparition du christianisme en Europe fait ressortir deux tentatives de l’humanité dans sa quête de l’unité
6378 tianisme en Europe fait ressortir deux tentatives de l’humanité dans sa quête de l’unité. La première qui visait la créati
6379 ortir deux tentatives de l’humanité dans sa quête de l’unité. La première qui visait la création d’une unité spirituelle a
6380 te de l’unité. La première qui visait la création d’ une unité spirituelle au sein de l’Église était vouée à l’échec, car e
6381 e l’État. L’erreur que commit l’Église à l’époque de la hiérarchie ecclésiastique ne fut pas d’intervenir dans le domaine
6382 époque de la hiérarchie ecclésiastique ne fut pas d’ intervenir dans le domaine de l’État mais au contraire, de laisser cel
6383 siastique ne fut pas d’intervenir dans le domaine de l’État mais au contraire, de laisser celui-ci s’immiscer dans le sien
6384 enir dans le domaine de l’État mais au contraire, de laisser celui-ci s’immiscer dans le sien propre. Au lieu de se garder
6385 er dans le sien propre. Au lieu de se garder pure de tout élément extérieur, elle se livra à l’État en épousant certaines
6386 eur, elle se livra à l’État en épousant certaines de ses formes. La violence extérieure ne pourra jamais servir la cause d
6387 a cause du vrai et du divin, et l’Église s’écarta de sa vraie vocation dès qu’elle commença à persécuter les hérétiques. L
6388 ença à persécuter les hérétiques. L’État a acquis de l’importance au moment du renversement de la hiérarchie ecclésiastiqu
6389 acquis de l’importance au moment du renversement de la hiérarchie ecclésiastique, et il est évident que le joug des tyran
6390 la mesure même où ils croyaient pouvoir se passer de l’unité spirituelle. Il est certain en tout cas que, quel que puisse
6391 vraie unité ne peut être réalisée que par la voie de la religion. Il ne s’agit pas là de la domination de l’Église par l’É
6392 e par la voie de la religion. Il ne s’agit pas là de la domination de l’Église par l’État ou vice versa, mais de la nécess
6393 la religion. Il ne s’agit pas là de la domination de l’Église par l’État ou vice versa, mais de la nécessité ou se trouve
6394 nation de l’Église par l’État ou vice versa, mais de la nécessité ou se trouve l’État lui-même de développer les principes
6395 mais de la nécessité ou se trouve l’État lui-même de développer les principes religieux de façon que l’union de tous les p
6396 at lui-même de développer les principes religieux de façon que l’union de tous les peuples puisse se fonder sur la communa
6397 pper les principes religieux de façon que l’union de tous les peuples puisse se fonder sur la communauté des convictions r
6398 te époque, l’un des seuls équivalents des auteurs de grands systèmes historico-philosophiques que nous venons de citer. Ma
6399 que nous venons de citer. Mais il ne se rattache de près ni de loin à aucun d’eux. Disciple préféré de Saint-Simon, auprè
6400 enons de citer. Mais il ne se rattache de près ni de loin à aucun d’eux. Disciple préféré de Saint-Simon, auprès duquel il
6401 Mais il ne se rattache de près ni de loin à aucun d’ eux. Disciple préféré de Saint-Simon, auprès duquel il a remplacé Augu
6402 e près ni de loin à aucun d’eux. Disciple préféré de Saint-Simon, auprès duquel il a remplacé Augustin Thierry dans le rôl
6403 uquel il a remplacé Augustin Thierry dans le rôle de « fils adoptif », il fonde à son tour une secte, la religion positivi
6404 ciologie moderne. Comme tous les saint-simoniens ( d’ Eichthal, Pierre Leroux, Feugueray, Considérant, Pecqueur, Littré et t
6405 , Pecqueur, Littré et tant d’autres, tous auteurs de traités sur l’unité européenne), Auguste Comte est un défenseur conva
6406 ant d’autres, tous auteurs de traités sur l’unité européenne ), Auguste Comte est un défenseur convaincu, quasi mystique, de l’euro
6407 Comte est un défenseur convaincu, quasi mystique, de l’européocentrisme, du rôle privilégié et redoutable que l’Europe doi
6408 centrisme, du rôle privilégié et redoutable que l’ Europe doit jouer pour toute l’humanité, avec laquelle, d’ailleurs, elle fin
6409 l’unir, après s’être elle-même unifiée. Le titre d’ une de ses publications donnera une idée de l’espèce de délire rationn
6410 r, après s’être elle-même unifiée. Le titre d’une de ses publications donnera une idée de l’espèce de délire rationnel (et
6411 titre d’une de ses publications donnera une idée de l’espèce de délire rationnel (et romantique à sa façon, quoiqu’il se
6412 de ses publications donnera une idée de l’espèce de délire rationnel (et romantique à sa façon, quoiqu’il se dise « posit
6413 tif ») dans lequel se meut généralement la pensée européenne des saint-simoniens, et celle de Comte en particulier : Calendrier p
6414 a pensée européenne des saint-simoniens, et celle de Comte en particulier : Calendrier positiviste ou système général de
6415 lier : Calendrier positiviste ou système général de commémoration publique, destiné surtout à la transition finale de la
6416 publique, destiné surtout à la transition finale de la grande République occidentale, formée des cinq populations avancée
6417 50. Cependant, dans son œuvre capitale, le Cours de philosophie positive 190 Comte entend donner une solide base critique
6418 le », la plus achevée que l’on puisse trouver : l’ Europe . Il se propose donc de … considérer exclusivement le développement e
6419 ’on puisse trouver : l’Europe. Il se propose donc de … considérer exclusivement le développement effectif des populations
6420 ionnelle digression sur les divers autres centres de civilisation indépendante, dont l’évolution a été, par des causes que
6421 plus imparfait ; à moins que l’examen comparatif de ces séries accessoires ne puisse utilement éclairer le sujet principa
6422 jet principal, comme je l’ai expliqué en traitant de la méthode sociologique. Notre exploration historique devra donc être
6423 que uniquement réduite à l’élite ou l’avant-garde de l’humanité, comprenant la majeure partie de la race blanche ou des na
6424 garde de l’humanité, comprenant la majeure partie de la race blanche ou des nations européennes, en nous bornant même, pou
6425 majeure partie de la race blanche ou des nations européennes , en nous bornant même, pour plus de précision, surtout dans les temps
6426 ions européennes, en nous bornant même, pour plus de précision, surtout dans les temps modernes, aux peuples de l’Europe o
6427 ion, surtout dans les temps modernes, aux peuples de l’Europe occidentale. … On ne peut certainement espérer de reconnaîtr
6428 surtout dans les temps modernes, aux peuples de l’ Europe occidentale. … On ne peut certainement espérer de reconnaître d’abord
6429 pe occidentale. … On ne peut certainement espérer de reconnaître d’abord la véritable marche fondamentale des sociétés hum
6430 iétés humaines que par la considération exclusive de l’évolution la plus complète et la mieux caractérisée, à l’éclairciss
6431 ète et la mieux caractérisée, à l’éclaircissement de laquelle doivent être constamment subordonnées toutes les observation
6432 ifestation, il deviendra possible, et même utile, de procéder à l’explication rationnelle des modifications plus ou moins
6433 ers titres, sont restées plus ou moins en arrière d’ un tel type de développement. Jusqu’alors, ce puéril et inopportun éta
6434 nt restées plus ou moins en arrière d’un tel type de développement. Jusqu’alors, ce puéril et inopportun étalage d’une éru
6435 ent. Jusqu’alors, ce puéril et inopportun étalage d’ une érudition stérile et mal dirigée, qui tend aujourd’hui à entraver
6436 dirigée, qui tend aujourd’hui à entraver l’étude de notre évolution sociale par le vicieux mélange de l’histoire des popu
6437 de notre évolution sociale par le vicieux mélange de l’histoire des populations qui, telles que celles de l’Inde, de la Ch
6438 l’histoire des populations qui, telles que celles de l’Inde, de la Chine, etc., n’ont pu exercer sur notre passé aucune vé
6439 des populations qui, telles que celles de l’Inde, de la Chine, etc., n’ont pu exercer sur notre passé aucune véritable inf
6440 e hautement signalé comme une source inextricable de confusion radicale dans la recherche des lois réelles de la sociabili
6441 usion radicale dans la recherche des lois réelles de la sociabilité humaine, dont la marche fondamentale et toutes les mod
6442 dé sans doute par le principe purement littéraire de l’unité de composition, me paraît avoir d’avance senti instinctivemen
6443 te par le principe purement littéraire de l’unité de composition, me paraît avoir d’avance senti instinctivement les condi
6444 éraire de l’unité de composition, me paraît avoir d’ avance senti instinctivement les conditions logiques imposées par la n
6445 rit son appréciation historique à l’unique examen d’ une série homogène et continue, et néanmoins justement qualifiée d’uni
6446 ène et continue, et néanmoins justement qualifiée d’ universelle ; restriction éminemment judicieuse, qui lui a été si étra
6447 , qui lui a été si étrangement reprochée par tant d’ esprits antiphilosophiques, et vers laquelle nous ramène aujourd’hui e
6448 aujourd’hui essentiellement l’analyse approfondie de la marche intellectuelle propre à de telles études. Voilà pourquoi A
6449 approfondie de la marche intellectuelle propre à de telles études. Voilà pourquoi Auguste Comte bornera son étude à « l’
6450 omte bornera son étude à « l’explication spéciale de l’agent et du théâtre de l’évolution sociale la plus complète », à l’
6451 « l’explication spéciale de l’agent et du théâtre de l’évolution sociale la plus complète », à l’Europe. Et il exposera da
6452 re de l’évolution sociale la plus complète », à l’ Europe . Et il exposera dans les volumes qui suivent les raisons pour lesquel
6453 aisons pour lesquelles « la race blanche possède, d’ une manière si prononcée, le privilège effectif du principal développe
6454 principal développement social », tandis que « l’ Europe a été le lien essentiel de cette civilisation prépondérante ». 184.
6455  », tandis que « l’Europe a été le lien essentiel de cette civilisation prépondérante ». 184. Europa, Frankfurt a. Main
6456 el de cette civilisation prépondérante ». 184. Europa , Frankfurt a. Main, 1803-1805, p. 38 et 39. 185. Cf. p. 224. 186.
6457 p. 38 et 39. 185. Cf. p. 224. 186. Philosophie de l’Histoire, professée en dix-huit leçons publiques à Vienne, par F. d
6458 187. G. W. F. Hegel : Leçons sur la philosophie de l’histoire. Traduction par J. Gibelin, Éd. H. Vrin, Paris, 1946. 188
6459 tuttgarter Privatvorlesungen), 1810. 190. Cours de Philosophie Positive, 1830-42, tome V, Paris, 1894.
20 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Cinquième Partie. L’Ère des nations, (de 1848 à 1914) — 1. De l’harmonie entre les nations libérées à l’anarchie des États souverains
6460 1842), écrivait dans un ouvrage sur L’État actuel de l’Humanité les phrases suivantes, qu’on croirait d’aujourd’hui, et qu
6461 l’Humanité les phrases suivantes, qu’on croirait d’ aujourd’hui, et qui étaient vraies déjà en tant que diagnostic, bien q
6462 stic, bien que l’Histoire n’ait guère tenu compte de leur pronostic pendant le siècle qui suivit : Il ne s’agit plus aujo
6463 vit : Il ne s’agit plus aujourd’hui en politique de la balance de l’Europe, mais de l’avenir de l’humanité. Les guerres c
6464 ’agit plus aujourd’hui en politique de la balance de l’Europe, mais de l’avenir de l’humanité. Les guerres civiles de l’Eu
6465 plus aujourd’hui en politique de la balance de l’ Europe , mais de l’avenir de l’humanité. Les guerres civiles de l’Europe sont
6466 ’hui en politique de la balance de l’Europe, mais de l’avenir de l’humanité. Les guerres civiles de l’Europe sont finies,
6467 tique de la balance de l’Europe, mais de l’avenir de l’humanité. Les guerres civiles de l’Europe sont finies, la rivalité
6468 is de l’avenir de l’humanité. Les guerres civiles de l’Europe sont finies, la rivalité des peuples qui la composent va s’é
6469 l’avenir de l’humanité. Les guerres civiles de l’ Europe sont finies, la rivalité des peuples qui la composent va s’éloignant,
6470 s’éloignant, comme s’éteignit, sous la domination d’ Alexandre, la rivalité des cités grecques… et de même, l’Europe commen
6471 re, la rivalité des cités grecques… et de même, l’ Europe commence à n’être plus qu’une nation depuis qu’il y a une Amérique, u
6472 il y a une Amérique, une Asie, une Afrique. C’est de l’unité de l’Europe contre ces masses et de la balance de ces masses
6473 Amérique, une Asie, une Afrique. C’est de l’unité de l’Europe contre ces masses et de la balance de ces masses entre elles
6474 que, une Asie, une Afrique. C’est de l’unité de l’ Europe contre ces masses et de la balance de ces masses entre elles, que l’h
6475 C’est de l’unité de l’Europe contre ces masses et de la balance de ces masses entre elles, que l’homme doit à présent s’oc
6476 té de l’Europe contre ces masses et de la balance de ces masses entre elles, que l’homme doit à présent s’occuper.191 Jo
6477 te sa vocation propre dans l’Histoire du monde. L’ Europe représentait pour lui l’avant-garde de l’humanité, en tant que civili
6478 nde. L’Europe représentait pour lui l’avant-garde de l’humanité, en tant que civilisation ; la France, l’avant-garde de l’
6479 tant que civilisation ; la France, l’avant-garde de l’Europe en tant que nation. Quant aux intérêts des individus dans ch
6480 que civilisation ; la France, l’avant-garde de l’ Europe en tant que nation. Quant aux intérêts des individus dans chaque nati
6481 ivilisation, et des civilisations dans l’ensemble de l’humanité, ils ne pouvaient finalement que converger au sein d’une a
6482 e, nous avons du Hegel. Pourquoi ce beau système d’ évolution globale vers l’harmonie de l’un et de divers a-t-il été brut
6483 beau système d’évolution globale vers l’harmonie de l’un et de divers a-t-il été brutalement démenti au terme même du pro
6484 me d’évolution globale vers l’harmonie de l’un et de divers a-t-il été brutalement démenti au terme même du processus d’ép
6485 té brutalement démenti au terme même du processus d’ épanouissement des grandes nations, qui était censé produire la paix,
6486 t la formation des « nationalités », comme autant d’ étapes nécessaires d’une dialectique de l’Esprit, s’est trouvé déchaîn
6487 nationalités », comme autant d’étapes nécessaires d’ une dialectique de l’Esprit, s’est trouvé déchaîner en fait des passio
6488 mme autant d’étapes nécessaires d’une dialectique de l’Esprit, s’est trouvé déchaîner en fait des passions que l’esprit ne
6489 exploiter et bientôt nationaliser au sens actuel de l’expression. De ce tragique malentendu, les poètes de la génération
6490 ntôt nationaliser au sens actuel de l’expression. De ce tragique malentendu, les poètes de la génération de 1848 furent le
6491 expression. De ce tragique malentendu, les poètes de la génération de 1848 furent les premières victimes, enthousiastes et
6492 tragique malentendu, les poètes de la génération de 1848 furent les premières victimes, enthousiastes et bernées. Ils cro
6493 gale liberté. Ils s’inspirent tous du messianisme de la Révolution française : libérer sa propre nation du joug des tyrans
6494 s tyrans intérieurs ou étrangers, c’est libérer l’ Europe et le genre humain… En fait, la liberté de la Nation, une fois acquis
6495 l’Europe et le genre humain… En fait, la liberté de la Nation, une fois acquise, ne sera rien que la souveraineté de l’Ét
6496 ne fois acquise, ne sera rien que la souveraineté de l’État qui s’en prévaudra. Et l’anarchie des souverainetés divinisées
6497 rande Dialectique idéaliste prévoyait l’avènement de la paix. Inaugurée par le traumatisme de la Révolution, imposée à tou
6498 vènement de la paix. Inaugurée par le traumatisme de la Révolution, imposée à toute l’Europe par les armées de Napoléon, l
6499 e traumatisme de la Révolution, imposée à toute l’ Europe par les armées de Napoléon, l’ère des Nations a succédé à l’ère du co
6500 volution, imposée à toute l’Europe par les armées de Napoléon, l’ère des Nations a succédé à l’ère du cosmopolitisme des É
6501 a trouver grâce aux poètes nationaux et militants de 1848 ses traductions lyriques et populaires, en termes de liberté et
6502 s lyriques et populaires, en termes de liberté et de patriotisme. La « Sainte-Alliance des Peuples » va proclamer son utop
6503 able face à la politique courte mais « positive » de la Sainte-Alliance des rois. Puis les derniers saint-simoniens, les f
6504 iéristes, un agitateur italien, Mazzini, un poète de génie, Hugo, et un idéologue socialiste, Proudhon, essaieront de comb
6505 et un idéologue socialiste, Proudhon, essaieront de combler le vide laissé par le grand mythe du Saint-Empire, en proclam
6506 es « États-Unis d’Europe », substitut démocratisé de l’instance supérieure aux Nations. Hélas ! l’histoire réelle se passe
6507 -Simon aboutit entre autres au percement du canal de Suez, dont aussitôt la politique des États, après s’y être opposée, s
6508 ire des Quarante-huitards échoue dans les manuels d’ écoles primaires, et s’y dénature en nationalisme, culte laïque de l’É
6509 es, et s’y dénature en nationalisme, culte laïque de l’État. Le mouvement Jeune Europe, qui voulait utiliser les passions
6510 lisme, culte laïque de l’État. Le mouvement Jeune Europe , qui voulait utiliser les passions nationales au service de l’idée fé
6511 ulait utiliser les passions nationales au service de l’idée fédéraliste, voit l’inverse se réaliser. Jamais les idéaux n’o
6512 mieux démentis par les faits, ni mieux détournés de leurs buts. Jamais l’Europe qui crée par la révolution industrielle l
6513 faits, ni mieux détournés de leurs buts. Jamais l’ Europe qui crée par la révolution industrielle les moyens d’unifier l’humani
6514 ui crée par la révolution industrielle les moyens d’ unifier l’humanité, et qui en attendant, achève de la subjuguer par le
6515 d’unifier l’humanité, et qui en attendant, achève de la subjuguer par les armes, ne s’est montrée à la fois moins humanita
6516 e fait par les États et dans leur cadre au profit de leurs intérêts immédiats, mal calculés, et au détriment de cet équili
6517 les données. Et c’est pourquoi les grands esprits de la fin du xixe siècle, enregistrant cette dissolution de l’idéal eur
6518 n du xixe siècle, enregistrant cette dissolution de l’idéal européen, de Ranke à Renan et de Nietzsche à Sorel, aboutiron
6519 siècle, enregistrant cette dissolution de l’idéal européen , de Ranke à Renan et de Nietzsche à Sorel, aboutiront à une série de
6520 registrant cette dissolution de l’idéal européen, de Ranke à Renan et de Nietzsche à Sorel, aboutiront à une série de prop
6521 solution de l’idéal européen, de Ranke à Renan et de Nietzsche à Sorel, aboutiront à une série de prophéties uniformément
6522 n et de Nietzsche à Sorel, aboutiront à une série de prophéties uniformément pessimistes, quant à l’avenir de notre civili
6523 héties uniformément pessimistes, quant à l’avenir de notre civilisation. Voici les textes qui jalonnent, de Heine à George
6524 tre civilisation. Voici les textes qui jalonnent, de Heine à Georges Sorel, cette double évolution des idées et des faits,
6525 914. Citons d’abord une page très caractéristique de la révolution qui s’est opérée dans tous nos pays, entre 1789 et 1848
6526 tre 1789 et 1848, et qui s’annonçait dans l’œuvre de Herder. L’humanisme nouveau, celui qui inspire les fondateurs de l’in
6527 manisme nouveau, celui qui inspire les fondateurs de l’instruction publique obligatoire, se présente comme anticosmopolite
6528 ntons cette page, fut à la fois le grand pionnier de l’éducation populaire en Europe du Nord et l’initiateur d’un mouvemen
6529 ation populaire en Europe du Nord et l’initiateur d’ un mouvement religieux (dérivé du luthéranisme) qui marqua longuement
6530 ivé du luthéranisme) qui marqua longuement la vie de son pays. Poète, théologien, éducateur, et homme politique au surplus
6531 fois la pensée et l’action, et aussi le sentiment de son époque. Le monde que l’on nomme cultivé est victime d’une grave
6532 que. Le monde que l’on nomme cultivé est victime d’ une grave erreur sur la vie humaine et sur les conditions de son évolu
6533 e erreur sur la vie humaine et sur les conditions de son évolution éclairée, lorsqu’il se met à choyer l’idée que, parce q
6534 que toutes les différences entre les hommes sont de nature purement fortuite étant nées de l’habitude et des circonstance
6535 ommes sont de nature purement fortuite étant nées de l’habitude et des circonstances, en sorte qu’on ferait aussi bien de
6536 s circonstances, en sorte qu’on ferait aussi bien de les tenir toutes pour équivalentes, et que la pure humanité se manife
6537 alentes, et que la pure humanité se manifesterait d’ autant mieux que l’on négligerait davantage toute particularité. On ne
6538 à une autre et où l’on ne peut mener deux chevaux de la même façon, seule une sagesse démente prétendrait que l’on peut tr
6539 prétendrait que l’on peut traiter tous les hommes de la même manière, alors que bien au contraire la diversité est l’un de
6540 ontraire la diversité est l’un des biens suprêmes de la nature humaine… En dépit de cela, le siècle dernier a considéré qu
6541 a, le siècle dernier a considéré que l’excellence de la culture consistait à nier les différences entre Anglais, Français,
6542 en est résulté qu’aussitôt l’on a perdu la notion de ce qui distingue un sage d’un sot, l’intelligence du sentiment, voire
6543 ’on a perdu la notion de ce qui distingue un sage d’ un sot, l’intelligence du sentiment, voire l’homme de la femme. Mais l
6544 n sot, l’intelligence du sentiment, voire l’homme de la femme. Mais la vraie culture doit s’en tenir à ceci : de même que
6545 dont chacun parlait sa propre langue et montrait de nombreux traits qui lui étaient essentiellement propres. D’autant plu
6546 x traits qui lui étaient essentiellement propres. D’ autant plus courageusement un peuple défend ses particularités, d’auta
6547 urageusement un peuple défend ses particularités, d’ autant mieux la vie générale peut se déployer dans toutes les directio
6548 e peut se déployer dans toutes les directions, et d’ autant plus féconde sera l’influence que chacun pourra exercer sur les
6549 l ne faut pas confondre avec la section allemande de la « Jeune Europe » de Mazzini dont nous aurons à reparler. Point de
6550 confondre avec la section allemande de la « Jeune Europe  » de Mazzini dont nous aurons à reparler. Point de pensée européenne
6551 avec la section allemande de la « Jeune Europe » de Mazzini dont nous aurons à reparler. Point de pensée européenne systé
6552 e » de Mazzini dont nous aurons à reparler. Point de pensée européenne systématique, chez Heine, mais une série de « point
6553 zini dont nous aurons à reparler. Point de pensée européenne systématique, chez Heine, mais une série de « pointes » alternées, — 
6554 ropéenne systématique, chez Heine, mais une série de « pointes » alternées, — diastole lyrique, systole sardonique. L’idée
6555 s, — diastole lyrique, systole sardonique. L’idée de l’Europe, omniprésente dans ses œuvres, s’y manifeste par des observa
6556 diastole lyrique, systole sardonique. L’idée de l’ Europe , omniprésente dans ses œuvres, s’y manifeste par des observations, ju
6557 ts et prophéties contradictoires, dont on tentera de communiquer le mouvement par quelques citations fort disparates. Au d
6558 s. Au début, Heine épouse l’idéologie herdérienne d’ une Europe des « nationalités » qu’il considère, un peu à la manière d
6559 début, Heine épouse l’idéologie herdérienne d’une Europe des « nationalités » qu’il considère, un peu à la manière de Fichte,
6560 manière de Fichte, comme une étape indispensable de l’évolution historique : Tous les peuples de l’Europe et du monde de
6561 ble de l’évolution historique : Tous les peuples de l’Europe et du monde devront traverser cette agonie, pour que la vie
6562 e l’évolution historique : Tous les peuples de l’ Europe et du monde devront traverser cette agonie, pour que la vie surgisse
6563 traverser cette agonie, pour que la vie surgisse de la mort et pour qu’à la nationalité païenne succède la fraternité chr
6564 cède la fraternité chrétienne.193 Sa conception de l’union des peuples est d’ailleurs très nettement fédéraliste : « har
6565 ître, chaque peuple lui paraissait être une corde de cette harpe géante, montée sur un ton particulier, et il percevait l’
6566 rticulier, et il percevait l’harmonie universelle de leurs sons différents.194 Mais ces élans lyriques ne l’empêchent pa
6567 s ces élans lyriques ne l’empêchent pas longtemps d’ exercer sa lucidité sur l’Europe telle qu’elle est, menacée à la fois
6568 pêchent pas longtemps d’exercer sa lucidité sur l’ Europe telle qu’elle est, menacée à la fois (dirait-on) par son excès de con
6569 est, menacée à la fois (dirait-on) par son excès de conscience et par son manque de vigilance, tantôt vieillard et tantôt
6570 on) par son excès de conscience et par son manque de vigilance, tantôt vieillard et tantôt vierge folle : Cette spiritual
6571 qui se manifeste actuellement dans la littérature européenne , est peut-être le symptôme d’une proche agonie ; de même certains hom
6572 littérature européenne, est peut-être le symptôme d’ une proche agonie ; de même certains hommes deviennent voyants sur leu
6573 e certains hommes deviennent voyants sur leur lit de mort et, de leurs lèvres livides, laissent échapper des secrets de l’
6574 ommes deviennent voyants sur leur lit de mort et, de leurs lèvres livides, laissent échapper des secrets de l’au-delà. Ou
6575 urs lèvres livides, laissent échapper des secrets de l’au-delà. Ou faut-il penser que la vieille Europe est en train de ra
6576 ts de l’au-delà. Ou faut-il penser que la vieille Europe est en train de rajeunir et que cette spiritualité crépusculaire dont
6577 ition du mourant, mais l’inquiétant pressentiment d’ une renaissance, le souffle spirituel d’un nouveau printemps ?195 Que
6578 sentiment d’une renaissance, le souffle spirituel d’ un nouveau printemps ?195 Quel que soit le comportement de la vierge
6579 eau printemps ?195 Quel que soit le comportement de la vierge Europe — elle peut veiller avec sagesse près de sa lampe ou
6580  ?195 Quel que soit le comportement de la vierge Europe — elle peut veiller avec sagesse près de sa lampe ou, demoiselle fort
6581 s’endormir à côté de la lampe éteinte — nul jour de joie ne l’attend.196 Dans le poème intitulé Germania, Heine a ce no
6582 e poème intitulé Germania, Heine a ce nouvel élan d’ espoir : La vierge Europe est fiancée au beau génie de la Liberté : i
6583 nia, Heine a ce nouvel élan d’espoir : La vierge Europe est fiancée au beau génie de la Liberté : ils tendent amoureusement l
6584 oir : La vierge Europe est fiancée au beau génie de la Liberté : ils tendent amoureusement les bras pour un premier baise
6585 allemands. Elle a pour axe, ici et là, la passion d’ une liberté conçue tantôt comme celle du groupe populaire, de la « nat
6586 té conçue tantôt comme celle du groupe populaire, de la « nationalité » secouant le joug de tous les despotismes, politiqu
6587 populaire, de la « nationalité » secouant le joug de tous les despotismes, politiques ou spirituels, tantôt comme l’embras
6588 qués par Schiller. Quand Heine fait sienne l’idée de nation, c’est dans le sens mazzinien d’une « Internationale des natio
6589 ne l’idée de nation, c’est dans le sens mazzinien d’ une « Internationale des nationalistes » : c’est donc pour préserver l
6590 les diversités, contre les « terribles niveleurs de l’Europe » (« die furchtbarsten Nivelleurs Europas ») que sont les un
6591 diversités, contre les « terribles niveleurs de l’ Europe  » (« die furchtbarsten Nivelleurs Europas ») que sont les unitaires à
6592 Richelieu ou à la Robespierre, ou les « empereurs de la finance » à la Rothschild. Ce nivellement mortel, qui rendrait not
6593 rait notre monde invivable, serait l’issue fatale d’ une grande guerre franco-allemande, déclenchée par les idées révolutio
6594 emande, déclenchée par les idées révolutionnaires de Paris : Quel serait l’aboutissement de ce mouvement, dont Paris, com
6595 ionnaires de Paris : Quel serait l’aboutissement de ce mouvement, dont Paris, comme toujours, aurait donné le signal ? Ce
6596 erait la guerre, la plus épouvantable des guerres d’ anéantissement, qui enverrait dans l’arène les deux plus nobles peuple
6597 verrait dans l’arène les deux plus nobles peuples de la civilisation, causant leur perte à tous les deux ; je veux parler
6598 usant leur perte à tous les deux ; je veux parler de la France et de l’Allemagne… Le deuxième acte sera certainement la ré
6599 à tous les deux ; je veux parler de la France et de l’Allemagne… Le deuxième acte sera certainement la révolution europée
6600 Le deuxième acte sera certainement la révolution européenne , mondiale même, le duel implacable entre les prolétaires et l’aristoc
6601 mplacable entre les prolétaires et l’aristocratie de la propriété ; il ne sera alors question ni de nationalité ni de reli
6602 ie de la propriété ; il ne sera alors question ni de nationalité ni de religion ; il n’y aura qu’une seule patrie, la terr
6603  ; il ne sera alors question ni de nationalité ni de religion ; il n’y aura qu’une seule patrie, la terre, et qu’une seule
6604 pense qu’à la fin on écrasera la tête du serpent de mer et qu’on écorchera l’ours du Nord. Il n’y aura plus alors qu’un s
6605 ucoup de coups. Je conseille à nos petits-enfants de venir au monde avec la peau du dos fort épaisse.197 Cette curieuse
6606 ion ! En voici une autre version, dans une lettre de Heine écrite deux ans plus tôt. Ce qu’a dit Napoléon à Sainte-Hélène
6607 rageante prophétie !… Ce rêve n’est pas une bulle de savon qu’un souffle anéantit, mais en lui nous épie une possibilité t
6608 e possibilité terrible, pétrifiante comme la tête de Méduse. Quelle perspective ! Dans le meilleur des cas, mourir d’ennui
6609 le perspective ! Dans le meilleur des cas, mourir d’ ennui en tant que Républicain ! Pauvres petits-neveux !198 On sait qu
6610 veux !198 On sait quelle émotion provoquèrent en Europe l’écrasement par les Russes des révoltes hongroises et polonaises de
6611 les Russes des révoltes hongroises et polonaises de 1848. Ce fut l’équivalent de 1956, à tous égards, y compris la paraly
6612 roises et polonaises de 1848. Ce fut l’équivalent de 1956, à tous égards, y compris la paralysie politique de nos États, d
6613 , à tous égards, y compris la paralysie politique de nos États, demeurés pratiquement insensibles au soulèvement de l’opin
6614 demeurés pratiquement insensibles au soulèvement de l’opinion unanime. Voici deux textes brefs comme deux cris, échappés
6615 ux textes brefs comme deux cris, échappés au chef de la révolte hongroise, Lajos Kossuth (1802-1894), qui put émigrer en E
6616 se, Lajos Kossuth (1802-1894), qui put émigrer en Europe , et au poète-soldat Alexandre Petofi (1823-1849), aide de camp du gén
6617 et à la civilisation, que l’immense intérêt que l’ Europe porte à sa vigoureuse existence, tout atteste qu’elle fut, tout exige
6618 lui cette qualité, et elle n’est plus rien pour l’ Europe , si peu que rien même ; car elle ne peut devenir que l’avant-garde de
6619 même ; car elle ne peut devenir que l’avant-garde de la monarchie universelle de la Russie.199 Et Petöfi, dans son poème
6620 nir que l’avant-garde de la monarchie universelle de la Russie.199 Et Petöfi, dans son poème de 1848 intitulé Silence de
6621 elle de la Russie.199 Et Petöfi, dans son poème de 1848 intitulé Silence de l’Europe : L’Europe se tait… Honte à cette
6622 t Petöfi, dans son poème de 1848 intitulé Silence de l’Europe : L’Europe se tait… Honte à cette Europe silencieuse Et qui
6623 öfi, dans son poème de 1848 intitulé Silence de l’ Europe  : L’Europe se tait… Honte à cette Europe silencieuse Et qui n’a pas
6624 n poème de 1848 intitulé Silence de l’Europe : L’ Europe se tait… Honte à cette Europe silencieuse Et qui n’a pas conquis sa l
6625 ce de l’Europe : L’Europe se tait… Honte à cette Europe silencieuse Et qui n’a pas conquis sa liberté ! Lâches, les peuples t
6626 1798-1855) il élève la plainte séculaire des pays de l’Est européen périodiquement « libérés » par les Russes. Voici quelq
6627 ) il élève la plainte séculaire des pays de l’Est européen périodiquement « libérés » par les Russes. Voici quelques strophes de
6628 libérés » par les Russes. Voici quelques strophes de son grand poème intitulé Le Livre des Pèlerins 200 : Lorsque la Libe
6629 e criai vers toi, nation, afin d’avoir un morceau de fer pour défense et une poignée de poudre, et toi tu m’as donné un ar
6630 oir un morceau de fer pour défense et une poignée de poudre, et toi tu m’as donné un article de gazette. Mais cette nation
6631 oignée de poudre, et toi tu m’as donné un article de gazette. Mais cette nation répondra : Quand m’avez-vous appelée ? Et
6632 t la Liberté répondra : J’ai appelé par la bouche de ces pèlerins, et tu ne m’as pas écoutée ; va donc en servitude, là où
6633 sère, et je t’ai demandé, ô nation, la protection de tes lois et des secours, et toi tu m’as jeté des ordonnances. Et la n
6634 berté répondra : Je suis venue à toi sous l’habit de ces pèlerins, et tu m’as méprisée ; va donc dans la servitude là où i
6635 re pèlerinage sera pour les Puissances une pierre d’ achoppement. Les Puissances ont rejeté votre pierre de l’édifice europ
6636 hoppement. Les Puissances ont rejeté votre pierre de l’édifice européen, et voici que cette pierre deviendra la pierre ang
6637 s Puissances ont rejeté votre pierre de l’édifice européen , et voici que cette pierre deviendra la pierre angulaire et la clef d
6638 e pierre deviendra la pierre angulaire et la clef de voûte de l’édifice futur ; et celui sur qui elle tombera, elle l’écra
6639 deviendra la pierre angulaire et la clef de voûte de l’édifice futur ; et celui sur qui elle tombera, elle l’écrasera et c
6640 se relèvera point. Et du grand édifice politique européen il ne restera pas pierre sur pierre. […] Et vous crierez au despotism
6641 econnaîtra plus. « Aujourd’hui, l’Occident meurt de ses doctrines ! » s’écriait le Polonais, désespérant pour sa patrie.
6642 sa patrie. Les Italiens, qui se sentent au seuil de leur indépendance, prennent une vue beaucoup moins pessimiste de l’Eu
6643 dance, prennent une vue beaucoup moins pessimiste de l’Europe. Ainsi Vincenzo Gioberti (1801-1852). Philosophe et théologi
6644 , prennent une vue beaucoup moins pessimiste de l’ Europe . Ainsi Vincenzo Gioberti (1801-1852). Philosophe et théologien, homme
6645 que, qui fut mêlé aux conspirations républicaines de 1833, exilé à Paris et Bruxelles, puis réhabilité par le Piémont dont
6646 e, Gioberti fut un néo-guelfe. Il voulait l’union de l’Italie et il voulait aussi l’union de l’Europe : l’une étant condit
6647 t l’union de l’Italie et il voulait aussi l’union de l’Europe : l’une étant condition de l’autre. À ses yeux, l’Italie (« 
6648 nion de l’Italie et il voulait aussi l’union de l’ Europe  : l’une étant condition de l’autre. À ses yeux, l’Italie (« cet Orien
6649 aussi l’union de l’Europe : l’une étant condition de l’autre. À ses yeux, l’Italie (« cet Orient de l’Occident ») devait j
6650 on de l’autre. À ses yeux, l’Italie (« cet Orient de l’Occident ») devait jouer pour l’Europe le rôle de nation-guide, sou
6651 « cet Orient de l’Occident ») devait jouer pour l’ Europe le rôle de nation-guide, sous la haute direction du pape, Rome devena
6652 l’Occident ») devait jouer pour l’Europe le rôle de nation-guide, sous la haute direction du pape, Rome devenant la métro
6653 ute direction du pape, Rome devenant la métropole d’ un monde au sein duquel toutes les « nationalités » politiques et spir
6654 rdant leur diversité, entreraient dans un rapport d’ union « dialectique » : « La dictature du Pontife, chargé de la direct
6655 dialectique » : « La dictature du Pontife, chargé de la direction politique de l’Italie et de l’organisation de l’Europe,
6656 ture du Pontife, chargé de la direction politique de l’Italie et de l’organisation de l’Europe, avait pour but d’instituer
6657 , chargé de la direction politique de l’Italie et de l’organisation de l’Europe, avait pour but d’instituer les différente
6658 ection politique de l’Italie et de l’organisation de l’Europe, avait pour but d’instituer les différentes chrétientés nati
6659 n politique de l’Italie et de l’organisation de l’ Europe , avait pour but d’instituer les différentes chrétientés nationales »,
6660 et de l’organisation de l’Europe, avait pour but d’ instituer les différentes chrétientés nationales », écrivait-il en 184
6661 -il en 1843, dans un ouvrage publié à Bruxelles : De la primauté morale et civile des Italiens, que l’on appelle en Italie
6662 il donnait la formule du passage « dialectique » de la cité à la nation, puis à l’Europe et au monde : Le Christ, en fix
6663 « dialectique » de la cité à la nation, puis à l’ Europe et au monde : Le Christ, en fixant à la civilisation l’ultime but te
6664 n fixant à la civilisation l’ultime but terrestre d’ unifier la grande famille des humains, suggéra l’idée dialectique de n
6665 e famille des humains, suggéra l’idée dialectique de nation, qui est, si l’on peut dire, la cité agrandie et l’humanité en
6666 et l’humanité en petit… Le même concept unitaire de l’Europe, sorte de confédération amphictionique des nations chrétienn
6667 ’humanité en petit… Le même concept unitaire de l’ Europe , sorte de confédération amphictionique des nations chrétiennes et der
6668 etit… Le même concept unitaire de l’Europe, sorte de confédération amphictionique des nations chrétiennes et dernière étap
6669 ionique des nations chrétiennes et dernière étape de ce processus d’unification qui tend à embrasser tout le genre humain,
6670 ons chrétiennes et dernière étape de ce processus d’ unification qui tend à embrasser tout le genre humain, n’eut pas d’aut
6671 tend à embrasser tout le genre humain, n’eut pas d’ autre origine. Et il ajoutait dans Rinnovamento : Tout peuple divisé
6672 ême, toute nation qui bat le rappel se réfère à l’ Europe . Au reste, il donnait de l’Europe la définition classique formulée d
6673 appel se réfère à l’Europe. Au reste, il donnait de l’Europe la définition classique formulée d’abord par les Grecs, véri
6674 se réfère à l’Europe. Au reste, il donnait de l’ Europe la définition classique formulée d’abord par les Grecs, véritables an
6675 rd par les Grecs, véritables ancêtres, selon lui, de notre « idée européenne » : L’Europe est la première partie du monde
6676 , véritables ancêtres, selon lui, de notre « idée européenne  » : L’Europe est la première partie du monde parce que placée, mieux
6677 res, selon lui, de notre « idée européenne » : L’ Europe est la première partie du monde parce que placée, mieux que tout autr
6678 ctique du genre humain aussi bien du point de vue de la situation géographique que de celui du climat ou de la race. Ce fa
6679 du point de vue de la situation géographique que de celui du climat ou de la race. Ce fait apparaît clairement si on cons
6680 situation géographique que de celui du climat ou de la race. Ce fait apparaît clairement si on considère sa structure ent
6681 airement si on considère sa structure entrecoupée de mers et de grands fleuves, ou sa température intermédiaire entre cell
6682 on considère sa structure entrecoupée de mers et de grands fleuves, ou sa température intermédiaire entre celle du Colure
6683 mes latitudes. Ce même fait peut se déduire aussi de la qualité de la race, qui est blanche, japhétique, et qui appartient
6684 Ce même fait peut se déduire aussi de la qualité de la race, qui est blanche, japhétique, et qui appartient à la branche
6685 la branche principale des Indo-pélages ; ou enfin de la religion, qui est le christianisme, père de cette civilisation adu
6686 in de la religion, qui est le christianisme, père de cette civilisation adulte qui marche à grands pas vers la conquête de
6687 n adulte qui marche à grands pas vers la conquête de la paix et la concorde dans le monde. Sa supériorité [de l’Europe] pr
6688 aix et la concorde dans le monde. Sa supériorité [ de l’Europe] provient de la variété et de l’opposition de ses composante
6689 t la concorde dans le monde. Sa supériorité [de l’ Europe ] provient de la variété et de l’opposition de ses composantes, qui so
6690 s le monde. Sa supériorité [de l’Europe] provient de la variété et de l’opposition de ses composantes, qui sont harmonisée
6691 périorité [de l’Europe] provient de la variété et de l’opposition de ses composantes, qui sont harmonisées par l’unité dom
6692 Europe] provient de la variété et de l’opposition de ses composantes, qui sont harmonisées par l’unité dominante de la rac
6693 antes, qui sont harmonisées par l’unité dominante de la race et des rites chrétiens, puisque la valeur de chaque force cré
6694 la race et des rites chrétiens, puisque la valeur de chaque force créée naît du concours de deux moments dialectiques, à s
6695 la valeur de chaque force créée naît du concours de deux moments dialectiques, à savoir de l’opposition des contraires et
6696 u concours de deux moments dialectiques, à savoir de l’opposition des contraires et de leur nature conciliante. L’Europe,
6697 iques, à savoir de l’opposition des contraires et de leur nature conciliante. L’Europe, du point de vue du droit constitut
6698 n des contraires et de leur nature conciliante. L’ Europe , du point de vue du droit constitutionnel, en est au même stade que l
6699 ée ; ce qui revient à dire qu’elle est un composé de plusieurs États qui ont besoin d’une union réciproque (sans perdre po
6700 est un composé de plusieurs États qui ont besoin d’ une union réciproque (sans perdre pour autant leur individualité), mai
6701 , ils sont désunis et opposés par bien des foyers de haine et discorde réciproque.201 La Pologne et la Hongrie sont des
6702 ationale se confonde irrésistiblement avec l’idée de liberté et s’harmonise avec l’idée d’une Europe unie : une nation en
6703 avec l’idée de liberté et s’harmonise avec l’idée d’ une Europe unie : une nation en devenir n’a pas encore d’intérêts « tr
6704 ’idée de liberté et s’harmonise avec l’idée d’une Europe unie : une nation en devenir n’a pas encore d’intérêts « traditionnel
6705 urope unie : une nation en devenir n’a pas encore d’ intérêts « traditionnels » qui l’opposent au plus vaste ensemble. Mais
6706 sent au plus vaste ensemble. Mais qu’en sera-t-il de la France et de l’Espagne, ces aînées, ces modèles de l’État national
6707 te ensemble. Mais qu’en sera-t-il de la France et de l’Espagne, ces aînées, ces modèles de l’État national fortement const
6708 a France et de l’Espagne, ces aînées, ces modèles de l’État national fortement constitué et qui ne veut rien devoir à pers
6709 Les deux cas sont très différents. Car la France de 1848 se considère comme une nation qui vient de renaître, dans une Eu
6710 comme une nation qui vient de renaître, dans une Europe rénovée par les principes mêmes de sa révolution ; tandis que l’Espag
6711 , dans une Europe rénovée par les principes mêmes de sa révolution ; tandis que l’Espagne ne voit dans ces principes étend
6712 l’Espagne ne voit dans ces principes étendus à l’ Europe entière qu’une menace diabolique contre son être même. Illustrons d’a
6713 n être même. Illustrons d’abord la position des «  Européens  » français. Après Jouffroy, philosophe oublié, voici les noms les plu
6714 es et des Méditations, mais l’historien (peu sûr) de la Révolution et l’homme d’État éloquent du gouvernement provisoire d
6715 ’homme d’État éloquent du gouvernement provisoire de 1848, partisan d’un régime « sincèrement progressiste et énergiquemen
6716 uent du gouvernement provisoire de 1848, partisan d’ un régime « sincèrement progressiste et énergiquement conservateur ».
6717 ns tous ses discours, exaltant le rôle libérateur de la France des deux révolutions, il se réfère à l’Europe comme à une v
6718 la France des deux révolutions, il se réfère à l’ Europe comme à une vague et solennelle entité supérieure, au sein de laquell
6719 rêt sérieux incompatible avec les grands intérêts européens , avec lesquels elle a à traiter et à se tenir en harmonie… Nous avons
6720 à se tenir en harmonie… Nous avons donné au monde européen , politique, social, religieux, une secousse telle, qu’il n’y a pas un
6721 gouvernement provisoire établi par la révolution de février 1848, Lamartine adresse aux agents diplomatiques français un
6722 Manifeste aux Puissances 202 destiné à rassurer l’ Europe sur les intentions de la France nouvelle. L’idée de l’harmonie des Na
6723 02 destiné à rassurer l’Europe sur les intentions de la France nouvelle. L’idée de l’harmonie des Nations au bénéfice de l
6724 sur les intentions de la France nouvelle. L’idée de l’harmonie des Nations au bénéfice de l’ensemble européen y revient a
6725 lle. L’idée de l’harmonie des Nations au bénéfice de l’ensemble européen y revient avec insistance : En 1792, les idées d
6726 l’harmonie des Nations au bénéfice de l’ensemble européen y revient avec insistance : En 1792, les idées de la France et de l’
6727 n y revient avec insistance : En 1792, les idées de la France et de l’Europe n’étaient pas préparées à comprendre et à ac
6728 insistance : En 1792, les idées de la France et de l’Europe n’étaient pas préparées à comprendre et à accepter la grande
6729 stance : En 1792, les idées de la France et de l’ Europe n’étaient pas préparées à comprendre et à accepter la grande harmonie
6730 du siècle qui finissait n’était que dans la tête de quelques philosophes. La philosophie est populaire aujourd’hui. Cinqu
6731 ophie est populaire aujourd’hui. Cinquante années de liberté de penser, de parler et d’écrire, ont produit leur résultat.
6732 opulaire aujourd’hui. Cinquante années de liberté de penser, de parler et d’écrire, ont produit leur résultat. Les livres,
6733 jourd’hui. Cinquante années de liberté de penser, de parler et d’écrire, ont produit leur résultat. Les livres, les journa
6734 nquante années de liberté de penser, de parler et d’ écrire, ont produit leur résultat. Les livres, les journaux, les tribu
6735 les journaux, les tribunes ont opéré l’apostolat de l’intelligence européenne. La raison, rayonnant de partout, par-dessu
6736 tribunes ont opéré l’apostolat de l’intelligence européenne . La raison, rayonnant de partout, par-dessus les frontières des peupl
6737 e l’intelligence européenne. La raison, rayonnant de partout, par-dessus les frontières des peuples, a créé entre les espr
6738 nationalité intellectuelle qui sera l’achèvement de la Révolution française et la constitution de la fraternité internati
6739 ent de la Révolution française et la constitution de la fraternité internationale sur le globe… La République exercera, pa
6740 ur le globe… La République exercera, par la lueur de ses idées, par le spectacle d’ordre et de paix qu’elle espère donner
6741 cera, par la lueur de ses idées, par le spectacle d’ ordre et de paix qu’elle espère donner au monde, le seul et honnête pr
6742 a lueur de ses idées, par le spectacle d’ordre et de paix qu’elle espère donner au monde, le seul et honnête prosélytisme,
6743 le seul et honnête prosélytisme, le prosélytisme de l’estime et de la sympathie. Ce n’est point là la guerre, c’est la na
6744 nête prosélytisme, le prosélytisme de l’estime et de la sympathie. Ce n’est point là la guerre, c’est la nature. Ce n’est
6745 e, c’est la nature. Ce n’est point là l’agitation de l’Europe, c’est la vie. Ce n’est point là incendier le monde, c’est b
6746 est la nature. Ce n’est point là l’agitation de l’ Europe , c’est la vie. Ce n’est point là incendier le monde, c’est briller de
6747 n’est point là incendier le monde, c’est briller de sa place sur l’horizon des peuples pour les devancer et les guider à
6748 r à la fois. Dans le même esprit, mais avec plus de profondeur, l’historien Jules Michelet (1798-1874) exaltait « l’intim
6749 qui devait unir toutes les parties constituantes de l’Europe, et tous les patriotismes, si « unique » que chacun d’eux se
6750 devait unir toutes les parties constituantes de l’ Europe , et tous les patriotismes, si « unique » que chacun d’eux se conçût :
6751 t tous les patriotismes, si « unique » que chacun d’ eux se conçût : Ce qu’il y a de moins simple, de moins naturel, de pl
6752 ique » que chacun d’eux se conçût : Ce qu’il y a de moins simple, de moins naturel, de plus artificiel, c’est-à-dire de m
6753 d’eux se conçût : Ce qu’il y a de moins simple, de moins naturel, de plus artificiel, c’est-à-dire de moins fatal, de pl
6754 e moins naturel, de plus artificiel, c’est-à-dire de moins fatal, de plus humain et de plus libre dans le monde, c’est l’E
6755 us humain et de plus libre dans le monde, c’est l’ Europe , de plus Européen, c’est ma patrie, c’est la France.203 Mais c’est
6756 plus libre dans le monde, c’est l’Europe, de plus Européen , c’est ma patrie, c’est la France.203 Mais c’est finalement à Victo
6757 go qu’il appartiendra, bien des années plus tard, d’ opérer la « transfiguration » des idéaux de 1848 en un européisme et e
6758 tard, d’opérer la « transfiguration » des idéaux de 1848 en un européisme et en un mondialisme sublimes, achevant ainsi —
6759 mantisme politique. Parce qu’il n’est pas suspect de nationalisme borné, et parce qu’il fut au xixe siècle, le prophète l
6760 l fut au xixe siècle, le prophète le plus exalté de l’union européenne, ses déclarations réitérées sur l’avenir européen
6761 xe siècle, le prophète le plus exalté de l’union européenne , ses déclarations réitérées sur l’avenir européen de sa patrie illust
6762 ropéenne, ses déclarations réitérées sur l’avenir européen de sa patrie illustrent mieux que toute autre la grandiose ambiguïté
6763 ses déclarations réitérées sur l’avenir européen de sa patrie illustrent mieux que toute autre la grandiose ambiguïté de
6764 rent mieux que toute autre la grandiose ambiguïté de l’idée nationale. Cette généreuse et sincère volonté de se perdre dan
6765 dée nationale. Cette généreuse et sincère volonté de se perdre dans l’universel, de se transfigurer en Europe et en monde
6766 et sincère volonté de se perdre dans l’universel, de se transfigurer en Europe et en monde ne sera-t-elle pas nécessaireme
6767 se perdre dans l’universel, de se transfigurer en Europe et en monde ne sera-t-elle pas nécessairement interprétée par les aut
6768 interprétée par les autres comme un désir secret de gagner tout l’univers au style de vie et de pensée d’une « nation mèr
6769 un désir secret de gagner tout l’univers au style de vie et de pensée d’une « nation mère » ? Parlant des « sauvages » de
6770 ecret de gagner tout l’univers au style de vie et de pensée d’une « nation mère » ? Parlant des « sauvages » de l’empire f
6771 agner tout l’univers au style de vie et de pensée d’ une « nation mère » ? Parlant des « sauvages » de l’empire français qu
6772 d’une « nation mère » ? Parlant des « sauvages » de l’empire français qui viennent contempler à Paris l’exposition univer
6773 nnent contempler à Paris l’exposition universelle de 1867, il a des phrases qui découragent la critique : Ces yeux saturé
6774 s qui découragent la critique : Ces yeux saturés de nuit viennent regarder la vérité… Ils savent qu’il existe un peuple d
6775 rder la vérité… Ils savent qu’il existe un peuple de réconciliation… une nation ouverte, qui appelle chez elle quiconque e
6776 lle chez elle quiconque est frère ou veut l’être. De leur côté, invasion ; du côté de la France, expansion. Sur ce thème
6777 oici quelques pages inspirées : La France a cela d’ admirable qu’elle est destinée à mourir, mais à mourir comme les dieux
6778 ux, par la transfiguration. La France deviendra l’ Europe . Certains peuples finissent par la sublimation comme Hercule ou par l
6779 tre en constellation ; les autres peuples, astres de deuxième grandeur, se groupent autour de lui, et c’est ainsi qu’Athèn
6780 urera et deviendra le monde humain. La révolution de France s’appellera l’évolution des peuples. Pourquoi ? Parce que la F
6781 ce que la France le mérite ; parce qu’elle manque d’ égoïsme, parce qu’elle ne travaille pas pour elle seule, parce qu’elle
6782 pas pour elle seule, parce qu’elle] est créatrice d’ espérances universelles, parce qu’elle représente toute la bonne volon
6783 ulement des sœurs, elle est mère. Cette maternité de la généreuse France éclate dans tous les phénomènes sociaux de ce tem
6784 se France éclate dans tous les phénomènes sociaux de ce temps ; les autres peuples lui font ses malheurs, elle leur fait l
6785 tte nation sera grande, ce qui ne l’empêchera pas d’ être libre. Elle sera illustre, riche, pensante, pacifique, cordiale a
6786 re, riche, pensante, pacifique, cordiale au reste de l’humanité. Elle aura la gravité douce d’une aînée. […] Cette nation
6787 u reste de l’humanité. Elle aura la gravité douce d’ une aînée. […] Cette nation aura pour capitale Paris, et ne s’appeller
6788 s’appellera point la France ; elle s’appellera l’ Europe . Elle s’appellera l’Europe au xxe siècle, et, aux siècles suivants,
6789 e ; elle s’appellera l’Europe. Elle s’appellera l’ Europe au xxe siècle, et, aux siècles suivants, plus transfigurée encore, e
6790 uoi assiste le xixe siècle, c’est à la formation de l’Europe.205 Enfin, dans son discours pour saluer l’Exposition univ
6791 ssiste le xixe siècle, c’est à la formation de l’ Europe .205 Enfin, dans son discours pour saluer l’Exposition universelle d
6792 son discours pour saluer l’Exposition universelle de 1867, à Paris206, Hugo s’élève à des sommets d’éloquence d’où l’on vo
6793 e de 1867, à Paris206, Hugo s’élève à des sommets d’ éloquence d’où l’on voit l’Europe elle-même se fondre dans l’immensité
6794 Paris206, Hugo s’élève à des sommets d’éloquence d’ où l’on voit l’Europe elle-même se fondre dans l’immensité de l’humani
6795 ’élève à des sommets d’éloquence d’où l’on voit l’ Europe elle-même se fondre dans l’immensité de l’humanité la plus moderne. V
6796 oit l’Europe elle-même se fondre dans l’immensité de l’humanité la plus moderne. Voici l’exorde : Que l’Europe soit la bi
6797 humanité la plus moderne. Voici l’exorde : Que l’ Europe soit la bienvenue. Qu’elle entre chez elle. Qu’elle prenne possession
6798 u’elle entre chez elle. Qu’elle prenne possession de ce Paris qui lui appartient, et auquel elle appartient ! Qu’elle ait
6799 qu’elle respire à pleins poumons dans cette ville de tous et pour tous, qui a le privilège de faire des actes européens !
6800 te ville de tous et pour tous, qui a le privilège de faire des actes européens ! c’est d’ici que sont parties toutes les h
6801 pour tous, qui a le privilège de faire des actes européens  ! c’est d’ici que sont parties toutes les hautes impulsions de l’espr
6802 ici que sont parties toutes les hautes impulsions de l’esprit du xixe siècle ; c’est ici que s’est tenu, magnifique spect
6803 ue spectacle contemporain, pendant trente-six ans de liberté, le concile des intelligences ; c’est ici qu’ont été posées,
6804 nt été posées, débattues et résolues dans le sens de la délivrance, toutes les grandes questions de cette époque : droit d
6805 ns de la délivrance, toutes les grandes questions de cette époque : droit de l’individu, base et point de départ du droit
6806 tes les grandes questions de cette époque : droit de l’individu, base et point de départ du droit social, droit du travail
6807 cette époque : droit de l’individu, base et point de départ du droit social, droit du travail, droit de la femme, droit de
6808 e départ du droit social, droit du travail, droit de la femme, droit de l’enfant, abolition de l’ignorance, abolition de l
6809 ocial, droit du travail, droit de la femme, droit de l’enfant, abolition de l’ignorance, abolition de la misère, abolition
6810 , droit de la femme, droit de l’enfant, abolition de l’ignorance, abolition de la misère, abolition du glaive sous toutes
6811 de l’enfant, abolition de l’ignorance, abolition de la misère, abolition du glaive sous toutes ses formes, inviolabilité
6812 n du glaive sous toutes ses formes, inviolabilité de la vue humaine. Comme les glaciers, qui ont on ne sait quelle chastet
6813 ont on ne sait quelle chasteté grandiose, et qui, d’ un mouvement insensible, mais irrésistible et inconnu, rejettent sur l
6814 es immondices, la voirie, les abattoirs, la peine de mort. Et voici la péroraison : Ô France, adieu ! tu es trop grande
6815 op grande pour n’être qu’une patrie. On se sépare de sa mère qui devient déesse. Encore un peu de temps, et tu t’évanouira
6816 auguste à cette heure comme l’effacement visible de ta frontière. Résigne-toi à ton immensité. Adieu Peuple ! Salut Homme
6817 issantes ou rénovées, qui forment presque toute l’ Europe continentale au milieu du xixe siècle, l’Espagne garde une position
6818 elle entend rester ce qu’elle fut, même diminuée de son empire américain, n’espérant rien du Progrès, ni de la Science, n
6819 empire américain, n’espérant rien du Progrès, ni de la Science, ni de la Démocratie sociale, ni du mouvement de l’Histoir
6820 n’espérant rien du Progrès, ni de la Science, ni de la Démocratie sociale, ni du mouvement de l’Histoire, et encore moins
6821 nce, ni de la Démocratie sociale, ni du mouvement de l’Histoire, et encore moins de la Liberté, mais plaçant toute sa foi
6822 e, ni du mouvement de l’Histoire, et encore moins de la Liberté, mais plaçant toute sa foi terrestre et politique dans un
6823 holique restauré. Chez son porte-parole le plus «  européen  », le philosophe et diplomate Donoso Cortès, marquis de Valdegamas (1
6824 ), le nationalisme le plus hautain prend la forme d’ un antijacobinisme et d’un antiromantisme absolus : ce n’est pas une i
6825 us hautain prend la forme d’un antijacobinisme et d’ un antiromantisme absolus : ce n’est pas une idéologie libertaire qui
6826 lent et simpliste que chez Hugo, mais il a changé de signe. Voici, en quelques phrases, tirées de deux lettres à Montalemb
6827 angé de signe. Voici, en quelques phrases, tirées de deux lettres à Montalembert, toute la philosophie de l’Objecteur le p
6828 deux lettres à Montalembert, toute la philosophie de l’Objecteur le plus total aux idéaux politiques de 1848 : Je crois q
6829 e l’Objecteur le plus total aux idéaux politiques de 1848 : Je crois que la civilisation catholique contient le bien sans
6830 lisation catholique contient le bien sans mélange de mal, et que la civilisation philosophique contient le mal sans mélang
6831 sation philosophique contient le mal sans mélange de bien… Si je considère la civilisation catholique dans sa réalité hist
6832 je dirai que ses imperfections venant uniquement de sa combinaison avec la liberté humaine, le véritable progrès aurait c
6833 ne voie différente. En donnant pour mort l’empire de la foi, et en proclamant l’indépendance de la raison et de la volonté
6834 empire de la foi, et en proclamant l’indépendance de la raison et de la volonté de l’homme, elle a rendu absolu, universel
6835 , et en proclamant l’indépendance de la raison et de la volonté de l’homme, elle a rendu absolu, universel et nécessaire l
6836 mant l’indépendance de la raison et de la volonté de l’homme, elle a rendu absolu, universel et nécessaire le mal, qui éta
6837 elatif, exceptionnel et contingent. Cette période de rapide rétrogradation a commencé en Europe avec la restauration du pa
6838 te période de rapide rétrogradation a commencé en Europe avec la restauration du paganisme littéraire, qui a amené successivem
6839 e politique. Aujourd’hui le monde est à la veille de la dernière de ces restaurations : la restauration du paganisme socia
6840 jourd’hui le monde est à la veille de la dernière de ces restaurations : la restauration du paganisme socialiste… L’histoi
6841 ’une consiste à conformer la raison et la volonté de l’homme à l’élément divin, et l’autre à laisser de côté l’élément div
6842 e l’homme à l’élément divin, et l’autre à laisser de côté l’élément divin et à proclamer l’indépendance et la souveraineté
6843 et à proclamer l’indépendance et la souveraineté de l’élément humain… Du reste ce grand retour en arrière était dans la l
6844 continu, la terre aurait fini par être le paradis de l’homme, et Dieu a voulu que la terre fût une vallée de larmes. Dieu
6845 omme, et Dieu a voulu que la terre fût une vallée de larmes. Dieu aurait été socialiste. Alors qu’eût été Proudhon ? Chacu
6846 le rencontrer jamais, un paradis dans une vallée de larmes, et Dieu plaçant cette vallée de larmes entre deux paradis, po
6847 ne vallée de larmes, et Dieu plaçant cette vallée de larmes entre deux paradis, pour que l’homme puisse se trouver toujour
6848 ique hugolienne n’empêche nullement Donoso Cortès de porter sur l’Europe politique des jugements d’une lucidité cruelle. D
6849 n’empêche nullement Donoso Cortès de porter sur l’ Europe politique des jugements d’une lucidité cruelle. Dans son célèbre disc
6850 ès de porter sur l’Europe politique des jugements d’ une lucidité cruelle. Dans son célèbre discours « Sur la situation gén
6851 son célèbre discours « Sur la situation générale de l’Europe » prononcé à la Chambre des Députés d’Espagne le 30 janvier
6852 célèbre discours « Sur la situation générale de l’ Europe  » prononcé à la Chambre des Députés d’Espagne le 30 janvier 1850, il
6853 e de l’Europe » prononcé à la Chambre des Députés d’ Espagne le 30 janvier 1850, il n’annonce pas, comme le fera Hugo, la p
6854 tés qu’il faut redouter et que les meneurs du jeu de l’Histoire laissent monter : La cause de toutes vos erreurs, messieu
6855 du jeu de l’Histoire laissent monter : La cause de toutes vos erreurs, messieurs (l’orateur s’adresse aux bancs de la ga
6856 erreurs, messieurs (l’orateur s’adresse aux bancs de la gauche), c’est que vous ignorez la marche de la civilisation et du
6857 s de la gauche), c’est que vous ignorez la marche de la civilisation et du monde. Vous croyez, vous autres, que la civilis
6858 t. Le monde marche à grands pas à la constitution d’ un despotisme, le plus gigantesque et le plus terrible que les hommes
6859 . Et pour annoncer ces choses, je n’ai pas besoin d’ être prophète ; il me suffit de considérer l’ensemble des événements h
6860 je n’ai pas besoin d’être prophète ; il me suffit de considérer l’ensemble des événements humains de leur seul et vrai poi
6861 t de considérer l’ensemble des événements humains de leur seul et vrai point de vue, je veux dire des hauteurs catholiques
6862 ons hier, ce que nous sommes depuis la révolution de février. Depuis cette révolution de formidable mémoire, il n’y a plus
6863 la révolution de février. Depuis cette révolution de formidable mémoire, il n’y a plus rien de solide, plus rien de sûr en
6864 olution de formidable mémoire, il n’y a plus rien de solide, plus rien de sûr en Europe… Voyez l’état de l’Europe. Il semb
6865 mémoire, il n’y a plus rien de solide, plus rien de sûr en Europe… Voyez l’état de l’Europe. Il semble que tous les chefs
6866 il n’y a plus rien de solide, plus rien de sûr en Europe … Voyez l’état de l’Europe. Il semble que tous les chefs d’État ont pe
6867 solide, plus rien de sûr en Europe… Voyez l’état de l’Europe. Il semble que tous les chefs d’État ont perdu le don de con
6868 de, plus rien de sûr en Europe… Voyez l’état de l’ Europe . Il semble que tous les chefs d’État ont perdu le don de conseil ; la
6869 semble que tous les chefs d’État ont perdu le don de conseil ; la raison humaine subit des éclipses, les institutions subi
6870 ons subissent des bouleversements, et les nations de grandes et soudaines décadences. Jetez, messieurs, jetez avec moi les
6871 . Jetez, messieurs, jetez avec moi les yeux sur l’ Europe , de la Pologne au Portugal, et dites-moi, la main sur la conscience,
6872 messieurs, jetez avec moi les yeux sur l’Europe, de la Pologne au Portugal, et dites-moi, la main sur la conscience, dite
6873 t dites-moi, la main sur la conscience, dites-moi de bonne foi si vous rencontrez une seule société qui puisse dire : Je s
6874 les concentrées et portées à leur plus haut degré de puissance, ont suffi à peine, et n’ont rien fait de plus que suffire
6875 On a parlé ici, messieurs, du danger que court l’ Europe de la part de la Russie, et je crois que pour aujourd’hui et pour lon
6876 ance qu’elle n’a pas le moindre danger à redouter de ce côté. L’influence que la Russie exerçait en Europe, messieurs, ell
6877 de ce côté. L’influence que la Russie exerçait en Europe , messieurs, elle l’exerçait au moyen de la Confédération germanique.
6878 la Russie ne pouvait, en aucun cas, s’accommoder d’ avoir en face d’elle un empire allemand et toutes les races allemandes
6879 emandes réunies. La Confédération se composa donc de principautés microscopiques et de deux grandes monarchies. Qu’est-ce
6880 se composa donc de principautés microscopiques et de deux grandes monarchies. Qu’est-ce qui convenait dans l’hypothèse d’u
6881 archies. Qu’est-ce qui convenait dans l’hypothèse d’ une guerre en France ? Ce qui convenait à la Russie, c’était que ces m
6882 messieurs, comment il est arrivé que l’influence de la Russie, depuis la formation de la Confédération jusqu’à la révolut
6883 que l’influence de la Russie, depuis la formation de la Confédération jusqu’à la révolution de février, s’est étendue de S
6884 rmation de la Confédération jusqu’à la révolution de février, s’est étendue de Saint-Pétersbourg à Paris. Mais depuis la r
6885 n jusqu’à la révolution de février, s’est étendue de Saint-Pétersbourg à Paris. Mais depuis la révolution de février les c
6886 nt-Pétersbourg à Paris. Mais depuis la révolution de février les choses ont changé de face ; la tempête révolutionnaire a
6887 is la révolution de février les choses ont changé de face ; la tempête révolutionnaire a jeté bas les trônes, traîné dans
6888 aos. C’est vous dire, messieurs, qu’à l’influence de la Russie, qui s’étendait de Saint-Pétersbourg à Paris, a succédé l’i
6889 rs, qu’à l’influence de la Russie, qui s’étendait de Saint-Pétersbourg à Paris, a succédé l’influence démagogique de Paris
6890 sbourg à Paris, a succédé l’influence démagogique de Paris, qui s’étend jusqu’en Pologne… Ce n’est pas mon opinion cependa
6891 Pologne… Ce n’est pas mon opinion cependant que l’ Europe n’ait rien à redouter de la Russie ; je crois tout le contraire ; mai
6892 nion cependant que l’Europe n’ait rien à redouter de la Russie ; je crois tout le contraire ; mais pour que la Russie acce
6893 une guerre générale, pour que la Russie s’empare de l’Europe, il faut auparavant les trois événements que je vais dire, l
6894 guerre générale, pour que la Russie s’empare de l’ Europe , il faut auparavant les trois événements que je vais dire, lesquels s
6895 ’à cette angoisse, tout patriotisme meurt au cœur de l’homme ; en troisième heu, il faut que se réalise la confédération p
6896 il faut que se réalise la confédération puissante de tous les peuples slaves sous l’influence et le protectorat de la Russ
6897 peuples slaves sous l’influence et le protectorat de la Russie. Les nations slaves comptent, messieurs, 80 millions d’habi
6898 s nations slaves comptent, messieurs, 80 millions d’ habitants. Eh bien, lorsque la révolution aura détruit en Europe les a
6899 s. Eh bien, lorsque la révolution aura détruit en Europe les armées permanentes, lorsque les révolutions socialistes auront ét
6900 tions socialistes auront éteint le patriotisme en Europe , lorsque, à l’orient de l’Europe, se sera accomplie la grande fédérat
6901 int le patriotisme en Europe, lorsque, à l’orient de l’Europe, se sera accomplie la grande fédération des peuples slaves ;
6902 e patriotisme en Europe, lorsque, à l’orient de l’ Europe , se sera accomplie la grande fédération des peuples slaves ; lorsque
6903 s spoliés et celle des spoliateurs, alors l’heure de la Russie sonnera ; alors la Russie pourra se promener tranquillement
6904 oire, ce châtiment épouvantable sera le châtiment de l’Angleterre. 191. Théodore Jouffroy : De l’État actuel de l’Human
6905 ment de l’Angleterre. 191. Théodore Jouffroy : De l’État actuel de l’Humanité, mélanges philosophiques, Bruxelles, 1834
6906 rre. 191. Théodore Jouffroy : De l’État actuel de l’Humanité, mélanges philosophiques, Bruxelles, 1834. 192. An Gustav
6907 192. An Gustav Kolb, Florenz, 11-11-1828. 193. De la Pologne, in Œuvres complètes, Patries et Portraits, Paris, 1868.
6908 Sämtliche Werke, 6, 186. 199. Lajos Kossuth : L’ Europe , l’Autriche et la Hongrie, Bruxelles, 1859. 200. Chap. XXII : La Cau
6909 rie, Bruxelles, 1859. 200. Chap. XXII : La Cause de la Liberté des peuples. 201. Prolegomeni al Primato. 202. Parfois
6910 i al Primato. 202. Parfois désigné sous le titre de Manifeste à l’Europe, cf. Gollwitzer, op. cit., p. 323. 203. J. Mic
6911 2. Parfois désigné sous le titre de Manifeste à l’ Europe , cf. Gollwitzer, op. cit., p. 323. 203. J. Michelet : Introduction
6912 89 et 295. 206. Article intitulé : « Déclaration de Paix », 1867, op. cit., tome IV, p. 349-350, 351. 365. 207. Lettres
6913 it., tome IV, p. 349-350, 351. 365. 207. Lettres de M. Donoso Cortès sur l’Avenir de la Société Nouvelle, à M. le comte d
6914 5. 207. Lettres de M. Donoso Cortès sur l’Avenir de la Société Nouvelle, à M. le comte de Montalembert, 26 mai et 4 juin
6915 ur l’Avenir de la Société Nouvelle, à M. le comte de Montalembert, 26 mai et 4 juin 1849.
21 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Cinquième Partie. L’Ère des nations, (de 1848 à 1914) — 2. Un idéal de compensation : les États-Unis d’Europe
6916 2.Un idéal de compensation : les États-Unis d’Europe Quel fut le premier auteur d
6917 États-Unis d’Europe Quel fut le premier auteur de l’expression ? Cattaneo ? Cobden ? Mazzini ? ou Hugo ? Un obscur orat
6918  ? Cobden ? Mazzini ? ou Hugo ? Un obscur orateur de la « campagne des Banquets », qui préluda en 1847 à la révolution, ou
6919 en 1847 à la révolution, ou le rédacteur anonyme d’ un article du Moniteur daté du 26 février 1848208 ? Les historiens hés
6920 l’harmonie des génies collectifs. Le recours à l’ Europe mystique d’un Lamartine ne serait plus qu’une clause de style dès qu’
6921 génies collectifs. Le recours à l’Europe mystique d’ un Lamartine ne serait plus qu’une clause de style dès qu’au nom de le
6922 tique d’un Lamartine ne serait plus qu’une clause de style dès qu’au nom de leurs intérêts les États refuseraient de jouer
6923 u’au nom de leurs intérêts les États refuseraient de jouer le beau jeu de la dialectique idéaliste. D’où le besoin d’une s
6924 érêts les États refuseraient de jouer le beau jeu de la dialectique idéaliste. D’où le besoin d’une souveraineté nouvelle,
6925 de jouer le beau jeu de la dialectique idéaliste. D’ où le besoin d’une souveraineté nouvelle, d’une instance supérieure au
6926 u jeu de la dialectique idéaliste. D’où le besoin d’ une souveraineté nouvelle, d’une instance supérieure aux États, d’une
6927 iste. D’où le besoin d’une souveraineté nouvelle, d’ une instance supérieure aux États, d’une Europe fédérale plus efficace
6928 té nouvelle, d’une instance supérieure aux États, d’ une Europe fédérale plus efficace et franche que « l’Europe des nation
6929 velle, d’une instance supérieure aux États, d’une Europe fédérale plus efficace et franche que « l’Europe des nations » chanté
6930 Europe fédérale plus efficace et franche que « l’ Europe des nations » chantée par les poètes aux larges vues, mais exploitée
6931 ploitée par les politiciens aux courtes ruses. Né d’ une angoisse prémonitoire, le mot d’ordre des « États-Unis d’Europe »
6932  États-Unis d’Europe » n’est en somme qu’un idéal de compensation. Sauf peut-être chez Proudhon, il ne prend pas la suite
6933 chez Proudhon, il ne prend pas la suite des plans de paix européenne que nous avons cités plus haut, de Pierre Dubois à Sa
6934 udhon, il ne prend pas la suite des plans de paix européenne que nous avons cités plus haut, de Pierre Dubois à Saint-Simon. Il es
6935 e paix européenne que nous avons cités plus haut, de Pierre Dubois à Saint-Simon. Il essaie plutôt de conjurer les méfaits
6936 de Pierre Dubois à Saint-Simon. Il essaie plutôt de conjurer les méfaits pressentis de passions nationales qu’on a trop l
6937 essaie plutôt de conjurer les méfaits pressentis de passions nationales qu’on a trop lyriquement célébrées pour oser s’y
6938 économiste, mais aussi chef des insurgés milanais de mars 1848, n’a pas été amené à l’idée européenne par un élan passionn
6939 milanais de mars 1848, n’a pas été amené à l’idée européenne par un élan passionnel ni par la logique idéale d’une construction à
6940 e par un élan passionnel ni par la logique idéale d’ une construction à la Hegel. Nous assistons avec lui à la découverte e
6941 Nous assistons avec lui à la découverte empirique d’ une réalité européenne sous-jacente, seule assez vaste et assez bien d
6942 avec lui à la découverte empirique d’une réalité européenne sous-jacente, seule assez vaste et assez bien délimitée pour rendre c
6943 vaste et assez bien délimitée pour rendre compte de la naissance et de l’interaction des complexes d’intérêts qu’il étudi
6944 n délimitée pour rendre compte de la naissance et de l’interaction des complexes d’intérêts qu’il étudiait. (Par un proces
6945 de la naissance et de l’interaction des complexes d’ intérêts qu’il étudiait. (Par un processus analogue, Toynbee choisira
6946 pas les nations, ni le monde, comme seul « champ d’ étude intelligible de l’Histoire »). Toutefois, Cattaneo n’envisage p
6947 le monde, comme seul « champ d’étude intelligible de l’Histoire »). Toutefois, Cattaneo n’envisage pas une unification de
6948 outefois, Cattaneo n’envisage pas une unification de nos diversités de tous ordres. La variété, la multiplicité, l’individ
6949 n’envisage pas une unification de nos diversités de tous ordres. La variété, la multiplicité, l’individualité, la nationa
6950 , la nationalité, lui paraissent essentielles à l’ Europe , qui par là se distingue de l’Asie-mère, encore qu’elle en ait hérité
6951 essentielles à l’Europe, qui par là se distingue de l’Asie-mère, encore qu’elle en ait hérité les éléments d’uniformité c
6952 e-mère, encore qu’elle en ait hérité les éléments d’ uniformité constitutifs de toute civilisation. Posant ainsi le problèm
6953 ait hérité les éléments d’uniformité constitutifs de toute civilisation. Posant ainsi le problème des tensions nécessaires
6954 roprement fédéraliste. Le développement organique de l’Europe, la logique des faits économiques autant que celle de l’hist
6955 ment fédéraliste. Le développement organique de l’ Europe , la logique des faits économiques autant que celle de l’histoire, nou
6956 la logique des faits économiques autant que celle de l’histoire, nous conduisent inévitablement vers une intégration fédér
6957 ement, comme le pensaient les romantiques, un âge d’ or primitif qu’il faudrait restaurer ; bien au contraire, elle est au
6958 restaurer ; bien au contraire, elle est au terme de l’effort civilisateur209 : Il serait vain de croire que l’Europe, en
6959 rme de l’effort civilisateur209 : Il serait vain de croire que l’Europe, en ces siècles de sauvagerie, ait été différente
6960 civilisateur209 : Il serait vain de croire que l’ Europe , en ces siècles de sauvagerie, ait été différente des terres qui sont
6961 erait vain de croire que l’Europe, en ces siècles de sauvagerie, ait été différente des terres qui sont restées telles que
6962 sont restées telles quelles jusqu’à nos jours. L’ Européen trouva l’Amérique et l’Australie dans le même état que celui dans leq
6963 dans lequel, semble-t-il, l’Asiatique découvrit l’ Europe . Là aussi, bien avant les grandes nations, il dut y avoir de petits p
6964 i, bien avant les grandes nations, il dut y avoir de petits peuples, et avant ces peuples, des tribus divisées. Et chaque
6965 le habitât une vallée écartée ou une lande ceinte de marais et entrecoupée de fleuves, dut vivre d’abord en vase clos, cha
6966 rtée ou une lande ceinte de marais et entrecoupée de fleuves, dut vivre d’abord en vase clos, chacune ayant son propre idi
6967 clos, chacune ayant son propre idiome et sa façon de se vêtir particulière, dans le cercle étroit que lui assignaient les
6968 mies. Ce serait faux et aller à fin contraire que de rechercher à laquelle des grandes nations qui se sont ensuite dévelop
6969 cours des siècles, au gré des lentes préparations de l’histoire, telle ou telle tribu appartenait ; ce serait aussi absurd
6970 e tribu appartenait ; ce serait aussi absurde que de vouloir savoir de quel fleuve les ruisseaux dérivent, alors qu’au con
6971 t ; ce serait aussi absurde que de vouloir savoir de quel fleuve les ruisseaux dérivent, alors qu’au contraire ceux-ci des
6972 à. Par conséquent il serait temps plus que jamais de cesser ces divagations au sujet de la postérité des Celtes, des Illyr
6973 vant que la civilisation orientale ne pénétrât en Europe avec son système de colonisation, ses rites religieux, son commerce,
6974 orientale ne pénétrât en Europe avec son système de colonisation, ses rites religieux, son commerce, ses armes de conquér
6975 ion, ses rites religieux, son commerce, ses armes de conquérant, ainsi que toutes les misères de l’exil et de la servitude
6976 armes de conquérant, ainsi que toutes les misères de l’exil et de la servitude ; civilisation qui, d’un autre côté, propag
6977 uérant, ainsi que toutes les misères de l’exil et de la servitude ; civilisation qui, d’un autre côté, propagea le long de
6978 re côté, propagea le long des mers et des fleuves d’ Europe cette mystérieuse unité de langage qui a sa source, pour notre
6979 côté, propagea le long des mers et des fleuves d’ Europe cette mystérieuse unité de langage qui a sa source, pour notre plus g
6980 s et des fleuves d’Europe cette mystérieuse unité de langage qui a sa source, pour notre plus grand émerveillement, aux In
6981 s souches celte, germanique et slave. S’il y a en Europe un élément d’unité prenant racine certainement en Asie, mère antique
6982 ermanique et slave. S’il y a en Europe un élément d’ unité prenant racine certainement en Asie, mère antique des religions,
6983 es écritures et des arts, il y a aussi un élément de variété ; celui-ci constitue le principe des nationalités respectives
6984 résente ce que les peuples autochtones ont retenu d’ eux-mêmes, y compris leur façon de s’agréger et celle de s’adapter à c
6985 ones ont retenu d’eux-mêmes, y compris leur façon de s’agréger et celle de s’adapter à cette civilisation diffusée par les
6986 mêmes, y compris leur façon de s’agréger et celle de s’adapter à cette civilisation diffusée par les centres que l’influen
6987 es centres que l’influence asiatique dissémina en Europe . Les diverses combinaisons entre l’unité étrangère et la variété auto
6988 t la variété autochtone se formèrent sur la terre d’ Europe, et non en Asie. Les principales langues se répandirent en des
6989 la variété autochtone se formèrent sur la terre d’ Europe , et non en Asie. Les principales langues se répandirent en des contré
6990 nts originels ; et si on enlève tout ce qu’il y a d’ uniforme, c’est-à-dire d’étranger et de factice, les rauques dialectes
6991 enlève tout ce qu’il y a d’uniforme, c’est-à-dire d’ étranger et de factice, les rauques dialectes reprennent vie et redevi
6992 qu’il y a d’uniforme, c’est-à-dire d’étranger et de factice, les rauques dialectes reprennent vie et redeviennent ces lan
6993 indépendants et absolus, créés par les conditions de vie que le genre humain connut à son origine. De Cattaneo à Giuseppe
6994 de vie que le genre humain connut à son origine. De Cattaneo à Giuseppe Mazzini (1807-1872), le contraste est grand : c’e
6995 (1807-1872), le contraste est grand : c’est celui de la science prudente et de l’éloquence militante, de la sobre sociolog
6996 est grand : c’est celui de la science prudente et de l’éloquence militante, de la sobre sociologie et de la propagande exa
6997 la science prudente et de l’éloquence militante, de la sobre sociologie et de la propagande exaltée. Ils ont voulu tous l
6998 l’éloquence militante, de la sobre sociologie et de la propagande exaltée. Ils ont voulu tous les deux l’union de l’Itali
6999 ande exaltée. Ils ont voulu tous les deux l’union de l’Italie dans une Europe unie ; ils ont cru tous les deux que la « na
7000 voulu tous les deux l’union de l’Italie dans une Europe unie ; ils ont cru tous les deux que la « nationalité » était l’un de
7001 « nationalité » était l’un des termes essentiels de toute union vivante de l’Europe — l’autre terme étant l’Humanité. Mai
7002 l’un des termes essentiels de toute union vivante de l’Europe — l’autre terme étant l’Humanité. Mais Cattaneo reste un pen
7003 des termes essentiels de toute union vivante de l’ Europe — l’autre terme étant l’Humanité. Mais Cattaneo reste un penseur, Maz
7004 un penseur, Mazzini est avant tout un agitateur. D’ où l’emploi différent des idées, chez l’un et l’autre. Le philosophe v
7005 fie des concepts en les confrontant au réel serré de près, par des méthodes variées, tandis que l’agitateur veut entraîner
7006 veut entraîner les réalités dans l’élan mystique d’ une idéologie, qui est beaucoup moins sa création individuelle que le
7007 e résumé tourbillonnant des plus nobles illusions de son temps. Dénoncé par le vieux Metternich comme un danger public pou
7008 ux Metternich comme un danger public pour toute l’ Europe , redouté par Cavour qui soupçonne en lui un dictateur doublé d’un dém
7009 r Cavour qui soupçonne en lui un dictateur doublé d’ un démagogue, admiré par le jeune Nietzsche qu’un hasard le fait renco
7010 1 au sommet du Gothard — lieu sacré, cœur et toit de l’Europe —, il touche aux deux extrémités du siècle : entre la Réacti
7011 sommet du Gothard — lieu sacré, cœur et toit de l’ Europe —, il touche aux deux extrémités du siècle : entre la Réaction à la F
7012 le dur pessimisme historique qui marquera la fin de l’ère des Nations, il a cru tout ce qu’homme de son temps a pu croire
7013 n de l’ère des Nations, il a cru tout ce qu’homme de son temps a pu croire sur la liberté, sur l’amour et sur l’harmonie,
7014 s peuples : « Le Peuple, dira-t-il, parole sacrée de l’avenir… » Il fut d’abord l’apôtre de l’italianité, de l’unité itali
7015 ole sacrée de l’avenir… » Il fut d’abord l’apôtre de l’italianité, de l’unité italienne dans le républicanisme ; puis, par
7016 venir… » Il fut d’abord l’apôtre de l’italianité, de l’unité italienne dans le républicanisme ; puis, partant de là210, de
7017 italienne dans le républicanisme ; puis, partant de là210, de l’union européenne ; mais il la concevait comme l’union des
7018 dans le républicanisme ; puis, partant de là210, de l’union européenne ; mais il la concevait comme l’union des proscrits
7019 publicanisme ; puis, partant de là210, de l’union européenne  ; mais il la concevait comme l’union des proscrits de toutes les mona
7020 mais il la concevait comme l’union des proscrits de toutes les monarchies, l’autrichienne, la française, puis l’italienne
7021 t utopistes cités jusqu’ici, ce n’est pas un plan d’ union des princes ou des États qu’il propose, mais il rédige la premiè
7022 qu’il propose, mais il rédige la première charte d’ un mouvement de militants européens. Ce document date de 1834, et port
7023 mais il rédige la première charte d’un mouvement de militants européens. Ce document date de 1834, et porte la signature
7024 ge la première charte d’un mouvement de militants européens . Ce document date de 1834, et porte la signature de sept Italiens, de
7025 ouvement de militants européens. Ce document date de 1834, et porte la signature de sept Italiens, de cinq Allemands et de
7026 . Ce document date de 1834, et porte la signature de sept Italiens, de cinq Allemands et de sept Polonais. Mazzini est en
7027 de 1834, et porte la signature de sept Italiens, de cinq Allemands et de sept Polonais. Mazzini est en ce moment réfugié
7028 signature de sept Italiens, de cinq Allemands et de sept Polonais. Mazzini est en ce moment réfugié clandestin en Suisse.
