1
Avant-propos Ce n’est pas une histoire
de
l’Europe qu’on va lire, mais seulement une chronique — illustrée de c
2
Avant-propos Ce n’est pas une histoire de l’
Europe
qu’on va lire, mais seulement une chronique — illustrée de citations
3
va lire, mais seulement une chronique — illustrée
de
citations — des prises de conscience successives de notre unité de cu
4
e chronique — illustrée de citations — des prises
de
conscience successives de notre unité de culture, des temps homérique
5
citations — des prises de conscience successives
de
notre unité de culture, des temps homériques à nos jours. Au cours de
6
s prises de conscience successives de notre unité
de
culture, des temps homériques à nos jours. Au cours de ces trois mill
7
jours. Au cours de ces trois millénaires, combien
d’
auteurs ont-ils écrit sur le sujet qui nous occupe ? On en trouve nomm
8
? On en trouve nommés près de 2.000 dans l’index
d’
un ouvrage récent sur l’histoire de l’idée européenne, où n’ont été re
9
0 dans l’index d’un ouvrage récent sur l’histoire
de
l’idée européenne, où n’ont été retenus que les meilleurs ou les plus
10
ndex d’un ouvrage récent sur l’histoire de l’idée
européenne
, où n’ont été retenus que les meilleurs ou les plus significatifs. J’
11
meilleurs ou les plus significatifs. J’ai choisi
de
citer ceux qui demeurent actuels et peuvent encore parler aux hommes
12
urent actuels et peuvent encore parler aux hommes
de
cette époque, soit en tant que témoins des origines de notre civilisa
13
tte époque, soit en tant que témoins des origines
de
notre civilisation ou de l’apparition de ses problèmes cruciaux au ni
14
que témoins des origines de notre civilisation ou
de
l’apparition de ses problèmes cruciaux au niveau de la conscience et
15
origines de notre civilisation ou de l’apparition
de
ses problèmes cruciaux au niveau de la conscience et de l’histoire ;
16
problèmes cruciaux au niveau de la conscience et
de
l’histoire ; soit en tant que précurseurs ou champions des plans d’un
17
it en tant que précurseurs ou champions des plans
d’
union fédérative qui, sous nos yeux, commencent à prendre corps. De ce
18
e qui, sous nos yeux, commencent à prendre corps.
De
cette évolution, qui va du Mythe au Fait en passant par les Utopies e
19
Fait en passant par les Utopies et par une série
de
Plans issus les uns des autres, quelques thèmes généraux se dégagent.
20
généraux se dégagent. Si je les formule au seuil
de
cet ouvrage, c’est dans l’espoir que le lecteur les prenne pour guide
21
le lecteur les prenne pour guides dans un dédale
de
citations tirées de vingt-huit siècles de littérature, d’histoire et
22
ne pour guides dans un dédale de citations tirées
de
vingt-huit siècles de littérature, d’histoire et de philosophie en do
23
dédale de citations tirées de vingt-huit siècles
de
littérature, d’histoire et de philosophie en douze langues anciennes
24
ions tirées de vingt-huit siècles de littérature,
d’
histoire et de philosophie en douze langues anciennes et modernes : 1.
25
vingt-huit siècles de littérature, d’histoire et
de
philosophie en douze langues anciennes et modernes : 1. L’Europe est
26
hie en douze langues anciennes et modernes : 1. L’
Europe
est beaucoup plus ancienne que ses nations. Elle risque de périr du f
27
aucoup plus ancienne que ses nations. Elle risque
de
périr du fait de leur désunion et de leurs prétentions — toujours plu
28
nne que ses nations. Elle risque de périr du fait
de
leur désunion et de leurs prétentions — toujours plus illusoires — à
29
Elle risque de périr du fait de leur désunion et
de
leurs prétentions — toujours plus illusoires — à la souveraineté abso
30
eté absolue. Au contraire, leur union sauverait l’
Europe
, en sauvant du même coup ce qui reste valable dans nos fécondes diver
31
reste valable dans nos fécondes diversités. 2. L’
Europe
a exercé dès sa naissance une fonction non seulement universelle, mai
32
nce une fonction non seulement universelle, mais,
de
fait, universalisante. Elle a fomenté le Monde, en l’explorant d’abor
33
es moyens intellectuels, techniques et politiques
d’
une future unité du « genre humain ». Elle demeure responsable d’une v
34
ité du « genre humain ». Elle demeure responsable
d’
une vocation mondiale, qu’elle ne pourra soutenir qu’en fédérant ses f
35
pourra soutenir qu’en fédérant ses forces. 3. L’
Europe
unie n’est pas un expédient moderne, économique ou politique, mais c’
36
ceux qui ont vu loin. Homère déjà qualifiait Zeus
d’
europos, adjectif signifiant « qui voit très loin ». 4. Nous ne trouve
37
t « qui voit très loin ». 4. Nous ne trouverons l’
Europe
qu’en la faisant, comme l’enseigne le mythe de Cadmus, qu’on va citer
38
urope qu’en la faisant, comme l’enseigne le mythe
de
Cadmus, qu’on va citer. Le vrai moyen de la définir, c’est de la bâti
39
le mythe de Cadmus, qu’on va citer. Le vrai moyen
de
la définir, c’est de la bâtir. Et il s’agit bien moins de la délimite
40
u’on va citer. Le vrai moyen de la définir, c’est
de
la bâtir. Et il s’agit bien moins de la délimiter dans le temps de l’
41
finir, c’est de la bâtir. Et il s’agit bien moins
de
la délimiter dans le temps de l’histoire et l’espace terrestre, que d
42
l s’agit bien moins de la délimiter dans le temps
de
l’histoire et l’espace terrestre, que de renouveler sans cesse le ray
43
le temps de l’histoire et l’espace terrestre, que
de
renouveler sans cesse le rayonnement de son génie particulier, qui se
44
stre, que de renouveler sans cesse le rayonnement
de
son génie particulier, qui se trouve être, justement, universel. J’ét
45
ais loin de soupçonner l’ampleur et la complexité
de
la matière lorsque j’entrepris cet ouvrage. Je suis allé de découvert
46
ère lorsque j’entrepris cet ouvrage. Je suis allé
de
découverte en découverte, et mon espoir est que le lecteur participe
47
européen de la culture, qui eut la première idée
de
cette anthologie, et auquel je dois une bonne part des recherches bib
48
rains dont les travaux m’ont inspiré, il me plaît
de
citer au premier rang Gonzague de Reynold et son monumental ouvrage e
49
monumental ouvrage en 8 volumes sur la Formation
de
l’Europe. Puis Carlo Curcio et ses deux volumes exhaustifs intitulés
50
mental ouvrage en 8 volumes sur la Formation de l’
Europe
. Puis Carlo Curcio et ses deux volumes exhaustifs intitulés Europa, S
51
o Curcio et ses deux volumes exhaustifs intitulés
Europa
, Storia di un’idea ; Heinz Gollwitzer et son étude exemplaire sur l’i
52
ollwitzer et son étude exemplaire sur l’idéologie
européenne
aux xviiie et xixe siècles, Europabild und Europagedanke ; enfin le
53
uropagedanke ; enfin les trois auteurs classiques
d’
ouvrages de base sur l’internationalisme européen, Jacob ter Meulen, C
54
e ; enfin les trois auteurs classiques d’ouvrages
de
base sur l’internationalisme européen, Jacob ter Meulen, Christian L.
55
siques d’ouvrages de base sur l’internationalisme
européen
, Jacob ter Meulen, Christian L. Lange et Théodore Ruyssen. Un Suisse,
56
e souhaite la venue prochaine, qui entreprendront
d’
améliorer ce premier essai téméraire d’orientation dans un sujet illim
57
eprendront d’améliorer ce premier essai téméraire
d’
orientation dans un sujet illimité, puiseront sans doute à d’autres so
58
Première partieLes Origines
d’
Hésiode à Charlemagne (du ixe siècle av. J.-C. au xie siècle de notr
59
rlemagne (du ixe siècle av. J.-C. au xie siècle
de
notre ère) D’où vient le nom ? Quel est son sens ? Depuis quand par
60
siècle av. J.-C. au xie siècle de notre ère)
D’
où vient le nom ? Quel est son sens ? Depuis quand parle-t-on de l’Eur
61
nom ? Quel est son sens ? Depuis quand parle-t-on
de
l’Europe ? (Serait-ce seulement depuis Victor Hugo et Mazzini ? Ou de
62
Quel est son sens ? Depuis quand parle-t-on de l’
Europe
? (Serait-ce seulement depuis Victor Hugo et Mazzini ? Ou depuis Coud
63
is Coudenhove et Briand ? Voire depuis le congrès
de
La Haye, au mois de mai 1948 ?) Nous avons cherché la réponse ou plut
64
and ? Voire depuis le congrès de La Haye, au mois
de
mai 1948 ?) Nous avons cherché la réponse ou plutôt les réponses à ce
65
on s’arrête, en général, à Pierre Dubois, juriste
de
Philippe le Bel, premier auteur d’un plan d’union de nos États, au dé
66
ubois, juriste de Philippe le Bel, premier auteur
d’
un plan d’union de nos États, au début du xive siècle. Nous avons déc
67
iste de Philippe le Bel, premier auteur d’un plan
d’
union de nos États, au début du xive siècle. Nous avons décidé d’alle
68
Philippe le Bel, premier auteur d’un plan d’union
de
nos États, au début du xive siècle. Nous avons décidé d’aller beauco
69
tats, au début du xive siècle. Nous avons décidé
d’
aller beaucoup plus haut. Cette recherche nous a conduit vers des conf
70
s temps fabuleux. Le premier qui ait écrit le nom
d’
Europe, c’est Hésiode, qui apparaît vers l’an 900 avant notre ère1. Et
71
temps fabuleux. Le premier qui ait écrit le nom d’
Europe
, c’est Hésiode, qui apparaît vers l’an 900 avant notre ère1. Et le pr
72
’Asie, c’est Hippocrate. Mais la première mention
de
l’Europe comme unité non seulement géographique, mais humaine, et des
73
, c’est Hippocrate. Mais la première mention de l’
Europe
comme unité non seulement géographique, mais humaine, et des « Europé
74
on seulement géographique, mais humaine, et des «
Européens
» qui la défendent, ne remonte qu’au viiie siècle de notre ère, aprè
75
qui la défendent, ne remonte qu’au viiie siècle
de
notre ère, après la bataille de Poitiers, qui eut lieu en 732. L’empi
76
’au viiie siècle de notre ère, après la bataille
de
Poitiers, qui eut lieu en 732. L’empire carolingien marque un sommet
77
ieu en 732. L’empire carolingien marque un sommet
de
la conscience d’une Europe unie, puis on redescend vers des guerres e
78
ire carolingien marque un sommet de la conscience
d’
une Europe unie, puis on redescend vers des guerres et des querelles d
79
rolingien marque un sommet de la conscience d’une
Europe
unie, puis on redescend vers des guerres et des querelles d’investitu
80
is on redescend vers des guerres et des querelles
d’
investitures : notre enquête sur les Origines se termine donc au xie
81
e sur les Origines se termine donc au xie siècle
de
notre ère. 1.Protohistoire d’un continent sans nom La quatrième
82
nc au xie siècle de notre ère. 1.Protohistoire
d’
un continent sans nom La quatrième période glaciaire avait recouver
83
rt près de la moitié des plaines et des montagnes
d’
une épaisse calotte, dont la fonte transforma le continent en marécage
84
avait produit les fascinantes peintures rupestres
de
Lascaux et d’Altamira. C’est dans le Moyen-Orient qu’une tout autre c
85
les fascinantes peintures rupestres de Lascaux et
d’
Altamira. C’est dans le Moyen-Orient qu’une tout autre civilisation va
86
u chasseresse — elle envahira d’abord le pourtour
de
la Méditerranée, pour remonter de là sur notre continent et pénétrer
87
ord le pourtour de la Méditerranée, pour remonter
de
là sur notre continent et pénétrer profondément dans sa forêt central
88
aies qui s’étendent du Portugal jusqu’aux rivages
de
l’Asie Mineure. Le continent prend sa forme actuelle. Vers 6000 av. J
89
Écosse sont recouverts par la mer du Nord. Partis
de
l’Asie Mineure et de l’Égée, des colons remontent le cours du Vardar
90
s par la mer du Nord. Partis de l’Asie Mineure et
de
l’Égée, des colons remontent le cours du Vardar et du Danube pour all
91
e pour aller défricher les fertiles terres noires
de
l’Ukraine, les rives de la Baltique et de la mer du Nord, enfin la va
92
es fertiles terres noires de l’Ukraine, les rives
de
la Baltique et de la mer du Nord, enfin la vallée du Rhin et la Belgi
93
noires de l’Ukraine, les rives de la Baltique et
de
la mer du Nord, enfin la vallée du Rhin et la Belgique, poussant jusq
94
e, les abandonnent bientôt, brûlent d’autres pans
de
forêts, avancent lentement. Un autre courant de colons venus par mer
95
s de forêts, avancent lentement. Un autre courant
de
colons venus par mer des rives de l’Égypte actuelle et du Proche-Orie
96
n autre courant de colons venus par mer des rives
de
l’Égypte actuelle et du Proche-Orient, remonte peu à peu l’Italie et
97
il établit ses cités lacustres, occupe le bassin
de
la Seine, et s’aventure même jusqu’en Angleterre. Vers la fin du iiie
98
i nous cédons la parole à M. André Varagnac, l’un
de
nos meilleurs guides dans la protohistoire du continent : Avec cett
99
encore attestées par des milliers et des milliers
de
monuments dans presque toute l’Europe occidentale. Ses origines demeu
100
et des milliers de monuments dans presque toute l’
Europe
occidentale. Ses origines demeurent encore mystérieuses, mais sont ce
101
à la conquête des âmes, comme feront, après plus
de
trois-mille ans, les conquistadors. Quels qu’aient pu être ces rituel
102
la conscience paysanne, la vénération des morts.
De
hardis prospecteurs ont porté jusqu’aux îles lointaines du nord de l’
103
teurs ont porté jusqu’aux îles lointaines du nord
de
l’Écosse, ce culte et son architecture. Ils atteignirent le Jutland,
104
tentrionale. Avec eux voyageaient armes et outils
de
cuivre. Ainsi s’établit, dès la première moitié du iie millénaire av
105
ié du iie millénaire avant notre ère, un système
d’
échanges maritimes associant à la Méditerranée cette Méditerranée du N
106
aire avant notre ère, il semble bien qu’une sorte
de
civilisation commune se soit étendue à la majeure partie du continent
107
ntinent : elle est marquée par le rite généralisé
de
l’incinération (« Champs d’urnes »). Puis la Grèce et l’Italie des Ét
108
ar le rite généralisé de l’incinération (« Champs
d’
urnes »). Puis la Grèce et l’Italie des Étrusques, quelques siècles pl
109
ent vers l’ouest et le nord les produits raffinés
de
leurs arts et métiers : le vase de Vix illustre cette période dite de
110
duits raffinés de leurs arts et métiers : le vase
de
Vix illustre cette période dite de Hallstatt. Celle-ci fera place à l
111
iers : le vase de Vix illustre cette période dite
de
Hallstatt. Celle-ci fera place à la civilisation des Celtes, au ve s
112
tes, au ve siècle av. J.-C. Des Gaëls d’Irlande,
d’
Angleterre et de Bretagne, en passant par les Gaulois, jusqu’aux Galat
113
le av. J.-C. Des Gaëls d’Irlande, d’Angleterre et
de
Bretagne, en passant par les Gaulois, jusqu’aux Galates parvenus en A
114
J.-C., les Celtes ont recouvert la majeure partie
de
la péninsule occidentale, à l’exclusion toutefois de l’Italie et de l
115
la péninsule occidentale, à l’exclusion toutefois
de
l’Italie et de la Grèce, où ils n’ont fait que de rapides incursions
116
cidentale, à l’exclusion toutefois de l’Italie et
de
la Grèce, où ils n’ont fait que de rapides incursions (à Rome et à De
117
de l’Italie et de la Grèce, où ils n’ont fait que
de
rapides incursions (à Rome et à Delphes). Leur empire décentralisé, l
118
le culte druidique, préfigure comme en négatif l’
Europe
à venir : celle qui sera conformée, justement, par la pensée, l’art e
119
rmée, justement, par la pensée, l’art et les lois
de
ces deux peuples de la mer du Sud, mystérieusement inaccessibles aux
120
la pensée, l’art et les lois de ces deux peuples
de
la mer du Sud, mystérieusement inaccessibles aux Celtes. La conquête
121
érieusement inaccessibles aux Celtes. La conquête
de
la Gaule par César va marquer le début de la fusion séculaire du mond
122
onquête de la Gaule par César va marquer le début
de
la fusion séculaire du monde continental et du monde méditerranéen. E
123
préhistoire, ou mieux protohistoire dont on vient
d’
indiquer quelques étapes, c’est celle d’un continent sans nom, lenteme
124
on vient d’indiquer quelques étapes, c’est celle
d’
un continent sans nom, lentement peuplé, civilisé et travaillé par des
125
pices ? Et que signifiera son nom ? 2.Le mythe
de
l’enlèvement d’Europe Quant à l’Europe, il ne paraît pas que l’on
126
ignifiera son nom ? 2.Le mythe de l’enlèvement
d’
Europe Quant à l’Europe, il ne paraît pas que l’on sache, ni d’où e
127
nifiera son nom ? 2.Le mythe de l’enlèvement d’
Europe
Quant à l’Europe, il ne paraît pas que l’on sache, ni d’où elle a
128
2.Le mythe de l’enlèvement d’Europe Quant à l’
Europe
, il ne paraît pas que l’on sache, ni d’où elle a tiré ce nom ni qui l
129
t à l’Europe, il ne paraît pas que l’on sache, ni
d’
où elle a tiré ce nom ni qui le lui a donné, à moins que nous ne disio
130
nné, à moins que nous ne disions qu’elle l’a pris
d’
Europe de Tyr, car, auparavant, ainsi que les deux autres parties du m
131
deux autres parties du monde, elle n’avait point
de
nom. Il est certain qu’Europe était Asiatique et qu’elle n’est jamais
132
nde, elle n’avait point de nom. Il est certain qu’
Europe
était Asiatique et qu’elle n’est jamais venue dans ce pays que les Gr
133
dans ce pays que les Grecs appellent maintenant l’
Europe
, mais qu’elle passa seulement de Phénicie en Crète et de Crète en Lyc
134
maintenant l’Europe, mais qu’elle passa seulement
de
Phénicie en Crète et de Crète en Lycie.4 Hérodote Europe fut d’abo
135
s qu’elle passa seulement de Phénicie en Crète et
de
Crète en Lycie.4 Hérodote Europe fut d’abord une déesse, l’une des
136
nicie en Crète et de Crète en Lycie.4 Hérodote
Europe
fut d’abord une déesse, l’une des trois-mille Océanides, « race saint
137
e, l’une des trois-mille Océanides, « race sainte
de
filles qui, avec Apollon et les fleuves, nourrissent la jeunesse des
138
C., nous devons la première mention connue du nom
d’
Europe, au vers 357 de sa Théogonie. Parmi les innombrables sœurs Océa
139
, nous devons la première mention connue du nom d’
Europe
, au vers 357 de sa Théogonie. Parmi les innombrables sœurs Océanides
140
mière mention connue du nom d’Europe, au vers 357
de
sa Théogonie. Parmi les innombrables sœurs Océanides — dont il ne cit
141
core Asie, et Métis ou la Raison, première épouse
de
Zeus. Beaucoup plus tard, nous retrouvons Europe non plus déesse mais
142
ouse de Zeus. Beaucoup plus tard, nous retrouvons
Europe
non plus déesse mais femme légendaire. Agénor, roi de Tyr en Phénicie
143
re. Agénor, roi de Tyr en Phénicie, et descendant
de
Neptune, est son père. Elle est si belle quant aux yeux — comme son n
144
uant aux yeux — comme son nom grec l’indique — et
d’
une si éclatante blancheur, que Zeus lui-même s’en éprend. Métamorphos
145
d. Métamorphosé en taureau, il l’enlève aux rives
de
l’Asie pour la conduire en Crète, où elle deviendra reine, et mère de
146
Crète, où elle deviendra reine, et mère des rois
de
la dynastie de Minos. De cette légende, qui inspira sans nul doute be
147
deviendra reine, et mère des rois de la dynastie
de
Minos. De cette légende, qui inspira sans nul doute beaucoup d’œuvres
148
reine, et mère des rois de la dynastie de Minos.
De
cette légende, qui inspira sans nul doute beaucoup d’œuvres perdues d
149
ette légende, qui inspira sans nul doute beaucoup
d’
œuvres perdues de poètes antérieurs, et dont nous parlent Hérodote et
150
inspira sans nul doute beaucoup d’œuvres perdues
de
poètes antérieurs, et dont nous parlent Hérodote et Thucydide entre a
151
e version grecque tardive : la célèbre « Idylle »
de
Moschos, qui date du iie siècle avant notre ère, en pleine littératu
152
rine. Il est probable que Moschos, poète sicilien
de
Syracuse, artiste érudit et précieux, s’est inspiré de peintures trad
153
racuse, artiste érudit et précieux, s’est inspiré
de
peintures traditionnelles, fresques, mosaïques ou cratères, vases déc
154
printanier où les poètes, sculpteurs et peintres
de
vingt siècles occidentaux feront jouer leur imagination sensuelle du
155
gination sensuelle du Mythe, et cela va du métope
de
Sélinonte au bas-relief ornant une gare moderne — celle de Genève —,
156
nte au bas-relief ornant une gare moderne — celle
de
Genève —, d’Ovide à Victor Hugo et de l’auteur des mosaïques d’Aquilé
157
lief ornant une gare moderne — celle de Genève —,
d’
Ovide à Victor Hugo et de l’auteur des mosaïques d’Aquilée jusqu’aux d
158
rne — celle de Genève —, d’Ovide à Victor Hugo et
de
l’auteur des mosaïques d’Aquilée jusqu’aux décorateurs du xxe siècle
159
’Ovide à Victor Hugo et de l’auteur des mosaïques
d’
Aquilée jusqu’aux décorateurs du xxe siècle, en passant par Véronèse,
160
èse, le Titien, le Lorrain et Tiepolo. L’Idylle
de
Moschos5 Une fois, Kypris envoya à Europé un doux songe. C’était
161
Idylle de Moschos5 Une fois, Kypris envoya à
Europé
un doux songe. C’était l’heure où commence le troisième tiers de la n
162
e. C’était l’heure où commence le troisième tiers
de
la nuit et où l’aurore est proche, l’heure où le sommeil, plus doux q
163
songes véridiques ; alors, la fille encore vierge
de
Phoinix, Europé, qui dormait dans sa chambre à l’étage supérieur, cru
164
iques ; alors, la fille encore vierge de Phoinix,
Europé
, qui dormait dans sa chambre à l’étage supérieur, crut voir deux terr
165
oir deux terres se disputer à son sujet, la terre
d’
Asie et la terre d’en face ; leur aspect était celui de femmes. L’une
166
disputer à son sujet, la terre d’Asie et la terre
d’
en face ; leur aspect était celui de femmes. L’une avait les traits d’
167
e et la terre d’en face ; leur aspect était celui
de
femmes. L’une avait les traits d’une étrangère ; l’autre ressemblait
168
ect était celui de femmes. L’une avait les traits
d’
une étrangère ; l’autre ressemblait à une femme du pays ; elle s’attac
169
it mise au jour et que seule elle avait pris soin
d’
elle ; mais l’autre, la saisissant de force de ses mains puissantes, l
170
it pris soin d’elle ; mais l’autre, la saisissant
de
force de ses mains puissantes, l’entraînait sans qu’elle résistât, et
171
oin d’elle ; mais l’autre, la saisissant de force
de
ses mains puissantes, l’entraînait sans qu’elle résistât, et déclarai
172
lle résistât, et déclarait que, de par la volonté
de
Zeus porteur d’égide, il était décidé qu’Europé lui appartenait. Cell
173
déclarait que, de par la volonté de Zeus porteur
d’
égide, il était décidé qu’Europé lui appartenait. Celle-ci se précipit
174
lonté de Zeus porteur d’égide, il était décidé qu’
Europé
lui appartenait. Celle-ci se précipita hors de son lit garni de couve
175
nait. Celle-ci se précipita hors de son lit garni
de
couvertures ; elle avait peur et son cœur palpitait car le songe qu’e
176
intive : « Qui, des habitants du ciel, m’a envoyé
de
semblables visions ? Que signifient les songes, qui, planant dans ma
177
es songes, qui, planant dans ma chambre au-dessus
de
ma couche garnie de couvertures, m’ont dressée tout émue, pendant que
178
ant dans ma chambre au-dessus de ma couche garnie
de
couvertures, m’ont dressée tout émue, pendant que je dormais doucemen
179
angère que j’ai vue dans mon sommeil ? Quel désir
d’
elle a envahi mon âme ! Et elle, de son côté, avec quelle affection el
180
l ? Quel désir d’elle a envahi mon âme ! Et elle,
de
son côté, avec quelle affection elle me faisait accueil et me regarda
181
va, et alla chercher ses compagnes, nobles filles
de
son âge, nées la même année qu’elle, qui plaisaient à son cœur et éta
182
qu’elle se préparât pour prendre part à un chœur
de
danse, qu’elle baignât son corps à l’embouchure des rivières, ou qu’e
183
es fleurs ; elles gagnèrent les prairies voisines
de
la mer, qui étaient le lieu de réunion habituel de leur troupe, charm
184
prairies voisines de la mer, qui étaient le lieu
de
réunion habituel de leur troupe, charmées par la beauté des roses et
185
e la mer, qui étaient le lieu de réunion habituel
de
leur troupe, charmées par la beauté des roses et par le bruit des flo
186
ar la beauté des roses et par le bruit des flots.
Europé
elle-même portait une corbeille d’or magnifique, admirable merveille,
187
des flots. Europé elle-même portait une corbeille
d’
or magnifique, admirable merveille, admirable travail d’Héphaistos ; i
188
agnifique, admirable merveille, admirable travail
d’
Héphaistos ; il l’avait donnée à Libye, quand elle était entrée dans l
189
it donnée à la toute belle Téléphaassa, qui était
de
son sang ; et Téléphaassa, mère d’Europé, avait remis ce superbe prés
190
présent à sa fille non mariée. L’objet était orné
de
beaucoup d’ouvrages d’orfèvrerie brillant d’un vif éclat. Il y avait,
191
fille non mariée. L’objet était orné de beaucoup
d’
ouvrages d’orfèvrerie brillant d’un vif éclat. Il y avait, en or, Io f
192
mariée. L’objet était orné de beaucoup d’ouvrages
d’
orfèvrerie brillant d’un vif éclat. Il y avait, en or, Io fille d’Inac
193
orné de beaucoup d’ouvrages d’orfèvrerie brillant
d’
un vif éclat. Il y avait, en or, Io fille d’Inachos, dans le temps qu’
194
llant d’un vif éclat. Il y avait, en or, Io fille
d’
Inachos, dans le temps qu’elle était encore génisse et qu’elle n’avait
195
était encore génisse et qu’elle n’avait pas forme
de
femme ; vagabonde elle marchait sur les chemins de la plaine salée, c
196
e femme ; vagabonde elle marchait sur les chemins
de
la plaine salée, comme si elle eût nagé ; la mer était faite de métal
197
alée, comme si elle eût nagé ; la mer était faite
de
métal azuré. Haut placés, deux hommes se tenaient debout sur l’escarp
198
qui traversait la mer. Il y avait aussi Zeus fils
de
Cronos, effleurant doucement de la main la génisse fille d’Inachos, q
199
t aussi Zeus fils de Cronos, effleurant doucement
de
la main la génisse fille d’Inachos, qu’auprès du Nil aux sept bouches
200
effleurant doucement de la main la génisse fille
d’
Inachos, qu’auprès du Nil aux sept bouches, de vache cornue, il transf
201
lle d’Inachos, qu’auprès du Nil aux sept bouches,
de
vache cornue, il transforma de nouveau en femme ; le cours du Nil éta
202
forma de nouveau en femme ; le cours du Nil était
d’
argent ; la vache, de bronze ; quant à Zeus, il était fait en or. Auto
203
emme ; le cours du Nil était d’argent ; la vache,
de
bronze ; quant à Zeus, il était fait en or. Autour de la corbeille ro
204
était représenté Hermès ; près de lui gisait tout
de
son long Argos, orné d’yeux rebelles au sommeil ; du sang rouge d’Arg
205
; près de lui gisait tout de son long Argos, orné
d’
yeux rebelles au sommeil ; du sang rouge d’Argos, surgissait un oiseau
206
, orné d’yeux rebelles au sommeil ; du sang rouge
d’
Argos, surgissait un oiseau, fier de son plumage fleuri et multicolore
207
du sang rouge d’Argos, surgissait un oiseau, fier
de
son plumage fleuri et multicolore ; il déployait ses pennes — tel un
208
tel un navire qui fend rapidement les flots — et
de
ses pennes déployées couvrait les bords de la corbeille d’or. Telle é
209
s — et de ses pennes déployées couvrait les bords
de
la corbeille d’or. Telle était la corbeille de la toute belle Europé.
210
nnes déployées couvrait les bords de la corbeille
d’
or. Telle était la corbeille de la toute belle Europé. Arrivées dans l
211
ds de la corbeille d’or. Telle était la corbeille
de
la toute belle Europé. Arrivées dans les prés fleuris, les jeunes fil
212
d’or. Telle était la corbeille de la toute belle
Europé
. Arrivées dans les prés fleuris, les jeunes filles se divertissaient
213
tissaient à chercher chacune telle ou telle sorte
de
fleur ; l’une prenait le narcisse odorant, une autre l’hyacinthe, cel
214
nes mains les roses resplendissantes à la couleur
de
flamme, attirait parmi elles les regards comme parmi les Charites la
215
es regards comme parmi les Charites la déesse née
de
l’écume. Elle ne devait pas longtemps prendre plaisir à ces fleurs, n
216
tacte sa ceinture virginale. Aussitôt que le fils
de
Cronos l’eut aperçue, de quel vertige saisi il fut dompté par les tra
217
le. Aussitôt que le fils de Cronos l’eut aperçue,
de
quel vertige saisi il fut dompté par les traits imprévus de Kypris, s
218
rtige saisi il fut dompté par les traits imprévus
de
Kypris, seule capable de dompter Zeus lui-même ! Voulant à la fois év
219
par les traits imprévus de Kypris, seule capable
de
dompter Zeus lui-même ! Voulant à la fois éviter le courroux de la ja
220
s lui-même ! Voulant à la fois éviter le courroux
de
la jalouse Héra et décevoir l’esprit naïf de la jeune fille, il mit u
221
roux de la jalouse Héra et décevoir l’esprit naïf
de
la jeune fille, il mit un masque au dieu, transforma sa personne, se
222
ptés par l’aiguillon, traînent des chars porteurs
de
lourds fardeaux. Tout son corps était de couleur blonde, à l’exceptio
223
porteurs de lourds fardeaux. Tout son corps était
de
couleur blonde, à l’exception d’un cercle blanc pur qui brillait au m
224
son corps était de couleur blonde, à l’exception
d’
un cercle blanc pur qui brillait au milieu de son front ; ses yeux, de
225
us, étincelaient et lançaient des éclairs chargés
d’
amour ; ses cornes s’élevaient, l’une en face de l’autre, égales au-de
226
aient, l’une en face de l’autre, égales au-dessus
de
sa tête, pareilles au croissant demi-circulaire de la lune cornue. Il
227
e sa tête, pareilles au croissant demi-circulaire
de
la lune cornue. Il vint dans la prairie, et son apparition n’effraya
228
les jeunes filles ; toutes furent prises du désir
de
s’approcher, de toucher le joli animal, dont la divine odeur, se répa
229
s ; toutes furent prises du désir de s’approcher,
de
toucher le joli animal, dont la divine odeur, se répandant au loin, d
230
pandant au loin, dominait même le souffle embaumé
de
la prée. Il s’arrêta en face de l’irréprochable Europé ; il lui lécha
231
e la prée. Il s’arrêta en face de l’irréprochable
Europé
; il lui lécha le cou et la jeune fille fut sous le charme. Elle le c
232
le charme. Elle le caressait, essuyait doucement
de
ses mains l’écume qui lui tombait, abondante, de la bouche ; et au ta
233
de ses mains l’écume qui lui tombait, abondante,
de
la bouche ; et au taureau elle donna un baiser. Lui, poussa un tendre
234
aurait cru entendre résonner le chant harmonieux
de
la flûte mygdonienne. Il s’agenouilla aux pieds d’Europé ; tournant l
235
e la flûte mygdonienne. Il s’agenouilla aux pieds
d’
Europé ; tournant le col, il la regardait et lui montrait son large do
236
la flûte mygdonienne. Il s’agenouilla aux pieds d’
Europé
; tournant le col, il la regardait et lui montrait son large dos. Ell
237
es tresses : « Venez, chères compagnes, compagnes
de
mon âge, asseyons-nous sur ce taureau, pour notre divertissement ; à
238
lles allaient en faire autant ; mais il se releva
d’
un bond, enlevant celle qu’il voulait et gagna rapidement la mer. Euro
239
t celle qu’il voulait et gagna rapidement la mer.
Europé
, se retournant en arrière, appelait ses compagnes et leur tendait les
240
s poissons, alentour, s’ébattaient devant les pas
de
Zeus ; le dauphin, sorti de l’abîme, cabriolait joyeux au-dessus de l
241
taient devant les pas de Zeus ; le dauphin, sorti
de
l’abîme, cabriolait joyeux au-dessus de l’eau qui s’enflait. Les Néré
242
in, sorti de l’abîme, cabriolait joyeux au-dessus
de
l’eau qui s’enflait. Les Néréides surgirent du fond de l’onde, et, as
243
eau qui s’enflait. Les Néréides surgirent du fond
de
l’onde, et, assises sur le dos de poissons, défilaient en cortège ; à
244
rgirent du fond de l’onde, et, assises sur le dos
de
poissons, défilaient en cortège ; à la surface des flots, qu’il gouve
245
ui s’assemblaient les tritons, bruyants musiciens
de
la mer ; soufflant dans de longs coquillages, ils faisaient retentir
246
ns, bruyants musiciens de la mer ; soufflant dans
de
longs coquillages, ils faisaient retentir le chant nuptial. Assise su
247
r le chant nuptial. Assise sur le dos du taureau,
Europé
d’une main, serrait la grande corne de la bête ; de l’autre, elle mai
248
ant nuptial. Assise sur le dos du taureau, Europé
d’
une main, serrait la grande corne de la bête ; de l’autre, elle mainte
249
ureau, Europé d’une main, serrait la grande corne
de
la bête ; de l’autre, elle maintenait contre elle le pli pourpré de s
250
d’une main, serrait la grande corne de la bête ;
de
l’autre, elle maintenait contre elle le pli pourpré de sa robe, pour
251
autre, elle maintenait contre elle le pli pourpré
de
sa robe, pour éviter que, traînant derrière elle, il ne fût mouillé p
252
rrière elle, il ne fût mouillé par l’onde immense
de
la mer blanchissante. Aux épaules, le péplos d’Europé se gonfla en un
253
e de la mer blanchissante. Aux épaules, le péplos
d’
Europé se gonfla en une poche profonde, comme la voile d’un navire, et
254
de la mer blanchissante. Aux épaules, le péplos d’
Europé
se gonfla en une poche profonde, comme la voile d’un navire, et allég
255
é se gonfla en une poche profonde, comme la voile
d’
un navire, et allégeait le poids de la jeune fille. Déjà elle était lo
256
comme la voile d’un navire, et allégeait le poids
de
la jeune fille. Déjà elle était loin de la terre natale ; il n’y avai
257
bas la mer sans limites. Alors, promenant autour
d’
elle ses regards, elle fit entendre ces mots : « Où m’emportes-tu, tau
258
s à fendre les flots ; mais les taureaux ont peur
de
la voie marine. Quelle boisson capable de te plaire, quelle nourritur
259
nt peur de la voie marine. Quelle boisson capable
de
te plaire, quelle nourriture trouves-tu dans l’onde salée ? Sans dout
260
je pense, tu vas t’élever aussi dans les hauteurs
de
l’air étincelant et tu voleras comme les oiseaux rapides. Hélas, gran
261
est mon infortune, à moi qui ai quitté la demeure
de
mon père, et, suivant ce taureau, accomplis une étrange navigation, e
262
gation, errante et solitaire. Mais toi, souverain
de
la mer blanchissante, ébranleur de la terre, montre-toi pour moi bien
263
toi, souverain de la mer blanchissante, ébranleur
de
la terre, montre-toi pour moi bienveillant, toi qu’il me semble voir
264
me tracer la route. Ce n’est pas sans le vouloir
d’
un dieu que je suis ces humides chemins. » Elle dit ; et le taureau au
265
ssure-toi, jeune fille ; ne crains pas les vagues
de
la mer ; je suis Zeus en personne, bien que, de près, j’aie l’air d’ê
266
s de la mer ; je suis Zeus en personne, bien que,
de
près, j’aie l’air d’être un taureau ; il est en ma puissance de paraî
267
Zeus en personne, bien que, de près, j’aie l’air
d’
être un taureau ; il est en ma puissance de paraître ce que je veux. C
268
l’air d’être un taureau ; il est en ma puissance
de
paraître ce que je veux. C’est mon amour pour toi qui m’a poussé à pa
269
parcourir une telle étendue marine, sous l’aspect
d’
un taureau. Mais la Crète te recevra bientôt ; elle m’a nourri moi-mêm
270
e se célébreront tes noces. Et je te rendrai mère
de
nobles fils, qui tous, parmi les hommes, seront porteurs de sceptre.
271
fils, qui tous, parmi les hommes, seront porteurs
de
sceptre. » Il dit ; et ce qu’il avait dit était chose accomplie. Déjà
272
Zeus reprenait sa figure ; il détacha la ceinture
d’
Europé ; les Heures lui préparaient une couche ; elle qui était vierge
273
us reprenait sa figure ; il détacha la ceinture d’
Europé
; les Heures lui préparaient une couche ; elle qui était vierge aupar
274
it vierge auparavant, sans tarder devint l’épouse
de
Zeus ; sans tarder, elle conçut des enfants du fils de Cronos et devi
275
us ; sans tarder, elle conçut des enfants du fils
de
Cronos et devint mère. C’est sans nul doute le songe du début de l’I
276
int mère. C’est sans nul doute le songe du début
de
l’Idylle qui contient, pour nous tout au moins, la véritable signific
277
ation du mythe ; ces deux terres qui se disputent
Europe
, « la terre d’Asie et la terre d’en face », le continent déjà civilis
278
s deux terres qui se disputent Europe, « la terre
d’
Asie et la terre d’en face », le continent déjà civilisé et celui qui
279
e disputent Europe, « la terre d’Asie et la terre
d’
en face », le continent déjà civilisé et celui qui n’a pas de nom, qui
280
, le continent déjà civilisé et celui qui n’a pas
de
nom, qui veut un nom et un esprit, et qui va l’arracher par la violen
281
l’arracher par la violence, mais non sans l’aide
de
Zeus lui-même. Le thème du songe où deux femmes se disputent apparaît
282
apparaît déjà dans les Perses, l’admirable récit
de
Salamine qu’Eschyle fit jouer sept ans après la bataille, en 473. Il
283
s après la bataille, en 473. Il s’agit, là aussi,
de
la rivalité entre l’Europe et l’Asie, l’une représentée par la Grèce
284
473. Il s’agit, là aussi, de la rivalité entre l’
Europe
et l’Asie, l’une représentée par la Grèce indomptable, l’autre par la
285
domptable, l’autre par la Perse docile : Songe
de
la reine, mère de Xerxès Deux femmes, bien mises, ont semblé s’of
286
ises, ont semblé s’offrir à mes yeux, l’une parée
de
la robe perse, l’autre vêtue en Dorienne, toutes deux surpassant de b
287
l’autre vêtue en Dorienne, toutes deux surpassant
de
beaucoup les femmes d’aujourd’hui, aussi bien par leur taille que par
288
ne, toutes deux surpassant de beaucoup les femmes
d’
aujourd’hui, aussi bien par leur taille que par leur beauté sans tache
289
leur met le harnais sur la nuque. Et l’une alors
de
tirer vanité de cet accoutrement et d’offrir une bouche toute docile
290
nais sur la nuque. Et l’une alors de tirer vanité
de
cet accoutrement et d’offrir une bouche toute docile aux rênes, tandi
291
’une alors de tirer vanité de cet accoutrement et
d’
offrir une bouche toute docile aux rênes, tandis que l’autre trépignai
292
es, tandis que l’autre trépignait, puis, soudain,
de
ses mains met en pièces le harnais qui la lie au char, l’entraîne de
293
pièces le harnais qui la lie au char, l’entraîne
de
vive force en dépit du mors, brise enfin le joug en deux. Mon fils to
294
ui couvrent son corps ! Voilà d’abord mes visions
de
la nuit. Mais je me lève, je trempe mes mains au cours d’une onde pur
295
it. Mais je me lève, je trempe mes mains au cours
d’
une onde pure et, les chargeant d’offrandes, je m’approche de l’autel,
296
mains au cours d’une onde pure et, les chargeant
d’
offrandes, je m’approche de l’autel, pour y consacrer le gâteau rituel
297
pure et, les chargeant d’offrandes, je m’approche
de
l’autel, pour y consacrer le gâteau rituel aux dieux préservateurs à
298
aperçois alors un aigle qui fuit vers l’autel bas
de
Phoibos ! Muette d’effroi, je m’arrête, amis. Mais bientôt, sous mes
299
gle qui fuit vers l’autel bas de Phoibos ! Muette
d’
effroi, je m’arrête, amis. Mais bientôt, sous mes yeux, un milan fond
300
s mes yeux, un milan fond du ciel, à grands coups
d’
ailes rapides et, de ses serres, se met à déchirer la tête de l’aigle,
301
fond du ciel, à grands coups d’ailes rapides et,
de
ses serres, se met à déchirer la tête de l’aigle, qui ne sait plus qu
302
ides et, de ses serres, se met à déchirer la tête
de
l’aigle, qui ne sait plus que se pelotonner sans défense ! Le milan
303
rec qui fond sur l’aigle perse annonce la défaite
de
Xerxès et sa dernière apparition, abandonné et désarmé, à la fin du d
304
ont des réalités plus générales et plus anciennes
d’
un millénaire au moins, comme nous le verrons, que symbolise l’Idylle
305
ns, comme nous le verrons, que symbolise l’Idylle
de
Moschos, si tardive qu’elle soit. Selon la plupart des commentateurs
306
plupart des commentateurs récents du Mythe grec6,
Europe
fut d’abord une déité asiatique avant de devenir une héroïne : elle s
307
ait en somme une manifestation locale et poétique
de
la Grande Déesse, dont le culte dominait le Proche-Orient, de l’Euphr
308
Déesse, dont le culte dominait le Proche-Orient,
de
l’Euphrate au Bosphore et au Nil. Un autre érudit, le poète Robert Gr
309
Un autre érudit, le poète Robert Graves7, traduit
Europe
par « large face » et y voit un symbole lunaire, tandis que Zeus et l
310
n complexe assyrio-hébraïque auquel la Bible fait
de
fréquentes et très précises allusions et au centre duquel se situent
311
se situent des poèmes légendaires comme l’épopée
de
Keret (retrouvée à Ras Shamra en 1929). Keret est roi des Sidoniens-T
312
Phéniciens et qui sont des Sémites : les Hébreux
de
la mer. Or, Keret est le nom de la Crète ; les Keretites que mentionn
313
tes : les Hébreux de la mer. Or, Keret est le nom
de
la Crète ; les Keretites que mentionne le prophète Sophonie (II, 5) s
314
wé des Hébreux, est un dieu-taureau qui a coutume
d’
enlever des filles sur les rives de Canaan, de Tyr et de Sidon, donc d
315
qui a coutume d’enlever des filles sur les rives
de
Canaan, de Tyr et de Sidon, donc de la « Phénicie » des Grecs. Il a s
316
ume d’enlever des filles sur les rives de Canaan,
de
Tyr et de Sidon, donc de la « Phénicie » des Grecs. Il a son siège en
317
ver des filles sur les rives de Canaan, de Tyr et
de
Sidon, donc de la « Phénicie » des Grecs. Il a son siège en Kaphtor (
318
sur les rives de Canaan, de Tyr et de Sidon, donc
de
la « Phénicie » des Grecs. Il a son siège en Kaphtor (Crète) et il es
319
en Kaphtor (Crète) et il est aussi le grand dieu
d’
Edom, qui est le même nom qu’Adam, qui signifie « rouge » ou Phœnix, —
320
nom qu’Adam, qui signifie « rouge » ou Phœnix, —
d’
où Phéniciens. (Hérodote pense que les Phéniciens viennent de la mer É
321
croissant géminés, proclame l’origine phénicienne
de
cette représentation »8. Tout concourt à prouver l’ascendance sémitiq
322
qui n’a rien pour étonner le lecteur des travaux
de
Bérard sur les poèmes homériques et la Bible et sur les origines sémi
323
riques et la Bible et sur les origines sémitiques
de
tant de noms de dieux et de lieux grecs. Et tout cela nous renvoie, h
324
le et sur les origines sémitiques de tant de noms
de
dieux et de lieux grecs. Et tout cela nous renvoie, historiquement, à
325
s origines sémitiques de tant de noms de dieux et
de
lieux grecs. Et tout cela nous renvoie, historiquement, à des événeme
326
héologiques les plus récentes. Quoi qu’il en soit
de
toutes ces hypothèses, ou de ces preuves, si l’on en revient au mythe
327
. Quoi qu’il en soit de toutes ces hypothèses, ou
de
ces preuves, si l’on en revient au mythe grec, on voit qu’Europe rest
328
ves, si l’on en revient au mythe grec, on voit qu’
Europe
reste le nom d’une puissance féminine enlevée à l’Asie, puis fécondée
329
ent au mythe grec, on voit qu’Europe reste le nom
d’
une puissance féminine enlevée à l’Asie, puis fécondée par le dieu mâl
330
l’Olympe des Grecs continentaux : le grand masque
d’
or retrouvé sous les ruines de Mycènes, un Zeus solaire contemporain d
331
x : le grand masque d’or retrouvé sous les ruines
de
Mycènes, un Zeus solaire contemporain du déclin de la Crète et de son
332
e Mycènes, un Zeus solaire contemporain du déclin
de
la Crète et de son culte de la Grande Mère, éclaire et reflète à la f
333
eus solaire contemporain du déclin de la Crète et
de
son culte de la Grande Mère, éclaire et reflète à la fois la naissanc
334
ontemporain du déclin de la Crète et de son culte
de
la Grande Mère, éclaire et reflète à la fois la naissance de l’Europe
335
e Mère, éclaire et reflète à la fois la naissance
de
l’Europe hellénique. Ainsi le mythe traduit la mutation religieuse d’
336
e, éclaire et reflète à la fois la naissance de l’
Europe
hellénique. Ainsi le mythe traduit la mutation religieuse d’une civil
337
ue. Ainsi le mythe traduit la mutation religieuse
d’
une civilisation venue du Proche-Orient sur l’obscur continent occiden
338
bscur continent occidental, qui va prendre le nom
de
sa précieuse proie. Nous ne donnerons pas ici d’autres versions fameu
339
s ne donnerons pas ici d’autres versions fameuses
de
l’Enlèvement, celle d’Ovide et celle de Diodore (ier siècle av. J.-C
340
d’autres versions fameuses de l’Enlèvement, celle
d’
Ovide et celle de Diodore (ier siècle av. J.-C.) : elles ne font qu’i
341
fameuses de l’Enlèvement, celle d’Ovide et celle
de
Diodore (ier siècle av. J.-C.) : elles ne font qu’imiter le modèle d
342
le av. J.-C.) : elles ne font qu’imiter le modèle
de
Moschos, que nous avons tenu à citer en entier parce qu’il figure en
343
parce qu’il figure en quelque sorte l’étymologie
d’
une tradition de l’Art qui traversera les siècles. Mais les traits de
344
ure en quelque sorte l’étymologie d’une tradition
de
l’Art qui traversera les siècles. Mais les traits de cette gracieuse
345
l’Art qui traversera les siècles. Mais les traits
de
cette gracieuse allégorie décorative — le songe du début mis à part —
346
aucune réalité historique ou psychologique. Rien
de
commun entre l’Idylle et le destin de l’Europe dans l’histoire à veni
347
gique. Rien de commun entre l’Idylle et le destin
de
l’Europe dans l’histoire à venir. Il n’en va pas de même avec Horace.
348
. Rien de commun entre l’Idylle et le destin de l’
Europe
dans l’histoire à venir. Il n’en va pas de même avec Horace. Bien qu’
349
dans l’émouvante et solennelle apostrophe finale
de
Vénus : … bene ferre magnum Disce fortunam ; tua sectus orbis Nomina
350
rtunam ; tua sectus orbis Nomina ducet. L’ode
d’
Horace À Galatée Ainsi Europe confia au taureau séducteur son flan
351
ina ducet. L’ode d’Horace À Galatée Ainsi
Europe
confia au taureau séducteur son flanc de neige, Europe, devant les mo
352
insi Europe confia au taureau séducteur son flanc
de
neige, Europe, devant les monstres pullulant sur la mer et les pièges
353
e confia au taureau séducteur son flanc de neige,
Europe
, devant les monstres pullulant sur la mer et les pièges qui l’environ
354
r la mer et les pièges qui l’environnaient, pâlit
de
son audace. Elle qui, naguère dans les prés, n’était occupée que des
355
uée aux nymphes, maintenant, à la clarté douteuse
de
la nuit, elle ne voit rien que les astres et les flots. Mais dès qu’e
356
e aux cent villes : « Ô mon père, dit-elle, ô nom
de
fille que j’ai trahi, ô piété qu’a vaincue mon délire ! D’où suis-je
357
que j’ai trahi, ô piété qu’a vaincue mon délire !
D’
où suis-je venue, et où ? Une seule mort est trop légère pour la faute
358
onteux ? ou bien, sans reproche, suis-je le jouet
d’
une image Dont le vol trompeur, par la porte d’ivoire, m’amène un song
359
et d’une image Dont le vol trompeur, par la porte
d’
ivoire, m’amène un songe ? Valait-il mieux s’en aller à travers les fl
360
colère, ce taureau qui me déshonore, je voudrais,
de
toutes mes forces, déchirer, briser avec le fer les cornes du monstre
361
ant qu’une affreuse maigreur n’ait envahi l’éclat
de
mes joues, que cette proie, tendre et pleine de sève, se soit desséch
362
t de mes joues, que cette proie, tendre et pleine
de
sève, se soit desséchée, je veux belle encore nourrir les tigres. Mép
363
veux belle encore nourrir les tigres. Méprisable
Europe
! ton père absent te presse : que tardes-tu à mourir ? Tu peux, à cet
364
pide, à moins que tu n’aimes mieux filer ta tâche
d’
esclave. Toi, le sang des rois, livrée à une maîtresse des pays barbar
365
barbares. » Ainsi elle se lamentait, mais à côté
d’
elle se tenait Vénus, souriant malignement, et son fils, l’arc détendu
366
déesse se fut assez divertie : « Trêve, dit-elle,
de
colères et de bouillantes querelles, quand l’odieux taureau viendra t
367
assez divertie : « Trêve, dit-elle, de colères et
de
bouillantes querelles, quand l’odieux taureau viendra te donner ses c
368
ornes à déchirer. Tu es, sans le savoir, la femme
de
l’invincible Jupiter. Laisse là les sanglots, apprends à bien porter
369
nce, qui sera suivi par saint Jérôme, s’efforcent
d’
en évacuer le merveilleux : Europe fut enlevée par les Crétois dans u
370
érôme, s’efforcent d’en évacuer le merveilleux :
Europe
fut enlevée par les Crétois dans un navire dont l’insigne était un ta
371
n deux lignes le récit primitif : il l’introduira
de
la sorte, grâce au succès durable de ses Étymologies, dans les écoles
372
l’introduira de la sorte, grâce au succès durable
de
ses Étymologies, dans les écoles du Moyen Âge. À l’inverse de Lactanc
373
logies, dans les écoles du Moyen Âge. À l’inverse
de
Lactance et de Jérôme, qui avaient privé le mythe de son contenu reli
374
s écoles du Moyen Âge. À l’inverse de Lactance et
de
Jérôme, qui avaient privé le mythe de son contenu religieux païen, le
375
Lactance et de Jérôme, qui avaient privé le mythe
de
son contenu religieux païen, le Moyen Âge tente parfois de lui rendre
376
ntenu religieux païen, le Moyen Âge tente parfois
de
lui rendre un contenu religieux chrétien, un peu comme Simone Weil, d
377
enu religieux chrétien, un peu comme Simone Weil,
de
nos jours, le fera pour d’autres mythes, celui de Prométhée notamment
378
de nos jours, le fera pour d’autres mythes, celui
de
Prométhée notamment. En voici un exemple touchant : le moine Pierre B
379
que la Crète serait la vie contemplative. Le rapt
d’
Europe symbolise à ses yeux le passage de l’âme du temporel à l’éterne
380
e la Crète serait la vie contemplative. Le rapt d’
Europe
symbolise à ses yeux le passage de l’âme du temporel à l’éternel : C
381
Le rapt d’Europe symbolise à ses yeux le passage
de
l’âme du temporel à l’éternel : Cette pucelle Europe signifie l’âme…
382
de l’âme du temporel à l’éternel : Cette pucelle
Europe
signifie l’âme… Jupiter signifie le fils de Dieu qui pour sauver l’âm
383
e Europe signifie l’âme… Jupiter signifie le fils
de
Dieu qui pour sauver l’âme se mua en taureau, c’est-à-dire qu’il prit
384
corporelle en prenant l’humaine chair. Comme l’un
de
nous il vint demeurer en ce monde terrestre plein de tribulations… l’
385
nous il vint demeurer en ce monde terrestre plein
de
tribulations… l’âme dévote doit le suivre et se tenir à lui comme à u
386
n « ne représente pas mal à propos le naturel des
Européens
». Cet auteur croit moins à la fable divine qu’à la possible valeur e
387
mythe : Aucuns, méprisants ces fables la disent (
Europe
) avoir été ravie et enlevée en un navire, portant en proue la figure
388
enlevée en un navire, portant en proue la figure
d’
un taureau. Et aucuns reconnaissent la nef, portant l’effigie de Jupin
389
Et aucuns reconnaissent la nef, portant l’effigie
de
Jupin tutélaire et du taureau. Palephatus dit qu’un Candiot nommé Tau
390
Palephatus dit qu’un Candiot nommé Taurus enleva
d’
Italie ou région des Tyrrhènes, avec autres filles, Europe fille du ro
391
alie ou région des Tyrrhènes, avec autres filles,
Europe
fille du roi prisonnière. Y en a qui disent, qu’il y eut une légion d
392
nnière. Y en a qui disent, qu’il y eut une légion
de
gens de guerre, qui portait entre autres enseignes un taureau. Quelqu
393
Y en a qui disent, qu’il y eut une légion de gens
de
guerre, qui portait entre autres enseignes un taureau. Quelques-uns d
394
appelée, à cause de sa beauté par la ressemblance
de
cette fille ravie. Le taureau certes, par lequel ils veulent qu’Europ
395
vie. Le taureau certes, par lequel ils veulent qu’
Europe
fût portée, ne représente pas mal à propos les mœurs et naturel des E
396
résente pas mal à propos les mœurs et naturel des
Européens
. Il est d’un courage un peu élevé, insolent, embelli par ses cornes,
397
propos les mœurs et naturel des Européens. Il est
d’
un courage un peu élevé, insolent, embelli par ses cornes, de couleur
398
e un peu élevé, insolent, embelli par ses cornes,
de
couleur blanche, d’un gosier large, d’un col gras, guide et commandeu
399
lent, embelli par ses cornes, de couleur blanche,
d’
un gosier large, d’un col gras, guide et commandeur des haras ; de trè
400
es cornes, de couleur blanche, d’un gosier large,
d’
un col gras, guide et commandeur des haras ; de très grande continence
401
e, d’un col gras, guide et commandeur des haras ;
de
très grande continence, mais s’il est amené à sexe dissemblable, il s
402
est amené à sexe dissemblable, il se montre être
de
chaleur extrême, toutefois en après chaste et modéré. Tel est quasi l
403
ès chaste et modéré. Tel est quasi le naturel des
Européens
, nommément les plus Septentrionaux. Dès la Renaissance, cependant, l
404
rd, André Chénier, Victor Hugo, en font une sorte
d’
exercice de description, dans le style de l’Idylle antique. Citons Hug
405
hénier, Victor Hugo, en font une sorte d’exercice
de
description, dans le style de l’Idylle antique. Citons Hugo : Un ouv
406
ne sorte d’exercice de description, dans le style
de
l’Idylle antique. Citons Hugo : Un ouvrier d’Égine a sculpté sur la
407
le de l’Idylle antique. Citons Hugo : Un ouvrier
d’
Égine a sculpté sur la plinthe Europe dont un dieu n’écoute pas la pla
408
go : Un ouvrier d’Égine a sculpté sur la plinthe
Europe
dont un dieu n’écoute pas la plainte. Le taureau blanc l’emporte. Eur
409
coute pas la plainte. Le taureau blanc l’emporte.
Europe
, sans espoir, Crie, et baissant les yeux, s’épouvante de voir L’Océan
410
s espoir, Crie, et baissant les yeux, s’épouvante
de
voir L’Océan monstrueux qui baise ses pieds roses. Seul, Leconte de
411
eul, Leconte de Lisle retrouve un peu de l’accent
d’
Horace, dans le discours qu’il attribue à Zeus lui-même, non plus à Vé
412
phétiques Où tu célébreras ton hymen glorieux, Et
de
toi sortiront des Enfants héroïques Qui régiront la terre et deviendr
413
Entre le mythe primitif et la réalité — le drame
de
l’Europe dans l’histoire — ces poètes ont mis toute la distance qui s
414
e le mythe primitif et la réalité — le drame de l’
Europe
dans l’histoire — ces poètes ont mis toute la distance qui sépare l’a
415
toute la distance qui sépare l’archétype profond
de
la littérature décorative. Revenons au réel, c’est-à-dire à la relati
416
ythe, l’évolution religieuse qu’il symbolise et l’
Europe
naissant à l’histoire. Un de nos grands historiens contemporains, G.
417
l symbolise et l’Europe naissant à l’histoire. Un
de
nos grands historiens contemporains, G. de Reynold, nous y aidera mie
418
. de Reynold, nous y aidera mieux que personne :
Europe
nous est venue d’Asie, mère de toutes les grandes religions, génératr
419
idera mieux que personne : Europe nous est venue
d’
Asie, mère de toutes les grandes religions, génératrice de tous les gr
420
ue personne : Europe nous est venue d’Asie, mère
de
toutes les grandes religions, génératrice de tous les grands mythes.
421
mère de toutes les grandes religions, génératrice
de
tous les grands mythes. Europe est une des formes prises par le premi
422
religions, génératrice de tous les grands mythes.
Europe
est une des formes prises par le premier de ces mythes, par le panthé
423
. Europe est une des formes prises par le premier
de
ces mythes, par le panthéisme primitif et informe : l’adoration de la
424
r le panthéisme primitif et informe : l’adoration
de
la terre et de la fécondité, la Grande Mère où tout est un et divers
425
primitif et informe : l’adoration de la terre et
de
la fécondité, la Grande Mère où tout est un et divers à la fois. Dès
426
rencontre avec une intense vie maritime, une vie
de
piraterie et de commerce, de conflits et d’échanges, une vie dont il
427
une intense vie maritime, une vie de piraterie et
de
commerce, de conflits et d’échanges, une vie dont il se colore à tel
428
ie maritime, une vie de piraterie et de commerce,
de
conflits et d’échanges, une vie dont il se colore à tel point que l’o
429
e vie de piraterie et de commerce, de conflits et
d’
échanges, une vie dont il se colore à tel point que l’on a longtemps c
430
olore à tel point que l’on a longtemps cru facile
de
l’expliquer par l’histoire et par les mœurs. Sitôt méditerranéen, le
431
e et par les mœurs. Sitôt méditerranéen, le mythe
Europe
passe en Crète. Il y devient le symbole de toute une civilisation int
432
he Europe passe en Crète. Il y devient le symbole
de
toute une civilisation intermédiaire entre la Grèce et l’Asie. État p
433
colonisateur, la Crète des Minos répand le culte
d’
Europe associé à celui de Zeus dans le monde égéen, dans la Grèce cont
434
olonisateur, la Crète des Minos répand le culte d’
Europe
associé à celui de Zeus dans le monde égéen, dans la Grèce continenta
435
es Minos répand le culte d’Europe associé à celui
de
Zeus dans le monde égéen, dans la Grèce continentale. Et voici le mom
436
par une remise en place des valeurs qui est déjà
européenne
. Qu’est-ce que l’Europe ? Europe est venue d’Asie. Elle a été enlevée
437
valeurs qui est déjà européenne. Qu’est-ce que l’
Europe
? Europe est venue d’Asie. Elle a été enlevée à l’Orient par un dieu
438
qui est déjà européenne. Qu’est-ce que l’Europe ?
Europe
est venue d’Asie. Elle a été enlevée à l’Orient par un dieu du Nord.
439
péenne. Qu’est-ce que l’Europe ? Europe est venue
d’
Asie. Elle a été enlevée à l’Orient par un dieu du Nord. Zeus-Jupiter
440
rs le dieu par excellence, le principe, la racine
de
tout le polythéisme grec. Il maintient l’unité entre toutes ces divin
441
lution durant laquelle les énergies élémentaires,
d’
hypostase en hypostase, sont arrivées à se concrétiser, à s’humaniser.
442
e Zeus apparaît le dieu-homme dont la mission est
de
dominer le monde et de le gouverner, afin que les hommes puissent y v
443
-homme dont la mission est de dominer le monde et
de
le gouverner, afin que les hommes puissent y vivre. Il prendra pour p
444
son ; mais il l’absorbera en soi, dans la crainte
d’
en avoir un fils plus fort que lui-même, et il engendrera par la tête
445
Junon, sera la morale. Ces mythes ne font-ils pas
de
lui le symbole de la grande civilisation génératrice de toute la civi
446
ale. Ces mythes ne font-ils pas de lui le symbole
de
la grande civilisation génératrice de toute la civilisation européenn
447
le symbole de la grande civilisation génératrice
de
toute la civilisation européenne ? Au culte de Zeus, celui d’Europe
448
civilisation génératrice de toute la civilisation
européenne
? Au culte de Zeus, celui d’Europe est associé, mais comme une manif
449
e de toute la civilisation européenne ? Au culte
de
Zeus, celui d’Europe est associé, mais comme une manifestation second
450
ivilisation européenne ? Au culte de Zeus, celui
d’
Europe est associé, mais comme une manifestation secondaire. Comment v
451
ilisation européenne ? Au culte de Zeus, celui d’
Europe
est associé, mais comme une manifestation secondaire. Comment va-t-il
452
rd, se répandre peu à peu dans l’Hellade entière.
De
Crète, il prend trois directions : vers Corinthe, la Thessalie, puis,
453
avers la Thrace, jusqu’à la partie septentrionale
de
l’Asie Mineure — vers la Béotie, la Locride, la Phocide, jusque dans
454
Phocide, jusque dans cette Épire montagneuse dont
Europe
sera l’éponyme — ; enfin, par les îles et le long des côtes, jusque d
455
es et phéniciennes où le mythe retrouve son point
de
départ. Cependant, les légendes et les traditions s’embrouillent, se
456
a déesse, paraît le continent.10 3.Le Mythe
de
Japhet S’il reste vrai que le mythe du rapt d’Europe se trouve tra
457
de Japhet S’il reste vrai que le mythe du rapt
d’
Europe se trouve traduire le mouvement général qui a porté d’Est en Ou
458
Japhet S’il reste vrai que le mythe du rapt d’
Europe
se trouve traduire le mouvement général qui a porté d’Est en Ouest, d
459
trouve traduire le mouvement général qui a porté
d’
Est en Ouest, du Proche-Orient sémitique vers le « continent sans nom
460
nom » des peuplades colonisantes et des éléments
de
civilisation religieux et techniques, c’est à un autre mythe, moins c
461
t techniques, c’est à un autre mythe, moins connu
de
nos jours, que nous devons attribuer la persistance d’un concept de l
462
s jours, que nous devons attribuer la persistance
d’
un concept de l’Europe comme continent distinct, même aux époques où l
463
nous devons attribuer la persistance d’un concept
de
l’Europe comme continent distinct, même aux époques où le nom d’Europ
464
devons attribuer la persistance d’un concept de l’
Europe
comme continent distinct, même aux époques où le nom d’Europe n’éveil
465
me continent distinct, même aux époques où le nom
d’
Europe n’éveillait plus, dans les esprits, que la seule idée géographi
466
continent distinct, même aux époques où le nom d’
Europe
n’éveillait plus, dans les esprits, que la seule idée géographique d’
467
dans les esprits, que la seule idée géographique
d’
une des trois grandes régions de l’univers alors connu. C’est à la Bib
468
idée géographique d’une des trois grandes régions
de
l’univers alors connu. C’est à la Bible, interprétée par les premiers
469
l’Église, qu’entend remonter, dès le ive siècle
de
notre ère, cette tradition indépendante de la Grèce : nous l’appeller
470
siècle de notre ère, cette tradition indépendante
de
la Grèce : nous l’appellerons le Mythe de Japhet. Selon saint Jérôme
471
endante de la Grèce : nous l’appellerons le Mythe
de
Japhet. Selon saint Jérôme (346-420) dans son Liber hebraicarum quest
472
selon saint Ambroise (né en 340), les trois fils
de
Noé, Sem, Cham et Japhet, ont reçu en partage les trois parties du mo
473
de que sont respectivement l’Asie, l’Afrique et l’
Europe
. Cette tripartition mythique de la terre va dominer toute la géograp
474
Afrique et l’Europe. Cette tripartition mythique
de
la terre va dominer toute la géographie du Moyen Âge. Elle se fonde s
475
oyen Âge. Elle se fonde sur les chapitres 9 et 10
de
la Genèse, qui racontent comment les fils de Noé au sortir de l’Arche
476
t 10 de la Genèse, qui racontent comment les fils
de
Noé au sortir de l’Arche, reçurent de leur père l’ordre de remplir to
477
nt les fils de Noé au sortir de l’Arche, reçurent
de
leur père l’ordre de remplir toute la terre de leur postérité. Ils ne
478
sortir de l’Arche, reçurent de leur père l’ordre
de
remplir toute la terre de leur postérité. Ils ne furent pas traités é
479
nt de leur père l’ordre de remplir toute la terre
de
leur postérité. Ils ne furent pas traités également, car Sem et Japhe
480
lement, car Sem et Japhet ayant couvert la nudité
de
Noé ivre furent seuls bénis par lui : Béni soit l’Éternel, Dieu de S
481
soit l’Éternel, Dieu de Sem, et que Canaan (fils
de
Cham) soit leur esclave ! Que Dieu étende les possessions de Japhet,
482
it leur esclave ! Que Dieu étende les possessions
de
Japhet, qu’il habite dans les tentes de Sem, et que Canaan soit leur
483
ssessions de Japhet, qu’il habite dans les tentes
de
Sem, et que Canaan soit leur esclave ! (Gen. 9, 26 et 27.) Pour Ambr
484
ve ! (Gen. 9, 26 et 27.) Pour Ambroise, les fils
de
Sem sont bons, ceux de Cham mauvais, ceux de Japhet « indifférents »,
485
) Pour Ambroise, les fils de Sem sont bons, ceux
de
Cham mauvais, ceux de Japhet « indifférents », c’est-à-dire païens, «
486
fils de Sem sont bons, ceux de Cham mauvais, ceux
de
Japhet « indifférents », c’est-à-dire païens, « attachés aux biens de
487
ents », c’est-à-dire païens, « attachés aux biens
de
ce monde », mais capables de se convertir11. Les commentateurs des si
488
« attachés aux biens de ce monde », mais capables
de
se convertir11. Les commentateurs des siècles suivants comme Paul Oro
489
e Brescia reprennent et précisent la tripartition
d’
Ambroise. Pour saint Augustin, Japhet est l’ancêtre des peuples de l’O
490
saint Augustin, Japhet est l’ancêtre des peuples
de
l’Occident, qui comprend l’Europe et l’Afrique, tandis que Sem est l’
491
ancêtre des peuples de l’Occident, qui comprend l’
Europe
et l’Afrique, tandis que Sem est l’ancêtre des peuples de l’Orient. A
492
Afrique, tandis que Sem est l’ancêtre des peuples
de
l’Orient. Augustin voit dans Genèse 9, 27 une prophétie, prophetica b
493
ca benedictio, et l’interprète ainsi : les tentes
de
Sem représentent l’Église ; Japhet, par sa postérité « s’étendra » ju
494
, par sa postérité « s’étendra » jusqu’au domaine
de
Sem, donc les peuples de l’Europe se convertiront au vrai Dieu. Le mo
495
endra » jusqu’au domaine de Sem, donc les peuples
de
l’Europe se convertiront au vrai Dieu. Le mot sur lequel insistent to
496
» jusqu’au domaine de Sem, donc les peuples de l’
Europe
se convertiront au vrai Dieu. Le mot sur lequel insistent tous ces ex
497
é : dilatet selon la Vulgate. Japhet (ou Yepheth,
de
phatah = se dilater, se répandre) signifie latitude, largeur, expansi
498
e latitude, largeur, expansion. Ainsi l’expansion
de
l’Empire romain en Europe et dans tout l’orbis terrarum connu à l’épo
499
xpansion. Ainsi l’expansion de l’Empire romain en
Europe
et dans tout l’orbis terrarum connu à l’époque, a pré-formé, selon Is
500
pré-formé, selon Isidore de Séville, l’expansion
de
l’Église chrétienne. Le concept d’Europe reçoit ainsi un contenu reli
501
e, l’expansion de l’Église chrétienne. Le concept
d’
Europe reçoit ainsi un contenu religieux en même temps qu’un contenu g
502
l’expansion de l’Église chrétienne. Le concept d’
Europe
reçoit ainsi un contenu religieux en même temps qu’un contenu géograp
503
ographique. Isidore fait entrer dans la postérité
de
Japhet les Cappadociens, Ciliciens, Ioniens, Thraces, Gaulois et Espa
504
es, Gaulois et Espagnols : Tels sont les peuples
de
la lignée de Japhet, qui, du Mont Taurus dans l’Asie médiane jusqu’à
505
t Espagnols : Tels sont les peuples de la lignée
de
Japhet, qui, du Mont Taurus dans l’Asie médiane jusqu’à l’Océan Brita
506
e jusqu’à l’Océan Britannique posséderont toute l’
Europe
(omnem Europam). Jürgen Fischer cite une douzaine d’auteurs du ve a
507
omnem Europam). Jürgen Fischer cite une douzaine
d’
auteurs du ve au xve siècle qui rattachent à Japhet et à ses 23 ou 2
508
s diverses « nations » ou familles qui peuplent l’
Europe
, avec leurs langues distinctes. Relevons en passant que certains de c
509
gues distinctes. Relevons en passant que certains
de
ces auteurs divisent le genre humain en trois classes : Les hommes li
510
humain en trois classes : Les hommes libres, fils
de
Sem, les soldais, fils de Japhet, et les esclaves, fils de Cham. Il
511
Les hommes libres, fils de Sem, les soldais, fils
de
Japhet, et les esclaves, fils de Cham. Il n’est certes pas démontrab
512
es soldais, fils de Japhet, et les esclaves, fils
de
Cham. Il n’est certes pas démontrable, mais possible, que la relatio
513
mais possible, que la relation entre Japhet et l’
Europe
se soit vue confirmée dans l’esprit de ces auteurs par la traduction
514
t et l’Europe se soit vue confirmée dans l’esprit
de
ces auteurs par la traduction en grec de l’allégorie (biblique) : au
515
l’esprit de ces auteurs par la traduction en grec
de
l’allégorie (biblique) : au latin latus (large, étendu) correspond le
516
t dérive la forme poétique europos, assimilée à «
Europe
» par homophonie.12 Un lien — problématique, il est vrai, et proche
517
tabli entre la Genèse et la mythologie grecque. L’
Europe
ferait partie de l’économie du salut, serait donc un concept acceptab
518
et la mythologie grecque. L’Europe ferait partie
de
l’économie du salut, serait donc un concept acceptable aux yeux des P
519
oncept acceptable aux yeux des Pères. Et le mythe
de
Japhet, ainsi interprété, exprimerait assez bien l’état du continent
520
z bien l’état du continent dans la seconde moitié
de
notre premier millénaire : ce mélange originellement « indifférent »
521
ement « indifférent » (à l’égard de la vraie foi)
de
païens et de convertis toujours plus nombreux, qui porte en bloc le n
522
férent » (à l’égard de la vraie foi) de païens et
de
convertis toujours plus nombreux, qui porte en bloc le nom d’Europe.
523
toujours plus nombreux, qui porte en bloc le nom
d’
Europe. L’origine japhétique de l’Europe ne fut guère contestée jusqu’
524
oujours plus nombreux, qui porte en bloc le nom d’
Europe
. L’origine japhétique de l’Europe ne fut guère contestée jusqu’au xix
525
rte en bloc le nom d’Europe. L’origine japhétique
de
l’Europe ne fut guère contestée jusqu’au xixe siècle. Joseph de Mais
526
n bloc le nom d’Europe. L’origine japhétique de l’
Europe
ne fut guère contestée jusqu’au xixe siècle. Joseph de Maistre encor
527
tient pour un dogme établi. Vico spécule à partir
d’
elle sur la formation des langues. Campanella se demande si « l’expans
528
langues. Campanella se demande si « l’expansion »
de
Japhet dans les tentes de Sem ne peut pas signifier « domination » de
529
ande si « l’expansion » de Japhet dans les tentes
de
Sem ne peut pas signifier « domination » de l’Europe sur le monde ara
530
entes de Sem ne peut pas signifier « domination »
de
l’Europe sur le monde arabe… Mais Voltaire croit pouvoir réfuter la l
531
de Sem ne peut pas signifier « domination » de l’
Europe
sur le monde arabe… Mais Voltaire croit pouvoir réfuter la légende en
532
ire croit pouvoir réfuter la légende en affectant
de
l’interpréter littéralement jusqu’à l’absurde — l’un de ses procédés
533
nterpréter littéralement jusqu’à l’absurde — l’un
de
ses procédés favoris : Je laisse à de plus savans que moi le soin de
534
ris : Je laisse à de plus savans que moi le soin
de
prouver que les trois enfans de Noé, qui étaient les seuls habitans d
535
s que moi le soin de prouver que les trois enfans
de
Noé, qui étaient les seuls habitans du globe, le partagèrent tout ent
536
llèrent chacun, à deux ou trois-mille lieues l’un
de
l’autre, fonder par-tout de puissans empires ; et que Javan son petit
537
ois-mille lieues l’un de l’autre, fonder par-tout
de
puissans empires ; et que Javan son petit-fils peupla la Grèce en pas
538
peupla la Grèce en passant en Italie : que c’est
de
là que les Grecs s’appelèrent Ioniens parce qu’Ion envoya des colonie
539
ns parce qu’Ion envoya des colonies sur les côtes
de
l’Asie Mineure ; que cet Ion est visiblement Javan, en changeant I en
540
avan, en changeant I en Ja, et on en van. On fait
de
ces contes aux enfans, et les enfans n’en croient rien.13 Mais les
541
nfants parfois sont mauvais juges et la gaminerie
de
Voltaire a tort en l’occurrence. L’émigration des Sémites « phénicien
542
n des Sémites « phéniciens » vers l’Ionie, patrie
d’
Homère (certains ayant passé par la Boétie de Cadmus) est aujourd’hui
543
stée14. Mais si l’on songe à l’immense popularité
de
la légende de Japhet chez les clercs de tout rang, pendant quatorze s
544
i l’on songe à l’immense popularité de la légende
de
Japhet chez les clercs de tout rang, pendant quatorze siècles, on s’é
545
opularité de la légende de Japhet chez les clercs
de
tout rang, pendant quatorze siècles, on s’étonne d’observer que deux
546
tout rang, pendant quatorze siècles, on s’étonne
d’
observer que deux ou trois humanistes seulement aient osé suggérer que
547
ient osé suggérer que cette tradition étant celle
de
la chrétienté, la logique eût voulu que notre continent fût nommé Jap
548
que notre continent fût nommé Japhétie plutôt qu’
Europe
. Ainsi Guillaume Postel, au xvie siècle : Non, est, quod repetatur,
549
principem institutum.15 4.Cadmus ou la quête
d’
Europe Les légendes et l’archéologie révèlent une autre zone de con
550
incipem institutum.15 4.Cadmus ou la quête d’
Europe
Les légendes et l’archéologie révèlent une autre zone de contact o
551
légendes et l’archéologie révèlent une autre zone
de
contact ou de contamination entre les deux mythes, le grec et le bibl
552
archéologie révèlent une autre zone de contact ou
de
contamination entre les deux mythes, le grec et le biblique. Voyons d
553
r venu de la région du Delta pour habiter le pays
de
Canaan, est le père de cinq fils et d’une fille : Europe. Cette derni
554
Delta pour habiter le pays de Canaan, est le père
de
cinq fils et d’une fille : Europe. Cette dernière ayant été enlevée p
555
er le pays de Canaan, est le père de cinq fils et
d’
une fille : Europe. Cette dernière ayant été enlevée par le taureau di
556
Canaan, est le père de cinq fils et d’une fille :
Europe
. Cette dernière ayant été enlevée par le taureau divin (ou par le roi
557
in (ou par le roi de Crète Taurus), les cinq fils
d’
Agénor partent à sa recherche, sur l’ordre de leur père. Comme ils ign
558
fils d’Agénor partent à sa recherche, sur l’ordre
de
leur père. Comme ils ignorent où est allé le taureau, ils prennent ch
559
future Carthage, où il donne son nom aux Punici (
de
Pœni) puis revient en Canaan, qui sera rebaptisé Phénicie en son honn
560
inq frères va d’abord à Rhodes, puis en Thrace et
de
là, à Delphes. Il interroge l’oracle pour savoir où il trouvera Europ
561
Il interroge l’oracle pour savoir où il trouvera
Europe
. La Pythie lui conseille d’abandonner sa Quête, et de suivre plutôt u
562
ir où il trouvera Europe. La Pythie lui conseille
d’
abandonner sa Quête, et de suivre plutôt une vache : là où cette vache
563
La Pythie lui conseille d’abandonner sa Quête, et
de
suivre plutôt une vache : là où cette vache tombera de fatigue, Cadmu
564
ivre plutôt une vache : là où cette vache tombera
de
fatigue, Cadmus devra bâtir une ville. Il achète donc une vache marqu
565
bâtir une ville. Il achète donc une vache marquée
d’
une pleine lune blanche sur chaque flanc, la chasse devant lui sans ré
566
’effondre, épuisée, au lieu où s’élèvera la ville
de
Thèbes. On voit donc que la Quête d’Europe — selon ce groupe de légen
567
era la ville de Thèbes. On voit donc que la Quête
d’
Europe — selon ce groupe de légendes rapportées notamment par Pausania
568
a la ville de Thèbes. On voit donc que la Quête d’
Europe
— selon ce groupe de légendes rapportées notamment par Pausanias — se
569
voit donc que la Quête d’Europe — selon ce groupe
de
légendes rapportées notamment par Pausanias — se confond avec les voy
570
ien, dès ces débuts fabuleux, il paraît difficile
de
« retrouver Europe » ! C’est la poursuite de son image mythique qui f
571
buts fabuleux, il paraît difficile de « retrouver
Europe
» ! C’est la poursuite de son image mythique qui fait découvrir aux c
572
cile de « retrouver Europe » ! C’est la poursuite
de
son image mythique qui fait découvrir aux cinq frères sa réalité géog
573
le au plus actif d’entre eux. Voilà qui est plein
d’
enseignements. Rechercher l’Europe c’est la faire ! En d’autres termes
574
Voilà qui est plein d’enseignements. Rechercher l’
Europe
c’est la faire ! En d’autres termes : c’est la recherche qui la crée.
575
en Chnas, qui apparaît dans la Genèse sous le nom
de
Canaan. Nombre de coutumes cananéennes indiquent une provenance est-a
576
raît dans la Genèse sous le nom de Canaan. Nombre
de
coutumes cananéennes indiquent une provenance est-africaine, et les C
577
vallée du Nil et le Delta. La dispersion des fils
d’
Agénor rappellerait, selon Robert Graves, la fuite vers l’ouest des Ca
578
Elle correspond en tout cas à la grande aventure
de
ces premiers descubridores que furent les Phéniciens. Voici comment V
579
d ramasse en une page étonnante tout cet ensemble
de
symboles et de réalités historiques que sa thèse « phénicienne » nous
580
e page étonnante tout cet ensemble de symboles et
de
réalités historiques que sa thèse « phénicienne » nous rend intelligi
581
mérique, s’étaient lancés pareillement à la quête
d’
une Terre occidentale, qu’en leur langue, ils devaient nommer la « ter
582
mer la « terre du Couchant », Eréba. Ils tenaient
de
leurs maîtres égyptiens la notion de cette « belle Amenât », de ce Co
583
Ils tenaient de leurs maîtres égyptiens la notion
de
cette « belle Amenât », de ce Couchant mystérieux où l’Égypte plaçait
584
es égyptiens la notion de cette « belle Amenât »,
de
ce Couchant mystérieux où l’Égypte plaçait le séjour éternel et bienh
585
l’Égypte plaçait le séjour éternel et bienheureux
de
ses morts. De cette quête de l’Eréba, les Hellènes firent leur légend
586
it le séjour éternel et bienheureux de ses morts.
De
cette quête de l’Eréba, les Hellènes firent leur légende de la belle
587
ernel et bienheureux de ses morts. De cette quête
de
l’Eréba, les Hellènes firent leur légende de la belle Europé, « l’Occ
588
uête de l’Eréba, les Hellènes firent leur légende
de
la belle Europé, « l’Occidentale », poursuivie par son frère Cadmos,
589
éba, les Hellènes firent leur légende de la belle
Europé
, « l’Occidentale », poursuivie par son frère Cadmos, « l’Oriental »,
590
Agénor, roi de Tyr, avait envoyé à la recherche :
de
Phénicie en Crète, en Béotie, en Illyrie, Cadmos avait marché vers ce
591
alents pour cette Terre du Couchant, que les gens
de
Tyr-Sidon se figuraient sans doute à l’origine comme une masse compac
592
te, un continent « prodigieux », semblable à l’un
de
ceux qu’ils pouvaient connaître en leur voisinage, Asie et Libye… Com
593
leur voisinage, Asie et Libye… Combien fallut-il
d’
années aux découvreurs de passes pour découper cette masse en îles, pr
594
Libye… Combien fallut-il d’années aux découvreurs
de
passes pour découper cette masse en îles, presqu’îles et territoires
595
ue : ils voulurent pousser plus loin la recherche
de
Cadmos et reculer toujours le gîte de cet autre monde : quand, au-del
596
a recherche de Cadmos et reculer toujours le gîte
de
cet autre monde : quand, au-delà de Calypso et des Colonnes d’Hercule
597
jours le gîte de cet autre monde : quand, au-delà
de
Calypso et des Colonnes d’Hercule, s’ouvrit devant eux l’Océan sans b
598
monde : quand, au-delà de Calypso et des Colonnes
d’
Hercule, s’ouvrit devant eux l’Océan sans bornes, ils soutinrent qu’Es
599
éan sans bornes, ils soutinrent qu’Espéris, fille
d’
Atlas, — l’Atlantide — s’était effondrée dans ces eaux, où quelques-un
600
s’était effondrée dans ces eaux, où quelques-uns
de
nos navigateurs modernes ont pensé la retrouver, où certains de nos g
601
eurs modernes ont pensé la retrouver, où certains
de
nos géographes et géologues s’entêtent encore à l’entrevoir.17 Mais
602
e à l’entrevoir.17 Mais la pleine signification
de
la légende de Cadmus est encore loin d’être épuisée par ce rappel de
603
r.17 Mais la pleine signification de la légende
de
Cadmus est encore loin d’être épuisée par ce rappel de la découverte
604
ification de la légende de Cadmus est encore loin
d’
être épuisée par ce rappel de la découverte du Couchant. En effet, et
605
dmus est encore loin d’être épuisée par ce rappel
de
la découverte du Couchant. En effet, et toujours selon Victor Bérard,
606
resque unanime attribuait à Cadmus l’introduction
de
l’alphabet en Grèce, et plaçait la venue de Cadmus au début du xve s
607
but du xve siècle ». Or les trouvailles récentes
de
l’archéologie confirment cette date. Par la Crète, l’alphabet nous vi
608
x-ci colonisèrent la Béotie et y firent souche et
de
leurs nobles dynasties des « Cadméens » procèdent nombre des lettrés
609
Sept Sages, fondèrent plus tard en Ionie, patrie
d’
Homère, la prose grecque et la philosophie. Qu’on n’oublie pas non plu
610
blie pas non plus qu’Hésiode, le premier à nommer
Europe
, était né et avait vécu en Béotie… Relevons enfin deux autres élément
611
cu en Béotie… Relevons enfin deux autres éléments
de
parenté mythologique. Si Agénor, père d’Europe, est Canaan, il serait
612
, est Canaan, il serait, selon la Genèse, ce fils
de
Cham promis à l’esclavage. Le mythe gréco-phénicien et la légende de
613
esclavage. Le mythe gréco-phénicien et la légende
de
Japhet se recouperaient donc en ce point, non sans qu’il en résulte d
614
aient donc en ce point, non sans qu’il en résulte
de
nouvelles incertitudes et complexités, puisque Europe descendrait ain
615
de nouvelles incertitudes et complexités, puisque
Europe
descendrait ainsi de Cham selon la légende classique et son interprét
616
et complexités, puisque Europe descendrait ainsi
de
Cham selon la légende classique et son interprétation phénicienne, ta
617
elon la tradition biblique, c’est aux descendants
de
Japhet qu’aurait été promis le continent occidental. Non moins curieu
618
is déconcerte, entre le Japhet de la Genèse, fils
de
Noé, et le Japet de la mythologie, ce Titan père de Prométhée, et don
619
le Japhet de la Genèse, fils de Noé, et le Japet
de
la mythologie, ce Titan père de Prométhée, et donc grand-père de Deuc
620
Noé, et le Japet de la mythologie, ce Titan père
de
Prométhée, et donc grand-père de Deucalion, qui fut précisément le No
621
18 : Japhet, qui a peuplé la plus grande partie
de
l’Occident, y est demeuré célèbre sous le nom fameux d’Iapet. Nous a
622
ccident, y est demeuré célèbre sous le nom fameux
d’
Iapet. Nous allons voir comment s’explique cette apparente confusion.
623
la pratiquent sans art. À travers des filiations
de
signes et de sons qu’il est parfois possible d’établir sans équivoque
624
t sans art. À travers des filiations de signes et
de
sons qu’il est parfois possible d’établir sans équivoque, elle se pro
625
s de signes et de sons qu’il est parfois possible
d’
établir sans équivoque, elle se propose de rechercher des significatio
626
ossible d’établir sans équivoque, elle se propose
de
rechercher des significations, tenant les primitives pour plus authen
627
st significatif. Elle décrit donc les préférences
de
celui qui découvre une « vraie » racine, plutôt qu’elle ne statue sur
628
ne, plutôt qu’elle ne statue sur le « vrai » sens
d’
un mot. Et c’est pourquoi il est intéressant de rappeler ici quelques-
629
ns d’un mot. Et c’est pourquoi il est intéressant
de
rappeler ici quelques-unes des « origines » retenues par diverses épo
630
tenues par diverses époques pour expliquer ce nom
d’
Europe, dont Hérodote pensait que nul mortel ne saurait espérer découv
631
nues par diverses époques pour expliquer ce nom d’
Europe
, dont Hérodote pensait que nul mortel ne saurait espérer découvrir le
632
sur la double croyance traditionnelle que le nom
d’
Europe vient de l’hébreu et que notre continent fut la part de Japhet.
633
ur la double croyance traditionnelle que le nom d’
Europe
vient de l’hébreu et que notre continent fut la part de Japhet. (Il s
634
nt de l’hébreu et que notre continent fut la part
de
Japhet. (Il s’agit donc, comme on l’a vu plus haut, de donner une rac
635
phet. (Il s’agit donc, comme on l’a vu plus haut,
de
donner une racine biblique à ce nom qui, autrement, rappellerait fâch
636
t les coupables amours du roi des dieux païens et
d’
une fille de Tyr, cette ville cent fois maudite par les Prophètes.) Go
637
les amours du roi des dieux païens et d’une fille
de
Tyr, cette ville cent fois maudite par les Prophètes.) Goropius écrit
638
n mariage légitime ; Ur, excellent, Hop, espoir :
d’
où réussit Europ soit espoir excellent d’un mariage légitime, lequel a
639
espoir : d’où réussit Europ soit espoir excellent
d’
un mariage légitime, lequel a été propre de cette portion des terres,
640
ellent d’un mariage légitime, lequel a été propre
de
cette portion des terres, laquelle Noé donna à Japhet pour sa demeure
641
het pour sa demeure. Car combien que la postérité
de
Sem a été plusieurs siècles alliée avec Dieu en la race d’Abraham, si
642
été plusieurs siècles alliée avec Dieu en la race
d’
Abraham, si a elle toutefois répudiée. Mais le mariage, par lequel le
643
le mariage, par lequel le Christ s’est adjoint l’
Europe
son Église, ne sera jamais rompu : de sorte qu’à bon droit la portion
644
jamais rompu : de sorte qu’à bon droit la portion
de
Japhet est dite Europe. b) Après l’étymologie fantaisiste, voici la
645
orte qu’à bon droit la portion de Japhet est dite
Europe
. b) Après l’étymologie fantaisiste, voici la celtique : dans leur A
646
fantaisiste, voici la celtique : dans leur Atlas
de
géographie ancienne et moderne publié en 1829, Lapie père et Lapie fi
647
ié en 1829, Lapie père et Lapie fils font dériver
Europe
du celtique wrab, qui veut dire occident. Reynold, qui les cite, ajou
648
t, paraît s’imposer tout d’abord par des raisons…
d’
orientation ! Ainsi l’historien roumain Nicolas Jorga écrivait en 1932
649
iens peuples orientaux qui vivaient dans les pays
d’
où se lève le soleil, c’est-à-dire en Asie, par le mot Europe, on ente
650
lève le soleil, c’est-à-dire en Asie, par le mot
Europe
, on entendait le pays où le soleil se couche. De leur côté, la lumièr
651
ope, on entendait le pays où le soleil se couche.
De
leur côté, la lumière ; du nôtre, l’obscurité, les ténèbres, l’Arip,
652
, mot que l’on doit mettre à côté du sombre Érèbe
de
la mythologie grecque. En effet, ne pouvant pas déplacer encore davan
653
s haut sur les origines « phéniciennes » du mythe
d’
Europe vient renforcer la vraisemblance de l’étymologie ereb. Mais voi
654
haut sur les origines « phéniciennes » du mythe d’
Europe
vient renforcer la vraisemblance de l’étymologie ereb. Mais voici, de
655
u mythe d’Europe vient renforcer la vraisemblance
de
l’étymologie ereb. Mais voici, de surcroît, un argument immédiatement
656
a vraisemblance de l’étymologie ereb. Mais voici,
de
surcroît, un argument immédiatement tiré de la phonétique. On sait qu
657
oici, de surcroît, un argument immédiatement tiré
de
la phonétique. On sait qu’en hébreu, ce sont les consonnes qui compte
658
re en faveur de l’origine sémitique : On a cessé
de
croire à la parenté d’Erèbe et d’Europe, par quoi entendre une parent
659
ne sémitique : On a cessé de croire à la parenté
d’
Erèbe et d’Europe, par quoi entendre une parenté directe, comme celle
660
e : On a cessé de croire à la parenté d’Erèbe et
d’
Europe, par quoi entendre une parenté directe, comme celle du frère et
661
: On a cessé de croire à la parenté d’Erèbe et d’
Europe
, par quoi entendre une parenté directe, comme celle du frère et de la
662
ndre une parenté directe, comme celle du frère et
de
la sœur. Cependant, il y a un lien indirect, et c’est encore la mytho
663
iode — engendra donc la Nuit. Et la Nuit engendra
de
terribles enfants : la Détresse, le Trépas, la Mort, les Parques, Ném
664
personne », le Sommeil, les Songes ; mais enfin,
de
son frère Erèbe lui-même, l’Éther et la Lumière du jour, cette lumièr
665
mière du jour, cette lumière victorieuse qui naît
de
la nuit pour la tuer. Puis Erèbe prit un sens dérivé : les profondeur
666
ique ereb, soir. d) Reste notre nom grec, celui
de
la fille d’Agénor. Ici, nous invoquerons de nouveau G. de Reynold21 :
667
oir. d) Reste notre nom grec, celui de la fille
d’
Agénor. Ici, nous invoquerons de nouveau G. de Reynold21 : Europe est
668
i, nous invoquerons de nouveau G. de Reynold21 :
Europe
est dans son premier sens un adjectif féminin : eurôpé. Cet adjectif
669
us rarement euruopè, une des épithètes homériques
de
Zeus. Euruopa se relève plusieurs fois dans l’Iliade et l’Odyssée : e
670
ment récents. Ces formes sont des vocatifs. Celle
d’
euruopa est également employée comme nominatif éolien ou bien comme ac
671
ogie, elle est facile. Nous avons là des composés
de
deux autres mots grecs : l’adjectif eurus, large, ample, spacieux ; l
672
yeux, au beau regard, au beau visage. La parenté
d’
Europe avec l’épithète homérique de Zeus est ainsi évidente. Eurôpè,
673
eux, au beau regard, au beau visage. La parenté d’
Europe
avec l’épithète homérique de Zeus est ainsi évidente. Eurôpè, de son
674
ge. La parenté d’Europe avec l’épithète homérique
de
Zeus est ainsi évidente. Eurôpè, de son côté, n’a point tardé à prod
675
te homérique de Zeus est ainsi évidente. Eurôpè,
de
son côté, n’a point tardé à produire son masculin eurôpos. « Zeus qui
676
» a sa cité divine sur l’Olympe : dans le massif
de
l’Olympe, le Pénée prend sa source, et il a pour affluent l’Europos.
677
uropos. Le fait qu’« europe » est un qualificatif
de
Zeus amène à se demander s’il ne se serait pas produit un dédoublemen
678
à son tour des possibilités diverses. Voici l’une
d’
elles, explorée par Robert Graves22, dans les notes jointes à son chap
679
aves22, dans les notes jointes à son chapitre sur
Europe
et Cadmus. Le foisonnement des correspondances étymologiques signalée
680
ues signalées par cet auteur donnera quelque idée
de
l’extrême complexité du thème : Europe signifie « large face », syno
681
quelque idée de l’extrême complexité du thème :
Europe
signifie « large face », synonyme de pleine lune et l’un des titres d
682
thème : Europe signifie « large face », synonyme
de
pleine lune et l’un des titres des déesses-Lune, Demeter à Labadie et
683
bien irrigué ». Le saule régit le cinquième mois
de
l’année sacrée23 et il est associé à la magie et aux rites de fertili
684
acrée23 et il est associé à la magie et aux rites
de
fertilité dans toute l’Europe… Le rapt d’Europe par Zeus, qui rappell
685
à la magie et aux rites de fertilité dans toute l’
Europe
… Le rapt d’Europe par Zeus, qui rappelle une très longue occupation d
686
x rites de fertilité dans toute l’Europe… Le rapt
d’
Europe par Zeus, qui rappelle une très longue occupation de la Crète p
687
rites de fertilité dans toute l’Europe… Le rapt d’
Europe
par Zeus, qui rappelle une très longue occupation de la Crète par les
688
par Zeus, qui rappelle une très longue occupation
de
la Crète par les Hellènes, a été tiré d’images préhelléniques de la P
689
cupation de la Crète par les Hellènes, a été tiré
d’
images préhelléniques de la Prêtresse lunaire chevauchant triomphaleme
690
les Hellènes, a été tiré d’images préhelléniques
de
la Prêtresse lunaire chevauchant triomphalement le taureau solaire, s
691
e. La scène est dépeinte par huit plaques moulées
de
verre bleu, trouvées dans la cité mycénienne de Midea : il semble qu’
692
s de verre bleu, trouvées dans la cité mycénienne
de
Midea : il semble qu’elle fasse partie d’un rituel de fertilité au co
693
énienne de Midea : il semble qu’elle fasse partie
d’
un rituel de fertilité au cours duquel la guirlande de Mai d’Europe ét
694
idea : il semble qu’elle fasse partie d’un rituel
de
fertilité au cours duquel la guirlande de Mai d’Europe était portée e
695
rituel de fertilité au cours duquel la guirlande
de
Mai d’Europe était portée en procession. Quant à la séduction d’Europ
696
de fertilité au cours duquel la guirlande de Mai
d’
Europe était portée en procession. Quant à la séduction d’Europe par Z
697
e fertilité au cours duquel la guirlande de Mai d’
Europe
était portée en procession. Quant à la séduction d’Europe par Zeus ch
698
était portée en procession. Quant à la séduction
d’
Europe par Zeus changé en aigle24, elle rappelle la séduction d’Héra p
699
tait portée en procession. Quant à la séduction d’
Europe
par Zeus changé en aigle24, elle rappelle la séduction d’Héra par Zeu
700
eus changé en aigle24, elle rappelle la séduction
d’
Héra par Zeus changé en coucou ; et selon Hésychius, Héra portait le t
701
oucou ; et selon Hésychius, Héra portait le titre
d’
Europia. Le nom crétois et corinthien d’Europe était Hellotis, qui évo
702
le titre d’Europia. Le nom crétois et corinthien
d’
Europe était Hellotis, qui évoque Helice (saule) ; Hellé et Hélène son
703
e titre d’Europia. Le nom crétois et corinthien d’
Europe
était Hellotis, qui évoque Helice (saule) ; Hellé et Hélène sont un s
704
que le plane était aussi tenu pour l’arbre sacré
d’
Hélène. Sa sainteté s’explique par les cinq pointes de sa feuille, rep
705
lène. Sa sainteté s’explique par les cinq pointes
de
sa feuille, représentant les cinq doigts de la déesse… Faut-il rappe
706
intes de sa feuille, représentant les cinq doigts
de
la déesse… Faut-il rappeler au surplus que Hellén — masculin d’Hélèn
707
Faut-il rappeler au surplus que Hellén — masculin
d’
Hélène et ancêtre éponyme de tous les Hellènes — était le fils de Deuc
708
que Hellén — masculin d’Hélène et ancêtre éponyme
de
tous les Hellènes — était le fils de Deucalion ? Que celui-ci est le
709
être éponyme de tous les Hellènes — était le fils
de
Deucalion ? Que celui-ci est le Noé de la mythologie grecque, seul re
710
it le fils de Deucalion ? Que celui-ci est le Noé
de
la mythologie grecque, seul rescapé avec Pyrrha sa femme (grâce à l’A
711
une que Prométhée son père lui a fait construire)
d’
un déluge dont une colombe lui annonça la fin ? Hellén est donc l’arri
712
des symboles et des mythes ! On n’en finirait pas
de
les préciser, de les distinguer, de les contraster — jusqu’au moment
713
es mythes ! On n’en finirait pas de les préciser,
de
les distinguer, de les contraster — jusqu’au moment où ils apparaîtra
714
finirait pas de les préciser, de les distinguer,
de
les contraster — jusqu’au moment où ils apparaîtraient, peut-être, co
715
nt où ils apparaîtraient, peut-être, comme autant
de
récits véridiques d’une seule et même histoire, vue par divers témoin
716
ent, peut-être, comme autant de récits véridiques
d’
une seule et même histoire, vue par divers témoins. 6.Le concept gé
717
ins. 6.Le concept géographique On a coutume
d’
attribuer à Paul Valéry la remarque que l’Europe n’est qu’un cap ou «
718
utume d’attribuer à Paul Valéry la remarque que l’
Europe
n’est qu’un cap ou « un appendice de l’Asie ». Voici son texte le plu
719
ue que l’Europe n’est qu’un cap ou « un appendice
de
l’Asie ». Voici son texte le plus souvent cité à ce sujet : L’Europe
720
ci son texte le plus souvent cité à ce sujet : L’
Europe
deviendra-t-elle ce qu’elle est en réalité, c’est-à-dire un petit cap
721
e un petit cap du continent asiatique ? Ou bien l’
Europe
restera-t-elle ce qu’elle paraît, c’est-à-dire : la partie précieuse
722
u’elle paraît, c’est-à-dire : la partie précieuse
de
l’univers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau d’un vaste cor
723
partie précieuse de l’univers terrestre, la perle
de
la sphère, le cerveau d’un vaste corps ?25 Ailleurs encore Valéry n
724
vers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau
d’
un vaste corps ?25 Ailleurs encore Valéry nomme l’Europe une sorte
725
vaste corps ?25 Ailleurs encore Valéry nomme l’
Europe
une sorte de cap du vieux continent, un appendice occidental de l’As
726
Ailleurs encore Valéry nomme l’Europe une sorte
de
cap du vieux continent, un appendice occidental de l’Asie. Cela fit
727
e cap du vieux continent, un appendice occidental
de
l’Asie. Cela fit naguère sensation. Il s’agit en réalité d’un lieu c
728
Cela fit naguère sensation. Il s’agit en réalité
d’
un lieu commun des géographes depuis des siècles. Citons-en quelques-u
729
itons-en quelques-uns, d’après G. de Reynold : L’
Europe
est une grande presqu’île.26 Cette étroite presqu’île qui ne figure
730
e, est devenue la métropole du genre humain.27 L’
Europe
n’est à proprement parler qu’une grande péninsule qui termine à l’oue
731
mine à l’ouest le vaste continent asiatique.28 L’
Europe
ne constitue pas à proprement parler un tout indépendant. Ce n’est qu
732
er un tout indépendant. Ce n’est qu’une péninsule
de
l’Asie, l’extrémité, la pointe du continent asiatique.29 Et, dans l
733
lus, Auguste Himly, Raoul Blanchard, tous auteurs
d’
Atlas et de manuels classiques. Mais une comparaison non moins traditi
734
e Himly, Raoul Blanchard, tous auteurs d’Atlas et
de
manuels classiques. Mais une comparaison non moins traditionnelle fai
735
ais une comparaison non moins traditionnelle fait
de
l’Europe une Grèce agrandie30 : On a souvent dit que l’Europe était
736
ne comparaison non moins traditionnelle fait de l’
Europe
une Grèce agrandie30 : On a souvent dit que l’Europe était à l’égard
737
pe une Grèce agrandie30 : On a souvent dit que l’
Europe
était à l’égard de la terre ce que la Grèce fut jadis à l’égard de l’
738
la terre ce que la Grèce fut jadis à l’égard de l’
Europe
. La Grèce a le sol médiocrement fertile, la surface variée et coupée,
739
riée et coupée, des limites naturelles ; entourée
de
mers, baignée de golfes profonds, elle tenait un heureux milieu entre
740
es limites naturelles ; entourée de mers, baignée
de
golfes profonds, elle tenait un heureux milieu entre l’hiver de la Sc
741
onds, elle tenait un heureux milieu entre l’hiver
de
la Scythie et les ardeurs de l’Égypte. Elle dominait alors les mers l
742
milieu entre l’hiver de la Scythie et les ardeurs
de
l’Égypte. Elle dominait alors les mers les plus connues. Mais ce para
743
mers les plus connues. Mais ce parallèle entre l’
Europe
et la Grèce doit être étendu à des rapports plus nobles que ceux de l
744
t être étendu à des rapports plus nobles que ceux
de
la nature corporelle. Le jeu mutuel de plusieurs caractères nationaux
745
s que ceux de la nature corporelle. Le jeu mutuel
de
plusieurs caractères nationaux différents et même opposés ; l’esprit
746
s nationaux différents et même opposés ; l’esprit
de
liberté tant civil que politique : voilà les deux grands points de re
747
ivil que politique : voilà les deux grands points
de
ressemblance. Pourtant ce ne sont pas les Grecs qui ont « découvert
748
ce ne sont pas les Grecs qui ont « découvert » l’
Europe
, mais bien les Phéniciens, étendant leurs comptoirs de commerce, leur
749
ais bien les Phéniciens, étendant leurs comptoirs
de
commerce, leur piraterie et leurs explorations maritimes à toute la M
750
toute la Méditerranée, puis au-delà des Colonnes
d’
Hercule jusqu’aux Canaries, à la Bretagne, aux Îles Britanniques et à
751
tanniques et à la mer du Nord, où le Monde cesse…
De
Carthage, colonie de Tyr (fondée nous l’avons vu, par Phœnix, l’un de
752
du Nord, où le Monde cesse… De Carthage, colonie
de
Tyr (fondée nous l’avons vu, par Phœnix, l’un des frères d’Europe), H
753
selon Pline, reçut un siècle plus tard la mission
de
remonter les côtes atlantiques de l’Europe : Sicut ad extera Europæ
754
tard la mission de remonter les côtes atlantiques
de
l’Europe : Sicut ad extera Europæ noscenda missus eodem tempore Himi
755
la mission de remonter les côtes atlantiques de l’
Europe
: Sicut ad extera Europæ noscenda missus eodem tempore Himilco. Un
756
côtes atlantiques de l’Europe : Sicut ad extera
Europæ
noscenda missus eodem tempore Himilco. Un poète de la décadence, Ruf
757
noscenda missus eodem tempore Himilco. Un poète
de
la décadence, Rufius Festus Avenius, devait mettre en vers latin, ver
758
ttre en vers latin, vers 370, le récit du périple
d’
Himilco : Au-delà des Colonnes, sur les plages d’Europe, les Carthagi
759
d’Himilco : Au-delà des Colonnes, sur les plages
d’
Europe, les Carthaginois eurent autrefois des établissements et des vi
760
Himilco : Au-delà des Colonnes, sur les plages d’
Europe
, les Carthaginois eurent autrefois des établissements et des villes.
761
établissements et des villes. Leur coutume était
de
construire des navires à carène plate, propres à glisser sur une mer
762
rapporte qu’en dehors des Colonnes, à l’Occident
de
l’Europe, s’étend une mer sans limites ; l’océan s’y déploie vers des
763
orte qu’en dehors des Colonnes, à l’Occident de l’
Europe
, s’étend une mer sans limites ; l’océan s’y déploie vers des horizons
764
it la voile. Aussi l’air y est-il enveloppé comme
d’
un manteau de brouillards ; une brume épaisse cache en tout temps les
765
Aussi l’air y est-il enveloppé comme d’un manteau
de
brouillards ; une brume épaisse cache en tout temps les flots, et de
766
e brume épaisse cache en tout temps les flots, et
de
sombres vapeurs y voilent la clarté du jour. Cependant les Grecs ont
767
t été les premiers à donner à ce continent le nom
de
la princesse enlevée par leur dieu aux Phéniciens, précisément : d’ap
768
c’est le savant Hippias d’Élis, inventeur allégué
de
la mnémotechnie, qui aurait le premier nommé les parties du monde d’a
769
remier nommé les parties du monde d’après Asie et
Europe
, les Océanides. Hippias vivait au ve siècle avant notre ère. Avant l
770
é vers 540 av. J.-C., avait écrit une Description
de
la Terre en deux livres, dont l’un consacré à l’Europe, l’autre à l’A
771
e la Terre en deux livres, dont l’un consacré à l’
Europe
, l’autre à l’Asie. Que pouvait-il entendre par Europe ? Dans son Prom
772
pe, l’autre à l’Asie. Que pouvait-il entendre par
Europe
? Dans son Prométhée joué en 472, Eschyle fait dire à l’un de ses hér
773
n Prométhée joué en 472, Eschyle fait dire à l’un
de
ses héros décrivant un voyage qui implique la traversée du Bosphore :
774
raversée du Bosphore : Dès lors, laissant le sol
d’
Europe, tu prendras pied sur le continent d’Asie. Anaximandre pense
775
versée du Bosphore : Dès lors, laissant le sol d’
Europe
, tu prendras pied sur le continent d’Asie. Anaximandre pense de mêm
776
e sol d’Europe, tu prendras pied sur le continent
d’
Asie. Anaximandre pense de même31. Mais à partir de là, tous les aut
777
pied sur le continent d’Asie. Anaximandre pense
de
même31. Mais à partir de là, tous les auteurs antiques jusqu’à Strabo
778
squ’à Strabon nous donnent la même définition : l’
Europe
va des Colonnes d’Hercule (c’est Gibraltar) jusqu’au Phase — ou Rioni
779
ent la même définition : l’Europe va des Colonnes
d’
Hercule (c’est Gibraltar) jusqu’au Phase — ou Rioni — petit fleuve qui
780
te et que nous qui habitons du Phase aux Colonnes
d’
Hercule, nous n’en habitons qu’une petite partie, vivant tout autour d
781
mer, comme des fourmis et des grenouilles autour
d’
un marécage, et qu’il y a par ailleurs divers et nombreux peuples qui
782
d’autres contrées semblables. C’est ici le lieu
de
rappeler que Socrate fut le premier philosophe à dire que sa patrie é
783
n », non point sa seule cité natale. Quoi de plus
Européen
que cet universalisme ? Mais venons-en aux textes grecs. G. de Reynol
784
Reynold32 distingue trois étapes dans le passage
de
la conception mythique et géographique au plan politique et « culture
785
hique au plan politique et « culturel » : l’étape
d’
Hippocrate, celle d’Aristote et celle d’Isocrate. Voici les textes : V
786
que et « culturel » : l’étape d’Hippocrate, celle
d’
Aristote et celle d’Isocrate. Voici les textes : Vers la fin du Ve siè
787
: l’étape d’Hippocrate, celle d’Aristote et celle
d’
Isocrate. Voici les textes : Vers la fin du Ve siècle av. J.-C., Hippo
788
a fin du Ve siècle av. J.-C., Hippocrate (ou l’un
de
ses disciples), dans son Traité des airs, des eaux et des lieux fait
789
s différens phénomènes qui, par leur dissemblance
de
caractère, font distinguer l’Asie de l’Europe. Dissemblance qui s’éte
790
ux parties du monde, qu’ils contrastent entre eux
d’
une manière étonnante. Comme il serait trop difficile de traiter ces p
791
manière étonnante. Comme il serait trop difficile
de
traiter ces phénomènes dans tous leurs développements, je me bornerai
792
J’avance donc que l’Asie diffère considérablement
de
l’Europe, non seulement en ce qui est particulier aux hommes, mais en
793
nce donc que l’Asie diffère considérablement de l’
Europe
, non seulement en ce qui est particulier aux hommes, mais encore en c
794
re en ce qui est relatif à toutes les productions
de
la terre. Tous les caractères des différens phénomènes sont donc comm
795
unément plus beaux et plus parfaits en Asie qu’en
Europe
, parce que la température la plus habituelle en est plus douce ; d’où
796
empérature la plus habituelle en est plus douce ;
d’
où il suit encore que les peuples qui l’habitent sont d’un naturel plu
797
l suit encore que les peuples qui l’habitent sont
d’
un naturel plus doux et d’un esprit plus pénétrant… § 21. Si donc les
798
les qui l’habitent sont d’un naturel plus doux et
d’
un esprit plus pénétrant… § 21. Si donc les Asiatiques sont pusillanim
799
t pusillanimes, sans courage, moins belliqueux et
d’
un caractère plus doux que les Européens, c’est encore dans la nature
800
ns belliqueux et d’un caractère plus doux que les
Européens
, c’est encore dans la nature des saisons qu’il faut chercher la princ
801
faut chercher la principale cause. En Asie, loin
d’
éprouver de fortes tribulations, celles-ci ont à peu près les mêmes ca
802
her la principale cause. En Asie, loin d’éprouver
de
fortes tribulations, celles-ci ont à peu près les mêmes caractères, p
803
s les mêmes caractères, passant du froid au chaud
d’
une manière insensible ; de sorte que dans une telle température la fa
804
toujours égale ; car ce sont les passages rapides
d’
un extrême à l’autre qui stimulent les esprits de l’homme, et font naî
805
d’un extrême à l’autre qui stimulent les esprits
de
l’homme, et font naître les idées de s’arracher à son état d’inertie
806
les esprits de l’homme, et font naître les idées
de
s’arracher à son état d’inertie et d’insouciance. Mais, non seulement
807
et font naître les idées de s’arracher à son état
d’
inertie et d’insouciance. Mais, non seulement, je pense que c’est au d
808
e les idées de s’arracher à son état d’inertie et
d’
insouciance. Mais, non seulement, je pense que c’est au défaut de pare
809
Mais, non seulement, je pense que c’est au défaut
de
pareils changemens qu’il faut attribuer la pusillanimité des Asiatiqu
810
auxquelles ils sont soumis. La plus grande partie
de
l’Asie étant gouvernée par des rois, il en résulte que partout où les
811
ulte que partout où les hommes ne sont ni maîtres
de
leurs volontés, ni gouvernés par les lois qu’ils se sont données, mai
812
uper du métier des armes, ils ont même grand soin
de
ne point paraître avoir l’inclination guerrière, par la raison que le
813
es intérêts) ne sont pas également partagés. Sous
de
tels gouvernements les sujets sont forcés d’aller à la guerre, d’en s
814
Sous de tels gouvernements les sujets sont forcés
d’
aller à la guerre, d’en supporter toutes les peines, et de mourir même
815
ments les sujets sont forcés d’aller à la guerre,
d’
en supporter toutes les peines, et de mourir même pour leurs maîtres,
816
à la guerre, d’en supporter toutes les peines, et
de
mourir même pour leurs maîtres, loin de leurs enfans, de leurs femmes
817
ir même pour leurs maîtres, loin de leurs enfans,
de
leurs femmes et de leurs amis. Leurs exploits ne servent donc qu’à au
818
maîtres, loin de leurs enfans, de leurs femmes et
de
leurs amis. Leurs exploits ne servent donc qu’à augmenter et à propag
819
nt donc qu’à augmenter et à propager la puissance
de
leurs tyrans, lorsque les dangers et la mort sont les seuls fruits qu
820
la mort sont les seuls fruits qu’ils recueillent
de
leur bravoure. Ajoutez à cela que sous de tels hommes la terre reste
821
eillent de leur bravoure. Ajoutez à cela que sous
de
tels hommes la terre reste encore sans culture, autant par l’inertie
822
e reste encore sans culture, autant par l’inertie
de
leur tempérament, que par la crainte des ravages de la guerre ; de so
823
leur tempérament, que par la crainte des ravages
de
la guerre ; de sorte que, quand même il se trouverait parmi eux des h
824
rmi eux des hommes braves et courageux, la nature
de
leurs lois doit s’ajouter à la répugnance de donner essor à leur cour
825
ture de leurs lois doit s’ajouter à la répugnance
de
donner essor à leur courage. § 23… Ce qu’on vient d’observer à l’égar
826
donner essor à leur courage. § 23… Ce qu’on vient
d’
observer à l’égard du caractère du physique, peut aussi s’appliquer au
827
ppliquer aux caractères moraux. Aussi voit-on les
Européens
être d’un naturel plus sauvage, insociable, emporté, par cela même qu
828
ractères moraux. Aussi voit-on les Européens être
d’
un naturel plus sauvage, insociable, emporté, par cela même que vivant
829
rendent l’homme agreste, et dépouillent ses mœurs
de
douceur et d’aménité. Par la même raison, je les regarde donc comme p
830
e agreste, et dépouillent ses mœurs de douceur et
d’
aménité. Par la même raison, je les regarde donc comme plus courageux
831
donc comme plus courageux que les Asiatiques, car
de
l’influence d’une température uniforme naît l’insouciance et la pares
832
courageux que les Asiatiques, car de l’influence
d’
une température uniforme naît l’insouciance et la paresse, ce qui est
833
causes du caractère plus belliqueux des habitants
de
l’Europe que des Asiatiques. Mais il n’en est pas moins certain que l
834
s du caractère plus belliqueux des habitants de l’
Europe
que des Asiatiques. Mais il n’en est pas moins certain que la forme d
835
e la forme du gouvernement y contribue aussi, les
Européens
n’étant point gouvernés par des rois, comme les Asiatiques, car j’ai
836
ce que l’âme asservie ne peut avoir aucune envie
de
risquer sa personne, sans autre intérêt que celui d’augmenter la puis
837
risquer sa personne, sans autre intérêt que celui
d’
augmenter la puissance de qui l’opprime. Le passage essentiel d’Arist
838
autre intérêt que celui d’augmenter la puissance
de
qui l’opprime. Le passage essentiel d’Aristote (384-322 av. J.-C.) s
839
puissance de qui l’opprime. Le passage essentiel
d’
Aristote (384-322 av. J.-C.) sur l’Europe se trouve au livre VII, chap
840
ge essentiel d’Aristote (384-322 av. J.-C.) sur l’
Europe
se trouve au livre VII, chapitre 6, de la Politique : Les peuples qu
841
sur l’Europe se trouve au livre VII, chapitre 6,
de
la Politique : Les peuples qui habitent les pays froids et les diffé
842
itent les pays froids et les différentes contrées
de
l’Europe sont généralement pleins de courage, mais ils sont inférieur
843
les pays froids et les différentes contrées de l’
Europe
sont généralement pleins de courage, mais ils sont inférieurs sous le
844
tes contrées de l’Europe sont généralement pleins
de
courage, mais ils sont inférieurs sous le rapport de l’intelligence e
845
t inférieurs sous le rapport de l’intelligence et
de
l’industrie. C’est pour cette raison qu’ils savent mieux conserver le
846
conserver leur liberté, mais ils sont incapables
d’
organiser un gouvernement et ils ne peuvent pas conquérir les pays voi
847
uvent pas conquérir les pays voisins. Les peuples
de
l’Asie sont intelligents et propres à l’industrie, mais ils manquent
848
gents et propres à l’industrie, mais ils manquent
de
courage, et c’est pour cela qu’ils ne sortent pas de leur assujettiss
849
courage, et c’est pour cela qu’ils ne sortent pas
de
leur assujettissement et de leur esclavage perpétuels. La race des Gr
850
qu’ils ne sortent pas de leur assujettissement et
de
leur esclavage perpétuels. La race des Grecs, occupant les contrées i
851
s contrées intermédiaires, réunit ces deux sortes
de
caractères, elle est brave et intelligente. Aussi demeure-t-elle libr
852
Après cette étape « hégémonique » vient l’étape
de
« l’adoption ». Elle est caractérisée par la phrase célèbre d’Isocrat
853
on ». Elle est caractérisée par la phrase célèbre
d’
Isocrate, contemporain de Platon (ve au ive siècle av. J.-C.) et anc
854
ée par la phrase célèbre d’Isocrate, contemporain
de
Platon (ve au ive siècle av. J.-C.) et ancêtre de tous les « conféd
855
Platon (ve au ive siècle av. J.-C.) et ancêtre
de
tous les « confédéralistes » ou « unionistes » européens : On appell
856
de tous les « confédéralistes » ou « unionistes »
européens
: On appelle Grecs plutôt les gens qui participent à notre éducation
857
nant la généalogie des descriptions géographiques
de
l’Europe, d’Hérodote à saint Augustin. Hérodote, écrivant au ve siè
858
la généalogie des descriptions géographiques de l’
Europe
, d’Hérodote à saint Augustin. Hérodote, écrivant au ve siècle av. J
859
logie des descriptions géographiques de l’Europe,
d’
Hérodote à saint Augustin. Hérodote, écrivant au ve siècle av. J.-C.
860
dote, écrivant au ve siècle av. J.-C., définit l’
Europe
comme une région nordique assez mal distinguée de la Scythie, qui est
861
pe comme une région nordique assez mal distinguée
de
la Scythie, qui est la plaine russe. Il lui donne pour axe le Danube,
862
çoive tant de rivières puisqu’il traverse toute l’
Europe
. Il prend sa source dans le pays des Celtes… Et après avoir traversé
863
ans le pays des Celtes… Et après avoir traversé l’
Europe
entière, il entre dans la Scythie par une de ses extrémités. Cependa
864
’Europe entière, il entre dans la Scythie par une
de
ses extrémités. Cependant, Hérodote se demande pourquoi la Terre ét
865
ui donne trois noms différents, qui sont des noms
de
femmes. En effet, selon Strabon : Du temps d’Homère, ni l’Europe, n
866
s de femmes. En effet, selon Strabon : Du temps
d’
Homère, ni l’Europe, ni l’Asie n’avaient reçu leurs noms respectifs ;
867
n effet, selon Strabon : Du temps d’Homère, ni l’
Europe
, ni l’Asie n’avaient reçu leurs noms respectifs ; l’œcoumène ou terre
868
fait trop marquant qu’il n’eût certes pas négligé
de
mentionner. Et pourtant, il semble qu’Homère ait eu la notion de l’E
869
Et pourtant, il semble qu’Homère ait eu la notion
de
l’Europe. On lit au chant XIV de l’Iliade, à propos d’Hypnos et d’Hér
870
urtant, il semble qu’Homère ait eu la notion de l’
Europe
. On lit au chant XIV de l’Iliade, à propos d’Hypnos et d’Héré : Tous
871
ait eu la notion de l’Europe. On lit au chant XIV
de
l’Iliade, à propos d’Hypnos et d’Héré : Tous deux allèrent sur le co
872
it au chant XIV de l’Iliade, à propos d’Hypnos et
d’
Héré : Tous deux allèrent sur le continent, et le haut des forêts s’a
873
Strabon, Grec du Pont, écrivant sous les règnes
d’
Auguste et de Tibère, nous donne un premier grand tableau géographique
874
ec du Pont, écrivant sous les règnes d’Auguste et
de
Tibère, nous donne un premier grand tableau géographique de l’Europe,
875
nous donne un premier grand tableau géographique
de
l’Europe, continent supérieur aux deux autres, nous dit-il, à cause
876
donne un premier grand tableau géographique de l’
Europe
, continent supérieur aux deux autres, nous dit-il, à cause des condi
877
e l’a placé pour le développement moral et social
de
ses habitants… Car même dans les régions montagneuses, leur intellige
878
nt vaincu la nature et permis à leur civilisation
de
se développer. Suit une théorie des climats, qui rappelle l’école d’
879
uit une théorie des climats, qui rappelle l’école
d’
Hippocrate et qui fera fortune jusqu’au xixe siècle ; on la retrouve
880
eur goût pour les arts et à leur parfaite entente
de
toutes les conditions de la vie matérielle. Les Romains, de leur côté
881
à leur parfaite entente de toutes les conditions
de
la vie matérielle. Les Romains, de leur côté, après avoir incorporé à
882
les conditions de la vie matérielle. Les Romains,
de
leur côté, après avoir incorporé à leur empire maintes nations restée
883
upaient et que leur âpreté naturelle, leur manque
de
ports, la rigueur de leur climat ou telle autre cause rendaient presq
884
preté naturelle, leur manque de ports, la rigueur
de
leur climat ou telle autre cause rendaient presque inhabitables, sont
885
t presque inhabitables, sont parvenus à les tirer
de
leur isolement, à les mettre en rapport les unes avec les autres, et
886
tres, et à ployer les plus barbares aux habitudes
de
la vie sociale. Mais dans le reste de la partie habitable, là où le s
887
x habitudes de la vie sociale. Mais dans le reste
de
la partie habitable, là où le sol de l’Europe est uni et son climat t
888
ans le reste de la partie habitable, là où le sol
de
l’Europe est uni et son climat tempéré, la nature semble avoir tout f
889
e reste de la partie habitable, là où le sol de l’
Europe
est uni et son climat tempéré, la nature semble avoir tout fait pour
890
ure semble avoir tout fait pour hâter les progrès
de
la civilisation. Comme il arrive, en effet, que dans les contrées ria
891
iantes et fertiles, les populations sont toujours
d’
humeur pacifique, tandis qu’elles sont belliqueuses et énergiques dans
892
s’établit entre les unes et les autres un échange
de
mutuels services, les secondes prêtant le secours de leurs armes aux
893
mutuels services, les secondes prêtant le secours
de
leurs armes aux premières qui les aident à leur tour des productions
894
mières qui les aident à leur tour des productions
de
leur sol, des travaux de leurs artistes et des leçons de leurs philos
895
eur tour des productions de leur sol, des travaux
de
leurs artistes et des leçons de leurs philosophes. En revanche, on co
896
sol, des travaux de leurs artistes et des leçons
de
leurs philosophes. En revanche, on conçoit tout le mal qu’elles peuve
897
’elles peuvent se faire pour peu qu’elles cessent
de
s’entraider ainsi, l’avantage dans le cas d’un conflit, devant être,
898
sent de s’entraider ainsi, l’avantage dans le cas
d’
un conflit, devant être, à ce qu’il semble, du côté de ces populations
899
lations toujours armées et toujours prêtes à user
de
violence, à moins pourtant qu’elles ne succombent sous le nombre. Eh
900
us le nombre. Eh bien ! à cet égard, là encore, l’
Europe
a reçu de la nature de grands avantages. Comme elle est, en effet, to
901
Eh bien ! à cet égard, là encore, l’Europe a reçu
de
la nature de grands avantages. Comme elle est, en effet, toute parsem
902
et égard, là encore, l’Europe a reçu de la nature
de
grands avantages. Comme elle est, en effet, toute parsemée de montagn
903
antages. Comme elle est, en effet, toute parsemée
de
montagnes et de plaines, partout les populations agricoles et civilis
904
lle est, en effet, toute parsemée de montagnes et
de
plaines, partout les populations agricoles et civilisées y vivent côt
905
ervir et la propager. Il s’ensuit aussi qu’en cas
de
guerre, l’Europe est en état de suffire à elle-même, puisque, à côté
906
ropager. Il s’ensuit aussi qu’en cas de guerre, l’
Europe
est en état de suffire à elle-même, puisque, à côté d’une population
907
t aussi qu’en cas de guerre, l’Europe est en état
de
suffire à elle-même, puisque, à côté d’une population nombreuse de cu
908
t en état de suffire à elle-même, puisque, à côté
d’
une population nombreuse de cultivateurs et de citadins, elle compte b
909
-même, puisque, à côté d’une population nombreuse
de
cultivateurs et de citadins, elle compte beaucoup de soldats exercés.
910
ôté d’une population nombreuse de cultivateurs et
de
citadins, elle compte beaucoup de soldats exercés. Un autre de ces av
911
elle compte beaucoup de soldats exercés. Un autre
de
ces avantages, c’est qu’elle tire de son sol les produits les meilleu
912
és. Un autre de ces avantages, c’est qu’elle tire
de
son sol les produits les meilleurs et les plus nécessaires à la vie,
913
es meilleurs et les plus nécessaires à la vie, et
de
ses mines les métaux les plus utiles. Restent donc les parfums et les
914
ums et les pierres précieuses qu’elle est obligée
de
tirer du dehors, mais ce sont là des biens dont on peut être privé sa
915
ns enfin qu’elle nourrit une très grande quantité
de
bétail et fort peu de bêtes féroces, et nous aurons achevé de donner
916
fort peu de bêtes féroces, et nous aurons achevé
de
donner de la nature de ce continent une idée générale. Dira-t-on que
917
de bêtes féroces, et nous aurons achevé de donner
de
la nature de ce continent une idée générale. Dira-t-on que tous ces
918
ces, et nous aurons achevé de donner de la nature
de
ce continent une idée générale. Dira-t-on que tous ces auteurs grecs
919
Dira-t-on que tous ces auteurs grecs confondent l’
Europe
avec la seule province de Thrace qui porta en effet ce nom, ou avec l
920
grecs confondent l’Europe avec la seule province
de
Thrace qui porta en effet ce nom, ou avec la Grèce, comme c’est le ca
921
ffet ce nom, ou avec la Grèce, comme c’est le cas
d’
Eschyle ? Mais on s’expliquerait mal qu’ils aient éprouvé le besoin de
922
s’expliquerait mal qu’ils aient éprouvé le besoin
de
désigner la Grèce par un terme plus général, s’ils n’entendaient vrai
923
général, s’ils n’entendaient vraiment parler que
d’
elle. On a vu, dans la page citée plus haut de Victor Bérard qu’il exi
924
que d’elle. On a vu, dans la page citée plus haut
de
Victor Bérard qu’il existait dès la plus haute époque une « utopie »
925
existait dès la plus haute époque une « utopie »
de
l’Europe continentale, très comparable à l’utopie qui animera Christo
926
tait dès la plus haute époque une « utopie » de l’
Europe
continentale, très comparable à l’utopie qui animera Christophe Colom
927
ement que la Grèce n’est qu’une « petite partie »
de
l’Europe. Cicéron (Pro Flacco, XXVII), dit de la Grèce : Parvum quen
928
que la Grèce n’est qu’une « petite partie » de l’
Europe
. Cicéron (Pro Flacco, XXVII), dit de la Grèce : Parvum quendam locum
929
e » de l’Europe. Cicéron (Pro Flacco, XXVII), dit
de
la Grèce : Parvum quendam locum Europætenet. Saint Augustin, dans
930
locum Europætenet. Saint Augustin, dans La Cité
de
Dieu, pense que le monde est partagé en deux moitiés, l’Asie occupant
931
partagé en deux moitiés, l’Asie occupant l’une, l’
Europe
et l’Afrique l’autre. Paul Orose, son disciple et continuateur, délim
932
disciple et continuateur, délimite et décrit une
Europe
assez proche des réalités modernes : Et maintenant je vais parcourir
933
lités modernes : Et maintenant je vais parcourir
de
la plume l’Europe en tant qu’elle est connue des hommes. Elle commenc
934
: Et maintenant je vais parcourir de la plume l’
Europe
en tant qu’elle est connue des hommes. Elle commence donc aux monts R
935
i sont à l’orient. Elle se continue par le rivage
de
l’océan septentrional jusqu’à la Gaule Belgique et au fleuve Rhin qui
936
à la Gaule Belgique et au fleuve Rhin qui descend
de
l’occident, puis jusqu’au Danube, que l’on appelle aussi l’Ister, qui
937
ble représente cinquante-quatre nations. Sautons
de
là au xive siècle de notre ère. Dans son Commento alla Comedia 36, G
938
te-quatre nations. Sautons de là au xive siècle
de
notre ère. Dans son Commento alla Comedia 36, Giovanni Boccace (1313-
939
prend la division tripartite du Monde, et insiste
d’
une manière significative sur la position centrale de la Crète, où Zeu
940
ne manière significative sur la position centrale
de
la Crète, où Zeus avait fait Europe reine : Il n’y a au monde aucune
941
position centrale de la Crète, où Zeus avait fait
Europe
reine : Il n’y a au monde aucune partie qui puisse se dire commune à
942
s anciens se plurent à diviser le monde habitable
de
notre hémisphère supérieur en trois parties, qu’ils nommèrent l’Asie,
943
ieur en trois parties, qu’ils nommèrent l’Asie, l’
Europe
et l’Afrique… Et ainsi l’île de Crète paraît être située aux confins
944
nsi l’île de Crète paraît être située aux confins
de
ces trois parties du monde. Les géographes qui ont délimité l’Europe
945
rties du monde. Les géographes qui ont délimité l’
Europe
font passer ses frontières du côté du Levant : par l’extrémité de la
946
es frontières du côté du Levant : par l’extrémité
de
la mer Égée, l’Hellespont, la mer appelée Propontide, le cours du fle
947
Norvège, l’Angleterre et les parties occidentales
de
l’Espagne jusqu’à l’endroit où commence la mer Méditerranée ; ensuite
948
; ensuite du côté méridional : ils ont dit que l’
Europe
était délimitée par la mer Méditerranée, qui se continue par la mer q
949
Africaine ; et ainsi les géographes la nommèrent
Européenne
, laquelle s’étend jusqu’à l’île de Crète. Sébastian Münster écrit da
950
Sébastian Münster écrit dans sa Cosmographie :
Europa
est un pays merveilleusement fertile et a un air naturellement tempér
951
péré, un ciel doux, et n’y a dedans nulle pénurie
de
vin et d’arbres fruitiers. En sus, c’est un beau pays, bien orné de v
952
iel doux, et n’y a dedans nulle pénurie de vin et
d’
arbres fruitiers. En sus, c’est un beau pays, bien orné de villes, châ
953
fruitiers. En sus, c’est un beau pays, bien orné
de
villes, châteaux, villages, et a un peuple viril, qu’elle surpasse As
954
a aussi des régions occupées tout à la ronde par
d’
âpres montagnes, et là c’est dur de rester. Mais là où c’est plat, c’e
955
à la ronde par d’âpres montagnes, et là c’est dur
de
rester. Mais là où c’est plat, c’est un bon pays, et y croissent tout
956
agnes.37 En 1679, Robbe, ingénieur et géographe
de
Louis XIV, fait imprimer à Paris une Méthode pour apprendre facilemen
957
géographie. On y lit : On ne peut pas nier que l’
Europe
ne soit la moins étendue des trois parties qui composent l’Ancien Mon
958
est la plus grande en qualité… Si l’Asie se vante
d’
avoir vu former le premier homme par les mains mêmes du Créateur du ci
959
homme par les mains mêmes du Créateur du ciel et
de
la terre, et d’avoir été honorée de la naissance et de la présence du
960
ains mêmes du Créateur du ciel et de la terre, et
d’
avoir été honorée de la naissance et de la présence du Sauveur du mond
961
ur du ciel et de la terre, et d’avoir été honorée
de
la naissance et de la présence du Sauveur du monde pendant le cours d
962
terre, et d’avoir été honorée de la naissance et
de
la présence du Sauveur du monde pendant le cours de sa vie mortelle :
963
la présence du Sauveur du monde pendant le cours
de
sa vie mortelle : l’Europe dira que c’est une grâce singulière, à la
964
du monde pendant le cours de sa vie mortelle : l’
Europe
dira que c’est une grâce singulière, à la vérité, qu’elle a reçue de
965
ne grâce singulière, à la vérité, qu’elle a reçue
de
la Sagesse éternelle ; mais que la gloire en est empruntée pour l’Asi
966
ienfait que par préférence ou par bonheur. Mais l’
Europe
, sans des bienfaits si extraordinaires, fait elle-même toute sa gloir
967
rendent illustre. Même idée dans le Dictionnaire
de
Moreri : Quoique l’Europe soit la moindre des trois parties de conti
968
idée dans le Dictionnaire de Moreri : Quoique l’
Europe
soit la moindre des trois parties de continent, elle a pourtant des a
969
uoique l’Europe soit la moindre des trois parties
de
continent, elle a pourtant des avantages qui la doivent faire préfére
970
le continent. Elle est abondante en toutes sortes
de
biens, et les peuples y sont ordinairement doux, honnêtes, civilisés
971
es termes presque, dans la Géographie universelle
de
Mantelle et Malte Brun, parue à Paris en 1816 : En sortant des mains
972
un, parue à Paris en 1816 : En sortant des mains
de
la nature, notre partie du monde n’avait reçu aucun titre à cette glo
973
ujourd’hui. Petit continent, qui possède le moins
de
richesses territoriales… nous ne sommes riches que d’emprunts. Tel es
974
ichesses territoriales… nous ne sommes riches que
d’
emprunts. Tel est néanmoins le pouvoir de l’esprit humain. Cette régio
975
ches que d’emprunts. Tel est néanmoins le pouvoir
de
l’esprit humain. Cette région, que la nature n’avait ornée que de for
976
in. Cette région, que la nature n’avait ornée que
de
forêts immenses, s’est peuplée de nations puissantes, s’est couverte
977
avait ornée que de forêts immenses, s’est peuplée
de
nations puissantes, s’est couverte de cités magnifiques, s’est enrich
978
est peuplée de nations puissantes, s’est couverte
de
cités magnifiques, s’est enrichie du butin des deux mondes ; cette ét
979
est devenue la métropole du genre humain. Ainsi
d’
Hérodote et d’Hippocrate jusqu’à nos jours, l’Europe physique n’a pas
980
a métropole du genre humain. Ainsi d’Hérodote et
d’
Hippocrate jusqu’à nos jours, l’Europe physique n’a pas cessé d’être c
981
i d’Hérodote et d’Hippocrate jusqu’à nos jours, l’
Europe
physique n’a pas cessé d’être conçue comme un ensemble caractéristiqu
982
usqu’à nos jours, l’Europe physique n’a pas cessé
d’
être conçue comme un ensemble caractéristique, diversifié mais disting
983
e crétois, Gonzague de Reynold : Physiquement, l’
Europe
, qui est le seul continent articulé, semble déjà l’œuvre de l’intelli
984
t le seul continent articulé, semble déjà l’œuvre
de
l’intelligence plus que de la nature. L’Europe, c’est le continent qu
985
é, semble déjà l’œuvre de l’intelligence plus que
de
la nature. L’Europe, c’est le continent qui doit se projeter hors de
986
’œuvre de l’intelligence plus que de la nature. L’
Europe
, c’est le continent qui doit se projeter hors de soi-même, celui de l
987
nent qui doit se projeter hors de soi-même, celui
de
l’expansion et de la conquête, de la découverte et de la colonisation
988
rojeter hors de soi-même, celui de l’expansion et
de
la conquête, de la découverte et de la colonisation. L’Europe est née
989
soi-même, celui de l’expansion et de la conquête,
de
la découverte et de la colonisation. L’Europe est née impériale. Elle
990
’expansion et de la conquête, de la découverte et
de
la colonisation. L’Europe est née impériale. Elle a été créée pour êt
991
nquête, de la découverte et de la colonisation. L’
Europe
est née impériale. Elle a été créée pour être le globe. Voyez sa lign
992
le a été créée pour être le globe. Voyez sa ligne
de
force sortir de l’Asie pour se tendre vers l’infini par-dessus l’océa
993
our être le globe. Voyez sa ligne de force sortir
de
l’Asie pour se tendre vers l’infini par-dessus l’océan. Les autres co
994
ts sont lourds et immobiles. Même sur la carte, l’
Europe
semble bouger. Son dessin est évocateur. Strabon la comparait à un dr
995
femme assise. Postel, nous dit Moreri à l’article
Europe
, la représente ainsi en l’honneur de Charles-Quint : « L’Espagne étai
996
’article Europe, la représente ainsi en l’honneur
de
Charles-Quint : « L’Espagne était la tête de cette femme ; le col, le
997
neur de Charles-Quint : « L’Espagne était la tête
de
cette femme ; le col, les provinces de Languedoc et de Gascogne ; le
998
it la tête de cette femme ; le col, les provinces
de
Languedoc et de Gascogne ; le reste de la Gaule, la poitrine ; les br
999
tte femme ; le col, les provinces de Languedoc et
de
Gascogne ; le reste de la Gaule, la poitrine ; les bras, l’Italie et
1000
provinces de Languedoc et de Gascogne ; le reste
de
la Gaule, la poitrine ; les bras, l’Italie et la Grande-Bretagne ; le
1001
emagne ; la Bohême, le nombril ; et tout le reste
de
son corps, les autres royaumes et provinces. » Mais la représentation
1002
eprésentation la plus symbolique est encore celle
de
quelques anciens géographes. Ils voyaient dans l’Europe l’image de la
1003
quelques anciens géographes. Ils voyaient dans l’
Europe
l’image de la Vierge : une Vierge couronnée, pour tête l’Espagne, pou
1004
ns géographes. Ils voyaient dans l’Europe l’image
de
la Vierge : une Vierge couronnée, pour tête l’Espagne, pour cœur la F
1005
ne Vierge dont la plaine russe se perdant au fond
de
l’Asie obscure, représentait la robe aux vastes et vagues plis. La Vi
1006
conclusions se dégagent : le concept géographique
d’
Europe est beaucoup plus ancien, et les mythes grecs et sémitiques bea
1007
nclusions se dégagent : le concept géographique d’
Europe
est beaucoup plus ancien, et les mythes grecs et sémitiques beaucoup
1008
ythes grecs et sémitiques beaucoup moins éloignés
de
la réalité qu’on ne l’imagine généralement de nos jours. Mais la cons
1009
nés de la réalité qu’on ne l’imagine généralement
de
nos jours. Mais la conscience politico-historique d’une entité europé
1010
nos jours. Mais la conscience politico-historique
d’
une entité européenne, c’est-à-dire d’une communauté de destin des peu
1011
is la conscience politico-historique d’une entité
européenne
, c’est-à-dire d’une communauté de destin des peuples habitant l’Europ
1012
-historique d’une entité européenne, c’est-à-dire
d’
une communauté de destin des peuples habitant l’Europe telle qu’Hérodo
1013
entité européenne, c’est-à-dire d’une communauté
de
destin des peuples habitant l’Europe telle qu’Hérodote ou Strabon la
1014
d’une communauté de destin des peuples habitant l’
Europe
telle qu’Hérodote ou Strabon la décrivent, peut-elle être attestée pa
1015
comparaisons globales entre le destin des peuples
de
l’Europe et de l’Asie, esquissées par Hippocrate et Aristote. Mais ce
1016
raisons globales entre le destin des peuples de l’
Europe
et de l’Asie, esquissées par Hippocrate et Aristote. Mais ces deux gr
1017
obales entre le destin des peuples de l’Europe et
de
l’Asie, esquissées par Hippocrate et Aristote. Mais ces deux grands g
1018
ces deux grands génies n’étaient pas l’expression
d’
une opinion courante ou d’une conscience populaire : celles-ci ne pouv
1019
taient pas l’expression d’une opinion courante ou
d’
une conscience populaire : celles-ci ne pouvaient exister, de leur tem
1020
ience populaire : celles-ci ne pouvaient exister,
de
leur temps, que dans la croyance religieuse et dans les mythes. Penda
1021
et dans les mythes. Pendant l’ère romaine, l’idée
d’
une Europe politique est tout naturellement refoulée par celle de l’un
1022
s les mythes. Pendant l’ère romaine, l’idée d’une
Europe
politique est tout naturellement refoulée par celle de l’unité impéri
1023
litique est tout naturellement refoulée par celle
de
l’unité impériale commune à l’Orient et à l’Occident, moitiés géograp
1024
és géographiques et administrativement distinctes
d’
un seul et même État : utraques pars, pars orientalis et pars occident
1025
orientalis et pars occidentalis. Il arrive que l’
Europe
soit nommée en lieu et place de la moitié occidentale de l’Empire, l’
1026
nommée en lieu et place de la moitié occidentale
de
l’Empire, l’Asie en lieu et place de la moitié orientale : ainsi dans
1027
de la moitié orientale : ainsi dans l’inscription
de
l’an 7 av. J.-C., trouvée sur l’île de Philae, en Égypte, et désignan
1028
t désignant Auguste comme Seigneur de l’Europe et
de
l’Asie 39. Ce ne sont là ni l’Europe réelle ni encore moins l’Asie da
1029
r de l’Europe et de l’Asie 39. Ce ne sont là ni l’
Europe
réelle ni encore moins l’Asie dans toute son extension, mais plutôt d
1030
des désignations allégoriques. C’est ici le lieu
de
remarquer que les termes d’Orient et d’Occident ont subi au cours des
1031
es. C’est ici le lieu de remarquer que les termes
d’
Orient et d’Occident ont subi au cours des siècles antiques et moderne
1032
i le lieu de remarquer que les termes d’Orient et
d’
Occident ont subi au cours des siècles antiques et modernes des fluctu
1033
es fluctuations beaucoup plus fortes que le terme
d’
Europe : tantôt moitiés administratives de l’Empire (Arcadius et Honor
1034
fluctuations beaucoup plus fortes que le terme d’
Europe
: tantôt moitiés administratives de l’Empire (Arcadius et Honorius),
1035
e terme d’Europe : tantôt moitiés administratives
de
l’Empire (Arcadius et Honorius), tantôt moitiés théologiques de l’Égl
1036
rcadius et Honorius), tantôt moitiés théologiques
de
l’Église (Rome et Byzance), ou enfin vastes et vagues désignations my
1037
és lumineuses et spirituelles, l’Occident la nuit
de
la matière. Relevant les caractères régulièrement attribués à cet Ori
1038
t à cet Occident mystiques par les métaphysiciens
de
la Grèce présocratique, puis de la Perse avicenienne, et enfin par to
1039
es métaphysiciens de la Grèce présocratique, puis
de
la Perse avicenienne, et enfin par tous les auteurs européens jusqu’à
1040
Perse avicenienne, et enfin par tous les auteurs
européens
jusqu’à nos jours qui déclarent s’inspirer de « la Tradition », D. de
1041
opéens jusqu’à nos jours qui déclarent s’inspirer
de
« la Tradition », D. de Rougemont donne le tableau suivant formé de q
1042
», D. de Rougemont donne le tableau suivant formé
de
quatorze antithèses40 : Orient : l’aurore, le matin, le haut, la dr
1043
droite, l’extrême raffinement, la lumière, l’Ange
de
la Révélation, le but dernier, l’âme, l’initiation, la sagesse, la ré
1044
gauche, l’épaisseur opaque, la pénombre, le démon
de
l’utilitarisme et de la puissance aveugle, l’oubli des buts de l’âme,
1045
paque, la pénombre, le démon de l’utilitarisme et
de
la puissance aveugle, l’oubli des buts de l’âme, le corps et la matiè
1046
isme et de la puissance aveugle, l’oubli des buts
de
l’âme, le corps et la matière, l’activité désordonnée, la passion, la
1047
e par les liens matériels et passionnels, le lieu
d’
exil. Cette unanimité dans l’interprétation, uniquement favorable à l’
1048
’interprétation, uniquement favorable à l’Orient,
de
nos deux termes symboliques ne peut manquer d’impressionner. On ne sa
1049
t, de nos deux termes symboliques ne peut manquer
d’
impressionner. On ne saurait la réduire à rien d’accidentel, de physiq
1050
d’impressionner. On ne saurait la réduire à rien
d’
accidentel, de physique ou d’anecdotique. Car si le soleil se lève à l
1051
er. On ne saurait la réduire à rien d’accidentel,
de
physique ou d’anecdotique. Car si le soleil se lève à l’Orient pour l
1052
it la réduire à rien d’accidentel, de physique ou
d’
anecdotique. Car si le soleil se lève à l’Orient pour les Grecs, il en
1053
et ceux-ci ne figurent pas pour autant l’Occident
de
la Chine41 ou de la Malaisie, ni le Japon, l’Occident de l’Amérique !
1054
urent pas pour autant l’Occident de la Chine41 ou
de
la Malaisie, ni le Japon, l’Occident de l’Amérique ! Elle révèle donc
1055
hine41 ou de la Malaisie, ni le Japon, l’Occident
de
l’Amérique ! Elle révèle donc une forme de l’âme, une pente de l’âme,
1056
cident de l’Amérique ! Elle révèle donc une forme
de
l’âme, une pente de l’âme, voire une « orientation » de la psyché occ
1057
! Elle révèle donc une forme de l’âme, une pente
de
l’âme, voire une « orientation » de la psyché occidentale42. Ajouto
1058
me, une pente de l’âme, voire une « orientation »
de
la psyché occidentale42. Ajoutons à tout cela l’influence de plusie
1059
occidentale42. Ajoutons à tout cela l’influence
de
plusieurs passages des psaumes, des prophètes et des évangiles célébr
1060
et des évangiles célébrant l’Orient comme le lieu
d’
où vient le salut. Ainsi Matthieu 24, 27 : Comme l’éclair part de l’O
1061
lut. Ainsi Matthieu 24, 27 : Comme l’éclair part
de
l’Orient et se montre jusqu’en Occident, ainsi sera l’avènement du Fi
1062
jusqu’en Occident, ainsi sera l’avènement du Fils
de
l’Homme. Ce thème de l’ex oriente lux est si puissant, que la Vulgat
1063
si sera l’avènement du Fils de l’Homme. Ce thème
de
l’ex oriente lux est si puissant, que la Vulgate traduit presque touj
1064
r « germe » ! (ainsi Zacharie 6, 12). Le prestige
de
l’Orient biblique, métaphysique et occultiste empêchera longtemps que
1065
aphysique et occultiste empêchera longtemps que l’
Europe
(plus ou moins synonyme d’Occident) prenne un sens autre que géograph
1066
ra longtemps que l’Europe (plus ou moins synonyme
d’
Occident) prenne un sens autre que géographique, c’est-à-dire prenne l
1067
tre que géographique, c’est-à-dire prenne le sens
d’
une entité historique et spirituelle que l’on puisse opposer à l’Asie,
1068
pologètes. Il faut attendre le début du Ve siècle
de
notre ère pour voir reparaître — et c’est la première fois depuis Hér
1069
e fois depuis Hérodote43 — l’autonomie historique
de
l’Europe. Un poème latin de Claudius Claudien (né à Alexandrie vers 3
1070
s depuis Hérodote43 — l’autonomie historique de l’
Europe
. Un poème latin de Claudius Claudien (né à Alexandrie vers 365, et de
1071
’autonomie historique de l’Europe. Un poème latin
de
Claudius Claudien (né à Alexandrie vers 365, et demeuré païen) désign
1072
t demeuré païen) désigne en effet les « ennemis »
de
l’Europe : le maure Gildon et le barbare Alaric : … Duo namque fuere
1073
euré païen) désigne en effet les « ennemis » de l’
Europe
: le maure Gildon et le barbare Alaric : … Duo namque fuere Europæ L
1074
ricum barbara Peuce Nutrierat…44 Au iie siècle
de
notre ère — donc 200 ans après l’inscription de Philae : notons ce lo
1075
e de notre ère — donc 200 ans après l’inscription
de
Philae : notons ce long silence — c’est un polémiste antichrétien, Ce
1076
ien, Celse, qui nomme pour la première fois « les
Européens
» dans un passage où il repousse toute possibilité que les Asiates, l
1077
l repousse toute possibilité que les Asiates, les
Européens
et Libyens, les Hellènes ainsi que les Barbares, se mettent jamais d’
1078
détruirait les diversités politiques des peuples
de
la Terre, voulues et garanties par les dieux païens ! Pour cet ancêtr
1079
ur cet ancêtre du nationalisme, qui ne manque pas
de
lucidité, l’ennemi juré c’est l’universalisme des chrétiens. Mais cec
1080
vers le milieu du ive siècle et mort vers 410, l’
Europe
trouve enfin sa place dans « l’économie du salut », et c’est à ses sa
1081
le doit. Sulpice Sévère est en effet le biographe
de
saint Martin de Tours, qui passera pour « le plus grand ascète de tou
1082
de Tours, qui passera pour « le plus grand ascète
de
toute l’Europe » pendant les siècles à venir. Et ce seul saint, selon
1083
ui passera pour « le plus grand ascète de toute l’
Europe
» pendant les siècles à venir. Et ce seul saint, selon son laudateur,
1084
celle-ci s’enorgueillisse du nombre et des vertus
de
ses saints, il ne sera pas mauvais de lui faire entendre que l’Europe
1085
des vertus de ses saints, il ne sera pas mauvais
de
lui faire entendre que l’Europe ne le cède pas à toute l’Asie, et cel
1086
l ne sera pas mauvais de lui faire entendre que l’
Europe
ne le cède pas à toute l’Asie, et cela grâce au seul Martin.46 À Ma
1087
Martin.46 À Martin de Tours s’ajoutent bientôt
d’
innombrables saints européens : Vital de Ravenne, Gervais et Ambroise
1088
de Tours s’ajoutent bientôt d’innombrables saints
européens
: Vital de Ravenne, Gervais et Ambroise de Milan, Justine de Padoue,
1089
t bientôt d’innombrables saints européens : Vital
de
Ravenne, Gervais et Ambroise de Milan, Justine de Padoue, Eulalie de
1090
e Rome, Cécile de Sicile, et finalement tous ceux
de
la Légion Thébaine, saint Maurice à leur tête, sacrifiés pour leur fo
1091
ir, selon les chroniqueurs du temps, fait le tour
de
presque toute l’Europe : omne … fere Europa circuita. C’est donc à se
1092
iqueurs du temps, fait le tour de presque toute l’
Europe
: omne … fere Europa circuita. C’est donc à ses saints que l’Europe d
1093
t le tour de presque toute l’Europe : omne … fere
Europa
circuita. C’est donc à ses saints que l’Europe doit de se distinguer
1094
re Europa circuita. C’est donc à ses saints que l’
Europe
doit de se distinguer enfin de « l’Occident » — si mal vu par les spi
1095
rcuita. C’est donc à ses saints que l’Europe doit
de
se distinguer enfin de « l’Occident » — si mal vu par les spirituels
1096
s saints que l’Europe doit de se distinguer enfin
de
« l’Occident » — si mal vu par les spirituels — et de revêtir une dig
1097
l’Occident » — si mal vu par les spirituels — et
de
revêtir une dignité qui la rapproche de « l’Orient » des mystiques. D
1098
uels — et de revêtir une dignité qui la rapproche
de
« l’Orient » des mystiques. Dès lors, le nom d’Europe et le concept d
1099
e de « l’Orient » des mystiques. Dès lors, le nom
d’
Europe et le concept d’Europe vont revenir avec une insistance croissa
1100
de « l’Orient » des mystiques. Dès lors, le nom d’
Europe
et le concept d’Europe vont revenir avec une insistance croissante, j
1101
ystiques. Dès lors, le nom d’Europe et le concept
d’
Europe vont revenir avec une insistance croissante, jusqu’à l’Empire d
1102
tiques. Dès lors, le nom d’Europe et le concept d’
Europe
vont revenir avec une insistance croissante, jusqu’à l’Empire de Char
1103
avec une insistance croissante, jusqu’à l’Empire
de
Charlemagne, dans les textes solennels des apostrophes au pape, dans
1104
600, s’adresse au pape Grégoire comme à la fleur
de
toute l’Europe, puis en 615 au pape Boniface IV comme au chef de tou
1105
esse au pape Grégoire comme à la fleur de toute l’
Europe
, puis en 615 au pape Boniface IV comme au chef de toutes les Églises
1106
e, puis en 615 au pape Boniface IV comme au chef
de
toutes les Églises de toute l’Europe (omnium totius Europæ ecclesiaru
1107
Boniface IV comme au chef de toutes les Églises
de
toute l’Europe (omnium totius Europæ ecclesiarum capiti). Dans les A
1108
V comme au chef de toutes les Églises de toute l’
Europe
(omnium totius Europæ ecclesiarum capiti). Dans les Annales burgonde
1109
utes les Églises de toute l’Europe (omnium totius
Europæ
ecclesiarum capiti). Dans les Annales burgondes d’Avenches (milieu d
1110
ecclesiarum capiti). Dans les Annales burgondes
d’
Avenches (milieu du viie siècle) on lit à plusieurs reprises le nom d
1111
viie siècle) on lit à plusieurs reprises le nom
de
Eurupa, désignant à la fois les peuples francs et le continent arrosé
1112
son Histoire des Goths, montre tous les peuples
de
l’Europe tremblant devant eux (Hos Europæ omnes tremuere gentes). L’
1113
istoire des Goths, montre tous les peuples de l’
Europe
tremblant devant eux (Hos Europæ omnes tremuere gentes). L’auteur de
1114
eux (Hos Europæ omnes tremuere gentes). L’auteur
de
la Vie de Gertrude, parlant de la fille de Pépin de Landen, déclare q
1115
uropæ omnes tremuere gentes). L’auteur de la Vie
de
Gertrude, parlant de la fille de Pépin de Landen, déclare que tout un
1116
gentes). L’auteur de la Vie de Gertrude, parlant
de
la fille de Pépin de Landen, déclare que tout un chacun en Europe (qu
1117
auteur de la Vie de Gertrude, parlant de la fille
de
Pépin de Landen, déclare que tout un chacun en Europe (quisnam in Eur
1118
la Vie de Gertrude, parlant de la fille de Pépin
de
Landen, déclare que tout un chacun en Europe (quisnam in Euruppa habi
1119
de Pépin de Landen, déclare que tout un chacun en
Europe
(quisnam in Euruppa habitans) connaît son nom et la gloire de sa race
1120
in Euruppa habitans) connaît son nom et la gloire
de
sa race ; tandis que l’auteur de la Vie de Landibert écrit : En ce t
1121
nom et la gloire de sa race ; tandis que l’auteur
de
la Vie de Landibert écrit : En ce temps-là, Pépin était le prince de
1122
gloire de sa race ; tandis que l’auteur de la Vie
de
Landibert écrit : En ce temps-là, Pépin était le prince de nombreuse
1123
rt écrit : En ce temps-là, Pépin était le prince
de
nombreuses régions et cités d’Europe. (Il orthographie Eoruppa.) Mai
1124
in était le prince de nombreuses régions et cités
d’
Europe. (Il orthographie Eoruppa.) Mais voici le texte capital, que l
1125
était le prince de nombreuses régions et cités d’
Europe
. (Il orthographie Eoruppa.) Mais voici le texte capital, que l’on pe
1126
le texte capital, que l’on peut tenir pour l’acte
de
naissance de l’Europe historique et politique : on le trouve dans une
1127
tal, que l’on peut tenir pour l’acte de naissance
de
l’Europe historique et politique : on le trouve dans une suite à la f
1128
que l’on peut tenir pour l’acte de naissance de l’
Europe
historique et politique : on le trouve dans une suite à la fameuse Ch
1129
n le trouve dans une suite à la fameuse Chronique
d’
Isidore de Séville, rédigée un siècle plus tôt. Le continuateur anonym
1130
nonyme (Isidor Pacensis, ou Isidore de Badajoz ou
de
Beja ? on ne sait, et l’on appelle aujourd’hui ce texte la « chroniqu
1131
elle aujourd’hui ce texte la « chronique mozarabe
de
754 ») décrit la bataille de Poitiers, gagnée par Charles-Martel sur
1132
« chronique mozarabe de 754 ») décrit la bataille
de
Poitiers, gagnée par Charles-Martel sur les Arabes en 732. Il a certa
1133
sur les Arabes en 732. Il a certainement été mêlé
de
près à l’événement, qu’il rapporte en détail quelques années plus tar
1134
lon lui, dura sept jours, au terme desquels « les
Européens
» (soldats des contrées diverses allant de l’Aquitaine à la Germanie
1135
Européens » (soldats des contrées diverses allant
de
l’Aquitaine à la Germanie et formant l’armée du Maire du Palais) vire
1136
les tentes des Arabes sont vides ; les guerriers
de
Charles-Martel, après le pillage, n’ont plus qu’à s’en retourner, joy
1137
n suas leti recipiunt patrias.47 Ainsi le terme
d’
Européens, pour la première fois dans notre ère, désigne une communaut
1138
suas leti recipiunt patrias.47 Ainsi le terme d’
Européens
, pour la première fois dans notre ère, désigne une communauté contine
1139
ntinentale, celle qui englobe dans un même destin
de
défense contre un même ennemi les peuples vivant au nord des Pyrénées
1140
peut que les historiens qui ramènent la bataille
de
Poitiers à un « mythe » ou à « un incident sans importance » aient ra
1141
s Arabes n’aient qu’à peine enregistré la défaite
d’
Abdarrahmân : selon leurs historiens de l’époque, elle n’aurait marqué
1142
la défaite d’Abdarrahmân : selon leurs historiens
de
l’époque, elle n’aurait marqué que l’issue malheureuse d’une razzia d
1143
que, elle n’aurait marqué que l’issue malheureuse
d’
une razzia de plus chez les Francs. Le recul de l’islam à partir de ce
1144
se d’une razzia de plus chez les Francs. Le recul
de
l’islam à partir de cette date serait dû à une crise intérieure du mo
1145
t Byzance, dès 71848. Mais il y a cette chronique
de
l’anonyme espagnol, il y a ce mot Europenses qui suffit à lui seul po
1146
nt naturellement décrits non comme les défenseurs
d’
une Romania devenue mythique, ni de l’Occident en général, ni de la pa
1147
les défenseurs d’une Romania devenue mythique, ni
de
l’Occident en général, ni de la papauté, ni de leur « nation » ou pat
1148
devenue mythique, ni de l’Occident en général, ni
de
la papauté, ni de leur « nation » ou patrie particulière, mais bien c
1149
ni de l’Occident en général, ni de la papauté, ni
de
leur « nation » ou patrie particulière, mais bien comme les membres d
1150
patrie particulière, mais bien comme les membres
d’
une même famille de peuples. 8.« Europa vel regnum Caroli » Cett
1151
e, mais bien comme les membres d’une même famille
de
peuples. 8.« Europa vel regnum Caroli » Cette conscience commun
1152
les membres d’une même famille de peuples. 8.«
Europa
vel regnum Caroli » Cette conscience commune de l’Europe — remplaç
1153
a vel regnum Caroli » Cette conscience commune
de
l’Europe — remplaçant de plus en plus le concept déprécié ou déprécia
1154
regnum Caroli » Cette conscience commune de l’
Europe
— remplaçant de plus en plus le concept déprécié ou dépréciatif d’Occ
1155
e plus en plus le concept déprécié ou dépréciatif
d’
Occident — va s’affermir et se préciser avec les conquêtes de Charlema
1156
— va s’affermir et se préciser avec les conquêtes
de
Charlemagne, de 768 à 814. Selon Bède le Vénérable (675-755), histori
1157
et se préciser avec les conquêtes de Charlemagne,
de
768 à 814. Selon Bède le Vénérable (675-755), historien des Anglais e
1158
lais et chroniqueur « Des six États du monde », l’
Europe
était essentiellement composée de la Gaulle, de la Germanie et de l’E
1159
monde », l’Europe était essentiellement composée
de
la Gaulle, de la Germanie et de l’Espagne, l’Italie s’y joignant plus
1160
rope était essentiellement composée de la Gaulle,
de
la Germanie et de l’Espagne, l’Italie s’y joignant plus tard. (L’Angl
1161
ellement composée de la Gaulle, de la Germanie et
de
l’Espagne, l’Italie s’y joignant plus tard. (L’Angleterre et la Scand
1162
arlemagne conquiert les Lombards, ajoute le titre
de
roi d’Italie à ceux de roi de Neustrie, d’Aquitaine et d’Austrasie, d
1163
Lombards, ajoute le titre de roi d’Italie à ceux
de
roi de Neustrie, d’Aquitaine et d’Austrasie, déborde largement l’anci
1164
titre de roi d’Italie à ceux de roi de Neustrie,
d’
Aquitaine et d’Austrasie, déborde largement l’ancien limes à l’est et
1165
’Italie à ceux de roi de Neustrie, d’Aquitaine et
d’
Austrasie, déborde largement l’ancien limes à l’est et au nord, ainsi
1166
: comment nommer l’empire qu’il fonde, — sinon l’
Europe
? C’est bien ce que font les chroniqueurs et les panégyristes du temp
1167
ine et chrétienne, impérialiste et universaliste,
d’
un impossible imperium mundi. Voici le prêtre Cathwulf qui loue Charle
1168
oici le prêtre Cathwulf qui loue Charles, en 775,
d’
avoir été choisi par Dieu pour être élevé au rang de « gloire de l’emp
1169
avoir été choisi par Dieu pour être élevé au rang
de
« gloire de l’empire d’Europe » : quoi ipse te exaltavit in honorem
1170
oisi par Dieu pour être élevé au rang de « gloire
de
l’empire d’Europe » : quoi ipse te exaltavit in honorem gloriæ regni
1171
u pour être élevé au rang de « gloire de l’empire
d’
Europe » : quoi ipse te exaltavit in honorem gloriæ regni Europæ. V
1172
pour être élevé au rang de « gloire de l’empire d’
Europe
» : quoi ipse te exaltavit in honorem gloriæ regni Europæ. Voici l
1173
: quoi ipse te exaltavit in honorem gloriæ regni
Europæ
. Voici le poète de la cour, Angilbert, gendre de l’empereur, qui dé
1174
in honorem gloriæ regni Europæ. Voici le poète
de
la cour, Angilbert, gendre de l’empereur, qui décerne à Charles, en 7
1175
æ. Voici le poète de la cour, Angilbert, gendre
de
l’empereur, qui décerne à Charles, en 799, les titres de « tête du mo
1176
pereur, qui décerne à Charles, en 799, les titres
de
« tête du monde…, cime (ou tiare) de l’Europe, … père suprême » et ce
1177
, les titres de « tête du monde…, cime (ou tiare)
de
l’Europe, … père suprême » et ce sont là titres mêlés et conjugués d’
1178
titres de « tête du monde…, cime (ou tiare) de l’
Europe
, … père suprême » et ce sont là titres mêlés et conjugués d’imperator
1179
suprême » et ce sont là titres mêlés et conjugués
d’
imperator et de pontifex : Rex Carolus caput orbis, amor populique, d
1180
sont là titres mêlés et conjugués d’imperator et
de
pontifex : Rex Carolus caput orbis, amor populique, decusque Europæ
1181
Rex Carolus caput orbis, amor populique, decusque
Europæ
venerandus apex, pater optimus, heros Augustus… Plus loin, il le sal
1182
il le salue « père de l’Europe »49 : Rex, pater
Europæ
… Cette « Europe ou règne de Charles », Europa vel regnum Caroli comm
1183
re de l’Europe »49 : Rex, pater Europæ… Cette «
Europe
ou règne de Charles », Europa vel regnum Caroli comme la nomment les
1184
49 : Rex, pater Europæ… Cette « Europe ou règne
de
Charles », Europa vel regnum Caroli comme la nomment les Annales de F
1185
er Europæ… Cette « Europe ou règne de Charles »,
Europa
vel regnum Caroli comme la nomment les Annales de Fulda (fin du ixe
1186
pa vel regnum Caroli comme la nomment les Annales
de
Fulda (fin du ixe siècle), est donc un seul empire chrétien, né hors
1187
n’est donc plus seulement l’une des trois parties
de
la carte du Monde traditionnelle (l’Europe, la Libye ou Afrique, l’As
1188
is parties de la carte du Monde traditionnelle (l’
Europe
, la Libye ou Afrique, l’Asie), mais une existence autonome et dotée d
1189
ue, l’Asie), mais une existence autonome et dotée
de
vertus spirituelles. Selon Alcuin (735-804), maître de l’école du pal
1190
rtus spirituelles. Selon Alcuin (735-804), maître
de
l’école du palais, éducateur, théologien et rhéteur de cour, elle est
1191
école du palais, éducateur, théologien et rhéteur
de
cour, elle est le continent de la foi. En tant que telle, l’Europe de
1192
ologien et rhéteur de cour, elle est le continent
de
la foi. En tant que telle, l’Europe de Charles se trouve plus près de
1193
s près de « l’Orient », qui est Jésus-Christ, que
de
« l’Occident » classique, mauvaise moitié du monde… C’est ici le prem
1194
tié du monde… C’est ici le premier épanouissement
d’
une véritable idée européenne, d’une conscience commune attestée par d
1195
ci le premier épanouissement d’une véritable idée
européenne
, d’une conscience commune attestée par d’innombrables expressions exc
1196
r épanouissement d’une véritable idée européenne,
d’
une conscience commune attestée par d’innombrables expressions exclama
1197
européenne, d’une conscience commune attestée par
d’
innombrables expressions exclamatives et par des fêtes communes50. Hél
1198
Tôt après Charlemagne, en effet, la grande image
d’
un « règne européen » s’estompe. Déjà, sous Louis le Pieux, son fils —
1199
arlemagne, en effet, la grande image d’un « règne
européen
» s’estompe. Déjà, sous Louis le Pieux, son fils — le partage de l’em
1200
Déjà, sous Louis le Pieux, son fils — le partage
de
l’empire vient d’être consommé — on note un changement bien typique d
1201
le Pieux, son fils — le partage de l’empire vient
d’
être consommé — on note un changement bien typique dans les formules d
1202
les formules des panégyristes. Au lieu de regnum
Europæ
— empire unique —, voici dans un poème de l’Espagnol Theowulf (après
1203
num Europæ — empire unique —, voici dans un poème
de
l’Espagnol Theowulf (après 814) l’expression de regna, ou royaumes d’
1204
e de l’Espagnol Theowulf (après 814) l’expression
de
regna, ou royaumes d’Europe : Tu pius Europæ regna potenter habes51.
1205
lf (après 814) l’expression de regna, ou royaumes
d’
Europe : Tu pius Europæ regna potenter habes51. L’idée du regnum Eu
1206
(après 814) l’expression de regna, ou royaumes d’
Europe
: Tu pius Europæ regna potenter habes51. L’idée du regnum Europæ s
1207
ression de regna, ou royaumes d’Europe : Tu pius
Europæ
regna potenter habes51. L’idée du regnum Europæ se détache de l’idé
1208
Europæ regna potenter habes51. L’idée du regnum
Europæ
se détache de l’idée d’un empire terrestre — qui déjà ne se compose p
1209
ter habes51. L’idée du regnum Europæ se détache
de
l’idée d’un empire terrestre — qui déjà ne se compose plus que de reg
1210
1. L’idée du regnum Europæ se détache de l’idée
d’
un empire terrestre — qui déjà ne se compose plus que de regna, c’est-
1211
mpire terrestre — qui déjà ne se compose plus que
de
regna, c’est-à-dire d’une multiplicité de royaumes distincts — pour s
1212
éjà ne se compose plus que de regna, c’est-à-dire
d’
une multiplicité de royaumes distincts — pour se rapprocher de l’idée
1213
lus que de regna, c’est-à-dire d’une multiplicité
de
royaumes distincts — pour se rapprocher de l’idée médiévale d’un empi
1214
licité de royaumes distincts — pour se rapprocher
de
l’idée médiévale d’un empire sur les âmes, c’est-à-dire au concret :
1215
istincts — pour se rapprocher de l’idée médiévale
d’
un empire sur les âmes, c’est-à-dire au concret : d’une chrétienté pap
1216
un empire sur les âmes, c’est-à-dire au concret :
d’
une chrétienté papale. Au lieu de l’Europe unie de Charlemagne, règne
1217
u concret : d’une chrétienté papale. Au lieu de l’
Europe
unie de Charlemagne, règne sacerdotal et impérial tout à la fois, une
1218
d’une chrétienté papale. Au lieu de l’Europe unie
de
Charlemagne, règne sacerdotal et impérial tout à la fois, une confédé
1219
tal et impérial tout à la fois, une confédération
de
princes occidentaux se dessine vaguement dans l’ombre des intrigues p
1220
re des intrigues pré-nationales, et sera le champ
de
l’ambition « romaine » des empereurs « de nation germanique » ; tandi
1221
e champ de l’ambition « romaine » des empereurs «
de
nation germanique » ; tandis que l’unité spirituelle deviendra l’autr
1222
l’unité spirituelle deviendra l’autre pôle, celui
de
la papauté. Dès 843, Léon IV s’oppose au Patriarche de Constantinople
1223
papauté. Dès 843, Léon IV s’oppose au Patriarche
de
Constantinople, en invoquant toutes les Églises d’Europe contre l’Emp
1224
e Constantinople, en invoquant toutes les Églises
d’
Europe contre l’Empire romano-byzantin. Empire et papauté, dans les si
1225
Constantinople, en invoquant toutes les Églises d’
Europe
contre l’Empire romano-byzantin. Empire et papauté, dans les siècles
1226
ront notre Moyen Âge, vont remplir les chroniques
de
leurs luttes, refoulant le concept d’Europe dans le domaine du mythe
1227
chroniques de leurs luttes, refoulant le concept
d’
Europe dans le domaine du mythe et de l’allégorie, ou dans la nostalgi
1228
hroniques de leurs luttes, refoulant le concept d’
Europe
dans le domaine du mythe et de l’allégorie, ou dans la nostalgie du g
1229
t le concept d’Europe dans le domaine du mythe et
de
l’allégorie, ou dans la nostalgie du grand passé carolingien. Parfois
1230
and passé carolingien. Parfois, cependant, le nom
d’
Europe affleure et brille encore pour un instant. Notker le Bègue, cha
1231
d passé carolingien. Parfois, cependant, le nom d’
Europe
affleure et brille encore pour un instant. Notker le Bègue, chargé pa
1232
nt. Notker le Bègue, chargé par Charles le Simple
de
rédiger les Gesta Caroli dès 883, célèbre la construction du pont de
1233
a Caroli dès 883, célèbre la construction du pont
de
Mayence comme une démonstration du pouvoir des Européens, « grands et
1234
de Mayence comme une démonstration du pouvoir des
Européens
, « grands et petits », s’ils sont unis : … Comme en témoignent les a
1235
unis : … Comme en témoignent les arches du pont
de
Mayence, que toute l’Europe édifia par une œuvre commune certes, mais
1236
ignent les arches du pont de Mayence, que toute l’
Europe
édifia par une œuvre commune certes, mais grâce à une division du tra
1237
mieux ordonnées (ordinatissimæ participationis).
De
cette fin du ixe et de tout le xe siècle, Jürgen Fischer nous cite
1238
issimæ participationis). De cette fin du ixe et
de
tout le xe siècle, Jürgen Fischer nous cite plusieurs dizaines d’aut
1239
ècle, Jürgen Fischer nous cite plusieurs dizaines
d’
auteurs qui parlent encore de l’Europe, mais le sens du nom n’est plus
1240
e plusieurs dizaines d’auteurs qui parlent encore
de
l’Europe, mais le sens du nom n’est plus que rhétorique (souvenir de
1241
sieurs dizaines d’auteurs qui parlent encore de l’
Europe
, mais le sens du nom n’est plus que rhétorique (souvenir de Charles)
1242
e sens du nom n’est plus que rhétorique (souvenir
de
Charles) ou simplement géographique ; tout cela, le plus souvent, dan
1243
vent, dans un latin douteux. Après le règne agité
d’
Othon III, « imperator » d’imitation, l’idée revit d’un « peuple europ
1244
. Après le règne agité d’Othon III, « imperator »
d’
imitation, l’idée revit d’un « peuple européen » : des expressions tel
1245
thon III, « imperator » d’imitation, l’idée revit
d’
un « peuple européen » : des expressions telles que populus Europæ, ou
1246
perator » d’imitation, l’idée revit d’un « peuple
européen
» : des expressions telles que populus Europæ, ou totius Europæ popul
1247
e européen » : des expressions telles que populus
Europæ
, ou totius Europæ populo acclamante reviennent pendant quelques année
1248
expressions telles que populus Europæ, ou totius
Europæ
populo acclamante reviennent pendant quelques années sous la plume de
1249
plume des annalistes : c’est que l’utopie tenace
d’
une rénovation de l’Empire romain a provisoirement reculé. Derniers ra
1250
stes : c’est que l’utopie tenace d’une rénovation
de
l’Empire romain a provisoirement reculé. Derniers rayons furtifs, mai
1251
lemagnes, accompagné seulement, nous dit le récit
de
l’époque52, par très peu de soldats, c’est-à-dire : … soutenu par ce
1252
’est-à-dire : … soutenu par ceux-là seuls que la
mère Europe
avait envoyés à son aide (… exceptis his quos sibi mater Europa occur
1253
nvoyés à son aide (… exceptis his quos sibi mater
Europa
occurendo admiserat). Sur le manteau constellé de l’empereur était b
1254
a occurendo admiserat). Sur le manteau constellé
de
l’empereur était brodée cette inscription : O decus Europæ Cæsar He
1255
erii tibi rex qui régnât in ævum. (Ô toi, honneur
de
l’Europe, César Henri, bienheureux ! Que celui qui règne en éternité
1256
tibi rex qui régnât in ævum. (Ô toi, honneur de l’
Europe
, César Henri, bienheureux ! Que celui qui règne en éternité augmente
1257
t funèbre, rimé par un poète rhénan, clama la fin
de
l’idée carolingienne de l’Europe : « Pleure l’Europe décapitée ! » :
1258
oète rhénan, clama la fin de l’idée carolingienne
de
l’Europe : « Pleure l’Europe décapitée ! » : Ploret hunc Europa iam
1259
rhénan, clama la fin de l’idée carolingienne de l’
Europe
: « Pleure l’Europe décapitée ! » : Ploret hunc Europa iam decapitat
1260
de l’idée carolingienne de l’Europe : « Pleure l’
Europe
décapitée ! » : Ploret hunc Europa iam decapitata. Et commença l’éc
1261
: « Pleure l’Europe décapitée ! » : Ploret hunc
Europa
iam decapitata. Et commença l’éclipse médiévale de la conscience — n
1262
iam decapitata. Et commença l’éclipse médiévale
de
la conscience — non certes de la réalité — européenne. Il faudra les
1263
l’éclipse médiévale de la conscience — non certes
de
la réalité — européenne. Il faudra les menaces mongole et turque pour
1264
ale de la conscience — non certes de la réalité —
européenne
. Il faudra les menaces mongole et turque pour réveiller, avec la chré
1265
turque pour réveiller, avec la chrétienté, l’idée
de
l’Europe. Ici donc prend fin notre enquête sur les origines attestées
1266
e pour réveiller, avec la chrétienté, l’idée de l’
Europe
. Ici donc prend fin notre enquête sur les origines attestées. 1. S
1267
origines attestées. 1. Selon la démonstration
de
Victor Bérard dans sa Résurrection d’Homère, chap. VIII, Hésiode aura
1268
monstration de Victor Bérard dans sa Résurrection
d’
Homère, chap. VIII, Hésiode aurait vécu vers l’an 900, Homère vers l’a
1269
av. J.-C. 2. André Varagnac : Comment est née l’
Europe
?, La Table ronde, n° 113. 3. Hegel puis Ranke ont fortement soulig
1270
el puis Ranke ont fortement souligné l’importance
de
la conquête des Gaules, dans laquelle ils voient l’un et l’autre l’ac
1271
ié à Melpomène. 5. Nous empruntons la traduction
de
l’Idylle au précieux petit livre d’Alfred Lombard intitulé : Un Mythe
1272
la traduction de l’Idylle au précieux petit livre
d’
Alfred Lombard intitulé : Un Mythe dans la poésie et dans l’art : l’En
1273
Mythe dans la poésie et dans l’art : l’Enlèvement
d’
Europe, qui donne aussi les textes d’Horace et des poètes de l’ère mod
1274
the dans la poésie et dans l’art : l’Enlèvement d’
Europe
, qui donne aussi les textes d’Horace et des poètes de l’ère moderne q
1275
l’Enlèvement d’Europe, qui donne aussi les textes
d’
Horace et des poètes de l’ère moderne qu’on lira plus loin. Éditions d
1276
qui donne aussi les textes d’Horace et des poètes
de
l’ère moderne qu’on lira plus loin. Éditions de la Baconnière, Neuchâ
1277
s de l’ère moderne qu’on lira plus loin. Éditions
de
la Baconnière, Neuchâtel, 1946, 32 illustrations. 6. Voir notamment
1278
auf dem Stier, cité par G. de Reynold, Formation
de
l’Europe, t. I, LUF Fribourg, 1944 et Plon, Paris ; et par Jürgen Fis
1279
dem Stier, cité par G. de Reynold, Formation de l’
Europe
, t. I, LUF Fribourg, 1944 et Plon, Paris ; et par Jürgen Fischer : Or
1280
r : Oriens, Occidens, Europa-Begriffund Gedanke «
Europa
» in der späten Antike und im früher Mittelalter, Franz Steiner Verla
1281
, Londres, 1955. 8. V. Bérard : La Résurrection
d’
Homère, p. 207, Paris, 1930. 9. Notons que cette interprétation « rat
1282
Notons que cette interprétation « rationaliste »
de
saint Jérôme était déjà celle d’Hérodote — évhémériste avant la lettr
1283
« rationaliste » de saint Jérôme était déjà celle
d’
Hérodote — évhémériste avant la lettre — qui écrit dans son premier li
1284
en Phénicie, à Tyr, et ravirent la fille du roi,
Europe
; ce pouvaient être des Crétois. 10. Gonzague de Reynold, La formati
1285
s Crétois. 10. Gonzague de Reynold, La formation
de
l’Europe, I, p. 112, 110, 111. 11. Nous suivons ici la démonstration
1286
tois. 10. Gonzague de Reynold, La formation de l’
Europe
, I, p. 112, 110, 111. 11. Nous suivons ici la démonstration de Jürge
1287
110, 111. 11. Nous suivons ici la démonstration
de
Jürgen Fischer, op. cit., p. 10 à 19 : Die Japhet-Historie. 12. Jürg
1288
erselle, I, 2. 19. L’Encyclopédie (1777) dérive
Europe
du phénicien woppa, qui dans cette langue signifie « visage blanc ».
1289
sage blanc ». De même, le Dictionnaire historique
de
Moreri (1674) donne l’avis de Bouchart, qui pense qu’Europe vient du
1290
ionnaire historique de Moreri (1674) donne l’avis
de
Bouchart, qui pense qu’Europe vient du phénicien chur-appe = visage b
1291
eri (1674) donne l’avis de Bouchart, qui pense qu’
Europe
vient du phénicien chur-appe = visage blanc, et rappelle la blancheur
1292
isage blanc, et rappelle la blancheur tant vantée
de
la fille d’Agénor. 20. Au sujet du nom « arabe », G. Rawlinson, Note
1293
et rappelle la blancheur tant vantée de la fille
d’
Agénor. 20. Au sujet du nom « arabe », G. Rawlinson, Notes to Herodot
1294
i paraît avoir été commune aux traditions sacrées
de
toute l’Europe, commençait un jour après le solstice d’hiver et se di
1295
oir été commune aux traditions sacrées de toute l’
Europe
, commençait un jour après le solstice d’hiver et se divisait en 13 mo
1296
te l’Europe, commençait un jour après le solstice
d’
hiver et se divisait en 13 mois désignés chacun par une lettre et par
1297
un par une lettre et par un arbre. 24. Il s’agit
d’
une autre légende d’Europe, beaucoup moins connue. 25. Variétés I, p
1298
par un arbre. 24. Il s’agit d’une autre légende
d’
Europe, beaucoup moins connue. 25. Variétés I, p. 24, puis p. 38. 2
1299
ar un arbre. 24. Il s’agit d’une autre légende d’
Europe
, beaucoup moins connue. 25. Variétés I, p. 24, puis p. 38. 26. No
1300
J.-C.) divise la Terre en deux moitiés : à l’est
de
l’Hellespont, l’Asie, qui n’est encore que l’Asie Mineure ; à l’ouest
1301
qui n’est encore que l’Asie Mineure ; à l’ouest l’
Europe
. 32. Dans une lettre qu’il nous adresse au sujet de cette Anthologie
1302
sse au sujet de cette Anthologie. 33. Traduction
de
Delavaud, chez Bossange et consorts, Paris, 1804. 34. Panégyrique,
1303
e, 50. Cf. Georges Mathieu : Les Idées politiques
d’
Isocrate, Paris, 1925. L’auteur fait des réserves sur l’universalisme
1304
5. L’auteur fait des réserves sur l’universalisme
d’
Isocrate… 35. C’est aujourd’hui le Don. 36. Commento alla Comedia a
1305
pertinentes, 1906. 40. L’Aventure occidentale
de
l’homme , Albin Michel, Paris, 1957, p. 26. 41. L’auteur a simplifié
1306
t en soi » qui est l’Asie. 43. Selon la remarque
de
J. Fischer, op. cit., p. 41. 44. Claudius Claudianus, Paneg. de sext
1307
op. cit., p. 41. 44. Claudius Claudianus, Paneg.
de
sext. consul. Honorii, Monumenta Germaniæ Historica, AA, X, 293. 45.
1308
363, 20 et 30. 48. Emmanuel Berl, Les Impostures
de
l’Histoire, Paris 1959. 49. Monumenta germ. Hist., Pœt. Carol. I.,
1309
opagedanke, Münich, 1951, p. 417, cite une « Fête
de
la Toussaint de l’Europe » (a feast of the Saints of Europe) institué
1310
Toussaint de l’Europe » (a feast of the Saints of
Europe
) instituée en Irlande à cette époque. Voir aussi Rosenstock-Wittig, D
1311
1.Sur plusieurs siècles
de
silence « européen » À partir du milieu du xie siècle jusqu’à la R
1312
1.Sur plusieurs siècles de silence «
européen
» À partir du milieu du xie siècle jusqu’à la Renaissance, et spéc
1313
endant la haute époque du Moyen Âge, peu ou point
de
textes sur l’Europe. Et pourtant, c’est précisément cette période des
1314
époque du Moyen Âge, peu ou point de textes sur l’
Europe
. Et pourtant, c’est précisément cette période des xiie et xiiie siè
1315
ette période des xiie et xiiie siècles que tant
d’
ouvrages récents désignent, dans leurs titres, comme étant celle, par
1316
leurs titres, comme étant celle, par excellence,
de
« la Naissance », ou de « l’Essor », ou de « l’Ascension », ou de la
1317
nt celle, par excellence, de « la Naissance », ou
de
« l’Essor », ou de « l’Ascension », ou de la « Formation », ou même d
1318
lence, de « la Naissance », ou de « l’Essor », ou
de
« l’Ascension », ou de la « Formation », ou même des « Origines » de
1319
e », ou de « l’Essor », ou de « l’Ascension », ou
de
la « Formation », ou même des « Origines » de l’Europe53. Ainsi les h
1320
ou de la « Formation », ou même des « Origines »
de
l’Europe53. Ainsi les historiens modernes considéreraient comme le so
1321
storiens modernes considéreraient comme le sommet
de
l’Europe — son « toit », dit l’un d’entre eux — ces temps où nos ancê
1322
ens modernes considéreraient comme le sommet de l’
Europe
— son « toit », dit l’un d’entre eux — ces temps où nos ancêtres n’on
1323
où nos ancêtres n’ont manifesté nulle conscience
de
former une Europe ? Cette période d’unité exemplaire serait aussi cel
1324
es n’ont manifesté nulle conscience de former une
Europe
? Cette période d’unité exemplaire serait aussi celle où le sujet de
1325
e conscience de former une Europe ? Cette période
d’
unité exemplaire serait aussi celle où le sujet de cette unité eût ign
1326
d’unité exemplaire serait aussi celle où le sujet
de
cette unité eût ignoré qu’il existât ? J. Calmette ouvre son livre su
1327
? J. Calmette ouvre son livre sur l’Effondrement
d’
un Empire et la naissance d’une Europe 54 par cette phrase paradoxale
1328
re sur l’Effondrement d’un Empire et la naissance
d’
une Europe 54 par cette phrase paradoxale : « L’Europe occidentale est
1329
l’Effondrement d’un Empire et la naissance d’une
Europe
54 par cette phrase paradoxale : « L’Europe occidentale est issue de
1330
d’une Europe 54 par cette phrase paradoxale : « L’
Europe
occidentale est issue de la désintégration de l’Empire carolingien. »
1331
ase paradoxale : « L’Europe occidentale est issue
de
la désintégration de l’Empire carolingien. » Or, l’Empire carolingien
1332
Europe occidentale est issue de la désintégration
de
l’Empire carolingien. » Or, l’Empire carolingien était une Europe occ
1333
carolingien. » Or, l’Empire carolingien était une
Europe
occidentale unie. L’Europe serait donc née de la désintégration de so
1334
carolingien était une Europe occidentale unie. L’
Europe
serait donc née de la désintégration de son unité politique ? Là-dess
1335
Europe occidentale unie. L’Europe serait donc née
de
la désintégration de son unité politique ? Là-dessus, des centaines d
1336
ie. L’Europe serait donc née de la désintégration
de
son unité politique ? Là-dessus, des centaines d’essais et de gros vo
1337
de son unité politique ? Là-dessus, des centaines
d’
essais et de gros volumes. Essayons de simplifier. L’Europe de Charlem
1338
politique ? Là-dessus, des centaines d’essais et
de
gros volumes. Essayons de simplifier. L’Europe de Charlemagne est un
1339
s centaines d’essais et de gros volumes. Essayons
de
simplifier. L’Europe de Charlemagne est un empire sacerdotal. À parti
1340
tir de la querelle des Investitures, elle cessera
d’
être une en esprit. Elle retombera donc au niveau d’une entité puremen
1341
être une en esprit. Elle retombera donc au niveau
d’
une entité purement géographique. Ce qui compte désormais, ce qui pass
1342
(ne sauraient d’ailleurs en appeler) qu’à l’idée
de
chrétienté, seule commune. L’apparition d’un tiers parti interne, men
1343
l’idée de chrétienté, seule commune. L’apparition
d’
un tiers parti interne, menaçant à la fois les deux autres, changera l
1344
a la situation dès le xive siècle. Alors, l’idée
d’
Europe poindra de nouveau obscurément, comme le nouveau symbole presse
1345
la situation dès le xive siècle. Alors, l’idée d’
Europe
poindra de nouveau obscurément, comme le nouveau symbole pressenti d’
1346
u obscurément, comme le nouveau symbole pressenti
d’
une unité qui allait de soi, et que l’empereur, pas plus que le pape,
1347
ettre en question : il ne voulait qu’en disposer.
De
l’extérieur vient une autre menace, propre à réveiller, elle aussi, l
1348
ce, propre à réveiller, elle aussi, la conscience
de
ce qui reste commun, malgré tout, aux gibelins et aux guelfes. L’isla
1349
gibelins et aux guelfes. L’islam a séparé la part
de
Japhet de celle de Sem et de celle de Cham. Il n’y a donc plus, en tê
1350
t aux guelfes. L’islam a séparé la part de Japhet
de
celle de Sem et de celle de Cham. Il n’y a donc plus, en tête à tête
1351
lfes. L’islam a séparé la part de Japhet de celle
de
Sem et de celle de Cham. Il n’y a donc plus, en tête à tête et en con
1352
lam a séparé la part de Japhet de celle de Sem et
de
celle de Cham. Il n’y a donc plus, en tête à tête et en contacts guer
1353
aré la part de Japhet de celle de Sem et de celle
de
Cham. Il n’y a donc plus, en tête à tête et en contacts guerriers ou
1354
nfidèles. Pratiquement refoulée sur le territoire
de
l’Europe, la chrétienté définit l’unité la plus visible, la plus prof
1355
les. Pratiquement refoulée sur le territoire de l’
Europe
, la chrétienté définit l’unité la plus visible, la plus profonde et l
1356
s visible, la plus profonde et la mieux ressentie
de
tous les peuples qui habitent ce continent. Mais les dissensions inte
1357
issante et vulnérable. La dernière croisade vient
d’
échouer, celle de saint Louis. Marco Polo, redécouvrant la Chine, vien
1358
able. La dernière croisade vient d’échouer, celle
de
saint Louis. Marco Polo, redécouvrant la Chine, vient d’ajouter une d
1359
t Louis. Marco Polo, redécouvrant la Chine, vient
d’
ajouter une dimension nouvelle au monde connu. Cette situation ne va p
1360
au monde connu. Cette situation ne va pas manquer
de
poser à la conscience européenne deux problèmes concrets : celui de l
1361
uation ne va pas manquer de poser à la conscience
européenne
deux problèmes concrets : celui de l’établissement de la paix entre l
1362
cience européenne deux problèmes concrets : celui
de
l’établissement de la paix entre les peuples chrétiens et celui d’une
1363
eux problèmes concrets : celui de l’établissement
de
la paix entre les peuples chrétiens et celui d’une reprise de la guer
1364
t de la paix entre les peuples chrétiens et celui
d’
une reprise de la guerre contre les Infidèles. La plupart des projets
1365
ntre les peuples chrétiens et celui d’une reprise
de
la guerre contre les Infidèles. La plupart des projets de pacificatio
1366
erre contre les Infidèles. La plupart des projets
de
pacification, et par suite d’union de l’Europe se trouveront donc org
1367
plupart des projets de pacification, et par suite
d’
union de l’Europe se trouveront donc organiquement liés — et cela jusq
1368
des projets de pacification, et par suite d’union
de
l’Europe se trouveront donc organiquement liés — et cela jusqu’au xvi
1369
rojets de pacification, et par suite d’union de l’
Europe
se trouveront donc organiquement liés — et cela jusqu’au xviiie sièc
1370
et cela jusqu’au xviiie siècle ! — à des projets
de
reconquête des lieux saints, puis de coalition défensive contre les T
1371
des projets de reconquête des lieux saints, puis
de
coalition défensive contre les Turcs. Trois grands motifs commandent
1372
la croisade, la lutte pour ou contre l’hégémonie
d’
une puissance à l’intérieur de l’Europe. On les voit combinés chez le
1373
re l’hégémonie d’une puissance à l’intérieur de l’
Europe
. On les voit combinés chez le juriste Pierre Dubois et chez le roi Ge
1374
X ; et jusque chez l’universel Leibniz. Le motif
de
la croisade contre les Turcs n’est guère absent que chez trois des au
1375
que nous citerons : chez Dante, surtout préoccupé
de
faire triompher le principe impérial ; chez Sully, surtout préoccupé
1376
principe impérial ; chez Sully, surtout préoccupé
de
contenir la Maison d’Autriche ; et chez Émeric Crucé, pacifiste intég
1377
ez Sully, surtout préoccupé de contenir la Maison
d’
Autriche ; et chez Émeric Crucé, pacifiste intégral, qui voudrait engl
1378
ourquoi les premiers appels à l’union des princes
de
l’Europe n’ont-ils été lancés — en vain d’ailleurs — qu’au début du x
1379
oi les premiers appels à l’union des princes de l’
Europe
n’ont-ils été lancés — en vain d’ailleurs — qu’au début du xive sièc
1380
tife : la France de Philippe le Bel ? (L’attentat
d’
Anagni date de 1303.) Jusqu’ici les tensions qui animaient le corps ch
1381
ce de Philippe le Bel ? (L’attentat d’Anagni date
de
1303.) Jusqu’ici les tensions qui animaient le corps chrétien étaient
1382
tensions qui animaient le corps chrétien étaient
de
nature « universelle » ou pouvaient apparaître telles. Elles concerna
1383
ut homme et tout état social. Elles vont devenir,
d’
une manière avouée, particulières, nationales, donc séparatistes. À la
1384
développer, comme par compensation, la nostalgie
de
l’unité. Dante en est le premier témoin, viril, sublime et absolu. Si
1385
é et les nations. 53. On pense ici aux ouvrages
de
J. Calmette, de Louis Halphen, de Friedrich Heer, de G. de Reynold et
1386
. 53. On pense ici aux ouvrages de J. Calmette,
de
Louis Halphen, de Friedrich Heer, de G. de Reynold et de H. Brugmans.