7029 pétés qu’essuie le mouvement en Italie (une série de soulèvements ont été écrasés) Mazzini décide d’élargir son action. Il
7030 e de soulèvements ont été écrasés) Mazzini décide d’ élargir son action. Il crée des comités Jeune Allemagne et Jeune Polog
7031 nce. La charte qu’on va lire doit sceller l’union de ces groupements nationaux et républicains : JEUNE EUROPE Liberté — É
7032 : JEUNE EUROPE Liberté — Égalité — Humanité ACTE DE FRATERNITÉ Nous soussignés, hommes de Progrès et de Liberté, croyant 
7033 manité ACTE DE FRATERNITÉ Nous soussignés, hommes de Progrès et de Liberté, croyant : Dans l’Église et la Fraternité des H
7034 FRATERNITÉ Nous soussignés, hommes de Progrès et de Liberté, croyant : Dans l’Église et la Fraternité des Hommes ; Dans l
7035 océder, par un progrès continuel et sous l’empire de la loi morale universelle, au développement libre et harmonieux de se
7036 universelle, au développement libre et harmonieux de ses propres facultés et à l’accomplissement de sa propre mission dans
7037 ux de ses propres facultés et à l’accomplissement de sa propre mission dans l’univers ; Qu’elle ne le peut pas sans le con
7038 s ; Qu’elle ne le peut pas sans le concours actif de tous ses membres, librement unis ; Que l’association ne peut se const
7039 x, puisque toute inégalité entraîne une violation de l’indépendance, et que toute violation d’indépendance empêche la libe
7040 olation de l’indépendance, et que toute violation d’ indépendance empêche la liberté du consentement ; Que la Liberté, l’Ég
7041 du problème social, et que toutes les fois qu’un de ces éléments est sacrifié aux deux autres, l’ordonnance des travaux h
7042 ère, qui tandis qu’elle constitue l’individualité de cet homme et de ce peuple, concourt nécessairement à l’accomplissemen
7043 qu’elle constitue l’individualité de cet homme et de ce peuple, concourt nécessairement à l’accomplissement de la mission
7044 uple, concourt nécessairement à l’accomplissement de la mission générale de l’humanité ; Convaincus enfin : Que l’associat
7045 rement à l’accomplissement de la mission générale de l’humanité ; Convaincus enfin : Que l’association des hommes et des p
7046 uples doit réunir la protection du libre exercice de la mission individuelle à la certitude que tout est fait en vue du dé
7047 rtitude que tout est fait en vue du développement de la mission générale ; Forts de nos droits d’hommes et de citoyens, fo
7048 e du développement de la mission générale ; Forts de nos droits d’hommes et de citoyens, forts de notre conscience et du m
7049 ment de la mission générale ; Forts de nos droits d’ hommes et de citoyens, forts de notre conscience et du mandat que Dieu
7050 ission générale ; Forts de nos droits d’hommes et de citoyens, forts de notre conscience et du mandat que Dieu et l’Humani
7051 orts de nos droits d’hommes et de citoyens, forts de notre conscience et du mandat que Dieu et l’Humanité confient à ceux
7052 onales libres et indépendantes : noyaux primitifs de la Jeune Italie, de la Jeune Pologne et de la Jeune Allemagne. Réunis
7053 épendantes : noyaux primitifs de la Jeune Italie, de la Jeune Pologne et de la Jeune Allemagne. Réunis en assemblée dans u
7054 mitifs de la Jeune Italie, de la Jeune Pologne et de la Jeune Allemagne. Réunis en assemblée dans un but d’utilité général
7055 Jeune Allemagne. Réunis en assemblée dans un but d’ utilité générale, le 15 avril 1834, la main sur le cœur et nous portan
7056 1834, la main sur le cœur et nous portant garants de l’avenir, nous avons décidé ce qui suit : I La Jeune Allemagne, la Je
7057 entique qui embrasse l’Humanité, et sous l’empire d’ une même foi de Liberté, d’Égalité et de Progrès, signent un acte de f
7058 rasse l’Humanité, et sous l’empire d’une même foi de Liberté, d’Égalité et de Progrès, signent un acte de fraternité valab
7059 nité, et sous l’empire d’une même foi de Liberté, d’ Égalité et de Progrès, signent un acte de fraternité valable aujourd’h
7060 l’empire d’une même foi de Liberté, d’Égalité et de Progrès, signent un acte de fraternité valable aujourd’hui et toujour
7061 Liberté, d’Égalité et de Progrès, signent un acte de fraternité valable aujourd’hui et toujours pour tout ce qui concerne
7062 e qui concerne le but général. II Une déclaration de principe constituant la loi morale universelle appliquée aux sociétés
7063 la direction générale des trois sociétés. Aucune d’ elles ne pourra s’en écarter dans ses travaux, sans violer de façon co
7064 pourra s’en écarter dans ses travaux, sans violer de façon coupable l’acte de fraternité et sans en subir les conséquences
7065 ses travaux, sans violer de façon coupable l’acte de fraternité et sans en subir les conséquences. III Pour ce qui sort de
7066 s en subir les conséquences. III Pour ce qui sort de la sphère des intérêts généraux et de la déclaration de principes, ch
7067 ce qui sort de la sphère des intérêts généraux et de la déclaration de principes, chacune des associations est libre et in
7068 sphère des intérêts généraux et de la déclaration de principes, chacune des associations est libre et indépendante. IV La
7069 sociations est libre et indépendante. IV La ligne d’ attaque et de défense solidaire des peuples qui se reconnaissent est c
7070 t libre et indépendante. IV La ligne d’attaque et de défense solidaire des peuples qui se reconnaissent est constituée par
7071 réunion des Congreghe nationales ou des délégués de chacune d’elles constituera la Congrega de la Jeune Europe. VI Les in
7072 s Congreghe nationales ou des délégués de chacune d’ elles constituera la Congrega de la Jeune Europe. VI Les individus qui
7073 posent les trois associations sont frères. Chacun d’ eux accomplira vis-à-vis des autres les devoirs de la fraternité. VII
7074 d’eux accomplira vis-à-vis des autres les devoirs de la fraternité. VII La Congrega de la Jeune Europe choisira un symbole
7075 e placée en tête des écrits contresignera l’œuvre de la société. VIII Tout peuple qui voudrait participer aux droits et au
7076 qui voudrait participer aux droits et aux devoirs de la fraternité établie entre les trois peuples fédérés par cet acte, a
7077 llement à l’acte même, le signant par l’entremise de sa Congrega nationale. Fait à Berne (Suisse), le 15 avril 1834. Tout
7078 Berne (Suisse), le 15 avril 1834. Tout l’espoir de 1848 est dans ce texte, et lorsque éclata la Révolution de février à
7079 st dans ce texte, et lorsque éclata la Révolution de février à Paris, cependant que les cantons suisses décidaient de se f
7080 ris, cependant que les cantons suisses décidaient de se fédérer, qu’un Parlement fédéral allemand se réunissait à Francfor
7081 on put croire pendant quelques mois à l’avènement de la Jeune Europe, tout au moins de ses idéaux. En 1850, réfugié à Lond
7082 e pendant quelques mois à l’avènement de la Jeune Europe , tout au moins de ses idéaux. En 1850, réfugié à Londres, où il subit
7083 s à l’avènement de la Jeune Europe, tout au moins de ses idéaux. En 1850, réfugié à Londres, où il subit les sarcasmes d’u
7084 850, réfugié à Londres, où il subit les sarcasmes d’ un exilé qui va mieux réussir, Karl Marx, Mazzini constate l’écrasemen
7085 ’écrasement des révoltes libertaires dans toute l’ Europe , le triomphe des gouvernements sur les peuples et du nationalisme sur
7086 » des nationalités. Il s’interroge sur les causes de cette défaite et les trouve dans la désunion des fédéralistes eux-mêm
7087 des fédéralistes eux-mêmes, qu’il fut le premier Européen , répétons-le, à tenter d’organiser en mouvement : Oui, la cause est
7088 il fut le premier Européen, répétons-le, à tenter d’ organiser en mouvement : Oui, la cause est en nous, elle est dans not
7089 la cause est en nous, elle est dans notre manque d’ organisation, dans le fractionnement que des systèmes, quelquefois abs
7090 ant soutenus avec l’exclusivisme et l’acharnement de l’intolérance, ont produit dans nos rangs. Elle est dans nos défiance
7091 uines vanités perpétuelles, dans le manque absolu de cet esprit de discipline qui seul accomplit les grandes choses, dans
7092 perpétuelles, dans le manque absolu de cet esprit de discipline qui seul accomplit les grandes choses, dans l’éparpillemen
7093 ccomplit les grandes choses, dans l’éparpillement de nos forces en une multitude de petits foyers, de groupes, de sectes,
7094 ns l’éparpillement de nos forces en une multitude de petits foyers, de groupes, de sectes, de coteries puissantes à dissou
7095 de nos forces en une multitude de petits foyers, de groupes, de sectes, de coteries puissantes à dissoudre, impuissantes
7096 es en une multitude de petits foyers, de groupes, de sectes, de coteries puissantes à dissoudre, impuissantes à fonder. El
7097 ultitude de petits foyers, de groupes, de sectes, de coteries puissantes à dissoudre, impuissantes à fonder. Elle est dans
7098 iels qui s’est peu à peu substitué sur le drapeau de nos écoles à l’adoration des saintes idées, au grand problème éducati
7099 qui seul rend nos efforts légitimes, au sentiment de la Vie et de sa mission. Elle est dans l’oubli de Dieu, de sa loi d’a
7100 nos efforts légitimes, au sentiment de la Vie et de sa mission. Elle est dans l’oubli de Dieu, de sa loi d’amour, de dévo
7101 de la Vie et de sa mission. Elle est dans l’oubli de Dieu, de sa loi d’amour, de dévouement et de progrès moral de la gran
7102 et de sa mission. Elle est dans l’oubli de Dieu, de sa loi d’amour, de dévouement et de progrès moral de la grande tradit
7103 mission. Elle est dans l’oubli de Dieu, de sa loi d’ amour, de dévouement et de progrès moral de la grande tradition religi
7104 Elle est dans l’oubli de Dieu, de sa loi d’amour, de dévouement et de progrès moral de la grande tradition religieuse de l
7105 ubli de Dieu, de sa loi d’amour, de dévouement et de progrès moral de la grande tradition religieuse de l’humanité, pour l
7106 sa loi d’amour, de dévouement et de progrès moral de la grande tradition religieuse de l’humanité, pour le bien-être, pour
7107 e progrès moral de la grande tradition religieuse de l’humanité, pour le bien-être, pour le catéchisme de Volney, pour le
7108 l’humanité, pour le bien-être, pour le catéchisme de Volney, pour le principe égoïste de Bentham, pour l’indifférence aux
7109 le catéchisme de Volney, pour le principe égoïste de Bentham, pour l’indifférence aux vérités d’un ordre plus élevé que la
7110 oïste de Bentham, pour l’indifférence aux vérités d’ un ordre plus élevé que la terre, seules capables de la transformer. E
7111 un ordre plus élevé que la terre, seules capables de la transformer. Elle est dans l’esprit de nationalisme substitué part
7112 apables de la transformer. Elle est dans l’esprit de nationalisme substitué partout à l’esprit de nationalité, dans la fol
7113 prit de nationalisme substitué partout à l’esprit de nationalité, dans la folle prétention que chaque peuple a eue de pouv
7114 dans la folle prétention que chaque peuple a eue de pouvoir résoudre le problème politique, économique et social en son s
7115 n son sein et par ses seules forces, dans l’oubli de cette grande vérité : que la cause des peuples est une ; que la patri
7116 e révolution qui n’est pas explicitement un culte de dévouement envers tous ceux qui souffrent et combattent doit se consu
7117 r ; que la Sainte-Alliance des nations est le but de nos luttes, la seule force qui puisse terrasser la ligue des pouvoirs
7118 asser la ligue des pouvoirs issus du privilège ou de l’égoïsme des intérêts. Et quant à nos ennemis, ils sont à la merci d
7119 rêts. Et quant à nos ennemis, ils sont à la merci de notre travail. Ils ne sont forts que par nos fautes, à nous. Nous mar
7120 s l’orage ; mais au-delà est le soleil, le soleil de Dieu, brillant, éternel. Ils peuvent, pendant quelque temps, l’obscur
7121 au regard ; mais l’effacer… jamais. Dieu merci, l’ Europe est émancipée ; elle l’est depuis Marathon. Ce jour-là, le principe s
7122 pour toujours ; la liberté baptisa notre sol ; l’ Europe marcha. Elle marche encore ; et ce n’est pas par quelques chiffons de
7123 he encore ; et ce n’est pas par quelques chiffons de papier qu’on l’arrêtera dans sa marche.211 Le mouvement Jeune Europ
7124 ’arrêtera dans sa marche.211 Le mouvement Jeune Europe avait échoué. Mais plusieurs Sociétés d’allures moins subversives se
7125 eune Europe avait échoué. Mais plusieurs Sociétés d’ allures moins subversives se fondèrent à sa suite, sous les auspices d
7126 rsives se fondèrent à sa suite, sous les auspices de Frédéric Passy puis de Camille Lemonnier, notamment. On y retrouve le
7127 a suite, sous les auspices de Frédéric Passy puis de Camille Lemonnier, notamment. On y retrouve les derniers disciples de
7128 , notamment. On y retrouve les derniers disciples de Saint-Simon, de Cobden, de Bastiat, de Mazzini lui-même, des anarchis
7129 y retrouve les derniers disciples de Saint-Simon, de Cobden, de Bastiat, de Mazzini lui-même, des anarchistes, des pacifis
7130 les derniers disciples de Saint-Simon, de Cobden, de Bastiat, de Mazzini lui-même, des anarchistes, des pacifistes illumin
7131 disciples de Saint-Simon, de Cobden, de Bastiat, de Mazzini lui-même, des anarchistes, des pacifistes illuminés, ainsi qu
7132 s, ainsi que le Général Garibaldi, qui préside un de leurs congrès à Genève, en 1867 ; et enfin et surtout on y retrouve,
7133 urtout on y retrouve, pendant vingt ans environné d’ un long tonnerre d’acclamations, Victor Hugo (1802-1885), ce poète qu’
7134 e, pendant vingt ans environné d’un long tonnerre d’ acclamations, Victor Hugo (1802-1885), ce poète qu’il faut saluer comm
7135 ète qu’il faut saluer comme le plus grand lyrique de l’idéal d’union européenne. C’est dans son discours du 17 juillet 185
7136 aut saluer comme le plus grand lyrique de l’idéal d’ union européenne. C’est dans son discours du 17 juillet 1851 à l’Assem
7137 er comme le plus grand lyrique de l’idéal d’union européenne . C’est dans son discours du 17 juillet 1851 à l’Assemblée législative
7138 u 17 juillet 1851 à l’Assemblée législative, lors d’ un débat sur la révision de la Constitution, qu’il prononce pour la pr
7139 blée législative, lors d’un débat sur la révision de la Constitution, qu’il prononce pour la première fois à la tribune le
7140 du monde a fait trois révolutions comme les dieux d’ Homère faisaient trois pas. Ces trois révolutions qui n’en font qu’une
7141 révolution humaine ; ce n’est pas le cri égoïste d’ un peuple, c’est la revendication de la sainte équité universelle, c’e
7142 e cri égoïste d’un peuple, c’est la revendication de la sainte équité universelle, c’est la liquidation des griefs générau
7143 erselle, c’est la liquidation des griefs généraux de l’humanité depuis que l’histoire existe ; c’est après les siècles de
7144 s que l’histoire existe ; c’est après les siècles de l’esclavage, du servage, de la théocratie, de la féodalité, de l’inqu
7145 est après les siècles de l’esclavage, du servage, de la théocratie, de la féodalité, de l’inquisition, du despotisme sous
7146 les de l’esclavage, du servage, de la théocratie, de la féodalité, de l’inquisition, du despotisme sous tous les noms, du
7147 e, du servage, de la théocratie, de la féodalité, de l’inquisition, du despotisme sous tous les noms, du supplice humain s
7148 roclamation auguste des droits de l’homme ! Après de longues épreuves, cette révolution a enfanté en France la république…
7149 … la république, qui est pour le peuple une sorte de droit naturel comme la liberté pour l’homme. Le peuple français a tai
7150 du vieux continent monarchique la première assise de cet immense édifice de l’avenir, qui s’appellera un jour les États-Un
7151 rchique la première assise de cet immense édifice de l’avenir, qui s’appellera un jour les États-Unis d’Europe ! M. de Mo
7152 le 21 août 1849, Hugo, nommé président du Congrès de la paix, réuni à Paris, avait proclamé sa foi dans la venue « inévita
7153 vait proclamé sa foi dans la venue « inévitable » de l’union européenne. Son discours inaugural, dont on va lire les premi
7154 mé sa foi dans la venue « inévitable » de l’union européenne . Son discours inaugural, dont on va lire les premières pages et la co
7155 ges et la conclusion, préfigure les grands thèmes d’ espérance et les plus nobles anticipations qui vont nourrir pendant un
7156 pendant un siècle toute l’éloquence des militants de l’Europe unie : Messieurs, si quelqu’un, il y a quatre siècles, à l’
7157 nt un siècle toute l’éloquence des militants de l’ Europe unie : Messieurs, si quelqu’un, il y a quatre siècles, à l’époque où
7158 quatre siècles, à l’époque où la guerre existait de commune à commune, de ville à ville, de province à province, si quelq
7159 poque où la guerre existait de commune à commune, de ville à ville, de province à province, si quelqu’un eût dit à la Lorr
7160 existait de commune à commune, de ville à ville, de province à province, si quelqu’un eût dit à la Lorraine, à la Picardi
7161 a guerre, un jour viendra où vous ne lèverez plus d’ hommes d’armes les uns contre les autres, un jour viendra où l’on ne d
7162 un jour viendra où vous ne lèverez plus d’hommes d’ armes les uns contre les autres, un jour viendra où l’on ne dira plus 
7163 ez-vous ce que vous mettrez à la place des hommes d’ armes ? Savez-vous ce que vous mettrez à la place des gens de pied et
7164 avez-vous ce que vous mettrez à la place des gens de pied et de cheval, des canons, des fauconneaux, des lances, des pique
7165 e que vous mettrez à la place des gens de pied et de cheval, des canons, des fauconneaux, des lances, des piques, des épée
7166 piques, des épées ? Vous mettrez une petite boîte de sapin que vous appellerez l’urne du scrutin, et de cette boîte, il so
7167 e sapin que vous appellerez l’urne du scrutin, et de cette boîte, il sortira, quoi ? une assemblée en laquelle vous vous s
7168 i résoudra tout en loi, qui fera tomber le glaive de toutes les mains et surgir la justice dans tous les cœurs, qui dira à
7169 tous les gens sérieux, tous les grands politiques d’ alors se fussent écriés : — Oh ! le songeur ! Oh ! le rêve-creux ! Com
7170 té supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne , absolument comme la Normandie, la Bretagne, la Bourgogne, la Lorrain
7171 jour viendra où il n’y aura plus d’autres champs de bataille que les marchés s’ouvrant au commerce et les esprits s’ouvra
7172 universel des peuples, par le véritable arbitrage d’ un grand sénat souverain qui sera à l’Europe ce que le parlement est à
7173 arbitrage d’un grand sénat souverain qui sera à l’ Europe ce que le parlement est à l’Angleterre, ce que la diète est à l’Allem
7174 que, les États-Unis d’Europe, placés en face l’un de l’autre, se tendant la main par-dessus les mers, échangeant leurs pro
7175 et combinant ensemble, pour en tirer le bien-être de tous, ces deux forces infinies, la fraternité des hommes et la puissa
7176 nfinies, la fraternité des hommes et la puissance de Dieu ! En 1872, Hugo ne paraît pas au Congrès de la paix qui se tien
7177 de Dieu ! En 1872, Hugo ne paraît pas au Congrès de la paix qui se tient cette année-là à Lugano, mais lui envoie un mess
7178 age qui s’ouvre par ces mots : « Mes compatriotes européens . » La guerre de 1870 a remis la civilisation en question. Allons-nous
7179 mots : « Mes compatriotes européens. » La guerre de 1870 a remis la civilisation en question. Allons-nous vers l’Europe c
7180 s la civilisation en question. Allons-nous vers l’ Europe cosaque, l’Europe vandale, l’Europe empire ou l’Europe république ? E
7181 en question. Allons-nous vers l’Europe cosaque, l’ Europe vandale, l’Europe empire ou l’Europe république ? Et cela par une gue
7182 s-nous vers l’Europe cosaque, l’Europe vandale, l’ Europe empire ou l’Europe république ? Et cela par une guerre ou par une rév
7183 e cosaque, l’Europe vandale, l’Europe empire ou l’ Europe république ? Et cela par une guerre ou par une révolution ? Il ne le
7184 … à coup sûr, cette chose immense, la République européenne , nous l’aurons. Nous aurons ces grands États-Unis d’Europe, qui couro
7185 rique couronnent le nouveau. Nous aurons l’esprit de conquête transfiguré en esprit de découverte ; nous aurons la généreu
7186 aurons l’esprit de conquête transfiguré en esprit de découverte ; nous aurons la généreuse fraternité des nations au lieu
7187 ache au vieux poète des pages dont les événements de Budapest ont tragiquement actualisé l’accent dans notre siècle : Il
7188 accent dans notre siècle : Il devient nécessaire d’ appeler l’attention des gouvernements européens sur un fait tellement
7189 écessaire d’appeler l’attention des gouvernements européens sur un fait tellement petit, à ce qu’il paraît, que les gouvernements
7190 fait, le voici : on assassine un peuple. Où ? en Europe . Ce fait a-t-il des témoins ? Un témoin, le monde entier. Les gouvern
7191 ts le voient-ils ? Non. Les nations ont au-dessus d’ elles quelque chose qui est au-dessous d’elles, les gouvernements. À d
7192 u-dessus d’elles quelque chose qui est au-dessous d’ elles, les gouvernements. À de certains moments, ce contresens éclate 
7193 qui est au-dessous d’elles, les gouvernements. À de certains moments, ce contresens éclate : la civilisation est dans les
7194 voient rien qu’à travers cette myopie, la raison d’ État ; le genre humain regarde avec un autre œil, la conscience. Nous
7195 conscience. Nous allons étonner les gouvernements européens en leur apprenant une chose, c’est que les crimes sont des crimes, c’
7196 as plus permis à un gouvernement qu’à un individu d’ être assassin, c’est que l’Europe est solidaire, c’est que tout ce qui
7197 ent qu’à un individu d’être assassin, c’est que l’ Europe est solidaire, c’est que tout ce qui se fait en Europe est fait par l
7198 e est solidaire, c’est que tout ce qui se fait en Europe est fait par l’Europe, c’est que, s’il existe un gouvernement bête fa
7199 que tout ce qui se fait en Europe est fait par l’ Europe , c’est que, s’il existe un gouvernement bête fauve, il doit être trai
7200 trop petits pour être vendus, on les fend en deux d’ un coup de sabre ; c’est qu’on brûle les familles dans les maisons ; c
7201 s pour être vendus, on les fend en deux d’un coup de sabre ; c’est qu’on brûle les familles dans les maisons ; c’est que t
7202 alak, par exemple, est réduite en quelques heures de neuf-mille habitants à treize cents ; c’est que les cimetières sont e
7203 ; c’est que les cimetières sont encombrés de plus de cadavres qu’on n’en peut enterrer, de sorte qu’aux vivants qui leur o
7204 est bien fait ; nous apprenons aux gouvernements d’ Europe ceci, c’est qu’on ouvre les femmes grosses pour leur tuer les e
7205 st bien fait ; nous apprenons aux gouvernements d’ Europe ceci, c’est qu’on ouvre les femmes grosses pour leur tuer les enfants
7206 c’est qu’il y a dans les places publiques des tas de squelettes de femmes ayant la trace de l’éventrement, c’est que les c
7207 a dans les places publiques des tas de squelettes de femmes ayant la trace de l’éventrement, c’est que les chiens rongent
7208 es des tas de squelettes de femmes ayant la trace de l’éventrement, c’est que les chiens rongent dans les rues le crâne de
7209 que tout cela est horrible, c’est qu’il suffirait d’ un geste des gouvernements d’Europe pour l’empêcher, et que les sauvag
7210 ’est qu’il suffirait d’un geste des gouvernements d’ Europe pour l’empêcher, et que les sauvages qui commettent ces forfait
7211 st qu’il suffirait d’un geste des gouvernements d’ Europe pour l’empêcher, et que les sauvages qui commettent ces forfaits sont
7212 ttre sont épouvantables. Il est temps qu’il sorte de la civilisation une majestueuse défense d’aller plus loin… Ce qui se
7213 sorte de la civilisation une majestueuse défense d’ aller plus loin… Ce qui se passe en Serbie démontre la nécessité des É
7214 ons et les dogmes qui ont le sabre au poing. Plus de guerres, plus de massacres, plus de carnages ; libre pensée, libre éc
7215 qui ont le sabre au poing. Plus de guerres, plus de massacres, plus de carnages ; libre pensée, libre échange ; fraternit
7216 u poing. Plus de guerres, plus de massacres, plus de carnages ; libre pensée, libre échange ; fraternité. Est-ce donc si d
7217 ’Europe, la fédération continentale, il n’y a pas d’ autre réalité politique que celle-là. Les raisonnements le constatent,
7218 monstration des philosophes… Ce que les atrocités de Serbie mettent hors de doute, c’est qu’il faut à l’Europe une nationa
7219 erbie mettent hors de doute, c’est qu’il faut à l’ Europe une nationalité européenne, un gouvernement un, un immense arbitrage
7220 oute, c’est qu’il faut à l’Europe une nationalité européenne , un gouvernement un, un immense arbitrage fraternel, la démocratie en
7221 Verbe, voici le penseur actif qui ouvre une voie d’ avenir. Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) a pu se vanter à juste titr
7222 Proudhon (1809-1865) a pu se vanter à juste titre d’ avoir été le premier théoricien du fédéralisme, encore que Rousseau — 
7223 il faut bien avouer que Proudhon garde l’avantage d’ avoir traité le sujet d’une manière exhaustive et réaliste, avec une s
7224 Proudhon garde l’avantage d’avoir traité le sujet d’ une manière exhaustive et réaliste, avec une sorte d’acharnement intel
7225 ne manière exhaustive et réaliste, avec une sorte d’ acharnement intellectuel dont Jean-Jacques ne peut être accusé. Si Mar
7226 économique, Proudhon n’en est pas moins l’ancêtre européen des formes démocratiques du socialisme : pas un seul chef de camp de
7227 es démocratiques du socialisme : pas un seul chef de camp de travail forcé, pas une seule brute totalitaire n’a jamais pu
7228 ratiques du socialisme : pas un seul chef de camp de travail forcé, pas une seule brute totalitaire n’a jamais pu se récla
7229 seule brute totalitaire n’a jamais pu se réclamer de sa doctrine pour tenter de justifier ses crimes. Le socialisme fédéra
7230 jamais pu se réclamer de sa doctrine pour tenter de justifier ses crimes. Le socialisme fédéraliste et libertaire de Prou
7231 s crimes. Le socialisme fédéraliste et libertaire de Proudhon n’a guère eu de succès jusqu’ici ; le socialisme collectivis
7232 édéraliste et libertaire de Proudhon n’a guère eu de succès jusqu’ici ; le socialisme collectiviste, centralisateur et aut
7233 isme collectiviste, centralisateur et autoritaire de Marx a fait l’URSS et domine la moitié de notre monde. Il y a sans do
7234 ritaire de Marx a fait l’URSS et domine la moitié de notre monde. Il y a sans doute erreur sur la doctrine dans les deux c
7235 son maître — en retard sur l’évolution créatrice de l’humanité. Proudhon n’aura sa revanche que dans la seule mesure où l
7236 n’aura sa revanche que dans la seule mesure où l’ Europe saura découvrir que le fédéralisme est la santé de ses peuples, et le
7237 e saura découvrir que le fédéralisme est la santé de ses peuples, et le secret de son rayonnement sur la planète. On a lu
7238 ralisme est la santé de ses peuples, et le secret de son rayonnement sur la planète. On a lu les attaques virulentes de Do
7239 t sur la planète. On a lu les attaques virulentes de Donoso Cortès contre le jeune Proudhon assimilé (ou peu s’en faut) à
7240 é (ou peu s’en faut) à l’Antéchrist. Il est juste de citer également ce que Proudhon dit de lui-même : Et moi aussi j’ai
7241 est juste de citer également ce que Proudhon dit de lui-même : Et moi aussi j’ai une tradition, une généalogie politique
7242 litique à laquelle je tiens comme à la légitimité de ma naissance ; je suis fils de la Révolution, qui fut fille elle-même
7243 me à la légitimité de ma naissance ; je suis fils de la Révolution, qui fut fille elle-même de la Philosophie du xviiie s
7244 is fils de la Révolution, qui fut fille elle-même de la Philosophie du xviiie siècle, laquelle eut pour mère la Réforme,
7245 s, orthodoxes et hétérodoxes, qui se sont succédé d’ âge en âge depuis l’origine du christianisme jusqu’à la chute de l’emp
7246 epuis l’origine du christianisme jusqu’à la chute de l’empire d’Orient. N’oublions pas, dans cette génération splendide, l
7247 ine du christianisme jusqu’à la chute de l’empire d’ Orient. N’oublions pas, dans cette génération splendide, les communes,
7248 des castes, fut aussi, dans son temps, une forme de liberté. Et de qui est fils le christianisme lui-même, que je ne sépa
7249 t aussi, dans son temps, une forme de liberté. Et de qui est fils le christianisme lui-même, que je ne sépare pas de cette
7250 s le christianisme lui-même, que je ne sépare pas de cette généalogie révolutionnaire ? Le christianisme est fils du judaï
7251 ionnaire ? Le christianisme est fils du judaïsme, de l’égyptianisme, du brahmanisme, du magisme, du platonisme, de la phil
7252 nisme, du brahmanisme, du magisme, du platonisme, de la philosophie grecque et du droit romain. Si je ne croyais pas à l’É
7253 ts du grand ouvrage qui ne parut qu’après la mort de son auteur : Du Principe fédératif. On ne saurait assez souligner leu
7254 rant dans l’association, 1° ait autant à recevoir de l’État qu’il lui sacrifie ; 2° qu’il conserve toute sa liberté, sa so
7255 une convention par laquelle un ou plusieurs chefs de famille, une ou plusieurs commîmes, un ou plusieurs groupes de commun
7256 ne ou plusieurs commîmes, un ou plusieurs groupes de communes ou États, s’obligent réciproquement et également les uns env
7257 spécialement alors et exclusivement aux délégués de la fédération. En résumé, le système fédératif est l’opposé de la hié
7258 ion. En résumé, le système fédératif est l’opposé de la hiérarchie ou centralisation administrative et gouvernementale par
7259 est celle-ci : Dans la fédération, les attributs de l’autorité centrale se spécialisent et se restreignent, diminuent de
7260 ale se spécialisent et se restreignent, diminuent de nombre, d’immédiateté, et, si j’ose ainsi dire, d’intensité, à mesure
7261 ialisent et se restreignent, diminuent de nombre, d’ immédiateté, et, si j’ose ainsi dire, d’intensité, à mesure que la Con
7262 e nombre, d’immédiateté, et, si j’ose ainsi dire, d’ intensité, à mesure que la Confédération se développe par l’accession
7263 que la Confédération se développe par l’accession de nouveaux États. Dans les gouvernements centralisés, au contraire, les
7264 , corporations et particuliers, en raison directe de la superficie territoriale et du chiffre de la population. De là cet
7265 recte de la superficie territoriale et du chiffre de la population. De là cet écrasement sous lequel disparaît toute liber
7266 icie territoriale et du chiffre de la population. De là cet écrasement sous lequel disparaît toute liberté, non seulement
7267 s même individuelle et nationale. Une conséquence de ce fait, c’est que, le système unitaire étant l’inverse du système fé
7268 e, la Prusse, peuvent faire entre eux des traités d’ alliance ou de commerce ; il répugne qu’ils se fédéralisent, d’abord p
7269 peuvent faire entre eux des traités d’alliance ou de commerce ; il répugne qu’ils se fédéralisent, d’abord parce que leur
7270 équence il leur faudrait abandonner quelque chose de leur souveraineté, et reconnaître au-dessus d’eux, au moins pour cert
7271 se de leur souveraineté, et reconnaître au-dessus d’ eux, au moins pour certains cas, un arbitre. Leur nature est de comman
7272 ns pour certains cas, un arbitre. Leur nature est de commander, non de transiger ni d’obéir. Les princes qui, en 1813, sou
7273 as, un arbitre. Leur nature est de commander, non de transiger ni d’obéir. Les princes qui, en 1813, soutenus par l’insurr
7274 Leur nature est de commander, non de transiger ni d’ obéir. Les princes qui, en 1813, soutenus par l’insurrection des masse
7275 ection des masses, combattaient pour les libertés de l’Europe contre Napoléon, qui plus tard formèrent la Sainte-Alliance,
7276 n des masses, combattaient pour les libertés de l’ Europe contre Napoléon, qui plus tard formèrent la Sainte-Alliance, n’étaien
7277 nce, n’étaient pas des confédérés : l’absolutisme de leur pouvoir leur défendait d’en prendre le titre. C’étaient, comme e
7278 és : l’absolutisme de leur pouvoir leur défendait d’ en prendre le titre. C’étaient, comme en 92, des coalisés ; l’histoire
7279 92, des coalisés ; l’histoire ne leur donnera pas d’ autre nom. … l’idée d’une confédération universelle est contradictoire
7280 istoire ne leur donnera pas d’autre nom. … l’idée d’ une confédération universelle est contradictoire. En cela se manifeste
7281 umis à tous les inconvénients et à tous les vices de l’indéfini, de l’illimité, de l’absolu, de l’idéal. L’Europe serait e
7282 inconvénients et à tous les vices de l’indéfini, de l’illimité, de l’absolu, de l’idéal. L’Europe serait encore trop gran
7283 et à tous les vices de l’indéfini, de l’illimité, de l’absolu, de l’idéal. L’Europe serait encore trop grande pour une con
7284 vices de l’indéfini, de l’illimité, de l’absolu, de l’idéal. L’Europe serait encore trop grande pour une confédération un
7285 défini, de l’illimité, de l’absolu, de l’idéal. L’ Europe serait encore trop grande pour une confédération unique : elle ne pou
7286 ue : elle ne pourrait former qu’une confédération de confédérations. C’est d’après cette idée que j’indiquais, dans ma der
7287 emier pas à faire dans la réforme du droit public européen , le rétablissement des confédérations italienne, grecque, batave, sca
7288 recque, batave, scandinave et danubienne, prélude de la décentralisation des grands États, et par suite, du désarmement gé
7289 ndrait à la liberté ; alors se réaliserait l’idée d’ un équilibre européen, prévu par tous les publicistes et hommes d’État
7290 erté ; alors se réaliserait l’idée d’un équilibre européen , prévu par tous les publicistes et hommes d’État, mais impossible à o
7291 et hommes d’État, mais impossible à obtenir avec de grandes puissances à constitutions unitaires. Le peuple, dans la vag
7292 onstitutions unitaires. Le peuple, dans la vague de sa pensée, se contemple comme une gigantesque et mystérieuse existenc
7293 gage semble fait pour l’entretenir dans l’opinion de son indivisible unité. Il s’appelle le Peuple, la Nation ; c’est-à-di
7294 es, sa Voix, pareille au tonnerre, la grande voix de Dieu. Autant il se sent innombrable, irrésistible, immense, autant il
7295 des masses, à toutes les ambitions et excitations de la démagogie : c’est la fin du régime de la place publique, des triom
7296 itations de la démagogie : c’est la fin du régime de la place publique, des triomphes des tribuns, comme de l’absorption d
7297 place publique, des triomphes des tribuns, comme de l’absorption des capitales. Que Paris fasse, dans l’enceinte de ses m
7298 n des capitales. Que Paris fasse, dans l’enceinte de ses murs, des révolutions : à quoi bon si Lyon, Marseille, Toulouse,
7299 sbourg, Dijon, etc., si les départements, maîtres d’ eux-mêmes, ne suivent pas ? Paris en sera pour ses frais… La fédératio
7300 le : car elle le sauve à la fois, en le divisant, de la tyrannie de ses meneurs et de sa propre folie. … Après la révoluti
7301 e sauve à la fois, en le divisant, de la tyrannie de ses meneurs et de sa propre folie. … Après la révolution des idées do
7302 en le divisant, de la tyrannie de ses meneurs et de sa propre folie. … Après la révolution des idées doit arriver, comme
7303 rations, ou l’humanité recommencera un purgatoire de mille ans. Quelque dix ans après la publication du Principe fédérati
7304 araissent en allemand deux ouvrages qu’il importe de citer ici : en 1878 celui du Suisse J. C. Bluntschli sur L’Organisati
7305 lui du Suisse J. C. Bluntschli sur L’Organisation d’ une Société d’États européens et en 1879 celui de l’Allemand Constanti
7306 untschli sur L’Organisation d’une Société d’États européens et en 1879 celui de l’Allemand Constantin Frantz sur Le Fédéralisme.
7307 d’une Société d’États européens et en 1879 celui de l’Allemand Constantin Frantz sur Le Fédéralisme. Ni le juriste suisse
7308 n devoir au socialiste français ; ils tirent tout de leur expérience nationale et professionnelle. Le problème du fédérali
7309 le et professionnelle. Le problème du fédéralisme européen se trouve ainsi ramené des hauteurs de l’éloquence à la Hugo et de l’
7310 isme européen se trouve ainsi ramené des hauteurs de l’éloquence à la Hugo et de l’idéologie à la Mazzini au niveau d’une
7311 i ramené des hauteurs de l’éloquence à la Hugo et de l’idéologie à la Mazzini au niveau d’une pratique politique et à l’ex
7312 la Hugo et de l’idéologie à la Mazzini au niveau d’ une pratique politique et à l’examen de ses conditions d’application.
7313 au niveau d’une pratique politique et à l’examen de ses conditions d’application. Johann Caspar Bluntschli (1808-1881) av
7314 ratique politique et à l’examen de ses conditions d’ application. Johann Caspar Bluntschli (1808-1881) avait été l’auteur d
7315 chli (1808-1881) avait été l’auteur du code civil de son canton natal, Zurich, avant de devenir à Heidelberg l’un des plus
7316 r à Heidelberg l’un des plus célèbres professeurs de droit international de son temps. L’expérience vécue du fédéralisme s
7317 plus célèbres professeurs de droit international de son temps. L’expérience vécue du fédéralisme suisse le met en mesure
7318 ence vécue du fédéralisme suisse le met en mesure de préciser certaines distinctions fondamentales qui devaient presque né
7319 mantisme politique. Ainsi aborde-t-il le problème de la « nationalité », dont nous avons vu les ambiguïtés pervertir tout
7320 ous avons vu les ambiguïtés pervertir tout l’élan de 1848. Comment concevoir une « nationalité européenne » sur le modèle
7321 élan de 1848. Comment concevoir une « nationalité européenne  » sur le modèle des Nations souveraines et uniformes qui composent l’
7322 Nations souveraines et uniformes qui composent l’ Europe  ? Le problème s’est révélé insoluble, et c’est qu’il était mal posé.
7323 soluble, et c’est qu’il était mal posé. L’exemple d’ une nation « internationale » par essence permet au contraire d’imagin
7324  internationale » par essence permet au contraire d’ imaginer ce que serait un État fédéral européen : La Suisse, pays de
7325 ontraire d’imaginer ce que serait un État fédéral européen  : La Suisse, pays de montagnes en Europe centrale, où les grands fle
7326 erait un État fédéral européen : La Suisse, pays de montagnes en Europe centrale, où les grands fleuves européens, le Rhi
7327 déral européen : La Suisse, pays de montagnes en Europe centrale, où les grands fleuves européens, le Rhin, le Danube et le P
7328 ntagnes en Europe centrale, où les grands fleuves européens , le Rhin, le Danube et le Pô ont leurs sources principales, et qui sé
7329 l’Allemagne, l’Italie, la France et l’Autriche, a de ce fait un caractère très particulier. De même le peuple suisse et le
7330 a grande république qu’est la Confédération — ont de grandes tâches vitales à accomplir, d’importance non seulement locale
7331 tion — ont de grandes tâches vitales à accomplir, d’ importance non seulement locale, mais européenne. Ces États populaires
7332 ccomplir, d’importance non seulement locale, mais européenne . Ces États populaires, petits, mais pleins de force, jouissant pleine
7333 péenne. Ces États populaires, petits, mais pleins de force, jouissant pleinement d’une liberté politique générale dans ce
7334 etits, mais pleins de force, jouissant pleinement d’ une liberté politique générale dans ce pays où règne la paix, ont la p
7335 où règne la paix, ont la possibilité et le devoir d’ aborder, par eux-mêmes, suivant leur disposition naturelle, toutes les
7336 s les questions que le destin et le développement de l’humanité posent aux nations européennes, et de les résoudre entière
7337 le développement de l’humanité posent aux nations européennes , et de les résoudre entièrement, conformément aux circonstances du mo
7338 de l’humanité posent aux nations européennes, et de les résoudre entièrement, conformément aux circonstances du moment. A
7339 stances du moment. Ainsi ces États peuvent servir d’ exemples, sous ce rapport, aux autres peuples et jouer un rôle détermi
7340 les et jouer un rôle déterminant dans l’évolution de l’humanité. … Aussi longtemps que le peuple suisse aspire à remplir c
7341 ivre ces idéals, il ne verra pas son appartenance européenne menacée ni la nationalité suisse arrêtée dans son développement. … S’
7342 es nations, formant avec celles-ci une communauté de culture qui détermine leur vie spirituelle. Pour cette raison la nati
7343 uté culturelle et plus ce caractère international de la nationalité suisse aura sa juste valeur. Il est devenu pour la Sui
7344 al, lui conférant au sein de la famille des États européens une importance à laquelle une population de trois millions et demi d’
7345 uropéens une importance à laquelle une population de trois millions et demi d’habitants parlant une seule et même langue n
7346 laquelle une population de trois millions et demi d’ habitants parlant une seule et même langue ne pourrait plus prétendre
7347 s et principes qui sont pour l’ensemble des États européens une source de prospérité et de développement et qui seront un jour de
7348 nt pour l’ensemble des États européens une source de prospérité et de développement et qui seront un jour destinés à assur
7349 e des États européens une source de prospérité et de développement et qui seront un jour destinés à assurer la paix en Eur
7350 qui seront un jour destinés à assurer la paix en Europe … Si cet idéal de l’avenir se réalise un jour, la nationalité suisse d
7351 estinés à assurer la paix en Europe… Si cet idéal de l’avenir se réalise un jour, la nationalité suisse de caractère inter
7352 ’avenir se réalise un jour, la nationalité suisse de caractère international devra s’incorporer à la communauté de la Gran
7353 international devra s’incorporer à la communauté de la Grande Europe. De cette façon elle n’aura pas vécu en vain ni sans
7354 l devra s’incorporer à la communauté de la Grande Europe . De cette façon elle n’aura pas vécu en vain ni sans gloire.216 Ain
7355 s’incorporer à la communauté de la Grande Europe. De cette façon elle n’aura pas vécu en vain ni sans gloire.216 Ainsi s
7356 gloire.216 Ainsi se réaliserait ce passage à l’ Europe , cette « transfiguration » d’une vocation nationale dont rêvait Hugo
7357 ce passage à l’Europe, cette « transfiguration » d’ une vocation nationale dont rêvait Hugo pour la France et Mazzini pour
7358 is voilà qui ne paraît concevable que dans le cas d’ une nation non unitaire, c’est-à-dire de structure fédéraliste. « L’In
7359 ns le cas d’une nation non unitaire, c’est-à-dire de structure fédéraliste. « L’Internationale des nationalismes » préconi
7360 des nationalismes » préconisée par les prophètes de 1848, évoque l’idée d’une amicale universelle des misanthropes ou d’u
7361 éconisée par les prophètes de 1848, évoque l’idée d’ une amicale universelle des misanthropes ou d’une mutuelle des égoïste
7362 dée d’une amicale universelle des misanthropes ou d’ une mutuelle des égoïstes. On peut écrire de telles choses, non les fa
7363 es ou d’une mutuelle des égoïstes. On peut écrire de telles choses, non les faire. Cependant, il est curieux qu’un Bluntsc
7364 ieux qu’un Bluntschli, si conscient des avantages d’ une vraie fédération pour les cantons jadis « souverains » de son pays
7365 fédération pour les cantons jadis « souverains » de son pays, recule devant cette solution lorsqu’il s’agit de l’applique
7366 ys, recule devant cette solution lorsqu’il s’agit de l’appliquer à l’Europe. À l’Écossais James Lorimer, qui venait de pub
7367 ette solution lorsqu’il s’agit de l’appliquer à l’ Europe . À l’Écossais James Lorimer, qui venait de publier un projet d’État f
7368 is James Lorimer, qui venait de publier un projet d’ État fédéral européen, Bluntschli oppose un plan beaucoup plus prudemm
7369 r, qui venait de publier un projet d’État fédéral européen , Bluntschli oppose un plan beaucoup plus prudemment confédéral. En vo
7370 ral. En voici le principe : Si le grand problème de la constitution de la communauté des États européens doit trouver sa
7371 incipe : Si le grand problème de la constitution de la communauté des États européens doit trouver sa solution, la condit
7372 ème de la constitution de la communauté des États européens doit trouver sa solution, la condition principale qu’il faudra rempli
7373 qu’il faudra remplir sera le maintien scrupuleux de l’indépendance et de la liberté des États associés. Les États europée
7374 sera le maintien scrupuleux de l’indépendance et de la liberté des États associés. Les États européens se considèrent com
7375 ce et de la liberté des États associés. Les États européens se considèrent comme des personnes souveraines et sont tous décidés à
7376 soustraire à toute influence due à la suprématie d’ un autre État. Ils peuvent bien coopérer entre eux pour l’accomplissem
7377 nt bien coopérer entre eux pour l’accomplissement de tâches communes, mais ils ne vont pas se soumettre volontairement au
7378 e vont pas se soumettre volontairement au pouvoir d’ une constitution qui leur paraîtra étrangère. Ils ne renonceront jamai
7379 propre armée ; jamais ils ne toléreront au-dessus d’ eux un monarque universel ni un parlement européen unique. C’est pourq
7380 essus d’eux un monarque universel ni un parlement européen unique. C’est pourquoi toute constitution européenne instaurant un no
7381 uropéen unique. C’est pourquoi toute constitution européenne instaurant un nouvel État européen unique, auquel les États jusqu’alo
7382 constitution européenne instaurant un nouvel État européen unique, auquel les États jusqu’alors souverains devraient s’incorpore
7383 irréalisable. Bluntschli propose alors une Union d’ États souverains (Staatenbund) dirigée par un Conseil Fédéral représen
7384 un Sénat représentant les peuples : Le maintien de la paix des peuples, les délibérations et résolutions dans le domaine
7385 les délibérations et résolutions dans le domaine de la grande politique européenne seront confiés de préférence au Consei
7386 ésolutions dans le domaine de la grande politique européenne seront confiés de préférence au Conseil Fédéral, sous la direction de
7387 mise à l’approbation du Sénat. Parmi les affaires de la grande politique, il faut ranger toutes les questions concernant l
7388 liberté des États, dont dépendent les conditions de vie, la sécurité et le développement des peuples. Pour trancher toute
7389 autorité compétente sera la communauté des États européens , à laquelle s’adjoindra une représentation populaire européenne — et
7390 laquelle s’adjoindra une représentation populaire européenne — et encore cette dernière ne sera habilitée à collaborer qu’à certai
7391 ats en litige auront à se soumettre aux décisions de cette autorité. Celle-ci ne trouvera la force d’imposer ses résolutio
7392 de cette autorité. Celle-ci ne trouvera la force d’ imposer ses résolutions que par une collaboration entre les gouverneme
7393 n étroite entre eux, pour le moins par le soutien d’ une majorité importante. Et il conclut, avec une sobriété tout helvét
7394 une sobriété tout helvétique : Le nouveau projet d’ une constitution fédérale européenne n’est pas très brillant et n’a ri
7395  : Le nouveau projet d’une constitution fédérale européenne n’est pas très brillant et n’a rien d’extraordinaire ; il est modeste
7396 le européenne n’est pas très brillant et n’a rien d’ extraordinaire ; il est modeste et modéré ; mais étant donné qu’il ne
7397 philosophe politique, diplomate et fonctionnaire de l’État prussien (dont il ne cessa de condamner les prétentions hégémo
7398 onctionnaire de l’État prussien (dont il ne cessa de condamner les prétentions hégémoniques), fut non seulement l’un des p
7399 , fut non seulement l’un des plus zélés partisans d’ une unité allemande de type fédéraliste, mais le théoricien d’une unio
7400 un des plus zélés partisans d’une unité allemande de type fédéraliste, mais le théoricien d’une union des pays centraux et
7401 allemande de type fédéraliste, mais le théoricien d’ une union des pays centraux et nordiques de l’Europe, en laquelle il v
7402 ricien d’une union des pays centraux et nordiques de l’Europe, en laquelle il voyait le noyau d’une future fédération mond
7403 n d’une union des pays centraux et nordiques de l’ Europe , en laquelle il voyait le noyau d’une future fédération mondiale à ba
7404 iques de l’Europe, en laquelle il voyait le noyau d’ une future fédération mondiale à base chrétienne217. Il s’agissait d’a
7405 ase chrétienne217. Il s’agissait d’abord pour lui de tenir en échec les deux puissances impérialistes, France à l’ouest et
7406 ie à l’est ; puis une fois l’atmosphère purifiée, de les faire adhérer à l’union, ainsi que l’Amérique du Nord. Constantin
7407 si que l’Amérique du Nord. Constantin Frantz part de l’expérience vécue d’une Allemagne moins une que diverse, donc destin
7408 ord. Constantin Frantz part de l’expérience vécue d’ une Allemagne moins une que diverse, donc destinée et préparée par son
7409 us vastes formations : ainsi Bluntschli pensait l’ Europe à partir de l’exemple suisse. Il saute aux yeux que dans un pays ain
7410 it que l’Allemagne ne convient pas à la formation d’ un État unitaire centralisé, ni même, d’une façon générale, à celle d’
7411 formation d’un État unitaire centralisé, ni même, d’ une façon générale, à celle d’une simple nation « fermée », étant donn
7412 entralisé, ni même, d’une façon générale, à celle d’ une simple nation « fermée », étant donné les rapports étroits, déterm
7413 ritoire allemand ne se prête guère à la formation d’ un État unitaire, la nation allemande s’y prête encore moins, parce qu
7414 té, dès le début, — pour reprendre une expression de Schelling — « un peuple de peuples ».218 Frantz a bien vu et dit qu
7415 prendre une expression de Schelling — « un peuple de peuples ».218 Frantz a bien vu et dit que l’État unitaire ne saurai
7416 ue l’État unitaire ne saurait en aucun cas servir de base à une union fédérative : ou bien il reste formé et il n’y a pas
7417 dérative : ou bien il reste formé et il n’y a pas d’ union possible, ou bien le carcan est brisé et l’union devient possibl
7418 où vont les choses actuellement, que la formation d’ un pur État unitaire est proche. Il n’est pas impossible que nous soyo
7419 n’est pas impossible que nous soyons les témoins de cette transformation ; mais supposons l’État unitaire constitué, déve
7420 t pas longtemps et ferait vite sauter la camisole de force qu’on lui aurait mise. Ceci est un des termes de notre alternat
7421 rce qu’on lui aurait mise. Ceci est un des termes de notre alternative. En revanche, si nous voulons échapper à l’actuel c
7422 on pourrait sérieusement envisager la possibilité d’ une fédération d’Europe Centrale. Et chaque pas que nous ferions dans
7423 usement envisager la possibilité d’une fédération d’ Europe Centrale. Et chaque pas que nous ferions dans cette direction n
7424 nous ferions dans cette direction nous assurerait d’ un double gain : en effet, non seulement cette fédération créerait un
7425 t étendue, mais elle permettrait aussi la réunion d’ une telle masse de forces défensives que chaque État membre n’aurait à
7426 le permettrait aussi la réunion d’une telle masse de forces défensives que chaque État membre n’aurait à maintenir sur pie
7427 ion du budget militaire et favoriserait le retour d’ une importante main-d’œuvre à des travaux plus productifs. Aucune puis
7428 u monde n’oserait attaquer cette fédération, qui, de son côté, ne pourrait en aucune manière manifester de tendances agres
7429 on côté, ne pourrait en aucune manière manifester de tendances agressives. De cette façon serait fondé un système pour le
7430 ucune manière manifester de tendances agressives. De cette façon serait fondé un système pour le maintien de la paix tel q
7431 te façon serait fondé un système pour le maintien de la paix tel que l’Europe n’en a encore jamais vu. Et quel honneur pou
7432 un système pour le maintien de la paix tel que l’ Europe n’en a encore jamais vu. Et quel honneur pour l’Allemagne si elle pou
7433 eur pour l’Allemagne si elle pouvait être la base d’ une fédération pour la paix, au lieu d’avoir, par le système de 1866,
7434 ion pour la paix, au lieu d’avoir, par le système de 1866, créé le militarisme européen qui nous suce notre propre sang. S
7435 voir, par le système de 1866, créé le militarisme européen qui nous suce notre propre sang. Si grandes que soient les difficulté
7436 difficultés réelles qui s’opposent à la fondation de la fédération d’Europe Centrale — et nous sommes les derniers à nous
7437 es qui s’opposent à la fondation de la fédération d’ Europe Centrale — et nous sommes les derniers à nous bercer d’illusion
7438 trale — et nous sommes les derniers à nous bercer d’ illusions —, elles pourraient très bien être surmontées grâce à une pr
7439 ses qui ont prévalu jusqu’à présent. Ainsi l’idée d’ État, avec laquelle de toute façon on ne peut rien construire… Il ren
7440 squ’à présent. Ainsi l’idée d’État, avec laquelle de toute façon on ne peut rien construire… Il rend justice à l’élan pri
7441 va au-delà du but assigné, ainsi la valorisation de la nationalité devint un but absolu… Au stade des nations fermées co
7442 ermanentes : Il est bien établi que le but final de l’organisation n’est pas l’État universel, mais bien la fédération de
7443 iances » qui constitue manifestement le préalable d’ un tel processus. Par alliances, nous entendons des associations concl
7444 tif : elle sera constituée pour toujours et dotée d’ organes permanents prêts à fonctionner de façon durable. De ce point d
7445 et dotée d’organes permanents prêts à fonctionner de façon durable. De ce point de vue, le système politique appelé « Conc
7446 permanents prêts à fonctionner de façon durable. De ce point de vue, le système politique appelé « Concert européen des g
7447 int de vue, le système politique appelé « Concert européen des grandes puissances » nous vient immédiatement à l’esprit. Pris da
7448 ns propre, ce mot, à l’origine, ne désignait rien d’ autre qu’un système d’alliances… À examiner de près l’essence même de
7449 ’origine, ne désignait rien d’autre qu’un système d’ alliances… À examiner de près l’essence même de ce système des grandes
7450 ien d’autre qu’un système d’alliances… À examiner de près l’essence même de ce système des grandes puissances, on constate
7451 me d’alliances… À examiner de près l’essence même de ce système des grandes puissances, on constate d’après son nom même q
7452 e d’après son nom même qu’il est fondé sur l’idée de la seule puissance, et qu’il fait abstraction aussi bien des principe
7453 t qu’il fait abstraction aussi bien des principes de l’histoire et de la moralité que des buts élevés de la civilisation.
7454 raction aussi bien des principes de l’histoire et de la moralité que des buts élevés de la civilisation. La seule fin est
7455 l’histoire et de la moralité que des buts élevés de la civilisation. La seule fin est d’être ou de devenir une grande pui
7456 buts élevés de la civilisation. La seule fin est d’ être ou de devenir une grande puissance. Et pour autant que plusieurs
7457 és de la civilisation. La seule fin est d’être ou de devenir une grande puissance. Et pour autant que plusieurs de ces gra
7458 ne grande puissance. Et pour autant que plusieurs de ces grandes puissances se trouvent être l’une à côté de l’autre, quel
7459 ut poursuivront-elles principalement, sinon celui d’ augmenter leur force militaire ? Il est frappant de constater que la p
7460 ’augmenter leur force militaire ? Il est frappant de constater que la prédominance de l’élément militaire va de pair avec
7461 Il est frappant de constater que la prédominance de l’élément militaire va de pair avec le règne de l’argent, ce qui a po
7462 ter que la prédominance de l’élément militaire va de pair avec le règne de l’argent, ce qui a pour conséquence que tout le
7463 e de l’élément militaire va de pair avec le règne de l’argent, ce qui a pour conséquence que tout le développement des peu
7464 ourse… … Tous les petits États sont ainsi menacés de décadence, à moins qu’ils ne soient déjà réellement déchus… En revanc
7465 ue les grandes puissances militaires… Allons donc de l’avant ! Puisque ce système a vu le jour uniquement par un processus
7466 uniquement par un processus historique, la notion de grande puissance n’est par conséquent qu’une catégorie de l’histoire,
7467 e puissance n’est par conséquent qu’une catégorie de l’histoire, destinée à disparaître à la prochaine étape de l’évolutio
7468 oire, destinée à disparaître à la prochaine étape de l’évolution, de la même manière qu’elle est apparue un jour et qu’ell
7469 disparaître à la prochaine étape de l’évolution, de la même manière qu’elle est apparue un jour et qu’elle a acquis, temp
7470 n jour et qu’elle a acquis, temporairement, droit de cité un peu partout. Le principe de non-intervention, proclamé depuis
7471 rement, droit de cité un peu partout. Le principe de non-intervention, proclamé depuis longtemps, n’est-il pas la déclarat
7472 amé depuis longtemps, n’est-il pas la déclaration de faillite de la politique du concert européen ? De ce fait même, cette
7473 ongtemps, n’est-il pas la déclaration de faillite de la politique du concert européen ? De ce fait même, cette dernière es
7474 éclaration de faillite de la politique du concert européen  ? De ce fait même, cette dernière est devenue, si l’on peut dire, un
7475 de faillite de la politique du concert européen ? De ce fait même, cette dernière est devenue, si l’on peut dire, un « asy
7476 ». Et maintenant la tâche importante nous incombe de créer un nouveau système, c’est-à-dire un ordre fondé sur la réalité,
7477 la réalité, réglant les rapports entre les États européens , réinstallant le droit des gens sur les assises positives qui lui ont
7478 ion du temps exige, devra se fonder sur le modèle de l’union allemande, qui exclut toute hégémonie d’un de ses États. Ains
7479 de l’union allemande, qui exclut toute hégémonie d’ un de ses États. Ainsi le nationalisme condamné par Frantz sous sa for
7480 ’union allemande, qui exclut toute hégémonie d’un de ses États. Ainsi le nationalisme condamné par Frantz sous sa forme ét
7481 réapparaît irrésistiblement sous la forme épurée d’ une « mission européenne » de l’Allemagne. Nous connaissons maintenant
7482 sistiblement sous la forme épurée d’une « mission européenne  » de l’Allemagne. Nous connaissons maintenant le processus pour l’avo
7483 sous la forme épurée d’une « mission européenne » de l’Allemagne. Nous connaissons maintenant le processus pour l’avoir il
7484 le processus pour l’avoir illustré par des textes de Gioberti et de Mazzini, de Lamartine et de Hugo, de Mickiewicz, de Do
7485 ur l’avoir illustré par des textes de Gioberti et de Mazzini, de Lamartine et de Hugo, de Mickiewicz, de Donoso Cortès et
7486 llustré par des textes de Gioberti et de Mazzini, de Lamartine et de Hugo, de Mickiewicz, de Donoso Cortès et même de Blun
7487 textes de Gioberti et de Mazzini, de Lamartine et de Hugo, de Mickiewicz, de Donoso Cortès et même de Bluntschli. Il manqu
7488 Gioberti et de Mazzini, de Lamartine et de Hugo, de Mickiewicz, de Donoso Cortès et même de Bluntschli. Il manquait à ce
7489 Mazzini, de Lamartine et de Hugo, de Mickiewicz, de Donoso Cortès et même de Bluntschli. Il manquait à ce concert une voi
7490 de Hugo, de Mickiewicz, de Donoso Cortès et même de Bluntschli. Il manquait à ce concert une voix allemande, et la voici 
7491 t qu’une telle fédération ne peut pas s’instaurer d’ un coup. Il faut d’abord qu’elle s’établisse sur une base réelle, d’où
7492 d’abord qu’elle s’établisse sur une base réelle, d’ où, par la suite, l’impulsion pourra être donnée… Si c’est l’Allemagne
7493 … Si c’est l’Allemagne, où a commencé la scission de l’Église, qui a contribué le plus à la décadence de la communauté des
7494 l’Église, qui a contribué le plus à la décadence de la communauté des peuples occidentaux, il conviendrait que ce pays se
7495 x, il conviendrait que ce pays se fasse un devoir de participer activement au rétablissement de cette communauté et de se
7496 devoir de participer activement au rétablissement de cette communauté et de se consacrer à cette tâche de telle façon que
7497 tivement au rétablissement de cette communauté et de se consacrer à cette tâche de telle façon que l’on puisse bien augure
7498 cette communauté et de se consacrer à cette tâche de telle façon que l’on puisse bien augurer de la transformation du syst
7499 tâche de telle façon que l’on puisse bien augurer de la transformation du système européen dans sa totalité… Seul le fédér
7500 isse bien augurer de la transformation du système européen dans sa totalité… Seul le fédéralisme peut vraiment conduire à ce rés
7501 -t-il dans la politique actuelle, est le principe de l’évolution politique de l’avenir. 208. Cf. P. Renouvin, L’idée de
7502 ctuelle, est le principe de l’évolution politique de l’avenir. 208. Cf. P. Renouvin, L’idée de fédération européenne da
7503 ique de l’avenir. 208. Cf. P. Renouvin, L’idée de fédération européenne dans la pensée politique du xixe siècle, Oxfor
7504 ir. 208. Cf. P. Renouvin, L’idée de fédération européenne dans la pensée politique du xixe siècle, Oxford, 1909. 209. Notizi
7505 spiration patriotique qui nous a donné le courage d’ entreprendre cet immense travail ? N’avons-nous pas voulu la ceindre d
7506 mense travail ? N’avons-nous pas voulu la ceindre d’ une couronne d’éléments qui saluassent sa première résurrection ? » Cf
7507 N’avons-nous pas voulu la ceindre d’une couronne d’ éléments qui saluassent sa première résurrection ? » Cf. Dora Melegari
7508  » Cf. Dora Melegari, La Jeune Italie et la Jeune Europe , Paris, 1908, p. 241. 211. Foi et Avenir, 1850, édité par le Bureau
7509 é par le Bureau du Nouveau Monde, Paris (brochure de 104 p. écrite en français). 212. V. Hugo, Œuvres complètes, Actes e
7510 politique extérieure. 218. Toutes les citations de C. Frantz sont empruntées à son ouvrage paru en 1879 sous ce titre :
22 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Cinquième Partie. L’Ère des nations, (de 1848 à 1914) — 3. Un problème séculaire : la Russie et l’Europe
7511 3.Un problème séculaire : la Russie et l’ Europe Est-ce à la France, à l’Italie ou à l’Allemagne, voire à la Suisse
7512 ou à l’Allemagne, voire à la Suisse fédéraliste, de faire l’Europe et de s’y fondre, accomplissant ainsi une vocation nat
7513 emagne, voire à la Suisse fédéraliste, de faire l’ Europe et de s’y fondre, accomplissant ainsi une vocation nationale, univers
7514 ire à la Suisse fédéraliste, de faire l’Europe et de s’y fondre, accomplissant ainsi une vocation nationale, universelle ?
7515 s du xixe siècle — c’est elle qui a pour mission de régénérer l’Europe et de l’unir, car c’est ainsi seulement que la Rus
7516 le — c’est elle qui a pour mission de régénérer l’ Europe et de l’unir, car c’est ainsi seulement que la Russie pourra devenir
7517 elle qui a pour mission de régénérer l’Europe et de l’unir, car c’est ainsi seulement que la Russie pourra devenir europé
7518 ’est ainsi seulement que la Russie pourra devenir européenne . Que l’Europe soit unie ou non, la France, l’Allemagne, l’Italie et l
7519 nt que la Russie pourra devenir européenne. Que l’ Europe soit unie ou non, la France, l’Allemagne, l’Italie et la Suisse en fo
7520 isse en font indiscutablement partie. Mais le cas de la Russie est différent. Elle peut choisir d’être d’Europe ou non, se
7521 cas de la Russie est différent. Elle peut choisir d’ être d’Europe ou non, selon que l’Europe sera conforme ou non à l’idée
7522 la Russie est différent. Elle peut choisir d’être d’ Europe ou non, selon que l’Europe sera conforme ou non à l’idée russe
7523 Russie est différent. Elle peut choisir d’être d’ Europe ou non, selon que l’Europe sera conforme ou non à l’idée russe de l’h
7524 peut choisir d’être d’Europe ou non, selon que l’ Europe sera conforme ou non à l’idée russe de l’humanité, du christianisme e
7525 que l’Europe sera conforme ou non à l’idée russe de l’humanité, du christianisme et de l’ordre social. Ce privilège exorb
7526 à l’idée russe de l’humanité, du christianisme et de l’ordre social. Ce privilège exorbitant, existe-t-il en fait, est-il
7527 ? Ou bien ne serait-il qu’un phantasme, un besoin de surcompenser le retard de la Russie sur les « progrès » de l’Ouest, —
7528 un phantasme, un besoin de surcompenser le retard de la Russie sur les « progrès » de l’Ouest, — ces progrès à la fois jal
7529 penser le retard de la Russie sur les « progrès » de l’Ouest, — ces progrès à la fois jalousés et honnis ? Notre propos da
7530 s et honnis ? Notre propos dans cet ouvrage étant de présenter des textes afin de les mieux laisser parler, nous rappeller
7531 rappellerons d’abord les opinions contradictoires de l’Ouest sur la Russie, puis celles des deux écoles antagonistes qui d
7532 istes qui divisèrent les élites russes touchant l’ Europe , pour en venir à citer longuement le témoin capital, Dostoïevski. A
7533 ent le témoin capital, Dostoïevski. A. Opinions européennes sur la Russie, de Voltaire à Karl Marx Nous avons vu Sully exclure
7534 oïevski. A. Opinions européennes sur la Russie, de Voltaire à Karl Marx Nous avons vu Sully exclure la Russie de son
7535 arl Marx Nous avons vu Sully exclure la Russie de son grand dessein, Leibniz tenter de l’inclure — non sans réserve — d
7536 re la Russie de son grand dessein, Leibniz tenter de l’inclure — non sans réserve — dans l’ensemble spirituel de l’Europe,
7537 re — non sans réserve — dans l’ensemble spirituel de l’Europe, William Penn l’accepter dans sa Ligue des Nations, et leurs
7538 non sans réserve — dans l’ensemble spirituel de l’ Europe , William Penn l’accepter dans sa Ligue des Nations, et leurs successe
7539 udain le vrai danger, contre lequel il serait bon de s’unir et de s’entendre avec les Turcs. Voltaire et ses contemporains
7540 danger, contre lequel il serait bon de s’unir et de s’entendre avec les Turcs. Voltaire et ses contemporains tenaient enc
7541 ltaire et ses contemporains tenaient encore que l’ Europe s’arrête au Don, au-delà duquel la « Moscovie » et la « Scythie » son
7542 me Impératrice que le premier gazetier littéraire de Paris, Melchior Grimm, peut écrire cette prophétie sensationnelle, qu
7543 t écrire cette prophétie sensationnelle, que tant d’ esprits plus grands que lui ne feront que répéter jusqu’à nos jours :
7544 eux empires se partageront […] tous les avantages de la civilisation, de la puissance, du génie, des lettres, des arts, de
7545 geront […] tous les avantages de la civilisation, de la puissance, du génie, des lettres, des arts, des armes et de l’indu
7546 ce, du génie, des lettres, des arts, des armes et de l’industrie : la Russie du côté de l’orient, et l’Amérique, devenue l
7547 du côté de l’orient, et l’Amérique, devenue libre de nos jours, du côté de l’occident, et nous autres, peuples du noyau, n
7548 noyau ». L’Amérique et la Russie sont les « pays d’ avenir » destinés à succéder à l’Europe lorsque ses divisions spiritue
7549 ont les « pays d’avenir » destinés à succéder à l’ Europe lorsque ses divisions spirituelles et ses guerres auront achevé de l’
7550 visions spirituelles et ses guerres auront achevé de l’épuiser. En 1797, Jean de Müller annonce que « l’avenir appartiendr
7551 soit à l’Amérique » : Napoléon, dans le Mémorial de Sainte-Hélène, prévoit que le monde sera sous peu « République améric
7552 icaine ou Monarchie universelle russe », et que l’ Europe ne peut pas s’opposer à un chef russe digne du nom : Qu’il se trouve
7553 du nom : Qu’il se trouve, disait-il, un empereur de Russie vaillant, impétueux, capable, en un mot un tsar qui ait de la
7554 nt, impétueux, capable, en un mot un tsar qui ait de la barbe au menton (ce qu’il exprimait, du reste, beaucoup plus énerg
7555 ait, du reste, beaucoup plus énergiquement), et l’ Europe est à lui. Il peut commencer ses opérations sur le sol allemand même,
7556 ’arriverais à Calais à temps fixe et par journées d’ étape, et je m’y trouverais le maître et l’arbitre de l’Europe… L’ab
7557 tape, et je m’y trouverais le maître et l’arbitre de l’Europe… L’abbé de Pradt, contemporain de Metternich, publie en 18
7558 et je m’y trouverais le maître et l’arbitre de l’ Europe … L’abbé de Pradt, contemporain de Metternich, publie en 1823 un « P
7559 itre de l’Europe… L’abbé de Pradt, contemporain de Metternich, publie en 1823 un « Parallèle de la puissance anglaise et
7560 rain de Metternich, publie en 1823 un « Parallèle de la puissance anglaise et russe relativement à l’Europe », où il démon
7561 e la puissance anglaise et russe relativement à l’ Europe  », où il démontre que l’Amérique (« cette seconde Angleterre ») et la
7562 une à renouveler le vieux monde, l’autre à tenter de le dominer. Précurseur de Churchill lançant le slogan du « rideau de
7563 monde, l’autre à tenter de le dominer. Précurseur de Churchill lançant le slogan du « rideau de fer », il écrit : Au-delà
7564 urseur de Churchill lançant le slogan du « rideau de fer », il écrit : Au-delà de la Vistule tombe un rideau derrière leq
7565 slogan du « rideau de fer », il écrit : Au-delà de la Vistule tombe un rideau derrière lequel il est fort difficile de b
7566 e un rideau derrière lequel il est fort difficile de bien voir ce qui se passe dans l’intérieur de l’empire russe. À la ma
7567 ile de bien voir ce qui se passe dans l’intérieur de l’empire russe. À la manière de l’Orient, dont il a reçu l’origine et
7568 ussi d’après elles seulement que l’on peut parler de l’armée russe… … Depuis Pierre le Grand jusqu’à ce jour, la politique
7569 uis Pierre le Grand jusqu’à ce jour, la politique de la Russie n’a pas cessé d’être conquérante ; on dirait que depuis un
7570 ce jour, la politique de la Russie n’a pas cessé d’ être conquérante ; on dirait que depuis un siècle entier son cabinet n
7571 un siècle entier son cabinet n’a été composé que d’ un seul et même homme tant il n’a eu qu’une seule et même pensée, cell
7572 tant il n’a eu qu’une seule et même pensée, celle de l’agrandissement méthodique. Sainte-Beuve, commentant et paraphrasan
7573 ’est barbare encore, mais c’est grand… La vieille Europe aura à compter avec cette jeunesse. L’autre jeunesse, c’est l’Amériqu
7574 les courants vont vers deux fins : ou l’Autocrate d’ Europe, ou les États-Unis d’Europe. Vers le même temps, et dans le mê
7575 s courants vont vers deux fins : ou l’Autocrate d’ Europe , ou les États-Unis d’Europe. Vers le même temps, et dans le même sen
7576 re l’état où sont déjà arrivées plusieurs nations européennes et celui où toutes les autres tendent, je me sens porté à croire que
7577 re que bientôt parmi elles il ne se trouvera plus de place que pour la liberté démocratique ou la tyrannie des Césars. J
7578 longtemps, il est clair que le monde va au-devant de l’alternative suivante : ou la Démocratie totale, ou le Despotisme ab
7579 se résument en ceci : l’Amérique a un bon siècle d’ avance sur la Russie, et l’Europe de l’Ouest devra marcher derrière no
7580 devra marcher derrière nous pendant une centaine d’ années, avant que la Russie puisse étendre son aile au-dessus de l’Atl
7581 t que la Russie puisse étendre son aile au-dessus de l’Atlantique. Mais la formulation la plus fameuse et d’ailleurs la p
7582 ion la plus fameuse et d’ailleurs la plus précise de ce que je voudrais nommer le mythe européen des deux grands, nous la
7583 lus précise de ce que je voudrais nommer le mythe européen des deux grands, nous la trouvons dans La Démocratie en Amérique publ
7584 ’hui sur la terre deux grands peuples qui, partis de points différents, semblent s’avancer vers le même but : ce sont les
7585 ancent qu’avec mille efforts ; eux seuls marchent d’ un pas aisé et rapide dans une carrière dont l’œil ne saurait encore a
7586 t et la barbarie, l’autre la civilisation revêtue de toutes ses armes ; aussi les conquêtes de l’Américain se font-elles a
7587 revêtue de toutes ses armes ; aussi les conquêtes de l’Américain se font-elles avec le soc du laboureur, celles du Russe a
7588 en quelque sorte dans un homme toute la puissance de la société. L’un a pour principal moyen d’action la liberté ; l’autre
7589 ssance de la société. L’un a pour principal moyen d’ action la liberté ; l’autre, la servitude. Leur point de départ est di
7590 on la liberté ; l’autre, la servitude. Leur point de départ est différent, leurs voies sont diverses ; néanmoins, chacun d
7591 nt, leurs voies sont diverses ; néanmoins, chacun d’ eux semble appelé par un dessein secret de la Providence à tenir un jo
7592 chacun d’eux semble appelé par un dessein secret de la Providence à tenir un jour dans ses mains les destinées de la moit
7593 ence à tenir un jour dans ses mains les destinées de la moitié du monde.223 On notera que Tocqueville ne se fait pas fau
7594 oins, en réalité, dans l’évolution qu’il annonce, d’ une double fatalité que d’une alternative, ménageant à l’Europe un cho
7595 volution qu’il annonce, d’une double fatalité que d’ une alternative, ménageant à l’Europe un choix final, sans doute inévi
7596 ble fatalité que d’une alternative, ménageant à l’ Europe un choix final, sans doute inévitable, mais qui n’en sera pas moins s
7597 pensent la plupart des auteurs innombrables qui, de la fin du xviiie siècle à nos jours, ont supputé l’avenir de notre c
7598 xviiie siècle à nos jours, ont supputé l’avenir de notre continent : le seul fait qu’ils s’expriment pour ou contre l’un
7599 essimisme tende à l’emporter. S’ils avaient assez de foi dans le destin de l’Europe, ils opposeraient aux deux empires un
7600 porter. S’ils avaient assez de foi dans le destin de l’Europe, ils opposeraient aux deux empires un même refus, serein et
7601 r. S’ils avaient assez de foi dans le destin de l’ Europe , ils opposeraient aux deux empires un même refus, serein et motivé. S
7602 t, comme Ernst von Lasaulx l’écrit en 1856, que l’ Europe sera fatalement broyée « entre les deux roues du moulin », ils ne se
7603 une ou l’autre des roues. En vérité, leurs prises de position révèlent une anxiété de l’imagination plutôt qu’une angoisse
7604 té, leurs prises de position révèlent une anxiété de l’imagination plutôt qu’une angoisse immédiate, sans horizon. Nous av
7605 me le puissant refuge des trésors et des libertés de l’Europe. En revanche, de Joseph de Maistre à Georges Sorel, en passa
7606 puissant refuge des trésors et des libertés de l’ Europe . En revanche, de Joseph de Maistre à Georges Sorel, en passant par Pr
7607 trésors et des libertés de l’Europe. En revanche, de Joseph de Maistre à Georges Sorel, en passant par Proudhon et Renan,
7608 ue virulente et hautaine du « pays du dollar » et de son « matérialisme » ne cessera de s’amplifier jusqu’à nos jours, où
7609 du dollar » et de son « matérialisme » ne cessera de s’amplifier jusqu’à nos jours, où elle deviendra le lieu commun des n
7610 ù elle deviendra le lieu commun des nationalistes d’ extrême gauche et d’extrême droite. Beaucoup plus rares sont les auteu
7611 lieu commun des nationalistes d’extrême gauche et d’ extrême droite. Beaucoup plus rares sont les auteurs qui, comme Jean-P
7612 » — bien avant l’ère soviétique ! — n’a pas cessé de hanter à la fois les conservateurs, les libéraux et les socialistes.
7613 x et les socialistes. Seuls, certains catholiques d’ extrême droite comme le Savoyard Joseph de Maistre, le Bavarois Ernst
7614 ns une secrète complaisance à rêver l’éventualité d’ un juste châtiment fondant de Moscou sur nos démocraties… Plus sobre e
7615 rêver l’éventualité d’un juste châtiment fondant de Moscou sur nos démocraties… Plus sobre et plus serein, à sa coutume,
7616 24, dans son premier ouvrage : Il faut se garder de mettre en contraste l’Europe et l’Amérique : ce que l’on trouve là-ba
7617 age : Il faut se garder de mettre en contraste l’ Europe et l’Amérique : ce que l’on trouve là-bas n’est qu’un développement d
7618 que l’on trouve là-bas n’est qu’un développement de nos races et de notre genre de vie : en fait, New York et Lima nous i
7619 là-bas n’est qu’un développement de nos races et de notre genre de vie : en fait, New York et Lima nous importent davanta
7620 u’un développement de nos races et de notre genre de vie : en fait, New York et Lima nous importent davantage que Kiev et
7621 Certes, les Russes, selon Ranke, ont bien mérité de l’Europe en la protégeant contre les Mongols. Mais leur manière de s’
7622 es, les Russes, selon Ranke, ont bien mérité de l’ Europe en la protégeant contre les Mongols. Mais leur manière de s’occidenta
7623 protégeant contre les Mongols. Mais leur manière de s’occidentaliser reste à ses yeux liée à la tendance à s’approprier
7624 eux liée à la tendance à s’approprier la culture de l’Occident dans ses aspects matériels (in materieller Beziehung).224
7625 s’étendre du Bosphore vers l’Asie, l’Afrique et l’ Europe  : alors l’Européen cherchera son salut dans la fuite aux États-Unis.
7626 hore vers l’Asie, l’Afrique et l’Europe : alors l’ Européen cherchera son salut dans la fuite aux États-Unis. À droite : le marqu
7627 te : le marquis de Custine, dans son fameux récit d’ un séjour en Russie, « La Russie en 1839 », prédit le réveil effrayant
7628 russe, et alors « la violence mettra fin au règne de la parole » : Une ambition désordonnée, immense, une de ces ambition
7629 arole » : Une ambition désordonnée, immense, une de ces ambitions qui ne peuvent germer que dans l’âme des opprimés, et s
7630 l’âme des opprimés, et se nourrir que du malheur d’ une nation entière, fermente au cœur du peuple russe. Cette nation, es
7631 t conquérante, avide à force de privations, expie d’ avance chez elle, par une soumission avilissante, l’espoir d’exercer l
7632 ez elle, par une soumission avilissante, l’espoir d’ exercer la tyrannie chez les autres ; la gloire, la richesse qu’elle a
7633 gloire, la richesse qu’elle attend la distraient de la honte qu’elle subit, et, pour se laver du sacrifice impie de toute
7634 ’elle subit, et, pour se laver du sacrifice impie de toute liberté publique et personnelle, l’esclave, à genoux, rêve la d
7635 e la domination du monde. … La Russie voit dans l’ Europe une proie qui lui sera livrée tôt ou tard par nos dissensions ; elle
7636 ; elle fomente chez nous l’anarchie dans l’espoir de profiter d’une corruption favorisée par elle, parce qu’elle est favor
7637 te chez nous l’anarchie dans l’espoir de profiter d’ une corruption favorisée par elle, parce qu’elle est favorable à ses v
7638 ’elle est favorable à ses vues : c’est l’histoire de la Pologne recommencée en grand. Depuis de longues années Paris lit d
7639 stoire de la Pologne recommencée en grand. Depuis de longues années Paris lit des journaux révolutionnaires, révolutionnai
7640 ires dans tous les sens, payés par la Russie. « L’ Europe , dit-on à Pétersbourg, prend le chemin qu’a suivi la Pologne ; elle s
7641 ai par tout homme initié à la marche des affaires de l’Europe et aux secrets des cabinets pendant les vingt dernières anné
7642 r tout homme initié à la marche des affaires de l’ Europe et aux secrets des cabinets pendant les vingt dernières années. Las
7643 me occidental. Dans le même sens, mais avec plus de précision et une lucidité qui se révèle aujourd’hui prophétique, Jaco
7644 Burckhardt constate : Le tragique, dans le destin de l’Europe jusqu’ici, réside en ce que les peuples de l’Ouest, considér
7645 hardt constate : Le tragique, dans le destin de l’ Europe jusqu’ici, réside en ce que les peuples de l’Ouest, considérés dans l
7646 l’Europe jusqu’ici, réside en ce que les peuples de l’Ouest, considérés dans leurs perpétuelles mutations et révolutions,
7647 . (On l’eût embarrassé en lui demandant la raison de cette supériorité paradoxale, lui qui estimait que la culture n’est q
7648 même que son ami Engels, il salua les mouvements de libération nationale des Polonais, des Hongrois et des Allemands (tou
7649 des Allemands (tous écrasés par les interventions de la Russie) comme autant d’étapes « dialectiques » vers l’union finale
7650 par les interventions de la Russie) comme autant d’ étapes « dialectiques » vers l’union finale des Européens, dans une so
7651 d’étapes « dialectiques » vers l’union finale des Européens , dans une société sans classe et sans nation. Il était d’ailleurs con
7652 ui devait triompher d’abord en France : La chute de la bourgeoisie en France, le triomphe de la classe ouvrière française
7653 La chute de la bourgeoisie en France, le triomphe de la classe ouvrière française, l’émancipation de la classe ouvrière en
7654 e de la classe ouvrière française, l’émancipation de la classe ouvrière en général, voilà le mot et la solution de la libé
7655 ouvrière en général, voilà le mot et la solution de la libération européenne.226 Certes, l’Angleterre bourgeoise ne man
7656 ral, voilà le mot et la solution de la libération européenne .226 Certes, l’Angleterre bourgeoise ne manquerait pas de s’opposer
7657 Certes, l’Angleterre bourgeoise ne manquerait pas de s’opposer à ce mouvement, mais une « guerre mondiale » l’obligerait à
7658 ue les États-Unis devaient former part intégrante de l’Occident et intervenir en Europe. Il écrivait en 1853 : Le grand é
7659 er part intégrante de l’Occident et intervenir en Europe . Il écrivait en 1853 : Le grand événement du jour, c’est l’apparitio
7660 : Le grand événement du jour, c’est l’apparition de la politique américaine à l’horizon européen. Salué par les uns, reje
7661 apparition de la politique américaine à l’horizon européen . Salué par les uns, rejeté par les autres, le fait doit être admis pa
7662 mis par tous. À Beirouth, les Américains viennent d’ arracher un fugitif hongrois de plus aux serres de l’aigle autrichien.
7663 d’arracher un fugitif hongrois de plus aux serres de l’aigle autrichien. Il est réconfortant de constater que l’interventi
7664 serres de l’aigle autrichien. Il est réconfortant de constater que l’intervention américaine en Europe se produit d’abord
7665 ant de constater que l’intervention américaine en Europe se produit d’abord à propos de la question d’Orient… Dans l’explicati
7666 Europe se produit d’abord à propos de la question d’ Orient… Dans l’explication violente et permanente qui oppose l’Est à l
7667 st le plus jeune et le plus puissant représentant de l’Ouest.227 Mais le grand adversaire de cette « libération de l’Eu
7668 entant de l’Ouest.227 Mais le grand adversaire de cette « libération de l’Europe » restait — et resterait toujours, sel
7669 Mais le grand adversaire de cette « libération de l’Europe » restait — et resterait toujours, selon Marx — la Russie, p
7670 is le grand adversaire de cette « libération de l’ Europe  » restait — et resterait toujours, selon Marx — la Russie, puissance
7671 Marx — la Russie, puissance intermédiaire entre l’ Europe progressiste et la « barbarie mongole », et dont la politique d’hégém
7672 et la « barbarie mongole », et dont la politique d’ hégémonie mondiale ne cesserait de duper les nations européennes : Co
7673 nt la politique d’hégémonie mondiale ne cesserait de duper les nations européennes : Comptant sur la lâcheté et la peur d
7674 émonie mondiale ne cesserait de duper les nations européennes  : Comptant sur la lâcheté et la peur des puissances de l’Ouest, la R
7675 Comptant sur la lâcheté et la peur des puissances de l’Ouest, la Russie joue les spadassins et accroît ses exigences à la
7676 mite du possible, afin d’être en mesure plus tard de se donner l’air magnanime en se contentant des avantages les plus imm
7677 édiats. La politique russe… peut berner les cours européennes liées à la tradition, mais elle reste impuissante dans le cas des peu
7678 dant un siècle, jusqu’à ce que le grand mouvement de 1789 lui ait opposé un puissant adversaire. Nous entendons la révolut
7679 puissant adversaire. Nous entendons la révolution européenne , la force explosive de ses idées démocratiques et de sa soif innée de
7680 dons la révolution européenne, la force explosive de ses idées démocratiques et de sa soif innée de liberté. Depuis ce tem
7681 la force explosive de ses idées démocratiques et de sa soif innée de liberté. Depuis ce temps, il n’y a plus eu en Europe
7682 ve de ses idées démocratiques et de sa soif innée de liberté. Depuis ce temps, il n’y a plus eu en Europe que deux forces
7683 de liberté. Depuis ce temps, il n’y a plus eu en Europe que deux forces réelles : la Russie et l’absolutisme, la Révolution e
7684 cé en 1867, Marx précise que l’objectif permanent de la politique russe, son « étoile polaire », est la domination du mond
7685 », est la domination du monde : Il ne manque pas de naïfs qui s’imaginent que tout cela (l’impérialisme russe) s’est modi
7686 isme russe) s’est modifié, que la Pologne a cessé d’ être une « nation nécessaire » comme l’appelait un écrivain, et n’est
7687 ? Non, seul l’aveuglement des couches dirigeantes de l’Europe s’est accru et a atteint son zénith. La politique russe est
7688 , seul l’aveuglement des couches dirigeantes de l’ Europe s’est accru et a atteint son zénith. La politique russe est invariabl
7689 s manœuvres peuvent varier, mais l’étoile polaire de sa politique — la domination mondiale — est une étoile fixe. Cependa
7690 révoyait la chute finale du despotisme congénital de la Russie, sous les coups du « progrès des masses » et de la « force
7691 ssie, sous les coups du « progrès des masses » et de la « force des idées », — recréant la « puissance et l’unité » de l’E
7692 s idées », — recréant la « puissance et l’unité » de l’Europe. Dans l’un des quelque 500 articles que Marx donna au New Yo
7693 es », — recréant la « puissance et l’unité » de l’ Europe . Dans l’un des quelque 500 articles que Marx donna au New York Herald
7694 rticles que Marx donna au New York Herald Tribune de 1851 à 1861, nous trouvons les lignes suivantes, parues le 31 décembr
7695 vantes, parues le 31 décembre 1853 : Les peuples de l’Ouest remonteront au pouvoir et retrouveront l’unité de but, tandis
7696 st remonteront au pouvoir et retrouveront l’unité de but, tandis que le Colosse russe sera ruiné par le progrès des masses
7697 sses et la force explosive des idées.229 Marx, de toute évidence, ne pouvait penser qu’à la Russie des tsars, mais sa p
7698 prophétie, si elle s’applique mal aux événements de 1917, est loin d’avoir perdu son sens pour autant. B. Opinions rus
7699 e s’applique mal aux événements de 1917, est loin d’ avoir perdu son sens pour autant. B. Opinions russes sur l’Europe,
7700 son sens pour autant. B. Opinions russes sur l’ Europe , de Tchaadaïev à Tolstoï Russie de l’époque de Kiev, occidentale.
7701 pour autant. B. Opinions russes sur l’Europe, de Tchaadaïev à Tolstoï Russie de l’époque de Kiev, occidentale. Russ
7702 s sur l’Europe, de Tchaadaïev à Tolstoï Russie de l’époque de Kiev, occidentale. Russie de la Horde d’Or, asiatique. Ru
7703 pe, de Tchaadaïev à Tolstoï Russie de l’époque de Kiev, occidentale. Russie de la Horde d’Or, asiatique. Russie moscovi
7704 des Tartares, et se considérant, selon les termes de la lettre du moine Philotée à Ivan III, comme « la Troisième Rome » p
7705 tique que Byzance, si l’on en croit la prétention d’ Ivan le Terrible à détenir non seulement le pouvoir politique, mais le
7706 n seulement le pouvoir politique, mais le pouvoir de sauver les âmes. Enfin Russie de Pierre le Grand, ouverte de force à
7707 es âmes. Enfin Russie de Pierre le Grand, ouverte de force à l’Europe par son maître. Les encyclopédistes français y domin
7708 n Russie de Pierre le Grand, ouverte de force à l’ Europe par son maître. Les encyclopédistes français y dominent par correspon
7709 is y dominent par correspondance pendant le règne de la Grande Catherine. Dès le début du xixe , c’est le tour des philoso
7710 identalistes. Les premiers n’ont vu dans l’œuvre de Pierre qu’une transgression des bases de la Russie, une contrainte qu
7711 l’œuvre de Pierre qu’une transgression des bases de la Russie, une contrainte qui pesa sur son développement et en interr
7712 autres n’ont pas reconnu le caractère particulier de la Russie, l’ont considérée comme un pays arriéré, en face de ce type
7713 cidental qui représentait pour eux le type unique de culture et de civilisation.230 La Russie d’Alexandre, puis de Nicol
7714 eprésentait pour eux le type unique de culture et de civilisation.230 La Russie d’Alexandre, puis de Nicolas Ier, au sor
7715 de civilisation.230 La Russie d’Alexandre, puis de Nicolas Ier, au sortir des guerres napoléoniennes, est encore en plei
7716 intelligentzia, comme on va la nommer, se nourrit de Saint-Simon, de Fourier, et de la philosophie des romantiques alleman
7717 comme on va la nommer, se nourrit de Saint-Simon, de Fourier, et de la philosophie des romantiques allemands. Le grand pro
7718 nommer, se nourrit de Saint-Simon, de Fourier, et de la philosophie des romantiques allemands. Le grand problème qu’elle s
7719 problème qu’elle se pose est celui des relations de la Russie et de l’Europe. La première réponse importante sera donnée
7720 e se pose est celui des relations de la Russie et de l’Europe. La première réponse importante sera donnée par un occidenta
7721 pose est celui des relations de la Russie et de l’ Europe . La première réponse importante sera donnée par un occidentaliste con
7722 u. Pierre Tchaadaïev (1790-1856), ancien officier de la Garde, disciple de Maistre, de Bonald et de Schelling, publie en 1
7723 ancien officier de la Garde, disciple de Maistre, de Bonald et de Schelling, publie en 1836, dans une revue de Moscou, sa
7724 er de la Garde, disciple de Maistre, de Bonald et de Schelling, publie en 1836, dans une revue de Moscou, sa première Lett
7725 d et de Schelling, publie en 1836, dans une revue de Moscou, sa première Lettre philosophique (traduite du français en rus
7726 t en germe dans ces Lettres : « Il nie l’histoire de son pays, écrit Berdiaev, et sa négation est précisément le type de l
7727 Berdiaev, et sa négation est précisément le type de la négation russe. » Il veut que la Russie s’européanise, et il affir
7728 t il affirme que le peuple russe est seul capable de résoudre les problèmes spirituels et sociaux de l’Occident. Le tsar l
7729 e de résoudre les problèmes spirituels et sociaux de l’Occident. Le tsar l’ayant fait déclarer fou, il publie L’Apologie d
7730 r l’ayant fait déclarer fou, il publie L’Apologie d’ un fou, où il réitère sa condamnation du passé russe mais sa foi dans
7731 ue du peuple russe. Voici la définition lumineuse de l’Europe qu’il oppose aux ténèbres fécondes de la Russie231 : Les pe
7732 peuple russe. Voici la définition lumineuse de l’ Europe qu’il oppose aux ténèbres fécondes de la Russie231 : Les peuples de
7733 se de l’Europe qu’il oppose aux ténèbres fécondes de la Russie231 : Les peuples de l’Europe ont une physionomie commune,
7734 ténèbres fécondes de la Russie231 : Les peuples de l’Europe ont une physionomie commune, un air de famille. Malgré la di
7735 bres fécondes de la Russie231 : Les peuples de l’ Europe ont une physionomie commune, un air de famille. Malgré la division gé
7736 s de l’Europe ont une physionomie commune, un air de famille. Malgré la division générale de ces peuples en branche latine
7737 e, un air de famille. Malgré la division générale de ces peuples en branche latine et teutonique, en Méridionaux et Septen
7738 vez qu’il n’y a pas bien longtemps encore toute l’ Europe s’appelait la chrétienté, et ce mot avait sa place dans le droit publ
7739 droit public. Outre ce caractère général, chacun de ces peuples a un caractère particulier, mais tout cela n’est que de l
7740 n caractère particulier, mais tout cela n’est que de l’Histoire et de la tradition. Cela fait le patrimoine héréditaire d’
7741 culier, mais tout cela n’est que de l’Histoire et de la tradition. Cela fait le patrimoine héréditaire d’idées de ces peup
7742 la tradition. Cela fait le patrimoine héréditaire d’ idées de ces peuples. Chaque individu y jouit de son usufruit, amasse
7743 tion. Cela fait le patrimoine héréditaire d’idées de ces peuples. Chaque individu y jouit de son usufruit, amasse dans la
7744 e d’idées de ces peuples. Chaque individu y jouit de son usufruit, amasse dans la vie, sans fatigue, sans travail, ces not
7745 pouvons recueillir ainsi dans le simple commerce d’ idées élémentaires, pour nous en servir tant bien que mal à nous dirig
7746 dans la vie ? Et remarquez qu’il ne s’agit ici ni d’ étude ni de lecture, de rien de littéraire ou de scientifique, mais si
7747  ? Et remarquez qu’il ne s’agit ici ni d’étude ni de lecture, de rien de littéraire ou de scientifique, mais simplement du
7748 uez qu’il ne s’agit ici ni d’étude ni de lecture, de rien de littéraire ou de scientifique, mais simplement du contact des
7749 l ne s’agit ici ni d’étude ni de lecture, de rien de littéraire ou de scientifique, mais simplement du contact des intelli
7750 i d’étude ni de lecture, de rien de littéraire ou de scientifique, mais simplement du contact des intelligences ; de ces i
7751 e, mais simplement du contact des intelligences ; de ces idées qui s’emparent de l’enfant au berceau, qui l’environnent au
7752 t des intelligences ; de ces idées qui s’emparent de l’enfant au berceau, qui l’environnent au milieu de ses jeux, que sa
7753 ui souffle dans ses caresses ; qui, sous la forme de sentiments divers, pénètrent dans la moelle de ses os avec l’air qu’i
7754 me de sentiments divers, pénètrent dans la moelle de ses os avec l’air qu’il respire, et qui ont déjà fait son être moral
7755 avoir qu’elles sont ces idées ? Ce sont les idées de devoir, de justice, de droit, d’ordre. Elles dérivent des événements
7756 les sont ces idées ? Ce sont les idées de devoir, de justice, de droit, d’ordre. Elles dérivent des événements mêmes qui y
7757 idées ? Ce sont les idées de devoir, de justice, de droit, d’ordre. Elles dérivent des événements mêmes qui y ont constit
7758 e sont les idées de devoir, de justice, de droit, d’ ordre. Elles dérivent des événements mêmes qui y ont constitué la soci
7759 lles sont des éléments intégrants du monde social de ces pays. C’est l’atmosphère de l’Occident ; c’est plus que de l’hist
7760 s du monde social de ces pays. C’est l’atmosphère de l’Occident ; c’est plus que de l’histoire, c’est plus que de la psych
7761 C’est l’atmosphère de l’Occident ; c’est plus que de l’histoire, c’est plus que de la psychologie, c’est la physiologie de
7762 nt ; c’est plus que de l’histoire, c’est plus que de la psychologie, c’est la physiologie de l’homme de l’Europe. Qu’avez-
7763 plus que de la psychologie, c’est la physiologie de l’homme de l’Europe. Qu’avez-vous à mettre à la place de cela chez no
7764 e la psychologie, c’est la physiologie de l’homme de l’Europe. Qu’avez-vous à mettre à la place de cela chez nous ? Toutes
7765 psychologie, c’est la physiologie de l’homme de l’ Europe . Qu’avez-vous à mettre à la place de cela chez nous ? Toutes les nati
7766 à la place de cela chez nous ? Toutes les nations de l’Europe se tenaient par la main en avançant dans les siècles. Quelqu
7767 place de cela chez nous ? Toutes les nations de l’ Europe se tenaient par la main en avançant dans les siècles. Quelque chose q
7768 ur la même route. Pour concevoir le développement de famille de ces peuples, il n’est pas besoin d’étudier l’histoire. Lis
7769 route. Pour concevoir le développement de famille de ces peuples, il n’est pas besoin d’étudier l’histoire. Lisez seulemen
7770 nt de famille de ces peuples, il n’est pas besoin d’ étudier l’histoire. Lisez seulement le Tasse, et voyez-les tous proste
7771 se, et voyez-les tous prosternés au pied des murs de Jérusalem. Rappelez-vous que, pendant quinze siècles, ils n’ont eu qu
7772 prême, pour célébrer sa gloire dans le plus grand de ses bienfaits. Et cependant, Tchaadaïev ne croit pas que la Russie s
7773 ndant, Tchaadaïev ne croit pas que la Russie soit d’ Europe — bien qu’elle soit destinée à sauver l’Europe en adoptant ses
7774 ant, Tchaadaïev ne croit pas que la Russie soit d’ Europe — bien qu’elle soit destinée à sauver l’Europe en adoptant ses formes
7775 d’Europe — bien qu’elle soit destinée à sauver l’ Europe en adoptant ses formes de pensée, son sens de la durée, de la continu
7776 destinée à sauver l’Europe en adoptant ses formes de pensée, son sens de la durée, de la continuité, de l’unité… Dans ses
7777 Europe en adoptant ses formes de pensée, son sens de la durée, de la continuité, de l’unité… Dans ses Lettres philosophiqu
7778 ptant ses formes de pensée, son sens de la durée, de la continuité, de l’unité… Dans ses Lettres philosophiques, il repren
7779 e pensée, son sens de la durée, de la continuité, de l’unité… Dans ses Lettres philosophiques, il reprend l’idée que la Ru
7780 aines ; nous n’avons en rien contribué au progrès de l’esprit humain, et tout ce qui nous est revenu de ce progrès, nous l
7781 e l’esprit humain, et tout ce qui nous est revenu de ce progrès, nous l’avons défiguré. Nous ne nous sommes donné la peine
7782 vons défiguré. Nous ne nous sommes donné la peine de rien imaginer nous-mêmes, et, de tout ce que les autres ont imaginé,
7783 s donné la peine de rien imaginer nous-mêmes, et, de tout ce que les autres ont imaginé, nous n’avons emprunté que des app
7784 ses et le luxe inutile.232 Mais dans une lettre de 1835, il pousse cette autocritique jusqu’au point « dialectique » où
7785 e se renverse : du désert russe sortira le messie de la culture européenne : Il ne s’agit donc nullement pour nous de cou
7786 : du désert russe sortira le messie de la culture européenne  : Il ne s’agit donc nullement pour nous de courir après les autres ;
7787 ropéenne : Il ne s’agit donc nullement pour nous de courir après les autres ; il s’agit de nous apprécier franchement, de
7788 pour nous de courir après les autres ; il s’agit de nous apprécier franchement, de nous concevoir tels que nous sommes, d
7789 autres ; il s’agit de nous apprécier franchement, de nous concevoir tels que nous sommes, de sortir du mensonge, et de nou
7790 nchement, de nous concevoir tels que nous sommes, de sortir du mensonge, et de nous placer dans la vérité. Après cela, nou
7791 r tels que nous sommes, de sortir du mensonge, et de nous placer dans la vérité. Après cela, nous avancerons, et nous avan
7792 avail des siècles qui nous ont précédés. Les gens de l’Europe se méprennent étrangement sur notre compte. Voilà M. Jouffro
7793 des siècles qui nous ont précédés. Les gens de l’ Europe se méprennent étrangement sur notre compte. Voilà M. Jouffroy, par ex
7794 ez-lui donc, je vous prie, quels sont les peuples de l’Asie que nous avons civilisés ? Apparemment les mastodontes et les
7795 es mastodontes et les autres populations fossiles de la Sibérie, seules races d’êtres, à ma connaissance, que nous ayons t
7796 populations fossiles de la Sibérie, seules races d’ êtres, à ma connaissance, que nous ayons tirés de l’obscurité, et cela
7797 d’êtres, à ma connaissance, que nous ayons tirés de l’obscurité, et cela encore grâce aux Pallas et Fischer. Ils s’obstin
7798 ’obstinent à nous livrer l’Orient ; par une sorte d’ instinct de nationalité européenne, ils nous refoulent en Orient pour
7799 à nous livrer l’Orient ; par une sorte d’instinct de nationalité européenne, ils nous refoulent en Orient pour ne plus nou
7800 ’Orient ; par une sorte d’instinct de nationalité européenne , ils nous refoulent en Orient pour ne plus nous rencontrer en Occiden
7801 nous rencontrer en Occident. Ne soyons pas dupes de leur artifice involontaire ; cherchons nous-mêmes à découvrir notre a
7802 que nous avons à faire. L’Orient est aux maîtres de la mer, cela est évident, nous en sommes beaucoup plus éloignés que l
7803 ne sommes plus au temps où toutes les révolutions de l’Orient partaient de l’Asie centrale. La nouvelle Charte de la Compa
7804 s où toutes les révolutions de l’Orient partaient de l’Asie centrale. La nouvelle Charte de la Compagnie des Indes, voilà
7805 partaient de l’Asie centrale. La nouvelle Charte de la Compagnie des Indes, voilà désormais le véritable élément civilisa
7806 voilà désormais le véritable élément civilisateur de l’Asie. C’est l’Europe au contraire, que nous sommes destinés à instr
7807 véritable élément civilisateur de l’Asie. C’est l’ Europe au contraire, que nous sommes destinés à instruire sur une infinité d
7808 nous sommes destinés à instruire sur une infinité de choses qu’elle ne saurait concevoir sans cela. Ne riez pas, vous save
7809 our viendra où nous nous placerons au milieu de l’ Europe politique, plus puissants alors par notre intelligence que nous somme
7810 re force matérielle. Tel sera le résultat logique de notre longue solitude : toujours les grandes choses sont venues du dé
7811 servira singulièrement à hâter l’accomplissement de nos destinées. Frappée de stupeur et d’épouvante, l’Europe nous a rep
7812 hâter l’accomplissement de nos destinées. Frappée de stupeur et d’épouvante, l’Europe nous a repoussés avec colère ; la pa
7813 lissement de nos destinées. Frappée de stupeur et d’ épouvante, l’Europe nous a repoussés avec colère ; la page fatale de n
7814 s destinées. Frappée de stupeur et d’épouvante, l’ Europe nous a repoussés avec colère ; la page fatale de notre histoire, écri
7815 ope nous a repoussés avec colère ; la page fatale de notre histoire, écrite de la main de Pierre le Grand, est déchirée :
7816 colère ; la page fatale de notre histoire, écrite de la main de Pierre le Grand, est déchirée : grâce à Dieu, nous ne somm
7817 page fatale de notre histoire, écrite de la main de Pierre le Grand, est déchirée : grâce à Dieu, nous ne sommes plus de
7818 est déchirée : grâce à Dieu, nous ne sommes plus de l’Europe ; dès ce jour donc notre mission universelle a commencé. Tc
7819 déchirée : grâce à Dieu, nous ne sommes plus de l’ Europe  ; dès ce jour donc notre mission universelle a commencé. Tchaadaïev
7820 t ici tout près des adversaires les plus acharnés de son Apologie d’un fou. Un an plus tard, en 1837, paraît le premier nu
7821 des adversaires les plus acharnés de son Apologie d’ un fou. Un an plus tard, en 1837, paraît le premier numéro de la revue
7822 n an plus tard, en 1837, paraît le premier numéro de la revue des slavophiles, partisans d’un nationalisme spirituel et cu
7823 ier numéro de la revue des slavophiles, partisans d’ un nationalisme spirituel et culturel, de l’orthodoxie pure et des cou
7824 artisans d’un nationalisme spirituel et culturel, de l’orthodoxie pure et des coutumes ancestrales de la Russie paysanne,
7825 de l’orthodoxie pure et des coutumes ancestrales de la Russie paysanne, telles que le mir, adversaires donc de « l’Europe
7826 sie paysanne, telles que le mir, adversaires donc de « l’Europe », et cette revue s’intitule Europa ! Par la plume d’Ivan
7827 sanne, telles que le mir, adversaires donc de « l’ Europe  », et cette revue s’intitule Europa ! Par la plume d’Ivan Kireievsky,
7828 s donc de « l’Europe », et cette revue s’intitule Europa  ! Par la plume d’Ivan Kireievsky, son principal rédacteur, elle oppos
7829 , et cette revue s’intitule Europa ! Par la plume d’ Ivan Kireievsky, son principal rédacteur, elle oppose à l’Europe la no
7830 eievsky, son principal rédacteur, elle oppose à l’ Europe la notion d’enthousiasme, qui serait restée le privilège des Russes e
7831 cipal rédacteur, elle oppose à l’Europe la notion d’ enthousiasme, qui serait restée le privilège des Russes et que nos pay
7832 it restée le privilège des Russes et que nos pays de l’Ouest auraient perdue ; mais cette notion se trouve empruntée à Sch
7833 n se trouve empruntée à Schelling… À l’égard de l’ Europe décomposée et désunie, irréligieuse, révolutionnaire, matérialiste et
7834 rialiste et bourgeoisement satisfaite, la mission de la Russie authentique est d’inverser l’œuvre de Pierre le Grand : le
7835 tisfaite, la mission de la Russie authentique est d’ inverser l’œuvre de Pierre le Grand : le salut de l’Europe sera russe.