1387
ci aux ouvrages de J. Calmette, de Louis Halphen,
de
Friedrich Heer, de G. de Reynold et de H. Brugmans. 54. Paris, 1941
1388
J. Calmette, de Louis Halphen, de Friedrich Heer,
de
G. de Reynold et de H. Brugmans. 54. Paris, 1941. La date et le lie
1389
s Halphen, de Friedrich Heer, de G. de Reynold et
de
H. Brugmans. 54. Paris, 1941. La date et le lieu sont à noter.
1390
2.Premiers plans
d’
union Dante (1265-1321) Selon Gilles de Rome (xiiie s.) le pap
1391
’instar de Dieu, premier Moteur. Il est la source
de
l’ordre cosmique, du mouvement des choses et de la juridiction des pr
1392
e de l’ordre cosmique, du mouvement des choses et
de
la juridiction des princes et des peuples. L’empereur reçoit de lui s
1393
ion des princes et des peuples. L’empereur reçoit
de
lui son autorité temporelle, comme la Lune reçoit du Soleil la lumièr
1394
reçoit du Soleil la lumière qu’elle nous renvoie.
De
lui viennent l’autorité (un prince païen ne saurait être qu’un « brig
1395
aïen ne saurait être qu’un « brigand »), le droit
de
propriété et de succession, la légitimité du mariage. Un pécheur sépa
1396
être qu’un « brigand »), le droit de propriété et
de
succession, la légitimité du mariage. Un pécheur séparé du pape n’est
1397
doue, c’est le peuple qui est le vrai dépositaire
de
toute autorité, et il la délègue à l’empereur. Ce dernier représente
1398
empereur. Ce dernier représente donc la plénitude
de
la juridiction. Hors de lui, point d’autorité. L’Église peut avertir,
1399
a plénitude de la juridiction. Hors de lui, point
d’
autorité. L’Église peut avertir, éclairer les âmes ; lui gouverne la t
1400
e pour la première fois les droits « souverains »
de
l’État national. Comment se situe Dante dans ce drame ? Pour lui, le
1401
ce drame ? Pour lui, le pape est la source unique
de
l’autorité, la neuvième sphère du Ciel qui communique son mouvement a
1402
rité. Cependant, l’empereur est la cause première
de
l’ordre social, et nul baron ne commande sans tenir de lui son pouvoi
1403
ordre social, et nul baron ne commande sans tenir
de
lui son pouvoir. Il est le principe d’unité du genre humain. Et il es
1404
sans tenir de lui son pouvoir. Il est le principe
d’
unité du genre humain. Et il est nécessairement juste, étant tout-puis
1405
s âmes à la lumière, qui est leur seule liberté. (
De
Monarchia, III, XVI.) Dans un tel système, point de place pour la sou
1406
Monarchia, III, XVI.) Dans un tel système, point
de
place pour la souveraineté absolue des États, qui ne saurait mener qu
1407
équivalent, a-t-on remarqué56, du pouvoir moderne
de
la Science ?) C’est pour saluer la marche de l’empereur Henri VII qui
1408
erne de la Science ?) C’est pour saluer la marche
de
l’empereur Henri VII qui vient se faire couronner à Rome par Clément
1409
à Rome par Clément V, que Dante écrit en 1308 son
De
Monarchia. (Il a 46 ans, et il n’a composé de sa Comédie que l’Enfer.
1410
son De Monarchia. (Il a 46 ans, et il n’a composé
de
sa Comédie que l’Enfer.) Le paradoxe central de cet ouvrage, en leque
1411
é de sa Comédie que l’Enfer.) Le paradoxe central
de
cet ouvrage, en lequel on a voulu voir la première proclamation de l’
1412
n lequel on a voulu voir la première proclamation
de
l’union fédérale des nations sous l’égide « romaine » (lisons europée
1413
rale des nations sous l’égide « romaine » (lisons
européenne
), c’est que tout en glorifiant l’unité chrétienne, mythe médiéval par
1414
ropre du genre humain, pris en sa totalité, c’est
d’
actuer continuellement la plénitude de la puissance de l’intellect pos
1415
lité, c’est d’actuer continuellement la plénitude
de
la puissance de l’intellect possible, d’abord en vue de la spéculatio
1416
tuer continuellement la plénitude de la puissance
de
l’intellect possible, d’abord en vue de la spéculation, puis, par voi
1417
d’abord en vue de la spéculation, puis, par voie
de
conséquence, pour la pratique. Or parties et tout obéissent aux mêmes
1418
nt à sa tâche propre, lorsqu’il jouit du repos et
de
la paix ; et sa tâche est presque divine, selon la parole sainte : tu
1419
sainte : tu l’as placé peu au-dessous des anges.
D’
où il suit que la paix universelle est le meilleur de tous les moyens
1420
ù il suit que la paix universelle est le meilleur
de
tous les moyens qui peuvent nous procurer le bonheur…57 Si nous cons
1421
rs, ou que sa propre supériorité, du consentement
de
tous, lui donne l’autorité ; autrement, le village, non seulement n’a
1422
non seulement n’atteint pas le minimum nécessaire
de
bien-être, mais, souvent, sous la pression des rivalités qui luttent
1423
Le contraire se produit-il, non seulement la fin
de
la vie sociale est perdue, mais la cité elle-même disparaît. Enfin da
1424
disparaît. Enfin dans un royaume, dont la fin est
d’
assurer, avec plus de sécurité et de tranquillité les bienfaits de la
1425
un royaume, dont la fin est d’assurer, avec plus
de
sécurité et de tranquillité les bienfaits de la cité, un seul roi doi
1426
nt la fin est d’assurer, avec plus de sécurité et
de
tranquillité les bienfaits de la cité, un seul roi doit régner et gou
1427
plus de sécurité et de tranquillité les bienfaits
de
la cité, un seul roi doit régner et gouverner ; autrement, non seulem
1428
royaume tombe en dissolution, selon cette parole
de
l’infaillible vérité : tout royaume divisé est perdu. Ce qui se passe
1429
i sont ordonnés à un but unique établit la vérité
de
ce qui a été avancé plus haut. Désormais, il est évident que la total
1430
que la bonne existence du monde exige l’existence
de
la Monarchie ou de l’Empire.58 Entre deux princes, dont l’un n’est n
1431
nce du monde exige l’existence de la Monarchie ou
de
l’Empire.58 Entre deux princes, dont l’un n’est nullement soumis à l
1432
gement. Puisque l’un ne peut examiner la conduite
de
l’autre (chacun d’eux étant indépendant, et un égal n’ayant sur son é
1433
n ne peut examiner la conduite de l’autre (chacun
d’
eux étant indépendant, et un égal n’ayant sur son égal aucun pouvoir),
1434
aucun pouvoir), un troisième prince doit exister,
d’
une juridiction plus ample, et qui tienne les deux princes précédents
1435
entendue au sens que les plus minimes règlements
d’
une ville quelconque doivent émaner directement du prince suprême ; so
1436
unicipales sont défectueuses, et elles ont besoin
d’
être jugées, ainsi qu’il résulte du cinquième livre à Nicomaque, où le
1437
es par des lois différentes. La loi est une règle
de
direction pour la vie. Autrement doivent être dirigés les Scythes qui
1438
ptième climat, ils subissent une grande inégalité
de
jours et de nuits, et ils supportent un froid presque intolérable ; a
1439
t, ils subissent une grande inégalité de jours et
de
nuits, et ils supportent un froid presque intolérable ; autrement, le
1440
ntes qui habitent sous l’équinoxe ; ils jouissent
de
jours et de nuits toujours égaux et ils ne peuvent se couvrir de vête
1441
itent sous l’équinoxe ; ils jouissent de jours et
de
nuits toujours égaux et ils ne peuvent se couvrir de vêtements à caus
1442
nuits toujours égaux et ils ne peuvent se couvrir
de
vêtements à cause de la trop grande chaleur. Le véritable sens de la
1443
ause de la trop grande chaleur. Le véritable sens
de
la phrase du début est celui-ci : le genre humain, sur les points com
1444
r du monarque ; ainsi l’intellect pratique reçoit
de
l’intellect spéculatif la majeure qui commande la conclusion pratique
1445
le ne peut être faite que par un seul, sous peine
d’
introduire la confusion dans les principes universels.60 Si, depuis l
1446
les principes universels.60 Si, depuis la chute
de
nos premiers parents, cause de toutes nos erreurs, nous considérons l
1447
i, depuis la chute de nos premiers parents, cause
de
toutes nos erreurs, nous considérons les mœurs des hommes et les évén
1448
n fût alors heureux, au milieu de la tranquillité
de
la paix universelle, tous les historiens, tous les poètes illustres,
1449
ens, tous les poètes illustres, et même le témoin
de
la bonté du Christ l’ont témoigné ; enfin Paul nomma cet état très he
1450
tunique sans couture fut déchirée par les ongles
de
la cupidité, nous pouvons le lire chez les historiens, puissions-nous
1451
puissions-nous ne pas le revoir. Ô genre humain,
de
quelles luttes et querelles, de quels naufrages dois-tu être agité !
1452
. Ô genre humain, de quelles luttes et querelles,
de
quels naufrages dois-tu être agité ! Tu es devenu un monstre aux mult
1453
contradictoires. Tu es malade en l’un et l’autre
de
tes intellects, et aussi en ta sensibilité ; tu n’as pas souci de nou
1454
s, et aussi en ta sensibilité ; tu n’as pas souci
de
nourrir l’intellect supérieur par des raisons irréfragables ; ni l’in
1455
r l’expérience ; ni la sensibilité par la douceur
de
l’appel divin, lorsque les trompettes divines, au nom du Saint-Esprit
1456
t : « combien il est bon, combien il est agréable
de
vivre avec des frères et d’être fondu en un. »61 Après cette utopie
1457
mbien il est agréable de vivre avec des frères et
d’
être fondu en un. »61 Après cette utopie sublime de la Paix par l’Em
1458
tre fondu en un. »61 Après cette utopie sublime
de
la Paix par l’Empire — bafouée par des siècles de progrès constant du
1459
de la Paix par l’Empire — bafouée par des siècles
de
progrès constant du nationalisme, mais qui pourtant, ne cessera d’agi
1460
nt du nationalisme, mais qui pourtant, ne cessera
d’
agir sur la conscience des meilleurs jusqu’à nous — voici la descripti
1461
la description étonnamment précise pour l’époque,
d’
une Europe qui n’est pas seulement géographique mais déjà « culturelle
1462
cription étonnamment précise pour l’époque, d’une
Europe
qui n’est pas seulement géographique mais déjà « culturelle » comme d
1463
strée par l’exemple des langues. Citons le traité
De
vulgari eloquentia (I, 8) : Par suite de la confusion des langues do
1464
des langues dont on vient de parler62, nous avons
de
sérieuses raisons de penser qu’alors pour la première fois les hommes
1465
ient de parler62, nous avons de sérieuses raisons
de
penser qu’alors pour la première fois les hommes se dispersèrent pour
1466
du monde, toutes les régions et tous les recoins
de
ces pays. Et comme la souche primitive de la race humaine fut plantée
1467
recoins de ces pays. Et comme la souche primitive
de
la race humaine fut plantée aux rivages de l’Orient, et que de là not
1468
mitive de la race humaine fut plantée aux rivages
de
l’Orient, et que de là notre race s’est propagée des deux côtés en mu
1469
maine fut plantée aux rivages de l’Orient, et que
de
là notre race s’est propagée des deux côtés en multiples rameaux pour
1470
iples rameaux pour s’étendre enfin jusqu’aux pays
d’
Occident, peut-être est-ce alors pour la première fois que les fleuves
1471
st-ce alors pour la première fois que les fleuves
de
l’Europe, ou du moins certains d’entre eux, ont désaltéré des êtres d
1472
alors pour la première fois que les fleuves de l’
Europe
, ou du moins certains d’entre eux, ont désaltéré des êtres doués de r
1473
rtains d’entre eux, ont désaltéré des êtres doués
de
raison. Mais, que ses derniers occupants soient venus de l’étranger o
1474
s soient venus de l’étranger ou que des indigènes
de
l’Europe y soient revenus, ces hommes y apportèrent un langage divisé
1475
ent venus de l’étranger ou que des indigènes de l’
Europe
y soient revenus, ces hommes y apportèrent un langage divisé en trois
1476
ortèrent un langage divisé en trois branches ; et
de
ceux qui l’apportèrent, les uns s’attribuèrent la région méridionale
1477
ent, les uns s’attribuèrent la région méridionale
de
l’Europe, d’autres la région septentrionale ; et le troisième groupe,
1478
les uns s’attribuèrent la région méridionale de l’
Europe
, d’autres la région septentrionale ; et le troisième groupe, que nous
1479
appelons maintenant les Grecs, occupa une partie
de
l’Europe et une partie de l’Asie. C’est d’un seul et même langage reç
1480
lons maintenant les Grecs, occupa une partie de l’
Europe
et une partie de l’Asie. C’est d’un seul et même langage reçu dans le
1481
recs, occupa une partie de l’Europe et une partie
de
l’Asie. C’est d’un seul et même langage reçu dans le châtiment de la
1482
partie de l’Europe et une partie de l’Asie. C’est
d’
un seul et même langage reçu dans le châtiment de la confusion que les
1483
d’un seul et même langage reçu dans le châtiment
de
la confusion que les diverses langues vulgaires ont pris naissance, c
1484
nube ou du Palus-Méotide aux limites occidentales
de
l’Angleterre, est borné par le pays des Italiens et des Français et p
1485
re d’autres nations. Il ne resta qu’un seul signe
de
la même origine commune : presque tous les peuples cités ci-dessus po
1486
e à partir du pays des Hongrois dans la direction
de
l’orient, un autre a occupé tout ce qui, au-delà, porte le nom d’Euro
1487
autre a occupé tout ce qui, au-delà, porte le nom
d’
Europe, et s’est propagé plus loin. Tout le reste de l’Europe a été oc
1488
tre a occupé tout ce qui, au-delà, porte le nom d’
Europe
, et s’est propagé plus loin. Tout le reste de l’Europe a été occupé p
1489
Europe, et s’est propagé plus loin. Tout le reste
de
l’Europe a été occupé par un troisième langage, bien que maintenant i
1490
e, et s’est propagé plus loin. Tout le reste de l’
Europe
a été occupé par un troisième langage, bien que maintenant il semble
1491
is et les Latins. Mais le signe évident que c’est
d’
un seul et même langage que procèdent les langues vulgaires de ces tro
1492
même langage que procèdent les langues vulgaires
de
ces trois peuples, c’est qu’on les voit désigner une foule d’objets p
1493
peuples, c’est qu’on les voit désigner une foule
d’
objets par les mêmes mots : ainsi Dieu, le ciel, l’amour, la mer, la t
1494
t, il aime, et presque tout le reste. Les peuples
de
langue d’oc occupent l’occident de l’Europe méridionale au-delà du pa
1495
, et presque tout le reste. Les peuples de langue
d’
oc occupent l’occident de l’Europe méridionale au-delà du pays des Gén
1496
e. Les peuples de langue d’oc occupent l’occident
de
l’Europe méridionale au-delà du pays des Génois. Ceux qui disent si o
1497
s peuples de langue d’oc occupent l’occident de l’
Europe
méridionale au-delà du pays des Génois. Ceux qui disent si occupent l
1498
des Génois. Ceux qui disent si occupent l’orient
de
ces pays jusqu’au promontoire de l’Italie où commence la mer Adriatiq
1499
ccupent l’orient de ces pays jusqu’au promontoire
de
l’Italie où commence la mer Adriatique, ainsi que la Sicile. Quant au
1500
r Adriatique, ainsi que la Sicile. Quant aux gens
de
langue d’oïl, ce sont en quelque sorte des septentrionaux en regard d
1501
ue, ainsi que la Sicile. Quant aux gens de langue
d’
oïl, ce sont en quelque sorte des septentrionaux en regard de ceux-là,
1502
ds, sont entourés à l’ouest et au nord par la mer
d’
Angleterre, et limités par les montagnes d’Aragon ; au midi également,
1503
la mer d’Angleterre, et limités par les montagnes
d’
Aragon ; au midi également, ils sont bornés par les Provençaux et par
1504
sont bornés par les Provençaux et par les pentes
de
l’Apennin. Pierre Dubois (env. 1250-1320) Contemporain de la M
1505
Pierre Dubois (env. 1250-1320) Contemporain
de
la Monarchie (1308), l’essai de Pierre Dubois (1306) s’en distingue p
1506
) Contemporain de la Monarchie (1308), l’essai
de
Pierre Dubois (1306) s’en distingue par un empirisme sans vergogne, o
1507
st à Ernest Renan que nous devons la résurrection
de
ce projet, enterré pendant cinq siècles dans la paix des archives de
1508
ré pendant cinq siècles dans la paix des archives
de
Christine de Suède, puis du Vatican. Depuis Renan, tout le monde le c
1509
r rendre un peu de son relief à la figure étrange
de
l’avocat normand que l’historien français Charles Langlois caractéris
1510
glois caractérisait comme « le premier publiciste
de
son époque », citons ici quelques extraits du chapitre que Renan lui
1511
e Renan lui consacre dans son Histoire littéraire
de
la France 63. Pierre Dubois naquit certainement en Normandie et très
1512
nces ou aux environs. Il étudia dans l’Université
de
Paris, où il entendit saint Thomas d’Aquin prononcer un sermon et Sig
1513
rmon et Siger de Brabant64 commenter la Politique
d’
Aristote. Saint Thomas d’Aquin étant mort en 1274 et l’enseignement de
1514
omas d’Aquin étant mort en 1274 et l’enseignement
de
Siger devant être placé vers le même temps, il semble que l’on ne se
1515
e prenait définitivement le dessus sur la justice
d’
église, et reléguait celle-ci dans un for ecclésiastique très large en
1516
Pierre Dubois exerçant à Coutances les fonctions
d’
avocat des causes royales. Déjà, sans doute, avant cette époque, il ét
1517
nement. En effet, le premier écrit qui nous reste
de
lui, le Traité sur l’abrègement des guerres et des procès, daté avec
1518
c la plus grande précision des cinq derniers mois
de
l’an 1300, est adressé à Philippe le Bel, et rentre tout à fait dans
1519
es préoccupations qui dictèrent le prononcé papal
de
1298, ainsi que les actes de la diplomatie royale en 1300. Cet ouvrag
1520
nt le prononcé papal de 1298, ainsi que les actes
de
la diplomatie royale en 1300. Cet ouvrage témoigne d’une connaissance
1521
a diplomatie royale en 1300. Cet ouvrage témoigne
d’
une connaissance étendue des affaires politiques de l’Europe et des se
1522
’une connaissance étendue des affaires politiques
de
l’Europe et des secrets de la maison de France ; on ne peut supposer
1523
connaissance étendue des affaires politiques de l’
Europe
et des secrets de la maison de France ; on ne peut supposer qu’un obs
1524
es affaires politiques de l’Europe et des secrets
de
la maison de France ; on ne peut supposer qu’un obscur avocat de prov
1525
olitiques de l’Europe et des secrets de la maison
de
France ; on ne peut supposer qu’un obscur avocat de province, sans ra
1526
France ; on ne peut supposer qu’un obscur avocat
de
province, sans rapport avec la cour, fût si bien renseigné… La pensée
1527
cour, fût si bien renseigné… La pensée dominante
de
Pierre Dubois était la résistance aux empiètements de l’Église et l’e
1528
ierre Dubois était la résistance aux empiètements
de
l’Église et l’extension des pouvoirs de la société civile. La lutte d
1529
iètements de l’Église et l’extension des pouvoirs
de
la société civile. La lutte de Philippe le Bel et de Boniface VIII vi
1530
nsion des pouvoirs de la société civile. La lutte
de
Philippe le Bel et de Boniface VIII vint lui offrir une occasion exce
1531
la société civile. La lutte de Philippe le Bel et
de
Boniface VIII vint lui offrir une occasion excellente pour donner cou
1532
s passions anticléricales. Pendant toute la durée
de
cette lutte, nous le voyons à côté du roi, recevant ses inspirations,
1533
guments, tenant la plume pour défendre les droits
de
la couronne… Avant 1306, pour des raisons qu’on ignore, et certaineme
1534
t certainement sans rompre ses liens avec la cour
de
France, Dubois entrait au service d’Édouard Ier, roi d’Angleterre. …
1535
avec la cour de France, Dubois entrait au service
d’
Édouard Ier, roi d’Angleterre. … En 1306, il composa le plus important
1536
gleterre. … En 1306, il composa le plus important
de
ses ouvrages, celui où il s’est plu à rassembler toutes ses idées de
1537
lui où il s’est plu à rassembler toutes ses idées
de
politique et de réformes sociales. C’est un traité adressé à Édouard
1538
plu à rassembler toutes ses idées de politique et
de
réformes sociales. C’est un traité adressé à Édouard Ier, sur les moy
1539
t un traité adressé à Édouard Ier, sur les moyens
de
recouvrer la Terre sainte65. … Il est permis de penser que Dubois ten
1540
s de recouvrer la Terre sainte65. … Il est permis
de
penser que Dubois tenait assez peu au but lointain qu’il assignait à
1541
l’activité des nations chrétiennes… Sous prétexte
d’
indiquer les meilleurs procédés pour conquérir la Terre sainte, Dubois
1542
érir la Terre sainte, Dubois expose un vaste plan
de
réformes, qui consiste à détruire le pouvoir temporel du pape, à dépo
1543
pouvoir temporel du pape, à dépouiller le clergé
de
ses biens, à transformer ces biens en pensions payées par le pouvoir
1544
ouvoir séculier et à donner la direction générale
de
la chrétienté au roi de France. En 1307 nous trouvons de nouveau Dubo
1545
nnée 1308, il paraît avoir été au plus haut degré
de
son crédit auprès de Philippe. En cette année, l’empereur Albert d’Au
1546
Clément V se trouvant à Poitiers entre les mains
de
Philippe le Bel, Dubois proposa au roi de profiter de l’occasion pour
1547
s mains de Philippe le Bel, Dubois proposa au roi
de
profiter de l’occasion pour se faire élire empereur… Une fois nommé e
1548
hilippe le Bel, Dubois proposa au roi de profiter
de
l’occasion pour se faire élire empereur… Une fois nommé empereur, le
1549
e fois nommé empereur, le roi se mettra à la tête
de
la chrétienté et marchera sur Jérusalem par terre, comme le firent Ch
1550
l serait assez difficile, écrit Chr. L. Lange 66,
d’
exposer les idées du traité de Pierre Dubois d’après le plan suivi par
1551
t Chr. L. Lange 66, d’exposer les idées du traité
de
Pierre Dubois d’après le plan suivi par l’auteur lui-même. Son ouvrag
1552
suivi par l’auteur lui-même. Son ouvrage n’a rien
de
systématique : les digressions et les répétitions sont fréquentes ; l
1553
l’auteur semblent assez disparates et n’ont guère
de
relation avec le sujet principal : il disserte sur l’éducation des fe
1554
cation des femmes et sur l’organisation militaire
de
la France, sur la réforme des couvents de religieuses et sur l’utilit
1555
litaire de la France, sur la réforme des couvents
de
religieuses et sur l’utilité d’apprendre les langues, sur les mariage
1556
orme des couvents de religieuses et sur l’utilité
d’
apprendre les langues, sur les mariages mixtes entre sarrasins et chré
1557
entre sarrasins et chrétiennes et sur les moyens
d’
abréger les procès. Ce dernier sujet lui tient notamment à cœur, il le
1558
ur, il le considère comme étroitement lié à celui
de
« l’abréviation des guerres ». Nous suivrons donc ici l’analyse propo
1559
nations chrétiennes, condition absolue du succès
de
la croisade. Les croisés ne demeureront pas en Terre sainte s’ils app
1560
inte s’ils apprennent que leur pays est en danger
de
guerre. Cependant, il ne suffit pas de prêcher la paix : Ne voit-on
1561
en danger de guerre. Cependant, il ne suffit pas
de
prêcher la paix : Ne voit-on pas que l’Écriture sainte, qui déteste
1562
et l’enseignement des ministres actuels et futurs
de
l’Église puissent faire cesser les guerres et les cupidités dont elle
1563
mme à leur supérieur ; car si l’évolution tendait
de
ce côté-là, il y aurait des guerres, des séditions, des dissensions s
1564
fin ; et il serait impossible pour n’importe qui
d’
y mettre fin, à cause de la multitude des nations, de l’éloignement et
1565
mettre fin, à cause de la multitude des nations,
de
l’éloignement et de la diversité des lieux, et de la disposition natu
1566
de la multitude des nations, de l’éloignement et
de
la diversité des lieux, et de la disposition naturelle des hommes au
1567
de l’éloignement et de la diversité des lieux, et
de
la disposition naturelle des hommes au désaccord ; il est vrai que qu
1568
i, quant au spirituel, gouvernerait et dirigerait
de
l’est à l’ouest et du nord au sud. La « république chrétienne » de P
1569
et du nord au sud. La « république chrétienne »
de
Pierre Dubois est une sorte de Confédération, qui serait placée sous
1570
lique chrétienne » de Pierre Dubois est une sorte
de
Confédération, qui serait placée sous la direction d’un concile, dans
1571
onfédération, qui serait placée sous la direction
d’
un concile, dans lequel les différentes nations garderaient une indépe
1572
il ne croit pas la paix possible sans une réforme
de
l’Église. Fort de l’autorité gagnée par ce moyen, le pape devrait pre
1573
paix possible sans une réforme de l’Église. Fort
de
l’autorité gagnée par ce moyen, le pape devrait prendre l’initiative
1574
ar ce moyen, le pape devrait prendre l’initiative
de
la convocation d’un concile qui établirait la paix entre les chrétien
1575
pe devrait prendre l’initiative de la convocation
d’
un concile qui établirait la paix entre les chrétiens, en organisant l
1576
nt la société internationale en vue de la reprise
de
la Terre sainte. Il faut surtout organiser des moyens judiciaires afi
1577
Pierre Dubois développe alors un projet détaillé
d’
arbitrage international entre les princes, qu’il admet d’ailleurs « so
1578
tés et ces princes nombreux, ne reconnaissant pas
de
supérieurs au monde qui exercent la justice sur eux selon les lois et
1579
autres pour chacune des parties, hommes aisés et
de
telle condition qu’il soit probable qu’ils ne puissent être corrompus
1580
dans un endroit approprié, et, étant assermentés
de
la manière la plus stricte, après qu’ils auraient reçu avant leur réu
1581
leur réunion les plaidoiries sommaires et claires
de
chaque partie, ils recevraient — en éliminant d’abord tout ce qui ser
1582
eusement… Si l’une des parties n’est pas contente
de
la sentence, les juges eux-mêmes doivent renvoyer tout le procès, acc
1583
être confirmées et enregistrées dans les archives
de
l’Église ad perpetuam memoriam. Il est intéressant de noter que le p
1584
Église ad perpetuam memoriam. Il est intéressant
de
noter que le pape est désigné par cet avocat de l’État national pour
1585
t de noter que le pape est désigné par cet avocat
de
l’État national pour être le juge suprême dans les litiges des prince
1586
nts et amis des condamnés. Il veut donc profiter
de
l’esprit guerrier de son époque pour faire avancer son projet de conq
1587
mnés. Il veut donc profiter de l’esprit guerrier
de
son époque pour faire avancer son projet de conquête des lieux saints
1588
rrier de son époque pour faire avancer son projet
de
conquête des lieux saints : les trouble-paix seront déportés en Orien
1589
ront déportés en Orient, où ils auront l’occasion
de
développer leurs capacités militaires contre les Infidèles, au lieu q
1590
es contre les Infidèles, au lieu qu’en restant en
Europe
, ils y détruiraient la paix de la république chrétienne ! Mais cette
1591
’en restant en Europe, ils y détruiraient la paix
de
la république chrétienne ! Mais cette disposition ne suffit pas. Dubo
1592
lui du duc de Bourgogne — comment on vaincrait en
Europe
même l’opposition à prévoir : le pays récalcitrant serait cerné, tout
1593
ilement que les armes. « Le trait caractéristique
de
ce projet, remarque Lange67, c’est son esprit réaliste. Dubois sait a
1594
me qui se pose, c’est la coexistence dans la paix
d’
États souverains ; il voit également que le moyen judiciaire de vider
1595
rains ; il voit également que le moyen judiciaire
de
vider les litiges entre États souverains est l’arbitrage. Il recomman
1596
s en usage depuis le xiie siècle ; les sanctions
de
l’arbitrage, qui également entraient tout à fait dans la pratique de
1597
également entraient tout à fait dans la pratique
de
son époque… S’il n’a pas trouvé d’écho, c’est qu’il y a peu d’hommes
1598
ns la pratique de son époque… S’il n’a pas trouvé
d’
écho, c’est qu’il y a peu d’hommes qui voient vraiment la réalité, com
1599
… S’il n’a pas trouvé d’écho, c’est qu’il y a peu
d’
hommes qui voient vraiment la réalité, comme il l’a vue. Il était trop
1600
sentielle — qui fait aussi l’intérêt — du système
de
Dubois : « Le point de départ de son raisonnement est l’existence de
1601
ssi l’intérêt — du système de Dubois : « Le point
de
départ de son raisonnement est l’existence de l’État, du prince souve
1602
rêt — du système de Dubois : « Le point de départ
de
son raisonnement est l’existence de l’État, du prince souverain, rex
1603
int de départ de son raisonnement est l’existence
de
l’État, du prince souverain, rex qui non recognoscit superiorem in te
1604
t superiorem in terris… Or, l’affirmation absolue
de
la souveraineté de l’État doit, poussée à fond, amener l’établissemen
1605
ris… Or, l’affirmation absolue de la souveraineté
de
l’État doit, poussée à fond, amener l’établissement de l’anarchie dan
1606
État doit, poussée à fond, amener l’établissement
de
l’anarchie dans les relations entre les États, anarchie qui, en princ
1607
e toujours devant notre époque comme devant celle
de
Philippe le Bel et de Boniface VIII. Pierre Dubois est le premier qui
1608
e époque comme devant celle de Philippe le Bel et
de
Boniface VIII. Pierre Dubois est le premier qui l’a posé, et qui a tâ
1609
ubois est le premier qui l’a posé, et qui a tâché
d’
en indiquer une solution. » Pétrarque (1304-1374) Cependant l’an
1610
4) Cependant l’anarchie ne fait que grandir en
Europe
. Les Souverainetés absolues, à l’état naissant et virulent, déchirent
1611
et virulent, déchirent son corps. Est-ce le corps
de
la chrétienté ? Pétrarque n’a pas l’air de le penser, lorsqu’il lamen
1612
corps de la chrétienté ? Pétrarque n’a pas l’air
de
le penser, lorsqu’il lamente la décadence d’une Europe où, dans plusi
1613
’air de le penser, lorsqu’il lamente la décadence
d’
une Europe où, dans plusieurs régions, « le Christ est inconnu ou méco
1614
e le penser, lorsqu’il lamente la décadence d’une
Europe
où, dans plusieurs régions, « le Christ est inconnu ou méconnu » : T
1615
esprit plus loin ; toute la Gaule, limite extrême
de
notre continent, et la Grande-Bretagne, projetée hors du continent, s
1616
ses. La Germanie, non moins que l’Italie, souffre
de
luttes intestines et brûle en son propre feu. Les rois d’Espagne pren
1617
s intestines et brûle en son propre feu. Les rois
d’
Espagne prennent les armes l’un contre l’autre… La Grèce laboure pour
1618
alut, délaisse la crèche. Dans les autres régions
d’
Europe, le Christ est inconnu ou mal vu… Le lieu de naissance et le sé
1619
ut, délaisse la crèche. Dans les autres régions d’
Europe
, le Christ est inconnu ou mal vu… Le lieu de naissance et le sépulcre
1620
’Europe, le Christ est inconnu ou mal vu… Le lieu
de
naissance et le sépulcre même du Seigneur, double port de la paix pou
1621
ance et le sépulcre même du Seigneur, double port
de
la paix pour les chrétiens, sont piétinés par les chiens et ceux qui
1622
Cent-cinquante ans plus tard, à l’autre bout de l’
Europe
, un autre monarque reprend un projet similaire, peut-être inspiré du
1623
briguant l’Empire bien qu’hérétique, il a besoin
de
l’appui du pape et des princes de la chrétienté. « C’est probablement
1624
ue, il a besoin de l’appui du pape et des princes
de
la chrétienté. « C’est probablement pendant l’année même de son avène
1625
tienté. « C’est probablement pendant l’année même
de
son avènement au trône — écrit Lange69 — que Georges a fait la connai
1626
crit Lange69 — que Georges a fait la connaissance
d’
Antoine Marini, originaire de Grenoble, inventeur et grand industriel,
1627
fait la connaissance d’Antoine Marini, originaire
de
Grenoble, inventeur et grand industriel, qui avait fondé des entrepri
1628
grand industriel, qui avait fondé des entreprises
de
tuileries et de chaufournerie en Styrie et en Salzburg. Antoine déplo
1629
, qui avait fondé des entreprises de tuileries et
de
chaufournerie en Styrie et en Salzburg. Antoine déployait depuis 1456
1630
llemands, probablement aussi en Bohême ; dans une
de
ses lettres de créance, le roi appelle Antoine carbonista, charbonnie
1631
blement aussi en Bohême ; dans une de ses lettres
de
créance, le roi appelle Antoine carbonista, charbonnier. On doit supp
1632
che en ressources, qui a suggéré à Georges l’idée
de
faire introduire ses projets d’alliances politiques par un plan grand
1633
à Georges l’idée de faire introduire ses projets
d’
alliances politiques par un plan grandiose de fédération européenne. C
1634
jets d’alliances politiques par un plan grandiose
de
fédération européenne. C’est encore Antoine qui a présenté le projet
1635
es politiques par un plan grandiose de fédération
européenne
. C’est encore Antoine qui a présenté le projet aux princes étrangers
1636
enfin soumis le projet à Louis XI pendant l’hiver
de
1462 à 1463. En 1464 Antoine prend part à une grande ambassade bohémi
1637
s XI. C’est sa dernière apparition ; il disparaît
de
l’histoire après cet événement. — On sait que plus tard, en 1466, le
1638
XI en 1463 est écrit en latin. Dans les Mémoires
de
Philippe de Comines, qui le reproduisent, il porte ce titre en frança
1639
roduisent, il porte ce titre en français : Traité
d’
alliance et confédération entre le roy Louis XI, Georges roy de Bohême
1640
confédération entre le roy Louis XI, Georges roy
de
Bohême et la seigneurie de Venise, pour résister au Turc. Podiebrad c
1641
Louis XI, Georges roy de Bohême et la seigneurie
de
Venise, pour résister au Turc. Podiebrad comptait y faire participer
1642
er au Turc. Podiebrad comptait y faire participer
d’
entrée de jeu les rois de Pologne et de Hongrie, ainsi que les ducs de
1643
c. Podiebrad comptait y faire participer d’entrée
de
jeu les rois de Pologne et de Hongrie, ainsi que les ducs de Bourgogn
1644
ptait y faire participer d’entrée de jeu les rois
de
Pologne et de Hongrie, ainsi que les ducs de Bourgogne et de Bavière
1645
participer d’entrée de jeu les rois de Pologne et
de
Hongrie, ainsi que les ducs de Bourgogne et de Bavière ; mais l’emper
1646
rois de Pologne et de Hongrie, ainsi que les ducs
de
Bourgogne et de Bavière ; mais l’empereur et le pape s’en voyaient ex
1647
et de Hongrie, ainsi que les ducs de Bourgogne et
de
Bavière ; mais l’empereur et le pape s’en voyaient exclus. C’est donc
1648
ape s’en voyaient exclus. C’est donc bien sur une
Europe
nouvelle, celle des États et des nations naissantes, — celle de Pierr
1649
elle des États et des nations naissantes, — celle
de
Pierre Dubois — qu’entendait se fonder ce plan fédératif : il prenait
1650
ait se fonder ce plan fédératif : il prenait acte
d’
une situation de fait, et tentait de prévenir le péril de l’anarchie d
1651
plan fédératif : il prenait acte d’une situation
de
fait, et tentait de prévenir le péril de l’anarchie des souverainetés
1652
prenait acte d’une situation de fait, et tentait
de
prévenir le péril de l’anarchie des souverainetés. Bien qu’il ait éch
1653
ituation de fait, et tentait de prévenir le péril
de
l’anarchie des souverainetés. Bien qu’il ait échoué devant la résista
1654
netés. Bien qu’il ait échoué devant la résistance
de
deux papes, au pouvoir desquels il entendait faire pièce, ce projet m
1655
pièce, ce projet marque une date dans l’histoire
de
l’Europe : il esquisse pour la première fois une Confédération contin
1656
e, ce projet marque une date dans l’histoire de l’
Europe
: il esquisse pour la première fois une Confédération continentale, l
1657
l’autonomie des États membres. Il porte création
d’
une Assemblée votant à la majorité simple ; d’une Cour de Justice ; d’
1658
ion d’une Assemblée votant à la majorité simple ;
d’
une Cour de Justice ; d’une procédure d’arbitrage international ; d’un
1659
ssemblée votant à la majorité simple ; d’une Cour
de
Justice ; d’une procédure d’arbitrage international ; d’une force arm
1660
nt à la majorité simple ; d’une Cour de Justice ;
d’
une procédure d’arbitrage international ; d’une force armée commune ;
1661
simple ; d’une Cour de Justice ; d’une procédure
d’
arbitrage international ; d’une force armée commune ; et d’un budget f
1662
ice ; d’une procédure d’arbitrage international ;
d’
une force armée commune ; et d’un budget fédéral, alimenté d’ailleurs
1663
ge international ; d’une force armée commune ; et
d’
un budget fédéral, alimenté d’ailleurs aux dépens de la dîme ecclésias
1664
d’ailleurs aux dépens de la dîme ecclésiastique.
De
ce texte fort long, redondant et fleuri comme il se devait à l’époque
1665
omme il se devait à l’époque, nous traduirons ici
d’
amples extraits : il nous paraît que le justifient les nombreux rappro
1666
que cette lecture suggère avec les circonstances
de
notre temps. Au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, Nous, Georges, r
1667
mps que le sépulcre du Seigneur. Il n’y avait pas
de
nation à cette époque dans le monde entier qui osât attaquer la domin
1668
elle est déchirée, réduite, affaiblie, dépouillée
de
tout son éclat et de toute sa splendeur d’autrefois… Car l’islam, pu
1669
duite, affaiblie, dépouillée de tout son éclat et
de
toute sa splendeur d’autrefois… Car l’islam, puis les Turcs, sont su
1670
uillée de tout son éclat et de toute sa splendeur
d’
autrefois… Car l’islam, puis les Turcs, sont survenus, « réduisant en
1671
uis … déportant hors des pays chrétiens un nombre
d’
âmes presque infini ». Ô Province dorée ! Ô chrétienté, gloire de l’u
1672
nfini ». Ô Province dorée ! Ô chrétienté, gloire
de
l’univers, comment tout honneur s’est-il retiré de toi ? Comment a di
1673
e l’univers, comment tout honneur s’est-il retiré
de
toi ? Comment a disparu ton éclat sans rival ? Où est la vigueur de t
1674
disparu ton éclat sans rival ? Où est la vigueur
de
ton peuple ? Où, le respect que toutes les nations te portaient ? Où,
1675
ires, si tu devais si vite être menée au triomphe
de
tes vainqueurs ? À quoi bon avoir résisté à la puissance des chefs pa
1676
, si maintenant tu ne peux plus soutenir l’assaut
de
tes voisins ? Ô vicissitudes de la fortune, que de changements vous a
1677
soutenir l’assaut de tes voisins ? Ô vicissitudes
de
la fortune, que de changements vous apportez aux empires ! Avec quell
1678
e tes voisins ? Ô vicissitudes de la fortune, que
de
changements vous apportez aux empires ! Avec quelle rapidité se trans
1679
évanouissent les puissances ! Quelle est la cause
d’
un tel changement et d’une telle ruine ? Il n’est pas facile de la dis
1680
nces ! Quelle est la cause d’un tel changement et
d’
une telle ruine ? Il n’est pas facile de la discerner, parce que les j
1681
gement et d’une telle ruine ? Il n’est pas facile
de
la discerner, parce que les jugements de Dieu sont cachés. Les champs
1682
s facile de la discerner, parce que les jugements
de
Dieu sont cachés. Les champs ne sont pas moins fertiles aujourd’hui q
1683
troupeaux ne sont pas moins féconds ; le produit
de
la vigne emplit les cuves avec usure ; des hommes industrieux ont déc
1684
; des hommes industrieux ont découvert des mines
d’
or et d’argent, de grands esprits ont fait leurs preuves dans une foul
1685
ommes industrieux ont découvert des mines d’or et
d’
argent, de grands esprits ont fait leurs preuves dans une foule de dom
1686
strieux ont découvert des mines d’or et d’argent,
de
grands esprits ont fait leurs preuves dans une foule de domaines, les
1687
nds esprits ont fait leurs preuves dans une foule
de
domaines, les lettres sont aussi florissantes que jamais. Qu’est-ce d
1688
soit lamentable et qu’il faille déplorer la ruine
de
Constantinople et d’autres provinces, nous devons pourtant, si nous s
1689
nces, nous devons pourtant, si nous sommes avides
de
gloire, souhaiter cette occasion qui peut nous réserver l’honneur d’ê
1690
r cette occasion qui peut nous réserver l’honneur
d’
être appelés défenseurs et mainteneurs du nom chrétien. C’est pourquoi
1691
du nom chrétien. C’est pourquoi, dans notre désir
de
voir cesser et disparaître entièrement ces guerres, rapines, désordre
1692
s prélats, des princes, des grands, des nobles et
de
nos docteurs en droit divin et humain, à cet acte d’alliance, de paix
1693
nos docteurs en droit divin et humain, à cet acte
d’
alliance, de paix, de fraternité et de concorde destiné à durer inébra
1694
en droit divin et humain, à cet acte d’alliance,
de
paix, de fraternité et de concorde destiné à durer inébranlablement,
1695
divin et humain, à cet acte d’alliance, de paix,
de
fraternité et de concorde destiné à durer inébranlablement, à cause d
1696
à cet acte d’alliance, de paix, de fraternité et
de
concorde destiné à durer inébranlablement, à cause du respect de Dieu
1697
tiné à durer inébranlablement, à cause du respect
de
Dieu et du maintien de la foi, pour nous, nos héritiers et nos futurs
1698
lement, à cause du respect de Dieu et du maintien
de
la foi, pour nous, nos héritiers et nos futurs successeurs, à perpétu
1699
té statuent : que les contractants s’abstiendront
de
recourir aux armes les uns contre les autres ; qu’ils ne prêteront se
1700
ours ni conseil à aucune conspiration contre l’un
d’
eux ; et qu’ils s’entraideront pour réprimer les délits commis par leu
1701
délits commis par leurs sujets sur le territoire
de
n’importe quel pays membre. L’article suivant aborde le sujet capital
1702
membre. L’article suivant aborde le sujet capital
de
l’assistance mutuelle et de l’arbitrage international : Quatrièmemen
1703
orde le sujet capital de l’assistance mutuelle et
de
l’arbitrage international : Quatrièmement, nous voulons que si par h
1704
es-uns, en dehors de cette convention qui réclame
de
nous amour et fraternité, et sans avoir été attaqués ou provoqués, ou
1705
ou provoqués, ouvrent les hostilités contre l’un
de
nous, ou qu’il arrivât qu’elles fussent ouvertes (ce qui paraît fort
1706
es ; et là, en présence des parties en conflit ou
de
leurs ambassadeurs plénipotentiaires, employer tout son zèle et toute
1707
ci-dessous désigné. Et si, du fait et par défaut
de
l’agresseur, la paix et l’union ne peuvent se faire par l’un des moye
1708
n des moyens susdits, tous les autres parmi nous,
d’
un accord unanime, voulons secourir notre allié attaqué ou contraint d
1709
voulons secourir notre allié attaqué ou contraint
de
se défendre en lui procurant chaque année pour sa défense les dîmes d
1710
procurant chaque année pour sa défense les dîmes
de
notre royaume, ainsi que les revenus, gains ou émoluments de nos gens
1711
yaume, ainsi que les revenus, gains ou émoluments
de
nos gens et de nos sujets, qu’ils auront versé à proportion de trois
1712
e les revenus, gains ou émoluments de nos gens et
de
nos sujets, qu’ils auront versé à proportion de trois jours par année
1713
t de nos sujets, qu’ils auront versé à proportion
de
trois jours par année pour la jouissance de leur maison ou habitation
1714
rtion de trois jours par année pour la jouissance
de
leur maison ou habitation… Les organes de la Confédération sont ensu
1715
ssance de leur maison ou habitation… Les organes
de
la Confédération sont ensuite indiqués : Cour de justice ou Consistoi
1716
de la Confédération sont ensuite indiqués : Cour
de
justice ou Consistoire, Assemblée, enfin force armée commune, ainsi q
1717
, enfin force armée commune, ainsi que la manière
de
la financer et de la faire entrer en action : Mais, comme la paix n
1718
e commune, ainsi que la manière de la financer et
de
la faire entrer en action : Mais, comme la paix ne peut être cultiv
1719
la justice sans la paix… nous avons prévu d’abord
d’
organiser une sorte de Consistoire général qui siégera au lieu où l’As
1720
x… nous avons prévu d’abord d’organiser une sorte
de
Consistoire général qui siégera au lieu où l’Assemblée elle-même se t
1721
ssemblée elle-même se trouvera pour le moment, et
d’
où, comme d’une source, découleront de partout les ruisseaux de la jus
1722
e-même se trouvera pour le moment, et d’où, comme
d’
une source, découleront de partout les ruisseaux de la justice. Ce tri
1723
moment, et d’où, comme d’une source, découleront
de
partout les ruisseaux de la justice. Ce tribunal sera organisé, quant
1724
’une source, découleront de partout les ruisseaux
de
la justice. Ce tribunal sera organisé, quant au nombre et à la qualit
1725
otre Assemblée ci-dessous désignée ou la majorité
de
celle-ci l’aura arrêté et décidé. Et afin que dans ce tribunal un ter
1726
simplement et clairement, sans figure et tumulte
de
procès, en l’absence de tout subterfuge et de toute manœuvre dilatoir
1727
t, sans figure et tumulte de procès, en l’absence
de
tout subterfuge et de toute manœuvre dilatoire. … D’autre part, comme
1728
lte de procès, en l’absence de tout subterfuge et
de
toute manœuvre dilatoire. … D’autre part, comme cet acte de bonne int
1729
anœuvre dilatoire. … D’autre part, comme cet acte
de
bonne intelligence et de charité est fait et établi avant tout à la g
1730
tre part, comme cet acte de bonne intelligence et
de
charité est fait et établi avant tout à la gloire et à l’honneur de l
1731
t et établi avant tout à la gloire et à l’honneur
de
la divine majesté de la sainte Église romaine et de la foi catholique
1732
t à la gloire et à l’honneur de la divine majesté
de
la sainte Église romaine et de la foi catholique, de défendre et prot
1733
la divine majesté de la sainte Église romaine et
de
la foi catholique, de défendre et protéger la religion chrétienne et
1734
la sainte Église romaine et de la foi catholique,
de
défendre et protéger la religion chrétienne et tous les fidèles oppri
1735
s avec nos revenus, profits et émoluments et ceux
de
nos sujets, à fournir, comme il est dit, à raison de trois jours par
1736
e par accabler l’imprévoyance, nous décidons que,
d’
un commun accord de toute notre Assemblée ou de la majeure partie de c
1737
prévoyance, nous décidons que, d’un commun accord
de
toute notre Assemblée ou de la majeure partie de celle-ci, on fixera
1738
e, d’un commun accord de toute notre Assemblée ou
de
la majeure partie de celle-ci, on fixera à quel moment il conviendra
1739
de toute notre Assemblée ou de la majeure partie
de
celle-ci, on fixera à quel moment il conviendra d’attaquer l’ennemi,
1740
e celle-ci, on fixera à quel moment il conviendra
d’
attaquer l’ennemi, avec quelles forces de terre et de mer il faudra fa
1741
nviendra d’attaquer l’ennemi, avec quelles forces
de
terre et de mer il faudra faire la guerre, quels chefs militaires, qu
1742
ttaquer l’ennemi, avec quelles forces de terre et
de
mer il faudra faire la guerre, quels chefs militaires, quelles machin
1743
efs militaires, quelles machines et quel matériel
de
guerre il sera nécessaire d’employer, à quel endroit toutes les armée
1744
nes et quel matériel de guerre il sera nécessaire
d’
employer, à quel endroit toutes les armées de terre devront se réunir
1745
aire d’employer, à quel endroit toutes les armées
de
terre devront se réunir pour poursuivre leur marche contre les Turcs.
1746
voici comment le traité prévoit le fonctionnement
de
l’Assemblée fédérale, pièce maîtresse de la construction : Item, af
1747
onnement de l’Assemblée fédérale, pièce maîtresse
de
la construction : Item, afin que ce qui est écrit ci-dessus et ci-d
1748
l est dû, nous promettons et prenons l’engagement
de
la manière susdite que chacun de nous assemblera ses ambassadeurs, ge
1749
ons l’engagement de la manière susdite que chacun
de
nous assemblera ses ambassadeurs, gens notables et jouissant d’une gr
1750
lera ses ambassadeurs, gens notables et jouissant
d’
une grande autorité, munis des plus larges pouvoirs et de son sceau, l
1751
rande autorité, munis des plus larges pouvoirs et
de
son sceau, le dimanche Reminiscere de l’année 1464 après la nativité
1752
pouvoirs et de son sceau, le dimanche Reminiscere
de
l’année 1464 après la nativité du Seigneur70, dans la cité de Bâle en
1753
464 après la nativité du Seigneur70, dans la cité
de
Bâle en Allemagne, afin qu’ils y demeurent tous pendant les cinq ans
1754
corps, communauté ou Collège ; que, ces cinq ans
de
l’Assemblée de Bâle une fois écoulés, cette même Assemblée se réunira
1755
cinq ans immédiatement suivants dans une ville X
de
France, et, au cours de la troisième période de cinq ans, dans une ci
1756
X de France, et, au cours de la troisième période
de
cinq ans, dans une cité X d’Italie, de sorte qu’en faisant toujours p
1757
la troisième période de cinq ans, dans une cité X
d’
Italie, de sorte qu’en faisant toujours par la suite une rotation de c
1758
qu’en faisant toujours par la suite une rotation
de
cinq en cinq ans jusqu’à ce que l’Assemblée elle-même ou la majorité
1759
squ’à ce que l’Assemblée elle-même ou la majorité
de
celle-ci juge devoir en ordonner et disposer autrement, l’Assemblée e
1760
re et la tête, et que nous autres rois et princes
de
la chrétienté en soyons les membres ; que ledit Collège ait aussi sur
1761
empire, selon que ladite Assemblée ou la majorité
de
celle-ci l’aura arrêté et décidé ; qu’enfin il ait ses propres armes,
1762
oment, on mettra à la tête des principaux offices
de
l’Assemblée des hommes qui soient issus et originaires de cette même
1763
emblée des hommes qui soient issus et originaires
de
cette même nation, et en connaissent et comprennent les coutumes et l
1764
s, roi de France, avec les autres rois et princes
de
la Gaule, ayons une voix dans l’Assemblée elle-même, nous, rois et pr
1765
dans l’Assemblée elle-même, nous, rois et princes
de
Germanie, une autre, et nous, doge de Venise, avec les princes et com
1766
et princes de Germanie, une autre, et nous, doge
de
Venise, avec les princes et communes d’Italie, une troisième ; mais q
1767
ous, doge de Venise, avec les princes et communes
d’
Italie, une troisième ; mais que si le roi de Castille ou d’autres roi
1768
si le roi de Castille ou d’autres rois et princes
d’
Espagne se joignaient à notre union, amitié et fraternité, ils aient e
1769
is si, entre les ambassadeurs des rois et princes
d’
une seule et même nation, des votes contraires sont donnés et émis sur
1770
res clauses du traité fut la raison bien évidente
de
l’échec final du projet : par une ruse cousue de fil blanc, les princ
1771
de l’échec final du projet : par une ruse cousue
de
fil blanc, les princes décident de s’adresser au pape pour le charger
1772
ne ruse cousue de fil blanc, les princes décident
de
s’adresser au pape pour le charger de veiller à ce que les dîmes, per
1773
es décident de s’adresser au pape pour le charger
de
veiller à ce que les dîmes, perçues par l’Église, soient désormais ve
1774
ésormais versées à l’Assemblée, nouveau défenseur
de
la Foi ! Poliment écarté par Louis XI, expressément condamné par le p
1775
XI, expressément condamné par le pape, le projet
de
Podiebrad n’eut aucune suite. Æneas Silvius Piccolomini (1405-1464
1776
Pierre Dubois, ni Podiebrad, ne font usage du nom
d’
Europe ou de l’adjectif européen, dans leurs plans qui cependant ne co
1777
erre Dubois, ni Podiebrad, ne font usage du nom d’
Europe
ou de l’adjectif européen, dans leurs plans qui cependant ne concerne
1778
s, ni Podiebrad, ne font usage du nom d’Europe ou
de
l’adjectif européen, dans leurs plans qui cependant ne concernent que
1779
d, ne font usage du nom d’Europe ou de l’adjectif
européen
, dans leurs plans qui cependant ne concernent que l’Europe, en tant q
1780
ans leurs plans qui cependant ne concernent que l’
Europe
, en tant que chrétienté de fait. Chose curieuse, c’est un pape, à l’a
1781
e concernent que l’Europe, en tant que chrétienté
de
fait. Chose curieuse, c’est un pape, à l’aube de la Renaissance, qui
1782
de fait. Chose curieuse, c’est un pape, à l’aube
de
la Renaissance, qui sera le premier à désigner de nouveau par son nom
1783
dont il ne sait que trop que les premiers efforts
d’
unité se sont dessinés jusqu’alors contre le Saint-Siège, précisément,
1784
us Piccolomini, l’un des plus glorieux humanistes
de
son temps71, fut élevé au pontificat sous le nom de Pie II en 1458, l
1785
son temps71, fut élevé au pontificat sous le nom
de
Pie II en 1458, l’année même, notons-le, où Georges Podiebrad était é
1786
tomber aux mains des Turcs. Pour Æneas Silvius, l’
Europe
est identifiée à « notre patrie, notre maison », car tout y participe
1787
otre patrie, notre maison », car tout y participe
d’
un même destin menacé : Maintenant, c’est en Europe même, c’est-à-dir
1788
e d’un même destin menacé : Maintenant, c’est en
Europe
même, c’est-à-dire dans notre patrie, dans notre propre maison, dans
1789
que nous sommes attaqués et tués.72 Vers la fin
de
sa vie, il avait entrepris la rédaction d’une Cosmographie générale,
1790
la fin de sa vie, il avait entrepris la rédaction
d’
une Cosmographie générale, dont seuls les chapitres sur « Asie » et «
1791
érale, dont seuls les chapitres sur « Asie » et «
Europe
» purent être terminés. Pour la première fois depuis des siècles, l’E
1792
inés. Pour la première fois depuis des siècles, l’
Europe
s’y trouve décrite comme un ensemble humain et historique, non plus s
1793
t géographique. Il est malheureusement impossible
d’
en citer des extraits significatifs, car l’œuvre se divise en chapitre
1794
a culture, en un mot. « Personne ne connaissait l’
Europe
aussi bien qu’Æneas Silvius, écrit l’historien anglais Denys Hay 73,
1795
3, et quand il devint pape, sa première tâche fut
de
défendre la chrétienté par la force de la persuasion et par la force
1796
tâche fut de défendre la chrétienté par la force
de
la persuasion et par la force des armes. Pour Pie II, la chrétienté e
1797
force des armes. Pour Pie II, la chrétienté et l’
Europe
étaient une seule et même chose. » Dans sa fameuse Lettre à Mahomet I
1798
se Lettre à Mahomet II, il énumère les ressources
de
la chrétienté comme étant les ressources de l’Europe, et nie l’existe
1799
urces de la chrétienté comme étant les ressources
de
l’Europe, et nie l’existence de véritables chrétiens en dehors de l’E
1800
de la chrétienté comme étant les ressources de l’
Europe
, et nie l’existence de véritables chrétiens en dehors de l’Europe. N
1801
nt les ressources de l’Europe, et nie l’existence
de
véritables chrétiens en dehors de l’Europe. Nous ne pouvons croire q
1802
’existence de véritables chrétiens en dehors de l’
Europe
. Nous ne pouvons croire que tu sois assez ignorant de ce qui nous co
1803
Nous ne pouvons croire que tu sois assez ignorant
de
ce qui nous concerne pour ne pas voir quelle est la puissance du peup
1804
erte aux armes l’Italie. Quant aux chrétiens non
européens
, que Mahomet se vante de dominer, Pie II a tôt fait de les exclure en
1805
aux chrétiens non européens, que Mahomet se vante
de
dominer, Pie II a tôt fait de les exclure en tant que faux chrétiens
1806
ue Mahomet se vante de dominer, Pie II a tôt fait
de
les exclure en tant que faux chrétiens : Ils sont tous imbus d’erreu
1807
en tant que faux chrétiens : Ils sont tous imbus
d’
erreur, quoiqu’ils rendent un culte au Christ — Arméniens, Jacobites,
1808
s, Maronites et le reste. Les Grecs se séparèrent
de
l’unité de l’Église romaine lorsque tu envahis Constantinople. Ils n’
1809
s et le reste. Les Grecs se séparèrent de l’unité
de
l’Église romaine lorsque tu envahis Constantinople. Ils n’ont jamais
1810
sance des chrétiens, dit le pape, s’il approchait
de
l’intérieur de la chrétienté, c’est-à-dire de l’intérieur de l’Europe
1811
iens, dit le pape, s’il approchait de l’intérieur
de
la chrétienté, c’est-à-dire de l’intérieur de l’Europe. Tandis que si
1812
ait de l’intérieur de la chrétienté, c’est-à-dire
de
l’intérieur de l’Europe. Tandis que si Mahomet accepte la conversion
1813
eur de la chrétienté, c’est-à-dire de l’intérieur
de
l’Europe. Tandis que si Mahomet accepte la conversion (comme un autre
1814
e la chrétienté, c’est-à-dire de l’intérieur de l’
Europe
. Tandis que si Mahomet accepte la conversion (comme un autre Constant
1815
utre Constantin), le pape lui promet l’admiration
de
toute la Grèce, de toute l’Italie, de toute l’Europe. Quant à la croi
1816
e pape lui promet l’admiration de toute la Grèce,
de
toute l’Italie, de toute l’Europe. Quant à la croisade que Pie II ess
1817
’admiration de toute la Grèce, de toute l’Italie,
de
toute l’Europe. Quant à la croisade que Pie II essaya de promouvoir à
1818
de toute la Grèce, de toute l’Italie, de toute l’
Europe
. Quant à la croisade que Pie II essaya de promouvoir à Mantoue, c’éta
1819
e l’Europe. Quant à la croisade que Pie II essaya
de
promouvoir à Mantoue, c’était, selon ses propres termes, pour chasser
1820
selon ses propres termes, pour chasser l’infidèle
d’
Europe. Lorsque, à la fin de sa vie, il prie pour le succès des croisé
1821
lon ses propres termes, pour chasser l’infidèle d’
Europe
. Lorsque, à la fin de sa vie, il prie pour le succès des croisés, il
1822
ur chasser l’infidèle d’Europe. Lorsque, à la fin
de
sa vie, il prie pour le succès des croisés, il dit : Donne-nous la vi
1823
, nous puissions chanter tes louanges par toute l’
Europe
. Relevons la triade significative des termes de Grèce, d’Italie et d
1824
ope. Relevons la triade significative des termes
de
Grèce, d’Italie et de chrétienté pour désigner « toute l’Europe » : p
1825
vons la triade significative des termes de Grèce,
d’
Italie et de chrétienté pour désigner « toute l’Europe » : première es
1826
de significative des termes de Grèce, d’Italie et
de
chrétienté pour désigner « toute l’Europe » : première esquisse de ce
1827
d’Italie et de chrétienté pour désigner « toute l’
Europe
» : première esquisse de cette définition de notre culture par ses tr
1828
r désigner « toute l’Europe » : première esquisse
de
cette définition de notre culture par ses trois sources principales,
1829
’Europe » : première esquisse de cette définition
de
notre culture par ses trois sources principales, Athènes, Rome et Jér
1830
is les chefs des nouveaux États divisant le corps
de
l’Europe restèrent sourds aux appels du Pontife, comme à ceux de son
1831
s chefs des nouveaux États divisant le corps de l’
Europe
restèrent sourds aux appels du Pontife, comme à ceux de son rival le
1832
tèrent sourds aux appels du Pontife, comme à ceux
de
son rival le roi de Bohême. Il eut beau joindre à ses prières l’annon
1833
prières l’annonce, qu’il croyait décisive, du don
de
sa personne sacrée, en promettant de se mettre lui-même à la tête d’u
1834
sive, du don de sa personne sacrée, en promettant
de
se mettre lui-même à la tête d’une nouvelle croisade : Qui pourrait r
1835
ée, en promettant de se mettre lui-même à la tête
d’
une nouvelle croisade : Qui pourrait refuser son concours quand l’évêq
1836
Qui pourrait refuser son concours quand l’évêque
de
Rome est fret à exposer sa propre vie ? Rien n’y fit. À Ancône, où il
1837
en 1464 — l’année même où Podiebrad avait proposé
de
réunir à Bâle la première Assemblée fédérale ! — il ne trouva qu’une
1838
Assemblée fédérale ! — il ne trouva qu’une cohue
d’
aventuriers sans armes ni chefs. Il mourut quelques semaines plus tard
1839
mourut quelques semaines plus tard, sous le coup
de
cette déception. Ne devait-il pas, cependant, l’avoir prévue, lui qui
1840
avant de devenir pape : La chrétienté n’a point
de
chef auquel tous veuillent obéir. Ni au Souverain Pontife ni à l’empe
1841
ni à l’empereur on ne rend leur dû. Il n’est plus
de
respect ni d’obéissance. Nous regardons le pape et l’empereur comme d
1842
r on ne rend leur dû. Il n’est plus de respect ni
d’
obéissance. Nous regardons le pape et l’empereur comme des noms, des f
1843
prince.74 55. Lorsque Dante se fait l’avocat
d’
un Empire qui réaliserait l’ordinatio ad unum, il n’envisage pas un in
1844
, dans son introduction à la traduction française
de
la Monarchie, Felix Alcan, Paris, 1933, qu’on va citer. 57. De Mona
1845
, Felix Alcan, Paris, 1933, qu’on va citer. 57.
De
Monarchia, I, 4. 58. Ibid., I, 5. 59. Ibid., I, 10. 60. Op. cit
1846
. cit., I, 14. 61. Ibid., I, 16. 62. Il s’agit
de
la tour de Babel. 63. E. Renan, Histoire littéraire de la France, T
1847
14. 61. Ibid., I, 16. 62. Il s’agit de la tour
de
Babel. 63. E. Renan, Histoire littéraire de la France, Tome XXVI, F
1848
our de Babel. 63. E. Renan, Histoire littéraire
de
la France, Tome XXVI, Firmin-Didot, Paris, 1873. 64. Siger de Braban
1849
ar l’Église en tant que propagateur des doctrines
d’
Averroès, fut aussi l’un des maîtres de Dante. 65. Il s’agit de l’ouv
1850
t aussi l’un des maîtres de Dante. 65. Il s’agit
de
l’ouvrage qu’on va citer : De recuperatione Terra Sancte. La première
1851
nte. 65. Il s’agit de l’ouvrage qu’on va citer :
De
recuperatione Terra Sancte. La première partie du traité est adressée
1852
dressée en forme de circulaire à tous les princes
de
la chrétienté, Édouard d’abord ; tandis qu’une lettre à Philippe le B
1853
orme la conclusion. 66. Chr. L. Lange : Histoire
de
l’internationalisme, Christiania, 1919. Tome I, chap. IV : Les précur
1854
stiania, 1919. Tome I, chap. IV : Les précurseurs
de
l’internationalisme moderne. Le tome II (de 1648 à 1815) terminé par
1855
seurs de l’internationalisme moderne. Le tome II (
de
1648 à 1815) terminé par Auguste Schou, a paru en 1954. 67. Chr. L.
1856
tyle nouveau). 71. On connaît la fresque fameuse
de
Benozzo Gozzoli (Le départ des trois Mages) où l’on peut le voir chev
1857
où l’on peut le voir chevauchant vers le concile
de
Bâle, dans un paysage hautement civilisé ; et le tableau de Pinturicc
1858
ans un paysage hautement civilisé ; et le tableau
de
Pinturicchio qui le montre recevant la couronne des poètes des mains
1859
montre recevant la couronne des poètes des mains
de
Frédéric III, dernier empereur du Saint-Empire qui ait été couronné à
1860
ait été couronné à Rome. Grands symboles ! 72.
De
Constantinopolitana clade ac bello contra Turcos congregando. Texte l
1861
Turcos congregando. Texte latin : « Nunc vero in
Europa
, id est, in patria, in domo propria, in sede nostra, percussi cæsique
1862
a, percussi cæsique sumus. » Ce « id est » mérite
d’
être souligné. 73. Denis Hay : « Sur un problème de terminologie hist
1863
être souligné. 73. Denis Hay : « Sur un problème
de
terminologie historique : « Europe » et « chrétienté » », Diogène, n°
1864
« Sur un problème de terminologie historique : «
Europe
» et « chrétienté » », Diogène, n° 17, 1957. Voir surtout, du même au
1865
gène, n° 17, 1957. Voir surtout, du même auteur ;
Europe
, the emergence of an idea, Edinburgh. University Press, 1957. 74. O
1866
3.Le problème
de
la guerre et l’essor des États (xvie siècle) Trois événements maje
1867
es débuts du colonialisme, la Réforme, et l’échec
de
la grandiose tentative impériale de Charles-Quint. Leurs répercussion
1868
e, et l’échec de la grandiose tentative impériale
de
Charles-Quint. Leurs répercussions sur « l’image de l’Europe » ont ét
1869
Charles-Quint. Leurs répercussions sur « l’image
de
l’Europe » ont été diverses et contradictoires. Les grandes découvert
1870
les-Quint. Leurs répercussions sur « l’image de l’
Europe
» ont été diverses et contradictoires. Les grandes découvertes n’entr
1871
înent pas encore une prise de conscience nouvelle
de
la singularité de l’Europe dans le monde (il faut attendre le xviiie
1872
ne prise de conscience nouvelle de la singularité
de
l’Europe dans le monde (il faut attendre le xviiie siècle pour la vo
1873
ise de conscience nouvelle de la singularité de l’
Europe
dans le monde (il faut attendre le xviiie siècle pour la voir se man
1874
er) ni, à plus forte raison, une mise en question
de
l’excellence de notre civilisation, qu’elles paraissent au contraire
1875
orte raison, une mise en question de l’excellence
de
notre civilisation, qu’elles paraissent au contraire confirmer. Elles
1876
nt au contraire confirmer. Elles inaugurent l’ère
d’
un aventureux impérialisme économique au moment où sombre l’idée du Sa
1877
continental. Elles déplacent les foyers créateurs
de
notre civilisation vers les rivages atlantiques. Elles créent les bas
1878
ntiques. Elles créent les bases du capitalisme et
de
la primauté de l’État. Mais ces transformations ne sont guère enregis
1879
créent les bases du capitalisme et de la primauté
de
l’État. Mais ces transformations ne sont guère enregistrées que par l
1880
ue par les « Utopies » relatives au Nouveau Monde
de
Thomas More et de Campanella. Pour les meilleurs esprits du temps, l’
1881
es » relatives au Nouveau Monde de Thomas More et
de
Campanella. Pour les meilleurs esprits du temps, l’Europe ne pose pas
1882
ampanella. Pour les meilleurs esprits du temps, l’
Europe
ne pose pas de problème : elle va de soi, comme l’air que l’on respir
1883
meilleurs esprits du temps, l’Europe ne pose pas
de
problème : elle va de soi, comme l’air que l’on respire. Ils la conna
1884
rement, ils y entretiennent un commerce continuel
d’
idées, de colloques, de correspondances érudites, de polémiques nobles
1885
ls y entretiennent un commerce continuel d’idées,
de
colloques, de correspondances érudites, de polémiques nobles ou virul
1886
nent un commerce continuel d’idées, de colloques,
de
correspondances érudites, de polémiques nobles ou virulentes. « L’Eur
1887
idées, de colloques, de correspondances érudites,
de
polémiques nobles ou virulentes. « L’Europe en un seul corps », comme
1888
érudites, de polémiques nobles ou virulentes. « L’
Europe
en un seul corps », comme la décrit Guillaume Postel 75, reste au cen
1889
xtérieur : eux seuls, parfois, réveillent le sens
d’
une certaine union nécessaire, mais celle-ci n’est imaginée que sous l
1890
e, mais celle-ci n’est imaginée que sous la forme
d’
une coalition des Souverains. La crise profonde de la Réforme n’est pa
1891
d’une coalition des Souverains. La crise profonde
de
la Réforme n’est pas ressentie comme divisant l’Europe, mais seulemen
1892
e la Réforme n’est pas ressentie comme divisant l’
Europe
, mais seulement la chrétienté. (Nos jugements modernes, sur ce point,
1893
gements modernes, sur ce point, sont donc frappés
d’
anachronisme.) Si l’on s’en tient aux témoignages du temps, on voit qu
1894
s du temps, on voit qu’en fait, jamais le concept
d’
Europe n’est invoqué par l’une ou l’autre des parties en présence, en
1895
du temps, on voit qu’en fait, jamais le concept d’
Europe
n’est invoqué par l’une ou l’autre des parties en présence, en faveur
1896
eur de sa thèse 76. Calvin, Luther et Loyola sont
de
très grandes figures européennes, mais aucun n’a jamais parlé de l’Eu
1897
in, Luther et Loyola sont de très grandes figures
européennes
, mais aucun n’a jamais parlé de l’Europe comme telle, encore moins de
1898
figures européennes, mais aucun n’a jamais parlé
de
l’Europe comme telle, encore moins de son unité. Dans le domaine poli
1899
res européennes, mais aucun n’a jamais parlé de l’
Europe
comme telle, encore moins de son unité. Dans le domaine politique, au
1900
amais parlé de l’Europe comme telle, encore moins
de
son unité. Dans le domaine politique, au contraire, la conscience d’u
1901
le domaine politique, au contraire, la conscience
d’
une Europe rassemblée sous la couronne du Saint-Empire paraît plus prè
1902
aine politique, au contraire, la conscience d’une
Europe
rassemblée sous la couronne du Saint-Empire paraît plus près que jama
1903
ronne du Saint-Empire paraît plus près que jamais
de
se traduire en une grandiose réalité. Charles-Quint, à son avènement,
1904
aître des Allemagnes, des Espagnes, des Pays-Bas,
de
Naples et de Milan, et d’une partie de la France actuelle, c’est-à-di
1905
emagnes, des Espagnes, des Pays-Bas, de Naples et
de
Milan, et d’une partie de la France actuelle, c’est-à-dire des trois
1906
Espagnes, des Pays-Bas, de Naples et de Milan, et
d’
une partie de la France actuelle, c’est-à-dire des trois quarts de l’E
1907
Pays-Bas, de Naples et de Milan, et d’une partie
de
la France actuelle, c’est-à-dire des trois quarts de l’Europe contine
1908
la France actuelle, c’est-à-dire des trois quarts
de
l’Europe continentale, tandis que les conquistadores vont lui apporte
1909
ance actuelle, c’est-à-dire des trois quarts de l’
Europe
continentale, tandis que les conquistadores vont lui apporter les tit
1910
e les conquistadores vont lui apporter les titres
de
souverain des Indes et de la Terre ferme de la mer Océane, et de domi
1911
lui apporter les titres de souverain des Indes et
de
la Terre ferme de la mer Océane, et de dominateur de l’Afrique et de
1912
itres de souverain des Indes et de la Terre ferme
de
la mer Océane, et de dominateur de l’Afrique et de l’Asie. Et pourtan
1913
s Indes et de la Terre ferme de la mer Océane, et
de
dominateur de l’Afrique et de l’Asie. Et pourtant à sa mort, en 1558,
1914
la Terre ferme de la mer Océane, et de dominateur
de
l’Afrique et de l’Asie. Et pourtant à sa mort, en 1558, que reste-t-i
1915
e la mer Océane, et de dominateur de l’Afrique et
de
l’Asie. Et pourtant à sa mort, en 1558, que reste-t-il de ce grand rê
1916
e. Et pourtant à sa mort, en 1558, que reste-t-il
de
ce grand rêve d’une monarchie universelle dont le foyer eût été l’Eur
1917
sa mort, en 1558, que reste-t-il de ce grand rêve
d’
une monarchie universelle dont le foyer eût été l’Europe unie ? Tout s
1918
une monarchie universelle dont le foyer eût été l’
Europe
unie ? Tout s’est défait, dénaturé et disloqué. L’unité de l’Église e
1919
Tout s’est défait, dénaturé et disloqué. L’unité
de
l’Église est brisée pour des siècles, la France s’est alliée aux Turc
1920
la France s’est alliée aux Turcs contre le reste
de
l’Europe, l’Espagne a perdu la plupart de ses anciennes libertés comm
1921
rance s’est alliée aux Turcs contre le reste de l’
Europe
, l’Espagne a perdu la plupart de ses anciennes libertés communales et
1922
nies commerciales, des armateurs et des banquiers
de
toute l’Europe, fait place à une exploitation stérilisante sous le mo
1923
ciales, des armateurs et des banquiers de toute l’
Europe
, fait place à une exploitation stérilisante sous le monopole ibérique
1924
’idéal impérial, idée platonicienne qui n’a cessé
de
fasciner les ambitions des grands monarques, de Charlemagne à Charles
1925
é de fasciner les ambitions des grands monarques,
de
Charlemagne à Charles-Quint en passant par Othon III et Frédéric II,
1926
aineté absolue posent au premier plan le problème
de
la guerre et du droit de guerre ; tandis que l’expansion du commerce
1927
premier plan le problème de la guerre et du droit
de
guerre ; tandis que l’expansion du commerce vers d’autres continents
1928
ommerce vers d’autres continents pose le problème
d’
un droit international qui sera fondé au début du xviie siècle par Hu
1929
tius, à partir du droit maritime ; et le problème
d’
un droit des gens (jus gentium), à partir du drame des colonies : Fran
1930
n — idée métaphysique et religieuse, profondément
européenne
— est exaltée en nobles phrases ; mais l’union des Européens, mesure
1931
est exaltée en nobles phrases ; mais l’union des
Européens
, mesure politique immédiate, n’est simplement pas mentionnée. De Fran
1932
tique immédiate, n’est simplement pas mentionnée.
De
Francisco de Vitoria (1580-1546), dominicain, professeur à Salamanque
1933
avec Suárez, du droit des gens, célèbre auteur du
De
Indis, citons deux pages sur la guerre : Nulle guerre n’est légitime
1934
tage, une province chrétienne n’est qu’une partie
de
toute la République, j’estime que même si une guerre est utile à une
1935
ue d’autre part elle est au détriment du monde ou
de
la chrétienté, alors la guerre est par cela même injuste. Si par exem
1936
par cela même injuste. Si par exemple une guerre
de
l’Espagne contre la France était entreprise par des motifs justes, et
1937
’elle fût sous d’autres rapports utile au royaume
d’
Espagne, mais que, toutefois, elle fût menée avec un préjudice plus gr
1938
menée avec un préjudice plus grand et aux risques
de
la chrétienté (si par exemple les Turcs occupent, sur ces entrefaits,
1939
inces des chrétiens) alors il faudrait s’abstenir
de
telle guerre.77 On ne peut s’empêcher de penser que Montesquieu, da
1940
stenir de telle guerre.77 On ne peut s’empêcher
de
penser que Montesquieu, dans sa célèbre déclaration qui se termine pa
1941
se utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l’
Europe
et au genre humain, je la regarderais comme un crime »78, a paraphras
1942
paraphrasé Vitoria. Dans une lettre au connétable
de
Castille, Vitoria revient sur l’idée que les guerres ne pourraient êt
1943
demanderai pas à Dieu grâce plus grande que celle
de
faire de ces deux princes (Charles V et François Ier) des frères dans
1944
i pas à Dieu grâce plus grande que celle de faire
de
ces deux princes (Charles V et François Ier) des frères dans leur vol
1945
e sont en parenté ; car alors, il n’y aurait plus
d’
hérétiques dans l’Église ni plus de Maures qui la tourmentent, et l’Ég
1946
’y aurait plus d’hérétiques dans l’Église ni plus
de
Maures qui la tourmentent, et l’Église serait réformée, que le pape l
1947
dans la personne du roi de France et moins encore
de
l’empereur. Que Dieu pardonne aux princes ou à leurs opposants ; mais
1948
t les choses étant ainsi, veuillez voir, ô hommes
de
bien, si nos guerres sont au profit de l’Espagne, ou de la France, ou
1949
, ô hommes de bien, si nos guerres sont au profit
de
l’Espagne, ou de la France, ou de l’Italie ou de l’Allemagne, ou plut
1950
n, si nos guerres sont au profit de l’Espagne, ou
de
la France, ou de l’Italie ou de l’Allemagne, ou plutôt pour la destru
1951
sont au profit de l’Espagne, ou de la France, ou
de
l’Italie ou de l’Allemagne, ou plutôt pour la destruction de tous ces
1952
de l’Espagne, ou de la France, ou de l’Italie ou
de
l’Allemagne, ou plutôt pour la destruction de tous ces pays.79 Curi
1953
ou de l’Allemagne, ou plutôt pour la destruction
de
tous ces pays.79 Curieusement, les grands pacifistes du xvie siècl
1954
voir cherché dans un droit supranational le moyen
de
combattre la cause principale des guerres : l’arrogante et anarchique
1955
nte et Pierre Dubois, qui avaient vu la nécessité
d’
instaurer un pouvoir supérieur à celui des souverains nationaux, ils s
1956
celui des souverains nationaux, ils se contentent
de
vitupérer la guerre et de ridiculiser ses prétextes (voir plus loin É
1957
naux, ils se contentent de vitupérer la guerre et
de
ridiculiser ses prétextes (voir plus loin Érasme) au nom de la morale
1958
us loin Érasme) au nom de la morale chrétienne et
de
la raison. Quant aux juristes, en régression sur la coutume du Moyen
1959
t à peine s’ils mentionnent encore la possibilité
de
l’arbitrage. Et quant aux penseurs politiques, loin de songer à conte
1960
), dans sa Méthode pour faciliter la connaissance
de
l’histoire, publiée en 1566 à Paris, le genre humain forme une unité.
1961
rme une unité. Grâce au commerce mondial dont les
Européens
ont ouvert les routes, « tous les hommes sont reliés entre eux et par
1962
onséquence politique, ni pour le monde, ni pour l’
Europe
, qui reste fatalement livrée à l’anarchie des souverainetés : Tous l
1963
s les royaumes, empires, tyrannies ou républiques
de
la terre sont réunis par un lien qui n’est pas autre chose que l’auto
1964
un lien qui n’est pas autre chose que l’autorité
de
la raison ou du droit des gens. D’où il résulte que ce monde est comm
1965
que l’autorité de la raison ou du droit des gens.
D’
où il résulte que ce monde est comme une grande cité et tous les homme
1966
’ils sont tous de même sang et sous la protection
d’
une même raison. Mais parce que cet empire de la raison est dépourvu d
1967
tion d’une même raison. Mais parce que cet empire
de
la raison est dépourvu de contrainte, on ne saurait réunir en une seu
1968
is parce que cet empire de la raison est dépourvu
de
contrainte, on ne saurait réunir en une seule république toutes les n
1969
s à la seule réalité sérieuse, celle des États et
de
leurs luttes fratricides sans « raison », sans fin, sans merci. En ef
1970
même Jean Bodin dans sa République : La grandeur
d’
un prince, à en bien parler, n’est autre chose que la ruine, ou diminu
1971
er, n’est autre chose que la ruine, ou diminution
de
ses voisins : et sa force n’est rien que la faiblesse d’autrui. L’ég
1972
voisins : et sa force n’est rien que la faiblesse
d’
autrui. L’égoïsme sacré serait donc le dernier mot de la sagesse poli
1973
trui. L’égoïsme sacré serait donc le dernier mot
de
la sagesse politique ? Il en est bien ainsi, dès qu’on admet le princ
1974
Il en est bien ainsi, dès qu’on admet le principe
de
la souveraineté sans limites que s’arrogent un prince ou une républiq
1975
n prince ou une république. En regard de ce texte
d’
un ton machiavélien, citons cependant une page célèbre de Francisco Su
1976
n machiavélien, citons cependant une page célèbre
de
Francisco Suárez (1548-1617). Le grand jésuite espagnol ne se content
1977
17). Le grand jésuite espagnol ne se contente pas
d’
exalter la communauté du genre humain, mais suggère et implique l’idée
1978
du genre humain, mais suggère et implique l’idée
d’
un droit des gens, imposant sa réelle autorité à la prétendue potestas
1979
Cette unité est indiquée par le précepte naturel
de
l’amour mutuel et de la miséricorde, précepte qui s’étend à tous, mêm
1980
quée par le précepte naturel de l’amour mutuel et
de
la miséricorde, précepte qui s’étend à tous, même aux étrangers, de q
1981
précepte qui s’étend à tous, même aux étrangers,
de
quelque condition qu’ils soient. C’est pourquoi tout État souverain,
1982
i et fermement assis, est néanmoins en même temps
d’
une certaine manière membre de cet univers, en tant qu’il regarde le g
1983
moins en même temps d’une certaine manière membre
de
cet univers, en tant qu’il regarde le genre humain. Jamais aucun État
1984
in. Jamais aucun État ne peut se suffire au point
de
n’avoir besoin d’aucun appui, d’association et de rapports mutuels, t
1985
tat ne peut se suffire au point de n’avoir besoin
d’
aucun appui, d’association et de rapports mutuels, tantôt pour son bie
1986
suffire au point de n’avoir besoin d’aucun appui,
d’
association et de rapports mutuels, tantôt pour son bien-être et pour
1987
de n’avoir besoin d’aucun appui, d’association et
de
rapports mutuels, tantôt pour son bien-être et pour une fin d’utilité
1988
utuels, tantôt pour son bien-être et pour une fin
d’
utilité, tantôt à cause d’une nécessité et d’un besoin moral, comme il
1989
en-être et pour une fin d’utilité, tantôt à cause
d’
une nécessité et d’un besoin moral, comme il ressort de l’expérience m
1990
fin d’utilité, tantôt à cause d’une nécessité et
d’
un besoin moral, comme il ressort de l’expérience même. Il faut donc a
1991
nécessité et d’un besoin moral, comme il ressort
de
l’expérience même. Il faut donc aux États un droit qui les dirige et
1992
oit qui les dirige et les gouverne, dans ce genre
de
communauté et de société. Sans doute à ce point de vue la raison natu
1993
e et les gouverne, dans ce genre de communauté et
de
société. Sans doute à ce point de vue la raison naturelle fait beauco
1994
s n’avons donc trouvé que peu de pages témoignant
d’
une conscience européenne comme telle. Deux textes cependant méritent
1995
ouvé que peu de pages témoignant d’une conscience
européenne
comme telle. Deux textes cependant méritent d’être cités. Ils montren
1996
éenne comme telle. Deux textes cependant méritent
d’
être cités. Ils montrent à quel point la vision des penseurs de ce tem
1997
Ils montrent à quel point la vision des penseurs
de
ce temps est naturellement européenne, en ce sens qu’elle ne cesse de
1998
vision des penseurs de ce temps est naturellement
européenne
, en ce sens qu’elle ne cesse de comparer entre elles nos diverses nat
1999
rellement européenne, en ce sens qu’elle ne cesse
de
comparer entre elles nos diverses nations comme parties d’un tout imp
2000
er entre elles nos diverses nations comme parties
d’
un tout implicite. Mais ils montrent aussi combien, à cette époque, la
2001
chez les autres, loin de conduire à la conscience
d’
une politique positive, visant à juguler l’anarchie des États. Voici d
2002
ie des États. Voici d’abord des pages peu connues
de
Machiavel (1469-1527), tirées de son Art de la guerre 82. Il y dévelo
2003
ages peu connues de Machiavel (1469-1527), tirées
de
son Art de la guerre 82. Il y développe une thèse que l’on a vue plus
2004
nnues de Machiavel (1469-1527), tirées de son Art
de
la guerre 82. Il y développe une thèse que l’on a vue plus haut esqui
2005
ar Aristote, dans son parallèle entre l’Asie et l’
Europe
: Vous savez que l’Europe célèbre la renommée d’innombrables grands
2006
lèle entre l’Asie et l’Europe : Vous savez que l’
Europe
célèbre la renommée d’innombrables grands hommes qui se sont illustré
2007
pe : Vous savez que l’Europe célèbre la renommée
d’
innombrables grands hommes qui se sont illustrés à la guerre. L’Afriqu
2008
et l’Asie encore moins. Cette différence résulte
de
ce que, dans ces deux dernières parties du monde, il n’y eut qu’une o
2009
s monarchies et peu de républiques ; tandis qu’en
Europe
il y eut beaucoup de républiques et quelques royaumes seulement. Mais
2010
urage, que lorsque l’État les emploie ou les tire
de
leur obscurité, qu’ils vivent dans une monarchie ou dans une républiq
2011
narchie ou dans une république. Ainsi plus il y a
d’
États, plus il y a de grands hommes. Ils sont plus rares à mesure que
2012
épublique. Ainsi plus il y a d’États, plus il y a
de
grands hommes. Ils sont plus rares à mesure que le nombre des États d
2013
e ; on ne peut guère trouver d’autres noms dignes
de
leur être comparés. Et sans parler de l’ancienne Égypte, l’Afrique no
2014
noms dignes de leur être comparés. Et sans parler
de
l’ancienne Égypte, l’Afrique nomme ses Massinissa, ses Jugurtha, et l
2015
ses Jugurtha, et les capitaines que la république
de
Carthage a élevés dans son sein. Cependant ces guerriers illustres so
2016
res sont bien peu nombreux en comparaison de ceux
de
l’Europe : c’est en Europe en effet que l’on voit briller sans nombre
2017
ont bien peu nombreux en comparaison de ceux de l’
Europe
: c’est en Europe en effet que l’on voit briller sans nombre les homm
2018
eux en comparaison de ceux de l’Europe : c’est en
Europe
en effet que l’on voit briller sans nombre les hommes qui ont excellé
2019
cé le nom ; car l’époque où les vertus ont brillé
d’
un plus grand éclat, est celle où il s’est trouvé le plus d’États à le
2020
grand éclat, est celle où il s’est trouvé le plus
d’
États à les favoriser, poussés par la nécessité ou par toute autre pas
2021
e passion humaine. Ainsi l’Asie ne compte que peu
d’
hommes illustres. Cette immense contrée où dominait pour ainsi dire un
2022
régnait trop souvent, ne pouvait enfanter que peu
d’
hommes illustres. Il en est allé de même en Afrique. Cependant cette c
2023
lques grands hommes de plus grâce à la république
de
Carthage. Car les grands hommes sont plus nombreux dans une républiqu
2024
ouffer. Que si l’on considère toutes les contrées
de
l’Europe, on constate qu’elles furent remplies d’une foule de républi
2025
r. Que si l’on considère toutes les contrées de l’
Europe
, on constate qu’elles furent remplies d’une foule de républiques et d
2026
de l’Europe, on constate qu’elles furent remplies
d’
une foule de républiques et de principautés qui, vivant dans la craint
2027
on constate qu’elles furent remplies d’une foule
de
républiques et de principautés qui, vivant dans la crainte continuell
2028
les furent remplies d’une foule de républiques et
de
principautés qui, vivant dans la crainte continuelle les unes des aut
2029
continuelle les unes des autres, ont été obligées
de
conserver leurs institutions militaires et de combler d’honneurs ceux
2030
ées de conserver leurs institutions militaires et
de
combler d’honneurs ceux qui se distinguaient dans l’art de la guerre.
2031
erver leurs institutions militaires et de combler
d’
honneurs ceux qui se distinguaient dans l’art de la guerre. En effet,
2032
r d’honneurs ceux qui se distinguaient dans l’art
de
la guerre. En effet, en Grèce, sans compter le royaume de Macédoine,
2033
erre. En effet, en Grèce, sans compter le royaume
de
Macédoine, il y avait de nombreuses républiques qui toutes ont eu des
2034
sans compter le royaume de Macédoine, il y avait
de
nombreuses républiques qui toutes ont eu des hommes remarquables. L’I
2035
norent que le vainqueur. Il n’est pas raisonnable
de
croire que pendant les cent-cinquante années où les Samnites et les T
2036
tes et les Toscans combattirent les Romains avant
d’
être vaincus, ils n’aient pas donné le jour à de nombreux hommes illus
2037
t d’être vaincus, ils n’aient pas donné le jour à
de
nombreux hommes illustres. Il en a été de même dans les Gaules et dan
2038
courage que les historiens n’ont pas célébré chez
de
simples citoyens, ils l’ont du moins loué chez les peuples dont ils p
2039
re la liberté. Puisqu’il est vrai que plus il y a
d’
empires, plus on voit de grands hommes se distinguer, il s’ensuit néce
2040
est vrai que plus il y a d’empires, plus on voit
de
grands hommes se distinguer, il s’ensuit nécessairement qu’empêcher l
2041
’est étouffer peu à peu la vertu que l’on empêche
de
se manifester dans les actions de ceux qu’elle inspire. Ainsi, lorsqu
2042
ue l’on empêche de se manifester dans les actions
de
ceux qu’elle inspire. Ainsi, lorsque l’Empire romain au faîte de sa g
2043
inspire. Ainsi, lorsque l’Empire romain au faîte
de
sa grandeur eut vaincu toutes les républiques et toutes les monarchie
2044
u toutes les républiques et toutes les monarchies
de
l’Europe, de l’Afrique, et la plupart de celles de l’Asie, Rome resta
2045
tes les républiques et toutes les monarchies de l’
Europe
, de l’Afrique, et la plupart de celles de l’Asie, Rome resta la seule
2046
républiques et toutes les monarchies de l’Europe,
de
l’Afrique, et la plupart de celles de l’Asie, Rome resta la seule car
2047
e l’Europe, de l’Afrique, et la plupart de celles
de
l’Asie, Rome resta la seule carrière ouverte au courage. Et les grand
2048
ge. Et les grands hommes se firent aussi rares en
Europe
qu’en Asie. La vertu tomba alors au dernier degré de l’abaissement. C
2049
qu’en Asie. La vertu tomba alors au dernier degré
de
l’abaissement. Car limitée comme elle l’était pour ainsi dire à Rome
2050
des Scythes vinrent et se partagèrent l’empire en
de
nombreux États, mais la vertu n’a pu y renaître : d’abord, parce qu’i
2051
u y renaître : d’abord, parce qu’il est difficile
de
faire revivre des institutions entièrement viciées, et, ensuite parce
2052
e sont telles que l’homme n’a plus le même besoin
de
se défendre qu’autrefois. On tuait alors les vaincus ou on les livrai
2053
it les habitants ; et, après les avoir dépouillés
de
leurs biens on les dispersait dans tout l’univers. Les vaincus suppor
2054
ette terreur toujours renaissante auraient craint
de
négliger leurs institutions militaires et ils honoraient donc tous ce
2055
raindre qu’on les détruise. On conserve les biens
de
leurs habitants et le plus grand malheur qu’elles aient à redouter, c
2056
us grand malheur qu’elles aient à redouter, c’est
de
payer des contributions. Les hommes répugnent à se soumettre aux obli
2057
Par comparaison d’ailleurs, les diverses contrées
de
l’Europe ont bien peu de chefs aujourd’hui. En effet, la France entiè
2058
omparaison d’ailleurs, les diverses contrées de l’
Europe
ont bien peu de chefs aujourd’hui. En effet, la France entière n’obéi
2059
L’Espagne également. L’Italie est divisée en peu
d’
États ; de sorte que les villes faibles se défendent en s’attachant au
2060
Où sont les temps où un Sulpice Sévère, louait l’
Europe
pour ses saints, et ne la mettait que par la grâce d’eux seuls au-des
2061
our ses saints, et ne la mettait que par la grâce
d’
eux seuls au-dessus des nations du Proche-Orient ! (Car c’est au Proch
2062
e compte, la raison et la liberté, voici l’auteur
de
l’Éloge de la Folie et du traité Dulce bellum inexpertis (« La guerre
2063
a raison et la liberté, voici l’auteur de l’Éloge
de
la Folie et du traité Dulce bellum inexpertis (« La guerre est douce
2064
n’est pas lui qui nommerait « excellent » l’homme
d’
armes, qu’il tient plutôt pour une apparition monstrueuse et qui répug
2065
guerrier furieux… Je t’ai imaginé comme un animal
d’
un certain caractère divin.83 » Érasme est le type même de ces grands
2066
tain caractère divin.83 » Érasme est le type même
de
ces grands hommes du xvie siècle qui ne parlent pas de l’Europe parc
2067
grands hommes du xvie siècle qui ne parlent pas
de
l’Europe parce qu’en somme ils ne voient rien qu’elle. Ce Hollandais
2068
ds hommes du xvie siècle qui ne parlent pas de l’
Europe
parce qu’en somme ils ne voient rien qu’elle. Ce Hollandais de naissa
2069
n somme ils ne voient rien qu’elle. Ce Hollandais
de
naissance a vécu à Bruxelles, à Paris, en Angleterre et en Suisse, et
2070
il a visité l’Italie et l’Allemagne. On a pu dire
de
lui que « s’il avait une patrie, c’était l’Europe » (Lange). Par tout
2071
ire de lui que « s’il avait une patrie, c’était l’
Europe
» (Lange). Par toute sa vie et ses travaux, par toutes les fibres de
2072
oute sa vie et ses travaux, par toutes les fibres
de
son être, il a bien mérité le titre de « premier Européen », sinon pa
2073
les fibres de son être, il a bien mérité le titre
de
« premier Européen », sinon par l’intention, du moins par le fait. De
2074
son être, il a bien mérité le titre de « premier
Européen
», sinon par l’intention, du moins par le fait. De sa Querela pacis 8
2075
n », sinon par l’intention, du moins par le fait.
De
sa Querela pacis 84, voici quelques pages qui résument ses idées sur
2076
s idées sur la guerre, sur la stabilité des États
européens
, sur les Turcs, et sur le nationalisme naissant : XXXIV. — On rougit
2077
ur le nationalisme naissant : XXXIV. — On rougit
de
rappeler pour quels motifs honteux ou frivoles les princes chrétiens
2078
prend pour prétexte un point omis dans un traité
de
cent chapitres. Celui-ci a un ressentiment contre celui-là au sujet d
2079
lui-ci a un ressentiment contre celui-là au sujet
d’
une fiancée refusée ou enlevée ou de quelque raillerie un peu trop lib
2080
i-là au sujet d’une fiancée refusée ou enlevée ou
de
quelque raillerie un peu trop libre ; et, le comble de l’infamie, c’e
2081
elque raillerie un peu trop libre ; et, le comble
de
l’infamie, c’est qu’il y a des princes qui, sentant leur autorité fai
2082
nces qui, sentant leur autorité faiblir par suite
d’
une paix trop longue et de l’union de leurs sujets, s’entendent en sec
2083
orité faiblir par suite d’une paix trop longue et
de
l’union de leurs sujets, s’entendent en secret, de façon diabolique,
2084
ir par suite d’une paix trop longue et de l’union
de
leurs sujets, s’entendent en secret, de façon diabolique, avec les au
2085
e l’union de leurs sujets, s’entendent en secret,
de
façon diabolique, avec les autres princes qui, lorsque le prétexte es
2086
t la guerre, afin de tout diviser par la discorde
de
ceux qui vivaient étroitement unis et de dépouiller le malheureux peu
2087
discorde de ceux qui vivaient étroitement unis et
de
dépouiller le malheureux peuple, grâce à cette autorité sans frein qu
2088
e pour opprimer leurs États. Et ceux qui agissent
de
cette manière sont considérés comme des chrétiens ? Ainsi souillés de
2089
t considérés comme des chrétiens ? Ainsi souillés
de
sang osent-ils entrer dans les Églises et s’approcher des autels ? Ô
2090
procher des autels ? Ô fléaux des nations, dignes
d’
être déportés dans les îles les plus éloignées ! S’ils sont les membre
2091
îles les plus éloignées ! S’ils sont les membres
d’
un seul corps chrétien, pourquoi chacun d’eux ne s’estime-t-il pas heu
2092
membres d’un seul corps chrétien, pourquoi chacun
d’
eux ne s’estime-t-il pas heureux du bonheur de l’autre ? XXXVI. — Aujo
2093
cun d’eux ne s’estime-t-il pas heureux du bonheur
de
l’autre ? XXXVI. — Aujourd’hui le voisinage d’un royaume un peu trop
2094
ur de l’autre ? XXXVI. — Aujourd’hui le voisinage
d’
un royaume un peu trop florissant est presque un motif légitime de gue
2095
peu trop florissant est presque un motif légitime
de
guerre. En effet, si nous voulons être justes, quelle autre cause a p
2096
sinon le fait que ce pays est le plus florissant
de
tous ? Nul ne possède une étendue plus vaste ; nulle part le Sénat n’
2097
l’Académie plus célèbre ; aucun ne jouit de plus
de
concorde et par cela même de plus de pouvoir. Nulle part les lois ne
2098
ouit de plus de concorde et par cela même de plus
de
pouvoir. Nulle part les lois ne sont mieux appliquées et, en ce qui c
2099
ou les Espagnols. L’Allemagne, pour ne rien dire
de
la Bohême, est divisée en une foule de royaumes et on ne voit cependa
2100
rien dire de la Bohême, est divisée en une foule
de
royaumes et on ne voit cependant chez elle nulle ombre d’autorité. Se
2101
mes et on ne voit cependant chez elle nulle ombre
d’
autorité. Seule la France, fleur intacte du royaume du Christ, est son
2102
hasard quelque orage survient, elle sera attaquée
de
toutes les façons, assaillie par toutes les ruses de ceux qui la boul
2103
toutes les façons, assaillie par toutes les ruses
de
ceux qui la bouleversent, pour le seul plaisir de se féliciter de l’o
2104
de ceux qui la bouleversent, pour le seul plaisir
de
se féliciter de l’orage qu’ils auront provoqué. Et après cela, peut-o
2105
ouleversent, pour le seul plaisir de se féliciter
de
l’orage qu’ils auront provoqué. Et après cela, peut-on dire que ces h
2106
après cela, peut-on dire que ces hommes jouissent
de
la moindre parcelle de l’esprit chrétien ? LV. — La guerre, qui est l
2107
e que ces hommes jouissent de la moindre parcelle
de
l’esprit chrétien ? LV. — La guerre, qui est la chose la plus dangere
2108
soit, ne doit être faite qu’avec le consentement
de
toute la nation. Il faut supprimer les causes de la guerre dès qu’ell
2109
de toute la nation. Il faut supprimer les causes
de
la guerre dès qu’elles se manifestent… LVII. — Mais, si la guerre, ce
2110
r les Turcs ? Il serait, naturellement préférable
de
convertir les Turcs au christianisme, par la persuasion, par les bien
2111
a persuasion, par les bienfaits, et par l’exemple
d’
une vie pure, plutôt que par les armes : cependant, si la guerre est a
2112
uaient entre eux. Si l’amour réciproque n’est pas
de
nature à les unir, que du moins ils soient unis contre l’ennemi commu
2113
seule à les diviser à ce point et le titre commun
d’
hommes et de chrétiens ne peut pas les unir ! Pourquoi une chose de si
2114
diviser à ce point et le titre commun d’hommes et
de
chrétiens ne peut pas les unir ! Pourquoi une chose de si peu d’impor
2115
rétiens ne peut pas les unir ! Pourquoi une chose
de
si peu d’importance agit-elle avec plus de force sur eux que les lien
2116
peut pas les unir ! Pourquoi une chose de si peu
d’
importance agit-elle avec plus de force sur eux que les liens de la na
2117
chose de si peu d’importance agit-elle avec plus
de
force sur eux que les liens de la nature et du Christ ? La distance d
2118
git-elle avec plus de force sur eux que les liens
de
la nature et du Christ ? La distance d’un pays à l’autre sépare les c
2119
les liens de la nature et du Christ ? La distance
d’
un pays à l’autre sépare les corps et non les âmes. Jadis le Rhin sépa
2120
des Français, mais elle ne peut rompre les liens
de
la société du Christ. L’apôtre Paul s’indigna un jour, en entendant d
2121
uis Paulicien. Il ne permit pas des dénominations
de
ce genre qui eussent pu blesser le Christ, le conciliateur de toute c
2122
qui eussent pu blesser le Christ, le conciliateur
de
toute chose. Et nous considérons cette dissemblance de noms communs à
2123
ute chose. Et nous considérons cette dissemblance
de
noms communs à chaque pays, comme un motif suffisant pour que les nat
2124
pas applaudir à ces sarcasmes contre les « causes
de
guerre », alléguées par les « princes » ? Mais comment ne pas voir, e
2125
as voir, en même temps, qu’en se faisant l’avocat
d’
une cristallisation des frontières et d’une sorte de « nationalisation
2126
l’avocat d’une cristallisation des frontières et
d’
une sorte de « nationalisation » des princes, de même qu’en proposant
2127
une cristallisation des frontières et d’une sorte
de
« nationalisation » des princes, de même qu’en proposant que la guerr
2128
la guerre ne soit faite « qu’avec le consentement
de
toute la nation », loin de « supprimer les causes de guerre », Érasme
2129
toute la nation », loin de « supprimer les causes
de
guerre », Érasme fait le jeu de ces forces collectives et régressives
2130
primer les causes de guerre », Érasme fait le jeu
de
ces forces collectives et régressives dont l’avenir devait révéler qu
2131
ait révéler qu’elles ne pourraient que dévaster l’
Europe
par des guerres nationales, puis totales ? Il est mieux inspiré lorsq
2132
r la guerre aux Turcs, il en vient enfin à l’idée
d’
un Pouvoir supranational : il ne peut toutefois l’imaginer qu’à l’inst
2133
outefois l’imaginer qu’à l’instar de la Monarchie
de
Dante, qui lui semble idéale mais utopique ; il faut donc se rabattre
2134
uilibre plus ou moins fédératif des puissances :
D’
aucuns sont effrayés par le mot de Monarchie universelle, que certains
2135
s puissances : D’aucuns sont effrayés par le mot
de
Monarchie universelle, que certains paraissent ambitionner… Certes, l
2136
œurs des hommes étant ce qu’elles sont, les États
de
grandeur moyenne (moderata imperia) sont les plus sûrs, s’ils sont un
2137
pactes chrétiens. Cependant, à l’autre extrémité
de
l’Europe, en Scandinavie, une voix de rude bon sens s’élève contre l’
2138
s chrétiens. Cependant, à l’autre extrémité de l’
Europe
, en Scandinavie, une voix de rude bon sens s’élève contre l’exaltatio
2139
e extrémité de l’Europe, en Scandinavie, une voix
de
rude bon sens s’élève contre l’exaltation machiavélienne de la virtù
2140
n sens s’élève contre l’exaltation machiavélienne
de
la virtù guerrière. C’est celle du réformateur de la Suède, Olaus Pet
2141
de la virtù guerrière. C’est celle du réformateur
de
la Suède, Olaus Petri (1497-1552), qui fut le chancelier du roi Gusta
2142
ncelier du roi Gustav Vasa, et le premier pasteur
de
Stockholm : Nos chroniques suédoises font grand honneur à nos ancêtr
2143
rangers. Mais si l’on y réfléchit, il y avait peu
d’
honneur en tout cela… Loue qui veut les anciens Goths : ceux qui euren
2144
e les louèrent pas, mais les appelèrent une horde
de
bandits et de tyrans, pour avoir pillé et brûlé campagnes et cités, e
2145
pas, mais les appelèrent une horde de bandits et
de
tyrans, pour avoir pillé et brûlé campagnes et cités, et privé de leu
2146
avoir pillé et brûlé campagnes et cités, et privé
de
leurs biens et de leur vie des centaines de milliers d’hommes. Tel fu
2147
lé campagnes et cités, et privé de leurs biens et
de
leur vie des centaines de milliers d’hommes. Tel fut leur courage tan
2148
privé de leurs biens et de leur vie des centaines
de
milliers d’hommes. Tel fut leur courage tant vanté, ainsi que les chr
2149
rs biens et de leur vie des centaines de milliers
d’
hommes. Tel fut leur courage tant vanté, ainsi que les chroniques le f
2150
us jamais les réparer. Celui qui pense s’acquérir
de
l’honneur par l’incendie, le meurtre et la guerre devrait pouvoir se
2151
meurtre et la guerre devrait pouvoir se réclamer
d’
une juste cause, sinon l’on verra que c’est une grossière brutalité, n
2152
courage, qui l’anime.86 75. Dans son Abrégé
de
cosmographie, cité par Moreri, et d’après la présentation que Christi
2153
n du siècle que la Réforme a provoqué une rupture
de
l’« unité des peuples et des princes » dans « une Europe autrefois to
2154
l’« unité des peuples et des princes » dans « une
Europe
autrefois toute catholique » (Discorsi, IV). Il en conclut que l’Euro
2155
catholique » (Discorsi, IV). Il en conclut que l’
Europe
ne peut plus résister aux Turcs, et que la chrétienté devra se transp
2156
e. 77. Relectiones theologicæ tredecim, édition
de
Venise, 1626. 78. On trouvera le texte entier de ce passage de Monte
2157
de Venise, 1626. 78. On trouvera le texte entier
de
ce passage de Montesquieu, p. 132. 79. Au Connétable de Castille, 19
2158
6. 78. On trouvera le texte entier de ce passage
de
Montesquieu, p. 132. 79. Au Connétable de Castille, 19 novembre 1536
2159
assage de Montesquieu, p. 132. 79. Au Connétable
de
Castille, 19 novembre 1536. 80. « On y pourrait ajouter (à ces cause
2160
1536. 80. « On y pourrait ajouter (à ces causes
de
guerre) la religion — écrira Émeric Crucé —, si l’expérience n’eût fa
2161
n’eût fait connaître qu’elle sert le plus souvent
de
prétexte. » 81. Tractatus de legibus ac de Deo legislatores, II, XI
2162
rt le plus souvent de prétexte. » 81. Tractatus
de
legibus ac de Deo legislatores, II, XIX, 9, publié à Anvers en 1614,
2163
vent de prétexte. » 81. Tractatus de legibus ac
de
Deo legislatores, II, XIX, 9, publié à Anvers en 1614, mais composé à
2164
2. L’arte della guerra. Livre second. Sur l’idée
européenne
chez Machiavel, cf. l’essai de C. Curcio in Macchiavelli nel Risorgim
2165
Sur l’idée européenne chez Machiavel, cf. l’essai
de
C. Curcio in Macchiavelli nel Risorgimento, Milan, 1953. 83. Dulce
2166
15, dédiée au jeune Charles-Quint, dont il venait
d’
être nommé conseiller, Érasme écrivait, non sans une profonde ironie :
2167
ns une profonde ironie : Faisons d’abord en sorte
d’
être nous-mêmes chrétiens sincères ; puis, si cela est acquis, alors a
2168
cela est acquis, alors attaquons les Turcs. 86.
De
la chronique suédoise du xvie siècle, d’Olaf Petri.
2169
. 86. De la chronique suédoise du xvie siècle,
d’
Olaf Petri.
2170
4.« Têtes
de
Turcs » Nous avons dit, au reste, que le xvie siècle n’apporte rie
2171
dit, au reste, que le xvie siècle n’apporte rien
de
neuf quant à l’union de l’Europe : il n’y penserait plus sans les Tur
2172
ie siècle n’apporte rien de neuf quant à l’union
de
l’Europe : il n’y penserait plus sans les Turcs. Ceux-ci ont certes a
2173
iècle n’apporte rien de neuf quant à l’union de l’
Europe
: il n’y penserait plus sans les Turcs. Ceux-ci ont certes assiégé Vi
2174
nt certes assiégé Vienne en 1552, au grand effroi
de
la chrétienté. Mais don Juan d’Autriche a battu leur flotte à Lépante
2175
voit-on pas que les guerres intestines font plus
de
mal à l’Europe que le Turc ? Peut-être, mais on n’ose appeler l’union
2176
s que les guerres intestines font plus de mal à l’
Europe
que le Turc ? Peut-être, mais on n’ose appeler l’union qu’en se récla
2177
n’ose appeler l’union qu’en se réclamant du mythe
de
la croisade, levier traditionnel, cause bien vue par les princes. Ain
2178
Bruges en 1540, après avoir vécu à Louvain auprès
d’
Érasme, puis en Angleterre au service d’Henry VIII) se persuade que po
2179
in auprès d’Érasme, puis en Angleterre au service
d’
Henry VIII) se persuade que pour pacifier l’Europe, il suffirait de co
2180
ice d’Henry VIII) se persuade que pour pacifier l’
Europe
, il suffirait de convaincre quelques princes et leurs conseillers. À
2181
persuade que pour pacifier l’Europe, il suffirait
de
convaincre quelques princes et leurs conseillers. À cette fin, il écr
2182
fin, il écrit au pape : Ce qu’on attend d’abord
de
toi, c’est de faire la paix entre les princes… Dis que la guerre entr
2183
au pape : Ce qu’on attend d’abord de toi, c’est
de
faire la paix entre les princes… Dis que la guerre entre chrétiens es
2184
a absolument, comme une dispute entre les membres
d’
un même corps.87 Cette exhortation étant restée sans effets, il reco
2185
vrage le plus connu porte un titre significatif :
De
Europæ Dissidiis et Bello Turcico Dialogus. Vives y reprend, après Ma
2186
et tant d’autres Renaissants, le vieux thème grec
de
l’opposition Asie-Europe : Aristote, grand sectateur de la sagesse,
2187
osition Asie-Europe : Aristote, grand sectateur
de
la sagesse, et avec lui beaucoup d’autres grands hommes qui se sont d
2188
nds hommes qui se sont dédiés à l’étude fatigante
de
la Nature et des causes des choses, nous ont tous confirmé que la rac
2189
euse et la plus résistante est celle qui peuple l’
Europe
; que les Asiatiques sont craintifs et ne valent rien pour la guerre,
2190
eils aux femmes plutôt qu’aux hommes. Au reste, l’
Europe
ne produit pas seulement des hommes supérieurs aux autres par le cour
2191
par le courage et la force, mais il en va de même
de
ses bêtes sauvages. Les lions nés en Europe ont plus de courage que l
2192
a de même de ses bêtes sauvages. Les lions nés en
Europe
ont plus de courage que les lions puniques ; cela vaut également pour
2193
bêtes sauvages. Les lions nés en Europe ont plus
de
courage que les lions puniques ; cela vaut également pour les chiens,
2194
ns, les loups et les autres animaux, quoique ceux
de
l’Afrique semblent avoir plus de férocité… La discorde de l’Europe, n
2195
ux, quoique ceux de l’Afrique semblent avoir plus
de
férocité… La discorde de l’Europe, notamment celle qui s’enflamma ent
2196
ique semblent avoir plus de férocité… La discorde
de
l’Europe, notamment celle qui s’enflamma entre les princes de Constan
2197
semblent avoir plus de férocité… La discorde de l’
Europe
, notamment celle qui s’enflamma entre les princes de Constantinople,
2198
notamment celle qui s’enflamma entre les princes
de
Constantinople, a livré l’Asie aux mains des Turcs ; elle leur a ouve
2199
x mains des Turcs ; elle leur a ouvert les portes
de
la Thrace. Par la suite, les dissensions entre les rois de l’Europe e
2200
ace. Par la suite, les dissensions entre les rois
de
l’Europe et les guerres naissant l’une de l’autre comme les têtes de
2201
Par la suite, les dissensions entre les rois de l’
Europe
et les guerres naissant l’une de l’autre comme les têtes de l’hydre o
2202
es rois de l’Europe et les guerres naissant l’une
de
l’autre comme les têtes de l’hydre ont encouragé les Turcs à s’étendr
2203
guerres naissant l’une de l’autre comme les têtes
de
l’hydre ont encouragé les Turcs à s’étendre sur l’Europe plus largeme
2204
l’hydre ont encouragé les Turcs à s’étendre sur l’
Europe
plus largement encore… N’importe qui peut gouverner le timon sur une
2205
Parfois l’art arrive à corriger quelques défauts
de
la Nature, mais il n’en supprime pas la racine ; et quand l’art recul
2206
siatiques. L’adversité révélerait ce qu’une série
de
succès ininterrompue a caché, et ferait voir en toute clarté que les
2207
en toute clarté que les Turcs ne furent pas forts
de
leur propre force et courage, mais de vos erreurs. … Les chrétiens po
2208
t pas forts de leur propre force et courage, mais
de
vos erreurs. … Les chrétiens possèdent encore la part la plus solide
2209
chrétiens possèdent encore la part la plus solide
de
l’Europe : l’Allemagne. Qu’ils cessent de se combattre, sinon ils son
2210
iens possèdent encore la part la plus solide de l’
Europe
: l’Allemagne. Qu’ils cessent de se combattre, sinon ils sont perdus.
2211
solide de l’Europe : l’Allemagne. Qu’ils cessent
de
se combattre, sinon ils sont perdus. Qu’ils fortifient l’Allemagne, o
2212
ravaillent en commun pour que le Turc ne s’empare
de
l’Allemagne ; sinon il n’y a plus d’espoir que tout l’Occident ne tom
2213
ne s’empare de l’Allemagne ; sinon il n’y a plus
d’
espoir que tout l’Occident ne tombe au pouvoir des Turcs, et que ceux
2214
be au pouvoir des Turcs, et que ceux qui refusent
de
vivre sous ce joug, n’émigrent en grandes flottes vers le Nouveau Mon
2215
là même, ils ne seront pas à l’abri des attaques
de
ce tyran piqué par le taon de l’avidité et de l’ambition. Quelle redo
2216
l’abri des attaques de ce tyran piqué par le taon
de
l’avidité et de l’ambition. Quelle redoute pourrions-nous encore lui
2217
ues de ce tyran piqué par le taon de l’avidité et
de
l’ambition. Quelle redoute pourrions-nous encore lui opposer s’il s’e
2218
pourrions-nous encore lui opposer s’il s’emparait
de
l’Allemagne ? Tout autre obstacle serait un château de cartes. Il est
2219
Allemagne ? Tout autre obstacle serait un château
de
cartes. Il est douloureux d’avoir à dire que seule la faiblesse pourr
2220
le serait un château de cartes. Il est douloureux
d’
avoir à dire que seule la faiblesse pourrait être opposée au souverain
2221
e la faiblesse pourrait être opposée au souverain
de
l’Allemagne et d’un si grand nombre de races et de royaumes. Il est v
2222
rrait être opposée au souverain de l’Allemagne et
d’
un si grand nombre de races et de royaumes. Il est vrai que l’Europe e
2223
souverain de l’Allemagne et d’un si grand nombre
de
races et de royaumes. Il est vrai que l’Europe est très forte ; mais
2224
e l’Allemagne et d’un si grand nombre de races et
de
royaumes. Il est vrai que l’Europe est très forte ; mais de quoi cela
2225
nombre de races et de royaumes. Il est vrai que l’
Europe
est très forte ; mais de quoi cela lui servirait-il, si le Turc possé
2226
s. Il est vrai que l’Europe est très forte ; mais
de
quoi cela lui servirait-il, si le Turc possédait la meilleure partie
2227
rait-il, si le Turc possédait la meilleure partie
de
l’Europe ? Vives rejoint ici l’opinion d’un autre champion de la rés
2228
il, si le Turc possédait la meilleure partie de l’
Europe
? Vives rejoint ici l’opinion d’un autre champion de la résistance a
2229
partie de l’Europe ? Vives rejoint ici l’opinion
d’
un autre champion de la résistance aux Turcs, Gaspard Peucer (1525-160
2230
Vives rejoint ici l’opinion d’un autre champion
de
la résistance aux Turcs, Gaspard Peucer (1525-1602), savant allemand,
2231
spard Peucer (1525-1602), savant allemand, gendre
de
Melanchton, dont il partageait la conviction que seule la pulchra con
2232
eait la conviction que seule la pulchra coniuncto
de
l’Allemagne, de la France et de l’Italie serait capable de sauver l’E
2233
on que seule la pulchra coniuncto de l’Allemagne,
de
la France et de l’Italie serait capable de sauver l’Europe. C’est en
2234
pulchra coniuncto de l’Allemagne, de la France et
de
l’Italie serait capable de sauver l’Europe. C’est en s’appuyant avant
2235
magne, de la France et de l’Italie serait capable
de
sauver l’Europe. C’est en s’appuyant avant tout sur les Allemagnes qu
2236
France et de l’Italie serait capable de sauver l’
Europe
. C’est en s’appuyant avant tout sur les Allemagnes que ces luthériens
2237
ces luthériens entrevoyaient la création possible
d’
une respublica cristiana en Europe, c’est-à-dire une confédération ant
2238
a création possible d’une respublica cristiana en
Europe
, c’est-à-dire une confédération antipapale et anti-impériale à la foi
2239
édération antipapale et anti-impériale à la fois.
De
son côté, Vives dans un écrit complémentaire à celui qu’on vient de c
2240
rit complémentaire à celui qu’on vient de citer :
De
Concordia et Discordia in Humano Genere 89 dit la nécessité d’une « r
2241
et Discordia in Humano Genere 89 dit la nécessité
d’
une « reconstruction générale de l’Europe », mais n’en décrit pas les
2242
dit la nécessité d’une « reconstruction générale
de
l’Europe », mais n’en décrit pas les moyens : les « grands desseins »
2243
la nécessité d’une « reconstruction générale de l’
Europe
», mais n’en décrit pas les moyens : les « grands desseins » n’appara
2244
s plus tard : Dès lors, dans une série si longue
de
guerres qui sont nées l’une de l’autre par une fécondité incroyable,
2245
ne série si longue de guerres qui sont nées l’une
de
l’autre par une fécondité incroyable, toute l’Europe a souffert des d
2246
de l’autre par une fécondité incroyable, toute l’
Europe
a souffert des dommages gigantesques et aura besoin, dans presque tou
2247
s et aura besoin, dans presque tous les domaines,
d’
une grande et quasi universelle reconstruction ; mais de nulle autre c
2248
grande et quasi universelle reconstruction ; mais
de
nulle autre chose la nécessité n’est plus pressante, que d’une immédi
2249
utre chose la nécessité n’est plus pressante, que
d’
une immédiate réconciliation et concorde, qui s’étendent et se communi
2250
ensemble, peuvent en quatre ans chasser les Turcs
de
l’Europe. La Noue propose une confédération entre les princes chrétie
2251
ble, peuvent en quatre ans chasser les Turcs de l’
Europe
. La Noue propose une confédération entre les princes chrétiens réunis
2252
s chrétiens réunis à Augsbourg sous la présidence
de
l’empereur : Ayant basti une telle confédération, il conviendrait en
2253
ons expediens pour la continuer au moins l’espace
de
quatre années. Projet modeste, en vérité, mais qui n’en eut pas plus
2254
et modeste, en vérité, mais qui n’en eut pas plus
de
suites. Il convient de citer enfin dans ce contexte Guillaume Postel
2255
mais qui n’en eut pas plus de suites. Il convient
de
citer enfin dans ce contexte Guillaume Postel (1510-1581), humaniste
2256
talien, en latin et traduit les Saintes Écritures
de
l’hébreu et du grec en arabe.) Postel croit à la Monarchie universell
2257
mahométans ou « Ismaéliens », par la propagation
d’
un « christianisme raisonnable ». Cela fait, quand tous seront un : D
2258
e, un seul prince… meilleure image du Dieu unique
d’
où procède l’ordre du monde. Un tel monarque universel ne saurait êtr
2259
oi de France, puisque ce roi descend du fils aîné
de
Japhet, Gomer, fondateur de la race gallique au témoignage de Josèphe
2260
descend du fils aîné de Japhet, Gomer, fondateur
de
la race gallique au témoignage de Josèphe… Toutefois, Postel est loin
2261
omer, fondateur de la race gallique au témoignage
de
Josèphe… Toutefois, Postel est loin de se regarder comme un impériali
2262
rder comme un impérialiste « gaulois ». Dans l’un
de
ses livres intitulé La République des Turcs (1560), il se nomme au co
2263
siècle C’est au xviie siècle qu’il appartenait
de
tirer certaines conclusions constructives, à la fois philosophiques e
2264
s et proprement politiques, du grand remue-ménage
de
la Renaissance et de la Réforme. Quatre plans de vaste envergure appo
2265
iques, du grand remue-ménage de la Renaissance et
de
la Réforme. Quatre plans de vaste envergure apportent leur contributi
2266
de la Renaissance et de la Réforme. Quatre plans
de
vaste envergure apportent leur contribution à cet effort de mise en o
2267
nvergure apportent leur contribution à cet effort
de
mise en ordre, qui semble bien avoir été la devise du siècle. Nous le
2268
ous leur découvrons, après coup, plusieurs traits
de
ressemblance assez profonds. Tous les quatre sont des utopies, donnée
2269
utopies, données comme telles — encore que celui
de
Sully prétende à quelque réalisme politique, celui de William Penn à
2270
ully prétende à quelque réalisme politique, celui
de
William Penn à une économie bien entendue. Tous les quatre expriment
2271
atre expriment avec force la vocation fédératrice
de
l’Europe, et la sourde angoisse de l’époque devant les prétentions ab
2272
expriment avec force la vocation fédératrice de l’
Europe
, et la sourde angoisse de l’époque devant les prétentions absolutiste
2273
on fédératrice de l’Europe, et la sourde angoisse
de
l’époque devant les prétentions absolutistes des États. Tous les quat
2274
s absolutistes des États. Tous les quatre émanent
d’
esprits profondément religieux mais « œcuméniques », au sens qu’a pris
2275
la mémoire des siècles aux traités « réalistes »
de
l’époque, rapidement effacés par le mouvement de l’histoire, et n’ont
2276
de l’époque, rapidement effacés par le mouvement
de
l’histoire, et n’ont cessé d’agir sur l’imagination des créateurs d’i
2277
és par le mouvement de l’histoire, et n’ont cessé
d’
agir sur l’imagination des créateurs d’institutions, jusqu’à nos jours
2278
’ont cessé d’agir sur l’imagination des créateurs
d’
institutions, jusqu’à nos jours. Nous les citerons ici selon la chrono
2279
645 ; William Penn, 1692. Le « Nouveau Cynée »
d’
Émeric Crucé De ce premier auteur d’un plan d’union qui engloberai
2280
1692. Le « Nouveau Cynée » d’Émeric Crucé
De
ce premier auteur d’un plan d’union qui engloberait non seulement l’E
2281
u Cynée » d’Émeric Crucé De ce premier auteur
d’
un plan d’union qui engloberait non seulement l’Europe chrétienne mais
2282
d’Émeric Crucé De ce premier auteur d’un plan
d’
union qui engloberait non seulement l’Europe chrétienne mais le monde
2283
d’un plan d’union qui engloberait non seulement l’
Europe
chrétienne mais le monde entier alors connu, nous savons peu. Il naqu
2284
ut « moine pédagogue dans on ne sait quel collège
de
Paris », enseigna les mathématiques et publia quelques pesants travau
2285
x qui le firent traiter par des érudits allemands
de
« petit maître d’école parisien »90. Ce personnage obscur n’en eut pa
2286
. Ce personnage obscur n’en eut pas moins le cœur
de
s’adresser à tous les princes d’Europe, dans l’envoi de son grand tra
2287
as moins le cœur de s’adresser à tous les princes
d’
Europe, dans l’envoi de son grand traité, qui parut à Paris en 1623 :
2288
moins le cœur de s’adresser à tous les princes d’
Europe
, dans l’envoi de son grand traité, qui parut à Paris en 1623 : Le Nou
2289
dresser à tous les princes d’Europe, dans l’envoi
de
son grand traité, qui parut à Paris en 1623 : Le Nouveau Cynée ou Dis
2290
ut à Paris en 1623 : Le Nouveau Cynée ou Discours
d’
Estat représentant les occasions et moyens d’établir une paix générale
2291
ours d’Estat représentant les occasions et moyens
d’
établir une paix générale et la liberté du commerce par tout le monde.
2292
out le monde. Aux monarques et princes souverains
de
ce temps. Ses 249 grandes pages ne comportent pas de divisions en cha
2293
ce temps. Ses 249 grandes pages ne comportent pas
de
divisions en chapitres, et seulement deux alinéas en tout ! Nous en r
2294
t mesme un fameux personnage a monstré les moyens
d’
exterminer les Turcs dans les quatre ans ou environ91, et plusieurs au
2295
strangers, qu’ils estiment une prudence politique
de
semer parmy eux des divisions, afin de jouyr d’un repos plus asseuré.
2296
e de semer parmy eux des divisions, afin de jouyr
d’
un repos plus asseuré.92 Mais je suis bien d’un autre advis, et me se
2297
uyr d’un repos plus asseuré.92 Mais je suis bien
d’
un autre advis, et me semble quand on voit brusler ou tomber la maison
2298
semble quand on voit brusler ou tomber la maison
de
son voisin qu’on a subject de crainte, autant que de compassion, veu
2299
ou tomber la maison de son voisin qu’on a subject
de
crainte, autant que de compassion, veu que la société humaine est un
2300
son voisin qu’on a subject de crainte, autant que
de
compassion, veu que la société humaine est un corps, dont tous les me
2301
n corps, dont tous les membres ont une sympathie,
de
manière qu’il est impossible que les maladies de l’un ne se communiqu
2302
de manière qu’il est impossible que les maladies
de
l’un ne se communiquent aux autres. Faut-il que les monarchies s’étab
2303
es, il n’est plus besoing à ceux qui en ioüissent
de
remplir le monde de ce carnage. Crucé insistera plus loin sur cette
2304
soing à ceux qui en ioüissent de remplir le monde
de
ce carnage. Crucé insistera plus loin sur cette idée de statu quo à
2305
arnage. Crucé insistera plus loin sur cette idée
de
statu quo à conserver, chère à Érasme, nous l’avons vu. La guerre est
2306
nnent, et ne se laissent point aisément dessaisir
de
leurs possessions. Je confronte ces deux peuples, pour ce qu’ils sont
2307
ces deux peuples, pour ce qu’ils sont par manière
de
dire ennemis naturels, et ont divisé presque tout le monde en deux pa
2308
le monde en deux parties, à cause de la diversité
de
leur religion, tellement que s’ils se pouvoient accorder, ce serait u
2309
d acheminement pour la paix universelle. Inutile
d’
insister sur le parallèle avec nos « deux blocs » actuels. La plus sûr
2310
s « deux blocs » actuels. La plus sûre prévention
de
la guerre, Crucé la voit dans l’arbitrage, idée reprise du Moyen Âge
2311
rage, idée reprise du Moyen Âge : Auparavant que
de
venir aux armes (les princes devraient)… se rapporter à l’arbitrage d
2312
souverains : Ce faisant ils gaigneroient l’amitié
de
leurs semblables, pour s’en prévaloir contre leurs ennemis, au cas qu
2313
s qu’ils ne voulussent se soubsmettre au jugement
d’
un tiers. Or si un prince recevoit un juge qui voulust impérieusement
2314
voit un juge qui voulust impérieusement s’ingérer
de
vuider les differens, cela véritablement ravaleroit sa grandeur : mai
2315
cela véritablement ravaleroit sa grandeur : mais
d’
accepter volontairement les arbitres, c’est une chose jadis pratiquée
2316
t à cecy servirait grandement rassemblée generale
de
laquelle nous parlerons cy-après… Comments est-il possible, dira quel
2317
-après… Comments est-il possible, dira quelqu’un,
d’
accorder des peuples qui sont si séparez de volonté et d’affection, co
2318
qu’un, d’accorder des peuples qui sont si séparez
de
volonté et d’affection, comme le Turc et le Persan, le François et l’
2319
der des peuples qui sont si séparez de volonté et
d’
affection, comme le Turc et le Persan, le François et l’Espagnol, le C
2320
us oster la similitude du naturel, vray fondement
d’
amitié et société humaine. Pourquoy moy qui suis François voudray-je d
2321
ble. La même tolérance doit s’étendre au domaine
de
la religion : Qu’est-il besoin de se faire la guerre pour la diversi
2322
dre au domaine de la religion : Qu’est-il besoin
de
se faire la guerre pour la diversité des cérémonies ? Je ne dirai pas
2323
our la diversité des cérémonies ? Je ne dirai pas
de
religion, vu que leur fin principale reside en l’adoration de Dieu, q
2324
vu que leur fin principale reside en l’adoration
de
Dieu, qui demande plutost le cœur des hommes que le culte extérieur e
2325
res… La pieté est un trop bel arbre pour produire
de
si mauvais fruits. Tandis que nous taschons de gagner le ciel par l’i
2326
re de si mauvais fruits. Tandis que nous taschons
de
gagner le ciel par l’ingredient de la religion, gardons-nous de tombe
2327
nous taschons de gagner le ciel par l’ingredient
de
la religion, gardons-nous de tomber en une stupidité et inhumanité br
2328
iel par l’ingredient de la religion, gardons-nous
de
tomber en une stupidité et inhumanité brutale… Toutes ces Religions (
2329
la sienne est la meilleure. Je n’ay pas entrepris
de
vuider ce différend. Un plus suffisant que moy y seroit bein empesché
2330
e fin, à sçavoir à la recognoissance et adoration
de
la divinité. Que si aucunes ne choisissent pas le bon chemin ou moyen
2331
ue par malice, et par consequent sont plus dignes
de
compassion que de haine… (Seuls des esprits bornés croient) que tous
2332
par consequent sont plus dignes de compassion que
de
haine… (Seuls des esprits bornés croient) que tous sont tenus de vivr
2333
s des esprits bornés croient) que tous sont tenus
de
vivre comme luy, et ne prise que ses coutusmes, à la façon de ces nia
2334
me luy, et ne prise que ses coutusmes, à la façon
de
ces niais d’Athènes, qui estimoient la Lune de leur pays meilleure qu
2335
prise que ses coutusmes, à la façon de ces niais
d’
Athènes, qui estimoient la Lune de leur pays meilleure que celle des a
2336
on de ces niais d’Athènes, qui estimoient la Lune
de
leur pays meilleure que celle des autres. Les sages et divins esprits
2337
considèrent que l’harmonie du monde est composée
de
diverses humeurs, et que ce qui est loüable en un lieu, n’est pas tro
2338
volontez sont muables, et les actions des hommes
de
ce temps n’obligent pas leurs successeurs… Néantmoins pour en préveni
2339
n prévenir les inconvéniens, il seroit necessaire
de
choisir une ville, où tous les Souverains eussent perpétuellement leu
2340
ourraient survenir fussent vuidez par le jugement
de
toute l’assemblee. Les ambassadeurs de ceux qui seroient intéressez e
2341
e jugement de toute l’assemblee. Les ambassadeurs
de
ceux qui seroient intéressez exposeroient là les plaintes de leurs ma
2342
seroient intéressez exposeroient là les plaintes
de
leurs maistres, et les autres députez en jugeraient sans passion. Il
2343
s députez en jugeraient sans passion. Il propose
d’
en fixer le siège sur le territoire de Venise, pour ce qu’il est comm
2344
Il propose d’en fixer le siège sur le territoire
de
Venise, pour ce qu’il est comme neutre et indifferent à tous princes
2345
si qu’il est proche des plus signalées Monarchies
de
la terre, de celles du pape, des deux empereurs, et du roy d’Hespagne
2346
proche des plus signalées Monarchies de la terre,
de
celles du pape, des deux empereurs, et du roy d’Hespagne. Il n’est pa
2347
pereurs, et du roy d’Hespagne. Il n’est pas loing
de
France, de Tartarie, Moschouie, Polongne, Angleterre, et Dannemarch.
2348
du roy d’Hespagne. Il n’est pas loing de France,
de
Tartarie, Moschouie, Polongne, Angleterre, et Dannemarch. Quant à la
2349
il a bien ses idées là-dessus, mais il a décidé «
de
ne pas songer à soy seulement » et au contraire de parler comme s’il
2350
comme s’il était né « en la république imaginaire
de
Platon ou en la région de ses Idées ». Il finit donc par proposer que
2351
a république imaginaire de Platon ou en la région
de
ses Idées ». Il finit donc par proposer que le pape « ait la préséanc
2352
r que le pape « ait la préséance, pour le respect
de
l’ancienne Rome », mais — ô révolution presque impensable ! — que le
2353
atement après lui, « attendu qu’il tient le siège
de
l’empire oriental ». Viendront ensuite « l’empereur chrestien » puis
2354
ixiesme lieu pourroit estre debatu entre les roys
de
Perse, de la Chine, le Pretre-Jan, le Precop de Tartarie, et le grand
2355
eu pourroit estre debatu entre les roys de Perse,
de
la Chine, le Pretre-Jan, le Precop de Tartarie, et le grand duc de Mo
2356
rtarie, et le grand duc de Moschouie… Et les roys
de
la grand Bretagne, de Pologne, de Dannemarch, de Suede, du Jappon, de
2357
c de Moschouie… Et les roys de la grand Bretagne,
de
Pologne, de Dannemarch, de Suede, du Jappon, de Marroc, le grand Mogo
2358
ie… Et les roys de la grand Bretagne, de Pologne,
de
Dannemarch, de Suede, du Jappon, de Marroc, le grand Mogol, et autres
2359
de la grand Bretagne, de Pologne, de Dannemarch,
de
Suede, du Jappon, de Marroc, le grand Mogol, et autres monarques tant
2360
, de Pologne, de Dannemarch, de Suede, du Jappon,
de
Marroc, le grand Mogol, et autres monarques tant des Indes que d’Afri
2361
and Mogol, et autres monarques tant des Indes que
d’
Afrique, ne doivent pas estre aux derniers rangs, tous braves princes,
2362
s rangs, tous braves princes, qui se maintiennent
d’
eux-mesmes et ne dependent de personne… Et pour authoriser d’avantage
2363
qui se maintiennent d’eux-mesmes et ne dependent
de
personne… Et pour authoriser d’avantage le jugement, on prendroit adu
2364
s et ne dependent de personne… Et pour authoriser
d’
avantage le jugement, on prendroit aduis des grandes Republiques, qui
2365
me celle des Vénitiens et des Suisses, et non pas
de
ces petites Seigneuries, qui ne se peuvent maintenir d’elles-mesmes,
2366
petites Seigneuries, qui ne se peuvent maintenir
d’
elles-mesmes, et dependent de la protection d’autruy. … Ceste compagni
2367
se peuvent maintenir d’elles-mesmes, et dependent
de
la protection d’autruy. … Ceste compagnie donc jugeroit les débats qu
2368
nir d’elles-mesmes, et dependent de la protection
d’
autruy. … Ceste compagnie donc jugeroit les débats qui surviendroient
2369
es mescontentemens, et les apoiseroit par la voye
de
douceur, si faire se pouvoit, ou en cas de nécessité par la force. Qu
2370
a voye de douceur, si faire se pouvoit, ou en cas
de
nécessité par la force. Que si quelqu’un contrevenoit à l’arrest d’un
2371
a force. Que si quelqu’un contrevenoit à l’arrest
d’
une si notable compagnie, il encourrait la disgrace de tous les autres
2372
e si notable compagnie, il encourrait la disgrace
de
tous les autres princes, qui auraient beau moyen de le faire venir à
2373
tous les autres princes, qui auraient beau moyen
de
le faire venir à la raison. Dès la première partie de son traité, Cr
2374
faire venir à la raison. Dès la première partie
de
son traité, Crucé s’était demandé ce que feraient les peuples, s’ils
2375
la guerre pour « exercice ». Il proposait un plan
d’
éducation des peuples (sciences, médecine et mathématiques en premier
2376
decine et mathématiques en premier lieu), un plan
de
développement des industries artisanales, et un plan d’aménagement de
2377
eloppement des industries artisanales, et un plan
d’
aménagement des territoires : rivières à rendre navigables, canal joig
2378
. Et déjà il s’écriait : Quel plaisir seroit-ce,
de
voir les hommes aller de part et d’autre librement, et communiquer en
2379
Quel plaisir seroit-ce, de voir les hommes aller
de
part et d’autre librement, et communiquer ensemble sans aucun scrupul
2380
ir seroit-ce, de voir les hommes aller de part et
d’
autre librement, et communiquer ensemble sans aucun scrupule de pays,
2381
ment, et communiquer ensemble sans aucun scrupule
de
pays, de ceremonies, ou d’autres diversitez semblables, comme si la t
2382
communiquer ensemble sans aucun scrupule de pays,
de
ceremonies, ou d’autres diversitez semblables, comme si la terre esto
2383
tablement, une cité commune à tous ? Vers la fin
de
l’ouvrage, il reprend et développe ce thème de la libre circulation d
2384
in de l’ouvrage, il reprend et développe ce thème
de
la libre circulation des biens et des personnes : Voilà les moyens d
2385
on des biens et des personnes : Voilà les moyens
d’
entretenir la paix particulièrement en chaque monarchie. Il y en a d’a
2386
universels, qui concernent la bonne intelligence
de
tous les souverains respectivement l’un avec l’autre, dont le premier
2387
us important est qu’ils se contentent des limites
de
leur seigneurie qui leur seront prescripts par la generale assemblée
2388
leur seront prescripts par la generale assemblée
de
laquelle nous avons parlé. Ce poinct estant gaigné, il faudra aduiser
2389
igné, il faudra aduiser à ce que les particuliers
de
diverses nations se puissent hanter et trafiquer ensemble en asseuran
2390
les accorde promptement sans faveur ny acception
de
personne. Car puisqu’il s’agist d’une paix universelle il faut rendre
2391
r ny acception de personne. Car puisqu’il s’agist
d’
une paix universelle il faut rendre la justice aux estrangers, et ne p
2392
leur plaisir. Crucé a bien vu que cette liberté
de
commerce — diamétralement opposée au protectionnisme national qui com
2393
onal qui commençait à s’appesantir sur l’économie
de
l’Europe — supposait d’autres mesures : … il est necessaire que les
2394
qui commençait à s’appesantir sur l’économie de l’
Europe
— supposait d’autres mesures : … il est necessaire que les princes d
2395
es mesures : … il est necessaire que les princes
d’
un commun consentement réduisent les monnoyes à un mesme pied, afin qu
2396
libres et le commerce estant ouvert par le moyen
de
la paix, on puisse trafiquer par tout sans dommage. Il n’y a personne
2397
dommage. Il n’y a personne qui soit plus capable
de
cela que le pape. C’est son devoir de moyenner une concorde générale
2398
lus capable de cela que le pape. C’est son devoir
de
moyenner une concorde générale entre les princes chrestiens. Et pour
2399
isser ce tesmoignage à la postérité. S’il ne sert
de
rien, patience. C’est peu de chose, de perdre du papier, et des parol
2400
il ne sert de rien, patience. C’est peu de chose,
de
perdre du papier, et des paroles. Je protesteray en ce cas comme Solo
2401
des paroles. Je protesteray en ce cas comme Solon
d’
avoir dit et faict ce qui m’a esté possible pour le bien public, et qu
2402
m’en sçauront gré, et m’honoreront comme j’espère
de
leur souvenance. Le mémoire de Crucé n’eut pas plus de succès que le
2403
nt comme j’espère de leur souvenance. Le mémoire
de
Crucé n’eut pas plus de succès que les projets de ses prédécesseurs.
2404
r souvenance. Le mémoire de Crucé n’eut pas plus
de
succès que les projets de ses prédécesseurs. Mais ceux qui le dédaign
2405
de Crucé n’eut pas plus de succès que les projets
de
ses prédécesseurs. Mais ceux qui le dédaignèrent sont oubliés, lui no
2406
a fait son chemin clandestin à travers une série
d’
œuvres souvent glorieuses. Le jeune Leibniz l’a lu et s’en souvient :
2407
Société des Nations, puis Churchill et le congrès
de
La Haye et les grands débats de notre temps. Le Grand Dessein du d
2408
ill et le congrès de La Haye et les grands débats
de
notre temps. Le Grand Dessein du duc de Sully Tout le monde, d
2409
u. Est-on même certain qu’il existe ? La « Charte
de
l’Atlantique », pendant la dernière guerre, exerça, elle aussi, une g
2410
n : ses éléments sont dispersés dans les milliers
de
pages des Mémoires de Sully, dont au surplus nous possédons plusieurs
2411
dispersés dans les milliers de pages des Mémoires
de
Sully, dont au surplus nous possédons plusieurs versions : les deux p
2412
eurs versions : les deux premières parties datées
de
1638 et qui ne furent pas « mises dans le commerce » ; la troisième p
2413
bé de l’Écluse, qui fit connaître au grand public
de
1745 une œuvre fortement remaniée ; enfin, des éditions modernes, res
2414
omposés par quatre secrétaires anonymes, à l’aide
d’
un gigantesque fatras de documents, copies de lettres, ou lettres écri
2415
taires anonymes, à l’aide d’un gigantesque fatras
de
documents, copies de lettres, ou lettres écrites après coup, brouillo
2416
aide d’un gigantesque fatras de documents, copies
de
lettres, ou lettres écrites après coup, brouillons de discours, états
2417
ettres, ou lettres écrites après coup, brouillons
de
discours, états financiers, notes, souvenirs, dictées, bilans, etc. L
2418
elieu, attribue le Grand Dessein à Henry IV, plus
de
vingt ans après l’assassinat du roi. Les états successifs du plan qu’
2419
nous révèle (sous forme de lettres apocryphes ou
de
discours) défient la citation par la longueur des phrases et le désor
2420
tion par la longueur des phrases et le désordonné
de
la présentation. Voici tout de même un assez court fragment où, par u
2421
, Sully cherche à gagner l’Angleterre aux projets
d’
Henry IV contre les Habsbourg : Suivant ce que le roi d’Angleterre vo
2422
ui ayant ainsi envoyé le plus ancien et confident
de
ses serviteurs et celui sur lequel lui-même pouvait prendre le plus d
2423
celui sur lequel lui-même pouvait prendre le plus
de
confiance. Sur quoi voyant, comme il vous sembla, l’occasion très opp
2424
hautes propositions que le roi vous avait ordonné
de
lui faire, mais seulement comme de vous-même, vous lui répondîtes en
2425
avait ordonné de lui faire, mais seulement comme
de
vous-même, vous lui répondîtes en ces termes : « […] Sire, il faut qu
2426
vanités mondaines, je préfère néanmoins la gloire
de
Dieu, mon salut et la subsistance de la vraie religion que je profess
2427
ns la gloire de Dieu, mon salut et la subsistance
de
la vraie religion que je professe, au roi mon maître, ma fortune, ma
2428
pagne, les archiducs, les princes ecclésiastiques
d’
Allemagne, et tous autres grands et communautés catholiques, n’ont poi
2429
n’ont point de plus forte passion en l’esprit que
de
former une puissante association pour la ruine et destruction de tout
2430
uissante association pour la ruine et destruction
de
toute créance contraire à la romaine. Ils ne sont retardés d’y travai
2431
ance contraire à la romaine. Ils ne sont retardés
d’
y travailler tout ouvertement que parce qu’ils n’ont point encore pu f
2432
ein. Mais il est à craindre que par la diminution
de
ma faveur (comme celle des princes est sujette à varier) ou par de tr
2433
me celle des princes est sujette à varier) ou par
de
trop continuelles sollicitations, il ne se laisse enfin persuader, s’
2434
bles à son généreux esprit (car c’est cette vertu
de
magnanimité qui tient le premier lieu en son âme), qui sont ceux desq
2435
Votre Majesté, et dans quels aussi elle trouvera
de
quoi accroître sa puissance et son autorité, amplifier sa domination,
2436
, et perpétuer sa renommée, qui est le second but
de
mes désirs. De vous seul dépend l’exécution des choses que je veux pr
2437
sa renommée, qui est le second but de mes désirs.
De
vous seul dépend l’exécution des choses que je veux proposer, lesquel
2438
le tous les autres rois, princes, et surtout ceux
de
Danemark et de Suède, États, républiques, villes et communautés prote
2439
res rois, princes, et surtout ceux de Danemark et
de
Suède, États, républiques, villes et communautés protestantes, qui so
2440
communautés protestantes, qui sont comme obligés
d’
être toujours contraires à la faction espagnole et d’Autriche, et conf
2441
tre toujours contraires à la faction espagnole et
d’
Autriche, et confirmer tout cela par l’alliance de vos communs enfants
2442
d’Autriche, et confirmer tout cela par l’alliance
de
vos communs enfants, qui se trouveront d’âge sortable les uns aux aut
2443
lliance de vos communs enfants, qui se trouveront
d’
âge sortable les uns aux autres. Je ne désespère pas si je vous vois g
2444
turel volage et à son véhément et ambitieux désir
de
porter couronne royale, les plus puissants princes catholiques d’Alle
2445
ne royale, les plus puissants princes catholiques
d’
Allemagne, pour l’espérance d’arracher la couronne impériale de la mai
2446
princes catholiques d’Allemagne, pour l’espérance
d’
arracher la couronne impériale de la maison d’Autriche et tous les éta
2447
pour l’espérance d’arracher la couronne impériale
de
la maison d’Autriche et tous les états de Bohême, Autriche, Moravie,
2448
nce d’arracher la couronne impériale de la maison
d’
Autriche et tous les états de Bohême, Autriche, Moravie, Silésie et Lu
2449
périale de la maison d’Autriche et tous les états
de
Bohême, Autriche, Moravie, Silésie et Lusatie, pour les rétablir dans
2450
ciennes libertés, voire même le pape en proposant
de
lui faire posséder une propriété ce dont il n’est reconnu que par une
2451
dont il n’est reconnu que par une vaine apparence
de
féodalité. » Sur toutes lesquelles ouvertures, quoique d’abord en gén
2452
et en gros, le roi d’Angleterre fît démonstration
d’
y prendre goût, voire de les louer et approuver, si ne laissa-t-il pas
2453
leterre fît démonstration d’y prendre goût, voire
de
les louer et approuver, si ne laissa-t-il pas d’en vouloir entendre t
2454
de les louer et approuver, si ne laissa-t-il pas
d’
en vouloir entendre tout le détail, et de former lors une infinité de
2455
t-il pas d’en vouloir entendre tout le détail, et
de
former lors une infinité de difficultés sur la jonction en une loyale
2456
re tout le détail, et de former lors une infinité
de
difficultés sur la jonction en une loyale association de tant de dive
2457
icultés sur la jonction en une loyale association
de
tant de diverses têtes et tant diversement intentionnées et intéressé
2458
ent intentionnées et intéressées sur la poursuite
d’
un si haut dessein… Les discours que vous eûtes lors, tant sur ce suje
2459
ieurs autres très importants, vous retinrent plus
de
quatre heures seuls enfermés ensemble. Cependant, le Grand Dessein,
2460
s ses derniers états, déborde largement au profit
de
l’Europe entière, ce projet initial d’alliance protestante — nonobsta
2461
derniers états, déborde largement au profit de l’
Europe
entière, ce projet initial d’alliance protestante — nonobstant l’adhé
2462
au profit de l’Europe entière, ce projet initial
d’
alliance protestante — nonobstant l’adhésion de princes catholiques et
2463
al d’alliance protestante — nonobstant l’adhésion
de
princes catholiques et même du pape. Nous en donnerons ici l’exposé m
2464
a su tirer des « Sages et royales Économies » : L’
Europe
sera composée de : 5 monarchies électives : le Saint-Empire romain g
2465
s et royales Économies » : L’Europe sera composée
de
: 5 monarchies électives : le Saint-Empire romain germanique, les Ét
2466
talie, la Suisse, la Belgique (pour la définition
de
ces territoires voir plus loin). Les pays dont seront composés ces Ét
2467
en détail ; s’il y a désaccord sur l’attribution
d’
un territoire, il sera soumis directement à l’autorité européenne cent
2468
rritoire, il sera soumis directement à l’autorité
européenne
centrale, c’est-à-dire deviendra territoire sous mandat. Par leur sup
2469
rficie et leurs richesses, ces États devront être
d’
importance à peu près égale, pour assurer entre eux le plus haut degré
2470
our assurer entre eux le plus haut degré possible
d’
équilibre, de même qu’entre les religions catholique, luthérienne et c
2471
e, luthérienne et calviniste. Cette Confédération
d’
États sera placée sous la garde d’un Conseil de l’Europe composé de si
2472
e Confédération d’États sera placée sous la garde
d’
un Conseil de l’Europe composé de six Conseils provinciaux et d’un Con
2473
ée sous la garde d’un Conseil de l’Europe composé
de
six Conseils provinciaux et d’un Conseil Général. Les Conseils provi
2474
e l’Europe composé de six Conseils provinciaux et
d’
un Conseil Général. Les Conseils provinciaux auront leurs sièges à :
2475
ardie, etc., et une ville à désigner dans l’Ouest
de
l’Europe pour la France, l’Espagne, l’Angleterre et la Belgique. Le C
2476
, etc., et une ville à désigner dans l’Ouest de l’
Europe
pour la France, l’Espagne, l’Angleterre et la Belgique. Le Conseil Gé
2477
l Général aura son siège dans une ville du centre
de
l’Europe, à désigner chaque année parmi les villes suivantes : Metz,
2478
éral aura son siège dans une ville du centre de l’
Europe
, à désigner chaque année parmi les villes suivantes : Metz, Luxembour
2479
nçon. On voit que le Rhin est l’artère principale
de
cette nouvelle configuration politique. Ce Conseil Général sera compo
2480
ration politique. Ce Conseil Général sera composé
de
représentants de chacun des gouvernements de la république chrétienne
2481
Ce Conseil Général sera composé de représentants
de
chacun des gouvernements de la république chrétienne, au total 40 hom
2482
posé de représentants de chacun des gouvernements
de
la république chrétienne, au total 40 hommes d’expérience, à raison d
2483
s de la république chrétienne, au total 40 hommes
d’
expérience, à raison de 4 représentants pour les grands États et de 2
2484
aison de 4 représentants pour les grands États et
de
2 pour les États plus petits. Ces Conseils recevront le pouvoir de tr
2485
ts plus petits. Ces Conseils recevront le pouvoir
de
trancher tout différend, tant entre un souverain et son peuple qu’ent
2486
e qu’entre différents États. Ils ont pour mission
de
régler toutes les questions d’intérêt commun et d’élaborer tous les p
2487
s ont pour mission de régler toutes les questions
d’
intérêt commun et d’élaborer tous les projets concernant l’ensemble de
2488
e régler toutes les questions d’intérêt commun et
d’
élaborer tous les projets concernant l’ensemble de la République chrét
2489
d’élaborer tous les projets concernant l’ensemble
de
la République chrétienne. Le Conseil de l’Europe a les compétences et
2490
seil de l’Europe a les compétences et les devoirs
d’
un Sénat, ses membres étant à réélire tous les trois ans. Les décision
2491
ra qu’une souveraineté conditionnelle. Comme base
de
la république européenne, Sully exige la liberté du commerce et même
2492
ineté conditionnelle. Comme base de la république
européenne
, Sully exige la liberté du commerce et même la suppression des barriè
2493
e la suppression des barrières douanières. L’idée
de
l’arbitrage et aussi du « concert européen » apparaît avec une nettet
2494
ères. L’idée de l’arbitrage et aussi du « concert
européen
» apparaît avec une netteté particulière dans les dispositions prévue
2495
lection des souverains des trois royaumes chargés
d’
assurer la défense de l’Europe à l’Est. Il prévoit en effet : comme «
2496
trois royaumes chargés d’assurer la défense de l’
Europe
à l’Est. Il prévoit en effet : comme « marche » et rempart contre les
2497
marche » et rempart contre les Turcs, un royaume
de
Hongrie (Basse-Autriche, Styrie, Carinthie, Croatie, Bosnie, Slovénie
2498
contre les Moscovites et les Tartares, un royaume
de
Pologne, enfin un royaume de Bohême. Pour associer ces royaumes le pl
2499
Tartares, un royaume de Pologne, enfin un royaume
de
Bohême. Pour associer ces royaumes le plus étroitement possible au so
2500
aumes le plus étroitement possible au sort commun
de
l’Europe, deux dispositions : d’une part leurs souverains devront êtr
2501
le plus étroitement possible au sort commun de l’
Europe
, deux dispositions : d’une part leurs souverains devront être élus pa
2502
uverains devront être élus par un collège composé
de
huit souverains : le pape, l’empereur, les rois de France, d’Espagne,
2503
e huit souverains : le pape, l’empereur, les rois
de
France, d’Espagne, d’Angleterre, du Danemark, de Suède et de Lombardi
2504
erains : le pape, l’empereur, les rois de France,
d’
Espagne, d’Angleterre, du Danemark, de Suède et de Lombardie, d’autre
2505
pape, l’empereur, les rois de France, d’Espagne,
d’
Angleterre, du Danemark, de Suède et de Lombardie, d’autre part ces hu
2506
de France, d’Espagne, d’Angleterre, du Danemark,
de
Suède et de Lombardie, d’autre part ces huit souverains seront obligé
2507
d’Espagne, d’Angleterre, du Danemark, de Suède et
de
Lombardie, d’autre part ces huit souverains seront obligés par devoir
2508
art ces huit souverains seront obligés par devoir
d’
alliance à défendre ces royaumes contre toute agression. Arbitrage aus
2509
e roi d’Espagne et les cantons suisses. Le devoir
d’
alliance des huit souverains joue également pour Venise et le royaume
2510
uverains joue également pour Venise et le royaume
de
Sicile. Enfin, le plan Sully prévoit en détail les ajustements territ
2511
erritoriaux nécessaires pour cette réorganisation
de
l’Europe : La souveraineté espagnole est limitée à la péninsule ibéri
2512
oriaux nécessaires pour cette réorganisation de l’
Europe
: La souveraineté espagnole est limitée à la péninsule ibérique. Les
2513
rk et la Suède gardent leur statu quo. Le royaume
de
Lombardie est formé par : la Savoie, le Piémont, Montferrat et Milan.
2514
e est renforcée territorialement : elle s’accroît
de
la Franche-Comté, de l’Alsace et du Tyrol. La République de Belgique
2515
torialement : elle s’accroît de la Franche-Comté,
de
l’Alsace et du Tyrol. La République de Belgique se compose de la Belg
2516
et du Tyrol. La République de Belgique se compose
de
la Belgique et de la Hollande actuelles. Enfin, une république italie
2517
publique de Belgique se compose de la Belgique et
de
la Hollande actuelles. Enfin, une république italienne sera formée, e
2518
à la Savoie, ni à Venise. Cette république faite
d’
une mosaïque de territoires en surplus sera placée sous la souverainet
2519
i à Venise. Cette république faite d’une mosaïque
de
territoires en surplus sera placée sous la souveraineté du pape. La R
2520
elon Sully, ne devra pas être admise comme membre
de
la Communauté chrétienne. C. J. Burckhardt compare, en conclusion, l
2521
J. Burckhardt compare, en conclusion, le Dessein
de
Sully et les autres projets européens de paix perpétuelle : Cet effo
2522
lusion, le Dessein de Sully et les autres projets
européens
de paix perpétuelle : Cet effort toujours repris à nouveau peut se r
2523
Dessein de Sully et les autres projets européens
de
paix perpétuelle : Cet effort toujours repris à nouveau peut se rame
2524
mobiles constants : l’espoir placé dans l’action
de
la volonté libre pour surmonter l’entraînement fatidique vers la guer
2525
supérieure aux États ; et surtout : le sentiment
de
tout ce que les Européens, malgré contrastes et conflits, possèdent d
2526
ts ; et surtout : le sentiment de tout ce que les
Européens
, malgré contrastes et conflits, possèdent de commun et d’irremplaçabl
2527
ropéens, malgré contrastes et conflits, possèdent
de
commun et d’irremplaçable. Ce qui distingue les écrits de Sully de ce
2528
ré contrastes et conflits, possèdent de commun et
d’
irremplaçable. Ce qui distingue les écrits de Sully de ceux de ses pré
2529
n et d’irremplaçable. Ce qui distingue les écrits
de
Sully de ceux de ses prédécesseurs et contemporains, c’est qu’en sa q
2530
remplaçable. Ce qui distingue les écrits de Sully
de
ceux de ses prédécesseurs et contemporains, c’est qu’en sa qualité d’
2531
ble. Ce qui distingue les écrits de Sully de ceux
de
ses prédécesseurs et contemporains, c’est qu’en sa qualité d’homme d’
2532
cesseurs et contemporains, c’est qu’en sa qualité
d’
homme d’État il part d’un contexte politique tout à fait concret et pa
2533
ns, c’est qu’en sa qualité d’homme d’État il part
d’
un contexte politique tout à fait concret et particulier et qu’ensuite
2534
mesure que lentement il mûrit son plan, le désir
d’
assurer la primauté à sa propre nation s’estompe de plus en plus chez
2535
e que, dans son grand âge, et déjà presque au ban
de
la communauté française en sa qualité de protestant, il finit par ard
2536
e au ban de la communauté française en sa qualité
de
protestant, il finit par ardemment souhaiter un pouvoir suprême supra
2537
, tant de défaites et tant de lamentables traités
de
paix qu’il ne pourra plus en supporter beaucoup d’autres sans périr…
2538
passées à observer l’agitation des hommes du fond
de
sa retraite l’ont amené pour finir à surmonter en lui-même, dans son
2539
ns son propre cœur, la force la plus considérable
de
son époque, cette force qui jadis dans sa jeunesse l’avait poussé à l
2540
t tendu vers l’avenir.94 Le Réveil universel
de
Comenius Le principal titre de gloire d’Amos Comenius (nom latini
2541
veil universel de Comenius Le principal titre
de
gloire d’Amos Comenius (nom latinisé de Jean Amos Komenski), né en Mo
2542
rsel de Comenius Le principal titre de gloire
d’
Amos Comenius (nom latinisé de Jean Amos Komenski), né en Moravie en 1
2543
pal titre de gloire d’Amos Comenius (nom latinisé
de
Jean Amos Komenski), né en Moravie en 1592, mort en Hollande en 1670,
2544
en Moravie en 1592, mort en Hollande en 1670, est
d’
avoir contribué plus que tout autre, en écrivant sa Grande Didactique
2545
e tout autre, en écrivant sa Grande Didactique et
de
nombreux traités spéciaux, à créer la science de l’éducation en Europ
2546
de nombreux traités spéciaux, à créer la science
de
l’éducation en Europe. Mais ses recherches de philosophe et de théolo
2547
és spéciaux, à créer la science de l’éducation en
Europe
. Mais ses recherches de philosophe et de théologien (il fut évêque de
2548
nce de l’éducation en Europe. Mais ses recherches
de
philosophe et de théologien (il fut évêque de l’Unité des frères mora
2549
n en Europe. Mais ses recherches de philosophe et
de
théologien (il fut évêque de l’Unité des frères moraves) autant que s
2550
hes de philosophe et de théologien (il fut évêque
de
l’Unité des frères moraves) autant que son action de pédagogue, devai
2551
l’Unité des frères moraves) autant que son action
de
pédagogue, devaient trouver leur couronnement et l’expression de leur
2552
evaient trouver leur couronnement et l’expression
de
leur unité profonde dans un ouvrage qu’il ne put achever : la Délibér
2553
pansophique ». Elle porte le sous-titre suivant :
De
rerum humanarum emendatione consultatio catholica ad genus humanum, a
2554
n système scolaire perfectionné sous la direction
d’
une sorte d’académie internationale ; coordination politique, sous la
2555
olaire perfectionné sous la direction d’une sorte
d’
académie internationale ; coordination politique, sous la direction d’
2556
onale ; coordination politique, sous la direction
d’
institutions internationales ; réconciliation des Églises, qui se donn
2557
ent un Consistoire mondial. Le projet gigantesque
d’
une fédération mondiale à la fois culturelle, politique et religieuse,
2558
la fois culturelle, politique et religieuse, fait
de
Comenius l’un des grands précurseurs de l’union européenne autant que
2559
use, fait de Comenius l’un des grands précurseurs
de
l’union européenne autant que du mouvement œcuménique. Notons une foi
2560
e Comenius l’un des grands précurseurs de l’union
européenne
autant que du mouvement œcuménique. Notons une fois de plus que le «
2561
nt parle Comenius n’est en fait que la chrétienté
de
son temps, donc l’Europe. Au reste, Comenius se qualifie lui-même d’E
2562
st en fait que la chrétienté de son temps, donc l’
Europe
. Au reste, Comenius se qualifie lui-même d’Européen. Dans la Præfatio
2563
l’Europe. Au reste, Comenius se qualifie lui-même
d’
Européen. Dans la Præfatio ad Europeos qui ouvre sa Panegersia, il par
2564
Europe. Au reste, Comenius se qualifie lui-même d’
Européen
. Dans la Præfatio ad Europeos qui ouvre sa Panegersia, il parle — le
2565
a Panegersia, il parle — le premier peut-être ? —
de
notre patrie européenne : Afin que nous cessions de dissimuler nos p
2566
parle — le premier peut-être ? — de notre patrie
européenne
: Afin que nous cessions de dissimuler nos projets et nos efforts, e
2567
notre patrie européenne : Afin que nous cessions
de
dissimuler nos projets et nos efforts, et de travailler chacun pour s
2568
ions de dissimuler nos projets et nos efforts, et
de
travailler chacun pour soi, je vais payer d’exemple : car mon but sup
2569
, et de travailler chacun pour soi, je vais payer
d’
exemple : car mon but suprême est d’annoncer le Christ à tous les peup
2570
je vais payer d’exemple : car mon but suprême est
d’
annoncer le Christ à tous les peuples. Cette Lumière doit être apporté
2571
pportée aux autres peuples au nom de notre patrie
européenne
; et c’est pourquoi nous devons tout d’abord nous unir entre nous ; c
2572
t d’abord nous unir entre nous ; car, nous autres
Européens
, nous devons être considérés comme des voyageurs embarqués sur un seu
2573
e navire. Je ne puis me taire, car mon espoir est
d’
adoucir les maux de la guerre par mon message, comme par une musique t
2574
s me taire, car mon espoir est d’adoucir les maux
de
la guerre par mon message, comme par une musique tout harmonieuse, et
2575
à cette action par les efforts qui se produisent
de
notre temps, en Europe plus qu’ailleurs, et qui portent en eux la pro
2576
les efforts qui se produisent de notre temps, en
Europe
plus qu’ailleurs, et qui portent en eux la pro messe de grandes chose
2577
s qu’ailleurs, et qui portent en eux la pro messe
de
grandes choses. Voici quelques extraits de la Panegersia 95 § 6. I
2578
messe de grandes choses. Voici quelques extraits
de
la Panegersia 95 § 6. Il importe, dis-je, d’adjoindre aux Lettrés d
2579
ts de la Panegersia 95 § 6. Il importe, dis-je,
d’
adjoindre aux Lettrés des gardiens vigilants ; leur tâche sera de leur
2580
Lettrés des gardiens vigilants ; leur tâche sera
de
leur apprendre, en les exhortant, leur principale mission, qui est d’
2581
n les exhortant, leur principale mission, qui est
d’
éliminer tous les restes de l’ignorance ou des erreurs dans les esprit
2582
ipale mission, qui est d’éliminer tous les restes
de
l’ignorance ou des erreurs dans les esprits humains. Il faut adjoindr
2583
er, avec leur aide, tout ce qui subsistera encore
d’
athéisme, d’épicurisme et d’impiété. Et il faut adjoindre aux Puissant
2584
r aide, tout ce qui subsistera encore d’athéisme,
d’
épicurisme et d’impiété. Et il faut adjoindre aux Puissants des gardie
2585
qui subsistera encore d’athéisme, d’épicurisme et
d’
impiété. Et il faut adjoindre aux Puissants des gardiens du pouvoir po
2586
pouvoir pour que, par un zèle exagéré, la semence
de
discorde ne germe pas de nouveau ; ou, si elle commence à germer, pou
2587
ce célèbre passage, Matth. 23, 8-10, en ordonnant
de
ne pas établir parmi les hommes le gouvernement d’un seul chef, la co
2588
e ne pas établir parmi les hommes le gouvernement
d’
un seul chef, la conduite d’un seul conducteur et la sagesse d’un seul
2589
ommes le gouvernement d’un seul chef, la conduite
d’
un seul conducteur et la sagesse d’un seul sage. Il interdit, en effet
2590
f, la conduite d’un seul conducteur et la sagesse
d’
un seul sage. Il interdit, en effet, que quelqu’un au monde se fasse a
2591
introduire autre chose que l’enseignement commun
de
nous tous, unis par des liens fraternels, que l’assujettissement de n
2592
par des liens fraternels, que l’assujettissement
de
nous tous au seul Père dans les cieux et au Christ qui nous a été don
2593
rois états, on instituera par conséquent un corps
de
dirigeants. Le chef suprême de chacun de ces corps sera cet Hermès Tr
2594
onséquent un corps de dirigeants. Le chef suprême
de
chacun de ces corps sera cet Hermès Trimégiste96 (le trois fois grand
2595
un corps de dirigeants. Le chef suprême de chacun
de
ces corps sera cet Hermès Trimégiste96 (le trois fois grand truchemen
2596
te96 (le trois fois grand truchement des volontés
de
Dieu concernant les hommes, le suprême prophète, le suprême prêtre, l
2597
e roi), c’est-à-dire le Christ qui seul a pouvoir
de
tout diriger puissamment. Mais, pour maintenir l’ordre, partout les u
2598
st soient solidement établis. § 12. Il sera utile
d’
adopter des appellations différentes pour ces tribunaux : le tribunal
2599
le tribunal des lettrés s’appellerait le Conseil
de
la lumière, le tribunal ecclésiastique le Consistoire et le tribunal
2600
e le Consistoire et le tribunal politique la Cour
de
justice. § 13. Le Conseil de la lumière veillera à ce qu’il ne soit n
2601
al politique la Cour de justice. § 13. Le Conseil
de
la lumière veillera à ce qu’il ne soit nécessaire, nulle part au mond
2602
ce qu’il ne soit nécessaire, nulle part au monde,
d’
instruire quelqu’un et moins encore à ce qu’il se trouve quelqu’un qui
2603
u’il se trouve quelqu’un qui ignore quelque chose
d’
indispensable, et à ce que tous les hommes soient instruits par Dieu.
2604
bles, permettra à tous les hommes du monde entier
de
tourner leurs yeux vers cette lumière dans laquelle tous verront, par
2605
énitude soit consacrée à Dieu ; qu’il n’y ait pas
de
scandale, ni d’écrits, ni de gravures, ni de peintures, etc., scandal
2606
sacrée à Dieu ; qu’il n’y ait pas de scandale, ni
d’
écrits, ni de gravures, ni de peintures, etc., scandaleux mais qu’il y
2607
; qu’il n’y ait pas de scandale, ni d’écrits, ni
de
gravures, ni de peintures, etc., scandaleux mais qu’il y ait partout
2608
pas de scandale, ni d’écrits, ni de gravures, ni
de
peintures, etc., scandaleux mais qu’il y ait partout à profusion des
2609
que chacun, où qu’il se tourne, trouve matière à
de
saintes réflexions. § 15. Enfin, la Cour de la paix veillera à ce que
2610
ère à de saintes réflexions. § 15. Enfin, la Cour
de
la paix veillera à ce que nulle part une nation ne s’élève contre une
2611
rsonne n’ose se montrer pour enseigner la manière
de
combattre ou de fabriquer les armes ; à ce que toutes les épées et le
2612
montrer pour enseigner la manière de combattre ou
de
fabriquer les armes ; à ce que toutes les épées et les lances soient
2613
s lances soient transformées en serpes et en socs
de
charrue (Es. 2, 4, etc.). § 16. Par conséquent, tous les corps savant
2614
ociété fructifère en Allemagne, etc.) feront bien
de
se réunir en un seul Conseil de la lumière ; car c’est le Père éterne
2615
etc.) feront bien de se réunir en un seul Conseil
de
la lumière ; car c’est le Père éternel des lumières lui-même qui les
2616
e qui les invite à former une unité et communauté
de
la lumière… § 17. Et tous les consistoires ou conseils des anciens de
2617
, les Éthiopiens, les réformés, etc.) feront bien
de
fusionner en un seul Consistoire de l’Église, telle qu’elle est préfi
2618
) feront bien de fusionner en un seul Consistoire
de
l’Église, telle qu’elle est préfigurée par la Jérusalem merveilleusem
2619
difiée, la seule ville où sont dressés les trônes
de
la justice, les trônes de la maison de David (Psaume 122, 3, 5). § 18
2620
sont dressés les trônes de la justice, les trônes
de
la maison de David (Psaume 122, 3, 5). § 18. Et tous les tribunaux du
2621
les trônes de la justice, les trônes de la maison
de
David (Psaume 122, 3, 5). § 18. Et tous les tribunaux du monde feront
2622
§ 18. Et tous les tribunaux du monde feront bien
de
devenir un seul tribunal de Christ ; car, une fois que tous les royau
2623
du monde feront bien de devenir un seul tribunal
de
Christ ; car, une fois que tous les royaumes du monde lui seront remi
2624
rès les plans du moine français, du duc huguenot,
de
l’évêque morave, voici enfin celui d’un « dissenter » anglais, qui, à
2625
c huguenot, de l’évêque morave, voici enfin celui
d’
un « dissenter » anglais, qui, à la différence de ses prédécesseurs, f
2626
d’un « dissenter » anglais, qui, à la différence
de
ses prédécesseurs, fut un grand fondateur d’État : « le Lycurgue mode
2627
ence de ses prédécesseurs, fut un grand fondateur
d’
État : « le Lycurgue moderne », dira de lui Montesquieu. Fils d’un ric
2628
fondateur d’État : « le Lycurgue moderne », dira
de
lui Montesquieu. Fils d’un riche et noble amiral qui l’envoya très je
2629
Lycurgue moderne », dira de lui Montesquieu. Fils
d’
un riche et noble amiral qui l’envoya très jeune en France apprendre l
2630
retour en Angleterre et plusieurs fois emprisonné
de
ce chef à la Tour de Londres, William Penn obtint de la Couronne, en
2631
et plusieurs fois emprisonné de ce chef à la Tour
de
Londres, William Penn obtint de la Couronne, en échange d’une créance
2632
ce chef à la Tour de Londres, William Penn obtint
de
la Couronne, en échange d’une créance laissée par son père sur le roi
2633
s, William Penn obtint de la Couronne, en échange
d’
une créance laissée par son père sur le roi Charles II, le vaste terri
2634
te territoire américain qui allait prendre le nom
de
sa famille. Cela se passait en 1681, Louis XIV régnant en France et W
2635
s XIV régnant en France et William Penn étant âgé
de
37 ans. Il introduisit en « Pennsylvania » la constitution la plus to
2636
l’histoire occidentale ait connue. C’est au cours
d’
une brève interruption de sa carrière de Gouverneur — de 1692 à 1694 —
2637
t connue. C’est au cours d’une brève interruption
de
sa carrière de Gouverneur — de 1692 à 1694 — qu’il composa son Essay
2638
au cours d’une brève interruption de sa carrière
de
Gouverneur — de 1692 à 1694 — qu’il composa son Essay towards the Pre
2639
brève interruption de sa carrière de Gouverneur —
de
1692 à 1694 — qu’il composa son Essay towards the Present and Future
2640
son Essay towards the Present and Future Peace of
Europe
, ainsi que d’autres ouvrages moraux et historiques. Il regagna l’Angl
2641
1701, laissant à ses descendants le gouvernement
de
son État, et mourut en 1718. On sait les circonstances de l’Europe à
2642
tat, et mourut en 1718. On sait les circonstances
de
l’Europe à la date où William Penn rédige son Essay : l’agression de
2643
et mourut en 1718. On sait les circonstances de l’
Europe
à la date où William Penn rédige son Essay : l’agression de Louis XIV
2644
te où William Penn rédige son Essay : l’agression
de
Louis XIV contre le Palatinat a provoqué la Grande Alliance de 1689,
2645
contre le Palatinat a provoqué la Grande Alliance
de
1689, sous la direction de Guillaume III d’Orange, devenu roi d’Angle
2646
qué la Grande Alliance de 1689, sous la direction
de
Guillaume III d’Orange, devenu roi d’Angleterre. La guerre est généra
2647
le. C’est le spectacle des « tragédies sanglantes
de
cette guerre, en Hongrie, en Allemagne, en Flandres, en Irlande, et s
2648
ut à écrire le pacifiste quaker et le législateur
d’
un État neuf, délivré des folies invétérées de l’absolutisme du vieux
2649
eur d’un État neuf, délivré des folies invétérées
de
l’absolutisme du vieux Monde. « J’ai entrepris un sujet qui est au-de
2650
onde. « J’ai entrepris un sujet qui est au-dessus
de
mes forces, mais qui mérite vraiment d’être discuté, étant donné l’ét
2651
au-dessus de mes forces, mais qui mérite vraiment
d’
être discuté, étant donné l’état lamentable de l’Europe. » Ainsi début
2652
ent d’être discuté, étant donné l’état lamentable
de
l’Europe. » Ainsi débute l’ouvrage. Ses trois premières sections sont
2653
’être discuté, étant donné l’état lamentable de l’
Europe
. » Ainsi débute l’ouvrage. Ses trois premières sections sont consacré
2654
en la paix est désirable ; quel est le vrai moyen
de
la réaliser, à savoir la justice, non la guerre ; et « que la justice
2655
uvernement, comme le gouvernement est le résultat
de
la société, laquelle provient d’abord d’un dessein raisonnable des ho
2656
résultat de la société, laquelle provient d’abord
d’
un dessein raisonnable des hommes paisibles ». La IVe section, que nou
2657
ction, que nous allons citer, introduit un projet
de
fédération de princes, qui rappelle celui de Crucé, encore qu’il se r
2658
s allons citer, introduit un projet de fédération
de
princes, qui rappelle celui de Crucé, encore qu’il se réclame d’Henri
2659
ojet de fédération de princes, qui rappelle celui
de
Crucé, encore qu’il se réclame d’Henri IV (c’est-à-dire du Dessein de
2660
rappelle celui de Crucé, encore qu’il se réclame
d’
Henri IV (c’est-à-dire du Dessein de Sully) et de l’exemple qu’ont don
2661
il se réclame d’Henri IV (c’est-à-dire du Dessein
de
Sully) et de l’exemple qu’ont donné les Provinces-Unies des Pays-Bas9
2662
d’Henri IV (c’est-à-dire du Dessein de Sully) et
de
l’exemple qu’ont donné les Provinces-Unies des Pays-Bas97. Si les s
2663
ovinces-Unies des Pays-Bas97. Si les souverains
d’
Europe, qui représentent cette société ou cet état indépendant des hom
2664
inces-Unies des Pays-Bas97. Si les souverains d’
Europe
, qui représentent cette société ou cet état indépendant des hommes an
2665
cline les hommes à la vie sociale, savoir l’amour
de
la paix et de l’ordre, pour se rencontrer, par leurs délégués, dans u
2666
es à la vie sociale, savoir l’amour de la paix et
de
l’ordre, pour se rencontrer, par leurs délégués, dans une Diète génér
2667
le, un État ou Parlement, et y établir des règles
de
justice à observer mutuellement par eux tous ; pour se réunir ainsi t
2668
l’une des souverainetés participantes refuserait
de
soumettre au jugement de la Diète ses réclamations ou prétentions, ou
2669
participantes refuserait de soumettre au jugement
de
la Diète ses réclamations ou prétentions, ou refuserait d’exécuter la
2670
te ses réclamations ou prétentions, ou refuserait
d’
exécuter la décision intervenue, ou chercherait une solution par les a
2671
netés ayant dû intervenir…, alors certainement, l’
Europe
obtiendrait par ce moyen la paix tant désirée pour ses habitants tort
2672
rée pour ses habitants torturés, harassés. VII. —
De
la composition de la Diète générale Cette composition semble donner l
2673
ants torturés, harassés. VII. — De la composition
de
la Diète générale Cette composition semble donner lieu à certaines di
2674
ltés soient insurmontables, car s’il est possible
de
connaître chaque année la valeur des pays souverains dont les délégué
2675
auguste assemblée, on pourra déterminer le nombre
de
personnes ou de voix pour chacune des souverainetés. Maintenant que l
2676
e, on pourra déterminer le nombre de personnes ou
de
voix pour chacune des souverainetés. Maintenant que l’Angleterre, la
2677
l’objection ci-dessus, si l’on a le moindre désir
de
parvenir à la paix européenne… Je suppose donc que l’Empire germaniqu
2678
si l’on a le moindre désir de parvenir à la paix
européenne
… Je suppose donc que l’Empire germanique enverrait douze délégués ; l
2679
petites souverainetés voisines, deux ; les duchés
de
Holstein et de Courlande, un ; si les Turcs et les Russes étaient com
2680
inetés voisines, deux ; les duchés de Holstein et
de
Courlande, un ; si les Turcs et les Russes étaient compris, ce qui se
2681
sie et les arts ont leur place et empire… Le lieu
de
la première session de la Diète devrait être au centre de l’Europe, a
2682
r place et empire… Le lieu de la première session
de
la Diète devrait être au centre de l’Europe, autant que possible, et
2683
emière session de la Diète devrait être au centre
de
l’Europe, autant que possible, et ensuite comme elle en déciderait. V
2684
e session de la Diète devrait être au centre de l’
Europe
, autant que possible, et ensuite comme elle en déciderait. VIII. — De
2685
comme elle en déciderait. VIII. — Des règlements
de
la Diète européenne ès session Afin d’éviter des discussions au sujet
2686
en déciderait. VIII. — Des règlements de la Diète
européenne
ès session Afin d’éviter des discussions au sujet des préséances, la
2687
ils rempliront, chacun à leur tour, les fonctions
de
président à qui on devra s’adresser pour obtenir la parole ; ce prési
2688
e, dans une grande proportion, les mauvais effets
de
la corruption. Car, si l’un des délégués de cette haute assemblée pou
2689
ffets de la corruption. Car, si l’un des délégués
de
cette haute assemblée pouvait être assez vil, faux et malhonnête au p
2690
uvait être assez vil, faux et malhonnête au point
d’
être influencé par l’argent, il aurait la possibilité de prendre l’arg
2691
influencé par l’argent, il aurait la possibilité
de
prendre l’argent et de voter selon sa conscience sans qu’on le sache.
2692
, il aurait la possibilité de prendre l’argent et
de
voter selon sa conscience sans qu’on le sache. C’est aussi un remède,
2693
st aussi un remède, car celui qui voudrait donner
de
l’argent avec un pareil risque d’être dupé, préférera s’abstenir. Et
2694
voudrait donner de l’argent avec un pareil risque
d’
être dupé, préférera s’abstenir. Et ceux qui accepteraient de l’argent
2695
, préférera s’abstenir. Et ceux qui accepteraient
de
l’argent dans de pareilles conditions préféreront mentir aux corrupte
2696
tenir. Et ceux qui accepteraient de l’argent dans
de
pareilles conditions préféreront mentir aux corrupteurs plutôt que fa
2697
t que faire tort à leur pays, car ils seront sûrs
de
ne pas être découverts. Il me semble que dans ce Parlement impérial,
2698
ajorité des trois quarts des membres, ou au moins
de
la moitié plus sept. Toutes les plaintes seraient remises par écrit s
2699
une armoire ou un coffre qui comporterait autant
de
fermetures qu’il y aurait de dizaines d’États, et s’il y avait un sec
2700
comporterait autant de fermetures qu’il y aurait
de
dizaines d’États, et s’il y avait un secrétaire pour chaque dizaine d
2701
t autant de fermetures qu’il y aurait de dizaines
d’
États, et s’il y avait un secrétaire pour chaque dizaine de délégués,
2702
et s’il y avait un secrétaire pour chaque dizaine
de
délégués, une table ou un banc serait prévu pour ces employés. À la f
2703
un banc serait prévu pour ces employés. À la fin
de
chaque session, un délégué de chaque dizaine sera chargé d’examiner e
2704
employés. À la fin de chaque session, un délégué
de
chaque dizaine sera chargé d’examiner et de comparer les mémoires ou
2705
session, un délégué de chaque dizaine sera chargé
d’
examiner et de comparer les mémoires ou journaux de ces secrétaires et
2706
légué de chaque dizaine sera chargé d’examiner et
de
comparer les mémoires ou journaux de ces secrétaires et de les mettre
2707
’examiner et de comparer les mémoires ou journaux
de
ces secrétaires et de les mettre sous clés comme je l’ai dit ci-dessu
2708
er les mémoires ou journaux de ces secrétaires et
de
les mettre sous clés comme je l’ai dit ci-dessus ; cela serait sûr et
2709
istes, mais le second plus pratique pour les gens
de
qualité. IX. — Des objections qui peuvent être avancées contre le pro
2710
e la suppression du métier militaire et qu’en cas
de
besoin on n’aurait pas d’armée suffisante, comme cela s’est produit e
2711
militaire et qu’en cas de besoin on n’aurait pas
d’
armée suffisante, comme cela s’est produit en Hollande en 72. Il n’y a
2712
ela s’est produit en Hollande en 72. Il n’y a pas
de
danger d’effémination, parce que chaque pays peut introduire une disc
2713
produit en Hollande en 72. Il n’y a pas de danger
d’
effémination, parce que chaque pays peut introduire une discipline sév
2714
une discipline sévère ou modérée dans l’éducation
de
la jeunesse, par une vie simple et un labeur convenable. Apprenez-lui
2715
naturelle par la pratique, ce qui fait l’honneur
de
la noblesse allemande. Cela fera des hommes, non des femmes ni des li
2716
s lions : car les soldats se trouvent à l’extrême
de
l’effémination. La connaissance de la nature et la culture des arts a
2717
nt à l’extrême de l’effémination. La connaissance
de
la nature et la culture des arts aussi utiles qu’agréables, donnent a
2718
qu’agréables, donnent aux hommes la connaissance
d’
eux-mêmes, du monde où ils sont nés, et les moyens d’être utiles aux a
2719
ux-mêmes, du monde où ils sont nés, et les moyens
d’
être utiles aux autres et à eux aussi et encore de secourir et aider,
2720
d’être utiles aux autres et à eux aussi et encore
de
secourir et aider, mais non de nuire et de détruire. La connaissance
2721
ux aussi et encore de secourir et aider, mais non
de
nuire et de détruire. La connaissance du gouvernement en général, des
2722
encore de secourir et aider, mais non de nuire et
de
détruire. La connaissance du gouvernement en général, des constitutio
2723
ement en général, des constitutions particulières
de
l’Europe, et pardessus tout de celle de son propre pays, sont des cho
2724
en général, des constitutions particulières de l’
Europe
, et pardessus tout de celle de son propre pays, sont des choses très
2725
ions particulières de l’Europe, et pardessus tout
de
celle de son propre pays, sont des choses très recommandables. Cela p
2726
iculières de l’Europe, et pardessus tout de celle
de
son propre pays, sont des choses très recommandables. Cela prépare le
2727
ela prépare le citoyen au parlement et au conseil
de
l’intérieur, aux cours des princes et à la Diète générale à l’extérie
2728
ième objection est qu’il y aurait un grand besoin
d’
emplois pour les frères cadets et que le pauvre ne peut être que solda
2729
réponse à la seconde objection. Nous aurons plus
de
commerçants et de cultivateurs ou d’ingénieux naturalistes, si le gou
2730
nde objection. Nous aurons plus de commerçants et
de
cultivateurs ou d’ingénieux naturalistes, si le gouvernement a tant s
2731
aurons plus de commerçants et de cultivateurs ou
d’
ingénieux naturalistes, si le gouvernement a tant soit peu le souci de
2732
stes, si le gouvernement a tant soit peu le souci
de
l’éducation de la jeunesse, ce qui, après le bien-être présent et imm
2733
vernement a tant soit peu le souci de l’éducation
de
la jeunesse, ce qui, après le bien-être présent et immédiat de chaque
2734
e, ce qui, après le bien-être présent et immédiat
de
chaque pays, doit être la préoccupation et l’art du gouvernement. Car
2735
gouvernement. Car la prochaine génération dépend
de
la façon dont la jeunesse est élevée ; de même le gouvernement se tro
2736
enus ne seront diminués ; au contraire, le budget
de
la guerre pouvant être réduit, par suite de mon plan, les deniers ser
2737
netés demeurent comme elles étaient ; mais aucune
d’
elles n’a de suprématie sur les autres. Si cela peut s’appeler un amoi
2738
ent comme elles étaient ; mais aucune d’elles n’a
de
suprématie sur les autres. Si cela peut s’appeler un amoindrissement
2739
autres. Si cela peut s’appeler un amoindrissement
de
leur puissance, ce serait seulement parce que le gros poisson ne pour
2740
avaler les petits et que chaque pays est préservé
de
tout dommage et incapable d’en commettre. X.— Des réels avantages qui
2741
ue pays est préservé de tout dommage et incapable
d’
en commettre. X.— Des réels avantages qui résulteraient de cette propo
2742
mettre. X.— Des réels avantages qui résulteraient
de
cette proposition en vue de la paix Je suis maintenant parvenu à mon
2743
hapitre dans lequel je vais énumérer quelques-uns
de
ces nombreux et réels bienfaits qui découleraient de cette propositio
2744
ces nombreux et réels bienfaits qui découleraient
de
cette proposition pour la présente et future paix de l’Europe… En deh
2745
cette proposition pour la présente et future paix
de
l’Europe… En dehors de la perte de tant de vies si importantes pour t
2746
proposition pour la présente et future paix de l’
Europe
… En dehors de la perte de tant de vies si importantes pour tout gouve
2747
et future paix de l’Europe… En dehors de la perte
de
tant de vies si importantes pour tout gouvernement, aussi bien au poi
2748
vue du travail qu’à l’égard du progrès, les cris
de
tant de veuves, d’orphelins, qui ne sont agréables aux oreilles d’auc
2749
à l’égard du progrès, les cris de tant de veuves,
d’
orphelins, qui ne sont agréables aux oreilles d’aucun gouvernement, qu
2750
, d’orphelins, qui ne sont agréables aux oreilles
d’
aucun gouvernement, qui sont la conséquence de la guerre partout, sero
2751
les d’aucun gouvernement, qui sont la conséquence
de
la guerre partout, seront évités. Il y a encore un bienfait manifeste
2752
en quelque sorte recouvrée. Car pour le scandale
de
ce saint état, les chrétiens qui se glorifient du nom de leur Sauveur
2753
aint état, les chrétiens qui se glorifient du nom
de
leur Sauveur ont sacrifié son crédit et sa dignité à leurs passions d
2754
si souvent qu’ils ont été excités par l’impulsion
de
l’ambition ou de la vengeance. Ils n’ont pas toujours été dans le dro
2755
ont été excités par l’impulsion de l’ambition ou
de
la vengeance. Ils n’ont pas toujours été dans le droit et le droit n’
2756
e droit et le droit n’a pas été non plus la cause
de
la guerre. Non seulement des chrétiens contre des chrétiens, mais enc
2757
e secte, ils ont souillé leurs mains dans le sang
de
leurs frères, invoquant de toutes leurs forces le Dieu bon et miséric
2758
urs mains dans le sang de leurs frères, invoquant
de
toutes leurs forces le Dieu bon et miséricordieux pour le succès de l
2759
rces le Dieu bon et miséricordieux pour le succès
de
leurs armes dans la destruction de leurs frères. … Le troisième bienf
2760
pour le succès de leurs armes dans la destruction
de
leurs frères. … Le troisième bienfait est l’économie de l’argent pour
2761
rs frères. … Le troisième bienfait est l’économie
de
l’argent pour les princes comme pour les peuples. Par ce moyen sont d
2762
t qui sont la conséquence des dépenses dévorantes
de
la guerre. Ils auront alors la possibilité d’améliorer les œuvres pub
2763
tes de la guerre. Ils auront alors la possibilité
d’
améliorer les œuvres publiques pour l’enseignement, la charité, les ma
2764
ntionner les pensions aux veuves et aux orphelins
de
ceux qui meurent dans les guerres et à ceux qui ont été estropiés ; e
2765
les, cités et pays qui sont mis à sac par la rage
de
la guerre seront préservés. Ce vœu sera bien entendu dans les Flandre
2766
des ruines et des misères. Le cinquième bienfait
de
cette paix est l’aisance et la sécurité du voyage et du trafic, bonhe
2767
ons aisément concevoir la commodité et l’avantage
de
pouvoir voyager à travers l’Europe avec un passeport délivré par une
2768
dité et l’avantage de pouvoir voyager à travers l’
Europe
avec un passeport délivré par une souveraineté quelconque et que la L
2769
voyagé en Allemagne où il y a un si grand nombre
d’
États se rendent compte de la nécessité et de la valeur de ce privilèg
2770
y a un si grand nombre d’États se rendent compte
de
la nécessité et de la valeur de ce privilège par les nombreux arrêts
2771
mbre d’États se rendent compte de la nécessité et
de
la valeur de ce privilège par les nombreux arrêts qu’ils subissent en
2772
se rendent compte de la nécessité et de la valeur
de
ce privilège par les nombreux arrêts qu’ils subissent en cours de rou
2773
par les nombreux arrêts qu’ils subissent en cours
de
route ; et surtout ceux qui ont fait le grand tour de l’Europe. Concl
2774
oute ; et surtout ceux qui ont fait le grand tour
de
l’Europe. Conclusion … J’avoue que je désire sincèrement que l’honneu
2775
; et surtout ceux qui ont fait le grand tour de l’
Europe
. Conclusion … J’avoue que je désire sincèrement que l’honneur de prop
2776
… J’avoue que je désire sincèrement que l’honneur
de
proposer et de réaliser un dessein si bon et si grand revienne à l’An
2777
e désire sincèrement que l’honneur de proposer et
de
réaliser un dessein si bon et si grand revienne à l’Angleterre, parmi
2778
grand revienne à l’Angleterre, parmi les nations
de
l’Europe, quoique certaines parties de ma proposition aient été envis
2779
d revienne à l’Angleterre, parmi les nations de l’
Europe
, quoique certaines parties de ma proposition aient été envisagées par
2780
es nations de l’Europe, quoique certaines parties
de
ma proposition aient été envisagées par la sagesse, la justice et la
2781
nvisagées par la sagesse, la justice et la valeur
d’
Henri IV de France, dont les qualités supérieures l’élevant au-dessus
2782
dont les qualités supérieures l’élevant au-dessus
de
ses ancêtres ou contemporains lui méritèrent le titre d’Henri le Gran
2783
ancêtres ou contemporains lui méritèrent le titre
d’
Henri le Grand. La Paix perpétuelle de l’abbé de Saint-Pierre.