7836 n de la Russie authentique est d’inverser l’œuvre de Pierre le Grand : le salut de l’Europe sera russe. Pour Kireievsky et
7837 d’inverser l’œuvre de Pierre le Grand : le salut de l’Europe sera russe. Pour Kireievsky et ses amis, la notion d’hégémon
7838 verser l’œuvre de Pierre le Grand : le salut de l’ Europe sera russe. Pour Kireievsky et ses amis, la notion d’hégémonie organi
7839 era russe. Pour Kireievsky et ses amis, la notion d’ hégémonie organisatrice est capitale : Mais pour que l’unité de l’Eur
7840 ganisatrice est capitale : Mais pour que l’unité de l’Europe se constitue organiquement et harmonieusement, il est nécess
7841 atrice est capitale : Mais pour que l’unité de l’ Europe se constitue organiquement et harmonieusement, il est nécessaire qu’e
7842 un centre défini, un peuple qui domine les autres de sa supériorité politique et culturelle. Toutes les grandes nations d
7843 itique et culturelle. Toutes les grandes nations de l’Europe ont exercé successivement cette hégémonie. Mais elles sont é
7844 e et culturelle. Toutes les grandes nations de l’ Europe ont exercé successivement cette hégémonie. Mais elles sont épuisées.
7845 ion. Seule la Russie reste capable — bien que non européenne ou à cause de cela même — de restaurer l’Europe en la rendant conform
7846 bien que non européenne ou à cause de cela même — de restaurer l’Europe en la rendant conforme au génie russe ; pourtant,
7847 ropéenne ou à cause de cela même — de restaurer l’ Europe en la rendant conforme au génie russe ; pourtant, cela ne pourra se f
7848 pourtant, cela ne pourra se faire qu’avec l’aide de l’Europe… … notre nationalité a été jusqu’ici une nationalité barbar
7849 tant, cela ne pourra se faire qu’avec l’aide de l’ Europe … … notre nationalité a été jusqu’ici une nationalité barbare, grossi
7850 iliser, l’élever, lui donner la vie et le pouvoir d’ évoluer, ne serait possible que par la médiation d’une influence étran
7851 ’évoluer, ne serait possible que par la médiation d’ une influence étrangère ; et comme jusqu’ici toute notre civilisation
7852 omme jusqu’ici toute notre civilisation s’inspire de l’étranger ce n’est que de l’étranger que nous pourrons la recevoir j
7853 civilisation s’inspire de l’étranger ce n’est que de l’étranger que nous pourrons la recevoir jusqu’au moment où nous égal
7854 cevoir jusqu’au moment où nous égalerons le reste de l’Europe. Alors, quand la civilisation commune de l’Europe coïncidera
7855 r jusqu’au moment où nous égalerons le reste de l’ Europe . Alors, quand la civilisation commune de l’Europe coïncidera avec le
7856 de l’Europe. Alors, quand la civilisation commune de l’Europe coïncidera avec le nôtre propre, naîtra une civilisation vra
7857 Europe. Alors, quand la civilisation commune de l’ Europe coïncidera avec le nôtre propre, naîtra une civilisation vraiment rus
7858 aîtra une civilisation vraiment russe, expression de la vie spirituelle d’une nation instruite, d’une civilisation stable,
7859 vraiment russe, expression de la vie spirituelle d’ une nation instruite, d’une civilisation stable, profonde, vivante et
7860 ion de la vie spirituelle d’une nation instruite, d’ une civilisation stable, profonde, vivante et pleine de conséquences h
7861 civilisation stable, profonde, vivante et pleine de conséquences heureuses, pour la Russie et pour l’humanité. Telles so
7862 qu’à la fin du siècle. Il faut avouer qu’aux yeux d’ un Européen d’aujourd’hui, les thèses communes aux deux écoles (décade
7863 la fin du siècle. Il faut avouer qu’aux yeux d’un Européen d’aujourd’hui, les thèses communes aux deux écoles (décadence europée
7864 siècle. Il faut avouer qu’aux yeux d’un Européen d’ aujourd’hui, les thèses communes aux deux écoles (décadence européenne
7865 i, les thèses communes aux deux écoles (décadence européenne , messianisme russe à la fois religieux et social), paraissent plus dé
7866 social), paraissent plus décisives que les points de désaccord (appréciation de la valeur du passé russe, insistance sur l
7867 cisives que les points de désaccord (appréciation de la valeur du passé russe, insistance sur la religion et ses conséquen
7868 antin). Nicolas Berdiaev, dans une page étonnante de ses Sources et sens du communisme russe (cité plus haut) donne une de
7869 isme russe (cité plus haut) donne une description de l’Intelligentzia russe que toute l’histoire récente de la vie soviéti
7870 Intelligentzia russe que toute l’histoire récente de la vie soviétique illustre et confirme. Les Russes ont témoigné d’un
7871 ue illustre et confirme. Les Russes ont témoigné d’ une disposition spéciale à adopter les idées occidentales et à les bra
7872 sion ou dans l’erreur, mais c’est aussi une sorte de vertu qui témoigne d’un élan religieux total de l’âme. L’intelligentz
7873 mais c’est aussi une sorte de vertu qui témoigne d’ un élan religieux total de l’âme. L’intelligentziste russe applique à
7874 e de vertu qui témoigne d’un élan religieux total de l’âme. L’intelligentziste russe applique à la science ces méthodes id
7875 ient pas ce dogme, et, par exemple, les partisans de Lamarck, étaient en butte à son mépris. Le philosophe le plus importa
7876 d que Léon Tolstoï (1828-1910), dans le préambule de son pamphlet intitulé « Les Décembristes », ait pu railler l’époque o
7877 ères les plus diverses, développant des principes européens dans un sens européen, mais avec une philosophie russe, et des revues
7878 développant des principes européens dans un sens européen , mais avec une philosophie russe, et des revues de sens exclusivement
7879 n, mais avec une philosophie russe, et des revues de sens exclusivement russe, développant des principes russes, mais avec
7880 t des principes russes, mais avec une philosophie européenne […]. Tout le monde cherchait à déterrer de nouvelles questions et à l
7881 uropéenne […]. Tout le monde cherchait à déterrer de nouvelles questions et à les résoudre, tout le monde écrivait, lisait
7882 Russes, comme un seul homme, étaient dans un état d’ exaltation indescriptible… Qui peut dire si Tolstoï se sent plus près
7883 occidentalistes quand il écrit233 : Il n’y a pas de raison de croire que les Russes soient nécessairement soumis à la mêm
7884 istes quand il écrit233 : Il n’y a pas de raison de croire que les Russes soient nécessairement soumis à la même loi de p
7885 Russes soient nécessairement soumis à la même loi de progression de la civilisation qui régit les peuples européens, ni qu
7886 écessairement soumis à la même loi de progression de la civilisation qui régit les peuples européens, ni que cette progres
7887 gression de la civilisation qui régit les peuples européens , ni que cette progression soit un bien… Le peuple russe doit non se
7888 usse doit non se prolétariser, à l’imitation de l’ Europe et de l’Amérique, mais au contraire, il doit résoudre chez lui le pro
7889 non se prolétariser, à l’imitation de l’Europe et de l’Amérique, mais au contraire, il doit résoudre chez lui le problème
7890 en slavophile comme Vladimir Soloviev, la mission de la Russie tient tout entière dans la spiritualité de l’orthodoxie, ta
7891 la Russie tient tout entière dans la spiritualité de l’orthodoxie, tandis que pour le révolutionnaire occidentaliste Alexa
7892 on et messianisme, mission (divine ou historique) de la Russie, face à l’Europe qui a perdu la vraie religion ou qui manqu
7893 ion (divine ou historique) de la Russie, face à l’ Europe qui a perdu la vraie religion ou qui manque du vrai sens social. En f
7894 e l’Orient et l’Occident sur le rôle et la nature de la « civilisation » elle-même ? C’est bien ce que nous suggère un des
7895 e nous suggère un des plus grands poètes lyriques de la Russie, Fiodor Ivan Tiouttchev (1803-1873) lorsqu’il écrit : Un b
7896 73) lorsqu’il écrit : Un bien grand inconvénient de notre position, c’est cette obligation où nous sommes d’appeler du no
7897 e position, c’est cette obligation où nous sommes d’ appeler du nom d’Europe un fait qui ne devrait jamais s’appeler que pa
7898 cette obligation où nous sommes d’appeler du nom d’ Europe un fait qui ne devrait jamais s’appeler que par son propre nom 
7899 ette obligation où nous sommes d’appeler du nom d’ Europe un fait qui ne devrait jamais s’appeler que par son propre nom : Civi
7900  : Civilisation. C. Dostoïevski et la mission de la Russie Toutes ces contradictions, apparentes ou réelles, nous a
7901 serrés, fiévreuses et exaltées comme les hachures de Van Gogh et tourmentées comme ses nuages, dans les œuvres de Dostoïev
7902 et tourmentées comme ses nuages, dans les œuvres de Dostoïevski. À la question de savoir si la Russie appartient ou non à
7903 es, dans les œuvres de Dostoïevski. À la question de savoir si la Russie appartient ou non à l’Europe, personne n’a répond
7904 tion de savoir si la Russie appartient ou non à l’ Europe , personne n’a répondu d’une manière à la fois plus abondante, plus si
7905 ppartient ou non à l’Europe, personne n’a répondu d’ une manière à la fois plus abondante, plus sincère, et plus désespérém
7906 , et plus désespérément ambiguë. Il ne manque pas d’ Européens de nos jours pour protester contre une prétendue « exclusion
7907 et plus désespérément ambiguë. Il ne manque pas d’ Européens de nos jours pour protester contre une prétendue « exclusion de la Ru
7908 sespérément ambiguë. Il ne manque pas d’Européens de nos jours pour protester contre une prétendue « exclusion de la Russi
7909 s pour protester contre une prétendue « exclusion de la Russie » dont les conseils européens, non pas Staline, seraient re
7910 ndue « exclusion de la Russie » dont les conseils européens , non pas Staline, seraient responsables. Dostoïevski ne ferait-il pas
7911 ïevski ne ferait-il pas partie du trésor culturel de l’Europe ? Voyons ce que lui-même en a dit. Fiodor Michaïlovitch Dost
7912 i ne ferait-il pas partie du trésor culturel de l’ Europe  ? Voyons ce que lui-même en a dit. Fiodor Michaïlovitch Dostoïevski (
7913 (1821-1881) se mit à publier en 1876 son Journal d’ un écrivain, gazette mensuelle dont il était le seul rédacteur. Des pa
7914 u’il y consacre aux rapports entre la Russie et l’ Europe , on a pu composer tout un livre234. En voici quelques brefs extraits.
7915 n voici quelques brefs extraits. L’idée constante de Dostoïevski est celle de la mission de l’orthodoxie, en laquelle seul
7916 traits. L’idée constante de Dostoïevski est celle de la mission de l’orthodoxie, en laquelle seule …la face divine du Chr
7917 constante de Dostoïevski est celle de la mission de l’orthodoxie, en laquelle seule …la face divine du Christ s’est cons
7918 te image divine afin, lorsque le temps sera venu, de la révéler à un monde qui a perdu sa voie… Ce « monde » est en réali
7919 i a perdu sa voie… Ce « monde » est en réalité l’ Europe  : En Europe, est-ce que toutes les forces qui tendaient à l’union, e
7920 voie… Ce « monde » est en réalité l’Europe : En Europe , est-ce que toutes les forces qui tendaient à l’union, et sur lesquel
7921 est le vrai Russe qui ne pense pas avant tout à l’ Europe  ?… Jamais encore l’Europe n’a été aussi travaillée, et par autant d’é
7922 ense pas avant tout à l’Europe ?… Jamais encore l’ Europe n’a été aussi travaillée, et par autant d’éléments hostiles qu’à notr
7923 l’Europe n’a été aussi travaillée, et par autant d’ éléments hostiles qu’à notre époque. On dirait que tout est sapé, miné
7924 cela nous fait, à nous, puisque cela se passe en Europe et non en Russie ? Mais c’est que l’Europe frappera à notre porte et
7925 sse en Europe et non en Russie ? Mais c’est que l’ Europe frappera à notre porte et nous criera de venir la sauver quand viendr
7926 ue l’Europe frappera à notre porte et nous criera de venir la sauver quand viendra l’heure dernière et que l’ordre des cho
7927 ans quelque droit, elle l’exigera, nous ordonnant de la lui accorder ; elle nous dira que nous faisons partie d’elle-même,
7928 accorder ; elle nous dira que nous faisons partie d’ elle-même, que par conséquent le même ordre de choses se retrouve chez
7929 tie d’elle-même, que par conséquent le même ordre de choses se retrouve chez nous comme chez elle, que ce n’est pas en vai
7930 nts ans nous l’avons imitée et nous sommes vantés d’ être des Européens, donc en la sauvant nous nous sauverons nous-mêmes…
7931 s l’avons imitée et nous sommes vantés d’être des Européens , donc en la sauvant nous nous sauverons nous-mêmes… Mais quand l’Euro
7932 vant nous nous sauverons nous-mêmes… Mais quand l’ Europe viendra réellement frapper chez nous pour que nous nous levions et al
7933 quel point nous avons toujours été dissemblables de l’Europe, en dépit de notre désir deux fois séculaire d’appartenir à
7934 point nous avons toujours été dissemblables de l’ Europe , en dépit de notre désir deux fois séculaire d’appartenir à l’Europe,
7935 rope, en dépit de notre désir deux fois séculaire d’ appartenir à l’Europe, désir et rêve qui nous ont poussés à des actes
7936 notre désir deux fois séculaire d’appartenir à l’ Europe , désir et rêve qui nous ont poussés à des actes si forcenés. Il se pe
7937 i, nous ne comprendrons certainement pas ce que l’ Europe attend de nous, ce qu’elle nous demande, et en quoi nous pourrions al
7938 prendrons certainement pas ce que l’Europe attend de nous, ce qu’elle nous demande, et en quoi nous pourrions alors lui êt
7939 us pas, au contraire, mettre à la raison l’ennemi de l’Europe et de son ordre par le même « fer et feu » que le prince de
7940 s, au contraire, mettre à la raison l’ennemi de l’ Europe et de son ordre par le même « fer et feu » que le prince de Bismarck 
7941 raire, mettre à la raison l’ennemi de l’Europe et de son ordre par le même « fer et feu » que le prince de Bismarck ? C’es
7942 ploit, que nous pourrons hardiment nous féliciter d’ être tout à fait des Européens !235 Dostoïevski pense d’ailleurs que
7943 s hardiment nous féliciter d’être tout à fait des Européens  !235 Dostoïevski pense d’ailleurs que la Russie, tout en n’étant pa
7944 nse d’ailleurs que la Russie, tout en n’étant pas d’ Europe sera bientôt la plus forte nation d’Europe : Dans le numéro de
7945 e d’ailleurs que la Russie, tout en n’étant pas d’ Europe sera bientôt la plus forte nation d’Europe : Dans le numéro de mars
7946 nt pas d’Europe sera bientôt la plus forte nation d’ Europe : Dans le numéro de mars de mon Journal, je me suis laissé all
7947 pas d’Europe sera bientôt la plus forte nation d’ Europe  : Dans le numéro de mars de mon Journal, je me suis laissé aller à q
7948 t la plus forte nation d’Europe : Dans le numéro de mars de mon Journal, je me suis laissé aller à quelques rêveries sur
7949 s forte nation d’Europe : Dans le numéro de mars de mon Journal, je me suis laissé aller à quelques rêveries sur l’avenir
7950 uis laissé aller à quelques rêveries sur l’avenir de l’Europe. Mais ce n’est plus une rêverie, c’est presque une certitude
7951 aissé aller à quelques rêveries sur l’avenir de l’ Europe . Mais ce n’est plus une rêverie, c’est presque une certitude qui me f
7952 tôt la Russie sera peut-être la plus forte nation de l’Europe. Cela résultera du fait que toutes les grandes puissances en
7953 a Russie sera peut-être la plus forte nation de l’ Europe . Cela résultera du fait que toutes les grandes puissances en Europe s
7954 tera du fait que toutes les grandes puissances en Europe seront détruites pour un motif bien simple : toutes seront affaiblies
7955 faiblies et sapées par les efforts mal satisfaits de leur démocratie, par la proportion trop considérable des éléments app
7956 ge à cela, par une commune disposition, ou mieux, d’ un commun accord. Il ne restera donc qu’un seul colosse sur le contine
7957 restera donc qu’un seul colosse sur le continent européen  : la Russie. Peut-être cela se produira-t-il encore plus tôt qu’on ne
7958 ira-t-il encore plus tôt qu’on ne pense. L’avenir de l’Europe appartient à la Russie…236 Ses affirmations réitérées (dan
7959 -il encore plus tôt qu’on ne pense. L’avenir de l’ Europe appartient à la Russie…236 Ses affirmations réitérées (dans son jou
7960 et dans ses romans) sur l’amour des Russes pour l’ Europe , leur « seconde patrie », n’ont en somme d’autre effet que de mieux s
7961 l’Europe, leur « seconde patrie », n’ont en somme d’ autre effet que de mieux souligner la dualité existante et que certain
7962 econde patrie », n’ont en somme d’autre effet que de mieux souligner la dualité existante et que certains Européens s’obst
7963 ux souligner la dualité existante et que certains Européens s’obstinent à nier. Cette dualité, selon Dostoïevski, ne s’effacera q
7964 usses nous avons deux patries : notre Russie et l’ Europe , quand bien même nous nous appellerions slavophiles, et daignent ceux
7965 nt ceux-ci ne pas s’en offusquer ! Il est inutile de protester contre un fait semblable. La plus haute parmi les hautes mi
7966 sentons devoir un jour assumer, c’est la mission de grouper l’humanité en un seul faisceau, car nous, ce n’est pas seulem
7967 rvons… Beaucoup de ce que nous avons emprunté à l’ Europe et transplanté chez nous n’a pas été servilement imité par nous, mais
7968 re chair et à notre sang… La Convention française de 1793, tout en décernant un brevet de citoyen au poète allemand Schill
7969 on française de 1793, tout en décernant un brevet de citoyen au poète allemand Schiller, l’ami de l’humanité, et bien qu’e
7970 evet de citoyen au poète allemand Schiller, l’ami de l’humanité, et bien qu’elle ait fait par là un beau geste, voire un g
7971 upçonnait certainement pas qu’à l’autre extrémité de l’Europe, dans la Moscovie inculte, ce même Schiller était bien plus
7972 nait certainement pas qu’à l’autre extrémité de l’ Europe , dans la Moscovie inculte, ce même Schiller était bien plus national
7973 aux Russes barbares non seulement qu’à la France de ce temps-là, mais à celle de tout le xixe siècle, où Schiller, citoy
7974 ement qu’à la France de ce temps-là, mais à celle de tout le xixe siècle, où Schiller, citoyen français et ami de l’human
7975 ixe siècle, où Schiller, citoyen français et ami de l’humanité, n’a jamais été connu que des professeurs de littérature,
7976 umanité, n’a jamais été connu que des professeurs de littérature, et encore pas de tous, et très partiellement. Or, Schill
7977 que des professeurs de littérature, et encore pas de tous, et très partiellement. Or, Schiller s’est incorporé à l’âme rus
7978 , il a presque marqué une période dans l’histoire de notre civilisation. Cette façon à nous de considérer la littérature u
7979 istoire de notre civilisation. Cette façon à nous de considérer la littérature universelle est un phénomène à peu près san
7980 dans l’histoire […], ce qui prouve que tout poète européen , tout individu qui là-bas se lève pour énoncer une pensée originale,
7981 ale, manifester une force active, ne peut manquer de devenir aussitôt un poète russe, ne peut échapper à la pensée russe,
7982 peut échapper à la pensée russe, ne peut manquer d’ être presque une force russe […]237 Non, la Russie ne sera jamais d
7983 rce russe […]237 Non, la Russie ne sera jamais d’ Europe … à moins que l’Europe ne devienne russe. Et le ton monte : La
7984 e russe […]237 Non, la Russie ne sera jamais d’ Europe … à moins que l’Europe ne devienne russe. Et le ton monte : La Russi
7985 la Russie ne sera jamais d’Europe … à moins que l’ Europe ne devienne russe. Et le ton monte : La Russie est quelque chose de
7986 e. Et le ton monte : La Russie est quelque chose de tout à fait à part, ne ressemblant en rien à l’Europe, et doué de sa
7987 de tout à fait à part, ne ressemblant en rien à l’ Europe , et doué de sa vie propre. L’Europe a peut-être grand tort de se moqu
7988 part, ne ressemblant en rien à l’Europe, et doué de sa vie propre. L’Europe a peut-être grand tort de se moquer des Russe
7989 t en rien à l’Europe, et doué de sa vie propre. L’ Europe a peut-être grand tort de se moquer des Russes en les qualifiant de r
7990 de sa vie propre. L’Europe a peut-être grand tort de se moquer des Russes en les qualifiant de révolutionnaires : car nous
7991 nd tort de se moquer des Russes en les qualifiant de révolutionnaires : car nous sommes des révolutionnaires non seulement
7992 pas moins invincibles, justement grâce à l’unité de notre esprit national et de notre conscience nationale. Nous ne somme
7993 ement grâce à l’unité de notre esprit national et de notre conscience nationale. Nous ne sommes pas la France qui est tout
7994 est tout entière dans Paris, nous ne sommes pas l’ Europe qui tout entière dépend des Bourses de sa bourgeoisie et de la tranqu
7995 pas l’Europe qui tout entière dépend des Bourses de sa bourgeoisie et de la tranquillité de ses prolétaires, tranquillité
7996 t entière dépend des Bourses de sa bourgeoisie et de la tranquillité de ses prolétaires, tranquillité que les gouvernement
7997 s Bourses de sa bourgeoisie et de la tranquillité de ses prolétaires, tranquillité que les gouvernements de là-bas s’effor
7998 s prolétaires, tranquillité que les gouvernements de là-bas s’efforcent d’acheter et qu’ils obtiennent tout au plus pour u
7999 llité que les gouvernements de là-bas s’efforcent d’ acheter et qu’ils obtiennent tout au plus pour un laps de temps… Tiron
8000 er et qu’ils obtiennent tout au plus pour un laps de temps… Tirons l’épée, s’il le faut, au nom des malheureux persécutés,
8001 roirons que plus fortement à la véritable mission de la Russie, à sa puissance et à sa vérité : se sacrifier pour ceux qui
8002 e et à sa vérité : se sacrifier pour ceux qui, en Europe , sont opprimés et abandonnés au nom des prétendus intérêts de la civi
8003 rimés et abandonnés au nom des prétendus intérêts de la civilisation. Il faut que les organes politiques reconnaissent la
8004 quelque fart, que tout au moins une nation serve de flambeau. Qu’adviendrait-il sans cela ?239 Au nom de la véritable r
8005 m de la véritable religion et pour leur bien, les Européens opprimés par une fausse « civilisation » sont invités à se laisser éc
8006 rer et libérer par la sainte Russie, sous peine «  de sombrer dans le cynisme » et d’y trouver leur fin, « vers laquelle il
8007 sie, sous peine « de sombrer dans le cynisme » et d’ y trouver leur fin, « vers laquelle il semble bien qu’ils s’acheminent
8008  idées » — ou plutôt prophéties — mais les expose d’ une manière moins haletante, et sur un ton plus ample et nostalgique :
8009 blait contradiction dans ses articles devient jeu de symboles poétiques. Un même « rêve de l’Europe » le hante, qu’il fait
8010 devient jeu de symboles poétiques. Un même « rêve de l’Europe » le hante, qu’il fait rêver successivement au Stavroguine d
8011 nt jeu de symboles poétiques. Un même « rêve de l’ Europe  » le hante, qu’il fait rêver successivement au Stavroguine des Posséd
8012 de L’Adolescent, et à l’homme ridicule du Journal d’ un écrivain. Nous en donnons ici la version tirée de L’Adolescent 240,
8013 un écrivain. Nous en donnons ici la version tirée de L’Adolescent 240, la plus complète et la plus belle. Le soleil coucha
8014 e et la plus belle. Le soleil couchant du tableau de Claude Lorrain, après avoir illuminé L’Âge d’Or de l’humanité europée
8015 eau de Claude Lorrain, après avoir illuminé L’Âge d’ Or de l’humanité européenne devient soudain, mêlé aux flammes des Tuil
8016 e Claude Lorrain, après avoir illuminé L’Âge d’Or de l’humanité européenne devient soudain, mêlé aux flammes des Tuileries
8017 in, après avoir illuminé L’Âge d’Or de l’humanité européenne devient soudain, mêlé aux flammes des Tuileries, l’éclairage du Grand
8018 ammes des Tuileries, l’éclairage du Grand Soir et de la fin de l’Europe. Je n’oublierai jamais mes premiers instants d’Eu
8019 Tuileries, l’éclairage du Grand Soir et de la fin de l’Europe. Je n’oublierai jamais mes premiers instants d’Europe… Je t
8020 ries, l’éclairage du Grand Soir et de la fin de l’ Europe . Je n’oublierai jamais mes premiers instants d’Europe… Je te raconte
8021 ope. Je n’oublierai jamais mes premiers instants d’ Europe… Je te raconterai une de mes premières impressions d’alors, un
8022 e. Je n’oublierai jamais mes premiers instants d’ Europe … Je te raconterai une de mes premières impressions d’alors, un songe
8023 premiers instants d’Europe… Je te raconterai une de mes premières impressions d’alors, un songe que j’ai eu, un véritable
8024 Je te raconterai une de mes premières impressions d’ alors, un songe que j’ai eu, un véritable songe. Il y a à Dresde, au M
8025 able songe. Il y a à Dresde, au Musée, un tableau de Claude Lorrain que le catalogue intitule L’âge d’or, j’ignore d’aille
8026 de Claude Lorrain que le catalogue intitule L’âge d’ or, j’ignore d’ailleurs pourquoi… Je l’avais remarqué en passant. Je v
8027 que je vis ainsi ; comme dans le tableau, un coin de l’Archipel, il y a plus de trois-mille ans ; des vagues bleues et car
8028 ns le tableau, un coin de l’Archipel, il y a plus de trois-mille ans ; des vagues bleues et caressantes, des îles et des r
8029 dans le lointain un panorama féerique, un coucher de soleil séducteur… impossible de rendre cela en paroles. C’est l’human
8030 rique, un coucher de soleil séducteur… impossible de rendre cela en paroles. C’est l’humanité européenne qui se rappelle s
8031 sible de rendre cela en paroles. C’est l’humanité européenne qui se rappelle son berceau : cette idée emplit mon âme d’un amour fi
8032 rappelle son berceau : cette idée emplit mon âme d’ un amour filial. C’était là le paradis terrestre de l’humanité : les d
8033 ’un amour filial. C’était là le paradis terrestre de l’humanité : les dieux descendus du ciel et s’apparentant aux hommes…
8034 nnocents ; les prés et les bocages s’emplissaient de leurs chants et de leurs cris joyeux ; un immense surplus d’énergies
8035 et les bocages s’emplissaient de leurs chants et de leurs cris joyeux ; un immense surplus d’énergies vierges se répandai
8036 ants et de leurs cris joyeux ; un immense surplus d’ énergies vierges se répandait en amour et en joies naïves. Le soleil l
8037 amour et en joies naïves. Le soleil les inondait de chaleur et de lumière, en admirant ces merveilleux enfants… Songe mer
8038 oies naïves. Le soleil les inondait de chaleur et de lumière, en admirant ces merveilleux enfants… Songe merveilleux, subl
8039 ux enfants… Songe merveilleux, sublime aberration de l’humanité ! L’âge d’or est le rêve le plus invraisemblable de tous c
8040 eilleux, sublime aberration de l’humanité ! L’âge d’ or est le rêve le plus invraisemblable de tous ceux qui ont jamais été
8041  ! L’âge d’or est le rêve le plus invraisemblable de tous ceux qui ont jamais été, mais pour lui des hommes ont donné tout
8042 éveillai et ouvris les yeux, littéralement baigné de larmes. J’étais heureux, je m’en souviens. Une sensation de bonheur e
8043 J’étais heureux, je m’en souviens. Une sensation de bonheur encore inéprouvé traversa mon cœur, jusqu’à la douleur ; c’ét
8044 a mon cœur, jusqu’à la douleur ; c’était un amour de toute l’humanité. C’était maintenant tout à fait le soir ; à travers
8045 re des fleurs placées sur la fenêtre, un faisceau de rayons obliques frappait la vitre de ma petite chambrette et m’inonda
8046 un faisceau de rayons obliques frappait la vitre de ma petite chambrette et m’inondait de lumière. Eh bien, mon ami, eh b
8047 it la vitre de ma petite chambrette et m’inondait de lumière. Eh bien, mon ami, eh bien ! ce soleil couchant du premier jo
8048 ami, eh bien ! ce soleil couchant du premier jour de l’humanité européenne, que je voyais dans mon songe, se transforma to
8049 ce soleil couchant du premier jour de l’humanité européenne , que je voyais dans mon songe, se transforma tout à coup pour moi, dè
8050 n une réalité, en soleil couchant du dernier jour de l’humanité européenne ! À ce moment surtout on entendait tinter sur l
8051 en soleil couchant du dernier jour de l’humanité européenne  ! À ce moment surtout on entendait tinter sur l’Europe un glas d’ente
8052 e ! À ce moment surtout on entendait tinter sur l’ Europe un glas d’enterrement. Je ne veux pas parler seulement de la guerre,
8053 surtout on entendait tinter sur l’Europe un glas d’ enterrement. Je ne veux pas parler seulement de la guerre, ni des Tuil
8054 as d’enterrement. Je ne veux pas parler seulement de la guerre, ni des Tuileries ; je savais sans cela que tout passerait,
8055 ue tout passerait, toute la figure du vieux monde européen , tôt ou tard ; mais moi, en Européen russe, je ne pouvais pas l’admet
8056 vieux monde européen, tôt ou tard ; mais moi, en Européen russe, je ne pouvais pas l’admettre. Oui, ils venaient alors de brûle
8057 e pouvais pas l’admettre. Oui, ils venaient alors de brûler les Tuileries… Oh ! sois tranquille, je sais que c’était « log
8058 ». Et je comprends bien la puissance irrésistible de l’idée courante, mais, comme représentant de la haute pensée russe, j
8059 ible de l’idée courante, mais, comme représentant de la haute pensée russe, je ne pouvais l’admettre, car la haute pensée
8060 entier : j’étais seul et errant. Je ne parle pas de moi personnellement, mais de la pensée russe. Là-bas, il y avait comb
8061 ant. Je ne parle pas de moi personnellement, mais de la pensée russe. Là-bas, il y avait combat et logique ; là-bas le Fra
8062 ar conséquent, jamais le Français n’a fait autant de mal à la France, ni l’Allemand à son Allemagne qu’à cette époque-là !
8063 son Allemagne qu’à cette époque-là ! Dans toute l’ Europe , il n’y avait pas alors un seul Européen ! Moi seul, entre tous les p
8064 ns toute l’Europe, il n’y avait pas alors un seul Européen  ! Moi seul, entre tous les pétroleurs, pouvais leur dire en face que
8065 rce que seul, en tant que Russe, j’étais alors en Europe l’unique Européen.241 J’émigrai, poursuivit-il, et je ne regrettai r
8066 tant que Russe, j’étais alors en Europe l’unique Européen .241 J’émigrai, poursuivit-il, et je ne regrettai rien de ce que je l
8067 J’émigrai, poursuivit-il, et je ne regrettai rien de ce que je laissais derrière moi. Tout ce que j’avais de forces, je l’
8068 que je laissais derrière moi. Tout ce que j’avais de forces, je l’avais mis au service de la Russie tant que j’y avais véc
8069 que j’avais de forces, je l’avais mis au service de la Russie tant que j’y avais vécu ; une fois parti, je continuai à la
8070 avais été tout bonnement Russe, comme le Français d’ alors n’était que Français, et l’Allemand qu’Allemand. En Europe, on n
8071 était que Français, et l’Allemand qu’Allemand. En Europe , on ne le comprendra toujours pas. L’Europe a créé les nobles types d
8072 d. En Europe, on ne le comprendra toujours pas. L’ Europe a créé les nobles types du Français, de l’Anglais, de l’Allemand, mai
8073 as. L’Europe a créé les nobles types du Français, de l’Anglais, de l’Allemand, mais de son homme futur elle ne sait encore
8074 créé les nobles types du Français, de l’Anglais, de l’Allemand, mais de son homme futur elle ne sait encore à peu près ri
8075 es du Français, de l’Anglais, de l’Allemand, mais de son homme futur elle ne sait encore à peu près rien. Et je crois bien
8076 ibres, tandis que nous sommes libres. Moi seul en Europe , avec mon ennui russe, étais alors libre. Note bien, mon ami, une biz
8077 it été dressé le bilan général, a reçu la faculté d’ être le plus russe précisément lorsqu’il est le plus européen. C’est l
8078 e le plus russe précisément lorsqu’il est le plus européen . C’est la distinction nationale la plus essentielle qui nous sépare d
8079 ion nationale la plus essentielle qui nous sépare de tous les autres, et, à cet égard, nous ne sommes comme personne […] O
8080 j’avais regret des destructions. Pour le Russe, l’ Europe est aussi précieuse que la Russie ; chaque pierre y est douce et chèr
8081 chaque pierre y est douce et chère à son cœur. L’ Europe n’était pas moins notre patrie que la Russie. Davantage même !… et, r
8082 i, c’est un fait remarquable que, voici déjà près d’ un siècle, la Russie ne vit décidément plus pour elle-même, mais uniqu
8083 ément plus pour elle-même, mais uniquement pour l’ Europe  ! Quant à eux, ils sont voués à de terribles souffrances, avant d’att
8084 ent pour l’Europe ! Quant à eux, ils sont voués à de terribles souffrances, avant d’atteindre au Royaume de Dieu. Finis
8085 ils sont voués à de terribles souffrances, avant d’ atteindre au Royaume de Dieu. Finis Europæ… Dans les Frères Karamazo
8086 rribles souffrances, avant d’atteindre au Royaume de Dieu. Finis Europæ… Dans les Frères Karamazov, Ivan parle en ces te
8087 es, avant d’atteindre au Royaume de Dieu. Finis Europæ … Dans les Frères Karamazov, Ivan parle en ces termes de son prochain
8088 ns les Frères Karamazov, Ivan parle en ces termes de son prochain départ pour l’Europe : Je sais bien que je vais dans un
8089 parle en ces termes de son prochain départ pour l’ Europe  : Je sais bien que je vais dans un cimetière, mais c’est le plus che
8090 e vais dans un cimetière, mais c’est le plus cher de tous les cimetières… Tout proche des Russes par la passion spirituel
8091 6) appartient à son siècle comme l’œil à la tombe de Caïn. C’est notre temps qui l’a compris. Où le classer ? Tout l’exist
8092 istentialisme vient de lui, et c’est le contraire d’ un système. Plaçons-le entre deux chapitres, comme il eût souhaité, lu
8093 crivît sur sa tombe : « Le Solitaire » : Toute l’ Europe , avec la hâte d’une passion croissante, se perd dans des problèmes mo
8094 « Le Solitaire » : Toute l’Europe, avec la hâte d’ une passion croissante, se perd dans des problèmes mondains qui ne sau
8095 les hommes — est apparu, il est devenu impossible d’ avancer d’un pas vers la solution du problème de l’égalité de l’homme
8096  — est apparu, il est devenu impossible d’avancer d’ un pas vers la solution du problème de l’égalité de l’homme avec l’hom
8097 e d’avancer d’un pas vers la solution du problème de l’égalité de l’homme avec l’homme, selon ce monde dont l’essence est
8098 ’un pas vers la solution du problème de l’égalité de l’homme avec l’homme, selon ce monde dont l’essence est la diversité 
8099 la diversité ; oui, même si toute circulation en Europe était interrompue, si l’on devait nager dans le sang, si tous les min
8100 barrée pour toujours ; et cette frontière se rit de tous les efforts humains, se rit de la mesquinerie du temporel face a
8101 ntière se rit de tous les efforts humains, se rit de la mesquinerie du temporel face au droit suprême et seigneurial de l’
8102 du temporel face au droit suprême et seigneurial de l’éternel, lorsque le temporel prétend expliquer à la manière du mond
8103 res et bombardements soient nécessaires, item que de nombreux ministres perdent la raison… Mais nul ne peut savoir combien
8104 erdent la raison… Mais nul ne peut savoir combien de temps l’on passera dans la pure convulsivité.242 219. Cattaneo :
8105 n remarquable chapitre sur « Le Danger russe et l’ Europe  ». 222. La Russie est, de toutes les nations de l’Ancien Monde, cell
8106 Danger russe et l’Europe ». 222. La Russie est, de toutes les nations de l’Ancien Monde, celle dont la population augmen
8107 ope ». 222. La Russie est, de toutes les nations de l’Ancien Monde, celle dont la population augmente le plus rapidement,
8108 mente le plus rapidement, proportion gardée (Note de Tocqueville). 223. Alexis de Tocqueville : Œuvres complètes, Édition
8109 tes, Édition définitive publiée sous la direction de J.-P. Mayer, tome I, i : De la Démocratie en Amérique, pages 430-431.
8110 iée sous la direction de J.-P. Mayer, tome I, i : De la Démocratie en Amérique, pages 430-431. Éd. Gallimard, Paris. 224.
8111 7. K. Marx, articles du New York Herald Tribune, de 1853 à 1856, publiés en 1897 sous le titre « The Eastern Question ».
8112 ions Gallimard. 231. Lettres sur la Philosophie de l’Histoire, éd. Gerchenson, Moscou 1913, p. 81-88. 232. op. cit., p
8113 Russie face à l’Occident, suite tirée du Journal d’ un écrivain, par André Chédel, Lausanne, 1945. 235. Journal d’un écr
8114 par André Chédel, Lausanne, 1945. 235. Journal d’ un écrivain, ch. I, mars 1876. 236. Journal d’un écrivain, II, avril
8115 l d’un écrivain, ch. I, mars 1876. 236. Journal d’ un écrivain, II, avril 1876. 237. Ibid., 1er juin 1876. 238. Ibid.
8116 239. Ibid., février 1877. 240. Trad. française de Pierre Pascal, Paris 1934. 241. Cf. Dimitri Merejkowsky, dans son Rè
8117 34. 241. Cf. Dimitri Merejkowsky, dans son Règne de l’Antéchrist, Paris 1921 : « Les Européens, en Europe, sont Anglais,
8118 ans son Règne de l’Antéchrist, Paris 1921 : « Les Européens , en Europe, sont Anglais, Italiens, Français, Allemands. Seuls les Ru
8119 de l’Antéchrist, Paris 1921 : « Les Européens, en Europe , sont Anglais, Italiens, Français, Allemands. Seuls les Russes sont d
8120 s, Français, Allemands. Seuls les Russes sont des Européens universels. Nous avons deux patries, notre Russie et l’Europe. » Rous
8121 rsels. Nous avons deux patries, notre Russie et l’ Europe . » Rousseau, dans le Gouvernement de la Pologne, déplorait au contrai
8122 sie et l’Europe. » Rousseau, dans le Gouvernement de la Pologne, déplorait au contraire qu’il n’y eut plus en Europe que d
8123 gne, déplorait au contraire qu’il n’y eut plus en Europe que des Européens, et non des Français, des Italiens, des Allemands…
8124 au contraire qu’il n’y eut plus en Europe que des Européens , et non des Français, des Italiens, des Allemands… (cf. supra p. 140)
23 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Cinquième Partie. L’Ère des nations, (de 1848 à 1914) — 4. De l’historisme au pessimisme
8125 s ou apocalyptiques consacrées par les Russes à l’ Europe , aux ouvrages sereins, objectifs et classiques du grand historien all
8126 emand Léopold von Ranke (1795-1886), un sentiment d’ incongruité profond s’empare de l’esprit : ou bien les descriptions de
8127 886), un sentiment d’incongruité profond s’empare de l’esprit : ou bien les descriptions des Russes sont délirantes et ne
8128 e leur propre esprit, ou bien le sobre interprète de l’Europe n’a simplement pas vu les réalités parmi lesquelles il a véc
8129 r propre esprit, ou bien le sobre interprète de l’ Europe n’a simplement pas vu les réalités parmi lesquelles il a vécu pendant
8130 réalités parmi lesquelles il a vécu pendant près d’ un siècle. Les deux mondes en tout cas ne sont pas contemporains, en d
8131 demandait lequel est le plus vrai, il serait vain d’ espérer aucune réponse sérieuse : les méthodes ne sont pas comparables
8132 es ne sont pas comparables ici et là, et les fins d’ ordres différents. Ranke est en plus d’un sens l’anti-Hegel, par sa vo
8133 t les fins d’ordres différents. Ranke est en plus d’ un sens l’anti-Hegel, par sa volonté d’objectivité, de sobriété spirit
8134 st en plus d’un sens l’anti-Hegel, par sa volonté d’ objectivité, de sobriété spirituelle, de description contrôlée de « ce
8135 sens l’anti-Hegel, par sa volonté d’objectivité, de sobriété spirituelle, de description contrôlée de « ce qui s’est vrai
8136 a volonté d’objectivité, de sobriété spirituelle, de description contrôlée de « ce qui s’est vraiment passé », et par son
8137 de sobriété spirituelle, de description contrôlée de « ce qui s’est vraiment passé », et par son refus de tout système dia
8138 « ce qui s’est vraiment passé », et par son refus de tout système dialectique permettant de survoler les faits et dotant l
8139 son refus de tout système dialectique permettant de survoler les faits et dotant l’évolution d’on ne sait quelle énergie
8140 ttant de survoler les faits et dotant l’évolution d’ on ne sait quelle énergie intrinsèque : « Chaque génération est immédi
8141 lui, ne conquiert que par sa « culture » le droit de jouer un rôle actif dans l’histoire mondiale. La primauté appartient
8142 ondiale. La primauté appartient donc à l’ensemble européen , qu’il définit comme le domaine « romano-germanique » : Italie — Fran
8143 « romano-germanique » : Italie — France — Espagne d’ un côté, Allemagne — Angleterre — Scandinavie de l’autre. César, par s
8144 e d’un côté, Allemagne — Angleterre — Scandinavie de l’autre. César, par sa conquête des Gaules a rendu possible cette con
8145 e cette configuration, dont Charlemagne, « prince de la culture », a créé la première unité. Sous la conduite des papes ro
8146 s romains et des empereurs germains, la « liaison de l’Europe entière » n’a cessé de se développer et de s’affirmer. Ranke
8147 ains et des empereurs germains, la « liaison de l’ Europe entière » n’a cessé de se développer et de s’affirmer. Ranke ne croit
8148 ins, la « liaison de l’Europe entière » n’a cessé de se développer et de s’affirmer. Ranke ne croit nullement que le confl
8149 l’Europe entière » n’a cessé de se développer et de s’affirmer. Ranke ne croit nullement que le conflit de la papauté et
8150 affirmer. Ranke ne croit nullement que le conflit de la papauté et de l’Empire, puis du Catholicisme et de la Réforme, aie
8151 e croit nullement que le conflit de la papauté et de l’Empire, puis du Catholicisme et de la Réforme, aient été des grands
8152 a papauté et de l’Empire, puis du Catholicisme et de la Réforme, aient été des grands malheurs pour l’Europe, car cette bi
8153 la Réforme, aient été des grands malheurs pour l’ Europe , car cette bipolarité … a de profondes racines dans la nature même
8154 alheurs pour l’Europe, car cette bipolarité … a de profondes racines dans la nature même des choses et c’est même grâce
8155 s et c’est même grâce à ces conflits que l’esprit de l’Europe a mûri. Tensions fécondes donc, et non pas déchirements cat
8156 c’est même grâce à ces conflits que l’esprit de l’ Europe a mûri. Tensions fécondes donc, et non pas déchirements catastrophiq
8157 doivent pas empêcher l’historien fidèle aux faits de constater … que le complexe des États chrétiens d’Europe doit être c
8158 constater … que le complexe des États chrétiens d’ Europe doit être considéré comme un ensemble, en quelque sorte comme u
8159 onstater … que le complexe des États chrétiens d’ Europe doit être considéré comme un ensemble, en quelque sorte comme un État
8160 plus grave que représentent pour l’unité foncière de l’Europe les souverainetés nationales absolues : Cependant, celui qu
8161 grave que représentent pour l’unité foncière de l’ Europe les souverainetés nationales absolues : Cependant, celui qui s’effor
8162 onales absolues : Cependant, celui qui s’efforce de ne voir qu’une simple tendance de l’histoire universelle dans cette i
8163 i qui s’efforce de ne voir qu’une simple tendance de l’histoire universelle dans cette importance de plus en plus grande q
8164 Ses derniers ouvrages — contemporains du Journal d’ un écrivain de Dostoïevski ! — sont à la gloire de la civilisation et
8165 ouvrages — contemporains du Journal d’un écrivain de Dostoïevski ! — sont à la gloire de la civilisation et du génie chrét
8166 d’un écrivain de Dostoïevski ! — sont à la gloire de la civilisation et du génie chrétien de l’Europe, summum bonum de l’h
8167 la gloire de la civilisation et du génie chrétien de l’Europe, summum bonum de l’humanité. Élevons notre pensée, non par
8168 oire de la civilisation et du génie chrétien de l’ Europe , summum bonum de l’humanité. Élevons notre pensée, non par l’imagina
8169 on et du génie chrétien de l’Europe, summum bonum de l’humanité. Élevons notre pensée, non par l’imagination, mais par un
8170 oulement des faits, afin d’avoir une vue générale de l’histoire universelle… Si variés que puissent être nos déchirements
8171 Autrefois d’autres nations et d’autres ensembles de peuples furent florissants, qui étaient animés par d’autres principes
8172 in de nous… L’Empire ottoman est écrasé, traversé de tous côtés par le fait chrétien. Disons-le tout net : par « fait chré
8173 ignent qu’incomplètement la chose. C’est le génie de l’Occident. C’est l’esprit qui transforme les peuples en armées bien
8174 les canaux, s’approprie les mers en les couvrant de flottes, remplit les lointains continents de colonies, sonde les myst
8175 rant de flottes, remplit les lointains continents de colonies, sonde les mystères de la nature par la recherche scientifiq
8176 ntains continents de colonies, sonde les mystères de la nature par la recherche scientifique, pénètre dans tous les domain
8177 par un travail incessant, sans pour autant perdre de vue la vérité éternelle, enfin qui fait régner l’ordre et la loi parm
8178 re et la loi parmi les hommes malgré la diversité de leurs passions. Cet esprit, nous le voyons accomplir des progrès énor
8179 conquis l’Amérique, l’enlevant aux forces brutes de la nature et aux peuplades indomptables qui l’habitaient, puis il l’a
8180  ; par différentes voies il pénètre jusqu’au fond de la lointaine Asie où il n’y a guère que la Chine qui puisse encore lu
8181 univers spirituel et historique où la prééminence de l’Europe dans la civilisation mondiale ne saurait être mise en questi
8182 rs spirituel et historique où la prééminence de l’ Europe dans la civilisation mondiale ne saurait être mise en question. Si Re
8183 ques illusions rationalistes (ainsi dans L’Avenir de la Science), il a su voir mieux que Ranke le danger du nationalisme p
8184 mieux que Ranke le danger du nationalisme pour l’ Europe , pour « les intérêts de la raison et de la civilisation ». C’est la g
8185 u nationalisme pour l’Europe, pour « les intérêts de la raison et de la civilisation ». C’est la guerre de 1870, illustran
8186 our l’Europe, pour « les intérêts de la raison et de la civilisation ». C’est la guerre de 1870, illustrant les conséquenc
8187 a raison et de la civilisation ». C’est la guerre de 1870, illustrant les conséquences tragiques du nationalisme d’État, q
8188 strant les conséquences tragiques du nationalisme d’ État, qui l’oblige, toutes affaires cessantes, à faire face aux problè
8189 fait national. À l’idée romantique et herdérienne d’ une nation fondée sur la race, la langue, la naissance, le passé, Rena
8190 ngue, la naissance, le passé, Renan oppose l’idée d’ une nation fédérée par le « consentement actuel » des populations et p
8191 nt actuel » des populations et par leur « volonté de vivre ensemble » en vue d’un avenir commun. Cette analyse capitale po
8192 et par leur « volonté de vivre ensemble » en vue d’ un avenir commun. Cette analyse capitale pour toute l’évolution de l’i
8193 un. Cette analyse capitale pour toute l’évolution de l’idée européenne dont il formule la thèse en plein drame collectif,
8194 analyse capitale pour toute l’évolution de l’idée européenne dont il formule la thèse en plein drame collectif, il choisit de l’ad
8195 ule la thèse en plein drame collectif, il choisit de l’adresser personnellement à l’un de ses pairs dans la science neuve
8196 , il choisit de l’adresser personnellement à l’un de ses pairs dans la science neuve des civilisations, le professeur alle
8197 id Strauss. Sa première lettre est datée du début de la guerre, sa seconde lettre de la fin. L’idée de fédération y surgit
8198 st datée du début de la guerre, sa seconde lettre de la fin. L’idée de fédération y surgit une fois de plus, comme la solu
8199 de la guerre, sa seconde lettre de la fin. L’idée de fédération y surgit une fois de plus, comme la solution évidente des
8200 me la solution évidente des déchirements absurdes de l’Europe : La paix ne peut, à ce qu’il semble, être conclue directem
8201 solution évidente des déchirements absurdes de l’ Europe  : La paix ne peut, à ce qu’il semble, être conclue directement entre
8202 et l’Allemagne ; elle ne peut être l’ouvrage que de l’Europe, qui a blâmé la guerre et qui doit vouloir qu’aucun des memb
8203 ’Allemagne ; elle ne peut être l’ouvrage que de l’ Europe , qui a blâmé la guerre et qui doit vouloir qu’aucun des membres de la
8204 a guerre et qui doit vouloir qu’aucun des membres de la famille européenne ne soit trop affaibli. Vous parlez à bon droit
8205 i doit vouloir qu’aucun des membres de la famille européenne ne soit trop affaibli. Vous parlez à bon droit de garanties contre le
8206 ne ne soit trop affaibli. Vous parlez à bon droit de garanties contre le retour de rêves malsains ; mais quelle garantie v
8207 parlez à bon droit de garanties contre le retour de rêves malsains ; mais quelle garantie vaudrait celle de l’Europe, con
8208 es malsains ; mais quelle garantie vaudrait celle de l’Europe, consacrant de nouveau les frontières actuelles et interdisa
8209 lsains ; mais quelle garantie vaudrait celle de l’ Europe , consacrant de nouveau les frontières actuelles et interdisant à qui
8210 tières actuelles et interdisant à qui que ce soit de songer à déplacer les bornes fixées par les anciens traités ? Toute a
8211 la porte ouverte à des vengeances sans fin. Que l’ Europe fasse cela, et elle aura posé pour l’avenir le germe de la plus fécon
8212 se cela, et elle aura posé pour l’avenir le germe de la plus féconde institution, je veux dire d’une autorité centrale, so
8213 erme de la plus féconde institution, je veux dire d’ une autorité centrale, sorte de congrès des États-Unis d’Europe, jugea
8214 tion, je veux dire d’une autorité centrale, sorte de congrès des États-Unis d’Europe, jugeant les nations, s’imposant à el
8215 eant le principe des nationalités par le principe de fédération… Le principe de la fédération européenne peut ainsi offrir
8216 alités par le principe de fédération… Le principe de la fédération européenne peut ainsi offrir une base de médiation semb
8217 ncipe de fédération… Le principe de la fédération européenne peut ainsi offrir une base de médiation semblable à celle que l’Églis
8218 fédération européenne peut ainsi offrir une base de médiation semblable à celle que l’Église offrait au Moyen Âge.245 …
8219 les violences du passé. La Lorraine a fait partie de l’empire germanique, sans aucun doute ; mais la Hollande, la Suisse,
8220 squ’à Bénévent, et en remontant au-delà du traité de Verdun, la France entière, en y comprenant même la Catalogne, en ont
8221 artie. L’Alsace est maintenant un pays germanique de langue et de race ; mais, avant d’être envahie par la race germanique
8222 ce est maintenant un pays germanique de langue et de race ; mais, avant d’être envahie par la race germanique, l’Alsace ét
8223 ays germanique de langue et de race ; mais, avant d’ être envahie par la race germanique, l’Alsace était un pays celtique,
8224 lsace était un pays celtique, ainsi qu’une partie de l’Allemagne du Sud. Nous ne concluons pas de là que l’Allemagne du Su
8225 rtie de l’Allemagne du Sud. Nous ne concluons pas de là que l’Allemagne du Sud doive être française ; mais qu’on ne vienne
8226 terait. Presque partout où les patriotes fougueux de l’Allemagne réclament un droit germanique, nous pourrions réclamer un
8227 y eut les orangs-outangs. Avec cette philosophie de l’histoire, il n’y aura de légitime dans le monde que le droit des or
8228 Avec cette philosophie de l’histoire, il n’y aura de légitime dans le monde que le droit des orangs-outangs, injustement d
8229 e petite part le droit des vivants. … Les nations européennes telles que les a faites l’histoire sont les pairs d’un grand sénat où
8230 telles que les a faites l’histoire sont les pairs d’ un grand sénat où chaque membre est inviolable. L’Europe est une confé
8231 un grand sénat où chaque membre est inviolable. L’ Europe est une confédération d’États réunis par l’idée commune de la civilis
8232 re est inviolable. L’Europe est une confédération d’ États réunis par l’idée commune de la civilisation. L’individualité de
8233 e confédération d’États réunis par l’idée commune de la civilisation. L’individualité de chaque nation est constituée sans
8234 ’idée commune de la civilisation. L’individualité de chaque nation est constituée sans doute par la race, la langue, l’his
8235 stoire, la religion, mais aussi par quelque chose de beaucoup plus tangible, par le consentement actuel, par la volonté qu
8236 , par la volonté qu’ont les différentes provinces d’ un État de vivre ensemble.246 Douze ans plus tard, dans une confére
8237 olonté qu’ont les différentes provinces d’un État de vivre ensemble.246 Douze ans plus tard, dans une conférence à la S
8238 es. Et tout d’abord, dans une préface à l’édition de son texte, datée du 8 mai 1887, il réitère sa thèse fondamentale : L
8239 un être moral. On n’admet plus qu’il soit permis de persécuter les gens pour leur faire changer de religion ; les persécu
8240 is de persécuter les gens pour leur faire changer de religion ; les persécuter pour leur faire changer de langue ou de pat
8241 religion ; les persécuter pour leur faire changer de langue ou de patrie nous paraît tout aussi mal… Ce qui constitue une
8242 s persécuter pour leur faire changer de langue ou de patrie nous paraît tout aussi mal… Ce qui constitue une nation, ce n’
8243 si mal… Ce qui constitue une nation, ce n’est pas de parler la même langue ou d’appartenir au même groupe ethnographique,
8244 nation, ce n’est pas de parler la même langue ou d’ appartenir au même groupe ethnographique, c’est d’avoir fait ensemble
8245 d’appartenir au même groupe ethnographique, c’est d’ avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir en f
8246 roupe ethnographique, c’est d’avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir en faire encore dans l’ave
8247 fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir en faire encore dans l’avenir. De la conférence elle-même, q
8248 ssé et de vouloir en faire encore dans l’avenir. De la conférence elle-même, qui marque une date, et dont on a si souvent
8249 roduction et précautions liminaires : À l’époque de la Révolution française, on croyait que les institutions de petites v
8250 lution française, on croyait que les institutions de petites villes indépendantes, telles que Sparte et Rome, pouvaient s’
8251 Rome, pouvaient s’appliquer à nos grandes nations de trente à quarante millions d’âmes. De nos jours, on commet une erreur
8252 nos grandes nations de trente à quarante millions d’ âmes. De nos jours, on commet une erreur plus grave : on confond la ra
8253 des nations de trente à quarante millions d’âmes. De nos jours, on commet une erreur plus grave : on confond la race avec
8254 à celle des peuples réellement existants. Tâchons d’ arriver à quelque précision en ces questions difficiles, où la moindre
8255 que nous allons faire est délicat ; c’est presque de la vivisection ; nous allons traiter les vivants comme d’ordinaire on
8256 visection ; nous allons traiter les vivants comme d’ ordinaire on traite les morts. Nous y mettrons la froideur, l’impartia
8257 s la froideur, l’impartialité la plus absolue… L’ Europe s’est constituée par le refus de toute hégémonie d’une de ses nations
8258 absolue… L’Europe s’est constituée par le refus de toute hégémonie d’une de ses nations ou régions : Depuis la fin de l
8259 s’est constituée par le refus de toute hégémonie d’ une de ses nations ou régions : Depuis la fin de l’Empire romain, ou,
8260 constituée par le refus de toute hégémonie d’une de ses nations ou régions : Depuis la fin de l’Empire romain, ou, mieux
8261 d’une de ses nations ou régions : Depuis la fin de l’Empire romain, ou, mieux, depuis la dislocation de l’empire de Char
8262 l’Empire romain, ou, mieux, depuis la dislocation de l’empire de Charlemagne, l’Europe occidentale nous apparaît divisée e
8263 ain, ou, mieux, depuis la dislocation de l’empire de Charlemagne, l’Europe occidentale nous apparaît divisée en nations, d
8264 puis la dislocation de l’empire de Charlemagne, l’ Europe occidentale nous apparaît divisée en nations, dont quelques-unes, à c
8265 e hégémonie sur les autres, sans jamais y réussir d’ une manière durable. Ce que n’ont pu Charles-Quint, Louis XIV, Napoléo
8266 ement ne le pourra dans l’avenir. L’établissement d’ un nouvel Empire romain ou d’un nouvel empire de Charlemagne est deven
8267 nir. L’établissement d’un nouvel Empire romain ou d’ un nouvel empire de Charlemagne est devenu une impossibilité. La divis
8268 t d’un nouvel Empire romain ou d’un nouvel empire de Charlemagne est devenu une impossibilité. La division de l’Europe est
8269 lemagne est devenu une impossibilité. La division de l’Europe est trop grande pour qu’une tentative de domination universe
8270 ne est devenu une impossibilité. La division de l’ Europe est trop grande pour qu’une tentative de domination universelle ne pr
8271 de l’Europe est trop grande pour qu’une tentative de domination universelle ne provoque pas très vite une coalition qui fa
8272 t sa citoyenneté sont des concepts spécifiquement européens et modernes : Les nations, entendues de cette manière, sont quelque
8273 t européens et modernes : Les nations, entendues de cette manière, sont quelque chose d’assez nouveau dans l’histoire. L’
8274 s, entendues de cette manière, sont quelque chose d’ assez nouveau dans l’histoire. L’antiquité ne les connut pas : l’Égypt
8275 fils du Soleil ou un fils du Ciel. Il n’y eut pas de citoyens égyptiens, pas plus qu’il n’y a de citoyens chinois. L’antiq
8276 t pas de citoyens égyptiens, pas plus qu’il n’y a de citoyens chinois. L’antiquité classique eut des républiques et des ro
8277 s et des royautés municipales, des confédérations de républiques locales, des empires ; elle n’eut guère la nation au sens
8278 s la comprenons. Athènes, Sparte, Sidon, Tyr sont de petits centres d’admirable patriotisme ; mais ce sont des cités avec
8279 thènes, Sparte, Sidon, Tyr sont de petits centres d’ admirable patriotisme ; mais ce sont des cités avec un territoire rela
8280 ption dans l’Empire romain, étaient des ensembles de peuplades, souvent liguées entre elles, mais sans institutions centra
8281 ies. L’empire assyrien, l’empire persan, l’empire d’ Alexandre ne furent pas non plus des patries. Il n’y eut jamais de pat
8282 urent pas non plus des patries. Il n’y eut jamais de patriotes assyriens… La race, la langue, la culture, définissent-ell
8283 science instinctive qui a présidé à la confection de la carte d’Europe n’a tenu aucun compte de la race, et les premières
8284 inctive qui a présidé à la confection de la carte d’ Europe n’a tenu aucun compte de la race, et les premières nations de l
8285 ctive qui a présidé à la confection de la carte d’ Europe n’a tenu aucun compte de la race, et les premières nations de l’Europ
8286 ection de la carte d’Europe n’a tenu aucun compte de la race, et les premières nations de l’Europe sont des nations de san
8287 aucun compte de la race, et les premières nations de l’Europe sont des nations de sang essentiellement mélangé. Le fait de
8288 compte de la race, et les premières nations de l’ Europe sont des nations de sang essentiellement mélangé. Le fait de la race,
8289 es premières nations de l’Europe sont des nations de sang essentiellement mélangé. Le fait de la race, capital à l’origine
8290 nations de sang essentiellement mélangé. Le fait de la race, capital à l’origine, va donc toujours perdant de son importa
8291 ce, capital à l’origine, va donc toujours perdant de son importance. L’histoire humaine diffère essentiellement de la zool
8292 tance. L’histoire humaine diffère essentiellement de la zoologie. La race n’y est pas tout, comme chez les rongeurs ou les
8293 es rongeurs ou les félins, et on n’a pas le droit d’ aller par le monde tâter le crâne des gens, puis les prendre à la gorg
8294 s les prendre à la gorge en leur disant : — Tu es de notre sang tu nous appartiens !… … Ce que nous venons de dire de la r
8295 u nous appartiens !… … Ce que nous venons de dire de la race, il faut le dire de la langue. La langue invite à se réunir ;
8296 e nous venons de dire de la race, il faut le dire de la langue. La langue invite à se réunir ; elle n’y force pas. Les Éta
8297 faite, puisqu’elle a été faite par l’assentiment de ses différentes parties, compte trois ou quatre langues. Il y a dans
8298 quatre langues. Il y a dans l’homme quelque chose de supérieur à la langue : c’est la volonté. La volonté de la Suisse d’ê
8299 érieur à la langue : c’est la volonté. La volonté de la Suisse d’être unie, malgré la variété de ses idiomes, est un fait
8300 angue : c’est la volonté. La volonté de la Suisse d’ être unie, malgré la variété de ses idiomes, est un fait bien plus imp
8301 lonté de la Suisse d’être unie, malgré la variété de ses idiomes, est un fait bien plus important qu’une similitude de lan
8302 est un fait bien plus important qu’une similitude de langage souvent obtenue par des vexations. La nation serait-elle mi
8303 ons. La géographie est un des facteurs essentiels de l’histoire… Peut-on dire cependant, comme le croient certains partis,
8304 comme le croient certains partis, que les limites d’ une nation sont écrites sur la carte et que cette nation a le droit de
8305 rites sur la carte et que cette nation a le droit de s’adjuger ce qui est nécessaire pour arrondir certains contours, pour
8306 gne, telle rivière, à laquelle on prête une sorte de faculté limitante a priori ? Je ne connais pas de doctrine plus arbit
8307 de faculté limitante a priori ? Je ne connais pas de doctrine plus arbitraire ni plus funeste. Avec cela, on justifie tout
8308 lles qui séparent et celles qui ne séparent pas ? De Biarritz à Tomea, il n’y a pas une embouchure de fleuve qui ait plus
8309 De Biarritz à Tomea, il n’y a pas une embouchure de fleuve qui ait plus qu’une autre un caractère bornal. Si l’histoire l
8310 l’Oder auraient, autant que le Rhin, ce caractère de frontière naturelle qui a fait commettre tant d’infractions au droit
8311 de frontière naturelle qui a fait commettre tant d’ infractions au droit fondamental, qui est la volonté des hommes. Une
8312 autre dans le présent. Dans le passé, un héritage de gloire et de regrets à partager, dans l’avenir un même programme à ré
8313 présent. Dans le passé, un héritage de gloire et de regrets à partager, dans l’avenir un même programme à réaliser ; avoi
8314 voilà ce que l’on comprend malgré les diversités de race et de langue. … Par leurs facultés diverses, souvent opposées, l
8315 ue l’on comprend malgré les diversités de race et de langue. … Par leurs facultés diverses, souvent opposées, les nations
8316 t opposées, les nations servent à l’œuvre commune de la civilisation ; toutes apportent une note à ce grand concert de l’h
8317 on ; toutes apportent une note à ce grand concert de l’humanité, qui, en somme, est la plus haute réalité idéale que nous
8318 les nations pour des qualités, qui se nourrirait de vaine gloire ; qui serait à ce point jaloux, égoïste, querelleur ; qu
8319 s hommes. … Les nations ne sont pas quelque chose d’ éternel. Elles ont commencé, elles finiront. La confédération européen
8320 es ont commencé, elles finiront. La confédération européenne , probablement, les remplacera. L’auteur de La Culture de la Renaissa
8321 ropéenne, probablement, les remplacera. L’auteur de La Culture de la Renaissance et des Considérations sur l’Histoire uni
8322 ablement, les remplacera. L’auteur de La Culture de la Renaissance et des Considérations sur l’Histoire universelle, l’hi
8323 kob Burckhardt (1818-1897) a incarné la tradition d’ une cité humaniste, allemande par la langue et suisse par le civisme,
8324 la langue et suisse par le civisme, mais nourrie d’ influences françaises et italiennes. On ne trouve pas dans son œuvre d
8325 es et italiennes. On ne trouve pas dans son œuvre de système d’interprétation ou de construction métaphysique ; mais une e
8326 ennes. On ne trouve pas dans son œuvre de système d’ interprétation ou de construction métaphysique ; mais une espèce d’imp
8327 pas dans son œuvre de système d’interprétation ou de construction métaphysique ; mais une espèce d’impersonnalité classiqu
8328 ou de construction métaphysique ; mais une espèce d’ impersonnalité classique, secrètement passionnée, et la pénétration d’
8329 ssique, secrètement passionnée, et la pénétration d’ un regard imaginatif qui ressuscite le passé qu’il aime, « taxe » avec
8330 rophètes inspirés. Nietzsche l’excessif n’a cessé de rechercher l’amitié de Burckhardt le mesuré. Et certes, ce dernier av
8331 zsche l’excessif n’a cessé de rechercher l’amitié de Burckhardt le mesuré. Et certes, ce dernier avait chaudement soutenu
8332 liment écarté les avances pathétiques du prophète de Zarathoustra. Au moment de sombrer, à Turin, Nietzsche envoie deux dé
8333 seur bâlois se trouve être un « Polizeidirektor » de Karlsruhe, Friedrich von Preen. Lorsque Burckhardt parle de « l’histo
8334 he, Friedrich von Preen. Lorsque Burckhardt parle de « l’histoire mondiale », il se limite très consciemment à l’Europe, c
8335 re mondiale », il se limite très consciemment à l’ Europe , comme le faisait Auguste Comte : Seuls appartiennent à l’histoire,
8336 u sens le plus élevé du mot, les peuples à l’état de civilisation, et non ceux qui sont à l’état de nature. Et même parmi
8337 ux dont la culture n’est pas embranchée sur celle de l’Europe, par exemple le Japon et la Chine. Pour ce qui est des Indes
8338 nt la culture n’est pas embranchée sur celle de l’ Europe , par exemple le Japon et la Chine. Pour ce qui est des Indes égalemen
8339 erses, Macédoniens et autres peuples. Notre objet d’ étude se circonscrit donc au seul passé qui ait un rapport distinct av
8340 stinct avec le présent et l’avenir.248 Et cette Europe centre du monde est centrée à son tour sur la tradition antique : Dè
8341 l’on sait que cette époque heureuse appelée l’âge d’ or, au sens mythique du mot, n’a jamais existé et n’existera jamais, o
8342 jamais existé et n’existera jamais, on s’abstient de surévaluer follement un certain passé ou de désespérer follement du p
8343 tient de surévaluer follement un certain passé ou de désespérer follement du présent ou enfin d’espérer follement en l’ave
8344 sé ou de désespérer follement du présent ou enfin d’ espérer follement en l’avenir ; mais on voit cependant dans l’étude de
8345 des plus nobles occupations. Le passé n’est rien d’ autre que l’histoire de la vie et des souffrances de l’humanité consid
8346 tions. Le passé n’est rien d’autre que l’histoire de la vie et des souffrances de l’humanité considérée dans son ensemble.
8347 autre que l’histoire de la vie et des souffrances de l’humanité considérée dans son ensemble. Et cependant l’Antiquité a d
8348 e : c’est à elle que nous devons notre conception de l’État ; elle vit naître nos religions et est encore aujourd’hui l’él
8349 est encore aujourd’hui l’élément le plus durable de notre civilisation. Ses créations, dans le domaine des arts plastique
8350 nous oppose à elle… Et même si nous sommes issus de peuples qui, encore en leur enfance, sommeillèrent à côté des grands
8351 sommeillèrent à côté des grands peuples civilisés de l’Antiquité, nous ne nous sentons pas moins les descendants de ceux-c
8352 é, nous ne nous sentons pas moins les descendants de ceux-ci, parce que leur âme a passé en nous et que leur labeur, leur
8353 tion et leur destin revivent en nous.249 Mais l’ Europe des vingt siècles qui suivent, qui est-ce qui la tient ensemble, se d
8354 répond : la papauté, le Saint-Empire, la conquête de l’Outremer, quelques grandes individualités, et la lutte permanente c
8355 és, et la lutte permanente contre toute hégémonie d’ un des grands États : Un seul danger mortel a paru constamment menace
8356 n seul danger mortel a paru constamment menacer l’ Europe  : l’écrasante puissance mécanique, qu’elle provienne d’un peuple barb
8357 ’écrasante puissance mécanique, qu’elle provienne d’ un peuple barbare conquérant ou d’une accumulation des moyens de guerr
8358 ’elle provienne d’un peuple barbare conquérant ou d’ une accumulation des moyens de guerre au service d’un État ou d’une te
8359 rbare conquérant ou d’une accumulation des moyens de guerre au service d’un État ou d’une tendance, ou peut-être même des
8360 ’une accumulation des moyens de guerre au service d’ un État ou d’une tendance, ou peut-être même des masses actuelles. Ce
8361 tion des moyens de guerre au service d’un État ou d’ une tendance, ou peut-être même des masses actuelles. Ce ne sont pas l
8362 asses actuelles. Ce ne sont pas les pires ennemis de Rome qui ont sauvé l’Europe, mais bien les ennemis les plus opiniâtre
8363 ont pas les pires ennemis de Rome qui ont sauvé l’ Europe , mais bien les ennemis les plus opiniâtres de l’Espagne : les Holland
8364 Europe, mais bien les ennemis les plus opiniâtres de l’Espagne : les Hollandais, l’Angleterre (la protestante et la cathol
8365 lgré sa conversion. Plus encore, celui-là sauve l’ Europe qui l’arrache au danger que constituent les tentatives d’unification
8366 ’arrache au danger que constituent les tentatives d’ unification et de nivellement politico-socialo-religieux qu’on cherche
8367 r que constituent les tentatives d’unification et de nivellement politico-socialo-religieux qu’on cherche à lui imposer pa
8368 la plus spécifique, la richesse infiniment variée de son esprit. C’est bien un lieu commun de répéter que l’esprit est inv
8369 t variée de son esprit. C’est bien un lieu commun de répéter que l’esprit est invincible et qu’il vaincra toujours, alors
8370 que réellement il ne dépend parfois que du degré d’ énergie d’un seul homme à un certain moment pour que des peuples ou de
8371 ement il ne dépend parfois que du degré d’énergie d’ un seul homme à un certain moment pour que des peuples ou des civilisa
8372 ères soient ou non appelés à disparaître. Il faut de grands individus et ceux-ci ont besoin de réussir. Mais l’Europe a fr
8373 Il faut de grands individus et ceux-ci ont besoin de réussir. Mais l’Europe a fréquemment eu de grands hommes aux moments
8374 ndividus et ceux-ci ont besoin de réussir. Mais l’ Europe a fréquemment eu de grands hommes aux moments cruciaux de son histoir
8375 besoin de réussir. Mais l’Europe a fréquemment eu de grands hommes aux moments cruciaux de son histoire.250 Mais qu’est-
8376 quemment eu de grands hommes aux moments cruciaux de son histoire.250 Mais qu’est-ce que l’Europe, en fin de compte ? Bu
8377 uciaux de son histoire.250 Mais qu’est-ce que l’ Europe , en fin de compte ? Burckhardt en a donné, peut-être, la définition h
8378 ’en réjouir ou le déplorer, peu importe), c’est l’ Europe en tant que foyer, à la fois vieux et nouveau, d’une vie aux mille as
8379 pe en tant que foyer, à la fois vieux et nouveau, d’ une vie aux mille aspects, lieu de naissance des plus riches créations
8380 eux et nouveau, d’une vie aux mille aspects, lieu de naissance des plus riches créations, patrie de tous les contrastes qu
8381 eu de naissance des plus riches créations, patrie de tous les contrastes qui se résorbent en la seule unité ; ici, tout ce
8382 ime par le mot ou tout autre moyen. Voilà qui est européen  : la manifestation de toutes les forces, y compris l’individu, par le
8383 moyen. Voilà qui est européen : la manifestation de toutes les forces, y compris l’individu, par le truchement du monumen
8384 ompris l’individu, par le truchement du monument, de la représentation plastique, du mot, des institutions, des partis ; l
8385 sens et toutes les directions ; cette aspiration de l’esprit à vouloir absolument faire connaître tout ce qui est en lui
8386 ate que les cloches sonnent en harmonie, même si, de tout près, elles font entendre quelques dissonances : Discordia conco
8387 u’un obscur besoin ait conduit certaines branches d’ Indo-européens vers l’Occident simplement parce qu’ici un autre sol, u
8388 parce qu’ici un autre sol, un autre climat (celui de la liberté et de la diversité), tout un monde déchiqueté d’îles et de
8389 utre sol, un autre climat (celui de la liberté et de la diversité), tout un monde déchiqueté d’îles et de caps les attenda
8390 rté et de la diversité), tout un monde déchiqueté d’ îles et de caps les attendaient. Car, voilà qui est aussi européen : a
8391 la diversité), tout un monde déchiqueté d’îles et de caps les attendaient. Car, voilà qui est aussi européen : aimer non s
8392 de caps les attendaient. Car, voilà qui est aussi européen  : aimer non seulement la puissance, les idoles et l’argent, mais auss
8393 celte et germanique ; civilisations qui dépassent de beaucoup celles d’Asie par le fait qu’elles sont d’aspect et de forme
8394  ; civilisations qui dépassent de beaucoup celles d’ Asie par le fait qu’elles sont d’aspect et de forme multiples et qu’en
8395 beaucoup celles d’Asie par le fait qu’elles sont d’ aspect et de forme multiples et qu’en elles l’individu put se développ
8396 lles d’Asie par le fait qu’elles sont d’aspect et de forme multiples et qu’en elles l’individu put se développer pleinemen
8397 aisait partie… L’historien ne peut que se réjouir de cette richesse et laisser tous les appétits de victoire aux partisans
8398 ir de cette richesse et laisser tous les appétits de victoire aux partisans de telle ou telle tendance. Étant donné la vio
8399 isser tous les appétits de victoire aux partisans de telle ou telle tendance. Étant donné la violence extrême des combats
8400 e extrême des combats du passé, le désir constant d’ anéantir l’ennemi, nous ne pourrions, nous autres tard-venus de l’huma
8401 ennemi, nous ne pourrions, nous autres tard-venus de l’humanité, tenir pour un parti, même s’il s’agit de celui qu’en nous
8402 l’humanité, tenir pour un parti, même s’il s’agit de celui qu’en nous-mêmes nous croyons être le nôtre.251 « Nous autres
8403 ons être le nôtre.251 « Nous autres tards-venus de l’humanité »… Cette incidente (qui fait penser à Nietzsche) trahit le
8404 r à Nietzsche) trahit le pessimisme irrépressible de l’historien de la civilisation. Bien qu’il ait observé qu’en Europe t
8405 trahit le pessimisme irrépressible de l’historien de la civilisation. Bien qu’il ait observé qu’en Europe toute évolution
8406 de la civilisation. Bien qu’il ait observé qu’en Europe toute évolution conduit à une transition, à un dépassement, plutôt qu
8407 ne peut s’empêcher, dans ses Lettres à von Preen, de porter sur l’avenir prochain (le xxe siècle) un jugement des plus du
8408 nfirmé : Vous ne croirez jamais quel cas on fait de ces roulements de tambour au fur et à mesure que les années passent ;
8409 croirez jamais quel cas on fait de ces roulements de tambour au fur et à mesure que les années passent ; la grande masse,
8410 nt ; la grande masse, dans sa confusion, a besoin d’ un rythme pour marcher, sans lequel elle n’aurait « aucune façon ». En
8411 anges attend les travailleurs. La vision que j’ai de leur avenir confine, pour le moment, à la folie ; mais je ne peux m’e
8412 taire doit devenir un fabricant en gros. Ces amas d’ humains dans les usines ne doivent pas éternellement être abandonnés à
8413 à leur misère et à leurs envies. Un certain degré de misère contrôlée, avec de l’avancement, et en uniforme, chaque journé
8414 nvies. Un certain degré de misère contrôlée, avec de l’avancement, et en uniforme, chaque journée commencée et terminée pa
8415 ue journée commencée et terminée par un roulement de tambour, voilà ce qui devrait logiquement se produire. (Mais j’en con
8416 rouve irrémédiablement placé devant l’alternative d’ une démocratie totale ou d’un despotisme sans loi et absolu, ce dernie
8417 é devant l’alternative d’une démocratie totale ou d’ un despotisme sans loi et absolu, ce dernier n’étant d’ailleurs pas le
8418 ties qui ont maintenant le cœur trop tendre, mais de dictatures militaires prétendues républicaines. On n’aime guère se re
8419 ’aime guère se représenter le monde sous la botte de gouvernants qui fassent entièrement abstraction des notions de droit,
8420 s qui fassent entièrement abstraction des notions de droit, de prospérité, de travail et d’industrie toujours plus enrichi
8421 ent entièrement abstraction des notions de droit, de prospérité, de travail et d’industrie toujours plus enrichissants, de
8422 abstraction des notions de droit, de prospérité, de travail et d’industrie toujours plus enrichissants, de crédit, etc. e
8423 es notions de droit, de prospérité, de travail et d’ industrie toujours plus enrichissants, de crédit, etc. et qui gouverne
8424 avail et d’industrie toujours plus enrichissants, de crédit, etc. et qui gouvernent, au contraire, brutalement. Cependant,
8425 lement. Cependant, c’est justement dans les mains de gens pareils que l’on précipite le monde, par cette folle concurrence
8426 cernant, la participation des masses. … Ma vision de ces « terribles simplificateurs » que l’Europe va connaître, est loin
8427 vision de ces « terribles simplificateurs » que l’ Europe va connaître, est loin d’être agréable ; et de temps en temps, lors d
8428 lificateurs » que l’Europe va connaître, est loin d’ être agréable ; et de temps en temps, lors de mes rêveries, je vois ce
8429 uand nous serons, en septembre, devant un demi. … De temps à autre je suppute ce que pourront devenir notre érudition et n
8430 ne commencé son déclin. Il m’arrive parfois aussi d’ imaginer un des beaux côtés de ces temps nouveaux : comment, sur tous
8431 rrive parfois aussi d’imaginer un des beaux côtés de ces temps nouveaux : comment, sur tous les efforts et aspirations, s’
8432 fforts et aspirations, s’étendra l’horreur livide de la mort, parce qu’une fois de plus la force nue aura le dessus et la
8433 e plus la force nue aura le dessus et la consigne de fermer son bec sera donnée partout. Friedrich Nietzsche (1844-1900)
8434 Baudelaire d’une part, Tocqueville et Burckhardt de l’autre, il le sauve de la stupidité spirituelle et de la sottise pol
8435 Tocqueville et Burckhardt de l’autre, il le sauve de la stupidité spirituelle et de la sottise politique, mais c’est pour
8436 autre, il le sauve de la stupidité spirituelle et de la sottise politique, mais c’est pour mieux le condamner dans son ens
8437 ictoire en Nietzsche, y compris sa passion pour l’ Europe , pourtant constante, mais qui le porte au sarcasme aussi bien qu’à l’
8438 s mêmes que Burckhardt a louées ou négligées. Son Europe est grecque, puis Renaissante ; elle met au premier rang les moralist
8439 iser, par une réaction instinctive, « l’éducation d’ une caste nouvelle destinée à régner sur l’Europe », — et c’est là, éc
8440 tion d’une caste nouvelle destinée à régner sur l’ Europe  », — et c’est là, écrit Nietzsche, « la question qui me tient le plus
8441 qui me tient le plus à cœur au seuil du problème européen tel que je l’entends »252. Les aphorismes 242 et 243 de Par-delà le b
8442 que je l’entends »252. Les aphorismes 242 et 243 de Par-delà le bien et le mal décrivent sans aucun ménagement pour les t
8443 l décrivent sans aucun ménagement pour les tabous de l’époque, ce processus européen : Qu’on appelle « civilisation », ou
8444 agement pour les tabous de l’époque, ce processus européen  : Qu’on appelle « civilisation », ou « humanisation », ou « progrès 
8445 , ou « progrès » ce qui distingue aujourd’hui les Européens  ; qu’on appelle cela simplement, sans louange ni blâme, avec une form
8446 e formule politique, le mouvement démocratique en Europe  : derrière tous les premiers plans politiques et moraux, désignés par
8447 chaque jour, — le phénomène du rapprochement des Européens , des Européens qui s’éloignent de plus en plus des conditions qui fon
8448  le phénomène du rapprochement des Européens, des Européens qui s’éloignent de plus en plus des conditions qui font naître des ra
8449 rs, et qui s’affranchissent chaque jour davantage de tout milieu défini qui voudrait s’implanter pendant des siècles, dans
8450 mêmes revendications, — donc la lente apparition d’ une espèce d’hommes essentiellement surnationale et nomade qui, comme
8451 ications, — donc la lente apparition d’une espèce d’ hommes essentiellement surnationale et nomade qui, comme signe distinc
8452 if, possède physiologiquement parlant, un maximum de faculté et de force d’assimilation. Ce phénomène de création de l’Eur
8453 ysiologiquement parlant, un maximum de faculté et de force d’assimilation. Ce phénomène de création de l’Européen, qui pou
8454 uement parlant, un maximum de faculté et de force d’ assimilation. Ce phénomène de création de l’Européen, qui pourra être
8455 faculté et de force d’assimilation. Ce phénomène de création de l’Européen, qui pourra être retardé dans son allure par d
8456 de force d’assimilation. Ce phénomène de création de l’Européen, qui pourra être retardé dans son allure par de grands ret
8457 rce d’assimilation. Ce phénomène de création de l’ Européen , qui pourra être retardé dans son allure par de grands retours en arr
8458 péen, qui pourra être retardé dans son allure par de grands retours en arrière, mais qui, par cela même, gagnera peut-être
8459 es naïfs promoteurs et protagonistes, les apôtres de l’« idée moderne », voudraient le moins faire entrer en ligne de comp
8460 ront en moyenne au nivellement et à l’abaissement de l’homme — de la bête de troupeau humain, habile, laborieuse, utile et
8461 ne au nivellement et à l’abaissement de l’homme —  de la bête de troupeau humain, habile, laborieuse, utile et utilisable d
8462 lement et à l’abaissement de l’homme — de la bête de troupeau humain, habile, laborieuse, utile et utilisable de façon mul
8463 u humain, habile, laborieuse, utile et utilisable de façon multiple, — ces conditions sont au plus haut degré aptes à prod
8464 ont au plus haut degré aptes à produire des êtres d’ exception, de la qualité la plus dangereuse et la plus attrayante […]2
8465 aut degré aptes à produire des êtres d’exception, de la qualité la plus dangereuse et la plus attrayante […]253 Mais plu
8466 plus attrayante […]253 Mais plusieurs maladies de l’esprit affectent l’Europe, selon Nietzsche. Tout d’abord le nationa
8467 Mais plusieurs maladies de l’esprit affectent l’ Europe , selon Nietzsche. Tout d’abord le nationalisme, déguisé en patriotism
8468 isme « jovial et solennel » : Nous autres « bons Européens  », nous aussi nous avons des heures où nous nous permettons un patrio
8469 ures où nous nous permettons un patriotisme plein de courage, un bond et un retour à de vieilles amours et de vieilles étr
8470 riotisme plein de courage, un bond et un retour à de vieilles amours et de vieilles étroitesses — je viens d’en donner une
8471 age, un bond et un retour à de vieilles amours et de vieilles étroitesses — je viens d’en donner une preuve —, des heures
8472 lles amours et de vieilles étroitesses — je viens d’ en donner une preuve —, des heures d’effervescence nationale, d’angois
8473 s — je viens d’en donner une preuve —, des heures d’ effervescence nationale, d’angoisse patriotique, des heures où bien d’
8474 e preuve —, des heures d’effervescence nationale, d’ angoisse patriotique, des heures où bien d’autres sentiments antiques
8475 t. Des esprits plus lourds que nous mettront plus de temps à en finir avec ce qui chez nous n’occupe que quelques heures e
8476 quelques heures : pour les uns, il faut la moitié d’ une année, pour les autres la moitié d’une vie humaine, selon la rapid
8477 la moitié d’une année, pour les autres la moitié d’ une vie humaine, selon la rapidité de leurs facultés d’assimilation et
8478 es la moitié d’une vie humaine, selon la rapidité de leurs facultés d’assimilation et de renouvellement. Je saurais même m
8479 vie humaine, selon la rapidité de leurs facultés d’ assimilation et de renouvellement. Je saurais même me figurer des race
8480 n la rapidité de leurs facultés d’assimilation et de renouvellement. Je saurais même me figurer des races épaisses et hési
8481 des races épaisses et hésitantes, qui, dans notre Europe hâtive, auraient besoin de demi-siècles pour surmonter de tels excès
8482 s, qui, dans notre Europe hâtive, auraient besoin de demi-siècles pour surmonter de tels excès de patriotisme atavique et
8483 e, auraient besoin de demi-siècles pour surmonter de tels excès de patriotisme atavique et d’attachement à la glèbe, pour
8484 soin de demi-siècles pour surmonter de tels excès de patriotisme atavique et d’attachement à la glèbe, pour revenir à la r
8485 urmonter de tels excès de patriotisme atavique et d’ attachement à la glèbe, pour revenir à la raison, je veux dire au « bo
8486 u « bon européanisme ».254 L’exemple privilégié de la musique, cette création essentiellement européenne, permet de suiv
8487 gié de la musique, cette création essentiellement européenne , permet de suivre le processus de décomposition qui conduit de l’euro
8488 cette création essentiellement européenne, permet de suivre le processus de décomposition qui conduit de l’européanisme co
8489 llement européenne, permet de suivre le processus de décomposition qui conduit de l’européanisme cosmopolite au nationalis
8490 suivre le processus de décomposition qui conduit de l’européanisme cosmopolite au nationalisme borné : Le « bon vieux te
8491 coco ait encore un sens pour nous, que ce qu’il a de « bonne compagnie », de tendres ardeurs, de goût enfantin pour la chi
8492 pour nous, que ce qu’il a de « bonne compagnie », de tendres ardeurs, de goût enfantin pour la chinoiserie et la fioriture
8493 ’il a de « bonne compagnie », de tendres ardeurs, de goût enfantin pour la chinoiserie et la fioriture, de politesse du cœ
8494 oût enfantin pour la chinoiserie et la fioriture, de politesse du cœur, d’aspiration vers ce qui est précieux, amoureux, d
8495 hinoiserie et la fioriture, de politesse du cœur, d’ aspiration vers ce qui est précieux, amoureux, dansant, sentimental, d
8496 qui est précieux, amoureux, dansant, sentimental, de foi au Midi, que tout cela trouve encore en nous quelque chose qui l’
8497 — Mais n’en doutez pas, l’intelligence et le goût de Beethoven passeront plus vite encore ; car celui-là ne fut que le der
8498 encore ; car celui-là ne fut que le dernier écho d’ une transformation et d’une brisure du style ; au lieu que Mozart fut
8499 e fut que le dernier écho d’une transformation et d’ une brisure du style ; au lieu que Mozart fut la dernière expression d
8500 e ; au lieu que Mozart fut la dernière expression de tout un goût européen vivant depuis des siècles. Beethoven est l’inte
8501 Mozart fut la dernière expression de tout un goût européen vivant depuis des siècles. Beethoven est l’intermède entre une vieill
8502 sur sa musique est épandue la lueur crépusculaire d’ une éternelle déception, et d’une éternelle et errante espérance, — ce
8503 lueur crépusculaire d’une éternelle déception, et d’ une éternelle et errante espérance, — cette même lueur qui baignait l’
8504 ante espérance, — cette même lueur qui baignait l’ Europe alors qu’elle rêvait avec Rousseau, qu’elle dansait autour de l’arbre
8505 qu’elle dansait autour de l’arbre révolutionnaire de la liberté, qu’elle s’agenouillait enfin aux pieds de Napoléon. Comme
8506 a liberté, qu’elle s’agenouillait enfin aux pieds de Napoléon. Comme tous ces sentiments pâlissent vite, comme il nous est
8507 pâlissent vite, comme il nous est difficile déjà de les comprendre, comme elle est lointaine et étrange la langue des Rou
8508 Byron, la langue où s’exprima cette même destinée de l’Europe qui chantait en Beethoven ! Puis ce fut, dans la musique all
8509 , la langue où s’exprima cette même destinée de l’ Europe qui chantait en Beethoven ! Puis ce fut, dans la musique allemande, l
8510 iel que n’avait été le grand entracte, le passage de Rousseau à Napoléon et à la démocratie montante. […] Schuman était dé
8511 ait été Mozart à un plus haut degré, un phénomène européen  ; — et avec lui la musique allemande courait cet immense risque de ce
8512 i la musique allemande courait cet immense risque de cesser d’être la voix par où s’énonce l’âme de l’Europe et de tomber
8513 ue allemande courait cet immense risque de cesser d’ être la voix par où s’énonce l’âme de l’Europe et de tomber au rang mé
8514 ue de cesser d’être la voix par où s’énonce l’âme de l’Europe et de tomber au rang médiocre d’une chose purement nationale
8515 cesser d’être la voix par où s’énonce l’âme de l’ Europe et de tomber au rang médiocre d’une chose purement nationale.255 Le
8516 être la voix par où s’énonce l’âme de l’Europe et de tomber au rang médiocre d’une chose purement nationale.255 Le natio
8517 e l’âme de l’Europe et de tomber au rang médiocre d’ une chose purement nationale.255 Le nationalisme est issu du romanti
8518 ar une fatalité à laquelle les plus grands hommes de la première moitié du xixe siècle semblent avoir tous succombé : Gr
8519 ionalités a mises et met encore entre les peuples de l’Europe, grâce aux politiciens à la vue courte et aux mains promptes
8520 ités a mises et met encore entre les peuples de l’ Europe , grâce aux politiciens à la vue courte et aux mains promptes qui règn
8521 isme, sans soupçonner à quel point leur politique de désunion est fatalement une simple politique d’entracte, — grâce à to
8522 e de désunion est fatalement une simple politique d’ entracte, — grâce à tout cela, et à bien des choses encore qu’on ne pe
8523 on déforme mensongèrement les signes qui prouvent de la manière la plus manifeste que l’Europe veut devenir une. Tous les
8524 ui prouvent de la manière la plus manifeste que l’ Europe veut devenir une. Tous les hommes un peu profonds et d’esprit large q
8525 t devenir une. Tous les hommes un peu profonds et d’ esprit large qu’a vus ce siècle ont tendu vers ce but unique le travai
8526 le ont tendu vers ce but unique le travail secret de leur âme : ils voulurent frayer les voies à un nouvel accord et tentè
8527 frayer les voies à un nouvel accord et tentèrent de réaliser en eux-mêmes l’Européen à venir ; s’ils appartinrent à une p
8528 el accord et tentèrent de réaliser en eux-mêmes l’ Européen à venir ; s’ils appartinrent à une patrie, ce ne fut jamais que par l
8529 ne fut jamais que par les régions superficielles de leur intelligence, ou aux heures de défaillance, ou l’âge venu : ils
8530 uperficielles de leur intelligence, ou aux heures de défaillance, ou l’âge venu : ils se reposaient d’eux-mêmes en devenan
8531 de défaillance, ou l’âge venu : ils se reposaient d’ eux-mêmes en devenant « patriotes ». Je songe à des hommes comme Napol
8532 ine, Schopenhauer. Qu’on ne m’en veuille pas trop de nommer à leur suite Richard Wagner.256 Avec le romantisme est né l
8533 e est né le sens historique, qui domine la pensée européenne du siècle. La position de Nietzsche devant l’historisme est nécessair
8534 omine la pensée européenne du siècle. La position de Nietzsche devant l’historisme est nécessairement ambiguë, car sa visi
8535 torisme est nécessairement ambiguë, car sa vision de l’Europe est historique, mais ses jugements de valeur se veulent de p
8536 me est nécessairement ambiguë, car sa vision de l’ Europe est historique, mais ses jugements de valeur se veulent de plus en pl
8537 on de l’Europe est historique, mais ses jugements de valeur se veulent de plus en plus intemporels : Ce sens historique q
8538 intemporels : Ce sens historique que nous autres Européens revendiquons comme notre spécialité, nous est venu à la suite de l’en
8539 ite de l’ensorcelante et folle demi-barbarie où l’ Europe a été précipitée par le mélange démocratique des rangs et des races.
8540 ième sens. Toutes les formes, toutes les manières de vivre, toutes les civilisations du passé, autrefois entassées les une
8541 confusion. Nos instincts se dispersent maintenant de tous côtés, nous sommes nous-mêmes une sorte de chaos ; enfin « l’esp
8542 t de tous côtés, nous sommes nous-mêmes une sorte de chaos ; enfin « l’esprit », je le répète, finit par y trouver son pro
8543 it par y trouver son profit. Par la demi-barbarie de notre âme et de nos désirs, nous avons des échappées secrètes de tout
8544 son profit. Par la demi-barbarie de notre âme et de nos désirs, nous avons des échappées secrètes de toutes espèces, tell
8545 de nos désirs, nous avons des échappées secrètes de toutes espèces, telles qu’une époque noble n’en a jamais eu, surtout
8546 civilisations incomplètes et aux enchevêtrements de toutes les demi-barbaries qu’il y eut jamais au monde. Et, dans la me
8547 Et, dans la mesure où la part la plus importante de la culture fut jusqu’à présent une demi-barbarie, le « sens historiqu
8548 éressés, modestes, endurants, pleinement capables de nous dominer nous-mêmes, pleins d’abandon, très reconnaissants, très
8549 ement capables de nous dominer nous-mêmes, pleins d’ abandon, très reconnaissants, très patients, très accueillants. Avec t
8550 s et presque hostiles, c’est précisément le point de perfection, de maturité dernière dans toute culture et tout art, la m
8551 stiles, c’est précisément le point de perfection, de maturité dernière dans toute culture et tout art, la marque propre d’
8552 dans toute culture et tout art, la marque propre d’ aristocratie dans les œuvres et les hommes, leur aspect de mer unie et
8553 cratie dans les œuvres et les hommes, leur aspect de mer unie et de contentement alcyonien, l’éclat d’or brillant et froid
8554 œuvres et les hommes, leur aspect de mer unie et de contentement alcyonien, l’éclat d’or brillant et froid qui apparaît s
8555 de mer unie et de contentement alcyonien, l’éclat d’ or brillant et froid qui apparaît sur toute chose achevée.257 Si l’E
8556 d qui apparaît sur toute chose achevée.257 Si l’ Europe est plus loin que jamais de concevoir et d’assurer ce plus haut idéal
8557 chevée.257 Si l’Europe est plus loin que jamais de concevoir et d’assurer ce plus haut idéal d’elle-même, c’est qu’elle
8558 l’Europe est plus loin que jamais de concevoir et d’ assurer ce plus haut idéal d’elle-même, c’est qu’elle souffre d’une ma
8559 mais de concevoir et d’assurer ce plus haut idéal d’ elle-même, c’est qu’elle souffre d’une maladie de la volonté, d’une im
8560 lus haut idéal d’elle-même, c’est qu’elle souffre d’ une maladie de la volonté, d’une impuissance à se vouloir une, dont la
8561 d’elle-même, c’est qu’elle souffre d’une maladie de la volonté, d’une impuissance à se vouloir une, dont la Russie va pro
8562 ’est qu’elle souffre d’une maladie de la volonté, d’ une impuissance à se vouloir une, dont la Russie va profiter : Notre
8563 vouloir une, dont la Russie va profiter : Notre Europe contemporaine, ce foyer d’un effort soudain et irréfléchi pour mélang
8564 profiter : Notre Europe contemporaine, ce foyer d’ un effort soudain et irréfléchi pour mélanger radicalement les rangs e
8565 ces, est, par cela même, sceptique du haut en bas de l’échelle, tantôt animée de ce scepticisme mobile, qui impatient et l
8566 ptique du haut en bas de l’échelle, tantôt animée de ce scepticisme mobile, qui impatient et lascif, saute d’une branche à
8567 cepticisme mobile, qui impatient et lascif, saute d’ une branche à l’autre, tantôt troublé et comme obscurci par un nuage d
8568 re, tantôt troublé et comme obscurci par un nuage de questions — et parfois las de sa volonté à en mourir ! Paralysie de l
8569 scurci par un nuage de questions — et parfois las de sa volonté à en mourir ! Paralysie de la volonté, où ne rencontre-t-o
8570 parfois las de sa volonté à en mourir ! Paralysie de la volonté, où ne rencontre-t-on pas aujourd’hui cette infirmité ! Et
8571 teurs ! Pour cacher cette maladie on a des habits d’ apparat, des parures menteuses ; par exemple ce qu’on étale aujourd’hu
8572 ar exemple ce qu’on étale aujourd’hui sous le nom d’ « objectivité », d’« esprit scientifique », d’« art pour l’art », de «
8573 étale aujourd’hui sous le nom d’« objectivité », d’ « esprit scientifique », d’« art pour l’art », de « connaissance pure,
8574 nom d’« objectivité », d’« esprit scientifique », d’ « art pour l’art », de « connaissance pure, indépendante de la volonté
8575 d’« esprit scientifique », d’« art pour l’art », de « connaissance pure, indépendante de la volonté », tout cela n’est qu
8576 our l’art », de « connaissance pure, indépendante de la volonté », tout cela n’est que du scepticisme fardé, la paralysie
8577 cela n’est que du scepticisme fardé, la paralysie de la volonté qui se déguise. Je me porte garant du diagnostic de cette
8578 qui se déguise. Je me porte garant du diagnostic de cette maladie européenne. — La maladie de la volonté s’est propagée à
8579 Je me porte garant du diagnostic de cette maladie européenne . — La maladie de la volonté s’est propagée à travers l’Europe d’une f
8580 gnostic de cette maladie européenne. — La maladie de la volonté s’est propagée à travers l’Europe d’une façon inégale ; el
8581 maladie de la volonté s’est propagée à travers l’ Europe d’une façon inégale ; elle sévit avec le plus de force et sous les as
8582 e de la volonté s’est propagée à travers l’Europe d’ une façon inégale ; elle sévit avec le plus de force et sous les aspec
8583 ope d’une façon inégale ; elle sévit avec le plus de force et sous les aspects les plus variés partout où la civilisation
8584 evendiquer — ses droits sous les vêtements lâches de la civilisation occidentale. En conséquence, c’est dans la France con
8585 dans la France contemporaine, comme il est facile de le montrer et de le démontrer, que la volonté est le plus malade ; et
8586 ntemporaine, comme il est facile de le montrer et de le démontrer, que la volonté est le plus malade ; et la France qui a
8587 séduisante, jusqu’aux tournures les plus néfastes de son esprit, apparaît aujourd’hui à l’Europe, dans l’excès de son géni
8588 néfastes de son esprit, apparaît aujourd’hui à l’ Europe , dans l’excès de son génie national, comme la véritable école et le t
8589 it, apparaît aujourd’hui à l’Europe, dans l’excès de son génie national, comme la véritable école et le théâtre du sceptic
8590 de plus attrayant. La force du vouloir, la force de vouloir longtemps dans un même sens, est déjà un peu plus accentuée e
8591 e, ici grâce à la dureté des crânes — sans parler de l’Italie qui est trop jeune pour savoir encore ce qu’elle veut, et qu
8592 onnante dans ce prodigieux empire du milieu, où l’ Europe reflue pour ainsi dire vers l’Asie — en Russie. C’est là que la volon
8593 ait si elle sera affirmative ou négative — attend d’ une façon menaçante le moment où elle sera déclenchée, pour emprunter
8594 ée, pour emprunter leur mot favori aux physiciens d’ aujourd’hui. Ce n’est pas à la guerre avec l’Inde, ni aux complication
8595 e avec l’Inde, ni aux complications en Asie que l’ Europe devrait demander de la protéger contre le danger le plus sérieux qui
8596 mplications en Asie que l’Europe devrait demander de la protéger contre le danger le plus sérieux qui la menace, mais à un
8597 ion émiettant l’empire et surtout à l’importation de l’absurdité parlementaire, avec l’obligation pour chacun de lire le j
8598 dité parlementaire, avec l’obligation pour chacun de lire le journal à son déjeuner… Je voudrais voir l’Europe, en face de
8599 ire le journal à son déjeuner… Je voudrais voir l’ Europe , en face de l’attitude de plus en plus menaçante de la Russie, se déc
8600 , en face de l’attitude de plus en plus menaçante de la Russie, se décider à devenir menaçante à son tour, à se créer, au
8601 evenir menaçante à son tour, à se créer, au moyen d’ une nouvelle caste qui la régirait, une volonté unique, formidable, ca
8602 régirait, une volonté unique, formidable, capable de poursuivre un but pendant des milliers d’années, afin de mettre un te
8603 capable de poursuivre un but pendant des milliers d’ années, afin de mettre un terme à la trop longue comédie de sa petite
8604 afin de mettre un terme à la trop longue comédie de sa petite politique et à ses mesquines et innombrables volontés dynas
8605 s volontés dynastiques ou démocratiques. Le temps de la petite politique est passé ; déjà le siècle qui s’annonce fait pré
8606 ble poussée vers la grande politique.258 Mais l’ Europe sera-t-elle capable de mener cette « grande politique » à l’échelle m
8607 politique.258 Mais l’Europe sera-t-elle capable de mener cette « grande politique » à l’échelle mondiale, donc d’affront
8608 e « grande politique » à l’échelle mondiale, donc d’ affronter ce que lui réserve le xxe siècle ? Dans la préface à Par-de
8609 t-être » (en pensant aux tensions fécondes dont l’ Europe est le théâtre dramatique) : Mais la lutte contre Platon, ou, plutôt
8610 stiano-ecclésiastique exercée depuis des milliers d’ années — car le christianisme est du platonisme à l’usage du « peuple 
8611 e à l’usage du « peuple » — cette lutte a créé en Europe une merveilleuse tension de l’esprit, telle qu’il n’y en eut pas enco
8612 e lutte a créé en Europe une merveilleuse tension de l’esprit, telle qu’il n’y en eut pas encore sur terre : et avec un ar
8613 arc si fortement tendu il est possible, dès lors, de tirer sur les cibles les plus lointaines. Il est vrai que l’homme d’E
8614 bles les plus lointaines. Il est vrai que l’homme d’ Europe souffre de cette tension et, par deux fois, l’on fit de vastes
8615 es les plus lointaines. Il est vrai que l’homme d’ Europe souffre de cette tension et, par deux fois, l’on fit de vastes tentat
8616 ntaines. Il est vrai que l’homme d’Europe souffre de cette tension et, par deux fois, l’on fit de vastes tentatives pour d
8617 ffre de cette tension et, par deux fois, l’on fit de vastes tentatives pour détendre l’arc ; ce fut d’abord par le jésuiti
8618 rationalisme démocratique. À l’aide de la liberté de la presse, de la lecture des journaux, il se pourrait que l’on obtînt
8619 émocratique. À l’aide de la liberté de la presse, de la lecture des journaux, il se pourrait que l’on obtînt véritablement
8620 crates, ni même assez Allemands, nous autres bons Européens et esprits libres, très libres esprits — nous sentons encore en nous
8621 prits — nous sentons encore en nous tout le péril de l’intelligence et toute la tension de son arc ! Et peut-être aussi la
8622 ut le péril de l’intelligence et toute la tension de son arc ! Et peut-être aussi la flèche, la mission, qui sait ? le but
8623 in) : La diversité des langues, surtout, empêche de voir ce qui se passe au fond : la disparition de l’homme national et
8624 de voir ce qui se passe au fond : la disparition de l’homme national et l’apparition de l’homme européen. et dans la Vol
8625 a disparition de l’homme national et l’apparition de l’homme européen. et dans la Volonté de Puissance : Un peu d’air pu
8626 on de l’homme national et l’apparition de l’homme européen . et dans la Volonté de Puissance : Un peu d’air pur ! Il ne faut pa
8627 parition de l’homme européen. et dans la Volonté de Puissance : Un peu d’air pur ! Il ne faut pas que cet absurde état d
8628 opéen. et dans la Volonté de Puissance : Un peu d’ air pur ! Il ne faut pas que cet absurde état de l’Europe dure plus lo
8629 u d’air pur ! Il ne faut pas que cet absurde état de l’Europe dure plus longtemps ! Y a-t-il une pensée quelconque derrièr
8630 ir pur ! Il ne faut pas que cet absurde état de l’ Europe dure plus longtemps ! Y a-t-il une pensée quelconque derrière ce nati
8631 il une pensée quelconque derrière ce nationalisme de bêtes à cornes ? À présent que tout s’oriente vers de plus larges int
8632 vers de plus larges intérêts communs, à quoi rime d’ exciter ces égoïsmes galeux ? Et cela au moment où l’absence d’indépen
8633 égoïsmes galeux ? Et cela au moment où l’absence d’ indépendance intellectuelle et la déchéance des nationalismes sautent
8634 autent aux yeux, où toute la valeur, tout le sens de la civilisation présente consiste à se fondre en un seul ensemble où
8635 nderont réciproquement !260 Mais les conditions d’ une restauration, telles qu’il les énumère dans ses notes inédites des
8636 et il le sent bien : le pessimisme, ce « marteau de la philosophie », reste la dernière arme à la disposition des « bons
8637 este la dernière arme à la disposition des « bons Européens  ». Plutôt la mort que la médiocrité qui vient : Pour la lutte suprêm
8638 marteau. Provoquer la décision terrible, placer l’ Europe devant son choix : veut-elle sa décadence ? Se garder de la médiocris
8639 nt son choix : veut-elle sa décadence ? Se garder de la médiocrisation. Plutôt périr.261 C’est à l’historien suédois Har
8640 mme « Siècle du nationalisme » : tel est le titre d’ un article qu’il publia le 31 décembre 1899 dans le Svenska Dagbladet,
8641 dans le Svenska Dagbladet, grand journal libéral de Stockholm : Le siècle qui se termine ce soir a été le témoin de bien
8642 Le siècle qui se termine ce soir a été le témoin de bien des efforts et de bien des illusions dans la vie des peuples. Sa
8643 ne ce soir a été le témoin de bien des efforts et de bien des illusions dans la vie des peuples. Savoir laquelle de ses in
8644 llusions dans la vie des peuples. Savoir laquelle de ses innombrables tendances fut la plus importante, c’est peut-être un
8645 la plus importante, c’est peut-être une question de goût. Pour ma part, en ces dernières heures du siècle, je voudrais mé
8646 servi la culture, en ce sens qu’elles ont permis de surmonter bien des obstacles qui, jusqu’alors, avaient empêché les pe
8647 usqu’alors, avaient empêché les peuples dispersés de participer à une communauté culturelle. Mais ces avantages pèsent moi
8648 e le facteur politique dominant. La revendication de la pleine égalité de droits par toutes les nationalités ayant pris fo
8649 e dominant. La revendication de la pleine égalité de droits par toutes les nationalités ayant pris forme d’État souverain
8650 oits par toutes les nationalités ayant pris forme d’ État souverain est aussi contraire à l’Histoire et étrangère à la réal
8651 mondial vers quoi certains tendent […]. La haine de tout ce qui est étranger, entretenue au nom du patriotisme, est proch
8652 retenue au nom du patriotisme, est proche parente de la passion de persécuter les hérétiques ; elle transforme rapidement
8653 du patriotisme, est proche parente de la passion de persécuter les hérétiques ; elle transforme rapidement le sentiment n
8654 t national en un instinct qui échappe au contrôle de la raison. Du même coup, le nationalisme cesse d’être un facteur de d
8655 de la raison. Du même coup, le nationalisme cesse d’ être un facteur de développement culturel et devient superstition. Dan
8656 ême coup, le nationalisme cesse d’être un facteur de développement culturel et devient superstition. Dans quelle mesure le
8657 ù j’écris. Il semble au moins aussi vraisemblable de penser que le nationalisme, en se combinant avec d’autres forces, anc
8658 s et modernes, nous conduit irrésistiblement vers de nouvelles catastrophes, qui ne seront pas de moindre envergure que la
8659 vers de nouvelles catastrophes, qui ne seront pas de moindre envergure que la guerre de Trente Ans ou la Révolution frança
8660 ne seront pas de moindre envergure que la guerre de Trente Ans ou la Révolution française et ses suites. Mais le xixe s
8661 re mondiale qui l’achève, aux deux sens du terme. De cet achèvement normal, logique, et pourtant criminel, le témoin le pl
8662 lait être qu’un « théoricien désintéressé ». Plus européen , sans doute, qu’aucun de ses compatriotes au début de ce siècle, il n
8663 sintéressé ». Plus européen, sans doute, qu’aucun de ses compatriotes au début de ce siècle, il n’a parlé de l’Europe que
8664 sans doute, qu’aucun de ses compatriotes au début de ce siècle, il n’a parlé de l’Europe que sur le ton d’un sombre dépit
8665 compatriotes au début de ce siècle, il n’a parlé de l’Europe que sur le ton d’un sombre dépit prophétique. Voici quelques
8666 atriotes au début de ce siècle, il n’a parlé de l’ Europe que sur le ton d’un sombre dépit prophétique. Voici quelques extraits
8667 e siècle, il n’a parlé de l’Europe que sur le ton d’ un sombre dépit prophétique. Voici quelques extraits de ses Propos rec
8668 sombre dépit prophétique. Voici quelques extraits de ses Propos recueillis par l’un de ses disciples à la veille de la Pre
8669 elques extraits de ses Propos recueillis par l’un de ses disciples à la veille de la Première Guerre mondiale262 : Octobr
8670 recueillis par l’un de ses disciples à la veille de la Première Guerre mondiale262 : Octobre 1908. — L’Europe est, par e
8671 Première Guerre mondiale262 : Octobre 1908. — L’ Europe est, par excellence, la terre des cataclysmes guerriers. Les pacifist
8672 ent des lois élémentaires, ou des malins qui font de la démagogie et vivent de leurs mensonges. Personne n’a le courage de
8673 ou des malins qui font de la démagogie et vivent de leurs mensonges. Personne n’a le courage de dire ou d’écrire que l’ét
8674 ivent de leurs mensonges. Personne n’a le courage de dire ou d’écrire que l’état de paix en Europe est un état anormal. Po
8675 urs mensonges. Personne n’a le courage de dire ou d’ écrire que l’état de paix en Europe est un état anormal. Pourquoi l’Eu
8676 nne n’a le courage de dire ou d’écrire que l’état de paix en Europe est un état anormal. Pourquoi l’Europe est-elle par ex
8677 courage de dire ou d’écrire que l’état de paix en Europe est un état anormal. Pourquoi l’Europe est-elle par excellence la ter
8678 de paix en Europe est un état anormal. Pourquoi l’ Europe est-elle par excellence la terre des cataclysmes guerriers ? Parce qu
8679 iers ? Parce qu’elle est habitée par une quantité de races qui sont singulièrement opposées les unes aux autres, et dans l
8680 , et dans leurs mœurs, et dans leurs ambitions. L’ Europe n’a pas de chance. Tous ses habitants ne peuvent faire que mauvais vo
8681 mœurs, et dans leurs ambitions. L’Europe n’a pas de chance. Tous ses habitants ne peuvent faire que mauvais voisinage. …
8682 sinage. … Et il y a le Slavisme qui met son grain de sel là-dedans. La politique panslave… C’est gai pour demain ! Je vous
8683 is ; des Allemands ambitieux ; des Anglais jaloux d’ autorité ; des Français avares ; des Italiens souffrant d’une crise de
8684 té ; des Français avares ; des Italiens souffrant d’ une crise de croissance ; des Balkaniques braconniers ; des Hongrois g
8685 nçais avares ; des Italiens souffrant d’une crise de croissance ; des Balkaniques braconniers ; des Hongrois guerriers ? C
8686 uerriers ? Comment calmerez-vous ce panier rempli de crabes qui se pincent toute la sainte journée ? Malheureuse Europe !
8687 se pincent toute la sainte journée ? Malheureuse Europe  ! pourquoi lui cacher ce qui l’attend ? Avant dix ans, elle sombrera
8688 cle. 8 novembre 1912. — Rien n’améliorera le sort de l’Europe. Pourquoi voulez-vous qu’il s’améliore ? Que signifie ce vie
8689 8 novembre 1912. — Rien n’améliorera le sort de l’ Europe . Pourquoi voulez-vous qu’il s’améliore ? Que signifie ce vieux fond d
8690 ous qu’il s’améliore ? Que signifie ce vieux fond d’ optimisme qui attend que les choses s’arrangent ? Il n’y a aucune rais
8691 le feu s’ils sont amalgamés dans un récipient. L’ Europe est un récipient rempli de cette sorte de composés chimiques. Ça met
8692 ns un récipient. L’Europe est un récipient rempli de cette sorte de composés chimiques. Ça met le feu ; que diable ! Prene
8693 . L’Europe est un récipient rempli de cette sorte de composés chimiques. Ça met le feu ; que diable ! Prenez-en votre part
8694 e ! Prenez-en votre parti ! 18 décembre 1912. — L’ Europe , ce cimetière, est peuplée par des peuples qui chantent avant d’aller
8695 e, est peuplée par des peuples qui chantent avant d’ aller s’entretuer. Les Français et les Allemands chanteront bientôt.
8696 Allemands chanteront bientôt. Sorel, désespérant de « cette Europe qui est la terre-type du malheur de l’humanité », et r
8697 hanteront bientôt. Sorel, désespérant de « cette Europe qui est la terre-type du malheur de l’humanité », et réinventant le m
8698 e « cette Europe qui est la terre-type du malheur de l’humanité », et réinventant le mot d’Ivan Karamazov sur le « cimetiè
8699 du malheur de l’humanité », et réinventant le mot d’ Ivan Karamazov sur le « cimetière européen263 », fut sans doute l’obse
8700 , fut sans doute l’observateur le plus pessimiste de la fatalité nationaliste ; et c’est à lui que 1914 donna raison. Car
8701 na raison. Car 1914 sonna le glas du rôle mondial de l’Europe des nations. Cette catastrophe fut déclenchée dans l’allégre
8702 ison. Car 1914 sonna le glas du rôle mondial de l’ Europe des nations. Cette catastrophe fut déclenchée dans l’allégresse de na
8703 ette catastrophe fut déclenchée dans l’allégresse de nationalismes pimpants, « fleur au fusil », dans l’inconscience génér
8704 , dans l’inconscience générale du véritable enjeu de la guerre. Car en 1914, ainsi que l’écrira plus tard Jules Romains :
8705 s autres n’avaient présents à l’esprit le miracle de ce continent, ni le miracle plus fragile encore qu’était sa chance da
8706 le encore qu’était sa chance dans le monde. Cette Europe , la leur, devenue mère ou tutrice de tous les peuples, source des pen
8707 e. Cette Europe, la leur, devenue mère ou tutrice de tous les peuples, source des pensées et des inventions, détentrice de
8708 qu’un chant national, qu’un dialecte, qu’un tracé de frontière, qu’un nom de bataille à inscrire sur un socle, qu’un gisem
8709 ’un dialecte, qu’un tracé de frontière, qu’un nom de bataille à inscrire sur un socle, qu’un gisement de phosphates, qu’un
8710 bataille à inscrire sur un socle, qu’un gisement de phosphates, qu’une statistique du tonnage comparé, que le plaisir d’h
8711 ne statistique du tonnage comparé, que le plaisir d’ humilier le voisin.264 Il nous plaît de citer ici cette page de l’un
8712 plaisir d’humilier le voisin.264 Il nous plaît de citer ici cette page de l’un des rares auteurs français vivants qui a
8713 oisin.264 Il nous plaît de citer ici cette page de l’un des rares auteurs français vivants qui aient eu le courage et la
8714 is vivants qui aient eu le courage et la lucidité de militer pour une Europe unie, — Europe, mon pays que j’ai voulu chant
8715 eu le courage et la lucidité de militer pour une Europe unie, — Europe, mon pays que j’ai voulu chanter ! — tout au long d’un
8716 et la lucidité de militer pour une Europe unie, —  Europe , mon pays que j’ai voulu chanter ! — tout au long d’une œuvre importa
8717 mon pays que j’ai voulu chanter ! — tout au long d’ une œuvre importante qui s’étend du poème intitulé « Europe », publié
8718 œuvre importante qui s’étend du poème intitulé «  Europe  », publié en 1915, jusqu’à des campagnes de presse en faveur de la CE
8719 « Europe », publié en 1915, jusqu’à des campagnes de presse en faveur de la CED, en passant par la suite romanesque des Ho
8720 ED, en passant par la suite romanesque des Hommes de Bonne Volonté. En pleine guerre des nations, Romains avait lancé un p
8721 ons, Romains avait lancé un pamphlet : Pour que l’ Europe soit, dont l’écho fut vite étouffé par les clameurs du chauvinisme cé
8722 sacrée. Même sort ou pire, fut réservé aux appels d’ un Romain Rolland qui, dès septembre 1914, en publiant son pamphlet Au
8723 eptembre 1914, en publiant son pamphlet Au-dessus de la mêlée, avait eu l’intuition du crime contre l’Europe et contre la
8724 la mêlée, avait eu l’intuition du crime contre l’ Europe et contre la civilisation, où les peuples avaient été conduits par la
8725 les peuples avaient été conduits par la politique de leurs gouvernements et la faillite des puissances chargées de défendr
8726 vernements et la faillite des puissances chargées de défendre la paix : socialisme et christianisme.265 La renaissance d
8727 et christianisme.265 La renaissance des projets d’ union date des lendemains de la Première Guerre mondiale. Et la naissa
8728 naissance des projets d’union date des lendemains de la Première Guerre mondiale. Et la naissance d’une action politique,
8729 s de la Première Guerre mondiale. Et la naissance d’ une action politique, économique et culturelle pour faire de ces proje
8730 on politique, économique et culturelle pour faire de ces projets une réalité date du lendemain de la Seconde Guerre mondia
8731 aire de ces projets une réalité date du lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il fallait toucher le fond, c’est fait. L
8732 ndiale. Il fallait toucher le fond, c’est fait. L’ Europe unie naît à l’histoire parmi les ruines de sa dernière grande guerre
8733 L’Europe unie naît à l’histoire parmi les ruines de sa dernière grande guerre civile. Et nous allons voir les prophètes d
8734 guerre civile. Et nous allons voir les prophètes de sa décadence finale controuvés par les faits et réfutés par une génér
8735 Nietzsche va plus loin : il prévoit la nécessité d’ un Marché commun européen : « Au-delà de toutes ces guerres nationales
8736 loin : il prévoit la nécessité d’un Marché commun européen  : « Au-delà de toutes ces guerres nationales, de ces « empires » et d
8737 nécessité d’un Marché commun européen : « Au-delà de toutes ces guerres nationales, de ces « empires » et de ce qui occupe
8738 éen : « Au-delà de toutes ces guerres nationales, de ces « empires » et de ce qui occupe le premier plan, je vois plus loi
8739 tes ces guerres nationales, de ces « empires » et de ce qui occupe le premier plan, je vois plus loin. Ce qui m’importe, c
8740 lan, je vois plus loin. Ce qui m’importe, c’est l’ Europe une, et je la vois se préparer lentement, d’une manière hésitante. Ch
8741 ’Europe une, et je la vois se préparer lentement, d’ une manière hésitante. Chez tous les esprits étendus et profonds de ce
8742 itante. Chez tous les esprits étendus et profonds de ce siècle, l’œuvre commune de l’âme a consisté à préparer, à supputer
8743 étendus et profonds de ce siècle, l’œuvre commune de l’âme a consisté à préparer, à supputer et à anticiper cette nouvelle
8744 pputer et à anticiper cette nouvelle synthèse : l’ Européen de l’avenir. Ce ne fut qu’une fois devenus vieux, ou aux heures de fa
8745 à anticiper cette nouvelle synthèse : l’Européen de l’avenir. Ce ne fut qu’une fois devenus vieux, ou aux heures de faibl
8746 e ne fut qu’une fois devenus vieux, ou aux heures de faiblesse, qu’ils retombèrent dans l’étroitesse nationale et devinren
8747 e qui éveille et forme dans ces esprits le besoin d’ une unité nouvelle, ou déjà les besoins nouveaux de cette nouvelle uni
8748 ’une unité nouvelle, ou déjà les besoins nouveaux de cette nouvelle unité, il faut placer un grand fait économique qui écl
8749 économiquement intenables, à bref délai, du fait de la tendance absolue du grand trafic et du grand commerce à dépasser t
8750 -delà le bien et le mal, § 208. 259. Ibid., fin de l’avant-propos. 260. Volonté de Puissance, III, 3. 261. « Zucht un
8751 59. Ibid., fin de l’avant-propos. 260. Volonté de Puissance, III, 3. 261. « Zucht und Züchtung », III, « Die ewige Wie
8752 e ewige Wiederkunft ». 262. Jean Variot : Propos de Georges Sorel, Paris, 1935. 263. Cf., p. 288. 264. Jules Romains, L
8753 263. Cf., p. 288. 264. Jules Romains, Les Hommes de Bonne Volonté, vol. XIV, p. 293-4. 265. Romain Rolland, Journal des
8754 . 293-4. 265. Romain Rolland, Journal des années de guerre, p. 735.
24 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Sixième Partie. L’Europe en question : de Spengler à Ortega — 1. « Tout s’est senti périr »
8755 onalistes accumulées depuis un siècle, l’incendie de 1914 ne fut éteint, provisoirement, qu’avec l’aide des Américains et
8756 provisoirement, qu’avec l’aide des Américains et de forts contingents recrutés en Asie, en Australie et en Afrique. Appel
8757 en Australie et en Afrique. Appelés à nous tirer de nos décombres, ils le firent, librement ou non, puis s’en retournèren
8758 ux, sans insister, mais édifiés sur notre compte. D’ une expérience durement acquise de la réalité européenne, les uns conc
8759 r notre compte. D’une expérience durement acquise de la réalité européenne, les uns conclurent qu’ils pourraient désormais
8760 . D’une expérience durement acquise de la réalité européenne , les uns conclurent qu’ils pourraient désormais s’approprier nos forc
8761 s s’approprier nos forces matérielles et certains de nos principes politiques, quitte à les retourner contre nous profitan
8762 ues, quitte à les retourner contre nous profitant de nos faiblesses morales et de nos désunions passionnées : ainsi pensèr
8763 ontre nous profitant de nos faiblesses morales et de nos désunions passionnées : ainsi pensèrent aussi les Soviétiques ; d
8764  ; d’autres conclurent que le nationalisme, cause de nos ruines, devait être enfin surmonté, mais à l’échelle de l’arbitra
8765 nes, devait être enfin surmonté, mais à l’échelle de l’arbitrage mondial, c’est-à-dire à l’échelle des troubles que l’Euro
8766 dial, c’est-à-dire à l’échelle des troubles que l’ Europe venait de fomenter. Quant aux hommes politiques européens, loin de cr
8767 e venait de fomenter. Quant aux hommes politiques européens , loin de croire au Monde, à ses menaces, à ses besoins et aux mesures
8768 s pour y répondre, donc loin de mesurer l’ampleur de notre crise, ils marquèrent leur « victoire » par des Traités qui dev
8769 raités qui devaient aggraver les causes du mal. L’ Europe ne comptait en 1914 pas moins de vingt nations souveraines. Après les
8770 es du mal. L’Europe ne comptait en 1914 pas moins de vingt nations souveraines. Après les Traités de Versailles, Trianon e
8771 s de vingt nations souveraines. Après les Traités de Versailles, Trianon et St-Germain, elle en compta trente et une (plus
8772 et les mieux dénoncés par Renan et par Nietzsche) d’ un nationalisme scolaire. Le problème des colonies ne fut pas posé : e
8773 er en prime aux nations déclarées victorieuses en Europe  ! Les yeux tournés vers un xixe siècle dont ils poussaient jusqu’à l
8774 les auteurs des Traités posèrent ainsi les bases de l’échec de la Société des Nations et du succès des entreprises totali
8775 s des Traités posèrent ainsi les bases de l’échec de la Société des Nations et du succès des entreprises totalitaires, d’o
8776 ations et du succès des entreprises totalitaires, d’ où devait résulter la Deuxième Guerre mondiale. Paul Valéry les juge
8777 Guerre mondiale. Paul Valéry les juge ainsi : L’ Europe avait en soi de quoi ordonner à des fins européennes le reste du mond
8778 ul Valéry les juge ainsi : L’Europe avait en soi de quoi ordonner à des fins européennes le reste du monde. Elle avait de
8779 L’Europe avait en soi de quoi ordonner à des fins européennes le reste du monde. Elle avait des moyens invincibles et les hommes qu
8780 u-dessous de ceux-ci étaient ceux qui disposaient d’ elle. Ils étaient nourris du passé ; ils n’ont su faire que du passé.
8781  ; ils n’ont su faire que du passé. Ses querelles de clocher ont fait perdre à l’Europe cette immense occasion dont elle n
8782 ssé. Ses querelles de clocher ont fait perdre à l’ Europe cette immense occasion dont elle ne s’est même pas douté en temps uti
8783 isin et à raisonner sur l’instant. Les misérables Européens ont mieux aimé jouer aux Armagnacs et aux Bourguignons que de prendre
8784 aimé jouer aux Armagnacs et aux Bourguignons que de prendre sur la terre le grand rôle que les Romains surent prendre et
8785 .266 Mais dans le même temps, quelques penseurs d’ un type nouveau essayaient de regarder la réalité de l’Europe, négligé
8786 s, quelques penseurs d’un type nouveau essayaient de regarder la réalité de l’Europe, négligée par les réalistes. Tenant c
8787 un type nouveau essayaient de regarder la réalité de l’Europe, négligée par les réalistes. Tenant compte à la fois de l’hi
8788 pe nouveau essayaient de regarder la réalité de l’ Europe , négligée par les réalistes. Tenant compte à la fois de l’histoire, d
8789 gligée par les réalistes. Tenant compte à la fois de l’histoire, de la sociologie, des arts, des sciences nouvelles, de la
8790 réalistes. Tenant compte à la fois de l’histoire, de la sociologie, des arts, des sciences nouvelles, de la morale et de l
8791 la sociologie, des arts, des sciences nouvelles, de la morale et de la politique, ils tentaient d’estimer nos chances. Il
8792 des arts, des sciences nouvelles, de la morale et de la politique, ils tentaient d’estimer nos chances. Ils les jugeaient
8793 s, de la morale et de la politique, ils tentaient d’ estimer nos chances. Ils les jugeaient avec raison fort compromises. E
8794 ses ne les écouteraient, ils se donnaient le luxe de prévoir le pire, surcompensant par une lucidité désespérée le cynisme
8795 et la naïveté qui dominaient en fait l’évolution de l’histoire. Le premier d’entre eux fut Spengler. Il est remarquable q
8796 Il est remarquable que le titre du grand ouvrage d’ Oswald Spengler (1880-1936), ait été trouvé par l’auteur dès 1912 : Le
8797 ait été trouvé par l’auteur dès 1912 : Le Déclin de l’Occident. Le sentiment de notre décadence aura donc précédé chez le
8798 dès 1912 : Le Déclin de l’Occident. Le sentiment de notre décadence aura donc précédé chez les meilleurs esprits cet évén
8799 C’est à ce titre que Spengler doit le plus clair de sa célébrité, dans un public immense qui souvent ne l’a pas lu, mais
8800 l prévoit notre déclin. Qu’en est-il, en réalité, de ce livre qui a fait époque ? Par son recours effervescent aux analogi
8801 lanétaires et millénaires, portant sur les formes d’ art les plus variées et sur les civilisations les plus lointaines, il
8802 ntisme allemand, et préfigure le Musée imaginaire d’ André Malraux. Par son recours à la comparaison des lois cycliques de
8803 r son recours à la comparaison des lois cycliques de formation, d’essor, d’apogée et de déclin des cultures et des civilis
8804 à la comparaison des lois cycliques de formation, d’ essor, d’apogée et de déclin des cultures et des civilisations, il con
8805 araison des lois cycliques de formation, d’essor, d’ apogée et de déclin des cultures et des civilisations, il continue Heg
8806 lois cycliques de formation, d’essor, d’apogée et de déclin des cultures et des civilisations, il continue Hegel et préfig
8807 ples sont contestables, surtout quand il les tire d’ une actualité que nous voyons déjà périmée. (Il déclare, en 1917, que
8808 jà périmée. (Il déclare, en 1917, que la peinture de plein air — alors « moderne » — « n’est pas faite pour le peuple » ;
8809 ur la vraie peinture et oppose à l’art abstrait.) D’ une entreprise aussi vaste que la sienne, qui se donne d’innombrables
8810 ntreprise aussi vaste que la sienne, qui se donne d’ innombrables possibilités de « vérifier » ses thèses par des exemples
8811 sienne, qui se donne d’innombrables possibilités de « vérifier » ses thèses par des exemples prestigieux — soit que chacu
8812 oit le premier à les signaler — retenons un style de pensée qui a fait école, et un parti pris pessimiste qui a fourni ses
8813 s références à toute une époque. Ses entrevisions d’ un avenir césarien, noyant le pouvoir de l’argent dans le « sang », c’
8814 revisions d’un avenir césarien, noyant le pouvoir de l’argent dans le « sang », c’est-à-dire dans une éruption des forces
8815 dire dans une éruption des forces instinctives et de la volonté de puissance ont été réalisées par Hitler beaucoup plus tô
8816 éruption des forces instinctives et de la volonté de puissance ont été réalisées par Hitler beaucoup plus tôt qu’il ne le
8817 te un des témoins les plus sincères et importants de l’aventure occidentale au xxe siècle. Ses deux maîtres sont Goethe e
8818 e (abusivement peut-être) une théorie organiciste de la culture : chaque culture serait comparable à une plante, à un anim
8819 orté ses fruits. Du second il retient une manière de regarder en face les catastrophes et d’aimer le destin qu’on ne peut
8820 e manière de regarder en face les catastrophes et d’ aimer le destin qu’on ne peut infléchir. Mais pour autant, il ne veut
8821 autant, il ne veut pas renoncer au mythe faustien de l’individu actif et créateur… Voici deux pages qui illustrent bien le
8822 eux pages qui illustrent bien les thèmes centraux de cet énorme ouvrage. Organicisme : comme les nations, selon Hegel, le
8823 moment où une grande âme se réveille, se détache de l’état psychique primaire d’éternelle enfance humaine, forme issue de
8824 réveille, se détache de l’état psychique primaire d’ éternelle enfance humaine, forme issue de l’informe, limite et caducit
8825 primaire d’éternelle enfance humaine, forme issue de l’informe, limite et caducité sorties de l’infini et de la durée. Ell
8826 me issue de l’informe, limite et caducité sorties de l’infini et de la durée. Elle croît sur le sol d’un paysage exactemen
8827 nforme, limite et caducité sorties de l’infini et de la durée. Elle croît sur le sol d’un paysage exactement délimitable a
8828 de l’infini et de la durée. Elle croît sur le sol d’ un paysage exactement délimitable auquel elle reste liée comme la plan
8829 ture meurt quand l’âme a réalisé la somme entière de ses possibilités sous la forme de peuples, de langues, de doctrines r
8830 a somme entière de ses possibilités sous la forme de peuples, de langues, de doctrines religieuses, d’arts, d’États, de sc
8831 ère de ses possibilités sous la forme de peuples, de langues, de doctrines religieuses, d’arts, d’États, de sciences, et r
8832 ossibilités sous la forme de peuples, de langues, de doctrines religieuses, d’arts, d’États, de sciences, et retourne ains
8833 de peuples, de langues, de doctrines religieuses, d’ arts, d’États, de sciences, et retourne ainsi à l’état psychique prima
8834 es, de langues, de doctrines religieuses, d’arts, d’ États, de sciences, et retourne ainsi à l’état psychique primaire. Mai
8835 ngues, de doctrines religieuses, d’arts, d’États, de sciences, et retourne ainsi à l’état psychique primaire. Mais son êtr
8836 primaire. Mais son être vivant, cette succession de grandes époques qui marquent à grands traits précis son accomplisseme
8837 lutte très intime et passionnée pour la conquête de l’idée sur les puissances extérieures du chaos et sur l’instinct où c
8838 eulement l’artiste qui lutte contre la résistance de la matière et contre la destruction de l’idée en lui. Chaque culture
8839 résistance de la matière et contre la destruction de l’idée en lui. Chaque culture se trouve dans un rapport profondément
8840 anisme, byzantinisme, mandarinisme. C’est le sens de tous les déclins dans l’histoire — le sens de l’accomplissement intér
8841 ens de tous les déclins dans l’histoire — le sens de l’accomplissement intérieur et extérieur, celui de la fin qui menace
8842 e l’accomplissement intérieur et extérieur, celui de la fin qui menace toutes les cultures vivantes ; — parmi ces déclins,
8843 es ; — parmi ces déclins, le plus distinct, celui de « l’antiquité », s’étale à grands traits sous nos yeux, tandis qu’en
8844 vons clairement à la trace les premiers symptômes de notre événement, absolument semblable au premier par son cours et sa
8845 miers siècles du prochain millénaire, le « déclin de l’Occident ».267 Amor fati : si tu veux prévenir le désastre, il t
8846 loi ; mieux même : à la vouloir, dernier recours de ton étroite liberté : Une puissance ne peut être détruite que par un
8847 autre, non par un principe, et il n’y en a point d’ autre contre l’argent. L’argent ne sera dominé que par le sang et supp
8848 ujours et uniquement la vie, la race, la victoire de la volonté de puissance, non celle des vérités, des inventions ou de
8849 uement la vie, la race, la victoire de la volonté de puissance, non celle des vérités, des inventions ou de l’argent. L’hi
8850 issance, non celle des vérités, des inventions ou de l’argent. L’histoire universelle est le tribunal universel : elle a t
8851 nné à la vie plus forte, plus complète, plus sûre d’ elle-même, le droit à l’existence, dût-il ne pas être un droit pour l’
8852 la justice plus que la puissance. Ainsi le drame d’ une haute culture, tout ce monde merveilleux de divinités, d’arts, de
8853 me d’une haute culture, tout ce monde merveilleux de divinités, d’arts, de pensées, de batailles, de villes, se termine en
8854 culture, tout ce monde merveilleux de divinités, d’ arts, de pensées, de batailles, de villes, se termine encore par les f
8855 , tout ce monde merveilleux de divinités, d’arts, de pensées, de batailles, de villes, se termine encore par les faits élé
8856 nde merveilleux de divinités, d’arts, de pensées, de batailles, de villes, se termine encore par les faits élémentaux du s
8857 x de divinités, d’arts, de pensées, de batailles, de villes, se termine encore par les faits élémentaux du sang éternel qu
8858 estin a placés dans cette culture, et à ce moment de son devenir, où l’argent célèbre ses dernières victoires et où son hé
8859 roche doucement et irrésistiblement, la direction de notre vouloir et de notre devoir — hors desquels la vie n’a pas de se
8860 rrésistiblement, la direction de notre vouloir et de notre devoir — hors desquels la vie n’a pas de sens — est par là même
8861 et de notre devoir — hors desquels la vie n’a pas de sens — est par là même tracée dans un cercle étroitement circonscrit.
8862 oitement circonscrit. Nous n’avons pas la liberté de choisir le point à atteindre, mais celle de faire le nécessaire ou ri
8863 berté de choisir le point à atteindre, mais celle de faire le nécessaire ou rien. Et un problème que la nécessité historiq
8864 ière Guerre mondiale et terminé en 1917, le livre de Spengler fut en réalité un ouvrage d’anticipation : il révélait les c
8865 7, le livre de Spengler fut en réalité un ouvrage d’ anticipation : il révélait les causes des catastrophes à venir. Dès 19
8866 nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulés à pic avec tous leurs
8867 s entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’ empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; des
8868 urs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est f
8869 vions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions à tra
8870 que chose. Nous apercevions à travers l’épaisseur de l’histoire, les fantômes d’immenses navires qui furent chargés de ric
8871 à travers l’épaisseur de l’histoire, les fantômes d’ immenses navires qui furent chargés de richesse et d’esprit. Nous ne p
8872 es fantômes d’immenses navires qui furent chargés de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces nauf
8873 mmenses navires qui furent chargés de richesse et d’ esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, après to
8874 as notre affaire. Elam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu d
8875 étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existe
8876 ais France, Angleterre, Russie… ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenan
8877 n beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une ci
8878 vie. Les circonstances qui enverraient les œuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne son
8879 ces qui enverraient les œuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plus du tout inco
8880 eats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plus du tout inconcevables : elles sont dans les jou
8881 érir. Un frisson extraordinaire a couru la moelle de l’Europe. Elle a senti, par tous ses noyaux pensants qu’elle ne se re
8882 Un frisson extraordinaire a couru la moelle de l’ Europe . Elle a senti, par tous ses noyaux pensants qu’elle ne se reconnaissa
8883 qu’elle ne se reconnaissait plus, qu’elle cessait de se ressembler, qu’elle allait perdre conscience — une conscience acqu
8884 nscience — une conscience acquise par des siècles de malheurs supportables, par des milliers d’hommes du premier ordre, pa
8885 iècles de malheurs supportables, par des milliers d’ hommes du premier ordre, par des chances géographiques, ethniques, his
8886 brables. Alors, comme pour une défense désespérée de son être et de son avoir physiologiques, toute sa mémoire lui est rev
8887 comme pour une défense désespérée de son être et de son avoir physiologiques, toute sa mémoire lui est revenue confusémen
8888 onaux… Et dans le même désordre mental, à l’appel de la même angoisse, l’Europe cultivée a subi la reviviscence rapide de
8889 désordre mental, à l’appel de la même angoisse, l’ Europe cultivée a subi la reviviscence rapide de ses innombrables pensées :
8890 , l’Europe cultivée a subi la reviviscence rapide de ses innombrables pensées : dogmes, philosophies, idéaux hétérogènes ;
8891 es, idéaux hétérogènes ; les trois-cents manières d’ expliquer le Monde, les mille et une nuances du christianisme, les deu
8892 une nuances du christianisme, les deux douzaines de positivismes : tout le spectre de la lumière intellectuelle a étalé s
8893 deux douzaines de positivismes : tout le spectre de la lumière intellectuelle a étalé ses couleurs incompatibles, éclaira
8894 lle a étalé ses couleurs incompatibles, éclairant d’ une étrange lueur contradictoire l’agonie de l’âme européenne. … Maint
8895 irant d’une étrange lueur contradictoire l’agonie de l’âme européenne. … Maintenant, sur une immense terrasse d’Elsinore,
8896 ne étrange lueur contradictoire l’agonie de l’âme européenne . … Maintenant, sur une immense terrasse d’Elsinore, qui va de Bâle à
8897 uropéenne. … Maintenant, sur une immense terrasse d’ Elsinore, qui va de Bâle à Cologne, qui touche aux sables de Nieuport,
8898 nant, sur une immense terrasse d’Elsinore, qui va de Bâle à Cologne, qui touche aux sables de Nieuport, aux marais de la S
8899 , qui va de Bâle à Cologne, qui touche aux sables de Nieuport, aux marais de la Somme, aux craies de Champagne, aux granit
8900 ne, qui touche aux sables de Nieuport, aux marais de la Somme, aux craies de Champagne, aux granits d’Alsace, — l’Hamlet e
8901 s de Nieuport, aux marais de la Somme, aux craies de Champagne, aux granits d’Alsace, — l’Hamlet européen regarde des mill
8902 de la Somme, aux craies de Champagne, aux granits d’ Alsace, — l’Hamlet européen regarde des millions de spectres. Mais il
8903 es de Champagne, aux granits d’Alsace, — l’Hamlet européen regarde des millions de spectres. Mais il est un Hamlet intellectuel.
8904 ’Alsace, — l’Hamlet européen regarde des millions de spectres. Mais il est un Hamlet intellectuel. Il médite sur la vie et
8905 t des vérités. Il a pour fantômes tous les objets de nos controverses ; il a pour remords tous les titres de notre gloire 
8906 controverses ; il a pour remords tous les titres de notre gloire ; il est accablé sous le poids des découvertes, des conn
8907 ids des découvertes, des connaissances, incapable de se reprendre à cette activité illimitée. Il songe à l’ennui de recomm
8908 re à cette activité illimitée. Il songe à l’ennui de recommencer le passé, à la folie de vouloir innover toujours. Il chan
8909 nge à l’ennui de recommencer le passé, à la folie de vouloir innover toujours. Il chancelle entre les deux abîmes, car deu
8910 ntre les deux abîmes, car deux dangers ne cessent de menacer le monde : l’ordre et le désordre. S’il saisit un crâne, c’es
8911 e volant n’a pas précisément servi les intentions de l’inventeur : nous savons que l’homme volant monté sur son grand cygn
8912 uccello sopra del dosso del suo magnio cecero) a, de nos jours, d’autres emplois que d’aller prendre de la neige à la cime
8913 nio cecero) a, de nos jours, d’autres emplois que d’ aller prendre de la neige à la cime des monts pour la jeter, pendant l
8914 e nos jours, d’autres emplois que d’aller prendre de la neige à la cime des monts pour la jeter, pendant les jours de chal
8915 a cime des monts pour la jeter, pendant les jours de chaleur, sur le pavé des villes… Et cet autre crâne est celui de Leib
8916 le pavé des villes… Et cet autre crâne est celui de Leibniz qui rêva de la paix universelle. Et celui-ci fut Kant, Kant q
8917 Et cet autre crâne est celui de Leibniz qui rêva de la paix universelle. Et celui-ci fut Kant, Kant qui genuit Hegel, qui
8918 t Marx, qui genuit… Hamlet ne sait trop que faire de tous ces crânes. Mais s’il les abandonne !… Va-t-il cesser d’être lui
8919 crânes. Mais s’il les abandonne !… Va-t-il cesser d’ être lui-même ? Son esprit affreusement clairvoyant contemple le passa
8920 rit affreusement clairvoyant contemple le passage de la guerre à la paix. Ce passage est plus obscur, plus dangereux que l
8921 ge est plus obscur, plus dangereux que le passage de la paix à la guerre ; tous les peuples en sont troublés. « Et moi, se
8922 nt troublés. « Et moi, se dit-il, moi l’intellect européen , que vais-je devenir ? Et qu’est-ce que la paix ? La paix est, peut-ê
8923 destructions comme fait la guerre. C’est le temps d’ une concurrence créatrice, et de la lutte des productions. Mais Moi, n
8924 e. C’est le temps d’une concurrence créatrice, et de la lutte des productions. Mais Moi, ne suis-je pas fatigué de produir
8925 des productions. Mais Moi, ne suis-je pas fatigué de produire ? N’ai-je pas épuisé le désir des tentatives extrêmes et n’a
8926 pas abusé des savants mélanges ? Faut-il laisser de côté mes devoirs difficiles et mes ambitions transcendantes ? Dois-je
8927 se ? — Adieu, fantômes ! Le monde n’a plus besoin de vous. Ni de moi. Le monde, qui baptise du nom de progrès sa tendance
8928 , fantômes ! Le monde n’a plus besoin de vous. Ni de moi. Le monde, qui baptise du nom de progrès sa tendance à une précis
8929 de vous. Ni de moi. Le monde, qui baptise du nom de progrès sa tendance à une précision fatale, cherche à unir aux bienfa
8930 ne précision fatale, cherche à unir aux bienfaits de la vie, les avantages de la mort. Une certaine confusion règne encore
8931 che à unir aux bienfaits de la vie, les avantages de la mort. Une certaine confusion règne encore, mais encore un peu de t
8932 ircira ; nous verrons enfin apparaître le miracle d’ une société animale, une parfaite et définitive fourmilière ».269 Da
8933 Dans le même temps — à mi-chemin, entre l’année de la rédaction des fameuses lettres de Paul Valéry et l’année de leur p
8934 ntre l’année de la rédaction des fameuses lettres de Paul Valéry et l’année de leur publication — une jeune diplomate suis
8935 on des fameuses lettres de Paul Valéry et l’année de leur publication — une jeune diplomate suisse promis à une grande car
8936 nsthal, quelques pages prophétiques sur le destin de l’Europe270 : Ces semaines en Italie ont modifié pour moi bien des p
8937 es. À Bologne, quelqu’un m’a dit : « Vous êtes un Européen . » Tandis que ma voiture gravissait le Saint-Gothard, je réfléchissai
8938 le Saint-Gothard, je réfléchissais à ce qu’est un Européen . En êtes-vous un ? Avez-vous le courage d’être aujourd’hui encore — o
8939 Européen. En êtes-vous un ? Avez-vous le courage d’ être aujourd’hui encore — ou de nouveau — un Européen ? N’est-ce pas l
8940 ge d’être aujourd’hui encore — ou de nouveau — un Européen  ? N’est-ce pas là un état qui, partout et toujours, relève du passé ?
8941 ujours, relève du passé ? N’était-ce pas l’espoir de la chrétienté de jadis ? Car l’humanisme, l’héritage des Grecs, ont-i
8942 passé ? N’était-ce pas l’espoir de la chrétienté de jadis ? Car l’humanisme, l’héritage des Grecs, ont-ils jamais été plu
8943 ne lie ? Peut-être êtes-vous le dernier véritable Européen . Oui, il aurait pu y avoir une Europe, une convergence des essences g
8944 véritable Européen. Oui, il aurait pu y avoir une Europe , une convergence des essences germano- hispano-italo-slaves avec l’es
8945 pano-italo-slaves avec l’essence slave comme note de basse profonde. Une fédération ne se conçoit que sous le dénominateur
8946 ion ne se conçoit que sous le dénominateur commun d’ une forte pensée de base, d’une conviction. Or, elles font défaut. Un
8947 ue sous le dénominateur commun d’une forte pensée de base, d’une conviction. Or, elles font défaut. Un danger commun, comm
8948 e dénominateur commun d’une forte pensée de base, d’ une conviction. Or, elles font défaut. Un danger commun, comme jadis l
8949 , résolu, même le danger. Dans toutes les parties de la monarchie, vos compatriotes ont été gagnés par le nationalisme ; c
8950 es naturelles et le romantisme, l’idée romantisée de la Révolution française y ont contribué, indirectement dirigés contre
8951 tellectuels autrichiens, ces opportunistes dénués de flair, qui auraient pu entraver ce processus. Chez nous, en Suisse ?
8952 ant des affinités avec l’Allemagne, à l’exclusion de tout nationalisme. Gotthelf, Keller, Meyer, Jacob Burckhardt se sont
8953 on politiquement. Mais ils se sont déjà détournés de l’Allemagne des années 48, et n’ont plus rien voulu avoir de commun a
8954 gne des années 48, et n’ont plus rien voulu avoir de commun avec le Reich de Bismarck, modelé en si grande partie sur le p
8955 ont plus rien voulu avoir de commun avec le Reich de Bismarck, modelé en si grande partie sur le prototype français du xvi
8956 siècle. Le dernier fédéraliste global, et citoyen d’ un monde polyphonique où antiquité et christianisme s’amalgament en un
8957 cours. En lui le sanctum Imperium réduit à l’état d’ ombre, est devenu une réalité. Quant au message de Herder, c’est préci
8958 d’ombre, est devenu une réalité. Quant au message de Herder, c’est précisément contre son esprit que la majorité du peuple
8959 on esprit que la majorité du peuple allemand, née de la défaite, est en révolte. On ne peut qu’attendre, et si possible du
8960 iode, mais il faudra attendre longtemps que cesse de résonner la note nationaliste. C’est un état d’hypnose, il gagne de p
8961 e de résonner la note nationaliste. C’est un état d’ hypnose, il gagne de plus en plus les esprits autour de lui, tout est
8962 es et les grandes chimères… Peut-être les progrès de la technique amorceront-ils, dès ce siècle, une sorte d’organisation
8963 echnique amorceront-ils, dès ce siècle, une sorte d’ organisation mondiale. Pour l’instant, il semble néanmoins que le mond
8964 e croulerait plutôt que l’une des grandes nations européennes renonce à son exigence de primauté. « Les grandes puissances », « le
8965 randes nations européennes renonce à son exigence de primauté. « Les grandes puissances », « le concert des puissances »,
8966 ussi quelque jour l’occupation. Encore une guerre européenne fratricide, et l’on en sera au point où nous ne pourrons plus que con
8967 Sont-ils donc si peu nombreux, les gens capables de lire l’inscription sur le mur que tracent notre art et notre musique
8968 ique actuels ? Si peu nombreux, les gens capables de méditer sur la mort de la mélodie profondément européenne ? Il n’est
8969 ombreux, les gens capables de méditer sur la mort de la mélodie profondément européenne ? Il n’est pas de retour en arrièr
8970 de méditer sur la mort de la mélodie profondément européenne  ? Il n’est pas de retour en arrière possible, rien n’est jamais récup
8971 la mélodie profondément européenne ? Il n’est pas de retour en arrière possible, rien n’est jamais récupéré de ce qui fut
8972 r en arrière possible, rien n’est jamais récupéré de ce qui fut perdu ; mais qui demeurera fidèle et supportera de rester
8973 t perdu ; mais qui demeurera fidèle et supportera de rester seul, ressuscitera peut-être un jour, en des temps très lointa
8974 , en des temps très lointains. C’est là le secret de toutes les Renaissances. Peut-être, après de lourdes défaites et des
8975 cret de toutes les Renaissances. Peut-être, après de lourdes défaites et des dévastations, le grain semé germera-t-il à no
8976 ol profondément labouré. Demeurer fidèle, secret de toutes les Renaissances… Mais les uns veulent être fidèles à l’humani
8977 libéral, tandis que les autres y voient la source de nos maux. Si nous ne sauvons pas les valeurs de liberté, de tolérance
8978 e de nos maux. Si nous ne sauvons pas les valeurs de liberté, de tolérance et de libre examen, dit l’un, — si nous ne sauv
8979 x. Si nous ne sauvons pas les valeurs de liberté, de tolérance et de libre examen, dit l’un, — si nous ne sauvons pas, au
8980 uvons pas les valeurs de liberté, de tolérance et de libre examen, dit l’un, — si nous ne sauvons pas, au contraire, les v
8981 des doctrines catholiques, dit un troisième, — l’ Europe va périr. Ainsi Thomas Mann (1875-1955) : Dans tout humanisme il y a
8982 75-1955) : Dans tout humanisme il y a un élément de faiblesse qui vient de sa répugnance pour tout fanatisme, de sa tolér
8983 e qui vient de sa répugnance pour tout fanatisme, de sa tolérance et de son penchant pour un scepticisme indulgent, en un
8984 épugnance pour tout fanatisme, de sa tolérance et de son penchant pour un scepticisme indulgent, en un mot de sa bonté nat
8985 penchant pour un scepticisme indulgent, en un mot de sa bonté naturelle. Et cela peut, en certaines circonstances, lui dev
8986 virilité et qui serait convaincu que le principe de la liberté, de la tolérance et du libre examen n’a pas le droit de se
8987 i serait convaincu que le principe de la liberté, de la tolérance et du libre examen n’a pas le droit de se laisser exploi
8988 la tolérance et du libre examen n’a pas le droit de se laisser exploiter par le fanatisme sans vergogne de ses ennemis. L
8989 laisser exploiter par le fanatisme sans vergogne de ses ennemis. L’humanisme européen est-il devenu incapable d’une résur
8990 natisme sans vergogne de ses ennemis. L’humanisme européen est-il devenu incapable d’une résurrection qui rendrait à ses princip
8991 mis. L’humanisme européen est-il devenu incapable d’ une résurrection qui rendrait à ses principes leur valeur de combat ?
8992 rrection qui rendrait à ses principes leur valeur de combat ? S’il n’est pas plus capable de prendre conscience de lui-mêm
8993 ur valeur de combat ? S’il n’est pas plus capable de prendre conscience de lui-même, de se préparer à la lutte dans un ren
8994 S’il n’est pas plus capable de prendre conscience de lui-même, de se préparer à la lutte dans un renouveau de ses forces v
8995 s plus capable de prendre conscience de lui-même, de se préparer à la lutte dans un renouveau de ses forces vitales, alors
8996 même, de se préparer à la lutte dans un renouveau de ses forces vitales, alors il périra et avec lui l’Europe, dont le nom
8997 ses forces vitales, alors il périra et avec lui l’ Europe , dont le nom ne sera plus qu’une expression purement géographique et
8998 hercher dès maintenant un refuge hors du temps et de l’espace.271 Or, cet humanisme, précisément, cet idéal européen mod
8999 e.271 Or, cet humanisme, précisément, cet idéal européen moderne de la Raison, du Progrès, de la Science et de la Culture, rép
9000 umanisme, précisément, cet idéal européen moderne de la Raison, du Progrès, de la Science et de la Culture, répugne à l’Es
9001 idéal européen moderne de la Raison, du Progrès, de la Science et de la Culture, répugne à l’Espagnol « suressentiel et q
9002 oderne de la Raison, du Progrès, de la Science et de la Culture, répugne à l’Espagnol « suressentiel et quichottesque » qu
9003 uelques phrases son argument, ou plutôt son refus d’ argumenter, son cri : En deux mots se résume l’ensemble de ce que l’o
9004 ter, son cri : En deux mots se résume l’ensemble de ce que l’on demande pour notre pays. Ces deux mots sont européen et m
9005 l’on demande pour notre pays. Ces deux mots sont européen et moderne. « Nous devons être européens », « nous devons être modern
9006 mots sont européen et moderne. « Nous devons être européens  », « nous devons être modernes », « il faut se moderniser », « il fau
9007 aniser », tels sont ces lieux communs… Je ne veux d’ autre méthode que celle de la passion ; et quand ma poitrine se soulèv
9008 eux communs… Je ne veux d’autre méthode que celle de la passion ; et quand ma poitrine se soulève de dégoût, de répugnance
9009 e de la passion ; et quand ma poitrine se soulève de dégoût, de répugnance, de pitié ou de mépris, je laisse, débordée par
9010 sion ; et quand ma poitrine se soulève de dégoût, de répugnance, de pitié ou de mépris, je laisse, débordée par le cœur, p
9011 ma poitrine se soulève de dégoût, de répugnance, de pitié ou de mépris, je laisse, débordée par le cœur, parler la bouche
9012 se soulève de dégoût, de répugnance, de pitié ou de mépris, je laisse, débordée par le cœur, parler la bouche et les mots
9013 ommes des charlatans fantaisistes, qui farcissons de rhétorique les vides de la logique, qui raffinons avec plus ou moins
9014 taisistes, qui farcissons de rhétorique les vides de la logique, qui raffinons avec plus ou moins d’esprit mais sans utili
9015 s de la logique, qui raffinons avec plus ou moins d’ esprit mais sans utilité aucune, qui manquons du sens de l’enchaînemen
9016 it mais sans utilité aucune, qui manquons du sens de l’enchaînement et de la dépendance, des scolastiques, des casuistes,
9017 aucune, qui manquons du sens de l’enchaînement et de la dépendance, des scolastiques, des casuistes, etc., etc. J’ai enten
9018 asuistes, etc., etc. J’ai entendu dire des choses de ce genre d’Augustin, le grand Africain, âme de feu qui s’épanchait en
9019 c., etc. J’ai entendu dire des choses de ce genre d’ Augustin, le grand Africain, âme de feu qui s’épanchait en flots de rh
9020 es de ce genre d’Augustin, le grand Africain, âme de feu qui s’épanchait en flots de rhétorique, de phrases retorses, d’an
9021 and Africain, âme de feu qui s’épanchait en flots de rhétorique, de phrases retorses, d’antithèses, de paradoxes et de sub
9022 me de feu qui s’épanchait en flots de rhétorique, de phrases retorses, d’antithèses, de paradoxes et de subtilités. Saint
9023 hait en flots de rhétorique, de phrases retorses, d’ antithèses, de paradoxes et de subtilités. Saint Augustin fut un gongo
9024 de rhétorique, de phrases retorses, d’antithèses, de paradoxes et de subtilités. Saint Augustin fut un gongoriste et conce
9025 e phrases retorses, d’antithèses, de paradoxes et de subtilités. Saint Augustin fut un gongoriste et conceptiste en même t
9026 le gongorisme sont les formes les plus naturelles de la passion et de la véhémence. Le grand Africain, le grand Africain a
9027 t les formes les plus naturelles de la passion et de la véhémence. Le grand Africain, le grand Africain ancien ! Voilà une
9028  : « africain ancien » qui peut s’opposer à celle d’ « européen moderne » et qui vaut autant qu’elle, pour le moins. Saint
9029  africain ancien » qui peut s’opposer à celle d’«  européen moderne » et qui vaut autant qu’elle, pour le moins. Saint Augustin e
9030 deux ans, après avoir voyagé dans divers domaines de la culture européenne moderne et, seul avec ma conscience, je me dema
9031 s avoir voyagé dans divers domaines de la culture européenne moderne et, seul avec ma conscience, je me demande : « Suis-je Europé
9032 eul avec ma conscience, je me demande : « Suis-je Européen  ? suis-je moderne ? » Et ma conscience me répond : « Non, tu n’es pas
9033 » Et ma conscience me répond : « Non, tu n’es pas Européen , ce qui s’appelle Européen ; non tu n’es pas moderne, ce qui s’appell
9034 d : « Non, tu n’es pas Européen, ce qui s’appelle Européen  ; non tu n’es pas moderne, ce qui s’appelle moderne. » Et je continue
9035 ’appelle moderne. » Et je continue : « Et ce fait de ne te sentir ni Européen ni moderne, ne t’ôte-t-il point ta qualité d
9036 Et je continue : « Et ce fait de ne te sentir ni Européen ni moderne, ne t’ôte-t-il point ta qualité d’Espagnol ? » … Avant tou
9037 ropéen ni moderne, ne t’ôte-t-il point ta qualité d’ Espagnol ? » … Avant tout, et pour ce qui me concerne, je dois avouer
9038 nvers tout ce qui passe pour principes directeurs de l’esprit européen moderne, envers l’orthodoxie scientifique d’aujourd
9039 e qui passe pour principes directeurs de l’esprit européen moderne, envers l’orthodoxie scientifique d’aujourd’hui, ses méthodes
9040 uropéen moderne, envers l’orthodoxie scientifique d’ aujourd’hui, ses méthodes et ses tendances. Il y a deux choses dont on
9041 s avouer, me sont antipathiques. … L’unique moyen d’ entrer en relation vivante avec un autre est le moyen de l’agression ;
9042 er en relation vivante avec un autre est le moyen de l’agression ; seuls arrivent à une vraie compénétration, à une frater
9043 n, à une fraternité spirituelle ceux qui essaient de se subjuguer spirituellement les uns les autres, que ce soient des in
9044 idus ou que ce soient des peuples. Quand je tente de mettre mon esprit dans l’esprit de mon prochain, c’est alors seulemen
9045 Quand je tente de mettre mon esprit dans l’esprit de mon prochain, c’est alors seulement que je reçois dans le mien l’espr
9046 ors seulement que je reçois dans le mien l’esprit de ce prochain. La bénédiction de l’apôtre est qu’il reçoit en soi les â
9047 s le mien l’esprit de ce prochain. La bénédiction de l’apôtre est qu’il reçoit en soi les âmes de tous ceux qu’il évangéli
9048 tion de l’apôtre est qu’il reçoit en soi les âmes de tous ceux qu’il évangélise : c’est la noblesse du prosélytisme. … J’a
9049 rofonde conviction, pour arbitraire qu’elle soit ( d’ autant plus profonde que plus arbitraire, car c’est ainsi pour les vér
9050 plus arbitraire, car c’est ainsi pour les vérités de foi) j’ai la profonde conviction que l’européanisation véritable et i
9051 viction que l’européanisation véritable et intime de l’Espagne, c’est-à-dire notre digestion de cette partie de l’esprit e
9052 intime de l’Espagne, c’est-à-dire notre digestion de cette partie de l’esprit européen qui peut devenir notre esprit, ne c
9053 gne, c’est-à-dire notre digestion de cette partie de l’esprit européen qui peut devenir notre esprit, ne commencera que qu
9054 -dire notre digestion de cette partie de l’esprit européen qui peut devenir notre esprit, ne commencera que quand nous aurons es
9055 sprit, ne commencera que quand nous aurons essayé de nous imposer à l’ordre spirituel de l’Europe, de lui faire avaler ce
9056 aurons essayé de nous imposer à l’ordre spirituel de l’Europe, de lui faire avaler ce qui est nôtre, essentiellement nôtre
9057 s essayé de nous imposer à l’ordre spirituel de l’ Europe , de lui faire avaler ce qui est nôtre, essentiellement nôtre, en écha
9058 de nous imposer à l’ordre spirituel de l’Europe, de lui faire avaler ce qui est nôtre, essentiellement nôtre, en échange
9059 qui est nôtre, essentiellement nôtre, en échange de ce qui est sien, quand nous aurons essayé d’espagnoliser l’Europe.272
9060 ange de ce qui est sien, quand nous aurons essayé d’ espagnoliser l’Europe.272 Ce n’est pas un nationaliste qui parle ici
9061 t sien, quand nous aurons essayé d’espagnoliser l’ Europe .272 Ce n’est pas un nationaliste qui parle ici. C’est un homme qui
9062 parle ici. C’est un homme qui « a désir et besoin de l’âme, et d’une âme substantielle »273. Et c’est l’Europe de la Passi
9063 est un homme qui « a désir et besoin de l’âme, et d’ une âme substantielle »273. Et c’est l’Europe de la Passion, de l’Espr
9064 stantielle »273. Et c’est l’Europe de la Passion, de l’Esprit le plus subversif, qui rejette par sa bouche l’Europe tiède,
9065 it le plus subversif, qui rejette par sa bouche l’ Europe tiède, humanitaire, occupée à survivre. Hitler tentera de les tuer to
9066 , humanitaire, occupée à survivre. Hitler tentera de les tuer toutes les deux. L’essayiste anglais Hilaire Belloc condamne
9067 nglais Hilaire Belloc condamne lui aussi le culte de la Science et du Progrès, mais au nom de l’Église et de l’Autorité :
9068 Science et du Progrès, mais au nom de l’Église et de l’Autorité : Voici ma thèse : la culture et la civilisation de la ch
9069 : Voici ma thèse : la culture et la civilisation de la chrétienté — qui fut désignée pendant des siècles par le terme gén
9070 e catholique, rassemblant les traditions sociales de l’empire gréco-romain, et animant l’ensemble de ce grand corps d’une
9071 s de l’empire gréco-romain, et animant l’ensemble de ce grand corps d’une vie nouvelle. C’est l’Église catholique qui nous
9072 o-romain, et animant l’ensemble de ce grand corps d’ une vie nouvelle. C’est l’Église catholique qui nous a faits, qui nous
9073 us a donné notre unité et toute notre philosophie de la vie, et qui a formé la nature du monde blanc. Ce monde — la chréti
9074 c. Ce monde — la chrétienté — surmonta les périls de la barbarie païenne, résistant à ses assauts tant extérieurs qu’intér
9075 ts tant extérieurs qu’intérieurs et à la pression de la grande hérésie qui allait devenir une religion nouvelle : le mahom
9076 tous les périls, il tint tête, bien que dépouillé de vastes territoires ; il se releva, une fois la tourmente passée, et e
9077 montra, dès le début du xive siècle, les signes d’ un déclin qui se précipita rapidement durant le xve siècle. La Foi do
9078 ait, contestée. La société chrétienne fut soumise de la sorte à une tension, prolongée, qui la menaçait de disruption ; el
9079 a sorte à une tension, prolongée, qui la menaçait de disruption ; elle devint toujours plus instable, jusqu’à ce qu’enfin,
9080 . Selon l’usage courant, ce désastre porte le nom de Réformation. Dès ce moment, à travers les xvie , xviie et xviiie si
9081 viie et xviiie siècles, jusqu’au xixe , l’unité de la chrétienté ayant disparu et le principe vital dont sa vie dépendai
9082 re elle-même. Cette mauvaise fortune s’accompagna d’ un accroissement rapide de la connaissance du monde extérieur, c’est-à
9083 se fortune s’accompagna d’un accroissement rapide de la connaissance du monde extérieur, c’est-à-dire de la science et du
9084 la connaissance du monde extérieur, c’est-à-dire de la science et du pouvoir de l’homme sur les choses matérielles, au dé
9085 térieur, c’est-à-dire de la science et du pouvoir de l’homme sur les choses matérielles, au détriment de la saisie des vér
9086 saisie des vérités spirituelles. Ce fut l’inverse de ce qui s’était produit au début de notre civilisation : alors, notre
9087 fut l’inverse de ce qui s’était produit au début de notre civilisation : alors, notre religion avait sauvé le monde ancie
9088 religion avait sauvé le monde ancien à l’instant de périr, et formé une culture nouvelle, quoique obérée par le déclin de
9089 ue obérée par le déclin des sciences, des arts et de la vie matérielle. L’accroissement de notre savoir extérieur et de no
9090 des arts et de la vie matérielle. L’accroissement de notre savoir extérieur et de notre pouvoir sur la nature ne fit rien
9091 lle. L’accroissement de notre savoir extérieur et de notre pouvoir sur la nature ne fit rien pour apaiser les tensions int
9092 t entre idolâtries nationales opposées, l’absence de communes mesures et de doctrines invariables les garantissant, nous c
9093 onales opposées, l’absence de communes mesures et de doctrines invariables les garantissant, nous conduisit, aux débuts du
9094 os et à des dissensions entre les hommes menaçant de détruire toute société. Dans cette crise, une seule alternative demeu
9095 rnative demeure : la guérison par la restauration de la foi catholique, ou l’extinction de notre culture.274 Cependant,
9096 estauration de la foi catholique, ou l’extinction de notre culture.274 Cependant, un autre philosophe catholique, Jacque
9097 çant lui aussi au nom du thomisme les « erreurs » de l’humanisme libéral, entend faire confiance non point à quelque réact
9098 manisme, à un « humanisme intégral ». À la veille de la Seconde Guerre mondiale, dans une conférence sur le Crépuscule de
9099 e mondiale, dans une conférence sur le Crépuscule de la Civilisation, il dit sa foi dans les « voies de la liberté et de l
9100 e la Civilisation, il dit sa foi dans les « voies de la liberté et de l’esprit » : La fatalité qui joue contre les démocr
9101 , il dit sa foi dans les « voies de la liberté et de l’esprit » : La fatalité qui joue contre les démocraties modernes, c
9102 joue contre les démocraties modernes, c’est celle de la fausse philosophie de la vie qui pendant un siècle a altéré leur p
9103 es modernes, c’est celle de la fausse philosophie de la vie qui pendant un siècle a altéré leur principe vital authentique
9104 le principe — enfin dégagé dans sa vraie nature — d’ une espérance renouvelée et d’une foi invincible. Si les démocraties o
9105 s sa vraie nature — d’une espérance renouvelée et d’ une foi invincible. Si les démocraties occidentales ne doivent pas êtr
9106 ntales ne doivent pas être emportées, et une nuit de plusieurs siècles s’étendre sur la civilisation, c’est à condition qu
9107 e politique, et qu’elles retrouvent ainsi le sens de la justice, et de l’héroïsme, en retrouvant Dieu. Au crépuscule du so
9108 ’elles retrouvent ainsi le sens de la justice, et de l’héroïsme, en retrouvant Dieu. Au crépuscule du soir où nous sommes,
9109 penser que se mêlent déjà les lueurs incertaines d’ un crépuscule du matin. Le redressement spirituel qui s’accomplit depu
9110 es années dans notre pays importe à tout l’avenir de la civilisation. Et aussi le développement, dans des parties de plus
9111 t, dans des parties de plus en plus considérables de la jeunesse française, de conceptions politiques et sociales fondées
9112 s en plus considérables de la jeunesse française, de conceptions politiques et sociales fondées sur la valeur de la person
9113 ions politiques et sociales fondées sur la valeur de la personne humaine. L’Europe, cependant, est-il trop tard pour l’Eur
9114 s fondées sur la valeur de la personne humaine. L’ Europe , cependant, est-il trop tard pour l’Europe ? Avec l’Europe d’aujourd’
9115 ine. L’Europe, cependant, est-il trop tard pour l’ Europe  ? Avec l’Europe d’aujourd’hui, qui oserait espérer en la possibilité
9116 ependant, est-il trop tard pour l’Europe ? Avec l’ Europe d’aujourd’hui, qui oserait espérer en la possibilité d’une nouvelle c
9117 t, est-il trop tard pour l’Europe ? Avec l’Europe d’ aujourd’hui, qui oserait espérer en la possibilité d’une nouvelle chré
9118 ujourd’hui, qui oserait espérer en la possibilité d’ une nouvelle chrétienté ? — D’abord l’Europe n’est pas isolée, ce n’es
9119 ssibilité d’une nouvelle chrétienté ? — D’abord l’ Europe n’est pas isolée, ce n’est pas pour l’Europe, c’est pour le monde ent
9120 rd l’Europe n’est pas isolée, ce n’est pas pour l’ Europe , c’est pour le monde entier que le problème de la civilisation se pos
9121 urope, c’est pour le monde entier que le problème de la civilisation se pose maintenant. D’autre part l’important pour cha
9122 t. D’autre part l’important pour chacun n’est pas de savoir ce que fera l’univers, mais ce qu’il a à faire, lui. Le reste
9123 es États totalitaires n’ignorent pas l’importance de l’unanimité morale ; ils s’efforcent de la procurer, ils ne peuvent y
9124 mportance de l’unanimité morale ; ils s’efforcent de la procurer, ils ne peuvent y parvenir que par l’intimidation et la c
9125 itive, à l’égard de l’adhésion interne des cœurs, d’ une efficacité douteuse. La question est de savoir si les peuples des
9126 cœurs, d’une efficacité douteuse. La question est de savoir si les peuples des pays encore libres sont capables d’atteindr
9127 les peuples des pays encore libres sont capables d’ atteindre par les voies de la liberté et de l’esprit une suffisante un
9128 re libres sont capables d’atteindre par les voies de la liberté et de l’esprit une suffisante unanimité morale et de résis
9129 pables d’atteindre par les voies de la liberté et de l’esprit une suffisante unanimité morale et de résister aux altératio
9130 et de l’esprit une suffisante unanimité morale et de résister aux altérations qui menacent du dedans leur conscience. Rel
9131 tte formule qu’on retrouve par ailleurs dans plus d’ un essai de cette époque : « L’importance pour chacun n’est pas de sav
9132 qu’on retrouve par ailleurs dans plus d’un essai de cette époque : « L’importance pour chacun n’est pas de savoir ce que
9133 tte époque : « L’importance pour chacun n’est pas de savoir ce que fera l’univers, mais de savoir ce qu’il fera, lui. » Vo
9134 n n’est pas de savoir ce que fera l’univers, mais de savoir ce qu’il fera, lui. » Voilà qui marque la limite existentielle
9135 , lui. » Voilà qui marque la limite existentielle de la valeur des prévisions qu’on vient de citer. Au reste, qu’il s’agis
9136 Au reste, qu’il s’agisse des Cassandres modernes ( de Thomas Hobbes à Orwell, en passant par Swift, Butler, Spengler et Hux
9137 ler, Spengler et Huxley) ou des grands Utopistes ( de Bacon à notre science-fiction, en passant par Thomas Moore, Campanell
9138 gerac, Jules Verne et H. G. Wells) la notion même de prévision doit être sérieusement revue. Karl Jaspers, dans un des ouv
9139 Jaspers, dans un des ouvrages les plus marquants de l’entre-deux-guerres, La Situation spirituelle de notre époque (paru
9140 de l’entre-deux-guerres, La Situation spirituelle de notre époque (paru en 1931), a senti cette nécessité, devant le décha
9141 échaînement des prophètes du néant, annonciateurs de l’hitlérisme. Avant de proclamer que tout est perdu, rétablissons les
9142 que tout est perdu, rétablissons les proportions de notre drame dans la relativité de l’Histoire humaine : … Comparés au
9143 les proportions de notre drame dans la relativité de l’Histoire humaine : … Comparés aux milliards d’années sur lesquelle
9144 de l’Histoire humaine : … Comparés aux milliards d’ années sur lesquelles s’étend l’histoire de la terre, les six-mille an
9145 liards d’années sur lesquelles s’étend l’histoire de la terre, les six-mille ans de la tradition humaine sont comme les pr
9146 s’étend l’histoire de la terre, les six-mille ans de la tradition humaine sont comme les premières secondes d’une nouvelle
9147 adition humaine sont comme les premières secondes d’ une nouvelle période de transformation de la planète. Comparée aux mil
9148 mme les premières secondes d’une nouvelle période de transformation de la planète. Comparée aux milliers d’années qui se s
9149 secondes d’une nouvelle période de transformation de la planète. Comparée aux milliers d’années qui se sont écoulées, d’ap
9150 ansformation de la planète. Comparée aux milliers d’ années qui se sont écoulées, d’après les découvertes paléontologiques,
9151 découvertes paléontologiques, depuis l’apparition de l’homme, la période historique est comme une première ébauche des pos
9152 s à l’homme, depuis que, ayant surmonté l’inertie d’ une pure répétition, il s’est mis en mouvement. Six-mille ans, il est
9153 . Le souvenir nous donne évidemment la conscience de notre vieillesse, nous avons l’impression — aujourd’hui comme il y a
9154 ourd’hui comme il y a deux-mille ans — que la fin de l’histoire est proche : il semble que les meilleures époques sont déj
9155 sont déjà révolues. Mais à considérer l’histoire de la terre, nous prenons conscience de ce que notre entreprise est enco
9156 r l’histoire de la terre, nous prenons conscience de ce que notre entreprise est encore très limitée et de ce que notre si
9157 e que notre entreprise est encore très limitée et de ce que notre situation n’est que celle d’un premier commencement ; to
9158 itée et de ce que notre situation n’est que celle d’ un premier commencement ; tout se trouve encore en avant de nous ; la
9159 idité des découvertes techniques qui se succèdent de décade en décade paraît en fournir une preuve infaillible. Mais nous
9160 ut entière est autre chose qu’un épisode passager de l’histoire de la terre ; l’homme pourrait disparaître et son histoire
9161 autre chose qu’un épisode passager de l’histoire de la terre ; l’homme pourrait disparaître et son histoire faire place à
9162 toire faire place à une pure évolution géologique de durée indéterminée. Tout est possible, devant nous : l’épuisement de
9163 e. Tout est possible, devant nous : l’épuisement de nos ressources énergétiques, le refroidissement mortel de la Terre, o
9164 essources énergétiques, le refroidissement mortel de la Terre, ou air contraire la domination par la technique du mécanism
9165 a technique du mécanisme terrestre et la conquête de l’espace cosmique, offrant à l’homme de nouvelles conditions de vie ;
9166 conquête de l’espace cosmique, offrant à l’homme de nouvelles conditions de vie ; la fin de la culture, ou au contraire l
9167 smique, offrant à l’homme de nouvelles conditions de vie ; la fin de la culture, ou au contraire le début d’une ère de dév
9168 à l’homme de nouvelles conditions de vie ; la fin de la culture, ou au contraire le début d’une ère de développement inint
9169  ; la fin de la culture, ou au contraire le début d’ une ère de développement ininterrompu. Certes, nous sommes frappés par
9170 de la culture, ou au contraire le début d’une ère de développement ininterrompu. Certes, nous sommes frappés par les signe
9171 loi obscure qui détermine inexorablement le cours de l’histoire humaine tout entière ? Ne consommons-nous pas lentement un
9172 qui nous a été léguée par le passé ? La décadence de l’art, de la poésie, de la philosophie n’est-elle pas le symptôme d’u
9173 été léguée par le passé ? La décadence de l’art, de la poésie, de la philosophie n’est-elle pas le symptôme d’un proche é
9174 r le passé ? La décadence de l’art, de la poésie, de la philosophie n’est-elle pas le symptôme d’un proche épuisement de c
9175 sie, de la philosophie n’est-elle pas le symptôme d’ un proche épuisement de cette substance ? La dispersion et l’affaireme
9176 n’est-elle pas le symptôme d’un proche épuisement de cette substance ? La dispersion et l’affairement qui caractérisent le
9177 ion et l’affairement qui caractérisent les hommes d’ aujourd’hui, leur comportement social, la façon mécanique dont ils s’a
9178 social, la façon mécanique dont ils s’acquittent de leurs tâches professionnelles, leur manque de conviction dans l’activ
9179 ent de leurs tâches professionnelles, leur manque de conviction dans l’activité politique, le caractère superficiel de leu
9180 ns l’activité politique, le caractère superficiel de leurs distractions, tout cela n’est-il pas une preuve de ce que cette
9181 s distractions, tout cela n’est-il pas une preuve de ce que cette substance est déjà presque consommée ? Sans doute savons
9182  ? Sans doute savons-nous encore quel est l’enjeu de la perte que nous éprouvons au moment même où nous la subissons. Mais
9183 rons même plus, car ils seront devenus incapables de le comprendre. De pareilles questions et toutes les réponses qu’on pe
9184 r ils seront devenus incapables de le comprendre. De pareilles questions et toutes les réponses qu’on peut y faire ne nous
9185 nos doctrines militantes, peut être une démission de l’esprit mais peut être aussi, et doit être, une décision existentiel
9186 n existentielle : … Cette prévision descriptive de la totalité, qui se sépare de la volonté agissante, devient une dérob
9187 évision descriptive de la totalité, qui se sépare de la volonté agissante, devient une dérobade devant l’action authentiqu
9188 authentique qui commence avec l’action intérieure de l’individu. Nous nous laissons éblouir par le « théâtre de l’histoire
9189 vidu. Nous nous laissons éblouir par le « théâtre de l’histoire du monde » et par les théories qui défendent la nécessité
9190 grès doit conduire à une société sans classe — ou de la morphologie de la culture, qui en fait un processus soumis à des l
9191 à une société sans classe — ou de la morphologie de la culture, qui en fait un processus soumis à des lois — ou de la phi
9192 , qui en fait un processus soumis à des lois — ou de la philosophie dogmatique, qui y voit l’extension progressive et la r
9193 y voit l’extension progressive et la réalisation d’ une vérité absolue et définitive… … Plus le terme sur lequel porte la
9194 ne voit pas le cours des événements sous la forme d’ un déroulement inéluctable, mais seulement sous forme de possibilité e
9195 monde actuel. Éd. Stock, Paris. 267. Le Déclin de l’Occident, I, p. 114. Trad. française, Gallimard, Paris. 268. Ibid
9196 e page. 269. Paul Valéry : Variété I. « La crise de l’esprit » (deux lettres datées de 1919), Gallimard, Paris, 1924. 27
9197 I. « La crise de l’esprit » (deux lettres datées de 1919), Gallimard, Paris, 1924. 270. C. J. Burckhardt, Hugo von Hofma
9198 aris, 1960. 271. Thomas Mann : Avertissement à l’ Europe , Gallimard, Paris, 1937. 272. Vérités arbitraires, chapitre sur « L
9199 traires, chapitre sur « L’Européanisation », daté de 1906. 273. Cf. Le Sentiment tragique de la vie, 1912. 274. Hilaire
9200  », daté de 1906. 273. Cf. Le Sentiment tragique de la vie, 1912. 274. Hilaire Belloc : The Crisis of our Civilization.
25 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Sixième Partie. L’Europe en question : de Spengler à Ortega — 2. Crépuscule ou nouvelle aurore ?
9201 re sont tous sévères, mais on a pu remarquer que, de Spengler à Maritain, une évolution se dessine vers un possible espoir
9202 rsonnaliste qui, dès 1933, lançait le mot d’ordre de « l’engagement », c’est-à-dire, à ce moment-là, du refus de la démiss
9203 agement », c’est-à-dire, à ce moment-là, du refus de la démission de l’esprit devant les lois réputées « fatales » de notr
9204 -à-dire, à ce moment-là, du refus de la démission de l’esprit devant les lois réputées « fatales » de notre décadence.) Le
9205 de l’esprit devant les lois réputées « fatales » de notre décadence.) Les nombreux « retours à l’orthodoxie » qui animent
9206 qui nient nos fatalités, sont dans ce sens autant de signes d’une vitalité neuve, d’un renouvellement des tensions qui ont
9207 nos fatalités, sont dans ce sens autant de signes d’ une vitalité neuve, d’un renouvellement des tensions qui ont fait, dep
9208 ns ce sens autant de signes d’une vitalité neuve, d’ un renouvellement des tensions qui ont fait, depuis les origines, le d
9209 s qui ont fait, depuis les origines, le dynamisme de notre culture. Mais ils ne se réfèrent à l’Europe que comme au cadre
9210 sme de notre culture. Mais ils ne se réfèrent à l’ Europe que comme au cadre naturel de leur action. Qu’en est-il de l’Europe e
9211 se réfèrent à l’Europe que comme au cadre naturel de leur action. Qu’en est-il de l’Europe elle-même, considérée comme uni
9212 mme au cadre naturel de leur action. Qu’en est-il de l’Europe elle-même, considérée comme unité, et face au Monde du xxe
9213 u cadre naturel de leur action. Qu’en est-il de l’ Europe elle-même, considérée comme unité, et face au Monde du xxe siècle ?