2784
e titre d’Henri le Grand. La Paix perpétuelle
de
l’abbé de Saint-Pierre. Aux quatre grands projets du xviiie sièc
2785
du xviiie siècle fait immédiatement suite celui
de
l’abbé de Saint-Pierre, publié pour la première fois en 1712. S’il es
2786
a première fois en 1712. S’il est le plus célèbre
de
tous, ce n’est point qu’il soit le meilleur, il s’en faut ; mais c’es
2787
, et c’est ensuite qu’il a valu à son auteur plus
de
railleries qu’aucun écrit de l’ère moderne n’en aura jamais motivées.
2788
lu à son auteur plus de railleries qu’aucun écrit
de
l’ère moderne n’en aura jamais motivées. Bien entendu, ni cet excès d
2789
aura jamais motivées. Bien entendu, ni cet excès
d’
honneur, ni cette indignité ne sont justifiés. Charles-Irénée Castel d
2790
Saint-Pierre (1658-1743) naquit dans le Cotentin,
d’
une très ancienne famille, peu fortunée. Il entra dans les ordres mine
2791
trise. À Paris, il fit carrière sous les auspices
de
Fontenelle et du salon de la marquise de Lambert, qui lui ouvrirent l
2792
rière sous les auspices de Fontenelle et du salon
de
la marquise de Lambert, qui lui ouvrirent les portes de l’Académie fr
2793
marquise de Lambert, qui lui ouvrirent les portes
de
l’Académie française en 1695. Il venait d’acheter la charge d’aumônie
2794
portes de l’Académie française en 1695. Il venait
d’
acheter la charge d’aumônier de Madame et connut la Cour. En qualité d
2795
française en 1695. Il venait d’acheter la charge
d’
aumônier de Madame et connut la Cour. En qualité de secrétaire de l’ab
2796
en 1695. Il venait d’acheter la charge d’aumônier
de
Madame et connut la Cour. En qualité de secrétaire de l’abbé de Polig
2797
’aumônier de Madame et connut la Cour. En qualité
de
secrétaire de l’abbé de Polignac, envoyé de la France au congrès de l
2798
adame et connut la Cour. En qualité de secrétaire
de
l’abbé de Polignac, envoyé de la France au congrès de la paix d’Utrec
2799
alité de secrétaire de l’abbé de Polignac, envoyé
de
la France au congrès de la paix d’Utrecht (1712) il put voir de tout
2800
’abbé de Polignac, envoyé de la France au congrès
de
la paix d’Utrecht (1712) il put voir de tout près la pratique des tra
2801
lignac, envoyé de la France au congrès de la paix
d’
Utrecht (1712) il put voir de tout près la pratique des traités et ses
2802
u congrès de la paix d’Utrecht (1712) il put voir
de
tout près la pratique des traités et ses défauts. Exclu de l’Académie
2803
rès la pratique des traités et ses défauts. Exclu
de
l’Académie en 1716 pour avoir critiqué la mémoire de Louis XIV, il fo
2804
l’Académie en 1716 pour avoir critiqué la mémoire
de
Louis XIV, il fonda le « Club de l’Entresol », société de libres disc
2805
tiqué la mémoire de Louis XIV, il fonda le « Club
de
l’Entresol », société de libres discussions, qui lui valut de nouveau
2806
XIV, il fonda le « Club de l’Entresol », société
de
libres discussions, qui lui valut de nouveaux ennuis. « Il avait de l
2807
l », société de libres discussions, qui lui valut
de
nouveaux ennuis. « Il avait de l’esprit, des lettres et des chimères
2808
ons, qui lui valut de nouveaux ennuis. « Il avait
de
l’esprit, des lettres et des chimères », dit Saint-Simon dans ses mém
2809
il mourut insensible aux sarcasmes que ne cessait
de
provoquer son Projet. Et l’on dit que son dernier mot fut « Espérance
2810
que son dernier mot fut « Espérance ». Le Projet
de
paix perpétuelle parut d’abord à Cologne, sans nom d’auteur, en 1712.
2811
aix perpétuelle parut d’abord à Cologne, sans nom
d’
auteur, en 1712. L’année suivante paraissait à Utrecht une version amp
2812
dédié à Louis XV, fut publié à Rotterdam en 1729.
De
ces ouvrages assez médiocrement écrits, mal construits et pleins de r
2813
sez médiocrement écrits, mal construits et pleins
de
répétitions, il n’est pas facile de tirer des extraits qui rendent ju
2814
its et pleins de répétitions, il n’est pas facile
de
tirer des extraits qui rendent justice aux idées positives de l’abbé
2815
extraits qui rendent justice aux idées positives
de
l’abbé ou qui en dégagent l’originalité. Cependant, pour leur intérêt
2816
sèque, nous donnerons ci-après quelques fragments
de
la Préface et des XII Articles principaux du Projet de 1713. Mais rap
2817
Préface et des XII Articles principaux du Projet
de
1713. Mais rapportons d’abord l’occasion singulière qui inspira son p
2818
ière qui inspira son projet au bon abbé. Au cours
d’
un voyage en Normandie, durant l’hiver 1706-1707, sa voiture ayant ver
2819
vre, et sans transition, il écrit : Je finissais
de
mettre la dernière main à ce mémoire, lorsqu’il m’est venu à l’esprit
2820
émoire, lorsqu’il m’est venu à l’esprit un projet
d’
établissement qui par sa grande beauté m’a frappé d’étonnement. Il a a
2821
établissement qui par sa grande beauté m’a frappé
d’
étonnement. Il a attiré depuis quinze jours toute mon attention. Je me
2822
puis quinze jours toute mon attention. Je me sens
d’
autant plus d’inclination à l’approfondir que plus je le considère, et
2823
urs toute mon attention. Je me sens d’autant plus
d’
inclination à l’approfondir que plus je le considère, et ce par différ
2824
avantageux aux souverains. C’est l’établissement
d’
un arbitrage permanent entre eux pour terminer sans guerre leurs diffé
2825
. Je ne sais si je me trompe, mais on a fondement
d’
espérer qu’un traité se signera quelque jour… C’est avec cette espéran
2826
Socrate : Que l’on va loin lorsqu’on a le courage
de
marcher longtemps et sur la même ligne. Voyons maintenant les chemin
2827
ntenant les chemins nouveaux que l’abbé s’efforça
d’
ouvrir. Préface98 … Il y a environ quatre ans qu’après avoir chevé l
2828
atre ans qu’après avoir chevé la première ébauche
d’
un Règlement utile au Commerce intérieur du royaume, instruit par mes
2829
merce intérieur du royaume, instruit par mes yeux
de
l’extrême misère où les Peuples sont réduits par les grandes Impositi
2830
tions particulières des Contributions excessives,
de
Fouragemens, des Incendies, des violences, des cruautez, & des me
2831
s des États chrétiens ; enfin touché sensiblement
de
tous les maux que la Guerre cause aux Souverains d’Europe & à leu
2832
tous les maux que la Guerre cause aux Souverains
d’
Europe & à leurs Sujets, je pris la résolution de pénétrer jusqu’a
2833
ous les maux que la Guerre cause aux Souverains d’
Europe
& à leurs Sujets, je pris la résolution de pénétrer jusqu’aux pre
2834
urope & à leurs Sujets, je pris la résolution
de
pénétrer jusqu’aux premières sources du mal, & de chercher par me
2835
énétrer jusqu’aux premières sources du mal, &
de
chercher par mes propres réflexions si ce mal étoit tellement attaché
2836
r la matière pour découvrir s’il étoit impossible
de
trouver des moyens praticables pour terminer sans Guerre tous leurs d
2837
Paix perpétuelle. … Il me parut alors nécessaire
de
commencer par faire quelques réflexions sur la nécessité où sont les
2838
éflexions sur la nécessité où sont les Souverains
d’
Europe, comme les autres hommes, de vivre en Paix, unis par quelque so
2839
lexions sur la nécessité où sont les Souverains d’
Europe
, comme les autres hommes, de vivre en Paix, unis par quelque société
2840
les Souverains d’Europe, comme les autres hommes,
de
vivre en Paix, unis par quelque société permanente, pour vivre plus h
2841
plus heureux, sur la nécessité où ils se trouvent
d’
avoir des Guerres entre eux, pour la possession ou pour le partage de
2842
entre eux, pour la possession ou pour le partage
de
quelques biens, & enfin sur les moyens dont ils se sont servi jus
2843
ont servi jusqu’à présent, soit pour se dispenser
d’
entreprendre ces Guerres, soit pour n’y pas succomber quand elles ont
2844
s promesses mutuelles écrites ou dans des Traitez
de
Commerce, de Trêve, de Paix, où l’on règle les limites du Territoire,
2845
utuelles écrites ou dans des Traitez de Commerce,
de
Trêve, de Paix, où l’on règle les limites du Territoire, & les au
2846
crites ou dans des Traitez de Commerce, de Trêve,
de
Paix, où l’on règle les limites du Territoire, & les autres préte
2847
tres prétentions réciproques, ou dans des Traitez
de
Garantie ou de Ligue offensive & défensive pour établir, pour mai
2848
s réciproques, ou dans des Traitez de Garantie ou
de
Ligue offensive & défensive pour établir, pour maintenir ou pour
2849
blir, pour maintenir ou pour rétablir l’Équilibre
de
puissance des maisons dominantes ; Système qui jusques ici semble êtr
2850
me qui jusques ici semble être le plus haut degré
de
prudence, auquel les Souverains d’Europe & les ministres ayent po
2851
lus haut degré de prudence, auquel les Souverains
d’
Europe & les ministres ayent porté leur politique. Je ne fus pas l
2852
s haut degré de prudence, auquel les Souverains d’
Europe
& les ministres ayent porté leur politique. Je ne fus pas long-te
2853
-tems sans voir que tant que l’on se contenteroit
de
pareils moyens, on n’auroit jamais de sûreté suffisante de l’exécutio
2854
ontenteroit de pareils moyens, on n’auroit jamais
de
sûreté suffisante de l’exécution des Traitez, ni de moyens suffisans
2855
s moyens, on n’auroit jamais de sûreté suffisante
de
l’exécution des Traitez, ni de moyens suffisans pour terminer équitab
2856
sûreté suffisante de l’exécution des Traitez, ni
de
moyens suffisans pour terminer équitablement, & sur tout sans Gue
2857
x chefs ou à deux Propositions, que je me propose
d’
y démontrer. 1° La constitution présente de l’Europe ne sçauroit jamai
2858
ropose d’y démontrer. 1° La constitution présente
de
l’Europe ne sçauroit jamais produire que des Guerres presque continue
2859
e d’y démontrer. 1° La constitution présente de l’
Europe
ne sçauroit jamais produire que des Guerres presque continuelles ; pa
2860
ne sçauroit jamais procurer la sûreté suffisante
de
l’exécution des Traitez. 2° L’Équilibre de puissance entre la Maison
2861
sante de l’exécution des Traitez. 2° L’Équilibre
de
puissance entre la Maison de France & la Maison d’Autriche ne sça
2862
tez. 2° L’Équilibre de puissance entre la Maison
de
France & la Maison d’Autriche ne sçauroit procurer de sûreté suff
2863
issance entre la Maison de France & la Maison
d’
Autriche ne sçauroit procurer de sûreté suffisante ni contre les Guerr
2864
e & la Maison d’Autriche ne sçauroit procurer
de
sûreté suffisante ni contre les Guerres Étrangères, ni contre les Gue
2865
iviles, & ne sçauroit par conséquent procurer
de
sûreté suffisante soit pour la conservation des États, soit pour la c
2866
pourraient pas trouver quelque sûreté suffisante
de
l’exécution des promesses mutuelles en établissant entre eux un Arbit
2867
elles, & pour se procurer tous les avantages
d’
un Commerce perpétuel de nation à Nation, vouloient faire un traité d’
2868
ocurer tous les avantages d’un Commerce perpétuel
de
nation à Nation, vouloient faire un traité d’Union & un Congrez p
2869
uel de nation à Nation, vouloient faire un traité
d’
Union & un Congrez perpétuel à peu près sur le même modèle, ou des
2870
rès sur le même modèle, ou des Sept Souverainetés
de
Hollande, ou des treize Souverainetés des Suisses, ou des Souverainet
2871
e Souverainetés des Suisses, ou des Souverainetés
d’
Allemagne, & former l’Union européenne sur ce qu’il y a de bon dan
2872
s Souverainetés d’Allemagne, & former l’Union
européenne
sur ce qu’il y a de bon dans ces Unions, & sur tout dans l’Union
2873
& former l’Union européenne sur ce qu’il y a
de
bon dans ces Unions, & sur tout dans l’Union Germanique composée
2874
sur tout dans l’Union Germanique composée de plus
de
deux cens Souverainetés, je trouvai, dis-je, que les plus foibles aur
2875
la. … En examinant le gouvernement des Souverains
d’
Allemagne, je ne trouvai pas plus de difficultez à former de nos jours
2876
es Souverains d’Allemagne, je ne trouvai pas plus
de
difficultez à former de nos jours le Corps Européen, qu’on en trouva
2877
e, je ne trouvai pas plus de difficultez à former
de
nos jours le Corps Européen, qu’on en trouva autrefois à former le Co
2878
lus de difficultez à former de nos jours le Corps
Européen
, qu’on en trouva autrefois à former le Corps Germanique, à exécuter e
2879
nd ; au contraire je trouvai qu’il y auroit moins
d’
obstacles & plus de facilitez pour former le Corps Européen, &
2880
ouvai qu’il y auroit moins d’obstacles & plus
de
facilitez pour former le Corps Européen, & ce qui m’aida beaucoup
2881
cles & plus de facilitez pour former le Corps
Européen
, & ce qui m’aida beaucoup à me persuader que ce Projet n’étoit po
2882
mère, ce fut l’avis que me donna bientôt après un
de
mes amis, lorsque je lui montrai la première ébauche de cet Ouvrage d
2883
amis, lorsque je lui montrai la première ébauche
de
cet Ouvrage dans ma Province : il me dit qu’Henry IV avoit formé un P
2884
u duc de Sully son Premier ministre… … Je sçavois
de
quel poids sont les préjugez, & que souvent ils font plus d’impre
2885
ont les préjugez, & que souvent ils font plus
d’
impression sur le commun des esprits, que les véritables raisons prise
2886
des différences, des disparitez entre la Société
européenne
, que je propose, & les Sociétez que je donne comme des espèces de
2887
& les Sociétez que je donne comme des espèces
de
modèles ; qu’après tout Henri IV avoit pû se tromper en croyant possi
2888
bles & suffisans, qui consistent aux articles
d’
un traité d’union, dans lequel on trouvât pour tout le monde une sûret
2889
uffisans, qui consistent aux articles d’un traité
d’
union, dans lequel on trouvât pour tout le monde une sûreté suffisante
2890
trouvât pour tout le monde une sûreté suffisante,
de
la perpétuité de la paix, je ne négligerai rien pour les inventer, &a
2891
le monde une sûreté suffisante, de la perpétuité
de
la paix, je ne négligerai rien pour les inventer, & je crois les
2892
nc à un simple argument que voici. Si la Société
européenne
que l’on propose, peut procurer à tous les princes chrétiens sûreté s
2893
er à tous les princes chrétiens sûreté suffisante
de
la perpétuité de la Paix au-dedans & dehors de leurs États, il n’
2894
nces chrétiens sûreté suffisante de la perpétuité
de
la Paix au-dedans & dehors de leurs États, il n’y a aucun d’eux p
2895
e la perpétuité de la Paix au-dedans & dehors
de
leurs États, il n’y a aucun d’eux pour qui il n’y ait beaucoup plus d
2896
edans & dehors de leurs États, il n’y a aucun
d’
eux pour qui il n’y ait beaucoup plus d’avantages à signer le traité p
2897
y a aucun d’eux pour qui il n’y ait beaucoup plus
d’
avantages à signer le traité pour l’établissement de cette Société, qu
2898
avantages à signer le traité pour l’établissement
de
cette Société, qu’à ne le pas signer. Or la Société européenne, que l
2899
tte Société, qu’à ne le pas signer. Or la Société
européenne
, que l’on propose, pourra procurer à tous les princes chrétiens sûret
2900
er à tous les princes chrétiens sûreté suffisante
de
la perpétuité de la paix au-dedans & au-dehors de leurs États. Do
2901
nces chrétiens sûreté suffisante de la perpétuité
de
la paix au-dedans & au-dehors de leurs États. Donc il n’y aura au
2902
a perpétuité de la paix au-dedans & au-dehors
de
leurs États. Donc il n’y aura aucun d’eux pour qui il n’y ait beaucou
2903
au-dehors de leurs États. Donc il n’y aura aucun
d’
eux pour qui il n’y ait beaucoup plus d’avantages à signer le traité p
2904
ura aucun d’eux pour qui il n’y ait beaucoup plus
d’
avantages à signer le traité pour l’établissement de cette Société, qu
2905
avantages à signer le traité pour l’établissement
de
cette Société, qu’à ne le pas signer. La majeure, ou la première pro
2906
ur disposer l’esprit du Lecteur à sentir la force
de
la démonstration. La mineure ou la seconde proposition contient les m
2907
iscours. À l’égard de la dernière proposition, ou
de
la conclusion, c’est le but que je me suis proposé dans cet Ouvrage…
2908
re tous les Souverains chrétiens, dans le dessein
de
rendre la Paix inaltérable en Europe, & dans cette vue l’Union fe
2909
dans le dessein de rendre la Paix inaltérable en
Europe
, & dans cette vue l’Union fera, s’il est possible, avec les Souve
2910
es Souverains Mahometans ses voisins, des Traitez
de
Ligue offensive & défensive, pour maintenir chacun en Paix dans l
2911
ve, pour maintenir chacun en Paix dans les bornes
de
son Territoire, en prenant d’eux, & leur donnant toutes les sûret
2912
aix dans les bornes de son Territoire, en prenant
d’
eux, & leur donnant toutes les sûretez possibles réciproques. Les
2913
été Européenne ne se mêlera point du gouvernement
de
chaque État, si ce n’est pour en conserver la forme fondamentale, &am
2914
-joint… Les Souverains ne pourront entr’eux faire
d’
échange d’aucun Territoire, ni signer aucun Traité entr’eux que du con
2915
s Souverains ne pourront entr’eux faire d’échange
d’
aucun Territoire, ni signer aucun Traité entr’eux que du consentement,
2916
r’eux que du consentement, & sous la garantie
de
l’Union aux trois quarts des vingt-quatre voix, & l’Union démeure
2917
ingt-quatre voix, & l’Union démeurera garante
de
l’éxécution des promesses réciproques. VII. — Les Députez travaillero
2918
férens Commerces entre les Nations particulières,
de
sorte cependant que les Loix soient égales & réciproques pour tou
2919
Chambres pour le maintien du Commerce, composées
de
Députez autorisez à concilier, & à juger à la rigueur, & en d
2920
le Commerce, ou autres matières entre les Sujets
de
divers Souverains, au-dessus de dix mille livres : les autres procez
2921
entre les Sujets de divers Souverains, au-dessus
de
dix mille livres : les autres procez de moindre conséquence seront dé
2922
au-dessus de dix mille livres : les autres procez
de
moindre conséquence seront décidez à l’ordinaire par les Juges du lie
2923
lité que contre celui qui aura été déclaré ennemi
de
la Société européenne : mais s’il y a quelque sujet de se plaindre de
2924
e celui qui aura été déclaré ennemi de la Société
européenne
: mais s’il y a quelque sujet de se plaindre de quelqu’un des Membres
2925
Société européenne : mais s’il y a quelque sujet
de
se plaindre de quelqu’un des Membres ou quelque demande à lui faire,
2926
enne : mais s’il y a quelque sujet de se plaindre
de
quelqu’un des Membres ou quelque demande à lui faire, il fera donner
2927
par son Député son Mémoire au Sénat dans la Ville
de
paix, & le Sénat prendra soin de concilier les différens par ses
2928
ans la Ville de paix, & le Sénat prendra soin
de
concilier les différens par ses Commissaires Médiateurs, ou s’ils ne
2929
verain qui prendra les armes avant la déclaration
de
guerre de l’Union, ou qui refusera d’exécuter un Réglement de la Soci
2930
prendra les armes avant la déclaration de guerre
de
l’Union, ou qui refusera d’exécuter un Réglement de la Société, elle
2931
déclaration de guerre de l’Union, ou qui refusera
d’
exécuter un Réglement de la Société, elle lui fera la Guerre, jusqu’à
2932
ment & des Réglemens il payera même les frais
de
la Guerre, & le Païs qui sera conquis sur lui lors de la suspensi
2933
ïs qui sera conquis sur lui lors de la suspension
d’
armes, demeurera pour toujours séparé de son État… IX. — Il y aura da
2934
uspension d’armes, demeurera pour toujours séparé
de
son État… IX. — Il y aura dans le Sénat d’Europe vingt-quatre Sénate
2935
éparé de son État… IX. — Il y aura dans le Sénat
d’
Europe vingt-quatre Sénateurs ou Députez des Souverains unis, ni plus,
2936
aré de son État… IX. — Il y aura dans le Sénat d’
Europe
vingt-quatre Sénateurs ou Députez des Souverains unis, ni plus, ni mo
2937
qu’une voix. X. — Les Membres & les Associez
de
l’Union contribueront aux frais de la Société, & aux subsides pou
2938
; les Associez de l’Union contribueront aux frais
de
la Société, & aux subsides pour la sûreté à proportion chacun de
2939
; aux subsides pour la sûreté à proportion chacun
de
leurs révenus & des richesses de leurs Peuples… XII. — On ne chan
2940
rtion chacun de leurs révenus & des richesses
de
leurs Peuples… XII. — On ne changera jamais rien aux onze Articles fo
2941
ci-dessus exprimez, sans le consentement unanime
de
tous les membres : mais à l’égard des autres Articles, la Société pou
2942
généralement sur « l’utopie ».et les « chimères »
de
son Projet, l’abbé avait écrit avec une sobre lucidité : Je conviens
2943
conviens qu’il se peut bien faire que l’arbitrage
européen
ne se forme que peu à peu, par degrés insensibles et en deux-cents an
2944
il avait ajouté : Il ne s’agit présentement que
de
commencer la ligue dans un congrès, à La Haye ou ailleurs. Deux-cent
2945
e, précisément, aux fins de « commencer » l’union
européenne
… Nous avons dit que le Projet devait surtout sa célébrité au concert
2946
le Projet devait surtout sa célébrité au concert
de
railleries qu’il provoqua : c’est qu’elles n’émanaient point d’obscur
2947
qu’il provoqua : c’est qu’elles n’émanaient point
d’
obscurantistes invétérés, mais plutôt d’esprits « éclairés », quoique
2948
ent point d’obscurantistes invétérés, mais plutôt
d’
esprits « éclairés », quoique mauvaises langues, comme Voltaire et Fré
2949
ses langues, comme Voltaire et Frédéric II, voire
d’
illustres protagonistes d’une Europe fédérée, comme Leibniz et Roussea
2950
e et Frédéric II, voire d’illustres protagonistes
d’
une Europe fédérée, comme Leibniz et Rousseau, qui redoutaient que le
2951
rédéric II, voire d’illustres protagonistes d’une
Europe
fédérée, comme Leibniz et Rousseau, qui redoutaient que le Projet ne
2952
Projet ne desservît la cause. Voltaire, parlant
de
l’art militaire : Je vous l’avoue, je formais des souhaits Pour que
2953
quité fît régner sur la terre L’impraticable paix
de
l’abbé de Saint-Pierre. Frédéric II, dans une lettre à Voltaire99 :
2954
int-Pierre, qui me distingue assez pour m’honorer
de
sa correspondance, m’a envoyé un bel ouvrage sur la façon de rétablir
2955
spondance, m’a envoyé un bel ouvrage sur la façon
de
rétablir la paix en Europe. La chose est très praticable : il ne manq
2956
n bel ouvrage sur la façon de rétablir la paix en
Europe
. La chose est très praticable : il ne manque pour la faire réussir qu
2957
manque pour la faire réussir que le consentement
de
l’Europe et quelques autres bagatelles semblables. Leibniz, à propos
2958
ue pour la faire réussir que le consentement de l’
Europe
et quelques autres bagatelles semblables. Leibniz, à propos d’un pla
2959
gatelles semblables. Leibniz, à propos d’un plan
de
Tribunal catholique européen100 : Voilà des projets qui réussiront a
2960
s projets qui réussiront aussi aisément que celui
de
M. l’abbé de Saint-Pierre, mais puisqu’il est permis de faire des rom
2961
réussiront aussi aisément que celui de M. l’abbé
de
Saint-Pierre, mais puisqu’il est permis de faire des romans, pourquoi
2962
l’abbé de Saint-Pierre, mais puisqu’il est permis
de
faire des romans, pourquoi trouverons-nous sa fiction mauvaise, qui n
2963
a fiction mauvaise, qui nous ramènerait le siècle
d’
or. Rousseau, dans son Extrait du Projet : Si le Projet demeure san
2964
e les hommes sont insensés et que c’est une sorte
de
folie que d’être sage au milieu des fous.101 Bluntschli, juriste i
2965
sont insensés et que c’est une sorte de folie que
d’
être sage au milieu des fous.101 Bluntschli, juriste international
2966
sort au mot du Cardinal Dubois : « C’est le rêve
d’
un homme de bien. » À quoi Th. Ruyssen ajoute : « Mais ce rêve ne cess
2967
t du Cardinal Dubois : « C’est le rêve d’un homme
de
bien. » À quoi Th. Ruyssen ajoute : « Mais ce rêve ne cessera de hant
2968
oi Th. Ruyssen ajoute : « Mais ce rêve ne cessera
de
hanter la conscience de l’humanité. » 90. Ernest Nys, Émeric Crucé
2969
« Mais ce rêve ne cessera de hanter la conscience
de
l’humanité. » 90. Ernest Nys, Émeric Crucé, in Études de Droit Int
2970
ité. » 90. Ernest Nys, Émeric Crucé, in Études
de
Droit International, I, 1896. 91. Allusion au projet de La Noue, voi
2971
t International, I, 1896. 91. Allusion au projet
de
La Noue, voir plus haut. 92. Allusion à Jean Bodin, cité plus haut.
2972
imitif : Mémoires des sages et royales oeconomies
d’
Estat, domestiques, politiques et militaires de Henry le Grand, l’Exem
2973
es d’Estat, domestiques, politiques et militaires
de
Henry le Grand, l’Exemplaire des roys, le prince des Vertus, des Arme
2974
ertus, des Armes et des Loix, et le Père en effet
de
ses Peuples François, et des servitudes utiles, obéissances convenabl
2975
béissances convenables et administrations loyales
de
Maximilien de Béthune…, etc. 94. C. J. Burckhardt : Vier historisch
2976
Verlag, Zürich, 1953, p. 25-29, 48-49. 95. Tirés
de
Jean Amos Comenius — Pages choisies, avec une introduction de Jean Pi
2977
Comenius — Pages choisies, avec une introduction
de
Jean Piaget — Unesco, 1957. 96. Hermès Trimégiste : c’est sous ce no
2978
rmès Trimégiste : c’est sous ce nom que les Grecs
de
la basse époque désignaient le dieu égyptien Toth, qui était le dieu
2979
ur dieu Hermès. 97. Nos citations sont extraites
de
l’Essai pour la paix présente et future de l’Europe par William Penn,
2980
raites de l’Essai pour la paix présente et future
de
l’Europe par William Penn, traduit par R. Umbdenstock, in William Pen
2981
s de l’Essai pour la paix présente et future de l’
Europe
par William Penn, traduit par R. Umbdenstock, in William Penn théoric
2982
k, in William Penn théoricien du Pacifisme. Thèse
de
l’Université de Dijon, 1931. 98. Extraits du Projet pour rendre la P
2983
nn théoricien du Pacifisme. Thèse de l’Université
de
Dijon, 1931. 98. Extraits du Projet pour rendre la Paix perpétuelle
2984
aits du Projet pour rendre la Paix perpétuelle en
Europe
, Tome 1, Utrecht, 1713 (sans nom d’auteur). 99. Frédéric II, Œuvres
2985
tuelle en Europe, Tome 1, Utrecht, 1713 (sans nom
d’
auteur). 99. Frédéric II, Œuvres, tome XIV, p. 247. 100. Lettre à G
2986
101. La Rochefoucauld : « C’est une grande folie
de
vouloir être sage tout seul. »
2987
entre 1623 et 1713, gravitent plusieurs douzaines
d’
utopies politico-mystiques, de plans de fédérations, d’anticipations p
2988
plusieurs douzaines d’utopies politico-mystiques,
de
plans de fédérations, d’anticipations pacifistes ou d’élucubrations :
2989
douzaines d’utopies politico-mystiques, de plans
de
fédérations, d’anticipations pacifistes ou d’élucubrations : les titr
2990
pies politico-mystiques, de plans de fédérations,
d’
anticipations pacifistes ou d’élucubrations : les titres seuls souvent
2991
ans de fédérations, d’anticipations pacifistes ou
d’
élucubrations : les titres seuls souvent vaudraient d’être cités, dans
2992
ucubrations : les titres seuls souvent vaudraient
d’
être cités, dans la mesure où ils nomment l’Europe comme unité, mais i
2993
ent d’être cités, dans la mesure où ils nomment l’
Europe
comme unité, mais il y faudrait trop de pages. Bornons-nous à quelque
2994
ent l’Europe comme unité, mais il y faudrait trop
de
pages. Bornons-nous à quelques exemples choisis aux quatre coins du c
2995
und Haüpter Europæ geschrieben… C’était l’œuvre
d’
un jeune théologien luthérien, Valentin Andreæ, inspirée de la Riforma
2996
e théologien luthérien, Valentin Andreæ, inspirée
de
la Riforma Generale dell’Universo du satiriste italien Trajano Boccal
2997
trouver au cours de leurs voyages, un seul membre
de
cette société. Cependant, il est établi que Leibniz fut, à vingt ans,
2998
tabli que Leibniz fut, à vingt ans, le secrétaire
d’
une confrérie de rose-croix, à Nuremberg… En 1691, un commerçant suiss
2999
z fut, à vingt ans, le secrétaire d’une confrérie
de
rose-croix, à Nuremberg… En 1691, un commerçant suisse du nom de Goud
3000
à Nuremberg… En 1691, un commerçant suisse du nom
de
Goudet publiait en Hollande un ouvrage aujourd’hui introuvable, et qu
3001
sujet Jurieu et Pierre Bayle. Ces Huit Entretiens
d’
Irène et Ariste proposaient aux Européens de s’unir pour se partager l
3002
Huit Entretiens d’Irène et Ariste proposaient aux
Européens
de s’unir pour se partager l’Empire ottoman102. La paix perpétuelle d
3003
tiens d’Irène et Ariste proposaient aux Européens
de
s’unir pour se partager l’Empire ottoman102. La paix perpétuelle deva
3004
x perpétuelle devait être assurée « par une armée
de
40.000 Suisses équipée et maintenue sous les armes après accord de to
3005
équipée et maintenue sous les armes après accord
de
tous les pays d’Europe, ainsi que par 30.000 hommes recrutés chez d’a
3006
enue sous les armes après accord de tous les pays
d’
Europe, ainsi que par 30.000 hommes recrutés chez d’autres nations eur
3007
ue sous les armes après accord de tous les pays d’
Europe
, ainsi que par 30.000 hommes recrutés chez d’autres nations européenn
3008
par 30.000 hommes recrutés chez d’autres nations
européennes
»103. Jurieu ayant dénoncé Bayle — à tort — comme auteur du libelle,
3009
me auteur du libelle, ce dernier perdit la chaire
de
philosophie qu’il occupait à Rotterdam. Le Projet de l’abbé de Saint-
3010
philosophie qu’il occupait à Rotterdam. Le Projet
de
l’abbé de Saint-Pierre devait donner lieu à une série d’ouvrages plus
3011
bé de Saint-Pierre devait donner lieu à une série
d’
ouvrages plus ou moins analogues, tout au long du xviiie siècle. En I
3012
et les orthodoxes, mais non le pape ! Un Congrès
européen
, siégeant à Ratisbonne, exercerait un arbitrage permanent entre les p
3013
t entre les princes. On en revient donc aux plans
de
l’abbé. En Allemagne c’est le Dr Eobald Toze qui reprend l’idée dans
3014
’idée dans Die allgemeine Christliche Republik in
Europa
, Mecklembourg, 1752. Il passe en revue les projets d’« Henry IV » (Su
3015
Mecklembourg, 1752. Il passe en revue les projets
d’
« Henry IV » (Sully), de Goudet, et de l’abbé, et les juges irréaliste
3016
asse en revue les projets d’« Henry IV » (Sully),
de
Goudet, et de l’abbé, et les juges irréalistes, parce que contraires
3017
les projets d’« Henry IV » (Sully), de Goudet, et
de
l’abbé, et les juges irréalistes, parce que contraires au principe tr
3018
stes, parce que contraires au principe triomphant
de
la souveraineté des États. Il n’a d’espoirs que dans une lente éducat
3019
e triomphant de la souveraineté des États. Il n’a
d’
espoirs que dans une lente éducation « de l’esprit de justice, de l’am
3020
. Il n’a d’espoirs que dans une lente éducation «
de
l’esprit de justice, de l’amour du prochain et de la maîtrise de soi,
3021
spoirs que dans une lente éducation « de l’esprit
de
justice, de l’amour du prochain et de la maîtrise de soi, aussi bien
3022
ans une lente éducation « de l’esprit de justice,
de
l’amour du prochain et de la maîtrise de soi, aussi bien chez les pri
3023
de l’esprit de justice, de l’amour du prochain et
de
la maîtrise de soi, aussi bien chez les princes que chez les peuples
3024
justice, de l’amour du prochain et de la maîtrise
de
soi, aussi bien chez les princes que chez les peuples »105. Dans un m
3025
05. Dans un manuscrit retrouvé à Nancy, et datant
de
1748, le roi Stanislas Leczinski critique lui aussi le Projet de l’ab
3026
Stanislas Leczinski critique lui aussi le Projet
de
l’abbé, et propose que le roi de France prenne la tête d’une union de
3027
é, et propose que le roi de France prenne la tête
d’
une union des républiques européennes, car, dit-il avec un bel optimis
3028
France prenne la tête d’une union des républiques
européennes
, car, dit-il avec un bel optimisme, jamais république ne fit la guerr
3029
e pour s’agrandir. Un aventurier français, auteur
d’
un ouvrage d’économie, Ange Goudar, fait paraître à Rotterdam en 1757
3030
ndir. Un aventurier français, auteur d’un ouvrage
d’
économie, Ange Goudar, fait paraître à Rotterdam en 1757 un écrit inti
3031
tre à Rotterdam en 1757 un écrit intitulé La paix
de
l’Europe ne petit s’établir qu’à la suite d’une longue trêve : par le
3032
Rotterdam en 1757 un écrit intitulé La paix de l’
Europe
ne petit s’établir qu’à la suite d’une longue trêve : par le Chevalie
3033
paix de l’Europe ne petit s’établir qu’à la suite
d’
une longue trêve : par le Chevalier G. La situation de l’Europe est as
3034
e longue trêve : par le Chevalier G. La situation
de
l’Europe est assez triste à l’en croire : On ne parle que des machin
3035
gue trêve : par le Chevalier G. La situation de l’
Europe
est assez triste à l’en croire : On ne parle que des machines de Gue
3036
ste à l’en croire : On ne parle que des machines
de
Guerre et les plus destructives sont toujours les mieux reçues. Un Pa
3037
reçues. Un Particulier qui découvriroit un moyen
d’
exterminer une nation entière, d’un seul coup, seroit regardé aujourd’
3038
me un grand homme d’État. Ce sont d’ailleurs les
Européens
, observe-t-il, qui ont propagé le fléau de leurs guerres sur les autr
3039
Européens, observe-t-il, qui ont propagé le fléau
de
leurs guerres sur les autres continents, et cela du fait de leur expa
3040
uerres sur les autres continents, et cela du fait
de
leur expansion économique. Les armes économiques sont devenues décisi
3041
qu’ils procurent les richesses qui sont les nerfs
de
la Guerre. Cet esprit très moderne, et sobre, ne voit d’espoir que d
3042
erre. Cet esprit très moderne, et sobre, ne voit
d’
espoir que dans une trêve de vingt ans pour apaiser les fièvres guerri
3043
ne, et sobre, ne voit d’espoir que dans une trêve
de
vingt ans pour apaiser les fièvres guerrières des souverains d’Europe
3044
our apaiser les fièvres guerrières des souverains
d’
Europe. Un grand seigneur livonien, J. H. von Lilienfeld, publie à Lei
3045
r apaiser les fièvres guerrières des souverains d’
Europe
. Un grand seigneur livonien, J. H. von Lilienfeld, publie à Leipzig,
3046
s Staats-Gebaüde. Il propose lui aussi la réunion
d’
un congrès des puissances chrétiennes, mais il ajoute deux importantes
3047
ibunal souverain » appliquerait aux États un Code
de
droit international, et désignerait en cas de besoin les forces armée
3048
ode de droit international, et désignerait en cas
de
besoin les forces armées chargées d’exécuter contre tel État récalcit
3049
erait en cas de besoin les forces armées chargées
d’
exécuter contre tel État récalcitrant les sanctions requises par le co
3050
ntendu, l’on irait montrer aux Infidèles ce que l’
Europe
unie sait faire. Ainsi partout, les mêmes motifs militent en faveur d
3051
es mêmes motifs militent en faveur d’un même type
d’
union : c’est toujours pour assurer la paix, et donc pour juguler les
3052
our juguler les souverainetés que l’on se propose
d’
unir les puissances chrétiennes par quelque lien de droit confédéral.
3053
’unir les puissances chrétiennes par quelque lien
de
droit confédéral. Et toujours, l’élément fédérateur apparemment indis
3054
e Révolution française pour voir paraître un plan
d’
union qui change de « tête de Turc » si l’on ose dire. Anticipons sur
3055
ise pour voir paraître un plan d’union qui change
de
« tête de Turc » si l’on ose dire. Anticipons sur la chronologie, pou
3056
oir paraître un plan d’union qui change de « tête
de
Turc » si l’on ose dire. Anticipons sur la chronologie, pour marquer
3057
cipons sur la chronologie, pour marquer cette fin
d’
une époque. Il s’agit du Plan d’une pacification générale en Europe pa
3058
marquer cette fin d’une époque. Il s’agit du Plan
d’
une pacification générale en Europe par le Citoyen Delaunay, Consul de
3059
Il s’agit du Plan d’une pacification générale en
Europe
par le Citoyen Delaunay, Consul de la République, Paris 1794. L’auteu
3060
énérale en Europe par le Citoyen Delaunay, Consul
de
la République, Paris 1794. L’auteur commence par avertir que quand on
3061
and on rêve pour le public, il faut prendre garde
de
s’endormir et de mettre sa sensibilité à la place de son jugement. Il
3062
le public, il faut prendre garde de s’endormir et
de
mettre sa sensibilité à la place de son jugement. Il s’agit de créer
3063
sensibilité à la place de son jugement. Il s’agit
de
créer une Convention européenne. Mais, à cette fin, qu’on n’attende p
3064
e son jugement. Il s’agit de créer une Convention
européenne
. Mais, à cette fin, qu’on n’attende pas un soulèvement des peuples, c
3065
gramme aux futurs députés, mais qu’on se contente
d’
indiquer les moyens de parvenir à cette Convention. Enfin et surtout,
3066
tés, mais qu’on se contente d’indiquer les moyens
de
parvenir à cette Convention. Enfin et surtout, qu’on se garde de reco
3067
ette Convention. Enfin et surtout, qu’on se garde
de
recourir au mythe de la croisade contre les Turcs : car il faut au co
3068
n et surtout, qu’on se garde de recourir au mythe
de
la croisade contre les Turcs : car il faut au contraire les avoir ave
3069
… contre les Russes ! Sans une ferme organisation
européenne
, on doit tout craindre de l’influence russe : Si on réfléchit sur l’
3070
me organisation européenne, on doit tout craindre
de
l’influence russe : Si on réfléchit sur l’étonnante augmentation de
3071
e : Si on réfléchit sur l’étonnante augmentation
de
puissance de la Russie, depuis un siècle, sur ce qu’elle peut devenir
3072
fléchit sur l’étonnante augmentation de puissance
de
la Russie, depuis un siècle, sur ce qu’elle peut devenir, et sur son
3073
alement qu’on mette un frein à la seule puissance
de
l’Europe qui puisse y lancer de grandes révolutions. D’où l’idée d’i
3074
nt qu’on mette un frein à la seule puissance de l’
Europe
qui puisse y lancer de grandes révolutions. D’où l’idée d’instituer
3075
a seule puissance de l’Europe qui puisse y lancer
de
grandes révolutions. D’où l’idée d’instituer deux grands groupes : u
3076
rope qui puisse y lancer de grandes révolutions.
D’
où l’idée d’instituer deux grands groupes : une Confédération d’Occide
3077
sse y lancer de grandes révolutions. D’où l’idée
d’
instituer deux grands groupes : une Confédération d’Occident, centrée
3078
instituer deux grands groupes : une Confédération
d’
Occident, centrée sur la France, l’Angleterre et l’Espagne, et une Con
3079
, l’Angleterre et l’Espagne, et une Confédération
d’
Orient, centrée sur la Russie, l’Autriche et le corps germanique. Quan
3080
serait entièrement neutre et deviendrait le siège
de
la Confédération d’Occident, tandis que Danzig serait le siège de cel
3081
eutre et deviendrait le siège de la Confédération
d’
Occident, tandis que Danzig serait le siège de celle d’Orient. Au res
3082
ion d’Occident, tandis que Danzig serait le siège
de
celle d’Orient. Au reste, qu’on ne croie pas que l’uniformité économ
3083
ident, tandis que Danzig serait le siège de celle
d’
Orient. Au reste, qu’on ne croie pas que l’uniformité économique soit
3084
e pas que l’uniformité économique soit un facteur
d’
union, bien au contraire : C’est parce que le sol de l’Europe n’est pa
3085
union, bien au contraire : C’est parce que le sol
de
l’Europe n’est pas le même partout, n’est pas également fertile, prod
3086
, bien au contraire : C’est parce que le sol de l’
Europe
n’est pas le même partout, n’est pas également fertile, produit des f
3087
ile, produit des fruits différents et des trésors
de
diverses natures, que les Européens sont appelés à s’unir et à se bie
3088
rents et des trésors de diverses natures, que les
Européens
sont appelés à s’unir et à se bien entendre, pour se procurer, par de
3089
des échanges faciles, tout ce qui peut leur être
de
nécessité, d’utilité ou de luxe.107 102. Il s’agit donc d’un des C
3090
faciles, tout ce qui peut leur être de nécessité,
d’
utilité ou de luxe.107 102. Il s’agit donc d’un des Cent projets de
3091
ce qui peut leur être de nécessité, d’utilité ou
de
luxe.107 102. Il s’agit donc d’un des Cent projets de partage de l
3092
, d’utilité ou de luxe.107 102. Il s’agit donc
d’
un des Cent projets de partage de la Turquie recensés par Djuvara dans
3093
.107 102. Il s’agit donc d’un des Cent projets
de
partage de la Turquie recensés par Djuvara dans un livre qui porte ce
3094
. Il s’agit donc d’un des Cent projets de partage
de
la Turquie recensés par Djuvara dans un livre qui porte ce titre, Par
3095
etzevitch, La Révolution française et les projets
d’
union européenne in La Révolution française, Paris, 1931, Tome 84, p.
3096
h, La Révolution française et les projets d’union
européenne
in La Révolution française, Paris, 1931, Tome 84, p. 321-35.
3097
Il a vécu dans la plupart de nos pays, il souffre
de
leurs dissensions, il veut l’union de l’Europe dans ses diversités, e
3098
il souffre de leurs dissensions, il veut l’union
de
l’Europe dans ses diversités, en fait un plan et le propose à Louis X
3099
ouffre de leurs dissensions, il veut l’union de l’
Europe
dans ses diversités, en fait un plan et le propose à Louis XIV : fédé
3100
mais admirateur sincère du catholicisme romain et
de
l’orthodoxie russe, il s’épuise à les concilier, d’où sa correspondan
3101
l’orthodoxie russe, il s’épuise à les concilier,
d’
où sa correspondance fameuse avec Bossuet : œcuménisme. Européen consc
3102
correspondance fameuse avec Bossuet : œcuménisme.
Européen
conscient de nos valeurs spécifiques, il voit le monde s’agrandir et
3103
use avec Bossuet : œcuménisme. Européen conscient
de
nos valeurs spécifiques, il voit le monde s’agrandir et s’en réjouit
3104
en réjouit : universalisme. Il a cherché le moyen
de
correspondre en toutes les langues, par le moyen d’un ars combinatori
3105
correspondre en toutes les langues, par le moyen
d’
un ars combinatoria, et sa plus glorieuse découverte mathématique, le
3106
que, le calcul infinitésimal, est encore un moyen
de
passage du discontinu au continu, une harmonie… « Les académies qu’il
3107
, une harmonie… « Les académies qu’il s’efforçait
de
fonder dans les différents pays n’étaient dans sa pensée que les frag
3108
sa pensée que les fragments épars et provisoires
d’
une vaste Académie européenne, d’une fédération des savants dont elles
3109
agments épars et provisoires d’une vaste Académie
européenne
, d’une fédération des savants dont elles eussent constitué simplement
3110
s et provisoires d’une vaste Académie européenne,
d’
une fédération des savants dont elles eussent constitué simplement des
3111
s. Limitons-nous à quelques thèmes spécifiquement
européens
, qu’il a traités dans sa correspondance et dans un écrit pseudonyme.
3112
ici d’abord le citoyen du monde : Je ne suis pas
de
ceux qui sont fanatisés par leur pays ou encore par une nation partic
3113
sidère le Ciel comme la Patrie et tous les hommes
de
bonne volonté comme les concitoyens en ce Ciel ; et j’aime mieux acco
3114
les Russes que peu parmi les Allemands et autres
Européens
… Car mon inclination et mon goût vont au Bien Général.109 En 1670,
3115
En 1670, déjà, Leibniz redoutant les ambitions
de
Louis XIV avait cherché à les détourner vers l’Orient. De là l’ébauch
3116
XIV avait cherché à les détourner vers l’Orient.
De
là l’ébauche du plan qu’il soumit au roi, intitulé Consilium Ægypticm
3117
i, intitulé Consilium Ægypticmorum. Il s’agissait
de
se tourner contre les Turcs, une fois de plus, de conquérir l’Égypte
3118
de se tourner contre les Turcs, une fois de plus,
de
conquérir l’Égypte et de percer l’isthme de Suez. Leibniz espérait ai
3119
Turcs, une fois de plus, de conquérir l’Égypte et
de
percer l’isthme de Suez. Leibniz espérait ainsi pacifier l’Europe et
3120
plus, de conquérir l’Égypte et de percer l’isthme
de
Suez. Leibniz espérait ainsi pacifier l’Europe et provoquer son union
3121
isthme de Suez. Leibniz espérait ainsi pacifier l’
Europe
et provoquer son union. Louis XIV appela le jeune homme à Paris, mais
3122
me à Paris, mais ne le reçut pas, les difficultés
de
la France avec le Sultan s’étant aplanies entre-temps… En 1676, la pa
3123
an s’étant aplanies entre-temps… En 1676, la paix
de
Nimègue ayant affirmé la prédominance menaçante de Louis XIV en Europ
3124
e Nimègue ayant affirmé la prédominance menaçante
de
Louis XIV en Europe, Leibniz publie un traité en latin sous le pseudo
3125
affirmé la prédominance menaçante de Louis XIV en
Europe
, Leibniz publie un traité en latin sous le pseudonyme de Cæsarius Fur
3126
bniz publie un traité en latin sous le pseudonyme
de
Cæsarius Fursterinus, dans lequel il prend la défense des princes du
3127
l prend la défense des princes du Saint-Empire et
de
leur autonomie. Il rappelle qu’au Moyen Âge la double autorité de l’e
3128
e. Il rappelle qu’au Moyen Âge la double autorité
de
l’empereur et du pape ménageait la liberté des souverainetés fédérées
3129
mes, le pape et l’empereur, exerçaient le pouvoir
de
sa part, l’un le pouvoir spirituel, l’autre le pouvoir temporel. Et i
3130
emporel. Et il était manifestement dans l’intérêt
de
tous que les chrétiens fussent réunis sous une autorité commune, en s
3131
mps ils se fissent craindre davantage des ennemis
de
la foi… Et parce que manifestement, dans le monde chrétien, la majest
3132
tement, dans le monde chrétien, la majesté sacrée
de
l’empereur romain repose sur cette base, il s’ensuit qu’elle ne doit
3133
mpereur doit être investi, dans une grande partie
de
l’Europe, d’un pouvoir, ainsi que d’une sorte de souveraineté suprême
3134
ur doit être investi, dans une grande partie de l’
Europe
, d’un pouvoir, ainsi que d’une sorte de souveraineté suprême correspo
3135
être investi, dans une grande partie de l’Europe,
d’
un pouvoir, ainsi que d’une sorte de souveraineté suprême correspondan
3136
rande partie de l’Europe, d’un pouvoir, ainsi que
d’
une sorte de souveraineté suprême correspondant à celle de l’Église ;
3137
de l’Europe, d’un pouvoir, ainsi que d’une sorte
de
souveraineté suprême correspondant à celle de l’Église ; et de même q
3138
rte de souveraineté suprême correspondant à celle
de
l’Église ; et de même que, dans notre Empire, en vue du maintien de l
3139
e même que, dans notre Empire, en vue du maintien
de
la paix universelle, des contributions communes sont exigées pour la
3140
étien. On reconnaît ici les thèses fondamentales
de
la Monarchie de Dante. Par ailleurs, la sympathie qu’éprouvait ce lut
3141
naît ici les thèses fondamentales de la Monarchie
de
Dante. Par ailleurs, la sympathie qu’éprouvait ce luthérien pour la p
3142
feste à maintes reprises, quoique parfois teintée
de
quelque ironie. Ainsi une lettre relative au projet du prince de Hess
3143
du prince de Hesse-Rheinfels : celui-ci proposait
d’
établir un « Tribunal catholique européen » et d’en fixer le siège à L
3144
i-ci proposait d’établir un « Tribunal catholique
européen
» et d’en fixer le siège à Lucerne. Leibniz commente : S’il existait
3145
d’établir un « Tribunal catholique européen » et
d’
en fixer le siège à Lucerne. Leibniz commente : S’il existait un cons
3146
permanent ou un Sénat créé par ce concile, chargé
de
veiller aux intérêts généraux de la chrétienté, ce qui se fait mainte
3147
concile, chargé de veiller aux intérêts généraux
de
la chrétienté, ce qui se fait maintenant par les alliances, et, comme
3148
public fondé par le pape et l’empereur en qualité
de
chefs de la chrétienté ; donc par le moyen d’une entente amicale et d
3149
ndé par le pape et l’empereur en qualité de chefs
de
la chrétienté ; donc par le moyen d’une entente amicale et d’une mani
3150
ité de chefs de la chrétienté ; donc par le moyen
d’
une entente amicale et d’une manière plus pratique et convenable qu’ac
3151
enté ; donc par le moyen d’une entente amicale et
d’
une manière plus pratique et convenable qu’actuellement. … Pour moi, j
3152
convenable qu’actuellement. … Pour moi, je serois
d’
avis de l’établir à Rome même et d’en faire le pape président, comme e
3153
ble qu’actuellement. … Pour moi, je serois d’avis
de
l’établir à Rome même et d’en faire le pape président, comme en effet
3154
moi, je serois d’avis de l’établir à Rome même et
d’
en faire le pape président, comme en effet il faisoit autrefois figure
3155
ident, comme en effet il faisoit autrefois figure
de
juge entre les princes chrétiens. Mais il faudroit en même temps que
3156
trembler des rois et des royaumes, comme du tems
de
Nicolas Ier ou de Grégoire VII. Et pour y faire consentir les protest
3157
et des royaumes, comme du tems de Nicolas Ier ou
de
Grégoire VII. Et pour y faire consentir les protestants, il faudroit
3158
ir les protestants, il faudroit prier sa Sainteté
de
rétablir la forme de l’Église telle qu’elle fut du tems de Charlemagn
3159
l faudroit prier sa Sainteté de rétablir la forme
de
l’Église telle qu’elle fut du tems de Charlemagne, lorsqu’il tenait l
3160
ir la forme de l’Église telle qu’elle fut du tems
de
Charlemagne, lorsqu’il tenait le concile de Francfort ; et de renonce
3161
tems de Charlemagne, lorsqu’il tenait le concile
de
Francfort ; et de renoncer à tous conciles tenus depuis, qui ne sauro
3162
ne, lorsqu’il tenait le concile de Francfort ; et
de
renoncer à tous conciles tenus depuis, qui ne sauroient passer pour œ
3163
que les papes ressemblassent aux premiers évêques
de
Rome. Voilà des projets qui réussiront aussi aisément que celui de M.
3164
s projets qui réussiront aussi aisément que celui
de
M. l’abbé de Saint-Pierre, mais puisqu’il est permis de faire des rom
3165
réussiront aussi aisément que celui de M. l’abbé
de
Saint-Pierre, mais puisqu’il est permis de faire des romans, pourquoi
3166
l’abbé de Saint-Pierre, mais puisqu’il est permis
de
faire des romans, pourquoi trouverons-nous sa fiction mauvaise, qui n
3167
a fiction mauvaise, qui nous ramènerait le siècle
d’
or.110 Au sujet de l’abbé de Saint-Pierre, Leibniz s’exprimera un pe
3168
des objections, et à votre manière nette et ronde
d’
y répondre. Il n’y a que la volonté qui manque aux hommes pour se déli
3169
la volonté qui manque aux hommes pour se délivrer
d’
une infinité de maux. Si cinq ou six personnes vouloient, elles pourro
3170
manque aux hommes pour se délivrer d’une infinité
de
maux. Si cinq ou six personnes vouloient, elles pourroient faire cess
3171
t, elles pourroient faire cesser le grand Schisme
d’
Occident, et mettre l’Église dans un bon ordre. Un Souverain qui le ve
3172
uverain qui le veut bien peut préserver ses États
de
la peste ; la maison de Brunswick n’y a pas mal réussi, grâces à Dieu
3173
peut préserver ses États de la peste ; la maison
de
Brunswick n’y a pas mal réussi, grâces à Dieu ; la peste s’est arrêté
3174
al réussi, grâces à Dieu ; la peste s’est arrêtée
de
mon tems à ses frontières. Un Souverain pourrait encore garantir ses
3175
. Un Souverain pourrait encore garantir ses États
de
la famine. Mais pour faire cesser les guerres, il faudroit qu’un autr
3176
u’un autre Henri IV, avec quelques grands princes
de
son tems, goûtât votre Projet. Le mal est qu’il est difficile de le f
3177
ûtât votre Projet. Le mal est qu’il est difficile
de
le faire entendre aux grands princes. Il n’y a point de Ministre main
3178
faire entendre aux grands princes. Il n’y a point
de
Ministre maintenant qui voudrait proposer à l’empereur de renoncer à
3179
tre maintenant qui voudrait proposer à l’empereur
de
renoncer à la succession de l’Espagne, et des Indes. Les Puissances M
3180
proposer à l’empereur de renoncer à la succession
de
l’Espagne, et des Indes. Les Puissances Maritimes et tant d’autres y
3181
us souvent des fatalités qui empêchent les hommes
d’
être heureux… Leibniz, conseiller de Pierre le Grand, considérait que
3182
t les hommes d’être heureux… Leibniz, conseiller
de
Pierre le Grand, considérait que le rôle de la Russie devait être cel
3183
iller de Pierre le Grand, considérait que le rôle
de
la Russie devait être celui d’un trait d’union chrétien entre l’Europ
3184
dérait que le rôle de la Russie devait être celui
d’
un trait d’union chrétien entre l’Europe et la Chine, en vue d’une syn
3185
le rôle de la Russie devait être celui d’un trait
d’
union chrétien entre l’Europe et la Chine, en vue d’une synthèse supér
3186
it être celui d’un trait d’union chrétien entre l’
Europe
et la Chine, en vue d’une synthèse supérieure des civilisations. Il
3187
union chrétien entre l’Europe et la Chine, en vue
d’
une synthèse supérieure des civilisations. Il semble encore, que c’es
3188
’est une fatalité singulière, ou plustost un coup
de
la Providence, qu’à même temps dans le Nord, dans l’Est et dans le Su
3189
iewiecz, souverain Seigneur des Russes et presque
de
tout le Nord, nous apprenons que Cam-hi, Amalogdo-Chan, monarque de l
3190
ous apprenons que Cam-hi, Amalogdo-Chan, monarque
de
la Chine et des Tartares les plus orientaux, et Jakso Adjam-Saugbed,
3191
res — ont tous conçu des desseins, qui surpassent
de
beaucoup ceux de leurs ancestres, comme nous apprenons tant par les r
3192
nçu des desseins, qui surpassent de beaucoup ceux
de
leurs ancestres, comme nous apprenons tant par les relations nouvelle
3193
e nous apprenons tant par les relations nouvelles
de
la Chine, où le christianisme vient d’être autorisé et appuyé d’un éd
3194
nouvelles de la Chine, où le christianisme vient
d’
être autorisé et appuyé d’un édit du roy, que par l’ambassade des Abys
3195
le christianisme vient d’être autorisé et appuyé
d’
un édit du roy, que par l’ambassade des Abyssins à Batavie en 1692. Le
3196
et frontiers du Turc, quoique bien éloignés l’un
de
l’autre. Mais le tsar et le monarque des Chinois sont frontiers entre
3197
les arts et les bonnes manières particulièrement
de
notre Europe, et ils se peuvent prester la main et obliger mutuelleme
3198
et les bonnes manières particulièrement de notre
Europe
, et ils se peuvent prester la main et obliger mutuellement à cet égar
3199
t à celles des jésuites : J’insinue qu’il serait
de
la gloire de Dieu et de l’honneur des protestants de prendre part à c
3200
s jésuites : J’insinue qu’il serait de la gloire
de
Dieu et de l’honneur des protestants de prendre part à cette grande a
3201
: J’insinue qu’il serait de la gloire de Dieu et
de
l’honneur des protestants de prendre part à cette grande aventure dan
3202
la gloire de Dieu et de l’honneur des protestants
de
prendre part à cette grande aventure dans le champ du Seigneur, afin
3203
juge que cette mission est la plus grande affaire
de
notre temps, tant pour la gloire de Dieu et la propagation de la reli
3204
rande affaire de notre temps, tant pour la gloire
de
Dieu et la propagation de la religion chrétienne, que pour le bien gé
3205
ps, tant pour la gloire de Dieu et la propagation
de
la religion chrétienne, que pour le bien général des hommes et l’accr
3206
bien que chez les Chinois ; car c’est un commerce
de
lumière qui nous peut donner d’un seul coup leurs travaux de quelques
3207
qui nous peut donner d’un seul coup leurs travaux
de
quelques milliers d’années… et doubler, pour ainsi dire, nos véritabl
3208
d’un seul coup leurs travaux de quelques milliers
d’
années… et doubler, pour ainsi dire, nos véritables richesses de part
3209
oubler, pour ainsi dire, nos véritables richesses
de
part et d’autre.113 Enfin ce trait final : dans un fragment latin i
3210
r ainsi dire, nos véritables richesses de part et
d’
autre.113 Enfin ce trait final : dans un fragment latin intitulé : «
3211
oses se découvrit.) En découvrant le monde, l’
Europe
se découvre Ces dernières citations de Leibniz sont importantes. E
3212
, l’Europe se découvre Ces dernières citations
de
Leibniz sont importantes. Elles témoignent d’une révolution de l’espr
3213
ons de Leibniz sont importantes. Elles témoignent
d’
une révolution de l’esprit qui se produit à la fin du xviie et au déb
3214
nt importantes. Elles témoignent d’une révolution
de
l’esprit qui se produit à la fin du xviie et au début du xviiie siè
3215
au début du xviiie siècle. Tout ce qui compte en
Europe
s’est remis à voyager, plus encore qu’aux beaux jours de la Renaissan
3216
t remis à voyager, plus encore qu’aux beaux jours
de
la Renaissance, et surtout bien plus loin. Ce ne sont plus seulement
3217
élites qui apprennent à connaître les diversités
européennes
; c’est l’Europe comme un tout qui se découvre elle-même, en se compa
3218
à connaître les diversités européennes ; c’est l’
Europe
comme un tout qui se découvre elle-même, en se comparant aux peuples
3219
e découvre elle-même, en se comparant aux peuples
d’
outre-mer. Au début et au terme de cette vaste enquête, plaçons en épi
3220
ant aux peuples d’outre-mer. Au début et au terme
de
cette vaste enquête, plaçons en épigraphes quatre cartes postales du
3221
s : Miguel de Cervantès (1547-1616) : Je sortis
de
notre nation pour entrer en France, et quoique nous y fussions bien a
3222
il me sembla que l’on pouvait vivre avec le plus
de
liberté.114 Balthazar Gracian (1601-1658), célèbre auteur de « L’H
3223
Balthazar Gracian (1601-1658), célèbre auteur
de
« L’Homme de Cour » : L’Europe est la face admirable du monde : gra
3224
Gracian (1601-1658), célèbre auteur de « L’Homme
de
Cour » : L’Europe est la face admirable du monde : grave en Espagne
3225
658), célèbre auteur de « L’Homme de Cour » : L’
Europe
est la face admirable du monde : grave en Espagne, jolie en Angleterr
3226
du monde : grave en Espagne, jolie en Angleterre,
de
bel air en France, fine en Italie, fraîche en Allemagne, précieuse en
3227
arl von Linné (1707-1778), le « premier botaniste
de
l’Europe », aussi zoologiste, et ici anthropologue : Homo Europæus.
3228
on Linné (1707-1778), le « premier botaniste de l’
Europe
», aussi zoologiste, et ici anthropologue : Homo Europæus. Albus san
3229
ur ritibus.116 Le Grand Dictionnaire historique
de
Louis Moreri, publié en 1674, donne une description sommaire de l’Eur
3230
i, publié en 1674, donne une description sommaire
de
l’Europe où déjà se retrouvent tous les clichés sur la psychologie de
3231
blié en 1674, donne une description sommaire de l’
Europe
où déjà se retrouvent tous les clichés sur la psychologie des peuples
3232
prisans et fiers jusqu’à la férocité. Les peuples
d’
Europe, par leur adresse et par leur courage, se sont soumis ceux des
3233
isans et fiers jusqu’à la férocité. Les peuples d’
Europe
, par leur adresse et par leur courage, se sont soumis ceux des autres
3234
ommerce et leur magnificence dans leurs villes. L’
Europe
surpasse aussi en toutes choses les autres parties du monde, soit pou
3235
abitent. Nous devons encore ajouter aux avantages
de
l’Europe, celui qu’elle a d’être presque toute éclairée des lumières
3236
nt. Nous devons encore ajouter aux avantages de l’
Europe
, celui qu’elle a d’être presque toute éclairée des lumières de l’Évan
3237
jouter aux avantages de l’Europe, celui qu’elle a
d’
être presque toute éclairée des lumières de l’Évangile. Suit une « li
3238
elle a d’être presque toute éclairée des lumières
de
l’Évangile. Suit une « liste des auteurs qui parlent de l’Europe » (
3239
angile. Suit une « liste des auteurs qui parlent
de
l’Europe » (premier sommaire pour une Anthologie européenne !) qui va
3240
e. Suit une « liste des auteurs qui parlent de l’
Europe
» (premier sommaire pour une Anthologie européenne !) qui va de Strab
3241
l’Europe » (premier sommaire pour une Anthologie
européenne
!) qui va de Strabon et Ptolémée jusqu’aux géographes modernes, comme
3242
sommaire pour une Anthologie européenne !) qui va
de
Strabon et Ptolémée jusqu’aux géographes modernes, comme Rabbe. L’hi
3243
ux géographes modernes, comme Rabbe. L’historien
de
la culture Paul Hazard a décrit mieux que personne, de nos jours, ce
3244
culture Paul Hazard a décrit mieux que personne,
de
nos jours, ce phénomène de découverte de l’Europe par elle-même117 :
3245
it mieux que personne, de nos jours, ce phénomène
de
découverte de l’Europe par elle-même117 : Quand Boileau prenait les
3246
ersonne, de nos jours, ce phénomène de découverte
de
l’Europe par elle-même117 : Quand Boileau prenait les eaux de Bourbo
3247
ne, de nos jours, ce phénomène de découverte de l’
Europe
par elle-même117 : Quand Boileau prenait les eaux de Bourbon, il pen
3248
ar elle-même117 : Quand Boileau prenait les eaux
de
Bourbon, il pensait être au but du monde ; Auteuil lui suffisait. Par
3249
, ils aimaient tant la nouveauté qu’ils faisaient
de
leur mieux pour ne pas conserver longtemps un ami ; qu’ils inventaien
3250
l’Asie et tantôt pour l’Afrique, afin de changer
de
lieu et de se divertir118. Les Allemands voyageaient, c’était leur ha
3251
tantôt pour l’Afrique, afin de changer de lieu et
de
se divertir118. Les Allemands voyageaient, c’était leur habitude, leu
3252
t, c’était leur habitude, leur manie ; impossible
de
les retenir chez eux. « Nous voyageons de père en fils, sans qu’aucun
3253
ossible de les retenir chez eux. « Nous voyageons
de
père en fils, sans qu’aucune affaire nous en empêche jamais », dit l’
3254
age ; la première chose dont on se fournit, c’est
d’
un Itinéraire, qui enseigne les voies ; la seconde, d’un petit livre q
3255
Itinéraire, qui enseigne les voies ; la seconde,
d’
un petit livre qui apprend ce qu’il y a de curieux en chaque pays. Lor
3256
econde, d’un petit livre qui apprend ce qu’il y a
de
curieux en chaque pays. Lorsque nos voyageurs sont gens de lettres, i
3257
x en chaque pays. Lorsque nos voyageurs sont gens
de
lettres, ils se munissent en partant de chez eux d’un livre blanc, bi
3258
sont gens de lettres, ils se munissent en partant
de
chez eux d’un livre blanc, bien relié, qu’on nomme Album Amicorum, et
3259
lettres, ils se munissent en partant de chez eux
d’
un livre blanc, bien relié, qu’on nomme Album Amicorum, et ne manquent
3260
é, qu’on nomme Album Amicorum, et ne manquent pas
d’
aller visiter les savants de tous les lieux où ils passent, et de le l
3261
m, et ne manquent pas d’aller visiter les savants
de
tous les lieux où ils passent, et de le leur présenter afin qu’ils y
3262
les savants de tous les lieux où ils passent, et
de
le leur présenter afin qu’ils y mettent leur nom… Les Anglais voyagea
3263
m… Les Anglais voyageaient, c’était le complément
de
leur éducation ; les jeunes seigneurs fraîchement sortis d’Oxford et
3264
ucation ; les jeunes seigneurs fraîchement sortis
d’
Oxford et de Cambridge, bien pourvus de guinées et flanqués d’un sage
3265
s jeunes seigneurs fraîchement sortis d’Oxford et
de
Cambridge, bien pourvus de guinées et flanqués d’un sage précepteur,
3266
ent sortis d’Oxford et de Cambridge, bien pourvus
de
guinées et flanqués d’un sage précepteur, franchissaient le détroit e
3267
de Cambridge, bien pourvus de guinées et flanqués
d’
un sage précepteur, franchissaient le détroit et entreprenaient le gra
3268
troit et entreprenaient le grand tour. On en a vu
de
toute espèce ; certains se contentaient de connaître le muscat de Fro
3269
n a vu de toute espèce ; certains se contentaient
de
connaître le muscat de Frontignan et de Montefiascone, les vins d’Ay,
3270
; certains se contentaient de connaître le muscat
de
Frontignan et de Montefiascone, les vins d’Ay, d’Arbois, de Bordeaux,
3271
tentaient de connaître le muscat de Frontignan et
de
Montefiascone, les vins d’Ay, d’Arbois, de Bordeaux, de Xérez, tandis
3272
uscat de Frontignan et de Montefiascone, les vins
d’
Ay, d’Arbois, de Bordeaux, de Xérez, tandis que d’autres, avec conscie
3273
de Frontignan et de Montefiascone, les vins d’Ay,
d’
Arbois, de Bordeaux, de Xérez, tandis que d’autres, avec conscience, é
3274
nan et de Montefiascone, les vins d’Ay, d’Arbois,
de
Bordeaux, de Xérez, tandis que d’autres, avec conscience, étudiaient
3275
tefiascone, les vins d’Ay, d’Arbois, de Bordeaux,
de
Xérez, tandis que d’autres, avec conscience, étudiaient tous les cabi
3276
es, avec conscience, étudiaient tous les cabinets
d’
histoire naturelle, toutes les collections d’antiquités. À chacun son
3277
nets d’histoire naturelle, toutes les collections
d’
antiquités. À chacun son caractère : « Les Français voyagent ordinaire
3278
rgner, de sorte qu’ils apportent quelquefois plus
de
dommage que de profit dans les endroits où ils logent. Les Anglais, a
3279
qu’ils apportent quelquefois plus de dommage que
de
profit dans les endroits où ils logent. Les Anglais, au contraire, so
3280
où ils logent. Les Anglais, au contraire, sortent
d’
Angleterre avec de bonnes lettres de change, avec un bel équipage et u
3281
Anglais, au contraire, sortent d’Angleterre avec
de
bonnes lettres de change, avec un bel équipage et une grande suite, e
3282
aire, sortent d’Angleterre avec de bonnes lettres
de
change, avec un bel équipage et une grande suite, et font de magnifiq
3283
avec un bel équipage et une grande suite, et font
de
magnifiques dépenses. On compte que, dans la seule ville de Rome, il
3284
ques dépenses. On compte que, dans la seule ville
de
Rome, il y a pour l’ordinaire plus de cinquante gentilshommes anglais
3285
seule ville de Rome, il y a pour l’ordinaire plus
de
cinquante gentilshommes anglais, et toujours avec des gens à leurs ga
3286
x-mille écus par an ; de sorte que la seule ville
de
Rome tire tous les ans d’Angleterre plus de trente mille pistoles eff
3287
orte que la seule ville de Rome tire tous les ans
d’
Angleterre plus de trente mille pistoles effectives. » C’est Gregorio
3288
ville de Rome tire tous les ans d’Angleterre plus
de
trente mille pistoles effectives. » C’est Gregorio Leti qui nous le d
3289
à Milan, se fit calviniste à Genève, panégyriste
de
Louis XIV à Paris, historien d’Angleterre à Londres, pamphlétaire au
3290
nève, panégyriste de Louis XIV à Paris, historien
d’
Angleterre à Londres, pamphlétaire au service des États en Hollande, o
3291
née 1701. Des savants enrichissaient leur science
de
ville en ville, comme Antonio Conti, Padouan, qui fut en 1713 à Paris
3292
Leibniz, et, en passant par la Hollande, eut soin
de
rendre visite à Leuwenhœck. Des philosophes voyageaient, et non pas a
3293
rt à Rome en 1689 ; et le tsar Pierre part pour l’
Europe
en 1696. Genre littéraire aux frontières indécises, commode parce qu’
3294
ites, les catalogues des musées, ou les histoires
d’
amour, le Voyage triomphait. … Il existe un titre charmant, qu’on ne
3295
tre charmant, qu’on ne peut lire sans avoir envie
de
prendre la poste, sans entrevoir un horizon plein de douces promesses
3296
prendre la poste, sans entrevoir un horizon plein
de
douces promesses : les Délices. Les Délices de l’Italie ; Les Délices
3297
in de douces promesses : les Délices. Les Délices
de
l’Italie ; Les Délices et Agréments du Danemark et de la Norvège ; Le
3298
’Italie ; Les Délices et Agréments du Danemark et
de
la Norvège ; Les Délices de la Grande-Bretagne et de l’Irlande ; L’Ét
3299
éments du Danemark et de la Norvège ; Les Délices
de
la Grande-Bretagne et de l’Irlande ; L’État et les Délices de la Suis
3300
la Norvège ; Les Délices de la Grande-Bretagne et
de
l’Irlande ; L’État et les Délices de la Suisse. Et toutes ces Délices
3301
-Bretagne et de l’Irlande ; L’État et les Délices
de
la Suisse. Et toutes ces Délices, réunies, donnent Les Merveilles de
3302
utes ces Délices, réunies, donnent Les Merveilles
de
l’Europe. Mais la Galerie agréable du monde, n’est-elle pas plus sédu
3303
ces Délices, réunies, donnent Les Merveilles de l’
Europe
. Mais la Galerie agréable du monde, n’est-elle pas plus séduisante en
3304
monde, n’est-elle pas plus séduisante encore ? L’
Europe
, en effet, ne cessait plus de travailler à découvrir le monde, et à l
3305
ante encore ? L’Europe, en effet, ne cessait plus
de
travailler à découvrir le monde, et à l’exploiter ; le xviie siècle
3306
mers, mais publient la plus copieuse littérature
de
voyages qui soit au monde ; à mesure que Colbert propose à l’activité
3307
riches colonies et les comptoirs lointains : que
de
récits en reviendront, « faits par ordre du roi » ! Le roi ne se dout
3308
par ordre du roi » ! Le roi ne se doutait pas que
de
ces récits eux-mêmes, naîtraient des idées capables d’ébranler les no
3309
s récits eux-mêmes, naîtraient des idées capables
d’
ébranler les notions les plus chères à sa croyance, et les plus nécess
3310
sa croyance, et les plus nécessaires au maintien
de
son autorité. … Il est parfaitement exact d’affirmer que toutes les i
3311
tien de son autorité. … Il est parfaitement exact
d’
affirmer que toutes les idées vitales, celle de propriété, celle de li
3312
ct d’affirmer que toutes les idées vitales, celle
de
propriété, celle de liberté, celle de justice, ont été remises en dis
3313
utes les idées vitales, celle de propriété, celle
de
liberté, celle de justice, ont été remises en discussion par l’exempl
3314
ales, celle de propriété, celle de liberté, celle
de
justice, ont été remises en discussion par l’exemple du lointain. D’a
3315
versel, on a constaté l’existence du particulier,
de
l’irréductible, de l’individuel. Ensuite parce qu’aux opinions reçues
3316
té l’existence du particulier, de l’irréductible,
de
l’individuel. Ensuite parce qu’aux opinions reçues, on peut opposer d
3317
qu’aux opinions reçues, on peut opposer des faits
d’
expérience, mis sans peine à la portée des penseurs. … De toutes les l
3318
ience, mis sans peine à la portée des penseurs. …
De
toutes les leçons que donne l’espace, la plus neuve peut-être fut cel
3319
donne l’espace, la plus neuve peut-être fut celle
de
la relativité. » Jésuites missionnaires, réformés chassés par la rév
3320
missionnaires, réformés chassés par la révocation
de
l’édit de Nantes, « dissenters » embarqués pour la Nouvelle Amsterdam
3321
s antipodes donnent surtout une vision nouvelle …
de
l’Europe. D’une Europe relativisée, certes, mais mieux vue dans son u
3322
ipodes donnent surtout une vision nouvelle … de l’
Europe
. D’une Europe relativisée, certes, mais mieux vue dans son unicité, e
3323
onnent surtout une vision nouvelle … de l’Europe.
D’
une Europe relativisée, certes, mais mieux vue dans son unicité, et au
3324
surtout une vision nouvelle … de l’Europe. D’une
Europe
relativisée, certes, mais mieux vue dans son unicité, et aussi dans s
3325
e dans son unicité, et aussi dans son unité. Plus
d’
un, d’ailleurs, a cru trouver chez les « barbares » l’idéal qu’il avai
3326
» l’idéal qu’il avait dans son cœur en fuyant une
Europe
intolérante. L’éloge du Primitif lointain sert d’abord d’argument con
3327
érante. L’éloge du Primitif lointain sert d’abord
d’
argument contre certains voisins. De là les nombreux mythes de compens
3328
sert d’abord d’argument contre certains voisins.
De
là les nombreux mythes de compensation qui se développent au xviiie
3329
ontre certains voisins. De là les nombreux mythes
de
compensation qui se développent au xviiie siècle : le bon sauvage, l
3330
Hindou tolérant et surtout le Chinois philosophe.
De
là les « utopies » (mot créé par Thomas More au xvie siècle) et les
3331
inien Cyrano de Bergerac et ses Estats et empires
de
la Lune puis du Soleil, Swift et ses Voyages de Gulliver, Giovanni Pa
3332
s de la Lune puis du Soleil, Swift et ses Voyages
de
Gulliver, Giovanni Paolo Marana et son Espoir du Grand Seigneur, Mont
3333
son Ingénu, Rousseau et son Homme né bon. Autant
de
pamphlets d’ailleurs, autant de manœuvres politiques et philosophique
3334
me né bon. Autant de pamphlets d’ailleurs, autant
de
manœuvres politiques et philosophiques, autant de prises de conscienc
3335
de manœuvres politiques et philosophiques, autant
de
prises de conscience critiques du rôle de l’Europe dans le monde. Le
3336
es politiques et philosophiques, autant de prises
de
conscience critiques du rôle de l’Europe dans le monde. Le xviiie si
3337
autant de prises de conscience critiques du rôle
de
l’Europe dans le monde. Le xviiie siècle marque ainsi le mouvement d
3338
nt de prises de conscience critiques du rôle de l’
Europe
dans le monde. Le xviiie siècle marque ainsi le mouvement de réflexi
3339
onde. Le xviiie siècle marque ainsi le mouvement
de
réflexion sur l’Europe de ses propres « grandes découvertes ». Vic
3340
ècle marque ainsi le mouvement de réflexion sur l’
Europe
de ses propres « grandes découvertes ». Vico Jean-Baptiste Vico
3341
rque ainsi le mouvement de réflexion sur l’Europe
de
ses propres « grandes découvertes ». Vico Jean-Baptiste Vico na
3342
ien aux vues amples et poétiques mais peu capable
d’
exactitude, métaphysicien baroque mais devançant plus d’une fois la sc
3343
titude, métaphysicien baroque mais devançant plus
d’
une fois la science physique et la sociologie des siècles à venir, il
3344
sants et le premier des Modernes, le continuateur
de
Pic de la Mirandole, de Giordano Bruno, de Cardan, et le précurseur d
3345
t le premier des Modernes, le continuateur de Pic
de
la Mirandole, de Giordano Bruno, de Cardan, et le précurseur de Hegel
3346
Modernes, le continuateur de Pic de la Mirandole,
de
Giordano Bruno, de Cardan, et le précurseur de Hegel et de Croce. C’e
3347
uateur de Pic de la Mirandole, de Giordano Bruno,
de
Cardan, et le précurseur de Hegel et de Croce. C’est à son œuvre prin
3348
e, de Giordano Bruno, de Cardan, et le précurseur
de
Hegel et de Croce. C’est à son œuvre principale, la Scienza Nuova que
3349
no Bruno, de Cardan, et le précurseur de Hegel et
de
Croce. C’est à son œuvre principale, la Scienza Nuova que nous emprun
3350
cription du Monde Moderne », très caractéristique
de
la vision de l’Europe et de sa place dans le monde, que pouvait prend
3351
onde Moderne », très caractéristique de la vision
de
l’Europe et de sa place dans le monde, que pouvait prendre un grand e
3352
Moderne », très caractéristique de la vision de l’
Europe
et de sa place dans le monde, que pouvait prendre un grand esprit de
3353
très caractéristique de la vision de l’Europe et
de
sa place dans le monde, que pouvait prendre un grand esprit de cette
3354
ans le monde, que pouvait prendre un grand esprit
de
cette époque. À notre époque la civilisation se trouve répandue dans
3355
s toutes les nations et un petit nombre seulement
de
grands monarques règnent dans le monde ; s’il s’en trouve encore de b
3356
s règnent dans le monde ; s’il s’en trouve encore
de
barbares c’est qu’ils ont pu maintenir leur autorité grâce à des croy
3357
les pays froids du Nord, nous rencontrons le tsar
de
Moscovie, prince chrétien sans doute mais qui commande à des hommes d
3358
hrétien sans doute mais qui commande à des hommes
d’
une grande paresse d’esprit ; le khan de Tartarie étend son autorité s
3359
is qui commande à des hommes d’une grande paresse
d’
esprit ; le khan de Tartarie étend son autorité sur un peuple sans éne
3360
es hommes d’une grande paresse d’esprit ; le khan
de
Tartarie étend son autorité sur un peuple sans énergie comme le furen
3361
les anciens Sères qui formaient la majeure partie
de
la population de son empire et dont le pays a été rattaché à la Chine
3362
qui formaient la majeure partie de la population
de
son empire et dont le pays a été rattaché à la Chine ; quant au négus
3363
e pays a été rattaché à la Chine ; quant au négus
d’
Éthiopie et aux puissants rois de Fez et du Maroc, ils régnent sur des
3364
; quant au négus d’Éthiopie et aux puissants rois
de
Fez et du Maroc, ils régnent sur des peuples faibles et très simples
3365
s régnent sur des peuples faibles et très simples
de
goûts. Mais si l’on passe à la zone tempérée, on trouve que la nature
3366
arouche et belliqueux et la langue même — au dire
de
certains doctes voyageurs — rappelle par ses consonances le latin ; c
3367
frayante et cruelle, des dieux terribles couverts
d’
armes redoutables. Les missionnaires qui ont visité ces régions, rappo
3368
du peuple sont hommes comme eux. Il y a beaucoup
d’
humanité chez les Chinois car leur religion est faite de douceur et de
3369
nité chez les Chinois car leur religion est faite
de
douceur et de mansuétude et les lettres y sont fort cultivées ; il en
3370
Chinois car leur religion est faite de douceur et
de
mansuétude et les lettres y sont fort cultivées ; il en est de même d
3371
s ; Persans et Turcs enfin ont mêlé à la mollesse
de
l’Asie qu’ils ont soumise, les croyances grossières de leur religion
3372
Asie qu’ils ont soumise, les croyances grossières
de
leur religion ; les Turcs en particulier tempèrent leur orgueil par l
3373
iniment pur et parfait, le christianisme qui fait
de
la charité un devoir envers tous les hommes, domine partout en Europe
3374
devoir envers tous les hommes, domine partout en
Europe
; là de puissantes monarchies entretiennent une civilisation des plus
3375
rs tous les hommes, domine partout en Europe ; là
de
puissantes monarchies entretiennent une civilisation des plus évoluée
3376
plus évoluées. Sans doute trouvera-t-on au nord —
de
nos jours en Pologne et en Angleterre comme ce fut le cas il y a quel
3377
e ce fut le cas il y a quelque cent-cinquante ans
de
la Suède et du Danemark — des monarchies gouvernées aristocratiquemen
3378
eaucoup les sciences, il y a un plus grand nombre
d’
États populaires que dans les trois autres. Le retour des mêmes besoin
3379
mêmes besoins, des mêmes intérêts a renouvelé en
Europe
la forme des anciennes républiques étoliennes et achéennes ; les Grec
3380
pour se défendre contre la puissance grandissante
de
Rome et c’est ce qu’on observe aujourd’hui avec les cantons Suisses e
3381
trouvent ainsi liées les unes aux autres en temps
de
paix et de guerre ; l’Empire germanique lui-même n’est qu’un ensemble
3382
nsi liées les unes aux autres en temps de paix et
de
guerre ; l’Empire germanique lui-même n’est qu’un ensemble de cités l
3383
l’Empire germanique lui-même n’est qu’un ensemble
de
cités libres dont les souverains sont indépendants et à la tête desqu
3384
s états aristocratiques entraînant une atmosphère
de
soupçon et de crainte propres à ces sortes d’états comme nous l’avons
3385
cratiques entraînant une atmosphère de soupçon et
de
crainte propres à ces sortes d’états comme nous l’avons déjà montré.
3386
ère de soupçon et de crainte propres à ces sortes
d’
états comme nous l’avons déjà montré. C’est là la forme ultime des soc
3387
s sociétés politiques et l’on ne saurait imaginer
d’
État qui fût supérieur à ces aristocraties ; ce fut également la forme
3388
aître avec l’union des pères, ces véritables rois
de
l’âge des familles qui gouvernèrent aristocratiquement les premières
3389
bien en effet la nature des véritables principes
d’
être à l’origine, et de marquer la fin des choses.120 Pour revenir à
3390
e des véritables principes d’être à l’origine, et
de
marquer la fin des choses.120 Pour revenir à notre sujet, nous diron
3391
evenir à notre sujet, nous dirons qu’on ne trouve
de
nos jours en Europe que cinq aristocraties, Venise, Gênes et Lucques
3392
ujet, nous dirons qu’on ne trouve de nos jours en
Europe
que cinq aristocraties, Venise, Gênes et Lucques en Italie, Raguse en
3393
couvrent qu’un territoire fort limité. Mais cette
Europe
chrétienne brille d’une admirable civilisation ; tous les biens auxqu
3394
fort limité. Mais cette Europe chrétienne brille
d’
une admirable civilisation ; tous les biens auxquels l’homme peut aspi
3395
plus profonds d’entre les systèmes philosophiques
de
l’antiquité païenne la secondent et que, d’autre part, elle cultive t
3396
ême évolution que nous venons de retracer, si les
Européens
n’avaient fait leur découverte.121 108. L. Couturat, Logique de
3397
ur découverte.121 108. L. Couturat, Logique
de
Leibniz, Paris 1901, p. 527-528. Notons ici que Campanella le premier
3398
7-528. Notons ici que Campanella le premier, rêva
d’
une « Académie européenne ». 109. Lettre à Pierre Ier, 16 janvier 171
3399
que Campanella le premier, rêva d’une « Académie
européenne
». 109. Lettre à Pierre Ier, 16 janvier 1716. Leibniz était devenu l
3400
ld und Europagedanke. 117. Paul Hazard, La Crise
de
la conscience européenne, 1680-1715, Paris, 1935. Nous citons des ext
3401
nke. 117. Paul Hazard, La Crise de la conscience
européenne
, 1680-1715, Paris, 1935. Nous citons des extraits des pages 5 à 11.
3402
pages 5 à 11. 118. Giovanni Paolo Marana, Lettre
d’
un Sicilien à l’un de ses amis, contenant une agréable critique de Par
3403
iovanni Paolo Marana, Lettre d’un Sicilien à l’un
de
ses amis, contenant une agréable critique de Paris et des Français, 1
3404
l’un de ses amis, contenant une agréable critique
de
Paris et des Français, 1700 et 1710. 119. Gregorio Leti, Historia e
3405
msterdam, 1692. Trad. fr., 1694. — Il est amusant
de
citer ici une page de l’Émile de Rousseau (Tome IV, édition de 1762)
3406
fr., 1694. — Il est amusant de citer ici une page
de
l’Émile de Rousseau (Tome IV, édition de 1762) qui s’inspire libremen
3407
une page de l’Émile de Rousseau (Tome IV, édition
de
1762) qui s’inspire librement de Saint-Évremond et de G. Leti, tels q
3408
Tome IV, édition de 1762) qui s’inspire librement
de
Saint-Évremond et de G. Leti, tels que P. Hazard vient de les citer :
3409
762) qui s’inspire librement de Saint-Évremond et
de
G. Leti, tels que P. Hazard vient de les citer : « De tous les peuple
3410
. Leti, tels que P. Hazard vient de les citer : «
De
tous les peuples du monde le François est celui qui voyage le plus, m
3411
François est celui qui voyage le plus, mais plein
de
ses usages, il confond tout ce qui n’y ressemble pas. Il y a des Fran
3412
çais dans tous les coins du monde. Il n’y a point
de
pays où l’on trouve plus de gens qui aient voyagé qu’on en trouve en
3413
monde. Il n’y a point de pays où l’on trouve plus
de
gens qui aient voyagé qu’on en trouve en France. Avec cela pourtant,
3414
gé qu’on en trouve en France. Avec cela pourtant,
de
tous les peuples de l’Europe celui qui en voit le plus connoît le moi
3415
n France. Avec cela pourtant, de tous les peuples
de
l’Europe celui qui en voit le plus connoît le moins. L’Anglois voyage
3416
nce. Avec cela pourtant, de tous les peuples de l’
Europe
celui qui en voit le plus connoît le moins. L’Anglois voyage aussi, m
3417
us connoît le moins. L’Anglois voyage aussi, mais
d’
une autre manière ; il faut que ces deux Peuples soient contraires en
3418
er. Les François ont presque toujours quelque vue
d’
intérêt dans leurs voyages : mais les Anglois ne vont point chercher f
3419
, c’est pour y verser leur argent, non pour vivre
d’
industrie ; ils sont trop fiers pour aller ramper hors de chez eux. Ce
3420
norance qu’à la passion. L’Anglois a les préjugés
de
l’orgueil, & le François ceux de la vanité. Comme les Peuples les
3421
les préjugés de l’orgueil, & le François ceux
de
la vanité. Comme les Peuples les moins cultivés sont généralement les
3422
cherches frivoles, & moins occupés des objets
de
notre vaine curiosité, ils donnent toute leur attention à ce qui est
3423
e ne connois guère que les Espagnols qui voyagent
de
cette manière. Tandis qu’un François court chez les Artistes d’un pay
3424
re. Tandis qu’un François court chez les Artistes
d’
un pays, qu’un Anglois en fait dessiner quelque antique, et qu’un Alle
3425
s, la police, & il est le seul des quatre qui
de
retour chez lui, rapporte de ce qu’il a vu quelque remarque utile à s
3426
seul des quatre qui de retour chez lui, rapporte
de
ce qu’il a vu quelque remarque utile à son Pays. » Et Rousseau de con
3427
quelque remarque utile à son Pays. » Et Rousseau
de
conclure : « Il y a cent fois plus de liaison maintenant entre l’Euro
3428
Et Rousseau de conclure : « Il y a cent fois plus
de
liaison maintenant entre l’Europe et l’Asie, qu’il y en avoit jadis e
3429
y a cent fois plus de liaison maintenant entre l’
Europe
et l’Asie, qu’il y en avoit jadis entre la Gaule & l’Espagne : l’
3430
en avoit jadis entre la Gaule & l’Espagne : l’
Europe
seule étoit plus éparse que la terre entière ne l’est aujourd’hui. »
3431
rima (Œuvres, III, 1, 56) il n’avait imaginé rien
de
moins qu’une confédération comprenant toutes les nations unies comme
3432
e V, chap. III, §§ 1089 à 1095. Collection Unesco
d’
œuvres représentatives, Éd. Nagel, Paris 1953.
3433
e à peu près absolu avec le génie sombre et tendu
d’
un Vico, voici un hédoniste, un sceptique indulgent, épris d’observati
3434
voici un hédoniste, un sceptique indulgent, épris
d’
observations exactes, qui conclut également en faveur de l’Europe, apr
3435
ons exactes, qui conclut également en faveur de l’
Europe
, après inventaire du domaine, étude sans préjugé des « relations » lo
3436
, il est l’ancêtre distingué et tout involontaire
de
cette immense littérature qui aboutit de nos jours à la science-ficti
3437
lontaire de cette immense littérature qui aboutit
de
nos jours à la science-fiction. Au Sixième Soir de ses promenades ave
3438
e nos jours à la science-fiction. Au Sixième Soir
de
ses promenades avec une marquise, dans un parc, lui ayant expliqué to
3439
ue l’on sait des autres mondes et ce qu’en permet
d’
imaginer l’astronomie, la marquise lui fait observer que les Chinois,
3440
is, selon ce qu’elle en a lu, ont décrit la chute
de
mille étoiles à la fois. Fontenelle en doute. La marquise réitère :
3441
-je pas toujours ouï dire que les Chinois étoient
de
très-grands Astronomes ? Il est vrai, repris-je ; mais les Chinois y
3442
-je ; mais les Chinois y ont gagné à être séparés
de
nous par un long espace de terre, comme les Grecs et les Romains à êt
3443
t gagné à être séparés de nous par un long espace
de
terre, comme les Grecs et les Romains à être séparés par une longue s
3444
t les Romains à être séparés par une longue suite
de
siècles ; tout éloignement est en droit de nous en imposer. En vérité
3445
suite de siècles ; tout éloignement est en droit
de
nous en imposer. En vérité, je crois toujours de plus en plus qu’il y
3446
tain génie qui n’a point encore été hors de notre
Europe
, ou qui du moins ne s’en est beaucoup éloigné. Peut-être qu’il ne lui
3447
up éloigné. Peut-être qu’il ne lui est pas permis
de
se répandre dans une grande étendue de terre à la fois, et que quelqu
3448
pas permis de se répandre dans une grande étendue
de
terre à la fois, et que quelque fatalité lui prescrit des bornes asse
3449
ns-en tandis que nous le possédons ; ce qu’il y a
de
meilleur, c’est qu’il ne se renferme pas dans les sciences et dans le
3450
les spéculations sèches ; il s’étend avec autant
de
succès jusqu’aux choses d’agrément, sur lesquelles je doute qu’aucun
3451
il s’étend avec autant de succès jusqu’aux choses
d’
agrément, sur lesquelles je doute qu’aucun peuple nous égale.122 M
3452
du gouvernement libéral, mais le plus sûr témoin
de
l’Europe de son temps, qu’il avait parcourue en tous sens. L’artifice
3453
ouvernement libéral, mais le plus sûr témoin de l’
Europe
de son temps, qu’il avait parcourue en tous sens. L’artifice du « bar
3454
ment libéral, mais le plus sûr témoin de l’Europe
de
son temps, qu’il avait parcourue en tous sens. L’artifice du « barbar
3455
arbare perspicace » n’est pour lui qu’une manière
d’
exposer sa méthode d’observation sociologique. C’est ainsi qu’il fait
3456
’est pour lui qu’une manière d’exposer sa méthode
d’
observation sociologique. C’est ainsi qu’il fait dire à l’un de ses Pe
3457
sociologique. C’est ainsi qu’il fait dire à l’un
de
ses Persans comment il entend mener sa propre enquête sur les diversi
3458
es secrets du commerce, des intérêts des princes,
de
la forme de leur gouvernement ; je ne néglige pas même les superstiti
3459
u commerce, des intérêts des princes, de la forme
de
leur gouvernement ; je ne néglige pas même les superstitions européen
3460
nement ; je ne néglige pas même les superstitions
européennes
; je m’applique à la médecine, à la physique, à l’astronomie ; j’étud
3461
s des nuages qui couvraient mes yeux dans le pays
de
ma naissance. Citons, sans plus de système qu’on en trouve dans les
3462
stème qu’on en trouve dans les notes et opuscules
de
Montesquieu, quelques résultats de cette méthode. Sur l’interdépendan
3463
s et opuscules de Montesquieu, quelques résultats
de
cette méthode. Sur l’interdépendance de nos nations : Un prince croi
3464
résultats de cette méthode. Sur l’interdépendance
de
nos nations : Un prince croit qu’il sera plus grand par la ruine d’u
3465
n prince croit qu’il sera plus grand par la ruine
d’
un état voisin. Au contraire. Les choses sont telles en Europe que tou
3466
t voisin. Au contraire. Les choses sont telles en
Europe
que tous les États dépendent les uns des autres. La France a besoin d
3467
dépendent les uns des autres. La France a besoin
de
l’opulence de la Pologne et de la Moscovie, comme la Guyenne a besoin
3468
uns des autres. La France a besoin de l’opulence
de
la Pologne et de la Moscovie, comme la Guyenne a besoin de la Bretagn
3469
La France a besoin de l’opulence de la Pologne et
de
la Moscovie, comme la Guyenne a besoin de la Bretagne et la Bretagne
3470
ogne et de la Moscovie, comme la Guyenne a besoin
de
la Bretagne et la Bretagne de l’Anjou. L’Europe est un état composé d
3471
esoin de la Bretagne et la Bretagne de l’Anjou. L’
Europe
est un état composé de plusieurs provinces.124 Sur la puissance de
3472
Bretagne de l’Anjou. L’Europe est un état composé
de
plusieurs provinces.124 Sur la puissance de l’esprit et l’atout qu
3473
sé de plusieurs provinces.124 Sur la puissance
de
l’esprit et l’atout que sa culture représente pour l’Europe : On ne
3474
sprit et l’atout que sa culture représente pour l’
Europe
: On ne peut pas dire que les lettres ne soyent qu’un amusement d’un
3475
as dire que les lettres ne soyent qu’un amusement
d’
une certaine partie des citoyens ; il faut les regarder sois une autre
3476
onde, nous verrons que, pour la même raison que l’
Europe
domine sur les autres parties du Monde et est dans la prospérité, tan
3477
e gémit dans l’esclavage et la misère ; de même l’
Europe
est plus éclairée, à proportion, que dans les autres parties, elles s
3478
se nuit. Que si nous voulons jeter les yeux sur l’
Europe
, nous verrons que les États où les lettres sont les plus cultivées on
3479
les plus cultivées ont aussi, à proportion, plus
de
puissance.125 Sur la position de l’Europe dans le Monde : L’effet
3480
oportion, plus de puissance.125 Sur la position
de
l’Europe dans le Monde : L’effet de la découverte de l’Amérique fut
3481
ion, plus de puissance.125 Sur la position de l’
Europe
dans le Monde : L’effet de la découverte de l’Amérique fut de lier à
3482
la position de l’Europe dans le Monde : L’effet
de
la découverte de l’Amérique fut de lier à l’Europe l’Asie et l’Afriqu
3483
’Europe dans le Monde : L’effet de la découverte
de
l’Amérique fut de lier à l’Europe l’Asie et l’Afrique. L’Amérique fou
3484
nde : L’effet de la découverte de l’Amérique fut
de
lier à l’Europe l’Asie et l’Afrique. L’Amérique fournit à l’Europe la
3485
urope l’Asie et l’Afrique. L’Amérique fournit à l’
Europe
la matière de son commerce avec cette vaste partie de l’Asie qu’on ap
3486
Afrique. L’Amérique fournit à l’Europe la matière
de
son commerce avec cette vaste partie de l’Asie qu’on appelle les Inde
3487
a matière de son commerce avec cette vaste partie
de
l’Asie qu’on appelle les Indes orientales. L’argent, ce métal si util
3488
signe, fut encore la base du plus grand commerce
de
l’univers, comme marchandise. Enfin, la navigation d’Afrique devint n
3489
’univers, comme marchandise. Enfin, la navigation
d’
Afrique devint nécessaire ; elle fournissait des hommes pour le travai
3490
es hommes pour le travail des mines et des terres
de
l’Amérique. L’Europe est parvenue à un si haut degré de puissance, qu
3491
travail des mines et des terres de l’Amérique. L’
Europe
est parvenue à un si haut degré de puissance, que l’histoire n’a rien
3492
mérique. L’Europe est parvenue à un si haut degré
de
puissance, que l’histoire n’a rien à comparer là-dessus, si l’on cons
3493
dépenses, la grandeur des engagements, le nombre
de
troupes, et la continuité de leur entretien, même lorsqu’elles sont l
3494
gagements, le nombre de troupes, et la continuité
de
leur entretien, même lorsqu’elles sont le plus inutiles, et qu’on ne
3495
tion. Le P. Duhalde dit que le commerce intérieur
de
la Chine est plus grand que celui de toute l’Europe. Cela pourrait êt
3496
ce intérieur de la Chine est plus grand que celui
de
toute l’Europe. Cela pourrait être, si notre commerce extérieur n’aug
3497
r de la Chine est plus grand que celui de toute l’
Europe
. Cela pourrait être, si notre commerce extérieur n’augmentait pas l’i
3498
ommerce extérieur n’augmentait pas l’intérieur. L’
Europe
fait le commerce et la navigation des trois autres parties du monde,
3499
ande font à peu près la navigation et le commerce
de
l’Europe.126 Sur le parallèle Europe-Asie : L’Asie n’a point propr
3500
font à peu près la navigation et le commerce de l’
Europe
.126 Sur le parallèle Europe-Asie : L’Asie n’a point proprement de
3501
allèle Europe-Asie : L’Asie n’a point proprement
de
zone tempérée ; et les lieux situés dans un climat très-froid y touch
3502
se, le Mogol, la Chine, la Corée et le Japon. En
Europe
, au contraire, la zone tempérée est très-étendue, quoiqu’elle soit si
3503
limats très-différents entre eux, n’y ayant point
de
rapport entre les climats d’Espagne et d’Italie, et ceux de Norwège e
3504
eux, n’y ayant point de rapport entre les climats
d’
Espagne et d’Italie, et ceux de Norwège et de Suède. Mais, comme le cl
3505
t point de rapport entre les climats d’Espagne et
d’
Italie, et ceux de Norwège et de Suède. Mais, comme le climat y devien
3506
entre les climats d’Espagne et d’Italie, et ceux
de
Norwège et de Suède. Mais, comme le climat y devient insensiblement f
3507
mats d’Espagne et d’Italie, et ceux de Norwège et
de
Suède. Mais, comme le climat y devient insensiblement froid en allant
3508
n allant du midi au nord, à peu près à proportion
de
la latitude de chaque pays, il y arrive que chaque pays est à peu prè
3509
i au nord, à peu près à proportion de la latitude
de
chaque pays, il y arrive que chaque pays est à peu près semblable à c
3510
de le dire, la zone tempérée y est très-étendue.
De
là suit qu’en Asie les nations sont opposées aux nations du fort au f
3511
que l’un soit conquis, et l’autre conquérant. En
Europe
, au contraire, les nations sont opposées du fort au fort ; celles qui
3512
peu près le même courage. C’est la grande raison
de
la faiblesse de l’Asie et de la force de l’Europe, de la liberté de l
3513
e courage. C’est la grande raison de la faiblesse
de
l’Asie et de la force de l’Europe, de la liberté de l’Europe et de la
3514
est la grande raison de la faiblesse de l’Asie et
de
la force de l’Europe, de la liberté de l’Europe et de la servitude de
3515
e raison de la faiblesse de l’Asie et de la force
de
l’Europe, de la liberté de l’Europe et de la servitude de l’Asie ; ca
3516
son de la faiblesse de l’Asie et de la force de l’
Europe
, de la liberté de l’Europe et de la servitude de l’Asie ; cause que j
3517
a faiblesse de l’Asie et de la force de l’Europe,
de
la liberté de l’Europe et de la servitude de l’Asie ; cause que je ne
3518
l’Asie et de la force de l’Europe, de la liberté
de
l’Europe et de la servitude de l’Asie ; cause que je ne sache pas que
3519
ie et de la force de l’Europe, de la liberté de l’
Europe
et de la servitude de l’Asie ; cause que je ne sache pas que l’on ait
3520
a force de l’Europe, de la liberté de l’Europe et
de
la servitude de l’Asie ; cause que je ne sache pas que l’on ait encor
3521
ope, de la liberté de l’Europe et de la servitude
de
l’Asie ; cause que je ne sache pas que l’on ait encore remarquée. C’e
3522
ive jamais que la liberté augmente ; au heu qu’en
Europe
elle augmente ou diminue, selon les circonstances.127 Les peuples du
3523
en est que le peuple tartare, conquérant naturel
de
l’Asie, est devenu esclave lui-même. … C’est ce qui a fait que le gén
3524
lave lui-même. … C’est ce qui a fait que le génie
de
la nation tartare ou gétique a toujours été semblable à celui des emp
3525
ique a toujours été semblable à celui des empires
de
l’Asie. Les peuples, dans ceux-ci, sont gouvernés par le bâton ; les
3526
s peuples tartares par les longs fouets. L’esprit
de
l’Europe a toujours été contraire à ces mœurs ; et, dans tous les tem
3527
ples tartares par les longs fouets. L’esprit de l’
Europe
a toujours été contraire à ces mœurs ; et, dans tous les temps, ce qu
3528
urs ; et, dans tous les temps, ce que les peuples
d’
Asie ont appelé punition, les peuples d’Europe l’ont appelé outrage. L
3529
s peuples d’Asie ont appelé punition, les peuples
d’
Europe l’ont appelé outrage. Les Tartares, détruisant l’empire grec, é
3530
peuples d’Asie ont appelé punition, les peuples d’
Europe
l’ont appelé outrage. Les Tartares, détruisant l’empire grec, établir
3531
n Atlantique, a tant loué la Scandinavie, a parlé
de
cette grande prérogative qui doit mettre les nations qui l’habitent a
3532
doit mettre les nations qui l’habitent au-dessus
de
tous les peuples du monde : c’est qu’elles ont été la source de la li
3533
uples du monde : c’est qu’elles ont été la source
de
la liberté de l’Europe, c’est-à-dire de presque toute celle qui est a
3534
: c’est qu’elles ont été la source de la liberté
de
l’Europe, c’est-à-dire de presque toute celle qui est aujourd’hui par
3535
est qu’elles ont été la source de la liberté de l’
Europe
, c’est-à-dire de presque toute celle qui est aujourd’hui parmi les ho
3536
la source de la liberté de l’Europe, c’est-à-dire
de
presque toute celle qui est aujourd’hui parmi les hommes. Le Goth Jor
3537
mi les hommes. Le Goth Jornandès a appelé le nord
de
l’Europe la fabrique du genre humain : je l’appellerai plutôt la fabr
3538
s hommes. Le Goth Jornandès a appelé le nord de l’
Europe
la fabrique du genre humain : je l’appellerai plutôt la fabrique des
3539
que se forment ces nations vaillantes qui sortent
de
leur pays pour détruire les tyrans et les esclaves, et apprendre aux
3540
que pour le bonheur128. En Asie on a toujours vu
de
grands empires ; en Europe, ils n’ont jamais pu subsister. C’est que
3541
En Asie on a toujours vu de grands empires ; en
Europe
, ils n’ont jamais pu subsister. C’est que l’Asie que nous connaissons
3542
ge que la nature du pays ne peut pas souffrir. En
Europe
, le partage naturel forme plusieurs États d’une étendue médiocre, dan
3543
Europe, le partage naturel forme plusieurs États
d’
une étendue médiocre, dans lesquels le gouvernement des lois n’est pas
3544
des lois n’est pas incompatible avec le maintien
de
l’État : au contraire, il y est si favorable, que sans elles cet État
3545
à tous les autres. C’est ce qui a formé un génie
de
liberté qui rend chaque partie très-difficile à être subjuguée et sou
3546
trangère, autrement que par les lois et l’utilité
de
son commerce. Au contraire, il règne en Asie un esprit de servitude q
3547
ommerce. Au contraire, il règne en Asie un esprit
de
servitude qui ne l’a jamais quitté ; et, dans toutes les histoires de
3548
l’a jamais quitté ; et, dans toutes les histoires
de
ce pays, il n’est pas possible de trouver un seul trait qui marque un
3549
s les histoires de ce pays, il n’est pas possible
de
trouver un seul trait qui marque une âme libre : on y verra jamais qu
3550
une âme libre : on y verra jamais que l’héroïsme
de
la servitude129. Enfin ce texte célèbre entre tous : Si je savais q
3551
fût préjudiciable à ma famille, je la rejetterais
de
mon esprit. Si je savais quelque chose qui serait utile à ma famille
3552
se utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l’
Europe
et au genre humain, je la regarderais comme un crime.130 Voltair
3553
ns l’utopie, ni dans celle du passé ni dans celle
de
l’avenir. « Il faut examiner l’état où l’on est, et non l’état où l’o
3554
le second, il publie en 1769 un opuscule intitulé
De
la Paix perpétuelle, par le Dr Goodheart, où l’on peut lire : La seu
3555
servi ! — voici ce qu’il fait dire au personnage
d’
un de ses Dialogues qu’il désigne par A. et qui semble être anglais (C
3556
i ! — voici ce qu’il fait dire au personnage d’un
de
ses Dialogues qu’il désigne par A. et qui semble être anglais (C. éta
3557
ue les Athéniens et les Romains ; que vos combats
de
coqs ou de gladiateurs, dans une enceinte de planches pourries, l’emp
3558
niens et les Romains ; que vos combats de coqs ou
de
gladiateurs, dans une enceinte de planches pourries, l’emportent sur
3559
bats de coqs ou de gladiateurs, dans une enceinte
de
planches pourries, l’emportent sur le Colisée ? Les savetiers et les
3560
dans vos tragédies sont-ils supérieurs aux héros
de
Sophocle ? Vos orateurs font-ils oublier Cicéron et Démosthène ? Et e
3561
le ne valait alors, et il en est de même du reste
de
l’Europe. B. — Ah ! exceptez-en, je vous prie, la Grèce, qui obéit au
3562
valait alors, et il en est de même du reste de l’
Europe
. B. — Ah ! exceptez-en, je vous prie, la Grèce, qui obéit au Grand Tu
3563
qui obéit au Grand Turc, et la malheureuse partie
de
l’Italie qui obéit au pape. A. — Je les excepte aussi ; mais songez q
3564
epte aussi ; mais songez que Paris, qui n’est que
d’
un dixième moins grand que Londres, n’était alors qu’une petite cité b
3565
terdam n’était qu’un marais. Madrid un désert, et
de
la rive droite du Rhin jusqu’au golfe de Bothnie tout était sauvage ;
3566
lfe de Bothnie tout était sauvage ; les habitants
de
ces climats vivaient, comme les Tartares ont toujours vécu, dans l’ig
3567
de, en Pologne, en Russie, et que les découvertes
de
notre grand Newton soient devenues le catéchisme de la noblesse de Mo
3568
notre grand Newton soient devenues le catéchisme
de
la noblesse de Moscou et de Pétersbourg ? C. — Vous m’avouerez qu’il
3569
wton soient devenues le catéchisme de la noblesse
de
Moscou et de Pétersbourg ? C. — Vous m’avouerez qu’il n’en est pas de
3570
evenues le catéchisme de la noblesse de Moscou et
de
Pétersbourg ? C. — Vous m’avouerez qu’il n’en est pas de même sur les
3571
rouva à moitié nus ? A. — Je le crois fermement ;
de
bonnes maisons, de bons vêtements, de la bonne chère, avec de bonnes
3572
? A. — Je le crois fermement ; de bonnes maisons,
de
bons vêtements, de la bonne chère, avec de bonnes lois et de la liber
3573
fermement ; de bonnes maisons, de bons vêtements,
de
la bonne chère, avec de bonnes lois et de la liberté, valent mieux qu
3574
isons, de bons vêtements, de la bonne chère, avec
de
bonnes lois et de la liberté, valent mieux que la disette, l’anarchie
3575
ements, de la bonne chère, avec de bonnes lois et
de
la liberté, valent mieux que la disette, l’anarchie et l’esclavage. C
3576
anarchie et l’esclavage. Ceux qui sont mécontents
de
Londres n’ont qu’à s’en aller aux Orcades : ils y vivront comme nous
3577
s y vivront comme nous vivions à Londres du temps
de
César ; ils mangeront du pain d’avoine, et s’égorgeront à coups de co
3578
Londres du temps de César ; ils mangeront du pain
d’
avoine, et s’égorgeront à coups de couteau pour un poisson séché au so
3579
ngeront du pain d’avoine, et s’égorgeront à coups
de
couteau pour un poisson séché au soleil et pour une cabane de paille.
3580
our un poisson séché au soleil et pour une cabane
de
paille. La vie sauvage a ses charmes ; ceux qui la prêchent n’ont qu’
3581
urelle. La pure nature n’a jamais connu ni débats
de
parlement, ni prérogatives de la couronne, ni compagnie des Indes, ni
3582
ais connu ni débats de parlement, ni prérogatives
de
la couronne, ni compagnie des Indes, ni impôts de trois schellings pa
3583
de la couronne, ni compagnie des Indes, ni impôts
de
trois schellings par livre sur son champ et sur son pré, et d’un sche
3584
llings par livre sur son champ et sur son pré, et
d’
un schelling par fenêtre. Vous pourriez bien avoir corrompu la nature
3585
ous m’étonnez ; quoi ! c’est suivre la nature que
de
sacrer un archevêque de Cantorbéry ? d’appeler un Allemand transplant
3586
’est suivre la nature que de sacrer un archevêque
de
Cantorbéry ? d’appeler un Allemand transplanté chez vous « Votre Maje
3587
ature que de sacrer un archevêque de Cantorbéry ?
d’
appeler un Allemand transplanté chez vous « Votre Majesté » ? de ne po
3588
llemand transplanté chez vous « Votre Majesté » ?
de
ne pouvoir épouser qu’une seule femme, et de payer plus du quart de v
3589
» ? de ne pouvoir épouser qu’une seule femme, et
de
payer plus du quart de votre revenu tous les ans ? sans compter bien
3590
ser qu’une seule femme, et de payer plus du quart
de
votre revenu tous les ans ? sans compter bien d’autres transgressions
3591
ue l’instinct et le jugement, ces deux fils aînés
de
la nature, nous enseignent à chercher en tout notre bien-être, et à p
3592
ieux cardinaux se rencontraient à jeun et mourant
de
faim sous un prunier, ils s’aideraient tous deux machinalement à mont
3593
r cueillir des prunes, et que deux petits coquins
de
la Forêt-Noire ou des Chicachas en feraient autant ? B. — Eh bien ! q
3594
il faut s’entraider. Ceux qui fourniront le plus
de
secours à la société seront donc ceux qui suivront la nature de plus
3595
ux qui inventeront les arts (qui est un grand don
de
Dieu), ceux qui proposeront des lois (ce qui est infiniment plus aisé
3596
é en effet observée. Donc, lorsque nous convenons
de
payer trois schellings en commun par livre sterling, pour jouir plus
3597
dix-sept autres schellings ; quand nous convenons
de
choisir un Allemand pour être, sous le nom de roi, le conservateur de
3598
ons de choisir un Allemand pour être, sous le nom
de
roi, le conservateur de notre liberté, l’arbitre entre les lords et l
3599
nd pour être, sous le nom de roi, le conservateur
de
notre liberté, l’arbitre entre les lords et les communes, le chef de
3600
’arbitre entre les lords et les communes, le chef
de
la république ; quand nous n’épousons qu’une seule femme par économie
3601
s (parce que nous sommes riches) qu’un archevêque
de
Cantorbéry ait douze mille pièces de revenu pour soulager les pauvres
3602
n archevêque de Cantorbéry ait douze mille pièces
de
revenu pour soulager les pauvres, pour prêcher la vertu s’il sait prê
3603
dans le clergé, etc., etc., nous faisons plus que
de
perfectionner la loi naturelle, nous allons au-delà du but ; mais le
3604
du but ; mais le sauvage isolé et brut (s’il y a
de
tels animaux sur la terre, ce dont je doute fort), que fait-il du mat
3605
je doute fort), que fait-il du matin au soir, que
de
pervertir la loi naturelle en étant inutile à lui-même et à tous les
3606
ct : les hommes insociables corrompent l’instinct
de
la nature humaine. C. — Ainsi l’homme, déguisé sous la laine des mou
3607
et allant chercher la vérole à deux-mille lieues
de
chez lui, c’est là l’homme naturel, et le Brésilien tout nu est l’hom
3608
n animal qui n’a pas encore atteint le complément
de
son espèce. C’est un oiseau qui n’a ses plumes que fort tard, une che
3609
es Locke, et alors il aura rempli toute l’étendue
de
la carrière humaine, supposé que les organes du Brésilien soient asse
3610
nes. Mais que m’importent après tout le caractère
d’
un Brésilien et les sentiments d’un Topinambou ? Je ne suis ni l’un ni
3611
out le caractère d’un Brésilien et les sentiments
d’
un Topinambou ? Je ne suis ni l’un ni l’autre, je veux être heureux ch
3612
c à mi-chemin entre les détracteurs systématiques
de
l’Europe et ceux qui veulent en faire un paradis par leur Système ; c
3613
i-chemin entre les détracteurs systématiques de l’
Europe
et ceux qui veulent en faire un paradis par leur Système ; comme il s
3614
comme il se tient à mi-chemin entre le pessimisme
de
Hobbes et l’optimisme de Leibniz, ou encore entre les tyrans éclairés
3615
emin entre le pessimisme de Hobbes et l’optimisme
de
Leibniz, ou encore entre les tyrans éclairés et le pacifisme intégral
3616
éclairés et le pacifisme intégral. Considérant l’
Europe
dans l’état où elle est, pleine d’abus et d’intolérance mais aussi de
3617
sidérant l’Europe dans l’état où elle est, pleine
d’
abus et d’intolérance mais aussi de « lumières » nouvelles et de grand
3618
’Europe dans l’état où elle est, pleine d’abus et
d’
intolérance mais aussi de « lumières » nouvelles et de grands génies t
3619
le est, pleine d’abus et d’intolérance mais aussi
de
« lumières » nouvelles et de grands génies tels que Newton, il écrit
3620
tolérance mais aussi de « lumières » nouvelles et
de
grands génies tels que Newton, il écrit en 1767 : Je vois avec plais
3621
767 : Je vois avec plaisir qu’il se forme dans l’
Europe
une république immense d’esprits cultivés. C’est donc l’Europe de la
3622
’il se forme dans l’Europe une république immense
d’
esprits cultivés. C’est donc l’Europe de la culture — comme nous diri
3623
ublique immense d’esprits cultivés. C’est donc l’
Europe
de la culture — comme nous dirions aujourd’hui — la société des espri
3624
immense d’esprits cultivés. C’est donc l’Europe
de
la culture — comme nous dirions aujourd’hui — la société des esprits
3625
il faut se contenter du peu de civilisation que l’
Europe
christianisée a pu introduire dans la jungle des nations. Il écrivait
3626
écrivait en 1752, dans son introduction au Siècle
de
Louis XIV : L’Europe surpasse en toutes choses les autres parties du
3627
dans son introduction au Siècle de Louis XIV : L’
Europe
surpasse en toutes choses les autres parties du monde… (on peut) rega
3628
les autres parties du monde… (on peut) regarder l’
Europe
chrétienne (à la Russie près) comme une espèce de grande république p
3629
pe chrétienne (à la Russie près) comme une espèce
de
grande république partagée en plusieurs États, les uns monarchiques,
3630
les uns avec les autres, tous ayant un même fond
de
religion, quoique divisés en plusieurs sectes ; tous ayant les mêmes
3631
plusieurs sectes ; tous ayant les mêmes principes
de
droit public et de politique, inconnus dans les autres parties du mon
3632
tous ayant les mêmes principes de droit public et
de
politique, inconnus dans les autres parties du monde. C’est par ces p
3633
du monde. C’est par ces principes que les nations
européennes
ne font point esclaves leurs prisonniers, qu’elles respectent les amb
3634
prisonniers, qu’elles respectent les ambassadeurs
de
leurs ennemis, qu’elles conviennent ensemble de la prééminence et de
3635
s de leurs ennemis, qu’elles conviennent ensemble
de
la prééminence et de quelques droits de certains princes, comme de l’
3636
u’elles conviennent ensemble de la prééminence et
de
quelques droits de certains princes, comme de l’empereur, des rois et
3637
ensemble de la prééminence et de quelques droits
de
certains princes, comme de l’empereur, des rois et des autres moindre
3638
et de quelques droits de certains princes, comme
de
l’empereur, des rois et des autres moindres potents et qu’elles s’acc
3639
elles s’accordent surtout, dans la sage politique
de
tenir entr’elles, autant qu’elles peuvent, une balance égale de pouvo
3640
elles, autant qu’elles peuvent, une balance égale
de
pouvoir, employant sans cesse les négociations, même au milieu de la
3641
qui peuvent avertir toutes les cours des desseins
d’
une seule, donner à la fois l’allarme à l’Europe et garantir les plus
3642
seins d’une seule, donner à la fois l’allarme à l’
Europe
et garantir les plus faibles des invasions que le plus fort est toujo
3643
des invasions que le plus fort est toujours prêt
d’
entreprendre. Rousseau (1712-1778) « Rousseau n’a rien inventé,
3644
tout enflammé », disait Mme de Staël, et c’est un
de
ces jugements qui caractérisent leur auteur mieux que leur objet. Car
3645
ir » ; et peut-être l’a-t-il été. Il se proposait
d’
en exposer le système dans une suite au Contrat social qui a été perdu
3646
ais il s’est exprimé longuement sur les avantages
de
l’union européenne dans Extrait, et sur le principe fédératif lui-mêm
3647
t exprimé longuement sur les avantages de l’union
européenne
dans Extrait, et sur le principe fédératif lui-même dans un ouvrage m
3648
nnu, mais beaucoup plus original, le Gouvernement
de
Pologne. Une dame Dupin avait confié à Jean-Jacques l’éducation de so
3649
ame Dupin avait confié à Jean-Jacques l’éducation
de
son fils. Elle pria le précepteur de rédiger un « condensé » (procédé
3650
l’éducation de son fils. Elle pria le précepteur
de
rédiger un « condensé » (procédé littéraire cher à l’époque) du Proje
3651
» (procédé littéraire cher à l’époque) du Projet
de
l’abbé de Saint-Pierre. Rousseau l’écrivit le garda longtemps dans se
3652
1, à Amsterdam, sous le titre : Extrait du Projet
de
paix perpétuelle de M. l’abbé de Saint-Pierre, par J. J. Rousseau, ci
3653
le titre : Extrait du Projet de paix perpétuelle
de
M. l’abbé de Saint-Pierre, par J. J. Rousseau, citoyen de Genève. Au
3654
xtrait du Projet de paix perpétuelle de M. l’abbé
de
Saint-Pierre, par J. J. Rousseau, citoyen de Genève. Au début, l’élog
3655
abbé de Saint-Pierre, par J. J. Rousseau, citoyen
de
Genève. Au début, l’éloge est fervent, bien que Rousseau n’entende pa
3656
i plus utile, n’occupa l’esprit humain, que celui
d’
une paix perpétuelle et universelle entre tous les peuples d’Europe, j
3657
perpétuelle et universelle entre tous les peuples
d’
Europe, jamais auteur ne mérita mieux l’attention du public que celui
3658
rpétuelle et universelle entre tous les peuples d’
Europe
, jamais auteur ne mérita mieux l’attention du public que celui qui pr
3659
sentiment dont j’étais plein. Tâchons maintenant
de
raisonner de sang-froid. Quel est l’état réel de l’Europe ? On n’y
3660
nt j’étais plein. Tâchons maintenant de raisonner
de
sang-froid. Quel est l’état réel de l’Europe ? On n’y a su prévenir
3661
e raisonner de sang-froid. Quel est l’état réel
de
l’Europe ? On n’y a su prévenir les guerres particulières que pour en
3662
sonner de sang-froid. Quel est l’état réel de l’
Europe
? On n’y a su prévenir les guerres particulières que pour en allumer
3663
nir les guerres particulières que pour en allumer
de
générales, on ne s’unit à quelques-uns que contre tous les autres :
3664
contre tous les autres : S’il y a quelque moyen
de
lever ces dangereuses contradictions, ce ne peut être que par une for
3665
contradictions, ce ne peut être que par une forme
de
gouvernement confédérative, qui, unissant les peuples par des liens s
3666
s, les Gaules leurs cités et les derniers soupirs
de
la Grèce devinrent encore illustres dans la ligne achéenne. Mais null
3667
ore illustres dans la ligne achéenne. Mais nulles
de
ces confédérations n’approchèrent, pour la sagesse, de celle du corps
3668
s confédérations n’approchèrent, pour la sagesse,
de
celle du corps germanique, de la ligue helvétique, et des états génér
3669
t, pour la sagesse, de celle du corps germanique,
de
la ligue helvétique, et des états généraux. Outre ces confédérations
3670
réelles, par l’union des intérêts, par le rapport
de
nos maximes, par la conformité des coutumes, ou par d’autres circonst
3671
es divisés. C’est ainsi que toutes les puissances
de
l’Europe forment entre elles une sorte de système qui les unit par un
3672
visés. C’est ainsi que toutes les puissances de l’
Europe
forment entre elles une sorte de système qui les unit par une même re
3673
ssances de l’Europe forment entre elles une sorte
de
système qui les unit par une même religion, par un même droit des gen
3674
, par les lettres, par le commerce, par une sorte
d’
équilibre qui est l’effet nécessaire de tout cela, et qui, sans que pe
3675
une sorte d’équilibre qui est l’effet nécessaire
de
tout cela, et qui, sans que personne songe en effet à le conserver, n
3676
oujours existé : c’est à l’Empire puis à l’Église
de
Rome que nous devons une sorte de « société étroite entre les nations
3677
puis à l’Église de Rome que nous devons une sorte
de
« société étroite entre les nations de l’Europe ». Mais il y a plus :
3678
une sorte de « société étroite entre les nations
de
l’Europe ». Mais il y a plus : Joignez à cela la situation particuli
3679
sorte de « société étroite entre les nations de l’
Europe
». Mais il y a plus : Joignez à cela la situation particulière de l’
3680
plus : Joignez à cela la situation particulière
de
l’Europe, plus également peuplée, plus également fertile, mieux réuni
3681
: Joignez à cela la situation particulière de l’
Europe
, plus également peuplée, plus également fertile, mieux réunie en tout
3682
verains ; la multitude des rivières et la variété
de
leur cours, qui rend toutes les communications faciles ; l’humeur inc
3683
fréquemment les uns chez les autres ; l’invention
de
l’imprimerie et le goût général des lettres, qui a mis entre eux une
3684
l des lettres, qui a mis entre eux une communauté
d’
études et de connaissances ; enfin la multitude et la petitesse des ét
3685
s, qui a mis entre eux une communauté d’études et
de
connaissances ; enfin la multitude et la petitesse des états, qui, jo
3686
es aux autres. Toutes ces causes réunies, forment
de
l’Europe, non seulement, comme l’Asie ou l’Afrique, une idéale collec
3687
x autres. Toutes ces causes réunies, forment de l’
Europe
, non seulement, comme l’Asie ou l’Afrique, une idéale collection de p
3688
comme l’Asie ou l’Afrique, une idéale collection
de
peuples qui n’ont de commun qu’un nom, mais une société réelle qui a
3689
rique, une idéale collection de peuples qui n’ont
de
commun qu’un nom, mais une société réelle qui a sa religion, ses mœur
3690
os beaux discours et nos procédés horribles, tant
d’
humanité dans les maximes et de cruauté dans les actions, une religion
3691
és horribles, tant d’humanité dans les maximes et
de
cruauté dans les actions, une religion si douce et une si sanguinaire
3692
iétés ; et cette fraternité prétendue des peuples
de
l’Europe ne semble être qu’un nom de dérision pour exprimer avec iron
3693
; et cette fraternité prétendue des peuples de l’
Europe
ne semble être qu’un nom de dérision pour exprimer avec ironie leur m
3694
des peuples de l’Europe ne semble être qu’un nom
de
dérision pour exprimer avec ironie leur mutuelle animosité. Cependant
3695
qui vient à changer. L’antique union des peuples
de
l’Europe a compliqué leurs intérêts et leurs droits de mille manières
3696
vient à changer. L’antique union des peuples de l’
Europe
a compliqué leurs intérêts et leurs droits de mille manières ; ils se
3697
Europe a compliqué leurs intérêts et leurs droits
de
mille manières ; ils se touchent par tant de points, que le moindre m
3698
que le moindre mouvement des uns ne peut manquer
de
choquer les autres ; leurs divisions sont d’autant plus funestes, que
3699
quer de choquer les autres ; leurs divisions sont
d’
autant plus funestes, que leurs liaisons sont plus intimes, et leurs f
3700
la cruauté des guerres civiles. Voyons maintenant
de
quelle manière ce grand ouvrage, commencé par la fortune, peut être a
3701
ciété libre et volontaire qui unit tous les états
européens
, prenant la force et la solidité d’un vrai corps politique, peut se c
3702
états européens, prenant la force et la solidité
d’
un vrai corps politique, peut se changer en une confédération réelle.
3703
se forme de temps en temps parmi nous des espèces
de
diètes générales sous le nom de congrès, où l’on se rend solennelleme
3704
nous des espèces de diètes générales sous le nom
de
congrès, où l’on se rend solennellement de tous les états de l’Europe
3705
le nom de congrès, où l’on se rend solennellement
de
tous les états de l’Europe pour s’en retourner de même ; où l’on s’as
3706
où l’on se rend solennellement de tous les états
de
l’Europe pour s’en retourner de même ; où l’on s’assemble pour ne rie
3707
’on se rend solennellement de tous les états de l’
Europe
pour s’en retourner de même ; où l’on s’assemble pour ne rien dire ;
3708
a ronde ou carrée, si la salle aura plus ou moins
de
portes, si un tel plénipotentiaire aura le visage ou le dos tourné ve
3709
né vers la fenêtre, si tel autre fera deux pouces
de
chemin de plus ou de moins dans une visite, et sur mille questions de
3710
i tel autre fera deux pouces de chemin de plus ou
de
moins dans une visite, et sur mille questions de pareille importance,
3711
de moins dans une visite, et sur mille questions
de
pareille importance, inutilement agitée depuis trois siècles, et très
3712
e depuis trois siècles, et très dignes assurément
d’
occuper les politiques du nôtre. Il se peut faire que les membres d’un
3713
tiques du nôtre. Il se peut faire que les membres
d’
une de ces assemblées soient une fois doués du sens commun ; il n’est
3714
du nôtre. Il se peut faire que les membres d’une
de
ces assemblées soient une fois doués du sens commun ; il n’est pas mê
3715
oir aplani bien des difficultés, ils auront ordre
de
leurs souverains respectifs de signer la confédération générale que j
3716
, ils auront ordre de leurs souverains respectifs
de
signer la confédération générale que je suppose sommairement contenue
3717
icles suivants. Suit un long résumé des 23 tomes
de
l’abbé, suivi de cette conclusion justement célèbre : L’établissemen
3718
Suit un long résumé des 23 tomes de l’abbé, suivi
de
cette conclusion justement célèbre : L’établissement de la paix perp
3719
e conclusion justement célèbre : L’établissement
de
la paix perpétuelle dépend uniquement du consentement des souverains,
3720
entement des souverains, et n’offre point à lever
d’
autre difficulté que leur résistance. Sans doute ce n’est pas à dire q
3721
ouverains adopteront ce projet (qui peut répondre
de
la raison d’autrui ?) mais seulement qu’ils l’adopteraient s’ils cons
3722
pteront ce projet (qui peut répondre de la raison
d’
autrui ?) mais seulement qu’ils l’adopteraient s’ils consultaient leur
3723
t. La seule chose qu’on leur suppose, c’est assez
de
raison pour voir ce qui leur est utile, et assez de courage pour fair
3724
raison pour voir ce qui leur est utile, et assez
de
courage pour faire leur propre bonheur. Si, malgré tout cela, ce proj
3725
les hommes sont insensés, et que c’est une sorte
de
folie d’être sage au milieu des fous. Dans un Jugement sur la Paix p
3726
es sont insensés, et que c’est une sorte de folie
d’
être sage au milieu des fous. Dans un Jugement sur la Paix perpétuell
3727
bé, c’est aux princes souverains qu’il appartient
de
convoquer le Congrès européen. Pour Rousseau, c’est aux peuples eux-m
3728
uverains qu’il appartient de convoquer le Congrès
européen
. Pour Rousseau, c’est aux peuples eux-mêmes à créer leur fédération.
3729
à créer leur fédération. Car : … peut-on espérer
de
soumettre à un tribunal supérieur des hommes qui s’osent vanter de ne
3730
tribunal supérieur des hommes qui s’osent vanter
de
ne tenir leur pouvoir que de leur épée, et qui ne font mention de Die
3731
s qui s’osent vanter de ne tenir leur pouvoir que
de
leur épée, et qui ne font mention de Dieu même que parce qu’il est au
3732
pouvoir que de leur épée, et qui ne font mention
de
Dieu même que parce qu’il est au ciel ? Les souverains se soumettront
3733
ur des lois n’a jamais pu forcer les particuliers
d’
admettre dans les leurs ? Un simple gentilhomme offensé dédaigne de po
3734
es leurs ? Un simple gentilhomme offensé dédaigne
de
porter ses plaintes au tribunal des maréchaux de France, et vous voul
3735
de porter ses plaintes au tribunal des maréchaux
de
France, et vous voulez qu’un roi porte les siennes à la diète europée
3736
ous voulez qu’un roi porte les siennes à la diète
européenne
? Sans cesse abusés par l’apparence des choses, les princes rejettera
3737
jours à ceux du prince ? Les ministres ont besoin
de
la guerre pour se rendre nécessaires… Et le public ne laisse pas de d
3738
se rendre nécessaires… Et le public ne laisse pas
de
demander pourquoi, si ce projet est possible, ils ne l’ont pas adopté
3739
’ont pas adopté ? Il ne voit pas qu’il n’y a rien
d’
impossible dans ce projet, sinon qu’il soit adopté par eux. Que feront
3740
n ridicule. Près de vingt ans après la rédaction
de
l’Extrait, en 1771, Rousseau est approché par les Confédérés polonais
3741
st approché par les Confédérés polonais, au cours
d’
une suspension de leur guerre contre les Russes. À la veille du partag
3742
es Confédérés polonais, au cours d’une suspension
de
leur guerre contre les Russes. À la veille du partage tragique, ces p
3743
patriotes demandent à l’auteur du Contrat social
d’
élaborer le plan d’une constitution moins bizarre et anarchique que ce
3744
t à l’auteur du Contrat social d’élaborer le plan
d’
une constitution moins bizarre et anarchique que celle qui a causé la
3745
arre et anarchique que celle qui a causé la ruine
de
leur pays. Rousseau accepte ce travail considérable, tout en se plaig
3746
pte ce travail considérable, tout en se plaignant
de
son état « qui lui laisse à peine la faculté de lier ses idées ». Il
3747
t de son état « qui lui laisse à peine la faculté
de
lier ses idées ». Il terminera l’ouvrage en 1773, l’année même du Tra
3748
et l’intitulera Considération sur le gouvernement
de
Pologne et sur sa réformation projetée en 1772. Son premier souci, qu
3749
Son premier souci, qui dominera tout l’essai, est
de
détourner les Polonais d’imiter « l’Europe », c’est-à-dire les puissa
3750
inera tout l’essai, est de détourner les Polonais
d’
imiter « l’Europe », c’est-à-dire les puissances de l’Ouest qui « s’ab
3751
essai, est de détourner les Polonais d’imiter « l’
Europe
», c’est-à-dire les puissances de l’Ouest qui « s’abâtardissent journ
3752
’imiter « l’Europe », c’est-à-dire les puissances
de
l’Ouest qui « s’abâtardissent journellement par la pente générale de
3753
abâtardissent journellement par la pente générale
de
prendre les goûts et les mœurs des Français ». Au cosmopolitisme à la
3754
la suite. La Pologne est un grand état environné
d’
États encore plus considérables, qui, par leur despotisme, et par leur
3755
s dans l’état présent des choses qu’un seul moyen
de
lui donner cette consistance qui lui manque ; c’est d’infuser pour ai
3756
i donner cette consistance qui lui manque ; c’est
d’
infuser pour ainsi dire dans toute la nation l’âme des confédérés : c’
3757
dans toute la nation l’âme des confédérés : c’est
d’
établir tellement la république dans le cœur des Polonais, qu’elle y s
3758
onais, qu’elle y subsiste malgré tous les efforts
de
ses oppresseurs. C’est là, ce me semble, l’unique asile où la force n
3759
e ne peut ni l’atteindre ni la détruire. On vient
d’
en voir une preuve à jamais mémorable. La Pologne était dans les fers
3760
ent vous pouvez braver la puissance et l’ambition
de
vos voisins. Vous ne sauriez empêcher qu’ils ne vous engloutissent ;
3761
nt le génie, le caractère, les goûts et les mœurs
d’
un peuple, qui le font être lui et non pas un autre… Il n’y a plus auj
3762
ui et non pas un autre… Il n’y a plus aujourd’hui
de
Français, d’Allemands, d’Espagnols, d’Anglais même, quoi qu’on en dis
3763
un autre… Il n’y a plus aujourd’hui de Français,
d’
Allemands, d’Espagnols, d’Anglais même, quoi qu’on en dise ; il n’y a
3764
n’y a plus aujourd’hui de Français, d’Allemands,
d’
Espagnols, d’Anglais même, quoi qu’on en dise ; il n’y a que des Europ
3765
ujourd’hui de Français, d’Allemands, d’Espagnols,
d’
Anglais même, quoi qu’on en dise ; il n’y a que des Européens. Tous on
3766
glais même, quoi qu’on en dise ; il n’y a que des
Européens
. Tous ont les mêmes goûts, les mêmes passions, les mêmes mœurs, parce
3767
assions, les mêmes mœurs, parce qu’aucun n’a reçu
de
forme nationale par une institution particulière… Que leur importe à
3768
re… Que leur importe à quel maître ils obéissent,
de
quel état ils suivent les lois, pourvu qu’ils trouvent de l’argent à
3769
état ils suivent les lois, pourvu qu’ils trouvent
de
l’argent à voler, et des femmes à corrompre, ils sont partout dans le
3770
uent leur âme à n’aimer que leur patrie ! L’éloge
de
cette « éducation nationale » ne se lit pas aujourd’hui sans quelque
3771
qu’elle. Tout vrai républicain suça avec le lait
de
sa mère l’amour qui fait toute son existence : il ne voit que la patr
3772
qu’il est seul, il est nul ; sitôt qu’il n’a plus
de
patrie, il n’est plus : et s’il n’est pas mort, il est pis. L’éducati
3773
Je veux qu’en apprenant à lire il lise des choses
de
son pays ; qu’à dix ans il en connaisse toutes les productions, à dou
3774
a loi doit régler la matière, l’ordre et la forme
de
leurs études… Tous, étant égaux par la constitution de l’état, doiven
3775
urs études… Tous, étant égaux par la constitution
de
l’état, doivent être élevés ensemble et de la même manière ; et si l’
3776
tution de l’état, doivent être élevés ensemble et
de
la même manière ; et si l’on ne peut établir une éducation publique t
3777
mettre à un prix que les pauvres puissent payer…
De
telles pages ne feraient-elles pas de Rousseau le véritable précurseu
3778
ent payer… De telles pages ne feraient-elles pas
de
Rousseau le véritable précurseur des régimes totalitaires du xxe siè
3779
ternes qu’une gradation nécessaire force les rois
de
leur donner… La première réforme dont vous auriez besoin serait celle
3780
ière réforme dont vous auriez besoin serait celle
de
votre étendue… Commencez par resserrer vos limites, si vous voulez ré
3781
rées ; mais ce serait un grand bien pour le corps
de
la nation… Je voudrais, s’il était possible, que vous eussiez autant
3782
ais, s’il était possible, que vous eussiez autant
d’
États que de palatinats133. Formez dans chacun autant d’administration
3783
ait possible, que vous eussiez autant d’États que
de
palatinats133. Formez dans chacun autant d’administrations particuliè
3784
s que de palatinats133. Formez dans chacun autant
d’
administrations particulières. Perfectionnez la forme des diétines, ét
3785
tes que rien ne puisse rompre entre elles le lien
de
la commune législation, et de la subordination au corps de la républi
3786
entre elles le lien de la commune législation, et
de
la subordination au corps de la république. En un mot, appliquez-vous
3787
mune législation, et de la subordination au corps
de
la république. En un mot, appliquez-vous à étendre et perfectionner l
3788
puisse vous convenir. En cette partie centrale
de
son mémoire, Rousseau rappelle expressément les moyens qu’il préconis
3789
s qu’une nation ne peut être légitimement sujette
d’
une autre, parce que l’essence du corps politique est dans l’accord de
3790
ue l’essence du corps politique est dans l’accord
de
l’obéissance et de la liberté, et que ces mots de sujet et de souvera
3791
ps politique est dans l’accord de l’obéissance et
de
la liberté, et que ces mots de sujet et de souverain sont des corréla
3792
de l’obéissance et de la liberté, et que ces mots
de
sujet et de souverain sont des corrélations identiques dont l’idée se
3793
nce et de la liberté, et que ces mots de sujet et
de
souverain sont des corrélations identiques dont l’idée se réunit sous
3794
identiques dont l’idée se réunit sous le seul mot
de
citoyen… Mais comment donner aux petits états assez de force pour rés
3795
toyen… Mais comment donner aux petits états assez
de
force pour résister aux grands ? Comme jadis les villes grecques rési
3796
la Hollande et la Suisse ont résisté à la maison
d’
Autriche. Que si les Polonais préfèrent à ce fédéralisme intégral la
3797
e fois), alors, qu’ils suivent l’exemple du reste
de
l’Europe, qu’ils développent les sciences, les arts, le commerce, les
3798
s), alors, qu’ils suivent l’exemple du reste de l’
Europe
, qu’ils développent les sciences, les arts, le commerce, les finances
3799
ent tout cela au nom de la puissance nationale :
De
cette manière, vous formerez un peuple ingrat, avide, servile et frip
3800
ujours sans aucun milieu à l’un des deux extrêmes
de
la misère ou de l’opulence, de la licence ou de l’esclavage : mais on
3801
n milieu à l’un des deux extrêmes de la misère ou
de
l’opulence, de la licence ou de l’esclavage : mais on vous comptera p
3802
des deux extrêmes de la misère ou de l’opulence,
de
la licence ou de l’esclavage : mais on vous comptera parmi les grande
3803
s de la misère ou de l’opulence, de la licence ou
de
l’esclavage : mais on vous comptera parmi les grandes puissances de l
3804
ais on vous comptera parmi les grandes puissances
de
l’Europe, vous entrerez dans les systèmes politiques ; dans toutes le
3805
n vous comptera parmi les grandes puissances de l’
Europe
, vous entrerez dans les systèmes politiques ; dans toutes les négocia
3806
a par des traités : il n’y aura pas une guerre en
Europe
où vous n’ayez l’honneur d’être fourrés : si le bonheur vous en veut,
3807
pas une guerre en Europe où vous n’ayez l’honneur
d’
être fourrés : si le bonheur vous en veut, vous pourrez rentrer dans v
3808
vos anciennes possessions, peut-être en conquérir
de
nouvelles, et puis dire comme Pyrrhus ou comme les Russes, c’est-à-di
3809
ra à moi, je mangerai bien du sucre. » Gloire
de
l’Europe L’Europe de Montesquieu, de Voltaire et de Rousseau peut
3810
moi, je mangerai bien du sucre. » Gloire de l’
Europe
L’Europe de Montesquieu, de Voltaire et de Rousseau peut se mettre
3811
Gloire de l’Europe L’Europe de Montesquieu,
de
Voltaire et de Rousseau peut se mettre en question, se comparer, et l
3812
Europe L’Europe de Montesquieu, de Voltaire et
de
Rousseau peut se mettre en question, se comparer, et le fait pour la
3813
e des idées ; mais elle ne doute pas sérieusement
d’
elle-même. C’est une Europe française, et la France au sommet de son h
3814
ne doute pas sérieusement d’elle-même. C’est une
Europe
française, et la France au sommet de son hégémonie intellectuelle ne
3815
’est une Europe française, et la France au sommet
de
son hégémonie intellectuelle ne saurait concevoir aucune comparaison
3816
son avantage, même si elle tourne à la confusion
d’
un parti détesté, qui ne la représente pas. (C’est Rousseau pour Volta
3817
re pour Rousseau ; mais la vraie France, la vraie
Europe
par conséquent, ne peut pâtir de la défaite de ceux qui ont tort cont
3818
ce, la vraie Europe par conséquent, ne peut pâtir
de
la défaite de ceux qui ont tort contre son vrai génie !) Les trois te
3819
urope par conséquent, ne peut pâtir de la défaite
de
ceux qui ont tort contre son vrai génie !) Les trois textes qui suive
3820
trois textes qui suivent donneront une juste idée
de
la confiance orgueilleuse que met en ses destins l’Europe française.
3821
a confiance orgueilleuse que met en ses destins l’
Europe
française. Tous les trois proclament la supériorité essentielle et co
3822
ament la supériorité essentielle et comme absolue
de
la religion européenne, de la race blanche et de la langue française.
3823
orité essentielle et comme absolue de la religion
européenne
, de la race blanche et de la langue française. Anne-Robert-Jacques Tu
3824
ielle et comme absolue de la religion européenne,
de
la race blanche et de la langue française. Anne-Robert-Jacques Turgot
3825
de la religion européenne, de la race blanche et
de
la langue française. Anne-Robert-Jacques Turgot, baron de l’Aulne (17
3826
(1727-1781), fut tout d’abord séminariste, avant
d’
entrer dans une carrière civile qui devait faire de lui l’un des plus
3827
’entrer dans une carrière civile qui devait faire
de
lui l’un des plus grands ministres de Louis XVI. En 1750, prieur de l
3828
evait faire de lui l’un des plus grands ministres
de
Louis XVI. En 1750, prieur de la Sorbonne, et tout jeune homme il pro
3829
us grands ministres de Louis XVI. En 1750, prieur
de
la Sorbonne, et tout jeune homme il prononce en latin un « Premier di
3830
t du christianisme a procurés au genre humain ».
De
ce long exercice de rhétorique, détachons une prosopopée typique du s
3831
procurés au genre humain ». De ce long exercice
de
rhétorique, détachons une prosopopée typique du siècle : … Superbe G
3832
splendeur avait rendues si brillantes ? Une foule
de
barbares a effacé jusqu’aux traces de ces arts par lesquels tu avais
3833
? Une foule de barbares a effacé jusqu’aux traces
de
ces arts par lesquels tu avais autrefois triomphé des Romains et soum
3834
is tes vainqueurs mêmes. Tout a cédé au fanatisme
de
cette religion destructive qui consacre la barbarie. L’Égypte, l’Asie
3835
despotisme brutal établis sur leurs ruines. Notre
Europe
n’a-t-elle donc pas été aussi la proie des barbares du Nord ? Quel he
3836
Quel heureux abri put conserver au milieu de tant
d’
orages le flambeau des sciences prêt à s’éteindre ? Quoi ! cette relig
3837
d’avec les barbares vit encore aujourd’hui dans l’
Europe
; et si tant de ravages coup sur coup, si les divisions des conquéran
3838
coup, si les divisions des conquérants, les vices
de
leurs gouvernements, le séjour de la noblesse à la campagne, le défau
3839
ants, les vices de leurs gouvernements, le séjour
de
la noblesse à la campagne, le défaut de commerce, le mélange de tant
3840
le séjour de la noblesse à la campagne, le défaut
de
commerce, le mélange de tant de peuples et de leurs langages, retinre
3841
à la campagne, le défaut de commerce, le mélange
de
tant de peuples et de leurs langages, retinrent longtemps l’Europe da
3842
aut de commerce, le mélange de tant de peuples et
de
leurs langages, retinrent longtemps l’Europe dans une ignorance gross
3843
uples et de leurs langages, retinrent longtemps l’
Europe
dans une ignorance grossière, s’il a fallu du temps pour effacer tout
3844
l a fallu du temps pour effacer toutes les traces
de
la barbarie, du moins les monuments du génie, les modèles du goût peu
3845
ltés, peu suivis, furent conservés dans les mains
de
l’ignorance, comme des dépôts, pour être ouverts dans des temps plus
3846
; mais elle subsista, comme les arbres dépouillés
de
leurs feuilles par l’hiver, subsistent au milieu des frimas pour donn
3847
(1727-1787) né dans les Abruzzes, auteur à 22 ans
d’
un ouvrage sur les monnaies, fut au dire de Marmontel « le plus joli p
3848
22 ans d’un ouvrage sur les monnaies, fut au dire
de
Marmontel « le plus joli petit arlequin qu’ait produit l’Italie », ma
3849
rige : « C’est Platon avec la verve et les gestes
d’
Arlequin. » De ses « Dialogues sur les blés » publiés en 1770, Voltair
3850
Platon avec la verve et les gestes d’Arlequin. »
De
ses « Dialogues sur les blés » publiés en 1770, Voltaire put écrire :
3851
pos que pouvaient accepter les salons « avancés »
de
l’époque. En voici deux fragments134 : … Les hommes aussi ont mis un
3852
s immense à leur perfectibilité ; car les peuples
de
la Californie et de la Nouvelle-Hollande, qui sont anciens de trois o
3853
fectibilité ; car les peuples de la Californie et
de
la Nouvelle-Hollande, qui sont anciens de trois ou quatre-mille ans,
3854
rnie et de la Nouvelle-Hollande, qui sont anciens
de
trois ou quatre-mille ans, sont encore de vraies brutes. La perfectib
3855
anciens de trois ou quatre-mille ans, sont encore
de
vraies brutes. La perfectibilité a commencé à faire de grands progrès
3856
aies brutes. La perfectibilité a commencé à faire
de
grands progrès en Asie, à ce qu’on dit, il y a plus de douze mille an
3857
ands progrès en Asie, à ce qu’on dit, il y a plus
de
douze mille ans ; et Dieu sait combien de temps auparavant on n’avait
3858
a plus de douze mille ans ; et Dieu sait combien
de
temps auparavant on n’avait fait que de vains efforts. Si une race as
3859
t combien de temps auparavant on n’avait fait que
de
vains efforts. Si une race asiatique n’avait point passé en Europe et
3860
rts. Si une race asiatique n’avait point passé en
Europe
et en Afrique, et si d’Europe elle n’eût passé en Amérique, d’où elle
3861
’avait point passé en Europe et en Afrique, et si
d’
Europe elle n’eût passé en Amérique, d’où elle a fait le tour du globe
3862
vait point passé en Europe et en Afrique, et si d’
Europe
elle n’eût passé en Amérique, d’où elle a fait le tour du globe, l’ho
3863
que, et si d’Europe elle n’eût passé en Amérique,
d’
où elle a fait le tour du globe, l’homme ne serait encore que le plus
3864
singes. Ainsi la perfectibilité n’est pas un don
de
l’homme en entier, mais de la seule race blanche et barbue. Par allia
3865
ilité n’est pas un don de l’homme en entier, mais
de
la seule race blanche et barbue. Par alliance, la race basanée et bar
3866
e, un non causa pro causa, erreur la plus commune
de
la logique. Tout tient aux races. La première, la plus noble des race
3867
lus près, et c’est pour cela qu’ils ont fait plus
de
progrès en cinquante ans, qu’on n’en fera faire aux Portugais en cinq
3868
inconstance est une loi physique… Sans elle point
de
fertilité, point de variété, point de perfectibilité. L’immense varié
3869
loi physique… Sans elle point de fertilité, point
de
variété, point de perfectibilité. L’immense variété des nations qui o
3870
elle point de fertilité, point de variété, point
de
perfectibilité. L’immense variété des nations qui ont peuplé ou se so
3871
des nations qui ont peuplé ou se sont alliées en
Europe
, a fait la perfection de notre race. Les Chinois ne se sont abrutis q
3872
u se sont alliées en Europe, a fait la perfection
de
notre race. Les Chinois ne se sont abrutis que par la non-mixtion ; e
3873
gné beaucoup. Antoine Rivarol (1753-1801), homme
d’
esprit et précurseur des auteurs d’échos scandaleux dans la presse, n’
3874
3-1801), homme d’esprit et précurseur des auteurs
d’
échos scandaleux dans la presse, n’est guère connu de nos jours que pa
3875
chos scandaleux dans la presse, n’est guère connu
de
nos jours que par son Discours sur l’Universalité de la langue frança
3876
nos jours que par son Discours sur l’Universalité
de
la langue française, couronné par l’Académie de Berlin en 1784. On y
3877
é de la langue française, couronné par l’Académie
de
Berlin en 1784. On y lit, à propos de la Renaissance : À cette époqu
3878
époque, la renaissance des lettres, la découverte
de
l’Amérique & du passage aux Indes, l’invention de la poudre &
3879
’Amérique & du passage aux Indes, l’invention
de
la poudre & de l’Imprimerie, ont donné une autre face aux empires
3880
passage aux Indes, l’invention de la poudre &
de
l’Imprimerie, ont donné une autre face aux empires. Ceux qui brilloie
3881
nt tout-à-coup obscurcis ; & d’autres sortant
de
leur obscurité, sont venus figurer à leur tour sur la scène du monde.
3882
ur la scène du monde. Si du nord au midi le voile
de
la Religion s’est déchiré, un commerce immense a jetté de nouveaux li
3883
ligion s’est déchiré, un commerce immense a jetté
de
nouveaux liens parmi les hommes. C’est avec les sujets de l’Afrique q
3884
aux liens parmi les hommes. C’est avec les sujets
de
l’Afrique que nous cultivons l’Amérique & c’est avec les richesse
3885
ltivons l’Amérique & c’est avec les richesses
de
l’Amérique que nous trafiquons en Asie. L’Univers n’offrit jamais un
3886
ie. L’Univers n’offrit jamais un tel spectacle. L’
Europe
surtout est parvenue à un si haut degré de puissance, que l’histoire
3887
L’Europe surtout est parvenue à un si haut degré
de
puissance, que l’histoire n’a rien à lui comparer : le nombre des Cap
3888
culières, en ont fait une immense République. … L’
Europe
présente une République fédérative, composée d’empires & de royau
3889
rope présente une République fédérative, composée
d’
empires & de royaumes, & la plus redoutable qui ait jamais exi
3890
e République fédérative, composée d’empires &
de
royaumes, & la plus redoutable qui ait jamais existé ; on ne peut
3891
ure & sa clarté : jusqu’au moment où, par une
de
ces grandes révolutions qui remettent les choses à leur premier point
3892
enre humain. Comme en écho à ces voix optimistes
de
la France, voici d’Espagne le message non moins « philosophique » d’u
3893
en écho à ces voix optimistes de la France, voici
d’
Espagne le message non moins « philosophique » d’un partisan de l’Euro
3894
d’Espagne le message non moins « philosophique »
d’
un partisan de l’Europe fédérée… par l’Instruction : Melchior-Gaspar d
3895
message non moins « philosophique » d’un partisan
de
l’Europe fédérée… par l’Instruction : Melchior-Gaspar de Jovellanos (
3896
ge non moins « philosophique » d’un partisan de l’
Europe
fédérée… par l’Instruction : Melchior-Gaspar de Jovellanos (1744-1811
3897
re, et poète : Qui ne voit que grâce au progrès (
de
l’Enseignement) les gouvernements travailleront seulement et efficace
3898
lleront seulement et efficacement pour le bonheur
de
leurs gouvernés, et que les nations, au heu de se combattre et de se
3899
ur de leurs gouvernés, et que les nations, au heu
de
se combattre et de se détruire pour de mesquines raisons d’intérêt ou
3900
és, et que les nations, au heu de se combattre et
de
se détruire pour de mesquines raisons d’intérêt ou d’ambition, resser
3901
ns, au heu de se combattre et de se détruire pour
de
mesquines raisons d’intérêt ou d’ambition, resserreront entre elles l
3902
attre et de se détruire pour de mesquines raisons
d’
intérêt ou d’ambition, resserreront entre elles les liens d’amour et d
3903
e détruire pour de mesquines raisons d’intérêt ou
d’
ambition, resserreront entre elles les liens d’amour et de fraternité
3904
ou d’ambition, resserreront entre elles les liens
d’
amour et de fraternité auxquels les a destinées la Providence ? Qui ne
3905
on, resserreront entre elles les liens d’amour et
de
fraternité auxquels les a destinées la Providence ? Qui ne voit que l
3906
s la Providence ? Qui ne voit que le progrès même
de
l’instruction conduira un jour les nations les plus éclairées d’Europ
3907
n conduira un jour les nations les plus éclairées
d’
Europe d’abord, et toutes celles du globe ensuite, à une confédération
3908
conduira un jour les nations les plus éclairées d’
Europe
d’abord, et toutes celles du globe ensuite, à une confédération génér
3909
te, à une confédération générale dont le but sera
d’
assurer à chacune d’elles la jouissance des avantages que le ciel leur
3910
ion générale dont le but sera d’assurer à chacune
d’
elles la jouissance des avantages que le ciel leur a donnés, ainsi que
3911
es avantages que le ciel leur a donnés, ainsi que
de
maintenir une paix inviolable et perpétuelle, et de réprimer, non pas
3912
maintenir une paix inviolable et perpétuelle, et
de
réprimer, non pas avec des armées ou des canons, mais avec la force d
3913
avec des armées ou des canons, mais avec la force
de
sa voix, qui sera plus forte et terrible qu’eux, ces peuples témérair
3914
religion lui dictent, et la seule qui soit digne
de
la haute destinée pour laquelle Dieu l’a créée ?135 122. B. de
3915
onclusion. 123. Lettres persanes, XXXIe lettre,
de
Rhédi à Usbek, datée de Venise. 124. Cahiers, Sur la puissance des
3916
s persanes, XXXIe lettre, de Rhédi à Usbek, datée
de
Venise. 124. Cahiers, Sur la puissance des États. C’est une réfutat
3917
Sur la puissance des États. C’est une réfutation
de
Jean Bodin, cf. p. 77. Dans les Réflexions sur la Monarchie universel
3918
ns les Réflexions sur la Monarchie universelle en
Europe
: « L’Europe n’est plus qu’une nation composée de plusieurs provinces
3919
ions sur la Monarchie universelle en Europe : « L’
Europe
n’est plus qu’une nation composée de plusieurs provinces. » 125. Ca
3920
pe : « L’Europe n’est plus qu’une nation composée
de
plusieurs provinces. » 125. Cahiers, Sur les ouvrages de l’Esprit.
3921
urs provinces. » 125. Cahiers, Sur les ouvrages
de
l’Esprit. 126. De l’Esprit des Lois. Firmin Didot et Cie, Paris, Li
3922
5. Cahiers, Sur les ouvrages de l’Esprit. 126.
De
l’Esprit des Lois. Firmin Didot et Cie, Paris, Livre XXI, chap. XXI,
3923
Cie, Paris, Livre XXI, chap. XXI, p. 316. 127.
De
l’Esprit des Lois, Livre XVII, chap. Ill, p. 228. 128. Ibid., Livre
3924
VI, p. 230-231. 130. Pensées diverses (Portrait
de
soi-même). Cf. supra la citation de Vitoria, p. 75. 131. Extrait de
3925
ses (Portrait de soi-même). Cf. supra la citation
de
Vitoria, p. 75. 131. Extrait de Dialogues et anecdotes philosophique
3926
upra la citation de Vitoria, p. 75. 131. Extrait
de
Dialogues et anecdotes philosophiques, septième entretien : « Que l’E
3927
otes philosophiques, septième entretien : « Que l’
Europe
moderne vaut mieux que l’Europe ancienne », 1768. 132. Cf. Contrat s
3928
tretien : « Que l’Europe moderne vaut mieux que l’
Europe
ancienne », 1768. 132. Cf. Contrat social, Livre III, chap. XV, note
3929
les Institutions Politiques qu’il rêva longtemps
d’
écrire. 133. À cette date, la Pologne était divisée en 33 « palatinat
3930
134. Ferdinand Galiani : Correspondance inédite
de
l’abbé F. G., conseiller du roi, pendant les années 1765 à 1783 (Extr
3931
du roi, pendant les années 1765 à 1783 (Extraits
de
deux lettres à Madame d’Épinay), tome II, Paris, I. G. Dentu, 1818. L
3932
22 novembre 1777. 135. Tratado teorico-practico
de
Ensenanza. Biblioteca de autores espanoles, Œuvres de Jovellanos, I,
3933
Tratado teorico-practico de Ensenanza. Biblioteca
de
autores espanoles, Œuvres de Jovellanos, I, p. 251.
3934
nsenanza. Biblioteca de autores espanoles, Œuvres
de
Jovellanos, I, p. 251.
3935
l’étudie dans ses « Considérations sur les causes
de
la grandeur et de la décadence des Romains » formait une sorte d’orga
3936
« Considérations sur les causes de la grandeur et
de
la décadence des Romains » formait une sorte d’organisme soumis à des
3937
t de la décadence des Romains » formait une sorte
d’
organisme soumis à des lois immanentes de développement, ou, pour s’en
3938
ne sorte d’organisme soumis à des lois immanentes
de
développement, ou, pour s’en tenir à ses propres termes, « à des caus
3939
u xviiie siècle s’ouvre l’ère des vues générales
de
l’Histoire du monde. L’idée d’un développement organique ou « dialect
3940
des vues générales de l’Histoire du monde. L’idée
d’
un développement organique ou « dialectique » des civilisations s’impo
3941
ences incalculables. Car s’il existe des « lois »
d’
évolution, il en résulte à première vue qu’à toute ascension vers la g
3942
ort. Ainsi s’insinue lentement dans la conscience
européenne
un doute anxieux sur le destin de notre civilisation : d’où la naissa
3943
science européenne un doute anxieux sur le destin
de
notre civilisation : d’où la naissance exactement simultanée des idée
3944
ute anxieux sur le destin de notre civilisation :
d’
où la naissance exactement simultanée des idées de Progrès à l’infini
3945
d’où la naissance exactement simultanée des idées
de
Progrès à l’infini et de Déclin fatal de l’Occident. Robertson entrep
3946
ent simultanée des idées de Progrès à l’infini et
de
Déclin fatal de l’Occident. Robertson entreprend d’écrire une histoir
3947
es idées de Progrès à l’infini et de Déclin fatal
de
l’Occident. Robertson entreprend d’écrire une histoire de l’Europe co
3948
Déclin fatal de l’Occident. Robertson entreprend
d’
écrire une histoire de l’Europe comme ensemble organique. Gibbon, quel
3949
ident. Robertson entreprend d’écrire une histoire
de
l’Europe comme ensemble organique. Gibbon, quelques années plus tard,
3950
. Robertson entreprend d’écrire une histoire de l’
Europe
comme ensemble organique. Gibbon, quelques années plus tard, reprend
3951
bbon, quelques années plus tard, reprend le sujet
de
Montesquieu mais dans une vue plus historique, moins moraliste : il e
3952
lus historique, moins moraliste : il entend tirer
de
l’évolution de Rome des conclusions instructives pour l’évolution de
3953
moins moraliste : il entend tirer de l’évolution
de
Rome des conclusions instructives pour l’évolution de l’Europe, et el
3954
ome des conclusions instructives pour l’évolution
de
l’Europe, et elles sont, de justesse, optimistes. Mais le problème de
3955
es conclusions instructives pour l’évolution de l’
Europe
, et elles sont, de justesse, optimistes. Mais le problème de notre dé
3956
ives pour l’évolution de l’Europe, et elles sont,
de
justesse, optimistes. Mais le problème de notre décadence n’en demeur
3957
s sont, de justesse, optimistes. Mais le problème
de
notre décadence n’en demeure pas moins posé, dès ce moment. Condorcet
3958
voit bien, mais répond au défi en lançant l’idée
de
Progrès. Volney cède au contraire, premier des romantiques, aux verti
3959
contraire, premier des romantiques, aux vertiges
de
la Décadence. Quant à Wieland, dernier des philosophes « éclairés »,
3960
lairés », il croira jusqu’au dernier jour — celui
de
la Révolution — et même au-delà, que l’ère de la raison « cosmopolite
3961
lui de la Révolution — et même au-delà, que l’ère
de
la raison « cosmopolite » a été instaurée pour toujours par l’Europe…
3962
cosmopolite » a été instaurée pour toujours par l’
Europe
… William Robertson (1721-1793), chapelain du roi pour l’Écosse et pri
3963
793), chapelain du roi pour l’Écosse et principal
de
l’Université d’Édimbourg, peut être considéré comme le premier histor
3964
du roi pour l’Écosse et principal de l’Université
d’
Édimbourg, peut être considéré comme le premier historien qui ait pris
3965
omme le premier historien qui ait pris pour objet
de
son étude l’Europe entière, considérée comme unité, non comme une add
3966
historien qui ait pris pour objet de son étude l’
Europe
entière, considérée comme unité, non comme une addition de chroniques
3967
e, considérée comme unité, non comme une addition
de
chroniques régionales. Le lecteur d’aujourd’hui ne manquera pas de vo
3968
une addition de chroniques régionales. Le lecteur
d’
aujourd’hui ne manquera pas de voir dans cette méthode l’annonce de la
3969
ionales. Le lecteur d’aujourd’hui ne manquera pas
de
voir dans cette méthode l’annonce de la thèse de Toynbee sur les « ch
3970
manquera pas de voir dans cette méthode l’annonce
de
la thèse de Toynbee sur les « champs d’étude intelligibles ». Dans la
3971
de voir dans cette méthode l’annonce de la thèse
de
Toynbee sur les « champs d’étude intelligibles ». Dans la Préface à s
3972
l’annonce de la thèse de Toynbee sur les « champs
d’
étude intelligibles ». Dans la Préface à son Histoire de Charles-Quint
3973
e intelligibles ». Dans la Préface à son Histoire
de
Charles-Quint (1769), Robertson déclare expressément qu’il entend « b
3974
éclare expressément qu’il entend « borner l’étude
de
l’Histoire à cette période surtout où les différentes Puissances de l
3975
tte période surtout où les différentes Puissances
de
l’Europe s’étant plus étroitement unies, les opérations d’un État ont
3976
ériode surtout où les différentes Puissances de l’
Europe
s’étant plus étroitement unies, les opérations d’un État ont affecté
3977
pe s’étant plus étroitement unies, les opérations
d’
un État ont affecté toutes les autres, au point d’influer sur leurs pr
3978
d’un État ont affecté toutes les autres, au point
d’
influer sur leurs projets et de régler leurs démarches ». C’est pourqu
3979
s autres, au point d’influer sur leurs projets et
de
régler leurs démarches ». C’est pourquoi il a entrepris de présenter
3980
leurs démarches ». C’est pourquoi il a entrepris
de
présenter l’histoire de Charles-Quint, car, écrit-il : Il est une ép
3981
t pourquoi il a entrepris de présenter l’histoire
de
Charles-Quint, car, écrit-il : Il est une époque, avant laquelle cha
3982
propre Histoire, et après laquelle les événements
de
chaque nation considérable de l’Europe deviennent instructifs et inté
3983
elle les événements de chaque nation considérable
de
l’Europe deviennent instructifs et intéressants pour toutes les autre
3984
les événements de chaque nation considérable de l’
Europe
deviennent instructifs et intéressants pour toutes les autres : c’est
3985
terminer. C’est dans cette vue que j’ai entrepris
d’
écrire l’Histoire de l’empereur Charles-Quint. Ce fut pendant son règn
3986
cette vue que j’ai entrepris d’écrire l’Histoire
de
l’empereur Charles-Quint. Ce fut pendant son règne que les Puissances
3987
uint. Ce fut pendant son règne que les Puissances
de
l’Europe formèrent un vaste système politique, où chacune prit un ran
3988
Ce fut pendant son règne que les Puissances de l’
Europe
formèrent un vaste système politique, où chacune prit un rang, qu’ell
3989
ang, qu’elle a conservé depuis avec beaucoup plus
de
stabilité qu’on n’aurait pu l’attendre… Le siècle de Charles-Quint pe
3990
stabilité qu’on n’aurait pu l’attendre… Le siècle
de
Charles-Quint peut donc être regardé comme la période à laquelle l’ét
3991
ardé comme la période à laquelle l’état politique
de
l’Europe commença de prendre une nouvelle forme. Deux passages de ce
3992
comme la période à laquelle l’état politique de l’
Europe
commença de prendre une nouvelle forme. Deux passages de cette préfa
3993
à laquelle l’état politique de l’Europe commença
de
prendre une nouvelle forme. Deux passages de cette préface, intitulé
3994
nça de prendre une nouvelle forme. Deux passages
de
cette préface, intitulée « Tableau des progrès de la société en Europ
3995
de cette préface, intitulée « Tableau des progrès
de
la société en Europe, depuis la destruction de l’Empire romain jusqu’
3996
intitulée « Tableau des progrès de la société en
Europe
, depuis la destruction de l’Empire romain jusqu’au commencement du xv
3997
ès de la société en Europe, depuis la destruction
de
l’Empire romain jusqu’au commencement du xvie siècle », éclairent et
3998
cle », éclairent et définissent l’historiographie
européenne
initiée par Robertson136 : Il paroit que les nations d’Europe se son
3999
iée par Robertson136 : Il paroit que les nations
d’
Europe se sont regardées pendant plusieurs siècles comme des sociétés
4000
e par Robertson136 : Il paroit que les nations d’
Europe
se sont regardées pendant plusieurs siècles comme des sociétés séparé
4001
rce étendu et suivi, qui leur donnât une occasion
d’
observer et de pénétrer leurs vues et leurs projets réciproques. Ils n
4002
suivi, qui leur donnât une occasion d’observer et
de
pénétrer leurs vues et leurs projets réciproques. Ils n’avoient point
4003
et leurs projets réciproques. Ils n’avoient point
d’
ambassadeurs qui, résidant constamment dans chaque cour, fussent à por
4004
nt constamment dans chaque cour, fussent à portée
d’
épier tous ses mouvements et d’en donner sur le champ avis à leurs maî
4005
, fussent à portée d’épier tous ses mouvements et
d’
en donner sur le champ avis à leurs maîtres. L’espérance de quelques a
4006
er sur le champ avis à leurs maîtres. L’espérance
de
quelques avantages éloignés, ou la crainte de quelques dangers incert
4007
nce de quelques avantages éloignés, ou la crainte
de
quelques dangers incertains ou possibles, n’étoient pas des motifs su
4008
r propre sûreté. Quiconque veut écrire l’histoire
de
quelqu’un des grands États de l’Europe pendant les deux derniers sièc
4009
ope pendant les deux derniers siècles, est obligé
d’
écrire l’histoire de l’Europe entière. Depuis cette époque, les différ
4010
derniers siècles, est obligé d’écrire l’histoire
de
l’Europe entière. Depuis cette époque, les différens royaumes n’ont f
4011
iers siècles, est obligé d’écrire l’histoire de l’
Europe
entière. Depuis cette époque, les différens royaumes n’ont formé qu’u
4012
et vaste système, si étroitement, uni, que chacun
d’
entr’eux ayant un rang déterminé, les opérations de l’un se font senti
4013
’entr’eux ayant un rang déterminé, les opérations
de
l’un se font sentir à tous les autres assez puissamment pour influer
4014
e mêloient rarement, excepté lorsque le voisinage
de
territoire rendoit les occasions de querelles fréquentes et inévitabl
4015
le voisinage de territoire rendoit les occasions
de
querelles fréquentes et inévitables… Cependant, la connaissance des
4016
ables… Cependant, la connaissance des diversités
de
l’Europe n’en est pas moins essentielle à l’historien que celle de so
4017
… Cependant, la connaissance des diversités de l’
Europe
n’en est pas moins essentielle à l’historien que celle de son unité :
4018
est pas moins essentielle à l’historien que celle
de
son unité : Tandis que les institutions et les événemens que j’ai dé
4019
loient devoir donner les mêmes mœurs aux habitans
de
l’Europe, en les conduisant de la barbarie à la civilisation, par les
4020
t devoir donner les mêmes mœurs aux habitans de l’
Europe
, en les conduisant de la barbarie à la civilisation, par les mêmes se
4021
mœurs aux habitans de l’Europe, en les conduisant
de
la barbarie à la civilisation, par les mêmes sentiers et à peu près d
4022
ivilisation, par les mêmes sentiers et à peu près
d’
un pas égal, il se rencontra d’autres circonstances qui produisirent u
4023
et donnèrent naissance à ces formes particulières
de
gouvernement, d’où résulta une si grande variété dans le caractère et
4024
sance à ces formes particulières de gouvernement,
d’
où résulta une si grande variété dans le caractère et le génie des nat
4025
aractère et le génie des nations. La connoissance
de
ces dernières circonstances n’est pas moins nécessaire que celle des
4026
ce a été universelle, mettra mes lecteurs en état
d’
expliquer cette singulière ressemblance qu’on remarque dans la police
4027
re et dans les expéditions militaires des peuples
de
l’Europe. Mais sans une connoissance exacte de la forme particulière
4028
dans les expéditions militaires des peuples de l’
Europe
. Mais sans une connoissance exacte de la forme particulière et du car
4029
es de l’Europe. Mais sans une connoissance exacte
de
la forme particulière et du caractère de leur gouvernement civil, une
4030
e exacte de la forme particulière et du caractère
de
leur gouvernement civil, une grande partie de leur histoire paroîtroi
4031
ère de leur gouvernement civil, une grande partie
de
leur histoire paroîtroit mystérieuse et inexpliquable. Les auteurs qu
4032
expliquable. Les auteurs qui ont écrit l’histoire
d’
une nation particulière, ne se sont guère proposé que d’intéresser et
4033
nation particulière, ne se sont guère proposé que
d’
intéresser et d’instruire leurs compatriotes, à qui ils pouvoient supp
4034
ère, ne se sont guère proposé que d’intéresser et
d’
instruire leurs compatriotes, à qui ils pouvoient supposer que les mœu
4035
connues ; en conséquence ils ont souvent négligé
d’
entrer à cet égard, dans des détails suffisans pour faire connoître au
4036
t. Mais une histoire qui embrasse les révolutions
de
tant de pays divers, serait extrêmement imparfaite, sans un examen pr
4037
trêmement imparfaite, sans un examen préliminaire
de
leur constitution et de leur état politique.137 Robertson, en défin
4038
ns un examen préliminaire de leur constitution et
de
leur état politique.137 Robertson, en définitive, sera donc ramené
4039
er l’une après l’autre les composantes nationales
de
son Tableau, comme vient de le faire Voltaire dans son Essai sur les
4040
e le fera bientôt Jean de Müller. C’est le centre
de
référence des jugements de l’historien qui a changé : décrivant telle
4041
üller. C’est le centre de référence des jugements
de
l’historien qui a changé : décrivant telle ou telle évolution nationa
4042
elle ou telle évolution nationale, il mentionne l’
Europe
à chaque page. Edward Gibbon (1737-1794) ne se doutait pas qu’il fond
4043
’il fondait une redoutable tradition par le titre
de
l’ouvrage monumental dont il nous dit aux dernières lignes qu’il a «
4044
res lignes qu’il a « occupé et amusé vingt années
de
sa vie » : l’Histoire de la Décadence et de la Chute de l’Empire roma
4045
pé et amusé vingt années de sa vie » : l’Histoire
de
la Décadence et de la Chute de l’Empire romain. Son exemple n’a cessé
4046
nnées de sa vie » : l’Histoire de la Décadence et
de
la Chute de l’Empire romain. Son exemple n’a cessé d’inspirer jusqu’à
4047
vie » : l’Histoire de la Décadence et de la Chute
de
l’Empire romain. Son exemple n’a cessé d’inspirer jusqu’à nos jours l
4048
a Chute de l’Empire romain. Son exemple n’a cessé
d’
inspirer jusqu’à nos jours les auteurs de grandes synthèses de l’histo
4049
’a cessé d’inspirer jusqu’à nos jours les auteurs
de
grandes synthèses de l’histoire des civilisations. Mais à la différen
4050
usqu’à nos jours les auteurs de grandes synthèses
de
l’histoire des civilisations. Mais à la différence d’un Spengler ou d
4051
’histoire des civilisations. Mais à la différence
d’
un Spengler ou d’un Toynbee, Gibbon, comme les Schlegel, Hegel et Comt
4052
ilisations. Mais à la différence d’un Spengler ou
d’
un Toynbee, Gibbon, comme les Schlegel, Hegel et Comte, qui écrivirent
4053
ui écrivirent avant Darwin et Marx, ne déduit pas
de
la décadence du monde antique la fatalité organique d’une décadence d
4054
décadence du monde antique la fatalité organique
d’
une décadence de l’Europe. Bien au contraire ! Dans les Observations g
4055
nde antique la fatalité organique d’une décadence
de
l’Europe. Bien au contraire ! Dans les Observations générales sur la
4056
ntique la fatalité organique d’une décadence de l’
Europe
. Bien au contraire ! Dans les Observations générales sur la chute de
4057
re ! Dans les Observations générales sur la chute
de
l’Empire romain d’Occident (qui font suite au chapitre XXXVIII de son
4058
vations générales sur la chute de l’Empire romain
d’
Occident (qui font suite au chapitre XXXVIII de son grand ouvrage), il
4059
in d’Occident (qui font suite au chapitre XXXVIII
de
son grand ouvrage), il examine les trois grandes causes, qui, selon l
4060
auses, qui, selon lui, ayant contribué à la ruine
de
Rome, motivent désormais la sécurité de l’Europe. Et certes il serait
4061
la ruine de Rome, motivent désormais la sécurité
de
l’Europe. Et certes il serait aisé de renverser, au nom des expérienc
4062
uine de Rome, motivent désormais la sécurité de l’
Europe
. Et certes il serait aisé de renverser, au nom des expériences de not
4063
la sécurité de l’Europe. Et certes il serait aisé
de
renverser, au nom des expériences de notre siècle, les prévisions qu’
4064
serait aisé de renverser, au nom des expériences
de
notre siècle, les prévisions qu’il fondait sur l’observation du sien.
4065
ue nous soyons trop pessimistes, ces deux erreurs
d’
appréciation ne changeant rien aux faits de civilisation que Gibbon én
4066
rreurs d’appréciation ne changeant rien aux faits
de
civilisation que Gibbon énumère avec lucidité. Les « 10 000 vaisseaux
4067
» prêts à porter vers les États-Unis les trésors
de
l’Europe ont déjà plus d’une fois traversé l’Atlantique… Un patriote
4068
êts à porter vers les États-Unis les trésors de l’
Europe
ont déjà plus d’une fois traversé l’Atlantique… Un patriote doit san
4069
États-Unis les trésors de l’Europe ont déjà plus
d’
une fois traversé l’Atlantique… Un patriote doit sans doute préférer
4070
et chercher exclusivement l’intérêt et la gloire
de
son pays natal ; mais il est permis à un philosophe d’étendre ses vue
4071
n pays natal ; mais il est permis à un philosophe
d’
étendre ses vues, et de considérer l’Europe entière comme une républiq
4072
est permis à un philosophe d’étendre ses vues, et
de
considérer l’Europe entière comme une république dont tous les habita
4073
philosophe d’étendre ses vues, et de considérer l’
Europe
entière comme une république dont tous les habitants ont atteint à pe
4074
es habitants ont atteint à peu près au même degré
de
culture et de perfection. La prépondérance continuera de passer succe
4075
nt atteint à peu près au même degré de culture et
de
perfection. La prépondérance continuera de passer successivement d’un
4076
ure et de perfection. La prépondérance continuera
de
passer successivement d’une puissance à l’autre, et la prospérité de
4077
prépondérance continuera de passer successivement
d’
une puissance à l’autre, et la prospérité de notre patrie ou des royau
4078
ement d’une puissance à l’autre, et la prospérité
de
notre patrie ou des royaumes voisins peut alternativement s’accroître
4079
des mœurs, qui distinguent si avantageusement les
Européens
et leurs colonies. Les peuples sauvages sont les ennemis communs de t
4080
es. Les peuples sauvages sont les ennemis communs
de
toutes les sociétés civilisées ; nous allons examiner si l’Europe peu
4081
s sociétés civilisées ; nous allons examiner si l’
Europe
peut craindre encore une répétition des calamités qui renversèrent l’
4082
épétition des calamités qui renversèrent l’empire
de
Rome et anéantirent ses institutions. La même réflexion servira peut-
4083
expliquer les causes qui contribuèrent à la ruine
de
ce puissant empire, et celles qui motivent aujourd’hui notre sécurité
4084
tre sécurité. I. Les Romains ignoraient l’étendue
de
leur danger et le nombre de leurs ennemis. Au-delà du Danube et du Rh
4085
ignoraient l’étendue de leur danger et le nombre
de
leurs ennemis. Au-delà du Danube et du Rhin, les pays septentrionaux
4086
elà du Danube et du Rhin, les pays septentrionaux
de
l’Europe étaient remplis d’innombrables tribus de pâtres et de chasse
4087
u Danube et du Rhin, les pays septentrionaux de l’
Europe
étaient remplis d’innombrables tribus de pâtres et de chasseurs, pauv
4088
s pays septentrionaux de l’Europe étaient remplis
d’
innombrables tribus de pâtres et de chasseurs, pauvres, voraces et tur
4089
de l’Europe étaient remplis d’innombrables tribus
de
pâtres et de chasseurs, pauvres, voraces et turbulents, intrépides da
4090
taient remplis d’innombrables tribus de pâtres et
de
chasseurs, pauvres, voraces et turbulents, intrépides dans les combat
4091
urbulents, intrépides dans les combats, et avides
de
s’emparer des fruits de l’industrie. La rapide impulsion de la guerre
4092
ns les combats, et avides de s’emparer des fruits
de
l’industrie. La rapide impulsion de la guerre agita le monde barbare,
4093
er des fruits de l’industrie. La rapide impulsion
de
la guerre agita le monde barbare, et les révolutions de la Chine entr
4094
guerre agita le monde barbare, et les révolutions
de
la Chine entraînèrent celles de la Gaule et de l’Italie. Les Huns, qu
4095
t les révolutions de la Chine entraînèrent celles
de
la Gaule et de l’Italie. Les Huns, qui fuyaient devant un ennemi vict
4096
ns de la Chine entraînèrent celles de la Gaule et
de
l’Italie. Les Huns, qui fuyaient devant un ennemi victorieux, dirigèr
4097
rent à leur tour des conquêtes. Le poids accumulé
d’
une multitude de barbares qui se précipitaient les uns sur les autres
4098
des conquêtes. Le poids accumulé d’une multitude
de
barbares qui se précipitaient les uns sur les autres fondit avec impé
4099
ue d’autres occupaient leur place et présentaient
de
nouveaux assaillans. On ne voit plus sortir du Nord ces émigrations f
4100
le long repos qui a été attribué au décroissement
de
la population est la suite heureuse des progrès des arts et de l’agri
4101
ion est la suite heureuse des progrès des arts et
de
l’agriculture. Au lieu de quelques villages placés de loin en loin, a
4102
’agriculture. Au lieu de quelques villages placés
de
loin en loin, au milieu des bois et des marais, l’Allemagne compte au
4103
urd’hui deux-mille-trois-cents villes environnées
de
murs. Les royaumes chrétiens du Danemarck, de la Suède et de la Polog
4104
ées de murs. Les royaumes chrétiens du Danemarck,
de
la Suède et de la Pologne se sont élevés successivement ; les négocia
4105
s royaumes chrétiens du Danemarck, de la Suède et
de
la Pologne se sont élevés successivement ; les négocians hanséatiques
4106
iques ont étendu leurs colonies le long des côtes
de
la mer Baltique jusqu’au golfe de Finlande. Depuis le golfe de Finlan
4107
an Oriental, la Russie prend aujourd’hui la forme
d’
un empire puissant et civilisé. On voit sur les bords de la Volga, de
4108
mpire puissant et civilisé. On voit sur les bords
de
la Volga, de l’Obi et du Lena, le laboureur conduire sa charrue, le t
4109
t et civilisé. On voit sur les bords de la Volga,
de
l’Obi et du Lena, le laboureur conduire sa charrue, le tisserand trav
4110
t pas inquiéter sérieusement la grande république
d’
Europe. Cependant cette sécurité apparente ne doit pas nous faire oubl
4111
pas inquiéter sérieusement la grande république d’
Europe
. Cependant cette sécurité apparente ne doit pas nous faire oublier qu
4112
isible sur la carte du monde, peut nous présenter
de
nouveaux ennemis et des dangers imprévus. Les Arabes ou Sarrasins, qu
4113
que Mahomet anima leurs corps sauvages du souffle
de
l’enthousiasme. II. L’empire de Rome était solidement établi sur la p
4114
uvages du souffle de l’enthousiasme. II. L’empire
de
Rome était solidement établi sur la parfaite union de toutes ses part
4115
ome était solidement établi sur la parfaite union
de
toutes ses parties. Les peuples, devenus des sujets, renoncèrent à l’
4116
s sujets, renoncèrent à l’espoir et même au désir
de
l’indépendance, et se trouvèrent honorés du titre de citoyens romains
4117
l’indépendance, et se trouvèrent honorés du titre
de
citoyens romains. Forcées de céder aux barbares, les provinces de l’O
4118
ent honorés du titre de citoyens romains. Forcées
de
céder aux barbares, les provinces de l’Occident se virent avec douleu
4119
ins. Forcées de céder aux barbares, les provinces
de
l’Occident se virent avec douleur séparées de leur mère-patrie ; mais
4120
ces de l’Occident se virent avec douleur séparées
de
leur mère-patrie ; mais elles avaient acheté cette union par la perte
4121
ais elles avaient acheté cette union par la perte
de
la liberté nationale et de l’esprit militaire. Renonçant à tout senti
4122
tte union par la perte de la liberté nationale et
de
l’esprit militaire. Renonçant à tout sentiment de vigueur et d’activi
4123
de l’esprit militaire. Renonçant à tout sentiment
de
vigueur et d’activité, les provinces asservies attendaient leur salut
4124
litaire. Renonçant à tout sentiment de vigueur et
d’
activité, les provinces asservies attendaient leur salut de troupes me
4125
é, les provinces asservies attendaient leur salut
de
troupes mercenaires et de gouvernemens dirigés par les ordres d’une c
4126
attendaient leur salut de troupes mercenaires et
de
gouvernemens dirigés par les ordres d’une cour éloignée. Le bonheur d
4127
enaires et de gouvernemens dirigés par les ordres
d’
une cour éloignée. Le bonheur de cent-millions d’individus dépendait d
4128
és par les ordres d’une cour éloignée. Le bonheur
de
cent-millions d’individus dépendait du mérite personnel d’un ou de de
4129
d’une cour éloignée. Le bonheur de cent-millions
d’
individus dépendait du mérite personnel d’un ou de deux hommes, peut-ê
4130
illions d’individus dépendait du mérite personnel
d’
un ou de deux hommes, peut-être de deux enfans, dont l’éducation, le l
4131
d’individus dépendait du mérite personnel d’un ou
de
deux hommes, peut-être de deux enfans, dont l’éducation, le luxe et l
4132
érite personnel d’un ou de deux hommes, peut-être
de
deux enfans, dont l’éducation, le luxe et le despotisme avaient corro
4133
ut sous les minorités des fils et des petits-fils
de
Théodose que l’empire éprouva les plus funestes calamités ; et, lorsq
4134
sque ces princes méprisables eurent atteint l’âge
de
la virilité, ils abandonnèrent l’église aux évêques, l’état aux eunuq
4135
ues, et les provinces aux barbares. Aujourd’hui l’
Europe
est divisée en douze royaumes puissans, quoique inégaux, trois républ
4136
tés plus petites, mais indépendantes. Les chances
de
talens dans les rois et les ministres sont au moins multipliées en ra
4137
sommeilleront sur les trônes du sud. L’influence
de
la crainte et la honte arrêtent l’abus de la tyrannie. Les république
4138
fluence de la crainte et la honte arrêtent l’abus
de
la tyrannie. Les républiques ont acquis de l’ordre et de la stabilité
4139
l’abus de la tyrannie. Les républiques ont acquis
de
l’ordre et de la stabilité ; les monarchies ont adopté des maximes de
4140
yrannie. Les républiques ont acquis de l’ordre et
de
la stabilité ; les monarchies ont adopté des maximes de liberté, ou a
4141
stabilité ; les monarchies ont adopté des maximes
de
liberté, ou au moins de modération ; et les mœurs générales du siècle
4142
es ont adopté des maximes de liberté, ou au moins
de
modération ; et les mœurs générales du siècle ont introduit quelques
4143
rales du siècle ont introduit quelques sentiments
d’
honneur et de justice dans les constitutions les plus défectueuses. En
4144
le ont introduit quelques sentiments d’honneur et
de
justice dans les constitutions les plus défectueuses. En temps de pai
4145
les constitutions les plus défectueuses. En temps
de
paix, l’émulation active de tant de rivaux accélère les progrès des s
4146
éfectueuses. En temps de paix, l’émulation active
de
tant de rivaux accélère les progrès des sciences et de l’industrie ;
4147
nt de rivaux accélère les progrès des sciences et
de
l’industrie ; en temps de guerre, des contestations passagères et peu
4148
progrès des sciences et de l’industrie ; en temps
de
guerre, des contestations passagères et peu décisives exercent les fo
4149
s et peu décisives exercent les forces militaires
de
l’Europe. Si un conquérant sauvage sortait des déserts de la Tartarie
4150
peu décisives exercent les forces militaires de l’
Europe
. Si un conquérant sauvage sortait des déserts de la Tartarie, il faud
4151
ope. Si un conquérant sauvage sortait des déserts
de
la Tartarie, il faudrait qu’il vainquît successivement les paysans ro
4152
u’il vainquît successivement les paysans robustes
de
la Russie, les nombreuses armées de l’Allemagne, la vaillante nobless
4153
sans robustes de la Russie, les nombreuses armées
de
l’Allemagne, la vaillante noblesse de France, et les intrépides citoy
4154
uses armées de l’Allemagne, la vaillante noblesse
de
France, et les intrépides citoyens de la Bretagne, que la défense com
4155
te noblesse de France, et les intrépides citoyens
de
la Bretagne, que la défense commune pourrait peut-être réunir. En sup
4156
ntique, dix mille vaisseaux mettraient les restes
de
la société civilisée à l’abri de leurs poursuites, et l’Europe renaît
4157
aient les restes de la société civilisée à l’abri
de
leurs poursuites, et l’Europe renaîtrait et fleurirait en Amérique, o
4158
iété civilisée à l’abri de leurs poursuites, et l’
Europe
renaîtrait et fleurirait en Amérique, où elle a déjà fait passer ses
4159
Le froid, la pauvreté, l’habitude des dangers et
de
la fatigue entretiennent les forces et le courage des peuples barbare
4160
ont fait la loi aux nations paisibles et policées
de
la Chine, de l’Inde, et de la Perse, qui négligeaient et négligent en
4161
oi aux nations paisibles et policées de la Chine,
de
l’Inde, et de la Perse, qui négligeaient et négligent encore de suppl
4162
paisibles et policées de la Chine, de l’Inde, et
de
la Perse, qui négligeaient et négligent encore de suppléer à ces avan
4163
de la Perse, qui négligeaient et négligent encore
de
suppléer à ces avantages naturels par les ressources de l’art militai
4164
pléer à ces avantages naturels par les ressources
de
l’art militaire. Les nations guerrières de l’antiquité, de la Grèce,
4165
ources de l’art militaire. Les nations guerrières
de
l’antiquité, de la Grèce, de la Macédoine et de Rome, élevaient une r
4166
militaire. Les nations guerrières de l’antiquité,
de
la Grèce, de la Macédoine et de Rome, élevaient une race de soldats,
4167
s nations guerrières de l’antiquité, de la Grèce,
de
la Macédoine et de Rome, élevaient une race de soldats, exerçaient le
4168
s de l’antiquité, de la Grèce, de la Macédoine et
de
Rome, élevaient une race de soldats, exerçaient leurs corps, discipli
4169
e, de la Macédoine et de Rome, élevaient une race
de
soldats, exerçaient leurs corps, disciplinaient leur courage, multipl
4170
l’attaque et pour la défense. Mais la corruption
de
leurs mœurs et de leurs lois fit disparaître insensiblement cette sup
4171
la défense. Mais la corruption de leurs mœurs et
de
leurs lois fit disparaître insensiblement cette supériorité. La polit
4172
nsiblement cette supériorité. La politique faible
de
Constantin et de ses successeurs arma et introduisit la valeur indisc
4173
supériorité. La politique faible de Constantin et
de
ses successeurs arma et introduisit la valeur indisciplinée des merce
4174
s barbares qui renversèrent l’empire. L’invention
de
la poudre a produit une grande révolution dans l’art militaire, en so
4175
on dans l’art militaire, en soumettant au pouvoir
de
l’homme l’air et le feu, les deux plus redoutables agens de la nature
4176
l’air et le feu, les deux plus redoutables agens
de
la nature. Les mathématiques, la chimie, la mécanique, et l’architect
4177
ecture, ont appliqué leurs découvertes au service
de
la guerre ; et les combattans emploient aujourd’hui les méthodes les
4178
ion qu’avec l’argent dépensé pour les préparatifs
d’
un siège on établirait et entretiendrait une colonie florissante ; mai
4179
moins comme une chose heureuse que la destruction
d’
une ville soit une entreprise difficile et dispendieuse, ou qu’un peup
4180
re impénétrable à la cavalerie des Tartares, et l’
Europe
n’a plus à redouter une irruption de barbares, puisqu’il serait indis
4181
es, et l’Europe n’a plus à redouter une irruption
de
barbares, puisqu’il serait indispensable qu’ils se civilisassent avan
4182
voir conquérir. Leurs découvertes dans la science
de
la guerre seraient nécessairement accompagnées comme l’exemple de la
4183
aient nécessairement accompagnées comme l’exemple
de
la Russie le démontre, de progrès proportionnels dans les arts paisib
4184
pagnées comme l’exemple de la Russie le démontre,
de
progrès proportionnels dans les arts paisibles et dans la politique c
4185
dans la politique civile ; ils mériteraient alors
d’
être comptés au nombre des nations civilisées qu’ils auraient soumises
4186
arquis Antoine de Condorcet (1743-1794), partisan
de
la Révolution et tué par elle, avait écrit un an avant sa mort, caché
4187
avant sa mort, caché chez des amis, son Esquisse
d’
un tableau historique des progrès de l’esprit humain. Il fut le précur
4188
son Esquisse d’un tableau historique des progrès
de
l’esprit humain. Il fut le précurseur des assurances sociales « par l
4189
urances sociales « par le calcul des probabilités
de
la vie », et le précurseur de la coopération scientifique internation
4190
ul des probabilités de la vie », et le précurseur
de
la coopération scientifique internationale139. Nous citerons les page
4191
ifique internationale139. Nous citerons les pages
de
l’Esquisse où il prévoit avec lucidité (mais résout avec trop d’optim
4192
ù il prévoit avec lucidité (mais résout avec trop
d’
optimisme) les problèmes que créera dans le monde l’expansion de nos c
4193
es problèmes que créera dans le monde l’expansion
de
nos concepts et techniques, ou comme il dit « des lumières et de la r
4194
et techniques, ou comme il dit « des lumières et
de
la raison en Europe ». Toutes les nations doivent-elles se rapproche
4195
ou comme il dit « des lumières et de la raison en
Europe
». Toutes les nations doivent-elles se rapprocher un jour de l’état
4196
s les nations doivent-elles se rapprocher un jour
de
l’état de civilisation où sont parvenus les peuples les plus éclairés
4197
ons doivent-elles se rapprocher un jour de l’état
de
civilisation où sont parvenus les peuples les plus éclairés, les plus
4198
us éclairés, les plus libres, les plus affranchis
de
préjugés, tels que les Français et les Anglo-Américains ? Cette dista
4199
s ? Cette distance immense qui sépare ces peuples
de
la servitude des nations soumises à des rois, de la barbarie des peup
4200
de la servitude des nations soumises à des rois,
de
la barbarie des peuplades africaines, de l’ignorance des sauvages, do
4201
es rois, de la barbarie des peuplades africaines,
de
l’ignorance des sauvages, doit-elle peu à peu s’évanouir ? Y a-t-il s
4202
ture ait condamné les habitants à ne jamais jouir
de
la liberté, à ne jamais exercer leur raison ? Cette différence de lum
4203
ne jamais exercer leur raison ? Cette différence
de
lumière, de moyens ou de richesses, observée jusqu’à présent chez tou
4204
xercer leur raison ? Cette différence de lumière,
de
moyens ou de richesses, observée jusqu’à présent chez tous les peuple
4205
aison ? Cette différence de lumière, de moyens ou
de
richesses, observée jusqu’à présent chez tous les peuples civilisés,
4206
ntre les différentes classes qui composent chacun
d’
eux ; cette inégalité, que les premiers progrès de la société ont augm
4207
d’eux ; cette inégalité, que les premiers progrès
de
la société ont augmentée et pour ainsi dire produite, tient-elle à la
4208
civilisation même, ou aux imperfections actuelles
de
l’art social ? doit-elle continuellement s’affaiblir pour faire place
4209
ment s’affaiblir pour faire place à cette égalité
de
fait, dernier but de l’art social, qui, diminuant même les effets de
4210
faire place à cette égalité de fait, dernier but
de
l’art social, qui, diminuant même les effets de la différence naturel
4211
t de l’art social, qui, diminuant même les effets
de
la différence naturelle des facultés, ne laisse plus subsister qu’une
4212
plus subsister qu’une inégalité utile à l’intérêt
de
tous, parce qu’elle favorisera les progrès de la civilisation, de l’i
4213
rêt de tous, parce qu’elle favorisera les progrès
de
la civilisation, de l’instruction et de l’industrie, sans entraîner n
4214
u’elle favorisera les progrès de la civilisation,
de
l’instruction et de l’industrie, sans entraîner ni dépendance, ni hum
4215
s progrès de la civilisation, de l’instruction et
de
l’industrie, sans entraîner ni dépendance, ni humiliation, ni appauvr
4216
s, et par conséquence nécessaire, dans les moyens
de
bien-être particulier et de prospérité commune ; soit par des progrès
4217
aire, dans les moyens de bien-être particulier et
de
prospérité commune ; soit par des progrès dans les principes de condu
4218
commune ; soit par des progrès dans les principes
de
conduite et dans la morale pratique ; soit enfin par le perfectionnem
4219
acultés intellectuelles, morales et physiques, ou
de
l’organisation naturelle de l’homme ? En répondant à ces trois questi
4220
ales et physiques, ou de l’organisation naturelle
de
l’homme ? En répondant à ces trois questions, nous trouverons… les mo
4221
tions, nous trouverons… les motifs les plus forts
de
croire que la nature n’a mis aucun terme à nos espérances. Si nous je
4222
actuel du globe, nous verrons d’abord que, dans l’
Europe
, les principes de la constitution française sont déjà ceux de tous le
4223
verrons d’abord que, dans l’Europe, les principes
de
la constitution française sont déjà ceux de tous les hommes éclairés.
4224
cipes de la constitution française sont déjà ceux
de
tous les hommes éclairés. Nous les y verrons trop répandus, et trop h
4225
s des tyrans et des prêtres puissent les empêcher
de
pénétrer peu à peu jusqu’aux cabanes de leurs esclaves ; et ces princ
4226
empêcher de pénétrer peu à peu jusqu’aux cabanes
de
leurs esclaves ; et ces principes y réveilleront bientôt un reste de
4227
et ces principes y réveilleront bientôt un reste
de
bon sens, et cette sourde indignation que l’habitude de l’humiliation
4228
sens, et cette sourde indignation que l’habitude
de
l’humiliation et de la terreur ne peuvent étouffer dans l’âme des opp
4229
de indignation que l’habitude de l’humiliation et
de
la terreur ne peuvent étouffer dans l’âme des opprimés. … Peut-on dou
4230
la sagesse ou les divisions insensées des nations
européennes
, secondant les effets lents, mais infaillibles, des progrès de leurs
4231
les effets lents, mais infaillibles, des progrès
de
leurs colonies, ne produisent bientôt l’indépendance du Nouveau Monde
4232
nce du Nouveau Monde ; et dès-lors, la population
européenne
, prenant des accroissements rapides sur cet immense territoire, ne do
4233
quête, les nations sauvages qui y occupent encore
de
vastes contrées ? Parcourez l’histoire de nos entreprises, de nos éta
4234
encore de vastes contrées ? Parcourez l’histoire
de
nos entreprises, de nos établissements en Afrique et ou en Asie, vous
4235
ntrées ? Parcourez l’histoire de nos entreprises,
de
nos établissements en Afrique et ou en Asie, vous verrez nos monopole
4236
Afrique et ou en Asie, vous verrez nos monopoles
de
commerce, nos trahisons, notre mépris sanguinaire pour les hommes d’u
4237
ahisons, notre mépris sanguinaire pour les hommes
d’
une autre couleur ou d’une autre croyance, l’insolence de nos usurpati
4238
anguinaire pour les hommes d’une autre couleur ou
d’
une autre croyance, l’insolence de nos usurpations, l’extravagant pros
4239
utre couleur ou d’une autre croyance, l’insolence
de
nos usurpations, l’extravagant prosélytisme ou les intrigues de nos p
4240
ions, l’extravagant prosélytisme ou les intrigues
de
nos prêtres, détruire ces sentiments de respect et de bienveillance q
4241
intrigues de nos prêtres, détruire ces sentiments
de
respect et de bienveillance que la supériorité de nos lumières et les
4242
os prêtres, détruire ces sentiments de respect et
de
bienveillance que la supériorité de nos lumières et les avantages de
4243
de respect et de bienveillance que la supériorité
de
nos lumières et les avantages de notre commerce avaient d’abord obten
4244
e la supériorité de nos lumières et les avantages
de
notre commerce avaient d’abord obtenu. Mais l’instant approche sans d
4245
u. Mais l’instant approche sans doute où, cessant
de
ne leur montrer que des corrupteurs ou des tyrans, nous deviendrons p
4246
ts utiles, ou des généreux libérateurs… Alors les
Européens
, se bornant à un commerce libre, trop éclairé sur leurs propres droit
4247
op éclairé sur leurs propres droits pour se jouer
de
ceux des autres peuples, respecteront cette indépendance, qu’ils ont
4248
dépendance, qu’ils ont jusqu’ici violée avec tant
d’
audace. Leurs établissements, au lieu de se remplir de protégés des go
4249
dace. Leurs établissements, au lieu de se remplir
de
protégés des gouvernements qui, à la faveur d’une place ou d’un privi
4250
ir de protégés des gouvernements qui, à la faveur
d’
une place ou d’un privilège, courent amasser des trésors par le brigan
4251
des gouvernements qui, à la faveur d’une place ou
d’
un privilège, courent amasser des trésors par le brigandage et la perf
4252
rigandage et la perfidie, pour revenir acheter en
Europe
des honneurs et des titres, se peupleront d’hommes industrieux, qui i
4253
Europe des honneurs et des titres, se peupleront
d’
hommes industrieux, qui iront chercher dans ces climats heureux l’aisa
4254
. La liberté les y retiendra ; l’ambition cessera
de
les rappeler, et ces comptoirs de brigands deviendront des colonies d
4255
mbition cessera de les rappeler, et ces comptoirs
de
brigands deviendront des colonies de citoyens qui répandront dans l’A
4256
es comptoirs de brigands deviendront des colonies
de
citoyens qui répandront dans l’Afrique et dans l’Asie les principes e
4257
Afrique et dans l’Asie les principes et l’exemple
de
la liberté, les lumières et la raison de l’Europe. Le comte Constant
4258
’exemple de la liberté, les lumières et la raison
de
l’Europe. Le comte Constantin-François Chassebœuf de Volney, né en 1
4259
ple de la liberté, les lumières et la raison de l’
Europe
. Le comte Constantin-François Chassebœuf de Volney, né en 1757, voya
4260
né par la Révolution, finalement sénateur et pair
de
France sous la Restauration, dut sa célébrité à un ouvrage Les Ruines
4261
es auteurs du xxe siècle qui ont rêvé sur la fin
de
l’Europe, « sur la cendre des peuples et la mémoire de leur grandeur
4262
teurs du xxe siècle qui ont rêvé sur la fin de l’
Europe
, « sur la cendre des peuples et la mémoire de leur grandeur ». (Paul
4263
Europe, « sur la cendre des peuples et la mémoire
de
leur grandeur ». (Paul Valéry s’en est sans doute souvenu en écrivant
4264
enu en écrivant ses pages fameuses sur la « Crise
de
l’Esprit ».) Ici, me dis-je, ici fleurit jadis une ville opulente :
4265
eurit jadis une ville opulente : ici fut le siège
d’
un empire puissant. Oui ! ces lieux maintenant si déserts, jadis une m
4266
ssaient sans cesse le bruit des arts, et les cris
d’
allégresse et de fête : ces marbres amoncelés formaient des palais rég
4267
se le bruit des arts, et les cris d’allégresse et
de
fête : ces marbres amoncelés formaient des palais réguliers ; ces col
4268
aces publiques. Là, pour les devoirs respectables
de
son culte, pour les soins touchans de sa subsistance, affluait un peu
4269
espectables de son culte, pour les soins touchans
de
sa subsistance, affluait un peuple nombreux : là, une industrie créat
4270
un peuple nombreux : là, une industrie créatrice
de
jouissances appelait les richesses de tous les climats, et l’on voyai
4271
e créatrice de jouissances appelait les richesses
de
tous les climats, et l’on voyait s’échanger la pourpre de Tyr pour le
4272
les climats, et l’on voyait s’échanger la pourpre
de
Tyr pour le fil précieux de la Sérique, les tissus moelleux de Kachem
4273
s’échanger la pourpre de Tyr pour le fil précieux
de
la Sérique, les tissus moelleux de Kachemire, pour les tapis fastueux
4274
e fil précieux de la Sérique, les tissus moelleux
de
Kachemire, pour les tapis fastueux de la Lydie, l’ambre de la Baltiqu
4275
us moelleux de Kachemire, pour les tapis fastueux
de
la Lydie, l’ambre de la Baltique pour les perles et les parfums arabe
4276
ire, pour les tapis fastueux de la Lydie, l’ambre
de
la Baltique pour les perles et les parfums arabes, l’or d’Ophir pour
4277
tique pour les perles et les parfums arabes, l’or
d’
Ophir pour l’étain de Thulé. Et maintenant voilà ce qui subsiste de ce
4278
et les parfums arabes, l’or d’Ophir pour l’étain
de
Thulé. Et maintenant voilà ce qui subsiste de cette ville puissante,
4279
ain de Thulé. Et maintenant voilà ce qui subsiste
de
cette ville puissante, un lugubre squelette ! Voilà ce qui reste d’un
4280
ssante, un lugubre squelette ! Voilà ce qui reste
d’
une vaste domination, un souvenir obscur et vain ! Au concours bruyant
4281
ressait sous ces portiques a succédé une solitude
de
mort. Le silence des tombeaux s’est substitué au murmure des places p
4282
titué au murmure des places publiques. L’opulence
d’
une cité de commerce s’est échangée en une pauvreté hideuse. Les palai
4283
rmure des places publiques. L’opulence d’une cité
de
commerce s’est échangée en une pauvreté hideuse. Les palais des rois
4284
es… Que sont devenus tant de brillantes créations
de
la main de l’homme ? Où sont-ils ces remparts de Ninive, ces murs de
4285
t devenus tant de brillantes créations de la main
de
l’homme ? Où sont-ils ces remparts de Ninive, ces murs de Babylonie,
4286
de la main de l’homme ? Où sont-ils ces remparts
de
Ninive, ces murs de Babylonie, ces palais de Persépolis, ces temples
4287
me ? Où sont-ils ces remparts de Ninive, ces murs
de
Babylonie, ces palais de Persépolis, ces temples de Balbeck et de Jér
4288
arts de Ninive, ces murs de Babylonie, ces palais
de
Persépolis, ces temples de Balbeck et de Jérusalem ? Où sont ces flot
4289
Babylonie, ces palais de Persépolis, ces temples
de
Balbeck et de Jérusalem ? Où sont ces flottes de Tyr, ces chantiers d
4290
s palais de Persépolis, ces temples de Balbeck et
de
Jérusalem ? Où sont ces flottes de Tyr, ces chantiers d’Arad, ces ate
4291
de Balbeck et de Jérusalem ? Où sont ces flottes
de
Tyr, ces chantiers d’Arad, ces ateliers de Sidon, et cette multitude
4292
salem ? Où sont ces flottes de Tyr, ces chantiers
d’
Arad, ces ateliers de Sidon, et cette multitude de matelots, de pilote
4293
lottes de Tyr, ces chantiers d’Arad, ces ateliers
de
Sidon, et cette multitude de matelots, de pilotes, de marchands, de s
4294
d’Arad, ces ateliers de Sidon, et cette multitude
de
matelots, de pilotes, de marchands, de soldats ? et ces laboureurs, e
4295
teliers de Sidon, et cette multitude de matelots,
de
pilotes, de marchands, de soldats ? et ces laboureurs, et ces moisson
4296
idon, et cette multitude de matelots, de pilotes,
de
marchands, de soldats ? et ces laboureurs, et ces moissons, et ces tr
4297
multitude de matelots, de pilotes, de marchands,
de
soldats ? et ces laboureurs, et ces moissons, et ces troupeaux, et to
4298
issons, et ces troupeaux, et toute cette création
d’
êtres vivants dont s’enorgueillissait la face de la terre ? Hélas ! je
4299
n d’êtres vivants dont s’enorgueillissait la face
de
la terre ? Hélas ! je l’ai parcourue, cette terre ravagée ! J’ai visi
4300
gée ! J’ai visité les lieux qui furent le théâtre
de
tant de splendeur, et je n’ai vu qu’abandon et que solitude. … Et à c
4301
is le sceptre du monde à des peuples si différens
de
cultes et de mœurs, depuis ceux de l’Asie antique jusqu’aux plus réce
4302
du monde à des peuples si différens de cultes et
de
mœurs, depuis ceux de l’Asie antique jusqu’aux plus récens de l’Europ
4303
s si différens de cultes et de mœurs, depuis ceux
de
l’Asie antique jusqu’aux plus récens de l’Europe, ce nom d’une terre
4304
puis ceux de l’Asie antique jusqu’aux plus récens
de
l’Europe, ce nom d’une terre natale réveilla en moi le sentiment de l
4305
ceux de l’Asie antique jusqu’aux plus récens de l’
Europe
, ce nom d’une terre natale réveilla en moi le sentiment de la patrie
4306
antique jusqu’aux plus récens de l’Europe, ce nom
d’
une terre natale réveilla en moi le sentiment de la patrie ; et tourna
4307
m d’une terre natale réveilla en moi le sentiment
de
la patrie ; et tournant vers elle mes regards, j’arrêtai toutes mes p
4308
r toutes les mers, ses ports couverts des tributs
de
l’une et de l’autre Inde ; et comparant à l’activité de son commerce,
4309
mers, ses ports couverts des tributs de l’une et
de
l’autre Inde ; et comparant à l’activité de son commerce, à l’étendue
4310
ne et de l’autre Inde ; et comparant à l’activité
de
son commerce, à l’étendue de sa navigation, à la richesse de ses monu
4311
mparant à l’activité de son commerce, à l’étendue
de
sa navigation, à la richesse de ses monumens, aux arts et à l’industr
4312
erce, à l’étendue de sa navigation, à la richesse
de
ses monumens, aux arts et à l’industrie de ses habitants, tout ce que
4313
chesse de ses monumens, aux arts et à l’industrie
de
ses habitants, tout ce que l’Égypte et la Syrie purent jadis posséder
4314
ce que l’Égypte et la Syrie purent jadis posséder
de
semblable, je me plaisais à retrouver la splendeur passée de l’Asie d
4315
e, je me plaisais à retrouver la splendeur passée
de
l’Asie dans l’Europe moderne ; mais bientôt le charme de ma rêverie f
4316
à retrouver la splendeur passée de l’Asie dans l’
Europe
moderne ; mais bientôt le charme de ma rêverie fut flétri par un dern
4317
ie dans l’Europe moderne ; mais bientôt le charme
de
ma rêverie fut flétri par un dernier terme de comparaison. Réfléchiss
4318
rme de ma rêverie fut flétri par un dernier terme
de
comparaison. Réfléchissant que telle avait été jadis l’activité des l
4319
, me dis-je, si tel ne sera pas un jour l’abandon
de
nos propres contrées ? Qui sait si sur les rives de la Seine, de la T
4320
nos propres contrées ? Qui sait si sur les rives
de
la Seine, de la Tamise ou du Zuydersée, là où maintenant, dans le tou
4321
contrées ? Qui sait si sur les rives de la Seine,
de
la Tamise ou du Zuydersée, là où maintenant, dans le tourbillon de ta
4322
u Zuydersée, là où maintenant, dans le tourbillon
de
tant de jouissances, le cœur et les yeux ne peuvent suffire à la mult
4323
voyageur comme moi ne s’asseoira pas un jour sur
de
muettes ruines, et ne pleurera pas solitaire sur la cendre des peuple
4324
solitaire sur la cendre des peuples et la mémoire
de
leur grandeur ?140 Christoph Martin Wieland (1733-1813), à la veill
4325
Christoph Martin Wieland (1733-1813), à la veille
de
la Révolution, exprimera une dernière fois l’idéal des Montesquieu et
4326
olite » : Le cosmopolite obéit à toutes les lois
de
l’État dans lequel il vit, quand celles-ci reflètent manifestement la
4327
t aux autres, il s’y soumet par nécessité. Il est
de
bonne foi à l’endroit de sa nation, mais aussi à l’endroit des autres
4328
’endroit des autres nations ; et il est incapable
de
vouloir fonder le bien-être, la gloire et la grandeur de sa patrie su
4329
oir fonder le bien-être, la gloire et la grandeur
de
sa patrie sur une oppression et une exploitation volontaire des autre
4330
incompatibles avec leur idéal. Ils s’abstiennent
de
faire partie de toute administration d’État qui prescrirait des princ
4331
vec leur idéal. Ils s’abstiennent de faire partie
de
toute administration d’État qui prescrirait des principes contraires
4332
stiennent de faire partie de toute administration
d’
État qui prescrirait des principes contraires à leurs propres maximes.
4333
les différents régimes existants comme autant …
d’
échafaudages pour l’édification de ce temple immortel de la félicité u
4334
comme autant … d’échafaudages pour l’édification
de
ce temple immortel de la félicité universelle, à laquelle, en un cert
4335
faudages pour l’édification de ce temple immortel
de
la félicité universelle, à laquelle, en un certain sens, tous les siè
4336
nt travaillé. La page que l’on va lire, extraite
d’
un ouvrage intitulé Das Geheimnis des Kosmopoliten-Ordens — et qui par
4337
és ceux qui connurent comme il convient la valeur
de
la liberté ; les Grecs le surent et c’est grâce à eux — dont les méri
4338
jamais assez être reconnus par l’Humanité — que l’
Europe
devint peu à peu ce qu’elle est et ce qu’elle sera vraisemblablement
4339
habitants ont su conserver sur les autres peuples
de
la terre de par un perfectionnement des facultés naturelles de l’homm
4340
e par un perfectionnement des facultés naturelles
de
l’homme toujours plus grand et poussé toujours plus loin. On connaît
4341
oujours plus loin. On connaît bien cet effet issu
de
causes également connues : malgré les progrès très rapides de la civi
4342
alement connues : malgré les progrès très rapides
de
la civilisation dans le domaine des arts et des sciences particulière
4343
tif, à l’industrie, au zèle opiniâtre, à l’esprit
de
compétition que l’homme puise dans la rivalité —, l’art suprême qui s
4344
slation et une direction responsable des affaires
de
l’État est de loin, comparativement, le moins avancé. Dans la plus gr
4345
direction responsable des affaires de l’État est
de
loin, comparativement, le moins avancé. Dans la plus grande et la plu
4346
ancé. Dans la plus grande et la plus belle partie
de
l’Europe, les forces les plus nobles de l’Humanité étouffent encore s
4347
Dans la plus grande et la plus belle partie de l’
Europe
, les forces les plus nobles de l’Humanité étouffent encore sous le po
4348
le partie de l’Europe, les forces les plus nobles
de
l’Humanité étouffent encore sous le poids de tous ces résidus de la c
4349
bles de l’Humanité étouffent encore sous le poids
de
tous ces résidus de la constitution barbare, de l’incertitude et des
4350
touffent encore sous le poids de tous ces résidus
de
la constitution barbare, de l’incertitude et des erreurs d’un milléna
4351
s de tous ces résidus de la constitution barbare,
de
l’incertitude et des erreurs d’un millénaire sauvage et sombre. Et ce
4352
titution barbare, de l’incertitude et des erreurs
d’
un millénaire sauvage et sombre. Et cela en Europe, dans un siècle où
4353
urs d’un millénaire sauvage et sombre. Et cela en
Europe
, dans un siècle où l’art et la science, le goût, la civilisation et l
4354
ilisation et le raffinement ont gravi, en un laps
de
temps relativement court, tant d’échelons, que ce n’est pas sans une
4355
avi, en un laps de temps relativement court, tant
d’
échelons, que ce n’est pas sans une sorte de vertige qu’on regarde les
4356
tant d’échelons, que ce n’est pas sans une sorte
de
vertige qu’on regarde les siècles précédents. Mais après ces étapes i
4357
s, si essentielles pour le bonheur des peuples, l’
Europe
, en sa situation actuelle, semble aller vers une révolution bienfaisa
4358
sive et, en fin de compte, irrésistible puissance
de
la raison ; bref, une révolution qui, sans souiller l’Europe de sang,
4359
aison ; bref, une révolution qui, sans souiller l’
Europe
de sang, ni mettre partout le feu, saura n’être qu’une œuvre toute si
4360
bref, une révolution qui, sans souiller l’Europe
de
sang, ni mettre partout le feu, saura n’être qu’une œuvre toute simpl
4361
nt leurs droits et leurs devoirs, quel est le but
de
leur existence et quels sont les moyens qui permettront d’atteindre s
4362
xistence et quels sont les moyens qui permettront
d’
atteindre sûrement et immanquablement ce but. En 1796, Wieland lui-mê
4363
t années qui se sont écoulées depuis la rédaction
de
cet essai, d’une manière telle que tous nos concitoyens ne peuvent pl
4364
e sont écoulées depuis la rédaction de cet essai,
d’
une manière telle que tous nos concitoyens ne peuvent plus guère consi
4365
mêmes par le passé, du moins quand ils agissaient
de
concert, en grande foule. Il est admirable que le démenti sanglant i
4366
à son idéal cosmopolite n’ait pas empêché Wieland
de
poursuivre le projet d’une association des peuples européens. C’est a
4367
n’ait pas empêché Wieland de poursuivre le projet
d’
une association des peuples européens. C’est ainsi que dans ses Gesprä
4368
oursuivre le projet d’une association des peuples
européens
. C’est ainsi que dans ses Gespräche unter vier Augen, parus en 1798,
4369
rançais qu’il nomme « Frankgall » : À quel degré
de
perfection et de bien-être les peuples d’Europe ne parviendraient-ils
4370
me « Frankgall » : À quel degré de perfection et
de
bien-être les peuples d’Europe ne parviendraient-ils, avec nous ou in
4371
l degré de perfection et de bien-être les peuples
d’
Europe ne parviendraient-ils, avec nous ou indépendamment de nous, s’i
4372
degré de perfection et de bien-être les peuples d’
Europe
ne parviendraient-ils, avec nous ou indépendamment de nous, s’ils ren
4373
e parviendraient-ils, avec nous ou indépendamment
de
nous, s’ils renonçaient définitivement à tous ces résidus honteux de
4374
nçaient définitivement à tous ces résidus honteux
de
la vieille barbarie, à cette sanguinaire haine de nation à nation, au
4375
de la vieille barbarie, à cette sanguinaire haine
de
nation à nation, au bas préjugé, à ce bonheur étranger qu’on veut ass
4376
assurer au détriment du nôtre à toutes ces ruses
d’
épicier et tours de coupeur de bourse que l’on nommait autrefois polit
4377
nt du nôtre à toutes ces ruses d’épicier et tours
de
coupeur de bourse que l’on nommait autrefois politique et qui ne trom
4378
à toutes ces ruses d’épicier et tours de coupeur
de
bourse que l’on nommait autrefois politique et qui ne trompent plus p
4379
rraient atteindre ce résultat par une association
de
peuples, constituée sans tenir compte de cette variété des formes de
4380
ociation de peuples, constituée sans tenir compte
de
cette variété des formes de gouvernement peu importante dans le fond
4381
uée sans tenir compte de cette variété des formes
de
gouvernement peu importante dans le fond ; et ainsi serait créée et o
4382
ans le fond ; et ainsi serait créée et organisée,
de
façon durable, une communauté d’États européenne. Quelques années pl
4383
ée et organisée, de façon durable, une communauté
d’
États européenne. Quelques années plus tard, en 1806, Wieland exposer
4384
ganisée, de façon durable, une communauté d’États
européenne
. Quelques années plus tard, en 1806, Wieland exposera encore dans sa
4385
ra encore dans sa revue Teutscher Merkur, un plan
de
Tribunal européen, comptant cette fois-ci sur Napoléon pour le réalis
4386
ns sa revue Teutscher Merkur, un plan de Tribunal
européen
, comptant cette fois-ci sur Napoléon pour le réaliser. Et là encore,
4387
frapper… 136. W. Robertson : Histoire du règne
de
l’empereur Charles-Quint. Tableau des progrès de la Société en Europe
4388
de l’empereur Charles-Quint. Tableau des progrès
de
la Société en Europe, depuis la destruction de l’Empire romain jusqu’
4389
arles-Quint. Tableau des progrès de la Société en
Europe
, depuis la destruction de l’Empire romain jusqu’au commencement du xv
4390
ès de la Société en Europe, depuis la destruction
de
l’Empire romain jusqu’au commencement du xvie siècle. — Traduction f
4391
III, p. 168, 169. 138. Edward Gibbon : Histoire
de
la décadence et de la chute de l’Empire romain, Éd. A. Desrez, Paris.
4392
138. Edward Gibbon : Histoire de la décadence et
de
la chute de l’Empire romain, Éd. A. Desrez, Paris. Tome I. Observatio
4393
Gibbon : Histoire de la décadence et de la chute
de
l’Empire romain, Éd. A. Desrez, Paris. Tome I. Observations générales
4394
miné qu’en 1787, à Lausanne. 139. « Je parlerai…
de
la réunion des savants du globe en une république universelle des sci
4395
. » Fragment sur l’Atlantide, ou efforts combinés
de
l’Espèce humaine pour le Progrès des Sciences. 140. Les Ruines, par
4396
dant ce temps, l’Amérique du Nord… Tandis que l’
Europe
intellectuelle s’interrogeait ainsi sur son destin, l’Amérique décida
4397
Amérique décidait du sien. Elle devenait l’avenir
de
l’Europe, ou du moins l’avenir de ces Européens qui désespéraient de
4398
que décidait du sien. Elle devenait l’avenir de l’
Europe
, ou du moins l’avenir de ces Européens qui désespéraient de réussir s
4399
venait l’avenir de l’Europe, ou du moins l’avenir
de
ces Européens qui désespéraient de réussir sur leur sol l’union néces
4400
l’avenir de l’Europe, ou du moins l’avenir de ces
Européens
qui désespéraient de réussir sur leur sol l’union nécessaire. C’est c
4401
moins l’avenir de ces Européens qui désespéraient
de
réussir sur leur sol l’union nécessaire. C’est ce que Benjamin Frankl
4402
(1706-1790) a bien su voir et dire dans une série
de
lettres écrites de Paris à ses compatriotes : Toute l’Europe est gag
4403
su voir et dire dans une série de lettres écrites
de
Paris à ses compatriotes : Toute l’Europe est gagnée à notre cause (
4404
es écrites de Paris à ses compatriotes : Toute l’
Europe
est gagnée à notre cause (la création de l’Union des États indépendan
4405
te l’Europe est gagnée à notre cause (la création
de
l’Union des États indépendants américains), elle applaudit à nos effo
4406
, elle applaudit à nos efforts et nous accompagne
de
ses vœux. Les hommes qui vivent sous le joug du pouvoir arbitraire n’
4407
nt pas moins la liberté : ils désespèrent presque
de
voir jamais le rétablissement de l’Europe et lisent avec impatience t
4408
espèrent presque de voir jamais le rétablissement
de
l’Europe et lisent avec impatience tout ce que l’on écrit sur l’établ
4409
ent presque de voir jamais le rétablissement de l’
Europe
et lisent avec impatience tout ce que l’on écrit sur l’établissement
4410
tience tout ce que l’on écrit sur l’établissement
de
constitutions indépendantes dans notre continent. On rencontre partou
4411
dantes dans notre continent. On rencontre partout
d’
innombrables personnes qui envisagent de se rendre en Amérique avec le
4412
e partout d’innombrables personnes qui envisagent
de
se rendre en Amérique avec leurs familles et leurs fortunes, dès que
4413
n peut généralement escompter que les émigrations
de
l’Europe nous vaudront un surcroît de puissance, de richesse et de sc
4414
t généralement escompter que les émigrations de l’
Europe
nous vaudront un surcroît de puissance, de richesse et de science. L’
4415
émigrations de l’Europe nous vaudront un surcroît
de
puissance, de richesse et de science. L’idée se répand de plus en plu
4416
l’Europe nous vaudront un surcroît de puissance,
de
richesse et de science. L’idée se répand de plus en plus que les régi
4417
vaudront un surcroît de puissance, de richesse et
de
science. L’idée se répand de plus en plus que les régimes tyranniques
4418
mes tyranniques qui se maintiennent au pouvoir en
Europe
devront s’assouplir et accorder plus de libertés aux peuples, s’ils v
4419
ir en Europe devront s’assouplir et accorder plus
de
libertés aux peuples, s’ils veulent diminuer l’ampleur des émigration
4420
que tous les milieux que notre cause est la cause
de
tout le genre humain, et qu’en défendant notre liberté, nous combatto
4421
pour la remplir et qu’elle couronnera nos efforts
de
succès.141 Et tandis que l’Europe intellectuelle, négligée par les
4422
nnera nos efforts de succès.141 Et tandis que l’
Europe
intellectuelle, négligée par les grands politiques, accumulait les pl
4423
e par les grands politiques, accumulait les plans
d’
union mais n’en réalisait aucun, l’Amérique, elle, se fédérait. Ses ho
4424
l’Amérique, elle, se fédérait. Ses hommes étaient
Européens
, sans exception. Et ses idées étaient européennes. Elle ne se sépara
4425
t Européens, sans exception. Et ses idées étaient
européennes
. Elle ne se sépara de la mère patrie que sur la seule question de la
4426
ses idées étaient européennes. Elle ne se sépara
de
la mère patrie que sur la seule question de la réalisation de ces idé
4427
épara de la mère patrie que sur la seule question
de
la réalisation de ces idées. Or à ce point, intérêts précis entraient
4428
atrie que sur la seule question de la réalisation
de
ces idées. Or à ce point, intérêts précis entraient en jeu, et comme
4429
écis entraient en jeu, et comme les hommes d’État
européens
se révélaient incapables de les prendre au sérieux, il n’y eut pas co
4430
hommes d’État européens se révélaient incapables
de
les prendre au sérieux, il n’y eut pas convergence mais conflit. Cert
4431
s convergence mais conflit. Certes, les pionniers
de
l’Union américaine n’opposaient à l’Europe que les principes formulés
4432
pionniers de l’Union américaine n’opposaient à l’
Europe
que les principes formulés par nos propres élites, mais ces principes
4433
’est pourquoi l’Anglais Penn, s’il n’a pu faire l’
Europe
, a contribué à faire l’Amérique. Or il faut voir que si cette colonie
4434
Or il faut voir que si cette colonie a trouvé bon
de
mettre un terme à la désunion de ses États, c’est aussi pour se rendr
4435
nie a trouvé bon de mettre un terme à la désunion
de
ses États, c’est aussi pour se rendre indépendante « de tout contrôle
4436
États, c’est aussi pour se rendre indépendante «
de
tout contrôle et de toute influence européenne ». Citons une page du
4437
pour se rendre indépendante « de tout contrôle et
de
toute influence européenne ». Citons une page du Federalist, qui ne m
4438
pendante « de tout contrôle et de toute influence
européenne
». Citons une page du Federalist, qui ne manquera pas de suggérer auj
4439
itons une page du Federalist, qui ne manquera pas
de
suggérer aujourd’hui l’idée d’un nouveau retour des choses… The Fede
4440
ui ne manquera pas de suggérer aujourd’hui l’idée
d’
un nouveau retour des choses… The Federalist est un recueil de 85 art
4441
retour des choses… The Federalist est un recueil
de
85 articles de journaux écrits pour défendre la Constitution votée pa
4442
es… The Federalist est un recueil de 85 articles
de
journaux écrits pour défendre la Constitution votée par la Convention
4443
eptembre 1787. Ce plaidoyer est adressé au peuple
de
l’État de New York par Alexander Hamilton, John Jay et James Madison.
4444
e considérable jusqu’à nos jours. Les publicistes
d’
Amérique, les professeurs et les étudiants, les juges de la Cour suprê
4445
ique, les professeurs et les étudiants, les juges
de
la Cour suprême, y voient avec raison le premier commentaire de la Co
4446
rême, y voient avec raison le premier commentaire
de
la Constitution fédérale, et l’un des monuments de la science politiq
4447
e la Constitution fédérale, et l’un des monuments
de
la science politique. Le texte que nous citons est de Hamilton, et il
4448
a science politique. Le texte que nous citons est
de
Hamilton, et il est extrait du chapitre XI : Le monde peut être divi
4449
parties dont chacune a des intérêts distincts. L’
Europe
, pour le malheur des trois autres, les a toutes, à des degrés divers,
4450
tombées sous sa domination. La supériorité que l’
Europe
a depuis si longtemps conservée l’a disposée à se regarder comme la M
4451
vée l’a disposée à se regarder comme la Maîtresse
de
l’univers, et à croire le reste du genre humain créé pour son utilité
4452
créé pour son utilité. Des hommes, admirés comme
de
grands philosophes, ont positivement attribué à ses habitants une sup
4453
érique ; que les chiens même perdaient la faculté
d’
aboyer, après avoir respiré quelque temps dans notre atmosphère. Les f
4454
p longtemps appuyé ces arrogantes prétentions des
Européens
. C’est à nous à relever l’honneur de la race humaine et à faire conna
4455
s des Européens. C’est à nous à relever l’honneur
de
la race humaine et à faire connaître la modération à ces frères usurp
4456
son triomphe. Que les Américains se lassent enfin
d’
être les instruments de la grandeur européenne ! Que les Treize-États,
4457
méricains se lassent enfin d’être les instruments
de
la grandeur européenne ! Que les Treize-États, réunis dans une étroit
4458
ssent enfin d’être les instruments de la grandeur
européenne
! Que les Treize-États, réunis dans une étroite et indissoluble Union
4459
et indissoluble Union, concourent à la formation
d’
un grand système américain qui soit au-dessus du contrôle de toute for
4460
système américain qui soit au-dessus du contrôle
de
toute force ou de toute influence européenne, et qui lui permette de
4461
qui soit au-dessus du contrôle de toute force ou
de
toute influence européenne, et qui lui permette de dicter les termes
4462
du contrôle de toute force ou de toute influence
européenne
, et qui lui permette de dicter les termes des relations entre l’Ancie
4463
e toute influence européenne, et qui lui permette
de
dicter les termes des relations entre l’Ancien et le Nouveau Monde !
4464
Monde ! 141. Benjamin Franklin, Lettre écrite
de
Paris, 1777.
4465
1.La Révolution française et l’
Europe
Les illusions d’un Wieland n’ont-elles pas été partagées par ceux-l
4466
Révolution française et l’Europe Les illusions
d’
un Wieland n’ont-elles pas été partagées par ceux-là mêmes qui donnère
4467
première au plus brutal bouleversement subi par l’
Europe
depuis sa formation carolingienne ? L’éloquence « cosmopolite » et «
4468
’éloquence « cosmopolite » et « philanthropique »
d’
un Mirabeau, d’un Robespierre, est certainement sincère. Mais comme el
4469
smopolite » et « philanthropique » d’un Mirabeau,
d’
un Robespierre, est certainement sincère. Mais comme elle change vite
4470
certainement sincère. Mais comme elle change vite
de
registre quand il s’agit de reconnaître que l’idéal qu’elle exalte ne
4471
omme elle change vite de registre quand il s’agit
de
reconnaître que l’idéal qu’elle exalte ne saurait entrer dans l’Histo
4472
nfondant avec les intérêts ou la survie militaire
d’
une nation ! Partie pour instaurer la fraternité mondiale et « la soci
4473
on va se voir rapidement entraînée dans une suite
de
guerres qui créeront le nationalisme moderne. Une déclaration de Mira
4474
créeront le nationalisme moderne. Une déclaration
de
Mirabeau, le 25 août 1790, annonce, par le coup de frein des derniers
4475
e Mirabeau, le 25 août 1790, annonce, par le coup
de
frein des derniers mots, cette dramatique évolution : La France aura
4476
matique évolution : La France aura-t-elle besoin
d’
alliés, lorsqu’elle n’aura plus d’ennemis ? Il n’est pas loin de nous
4477
a-t-elle besoin d’alliés, lorsqu’elle n’aura plus
d’
ennemis ? Il n’est pas loin de nous peut-être, ce moment où la liberté
4478
sans rivale sur les deux mondes, réalisera le vœu
de
la philosophie, absoudra l’espèce humaine du crime de la guerre et pr
4479
a philosophie, absoudra l’espèce humaine du crime
de
la guerre et proclamera la paix universelle ; alors le bonheur des pe
4480
eront plus par des querelles sanglantes les nœuds
de
la fraternité qui doivent unir tous les gouvernements et tous les hom
4481
et tous les hommes ; alors se consommera le pacte
de
la fédération du genre humain ; mais avouons-le à regret, ces considé
4482
r la guerre, qu’elle mène au nom de la liberté et
de
la paix universelle. Robespierre l’a dit en une phrase dans son disco
4483
du 15 mai 1790 à l’Assemblée nationale : Il est
de
l’intérêt des nations de protéger la nation française, parce que c’es
4484
blée nationale : Il est de l’intérêt des nations
de
protéger la nation française, parce que c’est de la France que doit p
4485
de protéger la nation française, parce que c’est
de
la France que doit partir la liberté et le bonheur du monde. Il faut
4486
us tard, le 9 novembre 1792, la Convention décide
de
célébrer les victoires de l’armée de la Liberté par une « fête de l’H
4487
2, la Convention décide de célébrer les victoires
de
l’armée de la Liberté par une « fête de l’Humanité », que Vergniaud c
4488
ntion décide de célébrer les victoires de l’armée
de
la Liberté par une « fête de l’Humanité », que Vergniaud célèbre en c
4489
victoires de l’armée de la Liberté par une « fête
de
l’Humanité », que Vergniaud célèbre en ces termes : Chantez donc, ch
4490
Chantez donc, chantez une victoire qui sera celle
de
l’humanité. Il a péri des hommes ; mais c’est pour qu’il n’en périsse
4491
ernité universelle que vous allez établir, chacun
de
vos combats sera un pas de fait vers la paix, l’humanité et le bonheu
4492
allez établir, chacun de vos combats sera un pas
de
fait vers la paix, l’humanité et le bonheur des peuples. Déjà, le Pa
4493
5 décembre 1791, cet appel à la « guerre sainte »
de
la Raison anticléricale : La guerre ! la guerre ! tel est le cri de
4494
éricale : La guerre ! la guerre ! tel est le cri
de
tous les patriotes, tel est le vœu de tous les amis de la liberté rép
4495
est le cri de tous les patriotes, tel est le vœu
de
tous les amis de la liberté répandus sur la surface de l’Europe, qui
4496
us les patriotes, tel est le vœu de tous les amis
de
la liberté répandus sur la surface de l’Europe, qui n’attendent plus
4497
us les amis de la liberté répandus sur la surface
de
l’Europe, qui n’attendent plus que cette heureuse diversion pour atta
4498
s amis de la liberté répandus sur la surface de l’
Europe
, qui n’attendent plus que cette heureuse diversion pour attaquer et r
4499
m du genre humain dont il n’a jamais mieux mérité
d’
être appelé l’ami. C’est en effet à Jean-Baptiste, dit Anacharsis Clo
4500
à Jean-Baptiste, dit Anacharsis Cloots, Prussien
de
naissance, mais aristocrate hollandais d’ascendance, qu’il appartiend
4501
russien de naissance, mais aristocrate hollandais
d’
ascendance, qu’il appartiendra de formuler de la manière la plus théât
4502
crate hollandais d’ascendance, qu’il appartiendra
de
formuler de la manière la plus théâtrale l’idéal unitaire de la Révol
4503
dais d’ascendance, qu’il appartiendra de formuler
de
la manière la plus théâtrale l’idéal unitaire de la Révolution, étend
4504
de la manière la plus théâtrale l’idéal unitaire
de
la Révolution, étendu à un genre humain totalement « nivelé » par les
4505
n genre humain totalement « nivelé » par les lois
de
la Liberté. Cloots, lui aussi, est parti de l’idéal cosmopolite. Il s
4506
lois de la Liberté. Cloots, lui aussi, est parti
de
l’idéal cosmopolite. Il s’écrie dans son discours du 13 juin 1790 :
4507
, ni vaincus, ni vainqueurs… L’Océan sera couvert
de
navires qui formeront un superbe pont de communication, et les grande
4508
couvert de navires qui formeront un superbe pont
de
communication, et les grandes routes de France se prolongeront jusqu’
4509
erbe pont de communication, et les grandes routes
de
France se prolongeront jusqu’aux confins de la Chine. On ira en poste
4510
outes de France se prolongeront jusqu’aux confins
de
la Chine. On ira en poste de Paris à Pékin, comme de Bordeaux à Stras
4511
nt jusqu’aux confins de la Chine. On ira en poste
de
Paris à Pékin, comme de Bordeaux à Strasbourg, sans que rien ne nous
4512
la Chine. On ira en poste de Paris à Pékin, comme
de
Bordeaux à Strasbourg, sans que rien ne nous arrête, ni barrières, ni
4513
ailles, ni commis, ni chasseurs. Il n’y aura plus
de
déserts ; toute la terre sera un jardin. L’Orient et l’Occident s’emb
4514
n. L’Orient et l’Occident s’embrasseront au champ
de
la Fédération. Et il ajoute, dans le même sens, le 26 avril 1793 :
4515
le bon sens et le bonheur ; elle coupe les canaux
de
la prospérité universelle ; sa Constitution, manquant par la base, se
4516
t en effet dans ces termes : Nous ne voulons pas
d’
autre maître que l’expression de la volonté générale, absolue, suprême
4517
us ne voulons pas d’autre maître que l’expression
de
la volonté générale, absolue, suprême. Or, si je rencontre sur la ter
4518
sel, je m’y oppose ; cette résistance est un état
de
guerre et de servitude dont le genre humain, l’être suprême, fera jus
4519
ppose ; cette résistance est un état de guerre et
de
servitude dont le genre humain, l’être suprême, fera justice tôt ou t
4520
ra qu’un seul corps, la nation unique… La commune
de
Paris sera le point de réunion, le fanal central de la communauté uni
4521
nation unique… La commune de Paris sera le point
de
réunion, le fanal central de la communauté universelle. Il pense qu’
4522
Paris sera le point de réunion, le fanal central
de
la communauté universelle. Il pense qu’il ne serait pas difficile de
4523
verselle. Il pense qu’il ne serait pas difficile
de
régir le monde à partir de Paris : Quand un Lama de Rome et un Lama
4524
régir le monde à partir de Paris : Quand un Lama
de
Rome et un Lama de la Mecque donnent des lois aux Péruviens et aux Ma
4525
rtir de Paris : Quand un Lama de Rome et un Lama
de
la Mecque donnent des lois aux Péruviens et aux Malais ; quand des ma
4526
aux Péruviens et aux Malais ; quand des marchands
d’
Amsterdam et de Londres dominent sur le Bengale et les Moluques, je co
4527
t aux Malais ; quand des marchands d’Amsterdam et
de
Londres dominent sur le Bengale et les Moluques, je conçois la facili
4528
le fédéraliste lui paraît réactionnaire : Nombre
d’
écrivains politiques ont présenté des projets de paix perpétuelle, de
4529
e d’écrivains politiques ont présenté des projets
de
paix perpétuelle, de confédérations d’États, de nations ; mais aucun
4530
ues ont présenté des projets de paix perpétuelle,
de
confédérations d’États, de nations ; mais aucun homme ne s’est élevé
4531
es projets de paix perpétuelle, de confédérations
d’
États, de nations ; mais aucun homme ne s’est élevé au véritable princ
4532
s de paix perpétuelle, de confédérations d’États,
de
nations ; mais aucun homme ne s’est élevé au véritable principe de l’
4533
aucun homme ne s’est élevé au véritable principe
de
l’unité souveraine, de la confédération individuelle. Au nom — pour
4534
levé au véritable principe de l’unité souveraine,
de
la confédération individuelle. Au nom — pour le moins paradoxal — de
4535
individuelle. Au nom — pour le moins paradoxal —
de
cette « confédération individuelle », Cloots dépose en conclusion le
4536
viduelle », Cloots dépose en conclusion le Projet
de
décret suivant : La Convention nationale voulant mettre un terme au
4537
es des droits de l’homme : Art. I. — Il n’y a pas
d’
autre souverain que le genre humain. Art. II. — Tout individu, toute c
4538
oîtra ce principe lumineux et immuable, sera reçu
de
droit dans notre association fraternelle, dans la République des Homm
4539
Universels. Art. III. — À défaut de contiguïté ou
de
communication maritime, on attendra la propagation de la vérité, pour
4540
ommunication maritime, on attendra la propagation
de
la vérité, pour admettre les communes, et les enclaves lointaines. M
4541
r ce Projet fantastique en adjurant la Convention
de
revenir à la « réalité » : Laissons aux philosophes, laissons-leur l
4542
Laissons aux philosophes, laissons-leur le soin
d’
examiner l’humanité sous tous les rapports : nous ne sommes pas les re
4543
du genre humain. Je veux donc que le législateur
de
la France oublie un instant l’univers pour ne s’occuper que de son pa
4544
oublie un instant l’univers pour ne s’occuper que
de
son pays ; je veux cette espèce d’égoïsme national sans lequel nous t
4545
s’occuper que de son pays ; je veux cette espèce
d’
égoïsme national sans lequel nous trahirons nos devoirs, sans lequel n
4546
mmes libres ; mais j’aime mieux les hommes libres
de
la France que tous les autres hommes de l’univers. Le refus jacobin
4547
es libres de la France que tous les autres hommes
de
l’univers. Le refus jacobin de la formule fédéraliste, tant pour la
4548
les autres hommes de l’univers. Le refus jacobin
de
la formule fédéraliste, tant pour la France que pour l’Europe, le dél
4549
rmule fédéraliste, tant pour la France que pour l’
Europe
, le délire d’unité universelle nivelée et centralisée, devait conduir
4550
tant pour la France que pour l’Europe, le délire
d’
unité universelle nivelée et centralisée, devait conduire la Révolutio
4551
n, par une nécessité concrète, à la négation même
de
ses premiers principes : à l’« égoïsme national », au nationalisme ag
4552
rait assez souligner l’importance décisive pour l’
Europe
de cette évolution de la pensée politique et du vocabulaire français.
4553
sez souligner l’importance décisive pour l’Europe
de
cette évolution de la pensée politique et du vocabulaire français. Le
4554
ortance décisive pour l’Europe de cette évolution
de
la pensée politique et du vocabulaire français. Les girondins qui se
4555
ot, si l’on en croit le dictionnaire étymologique
de
Warburg — furent dénoncés par les jacobins comme traîtres à la Patrie
4556
par la Terreur, dans l’esprit des Français et des
Européens
qui tiennent à se réclamer de la Révolution et de la tradition jacobi
4557
nçais et des Européens qui tiennent à se réclamer
de
la Révolution et de la tradition jacobine. D’où le malentendu permane
4558
ns qui tiennent à se réclamer de la Révolution et
de
la tradition jacobine. D’où le malentendu permanent qui les oppose dè
4559
mer de la Révolution et de la tradition jacobine.
D’
où le malentendu permanent qui les oppose dès cette date, aux démocrat
4560
monde anglo-saxon et des petits pays. Un Français
d’
aujourd’hui, s’il tient à s’assurer du sens de ce mot décrié, recourt
4561
ais d’aujourd’hui, s’il tient à s’assurer du sens
de
ce mot décrié, recourt au dictionnaire Littré, et lit ceci à l’articl
4562
dant la révolution, projet attribué aux girondins
de
rompre l’unité nationale et de transformer la France en une fédératio
4563
ibué aux girondins de rompre l’unité nationale et
de
transformer la France en une fédération de petits États. — Aux jacobi
4564
ale et de transformer la France en une fédération
de
petits États. — Aux jacobins, on agita gravement la question du fédér
4565
mille fureurs contre les girondins, Thiers, Hist.
de
la Rév.
4566
2.Plans
d’
union européenne contemporains de la Révolution En dépit des nombreu
4567
2.Plans d’union
européenne
contemporains de la Révolution En dépit des nombreuses déclamations
4568
2.Plans d’union européenne contemporains
de
la Révolution En dépit des nombreuses déclamations des conventionne
4569
déclamations des conventionnels invoquant le nom
de
l’Europe, pas un seul plan sérieux d’union continentale n’est sorti d
4570
amations des conventionnels invoquant le nom de l’
Europe
, pas un seul plan sérieux d’union continentale n’est sorti de la Révo
4571
uant le nom de l’Europe, pas un seul plan sérieux
d’
union continentale n’est sorti de la Révolution, du moins en France et
4572
eul plan sérieux d’union continentale n’est sorti
de
la Révolution, du moins en France et cela s’explique. L’explosion pas
4573
ique. L’explosion passionnelle a jeté ses acteurs
de
l’utopie du « genre humain » à l’idéal nationaliste en sautant le sta
4574
l’idéal nationaliste en sautant le stade réaliste
de
la fédération de l’Europe. Le résidu concret du phénomène sera la « n
4575
ste en sautant le stade réaliste de la fédération
de
l’Europe. Le résidu concret du phénomène sera la « nationalisation »
4576
n sautant le stade réaliste de la fédération de l’
Europe
. Le résidu concret du phénomène sera la « nationalisation » du sentim
4577
euples. Le « qui veut faire l’ange fait la bête »
de
Pascal se traduit ici par « qui veut le Monde abstrait fait la nation
4578
smoulins écrivait : Nous avons arraché les haies
de
division qui séparaient les Français entre eux, et déjà il n’y a plus
4579
ent les Français entre eux, et déjà il n’y a plus
de
provinces ; espérons que bientôt la division des royaumes ne sera plu
4580
e, qu’on appellera le genre humain. Le processus
de
nivellement des diversités régionales, préconisé par cette déclaratio
4581
aration, doit nécessairement supprimer la réalité
européenne
. Il est vrai qu’en parlant du « genre humain », l’orateur n’envisage
4582
nre humain », l’orateur n’envisage en somme que l’
Europe
, comme le faisaient les auteurs d’avant la Renaissance lorsqu’ils par
4583
omme que l’Europe, comme le faisaient les auteurs
d’
avant la Renaissance lorsqu’ils parlaient de la « chrétienté ». Mais p
4584
teurs d’avant la Renaissance lorsqu’ils parlaient
de
la « chrétienté ». Mais précisément ce défaut de perspective historiq
4585
de la « chrétienté ». Mais précisément ce défaut
de
perspective historique l’empêche de voir les caractères spécifiques d
4586
ent ce défaut de perspective historique l’empêche
de
voir les caractères spécifiques de l’ensemble Europe dans le monde. H
4587
ique l’empêche de voir les caractères spécifiques
de
l’ensemble Europe dans le monde. Hors du drame de Paris, on les disti
4588
de voir les caractères spécifiques de l’ensemble
Europe
dans le monde. Hors du drame de Paris, on les distingue mieux. Les pl
4589
de l’ensemble Europe dans le monde. Hors du drame
de
Paris, on les distingue mieux. Les plans d’union de l’Anglais Bentham
4590
drame de Paris, on les distingue mieux. Les plans
d’
union de l’Anglais Bentham, de l’Italien E. L’Aurora, des Allemands Ka
4591
Paris, on les distingue mieux. Les plans d’union
de
l’Anglais Bentham, de l’Italien E. L’Aurora, des Allemands Kant et Ge
4592
ue mieux. Les plans d’union de l’Anglais Bentham,
de
l’Italien E. L’Aurora, des Allemands Kant et Gentz, seront expresséme
4593
des Allemands Kant et Gentz, seront expressément
européens
. Inspirés par le grand bouleversement idéologique qu’exprime la Révol
4594
logique qu’exprime la Révolution, ils s’efforcent
de
rejoindre les réalités concrètes qu’il s’agirait maintenant d’organis
4595
les réalités concrètes qu’il s’agirait maintenant
d’
organiser. Jeremy Bentham (1747-1832) fut décrété citoyen français par
4596
é citoyen français par la Convention à l’occasion
d’
un grand discours contre le colonialisme. Il n’a pas seulement lié son
4597
sme. Il n’a pas seulement lié son nom au principe
de
l’utilitarisme : il a lancé l’idée d’une législation internationale d
4598
au principe de l’utilitarisme : il a lancé l’idée
d’
une législation internationale dans ses Principles of International La
4599
des Objets et des Sujets du droit international,
de
la Guerre et de la Paix. C’est dans le quatrième essai, « A Plan for
4600
es Sujets du droit international, de la Guerre et
de
la Paix. C’est dans le quatrième essai, « A Plan for an Universal and
4601
Perpetual Peace », que Bentham aborde la question
européenne
. Le champ de son ambition est le monde, annonce-t-il. Mais les mesure
4602
e Bentham aborde la question européenne. Le champ
de
son ambition est le monde, annonce-t-il. Mais les mesures qu’il propo
4603
t-il. Mais les mesures qu’il propose concernent l’
Europe
, et tout d’abord la Grande-Bretagne, car elle seule compte, avec la F
4604
seule compte, avec la France, et ce qu’il va dire
de
l’une vaudra pour l’autre142. L’objet du présent essai est de soumet
4605
ra pour l’autre142. L’objet du présent essai est
de
soumettre au monde un plan de paix universel et perpétuel. Le Globe e
4606
u présent essai est de soumettre au monde un plan
de
paix universel et perpétuel. Le Globe est l’aire de l’influence à laq
4607
paix universel et perpétuel. Le Globe est l’aire
de
l’influence à laquelle aspire l’auteur, — la Presse son instrument, e
4608
t, et le seul auquel il ait recours, — le Cabinet
de
l’Humanité le théâtre de son intrigue. Le plan qui suit se fonde sur
4609
it recours, — le Cabinet de l’Humanité le théâtre
de
son intrigue. Le plan qui suit se fonde sur deux propositions fondame
4610
ns fondamentales : 1. La réduction et la fixation
de
la force des différentes nations qui composent le système européen ;
4611
des différentes nations qui composent le système
européen
; 2. l’émancipation des dépendances lointaines de chaque État. Chacun
4612
en ; 2. l’émancipation des dépendances lointaines
de
chaque État. Chacune de ces propositions possède ses avantages distin
4613
es dépendances lointaines de chaque État. Chacune
de
ces propositions possède ses avantages distincts ; mais ni l’une ni l
4614
une ni l’autre, comme on le verra, ne permettrait
d’
atteindre seule le but recherché Quant à l’utilité d’une paix universe
4615
tteindre seule le but recherché Quant à l’utilité
d’
une paix universelle et durable, moyennant un plan praticable à cet ef
4616
un plan praticable à cet effet, et qui ait chance
d’
être adopté, il ne saurait y avoir qu’une voix. La seule objection pos
4617
tel que toute proposition dans ce sens mériterait
d’
être tenue pour visionnaire et ridicule. Je m’appliquerai tout d’abord
4618
cette objection, car il se peut que la réduction
d’
un tel préjugé soit nécessaire pour que le plan reçoive audience. Quoi
4619
écessaire pour que le plan reçoive audience. Quoi
de
mieux fait, pour préparer les esprits à recevoir une proposition de c
4620
r préparer les esprits à recevoir une proposition
de
ce genre, que la proposition elle-même ? Et qu’on ne m’objecte pas qu
4621
entreprendre ce qui peut les faire mûrir. Un plan
de
cette nature est de ceux qui ne viennent jamais trop tôt, ni trop tar
4622
peut les faire mûrir. Un plan de cette nature est
de
ceux qui ne viennent jamais trop tôt, ni trop tard. … Les feuillets q
4623
feuillets qui suivent sont dédiés au bien commun
de
toutes les nations civilisées, mais plus particulièrement à celui de
4624
ns civilisées, mais plus particulièrement à celui
de
la Grande-Bretagne et de la France. Leur but est de promouvoir trois
4625
particulièrement à celui de la Grande-Bretagne et
de
la France. Leur but est de promouvoir trois grands objets : — la simp
4626
la Grande-Bretagne et de la France. Leur but est
de
promouvoir trois grands objets : — la simplicité du gouvernement, la
4627
nationale, et la paix. La réflexion m’a convaincu
de
la vérité des propositions suivantes : I. Qu’il n’est pas de l’intérê
4628
é des propositions suivantes : I. Qu’il n’est pas
de
l’intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir des dépendances lointaines, q
4629
tions suivantes : I. Qu’il n’est pas de l’intérêt
de
la Grande-Bretagne d’avoir des dépendances lointaines, quelles qu’ell
4630
u’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne
d’
avoir des dépendances lointaines, quelles qu’elles soient. II Qu’il n’
4631
ines, quelles qu’elles soient. II Qu’il n’est pas
de
l’intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir des traités d’alliance, offen
4632
qu’elles soient. II Qu’il n’est pas de l’intérêt
de
la Grande-Bretagne d’avoir des traités d’alliance, offensive ou défen
4633
u’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne
d’
avoir des traités d’alliance, offensive ou défensive, avec quelque pui
4634
intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir des traités
d’
alliance, offensive ou défensive, avec quelque puissance que ce soit.
4635
elque puissance que ce soit. III. Qu’il n’est pas
de
l’intérêt de la Grande-Bretagne d’avoir aucun traité, avec quelque pu
4636
ce que ce soit. III. Qu’il n’est pas de l’intérêt
de
la Grande-Bretagne d’avoir aucun traité, avec quelque puissance que c
4637
u’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne
d’
avoir aucun traité, avec quelque puissance que ce soit, aux fins de s’
4638
porte quelle autre puissance. IV. Qu’il n’est pas
de
l’intérêt de la Grande-Bretagne d’entretenir aucune force navale excé
4639
autre puissance. IV. Qu’il n’est pas de l’intérêt
de
la Grande-Bretagne d’entretenir aucune force navale excédant celle qu
4640
u’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne
d’
entretenir aucune force navale excédant celle qui lui suffit pour défe
4641
n commerce contre les pirates. V. Qu’il n’est pas
de
l’intérêt de la Grande-Bretagne de garder en vigueur quelque ordonnan
4642
ntre les pirates. V. Qu’il n’est pas de l’intérêt
de
la Grande-Bretagne de garder en vigueur quelque ordonnance que ce soi
4643
u’il n’est pas de l’intérêt de la Grande-Bretagne
de
garder en vigueur quelque ordonnance que ce soit visant à l’augmentat
4644
ue ce soit visant à l’augmentation ou au maintien
de
ses forces navales au loin, telles que l’Acte de Navigation, les prim
4645
de ses forces navales au loin, telles que l’Acte
de
Navigation, les primes au commerce avec le Groënland, et autres dispo
4646
ement vrai pour la France. XI. Que l’accord total
de
la Grande-Bretagne et de la France étant supposé acquis, les principa
4647
. XI. Que l’accord total de la Grande-Bretagne et
de
la France étant supposé acquis, les principales difficultés d’un plan
4648
étant supposé acquis, les principales difficultés
d’
un plan de pacification générale et permanente pour toute l’Europe ser
4649
osé acquis, les principales difficultés d’un plan
de
pacification générale et permanente pour toute l’Europe seraient écar
4650
pacification générale et permanente pour toute l’
Europe
seraient écartées. XII. Que pour assurer cette pacification, des trai
4651
fs des troupes entretenues. XIII. Que le maintien
de
cette pacification serait considérablement facilité par l’institution
4652
erait considérablement facilité par l’institution
d’
une Cour de Justice commune pour régler les différends entre nations,
4653
dérablement facilité par l’institution d’une Cour
de
Justice commune pour régler les différends entre nations, encore qu’u
4654
, encore qu’une telle Cour n’ait pas à être dotée
de
pouvoirs de coercition. XIV. Que le secret des opérations du ministèr
4655
une telle Cour n’ait pas à être dotée de pouvoirs
de
coercition. XIV. Que le secret des opérations du ministère des Affair
4656
ent inutile, et au surplus contraire aux intérêts
de
la liberté comme à ceux de la paix. Après avoir discuté tambour batt
4657
contraire aux intérêts de la liberté comme à ceux
de
la paix. Après avoir discuté tambour battant les douze premiers arti
4658
scuté tambour battant les douze premiers articles
de
son plan, Bentham remarque au sujet du treizième : Établissez un Tri
4659
: Établissez un Tribunal commun, et la nécessité
de
faire la guerre ne résultera plus des différences d’opinion. Juste ou
4660
faire la guerre ne résultera plus des différences
d’
opinion. Juste ou non, la sentence des arbitres sauvera l’honneur et l
4661
tence des arbitres sauvera l’honneur et le crédit
de
la partie plaignante. Peut-on vraiment traiter de visionnaire un tel
4662
de la partie plaignante. Peut-on vraiment traiter
de
visionnaire un tel arrangement, une fois prouvé à son sujet que : 1.
4663
ique, la Ligue helvétique. Pourquoi la fraternité
européenne
ne pourrait-elle pas exister aussi bien que la Diète allemande ou la
4664
ou la Ligue helvétique ? Ces dernières n’ont pas
d’
ambitions. Qu’il en soit donc ainsi ; mais n’est-ce pas déjà le cas de
4665
ventions ? L’un des principaux objets du plan est
d’
effectuer une réduction — et très considérable — des dépenses des peup
4666
nsidérable — des dépenses des peuples. Le montant
de
cette réduction, pour chaque nation, devrait être stipulé par le Trai
4667
ratification du Traité par les différents États.
De
cette manière, la masse des peuples, qui est la partie la plus exposé
4668
des préventions, ne serait pas plus tôt informée
de
la ratification du Traité qu’elle en sentirait les bienfaits. Ils ver
4669
aire reconnaître et circuler dans toute l’étendue
de
chaque État ; 3, après un certain délai, à mettre l’État réfractaire
4670
certain délai, à mettre l’État réfractaire au ban
de
l’Europe. Il ne serait peut-être pas mauvais de fixer le contingent q
4671
in délai, à mettre l’État réfractaire au ban de l’
Europe
. Il ne serait peut-être pas mauvais de fixer le contingent que les di
4672
n de l’Europe. Il ne serait peut-être pas mauvais
de
fixer le contingent que les différents États devraient fournir pour d
4673
force aux décrets du Tribunal. Mais la nécessité
de
recourir à cette ultime ressource serait, en toute probabilité suppri
4674
l’expédient beaucoup plus simple et moins onéreux
d’
une clause introduite dans l’instrument créant la Cour, et garantissan
4675
rument créant la Cour, et garantissant la liberté
de
la presse dans chaque État… Le reste de l’essai est occupé par une l
4676
liberté de la presse dans chaque État… Le reste
de
l’essai est occupé par une longue polémique contre le secret diplomat
4677
ècle, ait su voir à la fois l’importance décisive
d’
une presse libre, et les dangers d’une telle liberté lorsqu’elle n’est
4678
tance décisive d’une presse libre, et les dangers
d’
une telle liberté lorsqu’elle n’est inspirée que par l’égoïsme nationa
4679
que par l’égoïsme national, sacralisé sous le nom
de
« patriotisme » : La voix de la nation ne peut se faire entendre que
4680
cralisé sous le nom de « patriotisme » : La voix
de
la nation ne peut se faire entendre que par les journaux. Mais sur ce
4681
tenus pour criminels ou vicieux dans la poursuite
d’
intérêts individuels, se voient aussitôt sublimés et qualifiés de vert
4682
viduels, se voient aussitôt sublimés et qualifiés
de
vertueux, dans la poursuite d’intérêts nationaux. Que celui qui a jam
4683
limés et qualifiés de vertueux, dans la poursuite
d’
intérêts nationaux. Que celui qui a jamais lu un journal anglais ose d
4684
rer qu’il n’en va pas ainsi ! Et là-dessus, point
de
différences entre les partis. Quelque opposés qu’ils soient sur tous
4685
soi que les faits doivent se plier. Qui rougirait
de
les fausser, quand les fausser est une vertu ? Mais s’il est vrai que
4686
voix des journaux n’est encore qu’une faible part
de
la voix du peuple, il n’en reste pas moins que l’enseignement qu’ils
4687
itatore », fut un des jacobins les plus éloquents
de
l’Italie, comme on peut en juger par le titre de l’ouvrage qu’il publ
4688
de l’Italie, comme on peut en juger par le titre
de
l’ouvrage qu’il publia en 1796 : All’Italia nelle tenebre L’Aurora po
4689
tenebre L’Aurora porta la luce. Il y appelait les
Européens
à s’unir en une seule nation pour inaugurer l’ère de la Liberté-égali
4690
à s’unir en une seule nation pour inaugurer l’ère
de
la Liberté-égalité-fraternité, succédant aux ères historiques de l’âg
4691
galité-fraternité, succédant aux ères historiques
de
l’âge d’or, de la barbarie, de la justice et de la monarchie. Non, E
4692
aternité, succédant aux ères historiques de l’âge
d’
or, de la barbarie, de la justice et de la monarchie. Non, Européens,
4693
té, succédant aux ères historiques de l’âge d’or,
de
la barbarie, de la justice et de la monarchie. Non, Européens, que n
4694
x ères historiques de l’âge d’or, de la barbarie,
de
la justice et de la monarchie. Non, Européens, que notre enfance, no
4695
s de l’âge d’or, de la barbarie, de la justice et
de
la monarchie. Non, Européens, que notre enfance, notre ignorance et
4696
barbarie, de la justice et de la monarchie. Non,
Européens
, que notre enfance, notre ignorance et notre stupidité trouvent une f
4697
colère universelle s’abatte sur la tête branlante
de
nos persécuteurs, que les vicissitudes d’une guerre sanglante touchen
4698
anlante de nos persécuteurs, que les vicissitudes
d’
une guerre sanglante touchent nos seuls ennemis ! Et que les nations,
4699
, soient gouvernées selon les droits sacro-saints
de
la liberté et de l’égalité, dirigées selon les principes de la paix,
4700
es selon les droits sacro-saints de la liberté et
de
l’égalité, dirigées selon les principes de la paix, de la vertu et de
4701
rté et de l’égalité, dirigées selon les principes
de
la paix, de la vertu et de la justice… Que toutes les nations de l’Eu
4702
égalité, dirigées selon les principes de la paix,
de
la vertu et de la justice… Que toutes les nations de l’Europe puissen
4703
es selon les principes de la paix, de la vertu et
de
la justice… Que toutes les nations de l’Europe puissent se considérer
4704
la vertu et de la justice… Que toutes les nations
de
l’Europe puissent se considérer comme appartenant à un seul État, que
4705
rtu et de la justice… Que toutes les nations de l’
Europe
puissent se considérer comme appartenant à un seul État, que leurs in
4706
État, que leurs intérêts soient communs, et que l’
Europe
puisse être tenue pour la mère universelle de tous ses habitants !
4707
Europe puisse être tenue pour la mère universelle
de
tous ses habitants ! Il demandait la convocation d’un « congrès uni
4708
ous ses habitants ! Il demandait la convocation
d’
un « congrès universel des hommes sages et érudits » élus par la « gen
4709
fût réuni en Sicile ou à Majorque pour délibérer
d’
une « constitution générale pour toute l’Europe » et de trois pactes o
4710
ibérer d’une « constitution générale pour toute l’
Europe
» et de trois pactes ou codes réglant les relations morales, sociales
4711
« constitution générale pour toute l’Europe » et
de
trois pactes ou codes réglant les relations morales, sociales et mili
4712
sociales et militaires entre les nations. Le plan
de
Bentham ne fut publié qu’un demi-siècle après avoir été écrit, et cel
4713
qu’un demi-siècle après avoir été écrit, et celui
de
L’Aurora n’a été redécouvert que par des érudits italiens de notre si
4714
n’a été redécouvert que par des érudits italiens
de
notre siècle143. Beaucoup plus célèbre sera dès 1795 le plan de Kant,
4715
e143. Beaucoup plus célèbre sera dès 1795 le plan
de
Kant, et beaucoup plus efficace la pensée de Gentz, homme politique m
4716
plan de Kant, et beaucoup plus efficace la pensée
de
Gentz, homme politique mêlé aux grandes affaires du temps. Emmanuel K
4717
res du temps. Emmanuel Kant (1724-1804) était âgé
de
71 ans lorsqu’il publia en 1795 son traité Zum ewigen Friede. Il n’ét
4718
95 son traité Zum ewigen Friede. Il n’était sorti
de
sa ville natale de Königsberg qu’une seule fois en sa vie, mais suiva
4719
wigen Friede. Il n’était sorti de sa ville natale
de
Königsberg qu’une seule fois en sa vie, mais suivait de près les gran
4720
igsberg qu’une seule fois en sa vie, mais suivait
de
près les grands mouvements de l’époque : on sait que l’annonce de la
4721
a vie, mais suivait de près les grands mouvements
de
l’époque : on sait que l’annonce de la Révolution française lui fit m
4722
ds mouvements de l’époque : on sait que l’annonce
de
la Révolution française lui fit modifier d’Est en Ouest la direction
4723
nonce de la Révolution française lui fit modifier
d’
Est en Ouest la direction de sa promenade quotidienne. Il connaissait
4724
aise lui fit modifier d’Est en Ouest la direction
de
sa promenade quotidienne. Il connaissait le Projet de l’abbé de Saint
4725
a promenade quotidienne. Il connaissait le Projet
de
l’abbé de Saint-Pierre (qu’il cite avec éloges dès 1750) et l’Extrait
4726
qu’en avait donné Rousseau. Dès 1760, l’influence
de
Rousseau l’amène à s’occuper de l’idée d’un « Völkerbund ». Il en pré
4727
1760, l’influence de Rousseau l’amène à s’occuper
de
l’idée d’un « Völkerbund ». Il en précise les bases morales dans plus
4728
fluence de Rousseau l’amène à s’occuper de l’idée
d’
un « Völkerbund ». Il en précise les bases morales dans plusieurs de s
4729
». Il en précise les bases morales dans plusieurs
de
ses ouvrages rédigés à la veille de la Révolution. Puis dans un petit
4730
ans plusieurs de ses ouvrages rédigés à la veille
de
la Révolution. Puis dans un petit écrit datant de 1793 : Ueber den Ge
4731
de la Révolution. Puis dans un petit écrit datant
de
1793 : Ueber den Gemeinspruch : Das mag in der Théorie richtigsein, t
4732
forme systématique, mais avec un souci manifeste
de
réalisme politique : il se réfère en effet (jusque dans l’ordonnance
4733
: il se réfère en effet (jusque dans l’ordonnance
de
son plan) à la Paix de Bâle, que la Prusse et l’Espagne viennent de s
4734
(jusque dans l’ordonnance de son plan) à la Paix
de
Bâle, que la Prusse et l’Espagne viennent de signer avec la Républiqu
4735
c la République Française. L’essai revêt la forme
d’
un traité international divisé en 6 articles préliminaires, 3 « articl
4736
uxième article définitif » que réside l’essentiel
de
la pensée fédéraliste européenne du grand philosophe : Si l’on ne pe
4737
» que réside l’essentiel de la pensée fédéraliste
européenne
du grand philosophe : Si l’on ne peut voir sans un profond mépris le
4738
s un profond mépris les sauvages, dans leur amour
d’
une indépendance sans règle, préférer se battre sans cesse, plutôt que
4739
erté raisonnable, et si l’on considère cela comme
de
la barbarie, comme un manque de civilisation et comme une dégradation
4740
sidère cela comme de la barbarie, comme un manque
de
civilisation et comme une dégradation brutale de l’humanité, dès lors
4741
de civilisation et comme une dégradation brutale
de
l’humanité, dès lors ne devrions-nous pas penser que les peuples civi
4742
chacun forme un État distinct) devraient se hâter
de
sortir au plus tôt d’un état si abject ? Au lieu de cela, chaque État
4743
istinct) devraient se hâter de sortir au plus tôt
d’
un état si abject ? Au lieu de cela, chaque État fait bien plutôt cons
4744
n plutôt consister sa majesté (car il est absurde
de
parler de la majesté populaire) à ne se soumettre à aucune contrainte
4745
onsister sa majesté (car il est absurde de parler
de
la majesté populaire) à ne se soumettre à aucune contrainte légale ex
4746
r, sans qu’il ait lui-même à courir aucun danger,
de
plusieurs milliers d’hommes qui se laissent sacrifier pour une cause
4747
même à courir aucun danger, de plusieurs milliers
d’
hommes qui se laissent sacrifier pour une cause qui ne les concerne pa
4748
cerne pas. Toute la différence entre les sauvages
de
l’Amérique et ceux de l’Europe, consiste en ce que les premiers ont d
4749
fférence entre les sauvages de l’Amérique et ceux
de
l’Europe, consiste en ce que les premiers ont déjà mangé maintes trib
4750
nce entre les sauvages de l’Amérique et ceux de l’
Europe
, consiste en ce que les premiers ont déjà mangé maintes tribus ennemi
4751
eur parti des vaincus ; ils préfèrent, plutôt que
de
les manger, augmenter le nombre de leurs sujets, et, par conséquent,
4752
nt, plutôt que de les manger, augmenter le nombre
de
leurs sujets, et, par conséquent, celui des instruments qu’ils destin
4753
s conquêtes. […] Quand on considère la méchanceté
de
la nature humaine, qui se montre à nu dans les libres relations des p
4754
mot droit n’ait pas encore été tout à fait banni
de
la politique de la guerre comme une expression pédante, et qu’aucun É
4755
pas encore été tout à fait banni de la politique
de
la guerre comme une expression pédante, et qu’aucun État ne se soit e
4756
re ingénument, pour « justifier » une déclaration
de
guerre, Hugo Grotius, Pufendorf, Vattel et d’autres encore (tristes c
4757
(tristes consolateurs), bien que leur code, conçu
de
manière philosophique ou diplomatique, n’ait ou ne puisse avoir la mo
4758
sseins. Cet hommage que chaque État rend à l’idée
de
droit (du moins en paroles) prouve cependant qu’il y a en l’homme une
4759
) est l’avantage que la nature donne au plus fort
de
se faire obéir par le plus faible. » […] La possibilité de réaliser
4760
e obéir par le plus faible. » […] La possibilité
de
réaliser (il s’agit de réalité objective) cette idée de fédération, q
4761
ble. » […] La possibilité de réaliser (il s’agit
de
réalité objective) cette idée de fédération, qui doit s’étendre progr
4762
liser (il s’agit de réalité objective) cette idée
de
fédération, qui doit s’étendre progressivement à tous les États, et l
4763
la paix perpétuelle), il y aurait ainsi un centre
d’
alliance fédérative à laquelle les autres États pourraient adhérer, af
4764
erté, conformément à l’idée du droit des gens, et
d’
étendre cette alliance peu à peu par d’autres associations de ce genre
4765
ette alliance peu à peu par d’autres associations
de
ce genre. L’idée du droit des gens, comprise comme un droit à la guer
4766
oprement inconcevable (puisque ce serait le droit
de
décider ce qui est juste non pas d’après des lois extérieures univers
4767
s universellement valables et limitant la liberté
de
chaque individu, mais par la force, selon des maximes particulières).
4768
force, selon des maximes particulières). À moins
d’
entendre par là qu’il est tout à fait juste que des hommes dans de sem
4769
à qu’il est tout à fait juste que des hommes dans
de
semblables dispositions se détruisent les uns les autres et trouvent
4770
tombeau qui recouvre avec eux toutes les horreurs
de
la violence. Aux yeux de la raison, il n’y a pas, pour des États entr
4771
des États entretenant des relations réciproques,
d’
autre moyen de sortir de l’absence de légalité, source de guerres décl
4772
retenant des relations réciproques, d’autre moyen
de
sortir de l’absence de légalité, source de guerres déclarées, que de
4773
es relations réciproques, d’autre moyen de sortir
de
l’absence de légalité, source de guerres déclarées, que de renoncer,
4774
réciproques, d’autre moyen de sortir de l’absence
de
légalité, source de guerres déclarées, que de renoncer, comme les ind
4775
moyen de sortir de l’absence de légalité, source
de
guerres déclarées, que de renoncer, comme les individus, à leur liber
4776
nce de légalité, source de guerres déclarées, que
de
renoncer, comme les individus, à leur liberté sauvage (anarchique), p
4777
r liberté sauvage (anarchique), pour s’accommoder
de
la contrainte publique des lois et former ainsi un « État des nations
4778
ment, qui s’étendrait à la fin à tous les peuples
de
la terre. Mais comme, d’après l’idée qu’ils se font du droit des gens
4779
t du droit des gens, ils ne veulent point du tout
de
ce moyen, et rejettent in hypothesi ce qui est juste in thesi, à défa
4780
i est juste in thesi, à défaut de l’idée positive
d’
une « république mondiale », il n’y a (si l’on ne veut pas tout perdre
4781
ne veut pas tout perdre) que l’ersatz « négatif »
d’
une « alliance » permanente, sans cesse élargie, qui puisse préserver
4782
manente, sans cesse élargie, qui puisse préserver
de
la guerre et contenir le torrent de ces dispositions hostiles et oppo
4783
sse préserver de la guerre et contenir le torrent
de
ces dispositions hostiles et opposées au droit ; pourtant, le danger
4784
stiles et opposées au droit ; pourtant, le danger
de
leur déchaînement subsiste. (Furor impius intus frémit horridus ore c
4785
leur et la vivacité des discussions que le projet
de
Kant provoqua en Allemagne s’expliquent par l’intérêt qu’avait déjà s
4786
dans l’élite prussienne la redécouverte des plans
de
Sully et de l’abbé de Saint-Pierre (grâce à l’édition des Œconomies r
4787
prussienne la redécouverte des plans de Sully et
de
l’abbé de Saint-Pierre (grâce à l’édition des Œconomies royales due à
4788
t à l’influence qu’exercèrent très vite les idées
de
Kant, elle est illustrée par la publication, cinq ans après La Paix é
4789
la publication, cinq ans après La Paix éternelle,
d’
un important essai de Gentz qui porte à peu près le même titre. Friedr
4790
ans après La Paix éternelle, d’un important essai
de
Gentz qui porte à peu près le même titre. Friedrich von Gentz (1764-1
4791
ministre du roi de Prusse, puis conseiller intime
de
la politique autrichienne, bras droit de Metternich et secrétaire du
4792
r intime de la politique autrichienne, bras droit
de
Metternich et secrétaire du congrès de Vienne, avait été dès sa jeune
4793
bras droit de Metternich et secrétaire du congrès
de
Vienne, avait été dès sa jeunesse un disciple de Kant, dont il partag
4794
de Vienne, avait été dès sa jeunesse un disciple
de
Kant, dont il partagea au début l’enthousiasme pour la Révolution. Ma
4795
ture des Reflections on the Revolution in France,
d’
Edmund Burke, qu’il traduisit un an après leur publication en 1790, le
4796
uctibles du jacobinisme. Ses vues sur le problème
européen
, dans chacun de ses ouvrages comme dans sa carrière politique, manife
4797
e. Ses vues sur le problème européen, dans chacun
de
ses ouvrages comme dans sa carrière politique, manifestent le même ba
4798
qu’inspirerait la raison pure au non qu’il déduit
de
son expérience politique, et, vers la fin de sa vie, d’une lassitude
4799
duit de son expérience politique, et, vers la fin
de
sa vie, d’une lassitude désenchantée. Cet homme que le tsar Alexandre
4800
expérience politique, et, vers la fin de sa vie,
d’
une lassitude désenchantée. Cet homme que le tsar Alexandre avait pu b
4801
e tsar Alexandre avait pu baptiser « le chevalier
de
l’Europe » et « le secrétaire général présomptif de l’Europe », finit
4802
r Alexandre avait pu baptiser « le chevalier de l’
Europe
» et « le secrétaire général présomptif de l’Europe », finit par écri
4803
l’Europe » et « le secrétaire général présomptif
de
l’Europe », finit par écrire en 1814 : « Ma politique devient tous le
4804
rope » et « le secrétaire général présomptif de l’
Europe
», finit par écrire en 1814 : « Ma politique devient tous les jours p
4805
égoïste et plus étroitement autrichienne. Le mot
d’
Europe m’est devenu objet d’horreur » ; ou encore : « … j’ai perdu tou
4806
goïste et plus étroitement autrichienne. Le mot d’
Europe
m’est devenu objet d’horreur » ; ou encore : « … j’ai perdu toute env
4807
autrichienne. Le mot d’Europe m’est devenu objet
d’
horreur » ; ou encore : « … j’ai perdu toute envie d’être un Européen.
4808
orreur » ; ou encore : « … j’ai perdu toute envie
d’
être un Européen. » Ce qui retient notre attention dans son essai de 1
4809
ou encore : « … j’ai perdu toute envie d’être un
Européen
. » Ce qui retient notre attention dans son essai de 1800 intitulé Übe
4810
. » Ce qui retient notre attention dans son essai
de
1800 intitulé Über den ewigen Frieden, c’est la critique lucide (quoi
4811
ue exagérément pessimiste) des diverses doctrines
européennes
proclamées par l’absolutisme et la Révolution, ou par l’abbé de Saint
4812
enfin la fédération des États soit par un système
d’
arbitrage, soit par des liens constitutionnels. Gentz repousse avec fo
4813
stitutionnels. Gentz repousse avec force l’utopie
de
la République universelle et unitaire des jacobins, qui n’est autre q
4814
u’une version renouvelée du vieux mythe effrayant
de
la Monarchie universelle : « L’Europe soumise à un seul gouvernement
4815
mythe effrayant de la Monarchie universelle : « L’
Europe
soumise à un seul gouvernement — cette seule image suffit presque à f
4816
faut faire quelque chose pour prévenir le retour
de
guerres intestines qui ruinent l’Europe, cette « vingtième partie des
4817
nir le retour de guerres intestines qui ruinent l’
Europe
, cette « vingtième partie des terres fermes de la planète » qui n’a d
4818
urope, cette « vingtième partie des terres fermes
de
la planète » qui n’a dû qu’à sa culture de dominer le monde. Cette hé
4819
fermes de la planète » qui n’a dû qu’à sa culture
de
dominer le monde. Cette hégémonie durera-t-elle ? L’Amérique ne va-t-
4820
ient de proposer l’année même : la transformation
de
nos États en autarcies commerciales, politiques et culturelles (voir
4821
ceptique que Gentz consacre la partie essentielle
de
son essai : Le troisième moyen d’assurer ou de préparer la paix éter
4822
ie essentielle de son essai : Le troisième moyen
d’
assurer ou de préparer la paix éternelle serait d’instaurer une libre
4823
e de son essai : Le troisième moyen d’assurer ou
de
préparer la paix éternelle serait d’instaurer une libre fédération ou
4824
d’assurer ou de préparer la paix éternelle serait
d’
instaurer une libre fédération ou d’élaborer dans ses moindres détails
4825
rnelle serait d’instaurer une libre fédération ou
d’
élaborer dans ses moindres détails une constitution fédérale entre les
4826
insi, les États fédérés se réserveraient le droit
de
nommer, en cas de litige, un ou plusieurs arbitres ; ou bien ils adop
4827
dérés se réserveraient le droit de nommer, en cas
de
litige, un ou plusieurs arbitres ; ou bien ils adopteraient le princi
4828
ue la nécessité s’en ferait sentir, aux décisions
de
la majorité ; et enfin un congrès permanent serait institué, chargé d
4829
nfin un congrès permanent serait institué, chargé
de
régler toutes les affaires communes des États confédérés, de mener à
4830
outes les affaires communes des États confédérés,
de
mener à terme tous leurs procès et de mettre fin, en dernière instanc
4831
confédérés, de mener à terme tous leurs procès et
de
mettre fin, en dernière instance, à tous les contentieux. Suit une c
4832
criraient jamais à une constitution les empêchant
d’
être injustes quand il leur plaît ; s’il était vrai, comme il le préte
4833
nous ne devrions pas laisser s’évanouir l’espoir
de
la voir se réaliser. Il s’est trouvé plus d’un moment dans l’histoire
4834
poir de la voir se réaliser. Il s’est trouvé plus
d’
un moment dans l’histoire récente de l’Europe, où tous les gouvernemen
4835
t trouvé plus d’un moment dans l’histoire récente
de
l’Europe, où tous les gouvernements eussent préféré avec empressement
4836
uvé plus d’un moment dans l’histoire récente de l’
Europe
, où tous les gouvernements eussent préféré avec empressement la sécur
4837
nts eussent préféré avec empressement la sécurité
d’
une paix durable au succès incertain des guerres ; un tel moment peut
4838
etrouver et tout ce qui, parmi les hommes, dépend
d’
une décision instantanée, est possible et pratiquement réalisable. La
4839
e. La difficulté, ou même la totale impossibilité
de
ce projet, réside moins dans la création de la fédération que dans le
4840
ilité de ce projet, réside moins dans la création
de
la fédération que dans les conditions mêmes de sa durée. Un libre con
4841
on de la fédération que dans les conditions mêmes
de
sa durée. Un libre contrat conclu entre les États n’entrera en consid
4842
s ne possède à la fois la volonté et la puissance
de
le rompre ; ou, en d’autres termes, que si la paix, que ce contrat de
4843
urer sans lui. C’est donc à un retour au système
de
l’« équilibre européen » que conclut Gentz, annonçant ainsi la politi
4844
’est donc à un retour au système de l’« équilibre
européen
» que conclut Gentz, annonçant ainsi la politique de la Sainte-Allian
4845
» que conclut Gentz, annonçant ainsi la politique
de
la Sainte-Alliance dont il sera l’un des grands artisans : Le but de
4846
e dont il sera l’un des grands artisans : Le but
de
ce système n’a jamais été, comme on l’en a accusé à tort, de rendre t
4847
me n’a jamais été, comme on l’en a accusé à tort,
de
rendre tous les États également puissants, mais bien, autant que poss
4848
lement puissants, mais bien, autant que possible,
de
protéger les plus faibles, en les alliant avec les plus forts, contre
4849
liant avec les plus forts, contre les entreprises
d’
un État prépondérant. On se proposait d’organiser cette manière de con
4850
treprises d’un État prépondérant. On se proposait
d’
organiser cette manière de constitution fédérale, qui s’est naturellem
4851
dérant. On se proposait d’organiser cette manière
de
constitution fédérale, qui s’est naturellement créée en Europe, de te
4852
tution fédérale, qui s’est naturellement créée en
Europe
, de telle sorte que chaque poids dans la grande masse politique eût q
4853
édérale, qui s’est naturellement créée en Europe,
de
telle sorte que chaque poids dans la grande masse politique eût quelq
4854
ait, chaque fois qu’il le fallait, à la tentation
de
la guerre les grandes difficultés que celle-ci soulève ; ou on cherch
4855
ner, par la peur ou l’intérêt, ce qu’en l’absence
de
toute autorité supérieure, ni la loi ni la moralité n’étaient capable
4856
eure, ni la loi ni la moralité n’étaient capables
de
réprimer. On voulait, en un mot, obtenir par des pactes séparés ce qu
4857
, obtenir par des pactes séparés ce que le projet
de
Saint-Pierre promettait de réaliser par un pacte général. Quant à la
4858
parés ce que le projet de Saint-Pierre promettait
de
réaliser par un pacte général. Quant à la quatrième possibilité, cel
4859
général. Quant à la quatrième possibilité, celle
d’
une Constitution fédérale, c’est hélas — dit Gentz — « une éternelle c
4860
», car : 1. Elle devrait, pour réaliser l’idéal
de
la paix éternelle, pouvoir régir la terre entière. Un système fédérat
4861
u monde, n’offrirait en aucune façon une garantie
de
paix suffisante. L’état de nature, qui règne entre les différents pay
4862
ys, ne cessera véritablement sur toute la surface
de
la Terre que le jour où tous les États pourront s’unir en un seul ; c
4863
en aucune condition, pour un nombre considérable
de
pays et surtout de grands pays. Une association de petits États, que
4864
n, pour un nombre considérable de pays et surtout
de
grands pays. Une association de petits États, que relie entre eux un
4865
e pays et surtout de grands pays. Une association
de
petits États, que relie entre eux un intérêt commun, peut certes vivr
4866
ut certes vivre et se développer, si on l’a dotée
d’
une constitution de ce genre145. Mais s’il fallait appliquer le systèm
4867
se développer, si on l’a dotée d’une constitution
de
ce genre145. Mais s’il fallait appliquer le système fédératif à de gr
4868
ais s’il fallait appliquer le système fédératif à
de
grands États, s’il fallait transformer l’Europe en une véritable répu
4869
tif à de grands États, s’il fallait transformer l’
Europe
en une véritable république fédérative — non pas d’après le plan insu
4870
fédérative — non pas d’après le plan insuffisant
de
Saint-Pierre, mais dans le sens indiqué ici et seul valable — il conv
4871
ens indiqué ici et seul valable — il conviendrait
d’
investir le Sénat suprême de cette immense république d’une autorité q
4872
ble — il conviendrait d’investir le Sénat suprême
de
cette immense république d’une autorité qui ne souffrît aucune compar
4873
stir le Sénat suprême de cette immense république
d’
une autorité qui ne souffrît aucune comparaison avec celle de chacun d
4874
ité qui ne souffrît aucune comparaison avec celle
de
chacun des États membres ; ce qui, une fois de plus, est absolument i
4875
ner, dans un immense État fédératif comme seule l’
Europe
pourrait en former un, une autorité assez grande pour imposer aux int
4876
t purement idéal du projet. Car il est impossible
d’
admettre que chaque État puisse se soumettre de plein gré aux jugement
4877
at puisse se soumettre de plein gré aux jugements
de
la Haute Cour de la fédération. À l’intérieur des États il faut souve
4878
ettre de plein gré aux jugements de la Haute Cour
de
la fédération. À l’intérieur des États il faut souvent avoir recours
4879
eut-être plus souvent encore que dans les litiges
d’
ordre privé, la bonne exécution des décisions du Tribunal devrait être
4880
res coercitives contre un État ne signifient rien
d’
autre que la guerre ; par conséquent, la guerre reste inévitable, même
4881
guerre reste inévitable, même si la Constitution
européenne
venait à voir le jour. La guerre reste donc inévitable, et comme la
4882
névitable, et comme la Révolution française vient
d’
aggraver ses conditions — ici Gentz reprend la critique de Burke et de
4883
er ses conditions — ici Gentz reprend la critique
de
Burke et de Bonald — tout ce que l’on est en droit d’espérer et de pr
4884
tions — ici Gentz reprend la critique de Burke et
de
Bonald — tout ce que l’on est en droit d’espérer et de préparer, c’es
4885
urke et de Bonald — tout ce que l’on est en droit
d’
espérer et de préparer, c’est un système d’équilibre qui « limite le m
4886
nald — tout ce que l’on est en droit d’espérer et
de
préparer, c’est un système d’équilibre qui « limite le mal » : Les h
4887
droit d’espérer et de préparer, c’est un système
d’
équilibre qui « limite le mal » : Les hommes de la Révolution croyaie
4888
e d’équilibre qui « limite le mal » : Les hommes
de
la Révolution croyaient unir tous les peuples de la terre en une gran
4889
de la Révolution croyaient unir tous les peuples
de
la terre en une grande fédération cosmopolite, et ils n’ont réussi qu
4890
. À l’époque où éclata la Révolution française, l’
Europe
avait vraiment déjà fait quelques pas importants dans l’élaboration d
4891
à fait quelques pas importants dans l’élaboration
d’
une constitution pacifique de droit international. Le pas le plus impo
4892
s dans l’élaboration d’une constitution pacifique
de
droit international. Le pas le plus important de tous était sans cont
4893
de droit international. Le pas le plus important
de
tous était sans contredit la découverte des vrais principes de l’écon
4894
sans contredit la découverte des vrais principes
de
l’économie politique. Une conception éclairée, libérale et bienfaisan
4895
système selon lequel la grandeur et le bien-être
de
l’État reposent sur la guerre et les conquêtes. Les gouvernements app
4896
rnements apprenaient peu à peu que la source même
de
leur puissance, qu’ils avaient cherchée bien loin de leur patrie, gis
4897
el État, contribuaient plus ou moins au bien-être
de
tous. Même la nation la plus riche retire de plus grands avantages de
4898
ion la plus riche retire de plus grands avantages
de
l’opulence que de la pauvreté de ses voisins et de toutes les autres
4899
retire de plus grands avantages de l’opulence que
de
la pauvreté de ses voisins et de toutes les autres nations. Quant aux
4900
grands avantages de l’opulence que de la pauvreté
de
ses voisins et de toutes les autres nations. Quant aux ravages causés
4901
e l’opulence que de la pauvreté de ses voisins et
de
toutes les autres nations. Quant aux ravages causés par la guerre, qu
4902
es semblaient bien avoir trouvé le chemin de plus
d’
un trône. Ainsi paraissait s’ouvrir en Europe, partout à la fois, une
4903
de plus d’un trône. Ainsi paraissait s’ouvrir en
Europe
, partout à la fois, une ère nouvelle de sagesse, d’humanité et de pai
4904
ir en Europe, partout à la fois, une ère nouvelle
de
sagesse, d’humanité et de paix. Cette terrible Révolution a fini par
4905
, partout à la fois, une ère nouvelle de sagesse,
d’
humanité et de paix. Cette terrible Révolution a fini par contaminer l
4906
fois, une ère nouvelle de sagesse, d’humanité et
de
paix. Cette terrible Révolution a fini par contaminer la vie politiqu
4907
Révolution a fini par contaminer la vie politique
de
l’Europe entière, car elle ne trouvait plus à l’intérieur de la Franc
4908
ution a fini par contaminer la vie politique de l’
Europe
entière, car elle ne trouvait plus à l’intérieur de la France de quoi
4909
elle ne trouvait plus à l’intérieur de la France
de
quoi satisfaire sa grande puissance destructrice. Son résultat final
4910
uissance destructrice. Son résultat final dépasse
de
loin toutes les évaluations des hommes. Mais actuellement une seule c
4911
ellement une seule certitude a été acquise : loin
d’
avoir affermi la paix sur la terre, elle s’est mise au service de la g
4912
la paix sur la terre, elle s’est mise au service
de
la guerre, lui fournissant maintes occasions d’éclater et maints moye
4913
e de la guerre, lui fournissant maintes occasions
d’
éclater et maints moyens de se développer, disposant même les esprits
4914
sant maintes occasions d’éclater et maints moyens
de
se développer, disposant même les esprits en sa faveur. Certes, des é
4915
eversement des guerres, une nouvelle Constitution
de
droit international peut naître et se développer plus rapidement qu’o
4916
se développer plus rapidement qu’on est en droit
de
l’espérer. Un ordre des choses plus pacifique, fondé sur de meilleurs
4917
er. Un ordre des choses plus pacifique, fondé sur
de
meilleurs principes, s’établirait alors de façon tout à fait inattend
4918
dé sur de meilleurs principes, s’établirait alors
de
façon tout à fait inattendue pour la plus grande joie de l’humanité.
4919
n tout à fait inattendue pour la plus grande joie
de
l’humanité. Mais ce sont là de ces bienfaits de la Fortune, sur lesqu
4920
a plus grande joie de l’humanité. Mais ce sont là
de
ces bienfaits de la Fortune, sur lesquels personne ne peut compter, s
4921
e de l’humanité. Mais ce sont là de ces bienfaits
de
la Fortune, sur lesquels personne ne peut compter, surtout pas lorsqu
4922
nne ne peut compter, surtout pas lorsqu’il s’agit
d’
édifier l’avenir. Dans l’état actuel des choses, une seule vérité subs
4923
non seulement la paix, mais la simple possibilité
de
la paix est très éloignée de nous ; la guerre est notre destin sur te
4924
a simple possibilité de la paix est très éloignée
de
nous ; la guerre est notre destin sur terre, et si des changements et
4925
assez souvent cette vérité dans les antichambres
de
la politique, pour que diplomates et politiciens se rendent compte de
4926
r que diplomates et politiciens se rendent compte
de
la lourde tâche et de la grande vocation qui est désormais la leur ;
4927
liticiens se rendent compte de la lourde tâche et
de
la grande vocation qui est désormais la leur ; et qu’ils redoublent d
4928
qui est désormais la leur ; et qu’ils redoublent
de
volonté, de courage et de force pour trouver enfin la voie du salut o
4929
ormais la leur ; et qu’ils redoublent de volonté,
de
courage et de force pour trouver enfin la voie du salut ou, du moins,
4930
; et qu’ils redoublent de volonté, de courage et
de
force pour trouver enfin la voie du salut ou, du moins, une limite au
4931
, écrivain politique abondant et brillant orateur
de
la Chambre des communes, fut à la fois le premier défenseur des droit
4932
ur des droits américains et le premier adversaire
de
l’idéologie jacobine. Héritier de Montesquieu, maître de Gentz, il no
4933
mier adversaire de l’idéologie jacobine. Héritier
de
Montesquieu, maître de Gentz, il nous apparaît comme le précurseur de
4934
carme qu’entretiennent les clameurs enthousiastes
de
la gauche et les anathèmes de la droite, sa voix s’élève de nouveau a
4935
meurs enthousiastes de la gauche et les anathèmes
de
la droite, sa voix s’élève de nouveau au xxe siècle, en Angleterre e
4936
tats-Unis, où le « néo-conservatisme » s’autorise
de
la pondération et du sens réaliste qu’il défendit avec tant de violen
4937
réaliste qu’il défendit avec tant de violence et
de
généreux paradoxes. Contrairement à Kant, il croit la guerre inévita
4938
viniser comme J. de Maistre : il se fait l’avocat
d’
un équilibre difficile, précieux et toujours menacé, entre l’idéal chr
4939
les réalités nationales, entre la communauté des
Européens
et les prétentions des Puissances. Dans ses Reflections on the Revolu
4940
e Revolution in France (1790), il définit ainsi l’
Europe
: … nos Nations, notre civilisation, et toutes les autres valeurs qu
4941
aux unes ou à l’autre, découlent dans notre monde
européen
de deux principes : … de l’esprit chevaleresque (spirit of gentleman)
4942
ou à l’autre, découlent dans notre monde européen
de
deux principes : … de l’esprit chevaleresque (spirit of gentleman) et
4943
t dans notre monde européen de deux principes : …
de
l’esprit chevaleresque (spirit of gentleman) et de l’esprit religieux
4944
e l’esprit chevaleresque (spirit of gentleman) et
de
l’esprit religieux. Mais les temps de la chevalerie sont révolus ; v
4945
tleman) et de l’esprit religieux. Mais les temps
de
la chevalerie sont révolus ; voici venu le temps de la « barbarie phi
4946
la chevalerie sont révolus ; voici venu le temps
de
la « barbarie philosophique », des économistes et des cyniques. « La
4947
e », des économistes et des cyniques. « La gloire
de
l’Europe est éteinte. » Voici, tirée de ses quatre Letters on the Pro
4948
des économistes et des cyniques. « La gloire de l’
Europe
est éteinte. » Voici, tirée de ses quatre Letters on the Proposal for
4949
La gloire de l’Europe est éteinte. » Voici, tirée
de
ses quatre Letters on the Proposal for peace with the regicide Direct
4950
rectory of France (1796) sa description classique
de
l’unité européenne : La conformité et l’analogie dont j’ai parlé, qu
4951
France (1796) sa description classique de l’unité
européenne
: La conformité et l’analogie dont j’ai parlé, quoique incapables de
4952
et l’analogie dont j’ai parlé, quoique incapables
de
préserver à elles seules une parfaite confiance et tranquillité parmi
4953
utres que ne l’ont été plus tard bien des nations
de
l’Europe, au cours de guerres longues et sanglantes. La cause doit en
4954
que ne l’ont été plus tard bien des nations de l’
Europe
, au cours de guerres longues et sanglantes. La cause doit en être che
4955
lois et des mœurs qu’on observe à travers toute l’
Europe
: au fond, elles sont toutes pareilles. Ceux qui ont écrit sur le dro
4956
nt écrit sur le droit public ont souvent qualifié
de
Commonwealth cet agrégat de nations. Ils avaient raison. Car il repré
4957
ont souvent qualifié de Commonwealth cet agrégat
de
nations. Ils avaient raison. Car il représente virtuellement un seul
4958
llement un seul grand État, ayant les mêmes bases
de
droit, malgré quelques diversités de coutumes régionales et d’ordonna
4959
mêmes bases de droit, malgré quelques diversités
de
coutumes régionales et d’ordonnances locales. Les nations de l’Europe
4960
gré quelques diversités de coutumes régionales et
d’
ordonnances locales. Les nations de l’Europe ont eu la même religion c
4961
régionales et d’ordonnances locales. Les nations
de
l’Europe ont eu la même religion chrétienne, s’accordant quant aux fo
4962
onales et d’ordonnances locales. Les nations de l’
Europe
ont eu la même religion chrétienne, s’accordant quant aux fondements,
4963
s subordonnées. Le régime politique et l’économie
de
chaque pays, dans leur ensemble, dérivaient des mêmes sources. Ils av
4964
, qui en avait fait un système et une discipline.
De
là naquirent les ordres multiples, avec ou sans monarque, qu’on nomme
4965
ns monarque, qu’on nomme états dans tous les pays
européens
, et dont les traces bien marquées ne furent jamais totalement abolies
4966
trées qui avaient rejeté cette dernière, l’esprit
de
la monarchie européenne subsistait. On y trouvait encore les états, c
4967
t rejeté cette dernière, l’esprit de la monarchie
européenne
subsistait. On y trouvait encore les états, c’est-à-dire les classes,
4968
à peine changés. En fait, la vigueur et la forme
de
l’institution des états se maintenaient plus parfaitement dans ces co
4969
ommunautés républicaines que sous les monarchies.
De
toutes ces sources s’était composé un système de mœurs et d’éducation
4970
De toutes ces sources s’était composé un système
de
mœurs et d’éducation qui était à peu près le même dans toute cette ré
4971
es sources s’était composé un système de mœurs et
d’
éducation qui était à peu près le même dans toute cette région du Glob
4972
qui estompait, mêlait et harmonisait les couleurs
de
l’ensemble. Il y avait peu de variations dans le régime des universit
4973
iences, ou des formes plus libérales et élégantes
de
l’érudition. Cette ressemblance dans le mode des relations et dans to
4974
s relations et dans toutes les formes et coutumes
de
la vie courante faisait que nul citoyen de l’Europe ne pouvait se reg
4975
utumes de la vie courante faisait que nul citoyen
de
l’Europe ne pouvait se regarder comme un exilé dans aucun de nos pays
4976
s de la vie courante faisait que nul citoyen de l’
Europe
ne pouvait se regarder comme un exilé dans aucun de nos pays. Il n’y
4977
ne pouvait se regarder comme un exilé dans aucun
de
nos pays. Il n’y trouvait rien d’autre qu’une plaisante variété, récr
4978
xilé dans aucun de nos pays. Il n’y trouvait rien
d’
autre qu’une plaisante variété, récréant et instruisant l’esprit, enri
4979
. Car, selon Burke, « les principes et les formes
de
l’antique constitution commune des États européens, améliorés et adap
4980
ormes de l’antique constitution commune des États
européens
, améliorés et adaptés à la situation présente de l’Europe, ne se trou
4981
ens, améliorés et adaptés à la situation présente
de
l’Europe, ne se trouvent plus conservés qu’en Angleterre »147. Mais d
4982
améliorés et adaptés à la situation présente de l’
Europe
, ne se trouvent plus conservés qu’en Angleterre »147. Mais de fait, l
4983
ouvent plus conservés qu’en Angleterre »147. Mais
de
fait, l’Angleterre va devenir l’ennemie du continent conquis par les
4984
enir l’ennemie du continent conquis par les idées
de
la Révolution ; et la politique « d’équilibre des Puissances », telle
4985
ar les idées de la Révolution ; et la politique «
d’
équilibre des Puissances », telle que la Sainte-Alliance pourra la réa
4986
iformatori italiani, Florence, 1943 ; C. Curcio :
Europa
, Storia di un’idea, Vallecchi, Firenze, 1958, et A. Saitta : Dalla Re
4987
p. 67-113. 145. « Dans ce domaine, les exemples
de
réussite ont démontré que seule une fédération, dont l’ensemble des é
4988
’ensemble des états membres ne compose qu’un pays
de
petite ou de moyenne dimension, a des chances de se maintenir. Par de
4989
états membres ne compose qu’un pays de petite ou
de
moyenne dimension, a des chances de se maintenir. Par deux fois, l’es
4990
de petite ou de moyenne dimension, a des chances
de
se maintenir. Par deux fois, l’essai a été tenté en des régions très
4991
dues : en Allemagne et en Amérique du Nord. L’une
de
ces tentatives a eu l’issue que l’on sait, l’avenir seul permettra de
4992
eu l’issue que l’on sait, l’avenir seul permettra
de
porter un jugement sur l’autre. Mais si des circonstances tout à fait
4993
à fait exceptionnelles ne préservent pas l’unité
de
l’état indépendant d’Amérique du Nord, celle-ci aura beaucoup de pein
4994
s ne préservent pas l’unité de l’état indépendant
d’
Amérique du Nord, celle-ci aura beaucoup de peine à subsister, ne sera
4995
ine à subsister, ne serait-ce qu’une cinquantaine
d’
années. » 146. Edmund Burke Selected Works, éd. E. J. Payne, Clarendo
4996
ux grandes figures isolées, qui avaient su voir l’
Europe
sur l’arrière-plan du Monde : Leibniz, Vico. Puis il y eut le siècle
4997
cle français par excellence, celui du rayonnement
européen
de la France, de Montesquieu à Condorcet, par Voltaire le cosmopolite
4998
ais par excellence, celui du rayonnement européen
de
la France, de Montesquieu à Condorcet, par Voltaire le cosmopolite et
4999
ence, celui du rayonnement européen de la France,
de
Montesquieu à Condorcet, par Voltaire le cosmopolite et Rousseau le f
5000
xixe siècles en prenant pour axe la Révolution.
De
Wieland à Schelling, de Herder à Hegel, en passant par un Kant ou par
5001
t pour axe la Révolution. De Wieland à Schelling,
de
Herder à Hegel, en passant par un Kant ou par un Goethe, l’Allemagne
5002
Kant ou par un Goethe, l’Allemagne a pris la tête
d’
une révolution intellectuelle et poétique qui évolue en marge de l’aut
5003
contre elle, et la débordera largement : théories
de
l’Histoire, systèmes métaphysiques, romantisme, inconscient, dialecti
5004
romantisme, inconscient, dialectique — naissance
de
la pensée moderne. Groupons ici quatre écrivains et philosophes qui,
5005
ce grand renouvellement des valeurs dont la chute
de
Napoléon, après leur mort, semblera déclencher le processus européen.
5006
après leur mort, semblera déclencher le processus
européen
. Johann Christoph Friedrich von Schiller (1759-1805) lorsqu’il écrit
5007
Schiller (1759-1805) lorsqu’il écrit son Histoire
de
la guerre de Trente Ans (dès 1790) vient enfin de s’établir à Weimar.
5008
9-1805) lorsqu’il écrit son Histoire de la guerre
de
Trente Ans (dès 1790) vient enfin de s’établir à Weimar. Son « Sturm
5009
de la guerre de Trente Ans (dès 1790) vient enfin
de
s’établir à Weimar. Son « Sturm und Drang » est terminé et l’auteur d
5010
et l’auteur des Brigands professe à l’Université
d’
Iéna ! C’est alors qu’il reçoit de la Convention le titre de citoyen f
5011
à l’Université d’Iéna ! C’est alors qu’il reçoit
de
la Convention le titre de citoyen français : et certes, son cœur et s
5012
’est alors qu’il reçoit de la Convention le titre
de
citoyen français : et certes, son cœur et son tempérament sont avec l
5013
sing, comme Herder et Kant, et comme les orateurs
de
la Révolution, Schiller s’inspire de Rousseau : et c’est parce qu’il
5014
les orateurs de la Révolution, Schiller s’inspire
de
Rousseau : et c’est parce qu’il a lu l’Extrait du système de l’abbé d
5015
: et c’est parce qu’il a lu l’Extrait du système
de
l’abbé de Saint-Pierre qu’il écrit cette strophe illustre chantée par
5016
rit cette strophe illustre chantée par les chœurs
de
Beethoven : Seid umschlungen, Millionen, Diesen Kuss der ganzen Welt
5017
wohnen.148 Mais il ne partage pas les illusions
d’
un Cloots sur l’unité de style néo-romain qu’il faudrait imposer à tou
5018
partage pas les illusions d’un Cloots sur l’unité
de
style néo-romain qu’il faudrait imposer à toute l’humanité. Sa concep
5019
audrait imposer à toute l’humanité. Sa conception
de
l’Europe est en effet bien plus fédéraliste que jacobine. C’est aux l
5020
it imposer à toute l’humanité. Sa conception de l’
Europe
est en effet bien plus fédéraliste que jacobine. C’est aux liens supr
5021
la Réformation qu’il attribue l’origine véritable
de
la Communauté des peuples européens. Le contraste est total avec les
5022
l’origine véritable de la Communauté des peuples
européens
. Le contraste est total avec les conceptions des Schlegel, Novalis et
5023
tions des Schlegel, Novalis et Görres, ses cadets
d’
une quinzaine d’années — qui bientôt accuseront la Réforme d’avoir bri
5024
el, Novalis et Görres, ses cadets d’une quinzaine
d’
années — qui bientôt accuseront la Réforme d’avoir brisé l’antique uni
5025
aine d’années — qui bientôt accuseront la Réforme
d’
avoir brisé l’antique union et marqué le commencement de la fin d’une
5026
r brisé l’antique union et marqué le commencement
de
la fin d’une Europe germano-catholique, utopie nostalgique du romanti
5027
antique union et marqué le commencement de la fin
d’
une Europe germano-catholique, utopie nostalgique du romantisme allema
5028
e union et marqué le commencement de la fin d’une
Europe
germano-catholique, utopie nostalgique du romantisme allemand. Dès la
5029
gique du romantisme allemand. Dès la seconde page
de
l’Histoire de la guerre de Trente Ans, il expose sa thèse à grands tr
5030
tisme allemand. Dès la seconde page de l’Histoire
de
la guerre de Trente Ans, il expose sa thèse à grands traits : C’est
5031
d. Dès la seconde page de l’Histoire de la guerre
de
Trente Ans, il expose sa thèse à grands traits : C’est la Réformatio
5032
e Danemark et la Suède, dans le système des États
européens
, parce que la confédération des États protestants se trouva renforcée
5033
ncèrent, grâce à la Réformation, à avoir un point
de
contact et à se rapprocher les uns des autres, mus par une sympathie
5034
ie politique réciproque. De même que les rapports
de
citoyen à citoyen, de souverain à sujet furent complètement transform
5035
e. De même que les rapports de citoyen à citoyen,
de
souverain à sujet furent complètement transformés par la Réformation,
5036
choses, la séparation des Églises devint la cause
d’
une union plus étroite entre les États. Il est vrai que les premiers e
5037
ata, dévastatrice, et qui dura trente ans… Mais l’
Europe
réchappa, insoumise et indépendante, de cette terrible guerre, pendan
5038
ais l’Europe réchappa, insoumise et indépendante,
de
cette terrible guerre, pendant laquelle elle s’affirma pour la premiè
5039
ffirma pour la première fois comme une communauté
d’
États cohérente ; et cette collaboration étroite entre États, qui s’in
5040
raintes dissipées. Au IIe Livre, Schiller évoque
d’
une manière plus précise la nature des liens tissés par la Réforme ent
5041
, des mœurs, des caractères nationaux, qui a fait
de
chaque pays et nation un « tout » isolé, élevant entre eux des cloiso
5042
s, a rendu chaque État insensible aux difficultés
d’
un autre, quand elle ne les a pas dressés les uns contre les autres pa
5043
pas dressés les uns contre les autres par le fait
d’
une rivalité impitoyable de nation à nation. La Réformation abattit ce
5044
les autres par le fait d’une rivalité impitoyable
de
nation à nation. La Réformation abattit ces cloisons. Un intérêt plus
5045
us immédiat que l’intérêt national ou que l’amour
de
la patrie, sans rapport aucun avec la vie civique, commença à animer
5046
t même des États entiers. Cet intérêt fut capable
de
lier entre eux plusieurs États, même les plus éloignés les uns des au
5047
en pouvait fort bien disparaître entre les sujets
d’
un même État. Le calviniste français avait donc avec le réformé genevo
5048
enevois, anglais, allemand ou hollandais un point
de
contact qu’il n’avait plus avec son propre concitoyen catholique. Ain
5049
olique. Ainsi il cessait, sur un point important,
d’
être le citoyen d’un État particulier et d’accorder à cet unique État
5050
essait, sur un point important, d’être le citoyen
d’
un État particulier et d’accorder à cet unique État toute son attentio
5051
rtant, d’être le citoyen d’un État particulier et
d’
accorder à cet unique État toute son attention et sa collaboration. So
5052
commence à faire dépendre son propre destin futur
de
celui des pays étrangers qui ont la même foi que lui et à considérer
5053
ur la première fois des gouvernants se permettent
de
soumettre à l’assemblée de leurs États des questions provenant de pay
5054
vernants se permettent de soumettre à l’assemblée
de
leurs États des questions provenant de pays étrangers, sachant très b
5055
’assemblée de leurs États des questions provenant
de
pays étrangers, sachant très bien qu’ils peuvent espérer trouver des
5056
le maltraite et passe en l’autre camp, acceptant
de
mourir pour la liberté de la Hollande. On voit maintenant, sur les ri
5057
l’autre camp, acceptant de mourir pour la liberté
de
la Hollande. On voit maintenant, sur les rives de la Loire et de la S
5058
de la Hollande. On voit maintenant, sur les rives
de
la Loire et de la Seine, le Suisse se battre contre le Suisse, l’Alle
5059
On voit maintenant, sur les rives de la Loire et
de
la Seine, le Suisse se battre contre le Suisse, l’Allemand contre l’A
5060
d contre l’Allemand, afin de trancher la question
de
la succession du trône en France. Le Danois passe l’Eider, le Suédois
5061
eurs l’un des premiers à mettre en valeur l’unité
de
mœurs et la similitude des institutions dans l’Europe médiévale, en d
5062
de mœurs et la similitude des institutions dans l’
Europe
médiévale, en dépit de l’absence de relations régulières et d’échange
5063
ns dans l’Europe médiévale, en dépit de l’absence
de
relations régulières et d’échanges entre nos divers peuples. Dans un
5064
en dépit de l’absence de relations régulières et
d’
échanges entre nos divers peuples. Dans un fragment sur les Croisades
5065
ivers peuples. Dans un fragment sur les Croisades
de
son Universalhistorische Uebersicht, on lit : L’Occident européen, q
5066
ersalhistorische Uebersicht, on lit : L’Occident
européen
, quel que soit le nombre des États qui le composent, présente au xie
5067
aient issues, qui se trouvaient, lors de la prise
de
possession du pays, à peu près dans la même situation, l’Occident aur
5068
cle très varié, ce qui aurait eu pour conséquence
de
faire apparaître, par la suite, d’importantes différences entre ces n
5069
ur conséquence de faire apparaître, par la suite,
d’
importantes différences entre ces nations. Mais la même rage dévastatr
5070
lture ; elles foulèrent aux pieds et détruisirent
de
la même façon tout ce qui s’offrait à elles, transformant ces pays de
5071
t ce qui s’offrait à elles, transformant ces pays
de
telle manière que l’État nouveau dans lequel ils se trouvèrent n’eut
5072
édiats, la situation géographique furent la cause
de
différences sensibles, que, d’autre part, les vestiges laissés par la
5073
bes cultivés dans les pays du Sud-Ouest, le siège
de
la hiérarchie en Italie et le commerce actif de ce même pays avec les
5074
e de la hiérarchie en Italie et le commerce actif
de
ce même pays avec les Grecs n’aient pas pu rester sans conséquences p
5075
as pu rester sans conséquences pour les habitants
de
toutes ces contrées, il faut tout de même reconnaître que toutes ces
5076
es, trop peu marquées pour effacer ou transformer
de
façon visible la forte empreinte générique que ces nations avaient ap
5077
l’historien constate, en général, aux extrémités
de
l’Europe, en Sicile, en Grande-Bretagne, sur les bords du Danube et d
5078
storien constate, en général, aux extrémités de l’
Europe
, en Sicile, en Grande-Bretagne, sur les bords du Danube et de l’Eider
5079
e, en Grande-Bretagne, sur les bords du Danube et
de
l’Eider, sur ceux de l’Elbe et de l’Ebre, une similitude de constitut
5080
, sur les bords du Danube et de l’Eider, sur ceux
de
l’Elbe et de l’Ebre, une similitude de constitutions et de mœurs qui
5081
ds du Danube et de l’Eider, sur ceux de l’Elbe et
de
l’Ebre, une similitude de constitutions et de mœurs qui le remplit d’
5082
, sur ceux de l’Elbe et de l’Ebre, une similitude
de
constitutions et de mœurs qui le remplit d’autant plus d’admiration q
5083
et de l’Ebre, une similitude de constitutions et
de
mœurs qui le remplit d’autant plus d’admiration qu’elle s’accompagne
5084
itude de constitutions et de mœurs qui le remplit
d’
autant plus d’admiration qu’elle s’accompagne d’une très grande indépe
5085
itutions et de mœurs qui le remplit d’autant plus
d’
admiration qu’elle s’accompagne d’une très grande indépendance et d’un
5086
t d’autant plus d’admiration qu’elle s’accompagne
d’
une très grande indépendance et d’une absence presque complète de rela
5087
le s’accompagne d’une très grande indépendance et
d’
une absence presque complète de relations réciproques. Si nombreux soi
5088
de indépendance et d’une absence presque complète
de
relations réciproques. Si nombreux soient les siècles qui ont passé s
5089
de nouvelles situations, par suite du changement
de
religion et de langue, de l’acquisition de nouveaux arts, de nouveaux
5090
ituations, par suite du changement de religion et
de
langue, de l’acquisition de nouveaux arts, de nouveaux objets d’envie
5091
par suite du changement de religion et de langue,
de
l’acquisition de nouveaux arts, de nouveaux objets d’envie, de nouvel
5092
gement de religion et de langue, de l’acquisition
de
nouveaux arts, de nouveaux objets d’envie, de nouvelles jouissances e
5093
et de langue, de l’acquisition de nouveaux arts,
de
nouveaux objets d’envie, de nouvelles jouissances et commodités de la
5094
’acquisition de nouveaux arts, de nouveaux objets
d’
envie, de nouvelles jouissances et commodités de la vie, il n’en subsi
5095
ion de nouveaux arts, de nouveaux objets d’envie,
de
nouvelles jouissances et commodités de la vie, il n’en subsiste pas m
5096
s d’envie, de nouvelles jouissances et commodités
de
la vie, il n’en subsiste pas moins, en général, une structure de l’Ét
5097
’en subsiste pas moins, en général, une structure
de
l’État inchangée, édifiée par leurs ancêtres. Actuellement encore ils
5098
qu’ils furent en leur patrie scythe, dans un état
d’
indépendance sauvage, armés pour l’attaque et la défense, disséminés d
5099
et la défense, disséminés dans tous ces districts
d’
Europe comme dans un immense camp militaire, ayant transplanté leur pr
5100
la défense, disséminés dans tous ces districts d’
Europe
comme dans un immense camp militaire, ayant transplanté leur propre d
5101
a plupart de ses contemporains, Schiller voyant l’
Europe
déchirée et concevant la possibilité de sa décadence, prend une consc
5102
ant l’Europe déchirée et concevant la possibilité
de
sa décadence, prend une conscience nouvelle du rôle qu’elle a joué da
5103
mps je me suis passé le temps en lisant le voyage
de
Niebuhr et Volney en Syrie et en Égypte et je ne saurais qu’en recomm
5104
pour la première fois quel bienfait nous est échu
d’
être nés en Europe. Il est véritablement incompréhensible que la force
5105
re fois quel bienfait nous est échu d’être nés en
Europe
. Il est véritablement incompréhensible que la force vivifiante en l’h
5106
que la force vivifiante en l’homme n’ait un champ
d’
action que dans une petite partie du monde et que des foules innombrab
5107
te partie du monde et que des foules innombrables
de
peuples n’entrent absolument pas en ligne de compte pour ce qui est d
5108
absolument pas en ligne de compte pour ce qui est
de
la perfectibilité humaine. Je ne puis que difficilement concevoir que
5109
énéral tous les non-Européens manquent totalement
de
dispositions morales ou esthétiques. Le réalisme ainsi que l’idéalism
5110
oethe se borne à répondre : Soyons donc contents
de
vivre sur cette partie du globe, même si l’Europe doit connaître enco
5111
nts de vivre sur cette partie du globe, même si l’
Europe
doit connaître encore plus de remous. Johann Gottlieb Fichte (1762-1
5112
lobe, même si l’Europe doit connaître encore plus
de
remous. Johann Gottlieb Fichte (1762-1814) peut être considéré comme
5113
le plus impitoyable théoricien du nationalisme en
Europe
. Pourtant, la série des grandes œuvres politiques de ce disciple de R
5114
Pourtant, la série des grandes œuvres politiques
de
ce disciple de Rousseau et de Kant, contemporaines de la Révolution f
5115
érie des grandes œuvres politiques de ce disciple
de
Rousseau et de Kant, contemporaines de la Révolution française (qu’il
5116
s œuvres politiques de ce disciple de Rousseau et
de
Kant, contemporaines de la Révolution française (qu’il défend dès 179
5117
e disciple de Rousseau et de Kant, contemporaines
de
la Révolution française (qu’il défend dès 1793) et de Napoléon (qu’il
5118
a Révolution française (qu’il défend dès 1793) et
de
Napoléon (qu’il attaquera violemment) s’ouvre par un projet de Sociét
5119
qu’il attaquera violemment) s’ouvre par un projet
de
Société des Nations et de citoyenneté mondiale : Grundriss der Völker
5120
) s’ouvre par un projet de Société des Nations et
de
citoyenneté mondiale : Grundriss der Völker- und Weltbürgerrechts, 17
5121
ire triompher dans le monde entier les conditions
de
la liberté populaire conquises par la Révolution. Fichte n’abandonner
5122
oies militaires par lesquelles Napoléon va tenter
d’
imposer la révolution jacobine à l’Europe. Dans l’un et l’autre cas, l
5123
on va tenter d’imposer la révolution jacobine à l’
Europe
. Dans l’un et l’autre cas, les moyens apparaissent contraires aux fin
5124
nettes, Fichte veut l’instaurer par la contrainte
de
l’État national autarcique. Partant de l’idée de société des peuples
5125
contrainte de l’État national autarcique. Partant
de
l’idée de société des peuples libres, Fichte constate d’abord que l’e
5126
de l’État national autarcique. Partant de l’idée
de
société des peuples libres, Fichte constate d’abord que l’expansion c
5127
bord que l’expansion coloniale est le grand péché
de
l’Europe : elle est inutile et immorale — Bentham pensait de même — e
5128
que l’expansion coloniale est le grand péché de l’
Europe
: elle est inutile et immorale — Bentham pensait de même — et c’est e
5129
est elle qui a provoqué la dissolution anarchique
de
l’Europe, jadis indivise, en États instables et belliqueux. Le mouvem
5130
lle qui a provoqué la dissolution anarchique de l’
Europe
, jadis indivise, en États instables et belliqueux. Le mouvement ne pe
5131
et refermés chacun sur soi, sans espoir ni besoin
d’
agrandissement. Alors, l’État qui a la plus haute culture (« der auf d
5132
être que la Prusse, deviendra la vraie patrie des
Européens
chrétiens ; il imposera sa culture, par la guerre s’il le faut, aux p
5133
ce finalement réunira le genre humain. Les étapes
de
ce raisonnement — qui annonce souvent de la manière la plus précise l
5134
s étapes de ce raisonnement — qui annonce souvent
de
la manière la plus précise le national-socialisme et le communisme —
5135
illustrées par les citations suivantes, extraites
de
l’ouvrage intitulé Der geschlossene Handelsstaat (L’État commercial f
5136
monde antique étaient séparés les uns des autres
d’
une manière très rigoureuse, par une foule de conditions. Pour eux l’é
5137
tres d’une manière très rigoureuse, par une foule
de
conditions. Pour eux l’étranger était un ennemi ou un barbare. On peu
5138
bare. On peut au contraire considérer les peuples
de
la nouvelle Europe chrétienne comme formant une seule nation. Unis pa
5139
u contraire considérer les peuples de la nouvelle
Europe
chrétienne comme formant une seule nation. Unis par une même origine,
5140
es et les mêmes conceptions primitives des forêts
de
Germanie, ils furent aussi liés les uns aux autres, depuis leur expan
5141
autres, depuis leur expansion dans les provinces
de
l’Empire romain d’Occident, par une même religion commune et la même
5142
r expansion dans les provinces de l’Empire romain
d’
Occident, par une même religion commune et la même soumission au chef
5143
ion commune et la même soumission au chef visible
de
cette dernière. Aux peuples de race différente qui vinrent plus tard,
5144
on au chef visible de cette dernière. Aux peuples
de
race différente qui vinrent plus tard, on inculqua, en même temps que
5145
religion, le même système germanique fondamental
d’
usages et d’idées… Quoi d’étonnant si ces peuples qui, unis de toute m
5146
e même système germanique fondamental d’usages et
d’
idées… Quoi d’étonnant si ces peuples qui, unis de toute manière, n’ét
5147
germanique fondamental d’usages et d’idées… Quoi
d’
étonnant si ces peuples qui, unis de toute manière, n’étaient pas sépa
5148
d’idées… Quoi d’étonnant si ces peuples qui, unis
de
toute manière, n’étaient pas séparés par ce qui d’ordinaire sépare le
5149
e toute manière, n’étaient pas séparés par ce qui
d’
ordinaire sépare les hommes, la constitution de l’État, n’en ayant poi
5150
ui d’ordinaire sépare les hommes, la constitution
de
l’État, n’en ayant point en fait, se considéraient et se comportaient
5151
ient du service et si chacun, arrivé dans le pays
d’
autrui se croyait toujours chez lui. Plus tard seulement, avec l’intro
5152
e à l’origine, ne fut considéré que comme général
de
la chrétienté, devant être pour l’Église entière ce qu’étaient les pa
5153
se sont ainsi formés ; — non, comme on a coutume
de
décrire dans la doctrine du droit la formation d’un État, par le rass
5154
de décrire dans la doctrine du droit la formation
d’
un État, par le rassemblement et la réunion d’individus isolés sous l’
5155
ion d’un État, par le rassemblement et la réunion
d’
individus isolés sous l’unité de la loi, mais plutôt par la séparation
5156
ent et la réunion d’individus isolés sous l’unité
de
la loi, mais plutôt par la séparation et la division d’une seule gran
5157
loi, mais plutôt par la séparation et la division
d’
une seule grande masse humaine, faiblement unie. Ainsi les divers État
5158
insi les divers États de l’Europe chrétienne sont
de
ces morceaux détachés de l’ancien ensemble, déterminés en grande part
5159
l’Europe chrétienne sont de ces morceaux détachés
de
l’ancien ensemble, déterminés en grande partie pour leur étendue par
5160
pour leur étendue par le hasard. C’est à l’époque
de
cette unité de l’Europe chrétienne que s’est formé aussi, entre autre
5161
ue par le hasard. C’est à l’époque de cette unité
de
l’Europe chrétienne que s’est formé aussi, entre autres, le système c
5162
r le hasard. C’est à l’époque de cette unité de l’
Europe
chrétienne que s’est formé aussi, entre autres, le système commercial
5163
s’est maintenu jusqu’à aujourd’hui. Chaque partie
de
ce grand Tout et chaque individu, cultivait, fabriquait, acquérait pa
5164
ns les autres parties du monde, ce qu’il pouvait,
de
la façon la plus pratique, suivant sa condition naturelle, et le port
5165
, et le portait au marché dans toutes les parties
de
ce même Tout, sans empêchement, et les prix des objets s’établissaien
5166
pêchement, et les prix des objets s’établissaient
d’
eux-mêmes… Les citoyens d’un même État doivent tous trafiquer entre e
5167
objets s’établissaient d’eux-mêmes… Les citoyens
d’
un même État doivent tous trafiquer entre eux. L’Europe chrétienne for
5168
’un même État doivent tous trafiquer entre eux. L’
Europe
chrétienne formant un tout, le commerce des Européens entre eux devai
5169
urope chrétienne formant un tout, le commerce des
Européens
entre eux devait être libre. Il est facile de faire l’application à l
5170
opéens entre eux devait être libre. Il est facile
de
faire l’application à l’état actuel des choses. Si toute l’Europe chr
5171
pplication à l’état actuel des choses. Si toute l’
Europe
chrétienne avec les colonies et les places de commerce qui s’y sont a
5172
Europe chrétienne avec les colonies et les places
de
commerce qui s’y sont ajoutées dans les autres parties du monde, form
5173
orme encore un tout, alors assurément le commerce
de
toutes les parties entre elles doit rester libre, comme il l’était à
5174
plètement fermés. Nous voici parvenus à la source
de
la plus grande partie des abus qui existent encore. Dans l’Europe nou
5175
rande partie des abus qui existent encore. Dans l’
Europe
nouvelle, il n’y a pas eu d’États du tout pendant un long espace de t
5176
t encore. Dans l’Europe nouvelle, il n’y a pas eu
d’
États du tout pendant un long espace de temps. On en est encore à la p
5177
y a pas eu d’États du tout pendant un long espace
de
temps. On en est encore à la période des essais pour en former. De pl
5178
former. De plus, on a jusqu’ici conçu la mission
de
l’État seulement d’une manière unilatérale et à moitié incomplète, co
5179
a jusqu’ici conçu la mission de l’État seulement
d’
une manière unilatérale et à moitié incomplète, comme une institution
5180
nstitution pour maintenir le citoyen par le moyen
de
la loi, dans les conditions de propriété où on le trouve. On a néglig
5181
toyen par le moyen de la loi, dans les conditions
de
propriété où on le trouve. On a négligé le devoir plus profond de l’É
5182
on le trouve. On a négligé le devoir plus profond
de
l’État qui consiste à établir d’abord chacun dans la propriété qui lu
5183
en ce qui concerne sa législation et sa fonction
de
juge.150 Faut-il se lamenter sur la division de l’Europe ? Non, il
5184
de juge.150 Faut-il se lamenter sur la division
de
l’Europe ? Non, il serait vain de « déplorer l’inévitable » : Si l’o
5185
ge.150 Faut-il se lamenter sur la division de l’
Europe
? Non, il serait vain de « déplorer l’inévitable » : Si l’on veut su
5186
sur la division de l’Europe ? Non, il serait vain
de
« déplorer l’inévitable » : Si l’on veut supprimer la guerre, il fau
5187
l faut que chaque État obtienne ce qu’il projette
d’
obtenir par la guerre et ce que seulement il peut projeter raisonnable
5188
ce que seulement il peut projeter raisonnablement
d’
obtenir, ses frontières naturelles. Dès lors, il n’a plus rien à deman
5189
il cherchait.151 Ainsi, à l’utopie rousseauiste
de
l’homme naturellement bon, correspond chez Fichte l’utopie de l’État
5190
aturellement bon, correspond chez Fichte l’utopie
de
l’État naturellement raisonnable. Il n’y a plus qu’à tirer les conséq
5191
l n’y a plus qu’à tirer les conséquences logiques
de
ces prémisses : fermer les États, interdire entre eux les échanges, d
5192
diversifier leurs monnaies, etc. C’est la théorie
de
l’autarcie absolue qui naît sous nos yeux. C’est d’un processus exact
5193
l’autarcie absolue qui naît sous nos yeux. C’est
d’
un processus exactement inverse de celui du Marché commun que Fichte s
5194
nos yeux. C’est d’un processus exactement inverse
de
celui du Marché commun que Fichte se fait l’avocat : Toute la monnai
5195
c’est-à-dire tout l’or et l’argent, sera retirée
de
la circulation et échangée contre une nouvelle monnaie nationale, c’e
5196
vue de restreindre périodiquement ce commerce et
de
le faire cesser entièrement après un laps de temps déterminé… Tous le
5197
e et de le faire cesser entièrement après un laps
de
temps déterminé… Tous les ans l’importation étrangère doit diminuer.
5198
us les ans l’importation étrangère doit diminuer.
D’
une année à l’autre le public a moins besoin de ces marchandises qui n
5199
r. D’une année à l’autre le public a moins besoin
de
ces marchandises qui ne peuvent être produites en leur pureté ni remp
5200
sage des marchandises où il n’est tenu compte que
de
l’opinion, peuvent même être interdits sur le champ. Le besoin de ces
5201
uvent même être interdits sur le champ. Le besoin
de
ces marchandises importées de l’étranger diminue également si elles-m
5202
le champ. Le besoin de ces marchandises importées
de
l’étranger diminue également si elles-mêmes ou leurs succédanés, doiv
5203
se développent constamment et ainsi les produits
de
l’extérieur sont remplacés par ceux de l’intérieur. L’exportation éga
5204
s produits de l’extérieur sont remplacés par ceux
de
l’intérieur. L’exportation également doit diminuer… Car, suivant le p
5205
r les étrangers à des travaux pour les nationaux,
de
la manière convenable. Il ne cherche pas en effet à acquérir une prép
5206
Le savant seul et l’artiste supérieur ont besoin
de
voyager hors de l’État commercial fermé : il ne doit pas être permis
5207
longtemps à une vaine curiosité et à la recherche
de
distractions de transporter en tout pays leur ennui. Les voyages des
5208
vaine curiosité et à la recherche de distractions
de
transporter en tout pays leur ennui. Les voyages des premiers s’effec
5209
des premiers s’effectuent pour le plus grand bien
de
l’humanité et de l’État ; loin de les empêcher, le gouvernement devra
5210
fectuent pour le plus grand bien de l’humanité et
de
l’État ; loin de les empêcher, le gouvernement devrait même les encou
5211
it même les encourager et faire voyager aux frais
de
l’État savants et artistes.153 Il est évident que dans une nation ai
5212
acquiert par suite des mesures indiquées sa façon
de
vivre, son organisation et ses mœurs particulières, qui aime avec dév
5213
aime avec dévouement la patrie et tout ce qui est
de
la patrie, l’honneur national se développera très vite, à un degré él
5214
e nation, absolument nouvelle. Cette introduction
d’
une monnaie nationale en est véritablement la création… Un seul lien
5215
ul lien devra subsister entre les peuples : celui
de
la science. Grâce à elle, mais à elle seule, les hommes s’uniront de
5216
e à elle, mais à elle seule, les hommes s’uniront
de
manière durable et ils le doivent, quand pour tout le reste, leur div
5217
en, il le favorisera plutôt, car l’enrichissement
de
la Science par la puissance réunie de l’espèce humaine, avance même c
5218
ichissement de la Science par la puissance réunie
de
l’espèce humaine, avance même ces fins terrestres particulières. Les
5219
ribuer sur eux une prépondérance quelconque.154
De
toutes les utopies issues de la philosophie pré-romantique, il faut a
5220
nce quelconque.154 De toutes les utopies issues
de
la philosophie pré-romantique, il faut avouer que celle de Fichte, po
5221
losophie pré-romantique, il faut avouer que celle
de
Fichte, pour délirante qu’elle nous paraisse, se trouve avoir le mieu
5222
allaient suivre. Et cependant, il serait injuste
de
considérer Fichte sous le seul aspect d’un précurseur de l’Anti-Europ
5223
injuste de considérer Fichte sous le seul aspect
d’
un précurseur de l’Anti-Europe des nationalismes totalitaires. Par des
5224
idérer Fichte sous le seul aspect d’un précurseur
de
l’Anti-Europe des nationalismes totalitaires. Par des voies « dialect
5225
croyait atteindre. Cinq ans après la publication
de
son manifeste de l’Autarcie, il écrivait, dans ses Grundzüge des gege
5226
e. Cinq ans après la publication de son manifeste
de
l’Autarcie, il écrivait, dans ses Grundzüge des gegenwärtigen Zeitalt
5227
des gegenwärtigen Zeitalters (1804-1805) : … les
Européens
de religion chrétienne ne forment en réalité qu’un seul peuple, ils n
5228
ärtigen Zeitalters (1804-1805) : … les Européens
de
religion chrétienne ne forment en réalité qu’un seul peuple, ils ne r
5229
e reconnaissent pour seule vraie patrie que cette
Europe
qui est leur terre commune, et d’une extrémité à l’autre du continent
5230
e que cette Europe qui est leur terre commune, et
d’
une extrémité à l’autre du continent, ils ne poursuivent, à peu de cho
5231
seins, grâce à eux cependant la première esquisse
de
l’organisation mondiale se prépare et les progrès de la culture unive
5232
l’organisation mondiale se prépare et les progrès
de
la culture universelle s’intensifient peu à peu ; et selon la même rè
5233
bite notre globe, sera réuni par les institutions
de
l’unique République universelle de la culture, qui comprendra tous le
5234
s institutions de l’unique République universelle
de
la culture, qui comprendra tous les peuples. À l’expansion coloniali
5235
peuples. À l’expansion colonialiste, responsable
de
la division de l’Europe en nations hostiles, puis au processus de fer
5236
xpansion colonialiste, responsable de la division
de
l’Europe en nations hostiles, puis au processus de fermeture totale d
5237
ion colonialiste, responsable de la division de l’
Europe
en nations hostiles, puis au processus de fermeture totale de ces mon
5238
e l’Europe en nations hostiles, puis au processus
de
fermeture totale de ces monades politiques, succédera donc un jour, s
5239
s hostiles, puis au processus de fermeture totale
de
ces monades politiques, succédera donc un jour, selon Fichte, l’expan
5240
onc un jour, selon Fichte, l’expansion triomphale
de
la culture européenne, portée par la Science et libérée de tout impér
5241
elon Fichte, l’expansion triomphale de la culture
européenne
, portée par la Science et libérée de tout impérialisme. Nous n’en som
5242
ture européenne, portée par la Science et libérée
de
tout impérialisme. Nous n’en sommes pas si loin, dans cette seconde m
5243
rocessus « dialectique » aura coûté plus cher à l’
Europe
et au monde que Fichte ne pouvait l’imaginer : ne fût-ce que par la c
5244
uvait l’imaginer : ne fût-ce que par la collusion
de
la science et des nationalismes… Johann Gottfried von Herder (1744-18
5245
n fécondes hypothèses contradictoires sur le rôle
de
l’Europe dans l’histoire. Il a célébré « l’âme des peuples » en précu
5246
ondes hypothèses contradictoires sur le rôle de l’
Europe
dans l’histoire. Il a célébré « l’âme des peuples » en précurseur du
5247
curseur du nationalisme romantique, « l’équilibre
européen
» en précurseur de la Sainte-Alliance, les vertus nordiques en précur
5248
omantique, « l’équilibre européen » en précurseur
de
la Sainte-Alliance, les vertus nordiques en précurseur du racisme, la
5249
précurseur du racisme, la supériorité spirituelle
de
l’Orient en précurseur des philosophes modernes de notre « décadence
5250
e l’Orient en précurseur des philosophes modernes
de
notre « décadence fatale ». Tantôt il voit l’Europe à la tête du prog
5251
s de notre « décadence fatale ». Tantôt il voit l’
Europe
à la tête du progrès mondial, tantôt il la décrit comme promise à la
5252
qu’elle a colonisés et pillés. Essayons cependant
de
saisir, dans ce balancement pendulaire de sa pensée, quelques-uns des
5253
pendant de saisir, dans ce balancement pendulaire
de
sa pensée, quelques-uns des moments de passage à l’axe européen. Voic
5254
pendulaire de sa pensée, quelques-uns des moments
de
passage à l’axe européen. Voici d’abord l’Europe « République des sav
5255
nsée, quelques-uns des moments de passage à l’axe
européen
. Voici d’abord l’Europe « République des savants », telle qu’un Volta
5256
ents de passage à l’axe européen. Voici d’abord l’
Europe
« République des savants », telle qu’un Voltaire pouvait la définir :
5257
s », telle qu’un Voltaire pouvait la définir : L’
Europe
entière est une République des savants qui, d’une part grâce à une gr
5258
s qu’elle est allée chercher sur toute la surface
de
la Terre, a su se donner une forme idéale que seuls le savant perçoit
5259
ent leur cours : nous poursuivons l’image magique
d’
une Science suprême et d’une Connaissance universelle, que nous n’atte
5260
rsuivons l’image magique d’une Science suprême et
d’
une Connaissance universelle, que nous n’atteindrons jamais, mais qui
5261
si longtemps que durera la Constitution politique
de
l’Europe. Les États qui ne sont jamais entrés dans ce conflit, ne com
5262
ngtemps que durera la Constitution politique de l’
Europe
. Les États qui ne sont jamais entrés dans ce conflit, ne comptent pou
5263
mptent pour ainsi dire pas.155 Mais voici l’une
de
ces intuitions typiquement herdériennes, c’est-à-dire géo-historico-l
5264
noncent les grands systèmes « weltgeschichtlich »
de
Schlegel à Spengler en passant par Hegel : Est-ce le Nord ou le Sud,
5265
été la « vagina hominum » ? Quelle est l’origine
de
l’espèce humaine, des inventions, des arts et des religions ? Faut-il
5266
ons ? Faut-il croire que le genre humain a émigré
de
l’est vers le nord, pour s’y reproduire dans les montagnes du froid,
5267
uire dans les montagnes du froid, mû par sa force
de
géant, comme ces monstrueux poissons conservés sous les glaces ? Ensu
5268
ces ? Ensuite, après avoir inventé cette religion
de
la cruauté conforme à son climat, il aurait envahi l’Europe à la forc
5269
cruauté conforme à son climat, il aurait envahi l’
Europe
à la force de l’épée, y implantant ses mœurs et sa conception de la j
5270
son climat, il aurait envahi l’Europe à la force
de
l’épée, y implantant ses mœurs et sa conception de la justice. S’il e
5271
e l’épée, y implantant ses mœurs et sa conception
de
la justice. S’il en est ainsi, je vois deux courants : l’un, venu d’O
5272
en est ainsi, je vois deux courants : l’un, venu
d’
Orient, passe par la Grèce et l’Italie et s’infléchit légèrement dans
5273
et l’Italie et s’infléchit légèrement dans le sud
de
l’Europe, inventeur d’une douce religion méridionale, d’une poésie de
5274
Italie et s’infléchit légèrement dans le sud de l’
Europe
, inventeur d’une douce religion méridionale, d’une poésie de l’imagin
5275
hit légèrement dans le sud de l’Europe, inventeur
d’
une douce religion méridionale, d’une poésie de l’imagination, d’une m
5276
rope, inventeur d’une douce religion méridionale,
d’
une poésie de l’imagination, d’une musique, d’un art, d’une sagesse de
5277
ur d’une douce religion méridionale, d’une poésie
de
l’imagination, d’une musique, d’un art, d’une sagesse des mœurs, d’un
5278
igion méridionale, d’une poésie de l’imagination,
d’
une musique, d’un art, d’une sagesse des mœurs, d’une science qui form
5279
le, d’une poésie de l’imagination, d’une musique,
d’
un art, d’une sagesse des mœurs, d’une science qui forment le patrimoi
5280
poésie de l’imagination, d’une musique, d’un art,
d’
une sagesse des mœurs, d’une science qui forment le patrimoine du Sud-
5281
d’une musique, d’un art, d’une sagesse des mœurs,
d’
une science qui forment le patrimoine du Sud-Ouest européen. Quant au
5282
ne science qui forment le patrimoine du Sud-Ouest
européen
. Quant au deuxième courant, il part d’Asie, par le nord rejoint l’Eur
5283
uest européen. Quant au deuxième courant, il part
d’
Asie, par le nord rejoint l’Europe où il submerge l’autre courant… S’i
5284
me courant, il part d’Asie, par le nord rejoint l’
Europe
où il submerge l’autre courant… S’il en est ainsi, le troisième coura
5285
t ainsi, le troisième courant ne viendra-t-il pas
d’
Amérique et le dernier peut-être du cap de Bonne-Espérance ou des régi
5286
s situées au-delà ?156 Sur la fonction mondiale
de
l’Europe, Herder a des vues prophétiques, que vérifie l’évolution ant
5287
uées au-delà ?156 Sur la fonction mondiale de l’
Europe
, Herder a des vues prophétiques, que vérifie l’évolution anticolonial
5288
siècle. Déjà dans ses Idées pour une Philosophie
de
l’Histoire (1784) il annonçait que les instruments et moyens inventés
5289
çait que les instruments et moyens inventés par l’
Europe
pour subjuguer les autres continents se retourneraient un jour contre
5290
retourneraient un jour contre elle : Nous autres
Européens
… sommes en train de forger les chaînes avec lesquelles vous nous traî
5291
7 Aux yeux de Herder — et à cette date déjà — l’
Europe
est en train de trahir sa mission mondiale. Dans le recueil intitulé
5292
Adrastea, on trouve le dialogue suivant entre un
Européen
et un Asiatique : L’Asiatique : Un jour la Providence a mis entre le
5293
: Un jour la Providence a mis entre les mains des
Européens
une jauge et une balance. Ils doivent mesurer, ils doivent peser. Mai
5294
onfiée pour contribuer au bonheur des peuples ? L’
Européen
: En Europe personne n’y songe.158 Ce que Herder, l’un des premiers
5295
ntribuer au bonheur des peuples ? L’Européen : En
Europe
personne n’y songe.158 Ce que Herder, l’un des premiers, a su compr
5296
, l’un des premiers, a su comprendre, c’est que l’
Europe
ne peut se concevoir comme entité fermée ou monade autonome. Elle est
5297
dû se souvenir : On peut considérer l’existence
d’
un État en soi ou par rapport aux autres États ; l’Europe se trouve da
5298
n État en soi ou par rapport aux autres États ; l’
Europe
se trouve dans l’obligation d’utiliser les deux échelles, les États d
5299
tres États ; l’Europe se trouve dans l’obligation
d’
utiliser les deux échelles, les États d’Asie n’en ont qu’une seule.159
5300
752-1809), historien des Suisses, combla les vœux
de
Herder en donnant à ses contemporains une Vue générale de l’Histoire
5301
r en donnant à ses contemporains une Vue générale
de
l’Histoire du Genre Humain (1797) dont le succès fut immense à l’époq
5302
cès fut immense à l’époque. Quoique centrée sur l’
Europe
, comme l’indique son titre en allemand (Vierundzwanzig Bücher allgeme
5303
chen Menschheit) cette vue générale ne laisse pas
d’
être pessimiste. Selon Heinz Gollwitzer, J. von Müller « fut le premie
5304
parfois assumé le contenu affectif et conceptuel
d’
une conscience de la décadence spécifiquement européenne, apparentée (
5305
e contenu affectif et conceptuel d’une conscience
de
la décadence spécifiquement européenne, apparentée (mais non identiqu
5306
l d’une conscience de la décadence spécifiquement
européenne
, apparentée (mais non identique), au pessimisme de la vision chrétien
5307
e, apparentée (mais non identique), au pessimisme
de
la vision chrétienne du monde »160. Comme Rousseau, il voyait « tous
5308
soit à l’Amérique ». Voici le tableau qu’il donne
de
l’état des puissances européennes, tel qu’on pouvait le concevoir à l
5309
i le tableau qu’il donne de l’état des puissances
européennes
, tel qu’on pouvait le concevoir à la fin du xviiie siècle : Toutes
5310
ensemble, l’intérêt protestant dans cette partie
de
l’Europe ; un jour la neutralité armée se joindra ici… Parmi les pui
5311
mble, l’intérêt protestant dans cette partie de l’
Europe
; un jour la neutralité armée se joindra ici… Parmi les puissances d
5312
alité armée se joindra ici… Parmi les puissances
de
la seconde classe, qui tiennent l’équilibre de la liberté européenne,
5313
es de la seconde classe, qui tiennent l’équilibre
de
la liberté européenne, l’empereur, la Russie et la Prusse sont par le
5314
de classe, qui tiennent l’équilibre de la liberté
européenne
, l’empereur, la Russie et la Prusse sont par le nombre et l’excellenc
5315
e et la Prusse sont par le nombre et l’excellence
de
leurs troupes, naturellement les principales. D’autres leur disputera
5316
uelque nouveau Gustave Adolphe, qui par l’énergie
de
son héroïsme, sût placer un petit peuple à la tête des Potentats. À l
5317
a tête des puissances barbares est le Padisha ; l’
Europe
n’a point de relations avec les Cours d’Asie ; en Afrique, Alger, Tun
5318
nces barbares est le Padisha ; l’Europe n’a point
de
relations avec les Cours d’Asie ; en Afrique, Alger, Tunis, Tripoli,
5319
; l’Europe n’a point de relations avec les Cours
d’
Asie ; en Afrique, Alger, Tunis, Tripoli, Maroc, sont dignes de remarq
5320
frique, Alger, Tunis, Tripoli, Maroc, sont dignes
de
remarque. On peut traiter de la Suisse et des rois de Sardaigne et de
5321
, Maroc, sont dignes de remarque. On peut traiter
de
la Suisse et des rois de Sardaigne et de Portugal après la maison de
5322
emarque. On peut traiter de la Suisse et des rois
de
Sardaigne et de Portugal après la maison de Bourbon, dont l’un est ce
5323
traiter de la Suisse et des rois de Sardaigne et
de
Portugal après la maison de Bourbon, dont l’un est censé d’être allié
5324
rois de Sardaigne et de Portugal après la maison
de
Bourbon, dont l’un est censé d’être allié ; et dont les liaisons peuv
5325
l après la maison de Bourbon, dont l’un est censé
d’
être allié ; et dont les liaisons peuvent seules faire valoir les droi
5326
cernant la Lombardie. La Scandinavie, les princes
de
l’Empire, la Pologne, quelques États d’Italie peuvent être considérés
5327
ribuer surtout à gêner ou à accélérer les progrès
de
l’une contre l’autre de ces puissances. Parmi les États gouvernés par
5328
u à accélérer les progrès de l’une contre l’autre
de
ces puissances. Parmi les États gouvernés par les Bourbons, la France
5329
tion, son terroir, sa population, et le caractère
de
ses habitants, pourroit seule donner la loi au monde, si un système s
5330
monde, si un système suivi, approprié à la nature
d’
une grande puissance, faisoit valoir ses prodigieuses ressources.161
5331
On est frappé par la complication et la fragilité
de
ces divers groupes de puissances censées « tenir l’équilibre de la li
5332
omplication et la fragilité de ces divers groupes
de
puissances censées « tenir l’équilibre de la liberté européenne ». El
5333
groupes de puissances censées « tenir l’équilibre
de
la liberté européenne ». Elles évoquent la page dans laquelle Kant, c
5334
ssances censées « tenir l’équilibre de la liberté
européenne
». Elles évoquent la page dans laquelle Kant, critiquant l’idée d’équ
5335
ent la page dans laquelle Kant, critiquant l’idée
d’
équilibre européen chère à Gentz et à Burke, rappelait cette maison dé
5336
dans laquelle Kant, critiquant l’idée d’équilibre
européen
chère à Gentz et à Burke, rappelait cette maison décrite par Swift et
5337
cette maison décrite par Swift et qui était bâtie
d’
une manière si conforme au seul principe d’équilibre que lorsqu’un moi
5338
bâtie d’une manière si conforme au seul principe
d’
équilibre que lorsqu’un moineau se posa sur son toit, elle s’écroula.
5339
rs, Müller est surtout intéressant par ses essais
de
comparaison globale des civilisations. À cet égard, le Résumé du ixe
5340
gard, le Résumé du ixe Discours est très typique
de
cette apparition d’une conscience de l’Europe-dans-le-Monde qui marqu
5341
xe Discours est très typique de cette apparition
d’
une conscience de l’Europe-dans-le-Monde qui marque la pensée germaniq
5342
très typique de cette apparition d’une conscience
de
l’Europe-dans-le-Monde qui marque la pensée germanique de l’époque :
5343
ope-dans-le-Monde qui marque la pensée germanique
de
l’époque : Pendant huit siècles depuis la ruine de l’Empire romain n
5344
l’époque : Pendant huit siècles depuis la ruine
de
l’Empire romain nous avons vu l’Orient toujours semblable à lui-même
5345
me ; un empire, aussi prompt à s’élever que celui
de
Ninus et de Cyrus, s’affoiblir, se partager, et diverses dynasties se
5346
re, aussi prompt à s’élever que celui de Ninus et
de
Cyrus, s’affoiblir, se partager, et diverses dynasties se succéder, p
5347
espotes ; les Mongols, comme les Scythes du temps
de
Cyaxares, envahir mille diverses tribus du genre humain, et disparoît
5348
ssager du premier empereur des Francs, le passage
de
la vie des anciens Germains à l’état de police, quand les nations con
5349
e passage de la vie des anciens Germains à l’état
de
police, quand les nations contenues l’une par l’autre, furent forcées
5350
ntenues l’une par l’autre, furent forcées à tirer
de
leur sol, ce qu’ils auraient mieux aimé conquérir. De cette applicati
5351
eur sol, ce qu’ils auraient mieux aimé conquérir.
De
cette application résulte l’industrie, puis le courage de la liberté,
5352
application résulte l’industrie, puis le courage
de
la liberté, parmi les bourgeois, enfin le développement de l’esprit h
5353
erté, parmi les bourgeois, enfin le développement
de
l’esprit humain. Toutes les religions sont venues de l’Orient ; le se
5354
l’esprit humain. Toutes les religions sont venues
de
l’Orient ; le sentiment y est plus vif, plus élevé ; ces connoissance
5355
emploient, ici elles accélèrent le grand ouvrage
de
l’établissement de l’ordre civil. On voit plus d’art, plus de persévé
5356
es accélèrent le grand ouvrage de l’établissement
de
l’ordre civil. On voit plus d’art, plus de persévérance dans la polit
5357
de l’établissement de l’ordre civil. On voit plus
d’
art, plus de persévérance dans la politique des Européens, dans celle
5358
sement de l’ordre civil. On voit plus d’art, plus
de
persévérance dans la politique des Européens, dans celle des Orientau
5359
d’art, plus de persévérance dans la politique des
Européens
, dans celle des Orientaux plus de cette énergie momentanée. Nous somm
5360
ique des Européens, dans celle des Orientaux plus
de
cette énergie momentanée. Nous sommes au milieu du Drame qu’ont ouver
5361
qu’ont ouvert les Géans du Nord, les destructeurs
de
l’ancien Empire. 148. Soyez embrassés, ô millions. Par ce baiser
5362
1951, p.117. 161. Jean de Müller : Vue générale
de
l’histoire du genre humain. Vingt-unième discours, conclusion. Paris,
5363
4.Napoléon et l’
Europe
Cependant, un nouvel Empire allait s’élever. J. de Müller lui-même,
5364
t l’Autriche et la Prusse, et combattu toute idée
d’
hégémonie européenne, estima qu’il était temps « de substituer aux for
5365
et la Prusse, et combattu toute idée d’hégémonie
européenne
, estima qu’il était temps « de substituer aux formes surannées de la
5366
’hégémonie européenne, estima qu’il était temps «
de
substituer aux formes surannées de la vieille Europe un nouvel ordre
5367
était temps « de substituer aux formes surannées
de
la vieille Europe un nouvel ordre des choses »162 et devint ministre
5368
de substituer aux formes surannées de la vieille
Europe
un nouvel ordre des choses »162 et devint ministre du roi Jérôme de W
5369
ôme de Westphalie. C’était le temps où la Gazette
de
France écrivait sous le titre de « Tableau de l’Europe »163 : Ce ne
5370
ps où la Gazette de France écrivait sous le titre
de
« Tableau de l’Europe »163 : Ce ne seront plus des forces égales qui
5371
tte de France écrivait sous le titre de « Tableau
de
l’Europe »163 : Ce ne seront plus des forces égales qui, par leur op
5372
e France écrivait sous le titre de « Tableau de l’
Europe
»163 : Ce ne seront plus des forces égales qui, par leur opposition,
5373
ur être attaquée et trop grande pour avoir besoin
de
s’étendre, tiendra tout en paix autour d’elle… Désormais la France se
5374
besoin de s’étendre, tiendra tout en paix autour
d’
elle… Désormais la France sera le point d’appui sur lequel reposera l’
5375
autour d’elle… Désormais la France sera le point
d’
appui sur lequel reposera l’Europe entière. C’était le temps aussi où
5376
rance sera le point d’appui sur lequel reposera l’
Europe
entière. C’était le temps aussi où un Laplace, préconisant le systèm
5377
que celle, où Napoléon le Grand réunit la moitié
de
l’Europe sous son empire et par l’ascendant de son exemple exerce sur
5378
celle, où Napoléon le Grand réunit la moitié de l’
Europe
sous son empire et par l’ascendant de son exemple exerce sur l’autre
5379
ié de l’Europe sous son empire et par l’ascendant
de
son exemple exerce sur l’autre moitié la plus heureuse influence ? Gr
5380
la plus heureuse influence ? Grâce à son Génie, l’
Europe
entière ne formera bientôt qu’une immense famille, unie par la même r
5381
ce et en Allemagne, reprenant les anciens projets
de
paix en Europe par l’union des États, mais cette fois sous l’égide du
5382
lemagne, reprenant les anciens projets de paix en
Europe
par l’union des États, mais cette fois sous l’égide du Premier Consul
5383
s cette fois sous l’égide du Premier Consul, puis
de
l’empereur : ainsi le Tableau politique de l’Europe par Echassériaux
5384
, puis de l’empereur : ainsi le Tableau politique
de
l’Europe par Echassériaux (1802), Die Europäische Republik par Niklas
5385
s de l’empereur : ainsi le Tableau politique de l’
Europe
par Echassériaux (1802), Die Europäische Republik par Niklas Vogt (18
5386
opäische Republik par Niklas Vogt (1802 et 1808),
De
la Paix de l’Europe et de ses bases par Delisle de Sales, Du droit pu
5387
publik par Niklas Vogt (1802 et 1808), De la Paix
de
l’Europe et de ses bases par Delisle de Sales, Du droit public et du
5388
k par Niklas Vogt (1802 et 1808), De la Paix de l’
Europe
et de ses bases par Delisle de Sales, Du droit public et du droit des
5389
as Vogt (1802 et 1808), De la Paix de l’Europe et
de
ses bases par Delisle de Sales, Du droit public et du droit des gens,
5390
ales, Du droit public et du droit des gens, suivi
d’
un projet de paix générale et perpétuelle par Gondon (1807), Das Urbil
5391
it public et du droit des gens, suivi d’un projet
de
paix générale et perpétuelle par Gondon (1807), Das Urbild der Mensch
5392
(1807-1811), et vingt autres… On sait d’ailleurs
de
quel étrange prestige Napoléon bénéficia auprès des grands esprits de
5393
tige Napoléon bénéficia auprès des grands esprits
de
Weimar et de Iéna, un Goethe, un Wieland, un Hegel, les plus « europé
5394
bénéficia auprès des grands esprits de Weimar et
de
Iéna, un Goethe, un Wieland, un Hegel, les plus « européens » du mond
5395
Iéna, un Goethe, un Wieland, un Hegel, les plus «
européens
» du monde germanique, et même auprès d’un poète aussi peu politique
5396
« européens » du monde germanique, et même auprès
d’
un poète aussi peu politique que Jean Paul (Johann Paul Friedrich Rich
5397
. Cet enthousiaste a été jusqu’à louer l’empereur
d’
avoir tenté de transformer le continent tout entier en l’« État commer
5398
aste a été jusqu’à louer l’empereur d’avoir tenté
de
transformer le continent tout entier en l’« État commercial fermé » q
5399
mait Fichte ! Mais c’est en réalité l’imagination
de
l’Humanité unie et de l’Europe s’ouvrant au monde qui inspirent les é
5400
st en réalité l’imagination de l’Humanité unie et
de
l’Europe s’ouvrant au monde qui inspirent les écrits politiques de Je
5401
réalité l’imagination de l’Humanité unie et de l’
Europe
s’ouvrant au monde qui inspirent les écrits politiques de Jean Paul,
5402
rant au monde qui inspirent les écrits politiques
de
Jean Paul, tels que Dämmerungen für Deutschland et Politische Fastenp
5403
Politische Fastenpredigten. Il y décrit souvent l’
Europe
comme sa véritable patrie, et l’Allemagne en serait le cœur. Ainsi da
5404
ssage qui rappelle si curieusement la description
de
l’Europe en un seul corps par Guillaume Postel et par les graveurs de
5405
qui rappelle si curieusement la description de l’
Europe
en un seul corps par Guillaume Postel et par les graveurs de la Renai
5406
ul corps par Guillaume Postel et par les graveurs
de
la Renaissance. Non seulement l’Allemagne occupe le centre géographi
5407
ulement l’Allemagne occupe le centre géographique
de
l’Europe, mais elle en est aussi le centre moral. À juste titre, on l
5408
nt l’Allemagne occupe le centre géographique de l’
Europe
, mais elle en est aussi le centre moral. À juste titre, on la représe
5409
ste titre, on la représente souvent sur l’effigie
d’
une jeune fille sous la forme du cœur, tandis que mainte autre partie
5410
la forme du cœur, tandis que mainte autre partie
de
l’Europe n’est que la tête ou le bras avec le poing. Ce bon cœur si h
5411
orme du cœur, tandis que mainte autre partie de l’
Europe
n’est que la tête ou le bras avec le poing. Ce bon cœur si honnête qu
5412
on cœur si honnête que presque toutes les guerres
européennes
ont transpercé à coups de canon !165 Que pensait dans le même temps
5413
es les guerres européennes ont transpercé à coups
de
canon !165 Que pensait dans le même temps le héros de ces utopistes
5414
on !165 Que pensait dans le même temps le héros
de
ces utopistes, le porteur de leurs espoirs européens, celui qui avait
5415
même temps le héros de ces utopistes, le porteur
de
leurs espoirs européens, celui qui avait rêvé d’une conquête de l’Asi
5416
ros de ces utopistes, le porteur de leurs espoirs
européens
, celui qui avait rêvé d’une conquête de l’Asie mais que son échec égy
5417
de leurs espoirs européens, celui qui avait rêvé
d’
une conquête de l’Asie mais que son échec égyptien avait contraint de
5418
rs européens, celui qui avait rêvé d’une conquête
de
l’Asie mais que son échec égyptien avait contraint de limiter ses amb
5419
’Asie mais que son échec égyptien avait contraint
de
limiter ses ambitions au continent dont on prétend qu’il dit un jour
5420
nt on prétend qu’il dit un jour : « Cette vieille
Europe
m’ennuie » ? Tout le monde répète que l’empereur n’a « révélé » ses i
5421
pète que l’empereur n’a « révélé » ses intentions
d’
unir l’Europe qu’au temps de Sainte-Hélène, quand il était trop tard.
5422
l’empereur n’a « révélé » ses intentions d’unir l’
Europe
qu’au temps de Sainte-Hélène, quand il était trop tard. Ce n’est pas
5423
as exact. Si l’Acte additionnel aux Constitutions
de
l’Empire, rédigé au retour de l’île d’Elbe, fut comme on sait l’œuvre
5424
l aux Constitutions de l’Empire, rédigé au retour
de
l’île d’Elbe, fut comme on sait l’œuvre de Benjamin Constant, son pré
5425
retour de l’île d’Elbe, fut comme on sait l’œuvre
de
Benjamin Constant, son préambule porte les marques de la pensée et de
5426
enjamin Constant, son préambule porte les marques
de
la pensée et de la main de l’empereur. Or on y lit : Nous avions alo
5427
, son préambule porte les marques de la pensée et
de
la main de l’empereur. Or on y lit : Nous avions alors pour but d’or
5428
bule porte les marques de la pensée et de la main
de
l’empereur. Or on y lit : Nous avions alors pour but d’organiser un
5429
pereur. Or on y lit : Nous avions alors pour but
d’
organiser un grand système fédératif européen, que nous avions adopté
5430
s pour but d’organiser un grand système fédératif
européen
, que nous avions adopté comme conforme à l’esprit du siècle, et favor
5431
me à l’esprit du siècle, et favorable aux progrès
de
la civilisation. Pour parvenir à le compléter et à lui donner toute l
5432
susceptible, nous avions ajourné l’établissement
de
plusieurs institutions intérieures, plus spécialement destinées à pro
5433
é des citoyens… On conçoit que l’inaction forcée
de
Sainte-Hélène ait seule permis au despote déposé de se former une vue
5434
Sainte-Hélène ait seule permis au despote déposé
de
se former une vue cohérente des motifs qui animaient son action polit
5435
te des motifs qui animaient son action politique.
D’
où les déclarations fréquentes faites à Las Cases sur l’organisation q
5436
as Cases sur l’organisation qu’il souhaite pour l’
Europe
. À la question de savoir ce qui fût advenu s’il était sorti victorieu
5437
ation qu’il souhaite pour l’Europe. À la question
de
savoir ce qui fût advenu s’il était sorti victorieux de la campagne d
5438
oir ce qui fût advenu s’il était sorti victorieux
de
la campagne de Russie, Napoléon répond : La paix dans Moscou accompl
5439
advenu s’il était sorti victorieux de la campagne
de
Russie, Napoléon répond : La paix dans Moscou accomplissait et termi
5440
Moscou accomplissait et terminait mes expéditions
de
guerre. C’était, pour la grande cause, la fin des hasards et le comme
5441
ande cause, la fin des hasards et le commencement
de
la sécurité. Un nouvel horizon, de nouveaux travaux allaient se dérou
5442
e commencement de la sécurité. Un nouvel horizon,
de
nouveaux travaux allaient se dérouler, tous pleins du bien-être et de
5443
allaient se dérouler, tous pleins du bien-être et
de
la prospérité de tous. Le système européen se trouvait fondé ; il n’é
5444
ler, tous pleins du bien-être et de la prospérité
de
tous. Le système européen se trouvait fondé ; il n’était plus questio
5445
bien-être et de la prospérité de tous. Le système
européen
se trouvait fondé ; il n’était plus question que de l’organiser. Sati
5446
se trouvait fondé ; il n’était plus question que
de
l’organiser. Satisfait sur ces grands points, et tranquille partout,
5447
nt des idées qu’on m’a volées. Dans cette réunion
de
tous les souverains, nous eussions traité de nos intérêts en famille,
5448
nion de tous les souverains, nous eussions traité
de
nos intérêts en famille, et compté de clerc à maître avec les peuples
5449
ions traité de nos intérêts en famille, et compté
de
clerc à maître avec les peuples. L’empereur, ajoute Las Cases dans l
5450
s. L’empereur, ajoute Las Cases dans le Mémorial
de
Sainte-Hélène, passait ensuite en revue ce qu’il eût proposé pour la
5451
rité, les intérêts, la jouissance et le bien-être
de
l’association européenne. Il eût voulu les mêmes principes, le même s
5452
s, la jouissance et le bien-être de l’association
européenne
. Il eût voulu les mêmes principes, le même système partout. Un Code e
5453
mêmes principes, le même système partout. Un Code
européen
; une Cour de Cassation européenne, redressant, pour tous, les erreur
5454
même système partout. Un Code européen ; une Cour
de
Cassation européenne, redressant, pour tous, les erreurs, comme la nô
5455
partout. Un Code européen ; une Cour de Cassation
européenne
, redressant, pour tous, les erreurs, comme la nôtre redresse chez nou
5456
erreurs, comme la nôtre redresse chez nous celles
de
nos tribunaux. Une même monnaie sous des coins différents ; les mêmes
5457
, les mêmes mesures, les mêmes lois, etc., etc. L’
Europe
, disait-il, n’eût bientôt fait de la sorte véritablement qu’un même p
5458
tc., etc. L’Europe, disait-il, n’eût bientôt fait
de
la sorte véritablement qu’un même peuple, et chacun en voyageant, par
5459
cobin — et nullement fédéraliste ! — la condition
de
toute union européenne résidait dans une « simplification sommaire »
5460
ement fédéraliste ! — la condition de toute union
européenne
résidait dans une « simplification sommaire » des codes, des opinions
5461
unifiés à l’intérieur des grandes nations : Une
de
mes plus grandes pensées avait été l’agglomération, la concentration
5462
révolutions et la politique. Ainsi l’on compte en
Europe
, bien qu’épars, plus de trente millions de Français, quinze millions
5463
Ainsi l’on compte en Europe, bien qu’épars, plus
de
trente millions de Français, quinze millions d’Espagnols, quinze mill
5464
en Europe, bien qu’épars, plus de trente millions
de
Français, quinze millions d’Espagnols, quinze millions d’Italiens, tr
5465
s de trente millions de Français, quinze millions
d’
Espagnols, quinze millions d’Italiens, trente millions d’Allemands : j
5466
ais, quinze millions d’Espagnols, quinze millions
d’
Italiens, trente millions d’Allemands : j’eusse voulu faire de chacun
5467
nols, quinze millions d’Italiens, trente millions
d’
Allemands : j’eusse voulu faire de chacun de ces peuples un seul et mê
5468
trente millions d’Allemands : j’eusse voulu faire
de
chacun de ces peuples un seul et même corps de nation. C’est avec un
5469
lions d’Allemands : j’eusse voulu faire de chacun
de
ces peuples un seul et même corps de nation. C’est avec un tel cortèg
5470
re de chacun de ces peuples un seul et même corps
de
nation. C’est avec un tel cortège qu’il eût été beau de s’avancer dan
5471
ion. C’est avec un tel cortège qu’il eût été beau
de
s’avancer dans la postérité et la bénédiction des siècles. Je me sent
5472
t la bénédiction des siècles. Je me sentais digne
de
cette gloire ! Après cette simplification sommaire, il eût été plus p
5473
simplification sommaire, il eût été plus possible
de
se livrer à la chimère du beau idéal de la civilisation : c’est dans
5474
possible de se livrer à la chimère du beau idéal
de
la civilisation : c’est dans cet état de choses qu’on eût trouvé plus
5475
est dans cet état de choses qu’on eût trouvé plus
de
chances d’amener partout l’unité des codes, celle des principes, des
5476
t état de choses qu’on eût trouvé plus de chances
d’
amener partout l’unité des codes, celle des principes, des opinions, d
5477
res universellement répandues, devenait-il permis
de
rêver, pour la grande famille européenne, l’application du Congrès am
5478
venait-il permis de rêver, pour la grande famille
européenne
, l’application du Congrès américain, ou celle des amphictions de la G
5479
on du Congrès américain, ou celle des amphictions
de
la Grèce ; et quelle perspective alors de force, de grandeur, de joui
5480
ictions de la Grèce ; et quelle perspective alors
de
force, de grandeur, de jouissances, de prospérité ! Quel grand et mag
5481
la Grèce ; et quelle perspective alors de force,
de
grandeur, de jouissances, de prospérité ! Quel grand et magnifique sp
5482
t quelle perspective alors de force, de grandeur,
de
jouissances, de prospérité ! Quel grand et magnifique spectacle ! … Q
5483
tive alors de force, de grandeur, de jouissances,
de
prospérité ! Quel grand et magnifique spectacle ! … Quoi qu’il en soi
5484
ne pense pas qu’après ma chute et la disparition
de
mon système, il y ait en Europe d’autre grand équilibre possible que
5485
ute et la disparition de mon système, il y ait en
Europe
d’autre grand équilibre possible que l’agglomération et la confédérat
5486
la disparition de mon système, il y ait en Europe
d’
autre grand équilibre possible que l’agglomération et la confédération
5487
au milieu de la première grande mêlée, embrassera
de
bonne foi la cause des peuples, se trouvera à la tête de toute l’Euro
5488
e foi la cause des peuples, se trouvera à la tête
de
toute l’Europe, et pourra tenter tout ce qu’il voudra. 162. Cf. Go
5489
use des peuples, se trouvera à la tête de toute l’
Europe
, et pourra tenter tout ce qu’il voudra. 162. Cf. Gollwitzer, op. c
5490
und J. v. Müller, Frauenfeld, 1893. La lettre est
de
1804. 163. Numéro du 2 janvier 1806. 164. Marquis de Laplace : Expo
5491
5.L’Europe des adversaires
de
l’empereur Napoléon avait raison sur ce dernier point : le seul « é
5492
t : le seul « équilibre possible » après la chute
de
son empire, eût été la fédération. De fait, l’équilibre impossible de
5493
ès la chute de son empire, eût été la fédération.
De
fait, l’équilibre impossible de la Sainte-Alliance fut imposé par des
5494
té la fédération. De fait, l’équilibre impossible
de
la Sainte-Alliance fut imposé par des souverains qui, très loin d’« e
5495
ance fut imposé par des souverains qui, très loin
d’
« embrasser de bonne foi la cause des peuples », ne purent nouer au no
5496
é par des souverains qui, très loin d’« embrasser
de
bonne foi la cause des peuples », ne purent nouer au nom de la stabil
5497
qu’une précaire Ligue des rois. Toutefois, l’idée
européenne
avait pris assez de force et rassemblé assez d’espoirs divers pour qu
5498
is. Toutefois, l’idée européenne avait pris assez
de
force et rassemblé assez d’espoirs divers pour que les négociateurs d
5499
enne avait pris assez de force et rassemblé assez
d’
espoirs divers pour que les négociateurs des Traités de paix se sentis
5500
oirs divers pour que les négociateurs des Traités
de
paix se sentissent obligés de l’honorer au moins des lèvres : Extrait
5501
iateurs des Traités de paix se sentissent obligés
de
l’honorer au moins des lèvres : Extrait du protocole de la séance du
5502
onorer au moins des lèvres : Extrait du protocole
de
la séance du 5 février 1814, au congrès de Châtillon : Les plénipote
5503
tocole de la séance du 5 février 1814, au congrès
de
Châtillon : Les plénipotentiaires des cours alliées déclarent qu’ils
5504
ces comme uniquement envoyés par les quatre cours
de
la part desquelles ils sont munis de pleins pouvoirs, mais se trouvan
5505
quatre cours de la part desquelles ils sont munis
de
pleins pouvoirs, mais se trouvant chargés de traiter la paix avec la
5506
unis de pleins pouvoirs, mais se trouvant chargés
de
traiter la paix avec la France au nom de l’Europe, ne formant qu’un s
5507
gés de traiter la paix avec la France au nom de l’
Europe
, ne formant qu’un seul tout. Extrait du traité de Chaumont, 1er mars
5508
e, ne formant qu’un seul tout. Extrait du traité
de
Chaumont, 1er mars 1814 : Le présent traité d’alliance défensive, ay
5509
é de Chaumont, 1er mars 1814 : Le présent traité
d’
alliance défensive, ayant pour but de maintenir l’équilibre en Europe,
5510
ésent traité d’alliance défensive, ayant pour but
de
maintenir l’équilibre en Europe, d’assurer le repos et l’indépendance
5511
nsive, ayant pour but de maintenir l’équilibre en
Europe
, d’assurer le repos et l’indépendance des puissances et de prévenir l
5512
yant pour but de maintenir l’équilibre en Europe,
d’
assurer le repos et l’indépendance des puissances et de prévenir les e
5513
urer le repos et l’indépendance des puissances et
de
prévenir les envahissements qui, depuis tant d’années, ont désolé le
5514
t de prévenir les envahissements qui, depuis tant
d’
années, ont désolé le monde, les Hautes Parties contractantes sont con
5515
Parties contractantes sont convenues entre elles
d’
en étendre la durée de vingt ans, à date du jour de la signature. Ext
5516
sont convenues entre elles d’en étendre la durée
de
vingt ans, à date du jour de la signature. Extrait de la Déclaration
5517
’en étendre la durée de vingt ans, à date du jour
de
la signature. Extrait de la Déclaration de Vichy, 15 mars 1814 : La
5518
ngt ans, à date du jour de la signature. Extrait
de
la Déclaration de Vichy, 15 mars 1814 : La marche des événements (a
5519
jour de la signature. Extrait de la Déclaration
de
Vichy, 15 mars 1814 : La marche des événements (a donné) aux Cours a
5520
énements (a donné) aux Cours alliées le sentiment
de
toute la force de la ligue européenne… La paix sera celle de l’Europe
5521
aux Cours alliées le sentiment de toute la force
de
la ligue européenne… La paix sera celle de l’Europe, toute autre est
5522
lliées le sentiment de toute la force de la ligue
européenne
… La paix sera celle de l’Europe, toute autre est inadmissible. Extra
5523
force de la ligue européenne… La paix sera celle
de
l’Europe, toute autre est inadmissible. Extrait de l’Acte de reconna
5524
e de la ligue européenne… La paix sera celle de l’
Europe
, toute autre est inadmissible. Extrait de l’Acte de reconnaissance d
5525
l’Europe, toute autre est inadmissible. Extrait
de
l’Acte de reconnaissance de la neutralité de la Suisse, 1814 et 1815
5526
toute autre est inadmissible. Extrait de l’Acte
de
reconnaissance de la neutralité de la Suisse, 1814 et 1815 : Les Pui
5527
nadmissible. Extrait de l’Acte de reconnaissance
de
la neutralité de la Suisse, 1814 et 1815 : Les Puissances signataire
5528
rait de l’Acte de reconnaissance de la neutralité
de
la Suisse, 1814 et 1815 : Les Puissances signataires… reconnaissent…
5529
connaissent… que la neutralité et l’inviolabilité
de
la Suisse… sont dans les vrais intérêts de l’Europe tout entière. Et
5530
bilité de la Suisse… sont dans les vrais intérêts
de
l’Europe tout entière. Et Metternich lui-même, l’un des principaux i
5531
é de la Suisse… sont dans les vrais intérêts de l’
Europe
tout entière. Et Metternich lui-même, l’un des principaux inspirateu
5532
ernich lui-même, l’un des principaux inspirateurs
de
ces Traités, déclarait : Depuis longtemps, l’Europe est pour moi une
5533
de ces Traités, déclarait : Depuis longtemps, l’
Europe
est pour moi une patrie. Toute l’Europe se mit donc à parler de l’Eu
5534
temps, l’Europe est pour moi une patrie. Toute l’
Europe
se mit donc à parler de l’Europe, contre Napoléon qui avait voulu la
5535
une patrie. Toute l’Europe se mit donc à parler
de
l’Europe, contre Napoléon qui avait voulu la faire. Mais ce concert d
5536
patrie. Toute l’Europe se mit donc à parler de l’
Europe
, contre Napoléon qui avait voulu la faire. Mais ce concert des Intell
5537
stico-métaphysiques ou socioéconomiques). Domaine
d’
expression française : deux libéraux suisses, Constant et Mme de Staël
5538
iste, Saint-Simon. Domaine germanique : un groupe
de
romantiques catholicisants, Novalis, Görres, Baader et Adam Müller ;
5539
lis, Görres, Baader et Adam Müller ; et un groupe
de
philosophes aux vues profondes, systématiques et mondiales à la Ficht
5540
chlegel, Hegel et Schelling. Mme de Staël servira
de
trait d’union entre les deux domaines. Et Goethe les dominera de sa s
5541
Hegel et Schelling. Mme de Staël servira de trait
d’
union entre les deux domaines. Et Goethe les dominera de sa stature, m
5542
n entre les deux domaines. Et Goethe les dominera
de
sa stature, mais non pas de son influence. C’est au moment où Napoléo
5543
t Goethe les dominera de sa stature, mais non pas
de
son influence. C’est au moment où Napoléon vient de quitter l’île d’E
5544
onstant (1767-1830) publie son célèbre pamphlet :
De
l’Esprit de conquête et de l’usurpation dans leurs rapports avec la c
5545
7-1830) publie son célèbre pamphlet : De l’Esprit
de
conquête et de l’usurpation dans leurs rapports avec la civilisation
5546
son célèbre pamphlet : De l’Esprit de conquête et
de
l’usurpation dans leurs rapports avec la civilisation européenne. Cer
5547
urpation dans leurs rapports avec la civilisation
européenne
. Certes, il n’y propose pas un plan d’union166, mais l’idée de l’Euro
5548
on européenne. Certes, il n’y propose pas un plan
d’
union166, mais l’idée de l’Europe comme formant un ensemble n’est pas
5549
l n’y propose pas un plan d’union166, mais l’idée
de
l’Europe comme formant un ensemble n’est pas seulement dans le titre
5550
propose pas un plan d’union166, mais l’idée de l’
Europe
comme formant un ensemble n’est pas seulement dans le titre : elle es
5551
eulement dans le titre : elle est le sous-entendu
de
l’ouvrage entier. Napoléon, c’est l’esprit de conquête et d’uniformit
5552
ndu de l’ouvrage entier. Napoléon, c’est l’esprit
de
conquête et d’uniformité imposé par les armes, c’est l’anti-Europe. L
5553
e entier. Napoléon, c’est l’esprit de conquête et
d’
uniformité imposé par les armes, c’est l’anti-Europe. La polémique de
5554
par les armes, c’est l’anti-Europe. La polémique
de
Benjamin Constant contre la guerre se lie donc à une attaque contre l
5555
se lie donc à une attaque contre l’idée jacobine
de
la nation centralisée. Par là même, Benjamin Constant se fait le préc
5556
e précurseur des fédéralistes modernes, partisans
d’
une Europe unie dans ses diversités et opposant au nationalisme abstra
5557
urseur des fédéralistes modernes, partisans d’une
Europe
unie dans ses diversités et opposant au nationalisme abstrait, nivele
5558
able que l’uniformité n’ait jamais rencontré plus
de
faveur que dans une révolution faite au nom des droits et de la liber
5559
ue dans une révolution faite au nom des droits et
de
la liberté des hommes. L’esprit systématique s’est d’abord extasié su
5560
attachement aux intérêts, aux mœurs, aux coutumes
de
localité, nos soi-disant patriotes ont déclaré la guerre à toutes ces
5561
s un être abstrait, une idée générale, dépouillée
de
tout ce qui frappe l’imagination et de tout ce qui parle à la mémoire
5562
dépouillée de tout ce qui frappe l’imagination et
de
tout ce qui parle à la mémoire. Pour bâtir l’édifice, ils commençaien
5563
gnaient par des chiffres les légions et les corps
d’
armée, tant ils semblaient craindre qu’une idée morale ne pût se ratta
5564
is longtemps, et dont l’amalgame a perdu l’odieux
de
la violence et de la conquête, on voit le patriotisme qui naît des va
5565
ont l’amalgame a perdu l’odieux de la violence et
de
la conquête, on voit le patriotisme qui naît des variétés locales, se
5566
iotisme qui naît des variétés locales, seul genre
de
patriotisme véritable, renaître comme des cendres, dès que la main du
5567
ut ce qui leur donne l’apparence, même trompeuse,
d’
être constitués en corps de nation, et réunis par des hens particulier
5568
rence, même trompeuse, d’être constitués en corps
de
nation, et réunis par des hens particuliers. On sent que s’ils n’étai
5569
que s’ils n’étaient arrêtés dans le développement
de
cette inclination innocente et bienfaisante, il se formerait bientôt
5570
aisante, il se formerait bientôt en eux une sorte
d’
honneur communal, pour ainsi dire, d’honneur de ville, d’honneur de pr
5571
ux une sorte d’honneur communal, pour ainsi dire,
d’
honneur de ville, d’honneur de province, qui serait à la fois une joui
5572
te d’honneur communal, pour ainsi dire, d’honneur
de
ville, d’honneur de province, qui serait à la fois une jouissance et
5573
ur communal, pour ainsi dire, d’honneur de ville,
d’
honneur de province, qui serait à la fois une jouissance et une vertu.
5574
l, pour ainsi dire, d’honneur de ville, d’honneur
de
province, qui serait à la fois une jouissance et une vertu. Mais la j
5575
ois une jouissance et une vertu. Mais la jalousie
de
l’autorité les surveille, s’alarme, et brise le germe prêt à éclore.