9214 sa vocation mondiale ? A-t-elle encore conscience d’ elle-même ? Le seul fait qu’Ortega et Benda posent ces questions — l’u
9215 uestions — l’un à la veille, l’autre au lendemain de la Deuxième Guerre — ne serait-il pas le signe avant-coureur d’une re
9216 Guerre — ne serait-il pas le signe avant-coureur d’ une renaissance ? José Ortega y Gasset (1883-1955), dans son livre le
9217 stinguer aussi clairement — celui du commandement européen . C’est sous cet angle politique, au plus haut sens du terme, qu’il ab
9218 estion qui hante l’époque : On a tellement parlé de la décadence européenne, que beaucoup ont fini par la prendre pour un
9219 l’époque : On a tellement parlé de la décadence européenne , que beaucoup ont fini par la prendre pour un fait accompli. Non qu’i
9220 bien que, sincèrement, ils ne se souviennent pas d’ en avoir été convaincus résolument, à aucune date déterminée. … Le spe
9221 s pays est déplorable. Pour la seule raison que l’ Europe — d’après ce que l’on dit — est en décadence, et, par conséquent, ne
9222 n décadence, et, par conséquent, ne s’occupe plus de commander, chaque nation, même la plus minuscule, bondit, gesticule,
9223 ou se redresse et s’étire pour se donner des airs de grande personne, qui conduit elle-même son propre destin. Delà, ce vi
9224 son propre destin. Delà, ce vibrionique panorama de « nationalismes » que l’on nous offre de tous côtés… Il est vraiment
9225 panorama de « nationalismes » que l’on nous offre de tous côtés… Il est vraiment comique de contempler telle ou telle peti
9226 nous offre de tous côtés… Il est vraiment comique de contempler telle ou telle petite république qui, de son petit coin pe
9227 contempler telle ou telle petite république qui, de son petit coin perdu, se hausse sur la pointe des pieds, tance l’Euro
9228 perdu, se hausse sur la pointe des pieds, tance l’ Europe , et déclare que les Européens n’ont plus de rôle à jouer dans l’histo
9229 nte des pieds, tance l’Europe, et déclare que les Européens n’ont plus de rôle à jouer dans l’histoire universelle. Qu’en résulte
9230 l’Europe, et déclare que les Européens n’ont plus de rôle à jouer dans l’histoire universelle. Qu’en résulte-t-il ? L’Euro
9231 ns l’histoire universelle. Qu’en résulte-t-il ? L’ Europe avait créé un système de normes dont les siècles ont montré l’efficac
9232 ’en résulte-t-il ? L’Europe avait créé un système de normes dont les siècles ont montré l’efficacité et la fertilité. Ces
9233 normes ne sont pas les meilleures — il s’en faut de beaucoup, certes — mais elles sont, sans aucun doute, définitives tan
9234 ’autres. Aujourd’hui les peuples-masse ont résolu de tenir pour caduc ce système de normes qu’est la civilisation. Mais co
9235 s-masse ont résolu de tenir pour caduc ce système de normes qu’est la civilisation. Mais comme ils sont incapables d’en cr
9236 t la civilisation. Mais comme ils sont incapables d’ en créer un autre, ils ne savent que faire, et pour passer le temps, i
9237 ui survient lorsque dans le monde quelqu’un cesse de commander ; les autres, en se révoltant, se trouvent sans avoir rien
9238 trouvent sans avoir rien à faire, sans programme de vie. Le Gitan s’en vint à confesse. Mais le curé, prudemment, commenç
9239 r lui demander s’il connaissait les commandements de Dieu. À quoi le Gitan répondit : « Voilà, mon père, j’allais me mettr
9240 e ? Le bruit se répand que déjà les commandements européens n’ont plus cours ; aussitôt hommes et peuples profitent de l’occasion
9241 plus cours ; aussitôt hommes et peuples profitent de l’occasion pour vivre sans impératifs. Car les impératifs européens e
9242 on pour vivre sans impératifs. Car les impératifs européens existaient seuls. … Voilà ce que nous avons à (Ère à tous ceux qui, a
9243 une inconscience enfantine, nous annoncent que l’ Europe ne commande déjà plus. Commander c’est imposer une tâche aux gens, c’
9244 ui est généralement vacance, fainéantise, vacuité de la vie, désolation. Il importerait peu que l’Europe cessât de command
9245 é de la vie, désolation. Il importerait peu que l’ Europe cessât de commander, s’il y avait quelqu’un qui fût capable de la rem
9246 ésolation. Il importerait peu que l’Europe cessât de commander, s’il y avait quelqu’un qui fût capable de la remplacer. Ma
9247 commander, s’il y avait quelqu’un qui fût capable de la remplacer. Mais nous ne voyons pas même l’ombre d’un remplaçant. N
9248 a remplacer. Mais nous ne voyons pas même l’ombre d’ un remplaçant. New York et Moscou ne sont rien de nouveau par rapport
9249 et Moscou ne sont rien de nouveau par rapport à l’ Europe . Elles ne sont l’une et l’autre que deux parcelles du commandement eu
9250 une et l’autre que deux parcelles du commandement européen , qui en se dissociant du reste, ont perdu leur sens… … Si l’Européen
9251 dissociant du reste, ont perdu leur sens… … Si l’ Européen lui-même s’habitue à ne pas commander, il suffira d’une génération et
9252 lui-même s’habitue à ne pas commander, il suffira d’ une génération et demie pour que l’ancien continent, et avec lui le mo
9253 ale. Seule l’illusion du pouvoir et la discipline de responsabilité qu’elle inspire peuvent maintenir tendues les âmes d’O
9254 u’elle inspire peuvent maintenir tendues les âmes d’ Occident. La science, l’art, la technique et tout le reste vivent de l
9255 ence, l’art, la technique et tout le reste vivent de l’atmosphère tonique que crée la conscience du commandement. Si celle
9256 conscience du commandement. Si celle-ci manque, l’ Européen s’avilira. Les esprits n’auront plus cette foi radicale en eux-mêmes
9257 grandes idées, nouvelles dans tous les ordres. L’ Européen deviendra définitivement quotidien. Incapable de tout effort créateur
9258 éen deviendra définitivement quotidien. Incapable de tout effort créateur et gratuit, il retombera dans le passé, dans l’h
9259 éature vulgaire, formaliste, vide comme les Grecs de la décadence et ceux de l’histoire byzantine. Telles seraient les ra
9260 ste, vide comme les Grecs de la décadence et ceux de l’histoire byzantine. Telles seraient les raisons de notre décadence
9261 ’histoire byzantine. Telles seraient les raisons de notre décadence. Mais voici les formules de notre renaissance : … Le
9262 isons de notre décadence. Mais voici les formules de notre renaissance : … Les Européens ne savent pas vivre s’ils ne son
9263 voici les formules de notre renaissance : … Les Européens ne savent pas vivre s’ils ne sont engagés dans une grande entreprise
9264 désagrège. Nous avons aujourd’hui un commencement de désagrégation sous nos yeux. Les cercles qui, jusqu’à nos jours, se s
9265 n passé, qui s’accumule autour et au-dessous de l’ Européen , un passé qui l’emprisonne et l’alourdit. Avec plus de liberté vitale
9266 n passé qui l’emprisonne et l’alourdit. Avec plus de liberté vitale que jamais, nous sentons tous que l’air est irrespirab
9267 province, un « intérieur ». Dans la super-nation européenne que nous imaginons, la pluralité actuelle ne peut, ni ne doit dispara
9268 lus purement dynamique exige la permanence active de cette pluralité qui a toujours été la vie de l’Occident. Tout le mond
9269 tive de cette pluralité qui a toujours été la vie de l’Occident. Tout le monde perçoit l’urgence d’un nouveau principe de
9270 ie de l’Occident. Tout le monde perçoit l’urgence d’ un nouveau principe de vie. Mais — comme il arrive toujours en de semb
9271 le monde perçoit l’urgence d’un nouveau principe de vie. Mais — comme il arrive toujours en de semblables crises — quelqu
9272 incipe de vie. Mais — comme il arrive toujours en de semblables crises — quelques-uns essaient de sauver l’instant présent
9273 s en de semblables crises — quelques-uns essaient de sauver l’instant présent par une intensification extrême et artificie
9274 t par une intensification extrême et artificielle de ce principe qui, précisément, est depuis longtemps caduc. Tel est le
9275 ment, est depuis longtemps caduc. Tel est le sens de l’irruption des « nationalismes » de ces dernières années. Et je ne c
9276 est le sens de l’irruption des « nationalismes » de ces dernières années. Et je ne cesse de le redire : il en a toujours
9277 alismes » de ces dernières années. Et je ne cesse de le redire : il en a toujours été ainsi. C’est la dernière flamme qui
9278 rnier soupir qui est le plus profond. À la veille de disparaître, les frontières deviennent plus sensibles que jamais — le
9279 es nationalismes sont des impasses ; qu’on essaie de les projeter vers le futur et l’on ressentira le contrecoup. Ils n’of
9280 e, un prétexte qui s’offre pour éluder le pouvoir d’ invention, le devoir de grandes entreprises. D’ailleurs, la simplicité
9281 fre pour éluder le pouvoir d’invention, le devoir de grandes entreprises. D’ailleurs, la simplicité des moyens avec lesque
9282 exalte, révèlent amplement qu’il est le contraire d’ une création historique. Seule, la décision de construire une grande n
9283 ire d’une création historique. Seule, la décision de construire une grande nation avec le groupe des peuples continentaux
9284 oupe des peuples continentaux relèverait le pouls de l’Europe. Celle-ci recommencerait à croire en elle-même et automatiqu
9285 des peuples continentaux relèverait le pouls de l’ Europe . Celle-ci recommencerait à croire en elle-même et automatiquement à e
9286 en elle-même et automatiquement à exiger beaucoup d’ elle, à se discipliner. La dialectique romantique de Spengler conclua
9287 lle, à se discipliner. La dialectique romantique de Spengler concluait à la décadence inévitable. Ortega, concluant à l’u
9288 n Benda ne fait pas autre chose quand il accuse l’ Europe d’inconscience : c’est pour la réveiller qu’il la fustige : L’Europe
9289 ne fait pas autre chose quand il accuse l’Europe d’ inconscience : c’est pour la réveiller qu’il la fustige : L’Europe n’
9290 e : c’est pour la réveiller qu’il la fustige : L’ Europe n’a pas connu la conscience d’une unité politique. Du point de vue po
9291 a fustige : L’Europe n’a pas connu la conscience d’ une unité politique. Du point de vue politique la volonté de l’Europe
9292 é politique. Du point de vue politique la volonté de l’Europe aura été exclusivement nationaliste. Elle aura consisté dans
9293 itique. Du point de vue politique la volonté de l’ Europe aura été exclusivement nationaliste. Elle aura consisté dans un doubl
9294 sisté dans un double travail qui fut, d’une part, de former des nations et, d’autre part, de les rendre indépendantes les
9295 une part, de former des nations et, d’autre part, de les rendre indépendantes les unes des autres. Le mouvement commence a
9296 e qu’ils opposèrent les « gentes » à ces éléments d’ internationalisme qu’étaient l’Empire romain et l’Église, en ce qu’ils
9297 et l’Église, en ce qu’ils incarnèrent la négation de l’« Imperium » et de l’« Ecclesia ». Il prend corps lors de la disloc
9298 ’ils incarnèrent la négation de l’« Imperium » et de l’« Ecclesia ». Il prend corps lors de la dislocation de l’unité créé
9299 Ecclesia ». Il prend corps lors de la dislocation de l’unité créée par Charlemagne, avec le partage de Verdun. Quelques ho
9300 de l’unité créée par Charlemagne, avec le partage de Verdun. Quelques hommes — des clercs nourris dans la religion de l’Em
9301 ques hommes — des clercs nourris dans la religion de l’Empire romain — pleurent ce partage, mais la majorité s’en réjouit.
9302 uit. Elle se réjouit, dans chacun des trois lots, de penser qu’elle pourra désormais réaliser une destinée indépendante. À
9303 indépendante. À partir de ce moment, la tendance de l’Europe vers des groupes séparés n’ira qu’en se précisant. Comme il
9304 pendante. À partir de ce moment, la tendance de l’ Europe vers des groupes séparés n’ira qu’en se précisant. Comme il arrive po
9305 ntions universalistes des Hohenstaufen, plus tard de Charles-Quint, ne font que précipiter la volonté de sécession de la F
9306 Charles-Quint, ne font que précipiter la volonté de sécession de la France, de l’Autriche, des cités italiennes, des cant
9307 t, ne font que précipiter la volonté de sécession de la France, de l’Autriche, des cités italiennes, des cantons suisses,
9308 précipiter la volonté de sécession de la France, de l’Autriche, des cités italiennes, des cantons suisses, des Flandres.
9309 iennes, des cantons suisses, des Flandres. Celles de la papauté produisent le même effet sur les diverses parties de la ch
9310 produisent le même effet sur les diverses parties de la chrétienté. Toutes se signent dans ce cri de l’une d’elles : « Nou
9311 s de la chrétienté. Toutes se signent dans ce cri de l’une d’elles : « Nous sommes d’abord vénitiens, ensuite chrétiens… »
9312 hrétienté. Toutes se signent dans ce cri de l’une d’ elles : « Nous sommes d’abord vénitiens, ensuite chrétiens… » Enfin, a
9313 ples (particulièrement l’Allemagne !), la volonté de l’Europe d’être désunie et de former des nations indépendantes les un
9314 (particulièrement l’Allemagne !), la volonté de l’ Europe d’être désunie et de former des nations indépendantes les unes des au
9315 ulièrement l’Allemagne !), la volonté de l’Europe d’ être désunie et de former des nations indépendantes les unes des autre
9316 agne !), la volonté de l’Europe d’être désunie et de former des nations indépendantes les unes des autres atteint son apog
9317 atteint son apogée. Elle se traduit par une furie de séparations : la Belgique d’avec la Hollande, la Suède d’avec la Norv
9318 lande, la Suède d’avec la Norvège. Elle s’incarne d’ une façon saisissante dans Bismarck qui, contre-pied exact de Napoléon
9319 saisissante dans Bismarck qui, contre-pied exact de Napoléon, entend, par ses conquêtes, faire sa nation à lui, repousse
9320 e sa nation à lui, repousse résolument toute idée d’ Europe, où il ne voit qu’idéalisme stupide. En conséquence logique de
9321 sa nation à lui, repousse résolument toute idée d’ Europe , où il ne voit qu’idéalisme stupide. En conséquence logique de son œu
9322 voit qu’idéalisme stupide. En conséquence logique de son œuvre, du Niémen jusqu’à l’Atlantique s’établit un régime où chaq
9323 régime où chaque État s’enferme dans une religion de lui-même, dans un mépris des autres — « l’égoïsme sacré » — tels qu’o
9324  l’égoïsme sacré » — tels qu’on n’en avait pas vu de semblables, cependant que de nouvelles doctrines philosophiques, accl
9325 on n’en avait pas vu de semblables, cependant que de nouvelles doctrines philosophiques, acclamées par toutes les nations
9326 . Le xxe siècle qui verra peut-être la formation de l’Europe, s’ouvre dans le triomphe violent de l’anti-Europe… Le fait
9327 xxe siècle qui verra peut-être la formation de l’ Europe , s’ouvre dans le triomphe violent de l’anti-Europe… Le fait que l’Eur
9328 ion de l’Europe, s’ouvre dans le triomphe violent de l’anti-Europe… Le fait que l’Europe n’a jamais constitué une unité po
9329 triomphe violent de l’anti-Europe… Le fait que l’ Europe n’a jamais constitué une unité politique se traduit par cet autre fai
9330 cet autre fait : on n’a jamais écrit une histoire de l’Europe. Les livres qui portent ce titre, sauf peut-être — et encore
9331 utre fait : on n’a jamais écrit une histoire de l’ Europe . Les livres qui portent ce titre, sauf peut-être — et encore — l’admi
9332 nne a composé dans sa captivité pendant la guerre de 1914, nous exposent l’histoire des différentes parties de l’Europe, d
9333 nous exposent l’histoire des différentes parties de l’Europe, de leurs développements respectifs, surtout de leurs opposi
9334 exposent l’histoire des différentes parties de l’ Europe , de leurs développements respectifs, surtout de leurs oppositions, no
9335 t l’histoire des différentes parties de l’Europe, de leurs développements respectifs, surtout de leurs oppositions, non ce
9336 rope, de leurs développements respectifs, surtout de leurs oppositions, non celle d’un être historique qui leur serait tra
9337 spectifs, surtout de leurs oppositions, non celle d’ un être historique qui leur serait transcendant. J’ai parfois reproché
9338 scendant. J’ai parfois reproché à des professeurs d’ histoire que je savais acquis à l’idée d’une unification européenne de
9339 fesseurs d’histoire que je savais acquis à l’idée d’ une unification européenne de ne point faire à leurs élèves quelques l
9340 e que je savais acquis à l’idée d’une unification européenne de ne point faire à leurs élèves quelques leçons sur l’Europe, envisa
9341 vais acquis à l’idée d’une unification européenne de ne point faire à leurs élèves quelques leçons sur l’Europe, envisagée
9342 point faire à leurs élèves quelques leçons sur l’ Europe , envisagée comme une réalité politique indivise. Ils m’opposaient la
9343 politique indivise. Ils m’opposaient la nécessité d’ observer les programmes… L’Europe n’a pas connu davantage la conscienc
9344 osaient la nécessité d’observer les programmes… L’ Europe n’a pas connu davantage la conscience d’une unité spirituelle. Ici en
9345 s… L’Europe n’a pas connu davantage la conscience d’ une unité spirituelle. Ici encore, il faut bien distinguer entre le fa
9346 moins façonnées par l’Église et justifiant le mot de Stendhal : « L’Europe moderne est née du christianisme. » Accordons à
9347 r l’Église et justifiant le mot de Stendhal : « L’ Europe moderne est née du christianisme. » Accordons à notre historien qu’au
9348 anisme. » Accordons à notre historien qu’au début de l’Europe cette communauté de civilisation ait existé. Allons même plu
9349 e. » Accordons à notre historien qu’au début de l’ Europe cette communauté de civilisation ait existé. Allons même plus loin et
9350 istorien qu’au début de l’Europe cette communauté de civilisation ait existé. Allons même plus loin et reconnaissons que p
9351 s nationaux n’exista point. Il ne venait à l’idée d’ aucun étudiant parisien au xiie siècle de s’étonner d’avoir pour dire
9352 l’idée d’aucun étudiant parisien au xiie siècle de s’étonner d’avoir pour directeur l’Allemand Albert le Grand ou l’Ital
9353 un étudiant parisien au xiie siècle de s’étonner d’ avoir pour directeur l’Allemand Albert le Grand ou l’Italien Thomas d’
9354 d Albert le Grand ou l’Italien Thomas d’Aquin, ni d’ aucun bachelier viennois de trouver mauvais de confier la formation de
9355 ien Thomas d’Aquin, ni d’aucun bachelier viennois de trouver mauvais de confier la formation de son esprit au Français Jea
9356 ni d’aucun bachelier viennois de trouver mauvais de confier la formation de son esprit au Français Jean Gerson ; encore a
9357 ennois de trouver mauvais de confier la formation de son esprit au Français Jean Gerson ; encore au xviiie siècle, pendan
9358 isaient nos livres, adoptaient nos modes. Le fait d’ une certaine communauté spirituelle européenne a donc existé, mais la
9359 es. Le fait d’une certaine communauté spirituelle européenne a donc existé, mais la conscience de ce fait, de son opposition aux p
9360 elle européenne a donc existé, mais la conscience de ce fait, de son opposition aux particularismes nationaux, n’existait
9361 nne a donc existé, mais la conscience de ce fait, de son opposition aux particularismes nationaux, n’existait pas. Ce qui,
9362 s leurs oppositions. C’est la volonté des savants de parler désormais leur langue nationale et non plus le latin, qui les
9363 sait par-dessus leurs nations ; celle des peuples de nationaliser la prière, la prédication ; celle des littérateurs de ne
9364 a prière, la prédication ; celle des littérateurs de nettement dégager leur idiome de ce qu’il pouvait avoir de non nation
9365 des littérateurs de nettement dégager leur idiome de ce qu’il pouvait avoir de non national… Nous allons pourtant voir app
9366 ent dégager leur idiome de ce qu’il pouvait avoir de non national… Nous allons pourtant voir apparaître dans ce passé une
9367 ssé une époque qui a vraiment connu la conscience d’ un esprit européen, c’est la fin du xviiie siècle, avec ces hommes qu
9368 ue qui a vraiment connu la conscience d’un esprit européen , c’est la fin du xviiie siècle, avec ces hommes qui, non seulement p
9369 ont Voltaire écrivait en 1767 qu’« il se forme en Europe une république immense d’esprits cultivés », dont le type a été le pr
9370 qu’« il se forme en Europe une république immense d’ esprits cultivés », dont le type a été le prince de Ligne et dont on p
9371 etzsche, Romain Rolland, André Gide. Ai-je besoin de dire si ce mouvement a été violemment enrayé par le xixe siècle au n
9372 par un Maurras jetant l’infamie, dans la personne de Romain Rolland, sur tout ce qui sert l’esprit européen. Ce nationalis
9373 de Romain Rolland, sur tout ce qui sert l’esprit européen . Ce nationalisme intellectuel paraît avoir aujourd’hui contaminé les
9374 , encore une fois, verra peut-être la réalisation de l’Europe, débute par l’affirmation la plus farouche et la plus consci
9375 ore une fois, verra peut-être la réalisation de l’ Europe , débute par l’affirmation la plus farouche et la plus consciente qu’o
9376 s farouche et la plus consciente qu’on vit jamais de l’anti-Europe… Aujourd’hui, l’idée de nation semble avoir terminé sa
9377 vit jamais de l’anti-Europe… Aujourd’hui, l’idée de nation semble avoir terminé sa carrière, être devenue malfaisante aux
9378 terminé sa carrière, être devenue malfaisante aux Européens , l’idée d’Europe apparaît. Mais ne nous berçons pas d’illusions ; n’a
9379 e, être devenue malfaisante aux Européens, l’idée d’ Europe apparaît. Mais ne nous berçons pas d’illusions ; n’allons pas c
9380 être devenue malfaisante aux Européens, l’idée d’ Europe apparaît. Mais ne nous berçons pas d’illusions ; n’allons pas croire
9381 ’idée d’Europe apparaît. Mais ne nous berçons pas d’ illusions ; n’allons pas croire que cette idée va triompher naturellem
9382 ner une forte opposition, une résistance nourrie, de très sérieux obstacles.275 Ces obstacles nationalistes, le poète au
9383 es dépasser, par une prise de conscience nouvelle de nos grandeurs spirituelles : Nul doute que le concept d’« Europe »,
9384 randeurs spirituelles : Nul doute que le concept d’ « Europe », comme bien d’autres hautes conceptions d’ensemble, ne soit
9385 eurs spirituelles : Nul doute que le concept d’«  Europe  », comme bien d’autres hautes conceptions d’ensemble, ne soit devenu
9386  Europe », comme bien d’autres hautes conceptions d’ ensemble, ne soit devenu problématique, — nul doute non plus que notre
9387 ute non plus que notre survie spirituelle dépende de sa restauration. On ne le trouvera jamais au terme d’un processus d’a
9388 a restauration. On ne le trouvera jamais au terme d’ un processus d’abstraction, ni en retranchant — ou en ajoutant — quelq
9389 On ne le trouvera jamais au terme d’un processus d’ abstraction, ni en retranchant — ou en ajoutant — quelque chose au con
9390 chant — ou en ajoutant — quelque chose au concept de nation, et moins encore par des évocations sentimentales. Vers ce gra
9391 on. Car c’est dans les plus hautes manifestations de chaque nation qu’on le découvre, et d’autant plus clairement que s’y
9392 festations de chaque nation qu’on le découvre, et d’ autant plus clairement que s’y exprime d’une manière plus pure et plus
9393 uvre, et d’autant plus clairement que s’y exprime d’ une manière plus pure et plus nette ce que la nation possède en propre
9394 sont universels. Si la nation est leur destin, l’ Europe est leur expérience vécue. Un grand phénomène devient européen : ains
9395 leur expérience vécue. Un grand phénomène devient européen  : ainsi en fut-il de Jules César et de Napoléon, de Pétrarque et de K
9396 rand phénomène devient européen : ainsi en fut-il de Jules César et de Napoléon, de Pétrarque et de Kant, de la musique al
9397 ient européen : ainsi en fut-il de Jules César et de Napoléon, de Pétrarque et de Kant, de la musique allemande de Bach à
9398  : ainsi en fut-il de Jules César et de Napoléon, de Pétrarque et de Kant, de la musique allemande de Bach à Beethoven, de
9399 il de Jules César et de Napoléon, de Pétrarque et de Kant, de la musique allemande de Bach à Beethoven, de la peinture fra
9400 es César et de Napoléon, de Pétrarque et de Kant, de la musique allemande de Bach à Beethoven, de la peinture française d’
9401 de Pétrarque et de Kant, de la musique allemande de Bach à Beethoven, de la peinture française d’Ingres à Cézanne. Là où
9402 ant, de la musique allemande de Bach à Beethoven, de la peinture française d’Ingres à Cézanne. Là où une grande pensée est
9403 nde de Bach à Beethoven, de la peinture française d’ Ingres à Cézanne. Là où une grande pensée est conçue, là est l’Europe.
9404 nne. Là où une grande pensée est conçue, là est l’ Europe . Si elle est conçue dans la sphère nationale, elle ne demande qu’à s’
9405 uir dans l’universel. Aujourd’hui, comme au temps d’ Anaximandre, toute philosophie est européenne. Toute grande idée polit
9406 mme au temps d’Anaximandre, toute philosophie est européenne . Toute grande idée politique agissante est européenne. Toute connaiss
9407 péenne. Toute grande idée politique agissante est européenne . Toute connaissance féconde du passé est européenne. (Et de quoi auri
9408 ropéenne. Toute connaissance féconde du passé est européenne . (Et de quoi aurions-nous davantage besoin, que d’une vision profonde
9409 connaissance féconde du passé est européenne. (Et de quoi aurions-nous davantage besoin, que d’une vision profonde, totale
9410 e. (Et de quoi aurions-nous davantage besoin, que d’ une vision profonde, totalement renouvelée et purifiée, de la non-Euro
9411 sion profonde, totalement renouvelée et purifiée, de la non-Europe !) Notre époque est une époque de rétablissement, — bie
9412 , de la non-Europe !) Notre époque est une époque de rétablissement, — bien que jamais l’expression de la faiblesse n’ait
9413 de rétablissement, — bien que jamais l’expression de la faiblesse n’ait été si impudique, la volonté de désintégration si
9414 e la faiblesse n’ait été si impudique, la volonté de désintégration si débridée. Derrière le remue-ménage des prophètes de
9415 débridée. Derrière le remue-ménage des prophètes de la décadence et des bacchantes du chaos, des chauvinistes et des cosm
9416 chauvinistes et des cosmopolites, des adorateurs de l’instant et des adorateurs de l’apparence, sur le grand arrière-fond
9417 es, des adorateurs de l’instant et des adorateurs de l’apparence, sur le grand arrière-fond sérieux des choses européennes
9418 nce, sur le grand arrière-fond sérieux des choses européennes , je vois les quelques rares individus qui comptent, dispersés parmi l
9419 es nations, s’unir dans une grande pensée : celle de la restauration créatrice.276 Il appartenait à Martin Heidegger de
9420 créatrice.276 Il appartenait à Martin Heidegger de ramasser sous sa forme la plus dense, celle de l’interrogation en soi
9421 er de ramasser sous sa forme la plus dense, celle de l’interrogation en soi — qui me paraît la formule de sa philosophie —
9422 l’interrogation en soi — qui me paraît la formule de sa philosophie —, le problème de l’être même du « crépuscule occident
9423 araît la formule de sa philosophie —, le problème de l’être même du « crépuscule occidental » : Anaximandre aurait vécu d
9424 répuscule occidental » : Anaximandre aurait vécu de la fin du viie au milieu du vie siècle avant J.-C. dans l’île de Sa
9425 Samos, et sa sentence passe pour la plus ancienne de la pensée occidentale. La voici, selon le texte communément accepté :
9426 iné en 1873 et intitulé La Philosophie à l’époque de la tragédie grecque. Du fond d’un éloignement chronologique et histor
9427 sophie à l’époque de la tragédie grecque. Du fond d’ un éloignement chronologique et historique de deux millénaires et demi
9428 fond d’un éloignement chronologique et historique de deux millénaires et demi, la sentence d’Anaximandre a-t-elle encore q
9429 storique de deux millénaires et demi, la sentence d’ Anaximandre a-t-elle encore quelque chose à nous dire ? Par quelle aut
9430 a plus ancienne ? L’antiquité par elle-même n’est d’ aucun poids. Au surplus, si la sentence est la plus ancienne de celles
9431 . Au surplus, si la sentence est la plus ancienne de celles qui nous ont été transmises, nous n’en ignorons pas moins si e
9432 le est à sa manière la sentence la plus primitive de la pensée occidentale. Nous ne pouvons le supposer que pour autant qu
9433 pposer que pour autant que nous pensons l’essence de l’Occident à partir de cela même dont parle la sentence primitive. Ma
9434 cela même dont parle la sentence primitive. Mais de quel droit ce qui vient en premier lieu nous parlerait-il, à nous aut
9435 sommes sans doute les plus tardifs des tard-venus de la philosophie ? Sommes-nous les tard-venus d’une Histoire qui parvie
9436 us de la philosophie ? Sommes-nous les tard-venus d’ une Histoire qui parvient aujourd’hui à sa fin, qui met un terme à tou
9437 Ou bien l’éloignement chronologique et historique de la sentence cache-t-il une proximité historique de l’informulé, qui p
9438 e la sentence cache-t-il une proximité historique de l’informulé, qui parlerait à ce qui vient ? Sommes-nous donc à la vei
9439 ait à ce qui vient ? Sommes-nous donc à la veille de la transformation la plus inouïe de toute la Terre et du temps de l’H
9440 c à la veille de la transformation la plus inouïe de toute la Terre et du temps de l’Histoire ? Sommes-nous devant le crép
9441 tion la plus inouïe de toute la Terre et du temps de l’Histoire ? Sommes-nous devant le crépuscule d’une nuit qui prépare
9442 de l’Histoire ? Sommes-nous devant le crépuscule d’ une nuit qui prépare une autre aube ? Surgissons-nous précisément pour
9443 là l’Occident et l’Orient et à travers ce qui est Européen , le lieu des commencements de l’Histoire à venir ? Sommes-nous déjà,
9444 rs ce qui est Européen, le lieu des commencements de l’Histoire à venir ? Sommes-nous déjà, nous les hommes d’aujourd’hui,
9445 toire à venir ? Sommes-nous déjà, nous les hommes d’ aujourd’hui, occidentaux dans un sens qui se révélera d’abord à la fav
9446 dans un sens qui se révélera d’abord à la faveur de notre entrée dans la nuit universelle ? […] Sommes-nous vraiment les
9447 s-nous pas en même temps les précurseurs du matin d’ une autre ère du monde, qui aurait laissé derrière elle nos représenta
9448 aissé derrière elle nos représentations actuelles de l’Histoire ? Nietzsche, de la philosophie duquel Spengler a déduit, p
9449 résentations actuelles de l’Histoire ? Nietzsche, de la philosophie duquel Spengler a déduit, par une grossière incompréhe
9450 grossière incompréhension, sa doctrine historique de la décadence de l’Occident, écrivait en 1880 dans Le Voyageur et son
9451 réhension, sa doctrine historique de la décadence de l’Occident, écrivait en 1880 dans Le Voyageur et son Ombre : « C’est
9452 s Le Voyageur et son Ombre : « C’est un haut état de l’humanité que celui dans lequel l’Europe des peuples n’est qu’un plu
9453 n haut état de l’humanité que celui dans lequel l’ Europe des peuples n’est qu’un plus sombre passé d’oubli, mais où l’Europe v
9454 ’Europe des peuples n’est qu’un plus sombre passé d’ oubli, mais où l’Europe vit encore par trente livres très anciens, et
9455 n’est qu’un plus sombre passé d’oubli, mais où l’ Europe vit encore par trente livres très anciens, et qui ne vieilliront jama
9456 ait peut-être été le premier à voir dans la crise de l’Europe la condition d’une renaissance. Laissons-le donc conclure ce
9457 eut-être été le premier à voir dans la crise de l’ Europe la condition d’une renaissance. Laissons-le donc conclure ce chapitre
9458 ier à voir dans la crise de l’Europe la condition d’ une renaissance. Laissons-le donc conclure ce chapitre : Est-il aussi
9459 pitre : Est-il aussi certain qu’on le dit, que l’ Europe soit en décadence et abandonne le commandement, en un mot, abdique ?
9460 lle pas la crise bienfaisante qui permettrait à l’ Europe d’être véritablement l’Europe ? L’évidente décadence des nations euro
9461 la crise bienfaisante qui permettrait à l’Europe d’ être véritablement l’Europe ? L’évidente décadence des nations europée
9462 qui permettrait à l’Europe d’être véritablement l’ Europe  ? L’évidente décadence des nations européennes, n’est-elle pas a prio
9463 ement l’Europe ? L’évidente décadence des nations européennes , n’est-elle pas a priori nécessaire au cas où les États-Unis d’Europe
9464 seraient possibles quelque jour, et la pluralité européenne remplacée par sa réelle unité ? 275. Julien Benda, in L’Esprit eur
9465 réelle unité ? 275. Julien Benda, in L’Esprit européen , Conférence des Rencontres internationales de Genève 1946, Éditions d
9466 ropéen, Conférence des Rencontres internationales de Genève 1946, Éditions de la Baconnière, Neuchâtel, 1957. 276. H. von
9467 ncontres internationales de Genève 1946, Éditions de la Baconnière, Neuchâtel, 1957. 276. H. von Hofmannsthal : article d
9468 l, 1957. 276. H. von Hofmannsthal : article daté de 1925, in Gesammelte Werke, Prosa IV, S. Fischer Verlag, 1955. 277. M
26 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Septième Partie. L’Ère des fédérations. De l’Unité de culture à l’union politique
9469 Septième PartieL’Ère des fédérations De l’Unité de culture à l’union politique Le Grand Dessein de Sully es
9470 Septième PartieL’Ère des fédérations De l’Unité de culture à l’union politique Le Grand Dessein de Sully est un projet
9471 de culture à l’union politique Le Grand Dessein de Sully est un projet posthume. L’abbé de Saint-Pierre ne fut pas écout
9472 ’ils le veuillent ou non, ceux qui écrivent sur l’ Europe , au xxe siècle, se trouvent engagés dans l’Histoire qui se fait. Cer
9473 naux tirent leur doctrine (même s’ils l’ignorent) d’ une atmosphère intellectuelle que les auteurs qu’on va citer ont large
9474 citer ont largement contribué à définir. Laissons de côté l’ordre chronologique — qui perd son importance dans une période
9475 presque simultanément — pour cette partie finale de notre ouvrage. Le choix des textes sera fonction d’un plan dont voici
9476 notre ouvrage. Le choix des textes sera fonction d’ un plan dont voici le très simple argument : L’Europe contestée par le
9477 d’un plan dont voici le très simple argument : L’ Europe contestée par le Monde et tendant à s’unir pour son salut cherche d’a
9478 son salut cherche d’abord à remonter aux sources d’ où dérivent ses valeurs constituantes et spécifiques ; pour mieux voir
9479 ons, et par suite elle retrouve à la fois le sens de sa fonction mondiale et le sens de son unité très singulière, qui est
9480 a fois le sens de sa fonction mondiale et le sens de son unité très singulière, qui est unité dans la diversité ; il lui r
9481 diversité ; il lui reste à tirer les conséquences de cette reprise de conscience… 1.Les sources vives On ne va pas re
9482 i reste à tirer les conséquences de cette reprise de conscience… 1.Les sources vives On ne va pas refaire l’inventair
9483 e l’inventaire bien connu des sources historiques de l’Occident : l’Antiquité proche-orientale, Athènes, Rome et Jérusalem
9484 era simplement quelques textes-témoins des prises de conscience renouvelées de nos diverses origines, au stade présent de
9485 xtes-témoins des prises de conscience renouvelées de nos diverses origines, au stade présent de notre évolution. À chaque
9486 velées de nos diverses origines, au stade présent de notre évolution. À chaque époque de son histoire, l’Europe s’est en e
9487 stade présent de notre évolution. À chaque époque de son histoire, l’Europe s’est en effet redéfinie par ce qu’elle choisi
9488 tre évolution. À chaque époque de son histoire, l’ Europe s’est en effet redéfinie par ce qu’elle choisissait — découvrait ou r
9489 it ou refusait — dans ses Antiquités diverses. Et de nos jours, il semble bien que le choix proposé dès 1922 par Paul Valé
9490 nte sur la plupart des écrits ultérieurs traitant de l’Europe. Voici donc sa fameuse définition des trois sources de toute
9491 ur la plupart des écrits ultérieurs traitant de l’ Europe . Voici donc sa fameuse définition des trois sources de toute culture
9492 oici donc sa fameuse définition des trois sources de toute culture qui, selon lui, mérite d’être nommée « européenne ». J
9493 s sources de toute culture qui, selon lui, mérite d’ être nommée « européenne ». Je considérerai comme européens tous les
9494 te culture qui, selon lui, mérite d’être nommée «  européenne  ». Je considérerai comme européens tous les peuples qui ont subi au
9495 tre nommée « européenne ». Je considérerai comme européens tous les peuples qui ont subi au cours de l’histoire les trois influe
9496 nfluences que je vais dire. La première est celle de Rome. Partout où l’Empire romain a dominé, et partout où sa puissance
9497 entir ; et même partout où l’Empire a été l’objet de crainte, d’admiration et d’envie ; partout où le poids du glaive roma
9498 ême partout où l’Empire a été l’objet de crainte, d’ admiration et d’envie ; partout où le poids du glaive romain s’est fai
9499 ’Empire a été l’objet de crainte, d’admiration et d’ envie ; partout où le poids du glaive romain s’est fait sentir, partou
9500 itutions et des lois, où l’appareil et la dignité de la magistrature ont été reconnus, copiés, parfois même bizarrement si
9501 s même bizarrement singés, — là est quelque chose d’ européen. Rome est le modèle éternel de la puissance organisée et stab
9502 même bizarrement singés, — là est quelque chose d’ européen . Rome est le modèle éternel de la puissance organisée et stable. Vin
9503 lque chose d’européen. Rome est le modèle éternel de la puissance organisée et stable. Vint ensuite le christianisme : À
9504 le. Vint ensuite le christianisme : À la parole de saint Pierre, quoique l’une des très rares religions qui fussent mal
9505 i fussent mal vues à Rome, le christianisme, issu de la nation juive, s’étend aux gentils de toute race ; il leur confère
9506 sme, issu de la nation juive, s’étend aux gentils de toute race ; il leur confère par le baptême la dignité nouvelle de ch
9507 l leur confère par le baptême la dignité nouvelle de chrétien comme Rome conférait à ses ennemis de la veille la cité roma
9508 le de chrétien comme Rome conférait à ses ennemis de la veille la cité romaine. Il s’étend peu à peu dans le lit de la pui
9509 la cité romaine. Il s’étend peu à peu dans le lit de la puissance latine, il épouse les formes de l’empire. Il en adopte m
9510 lit de la puissance latine, il épouse les formes de l’empire. Il en adopte même les divisions administratives (Civitas au
9511 yen romain et même magistrat, il peut être évêque de la religion nouvelle. Le même Gaulois, qui est préfet impérial, écrit
9512 lois, qui est préfet impérial, écrit en pur latin de belles hymnes à la gloire du fils de Dieu qui est né juif et sujet d’
9513 en pur latin de belles hymnes à la gloire du fils de Dieu qui est né juif et sujet d’Hérode. Voici déjà un Européen presqu
9514 a gloire du fils de Dieu qui est né juif et sujet d’ Hérode. Voici déjà un Européen presque achevé. Un droit commun, un die
9515 qui est né juif et sujet d’Hérode. Voici déjà un Européen presque achevé. Un droit commun, un dieu commun ; le même droit et le
9516 tienne vise et atteint progressivement le profond de la conscience. … Le christianisme propose à l’esprit les problèmes le
9517 portants et même les plus féconds. Qu’il s’agisse de la valeur des témoignages, de la critique des textes, des sources et
9518 nds. Qu’il s’agisse de la valeur des témoignages, de la critique des textes, des sources et des garanties de la connaissan
9519 critique des textes, des sources et des garanties de la connaissance ; qu’il s’agisse de la distinction de la raison ou de
9520 des garanties de la connaissance ; qu’il s’agisse de la distinction de la raison ou de la foi, de l’opposition qui se décl
9521 a connaissance ; qu’il s’agisse de la distinction de la raison ou de la foi, de l’opposition qui se déclare entre elles, d
9522 qu’il s’agisse de la distinction de la raison ou de la foi, de l’opposition qui se déclare entre elles, de l’antagonisme
9523 isse de la distinction de la raison ou de la foi, de l’opposition qui se déclare entre elles, de l’antagonisme entre la fo
9524 foi, de l’opposition qui se déclare entre elles, de l’antagonisme entre la foi et les actes et les œuvres ; qu’il s’agiss
9525 a foi et les actes et les œuvres ; qu’il s’agisse de la liberté, de la servitude, de la grâce ; qu’il s’agisse des pouvoir
9526 tes et les œuvres ; qu’il s’agisse de la liberté, de la servitude, de la grâce ; qu’il s’agisse des pouvoirs spirituel et
9527  ; qu’il s’agisse de la liberté, de la servitude, de la grâce ; qu’il s’agisse des pouvoirs spirituel et matériel et de le
9528 il s’agisse des pouvoirs spirituel et matériel et de leur mutuel conflit, de l’égalité des hommes, des conditions des femm
9529 spirituel et matériel et de leur mutuel conflit, de l’égalité des hommes, des conditions des femmes, que sais-je encore ?
9530 éduque, excite, fait agir et réagir des millions d’ esprits pendant une suite de siècles. Mais il manque encore quelque c
9531 t réagir des millions d’esprits pendant une suite de siècles. Mais il manque encore quelque chose à la figure de l’Europé
9532 Mais il manque encore quelque chose à la figure de l’Européen : Ce que nous devons à la Grèce est peut-être ce qui nous
9533 s il manque encore quelque chose à la figure de l’ Européen  : Ce que nous devons à la Grèce est peut-être ce qui nous a distingu
9534 i nous a distingués le plus profondément du reste de l’humanité. Nous lui devons la discipline de l’Esprit, l’exemple extr
9535 este de l’humanité. Nous lui devons la discipline de l’Esprit, l’exemple extraordinaire de la perfection dans tous les ord
9536 discipline de l’Esprit, l’exemple extraordinaire de la perfection dans tous les ordres. Nous lui devons une méthode de pe
9537 dans tous les ordres. Nous lui devons une méthode de penser qui tend à rapporter toutes choses à l’homme, à l’homme comple
9538 omplet ; l’homme se devient à soi-même le système de références auquel toutes choses doivent enfin pouvoir s’appliquer. Il
9539 iquer. Il doit donc développer toutes les parties de son être et les maintenir dans une harmonie aussi claire, et même aus
9540 son esprit. Quant à l’esprit même, il se défendra de ses excès, de ses rêveries, de sa production vague et purement imagin
9541 ant à l’esprit même, il se défendra de ses excès, de ses rêveries, de sa production vague et purement imaginaire, par une
9542 me, il se défendra de ses excès, de ses rêveries, de sa production vague et purement imaginaire, par une critique et une a
9543 naire, par une critique et une analyse minutieuse de ses jugements, par une division rationnelle de ses fonctions, par la
9544 se de ses jugements, par une division rationnelle de ses fonctions, par la régulation des formes. … Telles m’apparaissent
9545 essentielles qui me semblent définir un véritable Européen , un homme en qui l’esprit européen peut habiter dans sa plénitude. Pa
9546 r un véritable Européen, un homme en qui l’esprit européen peut habiter dans sa plénitude. Partout où les noms de César, de Gaiu
9547 ut habiter dans sa plénitude. Partout où les noms de César, de Gaius, de Trajan et de Virgile, partout où les noms de Moïs
9548 dans sa plénitude. Partout où les noms de César, de Gaius, de Trajan et de Virgile, partout où les noms de Moïse et de sa
9549 lénitude. Partout où les noms de César, de Gaius, de Trajan et de Virgile, partout où les noms de Moïse et de saint Paul,
9550 tout où les noms de César, de Gaius, de Trajan et de Virgile, partout où les noms de Moïse et de saint Paul, partout où le
9551 ius, de Trajan et de Virgile, partout où les noms de Moïse et de saint Paul, partout où les noms d’Aristote, de Platon et
9552 an et de Virgile, partout où les noms de Moïse et de saint Paul, partout où les noms d’Aristote, de Platon et d’Euclide on
9553 ms de Moïse et de saint Paul, partout où les noms d’ Aristote, de Platon et d’Euclide ont eu une signification et une autor
9554 et de saint Paul, partout où les noms d’Aristote, de Platon et d’Euclide ont eu une signification et une autorité simultan
9555 aul, partout où les noms d’Aristote, de Platon et d’ Euclide ont eu une signification et une autorité simultanées, là est l
9556 gnification et une autorité simultanées, là est l’ Europe . Toute race et toute terre qui a été successivement romanisée, christ
9557 esprit, à la discipline des Grecs, est absolument européenne . Reprenons maintenant ces Trois Sources. Jérusalem d’abord, la plus
9558 e biblique. Les pays protestants se nourrissaient de la lecture d’un Ancien Testament dont les héros, les guerres et les m
9559 s pays protestants se nourrissaient de la lecture d’ un Ancien Testament dont les héros, les guerres et les miracles, étaie
9560 ntré dans le Génie du christianisme que le secret de la grande littérature européenne réside dans la synthèse de la tradit
9561 istianisme que le secret de la grande littérature européenne réside dans la synthèse de la tradition grecque et de la tradition bi
9562 de littérature européenne réside dans la synthèse de la tradition grecque et de la tradition biblique. Au xxe siècle, ce
9563 éside dans la synthèse de la tradition grecque et de la tradition biblique. Au xxe siècle, cependant, les Européens pren
9564 adition biblique. Au xxe siècle, cependant, les Européens prennent conscience de plusieurs aspects « nouveaux » de leur héritag
9565 cle, cependant, les Européens prennent conscience de plusieurs aspects « nouveaux » de leur héritage sémite. Rappelons d’a
9566 nent conscience de plusieurs aspects « nouveaux » de leur héritage sémite. Rappelons d’abord les thèses de Victor Bérard,
9567 eur héritage sémite. Rappelons d’abord les thèses de Victor Bérard, qui fait remonter aux mythes et à l’histoire des Phéni
9568 décèle une parenté formelle entre les Chroniques de l’Ancien Testament et Les Travaux et les Jours d’Hésiode. Ainsi la so
9569 de l’Ancien Testament et Les Travaux et les Jours d’ Hésiode. Ainsi la source biblique rejaillit parmi nous mêlée à la sour
9570 urce hellénique la plus ancienne et la plus vive. D’ une manière plus précise, l’Européen d’aujourd’hui découvre que certai
9571 ne et la plus vive. D’une manière plus précise, l’ Européen d’aujourd’hui découvre que certaines de ses attitudes les plus typiqu
9572 plus vive. D’une manière plus précise, l’Européen d’ aujourd’hui découvre que certaines de ses attitudes les plus typiques,
9573 , l’Européen d’aujourd’hui découvre que certaines de ses attitudes les plus typiques, qu’on avait coutume de rapporter à d
9574 attitudes les plus typiques, qu’on avait coutume de rapporter à des origines romaines ou grecques, relèvent plutôt de la
9575 es origines romaines ou grecques, relèvent plutôt de la source hébraïque. Ainsi, les jacobins croyaient trouver dans Rome
9576 cobins croyaient trouver dans Rome les prototypes de l’esprit révolutionnaire. Mais, nous dit André Siegfried : Notre con
9577 pirituelle, et non plus seulement intellectuelle, de l’homme… c’est à la tradition juive, magnifiquement épanouie dans l’É
9578 ans l’Évangile, que nous la devons. Les prophètes d’ Israël, ces démagogues fulgurants et divins, ont déposé dans notre esp
9579 posé dans notre esprit cette soif révolutionnaire de la justice qui distingue socialement l’Occident. Et de même, ajoute
9580 dent. Et de même, ajoute Siegfried, ce n’est pas de la tradition gréco-latine que les révolutions d’aujourd’hui portent l
9581 de la tradition gréco-latine que les révolutions d’ aujourd’hui portent la marque : La passion marxiste se rattache plutô
9582 sion marxiste se rattache plutôt au vieux ferment d’ Israël, à la fois destructeur et chargé d’un espoir indestructiblement
9583 ferment d’Israël, à la fois destructeur et chargé d’ un espoir indestructiblement tourné vers l’avenir. Mais voici dans un
9584 tout autre domaine un aspect non moins surprenant de l’héritage hébraïque des Européens, un aspect que les siècles précéde
9585 non moins surprenant de l’héritage hébraïque des Européens , un aspect que les siècles précédents avaient ignoré, voire refoulé,
9586 tu de leurs scientismes antireligieux : l’origine de la science moderne serait bien moins grecque que biblique. C’est Karl
9587 passion pour la science appartient en propre à l’ Europe , autant que les immenses conquêtes des sciences dans la recherche mod
9588 s sciences dans la recherche moderne. La science européenne est tournée sans limites vers tout ce qui est et qui peut être pensé.
9589 Il n’y a rien, pour elle, qui ne vaille la peine d’ être connu ; elle paraît se disperser dans l’infini. Mais quel que soi
9590 e une extension universelle avec la concentration de toute connaissance dans le cosmos des sciences. Elle ne souffre aucun
9591 aucun voile ; elle ne permet pas la tranquillité d’ opinions faites une fois pour toutes. Sa critique impitoyable révèle d
9592 e. Elle éclaire ses méthodes, reconnaît les modes de son savoir, le sens et les limites de ses connaissances. Une telle sc
9593 t les modes de son savoir, le sens et les limites de ses connaissances. Une telle science dépasse de loin les amorces qu’i
9594 s de ses connaissances. Une telle science dépasse de loin les amorces qu’il y eut en Chine, aux Indes, et aussi dans la Gr
9595 ulement une introduction et un moyen pédagogique. D’ où vient la science moderne, quelles impulsions l’ont engendrée ? Elle
9596 n essence. C’est, pourquoi tout ce qui est mérite d’ être connu, en tant que parcelle de la création. Mais il n’est pas rar
9597 qui est mérite d’être connu, en tant que parcelle de la création. Mais il n’est pas rare qu’une connaissance nouvelle vien
9598 dans la conception du monde et dans la conscience de l’être des Grecs — la science en tant que construction logique fait é
9599 ique fait éclater la logique. La cohérence fermée de la connaissance se trouve sacrifiée en faveur d’une recherche infinie
9600 rifiée en faveur d’une recherche infinie, la paix de la certitude systématique en faveur d’une mise en question qui ne ces
9601 mise en question qui ne cesse jamais. La logique de la science s’ouvre à l’irrationnel et pénètre en lui tout en s’y soum
9602 n lui tout en s’y soumettant. C’est l’interaction d’ hypothèses conçues et d’expériences faites qui permet d’aller de l’ava
9603 tant. C’est l’interaction d’hypothèses conçues et d’ expériences faites qui permet d’aller de l’avant, dans une lutte conti
9604 thèses conçues et d’expériences faites qui permet d’ aller de l’avant, dans une lutte continue pour atteindre la réalité. M
9605 onçues et d’expériences faites qui permet d’aller de l’avant, dans une lutte continue pour atteindre la réalité. Mais enco
9606 e ce combat contre l’apparence pour la découverte de l’être, une autre impulsion est agissante ici. Dieu ayant créé le mon
9607 ici. Dieu ayant créé le monde paraît responsable de ce qu’il est. La connaissance devient une attaque contre Dieu. Mais,
9608 part, une telle connaissance répond à l’exigence de Dieu qui veut une véracité absolue. Ainsi se développe, à la source d
9609 véracité absolue. Ainsi se développe, à la source de la science, le besoin d’interroger Dieu contre Dieu. Cette impulsion,
9610 e développe, à la source de la science, le besoin d’ interroger Dieu contre Dieu. Cette impulsion, partie du livre de Job,
9611 ieu contre Dieu. Cette impulsion, partie du livre de Job, traverse toute la pensée européenne. C’est cette accusation pass
9612 partie du livre de Job, traverse toute la pensée européenne . C’est cette accusation passionnée et contenue qui, liée à l’amour po
9613 qui, liée à l’amour pour tout ce qui est création de Dieu, a donné naissance à la science européenne — cette science qui,
9614 création de Dieu, a donné naissance à la science européenne — cette science qui, dès lors, se poursuit un certain temps, même apr
9615 ertes archéologiques comme celle des « manuscrits de la mer Morte » — et c’est un fait patent qu’elle demeure par la Bible
9616 résente et agissante des trois, dans des millions de vies intimes. Quant à la source grecque, qui ne peut irriguer que les
9617 ne peut irriguer que les couches intellectuelles de nos pays, elle apparaît décidément en crue, aux dépens de la source r
9618 , aux dépens de la source romaine. La renaissance de notre intérêt pour les choses grecques se traduit au xxe siècle par
9619 tiques (qu’on peut lire depuis peu même en livres de poche) ; vogue des mythes (du complexe d’Œdipe chez Freud jusqu’aux U
9620 livres de poche) ; vogue des mythes (du complexe d’ Œdipe chez Freud jusqu’aux Ulysses de Joyce ou de Kazantzakis, au Prom
9621 d’Œdipe chez Freud jusqu’aux Ulysses de Joyce ou de Kazantzakis, au Prométhée de Spitteler, au Thésée de Gide, aux Orphée
9622 Cocteau, etc.) ; reprise des thèmes et des titres de la tragédie grecque par la plupart de nos dramaturges, poètes et comp
9623 sme et les mystères… Un des meilleurs hellénistes de ce temps, le Pr Bruno Snell, de Hambourg, pose ainsi le problème de l
9624 leurs hellénistes de ce temps, le Pr Bruno Snell, de Hambourg, pose ainsi le problème de la vitalité de la source grecque
9625 Bruno Snell, de Hambourg, pose ainsi le problème de la vitalité de la source grecque dans notre temps : L’homme — celui
9626 e Hambourg, pose ainsi le problème de la vitalité de la source grecque dans notre temps : L’homme — celui de l’Occident d
9627 ource grecque dans notre temps : L’homme — celui de l’Occident du moins — travaille avec conscience et volonté pour son a
9628 u’ai-je été ? »… Si donc nous voulons devenir des Européens (et c’est bien ce que nous voulons, au fond, quand nous désirons lire
9629 rsque nous éprouvons les nombreuses insuffisances de la culture européenne moderne, nous nous demandons d’autant plus inst
9630 ouvons les nombreuses insuffisances de la culture européenne moderne, nous nous demandons d’autant plus instamment : que fut donc
9631 a culture européenne moderne, nous nous demandons d’ autant plus instamment : que fut donc cette culture aux temps des orig
9632 tion historique déterminée, doit et peut attendre de l’hellénisme : Vers le milieu du xxe siècle, après la Première Gue
9633 mit à réfléchir sur ce qui valait encore la peine d’ être sauvé en Europe, certains doutes se manifestèrent chez nous : les
9634 sur ce qui valait encore la peine d’être sauvé en Europe , certains doutes se manifestèrent chez nous : les formes anciennes de
9635 se manifestèrent chez nous : les formes anciennes de l’humanisme n’avaient-elles pas fait leur temps ? L’humanisme d’un Ér
9636 n’avaient-elles pas fait leur temps ? L’humanisme d’ un Érasme, semblait-il, n’était plus qu’une affaire d’érudits, celui d
9637 Érasme, semblait-il, n’était plus qu’une affaire d’ érudits, celui de l’époque de Goethe était trop lié à l’esthétique. C’
9638 -il, n’était plus qu’une affaire d’érudits, celui de l’époque de Goethe était trop lié à l’esthétique. C’était d’un nouvel
9639 plus qu’une affaire d’érudits, celui de l’époque de Goethe était trop lié à l’esthétique. C’était d’un nouvel humanisme q
9640 de Goethe était trop lié à l’esthétique. C’était d’ un nouvel humanisme que l’on avait besoin, embrassant le tout de l’hom
9641 manisme que l’on avait besoin, embrassant le tout de l’homme, non seulement la pensée et le sentiment, mais l’action. Cet
9642 éthique et politique plaçait au centre la notion de Paideia, de culture, et remontait, en fait, à ce qui fut l’origine de
9643 politique plaçait au centre la notion de Paideia, de culture, et remontait, en fait, à ce qui fut l’origine de l’humanisme
9644 re, et remontait, en fait, à ce qui fut l’origine de l’humanisme isocratique et cicéronien. Toutefois, il n’entendait pas
9645 quité dans son ensemble et surtout à cet antipode d’ Isocrate que fut Platon : lequel, précisément, n’attribuait pas une di
9646 à l’homme et à sa culture, et prenait pour mesure de toutes choses non pas l’homme, mais Dieu […] Que les dieux soient la
9647 mme, mais Dieu […] Que les dieux soient la mesure de toutes choses, signifie pour les Grecs que le monde est un cosmos et
9648 te « Nature », les Grecs ne se sont pas contentés d’ y croire : ils ont cherché à la comprendre, et plus ils s’y appliquaie
9649 vie direction, sens et consistance. Le fondement de la culture de l’Europe, c’est la découverte par les Grecs de la maniè
9650 , sens et consistance. Le fondement de la culture de l’Europe, c’est la découverte par les Grecs de la manière dont cet Or
9651 s et consistance. Le fondement de la culture de l’ Europe , c’est la découverte par les Grecs de la manière dont cet Ordre se ma
9652 re de l’Europe, c’est la découverte par les Grecs de la manière dont cet Ordre se manifeste à notre connaissance comme Loi
9653 notre activité comme Droit. Croire à l’existence de la Vérité, de la Beauté et du Droit, même quand leurs manifestations
9654 é comme Droit. Croire à l’existence de la Vérité, de la Beauté et du Droit, même quand leurs manifestations n’apparaissent
9655 es réponses que celle des dieux modérateurs. Deux de ses mythes fascinent l’Européen moderne, selon qu’il croit y reconnaî
9656 dieux modérateurs. Deux de ses mythes fascinent l’ Européen moderne, selon qu’il croit y reconnaître sa passion de l’aventure tec
9657 derne, selon qu’il croit y reconnaître sa passion de l’aventure technique ou de la navigation politique : Prométhée l’orgu
9658 reconnaître sa passion de l’aventure technique ou de la navigation politique : Prométhée l’orgueilleux et le rusé Ulysse.
9659 ours un mythe fondamental qui préside à la genèse d’ une civilisation. Ce mythe, pour celle qui nous occupe, n’est pas diff
9660 n’est pas difficile à découvrir : c’est le mythe de Prométhée… Le mythe de Prométhée, c’est la préfiguration de l’esprit
9661 découvrir : c’est le mythe de Prométhée… Le mythe de Prométhée, c’est la préfiguration de l’esprit de l’Occident. C’est l’
9662 ée… Le mythe de Prométhée, c’est la préfiguration de l’esprit de l’Occident. C’est l’esprit de révolte contre les interdit
9663 de Prométhée, c’est la préfiguration de l’esprit de l’Occident. C’est l’esprit de révolte contre les interdits des dieux
9664 uration de l’esprit de l’Occident. C’est l’esprit de révolte contre les interdits des dieux jaloux, qui symbolisent les cr
9665 ts des dieux jaloux, qui symbolisent les craintes de l’humanité primitive en présence des forces aveugles de la nature qui
9666 umanité primitive en présence des forces aveugles de la nature qui la dominent et qui l’effrayent. C’est l’esprit de curio
9667 ui la dominent et qui l’effrayent. C’est l’esprit de curiosité et d’aventure qui pousse Ulysse vers des horizons inconnus,
9668 t qui l’effrayent. C’est l’esprit de curiosité et d’ aventure qui pousse Ulysse vers des horizons inconnus, lui fait affron
9669 horizons inconnus, lui fait affronter les périls de la mer, les ruses de Poséidon, et surmonter les dangers qui l’assaill
9670 ui fait affronter les périls de la mer, les ruses de Poséidon, et surmonter les dangers qui l’assaillent à force d’intelli
9671 et surmonter les dangers qui l’assaillent à force d’ intelligence et de courage. C’est le culte du travail et de l’effort q
9672 angers qui l’assaillent à force d’intelligence et de courage. C’est le culte du travail et de l’effort qui incite Hercule
9673 gence et de courage. C’est le culte du travail et de l’effort qui incite Hercule à purger la terre de ses tyrans, de ses b
9674 de l’effort qui incite Hercule à purger la terre de ses tyrans, de ses brigands et de ses monstres, à dompter les fleuves
9675 i incite Hercule à purger la terre de ses tyrans, de ses brigands et de ses monstres, à dompter les fleuves, à assainir le
9676 purger la terre de ses tyrans, de ses brigands et de ses monstres, à dompter les fleuves, à assainir les vallées, à percer
9677 pacifier et à civiliser la nature. C’est la soif de connaître qui précipite Pline l’Ancien sur le Vésuve en éruption, qui
9678 cet esprit que célèbre Lucrèce en faisant l’éloge d’ Épicure : « Alors que l’humanité traînait sur la terre une vie abjecte
9679 r la terre une vie abjecte, écrasée sous le poids d’ une religion dont le visage terrifiant menaçait les mortels du haut de
9680 elle, en libérant les humains des vaines terreurs de l’Achéron et du Tartare. » Aux yeux de l’un des hommes auxquels l’un
9681 . » Aux yeux de l’un des hommes auxquels l’union de l’Europe devra le plus, le comte Richard Coudenhove-Kalergi, c’est Ul
9682 Aux yeux de l’un des hommes auxquels l’union de l’ Europe devra le plus, le comte Richard Coudenhove-Kalergi, c’est Ulysse bien
9683 sse bien plutôt qui préfigure l’aventureux esprit européen  : Ulysse est au vrai sens du terme le prototype de l’Européen, en mê
9684  : Ulysse est au vrai sens du terme le prototype de l’Européen, en même temps que le héros du premier roman d’aventures d
9685 lysse est au vrai sens du terme le prototype de l’ Européen , en même temps que le héros du premier roman d’aventures de l’Occiden
9686 péen, en même temps que le héros du premier roman d’ aventures de l’Occident. Il apparaît dans sa pleine stature, à la fois
9687 e temps que le héros du premier roman d’aventures de l’Occident. Il apparaît dans sa pleine stature, à la fois éternelle e
9688 ternelle et moderne, quand on le compare au héros de l’Iliade. Achille, l’idole de l’Antiquité, le premier modèle d’Alexan
9689 le compare au héros de l’Iliade. Achille, l’idole de l’Antiquité, le premier modèle d’Alexandre le Grand, fut le Siegfried
9690 chille, l’idole de l’Antiquité, le premier modèle d’ Alexandre le Grand, fut le Siegfried des Grecs, héros juvénile, fort e
9691 ecs, héros juvénile, fort et courageux, sans trop d’ esprit, qui se précipite dans la lutte pour y périr bientôt et entrer
9692 brave et magnanime, mais aussi rusé et astucieux. Européen en ceci que sa passion est domptée par la mesure. Il ne cherche pas l
9693 l ne cherche pas la lutte, mais il gagne. Le sort de ses compagnons lui importe autant que le sien. Malgré ses aventures a
9694 ent, mais supporte un dur destin avec la patience de Job. Revêtu d’un costume moderne, Ulysse apparaît aussitôt comme un a
9695 rte un dur destin avec la patience de Job. Revêtu d’ un costume moderne, Ulysse apparaît aussitôt comme un authentique Euro
9696 ne, Ulysse apparaît aussitôt comme un authentique Européen du xxe siècle. Nous pouvons très bien nous le représenter sous la fi
9697 ès bien nous le représenter sous la figure trapue d’ un Churchill, avec son grand front. Il est vraisemblable que Churchill
9698 e astuce et la même audace qui permirent à Ulysse de se sauver avec ses compagnons de la caverne de Polyphème. Tous les de
9699 rmirent à Ulysse de se sauver avec ses compagnons de la caverne de Polyphème. Tous les deux sont d’abord des marins. Ulyss
9700 se de se sauver avec ses compagnons de la caverne de Polyphème. Tous les deux sont d’abord des marins. Ulysse n’est pas se
9701 st pas seulement un guerrier, comme ses camarades de l’Iliade, mais un héros de la mer. Sa lutte principale, tout au long
9702 r, comme ses camarades de l’Iliade, mais un héros de la mer. Sa lutte principale, tout au long de l’Odyssée, n’est pas dir
9703 éros de la mer. Sa lutte principale, tout au long de l’Odyssée, n’est pas dirigée contre les hommes mais contre les élémen
9704 et les vagues. En cela aussi, il est un prototype de l’Européen, qui conquit l’hégémonie mondiale parce qu’il avait appris
9705 s vagues. En cela aussi, il est un prototype de l’ Européen , qui conquit l’hégémonie mondiale parce qu’il avait appris à dominer
9706 l’accomplissement majeur réside dans le triomphe de la technique sur la nature. Véritable Européen, enfin, par la rencont
9707 triomphe de la technique sur la nature. Véritable Européen , enfin, par la rencontre en lui, le Grec, des traits de caractères na
9708 fin, par la rencontre en lui, le Grec, des traits de caractères nationaux les plus divers, français, anglais, allemand, it
9709 çais, anglais, allemand, italien… S’il renaissait de nos jours, il pourrait être le fils de n’importe laquelle de ces nati
9710 renaissait de nos jours, il pourrait être le fils de n’importe laquelle de ces nations. Et il pourrait aussi se distinguer
9711 s, il pourrait être le fils de n’importe laquelle de ces nations. Et il pourrait aussi se distinguer dans n’importe quelle
9712 porte quelle profession : comme ingénieur ou chef d’ équipe, comme propriétaire terrien ou officier, comme diplomate ou par
9713 e diplomate ou parlementaire. Sa grandeur procède de sa plénitude dans les trois dimensions du corps, de la volonté et de
9714 sa plénitude dans les trois dimensions du corps, de la volonté et de l’esprit. C’est pourquoi il est le précurseur des mo
9715 s les trois dimensions du corps, de la volonté et de l’esprit. C’est pourquoi il est le précurseur des modèles de l’humani
9716 . C’est pourquoi il est le précurseur des modèles de l’humanité à venir : du chevalier médiéval et du gentleman de notre é
9717 é à venir : du chevalier médiéval et du gentleman de notre époque. Son port royal contredit le proverbe à bon marché qui d
9718 tempête le jette sans aucun vêtement sur la grève de l’île d’Alcinoüs, le roi lui-même et sa fille Nausicaa l’accueillent
9719 i-même et sa fille Nausicaa l’accueillent en hôte d’ honneur, sans savoir qui il est : ils ont senti qu’ils avaient à faire
9720 à un seigneur, à un héros, mais aussi à un homme d’ esprit délié et élevé. On n’imagine pas le vieux Ménélas composant des
9721 s on voit très bien le vieil Ulysse, dans son nid d’ aigle d’Ithaque, écrivant ses mémoires, Poésie et Vérité. Cette Odyssé
9722 t très bien le vieil Ulysse, dans son nid d’aigle d’ Ithaque, écrivant ses mémoires, Poésie et Vérité. Cette Odyssée primit
9723 bien être celle qui a survécu aux siècles et qui, de nos jours, passionne encore la jeunesse européenne, par sa fraîcheur
9724 t qui, de nos jours, passionne encore la jeunesse européenne , par sa fraîcheur directe, sa vitalité et son humanité.283 Voici en
9725 ire et insolite, mais qui a porté au plus profond de beaucoup de nos meilleurs esprits, la voix de Simone Weil (1909-1943)
9726 ond de beaucoup de nos meilleurs esprits, la voix de Simone Weil (1909-1943), qui fut, pour peu de temps, l’âme la plus na
9727 l’âme la plus naturellement grecque et chrétienne de notre temps. Jugeant, et avec quelle intransigeance, du seul point de
9728 avec quelle intransigeance, du seul point de vue de la spiritualité et de l’amour divin, elle écarte de la vraie traditio
9729 eance, du seul point de vue de la spiritualité et de l’amour divin, elle écarte de la vraie tradition européenne tout ce q
9730 la spiritualité et de l’amour divin, elle écarte de la vraie tradition européenne tout ce qui n’est pas grec ou évangéliq
9731 l’amour divin, elle écarte de la vraie tradition européenne tout ce qui n’est pas grec ou évangélique, et notamment la source rom
9732 rec, comme l’Iliade en est la première ; l’esprit de la Grèce s’y laisse voir non seulement en ce qu’il y est ordonné de r
9733 isse voir non seulement en ce qu’il y est ordonné de rechercher à l’exclusion de tout autre bien « le royaume et la justic
9734 e qu’il y est ordonné de rechercher à l’exclusion de tout autre bien « le royaume et la justice de notre Père céleste », m
9735 ion de tout autre bien « le royaume et la justice de notre Père céleste », mais aussi en ce que la misère humaine y est ex
9736 un être divin en même temps qu’humain. Les récits de la Passion montrent qu’un esprit divin, uni à la chair, est altéré pa
9737 devant la souffrance et la mort, se sent au fond de la détresse, séparé des hommes et de Dieu. Le sentiment de la misère
9738 sent au fond de la détresse, séparé des hommes et de Dieu. Le sentiment de la misère humaine leur donne cet accent de simp
9739 resse, séparé des hommes et de Dieu. Le sentiment de la misère humaine leur donne cet accent de simplicité qui est la marq
9740 timent de la misère humaine leur donne cet accent de simplicité qui est la marque du génie grec, et qui fait tout le prix
9741 la marque du génie grec, et qui fait tout le prix de la tragédie attique et de l’Iliade. … Rien n’est plus rare qu’une jus
9742 t qui fait tout le prix de la tragédie attique et de l’Iliade. … Rien n’est plus rare qu’une juste expression du malheur ;
9743 lheur ; en le peignant, on feint presque toujours de croire tantôt que la déchéance est une vocation innée du malheureux,
9744 r la marque, sans qu’il change toutes les pensées d’ une manière qui n’appartient qu’à lui. Les Grecs, le plus souvent, eur
9745 lui. Les Grecs, le plus souvent, eurent la force d’ âme qui permet de ne pas se mentir ; ils en furent récompensés et sure
9746 le plus souvent, eurent la force d’âme qui permet de ne pas se mentir ; ils en furent récompensés et surent atteindre en t
9747 urent atteindre en toute chose le plus haut degré de lucidité, de pureté et de simplicité… Les Romains et les Hébreux se s
9748 re en toute chose le plus haut degré de lucidité, de pureté et de simplicité… Les Romains et les Hébreux se sont crus les
9749 hose le plus haut degré de lucidité, de pureté et de simplicité… Les Romains et les Hébreux se sont crus les uns et les au
9750 la maîtresse du monde, les seconds par la faveur de leur Dieu et dans la mesure exacte où ils lui obéissaient. Les Romain
9751 dies. Ils remplaçaient les tragédies par les jeux de gladiateurs. Les Hébreux voyaient dans le malheur le signe du péché e
9752 le signe du péché et par suite un motif légitime de mépris. Ils regardaient leurs ennemis vaincus comme étant en horreur
9753 par la découverte des lettres grecques, le génie de la Grèce n’a pas ressuscité au cours de vingt siècles. Il en apparaît
9754 , dans l’École des Femmes, dans Phèdre. Mais rien de ce qu’ont produit les peuples d’Europe ne vaut le premier poème connu
9755 hèdre. Mais rien de ce qu’ont produit les peuples d’ Europe ne vaut le premier poème connu qui soit apparu chez l’un d’eux.
9756 dre. Mais rien de ce qu’ont produit les peuples d’ Europe ne vaut le premier poème connu qui soit apparu chez l’un d’eux. Ils r
9757 le premier poème connu qui soit apparu chez l’un d’ eux. Ils retrouveront peut-être le génie épique quand ils sauront ne r
9758 l’avait mieux comprise que les jacobins ne firent de la Rome de Brutus. Rome a donc mauvaise presse dans l’intelligentsia
9759 religion en l’adoptant » : Les Romains, poignée d’ aventuriers réunis par le besoin…, les Romains ne pouvaient rien tolér
9760 lérer qui fût riche en contenu spirituel. L’amour de Dieu est un feu dangereux dont le contact pouvait être funeste à leur
9761 ouvait être funeste à leur misérable divinisation de l’esclavage. Aussi ont-ils impitoyablement détruit la vie spirituelle
9762 uthentiques. … Ils ont exterminé tous les druides de Gaule ; anéanti les cultes égyptiens ; noyé dans le sang et déshonoré
9763 es égyptiens ; noyé dans le sang et déshonoré par d’ ingénieuses calomnies l’adoration de Dionysos. On sait ce qu’ils ont f
9764 déshonoré par d’ingénieuses calomnies l’adoration de Dionysos. On sait ce qu’ils ont fait des chrétiens au début… L’inspir
9765 ien adore Dieu avec un cœur disposé comme le cœur d’ un païen de Rome dans l’hommage rendu à l’empereur, ce chrétien aussi
9766 ieu avec un cœur disposé comme le cœur d’un païen de Rome dans l’hommage rendu à l’empereur, ce chrétien aussi est idolâtr
9767 e la culture hellénique et le néant. Leur faculté d’ imagination visant uniquement au pratique — ils possédaient un droit s
9768 , mais ils n’avaient pas une seule légende divine d’ origine proprement romaine — est un trait qu’on ne rencontre nulle par
9769 le gigantesque qui, pour beaucoup, domine le type de l’économie, de la magistrature et de la vie antique et qui a rabaissé
9770 qui, pour beaucoup, domine le type de l’économie, de la magistrature et de la vie antique et qui a rabaissé en tout cas co
9771 mine le type de l’économie, de la magistrature et de la vie antique et qui a rabaissé en tout cas considérablement la vale
9772 , qui enseigna d’abord à l’Antiquité la splendeur de l’argent — entre les mains d’hommes d’affaires à l’esprit fort et pui
9773 iquité la splendeur de l’argent — entre les mains d’ hommes d’affaires à l’esprit fort et puissamment doués. Autrement, ni
9774 splendeur de l’argent — entre les mains d’hommes d’ affaires à l’esprit fort et puissamment doués. Autrement, ni César ni
9775 ne seraient intelligibles. Chaque Grec a un trait de Don Quichotte, chaque Romain un de Sancho Panca, toutes leurs autres
9776 rec a un trait de Don Quichotte, chaque Romain un de Sancho Panca, toutes leurs autres qualités disparaissent sous celles-
9777 ique des derniers temps, mais aussi le haut idéal de Virgile, l’un des pères spirituels de l’Europe : Même ceux qui possè
9778 haut idéal de Virgile, l’un des pères spirituels de l’Europe : Même ceux qui possèdent aussi peu que moi leur latin ne s
9779 idéal de Virgile, l’un des pères spirituels de l’ Europe  : Même ceux qui possèdent aussi peu que moi leur latin ne sauraient
9780 n pouvait attendre que Virgile imaginât comme fin de l’Histoire, et que c’était une digne fin. Pensera-t-on vraiment qu’il
9781 . Dans la mesure où nous héritons la civilisation de l’Europe, nous sommes encore tous citoyens de l’Empire romain, et le
9782 s la mesure où nous héritons la civilisation de l’ Europe , nous sommes encore tous citoyens de l’Empire romain, et le temps n’a
9783 ion de l’Europe, nous sommes encore tous citoyens de l’Empire romain, et le temps n’a pas encore donné tort à Virgile lors
9784 es, des proconsuls et des gouverneurs, des hommes d’ affaires et des spéculateurs, des démagogues et des généraux. C’était
9785 nte assigne à Virgile dans la vie future, ce rôle de guide et de maître jusqu’à la barrière qu’il n’était pas autorisé à f
9786 à Virgile dans la vie future, ce rôle de guide et de maître jusqu’à la barrière qu’il n’était pas autorisé à franchir, et
9787 t pas autorisé à franchir, et n’était pas capable de franchir, définit exactement la relation entre Virgile et le monde ch
9788 le et le monde chrétien. Nous voyons que le monde de Virgile, comparé à celui d’Homère, est une approximation du monde chr
9789 s voyons que le monde de Virgile, comparé à celui d’ Homère, est une approximation du monde chrétien par le choix, l’ordre
9790 e chrétien par le choix, l’ordre et les relations de ses valeurs. Ceci n’implique aucune comparaison entre Homère comme po
9791 out simplement nous en sachions plus sur le monde de Virgile et le comprenions mieux ; et qu’ainsi nous voyions plus clair
9792 in selon Virgile, est dû à l’esprit philosophique de Virgile lui-même. Car, au sens où un poète est un philosophe (par opp
9793 ande œuvre), Virgile est le plus grand philosophe de la Rome ancienne. Ce n’est donc pas simplement que la civilisation en
9794 che de celle du christianisme que la civilisation d’ Homère ; nous sommes en droit de dire que Virgile, parmi les poètes cl
9795 e la civilisation d’Homère ; nous sommes en droit de dire que Virgile, parmi les poètes classiques et les prosateurs latin
9796 es prosateurs latins, est proche du christianisme d’ une manière unique. Il est une formule que j’ai tenté d’éviter mais qu
9797 manière unique. Il est une formule que j’ai tenté d’ éviter mais que je me sens contraint d’utiliser ici : anima naturalite
9798 j’ai tenté d’éviter mais que je me sens contraint d’ utiliser ici : anima naturaliter Christiana. Est-elle applicable à Vir
9799 na. Est-elle applicable à Virgile ? C’est matière de choix personnel. Mais j’incline à penser que Virgile manque de très p
9800 onnel. Mais j’incline à penser que Virgile manque de très peu la marque : et c’est pourquoi, je disais tout à l’heure que
9801 eider (1887-1959), qui dans un précieux opuscule, Europa als Lebensform, fait sentir la valeur affective que garde en nous l’i
9802 tir la valeur affective que garde en nous l’image de la Pax Romana : Fontaine de la présente histoire européenne, telle e
9803 arde en nous l’image de la Pax Romana : Fontaine de la présente histoire européenne, telle est la place du Capitole, conç
9804 la Pax Romana : Fontaine de la présente histoire européenne , telle est la place du Capitole, conçue par Michel-Ange et remise par
9805 se par lui à la Ville. On ne la comprend bien que de nuit, quand Marc Aurèle chevauche solitaire dans la lumière atténuée,
9806 es. Très peu de l’or des anciens temps, des temps de la paix impériale, reste attaché à l’armure de l’empereur ; mais, sel
9807 ps de la paix impériale, reste attaché à l’armure de l’empereur ; mais, selon la tradition du peuple romain, cet or s’accr
9808 s’accroît et lorsqu’il recouvrira toute la statue de l’empereur qui consuma sa vie dans les camps, les expéditions, et sur
9809 ans les camps, les expéditions, et sur les champs de bataille, la paix régnera : ainsi l’Europe a trouvé sa figure dans l’
9810 les champs de bataille, la paix régnera : ainsi l’ Europe a trouvé sa figure dans l’empereur protégeant et bénissant la Ville e
9811 bénissant la Ville et le Monde. Mais gardons-nous de fuir dans les rêves de peuples souffrants, ce ne serait pas conforme
9812 e Monde. Mais gardons-nous de fuir dans les rêves de peuples souffrants, ce ne serait pas conforme à l’esprit de Marc Aurè
9813 souffrants, ce ne serait pas conforme à l’esprit de Marc Aurèle ! « Celui qui a vu ce qui existe aujourd’hui a contemplé
9814 ui qui a vu ce qui existe aujourd’hui a contemplé d’ un seul regard ce qui fut de tout temps et sera de toute éternité. » L
9815 jourd’hui a contemplé d’un seul regard ce qui fut de tout temps et sera de toute éternité. » Le présent contient toute l’h
9816 d’un seul regard ce qui fut de tout temps et sera de toute éternité. » Le présent contient toute l’histoire du monde. Et s
9817 ésent contient toute l’histoire du monde. Et si l’ Europe existe en nous, dans la plénitude de ses diversités contradictoires e
9818 Et si l’Europe existe en nous, dans la plénitude de ses diversités contradictoires et de sa mission infinie, l’Europe est
9819 la plénitude de ses diversités contradictoires et de sa mission infinie, l’Europe est là dès maintenant, comme un destin ;
9820 sités contradictoires et de sa mission infinie, l’ Europe est là dès maintenant, comme un destin ; mais si cette figure ne s’in
9821 si cette figure ne s’instaure pas dans l’intimité de notre être, dans la vie de notre vie et le cœur de notre cœur, comme
9822 re pas dans l’intimité de notre être, dans la vie de notre vie et le cœur de notre cœur, comme dit Hamlet à Horatio, alors
9823 e notre être, dans la vie de notre vie et le cœur de notre cœur, comme dit Hamlet à Horatio, alors l’Europe n’existe plus,
9824 e notre cœur, comme dit Hamlet à Horatio, alors l’ Europe n’existe plus, — et ses terres ne sont plus que champ de bataille aba
9825 p de bataille abandonné aux puissances techniques de l’inhumain.288 La source germanique n’est même pas mentionnée par V
9826 même pas mentionnée par Valéry, dans son discours de 1922. Ce Français d’origine génoise n’avait conscience que de ses hér
9827 ar Valéry, dans son discours de 1922. Ce Français d’ origine génoise n’avait conscience que de ses héritages méditerranéens
9828 Français d’origine génoise n’avait conscience que de ses héritages méditerranéens. Un peu plus tard, la notion même de « G
9829 méditerranéens. Un peu plus tard, la notion même de « Germanentum » se trouvera obscurcie et refoulée sous l’effet des do
9830 arbares et chimériques du national-socialisme, et de la réaction d’horreur universelle à la découverte des crimes que ces
9831 ériques du national-socialisme, et de la réaction d’ horreur universelle à la découverte des crimes que ces doctrines préte
9832 rdiques autant que les Latines gardent un réflexe d’ hostilité à l’endroit du Saint-Empire. Serait-ce, pour les unes, parce
9833 « romain », pour les autres, parce qu’il était «  de nation germanique » ? C’est plutôt que la notion même de Saint-Empire
9834 on germanique » ? C’est plutôt que la notion même de Saint-Empire n’est plus comprise. (Elle ne l’a d’ailleurs jamais été
9835 l’apport germanique ? C’est un historien suisse, de vieille souche fribourgeoise, écrivant en français et vivant aux lisi
9836 ique : Gonzague de Reynold. L’un des huit volumes de son œuvre maîtresse, La Formation de l’Europe, est consacré aux Germa
9837 huit volumes de son œuvre maîtresse, La Formation de l’Europe, est consacré aux Germains, des origines jusqu’aux Carolingi
9838 volumes de son œuvre maîtresse, La Formation de l’ Europe , est consacré aux Germains, des origines jusqu’aux Carolingiens. Reyn
9839 décrit largement cette « fusion du Barbaricum et de la Romania, sous les auspices de l’Église », dont on peut soutenir (c
9840 du Barbaricum et de la Romania, sous les auspices de l’Église », dont on peut soutenir (comme on peut le faire aussi de l’
9841 nt on peut soutenir (comme on peut le faire aussi de l’entreprise de Charlemagne) qu’elle a véritablement fait l’Europe. R
9842 nir (comme on peut le faire aussi de l’entreprise de Charlemagne) qu’elle a véritablement fait l’Europe. Résumons, d’après
9843 se de Charlemagne) qu’elle a véritablement fait l’ Europe . Résumons, d’après lui, les deux principales « découvertes » de l’his
9844 d’après lui, les deux principales « découvertes » de l’historiographie du xxe siècle européen concernant l’héritage germa
9845 découvertes » de l’historiographie du xxe siècle européen concernant l’héritage germanique : 1° Fin de la légende des « Grandes
9846 uropéen concernant l’héritage germanique : 1° Fin de la légende des « Grandes invasions » ruinant l’Empire : … Sans les d
9847 Empire : … Sans les divisions, sans la faiblesse de l’empire, il n’y aurait pas eu de péril germanique. Les Germains ne f
9848 ns la faiblesse de l’empire, il n’y aurait pas eu de péril germanique. Les Germains ne furent jamais assez nombreux pour l
9849 t jamais assez nombreux pour le conquérir. Parler d’ invasions germaniques et même de grandes invasions, est une sottise.
9850 conquérir. Parler d’invasions germaniques et même de grandes invasions, est une sottise. Il y a les Germains de l’extérie
9851 invasions, est une sottise. Il y a les Germains de l’extérieur, et ceux qui se trouvent à l’intérieur de l’Empire : les
9852 ntre les premiers, prendront le haut commandement de l’armée, deviendront l’Empire : … À la fin, la question sera de savo
9853 iendront l’Empire : … À la fin, la question sera de savoir quel sera le peuple germain capable d’assumer la succession du
9854 era de savoir quel sera le peuple germain capable d’ assumer la succession du peuple romain et de restaurer l’imperium.289
9855 pable d’assumer la succession du peuple romain et de restaurer l’imperium.289 Ce peuple sera celui des Francs, d’où est
9856 l’imperium.289 Ce peuple sera celui des Francs, d’ où est issu Charlemagne, « Père de l’Europe »290. La première tentativ
9857 de l’Europe »290. La première tentative concrète de fédération européenne au xxe siècle, celle des Six, sera baptisée no
9858 290. La première tentative concrète de fédération européenne au xxe siècle, celle des Six, sera baptisée non sans quelques raison
9859 laires, est l’une des deux sources du fédéralisme européen , l’autre étant, selon Reynold, la doctrine trinitaire des premiers co
9860 s en tribu, tribus réunies en peuple ; assemblées d’ hommes libres et de guerriers : le Volksthing, qui survit en Suisse da
9861 réunies en peuple ; assemblées d’hommes libres et de guerriers : le Volksthing, qui survit en Suisse dans les Landsgemeind
9862 dans les Landsgemeinden des cantons montagnards. De là un droit qui, entre les deux extrêmes du jus romanum : l’individu,
9863 rtisseurs qui empêchent l’individu, terme faible, d’ être absorbé par l’État, terme fort. Le principe du droit germanique e
9864 rincipe du droit germanique est, en effet, l’idée d’ association. Genossenschaftsrecht, dit le grand juriste Gierke. … Lors
9865 le, devenu chrétien, l’empereur descendit du rang de dieu au rang de représentant de Dieu. Constantin se montra humble vis
9866 ien, l’empereur descendit du rang de dieu au rang de représentant de Dieu. Constantin se montra humble vis-à-vis de l’Égli
9867 descendit du rang de dieu au rang de représentant de Dieu. Constantin se montra humble vis-à-vis de l’Église, mais ses suc
9868 a dans l’empereur tout-puissant. Avec le triomphe de la doctrine trinitaire, cette conception ne fut plus possible. « L’em
9869 t plus possible. « L’empereur n’est pas au-dessus de l’Église mais dans l’Église », rappela durement saint Ambroise à Théo
9870 aint Ambroise à Théodore le pénitent. Le disciple de saint Ambroise fut saint Augustin… Faire correspondre à un empereur c
9871 hrétien fut l’un des buts que se proposa l’auteur de La Cité de Dieu, ce bréviaire de Charlemagne. Dans cet ouvrage qui eu
9872 l’un des buts que se proposa l’auteur de La Cité de Dieu, ce bréviaire de Charlemagne. Dans cet ouvrage qui eut, durant d
9873 proposa l’auteur de La Cité de Dieu, ce bréviaire de Charlemagne. Dans cet ouvrage qui eut, durant des siècles, autant d’i
9874 s cet ouvrage qui eut, durant des siècles, autant d’ influence que, bien des siècles plus tard, le Contrat social ou le Cap
9875 u’elle protège et qu’elle suit. L’idéal politique de saint Augustin, c’est la societas civitatum, l’association des cités
9876 La diversité devient alors la condition première de l’unité. C’est le fédéralisme dont on est en droit de dire qu’il est
9877 ’unité. C’est le fédéralisme dont on est en droit de dire qu’il est la conception chrétienne de la vie politique et social
9878 droit de dire qu’il est la conception chrétienne de la vie politique et sociale, l’ordre qui assure à tous la tranquillit
9879 ociale, l’ordre qui assure à tous la tranquillité de la paix. Avec cette dernière citation, c’est l’héritage chrétien qui
9880 age chrétien qui est invoqué. Deux grandes écoles d’ historiens de la culture s’opposent, sur ce sujet, non sans violence,
9881 qui est invoqué. Deux grandes écoles d’historiens de la culture s’opposent, sur ce sujet, non sans violence, durant la pér
9882 sujet, non sans violence, durant la période dite de l’entre-deux-guerres (1919-1939). L’une, optimiste par programme, con
9883 ar programme, continue la tradition des Lumières, de la science et de la technique prométhéennes, et tient l’Europe pour u
9884 tinue la tradition des Lumières, de la science et de la technique prométhéennes, et tient l’Europe pour une création de la
9885 ence et de la technique prométhéennes, et tient l’ Europe pour une création de la Renaissance. L’autre, pessimiste par position
9886 rométhéennes, et tient l’Europe pour une création de la Renaissance. L’autre, pessimiste par position plus que par nature,
9887 au xiiie ) du Moyen Âge catholique pour la seule Europe digne du nom. Europe de l’Homme et de l’avenir contre Europe de la ch
9888 a seule Europe digne du nom. Europe de l’Homme et de l’avenir contre Europe de la chrétienté et du passé ? Il s’agit bien
9889 e du nom. Europe de l’Homme et de l’avenir contre Europe de la chrétienté et du passé ? Il s’agit bien plutôt d’une polémique
9890 m. Europe de l’Homme et de l’avenir contre Europe de la chrétienté et du passé ? Il s’agit bien plutôt d’une polémique ent
9891 la chrétienté et du passé ? Il s’agit bien plutôt d’ une polémique entre les militants de deux partis qui ont en commun le
9892 t bien plutôt d’une polémique entre les militants de deux partis qui ont en commun le même souci de sauver l’Europe dans l
9893 ts de deux partis qui ont en commun le même souci de sauver l’Europe dans le présent, — cette Europe menacée de l’extérieu
9894 artis qui ont en commun le même souci de sauver l’ Europe dans le présent, — cette Europe menacée de l’extérieur par la montée
9895 souci de sauver l’Europe dans le présent, — cette Europe menacée de l’extérieur par la montée d’empires « quantitatifs », et m
9896 l’Europe dans le présent, — cette Europe menacée de l’extérieur par la montée d’empires « quantitatifs », et menacée de l
9897 cette Europe menacée de l’extérieur par la montée d’ empires « quantitatifs », et menacée de l’intérieur par ses divisions
9898 la montée d’empires « quantitatifs », et menacée de l’intérieur par ses divisions séculaires. Mais à quels saints se voue
9899 ? ou à quels savants ? Laissons à l’un des doyens de l’historiographie européenne, Christopher Dawson, le soin de définir
9900 ? Laissons à l’un des doyens de l’historiographie européenne , Christopher Dawson, le soin de définir les erreurs symétriques auxqu
9901 iographie européenne, Christopher Dawson, le soin de définir les erreurs symétriques auxquelles s’exposent les deux écoles
9902 fréquemment tendance à se servir du présent comme d’ un modèle parfait permettant de juger le passé, et à considérer toute
9903 r du présent comme d’un modèle parfait permettant de juger le passé, et à considérer toute l’histoire comme un processus i
9904 ctuel des choses serait la phase dernière. Le cas d’ un écrivain comme Wells justifie dans une certaine mesure cette interp
9905 mesure cette interprétation. Son but est en effet de fournir à l’homme moderne un arrière-plan historique et de quoi se fo
9906 r à l’homme moderne un arrière-plan historique et de quoi se former une conception du monde. Mais, même à son point de per
9907 r une conception du monde. Mais, même à son point de perfection, cette façon d’écrire l’histoire est fondamentalement cont
9908 Mais, même à son point de perfection, cette façon d’ écrire l’histoire est fondamentalement contraire à l’esprit de l’histo
9909 istoire est fondamentalement contraire à l’esprit de l’histoire, puisqu’elle implique la subordination du passé au présent
9910 ’opposé, un autre danger qui consiste à se servir de l’histoire comme d’une arme contre l’époque moderne, soit par suite d
9911 nger qui consiste à se servir de l’histoire comme d’ une arme contre l’époque moderne, soit par suite d’une idéalisation ro
9912 ’une arme contre l’époque moderne, soit par suite d’ une idéalisation romantique du passé, soit au profit d’une propagande
9913 idéalisation romantique du passé, soit au profit d’ une propagande religieuse ou patriotique. Le second cas est assurément
9914 iévale pour elle-même, et non plus comme un moyen d’ atteindre quelque autre but. L’historien propagandiste, au contraire,
9915 ’historien propagandiste, au contraire, s’inspire de motifs d’un ordre tout à fait étranger à l’histoire et tend inconscie
9916 propagandiste, au contraire, s’inspire de motifs d’ un ordre tout à fait étranger à l’histoire et tend inconsciemment à la
9917 renaissance romantique en a exalté « les siècles de foi » et qu’elle a présenté la civilisation de cette période comme l’
9918 es de foi » et qu’elle a présenté la civilisation de cette période comme l’expression sociale de l’idéal chrétien… Au dern
9919 ation de cette période comme l’expression sociale de l’idéal chrétien… Au dernier siècle et au début du présent, ils ont c
9920 présent, ils ont certainement été enclins à faire de l’histoire une branche de l’apologétique, et à idéaliser la culture m
9921 ent été enclins à faire de l’histoire une branche de l’apologétique, et à idéaliser la culture médiévale pour exalter leur
9922 ter leur idéal religieux. En réalité, cette façon d’ écrire l’histoire manque son but, puisque aussitôt que le lecteur se m
9923 son but, puisque aussitôt que le lecteur se méfie de l’impartialité de l’historien, il doute de la vérité de tout ce que c
9924 ussitôt que le lecteur se méfie de l’impartialité de l’historien, il doute de la vérité de tout ce que celui-ci lui présen
9925 méfie de l’impartialité de l’historien, il doute de la vérité de tout ce que celui-ci lui présente.291 Certes, Christop
9926 mpartialité de l’historien, il doute de la vérité de tout ce que celui-ci lui présente.291 Certes, Christopher Dawson ne
9927 1 Certes, Christopher Dawson ne se contente pas de renvoyer dos à dos les deux écoles. Il a décrit mieux que personne l’
9928 a décrit mieux que personne l’influence décisive de l’Église sur la formation d’une première synthèse européenne pendant
9929 l’influence décisive de l’Église sur la formation d’ une première synthèse européenne pendant l’âge sombre qui sépare le dé
9930 l’Église sur la formation d’une première synthèse européenne pendant l’âge sombre qui sépare le déclin de l’Empire romain et l’aur
9931 opéenne pendant l’âge sombre qui sépare le déclin de l’Empire romain et l’aurore de « l’unité médiévale » (ve au xie siè
9932 i sépare le déclin de l’Empire romain et l’aurore de « l’unité médiévale » (ve au xie siècle). Il ne croit pas que l’hum
9933 t seuls. Mais il ne décrète pas non plus, qu’hors d’ un « retour » à la philosophie de saint Thomas ou à la chrétienté de G
9934 on plus, qu’hors d’un « retour » à la philosophie de saint Thomas ou à la chrétienté de Grégoire le Grand, il n’y aura plu
9935 la philosophie de saint Thomas ou à la chrétienté de Grégoire le Grand, il n’y aura plus d’Europe viable ni d’unité europé
9936 chrétienté de Grégoire le Grand, il n’y aura plus d’ Europe viable ni d’unité européenne praticable : À la fin du Moyen Âg
9937 rétienté de Grégoire le Grand, il n’y aura plus d’ Europe viable ni d’unité européenne praticable : À la fin du Moyen Âge, l’E
9938 ire le Grand, il n’y aura plus d’Europe viable ni d’ unité européenne praticable : À la fin du Moyen Âge, l’Europe se déto
9939 rand, il n’y aura plus d’Europe viable ni d’unité européenne praticable : À la fin du Moyen Âge, l’Europe se détourne de l’Orient
9940 européenne praticable : À la fin du Moyen Âge, l’ Europe se détourne de l’Orient et commence à regarder du côté de l’Ouest, ve
9941 le : À la fin du Moyen Âge, l’Europe se détourne de l’Orient et commence à regarder du côté de l’Ouest, vers l’Atlantique
9942 dura donc point, car elle avait pour base l’union de l’Église et des peuples du Nord, avec, en plus, un levain d’influence
9943 et des peuples du Nord, avec, en plus, un levain d’ influence orientale. Sa mort ne signifia pas néanmoins la fin de l’uni
9944 ientale. Sa mort ne signifia pas néanmoins la fin de l’unité européenne. Au contraire, la culture des pays de l’Ouest devi
9945 mort ne signifia pas néanmoins la fin de l’unité européenne . Au contraire, la culture des pays de l’Ouest devint plus autonome, p
9946 ité européenne. Au contraire, la culture des pays de l’Ouest devint plus autonome, plus indépendante et plus occidentale q
9947 cidentale qu’elle ne l’avait jamais été. La perte de l’unité spirituelle n’entraîna pas le partage de l’Occident entre deu
9948 de l’unité spirituelle n’entraîna pas le partage de l’Occident entre deux types de civilisation irréductibles l’un à l’au
9949 îna pas le partage de l’Occident entre deux types de civilisation irréductibles l’un à l’autre et hostiles, comme elle l’e
9950 iècles plus tôt. Malgré sa désunion religieuse, l’ Europe conserva son unité de culture, mais celle-ci eut désormais pour base
9951 désunion religieuse, l’Europe conserva son unité de culture, mais celle-ci eut désormais pour base une tradition intellec
9952 tine remplaça la liturgie latine en tant que lien d’ unité intellectuelle ; l’érudit et le gentilhomme, en tant que représe
9953 udit et le gentilhomme, en tant que représentants de la culture occidentale, remplacèrent le moine et le chevalier. À quat
9954 cèrent le moine et le chevalier. À quatre siècles de catholicisme nordique et d’influence orientale succédèrent quatre siè
9955 ier. À quatre siècles de catholicisme nordique et d’ influence orientale succédèrent quatre siècles d’humanisme et d’autono
9956 d’influence orientale succédèrent quatre siècles d’ humanisme et d’autonomie occidentale. Aujourd’hui l’Europe est menacée
9957 ientale succédèrent quatre siècles d’humanisme et d’ autonomie occidentale. Aujourd’hui l’Europe est menacée de voir s’effo
9958 manisme et d’autonomie occidentale. Aujourd’hui l’ Europe est menacée de voir s’effondrer la culture séculière et aristocratiqu
9959 mie occidentale. Aujourd’hui l’Europe est menacée de voir s’effondrer la culture séculière et aristocratique qui servit de
9960 la culture séculière et aristocratique qui servit de base à la seconde phase de son unité. Nous ressentons une fois de plu
9961 stocratique qui servit de base à la seconde phase de son unité. Nous ressentons une fois de plus le besoin d’une unité spi
9962 unité. Nous ressentons une fois de plus le besoin d’ une unité spirituelle, ou tout au moins morale ; nous comprenons qu’un
9963  ; nous ne pouvons nous satisfaire plus longtemps d’ une civilisation aristocratique qui trouve son unité dans un monde ext
9964 perficiel, sans tenir compte des besoins profonds de la nature spirituelle de l’homme. Et en même temps nous n’avons plus
9965 pte des besoins profonds de la nature spirituelle de l’homme. Et en même temps nous n’avons plus la même foi en la supério
9966 n’avons plus la même foi en la supériorité innée de la civilisation occidentale et en son droit à dominer le monde. Nous
9967 sujettes, et nous ressentons à la fois le besoin de nous protéger contre les forces insurgées du monde oriental et d’entr
9968 contre les forces insurgées du monde oriental et d’ entrer en contact plus étroit avec ses traditions spirituelles. Commen
9969 faire ces besoins, ou même s’il nous est possible de les satisfaire, nous ne pouvons à l’heure présente que le conjecturer
9970 eure présente que le conjecturer. Mais il est bon de ne pas oublier que l’unité de notre civilisation ne repose pas entièr
9971 er. Mais il est bon de ne pas oublier que l’unité de notre civilisation ne repose pas entièrement sur la culture laïque et
9972 progrès matériels des quatre derniers siècles : l’ Europe possède des traditions plus profondes, et il nous faut remonter au-de
9973 plus profondes, et il nous faut remonter au-delà de l’humanisme et des triomphes superficiels de la civilisation moderne,
9974 delà de l’humanisme et des triomphes superficiels de la civilisation moderne, si nous tenons à découvrir les forces social
9975 sociales et spirituelles qui ont abouti à faire l’ Europe .292 Dawson mettait en garde contre une certaine idéalisation romant
9976 u Moyen Âge, trop souvent décrit comme une époque de foi universelle et d’harmonie profonde des esprits, dont la Réforme s
9977 ent décrit comme une époque de foi universelle et d’ harmonie profonde des esprits, dont la Réforme serait venue briser tra
9978  l’unité ». Cette utopie à rebours, qui fut celle de Novalis dans La Chrétienté ou l’Europe, est devenue lieu commun pour
9979 qui fut celle de Novalis dans La Chrétienté ou l’ Europe , est devenue lieu commun pour l’école catholique de la première moiti
9980 , est devenue lieu commun pour l’école catholique de la première moitié du siècle. Personne ne l’a mieux réfutée que l’his
9981 Heer, lui-même catholique convaincu : On ne cesse de parler de la christianisation et de la déchristianisation de l’Europe
9982 même catholique convaincu : On ne cesse de parler de la christianisation et de la déchristianisation de l’Europe. Combien
9983 : On ne cesse de parler de la christianisation et de la déchristianisation de l’Europe. Combien ces termes erronés trahiss
9984 e la christianisation et de la déchristianisation de l’Europe. Combien ces termes erronés trahissent-ils une fausse positi
9985 christianisation et de la déchristianisation de l’ Europe . Combien ces termes erronés trahissent-ils une fausse position du pro
9986 -ils une fausse position du problème : comme si l’ Europe un jour avait été chrétienne, et puis avait cessé de l’être ! C’est l
9987 un jour avait été chrétienne, et puis avait cessé de l’être ! C’est là pure légende. Les faits et les archives de l’Histoi
9988 C’est là pure légende. Les faits et les archives de l’Histoire démontrent surabondamment que les choses se sont passées t
9989 rent l’unité, la cohérence interne et même intime de l’histoire européenne, à laquelle appartiennent Augustin, Luther et V
9990 la cohérence interne et même intime de l’histoire européenne , à laquelle appartiennent Augustin, Luther et Voltaire, Thomas d’Aqui
9991 es empereurs médiévaux et les rois « par la grâce de Dieu » de France et d’Espagne, dans l’évolution commune d’un phénomèn
9992 rs médiévaux et les rois « par la grâce de Dieu » de France et d’Espagne, dans l’évolution commune d’un phénomène historiq
9993 et les rois « par la grâce de Dieu » de France et d’ Espagne, dans l’évolution commune d’un phénomène historique, dans l’al
9994 de France et d’Espagne, dans l’évolution commune d’ un phénomène historique, dans l’allégeance à l’Europe. … Au début du x
9995 d’un phénomène historique, dans l’allégeance à l’ Europe . … Au début du xiiie siècle, César de Heisterbach nous livre ce prov
9996 u du xiie siècle. la Vita Heriberti — biographie d’ un évêque othonien de Cologne — nous conte l’histoire de ce pauvre qui
9997 Vita Heriberti — biographie d’un évêque othonien de Cologne — nous conte l’histoire de ce pauvre qui court les rues de la
9998 vêque othonien de Cologne — nous conte l’histoire de ce pauvre qui court les rues de la Sainte Cologne, de la cité de la C
9999 conte l’histoire de ce pauvre qui court les rues de la Sainte Cologne, de la cité de la Cathédrale et des plus prestigieu
10000 e pauvre qui court les rues de la Sainte Cologne, de la cité de la Cathédrale et des plus prestigieuses fondations religie
10001 i court les rues de la Sainte Cologne, de la cité de la Cathédrale et des plus prestigieuses fondations religieuses, mais
10002 es, mais ne trouve pas un seul prêtre qui accepte de baptiser son fils nouveau-né sans exiger une somme que l’homme ne peu
10003 ut payer. Cinquante ans plus tard, la bourgeoisie de Cologne s’adresse au pape Innocent II pour le supplier de diviser en
10004 ne s’adresse au pape Innocent II pour le supplier de diviser en deux paroisses la communauté unique de 60.000 âmes qu’un s
10005 de diviser en deux paroisses la communauté unique de 60.000 âmes qu’un seul prêtre administre, faute de moyens suffisants
10006 enir d’autres gardiens des âmes. Le commun peuple d’ Europe, jusqu’à l’époque de Jeanne d’Arc et même bien plus tard, ne co
10007 ir d’autres gardiens des âmes. Le commun peuple d’ Europe , jusqu’à l’époque de Jeanne d’Arc et même bien plus tard, ne connaît
10008 âmes. Le commun peuple d’Europe, jusqu’à l’époque de Jeanne d’Arc et même bien plus tard, ne connaît dans ses larges masse
10009 s tard, ne connaît dans ses larges masses ni cure d’ âme individuelle, ni enseignement de la foi, ni institutions paroissia
10010 asses ni cure d’âme individuelle, ni enseignement de la foi, ni institutions paroissiales au sens actuel. Ainsi, jusque bi
10011 transmise, à quoi s’ajoute la prédication muette de l’architecture romane et des fresques d’églises. La lecture de la Bib
10012 n muette de l’architecture romane et des fresques d’ églises. La lecture de la Bible est interdite aux fidèles dès le synod
10013 ture romane et des fresques d’églises. La lecture de la Bible est interdite aux fidèles dès le synode de Toulouse en 1229,
10014 la Bible est interdite aux fidèles dès le synode de Toulouse en 1229, rappelle F. Heer. La Bible en langue vulgaire est m
10015 par Paul IV en 1559. « Charles-Quint sur son lit de mort doit solliciter de l’Inquisition la permission de lire l’Évangil
10016 Charles-Quint sur son lit de mort doit solliciter de l’Inquisition la permission de lire l’Évangile en français (il n’exis
10017 rt doit solliciter de l’Inquisition la permission de lire l’Évangile en français (il n’existe pas de traduction espagnole)
10018 n de lire l’Évangile en français (il n’existe pas de traduction espagnole). » Pendant ce temps, le monachisme est entré en
10019 en Allemagne ; des laïques, non le pape, tentent de réformer l’Église au concile de Bâle, mais en vain… Friedrich Heer co
10020 le pape, tentent de réformer l’Église au concile de Bâle, mais en vain… Friedrich Heer conclut : Toujours et encore, dan
10021 riedrich Heer conclut : Toujours et encore, dans de nombreuses publications sur l’Europe et le christianisme, revient ce
10022 et encore, dans de nombreuses publications sur l’ Europe et le christianisme, revient ce dangereux lieu commun qui veut que la
10023 ut que la sécularisation et la déchristianisation de l’Occident aient commencé au xvie siècle avec la Renaissance, l’Huma
10024 ue voulait dégager Friedrich Heer — si la légende d’ un Moyen Âge à la Novalis a vécu, si ce passé était fort loin d’être a
10025 à la Novalis a vécu, si ce passé était fort loin d’ être aussi chrétien qu’on l’a dit, ce qui l’a suivi et ce qui va suivr
10026 — soit positifs, soit négatifs — qui n’ont cessé d’ exister entre les grandes confessions et conceptions du monde qui s’op
10027 iie et xiiie « appartiennent » au christianisme de leur époque, tout comme le catholicisme post-tridentin, du xvie au x
10028 siècle, reste intimement relié au protestantisme de ces époques, tant par ses réalisations positives que par ses échecs.