5576
Quelle politique déplorable que celle qui en fait
de
la rébellion ! Qu’arrive-t-il ? que dans tous les États où l’on détru
5577
dans un isolement contre nature, étrangers au heu
de
leur naissance, sans contact avec le passé, ne vivant que dans un pré
5578
s sur une plaine immense et nivelée, se détachent
d’
une patrie qu’ils n’aperçoivent nulle part, et dont l’ensemble leur de
5579
que leur affection ne peut se reposer sur aucune
de
ses parties. La variété, c’est de l’organisation : l’uniformité, c’es
5580
oser sur aucune de ses parties. La variété, c’est
de
l’organisation : l’uniformité, c’est du mécanisme. La variété, c’est
5581
la mort. L’année même où paraissait la brochure
de
Constant, manifeste du libéralisme politique, où mourait Fichte, théo
5582
ur Sainte-Hélène tandis que Gentz, le « chevalier
de
l’Europe » se voyait placé au cœur des grandes affaires, un obscur ar
5583
inte-Hélène tandis que Gentz, le « chevalier de l’
Europe
» se voyait placé au cœur des grandes affaires, un obscur aristocrate
5584
ncien officier, ancien spéculateur, ancien détenu
de
la Terreur, économiste, ingénieur, écrivain, et futur fondateur d’une
5585
onomiste, ingénieur, écrivain, et futur fondateur
d’
une secte religieuse, publiait un plan d’États-Unis d’Europe d’une con
5586
ondateur d’une secte religieuse, publiait un plan
d’
États-Unis d’Europe d’une conception absolument nouvelle. En voici le
5587
eligieuse, publiait un plan d’États-Unis d’Europe
d’
une conception absolument nouvelle. En voici le titre complet : De la
5588
absolument nouvelle. En voici le titre complet :
De
la réorganisation de la Société européenne, ou de la nécessité de ras
5589
En voici le titre complet : De la réorganisation
de
la Société européenne, ou de la nécessité de rassembler les peuples d
5590
itre complet : De la réorganisation de la Société
européenne
, ou de la nécessité de rassembler les peuples de l’Europe en un seul
5591
De la réorganisation de la Société européenne, ou
de
la nécessité de rassembler les peuples de l’Europe en un seul corps p
5592
tion de la Société européenne, ou de la nécessité
de
rassembler les peuples de l’Europe en un seul corps politique, en con
5593
nne, ou de la nécessité de rassembler les peuples
de
l’Europe en un seul corps politique, en conservant à chacun son indép
5594
ou de la nécessité de rassembler les peuples de l’
Europe
en un seul corps politique, en conservant à chacun son indépendance n
5595
n indépendance nationale. Sans même tenir compte
de
l’influence que Saint-Simon devait exercer par la suite sur l’histori
5596
u capitalisme industriel par F. de Lesseps (canal
de
Suez) et sur le socialisme français par Enfantin, Fourier et les phal
5597
es phalanstériens, on doit reconnaître à son plan
européen
deux qualités majeures : 1° il rompt avec la tradition Dubois — Sully
5598
nces, que Metternich et Alexandre allaient tenter
de
réaliser, en vain, et il propose l’élection de députés européens par
5599
er de réaliser, en vain, et il propose l’élection
de
députés européens par les « corporations », ou professions qu’ils rep
5600
ser, en vain, et il propose l’élection de députés
européens
par les « corporations », ou professions qu’ils représenteront ; 2° i
5601
s qu’ils représenteront ; 2° il place le problème
européen
sur le terrain des « intérêts communs et des engagements solides ». P
5602
engagements solides ». Plus que tout autre auteur
de
Plans antérieurs, il se fonde sur l’économie. Il est le vrai précurse
5603
e fonde sur l’économie. Il est le vrai précurseur
de
la tendance institutionnaliste du xxe siècle, qui a produit le March
5604
rché commun et l’OCDE. Qu’on en juge : Le traité
de
Westphalie établit un nouvel ordre de choses par une opération politi
5605
Le traité de Westphalie établit un nouvel ordre
de
choses par une opération politique, qu’on appela équilibre des puissa
5606
litique, qu’on appela équilibre des puissances. L’
Europe
fut partagée en deux confédérations qu’on s’efforçait de maintenir ég
5607
partagée en deux confédérations qu’on s’efforçait
de
maintenir égales : c’était créer la guerre et l’entretenir constituti
5608
ntretenir constitutionnellement ; car deux ligues
d’
égale force sont nécessairement rivales, et il n’y a pas de rivalités
5609
orce sont nécessairement rivales, et il n’y a pas
de
rivalités sans guerres. Dès lors chaque puissance n’eut d’autre occup
5610
tés sans guerres. Dès lors chaque puissance n’eut
d’
autre occupation que d’accroître ses forces militaires. Au lieu de ces
5611
ors chaque puissance n’eut d’autre occupation que
d’
accroître ses forces militaires. Au lieu de ces chétives poignées de s
5612
rces militaires. Au lieu de ces chétives poignées
de
soldats levées pour un temps et bientôt licenciées, on vit partout de
5613
, presque toujours actives ; car depuis le traité
de
Westphalie la guerre a été l’état habituel de l’Europe… L’Europe a fo
5614
ité de Westphalie la guerre a été l’état habituel
de
l’Europe… L’Europe a formé autrefois une société confédérative unie p
5615
e Westphalie la guerre a été l’état habituel de l’
Europe
… L’Europe a formé autrefois une société confédérative unie par des in
5616
ie la guerre a été l’état habituel de l’Europe… L’
Europe
a formé autrefois une société confédérative unie par des institutions
5617
réparer. Je ne prétends pas sans doute qu’on tire
de
la poussière cette vieille organisation qui fatigue encore l’Europe d
5618
e cette vieille organisation qui fatigue encore l’
Europe
de ses débris inutiles : le xixe siècle est trop loin du xiiie . Une
5619
vieille organisation qui fatigue encore l’Europe
de
ses débris inutiles : le xixe siècle est trop loin du xiiie . Une co
5620
qui n’ont qu’un temps : voilà ce qui convient à l’
Europe
, voilà ce que je propose aujourd’hui… À toute réunion de peuples comm
5621
là ce que je propose aujourd’hui… À toute réunion
de
peuples comme à toute réunion d’hommes, il faut des institutions comm
5622
À toute réunion de peuples comme à toute réunion
d’
hommes, il faut des institutions communes, il faut une organisation :
5623
de là, tout se décide par la force. Vouloir que l’
Europe
soit en paix par des traités et des congrès, c’est vouloir qu’un corp
5624
s intérêts communs et les engagemens solides… … L’
Europe
aurait la meilleure organisation possible, si toutes les nations qu’e
5625
e par un parlement, reconnaissaient la suprématie
d’
un parlement général placé au-dessus de tous les gouvememens nationaux
5626
suprématie d’un parlement général placé au-dessus
de
tous les gouvememens nationaux et investi du pouvoir de juger leurs d
5627
s les gouvememens nationaux et investi du pouvoir
de
juger leurs différens. … Il en est du gouvernement européen, comme de
5628
uger leurs différens. … Il en est du gouvernement
européen
, comme des Gouvernemens nationaux, il ne peut avoir d’action sans une
5629
omme des Gouvernemens nationaux, il ne peut avoir
d’
action sans une volonté commune à tous ses membres. Or, cette volonté
5630
nté commune à tous ses membres. Or, cette volonté
de
corps qui, dans un gouvernement national, naît du patriotisme nationa
5631
aît du patriotisme national, dans le gouvernement
européen
ne peut provenir que d’une plus grande généralité de vues, d’un senti
5632
ans le gouvernement européen ne peut provenir que
d’
une plus grande généralité de vues, d’un sentiment plus étendu, qu’on
5633
ne peut provenir que d’une plus grande généralité
de
vues, d’un sentiment plus étendu, qu’on peut appeler le patriotisme e
5634
rovenir que d’une plus grande généralité de vues,
d’
un sentiment plus étendu, qu’on peut appeler le patriotisme européen.
5635
nt plus étendu, qu’on peut appeler le patriotisme
européen
. C’est l’institution qui forme les hommes, dit Montesquieu ; ainsi, c
5636
nt qui fait sortir le patriotisme hors des bornes
de
la patrie, cette habitude de considérer les intérêts de l’Europe, au
5637
isme hors des bornes de la patrie, cette habitude
de
considérer les intérêts de l’Europe, au lieu des intérêts nationaux,
5638
patrie, cette habitude de considérer les intérêts
de
l’Europe, au lieu des intérêts nationaux, sera pour ceux qui doivent
5639
e, cette habitude de considérer les intérêts de l’
Europe
, au lieu des intérêts nationaux, sera pour ceux qui doivent former le
5640
x, sera pour ceux qui doivent former le parlement
européen
, un fruit nécessaire de son établissement. Il est vrai ; mais aussi c
5641
former le parlement européen, un fruit nécessaire
de
son établissement. Il est vrai ; mais aussi ce sont les hommes qui fo
5642
peut s’établir si elle ne les trouve tout formés
d’
avance, ou du moins préparés à l’être. C’est donc une nécessité de n’a
5643
moins préparés à l’être. C’est donc une nécessité
de
n’admettre dans la chambre des députés du parlement européen, c’est-à
5644
admettre dans la chambre des députés du parlement
européen
, c’est-à-dire dans l’un des deux pouvoirs actifs de la constitution e
5645
, c’est-à-dire dans l’un des deux pouvoirs actifs
de
la constitution européenne, que des hommes qui, par des relations plu
5646
l’un des deux pouvoirs actifs de la constitution
européenne
, que des hommes qui, par des relations plus étendues, des habitudes m
5647
e répand sur tous les peuples, sont plus capables
d’
arriver bientôt à cette généralité de vues qui doit être l’esprit de c
5648
lus capables d’arriver bientôt à cette généralité
de
vues qui doit être l’esprit de corps, à cet intérêt général qui doit
5649
à cette généralité de vues qui doit être l’esprit
de
corps, à cet intérêt général qui doit être l’intérêt de corps du parl
5650
ps, à cet intérêt général qui doit être l’intérêt
de
corps du parlement européen. Des négocians, des savans, des magistrat
5651
ral qui doit être l’intérêt de corps du parlement
européen
. Des négocians, des savans, des magistrats et des administrateurs doi
5652
u grand parlement. Et en effet, tout ce qu’il y a
d’
intérêts communs à la société européenne, peut être rapporté aux scien
5653
tout ce qu’il y a d’intérêts communs à la société
européenne
, peut être rapporté aux sciences, aux arts, à la législation, au comm
5654
l’administration et à l’industrie. Chaque million
d’
hommes sachant lire et écrire en Europe, devra députer à la chambre de
5655
Chaque million d’hommes sachant lire et écrire en
Europe
, devra députer à la chambre des communes du grand parlement un négoci
5656
un magistrat. Ainsi, en supposant qu’il y ait en
Europe
soixante millions d’hommes sachant lire et écrire, la chambre sera co
5657
supposant qu’il y ait en Europe soixante millions
d’
hommes sachant lire et écrire, la chambre sera composée de deux-cent-q
5658
sachant lire et écrire, la chambre sera composée
de
deux-cent-quarante membres. Les élections de chacun des membres se fe
5659
osée de deux-cent-quarante membres. Les élections
de
chacun des membres se feront par la corporation à laquelle il apparti
5660
us seront nommés pour dix années… Toute question
d’
intérêt général de la société européenne sera portée devant le grand p
5661
our dix années… Toute question d’intérêt général
de
la société européenne sera portée devant le grand parlement, et exami
5662
… Toute question d’intérêt général de la société
européenne
sera portée devant le grand parlement, et examinée et résolue par lui
5663
ront s’élever entre les Gouvememens. Le parlement
européen
devra avoir en propriété et souveraineté exclusive une ville et son t
5664
e et son territoire. Le parlement aura le pouvoir
de
lever sur la confédération tous les impôts qu’il jugera nécessaires.
5665
qu’il jugera nécessaires. Toutes les entreprises
d’
une utilité générale pour la société européenne, seront dirigées par l
5666
ntreprises d’une utilité générale pour la société
européenne
, seront dirigées par le grand parlement : ainsi, par exemple, il join
5667
que, etc. Sans activité au-dehors, il n’y a point
de
tranquillité au-dedans. Le plus sûr moyen de maintenir la paix dans l
5668
oint de tranquillité au-dedans. Le plus sûr moyen
de
maintenir la paix dans la confédération sera de la porter sans cesse
5669
n de maintenir la paix dans la confédération sera
de
la porter sans cesse hors d’elle-même, et de l’occuper sans relâche p
5670
a confédération sera de la porter sans cesse hors
d’
elle-même, et de l’occuper sans relâche par des grands travaux intérie
5671
sera de la porter sans cesse hors d’elle-même, et
de
l’occuper sans relâche par des grands travaux intérieurs. Peupler le
5672
r des grands travaux intérieurs. Peupler le globe
de
la race européenne, qui est supérieure à toutes les autres races d’ho
5673
s travaux intérieurs. Peupler le globe de la race
européenne
, qui est supérieure à toutes les autres races d’hommes ; le rendre vo
5674
nne, qui est supérieure à toutes les autres races
d’
hommes ; le rendre voyageable et habitable comme l’Europe, voilà l’ent
5675
ommes ; le rendre voyageable et habitable comme l’
Europe
, voilà l’entreprise par laquelle le parlement européen devra continue
5676
ope, voilà l’entreprise par laquelle le parlement
européen
devra continuellement exercer l’activité de l’Europe, et la tenir tou
5677
européen devra continuellement exercer l’activité
de
l’Europe, et la tenir toujours en haleine. L’instruction publique dan
5678
éen devra continuellement exercer l’activité de l’
Europe
, et la tenir toujours en haleine. L’instruction publique dans toute l
5679
s en haleine. L’instruction publique dans toute l’
Europe
, sera mise sous la direction et la surveillance du grand parlement. U
5680
on et la surveillance du grand parlement. Un code
de
morale tant générale que nationale et individuelle, sera rédigé par l
5681
grand parlement, pour être enseigné dans toute l’
Europe
. Il y sera démontré que les principes sur lesquels reposera la conféd
5682
principes sur lesquels reposera la confédération
européenne
, sont les meilleurs, les plus solides, les seuls capables de rendre l
5683
s meilleurs, les plus solides, les seuls capables
de
rendre la société aussi heureuse qu’elle puisse l’être, et par la nat
5684
e l’être, et par la nature humaine, et par l’état
de
ses lumières. Le grand parlement permettra l’entière liberté de consc
5685
s. Le grand parlement permettra l’entière liberté
de
conscience, et l’exercice libre de toutes les religions ; mais il rép
5686
ntière liberté de conscience, et l’exercice libre
de
toutes les religions ; mais il réprimera celles dont les principes se
5687
t les principes seraient contraires au grand code
de
morale qui aura été établi. Ainsi, il y aura entre les peuples europé
5688
ra été établi. Ainsi, il y aura entre les peuples
européens
ce qui fait le lien et la base de toute association politique : confo
5689
peuples européens ce qui fait le lien et la base
de
toute association politique : conformité d’institutions, union d’inté
5690
base de toute association politique : conformité
d’
institutions, union d’intérêts, rapport de maximes, communauté de mora
5691
tion politique : conformité d’institutions, union
d’
intérêts, rapport de maximes, communauté de morale et d’instruction pu
5692
formité d’institutions, union d’intérêts, rapport
de
maximes, communauté de morale et d’instruction publique… Après de gra
5693
union d’intérêts, rapport de maximes, communauté
de
morale et d’instruction publique… Après de grands efforts et de grand
5694
rêts, rapport de maximes, communauté de morale et
d’
instruction publique… Après de grands efforts et de grands travaux, je
5695
unauté de morale et d’instruction publique… Après
de
grands efforts et de grands travaux, je me suis placé du point de vue
5696
’instruction publique… Après de grands efforts et
de
grands travaux, je me suis placé du point de vue de l’intérêt commun
5697
grands travaux, je me suis placé du point de vue
de
l’intérêt commun des peuples européens. Ce point est le seul duquel o
5698
é du point de vue de l’intérêt commun des peuples
européens
. Ce point est le seul duquel on puisse apercevoir et les maux qui nou
5699
evoir et les maux qui nous menacent et les moyens
d’
éviter ces maux. Que ceux qui dirigent les affaires s’élèvent à la mêm
5700
l viendra sans doute un temps où tous les peuples
de
l’Europe sentiront qu’il faut régler les points d’intérêt général, av
5701
ndra sans doute un temps où tous les peuples de l’
Europe
sentiront qu’il faut régler les points d’intérêt général, avant de de
5702
e l’Europe sentiront qu’il faut régler les points
d’
intérêt général, avant de descendre aux intérêts nationaux ; alors les
5703
ue nous tendons sans cesse, c’est là que le cours
de
l’esprit humain nous emporte ! mais lequel est le plus digne de la pr
5704
main nous emporte ! mais lequel est le plus digne
de
la prudence de l’homme ou de s’y traîner, ou d’y courir ? Le comte J
5705
te ! mais lequel est le plus digne de la prudence
de
l’homme ou de s’y traîner, ou d’y courir ? Le comte Joseph de Maistr
5706
el est le plus digne de la prudence de l’homme ou
de
s’y traîner, ou d’y courir ? Le comte Joseph de Maistre (1754-1821)
5707
e de la prudence de l’homme ou de s’y traîner, ou
d’
y courir ? Le comte Joseph de Maistre (1754-1821) né en Savoie, longt
5708
e en marge de la France, — quoique grand écrivain
de
langue française — l’opposition la plus fanatique à la Révolution lib
5709
nationalisme et à la démocratie. Convaincu que l’
Europe
(audax Japeti genus, comme l’écrivait Horace) est à la tête de l’huma
5710
eti genus, comme l’écrivait Horace) est à la tête
de
l’humanité, il n’en énonce pas moins les prophéties les plus sombres
5711
t imaginer pour elle qu’un seul salut : le retour
de
tous les peuples à Rome, et leur subordination sans condition au pape
5712
dination sans condition au pape, « grand Démiurge
de
la civilisation », fondateur de la « monarchie européenne » et « sour
5713
« grand Démiurge de la civilisation », fondateur
de
la « monarchie européenne » et « source de la souveraineté de l’Europ
5714
de la civilisation », fondateur de la « monarchie
européenne
» et « source de la souveraineté de l’Europe ». Mais comment croire à
5715
dateur de la « monarchie européenne » et « source
de
la souveraineté de l’Europe ». Mais comment croire à la réalisation d
5716
rchie européenne » et « source de la souveraineté
de
l’Europe ». Mais comment croire à la réalisation de cette grandiose r
5717
européenne » et « source de la souveraineté de l’
Europe
». Mais comment croire à la réalisation de cette grandiose rêverie th
5718
l’Europe ». Mais comment croire à la réalisation
de
cette grandiose rêverie théocratique ? On doute que son auteur y ait
5719
lettre au comte de Marcellus) : « Je meurs avec l’
Europe
, je suis en bonne compagnie. » Dans son livre intitulé Du pape 168, p
5720
us tard, il n’en définit pas moins la supériorité
de
l’Europe et de la liberté sur l’Asie et le despotisme : L’univers s’
5721
rd, il n’en définit pas moins la supériorité de l’
Europe
et de la liberté sur l’Asie et le despotisme : L’univers s’est parta
5722
n définit pas moins la supériorité de l’Europe et
de
la liberté sur l’Asie et le despotisme : L’univers s’est partagé en
5723
tisme : L’univers s’est partagé en deux systèmes
d’
une diversité tranchante. La race audacieuse de Japhet n’a cessé, s’i
5724
s d’une diversité tranchante. La race audacieuse
de
Japhet n’a cessé, s’il est permis de s’exprimer ainsi, de graviter ve
5725
e audacieuse de Japhet n’a cessé, s’il est permis
de
s’exprimer ainsi, de graviter vers ce qu’on appelle la liberté, c’est
5726
t n’a cessé, s’il est permis de s’exprimer ainsi,
de
graviter vers ce qu’on appelle la liberté, c’est-à-dire vers cet État
5727
e. Toujours en garde contre ses maîtres, tantôt l’
Européen
les a chassés, et tantôt il leur a opposé des lois. Il a tout tenté,
5728
tenté, il a épuisé toutes les formes imaginables
de
gouvernement, pour se passer de maîtres ou pour restreindre leur puis
5729
ormes imaginables de gouvernement, pour se passer
de
maîtres ou pour restreindre leur puissance. L’immense postérité de Se
5730
r restreindre leur puissance. L’immense postérité
de
Sem et de Cham a pris une autre route. Depuis les temps primitifs jus
5731
dre leur puissance. L’immense postérité de Sem et
de
Cham a pris une autre route. Depuis les temps primitifs jusqu’à ceux
5732
hez elle, l’homme le plus riche et le plus maître
de
ses actions, le possesseur d’une immense fortune mobilière, absolumen
5733
e et le plus maître de ses actions, le possesseur
d’
une immense fortune mobilière, absolument libre de la transporter où i
5734
d’une immense fortune mobilière, absolument libre
de
la transporter où il voudroit, sûr d’ailleurs d’une protection parfai
5735
de la transporter où il voudroit, sûr d’ailleurs
d’
une protection parfaite sur le sol européen, et voyant déjà arriver à
5736
r d’ailleurs d’une protection parfaite sur le sol
européen
, et voyant déjà arriver à lui le cordon ou le poignard, les préfère c
5737
ou le poignard, les préfère cependant au malheur
de
mourir d’ennui au milieu de nous. Personne sans doute n’imaginera de
5738
gnard, les préfère cependant au malheur de mourir
d’
ennui au milieu de nous. Personne sans doute n’imaginera de conseiller
5739
u milieu de nous. Personne sans doute n’imaginera
de
conseiller à l’Europe le droit public, si court et si clair, de l’Asi
5740
Personne sans doute n’imaginera de conseiller à l’
Europe
le droit public, si court et si clair, de l’Asie et de l’Afrique ; ma
5741
à l’Europe le droit public, si court et si clair,
de
l’Asie et de l’Afrique ; mais puisque le pouvoir chez elle est toujou
5742
droit public, si court et si clair, de l’Asie et
de
l’Afrique ; mais puisque le pouvoir chez elle est toujours craint, di
5743
uté, attaqué ou transporté ; puisqu’il n’y a rien
de
si insupportable à notre orgueil que le gouvernement despotique, le p
5744
e gouvernement despotique, le plus grand problème
européen
est donc de savoir : Comment on peut restreindre le pouvoir souverain
5745
potique, le plus grand problème européen est donc
de
savoir : Comment on peut restreindre le pouvoir souverain sans le dét
5746
s’est demandé si le vrai but du livre n’était pas
de
ramener à l’obédience de Rome l’empereur Alexandre Ier. Pour une négo
5747
but du livre n’était pas de ramener à l’obédience
de
Rome l’empereur Alexandre Ier. Pour une négociation de cette nature,
5748
me l’empereur Alexandre Ier. Pour une négociation
de
cette nature, de Maistre a peu d’atouts : il condamne d’avance toute
5749
une négociation de cette nature, de Maistre a peu
d’
atouts : il condamne d’avance toute idée de rapprochement avec l’ortho
5750
e nature, de Maistre a peu d’atouts : il condamne
d’
avance toute idée de rapprochement avec l’orthodoxie ou avec les prote
5751
a peu d’atouts : il condamne d’avance toute idée
de
rapprochement avec l’orthodoxie ou avec les protestants, qui n’ont qu
5752
s premiers, le retour à Rome serait le seul moyen
de
« s’élever au plus haut niveau de la culture européenne » ; pour les
5753
t le seul moyen de « s’élever au plus haut niveau
de
la culture européenne » ; pour les seconds, il s’agirait d’une abdica
5754
n de « s’élever au plus haut niveau de la culture
européenne
» ; pour les seconds, il s’agirait d’une abdication de leur « orgueil
5755
ure européenne » ; pour les seconds, il s’agirait
d’
une abdication de leur « orgueil » et d’une conversion totale, car, di
5756
; pour les seconds, il s’agirait d’une abdication
de
leur « orgueil » et d’une conversion totale, car, dit-il, « la moitié
5757
s’agirait d’une abdication de leur « orgueil » et
d’
une conversion totale, car, dit-il, « la moitié (protestante) de l’Eur
5758
on totale, car, dit-il, « la moitié (protestante)
de
l’Europe est sans religion ». Bien plus, à l’en croire : Le plus gra
5759
tale, car, dit-il, « la moitié (protestante) de l’
Europe
est sans religion ». Bien plus, à l’en croire : Le plus grand ennemi
5760
Bien plus, à l’en croire : Le plus grand ennemi
de
l’Europe, qu’il importe d’étouffer par tous les moyens qui ne sont pa
5761
plus, à l’en croire : Le plus grand ennemi de l’
Europe
, qu’il importe d’étouffer par tous les moyens qui ne sont pas des cri
5762
Le plus grand ennemi de l’Europe, qu’il importe
d’
étouffer par tous les moyens qui ne sont pas des crimes, l’ulcère fune
5763
verainetés et qui les ronge sans relâche, le fils
de
l’orgueil, le père de l’anarchie, le dissolvant universel, c’est le p
5764
ronge sans relâche, le fils de l’orgueil, le père
de
l’anarchie, le dissolvant universel, c’est le protestantisme. Fille
5765
olvant universel, c’est le protestantisme. Fille
de
Necker, ministre genevois, protestant et libéral, de Louis XVI, la ba
5766
Necker, ministre genevois, protestant et libéral,
de
Louis XVI, la baronne de Staël-Holstein (1766-1817) est aux antipodes
5767
Holstein (1766-1817) est aux antipodes spirituels
de
son voisin de Chambéry, le ministre savoyard du roi de Sardaigne. Ell
5768
-1817) est aux antipodes spirituels de son voisin
de
Chambéry, le ministre savoyard du roi de Sardaigne. Elle est née pour
5769
et lui ne voit dans la Réforme que l’ennemi juré
de
l’unité. Ne serait-ce pas qu’il se fait de l’unité la même idée forme
5770
i juré de l’unité. Ne serait-ce pas qu’il se fait
de
l’unité la même idée formelle et coercitive que les jacobins exécrés
5771
itive que les jacobins exécrés ? Mme de Staël est
de
l’école fédéraliste, qui est aussi œcuménique : Il y a dans l’esprit
5772
forces très distinctes : l’une inspire le besoin
de
croire, l’autre celui d’examiner. L’une de ces facultés ne doit pas ê
5773
l’une inspire le besoin de croire, l’autre celui
d’
examiner. L’une de ces facultés ne doit pas être satisfaite aux dépens
5774
besoin de croire, l’autre celui d’examiner. L’une
de
ces facultés ne doit pas être satisfaite aux dépens de l’autre : le p
5775
otestantisme et le catholicisme ne viennent point
de
ce qu’il y a eu des papes et Luther ; c’est une pauvre manière de con
5776
eu des papes et Luther ; c’est une pauvre manière
de
considérer l’histoire que de l’attribuer à des hasards. Le protestant
5777
t une pauvre manière de considérer l’histoire que
de
l’attribuer à des hasards. Le protestantisme et le catholicisme exist
5778
dans chaque homme. … Il se peut qu’un jour un cri
d’
union s’élève, et que l’universalité des chrétiens aspire à professer
5779
commencé par unir les contraires, fondant ainsi l’
Europe
? La religion chrétienne a été le lien des peuples du Nord et du Mid
5780
ternelle prodigue les siècles à l’accomplissement
de
ses desseins, et notre existence passagère s’en irrite et s’en étonne
5781
’être plus qu’un même peuple dans les divers pays
de
l’Europe et la religion chrétienne y a puissamment contribué.169 Le
5782
plus qu’un même peuple dans les divers pays de l’
Europe
et la religion chrétienne y a puissamment contribué.169 Le rôle his
5783
Napoléon, que dans l’usage fécond qu’elle a fait
de
son exil. Coppet devint grâce à elle (comme le lui reprocheront les n
5784
elle (comme le lui reprocheront les nationalistes
de
l’école de Charles Maurras) la « trouée » par laquelle la France fut
5785
le lui reprocheront les nationalistes de l’école
de
Charles Maurras) la « trouée » par laquelle la France fut ouverte au
5786
» par laquelle la France fut ouverte au renouveau
de
la pensée européenne, initié par le génie des Goethe et des Herder. S
5787
e la France fut ouverte au renouveau de la pensée
européenne
, initié par le génie des Goethe et des Herder. Son ouvrage intitulé D
5788
ie des Goethe et des Herder. Son ouvrage intitulé
De
l’Allemagne est un acte européen dont les conséquences se révéleront
5789
. Son ouvrage intitulé De l’Allemagne est un acte
européen
dont les conséquences se révéleront plus amples que celles des actes
5790
nt plus amples que celles des actes diplomatiques
de
l’époque : Il faut, dans nos temps modernes, avoir l’esprit européen
5791
Il faut, dans nos temps modernes, avoir l’esprit
européen
. … Les nations doivent se servir de guide les unes aux autres, et tou
5792
’esprit européen. … Les nations doivent se servir
de
guide les unes aux autres, et toutes auraient tort de se priver des l
5793
uide les unes aux autres, et toutes auraient tort
de
se priver des lumières qu’elles peuvent mutuellement se prêter. Il y
5794
vent mutuellement se prêter. Il y a quelque chose
de
très-singulier dans la différence d’un peuple à un autre : le climat,
5795
uelque chose de très-singulier dans la différence
d’
un peuple à un autre : le climat, l’aspect de la nature, la langue, le
5796
ence d’un peuple à un autre : le climat, l’aspect
de
la nature, la langue, le gouvernement, enfin surtout les événements d
5797
ue, le gouvernement, enfin surtout les événements
de
l’histoire, puissance plus extraordinaire encore que toutes les autre
5798
r ce qui se développe naturellement dans l’esprit
de
celui qui vit sur un autre sol et respire un autre air ; on se trouve
5799
autre air ; on se trouvera donc bien en tout pays
d’
accueillir les pensées étrangères ; car dans ce genre, l’hospitalité f
5800
car dans ce genre, l’hospitalité fait la fortune
de
celui qui reçoit. … Enfin, il reste encore une chose, dont l’ignoranc
5801
a frivolité ne peuvent jouir, c’est l’association
de
tous les hommes qui pensent, d’un bout de l’Europe à l’autre. Souvent
5802
est l’association de tous les hommes qui pensent,
d’
un bout de l’Europe à l’autre. Souvent ils n’ont entre eux aucune rela
5803
ciation de tous les hommes qui pensent, d’un bout
de
l’Europe à l’autre. Souvent ils n’ont entre eux aucune relation ; ils
5804
on de tous les hommes qui pensent, d’un bout de l’
Europe
à l’autre. Souvent ils n’ont entre eux aucune relation ; ils sont dis
5805
nt dispersés souvent à des grandes distances l’un
de
l’autre ; mais quand ils se rencontrent, un mot suffit pour qu’ils se
5806
’est pas telle religion, telle opinion, tel genre
d’
étude, c’est le culte de la vérité qui les réunit. Tantôt, comme les m
5807
telle opinion, tel genre d’étude, c’est le culte
de
la vérité qui les réunit. Tantôt, comme les mineurs, ils creusent jus
5808
ôt, comme les mineurs, ils creusent jusqu’au fond
de
la terre, pour pénétrer, au sein de l’éternelle nuit, les mystères du
5809
nomènes inconnus, tantôt ils étudient les langues
de
l’Orient, pour y chercher l’histoire primitive de l’homme, tantôt ils
5810
de l’Orient, pour y chercher l’histoire primitive
de
l’homme, tantôt ils vont à Jérusalem pour faire sortir des ruines sai
5811
et la poésie ; enfin, ils sont vraiment le peuple
de
Dieu, ces hommes qui ne désespèrent pas encore de la racine humaine,
5812
de Dieu, ces hommes qui ne désespèrent pas encore
de
la racine humaine, et veulent lui conserver l’empire de la pensée.170
5813
racine humaine, et veulent lui conserver l’empire
de
la pensée.170 Il n’y a pas de plus éminent service à rendre à la lit
5814
us éminent service à rendre à la littérature, que
de
transporter d’une langue à l’autre les chefs-d’œuvre de l’esprit huma
5815
ice à rendre à la littérature, que de transporter
d’
une langue à l’autre les chefs-d’œuvre de l’esprit humain. Il existe s
5816
nsporter d’une langue à l’autre les chefs-d’œuvre
de
l’esprit humain. Il existe si peu de productions du premier rang ; le
5817
pauvre. D’ailleurs, la circulation des idées est,
de
tous les genres de commerce, celui dont les avantages sont les plus c
5818
la circulation des idées est, de tous les genres
de
commerce, celui dont les avantages sont les plus certains.171 On va
5819
nt les plus certains.171 On va retrouver l’écho
de
cet œcuménisme ou fédéralisme des esprits dans les déclarations de Go
5820
ou fédéralisme des esprits dans les déclarations
de
Goethe sur la littérature mondiale. 166. Il aura l’occasion de le f
5821
a littérature mondiale. 166. Il aura l’occasion
de
le faire quelques semaines plus tard, lorsqu’il rédigera sur la deman
5822
ines plus tard, lorsqu’il rédigera sur la demande
de
Napoléon lui-même, l’Acte additionnel aux Constitutions de l’Empire,
5823
on lui-même, l’Acte additionnel aux Constitutions
de
l’Empire, dans lequel est affirmée expressément la volonté de créer u
5824
dans lequel est affirmée expressément la volonté
de
créer une fédération européenne. 167. De l’Esprit de conquête. Chap
5825
e expressément la volonté de créer une fédération
européenne
. 167. De l’Esprit de conquête. Chap. XIII : De l’Uniformité. 168.
5826
olonté de créer une fédération européenne. 167.
De
l’Esprit de conquête. Chap. XIII : De l’Uniformité. 168. Livre II, c
5827
éer une fédération européenne. 167. De l’Esprit
de
conquête. Chap. XIII : De l’Uniformité. 168. Livre II, chap. 2 : « I
5828
nne. 167. De l’Esprit de conquête. Chap. XIII :
De
l’Uniformité. 168. Livre II, chap. 2 : « Inconvéniens de la Souverai
5829
veraineté », Paris, 1821. 169. Œuvres complètes
de
la baronne de Staël, tome IV, De la Littérature, Paris, 1820. 170.
5830
Œuvres complètes de la baronne de Staël, tome IV,
De
la Littérature, Paris, 1820. 170. De l’Allemagne, op. cit., T. XI.
5831
, tome IV, De la Littérature, Paris, 1820. 170.
De
l’Allemagne, op. cit., T. XI. Cet ouvrage, confisqué et détruit par l
5832
é en France qu’en 1814. 171. Op. cit., t. XVII,
De
l’esprit des traductions.
5833
ans les 143 volumes in octavo qui forment l’œuvre
de
ce « grand Européen », on trouve peu de choses sur l’Europe : c’est q
5834
lumes in octavo qui forment l’œuvre de ce « grand
Européen
», on trouve peu de choses sur l’Europe : c’est qu’elle est implicite
5835
« grand Européen », on trouve peu de choses sur l’
Europe
: c’est qu’elle est implicite dans tout ce qu’a pensé Goethe, et tell
5836
te à sa personne qu’il ne trouve guère l’occasion
d’
en parler comme d’une entité objective. Les plans d’union le laissent
5837
u’il ne trouve guère l’occasion d’en parler comme
d’
une entité objective. Les plans d’union le laissent indifférent, comme
5838
en parler comme d’une entité objective. Les plans
d’
union le laissent indifférent, comme la chose politique en général. To
5839
a chose politique en général. Toutefois, c’est en
Européen
qu’il réagit aux premières manifestations du nationalisme culturel, t
5840
llemagne. Mais lorsqu’il est amené à confronter l’
Europe
à d’autres civilisations, l’Orient dans le Divan occidental-oriental,
5841
al-oriental, ou la jeune Amérique dans Les Années
de
voyage de Wilhelm Meister, ses prises de position peuvent paraître am
5842
l, ou la jeune Amérique dans Les Années de voyage
de
Wilhelm Meister, ses prises de position peuvent paraître ambiguës. On
5843
s Années de voyage de Wilhelm Meister, ses prises
de
position peuvent paraître ambiguës. On a lu sa réponse évasive à Schi
5844
à Schiller, qui lui vantait les avantages uniques
de
l’Europe. On va lire ses déclarations contrastées sur les avantages r
5845
iller, qui lui vantait les avantages uniques de l’
Europe
. On va lire ses déclarations contrastées sur les avantages respectifs
5846
arations contrastées sur les avantages respectifs
de
l’ancienneté de notre culture et de la nouveauté de l’american way of
5847
tées sur les avantages respectifs de l’ancienneté
de
notre culture et de la nouveauté de l’american way of life. On ne sau
5848
es respectifs de l’ancienneté de notre culture et
de
la nouveauté de l’american way of life. On ne saurait s’en étonner. C
5849
l’ancienneté de notre culture et de la nouveauté
de
l’american way of life. On ne saurait s’en étonner. Ces contradiction
5850
adictions apparentes relèvent aussi naturellement
de
la formule vitale de Goethe que de la formule créatrice de l’Europe.
5851
relèvent aussi naturellement de la formule vitale
de
Goethe que de la formule créatrice de l’Europe. Rien ne serait moins
5852
naturellement de la formule vitale de Goethe que
de
la formule créatrice de l’Europe. Rien ne serait moins goethéen qu’un
5853
mule vitale de Goethe que de la formule créatrice
de
l’Europe. Rien ne serait moins goethéen qu’un « nationalisme européen
5854
vitale de Goethe que de la formule créatrice de l’
Europe
. Rien ne serait moins goethéen qu’un « nationalisme européen », rien
5855
ien ne serait moins goethéen qu’un « nationalisme
européen
», rien de plus contraire à l’Europe qu’un refus de la mettre en ques
5856
tionalisme européen », rien de plus contraire à l’
Europe
qu’un refus de la mettre en question, de la comparer objectivement au
5857
», rien de plus contraire à l’Europe qu’un refus
de
la mettre en question, de la comparer objectivement aux autres, et de
5858
à l’Europe qu’un refus de la mettre en question,
de
la comparer objectivement aux autres, et de lui donner tort, cas éché
5859
tion, de la comparer objectivement aux autres, et
de
lui donner tort, cas échéant, quoique au nom même des idéaux universe
5860
’abord conçus et propagés… Voici d’abord un choix
de
propos de Goethe où l’on retrouvera les mêmes idées, parfois presque
5861
çus et propagés… Voici d’abord un choix de propos
de
Goethe où l’on retrouvera les mêmes idées, parfois presque dans les m
5862
u’exprimait Mme de Staël : Les diversités innées
de
conceptions et de sentiments… propres à des peuples entiers aussi bie
5863
Staël : Les diversités innées de conceptions et
de
sentiments… propres à des peuples entiers aussi bien qu’à des individ
5864
ntiers aussi bien qu’à des individus et résultant
de
l’inclination, de l’orgueil, ou de vues erronées, ou d’exagérations p
5865
qu’à des individus et résultant de l’inclination,
de
l’orgueil, ou de vues erronées, ou d’exagérations passionnées, prenne
5866
s et résultant de l’inclination, de l’orgueil, ou
de
vues erronées, ou d’exagérations passionnées, prennent avec le temps
5867
nclination, de l’orgueil, ou de vues erronées, ou
d’
exagérations passionnées, prennent avec le temps et pour les foules av
5868
c le temps et pour les foules aveugles, la valeur
de
frontières infranchissables, tout comme les mers et les montagnes lim
5869
omme les mers et les montagnes limitent les pays.
De
là, pour les gens cultivés et pour l’élite, le devoir d’exercer sur l
5870
pour les gens cultivés et pour l’élite, le devoir
d’
exercer sur les relations entre les peuples une influence pacifiante e
5871
gnes. Le libre commerce des idées et des manières
de
sentir accroît, tout autant que l’échange des produits et denrées, la
5872
s et denrées, la richesse et le bien-être général
de
l’humanité. Qu’il n’ait pas eu lieu jusqu’ici, cela ne tient à rien d
5873
n’ait pas eu lieu jusqu’ici, cela ne tient à rien
d’
autre qu’au fait que la communauté internationale n’a pas encore de lo
5874
t que la communauté internationale n’a pas encore
de
lois morales et de principes fermes, comme il en existe dans les rela
5875
internationale n’a pas encore de lois morales et
de
principes fermes, comme il en existe dans les relations privées, et q
5876
ans les relations privées, et qui soient capables
de
fondre en un tour plus ou moins harmonieux les innombrables diversité
5877
, Anglais et Allemands, nous ayons la possibilité
de
nous corriger l’un l’autre. Tel est le grand profit qu’apporte une li
5878
t qui se révélera toujours davantage173. Le terme
de
littérature nationale ne signifie plus grand-chose aujourd’hui ; nous
5879
nous ne devons pas nous attacher à quelque chose
de
particulier et vouloir le considérer comme un modèle, que ce soit la
5880
ou les Nibelungen ; mais quand nous avons besoin
d’
un modèle, il nous faut sans cesse retourner vers les anciens Grecs do
5881
rier dans la mesure du possible ce qui s’y trouve
de
bon.174 Il n’existe pas d’art patriotique ni de science patriotique.
5882
ble ce qui s’y trouve de bon.174 Il n’existe pas
d’
art patriotique ni de science patriotique. L’un et l’autre, comme tout
5883
de bon.174 Il n’existe pas d’art patriotique ni
de
science patriotique. L’un et l’autre, comme tout ce qui est haut et b
5884
entier175. … La haine nationale est quelque chose
de
singulier. Vous la trouverez toujours plus forte et plus ardente aux
5885
plus forte et plus ardente aux degrés inférieurs
de
la culture. Or, il est un degré où elle disparaît complètement et où
5886
es nations, où l’on sent le bonheur et le malheur
de
la nation voisine comme si c’était le nôtre. Ce degré de culture répo
5887
ation voisine comme si c’était le nôtre. Ce degré
de
culture répondait à ma nature et je m’y étais solidement fixé longtem
5888
e et je m’y étais solidement fixé longtemps avant
d’
être parvenu à la soixantaine176. C’est la culture qui a fait la véri
5889
. C’est la culture qui a fait la véritable unité
de
l’Europe, et c’est la politique idéologique, adoptée par les masses,
5890
est la culture qui a fait la véritable unité de l’
Europe
, et c’est la politique idéologique, adoptée par les masses, qui la dé
5891
la technique jouera de plus en plus dans le sens
de
l’union : L’Europe — dit Goethe — était autrefois l’une des plus ext
5892
uera de plus en plus dans le sens de l’union : L’
Europe
— dit Goethe — était autrefois l’une des plus extraordinaires républi
5893
mais existé, et sa ruine a été due au fait qu’une
de
ses parties a voulu devenir ce qu’était le tout, à savoir la France,
5894
, qui voulut devenir République177. Nous parlâmes
de
l’unité de l’Allemagne et dîmes en quel sens elle est possible et dés
5895
t devenir République177. Nous parlâmes de l’unité
de
l’Allemagne et dîmes en quel sens elle est possible et désirable. « J
5896
le, … qui a également imprégné toutes les parties
de
l’empire. »178 Mais Goethe craint qu’une centralisation politique t
5897
sation politique trop poussée nuise à cette unité
de
culture qui ne saurait prospérer que dans la diversité : tout ce qu’i
5898
ospérer que dans la diversité : tout ce qu’il dit
de
l’Allemagne, ici, s’applique identiquement à l’Europe. Les grands tra
5899
de l’Allemagne, ici, s’applique identiquement à l’
Europe
. Les grands travaux — qu’il glorifie à la fin du Second Faust — sont
5900
u Second Faust — sont aussi pour lui une promesse
d’
union des peuples. Il s’enthousiasme à l’idée du percement de l’isthme
5901
peuples. Il s’enthousiasme à l’idée du percement
de
l’isthme de Panama : J’aimerais vivre assez pour le voir, mais ce n’
5902
s’enthousiasme à l’idée du percement de l’isthme
de
Panama : J’aimerais vivre assez pour le voir, mais ce n’est pas poss
5903
lieu, je voudrais voir les Anglais en possession
d’
un canal à Suez. Oui, je voudrais vivre assez pour voir se réaliser ce
5904
the, devient le symbole du monde technique, libre
de
toutes contraintes traditionnelles, succédant au monde européen de la
5905
s contraintes traditionnelles, succédant au monde
européen
de la culture. (Une fois de plus, le stade politique est survolé). Ma
5906
ntes traditionnelles, succédant au monde européen
de
la culture. (Une fois de plus, le stade politique est survolé). Mais
5907
t, il exprime son irritation devant la complexité
de
nos relations humaines et leur absence de cordialité ; ainsi : Du re
5908
plexité de nos relations humaines et leur absence
de
cordialité ; ainsi : Du reste, nous autres vieux Européens, nous nou
5909
cordialité ; ainsi : Du reste, nous autres vieux
Européens
, nous nous portons tous plutôt mal. Nos conditions de vie sont trop a
5910
nous nous portons tous plutôt mal. Nos conditions
de
vie sont trop artificielles et trop compliquées, notre nourriture et
5911
trop compliquées, notre nourriture et notre genre
de
vie sont trop éloignés de la saine nature et nos relations sociales m
5912
urriture et notre genre de vie sont trop éloignés
de
la saine nature et nos relations sociales manquent de charité et de b
5913
a saine nature et nos relations sociales manquent
de
charité et de bienveillance. Chacun est distingué et poli, mais perso
5914
et nos relations sociales manquent de charité et
de
bienveillance. Chacun est distingué et poli, mais personne n’a le cou
5915
t distingué et poli, mais personne n’a le courage
d’
être sincère et vrai, de sorte qu’un honnête homme, avec des tendances
5916
al à sa place parmi nous. Souvent on souhaiterait
d’
être un de ces soi-disant sauvages nés dans les îles des mers du Sud,
5917
ace parmi nous. Souvent on souhaiterait d’être un
de
ces soi-disant sauvages nés dans les îles des mers du Sud, pour pouvo
5918
jamais rien mettre sur pied ». Et il se félicite
d’
avoir encore vécu dans l’âge de la culture, comme « l’un des derniers
5919
Et il se félicite d’avoir encore vécu dans l’âge
de
la culture, comme « l’un des derniers d’une époque qui ne reviendra p
5920
ns l’âge de la culture, comme « l’un des derniers
d’
une époque qui ne reviendra pas de si tôt »182. Cette ambivalence de s
5921
un des derniers d’une époque qui ne reviendra pas
de
si tôt »182. Cette ambivalence de son jugement se traduit par le doub
5922
e reviendra pas de si tôt »182. Cette ambivalence
de
son jugement se traduit par le double mouvement qu’il donne aux perso
5923
nt qu’il donne aux personnages des Années nomades
de
Wilhelm Meister : tandis que les uns s’embarquent pour le Nouveau Mon
5924
barquent pour le Nouveau Monde, un autre a décidé
de
revenir à l’Europe, après avoir été élevé en Amérique par ses parents
5925
e Nouveau Monde, un autre a décidé de revenir à l’
Europe
, après avoir été élevé en Amérique par ses parents, émigrés de la pre
5926
ir été élevé en Amérique par ses parents, émigrés
de
la première génération. Au commencement du xviiie siècle, les espri
5927
rce que tout homme qui se sentait mal à l’aise en
Europe
espérait trouver la liberté sur l’autre bord ; cet élan était entrete
5928
que la population se fût étendue vers l’Occident.
De
vastes territoires, sous le nom de comtés, étaient encore à vendre au
5929
rs l’Occident. De vastes territoires, sous le nom
de
comtés, étaient encore à vendre aux limites des terres habitées. Le p
5930
à vendre aux limites des terres habitées. Le père
de
notre vieillard s’y était fait lui-même un établissement considérable
5931
re dans cette occasion. Le jeune homme, envoyé en
Europe
s’y trouva dans un monde tout nouveau pour lui : cette inestimable cu
5932
autrefois, sous mille et mille formes, lui donna
de
tout autres idées du point où l’humanité peut parvenir. Il aima mieux
5933
et se perdre dans le mouvement vaste et régulier
de
la foule, en travaillant avec elle, que de reculer de plusieurs siècl
5934
gulier de la foule, en travaillant avec elle, que
de
reculer de plusieurs siècles et de jouer, au-delà des mers, le rôle d
5935
a foule, en travaillant avec elle, que de reculer
de
plusieurs siècles et de jouer, au-delà des mers, le rôle d’Orphée et
5936
avec elle, que de reculer de plusieurs siècles et
de
jouer, au-delà des mers, le rôle d’Orphée et de Lycurgue. Partout, se
5937
rs siècles et de jouer, au-delà des mers, le rôle
d’
Orphée et de Lycurgue. Partout, se disait-il, l’homme a besoin de pati
5938
t de jouer, au-delà des mers, le rôle d’Orphée et
de
Lycurgue. Partout, se disait-il, l’homme a besoin de patience ; parto
5939
Lycurgue. Partout, se disait-il, l’homme a besoin
de
patience ; partout il a des ménagements à garder, et j’aime mieux m’a
5940
isant, d’un autre côté, quelques concessions, que
de
guerroyer avec les Iroquois, pour les refouler, ou de les tromper par
5941
uerroyer avec les Iroquois, pour les refouler, ou
de
les tromper par des traités, pour les chasser de leurs marais, ou l’o
5942
de les tromper par des traités, pour les chasser
de
leurs marais, ou l’on souffre à mourir de la morsure des moustiques.1
5943
chasser de leurs marais, ou l’on souffre à mourir
de
la morsure des moustiques.183 172. Gespräche, zu Mickiewicz, 182
5944
illeur Sur notre continent, l’ancien. Tu n’as pas
de
châteaux en ruines Pas de basalte. Et tu n’es pas, au plus intime Des
5945
, l’ancien. Tu n’as pas de châteaux en ruines Pas
de
basalte. Et tu n’es pas, au plus intime Des heures vitales Troublée p
5946
s, au plus intime Des heures vitales Troublée par
de
vains souvenirs. Par tant de vieux conflits en vain… Saisis les chanc
5947
! » 182. Cité par E. Ludwig : Goethe, histoire
d’
un homme, III, 362. 183. Wilhelm Meisters Wanderjahre, Ire partie, c
5948
en 1799 déjà un essai intitulé La Chrétienté ou l’
Europe
, dont il avait donné lecture à un groupe d’amis (parmi lesquels les f
5949
l’Europe, dont il avait donné lecture à un groupe
d’
amis (parmi lesquels les frères Schlegel et le jeune Schelling), mais
5950
ublier, comme trop « catholicisant » selon l’avis
de
Goethe. L’écrit ne parut qu’en 1826, longtemps après la mort prématur
5951
ut qu’en 1826, longtemps après la mort prématurée
de
son auteur. Mais si son influence ne s’est pas exercée sur la premièr
5952
ermanique qui allait devenir la nostalgie commune
de
tous les amis de Novalis, penseurs, artistes et poètes, catholiques d
5953
ait devenir la nostalgie commune de tous les amis
de
Novalis, penseurs, artistes et poètes, catholiques de naissance ou né
5954
ovalis, penseurs, artistes et poètes, catholiques
de
naissance ou néophytes comme le fut Novalis lui-même : Schlegel, Sche
5955
z Joseph de Maistre. C’est aussi le pressentiment
d’
une réconciliation des âmes et d’une renaissance religieuse, d’un gran
5956
le pressentiment d’une réconciliation des âmes et
d’
une renaissance religieuse, d’un grand « concile européen » réunissant
5957
liation des âmes et d’une renaissance religieuse,
d’
un grand « concile européen » réunissant dans une nouvelle Jérusalem c
5958
’une renaissance religieuse, d’un grand « concile
européen
» réunissant dans une nouvelle Jérusalem chrétiens et libertaires, ré
5959
pour célébrer le « Liebesmahl », l’agape, la Fête
de
la paix. Les fragments que nous citons restituent la succession des a
5960
oète. Belle et brillante époque, que celle où l’
Europe
était une terre chrétienne, où une seule et unique chrétienté habitai
5961
commun unissait les provinces les plus éloignées
de
ce vaste empire spirituel. Un seul chef dénué de grandes possessions
5962
de ce vaste empire spirituel. Un seul chef dénué
de
grandes possessions temporelles, dirigeait et unissait les grandes pu
5963
t les grandes puissances politiques… Le sage chef
de
l’Église s’opposait à bon droit aux empiètements insolents des instit
5964
maines quand elles lésaient les privilèges sacrés
de
l’esprit, ainsi qu’aux découvertes importunes et dangereuses dans le
5965
rassemblaient tous les hommes sages et vénérables
de
l’Europe. Tous les trésors y affluaient, Jérusalem détruite avait pri
5966
mblaient tous les hommes sages et vénérables de l’
Europe
. Tous les trésors y affluaient, Jérusalem détruite avait pris sa reva
5967
Des princes soumettaient leurs différends au Père
de
la chrétienté, mettaient volontairement à ses pieds leurs couronnes e
5968
, et allaient jusqu’à tirer gloire, comme membres
de
cette sublime corporation, d’aller finir leur vie dans de pieuses méd
5969
oire, comme membres de cette sublime corporation,
d’
aller finir leur vie dans de pieuses méditations entre les murailles s
5970
sublime corporation, d’aller finir leur vie dans
de
pieuses méditations entre les murailles solitaires des monastères… …
5971
tères… … Tels étaient les beaux traits essentiels
de
ces temps véritablement catholiques ou chrétiens. L’humanité n’était
5972
assez mûre ni tout à fait formée pour ce royaume
de
splendeur. C’était un premier amour qui mourut sous le poids de la vi
5973
C’était un premier amour qui mourut sous le poids
de
la vie temporelle, dont le souvenir fut effacé par des soucis égoïste
5974
t déchiré pour toujours par une grande partie des
Européens
. Ce grand schisme intérieur, qu’accompagnèrent des guerres destructri
5975
destructrices, fut une démonstration remarquable
de
la nocivité de la culture pour le sens de l’invisible, à tout le moin
5976
fut une démonstration remarquable de la nocivité
de
la culture pour le sens de l’invisible, à tout le moins de la nocivit
5977
rquable de la nocivité de la culture pour le sens
de
l’invisible, à tout le moins de la nocivité temporelle d’un certain d
5978
ture pour le sens de l’invisible, à tout le moins
de
la nocivité temporelle d’un certain degré de culture… […] Les insurgé
5979
isible, à tout le moins de la nocivité temporelle
d’
un certain degré de culture… […] Les insurgés prirent avec raison le n
5980
oins de la nocivité temporelle d’un certain degré
de
culture… […] Les insurgés prirent avec raison le nom de protestants,
5981
ture… […] Les insurgés prirent avec raison le nom
de
protestants, car ils protestaient solennellement contre tout empiètem
5982
otestaient solennellement contre tout empiètement
d’
un pouvoir incommode et qui semblait illégitime, sur les consciences.
5983
ndiquèrent provisoirement pour eux-mêmes le droit
d’
examiner, de définir et de choisir en matière religieuse, droit auquel
5984
rovisoirement pour eux-mêmes le droit d’examiner,
de
définir et de choisir en matière religieuse, droit auquel ce pouvoir
5985
pour eux-mêmes le droit d’examiner, de définir et
de
choisir en matière religieuse, droit auquel ce pouvoir avait renoncé
5986
i demeurait vacant. Ils érigèrent aussi une foule
de
principes justes, introduisirent une foule de choses louables et abol
5987
ule de principes justes, introduisirent une foule
de
choses louables et abolirent une foule d’institutions néfastes ; mais
5988
e foule de choses louables et abolirent une foule
d’
institutions néfastes ; mais ils perdirent de vue l’aboutissement néce
5989
oule d’institutions néfastes ; mais ils perdirent
de
vue l’aboutissement nécessaire de leur action, ils séparèrent ce qui
5990
s ils perdirent de vue l’aboutissement nécessaire
de
leur action, ils séparèrent ce qui est inséparable, divisèrent l’Égli
5991
t durable renaissance… La Réforme a sonné le glas
de
la chrétienté. Celle-ci n’existe plus désormais. Catholiques et prote
5992
t à végéter, non sans se ressentir insensiblement
de
l’influence pernicieuse des États protestants voisins. La politique m
5993
estants voisins. La politique moderne ne date que
d’
alors et certains États puissants s’efforcèrent de prendre possession
5994
d’alors et certains États puissants s’efforcèrent
de
prendre possession du siège de la puissance catholique, transformé en
5995
ants s’efforcèrent de prendre possession du siège
de
la puissance catholique, transformé en un trône… La Réforme avait été
5996
été un signe des temps. Elle importait à toute l’
Europe
, bien qu’elle n’eût éclaté ouvertement que dans l’Allemagne vraiment
5997
dans l’Allemagne vraiment libre. Les bons esprits
de
toutes les nations s’étaient secrètement émancipés, et pleins du sent
5998
ement émancipés, et pleins du sentiment illusoire
de
leur vocation ils répudiaient avec d’autant plus d’insolence une cont
5999
t illusoire de leur vocation ils répudiaient avec
d’
autant plus d’insolence une contrainte périmée. Le savant est instinct
6000
leur vocation ils répudiaient avec d’autant plus
d’
insolence une contrainte périmée. Le savant est instinctivement l’enne
6001
clésiastique se livrent nécessairement une guerre
d’
extermination, dès qu’elles sont séparées ; car elles se disputent une
6002
centuée de plus en plus, et les savants gagnèrent
d’
autant plus de terrain que l’histoire de l’humanité européenne approch
6003
s en plus, et les savants gagnèrent d’autant plus
de
terrain que l’histoire de l’humanité européenne approchait de l’ère d
6004
gagnèrent d’autant plus de terrain que l’histoire
de
l’humanité européenne approchait de l’ère de la science triomphante,
6005
tant plus de terrain que l’histoire de l’humanité
européenne
approchait de l’ère de la science triomphante, et que le savoir et la
6006
ue l’histoire de l’humanité européenne approchait
de
l’ère de la science triomphante, et que le savoir et la foi s’affront
6007
oire de l’humanité européenne approchait de l’ère
de
la science triomphante, et que le savoir et la foi s’affrontaient de
6008
phante, et que le savoir et la foi s’affrontaient
de
façon de plus en plus marquée. On chercha dans la foi la cause de la
6009
en plus marquée. On chercha dans la foi la cause
de
la stagnation générale que l’on espérait guérir grâce au savoir. Part
6010
’esprit religieux souffrait diverses persécutions
de
son mode ancien et de ses formes individuelles présentes. On donna au
6011
frait diverses persécutions de son mode ancien et
de
ses formes individuelles présentes. On donna au fruit de la nouvelle
6012
formes individuelles présentes. On donna au fruit
de
la nouvelle façon de penser le nom de philosophie et l’on comprit sou
6013
présentes. On donna au fruit de la nouvelle façon
de
penser le nom de philosophie et l’on comprit sous ce terme tout ce qu
6014
na au fruit de la nouvelle façon de penser le nom
de
philosophie et l’on comprit sous ce terme tout ce qui était contraire
6015
tachée à la foi catholique devint peu à peu haine
de
la Bible, de la foi chrétienne et finalement de la religion. Bien plu
6016
oi catholique devint peu à peu haine de la Bible,
de
la foi chrétienne et finalement de la religion. Bien plus : cette hai
6017
e de la Bible, de la foi chrétienne et finalement
de
la religion. Bien plus : cette haine de la religion s’étendit de faço
6018
inalement de la religion. Bien plus : cette haine
de
la religion s’étendit de façon très naturelle et logique à tout ce qu
6019
Bien plus : cette haine de la religion s’étendit
de
façon très naturelle et logique à tout ce qui peut être objet d’entho
6020
aturelle et logique à tout ce qui peut être objet
d’
enthousiasme et condamna l’imagination et le sentiment, la morale et l
6021
imagination et le sentiment, la morale et l’amour
de
l’art, l’avenir et le passé ; on en vint à placer nécessairement l’ho
6022
en vint à placer nécessairement l’homme au sommet
de
l’échelle des êtres et à faire de la musique éternelle et inépuisable
6023
homme au sommet de l’échelle des êtres et à faire
de
la musique éternelle et inépuisable de l’univers le tic-tac monotone
6024
et à faire de la musique éternelle et inépuisable
de
l’univers le tic-tac monotone d’un immense moulin, mû et porté par le
6025
e et inépuisable de l’univers le tic-tac monotone
d’
un immense moulin, mû et porté par le torrent du hasard, un moulin en
6026
use race humaine et rendu obligatoire pour chacun
de
ses actionnaires, comme la pierre de touche de la plus haute culture
6027
pour chacun de ses actionnaires, comme la pierre
de
touche de la plus haute culture — l’enthousiasme pour cette magnifiqu
6028
un de ses actionnaires, comme la pierre de touche
de
la plus haute culture — l’enthousiasme pour cette magnifique et grand
6029
tres et ses mystagogues. La France eut le bonheur
d’
être le centre et le siège de cette religion nouvelle, faite de fragme
6030
rance eut le bonheur d’être le centre et le siège
de
cette religion nouvelle, faite de fragments de savoir mal recollés. S
6031
tre et le siège de cette religion nouvelle, faite
de
fragments de savoir mal recollés. Si décriée que fût la poésie dans c
6032
ge de cette religion nouvelle, faite de fragments
de
savoir mal recollés. Si décriée que fût la poésie dans cette nouvelle
6033
ments anciens et des lumières anciennes, mais qui
de
ce fait risquaient de consumer par ce feu ancien le nouveau système d
6034
umières anciennes, mais qui de ce fait risquaient
de
consumer par ce feu ancien le nouveau système de l’univers. Des adept
6035
de consumer par ce feu ancien le nouveau système
de
l’univers. Des adeptes plus avisés surent arroser d’eau froide les au
6036
l’univers. Des adeptes plus avisés surent arroser
d’
eau froide les auditeurs déjà trop échauffés. Ces adeptes étaient sans
6037
Ces adeptes étaient sans cesse occupés à nettoyer
de
toute poésie la nature, le sol, les âmes humaines et les sciences à d
6038
divin, à déshonorer par des sarcasmes le souvenir
de
tous les événements et de tous les hommes dignes d’admiration, et à d
6039
s sarcasmes le souvenir de tous les événements et
de
tous les hommes dignes d’admiration, et à dépouiller le monde de tout
6040
tous les événements et de tous les hommes dignes
d’
admiration, et à dépouiller le monde de toute sa parure bigarrée. À ca
6041
mes dignes d’admiration, et à dépouiller le monde
de
toute sa parure bigarrée. À cause de sa docilité mathématique et de s
6042
bigarrée. À cause de sa docilité mathématique et
de
son impudeur, la lumière était devenue leur favorite. Ils se félicita
6043
félicitaient qu’elle se laissât briser plutôt que
de
jouer avec les couleurs et c’est ainsi qu’ils nommèrent d’après elle
6044
es, et la période qui a vu naître les fantômes en
Europe
, et qui en explique à peu près complètement la forme, c’est la périod
6045
peu près complètement la forme, c’est la période
de
transition entre la religion grecque et le christianisme. Entrez donc
6046
philanthropes et encyclopédistes dans cette loge
de
paix, et recevez le baiser fraternel, dépouillez ce voile gris et reg
6047
z avec un amour juvénile la miraculeuse splendeur
de
la nature, de l’histoire et de l’humanité. Je vous conduirai vers un
6048
r juvénile la miraculeuse splendeur de la nature,
de
l’histoire et de l’humanité. Je vous conduirai vers un frère à la par
6049
aculeuse splendeur de la nature, de l’histoire et
de
l’humanité. Je vous conduirai vers un frère à la parole duquel vos cœ
6050
e duquel vos cœurs s’ouvriront, et vous revêtirez
d’
un corps nouveau l’âme défunte de votre pressentiment aimé, vous l’étr
6051
t vous revêtirez d’un corps nouveau l’âme défunte
de
votre pressentiment aimé, vous l’étreindrez à nouveau et reconnaîtrez
6052
as vous procurer. Ce frère, c’est le cœur battant
de
l’ère nouvelle ; quiconque l’a senti battre ne doute plus qu’elle n’a
6053
i battre ne doute plus qu’elle n’arrive et, plein
de
la douce fierté d’appartenir à son époque, il se détache lui aussi de
6054
lus qu’elle n’arrive et, plein de la douce fierté
d’
appartenir à son époque, il se détache lui aussi de la foule pour se j
6055
’appartenir à son époque, il se détache lui aussi
de
la foule pour se joindre à la troupe des disciples nouveaux… Tournons
6056
urnons-nous à présent vers le spectacle politique
de
notre temps. Le monde ancien et le monde nouveau sont en lutte, l’ins
6057
i, ici comme dans les sciences, la fin historique
de
la guerre ne serait point d’abord d’amener une connexion plus étroite
6058
n historique de la guerre ne serait point d’abord
d’
amener une connexion plus étroite et plus variée et un rapprochement e
6059
t plus variée et un rapprochement entre les États
européens
? Qui sait si l’Europe jusqu’alors sommeillante ne va pas se réveille
6060
chement entre les États européens ? Qui sait si l’
Europe
jusqu’alors sommeillante ne va pas se réveiller, si nous n’allons pas
6061
ons pas nous trouver en face d’un État des États,
d’
une Doctrine de la Science appliquée à la politique ! La hiérarchie, c
6062
ouver en face d’un État des États, d’une Doctrine
de
la Science appliquée à la politique ! La hiérarchie, cette figure géo
6063
mentale des États, ne serait-elle pas le principe
d’
une société des États, étant l’intuition intellectuelle du moi politiq
6064
moi politique ? Il est impossible que les forces
de
l’univers se mettent d’elles-mêmes en équilibre, seul un troisième él
6065
impossible que les forces de l’univers se mettent
d’
elles-mêmes en équilibre, seul un troisième élément, à la fois séculie
6066
n, un armistice ; du point de vue des politiciens
de
cabinet, de la conscience commune, aucune conciliation n’est possible
6067
ice ; du point de vue des politiciens de cabinet,
de
la conscience commune, aucune conciliation n’est possible. Les deux p
6068
conciliation n’est possible. Les deux partis ont
de
grandes et nécessaires revendications et sont tenus de les faire valo
6069
andes et nécessaires revendications et sont tenus
de
les faire valoir, pour obéir aux impulsions de l’esprit de l’univers
6070
us de les faire valoir, pour obéir aux impulsions
de
l’esprit de l’univers et de l’humanité. Tous deux représentent des fo
6071
ire valoir, pour obéir aux impulsions de l’esprit
de
l’univers et de l’humanité. Tous deux représentent des forces indestr
6072
obéir aux impulsions de l’esprit de l’univers et
de
l’humanité. Tous deux représentent des forces indestructibles au cœur
6073
x représentent des forces indestructibles au cœur
de
l’humanité ; d’une part le sentiment exaltant de la liberté, l’espoir
6074
de l’humanité ; d’une part le sentiment exaltant
de
la liberté, l’espoir illimité de puissantes sphères d’action, le goût
6075
ntiment exaltant de la liberté, l’espoir illimité
de
puissantes sphères d’action, le goût de la nouveauté, et de la jeunes
6076
liberté, l’espoir illimité de puissantes sphères
d’
action, le goût de la nouveauté, et de la jeunesse, les relations fami
6077
illimité de puissantes sphères d’action, le goût
de
la nouveauté, et de la jeunesse, les relations familières entre tous
6078
tes sphères d’action, le goût de la nouveauté, et
de
la jeunesse, les relations familières entre tous les concitoyens, la
6079
familières entre tous les concitoyens, la fierté
de
vérités universellement humaines et valables, le goût du droit indivi
6080
aines et valables, le goût du droit individuel et
de
la propriété collective, et le vigoureux sens civique. Que ni l’un ni
6081
gnifient rien, car la capitale la plus intérieure
de
chaque empire ne se trouve pas derrière des murailles et ne saurait ê
6082
s derrière des murailles et ne saurait être prise
d’
assaut. Qui sait si la guerre n’a pas assez duré ? Mais elle ne cesser
6083
puissance spirituelle. Le sang coulera à flots en
Europe
jusqu’à ce que les nations prennent conscience de la redoutable folie
6084
pe jusqu’à ce que les nations prennent conscience
de
la redoutable folie qui les fait tourner en rond, jusqu’à ce que sens
6085
pied des anciens autels, entreprenant des œuvres
de
paix et célébrant sur des champs de bataille fumants, sous un déluge
6086
nt des œuvres de paix et célébrant sur des champs
de
bataille fumants, sous un déluge de chaudes larmes, de grandes agapes
6087
ur des champs de bataille fumants, sous un déluge
de
chaudes larmes, de grandes agapes en guise de fête de la paix. Seule
6088
taille fumants, sous un déluge de chaudes larmes,
de
grandes agapes en guise de fête de la paix. Seule la religion peut ré
6089
haudes larmes, de grandes agapes en guise de fête
de
la paix. Seule la religion peut réveiller l’Europe et rassurer les pe
6090
te de la paix. Seule la religion peut réveiller l’
Europe
et rassurer les peuples et installer visiblement sur terre la chrétie
6091
ts attendent la réconciliation et la résurrection
de
l’Europe pour se joindre à elle et devenir concitoyens du Royaume des
6092
tendent la réconciliation et la résurrection de l’
Europe
pour se joindre à elle et devenir concitoyens du Royaume des cieux. N
6093
. Ne devrait-il pas y avoir bientôt de nouveau en
Europe
une foule d’esprits vraiment consacrés ? Tous les véritables membres
6094
as y avoir bientôt de nouveau en Europe une foule
d’
esprits vraiment consacrés ? Tous les véritables membres de la famille
6095
vraiment consacrés ? Tous les véritables membres
de
la famille religieuse ne devraient-ils pas aspirer ardemment à voir l
6096
oyaume des cieux s’établir sur terre, et y entrer
de
bon gré, et entonner des hymnes sacrées ? Il faut que la chrétienté r
6097
accueille dans son sein toutes les âmes altérées
de
ciel et qui s’offre à devenir médiatrice entre le monde ancien et le
6098
’elle déverse de nouveau sur les peuples la corne
d’
abondance de ses bénédictions. Du sein sacré d’un vénérable concile eu
6099
e de nouveau sur les peuples la corne d’abondance
de
ses bénédictions. Du sein sacré d’un vénérable concile européen, la c
6100
ne d’abondance de ses bénédictions. Du sein sacré
d’
un vénérable concile européen, la chrétienté renaîtra, et la tâche qui
6101
énédictions. Du sein sacré d’un vénérable concile
européen
, la chrétienté renaîtra, et la tâche qui consistera dans le réveil de
6102
naîtra, et la tâche qui consistera dans le réveil
de
la religion sera menée selon un vaste plan divin où rien ne sera négl
6103
contrainte chrétienne ou séculière, car l’essence
de
l’Église sera la vraie liberté, et toutes les réformes bienfaisantes
6104
il vient, il viendra nécessairement, l’âge sacré
de
la paix éternelle où la Jérusalem nouvelle sera la capitale de l’univ
6105
ernelle où la Jérusalem nouvelle sera la capitale
de
l’univers. Jusque-là demeurez calmes et courageux dans les dangers du
6106
courageux dans les dangers du siècle, compagnons
de
ma foi, annoncez par la parole et par l’action l’évangile divin, et r
6107
res (1776-1848) est celui des penseurs politiques
de
la Restauration et du romantisme qui a le plus écrit sur l’Europe. Ob
6108
ration et du romantisme qui a le plus écrit sur l’
Europe
. Obscur, contradictoire, intempérant quant au style et arbitraire qua
6109
uée dans cet ouvrage, ne fût-ce que par un aperçu
de
ses thèses les plus constantes. Comme tant d’autres Allemands, il s’e
6110
rance, toi aussi tu vas te dresser pour libérer l’
Europe
de ses despotes ! Et il propose une organisation internationale diri
6111
toi aussi tu vas te dresser pour libérer l’Europe
de
ses despotes ! Et il propose une organisation internationale dirigée
6112
tres, il retourne ses batteries, dès les journées
de
Brumaire 1799 — Bonaparte a trahi, pense-t-il — et la Restauration le
6113
-t-il — et la Restauration le trouve dans le camp
de
la Sainte-Alliance. En 1815, il publie dans son journal Der Rheinisch
6114
kur, un grand article anonyme sur « La République
européenne
» où l’Europe est décrite comme une création des Germains. En 1819, i
6115
cle anonyme sur « La République européenne » où l’
Europe
est décrite comme une création des Germains. En 1819, il salue la Sai
6116
il salue la Sainte-Alliance comme la « fondation
d’
une République européenne au pied des autels du Dieu inconnu. » Il ann
6117
te-Alliance comme la « fondation d’une République
européenne
au pied des autels du Dieu inconnu. » Il annonce en même temps la gra
6118
la grandeur allemande : si ce peuple a le bonheur
de
trouver un jour son Wallenstein, dit-il, celui-ci « soumettra l’Europ
6119
r son Wallenstein, dit-il, celui-ci « soumettra l’
Europe
entière, jusqu’aux limites de l’Asie » ! En 1821, dans un écrit intit
6120
i « soumettra l’Europe entière, jusqu’aux limites
de
l’Asie » ! En 1821, dans un écrit intitulé Europa und die Revolution,
6121
tes de l’Asie » ! En 1821, dans un écrit intitulé
Europa
und die Revolution, il attaque la Réformation, qu’il qualifie de « se
6122
lution, il attaque la Réformation, qu’il qualifie
de
« second péché originel », et il la compare aux autres catastrophes q
6123
atastrophes qui ont ruiné « la vieille forteresse
Europe
» : le schisme byzantin, l’islam, le démembrement du Saint-Empire, l’
6124
tionales, la Révolution, et finalement « l’empire
de
Satan », celui de Napoléon. Tous les thèmes favoris de Joseph de Mais
6125
ution, et finalement « l’empire de Satan », celui
de
Napoléon. Tous les thèmes favoris de Joseph de Maistre (Du pape vient
6126
tan », celui de Napoléon. Tous les thèmes favoris
de
Joseph de Maistre (Du pape vient de paraître deux ans plus tôt) sont
6127
sur La Sainte-Alliance et les peuples au congrès
de
Vérone, il demande que l’Allemagne redevienne … l’Autorité supérieur
6128
e redevienne … l’Autorité supérieure honorifique
de
la république européenne, l’Instance de conciliation qui apaise les d
6129
’Autorité supérieure honorifique de la république
européenne
, l’Instance de conciliation qui apaise les différends, et tout cela p
6130
norifique de la république européenne, l’Instance
de
conciliation qui apaise les différends, et tout cela parce que sa pos
6131
ela parce que sa position, sa situation, sa façon
de
penser, tout la pousse vers la paix et non vers la conquête ; c’est e
6132
fixe des limites, c’est elle qui sépare l’Orient
de
l’Occident, le Nord du Sud, c’est elle le point d’appui de tout le sy
6133
e l’Occident, le Nord du Sud, c’est elle le point
d’
appui de tout le système des États européens, le centre naturel de ce
6134
dent, le Nord du Sud, c’est elle le point d’appui
de
tout le système des États européens, le centre naturel de ce nouveau
6135
lle le point d’appui de tout le système des États
européens
, le centre naturel de ce nouveau Saint-Empire romain germanique, plus
6136
le système des États européens, le centre naturel
de
ce nouveau Saint-Empire romain germanique, plus grand que l’ancien, f
6137
e contrainte par la Sainte-Alliance sous la forme
d’
une confédération d’États. Et quels seront les ennemis de cet Empire
6138
Sainte-Alliance sous la forme d’une confédération
d’
États. Et quels seront les ennemis de cet Empire germano-catholique e
6139
nfédération d’États. Et quels seront les ennemis
de
cet Empire germano-catholique enfin relevé ? Non pas la Russie, « col
6140
lique enfin relevé ? Non pas la Russie, « colonie
de
l’Europe » qui va s’ouvrir librement à notre culture, mais bien l’Asi
6141
enfin relevé ? Non pas la Russie, « colonie de l’
Europe
» qui va s’ouvrir librement à notre culture, mais bien l’Asie et l’Am
6142
varois, théosophe et mystique, longtemps disciple
de
Claude de Saint-Martin, voit lui aussi dans une renaissance religieus
6143
ssi dans une renaissance religieuse le seul salut
de
la « Société européenne ». Mais loin d’exiger comme condition préalab
6144
aissance religieuse le seul salut de la « Société
européenne
». Mais loin d’exiger comme condition préalable l’anéantissement du p
6145
eul salut de la « Société européenne ». Mais loin
d’
exiger comme condition préalable l’anéantissement du protestantisme et
6146
tissement du protestantisme et le retour au giron
de
l’orthodoxie, comme Görres et Maistre, il communie dans l’espérance œ
6147
Maistre, il communie dans l’espérance œcuménique
de
Novalis. Dans un écrit qu’il adresse en 1814 aux empereurs de Russie
6148
Dans un écrit qu’il adresse en 1814 aux empereurs
de
Russie et d’Autriche, et au roi de Prusse, il propose une fédération
6149
qu’il adresse en 1814 aux empereurs de Russie et
d’
Autriche, et au roi de Prusse, il propose une fédération chrétienne de
6150
i de Prusse, il propose une fédération chrétienne
de
l’Europe, fondée sur « une liaison nouvelle et plus intime de la reli
6151
Prusse, il propose une fédération chrétienne de l’
Europe
, fondée sur « une liaison nouvelle et plus intime de la religion et d
6152
fondée sur « une liaison nouvelle et plus intime
de
la religion et de la politique », et sur l’union des trois grandes co
6153
liaison nouvelle et plus intime de la religion et
de
la politique », et sur l’union des trois grandes confessions représen
6154
es par ces monarques. L’idée centrale paraît être
de
ramener la Russie dans le concert européen comme une hérétique repent
6155
paraît être de ramener la Russie dans le concert
européen
comme une hérétique repentante ou une demi-barbare à éduquer. Un cert
6156
jour, dès cette époque, chez Baader et plusieurs
de
ses contemporains : les premiers slavophiles ne furent pas Russes mai
6157
von Schlegel (1772-1829) publia la première revue
européenne
du xixe siècle, Europa, de 1803 à 1805. (Il la dirigeait de Paris, m
6158
lia la première revue européenne du xixe siècle,
Europa
, de 1803 à 1805. (Il la dirigeait de Paris, mais elle paraissait à Fr
6159
remière revue européenne du xixe siècle, Europa,
de
1803 à 1805. (Il la dirigeait de Paris, mais elle paraissait à Francf
6160
siècle, Europa, de 1803 à 1805. (Il la dirigeait
de
Paris, mais elle paraissait à Francfort.) Il y développa les mêmes id
6161
Il y développa les mêmes idées générales qui font
de
sa Philosophie de l’histoire universelle le monument de la pensée rom
6162
mêmes idées générales qui font de sa Philosophie
de
l’histoire universelle le monument de la pensée romantique. L’Asie —
6163
Philosophie de l’histoire universelle le monument
de
la pensée romantique. L’Asie — l’Inde en particulier — est la patrie
6164
e. L’Asie — l’Inde en particulier — est la patrie
de
toute religion véritable mais le christianisme a fait l’Europe et peu
6165
religion véritable mais le christianisme a fait l’
Europe
et peut seul sauvegarder son unité, en dépit des oppositions fondamen
6166
d, du romantisme et du classicisme, du moderne et
de
l’antique, du christianisme et de l’hellénisme. L’Empire de Charlemag
6167
, du moderne et de l’antique, du christianisme et
de
l’hellénisme. L’Empire de Charlemagne, puis la papauté (Schlegel alla
6168
ue, du christianisme et de l’hellénisme. L’Empire
de
Charlemagne, puis la papauté (Schlegel allait devenir catholique en 1
6169
1808) ont représenté les plus hautes institutions
de
la « république européenne », et depuis lors, tout n’est que décadenc
6170
é les plus hautes institutions de la « république
européenne
», et depuis lors, tout n’est que décadence. Nous ne sommes pas encor
6171
début du xixe siècle. Pourtant nous aurions tort
de
désespérer de l’Europe, car elle reste la terre décisive, si l’on pen
6172
siècle. Pourtant nous aurions tort de désespérer
de
l’Europe, car elle reste la terre décisive, si l’on pense que c’est
6173
le. Pourtant nous aurions tort de désespérer de l’
Europe
, car elle reste la terre décisive, si l’on pense que c’est ici, étan
6174
lit, que c’est ici que le bien lutte avec le plus
de
véhémence sur la terre avec le mal, et que c’est donc ici que doit êt
6175
t que c’est donc ici que doit être scellé le sort
de
l’Humanité… La véritable Europe doit d’abord voir le jour.184 Sembl
6176
t être scellé le sort de l’Humanité… La véritable
Europe
doit d’abord voir le jour.184 Semblables déclarations de foi dans l
6177
’abord voir le jour.184 Semblables déclarations
de
foi dans l’avenir européen (qu’on rapprochera de celles de Hegel sur
6178
84 Semblables déclarations de foi dans l’avenir
européen
(qu’on rapprochera de celles de Hegel sur l’Europe considérée comme «
6179
de foi dans l’avenir européen (qu’on rapprochera
de
celles de Hegel sur l’Europe considérée comme « fin de l’Histoire »)1
6180
ns l’avenir européen (qu’on rapprochera de celles
de
Hegel sur l’Europe considérée comme « fin de l’Histoire »)185 revienn
6181
opéen (qu’on rapprochera de celles de Hegel sur l’
Europe
considérée comme « fin de l’Histoire »)185 reviennent maintes fois da
6182
lles de Hegel sur l’Europe considérée comme « fin
de
l’Histoire »)185 reviennent maintes fois dans Europa et dans les Leço
6183
de l’Histoire »)185 reviennent maintes fois dans
Europa
et dans les Leçons sur l’Histoire moderne. Elles distinguent fortemen
6184
gel et les romantiques allemands, même romanisés,
de
Joseph de Maistre et des catholiques français préromantiques. On ne l
6185
On ne l’oubliera pas en lisant les pages fameuses
de
Schlegel sur l’unité de l’Europe médiévale, écho direct de la ferveur
6186
lisant les pages fameuses de Schlegel sur l’unité
de
l’Europe médiévale, écho direct de la ferveur et des illusions de Nov
6187
t les pages fameuses de Schlegel sur l’unité de l’
Europe
médiévale, écho direct de la ferveur et des illusions de Novalis186 :
6188
el sur l’unité de l’Europe médiévale, écho direct
de
la ferveur et des illusions de Novalis186 : L’idée qui présidait à l
6189
évale, écho direct de la ferveur et des illusions
de
Novalis186 : L’idée qui présidait à l’ensemble de l’empire chrétien
6190
e Novalis186 : L’idée qui présidait à l’ensemble
de
l’empire chrétien était celle d’une grande autorité protectrice, part
6191
ait à l’ensemble de l’empire chrétien était celle
d’
une grande autorité protectrice, partant du centre d’une puissance fon
6192
ne grande autorité protectrice, partant du centre
d’
une puissance fondée sur le droit, qui servirait d’égide à tous les pa
6193
’une puissance fondée sur le droit, qui servirait
d’
égide à tous les pays et à tous les peuples chrétiens, et c’était dans
6194
tout ce grand corps. Sitôt que cette force cessa
d’
agir, tout l’édifice dut nécessairement s’écrouler. Aussi dans les con
6195
n y substituant la relation purement artificielle
d’
un équilibre dynamique et d’une égalité républicaine entre les divers
6196
purement artificielle d’un équilibre dynamique et
d’
une égalité républicaine entre les divers États, sans aucune tendance
6197
rétienne des États, et cette alliance des peuples
de
l’Europe occidentale ; et n’a-t-on réussi à faire sortir de cette rév
6198
nne des États, et cette alliance des peuples de l’
Europe
occidentale ; et n’a-t-on réussi à faire sortir de cette révolution g
6199
e occidentale ; et n’a-t-on réussi à faire sortir
de
cette révolution générale et antichrétienne qui s’opéra dans les mœur
6200
confusion symétriquement organisée. Si le partage
de
l’empire de Charlemagne était conforme aux usages antiques et fondé s
6201
métriquement organisée. Si le partage de l’empire
de
Charlemagne était conforme aux usages antiques et fondé sur les droit
6202
forme aux usages antiques et fondé sur les droits
d’
héritage usités dans les familles des grands, il n’annonce pas moins u
6203
ands, il n’annonce pas moins une confiance pleine
d’
une naïveté antique, une confiance presque héroïque en une conformité
6204
iance presque héroïque en une conformité et unité
de
tendance, dont on supposait l’existence, à ce qu’il paraît. Car on cr
6205
ce qu’il paraît. Car on croyait pouvoir concilier
de
cette manière la nécessité de la présence d’un souverain dans un pays
6206
t pouvoir concilier de cette manière la nécessité
de
la présence d’un souverain dans un pays d’une étendue raisonnable ave
6207
lier de cette manière la nécessité de la présence
d’
un souverain dans un pays d’une étendue raisonnable avec l’unité d’ens
6208
essité de la présence d’un souverain dans un pays
d’
une étendue raisonnable avec l’unité d’ensemble d’une grande monarchie
6209
ns un pays d’une étendue raisonnable avec l’unité
d’
ensemble d’une grande monarchie collective… Dans la première monarchie
6210
d’une étendue raisonnable avec l’unité d’ensemble
d’
une grande monarchie collective… Dans la première monarchie allemande,
6211
… Dans la première monarchie allemande, le besoin
d’
un gouvernement indigène, résidant dans le pays, et régnant comme un p
6212
comme un père au sein de sa famille, fut concilié
d’
une manière beaucoup moins imparfaite avec la puissante unité de l’ens
6213
beaucoup moins imparfaite avec la puissante unité
de
l’ensemble, par le moyen des quatre grands duchés nationaux soumis à
6214
e grands duchés nationaux soumis à la suzeraineté
d’
un seul roi ou empereur ; quoique là aussi l’union ne soit pas restée
6215
n’a jamais encore imaginé ou découvert une forme
de
constitution ou de système politique qui pût résister à la longue au
6216
imaginé ou découvert une forme de constitution ou
de
système politique qui pût résister à la longue au manque et au change
6217
t résister à la longue au manque et au changement
de
tendance. Les parlements, les états généraux, les droits civils et po
6218
ssemblées nationales des États, grands et petits,
de
ce temps-là, dans les conciliabules et les délibérations des ducs et
6219
s une forme tout à fait locale, suivant les mœurs
de
la nation et les usages de la vie ; de même qu’ils étaient basés sur
6220
ale, suivant les mœurs de la nation et les usages
de
la vie ; de même qu’ils étaient basés sur des coutumes positives et s
6221
d’être fondés sur la théorie purement spéculative
d’
une égalité parfaite et générale ; on ne cherchait pas l’unité et la s
6222
rale ; on ne cherchait pas l’unité et la solidité
de
l’ensemble dans la combinaison d’un équilibre appuyé sur une forme ar
6223
et la solidité de l’ensemble dans la combinaison
d’
un équilibre appuyé sur une forme artificielle, mais bien dans les mœu
6224
ennement parlant unique même dans la vie, l’union
de
la force et de l’esprit peut subsister malgré la division des pouvoir
6225
t unique même dans la vie, l’union de la force et
de
l’esprit peut subsister malgré la division des pouvoirs, on n’a qu’à
6226
rent prospères, la paix et la justice croissaient
de
jour en jour et les peuples jouissaient du bien-être… L’Église était
6227
e qui embrassait tout, et sous l’abri hospitalier
de
laquelle ces peuples guerriers [du Nord] commencèrent à se ranger pai
6228
se former, et à se constituer selon les principes
de
l’équité. Le soin de l’enseignement, le patrimoine des connaissances,
6229
nstituer selon les principes de l’équité. Le soin
de
l’enseignement, le patrimoine des connaissances, l’étude des sciences
6230
ssances, l’étude des sciences et le développement
de
l’esprit, étaient confiés à sa sollicitude protectrice, et se distrib
6231
e des écoles chrétiennes. Si la science avait peu
d’
étendue, elle n’était pas du moins ensevelie sans utilité dans les cab
6232
tard, comme elle l’était en partie chez les Grecs
d’
alors ; puis elle répondait suffisamment aux forces et à la civilisati
6233
dait suffisamment aux forces et à la civilisation
de
cette époque ; attendu qu’en fait de développement, on ne peut franch
6234
civilisation de cette époque ; attendu qu’en fait
de
développement, on ne peut franchir tous les degrés d’un seul bond, ma
6235
éveloppement, on ne peut franchir tous les degrés
d’
un seul bond, mais qu’il faut les monter progressivement, et les uns a
6236
Occident alors si actif, et à l’excellent clergé
de
ce temps ; car le savoir n’était pas encore entré en opposition hosti
6237
a vraie croyance et avec la vie, comme il le fit,
d’
une manière si arrogante et si dédaigneuse, dans la période subséquent
6238
insi que les pensées salutaires descendirent donc
de
la voûte céleste de la foi, non comme un déluge envahissant, mais com
6239
salutaires descendirent donc de la voûte céleste
de
la foi, non comme un déluge envahissant, mais comme une douce ondée,
6240
mme une pluie féconde, pour tomber sur le terrain
de
la vie, continuellement agité dans la guerre et dans la paix, dans le
6241
ste classique, depuis Aristote, entre l’Asie et l’
Europe
, surtout en ce qui concerne la conception de la liberté ; après celui
6242
’Europe, surtout en ce qui concerne la conception
de
la liberté ; après celui de l’Unité, voici l’éloge de nos diversités
6243
oncerne la conception de la liberté ; après celui
de
l’Unité, voici l’éloge de nos diversités : Si les invasions barbares
6244
a liberté ; après celui de l’Unité, voici l’éloge
de
nos diversités : Si les invasions barbares n’avaient pas eu lieu, si
6245
iser le joug romain, si au contraire tout le nord
de
l’Europe non occupé avait pu aussi être incorporé à l’Empire et que l
6246
le joug romain, si au contraire tout le nord de l’
Europe
non occupé avait pu aussi être incorporé à l’Empire et que là aussi l
6247
cette lutte magnifique ni cet ample développement
de
l’esprit humain au sein de ces nouvelles nations. Et cependant c’est
6248
ustement cette richesse, cette diversité qui fait
de
l’Europe ce qu’elle est, qui lui donne l’avantage d’être le siège le
6249
ent cette richesse, cette diversité qui fait de l’
Europe
ce qu’elle est, qui lui donne l’avantage d’être le siège le plus favo
6250
l’Europe ce qu’elle est, qui lui donne l’avantage
d’
être le siège le plus favorable de la vie et de la culture de l’Humani
6251
onne l’avantage d’être le siège le plus favorable
de
la vie et de la culture de l’Humanité. Cette Europe, libre et riche,
6252
ge d’être le siège le plus favorable de la vie et
de
la culture de l’Humanité. Cette Europe, libre et riche, n’existerait
6253
iège le plus favorable de la vie et de la culture
de
l’Humanité. Cette Europe, libre et riche, n’existerait donc pas et à
6254
e de la vie et de la culture de l’Humanité. Cette
Europe
, libre et riche, n’existerait donc pas et à sa place il n’y aurait qu
6255
; et, en lieu et place de cette copieuse histoire
européenne
, les annales de l’Unique Empire romain feraient pendant à ces chroniq
6256
e cette copieuse histoire européenne, les annales
de
l’Unique Empire romain feraient pendant à ces chroniques chinoises d’
6257
omain feraient pendant à ces chroniques chinoises
d’
une si triste uniformité. … Jetons d’abord un coup d’œil sur la situat
6258
d un coup d’œil sur la situation la plus ancienne
de
l’Europe. C’est un spectacle étrange et attirant que de voir l’homme
6259
coup d’œil sur la situation la plus ancienne de l’
Europe
. C’est un spectacle étrange et attirant que de voir l’homme si richem
6260
urope. C’est un spectacle étrange et attirant que
de
voir l’homme si richement doté par la nature, plein d’une force extra
6261
ir l’homme si richement doté par la nature, plein
d’
une force extraordinaire, revêtir un aspect si différent de l’état auq
6262
ce extraordinaire, revêtir un aspect si différent
de
l’état auquel nous sommes accoutumés. Avant que cette propension à la
6263
tte propension à la domination du monde ait passé
d’
Asie en Grèce pour se transmettre ensuite aux Romains, l’état de l’Eur
6264
e pour se transmettre ensuite aux Romains, l’état
de
l’Europe était à peu près le même partout. Les rudiments de la cultur
6265
r se transmettre ensuite aux Romains, l’état de l’
Europe
était à peu près le même partout. Les rudiments de la culture étaient
6266
e était à peu près le même partout. Les rudiments
de
la culture étaient déjà connus, l’agriculture était répandue et quelq
6267
illes en quantité, mais il y avait presque autant
de
petits États que de villes importantes. Dans l’ensemble d’ailleurs to
6268
ais il y avait presque autant de petits États que
de
villes importantes. Dans l’ensemble d’ailleurs tout était particulier
6269
lleurs tout était particulier et sans cohésion. L’
Europe
était peuplée et habitée principalement par des hommes appartenant à
6270
nt à trois ou quatre grandes nations, mais aucune
d’
elles n’était « une » ni ne formait un tout. Chacune se subdivisait en
6271
ut. Chacune se subdivisait en une grande quantité
de
petites peuplades et tribus composant tout autant d’États particulier
6272
petites peuplades et tribus composant tout autant
d’
États particuliers. Chacune de ces peuplades n’entendait que très peu
6273
mposant tout autant d’États particuliers. Chacune
de
ces peuplades n’entendait que très peu parler de celles qui étaient t
6274
de ces peuplades n’entendait que très peu parler
de
celles qui étaient très éloignées, mais était en guerre avec les plus
6275
al, si misérable que puisse paraître la condition
de
ces anciennes peuplades, celles-ci n’en possédaient pas moins presque
6276
pposition à l’Asie, comme le caractère distinctif
de
l’Europe. En Asie nous trouvons dès le commencement de grandes quanti
6277
tion à l’Asie, comme le caractère distinctif de l’
Europe
. En Asie nous trouvons dès le commencement de grandes quantités d’Éta
6278
Europe. En Asie nous trouvons dès le commencement
de
grandes quantités d’États et de nations ainsi qu’une domination unive
6279
trouvons dès le commencement de grandes quantités
d’
États et de nations ainsi qu’une domination universelle. En Europe tou
6280
s le commencement de grandes quantités d’États et
de
nations ainsi qu’une domination universelle. En Europe tout était ori
6281
e nations ainsi qu’une domination universelle. En
Europe
tout était originellement particularisé, par conséquent en état de lu
6282
ginellement particularisé, par conséquent en état
de
lutte et de rivalité constantes, chacun se développant selon les poss
6283
particularisé, par conséquent en état de lutte et
de
rivalité constantes, chacun se développant selon les possibilités de
6284
tes, chacun se développant selon les possibilités
de
sa propre liberté. L’Asie, pourrait-on dire, est le pays de l’unité,
6285
re liberté. L’Asie, pourrait-on dire, est le pays
de
l’unité, où tout s’épanouit en grandes masses et dans des circonstanc
6286
dans des circonstances on ne peut plus simples. L’
Europe
est le pays de la liberté, c’est-à-dire de la formation, par la rival
6287
ces on ne peut plus simples. L’Europe est le pays
de
la liberté, c’est-à-dire de la formation, par la rivalité entre États
6288
L’Europe est le pays de la liberté, c’est-à-dire
de
la formation, par la rivalité entre États, de forces particulières et
6289
ire de la formation, par la rivalité entre États,
de
forces particulières et différentes l’une de l’autre. Cette diversité
6290
ats, de forces particulières et différentes l’une
de
l’autre. Cette diversité est devenue, tout au long des siècles, le ca
6291
tout au long des siècles, le caractère distinctif
de
la formation de l’Europe ; car, même après que de plus grands États e
6292
siècles, le caractère distinctif de la formation
de
l’Europe ; car, même après que de plus grands États et nations furent
6293
les, le caractère distinctif de la formation de l’
Europe
; car, même après que de plus grands États et nations furent constitu
6294
États et nations furent constitués, ce qu’il y a
d’
essentiel dans ce caractère originel est resté intact. Et dans ses Vo
6295
sungen über Karl V (15e leçon), il déplore la fin
de
cette synthèse vivante entre l’unité et la diversité, que l’empereur
6296
’unité et la diversité, que l’empereur avait rêvé
de
faire revivre : … Ainsi se retira à nouveau du monde l’homme qui, en
6297
son cœur et son esprit, assuma, porta et perçut l’
Europe
, toute son époque, toutes les situations inextricables, tous les coup
6298
les coups du sort qui menacèrent dangereusement l’
Europe
. À sa mort les États chrétiens rivalisèrent de splendeur et de pompe
6299
urope. À sa mort les États chrétiens rivalisèrent
de
splendeur et de pompe lors des cérémonies funèbres, pour glorifier so
6300
les États chrétiens rivalisèrent de splendeur et
de
pompe lors des cérémonies funèbres, pour glorifier son nom et sa gran
6301
er son nom et sa grandeur ; même dans la capitale
de
l’empire turc un noble ennemi honora par un service funèbre public la
6302
re du grand monarque qui avait quitté le monde. L’
Europe
parut sentir que le héros et le défenseur d’une époque n’était plus,
6303
’Europe parut sentir que le héros et le défenseur
d’
une époque n’était plus, époque à laquelle allait succéder, d’autant p
6304
n’était plus, époque à laquelle allait succéder,
d’
autant plus sûrement que cette ultime force au service de l’unité avai
6305
t plus sûrement que cette ultime force au service
de
l’unité avait disparu, un siècle de guerre et d’ébranlement. Pour Ge
6306
ce au service de l’unité avait disparu, un siècle
de
guerre et d’ébranlement. Pour Georg Friedrich Hegel (1770-1831), l’H
6307
de l’unité avait disparu, un siècle de guerre et
d’
ébranlement. Pour Georg Friedrich Hegel (1770-1831), l’Histoire mondi
6308
stoire mondiale reflète et traduit la dialectique
de
« l’Idée qui se réalise », de l’Idée de liberté, c’est-à-dire du « de
6309
duit la dialectique de « l’Idée qui se réalise »,
de
l’Idée de liberté, c’est-à-dire du « devenir réel de l’Esprit ». C’es
6310
alectique de « l’Idée qui se réalise », de l’Idée
de
liberté, c’est-à-dire du « devenir réel de l’Esprit ». C’est donc, au
6311
l’Idée de liberté, c’est-à-dire du « devenir réel
de
l’Esprit ». C’est donc, au vrai, une Théodicée. Conformément au Systè
6312
d für sich »). Dans ses Leçons sur la Philosophie
de
l’Histoire (publication posthume), Hegel décrit l’évolution de l’Asie
6313
(publication posthume), Hegel décrit l’évolution
de
l’Asie, de l’Antiquité et de l’Europe moderne, comme s’il s’agissait
6314
on posthume), Hegel décrit l’évolution de l’Asie,
de
l’Antiquité et de l’Europe moderne, comme s’il s’agissait réellement
6315
l décrit l’évolution de l’Asie, de l’Antiquité et
de
l’Europe moderne, comme s’il s’agissait réellement d’une évolution de
6316
rit l’évolution de l’Asie, de l’Antiquité et de l’
Europe
moderne, comme s’il s’agissait réellement d’une évolution de l’Esprit
6317
’Europe moderne, comme s’il s’agissait réellement
d’
une évolution de l’Esprit. Le terme ultime de ce grandiose processus n
6318
comme s’il s’agissait réellement d’une évolution
de
l’Esprit. Le terme ultime de ce grandiose processus n’est autre que l
6319
ment d’une évolution de l’Esprit. Le terme ultime
de
ce grandiose processus n’est autre que l’Europe « vraiment fin de l’H
6320
ltime de ce grandiose processus n’est autre que l’
Europe
« vraiment fin de l’Histoire », éminemment représentée par sa composa
6321
processus n’est autre que l’Europe « vraiment fin
de
l’Histoire », éminemment représentée par sa composante germanique, et
6322
germanique, et comme le préciseront les hégéliens
de
droite, par l’État prussien. Deux citations célèbres (empruntées à l’
6323
ntroduction) suffiront ici à caractériser le rôle
de
l’Europe dans l’Histoire mondiale, selon Hegel : J’ai dit que les Or
6324
uction) suffiront ici à caractériser le rôle de l’
Europe
dans l’Histoire mondiale, selon Hegel : J’ai dit que les Orientaux o
6325
’homme est libre. Ces stades dans la connaissance
de
la Liberté constituent la division que nous ferons dans l’Histoire un
6326
elle nous l’étudierons… L’Histoire universelle va
de
l’est à l’ouest, car l’Europe est vraiment la fin de l’Histoire, dont
6327
Histoire universelle va de l’est à l’ouest, car l’
Europe
est vraiment la fin de l’Histoire, dont l’Asie est le commencement. P
6328
l’est à l’ouest, car l’Europe est vraiment la fin
de
l’Histoire, dont l’Asie est le commencement. Pour l’Histoire universe
6329
i, κατ`έξοχήν, l’Est pour-soi étant quelque chose
de
tout relatif ; car, quoique la Terre soit une sphère, l’Histoire ne d
6330
’Histoire ne décrit pourtant pas un cercle autour
d’
elle, mais elle a bien plutôt un Est déterminé, et c’est l’Asie. Là se
6331
c’est pourquoi. ici, se lève le soleil intérieur
de
la conscience de soi, qui répand un plus haut éclat.187 Wilhelm Jos
6332
ici, se lève le soleil intérieur de la conscience
de
soi, qui répand un plus haut éclat.187 Wilhelm Josef von Schelling
6333
on Schelling (1775-1854) fut le dernier survivant
de
la grande génération des philosophes romantiques. Avec la fin de sa c
6334
nération des philosophes romantiques. Avec la fin
de
sa carrière, nous voyons se fermer les cycles inaugurés par Herder, K
6335
Système » porte la même date que « l’État fermé »
de
Fichte et l’essai sur l’Europe de Gentz. Ami de Novalis dans sa jeune
6336
» de Fichte et l’essai sur l’Europe de Gentz. Ami
de
Novalis dans sa jeunesse et devenu plus tard catholique comme lui, il
6337
e lui, il fut l’un des maîtres les plus influents
de
la pensée européenne du xixe siècle : car on ne compte pas seulement
6338
l’un des maîtres les plus influents de la pensée
européenne
du xixe siècle : car on ne compte pas seulement au nombre de ses dis
6339
siècle : car on ne compte pas seulement au nombre
de
ses disciples ses camarades du cercle de l’Athenæum (tous ceux qu’on
6340
u nombre de ses disciples ses camarades du cercle
de
l’Athenæum (tous ceux qu’on a cités dans les pages qui précèdent), ma
6341
plupart des penseurs russes, surtout slavophiles,
de
son temps. Déjà, dans l’Introduction à son System der Transcendentale
6342
ismus 188 publié en 1800, Schelling défend l’idée
d’
une fédération et d’une Cour de justice internationales, dans lesquell
6343
1800, Schelling défend l’idée d’une fédération et
d’
une Cour de justice internationales, dans lesquelles il voit le couron
6344
ling défend l’idée d’une fédération et d’une Cour
de
justice internationales, dans lesquelles il voit le couronnement néce
6345
ans lesquelles il voit le couronnement nécessaire
de
l’ère historique de la « Nature » succédant à celle du « Destin » et
6346
it le couronnement nécessaire de l’ère historique
de
la « Nature » succédant à celle du « Destin » et annonçant celle de l
6347
uccédant à celle du « Destin » et annonçant celle
de
la « Providence ». L’histoire dans son ensemble est une révélation c
6348
semble est une révélation continue et progressive
de
l’absolu. Nous pouvons distinguer trois périodes dans cette manifesta
6349
y a de plus grand et de plus noble. Cette période
de
l’histoire, que nous pouvons appeler tragique, est celle de la décade
6350
ire, que nous pouvons appeler tragique, est celle
de
la décadence de la splendeur et des merveilles du monde ancien, et de
6351
uvons appeler tragique, est celle de la décadence
de
la splendeur et des merveilles du monde ancien, et de la chute des gr
6352
a splendeur et des merveilles du monde ancien, et
de
la chute des grands empires dont le souvenir s’est à peine conservé e
6353
les nous font présumer la grandeur : la décadence
de
l’humanité la plus noble qui ait jamais fleuri et dont le retour sur
6354
fleuri et dont le retour sur la terre est l’objet
de
vœux éternels. La seconde période est celle où ce qui dans la premièr
6355
me nature. Elle paraît commencer avec l’expansion
de
la république romaine qui, dans sa soif de conquêtes et d’asservissem
6356
ansion de la république romaine qui, dans sa soif
de
conquêtes et d’asservissement — manifestations du despotisme effréné
6357
ublique romaine qui, dans sa soif de conquêtes et
d’
asservissement — manifestations du despotisme effréné qui y régnait —
6358
sciences qui, jusqu’alors avaient été le monopole
de
quelques peuples isolés, contrainte qu’elle était, sans en avoir cons
6359
ns en avoir conscience et même contre sa volonté,
de
s’adapter à un plan naturel dont l’aboutissement verra l’union univer
6360
e développeront et se manifesteront comme l’œuvre
de
la providence ; ainsi même ce qui paraissait l’œuvre du destin ou de
6361
ainsi même ce qui paraissait l’œuvre du destin ou
de
la nature n’était que le commencement d’une providence qui ne se révé
6362
estin ou de la nature n’était que le commencement
d’
une providence qui ne se révélait qu’imparfaitement. Quand cette pério
6363
On ne saurait donc envisager l’existence durable
d’
une constitution politique unique — fût-elle parfaite dans sa forme —
6364
erposant à l’État individuel, sans une fédération
de
tous les États où chacun d’entre eux serait le garant de la constitut
6365
les États où chacun d’entre eux serait le garant
de
la constitution de l’autre. Cependant, d’une part, cette garantie gén
6366
n d’entre eux serait le garant de la constitution
de
l’autre. Cependant, d’une part, cette garantie générale et mutuelle n
6367
possible que si les États acceptent les principes
d’
un véritable ordre judiciaire, de sorte que chaque État ait intérêt à
6368
Je forme des vœux pour la réconciliation complète
de
tous les peuples européens et veux croire qu’ils adopteront à nouveau
6369
ur la réconciliation complète de tous les peuples
européens
et veux croire qu’ils adopteront à nouveau une politique commune à l’
6370
te, Schelling en viendra, lui aussi, à n’attendre
d’
autre salut pour l’Europe que de la libre coopération de l’État et de
6371
dra, lui aussi, à n’attendre d’autre salut pour l’
Europe
que de la libre coopération de l’État et de l’Église, seule base d’un
6372
ssi, à n’attendre d’autre salut pour l’Europe que
de
la libre coopération de l’État et de l’Église, seule base d’une union
6373
e salut pour l’Europe que de la libre coopération
de
l’État et de l’Église, seule base d’une union durable des peuples :
6374
l’Europe que de la libre coopération de l’État et
de
l’Église, seule base d’une union durable des peuples : L’étude de l’
6375
coopération de l’État et de l’Église, seule base
d’
une union durable des peuples : L’étude de l’histoire moderne qui déb
6376
e base d’une union durable des peuples : L’étude
de
l’histoire moderne qui débute, au fond, avec l’apparition du christia
6377
e, au fond, avec l’apparition du christianisme en
Europe
fait ressortir deux tentatives de l’humanité dans sa quête de l’unité
6378
tianisme en Europe fait ressortir deux tentatives
de
l’humanité dans sa quête de l’unité. La première qui visait la créati
6379
ortir deux tentatives de l’humanité dans sa quête
de
l’unité. La première qui visait la création d’une unité spirituelle a
6380
te de l’unité. La première qui visait la création
d’
une unité spirituelle au sein de l’Église était vouée à l’échec, car e
6381
e l’État. L’erreur que commit l’Église à l’époque
de
la hiérarchie ecclésiastique ne fut pas d’intervenir dans le domaine
6382
époque de la hiérarchie ecclésiastique ne fut pas
d’
intervenir dans le domaine de l’État mais au contraire, de laisser cel
6383
siastique ne fut pas d’intervenir dans le domaine
de
l’État mais au contraire, de laisser celui-ci s’immiscer dans le sien
6384
enir dans le domaine de l’État mais au contraire,
de
laisser celui-ci s’immiscer dans le sien propre. Au lieu de se garder
6385
er dans le sien propre. Au lieu de se garder pure
de
tout élément extérieur, elle se livra à l’État en épousant certaines
6386
eur, elle se livra à l’État en épousant certaines
de
ses formes. La violence extérieure ne pourra jamais servir la cause d
6387
a cause du vrai et du divin, et l’Église s’écarta
de
sa vraie vocation dès qu’elle commença à persécuter les hérétiques. L
6388
ença à persécuter les hérétiques. L’État a acquis
de
l’importance au moment du renversement de la hiérarchie ecclésiastiqu
6389
acquis de l’importance au moment du renversement
de
la hiérarchie ecclésiastique, et il est évident que le joug des tyran
6390
la mesure même où ils croyaient pouvoir se passer
de
l’unité spirituelle. Il est certain en tout cas que, quel que puisse
6391
vraie unité ne peut être réalisée que par la voie
de
la religion. Il ne s’agit pas là de la domination de l’Église par l’É
6392
e par la voie de la religion. Il ne s’agit pas là
de
la domination de l’Église par l’État ou vice versa, mais de la nécess
6393
la religion. Il ne s’agit pas là de la domination
de
l’Église par l’État ou vice versa, mais de la nécessité ou se trouve
6394
nation de l’Église par l’État ou vice versa, mais
de
la nécessité ou se trouve l’État lui-même de développer les principes
6395
mais de la nécessité ou se trouve l’État lui-même
de
développer les principes religieux de façon que l’union de tous les p
6396
at lui-même de développer les principes religieux
de
façon que l’union de tous les peuples puisse se fonder sur la communa
6397
pper les principes religieux de façon que l’union
de
tous les peuples puisse se fonder sur la communauté des convictions r
6398
te époque, l’un des seuls équivalents des auteurs
de
grands systèmes historico-philosophiques que nous venons de citer. Ma
6399
que nous venons de citer. Mais il ne se rattache
de
près ni de loin à aucun d’eux. Disciple préféré de Saint-Simon, auprè
6400
enons de citer. Mais il ne se rattache de près ni
de
loin à aucun d’eux. Disciple préféré de Saint-Simon, auprès duquel il
6401
Mais il ne se rattache de près ni de loin à aucun
d’
eux. Disciple préféré de Saint-Simon, auprès duquel il a remplacé Augu
6402
e près ni de loin à aucun d’eux. Disciple préféré
de
Saint-Simon, auprès duquel il a remplacé Augustin Thierry dans le rôl
6403
uquel il a remplacé Augustin Thierry dans le rôle
de
« fils adoptif », il fonde à son tour une secte, la religion positivi
6404
ciologie moderne. Comme tous les saint-simoniens (
d’
Eichthal, Pierre Leroux, Feugueray, Considérant, Pecqueur, Littré et t
6405
, Pecqueur, Littré et tant d’autres, tous auteurs
de
traités sur l’unité européenne), Auguste Comte est un défenseur conva
6406
ant d’autres, tous auteurs de traités sur l’unité
européenne
), Auguste Comte est un défenseur convaincu, quasi mystique, de l’euro
6407
Comte est un défenseur convaincu, quasi mystique,
de
l’européocentrisme, du rôle privilégié et redoutable que l’Europe doi
6408
centrisme, du rôle privilégié et redoutable que l’
Europe
doit jouer pour toute l’humanité, avec laquelle, d’ailleurs, elle fin
6409
l’unir, après s’être elle-même unifiée. Le titre
d’
une de ses publications donnera une idée de l’espèce de délire rationn
6410
r, après s’être elle-même unifiée. Le titre d’une
de
ses publications donnera une idée de l’espèce de délire rationnel (et
6411
titre d’une de ses publications donnera une idée
de
l’espèce de délire rationnel (et romantique à sa façon, quoiqu’il se
6412
de ses publications donnera une idée de l’espèce
de
délire rationnel (et romantique à sa façon, quoiqu’il se dise « posit
6413
tif ») dans lequel se meut généralement la pensée
européenne
des saint-simoniens, et celle de Comte en particulier : Calendrier p
6414
a pensée européenne des saint-simoniens, et celle
de
Comte en particulier : Calendrier positiviste ou système général de
6415
lier : Calendrier positiviste ou système général
de
commémoration publique, destiné surtout à la transition finale de la
6416
publique, destiné surtout à la transition finale
de
la grande République occidentale, formée des cinq populations avancée
6417
50. Cependant, dans son œuvre capitale, le Cours
de
philosophie positive 190 Comte entend donner une solide base critique
6418
le », la plus achevée que l’on puisse trouver : l’
Europe
. Il se propose donc de … considérer exclusivement le développement e
6419
’on puisse trouver : l’Europe. Il se propose donc
de
… considérer exclusivement le développement effectif des populations
6420
ionnelle digression sur les divers autres centres
de
civilisation indépendante, dont l’évolution a été, par des causes que
6421
plus imparfait ; à moins que l’examen comparatif
de
ces séries accessoires ne puisse utilement éclairer le sujet principa
6422
jet principal, comme je l’ai expliqué en traitant
de
la méthode sociologique. Notre exploration historique devra donc être
6423
que uniquement réduite à l’élite ou l’avant-garde
de
l’humanité, comprenant la majeure partie de la race blanche ou des na
6424
garde de l’humanité, comprenant la majeure partie
de
la race blanche ou des nations européennes, en nous bornant même, pou
6425
majeure partie de la race blanche ou des nations
européennes
, en nous bornant même, pour plus de précision, surtout dans les temps
6426
ions européennes, en nous bornant même, pour plus
de
précision, surtout dans les temps modernes, aux peuples de l’Europe o
6427
ion, surtout dans les temps modernes, aux peuples
de
l’Europe occidentale. … On ne peut certainement espérer de reconnaîtr
6428
surtout dans les temps modernes, aux peuples de l’
Europe
occidentale. … On ne peut certainement espérer de reconnaître d’abord
6429
pe occidentale. … On ne peut certainement espérer
de
reconnaître d’abord la véritable marche fondamentale des sociétés hum
6430
iétés humaines que par la considération exclusive
de
l’évolution la plus complète et la mieux caractérisée, à l’éclairciss
6431
ète et la mieux caractérisée, à l’éclaircissement
de
laquelle doivent être constamment subordonnées toutes les observation
6432
ifestation, il deviendra possible, et même utile,
de
procéder à l’explication rationnelle des modifications plus ou moins
6433
ers titres, sont restées plus ou moins en arrière
d’
un tel type de développement. Jusqu’alors, ce puéril et inopportun éta
6434
nt restées plus ou moins en arrière d’un tel type
de
développement. Jusqu’alors, ce puéril et inopportun étalage d’une éru
6435
ent. Jusqu’alors, ce puéril et inopportun étalage
d’
une érudition stérile et mal dirigée, qui tend aujourd’hui à entraver
6436
dirigée, qui tend aujourd’hui à entraver l’étude
de
notre évolution sociale par le vicieux mélange de l’histoire des popu
6437
de notre évolution sociale par le vicieux mélange
de
l’histoire des populations qui, telles que celles de l’Inde, de la Ch
6438
l’histoire des populations qui, telles que celles
de
l’Inde, de la Chine, etc., n’ont pu exercer sur notre passé aucune vé
6439
des populations qui, telles que celles de l’Inde,
de
la Chine, etc., n’ont pu exercer sur notre passé aucune véritable inf
6440
e hautement signalé comme une source inextricable
de
confusion radicale dans la recherche des lois réelles de la sociabili
6441
usion radicale dans la recherche des lois réelles
de
la sociabilité humaine, dont la marche fondamentale et toutes les mod
6442
dé sans doute par le principe purement littéraire
de
l’unité de composition, me paraît avoir d’avance senti instinctivemen
6443
te par le principe purement littéraire de l’unité
de
composition, me paraît avoir d’avance senti instinctivement les condi
6444
éraire de l’unité de composition, me paraît avoir
d’
avance senti instinctivement les conditions logiques imposées par la n
6445
rit son appréciation historique à l’unique examen
d’
une série homogène et continue, et néanmoins justement qualifiée d’uni
6446
ène et continue, et néanmoins justement qualifiée
d’
universelle ; restriction éminemment judicieuse, qui lui a été si étra
6447
, qui lui a été si étrangement reprochée par tant
d’
esprits antiphilosophiques, et vers laquelle nous ramène aujourd’hui e
6448
aujourd’hui essentiellement l’analyse approfondie
de
la marche intellectuelle propre à de telles études. Voilà pourquoi A
6449
approfondie de la marche intellectuelle propre à
de
telles études. Voilà pourquoi Auguste Comte bornera son étude à « l’
6450
omte bornera son étude à « l’explication spéciale
de
l’agent et du théâtre de l’évolution sociale la plus complète », à l’
6451
« l’explication spéciale de l’agent et du théâtre
de
l’évolution sociale la plus complète », à l’Europe. Et il exposera da
6452
re de l’évolution sociale la plus complète », à l’
Europe
. Et il exposera dans les volumes qui suivent les raisons pour lesquel
6453
aisons pour lesquelles « la race blanche possède,
d’
une manière si prononcée, le privilège effectif du principal développe
6454
principal développement social », tandis que « l’
Europe
a été le lien essentiel de cette civilisation prépondérante ». 184.
6455
», tandis que « l’Europe a été le lien essentiel
de
cette civilisation prépondérante ». 184. Europa, Frankfurt a. Main
6456
el de cette civilisation prépondérante ». 184.
Europa
, Frankfurt a. Main, 1803-1805, p. 38 et 39. 185. Cf. p. 224. 186.
6457
p. 38 et 39. 185. Cf. p. 224. 186. Philosophie
de
l’Histoire, professée en dix-huit leçons publiques à Vienne, par F. d
6458
187. G. W. F. Hegel : Leçons sur la philosophie
de
l’histoire. Traduction par J. Gibelin, Éd. H. Vrin, Paris, 1946. 188
6459
tuttgarter Privatvorlesungen), 1810. 190. Cours
de
Philosophie Positive, 1830-42, tome V, Paris, 1894.
6460
1842), écrivait dans un ouvrage sur L’État actuel
de
l’Humanité les phrases suivantes, qu’on croirait d’aujourd’hui, et qu
6461
l’Humanité les phrases suivantes, qu’on croirait
d’
aujourd’hui, et qui étaient vraies déjà en tant que diagnostic, bien q
6462
stic, bien que l’Histoire n’ait guère tenu compte
de
leur pronostic pendant le siècle qui suivit : Il ne s’agit plus aujo
6463
vit : Il ne s’agit plus aujourd’hui en politique
de
la balance de l’Europe, mais de l’avenir de l’humanité. Les guerres c
6464
’agit plus aujourd’hui en politique de la balance
de
l’Europe, mais de l’avenir de l’humanité. Les guerres civiles de l’Eu
6465
plus aujourd’hui en politique de la balance de l’
Europe
, mais de l’avenir de l’humanité. Les guerres civiles de l’Europe sont
6466
’hui en politique de la balance de l’Europe, mais
de
l’avenir de l’humanité. Les guerres civiles de l’Europe sont finies,
6467
tique de la balance de l’Europe, mais de l’avenir
de
l’humanité. Les guerres civiles de l’Europe sont finies, la rivalité
6468
is de l’avenir de l’humanité. Les guerres civiles
de
l’Europe sont finies, la rivalité des peuples qui la composent va s’é
6469
l’avenir de l’humanité. Les guerres civiles de l’
Europe
sont finies, la rivalité des peuples qui la composent va s’éloignant,
6470
s’éloignant, comme s’éteignit, sous la domination
d’
Alexandre, la rivalité des cités grecques… et de même, l’Europe commen
6471
re, la rivalité des cités grecques… et de même, l’
Europe
commence à n’être plus qu’une nation depuis qu’il y a une Amérique, u
6472
il y a une Amérique, une Asie, une Afrique. C’est
de
l’unité de l’Europe contre ces masses et de la balance de ces masses
6473
Amérique, une Asie, une Afrique. C’est de l’unité
de
l’Europe contre ces masses et de la balance de ces masses entre elles
6474
que, une Asie, une Afrique. C’est de l’unité de l’
Europe
contre ces masses et de la balance de ces masses entre elles, que l’h
6475
C’est de l’unité de l’Europe contre ces masses et
de
la balance de ces masses entre elles, que l’homme doit à présent s’oc
6476
té de l’Europe contre ces masses et de la balance
de
ces masses entre elles, que l’homme doit à présent s’occuper.191 Jo
6477
te sa vocation propre dans l’Histoire du monde. L’
Europe
représentait pour lui l’avant-garde de l’humanité, en tant que civili
6478
nde. L’Europe représentait pour lui l’avant-garde
de
l’humanité, en tant que civilisation ; la France, l’avant-garde de l’
6479
tant que civilisation ; la France, l’avant-garde
de
l’Europe en tant que nation. Quant aux intérêts des individus dans ch
6480
que civilisation ; la France, l’avant-garde de l’
Europe
en tant que nation. Quant aux intérêts des individus dans chaque nati
6481
ivilisation, et des civilisations dans l’ensemble
de
l’humanité, ils ne pouvaient finalement que converger au sein d’une a
6482
e, nous avons du Hegel. Pourquoi ce beau système
d’
évolution globale vers l’harmonie de l’un et de divers a-t-il été brut
6483
beau système d’évolution globale vers l’harmonie
de
l’un et de divers a-t-il été brutalement démenti au terme même du pro
6484
me d’évolution globale vers l’harmonie de l’un et
de
divers a-t-il été brutalement démenti au terme même du processus d’ép
6485
té brutalement démenti au terme même du processus
d’
épanouissement des grandes nations, qui était censé produire la paix,
6486
t la formation des « nationalités », comme autant
d’
étapes nécessaires d’une dialectique de l’Esprit, s’est trouvé déchaîn
6487
nationalités », comme autant d’étapes nécessaires
d’
une dialectique de l’Esprit, s’est trouvé déchaîner en fait des passio
6488
mme autant d’étapes nécessaires d’une dialectique
de
l’Esprit, s’est trouvé déchaîner en fait des passions que l’esprit ne
6489
exploiter et bientôt nationaliser au sens actuel
de
l’expression. De ce tragique malentendu, les poètes de la génération
6490
ntôt nationaliser au sens actuel de l’expression.
De
ce tragique malentendu, les poètes de la génération de 1848 furent le
6491
expression. De ce tragique malentendu, les poètes
de
la génération de 1848 furent les premières victimes, enthousiastes et
6492
tragique malentendu, les poètes de la génération
de
1848 furent les premières victimes, enthousiastes et bernées. Ils cro
6493
gale liberté. Ils s’inspirent tous du messianisme
de
la Révolution française : libérer sa propre nation du joug des tyrans
6494
s tyrans intérieurs ou étrangers, c’est libérer l’
Europe
et le genre humain… En fait, la liberté de la Nation, une fois acquis
6495
l’Europe et le genre humain… En fait, la liberté
de
la Nation, une fois acquise, ne sera rien que la souveraineté de l’Ét
6496
ne fois acquise, ne sera rien que la souveraineté
de
l’État qui s’en prévaudra. Et l’anarchie des souverainetés divinisées
6497
rande Dialectique idéaliste prévoyait l’avènement
de
la paix. Inaugurée par le traumatisme de la Révolution, imposée à tou
6498
vènement de la paix. Inaugurée par le traumatisme
de
la Révolution, imposée à toute l’Europe par les armées de Napoléon, l
6499
e traumatisme de la Révolution, imposée à toute l’
Europe
par les armées de Napoléon, l’ère des Nations a succédé à l’ère du co
6500
volution, imposée à toute l’Europe par les armées
de
Napoléon, l’ère des Nations a succédé à l’ère du cosmopolitisme des É
6501
a trouver grâce aux poètes nationaux et militants
de
1848 ses traductions lyriques et populaires, en termes de liberté et
6502
s lyriques et populaires, en termes de liberté et
de
patriotisme. La « Sainte-Alliance des Peuples » va proclamer son utop
6503
able face à la politique courte mais « positive »
de
la Sainte-Alliance des rois. Puis les derniers saint-simoniens, les f
6504
iéristes, un agitateur italien, Mazzini, un poète
de
génie, Hugo, et un idéologue socialiste, Proudhon, essaieront de comb
6505
et un idéologue socialiste, Proudhon, essaieront
de
combler le vide laissé par le grand mythe du Saint-Empire, en proclam
6506
es « États-Unis d’Europe », substitut démocratisé
de
l’instance supérieure aux Nations. Hélas ! l’histoire réelle se passe
6507
-Simon aboutit entre autres au percement du canal
de
Suez, dont aussitôt la politique des États, après s’y être opposée, s
6508
ire des Quarante-huitards échoue dans les manuels
d’
écoles primaires, et s’y dénature en nationalisme, culte laïque de l’É
6509
es, et s’y dénature en nationalisme, culte laïque
de
l’État. Le mouvement Jeune Europe, qui voulait utiliser les passions
6510
lisme, culte laïque de l’État. Le mouvement Jeune
Europe
, qui voulait utiliser les passions nationales au service de l’idée fé
6511
ulait utiliser les passions nationales au service
de
l’idée fédéraliste, voit l’inverse se réaliser. Jamais les idéaux n’o
6512
mieux démentis par les faits, ni mieux détournés
de
leurs buts. Jamais l’Europe qui crée par la révolution industrielle l
6513
faits, ni mieux détournés de leurs buts. Jamais l’
Europe
qui crée par la révolution industrielle les moyens d’unifier l’humani
6514
ui crée par la révolution industrielle les moyens
d’
unifier l’humanité, et qui en attendant, achève de la subjuguer par le
6515
d’unifier l’humanité, et qui en attendant, achève
de
la subjuguer par les armes, ne s’est montrée à la fois moins humanita
6516
e fait par les États et dans leur cadre au profit
de
leurs intérêts immédiats, mal calculés, et au détriment de cet équili
6517
les données. Et c’est pourquoi les grands esprits
de
la fin du xixe siècle, enregistrant cette dissolution de l’idéal eur
6518
n du xixe siècle, enregistrant cette dissolution
de
l’idéal européen, de Ranke à Renan et de Nietzsche à Sorel, aboutiron
6519
siècle, enregistrant cette dissolution de l’idéal
européen
, de Ranke à Renan et de Nietzsche à Sorel, aboutiront à une série de
6520
registrant cette dissolution de l’idéal européen,
de
Ranke à Renan et de Nietzsche à Sorel, aboutiront à une série de prop
6521
solution de l’idéal européen, de Ranke à Renan et
de
Nietzsche à Sorel, aboutiront à une série de prophéties uniformément
6522
n et de Nietzsche à Sorel, aboutiront à une série
de
prophéties uniformément pessimistes, quant à l’avenir de notre civili
6523
héties uniformément pessimistes, quant à l’avenir
de
notre civilisation. Voici les textes qui jalonnent, de Heine à George
6524
tre civilisation. Voici les textes qui jalonnent,
de
Heine à Georges Sorel, cette double évolution des idées et des faits,
6525
914. Citons d’abord une page très caractéristique
de
la révolution qui s’est opérée dans tous nos pays, entre 1789 et 1848
6526
tre 1789 et 1848, et qui s’annonçait dans l’œuvre
de
Herder. L’humanisme nouveau, celui qui inspire les fondateurs de l’in
6527
manisme nouveau, celui qui inspire les fondateurs
de
l’instruction publique obligatoire, se présente comme anticosmopolite
6528
ntons cette page, fut à la fois le grand pionnier
de
l’éducation populaire en Europe du Nord et l’initiateur d’un mouvemen
6529
ation populaire en Europe du Nord et l’initiateur
d’
un mouvement religieux (dérivé du luthéranisme) qui marqua longuement
6530
ivé du luthéranisme) qui marqua longuement la vie
de
son pays. Poète, théologien, éducateur, et homme politique au surplus
6531
fois la pensée et l’action, et aussi le sentiment
de
son époque. Le monde que l’on nomme cultivé est victime d’une grave
6532
que. Le monde que l’on nomme cultivé est victime
d’
une grave erreur sur la vie humaine et sur les conditions de son évolu
6533
e erreur sur la vie humaine et sur les conditions
de
son évolution éclairée, lorsqu’il se met à choyer l’idée que, parce q
6534
que toutes les différences entre les hommes sont
de
nature purement fortuite étant nées de l’habitude et des circonstance
6535
ommes sont de nature purement fortuite étant nées
de
l’habitude et des circonstances, en sorte qu’on ferait aussi bien de
6536
s circonstances, en sorte qu’on ferait aussi bien
de
les tenir toutes pour équivalentes, et que la pure humanité se manife
6537
alentes, et que la pure humanité se manifesterait
d’
autant mieux que l’on négligerait davantage toute particularité. On ne
6538
à une autre et où l’on ne peut mener deux chevaux
de
la même façon, seule une sagesse démente prétendrait que l’on peut tr
6539
prétendrait que l’on peut traiter tous les hommes
de
la même manière, alors que bien au contraire la diversité est l’un de
6540
ontraire la diversité est l’un des biens suprêmes
de
la nature humaine… En dépit de cela, le siècle dernier a considéré qu
6541
a, le siècle dernier a considéré que l’excellence
de
la culture consistait à nier les différences entre Anglais, Français,
6542
en est résulté qu’aussitôt l’on a perdu la notion
de
ce qui distingue un sage d’un sot, l’intelligence du sentiment, voire
6543
’on a perdu la notion de ce qui distingue un sage
d’
un sot, l’intelligence du sentiment, voire l’homme de la femme. Mais l
6544
n sot, l’intelligence du sentiment, voire l’homme
de
la femme. Mais la vraie culture doit s’en tenir à ceci : de même que
6545
dont chacun parlait sa propre langue et montrait
de
nombreux traits qui lui étaient essentiellement propres. D’autant plu
6546
x traits qui lui étaient essentiellement propres.
D’
autant plus courageusement un peuple défend ses particularités, d’auta
6547
urageusement un peuple défend ses particularités,
d’
autant mieux la vie générale peut se déployer dans toutes les directio
6548
e peut se déployer dans toutes les directions, et
d’
autant plus féconde sera l’influence que chacun pourra exercer sur les
6549
l ne faut pas confondre avec la section allemande
de
la « Jeune Europe » de Mazzini dont nous aurons à reparler. Point de
6550
confondre avec la section allemande de la « Jeune
Europe
» de Mazzini dont nous aurons à reparler. Point de pensée européenne
6551
avec la section allemande de la « Jeune Europe »
de
Mazzini dont nous aurons à reparler. Point de pensée européenne systé
6552
e » de Mazzini dont nous aurons à reparler. Point
de
pensée européenne systématique, chez Heine, mais une série de « point
6553
zini dont nous aurons à reparler. Point de pensée
européenne
systématique, chez Heine, mais une série de « pointes » alternées, —
6554
ropéenne systématique, chez Heine, mais une série
de
« pointes » alternées, — diastole lyrique, systole sardonique. L’idée
6555
s, — diastole lyrique, systole sardonique. L’idée
de
l’Europe, omniprésente dans ses œuvres, s’y manifeste par des observa
6556
diastole lyrique, systole sardonique. L’idée de l’
Europe
, omniprésente dans ses œuvres, s’y manifeste par des observations, ju
6557
ts et prophéties contradictoires, dont on tentera
de
communiquer le mouvement par quelques citations fort disparates. Au d
6558
s. Au début, Heine épouse l’idéologie herdérienne
d’
une Europe des « nationalités » qu’il considère, un peu à la manière d
6559
début, Heine épouse l’idéologie herdérienne d’une
Europe
des « nationalités » qu’il considère, un peu à la manière de Fichte,
6560
manière de Fichte, comme une étape indispensable
de
l’évolution historique : Tous les peuples de l’Europe et du monde de
6561
ble de l’évolution historique : Tous les peuples
de
l’Europe et du monde devront traverser cette agonie, pour que la vie
6562
e l’évolution historique : Tous les peuples de l’
Europe
et du monde devront traverser cette agonie, pour que la vie surgisse
6563
traverser cette agonie, pour que la vie surgisse
de
la mort et pour qu’à la nationalité païenne succède la fraternité chr
6564
cède la fraternité chrétienne.193 Sa conception
de
l’union des peuples est d’ailleurs très nettement fédéraliste : « har
6565
ître, chaque peuple lui paraissait être une corde
de
cette harpe géante, montée sur un ton particulier, et il percevait l’
6566
rticulier, et il percevait l’harmonie universelle
de
leurs sons différents.194 Mais ces élans lyriques ne l’empêchent pa
6567
s ces élans lyriques ne l’empêchent pas longtemps
d’
exercer sa lucidité sur l’Europe telle qu’elle est, menacée à la fois
6568
pêchent pas longtemps d’exercer sa lucidité sur l’
Europe
telle qu’elle est, menacée à la fois (dirait-on) par son excès de con
6569
est, menacée à la fois (dirait-on) par son excès
de
conscience et par son manque de vigilance, tantôt vieillard et tantôt
6570
on) par son excès de conscience et par son manque
de
vigilance, tantôt vieillard et tantôt vierge folle : Cette spiritual
6571
qui se manifeste actuellement dans la littérature
européenne
, est peut-être le symptôme d’une proche agonie ; de même certains hom
6572
littérature européenne, est peut-être le symptôme
d’
une proche agonie ; de même certains hommes deviennent voyants sur leu
6573
e certains hommes deviennent voyants sur leur lit
de
mort et, de leurs lèvres livides, laissent échapper des secrets de l’
6574
ommes deviennent voyants sur leur lit de mort et,
de
leurs lèvres livides, laissent échapper des secrets de l’au-delà. Ou
6575
urs lèvres livides, laissent échapper des secrets
de
l’au-delà. Ou faut-il penser que la vieille Europe est en train de ra
6576
ts de l’au-delà. Ou faut-il penser que la vieille
Europe
est en train de rajeunir et que cette spiritualité crépusculaire dont
6577
ition du mourant, mais l’inquiétant pressentiment
d’
une renaissance, le souffle spirituel d’un nouveau printemps ?195 Que
6578
sentiment d’une renaissance, le souffle spirituel
d’
un nouveau printemps ?195 Quel que soit le comportement de la vierge
6579
eau printemps ?195 Quel que soit le comportement
de
la vierge Europe — elle peut veiller avec sagesse près de sa lampe ou
6580
?195 Quel que soit le comportement de la vierge
Europe
— elle peut veiller avec sagesse près de sa lampe ou, demoiselle fort
6581
s’endormir à côté de la lampe éteinte — nul jour
de
joie ne l’attend.196 Dans le poème intitulé Germania, Heine a ce no
6582
e poème intitulé Germania, Heine a ce nouvel élan
d’
espoir : La vierge Europe est fiancée au beau génie de la Liberté : i
6583
nia, Heine a ce nouvel élan d’espoir : La vierge
Europe
est fiancée au beau génie de la Liberté : ils tendent amoureusement l
6584
oir : La vierge Europe est fiancée au beau génie
de
la Liberté : ils tendent amoureusement les bras pour un premier baise
6585
allemands. Elle a pour axe, ici et là, la passion
d’
une liberté conçue tantôt comme celle du groupe populaire, de la « nat
6586
té conçue tantôt comme celle du groupe populaire,
de
la « nationalité » secouant le joug de tous les despotismes, politiqu
6587
populaire, de la « nationalité » secouant le joug
de
tous les despotismes, politiques ou spirituels, tantôt comme l’embras
6588
qués par Schiller. Quand Heine fait sienne l’idée
de
nation, c’est dans le sens mazzinien d’une « Internationale des natio
6589
ne l’idée de nation, c’est dans le sens mazzinien
d’
une « Internationale des nationalistes » : c’est donc pour préserver l
6590
les diversités, contre les « terribles niveleurs
de
l’Europe » (« die furchtbarsten Nivelleurs Europas ») que sont les un
6591
diversités, contre les « terribles niveleurs de l’
Europe
» (« die furchtbarsten Nivelleurs Europas ») que sont les unitaires à
6592
Richelieu ou à la Robespierre, ou les « empereurs
de
la finance » à la Rothschild. Ce nivellement mortel, qui rendrait not
6593
rait notre monde invivable, serait l’issue fatale
d’
une grande guerre franco-allemande, déclenchée par les idées révolutio
6594
emande, déclenchée par les idées révolutionnaires
de
Paris : Quel serait l’aboutissement de ce mouvement, dont Paris, com
6595
ionnaires de Paris : Quel serait l’aboutissement
de
ce mouvement, dont Paris, comme toujours, aurait donné le signal ? Ce
6596
erait la guerre, la plus épouvantable des guerres
d’
anéantissement, qui enverrait dans l’arène les deux plus nobles peuple
6597
verrait dans l’arène les deux plus nobles peuples
de
la civilisation, causant leur perte à tous les deux ; je veux parler
6598
usant leur perte à tous les deux ; je veux parler
de
la France et de l’Allemagne… Le deuxième acte sera certainement la ré
6599
à tous les deux ; je veux parler de la France et
de
l’Allemagne… Le deuxième acte sera certainement la révolution europée
6600
Le deuxième acte sera certainement la révolution
européenne
, mondiale même, le duel implacable entre les prolétaires et l’aristoc
6601
mplacable entre les prolétaires et l’aristocratie
de
la propriété ; il ne sera alors question ni de nationalité ni de reli
6602
ie de la propriété ; il ne sera alors question ni
de
nationalité ni de religion ; il n’y aura qu’une seule patrie, la terr
6603
; il ne sera alors question ni de nationalité ni
de
religion ; il n’y aura qu’une seule patrie, la terre, et qu’une seule
6604
pense qu’à la fin on écrasera la tête du serpent
de
mer et qu’on écorchera l’ours du Nord. Il n’y aura plus alors qu’un s
6605
ucoup de coups. Je conseille à nos petits-enfants
de
venir au monde avec la peau du dos fort épaisse.197 Cette curieuse
6606
ion ! En voici une autre version, dans une lettre
de
Heine écrite deux ans plus tôt. Ce qu’a dit Napoléon à Sainte-Hélène
6607
rageante prophétie !… Ce rêve n’est pas une bulle
de
savon qu’un souffle anéantit, mais en lui nous épie une possibilité t
6608
e possibilité terrible, pétrifiante comme la tête
de
Méduse. Quelle perspective ! Dans le meilleur des cas, mourir d’ennui
6609
le perspective ! Dans le meilleur des cas, mourir
d’
ennui en tant que Républicain ! Pauvres petits-neveux !198 On sait qu
6610
veux !198 On sait quelle émotion provoquèrent en
Europe
l’écrasement par les Russes des révoltes hongroises et polonaises de
6611
les Russes des révoltes hongroises et polonaises
de
1848. Ce fut l’équivalent de 1956, à tous égards, y compris la paraly
6612
roises et polonaises de 1848. Ce fut l’équivalent
de
1956, à tous égards, y compris la paralysie politique de nos États, d
6613
, à tous égards, y compris la paralysie politique
de
nos États, demeurés pratiquement insensibles au soulèvement de l’opin
6614
demeurés pratiquement insensibles au soulèvement
de
l’opinion unanime. Voici deux textes brefs comme deux cris, échappés
6615
ux textes brefs comme deux cris, échappés au chef
de
la révolte hongroise, Lajos Kossuth (1802-1894), qui put émigrer en E
6616
se, Lajos Kossuth (1802-1894), qui put émigrer en
Europe
, et au poète-soldat Alexandre Petofi (1823-1849), aide de camp du gén
6617
et à la civilisation, que l’immense intérêt que l’
Europe
porte à sa vigoureuse existence, tout atteste qu’elle fut, tout exige
6618
lui cette qualité, et elle n’est plus rien pour l’
Europe
, si peu que rien même ; car elle ne peut devenir que l’avant-garde de
6619
même ; car elle ne peut devenir que l’avant-garde
de
la monarchie universelle de la Russie.199 Et Petöfi, dans son poème
6620
nir que l’avant-garde de la monarchie universelle
de
la Russie.199 Et Petöfi, dans son poème de 1848 intitulé Silence de
6621
elle de la Russie.199 Et Petöfi, dans son poème
de
1848 intitulé Silence de l’Europe : L’Europe se tait… Honte à cette
6622
t Petöfi, dans son poème de 1848 intitulé Silence
de
l’Europe : L’Europe se tait… Honte à cette Europe silencieuse Et qui
6623
öfi, dans son poème de 1848 intitulé Silence de l’
Europe
: L’Europe se tait… Honte à cette Europe silencieuse Et qui n’a pas
6624
n poème de 1848 intitulé Silence de l’Europe : L’
Europe
se tait… Honte à cette Europe silencieuse Et qui n’a pas conquis sa l
6625
ce de l’Europe : L’Europe se tait… Honte à cette
Europe
silencieuse Et qui n’a pas conquis sa liberté ! Lâches, les peuples t
6626
1798-1855) il élève la plainte séculaire des pays
de
l’Est européen périodiquement « libérés » par les Russes. Voici quelq
6627
) il élève la plainte séculaire des pays de l’Est
européen
périodiquement « libérés » par les Russes. Voici quelques strophes de
6628
libérés » par les Russes. Voici quelques strophes
de
son grand poème intitulé Le Livre des Pèlerins 200 : Lorsque la Libe
6629
e criai vers toi, nation, afin d’avoir un morceau
de
fer pour défense et une poignée de poudre, et toi tu m’as donné un ar
6630
oir un morceau de fer pour défense et une poignée
de
poudre, et toi tu m’as donné un article de gazette. Mais cette nation
6631
oignée de poudre, et toi tu m’as donné un article
de
gazette. Mais cette nation répondra : Quand m’avez-vous appelée ? Et
6632
t la Liberté répondra : J’ai appelé par la bouche
de
ces pèlerins, et tu ne m’as pas écoutée ; va donc en servitude, là où
6633
sère, et je t’ai demandé, ô nation, la protection
de
tes lois et des secours, et toi tu m’as jeté des ordonnances. Et la n
6634
berté répondra : Je suis venue à toi sous l’habit
de
ces pèlerins, et tu m’as méprisée ; va donc dans la servitude là où i
6635
re pèlerinage sera pour les Puissances une pierre
d’
achoppement. Les Puissances ont rejeté votre pierre de l’édifice europ
6636
hoppement. Les Puissances ont rejeté votre pierre
de
l’édifice européen, et voici que cette pierre deviendra la pierre ang
6637
s Puissances ont rejeté votre pierre de l’édifice
européen
, et voici que cette pierre deviendra la pierre angulaire et la clef d
6638
e pierre deviendra la pierre angulaire et la clef
de
voûte de l’édifice futur ; et celui sur qui elle tombera, elle l’écra
6639
deviendra la pierre angulaire et la clef de voûte
de
l’édifice futur ; et celui sur qui elle tombera, elle l’écrasera et c
6640
se relèvera point. Et du grand édifice politique
européen
il ne restera pas pierre sur pierre. […] Et vous crierez au despotism
6641
econnaîtra plus. « Aujourd’hui, l’Occident meurt
de
ses doctrines ! » s’écriait le Polonais, désespérant pour sa patrie.
6642
sa patrie. Les Italiens, qui se sentent au seuil
de
leur indépendance, prennent une vue beaucoup moins pessimiste de l’Eu
6643
dance, prennent une vue beaucoup moins pessimiste
de
l’Europe. Ainsi Vincenzo Gioberti (1801-1852). Philosophe et théologi
6644
, prennent une vue beaucoup moins pessimiste de l’
Europe
. Ainsi Vincenzo Gioberti (1801-1852). Philosophe et théologien, homme
6645
que, qui fut mêlé aux conspirations républicaines
de
1833, exilé à Paris et Bruxelles, puis réhabilité par le Piémont dont
6646
e, Gioberti fut un néo-guelfe. Il voulait l’union
de
l’Italie et il voulait aussi l’union de l’Europe : l’une étant condit
6647
t l’union de l’Italie et il voulait aussi l’union
de
l’Europe : l’une étant condition de l’autre. À ses yeux, l’Italie («
6648
nion de l’Italie et il voulait aussi l’union de l’
Europe
: l’une étant condition de l’autre. À ses yeux, l’Italie (« cet Orien
6649
aussi l’union de l’Europe : l’une étant condition
de
l’autre. À ses yeux, l’Italie (« cet Orient de l’Occident ») devait j
6650
on de l’autre. À ses yeux, l’Italie (« cet Orient
de
l’Occident ») devait jouer pour l’Europe le rôle de nation-guide, sou
6651
« cet Orient de l’Occident ») devait jouer pour l’
Europe
le rôle de nation-guide, sous la haute direction du pape, Rome devena
6652
l’Occident ») devait jouer pour l’Europe le rôle
de
nation-guide, sous la haute direction du pape, Rome devenant la métro
6653
ute direction du pape, Rome devenant la métropole
d’
un monde au sein duquel toutes les « nationalités » politiques et spir
6654
rdant leur diversité, entreraient dans un rapport
d’
union « dialectique » : « La dictature du Pontife, chargé de la direct
6655
dialectique » : « La dictature du Pontife, chargé
de
la direction politique de l’Italie et de l’organisation de l’Europe,
6656
ture du Pontife, chargé de la direction politique
de
l’Italie et de l’organisation de l’Europe, avait pour but d’instituer
6657
, chargé de la direction politique de l’Italie et
de
l’organisation de l’Europe, avait pour but d’instituer les différente
6658
ection politique de l’Italie et de l’organisation
de
l’Europe, avait pour but d’instituer les différentes chrétientés nati
6659
n politique de l’Italie et de l’organisation de l’
Europe
, avait pour but d’instituer les différentes chrétientés nationales »,
6660
et de l’organisation de l’Europe, avait pour but
d’
instituer les différentes chrétientés nationales », écrivait-il en 184
6661
-il en 1843, dans un ouvrage publié à Bruxelles :
De
la primauté morale et civile des Italiens, que l’on appelle en Italie
6662
il donnait la formule du passage « dialectique »
de
la cité à la nation, puis à l’Europe et au monde : Le Christ, en fix
6663
« dialectique » de la cité à la nation, puis à l’
Europe
et au monde : Le Christ, en fixant à la civilisation l’ultime but te
6664
n fixant à la civilisation l’ultime but terrestre
d’
unifier la grande famille des humains, suggéra l’idée dialectique de n
6665
e famille des humains, suggéra l’idée dialectique
de
nation, qui est, si l’on peut dire, la cité agrandie et l’humanité en
6666
et l’humanité en petit… Le même concept unitaire
de
l’Europe, sorte de confédération amphictionique des nations chrétienn
6667
’humanité en petit… Le même concept unitaire de l’
Europe
, sorte de confédération amphictionique des nations chrétiennes et der
6668
etit… Le même concept unitaire de l’Europe, sorte
de
confédération amphictionique des nations chrétiennes et dernière étap
6669
ionique des nations chrétiennes et dernière étape
de
ce processus d’unification qui tend à embrasser tout le genre humain,
6670
ons chrétiennes et dernière étape de ce processus
d’
unification qui tend à embrasser tout le genre humain, n’eut pas d’aut
6671
tend à embrasser tout le genre humain, n’eut pas
d’
autre origine. Et il ajoutait dans Rinnovamento : Tout peuple divisé
6672
ême, toute nation qui bat le rappel se réfère à l’
Europe
. Au reste, il donnait de l’Europe la définition classique formulée d
6673
appel se réfère à l’Europe. Au reste, il donnait
de
l’Europe la définition classique formulée d’abord par les Grecs, véri
6674
se réfère à l’Europe. Au reste, il donnait de l’
Europe
la définition classique formulée d’abord par les Grecs, véritables an
6675
rd par les Grecs, véritables ancêtres, selon lui,
de
notre « idée européenne » : L’Europe est la première partie du monde
6676
, véritables ancêtres, selon lui, de notre « idée
européenne
» : L’Europe est la première partie du monde parce que placée, mieux
6677
res, selon lui, de notre « idée européenne » : L’
Europe
est la première partie du monde parce que placée, mieux que tout autr
6678
ctique du genre humain aussi bien du point de vue
de
la situation géographique que de celui du climat ou de la race. Ce fa
6679
du point de vue de la situation géographique que
de
celui du climat ou de la race. Ce fait apparaît clairement si on cons
6680
situation géographique que de celui du climat ou
de
la race. Ce fait apparaît clairement si on considère sa structure ent
6681
airement si on considère sa structure entrecoupée
de
mers et de grands fleuves, ou sa température intermédiaire entre cell
6682
on considère sa structure entrecoupée de mers et
de
grands fleuves, ou sa température intermédiaire entre celle du Colure
6683
mes latitudes. Ce même fait peut se déduire aussi
de
la qualité de la race, qui est blanche, japhétique, et qui appartient
6684
Ce même fait peut se déduire aussi de la qualité
de
la race, qui est blanche, japhétique, et qui appartient à la branche
6685
la branche principale des Indo-pélages ; ou enfin
de
la religion, qui est le christianisme, père de cette civilisation adu
6686
in de la religion, qui est le christianisme, père
de
cette civilisation adulte qui marche à grands pas vers la conquête de
6687
n adulte qui marche à grands pas vers la conquête
de
la paix et la concorde dans le monde. Sa supériorité [de l’Europe] pr
6688
aix et la concorde dans le monde. Sa supériorité [
de
l’Europe] provient de la variété et de l’opposition de ses composante
6689
t la concorde dans le monde. Sa supériorité [de l’
Europe
] provient de la variété et de l’opposition de ses composantes, qui so
6690
s le monde. Sa supériorité [de l’Europe] provient
de
la variété et de l’opposition de ses composantes, qui sont harmonisée
6691
périorité [de l’Europe] provient de la variété et
de
l’opposition de ses composantes, qui sont harmonisées par l’unité dom
6692
Europe] provient de la variété et de l’opposition
de
ses composantes, qui sont harmonisées par l’unité dominante de la rac
6693
antes, qui sont harmonisées par l’unité dominante
de
la race et des rites chrétiens, puisque la valeur de chaque force cré
6694
la race et des rites chrétiens, puisque la valeur
de
chaque force créée naît du concours de deux moments dialectiques, à s
6695
la valeur de chaque force créée naît du concours
de
deux moments dialectiques, à savoir de l’opposition des contraires et
6696
u concours de deux moments dialectiques, à savoir
de
l’opposition des contraires et de leur nature conciliante. L’Europe,
6697
iques, à savoir de l’opposition des contraires et
de
leur nature conciliante. L’Europe, du point de vue du droit constitut
6698
n des contraires et de leur nature conciliante. L’
Europe
, du point de vue du droit constitutionnel, en est au même stade que l
6699
ée ; ce qui revient à dire qu’elle est un composé
de
plusieurs États qui ont besoin d’une union réciproque (sans perdre po
6700
est un composé de plusieurs États qui ont besoin
d’
une union réciproque (sans perdre pour autant leur individualité), mai
6701
, ils sont désunis et opposés par bien des foyers
de
haine et discorde réciproque.201 La Pologne et la Hongrie sont des
6702
ationale se confonde irrésistiblement avec l’idée
de
liberté et s’harmonise avec l’idée d’une Europe unie : une nation en
6703
avec l’idée de liberté et s’harmonise avec l’idée
d’
une Europe unie : une nation en devenir n’a pas encore d’intérêts « tr
6704
’idée de liberté et s’harmonise avec l’idée d’une
Europe
unie : une nation en devenir n’a pas encore d’intérêts « traditionnel
6705
urope unie : une nation en devenir n’a pas encore
d’
intérêts « traditionnels » qui l’opposent au plus vaste ensemble. Mais
6706
sent au plus vaste ensemble. Mais qu’en sera-t-il
de
la France et de l’Espagne, ces aînées, ces modèles de l’État national
6707
te ensemble. Mais qu’en sera-t-il de la France et
de
l’Espagne, ces aînées, ces modèles de l’État national fortement const
6708
a France et de l’Espagne, ces aînées, ces modèles
de
l’État national fortement constitué et qui ne veut rien devoir à pers
6709
Les deux cas sont très différents. Car la France
de
1848 se considère comme une nation qui vient de renaître, dans une Eu
6710
comme une nation qui vient de renaître, dans une
Europe
rénovée par les principes mêmes de sa révolution ; tandis que l’Espag
6711
, dans une Europe rénovée par les principes mêmes
de
sa révolution ; tandis que l’Espagne ne voit dans ces principes étend
6712
l’Espagne ne voit dans ces principes étendus à l’
Europe
entière qu’une menace diabolique contre son être même. Illustrons d’a
6713
n être même. Illustrons d’abord la position des «
Européens
» français. Après Jouffroy, philosophe oublié, voici les noms les plu
6714
es et des Méditations, mais l’historien (peu sûr)
de
la Révolution et l’homme d’État éloquent du gouvernement provisoire d
6715
’homme d’État éloquent du gouvernement provisoire
de
1848, partisan d’un régime « sincèrement progressiste et énergiquemen
6716
uent du gouvernement provisoire de 1848, partisan
d’
un régime « sincèrement progressiste et énergiquement conservateur ».
6717
ns tous ses discours, exaltant le rôle libérateur
de
la France des deux révolutions, il se réfère à l’Europe comme à une v
6718
la France des deux révolutions, il se réfère à l’
Europe
comme à une vague et solennelle entité supérieure, au sein de laquell
6719
rêt sérieux incompatible avec les grands intérêts
européens
, avec lesquels elle a à traiter et à se tenir en harmonie… Nous avons
6720
à se tenir en harmonie… Nous avons donné au monde
européen
, politique, social, religieux, une secousse telle, qu’il n’y a pas un
6721
gouvernement provisoire établi par la révolution
de
février 1848, Lamartine adresse aux agents diplomatiques français un
6722
Manifeste aux Puissances 202 destiné à rassurer l’
Europe
sur les intentions de la France nouvelle. L’idée de l’harmonie des Na
6723
02 destiné à rassurer l’Europe sur les intentions
de
la France nouvelle. L’idée de l’harmonie des Nations au bénéfice de l
6724
sur les intentions de la France nouvelle. L’idée
de
l’harmonie des Nations au bénéfice de l’ensemble européen y revient a
6725
lle. L’idée de l’harmonie des Nations au bénéfice
de
l’ensemble européen y revient avec insistance : En 1792, les idées d
6726
l’harmonie des Nations au bénéfice de l’ensemble
européen
y revient avec insistance : En 1792, les idées de la France et de l’
6727
n y revient avec insistance : En 1792, les idées
de
la France et de l’Europe n’étaient pas préparées à comprendre et à ac
6728
insistance : En 1792, les idées de la France et
de
l’Europe n’étaient pas préparées à comprendre et à accepter la grande
6729
stance : En 1792, les idées de la France et de l’
Europe
n’étaient pas préparées à comprendre et à accepter la grande harmonie
6730
du siècle qui finissait n’était que dans la tête
de
quelques philosophes. La philosophie est populaire aujourd’hui. Cinqu
6731
ophie est populaire aujourd’hui. Cinquante années
de
liberté de penser, de parler et d’écrire, ont produit leur résultat.
6732
opulaire aujourd’hui. Cinquante années de liberté
de
penser, de parler et d’écrire, ont produit leur résultat. Les livres,
6733
jourd’hui. Cinquante années de liberté de penser,
de
parler et d’écrire, ont produit leur résultat. Les livres, les journa
6734
nquante années de liberté de penser, de parler et
d’
écrire, ont produit leur résultat. Les livres, les journaux, les tribu
6735
les journaux, les tribunes ont opéré l’apostolat
de
l’intelligence européenne. La raison, rayonnant de partout, par-dessu
6736
tribunes ont opéré l’apostolat de l’intelligence
européenne
. La raison, rayonnant de partout, par-dessus les frontières des peupl
6737
e l’intelligence européenne. La raison, rayonnant
de
partout, par-dessus les frontières des peuples, a créé entre les espr
6738
nationalité intellectuelle qui sera l’achèvement
de
la Révolution française et la constitution de la fraternité internati
6739
ent de la Révolution française et la constitution
de
la fraternité internationale sur le globe… La République exercera, pa
6740
ur le globe… La République exercera, par la lueur
de
ses idées, par le spectacle d’ordre et de paix qu’elle espère donner
6741
cera, par la lueur de ses idées, par le spectacle
d’
ordre et de paix qu’elle espère donner au monde, le seul et honnête pr
6742
a lueur de ses idées, par le spectacle d’ordre et
de
paix qu’elle espère donner au monde, le seul et honnête prosélytisme,
6743
le seul et honnête prosélytisme, le prosélytisme
de
l’estime et de la sympathie. Ce n’est point là la guerre, c’est la na
6744
nête prosélytisme, le prosélytisme de l’estime et
de
la sympathie. Ce n’est point là la guerre, c’est la nature. Ce n’est
6745
e, c’est la nature. Ce n’est point là l’agitation
de
l’Europe, c’est la vie. Ce n’est point là incendier le monde, c’est b
6746
est la nature. Ce n’est point là l’agitation de l’
Europe
, c’est la vie. Ce n’est point là incendier le monde, c’est briller de
6747
n’est point là incendier le monde, c’est briller
de
sa place sur l’horizon des peuples pour les devancer et les guider à
6748
r à la fois. Dans le même esprit, mais avec plus
de
profondeur, l’historien Jules Michelet (1798-1874) exaltait « l’intim
6749
qui devait unir toutes les parties constituantes
de
l’Europe, et tous les patriotismes, si « unique » que chacun d’eux se
6750
devait unir toutes les parties constituantes de l’
Europe
, et tous les patriotismes, si « unique » que chacun d’eux se conçût :
6751
t tous les patriotismes, si « unique » que chacun
d’
eux se conçût : Ce qu’il y a de moins simple, de moins naturel, de pl
6752
ique » que chacun d’eux se conçût : Ce qu’il y a
de
moins simple, de moins naturel, de plus artificiel, c’est-à-dire de m
6753
d’eux se conçût : Ce qu’il y a de moins simple,
de
moins naturel, de plus artificiel, c’est-à-dire de moins fatal, de pl
6754
e moins naturel, de plus artificiel, c’est-à-dire
de
moins fatal, de plus humain et de plus libre dans le monde, c’est l’E
6755
us humain et de plus libre dans le monde, c’est l’
Europe
, de plus Européen, c’est ma patrie, c’est la France.203 Mais c’est
6756
plus libre dans le monde, c’est l’Europe, de plus
Européen
, c’est ma patrie, c’est la France.203 Mais c’est finalement à Victo
6757
go qu’il appartiendra, bien des années plus tard,
d’
opérer la « transfiguration » des idéaux de 1848 en un européisme et e
6758
tard, d’opérer la « transfiguration » des idéaux
de
1848 en un européisme et en un mondialisme sublimes, achevant ainsi —
6759
mantisme politique. Parce qu’il n’est pas suspect
de
nationalisme borné, et parce qu’il fut au xixe siècle, le prophète l
6760
l fut au xixe siècle, le prophète le plus exalté
de
l’union européenne, ses déclarations réitérées sur l’avenir européen
6761
xe siècle, le prophète le plus exalté de l’union
européenne
, ses déclarations réitérées sur l’avenir européen de sa patrie illust
6762
ropéenne, ses déclarations réitérées sur l’avenir
européen
de sa patrie illustrent mieux que toute autre la grandiose ambiguïté
6763
ses déclarations réitérées sur l’avenir européen
de
sa patrie illustrent mieux que toute autre la grandiose ambiguïté de
6764
rent mieux que toute autre la grandiose ambiguïté
de
l’idée nationale. Cette généreuse et sincère volonté de se perdre dan
6765
dée nationale. Cette généreuse et sincère volonté
de
se perdre dans l’universel, de se transfigurer en Europe et en monde
6766
et sincère volonté de se perdre dans l’universel,
de
se transfigurer en Europe et en monde ne sera-t-elle pas nécessaireme
6767
se perdre dans l’universel, de se transfigurer en
Europe
et en monde ne sera-t-elle pas nécessairement interprétée par les aut
6768
interprétée par les autres comme un désir secret
de
gagner tout l’univers au style de vie et de pensée d’une « nation mèr
6769
un désir secret de gagner tout l’univers au style
de
vie et de pensée d’une « nation mère » ? Parlant des « sauvages » de
6770
ecret de gagner tout l’univers au style de vie et
de
pensée d’une « nation mère » ? Parlant des « sauvages » de l’empire f
6771
agner tout l’univers au style de vie et de pensée
d’
une « nation mère » ? Parlant des « sauvages » de l’empire français qu
6772
d’une « nation mère » ? Parlant des « sauvages »
de
l’empire français qui viennent contempler à Paris l’exposition univer
6773
nnent contempler à Paris l’exposition universelle
de
1867, il a des phrases qui découragent la critique : Ces yeux saturé
6774
s qui découragent la critique : Ces yeux saturés
de
nuit viennent regarder la vérité… Ils savent qu’il existe un peuple d
6775
rder la vérité… Ils savent qu’il existe un peuple
de
réconciliation… une nation ouverte, qui appelle chez elle quiconque e
6776
lle chez elle quiconque est frère ou veut l’être.
De
leur côté, invasion ; du côté de la France, expansion. Sur ce thème
6777
oici quelques pages inspirées : La France a cela
d’
admirable qu’elle est destinée à mourir, mais à mourir comme les dieux
6778
ux, par la transfiguration. La France deviendra l’
Europe
. Certains peuples finissent par la sublimation comme Hercule ou par l
6779
tre en constellation ; les autres peuples, astres
de
deuxième grandeur, se groupent autour de lui, et c’est ainsi qu’Athèn
6780
urera et deviendra le monde humain. La révolution
de
France s’appellera l’évolution des peuples. Pourquoi ? Parce que la F
6781
ce que la France le mérite ; parce qu’elle manque
d’
égoïsme, parce qu’elle ne travaille pas pour elle seule, parce qu’elle
6782
pas pour elle seule, parce qu’elle] est créatrice
d’
espérances universelles, parce qu’elle représente toute la bonne volon
6783
ulement des sœurs, elle est mère. Cette maternité
de
la généreuse France éclate dans tous les phénomènes sociaux de ce tem
6784
se France éclate dans tous les phénomènes sociaux
de
ce temps ; les autres peuples lui font ses malheurs, elle leur fait l
6785
tte nation sera grande, ce qui ne l’empêchera pas
d’
être libre. Elle sera illustre, riche, pensante, pacifique, cordiale a
6786
re, riche, pensante, pacifique, cordiale au reste
de
l’humanité. Elle aura la gravité douce d’une aînée. […] Cette nation
6787
u reste de l’humanité. Elle aura la gravité douce
d’
une aînée. […] Cette nation aura pour capitale Paris, et ne s’appeller
6788
s’appellera point la France ; elle s’appellera l’
Europe
. Elle s’appellera l’Europe au xxe siècle, et, aux siècles suivants,
6789
e ; elle s’appellera l’Europe. Elle s’appellera l’
Europe
au xxe siècle, et, aux siècles suivants, plus transfigurée encore, e
6790
uoi assiste le xixe siècle, c’est à la formation
de
l’Europe.205 Enfin, dans son discours pour saluer l’Exposition univ
6791
ssiste le xixe siècle, c’est à la formation de l’
Europe
.205 Enfin, dans son discours pour saluer l’Exposition universelle d
6792
son discours pour saluer l’Exposition universelle
de
1867, à Paris206, Hugo s’élève à des sommets d’éloquence d’où l’on vo
6793
e de 1867, à Paris206, Hugo s’élève à des sommets
d’
éloquence d’où l’on voit l’Europe elle-même se fondre dans l’immensité
6794
Paris206, Hugo s’élève à des sommets d’éloquence
d’
où l’on voit l’Europe elle-même se fondre dans l’immensité de l’humani
6795
’élève à des sommets d’éloquence d’où l’on voit l’
Europe
elle-même se fondre dans l’immensité de l’humanité la plus moderne. V
6796
oit l’Europe elle-même se fondre dans l’immensité
de
l’humanité la plus moderne. Voici l’exorde : Que l’Europe soit la bi
6797
humanité la plus moderne. Voici l’exorde : Que l’
Europe
soit la bienvenue. Qu’elle entre chez elle. Qu’elle prenne possession
6798
u’elle entre chez elle. Qu’elle prenne possession
de
ce Paris qui lui appartient, et auquel elle appartient ! Qu’elle ait
6799
qu’elle respire à pleins poumons dans cette ville
de
tous et pour tous, qui a le privilège de faire des actes européens !
6800
te ville de tous et pour tous, qui a le privilège
de
faire des actes européens ! c’est d’ici que sont parties toutes les h
6801
pour tous, qui a le privilège de faire des actes
européens
! c’est d’ici que sont parties toutes les hautes impulsions de l’espr
6802
ici que sont parties toutes les hautes impulsions
de
l’esprit du xixe siècle ; c’est ici que s’est tenu, magnifique spect
6803
ue spectacle contemporain, pendant trente-six ans
de
liberté, le concile des intelligences ; c’est ici qu’ont été posées,
6804
nt été posées, débattues et résolues dans le sens
de
la délivrance, toutes les grandes questions de cette époque : droit d
6805
ns de la délivrance, toutes les grandes questions
de
cette époque : droit de l’individu, base et point de départ du droit
6806
tes les grandes questions de cette époque : droit
de
l’individu, base et point de départ du droit social, droit du travail
6807
cette époque : droit de l’individu, base et point
de
départ du droit social, droit du travail, droit de la femme, droit de
6808
e départ du droit social, droit du travail, droit
de
la femme, droit de l’enfant, abolition de l’ignorance, abolition de l
6809
ocial, droit du travail, droit de la femme, droit
de
l’enfant, abolition de l’ignorance, abolition de la misère, abolition
6810
, droit de la femme, droit de l’enfant, abolition
de
l’ignorance, abolition de la misère, abolition du glaive sous toutes
6811
de l’enfant, abolition de l’ignorance, abolition
de
la misère, abolition du glaive sous toutes ses formes, inviolabilité
6812
n du glaive sous toutes ses formes, inviolabilité
de
la vue humaine. Comme les glaciers, qui ont on ne sait quelle chastet
6813
ont on ne sait quelle chasteté grandiose, et qui,
d’
un mouvement insensible, mais irrésistible et inconnu, rejettent sur l
6814
es immondices, la voirie, les abattoirs, la peine
de
mort. Et voici la péroraison : Ô France, adieu ! tu es trop grande
6815
op grande pour n’être qu’une patrie. On se sépare
de
sa mère qui devient déesse. Encore un peu de temps, et tu t’évanouira
6816
auguste à cette heure comme l’effacement visible
de
ta frontière. Résigne-toi à ton immensité. Adieu Peuple ! Salut Homme
6817
issantes ou rénovées, qui forment presque toute l’
Europe
continentale au milieu du xixe siècle, l’Espagne garde une position
6818
elle entend rester ce qu’elle fut, même diminuée
de
son empire américain, n’espérant rien du Progrès, ni de la Science, n
6819
empire américain, n’espérant rien du Progrès, ni
de
la Science, ni de la Démocratie sociale, ni du mouvement de l’Histoir
6820
n’espérant rien du Progrès, ni de la Science, ni
de
la Démocratie sociale, ni du mouvement de l’Histoire, et encore moins
6821
nce, ni de la Démocratie sociale, ni du mouvement
de
l’Histoire, et encore moins de la Liberté, mais plaçant toute sa foi
6822
e, ni du mouvement de l’Histoire, et encore moins
de
la Liberté, mais plaçant toute sa foi terrestre et politique dans un
6823
holique restauré. Chez son porte-parole le plus «
européen
», le philosophe et diplomate Donoso Cortès, marquis de Valdegamas (1
6824
), le nationalisme le plus hautain prend la forme
d’
un antijacobinisme et d’un antiromantisme absolus : ce n’est pas une i
6825
us hautain prend la forme d’un antijacobinisme et
d’
un antiromantisme absolus : ce n’est pas une idéologie libertaire qui
6826
lent et simpliste que chez Hugo, mais il a changé
de
signe. Voici, en quelques phrases, tirées de deux lettres à Montalemb
6827
angé de signe. Voici, en quelques phrases, tirées
de
deux lettres à Montalembert, toute la philosophie de l’Objecteur le p
6828
deux lettres à Montalembert, toute la philosophie
de
l’Objecteur le plus total aux idéaux politiques de 1848 : Je crois q
6829
e l’Objecteur le plus total aux idéaux politiques
de
1848 : Je crois que la civilisation catholique contient le bien sans
6830
lisation catholique contient le bien sans mélange
de
mal, et que la civilisation philosophique contient le mal sans mélang
6831
sation philosophique contient le mal sans mélange
de
bien… Si je considère la civilisation catholique dans sa réalité hist
6832
je dirai que ses imperfections venant uniquement
de
sa combinaison avec la liberté humaine, le véritable progrès aurait c
6833
ne voie différente. En donnant pour mort l’empire
de
la foi, et en proclamant l’indépendance de la raison et de la volonté
6834
empire de la foi, et en proclamant l’indépendance
de
la raison et de la volonté de l’homme, elle a rendu absolu, universel
6835
, et en proclamant l’indépendance de la raison et
de
la volonté de l’homme, elle a rendu absolu, universel et nécessaire l
6836
mant l’indépendance de la raison et de la volonté
de
l’homme, elle a rendu absolu, universel et nécessaire le mal, qui éta
6837
elatif, exceptionnel et contingent. Cette période
de
rapide rétrogradation a commencé en Europe avec la restauration du pa
6838
te période de rapide rétrogradation a commencé en
Europe
avec la restauration du paganisme littéraire, qui a amené successivem
6839
e politique. Aujourd’hui le monde est à la veille
de
la dernière de ces restaurations : la restauration du paganisme socia
6840
jourd’hui le monde est à la veille de la dernière
de
ces restaurations : la restauration du paganisme socialiste… L’histoi
6841
’une consiste à conformer la raison et la volonté
de
l’homme à l’élément divin, et l’autre à laisser de côté l’élément div
6842
e l’homme à l’élément divin, et l’autre à laisser
de
côté l’élément divin et à proclamer l’indépendance et la souveraineté
6843
et à proclamer l’indépendance et la souveraineté
de
l’élément humain… Du reste ce grand retour en arrière était dans la l
6844
continu, la terre aurait fini par être le paradis
de
l’homme, et Dieu a voulu que la terre fût une vallée de larmes. Dieu
6845
omme, et Dieu a voulu que la terre fût une vallée
de
larmes. Dieu aurait été socialiste. Alors qu’eût été Proudhon ? Chacu
6846
le rencontrer jamais, un paradis dans une vallée
de
larmes, et Dieu plaçant cette vallée de larmes entre deux paradis, po
6847
ne vallée de larmes, et Dieu plaçant cette vallée
de
larmes entre deux paradis, pour que l’homme puisse se trouver toujour
6848
ique hugolienne n’empêche nullement Donoso Cortès
de
porter sur l’Europe politique des jugements d’une lucidité cruelle. D
6849
n’empêche nullement Donoso Cortès de porter sur l’
Europe
politique des jugements d’une lucidité cruelle. Dans son célèbre disc
6850
ès de porter sur l’Europe politique des jugements
d’
une lucidité cruelle. Dans son célèbre discours « Sur la situation gén
6851
son célèbre discours « Sur la situation générale
de
l’Europe » prononcé à la Chambre des Députés d’Espagne le 30 janvier
6852
célèbre discours « Sur la situation générale de l’
Europe
» prononcé à la Chambre des Députés d’Espagne le 30 janvier 1850, il
6853
e de l’Europe » prononcé à la Chambre des Députés
d’
Espagne le 30 janvier 1850, il n’annonce pas, comme le fera Hugo, la p
6854
tés qu’il faut redouter et que les meneurs du jeu
de
l’Histoire laissent monter : La cause de toutes vos erreurs, messieu
6855
du jeu de l’Histoire laissent monter : La cause
de
toutes vos erreurs, messieurs (l’orateur s’adresse aux bancs de la ga
6856
erreurs, messieurs (l’orateur s’adresse aux bancs
de
la gauche), c’est que vous ignorez la marche de la civilisation et du
6857
s de la gauche), c’est que vous ignorez la marche
de
la civilisation et du monde. Vous croyez, vous autres, que la civilis
6858
t. Le monde marche à grands pas à la constitution
d’
un despotisme, le plus gigantesque et le plus terrible que les hommes
6859
. Et pour annoncer ces choses, je n’ai pas besoin
d’
être prophète ; il me suffit de considérer l’ensemble des événements h
6860
je n’ai pas besoin d’être prophète ; il me suffit
de
considérer l’ensemble des événements humains de leur seul et vrai poi
6861
t de considérer l’ensemble des événements humains
de
leur seul et vrai point de vue, je veux dire des hauteurs catholiques
6862
ons hier, ce que nous sommes depuis la révolution
de
février. Depuis cette révolution de formidable mémoire, il n’y a plus
6863
la révolution de février. Depuis cette révolution
de
formidable mémoire, il n’y a plus rien de solide, plus rien de sûr en
6864
olution de formidable mémoire, il n’y a plus rien
de
solide, plus rien de sûr en Europe… Voyez l’état de l’Europe. Il semb
6865
mémoire, il n’y a plus rien de solide, plus rien
de
sûr en Europe… Voyez l’état de l’Europe. Il semble que tous les chefs
6866
il n’y a plus rien de solide, plus rien de sûr en
Europe
… Voyez l’état de l’Europe. Il semble que tous les chefs d’État ont pe
6867
solide, plus rien de sûr en Europe… Voyez l’état
de
l’Europe. Il semble que tous les chefs d’État ont perdu le don de con
6868
de, plus rien de sûr en Europe… Voyez l’état de l’
Europe
. Il semble que tous les chefs d’État ont perdu le don de conseil ; la
6869
semble que tous les chefs d’État ont perdu le don
de
conseil ; la raison humaine subit des éclipses, les institutions subi
6870
ons subissent des bouleversements, et les nations
de
grandes et soudaines décadences. Jetez, messieurs, jetez avec moi les
6871
. Jetez, messieurs, jetez avec moi les yeux sur l’
Europe
, de la Pologne au Portugal, et dites-moi, la main sur la conscience,
6872
messieurs, jetez avec moi les yeux sur l’Europe,
de
la Pologne au Portugal, et dites-moi, la main sur la conscience, dite
6873
t dites-moi, la main sur la conscience, dites-moi
de
bonne foi si vous rencontrez une seule société qui puisse dire : Je s
6874
les concentrées et portées à leur plus haut degré
de
puissance, ont suffi à peine, et n’ont rien fait de plus que suffire
6875
On a parlé ici, messieurs, du danger que court l’
Europe
de la part de la Russie, et je crois que pour aujourd’hui et pour lon
6876
ance qu’elle n’a pas le moindre danger à redouter
de
ce côté. L’influence que la Russie exerçait en Europe, messieurs, ell
6877
de ce côté. L’influence que la Russie exerçait en
Europe
, messieurs, elle l’exerçait au moyen de la Confédération germanique.
6878
la Russie ne pouvait, en aucun cas, s’accommoder
d’
avoir en face d’elle un empire allemand et toutes les races allemandes
6879
emandes réunies. La Confédération se composa donc
de
principautés microscopiques et de deux grandes monarchies. Qu’est-ce
6880
se composa donc de principautés microscopiques et
de
deux grandes monarchies. Qu’est-ce qui convenait dans l’hypothèse d’u
6881
archies. Qu’est-ce qui convenait dans l’hypothèse
d’
une guerre en France ? Ce qui convenait à la Russie, c’était que ces m
6882
messieurs, comment il est arrivé que l’influence
de
la Russie, depuis la formation de la Confédération jusqu’à la révolut
6883
que l’influence de la Russie, depuis la formation
de
la Confédération jusqu’à la révolution de février, s’est étendue de S
6884
rmation de la Confédération jusqu’à la révolution
de
février, s’est étendue de Saint-Pétersbourg à Paris. Mais depuis la r
6885
n jusqu’à la révolution de février, s’est étendue
de
Saint-Pétersbourg à Paris. Mais depuis la révolution de février les c
6886
nt-Pétersbourg à Paris. Mais depuis la révolution
de
février les choses ont changé de face ; la tempête révolutionnaire a
6887
is la révolution de février les choses ont changé
de
face ; la tempête révolutionnaire a jeté bas les trônes, traîné dans
6888
aos. C’est vous dire, messieurs, qu’à l’influence
de
la Russie, qui s’étendait de Saint-Pétersbourg à Paris, a succédé l’i
6889
rs, qu’à l’influence de la Russie, qui s’étendait
de
Saint-Pétersbourg à Paris, a succédé l’influence démagogique de Paris
6890
sbourg à Paris, a succédé l’influence démagogique
de
Paris, qui s’étend jusqu’en Pologne… Ce n’est pas mon opinion cependa
6891
Pologne… Ce n’est pas mon opinion cependant que l’
Europe
n’ait rien à redouter de la Russie ; je crois tout le contraire ; mai
6892
nion cependant que l’Europe n’ait rien à redouter
de
la Russie ; je crois tout le contraire ; mais pour que la Russie acce
6893
une guerre générale, pour que la Russie s’empare
de
l’Europe, il faut auparavant les trois événements que je vais dire, l
6894
guerre générale, pour que la Russie s’empare de l’
Europe
, il faut auparavant les trois événements que je vais dire, lesquels s
6895
’à cette angoisse, tout patriotisme meurt au cœur
de
l’homme ; en troisième heu, il faut que se réalise la confédération p
6896
il faut que se réalise la confédération puissante
de
tous les peuples slaves sous l’influence et le protectorat de la Russ
6897
peuples slaves sous l’influence et le protectorat
de
la Russie. Les nations slaves comptent, messieurs, 80 millions d’habi
6898
s nations slaves comptent, messieurs, 80 millions
d’
habitants. Eh bien, lorsque la révolution aura détruit en Europe les a
6899
s. Eh bien, lorsque la révolution aura détruit en
Europe
les armées permanentes, lorsque les révolutions socialistes auront ét
6900
tions socialistes auront éteint le patriotisme en
Europe
, lorsque, à l’orient de l’Europe, se sera accomplie la grande fédérat
6901
int le patriotisme en Europe, lorsque, à l’orient
de
l’Europe, se sera accomplie la grande fédération des peuples slaves ;
6902
e patriotisme en Europe, lorsque, à l’orient de l’
Europe
, se sera accomplie la grande fédération des peuples slaves ; lorsque
6903
s spoliés et celle des spoliateurs, alors l’heure
de
la Russie sonnera ; alors la Russie pourra se promener tranquillement
6904
oire, ce châtiment épouvantable sera le châtiment
de
l’Angleterre. 191. Théodore Jouffroy : De l’État actuel de l’Human
6905
ment de l’Angleterre. 191. Théodore Jouffroy :
De
l’État actuel de l’Humanité, mélanges philosophiques, Bruxelles, 1834
6906
rre. 191. Théodore Jouffroy : De l’État actuel
de
l’Humanité, mélanges philosophiques, Bruxelles, 1834. 192. An Gustav
6907
192. An Gustav Kolb, Florenz, 11-11-1828. 193.
De
la Pologne, in Œuvres complètes, Patries et Portraits, Paris, 1868.
6908
Sämtliche Werke, 6, 186. 199. Lajos Kossuth : L’
Europe
, l’Autriche et la Hongrie, Bruxelles, 1859. 200. Chap. XXII : La Cau
6909
rie, Bruxelles, 1859. 200. Chap. XXII : La Cause
de
la Liberté des peuples. 201. Prolegomeni al Primato. 202. Parfois
6910
i al Primato. 202. Parfois désigné sous le titre
de
Manifeste à l’Europe, cf. Gollwitzer, op. cit., p. 323. 203. J. Mic
6911
2. Parfois désigné sous le titre de Manifeste à l’
Europe
, cf. Gollwitzer, op. cit., p. 323. 203. J. Michelet : Introduction
6912
89 et 295. 206. Article intitulé : « Déclaration
de
Paix », 1867, op. cit., tome IV, p. 349-350, 351. 365. 207. Lettres
6913
it., tome IV, p. 349-350, 351. 365. 207. Lettres
de
M. Donoso Cortès sur l’Avenir de la Société Nouvelle, à M. le comte d
6914
5. 207. Lettres de M. Donoso Cortès sur l’Avenir
de
la Société Nouvelle, à M. le comte de Montalembert, 26 mai et 4 juin
6915
ur l’Avenir de la Société Nouvelle, à M. le comte
de
Montalembert, 26 mai et 4 juin 1849.
6916
2.Un idéal
de
compensation : les États-Unis d’Europe Quel fut le premier auteur d
6917
États-Unis d’Europe Quel fut le premier auteur
de
l’expression ? Cattaneo ? Cobden ? Mazzini ? ou Hugo ? Un obscur orat
6918
? Cobden ? Mazzini ? ou Hugo ? Un obscur orateur
de
la « campagne des Banquets », qui préluda en 1847 à la révolution, ou
6919
en 1847 à la révolution, ou le rédacteur anonyme
d’
un article du Moniteur daté du 26 février 1848208 ? Les historiens hés
6920
l’harmonie des génies collectifs. Le recours à l’
Europe
mystique d’un Lamartine ne serait plus qu’une clause de style dès qu’
6921
génies collectifs. Le recours à l’Europe mystique
d’
un Lamartine ne serait plus qu’une clause de style dès qu’au nom de le
6922
tique d’un Lamartine ne serait plus qu’une clause
de
style dès qu’au nom de leurs intérêts les États refuseraient de jouer
6923
u’au nom de leurs intérêts les États refuseraient
de
jouer le beau jeu de la dialectique idéaliste. D’où le besoin d’une s
6924
érêts les États refuseraient de jouer le beau jeu
de
la dialectique idéaliste. D’où le besoin d’une souveraineté nouvelle,
6925
de jouer le beau jeu de la dialectique idéaliste.
D’
où le besoin d’une souveraineté nouvelle, d’une instance supérieure au
6926
u jeu de la dialectique idéaliste. D’où le besoin
d’
une souveraineté nouvelle, d’une instance supérieure aux États, d’une
6927
iste. D’où le besoin d’une souveraineté nouvelle,
d’
une instance supérieure aux États, d’une Europe fédérale plus efficace
6928
té nouvelle, d’une instance supérieure aux États,
d’
une Europe fédérale plus efficace et franche que « l’Europe des nation
6929
velle, d’une instance supérieure aux États, d’une
Europe
fédérale plus efficace et franche que « l’Europe des nations » chanté
6930
Europe fédérale plus efficace et franche que « l’
Europe
des nations » chantée par les poètes aux larges vues, mais exploitée
6931
ploitée par les politiciens aux courtes ruses. Né
d’
une angoisse prémonitoire, le mot d’ordre des « États-Unis d’Europe »
6932
États-Unis d’Europe » n’est en somme qu’un idéal
de
compensation. Sauf peut-être chez Proudhon, il ne prend pas la suite
6933
chez Proudhon, il ne prend pas la suite des plans
de
paix européenne que nous avons cités plus haut, de Pierre Dubois à Sa
6934
udhon, il ne prend pas la suite des plans de paix
européenne
que nous avons cités plus haut, de Pierre Dubois à Saint-Simon. Il es
6935
e paix européenne que nous avons cités plus haut,
de
Pierre Dubois à Saint-Simon. Il essaie plutôt de conjurer les méfaits
6936
de Pierre Dubois à Saint-Simon. Il essaie plutôt
de
conjurer les méfaits pressentis de passions nationales qu’on a trop l
6937
essaie plutôt de conjurer les méfaits pressentis
de
passions nationales qu’on a trop lyriquement célébrées pour oser s’y
6938
économiste, mais aussi chef des insurgés milanais
de
mars 1848, n’a pas été amené à l’idée européenne par un élan passionn
6939
milanais de mars 1848, n’a pas été amené à l’idée
européenne
par un élan passionnel ni par la logique idéale d’une construction à
6940
e par un élan passionnel ni par la logique idéale
d’
une construction à la Hegel. Nous assistons avec lui à la découverte e
6941
Nous assistons avec lui à la découverte empirique
d’
une réalité européenne sous-jacente, seule assez vaste et assez bien d
6942
avec lui à la découverte empirique d’une réalité
européenne
sous-jacente, seule assez vaste et assez bien délimitée pour rendre c
6943
vaste et assez bien délimitée pour rendre compte
de
la naissance et de l’interaction des complexes d’intérêts qu’il étudi
6944
n délimitée pour rendre compte de la naissance et
de
l’interaction des complexes d’intérêts qu’il étudiait. (Par un proces
6945
de la naissance et de l’interaction des complexes
d’
intérêts qu’il étudiait. (Par un processus analogue, Toynbee choisira
6946
pas les nations, ni le monde, comme seul « champ
d’
étude intelligible de l’Histoire »). Toutefois, Cattaneo n’envisage p
6947
le monde, comme seul « champ d’étude intelligible
de
l’Histoire »). Toutefois, Cattaneo n’envisage pas une unification de
6948
outefois, Cattaneo n’envisage pas une unification
de
nos diversités de tous ordres. La variété, la multiplicité, l’individ
6949
n’envisage pas une unification de nos diversités
de
tous ordres. La variété, la multiplicité, l’individualité, la nationa
6950
, la nationalité, lui paraissent essentielles à l’
Europe
, qui par là se distingue de l’Asie-mère, encore qu’elle en ait hérité
6951
essentielles à l’Europe, qui par là se distingue
de
l’Asie-mère, encore qu’elle en ait hérité les éléments d’uniformité c
6952
e-mère, encore qu’elle en ait hérité les éléments
d’
uniformité constitutifs de toute civilisation. Posant ainsi le problèm
6953
ait hérité les éléments d’uniformité constitutifs
de
toute civilisation. Posant ainsi le problème des tensions nécessaires
6954
roprement fédéraliste. Le développement organique
de
l’Europe, la logique des faits économiques autant que celle de l’hist
6955
ment fédéraliste. Le développement organique de l’
Europe
, la logique des faits économiques autant que celle de l’histoire, nou
6956
la logique des faits économiques autant que celle
de
l’histoire, nous conduisent inévitablement vers une intégration fédér
6957
ement, comme le pensaient les romantiques, un âge
d’
or primitif qu’il faudrait restaurer ; bien au contraire, elle est au
6958
restaurer ; bien au contraire, elle est au terme
de
l’effort civilisateur209 : Il serait vain de croire que l’Europe, en
6959
rme de l’effort civilisateur209 : Il serait vain
de
croire que l’Europe, en ces siècles de sauvagerie, ait été différente
6960
civilisateur209 : Il serait vain de croire que l’
Europe
, en ces siècles de sauvagerie, ait été différente des terres qui sont
6961
erait vain de croire que l’Europe, en ces siècles
de
sauvagerie, ait été différente des terres qui sont restées telles que
6962
sont restées telles quelles jusqu’à nos jours. L’
Européen
trouva l’Amérique et l’Australie dans le même état que celui dans leq
6963
dans lequel, semble-t-il, l’Asiatique découvrit l’
Europe
. Là aussi, bien avant les grandes nations, il dut y avoir de petits p
6964
i, bien avant les grandes nations, il dut y avoir
de
petits peuples, et avant ces peuples, des tribus divisées. Et chaque
6965
le habitât une vallée écartée ou une lande ceinte
de
marais et entrecoupée de fleuves, dut vivre d’abord en vase clos, cha
6966
rtée ou une lande ceinte de marais et entrecoupée
de
fleuves, dut vivre d’abord en vase clos, chacune ayant son propre idi
6967
clos, chacune ayant son propre idiome et sa façon
de
se vêtir particulière, dans le cercle étroit que lui assignaient les
6968
mies. Ce serait faux et aller à fin contraire que
de
rechercher à laquelle des grandes nations qui se sont ensuite dévelop
6969
cours des siècles, au gré des lentes préparations
de
l’histoire, telle ou telle tribu appartenait ; ce serait aussi absurd
6970
e tribu appartenait ; ce serait aussi absurde que
de
vouloir savoir de quel fleuve les ruisseaux dérivent, alors qu’au con
6971
t ; ce serait aussi absurde que de vouloir savoir
de
quel fleuve les ruisseaux dérivent, alors qu’au contraire ceux-ci des
6972
à. Par conséquent il serait temps plus que jamais
de
cesser ces divagations au sujet de la postérité des Celtes, des Illyr
6973
vant que la civilisation orientale ne pénétrât en
Europe
avec son système de colonisation, ses rites religieux, son commerce,
6974
orientale ne pénétrât en Europe avec son système
de
colonisation, ses rites religieux, son commerce, ses armes de conquér
6975
ion, ses rites religieux, son commerce, ses armes
de
conquérant, ainsi que toutes les misères de l’exil et de la servitude
6976
armes de conquérant, ainsi que toutes les misères
de
l’exil et de la servitude ; civilisation qui, d’un autre côté, propag
6977
uérant, ainsi que toutes les misères de l’exil et
de
la servitude ; civilisation qui, d’un autre côté, propagea le long de
6978
re côté, propagea le long des mers et des fleuves
d’
Europe cette mystérieuse unité de langage qui a sa source, pour notre
6979
côté, propagea le long des mers et des fleuves d’
Europe
cette mystérieuse unité de langage qui a sa source, pour notre plus g
6980
s et des fleuves d’Europe cette mystérieuse unité
de
langage qui a sa source, pour notre plus grand émerveillement, aux In
6981
s souches celte, germanique et slave. S’il y a en
Europe
un élément d’unité prenant racine certainement en Asie, mère antique
6982
ermanique et slave. S’il y a en Europe un élément
d’
unité prenant racine certainement en Asie, mère antique des religions,
6983
es écritures et des arts, il y a aussi un élément
de
variété ; celui-ci constitue le principe des nationalités respectives
6984
résente ce que les peuples autochtones ont retenu
d’
eux-mêmes, y compris leur façon de s’agréger et celle de s’adapter à c
6985
ones ont retenu d’eux-mêmes, y compris leur façon
de
s’agréger et celle de s’adapter à cette civilisation diffusée par les
6986
mêmes, y compris leur façon de s’agréger et celle
de
s’adapter à cette civilisation diffusée par les centres que l’influen
6987
es centres que l’influence asiatique dissémina en
Europe
. Les diverses combinaisons entre l’unité étrangère et la variété auto
6988
t la variété autochtone se formèrent sur la terre
d’
Europe, et non en Asie. Les principales langues se répandirent en des
6989
la variété autochtone se formèrent sur la terre d’
Europe
, et non en Asie. Les principales langues se répandirent en des contré
6990
nts originels ; et si on enlève tout ce qu’il y a
d’
uniforme, c’est-à-dire d’étranger et de factice, les rauques dialectes
6991
enlève tout ce qu’il y a d’uniforme, c’est-à-dire
d’
étranger et de factice, les rauques dialectes reprennent vie et redevi
6992
qu’il y a d’uniforme, c’est-à-dire d’étranger et
de
factice, les rauques dialectes reprennent vie et redeviennent ces lan
6993
indépendants et absolus, créés par les conditions
de
vie que le genre humain connut à son origine. De Cattaneo à Giuseppe
6994
de vie que le genre humain connut à son origine.
De
Cattaneo à Giuseppe Mazzini (1807-1872), le contraste est grand : c’e
6995
(1807-1872), le contraste est grand : c’est celui
de
la science prudente et de l’éloquence militante, de la sobre sociolog
6996
est grand : c’est celui de la science prudente et
de
l’éloquence militante, de la sobre sociologie et de la propagande exa
6997
la science prudente et de l’éloquence militante,
de
la sobre sociologie et de la propagande exaltée. Ils ont voulu tous l
6998
l’éloquence militante, de la sobre sociologie et
de
la propagande exaltée. Ils ont voulu tous les deux l’union de l’Itali
6999
ande exaltée. Ils ont voulu tous les deux l’union
de
l’Italie dans une Europe unie ; ils ont cru tous les deux que la « na
7000
voulu tous les deux l’union de l’Italie dans une
Europe
unie ; ils ont cru tous les deux que la « nationalité » était l’un de
7001
« nationalité » était l’un des termes essentiels
de
toute union vivante de l’Europe — l’autre terme étant l’Humanité. Mai
7002
l’un des termes essentiels de toute union vivante
de
l’Europe — l’autre terme étant l’Humanité. Mais Cattaneo reste un pen
7003
des termes essentiels de toute union vivante de l’
Europe
— l’autre terme étant l’Humanité. Mais Cattaneo reste un penseur, Maz
7004
un penseur, Mazzini est avant tout un agitateur.
D’
où l’emploi différent des idées, chez l’un et l’autre. Le philosophe v
7005
fie des concepts en les confrontant au réel serré
de
près, par des méthodes variées, tandis que l’agitateur veut entraîner
7006
veut entraîner les réalités dans l’élan mystique
d’
une idéologie, qui est beaucoup moins sa création individuelle que le
7007
e résumé tourbillonnant des plus nobles illusions
de
son temps. Dénoncé par le vieux Metternich comme un danger public pou
7008
ux Metternich comme un danger public pour toute l’
Europe
, redouté par Cavour qui soupçonne en lui un dictateur doublé d’un dém
7009
r Cavour qui soupçonne en lui un dictateur doublé
d’
un démagogue, admiré par le jeune Nietzsche qu’un hasard le fait renco
7010
1 au sommet du Gothard — lieu sacré, cœur et toit
de
l’Europe —, il touche aux deux extrémités du siècle : entre la Réacti
7011
sommet du Gothard — lieu sacré, cœur et toit de l’
Europe
—, il touche aux deux extrémités du siècle : entre la Réaction à la F
7012
le dur pessimisme historique qui marquera la fin
de
l’ère des Nations, il a cru tout ce qu’homme de son temps a pu croire
7013
n de l’ère des Nations, il a cru tout ce qu’homme
de
son temps a pu croire sur la liberté, sur l’amour et sur l’harmonie,
7014
s peuples : « Le Peuple, dira-t-il, parole sacrée
de
l’avenir… » Il fut d’abord l’apôtre de l’italianité, de l’unité itali
7015
ole sacrée de l’avenir… » Il fut d’abord l’apôtre
de
l’italianité, de l’unité italienne dans le républicanisme ; puis, par
7016
venir… » Il fut d’abord l’apôtre de l’italianité,
de
l’unité italienne dans le républicanisme ; puis, partant de là210, de
7017
italienne dans le républicanisme ; puis, partant
de
là210, de l’union européenne ; mais il la concevait comme l’union des
7018
dans le républicanisme ; puis, partant de là210,
de
l’union européenne ; mais il la concevait comme l’union des proscrits
7019
publicanisme ; puis, partant de là210, de l’union
européenne
; mais il la concevait comme l’union des proscrits de toutes les mona
7020
mais il la concevait comme l’union des proscrits
de
toutes les monarchies, l’autrichienne, la française, puis l’italienne
7021
t utopistes cités jusqu’ici, ce n’est pas un plan
d’
union des princes ou des États qu’il propose, mais il rédige la premiè
7022
qu’il propose, mais il rédige la première charte
d’
un mouvement de militants européens. Ce document date de 1834, et port
7023
mais il rédige la première charte d’un mouvement
de
militants européens. Ce document date de 1834, et porte la signature
7024
ge la première charte d’un mouvement de militants
européens
. Ce document date de 1834, et porte la signature de sept Italiens, de
7025
ouvement de militants européens. Ce document date
de
1834, et porte la signature de sept Italiens, de cinq Allemands et de
7026
. Ce document date de 1834, et porte la signature
de
sept Italiens, de cinq Allemands et de sept Polonais. Mazzini est en
7027
de 1834, et porte la signature de sept Italiens,
de
cinq Allemands et de sept Polonais. Mazzini est en ce moment réfugié
7028
signature de sept Italiens, de cinq Allemands et
de
sept Polonais. Mazzini est en ce moment réfugié clandestin en Suisse.
7029
pétés qu’essuie le mouvement en Italie (une série
de
soulèvements ont été écrasés) Mazzini décide d’élargir son action. Il
7030
e de soulèvements ont été écrasés) Mazzini décide
d’
élargir son action. Il crée des comités Jeune Allemagne et Jeune Polog
7031
nce. La charte qu’on va lire doit sceller l’union
de
ces groupements nationaux et républicains : JEUNE EUROPE Liberté — É
7032
: JEUNE EUROPE Liberté — Égalité — Humanité ACTE
DE
FRATERNITÉ Nous soussignés, hommes de Progrès et de Liberté, croyant
7033
manité ACTE DE FRATERNITÉ Nous soussignés, hommes
de
Progrès et de Liberté, croyant : Dans l’Église et la Fraternité des H
7034
FRATERNITÉ Nous soussignés, hommes de Progrès et
de
Liberté, croyant : Dans l’Église et la Fraternité des Hommes ; Dans l
7035
océder, par un progrès continuel et sous l’empire
de
la loi morale universelle, au développement libre et harmonieux de se
7036
universelle, au développement libre et harmonieux
de
ses propres facultés et à l’accomplissement de sa propre mission dans
7037
ux de ses propres facultés et à l’accomplissement
de
sa propre mission dans l’univers ; Qu’elle ne le peut pas sans le con
7038
s ; Qu’elle ne le peut pas sans le concours actif
de
tous ses membres, librement unis ; Que l’association ne peut se const
7039
x, puisque toute inégalité entraîne une violation
de
l’indépendance, et que toute violation d’indépendance empêche la libe
7040
olation de l’indépendance, et que toute violation
d’
indépendance empêche la liberté du consentement ; Que la Liberté, l’Ég
7041
du problème social, et que toutes les fois qu’un
de
ces éléments est sacrifié aux deux autres, l’ordonnance des travaux h
7042
ère, qui tandis qu’elle constitue l’individualité
de
cet homme et de ce peuple, concourt nécessairement à l’accomplissemen
7043
qu’elle constitue l’individualité de cet homme et
de
ce peuple, concourt nécessairement à l’accomplissement de la mission
7044
uple, concourt nécessairement à l’accomplissement
de
la mission générale de l’humanité ; Convaincus enfin : Que l’associat
7045
rement à l’accomplissement de la mission générale
de
l’humanité ; Convaincus enfin : Que l’association des hommes et des p
7046
uples doit réunir la protection du libre exercice
de
la mission individuelle à la certitude que tout est fait en vue du dé
7047
rtitude que tout est fait en vue du développement
de
la mission générale ; Forts de nos droits d’hommes et de citoyens, fo
7048
e du développement de la mission générale ; Forts
de
nos droits d’hommes et de citoyens, forts de notre conscience et du m
7049
ment de la mission générale ; Forts de nos droits
d’
hommes et de citoyens, forts de notre conscience et du mandat que Dieu
7050
ission générale ; Forts de nos droits d’hommes et
de
citoyens, forts de notre conscience et du mandat que Dieu et l’Humani
7051
orts de nos droits d’hommes et de citoyens, forts
de
notre conscience et du mandat que Dieu et l’Humanité confient à ceux
7052
onales libres et indépendantes : noyaux primitifs
de
la Jeune Italie, de la Jeune Pologne et de la Jeune Allemagne. Réunis
7053
épendantes : noyaux primitifs de la Jeune Italie,
de
la Jeune Pologne et de la Jeune Allemagne. Réunis en assemblée dans u
7054
mitifs de la Jeune Italie, de la Jeune Pologne et
de
la Jeune Allemagne. Réunis en assemblée dans un but d’utilité général
7055
Jeune Allemagne. Réunis en assemblée dans un but
d’
utilité générale, le 15 avril 1834, la main sur le cœur et nous portan
7056
1834, la main sur le cœur et nous portant garants
de
l’avenir, nous avons décidé ce qui suit : I La Jeune Allemagne, la Je
7057
entique qui embrasse l’Humanité, et sous l’empire
d’
une même foi de Liberté, d’Égalité et de Progrès, signent un acte de f
7058
rasse l’Humanité, et sous l’empire d’une même foi
de
Liberté, d’Égalité et de Progrès, signent un acte de fraternité valab
7059
nité, et sous l’empire d’une même foi de Liberté,
d’
Égalité et de Progrès, signent un acte de fraternité valable aujourd’h
7060
l’empire d’une même foi de Liberté, d’Égalité et
de
Progrès, signent un acte de fraternité valable aujourd’hui et toujour
7061
Liberté, d’Égalité et de Progrès, signent un acte
de
fraternité valable aujourd’hui et toujours pour tout ce qui concerne
7062
e qui concerne le but général. II Une déclaration
de
principe constituant la loi morale universelle appliquée aux sociétés
7063
la direction générale des trois sociétés. Aucune
d’
elles ne pourra s’en écarter dans ses travaux, sans violer de façon co
7064
pourra s’en écarter dans ses travaux, sans violer
de
façon coupable l’acte de fraternité et sans en subir les conséquences
7065
ses travaux, sans violer de façon coupable l’acte
de
fraternité et sans en subir les conséquences. III Pour ce qui sort de
7066
s en subir les conséquences. III Pour ce qui sort
de
la sphère des intérêts généraux et de la déclaration de principes, ch
7067
ce qui sort de la sphère des intérêts généraux et
de
la déclaration de principes, chacune des associations est libre et in
7068
sphère des intérêts généraux et de la déclaration
de
principes, chacune des associations est libre et indépendante. IV La
7069
sociations est libre et indépendante. IV La ligne
d’
attaque et de défense solidaire des peuples qui se reconnaissent est c
7070
t libre et indépendante. IV La ligne d’attaque et
de
défense solidaire des peuples qui se reconnaissent est constituée par
7071
réunion des Congreghe nationales ou des délégués
de
chacune d’elles constituera la Congrega de la Jeune Europe. VI Les in
7072
s Congreghe nationales ou des délégués de chacune
d’
elles constituera la Congrega de la Jeune Europe. VI Les individus qui
7073
posent les trois associations sont frères. Chacun
d’
eux accomplira vis-à-vis des autres les devoirs de la fraternité. VII
7074
d’eux accomplira vis-à-vis des autres les devoirs
de
la fraternité. VII La Congrega de la Jeune Europe choisira un symbole
7075
e placée en tête des écrits contresignera l’œuvre
de
la société. VIII Tout peuple qui voudrait participer aux droits et au
7076
qui voudrait participer aux droits et aux devoirs
de
la fraternité établie entre les trois peuples fédérés par cet acte, a
7077
llement à l’acte même, le signant par l’entremise
de
sa Congrega nationale. Fait à Berne (Suisse), le 15 avril 1834. Tout
7078
Berne (Suisse), le 15 avril 1834. Tout l’espoir
de
1848 est dans ce texte, et lorsque éclata la Révolution de février à
7079
st dans ce texte, et lorsque éclata la Révolution
de
février à Paris, cependant que les cantons suisses décidaient de se f
7080
ris, cependant que les cantons suisses décidaient
de
se fédérer, qu’un Parlement fédéral allemand se réunissait à Francfor
7081
on put croire pendant quelques mois à l’avènement
de
la Jeune Europe, tout au moins de ses idéaux. En 1850, réfugié à Lond
7082
e pendant quelques mois à l’avènement de la Jeune
Europe
, tout au moins de ses idéaux. En 1850, réfugié à Londres, où il subit
7083
s à l’avènement de la Jeune Europe, tout au moins
de
ses idéaux. En 1850, réfugié à Londres, où il subit les sarcasmes d’u
7084
850, réfugié à Londres, où il subit les sarcasmes
d’
un exilé qui va mieux réussir, Karl Marx, Mazzini constate l’écrasemen
7085
’écrasement des révoltes libertaires dans toute l’
Europe
, le triomphe des gouvernements sur les peuples et du nationalisme sur
7086
» des nationalités. Il s’interroge sur les causes
de
cette défaite et les trouve dans la désunion des fédéralistes eux-mêm
7087
des fédéralistes eux-mêmes, qu’il fut le premier
Européen
, répétons-le, à tenter d’organiser en mouvement : Oui, la cause est
7088
il fut le premier Européen, répétons-le, à tenter
d’
organiser en mouvement : Oui, la cause est en nous, elle est dans not
7089
la cause est en nous, elle est dans notre manque
d’
organisation, dans le fractionnement que des systèmes, quelquefois abs
7090
ant soutenus avec l’exclusivisme et l’acharnement
de
l’intolérance, ont produit dans nos rangs. Elle est dans nos défiance
7091
uines vanités perpétuelles, dans le manque absolu
de
cet esprit de discipline qui seul accomplit les grandes choses, dans
7092
perpétuelles, dans le manque absolu de cet esprit
de
discipline qui seul accomplit les grandes choses, dans l’éparpillemen
7093
ccomplit les grandes choses, dans l’éparpillement
de
nos forces en une multitude de petits foyers, de groupes, de sectes,
7094
ns l’éparpillement de nos forces en une multitude
de
petits foyers, de groupes, de sectes, de coteries puissantes à dissou
7095
de nos forces en une multitude de petits foyers,
de
groupes, de sectes, de coteries puissantes à dissoudre, impuissantes
7096
es en une multitude de petits foyers, de groupes,
de
sectes, de coteries puissantes à dissoudre, impuissantes à fonder. El
7097
ultitude de petits foyers, de groupes, de sectes,
de
coteries puissantes à dissoudre, impuissantes à fonder. Elle est dans
7098
iels qui s’est peu à peu substitué sur le drapeau
de
nos écoles à l’adoration des saintes idées, au grand problème éducati
7099
qui seul rend nos efforts légitimes, au sentiment
de
la Vie et de sa mission. Elle est dans l’oubli de Dieu, de sa loi d’a
7100
nos efforts légitimes, au sentiment de la Vie et
de
sa mission. Elle est dans l’oubli de Dieu, de sa loi d’amour, de dévo
7101
de la Vie et de sa mission. Elle est dans l’oubli
de
Dieu, de sa loi d’amour, de dévouement et de progrès moral de la gran
7102
et de sa mission. Elle est dans l’oubli de Dieu,
de
sa loi d’amour, de dévouement et de progrès moral de la grande tradit
7103
mission. Elle est dans l’oubli de Dieu, de sa loi
d’
amour, de dévouement et de progrès moral de la grande tradition religi
7104
Elle est dans l’oubli de Dieu, de sa loi d’amour,
de
dévouement et de progrès moral de la grande tradition religieuse de l
7105
ubli de Dieu, de sa loi d’amour, de dévouement et
de
progrès moral de la grande tradition religieuse de l’humanité, pour l
7106
sa loi d’amour, de dévouement et de progrès moral
de
la grande tradition religieuse de l’humanité, pour le bien-être, pour
7107
e progrès moral de la grande tradition religieuse
de
l’humanité, pour le bien-être, pour le catéchisme de Volney, pour le
7108
l’humanité, pour le bien-être, pour le catéchisme
de
Volney, pour le principe égoïste de Bentham, pour l’indifférence aux
7109
le catéchisme de Volney, pour le principe égoïste
de
Bentham, pour l’indifférence aux vérités d’un ordre plus élevé que la
7110
oïste de Bentham, pour l’indifférence aux vérités
d’
un ordre plus élevé que la terre, seules capables de la transformer. E
7111
un ordre plus élevé que la terre, seules capables
de
la transformer. Elle est dans l’esprit de nationalisme substitué part
7112
apables de la transformer. Elle est dans l’esprit
de
nationalisme substitué partout à l’esprit de nationalité, dans la fol
7113
prit de nationalisme substitué partout à l’esprit
de
nationalité, dans la folle prétention que chaque peuple a eue de pouv
7114
dans la folle prétention que chaque peuple a eue
de
pouvoir résoudre le problème politique, économique et social en son s
7115
n son sein et par ses seules forces, dans l’oubli
de
cette grande vérité : que la cause des peuples est une ; que la patri
7116
e révolution qui n’est pas explicitement un culte
de
dévouement envers tous ceux qui souffrent et combattent doit se consu
7117
r ; que la Sainte-Alliance des nations est le but
de
nos luttes, la seule force qui puisse terrasser la ligue des pouvoirs
7118
asser la ligue des pouvoirs issus du privilège ou
de
l’égoïsme des intérêts. Et quant à nos ennemis, ils sont à la merci d
7119
rêts. Et quant à nos ennemis, ils sont à la merci
de
notre travail. Ils ne sont forts que par nos fautes, à nous. Nous mar
7120
s l’orage ; mais au-delà est le soleil, le soleil
de
Dieu, brillant, éternel. Ils peuvent, pendant quelque temps, l’obscur
7121
au regard ; mais l’effacer… jamais. Dieu merci, l’
Europe
est émancipée ; elle l’est depuis Marathon. Ce jour-là, le principe s
7122
pour toujours ; la liberté baptisa notre sol ; l’
Europe
marcha. Elle marche encore ; et ce n’est pas par quelques chiffons de
7123
he encore ; et ce n’est pas par quelques chiffons
de
papier qu’on l’arrêtera dans sa marche.211 Le mouvement Jeune Europ
7124
’arrêtera dans sa marche.211 Le mouvement Jeune
Europe
avait échoué. Mais plusieurs Sociétés d’allures moins subversives se
7125
eune Europe avait échoué. Mais plusieurs Sociétés
d’
allures moins subversives se fondèrent à sa suite, sous les auspices d
7126
rsives se fondèrent à sa suite, sous les auspices
de
Frédéric Passy puis de Camille Lemonnier, notamment. On y retrouve le
7127
a suite, sous les auspices de Frédéric Passy puis
de
Camille Lemonnier, notamment. On y retrouve les derniers disciples de
7128
, notamment. On y retrouve les derniers disciples
de
Saint-Simon, de Cobden, de Bastiat, de Mazzini lui-même, des anarchis
7129
y retrouve les derniers disciples de Saint-Simon,
de
Cobden, de Bastiat, de Mazzini lui-même, des anarchistes, des pacifis
7130
les derniers disciples de Saint-Simon, de Cobden,
de
Bastiat, de Mazzini lui-même, des anarchistes, des pacifistes illumin
7131
disciples de Saint-Simon, de Cobden, de Bastiat,
de
Mazzini lui-même, des anarchistes, des pacifistes illuminés, ainsi qu
7132
s, ainsi que le Général Garibaldi, qui préside un
de
leurs congrès à Genève, en 1867 ; et enfin et surtout on y retrouve,
7133
urtout on y retrouve, pendant vingt ans environné
d’
un long tonnerre d’acclamations, Victor Hugo (1802-1885), ce poète qu’
7134
e, pendant vingt ans environné d’un long tonnerre
d’
acclamations, Victor Hugo (1802-1885), ce poète qu’il faut saluer comm
7135
ète qu’il faut saluer comme le plus grand lyrique
de
l’idéal d’union européenne. C’est dans son discours du 17 juillet 185
7136
aut saluer comme le plus grand lyrique de l’idéal
d’
union européenne. C’est dans son discours du 17 juillet 1851 à l’Assem
7137
er comme le plus grand lyrique de l’idéal d’union
européenne
. C’est dans son discours du 17 juillet 1851 à l’Assemblée législative
7138
u 17 juillet 1851 à l’Assemblée législative, lors
d’
un débat sur la révision de la Constitution, qu’il prononce pour la pr
7139
blée législative, lors d’un débat sur la révision
de
la Constitution, qu’il prononce pour la première fois à la tribune le
7140
du monde a fait trois révolutions comme les dieux
d’
Homère faisaient trois pas. Ces trois révolutions qui n’en font qu’une
7141
révolution humaine ; ce n’est pas le cri égoïste
d’
un peuple, c’est la revendication de la sainte équité universelle, c’e
7142
e cri égoïste d’un peuple, c’est la revendication
de
la sainte équité universelle, c’est la liquidation des griefs générau
7143
erselle, c’est la liquidation des griefs généraux
de
l’humanité depuis que l’histoire existe ; c’est après les siècles de
7144
s que l’histoire existe ; c’est après les siècles
de
l’esclavage, du servage, de la théocratie, de la féodalité, de l’inqu
7145
est après les siècles de l’esclavage, du servage,
de
la théocratie, de la féodalité, de l’inquisition, du despotisme sous
7146
les de l’esclavage, du servage, de la théocratie,
de
la féodalité, de l’inquisition, du despotisme sous tous les noms, du
7147
e, du servage, de la théocratie, de la féodalité,
de
l’inquisition, du despotisme sous tous les noms, du supplice humain s
7148
roclamation auguste des droits de l’homme ! Après
de
longues épreuves, cette révolution a enfanté en France la république…
7149
… la république, qui est pour le peuple une sorte
de
droit naturel comme la liberté pour l’homme. Le peuple français a tai
7150
du vieux continent monarchique la première assise
de
cet immense édifice de l’avenir, qui s’appellera un jour les États-Un
7151
rchique la première assise de cet immense édifice
de
l’avenir, qui s’appellera un jour les États-Unis d’Europe ! M. de Mo
7152
le 21 août 1849, Hugo, nommé président du Congrès
de
la paix, réuni à Paris, avait proclamé sa foi dans la venue « inévita
7153
vait proclamé sa foi dans la venue « inévitable »
de
l’union européenne. Son discours inaugural, dont on va lire les premi
7154
mé sa foi dans la venue « inévitable » de l’union
européenne
. Son discours inaugural, dont on va lire les premières pages et la co
7155
ges et la conclusion, préfigure les grands thèmes
d’
espérance et les plus nobles anticipations qui vont nourrir pendant un
7156
pendant un siècle toute l’éloquence des militants
de
l’Europe unie : Messieurs, si quelqu’un, il y a quatre siècles, à l’
7157
nt un siècle toute l’éloquence des militants de l’
Europe
unie : Messieurs, si quelqu’un, il y a quatre siècles, à l’époque où
7158
quatre siècles, à l’époque où la guerre existait
de
commune à commune, de ville à ville, de province à province, si quelq
7159
poque où la guerre existait de commune à commune,
de
ville à ville, de province à province, si quelqu’un eût dit à la Lorr
7160
existait de commune à commune, de ville à ville,
de
province à province, si quelqu’un eût dit à la Lorraine, à la Picardi
7161
a guerre, un jour viendra où vous ne lèverez plus
d’
hommes d’armes les uns contre les autres, un jour viendra où l’on ne d
7162
un jour viendra où vous ne lèverez plus d’hommes
d’
armes les uns contre les autres, un jour viendra où l’on ne dira plus
7163
ez-vous ce que vous mettrez à la place des hommes
d’
armes ? Savez-vous ce que vous mettrez à la place des gens de pied et
7164
avez-vous ce que vous mettrez à la place des gens
de
pied et de cheval, des canons, des fauconneaux, des lances, des pique
7165
e que vous mettrez à la place des gens de pied et
de
cheval, des canons, des fauconneaux, des lances, des piques, des épée
7166
piques, des épées ? Vous mettrez une petite boîte
de
sapin que vous appellerez l’urne du scrutin, et de cette boîte, il so
7167
e sapin que vous appellerez l’urne du scrutin, et
de
cette boîte, il sortira, quoi ? une assemblée en laquelle vous vous s
7168
i résoudra tout en loi, qui fera tomber le glaive
de
toutes les mains et surgir la justice dans tous les cœurs, qui dira à
7169
tous les gens sérieux, tous les grands politiques
d’
alors se fussent écriés : — Oh ! le songeur ! Oh ! le rêve-creux ! Com
7170
té supérieure, et vous constituerez la fraternité
européenne
, absolument comme la Normandie, la Bretagne, la Bourgogne, la Lorrain
7171
jour viendra où il n’y aura plus d’autres champs
de
bataille que les marchés s’ouvrant au commerce et les esprits s’ouvra
7172
universel des peuples, par le véritable arbitrage
d’
un grand sénat souverain qui sera à l’Europe ce que le parlement est à
7173
arbitrage d’un grand sénat souverain qui sera à l’
Europe
ce que le parlement est à l’Angleterre, ce que la diète est à l’Allem
7174
que, les États-Unis d’Europe, placés en face l’un
de
l’autre, se tendant la main par-dessus les mers, échangeant leurs pro
7175
et combinant ensemble, pour en tirer le bien-être
de
tous, ces deux forces infinies, la fraternité des hommes et la puissa
7176
nfinies, la fraternité des hommes et la puissance
de
Dieu ! En 1872, Hugo ne paraît pas au Congrès de la paix qui se tien
7177
de Dieu ! En 1872, Hugo ne paraît pas au Congrès
de
la paix qui se tient cette année-là à Lugano, mais lui envoie un mess
7178
age qui s’ouvre par ces mots : « Mes compatriotes
européens
. » La guerre de 1870 a remis la civilisation en question. Allons-nous
7179
mots : « Mes compatriotes européens. » La guerre
de
1870 a remis la civilisation en question. Allons-nous vers l’Europe c
7180
s la civilisation en question. Allons-nous vers l’
Europe
cosaque, l’Europe vandale, l’Europe empire ou l’Europe république ? E
7181
en question. Allons-nous vers l’Europe cosaque, l’
Europe
vandale, l’Europe empire ou l’Europe république ? Et cela par une gue
7182
s-nous vers l’Europe cosaque, l’Europe vandale, l’
Europe
empire ou l’Europe république ? Et cela par une guerre ou par une rév
7183
e cosaque, l’Europe vandale, l’Europe empire ou l’
Europe
république ? Et cela par une guerre ou par une révolution ? Il ne le
7184
… à coup sûr, cette chose immense, la République
européenne
, nous l’aurons. Nous aurons ces grands États-Unis d’Europe, qui couro
7185
rique couronnent le nouveau. Nous aurons l’esprit
de
conquête transfiguré en esprit de découverte ; nous aurons la généreu
7186
aurons l’esprit de conquête transfiguré en esprit
de
découverte ; nous aurons la généreuse fraternité des nations au lieu
7187
ache au vieux poète des pages dont les événements
de
Budapest ont tragiquement actualisé l’accent dans notre siècle : Il
7188
accent dans notre siècle : Il devient nécessaire
d’
appeler l’attention des gouvernements européens sur un fait tellement
7189
écessaire d’appeler l’attention des gouvernements
européens
sur un fait tellement petit, à ce qu’il paraît, que les gouvernements
7190
fait, le voici : on assassine un peuple. Où ? en
Europe
. Ce fait a-t-il des témoins ? Un témoin, le monde entier. Les gouvern
7191
ts le voient-ils ? Non. Les nations ont au-dessus
d’
elles quelque chose qui est au-dessous d’elles, les gouvernements. À d
7192
u-dessus d’elles quelque chose qui est au-dessous
d’
elles, les gouvernements. À de certains moments, ce contresens éclate
7193
qui est au-dessous d’elles, les gouvernements. À
de
certains moments, ce contresens éclate : la civilisation est dans les
7194
voient rien qu’à travers cette myopie, la raison
d’
État ; le genre humain regarde avec un autre œil, la conscience. Nous
7195
conscience. Nous allons étonner les gouvernements
européens
en leur apprenant une chose, c’est que les crimes sont des crimes, c’
7196
as plus permis à un gouvernement qu’à un individu
d’
être assassin, c’est que l’Europe est solidaire, c’est que tout ce qui
7197
ent qu’à un individu d’être assassin, c’est que l’
Europe
est solidaire, c’est que tout ce qui se fait en Europe est fait par l
7198
e est solidaire, c’est que tout ce qui se fait en
Europe
est fait par l’Europe, c’est que, s’il existe un gouvernement bête fa
7199
que tout ce qui se fait en Europe est fait par l’
Europe
, c’est que, s’il existe un gouvernement bête fauve, il doit être trai
7200
trop petits pour être vendus, on les fend en deux
d’
un coup de sabre ; c’est qu’on brûle les familles dans les maisons ; c
7201
s pour être vendus, on les fend en deux d’un coup
de
sabre ; c’est qu’on brûle les familles dans les maisons ; c’est que t
7202
alak, par exemple, est réduite en quelques heures
de
neuf-mille habitants à treize cents ; c’est que les cimetières sont e
7203
; c’est que les cimetières sont encombrés de plus
de
cadavres qu’on n’en peut enterrer, de sorte qu’aux vivants qui leur o
7204
est bien fait ; nous apprenons aux gouvernements
d’
Europe ceci, c’est qu’on ouvre les femmes grosses pour leur tuer les e
7205
st bien fait ; nous apprenons aux gouvernements d’
Europe
ceci, c’est qu’on ouvre les femmes grosses pour leur tuer les enfants
7206
c’est qu’il y a dans les places publiques des tas
de
squelettes de femmes ayant la trace de l’éventrement, c’est que les c
7207
a dans les places publiques des tas de squelettes
de
femmes ayant la trace de l’éventrement, c’est que les chiens rongent
7208
es des tas de squelettes de femmes ayant la trace
de
l’éventrement, c’est que les chiens rongent dans les rues le crâne de
7209
que tout cela est horrible, c’est qu’il suffirait
d’
un geste des gouvernements d’Europe pour l’empêcher, et que les sauvag
7210
’est qu’il suffirait d’un geste des gouvernements
d’
Europe pour l’empêcher, et que les sauvages qui commettent ces forfait
7211
st qu’il suffirait d’un geste des gouvernements d’
Europe
pour l’empêcher, et que les sauvages qui commettent ces forfaits sont
7212
ttre sont épouvantables. Il est temps qu’il sorte
de
la civilisation une majestueuse défense d’aller plus loin… Ce qui se
7213
sorte de la civilisation une majestueuse défense
d’
aller plus loin… Ce qui se passe en Serbie démontre la nécessité des É
7214
ons et les dogmes qui ont le sabre au poing. Plus
de
guerres, plus de massacres, plus de carnages ; libre pensée, libre éc
7215
qui ont le sabre au poing. Plus de guerres, plus
de
massacres, plus de carnages ; libre pensée, libre échange ; fraternit
7216
u poing. Plus de guerres, plus de massacres, plus
de
carnages ; libre pensée, libre échange ; fraternité. Est-ce donc si d
7217
’Europe, la fédération continentale, il n’y a pas
d’
autre réalité politique que celle-là. Les raisonnements le constatent,
7218
monstration des philosophes… Ce que les atrocités
de
Serbie mettent hors de doute, c’est qu’il faut à l’Europe une nationa
7219
erbie mettent hors de doute, c’est qu’il faut à l’
Europe
une nationalité européenne, un gouvernement un, un immense arbitrage
7220
oute, c’est qu’il faut à l’Europe une nationalité
européenne
, un gouvernement un, un immense arbitrage fraternel, la démocratie en
7221
Verbe, voici le penseur actif qui ouvre une voie
d’
avenir. Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) a pu se vanter à juste titr
7222
Proudhon (1809-1865) a pu se vanter à juste titre
d’
avoir été le premier théoricien du fédéralisme, encore que Rousseau —
7223
il faut bien avouer que Proudhon garde l’avantage
d’
avoir traité le sujet d’une manière exhaustive et réaliste, avec une s
7224
Proudhon garde l’avantage d’avoir traité le sujet
d’
une manière exhaustive et réaliste, avec une sorte d’acharnement intel
7225
ne manière exhaustive et réaliste, avec une sorte
d’
acharnement intellectuel dont Jean-Jacques ne peut être accusé. Si Mar
7226
économique, Proudhon n’en est pas moins l’ancêtre
européen
des formes démocratiques du socialisme : pas un seul chef de camp de
7227
es démocratiques du socialisme : pas un seul chef
de
camp de travail forcé, pas une seule brute totalitaire n’a jamais pu
7228
ratiques du socialisme : pas un seul chef de camp
de
travail forcé, pas une seule brute totalitaire n’a jamais pu se récla
7229
seule brute totalitaire n’a jamais pu se réclamer
de
sa doctrine pour tenter de justifier ses crimes. Le socialisme fédéra
7230
jamais pu se réclamer de sa doctrine pour tenter
de
justifier ses crimes. Le socialisme fédéraliste et libertaire de Prou
7231
s crimes. Le socialisme fédéraliste et libertaire
de
Proudhon n’a guère eu de succès jusqu’ici ; le socialisme collectivis
7232
édéraliste et libertaire de Proudhon n’a guère eu
de
succès jusqu’ici ; le socialisme collectiviste, centralisateur et aut
7233
isme collectiviste, centralisateur et autoritaire
de
Marx a fait l’URSS et domine la moitié de notre monde. Il y a sans do
7234
ritaire de Marx a fait l’URSS et domine la moitié
de
notre monde. Il y a sans doute erreur sur la doctrine dans les deux c
7235
son maître — en retard sur l’évolution créatrice
de
l’humanité. Proudhon n’aura sa revanche que dans la seule mesure où l
7236
n’aura sa revanche que dans la seule mesure où l’
Europe
saura découvrir que le fédéralisme est la santé de ses peuples, et le
7237
e saura découvrir que le fédéralisme est la santé
de
ses peuples, et le secret de son rayonnement sur la planète. On a lu
7238
ralisme est la santé de ses peuples, et le secret
de
son rayonnement sur la planète. On a lu les attaques virulentes de Do
7239
t sur la planète. On a lu les attaques virulentes
de
Donoso Cortès contre le jeune Proudhon assimilé (ou peu s’en faut) à
7240
é (ou peu s’en faut) à l’Antéchrist. Il est juste
de
citer également ce que Proudhon dit de lui-même : Et moi aussi j’ai
7241
est juste de citer également ce que Proudhon dit
de
lui-même : Et moi aussi j’ai une tradition, une généalogie politique
7242
litique à laquelle je tiens comme à la légitimité
de
ma naissance ; je suis fils de la Révolution, qui fut fille elle-même
7243
me à la légitimité de ma naissance ; je suis fils
de
la Révolution, qui fut fille elle-même de la Philosophie du xviiie s
7244
is fils de la Révolution, qui fut fille elle-même
de
la Philosophie du xviiie siècle, laquelle eut pour mère la Réforme,
7245
s, orthodoxes et hétérodoxes, qui se sont succédé
d’
âge en âge depuis l’origine du christianisme jusqu’à la chute de l’emp
7246
epuis l’origine du christianisme jusqu’à la chute
de
l’empire d’Orient. N’oublions pas, dans cette génération splendide, l
7247
ine du christianisme jusqu’à la chute de l’empire
d’
Orient. N’oublions pas, dans cette génération splendide, les communes,
7248
des castes, fut aussi, dans son temps, une forme
de
liberté. Et de qui est fils le christianisme lui-même, que je ne sépa
7249
t aussi, dans son temps, une forme de liberté. Et
de
qui est fils le christianisme lui-même, que je ne sépare pas de cette
7250
s le christianisme lui-même, que je ne sépare pas
de
cette généalogie révolutionnaire ? Le christianisme est fils du judaï
7251
ionnaire ? Le christianisme est fils du judaïsme,
de
l’égyptianisme, du brahmanisme, du magisme, du platonisme, de la phil
7252
nisme, du brahmanisme, du magisme, du platonisme,
de
la philosophie grecque et du droit romain. Si je ne croyais pas à l’É
7253
ts du grand ouvrage qui ne parut qu’après la mort
de
son auteur : Du Principe fédératif. On ne saurait assez souligner leu
7254
rant dans l’association, 1° ait autant à recevoir
de
l’État qu’il lui sacrifie ; 2° qu’il conserve toute sa liberté, sa so
7255
une convention par laquelle un ou plusieurs chefs
de
famille, une ou plusieurs commîmes, un ou plusieurs groupes de commun
7256
ne ou plusieurs commîmes, un ou plusieurs groupes
de
communes ou États, s’obligent réciproquement et également les uns env
7257
spécialement alors et exclusivement aux délégués
de
la fédération. En résumé, le système fédératif est l’opposé de la hié
7258
ion. En résumé, le système fédératif est l’opposé
de
la hiérarchie ou centralisation administrative et gouvernementale par
7259
est celle-ci : Dans la fédération, les attributs
de
l’autorité centrale se spécialisent et se restreignent, diminuent de
7260
ale se spécialisent et se restreignent, diminuent
de
nombre, d’immédiateté, et, si j’ose ainsi dire, d’intensité, à mesure
7261
ialisent et se restreignent, diminuent de nombre,
d’
immédiateté, et, si j’ose ainsi dire, d’intensité, à mesure que la Con
7262
e nombre, d’immédiateté, et, si j’ose ainsi dire,
d’
intensité, à mesure que la Confédération se développe par l’accession
7263
que la Confédération se développe par l’accession
de
nouveaux États. Dans les gouvernements centralisés, au contraire, les
7264
, corporations et particuliers, en raison directe
de
la superficie territoriale et du chiffre de la population. De là cet
7265
recte de la superficie territoriale et du chiffre
de
la population. De là cet écrasement sous lequel disparaît toute liber
7266
icie territoriale et du chiffre de la population.
De
là cet écrasement sous lequel disparaît toute liberté, non seulement
7267
s même individuelle et nationale. Une conséquence
de
ce fait, c’est que, le système unitaire étant l’inverse du système fé
7268
e, la Prusse, peuvent faire entre eux des traités
d’
alliance ou de commerce ; il répugne qu’ils se fédéralisent, d’abord p
7269
peuvent faire entre eux des traités d’alliance ou
de
commerce ; il répugne qu’ils se fédéralisent, d’abord parce que leur
7270
équence il leur faudrait abandonner quelque chose
de
leur souveraineté, et reconnaître au-dessus d’eux, au moins pour cert
7271
se de leur souveraineté, et reconnaître au-dessus
d’
eux, au moins pour certains cas, un arbitre. Leur nature est de comman
7272
ns pour certains cas, un arbitre. Leur nature est
de
commander, non de transiger ni d’obéir. Les princes qui, en 1813, sou
7273
as, un arbitre. Leur nature est de commander, non
de
transiger ni d’obéir. Les princes qui, en 1813, soutenus par l’insurr
7274
Leur nature est de commander, non de transiger ni
d’
obéir. Les princes qui, en 1813, soutenus par l’insurrection des masse
7275
ection des masses, combattaient pour les libertés
de
l’Europe contre Napoléon, qui plus tard formèrent la Sainte-Alliance,
7276
n des masses, combattaient pour les libertés de l’
Europe
contre Napoléon, qui plus tard formèrent la Sainte-Alliance, n’étaien
7277
nce, n’étaient pas des confédérés : l’absolutisme
de
leur pouvoir leur défendait d’en prendre le titre. C’étaient, comme e
7278
és : l’absolutisme de leur pouvoir leur défendait
d’
en prendre le titre. C’étaient, comme en 92, des coalisés ; l’histoire
7279
92, des coalisés ; l’histoire ne leur donnera pas
d’
autre nom. … l’idée d’une confédération universelle est contradictoire
7280
istoire ne leur donnera pas d’autre nom. … l’idée
d’
une confédération universelle est contradictoire. En cela se manifeste
7281
umis à tous les inconvénients et à tous les vices
de
l’indéfini, de l’illimité, de l’absolu, de l’idéal. L’Europe serait e
7282
inconvénients et à tous les vices de l’indéfini,
de
l’illimité, de l’absolu, de l’idéal. L’Europe serait encore trop gran
7283
et à tous les vices de l’indéfini, de l’illimité,
de
l’absolu, de l’idéal. L’Europe serait encore trop grande pour une con
7284
vices de l’indéfini, de l’illimité, de l’absolu,
de
l’idéal. L’Europe serait encore trop grande pour une confédération un
7285
défini, de l’illimité, de l’absolu, de l’idéal. L’
Europe
serait encore trop grande pour une confédération unique : elle ne pou
7286
ue : elle ne pourrait former qu’une confédération
de
confédérations. C’est d’après cette idée que j’indiquais, dans ma der
7287
emier pas à faire dans la réforme du droit public
européen
, le rétablissement des confédérations italienne, grecque, batave, sca
7288
recque, batave, scandinave et danubienne, prélude
de
la décentralisation des grands États, et par suite, du désarmement gé
7289
ndrait à la liberté ; alors se réaliserait l’idée
d’
un équilibre européen, prévu par tous les publicistes et hommes d’État
7290
erté ; alors se réaliserait l’idée d’un équilibre
européen
, prévu par tous les publicistes et hommes d’État, mais impossible à o
7291
et hommes d’État, mais impossible à obtenir avec
de
grandes puissances à constitutions unitaires. Le peuple, dans la vag
7292
onstitutions unitaires. Le peuple, dans la vague
de
sa pensée, se contemple comme une gigantesque et mystérieuse existenc
7293
gage semble fait pour l’entretenir dans l’opinion
de
son indivisible unité. Il s’appelle le Peuple, la Nation ; c’est-à-di
7294
es, sa Voix, pareille au tonnerre, la grande voix
de
Dieu. Autant il se sent innombrable, irrésistible, immense, autant il
7295
des masses, à toutes les ambitions et excitations
de
la démagogie : c’est la fin du régime de la place publique, des triom
7296
itations de la démagogie : c’est la fin du régime
de
la place publique, des triomphes des tribuns, comme de l’absorption d
7297
place publique, des triomphes des tribuns, comme
de
l’absorption des capitales. Que Paris fasse, dans l’enceinte de ses m
7298
n des capitales. Que Paris fasse, dans l’enceinte
de
ses murs, des révolutions : à quoi bon si Lyon, Marseille, Toulouse,
7299
sbourg, Dijon, etc., si les départements, maîtres
d’
eux-mêmes, ne suivent pas ? Paris en sera pour ses frais… La fédératio
7300
le : car elle le sauve à la fois, en le divisant,
de
la tyrannie de ses meneurs et de sa propre folie. … Après la révoluti
7301
e sauve à la fois, en le divisant, de la tyrannie
de
ses meneurs et de sa propre folie. … Après la révolution des idées do
7302
en le divisant, de la tyrannie de ses meneurs et
de
sa propre folie. … Après la révolution des idées doit arriver, comme
7303
rations, ou l’humanité recommencera un purgatoire
de
mille ans. Quelque dix ans après la publication du Principe fédérati
7304
araissent en allemand deux ouvrages qu’il importe
de
citer ici : en 1878 celui du Suisse J. C. Bluntschli sur L’Organisati
7305
lui du Suisse J. C. Bluntschli sur L’Organisation
d’
une Société d’États européens et en 1879 celui de l’Allemand Constanti
7306
untschli sur L’Organisation d’une Société d’États
européens
et en 1879 celui de l’Allemand Constantin Frantz sur Le Fédéralisme.
7307
d’une Société d’États européens et en 1879 celui
de
l’Allemand Constantin Frantz sur Le Fédéralisme. Ni le juriste suisse
7308
n devoir au socialiste français ; ils tirent tout
de
leur expérience nationale et professionnelle. Le problème du fédérali
7309
le et professionnelle. Le problème du fédéralisme
européen
se trouve ainsi ramené des hauteurs de l’éloquence à la Hugo et de l’
7310
isme européen se trouve ainsi ramené des hauteurs
de
l’éloquence à la Hugo et de l’idéologie à la Mazzini au niveau d’une
7311
i ramené des hauteurs de l’éloquence à la Hugo et
de
l’idéologie à la Mazzini au niveau d’une pratique politique et à l’ex
7312
la Hugo et de l’idéologie à la Mazzini au niveau
d’
une pratique politique et à l’examen de ses conditions d’application.
7313
au niveau d’une pratique politique et à l’examen
de
ses conditions d’application. Johann Caspar Bluntschli (1808-1881) av
7314
ratique politique et à l’examen de ses conditions
d’
application. Johann Caspar Bluntschli (1808-1881) avait été l’auteur d
7315
chli (1808-1881) avait été l’auteur du code civil
de
son canton natal, Zurich, avant de devenir à Heidelberg l’un des plus
7316
r à Heidelberg l’un des plus célèbres professeurs
de
droit international de son temps. L’expérience vécue du fédéralisme s
7317
plus célèbres professeurs de droit international
de
son temps. L’expérience vécue du fédéralisme suisse le met en mesure
7318
ence vécue du fédéralisme suisse le met en mesure
de
préciser certaines distinctions fondamentales qui devaient presque né
7319
mantisme politique. Ainsi aborde-t-il le problème
de
la « nationalité », dont nous avons vu les ambiguïtés pervertir tout
7320
ous avons vu les ambiguïtés pervertir tout l’élan
de
1848. Comment concevoir une « nationalité européenne » sur le modèle
7321
élan de 1848. Comment concevoir une « nationalité
européenne
» sur le modèle des Nations souveraines et uniformes qui composent l’
7322
Nations souveraines et uniformes qui composent l’
Europe
? Le problème s’est révélé insoluble, et c’est qu’il était mal posé.
7323
soluble, et c’est qu’il était mal posé. L’exemple
d’
une nation « internationale » par essence permet au contraire d’imagin
7324
internationale » par essence permet au contraire
d’
imaginer ce que serait un État fédéral européen : La Suisse, pays de
7325
ontraire d’imaginer ce que serait un État fédéral
européen
: La Suisse, pays de montagnes en Europe centrale, où les grands fle
7326
erait un État fédéral européen : La Suisse, pays
de
montagnes en Europe centrale, où les grands fleuves européens, le Rhi
7327
déral européen : La Suisse, pays de montagnes en
Europe
centrale, où les grands fleuves européens, le Rhin, le Danube et le P
7328
ntagnes en Europe centrale, où les grands fleuves
européens
, le Rhin, le Danube et le Pô ont leurs sources principales, et qui sé
7329
l’Allemagne, l’Italie, la France et l’Autriche, a
de
ce fait un caractère très particulier. De même le peuple suisse et le
7330
a grande république qu’est la Confédération — ont
de
grandes tâches vitales à accomplir, d’importance non seulement locale
7331
tion — ont de grandes tâches vitales à accomplir,
d’
importance non seulement locale, mais européenne. Ces États populaires
7332
ccomplir, d’importance non seulement locale, mais
européenne
. Ces États populaires, petits, mais pleins de force, jouissant pleine
7333
péenne. Ces États populaires, petits, mais pleins
de
force, jouissant pleinement d’une liberté politique générale dans ce
7334
etits, mais pleins de force, jouissant pleinement
d’
une liberté politique générale dans ce pays où règne la paix, ont la p
7335
où règne la paix, ont la possibilité et le devoir
d’
aborder, par eux-mêmes, suivant leur disposition naturelle, toutes les
7336
s les questions que le destin et le développement
de
l’humanité posent aux nations européennes, et de les résoudre entière
7337
le développement de l’humanité posent aux nations
européennes
, et de les résoudre entièrement, conformément aux circonstances du mo
7338
de l’humanité posent aux nations européennes, et
de
les résoudre entièrement, conformément aux circonstances du moment. A
7339
stances du moment. Ainsi ces États peuvent servir
d’
exemples, sous ce rapport, aux autres peuples et jouer un rôle détermi
7340
les et jouer un rôle déterminant dans l’évolution
de
l’humanité. … Aussi longtemps que le peuple suisse aspire à remplir c
7341
ivre ces idéals, il ne verra pas son appartenance
européenne
menacée ni la nationalité suisse arrêtée dans son développement. … S’
7342
es nations, formant avec celles-ci une communauté
de
culture qui détermine leur vie spirituelle. Pour cette raison la nati
7343
uté culturelle et plus ce caractère international
de
la nationalité suisse aura sa juste valeur. Il est devenu pour la Sui
7344
al, lui conférant au sein de la famille des États
européens
une importance à laquelle une population de trois millions et demi d’
7345
uropéens une importance à laquelle une population
de
trois millions et demi d’habitants parlant une seule et même langue n
7346
laquelle une population de trois millions et demi
d’
habitants parlant une seule et même langue ne pourrait plus prétendre
7347
s et principes qui sont pour l’ensemble des États
européens
une source de prospérité et de développement et qui seront un jour de
7348
nt pour l’ensemble des États européens une source
de
prospérité et de développement et qui seront un jour destinés à assur
7349
e des États européens une source de prospérité et
de
développement et qui seront un jour destinés à assurer la paix en Eur
7350
qui seront un jour destinés à assurer la paix en
Europe
… Si cet idéal de l’avenir se réalise un jour, la nationalité suisse d
7351
estinés à assurer la paix en Europe… Si cet idéal
de
l’avenir se réalise un jour, la nationalité suisse de caractère inter
7352
’avenir se réalise un jour, la nationalité suisse
de
caractère international devra s’incorporer à la communauté de la Gran
7353
international devra s’incorporer à la communauté
de
la Grande Europe. De cette façon elle n’aura pas vécu en vain ni sans
7354
l devra s’incorporer à la communauté de la Grande
Europe
. De cette façon elle n’aura pas vécu en vain ni sans gloire.216 Ain
7355
s’incorporer à la communauté de la Grande Europe.
De
cette façon elle n’aura pas vécu en vain ni sans gloire.216 Ainsi s
7356
gloire.216 Ainsi se réaliserait ce passage à l’
Europe
, cette « transfiguration » d’une vocation nationale dont rêvait Hugo
7357
ce passage à l’Europe, cette « transfiguration »
d’
une vocation nationale dont rêvait Hugo pour la France et Mazzini pour
7358
is voilà qui ne paraît concevable que dans le cas
d’
une nation non unitaire, c’est-à-dire de structure fédéraliste. « L’In
7359
ns le cas d’une nation non unitaire, c’est-à-dire
de
structure fédéraliste. « L’Internationale des nationalismes » préconi
7360
des nationalismes » préconisée par les prophètes
de
1848, évoque l’idée d’une amicale universelle des misanthropes ou d’u
7361
éconisée par les prophètes de 1848, évoque l’idée
d’
une amicale universelle des misanthropes ou d’une mutuelle des égoïste
7362
dée d’une amicale universelle des misanthropes ou
d’
une mutuelle des égoïstes. On peut écrire de telles choses, non les fa
7363
es ou d’une mutuelle des égoïstes. On peut écrire
de
telles choses, non les faire. Cependant, il est curieux qu’un Bluntsc
7364
ieux qu’un Bluntschli, si conscient des avantages
d’
une vraie fédération pour les cantons jadis « souverains » de son pays
7365
fédération pour les cantons jadis « souverains »
de
son pays, recule devant cette solution lorsqu’il s’agit de l’applique
7366
ys, recule devant cette solution lorsqu’il s’agit
de
l’appliquer à l’Europe. À l’Écossais James Lorimer, qui venait de pub
7367
ette solution lorsqu’il s’agit de l’appliquer à l’
Europe
. À l’Écossais James Lorimer, qui venait de publier un projet d’État f
7368
is James Lorimer, qui venait de publier un projet
d’
État fédéral européen, Bluntschli oppose un plan beaucoup plus prudemm
7369
r, qui venait de publier un projet d’État fédéral
européen
, Bluntschli oppose un plan beaucoup plus prudemment confédéral. En vo
7370
ral. En voici le principe : Si le grand problème
de
la constitution de la communauté des États européens doit trouver sa
7371
incipe : Si le grand problème de la constitution
de
la communauté des États européens doit trouver sa solution, la condit
7372
ème de la constitution de la communauté des États
européens
doit trouver sa solution, la condition principale qu’il faudra rempli
7373
qu’il faudra remplir sera le maintien scrupuleux
de
l’indépendance et de la liberté des États associés. Les États europée
7374
sera le maintien scrupuleux de l’indépendance et
de
la liberté des États associés. Les États européens se considèrent com
7375
ce et de la liberté des États associés. Les États
européens
se considèrent comme des personnes souveraines et sont tous décidés à
7376
soustraire à toute influence due à la suprématie
d’
un autre État. Ils peuvent bien coopérer entre eux pour l’accomplissem
7377
nt bien coopérer entre eux pour l’accomplissement
de
tâches communes, mais ils ne vont pas se soumettre volontairement au
7378
e vont pas se soumettre volontairement au pouvoir
d’
une constitution qui leur paraîtra étrangère. Ils ne renonceront jamai
7379
propre armée ; jamais ils ne toléreront au-dessus
d’
eux un monarque universel ni un parlement européen unique. C’est pourq
7380
essus d’eux un monarque universel ni un parlement
européen
unique. C’est pourquoi toute constitution européenne instaurant un no
7381
uropéen unique. C’est pourquoi toute constitution
européenne
instaurant un nouvel État européen unique, auquel les États jusqu’alo
7382
constitution européenne instaurant un nouvel État
européen
unique, auquel les États jusqu’alors souverains devraient s’incorpore
7383
irréalisable. Bluntschli propose alors une Union
d’
États souverains (Staatenbund) dirigée par un Conseil Fédéral représen
7384
un Sénat représentant les peuples : Le maintien
de
la paix des peuples, les délibérations et résolutions dans le domaine
7385
les délibérations et résolutions dans le domaine
de
la grande politique européenne seront confiés de préférence au Consei
7386
ésolutions dans le domaine de la grande politique
européenne
seront confiés de préférence au Conseil Fédéral, sous la direction de
7387
mise à l’approbation du Sénat. Parmi les affaires
de
la grande politique, il faut ranger toutes les questions concernant l
7388
liberté des États, dont dépendent les conditions
de
vie, la sécurité et le développement des peuples. Pour trancher toute
7389
autorité compétente sera la communauté des États
européens
, à laquelle s’adjoindra une représentation populaire européenne — et
7390
laquelle s’adjoindra une représentation populaire
européenne
— et encore cette dernière ne sera habilitée à collaborer qu’à certai
7391
ats en litige auront à se soumettre aux décisions
de
cette autorité. Celle-ci ne trouvera la force d’imposer ses résolutio
7392
de cette autorité. Celle-ci ne trouvera la force
d’
imposer ses résolutions que par une collaboration entre les gouverneme
7393
n étroite entre eux, pour le moins par le soutien
d’
une majorité importante. Et il conclut, avec une sobriété tout helvét
7394
une sobriété tout helvétique : Le nouveau projet
d’
une constitution fédérale européenne n’est pas très brillant et n’a ri
7395
: Le nouveau projet d’une constitution fédérale
européenne
n’est pas très brillant et n’a rien d’extraordinaire ; il est modeste
7396
le européenne n’est pas très brillant et n’a rien
d’
extraordinaire ; il est modeste et modéré ; mais étant donné qu’il ne
7397
philosophe politique, diplomate et fonctionnaire
de
l’État prussien (dont il ne cessa de condamner les prétentions hégémo
7398
onctionnaire de l’État prussien (dont il ne cessa
de
condamner les prétentions hégémoniques), fut non seulement l’un des p
7399
, fut non seulement l’un des plus zélés partisans
d’
une unité allemande de type fédéraliste, mais le théoricien d’une unio
7400
un des plus zélés partisans d’une unité allemande
de
type fédéraliste, mais le théoricien d’une union des pays centraux et
7401
allemande de type fédéraliste, mais le théoricien
d’
une union des pays centraux et nordiques de l’Europe, en laquelle il v
7402
ricien d’une union des pays centraux et nordiques
de
l’Europe, en laquelle il voyait le noyau d’une future fédération mond
7403
n d’une union des pays centraux et nordiques de l’
Europe
, en laquelle il voyait le noyau d’une future fédération mondiale à ba
7404
iques de l’Europe, en laquelle il voyait le noyau
d’
une future fédération mondiale à base chrétienne217. Il s’agissait d’a
7405
ase chrétienne217. Il s’agissait d’abord pour lui
de
tenir en échec les deux puissances impérialistes, France à l’ouest et
7406
ie à l’est ; puis une fois l’atmosphère purifiée,
de
les faire adhérer à l’union, ainsi que l’Amérique du Nord. Constantin
7407
si que l’Amérique du Nord. Constantin Frantz part
de
l’expérience vécue d’une Allemagne moins une que diverse, donc destin
7408
ord. Constantin Frantz part de l’expérience vécue
d’
une Allemagne moins une que diverse, donc destinée et préparée par son
7409
us vastes formations : ainsi Bluntschli pensait l’
Europe
à partir de l’exemple suisse. Il saute aux yeux que dans un pays ain
7410
it que l’Allemagne ne convient pas à la formation
d’
un État unitaire centralisé, ni même, d’une façon générale, à celle d’
7411
formation d’un État unitaire centralisé, ni même,
d’
une façon générale, à celle d’une simple nation « fermée », étant donn
7412
entralisé, ni même, d’une façon générale, à celle
d’
une simple nation « fermée », étant donné les rapports étroits, déterm
7413
ritoire allemand ne se prête guère à la formation
d’
un État unitaire, la nation allemande s’y prête encore moins, parce qu
7414
té, dès le début, — pour reprendre une expression
de
Schelling — « un peuple de peuples ».218 Frantz a bien vu et dit qu
7415
prendre une expression de Schelling — « un peuple
de
peuples ».218 Frantz a bien vu et dit que l’État unitaire ne saurai
7416
ue l’État unitaire ne saurait en aucun cas servir
de
base à une union fédérative : ou bien il reste formé et il n’y a pas
7417
dérative : ou bien il reste formé et il n’y a pas
d’
union possible, ou bien le carcan est brisé et l’union devient possibl
7418
où vont les choses actuellement, que la formation
d’
un pur État unitaire est proche. Il n’est pas impossible que nous soyo
7419
n’est pas impossible que nous soyons les témoins
de
cette transformation ; mais supposons l’État unitaire constitué, déve
7420
t pas longtemps et ferait vite sauter la camisole
de
force qu’on lui aurait mise. Ceci est un des termes de notre alternat
7421
rce qu’on lui aurait mise. Ceci est un des termes
de
notre alternative. En revanche, si nous voulons échapper à l’actuel c
7422
on pourrait sérieusement envisager la possibilité
d’
une fédération d’Europe Centrale. Et chaque pas que nous ferions dans
7423
usement envisager la possibilité d’une fédération
d’
Europe Centrale. Et chaque pas que nous ferions dans cette direction n
7424
nous ferions dans cette direction nous assurerait
d’
un double gain : en effet, non seulement cette fédération créerait un
7425
t étendue, mais elle permettrait aussi la réunion
d’
une telle masse de forces défensives que chaque État membre n’aurait à
7426
le permettrait aussi la réunion d’une telle masse
de
forces défensives que chaque État membre n’aurait à maintenir sur pie
7427
ion du budget militaire et favoriserait le retour
d’
une importante main-d’œuvre à des travaux plus productifs. Aucune puis
7428
u monde n’oserait attaquer cette fédération, qui,
de
son côté, ne pourrait en aucune manière manifester de tendances agres
7429
on côté, ne pourrait en aucune manière manifester
de
tendances agressives. De cette façon serait fondé un système pour le
7430
ucune manière manifester de tendances agressives.
De
cette façon serait fondé un système pour le maintien de la paix tel q
7431
te façon serait fondé un système pour le maintien
de
la paix tel que l’Europe n’en a encore jamais vu. Et quel honneur pou
7432
un système pour le maintien de la paix tel que l’
Europe
n’en a encore jamais vu. Et quel honneur pour l’Allemagne si elle pou
7433
eur pour l’Allemagne si elle pouvait être la base
d’
une fédération pour la paix, au lieu d’avoir, par le système de 1866,
7434
ion pour la paix, au lieu d’avoir, par le système
de
1866, créé le militarisme européen qui nous suce notre propre sang. S
7435
voir, par le système de 1866, créé le militarisme
européen
qui nous suce notre propre sang. Si grandes que soient les difficulté
7436
difficultés réelles qui s’opposent à la fondation
de
la fédération d’Europe Centrale — et nous sommes les derniers à nous
7437
es qui s’opposent à la fondation de la fédération
d’
Europe Centrale — et nous sommes les derniers à nous bercer d’illusion
7438
trale — et nous sommes les derniers à nous bercer
d’
illusions —, elles pourraient très bien être surmontées grâce à une pr
7439
ses qui ont prévalu jusqu’à présent. Ainsi l’idée
d’
État, avec laquelle de toute façon on ne peut rien construire… Il ren
7440
squ’à présent. Ainsi l’idée d’État, avec laquelle
de
toute façon on ne peut rien construire… Il rend justice à l’élan pri
7441
va au-delà du but assigné, ainsi la valorisation
de
la nationalité devint un but absolu… Au stade des nations fermées co
7442
ermanentes : Il est bien établi que le but final
de
l’organisation n’est pas l’État universel, mais bien la fédération de
7443
iances » qui constitue manifestement le préalable
d’
un tel processus. Par alliances, nous entendons des associations concl
7444
tif : elle sera constituée pour toujours et dotée
d’
organes permanents prêts à fonctionner de façon durable. De ce point d
7445
et dotée d’organes permanents prêts à fonctionner
de
façon durable. De ce point de vue, le système politique appelé « Conc
7446
permanents prêts à fonctionner de façon durable.
De
ce point de vue, le système politique appelé « Concert européen des g
7447
int de vue, le système politique appelé « Concert
européen
des grandes puissances » nous vient immédiatement à l’esprit. Pris da
7448
ns propre, ce mot, à l’origine, ne désignait rien
d’
autre qu’un système d’alliances… À examiner de près l’essence même de
7449
’origine, ne désignait rien d’autre qu’un système
d’
alliances… À examiner de près l’essence même de ce système des grandes
7450
ien d’autre qu’un système d’alliances… À examiner
de
près l’essence même de ce système des grandes puissances, on constate
7451
me d’alliances… À examiner de près l’essence même
de
ce système des grandes puissances, on constate d’après son nom même q
7452
e d’après son nom même qu’il est fondé sur l’idée
de
la seule puissance, et qu’il fait abstraction aussi bien des principe
7453
t qu’il fait abstraction aussi bien des principes
de
l’histoire et de la moralité que des buts élevés de la civilisation.
7454
raction aussi bien des principes de l’histoire et
de
la moralité que des buts élevés de la civilisation. La seule fin est
7455
l’histoire et de la moralité que des buts élevés
de
la civilisation. La seule fin est d’être ou de devenir une grande pui
7456
buts élevés de la civilisation. La seule fin est
d’
être ou de devenir une grande puissance. Et pour autant que plusieurs
7457
és de la civilisation. La seule fin est d’être ou
de
devenir une grande puissance. Et pour autant que plusieurs de ces gra
7458
ne grande puissance. Et pour autant que plusieurs
de
ces grandes puissances se trouvent être l’une à côté de l’autre, quel
7459
ut poursuivront-elles principalement, sinon celui
d’
augmenter leur force militaire ? Il est frappant de constater que la p
7460
’augmenter leur force militaire ? Il est frappant
de
constater que la prédominance de l’élément militaire va de pair avec
7461
Il est frappant de constater que la prédominance
de
l’élément militaire va de pair avec le règne de l’argent, ce qui a po
7462
ter que la prédominance de l’élément militaire va
de
pair avec le règne de l’argent, ce qui a pour conséquence que tout le
7463
e de l’élément militaire va de pair avec le règne
de
l’argent, ce qui a pour conséquence que tout le développement des peu
7464
ourse… … Tous les petits États sont ainsi menacés
de
décadence, à moins qu’ils ne soient déjà réellement déchus… En revanc
7465
ue les grandes puissances militaires… Allons donc
de
l’avant ! Puisque ce système a vu le jour uniquement par un processus
7466
uniquement par un processus historique, la notion
de
grande puissance n’est par conséquent qu’une catégorie de l’histoire,
7467
e puissance n’est par conséquent qu’une catégorie
de
l’histoire, destinée à disparaître à la prochaine étape de l’évolutio
7468
oire, destinée à disparaître à la prochaine étape
de
l’évolution, de la même manière qu’elle est apparue un jour et qu’ell
7469
disparaître à la prochaine étape de l’évolution,
de
la même manière qu’elle est apparue un jour et qu’elle a acquis, temp
7470
n jour et qu’elle a acquis, temporairement, droit
de
cité un peu partout. Le principe de non-intervention, proclamé depuis
7471
rement, droit de cité un peu partout. Le principe
de
non-intervention, proclamé depuis longtemps, n’est-il pas la déclarat
7472
amé depuis longtemps, n’est-il pas la déclaration
de
faillite de la politique du concert européen ? De ce fait même, cette
7473
ongtemps, n’est-il pas la déclaration de faillite
de
la politique du concert européen ? De ce fait même, cette dernière es
7474
éclaration de faillite de la politique du concert
européen
? De ce fait même, cette dernière est devenue, si l’on peut dire, un
7475
de faillite de la politique du concert européen ?
De
ce fait même, cette dernière est devenue, si l’on peut dire, un « asy
7476
». Et maintenant la tâche importante nous incombe
de
créer un nouveau système, c’est-à-dire un ordre fondé sur la réalité,
7477
la réalité, réglant les rapports entre les États
européens
, réinstallant le droit des gens sur les assises positives qui lui ont
7478
ion du temps exige, devra se fonder sur le modèle
de
l’union allemande, qui exclut toute hégémonie d’un de ses États. Ains
7479
de l’union allemande, qui exclut toute hégémonie
d’
un de ses États. Ainsi le nationalisme condamné par Frantz sous sa for
7480
’union allemande, qui exclut toute hégémonie d’un
de
ses États. Ainsi le nationalisme condamné par Frantz sous sa forme ét
7481
réapparaît irrésistiblement sous la forme épurée
d’
une « mission européenne » de l’Allemagne. Nous connaissons maintenant
7482
sistiblement sous la forme épurée d’une « mission
européenne
» de l’Allemagne. Nous connaissons maintenant le processus pour l’avo
7483
sous la forme épurée d’une « mission européenne »
de
l’Allemagne. Nous connaissons maintenant le processus pour l’avoir il
7484
le processus pour l’avoir illustré par des textes
de
Gioberti et de Mazzini, de Lamartine et de Hugo, de Mickiewicz, de Do
7485
ur l’avoir illustré par des textes de Gioberti et
de
Mazzini, de Lamartine et de Hugo, de Mickiewicz, de Donoso Cortès et
7486
llustré par des textes de Gioberti et de Mazzini,
de
Lamartine et de Hugo, de Mickiewicz, de Donoso Cortès et même de Blun
7487
textes de Gioberti et de Mazzini, de Lamartine et
de
Hugo, de Mickiewicz, de Donoso Cortès et même de Bluntschli. Il manqu
7488
Gioberti et de Mazzini, de Lamartine et de Hugo,
de
Mickiewicz, de Donoso Cortès et même de Bluntschli. Il manquait à ce
7489
Mazzini, de Lamartine et de Hugo, de Mickiewicz,
de
Donoso Cortès et même de Bluntschli. Il manquait à ce concert une voi
7490
de Hugo, de Mickiewicz, de Donoso Cortès et même
de
Bluntschli. Il manquait à ce concert une voix allemande, et la voici
7491
t qu’une telle fédération ne peut pas s’instaurer
d’
un coup. Il faut d’abord qu’elle s’établisse sur une base réelle, d’où
7492
d’abord qu’elle s’établisse sur une base réelle,
d’
où, par la suite, l’impulsion pourra être donnée… Si c’est l’Allemagne
7493
… Si c’est l’Allemagne, où a commencé la scission
de
l’Église, qui a contribué le plus à la décadence de la communauté des
7494
l’Église, qui a contribué le plus à la décadence
de
la communauté des peuples occidentaux, il conviendrait que ce pays se
7495
x, il conviendrait que ce pays se fasse un devoir
de
participer activement au rétablissement de cette communauté et de se
7496
devoir de participer activement au rétablissement
de
cette communauté et de se consacrer à cette tâche de telle façon que
7497
tivement au rétablissement de cette communauté et
de
se consacrer à cette tâche de telle façon que l’on puisse bien augure
7498
cette communauté et de se consacrer à cette tâche
de
telle façon que l’on puisse bien augurer de la transformation du syst
7499
tâche de telle façon que l’on puisse bien augurer
de
la transformation du système européen dans sa totalité… Seul le fédér
7500
isse bien augurer de la transformation du système
européen
dans sa totalité… Seul le fédéralisme peut vraiment conduire à ce rés
7501
-t-il dans la politique actuelle, est le principe
de
l’évolution politique de l’avenir. 208. Cf. P. Renouvin, L’idée de
7502
ctuelle, est le principe de l’évolution politique
de
l’avenir. 208. Cf. P. Renouvin, L’idée de fédération européenne da
7503
ique de l’avenir. 208. Cf. P. Renouvin, L’idée
de
fédération européenne dans la pensée politique du xixe siècle, Oxfor
7504
ir. 208. Cf. P. Renouvin, L’idée de fédération
européenne
dans la pensée politique du xixe siècle, Oxford, 1909. 209. Notizi
7505
spiration patriotique qui nous a donné le courage
d’
entreprendre cet immense travail ? N’avons-nous pas voulu la ceindre d
7506
mense travail ? N’avons-nous pas voulu la ceindre
d’
une couronne d’éléments qui saluassent sa première résurrection ? » Cf
7507
N’avons-nous pas voulu la ceindre d’une couronne
d’
éléments qui saluassent sa première résurrection ? » Cf. Dora Melegari
7508
» Cf. Dora Melegari, La Jeune Italie et la Jeune
Europe
, Paris, 1908, p. 241. 211. Foi et Avenir, 1850, édité par le Bureau
7509
é par le Bureau du Nouveau Monde, Paris (brochure
de
104 p. écrite en français). 212. V. Hugo, Œuvres complètes, Actes e
7510
politique extérieure. 218. Toutes les citations
de
C. Frantz sont empruntées à son ouvrage paru en 1879 sous ce titre :
7511
3.Un problème séculaire : la Russie et l’
Europe
Est-ce à la France, à l’Italie ou à l’Allemagne, voire à la Suisse
7512
ou à l’Allemagne, voire à la Suisse fédéraliste,
de
faire l’Europe et de s’y fondre, accomplissant ainsi une vocation nat
7513
emagne, voire à la Suisse fédéraliste, de faire l’
Europe
et de s’y fondre, accomplissant ainsi une vocation nationale, univers
7514
ire à la Suisse fédéraliste, de faire l’Europe et
de
s’y fondre, accomplissant ainsi une vocation nationale, universelle ?
7515
s du xixe siècle — c’est elle qui a pour mission
de
régénérer l’Europe et de l’unir, car c’est ainsi seulement que la Rus
7516
le — c’est elle qui a pour mission de régénérer l’
Europe
et de l’unir, car c’est ainsi seulement que la Russie pourra devenir
7517
elle qui a pour mission de régénérer l’Europe et
de
l’unir, car c’est ainsi seulement que la Russie pourra devenir europé
7518
’est ainsi seulement que la Russie pourra devenir
européenne
. Que l’Europe soit unie ou non, la France, l’Allemagne, l’Italie et l
7519
nt que la Russie pourra devenir européenne. Que l’
Europe
soit unie ou non, la France, l’Allemagne, l’Italie et la Suisse en fo
7520
isse en font indiscutablement partie. Mais le cas
de
la Russie est différent. Elle peut choisir d’être d’Europe ou non, se
7521
cas de la Russie est différent. Elle peut choisir
d’
être d’Europe ou non, selon que l’Europe sera conforme ou non à l’idée
7522
la Russie est différent. Elle peut choisir d’être
d’
Europe ou non, selon que l’Europe sera conforme ou non à l’idée russe
7523
Russie est différent. Elle peut choisir d’être d’
Europe
ou non, selon que l’Europe sera conforme ou non à l’idée russe de l’h
7524
peut choisir d’être d’Europe ou non, selon que l’
Europe
sera conforme ou non à l’idée russe de l’humanité, du christianisme e
7525
que l’Europe sera conforme ou non à l’idée russe
de
l’humanité, du christianisme et de l’ordre social. Ce privilège exorb
7526
à l’idée russe de l’humanité, du christianisme et
de
l’ordre social. Ce privilège exorbitant, existe-t-il en fait, est-il
7527
? Ou bien ne serait-il qu’un phantasme, un besoin
de
surcompenser le retard de la Russie sur les « progrès » de l’Ouest, —
7528
un phantasme, un besoin de surcompenser le retard
de
la Russie sur les « progrès » de l’Ouest, — ces progrès à la fois jal
7529
penser le retard de la Russie sur les « progrès »
de
l’Ouest, — ces progrès à la fois jalousés et honnis ? Notre propos da
7530
s et honnis ? Notre propos dans cet ouvrage étant
de
présenter des textes afin de les mieux laisser parler, nous rappeller
7531
rappellerons d’abord les opinions contradictoires
de
l’Ouest sur la Russie, puis celles des deux écoles antagonistes qui d
7532
istes qui divisèrent les élites russes touchant l’
Europe
, pour en venir à citer longuement le témoin capital, Dostoïevski. A
7533
ent le témoin capital, Dostoïevski. A. Opinions
européennes
sur la Russie, de Voltaire à Karl Marx Nous avons vu Sully exclure
7534
oïevski. A. Opinions européennes sur la Russie,
de
Voltaire à Karl Marx Nous avons vu Sully exclure la Russie de son
7535
arl Marx Nous avons vu Sully exclure la Russie
de
son grand dessein, Leibniz tenter de l’inclure — non sans réserve — d
7536
re la Russie de son grand dessein, Leibniz tenter
de
l’inclure — non sans réserve — dans l’ensemble spirituel de l’Europe,
7537
re — non sans réserve — dans l’ensemble spirituel
de
l’Europe, William Penn l’accepter dans sa Ligue des Nations, et leurs
7538
non sans réserve — dans l’ensemble spirituel de l’
Europe
, William Penn l’accepter dans sa Ligue des Nations, et leurs successe
7539
udain le vrai danger, contre lequel il serait bon
de
s’unir et de s’entendre avec les Turcs. Voltaire et ses contemporains
7540
danger, contre lequel il serait bon de s’unir et
de
s’entendre avec les Turcs. Voltaire et ses contemporains tenaient enc
7541
ltaire et ses contemporains tenaient encore que l’
Europe
s’arrête au Don, au-delà duquel la « Moscovie » et la « Scythie » son
7542
me Impératrice que le premier gazetier littéraire
de
Paris, Melchior Grimm, peut écrire cette prophétie sensationnelle, qu
7543
t écrire cette prophétie sensationnelle, que tant
d’
esprits plus grands que lui ne feront que répéter jusqu’à nos jours :
7544
eux empires se partageront […] tous les avantages
de
la civilisation, de la puissance, du génie, des lettres, des arts, de
7545
geront […] tous les avantages de la civilisation,
de
la puissance, du génie, des lettres, des arts, des armes et de l’indu
7546
ce, du génie, des lettres, des arts, des armes et
de
l’industrie : la Russie du côté de l’orient, et l’Amérique, devenue l
7547
du côté de l’orient, et l’Amérique, devenue libre
de
nos jours, du côté de l’occident, et nous autres, peuples du noyau, n
7548
noyau ». L’Amérique et la Russie sont les « pays
d’
avenir » destinés à succéder à l’Europe lorsque ses divisions spiritue
7549
ont les « pays d’avenir » destinés à succéder à l’
Europe
lorsque ses divisions spirituelles et ses guerres auront achevé de l’
7550
visions spirituelles et ses guerres auront achevé
de
l’épuiser. En 1797, Jean de Müller annonce que « l’avenir appartiendr
7551
soit à l’Amérique » : Napoléon, dans le Mémorial
de
Sainte-Hélène, prévoit que le monde sera sous peu « République améric
7552
icaine ou Monarchie universelle russe », et que l’
Europe
ne peut pas s’opposer à un chef russe digne du nom : Qu’il se trouve
7553
du nom : Qu’il se trouve, disait-il, un empereur
de
Russie vaillant, impétueux, capable, en un mot un tsar qui ait de la
7554
nt, impétueux, capable, en un mot un tsar qui ait
de
la barbe au menton (ce qu’il exprimait, du reste, beaucoup plus énerg
7555
ait, du reste, beaucoup plus énergiquement), et l’
Europe
est à lui. Il peut commencer ses opérations sur le sol allemand même,
7556
’arriverais à Calais à temps fixe et par journées
d’
étape, et je m’y trouverais le maître et l’arbitre de l’Europe… L’ab
7557
tape, et je m’y trouverais le maître et l’arbitre
de
l’Europe… L’abbé de Pradt, contemporain de Metternich, publie en 18
7558
et je m’y trouverais le maître et l’arbitre de l’
Europe
… L’abbé de Pradt, contemporain de Metternich, publie en 1823 un « P
7559
itre de l’Europe… L’abbé de Pradt, contemporain
de
Metternich, publie en 1823 un « Parallèle de la puissance anglaise et
7560
rain de Metternich, publie en 1823 un « Parallèle
de
la puissance anglaise et russe relativement à l’Europe », où il démon
7561
e la puissance anglaise et russe relativement à l’
Europe
», où il démontre que l’Amérique (« cette seconde Angleterre ») et la
7562
une à renouveler le vieux monde, l’autre à tenter
de
le dominer. Précurseur de Churchill lançant le slogan du « rideau de
7563
monde, l’autre à tenter de le dominer. Précurseur
de
Churchill lançant le slogan du « rideau de fer », il écrit : Au-delà
7564
urseur de Churchill lançant le slogan du « rideau
de
fer », il écrit : Au-delà de la Vistule tombe un rideau derrière leq
7565
slogan du « rideau de fer », il écrit : Au-delà
de
la Vistule tombe un rideau derrière lequel il est fort difficile de b
7566
e un rideau derrière lequel il est fort difficile
de
bien voir ce qui se passe dans l’intérieur de l’empire russe. À la ma
7567
ile de bien voir ce qui se passe dans l’intérieur
de
l’empire russe. À la manière de l’Orient, dont il a reçu l’origine et
7568
ussi d’après elles seulement que l’on peut parler
de
l’armée russe… … Depuis Pierre le Grand jusqu’à ce jour, la politique
7569
uis Pierre le Grand jusqu’à ce jour, la politique
de
la Russie n’a pas cessé d’être conquérante ; on dirait que depuis un
7570
ce jour, la politique de la Russie n’a pas cessé
d’
être conquérante ; on dirait que depuis un siècle entier son cabinet n
7571
un siècle entier son cabinet n’a été composé que
d’
un seul et même homme tant il n’a eu qu’une seule et même pensée, cell
7572
tant il n’a eu qu’une seule et même pensée, celle
de
l’agrandissement méthodique. Sainte-Beuve, commentant et paraphrasan
7573
’est barbare encore, mais c’est grand… La vieille
Europe
aura à compter avec cette jeunesse. L’autre jeunesse, c’est l’Amériqu
7574
les courants vont vers deux fins : ou l’Autocrate
d’
Europe, ou les États-Unis d’Europe. Vers le même temps, et dans le mê
7575
s courants vont vers deux fins : ou l’Autocrate d’
Europe
, ou les États-Unis d’Europe. Vers le même temps, et dans le même sen
7576
re l’état où sont déjà arrivées plusieurs nations
européennes
et celui où toutes les autres tendent, je me sens porté à croire que
7577
re que bientôt parmi elles il ne se trouvera plus
de
place que pour la liberté démocratique ou la tyrannie des Césars. J
7578
longtemps, il est clair que le monde va au-devant
de
l’alternative suivante : ou la Démocratie totale, ou le Despotisme ab
7579
se résument en ceci : l’Amérique a un bon siècle
d’
avance sur la Russie, et l’Europe de l’Ouest devra marcher derrière no
7580
devra marcher derrière nous pendant une centaine
d’
années, avant que la Russie puisse étendre son aile au-dessus de l’Atl
7581
t que la Russie puisse étendre son aile au-dessus
de
l’Atlantique. Mais la formulation la plus fameuse et d’ailleurs la p
7582
ion la plus fameuse et d’ailleurs la plus précise
de
ce que je voudrais nommer le mythe européen des deux grands, nous la
7583
lus précise de ce que je voudrais nommer le mythe
européen
des deux grands, nous la trouvons dans La Démocratie en Amérique publ
7584
’hui sur la terre deux grands peuples qui, partis
de
points différents, semblent s’avancer vers le même but : ce sont les
7585
ancent qu’avec mille efforts ; eux seuls marchent
d’
un pas aisé et rapide dans une carrière dont l’œil ne saurait encore a
7586
t et la barbarie, l’autre la civilisation revêtue
de
toutes ses armes ; aussi les conquêtes de l’Américain se font-elles a
7587
revêtue de toutes ses armes ; aussi les conquêtes
de
l’Américain se font-elles avec le soc du laboureur, celles du Russe a
7588
en quelque sorte dans un homme toute la puissance
de
la société. L’un a pour principal moyen d’action la liberté ; l’autre
7589
ssance de la société. L’un a pour principal moyen
d’
action la liberté ; l’autre, la servitude. Leur point de départ est di
7590
on la liberté ; l’autre, la servitude. Leur point
de
départ est différent, leurs voies sont diverses ; néanmoins, chacun d
7591
nt, leurs voies sont diverses ; néanmoins, chacun
d’
eux semble appelé par un dessein secret de la Providence à tenir un jo
7592
chacun d’eux semble appelé par un dessein secret
de
la Providence à tenir un jour dans ses mains les destinées de la moit
7593
ence à tenir un jour dans ses mains les destinées
de
la moitié du monde.223 On notera que Tocqueville ne se fait pas fau
7594
oins, en réalité, dans l’évolution qu’il annonce,
d’
une double fatalité que d’une alternative, ménageant à l’Europe un cho
7595
volution qu’il annonce, d’une double fatalité que
d’
une alternative, ménageant à l’Europe un choix final, sans doute inévi
7596
ble fatalité que d’une alternative, ménageant à l’
Europe
un choix final, sans doute inévitable, mais qui n’en sera pas moins s
7597
pensent la plupart des auteurs innombrables qui,
de
la fin du xviiie siècle à nos jours, ont supputé l’avenir de notre c
7598
xviiie siècle à nos jours, ont supputé l’avenir
de
notre continent : le seul fait qu’ils s’expriment pour ou contre l’un
7599
essimisme tende à l’emporter. S’ils avaient assez
de
foi dans le destin de l’Europe, ils opposeraient aux deux empires un
7600
porter. S’ils avaient assez de foi dans le destin
de
l’Europe, ils opposeraient aux deux empires un même refus, serein et
7601
r. S’ils avaient assez de foi dans le destin de l’
Europe
, ils opposeraient aux deux empires un même refus, serein et motivé. S
7602
t, comme Ernst von Lasaulx l’écrit en 1856, que l’
Europe
sera fatalement broyée « entre les deux roues du moulin », ils ne se
7603
une ou l’autre des roues. En vérité, leurs prises
de
position révèlent une anxiété de l’imagination plutôt qu’une angoisse
7604
té, leurs prises de position révèlent une anxiété
de
l’imagination plutôt qu’une angoisse immédiate, sans horizon. Nous av
7605
me le puissant refuge des trésors et des libertés
de
l’Europe. En revanche, de Joseph de Maistre à Georges Sorel, en passa
7606
puissant refuge des trésors et des libertés de l’
Europe
. En revanche, de Joseph de Maistre à Georges Sorel, en passant par Pr
7607
trésors et des libertés de l’Europe. En revanche,
de
Joseph de Maistre à Georges Sorel, en passant par Proudhon et Renan,
7608
ue virulente et hautaine du « pays du dollar » et
de
son « matérialisme » ne cessera de s’amplifier jusqu’à nos jours, où
7609
du dollar » et de son « matérialisme » ne cessera
de
s’amplifier jusqu’à nos jours, où elle deviendra le lieu commun des n
7610
ù elle deviendra le lieu commun des nationalistes
d’
extrême gauche et d’extrême droite. Beaucoup plus rares sont les auteu
7611
lieu commun des nationalistes d’extrême gauche et
d’
extrême droite. Beaucoup plus rares sont les auteurs qui, comme Jean-P
7612
» — bien avant l’ère soviétique ! — n’a pas cessé
de
hanter à la fois les conservateurs, les libéraux et les socialistes.
7613
x et les socialistes. Seuls, certains catholiques
d’
extrême droite comme le Savoyard Joseph de Maistre, le Bavarois Ernst
7614
ns une secrète complaisance à rêver l’éventualité
d’
un juste châtiment fondant de Moscou sur nos démocraties… Plus sobre e
7615
rêver l’éventualité d’un juste châtiment fondant
de
Moscou sur nos démocraties… Plus sobre et plus serein, à sa coutume,
7616
24, dans son premier ouvrage : Il faut se garder
de
mettre en contraste l’Europe et l’Amérique : ce que l’on trouve là-ba
7617
age : Il faut se garder de mettre en contraste l’
Europe
et l’Amérique : ce que l’on trouve là-bas n’est qu’un développement d
7618
que l’on trouve là-bas n’est qu’un développement
de
nos races et de notre genre de vie : en fait, New York et Lima nous i
7619
là-bas n’est qu’un développement de nos races et
de
notre genre de vie : en fait, New York et Lima nous importent davanta
7620
u’un développement de nos races et de notre genre
de
vie : en fait, New York et Lima nous importent davantage que Kiev et
7621
Certes, les Russes, selon Ranke, ont bien mérité
de
l’Europe en la protégeant contre les Mongols. Mais leur manière de s’
7622
es, les Russes, selon Ranke, ont bien mérité de l’
Europe
en la protégeant contre les Mongols. Mais leur manière de s’occidenta
7623
protégeant contre les Mongols. Mais leur manière
de
s’occidentaliser reste à ses yeux liée à la tendance à s’approprier
7624
eux liée à la tendance à s’approprier la culture
de
l’Occident dans ses aspects matériels (in materieller Beziehung).224
7625
s’étendre du Bosphore vers l’Asie, l’Afrique et l’
Europe
: alors l’Européen cherchera son salut dans la fuite aux États-Unis.
7626
hore vers l’Asie, l’Afrique et l’Europe : alors l’
Européen
cherchera son salut dans la fuite aux États-Unis. À droite : le marqu
7627
te : le marquis de Custine, dans son fameux récit
d’
un séjour en Russie, « La Russie en 1839 », prédit le réveil effrayant
7628
russe, et alors « la violence mettra fin au règne
de
la parole » : Une ambition désordonnée, immense, une de ces ambition
7629
arole » : Une ambition désordonnée, immense, une
de
ces ambitions qui ne peuvent germer que dans l’âme des opprimés, et s
7630
l’âme des opprimés, et se nourrir que du malheur
d’
une nation entière, fermente au cœur du peuple russe. Cette nation, es
7631
t conquérante, avide à force de privations, expie
d’
avance chez elle, par une soumission avilissante, l’espoir d’exercer l
7632
ez elle, par une soumission avilissante, l’espoir
d’
exercer la tyrannie chez les autres ; la gloire, la richesse qu’elle a
7633
gloire, la richesse qu’elle attend la distraient
de
la honte qu’elle subit, et, pour se laver du sacrifice impie de toute
7634
’elle subit, et, pour se laver du sacrifice impie
de
toute liberté publique et personnelle, l’esclave, à genoux, rêve la d
7635
e la domination du monde. … La Russie voit dans l’
Europe
une proie qui lui sera livrée tôt ou tard par nos dissensions ; elle
7636
; elle fomente chez nous l’anarchie dans l’espoir
de
profiter d’une corruption favorisée par elle, parce qu’elle est favor
7637
te chez nous l’anarchie dans l’espoir de profiter
d’
une corruption favorisée par elle, parce qu’elle est favorable à ses v
7638
’elle est favorable à ses vues : c’est l’histoire
de
la Pologne recommencée en grand. Depuis de longues années Paris lit d
7639
stoire de la Pologne recommencée en grand. Depuis
de
longues années Paris lit des journaux révolutionnaires, révolutionnai
7640
ires dans tous les sens, payés par la Russie. « L’
Europe
, dit-on à Pétersbourg, prend le chemin qu’a suivi la Pologne ; elle s
7641
ai par tout homme initié à la marche des affaires
de
l’Europe et aux secrets des cabinets pendant les vingt dernières anné
7642
r tout homme initié à la marche des affaires de l’
Europe
et aux secrets des cabinets pendant les vingt dernières années. Las
7643
me occidental. Dans le même sens, mais avec plus
de
précision et une lucidité qui se révèle aujourd’hui prophétique, Jaco
7644
Burckhardt constate : Le tragique, dans le destin
de
l’Europe jusqu’ici, réside en ce que les peuples de l’Ouest, considér
7645
hardt constate : Le tragique, dans le destin de l’
Europe
jusqu’ici, réside en ce que les peuples de l’Ouest, considérés dans l
7646
l’Europe jusqu’ici, réside en ce que les peuples
de
l’Ouest, considérés dans leurs perpétuelles mutations et révolutions,
7647
. (On l’eût embarrassé en lui demandant la raison
de
cette supériorité paradoxale, lui qui estimait que la culture n’est q
7648
même que son ami Engels, il salua les mouvements
de
libération nationale des Polonais, des Hongrois et des Allemands (tou
7649
des Allemands (tous écrasés par les interventions
de
la Russie) comme autant d’étapes « dialectiques » vers l’union finale
7650
par les interventions de la Russie) comme autant
d’
étapes « dialectiques » vers l’union finale des Européens, dans une so
7651
d’étapes « dialectiques » vers l’union finale des
Européens
, dans une société sans classe et sans nation. Il était d’ailleurs con
7652
ui devait triompher d’abord en France : La chute
de
la bourgeoisie en France, le triomphe de la classe ouvrière française
7653
La chute de la bourgeoisie en France, le triomphe
de
la classe ouvrière française, l’émancipation de la classe ouvrière en
7654
e de la classe ouvrière française, l’émancipation
de
la classe ouvrière en général, voilà le mot et la solution de la libé
7655
ouvrière en général, voilà le mot et la solution
de
la libération européenne.226 Certes, l’Angleterre bourgeoise ne man
7656
ral, voilà le mot et la solution de la libération
européenne
.226 Certes, l’Angleterre bourgeoise ne manquerait pas de s’opposer
7657
Certes, l’Angleterre bourgeoise ne manquerait pas
de
s’opposer à ce mouvement, mais une « guerre mondiale » l’obligerait à
7658
ue les États-Unis devaient former part intégrante
de
l’Occident et intervenir en Europe. Il écrivait en 1853 : Le grand é
7659
er part intégrante de l’Occident et intervenir en
Europe
. Il écrivait en 1853 : Le grand événement du jour, c’est l’apparitio
7660
: Le grand événement du jour, c’est l’apparition
de
la politique américaine à l’horizon européen. Salué par les uns, reje
7661
apparition de la politique américaine à l’horizon
européen
. Salué par les uns, rejeté par les autres, le fait doit être admis pa
7662
mis par tous. À Beirouth, les Américains viennent
d’
arracher un fugitif hongrois de plus aux serres de l’aigle autrichien.
7663
d’arracher un fugitif hongrois de plus aux serres
de
l’aigle autrichien. Il est réconfortant de constater que l’interventi
7664
serres de l’aigle autrichien. Il est réconfortant
de
constater que l’intervention américaine en Europe se produit d’abord
7665
ant de constater que l’intervention américaine en
Europe
se produit d’abord à propos de la question d’Orient… Dans l’explicati
7666
Europe se produit d’abord à propos de la question
d’
Orient… Dans l’explication violente et permanente qui oppose l’Est à l
7667
st le plus jeune et le plus puissant représentant
de
l’Ouest.227 Mais le grand adversaire de cette « libération de l’Eu
7668
entant de l’Ouest.227 Mais le grand adversaire
de
cette « libération de l’Europe » restait — et resterait toujours, sel
7669
Mais le grand adversaire de cette « libération
de
l’Europe » restait — et resterait toujours, selon Marx — la Russie, p
7670
is le grand adversaire de cette « libération de l’
Europe
» restait — et resterait toujours, selon Marx — la Russie, puissance
7671
Marx — la Russie, puissance intermédiaire entre l’
Europe
progressiste et la « barbarie mongole », et dont la politique d’hégém
7672
et la « barbarie mongole », et dont la politique
d’
hégémonie mondiale ne cesserait de duper les nations européennes : Co
7673
nt la politique d’hégémonie mondiale ne cesserait
de
duper les nations européennes : Comptant sur la lâcheté et la peur d
7674
émonie mondiale ne cesserait de duper les nations
européennes
: Comptant sur la lâcheté et la peur des puissances de l’Ouest, la R
7675
Comptant sur la lâcheté et la peur des puissances
de
l’Ouest, la Russie joue les spadassins et accroît ses exigences à la
7676
mite du possible, afin d’être en mesure plus tard
de
se donner l’air magnanime en se contentant des avantages les plus imm
7677
édiats. La politique russe… peut berner les cours
européennes
liées à la tradition, mais elle reste impuissante dans le cas des peu
7678
dant un siècle, jusqu’à ce que le grand mouvement
de
1789 lui ait opposé un puissant adversaire. Nous entendons la révolut
7679
puissant adversaire. Nous entendons la révolution
européenne
, la force explosive de ses idées démocratiques et de sa soif innée de
7680
dons la révolution européenne, la force explosive
de
ses idées démocratiques et de sa soif innée de liberté. Depuis ce tem
7681
la force explosive de ses idées démocratiques et
de
sa soif innée de liberté. Depuis ce temps, il n’y a plus eu en Europe
7682
ve de ses idées démocratiques et de sa soif innée
de
liberté. Depuis ce temps, il n’y a plus eu en Europe que deux forces
7683
de liberté. Depuis ce temps, il n’y a plus eu en
Europe
que deux forces réelles : la Russie et l’absolutisme, la Révolution e
7684
cé en 1867, Marx précise que l’objectif permanent
de
la politique russe, son « étoile polaire », est la domination du mond
7685
», est la domination du monde : Il ne manque pas
de
naïfs qui s’imaginent que tout cela (l’impérialisme russe) s’est modi
7686
isme russe) s’est modifié, que la Pologne a cessé
d’
être une « nation nécessaire » comme l’appelait un écrivain, et n’est
7687
? Non, seul l’aveuglement des couches dirigeantes
de
l’Europe s’est accru et a atteint son zénith. La politique russe est
7688
, seul l’aveuglement des couches dirigeantes de l’
Europe
s’est accru et a atteint son zénith. La politique russe est invariabl
7689
s manœuvres peuvent varier, mais l’étoile polaire
de
sa politique — la domination mondiale — est une étoile fixe. Cependa
7690
révoyait la chute finale du despotisme congénital
de
la Russie, sous les coups du « progrès des masses » et de la « force
7691
ssie, sous les coups du « progrès des masses » et
de
la « force des idées », — recréant la « puissance et l’unité » de l’E
7692
s idées », — recréant la « puissance et l’unité »
de
l’Europe. Dans l’un des quelque 500 articles que Marx donna au New Yo
7693
es », — recréant la « puissance et l’unité » de l’
Europe
. Dans l’un des quelque 500 articles que Marx donna au New York Herald
7694
rticles que Marx donna au New York Herald Tribune
de
1851 à 1861, nous trouvons les lignes suivantes, parues le 31 décembr
7695
vantes, parues le 31 décembre 1853 : Les peuples
de
l’Ouest remonteront au pouvoir et retrouveront l’unité de but, tandis
7696
st remonteront au pouvoir et retrouveront l’unité
de
but, tandis que le Colosse russe sera ruiné par le progrès des masses
7697
sses et la force explosive des idées.229 Marx,
de
toute évidence, ne pouvait penser qu’à la Russie des tsars, mais sa p
7698
prophétie, si elle s’applique mal aux événements
de
1917, est loin d’avoir perdu son sens pour autant. B. Opinions rus
7699
e s’applique mal aux événements de 1917, est loin
d’
avoir perdu son sens pour autant. B. Opinions russes sur l’Europe,
7700
son sens pour autant. B. Opinions russes sur l’
Europe
, de Tchaadaïev à Tolstoï Russie de l’époque de Kiev, occidentale.
7701
pour autant. B. Opinions russes sur l’Europe,
de
Tchaadaïev à Tolstoï Russie de l’époque de Kiev, occidentale. Russ
7702
s sur l’Europe, de Tchaadaïev à Tolstoï Russie
de
l’époque de Kiev, occidentale. Russie de la Horde d’Or, asiatique. Ru
7703
pe, de Tchaadaïev à Tolstoï Russie de l’époque
de
Kiev, occidentale. Russie de la Horde d’Or, asiatique. Russie moscovi
7704
des Tartares, et se considérant, selon les termes
de
la lettre du moine Philotée à Ivan III, comme « la Troisième Rome » p
7705
tique que Byzance, si l’on en croit la prétention
d’
Ivan le Terrible à détenir non seulement le pouvoir politique, mais le
7706
n seulement le pouvoir politique, mais le pouvoir
de
sauver les âmes. Enfin Russie de Pierre le Grand, ouverte de force à
7707
es âmes. Enfin Russie de Pierre le Grand, ouverte
de
force à l’Europe par son maître. Les encyclopédistes français y domin
7708
n Russie de Pierre le Grand, ouverte de force à l’
Europe
par son maître. Les encyclopédistes français y dominent par correspon
7709
is y dominent par correspondance pendant le règne
de
la Grande Catherine. Dès le début du xixe , c’est le tour des philoso
7710
identalistes. Les premiers n’ont vu dans l’œuvre
de
Pierre qu’une transgression des bases de la Russie, une contrainte qu
7711
l’œuvre de Pierre qu’une transgression des bases
de
la Russie, une contrainte qui pesa sur son développement et en interr
7712
autres n’ont pas reconnu le caractère particulier
de
la Russie, l’ont considérée comme un pays arriéré, en face de ce type
7713
cidental qui représentait pour eux le type unique
de
culture et de civilisation.230 La Russie d’Alexandre, puis de Nicol
7714
eprésentait pour eux le type unique de culture et
de
civilisation.230 La Russie d’Alexandre, puis de Nicolas Ier, au sor
7715
de civilisation.230 La Russie d’Alexandre, puis
de
Nicolas Ier, au sortir des guerres napoléoniennes, est encore en plei
7716
intelligentzia, comme on va la nommer, se nourrit
de
Saint-Simon, de Fourier, et de la philosophie des romantiques alleman
7717
comme on va la nommer, se nourrit de Saint-Simon,
de
Fourier, et de la philosophie des romantiques allemands. Le grand pro
7718
nommer, se nourrit de Saint-Simon, de Fourier, et
de
la philosophie des romantiques allemands. Le grand problème qu’elle s
7719
problème qu’elle se pose est celui des relations
de
la Russie et de l’Europe. La première réponse importante sera donnée
7720
e se pose est celui des relations de la Russie et
de
l’Europe. La première réponse importante sera donnée par un occidenta
7721
pose est celui des relations de la Russie et de l’
Europe
. La première réponse importante sera donnée par un occidentaliste con
7722
u. Pierre Tchaadaïev (1790-1856), ancien officier
de
la Garde, disciple de Maistre, de Bonald et de Schelling, publie en 1
7723
ancien officier de la Garde, disciple de Maistre,
de
Bonald et de Schelling, publie en 1836, dans une revue de Moscou, sa
7724
er de la Garde, disciple de Maistre, de Bonald et
de
Schelling, publie en 1836, dans une revue de Moscou, sa première Lett
7725
d et de Schelling, publie en 1836, dans une revue
de
Moscou, sa première Lettre philosophique (traduite du français en rus
7726
t en germe dans ces Lettres : « Il nie l’histoire
de
son pays, écrit Berdiaev, et sa négation est précisément le type de l
7727
Berdiaev, et sa négation est précisément le type
de
la négation russe. » Il veut que la Russie s’européanise, et il affir
7728
t il affirme que le peuple russe est seul capable
de
résoudre les problèmes spirituels et sociaux de l’Occident. Le tsar l
7729
e de résoudre les problèmes spirituels et sociaux
de
l’Occident. Le tsar l’ayant fait déclarer fou, il publie L’Apologie d
7730
r l’ayant fait déclarer fou, il publie L’Apologie
d’
un fou, où il réitère sa condamnation du passé russe mais sa foi dans
7731
ue du peuple russe. Voici la définition lumineuse
de
l’Europe qu’il oppose aux ténèbres fécondes de la Russie231 : Les pe
7732
peuple russe. Voici la définition lumineuse de l’
Europe
qu’il oppose aux ténèbres fécondes de la Russie231 : Les peuples de
7733
se de l’Europe qu’il oppose aux ténèbres fécondes
de
la Russie231 : Les peuples de l’Europe ont une physionomie commune,
7734
ténèbres fécondes de la Russie231 : Les peuples
de
l’Europe ont une physionomie commune, un air de famille. Malgré la di
7735
bres fécondes de la Russie231 : Les peuples de l’
Europe
ont une physionomie commune, un air de famille. Malgré la division gé
7736
s de l’Europe ont une physionomie commune, un air
de
famille. Malgré la division générale de ces peuples en branche latine
7737
e, un air de famille. Malgré la division générale
de
ces peuples en branche latine et teutonique, en Méridionaux et Septen
7738
vez qu’il n’y a pas bien longtemps encore toute l’
Europe
s’appelait la chrétienté, et ce mot avait sa place dans le droit publ
7739
droit public. Outre ce caractère général, chacun
de
ces peuples a un caractère particulier, mais tout cela n’est que de l
7740
n caractère particulier, mais tout cela n’est que
de
l’Histoire et de la tradition. Cela fait le patrimoine héréditaire d’
7741
culier, mais tout cela n’est que de l’Histoire et
de
la tradition. Cela fait le patrimoine héréditaire d’idées de ces peup
7742
la tradition. Cela fait le patrimoine héréditaire
d’
idées de ces peuples. Chaque individu y jouit de son usufruit, amasse
7743
tion. Cela fait le patrimoine héréditaire d’idées
de
ces peuples. Chaque individu y jouit de son usufruit, amasse dans la
7744
e d’idées de ces peuples. Chaque individu y jouit
de
son usufruit, amasse dans la vie, sans fatigue, sans travail, ces not
7745
pouvons recueillir ainsi dans le simple commerce
d’
idées élémentaires, pour nous en servir tant bien que mal à nous dirig
7746
dans la vie ? Et remarquez qu’il ne s’agit ici ni
d’
étude ni de lecture, de rien de littéraire ou de scientifique, mais si
7747
? Et remarquez qu’il ne s’agit ici ni d’étude ni
de
lecture, de rien de littéraire ou de scientifique, mais simplement du
7748
uez qu’il ne s’agit ici ni d’étude ni de lecture,
de
rien de littéraire ou de scientifique, mais simplement du contact des
7749
l ne s’agit ici ni d’étude ni de lecture, de rien
de
littéraire ou de scientifique, mais simplement du contact des intelli
7750
i d’étude ni de lecture, de rien de littéraire ou
de
scientifique, mais simplement du contact des intelligences ; de ces i
7751
e, mais simplement du contact des intelligences ;
de
ces idées qui s’emparent de l’enfant au berceau, qui l’environnent au
7752
t des intelligences ; de ces idées qui s’emparent
de
l’enfant au berceau, qui l’environnent au milieu de ses jeux, que sa
7753
ui souffle dans ses caresses ; qui, sous la forme
de
sentiments divers, pénètrent dans la moelle de ses os avec l’air qu’i
7754
me de sentiments divers, pénètrent dans la moelle
de
ses os avec l’air qu’il respire, et qui ont déjà fait son être moral
7755
avoir qu’elles sont ces idées ? Ce sont les idées
de
devoir, de justice, de droit, d’ordre. Elles dérivent des événements
7756
les sont ces idées ? Ce sont les idées de devoir,
de
justice, de droit, d’ordre. Elles dérivent des événements mêmes qui y
7757
idées ? Ce sont les idées de devoir, de justice,
de
droit, d’ordre. Elles dérivent des événements mêmes qui y ont constit
7758
e sont les idées de devoir, de justice, de droit,
d’
ordre. Elles dérivent des événements mêmes qui y ont constitué la soci
7759
lles sont des éléments intégrants du monde social
de
ces pays. C’est l’atmosphère de l’Occident ; c’est plus que de l’hist
7760
s du monde social de ces pays. C’est l’atmosphère
de
l’Occident ; c’est plus que de l’histoire, c’est plus que de la psych
7761
C’est l’atmosphère de l’Occident ; c’est plus que
de
l’histoire, c’est plus que de la psychologie, c’est la physiologie de
7762
nt ; c’est plus que de l’histoire, c’est plus que
de
la psychologie, c’est la physiologie de l’homme de l’Europe. Qu’avez-
7763
plus que de la psychologie, c’est la physiologie
de
l’homme de l’Europe. Qu’avez-vous à mettre à la place de cela chez no
7764
e la psychologie, c’est la physiologie de l’homme
de
l’Europe. Qu’avez-vous à mettre à la place de cela chez nous ? Toutes
7765
psychologie, c’est la physiologie de l’homme de l’
Europe
. Qu’avez-vous à mettre à la place de cela chez nous ? Toutes les nati
7766
à la place de cela chez nous ? Toutes les nations
de
l’Europe se tenaient par la main en avançant dans les siècles. Quelqu
7767
place de cela chez nous ? Toutes les nations de l’
Europe
se tenaient par la main en avançant dans les siècles. Quelque chose q
7768
ur la même route. Pour concevoir le développement
de
famille de ces peuples, il n’est pas besoin d’étudier l’histoire. Lis
7769
route. Pour concevoir le développement de famille
de
ces peuples, il n’est pas besoin d’étudier l’histoire. Lisez seulemen
7770
nt de famille de ces peuples, il n’est pas besoin
d’
étudier l’histoire. Lisez seulement le Tasse, et voyez-les tous proste
7771
se, et voyez-les tous prosternés au pied des murs
de
Jérusalem. Rappelez-vous que, pendant quinze siècles, ils n’ont eu qu
7772
prême, pour célébrer sa gloire dans le plus grand
de
ses bienfaits. Et cependant, Tchaadaïev ne croit pas que la Russie s
7773
ndant, Tchaadaïev ne croit pas que la Russie soit
d’
Europe — bien qu’elle soit destinée à sauver l’Europe en adoptant ses
7774
ant, Tchaadaïev ne croit pas que la Russie soit d’
Europe
— bien qu’elle soit destinée à sauver l’Europe en adoptant ses formes
7775
d’Europe — bien qu’elle soit destinée à sauver l’
Europe
en adoptant ses formes de pensée, son sens de la durée, de la continu
7776
destinée à sauver l’Europe en adoptant ses formes
de
pensée, son sens de la durée, de la continuité, de l’unité… Dans ses
7777
Europe en adoptant ses formes de pensée, son sens
de
la durée, de la continuité, de l’unité… Dans ses Lettres philosophiqu
7778
ptant ses formes de pensée, son sens de la durée,
de
la continuité, de l’unité… Dans ses Lettres philosophiques, il repren
7779
e pensée, son sens de la durée, de la continuité,
de
l’unité… Dans ses Lettres philosophiques, il reprend l’idée que la Ru
7780
aines ; nous n’avons en rien contribué au progrès
de
l’esprit humain, et tout ce qui nous est revenu de ce progrès, nous l
7781
e l’esprit humain, et tout ce qui nous est revenu
de
ce progrès, nous l’avons défiguré. Nous ne nous sommes donné la peine
7782
vons défiguré. Nous ne nous sommes donné la peine
de
rien imaginer nous-mêmes, et, de tout ce que les autres ont imaginé,
7783
s donné la peine de rien imaginer nous-mêmes, et,
de
tout ce que les autres ont imaginé, nous n’avons emprunté que des app
7784
ses et le luxe inutile.232 Mais dans une lettre
de
1835, il pousse cette autocritique jusqu’au point « dialectique » où
7785
e se renverse : du désert russe sortira le messie
de
la culture européenne : Il ne s’agit donc nullement pour nous de cou
7786
: du désert russe sortira le messie de la culture
européenne
: Il ne s’agit donc nullement pour nous de courir après les autres ;
7787
ropéenne : Il ne s’agit donc nullement pour nous
de
courir après les autres ; il s’agit de nous apprécier franchement, de
7788
pour nous de courir après les autres ; il s’agit
de
nous apprécier franchement, de nous concevoir tels que nous sommes, d
7789
autres ; il s’agit de nous apprécier franchement,
de
nous concevoir tels que nous sommes, de sortir du mensonge, et de nou
7790
nchement, de nous concevoir tels que nous sommes,
de
sortir du mensonge, et de nous placer dans la vérité. Après cela, nou
7791
r tels que nous sommes, de sortir du mensonge, et
de
nous placer dans la vérité. Après cela, nous avancerons, et nous avan
7792
avail des siècles qui nous ont précédés. Les gens
de
l’Europe se méprennent étrangement sur notre compte. Voilà M. Jouffro
7793
des siècles qui nous ont précédés. Les gens de l’
Europe
se méprennent étrangement sur notre compte. Voilà M. Jouffroy, par ex
7794
ez-lui donc, je vous prie, quels sont les peuples
de
l’Asie que nous avons civilisés ? Apparemment les mastodontes et les
7795
es mastodontes et les autres populations fossiles
de
la Sibérie, seules races d’êtres, à ma connaissance, que nous ayons t
7796
populations fossiles de la Sibérie, seules races
d’
êtres, à ma connaissance, que nous ayons tirés de l’obscurité, et cela
7797
d’êtres, à ma connaissance, que nous ayons tirés
de
l’obscurité, et cela encore grâce aux Pallas et Fischer. Ils s’obstin
7798
’obstinent à nous livrer l’Orient ; par une sorte
d’
instinct de nationalité européenne, ils nous refoulent en Orient pour
7799
à nous livrer l’Orient ; par une sorte d’instinct
de
nationalité européenne, ils nous refoulent en Orient pour ne plus nou
7800
’Orient ; par une sorte d’instinct de nationalité
européenne
, ils nous refoulent en Orient pour ne plus nous rencontrer en Occiden
7801
nous rencontrer en Occident. Ne soyons pas dupes
de
leur artifice involontaire ; cherchons nous-mêmes à découvrir notre a
7802
que nous avons à faire. L’Orient est aux maîtres
de
la mer, cela est évident, nous en sommes beaucoup plus éloignés que l
7803
ne sommes plus au temps où toutes les révolutions
de
l’Orient partaient de l’Asie centrale. La nouvelle Charte de la Compa
7804
s où toutes les révolutions de l’Orient partaient
de
l’Asie centrale. La nouvelle Charte de la Compagnie des Indes, voilà
7805
partaient de l’Asie centrale. La nouvelle Charte
de
la Compagnie des Indes, voilà désormais le véritable élément civilisa
7806
voilà désormais le véritable élément civilisateur
de
l’Asie. C’est l’Europe au contraire, que nous sommes destinés à instr
7807
véritable élément civilisateur de l’Asie. C’est l’
Europe
au contraire, que nous sommes destinés à instruire sur une infinité d
7808
nous sommes destinés à instruire sur une infinité
de
choses qu’elle ne saurait concevoir sans cela. Ne riez pas, vous save
7809
our viendra où nous nous placerons au milieu de l’
Europe
politique, plus puissants alors par notre intelligence que nous somme
7810
re force matérielle. Tel sera le résultat logique
de
notre longue solitude : toujours les grandes choses sont venues du dé
7811
servira singulièrement à hâter l’accomplissement
de
nos destinées. Frappée de stupeur et d’épouvante, l’Europe nous a rep
7812
hâter l’accomplissement de nos destinées. Frappée
de
stupeur et d’épouvante, l’Europe nous a repoussés avec colère ; la pa
7813
lissement de nos destinées. Frappée de stupeur et
d’
épouvante, l’Europe nous a repoussés avec colère ; la page fatale de n
7814
s destinées. Frappée de stupeur et d’épouvante, l’
Europe
nous a repoussés avec colère ; la page fatale de notre histoire, écri
7815
ope nous a repoussés avec colère ; la page fatale
de
notre histoire, écrite de la main de Pierre le Grand, est déchirée :
7816
colère ; la page fatale de notre histoire, écrite
de
la main de Pierre le Grand, est déchirée : grâce à Dieu, nous ne somm
7817
page fatale de notre histoire, écrite de la main
de
Pierre le Grand, est déchirée : grâce à Dieu, nous ne sommes plus de
7818
est déchirée : grâce à Dieu, nous ne sommes plus
de
l’Europe ; dès ce jour donc notre mission universelle a commencé. Tc
7819
déchirée : grâce à Dieu, nous ne sommes plus de l’
Europe
; dès ce jour donc notre mission universelle a commencé. Tchaadaïev
7820
t ici tout près des adversaires les plus acharnés
de
son Apologie d’un fou. Un an plus tard, en 1837, paraît le premier nu
7821
des adversaires les plus acharnés de son Apologie
d’
un fou. Un an plus tard, en 1837, paraît le premier numéro de la revue
7822
n an plus tard, en 1837, paraît le premier numéro
de
la revue des slavophiles, partisans d’un nationalisme spirituel et cu
7823
ier numéro de la revue des slavophiles, partisans
d’
un nationalisme spirituel et culturel, de l’orthodoxie pure et des cou
7824
artisans d’un nationalisme spirituel et culturel,
de
l’orthodoxie pure et des coutumes ancestrales de la Russie paysanne,
7825
de l’orthodoxie pure et des coutumes ancestrales
de
la Russie paysanne, telles que le mir, adversaires donc de « l’Europe
7826
sie paysanne, telles que le mir, adversaires donc
de
« l’Europe », et cette revue s’intitule Europa ! Par la plume d’Ivan
7827
sanne, telles que le mir, adversaires donc de « l’
Europe
», et cette revue s’intitule Europa ! Par la plume d’Ivan Kireievsky,
7828
s donc de « l’Europe », et cette revue s’intitule
Europa
! Par la plume d’Ivan Kireievsky, son principal rédacteur, elle oppos
7829
, et cette revue s’intitule Europa ! Par la plume
d’
Ivan Kireievsky, son principal rédacteur, elle oppose à l’Europe la no
7830
eievsky, son principal rédacteur, elle oppose à l’
Europe
la notion d’enthousiasme, qui serait restée le privilège des Russes e
7831
cipal rédacteur, elle oppose à l’Europe la notion
d’
enthousiasme, qui serait restée le privilège des Russes et que nos pay
7832
it restée le privilège des Russes et que nos pays
de
l’Ouest auraient perdue ; mais cette notion se trouve empruntée à Sch
7833
n se trouve empruntée à Schelling… À l’égard de l’
Europe
décomposée et désunie, irréligieuse, révolutionnaire, matérialiste et
7834
rialiste et bourgeoisement satisfaite, la mission
de
la Russie authentique est d’inverser l’œuvre de Pierre le Grand : le
7835
tisfaite, la mission de la Russie authentique est
d’
inverser l’œuvre de Pierre le Grand : le salut de l’Europe sera russe.
7836
n de la Russie authentique est d’inverser l’œuvre
de
Pierre le Grand : le salut de l’Europe sera russe. Pour Kireievsky et
7837
d’inverser l’œuvre de Pierre le Grand : le salut
de
l’Europe sera russe. Pour Kireievsky et ses amis, la notion d’hégémon
7838
verser l’œuvre de Pierre le Grand : le salut de l’
Europe
sera russe. Pour Kireievsky et ses amis, la notion d’hégémonie organi
7839
era russe. Pour Kireievsky et ses amis, la notion
d’
hégémonie organisatrice est capitale : Mais pour que l’unité de l’Eur
7840
ganisatrice est capitale : Mais pour que l’unité
de
l’Europe se constitue organiquement et harmonieusement, il est nécess
7841
atrice est capitale : Mais pour que l’unité de l’
Europe
se constitue organiquement et harmonieusement, il est nécessaire qu’e
7842
un centre défini, un peuple qui domine les autres
de
sa supériorité politique et culturelle. Toutes les grandes nations d
7843
itique et culturelle. Toutes les grandes nations
de
l’Europe ont exercé successivement cette hégémonie. Mais elles sont é
7844
e et culturelle. Toutes les grandes nations de l’
Europe
ont exercé successivement cette hégémonie. Mais elles sont épuisées.
7845
ion. Seule la Russie reste capable — bien que non
européenne
ou à cause de cela même — de restaurer l’Europe en la rendant conform
7846
bien que non européenne ou à cause de cela même —
de
restaurer l’Europe en la rendant conforme au génie russe ; pourtant,
7847
ropéenne ou à cause de cela même — de restaurer l’
Europe
en la rendant conforme au génie russe ; pourtant, cela ne pourra se f
7848
pourtant, cela ne pourra se faire qu’avec l’aide
de
l’Europe… … notre nationalité a été jusqu’ici une nationalité barbar
7849
tant, cela ne pourra se faire qu’avec l’aide de l’
Europe
… … notre nationalité a été jusqu’ici une nationalité barbare, grossi
7850
iliser, l’élever, lui donner la vie et le pouvoir
d’
évoluer, ne serait possible que par la médiation d’une influence étran
7851
’évoluer, ne serait possible que par la médiation
d’
une influence étrangère ; et comme jusqu’ici toute notre civilisation
7852
omme jusqu’ici toute notre civilisation s’inspire
de
l’étranger ce n’est que de l’étranger que nous pourrons la recevoir j
7853
civilisation s’inspire de l’étranger ce n’est que
de
l’étranger que nous pourrons la recevoir jusqu’au moment où nous égal
7854
cevoir jusqu’au moment où nous égalerons le reste
de
l’Europe. Alors, quand la civilisation commune de l’Europe coïncidera
7855
r jusqu’au moment où nous égalerons le reste de l’
Europe
. Alors, quand la civilisation commune de l’Europe coïncidera avec le
7856
de l’Europe. Alors, quand la civilisation commune
de
l’Europe coïncidera avec le nôtre propre, naîtra une civilisation vra
7857
Europe. Alors, quand la civilisation commune de l’
Europe
coïncidera avec le nôtre propre, naîtra une civilisation vraiment rus
7858
aîtra une civilisation vraiment russe, expression
de
la vie spirituelle d’une nation instruite, d’une civilisation stable,
7859
vraiment russe, expression de la vie spirituelle
d’
une nation instruite, d’une civilisation stable, profonde, vivante et
7860
ion de la vie spirituelle d’une nation instruite,
d’
une civilisation stable, profonde, vivante et pleine de conséquences h
7861
civilisation stable, profonde, vivante et pleine
de
conséquences heureuses, pour la Russie et pour l’humanité. Telles so
7862
qu’à la fin du siècle. Il faut avouer qu’aux yeux
d’
un Européen d’aujourd’hui, les thèses communes aux deux écoles (décade
7863
la fin du siècle. Il faut avouer qu’aux yeux d’un
Européen
d’aujourd’hui, les thèses communes aux deux écoles (décadence europée
7864
siècle. Il faut avouer qu’aux yeux d’un Européen
d’
aujourd’hui, les thèses communes aux deux écoles (décadence européenne
7865
i, les thèses communes aux deux écoles (décadence
européenne
, messianisme russe à la fois religieux et social), paraissent plus dé
7866
social), paraissent plus décisives que les points
de
désaccord (appréciation de la valeur du passé russe, insistance sur l
7867
cisives que les points de désaccord (appréciation
de
la valeur du passé russe, insistance sur la religion et ses conséquen
7868
antin). Nicolas Berdiaev, dans une page étonnante
de
ses Sources et sens du communisme russe (cité plus haut) donne une de
7869
isme russe (cité plus haut) donne une description
de
l’Intelligentzia russe que toute l’histoire récente de la vie soviéti
7870
Intelligentzia russe que toute l’histoire récente
de
la vie soviétique illustre et confirme. Les Russes ont témoigné d’un
7871
ue illustre et confirme. Les Russes ont témoigné
d’
une disposition spéciale à adopter les idées occidentales et à les bra
7872
sion ou dans l’erreur, mais c’est aussi une sorte
de
vertu qui témoigne d’un élan religieux total de l’âme. L’intelligentz
7873
mais c’est aussi une sorte de vertu qui témoigne
d’
un élan religieux total de l’âme. L’intelligentziste russe applique à
7874
e de vertu qui témoigne d’un élan religieux total
de
l’âme. L’intelligentziste russe applique à la science ces méthodes id
7875
ient pas ce dogme, et, par exemple, les partisans
de
Lamarck, étaient en butte à son mépris. Le philosophe le plus importa
7876
d que Léon Tolstoï (1828-1910), dans le préambule
de
son pamphlet intitulé « Les Décembristes », ait pu railler l’époque o
7877
ères les plus diverses, développant des principes
européens
dans un sens européen, mais avec une philosophie russe, et des revues
7878
développant des principes européens dans un sens
européen
, mais avec une philosophie russe, et des revues de sens exclusivement
7879
n, mais avec une philosophie russe, et des revues
de
sens exclusivement russe, développant des principes russes, mais avec
7880
t des principes russes, mais avec une philosophie
européenne
[…]. Tout le monde cherchait à déterrer de nouvelles questions et à l
7881
uropéenne […]. Tout le monde cherchait à déterrer
de
nouvelles questions et à les résoudre, tout le monde écrivait, lisait
7882
Russes, comme un seul homme, étaient dans un état
d’
exaltation indescriptible… Qui peut dire si Tolstoï se sent plus près
7883
occidentalistes quand il écrit233 : Il n’y a pas
de
raison de croire que les Russes soient nécessairement soumis à la mêm
7884
istes quand il écrit233 : Il n’y a pas de raison
de
croire que les Russes soient nécessairement soumis à la même loi de p
7885
Russes soient nécessairement soumis à la même loi
de
progression de la civilisation qui régit les peuples européens, ni qu
7886
écessairement soumis à la même loi de progression
de
la civilisation qui régit les peuples européens, ni que cette progres
7887
gression de la civilisation qui régit les peuples
européens
, ni que cette progression soit un bien… Le peuple russe doit non se
7888
usse doit non se prolétariser, à l’imitation de l’
Europe
et de l’Amérique, mais au contraire, il doit résoudre chez lui le pro
7889
non se prolétariser, à l’imitation de l’Europe et
de
l’Amérique, mais au contraire, il doit résoudre chez lui le problème
7890
en slavophile comme Vladimir Soloviev, la mission
de
la Russie tient tout entière dans la spiritualité de l’orthodoxie, ta
7891
la Russie tient tout entière dans la spiritualité
de
l’orthodoxie, tandis que pour le révolutionnaire occidentaliste Alexa
7892
on et messianisme, mission (divine ou historique)
de
la Russie, face à l’Europe qui a perdu la vraie religion ou qui manqu
7893
ion (divine ou historique) de la Russie, face à l’
Europe
qui a perdu la vraie religion ou qui manque du vrai sens social. En f
7894
e l’Orient et l’Occident sur le rôle et la nature
de
la « civilisation » elle-même ? C’est bien ce que nous suggère un des
7895
e nous suggère un des plus grands poètes lyriques
de
la Russie, Fiodor Ivan Tiouttchev (1803-1873) lorsqu’il écrit : Un b
7896
73) lorsqu’il écrit : Un bien grand inconvénient
de
notre position, c’est cette obligation où nous sommes d’appeler du no
7897
e position, c’est cette obligation où nous sommes
d’
appeler du nom d’Europe un fait qui ne devrait jamais s’appeler que pa
7898
cette obligation où nous sommes d’appeler du nom
d’
Europe un fait qui ne devrait jamais s’appeler que par son propre nom
7899
ette obligation où nous sommes d’appeler du nom d’
Europe
un fait qui ne devrait jamais s’appeler que par son propre nom : Civi
7900
: Civilisation. C. Dostoïevski et la mission
de
la Russie Toutes ces contradictions, apparentes ou réelles, nous a
7901
serrés, fiévreuses et exaltées comme les hachures
de
Van Gogh et tourmentées comme ses nuages, dans les œuvres de Dostoïev
7902
et tourmentées comme ses nuages, dans les œuvres
de
Dostoïevski. À la question de savoir si la Russie appartient ou non à
7903
es, dans les œuvres de Dostoïevski. À la question
de
savoir si la Russie appartient ou non à l’Europe, personne n’a répond
7904
tion de savoir si la Russie appartient ou non à l’
Europe
, personne n’a répondu d’une manière à la fois plus abondante, plus si
7905
ppartient ou non à l’Europe, personne n’a répondu
d’
une manière à la fois plus abondante, plus sincère, et plus désespérém
7906
, et plus désespérément ambiguë. Il ne manque pas
d’
Européens de nos jours pour protester contre une prétendue « exclusion
7907
et plus désespérément ambiguë. Il ne manque pas d’
Européens
de nos jours pour protester contre une prétendue « exclusion de la Ru
7908
sespérément ambiguë. Il ne manque pas d’Européens
de
nos jours pour protester contre une prétendue « exclusion de la Russi
7909
s pour protester contre une prétendue « exclusion
de
la Russie » dont les conseils européens, non pas Staline, seraient re
7910
ndue « exclusion de la Russie » dont les conseils
européens
, non pas Staline, seraient responsables. Dostoïevski ne ferait-il pas
7911
ïevski ne ferait-il pas partie du trésor culturel
de
l’Europe ? Voyons ce que lui-même en a dit. Fiodor Michaïlovitch Dost
7912
i ne ferait-il pas partie du trésor culturel de l’
Europe
? Voyons ce que lui-même en a dit. Fiodor Michaïlovitch Dostoïevski (
7913
(1821-1881) se mit à publier en 1876 son Journal
d’
un écrivain, gazette mensuelle dont il était le seul rédacteur. Des pa
7914
u’il y consacre aux rapports entre la Russie et l’
Europe
, on a pu composer tout un livre234. En voici quelques brefs extraits.
7915
n voici quelques brefs extraits. L’idée constante
de
Dostoïevski est celle de la mission de l’orthodoxie, en laquelle seul
7916
traits. L’idée constante de Dostoïevski est celle
de
la mission de l’orthodoxie, en laquelle seule …la face divine du Chr
7917
constante de Dostoïevski est celle de la mission
de
l’orthodoxie, en laquelle seule …la face divine du Christ s’est cons
7918
te image divine afin, lorsque le temps sera venu,
de
la révéler à un monde qui a perdu sa voie… Ce « monde » est en réali
7919
i a perdu sa voie… Ce « monde » est en réalité l’
Europe
: En Europe, est-ce que toutes les forces qui tendaient à l’union, e
7920
voie… Ce « monde » est en réalité l’Europe : En
Europe
, est-ce que toutes les forces qui tendaient à l’union, et sur lesquel
7921
est le vrai Russe qui ne pense pas avant tout à l’
Europe
?… Jamais encore l’Europe n’a été aussi travaillée, et par autant d’é
7922
ense pas avant tout à l’Europe ?… Jamais encore l’
Europe
n’a été aussi travaillée, et par autant d’éléments hostiles qu’à notr
7923
l’Europe n’a été aussi travaillée, et par autant
d’
éléments hostiles qu’à notre époque. On dirait que tout est sapé, miné
7924
cela nous fait, à nous, puisque cela se passe en
Europe
et non en Russie ? Mais c’est que l’Europe frappera à notre porte et
7925
sse en Europe et non en Russie ? Mais c’est que l’
Europe
frappera à notre porte et nous criera de venir la sauver quand viendr
7926
ue l’Europe frappera à notre porte et nous criera
de
venir la sauver quand viendra l’heure dernière et que l’ordre des cho
7927
ans quelque droit, elle l’exigera, nous ordonnant
de
la lui accorder ; elle nous dira que nous faisons partie d’elle-même,
7928
accorder ; elle nous dira que nous faisons partie
d’
elle-même, que par conséquent le même ordre de choses se retrouve chez
7929
tie d’elle-même, que par conséquent le même ordre
de
choses se retrouve chez nous comme chez elle, que ce n’est pas en vai
7930
nts ans nous l’avons imitée et nous sommes vantés
d’
être des Européens, donc en la sauvant nous nous sauverons nous-mêmes…
7931
s l’avons imitée et nous sommes vantés d’être des
Européens
, donc en la sauvant nous nous sauverons nous-mêmes… Mais quand l’Euro
7932
vant nous nous sauverons nous-mêmes… Mais quand l’
Europe
viendra réellement frapper chez nous pour que nous nous levions et al
7933
quel point nous avons toujours été dissemblables
de
l’Europe, en dépit de notre désir deux fois séculaire d’appartenir à
7934
point nous avons toujours été dissemblables de l’
Europe
, en dépit de notre désir deux fois séculaire d’appartenir à l’Europe,
7935
rope, en dépit de notre désir deux fois séculaire
d’
appartenir à l’Europe, désir et rêve qui nous ont poussés à des actes
7936
notre désir deux fois séculaire d’appartenir à l’
Europe
, désir et rêve qui nous ont poussés à des actes si forcenés. Il se pe
7937
i, nous ne comprendrons certainement pas ce que l’
Europe
attend de nous, ce qu’elle nous demande, et en quoi nous pourrions al
7938
prendrons certainement pas ce que l’Europe attend
de
nous, ce qu’elle nous demande, et en quoi nous pourrions alors lui êt
7939
us pas, au contraire, mettre à la raison l’ennemi
de
l’Europe et de son ordre par le même « fer et feu » que le prince de
7940
s, au contraire, mettre à la raison l’ennemi de l’
Europe
et de son ordre par le même « fer et feu » que le prince de Bismarck
7941
raire, mettre à la raison l’ennemi de l’Europe et
de
son ordre par le même « fer et feu » que le prince de Bismarck ? C’es
7942
ploit, que nous pourrons hardiment nous féliciter
d’
être tout à fait des Européens !235 Dostoïevski pense d’ailleurs que
7943
s hardiment nous féliciter d’être tout à fait des
Européens
!235 Dostoïevski pense d’ailleurs que la Russie, tout en n’étant pa
7944
nse d’ailleurs que la Russie, tout en n’étant pas
d’
Europe sera bientôt la plus forte nation d’Europe : Dans le numéro de
7945
e d’ailleurs que la Russie, tout en n’étant pas d’
Europe
sera bientôt la plus forte nation d’Europe : Dans le numéro de mars
7946
nt pas d’Europe sera bientôt la plus forte nation
d’
Europe : Dans le numéro de mars de mon Journal, je me suis laissé all
7947
pas d’Europe sera bientôt la plus forte nation d’
Europe
: Dans le numéro de mars de mon Journal, je me suis laissé aller à q
7948
t la plus forte nation d’Europe : Dans le numéro
de
mars de mon Journal, je me suis laissé aller à quelques rêveries sur
7949
s forte nation d’Europe : Dans le numéro de mars
de
mon Journal, je me suis laissé aller à quelques rêveries sur l’avenir
7950
uis laissé aller à quelques rêveries sur l’avenir
de
l’Europe. Mais ce n’est plus une rêverie, c’est presque une certitude
7951
aissé aller à quelques rêveries sur l’avenir de l’
Europe
. Mais ce n’est plus une rêverie, c’est presque une certitude qui me f
7952
tôt la Russie sera peut-être la plus forte nation
de
l’Europe. Cela résultera du fait que toutes les grandes puissances en
7953
a Russie sera peut-être la plus forte nation de l’
Europe
. Cela résultera du fait que toutes les grandes puissances en Europe s
7954
tera du fait que toutes les grandes puissances en
Europe
seront détruites pour un motif bien simple : toutes seront affaiblies
7955
faiblies et sapées par les efforts mal satisfaits
de
leur démocratie, par la proportion trop considérable des éléments app
7956
ge à cela, par une commune disposition, ou mieux,
d’
un commun accord. Il ne restera donc qu’un seul colosse sur le contine
7957
restera donc qu’un seul colosse sur le continent
européen
: la Russie. Peut-être cela se produira-t-il encore plus tôt qu’on ne
7958
ira-t-il encore plus tôt qu’on ne pense. L’avenir
de
l’Europe appartient à la Russie…236 Ses affirmations réitérées (dan
7959
-il encore plus tôt qu’on ne pense. L’avenir de l’
Europe
appartient à la Russie…236 Ses affirmations réitérées (dans son jou
7960
et dans ses romans) sur l’amour des Russes pour l’
Europe
, leur « seconde patrie », n’ont en somme d’autre effet que de mieux s
7961
l’Europe, leur « seconde patrie », n’ont en somme
d’
autre effet que de mieux souligner la dualité existante et que certain
7962
econde patrie », n’ont en somme d’autre effet que
de
mieux souligner la dualité existante et que certains Européens s’obst
7963
ux souligner la dualité existante et que certains
Européens
s’obstinent à nier. Cette dualité, selon Dostoïevski, ne s’effacera q
7964
usses nous avons deux patries : notre Russie et l’
Europe
, quand bien même nous nous appellerions slavophiles, et daignent ceux
7965
nt ceux-ci ne pas s’en offusquer ! Il est inutile
de
protester contre un fait semblable. La plus haute parmi les hautes mi
7966
sentons devoir un jour assumer, c’est la mission
de
grouper l’humanité en un seul faisceau, car nous, ce n’est pas seulem
7967
rvons… Beaucoup de ce que nous avons emprunté à l’
Europe
et transplanté chez nous n’a pas été servilement imité par nous, mais
7968
re chair et à notre sang… La Convention française
de
1793, tout en décernant un brevet de citoyen au poète allemand Schill
7969
on française de 1793, tout en décernant un brevet
de
citoyen au poète allemand Schiller, l’ami de l’humanité, et bien qu’e
7970
evet de citoyen au poète allemand Schiller, l’ami
de
l’humanité, et bien qu’elle ait fait par là un beau geste, voire un g
7971
upçonnait certainement pas qu’à l’autre extrémité
de
l’Europe, dans la Moscovie inculte, ce même Schiller était bien plus
7972
nait certainement pas qu’à l’autre extrémité de l’
Europe
, dans la Moscovie inculte, ce même Schiller était bien plus national
7973
aux Russes barbares non seulement qu’à la France
de
ce temps-là, mais à celle de tout le xixe siècle, où Schiller, citoy
7974
ement qu’à la France de ce temps-là, mais à celle
de
tout le xixe siècle, où Schiller, citoyen français et ami de l’human
7975
ixe siècle, où Schiller, citoyen français et ami
de
l’humanité, n’a jamais été connu que des professeurs de littérature,
7976
umanité, n’a jamais été connu que des professeurs
de
littérature, et encore pas de tous, et très partiellement. Or, Schill
7977
que des professeurs de littérature, et encore pas
de
tous, et très partiellement. Or, Schiller s’est incorporé à l’âme rus
7978
, il a presque marqué une période dans l’histoire
de
notre civilisation. Cette façon à nous de considérer la littérature u
7979
istoire de notre civilisation. Cette façon à nous
de
considérer la littérature universelle est un phénomène à peu près san
7980
dans l’histoire […], ce qui prouve que tout poète
européen
, tout individu qui là-bas se lève pour énoncer une pensée originale,
7981
ale, manifester une force active, ne peut manquer
de
devenir aussitôt un poète russe, ne peut échapper à la pensée russe,
7982
peut échapper à la pensée russe, ne peut manquer
d’
être presque une force russe […]237 Non, la Russie ne sera jamais d
7983
rce russe […]237 Non, la Russie ne sera jamais
d’
Europe … à moins que l’Europe ne devienne russe. Et le ton monte : La
7984
e russe […]237 Non, la Russie ne sera jamais d’
Europe
… à moins que l’Europe ne devienne russe. Et le ton monte : La Russi
7985
la Russie ne sera jamais d’Europe … à moins que l’
Europe
ne devienne russe. Et le ton monte : La Russie est quelque chose de
7986
e. Et le ton monte : La Russie est quelque chose
de
tout à fait à part, ne ressemblant en rien à l’Europe, et doué de sa
7987
de tout à fait à part, ne ressemblant en rien à l’
Europe
, et doué de sa vie propre. L’Europe a peut-être grand tort de se moqu
7988
part, ne ressemblant en rien à l’Europe, et doué
de
sa vie propre. L’Europe a peut-être grand tort de se moquer des Russe
7989
t en rien à l’Europe, et doué de sa vie propre. L’
Europe
a peut-être grand tort de se moquer des Russes en les qualifiant de r
7990
de sa vie propre. L’Europe a peut-être grand tort
de
se moquer des Russes en les qualifiant de révolutionnaires : car nous
7991
nd tort de se moquer des Russes en les qualifiant
de
révolutionnaires : car nous sommes des révolutionnaires non seulement
7992
pas moins invincibles, justement grâce à l’unité
de
notre esprit national et de notre conscience nationale. Nous ne somme
7993
ement grâce à l’unité de notre esprit national et
de
notre conscience nationale. Nous ne sommes pas la France qui est tout
7994
est tout entière dans Paris, nous ne sommes pas l’
Europe
qui tout entière dépend des Bourses de sa bourgeoisie et de la tranqu
7995
pas l’Europe qui tout entière dépend des Bourses
de
sa bourgeoisie et de la tranquillité de ses prolétaires, tranquillité
7996
t entière dépend des Bourses de sa bourgeoisie et
de
la tranquillité de ses prolétaires, tranquillité que les gouvernement
7997
s Bourses de sa bourgeoisie et de la tranquillité
de
ses prolétaires, tranquillité que les gouvernements de là-bas s’effor
7998
s prolétaires, tranquillité que les gouvernements
de
là-bas s’efforcent d’acheter et qu’ils obtiennent tout au plus pour u
7999
llité que les gouvernements de là-bas s’efforcent
d’
acheter et qu’ils obtiennent tout au plus pour un laps de temps… Tiron
8000
er et qu’ils obtiennent tout au plus pour un laps
de
temps… Tirons l’épée, s’il le faut, au nom des malheureux persécutés,
8001
roirons que plus fortement à la véritable mission
de
la Russie, à sa puissance et à sa vérité : se sacrifier pour ceux qui
8002
e et à sa vérité : se sacrifier pour ceux qui, en
Europe
, sont opprimés et abandonnés au nom des prétendus intérêts de la civi
8003
rimés et abandonnés au nom des prétendus intérêts
de
la civilisation. Il faut que les organes politiques reconnaissent la
8004
quelque fart, que tout au moins une nation serve
de
flambeau. Qu’adviendrait-il sans cela ?239 Au nom de la véritable r
8005
m de la véritable religion et pour leur bien, les
Européens
opprimés par une fausse « civilisation » sont invités à se laisser éc
8006
rer et libérer par la sainte Russie, sous peine «
de
sombrer dans le cynisme » et d’y trouver leur fin, « vers laquelle il
8007
sie, sous peine « de sombrer dans le cynisme » et
d’
y trouver leur fin, « vers laquelle il semble bien qu’ils s’acheminent
8008
idées » — ou plutôt prophéties — mais les expose
d’
une manière moins haletante, et sur un ton plus ample et nostalgique :
8009
blait contradiction dans ses articles devient jeu
de
symboles poétiques. Un même « rêve de l’Europe » le hante, qu’il fait
8010
devient jeu de symboles poétiques. Un même « rêve
de
l’Europe » le hante, qu’il fait rêver successivement au Stavroguine d
8011
nt jeu de symboles poétiques. Un même « rêve de l’
Europe
» le hante, qu’il fait rêver successivement au Stavroguine des Posséd
8012
de L’Adolescent, et à l’homme ridicule du Journal
d’
un écrivain. Nous en donnons ici la version tirée de L’Adolescent 240,
8013
un écrivain. Nous en donnons ici la version tirée
de
L’Adolescent 240, la plus complète et la plus belle. Le soleil coucha
8014
e et la plus belle. Le soleil couchant du tableau
de
Claude Lorrain, après avoir illuminé L’Âge d’Or de l’humanité europée
8015
eau de Claude Lorrain, après avoir illuminé L’Âge
d’
Or de l’humanité européenne devient soudain, mêlé aux flammes des Tuil
8016
e Claude Lorrain, après avoir illuminé L’Âge d’Or
de
l’humanité européenne devient soudain, mêlé aux flammes des Tuileries
8017
in, après avoir illuminé L’Âge d’Or de l’humanité
européenne
devient soudain, mêlé aux flammes des Tuileries, l’éclairage du Grand
8018
ammes des Tuileries, l’éclairage du Grand Soir et
de
la fin de l’Europe. Je n’oublierai jamais mes premiers instants d’Eu
8019
Tuileries, l’éclairage du Grand Soir et de la fin
de
l’Europe. Je n’oublierai jamais mes premiers instants d’Europe… Je t
8020
ries, l’éclairage du Grand Soir et de la fin de l’
Europe
. Je n’oublierai jamais mes premiers instants d’Europe… Je te raconte
8021
ope. Je n’oublierai jamais mes premiers instants
d’
Europe… Je te raconterai une de mes premières impressions d’alors, un
8022
e. Je n’oublierai jamais mes premiers instants d’
Europe
… Je te raconterai une de mes premières impressions d’alors, un songe
8023
premiers instants d’Europe… Je te raconterai une
de
mes premières impressions d’alors, un songe que j’ai eu, un véritable
8024
Je te raconterai une de mes premières impressions
d’
alors, un songe que j’ai eu, un véritable songe. Il y a à Dresde, au M
8025
able songe. Il y a à Dresde, au Musée, un tableau
de
Claude Lorrain que le catalogue intitule L’âge d’or, j’ignore d’aille
8026
de Claude Lorrain que le catalogue intitule L’âge
d’
or, j’ignore d’ailleurs pourquoi… Je l’avais remarqué en passant. Je v
8027
que je vis ainsi ; comme dans le tableau, un coin
de
l’Archipel, il y a plus de trois-mille ans ; des vagues bleues et car
8028
ns le tableau, un coin de l’Archipel, il y a plus
de
trois-mille ans ; des vagues bleues et caressantes, des îles et des r
8029
dans le lointain un panorama féerique, un coucher
de
soleil séducteur… impossible de rendre cela en paroles. C’est l’human
8030
rique, un coucher de soleil séducteur… impossible
de
rendre cela en paroles. C’est l’humanité européenne qui se rappelle s
8031
sible de rendre cela en paroles. C’est l’humanité
européenne
qui se rappelle son berceau : cette idée emplit mon âme d’un amour fi
8032
rappelle son berceau : cette idée emplit mon âme
d’
un amour filial. C’était là le paradis terrestre de l’humanité : les d
8033
’un amour filial. C’était là le paradis terrestre
de
l’humanité : les dieux descendus du ciel et s’apparentant aux hommes…
8034
nnocents ; les prés et les bocages s’emplissaient
de
leurs chants et de leurs cris joyeux ; un immense surplus d’énergies
8035
et les bocages s’emplissaient de leurs chants et
de
leurs cris joyeux ; un immense surplus d’énergies vierges se répandai
8036
ants et de leurs cris joyeux ; un immense surplus
d’
énergies vierges se répandait en amour et en joies naïves. Le soleil l
8037
amour et en joies naïves. Le soleil les inondait
de
chaleur et de lumière, en admirant ces merveilleux enfants… Songe mer
8038
oies naïves. Le soleil les inondait de chaleur et
de
lumière, en admirant ces merveilleux enfants… Songe merveilleux, subl
8039
ux enfants… Songe merveilleux, sublime aberration
de
l’humanité ! L’âge d’or est le rêve le plus invraisemblable de tous c
8040
eilleux, sublime aberration de l’humanité ! L’âge
d’
or est le rêve le plus invraisemblable de tous ceux qui ont jamais été
8041
! L’âge d’or est le rêve le plus invraisemblable
de
tous ceux qui ont jamais été, mais pour lui des hommes ont donné tout
8042
éveillai et ouvris les yeux, littéralement baigné
de
larmes. J’étais heureux, je m’en souviens. Une sensation de bonheur e
8043
J’étais heureux, je m’en souviens. Une sensation
de
bonheur encore inéprouvé traversa mon cœur, jusqu’à la douleur ; c’ét
8044
a mon cœur, jusqu’à la douleur ; c’était un amour
de
toute l’humanité. C’était maintenant tout à fait le soir ; à travers
8045
re des fleurs placées sur la fenêtre, un faisceau
de
rayons obliques frappait la vitre de ma petite chambrette et m’inonda
8046
un faisceau de rayons obliques frappait la vitre
de
ma petite chambrette et m’inondait de lumière. Eh bien, mon ami, eh b
8047
it la vitre de ma petite chambrette et m’inondait
de
lumière. Eh bien, mon ami, eh bien ! ce soleil couchant du premier jo
8048
ami, eh bien ! ce soleil couchant du premier jour
de
l’humanité européenne, que je voyais dans mon songe, se transforma to
8049
ce soleil couchant du premier jour de l’humanité
européenne
, que je voyais dans mon songe, se transforma tout à coup pour moi, dè
8050
n une réalité, en soleil couchant du dernier jour
de
l’humanité européenne ! À ce moment surtout on entendait tinter sur l
8051
en soleil couchant du dernier jour de l’humanité
européenne
! À ce moment surtout on entendait tinter sur l’Europe un glas d’ente
8052
e ! À ce moment surtout on entendait tinter sur l’
Europe
un glas d’enterrement. Je ne veux pas parler seulement de la guerre,
8053
surtout on entendait tinter sur l’Europe un glas
d’
enterrement. Je ne veux pas parler seulement de la guerre, ni des Tuil
8054
as d’enterrement. Je ne veux pas parler seulement
de
la guerre, ni des Tuileries ; je savais sans cela que tout passerait,
8055
ue tout passerait, toute la figure du vieux monde
européen
, tôt ou tard ; mais moi, en Européen russe, je ne pouvais pas l’admet
8056
vieux monde européen, tôt ou tard ; mais moi, en
Européen
russe, je ne pouvais pas l’admettre. Oui, ils venaient alors de brûle
8057
e pouvais pas l’admettre. Oui, ils venaient alors
de
brûler les Tuileries… Oh ! sois tranquille, je sais que c’était « log
8058
». Et je comprends bien la puissance irrésistible
de
l’idée courante, mais, comme représentant de la haute pensée russe, j
8059
ible de l’idée courante, mais, comme représentant
de
la haute pensée russe, je ne pouvais l’admettre, car la haute pensée
8060
entier : j’étais seul et errant. Je ne parle pas
de
moi personnellement, mais de la pensée russe. Là-bas, il y avait comb
8061
ant. Je ne parle pas de moi personnellement, mais
de
la pensée russe. Là-bas, il y avait combat et logique ; là-bas le Fra
8062
ar conséquent, jamais le Français n’a fait autant
de
mal à la France, ni l’Allemand à son Allemagne qu’à cette époque-là !
8063
son Allemagne qu’à cette époque-là ! Dans toute l’
Europe
, il n’y avait pas alors un seul Européen ! Moi seul, entre tous les p
8064
ns toute l’Europe, il n’y avait pas alors un seul
Européen
! Moi seul, entre tous les pétroleurs, pouvais leur dire en face que
8065
rce que seul, en tant que Russe, j’étais alors en
Europe
l’unique Européen.241 J’émigrai, poursuivit-il, et je ne regrettai r
8066
tant que Russe, j’étais alors en Europe l’unique
Européen
.241 J’émigrai, poursuivit-il, et je ne regrettai rien de ce que je l
8067
J’émigrai, poursuivit-il, et je ne regrettai rien
de
ce que je laissais derrière moi. Tout ce que j’avais de forces, je l’
8068
que je laissais derrière moi. Tout ce que j’avais
de
forces, je l’avais mis au service de la Russie tant que j’y avais véc
8069
que j’avais de forces, je l’avais mis au service
de
la Russie tant que j’y avais vécu ; une fois parti, je continuai à la
8070
avais été tout bonnement Russe, comme le Français
d’
alors n’était que Français, et l’Allemand qu’Allemand. En Europe, on n
8071
était que Français, et l’Allemand qu’Allemand. En
Europe
, on ne le comprendra toujours pas. L’Europe a créé les nobles types d
8072
d. En Europe, on ne le comprendra toujours pas. L’
Europe
a créé les nobles types du Français, de l’Anglais, de l’Allemand, mai
8073
as. L’Europe a créé les nobles types du Français,
de
l’Anglais, de l’Allemand, mais de son homme futur elle ne sait encore
8074
créé les nobles types du Français, de l’Anglais,
de
l’Allemand, mais de son homme futur elle ne sait encore à peu près ri
8075
es du Français, de l’Anglais, de l’Allemand, mais
de
son homme futur elle ne sait encore à peu près rien. Et je crois bien
8076
ibres, tandis que nous sommes libres. Moi seul en
Europe
, avec mon ennui russe, étais alors libre. Note bien, mon ami, une biz
8077
it été dressé le bilan général, a reçu la faculté
d’
être le plus russe précisément lorsqu’il est le plus européen. C’est l
8078
e le plus russe précisément lorsqu’il est le plus
européen
. C’est la distinction nationale la plus essentielle qui nous sépare d
8079
ion nationale la plus essentielle qui nous sépare
de
tous les autres, et, à cet égard, nous ne sommes comme personne […] O
8080
j’avais regret des destructions. Pour le Russe, l’
Europe
est aussi précieuse que la Russie ; chaque pierre y est douce et chèr
8081
chaque pierre y est douce et chère à son cœur. L’
Europe
n’était pas moins notre patrie que la Russie. Davantage même !… et, r
8082
i, c’est un fait remarquable que, voici déjà près
d’
un siècle, la Russie ne vit décidément plus pour elle-même, mais uniqu
8083
ément plus pour elle-même, mais uniquement pour l’
Europe
! Quant à eux, ils sont voués à de terribles souffrances, avant d’att
8084
ent pour l’Europe ! Quant à eux, ils sont voués à
de
terribles souffrances, avant d’atteindre au Royaume de Dieu. Finis
8085
ils sont voués à de terribles souffrances, avant
d’
atteindre au Royaume de Dieu. Finis Europæ… Dans les Frères Karamazo
8086
rribles souffrances, avant d’atteindre au Royaume
de
Dieu. Finis Europæ… Dans les Frères Karamazov, Ivan parle en ces te
8087
es, avant d’atteindre au Royaume de Dieu. Finis
Europæ
… Dans les Frères Karamazov, Ivan parle en ces termes de son prochain
8088
ns les Frères Karamazov, Ivan parle en ces termes
de
son prochain départ pour l’Europe : Je sais bien que je vais dans un
8089
parle en ces termes de son prochain départ pour l’
Europe
: Je sais bien que je vais dans un cimetière, mais c’est le plus che
8090
e vais dans un cimetière, mais c’est le plus cher
de
tous les cimetières… Tout proche des Russes par la passion spirituel
8091
6) appartient à son siècle comme l’œil à la tombe
de
Caïn. C’est notre temps qui l’a compris. Où le classer ? Tout l’exist
8092
istentialisme vient de lui, et c’est le contraire
d’
un système. Plaçons-le entre deux chapitres, comme il eût souhaité, lu
8093
crivît sur sa tombe : « Le Solitaire » : Toute l’
Europe
, avec la hâte d’une passion croissante, se perd dans des problèmes mo
8094
« Le Solitaire » : Toute l’Europe, avec la hâte
d’
une passion croissante, se perd dans des problèmes mondains qui ne sau
8095
les hommes — est apparu, il est devenu impossible
d’
avancer d’un pas vers la solution du problème de l’égalité de l’homme
8096
— est apparu, il est devenu impossible d’avancer
d’
un pas vers la solution du problème de l’égalité de l’homme avec l’hom
8097
e d’avancer d’un pas vers la solution du problème
de
l’égalité de l’homme avec l’homme, selon ce monde dont l’essence est
8098
’un pas vers la solution du problème de l’égalité
de
l’homme avec l’homme, selon ce monde dont l’essence est la diversité
8099
la diversité ; oui, même si toute circulation en
Europe
était interrompue, si l’on devait nager dans le sang, si tous les min
8100
barrée pour toujours ; et cette frontière se rit
de
tous les efforts humains, se rit de la mesquinerie du temporel face a
8101
ntière se rit de tous les efforts humains, se rit
de
la mesquinerie du temporel face au droit suprême et seigneurial de l’
8102
du temporel face au droit suprême et seigneurial
de
l’éternel, lorsque le temporel prétend expliquer à la manière du mond
8103
res et bombardements soient nécessaires, item que
de
nombreux ministres perdent la raison… Mais nul ne peut savoir combien
8104
erdent la raison… Mais nul ne peut savoir combien
de
temps l’on passera dans la pure convulsivité.242 219. Cattaneo :
8105
n remarquable chapitre sur « Le Danger russe et l’
Europe
». 222. La Russie est, de toutes les nations de l’Ancien Monde, cell
8106
Danger russe et l’Europe ». 222. La Russie est,
de
toutes les nations de l’Ancien Monde, celle dont la population augmen
8107
ope ». 222. La Russie est, de toutes les nations
de
l’Ancien Monde, celle dont la population augmente le plus rapidement,
8108
mente le plus rapidement, proportion gardée (Note
de
Tocqueville). 223. Alexis de Tocqueville : Œuvres complètes, Édition
8109
tes, Édition définitive publiée sous la direction
de
J.-P. Mayer, tome I, i : De la Démocratie en Amérique, pages 430-431.
8110
iée sous la direction de J.-P. Mayer, tome I, i :
De
la Démocratie en Amérique, pages 430-431. Éd. Gallimard, Paris. 224.
8111
7. K. Marx, articles du New York Herald Tribune,
de
1853 à 1856, publiés en 1897 sous le titre « The Eastern Question ».
8112
ions Gallimard. 231. Lettres sur la Philosophie
de
l’Histoire, éd. Gerchenson, Moscou 1913, p. 81-88. 232. op. cit., p
8113
Russie face à l’Occident, suite tirée du Journal
d’
un écrivain, par André Chédel, Lausanne, 1945. 235. Journal d’un écr
8114
par André Chédel, Lausanne, 1945. 235. Journal
d’
un écrivain, ch. I, mars 1876. 236. Journal d’un écrivain, II, avril
8115
l d’un écrivain, ch. I, mars 1876. 236. Journal
d’
un écrivain, II, avril 1876. 237. Ibid., 1er juin 1876. 238. Ibid.
8116
239. Ibid., février 1877. 240. Trad. française
de
Pierre Pascal, Paris 1934. 241. Cf. Dimitri Merejkowsky, dans son Rè
8117
34. 241. Cf. Dimitri Merejkowsky, dans son Règne
de
l’Antéchrist, Paris 1921 : « Les Européens, en Europe, sont Anglais,
8118
ans son Règne de l’Antéchrist, Paris 1921 : « Les
Européens
, en Europe, sont Anglais, Italiens, Français, Allemands. Seuls les Ru
8119
de l’Antéchrist, Paris 1921 : « Les Européens, en
Europe
, sont Anglais, Italiens, Français, Allemands. Seuls les Russes sont d
8120
s, Français, Allemands. Seuls les Russes sont des
Européens
universels. Nous avons deux patries, notre Russie et l’Europe. » Rous
8121
rsels. Nous avons deux patries, notre Russie et l’
Europe
. » Rousseau, dans le Gouvernement de la Pologne, déplorait au contrai
8122
sie et l’Europe. » Rousseau, dans le Gouvernement
de
la Pologne, déplorait au contraire qu’il n’y eut plus en Europe que d
8123
gne, déplorait au contraire qu’il n’y eut plus en
Europe
que des Européens, et non des Français, des Italiens, des Allemands…
8124
au contraire qu’il n’y eut plus en Europe que des
Européens
, et non des Français, des Italiens, des Allemands… (cf. supra p. 140)
8125
s ou apocalyptiques consacrées par les Russes à l’
Europe
, aux ouvrages sereins, objectifs et classiques du grand historien all
8126
emand Léopold von Ranke (1795-1886), un sentiment
d’
incongruité profond s’empare de l’esprit : ou bien les descriptions de
8127
886), un sentiment d’incongruité profond s’empare
de
l’esprit : ou bien les descriptions des Russes sont délirantes et ne
8128
e leur propre esprit, ou bien le sobre interprète
de
l’Europe n’a simplement pas vu les réalités parmi lesquelles il a véc
8129
r propre esprit, ou bien le sobre interprète de l’
Europe
n’a simplement pas vu les réalités parmi lesquelles il a vécu pendant
8130
réalités parmi lesquelles il a vécu pendant près
d’
un siècle. Les deux mondes en tout cas ne sont pas contemporains, en d
8131
demandait lequel est le plus vrai, il serait vain
d’
espérer aucune réponse sérieuse : les méthodes ne sont pas comparables
8132
es ne sont pas comparables ici et là, et les fins
d’
ordres différents. Ranke est en plus d’un sens l’anti-Hegel, par sa vo
8133
t les fins d’ordres différents. Ranke est en plus
d’
un sens l’anti-Hegel, par sa volonté d’objectivité, de sobriété spirit
8134
st en plus d’un sens l’anti-Hegel, par sa volonté
d’
objectivité, de sobriété spirituelle, de description contrôlée de « ce
8135
sens l’anti-Hegel, par sa volonté d’objectivité,
de
sobriété spirituelle, de description contrôlée de « ce qui s’est vrai
8136
a volonté d’objectivité, de sobriété spirituelle,
de
description contrôlée de « ce qui s’est vraiment passé », et par son
8137
de sobriété spirituelle, de description contrôlée
de
« ce qui s’est vraiment passé », et par son refus de tout système dia
8138
« ce qui s’est vraiment passé », et par son refus
de
tout système dialectique permettant de survoler les faits et dotant l
8139
son refus de tout système dialectique permettant
de
survoler les faits et dotant l’évolution d’on ne sait quelle énergie
8140
ttant de survoler les faits et dotant l’évolution
d’
on ne sait quelle énergie intrinsèque : « Chaque génération est immédi
8141
lui, ne conquiert que par sa « culture » le droit
de
jouer un rôle actif dans l’histoire mondiale. La primauté appartient
8142
ondiale. La primauté appartient donc à l’ensemble
européen
, qu’il définit comme le domaine « romano-germanique » : Italie — Fran
8143
« romano-germanique » : Italie — France — Espagne
d’
un côté, Allemagne — Angleterre — Scandinavie de l’autre. César, par s
8144
e d’un côté, Allemagne — Angleterre — Scandinavie
de
l’autre. César, par sa conquête des Gaules a rendu possible cette con
8145
e cette configuration, dont Charlemagne, « prince
de
la culture », a créé la première unité. Sous la conduite des papes ro
8146
s romains et des empereurs germains, la « liaison
de
l’Europe entière » n’a cessé de se développer et de s’affirmer. Ranke
8147
ains et des empereurs germains, la « liaison de l’
Europe
entière » n’a cessé de se développer et de s’affirmer. Ranke ne croit
8148
ins, la « liaison de l’Europe entière » n’a cessé
de
se développer et de s’affirmer. Ranke ne croit nullement que le confl
8149
l’Europe entière » n’a cessé de se développer et
de
s’affirmer. Ranke ne croit nullement que le conflit de la papauté et
8150
affirmer. Ranke ne croit nullement que le conflit
de
la papauté et de l’Empire, puis du Catholicisme et de la Réforme, aie
8151
e croit nullement que le conflit de la papauté et
de
l’Empire, puis du Catholicisme et de la Réforme, aient été des grands
8152
a papauté et de l’Empire, puis du Catholicisme et
de
la Réforme, aient été des grands malheurs pour l’Europe, car cette bi
8153
la Réforme, aient été des grands malheurs pour l’
Europe
, car cette bipolarité … a de profondes racines dans la nature même
8154
alheurs pour l’Europe, car cette bipolarité … a
de
profondes racines dans la nature même des choses et c’est même grâce
8155
s et c’est même grâce à ces conflits que l’esprit
de
l’Europe a mûri. Tensions fécondes donc, et non pas déchirements cat
8156
c’est même grâce à ces conflits que l’esprit de l’
Europe
a mûri. Tensions fécondes donc, et non pas déchirements catastrophiq
8157
doivent pas empêcher l’historien fidèle aux faits
de
constater … que le complexe des États chrétiens d’Europe doit être c
8158
constater … que le complexe des États chrétiens
d’
Europe doit être considéré comme un ensemble, en quelque sorte comme u
8159
onstater … que le complexe des États chrétiens d’
Europe
doit être considéré comme un ensemble, en quelque sorte comme un État
8160
plus grave que représentent pour l’unité foncière
de
l’Europe les souverainetés nationales absolues : Cependant, celui qu
8161
grave que représentent pour l’unité foncière de l’
Europe
les souverainetés nationales absolues : Cependant, celui qui s’effor
8162
onales absolues : Cependant, celui qui s’efforce
de
ne voir qu’une simple tendance de l’histoire universelle dans cette i
8163
i qui s’efforce de ne voir qu’une simple tendance
de
l’histoire universelle dans cette importance de plus en plus grande q
8164
Ses derniers ouvrages — contemporains du Journal
d’
un écrivain de Dostoïevski ! — sont à la gloire de la civilisation et
8165
ouvrages — contemporains du Journal d’un écrivain
de
Dostoïevski ! — sont à la gloire de la civilisation et du génie chrét
8166
d’un écrivain de Dostoïevski ! — sont à la gloire
de
la civilisation et du génie chrétien de l’Europe, summum bonum de l’h
8167
la gloire de la civilisation et du génie chrétien
de
l’Europe, summum bonum de l’humanité. Élevons notre pensée, non par
8168
oire de la civilisation et du génie chrétien de l’
Europe
, summum bonum de l’humanité. Élevons notre pensée, non par l’imagina
8169
on et du génie chrétien de l’Europe, summum bonum
de
l’humanité. Élevons notre pensée, non par l’imagination, mais par un
8170
oulement des faits, afin d’avoir une vue générale
de
l’histoire universelle… Si variés que puissent être nos déchirements
8171
Autrefois d’autres nations et d’autres ensembles
de
peuples furent florissants, qui étaient animés par d’autres principes
8172
in de nous… L’Empire ottoman est écrasé, traversé
de
tous côtés par le fait chrétien. Disons-le tout net : par « fait chré
8173
ignent qu’incomplètement la chose. C’est le génie
de
l’Occident. C’est l’esprit qui transforme les peuples en armées bien
8174
les canaux, s’approprie les mers en les couvrant
de
flottes, remplit les lointains continents de colonies, sonde les myst
8175
rant de flottes, remplit les lointains continents
de
colonies, sonde les mystères de la nature par la recherche scientifiq
8176
ntains continents de colonies, sonde les mystères
de
la nature par la recherche scientifique, pénètre dans tous les domain
8177
par un travail incessant, sans pour autant perdre
de
vue la vérité éternelle, enfin qui fait régner l’ordre et la loi parm
8178
re et la loi parmi les hommes malgré la diversité
de
leurs passions. Cet esprit, nous le voyons accomplir des progrès énor
8179
conquis l’Amérique, l’enlevant aux forces brutes
de
la nature et aux peuplades indomptables qui l’habitaient, puis il l’a
8180
; par différentes voies il pénètre jusqu’au fond
de
la lointaine Asie où il n’y a guère que la Chine qui puisse encore lu
8181
univers spirituel et historique où la prééminence
de
l’Europe dans la civilisation mondiale ne saurait être mise en questi
8182
rs spirituel et historique où la prééminence de l’
Europe
dans la civilisation mondiale ne saurait être mise en question. Si Re
8183
ques illusions rationalistes (ainsi dans L’Avenir
de
la Science), il a su voir mieux que Ranke le danger du nationalisme p
8184
mieux que Ranke le danger du nationalisme pour l’
Europe
, pour « les intérêts de la raison et de la civilisation ». C’est la g
8185
u nationalisme pour l’Europe, pour « les intérêts
de
la raison et de la civilisation ». C’est la guerre de 1870, illustran
8186
our l’Europe, pour « les intérêts de la raison et
de
la civilisation ». C’est la guerre de 1870, illustrant les conséquenc
8187
a raison et de la civilisation ». C’est la guerre
de
1870, illustrant les conséquences tragiques du nationalisme d’État, q
8188
strant les conséquences tragiques du nationalisme
d’
État, qui l’oblige, toutes affaires cessantes, à faire face aux problè
8189
fait national. À l’idée romantique et herdérienne
d’
une nation fondée sur la race, la langue, la naissance, le passé, Rena
8190
ngue, la naissance, le passé, Renan oppose l’idée
d’
une nation fédérée par le « consentement actuel » des populations et p
8191
nt actuel » des populations et par leur « volonté
de
vivre ensemble » en vue d’un avenir commun. Cette analyse capitale po
8192
et par leur « volonté de vivre ensemble » en vue
d’
un avenir commun. Cette analyse capitale pour toute l’évolution de l’i
8193
un. Cette analyse capitale pour toute l’évolution
de
l’idée européenne dont il formule la thèse en plein drame collectif,
8194
analyse capitale pour toute l’évolution de l’idée
européenne
dont il formule la thèse en plein drame collectif, il choisit de l’ad
8195
ule la thèse en plein drame collectif, il choisit
de
l’adresser personnellement à l’un de ses pairs dans la science neuve
8196
, il choisit de l’adresser personnellement à l’un
de
ses pairs dans la science neuve des civilisations, le professeur alle
8197
id Strauss. Sa première lettre est datée du début
de
la guerre, sa seconde lettre de la fin. L’idée de fédération y surgit
8198
st datée du début de la guerre, sa seconde lettre
de
la fin. L’idée de fédération y surgit une fois de plus, comme la solu
8199
de la guerre, sa seconde lettre de la fin. L’idée
de
fédération y surgit une fois de plus, comme la solution évidente des
8200
me la solution évidente des déchirements absurdes
de
l’Europe : La paix ne peut, à ce qu’il semble, être conclue directem
8201
solution évidente des déchirements absurdes de l’
Europe
: La paix ne peut, à ce qu’il semble, être conclue directement entre
8202
et l’Allemagne ; elle ne peut être l’ouvrage que
de
l’Europe, qui a blâmé la guerre et qui doit vouloir qu’aucun des memb
8203
’Allemagne ; elle ne peut être l’ouvrage que de l’
Europe
, qui a blâmé la guerre et qui doit vouloir qu’aucun des membres de la
8204
a guerre et qui doit vouloir qu’aucun des membres
de
la famille européenne ne soit trop affaibli. Vous parlez à bon droit
8205
i doit vouloir qu’aucun des membres de la famille
européenne
ne soit trop affaibli. Vous parlez à bon droit de garanties contre le
8206
ne ne soit trop affaibli. Vous parlez à bon droit
de
garanties contre le retour de rêves malsains ; mais quelle garantie v
8207
parlez à bon droit de garanties contre le retour
de
rêves malsains ; mais quelle garantie vaudrait celle de l’Europe, con
8208
es malsains ; mais quelle garantie vaudrait celle
de
l’Europe, consacrant de nouveau les frontières actuelles et interdisa
8209
lsains ; mais quelle garantie vaudrait celle de l’
Europe
, consacrant de nouveau les frontières actuelles et interdisant à qui
8210
tières actuelles et interdisant à qui que ce soit
de
songer à déplacer les bornes fixées par les anciens traités ? Toute a
8211
la porte ouverte à des vengeances sans fin. Que l’
Europe
fasse cela, et elle aura posé pour l’avenir le germe de la plus fécon
8212
se cela, et elle aura posé pour l’avenir le germe
de
la plus féconde institution, je veux dire d’une autorité centrale, so
8213
erme de la plus féconde institution, je veux dire
d’
une autorité centrale, sorte de congrès des États-Unis d’Europe, jugea
8214
tion, je veux dire d’une autorité centrale, sorte
de
congrès des États-Unis d’Europe, jugeant les nations, s’imposant à el
8215
eant le principe des nationalités par le principe
de
fédération… Le principe de la fédération européenne peut ainsi offrir
8216
alités par le principe de fédération… Le principe
de
la fédération européenne peut ainsi offrir une base de médiation semb
8217
ncipe de fédération… Le principe de la fédération
européenne
peut ainsi offrir une base de médiation semblable à celle que l’Églis
8218
fédération européenne peut ainsi offrir une base
de
médiation semblable à celle que l’Église offrait au Moyen Âge.245 …
8219
les violences du passé. La Lorraine a fait partie
de
l’empire germanique, sans aucun doute ; mais la Hollande, la Suisse,
8220
squ’à Bénévent, et en remontant au-delà du traité
de
Verdun, la France entière, en y comprenant même la Catalogne, en ont
8221
artie. L’Alsace est maintenant un pays germanique
de
langue et de race ; mais, avant d’être envahie par la race germanique
8222
ce est maintenant un pays germanique de langue et
de
race ; mais, avant d’être envahie par la race germanique, l’Alsace ét
8223
ays germanique de langue et de race ; mais, avant
d’
être envahie par la race germanique, l’Alsace était un pays celtique,
8224
lsace était un pays celtique, ainsi qu’une partie
de
l’Allemagne du Sud. Nous ne concluons pas de là que l’Allemagne du Su
8225
rtie de l’Allemagne du Sud. Nous ne concluons pas
de
là que l’Allemagne du Sud doive être française ; mais qu’on ne vienne
8226
terait. Presque partout où les patriotes fougueux
de
l’Allemagne réclament un droit germanique, nous pourrions réclamer un
8227
y eut les orangs-outangs. Avec cette philosophie
de
l’histoire, il n’y aura de légitime dans le monde que le droit des or
8228
Avec cette philosophie de l’histoire, il n’y aura
de
légitime dans le monde que le droit des orangs-outangs, injustement d
8229
e petite part le droit des vivants. … Les nations
européennes
telles que les a faites l’histoire sont les pairs d’un grand sénat où
8230
telles que les a faites l’histoire sont les pairs
d’
un grand sénat où chaque membre est inviolable. L’Europe est une confé
8231
un grand sénat où chaque membre est inviolable. L’
Europe
est une confédération d’États réunis par l’idée commune de la civilis
8232
re est inviolable. L’Europe est une confédération
d’
États réunis par l’idée commune de la civilisation. L’individualité de
8233
e confédération d’États réunis par l’idée commune
de
la civilisation. L’individualité de chaque nation est constituée sans
8234
’idée commune de la civilisation. L’individualité
de
chaque nation est constituée sans doute par la race, la langue, l’his
8235
stoire, la religion, mais aussi par quelque chose
de
beaucoup plus tangible, par le consentement actuel, par la volonté qu
8236
, par la volonté qu’ont les différentes provinces
d’
un État de vivre ensemble.246 Douze ans plus tard, dans une confére
8237
olonté qu’ont les différentes provinces d’un État
de
vivre ensemble.246 Douze ans plus tard, dans une conférence à la S
8238
es. Et tout d’abord, dans une préface à l’édition
de
son texte, datée du 8 mai 1887, il réitère sa thèse fondamentale : L
8239
un être moral. On n’admet plus qu’il soit permis
de
persécuter les gens pour leur faire changer de religion ; les persécu
8240
is de persécuter les gens pour leur faire changer
de
religion ; les persécuter pour leur faire changer de langue ou de pat
8241
religion ; les persécuter pour leur faire changer
de
langue ou de patrie nous paraît tout aussi mal… Ce qui constitue une
8242
s persécuter pour leur faire changer de langue ou
de
patrie nous paraît tout aussi mal… Ce qui constitue une nation, ce n’
8243
si mal… Ce qui constitue une nation, ce n’est pas
de
parler la même langue ou d’appartenir au même groupe ethnographique,
8244
nation, ce n’est pas de parler la même langue ou
d’
appartenir au même groupe ethnographique, c’est d’avoir fait ensemble
8245
d’appartenir au même groupe ethnographique, c’est
d’
avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir en f
8246
roupe ethnographique, c’est d’avoir fait ensemble
de
grandes choses dans le passé et de vouloir en faire encore dans l’ave
8247
fait ensemble de grandes choses dans le passé et
de
vouloir en faire encore dans l’avenir. De la conférence elle-même, q
8248
ssé et de vouloir en faire encore dans l’avenir.
De
la conférence elle-même, qui marque une date, et dont on a si souvent
8249
roduction et précautions liminaires : À l’époque
de
la Révolution française, on croyait que les institutions de petites v
8250
lution française, on croyait que les institutions
de
petites villes indépendantes, telles que Sparte et Rome, pouvaient s’
8251
Rome, pouvaient s’appliquer à nos grandes nations
de
trente à quarante millions d’âmes. De nos jours, on commet une erreur
8252
nos grandes nations de trente à quarante millions
d’
âmes. De nos jours, on commet une erreur plus grave : on confond la ra
8253
des nations de trente à quarante millions d’âmes.
De
nos jours, on commet une erreur plus grave : on confond la race avec
8254
à celle des peuples réellement existants. Tâchons
d’
arriver à quelque précision en ces questions difficiles, où la moindre
8255
que nous allons faire est délicat ; c’est presque
de
la vivisection ; nous allons traiter les vivants comme d’ordinaire on
8256
visection ; nous allons traiter les vivants comme
d’
ordinaire on traite les morts. Nous y mettrons la froideur, l’impartia
8257
s la froideur, l’impartialité la plus absolue… L’
Europe
s’est constituée par le refus de toute hégémonie d’une de ses nations
8258
absolue… L’Europe s’est constituée par le refus
de
toute hégémonie d’une de ses nations ou régions : Depuis la fin de l
8259
s’est constituée par le refus de toute hégémonie
d’
une de ses nations ou régions : Depuis la fin de l’Empire romain, ou,
8260
constituée par le refus de toute hégémonie d’une
de
ses nations ou régions : Depuis la fin de l’Empire romain, ou, mieux
8261
d’une de ses nations ou régions : Depuis la fin
de
l’Empire romain, ou, mieux, depuis la dislocation de l’empire de Char
8262
l’Empire romain, ou, mieux, depuis la dislocation
de
l’empire de Charlemagne, l’Europe occidentale nous apparaît divisée e
8263
ain, ou, mieux, depuis la dislocation de l’empire
de
Charlemagne, l’Europe occidentale nous apparaît divisée en nations, d
8264
puis la dislocation de l’empire de Charlemagne, l’
Europe
occidentale nous apparaît divisée en nations, dont quelques-unes, à c
8265
e hégémonie sur les autres, sans jamais y réussir
d’
une manière durable. Ce que n’ont pu Charles-Quint, Louis XIV, Napoléo
8266
ement ne le pourra dans l’avenir. L’établissement
d’
un nouvel Empire romain ou d’un nouvel empire de Charlemagne est deven
8267
nir. L’établissement d’un nouvel Empire romain ou
d’
un nouvel empire de Charlemagne est devenu une impossibilité. La divis
8268
t d’un nouvel Empire romain ou d’un nouvel empire
de
Charlemagne est devenu une impossibilité. La division de l’Europe est
8269
lemagne est devenu une impossibilité. La division
de
l’Europe est trop grande pour qu’une tentative de domination universe
8270
ne est devenu une impossibilité. La division de l’
Europe
est trop grande pour qu’une tentative de domination universelle ne pr
8271
de l’Europe est trop grande pour qu’une tentative
de
domination universelle ne provoque pas très vite une coalition qui fa
8272
t sa citoyenneté sont des concepts spécifiquement
européens
et modernes : Les nations, entendues de cette manière, sont quelque
8273
t européens et modernes : Les nations, entendues
de
cette manière, sont quelque chose d’assez nouveau dans l’histoire. L’
8274
s, entendues de cette manière, sont quelque chose
d’
assez nouveau dans l’histoire. L’antiquité ne les connut pas : l’Égypt
8275
fils du Soleil ou un fils du Ciel. Il n’y eut pas
de
citoyens égyptiens, pas plus qu’il n’y a de citoyens chinois. L’antiq
8276
t pas de citoyens égyptiens, pas plus qu’il n’y a
de
citoyens chinois. L’antiquité classique eut des républiques et des ro
8277
s et des royautés municipales, des confédérations
de
républiques locales, des empires ; elle n’eut guère la nation au sens
8278
s la comprenons. Athènes, Sparte, Sidon, Tyr sont
de
petits centres d’admirable patriotisme ; mais ce sont des cités avec
8279
thènes, Sparte, Sidon, Tyr sont de petits centres
d’
admirable patriotisme ; mais ce sont des cités avec un territoire rela
8280
ption dans l’Empire romain, étaient des ensembles
de
peuplades, souvent liguées entre elles, mais sans institutions centra
8281
ies. L’empire assyrien, l’empire persan, l’empire
d’
Alexandre ne furent pas non plus des patries. Il n’y eut jamais de pat
8282
urent pas non plus des patries. Il n’y eut jamais
de
patriotes assyriens… La race, la langue, la culture, définissent-ell
8283
science instinctive qui a présidé à la confection
de
la carte d’Europe n’a tenu aucun compte de la race, et les premières
8284
inctive qui a présidé à la confection de la carte
d’
Europe n’a tenu aucun compte de la race, et les premières nations de l
8285
ctive qui a présidé à la confection de la carte d’
Europe
n’a tenu aucun compte de la race, et les premières nations de l’Europ
8286
ection de la carte d’Europe n’a tenu aucun compte
de
la race, et les premières nations de l’Europe sont des nations de san
8287
aucun compte de la race, et les premières nations
de
l’Europe sont des nations de sang essentiellement mélangé. Le fait de
8288
compte de la race, et les premières nations de l’
Europe
sont des nations de sang essentiellement mélangé. Le fait de la race,
8289
es premières nations de l’Europe sont des nations
de
sang essentiellement mélangé. Le fait de la race, capital à l’origine
8290
nations de sang essentiellement mélangé. Le fait
de
la race, capital à l’origine, va donc toujours perdant de son importa
8291
ce, capital à l’origine, va donc toujours perdant
de
son importance. L’histoire humaine diffère essentiellement de la zool
8292
tance. L’histoire humaine diffère essentiellement
de
la zoologie. La race n’y est pas tout, comme chez les rongeurs ou les
8293
es rongeurs ou les félins, et on n’a pas le droit
d’
aller par le monde tâter le crâne des gens, puis les prendre à la gorg
8294
s les prendre à la gorge en leur disant : — Tu es
de
notre sang tu nous appartiens !… … Ce que nous venons de dire de la r
8295
u nous appartiens !… … Ce que nous venons de dire
de
la race, il faut le dire de la langue. La langue invite à se réunir ;
8296
e nous venons de dire de la race, il faut le dire
de
la langue. La langue invite à se réunir ; elle n’y force pas. Les Éta
8297
faite, puisqu’elle a été faite par l’assentiment
de
ses différentes parties, compte trois ou quatre langues. Il y a dans
8298
quatre langues. Il y a dans l’homme quelque chose
de
supérieur à la langue : c’est la volonté. La volonté de la Suisse d’ê
8299
érieur à la langue : c’est la volonté. La volonté
de
la Suisse d’être unie, malgré la variété de ses idiomes, est un fait
8300
angue : c’est la volonté. La volonté de la Suisse
d’
être unie, malgré la variété de ses idiomes, est un fait bien plus imp
8301
lonté de la Suisse d’être unie, malgré la variété
de
ses idiomes, est un fait bien plus important qu’une similitude de lan
8302
est un fait bien plus important qu’une similitude
de
langage souvent obtenue par des vexations. La nation serait-elle mi
8303
ons. La géographie est un des facteurs essentiels
de
l’histoire… Peut-on dire cependant, comme le croient certains partis,
8304
comme le croient certains partis, que les limites
d’
une nation sont écrites sur la carte et que cette nation a le droit de
8305
rites sur la carte et que cette nation a le droit
de
s’adjuger ce qui est nécessaire pour arrondir certains contours, pour
8306
gne, telle rivière, à laquelle on prête une sorte
de
faculté limitante a priori ? Je ne connais pas de doctrine plus arbit
8307
de faculté limitante a priori ? Je ne connais pas
de
doctrine plus arbitraire ni plus funeste. Avec cela, on justifie tout
8308
lles qui séparent et celles qui ne séparent pas ?
De
Biarritz à Tomea, il n’y a pas une embouchure de fleuve qui ait plus
8309
De Biarritz à Tomea, il n’y a pas une embouchure
de
fleuve qui ait plus qu’une autre un caractère bornal. Si l’histoire l
8310
l’Oder auraient, autant que le Rhin, ce caractère
de
frontière naturelle qui a fait commettre tant d’infractions au droit
8311
de frontière naturelle qui a fait commettre tant
d’
infractions au droit fondamental, qui est la volonté des hommes. Une
8312
autre dans le présent. Dans le passé, un héritage
de
gloire et de regrets à partager, dans l’avenir un même programme à ré
8313
présent. Dans le passé, un héritage de gloire et
de
regrets à partager, dans l’avenir un même programme à réaliser ; avoi
8314
voilà ce que l’on comprend malgré les diversités
de
race et de langue. … Par leurs facultés diverses, souvent opposées, l
8315
ue l’on comprend malgré les diversités de race et
de
langue. … Par leurs facultés diverses, souvent opposées, les nations
8316
t opposées, les nations servent à l’œuvre commune
de
la civilisation ; toutes apportent une note à ce grand concert de l’h
8317
on ; toutes apportent une note à ce grand concert
de
l’humanité, qui, en somme, est la plus haute réalité idéale que nous
8318
les nations pour des qualités, qui se nourrirait
de
vaine gloire ; qui serait à ce point jaloux, égoïste, querelleur ; qu
8319
s hommes. … Les nations ne sont pas quelque chose
d’
éternel. Elles ont commencé, elles finiront. La confédération européen
8320
es ont commencé, elles finiront. La confédération
européenne
, probablement, les remplacera. L’auteur de La Culture de la Renaissa
8321
ropéenne, probablement, les remplacera. L’auteur
de
La Culture de la Renaissance et des Considérations sur l’Histoire uni
8322
ablement, les remplacera. L’auteur de La Culture
de
la Renaissance et des Considérations sur l’Histoire universelle, l’hi
8323
kob Burckhardt (1818-1897) a incarné la tradition
d’
une cité humaniste, allemande par la langue et suisse par le civisme,
8324
la langue et suisse par le civisme, mais nourrie
d’
influences françaises et italiennes. On ne trouve pas dans son œuvre d
8325
es et italiennes. On ne trouve pas dans son œuvre
de
système d’interprétation ou de construction métaphysique ; mais une e
8326
ennes. On ne trouve pas dans son œuvre de système
d’
interprétation ou de construction métaphysique ; mais une espèce d’imp
8327
pas dans son œuvre de système d’interprétation ou
de
construction métaphysique ; mais une espèce d’impersonnalité classiqu
8328
ou de construction métaphysique ; mais une espèce
d’
impersonnalité classique, secrètement passionnée, et la pénétration d’
8329
ssique, secrètement passionnée, et la pénétration
d’
un regard imaginatif qui ressuscite le passé qu’il aime, « taxe » avec
8330
rophètes inspirés. Nietzsche l’excessif n’a cessé
de
rechercher l’amitié de Burckhardt le mesuré. Et certes, ce dernier av
8331
zsche l’excessif n’a cessé de rechercher l’amitié
de
Burckhardt le mesuré. Et certes, ce dernier avait chaudement soutenu
8332
liment écarté les avances pathétiques du prophète
de
Zarathoustra. Au moment de sombrer, à Turin, Nietzsche envoie deux dé
8333
seur bâlois se trouve être un « Polizeidirektor »
de
Karlsruhe, Friedrich von Preen. Lorsque Burckhardt parle de « l’histo
8334
he, Friedrich von Preen. Lorsque Burckhardt parle
de
« l’histoire mondiale », il se limite très consciemment à l’Europe, c
8335
re mondiale », il se limite très consciemment à l’
Europe
, comme le faisait Auguste Comte : Seuls appartiennent à l’histoire,
8336
u sens le plus élevé du mot, les peuples à l’état
de
civilisation, et non ceux qui sont à l’état de nature. Et même parmi
8337
ux dont la culture n’est pas embranchée sur celle
de
l’Europe, par exemple le Japon et la Chine. Pour ce qui est des Indes
8338
nt la culture n’est pas embranchée sur celle de l’
Europe
, par exemple le Japon et la Chine. Pour ce qui est des Indes égalemen
8339
erses, Macédoniens et autres peuples. Notre objet
d’
étude se circonscrit donc au seul passé qui ait un rapport distinct av
8340
stinct avec le présent et l’avenir.248 Et cette
Europe
centre du monde est centrée à son tour sur la tradition antique : Dè
8341
l’on sait que cette époque heureuse appelée l’âge
d’
or, au sens mythique du mot, n’a jamais existé et n’existera jamais, o
8342
jamais existé et n’existera jamais, on s’abstient
de
surévaluer follement un certain passé ou de désespérer follement du p
8343
tient de surévaluer follement un certain passé ou
de
désespérer follement du présent ou enfin d’espérer follement en l’ave
8344
sé ou de désespérer follement du présent ou enfin
d’
espérer follement en l’avenir ; mais on voit cependant dans l’étude de
8345
des plus nobles occupations. Le passé n’est rien
d’
autre que l’histoire de la vie et des souffrances de l’humanité consid
8346
tions. Le passé n’est rien d’autre que l’histoire
de
la vie et des souffrances de l’humanité considérée dans son ensemble.