10029 itives que par ses échecs. Retenons donc ceci : l’ Europe , du ixe au xixe siècle, possède un certain nombre d’éléments unitif
10030 u ixe au xixe siècle, possède un certain nombre d’ éléments unitifs fondamentaux. La liturgie profane intériorisée des po
10031 llemand est aussi peu concevable sans la liturgie de l’Église, que l’idéalisme allemand sans la théologie chrétienne, ou e
10032 ans Thomas d’Aquin, Hegel sans Eusèbe de Césarée. De 800 à 1815, tous les traités de paix en Europe sont conclus in nomine
10033 usèbe de Césarée. De 800 à 1815, tous les traités de paix en Europe sont conclus in nomine sanctæ et individuæ Trinitatis.
10034 sarée. De 800 à 1815, tous les traités de paix en Europe sont conclus in nomine sanctæ et individuæ Trinitatis. Jusqu’à 1850,
10035 rinitatis. Jusqu’à 1850, le latin reste la langue européenne des clercs et des savants (et même, en Hongrie, la langue des chancel
10036 ue des chancelleries). Notre tâche est maintenant de montrer comment cette unité millénaire s’est développée en contrastes
10037 ues multipliés, à une richesse et à une plénitude de possibilités terribles et grandes, qui s’offrent aujourd’hui aux rega
10038 ards du Monde comme constituant l’héritage vivant de l’Europe.293 Source grecque et source chrétienne sont restées de no
10039 du Monde comme constituant l’héritage vivant de l’ Europe .293 Source grecque et source chrétienne sont restées de nos jours l
10040 Source grecque et source chrétienne sont restées de nos jours les deux plus vives. Simone Weil essayait de les confondre.
10041 s jours les deux plus vives. Simone Weil essayait de les confondre. Un grand humaniste libéral, Salvador de Madariaga, pré
10042 reprend et rénove un thème classique, le dialogue de Socrate et de Jésus-Christ. La primauté de l’esprit et de la volonté
10043 ove un thème classique, le dialogue de Socrate et de Jésus-Christ. La primauté de l’esprit et de la volonté, et l’étroite
10044 logue de Socrate et de Jésus-Christ. La primauté de l’esprit et de la volonté, et l’étroite parenté entre ces deux facult
10045 e et de Jésus-Christ. La primauté de l’esprit et de la volonté, et l’étroite parenté entre ces deux facultés dans la psyc
10046 renté entre ces deux facultés dans la psychologie européenne expliquent que les traditions européennes les plus fortes soient la t
10047 chologie européenne expliquent que les traditions européennes les plus fortes soient la tradition socratique et la tradition chréti
10048 la tradition chrétienne. Socrate domine l’esprit de l’Europe, le Christ, sa volonté. Il est vain de se demander si ces de
10049 radition chrétienne. Socrate domine l’esprit de l’ Europe , le Christ, sa volonté. Il est vain de se demander si ces deux tradit
10050 t de l’Europe, le Christ, sa volonté. Il est vain de se demander si ces deux traditions sont la cause ou l’effet du caract
10051 traditions sont la cause ou l’effet du caractère européen  ; elles sont toutes deux cause et effet ; et, ce qui est plus, étant
10052 naturellement, de sorte que, au cours des siècles de vie européenne, Socrate est devenu chrétien et le Christ est devenu s
10053 lement, de sorte que, au cours des siècles de vie européenne , Socrate est devenu chrétien et le Christ est devenu socratique… Ce n
10054 n’est que lorsqu’il les renie délibérément que l’ Européen trahit l’Europe et sa propre nature profonde. Nous entendons par espr
10055 il les renie délibérément que l’Européen trahit l’ Europe et sa propre nature profonde. Nous entendons par esprit socratique, u
10056 ocratique, un esprit ouvert aux faits, au service de la logique et loyal envers la vérité, mais libre et résistant envers
10057 stant envers toute doctrine ou conclusion imposée d’ avance. L’esprit socratique est fier à l’égard des autres esprits, mai
10058 vis-à-vis des faits. C’est sur cette double vertu de l’esprit socratique en Europe qu’est fondée la liberté de pensée… En
10059 sur cette double vertu de l’esprit socratique en Europe qu’est fondée la liberté de pensée… En profondeur, l’histoire intérie
10060 rit socratique en Europe qu’est fondée la liberté de pensée… En profondeur, l’histoire intérieure de l’Europe doit être co
10061 é de pensée… En profondeur, l’histoire intérieure de l’Europe doit être comprise comme un effort pour atteindre ce style s
10062 pensée… En profondeur, l’histoire intérieure de l’ Europe doit être comprise comme un effort pour atteindre ce style socratique
10063 teindre ce style socratique dans le développement de son esprit, malgré tous les obstacles inhérents aux stades précédents
10064 aux stades précédents. Dans cette lutte, l’esprit européen a été à la fois aidé et entravé par l’autre tradition — celle du Chri
10065 ition — celle du Christ. Le trait caractéristique de la chrétienté réside en ceci : en mourant sur la Croix pour tous les
10066 personne ne peut mettre en doute. En choisissant de boire volontairement la ciguë, plutôt que de renier sa doctrine, Socr
10067 sant de boire volontairement la ciguë, plutôt que de renier sa doctrine, Socrate a délivré l’esprit humain du mensonge ; e
10068 élivré l’esprit humain du mensonge ; en acceptant de mourir sur la croix, pour expier les péchés de tous les hommes, le Ch
10069 nt de mourir sur la croix, pour expier les péchés de tous les hommes, le Christ a libéré définitivement la volonté de l’Eu
10070 mes, le Christ a libéré définitivement la volonté de l’Europe de toute inhumanité. Bien entendu, les mensonges et l’inhuma
10071 le Christ a libéré définitivement la volonté de l’ Europe de toute inhumanité. Bien entendu, les mensonges et l’inhumanité ont
10072 st a libéré définitivement la volonté de l’Europe de toute inhumanité. Bien entendu, les mensonges et l’inhumanité ont con
10073 onges et l’inhumanité ont continué à déshonorer l’ Europe après ces deux grandes morts auxquelles elle doit la vie, mais seulem
10074 e doit la vie, mais seulement comme des négations de son être foncier. L’individualisme européen n’est pas né sur le Golgo
10075 s négations de son être foncier. L’individualisme européen n’est pas né sur le Golgotha, mais c’est du Golgotha qu’il tire sa fo
10076 qui restent aveugles devant l’origine chrétienne de leur foi, renvoyons-les à cet Espagnol qui, à la question : quelle es
10077 côté de cette tradition puissante qui a renforcé de son esprit notre individualisme actif, le christianisme a apporté à l
10078 ividualisme actif, le christianisme a apporté à l’ Europe un système surnaturel qui ne tolérait pas de rivaux. Dans la mesure o
10079 ’Europe un système surnaturel qui ne tolérait pas de rivaux. Dans la mesure où le christianisme a détruit ou écarté les cr
10080 tendance socratique vers la liberté et la clarté de l’esprit. Bientôt, cependant, l’apport de l’Ancien Testament venu d’A
10081 clarté de l’esprit. Bientôt, cependant, l’apport de l’Ancien Testament venu d’Asie Mineure et même un certain « folklore 
10082 t, cependant, l’apport de l’Ancien Testament venu d’ Asie Mineure et même un certain « folklore » local et païen, qui vint
10083 en, qui vint s’ajouter au cours des temps, firent de la tradition chrétienne un danger pour la tradition socratique. Ce fu
10084 r pour la tradition socratique. Ce fut la période de lutte entre la science et l’Église, l’ère de l’Inquisition, de Giorda
10085 iode de lutte entre la science et l’Église, l’ère de l’Inquisition, de Giordano Bruno et de Galilée, pendant laquelle Desc
10086 e la science et l’Église, l’ère de l’Inquisition, de Giordano Bruno et de Galilée, pendant laquelle Descartes devait surve
10087 ise, l’ère de l’Inquisition, de Giordano Bruno et de Galilée, pendant laquelle Descartes devait surveiller ses propos et m
10088 surveiller ses propos et même conserver certains de ses manuscrits. Les erreurs ne furent d’ailleurs pas toutes du même c
10089 côté. Lorsque, au xixe siècle, un certain nombre d’ inventions spectaculaires (la vapeur, le gaz, l’électricité, le téléph
10090 èrent en croyance ; la « science » menaçait alors d’ envahir le domaine de la religion en tenant aussi peu compte de la réa
10091 a « science » menaçait alors d’envahir le domaine de la religion en tenant aussi peu compte de la réalité foncière des cho
10092 domaine de la religion en tenant aussi peu compte de la réalité foncière des choses que la religion l’avait fait auparavan
10093 fait auparavant lorsqu’elle avait envahi le champ de la science. Cet épisode se termina grâce à une compréhension plus cla
10094 grâce à une compréhension plus claire des limites de la connaissance. Peu à peu, les deux domaines furent mieux délimités
10095 s. La tradition socratique ne viola plus le seuil de la révélation ; la tradition chrétienne accepta pour les choses de la
10096 ; la tradition chrétienne accepta pour les choses de la nature les méthodes et les principes de la tradition socratique. L
10097 choses de la nature les méthodes et les principes de la tradition socratique. La tradition socratique a fortement agi sur
10098 cratique a fortement agi sur le côté intellectuel de l’Église et a contribué à doter la religion chrétienne d’un système c
10099 ise et a contribué à doter la religion chrétienne d’ un système clair et solide de pensée, sous l’impulsion de saint Thomas
10100 religion chrétienne d’un système clair et solide de pensée, sous l’impulsion de saint Thomas d’Aquin. Cela revint à europ
10101 stème clair et solide de pensée, sous l’impulsion de saint Thomas d’Aquin. Cela revint à européaniser une religion provena
10102 Cela revint à européaniser une religion provenant d’ Asie Mineure. Dès lors, la religion non seulement dominera le cœur des
10103 s, la religion non seulement dominera le cœur des Européens , en les soumettant à la discipline du Sermon sur la Montagne, mais fe
10104 ondant son système intellectuel sur les principes de Socrate. À son tour, le christianisme pose des limites humaines à la
10105 se des limites humaines à la neutralité inhumaine de la recherche socratique. Instruisons-nous, bien entendu, par tous les
10106 s n’oublions jamais que nous n’avons pas le droit de faire d’un être humain un simple outil, sans son consentement. Les en
10107 ons jamais que nous n’avons pas le droit de faire d’ un être humain un simple outil, sans son consentement. Les enquêtes fa
10108 onsentement. Les enquêtes faites par les médecins de Goering sur des prisonniers des camps de concentration pour découvrir
10109 médecins de Goering sur des prisonniers des camps de concentration pour découvrir la limite de la résistance humaine étaie
10110 s camps de concentration pour découvrir la limite de la résistance humaine étaient socratiques, mais n’étaient pas chrétie
10111 tiennes. Elles étaient donc contraires à l’esprit européen .294 2.Vertus et valeurs européennes Tel étant l’héritage euro
10112 à l’esprit européen.294 2.Vertus et valeurs européennes Tel étant l’héritage européen, que sommes-nous décidés à en tirer,
10113 us et valeurs européennes Tel étant l’héritage européen , que sommes-nous décidés à en tirer, nous les Européens du xxe siècl
10114 éen, que sommes-nous décidés à en tirer, nous les Européens du xxe siècle ? Depuis un tiers de siècle, l’Europe intellectuelle —
10115 us les Européens du xxe siècle ? Depuis un tiers de siècle, l’Europe intellectuelle — précédant l’Europe politique, donc
10116 ens du xxe siècle ? Depuis un tiers de siècle, l’ Europe intellectuelle — précédant l’Europe politique, donc la presse, qui fa
10117 de siècle, l’Europe intellectuelle — précédant l’ Europe politique, donc la presse, qui fait l’opinion — n’a cessé de s’interr
10118 e, donc la presse, qui fait l’opinion — n’a cessé de s’interroger sur ses vrais buts, sur ceux qu’elle peut et doit donner
10119 s qui manqueraient au monde et à l’humanité, si l’ Europe tout d’un coup venait à disparaître, engloutie par une catastrophe do
10120 raient au monde et à l’humanité, si l’Europe tout d’ un coup venait à disparaître, engloutie par une catastrophe dont les c
10121 s ce sens qu’elles traduisent fidèlement ce que l’ Europe veut d’elle-même par ses meilleurs esprits. (Quant aux répétitions in
10122 ’elles traduisent fidèlement ce que l’Europe veut d’ elle-même par ses meilleurs esprits. (Quant aux répétitions inévitable
10123 leurs esprits. (Quant aux répétitions inévitables de certains thèmes — celui de la liberté ou celui du refus — observons q
10124 épétitions inévitables de certains thèmes — celui de la liberté ou celui du refus — observons que leur fréquence est signi
10125 es différencient ne le sont pas moins.) Fondateur de la phénoménologie, maître de Heidegger et de la plupart des philosoph
10126 teur de la phénoménologie, maître de Heidegger et de la plupart des philosophes qui comptent aujourd’hui, Edmund Husserl (
10127 pose la question fondamentale : « Qu’est-ce que l’ Europe , pour l’esprit ? » Et il répond : c’est l’esprit de la Philosophie, n
10128 , pour l’esprit ? » Et il répond : c’est l’esprit de la Philosophie, née de la Grèce : « La forme spirituelle de l’Europe
10129 il répond : c’est l’esprit de la Philosophie, née de la Grèce : « La forme spirituelle de l’Europe », qu’est-ce à dire ?
10130 sophie, née de la Grèce : « La forme spirituelle de l’Europe », qu’est-ce à dire ? C’est l’idée philosophique immanente à
10131 e, née de la Grèce : « La forme spirituelle de l’ Europe  », qu’est-ce à dire ? C’est l’idée philosophique immanente à l’histoi
10132 C’est l’idée philosophique immanente à l’histoire de l’Europe, ou ce qui revient au même, sa téléologie immanente, qui se
10133 l’idée philosophique immanente à l’histoire de l’ Europe , ou ce qui revient au même, sa téléologie immanente, qui se manifeste
10134 logie immanente, qui se manifeste par l’irruption d’ une époque nouvelle de l’humanité, l’époque de l’humanité qui désormai
10135 e manifeste par l’irruption d’une époque nouvelle de l’humanité, l’époque de l’humanité qui désormais entend vivre et peut
10136 ion d’une époque nouvelle de l’humanité, l’époque de l’humanité qui désormais entend vivre et peut vivre en configurant li
10137 rement son existence, sa vie historique, à l’aide d’ idées rationnelles et pour des tâches infinies […] L’Europe de l’espri
10138 es rationnelles et pour des tâches infinies […] L’ Europe de l’esprit a son lieu de naissance. Et j’entends moins par là un lie
10139 onnelles et pour des tâches infinies […] L’Europe de l’esprit a son lieu de naissance. Et j’entends moins par là un lieu g
10140 ches infinies […] L’Europe de l’esprit a son lieu de naissance. Et j’entends moins par là un lieu géographique situé dans
10141 ion ou dans certains individus et groupes humains de cette nation. C’est l’antique nation grecque des viie et vie siècle
10142 C. En son sein se manifeste une attitude nouvelle de l’individu face au monde environnant. Et à la faveur de cette disposi
10143 ndividu face au monde environnant. Et à la faveur de cette disposition s’accomplit la percée d’une nouvelle formation spir
10144 faveur de cette disposition s’accomplit la percée d’ une nouvelle formation spirituelle, qui se développe rapidement en une
10145 ituelle, qui se développe rapidement en une forme de culture cohérente et systématique : les Grecs la nommèrent philosophi
10146 cs la nommèrent philosophie… Dans cette irruption de la philosophie, entraînant avec elle toutes les sciences, je vois, si
10147 adoxal que cela paraisse, le phénomène primordial de l’Europe de l’esprit. On objectera tout de suite que la philosophie,
10148 l que cela paraisse, le phénomène primordial de l’ Europe de l’esprit. On objectera tout de suite que la philosophie, la scienc
10149 ela paraisse, le phénomène primordial de l’Europe de l’esprit. On objectera tout de suite que la philosophie, la science d
10150 la science des Grecs, n’est rien qui les désigne d’ une manière spécifique ni qui soit apparu pour la première fois dans l
10151 avec eux. Eux-mêmes n’ont-ils pas parlé des sages de l’Égypte, de Babylone, etc., et n’ont-ils pas reçu leurs enseignement
10152 -mêmes n’ont-ils pas parlé des sages de l’Égypte, de Babylone, etc., et n’ont-ils pas reçu leurs enseignements ? Nous poss
10153 eignements ? Nous possédons aujourd’hui une masse de travaux sur les philosophies indiennes et chinoises, qui mettent ces
10154 e des configurations historiques variées relevant d’ une seule et même conception de la culture. Naturellement, tout élémen
10155 s variées relevant d’une seule et même conception de la culture. Naturellement, tout élément commun ne fait pas défaut. Ce
10156 r sur les différences tout à fait essentielles et de principe. Ce n’est en effet que chez les Grecs que nous trouvons cet
10157 des vérités universelles plutôt que des recettes d’ action : Ce sont des hommes dont l’effort se porte sur la theoria et
10158 dont l’effort se porte sur la theoria et sur rien d’ autre qu’elle, et qui ne cherchent pas individuellement mais ensemble
10159 e et les uns pour les autres, dans une communauté de travail interpersonnelle dont la croissance et le constant perfection
10160 t et que les résultats acquis par des générations de chercheurs se suivent, conduisent enfin à la volonté d’assumer une tâ
10161 rcheurs se suivent, conduisent enfin à la volonté d’ assumer une tâche infinie et générale. L’attitude théorique prend chez
10162 chez les Grecs son origine historique. La « crise de l’existence européenne » dont on parle tant et qui se manifeste par d
10163 son origine historique. La « crise de l’existence européenne  » dont on parle tant et qui se manifeste par de nombreux symptômes de
10164 enne » dont on parle tant et qui se manifeste par de nombreux symptômes de dévitalisation n’est pas un sombre destin, ni u
10165 ant et qui se manifeste par de nombreux symptômes de dévitalisation n’est pas un sombre destin, ni une impénétrable fatali
10166 ompréhensible si on la replace sur l’arrière-plan de la téléologie de l’histoire européenne, philosophiquement interprétab
10167 on la replace sur l’arrière-plan de la téléologie de l’histoire européenne, philosophiquement interprétable. La condition
10168 sur l’arrière-plan de la téléologie de l’histoire européenne , philosophiquement interprétable. La condition d’une telle compréhens
10169 ne, philosophiquement interprétable. La condition d’ une telle compréhension étant d’ailleurs de saisir d’abord le phénomèn
10170 dition d’une telle compréhension étant d’ailleurs de saisir d’abord le phénomène « Europe » dans le noyau central de son e
10171 étant d’ailleurs de saisir d’abord le phénomène «  Europe  » dans le noyau central de son existence. Pour concevoir tout ce que
10172 ord le phénomène « Europe » dans le noyau central de son existence. Pour concevoir tout ce que la « crise » actuelle à d’i
10173 our concevoir tout ce que la « crise » actuelle à d’ inessentiel, il s’agirait d’élaborer le concept d’Europe en tant que t
10174 « crise » actuelle à d’inessentiel, il s’agirait d’ élaborer le concept d’Europe en tant que téléologie historique de buts
10175 d’inessentiel, il s’agirait d’élaborer le concept d’ Europe en tant que téléologie historique de buts rationnels infinis. I
10176 inessentiel, il s’agirait d’élaborer le concept d’ Europe en tant que téléologie historique de buts rationnels infinis. Il s’ag
10177 oncept d’Europe en tant que téléologie historique de buts rationnels infinis. Il s’agit de montrer comment le « monde » eu
10178 historique de buts rationnels infinis. Il s’agit de montrer comment le « monde » européen est né d’idées rationnelles, c’
10179 nfinis. Il s’agit de montrer comment le « monde » européen est né d’idées rationnelles, c’est-à-dire de l’esprit de la philosoph
10180 t de montrer comment le « monde » européen est né d’ idées rationnelles, c’est-à-dire de l’esprit de la philosophie. La « c
10181 uropéen est né d’idées rationnelles, c’est-à-dire de l’esprit de la philosophie. La « crise » alors pourrait être claireme
10182 né d’idées rationnelles, c’est-à-dire de l’esprit de la philosophie. La « crise » alors pourrait être clairement interprét
10183 le naturalisme et dans l’objectivisme. … La crise de l’existence européenne n’a que deux issues possibles : ou la décadenc
10184 et dans l’objectivisme. … La crise de l’existence européenne n’a que deux issues possibles : ou la décadence de l’Europe devenant
10185 e n’a que deux issues possibles : ou la décadence de l’Europe devenant étrangère à son propre sens rationnel de la vie, la
10186 que deux issues possibles : ou la décadence de l’ Europe devenant étrangère à son propre sens rationnel de la vie, la chute da
10187 pe devenant étrangère à son propre sens rationnel de la vie, la chute dans la haine contre l’esprit et la barbarie ; ou la
10188 ontre l’esprit et la barbarie ; ou la renaissance de l’Europe dans l’esprit de la philosophie, surmontant définitivement l
10189 l’esprit et la barbarie ; ou la renaissance de l’ Europe dans l’esprit de la philosophie, surmontant définitivement le natural
10190 rie ; ou la renaissance de l’Europe dans l’esprit de la philosophie, surmontant définitivement le naturalisme par l’héroïs
10191 tant définitivement le naturalisme par l’héroïsme de la raison. Le plus grand péril de l’Europe réside dans la fatigue. Si
10192 par l’héroïsme de la raison. Le plus grand péril de l’Europe réside dans la fatigue. Si nous combattons ce danger des dan
10193 l’héroïsme de la raison. Le plus grand péril de l’ Europe réside dans la fatigue. Si nous combattons ce danger des dangers, en
10194 nous combattons ce danger des dangers, en « bons Européens  », avec une bravoure qui ne recule pas devant les tâches infinies, al
10195 pas devant les tâches infinies, alors, du bûcher de l’incroyance, du feu couvant de la désespérance en la mission humaine
10196 alors, du bûcher de l’incroyance, du feu couvant de la désespérance en la mission humaine de l’Occident, des cendres de l
10197 couvant de la désespérance en la mission humaine de l’Occident, des cendres de la grande fatigue, renaîtra le phénix d’un
10198 en la mission humaine de l’Occident, des cendres de la grande fatigue, renaîtra le phénix d’une intériorité et d’une spir
10199 cendres de la grande fatigue, renaîtra le phénix d’ une intériorité et d’une spiritualité nouvelles, gages d’un grand et l
10200 fatigue, renaîtra le phénix d’une intériorité et d’ une spiritualité nouvelles, gages d’un grand et lointain avenir de l’h
10201 ntériorité et d’une spiritualité nouvelles, gages d’ un grand et lointain avenir de l’humanité. Car l’esprit seul est immor
10202 té nouvelles, gages d’un grand et lointain avenir de l’humanité. Car l’esprit seul est immortel.295 Un autre « bon Europ
10203 r l’esprit seul est immortel.295 Un autre « bon Européen  », qui fut longtemps le père autoritaire de la pensée des libéraux, B
10204 Européen », qui fut longtemps le père autoritaire de la pensée des libéraux, Benedetto Croce (1866-1952), tient que l’hist
10205 Benedetto Croce (1866-1952), tient que l’histoire européenne se confond avec celle des concepts de liberté et d’humanité : Parce
10206 ire européenne se confond avec celle des concepts de liberté et d’humanité : Parce que c’est là le seul idéal qui ait la
10207 se confond avec celle des concepts de liberté et d’ humanité : Parce que c’est là le seul idéal qui ait la solidité qu’eu
10208  : qu’elle a l’éternité… Elle demeure dans nombre de nobles intelligences de toutes les parties du monde, qui dispersées e
10209 Elle demeure dans nombre de nobles intelligences de toutes les parties du monde, qui dispersées et isolées, réduites à un
10210 , qui dispersées et isolées, réduites à une sorte d’ aristocratique, mais petite « respublica literaria », lui restent malg
10211 a », lui restent malgré tout fidèles, l’entourent d’ un respect plus grand et l’accompagnent d’un plus ardent amour qu’au t
10212 tourent d’un respect plus grand et l’accompagnent d’ un plus ardent amour qu’au temps où il n’y avait personne pour l’offen
10213 trise, au temps où le vulgaire se pressait autour d’ elle en acclamant son nom et par là même en le contaminant d’une vulga
10214 cclamant son nom et par là même en le contaminant d’ une vulgarité dont il s’est maintenant dégagé. Non seulement la libert
10215 ement elle existe, et résiste dans l’organisation de beaucoup des plus grands États, dans les institutions et dans les usa
10216 s la pensée, qui sollicitent maintenant les âmes, d’ une trêve et d’une réduction des armements, d’une paix et d’une allian
10217 i sollicitent maintenant les âmes, d’une trêve et d’ une réduction des armements, d’une paix et d’une alliance entre les Ét
10218 es, d’une trêve et d’une réduction des armements, d’ une paix et d’une alliance entre les États de l’Europe, d’une concorde
10219 e et d’une réduction des armements, d’une paix et d’ une alliance entre les États de l’Europe, d’une concorde d’intentions
10220 ix et d’une alliance entre les États de l’Europe, d’ une concorde d’intentions et d’efforts entre les peuples de la même Eu
10221 iance entre les États de l’Europe, d’une concorde d’ intentions et d’efforts entre les peuples de la même Europe, pour sauv
10222 États de l’Europe, d’une concorde d’intentions et d’ efforts entre les peuples de la même Europe, pour sauver dans le monde
10223 corde d’intentions et d’efforts entre les peuples de la même Europe, pour sauver dans le monde et pour le bien du monde, s
10224 entions et d’efforts entre les peuples de la même Europe , pour sauver dans le monde et pour le bien du monde, sinon leur supré
10225 et politique, du moins leur séculaire suprématie de créateurs et de promoteurs de civilisation, les aptitudes qu’ils ont
10226 u moins leur séculaire suprématie de créateurs et de promoteurs de civilisation, les aptitudes qu’ils ont acquises pour ce
10227 éculaire suprématie de créateurs et de promoteurs de civilisation, les aptitudes qu’ils ont acquises pour cette œuvre ince
10228 pas perdu et dissipé et qui même gagne du terrain d’ année en année et convertisse à lui les esprits qui y répugnaient ou q
10229 déreront peut-être comme la réduction à l’absurde de tous les nationalismes — si elle a aigri certains rapports entre les
10230 entre les États à cause de l’inique et sot traité de paix qui l’a close, a du moins établi une conscience commune des peup
10231 s maintenant l’on assiste dans toutes les parties de l’Europe à la germination d’une nouvelle conscience, d’une nouvelle n
10232 ntenant l’on assiste dans toutes les parties de l’ Europe à la germination d’une nouvelle conscience, d’une nouvelle nationalit
10233 s toutes les parties de l’Europe à la germination d’ une nouvelle conscience, d’une nouvelle nationalité (parce que, comme
10234 urope à la germination d’une nouvelle conscience, d’ une nouvelle nationalité (parce que, comme nous l’avons vu déjà, les n
10235 e sont pas des données naturelles, mais des états de conscience et des formations historiques). Et de la même manière dont
10236 de conscience et des formations historiques). Et de la même manière dont, voici soixante-dix ans, un Napolitain de l’anti
10237 nière dont, voici soixante-dix ans, un Napolitain de l’antique royaume de Naples et un Piémontais du royaume subalpin se f
10238 xante-dix ans, un Napolitain de l’antique royaume de Naples et un Piémontais du royaume subalpin se firent Italiens sans r
10239 Italiens et tous les autres se hausseront au rang d’ Européens, tourneront leurs pensées vers l’Europe et sentiront leurs c
10240 aliens et tous les autres se hausseront au rang d’ Européens , tourneront leurs pensées vers l’Europe et sentiront leurs cœurs batt
10241 rang d’Européens, tourneront leurs pensées vers l’ Europe et sentiront leurs cœurs battre pour elle, comme ils battaient précéd
10242 rand libéral lui aussi, elle est « l’essence même de la vie ». Elle ne serait pas une forme décisive de l’existence si ell
10243 e la vie ». Elle ne serait pas une forme décisive de l’existence si elle n’était pas liée à cette autre valeur qu’a toujou
10244 ituelle, du Quichotte à Unamuno : la gratuité. L’ Europe tient à la liberté ; elle tient à la qualité ; elle comprend la valeu
10245 nt à la qualité ; elle comprend la valeur suprême de l’inutile… Pour nous, Européens, la vie est un processus créateur qui
10246 mprend la valeur suprême de l’inutile… Pour nous, Européens , la vie est un processus créateur qui se poursuit avec chaque pulsati
10247 us créateur qui se poursuit avec chaque pulsation de chaque individu, grâce à sa liberté de décider quelle combinaison d’é
10248 pulsation de chaque individu, grâce à sa liberté de décider quelle combinaison d’événements possibles il choisit… Par sa
10249 grâce à sa liberté de décider quelle combinaison d’ événements possibles il choisit… Par sa libre décision, l’individu con
10250 ions. La première, c’est que, lorsqu’il est libre de choisir, chacun choisira ce qu’il y a de mieux, de sorte que, dans l’
10251 st libre de choisir, chacun choisira ce qu’il y a de mieux, de sorte que, dans l’ensemble, grâce à l’intégration de tous c
10252 sorte que, dans l’ensemble, grâce à l’intégration de tous ces choix heureux, le niveau mondial s’élèvera. Cette affirmatio
10253 ceci présuppose un principe général : l’existence d’ un critère de perfection acceptable pour tous. D’où provient cette pré
10254 se un principe général : l’existence d’un critère de perfection acceptable pour tous. D’où provient cette présupposition ?
10255 d’un critère de perfection acceptable pour tous. D’ où provient cette présupposition ? De l’intuition de « l’esprit humain
10256 e pour tous. D’où provient cette présupposition ? De l’intuition de « l’esprit humain » dans lequel sont intégrées toutes
10257 où provient cette présupposition ? De l’intuition de « l’esprit humain » dans lequel sont intégrées toutes les facultés hu
10258 humaines dans ce qu’elles ont de plus puissant et de meilleur. Nous pouvons imaginer cet « esprit humain » comme une sphèr
10259 n ; en mathématiques, Newton et Leibniz, et ainsi de suite. Nous admettons instinctivement que chaque individu, à l’intéri
10260 dimensions pitoyables et menues, mais susceptible de croître. Les degrés que nous observons dans cette croissance et dans
10261 c’est ce que nous appelons qualité. Nous autres, Européens , insistons sur la liberté parce que nous croyons en la qualité. La qu
10262 s en la qualité. La qualité est aussi inséparable de l’individualisme que la liberté. Moyennant le processus créateur de l
10263 e que la liberté. Moyennant le processus créateur de liberté, l’individu produit la qualité, par une accumulation de diver
10264 individu produit la qualité, par une accumulation de diversités. La diversité, la qualité, la distinction, sont dès lors l
10265 distinction, sont dès lors les aspects essentiels de la vie européenne. Elles expliquent l’abondance, la variété et la ric
10266 n, sont dès lors les aspects essentiels de la vie européenne . Elles expliquent l’abondance, la variété et la richesse humaine de n
10267 nt l’abondance, la variété et la richesse humaine de nombreux types d’Européens, depuis les Irlandais jusqu’aux Grecs et d
10268 variété et la richesse humaine de nombreux types d’ Européens, depuis les Irlandais jusqu’aux Grecs et des Portugais aux F
10269 ariété et la richesse humaine de nombreux types d’ Européens , depuis les Irlandais jusqu’aux Grecs et des Portugais aux Finnois. I
10270 Portugais aux Finnois. Il est exact que certains de ces mots sont parfois devenus mesquins et superficiels ; à la fin du
10271 perficiels ; à la fin du xviiie siècle, un homme de qualité n’était souvent qu’un benêt, et au xxe siècle, un homme de d
10272 souvent qu’un benêt, et au xxe siècle, un homme de distinction n’est souvent qu’un parasite sans grâce. Mais, malgré ces
10273 te sans grâce. Mais, malgré ces torsions frivoles de leur sens primitif, la distinction et la qualité restent néanmoins le
10274 stent néanmoins les caractéristiques essentielles de la vie européenne. Cela est surtout vrai pour la qualité, car la qual
10275 moins les caractéristiques essentielles de la vie européenne . Cela est surtout vrai pour la qualité, car la qualité est pour nous
10276 rai pour la qualité, car la qualité est pour nous Européens , l’essence même de la vie. Toute vie est qualitative et c’est pourquo
10277 a qualité est pour nous Européens, l’essence même de la vie. Toute vie est qualitative et c’est pourquoi en Europe, nous d
10278 e. Toute vie est qualitative et c’est pourquoi en Europe , nous devons nous tenir en garde contre les deux dangers qui menacent
10279 angers qui menacent notre vie, les deux antipodes de la qualité : la quantité et l’égalité. Notre répugnance pour ces deux
10280 dans mon verre »… La qualité, la variété, le coin de terre, la vigne, le cru, la saison, autant de concepts qui poussent c
10281 oin de terre, la vigne, le cru, la saison, autant de concepts qui poussent comme des champignons de choix à l’ombre du goû
10282 nt de concepts qui poussent comme des champignons de choix à l’ombre du goût, autant de formes de la vie européenne qui éc
10283 es champignons de choix à l’ombre du goût, autant de formes de la vie européenne qui échapperont toujours au cadre trop ri
10284 nons de choix à l’ombre du goût, autant de formes de la vie européenne qui échapperont toujours au cadre trop rigide des s
10285 oix à l’ombre du goût, autant de formes de la vie européenne qui échapperont toujours au cadre trop rigide des statistiques. Pour
10286 sation. Elles demeurent elles-mêmes et n’essaient de s’améliorer que comme telles. Elles sont à la fois les fleurs et les
10287 Elles sont à la fois les fleurs et les jardiniers de la forme. La forme est une autre manifestation spécifique de l’esprit
10288 . La forme est une autre manifestation spécifique de l’esprit européen. Rien ne serait plus erroné que de qualifier la for
10289 st une autre manifestation spécifique de l’esprit européen . Rien ne serait plus erroné que de qualifier la forme de superficiell
10290 l’esprit européen. Rien ne serait plus erroné que de qualifier la forme de superficielle. Quoique d’apparence extérieure,
10291 n ne serait plus erroné que de qualifier la forme de superficielle. Quoique d’apparence extérieure, elle surgit en réalité
10292 e de qualifier la forme de superficielle. Quoique d’ apparence extérieure, elle surgit en réalité des profondeurs des objet
10293 ondeurs des objets qu’elle façonne et fait partie de leur substance même. Le potier sait cela d’instinct. La civilisation,
10294 artie de leur substance même. Le potier sait cela d’ instinct. La civilisation, en particulier, est une question de forme…
10295 La civilisation, en particulier, est une question de forme… Souvent, une décision qui serait opportune et que la morale ne
10296 jetterait pas explicitement n’est pas prise par l’ Européen , parce qu’elle manquerait de forme. Le refus d’accorder la première p
10297 as prise par l’Européen, parce qu’elle manquerait de forme. Le refus d’accorder la première place à l’opportunité, démontr
10298 péen, parce qu’elle manquerait de forme. Le refus d’ accorder la première place à l’opportunité, démontre le caractère non
10299 opportunité, démontre le caractère non utilitaire de l’esprit européen. L’utilitarisme est le signe d’une maturité insuffi
10300 démontre le caractère non utilitaire de l’esprit européen . L’utilitarisme est le signe d’une maturité insuffisante. C’est le sy
10301 de l’esprit européen. L’utilitarisme est le signe d’ une maturité insuffisante. C’est le symptôme clé d’une culture restée
10302 ’une maturité insuffisante. C’est le symptôme clé d’ une culture restée en arrêt. Car, lorsque nous exécutons un acte utile
10303 parce qu’il sert un troisième but utile, et ainsi de suite. Mais, quelle serait l’utilité de tout cela, si, à la fin de ce
10304 et ainsi de suite. Mais, quelle serait l’utilité de tout cela, si, à la fin de cette chaîne d’utilité ne brillait pas l’é
10305 uelle serait l’utilité de tout cela, si, à la fin de cette chaîne d’utilité ne brillait pas l’étoile glorieuse de l’inutil
10306 tilité de tout cela, si, à la fin de cette chaîne d’ utilité ne brillait pas l’étoile glorieuse de l’inutile ? Les hommes d
10307 aîne d’utilité ne brillait pas l’étoile glorieuse de l’inutile ? Les hommes demeurent esclaves aussi longtemps qu’ils se l
10308 sque leurs actes quotidiens et utiles s’inspirent d’ un esprit de haute inutilité qui donne à la vie son vrai sens, sa poés
10309 ctes quotidiens et utiles s’inspirent d’un esprit de haute inutilité qui donne à la vie son vrai sens, sa poésie, son côté
10310 eur éternelle.297 Et voilà pour la qualité, but d’ une culture, mais qu’en est-il de sa puissance ? Elle dépend, en Europ
10311 la qualité, but d’une culture, mais qu’en est-il de sa puissance ? Elle dépend, en Europe, d’un heureux équilibre de l’es
10312 is qu’en est-il de sa puissance ? Elle dépend, en Europe , d’un heureux équilibre de l’esprit et de la volonté : Lorsqu’on vie
10313 est-il de sa puissance ? Elle dépend, en Europe, d’ un heureux équilibre de l’esprit et de la volonté : Lorsqu’on vient d
10314  ? Elle dépend, en Europe, d’un heureux équilibre de l’esprit et de la volonté : Lorsqu’on vient de l’Ouest, on est encli
10315 en Europe, d’un heureux équilibre de l’esprit et de la volonté : Lorsqu’on vient de l’Ouest, on est enclin à considérer
10316 on vient de l’Ouest, on est enclin à considérer l’ Europe comme le pays des idées générales. Si l’on vient de l’Est, il semble
10317 ce sur la volonté, la caractéristique essentielle de l’Europe est un équilibre entre la volonté et l’esprit. C’est cet heu
10318 r la volonté, la caractéristique essentielle de l’ Europe est un équilibre entre la volonté et l’esprit. C’est cet heureux méla
10319 prit et la volonté, qui est probablement la cause de cette intuition que nous avons de l’unité des Européens. Tout cela es
10320 lement la cause de cette intuition que nous avons de l’unité des Européens. Tout cela est évidemment très relatif et très
10321 de cette intuition que nous avons de l’unité des Européens . Tout cela est évidemment très relatif et très ample et ne doit pas ê
10322 e et ne doit pas être compris comme si ce mélange d’ esprit et de volonté était un don dénié aux personnes nées dans tout a
10323 pas être compris comme si ce mélange d’esprit et de volonté était un don dénié aux personnes nées dans tout autre Contine
10324 caractérise les actions et les œuvres des hommes d’ Europe est précisément ce développement harmonieux de l’esprit et de l
10325 aractérise les actions et les œuvres des hommes d’ Europe est précisément ce développement harmonieux de l’esprit et de la volo
10326 urope est précisément ce développement harmonieux de l’esprit et de la volonté. L’esprit et la volonté sont les facultés l
10327 sément ce développement harmonieux de l’esprit et de la volonté. L’esprit et la volonté sont les facultés les plus individ
10328 olonté sont les facultés les plus individualisées de l’homme… Notre continent est sans conteste le plus individualiste de
10329 ontinent est sans conteste le plus individualiste de tous. En Asie, l’individu commence tout juste à compter ; en Amérique
10330 hommes faits au moule sont plus loin de l’esprit européen que de celui de n’importe quel autre continent. En Europe, l’individu
10331 au moule sont plus loin de l’esprit européen que de celui de n’importe quel autre continent. En Europe, l’individu est ro
10332 sont plus loin de l’esprit européen que de celui de n’importe quel autre continent. En Europe, l’individu est roi… Ceci e
10333 ue de celui de n’importe quel autre continent. En Europe , l’individu est roi… Ceci explique la qualité active de l’esprit euro
10334 individu est roi… Ceci explique la qualité active de l’esprit européen. Il ne se borne pas à observer l’objet, mais va dro
10335 roi… Ceci explique la qualité active de l’esprit européen . Il ne se borne pas à observer l’objet, mais va droit à lui et en pre
10336 et en prend possession — il s’en saisit. L’esprit de l’Européen est « acquisitif ». Pour lui, le savoir est un moyen de pr
10337 prend possession — il s’en saisit. L’esprit de l’ Européen est « acquisitif ». Pour lui, le savoir est un moyen de prendre posse
10338 « acquisitif ». Pour lui, le savoir est un moyen de prendre possession de la nature ; attitude qui s’insère entre celle d
10339 lui, le savoir est un moyen de prendre possession de la nature ; attitude qui s’insère entre celle de l’Américain pour qui
10340 de la nature ; attitude qui s’insère entre celle de l’Américain pour qui le savoir est un outil pour l’action, et celle d
10341 ui le savoir est un outil pour l’action, et celle de l’Hindou, pour qui il est un moyen pour se libérer de lui-même. C’est
10342 ’Hindou, pour qui il est un moyen pour se libérer de lui-même. C’est donc peut-être en Europe que l’esprit et la volonté s
10343 r se libérer de lui-même. C’est donc peut-être en Europe que l’esprit et la volonté sont le plus intimement liés, à un tel deg
10344 à un tel degré qu’ils sont même inséparables l’un de l’autre. Ceci détermine le rythme particulier de toute la vie europée
10345 de l’autre. Ceci détermine le rythme particulier de toute la vie européenne, dans laquelle la volonté l’emportant sur l’e
10346 i détermine le rythme particulier de toute la vie européenne , dans laquelle la volonté l’emportant sur l’esprit, va droit au but a
10347 ’emportant sur l’esprit, va droit au but au cours d’ une première phase opiniâtre, délibérée et ultraindividualiste, suivie
10348 iniâtre, délibérée et ultraindividualiste, suivie d’ une seconde phase où l’esprit l’emportant sur la volonté, essaie de me
10349 se où l’esprit l’emportant sur la volonté, essaie de mettre de l’ordre dans ce chaos initial ; tandis qu’enfin une troisiè
10350 prit l’emportant sur la volonté, essaie de mettre de l’ordre dans ce chaos initial ; tandis qu’enfin une troisième phase,
10351 rythme à trois temps est caractéristique du genre de vie européen, dans le domaine scientifique aussi bien que politique,
10352 à trois temps est caractéristique du genre de vie européen , dans le domaine scientifique aussi bien que politique, dans celui de
10353 scientifique aussi bien que politique, dans celui de l’évolution juridique comme dans celui de l’expansion mondiale.298
10354 s celui de l’évolution juridique comme dans celui de l’expansion mondiale.298 « Pour construire le schéma de ce qui appa
10355 ansion mondiale.298 « Pour construire le schéma de ce qui appartient en propre à l’Europe », Karl Jaspers a choisi trois
10356 uire le schéma de ce qui appartient en propre à l’ Europe  », Karl Jaspers a choisi trois mots : liberté, histoire, science. Sur
10357 liberté et l’histoire, il nous dit quelque chose de neuf : c’est que l’une ne serait pas concevable sans l’autre : Le co
10358 serait pas concevable sans l’autre : Le contenu de la liberté se révèle par deux phénomènes européens fondamentaux. Ce s
10359 ntenu de la liberté se révèle par deux phénomènes européens fondamentaux. Ce sont : La vie tendue entre deux pôles opposés. La vi
10360 la vie tendue entre deux pôles : Pour toute prise de position, l’Europe a elle-même développé la position inverse. Elle ne
10361 ntre deux pôles : Pour toute prise de position, l’ Europe a elle-même développé la position inverse. Elle ne possède peut-être
10362 ne possède peut-être en propre que cette capacité d’ être toute chose. C’est ce qui la rend apte non seulement à concevoir
10363 encore à se l’assimiler et à en faire un élément de sa propre essence. L’Europe connaît la majesté des vastes structures
10364 et à en faire un élément de sa propre essence. L’ Europe connaît la majesté des vastes structures ordonnées, et l’inquiétude d
10365 dans la négation nihiliste. Elle favorise l’idée d’ autorité, dans sa portée chrétienne et universelle, comme aussi celle
10366 rtée chrétienne et universelle, comme aussi celle de libre recherche. Elle édifie les grands systèmes de la philosophie, e
10367 libre recherche. Elle édifie les grands systèmes de la philosophie, et elle les laisse abattre par des prophètes proclama
10368 proclamant la vérité. Elle vit avec la conscience de la totalité politique, et en même temps, de ce qu’il y a de plus inti
10369 ience de la totalité politique, et en même temps, de ce qu’il y a de plus intime dans le domaine personnel et privé. Cette
10370 et privé. Cette réalité foncièrement dialectique de l’Europe s’enracine dans ses traditions les plus reculées : la Bible,
10371 rivé. Cette réalité foncièrement dialectique de l’ Europe s’enracine dans ses traditions les plus reculées : la Bible, ce fonde
10372 itions les plus reculées : la Bible, ce fondement de la vie européenne, cache déjà en elle, d’une façon unique, la tension
10373 plus reculées : la Bible, ce fondement de la vie européenne , cache déjà en elle, d’une façon unique, la tension entre les pôles.
10374 ndement de la vie européenne, cache déjà en elle, d’ une façon unique, la tension entre les pôles. Elle est le livre sacré
10375 permit à toutes les possibilités contradictoires de s’épanouir avec sa bénédiction. Puis on trouve à la base de l’Europe
10376 uir avec sa bénédiction. Puis on trouve à la base de l’Europe la grande antithèse de l’antiquité et du christianisme ; tou
10377 vec sa bénédiction. Puis on trouve à la base de l’ Europe la grande antithèse de l’antiquité et du christianisme ; tous deux se
10378 trouve à la base de l’Europe la grande antithèse de l’antiquité et du christianisme ; tous deux se combattent et s’unisse
10379 ttent et s’unissent jusqu’aujourd’hui. Elles sont européennes aussi, les oppositions fécondes de l’Église et de l’État, des nations
10380 sont européennes aussi, les oppositions fécondes de l’Église et de l’État, des nations et de l’Empire, des nations romane
10381 es aussi, les oppositions fécondes de l’Église et de l’État, des nations et de l’Empire, des nations romanes et germanique
10382 fécondes de l’Église et de l’État, des nations et de l’Empire, des nations romanes et germaniques, du catholicisme et du p
10383 ermaniques, du catholicisme et du protestantisme, de la théologie et de la philosophie, — aujourd’hui de la Russie et de l
10384 olicisme et du protestantisme, de la théologie et de la philosophie, — aujourd’hui de la Russie et de l’Amérique. L’Europe
10385 la théologie et de la philosophie, — aujourd’hui de la Russie et de l’Amérique. L’Europe lie ce qu’en même temps elle opp
10386 de la philosophie, — aujourd’hui de la Russie et de l’Amérique. L’Europe lie ce qu’en même temps elle oppose à l’extrême 
10387 e, — aujourd’hui de la Russie et de l’Amérique. L’ Europe lie ce qu’en même temps elle oppose à l’extrême : monde et transcenda
10388 ience et foi, technique matérielle et religion. L’ Europe devient infidèle à sa liberté lorsqu’elle perd ces antagonismes et s’
10389 aise, soit en s’installant dans un ordre oublieux de ses limites, soit en se portant à des extrémités qui excluent tout or
10390 lors pour être le tout. Par contre, on retrouve l’ Europe lorsqu’elle est ouverte, libre dans la tension des contraires, lorsqu
10391 de ses possibilités et qu’à travers le changement de situations, puisant à sa source, elle déploie sans cesse à nouveau, i
10392 ne sommes jamais sûrs du vrai dans sa totalité et de façon définitive. Notre liberté reste relative à autre chose, elle n’
10393 sui. Si elle l’était, l’homme serait Dieu. Ici l’ Européen se tient à sa limite extrême. Subjectivement, comme individu, il a l’
10394 Subjectivement, comme individu, il a l’expérience de l’origine de son être : je ne suis pas libre par moi-même ; quand je
10395 t, comme individu, il a l’expérience de l’origine de son être : je ne suis pas libre par moi-même ; quand je me sais vraim
10396 nigmatique qui correspond à l’expérience possible d’ être pour soi-même un don. L’existence que nous pouvons être n’est rée
10397 qui nous fait être. Lorsque l’existence s’assure d’ elle-même, elle s’assure du même coup de la transcendance. Mais object
10398 s’assure d’elle-même, elle s’assure du même coup de la transcendance. Mais objectivement, on peut dire de la liberté ce q
10399 a transcendance. Mais objectivement, on peut dire de la liberté ce qui suit : la liberté a besoin de la liberté de tous le
10400 e de la liberté ce qui suit : la liberté a besoin de la liberté de tous les autres ; c’est pourquoi la liberté politique n
10401 é ce qui suit : la liberté a besoin de la liberté de tous les autres ; c’est pourquoi la liberté politique ne saurait se r
10402 té politique ne saurait se réaliser sous la forme d’ une stabilité sûre des institutions. La liberté a besoin de l’achèveme
10403 bilité sûre des institutions. La liberté a besoin de l’achèvement du vrai ; mais la vérité est multiple et, sous toutes se
10404 uvement ; la connaissance scientifique échoue sur d’ insurmontables antinomies et reste limitée au fini, aux apparences. To
10405 é à l’échec. Mais l’échec lui-même, pris dans une de ces tensions entre pôles opposés propres à l’Europe, y est devenu sym
10406 e de ces tensions entre pôles opposés propres à l’ Europe , y est devenu symbole : la conscience tragique, telle qu’elle exista
10407 qu’elle exista en Grèce, connaît la signification de l’échec même et le désir de l’échec authentique ; et la croix chrétie
10408 naît la signification de l’échec même et le désir de l’échec authentique ; et la croix chrétienne, qui permet de vaincre l
10409 authentique ; et la croix chrétienne, qui permet de vaincre la conscience tragique ou de l’éviter dès le début, donne sa
10410 , qui permet de vaincre la conscience tragique ou de l’éviter dès le début, donne sa signification à la vie dans une récon
10411 dans une réconciliation transcendante. La liberté de l’Européen tend aux limites extrêmes, elle cherche la profondeur des
10412 une réconciliation transcendante. La liberté de l’ Européen tend aux limites extrêmes, elle cherche la profondeur des déchirures.
10413 mes, elle cherche la profondeur des déchirures. L’ Européen va à travers le désespoir vers une confiance ressuscitée, à travers l
10414 citée, à travers le nihilisme vers une conscience de soi fondée ; il vit dans l’angoisse qui est l’aiguillon de sa bonne f
10415 ndée ; il vit dans l’angoisse qui est l’aiguillon de sa bonne foi. Dans la liberté s’enracinent deux autres phénomènes eur
10416 ns la liberté s’enracinent deux autres phénomènes européens  : la conscience de l’histoire et la volonté de science. Ce n’est qu’e
10417 deux autres phénomènes européens : la conscience de l’histoire et la volonté de science. Ce n’est qu’en Occident que même
10418 péens : la conscience de l’histoire et la volonté de science. Ce n’est qu’en Occident que même dans la conscience individu
10419 res. Liberté sociale, liberté religieuse, liberté de la personnalité se conditionnent l’une l’autre. Mais comme la liberté
10420 ne, l’histoire est indispensable pour la conquête de la liberté. Ainsi le besoin de liberté produit l’histoire. Notre hist
10421 e pour la conquête de la liberté. Ainsi le besoin de liberté produit l’histoire. Notre histoire n’est pas faite de simple
10422 roduit l’histoire. Notre histoire n’est pas faite de simple changement, de la chute et du rétablissement d’une idée éterne
10423 re histoire n’est pas faite de simple changement, de la chute et du rétablissement d’une idée éternelle ; elle ne raconte
10424 mple changement, de la chute et du rétablissement d’ une idée éternelle ; elle ne raconte pas comment se réalise une situat
10425 e ne raconte pas comment se réalise une situation d’ ensemble conçue comme définitive, mais une succession significative de
10426 mme définitive, mais une succession significative de faits dérivant les uns des autres, succession qui devient consciente
10427 uns des autres, succession qui devient consciente d’ elle-même en tant que lutte pour la liberté. L’histoire, dans ce sens,
10428 . L’histoire, dans ce sens, existe en tout cas en Europe , même si la masse des événements s’y présente, comme partout dans le
10429 sente, comme partout dans le monde, sous l’aspect d’ un effort pour faire passer de force le malheur d’une forme dans une a
10430 onde, sous l’aspect d’un effort pour faire passer de force le malheur d’une forme dans une autre. La douleur devient le be
10431 d’un effort pour faire passer de force le malheur d’ une forme dans une autre. La douleur devient le berceau de l’homme qui
10432 rme dans une autre. La douleur devient le berceau de l’homme qui veut l’histoire. Seul l’homme qui s’expose intérieurement
10433 pas aveuglément détruire, s’il ne se contente pas d’ attendre « que ce soit passé » pour vivre ensuite comme si rien ne s’é
10434 ète. … C’est en Occident seulement que l’exigence de la liberté a mené l’histoire en tant que recherche de la liberté poli
10435 a liberté a mené l’histoire en tant que recherche de la liberté politique.299 Quant à la science, nous l’avons vu, Jaspe
10436 ns vu, Jaspers lui donne pour origines le respect de la vérité et le sens critique « impitoyable », valeurs chrétiennes. O
10437 ce sont les valeurs prométhéennes cultivées par l’ Europe moderne qui ont frappé le reste du Monde. C’est le défi aux ordres sa
10438 st le défi aux ordres sacrés, plus que le respect de la création divine ou le désir de servir l’homme en le libérant de la
10439 que le respect de la création divine ou le désir de servir l’homme en le libérant de la Nature, qui semble, aux yeux de l
10440 vine ou le désir de servir l’homme en le libérant de la Nature, qui semble, aux yeux de l’Asie traditionnelle, avoir produ
10441 it notre technique. On peut juger qu’il s’agit là d’ une illusion, mais elle s’explique : elle était même inévitable. Il y
10442 que : elle était même inévitable. Il y a, au cœur de la civilisation européenne, un refus du destin qui paraît un défi à c
10443 me inévitable. Il y a, au cœur de la civilisation européenne , un refus du destin qui paraît un défi à ceux qui ont confondu leur d
10444 pés. Il y a des sociétés qui, à travers les aléas de leur histoire, ont cherché à perpétuer un statu quo, sans tenter des
10445 millénaire reposant sur l’ordre du monde, modèle de l’ordre social, offrit pendant des siècles l’image d’un semblable imm
10446 ’ordre social, offrit pendant des siècles l’image d’ un semblable immobilisme. Il y a des civilisations caractérisées par u
10447 sion mystique fondée sur le détachement des biens de ce monde, l’illusion de l’individualité, l’effort pour échapper par l
10448 le détachement des biens de ce monde, l’illusion de l’individualité, l’effort pour échapper par le nirvana à la roue des
10449 s le grand Tout : telles furent les civilisations de l’Inde. Ce qui caractérise la civilisation occidentale, c’est qu’elle
10450 menaçaient. Elle les a relevés et s’est efforcée de les surmonter.300 Et pourtant, la technique européenne n’est pas né
10451 de les surmonter.300 Et pourtant, la technique européenne n’est pas née d’un élan prométhéen. Après tout, Prométhée est un myth
10452 t pourtant, la technique européenne n’est pas née d’ un élan prométhéen. Après tout, Prométhée est un mythe grec, et ce n’e
10453 ous vient la technique. Platon : Entre l’exercice d’ une profession mécanique et le devoir des citoyens, il y a incompatibi
10454 ravail manuel : Jésus charpentier, Paul fabricant de tentes, « confréries de liberté », guildes et corporations du Moyen Â
10455 arpentier, Paul fabricant de tentes, « confréries de liberté », guildes et corporations du Moyen Âge, cathédrales… Et voic
10456 n’est plus considérée comme une pure spéculation de l’esprit, à la façon des Anciens, ni comme un simple divertissement d
10457 on des Anciens, ni comme un simple divertissement d’ homme de loisir ainsi qu’elle le sera pour les mondains. On lui demand
10458 nciens, ni comme un simple divertissement d’homme de loisir ainsi qu’elle le sera pour les mondains. On lui demande d’être
10459 qu’elle le sera pour les mondains. On lui demande d’ être utile et pratique, de promouvoir les arts mécaniques, en vue de s
10460 ondains. On lui demande d’être utile et pratique, de promouvoir les arts mécaniques, en vue de soulager la peine des homme
10461 niques, en vue de soulager la peine des hommes et d’ améliorer leur condition. Les grands savants de la Renaissance, Léonar
10462 et d’améliorer leur condition. Les grands savants de la Renaissance, Léonard de Vinci, Tartaglia, Agricola, Galilée sont d
10463 s Discours admirables. Leone Alberti fait l’éloge de la Technique qui transforme, pour notre commodité, le visage de la te
10464 e qui transforme, pour notre commodité, le visage de la terre. Jérôme Cardan, au grand scandale d’un humaniste tel que Sca
10465 age de la terre. Jérôme Cardan, au grand scandale d’ un humaniste tel que Scaliger, classe Archimède, en raison de ses inve
10466 ison de ses inventions mécaniques, bien au-dessus d’ Aristote, dont le chancelier Bacon souhaiterait voir brûler tous les l
10467 les livres, « parce que Aristote a été incapable de produire des œuvres qui servissent au bien-être de l’homme ». « Ce n’
10468 e produire des œuvres qui servissent au bien-être de l’homme ». « Ce n’est proprement valoir rien que de n’être utile à pe
10469 l’homme ». « Ce n’est proprement valoir rien que de n’être utile à personne », proclame Descartes. À « cette philosophie
10470 ive qu’on enseigne dans les écoles », le Discours de la Méthode oppose « une pratique, par laquelle, connaissant la force
10471 aquelle, connaissant la force et l’action du feu, de l’eau, de l’air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qu
10472 onnaissant la force et l’action du feu, de l’eau, de l’air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous env
10473 feu, de l’eau, de l’air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que n
10474 inctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les us
10475 et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature ». C’est l’idée du Chancelier Bacon : on commande à la natu
10476 nature en obéissant à ses lois. Il ne suffit plus de connaître le monde ; il convient de le changer.301 On a reconnu dan
10477 e suffit plus de connaître le monde ; il convient de le changer.301 On a reconnu dans cette dernière phrase la « Deuxièm
10478 rnière phrase la « Deuxième thèse sur Feuerbach » de Karl Marx. Or le marxisme est postérieur au grand essor de la techniq
10479 arx. Or le marxisme est postérieur au grand essor de la technique européenne, et ne lui a rien apporté. En revanche, on co
10480 sme est postérieur au grand essor de la technique européenne , et ne lui a rien apporté. En revanche, on connaît aujourd’hui le rôl
10481 stes et par les héritiers mystiques du vieux rêve de l’alchimie : parfaire la Création de Dieu et coopérer à sa rédemption
10482 u vieux rêve de l’alchimie : parfaire la Création de Dieu et coopérer à sa rédemption. Mais d’où viennent encore un coup c
10483 réation de Dieu et coopérer à sa rédemption. Mais d’ où viennent encore un coup ces passions pratiquement conjuguées de la
10484 core un coup ces passions pratiquement conjuguées de la liberté, de la technique, et du défi aux ordres consacrés par l’us
10485 s passions pratiquement conjuguées de la liberté, de la technique, et du défi aux ordres consacrés par l’usage, non par la
10486 iscours prononcé à Lausanne lors de la Conférence européenne de la culture (1949), Carlo Schmid ramène toutes nos valeurs à ce ref
10487 noncé à Lausanne lors de la Conférence européenne de la culture (1949), Carlo Schmid ramène toutes nos valeurs à ce refus
10488 mid ramène toutes nos valeurs à ce refus créateur de l’Europe : le refus de la fatalité : Mais qu’est-ce donc ce qui cara
10489 amène toutes nos valeurs à ce refus créateur de l’ Europe  : le refus de la fatalité : Mais qu’est-ce donc ce qui caractérise l
10490 aleurs à ce refus créateur de l’Europe : le refus de la fatalité : Mais qu’est-ce donc ce qui caractérise l’Europe ? Quel
10491 alité : Mais qu’est-ce donc ce qui caractérise l’ Europe  ? Quelle question, quelle complexité de réponses possibles ! Et cepen
10492 ise l’Europe ? Quelle question, quelle complexité de réponses possibles ! Et cependant il existe certaines données qui nou
10493 t il existe certaines données qui nous permettent de pressentir de quel côté à peu près nous devrions chercher pour distin
10494 rtaines données qui nous permettent de pressentir de quel côté à peu près nous devrions chercher pour distinguer, ne fût-c
10495 hercher pour distinguer, ne fût-ce que les ombres de cette réalité que l’esclavage de Platon, enchaîné dans la Grotte, voi
10496 e que les ombres de cette réalité que l’esclavage de Platon, enchaîné dans la Grotte, voit remuer sur les parois. Il me se
10497 voir Prométhée qui, ayant formé l’homme du limon de la terre, déroba le feu du ciel pour animer sa créature et qui, par c
10498 fatalité. En effet, lutter contre tout ce qui n’a d’ autre dignité que celle qu’accorde la matérialité, se refuser à n’être
10499 ’accorde la matérialité, se refuser à n’être rien d’ autre qu’un élément passif et déterminé de l’ordre de la Création — ce
10500 re rien d’autre qu’un élément passif et déterminé de l’ordre de la Création — ceci me semble la vertu primordiale qui a fa
10501 utre qu’un élément passif et déterminé de l’ordre de la Création — ceci me semble la vertu primordiale qui a fait d’une pr
10502 — ceci me semble la vertu primordiale qui a fait d’ une presqu’île de l’Asie, l’Europe. Dante, l’Européen, le fait dire à
10503 la vertu primordiale qui a fait d’une presqu’île de l’Asie, l’Europe. Dante, l’Européen, le fait dire à Ulysse qui voulai
10504 mordiale qui a fait d’une presqu’île de l’Asie, l’ Europe . Dante, l’Européen, le fait dire à Ulysse qui voulait divenir del mon
10505 it d’une presqu’île de l’Asie, l’Europe. Dante, l’ Européen , le fait dire à Ulysse qui voulait divenir del mondo esperto malgré l
10506 ir del mondo esperto malgré l’interdiction sévère de dépasser le détroit de Gibraltar : O frati… Considerate la vostra se
10507 lgré l’interdiction sévère de dépasser le détroit de Gibraltar : O frati… Considerate la vostra semenza : fatti non foste
10508 conoscenza. Ceci est-il autre chose que le refus d’ être rien d’autre qu’une particule de la nature, une créature acceptan
10509 Ceci est-il autre chose que le refus d’être rien d’ autre qu’une particule de la nature, une créature acceptant le Paradis
10510 que le refus d’être rien d’autre qu’une particule de la nature, une créature acceptant le Paradis de la Fatalité ? Et cet
10511 e de la nature, une créature acceptant le Paradis de la Fatalité ? Et cet Ulysse du Dante, n’est-il pas le frère de Promét
10512 ateur, et non pas en vertu d’une délégation, mais de son plein droit ? De ceci, comme du besoin de subir sciemment le poid
10513 vertu d’une délégation, mais de son plein droit ? De ceci, comme du besoin de subir sciemment le poids de l’Histoire pour,
10514 ais de son plein droit ? De ceci, comme du besoin de subir sciemment le poids de l’Histoire pour, à chaque moment, secouer
10515 ceci, comme du besoin de subir sciemment le poids de l’Histoire pour, à chaque moment, secouer le joug du passé qu’elle a
10516 moment, secouer le joug du passé qu’elle a créé, de ce besoin de baser ses actions sur un perpétuel présent que, malgré s
10517 uer le joug du passé qu’elle a créé, de ce besoin de baser ses actions sur un perpétuel présent que, malgré sa connaissanc
10518 un perpétuel présent que, malgré sa connaissance de la relation des causes et des effets, il veut toujours charger de spo
10519 es causes et des effets, il veut toujours charger de spontanéité, l’homme d’Europe a tiré son bonheur et presque tous ses
10520 il veut toujours charger de spontanéité, l’homme d’ Europe a tiré son bonheur et presque tous ses malheurs. Dans les momen
10521 l veut toujours charger de spontanéité, l’homme d’ Europe a tiré son bonheur et presque tous ses malheurs. Dans les moments for
10522 sque tous ses malheurs. Dans les moments fortunés de son histoire, il sut user de la mesure. Nous appelons ces moments heu
10523 les moments fortunés de son histoire, il sut user de la mesure. Nous appelons ces moments heureux les époques classiques.
10524 ureux les époques classiques. Prométhée est aussi d’ une façon mystérieuse Antée, fils de Neptune et de la Terre, qui pour
10525 hée est aussi d’une façon mystérieuse Antée, fils de Neptune et de la Terre, qui pour se régénérer et redoubler ses forces
10526 d’une façon mystérieuse Antée, fils de Neptune et de la Terre, qui pour se régénérer et redoubler ses forces recherche la
10527 rces recherche la Terre, la Nature — mais l’Homme d’ Europe ne s’abandonne pas à la Nature : il ne l’accepte dans tout son
10528 es recherche la Terre, la Nature — mais l’Homme d’ Europe ne s’abandonne pas à la Nature : il ne l’accepte dans tout son pouvoi
10529 ée et dénombrée, et là, il n’y a pas en substance de différence entre Thalès et Anaxagore, la « decompositio » et « recomp
10530 naxagore, la « decompositio » et « recompositio » de Descartes et la nature « reproduite » au sens littéral du mot par Cla
10531 ues et qui pourtant ne font que recomposer la vie de l’âme humaine décomposée par l’esprit humain. (D’ailleurs, les romant
10532 ntiques ont-ils fait autrement ?) Parallèlement l’ Européen , en isolant la conscience humaine de ses rapports avec ce qui est en
10533 ment l’Européen, en isolant la conscience humaine de ses rapports avec ce qui est en dehors du Moi, a permis à l’homme, no
10534 is à l’homme, noyé dans la collectivité et le jeu de ses contingences, de devenir un individu. Or la dignité de l’individu
10535 ns la collectivité et le jeu de ses contingences, de devenir un individu. Or la dignité de l’individu consiste justement e
10536 ntingences, de devenir un individu. Or la dignité de l’individu consiste justement en ce qu’il n’est plus permis à l’homme
10537 justement en ce qu’il n’est plus permis à l’homme de justifier ses actes par ce qui n’est que nature, histoire, société. I
10538 société. Il doit se justifier devant le tribunal de sa conscience et de la raison (qui, partout où elle se réfère à l’évi
10539 justifier devant le tribunal de sa conscience et de la raison (qui, partout où elle se réfère à l’évidence, n’est autre c
10540 ndons à la société qu’elle respecte les décisions de notre conscience à nous, nous sommes obligés de respecter la dignité
10541 s de notre conscience à nous, nous sommes obligés de respecter la dignité de la conscience de tout autre être humain. Voic
10542 nous, nous sommes obligés de respecter la dignité de la conscience de tout autre être humain. Voici l’une des raisons qui
10543 obligés de respecter la dignité de la conscience de tout autre être humain. Voici l’une des raisons qui nous ont contrain
10544 aie en elle-même et pour elle-même et non du fait d’ être approuvées par les doctrines de la tradition ou par l’âme collect
10545 t non du fait d’être approuvées par les doctrines de la tradition ou par l’âme collective. C’est ici que l’essor miraculeu
10546 ’âme collective. C’est ici que l’essor miraculeux de la pensée et de la science européennes — toutes les deux sorties du L
10547 C’est ici que l’essor miraculeux de la pensée et de la science européennes — toutes les deux sorties du Logos geomotretos
10548 l’essor miraculeux de la pensée et de la science européennes — toutes les deux sorties du Logos geomotretos de Platon — plonge l’u
10549 es — toutes les deux sorties du Logos geomotretos de Platon — plonge l’une de ses racines les plus profondes. Et nous auri
10550 ies du Logos geomotretos de Platon — plonge l’une de ses racines les plus profondes. Et nous aurions passé sous silence un
10551 ons passé sous silence une des plus pures gloires de l’Europe si, dans cet ordre d’idées, nous avions oublié de nommer la
10552 assé sous silence une des plus pures gloires de l’ Europe si, dans cet ordre d’idées, nous avions oublié de nommer la musique.
10553 plus pures gloires de l’Europe si, dans cet ordre d’ idées, nous avions oublié de nommer la musique. N’oublions pas non plu
10554 pe si, dans cet ordre d’idées, nous avions oublié de nommer la musique. N’oublions pas non plus que c’est bien l’homme d’E
10555 e. N’oublions pas non plus que c’est bien l’homme d’ Europe qui n’a pas voulu que l’existence matérielle et politique de l’
10556 N’oublions pas non plus que c’est bien l’homme d’ Europe qui n’a pas voulu que l’existence matérielle et politique de l’homme
10557 pas voulu que l’existence matérielle et politique de l’homme ne soit que fonction des circonstances, et que c’est lui qui,
10558 rs marché droit sur tout ce qui entrave la marche de l’homme vers un avenir de plus en plus riche en liberté spirituelle,
10559 nt qui a fait germer partout sur terre la volonté de ne pas accepter la tyrannie des circonstances et du passé, la volonté
10560 yrannie des circonstances et du passé, la volonté de modifier les facteurs décisifs de notre existence temporelle jusque d
10561 ssé, la volonté de modifier les facteurs décisifs de notre existence temporelle jusque dans leur substance, afin de permet
10562 dans leur substance, afin de permettre à l’homme de sortir de l’aliénation dans laquelle la brutalité d’un mécanisme écon
10563 substance, afin de permettre à l’homme de sortir de l’aliénation dans laquelle la brutalité d’un mécanisme économique et
10564 sortir de l’aliénation dans laquelle la brutalité d’ un mécanisme économique et social a fait sombrer sa liberté de dispose
10565 me économique et social a fait sombrer sa liberté de disposer de lui-même. C’est en Europe que l’homme a refusé de tenir p
10566 e et social a fait sombrer sa liberté de disposer de lui-même. C’est en Europe que l’homme a refusé de tenir pour une loi
10567 brer sa liberté de disposer de lui-même. C’est en Europe que l’homme a refusé de tenir pour une loi fatale la stabilité de l’o
10568 de lui-même. C’est en Europe que l’homme a refusé de tenir pour une loi fatale la stabilité de l’ordre social, et c’est ic
10569 refusé de tenir pour une loi fatale la stabilité de l’ordre social, et c’est ici qu’à chaque époque, le tiers État de l’é
10570 l, et c’est ici qu’à chaque époque, le tiers État de l’époque a élevé les barricades de la liberté, de l’égalité et de la
10571 le tiers État de l’époque a élevé les barricades de la liberté, de l’égalité et de la justice. Néanmoins, cette liberté,
10572 de l’époque a élevé les barricades de la liberté, de l’égalité et de la justice. Néanmoins, cette liberté, cette égalité,
10573 evé les barricades de la liberté, de l’égalité et de la justice. Néanmoins, cette liberté, cette égalité, cette justice se
10574 tte justice se sont toujours réclamées des vertus de l’origine. En somme, ce que les peuples et les classes ont recherché
10575 et les classes ont recherché dans les révolutions européennes , ce n’était ni l’utopie ni l’abstrait. Ils ont toujours recherché — c
10576 us reconnaissons chez Socrate, dans la république de Cicéron, dans le agi et pati fortia de Tite Live, dans le pax et just
10577 république de Cicéron, dans le agi et pati fortia de Tite Live, dans le pax et justicia de saint Augustin, et dans la « De
10578 pati fortia de Tite Live, dans le pax et justicia de saint Augustin, et dans la « Declaration of Rights » de l’État de Vir
10579 nt Augustin, et dans la « Declaration of Rights » de l’État de Virginie — don précieux par lequel le Nouveau Monde a rendu
10580 précieux par lequel le Nouveau Monde a rendu à l’ Europe ce qu’elle avait pu lui prêter. Trois ans avant la conférence de Lau
10581 ait pu lui prêter. Trois ans avant la conférence de Lausanne, les premières Rencontres internationales de Genève (septemb
10582 ausanne, les premières Rencontres internationales de Genève (septembre 1946), avaient posé d’une manière mémorable, devant
10583 tionales de Genève (septembre 1946), avaient posé d’ une manière mémorable, devant le grand public intellectuel du continen
10584 and public intellectuel du continent, le problème de « l’Esprit européen » dans le monde bouleversé de l’après-guerre. On
10585 ellectuel du continent, le problème de « l’Esprit européen  » dans le monde bouleversé de l’après-guerre. On a pu lire plus haut
10586 de « l’Esprit européen » dans le monde bouleversé de l’après-guerre. On a pu lire plus haut des extraits de discours prono
10587 après-guerre. On a pu lire plus haut des extraits de discours prononcés à cette occasion par Julien Benda et par Karl Jasp
10588 : ils s’attachaient à définir la conscience que l’ Europe prend d’elle-même et les valeurs de sa culture. Quant à Denis de Roug
10589 haient à définir la conscience que l’Europe prend d’ elle-même et les valeurs de sa culture. Quant à Denis de Rougemont, il
10590 nce que l’Europe prend d’elle-même et les valeurs de sa culture. Quant à Denis de Rougemont, il tentait d’évaluer les chan
10591 a culture. Quant à Denis de Rougemont, il tentait d’ évaluer les chances du génie spécifique de l’Europe, on le comparant a
10592 tentait d’évaluer les chances du génie spécifique de l’Europe, on le comparant avec les idéaux des grands empires mondiaux
10593 it d’évaluer les chances du génie spécifique de l’ Europe , on le comparant avec les idéaux des grands empires mondiaux à l’Est
10594 et la foi au progrès… Avant cette guerre, le nom d’ Europe évoquait un foyer intense dont le rayonnement s’élargissait sur
10595 t la foi au progrès… Avant cette guerre, le nom d’ Europe évoquait un foyer intense dont le rayonnement s’élargissait sur tous
10596 t s’élargissait sur tous les autres continents. L’ Europe nous semblait donc plus grande qu’elle n’était. D’où l’effet de choc
10597 e nous semblait donc plus grande qu’elle n’était. D’ où l’effet de choc que produisit dans nos esprits, au lendemain de l’a
10598 it donc plus grande qu’elle n’était. D’où l’effet de choc que produisit dans nos esprits, au lendemain de l’autre guerre,
10599 choc que produisit dans nos esprits, au lendemain de l’autre guerre, la phrase fameuse de Valéry sur l’Europe « petit cap
10600 au lendemain de l’autre guerre, la phrase fameuse de Valéry sur l’Europe « petit cap de l’Asie ». Aujourd’hui l’Europe vue
10601 l’autre guerre, la phrase fameuse de Valéry sur l’ Europe « petit cap de l’Asie ». Aujourd’hui l’Europe vue d’Amérique, et j’im
10602 r l’Europe « petit cap de l’Asie ». Aujourd’hui l’ Europe vue d’Amérique, et j’imagine aussi vue de Russie, paraît plus petite
10603 « petit cap de l’Asie ». Aujourd’hui l’Europe vue d’ Amérique, et j’imagine aussi vue de Russie, paraît plus petite que nat
10604 i l’Europe vue d’Amérique, et j’imagine aussi vue de Russie, paraît plus petite que nature : physiquement resserrée entre
10605 s dont les ombres immenses s’affrontent au-dessus d’ elle, rongée et ruinée sur ses bords, moralement refermée sur elle-mêm
10606 efermée sur elle-même. Il y a plus. Nous voyons l’ Europe comme vidée, au profit de ces deux empires, de certaines ambitions, d
10607 plus. Nous voyons l’Europe comme vidée, au profit de ces deux empires, de certaines ambitions, de certains rêves et de cer
10608 urope comme vidée, au profit de ces deux empires, de certaines ambitions, de certains rêves et de certaines croyances appa
10609 ofit de ces deux empires, de certaines ambitions, de certains rêves et de certaines croyances apparus sur son sol, et qui
10610 res, de certaines ambitions, de certains rêves et de certaines croyances apparus sur son sol, et qui semblaient parfois dé
10611 rêve du progrès par exemple semble avoir évacué l’ Europe pour émigrer vers l’Amérique et la Russie… L’Europe a dominé le monde
10612 rope pour émigrer vers l’Amérique et la Russie… L’ Europe a dominé le monde pendant des siècles par sa culture d’abord, dès le
10613 des grandes découvertes, par ses armes et son art de la guerre mis au service tantôt de la rapacité de telle nation ou de
10614 mes et son art de la guerre mis au service tantôt de la rapacité de telle nation ou de tel prince, tantôt d’idéaux contagi
10615 de la guerre mis au service tantôt de la rapacité de telle nation ou de tel prince, tantôt d’idéaux contagieux ; enfin par
10616 service tantôt de la rapacité de telle nation ou de tel prince, tantôt d’idéaux contagieux ; enfin par ses machines et pa
10617 rapacité de telle nation ou de tel prince, tantôt d’ idéaux contagieux ; enfin par ses machines et par ses capitaux. Mais v
10618 armes, le grand commerce et jusqu’à la curiosité de la planète ! Tout cela dans l’espace de trente ans, et sans retour po
10619 curiosité de la planète ! Tout cela dans l’espace de trente ans, et sans retour possible, à vues humaines. Que nous reste-
10620 -t-il donc en propre ? Un monopole unique : celui de la culture au sens le plus large du terme, c’est-à-dire : une mesure
10621 le plus large du terme, c’est-à-dire : une mesure de l’homme, un principe de critique permanente, un certain équilibre hum
10622 c’est-à-dire : une mesure de l’homme, un principe de critique permanente, un certain équilibre humain résultant de tension
10623 permanente, un certain équilibre humain résultant de tensions innombrables. Cela, on nous le laisse encore, et à vrai dire
10624 c’est aussi le plus difficile à maintenir en état d’ efficacité. À l’origine de la religion, de la culture et de la morale
10625 ile à maintenir en état d’efficacité. À l’origine de la religion, de la culture et de la morale européennes, il y a l’idée
10626 en état d’efficacité. À l’origine de la religion, de la culture et de la morale européennes, il y a l’idée de la contradic
10627 ité. À l’origine de la religion, de la culture et de la morale européennes, il y a l’idée de la contradiction, du déchirem
10628 ine de la religion, de la culture et de la morale européennes , il y a l’idée de la contradiction, du déchirement fécond, du conflit
10629 ulture et de la morale européennes, il y a l’idée de la contradiction, du déchirement fécond, du conflit créateur. Il y a
10630 ment fécond, du conflit créateur. Il y a ce signe de contradiction par excellence qui est la croix. Au contraire, à l’orig
10631 ’origine des deux empires nouveaux, il y a l’idée de l’unification de l’homme lui-même, de l’élimination des antithèses, e
10632 empires nouveaux, il y a l’idée de l’unification de l’homme lui-même, de l’élimination des antithèses, et du triomphe de
10633 y a l’idée de l’unification de l’homme lui-même, de l’élimination des antithèses, et du triomphe de l’organisation bien h
10634 , de l’élimination des antithèses, et du triomphe de l’organisation bien huilée, sans histoire, et sans drame. Il s’ensuit
10635 histoire, et sans drame. Il s’ensuit que le héros européen sera l’homme qui atteint, dramatiquement, le plus haut point de consc
10636 e qui atteint, dramatiquement, le plus haut point de conscience et de signification : le saint, le mystique, le martyr. Ta
10637 amatiquement, le plus haut point de conscience et de signification : le saint, le mystique, le martyr. Tandis que le héros
10638 plus haut exemple ; pour eux, c’est l’exemplaire de série… Pour nous, la vie résulte d’un conflit permanent, et son but n
10639 l’exemplaire de série… Pour nous, la vie résulte d’ un conflit permanent, et son but n’est pas le bonheur, mais la conscie
10640 eur, mais la conscience plus aiguë, la découverte d’ un sens, d’une signification, fût-ce dans le malheur de la passion, fû
10641 a conscience plus aiguë, la découverte d’un sens, d’ une signification, fût-ce dans le malheur de la passion, fût-ce dans l
10642 sens, d’une signification, fût-ce dans le malheur de la passion, fût-ce dans l’échec. Ils visent à l’inconscience heureuse
10643 e quel prix. Ils veulent la vie, nous des raisons de vivre, même mortelles. Voilà pourquoi l’Européen typique sera tantôt
10644 aisons de vivre, même mortelles. Voilà pourquoi l’ Européen typique sera tantôt un révolutionnaire ou un apôtre, un amant passion
10645 mal sont liés, inextricablement et vitalement. L’ Européen connaît donc la valeur essentielle des antagonismes, de l’opposition
10646 naît donc la valeur essentielle des antagonismes, de l’opposition créatrice, tandis que l’Américain et le Russe soviétique
10647 cain et le Russe soviétique considère l’existence de l’opposition comme l’indice d’un mauvais fonctionnement, qu’il faut é
10648 sidère l’existence de l’opposition comme l’indice d’ un mauvais fonctionnement, qu’il faut éliminer doucement ou brutalemen
10649 ndront par la publicité, le cinéma, la production de série, et les autres par des moyens un peu moins souples, comme on sa
10650 ont de plus en plus. Ainsi donc, la confrontation de l’Europe et de ces deux filles parfois ingrates du plus grand Occiden
10651 e plus en plus. Ainsi donc, la confrontation de l’ Europe et de ces deux filles parfois ingrates du plus grand Occident nous su
10652 plus. Ainsi donc, la confrontation de l’Europe et de ces deux filles parfois ingrates du plus grand Occident nous suggère
10653 s du plus grand Occident nous suggère une formule de l’homme typiquement européen : c’est l’homme de la contradiction, l’h
10654 t nous suggère une formule de l’homme typiquement européen  : c’est l’homme de la contradiction, l’homme dialectique par excellen
10655 e de l’homme typiquement européen : c’est l’homme de la contradiction, l’homme dialectique par excellence. Nous le voyons
10656 i est pour un seul. Crucifié, dis-je, car l’homme européen en tant que tel n’accepte pas d’être réduit à l’un ou à l’autre de ce
10657 ar l’homme européen en tant que tel n’accepte pas d’ être réduit à l’un ou à l’autre de ces termes. Mais il entend les assu
10658 liférer ailleurs. D’autre part, elle a pour effet de concentrer sur l’homme lui-même, créateur ou victime de ces tensions,
10659 centrer sur l’homme lui-même, créateur ou victime de ces tensions, l’effort principal de l’esprit. Européenne sera donc, t
10660 ur ou victime de ces tensions, l’effort principal de l’esprit. Européenne sera donc, typiquement, la volonté de rapporter
10661 de ces tensions, l’effort principal de l’esprit. Européenne sera donc, typiquement, la volonté de rapporter à l’homme, de mesurer
10662 it. Européenne sera donc, typiquement, la volonté de rapporter à l’homme, de mesurer à l’homme toutes les institutions. Ce
10663 , typiquement, la volonté de rapporter à l’homme, de mesurer à l’homme toutes les institutions. Cet homme de la contradict
10664 urer à l’homme toutes les institutions. Cet homme de la contradiction (s’il la domine en création) c’est celui que j’appel
10665 sonne. Et ces institutions à sa mesure, à hauteur d’ homme, traduisant dans la vie de la culture, comme dans les structures
10666 mesure, à hauteur d’homme, traduisant dans la vie de la culture, comme dans les structures politiques, les mêmes tensions
10667 t grand. Il y ramasse et porte au plus haut point de tension dramatique plusieurs des thèmes illustrés dans ce chapitre, q
10668 lusion. À l’heure actuelle, que sont les valeurs de l’Occident ? Nous en avons assez vu pour savoir que ce n’est certaine
10669 s, sont des valeurs américaines et russes plus qu’ européennes . La première valeur européenne, c’est la volonté de conscience. La se
10670 et russes plus qu’européennes. La première valeur européenne , c’est la volonté de conscience. La seconde, c’est la volonté de déco
10671 . La première valeur européenne, c’est la volonté de conscience. La seconde, c’est la volonté de découverte… La force occi
10672 lonté de conscience. La seconde, c’est la volonté de découverte… La force occidentale, c’est l’acceptation de l’inconnu. I
10673 uverte… La force occidentale, c’est l’acceptation de l’inconnu. Il y a un humanisme possible, mais il faut bien nous dire,
10674 e vouloir. Ne nous y méprenons pas : les volontés de conscience et de découverte, comme valeurs fondamentales, appartienne
10675 s y méprenons pas : les volontés de conscience et de découverte, comme valeurs fondamentales, appartiennent à l’Europe et
10676 e, comme valeurs fondamentales, appartiennent à l’ Europe et à l’Europe seule. Vous les avez vues à l’œuvre d’une façon quotidi
10677 rs fondamentales, appartiennent à l’Europe et à l’ Europe seule. Vous les avez vues à l’œuvre d’une façon quotidienne dans le d
10678 et à l’Europe seule. Vous les avez vues à l’œuvre d’ une façon quotidienne dans le domaine des sciences. Les formes de l’es
10679 tidienne dans le domaine des sciences. Les formes de l’esprit le définissent, à l’heure actuelle, par leur point de départ
10680 e définissent, à l’heure actuelle, par leur point de départ et la nature de leur recherche. Colomb savait mieux d’où il pa
10681 e actuelle, par leur point de départ et la nature de leur recherche. Colomb savait mieux d’où il partait qu’où il irait. E
10682 la nature de leur recherche. Colomb savait mieux d’ où il partait qu’où il irait. Et nous ne pouvons fonder une attitude h
10683 pas où il va, et sur l’humanisme parce qu’il sait d’ où il part et où est sa volonté… … Nous sommes au point crucial où la
10684 nté… … Nous sommes au point crucial où la volonté européenne doit se souvenir que tout grand héritier ignore ou dilapide les objet
10685 tout grand héritier ignore ou dilapide les objets de son héritage, et n’hérite vraiment que l’intelligence et la force. L’
10686 u christianisme heureux, c’est Pascal. L’héritage de l’Europe, c’est l’humanisme tragique. … Nous avons fait un certain no
10687 istianisme heureux, c’est Pascal. L’héritage de l’ Europe , c’est l’humanisme tragique. … Nous avons fait un certain nombre d’im
10688 sme tragique. … Nous avons fait un certain nombre d’ images qui valent qu’on en parle, non seulement dans les arts, mais da
10689 lement dans les arts, mais dans l’immense domaine de ce que l’homme tire de lui-même pour s’accuser, se nier, se grandir o
10690 ais dans l’immense domaine de ce que l’homme tire de lui-même pour s’accuser, se nier, se grandir ou tenter de s’éterniser
10691 ême pour s’accuser, se nier, se grandir ou tenter de s’éterniser. Des plus hautes solitudes, même celle en Dieu, nous avon
10692 brandt, est-ce que ce sont seulement des rapports de volumes et de couleurs, ou aussi des hommes jetés en pâture à leur fa
10693 que ce sont seulement des rapports de volumes et de couleurs, ou aussi des hommes jetés en pâture à leur faculté divine,
10694 etés en pâture à leur faculté divine, au bénéfice de tous ceux qui en seront dignes ? La justice de la Bible, la vieille l
10695 ce de tous ceux qui en seront dignes ? La justice de la Bible, la vieille liberté des cités, qui les a imposées au monde ?
10696 ont vite menacées. Et ce qui les dépasse, c’est l’ Europe qui l’a cherché. Je dis qu’elle le cherche encore. Et que, jusqu’à no
10697 est seule à le chercher. En face de l’inconnu et de la torture pas encore oubliée. Bien entendu, de siècle en siècle, un
10698 t de la torture pas encore oubliée. Bien entendu, de siècle en siècle, un même destin de mort courbe à jamais les hommes ;
10699 Bien entendu, de siècle en siècle, un même destin de mort courbe à jamais les hommes ; mais de siècle en siècle aussi, en
10700 destin de mort courbe à jamais les hommes ; mais de siècle en siècle aussi, en ce lieu qui s’appelle l’Europe — et en ce
10701 iècle en siècle aussi, en ce lieu qui s’appelle l’ Europe — et en ce lieu seul — des hommes courbés sous ce destin se sont rele
10702 ertes au lieu d’en faire des secrets, pour tenter de fonder en qualité victorieuse de la mort le monde éphémère, pour comp
10703 ets, pour tenter de fonder en qualité victorieuse de la mort le monde éphémère, pour comprendre que l’homme ne naît pas de
10704 éphémère, pour comprendre que l’homme ne naît pas de sa propre affirmation, mais de la mise en question de l’univers. Comm
10705 ’homme ne naît pas de sa propre affirmation, mais de la mise en question de l’univers. Comme de l’Angleterre de la bataill
10706 a propre affirmation, mais de la mise en question de l’univers. Comme de l’Angleterre de la bataille de Londres, disons :
10707 , mais de la mise en question de l’univers. Comme de l’Angleterre de la bataille de Londres, disons : « Si ceci doit mouri
10708 e en question de l’univers. Comme de l’Angleterre de la bataille de Londres, disons : « Si ceci doit mourir, puissent tout
10709 e l’univers. Comme de l’Angleterre de la bataille de Londres, disons : « Si ceci doit mourir, puissent toutes les cultures
10710 goisse contemporaine avec stupéfaction ; et que l’ Europe de la prise de Rome, l’Europe de Nicopolis, l’Europe de la chute de B
10711 contemporaine avec stupéfaction ; et que l’Europe de la prise de Rome, l’Europe de Nicopolis, l’Europe de la chute de Byza
10712 e avec stupéfaction ; et que l’Europe de la prise de Rome, l’Europe de Nicopolis, l’Europe de la chute de Byzance, ne leur
10713 ope de la prise de Rome, l’Europe de Nicopolis, l’ Europe de la chute de Byzance, ne leur sembleront peut-être qu’un remous mis
10714 la prise de Rome, l’Europe de Nicopolis, l’Europe de la chute de Byzance, ne leur sembleront peut-être qu’un remous miséra
10715 Rome, l’Europe de Nicopolis, l’Europe de la chute de Byzance, ne leur sembleront peut-être qu’un remous misérable à côté d
10716 menaçantes qui commencent à s’étendre sur lui : «  De vous comme du reste, nous nous servirons, une fois de plus, pour tire
10717 s servirons, une fois de plus, pour tirer l’homme de l’argile. »303 3.L’Europe et le Monde Pour nous connaître mie
10718 naître mieux, comparons-nous. Nul moins que nous, Européens , ne saurait se soustraire à ce risque, mais il faut se garder de le s
10719 se soustraire à ce risque, mais il faut se garder de le sous-estimer : aux premiers pas de toute enquête sur les jugements
10720 t se garder de le sous-estimer : aux premiers pas de toute enquête sur les jugements que le Monde porte sur nous, c’est to
10721 tout d’abord la haine que nous rencontrerons, et d’ aveuglantes raisons de douter de nous-mêmes. Le grand historien compar
10722 que nous rencontrerons, et d’aveuglantes raisons de douter de nous-mêmes. Le grand historien comparatiste, Arnold Toynbee
10723 rencontrerons, et d’aveuglantes raisons de douter de nous-mêmes. Le grand historien comparatiste, Arnold Toynbee, a tenté
10724 qui désire s’attaquer à ce problème doit essayer de sortir, pour un instant, de sa peau d’Occidental et considérer la lut
10725 problème doit essayer de sortir, pour un instant, de sa peau d’Occidental et considérer la lutte entre le monde et l’Occid
10726 it essayer de sortir, pour un instant, de sa peau d’ Occidental et considérer la lutte entre le monde et l’Occident avec le
10727 identaux, lesquels constituent la grande majorité de l’humanité. Les peuples non occidentaux peuvent différer par la race,
10728 s en 1941, 1915, 1812, 1709 et 1610 ; les peuples d’ Asie et d’Afrique rappelleront que, depuis le xve siècle, les Occiden
10729 1915, 1812, 1709 et 1610 ; les peuples d’Asie et d’ Afrique rappelleront que, depuis le xve siècle, les Occidentaux, qu’i
10730 tralie, en Nouvelle-Zélande, dans le sud et l’est de l’Afrique. Les Africains rappelleront qu’ils furent réduits en esclav
10731 qu’ils furent réduits en esclavage et transportés de l’autre côté de l’Atlantique pour servir les Européens qui avaient co
10732 duits en esclavage et transportés de l’autre côté de l’Atlantique pour servir les Européens qui avaient colonisé les Améri
10733 s de l’autre côté de l’Atlantique pour servir les Européens qui avaient colonisé les Amériques, et qu’entre leurs mains, ils devi
10734 Amériques, et qu’entre leurs mains, ils devinrent de simples instruments, chargés de leur procurer les richesses dont ils
10735 ns, ils devinrent de simples instruments, chargés de leur procurer les richesses dont ils avaient soif. En Amérique du Nor
10736 furent écartés pour faire place aux envahisseurs européens et à leurs esclaves venus d’Afrique. La plupart des Occidentaux d’auj
10737 envahisseurs européens et à leurs esclaves venus d’ Afrique. La plupart des Occidentaux d’aujourd’hui seront surpris, choq
10738 laves venus d’Afrique. La plupart des Occidentaux d’ aujourd’hui seront surpris, choqués et peinés par ce réquisitoire… Vo
10739 et peinés par ce réquisitoire… Voici donc notre Europe sommée de confesser devant le monde une culpabilité sans précédent da
10740 ce réquisitoire… Voici donc notre Europe sommée de confesser devant le monde une culpabilité sans précédent dans l’histo
10741 de une culpabilité sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Toynbee va-t-il relever le défi ? Loin de là, il donne ra
10742 certainement justifié, du moins pour une période de quatre siècles et demi, période qui s’achève en 1945. Jusqu’à cette d
10743 ôles, c’est que nous entamons un nouveau chapitre de cette histoire, chapitre qui ne commence qu’après la fin de la Second
10744 istoire, chapitre qui ne commence qu’après la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’inquiétude et la colère que provoquèren
10745 identaux, c’est une expérience toute nouvelle que de subir de la part du monde ce que le monde a subi, depuis des siècles,
10746 des siècles, de la part des Occidentaux… Mais l’ Europe découvrant le Monde et répandant sur tous les continents ce que le Mo
10747 , la tyrannie et leurs souffrances ? Toynbee taxe d’ orgueil cette objection : Nous Occidentaux, parce qu’humains, avons t
10748 sure avec tout ce qui a précédé. Pour nous guérir de cette illusion occidentale qui est la nôtre, il suffit de jeter un re
10749 illusion occidentale qui est la nôtre, il suffit de jeter un regard en arrière sur ce qu’accomplirent les Grecs et les Ro
10750 lirent, au profit du monde gréco-romain, une tête de pont sur l’océan Atlantique, à l’emplacement de ce qui est aujourd’hu
10751 e de pont sur l’océan Atlantique, à l’emplacement de ce qui est aujourd’hui l’Espagne du Sud et le Portugal. Le grec « pop
10752 el fut rédigé le Nouveau Testament, au Ier siècle de notre ère, était parlé et compris de Travancore à Marseille. À la mêm
10753 u Ier siècle de notre ère, était parlé et compris de Travancore à Marseille. À la même époque, la Grande-Bretagne était an
10754 rmées romaines, tandis que l’art grec, au service d’ une religion hindoue — le bouddhisme — accomplissait une conquête paci
10755 — accomplissait une conquête pacifique en partant de l’Afghanistan et en se dirigeant au nord-est, pour atteindre éventuel
10756 n temps, sur le monde antique aussi largement que de nos jours la culture occidentale. À une époque où la civilisation ind
10757 vanter, comme nous pouvons le faire aujourd’hui, d’ avoir atteint et pénétré par le rayonnement de leur culture toutes les
10758 ui, d’avoir atteint et pénétré par le rayonnement de leur culture toutes les civilisations de la planète, dont ils avaient
10759 onnement de leur culture toutes les civilisations de la planète, dont ils avaient d’ailleurs calculé avec précision la for
10760 écision la forme et les dimensions. Cette emprise de la culture grecque, à partir du ive siècle avant Jésus-Christ, fut p
10761 monde un choc aussi considérable que la rencontre de notre civilisation occidentale moderne, depuis le xve siècle de notr
10762 sation occidentale moderne, depuis le xve siècle de notre ère. Et la nature humaine n’ayant guère changé depuis cette épo
10763 t guère changé depuis cette époque, il n’y a rien d’ étonnant à ce que l’assaut d’une civilisation étrangère provoque aujou
10764 poque, il n’y a rien d’étonnant à ce que l’assaut d’ une civilisation étrangère provoque aujourd’hui les mêmes réactions ps
10765 ue aujourd’hui les mêmes réactions psychologiques de défense qu’au temps des Grecs et des Romains… Naturellement, je ne ve
10766 peut faire pour nous l’oracle gréco-romain c’est de nous révéler, parmi beaucoup d’autres, un des dénouements possibles d
10767 i beaucoup d’autres, un des dénouements possibles de notre drame personnel. Dans notre cas, il se peut très bien que les c
10768 tâtonnons dans l’obscurité et devons nous garder de croire que nous pourrons tracer l’itinéraire à suivre. Tout de même c
10769 cer l’itinéraire à suivre. Tout de même ce serait de la folie de ne pas tenir compte de la lueur qui s’offre à nous, car l
10770 aire à suivre. Tout de même ce serait de la folie de ne pas tenir compte de la lueur qui s’offre à nous, car la lumière pr
10771 même ce serait de la folie de ne pas tenir compte de la lueur qui s’offre à nous, car la lumière projetée sur notre avenir
10772 r le miroir du passé gréco-romain est en tout cas de celles qui peuvent le mieux éclairer ce qui pour nous reste encore da
10773 ique Stephen Spender, nous rappeler que les torts de l’Europe, bien réels, ne lui ôtent pourtant ni le droit ni le devoir
10774 Stephen Spender, nous rappeler que les torts de l’ Europe , bien réels, ne lui ôtent pourtant ni le droit ni le devoir d’affirme
10775 s, ne lui ôtent pourtant ni le droit ni le devoir d’ affirmer sa fonction culturelle dans le monde : De bien des manières,
10776 ’affirmer sa fonction culturelle dans le monde : De bien des manières, nous autres Occidentaux, nous nous sommes rendus m
10777 ux, nous nous sommes rendus moralement incapables de riposter à nos adversaires. En partie parce que nous sommes coupables
10778 saires. En partie parce que nous sommes coupables d’ avoir recouru dans le passé à des méthodes brutales, mais en partie au
10779 parce que nous avons réellement atteint un niveau de civilisation qui nous porte à éviter la franchise brutale. Culpabilit
10780 éviter la franchise brutale. Culpabilité, respect d’ autrui et conscience de notre histoire concourent ainsi à nous désarme
10781 tale. Culpabilité, respect d’autrui et conscience de notre histoire concourent ainsi à nous désarmer. Ce goût de l’autocri
10782 istoire concourent ainsi à nous désarmer. Ce goût de l’autocritique ne tirerait pas à conséquence si nous étions certains
10783 ire par les jeunes Œdipes, nous courons le danger de sacrifier notre passé et notre présent à un avenir plus tyrannique et
10784 e propre histoire. Au stade où nous voici, pleins de remords quant à notre passé colonialiste, et conscients de tant d’ins
10785 s quant à notre passé colonialiste, et conscients de tant d’insuffisances actuelles, — la question que nous devons nous po
10786 à notre passé colonialiste, et conscients de tant d’ insuffisances actuelles, — la question que nous devons nous poser est
10787  la question que nous devons nous poser est moins de savoir si nous sommes meilleurs que les autres, que de savoir si les
10788 voir si nous sommes meilleurs que les autres, que de savoir si les autres ne sont pas pires que nous. Car s’ils sont pires
10789 ous. Car s’ils sont pires, notre devoir est alors de vivre pour nos valeurs et de les affirmer. … Il n’est certes pas faci
10790 tre devoir est alors de vivre pour nos valeurs et de les affirmer. … Il n’est certes pas facile de reconnaître ses torts e
10791 et de les affirmer. … Il n’est certes pas facile de reconnaître ses torts et de rester malgré tout conscient du fait que,
10792 est certes pas facile de reconnaître ses torts et de rester malgré tout conscient du fait que, par comparaison, l’on est e
10793 t en politique. Sur le plan culturel également, l’ Europe ne pourra faire autrement que d’appliquer ce procédé assez compliqué
10794 également, l’Europe ne pourra faire autrement que d’ appliquer ce procédé assez compliqué de comparaison et de mesure. Il e
10795 rement que d’appliquer ce procédé assez compliqué de comparaison et de mesure. Il est évident que nous ne pouvons plus éta
10796 quer ce procédé assez compliqué de comparaison et de mesure. Il est évident que nous ne pouvons plus établir notre supério
10797 pouvons plus établir notre supériorité en arguant de notre peau blanche ou de notre glorieux passé, des cathédrales gothiq
10798 e supériorité en arguant de notre peau blanche ou de notre glorieux passé, des cathédrales gothiques ou de la peinture de
10799 otre glorieux passé, des cathédrales gothiques ou de la peinture de la Renaissance. Nous ne pouvons que nous demander si d
10800 assé, des cathédrales gothiques ou de la peinture de la Renaissance. Nous ne pouvons que nous demander si de tous ces fact
10801 Renaissance. Nous ne pouvons que nous demander si de tous ces facteurs, et de beaucoup d’autres encore, ne continue pas de
10802 ons que nous demander si de tous ces facteurs, et de beaucoup d’autres encore, ne continue pas de résulter un potentiel qu
10803 , et de beaucoup d’autres encore, ne continue pas de résulter un potentiel qui légitime notre réalité présente ; si, privé
10804 l qui légitime notre réalité présente ; si, privé de ces traditions européennes que nous nous devons de gérer, le monde ne
10805 re réalité présente ; si, privé de ces traditions européennes que nous nous devons de gérer, le monde ne serait pas dans un état pi
10806 e ces traditions européennes que nous nous devons de gérer, le monde ne serait pas dans un état pire encore ; et si, en vi
10807 pire encore ; et si, en vivant ces traditions, l’ Europe ne remplit pas encore une mission que nul autre ne saurait remplir à
10808 oui à toutes ces questions… Je crois à la mission de la culture européenne, et j’ai foi dans son aptitude à contribuer à l
10809 es questions… Je crois à la mission de la culture européenne , et j’ai foi dans son aptitude à contribuer à la solution des problèm
10810 les plus difficiles, y compris ceux qui dépassent de loin les limites du champ culturel proprement dit. J’y crois, parce q
10811 rement dit. J’y crois, parce que seule la culture européenne a su allier la plus grande force révolutionnaire au sens hautement dé
10812 ns hautement développé des traditions ; parce que de tous temps elle s’est efforcée d’assurer une relation étroite entre c
10813 ons ; parce que de tous temps elle s’est efforcée d’ assurer une relation étroite entre ce que j’appellerais la « constante
10814 lement mouvantes ; parce que même ses révolutions de style les plus étonnantes n’ont jamais cessé d’exprimer les valeurs t
10815 s de style les plus étonnantes n’ont jamais cessé d’ exprimer les valeurs traditionnelles, tout en s’adaptant aux changemen
10816 s’adaptant aux changements du moment. La culture européenne s’est soumise à l’épreuve sans fin qui consiste à « soutenir le rythm
10817 et elle y a, jusqu’ici, toujours réussi. La somme de son passé — alors même que les contemporains ne s’en rendent pas touj
10818 ompte — restera sans cesse calculée dans la somme de son présent. Au plan politique, l’Europe a peut-être failli, mais au
10819 ans la somme de son présent. Au plan politique, l’ Europe a peut-être failli, mais au plan culturel elle représente, pour utili
10820 ommercial populaire, le plus grand succès mondial de tous les temps, et, ne serait-ce que pour cette raison, elle justifie
10821 stifie son droit à survivre politiquement. Sans l’ Europe , la coupure entre le passé et le présent, qui se manifeste déjà dans
10822 actuelle avec celle qui régnait avant l’invention de la bombe atomique et l’on admettra qu’il n’a pas fallu moins d’un mir
10823 omique et l’on admettra qu’il n’a pas fallu moins d’ un miracle du génie européen pour que les ponts entre le passé et le p
10824 a qu’il n’a pas fallu moins d’un miracle du génie européen pour que les ponts entre le passé et le présent ne soient pas coupés,
10825 présent ne soient pas coupés, et continuent même d’ être fréquentés. On ne doit pas se lasser de le répéter : notre vieill
10826 même d’être fréquentés. On ne doit pas se lasser de le répéter : notre vieille Europe est la seule partie du monde où nul
10827 doit pas se lasser de le répéter : notre vieille Europe est la seule partie du monde où nul fossé ne sépare aujourd’hui d’hie
10828 artie du monde où nul fossé ne sépare aujourd’hui d’ hier. Cette vérité éclate avec le plus de force dans l’œuvre des deux
10829 ourd’hui d’hier. Cette vérité éclate avec le plus de force dans l’œuvre des deux écrivains (que les Soviétiques considèren
10830 et Marcel Proust. Ce sont deux exemples typiques de ce que l’Europe est capable de donner au monde. Ils sont tous les deu
10831 roust. Ce sont deux exemples typiques de ce que l’ Europe est capable de donner au monde. Ils sont tous les deux modernes, dans
10832 exemples typiques de ce que l’Europe est capable de donner au monde. Ils sont tous les deux modernes, dans le plein sens
10833 nditions présentes. Le titre même du chef-d’œuvre de Joyce exprime ce sens profond des traditions : Ulysse. Et chaque fois
10834 ons : Ulysse. Et chaque fois qu’un Picasso avance d’ un pas dans la vie moderne, il avance en même temps d’un pas dans le p
10835 pas dans la vie moderne, il avance en même temps d’ un pas dans le passé européen… Hors d’Europe, le fossé entre le présen
10836 e, il avance en même temps d’un pas dans le passé européen … Hors d’Europe, le fossé entre le présent et le passé se creuse de pl
10837 même temps d’un pas dans le passé européen… Hors d’ Europe, le fossé entre le présent et le passé se creuse de plus en plu
10838 ême temps d’un pas dans le passé européen… Hors d’ Europe , le fossé entre le présent et le passé se creuse de plus en plus. Con
10839 s en plus. Conséquence directe, presque toujours, d’ une politique totalitaire dont les chefs avides de pouvoir savent très
10840 d’une politique totalitaire dont les chefs avides de pouvoir savent très bien pourquoi ils interdisent à leurs « sujets »
10841 bien pourquoi ils interdisent à leurs « sujets » de se raccrocher à un passé quelconque. Parfois aussi, la rupture résult
10842 ssé quelconque. Parfois aussi, la rupture résulte d’ un choc entre l’Est et l’industrialisation importée de l’Ouest. En Eur
10843 choc entre l’Est et l’industrialisation importée de l’Ouest. En Europe, l’industrialisation est apparue et s’est développ
10844 st et l’industrialisation importée de l’Ouest. En Europe , l’industrialisation est apparue et s’est développée en vertu d’un pr
10845 ’un processus organique ; c’est par conséquent en Europe qu’elle a été le mieux absorbée. Tandis qu’en Asie, où tel un corps é
10846 Asie, où tel un corps étranger elle a été imposée de l’extérieur, son apparition a provoqué de profonds remous. Remous qui
10847 imposée de l’extérieur, son apparition a provoqué de profonds remous. Remous qui dans le domaine culturel se traduisent pa
10848 le domaine culturel se traduisent par une rupture d’ autant plus brutale avec toutes les traditions : tel ou tel produit d’
10849 e avec toutes les traditions : tel ou tel produit d’ un « art prolétarien moderne » dans la Chine d’aujourd’hui n’a plus ri
10850 it d’un « art prolétarien moderne » dans la Chine d’ aujourd’hui n’a plus rien de commun avec ce que nous connaissons de la
10851 derne » dans la Chine d’aujourd’hui n’a plus rien de commun avec ce que nous connaissons de la peinture chinoise. Non seul
10852 plus rien de commun avec ce que nous connaissons de la peinture chinoise. Non seulement les révolutions asiatiques s’opèr
10853 bérément à la tradition. Que nous soyons capables de constater ces faits et d’en tirer des conclusions (et même, à mon avi
10854 ue nous soyons capables de constater ces faits et d’ en tirer des conclusions (et même, à mon avis, des conclusions encoura
10855 rageantes), voilà qui fournit la meilleure preuve de ce que l’Europe et sa culture ont le droit de vivre. Peut-être ce « t
10856 voilà qui fournit la meilleure preuve de ce que l’ Europe et sa culture ont le droit de vivre. Peut-être ce « traditionalisme r
10857 uve de ce que l’Europe et sa culture ont le droit de vivre. Peut-être ce « traditionalisme révolutionnaire » de l’Europe,
10858 Peut-être ce « traditionalisme révolutionnaire » de l’Europe, comme tant de mouvements avant lui, gagnera-t-il d’autres p
10859 -être ce « traditionalisme révolutionnaire » de l’ Europe , comme tant de mouvements avant lui, gagnera-t-il d’autres parties du
10860 arties du monde, Russie comprise. Pour ce qui est de l’Amérique, l’évolution va déjà dans ce sens. Car l’Amérique se souvi
10861 va déjà dans ce sens. Car l’Amérique se souvient de façon beaucoup plus vivante de ses origines européennes, et s’« europ
10862 érique se souvient de façon beaucoup plus vivante de ses origines européennes, et s’« européanise » beaucoup plus en profo
10863 nt de façon beaucoup plus vivante de ses origines européennes , et s’« européanise » beaucoup plus en profondeur, que l’Europe ne s’
10864  européanise » beaucoup plus en profondeur, que l’ Europe ne s’« américanisera » jamais à coups de millions de bouteilles de Co
10865 ue l’Europe ne s’« américanisera » jamais à coups de millions de bouteilles de Coca-Cola. L’Europe doit vivre et continuer
10866 ne s’« américanisera » jamais à coups de millions de bouteilles de Coca-Cola. L’Europe doit vivre et continuer de vivre. M
10867 nisera » jamais à coups de millions de bouteilles de Coca-Cola. L’Europe doit vivre et continuer de vivre. Mais elle ne le
10868 à coups de millions de bouteilles de Coca-Cola. L’ Europe doit vivre et continuer de vivre. Mais elle ne le pourra que sur la b
10869 es de Coca-Cola. L’Europe doit vivre et continuer de vivre. Mais elle ne le pourra que sur la base d’une autoaffirmation c
10870 de vivre. Mais elle ne le pourra que sur la base d’ une autoaffirmation culturelle.305 Au-delà, ou en deçà de la morale,
10871 eurent et doivent être remémorés : 1° Ce sont les Européens qui ont découvert la Terre entière, alors qu’aucun autre peuple n’a s
10872 écouvrir. Ce sont eux qui ont permis à l’humanité de prendre conscience de son unité. L’idée d’universalité, l’idée même d
10873 qui ont permis à l’humanité de prendre conscience de son unité. L’idée d’universalité, l’idée même de « genre humain » son
10874 manité de prendre conscience de son unité. L’idée d’ universalité, l’idée même de « genre humain » sont des créations de l’
10875 de son unité. L’idée d’universalité, l’idée même de « genre humain » sont des créations de l’Europe chrétienne et technic
10876 ’idée même de « genre humain » sont des créations de l’Europe chrétienne et technicienne. 2° Les prophètes de la décadence
10877 même de « genre humain » sont des créations de l’ Europe chrétienne et technicienne. 2° Les prophètes de la décadence de l’Eur
10878 rope chrétienne et technicienne. 2° Les prophètes de la décadence de l’Europe, Spengler, Valéry et Toynbee, se fondaient t
10879 et technicienne. 2° Les prophètes de la décadence de l’Europe, Spengler, Valéry et Toynbee, se fondaient tous sur le précé
10880 chnicienne. 2° Les prophètes de la décadence de l’ Europe , Spengler, Valéry et Toynbee, se fondaient tous sur le précédent de l
10881 ry et Toynbee, se fondaient tous sur le précédent de la chute de Rome, du monde gréco-romain. Cet exemple est-il valable p
10882 e, se fondaient tous sur le précédent de la chute de Rome, du monde gréco-romain. Cet exemple est-il valable pour nous ? L
10883 xemple est-il valable pour nous ? La civilisation européenne est-elle une civilisation comme les autres ? Son destin peut-il être
10884 rait proprement incomparable ? 3° La civilisation européenne est la seule qui soit effectivement devenue universelle. Alexandre le
10885 ok suffirait aujourd’hui pour les mettre à l’abri de ce genre d’illusion. Der Erdenkreis ist mir genug bekannt, dit Faust,
10886 aujourd’hui pour les mettre à l’abri de ce genre d’ illusion. Der Erdenkreis ist mir genug bekannt, dit Faust, le grand Eu
10887 nkreis ist mir genug bekannt, dit Faust, le grand Européen moderne. 4° Toutes les créations de l’Europe (l’Église et la philosop
10888 e grand Européen moderne. 4° Toutes les créations de l’Europe (l’Église et la philosophie, les sciences et la technique, l
10889 nd Européen moderne. 4° Toutes les créations de l’ Europe (l’Église et la philosophie, les sciences et la technique, l’histoire
10890 les sont seules à l’avoir fait. 5° On ne voit pas de candidats sérieux à la Relève de notre civilisation devenue mondiale.
10891 ° On ne voit pas de candidats sérieux à la Relève de notre civilisation devenue mondiale. On ne voit pas qui saurait mieux
10892 pas qui saurait mieux qu’elle prescrire les modes d’ emploi de ses créations, et trouver les remèdes aux maladies dont elle
10893 aurait mieux qu’elle prescrire les modes d’emploi de ses créations, et trouver les remèdes aux maladies dont elle a répand
10894 et l’a bien dit, dans un ouvrage intitulé Le Rapt de l’Europe, méditation sur le sort d’une culture « dépossédée » de ses
10895 a bien dit, dans un ouvrage intitulé Le Rapt de l’ Europe , méditation sur le sort d’une culture « dépossédée » de ses conquêtes
10896 itulé Le Rapt de l’Europe, méditation sur le sort d’ une culture « dépossédée » de ses conquêtes par ce monde même qu’elle
10897 ditation sur le sort d’une culture « dépossédée » de ses conquêtes par ce monde même qu’elle a suscité. Voici la donnée du
10898 née du problème : Le déséquilibre entre le cadre européen (au sens géographique) et le cadre mondial (d’origine européenne) s’e
10899 opéen (au sens géographique) et le cadre mondial ( d’ origine européenne) s’est agrandi au point qu’en marge des vieilles na
10900 sens géographique) et le cadre mondial (d’origine européenne ) s’est agrandi au point qu’en marge des vieilles nations d’Europe se
10901 agrandi au point qu’en marge des vieilles nations d’ Europe se sont constituées des puissances politiques qui vont se retou
10902 randi au point qu’en marge des vieilles nations d’ Europe se sont constituées des puissances politiques qui vont se retourner c
10903 t bouleverser littéralement le paysage historique de l’Europe. Par sa fécondité même, son objectivité rationnelle, la vert
10904 leverser littéralement le paysage historique de l’ Europe . Par sa fécondité même, son objectivité rationnelle, la vertu expansi
10905 , son objectivité rationnelle, la vertu expansive de la plupart de ses créations, l’histoire universelle de l’Occident va
10906 plupart de ses créations, l’histoire universelle de l’Occident va se retourner contre l’histoire concrète de l’Europe géo
10907 cident va se retourner contre l’histoire concrète de l’Europe géographique. C’est une espèce de renversement gigantesque o
10908 t va se retourner contre l’histoire concrète de l’ Europe géographique. C’est une espèce de renversement gigantesque où les idé
10909 ncrète de l’Europe géographique. C’est une espèce de renversement gigantesque où les idées, les habitudes, les styles prop
10910 les idées, les habitudes, les styles propres à l’ Europe , après des transformations et plus encore des simplifications étrangè
10911 Sophocle mettait les mots suivants dans la bouche d’ Œdipe, victime suprême de la fatalité : De toutes les souffrances, les
10912 suivants dans la bouche d’Œdipe, victime suprême de la fatalité : De toutes les souffrances, les plus douloureuses sont c
10913 bouche d’Œdipe, victime suprême de la fatalité : De toutes les souffrances, les plus douloureuses sont celles dont nous s
10914 s sommes les auteurs. Créatrice par excellence, l’ Europe s’est créé aussi, directement ou indirectement, la plupart de ses mal
10915 rectement, la plupart de ses malheurs. Son esprit d’ aventure, son élan de jeunesse, son incapacité de renoncement ont fait
10916 de ses malheurs. Son esprit d’aventure, son élan de jeunesse, son incapacité de renoncement ont fait sa perte. Plutôt sa
10917 d’aventure, son élan de jeunesse, son incapacité de renoncement ont fait sa perte. Plutôt sa « crise » que sa « perte »,
10918 l’histoire universelle est comme une grande salle d’ hôpital comptant vingt-et-un lits. La plupart des occupants sont déjà
10919 qu’un état léthargique ; le principal patient, l’ Europe , est en proie à un mal soudain et grave contre lequel sa robuste natu
10920 ours du malade sont comptés. Il s’agit, en effet, d’ un être sujet à la mort, à quoi le mène un épuisement de ses forces or
10921 tre sujet à la mort, à quoi le mène un épuisement de ses forces organiques contre lequel la politique n’est qu’une médecin
10922 cine impuissante. Tout ce qu’on peut faire, c’est de compter les jours restants de vie, savoir les mettre à profit, n’en p
10923 n peut faire, c’est de compter les jours restants de vie, savoir les mettre à profit, n’en point accélérer le cours et acc
10924 ique entre 100 et 300 après J.-C., par conséquent de Trajan et Marc-Aurèle à Septime-Sévère, époque, après tout, assez séd
10925 ire » que lui attribue Splengler, ne peut manquer de tenter l’esprit fébrile de nos contemporains comme une promesse de re
10926 ngler, ne peut manquer de tenter l’esprit fébrile de nos contemporains comme une promesse de repos. La vérité est que la
10927 t fébrile de nos contemporains comme une promesse de repos. La vérité est que la situation de l’Europe prête à la fois à
10928 omesse de repos. La vérité est que la situation de l’Europe prête à la fois à plus d’optimisme et de pessimisme que ne l
10929 e de repos. La vérité est que la situation de l’ Europe prête à la fois à plus d’optimisme et de pessimisme que ne l’imaginen
10930 e la situation de l’Europe prête à la fois à plus d’ optimisme et de pessimisme que ne l’imaginent ces historiens. À plus d
10931 de l’Europe prête à la fois à plus d’optimisme et de pessimisme que ne l’imaginent ces historiens. À plus d’optimisme à lo
10932 simisme que ne l’imaginent ces historiens. À plus d’ optimisme à long terme en ce qui concerne la signification positive de
10933 erme en ce qui concerne la signification positive de la culture européenne ; à plus de pessimisme en ce qui concerne le pr
10934 concerne la signification positive de la culture européenne  ; à plus de pessimisme en ce qui concerne le présent. Pour ce qui est
10935 cation positive de la culture européenne ; à plus de pessimisme en ce qui concerne le présent. Pour ce qui est de la scien
10936 me en ce qui concerne le présent. Pour ce qui est de la science, de la technique, de la vitalité et de la volonté d’organi
10937 ncerne le présent. Pour ce qui est de la science, de la technique, de la vitalité et de la volonté d’organisation, le mond
10938 . Pour ce qui est de la science, de la technique, de la vitalité et de la volonté d’organisation, le monde occidental est
10939 de la science, de la technique, de la vitalité et de la volonté d’organisation, le monde occidental est beaucoup moins en
10940 de la technique, de la vitalité et de la volonté d’ organisation, le monde occidental est beaucoup moins en décadence que
10941 ar son énorme fécondité, le déchaînement spontané de conséquences qu’elle suppose, sa vertu inouïe d’expansion, peut faire
10942 de conséquences qu’elle suppose, sa vertu inouïe d’ expansion, peut faire passer, et à bref délai, quelques mauvais moment
10943 é naissance. Diez del Corral reprend le précédent de la décadence hellénistique, invoqué par Toynbee, mais il y trouve des
10944 r Toynbee, mais il y trouve des raisons nouvelles de croire en l’avenir européen ; L’Hellade, elle aussi, devint pays hel
10945 rouve des raisons nouvelles de croire en l’avenir européen  ; L’Hellade, elle aussi, devint pays hellénistique, avec ses problèm
10946 , politiques, économiques, spirituels, etc. Fruit de l’hellénisme après son expansion, le monde hellénistique reflua sur l
10947 un nouveau facteur historique, fragment désormais d’ une vaste constellation qui élargissait et multipliait les problèmes d
10948 tion qui élargissait et multipliait les problèmes de la « polis » grecque. Mais, dans la perspective où nous le voyons mai
10949 r du temps qui grinçait si fort pour les oreilles d’ un Démosthène, à peine s’il est perceptible pour l’historien qui, s’ef
10950 est perceptible pour l’historien qui, s’efforçant de découvrir les grands enchaînements de l’histoire, voit, sous les évén
10951 s’efforçant de découvrir les grands enchaînements de l’histoire, voit, sous les événements, les lignes directrices de la p
10952 voit, sous les événements, les lignes directrices de la philosophie, l’art, la science, la technique de la Grèce se prolon
10953 e la philosophie, l’art, la science, la technique de la Grèce se prolonger en substance dans l’époque hellénistique. Les l
10954 e hellénistique. Les lignes directrices analogues de la culture européenne semblent montrer plus de vigueur encore tandis
10955 e. Les lignes directrices analogues de la culture européenne semblent montrer plus de vigueur encore tandis que cette culture s’un
10956 es de la culture européenne semblent montrer plus de vigueur encore tandis que cette culture s’universalise, et rien ne la
10957 du Proche-Orient contre l’hellénisation. Si nous. Européens , avons un reproche à faire aux peuples asiatiques, c’est leur ductili
10958 ctilité, leur rapide accommodation aux idéologies européennes , leur défaut de véritable résistance. L’empreinte européenne sur eux
10959 mmodation aux idéologies européennes, leur défaut de véritable résistance. L’empreinte européenne sur eux est plus profond
10960 leur défaut de véritable résistance. L’empreinte européenne sur eux est plus profonde que celle du monde grec sur l’Orient ; elle
10961 elle du monde grec sur l’Orient ; elle s’insinue, d’ une façon ou d’une autre, et d’aventure par de pauvres succédanés, jus
10962 rec sur l’Orient ; elle s’insinue, d’une façon ou d’ une autre, et d’aventure par de pauvres succédanés, jusqu’au tréfonds
10963  ; elle s’insinue, d’une façon ou d’une autre, et d’ aventure par de pauvres succédanés, jusqu’au tréfonds religieux, leque
10964 ue, d’une façon ou d’une autre, et d’aventure par de pauvres succédanés, jusqu’au tréfonds religieux, lequel fut la ligne
10965 jusqu’au tréfonds religieux, lequel fut la ligne de défense et de contre-attaque de l’Asie contre la Grèce. En prolongean
10966 onds religieux, lequel fut la ligne de défense et de contre-attaque de l’Asie contre la Grèce. En prolongeant les lignes e
10967 quel fut la ligne de défense et de contre-attaque de l’Asie contre la Grèce. En prolongeant les lignes et les problèmes de
10968 Grèce. En prolongeant les lignes et les problèmes de la culture européenne dans leur projection universelle, on pourrait e
10969 ongeant les lignes et les problèmes de la culture européenne dans leur projection universelle, on pourrait estimer qu’il y a plus
10970 n universelle, on pourrait estimer qu’il y a plus d’ intérêt à étudier leurs modalités nouvelles, du fait même de cette pro
10971 à étudier leurs modalités nouvelles, du fait même de cette projection, leurs infléchissements dans le nouveau milieu où il
10972 énements qu’elle a suscités. Il ne reste plus à l’ Europe qu’à s’adapter à sa situation nouvelle, oublier les grandeurs passées
10973 on nouvelle, oublier les grandeurs passées, tirer de ses propres entrailles un renouveau de vitalité, unifier ses forces d
10974 ées, tirer de ses propres entrailles un renouveau de vitalité, unifier ses forces dispersées jusqu’ici dans le fractionnem
10975 des récents, jeunes et gigantesques protagonistes de l’histoire présente. Au reste, le problème de l’avenir des Européens
10976 es de l’histoire présente. Au reste, le problème de l’avenir des Européens et de leur civilisation « dépossédée » n’est p
10977 présente. Au reste, le problème de l’avenir des Européens et de leur civilisation « dépossédée » n’est plus séparable, en fait,
10978 u reste, le problème de l’avenir des Européens et de leur civilisation « dépossédée » n’est plus séparable, en fait, de ce
10979 ion « dépossédée » n’est plus séparable, en fait, de celui de l’avenir du reste des hommes : Le problème du rapt n’intére
10980 ossédée » n’est plus séparable, en fait, de celui de l’avenir du reste des hommes : Le problème du rapt n’intéresse pas s
10981 aussi le spoliateur. Celui-ci aura beau se saisir de l’objet, il n’en sera pas moins toujours en état de déficience. Il va
10982 l’objet, il n’en sera pas moins toujours en état de déficience. Il va agencer sa vie selon des formes venues du dehors, q
10983 et étouffer sa vitalité… Il y a quelques dizaines d’ années encore, on croyait la civilisation européenne monopole exclusif
10984 aines d’années encore, on croyait la civilisation européenne monopole exclusif de l’Europe. Tout au plus admettait-on que certaine
10985 yait la civilisation européenne monopole exclusif de l’Europe. Tout au plus admettait-on que certaines modalités extérieur
10986 la civilisation européenne monopole exclusif de l’ Europe . Tout au plus admettait-on que certaines modalités extérieures et pur
10987 ieures et purement techniques étaient à la portée de l’imitation étrangère. Mais « leur point d’origine, écrivait Ranke, c
10988 ortée de l’imitation étrangère. Mais « leur point d’ origine, écrivait Ranke, c’est-à-dire non seulement le fondement histo
10989 t. La technique n’appartient pas au seul épiderme de la culture européenne ; elle s’est nourrie du suc intime, des aspirat
10990 e n’appartient pas au seul épiderme de la culture européenne  ; elle s’est nourrie du suc intime, des aspirations spirituelles de c
10991 urrie du suc intime, des aspirations spirituelles de cette dernière et a pris une telle ampleur qu’elle englobe, condition
10992 lobe, conditionne et entraîne tout. Véhicule aisé d’ exportation, elle porte avec elle, même si c’est sous une forme larvée
10993 élans, les valeurs et les idéaux les plus divers de la vie européenne. Sans doute, ne peut-elle pas les porter tous, ni p
10994 s valeurs et les idéaux les plus divers de la vie européenne . Sans doute, ne peut-elle pas les porter tous, ni peut-être les plus
10995 ous, ni peut-être les plus essentiels… La mission de l’Europe n’est pas achevée, loin de là, même si, sur certains points,
10996 ni peut-être les plus essentiels… La mission de l’ Europe n’est pas achevée, loin de là, même si, sur certains points, celle-ci
10997 -ci semble amoindrie ou attardée. Non seulement l’ Europe a fourni les prémisses qu’ont développées ensuite les peuples extraeu
10998 traeuropéens, mais elle a aussi fourni les hommes de science, nés dans ses vieilles villes moyenâgeuses, formés dans ses v
10999 s dans ses vieilles universités, toujours en tête de la connaissance, auteurs des grandes, des prodigieuses découvertes ré
11000 ndes, des prodigieuses découvertes réalisées hors d’ Europe. Nous n’en voulons, pour exemple, que la physique nucléaire, do
11001 es, des prodigieuses découvertes réalisées hors d’ Europe . Nous n’en voulons, pour exemple, que la physique nucléaire, dont la
11002 te théorique appartient presque exclusivement à l’ Europe , si les grandes applications pratiques en ont été réalisées ailleurs.
11003 té réalisées ailleurs. Nulle part notre phénomène de rapt n’offre de traits mieux discernables. Mais ce phénomène est si
11004 leurs. Nulle part notre phénomène de rapt n’offre de traits mieux discernables. Mais ce phénomène est si neuf et si souda
11005 elles conséquences il entraînera à la longue sous de nouveaux cieux. L’expropriation a porté, dans une très large mesure,
11006 ur des éléments essentiels du trésor amassé par l’ Europe  ; mais la vieille matrice spirituelle n’est pas, en fin de compte, ex
11007 able. L’activité intellectuelle est quelque chose de si délicat, est conditionnée par de si multiples facteurs qu’on peut
11008 quelque chose de si délicat, est conditionnée par de si multiples facteurs qu’on peut se demander si, sous une apparente c
11009 der si, sous une apparente continuité, la science européenne connaîtra ailleurs l’élan génial avec lequel elle s’est affirmée pend
11010 nières années sur le vieux Continent. La mission de l’Europe n’est-elle pas, désormais, de repenser pour l’Homme le bon u
11011 s années sur le vieux Continent. La mission de l’ Europe n’est-elle pas, désormais, de repenser pour l’Homme le bon usage de s
11012 La mission de l’Europe n’est-elle pas, désormais, de repenser pour l’Homme le bon usage de ses conquêtes ? D’autre part,
11013 désormais, de repenser pour l’Homme le bon usage de ses conquêtes ? D’autre part, après une avance aussi décisive que ce
11014 n réajustement des gains s’impose, centrés autour d’ une plus vaste poussée d’humanisme intégral. Et qui, mieux que l’Europ
11015 s’impose, centrés autour d’une plus vaste poussée d’ humanisme intégral. Et qui, mieux que l’Europe, peut faire face à ce g
11016 poussée d’humanisme intégral. Et qui, mieux que l’ Europe , peut faire face à ce grand problème actuel ? Elle, et elle seule, di
11017 nd problème actuel ? Elle, et elle seule, dispose d’ un point de vue assez ample et assez pondéré pour englober les différe
11018 assez pondéré pour englober les différents ordres de vie, si diversement développés dans l’expansion du monde contemporain
11019 n du monde contemporain. Elle seule est en mesure de redonner actualité et efficacité au vieux trésor impérissable de l’hu
11020 ualité et efficacité au vieux trésor impérissable de l’humanisme antique et chrétien. Ses devoirs envers l’avenir ont pu s
11021 ponsable du destin historique, non plus seulement d’ elle-même et d’une planète qui lui était soumise, mais d’une planète q
11022 tin historique, non plus seulement d’elle-même et d’ une planète qui lui était soumise, mais d’une planète qui a atteint sa
11023 même et d’une planète qui lui était soumise, mais d’ une planète qui a atteint sa majorité et conquis son indépendance et,
11024 rgie et des forces issues du patrimoine paternel, de l’usage duquel le « pater familias » est toujours solidaire.306 Sur
11025 toujours solidaire.306 Sur la mission mondiale de l’Europe, interrogeons maintenant deux grands aînés qui eurent le dro
11026 ours solidaire.306 Sur la mission mondiale de l’ Europe , interrogeons maintenant deux grands aînés qui eurent le droit de par
11027 maintenant deux grands aînés qui eurent le droit de parler du Monde : peu d’hommes l’auront aussi passionnément interrogé
11028 înés qui eurent le droit de parler du Monde : peu d’ hommes l’auront aussi passionnément interrogé leur vie durant, dans to
11029 rrogé leur vie durant, dans toutes les dimensions de sa réalité, physiques, traditionnelles et spirituelles, que Keyserlin
11030 erling (1880-1946), rendu célèbre par son Journal de voyage d’un Philosophe (qui décrit l’Inde, entre autres, à coup d’int
11031 80-1946), rendu célèbre par son Journal de voyage d’ un Philosophe (qui décrit l’Inde, entre autres, à coup d’intuitions fu
11032 ilosophe (qui décrit l’Inde, entre autres, à coup d’ intuitions fulgurantes), n’en vint à l’« analyse spectrale » de l’Euro
11033 fulgurantes), n’en vint à l’« analyse spectrale » de l’Europe qu’au terme d’un périple planétaire. Il n’en est que plus fr
11034 rantes), n’en vint à l’« analyse spectrale » de l’ Europe qu’au terme d’un périple planétaire. Il n’en est que plus frappant de
11035 à l’« analyse spectrale » de l’Europe qu’au terme d’ un périple planétaire. Il n’en est que plus frappant de constater que
11036 périple planétaire. Il n’en est que plus frappant de constater que c’est à l’Europe finalement — cette Europe si souvent m
11037 est que plus frappant de constater que c’est à l’ Europe finalement — cette Europe si souvent méprisée par les spirituels de l
11038 constater que c’est à l’Europe finalement — cette Europe si souvent méprisée par les spirituels de l’Orient, tandis que leurs
11039 tte Europe si souvent méprisée par les spirituels de l’Orient, tandis que leurs masses envient son régime matériel — que K
11040 ime matériel — que Keyserling attribue la mission de sauver l’Esprit : Il s’agit de tirer de chaque peuple le meilleur, e
11041 tribue la mission de sauver l’Esprit : Il s’agit de tirer de chaque peuple le meilleur, et rien que cela, de ce dont il e
11042 mission de sauver l’Esprit : Il s’agit de tirer de chaque peuple le meilleur, et rien que cela, de ce dont il est capabl
11043 r de chaque peuple le meilleur, et rien que cela, de ce dont il est capable. Et ce, non plus pour s’élever soi-même à l’ex
11044 soi-même à l’exclusion des autres, mais au profit d’ un organisme supérieur ; non pas aux dépens des autres, mais pour le b
11045 non pas aux dépens des autres, mais pour le bien de tous. … Bornons-nous donc à montrer dans quel sens l’Europe, en tant
11046 s. … Bornons-nous donc à montrer dans quel sens l’ Europe , en tant qu’ensemble, doit changer d’orientation et en quoi elle doit
11047 sens l’Europe, en tant qu’ensemble, doit changer d’ orientation et en quoi elle doit voir sa tâche véritable pour continue
11048 elle doit voir sa tâche véritable pour continuer d’ être un facteur positif dans le développement de l’humanité. Sa suprém
11049 r d’être un facteur positif dans le développement de l’humanité. Sa suprématie matérielle est évidemment finie. Elle est d
11050 bientôt fin. Peut-être même le centre industriel de notre planète se transportera-t-il en Asie. L’invention est difficile
11051 ion est difficile, mais le singe même est capable d’ imitation. Bientôt toute notre capacité technique sera le bien commun
11052 oute notre capacité technique sera le bien commun de l’humanité entière. Bientôt nous, Européens, si nous nous vantons de
11053 bien commun de l’humanité entière. Bientôt nous, Européens , si nous nous vantons de nos conquêtes scientifiques, nous serons reg
11054 re. Bientôt nous, Européens, si nous nous vantons de nos conquêtes scientifiques, nous serons regardés comme le serait Cor
11055 assiques. Ainsi notre prestige, le plus important de tous les facteurs de puissance, est périmé. Mais surtout les conquête
11056 prestige, le plus important de tous les facteurs de puissance, est périmé. Mais surtout les conquêtes sociales des derniè
11057 érielle. Dans ces circonstances, le simple esprit de conservation oblige l’Europe à se concentrer sur ce qu’elle peut fair
11058 tances, le simple esprit de conservation oblige l’ Europe à se concentrer sur ce qu’elle peut faire de mieux, sur ce que person
11059 ’Europe à se concentrer sur ce qu’elle peut faire de mieux, sur ce que personne ne peut lui ravir. C’est-à-dire sur sa spi
11060 té. … Nous ne serions pas les porteurs qualifiés de la spiritualité intellectuelle sur terre, nous ne serions pas les mai
11061 ectuelle sur terre, nous ne serions pas les mains de Dieu, si chez nous l’accent significatif ne reposait pas exclusivemen
11062 l’esprit. La forme grecque est encore à la racine de l’art de l’Extrême-Orient, et l’Éthos juif est à la racine de tout Ét
11063 La forme grecque est encore à la racine de l’art de l’Extrême-Orient, et l’Éthos juif est à la racine de tout Éthos qui s
11064 l’Extrême-Orient, et l’Éthos juif est à la racine de tout Éthos qui s’affirme dans le monde. Toute science est d’origine e
11065 os qui s’affirme dans le monde. Toute science est d’ origine européenne. Mais pour ce qui est du christianisme, sa force ex
11066 ffirme dans le monde. Toute science est d’origine européenne . Mais pour ce qui est du christianisme, sa force expansive et active
11067 e, sa force expansive et active vient précisément de ce qu’il incarne la compréhension tournée vers le pratique. Il y a en
11068 profondes ; mais en elles ne vit pas le principe de l’Esprit dominateur de la Terre. En lui-même, l’esprit est terrestrem
11069 les ne vit pas le principe de l’Esprit dominateur de la Terre. En lui-même, l’esprit est terrestrement impuissant ; même l
11070 a légende du deuxième larron sur la croix. Or, en Europe , l’esprit est essentiellement dominateur de la terre. Grâce à lui l’E
11071 n Europe, l’esprit est essentiellement dominateur de la terre. Grâce à lui l’Européen peut avoir sur terre une action hist
11072 ntiellement dominateur de la terre. Grâce à lui l’ Européen peut avoir sur terre une action historique. Il représente une synthès
11073 une action historique. Il représente une synthèse d’ esprit, d’âme et de corps, grâce à laquelle, en vertu de la loi de cor
11074 historique. Il représente une synthèse d’esprit, d’ âme et de corps, grâce à laquelle, en vertu de la loi de correspondanc
11075 ue. Il représente une synthèse d’esprit, d’âme et de corps, grâce à laquelle, en vertu de la loi de correspondance du sens
11076 et de corps, grâce à laquelle, en vertu de la loi de correspondance du sens et de l’expression, l’esprit suprême peut agir
11077 , en vertu de la loi de correspondance du sens et de l’expression, l’esprit suprême peut agir terrestrement. Le fait que l
11078 it suprême peut agir terrestrement. Le fait que l’ Europe ait été, parfois, puissante aussi au point de vue extérieur, ne fut p
11079 e vue extérieur, ne fut pas l’expression primaire de l’esprit européen, mais sa conséquence dans le domaine des applicatio
11080 eur, ne fut pas l’expression primaire de l’esprit européen , mais sa conséquence dans le domaine des applications pratiques, tout
11081 tions pratiques, tout comme des fortunes naissent d’ inventions faites dans un intérêt purement intellectuel par un savant
11082 étranger au monde. Or, aujourd’hui, l’importance de l’Europe repose plus que jamais sur sa spiritualité intellectuelle. C
11083 nger au monde. Or, aujourd’hui, l’importance de l’ Europe repose plus que jamais sur sa spiritualité intellectuelle. Car c’est
11084 c’est la seule chose qui maintenant soit capable d’ être développée à un degré inouï. … La raison principale pour laquelle
11085 gré inouï. … La raison principale pour laquelle l’ Europe a, dans cet ordre d’idées, les plus grandes perspectives d’avenir vie
11086 incipale pour laquelle l’Europe a, dans cet ordre d’ idées, les plus grandes perspectives d’avenir vient de ce que l’esprit
11087 cet ordre d’idées, les plus grandes perspectives d’ avenir vient de ce que l’esprit ne peut régner que là où tout l’accent
11088 De même que le Christ proclama la valeur infinie de l’âme humaine et enseigna qu’aucun gain temporel ne compense le domma
11089 toute éthique a son sens dans la libre résolution de l’individu, de même que toute originalité créatrice a sa racine dans
11090 atrice a sa racine dans l’individu et qu’il n’y a d’ autre compréhension que celle qui est personnelle, — de même la souver
11091 le qui est personnelle, — de même la souveraineté de l’esprit sur la terre est liée à ce que l’accent significatif repose
11092 ent. Or, aujourd’hui il n’en est ainsi que chez l’ Européen . … Que l’Europe puisse remplir cette mission, cela est dû à ce que so
11093 ui il n’en est ainsi que chez l’Européen. … Que l’ Europe puisse remplir cette mission, cela est dû à ce que son entrée dans le
11094 et son entrée à elle seule, s’opère sans solution de continuité. La science et la technique sont les enfants authentiques
11095 nce et la technique sont les enfants authentiques de son esprit : par conséquent, leur réception ne détermine aucune révol
11096 ofondes. Par conséquent, non seulement les élites européennes , mais encore les masses sont immunisées contre l’américanisme et le b
11097 hévisme. Aucun grand mouvement ne pourra plus, en Europe , renier l’esprit au profit de la matière. L’Europe a psychologiquemen
11098 pourra plus, en Europe, renier l’esprit au profit de la matière. L’Europe a psychologiquement le pas sur tout le reste du
11099 urope, renier l’esprit au profit de la matière. L’ Europe a psychologiquement le pas sur tout le reste du monde.307 Dans l’un
11100 le pas sur tout le reste du monde.307 Dans l’un de ses derniers écrits — une préface à la traduction française du Rapt d
11101 s — une préface à la traduction française du Rapt de l’Europe de Diez del Corral308 —, André Siegfried résume, avec son se
11102 grands ensembles, les données du problème crucial de notre temps : celui que pose la diffusion mondiale d’une technique sé
11103 otre temps : celui que pose la diffusion mondiale d’ une technique séparée de l’esprit qui l’a créée. Siegfried enregistre
11104 ose la diffusion mondiale d’une technique séparée de l’esprit qui l’a créée. Siegfried enregistre d’abord la victoire « se
11105 toire « sensationnelle, presque invraisemblable » de l’influence civilisatrice de l’Europe : Le monde est en train de pre
11106 ue invraisemblable » de l’influence civilisatrice de l’Europe : Le monde est en train de prendre à notre Europe ses armes
11107 vraisemblable » de l’influence civilisatrice de l’ Europe  : Le monde est en train de prendre à notre Europe ses armes, ses mét
11108 urope : Le monde est en train de prendre à notre Europe ses armes, ses méthodes et, pense-t-il, jusqu’à son esprit. Ces instr
11109 , pense-t-il, jusqu’à son esprit. Ces instruments de puissance, l’Europe se les est laissé ravir ; bien plus, elle les a l
11110 squ’à son esprit. Ces instruments de puissance, l’ Europe se les est laissé ravir ; bien plus, elle les a libéralement offerts
11111 t peut-être le génie des civilisations créatrices de travailler pour d’autres qu’elles-mêmes. Du point de vue de son influ
11112 ler pour d’autres qu’elles-mêmes. Du point de vue de son influence civilisatrice, la victoire de l’Europe est extraordinai
11113 e vue de son influence civilisatrice, la victoire de l’Europe est extraordinaire, sensationnelle, presque invraisemblable,
11114 de son influence civilisatrice, la victoire de l’ Europe est extraordinaire, sensationnelle, presque invraisemblable, puisque
11115 nte non seulement sa technique, mais ses manières de vivre et jusqu’à ses façons de se vêtir. Mais c’est au prix de son an
11116 mais ses manières de vivre et jusqu’à ses façons de se vêtir. Mais c’est au prix de son ancienne hégémonie, qui lui échap
11117 nne hégémonie, qui lui échappe, au prix peut-être de son intégrité spirituelle, que compromettent de subtiles et dangereus
11118 e de son intégrité spirituelle, que compromettent de subtiles et dangereuses contre-pénétrations. Une ère de toute-puissan
11119 tiles et dangereuses contre-pénétrations. Une ère de toute-puissance depuis le xvie siècle, de haute et unique culture de
11120 ne ère de toute-puissance depuis le xvie siècle, de haute et unique culture depuis le vie siècle avant Jésus-Christ, est
11121 ssistons. L’enjeu en sera demain l’existence même de notre continent. Nous mesurons la différence qui sépare la civilisati
11122 mesurons la différence qui sépare la civilisation européenne de la civilisation occidentale, la seconde issue de la première, mais
11123 différence qui sépare la civilisation européenne de la civilisation occidentale, la seconde issue de la première, mais la
11124 de la civilisation occidentale, la seconde issue de la première, mais la transformant, la trahissant peut-être en la débo
11125 n. Il se pourrait que, dès aujourd’hui, le centre de gravité de l’Occident ne soit plus en Europe, et ceci nous invite à a
11126 urrait que, dès aujourd’hui, le centre de gravité de l’Occident ne soit plus en Europe, et ceci nous invite à analyser les
11127 e centre de gravité de l’Occident ne soit plus en Europe , et ceci nous invite à analyser les traits essentiels qui marquent la
11128 ssentiels qui marquent la civilisation proprement européenne . À pareille analyse nous n’avions pas beaucoup pensé avant que la Pre
11129 té et ce que nous avions cru être l’intangibilité de notre puissance. Il suffisait à nos yeux que l’Europe existât, irrési
11130 de notre puissance. Il suffisait à nos yeux que l’ Europe existât, irrésistible, éclatante comme le soleil, mais nous ne nous d
11131 s ce qu’elle était, où résidait le secret ressort de son incomparable hégémonie. Le secret de cette hégémonie, aux temps
11132 ressort de son incomparable hégémonie. Le secret de cette hégémonie, aux temps modernes, semble bien avoir résidé dans la
11133 ésidé dans la puissance industrielle et technique de notre continent. Mais le secret de cette puissance industrielle, où s
11134 e et technique de notre continent. Mais le secret de cette puissance industrielle, où se cache-t-il ? La source initiale
11135 ecque, car celle-ci avait discerné déjà l’essence de nos méthodes scientifiques modernes ; mais elle ne s’en était servie
11136 la contemplation, pour la recherche désintéressée de la connaissance (qu’on se rappelle les réserves de Platon sur la tech
11137 e la connaissance (qu’on se rappelle les réserves de Platon sur la technique, les excuses d’Archimède d’avoir utilisé sa s
11138 réserves de Platon sur la technique, les excuses d’ Archimède d’avoir utilisé sa science pour des fins pratiques !). Les r
11139 Platon sur la technique, les excuses d’Archimède d’ avoir utilisé sa science pour des fins pratiques !). Les réalisations
11140 que par une mise au point des méthodes anciennes de pensée. Le centre de gravité de la civilisation s’était déplacé vers
11141 point des méthodes anciennes de pensée. Le centre de gravité de la civilisation s’était déplacé vers les contrées du Nord
11142 éthodes anciennes de pensée. Le centre de gravité de la civilisation s’était déplacé vers les contrées du Nord où il faisa
11143 symboliquement, en 1764, avec la machine à vapeur de Watt, n’eût pu produire toutes ses immenses conséquences si ces « maî
11144 penser » que sont Descartes, l’ancêtre véritable de la rationalisation, Bacon, le père de l’induction, n’avaient mis au p
11145 e véritable de la rationalisation, Bacon, le père de l’induction, n’avaient mis au point l’instrument de raisonnement inte
11146 l’induction, n’avaient mis au point l’instrument de raisonnement intellectuel sans lequel la technique mécanique n’eût pa
11147 ue n’eût pas connu son étonnante fécondité. C’est de là qu’est issue, au xixe siècle, l’irrésistible hégémonie de l’Europ
11148 issue, au xixe siècle, l’irrésistible hégémonie de l’Europe. Jusqu’alors, l’Asie pouvait en somme opposer à l’Occident d
11149 e, au xixe siècle, l’irrésistible hégémonie de l’ Europe . Jusqu’alors, l’Asie pouvait en somme opposer à l’Occident des techni
11150 siennes. Désormais, pendant cent-cinquante ans, l’ Europe allait bénéficier d’une avance industrielle telle que toute concurren
11151 nt cent-cinquante ans, l’Europe allait bénéficier d’ une avance industrielle telle que toute concurrence se manifesterait c
11152 voilà les deux dates qui encadrent cette période de l’histoire pendant laquelle l’Europe a indiscutablement dominé le mon
11153 nt cette période de l’histoire pendant laquelle l’ Europe a indiscutablement dominé le monde. Pour elle, c’était un optimum, ca
11154 t un optimum, car, alors qu’elle bénéficiait déjà de tous les avantages de la machine, elle continuait à alimenter sa forc
11155 rs qu’elle bénéficiait déjà de tous les avantages de la machine, elle continuait à alimenter sa force du dynamisme qu’elle
11156 à alimenter sa force du dynamisme qu’elle tenait de sa double conception de la connaissance et de l’individu. Il était ce
11157 dynamisme qu’elle tenait de sa double conception de la connaissance et de l’individu. Il était cependant impossible que c
11158 ait de sa double conception de la connaissance et de l’individu. Il était cependant impossible que ce monopole extraordina
11159 urs, car sa technique pouvait lui être empruntée, d’ autant plus qu’elle ne se faisait pas faute de la distribuer libéralem
11160 ibéralement. Cependant, loin de porter au crédit de l’Europe ce qu’elle lui a donné (mais en le conquérant !), le « tiers
11161 lement. Cependant, loin de porter au crédit de l’ Europe ce qu’elle lui a donné (mais en le conquérant !), le « tiers-monde »
11162  : Révolte d’abord simplement technique, affaire d’ ingénieurs et d’outillage, à laquelle l’Europe prêtait négligemment et
11163 ord simplement technique, affaire d’ingénieurs et d’ outillage, à laquelle l’Europe prêtait négligemment et imprudemment so
11164 affaire d’ingénieurs et d’outillage, à laquelle l’ Europe prêtait négligemment et imprudemment son concours. Mais, avec la révo
11165 sous l’égide du marxisme, la résonance passionnée d’ un dynamisme tourné contre l’Occident. Doctrine étonnante de puissance
11166 isme tourné contre l’Occident. Doctrine étonnante de puissance infuse, le marxisme se mue en instrument de revanche contre
11167 uissance infuse, le marxisme se mue en instrument de revanche contre nous. Tel que pratiqué en Russie, puis en Asie, il ap
11168 ioccidentale que réclamation sociale ou programme d’ industrialisation. Dans cette atmosphère nouvelle, l’acquisition d’un
11169 on. Dans cette atmosphère nouvelle, l’acquisition d’ un appareil mécanique, acclamé comme libérateur, se charge de passion
11170 il mécanique, acclamé comme libérateur, se charge de passion et c’est en termes mystiques qu’on salue le tracteur ou la ce
11171 jourd’hui l’accueil le plus convaincu. Quel sujet de réflexion pour le philosophe, pour un Bossuet du xixe siècle : la le
11172 r un Bossuet du xixe siècle : la leçon technique de l’Europe, transmise à l’Asie non par ses initiateurs, mais par l’entr
11173 Bossuet du xixe siècle : la leçon technique de l’ Europe , transmise à l’Asie non par ses initiateurs, mais par l’entremise d’u
11174 sie non par ses initiateurs, mais par l’entremise d’ une Russie à peine européenne, disciple sans doute mais disciple révol
11175 ateurs, mais par l’entremise d’une Russie à peine européenne , disciple sans doute mais disciple révolté de l’Europe ! Mais que fe
11176 péenne, disciple sans doute mais disciple révolté de l’Europe ! Mais que fera le « tiers-monde » de nos techniques, s’il
11177 e, disciple sans doute mais disciple révolté de l’ Europe  ! Mais que fera le « tiers-monde » de nos techniques, s’il ignore le
11178 é de l’Europe ! Mais que fera le « tiers-monde » de nos techniques, s’il ignore les secrets de leur origine et de leur vr
11179 onde » de nos techniques, s’il ignore les secrets de leur origine et de leur vraie fin, la liberté de la personne ? Ici s
11180 iques, s’il ignore les secrets de leur origine et de leur vraie fin, la liberté de la personne ? Ici se pose une question
11181 de leur origine et de leur vraie fin, la liberté de la personne ? Ici se pose une question fondamentale, celle de savoir
11182 e ? Ici se pose une question fondamentale, celle de savoir dans quelle mesure la civilisation européenne, transmise en ta
11183 elle de savoir dans quelle mesure la civilisation européenne , transmise en tant que technique peut également l’être en tant que cu
11184 invite à déterminer ce qui, dans notre conception européenne , est primordial, intransmissible. La révolution industrielle n’eût pa
11185 le fût, ne s’était alimentée à la source profonde d’ une pensée créatrice, en possession de toutes les ressources du raison
11186 ce profonde d’une pensée créatrice, en possession de toutes les ressources du raisonnement logique. La charnière de l’espr
11187 ressources du raisonnement logique. La charnière de l’esprit logique et de son application pratique, ne nous y trompons p
11188 ment logique. La charnière de l’esprit logique et de son application pratique, ne nous y trompons pas, c’est chose jusqu’i
11189 trompons pas, c’est chose jusqu’ici exclusivement européenne , occidentale par extension. C’est dans ce joint que réside la véritab
11190 la véritable supériorité occidentale, la pratique de l’Europe est efficace parce qu’elle se nourrit d’esprit. L’esprit sou
11191 ritable supériorité occidentale, la pratique de l’ Europe est efficace parce qu’elle se nourrit d’esprit. L’esprit souffle où i
11192 de l’Europe est efficace parce qu’elle se nourrit d’ esprit. L’esprit souffle où il veut, c’est sa nature, mais il lui faut
11193 en effet, le praticien ne trouve pas en soi-même de quoi se renouveler et l’industrie s’étiole si elle croit tout devoir
11194 ien à la pensée pure. Quand le monde emprunte à l’ Europe ses machines et les recettes qui y sont attachées, lui emprunte-t-il
11195 recettes qui y sont attachées, lui emprunte-t-il de ce fait son esprit créateur ? Les dons intellectuels de l’Asie sont i
11196 fait son esprit créateur ? Les dons intellectuels de l’Asie sont incontestables ; mais il y a une atmosphère, essentiellem
11197 il y a une atmosphère, essentiellement créatrice, de l’Europe, dont on peut se demander si elle est effectivement transpor
11198 a une atmosphère, essentiellement créatrice, de l’ Europe , dont on peut se demander si elle est effectivement transportable. La
11199 est effectivement transportable. La revendication d’ un domaine où règne la liberté de l’esprit est typiquement européenne,
11200 La revendication d’un domaine où règne la liberté de l’esprit est typiquement européenne, et si nous y renoncions, nous ne
11201 e où règne la liberté de l’esprit est typiquement européenne , et si nous y renoncions, nous ne serions plus nous-mêmes. Mais elle
11202 lus nous-mêmes. Mais elle n’est nullement le fait de ces pays qui, sous l’égide Marx, se sont récemment engagés à fond dan
11203 urs conceptions totalitaires ne se contentent pas de méconnaître, elles condamnent intégralement tout dualisme susceptible
11204 ondamnent intégralement tout dualisme susceptible de ménager quelque jardin secret où la pensée puisse fleurir selon ses p
11205 s seulement le travailleur, agent presque anonyme d’ une collectivité qui l’absorbe. Or l’individu seul est créateur, et il
11206 l’esprit que par la technique. Telle est la leçon de deux-mille ans d’histoire ayant abouti à ce nouveau miracle qu’est l’
11207 a technique. Telle est la leçon de deux-mille ans d’ histoire ayant abouti à ce nouveau miracle qu’est l’étonnante marée te
11208 i déferle sur le monde. En indiquant le principe d’ un « programme pour l’Europe » assumant les contradictions inéluctable
11209 En indiquant le principe d’un « programme pour l’ Europe  » assumant les contradictions inéluctables qui étaient dans sa nature
11210 propre action, Siegfried rejoint les conclusions de Keyserling : À la vérité, il y a dans l’Europe une destinée contradi
11211 sions de Keyserling : À la vérité, il y a dans l’ Europe une destinée contradictoire, due au caractère contradictoire de son g
11212 e contradictoire, due au caractère contradictoire de son génie. Pour renouveler le monde, il fallait que l’esprit européen
11213 Pour renouveler le monde, il fallait que l’esprit européen eût sa source dans un esprit de liberté critique, générateur de créat
11214 ue l’esprit européen eût sa source dans un esprit de liberté critique, générateur de créations sans cesse renouvelées parc
11215 ce dans un esprit de liberté critique, générateur de créations sans cesse renouvelées parce que sans cesse discutées : la
11216 es unes avec les autres, reflète cette atmosphère de liberté créatrice. Mais c’est aussi de cette division invétérée que l
11217 atmosphère de liberté créatrice. Mais c’est aussi de cette division invétérée que l’Europe finit par pâtir, du fait de ses
11218 ais c’est aussi de cette division invétérée que l’ Europe finit par pâtir, du fait de ses guerres fratricides dans lesquelles e
11219 n invétérée que l’Europe finit par pâtir, du fait de ses guerres fratricides dans lesquelles elle s’épuise. Et cependant,
11220 dans lesquelles elle s’épuise. Et cependant, une Europe unifiée par Hitler ou passée au rouleau compresseur des Soviets serai
11221 le-même et surtout conserverait-elle la puissance de rénovation qui a marqué d’un trait de feu son passage dans l’histoire
11222 rait-elle la puissance de rénovation qui a marqué d’ un trait de feu son passage dans l’histoire ? De ce fait commence sous
11223 a puissance de rénovation qui a marqué d’un trait de feu son passage dans l’histoire ? De ce fait commence sous nos yeux u
11224 é d’un trait de feu son passage dans l’histoire ? De ce fait commence sous nos yeux une période nouvelle de l’évolution hu
11225 fait commence sous nos yeux une période nouvelle de l’évolution humaine, faisant suite à la période gréco-romaine-europée
11226 e ne remplaçant pas celle-ci dans ce qu’elle a eu d’ ailé, de spirituel, de divinement libre dans le rayonnement de son esp
11227 plaçant pas celle-ci dans ce qu’elle a eu d’ailé, de spirituel, de divinement libre dans le rayonnement de son esprit. L’â
11228 lle-ci dans ce qu’elle a eu d’ailé, de spirituel, de divinement libre dans le rayonnement de son esprit. L’âge qui vient,
11229 pirituel, de divinement libre dans le rayonnement de son esprit. L’âge qui vient, d’inspiration surtout technique, mesuran
11230 ns le rayonnement de son esprit. L’âge qui vient, d’ inspiration surtout technique, mesurant la supériorité de l’homme moin
11231 ration surtout technique, mesurant la supériorité de l’homme moins par la pensée que par le niveau de vie, repose sur une
11232 . On pourrait, dans ce contraste, trouver la base d’ un programme pour l’Europe d’aujourd’hui et de demain. Encore faudrait
11233 contraste, trouver la base d’un programme pour l’ Europe d’aujourd’hui et de demain. Encore faudrait-il qu’elle conserve un co
11234 ste, trouver la base d’un programme pour l’Europe d’ aujourd’hui et de demain. Encore faudrait-il qu’elle conserve un corps
11235 ase d’un programme pour l’Europe d’aujourd’hui et de demain. Encore faudrait-il qu’elle conserve un corps, susceptible de
11236 audrait-il qu’elle conserve un corps, susceptible de servir de support à ce qui lui reste d’âme. 4.L’Unité dans la div
11237 qu’elle conserve un corps, susceptible de servir de support à ce qui lui reste d’âme. 4.L’Unité dans la diversité Fon
11238 sceptible de servir de support à ce qui lui reste d’ âme. 4.L’Unité dans la diversité Fondement de l’Union fédérale
11239 d’âme. 4.L’Unité dans la diversité Fondement de l’Union fédérale Si telle est bien la vocation particulière de l’E
11240 ale Si telle est bien la vocation particulière de l’Europe dans le Monde réveillé par nos œuvres, deux conclusions géné
11241 Si telle est bien la vocation particulière de l’ Europe dans le Monde réveillé par nos œuvres, deux conclusions générales en
11242 ons générales en résultent : 1° l’union politique de nos peuples est désormais la condition non seulement de leur survie m
11243 peuples est désormais la condition non seulement de leur survie mais du juste exercice de leur fonction mondiale ; 2° cet
11244 n seulement de leur survie mais du juste exercice de leur fonction mondiale ; 2° cette union doit prendre la forme que dic
11245 res historiques et vivantes du complexe organisme de notre culture : donc une forme fédéraliste. L’union politique suppos
11246 fédéraliste. L’union politique suppose une prise de « conscience européenne commune », disait Christopher Dawson dès 1932
11247 union politique suppose une prise de « conscience européenne commune », disait Christopher Dawson dès 1932 : Au cours du xviiie
11248 du xviiie et du xixe siècle, quand le prestige de la civilisation européenne était tel qu’elle semblait n’avoir point d
11249 ixe siècle, quand le prestige de la civilisation européenne était tel qu’elle semblait n’avoir point de rivales et qu’elle s’iden
11250 ropéenne était tel qu’elle semblait n’avoir point de rivales et qu’elle s’identifiait à la civilisation en général, il éta
11251 vilisation en général, il était sans doute facile de perdre de vue cette unité ; mais il n’en va plus du tout de même aujo
11252 en général, il était sans doute facile de perdre de vue cette unité ; mais il n’en va plus du tout de même aujourd’hui, o
11253 lus du tout de même aujourd’hui, où l’on conteste de tous côtés l’hégémonie de l’Europe ; où il devient impossible de cons
11254 d’hui, où l’on conteste de tous côtés l’hégémonie de l’Europe ; où il devient impossible de considérer plus longtemps la R
11255 , où l’on conteste de tous côtés l’hégémonie de l’ Europe  ; où il devient impossible de considérer plus longtemps la Russie et
11256 ’hégémonie de l’Europe ; où il devient impossible de considérer plus longtemps la Russie et l’Amérique comme des colonies
11257 gtemps la Russie et l’Amérique comme des colonies de culture européenne, puisqu’elles commencent à rivaliser avec l’Europe
11258 ussie et l’Amérique comme des colonies de culture européenne , puisqu’elles commencent à rivaliser avec l’Europe en population et e
11259 éenne, puisqu’elles commencent à rivaliser avec l’ Europe en population et en richesse et à développer des civilisations qui le
11260 tions qui leur sont propres, où enfin les peuples de l’Orient font valoir à nouveau les droits de la civilisation oriental
11261 ples de l’Orient font valoir à nouveau les droits de la civilisation orientale et où nous-mêmes nous perdons notre confian
11262 nous perdons notre confiance dans la supériorité de nos traditions. Personne, malheureusement, n’a la charge de plaider
11263 itions. Personne, malheureusement, n’a la charge de plaider la cause de l’Europe. Chaque nation, du fait qu’elle existe,
11264 alheureusement, n’a la charge de plaider la cause de l’Europe. Chaque nation, du fait qu’elle existe, se crée tout un ense
11265 reusement, n’a la charge de plaider la cause de l’ Europe . Chaque nation, du fait qu’elle existe, se crée tout un ensemble d’in
11266 du fait qu’elle existe, se crée tout un ensemble d’ intérêts auxquels est lié le soin de sa défense ; la cause de l’intern
11267 t un ensemble d’intérêts auxquels est lié le soin de sa défense ; la cause de l’internationalisme a, elle aussi, ses champ
11268 auxquels est lié le soin de sa défense ; la cause de l’internationalisme a, elle aussi, ses champions dans les forces du l
11269 dans les forces du libéralisme, du socialisme et de la finance internationale ; il n’est pas jusqu’aux civilisations orie
11270 ilisations orientales qui n’aient pris conscience d’ elles-mêmes en empruntant au nationalisme occidental ses formes et en
11271 mes et en développant, à leur tour, sur le modèle de la propagande occidentale, une propagande nationaliste ; mais personn
11272 liste ; mais personne n’a jamais songé à nommer l’ Europe une nation. Aussi la cause de l’Europe est-elle d’avance perdue, par
11273 ongé à nommer l’Europe une nation. Aussi la cause de l’Europe est-elle d’avance perdue, par défaut. Si pourtant notre civi
11274 à nommer l’Europe une nation. Aussi la cause de l’ Europe est-elle d’avance perdue, par défaut. Si pourtant notre civilisation
11275 e une nation. Aussi la cause de l’Europe est-elle d’ avance perdue, par défaut. Si pourtant notre civilisation doit survivr
11276 l est essentiel qu’elle atteigne à une conscience européenne commune et qu’elle acquière le sens de son unité historique et organi
11277 ce européenne commune et qu’elle acquière le sens de son unité historique et organique. On n’a pas à craindre de porter ai
11278 té historique et organique. On n’a pas à craindre de porter ainsi préjudice à la cause de la paix internationale ou d’accr
11279 s à craindre de porter ainsi préjudice à la cause de la paix internationale ou d’accroître l’hostilité entre l’Europe et l
11280 préjudice à la cause de la paix internationale ou d’ accroître l’hostilité entre l’Europe et les sociétés non européennes.
11281 internationale ou d’accroître l’hostilité entre l’ Europe et les sociétés non européennes. L’Oriental qui nous en veut de notre
11282 re l’hostilité entre l’Europe et les sociétés non européennes . L’Oriental qui nous en veut de notre arrogante prétention à affirmer
11283 étés non européennes. L’Oriental qui nous en veut de notre arrogante prétention à affirmer que notre civilisation est la s
11284 qui compte, regardera celle-ci, sans aucun doute, d’ un œil beaucoup plus sympathique lorsqu’il apercevra le tout spirituel
11285 éhension mutuelle309. Quant à l’unité culturelle de base, sur laquelle devra s’édifier notre fédération, il s’agit de la
11286 uelle devra s’édifier notre fédération, il s’agit de la retrouver et de la restituer, en deçà et au-delà des « nations » c
11287 er notre fédération, il s’agit de la retrouver et de la restituer, en deçà et au-delà des « nations » constituées au cours
11288 es : … Seulement, avant qu’il nous soit possible de donner à la culture européenne la place qui lui revient dans la socié
11289 t qu’il nous soit possible de donner à la culture européenne la place qui lui revient dans la société internationale de l’avenir,
11290 ce qui lui revient dans la société internationale de l’avenir, il faut nous défaire des fausses représentations du passé q
11291 du dernier siècle et recouvrer le sens historique de la tradition européenne ; il nous faut récrire notre histoire du poin
11292 e et recouvrer le sens historique de la tradition européenne  ; il nous faut récrire notre histoire du point de vue européen et nou
11293 nous faut récrire notre histoire du point de vue européen et nous donner, pour comprendre l’unité de notre civilisation commune
11294 européen et nous donner, pour comprendre l’unité de notre civilisation commune, autant de peine que nous en avons pris po
11295 dre l’unité de notre civilisation commune, autant de peine que nous en avons pris pour étudier nos individualités national
11296 énéralement admise est dû avant tout à ce qu’on a d’ ordinaire écrit l’histoire moderne du point de vue nationaliste. Quelq
11297 isme, et leurs histoires sont souvent des manuels de propagande nationaliste. Cette tendance est manifeste tant chez les h
11298 ilosophes, qui tenaient l’idéalisation hégélienne de l’État pour la suprême expression de l’idée universelle, que chez des
11299 n hégélienne de l’État pour la suprême expression de l’idée universelle, que chez des écrivains comme Treitschke et Froude
11300 reitschke et Froude, qui furent les représentants d’ un nationalisme purement politique. Au cours du xixe siècle, la consc
11301 conscience populaire en a été imprégnée, et c’est de là qu’est issue la conception que l’homme moyen se fait de l’histoire
11302 est issue la conception que l’homme moyen se fait de l’histoire. Celle-ci a filtré de l’Université à l’école primaire et d
11303 me moyen se fait de l’histoire. Celle-ci a filtré de l’Université à l’école primaire et du penseur au journaliste et au ro
11304 ncier. Il en résulte que chaque nation se réclame d’ une unité et d’une indépendance de culture qu’elle ne possède point et
11305 sulte que chaque nation se réclame d’une unité et d’ une indépendance de culture qu’elle ne possède point et que chacune co
11306 tion se réclame d’une unité et d’une indépendance de culture qu’elle ne possède point et que chacune considère son lot de
11307 ne possède point et que chacune considère son lot de tradition européenne comme son œuvre propre et originale, sans tenir
11308 int et que chacune considère son lot de tradition européenne comme son œuvre propre et originale, sans tenir aucun compte du sol c
11309 elle a miné et vicié toute la vie internationale de l’Europe moderne, elle a trouvé sa revanche dans la guerre européenne
11310 a miné et vicié toute la vie internationale de l’ Europe moderne, elle a trouvé sa revanche dans la guerre européenne, qui a p
11311 moderne, elle a trouvé sa revanche dans la guerre européenne , qui a provoqué dans la vie de l’Europe un schisme beaucoup plus prof
11312 la guerre européenne, qui a provoqué dans la vie de l’Europe un schisme beaucoup plus profond que toutes les guerres pass
11313 uerre européenne, qui a provoqué dans la vie de l’ Europe un schisme beaucoup plus profond que toutes les guerres passées, et l
11314 dans les folles rivalités nationales qui menacent de ruiner l’économie de l’Europe entière. … Le mal du nationalisme ne ré
11315 ités nationales qui menacent de ruiner l’économie de l’Europe entière. … Le mal du nationalisme ne réside ni dans sa fidél
11316 nationales qui menacent de ruiner l’économie de l’ Europe entière. … Le mal du nationalisme ne réside ni dans sa fidélité aux t
11317 aux traditions du passé, ni dans sa revendication de l’unité nationale et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, mai
11318 nité nationale et du droit des peuples à disposer d’ eux-mêmes, mais bien plutôt dans le fait qu’il identifie cette unité à
11319 ans le fait qu’il identifie cette unité à l’unité de culture, laquelle dépasse les nations. Les vrais fondements de notre
11320 aquelle dépasse les nations. Les vrais fondements de notre culture sont non pas l’État national, mais l’unité européenne.3
11321 ulture sont non pas l’État national, mais l’unité européenne .310 C’est à démontrer cette thèse que se sont attachés les historio
11322 te thèse que se sont attachés les historiographes de l’Europe considérée comme unité de culture. C’est pourquoi la plupart
11323 èse que se sont attachés les historiographes de l’ Europe considérée comme unité de culture. C’est pourquoi la plupart — de Daw
11324 istoriographes de l’Europe considérée comme unité de culture. C’est pourquoi la plupart — de Dawson à Heer en passant par
11325 mme unité de culture. C’est pourquoi la plupart —  de Dawson à Heer en passant par Halphen, Marc Bloch, Reynold, Denys Hay
11326 her — ont centré leurs travaux sur la « formation de l’Europe », c’est-à-dire sur les périodes pré-nationales de notre his
11327 ont centré leurs travaux sur la « formation de l’ Europe  », c’est-à-dire sur les périodes pré-nationales de notre histoire. Le
11328 e », c’est-à-dire sur les périodes pré-nationales de notre histoire. Le plus récent d’entre eux, Henri Brugmans, résume en
11329 ble un concept à manier avec prudence… L’histoire européenne ne s’explique point par les histoires nationales considérées comme de
11330 , des entités immuables : elle n’est pas la somme de leurs histoires nationales juxtaposées. C’est l’Europe, au contraire,
11331 e leurs histoires nationales juxtaposées. C’est l’ Europe , au contraire, qui est antérieure et qui explique les nations. Or l’E
11332 est antérieure et qui explique les nations. Or l’ Europe et les nations sont sujettes au changement. … même le nationalisme fu
11333 e nationalisme fut international, et les conflits de l’impérialisme moderne démontrent une convergence européenne des appé
11334 l’impérialisme moderne démontrent une convergence européenne des appétits. Partout, la collectivité européenne et son destin forme
11335 européenne des appétits. Partout, la collectivité européenne et son destin forment la toile de fond de notre histoire. … Civilisat
11336 ctivité européenne et son destin forment la toile de fond de notre histoire. … Civilisation incomparablement dynamique, l’
11337 européenne et son destin forment la toile de fond de notre histoire. … Civilisation incomparablement dynamique, l’Europe r
11338 ire. … Civilisation incomparablement dynamique, l’ Europe réinterprète sans cesse ses grandes autorités traditionnelles. Les va
11339 grandes autorités traditionnelles. Les variations de son histoire ne s’expliquent que par un fonds commun.311 Il est fra
11340 ent que par un fonds commun.311 Il est frappant de constater que l’unanimité des auteurs qui ont contribué au xxe siècl
11341 contribué au xxe siècle à la prise de conscience de notre unité de culture, la conçoivent comme unité dans la diversité.
11342 e siècle à la prise de conscience de notre unité de culture, la conçoivent comme unité dans la diversité. Mais qu’entende
11343 meuse diversité ? S’agirait-il d’abord et surtout de la multiplicité de nos nations actuelles, comme on le croit trop faci
11344 ’agirait-il d’abord et surtout de la multiplicité de nos nations actuelles, comme on le croit trop facilement ? Non, la di
11345 e on le croit trop facilement ? Non, la diversité européenne est plus organique et profonde, comme nous le rappelle Ortega : Lors
11346 rsque Guizot, par exemple, oppose la civilisation européenne à toutes les autres, en faisant remarquer que jamais en Europe aucun
11347 es les autres, en faisant remarquer que jamais en Europe aucun principe, aucune idée, aucun groupe, aucune classe n’a triomphé
11348 ractère progressif, nous ne pouvons nous empêcher de dresser l’oreille. Cet homme sait ce qu’il dit… La liberté et le plur
11349 constituent toutes les deux l’essence permanente de l’Europe. Le découpage de l’Europe moderne en nations n’exprime pas
11350 tituent toutes les deux l’essence permanente de l’ Europe . Le découpage de l’Europe moderne en nations n’exprime pas cette « e
11351 x l’essence permanente de l’Europe. Le découpage de l’Europe moderne en nations n’exprime pas cette « essence permanente 
11352 ssence permanente de l’Europe. Le découpage de l’ Europe moderne en nations n’exprime pas cette « essence permanente », ne tra
11353 écondes, mais au contraire, explique le sentiment de paralysie et de décadence qui a régné sur la première moitié de notre
11354 contraire, explique le sentiment de paralysie et de décadence qui a régné sur la première moitié de notre siècle312 : La
11355 t de décadence qui a régné sur la première moitié de notre siècle312 : La seule chose qui apparaisse (et sans grande préc
11356 sion) lorsqu’on veut définir l’actuelle décadence de l’Europe, c’est l’ensemble des difficultés économiques devant lesquel
11357 lorsqu’on veut définir l’actuelle décadence de l’ Europe , c’est l’ensemble des difficultés économiques devant lesquelles se tr
11358 quelles se trouve aujourd’hui chacune des nations européennes . Mais quand on veut préciser un peu le caractère de ces difficultés,
11359 . Mais quand on veut préciser un peu le caractère de ces difficultés, on remarque qu’aucune d’elles n’affecte sérieusement
11360 ractère de ces difficultés, on remarque qu’aucune d’ elles n’affecte sérieusement le pouvoir de création de richesse, et qu
11361 ’aucune d’elles n’affecte sérieusement le pouvoir de création de richesse, et que l’ancien continent est passé par des cri
11362 les n’affecte sérieusement le pouvoir de création de richesse, et que l’ancien continent est passé par des crises de ce ge
11363 t que l’ancien continent est passé par des crises de ce genre beaucoup plus graves. Est-ce que, par hasard, l’Allemand ou
11364 glais ne se sentiraient plus capables aujourd’hui de produire plus et mieux que jamais ? Pas du tout. Et il importe beauco
11365 Et il importe beaucoup de définir l’état d’esprit de cet Allemand ou de cet Anglais dans cette dimension de l’économique.
11366 oup de définir l’état d’esprit de cet Allemand ou de cet Anglais dans cette dimension de l’économique. Car le fait véritab
11367 t Allemand ou de cet Anglais dans cette dimension de l’économique. Car le fait véritablement curieux est précisément que l
11368 blement curieux est précisément que la dépression de leurs âmes ne provient pas de ce qu’ils se sentent peu capables, mais
11369 t que la dépression de leurs âmes ne provient pas de ce qu’ils se sentent peu capables, mais au contraire de ce que, senta
11370 t à certaines barrières fatales qui les empêchent de réaliser ce qu’ils pourraient fort bien faire. Ces frontières fatales
11371 ourraient fort bien faire. Ces frontières fatales de l’économie actuelle allemande, anglaise, française, sont les frontièr
11372 nomiques qui se posent, mais dans ce que la forme de vie publique où doivent se mouvoir les capacités économiques, n’est p
11373 sur l’âme continentale ressemble beaucoup à celui de l’oiseau à grandes ailes qui, en battant l’air, se blesse contre les
11374 , en battant l’air, se blesse contre les barreaux de sa cage. La meilleure preuve en est que cette combinaison se répète d
11375 s se sent aujourd’hui à l’étroit dans les limites de sa nation, sent sa nationalité comme une limitation absolue… Si l’on
11376 périence purement imaginaire — à vivre uniquement de ce que nous sommes, en tant que « nationaux », et que, par un artific
11377 errifié. Il verrait qu’il ne lui est pas possible de vivre avec ce maigre recours purement national, mais que les quatre c
11378 purement national, mais que les quatre cinquièmes de son avoir intime sont des biens de la communauté européenne. On ne vo
11379 tre cinquièmes de son avoir intime sont des biens de la communauté européenne. On ne voit guère quelle autre chose d’impor
11380 son avoir intime sont des biens de la communauté européenne . On ne voit guère quelle autre chose d’importance nous pourrions bien
11381 é européenne. On ne voit guère quelle autre chose d’ importance nous pourrions bien faire, nous qui existons de ce côté de
11382 ance nous pourrions bien faire, nous qui existons de ce côté de la planète, si ce n’est de réaliser la promesse que, depui
11383 ourrions bien faire, nous qui existons de ce côté de la planète, si ce n’est de réaliser la promesse que, depuis quatre si
11384 ui existons de ce côté de la planète, si ce n’est de réaliser la promesse que, depuis quatre siècles, signifie le mot Euro
11385 messe que, depuis quatre siècles, signifie le mot Europe . Seul s’y oppose le préjugé des vieilles « nations », l’idée de natio
11386 ppose le préjugé des vieilles « nations », l’idée de nation en tant que passé. On va voir de nos jours si les Européens so
11387 », l’idée de nation en tant que passé. On va voir de nos jours si les Européens sont eux aussi les enfants de la femme de
11388 en tant que passé. On va voir de nos jours si les Européens sont eux aussi les enfants de la femme de Loth et s’ils s’obstinent à
11389 jours si les Européens sont eux aussi les enfants de la femme de Loth et s’ils s’obstinent à faire de l’Histoire en regard
11390 Européens sont eux aussi les enfants de la femme de Loth et s’ils s’obstinent à faire de l’Histoire en regardant derrière
11391 de la femme de Loth et s’ils s’obstinent à faire de l’Histoire en regardant derrière eux. Quant à lui, Ortega croit que
11392 eux. Quant à lui, Ortega croit que la nécessité de l’union politique est inscrite dans nos réalités présentes : L’unit
11393 inscrite dans nos réalités présentes : L’unité de l’Europe n’est pas une fantaisie. Elle est la réalité même ; et ce qu
11394 rite dans nos réalités présentes : L’unité de l’ Europe n’est pas une fantaisie. Elle est la réalité même ; et ce qui est fan
11395 aussi mûre que celle que forment déjà les peuples européens , ne soit pas près de créer l’appareil politique d’un État, pour donne
11396 s, ne soit pas près de créer l’appareil politique d’ un État, pour donner une forme à l’exercice du pouvoir public européen
11397 r donner une forme à l’exercice du pouvoir public européen déjà existant. … C’est le réalisme historique qui m’a appris à reconn
11398 storique qui m’a appris à reconnaître que l’unité de l’Europe comme société n’est pas un idéal mais un fait de très ancien
11399 que qui m’a appris à reconnaître que l’unité de l’ Europe comme société n’est pas un idéal mais un fait de très ancienne quotid
11400 ope comme société n’est pas un idéal mais un fait de très ancienne quotidienneté. Et lorsqu’on a vu cela, la probabilité d
11401 idienneté. Et lorsqu’on a vu cela, la probabilité d’ un État général européen s’impose mécaniquement. Quant à l’occasion qu
11402 qu’on a vu cela, la probabilité d’un État général européen s’impose mécaniquement. Quant à l’occasion qui subitement portera le
11403 n terme, elle peut être Dieu sait quoi ! la natte d’ un Chinois émergeant de derrière les Ourals ou bien la secousse du gra
11404 Dieu sait quoi ! la natte d’un Chinois émergeant de derrière les Ourals ou bien la secousse du grand magma islamique.313
11405 que l’union est inscrite dans la logique profonde de l’Europe : L’Europe se constitue parce que ce qu’il y a de commun ch
11406 ’union est inscrite dans la logique profonde de l’ Europe  : L’Europe se constitue parce que ce qu’il y a de commun chez tous l
11407 nscrite dans la logique profonde de l’Europe : L’ Europe se constitue parce que ce qu’il y a de commun chez tous les Européens
11408 e : L’Europe se constitue parce que ce qu’il y a de commun chez tous les Européens prend de plus en plus d’importance par
11409 ue parce que ce qu’il y a de commun chez tous les Européens prend de plus en plus d’importance par rapport à ce qui les sépare, e
11410 mun chez tous les Européens prend de plus en plus d’ importance par rapport à ce qui les sépare, en face d’une humanité non
11411 t à ce qui les sépare, en face d’une humanité non européenne devenue dangereusement plus proche et bien supérieure en force matéri
11412 miner dans la conscience. Aujourd’hui donc, une «  Europe  » vivante se forme comme membre de l’œcuménicité humaine. Chez tous l
11413 onc, une « Europe » vivante se forme comme membre de l’œcuménicité humaine. Chez tous les esprits dirigeants elle existe d
11414 cet inconscient qui décide, en dernière instance, de la position par rapport au monde extérieur — commence à agir dans la
11415 caractère allemand pouvait être considérée comme d’ une importance primaire. Aujourd’hui c’est la conscience de la différe
11416 ortance primaire. Aujourd’hui c’est la conscience de la différence par rapport au caractère russe et surtout au caractère
11417 asiatique qui prédomine. […] Ainsi les habitants de l’Europe prennent de plus en plus conscience qu’il y a en Europe, au-
11418 tique qui prédomine. […] Ainsi les habitants de l’ Europe prennent de plus en plus conscience qu’il y a en Europe, au-dessus de
11419 prennent de plus en plus conscience qu’il y a en Europe , au-dessus des peuples et des cultures, une nouvelle réalité vivante 
11420 es cultures, une nouvelle réalité vivante : celle de l’Européen. En conséquence, le Français, l’Allemand, etc., deviennent
11421 ltures, une nouvelle réalité vivante : celle de l’ Européen . En conséquence, le Français, l’Allemand, etc., deviennent différents
11422 Français, l’Allemand, etc., deviennent différents de ce qu’ils étaient autrefois : c’est que leurs relations avec le tout
11423 s avec le tout se sont modifiées. L’instauration d’ une « supranationalité » européenne (le terme apparaît ici pour la pre
11424 fiées. L’instauration d’une « supranationalité » européenne (le terme apparaît ici pour la première fois, croyons-nous) ne doit c
11425 ne doit cependant pas entraîner l’uniformisation de nos peuples. D’une part, face aux autres cultures, nos oppositions in
11426 t relativisées ; d’autre part, au sein de l’unité européenne , elles feront place à un sentiment plus fort de complémentarité dans
11427 enne, elles feront place à un sentiment plus fort de complémentarité dans la diversité des styles : L’Européen, et avec l
11428 complémentarité dans la diversité des styles : L’ Européen , et avec lui l’Europe, se constitue, nous l’avons vu, par nécessité n
11429 diversité des styles : L’Européen, et avec lui l’ Europe , se constitue, nous l’avons vu, par nécessité naturelle. Il se consti
11430 écessité naturelle. Il se constitue comme produit de différenciation spécifique au sein de l’humanité sentie intérieuremen
11431 ence qui fait de plus en plus prédominer chez les Européens le sentiment de ce qui les unit sur ce qui les sépare. Or, si notre v
11432 n plus prédominer chez les Européens le sentiment de ce qui les unit sur ce qui les sépare. Or, si notre voyage spirituel
11433 sépare. Or, si notre voyage spirituel à travers l’ Europe nous a appris quelque chose, c’est bien la variété et la division ext
11434 t la division extraordinaires qui caractérisent l’ Europe comme formation. C’est pourquoi il ne saurait être question d’une uni
11435 ation. C’est pourquoi il ne saurait être question d’ une unification effaçant les différences, si on aspire à un avenir mei
11436 rences, si on aspire à un avenir meilleur. Exiger de l’Europe qu’elle s’unifie comme l’Amérique ou la Russie, c’est la méc
11437 s, si on aspire à un avenir meilleur. Exiger de l’ Europe qu’elle s’unifie comme l’Amérique ou la Russie, c’est la méconnaître
11438 oir sa ruine. Si tout va bien, une nouvelle unité d’ ordre supérieur se constituera au-dessus des nations, lesquelles subsi
11439 e, avec leur ancienne vigueur… … La glorification de sa propre nation au détriment des autres, qui jusqu’à présent allait
11440 Grillparzer, lorsqu’il déclarait que « le chemin de l’humanité, en passant par la nationalité, mène à la bestialité ». Le
11441 Certes, Keyserling ne sous-estime pas les dangers d’ un « supranationalisme virulent », mais il y voit cependant un progrès
11442 t », mais il y voit cependant un progrès pour les Européens unis : L’Européen serait-il alors l’homme suprême au sens absolu ? S
11443 cependant un progrès pour les Européens unis : L’ Européen serait-il alors l’homme suprême au sens absolu ? Sûrement, il y aura
11444 tionalisme le fut jamais ; ce serait l’équivalent européen de l’américanisme messianique. Il va sans dire que l’Européen, lui no
11445 e le fut jamais ; ce serait l’équivalent européen de l’américanisme messianique. Il va sans dire que l’Européen, lui non p
11446 l’américanisme messianique. Il va sans dire que l’ Européen , lui non plus, n’est pas naturellement l’homme idéal. Mais il peut de
11447 peut devenir supérieur à n’importe quel habitant de l’ancienne Europe, parce qu’il est d’envergure plus vaste. Toute supé
11448 supérieur à n’importe quel habitant de l’ancienne Europe , parce qu’il est d’envergure plus vaste. Toute supériorité repose sur
11449 el habitant de l’ancienne Europe, parce qu’il est d’ envergure plus vaste. Toute supériorité repose sur l’intégration en un
11450 supériorité repose sur l’intégration en une unité d’ ordre supérieur des éléments qui, dans leur plan, s’excluaient mutuell
11451 observions plus haut que les diversités fécondes de l’Europe existent sur un plan plus profond et plus organique que celu
11452 rvions plus haut que les diversités fécondes de l’ Europe existent sur un plan plus profond et plus organique que celui du fait
11453 que celui du fait national. Paul Valéry, tentant de définir l’Europe, ne mentionne même pas la nation au nombre des diver
11454 fait national. Paul Valéry, tentant de définir l’ Europe , ne mentionne même pas la nation au nombre des diversités qui, selon
11455 qui, selon lui, constituent le « système » nommé Europe  : Cette Europe peu à peu se construit comme une ville gigantesque. E
11456 constituent le « système » nommé Europe : Cette Europe peu à peu se construit comme une ville gigantesque. Elle a ses musées
11457 . Au point de vue physique, c’est un chef-d’œuvre de tempérament et de rapprochement des conditions favorables à l’homme.