8347
autre que l’histoire de la vie et des souffrances
de
l’humanité considérée dans son ensemble. Et cependant l’Antiquité a d
8348
e : c’est à elle que nous devons notre conception
de
l’État ; elle vit naître nos religions et est encore aujourd’hui l’él
8349
est encore aujourd’hui l’élément le plus durable
de
notre civilisation. Ses créations, dans le domaine des arts plastique
8350
nous oppose à elle… Et même si nous sommes issus
de
peuples qui, encore en leur enfance, sommeillèrent à côté des grands
8351
sommeillèrent à côté des grands peuples civilisés
de
l’Antiquité, nous ne nous sentons pas moins les descendants de ceux-c
8352
é, nous ne nous sentons pas moins les descendants
de
ceux-ci, parce que leur âme a passé en nous et que leur labeur, leur
8353
tion et leur destin revivent en nous.249 Mais l’
Europe
des vingt siècles qui suivent, qui est-ce qui la tient ensemble, se d
8354
répond : la papauté, le Saint-Empire, la conquête
de
l’Outremer, quelques grandes individualités, et la lutte permanente c
8355
és, et la lutte permanente contre toute hégémonie
d’
un des grands États : Un seul danger mortel a paru constamment menace
8356
n seul danger mortel a paru constamment menacer l’
Europe
: l’écrasante puissance mécanique, qu’elle provienne d’un peuple barb
8357
’écrasante puissance mécanique, qu’elle provienne
d’
un peuple barbare conquérant ou d’une accumulation des moyens de guerr
8358
’elle provienne d’un peuple barbare conquérant ou
d’
une accumulation des moyens de guerre au service d’un État ou d’une te
8359
rbare conquérant ou d’une accumulation des moyens
de
guerre au service d’un État ou d’une tendance, ou peut-être même des
8360
’une accumulation des moyens de guerre au service
d’
un État ou d’une tendance, ou peut-être même des masses actuelles. Ce
8361
tion des moyens de guerre au service d’un État ou
d’
une tendance, ou peut-être même des masses actuelles. Ce ne sont pas l
8362
asses actuelles. Ce ne sont pas les pires ennemis
de
Rome qui ont sauvé l’Europe, mais bien les ennemis les plus opiniâtre
8363
ont pas les pires ennemis de Rome qui ont sauvé l’
Europe
, mais bien les ennemis les plus opiniâtres de l’Espagne : les Holland
8364
Europe, mais bien les ennemis les plus opiniâtres
de
l’Espagne : les Hollandais, l’Angleterre (la protestante et la cathol
8365
lgré sa conversion. Plus encore, celui-là sauve l’
Europe
qui l’arrache au danger que constituent les tentatives d’unification
8366
’arrache au danger que constituent les tentatives
d’
unification et de nivellement politico-socialo-religieux qu’on cherche
8367
r que constituent les tentatives d’unification et
de
nivellement politico-socialo-religieux qu’on cherche à lui imposer pa
8368
la plus spécifique, la richesse infiniment variée
de
son esprit. C’est bien un lieu commun de répéter que l’esprit est inv
8369
t variée de son esprit. C’est bien un lieu commun
de
répéter que l’esprit est invincible et qu’il vaincra toujours, alors
8370
que réellement il ne dépend parfois que du degré
d’
énergie d’un seul homme à un certain moment pour que des peuples ou de
8371
ement il ne dépend parfois que du degré d’énergie
d’
un seul homme à un certain moment pour que des peuples ou des civilisa
8372
ères soient ou non appelés à disparaître. Il faut
de
grands individus et ceux-ci ont besoin de réussir. Mais l’Europe a fr
8373
Il faut de grands individus et ceux-ci ont besoin
de
réussir. Mais l’Europe a fréquemment eu de grands hommes aux moments
8374
ndividus et ceux-ci ont besoin de réussir. Mais l’
Europe
a fréquemment eu de grands hommes aux moments cruciaux de son histoir
8375
besoin de réussir. Mais l’Europe a fréquemment eu
de
grands hommes aux moments cruciaux de son histoire.250 Mais qu’est-
8376
quemment eu de grands hommes aux moments cruciaux
de
son histoire.250 Mais qu’est-ce que l’Europe, en fin de compte ? Bu
8377
uciaux de son histoire.250 Mais qu’est-ce que l’
Europe
, en fin de compte ? Burckhardt en a donné, peut-être, la définition h
8378
’en réjouir ou le déplorer, peu importe), c’est l’
Europe
en tant que foyer, à la fois vieux et nouveau, d’une vie aux mille as
8379
pe en tant que foyer, à la fois vieux et nouveau,
d’
une vie aux mille aspects, lieu de naissance des plus riches créations
8380
eux et nouveau, d’une vie aux mille aspects, lieu
de
naissance des plus riches créations, patrie de tous les contrastes qu
8381
eu de naissance des plus riches créations, patrie
de
tous les contrastes qui se résorbent en la seule unité ; ici, tout ce
8382
ime par le mot ou tout autre moyen. Voilà qui est
européen
: la manifestation de toutes les forces, y compris l’individu, par le
8383
moyen. Voilà qui est européen : la manifestation
de
toutes les forces, y compris l’individu, par le truchement du monumen
8384
ompris l’individu, par le truchement du monument,
de
la représentation plastique, du mot, des institutions, des partis ; l
8385
sens et toutes les directions ; cette aspiration
de
l’esprit à vouloir absolument faire connaître tout ce qui est en lui
8386
ate que les cloches sonnent en harmonie, même si,
de
tout près, elles font entendre quelques dissonances : Discordia conco
8387
u’un obscur besoin ait conduit certaines branches
d’
Indo-européens vers l’Occident simplement parce qu’ici un autre sol, u
8388
parce qu’ici un autre sol, un autre climat (celui
de
la liberté et de la diversité), tout un monde déchiqueté d’îles et de
8389
utre sol, un autre climat (celui de la liberté et
de
la diversité), tout un monde déchiqueté d’îles et de caps les attenda
8390
rté et de la diversité), tout un monde déchiqueté
d’
îles et de caps les attendaient. Car, voilà qui est aussi européen : a
8391
la diversité), tout un monde déchiqueté d’îles et
de
caps les attendaient. Car, voilà qui est aussi européen : aimer non s
8392
de caps les attendaient. Car, voilà qui est aussi
européen
: aimer non seulement la puissance, les idoles et l’argent, mais auss
8393
celte et germanique ; civilisations qui dépassent
de
beaucoup celles d’Asie par le fait qu’elles sont d’aspect et de forme
8394
; civilisations qui dépassent de beaucoup celles
d’
Asie par le fait qu’elles sont d’aspect et de forme multiples et qu’en
8395
beaucoup celles d’Asie par le fait qu’elles sont
d’
aspect et de forme multiples et qu’en elles l’individu put se développ
8396
lles d’Asie par le fait qu’elles sont d’aspect et
de
forme multiples et qu’en elles l’individu put se développer pleinemen
8397
aisait partie… L’historien ne peut que se réjouir
de
cette richesse et laisser tous les appétits de victoire aux partisans
8398
ir de cette richesse et laisser tous les appétits
de
victoire aux partisans de telle ou telle tendance. Étant donné la vio
8399
isser tous les appétits de victoire aux partisans
de
telle ou telle tendance. Étant donné la violence extrême des combats
8400
e extrême des combats du passé, le désir constant
d’
anéantir l’ennemi, nous ne pourrions, nous autres tard-venus de l’huma
8401
ennemi, nous ne pourrions, nous autres tard-venus
de
l’humanité, tenir pour un parti, même s’il s’agit de celui qu’en nous
8402
l’humanité, tenir pour un parti, même s’il s’agit
de
celui qu’en nous-mêmes nous croyons être le nôtre.251 « Nous autres
8403
ons être le nôtre.251 « Nous autres tards-venus
de
l’humanité »… Cette incidente (qui fait penser à Nietzsche) trahit le
8404
r à Nietzsche) trahit le pessimisme irrépressible
de
l’historien de la civilisation. Bien qu’il ait observé qu’en Europe t
8405
trahit le pessimisme irrépressible de l’historien
de
la civilisation. Bien qu’il ait observé qu’en Europe toute évolution
8406
de la civilisation. Bien qu’il ait observé qu’en
Europe
toute évolution conduit à une transition, à un dépassement, plutôt qu
8407
ne peut s’empêcher, dans ses Lettres à von Preen,
de
porter sur l’avenir prochain (le xxe siècle) un jugement des plus du
8408
nfirmé : Vous ne croirez jamais quel cas on fait
de
ces roulements de tambour au fur et à mesure que les années passent ;
8409
croirez jamais quel cas on fait de ces roulements
de
tambour au fur et à mesure que les années passent ; la grande masse,
8410
nt ; la grande masse, dans sa confusion, a besoin
d’
un rythme pour marcher, sans lequel elle n’aurait « aucune façon ». En
8411
anges attend les travailleurs. La vision que j’ai
de
leur avenir confine, pour le moment, à la folie ; mais je ne peux m’e
8412
taire doit devenir un fabricant en gros. Ces amas
d’
humains dans les usines ne doivent pas éternellement être abandonnés à
8413
à leur misère et à leurs envies. Un certain degré
de
misère contrôlée, avec de l’avancement, et en uniforme, chaque journé
8414
nvies. Un certain degré de misère contrôlée, avec
de
l’avancement, et en uniforme, chaque journée commencée et terminée pa
8415
ue journée commencée et terminée par un roulement
de
tambour, voilà ce qui devrait logiquement se produire. (Mais j’en con
8416
rouve irrémédiablement placé devant l’alternative
d’
une démocratie totale ou d’un despotisme sans loi et absolu, ce dernie
8417
é devant l’alternative d’une démocratie totale ou
d’
un despotisme sans loi et absolu, ce dernier n’étant d’ailleurs pas le
8418
ties qui ont maintenant le cœur trop tendre, mais
de
dictatures militaires prétendues républicaines. On n’aime guère se re
8419
’aime guère se représenter le monde sous la botte
de
gouvernants qui fassent entièrement abstraction des notions de droit,
8420
s qui fassent entièrement abstraction des notions
de
droit, de prospérité, de travail et d’industrie toujours plus enrichi
8421
ent entièrement abstraction des notions de droit,
de
prospérité, de travail et d’industrie toujours plus enrichissants, de
8422
abstraction des notions de droit, de prospérité,
de
travail et d’industrie toujours plus enrichissants, de crédit, etc. e
8423
es notions de droit, de prospérité, de travail et
d’
industrie toujours plus enrichissants, de crédit, etc. et qui gouverne
8424
avail et d’industrie toujours plus enrichissants,
de
crédit, etc. et qui gouvernent, au contraire, brutalement. Cependant,
8425
lement. Cependant, c’est justement dans les mains
de
gens pareils que l’on précipite le monde, par cette folle concurrence
8426
cernant, la participation des masses. … Ma vision
de
ces « terribles simplificateurs » que l’Europe va connaître, est loin
8427
vision de ces « terribles simplificateurs » que l’
Europe
va connaître, est loin d’être agréable ; et de temps en temps, lors d
8428
lificateurs » que l’Europe va connaître, est loin
d’
être agréable ; et de temps en temps, lors de mes rêveries, je vois ce
8429
uand nous serons, en septembre, devant un demi. …
De
temps à autre je suppute ce que pourront devenir notre érudition et n
8430
ne commencé son déclin. Il m’arrive parfois aussi
d’
imaginer un des beaux côtés de ces temps nouveaux : comment, sur tous
8431
rrive parfois aussi d’imaginer un des beaux côtés
de
ces temps nouveaux : comment, sur tous les efforts et aspirations, s’
8432
fforts et aspirations, s’étendra l’horreur livide
de
la mort, parce qu’une fois de plus la force nue aura le dessus et la
8433
e plus la force nue aura le dessus et la consigne
de
fermer son bec sera donnée partout. Friedrich Nietzsche (1844-1900)
8434
Baudelaire d’une part, Tocqueville et Burckhardt
de
l’autre, il le sauve de la stupidité spirituelle et de la sottise pol
8435
Tocqueville et Burckhardt de l’autre, il le sauve
de
la stupidité spirituelle et de la sottise politique, mais c’est pour
8436
autre, il le sauve de la stupidité spirituelle et
de
la sottise politique, mais c’est pour mieux le condamner dans son ens
8437
ictoire en Nietzsche, y compris sa passion pour l’
Europe
, pourtant constante, mais qui le porte au sarcasme aussi bien qu’à l’
8438
s mêmes que Burckhardt a louées ou négligées. Son
Europe
est grecque, puis Renaissante ; elle met au premier rang les moralist
8439
iser, par une réaction instinctive, « l’éducation
d’
une caste nouvelle destinée à régner sur l’Europe », — et c’est là, éc
8440
tion d’une caste nouvelle destinée à régner sur l’
Europe
», — et c’est là, écrit Nietzsche, « la question qui me tient le plus
8441
qui me tient le plus à cœur au seuil du problème
européen
tel que je l’entends »252. Les aphorismes 242 et 243 de Par-delà le b
8442
que je l’entends »252. Les aphorismes 242 et 243
de
Par-delà le bien et le mal décrivent sans aucun ménagement pour les t
8443
l décrivent sans aucun ménagement pour les tabous
de
l’époque, ce processus européen : Qu’on appelle « civilisation », ou
8444
agement pour les tabous de l’époque, ce processus
européen
: Qu’on appelle « civilisation », ou « humanisation », ou « progrès
8445
, ou « progrès » ce qui distingue aujourd’hui les
Européens
; qu’on appelle cela simplement, sans louange ni blâme, avec une form
8446
e formule politique, le mouvement démocratique en
Europe
: derrière tous les premiers plans politiques et moraux, désignés par
8447
chaque jour, — le phénomène du rapprochement des
Européens
, des Européens qui s’éloignent de plus en plus des conditions qui fon
8448
le phénomène du rapprochement des Européens, des
Européens
qui s’éloignent de plus en plus des conditions qui font naître des ra
8449
rs, et qui s’affranchissent chaque jour davantage
de
tout milieu défini qui voudrait s’implanter pendant des siècles, dans
8450
mêmes revendications, — donc la lente apparition
d’
une espèce d’hommes essentiellement surnationale et nomade qui, comme
8451
ications, — donc la lente apparition d’une espèce
d’
hommes essentiellement surnationale et nomade qui, comme signe distinc
8452
if, possède physiologiquement parlant, un maximum
de
faculté et de force d’assimilation. Ce phénomène de création de l’Eur
8453
ysiologiquement parlant, un maximum de faculté et
de
force d’assimilation. Ce phénomène de création de l’Européen, qui pou
8454
uement parlant, un maximum de faculté et de force
d’
assimilation. Ce phénomène de création de l’Européen, qui pourra être
8455
faculté et de force d’assimilation. Ce phénomène
de
création de l’Européen, qui pourra être retardé dans son allure par d
8456
de force d’assimilation. Ce phénomène de création
de
l’Européen, qui pourra être retardé dans son allure par de grands ret
8457
rce d’assimilation. Ce phénomène de création de l’
Européen
, qui pourra être retardé dans son allure par de grands retours en arr
8458
péen, qui pourra être retardé dans son allure par
de
grands retours en arrière, mais qui, par cela même, gagnera peut-être
8459
es naïfs promoteurs et protagonistes, les apôtres
de
l’« idée moderne », voudraient le moins faire entrer en ligne de comp
8460
ront en moyenne au nivellement et à l’abaissement
de
l’homme — de la bête de troupeau humain, habile, laborieuse, utile et
8461
ne au nivellement et à l’abaissement de l’homme —
de
la bête de troupeau humain, habile, laborieuse, utile et utilisable d
8462
lement et à l’abaissement de l’homme — de la bête
de
troupeau humain, habile, laborieuse, utile et utilisable de façon mul
8463
u humain, habile, laborieuse, utile et utilisable
de
façon multiple, — ces conditions sont au plus haut degré aptes à prod
8464
ont au plus haut degré aptes à produire des êtres
d’
exception, de la qualité la plus dangereuse et la plus attrayante […]2
8465
aut degré aptes à produire des êtres d’exception,
de
la qualité la plus dangereuse et la plus attrayante […]253 Mais plu
8466
plus attrayante […]253 Mais plusieurs maladies
de
l’esprit affectent l’Europe, selon Nietzsche. Tout d’abord le nationa
8467
Mais plusieurs maladies de l’esprit affectent l’
Europe
, selon Nietzsche. Tout d’abord le nationalisme, déguisé en patriotism
8468
isme « jovial et solennel » : Nous autres « bons
Européens
», nous aussi nous avons des heures où nous nous permettons un patrio
8469
ures où nous nous permettons un patriotisme plein
de
courage, un bond et un retour à de vieilles amours et de vieilles étr
8470
riotisme plein de courage, un bond et un retour à
de
vieilles amours et de vieilles étroitesses — je viens d’en donner une
8471
age, un bond et un retour à de vieilles amours et
de
vieilles étroitesses — je viens d’en donner une preuve —, des heures
8472
lles amours et de vieilles étroitesses — je viens
d’
en donner une preuve —, des heures d’effervescence nationale, d’angois
8473
s — je viens d’en donner une preuve —, des heures
d’
effervescence nationale, d’angoisse patriotique, des heures où bien d’
8474
e preuve —, des heures d’effervescence nationale,
d’
angoisse patriotique, des heures où bien d’autres sentiments antiques
8475
t. Des esprits plus lourds que nous mettront plus
de
temps à en finir avec ce qui chez nous n’occupe que quelques heures e
8476
quelques heures : pour les uns, il faut la moitié
d’
une année, pour les autres la moitié d’une vie humaine, selon la rapid
8477
la moitié d’une année, pour les autres la moitié
d’
une vie humaine, selon la rapidité de leurs facultés d’assimilation et
8478
es la moitié d’une vie humaine, selon la rapidité
de
leurs facultés d’assimilation et de renouvellement. Je saurais même m
8479
vie humaine, selon la rapidité de leurs facultés
d’
assimilation et de renouvellement. Je saurais même me figurer des race
8480
n la rapidité de leurs facultés d’assimilation et
de
renouvellement. Je saurais même me figurer des races épaisses et hési
8481
des races épaisses et hésitantes, qui, dans notre
Europe
hâtive, auraient besoin de demi-siècles pour surmonter de tels excès
8482
s, qui, dans notre Europe hâtive, auraient besoin
de
demi-siècles pour surmonter de tels excès de patriotisme atavique et
8483
e, auraient besoin de demi-siècles pour surmonter
de
tels excès de patriotisme atavique et d’attachement à la glèbe, pour
8484
soin de demi-siècles pour surmonter de tels excès
de
patriotisme atavique et d’attachement à la glèbe, pour revenir à la r
8485
urmonter de tels excès de patriotisme atavique et
d’
attachement à la glèbe, pour revenir à la raison, je veux dire au « bo
8486
u « bon européanisme ».254 L’exemple privilégié
de
la musique, cette création essentiellement européenne, permet de suiv
8487
gié de la musique, cette création essentiellement
européenne
, permet de suivre le processus de décomposition qui conduit de l’euro
8488
cette création essentiellement européenne, permet
de
suivre le processus de décomposition qui conduit de l’européanisme co
8489
llement européenne, permet de suivre le processus
de
décomposition qui conduit de l’européanisme cosmopolite au nationalis
8490
suivre le processus de décomposition qui conduit
de
l’européanisme cosmopolite au nationalisme borné : Le « bon vieux te
8491
coco ait encore un sens pour nous, que ce qu’il a
de
« bonne compagnie », de tendres ardeurs, de goût enfantin pour la chi
8492
pour nous, que ce qu’il a de « bonne compagnie »,
de
tendres ardeurs, de goût enfantin pour la chinoiserie et la fioriture
8493
’il a de « bonne compagnie », de tendres ardeurs,
de
goût enfantin pour la chinoiserie et la fioriture, de politesse du cœ
8494
oût enfantin pour la chinoiserie et la fioriture,
de
politesse du cœur, d’aspiration vers ce qui est précieux, amoureux, d
8495
hinoiserie et la fioriture, de politesse du cœur,
d’
aspiration vers ce qui est précieux, amoureux, dansant, sentimental, d
8496
qui est précieux, amoureux, dansant, sentimental,
de
foi au Midi, que tout cela trouve encore en nous quelque chose qui l’
8497
— Mais n’en doutez pas, l’intelligence et le goût
de
Beethoven passeront plus vite encore ; car celui-là ne fut que le der
8498
encore ; car celui-là ne fut que le dernier écho
d’
une transformation et d’une brisure du style ; au lieu que Mozart fut
8499
e fut que le dernier écho d’une transformation et
d’
une brisure du style ; au lieu que Mozart fut la dernière expression d
8500
e ; au lieu que Mozart fut la dernière expression
de
tout un goût européen vivant depuis des siècles. Beethoven est l’inte
8501
Mozart fut la dernière expression de tout un goût
européen
vivant depuis des siècles. Beethoven est l’intermède entre une vieill
8502
sur sa musique est épandue la lueur crépusculaire
d’
une éternelle déception, et d’une éternelle et errante espérance, — ce
8503
lueur crépusculaire d’une éternelle déception, et
d’
une éternelle et errante espérance, — cette même lueur qui baignait l’
8504
ante espérance, — cette même lueur qui baignait l’
Europe
alors qu’elle rêvait avec Rousseau, qu’elle dansait autour de l’arbre
8505
qu’elle dansait autour de l’arbre révolutionnaire
de
la liberté, qu’elle s’agenouillait enfin aux pieds de Napoléon. Comme
8506
a liberté, qu’elle s’agenouillait enfin aux pieds
de
Napoléon. Comme tous ces sentiments pâlissent vite, comme il nous est
8507
pâlissent vite, comme il nous est difficile déjà
de
les comprendre, comme elle est lointaine et étrange la langue des Rou
8508
Byron, la langue où s’exprima cette même destinée
de
l’Europe qui chantait en Beethoven ! Puis ce fut, dans la musique all
8509
, la langue où s’exprima cette même destinée de l’
Europe
qui chantait en Beethoven ! Puis ce fut, dans la musique allemande, l
8510
iel que n’avait été le grand entracte, le passage
de
Rousseau à Napoléon et à la démocratie montante. […] Schuman était dé
8511
ait été Mozart à un plus haut degré, un phénomène
européen
; — et avec lui la musique allemande courait cet immense risque de ce
8512
i la musique allemande courait cet immense risque
de
cesser d’être la voix par où s’énonce l’âme de l’Europe et de tomber
8513
ue allemande courait cet immense risque de cesser
d’
être la voix par où s’énonce l’âme de l’Europe et de tomber au rang mé
8514
ue de cesser d’être la voix par où s’énonce l’âme
de
l’Europe et de tomber au rang médiocre d’une chose purement nationale
8515
cesser d’être la voix par où s’énonce l’âme de l’
Europe
et de tomber au rang médiocre d’une chose purement nationale.255 Le
8516
être la voix par où s’énonce l’âme de l’Europe et
de
tomber au rang médiocre d’une chose purement nationale.255 Le natio
8517
e l’âme de l’Europe et de tomber au rang médiocre
d’
une chose purement nationale.255 Le nationalisme est issu du romanti
8518
ar une fatalité à laquelle les plus grands hommes
de
la première moitié du xixe siècle semblent avoir tous succombé : Gr
8519
ionalités a mises et met encore entre les peuples
de
l’Europe, grâce aux politiciens à la vue courte et aux mains promptes
8520
ités a mises et met encore entre les peuples de l’
Europe
, grâce aux politiciens à la vue courte et aux mains promptes qui règn
8521
isme, sans soupçonner à quel point leur politique
de
désunion est fatalement une simple politique d’entracte, — grâce à to
8522
e de désunion est fatalement une simple politique
d’
entracte, — grâce à tout cela, et à bien des choses encore qu’on ne pe
8523
on déforme mensongèrement les signes qui prouvent
de
la manière la plus manifeste que l’Europe veut devenir une. Tous les
8524
ui prouvent de la manière la plus manifeste que l’
Europe
veut devenir une. Tous les hommes un peu profonds et d’esprit large q
8525
t devenir une. Tous les hommes un peu profonds et
d’
esprit large qu’a vus ce siècle ont tendu vers ce but unique le travai
8526
le ont tendu vers ce but unique le travail secret
de
leur âme : ils voulurent frayer les voies à un nouvel accord et tentè
8527
frayer les voies à un nouvel accord et tentèrent
de
réaliser en eux-mêmes l’Européen à venir ; s’ils appartinrent à une p
8528
el accord et tentèrent de réaliser en eux-mêmes l’
Européen
à venir ; s’ils appartinrent à une patrie, ce ne fut jamais que par l
8529
ne fut jamais que par les régions superficielles
de
leur intelligence, ou aux heures de défaillance, ou l’âge venu : ils
8530
uperficielles de leur intelligence, ou aux heures
de
défaillance, ou l’âge venu : ils se reposaient d’eux-mêmes en devenan
8531
de défaillance, ou l’âge venu : ils se reposaient
d’
eux-mêmes en devenant « patriotes ». Je songe à des hommes comme Napol
8532
ine, Schopenhauer. Qu’on ne m’en veuille pas trop
de
nommer à leur suite Richard Wagner.256 Avec le romantisme est né l
8533
e est né le sens historique, qui domine la pensée
européenne
du siècle. La position de Nietzsche devant l’historisme est nécessair
8534
omine la pensée européenne du siècle. La position
de
Nietzsche devant l’historisme est nécessairement ambiguë, car sa visi
8535
torisme est nécessairement ambiguë, car sa vision
de
l’Europe est historique, mais ses jugements de valeur se veulent de p
8536
me est nécessairement ambiguë, car sa vision de l’
Europe
est historique, mais ses jugements de valeur se veulent de plus en pl
8537
on de l’Europe est historique, mais ses jugements
de
valeur se veulent de plus en plus intemporels : Ce sens historique q
8538
intemporels : Ce sens historique que nous autres
Européens
revendiquons comme notre spécialité, nous est venu à la suite de l’en
8539
ite de l’ensorcelante et folle demi-barbarie où l’
Europe
a été précipitée par le mélange démocratique des rangs et des races.
8540
ième sens. Toutes les formes, toutes les manières
de
vivre, toutes les civilisations du passé, autrefois entassées les une
8541
confusion. Nos instincts se dispersent maintenant
de
tous côtés, nous sommes nous-mêmes une sorte de chaos ; enfin « l’esp
8542
t de tous côtés, nous sommes nous-mêmes une sorte
de
chaos ; enfin « l’esprit », je le répète, finit par y trouver son pro
8543
it par y trouver son profit. Par la demi-barbarie
de
notre âme et de nos désirs, nous avons des échappées secrètes de tout
8544
son profit. Par la demi-barbarie de notre âme et
de
nos désirs, nous avons des échappées secrètes de toutes espèces, tell
8545
de nos désirs, nous avons des échappées secrètes
de
toutes espèces, telles qu’une époque noble n’en a jamais eu, surtout
8546
civilisations incomplètes et aux enchevêtrements
de
toutes les demi-barbaries qu’il y eut jamais au monde. Et, dans la me
8547
Et, dans la mesure où la part la plus importante
de
la culture fut jusqu’à présent une demi-barbarie, le « sens historiqu
8548
éressés, modestes, endurants, pleinement capables
de
nous dominer nous-mêmes, pleins d’abandon, très reconnaissants, très
8549
ement capables de nous dominer nous-mêmes, pleins
d’
abandon, très reconnaissants, très patients, très accueillants. Avec t
8550
s et presque hostiles, c’est précisément le point
de
perfection, de maturité dernière dans toute culture et tout art, la m
8551
stiles, c’est précisément le point de perfection,
de
maturité dernière dans toute culture et tout art, la marque propre d’
8552
dans toute culture et tout art, la marque propre
d’
aristocratie dans les œuvres et les hommes, leur aspect de mer unie et
8553
cratie dans les œuvres et les hommes, leur aspect
de
mer unie et de contentement alcyonien, l’éclat d’or brillant et froid
8554
œuvres et les hommes, leur aspect de mer unie et
de
contentement alcyonien, l’éclat d’or brillant et froid qui apparaît s
8555
de mer unie et de contentement alcyonien, l’éclat
d’
or brillant et froid qui apparaît sur toute chose achevée.257 Si l’E
8556
d qui apparaît sur toute chose achevée.257 Si l’
Europe
est plus loin que jamais de concevoir et d’assurer ce plus haut idéal
8557
chevée.257 Si l’Europe est plus loin que jamais
de
concevoir et d’assurer ce plus haut idéal d’elle-même, c’est qu’elle
8558
l’Europe est plus loin que jamais de concevoir et
d’
assurer ce plus haut idéal d’elle-même, c’est qu’elle souffre d’une ma
8559
mais de concevoir et d’assurer ce plus haut idéal
d’
elle-même, c’est qu’elle souffre d’une maladie de la volonté, d’une im
8560
lus haut idéal d’elle-même, c’est qu’elle souffre
d’
une maladie de la volonté, d’une impuissance à se vouloir une, dont la
8561
d’elle-même, c’est qu’elle souffre d’une maladie
de
la volonté, d’une impuissance à se vouloir une, dont la Russie va pro
8562
’est qu’elle souffre d’une maladie de la volonté,
d’
une impuissance à se vouloir une, dont la Russie va profiter : Notre
8563
vouloir une, dont la Russie va profiter : Notre
Europe
contemporaine, ce foyer d’un effort soudain et irréfléchi pour mélang
8564
profiter : Notre Europe contemporaine, ce foyer
d’
un effort soudain et irréfléchi pour mélanger radicalement les rangs e
8565
ces, est, par cela même, sceptique du haut en bas
de
l’échelle, tantôt animée de ce scepticisme mobile, qui impatient et l
8566
ptique du haut en bas de l’échelle, tantôt animée
de
ce scepticisme mobile, qui impatient et lascif, saute d’une branche à
8567
cepticisme mobile, qui impatient et lascif, saute
d’
une branche à l’autre, tantôt troublé et comme obscurci par un nuage d
8568
re, tantôt troublé et comme obscurci par un nuage
de
questions — et parfois las de sa volonté à en mourir ! Paralysie de l
8569
scurci par un nuage de questions — et parfois las
de
sa volonté à en mourir ! Paralysie de la volonté, où ne rencontre-t-o
8570
parfois las de sa volonté à en mourir ! Paralysie
de
la volonté, où ne rencontre-t-on pas aujourd’hui cette infirmité ! Et
8571
teurs ! Pour cacher cette maladie on a des habits
d’
apparat, des parures menteuses ; par exemple ce qu’on étale aujourd’hu
8572
ar exemple ce qu’on étale aujourd’hui sous le nom
d’
« objectivité », d’« esprit scientifique », d’« art pour l’art », de «
8573
étale aujourd’hui sous le nom d’« objectivité »,
d’
« esprit scientifique », d’« art pour l’art », de « connaissance pure,
8574
nom d’« objectivité », d’« esprit scientifique »,
d’
« art pour l’art », de « connaissance pure, indépendante de la volonté
8575
d’« esprit scientifique », d’« art pour l’art »,
de
« connaissance pure, indépendante de la volonté », tout cela n’est qu
8576
our l’art », de « connaissance pure, indépendante
de
la volonté », tout cela n’est que du scepticisme fardé, la paralysie
8577
cela n’est que du scepticisme fardé, la paralysie
de
la volonté qui se déguise. Je me porte garant du diagnostic de cette
8578
qui se déguise. Je me porte garant du diagnostic
de
cette maladie européenne. — La maladie de la volonté s’est propagée à
8579
Je me porte garant du diagnostic de cette maladie
européenne
. — La maladie de la volonté s’est propagée à travers l’Europe d’une f
8580
gnostic de cette maladie européenne. — La maladie
de
la volonté s’est propagée à travers l’Europe d’une façon inégale ; el
8581
maladie de la volonté s’est propagée à travers l’
Europe
d’une façon inégale ; elle sévit avec le plus de force et sous les as
8582
e de la volonté s’est propagée à travers l’Europe
d’
une façon inégale ; elle sévit avec le plus de force et sous les aspec
8583
ope d’une façon inégale ; elle sévit avec le plus
de
force et sous les aspects les plus variés partout où la civilisation
8584
evendiquer — ses droits sous les vêtements lâches
de
la civilisation occidentale. En conséquence, c’est dans la France con
8585
dans la France contemporaine, comme il est facile
de
le montrer et de le démontrer, que la volonté est le plus malade ; et
8586
ntemporaine, comme il est facile de le montrer et
de
le démontrer, que la volonté est le plus malade ; et la France qui a
8587
séduisante, jusqu’aux tournures les plus néfastes
de
son esprit, apparaît aujourd’hui à l’Europe, dans l’excès de son géni
8588
néfastes de son esprit, apparaît aujourd’hui à l’
Europe
, dans l’excès de son génie national, comme la véritable école et le t
8589
it, apparaît aujourd’hui à l’Europe, dans l’excès
de
son génie national, comme la véritable école et le théâtre du sceptic
8590
de plus attrayant. La force du vouloir, la force
de
vouloir longtemps dans un même sens, est déjà un peu plus accentuée e
8591
e, ici grâce à la dureté des crânes — sans parler
de
l’Italie qui est trop jeune pour savoir encore ce qu’elle veut, et qu
8592
onnante dans ce prodigieux empire du milieu, où l’
Europe
reflue pour ainsi dire vers l’Asie — en Russie. C’est là que la volon
8593
ait si elle sera affirmative ou négative — attend
d’
une façon menaçante le moment où elle sera déclenchée, pour emprunter
8594
ée, pour emprunter leur mot favori aux physiciens
d’
aujourd’hui. Ce n’est pas à la guerre avec l’Inde, ni aux complication
8595
e avec l’Inde, ni aux complications en Asie que l’
Europe
devrait demander de la protéger contre le danger le plus sérieux qui
8596
mplications en Asie que l’Europe devrait demander
de
la protéger contre le danger le plus sérieux qui la menace, mais à un
8597
ion émiettant l’empire et surtout à l’importation
de
l’absurdité parlementaire, avec l’obligation pour chacun de lire le j
8598
dité parlementaire, avec l’obligation pour chacun
de
lire le journal à son déjeuner… Je voudrais voir l’Europe, en face de
8599
ire le journal à son déjeuner… Je voudrais voir l’
Europe
, en face de l’attitude de plus en plus menaçante de la Russie, se déc
8600
, en face de l’attitude de plus en plus menaçante
de
la Russie, se décider à devenir menaçante à son tour, à se créer, au
8601
evenir menaçante à son tour, à se créer, au moyen
d’
une nouvelle caste qui la régirait, une volonté unique, formidable, ca
8602
régirait, une volonté unique, formidable, capable
de
poursuivre un but pendant des milliers d’années, afin de mettre un te
8603
capable de poursuivre un but pendant des milliers
d’
années, afin de mettre un terme à la trop longue comédie de sa petite
8604
afin de mettre un terme à la trop longue comédie
de
sa petite politique et à ses mesquines et innombrables volontés dynas
8605
s volontés dynastiques ou démocratiques. Le temps
de
la petite politique est passé ; déjà le siècle qui s’annonce fait pré
8606
ble poussée vers la grande politique.258 Mais l’
Europe
sera-t-elle capable de mener cette « grande politique » à l’échelle m
8607
politique.258 Mais l’Europe sera-t-elle capable
de
mener cette « grande politique » à l’échelle mondiale, donc d’affront
8608
e « grande politique » à l’échelle mondiale, donc
d’
affronter ce que lui réserve le xxe siècle ? Dans la préface à Par-de
8609
t-être » (en pensant aux tensions fécondes dont l’
Europe
est le théâtre dramatique) : Mais la lutte contre Platon, ou, plutôt
8610
stiano-ecclésiastique exercée depuis des milliers
d’
années — car le christianisme est du platonisme à l’usage du « peuple
8611
e à l’usage du « peuple » — cette lutte a créé en
Europe
une merveilleuse tension de l’esprit, telle qu’il n’y en eut pas enco
8612
e lutte a créé en Europe une merveilleuse tension
de
l’esprit, telle qu’il n’y en eut pas encore sur terre : et avec un ar
8613
arc si fortement tendu il est possible, dès lors,
de
tirer sur les cibles les plus lointaines. Il est vrai que l’homme d’E
8614
bles les plus lointaines. Il est vrai que l’homme
d’
Europe souffre de cette tension et, par deux fois, l’on fit de vastes
8615
es les plus lointaines. Il est vrai que l’homme d’
Europe
souffre de cette tension et, par deux fois, l’on fit de vastes tentat
8616
ntaines. Il est vrai que l’homme d’Europe souffre
de
cette tension et, par deux fois, l’on fit de vastes tentatives pour d
8617
ffre de cette tension et, par deux fois, l’on fit
de
vastes tentatives pour détendre l’arc ; ce fut d’abord par le jésuiti
8618
rationalisme démocratique. À l’aide de la liberté
de
la presse, de la lecture des journaux, il se pourrait que l’on obtînt
8619
émocratique. À l’aide de la liberté de la presse,
de
la lecture des journaux, il se pourrait que l’on obtînt véritablement
8620
crates, ni même assez Allemands, nous autres bons
Européens
et esprits libres, très libres esprits — nous sentons encore en nous
8621
prits — nous sentons encore en nous tout le péril
de
l’intelligence et toute la tension de son arc ! Et peut-être aussi la
8622
ut le péril de l’intelligence et toute la tension
de
son arc ! Et peut-être aussi la flèche, la mission, qui sait ? le but
8623
in) : La diversité des langues, surtout, empêche
de
voir ce qui se passe au fond : la disparition de l’homme national et
8624
de voir ce qui se passe au fond : la disparition
de
l’homme national et l’apparition de l’homme européen. et dans la Vol
8625
a disparition de l’homme national et l’apparition
de
l’homme européen. et dans la Volonté de Puissance : Un peu d’air pu
8626
on de l’homme national et l’apparition de l’homme
européen
. et dans la Volonté de Puissance : Un peu d’air pur ! Il ne faut pa
8627
parition de l’homme européen. et dans la Volonté
de
Puissance : Un peu d’air pur ! Il ne faut pas que cet absurde état d
8628
opéen. et dans la Volonté de Puissance : Un peu
d’
air pur ! Il ne faut pas que cet absurde état de l’Europe dure plus lo
8629
u d’air pur ! Il ne faut pas que cet absurde état
de
l’Europe dure plus longtemps ! Y a-t-il une pensée quelconque derrièr
8630
ir pur ! Il ne faut pas que cet absurde état de l’
Europe
dure plus longtemps ! Y a-t-il une pensée quelconque derrière ce nati
8631
il une pensée quelconque derrière ce nationalisme
de
bêtes à cornes ? À présent que tout s’oriente vers de plus larges int
8632
vers de plus larges intérêts communs, à quoi rime
d’
exciter ces égoïsmes galeux ? Et cela au moment où l’absence d’indépen
8633
égoïsmes galeux ? Et cela au moment où l’absence
d’
indépendance intellectuelle et la déchéance des nationalismes sautent
8634
autent aux yeux, où toute la valeur, tout le sens
de
la civilisation présente consiste à se fondre en un seul ensemble où
8635
nderont réciproquement !260 Mais les conditions
d’
une restauration, telles qu’il les énumère dans ses notes inédites des
8636
et il le sent bien : le pessimisme, ce « marteau
de
la philosophie », reste la dernière arme à la disposition des « bons
8637
este la dernière arme à la disposition des « bons
Européens
». Plutôt la mort que la médiocrité qui vient : Pour la lutte suprêm
8638
marteau. Provoquer la décision terrible, placer l’
Europe
devant son choix : veut-elle sa décadence ? Se garder de la médiocris
8639
nt son choix : veut-elle sa décadence ? Se garder
de
la médiocrisation. Plutôt périr.261 C’est à l’historien suédois Har
8640
mme « Siècle du nationalisme » : tel est le titre
d’
un article qu’il publia le 31 décembre 1899 dans le Svenska Dagbladet,
8641
dans le Svenska Dagbladet, grand journal libéral
de
Stockholm : Le siècle qui se termine ce soir a été le témoin de bien
8642
Le siècle qui se termine ce soir a été le témoin
de
bien des efforts et de bien des illusions dans la vie des peuples. Sa
8643
ne ce soir a été le témoin de bien des efforts et
de
bien des illusions dans la vie des peuples. Savoir laquelle de ses in
8644
llusions dans la vie des peuples. Savoir laquelle
de
ses innombrables tendances fut la plus importante, c’est peut-être un
8645
la plus importante, c’est peut-être une question
de
goût. Pour ma part, en ces dernières heures du siècle, je voudrais mé
8646
servi la culture, en ce sens qu’elles ont permis
de
surmonter bien des obstacles qui, jusqu’alors, avaient empêché les pe
8647
usqu’alors, avaient empêché les peuples dispersés
de
participer à une communauté culturelle. Mais ces avantages pèsent moi
8648
e le facteur politique dominant. La revendication
de
la pleine égalité de droits par toutes les nationalités ayant pris fo
8649
e dominant. La revendication de la pleine égalité
de
droits par toutes les nationalités ayant pris forme d’État souverain
8650
oits par toutes les nationalités ayant pris forme
d’
État souverain est aussi contraire à l’Histoire et étrangère à la réal
8651
mondial vers quoi certains tendent […]. La haine
de
tout ce qui est étranger, entretenue au nom du patriotisme, est proch
8652
retenue au nom du patriotisme, est proche parente
de
la passion de persécuter les hérétiques ; elle transforme rapidement
8653
du patriotisme, est proche parente de la passion
de
persécuter les hérétiques ; elle transforme rapidement le sentiment n
8654
t national en un instinct qui échappe au contrôle
de
la raison. Du même coup, le nationalisme cesse d’être un facteur de d
8655
de la raison. Du même coup, le nationalisme cesse
d’
être un facteur de développement culturel et devient superstition. Dan
8656
ême coup, le nationalisme cesse d’être un facteur
de
développement culturel et devient superstition. Dans quelle mesure le
8657
ù j’écris. Il semble au moins aussi vraisemblable
de
penser que le nationalisme, en se combinant avec d’autres forces, anc
8658
s et modernes, nous conduit irrésistiblement vers
de
nouvelles catastrophes, qui ne seront pas de moindre envergure que la
8659
vers de nouvelles catastrophes, qui ne seront pas
de
moindre envergure que la guerre de Trente Ans ou la Révolution frança
8660
ne seront pas de moindre envergure que la guerre
de
Trente Ans ou la Révolution française et ses suites. Mais le xixe s
8661
re mondiale qui l’achève, aux deux sens du terme.
De
cet achèvement normal, logique, et pourtant criminel, le témoin le pl
8662
lait être qu’un « théoricien désintéressé ». Plus
européen
, sans doute, qu’aucun de ses compatriotes au début de ce siècle, il n
8663
sintéressé ». Plus européen, sans doute, qu’aucun
de
ses compatriotes au début de ce siècle, il n’a parlé de l’Europe que
8664
sans doute, qu’aucun de ses compatriotes au début
de
ce siècle, il n’a parlé de l’Europe que sur le ton d’un sombre dépit
8665
compatriotes au début de ce siècle, il n’a parlé
de
l’Europe que sur le ton d’un sombre dépit prophétique. Voici quelques
8666
atriotes au début de ce siècle, il n’a parlé de l’
Europe
que sur le ton d’un sombre dépit prophétique. Voici quelques extraits
8667
e siècle, il n’a parlé de l’Europe que sur le ton
d’
un sombre dépit prophétique. Voici quelques extraits de ses Propos rec
8668
sombre dépit prophétique. Voici quelques extraits
de
ses Propos recueillis par l’un de ses disciples à la veille de la Pre
8669
elques extraits de ses Propos recueillis par l’un
de
ses disciples à la veille de la Première Guerre mondiale262 : Octobr
8670
recueillis par l’un de ses disciples à la veille
de
la Première Guerre mondiale262 : Octobre 1908. — L’Europe est, par e
8671
Première Guerre mondiale262 : Octobre 1908. — L’
Europe
est, par excellence, la terre des cataclysmes guerriers. Les pacifist
8672
ent des lois élémentaires, ou des malins qui font
de
la démagogie et vivent de leurs mensonges. Personne n’a le courage de
8673
ou des malins qui font de la démagogie et vivent
de
leurs mensonges. Personne n’a le courage de dire ou d’écrire que l’ét
8674
ivent de leurs mensonges. Personne n’a le courage
de
dire ou d’écrire que l’état de paix en Europe est un état anormal. Po
8675
urs mensonges. Personne n’a le courage de dire ou
d’
écrire que l’état de paix en Europe est un état anormal. Pourquoi l’Eu
8676
nne n’a le courage de dire ou d’écrire que l’état
de
paix en Europe est un état anormal. Pourquoi l’Europe est-elle par ex
8677
courage de dire ou d’écrire que l’état de paix en
Europe
est un état anormal. Pourquoi l’Europe est-elle par excellence la ter
8678
de paix en Europe est un état anormal. Pourquoi l’
Europe
est-elle par excellence la terre des cataclysmes guerriers ? Parce qu
8679
iers ? Parce qu’elle est habitée par une quantité
de
races qui sont singulièrement opposées les unes aux autres, et dans l
8680
, et dans leurs mœurs, et dans leurs ambitions. L’
Europe
n’a pas de chance. Tous ses habitants ne peuvent faire que mauvais vo
8681
mœurs, et dans leurs ambitions. L’Europe n’a pas
de
chance. Tous ses habitants ne peuvent faire que mauvais voisinage. …
8682
sinage. … Et il y a le Slavisme qui met son grain
de
sel là-dedans. La politique panslave… C’est gai pour demain ! Je vous
8683
is ; des Allemands ambitieux ; des Anglais jaloux
d’
autorité ; des Français avares ; des Italiens souffrant d’une crise de
8684
té ; des Français avares ; des Italiens souffrant
d’
une crise de croissance ; des Balkaniques braconniers ; des Hongrois g
8685
nçais avares ; des Italiens souffrant d’une crise
de
croissance ; des Balkaniques braconniers ; des Hongrois guerriers ? C
8686
uerriers ? Comment calmerez-vous ce panier rempli
de
crabes qui se pincent toute la sainte journée ? Malheureuse Europe !
8687
se pincent toute la sainte journée ? Malheureuse
Europe
! pourquoi lui cacher ce qui l’attend ? Avant dix ans, elle sombrera
8688
cle. 8 novembre 1912. — Rien n’améliorera le sort
de
l’Europe. Pourquoi voulez-vous qu’il s’améliore ? Que signifie ce vie
8689
8 novembre 1912. — Rien n’améliorera le sort de l’
Europe
. Pourquoi voulez-vous qu’il s’améliore ? Que signifie ce vieux fond d
8690
ous qu’il s’améliore ? Que signifie ce vieux fond
d’
optimisme qui attend que les choses s’arrangent ? Il n’y a aucune rais
8691
le feu s’ils sont amalgamés dans un récipient. L’
Europe
est un récipient rempli de cette sorte de composés chimiques. Ça met
8692
ns un récipient. L’Europe est un récipient rempli
de
cette sorte de composés chimiques. Ça met le feu ; que diable ! Prene
8693
. L’Europe est un récipient rempli de cette sorte
de
composés chimiques. Ça met le feu ; que diable ! Prenez-en votre part
8694
e ! Prenez-en votre parti ! 18 décembre 1912. — L’
Europe
, ce cimetière, est peuplée par des peuples qui chantent avant d’aller
8695
e, est peuplée par des peuples qui chantent avant
d’
aller s’entretuer. Les Français et les Allemands chanteront bientôt.
8696
Allemands chanteront bientôt. Sorel, désespérant
de
« cette Europe qui est la terre-type du malheur de l’humanité », et r
8697
hanteront bientôt. Sorel, désespérant de « cette
Europe
qui est la terre-type du malheur de l’humanité », et réinventant le m
8698
e « cette Europe qui est la terre-type du malheur
de
l’humanité », et réinventant le mot d’Ivan Karamazov sur le « cimetiè
8699
du malheur de l’humanité », et réinventant le mot
d’
Ivan Karamazov sur le « cimetière européen263 », fut sans doute l’obse
8700
, fut sans doute l’observateur le plus pessimiste
de
la fatalité nationaliste ; et c’est à lui que 1914 donna raison. Car
8701
na raison. Car 1914 sonna le glas du rôle mondial
de
l’Europe des nations. Cette catastrophe fut déclenchée dans l’allégre
8702
ison. Car 1914 sonna le glas du rôle mondial de l’
Europe
des nations. Cette catastrophe fut déclenchée dans l’allégresse de na
8703
ette catastrophe fut déclenchée dans l’allégresse
de
nationalismes pimpants, « fleur au fusil », dans l’inconscience génér
8704
, dans l’inconscience générale du véritable enjeu
de
la guerre. Car en 1914, ainsi que l’écrira plus tard Jules Romains :
8705
s autres n’avaient présents à l’esprit le miracle
de
ce continent, ni le miracle plus fragile encore qu’était sa chance da
8706
le encore qu’était sa chance dans le monde. Cette
Europe
, la leur, devenue mère ou tutrice de tous les peuples, source des pen
8707
e. Cette Europe, la leur, devenue mère ou tutrice
de
tous les peuples, source des pensées et des inventions, détentrice de
8708
qu’un chant national, qu’un dialecte, qu’un tracé
de
frontière, qu’un nom de bataille à inscrire sur un socle, qu’un gisem
8709
’un dialecte, qu’un tracé de frontière, qu’un nom
de
bataille à inscrire sur un socle, qu’un gisement de phosphates, qu’un
8710
bataille à inscrire sur un socle, qu’un gisement
de
phosphates, qu’une statistique du tonnage comparé, que le plaisir d’h
8711
ne statistique du tonnage comparé, que le plaisir
d’
humilier le voisin.264 Il nous plaît de citer ici cette page de l’un
8712
plaisir d’humilier le voisin.264 Il nous plaît
de
citer ici cette page de l’un des rares auteurs français vivants qui a
8713
oisin.264 Il nous plaît de citer ici cette page
de
l’un des rares auteurs français vivants qui aient eu le courage et la
8714
is vivants qui aient eu le courage et la lucidité
de
militer pour une Europe unie, — Europe, mon pays que j’ai voulu chant
8715
eu le courage et la lucidité de militer pour une
Europe
unie, — Europe, mon pays que j’ai voulu chanter ! — tout au long d’un
8716
et la lucidité de militer pour une Europe unie, —
Europe
, mon pays que j’ai voulu chanter ! — tout au long d’une œuvre importa
8717
mon pays que j’ai voulu chanter ! — tout au long
d’
une œuvre importante qui s’étend du poème intitulé « Europe », publié
8718
œuvre importante qui s’étend du poème intitulé «
Europe
», publié en 1915, jusqu’à des campagnes de presse en faveur de la CE
8719
« Europe », publié en 1915, jusqu’à des campagnes
de
presse en faveur de la CED, en passant par la suite romanesque des Ho
8720
ED, en passant par la suite romanesque des Hommes
de
Bonne Volonté. En pleine guerre des nations, Romains avait lancé un p
8721
ons, Romains avait lancé un pamphlet : Pour que l’
Europe
soit, dont l’écho fut vite étouffé par les clameurs du chauvinisme cé
8722
sacrée. Même sort ou pire, fut réservé aux appels
d’
un Romain Rolland qui, dès septembre 1914, en publiant son pamphlet Au
8723
eptembre 1914, en publiant son pamphlet Au-dessus
de
la mêlée, avait eu l’intuition du crime contre l’Europe et contre la
8724
la mêlée, avait eu l’intuition du crime contre l’
Europe
et contre la civilisation, où les peuples avaient été conduits par la
8725
les peuples avaient été conduits par la politique
de
leurs gouvernements et la faillite des puissances chargées de défendr
8726
vernements et la faillite des puissances chargées
de
défendre la paix : socialisme et christianisme.265 La renaissance d
8727
et christianisme.265 La renaissance des projets
d’
union date des lendemains de la Première Guerre mondiale. Et la naissa
8728
naissance des projets d’union date des lendemains
de
la Première Guerre mondiale. Et la naissance d’une action politique,
8729
s de la Première Guerre mondiale. Et la naissance
d’
une action politique, économique et culturelle pour faire de ces proje
8730
on politique, économique et culturelle pour faire
de
ces projets une réalité date du lendemain de la Seconde Guerre mondia
8731
aire de ces projets une réalité date du lendemain
de
la Seconde Guerre mondiale. Il fallait toucher le fond, c’est fait. L
8732
ndiale. Il fallait toucher le fond, c’est fait. L’
Europe
unie naît à l’histoire parmi les ruines de sa dernière grande guerre
8733
L’Europe unie naît à l’histoire parmi les ruines
de
sa dernière grande guerre civile. Et nous allons voir les prophètes d
8734
guerre civile. Et nous allons voir les prophètes
de
sa décadence finale controuvés par les faits et réfutés par une génér
8735
Nietzsche va plus loin : il prévoit la nécessité
d’
un Marché commun européen : « Au-delà de toutes ces guerres nationales
8736
loin : il prévoit la nécessité d’un Marché commun
européen
: « Au-delà de toutes ces guerres nationales, de ces « empires » et d
8737
nécessité d’un Marché commun européen : « Au-delà
de
toutes ces guerres nationales, de ces « empires » et de ce qui occupe
8738
éen : « Au-delà de toutes ces guerres nationales,
de
ces « empires » et de ce qui occupe le premier plan, je vois plus loi
8739
tes ces guerres nationales, de ces « empires » et
de
ce qui occupe le premier plan, je vois plus loin. Ce qui m’importe, c
8740
lan, je vois plus loin. Ce qui m’importe, c’est l’
Europe
une, et je la vois se préparer lentement, d’une manière hésitante. Ch
8741
’Europe une, et je la vois se préparer lentement,
d’
une manière hésitante. Chez tous les esprits étendus et profonds de ce
8742
itante. Chez tous les esprits étendus et profonds
de
ce siècle, l’œuvre commune de l’âme a consisté à préparer, à supputer
8743
étendus et profonds de ce siècle, l’œuvre commune
de
l’âme a consisté à préparer, à supputer et à anticiper cette nouvelle
8744
pputer et à anticiper cette nouvelle synthèse : l’
Européen
de l’avenir. Ce ne fut qu’une fois devenus vieux, ou aux heures de fa
8745
à anticiper cette nouvelle synthèse : l’Européen
de
l’avenir. Ce ne fut qu’une fois devenus vieux, ou aux heures de faibl
8746
e ne fut qu’une fois devenus vieux, ou aux heures
de
faiblesse, qu’ils retombèrent dans l’étroitesse nationale et devinren
8747
e qui éveille et forme dans ces esprits le besoin
d’
une unité nouvelle, ou déjà les besoins nouveaux de cette nouvelle uni
8748
’une unité nouvelle, ou déjà les besoins nouveaux
de
cette nouvelle unité, il faut placer un grand fait économique qui écl
8749
économiquement intenables, à bref délai, du fait
de
la tendance absolue du grand trafic et du grand commerce à dépasser t
8750
-delà le bien et le mal, § 208. 259. Ibid., fin
de
l’avant-propos. 260. Volonté de Puissance, III, 3. 261. « Zucht un
8751
59. Ibid., fin de l’avant-propos. 260. Volonté
de
Puissance, III, 3. 261. « Zucht und Züchtung », III, « Die ewige Wie
8752
e ewige Wiederkunft ». 262. Jean Variot : Propos
de
Georges Sorel, Paris, 1935. 263. Cf., p. 288. 264. Jules Romains, L
8753
263. Cf., p. 288. 264. Jules Romains, Les Hommes
de
Bonne Volonté, vol. XIV, p. 293-4. 265. Romain Rolland, Journal des
8754
. 293-4. 265. Romain Rolland, Journal des années
de
guerre, p. 735.
8755
onalistes accumulées depuis un siècle, l’incendie
de
1914 ne fut éteint, provisoirement, qu’avec l’aide des Américains et
8756
provisoirement, qu’avec l’aide des Américains et
de
forts contingents recrutés en Asie, en Australie et en Afrique. Appel
8757
en Australie et en Afrique. Appelés à nous tirer
de
nos décombres, ils le firent, librement ou non, puis s’en retournèren
8758
ux, sans insister, mais édifiés sur notre compte.
D’
une expérience durement acquise de la réalité européenne, les uns conc
8759
r notre compte. D’une expérience durement acquise
de
la réalité européenne, les uns conclurent qu’ils pourraient désormais
8760
. D’une expérience durement acquise de la réalité
européenne
, les uns conclurent qu’ils pourraient désormais s’approprier nos forc
8761
s s’approprier nos forces matérielles et certains
de
nos principes politiques, quitte à les retourner contre nous profitan
8762
ues, quitte à les retourner contre nous profitant
de
nos faiblesses morales et de nos désunions passionnées : ainsi pensèr
8763
ontre nous profitant de nos faiblesses morales et
de
nos désunions passionnées : ainsi pensèrent aussi les Soviétiques ; d
8764
; d’autres conclurent que le nationalisme, cause
de
nos ruines, devait être enfin surmonté, mais à l’échelle de l’arbitra
8765
nes, devait être enfin surmonté, mais à l’échelle
de
l’arbitrage mondial, c’est-à-dire à l’échelle des troubles que l’Euro
8766
dial, c’est-à-dire à l’échelle des troubles que l’
Europe
venait de fomenter. Quant aux hommes politiques européens, loin de cr
8767
e venait de fomenter. Quant aux hommes politiques
européens
, loin de croire au Monde, à ses menaces, à ses besoins et aux mesures
8768
s pour y répondre, donc loin de mesurer l’ampleur
de
notre crise, ils marquèrent leur « victoire » par des Traités qui dev
8769
raités qui devaient aggraver les causes du mal. L’
Europe
ne comptait en 1914 pas moins de vingt nations souveraines. Après les
8770
es du mal. L’Europe ne comptait en 1914 pas moins
de
vingt nations souveraines. Après les Traités de Versailles, Trianon e
8771
s de vingt nations souveraines. Après les Traités
de
Versailles, Trianon et St-Germain, elle en compta trente et une (plus
8772
et les mieux dénoncés par Renan et par Nietzsche)
d’
un nationalisme scolaire. Le problème des colonies ne fut pas posé : e
8773
er en prime aux nations déclarées victorieuses en
Europe
! Les yeux tournés vers un xixe siècle dont ils poussaient jusqu’à l
8774
les auteurs des Traités posèrent ainsi les bases
de
l’échec de la Société des Nations et du succès des entreprises totali
8775
s des Traités posèrent ainsi les bases de l’échec
de
la Société des Nations et du succès des entreprises totalitaires, d’o
8776
ations et du succès des entreprises totalitaires,
d’
où devait résulter la Deuxième Guerre mondiale. Paul Valéry les juge
8777
Guerre mondiale. Paul Valéry les juge ainsi : L’
Europe
avait en soi de quoi ordonner à des fins européennes le reste du mond
8778
ul Valéry les juge ainsi : L’Europe avait en soi
de
quoi ordonner à des fins européennes le reste du monde. Elle avait de
8779
L’Europe avait en soi de quoi ordonner à des fins
européennes
le reste du monde. Elle avait des moyens invincibles et les hommes qu
8780
u-dessous de ceux-ci étaient ceux qui disposaient
d’
elle. Ils étaient nourris du passé ; ils n’ont su faire que du passé.
8781
; ils n’ont su faire que du passé. Ses querelles
de
clocher ont fait perdre à l’Europe cette immense occasion dont elle n
8782
ssé. Ses querelles de clocher ont fait perdre à l’
Europe
cette immense occasion dont elle ne s’est même pas douté en temps uti
8783
isin et à raisonner sur l’instant. Les misérables
Européens
ont mieux aimé jouer aux Armagnacs et aux Bourguignons que de prendre
8784
aimé jouer aux Armagnacs et aux Bourguignons que
de
prendre sur la terre le grand rôle que les Romains surent prendre et
8785
.266 Mais dans le même temps, quelques penseurs
d’
un type nouveau essayaient de regarder la réalité de l’Europe, négligé
8786
s, quelques penseurs d’un type nouveau essayaient
de
regarder la réalité de l’Europe, négligée par les réalistes. Tenant c
8787
un type nouveau essayaient de regarder la réalité
de
l’Europe, négligée par les réalistes. Tenant compte à la fois de l’hi
8788
pe nouveau essayaient de regarder la réalité de l’
Europe
, négligée par les réalistes. Tenant compte à la fois de l’histoire, d
8789
gligée par les réalistes. Tenant compte à la fois
de
l’histoire, de la sociologie, des arts, des sciences nouvelles, de la
8790
réalistes. Tenant compte à la fois de l’histoire,
de
la sociologie, des arts, des sciences nouvelles, de la morale et de l
8791
la sociologie, des arts, des sciences nouvelles,
de
la morale et de la politique, ils tentaient d’estimer nos chances. Il
8792
des arts, des sciences nouvelles, de la morale et
de
la politique, ils tentaient d’estimer nos chances. Ils les jugeaient
8793
s, de la morale et de la politique, ils tentaient
d’
estimer nos chances. Ils les jugeaient avec raison fort compromises. E
8794
ses ne les écouteraient, ils se donnaient le luxe
de
prévoir le pire, surcompensant par une lucidité désespérée le cynisme
8795
et la naïveté qui dominaient en fait l’évolution
de
l’histoire. Le premier d’entre eux fut Spengler. Il est remarquable q
8796
Il est remarquable que le titre du grand ouvrage
d’
Oswald Spengler (1880-1936), ait été trouvé par l’auteur dès 1912 : Le
8797
ait été trouvé par l’auteur dès 1912 : Le Déclin
de
l’Occident. Le sentiment de notre décadence aura donc précédé chez le
8798
dès 1912 : Le Déclin de l’Occident. Le sentiment
de
notre décadence aura donc précédé chez les meilleurs esprits cet évén
8799
C’est à ce titre que Spengler doit le plus clair
de
sa célébrité, dans un public immense qui souvent ne l’a pas lu, mais
8800
l prévoit notre déclin. Qu’en est-il, en réalité,
de
ce livre qui a fait époque ? Par son recours effervescent aux analogi
8801
lanétaires et millénaires, portant sur les formes
d’
art les plus variées et sur les civilisations les plus lointaines, il
8802
ntisme allemand, et préfigure le Musée imaginaire
d’
André Malraux. Par son recours à la comparaison des lois cycliques de
8803
r son recours à la comparaison des lois cycliques
de
formation, d’essor, d’apogée et de déclin des cultures et des civilis
8804
à la comparaison des lois cycliques de formation,
d’
essor, d’apogée et de déclin des cultures et des civilisations, il con
8805
araison des lois cycliques de formation, d’essor,
d’
apogée et de déclin des cultures et des civilisations, il continue Heg
8806
lois cycliques de formation, d’essor, d’apogée et
de
déclin des cultures et des civilisations, il continue Hegel et préfig
8807
ples sont contestables, surtout quand il les tire
d’
une actualité que nous voyons déjà périmée. (Il déclare, en 1917, que
8808
jà périmée. (Il déclare, en 1917, que la peinture
de
plein air — alors « moderne » — « n’est pas faite pour le peuple » ;
8809
ur la vraie peinture et oppose à l’art abstrait.)
D’
une entreprise aussi vaste que la sienne, qui se donne d’innombrables
8810
ntreprise aussi vaste que la sienne, qui se donne
d’
innombrables possibilités de « vérifier » ses thèses par des exemples
8811
sienne, qui se donne d’innombrables possibilités
de
« vérifier » ses thèses par des exemples prestigieux — soit que chacu
8812
oit le premier à les signaler — retenons un style
de
pensée qui a fait école, et un parti pris pessimiste qui a fourni ses
8813
s références à toute une époque. Ses entrevisions
d’
un avenir césarien, noyant le pouvoir de l’argent dans le « sang », c’
8814
revisions d’un avenir césarien, noyant le pouvoir
de
l’argent dans le « sang », c’est-à-dire dans une éruption des forces
8815
dire dans une éruption des forces instinctives et
de
la volonté de puissance ont été réalisées par Hitler beaucoup plus tô
8816
éruption des forces instinctives et de la volonté
de
puissance ont été réalisées par Hitler beaucoup plus tôt qu’il ne le
8817
te un des témoins les plus sincères et importants
de
l’aventure occidentale au xxe siècle. Ses deux maîtres sont Goethe e
8818
e (abusivement peut-être) une théorie organiciste
de
la culture : chaque culture serait comparable à une plante, à un anim
8819
orté ses fruits. Du second il retient une manière
de
regarder en face les catastrophes et d’aimer le destin qu’on ne peut
8820
e manière de regarder en face les catastrophes et
d’
aimer le destin qu’on ne peut infléchir. Mais pour autant, il ne veut
8821
autant, il ne veut pas renoncer au mythe faustien
de
l’individu actif et créateur… Voici deux pages qui illustrent bien le
8822
eux pages qui illustrent bien les thèmes centraux
de
cet énorme ouvrage. Organicisme : comme les nations, selon Hegel, le
8823
moment où une grande âme se réveille, se détache
de
l’état psychique primaire d’éternelle enfance humaine, forme issue de
8824
réveille, se détache de l’état psychique primaire
d’
éternelle enfance humaine, forme issue de l’informe, limite et caducit
8825
primaire d’éternelle enfance humaine, forme issue
de
l’informe, limite et caducité sorties de l’infini et de la durée. Ell
8826
me issue de l’informe, limite et caducité sorties
de
l’infini et de la durée. Elle croît sur le sol d’un paysage exactemen
8827
nforme, limite et caducité sorties de l’infini et
de
la durée. Elle croît sur le sol d’un paysage exactement délimitable a
8828
de l’infini et de la durée. Elle croît sur le sol
d’
un paysage exactement délimitable auquel elle reste liée comme la plan
8829
ture meurt quand l’âme a réalisé la somme entière
de
ses possibilités sous la forme de peuples, de langues, de doctrines r
8830
a somme entière de ses possibilités sous la forme
de
peuples, de langues, de doctrines religieuses, d’arts, d’États, de sc
8831
ère de ses possibilités sous la forme de peuples,
de
langues, de doctrines religieuses, d’arts, d’États, de sciences, et r
8832
ossibilités sous la forme de peuples, de langues,
de
doctrines religieuses, d’arts, d’États, de sciences, et retourne ains
8833
de peuples, de langues, de doctrines religieuses,
d’
arts, d’États, de sciences, et retourne ainsi à l’état psychique prima
8834
es, de langues, de doctrines religieuses, d’arts,
d’
États, de sciences, et retourne ainsi à l’état psychique primaire. Mai
8835
ngues, de doctrines religieuses, d’arts, d’États,
de
sciences, et retourne ainsi à l’état psychique primaire. Mais son êtr
8836
primaire. Mais son être vivant, cette succession
de
grandes époques qui marquent à grands traits précis son accomplisseme
8837
lutte très intime et passionnée pour la conquête
de
l’idée sur les puissances extérieures du chaos et sur l’instinct où c
8838
eulement l’artiste qui lutte contre la résistance
de
la matière et contre la destruction de l’idée en lui. Chaque culture
8839
résistance de la matière et contre la destruction
de
l’idée en lui. Chaque culture se trouve dans un rapport profondément
8840
anisme, byzantinisme, mandarinisme. C’est le sens
de
tous les déclins dans l’histoire — le sens de l’accomplissement intér
8841
ens de tous les déclins dans l’histoire — le sens
de
l’accomplissement intérieur et extérieur, celui de la fin qui menace
8842
e l’accomplissement intérieur et extérieur, celui
de
la fin qui menace toutes les cultures vivantes ; — parmi ces déclins,
8843
es ; — parmi ces déclins, le plus distinct, celui
de
« l’antiquité », s’étale à grands traits sous nos yeux, tandis qu’en
8844
vons clairement à la trace les premiers symptômes
de
notre événement, absolument semblable au premier par son cours et sa
8845
miers siècles du prochain millénaire, le « déclin
de
l’Occident ».267 Amor fati : si tu veux prévenir le désastre, il t
8846
loi ; mieux même : à la vouloir, dernier recours
de
ton étroite liberté : Une puissance ne peut être détruite que par un
8847
autre, non par un principe, et il n’y en a point
d’
autre contre l’argent. L’argent ne sera dominé que par le sang et supp
8848
ujours et uniquement la vie, la race, la victoire
de
la volonté de puissance, non celle des vérités, des inventions ou de
8849
uement la vie, la race, la victoire de la volonté
de
puissance, non celle des vérités, des inventions ou de l’argent. L’hi
8850
issance, non celle des vérités, des inventions ou
de
l’argent. L’histoire universelle est le tribunal universel : elle a t
8851
nné à la vie plus forte, plus complète, plus sûre
d’
elle-même, le droit à l’existence, dût-il ne pas être un droit pour l’
8852
la justice plus que la puissance. Ainsi le drame
d’
une haute culture, tout ce monde merveilleux de divinités, d’arts, de
8853
me d’une haute culture, tout ce monde merveilleux
de
divinités, d’arts, de pensées, de batailles, de villes, se termine en
8854
culture, tout ce monde merveilleux de divinités,
d’
arts, de pensées, de batailles, de villes, se termine encore par les f
8855
, tout ce monde merveilleux de divinités, d’arts,
de
pensées, de batailles, de villes, se termine encore par les faits élé
8856
nde merveilleux de divinités, d’arts, de pensées,
de
batailles, de villes, se termine encore par les faits élémentaux du s
8857
x de divinités, d’arts, de pensées, de batailles,
de
villes, se termine encore par les faits élémentaux du sang éternel qu
8858
estin a placés dans cette culture, et à ce moment
de
son devenir, où l’argent célèbre ses dernières victoires et où son hé
8859
roche doucement et irrésistiblement, la direction
de
notre vouloir et de notre devoir — hors desquels la vie n’a pas de se
8860
rrésistiblement, la direction de notre vouloir et
de
notre devoir — hors desquels la vie n’a pas de sens — est par là même
8861
et de notre devoir — hors desquels la vie n’a pas
de
sens — est par là même tracée dans un cercle étroitement circonscrit.
8862
oitement circonscrit. Nous n’avons pas la liberté
de
choisir le point à atteindre, mais celle de faire le nécessaire ou ri
8863
berté de choisir le point à atteindre, mais celle
de
faire le nécessaire ou rien. Et un problème que la nécessité historiq
8864
ière Guerre mondiale et terminé en 1917, le livre
de
Spengler fut en réalité un ouvrage d’anticipation : il révélait les c
8865
7, le livre de Spengler fut en réalité un ouvrage
d’
anticipation : il révélait les causes des catastrophes à venir. Dès 19
8866
nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler
de
mondes disparus tout entiers, d’empires coulés à pic avec tous leurs
8867
s entendu parler de mondes disparus tout entiers,
d’
empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; des
8868
urs symbolistes, leurs critiques et les critiques
de
leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est f
8869
vions bien que toute la terre apparente est faite
de
cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions à tra
8870
que chose. Nous apercevions à travers l’épaisseur
de
l’histoire, les fantômes d’immenses navires qui furent chargés de ric
8871
à travers l’épaisseur de l’histoire, les fantômes
d’
immenses navires qui furent chargés de richesse et d’esprit. Nous ne p
8872
es fantômes d’immenses navires qui furent chargés
de
richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces nauf
8873
mmenses navires qui furent chargés de richesse et
d’
esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, après to
8874
as notre affaire. Elam, Ninive, Babylone étaient
de
beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu d
8875
étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale
de
ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existe
8876
ais France, Angleterre, Russie… ce seraient aussi
de
beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenan
8877
n beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme
de
l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une ci
8878
vie. Les circonstances qui enverraient les œuvres
de
Keats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne son
8879
ces qui enverraient les œuvres de Keats et celles
de
Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plus du tout inco
8880
eats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres
de
Ménandre ne sont plus du tout inconcevables : elles sont dans les jou
8881
érir. Un frisson extraordinaire a couru la moelle
de
l’Europe. Elle a senti, par tous ses noyaux pensants qu’elle ne se re
8882
Un frisson extraordinaire a couru la moelle de l’
Europe
. Elle a senti, par tous ses noyaux pensants qu’elle ne se reconnaissa
8883
qu’elle ne se reconnaissait plus, qu’elle cessait
de
se ressembler, qu’elle allait perdre conscience — une conscience acqu
8884
nscience — une conscience acquise par des siècles
de
malheurs supportables, par des milliers d’hommes du premier ordre, pa
8885
iècles de malheurs supportables, par des milliers
d’
hommes du premier ordre, par des chances géographiques, ethniques, his
8886
brables. Alors, comme pour une défense désespérée
de
son être et de son avoir physiologiques, toute sa mémoire lui est rev
8887
comme pour une défense désespérée de son être et
de
son avoir physiologiques, toute sa mémoire lui est revenue confusémen
8888
onaux… Et dans le même désordre mental, à l’appel
de
la même angoisse, l’Europe cultivée a subi la reviviscence rapide de
8889
désordre mental, à l’appel de la même angoisse, l’
Europe
cultivée a subi la reviviscence rapide de ses innombrables pensées :
8890
, l’Europe cultivée a subi la reviviscence rapide
de
ses innombrables pensées : dogmes, philosophies, idéaux hétérogènes ;
8891
es, idéaux hétérogènes ; les trois-cents manières
d’
expliquer le Monde, les mille et une nuances du christianisme, les deu
8892
une nuances du christianisme, les deux douzaines
de
positivismes : tout le spectre de la lumière intellectuelle a étalé s
8893
deux douzaines de positivismes : tout le spectre
de
la lumière intellectuelle a étalé ses couleurs incompatibles, éclaira
8894
lle a étalé ses couleurs incompatibles, éclairant
d’
une étrange lueur contradictoire l’agonie de l’âme européenne. … Maint
8895
irant d’une étrange lueur contradictoire l’agonie
de
l’âme européenne. … Maintenant, sur une immense terrasse d’Elsinore,
8896
ne étrange lueur contradictoire l’agonie de l’âme
européenne
. … Maintenant, sur une immense terrasse d’Elsinore, qui va de Bâle à
8897
uropéenne. … Maintenant, sur une immense terrasse
d’
Elsinore, qui va de Bâle à Cologne, qui touche aux sables de Nieuport,
8898
nant, sur une immense terrasse d’Elsinore, qui va
de
Bâle à Cologne, qui touche aux sables de Nieuport, aux marais de la S
8899
, qui va de Bâle à Cologne, qui touche aux sables
de
Nieuport, aux marais de la Somme, aux craies de Champagne, aux granit
8900
ne, qui touche aux sables de Nieuport, aux marais
de
la Somme, aux craies de Champagne, aux granits d’Alsace, — l’Hamlet e
8901
s de Nieuport, aux marais de la Somme, aux craies
de
Champagne, aux granits d’Alsace, — l’Hamlet européen regarde des mill
8902
de la Somme, aux craies de Champagne, aux granits
d’
Alsace, — l’Hamlet européen regarde des millions de spectres. Mais il
8903
es de Champagne, aux granits d’Alsace, — l’Hamlet
européen
regarde des millions de spectres. Mais il est un Hamlet intellectuel.
8904
’Alsace, — l’Hamlet européen regarde des millions
de
spectres. Mais il est un Hamlet intellectuel. Il médite sur la vie et
8905
t des vérités. Il a pour fantômes tous les objets
de
nos controverses ; il a pour remords tous les titres de notre gloire
8906
controverses ; il a pour remords tous les titres
de
notre gloire ; il est accablé sous le poids des découvertes, des conn
8907
ids des découvertes, des connaissances, incapable
de
se reprendre à cette activité illimitée. Il songe à l’ennui de recomm
8908
re à cette activité illimitée. Il songe à l’ennui
de
recommencer le passé, à la folie de vouloir innover toujours. Il chan
8909
nge à l’ennui de recommencer le passé, à la folie
de
vouloir innover toujours. Il chancelle entre les deux abîmes, car deu
8910
ntre les deux abîmes, car deux dangers ne cessent
de
menacer le monde : l’ordre et le désordre. S’il saisit un crâne, c’es
8911
e volant n’a pas précisément servi les intentions
de
l’inventeur : nous savons que l’homme volant monté sur son grand cygn
8912
uccello sopra del dosso del suo magnio cecero) a,
de
nos jours, d’autres emplois que d’aller prendre de la neige à la cime
8913
nio cecero) a, de nos jours, d’autres emplois que
d’
aller prendre de la neige à la cime des monts pour la jeter, pendant l
8914
e nos jours, d’autres emplois que d’aller prendre
de
la neige à la cime des monts pour la jeter, pendant les jours de chal
8915
a cime des monts pour la jeter, pendant les jours
de
chaleur, sur le pavé des villes… Et cet autre crâne est celui de Leib
8916
le pavé des villes… Et cet autre crâne est celui
de
Leibniz qui rêva de la paix universelle. Et celui-ci fut Kant, Kant q
8917
Et cet autre crâne est celui de Leibniz qui rêva
de
la paix universelle. Et celui-ci fut Kant, Kant qui genuit Hegel, qui
8918
t Marx, qui genuit… Hamlet ne sait trop que faire
de
tous ces crânes. Mais s’il les abandonne !… Va-t-il cesser d’être lui
8919
crânes. Mais s’il les abandonne !… Va-t-il cesser
d’
être lui-même ? Son esprit affreusement clairvoyant contemple le passa
8920
rit affreusement clairvoyant contemple le passage
de
la guerre à la paix. Ce passage est plus obscur, plus dangereux que l
8921
ge est plus obscur, plus dangereux que le passage
de
la paix à la guerre ; tous les peuples en sont troublés. « Et moi, se
8922
nt troublés. « Et moi, se dit-il, moi l’intellect
européen
, que vais-je devenir ? Et qu’est-ce que la paix ? La paix est, peut-ê
8923
destructions comme fait la guerre. C’est le temps
d’
une concurrence créatrice, et de la lutte des productions. Mais Moi, n
8924
e. C’est le temps d’une concurrence créatrice, et
de
la lutte des productions. Mais Moi, ne suis-je pas fatigué de produir
8925
des productions. Mais Moi, ne suis-je pas fatigué
de
produire ? N’ai-je pas épuisé le désir des tentatives extrêmes et n’a
8926
pas abusé des savants mélanges ? Faut-il laisser
de
côté mes devoirs difficiles et mes ambitions transcendantes ? Dois-je
8927
se ? — Adieu, fantômes ! Le monde n’a plus besoin
de
vous. Ni de moi. Le monde, qui baptise du nom de progrès sa tendance
8928
, fantômes ! Le monde n’a plus besoin de vous. Ni
de
moi. Le monde, qui baptise du nom de progrès sa tendance à une précis
8929
de vous. Ni de moi. Le monde, qui baptise du nom
de
progrès sa tendance à une précision fatale, cherche à unir aux bienfa
8930
ne précision fatale, cherche à unir aux bienfaits
de
la vie, les avantages de la mort. Une certaine confusion règne encore
8931
che à unir aux bienfaits de la vie, les avantages
de
la mort. Une certaine confusion règne encore, mais encore un peu de t
8932
ircira ; nous verrons enfin apparaître le miracle
d’
une société animale, une parfaite et définitive fourmilière ».269 Da
8933
Dans le même temps — à mi-chemin, entre l’année
de
la rédaction des fameuses lettres de Paul Valéry et l’année de leur p
8934
ntre l’année de la rédaction des fameuses lettres
de
Paul Valéry et l’année de leur publication — une jeune diplomate suis
8935
on des fameuses lettres de Paul Valéry et l’année
de
leur publication — une jeune diplomate suisse promis à une grande car
8936
nsthal, quelques pages prophétiques sur le destin
de
l’Europe270 : Ces semaines en Italie ont modifié pour moi bien des p
8937
es. À Bologne, quelqu’un m’a dit : « Vous êtes un
Européen
. » Tandis que ma voiture gravissait le Saint-Gothard, je réfléchissai
8938
le Saint-Gothard, je réfléchissais à ce qu’est un
Européen
. En êtes-vous un ? Avez-vous le courage d’être aujourd’hui encore — o
8939
Européen. En êtes-vous un ? Avez-vous le courage
d’
être aujourd’hui encore — ou de nouveau — un Européen ? N’est-ce pas l
8940
ge d’être aujourd’hui encore — ou de nouveau — un
Européen
? N’est-ce pas là un état qui, partout et toujours, relève du passé ?
8941
ujours, relève du passé ? N’était-ce pas l’espoir
de
la chrétienté de jadis ? Car l’humanisme, l’héritage des Grecs, ont-i
8942
passé ? N’était-ce pas l’espoir de la chrétienté
de
jadis ? Car l’humanisme, l’héritage des Grecs, ont-ils jamais été plu
8943
ne lie ? Peut-être êtes-vous le dernier véritable
Européen
. Oui, il aurait pu y avoir une Europe, une convergence des essences g
8944
véritable Européen. Oui, il aurait pu y avoir une
Europe
, une convergence des essences germano- hispano-italo-slaves avec l’es
8945
pano-italo-slaves avec l’essence slave comme note
de
basse profonde. Une fédération ne se conçoit que sous le dénominateur
8946
ion ne se conçoit que sous le dénominateur commun
d’
une forte pensée de base, d’une conviction. Or, elles font défaut. Un
8947
ue sous le dénominateur commun d’une forte pensée
de
base, d’une conviction. Or, elles font défaut. Un danger commun, comm
8948
e dénominateur commun d’une forte pensée de base,
d’
une conviction. Or, elles font défaut. Un danger commun, comme jadis l
8949
, résolu, même le danger. Dans toutes les parties
de
la monarchie, vos compatriotes ont été gagnés par le nationalisme ; c
8950
es naturelles et le romantisme, l’idée romantisée
de
la Révolution française y ont contribué, indirectement dirigés contre
8951
tellectuels autrichiens, ces opportunistes dénués
de
flair, qui auraient pu entraver ce processus. Chez nous, en Suisse ?
8952
ant des affinités avec l’Allemagne, à l’exclusion
de
tout nationalisme. Gotthelf, Keller, Meyer, Jacob Burckhardt se sont
8953
on politiquement. Mais ils se sont déjà détournés
de
l’Allemagne des années 48, et n’ont plus rien voulu avoir de commun a
8954
gne des années 48, et n’ont plus rien voulu avoir
de
commun avec le Reich de Bismarck, modelé en si grande partie sur le p
8955
ont plus rien voulu avoir de commun avec le Reich
de
Bismarck, modelé en si grande partie sur le prototype français du xvi
8956
siècle. Le dernier fédéraliste global, et citoyen
d’
un monde polyphonique où antiquité et christianisme s’amalgament en un
8957
cours. En lui le sanctum Imperium réduit à l’état
d’
ombre, est devenu une réalité. Quant au message de Herder, c’est préci
8958
d’ombre, est devenu une réalité. Quant au message
de
Herder, c’est précisément contre son esprit que la majorité du peuple
8959
on esprit que la majorité du peuple allemand, née
de
la défaite, est en révolte. On ne peut qu’attendre, et si possible du
8960
iode, mais il faudra attendre longtemps que cesse
de
résonner la note nationaliste. C’est un état d’hypnose, il gagne de p
8961
e de résonner la note nationaliste. C’est un état
d’
hypnose, il gagne de plus en plus les esprits autour de lui, tout est
8962
es et les grandes chimères… Peut-être les progrès
de
la technique amorceront-ils, dès ce siècle, une sorte d’organisation
8963
echnique amorceront-ils, dès ce siècle, une sorte
d’
organisation mondiale. Pour l’instant, il semble néanmoins que le mond
8964
e croulerait plutôt que l’une des grandes nations
européennes
renonce à son exigence de primauté. « Les grandes puissances », « le
8965
randes nations européennes renonce à son exigence
de
primauté. « Les grandes puissances », « le concert des puissances »,
8966
ussi quelque jour l’occupation. Encore une guerre
européenne
fratricide, et l’on en sera au point où nous ne pourrons plus que con
8967
Sont-ils donc si peu nombreux, les gens capables
de
lire l’inscription sur le mur que tracent notre art et notre musique
8968
ique actuels ? Si peu nombreux, les gens capables
de
méditer sur la mort de la mélodie profondément européenne ? Il n’est
8969
ombreux, les gens capables de méditer sur la mort
de
la mélodie profondément européenne ? Il n’est pas de retour en arrièr
8970
de méditer sur la mort de la mélodie profondément
européenne
? Il n’est pas de retour en arrière possible, rien n’est jamais récup
8971
la mélodie profondément européenne ? Il n’est pas
de
retour en arrière possible, rien n’est jamais récupéré de ce qui fut
8972
r en arrière possible, rien n’est jamais récupéré
de
ce qui fut perdu ; mais qui demeurera fidèle et supportera de rester
8973
t perdu ; mais qui demeurera fidèle et supportera
de
rester seul, ressuscitera peut-être un jour, en des temps très lointa
8974
, en des temps très lointains. C’est là le secret
de
toutes les Renaissances. Peut-être, après de lourdes défaites et des
8975
cret de toutes les Renaissances. Peut-être, après
de
lourdes défaites et des dévastations, le grain semé germera-t-il à no
8976
ol profondément labouré. Demeurer fidèle, secret
de
toutes les Renaissances… Mais les uns veulent être fidèles à l’humani
8977
libéral, tandis que les autres y voient la source
de
nos maux. Si nous ne sauvons pas les valeurs de liberté, de tolérance
8978
e de nos maux. Si nous ne sauvons pas les valeurs
de
liberté, de tolérance et de libre examen, dit l’un, — si nous ne sauv
8979
x. Si nous ne sauvons pas les valeurs de liberté,
de
tolérance et de libre examen, dit l’un, — si nous ne sauvons pas, au
8980
uvons pas les valeurs de liberté, de tolérance et
de
libre examen, dit l’un, — si nous ne sauvons pas, au contraire, les v
8981
des doctrines catholiques, dit un troisième, — l’
Europe
va périr. Ainsi Thomas Mann (1875-1955) : Dans tout humanisme il y a
8982
75-1955) : Dans tout humanisme il y a un élément
de
faiblesse qui vient de sa répugnance pour tout fanatisme, de sa tolér
8983
e qui vient de sa répugnance pour tout fanatisme,
de
sa tolérance et de son penchant pour un scepticisme indulgent, en un
8984
épugnance pour tout fanatisme, de sa tolérance et
de
son penchant pour un scepticisme indulgent, en un mot de sa bonté nat
8985
penchant pour un scepticisme indulgent, en un mot
de
sa bonté naturelle. Et cela peut, en certaines circonstances, lui dev
8986
virilité et qui serait convaincu que le principe
de
la liberté, de la tolérance et du libre examen n’a pas le droit de se
8987
i serait convaincu que le principe de la liberté,
de
la tolérance et du libre examen n’a pas le droit de se laisser exploi
8988
la tolérance et du libre examen n’a pas le droit
de
se laisser exploiter par le fanatisme sans vergogne de ses ennemis. L
8989
laisser exploiter par le fanatisme sans vergogne
de
ses ennemis. L’humanisme européen est-il devenu incapable d’une résur
8990
natisme sans vergogne de ses ennemis. L’humanisme
européen
est-il devenu incapable d’une résurrection qui rendrait à ses princip
8991
mis. L’humanisme européen est-il devenu incapable
d’
une résurrection qui rendrait à ses principes leur valeur de combat ?
8992
rrection qui rendrait à ses principes leur valeur
de
combat ? S’il n’est pas plus capable de prendre conscience de lui-mêm
8993
ur valeur de combat ? S’il n’est pas plus capable
de
prendre conscience de lui-même, de se préparer à la lutte dans un ren
8994
S’il n’est pas plus capable de prendre conscience
de
lui-même, de se préparer à la lutte dans un renouveau de ses forces v
8995
s plus capable de prendre conscience de lui-même,
de
se préparer à la lutte dans un renouveau de ses forces vitales, alors
8996
même, de se préparer à la lutte dans un renouveau
de
ses forces vitales, alors il périra et avec lui l’Europe, dont le nom
8997
ses forces vitales, alors il périra et avec lui l’
Europe
, dont le nom ne sera plus qu’une expression purement géographique et
8998
hercher dès maintenant un refuge hors du temps et
de
l’espace.271 Or, cet humanisme, précisément, cet idéal européen mod
8999
e.271 Or, cet humanisme, précisément, cet idéal
européen
moderne de la Raison, du Progrès, de la Science et de la Culture, rép
9000
umanisme, précisément, cet idéal européen moderne
de
la Raison, du Progrès, de la Science et de la Culture, répugne à l’Es
9001
idéal européen moderne de la Raison, du Progrès,
de
la Science et de la Culture, répugne à l’Espagnol « suressentiel et q
9002
oderne de la Raison, du Progrès, de la Science et
de
la Culture, répugne à l’Espagnol « suressentiel et quichottesque » qu
9003
uelques phrases son argument, ou plutôt son refus
d’
argumenter, son cri : En deux mots se résume l’ensemble de ce que l’o
9004
ter, son cri : En deux mots se résume l’ensemble
de
ce que l’on demande pour notre pays. Ces deux mots sont européen et m
9005
l’on demande pour notre pays. Ces deux mots sont
européen
et moderne. « Nous devons être européens », « nous devons être modern
9006
mots sont européen et moderne. « Nous devons être
européens
», « nous devons être modernes », « il faut se moderniser », « il fau
9007
aniser », tels sont ces lieux communs… Je ne veux
d’
autre méthode que celle de la passion ; et quand ma poitrine se soulèv
9008
eux communs… Je ne veux d’autre méthode que celle
de
la passion ; et quand ma poitrine se soulève de dégoût, de répugnance
9009
e de la passion ; et quand ma poitrine se soulève
de
dégoût, de répugnance, de pitié ou de mépris, je laisse, débordée par
9010
sion ; et quand ma poitrine se soulève de dégoût,
de
répugnance, de pitié ou de mépris, je laisse, débordée par le cœur, p
9011
ma poitrine se soulève de dégoût, de répugnance,
de
pitié ou de mépris, je laisse, débordée par le cœur, parler la bouche
9012
se soulève de dégoût, de répugnance, de pitié ou
de
mépris, je laisse, débordée par le cœur, parler la bouche et les mots
9013
ommes des charlatans fantaisistes, qui farcissons
de
rhétorique les vides de la logique, qui raffinons avec plus ou moins
9014
taisistes, qui farcissons de rhétorique les vides
de
la logique, qui raffinons avec plus ou moins d’esprit mais sans utili
9015
s de la logique, qui raffinons avec plus ou moins
d’
esprit mais sans utilité aucune, qui manquons du sens de l’enchaînemen
9016
it mais sans utilité aucune, qui manquons du sens
de
l’enchaînement et de la dépendance, des scolastiques, des casuistes,
9017
aucune, qui manquons du sens de l’enchaînement et
de
la dépendance, des scolastiques, des casuistes, etc., etc. J’ai enten
9018
asuistes, etc., etc. J’ai entendu dire des choses
de
ce genre d’Augustin, le grand Africain, âme de feu qui s’épanchait en
9019
c., etc. J’ai entendu dire des choses de ce genre
d’
Augustin, le grand Africain, âme de feu qui s’épanchait en flots de rh
9020
es de ce genre d’Augustin, le grand Africain, âme
de
feu qui s’épanchait en flots de rhétorique, de phrases retorses, d’an
9021
and Africain, âme de feu qui s’épanchait en flots
de
rhétorique, de phrases retorses, d’antithèses, de paradoxes et de sub
9022
me de feu qui s’épanchait en flots de rhétorique,
de
phrases retorses, d’antithèses, de paradoxes et de subtilités. Saint
9023
hait en flots de rhétorique, de phrases retorses,
d’
antithèses, de paradoxes et de subtilités. Saint Augustin fut un gongo
9024
de rhétorique, de phrases retorses, d’antithèses,
de
paradoxes et de subtilités. Saint Augustin fut un gongoriste et conce
9025
e phrases retorses, d’antithèses, de paradoxes et
de
subtilités. Saint Augustin fut un gongoriste et conceptiste en même t
9026
le gongorisme sont les formes les plus naturelles
de
la passion et de la véhémence. Le grand Africain, le grand Africain a
9027
t les formes les plus naturelles de la passion et
de
la véhémence. Le grand Africain, le grand Africain ancien ! Voilà une
9028
: « africain ancien » qui peut s’opposer à celle
d’
« européen moderne » et qui vaut autant qu’elle, pour le moins. Saint
9029
africain ancien » qui peut s’opposer à celle d’«
européen
moderne » et qui vaut autant qu’elle, pour le moins. Saint Augustin e
9030
deux ans, après avoir voyagé dans divers domaines
de
la culture européenne moderne et, seul avec ma conscience, je me dema
9031
s avoir voyagé dans divers domaines de la culture
européenne
moderne et, seul avec ma conscience, je me demande : « Suis-je Europé
9032
eul avec ma conscience, je me demande : « Suis-je
Européen
? suis-je moderne ? » Et ma conscience me répond : « Non, tu n’es pas
9033
» Et ma conscience me répond : « Non, tu n’es pas
Européen
, ce qui s’appelle Européen ; non tu n’es pas moderne, ce qui s’appell
9034
d : « Non, tu n’es pas Européen, ce qui s’appelle
Européen
; non tu n’es pas moderne, ce qui s’appelle moderne. » Et je continue
9035
’appelle moderne. » Et je continue : « Et ce fait
de
ne te sentir ni Européen ni moderne, ne t’ôte-t-il point ta qualité d
9036
Et je continue : « Et ce fait de ne te sentir ni
Européen
ni moderne, ne t’ôte-t-il point ta qualité d’Espagnol ? » … Avant tou
9037
ropéen ni moderne, ne t’ôte-t-il point ta qualité
d’
Espagnol ? » … Avant tout, et pour ce qui me concerne, je dois avouer
9038
nvers tout ce qui passe pour principes directeurs
de
l’esprit européen moderne, envers l’orthodoxie scientifique d’aujourd
9039
e qui passe pour principes directeurs de l’esprit
européen
moderne, envers l’orthodoxie scientifique d’aujourd’hui, ses méthodes
9040
uropéen moderne, envers l’orthodoxie scientifique
d’
aujourd’hui, ses méthodes et ses tendances. Il y a deux choses dont on
9041
s avouer, me sont antipathiques. … L’unique moyen
d’
entrer en relation vivante avec un autre est le moyen de l’agression ;
9042
er en relation vivante avec un autre est le moyen
de
l’agression ; seuls arrivent à une vraie compénétration, à une frater
9043
n, à une fraternité spirituelle ceux qui essaient
de
se subjuguer spirituellement les uns les autres, que ce soient des in
9044
idus ou que ce soient des peuples. Quand je tente
de
mettre mon esprit dans l’esprit de mon prochain, c’est alors seulemen
9045
Quand je tente de mettre mon esprit dans l’esprit
de
mon prochain, c’est alors seulement que je reçois dans le mien l’espr
9046
ors seulement que je reçois dans le mien l’esprit
de
ce prochain. La bénédiction de l’apôtre est qu’il reçoit en soi les â
9047
s le mien l’esprit de ce prochain. La bénédiction
de
l’apôtre est qu’il reçoit en soi les âmes de tous ceux qu’il évangéli
9048
tion de l’apôtre est qu’il reçoit en soi les âmes
de
tous ceux qu’il évangélise : c’est la noblesse du prosélytisme. … J’a
9049
rofonde conviction, pour arbitraire qu’elle soit (
d’
autant plus profonde que plus arbitraire, car c’est ainsi pour les vér
9050
plus arbitraire, car c’est ainsi pour les vérités
de
foi) j’ai la profonde conviction que l’européanisation véritable et i
9051
viction que l’européanisation véritable et intime
de
l’Espagne, c’est-à-dire notre digestion de cette partie de l’esprit e
9052
intime de l’Espagne, c’est-à-dire notre digestion
de
cette partie de l’esprit européen qui peut devenir notre esprit, ne c
9053
gne, c’est-à-dire notre digestion de cette partie
de
l’esprit européen qui peut devenir notre esprit, ne commencera que qu
9054
-dire notre digestion de cette partie de l’esprit
européen
qui peut devenir notre esprit, ne commencera que quand nous aurons es
9055
sprit, ne commencera que quand nous aurons essayé
de
nous imposer à l’ordre spirituel de l’Europe, de lui faire avaler ce
9056
aurons essayé de nous imposer à l’ordre spirituel
de
l’Europe, de lui faire avaler ce qui est nôtre, essentiellement nôtre
9057
s essayé de nous imposer à l’ordre spirituel de l’
Europe
, de lui faire avaler ce qui est nôtre, essentiellement nôtre, en écha
9058
de nous imposer à l’ordre spirituel de l’Europe,
de
lui faire avaler ce qui est nôtre, essentiellement nôtre, en échange
9059
qui est nôtre, essentiellement nôtre, en échange
de
ce qui est sien, quand nous aurons essayé d’espagnoliser l’Europe.272
9060
ange de ce qui est sien, quand nous aurons essayé
d’
espagnoliser l’Europe.272 Ce n’est pas un nationaliste qui parle ici
9061
t sien, quand nous aurons essayé d’espagnoliser l’
Europe
.272 Ce n’est pas un nationaliste qui parle ici. C’est un homme qui
9062
parle ici. C’est un homme qui « a désir et besoin
de
l’âme, et d’une âme substantielle »273. Et c’est l’Europe de la Passi
9063
est un homme qui « a désir et besoin de l’âme, et
d’
une âme substantielle »273. Et c’est l’Europe de la Passion, de l’Espr
9064
stantielle »273. Et c’est l’Europe de la Passion,
de
l’Esprit le plus subversif, qui rejette par sa bouche l’Europe tiède,
9065
it le plus subversif, qui rejette par sa bouche l’
Europe
tiède, humanitaire, occupée à survivre. Hitler tentera de les tuer to
9066
, humanitaire, occupée à survivre. Hitler tentera
de
les tuer toutes les deux. L’essayiste anglais Hilaire Belloc condamne
9067
nglais Hilaire Belloc condamne lui aussi le culte
de
la Science et du Progrès, mais au nom de l’Église et de l’Autorité :
9068
Science et du Progrès, mais au nom de l’Église et
de
l’Autorité : Voici ma thèse : la culture et la civilisation de la ch
9069
: Voici ma thèse : la culture et la civilisation
de
la chrétienté — qui fut désignée pendant des siècles par le terme gén
9070
e catholique, rassemblant les traditions sociales
de
l’empire gréco-romain, et animant l’ensemble de ce grand corps d’une
9071
s de l’empire gréco-romain, et animant l’ensemble
de
ce grand corps d’une vie nouvelle. C’est l’Église catholique qui nous
9072
o-romain, et animant l’ensemble de ce grand corps
d’
une vie nouvelle. C’est l’Église catholique qui nous a faits, qui nous
9073
us a donné notre unité et toute notre philosophie
de
la vie, et qui a formé la nature du monde blanc. Ce monde — la chréti
9074
c. Ce monde — la chrétienté — surmonta les périls
de
la barbarie païenne, résistant à ses assauts tant extérieurs qu’intér
9075
ts tant extérieurs qu’intérieurs et à la pression
de
la grande hérésie qui allait devenir une religion nouvelle : le mahom
9076
tous les périls, il tint tête, bien que dépouillé
de
vastes territoires ; il se releva, une fois la tourmente passée, et e
9077
montra, dès le début du xive siècle, les signes
d’
un déclin qui se précipita rapidement durant le xve siècle. La Foi do
9078
ait, contestée. La société chrétienne fut soumise
de
la sorte à une tension, prolongée, qui la menaçait de disruption ; el
9079
a sorte à une tension, prolongée, qui la menaçait
de
disruption ; elle devint toujours plus instable, jusqu’à ce qu’enfin,
9080
. Selon l’usage courant, ce désastre porte le nom
de
Réformation. Dès ce moment, à travers les xvie , xviie et xviiie si
9081
viie et xviiie siècles, jusqu’au xixe , l’unité
de
la chrétienté ayant disparu et le principe vital dont sa vie dépendai
9082
re elle-même. Cette mauvaise fortune s’accompagna
d’
un accroissement rapide de la connaissance du monde extérieur, c’est-à
9083
se fortune s’accompagna d’un accroissement rapide
de
la connaissance du monde extérieur, c’est-à-dire de la science et du
9084
la connaissance du monde extérieur, c’est-à-dire
de
la science et du pouvoir de l’homme sur les choses matérielles, au dé
9085
térieur, c’est-à-dire de la science et du pouvoir
de
l’homme sur les choses matérielles, au détriment de la saisie des vér
9086
saisie des vérités spirituelles. Ce fut l’inverse
de
ce qui s’était produit au début de notre civilisation : alors, notre
9087
fut l’inverse de ce qui s’était produit au début
de
notre civilisation : alors, notre religion avait sauvé le monde ancie
9088
religion avait sauvé le monde ancien à l’instant
de
périr, et formé une culture nouvelle, quoique obérée par le déclin de
9089
ue obérée par le déclin des sciences, des arts et
de
la vie matérielle. L’accroissement de notre savoir extérieur et de no
9090
des arts et de la vie matérielle. L’accroissement
de
notre savoir extérieur et de notre pouvoir sur la nature ne fit rien
9091
lle. L’accroissement de notre savoir extérieur et
de
notre pouvoir sur la nature ne fit rien pour apaiser les tensions int
9092
t entre idolâtries nationales opposées, l’absence
de
communes mesures et de doctrines invariables les garantissant, nous c
9093
onales opposées, l’absence de communes mesures et
de
doctrines invariables les garantissant, nous conduisit, aux débuts du
9094
os et à des dissensions entre les hommes menaçant
de
détruire toute société. Dans cette crise, une seule alternative demeu
9095
rnative demeure : la guérison par la restauration
de
la foi catholique, ou l’extinction de notre culture.274 Cependant,
9096
estauration de la foi catholique, ou l’extinction
de
notre culture.274 Cependant, un autre philosophe catholique, Jacque
9097
çant lui aussi au nom du thomisme les « erreurs »
de
l’humanisme libéral, entend faire confiance non point à quelque réact
9098
manisme, à un « humanisme intégral ». À la veille
de
la Seconde Guerre mondiale, dans une conférence sur le Crépuscule de
9099
e mondiale, dans une conférence sur le Crépuscule
de
la Civilisation, il dit sa foi dans les « voies de la liberté et de l
9100
e la Civilisation, il dit sa foi dans les « voies
de
la liberté et de l’esprit » : La fatalité qui joue contre les démocr
9101
, il dit sa foi dans les « voies de la liberté et
de
l’esprit » : La fatalité qui joue contre les démocraties modernes, c
9102
joue contre les démocraties modernes, c’est celle
de
la fausse philosophie de la vie qui pendant un siècle a altéré leur p
9103
es modernes, c’est celle de la fausse philosophie
de
la vie qui pendant un siècle a altéré leur principe vital authentique
9104
le principe — enfin dégagé dans sa vraie nature —
d’
une espérance renouvelée et d’une foi invincible. Si les démocraties o
9105
s sa vraie nature — d’une espérance renouvelée et
d’
une foi invincible. Si les démocraties occidentales ne doivent pas êtr
9106
ntales ne doivent pas être emportées, et une nuit
de
plusieurs siècles s’étendre sur la civilisation, c’est à condition qu
9107
e politique, et qu’elles retrouvent ainsi le sens
de
la justice, et de l’héroïsme, en retrouvant Dieu. Au crépuscule du so
9108
’elles retrouvent ainsi le sens de la justice, et
de
l’héroïsme, en retrouvant Dieu. Au crépuscule du soir où nous sommes,
9109
penser que se mêlent déjà les lueurs incertaines
d’
un crépuscule du matin. Le redressement spirituel qui s’accomplit depu
9110
es années dans notre pays importe à tout l’avenir
de
la civilisation. Et aussi le développement, dans des parties de plus
9111
t, dans des parties de plus en plus considérables
de
la jeunesse française, de conceptions politiques et sociales fondées
9112
s en plus considérables de la jeunesse française,
de
conceptions politiques et sociales fondées sur la valeur de la person
9113
ions politiques et sociales fondées sur la valeur
de
la personne humaine. L’Europe, cependant, est-il trop tard pour l’Eur
9114
s fondées sur la valeur de la personne humaine. L’
Europe
, cependant, est-il trop tard pour l’Europe ? Avec l’Europe d’aujourd’
9115
ine. L’Europe, cependant, est-il trop tard pour l’
Europe
? Avec l’Europe d’aujourd’hui, qui oserait espérer en la possibilité
9116
ependant, est-il trop tard pour l’Europe ? Avec l’
Europe
d’aujourd’hui, qui oserait espérer en la possibilité d’une nouvelle c
9117
t, est-il trop tard pour l’Europe ? Avec l’Europe
d’
aujourd’hui, qui oserait espérer en la possibilité d’une nouvelle chré
9118
ujourd’hui, qui oserait espérer en la possibilité
d’
une nouvelle chrétienté ? — D’abord l’Europe n’est pas isolée, ce n’es
9119
ssibilité d’une nouvelle chrétienté ? — D’abord l’
Europe
n’est pas isolée, ce n’est pas pour l’Europe, c’est pour le monde ent
9120
rd l’Europe n’est pas isolée, ce n’est pas pour l’
Europe
, c’est pour le monde entier que le problème de la civilisation se pos
9121
urope, c’est pour le monde entier que le problème
de
la civilisation se pose maintenant. D’autre part l’important pour cha
9122
t. D’autre part l’important pour chacun n’est pas
de
savoir ce que fera l’univers, mais ce qu’il a à faire, lui. Le reste
9123
es États totalitaires n’ignorent pas l’importance
de
l’unanimité morale ; ils s’efforcent de la procurer, ils ne peuvent y
9124
mportance de l’unanimité morale ; ils s’efforcent
de
la procurer, ils ne peuvent y parvenir que par l’intimidation et la c
9125
itive, à l’égard de l’adhésion interne des cœurs,
d’
une efficacité douteuse. La question est de savoir si les peuples des
9126
cœurs, d’une efficacité douteuse. La question est
de
savoir si les peuples des pays encore libres sont capables d’atteindr
9127
les peuples des pays encore libres sont capables
d’
atteindre par les voies de la liberté et de l’esprit une suffisante un
9128
re libres sont capables d’atteindre par les voies
de
la liberté et de l’esprit une suffisante unanimité morale et de résis
9129
pables d’atteindre par les voies de la liberté et
de
l’esprit une suffisante unanimité morale et de résister aux altératio
9130
et de l’esprit une suffisante unanimité morale et
de
résister aux altérations qui menacent du dedans leur conscience. Rel
9131
tte formule qu’on retrouve par ailleurs dans plus
d’
un essai de cette époque : « L’importance pour chacun n’est pas de sav
9132
qu’on retrouve par ailleurs dans plus d’un essai
de
cette époque : « L’importance pour chacun n’est pas de savoir ce que
9133
tte époque : « L’importance pour chacun n’est pas
de
savoir ce que fera l’univers, mais de savoir ce qu’il fera, lui. » Vo
9134
n n’est pas de savoir ce que fera l’univers, mais
de
savoir ce qu’il fera, lui. » Voilà qui marque la limite existentielle
9135
, lui. » Voilà qui marque la limite existentielle
de
la valeur des prévisions qu’on vient de citer. Au reste, qu’il s’agis
9136
Au reste, qu’il s’agisse des Cassandres modernes (
de
Thomas Hobbes à Orwell, en passant par Swift, Butler, Spengler et Hux
9137
ler, Spengler et Huxley) ou des grands Utopistes (
de
Bacon à notre science-fiction, en passant par Thomas Moore, Campanell
9138
gerac, Jules Verne et H. G. Wells) la notion même
de
prévision doit être sérieusement revue. Karl Jaspers, dans un des ouv
9139
Jaspers, dans un des ouvrages les plus marquants
de
l’entre-deux-guerres, La Situation spirituelle de notre époque (paru
9140
de l’entre-deux-guerres, La Situation spirituelle
de
notre époque (paru en 1931), a senti cette nécessité, devant le décha
9141
échaînement des prophètes du néant, annonciateurs
de
l’hitlérisme. Avant de proclamer que tout est perdu, rétablissons les
9142
que tout est perdu, rétablissons les proportions
de
notre drame dans la relativité de l’Histoire humaine : … Comparés au
9143
les proportions de notre drame dans la relativité
de
l’Histoire humaine : … Comparés aux milliards d’années sur lesquelle
9144
de l’Histoire humaine : … Comparés aux milliards
d’
années sur lesquelles s’étend l’histoire de la terre, les six-mille an
9145
liards d’années sur lesquelles s’étend l’histoire
de
la terre, les six-mille ans de la tradition humaine sont comme les pr
9146
s’étend l’histoire de la terre, les six-mille ans
de
la tradition humaine sont comme les premières secondes d’une nouvelle
9147
adition humaine sont comme les premières secondes
d’
une nouvelle période de transformation de la planète. Comparée aux mil
9148
mme les premières secondes d’une nouvelle période
de
transformation de la planète. Comparée aux milliers d’années qui se s
9149
secondes d’une nouvelle période de transformation
de
la planète. Comparée aux milliers d’années qui se sont écoulées, d’ap
9150
ansformation de la planète. Comparée aux milliers
d’
années qui se sont écoulées, d’après les découvertes paléontologiques,
9151
découvertes paléontologiques, depuis l’apparition
de
l’homme, la période historique est comme une première ébauche des pos
9152
s à l’homme, depuis que, ayant surmonté l’inertie
d’
une pure répétition, il s’est mis en mouvement. Six-mille ans, il est
9153
. Le souvenir nous donne évidemment la conscience
de
notre vieillesse, nous avons l’impression — aujourd’hui comme il y a
9154
ourd’hui comme il y a deux-mille ans — que la fin
de
l’histoire est proche : il semble que les meilleures époques sont déj
9155
sont déjà révolues. Mais à considérer l’histoire
de
la terre, nous prenons conscience de ce que notre entreprise est enco
9156
r l’histoire de la terre, nous prenons conscience
de
ce que notre entreprise est encore très limitée et de ce que notre si
9157
e que notre entreprise est encore très limitée et
de
ce que notre situation n’est que celle d’un premier commencement ; to
9158
itée et de ce que notre situation n’est que celle
d’
un premier commencement ; tout se trouve encore en avant de nous ; la
9159
idité des découvertes techniques qui se succèdent
de
décade en décade paraît en fournir une preuve infaillible. Mais nous
9160
ut entière est autre chose qu’un épisode passager
de
l’histoire de la terre ; l’homme pourrait disparaître et son histoire
9161
autre chose qu’un épisode passager de l’histoire
de
la terre ; l’homme pourrait disparaître et son histoire faire place à
9162
toire faire place à une pure évolution géologique
de
durée indéterminée. Tout est possible, devant nous : l’épuisement de
9163
e. Tout est possible, devant nous : l’épuisement
de
nos ressources énergétiques, le refroidissement mortel de la Terre, o
9164
essources énergétiques, le refroidissement mortel
de
la Terre, ou air contraire la domination par la technique du mécanism
9165
a technique du mécanisme terrestre et la conquête
de
l’espace cosmique, offrant à l’homme de nouvelles conditions de vie ;
9166
conquête de l’espace cosmique, offrant à l’homme
de
nouvelles conditions de vie ; la fin de la culture, ou au contraire l
9167
smique, offrant à l’homme de nouvelles conditions
de
vie ; la fin de la culture, ou au contraire le début d’une ère de dév
9168
à l’homme de nouvelles conditions de vie ; la fin
de
la culture, ou au contraire le début d’une ère de développement inint
9169
; la fin de la culture, ou au contraire le début
d’
une ère de développement ininterrompu. Certes, nous sommes frappés par
9170
de la culture, ou au contraire le début d’une ère
de
développement ininterrompu. Certes, nous sommes frappés par les signe
9171
loi obscure qui détermine inexorablement le cours
de
l’histoire humaine tout entière ? Ne consommons-nous pas lentement un
9172
qui nous a été léguée par le passé ? La décadence
de
l’art, de la poésie, de la philosophie n’est-elle pas le symptôme d’u
9173
été léguée par le passé ? La décadence de l’art,
de
la poésie, de la philosophie n’est-elle pas le symptôme d’un proche é
9174
r le passé ? La décadence de l’art, de la poésie,
de
la philosophie n’est-elle pas le symptôme d’un proche épuisement de c
9175
sie, de la philosophie n’est-elle pas le symptôme
d’
un proche épuisement de cette substance ? La dispersion et l’affaireme
9176
n’est-elle pas le symptôme d’un proche épuisement
de
cette substance ? La dispersion et l’affairement qui caractérisent le
9177
ion et l’affairement qui caractérisent les hommes
d’
aujourd’hui, leur comportement social, la façon mécanique dont ils s’a
9178
social, la façon mécanique dont ils s’acquittent
de
leurs tâches professionnelles, leur manque de conviction dans l’activ
9179
ent de leurs tâches professionnelles, leur manque
de
conviction dans l’activité politique, le caractère superficiel de leu
9180
ns l’activité politique, le caractère superficiel
de
leurs distractions, tout cela n’est-il pas une preuve de ce que cette
9181
s distractions, tout cela n’est-il pas une preuve
de
ce que cette substance est déjà presque consommée ? Sans doute savons
9182
? Sans doute savons-nous encore quel est l’enjeu
de
la perte que nous éprouvons au moment même où nous la subissons. Mais
9183
rons même plus, car ils seront devenus incapables
de
le comprendre. De pareilles questions et toutes les réponses qu’on pe
9184
r ils seront devenus incapables de le comprendre.
De
pareilles questions et toutes les réponses qu’on peut y faire ne nous
9185
nos doctrines militantes, peut être une démission
de
l’esprit mais peut être aussi, et doit être, une décision existentiel
9186
n existentielle : … Cette prévision descriptive
de
la totalité, qui se sépare de la volonté agissante, devient une dérob
9187
évision descriptive de la totalité, qui se sépare
de
la volonté agissante, devient une dérobade devant l’action authentiqu
9188
authentique qui commence avec l’action intérieure
de
l’individu. Nous nous laissons éblouir par le « théâtre de l’histoire
9189
vidu. Nous nous laissons éblouir par le « théâtre
de
l’histoire du monde » et par les théories qui défendent la nécessité
9190
grès doit conduire à une société sans classe — ou
de
la morphologie de la culture, qui en fait un processus soumis à des l
9191
à une société sans classe — ou de la morphologie
de
la culture, qui en fait un processus soumis à des lois — ou de la phi
9192
, qui en fait un processus soumis à des lois — ou
de
la philosophie dogmatique, qui y voit l’extension progressive et la r
9193
y voit l’extension progressive et la réalisation
d’
une vérité absolue et définitive… … Plus le terme sur lequel porte la
9194
ne voit pas le cours des événements sous la forme
d’
un déroulement inéluctable, mais seulement sous forme de possibilité e
9195
monde actuel. Éd. Stock, Paris. 267. Le Déclin
de
l’Occident, I, p. 114. Trad. française, Gallimard, Paris. 268. Ibid
9196
e page. 269. Paul Valéry : Variété I. « La crise
de
l’esprit » (deux lettres datées de 1919), Gallimard, Paris, 1924. 27
9197
I. « La crise de l’esprit » (deux lettres datées
de
1919), Gallimard, Paris, 1924. 270. C. J. Burckhardt, Hugo von Hofma
9198
aris, 1960. 271. Thomas Mann : Avertissement à l’
Europe
, Gallimard, Paris, 1937. 272. Vérités arbitraires, chapitre sur « L
9199
traires, chapitre sur « L’Européanisation », daté
de
1906. 273. Cf. Le Sentiment tragique de la vie, 1912. 274. Hilaire
9200
», daté de 1906. 273. Cf. Le Sentiment tragique
de
la vie, 1912. 274. Hilaire Belloc : The Crisis of our Civilization.
9201
re sont tous sévères, mais on a pu remarquer que,
de
Spengler à Maritain, une évolution se dessine vers un possible espoir
9202
rsonnaliste qui, dès 1933, lançait le mot d’ordre
de
« l’engagement », c’est-à-dire, à ce moment-là, du refus de la démiss
9203
agement », c’est-à-dire, à ce moment-là, du refus
de
la démission de l’esprit devant les lois réputées « fatales » de notr
9204
-à-dire, à ce moment-là, du refus de la démission
de
l’esprit devant les lois réputées « fatales » de notre décadence.) Le
9205
de l’esprit devant les lois réputées « fatales »
de
notre décadence.) Les nombreux « retours à l’orthodoxie » qui animent
9206
qui nient nos fatalités, sont dans ce sens autant
de
signes d’une vitalité neuve, d’un renouvellement des tensions qui ont
9207
nos fatalités, sont dans ce sens autant de signes
d’
une vitalité neuve, d’un renouvellement des tensions qui ont fait, dep
9208
ns ce sens autant de signes d’une vitalité neuve,
d’
un renouvellement des tensions qui ont fait, depuis les origines, le d
9209
s qui ont fait, depuis les origines, le dynamisme
de
notre culture. Mais ils ne se réfèrent à l’Europe que comme au cadre
9210
sme de notre culture. Mais ils ne se réfèrent à l’
Europe
que comme au cadre naturel de leur action. Qu’en est-il de l’Europe e
9211
se réfèrent à l’Europe que comme au cadre naturel
de
leur action. Qu’en est-il de l’Europe elle-même, considérée comme uni
9212
mme au cadre naturel de leur action. Qu’en est-il
de
l’Europe elle-même, considérée comme unité, et face au Monde du xxe
9213
u cadre naturel de leur action. Qu’en est-il de l’
Europe
elle-même, considérée comme unité, et face au Monde du xxe siècle ?
9214
sa vocation mondiale ? A-t-elle encore conscience
d’
elle-même ? Le seul fait qu’Ortega et Benda posent ces questions — l’u
9215
uestions — l’un à la veille, l’autre au lendemain
de
la Deuxième Guerre — ne serait-il pas le signe avant-coureur d’une re
9216
Guerre — ne serait-il pas le signe avant-coureur
d’
une renaissance ? José Ortega y Gasset (1883-1955), dans son livre le
9217
stinguer aussi clairement — celui du commandement
européen
. C’est sous cet angle politique, au plus haut sens du terme, qu’il ab
9218
estion qui hante l’époque : On a tellement parlé
de
la décadence européenne, que beaucoup ont fini par la prendre pour un
9219
l’époque : On a tellement parlé de la décadence
européenne
, que beaucoup ont fini par la prendre pour un fait accompli. Non qu’i
9220
bien que, sincèrement, ils ne se souviennent pas
d’
en avoir été convaincus résolument, à aucune date déterminée. … Le spe
9221
s pays est déplorable. Pour la seule raison que l’
Europe
— d’après ce que l’on dit — est en décadence, et, par conséquent, ne
9222
n décadence, et, par conséquent, ne s’occupe plus
de
commander, chaque nation, même la plus minuscule, bondit, gesticule,
9223
ou se redresse et s’étire pour se donner des airs
de
grande personne, qui conduit elle-même son propre destin. Delà, ce vi
9224
son propre destin. Delà, ce vibrionique panorama
de
« nationalismes » que l’on nous offre de tous côtés… Il est vraiment
9225
panorama de « nationalismes » que l’on nous offre
de
tous côtés… Il est vraiment comique de contempler telle ou telle peti
9226
nous offre de tous côtés… Il est vraiment comique
de
contempler telle ou telle petite république qui, de son petit coin pe
9227
contempler telle ou telle petite république qui,
de
son petit coin perdu, se hausse sur la pointe des pieds, tance l’Euro
9228
perdu, se hausse sur la pointe des pieds, tance l’
Europe
, et déclare que les Européens n’ont plus de rôle à jouer dans l’histo
9229
nte des pieds, tance l’Europe, et déclare que les
Européens
n’ont plus de rôle à jouer dans l’histoire universelle. Qu’en résulte
9230
l’Europe, et déclare que les Européens n’ont plus
de
rôle à jouer dans l’histoire universelle. Qu’en résulte-t-il ? L’Euro
9231
ns l’histoire universelle. Qu’en résulte-t-il ? L’
Europe
avait créé un système de normes dont les siècles ont montré l’efficac
9232
’en résulte-t-il ? L’Europe avait créé un système
de
normes dont les siècles ont montré l’efficacité et la fertilité. Ces
9233
normes ne sont pas les meilleures — il s’en faut
de
beaucoup, certes — mais elles sont, sans aucun doute, définitives tan
9234
’autres. Aujourd’hui les peuples-masse ont résolu
de
tenir pour caduc ce système de normes qu’est la civilisation. Mais co
9235
s-masse ont résolu de tenir pour caduc ce système
de
normes qu’est la civilisation. Mais comme ils sont incapables d’en cr
9236
t la civilisation. Mais comme ils sont incapables
d’
en créer un autre, ils ne savent que faire, et pour passer le temps, i
9237
ui survient lorsque dans le monde quelqu’un cesse
de
commander ; les autres, en se révoltant, se trouvent sans avoir rien
9238
trouvent sans avoir rien à faire, sans programme
de
vie. Le Gitan s’en vint à confesse. Mais le curé, prudemment, commenç
9239
r lui demander s’il connaissait les commandements
de
Dieu. À quoi le Gitan répondit : « Voilà, mon père, j’allais me mettr
9240
e ? Le bruit se répand que déjà les commandements
européens
n’ont plus cours ; aussitôt hommes et peuples profitent de l’occasion
9241
plus cours ; aussitôt hommes et peuples profitent
de
l’occasion pour vivre sans impératifs. Car les impératifs européens e
9242
on pour vivre sans impératifs. Car les impératifs
européens
existaient seuls. … Voilà ce que nous avons à (Ère à tous ceux qui, a
9243
une inconscience enfantine, nous annoncent que l’
Europe
ne commande déjà plus. Commander c’est imposer une tâche aux gens, c’
9244
ui est généralement vacance, fainéantise, vacuité
de
la vie, désolation. Il importerait peu que l’Europe cessât de command
9245
é de la vie, désolation. Il importerait peu que l’
Europe
cessât de commander, s’il y avait quelqu’un qui fût capable de la rem
9246
ésolation. Il importerait peu que l’Europe cessât
de
commander, s’il y avait quelqu’un qui fût capable de la remplacer. Ma
9247
commander, s’il y avait quelqu’un qui fût capable
de
la remplacer. Mais nous ne voyons pas même l’ombre d’un remplaçant. N
9248
a remplacer. Mais nous ne voyons pas même l’ombre
d’
un remplaçant. New York et Moscou ne sont rien de nouveau par rapport
9249
et Moscou ne sont rien de nouveau par rapport à l’
Europe
. Elles ne sont l’une et l’autre que deux parcelles du commandement eu
9250
une et l’autre que deux parcelles du commandement
européen
, qui en se dissociant du reste, ont perdu leur sens… … Si l’Européen
9251
dissociant du reste, ont perdu leur sens… … Si l’
Européen
lui-même s’habitue à ne pas commander, il suffira d’une génération et
9252
lui-même s’habitue à ne pas commander, il suffira
d’
une génération et demie pour que l’ancien continent, et avec lui le mo
9253
ale. Seule l’illusion du pouvoir et la discipline
de
responsabilité qu’elle inspire peuvent maintenir tendues les âmes d’O
9254
u’elle inspire peuvent maintenir tendues les âmes
d’
Occident. La science, l’art, la technique et tout le reste vivent de l
9255
ence, l’art, la technique et tout le reste vivent
de
l’atmosphère tonique que crée la conscience du commandement. Si celle
9256
conscience du commandement. Si celle-ci manque, l’
Européen
s’avilira. Les esprits n’auront plus cette foi radicale en eux-mêmes
9257
grandes idées, nouvelles dans tous les ordres. L’
Européen
deviendra définitivement quotidien. Incapable de tout effort créateur
9258
éen deviendra définitivement quotidien. Incapable
de
tout effort créateur et gratuit, il retombera dans le passé, dans l’h
9259
éature vulgaire, formaliste, vide comme les Grecs
de
la décadence et ceux de l’histoire byzantine. Telles seraient les ra
9260
ste, vide comme les Grecs de la décadence et ceux
de
l’histoire byzantine. Telles seraient les raisons de notre décadence
9261
’histoire byzantine. Telles seraient les raisons
de
notre décadence. Mais voici les formules de notre renaissance : … Le
9262
isons de notre décadence. Mais voici les formules
de
notre renaissance : … Les Européens ne savent pas vivre s’ils ne son
9263
voici les formules de notre renaissance : … Les
Européens
ne savent pas vivre s’ils ne sont engagés dans une grande entreprise
9264
désagrège. Nous avons aujourd’hui un commencement
de
désagrégation sous nos yeux. Les cercles qui, jusqu’à nos jours, se s
9265
n passé, qui s’accumule autour et au-dessous de l’
Européen
, un passé qui l’emprisonne et l’alourdit. Avec plus de liberté vitale
9266
n passé qui l’emprisonne et l’alourdit. Avec plus
de
liberté vitale que jamais, nous sentons tous que l’air est irrespirab
9267
province, un « intérieur ». Dans la super-nation
européenne
que nous imaginons, la pluralité actuelle ne peut, ni ne doit dispara
9268
lus purement dynamique exige la permanence active
de
cette pluralité qui a toujours été la vie de l’Occident. Tout le mond
9269
tive de cette pluralité qui a toujours été la vie
de
l’Occident. Tout le monde perçoit l’urgence d’un nouveau principe de
9270
ie de l’Occident. Tout le monde perçoit l’urgence
d’
un nouveau principe de vie. Mais — comme il arrive toujours en de semb
9271
le monde perçoit l’urgence d’un nouveau principe
de
vie. Mais — comme il arrive toujours en de semblables crises — quelqu
9272
incipe de vie. Mais — comme il arrive toujours en
de
semblables crises — quelques-uns essaient de sauver l’instant présent
9273
s en de semblables crises — quelques-uns essaient
de
sauver l’instant présent par une intensification extrême et artificie
9274
t par une intensification extrême et artificielle
de
ce principe qui, précisément, est depuis longtemps caduc. Tel est le
9275
ment, est depuis longtemps caduc. Tel est le sens
de
l’irruption des « nationalismes » de ces dernières années. Et je ne c
9276
est le sens de l’irruption des « nationalismes »
de
ces dernières années. Et je ne cesse de le redire : il en a toujours
9277
alismes » de ces dernières années. Et je ne cesse
de
le redire : il en a toujours été ainsi. C’est la dernière flamme qui
9278
rnier soupir qui est le plus profond. À la veille
de
disparaître, les frontières deviennent plus sensibles que jamais — le
9279
es nationalismes sont des impasses ; qu’on essaie
de
les projeter vers le futur et l’on ressentira le contrecoup. Ils n’of
9280
e, un prétexte qui s’offre pour éluder le pouvoir
d’
invention, le devoir de grandes entreprises. D’ailleurs, la simplicité
9281
fre pour éluder le pouvoir d’invention, le devoir
de
grandes entreprises. D’ailleurs, la simplicité des moyens avec lesque
9282
exalte, révèlent amplement qu’il est le contraire
d’
une création historique. Seule, la décision de construire une grande n
9283
ire d’une création historique. Seule, la décision
de
construire une grande nation avec le groupe des peuples continentaux
9284
oupe des peuples continentaux relèverait le pouls
de
l’Europe. Celle-ci recommencerait à croire en elle-même et automatiqu
9285
des peuples continentaux relèverait le pouls de l’
Europe
. Celle-ci recommencerait à croire en elle-même et automatiquement à e
9286
en elle-même et automatiquement à exiger beaucoup
d’
elle, à se discipliner. La dialectique romantique de Spengler conclua
9287
lle, à se discipliner. La dialectique romantique
de
Spengler concluait à la décadence inévitable. Ortega, concluant à l’u
9288
n Benda ne fait pas autre chose quand il accuse l’
Europe
d’inconscience : c’est pour la réveiller qu’il la fustige : L’Europe
9289
ne fait pas autre chose quand il accuse l’Europe
d’
inconscience : c’est pour la réveiller qu’il la fustige : L’Europe n’
9290
e : c’est pour la réveiller qu’il la fustige : L’
Europe
n’a pas connu la conscience d’une unité politique. Du point de vue po
9291
a fustige : L’Europe n’a pas connu la conscience
d’
une unité politique. Du point de vue politique la volonté de l’Europe
9292
é politique. Du point de vue politique la volonté
de
l’Europe aura été exclusivement nationaliste. Elle aura consisté dans
9293
itique. Du point de vue politique la volonté de l’
Europe
aura été exclusivement nationaliste. Elle aura consisté dans un doubl
9294
sisté dans un double travail qui fut, d’une part,
de
former des nations et, d’autre part, de les rendre indépendantes les
9295
une part, de former des nations et, d’autre part,
de
les rendre indépendantes les unes des autres. Le mouvement commence a
9296
e qu’ils opposèrent les « gentes » à ces éléments
d’
internationalisme qu’étaient l’Empire romain et l’Église, en ce qu’ils
9297
et l’Église, en ce qu’ils incarnèrent la négation
de
l’« Imperium » et de l’« Ecclesia ». Il prend corps lors de la disloc
9298
’ils incarnèrent la négation de l’« Imperium » et
de
l’« Ecclesia ». Il prend corps lors de la dislocation de l’unité créé
9299
Ecclesia ». Il prend corps lors de la dislocation
de
l’unité créée par Charlemagne, avec le partage de Verdun. Quelques ho
9300
de l’unité créée par Charlemagne, avec le partage
de
Verdun. Quelques hommes — des clercs nourris dans la religion de l’Em
9301
ques hommes — des clercs nourris dans la religion
de
l’Empire romain — pleurent ce partage, mais la majorité s’en réjouit.
9302
uit. Elle se réjouit, dans chacun des trois lots,
de
penser qu’elle pourra désormais réaliser une destinée indépendante. À
9303
indépendante. À partir de ce moment, la tendance
de
l’Europe vers des groupes séparés n’ira qu’en se précisant. Comme il
9304
pendante. À partir de ce moment, la tendance de l’
Europe
vers des groupes séparés n’ira qu’en se précisant. Comme il arrive po
9305
ntions universalistes des Hohenstaufen, plus tard
de
Charles-Quint, ne font que précipiter la volonté de sécession de la F
9306
Charles-Quint, ne font que précipiter la volonté
de
sécession de la France, de l’Autriche, des cités italiennes, des cant
9307
t, ne font que précipiter la volonté de sécession
de
la France, de l’Autriche, des cités italiennes, des cantons suisses,
9308
précipiter la volonté de sécession de la France,
de
l’Autriche, des cités italiennes, des cantons suisses, des Flandres.
9309
iennes, des cantons suisses, des Flandres. Celles
de
la papauté produisent le même effet sur les diverses parties de la ch
9310
produisent le même effet sur les diverses parties
de
la chrétienté. Toutes se signent dans ce cri de l’une d’elles : « Nou
9311
s de la chrétienté. Toutes se signent dans ce cri
de
l’une d’elles : « Nous sommes d’abord vénitiens, ensuite chrétiens… »
9312
hrétienté. Toutes se signent dans ce cri de l’une
d’
elles : « Nous sommes d’abord vénitiens, ensuite chrétiens… » Enfin, a
9313
ples (particulièrement l’Allemagne !), la volonté
de
l’Europe d’être désunie et de former des nations indépendantes les un
9314
(particulièrement l’Allemagne !), la volonté de l’
Europe
d’être désunie et de former des nations indépendantes les unes des au
9315
ulièrement l’Allemagne !), la volonté de l’Europe
d’
être désunie et de former des nations indépendantes les unes des autre
9316
agne !), la volonté de l’Europe d’être désunie et
de
former des nations indépendantes les unes des autres atteint son apog
9317
atteint son apogée. Elle se traduit par une furie
de
séparations : la Belgique d’avec la Hollande, la Suède d’avec la Norv
9318
lande, la Suède d’avec la Norvège. Elle s’incarne
d’
une façon saisissante dans Bismarck qui, contre-pied exact de Napoléon
9319
saisissante dans Bismarck qui, contre-pied exact
de
Napoléon, entend, par ses conquêtes, faire sa nation à lui, repousse
9320
e sa nation à lui, repousse résolument toute idée
d’
Europe, où il ne voit qu’idéalisme stupide. En conséquence logique de
9321
sa nation à lui, repousse résolument toute idée d’
Europe
, où il ne voit qu’idéalisme stupide. En conséquence logique de son œu
9322
voit qu’idéalisme stupide. En conséquence logique
de
son œuvre, du Niémen jusqu’à l’Atlantique s’établit un régime où chaq
9323
régime où chaque État s’enferme dans une religion
de
lui-même, dans un mépris des autres — « l’égoïsme sacré » — tels qu’o
9324
l’égoïsme sacré » — tels qu’on n’en avait pas vu
de
semblables, cependant que de nouvelles doctrines philosophiques, accl
9325
on n’en avait pas vu de semblables, cependant que
de
nouvelles doctrines philosophiques, acclamées par toutes les nations
9326
. Le xxe siècle qui verra peut-être la formation
de
l’Europe, s’ouvre dans le triomphe violent de l’anti-Europe… Le fait
9327
xxe siècle qui verra peut-être la formation de l’
Europe
, s’ouvre dans le triomphe violent de l’anti-Europe… Le fait que l’Eur
9328
ion de l’Europe, s’ouvre dans le triomphe violent
de
l’anti-Europe… Le fait que l’Europe n’a jamais constitué une unité po
9329
triomphe violent de l’anti-Europe… Le fait que l’
Europe
n’a jamais constitué une unité politique se traduit par cet autre fai
9330
cet autre fait : on n’a jamais écrit une histoire
de
l’Europe. Les livres qui portent ce titre, sauf peut-être — et encore
9331
utre fait : on n’a jamais écrit une histoire de l’
Europe
. Les livres qui portent ce titre, sauf peut-être — et encore — l’admi
9332
nne a composé dans sa captivité pendant la guerre
de
1914, nous exposent l’histoire des différentes parties de l’Europe, d
9333
nous exposent l’histoire des différentes parties
de
l’Europe, de leurs développements respectifs, surtout de leurs opposi
9334
exposent l’histoire des différentes parties de l’
Europe
, de leurs développements respectifs, surtout de leurs oppositions, no
9335
t l’histoire des différentes parties de l’Europe,
de
leurs développements respectifs, surtout de leurs oppositions, non ce
9336
rope, de leurs développements respectifs, surtout
de
leurs oppositions, non celle d’un être historique qui leur serait tra
9337
spectifs, surtout de leurs oppositions, non celle
d’
un être historique qui leur serait transcendant. J’ai parfois reproché
9338
scendant. J’ai parfois reproché à des professeurs
d’
histoire que je savais acquis à l’idée d’une unification européenne de
9339
fesseurs d’histoire que je savais acquis à l’idée
d’
une unification européenne de ne point faire à leurs élèves quelques l
9340
e que je savais acquis à l’idée d’une unification
européenne
de ne point faire à leurs élèves quelques leçons sur l’Europe, envisa
9341
vais acquis à l’idée d’une unification européenne
de
ne point faire à leurs élèves quelques leçons sur l’Europe, envisagée
9342
point faire à leurs élèves quelques leçons sur l’
Europe
, envisagée comme une réalité politique indivise. Ils m’opposaient la
9343
politique indivise. Ils m’opposaient la nécessité
d’
observer les programmes… L’Europe n’a pas connu davantage la conscienc
9344
osaient la nécessité d’observer les programmes… L’
Europe
n’a pas connu davantage la conscience d’une unité spirituelle. Ici en
9345
s… L’Europe n’a pas connu davantage la conscience
d’
une unité spirituelle. Ici encore, il faut bien distinguer entre le fa
9346
moins façonnées par l’Église et justifiant le mot
de
Stendhal : « L’Europe moderne est née du christianisme. » Accordons à
9347
r l’Église et justifiant le mot de Stendhal : « L’
Europe
moderne est née du christianisme. » Accordons à notre historien qu’au
9348
anisme. » Accordons à notre historien qu’au début
de
l’Europe cette communauté de civilisation ait existé. Allons même plu
9349
e. » Accordons à notre historien qu’au début de l’
Europe
cette communauté de civilisation ait existé. Allons même plus loin et
9350
istorien qu’au début de l’Europe cette communauté
de
civilisation ait existé. Allons même plus loin et reconnaissons que p
9351
s nationaux n’exista point. Il ne venait à l’idée
d’
aucun étudiant parisien au xiie siècle de s’étonner d’avoir pour dire
9352
l’idée d’aucun étudiant parisien au xiie siècle
de
s’étonner d’avoir pour directeur l’Allemand Albert le Grand ou l’Ital
9353
un étudiant parisien au xiie siècle de s’étonner
d’
avoir pour directeur l’Allemand Albert le Grand ou l’Italien Thomas d’
9354
d Albert le Grand ou l’Italien Thomas d’Aquin, ni
d’
aucun bachelier viennois de trouver mauvais de confier la formation de
9355
ien Thomas d’Aquin, ni d’aucun bachelier viennois
de
trouver mauvais de confier la formation de son esprit au Français Jea
9356
ni d’aucun bachelier viennois de trouver mauvais
de
confier la formation de son esprit au Français Jean Gerson ; encore a
9357
ennois de trouver mauvais de confier la formation
de
son esprit au Français Jean Gerson ; encore au xviiie siècle, pendan
9358
isaient nos livres, adoptaient nos modes. Le fait
d’
une certaine communauté spirituelle européenne a donc existé, mais la
9359
es. Le fait d’une certaine communauté spirituelle
européenne
a donc existé, mais la conscience de ce fait, de son opposition aux p
9360
elle européenne a donc existé, mais la conscience
de
ce fait, de son opposition aux particularismes nationaux, n’existait
9361
nne a donc existé, mais la conscience de ce fait,
de
son opposition aux particularismes nationaux, n’existait pas. Ce qui,
9362
s leurs oppositions. C’est la volonté des savants
de
parler désormais leur langue nationale et non plus le latin, qui les
9363
sait par-dessus leurs nations ; celle des peuples
de
nationaliser la prière, la prédication ; celle des littérateurs de ne
9364
a prière, la prédication ; celle des littérateurs
de
nettement dégager leur idiome de ce qu’il pouvait avoir de non nation
9365
des littérateurs de nettement dégager leur idiome
de
ce qu’il pouvait avoir de non national… Nous allons pourtant voir app
9366
ent dégager leur idiome de ce qu’il pouvait avoir
de
non national… Nous allons pourtant voir apparaître dans ce passé une
9367
ssé une époque qui a vraiment connu la conscience
d’
un esprit européen, c’est la fin du xviiie siècle, avec ces hommes qu
9368
ue qui a vraiment connu la conscience d’un esprit
européen
, c’est la fin du xviiie siècle, avec ces hommes qui, non seulement p
9369
ont Voltaire écrivait en 1767 qu’« il se forme en
Europe
une république immense d’esprits cultivés », dont le type a été le pr
9370
qu’« il se forme en Europe une république immense
d’
esprits cultivés », dont le type a été le prince de Ligne et dont on p
9371
etzsche, Romain Rolland, André Gide. Ai-je besoin
de
dire si ce mouvement a été violemment enrayé par le xixe siècle au n
9372
par un Maurras jetant l’infamie, dans la personne
de
Romain Rolland, sur tout ce qui sert l’esprit européen. Ce nationalis
9373
de Romain Rolland, sur tout ce qui sert l’esprit
européen
. Ce nationalisme intellectuel paraît avoir aujourd’hui contaminé les
9374
, encore une fois, verra peut-être la réalisation
de
l’Europe, débute par l’affirmation la plus farouche et la plus consci
9375
ore une fois, verra peut-être la réalisation de l’
Europe
, débute par l’affirmation la plus farouche et la plus consciente qu’o
9376
s farouche et la plus consciente qu’on vit jamais
de
l’anti-Europe… Aujourd’hui, l’idée de nation semble avoir terminé sa
9377
vit jamais de l’anti-Europe… Aujourd’hui, l’idée
de
nation semble avoir terminé sa carrière, être devenue malfaisante aux
9378
terminé sa carrière, être devenue malfaisante aux
Européens
, l’idée d’Europe apparaît. Mais ne nous berçons pas d’illusions ; n’a
9379
e, être devenue malfaisante aux Européens, l’idée
d’
Europe apparaît. Mais ne nous berçons pas d’illusions ; n’allons pas c
9380
être devenue malfaisante aux Européens, l’idée d’
Europe
apparaît. Mais ne nous berçons pas d’illusions ; n’allons pas croire
9381
’idée d’Europe apparaît. Mais ne nous berçons pas
d’
illusions ; n’allons pas croire que cette idée va triompher naturellem
9382
ner une forte opposition, une résistance nourrie,
de
très sérieux obstacles.275 Ces obstacles nationalistes, le poète au
9383
es dépasser, par une prise de conscience nouvelle
de
nos grandeurs spirituelles : Nul doute que le concept d’« Europe »,
9384
randeurs spirituelles : Nul doute que le concept
d’
« Europe », comme bien d’autres hautes conceptions d’ensemble, ne soit
9385
eurs spirituelles : Nul doute que le concept d’«
Europe
», comme bien d’autres hautes conceptions d’ensemble, ne soit devenu
9386
Europe », comme bien d’autres hautes conceptions
d’
ensemble, ne soit devenu problématique, — nul doute non plus que notre
9387
ute non plus que notre survie spirituelle dépende
de
sa restauration. On ne le trouvera jamais au terme d’un processus d’a
9388
a restauration. On ne le trouvera jamais au terme
d’
un processus d’abstraction, ni en retranchant — ou en ajoutant — quelq
9389
On ne le trouvera jamais au terme d’un processus
d’
abstraction, ni en retranchant — ou en ajoutant — quelque chose au con
9390
chant — ou en ajoutant — quelque chose au concept
de
nation, et moins encore par des évocations sentimentales. Vers ce gra
9391
on. Car c’est dans les plus hautes manifestations
de
chaque nation qu’on le découvre, et d’autant plus clairement que s’y
9392
festations de chaque nation qu’on le découvre, et
d’
autant plus clairement que s’y exprime d’une manière plus pure et plus
9393
uvre, et d’autant plus clairement que s’y exprime
d’
une manière plus pure et plus nette ce que la nation possède en propre
9394
sont universels. Si la nation est leur destin, l’
Europe
est leur expérience vécue. Un grand phénomène devient européen : ains
9395
leur expérience vécue. Un grand phénomène devient
européen
: ainsi en fut-il de Jules César et de Napoléon, de Pétrarque et de K
9396
rand phénomène devient européen : ainsi en fut-il
de
Jules César et de Napoléon, de Pétrarque et de Kant, de la musique al
9397
ient européen : ainsi en fut-il de Jules César et
de
Napoléon, de Pétrarque et de Kant, de la musique allemande de Bach à
9398
: ainsi en fut-il de Jules César et de Napoléon,
de
Pétrarque et de Kant, de la musique allemande de Bach à Beethoven, de
9399
il de Jules César et de Napoléon, de Pétrarque et
de
Kant, de la musique allemande de Bach à Beethoven, de la peinture fra
9400
es César et de Napoléon, de Pétrarque et de Kant,
de
la musique allemande de Bach à Beethoven, de la peinture française d’
9401
de Pétrarque et de Kant, de la musique allemande
de
Bach à Beethoven, de la peinture française d’Ingres à Cézanne. Là où
9402
ant, de la musique allemande de Bach à Beethoven,
de
la peinture française d’Ingres à Cézanne. Là où une grande pensée est
9403
nde de Bach à Beethoven, de la peinture française
d’
Ingres à Cézanne. Là où une grande pensée est conçue, là est l’Europe.
9404
nne. Là où une grande pensée est conçue, là est l’
Europe
. Si elle est conçue dans la sphère nationale, elle ne demande qu’à s’
9405
uir dans l’universel. Aujourd’hui, comme au temps
d’
Anaximandre, toute philosophie est européenne. Toute grande idée polit
9406
mme au temps d’Anaximandre, toute philosophie est
européenne
. Toute grande idée politique agissante est européenne. Toute connaiss
9407
péenne. Toute grande idée politique agissante est
européenne
. Toute connaissance féconde du passé est européenne. (Et de quoi auri
9408
ropéenne. Toute connaissance féconde du passé est
européenne
. (Et de quoi aurions-nous davantage besoin, que d’une vision profonde
9409
connaissance féconde du passé est européenne. (Et
de
quoi aurions-nous davantage besoin, que d’une vision profonde, totale
9410
e. (Et de quoi aurions-nous davantage besoin, que
d’
une vision profonde, totalement renouvelée et purifiée, de la non-Euro
9411
sion profonde, totalement renouvelée et purifiée,
de
la non-Europe !) Notre époque est une époque de rétablissement, — bie
9412
, de la non-Europe !) Notre époque est une époque
de
rétablissement, — bien que jamais l’expression de la faiblesse n’ait
9413
de rétablissement, — bien que jamais l’expression
de
la faiblesse n’ait été si impudique, la volonté de désintégration si
9414
e la faiblesse n’ait été si impudique, la volonté
de
désintégration si débridée. Derrière le remue-ménage des prophètes de
9415
débridée. Derrière le remue-ménage des prophètes
de
la décadence et des bacchantes du chaos, des chauvinistes et des cosm
9416
chauvinistes et des cosmopolites, des adorateurs
de
l’instant et des adorateurs de l’apparence, sur le grand arrière-fond
9417
es, des adorateurs de l’instant et des adorateurs
de
l’apparence, sur le grand arrière-fond sérieux des choses européennes
9418
nce, sur le grand arrière-fond sérieux des choses
européennes
, je vois les quelques rares individus qui comptent, dispersés parmi l
9419
es nations, s’unir dans une grande pensée : celle
de
la restauration créatrice.276 Il appartenait à Martin Heidegger de
9420
créatrice.276 Il appartenait à Martin Heidegger
de
ramasser sous sa forme la plus dense, celle de l’interrogation en soi
9421
er de ramasser sous sa forme la plus dense, celle
de
l’interrogation en soi — qui me paraît la formule de sa philosophie —
9422
l’interrogation en soi — qui me paraît la formule
de
sa philosophie —, le problème de l’être même du « crépuscule occident
9423
araît la formule de sa philosophie —, le problème
de
l’être même du « crépuscule occidental » : Anaximandre aurait vécu d
9424
répuscule occidental » : Anaximandre aurait vécu
de
la fin du viie au milieu du vie siècle avant J.-C. dans l’île de Sa
9425
Samos, et sa sentence passe pour la plus ancienne
de
la pensée occidentale. La voici, selon le texte communément accepté :
9426
iné en 1873 et intitulé La Philosophie à l’époque
de
la tragédie grecque. Du fond d’un éloignement chronologique et histor
9427
sophie à l’époque de la tragédie grecque. Du fond
d’
un éloignement chronologique et historique de deux millénaires et demi
9428
fond d’un éloignement chronologique et historique
de
deux millénaires et demi, la sentence d’Anaximandre a-t-elle encore q
9429
storique de deux millénaires et demi, la sentence
d’
Anaximandre a-t-elle encore quelque chose à nous dire ? Par quelle aut
9430
a plus ancienne ? L’antiquité par elle-même n’est
d’
aucun poids. Au surplus, si la sentence est la plus ancienne de celles
9431
. Au surplus, si la sentence est la plus ancienne
de
celles qui nous ont été transmises, nous n’en ignorons pas moins si e
9432
le est à sa manière la sentence la plus primitive
de
la pensée occidentale. Nous ne pouvons le supposer que pour autant qu
9433
pposer que pour autant que nous pensons l’essence
de
l’Occident à partir de cela même dont parle la sentence primitive. Ma
9434
cela même dont parle la sentence primitive. Mais
de
quel droit ce qui vient en premier lieu nous parlerait-il, à nous aut
9435
sommes sans doute les plus tardifs des tard-venus
de
la philosophie ? Sommes-nous les tard-venus d’une Histoire qui parvie
9436
us de la philosophie ? Sommes-nous les tard-venus
d’
une Histoire qui parvient aujourd’hui à sa fin, qui met un terme à tou
9437
Ou bien l’éloignement chronologique et historique
de
la sentence cache-t-il une proximité historique de l’informulé, qui p
9438
e la sentence cache-t-il une proximité historique
de
l’informulé, qui parlerait à ce qui vient ? Sommes-nous donc à la vei
9439
ait à ce qui vient ? Sommes-nous donc à la veille
de
la transformation la plus inouïe de toute la Terre et du temps de l’H
9440
c à la veille de la transformation la plus inouïe
de
toute la Terre et du temps de l’Histoire ? Sommes-nous devant le crép
9441
tion la plus inouïe de toute la Terre et du temps
de
l’Histoire ? Sommes-nous devant le crépuscule d’une nuit qui prépare
9442
de l’Histoire ? Sommes-nous devant le crépuscule
d’
une nuit qui prépare une autre aube ? Surgissons-nous précisément pour
9443
là l’Occident et l’Orient et à travers ce qui est
Européen
, le lieu des commencements de l’Histoire à venir ? Sommes-nous déjà,
9444
rs ce qui est Européen, le lieu des commencements
de
l’Histoire à venir ? Sommes-nous déjà, nous les hommes d’aujourd’hui,
9445
toire à venir ? Sommes-nous déjà, nous les hommes
d’
aujourd’hui, occidentaux dans un sens qui se révélera d’abord à la fav
9446
dans un sens qui se révélera d’abord à la faveur
de
notre entrée dans la nuit universelle ? […] Sommes-nous vraiment les
9447
s-nous pas en même temps les précurseurs du matin
d’
une autre ère du monde, qui aurait laissé derrière elle nos représenta
9448
aissé derrière elle nos représentations actuelles
de
l’Histoire ? Nietzsche, de la philosophie duquel Spengler a déduit, p
9449
résentations actuelles de l’Histoire ? Nietzsche,
de
la philosophie duquel Spengler a déduit, par une grossière incompréhe
9450
grossière incompréhension, sa doctrine historique
de
la décadence de l’Occident, écrivait en 1880 dans Le Voyageur et son
9451
réhension, sa doctrine historique de la décadence
de
l’Occident, écrivait en 1880 dans Le Voyageur et son Ombre : « C’est
9452
s Le Voyageur et son Ombre : « C’est un haut état
de
l’humanité que celui dans lequel l’Europe des peuples n’est qu’un plu
9453
n haut état de l’humanité que celui dans lequel l’
Europe
des peuples n’est qu’un plus sombre passé d’oubli, mais où l’Europe v
9454
’Europe des peuples n’est qu’un plus sombre passé
d’
oubli, mais où l’Europe vit encore par trente livres très anciens, et
9455
n’est qu’un plus sombre passé d’oubli, mais où l’
Europe
vit encore par trente livres très anciens, et qui ne vieilliront jama
9456
ait peut-être été le premier à voir dans la crise
de
l’Europe la condition d’une renaissance. Laissons-le donc conclure ce
9457
eut-être été le premier à voir dans la crise de l’
Europe
la condition d’une renaissance. Laissons-le donc conclure ce chapitre
9458
ier à voir dans la crise de l’Europe la condition
d’
une renaissance. Laissons-le donc conclure ce chapitre : Est-il aussi
9459
pitre : Est-il aussi certain qu’on le dit, que l’
Europe
soit en décadence et abandonne le commandement, en un mot, abdique ?
9460
lle pas la crise bienfaisante qui permettrait à l’
Europe
d’être véritablement l’Europe ? L’évidente décadence des nations euro
9461
la crise bienfaisante qui permettrait à l’Europe
d’
être véritablement l’Europe ? L’évidente décadence des nations europée
9462
qui permettrait à l’Europe d’être véritablement l’
Europe
? L’évidente décadence des nations européennes, n’est-elle pas a prio
9463
ement l’Europe ? L’évidente décadence des nations
européennes
, n’est-elle pas a priori nécessaire au cas où les États-Unis d’Europe
9464
seraient possibles quelque jour, et la pluralité
européenne
remplacée par sa réelle unité ? 275. Julien Benda, in L’Esprit eur
9465
réelle unité ? 275. Julien Benda, in L’Esprit
européen
, Conférence des Rencontres internationales de Genève 1946, Éditions d
9466
ropéen, Conférence des Rencontres internationales
de
Genève 1946, Éditions de la Baconnière, Neuchâtel, 1957. 276. H. von
9467
ncontres internationales de Genève 1946, Éditions
de
la Baconnière, Neuchâtel, 1957. 276. H. von Hofmannsthal : article d
9468
l, 1957. 276. H. von Hofmannsthal : article daté
de
1925, in Gesammelte Werke, Prosa IV, S. Fischer Verlag, 1955. 277. M
9469
Septième PartieL’Ère des fédérations
De
l’Unité de culture à l’union politique Le Grand Dessein de Sully es
9470
Septième PartieL’Ère des fédérations De l’Unité
de
culture à l’union politique Le Grand Dessein de Sully est un projet
9471
de culture à l’union politique Le Grand Dessein
de
Sully est un projet posthume. L’abbé de Saint-Pierre ne fut pas écout
9472
’ils le veuillent ou non, ceux qui écrivent sur l’
Europe
, au xxe siècle, se trouvent engagés dans l’Histoire qui se fait. Cer
9473
naux tirent leur doctrine (même s’ils l’ignorent)
d’
une atmosphère intellectuelle que les auteurs qu’on va citer ont large
9474
citer ont largement contribué à définir. Laissons
de
côté l’ordre chronologique — qui perd son importance dans une période
9475
presque simultanément — pour cette partie finale
de
notre ouvrage. Le choix des textes sera fonction d’un plan dont voici
9476
notre ouvrage. Le choix des textes sera fonction
d’
un plan dont voici le très simple argument : L’Europe contestée par le
9477
d’un plan dont voici le très simple argument : L’
Europe
contestée par le Monde et tendant à s’unir pour son salut cherche d’a
9478
son salut cherche d’abord à remonter aux sources
d’
où dérivent ses valeurs constituantes et spécifiques ; pour mieux voir
9479
ons, et par suite elle retrouve à la fois le sens
de
sa fonction mondiale et le sens de son unité très singulière, qui est
9480
a fois le sens de sa fonction mondiale et le sens
de
son unité très singulière, qui est unité dans la diversité ; il lui r
9481
diversité ; il lui reste à tirer les conséquences
de
cette reprise de conscience… 1.Les sources vives On ne va pas re
9482
i reste à tirer les conséquences de cette reprise
de
conscience… 1.Les sources vives On ne va pas refaire l’inventair
9483
e l’inventaire bien connu des sources historiques
de
l’Occident : l’Antiquité proche-orientale, Athènes, Rome et Jérusalem
9484
era simplement quelques textes-témoins des prises
de
conscience renouvelées de nos diverses origines, au stade présent de
9485
xtes-témoins des prises de conscience renouvelées
de
nos diverses origines, au stade présent de notre évolution. À chaque
9486
velées de nos diverses origines, au stade présent
de
notre évolution. À chaque époque de son histoire, l’Europe s’est en e
9487
stade présent de notre évolution. À chaque époque
de
son histoire, l’Europe s’est en effet redéfinie par ce qu’elle choisi
9488
tre évolution. À chaque époque de son histoire, l’
Europe
s’est en effet redéfinie par ce qu’elle choisissait — découvrait ou r
9489
it ou refusait — dans ses Antiquités diverses. Et
de
nos jours, il semble bien que le choix proposé dès 1922 par Paul Valé
9490
nte sur la plupart des écrits ultérieurs traitant
de
l’Europe. Voici donc sa fameuse définition des trois sources de toute
9491
ur la plupart des écrits ultérieurs traitant de l’
Europe
. Voici donc sa fameuse définition des trois sources de toute culture
9492
oici donc sa fameuse définition des trois sources
de
toute culture qui, selon lui, mérite d’être nommée « européenne ». J
9493
s sources de toute culture qui, selon lui, mérite
d’
être nommée « européenne ». Je considérerai comme européens tous les
9494
te culture qui, selon lui, mérite d’être nommée «
européenne
». Je considérerai comme européens tous les peuples qui ont subi au
9495
tre nommée « européenne ». Je considérerai comme
européens
tous les peuples qui ont subi au cours de l’histoire les trois influe
9496
nfluences que je vais dire. La première est celle
de
Rome. Partout où l’Empire romain a dominé, et partout où sa puissance
9497
entir ; et même partout où l’Empire a été l’objet
de
crainte, d’admiration et d’envie ; partout où le poids du glaive roma
9498
ême partout où l’Empire a été l’objet de crainte,
d’
admiration et d’envie ; partout où le poids du glaive romain s’est fai
9499
’Empire a été l’objet de crainte, d’admiration et
d’
envie ; partout où le poids du glaive romain s’est fait sentir, partou
9500
itutions et des lois, où l’appareil et la dignité
de
la magistrature ont été reconnus, copiés, parfois même bizarrement si
9501
s même bizarrement singés, — là est quelque chose
d’
européen. Rome est le modèle éternel de la puissance organisée et stab
9502
même bizarrement singés, — là est quelque chose d’
européen
. Rome est le modèle éternel de la puissance organisée et stable. Vin
9503
lque chose d’européen. Rome est le modèle éternel
de
la puissance organisée et stable. Vint ensuite le christianisme : À
9504
le. Vint ensuite le christianisme : À la parole
de
saint Pierre, quoique l’une des très rares religions qui fussent mal
9505
i fussent mal vues à Rome, le christianisme, issu
de
la nation juive, s’étend aux gentils de toute race ; il leur confère
9506
sme, issu de la nation juive, s’étend aux gentils
de
toute race ; il leur confère par le baptême la dignité nouvelle de ch
9507
l leur confère par le baptême la dignité nouvelle
de
chrétien comme Rome conférait à ses ennemis de la veille la cité roma
9508
le de chrétien comme Rome conférait à ses ennemis
de
la veille la cité romaine. Il s’étend peu à peu dans le lit de la pui
9509
la cité romaine. Il s’étend peu à peu dans le lit
de
la puissance latine, il épouse les formes de l’empire. Il en adopte m
9510
lit de la puissance latine, il épouse les formes
de
l’empire. Il en adopte même les divisions administratives (Civitas au
9511
yen romain et même magistrat, il peut être évêque
de
la religion nouvelle. Le même Gaulois, qui est préfet impérial, écrit
9512
lois, qui est préfet impérial, écrit en pur latin
de
belles hymnes à la gloire du fils de Dieu qui est né juif et sujet d’
9513
en pur latin de belles hymnes à la gloire du fils
de
Dieu qui est né juif et sujet d’Hérode. Voici déjà un Européen presqu
9514
a gloire du fils de Dieu qui est né juif et sujet
d’
Hérode. Voici déjà un Européen presque achevé. Un droit commun, un die
9515
qui est né juif et sujet d’Hérode. Voici déjà un
Européen
presque achevé. Un droit commun, un dieu commun ; le même droit et le
9516
tienne vise et atteint progressivement le profond
de
la conscience. … Le christianisme propose à l’esprit les problèmes le
9517
portants et même les plus féconds. Qu’il s’agisse
de
la valeur des témoignages, de la critique des textes, des sources et
9518
nds. Qu’il s’agisse de la valeur des témoignages,
de
la critique des textes, des sources et des garanties de la connaissan
9519
critique des textes, des sources et des garanties
de
la connaissance ; qu’il s’agisse de la distinction de la raison ou de
9520
des garanties de la connaissance ; qu’il s’agisse
de
la distinction de la raison ou de la foi, de l’opposition qui se décl
9521
a connaissance ; qu’il s’agisse de la distinction
de
la raison ou de la foi, de l’opposition qui se déclare entre elles, d
9522
qu’il s’agisse de la distinction de la raison ou
de
la foi, de l’opposition qui se déclare entre elles, de l’antagonisme
9523
isse de la distinction de la raison ou de la foi,
de
l’opposition qui se déclare entre elles, de l’antagonisme entre la fo
9524
foi, de l’opposition qui se déclare entre elles,
de
l’antagonisme entre la foi et les actes et les œuvres ; qu’il s’agiss
9525
a foi et les actes et les œuvres ; qu’il s’agisse
de
la liberté, de la servitude, de la grâce ; qu’il s’agisse des pouvoir
9526
tes et les œuvres ; qu’il s’agisse de la liberté,
de
la servitude, de la grâce ; qu’il s’agisse des pouvoirs spirituel et
9527
; qu’il s’agisse de la liberté, de la servitude,
de
la grâce ; qu’il s’agisse des pouvoirs spirituel et matériel et de le
9528
il s’agisse des pouvoirs spirituel et matériel et
de
leur mutuel conflit, de l’égalité des hommes, des conditions des femm
9529
spirituel et matériel et de leur mutuel conflit,
de
l’égalité des hommes, des conditions des femmes, que sais-je encore ?
9530
éduque, excite, fait agir et réagir des millions
d’
esprits pendant une suite de siècles. Mais il manque encore quelque c
9531
t réagir des millions d’esprits pendant une suite
de
siècles. Mais il manque encore quelque chose à la figure de l’Europé
9532
Mais il manque encore quelque chose à la figure
de
l’Européen : Ce que nous devons à la Grèce est peut-être ce qui nous
9533
s il manque encore quelque chose à la figure de l’
Européen
: Ce que nous devons à la Grèce est peut-être ce qui nous a distingu
9534
i nous a distingués le plus profondément du reste
de
l’humanité. Nous lui devons la discipline de l’Esprit, l’exemple extr
9535
este de l’humanité. Nous lui devons la discipline
de
l’Esprit, l’exemple extraordinaire de la perfection dans tous les ord
9536
discipline de l’Esprit, l’exemple extraordinaire
de
la perfection dans tous les ordres. Nous lui devons une méthode de pe
9537
dans tous les ordres. Nous lui devons une méthode
de
penser qui tend à rapporter toutes choses à l’homme, à l’homme comple
9538
omplet ; l’homme se devient à soi-même le système
de
références auquel toutes choses doivent enfin pouvoir s’appliquer. Il
9539
iquer. Il doit donc développer toutes les parties
de
son être et les maintenir dans une harmonie aussi claire, et même aus
9540
son esprit. Quant à l’esprit même, il se défendra
de
ses excès, de ses rêveries, de sa production vague et purement imagin
9541
ant à l’esprit même, il se défendra de ses excès,
de
ses rêveries, de sa production vague et purement imaginaire, par une
9542
me, il se défendra de ses excès, de ses rêveries,
de
sa production vague et purement imaginaire, par une critique et une a
9543
naire, par une critique et une analyse minutieuse
de
ses jugements, par une division rationnelle de ses fonctions, par la
9544
se de ses jugements, par une division rationnelle
de
ses fonctions, par la régulation des formes. … Telles m’apparaissent
9545
essentielles qui me semblent définir un véritable
Européen
, un homme en qui l’esprit européen peut habiter dans sa plénitude. Pa
9546
r un véritable Européen, un homme en qui l’esprit
européen
peut habiter dans sa plénitude. Partout où les noms de César, de Gaiu
9547
ut habiter dans sa plénitude. Partout où les noms
de
César, de Gaius, de Trajan et de Virgile, partout où les noms de Moïs
9548
dans sa plénitude. Partout où les noms de César,
de
Gaius, de Trajan et de Virgile, partout où les noms de Moïse et de sa
9549
lénitude. Partout où les noms de César, de Gaius,
de
Trajan et de Virgile, partout où les noms de Moïse et de saint Paul,
9550
tout où les noms de César, de Gaius, de Trajan et
de
Virgile, partout où les noms de Moïse et de saint Paul, partout où le
9551
ius, de Trajan et de Virgile, partout où les noms
de
Moïse et de saint Paul, partout où les noms d’Aristote, de Platon et
9552
an et de Virgile, partout où les noms de Moïse et
de
saint Paul, partout où les noms d’Aristote, de Platon et d’Euclide on
9553
ms de Moïse et de saint Paul, partout où les noms
d’
Aristote, de Platon et d’Euclide ont eu une signification et une autor
9554
et de saint Paul, partout où les noms d’Aristote,
de
Platon et d’Euclide ont eu une signification et une autorité simultan
9555
aul, partout où les noms d’Aristote, de Platon et
d’
Euclide ont eu une signification et une autorité simultanées, là est l
9556
gnification et une autorité simultanées, là est l’
Europe
. Toute race et toute terre qui a été successivement romanisée, christ
9557
esprit, à la discipline des Grecs, est absolument
européenne
. Reprenons maintenant ces Trois Sources. Jérusalem d’abord, la plus
9558
e biblique. Les pays protestants se nourrissaient
de
la lecture d’un Ancien Testament dont les héros, les guerres et les m
9559
s pays protestants se nourrissaient de la lecture
d’
un Ancien Testament dont les héros, les guerres et les miracles, étaie
9560
ntré dans le Génie du christianisme que le secret
de
la grande littérature européenne réside dans la synthèse de la tradit
9561
istianisme que le secret de la grande littérature
européenne
réside dans la synthèse de la tradition grecque et de la tradition bi
9562
de littérature européenne réside dans la synthèse
de
la tradition grecque et de la tradition biblique. Au xxe siècle, ce
9563
éside dans la synthèse de la tradition grecque et
de
la tradition biblique. Au xxe siècle, cependant, les Européens pren
9564
adition biblique. Au xxe siècle, cependant, les
Européens
prennent conscience de plusieurs aspects « nouveaux » de leur héritag
9565
cle, cependant, les Européens prennent conscience
de
plusieurs aspects « nouveaux » de leur héritage sémite. Rappelons d’a
9566
nent conscience de plusieurs aspects « nouveaux »
de
leur héritage sémite. Rappelons d’abord les thèses de Victor Bérard,
9567
eur héritage sémite. Rappelons d’abord les thèses
de
Victor Bérard, qui fait remonter aux mythes et à l’histoire des Phéni
9568
décèle une parenté formelle entre les Chroniques
de
l’Ancien Testament et Les Travaux et les Jours d’Hésiode. Ainsi la so
9569
de l’Ancien Testament et Les Travaux et les Jours
d’
Hésiode. Ainsi la source biblique rejaillit parmi nous mêlée à la sour
9570
urce hellénique la plus ancienne et la plus vive.
D’
une manière plus précise, l’Européen d’aujourd’hui découvre que certai
9571
ne et la plus vive. D’une manière plus précise, l’
Européen
d’aujourd’hui découvre que certaines de ses attitudes les plus typiqu
9572
plus vive. D’une manière plus précise, l’Européen
d’
aujourd’hui découvre que certaines de ses attitudes les plus typiques,
9573
, l’Européen d’aujourd’hui découvre que certaines
de
ses attitudes les plus typiques, qu’on avait coutume de rapporter à d
9574
attitudes les plus typiques, qu’on avait coutume
de
rapporter à des origines romaines ou grecques, relèvent plutôt de la
9575
es origines romaines ou grecques, relèvent plutôt
de
la source hébraïque. Ainsi, les jacobins croyaient trouver dans Rome
9576
cobins croyaient trouver dans Rome les prototypes
de
l’esprit révolutionnaire. Mais, nous dit André Siegfried : Notre con
9577
pirituelle, et non plus seulement intellectuelle,
de
l’homme… c’est à la tradition juive, magnifiquement épanouie dans l’É
9578
ans l’Évangile, que nous la devons. Les prophètes
d’
Israël, ces démagogues fulgurants et divins, ont déposé dans notre esp
9579
posé dans notre esprit cette soif révolutionnaire
de
la justice qui distingue socialement l’Occident. Et de même, ajoute
9580
dent. Et de même, ajoute Siegfried, ce n’est pas
de
la tradition gréco-latine que les révolutions d’aujourd’hui portent l
9581
de la tradition gréco-latine que les révolutions
d’
aujourd’hui portent la marque : La passion marxiste se rattache plutô
9582
sion marxiste se rattache plutôt au vieux ferment
d’
Israël, à la fois destructeur et chargé d’un espoir indestructiblement
9583
ferment d’Israël, à la fois destructeur et chargé
d’
un espoir indestructiblement tourné vers l’avenir. Mais voici dans un
9584
tout autre domaine un aspect non moins surprenant
de
l’héritage hébraïque des Européens, un aspect que les siècles précéde
9585
non moins surprenant de l’héritage hébraïque des
Européens
, un aspect que les siècles précédents avaient ignoré, voire refoulé,
9586
tu de leurs scientismes antireligieux : l’origine
de
la science moderne serait bien moins grecque que biblique. C’est Karl
9587
passion pour la science appartient en propre à l’
Europe
, autant que les immenses conquêtes des sciences dans la recherche mod
9588
s sciences dans la recherche moderne. La science
européenne
est tournée sans limites vers tout ce qui est et qui peut être pensé.
9589
Il n’y a rien, pour elle, qui ne vaille la peine
d’
être connu ; elle paraît se disperser dans l’infini. Mais quel que soi
9590
e une extension universelle avec la concentration
de
toute connaissance dans le cosmos des sciences. Elle ne souffre aucun
9591
aucun voile ; elle ne permet pas la tranquillité
d’
opinions faites une fois pour toutes. Sa critique impitoyable révèle d
9592
e. Elle éclaire ses méthodes, reconnaît les modes
de
son savoir, le sens et les limites de ses connaissances. Une telle sc
9593
t les modes de son savoir, le sens et les limites
de
ses connaissances. Une telle science dépasse de loin les amorces qu’i
9594
s de ses connaissances. Une telle science dépasse
de
loin les amorces qu’il y eut en Chine, aux Indes, et aussi dans la Gr
9595
ulement une introduction et un moyen pédagogique.
D’
où vient la science moderne, quelles impulsions l’ont engendrée ? Elle
9596
n essence. C’est, pourquoi tout ce qui est mérite
d’
être connu, en tant que parcelle de la création. Mais il n’est pas rar
9597
qui est mérite d’être connu, en tant que parcelle
de
la création. Mais il n’est pas rare qu’une connaissance nouvelle vien
9598
dans la conception du monde et dans la conscience
de
l’être des Grecs — la science en tant que construction logique fait é
9599
ique fait éclater la logique. La cohérence fermée
de
la connaissance se trouve sacrifiée en faveur d’une recherche infinie
9600
rifiée en faveur d’une recherche infinie, la paix
de
la certitude systématique en faveur d’une mise en question qui ne ces
9601
mise en question qui ne cesse jamais. La logique
de
la science s’ouvre à l’irrationnel et pénètre en lui tout en s’y soum
9602
n lui tout en s’y soumettant. C’est l’interaction
d’
hypothèses conçues et d’expériences faites qui permet d’aller de l’ava
9603
tant. C’est l’interaction d’hypothèses conçues et
d’
expériences faites qui permet d’aller de l’avant, dans une lutte conti
9604
thèses conçues et d’expériences faites qui permet
d’
aller de l’avant, dans une lutte continue pour atteindre la réalité. M
9605
onçues et d’expériences faites qui permet d’aller
de
l’avant, dans une lutte continue pour atteindre la réalité. Mais enco
9606
e ce combat contre l’apparence pour la découverte
de
l’être, une autre impulsion est agissante ici. Dieu ayant créé le mon
9607
ici. Dieu ayant créé le monde paraît responsable
de
ce qu’il est. La connaissance devient une attaque contre Dieu. Mais,
9608
part, une telle connaissance répond à l’exigence
de
Dieu qui veut une véracité absolue. Ainsi se développe, à la source d
9609
véracité absolue. Ainsi se développe, à la source
de
la science, le besoin d’interroger Dieu contre Dieu. Cette impulsion,
9610
e développe, à la source de la science, le besoin
d’
interroger Dieu contre Dieu. Cette impulsion, partie du livre de Job,
9611
ieu contre Dieu. Cette impulsion, partie du livre
de
Job, traverse toute la pensée européenne. C’est cette accusation pass
9612
partie du livre de Job, traverse toute la pensée
européenne
. C’est cette accusation passionnée et contenue qui, liée à l’amour po
9613
qui, liée à l’amour pour tout ce qui est création
de
Dieu, a donné naissance à la science européenne — cette science qui,
9614
création de Dieu, a donné naissance à la science
européenne
— cette science qui, dès lors, se poursuit un certain temps, même apr
9615
ertes archéologiques comme celle des « manuscrits
de
la mer Morte » — et c’est un fait patent qu’elle demeure par la Bible
9616
résente et agissante des trois, dans des millions
de
vies intimes. Quant à la source grecque, qui ne peut irriguer que les
9617
ne peut irriguer que les couches intellectuelles
de
nos pays, elle apparaît décidément en crue, aux dépens de la source r
9618
, aux dépens de la source romaine. La renaissance
de
notre intérêt pour les choses grecques se traduit au xxe siècle par
9619
tiques (qu’on peut lire depuis peu même en livres
de
poche) ; vogue des mythes (du complexe d’Œdipe chez Freud jusqu’aux U
9620
livres de poche) ; vogue des mythes (du complexe
d’
Œdipe chez Freud jusqu’aux Ulysses de Joyce ou de Kazantzakis, au Prom
9621
d’Œdipe chez Freud jusqu’aux Ulysses de Joyce ou
de
Kazantzakis, au Prométhée de Spitteler, au Thésée de Gide, aux Orphée
9622
Cocteau, etc.) ; reprise des thèmes et des titres
de
la tragédie grecque par la plupart de nos dramaturges, poètes et comp
9623
sme et les mystères… Un des meilleurs hellénistes
de
ce temps, le Pr Bruno Snell, de Hambourg, pose ainsi le problème de l
9624
leurs hellénistes de ce temps, le Pr Bruno Snell,
de
Hambourg, pose ainsi le problème de la vitalité de la source grecque
9625
Bruno Snell, de Hambourg, pose ainsi le problème
de
la vitalité de la source grecque dans notre temps : L’homme — celui
9626
e Hambourg, pose ainsi le problème de la vitalité
de
la source grecque dans notre temps : L’homme — celui de l’Occident d
9627
ource grecque dans notre temps : L’homme — celui
de
l’Occident du moins — travaille avec conscience et volonté pour son a
9628
u’ai-je été ? »… Si donc nous voulons devenir des
Européens
(et c’est bien ce que nous voulons, au fond, quand nous désirons lire
9629
rsque nous éprouvons les nombreuses insuffisances
de
la culture européenne moderne, nous nous demandons d’autant plus inst
9630
ouvons les nombreuses insuffisances de la culture
européenne
moderne, nous nous demandons d’autant plus instamment : que fut donc
9631
a culture européenne moderne, nous nous demandons
d’
autant plus instamment : que fut donc cette culture aux temps des orig
9632
tion historique déterminée, doit et peut attendre
de
l’hellénisme : Vers le milieu du xxe siècle, après la Première Gue
9633
mit à réfléchir sur ce qui valait encore la peine
d’
être sauvé en Europe, certains doutes se manifestèrent chez nous : les
9634
sur ce qui valait encore la peine d’être sauvé en
Europe
, certains doutes se manifestèrent chez nous : les formes anciennes de
9635
se manifestèrent chez nous : les formes anciennes
de
l’humanisme n’avaient-elles pas fait leur temps ? L’humanisme d’un Ér
9636
n’avaient-elles pas fait leur temps ? L’humanisme
d’
un Érasme, semblait-il, n’était plus qu’une affaire d’érudits, celui d
9637
Érasme, semblait-il, n’était plus qu’une affaire
d’
érudits, celui de l’époque de Goethe était trop lié à l’esthétique. C’
9638
-il, n’était plus qu’une affaire d’érudits, celui
de
l’époque de Goethe était trop lié à l’esthétique. C’était d’un nouvel
9639
plus qu’une affaire d’érudits, celui de l’époque
de
Goethe était trop lié à l’esthétique. C’était d’un nouvel humanisme q
9640
de Goethe était trop lié à l’esthétique. C’était
d’
un nouvel humanisme que l’on avait besoin, embrassant le tout de l’hom
9641
manisme que l’on avait besoin, embrassant le tout
de
l’homme, non seulement la pensée et le sentiment, mais l’action. Cet
9642
éthique et politique plaçait au centre la notion
de
Paideia, de culture, et remontait, en fait, à ce qui fut l’origine de
9643
politique plaçait au centre la notion de Paideia,
de
culture, et remontait, en fait, à ce qui fut l’origine de l’humanisme
9644
re, et remontait, en fait, à ce qui fut l’origine
de
l’humanisme isocratique et cicéronien. Toutefois, il n’entendait pas
9645
quité dans son ensemble et surtout à cet antipode
d’
Isocrate que fut Platon : lequel, précisément, n’attribuait pas une di
9646
à l’homme et à sa culture, et prenait pour mesure
de
toutes choses non pas l’homme, mais Dieu […] Que les dieux soient la
9647
mme, mais Dieu […] Que les dieux soient la mesure
de
toutes choses, signifie pour les Grecs que le monde est un cosmos et
9648
te « Nature », les Grecs ne se sont pas contentés
d’
y croire : ils ont cherché à la comprendre, et plus ils s’y appliquaie
9649
vie direction, sens et consistance. Le fondement
de
la culture de l’Europe, c’est la découverte par les Grecs de la maniè
9650
, sens et consistance. Le fondement de la culture
de
l’Europe, c’est la découverte par les Grecs de la manière dont cet Or
9651
s et consistance. Le fondement de la culture de l’
Europe
, c’est la découverte par les Grecs de la manière dont cet Ordre se ma
9652
re de l’Europe, c’est la découverte par les Grecs
de
la manière dont cet Ordre se manifeste à notre connaissance comme Loi
9653
notre activité comme Droit. Croire à l’existence
de
la Vérité, de la Beauté et du Droit, même quand leurs manifestations
9654
é comme Droit. Croire à l’existence de la Vérité,
de
la Beauté et du Droit, même quand leurs manifestations n’apparaissent
9655
es réponses que celle des dieux modérateurs. Deux
de
ses mythes fascinent l’Européen moderne, selon qu’il croit y reconnaî
9656
dieux modérateurs. Deux de ses mythes fascinent l’
Européen
moderne, selon qu’il croit y reconnaître sa passion de l’aventure tec
9657
derne, selon qu’il croit y reconnaître sa passion
de
l’aventure technique ou de la navigation politique : Prométhée l’orgu
9658
reconnaître sa passion de l’aventure technique ou
de
la navigation politique : Prométhée l’orgueilleux et le rusé Ulysse.
9659
ours un mythe fondamental qui préside à la genèse
d’
une civilisation. Ce mythe, pour celle qui nous occupe, n’est pas diff
9660
n’est pas difficile à découvrir : c’est le mythe
de
Prométhée… Le mythe de Prométhée, c’est la préfiguration de l’esprit
9661
découvrir : c’est le mythe de Prométhée… Le mythe
de
Prométhée, c’est la préfiguration de l’esprit de l’Occident. C’est l’
9662
ée… Le mythe de Prométhée, c’est la préfiguration
de
l’esprit de l’Occident. C’est l’esprit de révolte contre les interdit
9663
de Prométhée, c’est la préfiguration de l’esprit
de
l’Occident. C’est l’esprit de révolte contre les interdits des dieux
9664
uration de l’esprit de l’Occident. C’est l’esprit
de
révolte contre les interdits des dieux jaloux, qui symbolisent les cr
9665
ts des dieux jaloux, qui symbolisent les craintes
de
l’humanité primitive en présence des forces aveugles de la nature qui
9666
umanité primitive en présence des forces aveugles
de
la nature qui la dominent et qui l’effrayent. C’est l’esprit de curio
9667
ui la dominent et qui l’effrayent. C’est l’esprit
de
curiosité et d’aventure qui pousse Ulysse vers des horizons inconnus,
9668
t qui l’effrayent. C’est l’esprit de curiosité et
d’
aventure qui pousse Ulysse vers des horizons inconnus, lui fait affron
9669
horizons inconnus, lui fait affronter les périls
de
la mer, les ruses de Poséidon, et surmonter les dangers qui l’assaill
9670
ui fait affronter les périls de la mer, les ruses
de
Poséidon, et surmonter les dangers qui l’assaillent à force d’intelli
9671
et surmonter les dangers qui l’assaillent à force
d’
intelligence et de courage. C’est le culte du travail et de l’effort q
9672
angers qui l’assaillent à force d’intelligence et
de
courage. C’est le culte du travail et de l’effort qui incite Hercule
9673
gence et de courage. C’est le culte du travail et
de
l’effort qui incite Hercule à purger la terre de ses tyrans, de ses b
9674
de l’effort qui incite Hercule à purger la terre
de
ses tyrans, de ses brigands et de ses monstres, à dompter les fleuves
9675
i incite Hercule à purger la terre de ses tyrans,
de
ses brigands et de ses monstres, à dompter les fleuves, à assainir le
9676
purger la terre de ses tyrans, de ses brigands et
de
ses monstres, à dompter les fleuves, à assainir les vallées, à percer
9677
pacifier et à civiliser la nature. C’est la soif
de
connaître qui précipite Pline l’Ancien sur le Vésuve en éruption, qui
9678
cet esprit que célèbre Lucrèce en faisant l’éloge
d’
Épicure : « Alors que l’humanité traînait sur la terre une vie abjecte
9679
r la terre une vie abjecte, écrasée sous le poids
d’
une religion dont le visage terrifiant menaçait les mortels du haut de
9680
elle, en libérant les humains des vaines terreurs
de
l’Achéron et du Tartare. » Aux yeux de l’un des hommes auxquels l’un
9681
. » Aux yeux de l’un des hommes auxquels l’union
de
l’Europe devra le plus, le comte Richard Coudenhove-Kalergi, c’est Ul
9682
Aux yeux de l’un des hommes auxquels l’union de l’
Europe
devra le plus, le comte Richard Coudenhove-Kalergi, c’est Ulysse bien
9683
sse bien plutôt qui préfigure l’aventureux esprit
européen
: Ulysse est au vrai sens du terme le prototype de l’Européen, en mê
9684
: Ulysse est au vrai sens du terme le prototype
de
l’Européen, en même temps que le héros du premier roman d’aventures d
9685
lysse est au vrai sens du terme le prototype de l’
Européen
, en même temps que le héros du premier roman d’aventures de l’Occiden
9686
péen, en même temps que le héros du premier roman
d’
aventures de l’Occident. Il apparaît dans sa pleine stature, à la fois
9687
e temps que le héros du premier roman d’aventures
de
l’Occident. Il apparaît dans sa pleine stature, à la fois éternelle e
9688
ternelle et moderne, quand on le compare au héros
de
l’Iliade. Achille, l’idole de l’Antiquité, le premier modèle d’Alexan
9689
le compare au héros de l’Iliade. Achille, l’idole
de
l’Antiquité, le premier modèle d’Alexandre le Grand, fut le Siegfried
9690
chille, l’idole de l’Antiquité, le premier modèle
d’
Alexandre le Grand, fut le Siegfried des Grecs, héros juvénile, fort e
9691
ecs, héros juvénile, fort et courageux, sans trop
d’
esprit, qui se précipite dans la lutte pour y périr bientôt et entrer
9692
brave et magnanime, mais aussi rusé et astucieux.
Européen
en ceci que sa passion est domptée par la mesure. Il ne cherche pas l
9693
l ne cherche pas la lutte, mais il gagne. Le sort
de
ses compagnons lui importe autant que le sien. Malgré ses aventures a
9694
ent, mais supporte un dur destin avec la patience
de
Job. Revêtu d’un costume moderne, Ulysse apparaît aussitôt comme un a
9695
rte un dur destin avec la patience de Job. Revêtu
d’
un costume moderne, Ulysse apparaît aussitôt comme un authentique Euro
9696
ne, Ulysse apparaît aussitôt comme un authentique
Européen
du xxe siècle. Nous pouvons très bien nous le représenter sous la fi
9697
ès bien nous le représenter sous la figure trapue
d’
un Churchill, avec son grand front. Il est vraisemblable que Churchill
9698
e astuce et la même audace qui permirent à Ulysse
de
se sauver avec ses compagnons de la caverne de Polyphème. Tous les de
9699
rmirent à Ulysse de se sauver avec ses compagnons
de
la caverne de Polyphème. Tous les deux sont d’abord des marins. Ulyss
9700
se de se sauver avec ses compagnons de la caverne
de
Polyphème. Tous les deux sont d’abord des marins. Ulysse n’est pas se
9701
st pas seulement un guerrier, comme ses camarades
de
l’Iliade, mais un héros de la mer. Sa lutte principale, tout au long
9702
r, comme ses camarades de l’Iliade, mais un héros
de
la mer. Sa lutte principale, tout au long de l’Odyssée, n’est pas dir
9703
éros de la mer. Sa lutte principale, tout au long
de
l’Odyssée, n’est pas dirigée contre les hommes mais contre les élémen
9704
et les vagues. En cela aussi, il est un prototype
de
l’Européen, qui conquit l’hégémonie mondiale parce qu’il avait appris
9705
s vagues. En cela aussi, il est un prototype de l’
Européen
, qui conquit l’hégémonie mondiale parce qu’il avait appris à dominer
9706
l’accomplissement majeur réside dans le triomphe
de
la technique sur la nature. Véritable Européen, enfin, par la rencont
9707
triomphe de la technique sur la nature. Véritable
Européen
, enfin, par la rencontre en lui, le Grec, des traits de caractères na
9708
fin, par la rencontre en lui, le Grec, des traits
de
caractères nationaux les plus divers, français, anglais, allemand, it
9709
çais, anglais, allemand, italien… S’il renaissait
de
nos jours, il pourrait être le fils de n’importe laquelle de ces nati
9710
renaissait de nos jours, il pourrait être le fils
de
n’importe laquelle de ces nations. Et il pourrait aussi se distinguer
9711
s, il pourrait être le fils de n’importe laquelle
de
ces nations. Et il pourrait aussi se distinguer dans n’importe quelle
9712
porte quelle profession : comme ingénieur ou chef
d’
équipe, comme propriétaire terrien ou officier, comme diplomate ou par
9713
e diplomate ou parlementaire. Sa grandeur procède
de
sa plénitude dans les trois dimensions du corps, de la volonté et de
9714
sa plénitude dans les trois dimensions du corps,
de
la volonté et de l’esprit. C’est pourquoi il est le précurseur des mo
9715
s les trois dimensions du corps, de la volonté et
de
l’esprit. C’est pourquoi il est le précurseur des modèles de l’humani
9716
. C’est pourquoi il est le précurseur des modèles
de
l’humanité à venir : du chevalier médiéval et du gentleman de notre é
9717
é à venir : du chevalier médiéval et du gentleman
de
notre époque. Son port royal contredit le proverbe à bon marché qui d
9718
tempête le jette sans aucun vêtement sur la grève
de
l’île d’Alcinoüs, le roi lui-même et sa fille Nausicaa l’accueillent
9719
i-même et sa fille Nausicaa l’accueillent en hôte
d’
honneur, sans savoir qui il est : ils ont senti qu’ils avaient à faire
9720
à un seigneur, à un héros, mais aussi à un homme
d’
esprit délié et élevé. On n’imagine pas le vieux Ménélas composant des
9721
s on voit très bien le vieil Ulysse, dans son nid
d’
aigle d’Ithaque, écrivant ses mémoires, Poésie et Vérité. Cette Odyssé
9722
t très bien le vieil Ulysse, dans son nid d’aigle
d’
Ithaque, écrivant ses mémoires, Poésie et Vérité. Cette Odyssée primit
9723
bien être celle qui a survécu aux siècles et qui,
de
nos jours, passionne encore la jeunesse européenne, par sa fraîcheur
9724
t qui, de nos jours, passionne encore la jeunesse
européenne
, par sa fraîcheur directe, sa vitalité et son humanité.283 Voici en
9725
ire et insolite, mais qui a porté au plus profond
de
beaucoup de nos meilleurs esprits, la voix de Simone Weil (1909-1943)
9726
ond de beaucoup de nos meilleurs esprits, la voix
de
Simone Weil (1909-1943), qui fut, pour peu de temps, l’âme la plus na
9727
l’âme la plus naturellement grecque et chrétienne
de
notre temps. Jugeant, et avec quelle intransigeance, du seul point de
9728
avec quelle intransigeance, du seul point de vue
de
la spiritualité et de l’amour divin, elle écarte de la vraie traditio
9729
eance, du seul point de vue de la spiritualité et
de
l’amour divin, elle écarte de la vraie tradition européenne tout ce q
9730
la spiritualité et de l’amour divin, elle écarte
de
la vraie tradition européenne tout ce qui n’est pas grec ou évangéliq
9731
l’amour divin, elle écarte de la vraie tradition
européenne
tout ce qui n’est pas grec ou évangélique, et notamment la source rom
9732
rec, comme l’Iliade en est la première ; l’esprit
de
la Grèce s’y laisse voir non seulement en ce qu’il y est ordonné de r
9733
isse voir non seulement en ce qu’il y est ordonné
de
rechercher à l’exclusion de tout autre bien « le royaume et la justic
9734
e qu’il y est ordonné de rechercher à l’exclusion
de
tout autre bien « le royaume et la justice de notre Père céleste », m
9735
ion de tout autre bien « le royaume et la justice
de
notre Père céleste », mais aussi en ce que la misère humaine y est ex
9736
un être divin en même temps qu’humain. Les récits
de
la Passion montrent qu’un esprit divin, uni à la chair, est altéré pa
9737
devant la souffrance et la mort, se sent au fond
de
la détresse, séparé des hommes et de Dieu. Le sentiment de la misère
9738
sent au fond de la détresse, séparé des hommes et
de
Dieu. Le sentiment de la misère humaine leur donne cet accent de simp
9739
resse, séparé des hommes et de Dieu. Le sentiment
de
la misère humaine leur donne cet accent de simplicité qui est la marq
9740
timent de la misère humaine leur donne cet accent
de
simplicité qui est la marque du génie grec, et qui fait tout le prix
9741
la marque du génie grec, et qui fait tout le prix
de
la tragédie attique et de l’Iliade. … Rien n’est plus rare qu’une jus
9742
t qui fait tout le prix de la tragédie attique et
de
l’Iliade. … Rien n’est plus rare qu’une juste expression du malheur ;
9743
lheur ; en le peignant, on feint presque toujours
de
croire tantôt que la déchéance est une vocation innée du malheureux,
9744
r la marque, sans qu’il change toutes les pensées
d’
une manière qui n’appartient qu’à lui. Les Grecs, le plus souvent, eur
9745
lui. Les Grecs, le plus souvent, eurent la force
d’
âme qui permet de ne pas se mentir ; ils en furent récompensés et sure
9746
le plus souvent, eurent la force d’âme qui permet
de
ne pas se mentir ; ils en furent récompensés et surent atteindre en t
9747
urent atteindre en toute chose le plus haut degré
de
lucidité, de pureté et de simplicité… Les Romains et les Hébreux se s
9748
re en toute chose le plus haut degré de lucidité,
de
pureté et de simplicité… Les Romains et les Hébreux se sont crus les
9749
hose le plus haut degré de lucidité, de pureté et
de
simplicité… Les Romains et les Hébreux se sont crus les uns et les au
9750
la maîtresse du monde, les seconds par la faveur
de
leur Dieu et dans la mesure exacte où ils lui obéissaient. Les Romain
9751
dies. Ils remplaçaient les tragédies par les jeux
de
gladiateurs. Les Hébreux voyaient dans le malheur le signe du péché e
9752
le signe du péché et par suite un motif légitime
de
mépris. Ils regardaient leurs ennemis vaincus comme étant en horreur
9753
par la découverte des lettres grecques, le génie
de
la Grèce n’a pas ressuscité au cours de vingt siècles. Il en apparaît
9754
, dans l’École des Femmes, dans Phèdre. Mais rien
de
ce qu’ont produit les peuples d’Europe ne vaut le premier poème connu
9755
hèdre. Mais rien de ce qu’ont produit les peuples
d’
Europe ne vaut le premier poème connu qui soit apparu chez l’un d’eux.
9756
dre. Mais rien de ce qu’ont produit les peuples d’
Europe
ne vaut le premier poème connu qui soit apparu chez l’un d’eux. Ils r
9757
le premier poème connu qui soit apparu chez l’un
d’
eux. Ils retrouveront peut-être le génie épique quand ils sauront ne r
9758
l’avait mieux comprise que les jacobins ne firent
de
la Rome de Brutus. Rome a donc mauvaise presse dans l’intelligentsia
9759
religion en l’adoptant » : Les Romains, poignée
d’
aventuriers réunis par le besoin…, les Romains ne pouvaient rien tolér
9760
lérer qui fût riche en contenu spirituel. L’amour
de
Dieu est un feu dangereux dont le contact pouvait être funeste à leur
9761
ouvait être funeste à leur misérable divinisation
de
l’esclavage. Aussi ont-ils impitoyablement détruit la vie spirituelle
9762
uthentiques. … Ils ont exterminé tous les druides
de
Gaule ; anéanti les cultes égyptiens ; noyé dans le sang et déshonoré
9763
es égyptiens ; noyé dans le sang et déshonoré par
d’
ingénieuses calomnies l’adoration de Dionysos. On sait ce qu’ils ont f
9764
déshonoré par d’ingénieuses calomnies l’adoration
de
Dionysos. On sait ce qu’ils ont fait des chrétiens au début… L’inspir
9765
ien adore Dieu avec un cœur disposé comme le cœur
d’
un païen de Rome dans l’hommage rendu à l’empereur, ce chrétien aussi
9766
ieu avec un cœur disposé comme le cœur d’un païen
de
Rome dans l’hommage rendu à l’empereur, ce chrétien aussi est idolâtr
9767
e la culture hellénique et le néant. Leur faculté
d’
imagination visant uniquement au pratique — ils possédaient un droit s
9768
, mais ils n’avaient pas une seule légende divine
d’
origine proprement romaine — est un trait qu’on ne rencontre nulle par
9769
le gigantesque qui, pour beaucoup, domine le type
de
l’économie, de la magistrature et de la vie antique et qui a rabaissé
9770
qui, pour beaucoup, domine le type de l’économie,
de
la magistrature et de la vie antique et qui a rabaissé en tout cas co
9771
mine le type de l’économie, de la magistrature et
de
la vie antique et qui a rabaissé en tout cas considérablement la vale
9772
, qui enseigna d’abord à l’Antiquité la splendeur
de
l’argent — entre les mains d’hommes d’affaires à l’esprit fort et pui
9773
iquité la splendeur de l’argent — entre les mains
d’
hommes d’affaires à l’esprit fort et puissamment doués. Autrement, ni
9774
splendeur de l’argent — entre les mains d’hommes
d’
affaires à l’esprit fort et puissamment doués. Autrement, ni César ni
9775
ne seraient intelligibles. Chaque Grec a un trait
de
Don Quichotte, chaque Romain un de Sancho Panca, toutes leurs autres
9776
rec a un trait de Don Quichotte, chaque Romain un
de
Sancho Panca, toutes leurs autres qualités disparaissent sous celles-
9777
ique des derniers temps, mais aussi le haut idéal
de
Virgile, l’un des pères spirituels de l’Europe : Même ceux qui possè
9778
haut idéal de Virgile, l’un des pères spirituels
de
l’Europe : Même ceux qui possèdent aussi peu que moi leur latin ne s
9779
idéal de Virgile, l’un des pères spirituels de l’
Europe
: Même ceux qui possèdent aussi peu que moi leur latin ne sauraient
9780
n pouvait attendre que Virgile imaginât comme fin
de
l’Histoire, et que c’était une digne fin. Pensera-t-on vraiment qu’il
9781
. Dans la mesure où nous héritons la civilisation
de
l’Europe, nous sommes encore tous citoyens de l’Empire romain, et le
9782
s la mesure où nous héritons la civilisation de l’
Europe
, nous sommes encore tous citoyens de l’Empire romain, et le temps n’a
9783
ion de l’Europe, nous sommes encore tous citoyens
de
l’Empire romain, et le temps n’a pas encore donné tort à Virgile lors
9784
es, des proconsuls et des gouverneurs, des hommes
d’
affaires et des spéculateurs, des démagogues et des généraux. C’était
9785
nte assigne à Virgile dans la vie future, ce rôle
de
guide et de maître jusqu’à la barrière qu’il n’était pas autorisé à f
9786
à Virgile dans la vie future, ce rôle de guide et
de
maître jusqu’à la barrière qu’il n’était pas autorisé à franchir, et
9787
t pas autorisé à franchir, et n’était pas capable
de
franchir, définit exactement la relation entre Virgile et le monde ch
9788
le et le monde chrétien. Nous voyons que le monde
de
Virgile, comparé à celui d’Homère, est une approximation du monde chr
9789
s voyons que le monde de Virgile, comparé à celui
d’
Homère, est une approximation du monde chrétien par le choix, l’ordre
9790
e chrétien par le choix, l’ordre et les relations
de
ses valeurs. Ceci n’implique aucune comparaison entre Homère comme po
9791
out simplement nous en sachions plus sur le monde
de
Virgile et le comprenions mieux ; et qu’ainsi nous voyions plus clair
9792
in selon Virgile, est dû à l’esprit philosophique
de
Virgile lui-même. Car, au sens où un poète est un philosophe (par opp
9793
ande œuvre), Virgile est le plus grand philosophe
de
la Rome ancienne. Ce n’est donc pas simplement que la civilisation en
9794
che de celle du christianisme que la civilisation
d’
Homère ; nous sommes en droit de dire que Virgile, parmi les poètes cl
9795
e la civilisation d’Homère ; nous sommes en droit
de
dire que Virgile, parmi les poètes classiques et les prosateurs latin
9796
es prosateurs latins, est proche du christianisme
d’
une manière unique. Il est une formule que j’ai tenté d’éviter mais qu
9797
manière unique. Il est une formule que j’ai tenté
d’
éviter mais que je me sens contraint d’utiliser ici : anima naturalite
9798
j’ai tenté d’éviter mais que je me sens contraint
d’
utiliser ici : anima naturaliter Christiana. Est-elle applicable à Vir
9799
na. Est-elle applicable à Virgile ? C’est matière
de
choix personnel. Mais j’incline à penser que Virgile manque de très p
9800
onnel. Mais j’incline à penser que Virgile manque
de
très peu la marque : et c’est pourquoi, je disais tout à l’heure que
9801
eider (1887-1959), qui dans un précieux opuscule,
Europa
als Lebensform, fait sentir la valeur affective que garde en nous l’i
9802
tir la valeur affective que garde en nous l’image
de
la Pax Romana : Fontaine de la présente histoire européenne, telle e
9803
arde en nous l’image de la Pax Romana : Fontaine
de
la présente histoire européenne, telle est la place du Capitole, conç
9804
la Pax Romana : Fontaine de la présente histoire
européenne
, telle est la place du Capitole, conçue par Michel-Ange et remise par
9805
se par lui à la Ville. On ne la comprend bien que
de
nuit, quand Marc Aurèle chevauche solitaire dans la lumière atténuée,
9806
es. Très peu de l’or des anciens temps, des temps
de
la paix impériale, reste attaché à l’armure de l’empereur ; mais, sel
9807
ps de la paix impériale, reste attaché à l’armure
de
l’empereur ; mais, selon la tradition du peuple romain, cet or s’accr
9808
s’accroît et lorsqu’il recouvrira toute la statue
de
l’empereur qui consuma sa vie dans les camps, les expéditions, et sur
9809
ans les camps, les expéditions, et sur les champs
de
bataille, la paix régnera : ainsi l’Europe a trouvé sa figure dans l’
9810
les champs de bataille, la paix régnera : ainsi l’
Europe
a trouvé sa figure dans l’empereur protégeant et bénissant la Ville e
9811
bénissant la Ville et le Monde. Mais gardons-nous
de
fuir dans les rêves de peuples souffrants, ce ne serait pas conforme
9812
e Monde. Mais gardons-nous de fuir dans les rêves
de
peuples souffrants, ce ne serait pas conforme à l’esprit de Marc Aurè
9813
souffrants, ce ne serait pas conforme à l’esprit
de
Marc Aurèle ! « Celui qui a vu ce qui existe aujourd’hui a contemplé
9814
ui qui a vu ce qui existe aujourd’hui a contemplé
d’
un seul regard ce qui fut de tout temps et sera de toute éternité. » L
9815
jourd’hui a contemplé d’un seul regard ce qui fut
de
tout temps et sera de toute éternité. » Le présent contient toute l’h
9816
d’un seul regard ce qui fut de tout temps et sera
de
toute éternité. » Le présent contient toute l’histoire du monde. Et s
9817
ésent contient toute l’histoire du monde. Et si l’
Europe
existe en nous, dans la plénitude de ses diversités contradictoires e
9818
Et si l’Europe existe en nous, dans la plénitude
de
ses diversités contradictoires et de sa mission infinie, l’Europe est
9819
la plénitude de ses diversités contradictoires et
de
sa mission infinie, l’Europe est là dès maintenant, comme un destin ;
9820
sités contradictoires et de sa mission infinie, l’
Europe
est là dès maintenant, comme un destin ; mais si cette figure ne s’in
9821
si cette figure ne s’instaure pas dans l’intimité
de
notre être, dans la vie de notre vie et le cœur de notre cœur, comme
9822
re pas dans l’intimité de notre être, dans la vie
de
notre vie et le cœur de notre cœur, comme dit Hamlet à Horatio, alors
9823
e notre être, dans la vie de notre vie et le cœur
de
notre cœur, comme dit Hamlet à Horatio, alors l’Europe n’existe plus,
9824
e notre cœur, comme dit Hamlet à Horatio, alors l’
Europe
n’existe plus, — et ses terres ne sont plus que champ de bataille aba
9825
p de bataille abandonné aux puissances techniques
de
l’inhumain.288 La source germanique n’est même pas mentionnée par V
9826
même pas mentionnée par Valéry, dans son discours
de
1922. Ce Français d’origine génoise n’avait conscience que de ses hér
9827
ar Valéry, dans son discours de 1922. Ce Français
d’
origine génoise n’avait conscience que de ses héritages méditerranéens
9828
Français d’origine génoise n’avait conscience que
de
ses héritages méditerranéens. Un peu plus tard, la notion même de « G
9829
méditerranéens. Un peu plus tard, la notion même
de
« Germanentum » se trouvera obscurcie et refoulée sous l’effet des do
9830
arbares et chimériques du national-socialisme, et
de
la réaction d’horreur universelle à la découverte des crimes que ces
9831
ériques du national-socialisme, et de la réaction
d’
horreur universelle à la découverte des crimes que ces doctrines préte
9832
rdiques autant que les Latines gardent un réflexe
d’
hostilité à l’endroit du Saint-Empire. Serait-ce, pour les unes, parce
9833
« romain », pour les autres, parce qu’il était «
de
nation germanique » ? C’est plutôt que la notion même de Saint-Empire
9834
on germanique » ? C’est plutôt que la notion même
de
Saint-Empire n’est plus comprise. (Elle ne l’a d’ailleurs jamais été
9835
l’apport germanique ? C’est un historien suisse,
de
vieille souche fribourgeoise, écrivant en français et vivant aux lisi
9836
ique : Gonzague de Reynold. L’un des huit volumes
de
son œuvre maîtresse, La Formation de l’Europe, est consacré aux Germa
9837
huit volumes de son œuvre maîtresse, La Formation
de
l’Europe, est consacré aux Germains, des origines jusqu’aux Carolingi
9838
volumes de son œuvre maîtresse, La Formation de l’
Europe
, est consacré aux Germains, des origines jusqu’aux Carolingiens. Reyn
9839
décrit largement cette « fusion du Barbaricum et
de
la Romania, sous les auspices de l’Église », dont on peut soutenir (c
9840
du Barbaricum et de la Romania, sous les auspices
de
l’Église », dont on peut soutenir (comme on peut le faire aussi de l’
9841
nt on peut soutenir (comme on peut le faire aussi
de
l’entreprise de Charlemagne) qu’elle a véritablement fait l’Europe. R
9842
nir (comme on peut le faire aussi de l’entreprise
de
Charlemagne) qu’elle a véritablement fait l’Europe. Résumons, d’après
9843
se de Charlemagne) qu’elle a véritablement fait l’
Europe
. Résumons, d’après lui, les deux principales « découvertes » de l’his
9844
d’après lui, les deux principales « découvertes »
de
l’historiographie du xxe siècle européen concernant l’héritage germa
9845
découvertes » de l’historiographie du xxe siècle
européen
concernant l’héritage germanique : 1° Fin de la légende des « Grandes
9846
uropéen concernant l’héritage germanique : 1° Fin
de
la légende des « Grandes invasions » ruinant l’Empire : … Sans les d
9847
Empire : … Sans les divisions, sans la faiblesse
de
l’empire, il n’y aurait pas eu de péril germanique. Les Germains ne f
9848
ns la faiblesse de l’empire, il n’y aurait pas eu
de
péril germanique. Les Germains ne furent jamais assez nombreux pour l
9849
t jamais assez nombreux pour le conquérir. Parler
d’
invasions germaniques et même de grandes invasions, est une sottise.