11458 physique, c’est un chef-d’œuvre de tempérament et de rapprochement des conditions favorables à l’homme. Et l’homme y est d
11459 s favorables à l’homme. Et l’homme y est devenu l’ Européen . Vous m’excuserez de donner à ces mots d’Europe et d’Européen une sig
11460 l’homme y est devenu l’Européen. Vous m’excuserez de donner à ces mots d’Europe et d’Européen une signification un peu plu
11461 l’Européen. Vous m’excuserez de donner à ces mots d’ Europe et d’Européen une signification un peu plus que géographique, e
11462 Européen. Vous m’excuserez de donner à ces mots d’ Europe et d’Européen une signification un peu plus que géographique, et un p
11463 Vous m’excuserez de donner à ces mots d’Europe et d’ Européen une signification un peu plus que géographique, et un peu plu
11464 us m’excuserez de donner à ces mots d’Europe et d’ Européen une signification un peu plus que géographique, et un peu plus qu’his
11465 onctionnelle. Je dirai presque, ma pensée abusant de mon langage, qu’une Europe est une espèce de système formé d’une cert
11466 presque, ma pensée abusant de mon langage, qu’une Europe est une espèce de système formé d’une certaine diversité humaine et d
11467 sant de mon langage, qu’une Europe est une espèce de système formé d’une certaine diversité humaine et d’une localité part
11468 ge, qu’une Europe est une espèce de système formé d’ une certaine diversité humaine et d’une localité particulièrement favo
11469 système formé d’une certaine diversité humaine et d’ une localité particulièrement favorable ; façonnée enfin par une histo
11470 singulièrement mouvementée et vivante. Le produit de cette conjoncture de circonstances est un Européen. Valéry, écrivant
11471 entée et vivante. Le produit de cette conjoncture de circonstances est un Européen. Valéry, écrivant en 1922, dans une Fr
11472 duit de cette conjoncture de circonstances est un Européen . Valéry, écrivant en 1922, dans une France victorieuse, pouvait s’ab
11473 nnoncer le dépassement des nations et l’avènement d’ une fédération démocratique, lorsqu’on écrivait en Allemagne : c’est c
11474 e fut publié qu’en 1946. Approfondissant le thème de l’unité dans la diversité, Jünger imagine qu’une future Constitution
11475 ersité, Jünger imagine qu’une future Constitution européenne devrait soigneusement tenir compte des deux principes maintenus en te
11476 des deux principes maintenus en tension : l’unité d’ organisation devrait régner sur l’économie, la technique, le commerce,
11477 oteur, l’avion, la radio et l’énergie jaillissant de l’atome le signifient aujourd’hui sur d’autres plans et dans d’autres
11478 e serait devenu trop étroit. Au libre déploiement de nos moyens s’opposent les frontières et les structures nationales et
11479 des hommes et des biens. Ceci vaut surtout pour l’ Europe , riche d’un antique héritage et qui porte en multiples fragments le f
11480 des biens. Ceci vaut surtout pour l’Europe, riche d’ un antique héritage et qui porte en multiples fragments le fardeau de
11481 ge et qui porte en multiples fragments le fardeau de l’Histoire vécue et soufferte. On comprend alors que ce soit ici, en
11482 aussi pourquoi la guérison doit commencer ici. L’ Europe doit devenir la partenaire des grands empires qui s’édifient sur la p
11483 itesse héritée. … Il s’agit, dans cette fondation de l’Europe, de conférer une unité géopolitique à un espace divisé par l
11484 e héritée. … Il s’agit, dans cette fondation de l’ Europe , de conférer une unité géopolitique à un espace divisé par l’évolutio
11485 e. … Il s’agit, dans cette fondation de l’Europe, de conférer une unité géopolitique à un espace divisé par l’évolution hi
11486 ce divisé par l’évolution historique. … Le besoin d’ espace sera satisfait par l’union des peuples ; et il n’est pas de sol
11487 tisfait par l’union des peuples ; et il n’est pas de solution plus juste. Les formes de vie commune dans la maison nouvell
11488 t il n’est pas de solution plus juste. Les formes de vie commune dans la maison nouvelle seront instaurées par la Constitu
11489 itution. Entrer ici dans les détails n’aurait pas de sens. Mais il est deux principes supérieurs qui doivent s’exprimer da
11490 les deux tendances qui se partagent la démocratie de notre temps, celle de l’État libéral et celle de l’État autoritaire.
11491 se partagent la démocratie de notre temps, celle de l’État libéral et celle de l’État autoritaire. Les deux sont valables
11492 de notre temps, celle de l’État libéral et celle de l’État autoritaire. Les deux sont valables et motivées, et pourtant l
11493 otalement livrée au libre arbitre. Il s’agit donc de distinguer les niveaux auxquels chacune d’elles est le mieux adaptée.
11494 t donc de distinguer les niveaux auxquels chacune d’ elles est le mieux adaptée. Les formes autoritaires de l’ordre étatiqu
11495 les est le mieux adaptée. Les formes autoritaires de l’ordre étatique sont adéquates là où les hommes et les choses sont t
11496 e plus profonde est à l’œuvre… Doit être organisé d’ une manière uniforme tout ce qui relève de la technique, de l’industri
11497 rganisé d’une manière uniforme tout ce qui relève de la technique, de l’industrie, de l’économie, des transports, du comme
11498 ière uniforme tout ce qui relève de la technique, de l’industrie, de l’économie, des transports, du commerce, des mesures,
11499 ut ce qui relève de la technique, de l’industrie, de l’économie, des transports, du commerce, des mesures, et de la défens
11500 mie, des transports, du commerce, des mesures, et de la défense… La liberté au contraire doit régner dans le multiple et l
11501 et leur religion. Là, il ne saurait y avoir trop de couleurs sur la palette. La Constitution européenne doit donc disting
11502 trop de couleurs sur la palette. La Constitution européenne doit donc distinguer et séparer avec art, comme cadre et tableau, ce
11503 r avec art, comme cadre et tableau, ce qui relève de la civilisation et ce qui relève de la culture, pour mieux les réunir
11504 ce qui relève de la civilisation et ce qui relève de la culture, pour mieux les réunir au bénéfice de l’homme. Elle doit c
11505 de la culture, pour mieux les réunir au bénéfice de l’homme. Elle doit créer un espace politique unifié en tenant compte
11506 mplique également que soient délimités le domaine de la technique et celui de la vie organique. L’État symbole suprême de
11507 ent délimités le domaine de la technique et celui de la vie organique. L’État symbole suprême de la technique, jette son f
11508 celui de la vie organique. L’État symbole suprême de la technique, jette son filet sur les peuples, mais ils vivent en lib
11509 a protection. L’Histoire ensuite interviendra, et de nouveaux contenus apparaîtront… Dans ce cadre, grands et petits peupl
11510 grands et petits peuples s’épanouiront avec plus de vigueur qu’auparavant. À mesure que la concurrence des nations s’étei
11511 ilien315. Une distinction assez analogue entre l’ Europe comme organisation politique (union à créer) et l’Europe comme organi
11512 comme organisation politique (union à créer) et l’ Europe comme organisme culturel (unité existante) sera proposée et précisée
11513 ais (destinés à la radio allemande) sur « L’Unité de la culture européenne ». Les rapports entre la culture et la politiqu
11514 à la radio allemande) sur « L’Unité de la culture européenne  ». Les rapports entre la culture et la politique y sont clairement dé
11515 t clairement définis316 : La structure politique d’ une nation affecte sa culture, et inversement. Mais nos divers pays au
11516 alors qu’ils ont trop peu de contacts sur le plan de la culture. Or, le fait de confondre culture et politique peut mener
11517 e contacts sur le plan de la culture. Or, le fait de confondre culture et politique peut mener dans deux directions différ
11518 toutes les cultures avoisinantes. Une des erreurs de l’Allemagne hitlérienne a été précisément de poser en principe que to
11519 eurs de l’Allemagne hitlérienne a été précisément de poser en principe que toute culture autre que la sienne était ou déca
11520 était ou décadente ou barbare. Finissons-en avec de telles prétentions ! L’autre aboutissement possible d’une confusion d
11521 lles prétentions ! L’autre aboutissement possible d’ une confusion de la politique et de la culture, c’est l’idéal d’un Éta
11522  ! L’autre aboutissement possible d’une confusion de la politique et de la culture, c’est l’idéal d’un État mondial dans l
11523 ement possible d’une confusion de la politique et de la culture, c’est l’idéal d’un État mondial dans lequel, pour finir,
11524 n de la politique et de la culture, c’est l’idéal d’ un État mondial dans lequel, pour finir, il n’y aurait plus qu’une seu
11525 re uniforme. Je ne critique pas tel ou tel projet d’ organisation mondiale. Ces projets relèvent du domaine de l’organisati
11526 isation mondiale. Ces projets relèvent du domaine de l’organisation, de l’ingéniosité organisatrice. Et certes, il faut un
11527 es projets relèvent du domaine de l’organisation, de l’ingéniosité organisatrice. Et certes, il faut une organisation, et
11528 a pas vous plaindre si vous constatez qu’un gland de chêne a produit un chêne au lieu de produire un orme. Or, une structu
11529 hommes ; et partiellement croissance liée à celle de la culture d’une nation donnée et se nourrissant d’elle — et dans cet
11530 rtiellement croissance liée à celle de la culture d’ une nation donnée et se nourrissant d’elle — et dans cette mesure elle
11531 la culture d’une nation donnée et se nourrissant d’ elle — et dans cette mesure elle est différente de la structure politi
11532 d’elle — et dans cette mesure elle est différente de la structure politique d’autres nations. Il importe d’être bien clair
11533 structure politique d’autres nations. Il importe d’ être bien clair sur le sens que nous donnons à ce mot de « culture »,
11534 bien clair sur le sens que nous donnons à ce mot de « culture », de manière à faire clairement ressortir la distinction e
11535 tion entre, d’une part, l’organisation matérielle de l’Europe, et, d’autre part, cet organisme spirituel propre qu’est l’E
11536 entre, d’une part, l’organisation matérielle de l’ Europe , et, d’autre part, cet organisme spirituel propre qu’est l’Europe. Si
11537 tre part, cet organisme spirituel propre qu’est l’ Europe . Si l’Europe meurt en tant qu’organisme spirituel, ce qui restera à o
11538 organisme spirituel propre qu’est l’Europe. Si l’ Europe meurt en tant qu’organisme spirituel, ce qui restera à organiser maté
11539 restera à organiser matériellement ne sera plus l’ Europe , mais une foule amorphe d’êtres humains parlant différentes langues.
11540 ent ne sera plus l’Europe, mais une foule amorphe d’ êtres humains parlant différentes langues. Ajoutons que ces êtres huma
11541 ues. Ajoutons que ces êtres humains n’auront plus de raison valable de parler des langues différentes, parce qu’ils n’auro
11542 ces êtres humains n’auront plus de raison valable de parler des langues différentes, parce qu’ils n’auront plus rien à dir
11543 à l’heure qu’il ne saurait y avoir une culture «  européenne  » si les divers pays d’Europe sont isolés les uns des autres ; j’ajou
11544 oir une culture « européenne » si les divers pays d’ Europe sont isolés les uns des autres ; j’ajouterai à présent qu’il ne
11545 r une culture « européenne » si les divers pays d’ Europe sont isolés les uns des autres ; j’ajouterai à présent qu’il ne saura
11546 u’il ne saurait pas davantage y avoir une culture européenne si ces divers pays sont ramenés à un état d’uniformité. Nous avons be
11547 opéenne si ces divers pays sont ramenés à un état d’ uniformité. Nous avons besoin de diversité dans l’unité ; non pas dans
11548 ramenés à un état d’uniformité. Nous avons besoin de diversité dans l’unité ; non pas dans l’unité d’organisation mais dan
11549 de diversité dans l’unité ; non pas dans l’unité d’ organisation mais dans l’unité de nature. T. S. Eliot met en garde co
11550 pas dans l’unité d’organisation mais dans l’unité de nature. T. S. Eliot met en garde contre toute planification européen
11551 S. Eliot met en garde contre toute planification européenne qui ne respecterait pas la nature particulière de notre unité culture
11552 ne qui ne respecterait pas la nature particulière de notre unité culturelle317 : Le monde occidental tient son unité prop
11553 317 : Le monde occidental tient son unité propre de son patrimoine culturel, du christianisme et des anciennes civilisati
11554 , du christianisme et des anciennes civilisations de la Grèce, de Rome et d’Israël, dont deux millénaires de chrétienté no
11555 nisme et des anciennes civilisations de la Grèce, de Rome et d’Israël, dont deux millénaires de chrétienté nous ont tous f
11556 s anciennes civilisations de la Grèce, de Rome et d’ Israël, dont deux millénaires de chrétienté nous ont tous faits les hé
11557 Grèce, de Rome et d’Israël, dont deux millénaires de chrétienté nous ont tous faits les héritiers… C’est cette unité défin
11558 placer ce que nous donne cette unité fondamentale de culture. Si nous dissipons ou si nous aliénons ce commun patrimoine c
11559 esprits les plus ingénieux, ne pourra nous tirer d’ affaire ou nous rapprocher les uns des autres. Cette unité culturelle,
11560 traire une pluralité des allégeances. Il est faux de penser que le seul devoir de l’individu serait son devoir envers l’Ét
11561 geances. Il est faux de penser que le seul devoir de l’individu serait son devoir envers l’État ; et il est exorbitant de
11562 t son devoir envers l’État ; et il est exorbitant de considérer comme le devoir suprême de l’individu celui qui le lierait
11563 exorbitant de considérer comme le devoir suprême de l’individu celui qui le lierait à quelque super-État. Quant à cette
11564 ierait à quelque super-État. Quant à cette unité de culture toute nourrie de nos diversités, T. S. Eliot en donne un exem
11565 at. Quant à cette unité de culture toute nourrie de nos diversités, T. S. Eliot en donne un exemple d’autant plus frappan
11566 e nos diversités, T. S. Eliot en donne un exemple d’ autant plus frappant qu’il est emprunté au domaine de la poésie, que l
11567 utant plus frappant qu’il est emprunté au domaine de la poésie, que le romantisme nous faisait considérer comme le plus « 
11568 nal » et le plus fermé aux échanges318 : L’unité de la culture européenne est un sujet très vaste, en vérité, et nul ne d
11569 us fermé aux échanges318 : L’unité de la culture européenne est un sujet très vaste, en vérité, et nul ne devrait l’aborder qu’à
11570 iculière qu’il possède… Je suis poète et critique de la poésie. Je tenterai de montrer ce que cette profession peut avoir
11571 suis poète et critique de la poésie. Je tenterai de montrer ce que cette profession peut avoir à faire avec mon sujet et
11572 expérience me conduit. On a souvent soutenu que, de toutes les langues de l’Europe moderne, c’est l’anglais qui offre le
11573 . On a souvent soutenu que, de toutes les langues de l’Europe moderne, c’est l’anglais qui offre le plus de richesses à qu
11574 a souvent soutenu que, de toutes les langues de l’ Europe moderne, c’est l’anglais qui offre le plus de richesses à qui veut éc
11575 Europe moderne, c’est l’anglais qui offre le plus de richesses à qui veut écrire de la poésie. Je le crois pour ma part. E
11576 qui offre le plus de richesses à qui veut écrire de la poésie. Je le crois pour ma part. Et j’en vois la raison dans la v
11577 conquête normande. Survient alors une succession d’ influences françaises, vérifiables grâce aux mots adoptés à différente
11578 … Enfin, moins facile à détecter, mais à mon sens d’ une importance considérable, il y a l’élément celtique. Mais je ne pen
11579 bord, à propos de la poésie, aux Rythmes. Chacune de ces langues a apporté sa musique propre, et la richesse poétique de l
11580 pporté sa musique propre, et la richesse poétique de l’anglais consiste surtout dans la variété de ses éléments métriques.
11581 que de l’anglais consiste surtout dans la variété de ses éléments métriques. Voici le rythme des premiers vers saxons, le
11582 franco-normand, le rythme gallois, et l’influence de générations d’étude de la poésie latine et grecque. Aujourd’hui encor
11583 le rythme gallois, et l’influence de générations d’ étude de la poésie latine et grecque. Aujourd’hui encore, l’anglais di
11584 me gallois, et l’influence de générations d’étude de la poésie latine et grecque. Aujourd’hui encore, l’anglais dispose de
11585 et grecque. Aujourd’hui encore, l’anglais dispose de possibilités permanentes de se rafraîchir à ces sources : sans même p
11586 re, l’anglais dispose de possibilités permanentes de se rafraîchir à ces sources : sans même parler du vocabulaire, les po
11587 tique, c’est qu’il combine en lui tant de sources européennes . La possibilité, pour chaque littérature, de se renouveler, d’accéder
11588 péennes. La possibilité, pour chaque littérature, de se renouveler, d’accéder à une nouvelle étape créatrice, et de découv
11589 ilité, pour chaque littérature, de se renouveler, d’ accéder à une nouvelle étape créatrice, et de découvrir de nouveaux us
11590 ler, d’accéder à une nouvelle étape créatrice, et de découvrir de nouveaux usages des mots, dépend de deux choses : premiè
11591 r à une nouvelle étape créatrice, et de découvrir de nouveaux usages des mots, dépend de deux choses : premièrement, de sa
11592 de découvrir de nouveaux usages des mots, dépend de deux choses : premièrement, de sa faculté d’assimiler des influences
11593 s des mots, dépend de deux choses : premièrement, de sa faculté d’assimiler des influences étrangères, secondement, de sa
11594 pend de deux choses : premièrement, de sa faculté d’ assimiler des influences étrangères, secondement, de sa faculté de rev
11595 assimiler des influences étrangères, secondement, de sa faculté de revenir à ses sources et de s’en instruire. Quant à la
11596 influences étrangères, secondement, de sa faculté de revenir à ses sources et de s’en instruire. Quant à la première condi
11597 dement, de sa faculté de revenir à ses sources et de s’en instruire. Quant à la première condition : lorsque les diverses
11598 première condition : lorsque les diverses nations de l’Europe sont coupées les unes des autres et que les poètes ne lisent
11599 ère condition : lorsque les diverses nations de l’ Europe sont coupées les unes des autres et que les poètes ne lisent plus d’a
11600 unes des autres et que les poètes ne lisent plus d’ autre littérature que celle de leur propre langue, la poésie dépérit n
11601 ètes ne lisent plus d’autre littérature que celle de leur propre langue, la poésie dépérit nécessairement dans chaque pays
11602 s qui lui soient propres et qui remontent du fond de son histoire ; mais d’une importance au moins égale m’apparaissent le
11603 s et qui remontent du fond de son histoire ; mais d’ une importance au moins égale m’apparaissent les sources auxquelles no
11604 xquelles nous puisons en commun, les littératures de Rome, de la Grèce et d’Israël. Ce que j’ai dit de la poésie me paraît
11605 nous puisons en commun, les littératures de Rome, de la Grèce et d’Israël. Ce que j’ai dit de la poésie me paraît aussi vr
11606 commun, les littératures de Rome, de la Grèce et d’ Israël. Ce que j’ai dit de la poésie me paraît aussi vrai des autres a
11607 de Rome, de la Grèce et d’Israël. Ce que j’ai dit de la poésie me paraît aussi vrai des autres arts… Dans la pratique de c
11608 raît aussi vrai des autres arts… Dans la pratique de chacun d’eux nous découvrons les trois mêmes éléments : la tradition
11609 vrai des autres arts… Dans la pratique de chacun d’ eux nous découvrons les trois mêmes éléments : la tradition locale, la
11610 êmes éléments : la tradition locale, la tradition européenne commune, et l’influence réciproque de l’art d’un pays sur celui d’un
11611 ion européenne commune, et l’influence réciproque de l’art d’un pays sur celui d’un autre. Nul n’a mieux illustré ces éch
11612 éenne commune, et l’influence réciproque de l’art d’ un pays sur celui d’un autre. Nul n’a mieux illustré ces échanges d’i
11613 influence réciproque de l’art d’un pays sur celui d’ un autre. Nul n’a mieux illustré ces échanges d’influences au sein de
11614 d’un autre. Nul n’a mieux illustré ces échanges d’ influences au sein de l’unité foncière de la littérature européenne qu
11615 échanges d’influences au sein de l’unité foncière de la littérature européenne que celui qui fut le plus grand « comparati
11616 ces au sein de l’unité foncière de la littérature européenne que celui qui fut le plus grand « comparatiste » de la littérature de
11617 que celui qui fut le plus grand « comparatiste » de la littérature de notre temps : Ernst Robert Curtius. Dans l’introduc
11618 le plus grand « comparatiste » de la littérature de notre temps : Ernst Robert Curtius. Dans l’introduction de son dernie
11619 temps : Ernst Robert Curtius. Dans l’introduction de son dernier ouvrage il insiste sur l’impossibilité d’interpréter aucu
11620 on dernier ouvrage il insiste sur l’impossibilité d’ interpréter aucune de nos « littératures nationales » en l’isolant art
11621 insiste sur l’impossibilité d’interpréter aucune de nos « littératures nationales » en l’isolant artificiellement des aut
11622 des autres, comme le font encore nos manuels : L’ Europe n’est qu’un nom, « un terme géographique » (comme Metternich le disai
11623 terme géographique » (comme Metternich le disait de l’Italie) si elle n’est pas perçue comme une entité historique. C’est
11624 orique. C’est ce que l’histoire à l’ancienne mode de nos manuels ne peut nous montrer : pour elle, l’histoire générale de
11625 eut nous montrer : pour elle, l’histoire générale de l’Europe n’existe pas ; c’est simplement une coexistence d’histoires
11626 ous montrer : pour elle, l’histoire générale de l’ Europe n’existe pas ; c’est simplement une coexistence d’histoires sans lien
11627 e n’existe pas ; c’est simplement une coexistence d’ histoires sans liens, de peuples et d’États… « L’européanisation du ta
11628 implement une coexistence d’histoires sans liens, de peuples et d’États… « L’européanisation du tableau historique », qu’i
11629 coexistence d’histoires sans liens, de peuples et d’ États… « L’européanisation du tableau historique », qu’il nous faut en
11630 tendre également à la littérature… La littérature européenne est co-extensive dans le temps, avec la culture européenne. Elle embr
11631 e est co-extensive dans le temps, avec la culture européenne . Elle embrasse donc une période de vingt-six siècles (d’Homère à Goet
11632 ulture européenne. Elle embrasse donc une période de vingt-six siècles (d’Homère à Goethe)… Elle constitue une « unité int
11633 e embrasse donc une période de vingt-six siècles ( d’ Homère à Goethe)… Elle constitue une « unité intelligible », qui s’éva
11634 emporel » qui est une caractéristique essentielle de la littérature, signifie que la littérature du passé peut toujours êt
11635 Euripide dans l’Iphigénie de Racine et dans celle de Goethe. Ou, de nos jours, les Mille et Une Nuits et Calderon dans Hof
11636 ’Iphigénie de Racine et dans celle de Goethe. Ou, de nos jours, les Mille et Une Nuits et Calderon dans Hofmannsthal, l’Od
11637 pe, Sémiramis, Faust, Don Juan. La dernière œuvre d’ André Gide, et la plus mûre, fut un Thésée 319. C’est également de so
11638 la plus mûre, fut un Thésée 319. C’est également de son expérience d’écrivain que partait Jean-Paul Sartre, lorsqu’il déf
11639 un Thésée 319. C’est également de son expérience d’ écrivain que partait Jean-Paul Sartre, lorsqu’il définissait, en 19493
11640 lorsqu’il définissait, en 1949320, les conditions d’ une défense de nos diversités culturelles : il les voyait, lui aussi,
11641 voyait, lui aussi, dans une intégration à l’unité de la culture européenne : Peut-on défendre la culture française en tan
11642 ssi, dans une intégration à l’unité de la culture européenne  : Peut-on défendre la culture française en tant que telle ? À cela,
11643 implement : non. … Avons-nous donc un autre moyen de sauver les éléments essentiels de cette culture ? Oui. Mais à la cond
11644 un autre moyen de sauver les éléments essentiels de cette culture ? Oui. Mais à la condition de reprendre le problème d’u
11645 Oui. Mais à la condition de reprendre le problème d’ une façon entièrement différente et de comprendre qu’aujourd’hui il ne
11646 le problème d’une façon entièrement différente et de comprendre qu’aujourd’hui il ne peut plus être question d’une culture
11647 ndre qu’aujourd’hui il ne peut plus être question d’ une culture française, pas plus que d’une culture hollandaise ou suiss
11648 re question d’une culture française, pas plus que d’ une culture hollandaise ou suisse ou allemande. Si nous voulons que la
11649 e reste, il faut qu’elle soit intégrée aux cadres d’ une grande culture européenne. Et il ajoutait, passant comme malgré l
11650 lle soit intégrée aux cadres d’une grande culture européenne . Et il ajoutait, passant comme malgré lui à des conclusions politiqu
11651 vernements, aux associations ou aux particuliers, d’ inaugurer une politique culturelle ; bien sûr, on peut multiplier les
11652 rnationaux. Tout cela a été tenté avant la guerre de 1939. Aujourd’hui ces réalisations, qui ne manquent pas d’intérêt, se
11653 Aujourd’hui ces réalisations, qui ne manquent pas d’ intérêt, seraient inefficaces parce que nous aurions alors une superst
11654 aucune unité des infrastructures. Il s’agit donc de concevoir — et c’est ici que je m’arrêterai, parce que je souhaite év
11655 éviter la question politique — l’unité culturelle européenne comme la seule capable de sauver, dans son sein, les cultures de chaq
11656 nité culturelle européenne comme la seule capable de sauver, dans son sein, les cultures de chaque pays en ce qu’elles ont
11657 le capable de sauver, dans son sein, les cultures de chaque pays en ce qu’elles ont de valable. C’est en visant à une unit
11658 n, les cultures de chaque pays en ce qu’elles ont de valable. C’est en visant à une unité de culture européenne que nous s
11659 elles ont de valable. C’est en visant à une unité de culture européenne que nous sauverons la culture française ; mais cet
11660 e valable. C’est en visant à une unité de culture européenne que nous sauverons la culture française ; mais cette unité de culture
11661 sauverons la culture française ; mais cette unité de culture n’aura aucun sens et ne sera faite que de mots, si elle ne se
11662 de culture n’aura aucun sens et ne sera faite que de mots, si elle ne se place pas dans le cadre d’un effort beaucoup plus
11663 ue de mots, si elle ne se place pas dans le cadre d’ un effort beaucoup plus profond pour réaliser une unité économique et
11664 d pour réaliser une unité économique et politique de l’Europe. Au thème de l’unité dans la diversité, Arthur Koestler lie
11665 r réaliser une unité économique et politique de l’ Europe . Au thème de l’unité dans la diversité, Arthur Koestler lie étroitem
11666 té économique et politique de l’Europe. Au thème de l’unité dans la diversité, Arthur Koestler lie étroitement celui de l
11667 diversité, Arthur Koestler lie étroitement celui de la continuité dans le changement321 qui est sa traduction dans le tem
11668 ce dont nulle autre région ou culture ne fournit d’ exemples, hors des deux millénaires et demi d’histoire européenne. L’a
11669 nit d’exemples, hors des deux millénaires et demi d’ histoire européenne. L’art égyptien, représente peut-être le plus haut
11670 les, hors des deux millénaires et demi d’histoire européenne . L’art égyptien, représente peut-être le plus haut degré connu de con
11671 en, représente peut-être le plus haut degré connu de continuité pendant 2.000 ans ou plus, mais il se produisit dans une c
11672 ui demeura statique durant toute cette période. L’ Europe , d’autre part, est le continent dont la science et la technologie ouv
11673 tout, a modifié l’environnement naturel et social de l’homo sapiens d’une manière si radicale qu’on dirait qu’une espèce n
11674 environnement naturel et social de l’homo sapiens d’ une manière si radicale qu’on dirait qu’une espèce nouvelle s’est étab
11675 ers des profonds changements qui l’ont précédé, l’ Europe a réussi à préserver une identité continue et bien distincte, une sor
11676 ne identité continue et bien distincte, une sorte de personnalité historique. Continuité dans le changement, unité dans la
11677 té, semblent bien être (comme les quatre éléments d’ Aristote : la terre et l’air, l’eau et le feu) les constituants d’une
11678 terre et l’air, l’eau et le feu) les constituants d’ une culture vivante, et plus spécifiquement, d’une culture européenne.
11679 ts d’une culture vivante, et plus spécifiquement, d’ une culture européenne. La continuité sans changement caractérise quel
11680 re vivante, et plus spécifiquement, d’une culture européenne . La continuité sans changement caractérise quelques-unes des plus hau
11681 érise quelques-unes des plus hautes civilisations de l’Asie ; le changement mais sans conscience profonde d’une continuité
11682 sie ; le changement mais sans conscience profonde d’ une continuité enracinée dans le passé, caractérise les nations de pio
11683 enracinée dans le passé, caractérise les nations de pionniers des continents américain et australien. Mais les humanistes
11684 australien. Mais les humanistes révolutionnaires de la Renaissance et les têtes chaudes de la Réformation puisèrent leurs
11685 tionnaires de la Renaissance et les têtes chaudes de la Réformation puisèrent leurs inspirations modernes dans les vieux t
11686 ion française emprunta ses symboles et les titres de ses fonctions d’État aux institutions républicaines de Rome, et les e
11687 runta ses symboles et les titres de ses fonctions d’ État aux institutions républicaines de Rome, et les enseignements de M
11688 s fonctions d’État aux institutions républicaines de Rome, et les enseignements de Marx lui-même ont leurs archétypes et l
11689 tions républicaines de Rome, et les enseignements de Marx lui-même ont leurs archétypes et leurs racines dans le pathos de
11690 pes et leurs racines dans le pathos des Prophètes de l’Ancien Testament, dans les éléments platoniciens de la philosophie
11691 ’Ancien Testament, dans les éléments platoniciens de la philosophie de Hegel, et dans les acrobaties dialectiques de l’Éco
11692 dans les éléments platoniciens de la philosophie de Hegel, et dans les acrobaties dialectiques de l’École aristotélicienn
11693 hie de Hegel, et dans les acrobaties dialectiques de l’École aristotélicienne. Il y a toujours quelque chose de nouveau so
11694 toujours quelque chose de nouveau sous le soleil européen , mais c’est la nouveauté organique des jeunes pousses d’un vieil arbr
11695 s c’est la nouveauté organique des jeunes pousses d’ un vieil arbre, nourries par les sucs de ses racines souterraines. Res
11696 s pousses d’un vieil arbre, nourries par les sucs de ses racines souterraines. Reste l’autre polarité : l’unité dans la di
11697 autre polarité : l’unité dans la diversité. Que l’ Europe évolue vers des formes d’union plus étroite et d’intégration plus pou
11698 la diversité. Que l’Europe évolue vers des formes d’ union plus étroite et d’intégration plus poussée, nul n’en peut plus d
11699 pe évolue vers des formes d’union plus étroite et d’ intégration plus poussée, nul n’en peut plus douter ; mais le temps es
11700 er ; mais le temps est une dimension qu’il s’agit de prendre au sérieux, et le rythme de cette évolution est de nature à n
11701 qu’il s’agit de prendre au sérieux, et le rythme de cette évolution est de nature à nous inquiéter sérieusement. Il ne m’
11702 e au sérieux, et le rythme de cette évolution est de nature à nous inquiéter sérieusement. Il ne m’a fallu que trois heure
11703 alogues visant à nous unir, rappelle plutôt celle d’ un char à bœufs grec peinant dans la boue de la Thessalie. Reconnaisso
11704 celle d’un char à bœufs grec peinant dans la boue de la Thessalie. Reconnaissons ici, et dans la fragmentation persistante
11705 aissons ici, et dans la fragmentation persistante de l’Europe, le plus grand anachronisme du xxe siècle322. Condensant e
11706 ns ici, et dans la fragmentation persistante de l’ Europe , le plus grand anachronisme du xxe siècle322. Condensant et clarifi
11707 siècle322. Condensant et clarifiant les apports de ses aînés, anticipant sur ceux de ses cadets, l’animateur de la Revu
11708 ant les apports de ses aînés, anticipant sur ceux de ses cadets, l’animateur de la Revue de Genève , Robert de Traz (1884
11709 s, anticipant sur ceux de ses cadets, l’animateur de la Revue de Genève , Robert de Traz (1884-1951) appelait l’Europe, d
11710 sur ceux de ses cadets, l’animateur de la Revue de Genève , Robert de Traz (1884-1951) appelait l’Europe, dès 1929, à re
11711 de Genève , Robert de Traz (1884-1951) appelait l’ Europe , dès 1929, à relever le défi de l’Histoire en s’unissant : Héritiers
11712 1) appelait l’Europe, dès 1929, à relever le défi de l’Histoire en s’unissant : Héritiers magnifiquement privilégiés, les
11713 Héritiers magnifiquement privilégiés, les hommes d’ Occident n’ont aucun motif de déserter leur propre cause. Qu’ils se ra
11714 vilégiés, les hommes d’Occident n’ont aucun motif de déserter leur propre cause. Qu’ils se rapprochent donc pour mieux en
11715 er. Qu’ils fassent, avec sang-froid, l’inventaire de leur patrimoine commun. La civilisation européenne est le produit d’u
11716 ntaire de leur patrimoine commun. La civilisation européenne est le produit d’une collaboration séculaire et l’on ne saurait en su
11717 commun. La civilisation européenne est le produit d’ une collaboration séculaire et l’on ne saurait en supprimer l’apport d
11718 éculaire et l’on ne saurait en supprimer l’apport d’ aucun peuple sans la défigurer et l’affaiblir. Or notre génie d’invent
11719 sans la défigurer et l’affaiblir. Or notre génie d’ invention est intact. Nos méthodes critiques doivent à leurs principes
11720 éthodes critiques doivent à leurs principes mêmes de pouvoir toujours s’adapter aux circonstances imprévues. Une égale pas
11721 er aux circonstances imprévues. Une égale passion de l’effort nous anime encore, de l’effort qui conquiert, qui utilise, e
11722 Une égale passion de l’effort nous anime encore, de l’effort qui conquiert, qui utilise, et surtout qui transfigure. Car
11723 possibilité réside peut-être dans notre capacité de renouvellement. Je dirai mieux : notre capacité de résurrection. À fo
11724 e renouvellement. Je dirai mieux : notre capacité de résurrection. À force d’imagination et de courage, nos rêves ne se pe
11725 i mieux : notre capacité de résurrection. À force d’ imagination et de courage, nos rêves ne se perdent pas dans une extase
11726 apacité de résurrection. À force d’imagination et de courage, nos rêves ne se perdent pas dans une extase somnolente : ils
11727 olente : ils sont actifs. Est-ce rêver encore que de conseiller à l’Europe, pour se redresser, pour imposer silence à ses
11728 actifs. Est-ce rêver encore que de conseiller à l’ Europe , pour se redresser, pour imposer silence à ses détracteurs, de se rec
11729 edresser, pour imposer silence à ses détracteurs, de se reconnaître une mission nouvelle ? En affirmant son unité conquise
11730 es dangers du dedans, elle aurait conclu un pacte d’ alliance entre ses fils : ce pacte elle le proposerait ensuite à l’uni
11731 tur, elle les désarmerait en harmonisant non plus de petits États que divisent quelques collines, mais des continents que
11732 éans séparent. Elle prendrait la tête des nations de la terre parce qu’elle serait seule à leur fournir des principes d’or
11733 qu’elle serait seule à leur fournir des principes d’ ordre rationnel, un programme d’actions conjuguées, en un mot les dire
11734 nir des principes d’ordre rationnel, un programme d’ actions conjuguées, en un mot les directives du commandement.323 Ces
11735 rs mots répercutent l’écho des pages prophétiques d’ Ortega, citées plus haut. Ils s’adressent aux Européens pour leur rapp
11736 s d’Ortega, citées plus haut. Ils s’adressent aux Européens pour leur rappeler une vocation plus difficile que le dénigrement de
11737 er une vocation plus difficile que le dénigrement de soi-même : celle de faire l’Europe parce qu’il faut faire le Monde, e
11738 difficile que le dénigrement de soi-même : celle de faire l’Europe parce qu’il faut faire le Monde, et parce que l’Europe
11739 que le dénigrement de soi-même : celle de faire l’ Europe parce qu’il faut faire le Monde, et parce que l’Europe seule, en fais
11740 e parce qu’il faut faire le Monde, et parce que l’ Europe seule, en faisant le Monde, accomplirait sa propre vocation. 278.
11741 ation. 278. Dans une conférence à l’Université de Zurich, nov. 1922. Cf. Variété I, Gallimard, Paris, 1924. 279. Dans
11742 tons, résumant les développements du chapitre III de ce livre, est extrait d’une conférence de Karl Jaspers recueillie dan
11743 ppements du chapitre III de ce livre, est extrait d’ une conférence de Karl Jaspers recueillie dans l’Esprit européen, Édit
11744 tre III de ce livre, est extrait d’une conférence de Karl Jaspers recueillie dans l’Esprit européen, Éditions de la Baconn
11745 nférence de Karl Jaspers recueillie dans l’Esprit européen , Éditions de la Baconnière, 1947, p. 303-304. 280. Die Entdeckung d
11746 spers recueillie dans l’Esprit européen, Éditions de la Baconnière, 1947, p. 303-304. 280. Die Entdeckung des Geistes, C
11747 à 42 (chapitre intitulé : « L’Iliade ou le poème de la force »). 285. L’Enracinement, Gallimard, Paris, 1949. 286. Le
11748 inement, Gallimard, Paris, 1949. 286. Le Déclin de l’Occident, trad. Tazerout, coll. « Bibliothèque des idées », Gallima
11749 and Cudahy, New York, 1957- 288. R. Schneider : Europa als Lebensform, Hegner, 1957. 289. Formation de l’Europe, t. VII, 3
11750 pa als Lebensform, Hegner, 1957. 289. Formation de l’Europe, t. VII, 340, Plon, Paris, 1937. 290. Cette expression que
11751 s Lebensform, Hegner, 1957. 289. Formation de l’ Europe , t. VII, 340, Plon, Paris, 1937. 290. Cette expression que nous avon
11752 ression que nous avons citée plus haut (rex pater Europæ ) n’est pas seulement symbolique. Si l’on en croit O. Forst de Battagl
11753 l’on en croit O. Forst de Battaglia et son Traité de généalogie, Lausanne, 1945, on peut évaluer à 20 millions le nombre d
11754 t évaluer à 20 millions le nombre des descendants de Charlemagne actuellement en vie ! 291. The Making of Europe, 1932.
11755 emagne actuellement en vie ! 291. The Making of Europe , 1932. Nous citons d’après l’édition de Meridian Books, New York, 195
11756 ng of Europe, 1932. Nous citons d’après l’édition de Meridian Books, New York, 1958, p. 16-17. 292. Id. ibid., p. 243-44
11757 ag, Einsiedeln. 294. S. de Madariaga : L’Esprit de l’Europe, Mouvement européen, Bruxelles, 1952. 295. E. Husserl : Die
11758 insiedeln. 294. S. de Madariaga : L’Esprit de l’ Europe , Mouvement européen, Bruxelles, 1952. 295. E. Husserl : Die Krisis d
11759 S. de Madariaga : L’Esprit de l’Europe, Mouvement européen , Bruxelles, 1952. 295. E. Husserl : Die Krisis der Europäischen Wiss
11760 , tome VI des Œuvres complètes, sous la direction de H. L. van Breda, Martinus Nijhoff, La Haye, 1954. 296. Benedetto Cro
11761 anç. Librairie Plon, Paris, 1960. 297. L’Esprit de l’Europe, édité par le Mouvement européen, Bruxelles, 1952, chapitre
11762 Librairie Plon, Paris, 1960. 297. L’Esprit de l’ Europe , édité par le Mouvement européen, Bruxelles, 1952, chapitre 5. 298.
11763 97. L’Esprit de l’Europe, édité par le Mouvement européen , Bruxelles, 1952, chapitre 5. 298. Id. ibid., chap. 2. 299. Karl J
11764 Id. ibid., chap. 2. 299. Karl Jaspers : L’Esprit européen , La Baconnière, Neuchâtel, 1957, p. 298 à 302. 300. Op. cit., p. 42
11765 p. 424. 301. Id. ibid., p. 433. 302. L’Esprit européen , Éditions de la Baconnière, Neuchâtel, 1949, p. 148-156. 303. Confér
11766 ibid., p. 433. 302. L’Esprit européen, Éditions de la Baconnière, Neuchâtel, 1949, p. 148-156. 303. Conférence prononcé
11767 1946, et publiée dans le recueil des Conférences de l’Unesco, Éditions de la revue Fontaine, Paris, 1947. 304. Extraits
11768 le recueil des Conférences de l’Unesco, Éditions de la revue Fontaine, Paris, 1947. 304. Extraits de The World and the W
11769 de la revue Fontaine, Paris, 1947. 304. Extraits de The World and the West, Oxford University Press, 1953. 305. Extraits
11770 st, Oxford University Press, 1953. 305. Extraits d’ une conférence donnée à Vienne en 1956, parue dans le Bulletin du Cent
11771 en de la culture, n° 2, 1957. 306. El Rapto del Europa , chap. II et Épilogue, trad. française par M. Pomès. Le Rapt de l’Eur
11772 t Épilogue, trad. française par M. Pomès. Le Rapt de l’Europe, Stock, Paris, 1960. 307. Spektrum Europas, 19. 308. Publ
11773 logue, trad. française par M. Pomès. Le Rapt de l’ Europe , Stock, Paris, 1960. 307. Spektrum Europas, 19. 308. Publié par la
11774 ibrairie Stock, Paris, 1960. 309. The Making of Europe , Meridian Books, New York. 310. Ibid. 311. Les Origines de la civ
11775 Books, New York. 310. Ibid. 311. Les Origines de la civilisation européenne, 1958, I. 312. Rappelons qu’Ortega écriva
11776 10. Ibid. 311. Les Origines de la civilisation européenne , 1958, I. 312. Rappelons qu’Ortega écrivait ceci en 1930. 313. La
11777 Francke Verlag, Berne 1948. 320. Dans un article de la revue Politique étrangère, dont les extraits furent présentés à la
11778 ont les extraits furent présentés à la Conférence européenne de la culture, Lausanne, 1949. 321. Cf. plus haut la citation de Ste
11779 raits furent présentés à la Conférence européenne de la culture, Lausanne, 1949. 321. Cf. plus haut la citation de Stephe
11780 , Lausanne, 1949. 321. Cf. plus haut la citation de Stephen Spender. 322. Extrait d’une conférence à Vienne, mars 1958,
11781 aut la citation de Stephen Spender. 322. Extrait d’ une conférence à Vienne, mars 1958, Texte allemand dans Forum, Vienne,
11782 anglais communiqué par l’auteur. 323. L’Esprit de Genève, Grasset, Paris 1929, p. 259-260.
27 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Appendice. Manifestes pour l’union européenne, (de 1922 à 1960)
11783 Appendice Manifestes pour l’union européenne (de 1922 à 1960) Parmi les centaines de textes de toute nature, man
11784 Appendice Manifestes pour l’union européenne ( de 1922 à 1960) Parmi les centaines de textes de toute nature, manifes
11785 européenne (de 1922 à 1960) Parmi les centaines de textes de toute nature, manifestes de mouvements, déclarations de con
11786 (de 1922 à 1960) Parmi les centaines de textes de toute nature, manifestes de mouvements, déclarations de congrès, réso
11787 s centaines de textes de toute nature, manifestes de mouvements, déclarations de congrès, résolutions de parlements, disco
11788 te nature, manifestes de mouvements, déclarations de congrès, résolutions de parlements, discours d’hommes d’État, préambu
11789 mouvements, déclarations de congrès, résolutions de parlements, discours d’hommes d’État, préambules aux traités et conve
11790 s de congrès, résolutions de parlements, discours d’ hommes d’État, préambules aux traités et conventions, qui balisent le
11791 traités et conventions, qui balisent le parcours de l’Idée européenne depuis un tiers de siècle, ceux que l’on va citer o
11792 t conventions, qui balisent le parcours de l’Idée européenne depuis un tiers de siècle, ceux que l’on va citer ont marqué des étap
11793 le parcours de l’Idée européenne depuis un tiers de siècle, ceux que l’on va citer ont marqué des étapes, à divers titres
11794 e Richard Coudenhove-Kalergi lançait, par la voie de la presse allemande et autrichienne, un premier appel à créer la « Pa
11795 éen, dont nous extrayons les passages suivants : Européens  ! Européennes ! L’heure du destin de l’Europe a sonné ! Dans les usin
11796 us extrayons les passages suivants : Européens ! Européennes  ! L’heure du destin de l’Europe a sonné ! Dans les usines de toute l’
11797 ts : Européens ! Européennes ! L’heure du destin de l’Europe a sonné ! Dans les usines de toute l’Europe, on forge chaque
11798 Européens ! Européennes ! L’heure du destin de l’ Europe a sonné ! Dans les usines de toute l’Europe, on forge chaque jour des
11799 e du destin de l’Europe a sonné ! Dans les usines de toute l’Europe, on forge chaque jour des armes destinées au massacre
11800 de l’Europe a sonné ! Dans les usines de toute l’ Europe , on forge chaque jour des armes destinées au massacre des hommes de l
11801 e jour des armes destinées au massacre des hommes de l’Europe, — dans les laboratoires européens, on prépare des poisons d
11802 r des armes destinées au massacre des hommes de l’ Europe , — dans les laboratoires européens, on prépare des poisons destinés à
11803 e des hommes de l’Europe, — dans les laboratoires européens , on prépare des poisons destinés à l’anéantissement des femmes et des
11804 inés à l’anéantissement des femmes et des enfants de l’Europe. Avec une inconcevable légèreté, l’Europe joue ses destinées
11805 à l’anéantissement des femmes et des enfants de l’ Europe . Avec une inconcevable légèreté, l’Europe joue ses destinées, avec un
11806 ts de l’Europe. Avec une inconcevable légèreté, l’ Europe joue ses destinées, avec un inconcevable aveuglement elle refuse de v
11807 ées, avec un inconcevable aveuglement elle refuse de voir ce qui vient, avec une inconcevable passivité elle se laisse pou
11808 t réside dans la Paneurope, dans le rassemblement de tous les États démocratiques du continent en un groupement politique
11809 es dans ses affaires. … Sans une garantie durable de la paix en Europe, toute union douanière européenne reste impossible.
11810 faires. … Sans une garantie durable de la paix en Europe , toute union douanière européenne reste impossible. Aussi longtemps q
11811 rable de la paix en Europe, toute union douanière européenne reste impossible. Aussi longtemps que chaque État vit dans la peur co
11812 emps que chaque État vit dans la peur continuelle de ses voisins, il doit s’assurer de sa subsistance autonome en temps de
11813 eur continuelle de ses voisins, il doit s’assurer de sa subsistance autonome en temps de guerre, comme une place assiégée.
11814 oit s’assurer de sa subsistance autonome en temps de guerre, comme une place assiégée. Il lui faut pour cela des industrie
11815 et des cordons douaniers. Seule, la substitution de l’arbitrage obligatoire au risque de guerre pourrait ouvrir la voie à
11816 ion des frontières douanières et au libre-échange européen . … La communauté des intérêts pave le chemin qui mène à la Communauté
11817 n qui mène à la Communauté politique. La Question européenne , la voici : « Est-il possible que sur la petite presqu’île européenne
11818  : « Est-il possible que sur la petite presqu’île européenne , 25 États vivent côte à côte dans l’anarchie internationale, sans qu’
11819 he politique, économique et culturelle ? L’avenir de l’Europe dépend de la réponse qui sera donnée à cette question. Il es
11820 litique, économique et culturelle ? L’avenir de l’ Europe dépend de la réponse qui sera donnée à cette question. Il est donc en
11821 mique et culturelle ? L’avenir de l’Europe dépend de la réponse qui sera donnée à cette question. Il est donc entre les ma
11822 à cette question. Il est donc entre les mains des Européens . Vivant dans des États démocratiques, nous sommes co-responsables de
11823 États démocratiques, nous sommes co-responsables de la politique de nos gouvernements. Nous n’avons pas le droit de nous
11824 ques, nous sommes co-responsables de la politique de nos gouvernements. Nous n’avons pas le droit de nous borner à la crit
11825 e de nos gouvernements. Nous n’avons pas le droit de nous borner à la critique, nous avons le devoir de contribuer à l’éla
11826 e nous borner à la critique, nous avons le devoir de contribuer à l’élaboration de nos destins politiques. Si les peuples
11827 ous avons le devoir de contribuer à l’élaboration de nos destins politiques. Si les peuples de l’Europe le veulent, la Pan
11828 oration de nos destins politiques. Si les peuples de l’Europe le veulent, la Paneurope se réalisera : Il leur suffit, pour
11829 on de nos destins politiques. Si les peuples de l’ Europe le veulent, la Paneurope se réalisera : Il leur suffit, pour cela, de
11830 neurope se réalisera : Il leur suffit, pour cela, de refuser leurs voix à tous les candidats et partis dont le programme e
11831 gramme est antieuropéen. Il ne faut pas se lasser de répéter cette vérité simple : une Europe divisée conduit à la guerre,
11832 as se lasser de répéter cette vérité simple : une Europe divisée conduit à la guerre, à l’oppression, à la misère, une Europe
11833 uit à la guerre, à l’oppression, à la misère, une Europe unie à la paix, à la prospérité ! Sauvez l’Europe et vos enfants ! L
11834 Europe unie à la paix, à la prospérité ! Sauvez l’ Europe et vos enfants ! Le programme et le Manifeste furent adoptés par un
11835 grès qui se réunit à Vienne en 1927. Les effigies de Sully, Comenius, l’abbé de Saint-Pierre, Kant, Mazzini, Hugo et Nietz
11836 ministre des Affaires étrangères, décida en 1928 de soumettre à la Société des Nations un projet de Confédération europée
11837 8 de soumettre à la Société des Nations un projet de Confédération européenne. Devenu président du Conseil en 1929, et par
11838 la Société des Nations un projet de Confédération européenne . Devenu président du Conseil en 1929, et parlant au nom de la France,
11839 ce, il prononça le 5 septembre devant l’assemblée de la Société des Nations à Genève, un discours retentissant, appelant l
11840 e, un discours retentissant, appelant les peuples de l’Europe à nouer une « sorte de lien fédéral » : Je me suis associé
11841 discours retentissant, appelant les peuples de l’ Europe à nouer une « sorte de lien fédéral » : Je me suis associé pendant c
11842 elant les peuples de l’Europe à nouer une « sorte de lien fédéral » : Je me suis associé pendant ces dernières années à u
11843 en faveur d’une idée qu’on a bien voulu qualifier de généreuse, peut-être pour se dispenser de la qualifier d’imprudente.
11844 alifier de généreuse, peut-être pour se dispenser de la qualifier d’imprudente. Cette idée, qui est née il y a bien des an
11845 euse, peut-être pour se dispenser de la qualifier d’ imprudente. Cette idée, qui est née il y a bien des années, qui a hant
11846 qui leur a valu ce qu’on peut appeler des succès d’ estime, cette idée a progressé dans les esprits par sa valeur propre.
11847 i sont géographiquement groupés comme les peuples d’ Europe, il doit exister une sorte de lien fédéral […]. C’est ce lien q
11848 sont géographiquement groupés comme les peuples d’ Europe , il doit exister une sorte de lien fédéral […]. C’est ce lien que je
11849 e les peuples d’Europe, il doit exister une sorte de lien fédéral […]. C’est ce lien que je voudrais m’efforcer d’établir.
11850 ral […]. C’est ce lien que je voudrais m’efforcer d’ établir. Évidemment, l’association agira surtout dans le domaine écono
11851 , le lien fédéral, sans toucher à la souveraineté d’ aucune des nations qui pourraient faire partie d’une telle association
11852 d’aucune des nations qui pourraient faire partie d’ une telle association, peut être bienfaisant. Il fut décidé peu après
11853 é par la France. Le Mémorandum sur l’organisation d’ un régime d’union fédérale européenne, daté du 1er mai 1930 et présent
11854 nce. Le Mémorandum sur l’organisation d’un régime d’ union fédérale européenne, daté du 1er mai 1930 et présenté à la Socié
11855 m sur l’organisation d’un régime d’union fédérale européenne , daté du 1er mai 1930 et présenté à la Société des Nations en septemb
11856 et présenté à la Société des Nations en septembre de la même année, fut rédigé par Alexis Léger, le plus proche collaborat
11857 gé par Alexis Léger, le plus proche collaborateur de Briand. (On sait qu’Alexis Léger est aussi le grand poète qui signe S
11858 t-John Perse.) En voici deux brefs extraits tirés de l’introduction et de la conclusion : … Nul ne doute aujourd’hui que
11859 ci deux brefs extraits tirés de l’introduction et de la conclusion : … Nul ne doute aujourd’hui que le manque de cohésion
11860 usion : … Nul ne doute aujourd’hui que le manque de cohésion dans le groupement des forces matérielles et morales de l’Eu
11861 s le groupement des forces matérielles et morales de l’Europe ne constitue, pratiquement, le plus sérieux obstacle au déve
11862 groupement des forces matérielles et morales de l’ Europe ne constitue, pratiquement, le plus sérieux obstacle au développement
11863 rieux obstacle au développement et à l’efficacité de toutes institutions politiques ou juridiques sur quoi tendent à se fo
11864 uoi tendent à se fonder les premières entreprises d’ une organisation universelle de la paix. Cette dispersion de forces ne
11865 mières entreprises d’une organisation universelle de la paix. Cette dispersion de forces ne limite pas moins gravement, en
11866 nisation universelle de la paix. Cette dispersion de forces ne limite pas moins gravement, en Europe, les possibilités d’é
11867 rsion de forces ne limite pas moins gravement, en Europe , les possibilités d’élargissement du marché économique, les tentative
11868 pas moins gravement, en Europe, les possibilités d’ élargissement du marché économique, les tentatives d’intensification e
11869 largissement du marché économique, les tentatives d’ intensification et d’amélioration de la production industrielle, et pa
11870 é économique, les tentatives d’intensification et d’ amélioration de la production industrielle, et par là même toutes gara
11871 es tentatives d’intensification et d’amélioration de la production industrielle, et par là même toutes garanties contre le
11872 s garanties contre les crises du travail, sources d’ instabilité politique aussi bien que sociale. Or, le danger d’un tel m
11873 é politique aussi bien que sociale. Or, le danger d’ un tel morcellement se trouve encore accru du fait de l’étendue des fr
11874 n tel morcellement se trouve encore accru du fait de l’étendue des frontières nouvelles (plus de 20.000 kilomètres de barr
11875 fait de l’étendue des frontières nouvelles (plus de 20.000 kilomètres de barrières douanières) que les Traités de paix on
11876 s frontières nouvelles (plus de 20.000 kilomètres de barrières douanières) que les Traités de paix ont dû créer pour faire
11877 lomètres de barrières douanières) que les Traités de paix ont dû créer pour faire droit, en Europe, aux aspirations nation
11878 Traités de paix ont dû créer pour faire droit, en Europe , aux aspirations nationales… C’est sur le plan de la souveraineté abs
11879 pe, aux aspirations nationales… C’est sur le plan de la souveraineté absolue et de l’entière indépendance politique que do
11880 … C’est sur le plan de la souveraineté absolue et de l’entière indépendance politique que doit être réalisée l’entente ent
11881 ue que doit être réalisée l’entente entre Nations européennes . […] Avec les droits de souveraineté, n’est-ce pas le génie même de c
11882 te entre Nations européennes. […] Avec les droits de souveraineté, n’est-ce pas le génie même de chaque nation qui peut tr
11883 roits de souveraineté, n’est-ce pas le génie même de chaque nation qui peut trouver à s’affirmer encore plus consciemment,
11884 particulière à l’œuvre collective, sous un régime d’ Union fédérale pleinement compatible avec le respect des traditions et
11885 lus propice ni plus pressante pour l’inauguration d’ une œuvre constructive en Europe. Le règlement des principaux problème
11886 e pour l’inauguration d’une œuvre constructive en Europe . Le règlement des principaux problèmes, matériels et moraux, consécut
11887 cutifs à la dernière guerre aura bientôt libéré l’ Europe nouvelle de ce qui grevait le plus lourdement sa psychologie, autant
11888 ière guerre aura bientôt libéré l’Europe nouvelle de ce qui grevait le plus lourdement sa psychologie, autant que son écon
11889 réponde à un ordre nouveau. Heure décisive, où l’ Europe attentive peut disposer elle-même de son propre destin. S’unir pour v
11890 ve, où l’Europe attentive peut disposer elle-même de son propre destin. S’unir pour vivre et prospérer : telle est la stri
11891 devant laquelle se trouvent désormais les Nations d’ Europe. Il semble que le sentiment des peuples se soit déjà clairement
11892 vant laquelle se trouvent désormais les Nations d’ Europe . Il semble que le sentiment des peuples se soit déjà clairement manif
11893 lairement manifesté à ce sujet. Aux gouvernements d’ assumer aujourd’hui leurs responsabilités, sous peine d’abandonner au
11894 mer aujourd’hui leurs responsabilités, sous peine d’ abandonner au risque d’initiatives particulières et d’entreprises déso
11895 esponsabilités, sous peine d’abandonner au risque d’ initiatives particulières et d’entreprises désordonnées le groupement
11896 andonner au risque d’initiatives particulières et d’ entreprises désordonnées le groupement de forces matérielles et morale
11897 ières et d’entreprises désordonnées le groupement de forces matérielles et morales dont il leur appartient de garder la ma
11898 es matérielles et morales dont il leur appartient de garder la maîtrise collective, au bénéfice de la communauté européenn
11899 ent de garder la maîtrise collective, au bénéfice de la communauté européenne autant que de l’humanité. La proposition fr
11900 maîtrise collective, au bénéfice de la communauté européenne autant que de l’humanité. La proposition française n’eut pas de suit
11901 u bénéfice de la communauté européenne autant que de l’humanité. La proposition française n’eut pas de suites concrètes :
11902 e l’humanité. La proposition française n’eut pas de suites concrètes : d’une part, tout en préconisant une conférence des
11903 n comité politique, un secrétariat et un tribunal européen , elle entendait sauvegarder les « souverainetés absolues » ce qui eût
11904 e part, la Grande-Bretagne affirmait une attitude d’ isolation, cependant qu’Hitler remportait son premier grand succès éle
11905 mme raisonnables, échouait devant le déchaînement de souverainetés devenues folles. La guerre de 1939 était dès lors fatal
11906 ement de souverainetés devenues folles. La guerre de 1939 était dès lors fatale. On n’a pas oublié qu’Hitler prétendait lu
11907 pas oublié qu’Hitler prétendait lui aussi faire l’ Europe . Il ne trompa personne dans le camp fédéraliste. Et c’est précisément
11908 ne dans le camp fédéraliste. Et c’est précisément de la Résistance que ressurgit l’idée d’union. Dès 1942, un groupe de pr
11909 précisément de la Résistance que ressurgit l’idée d’ union. Dès 1942, un groupe de prisonniers politiques concentrés dans l
11910 que ressurgit l’idée d’union. Dès 1942, un groupe de prisonniers politiques concentrés dans l’Île de Ventotene fait circul
11911 in, réunis en grand secret à Genève, au printemps de 1944, les représentants des mouvements de résistance de neuf pays met
11912 intemps de 1944, les représentants des mouvements de résistance de neuf pays mettent au point la déclaration suivante :
11913 4, les représentants des mouvements de résistance de neuf pays mettent au point la déclaration suivante : Projet de décl
11914 ttent au point la déclaration suivante : Projet de déclaration des Résistances européennes (extrait)324 Quelques milita
11915 uivante : Projet de déclaration des Résistances européennes (extrait)324 Quelques militants des mouvements de résistance du Dane
11916 s (extrait)324 Quelques militants des mouvements de résistance du Danemark, de France, d’Italie, de Norvège, des Pays-Bas
11917 litants des mouvements de résistance du Danemark, de France, d’Italie, de Norvège, des Pays-Bas, de Pologne, de Tchécoslov
11918 mouvements de résistance du Danemark, de France, d’ Italie, de Norvège, des Pays-Bas, de Pologne, de Tchécoslovaquie et de
11919 s de résistance du Danemark, de France, d’Italie, de Norvège, des Pays-Bas, de Pologne, de Tchécoslovaquie et de Yougoslav
11920 k, de France, d’Italie, de Norvège, des Pays-Bas, de Pologne, de Tchécoslovaquie et de Yougoslavie, et le représentant d’u
11921 , d’Italie, de Norvège, des Pays-Bas, de Pologne, de Tchécoslovaquie et de Yougoslavie, et le représentant d’un groupe de
11922 , des Pays-Bas, de Pologne, de Tchécoslovaquie et de Yougoslavie, et le représentant d’un groupe de militants antinazis en
11923 coslovaquie et de Yougoslavie, et le représentant d’ un groupe de militants antinazis en Allemagne, se sont réunis dans une
11924 et de Yougoslavie, et le représentant d’un groupe de militants antinazis en Allemagne, se sont réunis dans une ville d’Eur
11925 nazis en Allemagne, se sont réunis dans une ville d’ Europe les 31 mars, 29 avril, 20 mai, 6 et 7 juillet. Ils ont élaboré
11926 zis en Allemagne, se sont réunis dans une ville d’ Europe les 31 mars, 29 avril, 20 mai, 6 et 7 juillet. Ils ont élaboré le pro
11927 20 mai, 6 et 7 juillet. Ils ont élaboré le projet de déclaration ci-dessous qu’ils ont soumis à la discussion et à l’appro
11928 ils ont soumis à la discussion et à l’approbation de leurs mouvements respectifs et de l’ensemble des mouvements de résist
11929 à l’approbation de leurs mouvements respectifs et de l’ensemble des mouvements de résistance européens… La résistance à l’
11930 ements respectifs et de l’ensemble des mouvements de résistance européens… La résistance à l’oppression nazie qui unit les
11931 ifs et de l’ensemble des mouvements de résistance européens … La résistance à l’oppression nazie qui unit les peuples d’Europe dan
11932 istance à l’oppression nazie qui unit les peuples d’ Europe dans un même combat a créé entre eux une solidarité et une comm
11933 tance à l’oppression nazie qui unit les peuples d’ Europe dans un même combat a créé entre eux une solidarité et une communauté
11934 a créé entre eux une solidarité et une communauté de but et d’intérêts qui prennent toute leur signification et toute leur
11935 re eux une solidarité et une communauté de but et d’ intérêts qui prennent toute leur signification et toute leur portée da
11936 rtée dans le fait que les délégués des mouvements de résistance européens se sont réunis pour rédiger la présente déclarat
11937 ait que les délégués des mouvements de résistance européens se sont réunis pour rédiger la présente déclaration. … Souscrivant au
11938 tion. … Souscrivant aux déclarations essentielles de la Charte de l’Atlantique, ils affirment que la vie des peuples qu’il
11939 rivant aux déclarations essentielles de la Charte de l’Atlantique, ils affirment que la vie des peuples qu’ils représenten
11940 ’ils représentent doit être fondée sur le respect de la personne, la sécurité, la justice sociale, l’utilisation intégrale
11941 ctivité tout entière et l’épanouissement autonome de la vie nationale. Ces buts ne peuvent être atteints que si les divers
11942 tteints que si les divers pays du monde acceptent de dépasser le dogme de la souveraineté absolue des États en s’intégrant
11943 vers pays du monde acceptent de dépasser le dogme de la souveraineté absolue des États en s’intégrant dans une unique orga
11944 nt dans une unique organisation fédérale. La paix européenne est la clé de voûte de la paix du monde. En effet, dans l’espace d’un
11945 anisation fédérale. La paix européenne est la clé de voûte de la paix du monde. En effet, dans l’espace d’une seule généra
11946 fédérale. La paix européenne est la clé de voûte de la paix du monde. En effet, dans l’espace d’une seule génération, l’E
11947 oûte de la paix du monde. En effet, dans l’espace d’ une seule génération, l’Europe a été l’épicentre de deux conflits mond
11948 En effet, dans l’espace d’une seule génération, l’ Europe a été l’épicentre de deux conflits mondiaux qui ont eu avant tout pou
11949 ’une seule génération, l’Europe a été l’épicentre de deux conflits mondiaux qui ont eu avant tout pour origine l’existence
11950 nt tout pour origine l’existence sur ce continent de trente États souverains. Il importe de remédier à cette anarchie par
11951 continent de trente États souverains. Il importe de remédier à cette anarchie par la création d’une Union fédérale entre
11952 orte de remédier à cette anarchie par la création d’ une Union fédérale entre les peuples européens. Seule une Union fédéra
11953 a création d’une Union fédérale entre les peuples européens . Seule une Union fédérale permettra la participation du peuple allema
11954 ttra la participation du peuple allemand à la vie européenne sans qu’il soit un danger pour les autres peuples. Seule une Union fé
11955 utres peuples. Seule une Union fédérale permettra de résoudre les problèmes des tracés de frontières dans les zones de pop
11956 le permettra de résoudre les problèmes des tracés de frontières dans les zones de population mixte, qui cesseront ainsi d’
11957 problèmes des tracés de frontières dans les zones de population mixte, qui cesseront ainsi d’être l’objet des folles convo
11958 es zones de population mixte, qui cesseront ainsi d’ être l’objet des folles convoitises nationalistes et deviendront de si
11959 s folles convoitises nationalistes et deviendront de simples questions de délimitation territoriale, de pure compétence ad
11960 nationalistes et deviendront de simples questions de délimitation territoriale, de pure compétence administrative. Seule u
11961 e simples questions de délimitation territoriale, de pure compétence administrative. Seule une Union fédérale permettra la
11962 ra la solution logique et naturelle des problèmes de l’accès à la mer des pays situés à l’intérieur du continent, de l’uti
11963 a mer des pays situés à l’intérieur du continent, de l’utilisation rationnelle des fleuves qui traversent plusieurs États,
11964 ent plusieurs États, du contrôle des détroits et, d’ une manière générale, de la plupart des problèmes qui ont troublé les
11965 contrôle des détroits et, d’une manière générale, de la plupart des problèmes qui ont troublé les relations internationale
11966 exercer une juridiction directe dans les limites de ses attributions. 2. Une armée placée sous les ordres de ce gouvernem
11967 attributions. 2. Une armée placée sous les ordres de ce gouvernement et excluant toute autre armée nationale. 3. Un tribun
11968 toutes les questions relatives à l’interprétation de la Constitution fédérale et tranchera les différends éventuels entre
11969 ntre les États et la fédération. … Les mouvements de résistance soussignés s’engagent à considérer leurs problèmes nationa
11970 ectifs comme des aspects particuliers du problème européen dans son ensemble et ils décident de constituer dès à présent un bure
11971 oblème européen dans son ensemble et ils décident de constituer dès à présent un bureau permanent chargé de coordonner leu
11972 nstituer dès à présent un bureau permanent chargé de coordonner leurs efforts pour la libération de leurs pays, pour l’org
11973 gé de coordonner leurs efforts pour la libération de leurs pays, pour l’organisation de l’Union fédérale des peuples europ
11974 la libération de leurs pays, pour l’organisation de l’Union fédérale des peuples européens et pour l’instauration de la p
11975 ur l’organisation de l’Union fédérale des peuples européens et pour l’instauration de la paix et de la justice dans le monde. Le
11976 rale des peuples européens et pour l’instauration de la paix et de la justice dans le monde. Les mouvements fédéralistes
11977 es européens et pour l’instauration de la paix et de la justice dans le monde. Les mouvements fédéralistes qui se constit
11978 ux, en septembre 1947, leur premier grand congrès européen après la guerre, sont animés par de jeunes chefs issus de la Résistan
11979 congrès européen après la guerre, sont animés par de jeunes chefs issus de la Résistance : Spinelli, Kogon, Brugmans, Fren
11980 la guerre, sont animés par de jeunes chefs issus de la Résistance : Spinelli, Kogon, Brugmans, Frenay. En même temps, que
11981 ême temps, quelques hommes politiques qui ont été de ceux qu’Hitler a emprisonnés ou exilés, ou de ceux qui ont conduit la
11982 été de ceux qu’Hitler a emprisonnés ou exilés, ou de ceux qui ont conduit la lutte contre les totalitaires, se prononcent
11983 prononcent en faveur d’une « union plus étroite » de nos peuples. Les militants travaillent, écrivent et organisent ; les
11984 Zurich, le 16 septembre 1946, propose « une sorte d’ États-Unis d’Europe325 : Ce noble continent est le foyer des grandes
11985 tinent est le foyer des grandes races ancestrales de l’Occident. Il est la source de la foi et de l’éthique chrétienne. Il
11986 races ancestrales de l’Occident. Il est la source de la foi et de l’éthique chrétienne. Il est le berceau de la civilisati
11987 ales de l’Occident. Il est la source de la foi et de l’éthique chrétienne. Il est le berceau de la civilisation occidental
11988 foi et de l’éthique chrétienne. Il est le berceau de la civilisation occidentale. Et pourtant, c’est de l’Europe que sont
11989 e la civilisation occidentale. Et pourtant, c’est de l’Europe que sont issues toutes les terribles querelles nationalistes
11990 civilisation occidentale. Et pourtant, c’est de l’ Europe que sont issues toutes les terribles querelles nationalistes qui, par
11991 es nationalistes qui, par deux fois dans le temps de nos vies, sont venues briser la paix et obscurcir l’avenir de toute l
11992 sont venues briser la paix et obscurcir l’avenir de toute l’humanité. Quel est donc le sort misérable auquel l’Europe se
11993 umanité. Quel est donc le sort misérable auquel l’ Europe se voit réduite ? Quelques-uns des petits États ont certes réussi à s
11994 ts États ont certes réussi à se relever, mais sur de vastes territoires des masses tremblantes d’êtres humains tourmentés
11995 sur de vastes territoires des masses tremblantes d’ êtres humains tourmentés et angoissés, affamés, rongés de soucis et se
11996 humains tourmentés et angoissés, affamés, rongés de soucis et se sentant perdus ouvrent des yeux agrandis sur les ruines
11997 t perdus ouvrent des yeux agrandis sur les ruines de leurs villes et de leurs foyers, et scrutent le sombre horizon, cherc
11998 s yeux agrandis sur les ruines de leurs villes et de leurs foyers, et scrutent le sombre horizon, cherchant d’où vont veni
11999 foyers, et scrutent le sombre horizon, cherchant d’ où vont venir les nouveaux périls, la tyrannie ou la terreur. Parmi le
12000 ie ou la terreur. Parmi les vainqueurs, une Babel de voix confuses ; parmi les vaincus le morne silence du désespoir. N’ét
12001 is désormais que la ruine et la mise en esclavage de l’Europe scelleraient aussi leur propre destin, les temps sombres du
12002 sormais que la ruine et la mise en esclavage de l’ Europe scelleraient aussi leur propre destin, les temps sombres du Moyen Âge
12003 erait comme par miracle toute la scène, et ferait de l’Europe, en peu d’années, une terre aussi libre et heureuse que cell
12004 comme par miracle toute la scène, et ferait de l’ Europe , en peu d’années, une terre aussi libre et heureuse que celle de la S
12005 cle toute la scène, et ferait de l’Europe, en peu d’ années, une terre aussi libre et heureuse que celle de la Suisse d’auj
12006 nées, une terre aussi libre et heureuse que celle de la Suisse d’aujourd’hui. Quel est ce remède souverain ? C’est de refo
12007 re aussi libre et heureuse que celle de la Suisse d’ aujourd’hui. Quel est ce remède souverain ? C’est de reformer la famil
12008 aujourd’hui. Quel est ce remède souverain ? C’est de reformer la famille européenne, dans toute la mesure où nous le pouvo
12009 e remède souverain ? C’est de reformer la famille européenne , dans toute la mesure où nous le pouvons encore, et de l’assurer d’un
12010 ans toute la mesure où nous le pouvons encore, et de l’assurer d’une structure à l’abri de laquelle elle puisse vivre en p
12011 mesure où nous le pouvons encore, et de l’assurer d’ une structure à l’abri de laquelle elle puisse vivre en paix et en séc
12012 encore, et de l’assurer d’une structure à l’abri de laquelle elle puisse vivre en paix et en sécurité. Nous devons constr
12013 et en sécurité. Nous devons construire une sorte d’ États-Unis d’Europe. Ainsi seulement, des centaines de millions de tra
12014 ats-Unis d’Europe. Ainsi seulement, des centaines de millions de travailleurs seront capables de retrouver les simples joi
12015 urope. Ainsi seulement, des centaines de millions de travailleurs seront capables de retrouver les simples joies et les es
12016 aines de millions de travailleurs seront capables de retrouver les simples joies et les espoirs qui rendent la vie digne d
12017 les joies et les espoirs qui rendent la vie digne d’ être vécue. De la conjonction d’une vingtaine de « mouvements fédéral
12018 s espoirs qui rendent la vie digne d’être vécue. De la conjonction d’une vingtaine de « mouvements fédéralistes », de que
12019 ent la vie digne d’être vécue. De la conjonction d’ une vingtaine de « mouvements fédéralistes », de quelques grands homme
12020 d’être vécue. De la conjonction d’une vingtaine de « mouvements fédéralistes », de quelques grands hommes politiques, et
12021 n d’une vingtaine de « mouvements fédéralistes », de quelques grands hommes politiques, et de plusieurs centaines de déput
12022 istes », de quelques grands hommes politiques, et de plusieurs centaines de députés, dirigeants syndicalistes, intellectue
12023 ands hommes politiques, et de plusieurs centaines de députés, dirigeants syndicalistes, intellectuels et économistes, conj
12024 , le Polonais Joseph Retinger, résulte le Congrès de l’Europe, qui se réunit à La Haye le 7 mai 1948. Le document que nous
12025 Polonais Joseph Retinger, résulte le Congrès de l’ Europe , qui se réunit à La Haye le 7 mai 1948. Le document que nous citons,
12026 e la séance finale : Message aux Européens326 L’ Europe est menacée, l’Europe est divisée, et la plus grave menace vient de s
12027 Message aux Européens326 L’Europe est menacée, l’ Europe est divisée, et la plus grave menace vient de ses divisions. Appauvri
12028 nace vient de ses divisions. Appauvrie, encombrée de barrières qui empêchent ses biens de circuler, mais qui ne sauraient
12029 e, encombrée de barrières qui empêchent ses biens de circuler, mais qui ne sauraient plus la protéger, notre Europe désuni
12030 er, mais qui ne sauraient plus la protéger, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à
12031 éger, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indép
12032 s ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les probl
12033 à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économi
12034 oblèmes que lui pose l’économie moderne. À défaut d’ une union librement consentie, notre anarchie présente nous exposera d
12035 n à l’unification forcée, soit par l’intervention d’ un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un parti du dedans. L’heu
12036 tion d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’ un parti du dedans. L’heure est venue d’entreprendre une action qui so
12037 surpation d’un parti du dedans. L’heure est venue d’ entreprendre une action qui soit à la mesure du danger. Tous ensemble,
12038 le, demain, nous pouvons édifier avec les peuples d’ outre-mer associés à nos destinées, la plus grande formation politique
12039 on politique et le plus vaste ensemble économique de notre temps. Jamais l’histoire du monde n’aura connu un si puissant r
12040 u monde n’aura connu un si puissant rassemblement d’ hommes libres. Jamais la guerre, la peur et la misère n’auront été mis
12041 grand péril et cette grande espérance la vocation de l’Europe se définit clairement. Elle est d’unir ses peuples selon leu
12042 péril et cette grande espérance la vocation de l’ Europe se définit clairement. Elle est d’unir ses peuples selon leur vrai gé
12043 ation de l’Europe se définit clairement. Elle est d’ unir ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la diversité,
12044 ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la diversité, et dans les conditions du xxe siècle, qui sont celles
12045 ns les conditions du xxe siècle, qui sont celles de la communauté, afin d’ouvrir au monde la voie qu’il cherche, la voie
12046 herche, la voie des libertés organisées. Elle est de ranimer ses pouvoirs d’invention pour la défense et pour l’illustrati
12047 rtés organisées. Elle est de ranimer ses pouvoirs d’ invention pour la défense et pour l’illustration des droits et des dev
12048 et pour l’illustration des droits et des devoirs de la personne humaine, dont malgré toute ses infidélités, l’Europe deme
12049 nne humaine, dont malgré toute ses infidélités, l’ Europe demeure aux yeux du monde le grand témoin. La conquête suprême de l’E
12050 eux du monde le grand témoin. La conquête suprême de l’Europe s’appelle la dignité de l’homme et sa vraie force est dans l
12051 u monde le grand témoin. La conquête suprême de l’ Europe s’appelle la dignité de l’homme et sa vraie force est dans la liberté
12052 conquête suprême de l’Europe s’appelle la dignité de l’homme et sa vraie force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final
12053 force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sauver nos libertés acquises, mais aussi pour
12054 éfice à tous les hommes, que nous voulons l’union de notre continent. Sur cette union l’Europe joue son destin et celui de
12055 ons l’union de notre continent. Sur cette union l’ Europe joue son destin et celui de la paix du monde. Soit donc notoire à tou
12056 Sur cette union l’Europe joue son destin et celui de la paix du monde. Soit donc notoire à tous que nous, Européens, rasse
12057 paix du monde. Soit donc notoire à tous que nous, Européens , rassemblés pour donner une voix à tous les peuples de ce continent,
12058 assemblés pour donner une voix à tous les peuples de ce continent, déclarons solennellement notre commune volonté dans les
12059 adoptées par notre Congrès : 1° Nous voulons une Europe unie, rendue dans toute son étendue à la libre circulation des hommes
12060 des droits de l’homme, garantissant les libertés de pensée, de réunion et d’expression, ainsi que le libre exercice d’une
12061 de l’homme, garantissant les libertés de pensée, de réunion et d’expression, ainsi que le libre exercice d’une opposition
12062 arantissant les libertés de pensée, de réunion et d’ expression, ainsi que le libre exercice d’une opposition politique. 3°
12063 nion et d’expression, ainsi que le libre exercice d’ une opposition politique. 3° Nous voulons une Cour de justice capable
12064 ne opposition politique. 3° Nous voulons une Cour de justice capable d’appliquer les sanctions nécessaires pour que soit r
12065 ique. 3° Nous voulons une Cour de justice capable d’ appliquer les sanctions nécessaires pour que soit respectée la Charte.
12066 espectée la Charte. 4° Nous voulons une Assemblée européenne , où soient représentées les forces vives de toutes nos nations. 5° Et
12067 ropéenne, où soient représentées les forces vives de toutes nos nations. 5° Et nous prenons de bonne foi l’engagement d’ap
12068 s vives de toutes nos nations. 5° Et nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers
12069 ons. 5° Et nous prenons de bonne foi l’engagement d’ appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos pa
12070 nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans
12071 t les gouvernements qui travaillent à cette œuvre de salut public, suprême chance de la paix et gage d’un grand avenir, po
12072 ent à cette œuvre de salut public, suprême chance de la paix et gage d’un grand avenir, pour cette génération et celles qu
12073 e salut public, suprême chance de la paix et gage d’ un grand avenir, pour cette génération et celles qui la suivront. Du
12074 génération et celles qui la suivront. Du congrès de La Haye naît le Mouvement européen, dont l’action immédiate aboutit,
12075 uivront. Du congrès de La Haye naît le Mouvement européen , dont l’action immédiate aboutit, un an plus tard, à la création du C
12076 à la création du Conseil de l’Europe. Le congrès de La Haye, dans sa Résolution politique, avait proclamé : « L’heure est
12077 t proclamé : « L’heure est venue pour les nations de l’Europe de transférer certains de leurs droits souverains pour les e
12078 clamé : « L’heure est venue pour les nations de l’ Europe de transférer certains de leurs droits souverains pour les exercer dé
12079 « L’heure est venue pour les nations de l’Europe de transférer certains de leurs droits souverains pour les exercer désor
12080 ur les nations de l’Europe de transférer certains de leurs droits souverains pour les exercer désormais en commun. » En fa
12081 e à ce vœu, se trouva réaliser plutôt les projets d’ Aristide Briand. La conférence des délégués nationaux, le comité polit
12082 olitique, le secrétariat permanent et le tribunal européen préconisés par le Mémorandum de 1930 trouvent en effet leur réalisati
12083 le tribunal européen préconisés par le Mémorandum de 1930 trouvent en effet leur réalisation dans l’Assemblée consultative
12084 , le secrétariat et la Cour des droits de l’homme de Strasbourg. Aussi n’est-il pas question de « lien fédéral » ni de « t
12085 ’homme de Strasbourg. Aussi n’est-il pas question de « lien fédéral » ni de « transfert de souveraineté », mais seulement
12086 ussi n’est-il pas question de « lien fédéral » ni de « transfert de souveraineté », mais seulement « d’union plus étroite 
12087 as question de « lien fédéral » ni de « transfert de souveraineté », mais seulement « d’union plus étroite » dans l’articl
12088 e « transfert de souveraineté », mais seulement «  d’ union plus étroite » dans l’article 1er du Statut du Conseil de l’Euro
12089 rticle 1er (a) Le but du Conseil de l’Europe est de réaliser une union plus étroite entre ses Membres afin de sauvegarder
12090 étroite entre ses Membres afin de sauvegarder et de promouvoir les idéaux et les principes qui sont leur patrimoine commu
12091 les principes qui sont leur patrimoine commun et de favoriser leur progrès économique et social. (b) Ce but sera poursuiv
12092 es organes du Conseil, par l’examen des questions d’ intérêt commun, par la conclusion d’accords et par l’adoption d’une ac
12093 des questions d’intérêt commun, par la conclusion d’ accords et par l’adoption d’une action commune dans les domaines écono
12094 un, par la conclusion d’accords et par l’adoption d’ une action commune dans les domaines économique, social, culturel, sci
12095 ions relatives à la défense nationale ne sont pas de la compétence du Conseil de l’Europe. En revanche, trois ans plus ta
12096 ui répond, dès son préambule, aux vœux du congrès de La Haye, en parlant d’une « fusion des intérêts essentiels » et « d’i
12097 mbule, aux vœux du congrès de La Haye, en parlant d’ une « fusion des intérêts essentiels » et « d’institutions communes ca
12098 ant d’une « fusion des intérêts essentiels » et «  d’ institutions communes capables d’orienter un destin désormais partagé 
12099 ssentiels » et « d’institutions communes capables d’ orienter un destin désormais partagé ». Les six parties contractantes 
12100 menacent ; Convaincus que la contribution qu’une Europe organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensabl
12101 tien des relations pacifiques ; Conscients que l’ Europe ne se construira que par des réalisations concrètes créant d’abord un
12102 lisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait, et par l’établissement de bases communes de développement écono
12103 rd une solidarité de fait, et par l’établissement de bases communes de développement économique ; Soucieux de concourir p
12104 de fait, et par l’établissement de bases communes de développement économique ; Soucieux de concourir par l’expansion de
12105 communes de développement économique ; Soucieux de concourir par l’expansion de leurs productions fondamentales au relèv
12106 onomique ; Soucieux de concourir par l’expansion de leurs productions fondamentales au relèvement du niveau de la vie et
12107 productions fondamentales au relèvement du niveau de la vie et au progrès des œuvres de paix ; Résolus à substituer aux r
12108 ment du niveau de la vie et au progrès des œuvres de paix ; Résolus à substituer aux rivalités séculaires une fusion de l
12109 à substituer aux rivalités séculaires une fusion de leurs intérêts essentiels, à fonder par l’instauration d’une communau
12110 intérêts essentiels, à fonder par l’instauration d’ une communauté économique les premières assises d’une communauté plus
12111 d’une communauté économique les premières assises d’ une communauté plus large et plus profonde entre des peuples longtemps
12112 ar des divisions sanglantes, et à jeter les bases d’ institutions capables d’orienter un destin désormais partagé ; Ont dé
12113 tes, et à jeter les bases d’institutions capables d’ orienter un destin désormais partagé ; Ont décidé de créer une Commun
12114 rienter un destin désormais partagé ; Ont décidé de créer une Communauté européenne du charbon et de l’acier… Et l’artic
12115 igné à Rome le 25 mars 1957) revient à la formule de l’union « plus étroite » : mais ce comparatif prend cette fois-ci un
12116 end cette fois-ci un sens concret, puisqu’on part d’ une union existante réalisée par la CECA. Les chefs des États membres
12117 ne action commune le progrès économique et social de leur pays en éliminant les barrières qui divisent l’Europe… Soucieux
12118 ur pays en éliminant les barrières qui divisent l’ Europe … Soucieux de renforcer l’unité de leurs économies et d’en assurer le
12119 ant les barrières qui divisent l’Europe… Soucieux de renforcer l’unité de leurs économies et d’en assurer le développement
12120 divisent l’Europe… Soucieux de renforcer l’unité de leurs économies et d’en assurer le développement harmonieux en réduis
12121 ucieux de renforcer l’unité de leurs économies et d’ en assurer le développement harmonieux en réduisant l’écart entre les
12122 gions et le retard des moins favorisées. Désireux de contribuer, grâce à une politique commerciale commune, à la suppressi
12123 instituant la CECA. Quant aux aspects politiques de l’union, les porte-paroles des gouvernements ne les évoquent encore q
12124 des gouvernements ne les évoquent encore qu’avec d’ infinies précautions. Ainsi le général de Gaulle, dans son discours du
12125 il que les nations qui s’associent ne cessent pas d’ être elles-mêmes et que la voie suivie soit celle d’une coopération or
12126 être elles-mêmes et que la voie suivie soit celle d’ une coopération organisée des États, en attendant d’en venir, peut-êtr
12127 une coopération organisée des États, en attendant d’ en venir, peut-être, à une imposante Confédération. Cette attente, ce
12128 er devant les menaces immédiates qui pèsent sur l’ Europe désunie ? « Vous êtes trop pressés », répètent les hommes d’État aux
12129 essés », répètent les hommes d’État aux pionniers de la fédération. Pour le malheur de l’Europe et du monde, ils le répète
12130 t aux pionniers de la fédération. Pour le malheur de l’Europe et du monde, ils le répètent depuis six siècles et demi — ex
12131 pionniers de la fédération. Pour le malheur de l’ Europe et du monde, ils le répètent depuis six siècles et demi — exactement
12132 ècles et demi — exactement depuis 1306. Le projet de Pierre Dubois était « prématuré », comme le furent ceux de Podiebrad
12133 Dubois était « prématuré », comme le furent ceux de Podiebrad et de Crucé, de Sully et de Comenius, de William Penn et de
12134 prématuré », comme le furent ceux de Podiebrad et de Crucé, de Sully et de Comenius, de William Penn et de l’abbé de Saint
12135 », comme le furent ceux de Podiebrad et de Crucé, de Sully et de Comenius, de William Penn et de l’abbé de Saint-Pierre, d
12136 furent ceux de Podiebrad et de Crucé, de Sully et de Comenius, de William Penn et de l’abbé de Saint-Pierre, de Kant, de S
12137 e Podiebrad et de Crucé, de Sully et de Comenius, de William Penn et de l’abbé de Saint-Pierre, de Kant, de Saint-Simon, d
12138 rucé, de Sully et de Comenius, de William Penn et de l’abbé de Saint-Pierre, de Kant, de Saint-Simon, de Mazzini, de Coude
12139 us, de William Penn et de l’abbé de Saint-Pierre, de Kant, de Saint-Simon, de Mazzini, de Coudenhove et de Briand, enfin d
12140 lliam Penn et de l’abbé de Saint-Pierre, de Kant, de Saint-Simon, de Mazzini, de Coudenhove et de Briand, enfin du congrès
12141 l’abbé de Saint-Pierre, de Kant, de Saint-Simon, de Mazzini, de Coudenhove et de Briand, enfin du congrès de La Haye. Les
12142 aint-Pierre, de Kant, de Saint-Simon, de Mazzini, de Coudenhove et de Briand, enfin du congrès de La Haye. Les conditions
12143 ant, de Saint-Simon, de Mazzini, de Coudenhove et de Briand, enfin du congrès de La Haye. Les conditions de « maturité » d
12144 ini, de Coudenhove et de Briand, enfin du congrès de La Haye. Les conditions de « maturité » de la fédération politique n’
12145 iand, enfin du congrès de La Haye. Les conditions de « maturité » de la fédération politique n’ayant pas été définies, ce
12146 ongrès de La Haye. Les conditions de « maturité » de la fédération politique n’ayant pas été définies, ce jeu peut continu
12147 eu peut continuer aussi longtemps que les ennemis de l’Europe lui en laisseront le loisir, pas davantage. 324. Texte com
12148 ut continuer aussi longtemps que les ennemis de l’ Europe lui en laisseront le loisir, pas davantage. 324. Texte complet, lar
12149 ement commenté, dans L’Europe de Demain, Éditions de la Baconnière, Neuchâtel, 1945. 325. Cf. le discours de Briand, supr
12150 aconnière, Neuchâtel, 1945. 325. Cf. le discours de Briand, supra : « une sorte de lien fédéral ». La gaucherie de ces fo
12151 5. Cf. le discours de Briand, supra : « une sorte de lien fédéral ». La gaucherie de ces formules traduit bien l’hésitatio
12152 pra : « une sorte de lien fédéral ». La gaucherie de ces formules traduit bien l’hésitation de la pensée politique. 326.
12153 ucherie de ces formules traduit bien l’hésitation de la pensée politique. 326. Texte recueilli dans l’Europe en Jeu, par
12154 la pensée politique. 326. Texte recueilli dans l’ Europe en Jeu, par D. de Rougemont, Éditions de la Baconnière, Neuchâtel, 19
12155 ns l’Europe en Jeu, par D. de Rougemont, Éditions de la Baconnière, Neuchâtel, 1948.