9850
conquérir. Parler d’invasions germaniques et même
de
grandes invasions, est une sottise. Il y a les Germains de l’extérie
9851
invasions, est une sottise. Il y a les Germains
de
l’extérieur, et ceux qui se trouvent à l’intérieur de l’Empire : les
9852
ntre les premiers, prendront le haut commandement
de
l’armée, deviendront l’Empire : … À la fin, la question sera de savo
9853
iendront l’Empire : … À la fin, la question sera
de
savoir quel sera le peuple germain capable d’assumer la succession du
9854
era de savoir quel sera le peuple germain capable
d’
assumer la succession du peuple romain et de restaurer l’imperium.289
9855
pable d’assumer la succession du peuple romain et
de
restaurer l’imperium.289 Ce peuple sera celui des Francs, d’où est
9856
l’imperium.289 Ce peuple sera celui des Francs,
d’
où est issu Charlemagne, « Père de l’Europe »290. La première tentativ
9857
de l’Europe »290. La première tentative concrète
de
fédération européenne au xxe siècle, celle des Six, sera baptisée no
9858
290. La première tentative concrète de fédération
européenne
au xxe siècle, celle des Six, sera baptisée non sans quelques raison
9859
laires, est l’une des deux sources du fédéralisme
européen
, l’autre étant, selon Reynold, la doctrine trinitaire des premiers co
9860
s en tribu, tribus réunies en peuple ; assemblées
d’
hommes libres et de guerriers : le Volksthing, qui survit en Suisse da
9861
réunies en peuple ; assemblées d’hommes libres et
de
guerriers : le Volksthing, qui survit en Suisse dans les Landsgemeind
9862
dans les Landsgemeinden des cantons montagnards.
De
là un droit qui, entre les deux extrêmes du jus romanum : l’individu,
9863
rtisseurs qui empêchent l’individu, terme faible,
d’
être absorbé par l’État, terme fort. Le principe du droit germanique e
9864
rincipe du droit germanique est, en effet, l’idée
d’
association. Genossenschaftsrecht, dit le grand juriste Gierke. … Lors
9865
le, devenu chrétien, l’empereur descendit du rang
de
dieu au rang de représentant de Dieu. Constantin se montra humble vis
9866
ien, l’empereur descendit du rang de dieu au rang
de
représentant de Dieu. Constantin se montra humble vis-à-vis de l’Égli
9867
descendit du rang de dieu au rang de représentant
de
Dieu. Constantin se montra humble vis-à-vis de l’Église, mais ses suc
9868
a dans l’empereur tout-puissant. Avec le triomphe
de
la doctrine trinitaire, cette conception ne fut plus possible. « L’em
9869
t plus possible. « L’empereur n’est pas au-dessus
de
l’Église mais dans l’Église », rappela durement saint Ambroise à Théo
9870
aint Ambroise à Théodore le pénitent. Le disciple
de
saint Ambroise fut saint Augustin… Faire correspondre à un empereur c
9871
hrétien fut l’un des buts que se proposa l’auteur
de
La Cité de Dieu, ce bréviaire de Charlemagne. Dans cet ouvrage qui eu
9872
l’un des buts que se proposa l’auteur de La Cité
de
Dieu, ce bréviaire de Charlemagne. Dans cet ouvrage qui eut, durant d
9873
proposa l’auteur de La Cité de Dieu, ce bréviaire
de
Charlemagne. Dans cet ouvrage qui eut, durant des siècles, autant d’i
9874
s cet ouvrage qui eut, durant des siècles, autant
d’
influence que, bien des siècles plus tard, le Contrat social ou le Cap
9875
u’elle protège et qu’elle suit. L’idéal politique
de
saint Augustin, c’est la societas civitatum, l’association des cités
9876
La diversité devient alors la condition première
de
l’unité. C’est le fédéralisme dont on est en droit de dire qu’il est
9877
’unité. C’est le fédéralisme dont on est en droit
de
dire qu’il est la conception chrétienne de la vie politique et social
9878
droit de dire qu’il est la conception chrétienne
de
la vie politique et sociale, l’ordre qui assure à tous la tranquillit
9879
ociale, l’ordre qui assure à tous la tranquillité
de
la paix. Avec cette dernière citation, c’est l’héritage chrétien qui
9880
age chrétien qui est invoqué. Deux grandes écoles
d’
historiens de la culture s’opposent, sur ce sujet, non sans violence,
9881
qui est invoqué. Deux grandes écoles d’historiens
de
la culture s’opposent, sur ce sujet, non sans violence, durant la pér
9882
sujet, non sans violence, durant la période dite
de
l’entre-deux-guerres (1919-1939). L’une, optimiste par programme, con
9883
ar programme, continue la tradition des Lumières,
de
la science et de la technique prométhéennes, et tient l’Europe pour u
9884
tinue la tradition des Lumières, de la science et
de
la technique prométhéennes, et tient l’Europe pour une création de la
9885
ence et de la technique prométhéennes, et tient l’
Europe
pour une création de la Renaissance. L’autre, pessimiste par position
9886
rométhéennes, et tient l’Europe pour une création
de
la Renaissance. L’autre, pessimiste par position plus que par nature,
9887
au xiiie ) du Moyen Âge catholique pour la seule
Europe
digne du nom. Europe de l’Homme et de l’avenir contre Europe de la ch
9888
a seule Europe digne du nom. Europe de l’Homme et
de
l’avenir contre Europe de la chrétienté et du passé ? Il s’agit bien
9889
e du nom. Europe de l’Homme et de l’avenir contre
Europe
de la chrétienté et du passé ? Il s’agit bien plutôt d’une polémique
9890
m. Europe de l’Homme et de l’avenir contre Europe
de
la chrétienté et du passé ? Il s’agit bien plutôt d’une polémique ent
9891
la chrétienté et du passé ? Il s’agit bien plutôt
d’
une polémique entre les militants de deux partis qui ont en commun le
9892
t bien plutôt d’une polémique entre les militants
de
deux partis qui ont en commun le même souci de sauver l’Europe dans l
9893
ts de deux partis qui ont en commun le même souci
de
sauver l’Europe dans le présent, — cette Europe menacée de l’extérieu
9894
artis qui ont en commun le même souci de sauver l’
Europe
dans le présent, — cette Europe menacée de l’extérieur par la montée
9895
souci de sauver l’Europe dans le présent, — cette
Europe
menacée de l’extérieur par la montée d’empires « quantitatifs », et m
9896
l’Europe dans le présent, — cette Europe menacée
de
l’extérieur par la montée d’empires « quantitatifs », et menacée de l
9897
cette Europe menacée de l’extérieur par la montée
d’
empires « quantitatifs », et menacée de l’intérieur par ses divisions
9898
la montée d’empires « quantitatifs », et menacée
de
l’intérieur par ses divisions séculaires. Mais à quels saints se voue
9899
? ou à quels savants ? Laissons à l’un des doyens
de
l’historiographie européenne, Christopher Dawson, le soin de définir
9900
? Laissons à l’un des doyens de l’historiographie
européenne
, Christopher Dawson, le soin de définir les erreurs symétriques auxqu
9901
iographie européenne, Christopher Dawson, le soin
de
définir les erreurs symétriques auxquelles s’exposent les deux écoles
9902
fréquemment tendance à se servir du présent comme
d’
un modèle parfait permettant de juger le passé, et à considérer toute
9903
r du présent comme d’un modèle parfait permettant
de
juger le passé, et à considérer toute l’histoire comme un processus i
9904
ctuel des choses serait la phase dernière. Le cas
d’
un écrivain comme Wells justifie dans une certaine mesure cette interp
9905
mesure cette interprétation. Son but est en effet
de
fournir à l’homme moderne un arrière-plan historique et de quoi se fo
9906
r à l’homme moderne un arrière-plan historique et
de
quoi se former une conception du monde. Mais, même à son point de per
9907
r une conception du monde. Mais, même à son point
de
perfection, cette façon d’écrire l’histoire est fondamentalement cont
9908
Mais, même à son point de perfection, cette façon
d’
écrire l’histoire est fondamentalement contraire à l’esprit de l’histo
9909
istoire est fondamentalement contraire à l’esprit
de
l’histoire, puisqu’elle implique la subordination du passé au présent
9910
’opposé, un autre danger qui consiste à se servir
de
l’histoire comme d’une arme contre l’époque moderne, soit par suite d
9911
nger qui consiste à se servir de l’histoire comme
d’
une arme contre l’époque moderne, soit par suite d’une idéalisation ro
9912
’une arme contre l’époque moderne, soit par suite
d’
une idéalisation romantique du passé, soit au profit d’une propagande
9913
idéalisation romantique du passé, soit au profit
d’
une propagande religieuse ou patriotique. Le second cas est assurément
9914
iévale pour elle-même, et non plus comme un moyen
d’
atteindre quelque autre but. L’historien propagandiste, au contraire,
9915
’historien propagandiste, au contraire, s’inspire
de
motifs d’un ordre tout à fait étranger à l’histoire et tend inconscie
9916
propagandiste, au contraire, s’inspire de motifs
d’
un ordre tout à fait étranger à l’histoire et tend inconsciemment à la
9917
renaissance romantique en a exalté « les siècles
de
foi » et qu’elle a présenté la civilisation de cette période comme l’
9918
es de foi » et qu’elle a présenté la civilisation
de
cette période comme l’expression sociale de l’idéal chrétien… Au dern
9919
ation de cette période comme l’expression sociale
de
l’idéal chrétien… Au dernier siècle et au début du présent, ils ont c
9920
présent, ils ont certainement été enclins à faire
de
l’histoire une branche de l’apologétique, et à idéaliser la culture m
9921
ent été enclins à faire de l’histoire une branche
de
l’apologétique, et à idéaliser la culture médiévale pour exalter leur
9922
ter leur idéal religieux. En réalité, cette façon
d’
écrire l’histoire manque son but, puisque aussitôt que le lecteur se m
9923
son but, puisque aussitôt que le lecteur se méfie
de
l’impartialité de l’historien, il doute de la vérité de tout ce que c
9924
ussitôt que le lecteur se méfie de l’impartialité
de
l’historien, il doute de la vérité de tout ce que celui-ci lui présen
9925
méfie de l’impartialité de l’historien, il doute
de
la vérité de tout ce que celui-ci lui présente.291 Certes, Christop
9926
mpartialité de l’historien, il doute de la vérité
de
tout ce que celui-ci lui présente.291 Certes, Christopher Dawson ne
9927
1 Certes, Christopher Dawson ne se contente pas
de
renvoyer dos à dos les deux écoles. Il a décrit mieux que personne l’
9928
a décrit mieux que personne l’influence décisive
de
l’Église sur la formation d’une première synthèse européenne pendant
9929
l’influence décisive de l’Église sur la formation
d’
une première synthèse européenne pendant l’âge sombre qui sépare le dé
9930
l’Église sur la formation d’une première synthèse
européenne
pendant l’âge sombre qui sépare le déclin de l’Empire romain et l’aur
9931
opéenne pendant l’âge sombre qui sépare le déclin
de
l’Empire romain et l’aurore de « l’unité médiévale » (ve au xie siè
9932
i sépare le déclin de l’Empire romain et l’aurore
de
« l’unité médiévale » (ve au xie siècle). Il ne croit pas que l’hum
9933
t seuls. Mais il ne décrète pas non plus, qu’hors
d’
un « retour » à la philosophie de saint Thomas ou à la chrétienté de G
9934
on plus, qu’hors d’un « retour » à la philosophie
de
saint Thomas ou à la chrétienté de Grégoire le Grand, il n’y aura plu
9935
la philosophie de saint Thomas ou à la chrétienté
de
Grégoire le Grand, il n’y aura plus d’Europe viable ni d’unité europé
9936
chrétienté de Grégoire le Grand, il n’y aura plus
d’
Europe viable ni d’unité européenne praticable : À la fin du Moyen Âg
9937
rétienté de Grégoire le Grand, il n’y aura plus d’
Europe
viable ni d’unité européenne praticable : À la fin du Moyen Âge, l’E
9938
ire le Grand, il n’y aura plus d’Europe viable ni
d’
unité européenne praticable : À la fin du Moyen Âge, l’Europe se déto
9939
rand, il n’y aura plus d’Europe viable ni d’unité
européenne
praticable : À la fin du Moyen Âge, l’Europe se détourne de l’Orient
9940
européenne praticable : À la fin du Moyen Âge, l’
Europe
se détourne de l’Orient et commence à regarder du côté de l’Ouest, ve
9941
le : À la fin du Moyen Âge, l’Europe se détourne
de
l’Orient et commence à regarder du côté de l’Ouest, vers l’Atlantique
9942
dura donc point, car elle avait pour base l’union
de
l’Église et des peuples du Nord, avec, en plus, un levain d’influence
9943
et des peuples du Nord, avec, en plus, un levain
d’
influence orientale. Sa mort ne signifia pas néanmoins la fin de l’uni
9944
ientale. Sa mort ne signifia pas néanmoins la fin
de
l’unité européenne. Au contraire, la culture des pays de l’Ouest devi
9945
mort ne signifia pas néanmoins la fin de l’unité
européenne
. Au contraire, la culture des pays de l’Ouest devint plus autonome, p
9946
ité européenne. Au contraire, la culture des pays
de
l’Ouest devint plus autonome, plus indépendante et plus occidentale q
9947
cidentale qu’elle ne l’avait jamais été. La perte
de
l’unité spirituelle n’entraîna pas le partage de l’Occident entre deu
9948
de l’unité spirituelle n’entraîna pas le partage
de
l’Occident entre deux types de civilisation irréductibles l’un à l’au
9949
îna pas le partage de l’Occident entre deux types
de
civilisation irréductibles l’un à l’autre et hostiles, comme elle l’e
9950
iècles plus tôt. Malgré sa désunion religieuse, l’
Europe
conserva son unité de culture, mais celle-ci eut désormais pour base
9951
désunion religieuse, l’Europe conserva son unité
de
culture, mais celle-ci eut désormais pour base une tradition intellec
9952
tine remplaça la liturgie latine en tant que lien
d’
unité intellectuelle ; l’érudit et le gentilhomme, en tant que représe
9953
udit et le gentilhomme, en tant que représentants
de
la culture occidentale, remplacèrent le moine et le chevalier. À quat
9954
cèrent le moine et le chevalier. À quatre siècles
de
catholicisme nordique et d’influence orientale succédèrent quatre siè
9955
ier. À quatre siècles de catholicisme nordique et
d’
influence orientale succédèrent quatre siècles d’humanisme et d’autono
9956
d’influence orientale succédèrent quatre siècles
d’
humanisme et d’autonomie occidentale. Aujourd’hui l’Europe est menacée
9957
ientale succédèrent quatre siècles d’humanisme et
d’
autonomie occidentale. Aujourd’hui l’Europe est menacée de voir s’effo
9958
manisme et d’autonomie occidentale. Aujourd’hui l’
Europe
est menacée de voir s’effondrer la culture séculière et aristocratiqu
9959
mie occidentale. Aujourd’hui l’Europe est menacée
de
voir s’effondrer la culture séculière et aristocratique qui servit de
9960
la culture séculière et aristocratique qui servit
de
base à la seconde phase de son unité. Nous ressentons une fois de plu
9961
stocratique qui servit de base à la seconde phase
de
son unité. Nous ressentons une fois de plus le besoin d’une unité spi
9962
unité. Nous ressentons une fois de plus le besoin
d’
une unité spirituelle, ou tout au moins morale ; nous comprenons qu’un
9963
; nous ne pouvons nous satisfaire plus longtemps
d’
une civilisation aristocratique qui trouve son unité dans un monde ext
9964
perficiel, sans tenir compte des besoins profonds
de
la nature spirituelle de l’homme. Et en même temps nous n’avons plus
9965
pte des besoins profonds de la nature spirituelle
de
l’homme. Et en même temps nous n’avons plus la même foi en la supério
9966
n’avons plus la même foi en la supériorité innée
de
la civilisation occidentale et en son droit à dominer le monde. Nous
9967
sujettes, et nous ressentons à la fois le besoin
de
nous protéger contre les forces insurgées du monde oriental et d’entr
9968
contre les forces insurgées du monde oriental et
d’
entrer en contact plus étroit avec ses traditions spirituelles. Commen
9969
faire ces besoins, ou même s’il nous est possible
de
les satisfaire, nous ne pouvons à l’heure présente que le conjecturer
9970
eure présente que le conjecturer. Mais il est bon
de
ne pas oublier que l’unité de notre civilisation ne repose pas entièr
9971
er. Mais il est bon de ne pas oublier que l’unité
de
notre civilisation ne repose pas entièrement sur la culture laïque et
9972
progrès matériels des quatre derniers siècles : l’
Europe
possède des traditions plus profondes, et il nous faut remonter au-de
9973
plus profondes, et il nous faut remonter au-delà
de
l’humanisme et des triomphes superficiels de la civilisation moderne,
9974
delà de l’humanisme et des triomphes superficiels
de
la civilisation moderne, si nous tenons à découvrir les forces social
9975
sociales et spirituelles qui ont abouti à faire l’
Europe
.292 Dawson mettait en garde contre une certaine idéalisation romant
9976
u Moyen Âge, trop souvent décrit comme une époque
de
foi universelle et d’harmonie profonde des esprits, dont la Réforme s
9977
ent décrit comme une époque de foi universelle et
d’
harmonie profonde des esprits, dont la Réforme serait venue briser tra
9978
l’unité ». Cette utopie à rebours, qui fut celle
de
Novalis dans La Chrétienté ou l’Europe, est devenue lieu commun pour
9979
qui fut celle de Novalis dans La Chrétienté ou l’
Europe
, est devenue lieu commun pour l’école catholique de la première moiti
9980
, est devenue lieu commun pour l’école catholique
de
la première moitié du siècle. Personne ne l’a mieux réfutée que l’his
9981
Heer, lui-même catholique convaincu : On ne cesse
de
parler de la christianisation et de la déchristianisation de l’Europe
9982
même catholique convaincu : On ne cesse de parler
de
la christianisation et de la déchristianisation de l’Europe. Combien
9983
: On ne cesse de parler de la christianisation et
de
la déchristianisation de l’Europe. Combien ces termes erronés trahiss
9984
e la christianisation et de la déchristianisation
de
l’Europe. Combien ces termes erronés trahissent-ils une fausse positi
9985
christianisation et de la déchristianisation de l’
Europe
. Combien ces termes erronés trahissent-ils une fausse position du pro
9986
-ils une fausse position du problème : comme si l’
Europe
un jour avait été chrétienne, et puis avait cessé de l’être ! C’est l
9987
un jour avait été chrétienne, et puis avait cessé
de
l’être ! C’est là pure légende. Les faits et les archives de l’Histoi
9988
C’est là pure légende. Les faits et les archives
de
l’Histoire démontrent surabondamment que les choses se sont passées t
9989
rent l’unité, la cohérence interne et même intime
de
l’histoire européenne, à laquelle appartiennent Augustin, Luther et V
9990
la cohérence interne et même intime de l’histoire
européenne
, à laquelle appartiennent Augustin, Luther et Voltaire, Thomas d’Aqui
9991
es empereurs médiévaux et les rois « par la grâce
de
Dieu » de France et d’Espagne, dans l’évolution commune d’un phénomèn
9992
rs médiévaux et les rois « par la grâce de Dieu »
de
France et d’Espagne, dans l’évolution commune d’un phénomène historiq
9993
et les rois « par la grâce de Dieu » de France et
d’
Espagne, dans l’évolution commune d’un phénomène historique, dans l’al
9994
de France et d’Espagne, dans l’évolution commune
d’
un phénomène historique, dans l’allégeance à l’Europe. … Au début du x
9995
d’un phénomène historique, dans l’allégeance à l’
Europe
. … Au début du xiiie siècle, César de Heisterbach nous livre ce prov
9996
u du xiie siècle. la Vita Heriberti — biographie
d’
un évêque othonien de Cologne — nous conte l’histoire de ce pauvre qui
9997
Vita Heriberti — biographie d’un évêque othonien
de
Cologne — nous conte l’histoire de ce pauvre qui court les rues de la
9998
vêque othonien de Cologne — nous conte l’histoire
de
ce pauvre qui court les rues de la Sainte Cologne, de la cité de la C
9999
conte l’histoire de ce pauvre qui court les rues
de
la Sainte Cologne, de la cité de la Cathédrale et des plus prestigieu
10000
e pauvre qui court les rues de la Sainte Cologne,
de
la cité de la Cathédrale et des plus prestigieuses fondations religie
10001
i court les rues de la Sainte Cologne, de la cité
de
la Cathédrale et des plus prestigieuses fondations religieuses, mais
10002
es, mais ne trouve pas un seul prêtre qui accepte
de
baptiser son fils nouveau-né sans exiger une somme que l’homme ne peu
10003
ut payer. Cinquante ans plus tard, la bourgeoisie
de
Cologne s’adresse au pape Innocent II pour le supplier de diviser en
10004
ne s’adresse au pape Innocent II pour le supplier
de
diviser en deux paroisses la communauté unique de 60.000 âmes qu’un s
10005
de diviser en deux paroisses la communauté unique
de
60.000 âmes qu’un seul prêtre administre, faute de moyens suffisants
10006
enir d’autres gardiens des âmes. Le commun peuple
d’
Europe, jusqu’à l’époque de Jeanne d’Arc et même bien plus tard, ne co
10007
ir d’autres gardiens des âmes. Le commun peuple d’
Europe
, jusqu’à l’époque de Jeanne d’Arc et même bien plus tard, ne connaît
10008
âmes. Le commun peuple d’Europe, jusqu’à l’époque
de
Jeanne d’Arc et même bien plus tard, ne connaît dans ses larges masse
10009
s tard, ne connaît dans ses larges masses ni cure
d’
âme individuelle, ni enseignement de la foi, ni institutions paroissia
10010
asses ni cure d’âme individuelle, ni enseignement
de
la foi, ni institutions paroissiales au sens actuel. Ainsi, jusque bi
10011
transmise, à quoi s’ajoute la prédication muette
de
l’architecture romane et des fresques d’églises. La lecture de la Bib
10012
n muette de l’architecture romane et des fresques
d’
églises. La lecture de la Bible est interdite aux fidèles dès le synod
10013
ture romane et des fresques d’églises. La lecture
de
la Bible est interdite aux fidèles dès le synode de Toulouse en 1229,
10014
la Bible est interdite aux fidèles dès le synode
de
Toulouse en 1229, rappelle F. Heer. La Bible en langue vulgaire est m
10015
par Paul IV en 1559. « Charles-Quint sur son lit
de
mort doit solliciter de l’Inquisition la permission de lire l’Évangil
10016
Charles-Quint sur son lit de mort doit solliciter
de
l’Inquisition la permission de lire l’Évangile en français (il n’exis
10017
rt doit solliciter de l’Inquisition la permission
de
lire l’Évangile en français (il n’existe pas de traduction espagnole)
10018
n de lire l’Évangile en français (il n’existe pas
de
traduction espagnole). » Pendant ce temps, le monachisme est entré en
10019
en Allemagne ; des laïques, non le pape, tentent
de
réformer l’Église au concile de Bâle, mais en vain… Friedrich Heer co
10020
le pape, tentent de réformer l’Église au concile
de
Bâle, mais en vain… Friedrich Heer conclut : Toujours et encore, dan
10021
riedrich Heer conclut : Toujours et encore, dans
de
nombreuses publications sur l’Europe et le christianisme, revient ce
10022
et encore, dans de nombreuses publications sur l’
Europe
et le christianisme, revient ce dangereux lieu commun qui veut que la
10023
ut que la sécularisation et la déchristianisation
de
l’Occident aient commencé au xvie siècle avec la Renaissance, l’Huma
10024
ue voulait dégager Friedrich Heer — si la légende
d’
un Moyen Âge à la Novalis a vécu, si ce passé était fort loin d’être a
10025
à la Novalis a vécu, si ce passé était fort loin
d’
être aussi chrétien qu’on l’a dit, ce qui l’a suivi et ce qui va suivr
10026
— soit positifs, soit négatifs — qui n’ont cessé
d’
exister entre les grandes confessions et conceptions du monde qui s’op
10027
iie et xiiie « appartiennent » au christianisme
de
leur époque, tout comme le catholicisme post-tridentin, du xvie au x
10028
siècle, reste intimement relié au protestantisme
de
ces époques, tant par ses réalisations positives que par ses échecs.
10029
itives que par ses échecs. Retenons donc ceci : l’
Europe
, du ixe au xixe siècle, possède un certain nombre d’éléments unitif
10030
u ixe au xixe siècle, possède un certain nombre
d’
éléments unitifs fondamentaux. La liturgie profane intériorisée des po
10031
llemand est aussi peu concevable sans la liturgie
de
l’Église, que l’idéalisme allemand sans la théologie chrétienne, ou e
10032
ans Thomas d’Aquin, Hegel sans Eusèbe de Césarée.
De
800 à 1815, tous les traités de paix en Europe sont conclus in nomine
10033
usèbe de Césarée. De 800 à 1815, tous les traités
de
paix en Europe sont conclus in nomine sanctæ et individuæ Trinitatis.
10034
sarée. De 800 à 1815, tous les traités de paix en
Europe
sont conclus in nomine sanctæ et individuæ Trinitatis. Jusqu’à 1850,
10035
rinitatis. Jusqu’à 1850, le latin reste la langue
européenne
des clercs et des savants (et même, en Hongrie, la langue des chancel
10036
ue des chancelleries). Notre tâche est maintenant
de
montrer comment cette unité millénaire s’est développée en contrastes
10037
ues multipliés, à une richesse et à une plénitude
de
possibilités terribles et grandes, qui s’offrent aujourd’hui aux rega
10038
ards du Monde comme constituant l’héritage vivant
de
l’Europe.293 Source grecque et source chrétienne sont restées de no
10039
du Monde comme constituant l’héritage vivant de l’
Europe
.293 Source grecque et source chrétienne sont restées de nos jours l
10040
Source grecque et source chrétienne sont restées
de
nos jours les deux plus vives. Simone Weil essayait de les confondre.
10041
s jours les deux plus vives. Simone Weil essayait
de
les confondre. Un grand humaniste libéral, Salvador de Madariaga, pré
10042
reprend et rénove un thème classique, le dialogue
de
Socrate et de Jésus-Christ. La primauté de l’esprit et de la volonté
10043
ove un thème classique, le dialogue de Socrate et
de
Jésus-Christ. La primauté de l’esprit et de la volonté, et l’étroite
10044
logue de Socrate et de Jésus-Christ. La primauté
de
l’esprit et de la volonté, et l’étroite parenté entre ces deux facult
10045
e et de Jésus-Christ. La primauté de l’esprit et
de
la volonté, et l’étroite parenté entre ces deux facultés dans la psyc
10046
renté entre ces deux facultés dans la psychologie
européenne
expliquent que les traditions européennes les plus fortes soient la t
10047
chologie européenne expliquent que les traditions
européennes
les plus fortes soient la tradition socratique et la tradition chréti
10048
la tradition chrétienne. Socrate domine l’esprit
de
l’Europe, le Christ, sa volonté. Il est vain de se demander si ces de
10049
radition chrétienne. Socrate domine l’esprit de l’
Europe
, le Christ, sa volonté. Il est vain de se demander si ces deux tradit
10050
t de l’Europe, le Christ, sa volonté. Il est vain
de
se demander si ces deux traditions sont la cause ou l’effet du caract
10051
traditions sont la cause ou l’effet du caractère
européen
; elles sont toutes deux cause et effet ; et, ce qui est plus, étant
10052
naturellement, de sorte que, au cours des siècles
de
vie européenne, Socrate est devenu chrétien et le Christ est devenu s
10053
lement, de sorte que, au cours des siècles de vie
européenne
, Socrate est devenu chrétien et le Christ est devenu socratique… Ce n
10054
n’est que lorsqu’il les renie délibérément que l’
Européen
trahit l’Europe et sa propre nature profonde. Nous entendons par espr
10055
il les renie délibérément que l’Européen trahit l’
Europe
et sa propre nature profonde. Nous entendons par esprit socratique, u
10056
ocratique, un esprit ouvert aux faits, au service
de
la logique et loyal envers la vérité, mais libre et résistant envers
10057
stant envers toute doctrine ou conclusion imposée
d’
avance. L’esprit socratique est fier à l’égard des autres esprits, mai
10058
vis-à-vis des faits. C’est sur cette double vertu
de
l’esprit socratique en Europe qu’est fondée la liberté de pensée… En
10059
sur cette double vertu de l’esprit socratique en
Europe
qu’est fondée la liberté de pensée… En profondeur, l’histoire intérie
10060
rit socratique en Europe qu’est fondée la liberté
de
pensée… En profondeur, l’histoire intérieure de l’Europe doit être co
10061
é de pensée… En profondeur, l’histoire intérieure
de
l’Europe doit être comprise comme un effort pour atteindre ce style s
10062
pensée… En profondeur, l’histoire intérieure de l’
Europe
doit être comprise comme un effort pour atteindre ce style socratique
10063
teindre ce style socratique dans le développement
de
son esprit, malgré tous les obstacles inhérents aux stades précédents
10064
aux stades précédents. Dans cette lutte, l’esprit
européen
a été à la fois aidé et entravé par l’autre tradition — celle du Chri
10065
ition — celle du Christ. Le trait caractéristique
de
la chrétienté réside en ceci : en mourant sur la Croix pour tous les
10066
personne ne peut mettre en doute. En choisissant
de
boire volontairement la ciguë, plutôt que de renier sa doctrine, Socr
10067
sant de boire volontairement la ciguë, plutôt que
de
renier sa doctrine, Socrate a délivré l’esprit humain du mensonge ; e
10068
élivré l’esprit humain du mensonge ; en acceptant
de
mourir sur la croix, pour expier les péchés de tous les hommes, le Ch
10069
nt de mourir sur la croix, pour expier les péchés
de
tous les hommes, le Christ a libéré définitivement la volonté de l’Eu
10070
mes, le Christ a libéré définitivement la volonté
de
l’Europe de toute inhumanité. Bien entendu, les mensonges et l’inhuma
10071
le Christ a libéré définitivement la volonté de l’
Europe
de toute inhumanité. Bien entendu, les mensonges et l’inhumanité ont
10072
st a libéré définitivement la volonté de l’Europe
de
toute inhumanité. Bien entendu, les mensonges et l’inhumanité ont con
10073
onges et l’inhumanité ont continué à déshonorer l’
Europe
après ces deux grandes morts auxquelles elle doit la vie, mais seulem
10074
e doit la vie, mais seulement comme des négations
de
son être foncier. L’individualisme européen n’est pas né sur le Golgo
10075
s négations de son être foncier. L’individualisme
européen
n’est pas né sur le Golgotha, mais c’est du Golgotha qu’il tire sa fo
10076
qui restent aveugles devant l’origine chrétienne
de
leur foi, renvoyons-les à cet Espagnol qui, à la question : quelle es
10077
côté de cette tradition puissante qui a renforcé
de
son esprit notre individualisme actif, le christianisme a apporté à l
10078
ividualisme actif, le christianisme a apporté à l’
Europe
un système surnaturel qui ne tolérait pas de rivaux. Dans la mesure o
10079
’Europe un système surnaturel qui ne tolérait pas
de
rivaux. Dans la mesure où le christianisme a détruit ou écarté les cr
10080
tendance socratique vers la liberté et la clarté
de
l’esprit. Bientôt, cependant, l’apport de l’Ancien Testament venu d’A
10081
clarté de l’esprit. Bientôt, cependant, l’apport
de
l’Ancien Testament venu d’Asie Mineure et même un certain « folklore
10082
t, cependant, l’apport de l’Ancien Testament venu
d’
Asie Mineure et même un certain « folklore » local et païen, qui vint
10083
en, qui vint s’ajouter au cours des temps, firent
de
la tradition chrétienne un danger pour la tradition socratique. Ce fu
10084
r pour la tradition socratique. Ce fut la période
de
lutte entre la science et l’Église, l’ère de l’Inquisition, de Giorda
10085
iode de lutte entre la science et l’Église, l’ère
de
l’Inquisition, de Giordano Bruno et de Galilée, pendant laquelle Desc
10086
e la science et l’Église, l’ère de l’Inquisition,
de
Giordano Bruno et de Galilée, pendant laquelle Descartes devait surve
10087
ise, l’ère de l’Inquisition, de Giordano Bruno et
de
Galilée, pendant laquelle Descartes devait surveiller ses propos et m
10088
surveiller ses propos et même conserver certains
de
ses manuscrits. Les erreurs ne furent d’ailleurs pas toutes du même c
10089
côté. Lorsque, au xixe siècle, un certain nombre
d’
inventions spectaculaires (la vapeur, le gaz, l’électricité, le téléph
10090
èrent en croyance ; la « science » menaçait alors
d’
envahir le domaine de la religion en tenant aussi peu compte de la réa
10091
a « science » menaçait alors d’envahir le domaine
de
la religion en tenant aussi peu compte de la réalité foncière des cho
10092
domaine de la religion en tenant aussi peu compte
de
la réalité foncière des choses que la religion l’avait fait auparavan
10093
fait auparavant lorsqu’elle avait envahi le champ
de
la science. Cet épisode se termina grâce à une compréhension plus cla
10094
grâce à une compréhension plus claire des limites
de
la connaissance. Peu à peu, les deux domaines furent mieux délimités
10095
s. La tradition socratique ne viola plus le seuil
de
la révélation ; la tradition chrétienne accepta pour les choses de la
10096
; la tradition chrétienne accepta pour les choses
de
la nature les méthodes et les principes de la tradition socratique. L
10097
choses de la nature les méthodes et les principes
de
la tradition socratique. La tradition socratique a fortement agi sur
10098
cratique a fortement agi sur le côté intellectuel
de
l’Église et a contribué à doter la religion chrétienne d’un système c
10099
ise et a contribué à doter la religion chrétienne
d’
un système clair et solide de pensée, sous l’impulsion de saint Thomas
10100
religion chrétienne d’un système clair et solide
de
pensée, sous l’impulsion de saint Thomas d’Aquin. Cela revint à europ
10101
stème clair et solide de pensée, sous l’impulsion
de
saint Thomas d’Aquin. Cela revint à européaniser une religion provena
10102
Cela revint à européaniser une religion provenant
d’
Asie Mineure. Dès lors, la religion non seulement dominera le cœur des
10103
s, la religion non seulement dominera le cœur des
Européens
, en les soumettant à la discipline du Sermon sur la Montagne, mais fe
10104
ondant son système intellectuel sur les principes
de
Socrate. À son tour, le christianisme pose des limites humaines à la
10105
se des limites humaines à la neutralité inhumaine
de
la recherche socratique. Instruisons-nous, bien entendu, par tous les
10106
s n’oublions jamais que nous n’avons pas le droit
de
faire d’un être humain un simple outil, sans son consentement. Les en
10107
ons jamais que nous n’avons pas le droit de faire
d’
un être humain un simple outil, sans son consentement. Les enquêtes fa
10108
onsentement. Les enquêtes faites par les médecins
de
Goering sur des prisonniers des camps de concentration pour découvrir
10109
médecins de Goering sur des prisonniers des camps
de
concentration pour découvrir la limite de la résistance humaine étaie
10110
s camps de concentration pour découvrir la limite
de
la résistance humaine étaient socratiques, mais n’étaient pas chrétie
10111
tiennes. Elles étaient donc contraires à l’esprit
européen
.294 2.Vertus et valeurs européennes Tel étant l’héritage euro
10112
à l’esprit européen.294 2.Vertus et valeurs
européennes
Tel étant l’héritage européen, que sommes-nous décidés à en tirer,
10113
us et valeurs européennes Tel étant l’héritage
européen
, que sommes-nous décidés à en tirer, nous les Européens du xxe siècl
10114
éen, que sommes-nous décidés à en tirer, nous les
Européens
du xxe siècle ? Depuis un tiers de siècle, l’Europe intellectuelle —
10115
us les Européens du xxe siècle ? Depuis un tiers
de
siècle, l’Europe intellectuelle — précédant l’Europe politique, donc
10116
ens du xxe siècle ? Depuis un tiers de siècle, l’
Europe
intellectuelle — précédant l’Europe politique, donc la presse, qui fa
10117
de siècle, l’Europe intellectuelle — précédant l’
Europe
politique, donc la presse, qui fait l’opinion — n’a cessé de s’interr
10118
e, donc la presse, qui fait l’opinion — n’a cessé
de
s’interroger sur ses vrais buts, sur ceux qu’elle peut et doit donner
10119
s qui manqueraient au monde et à l’humanité, si l’
Europe
tout d’un coup venait à disparaître, engloutie par une catastrophe do
10120
raient au monde et à l’humanité, si l’Europe tout
d’
un coup venait à disparaître, engloutie par une catastrophe dont les c
10121
s ce sens qu’elles traduisent fidèlement ce que l’
Europe
veut d’elle-même par ses meilleurs esprits. (Quant aux répétitions in
10122
’elles traduisent fidèlement ce que l’Europe veut
d’
elle-même par ses meilleurs esprits. (Quant aux répétitions inévitable
10123
leurs esprits. (Quant aux répétitions inévitables
de
certains thèmes — celui de la liberté ou celui du refus — observons q
10124
épétitions inévitables de certains thèmes — celui
de
la liberté ou celui du refus — observons que leur fréquence est signi
10125
es différencient ne le sont pas moins.) Fondateur
de
la phénoménologie, maître de Heidegger et de la plupart des philosoph
10126
teur de la phénoménologie, maître de Heidegger et
de
la plupart des philosophes qui comptent aujourd’hui, Edmund Husserl (
10127
pose la question fondamentale : « Qu’est-ce que l’
Europe
, pour l’esprit ? » Et il répond : c’est l’esprit de la Philosophie, n
10128
, pour l’esprit ? » Et il répond : c’est l’esprit
de
la Philosophie, née de la Grèce : « La forme spirituelle de l’Europe
10129
il répond : c’est l’esprit de la Philosophie, née
de
la Grèce : « La forme spirituelle de l’Europe », qu’est-ce à dire ?
10130
sophie, née de la Grèce : « La forme spirituelle
de
l’Europe », qu’est-ce à dire ? C’est l’idée philosophique immanente à
10131
e, née de la Grèce : « La forme spirituelle de l’
Europe
», qu’est-ce à dire ? C’est l’idée philosophique immanente à l’histoi
10132
C’est l’idée philosophique immanente à l’histoire
de
l’Europe, ou ce qui revient au même, sa téléologie immanente, qui se
10133
l’idée philosophique immanente à l’histoire de l’
Europe
, ou ce qui revient au même, sa téléologie immanente, qui se manifeste
10134
logie immanente, qui se manifeste par l’irruption
d’
une époque nouvelle de l’humanité, l’époque de l’humanité qui désormai
10135
e manifeste par l’irruption d’une époque nouvelle
de
l’humanité, l’époque de l’humanité qui désormais entend vivre et peut
10136
ion d’une époque nouvelle de l’humanité, l’époque
de
l’humanité qui désormais entend vivre et peut vivre en configurant li
10137
rement son existence, sa vie historique, à l’aide
d’
idées rationnelles et pour des tâches infinies […] L’Europe de l’espri
10138
es rationnelles et pour des tâches infinies […] L’
Europe
de l’esprit a son lieu de naissance. Et j’entends moins par là un lie
10139
onnelles et pour des tâches infinies […] L’Europe
de
l’esprit a son lieu de naissance. Et j’entends moins par là un lieu g
10140
ches infinies […] L’Europe de l’esprit a son lieu
de
naissance. Et j’entends moins par là un lieu géographique situé dans
10141
ion ou dans certains individus et groupes humains
de
cette nation. C’est l’antique nation grecque des viie et vie siècle
10142
C. En son sein se manifeste une attitude nouvelle
de
l’individu face au monde environnant. Et à la faveur de cette disposi
10143
ndividu face au monde environnant. Et à la faveur
de
cette disposition s’accomplit la percée d’une nouvelle formation spir
10144
faveur de cette disposition s’accomplit la percée
d’
une nouvelle formation spirituelle, qui se développe rapidement en une
10145
ituelle, qui se développe rapidement en une forme
de
culture cohérente et systématique : les Grecs la nommèrent philosophi
10146
cs la nommèrent philosophie… Dans cette irruption
de
la philosophie, entraînant avec elle toutes les sciences, je vois, si
10147
adoxal que cela paraisse, le phénomène primordial
de
l’Europe de l’esprit. On objectera tout de suite que la philosophie,
10148
l que cela paraisse, le phénomène primordial de l’
Europe
de l’esprit. On objectera tout de suite que la philosophie, la scienc
10149
ela paraisse, le phénomène primordial de l’Europe
de
l’esprit. On objectera tout de suite que la philosophie, la science d
10150
la science des Grecs, n’est rien qui les désigne
d’
une manière spécifique ni qui soit apparu pour la première fois dans l
10151
avec eux. Eux-mêmes n’ont-ils pas parlé des sages
de
l’Égypte, de Babylone, etc., et n’ont-ils pas reçu leurs enseignement
10152
-mêmes n’ont-ils pas parlé des sages de l’Égypte,
de
Babylone, etc., et n’ont-ils pas reçu leurs enseignements ? Nous poss
10153
eignements ? Nous possédons aujourd’hui une masse
de
travaux sur les philosophies indiennes et chinoises, qui mettent ces
10154
e des configurations historiques variées relevant
d’
une seule et même conception de la culture. Naturellement, tout élémen
10155
s variées relevant d’une seule et même conception
de
la culture. Naturellement, tout élément commun ne fait pas défaut. Ce
10156
r sur les différences tout à fait essentielles et
de
principe. Ce n’est en effet que chez les Grecs que nous trouvons cet
10157
des vérités universelles plutôt que des recettes
d’
action : Ce sont des hommes dont l’effort se porte sur la theoria et
10158
dont l’effort se porte sur la theoria et sur rien
d’
autre qu’elle, et qui ne cherchent pas individuellement mais ensemble
10159
e et les uns pour les autres, dans une communauté
de
travail interpersonnelle dont la croissance et le constant perfection
10160
t et que les résultats acquis par des générations
de
chercheurs se suivent, conduisent enfin à la volonté d’assumer une tâ
10161
rcheurs se suivent, conduisent enfin à la volonté
d’
assumer une tâche infinie et générale. L’attitude théorique prend chez
10162
chez les Grecs son origine historique. La « crise
de
l’existence européenne » dont on parle tant et qui se manifeste par d
10163
son origine historique. La « crise de l’existence
européenne
» dont on parle tant et qui se manifeste par de nombreux symptômes de
10164
enne » dont on parle tant et qui se manifeste par
de
nombreux symptômes de dévitalisation n’est pas un sombre destin, ni u
10165
ant et qui se manifeste par de nombreux symptômes
de
dévitalisation n’est pas un sombre destin, ni une impénétrable fatali
10166
ompréhensible si on la replace sur l’arrière-plan
de
la téléologie de l’histoire européenne, philosophiquement interprétab
10167
on la replace sur l’arrière-plan de la téléologie
de
l’histoire européenne, philosophiquement interprétable. La condition
10168
sur l’arrière-plan de la téléologie de l’histoire
européenne
, philosophiquement interprétable. La condition d’une telle compréhens
10169
ne, philosophiquement interprétable. La condition
d’
une telle compréhension étant d’ailleurs de saisir d’abord le phénomèn
10170
dition d’une telle compréhension étant d’ailleurs
de
saisir d’abord le phénomène « Europe » dans le noyau central de son e
10171
étant d’ailleurs de saisir d’abord le phénomène «
Europe
» dans le noyau central de son existence. Pour concevoir tout ce que
10172
ord le phénomène « Europe » dans le noyau central
de
son existence. Pour concevoir tout ce que la « crise » actuelle à d’i
10173
our concevoir tout ce que la « crise » actuelle à
d’
inessentiel, il s’agirait d’élaborer le concept d’Europe en tant que t
10174
« crise » actuelle à d’inessentiel, il s’agirait
d’
élaborer le concept d’Europe en tant que téléologie historique de buts
10175
d’inessentiel, il s’agirait d’élaborer le concept
d’
Europe en tant que téléologie historique de buts rationnels infinis. I
10176
inessentiel, il s’agirait d’élaborer le concept d’
Europe
en tant que téléologie historique de buts rationnels infinis. Il s’ag
10177
oncept d’Europe en tant que téléologie historique
de
buts rationnels infinis. Il s’agit de montrer comment le « monde » eu
10178
historique de buts rationnels infinis. Il s’agit
de
montrer comment le « monde » européen est né d’idées rationnelles, c’
10179
nfinis. Il s’agit de montrer comment le « monde »
européen
est né d’idées rationnelles, c’est-à-dire de l’esprit de la philosoph
10180
t de montrer comment le « monde » européen est né
d’
idées rationnelles, c’est-à-dire de l’esprit de la philosophie. La « c
10181
uropéen est né d’idées rationnelles, c’est-à-dire
de
l’esprit de la philosophie. La « crise » alors pourrait être claireme
10182
né d’idées rationnelles, c’est-à-dire de l’esprit
de
la philosophie. La « crise » alors pourrait être clairement interprét
10183
le naturalisme et dans l’objectivisme. … La crise
de
l’existence européenne n’a que deux issues possibles : ou la décadenc
10184
et dans l’objectivisme. … La crise de l’existence
européenne
n’a que deux issues possibles : ou la décadence de l’Europe devenant
10185
e n’a que deux issues possibles : ou la décadence
de
l’Europe devenant étrangère à son propre sens rationnel de la vie, la
10186
que deux issues possibles : ou la décadence de l’
Europe
devenant étrangère à son propre sens rationnel de la vie, la chute da
10187
pe devenant étrangère à son propre sens rationnel
de
la vie, la chute dans la haine contre l’esprit et la barbarie ; ou la
10188
ontre l’esprit et la barbarie ; ou la renaissance
de
l’Europe dans l’esprit de la philosophie, surmontant définitivement l
10189
l’esprit et la barbarie ; ou la renaissance de l’
Europe
dans l’esprit de la philosophie, surmontant définitivement le natural
10190
rie ; ou la renaissance de l’Europe dans l’esprit
de
la philosophie, surmontant définitivement le naturalisme par l’héroïs
10191
tant définitivement le naturalisme par l’héroïsme
de
la raison. Le plus grand péril de l’Europe réside dans la fatigue. Si
10192
par l’héroïsme de la raison. Le plus grand péril
de
l’Europe réside dans la fatigue. Si nous combattons ce danger des dan
10193
l’héroïsme de la raison. Le plus grand péril de l’
Europe
réside dans la fatigue. Si nous combattons ce danger des dangers, en
10194
nous combattons ce danger des dangers, en « bons
Européens
», avec une bravoure qui ne recule pas devant les tâches infinies, al
10195
pas devant les tâches infinies, alors, du bûcher
de
l’incroyance, du feu couvant de la désespérance en la mission humaine
10196
alors, du bûcher de l’incroyance, du feu couvant
de
la désespérance en la mission humaine de l’Occident, des cendres de l
10197
couvant de la désespérance en la mission humaine
de
l’Occident, des cendres de la grande fatigue, renaîtra le phénix d’un
10198
en la mission humaine de l’Occident, des cendres
de
la grande fatigue, renaîtra le phénix d’une intériorité et d’une spir
10199
cendres de la grande fatigue, renaîtra le phénix
d’
une intériorité et d’une spiritualité nouvelles, gages d’un grand et l
10200
fatigue, renaîtra le phénix d’une intériorité et
d’
une spiritualité nouvelles, gages d’un grand et lointain avenir de l’h
10201
ntériorité et d’une spiritualité nouvelles, gages
d’
un grand et lointain avenir de l’humanité. Car l’esprit seul est immor
10202
té nouvelles, gages d’un grand et lointain avenir
de
l’humanité. Car l’esprit seul est immortel.295 Un autre « bon Europ
10203
r l’esprit seul est immortel.295 Un autre « bon
Européen
», qui fut longtemps le père autoritaire de la pensée des libéraux, B
10204
Européen », qui fut longtemps le père autoritaire
de
la pensée des libéraux, Benedetto Croce (1866-1952), tient que l’hist
10205
Benedetto Croce (1866-1952), tient que l’histoire
européenne
se confond avec celle des concepts de liberté et d’humanité : Parce
10206
ire européenne se confond avec celle des concepts
de
liberté et d’humanité : Parce que c’est là le seul idéal qui ait la
10207
se confond avec celle des concepts de liberté et
d’
humanité : Parce que c’est là le seul idéal qui ait la solidité qu’eu
10208
: qu’elle a l’éternité… Elle demeure dans nombre
de
nobles intelligences de toutes les parties du monde, qui dispersées e
10209
Elle demeure dans nombre de nobles intelligences
de
toutes les parties du monde, qui dispersées et isolées, réduites à un
10210
, qui dispersées et isolées, réduites à une sorte
d’
aristocratique, mais petite « respublica literaria », lui restent malg
10211
a », lui restent malgré tout fidèles, l’entourent
d’
un respect plus grand et l’accompagnent d’un plus ardent amour qu’au t
10212
tourent d’un respect plus grand et l’accompagnent
d’
un plus ardent amour qu’au temps où il n’y avait personne pour l’offen
10213
trise, au temps où le vulgaire se pressait autour
d’
elle en acclamant son nom et par là même en le contaminant d’une vulga
10214
cclamant son nom et par là même en le contaminant
d’
une vulgarité dont il s’est maintenant dégagé. Non seulement la libert
10215
ement elle existe, et résiste dans l’organisation
de
beaucoup des plus grands États, dans les institutions et dans les usa
10216
s la pensée, qui sollicitent maintenant les âmes,
d’
une trêve et d’une réduction des armements, d’une paix et d’une allian
10217
i sollicitent maintenant les âmes, d’une trêve et
d’
une réduction des armements, d’une paix et d’une alliance entre les Ét
10218
es, d’une trêve et d’une réduction des armements,
d’
une paix et d’une alliance entre les États de l’Europe, d’une concorde
10219
e et d’une réduction des armements, d’une paix et
d’
une alliance entre les États de l’Europe, d’une concorde d’intentions
10220
ix et d’une alliance entre les États de l’Europe,
d’
une concorde d’intentions et d’efforts entre les peuples de la même Eu
10221
iance entre les États de l’Europe, d’une concorde
d’
intentions et d’efforts entre les peuples de la même Europe, pour sauv
10222
États de l’Europe, d’une concorde d’intentions et
d’
efforts entre les peuples de la même Europe, pour sauver dans le monde
10223
corde d’intentions et d’efforts entre les peuples
de
la même Europe, pour sauver dans le monde et pour le bien du monde, s
10224
entions et d’efforts entre les peuples de la même
Europe
, pour sauver dans le monde et pour le bien du monde, sinon leur supré
10225
et politique, du moins leur séculaire suprématie
de
créateurs et de promoteurs de civilisation, les aptitudes qu’ils ont
10226
u moins leur séculaire suprématie de créateurs et
de
promoteurs de civilisation, les aptitudes qu’ils ont acquises pour ce
10227
éculaire suprématie de créateurs et de promoteurs
de
civilisation, les aptitudes qu’ils ont acquises pour cette œuvre ince
10228
pas perdu et dissipé et qui même gagne du terrain
d’
année en année et convertisse à lui les esprits qui y répugnaient ou q
10229
déreront peut-être comme la réduction à l’absurde
de
tous les nationalismes — si elle a aigri certains rapports entre les
10230
entre les États à cause de l’inique et sot traité
de
paix qui l’a close, a du moins établi une conscience commune des peup
10231
s maintenant l’on assiste dans toutes les parties
de
l’Europe à la germination d’une nouvelle conscience, d’une nouvelle n
10232
ntenant l’on assiste dans toutes les parties de l’
Europe
à la germination d’une nouvelle conscience, d’une nouvelle nationalit
10233
s toutes les parties de l’Europe à la germination
d’
une nouvelle conscience, d’une nouvelle nationalité (parce que, comme
10234
urope à la germination d’une nouvelle conscience,
d’
une nouvelle nationalité (parce que, comme nous l’avons vu déjà, les n
10235
e sont pas des données naturelles, mais des états
de
conscience et des formations historiques). Et de la même manière dont
10236
de conscience et des formations historiques). Et
de
la même manière dont, voici soixante-dix ans, un Napolitain de l’anti
10237
nière dont, voici soixante-dix ans, un Napolitain
de
l’antique royaume de Naples et un Piémontais du royaume subalpin se f
10238
xante-dix ans, un Napolitain de l’antique royaume
de
Naples et un Piémontais du royaume subalpin se firent Italiens sans r
10239
Italiens et tous les autres se hausseront au rang
d’
Européens, tourneront leurs pensées vers l’Europe et sentiront leurs c
10240
aliens et tous les autres se hausseront au rang d’
Européens
, tourneront leurs pensées vers l’Europe et sentiront leurs cœurs batt
10241
rang d’Européens, tourneront leurs pensées vers l’
Europe
et sentiront leurs cœurs battre pour elle, comme ils battaient précéd
10242
rand libéral lui aussi, elle est « l’essence même
de
la vie ». Elle ne serait pas une forme décisive de l’existence si ell
10243
e la vie ». Elle ne serait pas une forme décisive
de
l’existence si elle n’était pas liée à cette autre valeur qu’a toujou
10244
ituelle, du Quichotte à Unamuno : la gratuité. L’
Europe
tient à la liberté ; elle tient à la qualité ; elle comprend la valeu
10245
nt à la qualité ; elle comprend la valeur suprême
de
l’inutile… Pour nous, Européens, la vie est un processus créateur qui
10246
mprend la valeur suprême de l’inutile… Pour nous,
Européens
, la vie est un processus créateur qui se poursuit avec chaque pulsati
10247
us créateur qui se poursuit avec chaque pulsation
de
chaque individu, grâce à sa liberté de décider quelle combinaison d’é
10248
pulsation de chaque individu, grâce à sa liberté
de
décider quelle combinaison d’événements possibles il choisit… Par sa
10249
grâce à sa liberté de décider quelle combinaison
d’
événements possibles il choisit… Par sa libre décision, l’individu con
10250
ions. La première, c’est que, lorsqu’il est libre
de
choisir, chacun choisira ce qu’il y a de mieux, de sorte que, dans l’
10251
st libre de choisir, chacun choisira ce qu’il y a
de
mieux, de sorte que, dans l’ensemble, grâce à l’intégration de tous c
10252
sorte que, dans l’ensemble, grâce à l’intégration
de
tous ces choix heureux, le niveau mondial s’élèvera. Cette affirmatio
10253
ceci présuppose un principe général : l’existence
d’
un critère de perfection acceptable pour tous. D’où provient cette pré
10254
se un principe général : l’existence d’un critère
de
perfection acceptable pour tous. D’où provient cette présupposition ?
10255
d’un critère de perfection acceptable pour tous.
D’
où provient cette présupposition ? De l’intuition de « l’esprit humain
10256
e pour tous. D’où provient cette présupposition ?
De
l’intuition de « l’esprit humain » dans lequel sont intégrées toutes
10257
où provient cette présupposition ? De l’intuition
de
« l’esprit humain » dans lequel sont intégrées toutes les facultés hu
10258
humaines dans ce qu’elles ont de plus puissant et
de
meilleur. Nous pouvons imaginer cet « esprit humain » comme une sphèr
10259
n ; en mathématiques, Newton et Leibniz, et ainsi
de
suite. Nous admettons instinctivement que chaque individu, à l’intéri
10260
dimensions pitoyables et menues, mais susceptible
de
croître. Les degrés que nous observons dans cette croissance et dans
10261
c’est ce que nous appelons qualité. Nous autres,
Européens
, insistons sur la liberté parce que nous croyons en la qualité. La qu
10262
s en la qualité. La qualité est aussi inséparable
de
l’individualisme que la liberté. Moyennant le processus créateur de l
10263
e que la liberté. Moyennant le processus créateur
de
liberté, l’individu produit la qualité, par une accumulation de diver
10264
individu produit la qualité, par une accumulation
de
diversités. La diversité, la qualité, la distinction, sont dès lors l
10265
distinction, sont dès lors les aspects essentiels
de
la vie européenne. Elles expliquent l’abondance, la variété et la ric
10266
n, sont dès lors les aspects essentiels de la vie
européenne
. Elles expliquent l’abondance, la variété et la richesse humaine de n
10267
nt l’abondance, la variété et la richesse humaine
de
nombreux types d’Européens, depuis les Irlandais jusqu’aux Grecs et d
10268
variété et la richesse humaine de nombreux types
d’
Européens, depuis les Irlandais jusqu’aux Grecs et des Portugais aux F
10269
ariété et la richesse humaine de nombreux types d’
Européens
, depuis les Irlandais jusqu’aux Grecs et des Portugais aux Finnois. I
10270
Portugais aux Finnois. Il est exact que certains
de
ces mots sont parfois devenus mesquins et superficiels ; à la fin du
10271
perficiels ; à la fin du xviiie siècle, un homme
de
qualité n’était souvent qu’un benêt, et au xxe siècle, un homme de d
10272
souvent qu’un benêt, et au xxe siècle, un homme
de
distinction n’est souvent qu’un parasite sans grâce. Mais, malgré ces
10273
te sans grâce. Mais, malgré ces torsions frivoles
de
leur sens primitif, la distinction et la qualité restent néanmoins le
10274
stent néanmoins les caractéristiques essentielles
de
la vie européenne. Cela est surtout vrai pour la qualité, car la qual
10275
moins les caractéristiques essentielles de la vie
européenne
. Cela est surtout vrai pour la qualité, car la qualité est pour nous
10276
rai pour la qualité, car la qualité est pour nous
Européens
, l’essence même de la vie. Toute vie est qualitative et c’est pourquo
10277
a qualité est pour nous Européens, l’essence même
de
la vie. Toute vie est qualitative et c’est pourquoi en Europe, nous d
10278
e. Toute vie est qualitative et c’est pourquoi en
Europe
, nous devons nous tenir en garde contre les deux dangers qui menacent
10279
angers qui menacent notre vie, les deux antipodes
de
la qualité : la quantité et l’égalité. Notre répugnance pour ces deux
10280
dans mon verre »… La qualité, la variété, le coin
de
terre, la vigne, le cru, la saison, autant de concepts qui poussent c
10281
oin de terre, la vigne, le cru, la saison, autant
de
concepts qui poussent comme des champignons de choix à l’ombre du goû
10282
nt de concepts qui poussent comme des champignons
de
choix à l’ombre du goût, autant de formes de la vie européenne qui éc
10283
es champignons de choix à l’ombre du goût, autant
de
formes de la vie européenne qui échapperont toujours au cadre trop ri
10284
nons de choix à l’ombre du goût, autant de formes
de
la vie européenne qui échapperont toujours au cadre trop rigide des s
10285
oix à l’ombre du goût, autant de formes de la vie
européenne
qui échapperont toujours au cadre trop rigide des statistiques. Pour
10286
sation. Elles demeurent elles-mêmes et n’essaient
de
s’améliorer que comme telles. Elles sont à la fois les fleurs et les
10287
Elles sont à la fois les fleurs et les jardiniers
de
la forme. La forme est une autre manifestation spécifique de l’esprit
10288
. La forme est une autre manifestation spécifique
de
l’esprit européen. Rien ne serait plus erroné que de qualifier la for
10289
st une autre manifestation spécifique de l’esprit
européen
. Rien ne serait plus erroné que de qualifier la forme de superficiell
10290
l’esprit européen. Rien ne serait plus erroné que
de
qualifier la forme de superficielle. Quoique d’apparence extérieure,
10291
n ne serait plus erroné que de qualifier la forme
de
superficielle. Quoique d’apparence extérieure, elle surgit en réalité
10292
e de qualifier la forme de superficielle. Quoique
d’
apparence extérieure, elle surgit en réalité des profondeurs des objet
10293
ondeurs des objets qu’elle façonne et fait partie
de
leur substance même. Le potier sait cela d’instinct. La civilisation,
10294
artie de leur substance même. Le potier sait cela
d’
instinct. La civilisation, en particulier, est une question de forme…
10295
La civilisation, en particulier, est une question
de
forme… Souvent, une décision qui serait opportune et que la morale ne
10296
jetterait pas explicitement n’est pas prise par l’
Européen
, parce qu’elle manquerait de forme. Le refus d’accorder la première p
10297
as prise par l’Européen, parce qu’elle manquerait
de
forme. Le refus d’accorder la première place à l’opportunité, démontr
10298
péen, parce qu’elle manquerait de forme. Le refus
d’
accorder la première place à l’opportunité, démontre le caractère non
10299
opportunité, démontre le caractère non utilitaire
de
l’esprit européen. L’utilitarisme est le signe d’une maturité insuffi
10300
démontre le caractère non utilitaire de l’esprit
européen
. L’utilitarisme est le signe d’une maturité insuffisante. C’est le sy
10301
de l’esprit européen. L’utilitarisme est le signe
d’
une maturité insuffisante. C’est le symptôme clé d’une culture restée
10302
’une maturité insuffisante. C’est le symptôme clé
d’
une culture restée en arrêt. Car, lorsque nous exécutons un acte utile
10303
parce qu’il sert un troisième but utile, et ainsi
de
suite. Mais, quelle serait l’utilité de tout cela, si, à la fin de ce
10304
et ainsi de suite. Mais, quelle serait l’utilité
de
tout cela, si, à la fin de cette chaîne d’utilité ne brillait pas l’é
10305
uelle serait l’utilité de tout cela, si, à la fin
de
cette chaîne d’utilité ne brillait pas l’étoile glorieuse de l’inutil
10306
tilité de tout cela, si, à la fin de cette chaîne
d’
utilité ne brillait pas l’étoile glorieuse de l’inutile ? Les hommes d
10307
aîne d’utilité ne brillait pas l’étoile glorieuse
de
l’inutile ? Les hommes demeurent esclaves aussi longtemps qu’ils se l
10308
sque leurs actes quotidiens et utiles s’inspirent
d’
un esprit de haute inutilité qui donne à la vie son vrai sens, sa poés
10309
ctes quotidiens et utiles s’inspirent d’un esprit
de
haute inutilité qui donne à la vie son vrai sens, sa poésie, son côté
10310
eur éternelle.297 Et voilà pour la qualité, but
d’
une culture, mais qu’en est-il de sa puissance ? Elle dépend, en Europ
10311
la qualité, but d’une culture, mais qu’en est-il
de
sa puissance ? Elle dépend, en Europe, d’un heureux équilibre de l’es
10312
is qu’en est-il de sa puissance ? Elle dépend, en
Europe
, d’un heureux équilibre de l’esprit et de la volonté : Lorsqu’on vie
10313
est-il de sa puissance ? Elle dépend, en Europe,
d’
un heureux équilibre de l’esprit et de la volonté : Lorsqu’on vient d
10314
? Elle dépend, en Europe, d’un heureux équilibre
de
l’esprit et de la volonté : Lorsqu’on vient de l’Ouest, on est encli
10315
en Europe, d’un heureux équilibre de l’esprit et
de
la volonté : Lorsqu’on vient de l’Ouest, on est enclin à considérer
10316
on vient de l’Ouest, on est enclin à considérer l’
Europe
comme le pays des idées générales. Si l’on vient de l’Est, il semble
10317
ce sur la volonté, la caractéristique essentielle
de
l’Europe est un équilibre entre la volonté et l’esprit. C’est cet heu
10318
r la volonté, la caractéristique essentielle de l’
Europe
est un équilibre entre la volonté et l’esprit. C’est cet heureux méla
10319
prit et la volonté, qui est probablement la cause
de
cette intuition que nous avons de l’unité des Européens. Tout cela es
10320
lement la cause de cette intuition que nous avons
de
l’unité des Européens. Tout cela est évidemment très relatif et très
10321
de cette intuition que nous avons de l’unité des
Européens
. Tout cela est évidemment très relatif et très ample et ne doit pas ê
10322
e et ne doit pas être compris comme si ce mélange
d’
esprit et de volonté était un don dénié aux personnes nées dans tout a
10323
pas être compris comme si ce mélange d’esprit et
de
volonté était un don dénié aux personnes nées dans tout autre Contine
10324
caractérise les actions et les œuvres des hommes
d’
Europe est précisément ce développement harmonieux de l’esprit et de l
10325
aractérise les actions et les œuvres des hommes d’
Europe
est précisément ce développement harmonieux de l’esprit et de la volo
10326
urope est précisément ce développement harmonieux
de
l’esprit et de la volonté. L’esprit et la volonté sont les facultés l
10327
sément ce développement harmonieux de l’esprit et
de
la volonté. L’esprit et la volonté sont les facultés les plus individ
10328
olonté sont les facultés les plus individualisées
de
l’homme… Notre continent est sans conteste le plus individualiste de
10329
ontinent est sans conteste le plus individualiste
de
tous. En Asie, l’individu commence tout juste à compter ; en Amérique
10330
hommes faits au moule sont plus loin de l’esprit
européen
que de celui de n’importe quel autre continent. En Europe, l’individu
10331
au moule sont plus loin de l’esprit européen que
de
celui de n’importe quel autre continent. En Europe, l’individu est ro
10332
sont plus loin de l’esprit européen que de celui
de
n’importe quel autre continent. En Europe, l’individu est roi… Ceci e
10333
ue de celui de n’importe quel autre continent. En
Europe
, l’individu est roi… Ceci explique la qualité active de l’esprit euro
10334
individu est roi… Ceci explique la qualité active
de
l’esprit européen. Il ne se borne pas à observer l’objet, mais va dro
10335
roi… Ceci explique la qualité active de l’esprit
européen
. Il ne se borne pas à observer l’objet, mais va droit à lui et en pre
10336
et en prend possession — il s’en saisit. L’esprit
de
l’Européen est « acquisitif ». Pour lui, le savoir est un moyen de pr
10337
prend possession — il s’en saisit. L’esprit de l’
Européen
est « acquisitif ». Pour lui, le savoir est un moyen de prendre posse
10338
« acquisitif ». Pour lui, le savoir est un moyen
de
prendre possession de la nature ; attitude qui s’insère entre celle d
10339
lui, le savoir est un moyen de prendre possession
de
la nature ; attitude qui s’insère entre celle de l’Américain pour qui
10340
de la nature ; attitude qui s’insère entre celle
de
l’Américain pour qui le savoir est un outil pour l’action, et celle d
10341
ui le savoir est un outil pour l’action, et celle
de
l’Hindou, pour qui il est un moyen pour se libérer de lui-même. C’est
10342
’Hindou, pour qui il est un moyen pour se libérer
de
lui-même. C’est donc peut-être en Europe que l’esprit et la volonté s
10343
r se libérer de lui-même. C’est donc peut-être en
Europe
que l’esprit et la volonté sont le plus intimement liés, à un tel deg
10344
à un tel degré qu’ils sont même inséparables l’un
de
l’autre. Ceci détermine le rythme particulier de toute la vie europée
10345
de l’autre. Ceci détermine le rythme particulier
de
toute la vie européenne, dans laquelle la volonté l’emportant sur l’e
10346
i détermine le rythme particulier de toute la vie
européenne
, dans laquelle la volonté l’emportant sur l’esprit, va droit au but a
10347
’emportant sur l’esprit, va droit au but au cours
d’
une première phase opiniâtre, délibérée et ultraindividualiste, suivie
10348
iniâtre, délibérée et ultraindividualiste, suivie
d’
une seconde phase où l’esprit l’emportant sur la volonté, essaie de me
10349
se où l’esprit l’emportant sur la volonté, essaie
de
mettre de l’ordre dans ce chaos initial ; tandis qu’enfin une troisiè
10350
prit l’emportant sur la volonté, essaie de mettre
de
l’ordre dans ce chaos initial ; tandis qu’enfin une troisième phase,
10351
rythme à trois temps est caractéristique du genre
de
vie européen, dans le domaine scientifique aussi bien que politique,
10352
à trois temps est caractéristique du genre de vie
européen
, dans le domaine scientifique aussi bien que politique, dans celui de
10353
scientifique aussi bien que politique, dans celui
de
l’évolution juridique comme dans celui de l’expansion mondiale.298
10354
s celui de l’évolution juridique comme dans celui
de
l’expansion mondiale.298 « Pour construire le schéma de ce qui appa
10355
ansion mondiale.298 « Pour construire le schéma
de
ce qui appartient en propre à l’Europe », Karl Jaspers a choisi trois
10356
uire le schéma de ce qui appartient en propre à l’
Europe
», Karl Jaspers a choisi trois mots : liberté, histoire, science. Sur
10357
liberté et l’histoire, il nous dit quelque chose
de
neuf : c’est que l’une ne serait pas concevable sans l’autre : Le co
10358
serait pas concevable sans l’autre : Le contenu
de
la liberté se révèle par deux phénomènes européens fondamentaux. Ce s
10359
ntenu de la liberté se révèle par deux phénomènes
européens
fondamentaux. Ce sont : La vie tendue entre deux pôles opposés. La vi
10360
la vie tendue entre deux pôles : Pour toute prise
de
position, l’Europe a elle-même développé la position inverse. Elle ne
10361
ntre deux pôles : Pour toute prise de position, l’
Europe
a elle-même développé la position inverse. Elle ne possède peut-être
10362
ne possède peut-être en propre que cette capacité
d’
être toute chose. C’est ce qui la rend apte non seulement à concevoir
10363
encore à se l’assimiler et à en faire un élément
de
sa propre essence. L’Europe connaît la majesté des vastes structures
10364
et à en faire un élément de sa propre essence. L’
Europe
connaît la majesté des vastes structures ordonnées, et l’inquiétude d
10365
dans la négation nihiliste. Elle favorise l’idée
d’
autorité, dans sa portée chrétienne et universelle, comme aussi celle
10366
rtée chrétienne et universelle, comme aussi celle
de
libre recherche. Elle édifie les grands systèmes de la philosophie, e
10367
libre recherche. Elle édifie les grands systèmes
de
la philosophie, et elle les laisse abattre par des prophètes proclama
10368
proclamant la vérité. Elle vit avec la conscience
de
la totalité politique, et en même temps, de ce qu’il y a de plus inti
10369
ience de la totalité politique, et en même temps,
de
ce qu’il y a de plus intime dans le domaine personnel et privé. Cette
10370
et privé. Cette réalité foncièrement dialectique
de
l’Europe s’enracine dans ses traditions les plus reculées : la Bible,
10371
rivé. Cette réalité foncièrement dialectique de l’
Europe
s’enracine dans ses traditions les plus reculées : la Bible, ce fonde
10372
itions les plus reculées : la Bible, ce fondement
de
la vie européenne, cache déjà en elle, d’une façon unique, la tension
10373
plus reculées : la Bible, ce fondement de la vie
européenne
, cache déjà en elle, d’une façon unique, la tension entre les pôles.
10374
ndement de la vie européenne, cache déjà en elle,
d’
une façon unique, la tension entre les pôles. Elle est le livre sacré
10375
permit à toutes les possibilités contradictoires
de
s’épanouir avec sa bénédiction. Puis on trouve à la base de l’Europe
10376
uir avec sa bénédiction. Puis on trouve à la base
de
l’Europe la grande antithèse de l’antiquité et du christianisme ; tou
10377
vec sa bénédiction. Puis on trouve à la base de l’
Europe
la grande antithèse de l’antiquité et du christianisme ; tous deux se
10378
trouve à la base de l’Europe la grande antithèse
de
l’antiquité et du christianisme ; tous deux se combattent et s’unisse
10379
ttent et s’unissent jusqu’aujourd’hui. Elles sont
européennes
aussi, les oppositions fécondes de l’Église et de l’État, des nations
10380
sont européennes aussi, les oppositions fécondes
de
l’Église et de l’État, des nations et de l’Empire, des nations romane
10381
es aussi, les oppositions fécondes de l’Église et
de
l’État, des nations et de l’Empire, des nations romanes et germanique
10382
fécondes de l’Église et de l’État, des nations et
de
l’Empire, des nations romanes et germaniques, du catholicisme et du p
10383
ermaniques, du catholicisme et du protestantisme,
de
la théologie et de la philosophie, — aujourd’hui de la Russie et de l
10384
olicisme et du protestantisme, de la théologie et
de
la philosophie, — aujourd’hui de la Russie et de l’Amérique. L’Europe
10385
la théologie et de la philosophie, — aujourd’hui
de
la Russie et de l’Amérique. L’Europe lie ce qu’en même temps elle opp
10386
de la philosophie, — aujourd’hui de la Russie et
de
l’Amérique. L’Europe lie ce qu’en même temps elle oppose à l’extrême
10387
e, — aujourd’hui de la Russie et de l’Amérique. L’
Europe
lie ce qu’en même temps elle oppose à l’extrême : monde et transcenda
10388
ience et foi, technique matérielle et religion. L’
Europe
devient infidèle à sa liberté lorsqu’elle perd ces antagonismes et s’
10389
aise, soit en s’installant dans un ordre oublieux
de
ses limites, soit en se portant à des extrémités qui excluent tout or
10390
lors pour être le tout. Par contre, on retrouve l’
Europe
lorsqu’elle est ouverte, libre dans la tension des contraires, lorsqu
10391
de ses possibilités et qu’à travers le changement
de
situations, puisant à sa source, elle déploie sans cesse à nouveau, i
10392
ne sommes jamais sûrs du vrai dans sa totalité et
de
façon définitive. Notre liberté reste relative à autre chose, elle n’
10393
sui. Si elle l’était, l’homme serait Dieu. Ici l’
Européen
se tient à sa limite extrême. Subjectivement, comme individu, il a l’
10394
Subjectivement, comme individu, il a l’expérience
de
l’origine de son être : je ne suis pas libre par moi-même ; quand je
10395
t, comme individu, il a l’expérience de l’origine
de
son être : je ne suis pas libre par moi-même ; quand je me sais vraim
10396
nigmatique qui correspond à l’expérience possible
d’
être pour soi-même un don. L’existence que nous pouvons être n’est rée
10397
qui nous fait être. Lorsque l’existence s’assure
d’
elle-même, elle s’assure du même coup de la transcendance. Mais object
10398
s’assure d’elle-même, elle s’assure du même coup
de
la transcendance. Mais objectivement, on peut dire de la liberté ce q
10399
a transcendance. Mais objectivement, on peut dire
de
la liberté ce qui suit : la liberté a besoin de la liberté de tous le
10400
e de la liberté ce qui suit : la liberté a besoin
de
la liberté de tous les autres ; c’est pourquoi la liberté politique n
10401
é ce qui suit : la liberté a besoin de la liberté
de
tous les autres ; c’est pourquoi la liberté politique ne saurait se r
10402
té politique ne saurait se réaliser sous la forme
d’
une stabilité sûre des institutions. La liberté a besoin de l’achèveme
10403
bilité sûre des institutions. La liberté a besoin
de
l’achèvement du vrai ; mais la vérité est multiple et, sous toutes se
10404
uvement ; la connaissance scientifique échoue sur
d’
insurmontables antinomies et reste limitée au fini, aux apparences. To
10405
é à l’échec. Mais l’échec lui-même, pris dans une
de
ces tensions entre pôles opposés propres à l’Europe, y est devenu sym
10406
e de ces tensions entre pôles opposés propres à l’
Europe
, y est devenu symbole : la conscience tragique, telle qu’elle exista
10407
qu’elle exista en Grèce, connaît la signification
de
l’échec même et le désir de l’échec authentique ; et la croix chrétie
10408
naît la signification de l’échec même et le désir
de
l’échec authentique ; et la croix chrétienne, qui permet de vaincre l
10409
authentique ; et la croix chrétienne, qui permet
de
vaincre la conscience tragique ou de l’éviter dès le début, donne sa
10410
, qui permet de vaincre la conscience tragique ou
de
l’éviter dès le début, donne sa signification à la vie dans une récon
10411
dans une réconciliation transcendante. La liberté
de
l’Européen tend aux limites extrêmes, elle cherche la profondeur des
10412
une réconciliation transcendante. La liberté de l’
Européen
tend aux limites extrêmes, elle cherche la profondeur des déchirures.
10413
mes, elle cherche la profondeur des déchirures. L’
Européen
va à travers le désespoir vers une confiance ressuscitée, à travers l
10414
citée, à travers le nihilisme vers une conscience
de
soi fondée ; il vit dans l’angoisse qui est l’aiguillon de sa bonne f
10415
ndée ; il vit dans l’angoisse qui est l’aiguillon
de
sa bonne foi. Dans la liberté s’enracinent deux autres phénomènes eur
10416
ns la liberté s’enracinent deux autres phénomènes
européens
: la conscience de l’histoire et la volonté de science. Ce n’est qu’e
10417
deux autres phénomènes européens : la conscience
de
l’histoire et la volonté de science. Ce n’est qu’en Occident que même
10418
péens : la conscience de l’histoire et la volonté
de
science. Ce n’est qu’en Occident que même dans la conscience individu
10419
res. Liberté sociale, liberté religieuse, liberté
de
la personnalité se conditionnent l’une l’autre. Mais comme la liberté
10420
ne, l’histoire est indispensable pour la conquête
de
la liberté. Ainsi le besoin de liberté produit l’histoire. Notre hist
10421
e pour la conquête de la liberté. Ainsi le besoin
de
liberté produit l’histoire. Notre histoire n’est pas faite de simple
10422
roduit l’histoire. Notre histoire n’est pas faite
de
simple changement, de la chute et du rétablissement d’une idée éterne
10423
re histoire n’est pas faite de simple changement,
de
la chute et du rétablissement d’une idée éternelle ; elle ne raconte
10424
mple changement, de la chute et du rétablissement
d’
une idée éternelle ; elle ne raconte pas comment se réalise une situat
10425
e ne raconte pas comment se réalise une situation
d’
ensemble conçue comme définitive, mais une succession significative de
10426
mme définitive, mais une succession significative
de
faits dérivant les uns des autres, succession qui devient consciente
10427
uns des autres, succession qui devient consciente
d’
elle-même en tant que lutte pour la liberté. L’histoire, dans ce sens,
10428
. L’histoire, dans ce sens, existe en tout cas en
Europe
, même si la masse des événements s’y présente, comme partout dans le
10429
sente, comme partout dans le monde, sous l’aspect
d’
un effort pour faire passer de force le malheur d’une forme dans une a
10430
onde, sous l’aspect d’un effort pour faire passer
de
force le malheur d’une forme dans une autre. La douleur devient le be
10431
d’un effort pour faire passer de force le malheur
d’
une forme dans une autre. La douleur devient le berceau de l’homme qui
10432
rme dans une autre. La douleur devient le berceau
de
l’homme qui veut l’histoire. Seul l’homme qui s’expose intérieurement
10433
pas aveuglément détruire, s’il ne se contente pas
d’
attendre « que ce soit passé » pour vivre ensuite comme si rien ne s’é
10434
ète. … C’est en Occident seulement que l’exigence
de
la liberté a mené l’histoire en tant que recherche de la liberté poli
10435
a liberté a mené l’histoire en tant que recherche
de
la liberté politique.299 Quant à la science, nous l’avons vu, Jaspe
10436
ns vu, Jaspers lui donne pour origines le respect
de
la vérité et le sens critique « impitoyable », valeurs chrétiennes. O
10437
ce sont les valeurs prométhéennes cultivées par l’
Europe
moderne qui ont frappé le reste du Monde. C’est le défi aux ordres sa
10438
st le défi aux ordres sacrés, plus que le respect
de
la création divine ou le désir de servir l’homme en le libérant de la
10439
que le respect de la création divine ou le désir
de
servir l’homme en le libérant de la Nature, qui semble, aux yeux de l
10440
vine ou le désir de servir l’homme en le libérant
de
la Nature, qui semble, aux yeux de l’Asie traditionnelle, avoir produ
10441
it notre technique. On peut juger qu’il s’agit là
d’
une illusion, mais elle s’explique : elle était même inévitable. Il y
10442
que : elle était même inévitable. Il y a, au cœur
de
la civilisation européenne, un refus du destin qui paraît un défi à c
10443
me inévitable. Il y a, au cœur de la civilisation
européenne
, un refus du destin qui paraît un défi à ceux qui ont confondu leur d
10444
pés. Il y a des sociétés qui, à travers les aléas
de
leur histoire, ont cherché à perpétuer un statu quo, sans tenter des
10445
millénaire reposant sur l’ordre du monde, modèle
de
l’ordre social, offrit pendant des siècles l’image d’un semblable imm
10446
’ordre social, offrit pendant des siècles l’image
d’
un semblable immobilisme. Il y a des civilisations caractérisées par u
10447
sion mystique fondée sur le détachement des biens
de
ce monde, l’illusion de l’individualité, l’effort pour échapper par l
10448
le détachement des biens de ce monde, l’illusion
de
l’individualité, l’effort pour échapper par le nirvana à la roue des
10449
s le grand Tout : telles furent les civilisations
de
l’Inde. Ce qui caractérise la civilisation occidentale, c’est qu’elle
10450
menaçaient. Elle les a relevés et s’est efforcée
de
les surmonter.300 Et pourtant, la technique européenne n’est pas né
10451
de les surmonter.300 Et pourtant, la technique
européenne
n’est pas née d’un élan prométhéen. Après tout, Prométhée est un myth
10452
t pourtant, la technique européenne n’est pas née
d’
un élan prométhéen. Après tout, Prométhée est un mythe grec, et ce n’e
10453
ous vient la technique. Platon : Entre l’exercice
d’
une profession mécanique et le devoir des citoyens, il y a incompatibi
10454
ravail manuel : Jésus charpentier, Paul fabricant
de
tentes, « confréries de liberté », guildes et corporations du Moyen Â
10455
arpentier, Paul fabricant de tentes, « confréries
de
liberté », guildes et corporations du Moyen Âge, cathédrales… Et voic
10456
n’est plus considérée comme une pure spéculation
de
l’esprit, à la façon des Anciens, ni comme un simple divertissement d
10457
on des Anciens, ni comme un simple divertissement
d’
homme de loisir ainsi qu’elle le sera pour les mondains. On lui demand
10458
nciens, ni comme un simple divertissement d’homme
de
loisir ainsi qu’elle le sera pour les mondains. On lui demande d’être
10459
qu’elle le sera pour les mondains. On lui demande
d’
être utile et pratique, de promouvoir les arts mécaniques, en vue de s
10460
ondains. On lui demande d’être utile et pratique,
de
promouvoir les arts mécaniques, en vue de soulager la peine des homme
10461
niques, en vue de soulager la peine des hommes et
d’
améliorer leur condition. Les grands savants de la Renaissance, Léonar
10462
et d’améliorer leur condition. Les grands savants
de
la Renaissance, Léonard de Vinci, Tartaglia, Agricola, Galilée sont d
10463
s Discours admirables. Leone Alberti fait l’éloge
de
la Technique qui transforme, pour notre commodité, le visage de la te
10464
e qui transforme, pour notre commodité, le visage
de
la terre. Jérôme Cardan, au grand scandale d’un humaniste tel que Sca
10465
age de la terre. Jérôme Cardan, au grand scandale
d’
un humaniste tel que Scaliger, classe Archimède, en raison de ses inve
10466
ison de ses inventions mécaniques, bien au-dessus
d’
Aristote, dont le chancelier Bacon souhaiterait voir brûler tous les l
10467
les livres, « parce que Aristote a été incapable
de
produire des œuvres qui servissent au bien-être de l’homme ». « Ce n’
10468
e produire des œuvres qui servissent au bien-être
de
l’homme ». « Ce n’est proprement valoir rien que de n’être utile à pe
10469
l’homme ». « Ce n’est proprement valoir rien que
de
n’être utile à personne », proclame Descartes. À « cette philosophie
10470
ive qu’on enseigne dans les écoles », le Discours
de
la Méthode oppose « une pratique, par laquelle, connaissant la force
10471
aquelle, connaissant la force et l’action du feu,
de
l’eau, de l’air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qu
10472
onnaissant la force et l’action du feu, de l’eau,
de
l’air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous env
10473
feu, de l’eau, de l’air, des astres, des cieux et
de
tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que n
10474
inctement que nous connaissons les divers métiers
de
nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les us
10475
et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs
de
la nature ». C’est l’idée du Chancelier Bacon : on commande à la natu
10476
nature en obéissant à ses lois. Il ne suffit plus
de
connaître le monde ; il convient de le changer.301 On a reconnu dan
10477
e suffit plus de connaître le monde ; il convient
de
le changer.301 On a reconnu dans cette dernière phrase la « Deuxièm
10478
rnière phrase la « Deuxième thèse sur Feuerbach »
de
Karl Marx. Or le marxisme est postérieur au grand essor de la techniq
10479
arx. Or le marxisme est postérieur au grand essor
de
la technique européenne, et ne lui a rien apporté. En revanche, on co
10480
sme est postérieur au grand essor de la technique
européenne
, et ne lui a rien apporté. En revanche, on connaît aujourd’hui le rôl
10481
stes et par les héritiers mystiques du vieux rêve
de
l’alchimie : parfaire la Création de Dieu et coopérer à sa rédemption
10482
u vieux rêve de l’alchimie : parfaire la Création
de
Dieu et coopérer à sa rédemption. Mais d’où viennent encore un coup c
10483
réation de Dieu et coopérer à sa rédemption. Mais
d’
où viennent encore un coup ces passions pratiquement conjuguées de la
10484
core un coup ces passions pratiquement conjuguées
de
la liberté, de la technique, et du défi aux ordres consacrés par l’us
10485
s passions pratiquement conjuguées de la liberté,
de
la technique, et du défi aux ordres consacrés par l’usage, non par la
10486
iscours prononcé à Lausanne lors de la Conférence
européenne
de la culture (1949), Carlo Schmid ramène toutes nos valeurs à ce ref
10487
noncé à Lausanne lors de la Conférence européenne
de
la culture (1949), Carlo Schmid ramène toutes nos valeurs à ce refus
10488
mid ramène toutes nos valeurs à ce refus créateur
de
l’Europe : le refus de la fatalité : Mais qu’est-ce donc ce qui cara
10489
amène toutes nos valeurs à ce refus créateur de l’
Europe
: le refus de la fatalité : Mais qu’est-ce donc ce qui caractérise l
10490
aleurs à ce refus créateur de l’Europe : le refus
de
la fatalité : Mais qu’est-ce donc ce qui caractérise l’Europe ? Quel
10491
alité : Mais qu’est-ce donc ce qui caractérise l’
Europe
? Quelle question, quelle complexité de réponses possibles ! Et cepen
10492
ise l’Europe ? Quelle question, quelle complexité
de
réponses possibles ! Et cependant il existe certaines données qui nou
10493
t il existe certaines données qui nous permettent
de
pressentir de quel côté à peu près nous devrions chercher pour distin
10494
rtaines données qui nous permettent de pressentir
de
quel côté à peu près nous devrions chercher pour distinguer, ne fût-c
10495
hercher pour distinguer, ne fût-ce que les ombres
de
cette réalité que l’esclavage de Platon, enchaîné dans la Grotte, voi
10496
e que les ombres de cette réalité que l’esclavage
de
Platon, enchaîné dans la Grotte, voit remuer sur les parois. Il me se
10497
voir Prométhée qui, ayant formé l’homme du limon
de
la terre, déroba le feu du ciel pour animer sa créature et qui, par c
10498
fatalité. En effet, lutter contre tout ce qui n’a
d’
autre dignité que celle qu’accorde la matérialité, se refuser à n’être
10499
’accorde la matérialité, se refuser à n’être rien
d’
autre qu’un élément passif et déterminé de l’ordre de la Création — ce
10500
re rien d’autre qu’un élément passif et déterminé
de
l’ordre de la Création — ceci me semble la vertu primordiale qui a fa
10501
utre qu’un élément passif et déterminé de l’ordre
de
la Création — ceci me semble la vertu primordiale qui a fait d’une pr
10502
— ceci me semble la vertu primordiale qui a fait
d’
une presqu’île de l’Asie, l’Europe. Dante, l’Européen, le fait dire à
10503
la vertu primordiale qui a fait d’une presqu’île
de
l’Asie, l’Europe. Dante, l’Européen, le fait dire à Ulysse qui voulai
10504
mordiale qui a fait d’une presqu’île de l’Asie, l’
Europe
. Dante, l’Européen, le fait dire à Ulysse qui voulait divenir del mon
10505
it d’une presqu’île de l’Asie, l’Europe. Dante, l’
Européen
, le fait dire à Ulysse qui voulait divenir del mondo esperto malgré l
10506
ir del mondo esperto malgré l’interdiction sévère
de
dépasser le détroit de Gibraltar : O frati… Considerate la vostra se
10507
lgré l’interdiction sévère de dépasser le détroit
de
Gibraltar : O frati… Considerate la vostra semenza : fatti non foste
10508
conoscenza. Ceci est-il autre chose que le refus
d’
être rien d’autre qu’une particule de la nature, une créature acceptan
10509
Ceci est-il autre chose que le refus d’être rien
d’
autre qu’une particule de la nature, une créature acceptant le Paradis
10510
que le refus d’être rien d’autre qu’une particule
de
la nature, une créature acceptant le Paradis de la Fatalité ? Et cet
10511
e de la nature, une créature acceptant le Paradis
de
la Fatalité ? Et cet Ulysse du Dante, n’est-il pas le frère de Promét
10512
ateur, et non pas en vertu d’une délégation, mais
de
son plein droit ? De ceci, comme du besoin de subir sciemment le poid
10513
vertu d’une délégation, mais de son plein droit ?
De
ceci, comme du besoin de subir sciemment le poids de l’Histoire pour,
10514
ais de son plein droit ? De ceci, comme du besoin
de
subir sciemment le poids de l’Histoire pour, à chaque moment, secouer
10515
ceci, comme du besoin de subir sciemment le poids
de
l’Histoire pour, à chaque moment, secouer le joug du passé qu’elle a
10516
moment, secouer le joug du passé qu’elle a créé,
de
ce besoin de baser ses actions sur un perpétuel présent que, malgré s
10517
uer le joug du passé qu’elle a créé, de ce besoin
de
baser ses actions sur un perpétuel présent que, malgré sa connaissanc
10518
un perpétuel présent que, malgré sa connaissance
de
la relation des causes et des effets, il veut toujours charger de spo
10519
es causes et des effets, il veut toujours charger
de
spontanéité, l’homme d’Europe a tiré son bonheur et presque tous ses
10520
il veut toujours charger de spontanéité, l’homme
d’
Europe a tiré son bonheur et presque tous ses malheurs. Dans les momen
10521
l veut toujours charger de spontanéité, l’homme d’
Europe
a tiré son bonheur et presque tous ses malheurs. Dans les moments for
10522
sque tous ses malheurs. Dans les moments fortunés
de
son histoire, il sut user de la mesure. Nous appelons ces moments heu
10523
les moments fortunés de son histoire, il sut user
de
la mesure. Nous appelons ces moments heureux les époques classiques.
10524
ureux les époques classiques. Prométhée est aussi
d’
une façon mystérieuse Antée, fils de Neptune et de la Terre, qui pour
10525
hée est aussi d’une façon mystérieuse Antée, fils
de
Neptune et de la Terre, qui pour se régénérer et redoubler ses forces
10526
d’une façon mystérieuse Antée, fils de Neptune et
de
la Terre, qui pour se régénérer et redoubler ses forces recherche la
10527
rces recherche la Terre, la Nature — mais l’Homme
d’
Europe ne s’abandonne pas à la Nature : il ne l’accepte dans tout son
10528
es recherche la Terre, la Nature — mais l’Homme d’
Europe
ne s’abandonne pas à la Nature : il ne l’accepte dans tout son pouvoi
10529
ée et dénombrée, et là, il n’y a pas en substance
de
différence entre Thalès et Anaxagore, la « decompositio » et « recomp
10530
naxagore, la « decompositio » et « recompositio »
de
Descartes et la nature « reproduite » au sens littéral du mot par Cla
10531
ues et qui pourtant ne font que recomposer la vie
de
l’âme humaine décomposée par l’esprit humain. (D’ailleurs, les romant
10532
ntiques ont-ils fait autrement ?) Parallèlement l’
Européen
, en isolant la conscience humaine de ses rapports avec ce qui est en
10533
ment l’Européen, en isolant la conscience humaine
de
ses rapports avec ce qui est en dehors du Moi, a permis à l’homme, no
10534
is à l’homme, noyé dans la collectivité et le jeu
de
ses contingences, de devenir un individu. Or la dignité de l’individu
10535
ns la collectivité et le jeu de ses contingences,
de
devenir un individu. Or la dignité de l’individu consiste justement e
10536
ntingences, de devenir un individu. Or la dignité
de
l’individu consiste justement en ce qu’il n’est plus permis à l’homme
10537
justement en ce qu’il n’est plus permis à l’homme
de
justifier ses actes par ce qui n’est que nature, histoire, société. I
10538
société. Il doit se justifier devant le tribunal
de
sa conscience et de la raison (qui, partout où elle se réfère à l’évi
10539
justifier devant le tribunal de sa conscience et
de
la raison (qui, partout où elle se réfère à l’évidence, n’est autre c
10540
ndons à la société qu’elle respecte les décisions
de
notre conscience à nous, nous sommes obligés de respecter la dignité
10541
s de notre conscience à nous, nous sommes obligés
de
respecter la dignité de la conscience de tout autre être humain. Voic
10542
nous, nous sommes obligés de respecter la dignité
de
la conscience de tout autre être humain. Voici l’une des raisons qui
10543
obligés de respecter la dignité de la conscience
de
tout autre être humain. Voici l’une des raisons qui nous ont contrain
10544
aie en elle-même et pour elle-même et non du fait
d’
être approuvées par les doctrines de la tradition ou par l’âme collect
10545
t non du fait d’être approuvées par les doctrines
de
la tradition ou par l’âme collective. C’est ici que l’essor miraculeu
10546
’âme collective. C’est ici que l’essor miraculeux
de
la pensée et de la science européennes — toutes les deux sorties du L
10547
C’est ici que l’essor miraculeux de la pensée et
de
la science européennes — toutes les deux sorties du Logos geomotretos
10548
l’essor miraculeux de la pensée et de la science
européennes
— toutes les deux sorties du Logos geomotretos de Platon — plonge l’u
10549
es — toutes les deux sorties du Logos geomotretos
de
Platon — plonge l’une de ses racines les plus profondes. Et nous auri
10550
ies du Logos geomotretos de Platon — plonge l’une
de
ses racines les plus profondes. Et nous aurions passé sous silence un
10551
ons passé sous silence une des plus pures gloires
de
l’Europe si, dans cet ordre d’idées, nous avions oublié de nommer la
10552
assé sous silence une des plus pures gloires de l’
Europe
si, dans cet ordre d’idées, nous avions oublié de nommer la musique.
10553
plus pures gloires de l’Europe si, dans cet ordre
d’
idées, nous avions oublié de nommer la musique. N’oublions pas non plu
10554
pe si, dans cet ordre d’idées, nous avions oublié
de
nommer la musique. N’oublions pas non plus que c’est bien l’homme d’E
10555
e. N’oublions pas non plus que c’est bien l’homme
d’
Europe qui n’a pas voulu que l’existence matérielle et politique de l’
10556
N’oublions pas non plus que c’est bien l’homme d’
Europe
qui n’a pas voulu que l’existence matérielle et politique de l’homme
10557
pas voulu que l’existence matérielle et politique
de
l’homme ne soit que fonction des circonstances, et que c’est lui qui,
10558
rs marché droit sur tout ce qui entrave la marche
de
l’homme vers un avenir de plus en plus riche en liberté spirituelle,
10559
nt qui a fait germer partout sur terre la volonté
de
ne pas accepter la tyrannie des circonstances et du passé, la volonté
10560
yrannie des circonstances et du passé, la volonté
de
modifier les facteurs décisifs de notre existence temporelle jusque d
10561
ssé, la volonté de modifier les facteurs décisifs
de
notre existence temporelle jusque dans leur substance, afin de permet
10562
dans leur substance, afin de permettre à l’homme
de
sortir de l’aliénation dans laquelle la brutalité d’un mécanisme écon
10563
substance, afin de permettre à l’homme de sortir
de
l’aliénation dans laquelle la brutalité d’un mécanisme économique et
10564
sortir de l’aliénation dans laquelle la brutalité
d’
un mécanisme économique et social a fait sombrer sa liberté de dispose
10565
me économique et social a fait sombrer sa liberté
de
disposer de lui-même. C’est en Europe que l’homme a refusé de tenir p
10566
e et social a fait sombrer sa liberté de disposer
de
lui-même. C’est en Europe que l’homme a refusé de tenir pour une loi
10567
brer sa liberté de disposer de lui-même. C’est en
Europe
que l’homme a refusé de tenir pour une loi fatale la stabilité de l’o
10568
de lui-même. C’est en Europe que l’homme a refusé
de
tenir pour une loi fatale la stabilité de l’ordre social, et c’est ic
10569
refusé de tenir pour une loi fatale la stabilité
de
l’ordre social, et c’est ici qu’à chaque époque, le tiers État de l’é
10570
l, et c’est ici qu’à chaque époque, le tiers État
de
l’époque a élevé les barricades de la liberté, de l’égalité et de la
10571
le tiers État de l’époque a élevé les barricades
de
la liberté, de l’égalité et de la justice. Néanmoins, cette liberté,
10572
de l’époque a élevé les barricades de la liberté,
de
l’égalité et de la justice. Néanmoins, cette liberté, cette égalité,
10573
evé les barricades de la liberté, de l’égalité et
de
la justice. Néanmoins, cette liberté, cette égalité, cette justice se
10574
tte justice se sont toujours réclamées des vertus
de
l’origine. En somme, ce que les peuples et les classes ont recherché
10575
et les classes ont recherché dans les révolutions
européennes
, ce n’était ni l’utopie ni l’abstrait. Ils ont toujours recherché — c
10576
us reconnaissons chez Socrate, dans la république
de
Cicéron, dans le agi et pati fortia de Tite Live, dans le pax et just
10577
république de Cicéron, dans le agi et pati fortia
de
Tite Live, dans le pax et justicia de saint Augustin, et dans la « De
10578
pati fortia de Tite Live, dans le pax et justicia
de
saint Augustin, et dans la « Declaration of Rights » de l’État de Vir
10579
nt Augustin, et dans la « Declaration of Rights »
de
l’État de Virginie — don précieux par lequel le Nouveau Monde a rendu
10580
précieux par lequel le Nouveau Monde a rendu à l’
Europe
ce qu’elle avait pu lui prêter. Trois ans avant la conférence de Lau
10581
ait pu lui prêter. Trois ans avant la conférence
de
Lausanne, les premières Rencontres internationales de Genève (septemb
10582
ausanne, les premières Rencontres internationales
de
Genève (septembre 1946), avaient posé d’une manière mémorable, devant
10583
tionales de Genève (septembre 1946), avaient posé
d’
une manière mémorable, devant le grand public intellectuel du continen
10584
and public intellectuel du continent, le problème
de
« l’Esprit européen » dans le monde bouleversé de l’après-guerre. On
10585
ellectuel du continent, le problème de « l’Esprit
européen
» dans le monde bouleversé de l’après-guerre. On a pu lire plus haut
10586
de « l’Esprit européen » dans le monde bouleversé
de
l’après-guerre. On a pu lire plus haut des extraits de discours prono
10587
après-guerre. On a pu lire plus haut des extraits
de
discours prononcés à cette occasion par Julien Benda et par Karl Jasp
10588
: ils s’attachaient à définir la conscience que l’
Europe
prend d’elle-même et les valeurs de sa culture. Quant à Denis de Roug
10589
haient à définir la conscience que l’Europe prend
d’
elle-même et les valeurs de sa culture. Quant à Denis de Rougemont, il
10590
nce que l’Europe prend d’elle-même et les valeurs
de
sa culture. Quant à Denis de Rougemont, il tentait d’évaluer les chan
10591
a culture. Quant à Denis de Rougemont, il tentait
d’
évaluer les chances du génie spécifique de l’Europe, on le comparant a
10592
tentait d’évaluer les chances du génie spécifique
de
l’Europe, on le comparant avec les idéaux des grands empires mondiaux
10593
it d’évaluer les chances du génie spécifique de l’
Europe
, on le comparant avec les idéaux des grands empires mondiaux à l’Est
10594
et la foi au progrès… Avant cette guerre, le nom
d’
Europe évoquait un foyer intense dont le rayonnement s’élargissait sur
10595
t la foi au progrès… Avant cette guerre, le nom d’
Europe
évoquait un foyer intense dont le rayonnement s’élargissait sur tous
10596
t s’élargissait sur tous les autres continents. L’
Europe
nous semblait donc plus grande qu’elle n’était. D’où l’effet de choc
10597
e nous semblait donc plus grande qu’elle n’était.
D’
où l’effet de choc que produisit dans nos esprits, au lendemain de l’a
10598
it donc plus grande qu’elle n’était. D’où l’effet
de
choc que produisit dans nos esprits, au lendemain de l’autre guerre,
10599
choc que produisit dans nos esprits, au lendemain
de
l’autre guerre, la phrase fameuse de Valéry sur l’Europe « petit cap
10600
au lendemain de l’autre guerre, la phrase fameuse
de
Valéry sur l’Europe « petit cap de l’Asie ». Aujourd’hui l’Europe vue
10601
l’autre guerre, la phrase fameuse de Valéry sur l’
Europe
« petit cap de l’Asie ». Aujourd’hui l’Europe vue d’Amérique, et j’im
10602
r l’Europe « petit cap de l’Asie ». Aujourd’hui l’
Europe
vue d’Amérique, et j’imagine aussi vue de Russie, paraît plus petite
10603
« petit cap de l’Asie ». Aujourd’hui l’Europe vue
d’
Amérique, et j’imagine aussi vue de Russie, paraît plus petite que nat
10604
i l’Europe vue d’Amérique, et j’imagine aussi vue
de
Russie, paraît plus petite que nature : physiquement resserrée entre
10605
s dont les ombres immenses s’affrontent au-dessus
d’
elle, rongée et ruinée sur ses bords, moralement refermée sur elle-mêm
10606
efermée sur elle-même. Il y a plus. Nous voyons l’
Europe
comme vidée, au profit de ces deux empires, de certaines ambitions, d
10607
plus. Nous voyons l’Europe comme vidée, au profit
de
ces deux empires, de certaines ambitions, de certains rêves et de cer
10608
urope comme vidée, au profit de ces deux empires,
de
certaines ambitions, de certains rêves et de certaines croyances appa
10609
ofit de ces deux empires, de certaines ambitions,
de
certains rêves et de certaines croyances apparus sur son sol, et qui
10610
res, de certaines ambitions, de certains rêves et
de
certaines croyances apparus sur son sol, et qui semblaient parfois dé
10611
rêve du progrès par exemple semble avoir évacué l’
Europe
pour émigrer vers l’Amérique et la Russie… L’Europe a dominé le monde
10612
rope pour émigrer vers l’Amérique et la Russie… L’
Europe
a dominé le monde pendant des siècles par sa culture d’abord, dès le
10613
des grandes découvertes, par ses armes et son art
de
la guerre mis au service tantôt de la rapacité de telle nation ou de
10614
mes et son art de la guerre mis au service tantôt
de
la rapacité de telle nation ou de tel prince, tantôt d’idéaux contagi
10615
de la guerre mis au service tantôt de la rapacité
de
telle nation ou de tel prince, tantôt d’idéaux contagieux ; enfin par
10616
service tantôt de la rapacité de telle nation ou
de
tel prince, tantôt d’idéaux contagieux ; enfin par ses machines et pa
10617
rapacité de telle nation ou de tel prince, tantôt
d’
idéaux contagieux ; enfin par ses machines et par ses capitaux. Mais v
10618
armes, le grand commerce et jusqu’à la curiosité
de
la planète ! Tout cela dans l’espace de trente ans, et sans retour po
10619
curiosité de la planète ! Tout cela dans l’espace
de
trente ans, et sans retour possible, à vues humaines. Que nous reste-
10620
-t-il donc en propre ? Un monopole unique : celui
de
la culture au sens le plus large du terme, c’est-à-dire : une mesure
10621
le plus large du terme, c’est-à-dire : une mesure
de
l’homme, un principe de critique permanente, un certain équilibre hum
10622
c’est-à-dire : une mesure de l’homme, un principe
de
critique permanente, un certain équilibre humain résultant de tension
10623
permanente, un certain équilibre humain résultant
de
tensions innombrables. Cela, on nous le laisse encore, et à vrai dire
10624
c’est aussi le plus difficile à maintenir en état
d’
efficacité. À l’origine de la religion, de la culture et de la morale
10625
ile à maintenir en état d’efficacité. À l’origine
de
la religion, de la culture et de la morale européennes, il y a l’idée
10626
en état d’efficacité. À l’origine de la religion,
de
la culture et de la morale européennes, il y a l’idée de la contradic
10627
ité. À l’origine de la religion, de la culture et
de
la morale européennes, il y a l’idée de la contradiction, du déchirem
10628
ine de la religion, de la culture et de la morale
européennes
, il y a l’idée de la contradiction, du déchirement fécond, du conflit
10629
ulture et de la morale européennes, il y a l’idée
de
la contradiction, du déchirement fécond, du conflit créateur. Il y a
10630
ment fécond, du conflit créateur. Il y a ce signe
de
contradiction par excellence qui est la croix. Au contraire, à l’orig
10631
’origine des deux empires nouveaux, il y a l’idée
de
l’unification de l’homme lui-même, de l’élimination des antithèses, e
10632
empires nouveaux, il y a l’idée de l’unification
de
l’homme lui-même, de l’élimination des antithèses, et du triomphe de
10633
y a l’idée de l’unification de l’homme lui-même,
de
l’élimination des antithèses, et du triomphe de l’organisation bien h
10634
, de l’élimination des antithèses, et du triomphe
de
l’organisation bien huilée, sans histoire, et sans drame. Il s’ensuit
10635
histoire, et sans drame. Il s’ensuit que le héros
européen
sera l’homme qui atteint, dramatiquement, le plus haut point de consc
10636
e qui atteint, dramatiquement, le plus haut point
de
conscience et de signification : le saint, le mystique, le martyr. Ta
10637
amatiquement, le plus haut point de conscience et
de
signification : le saint, le mystique, le martyr. Tandis que le héros
10638
plus haut exemple ; pour eux, c’est l’exemplaire
de
série… Pour nous, la vie résulte d’un conflit permanent, et son but n
10639
l’exemplaire de série… Pour nous, la vie résulte
d’
un conflit permanent, et son but n’est pas le bonheur, mais la conscie
10640
eur, mais la conscience plus aiguë, la découverte
d’
un sens, d’une signification, fût-ce dans le malheur de la passion, fû
10641
a conscience plus aiguë, la découverte d’un sens,
d’
une signification, fût-ce dans le malheur de la passion, fût-ce dans l
10642
sens, d’une signification, fût-ce dans le malheur
de
la passion, fût-ce dans l’échec. Ils visent à l’inconscience heureuse
10643
e quel prix. Ils veulent la vie, nous des raisons
de
vivre, même mortelles. Voilà pourquoi l’Européen typique sera tantôt
10644
aisons de vivre, même mortelles. Voilà pourquoi l’
Européen
typique sera tantôt un révolutionnaire ou un apôtre, un amant passion
10645
mal sont liés, inextricablement et vitalement. L’
Européen
connaît donc la valeur essentielle des antagonismes, de l’opposition
10646
naît donc la valeur essentielle des antagonismes,
de
l’opposition créatrice, tandis que l’Américain et le Russe soviétique
10647
cain et le Russe soviétique considère l’existence
de
l’opposition comme l’indice d’un mauvais fonctionnement, qu’il faut é
10648
sidère l’existence de l’opposition comme l’indice
d’
un mauvais fonctionnement, qu’il faut éliminer doucement ou brutalemen
10649
ndront par la publicité, le cinéma, la production
de
série, et les autres par des moyens un peu moins souples, comme on sa
10650
ont de plus en plus. Ainsi donc, la confrontation
de
l’Europe et de ces deux filles parfois ingrates du plus grand Occiden
10651
e plus en plus. Ainsi donc, la confrontation de l’
Europe
et de ces deux filles parfois ingrates du plus grand Occident nous su
10652
plus. Ainsi donc, la confrontation de l’Europe et
de
ces deux filles parfois ingrates du plus grand Occident nous suggère
10653
s du plus grand Occident nous suggère une formule
de
l’homme typiquement européen : c’est l’homme de la contradiction, l’h
10654
t nous suggère une formule de l’homme typiquement
européen
: c’est l’homme de la contradiction, l’homme dialectique par excellen
10655
e de l’homme typiquement européen : c’est l’homme
de
la contradiction, l’homme dialectique par excellence. Nous le voyons
10656
i est pour un seul. Crucifié, dis-je, car l’homme
européen
en tant que tel n’accepte pas d’être réduit à l’un ou à l’autre de ce
10657
ar l’homme européen en tant que tel n’accepte pas
d’
être réduit à l’un ou à l’autre de ces termes. Mais il entend les assu
10658
liférer ailleurs. D’autre part, elle a pour effet
de
concentrer sur l’homme lui-même, créateur ou victime de ces tensions,
10659
centrer sur l’homme lui-même, créateur ou victime
de
ces tensions, l’effort principal de l’esprit. Européenne sera donc, t
10660
ur ou victime de ces tensions, l’effort principal
de
l’esprit. Européenne sera donc, typiquement, la volonté de rapporter
10661
de ces tensions, l’effort principal de l’esprit.
Européenne
sera donc, typiquement, la volonté de rapporter à l’homme, de mesurer
10662
it. Européenne sera donc, typiquement, la volonté
de
rapporter à l’homme, de mesurer à l’homme toutes les institutions. Ce
10663
, typiquement, la volonté de rapporter à l’homme,
de
mesurer à l’homme toutes les institutions. Cet homme de la contradict
10664
urer à l’homme toutes les institutions. Cet homme
de
la contradiction (s’il la domine en création) c’est celui que j’appel
10665
sonne. Et ces institutions à sa mesure, à hauteur
d’
homme, traduisant dans la vie de la culture, comme dans les structures
10666
mesure, à hauteur d’homme, traduisant dans la vie
de
la culture, comme dans les structures politiques, les mêmes tensions
10667
t grand. Il y ramasse et porte au plus haut point
de
tension dramatique plusieurs des thèmes illustrés dans ce chapitre, q
10668
lusion. À l’heure actuelle, que sont les valeurs
de
l’Occident ? Nous en avons assez vu pour savoir que ce n’est certaine
10669
s, sont des valeurs américaines et russes plus qu’
européennes
. La première valeur européenne, c’est la volonté de conscience. La se
10670
et russes plus qu’européennes. La première valeur
européenne
, c’est la volonté de conscience. La seconde, c’est la volonté de déco
10671
. La première valeur européenne, c’est la volonté
de
conscience. La seconde, c’est la volonté de découverte… La force occi
10672
lonté de conscience. La seconde, c’est la volonté
de
découverte… La force occidentale, c’est l’acceptation de l’inconnu. I
10673
uverte… La force occidentale, c’est l’acceptation
de
l’inconnu. Il y a un humanisme possible, mais il faut bien nous dire,
10674
e vouloir. Ne nous y méprenons pas : les volontés
de
conscience et de découverte, comme valeurs fondamentales, appartienne
10675
s y méprenons pas : les volontés de conscience et
de
découverte, comme valeurs fondamentales, appartiennent à l’Europe et
10676
e, comme valeurs fondamentales, appartiennent à l’
Europe
et à l’Europe seule. Vous les avez vues à l’œuvre d’une façon quotidi
10677
rs fondamentales, appartiennent à l’Europe et à l’
Europe
seule. Vous les avez vues à l’œuvre d’une façon quotidienne dans le d
10678
et à l’Europe seule. Vous les avez vues à l’œuvre
d’
une façon quotidienne dans le domaine des sciences. Les formes de l’es
10679
tidienne dans le domaine des sciences. Les formes
de
l’esprit le définissent, à l’heure actuelle, par leur point de départ
10680
e définissent, à l’heure actuelle, par leur point
de
départ et la nature de leur recherche. Colomb savait mieux d’où il pa
10681
e actuelle, par leur point de départ et la nature
de
leur recherche. Colomb savait mieux d’où il partait qu’où il irait. E
10682
la nature de leur recherche. Colomb savait mieux
d’
où il partait qu’où il irait. Et nous ne pouvons fonder une attitude h
10683
pas où il va, et sur l’humanisme parce qu’il sait
d’
où il part et où est sa volonté… … Nous sommes au point crucial où la
10684
nté… … Nous sommes au point crucial où la volonté
européenne
doit se souvenir que tout grand héritier ignore ou dilapide les objet
10685
tout grand héritier ignore ou dilapide les objets
de
son héritage, et n’hérite vraiment que l’intelligence et la force. L’
10686
u christianisme heureux, c’est Pascal. L’héritage
de
l’Europe, c’est l’humanisme tragique. … Nous avons fait un certain no
10687
istianisme heureux, c’est Pascal. L’héritage de l’
Europe
, c’est l’humanisme tragique. … Nous avons fait un certain nombre d’im
10688
sme tragique. … Nous avons fait un certain nombre
d’
images qui valent qu’on en parle, non seulement dans les arts, mais da
10689
lement dans les arts, mais dans l’immense domaine
de
ce que l’homme tire de lui-même pour s’accuser, se nier, se grandir o
10690
ais dans l’immense domaine de ce que l’homme tire
de
lui-même pour s’accuser, se nier, se grandir ou tenter de s’éterniser
10691
ême pour s’accuser, se nier, se grandir ou tenter
de
s’éterniser. Des plus hautes solitudes, même celle en Dieu, nous avon
10692
brandt, est-ce que ce sont seulement des rapports
de
volumes et de couleurs, ou aussi des hommes jetés en pâture à leur fa
10693
que ce sont seulement des rapports de volumes et
de
couleurs, ou aussi des hommes jetés en pâture à leur faculté divine,
10694
etés en pâture à leur faculté divine, au bénéfice
de
tous ceux qui en seront dignes ? La justice de la Bible, la vieille l
10695
ce de tous ceux qui en seront dignes ? La justice
de
la Bible, la vieille liberté des cités, qui les a imposées au monde ?
10696
ont vite menacées. Et ce qui les dépasse, c’est l’
Europe
qui l’a cherché. Je dis qu’elle le cherche encore. Et que, jusqu’à no
10697
est seule à le chercher. En face de l’inconnu et
de
la torture pas encore oubliée. Bien entendu, de siècle en siècle, un
10698
t de la torture pas encore oubliée. Bien entendu,
de
siècle en siècle, un même destin de mort courbe à jamais les hommes ;
10699
Bien entendu, de siècle en siècle, un même destin
de
mort courbe à jamais les hommes ; mais de siècle en siècle aussi, en
10700
destin de mort courbe à jamais les hommes ; mais
de
siècle en siècle aussi, en ce lieu qui s’appelle l’Europe — et en ce
10701
iècle en siècle aussi, en ce lieu qui s’appelle l’
Europe
— et en ce lieu seul — des hommes courbés sous ce destin se sont rele
10702
ertes au lieu d’en faire des secrets, pour tenter
de
fonder en qualité victorieuse de la mort le monde éphémère, pour comp
10703
ets, pour tenter de fonder en qualité victorieuse
de
la mort le monde éphémère, pour comprendre que l’homme ne naît pas de
10704
éphémère, pour comprendre que l’homme ne naît pas
de
sa propre affirmation, mais de la mise en question de l’univers. Comm
10705
’homme ne naît pas de sa propre affirmation, mais
de
la mise en question de l’univers. Comme de l’Angleterre de la bataill
10706
a propre affirmation, mais de la mise en question
de
l’univers. Comme de l’Angleterre de la bataille de Londres, disons :
10707
, mais de la mise en question de l’univers. Comme
de
l’Angleterre de la bataille de Londres, disons : « Si ceci doit mouri
10708
e en question de l’univers. Comme de l’Angleterre
de
la bataille de Londres, disons : « Si ceci doit mourir, puissent tout
10709
e l’univers. Comme de l’Angleterre de la bataille
de
Londres, disons : « Si ceci doit mourir, puissent toutes les cultures
10710
goisse contemporaine avec stupéfaction ; et que l’
Europe
de la prise de Rome, l’Europe de Nicopolis, l’Europe de la chute de B
10711
contemporaine avec stupéfaction ; et que l’Europe
de
la prise de Rome, l’Europe de Nicopolis, l’Europe de la chute de Byza
10712
e avec stupéfaction ; et que l’Europe de la prise
de
Rome, l’Europe de Nicopolis, l’Europe de la chute de Byzance, ne leur
10713
ope de la prise de Rome, l’Europe de Nicopolis, l’
Europe
de la chute de Byzance, ne leur sembleront peut-être qu’un remous mis
10714
la prise de Rome, l’Europe de Nicopolis, l’Europe
de
la chute de Byzance, ne leur sembleront peut-être qu’un remous miséra
10715
Rome, l’Europe de Nicopolis, l’Europe de la chute
de
Byzance, ne leur sembleront peut-être qu’un remous misérable à côté d
10716
menaçantes qui commencent à s’étendre sur lui : «
De
vous comme du reste, nous nous servirons, une fois de plus, pour tire
10717
s servirons, une fois de plus, pour tirer l’homme
de
l’argile. »303 3.L’Europe et le Monde Pour nous connaître mie
10718
naître mieux, comparons-nous. Nul moins que nous,
Européens
, ne saurait se soustraire à ce risque, mais il faut se garder de le s
10719
se soustraire à ce risque, mais il faut se garder
de
le sous-estimer : aux premiers pas de toute enquête sur les jugements
10720
t se garder de le sous-estimer : aux premiers pas
de
toute enquête sur les jugements que le Monde porte sur nous, c’est to
10721
tout d’abord la haine que nous rencontrerons, et
d’
aveuglantes raisons de douter de nous-mêmes. Le grand historien compar
10722
que nous rencontrerons, et d’aveuglantes raisons
de
douter de nous-mêmes. Le grand historien comparatiste, Arnold Toynbee
10723
rencontrerons, et d’aveuglantes raisons de douter
de
nous-mêmes. Le grand historien comparatiste, Arnold Toynbee, a tenté
10724
qui désire s’attaquer à ce problème doit essayer
de
sortir, pour un instant, de sa peau d’Occidental et considérer la lut
10725
problème doit essayer de sortir, pour un instant,
de
sa peau d’Occidental et considérer la lutte entre le monde et l’Occid
10726
it essayer de sortir, pour un instant, de sa peau
d’
Occidental et considérer la lutte entre le monde et l’Occident avec le
10727
identaux, lesquels constituent la grande majorité
de
l’humanité. Les peuples non occidentaux peuvent différer par la race,
10728
s en 1941, 1915, 1812, 1709 et 1610 ; les peuples
d’
Asie et d’Afrique rappelleront que, depuis le xve siècle, les Occiden
10729
1915, 1812, 1709 et 1610 ; les peuples d’Asie et
d’
Afrique rappelleront que, depuis le xve siècle, les Occidentaux, qu’i
10730
tralie, en Nouvelle-Zélande, dans le sud et l’est
de
l’Afrique. Les Africains rappelleront qu’ils furent réduits en esclav
10731
qu’ils furent réduits en esclavage et transportés
de
l’autre côté de l’Atlantique pour servir les Européens qui avaient co
10732
duits en esclavage et transportés de l’autre côté
de
l’Atlantique pour servir les Européens qui avaient colonisé les Améri
10733
s de l’autre côté de l’Atlantique pour servir les
Européens
qui avaient colonisé les Amériques, et qu’entre leurs mains, ils devi
10734
Amériques, et qu’entre leurs mains, ils devinrent
de
simples instruments, chargés de leur procurer les richesses dont ils
10735
ns, ils devinrent de simples instruments, chargés
de
leur procurer les richesses dont ils avaient soif. En Amérique du Nor
10736
furent écartés pour faire place aux envahisseurs
européens
et à leurs esclaves venus d’Afrique. La plupart des Occidentaux d’auj
10737
envahisseurs européens et à leurs esclaves venus
d’
Afrique. La plupart des Occidentaux d’aujourd’hui seront surpris, choq
10738
laves venus d’Afrique. La plupart des Occidentaux
d’
aujourd’hui seront surpris, choqués et peinés par ce réquisitoire… Vo
10739
et peinés par ce réquisitoire… Voici donc notre
Europe
sommée de confesser devant le monde une culpabilité sans précédent da
10740
ce réquisitoire… Voici donc notre Europe sommée
de
confesser devant le monde une culpabilité sans précédent dans l’histo
10741
de une culpabilité sans précédent dans l’histoire
de
l’humanité. Toynbee va-t-il relever le défi ? Loin de là, il donne ra
10742
certainement justifié, du moins pour une période
de
quatre siècles et demi, période qui s’achève en 1945. Jusqu’à cette d
10743
ôles, c’est que nous entamons un nouveau chapitre
de
cette histoire, chapitre qui ne commence qu’après la fin de la Second
10744
istoire, chapitre qui ne commence qu’après la fin
de
la Seconde Guerre mondiale. L’inquiétude et la colère que provoquèren
10745
identaux, c’est une expérience toute nouvelle que
de
subir de la part du monde ce que le monde a subi, depuis des siècles,
10746
des siècles, de la part des Occidentaux… Mais l’
Europe
découvrant le Monde et répandant sur tous les continents ce que le Mo
10747
, la tyrannie et leurs souffrances ? Toynbee taxe
d’
orgueil cette objection : Nous Occidentaux, parce qu’humains, avons t
10748
sure avec tout ce qui a précédé. Pour nous guérir
de
cette illusion occidentale qui est la nôtre, il suffit de jeter un re
10749
illusion occidentale qui est la nôtre, il suffit
de
jeter un regard en arrière sur ce qu’accomplirent les Grecs et les Ro
10750
lirent, au profit du monde gréco-romain, une tête
de
pont sur l’océan Atlantique, à l’emplacement de ce qui est aujourd’hu
10751
e de pont sur l’océan Atlantique, à l’emplacement
de
ce qui est aujourd’hui l’Espagne du Sud et le Portugal. Le grec « pop
10752
el fut rédigé le Nouveau Testament, au Ier siècle
de
notre ère, était parlé et compris de Travancore à Marseille. À la mêm
10753
u Ier siècle de notre ère, était parlé et compris
de
Travancore à Marseille. À la même époque, la Grande-Bretagne était an
10754
rmées romaines, tandis que l’art grec, au service
d’
une religion hindoue — le bouddhisme — accomplissait une conquête paci
10755
— accomplissait une conquête pacifique en partant
de
l’Afghanistan et en se dirigeant au nord-est, pour atteindre éventuel
10756
n temps, sur le monde antique aussi largement que
de
nos jours la culture occidentale. À une époque où la civilisation ind
10757
vanter, comme nous pouvons le faire aujourd’hui,
d’
avoir atteint et pénétré par le rayonnement de leur culture toutes les
10758
ui, d’avoir atteint et pénétré par le rayonnement
de
leur culture toutes les civilisations de la planète, dont ils avaient
10759
onnement de leur culture toutes les civilisations
de
la planète, dont ils avaient d’ailleurs calculé avec précision la for
10760
écision la forme et les dimensions. Cette emprise
de
la culture grecque, à partir du ive siècle avant Jésus-Christ, fut p
10761
monde un choc aussi considérable que la rencontre
de
notre civilisation occidentale moderne, depuis le xve siècle de notr
10762
sation occidentale moderne, depuis le xve siècle
de
notre ère. Et la nature humaine n’ayant guère changé depuis cette épo
10763
t guère changé depuis cette époque, il n’y a rien
d’
étonnant à ce que l’assaut d’une civilisation étrangère provoque aujou
10764
poque, il n’y a rien d’étonnant à ce que l’assaut
d’
une civilisation étrangère provoque aujourd’hui les mêmes réactions ps
10765
ue aujourd’hui les mêmes réactions psychologiques
de
défense qu’au temps des Grecs et des Romains… Naturellement, je ne ve
10766
peut faire pour nous l’oracle gréco-romain c’est
de
nous révéler, parmi beaucoup d’autres, un des dénouements possibles d
10767
i beaucoup d’autres, un des dénouements possibles
de
notre drame personnel. Dans notre cas, il se peut très bien que les c
10768
tâtonnons dans l’obscurité et devons nous garder
de
croire que nous pourrons tracer l’itinéraire à suivre. Tout de même c
10769
cer l’itinéraire à suivre. Tout de même ce serait
de
la folie de ne pas tenir compte de la lueur qui s’offre à nous, car l
10770
aire à suivre. Tout de même ce serait de la folie
de
ne pas tenir compte de la lueur qui s’offre à nous, car la lumière pr
10771
même ce serait de la folie de ne pas tenir compte
de
la lueur qui s’offre à nous, car la lumière projetée sur notre avenir
10772
r le miroir du passé gréco-romain est en tout cas
de
celles qui peuvent le mieux éclairer ce qui pour nous reste encore da
10773
ique Stephen Spender, nous rappeler que les torts
de
l’Europe, bien réels, ne lui ôtent pourtant ni le droit ni le devoir
10774
Stephen Spender, nous rappeler que les torts de l’
Europe
, bien réels, ne lui ôtent pourtant ni le droit ni le devoir d’affirme
10775
s, ne lui ôtent pourtant ni le droit ni le devoir
d’
affirmer sa fonction culturelle dans le monde : De bien des manières,
10776
’affirmer sa fonction culturelle dans le monde :
De
bien des manières, nous autres Occidentaux, nous nous sommes rendus m
10777
ux, nous nous sommes rendus moralement incapables
de
riposter à nos adversaires. En partie parce que nous sommes coupables
10778
saires. En partie parce que nous sommes coupables
d’
avoir recouru dans le passé à des méthodes brutales, mais en partie au
10779
parce que nous avons réellement atteint un niveau
de
civilisation qui nous porte à éviter la franchise brutale. Culpabilit
10780
éviter la franchise brutale. Culpabilité, respect
d’
autrui et conscience de notre histoire concourent ainsi à nous désarme
10781
tale. Culpabilité, respect d’autrui et conscience
de
notre histoire concourent ainsi à nous désarmer. Ce goût de l’autocri
10782
istoire concourent ainsi à nous désarmer. Ce goût
de
l’autocritique ne tirerait pas à conséquence si nous étions certains
10783
ire par les jeunes Œdipes, nous courons le danger
de
sacrifier notre passé et notre présent à un avenir plus tyrannique et
10784
e propre histoire. Au stade où nous voici, pleins
de
remords quant à notre passé colonialiste, et conscients de tant d’ins
10785
s quant à notre passé colonialiste, et conscients
de
tant d’insuffisances actuelles, — la question que nous devons nous po
10786
à notre passé colonialiste, et conscients de tant
d’
insuffisances actuelles, — la question que nous devons nous poser est
10787
la question que nous devons nous poser est moins
de
savoir si nous sommes meilleurs que les autres, que de savoir si les
10788
voir si nous sommes meilleurs que les autres, que
de
savoir si les autres ne sont pas pires que nous. Car s’ils sont pires
10789
ous. Car s’ils sont pires, notre devoir est alors
de
vivre pour nos valeurs et de les affirmer. … Il n’est certes pas faci
10790
tre devoir est alors de vivre pour nos valeurs et
de
les affirmer. … Il n’est certes pas facile de reconnaître ses torts e
10791
et de les affirmer. … Il n’est certes pas facile
de
reconnaître ses torts et de rester malgré tout conscient du fait que,
10792
est certes pas facile de reconnaître ses torts et
de
rester malgré tout conscient du fait que, par comparaison, l’on est e
10793
t en politique. Sur le plan culturel également, l’
Europe
ne pourra faire autrement que d’appliquer ce procédé assez compliqué
10794
également, l’Europe ne pourra faire autrement que
d’
appliquer ce procédé assez compliqué de comparaison et de mesure. Il e
10795
rement que d’appliquer ce procédé assez compliqué
de
comparaison et de mesure. Il est évident que nous ne pouvons plus éta
10796
quer ce procédé assez compliqué de comparaison et
de
mesure. Il est évident que nous ne pouvons plus établir notre supério
10797
pouvons plus établir notre supériorité en arguant
de
notre peau blanche ou de notre glorieux passé, des cathédrales gothiq
10798
e supériorité en arguant de notre peau blanche ou
de
notre glorieux passé, des cathédrales gothiques ou de la peinture de
10799
otre glorieux passé, des cathédrales gothiques ou
de
la peinture de la Renaissance. Nous ne pouvons que nous demander si d
10800
assé, des cathédrales gothiques ou de la peinture
de
la Renaissance. Nous ne pouvons que nous demander si de tous ces fact
10801
Renaissance. Nous ne pouvons que nous demander si
de
tous ces facteurs, et de beaucoup d’autres encore, ne continue pas de
10802
ons que nous demander si de tous ces facteurs, et
de
beaucoup d’autres encore, ne continue pas de résulter un potentiel qu
10803
, et de beaucoup d’autres encore, ne continue pas
de
résulter un potentiel qui légitime notre réalité présente ; si, privé
10804
l qui légitime notre réalité présente ; si, privé
de
ces traditions européennes que nous nous devons de gérer, le monde ne
10805
re réalité présente ; si, privé de ces traditions
européennes
que nous nous devons de gérer, le monde ne serait pas dans un état pi
10806
e ces traditions européennes que nous nous devons
de
gérer, le monde ne serait pas dans un état pire encore ; et si, en vi
10807
pire encore ; et si, en vivant ces traditions, l’
Europe
ne remplit pas encore une mission que nul autre ne saurait remplir à
10808
oui à toutes ces questions… Je crois à la mission
de
la culture européenne, et j’ai foi dans son aptitude à contribuer à l
10809
es questions… Je crois à la mission de la culture
européenne
, et j’ai foi dans son aptitude à contribuer à la solution des problèm
10810
les plus difficiles, y compris ceux qui dépassent
de
loin les limites du champ culturel proprement dit. J’y crois, parce q
10811
rement dit. J’y crois, parce que seule la culture
européenne
a su allier la plus grande force révolutionnaire au sens hautement dé
10812
ns hautement développé des traditions ; parce que
de
tous temps elle s’est efforcée d’assurer une relation étroite entre c
10813
ons ; parce que de tous temps elle s’est efforcée
d’
assurer une relation étroite entre ce que j’appellerais la « constante
10814
lement mouvantes ; parce que même ses révolutions
de
style les plus étonnantes n’ont jamais cessé d’exprimer les valeurs t
10815
s de style les plus étonnantes n’ont jamais cessé
d’
exprimer les valeurs traditionnelles, tout en s’adaptant aux changemen
10816
s’adaptant aux changements du moment. La culture
européenne
s’est soumise à l’épreuve sans fin qui consiste à « soutenir le rythm
10817
et elle y a, jusqu’ici, toujours réussi. La somme
de
son passé — alors même que les contemporains ne s’en rendent pas touj
10818
ompte — restera sans cesse calculée dans la somme
de
son présent. Au plan politique, l’Europe a peut-être failli, mais au
10819
ans la somme de son présent. Au plan politique, l’
Europe
a peut-être failli, mais au plan culturel elle représente, pour utili
10820
ommercial populaire, le plus grand succès mondial
de
tous les temps, et, ne serait-ce que pour cette raison, elle justifie
10821
stifie son droit à survivre politiquement. Sans l’
Europe
, la coupure entre le passé et le présent, qui se manifeste déjà dans
10822
actuelle avec celle qui régnait avant l’invention
de
la bombe atomique et l’on admettra qu’il n’a pas fallu moins d’un mir
10823
omique et l’on admettra qu’il n’a pas fallu moins
d’
un miracle du génie européen pour que les ponts entre le passé et le p
10824
a qu’il n’a pas fallu moins d’un miracle du génie
européen
pour que les ponts entre le passé et le présent ne soient pas coupés,
10825
présent ne soient pas coupés, et continuent même
d’
être fréquentés. On ne doit pas se lasser de le répéter : notre vieill
10826
même d’être fréquentés. On ne doit pas se lasser
de
le répéter : notre vieille Europe est la seule partie du monde où nul
10827
doit pas se lasser de le répéter : notre vieille
Europe
est la seule partie du monde où nul fossé ne sépare aujourd’hui d’hie
10828
artie du monde où nul fossé ne sépare aujourd’hui
d’
hier. Cette vérité éclate avec le plus de force dans l’œuvre des deux
10829
ourd’hui d’hier. Cette vérité éclate avec le plus
de
force dans l’œuvre des deux écrivains (que les Soviétiques considèren
10830
et Marcel Proust. Ce sont deux exemples typiques
de
ce que l’Europe est capable de donner au monde. Ils sont tous les deu
10831
roust. Ce sont deux exemples typiques de ce que l’
Europe
est capable de donner au monde. Ils sont tous les deux modernes, dans
10832
exemples typiques de ce que l’Europe est capable
de
donner au monde. Ils sont tous les deux modernes, dans le plein sens
10833
nditions présentes. Le titre même du chef-d’œuvre
de
Joyce exprime ce sens profond des traditions : Ulysse. Et chaque fois
10834
ons : Ulysse. Et chaque fois qu’un Picasso avance
d’
un pas dans la vie moderne, il avance en même temps d’un pas dans le p
10835
pas dans la vie moderne, il avance en même temps
d’
un pas dans le passé européen… Hors d’Europe, le fossé entre le présen
10836
e, il avance en même temps d’un pas dans le passé
européen
… Hors d’Europe, le fossé entre le présent et le passé se creuse de pl
10837
même temps d’un pas dans le passé européen… Hors
d’
Europe, le fossé entre le présent et le passé se creuse de plus en plu
10838
ême temps d’un pas dans le passé européen… Hors d’
Europe
, le fossé entre le présent et le passé se creuse de plus en plus. Con
10839
s en plus. Conséquence directe, presque toujours,
d’
une politique totalitaire dont les chefs avides de pouvoir savent très
10840
d’une politique totalitaire dont les chefs avides
de
pouvoir savent très bien pourquoi ils interdisent à leurs « sujets »
10841
bien pourquoi ils interdisent à leurs « sujets »
de
se raccrocher à un passé quelconque. Parfois aussi, la rupture résult
10842
ssé quelconque. Parfois aussi, la rupture résulte
d’
un choc entre l’Est et l’industrialisation importée de l’Ouest. En Eur
10843
choc entre l’Est et l’industrialisation importée
de
l’Ouest. En Europe, l’industrialisation est apparue et s’est développ
10844
st et l’industrialisation importée de l’Ouest. En
Europe
, l’industrialisation est apparue et s’est développée en vertu d’un pr
10845
’un processus organique ; c’est par conséquent en
Europe
qu’elle a été le mieux absorbée. Tandis qu’en Asie, où tel un corps é
10846
Asie, où tel un corps étranger elle a été imposée
de
l’extérieur, son apparition a provoqué de profonds remous. Remous qui
10847
imposée de l’extérieur, son apparition a provoqué
de
profonds remous. Remous qui dans le domaine culturel se traduisent pa
10848
le domaine culturel se traduisent par une rupture
d’
autant plus brutale avec toutes les traditions : tel ou tel produit d’
10849
e avec toutes les traditions : tel ou tel produit
d’
un « art prolétarien moderne » dans la Chine d’aujourd’hui n’a plus ri
10850
it d’un « art prolétarien moderne » dans la Chine
d’
aujourd’hui n’a plus rien de commun avec ce que nous connaissons de la
10851
derne » dans la Chine d’aujourd’hui n’a plus rien
de
commun avec ce que nous connaissons de la peinture chinoise. Non seul
10852
plus rien de commun avec ce que nous connaissons
de
la peinture chinoise. Non seulement les révolutions asiatiques s’opèr
10853
bérément à la tradition. Que nous soyons capables
de
constater ces faits et d’en tirer des conclusions (et même, à mon avi
10854
ue nous soyons capables de constater ces faits et
d’
en tirer des conclusions (et même, à mon avis, des conclusions encoura
10855
rageantes), voilà qui fournit la meilleure preuve
de
ce que l’Europe et sa culture ont le droit de vivre. Peut-être ce « t
10856
voilà qui fournit la meilleure preuve de ce que l’
Europe
et sa culture ont le droit de vivre. Peut-être ce « traditionalisme r
10857
uve de ce que l’Europe et sa culture ont le droit
de
vivre. Peut-être ce « traditionalisme révolutionnaire » de l’Europe,
10858
Peut-être ce « traditionalisme révolutionnaire »
de
l’Europe, comme tant de mouvements avant lui, gagnera-t-il d’autres p
10859
-être ce « traditionalisme révolutionnaire » de l’
Europe
, comme tant de mouvements avant lui, gagnera-t-il d’autres parties du
10860
arties du monde, Russie comprise. Pour ce qui est
de
l’Amérique, l’évolution va déjà dans ce sens. Car l’Amérique se souvi
10861
va déjà dans ce sens. Car l’Amérique se souvient
de
façon beaucoup plus vivante de ses origines européennes, et s’« europ
10862
érique se souvient de façon beaucoup plus vivante
de
ses origines européennes, et s’« européanise » beaucoup plus en profo
10863
nt de façon beaucoup plus vivante de ses origines
européennes
, et s’« européanise » beaucoup plus en profondeur, que l’Europe ne s’
10864
européanise » beaucoup plus en profondeur, que l’
Europe
ne s’« américanisera » jamais à coups de millions de bouteilles de Co
10865
ue l’Europe ne s’« américanisera » jamais à coups
de
millions de bouteilles de Coca-Cola. L’Europe doit vivre et continuer
10866
ne s’« américanisera » jamais à coups de millions
de
bouteilles de Coca-Cola. L’Europe doit vivre et continuer de vivre. M
10867
nisera » jamais à coups de millions de bouteilles
de
Coca-Cola. L’Europe doit vivre et continuer de vivre. Mais elle ne le
10868
à coups de millions de bouteilles de Coca-Cola. L’
Europe
doit vivre et continuer de vivre. Mais elle ne le pourra que sur la b
10869
es de Coca-Cola. L’Europe doit vivre et continuer
de
vivre. Mais elle ne le pourra que sur la base d’une autoaffirmation c
10870
de vivre. Mais elle ne le pourra que sur la base
d’
une autoaffirmation culturelle.305 Au-delà, ou en deçà de la morale,
10871
eurent et doivent être remémorés : 1° Ce sont les
Européens
qui ont découvert la Terre entière, alors qu’aucun autre peuple n’a s
10872
écouvrir. Ce sont eux qui ont permis à l’humanité
de
prendre conscience de son unité. L’idée d’universalité, l’idée même d
10873
qui ont permis à l’humanité de prendre conscience
de
son unité. L’idée d’universalité, l’idée même de « genre humain » son
10874
manité de prendre conscience de son unité. L’idée
d’
universalité, l’idée même de « genre humain » sont des créations de l’
10875
de son unité. L’idée d’universalité, l’idée même
de
« genre humain » sont des créations de l’Europe chrétienne et technic
10876
’idée même de « genre humain » sont des créations
de
l’Europe chrétienne et technicienne. 2° Les prophètes de la décadence
10877
même de « genre humain » sont des créations de l’
Europe
chrétienne et technicienne. 2° Les prophètes de la décadence de l’Eur
10878
rope chrétienne et technicienne. 2° Les prophètes
de
la décadence de l’Europe, Spengler, Valéry et Toynbee, se fondaient t
10879
et technicienne. 2° Les prophètes de la décadence
de
l’Europe, Spengler, Valéry et Toynbee, se fondaient tous sur le précé
10880
chnicienne. 2° Les prophètes de la décadence de l’
Europe
, Spengler, Valéry et Toynbee, se fondaient tous sur le précédent de l
10881
ry et Toynbee, se fondaient tous sur le précédent
de
la chute de Rome, du monde gréco-romain. Cet exemple est-il valable p
10882
e, se fondaient tous sur le précédent de la chute
de
Rome, du monde gréco-romain. Cet exemple est-il valable pour nous ? L
10883
xemple est-il valable pour nous ? La civilisation
européenne
est-elle une civilisation comme les autres ? Son destin peut-il être
10884
rait proprement incomparable ? 3° La civilisation
européenne
est la seule qui soit effectivement devenue universelle. Alexandre le
10885
ok suffirait aujourd’hui pour les mettre à l’abri
de
ce genre d’illusion. Der Erdenkreis ist mir genug bekannt, dit Faust,
10886
aujourd’hui pour les mettre à l’abri de ce genre
d’
illusion. Der Erdenkreis ist mir genug bekannt, dit Faust, le grand Eu
10887
nkreis ist mir genug bekannt, dit Faust, le grand
Européen
moderne. 4° Toutes les créations de l’Europe (l’Église et la philosop
10888
e grand Européen moderne. 4° Toutes les créations
de
l’Europe (l’Église et la philosophie, les sciences et la technique, l
10889
nd Européen moderne. 4° Toutes les créations de l’
Europe
(l’Église et la philosophie, les sciences et la technique, l’histoire
10890
les sont seules à l’avoir fait. 5° On ne voit pas
de
candidats sérieux à la Relève de notre civilisation devenue mondiale.
10891
° On ne voit pas de candidats sérieux à la Relève
de
notre civilisation devenue mondiale. On ne voit pas qui saurait mieux
10892
pas qui saurait mieux qu’elle prescrire les modes
d’
emploi de ses créations, et trouver les remèdes aux maladies dont elle
10893
aurait mieux qu’elle prescrire les modes d’emploi
de
ses créations, et trouver les remèdes aux maladies dont elle a répand
10894
et l’a bien dit, dans un ouvrage intitulé Le Rapt
de
l’Europe, méditation sur le sort d’une culture « dépossédée » de ses
10895
a bien dit, dans un ouvrage intitulé Le Rapt de l’
Europe
, méditation sur le sort d’une culture « dépossédée » de ses conquêtes
10896
itulé Le Rapt de l’Europe, méditation sur le sort
d’
une culture « dépossédée » de ses conquêtes par ce monde même qu’elle
10897
ditation sur le sort d’une culture « dépossédée »
de
ses conquêtes par ce monde même qu’elle a suscité. Voici la donnée du
10898
née du problème : Le déséquilibre entre le cadre
européen
(au sens géographique) et le cadre mondial (d’origine européenne) s’e
10899
opéen (au sens géographique) et le cadre mondial (
d’
origine européenne) s’est agrandi au point qu’en marge des vieilles na
10900
sens géographique) et le cadre mondial (d’origine
européenne
) s’est agrandi au point qu’en marge des vieilles nations d’Europe se
10901
agrandi au point qu’en marge des vieilles nations
d’
Europe se sont constituées des puissances politiques qui vont se retou
10902
randi au point qu’en marge des vieilles nations d’
Europe
se sont constituées des puissances politiques qui vont se retourner c
10903
t bouleverser littéralement le paysage historique
de
l’Europe. Par sa fécondité même, son objectivité rationnelle, la vert
10904
leverser littéralement le paysage historique de l’
Europe
. Par sa fécondité même, son objectivité rationnelle, la vertu expansi
10905
, son objectivité rationnelle, la vertu expansive
de
la plupart de ses créations, l’histoire universelle de l’Occident va
10906
plupart de ses créations, l’histoire universelle
de
l’Occident va se retourner contre l’histoire concrète de l’Europe géo
10907
cident va se retourner contre l’histoire concrète
de
l’Europe géographique. C’est une espèce de renversement gigantesque o
10908
t va se retourner contre l’histoire concrète de l’
Europe
géographique. C’est une espèce de renversement gigantesque où les idé
10909
ncrète de l’Europe géographique. C’est une espèce
de
renversement gigantesque où les idées, les habitudes, les styles prop
10910
les idées, les habitudes, les styles propres à l’
Europe
, après des transformations et plus encore des simplifications étrangè
10911
Sophocle mettait les mots suivants dans la bouche
d’
Œdipe, victime suprême de la fatalité : De toutes les souffrances, les
10912
suivants dans la bouche d’Œdipe, victime suprême
de
la fatalité : De toutes les souffrances, les plus douloureuses sont c
10913
bouche d’Œdipe, victime suprême de la fatalité :
De
toutes les souffrances, les plus douloureuses sont celles dont nous s
10914
s sommes les auteurs. Créatrice par excellence, l’
Europe
s’est créé aussi, directement ou indirectement, la plupart de ses mal
10915
rectement, la plupart de ses malheurs. Son esprit
d’
aventure, son élan de jeunesse, son incapacité de renoncement ont fait
10916
de ses malheurs. Son esprit d’aventure, son élan
de
jeunesse, son incapacité de renoncement ont fait sa perte. Plutôt sa
10917
d’aventure, son élan de jeunesse, son incapacité
de
renoncement ont fait sa perte. Plutôt sa « crise » que sa « perte »,
10918
l’histoire universelle est comme une grande salle
d’
hôpital comptant vingt-et-un lits. La plupart des occupants sont déjà
10919
qu’un état léthargique ; le principal patient, l’
Europe
, est en proie à un mal soudain et grave contre lequel sa robuste natu
10920
ours du malade sont comptés. Il s’agit, en effet,
d’
un être sujet à la mort, à quoi le mène un épuisement de ses forces or
10921
tre sujet à la mort, à quoi le mène un épuisement
de
ses forces organiques contre lequel la politique n’est qu’une médecin
10922
cine impuissante. Tout ce qu’on peut faire, c’est
de
compter les jours restants de vie, savoir les mettre à profit, n’en p
10923
n peut faire, c’est de compter les jours restants
de
vie, savoir les mettre à profit, n’en point accélérer le cours et acc
10924
ique entre 100 et 300 après J.-C., par conséquent
de
Trajan et Marc-Aurèle à Septime-Sévère, époque, après tout, assez séd
10925
ire » que lui attribue Splengler, ne peut manquer
de
tenter l’esprit fébrile de nos contemporains comme une promesse de re
10926
ngler, ne peut manquer de tenter l’esprit fébrile
de
nos contemporains comme une promesse de repos. La vérité est que la
10927
t fébrile de nos contemporains comme une promesse
de
repos. La vérité est que la situation de l’Europe prête à la fois à
10928
omesse de repos. La vérité est que la situation
de
l’Europe prête à la fois à plus d’optimisme et de pessimisme que ne l
10929
e de repos. La vérité est que la situation de l’
Europe
prête à la fois à plus d’optimisme et de pessimisme que ne l’imaginen
10930
e la situation de l’Europe prête à la fois à plus
d’
optimisme et de pessimisme que ne l’imaginent ces historiens. À plus d
10931
de l’Europe prête à la fois à plus d’optimisme et
de
pessimisme que ne l’imaginent ces historiens. À plus d’optimisme à lo
10932
simisme que ne l’imaginent ces historiens. À plus
d’
optimisme à long terme en ce qui concerne la signification positive de
10933
erme en ce qui concerne la signification positive
de
la culture européenne ; à plus de pessimisme en ce qui concerne le pr
10934
concerne la signification positive de la culture
européenne
; à plus de pessimisme en ce qui concerne le présent. Pour ce qui est
10935
cation positive de la culture européenne ; à plus
de
pessimisme en ce qui concerne le présent. Pour ce qui est de la scien
10936
me en ce qui concerne le présent. Pour ce qui est
de
la science, de la technique, de la vitalité et de la volonté d’organi
10937
ncerne le présent. Pour ce qui est de la science,
de
la technique, de la vitalité et de la volonté d’organisation, le mond
10938
. Pour ce qui est de la science, de la technique,
de
la vitalité et de la volonté d’organisation, le monde occidental est
10939
de la science, de la technique, de la vitalité et
de
la volonté d’organisation, le monde occidental est beaucoup moins en
10940
de la technique, de la vitalité et de la volonté
d’
organisation, le monde occidental est beaucoup moins en décadence que
10941
ar son énorme fécondité, le déchaînement spontané
de
conséquences qu’elle suppose, sa vertu inouïe d’expansion, peut faire
10942
de conséquences qu’elle suppose, sa vertu inouïe
d’
expansion, peut faire passer, et à bref délai, quelques mauvais moment
10943
é naissance. Diez del Corral reprend le précédent
de
la décadence hellénistique, invoqué par Toynbee, mais il y trouve des
10944
r Toynbee, mais il y trouve des raisons nouvelles
de
croire en l’avenir européen ; L’Hellade, elle aussi, devint pays hel
10945
rouve des raisons nouvelles de croire en l’avenir
européen
; L’Hellade, elle aussi, devint pays hellénistique, avec ses problèm
10946
, politiques, économiques, spirituels, etc. Fruit
de
l’hellénisme après son expansion, le monde hellénistique reflua sur l
10947
un nouveau facteur historique, fragment désormais
d’
une vaste constellation qui élargissait et multipliait les problèmes d
10948
tion qui élargissait et multipliait les problèmes
de
la « polis » grecque. Mais, dans la perspective où nous le voyons mai
10949
r du temps qui grinçait si fort pour les oreilles
d’
un Démosthène, à peine s’il est perceptible pour l’historien qui, s’ef
10950
est perceptible pour l’historien qui, s’efforçant
de
découvrir les grands enchaînements de l’histoire, voit, sous les évén
10951
s’efforçant de découvrir les grands enchaînements
de
l’histoire, voit, sous les événements, les lignes directrices de la p
10952
voit, sous les événements, les lignes directrices
de
la philosophie, l’art, la science, la technique de la Grèce se prolon
10953
e la philosophie, l’art, la science, la technique
de
la Grèce se prolonger en substance dans l’époque hellénistique. Les l
10954
e hellénistique. Les lignes directrices analogues
de
la culture européenne semblent montrer plus de vigueur encore tandis
10955
e. Les lignes directrices analogues de la culture
européenne
semblent montrer plus de vigueur encore tandis que cette culture s’un
10956
es de la culture européenne semblent montrer plus
de
vigueur encore tandis que cette culture s’universalise, et rien ne la
10957
du Proche-Orient contre l’hellénisation. Si nous.
Européens
, avons un reproche à faire aux peuples asiatiques, c’est leur ductili
10958
ctilité, leur rapide accommodation aux idéologies
européennes
, leur défaut de véritable résistance. L’empreinte européenne sur eux
10959
mmodation aux idéologies européennes, leur défaut
de
véritable résistance. L’empreinte européenne sur eux est plus profond
10960
leur défaut de véritable résistance. L’empreinte
européenne
sur eux est plus profonde que celle du monde grec sur l’Orient ; elle
10961
elle du monde grec sur l’Orient ; elle s’insinue,
d’
une façon ou d’une autre, et d’aventure par de pauvres succédanés, jus
10962
rec sur l’Orient ; elle s’insinue, d’une façon ou
d’
une autre, et d’aventure par de pauvres succédanés, jusqu’au tréfonds
10963
; elle s’insinue, d’une façon ou d’une autre, et
d’
aventure par de pauvres succédanés, jusqu’au tréfonds religieux, leque
10964
ue, d’une façon ou d’une autre, et d’aventure par
de
pauvres succédanés, jusqu’au tréfonds religieux, lequel fut la ligne
10965
jusqu’au tréfonds religieux, lequel fut la ligne
de
défense et de contre-attaque de l’Asie contre la Grèce. En prolongean
10966
onds religieux, lequel fut la ligne de défense et
de
contre-attaque de l’Asie contre la Grèce. En prolongeant les lignes e
10967
quel fut la ligne de défense et de contre-attaque
de
l’Asie contre la Grèce. En prolongeant les lignes et les problèmes de
10968
Grèce. En prolongeant les lignes et les problèmes
de
la culture européenne dans leur projection universelle, on pourrait e
10969
ongeant les lignes et les problèmes de la culture
européenne
dans leur projection universelle, on pourrait estimer qu’il y a plus
10970
n universelle, on pourrait estimer qu’il y a plus
d’
intérêt à étudier leurs modalités nouvelles, du fait même de cette pro
10971
à étudier leurs modalités nouvelles, du fait même
de
cette projection, leurs infléchissements dans le nouveau milieu où il
10972
énements qu’elle a suscités. Il ne reste plus à l’
Europe
qu’à s’adapter à sa situation nouvelle, oublier les grandeurs passées
10973
on nouvelle, oublier les grandeurs passées, tirer
de
ses propres entrailles un renouveau de vitalité, unifier ses forces d
10974
ées, tirer de ses propres entrailles un renouveau
de
vitalité, unifier ses forces dispersées jusqu’ici dans le fractionnem
10975
des récents, jeunes et gigantesques protagonistes
de
l’histoire présente. Au reste, le problème de l’avenir des Européens
10976
es de l’histoire présente. Au reste, le problème
de
l’avenir des Européens et de leur civilisation « dépossédée » n’est p
10977
présente. Au reste, le problème de l’avenir des
Européens
et de leur civilisation « dépossédée » n’est plus séparable, en fait,
10978
u reste, le problème de l’avenir des Européens et
de
leur civilisation « dépossédée » n’est plus séparable, en fait, de ce
10979
ion « dépossédée » n’est plus séparable, en fait,
de
celui de l’avenir du reste des hommes : Le problème du rapt n’intére
10980
ossédée » n’est plus séparable, en fait, de celui
de
l’avenir du reste des hommes : Le problème du rapt n’intéresse pas s
10981
aussi le spoliateur. Celui-ci aura beau se saisir
de
l’objet, il n’en sera pas moins toujours en état de déficience. Il va
10982
l’objet, il n’en sera pas moins toujours en état
de
déficience. Il va agencer sa vie selon des formes venues du dehors, q
10983
et étouffer sa vitalité… Il y a quelques dizaines
d’
années encore, on croyait la civilisation européenne monopole exclusif
10984
aines d’années encore, on croyait la civilisation
européenne
monopole exclusif de l’Europe. Tout au plus admettait-on que certaine
10985
yait la civilisation européenne monopole exclusif
de
l’Europe. Tout au plus admettait-on que certaines modalités extérieur
10986
la civilisation européenne monopole exclusif de l’
Europe
. Tout au plus admettait-on que certaines modalités extérieures et pur
10987
ieures et purement techniques étaient à la portée
de
l’imitation étrangère. Mais « leur point d’origine, écrivait Ranke, c
10988
ortée de l’imitation étrangère. Mais « leur point
d’
origine, écrivait Ranke, c’est-à-dire non seulement le fondement histo
10989
t. La technique n’appartient pas au seul épiderme
de
la culture européenne ; elle s’est nourrie du suc intime, des aspirat
10990
e n’appartient pas au seul épiderme de la culture
européenne
; elle s’est nourrie du suc intime, des aspirations spirituelles de c
10991
urrie du suc intime, des aspirations spirituelles
de
cette dernière et a pris une telle ampleur qu’elle englobe, condition
10992
lobe, conditionne et entraîne tout. Véhicule aisé
d’
exportation, elle porte avec elle, même si c’est sous une forme larvée
10993
élans, les valeurs et les idéaux les plus divers
de
la vie européenne. Sans doute, ne peut-elle pas les porter tous, ni p
10994
s valeurs et les idéaux les plus divers de la vie
européenne
. Sans doute, ne peut-elle pas les porter tous, ni peut-être les plus
10995
ous, ni peut-être les plus essentiels… La mission
de
l’Europe n’est pas achevée, loin de là, même si, sur certains points,
10996
ni peut-être les plus essentiels… La mission de l’
Europe
n’est pas achevée, loin de là, même si, sur certains points, celle-ci
10997
-ci semble amoindrie ou attardée. Non seulement l’
Europe
a fourni les prémisses qu’ont développées ensuite les peuples extraeu
10998
traeuropéens, mais elle a aussi fourni les hommes
de
science, nés dans ses vieilles villes moyenâgeuses, formés dans ses v
10999
s dans ses vieilles universités, toujours en tête
de
la connaissance, auteurs des grandes, des prodigieuses découvertes ré
11000
ndes, des prodigieuses découvertes réalisées hors
d’
Europe. Nous n’en voulons, pour exemple, que la physique nucléaire, do
11001
es, des prodigieuses découvertes réalisées hors d’
Europe
. Nous n’en voulons, pour exemple, que la physique nucléaire, dont la
11002
te théorique appartient presque exclusivement à l’
Europe
, si les grandes applications pratiques en ont été réalisées ailleurs.
11003
té réalisées ailleurs. Nulle part notre phénomène
de
rapt n’offre de traits mieux discernables. Mais ce phénomène est si
11004
leurs. Nulle part notre phénomène de rapt n’offre
de
traits mieux discernables. Mais ce phénomène est si neuf et si souda
11005
elles conséquences il entraînera à la longue sous
de
nouveaux cieux. L’expropriation a porté, dans une très large mesure,
11006
ur des éléments essentiels du trésor amassé par l’
Europe
; mais la vieille matrice spirituelle n’est pas, en fin de compte, ex
11007
able. L’activité intellectuelle est quelque chose
de
si délicat, est conditionnée par de si multiples facteurs qu’on peut
11008
quelque chose de si délicat, est conditionnée par
de
si multiples facteurs qu’on peut se demander si, sous une apparente c
11009
der si, sous une apparente continuité, la science
européenne
connaîtra ailleurs l’élan génial avec lequel elle s’est affirmée pend
11010
nières années sur le vieux Continent. La mission
de
l’Europe n’est-elle pas, désormais, de repenser pour l’Homme le bon u
11011
s années sur le vieux Continent. La mission de l’
Europe
n’est-elle pas, désormais, de repenser pour l’Homme le bon usage de s
11012
La mission de l’Europe n’est-elle pas, désormais,
de
repenser pour l’Homme le bon usage de ses conquêtes ? D’autre part,
11013
désormais, de repenser pour l’Homme le bon usage
de
ses conquêtes ? D’autre part, après une avance aussi décisive que ce
11014
n réajustement des gains s’impose, centrés autour
d’
une plus vaste poussée d’humanisme intégral. Et qui, mieux que l’Europ
11015
s’impose, centrés autour d’une plus vaste poussée
d’
humanisme intégral. Et qui, mieux que l’Europe, peut faire face à ce g
11016
poussée d’humanisme intégral. Et qui, mieux que l’
Europe
, peut faire face à ce grand problème actuel ? Elle, et elle seule, di
11017
nd problème actuel ? Elle, et elle seule, dispose
d’
un point de vue assez ample et assez pondéré pour englober les différe
11018
assez pondéré pour englober les différents ordres
de
vie, si diversement développés dans l’expansion du monde contemporain
11019
n du monde contemporain. Elle seule est en mesure
de
redonner actualité et efficacité au vieux trésor impérissable de l’hu
11020
ualité et efficacité au vieux trésor impérissable
de
l’humanisme antique et chrétien. Ses devoirs envers l’avenir ont pu s
11021
ponsable du destin historique, non plus seulement
d’
elle-même et d’une planète qui lui était soumise, mais d’une planète q
11022
tin historique, non plus seulement d’elle-même et
d’
une planète qui lui était soumise, mais d’une planète qui a atteint sa
11023
même et d’une planète qui lui était soumise, mais
d’
une planète qui a atteint sa majorité et conquis son indépendance et,
11024
rgie et des forces issues du patrimoine paternel,
de
l’usage duquel le « pater familias » est toujours solidaire.306 Sur
11025
toujours solidaire.306 Sur la mission mondiale
de
l’Europe, interrogeons maintenant deux grands aînés qui eurent le dro
11026
ours solidaire.306 Sur la mission mondiale de l’
Europe
, interrogeons maintenant deux grands aînés qui eurent le droit de par
11027
maintenant deux grands aînés qui eurent le droit
de
parler du Monde : peu d’hommes l’auront aussi passionnément interrogé
11028
înés qui eurent le droit de parler du Monde : peu
d’
hommes l’auront aussi passionnément interrogé leur vie durant, dans to
11029
rrogé leur vie durant, dans toutes les dimensions
de
sa réalité, physiques, traditionnelles et spirituelles, que Keyserlin
11030
erling (1880-1946), rendu célèbre par son Journal
de
voyage d’un Philosophe (qui décrit l’Inde, entre autres, à coup d’int
11031
80-1946), rendu célèbre par son Journal de voyage
d’
un Philosophe (qui décrit l’Inde, entre autres, à coup d’intuitions fu
11032
ilosophe (qui décrit l’Inde, entre autres, à coup
d’
intuitions fulgurantes), n’en vint à l’« analyse spectrale » de l’Euro
11033
fulgurantes), n’en vint à l’« analyse spectrale »
de
l’Europe qu’au terme d’un périple planétaire. Il n’en est que plus fr
11034
rantes), n’en vint à l’« analyse spectrale » de l’
Europe
qu’au terme d’un périple planétaire. Il n’en est que plus frappant de
11035
à l’« analyse spectrale » de l’Europe qu’au terme
d’
un périple planétaire. Il n’en est que plus frappant de constater que
11036
périple planétaire. Il n’en est que plus frappant
de
constater que c’est à l’Europe finalement — cette Europe si souvent m
11037
est que plus frappant de constater que c’est à l’
Europe
finalement — cette Europe si souvent méprisée par les spirituels de l
11038
constater que c’est à l’Europe finalement — cette
Europe
si souvent méprisée par les spirituels de l’Orient, tandis que leurs
11039
tte Europe si souvent méprisée par les spirituels
de
l’Orient, tandis que leurs masses envient son régime matériel — que K
11040
ime matériel — que Keyserling attribue la mission
de
sauver l’Esprit : Il s’agit de tirer de chaque peuple le meilleur, e
11041
tribue la mission de sauver l’Esprit : Il s’agit
de
tirer de chaque peuple le meilleur, et rien que cela, de ce dont il e
11042
mission de sauver l’Esprit : Il s’agit de tirer
de
chaque peuple le meilleur, et rien que cela, de ce dont il est capabl
11043
r de chaque peuple le meilleur, et rien que cela,
de
ce dont il est capable. Et ce, non plus pour s’élever soi-même à l’ex
11044
soi-même à l’exclusion des autres, mais au profit
d’
un organisme supérieur ; non pas aux dépens des autres, mais pour le b
11045
non pas aux dépens des autres, mais pour le bien
de
tous. … Bornons-nous donc à montrer dans quel sens l’Europe, en tant
11046
s. … Bornons-nous donc à montrer dans quel sens l’
Europe
, en tant qu’ensemble, doit changer d’orientation et en quoi elle doit
11047
sens l’Europe, en tant qu’ensemble, doit changer
d’
orientation et en quoi elle doit voir sa tâche véritable pour continue
11048
elle doit voir sa tâche véritable pour continuer
d’
être un facteur positif dans le développement de l’humanité. Sa suprém
11049
r d’être un facteur positif dans le développement
de
l’humanité. Sa suprématie matérielle est évidemment finie. Elle est d
11050
bientôt fin. Peut-être même le centre industriel
de
notre planète se transportera-t-il en Asie. L’invention est difficile
11051
ion est difficile, mais le singe même est capable
d’
imitation. Bientôt toute notre capacité technique sera le bien commun
11052
oute notre capacité technique sera le bien commun
de
l’humanité entière. Bientôt nous, Européens, si nous nous vantons de
11053
bien commun de l’humanité entière. Bientôt nous,
Européens
, si nous nous vantons de nos conquêtes scientifiques, nous serons reg
11054
re. Bientôt nous, Européens, si nous nous vantons
de
nos conquêtes scientifiques, nous serons regardés comme le serait Cor
11055
assiques. Ainsi notre prestige, le plus important
de
tous les facteurs de puissance, est périmé. Mais surtout les conquête
11056
prestige, le plus important de tous les facteurs
de
puissance, est périmé. Mais surtout les conquêtes sociales des derniè
11057
érielle. Dans ces circonstances, le simple esprit
de
conservation oblige l’Europe à se concentrer sur ce qu’elle peut fair
11058
tances, le simple esprit de conservation oblige l’
Europe
à se concentrer sur ce qu’elle peut faire de mieux, sur ce que person
11059
’Europe à se concentrer sur ce qu’elle peut faire
de
mieux, sur ce que personne ne peut lui ravir. C’est-à-dire sur sa spi
11060
té. … Nous ne serions pas les porteurs qualifiés
de
la spiritualité intellectuelle sur terre, nous ne serions pas les mai
11061
ectuelle sur terre, nous ne serions pas les mains
de
Dieu, si chez nous l’accent significatif ne reposait pas exclusivemen
11062
l’esprit. La forme grecque est encore à la racine
de
l’art de l’Extrême-Orient, et l’Éthos juif est à la racine de tout Ét
11063
La forme grecque est encore à la racine de l’art
de
l’Extrême-Orient, et l’Éthos juif est à la racine de tout Éthos qui s
11064
l’Extrême-Orient, et l’Éthos juif est à la racine
de
tout Éthos qui s’affirme dans le monde. Toute science est d’origine e
11065
os qui s’affirme dans le monde. Toute science est
d’
origine européenne. Mais pour ce qui est du christianisme, sa force ex
11066
ffirme dans le monde. Toute science est d’origine
européenne
. Mais pour ce qui est du christianisme, sa force expansive et active
11067
e, sa force expansive et active vient précisément
de
ce qu’il incarne la compréhension tournée vers le pratique. Il y a en
11068
profondes ; mais en elles ne vit pas le principe
de
l’Esprit dominateur de la Terre. En lui-même, l’esprit est terrestrem
11069
les ne vit pas le principe de l’Esprit dominateur
de
la Terre. En lui-même, l’esprit est terrestrement impuissant ; même l
11070
a légende du deuxième larron sur la croix. Or, en
Europe
, l’esprit est essentiellement dominateur de la terre. Grâce à lui l’E
11071
n Europe, l’esprit est essentiellement dominateur
de
la terre. Grâce à lui l’Européen peut avoir sur terre une action hist
11072
ntiellement dominateur de la terre. Grâce à lui l’
Européen
peut avoir sur terre une action historique. Il représente une synthès
11073
une action historique. Il représente une synthèse
d’
esprit, d’âme et de corps, grâce à laquelle, en vertu de la loi de cor
11074
historique. Il représente une synthèse d’esprit,
d’
âme et de corps, grâce à laquelle, en vertu de la loi de correspondanc
11075
ue. Il représente une synthèse d’esprit, d’âme et
de
corps, grâce à laquelle, en vertu de la loi de correspondance du sens
11076
et de corps, grâce à laquelle, en vertu de la loi
de
correspondance du sens et de l’expression, l’esprit suprême peut agir
11077
, en vertu de la loi de correspondance du sens et
de
l’expression, l’esprit suprême peut agir terrestrement. Le fait que l
11078
it suprême peut agir terrestrement. Le fait que l’
Europe
ait été, parfois, puissante aussi au point de vue extérieur, ne fut p
11079
e vue extérieur, ne fut pas l’expression primaire
de
l’esprit européen, mais sa conséquence dans le domaine des applicatio
11080
eur, ne fut pas l’expression primaire de l’esprit
européen
, mais sa conséquence dans le domaine des applications pratiques, tout
11081
tions pratiques, tout comme des fortunes naissent
d’
inventions faites dans un intérêt purement intellectuel par un savant
11082
étranger au monde. Or, aujourd’hui, l’importance
de
l’Europe repose plus que jamais sur sa spiritualité intellectuelle. C
11083
nger au monde. Or, aujourd’hui, l’importance de l’
Europe
repose plus que jamais sur sa spiritualité intellectuelle. Car c’est
11084
c’est la seule chose qui maintenant soit capable
d’
être développée à un degré inouï. … La raison principale pour laquelle
11085
gré inouï. … La raison principale pour laquelle l’
Europe
a, dans cet ordre d’idées, les plus grandes perspectives d’avenir vie
11086
incipale pour laquelle l’Europe a, dans cet ordre
d’
idées, les plus grandes perspectives d’avenir vient de ce que l’esprit
11087
cet ordre d’idées, les plus grandes perspectives
d’
avenir vient de ce que l’esprit ne peut régner que là où tout l’accent
11088
De même que le Christ proclama la valeur infinie
de
l’âme humaine et enseigna qu’aucun gain temporel ne compense le domma
11089
toute éthique a son sens dans la libre résolution
de
l’individu, de même que toute originalité créatrice a sa racine dans
11090
atrice a sa racine dans l’individu et qu’il n’y a
d’
autre compréhension que celle qui est personnelle, — de même la souver
11091
le qui est personnelle, — de même la souveraineté
de
l’esprit sur la terre est liée à ce que l’accent significatif repose
11092
ent. Or, aujourd’hui il n’en est ainsi que chez l’
Européen
. … Que l’Europe puisse remplir cette mission, cela est dû à ce que so
11093
ui il n’en est ainsi que chez l’Européen. … Que l’
Europe
puisse remplir cette mission, cela est dû à ce que son entrée dans le
11094
et son entrée à elle seule, s’opère sans solution
de
continuité. La science et la technique sont les enfants authentiques
11095
nce et la technique sont les enfants authentiques
de
son esprit : par conséquent, leur réception ne détermine aucune révol
11096
ofondes. Par conséquent, non seulement les élites
européennes
, mais encore les masses sont immunisées contre l’américanisme et le b
11097
hévisme. Aucun grand mouvement ne pourra plus, en
Europe
, renier l’esprit au profit de la matière. L’Europe a psychologiquemen
11098
pourra plus, en Europe, renier l’esprit au profit
de
la matière. L’Europe a psychologiquement le pas sur tout le reste du
11099
urope, renier l’esprit au profit de la matière. L’
Europe
a psychologiquement le pas sur tout le reste du monde.307 Dans l’un
11100
le pas sur tout le reste du monde.307 Dans l’un
de
ses derniers écrits — une préface à la traduction française du Rapt d
11101
s — une préface à la traduction française du Rapt
de
l’Europe de Diez del Corral308 —, André Siegfried résume, avec son se
11102
grands ensembles, les données du problème crucial
de
notre temps : celui que pose la diffusion mondiale d’une technique sé
11103
otre temps : celui que pose la diffusion mondiale
d’
une technique séparée de l’esprit qui l’a créée. Siegfried enregistre
11104
ose la diffusion mondiale d’une technique séparée
de
l’esprit qui l’a créée. Siegfried enregistre d’abord la victoire « se
11105
toire « sensationnelle, presque invraisemblable »
de
l’influence civilisatrice de l’Europe : Le monde est en train de pre
11106
ue invraisemblable » de l’influence civilisatrice
de
l’Europe : Le monde est en train de prendre à notre Europe ses armes
11107
vraisemblable » de l’influence civilisatrice de l’
Europe
: Le monde est en train de prendre à notre Europe ses armes, ses mét
11108
urope : Le monde est en train de prendre à notre
Europe
ses armes, ses méthodes et, pense-t-il, jusqu’à son esprit. Ces instr
11109
, pense-t-il, jusqu’à son esprit. Ces instruments
de
puissance, l’Europe se les est laissé ravir ; bien plus, elle les a l
11110
squ’à son esprit. Ces instruments de puissance, l’
Europe
se les est laissé ravir ; bien plus, elle les a libéralement offerts
11111
t peut-être le génie des civilisations créatrices
de
travailler pour d’autres qu’elles-mêmes. Du point de vue de son influ
11112
ler pour d’autres qu’elles-mêmes. Du point de vue
de
son influence civilisatrice, la victoire de l’Europe est extraordinai
11113
e vue de son influence civilisatrice, la victoire
de
l’Europe est extraordinaire, sensationnelle, presque invraisemblable,
11114
de son influence civilisatrice, la victoire de l’
Europe
est extraordinaire, sensationnelle, presque invraisemblable, puisque
11115
nte non seulement sa technique, mais ses manières
de
vivre et jusqu’à ses façons de se vêtir. Mais c’est au prix de son an
11116
mais ses manières de vivre et jusqu’à ses façons
de
se vêtir. Mais c’est au prix de son ancienne hégémonie, qui lui échap
11117
nne hégémonie, qui lui échappe, au prix peut-être
de
son intégrité spirituelle, que compromettent de subtiles et dangereus
11118
e de son intégrité spirituelle, que compromettent
de
subtiles et dangereuses contre-pénétrations. Une ère de toute-puissan
11119
tiles et dangereuses contre-pénétrations. Une ère
de
toute-puissance depuis le xvie siècle, de haute et unique culture de
11120
ne ère de toute-puissance depuis le xvie siècle,
de
haute et unique culture depuis le vie siècle avant Jésus-Christ, est
11121
ssistons. L’enjeu en sera demain l’existence même
de
notre continent. Nous mesurons la différence qui sépare la civilisati
11122
mesurons la différence qui sépare la civilisation
européenne
de la civilisation occidentale, la seconde issue de la première, mais
11123
différence qui sépare la civilisation européenne
de
la civilisation occidentale, la seconde issue de la première, mais la
11124
de la civilisation occidentale, la seconde issue
de
la première, mais la transformant, la trahissant peut-être en la débo
11125
n. Il se pourrait que, dès aujourd’hui, le centre
de
gravité de l’Occident ne soit plus en Europe, et ceci nous invite à a
11126
urrait que, dès aujourd’hui, le centre de gravité
de
l’Occident ne soit plus en Europe, et ceci nous invite à analyser les
11127
e centre de gravité de l’Occident ne soit plus en
Europe
, et ceci nous invite à analyser les traits essentiels qui marquent la
11128
ssentiels qui marquent la civilisation proprement
européenne
. À pareille analyse nous n’avions pas beaucoup pensé avant que la Pre
11129
té et ce que nous avions cru être l’intangibilité
de
notre puissance. Il suffisait à nos yeux que l’Europe existât, irrési
11130
de notre puissance. Il suffisait à nos yeux que l’
Europe
existât, irrésistible, éclatante comme le soleil, mais nous ne nous d
11131
s ce qu’elle était, où résidait le secret ressort
de
son incomparable hégémonie. Le secret de cette hégémonie, aux temps
11132
ressort de son incomparable hégémonie. Le secret
de
cette hégémonie, aux temps modernes, semble bien avoir résidé dans la
11133
ésidé dans la puissance industrielle et technique
de
notre continent. Mais le secret de cette puissance industrielle, où s
11134
e et technique de notre continent. Mais le secret
de
cette puissance industrielle, où se cache-t-il ? La source initiale
11135
ecque, car celle-ci avait discerné déjà l’essence
de
nos méthodes scientifiques modernes ; mais elle ne s’en était servie
11136
la contemplation, pour la recherche désintéressée
de
la connaissance (qu’on se rappelle les réserves de Platon sur la tech
11137
e la connaissance (qu’on se rappelle les réserves
de
Platon sur la technique, les excuses d’Archimède d’avoir utilisé sa s
11138
réserves de Platon sur la technique, les excuses
d’
Archimède d’avoir utilisé sa science pour des fins pratiques !). Les r
11139
Platon sur la technique, les excuses d’Archimède
d’
avoir utilisé sa science pour des fins pratiques !). Les réalisations
11140
que par une mise au point des méthodes anciennes
de
pensée. Le centre de gravité de la civilisation s’était déplacé vers
11141
point des méthodes anciennes de pensée. Le centre
de
gravité de la civilisation s’était déplacé vers les contrées du Nord
11142
éthodes anciennes de pensée. Le centre de gravité
de
la civilisation s’était déplacé vers les contrées du Nord où il faisa
11143
symboliquement, en 1764, avec la machine à vapeur
de
Watt, n’eût pu produire toutes ses immenses conséquences si ces « maî
11144
penser » que sont Descartes, l’ancêtre véritable
de
la rationalisation, Bacon, le père de l’induction, n’avaient mis au p
11145
e véritable de la rationalisation, Bacon, le père
de
l’induction, n’avaient mis au point l’instrument de raisonnement inte
11146
l’induction, n’avaient mis au point l’instrument
de
raisonnement intellectuel sans lequel la technique mécanique n’eût pa
11147
ue n’eût pas connu son étonnante fécondité. C’est
de
là qu’est issue, au xixe siècle, l’irrésistible hégémonie de l’Europ
11148
issue, au xixe siècle, l’irrésistible hégémonie
de
l’Europe. Jusqu’alors, l’Asie pouvait en somme opposer à l’Occident d
11149
e, au xixe siècle, l’irrésistible hégémonie de l’
Europe
. Jusqu’alors, l’Asie pouvait en somme opposer à l’Occident des techni
11150
siennes. Désormais, pendant cent-cinquante ans, l’
Europe
allait bénéficier d’une avance industrielle telle que toute concurren
11151
nt cent-cinquante ans, l’Europe allait bénéficier
d’
une avance industrielle telle que toute concurrence se manifesterait c
11152
voilà les deux dates qui encadrent cette période
de
l’histoire pendant laquelle l’Europe a indiscutablement dominé le mon
11153
nt cette période de l’histoire pendant laquelle l’
Europe
a indiscutablement dominé le monde. Pour elle, c’était un optimum, ca
11154
t un optimum, car, alors qu’elle bénéficiait déjà
de
tous les avantages de la machine, elle continuait à alimenter sa forc
11155
rs qu’elle bénéficiait déjà de tous les avantages
de
la machine, elle continuait à alimenter sa force du dynamisme qu’elle
11156
à alimenter sa force du dynamisme qu’elle tenait
de
sa double conception de la connaissance et de l’individu. Il était ce
11157
dynamisme qu’elle tenait de sa double conception
de
la connaissance et de l’individu. Il était cependant impossible que c
11158
ait de sa double conception de la connaissance et
de
l’individu. Il était cependant impossible que ce monopole extraordina
11159
urs, car sa technique pouvait lui être empruntée,
d’
autant plus qu’elle ne se faisait pas faute de la distribuer libéralem
11160
ibéralement. Cependant, loin de porter au crédit
de
l’Europe ce qu’elle lui a donné (mais en le conquérant !), le « tiers
11161
lement. Cependant, loin de porter au crédit de l’
Europe
ce qu’elle lui a donné (mais en le conquérant !), le « tiers-monde »
11162
: Révolte d’abord simplement technique, affaire
d’
ingénieurs et d’outillage, à laquelle l’Europe prêtait négligemment et
11163
ord simplement technique, affaire d’ingénieurs et
d’
outillage, à laquelle l’Europe prêtait négligemment et imprudemment so
11164
affaire d’ingénieurs et d’outillage, à laquelle l’
Europe
prêtait négligemment et imprudemment son concours. Mais, avec la révo
11165
sous l’égide du marxisme, la résonance passionnée
d’
un dynamisme tourné contre l’Occident. Doctrine étonnante de puissance
11166
isme tourné contre l’Occident. Doctrine étonnante
de
puissance infuse, le marxisme se mue en instrument de revanche contre
11167
uissance infuse, le marxisme se mue en instrument
de
revanche contre nous. Tel que pratiqué en Russie, puis en Asie, il ap
11168
ioccidentale que réclamation sociale ou programme
d’
industrialisation. Dans cette atmosphère nouvelle, l’acquisition d’un
11169
on. Dans cette atmosphère nouvelle, l’acquisition
d’
un appareil mécanique, acclamé comme libérateur, se charge de passion
11170
il mécanique, acclamé comme libérateur, se charge
de
passion et c’est en termes mystiques qu’on salue le tracteur ou la ce
11171
jourd’hui l’accueil le plus convaincu. Quel sujet
de
réflexion pour le philosophe, pour un Bossuet du xixe siècle : la le
11172
r un Bossuet du xixe siècle : la leçon technique
de
l’Europe, transmise à l’Asie non par ses initiateurs, mais par l’entr
11173
Bossuet du xixe siècle : la leçon technique de l’
Europe
, transmise à l’Asie non par ses initiateurs, mais par l’entremise d’u
11174
sie non par ses initiateurs, mais par l’entremise
d’
une Russie à peine européenne, disciple sans doute mais disciple révol
11175
ateurs, mais par l’entremise d’une Russie à peine
européenne
, disciple sans doute mais disciple révolté de l’Europe ! Mais que fe
11176
péenne, disciple sans doute mais disciple révolté
de
l’Europe ! Mais que fera le « tiers-monde » de nos techniques, s’il
11177
e, disciple sans doute mais disciple révolté de l’
Europe
! Mais que fera le « tiers-monde » de nos techniques, s’il ignore le
11178
é de l’Europe ! Mais que fera le « tiers-monde »
de
nos techniques, s’il ignore les secrets de leur origine et de leur vr
11179
onde » de nos techniques, s’il ignore les secrets
de
leur origine et de leur vraie fin, la liberté de la personne ? Ici s
11180
iques, s’il ignore les secrets de leur origine et
de
leur vraie fin, la liberté de la personne ? Ici se pose une question
11181
de leur origine et de leur vraie fin, la liberté
de
la personne ? Ici se pose une question fondamentale, celle de savoir
11182
e ? Ici se pose une question fondamentale, celle
de
savoir dans quelle mesure la civilisation européenne, transmise en ta
11183
elle de savoir dans quelle mesure la civilisation
européenne
, transmise en tant que technique peut également l’être en tant que cu
11184
invite à déterminer ce qui, dans notre conception
européenne
, est primordial, intransmissible. La révolution industrielle n’eût pa
11185
le fût, ne s’était alimentée à la source profonde
d’
une pensée créatrice, en possession de toutes les ressources du raison
11186
ce profonde d’une pensée créatrice, en possession
de
toutes les ressources du raisonnement logique. La charnière de l’espr
11187
ressources du raisonnement logique. La charnière
de
l’esprit logique et de son application pratique, ne nous y trompons p
11188
ment logique. La charnière de l’esprit logique et
de
son application pratique, ne nous y trompons pas, c’est chose jusqu’i
11189
trompons pas, c’est chose jusqu’ici exclusivement
européenne
, occidentale par extension. C’est dans ce joint que réside la véritab
11190
la véritable supériorité occidentale, la pratique
de
l’Europe est efficace parce qu’elle se nourrit d’esprit. L’esprit sou
11191
ritable supériorité occidentale, la pratique de l’
Europe
est efficace parce qu’elle se nourrit d’esprit. L’esprit souffle où i
11192
de l’Europe est efficace parce qu’elle se nourrit
d’
esprit. L’esprit souffle où il veut, c’est sa nature, mais il lui faut
11193
en effet, le praticien ne trouve pas en soi-même
de
quoi se renouveler et l’industrie s’étiole si elle croit tout devoir
11194
ien à la pensée pure. Quand le monde emprunte à l’
Europe
ses machines et les recettes qui y sont attachées, lui emprunte-t-il
11195
recettes qui y sont attachées, lui emprunte-t-il
de
ce fait son esprit créateur ? Les dons intellectuels de l’Asie sont i
11196
fait son esprit créateur ? Les dons intellectuels
de
l’Asie sont incontestables ; mais il y a une atmosphère, essentiellem
11197
il y a une atmosphère, essentiellement créatrice,
de
l’Europe, dont on peut se demander si elle est effectivement transpor
11198
a une atmosphère, essentiellement créatrice, de l’
Europe
, dont on peut se demander si elle est effectivement transportable. La
11199
est effectivement transportable. La revendication
d’
un domaine où règne la liberté de l’esprit est typiquement européenne,
11200
La revendication d’un domaine où règne la liberté
de
l’esprit est typiquement européenne, et si nous y renoncions, nous ne
11201
e où règne la liberté de l’esprit est typiquement
européenne
, et si nous y renoncions, nous ne serions plus nous-mêmes. Mais elle
11202
lus nous-mêmes. Mais elle n’est nullement le fait
de
ces pays qui, sous l’égide Marx, se sont récemment engagés à fond dan
11203
urs conceptions totalitaires ne se contentent pas
de
méconnaître, elles condamnent intégralement tout dualisme susceptible
11204
ondamnent intégralement tout dualisme susceptible
de
ménager quelque jardin secret où la pensée puisse fleurir selon ses p
11205
s seulement le travailleur, agent presque anonyme
d’
une collectivité qui l’absorbe. Or l’individu seul est créateur, et il
11206
l’esprit que par la technique. Telle est la leçon
de
deux-mille ans d’histoire ayant abouti à ce nouveau miracle qu’est l’
11207
a technique. Telle est la leçon de deux-mille ans
d’
histoire ayant abouti à ce nouveau miracle qu’est l’étonnante marée te
11208
i déferle sur le monde. En indiquant le principe
d’
un « programme pour l’Europe » assumant les contradictions inéluctable
11209
En indiquant le principe d’un « programme pour l’
Europe
» assumant les contradictions inéluctables qui étaient dans sa nature
11210
propre action, Siegfried rejoint les conclusions
de
Keyserling : À la vérité, il y a dans l’Europe une destinée contradi
11211
sions de Keyserling : À la vérité, il y a dans l’
Europe
une destinée contradictoire, due au caractère contradictoire de son g
11212
e contradictoire, due au caractère contradictoire
de
son génie. Pour renouveler le monde, il fallait que l’esprit européen
11213
Pour renouveler le monde, il fallait que l’esprit
européen
eût sa source dans un esprit de liberté critique, générateur de créat
11214
ue l’esprit européen eût sa source dans un esprit
de
liberté critique, générateur de créations sans cesse renouvelées parc
11215
ce dans un esprit de liberté critique, générateur
de
créations sans cesse renouvelées parce que sans cesse discutées : la
11216
es unes avec les autres, reflète cette atmosphère
de
liberté créatrice. Mais c’est aussi de cette division invétérée que l
11217
atmosphère de liberté créatrice. Mais c’est aussi
de
cette division invétérée que l’Europe finit par pâtir, du fait de ses
11218
ais c’est aussi de cette division invétérée que l’
Europe
finit par pâtir, du fait de ses guerres fratricides dans lesquelles e
11219
n invétérée que l’Europe finit par pâtir, du fait
de
ses guerres fratricides dans lesquelles elle s’épuise. Et cependant,
11220
dans lesquelles elle s’épuise. Et cependant, une
Europe
unifiée par Hitler ou passée au rouleau compresseur des Soviets serai
11221
le-même et surtout conserverait-elle la puissance
de
rénovation qui a marqué d’un trait de feu son passage dans l’histoire
11222
rait-elle la puissance de rénovation qui a marqué
d’
un trait de feu son passage dans l’histoire ? De ce fait commence sous
11223
a puissance de rénovation qui a marqué d’un trait
de
feu son passage dans l’histoire ? De ce fait commence sous nos yeux u
11224
é d’un trait de feu son passage dans l’histoire ?
De
ce fait commence sous nos yeux une période nouvelle de l’évolution hu
11225
fait commence sous nos yeux une période nouvelle
de
l’évolution humaine, faisant suite à la période gréco-romaine-europée
11226
e ne remplaçant pas celle-ci dans ce qu’elle a eu
d’
ailé, de spirituel, de divinement libre dans le rayonnement de son esp
11227
plaçant pas celle-ci dans ce qu’elle a eu d’ailé,
de
spirituel, de divinement libre dans le rayonnement de son esprit. L’â
11228
lle-ci dans ce qu’elle a eu d’ailé, de spirituel,
de
divinement libre dans le rayonnement de son esprit. L’âge qui vient,
11229
pirituel, de divinement libre dans le rayonnement
de
son esprit. L’âge qui vient, d’inspiration surtout technique, mesuran
11230
ns le rayonnement de son esprit. L’âge qui vient,
d’
inspiration surtout technique, mesurant la supériorité de l’homme moin
11231
ration surtout technique, mesurant la supériorité
de
l’homme moins par la pensée que par le niveau de vie, repose sur une
11232
. On pourrait, dans ce contraste, trouver la base
d’
un programme pour l’Europe d’aujourd’hui et de demain. Encore faudrait
11233
contraste, trouver la base d’un programme pour l’
Europe
d’aujourd’hui et de demain. Encore faudrait-il qu’elle conserve un co
11234
ste, trouver la base d’un programme pour l’Europe
d’
aujourd’hui et de demain. Encore faudrait-il qu’elle conserve un corps
11235
ase d’un programme pour l’Europe d’aujourd’hui et
de
demain. Encore faudrait-il qu’elle conserve un corps, susceptible de
11236
audrait-il qu’elle conserve un corps, susceptible
de
servir de support à ce qui lui reste d’âme. 4.L’Unité dans la div
11237
qu’elle conserve un corps, susceptible de servir
de
support à ce qui lui reste d’âme. 4.L’Unité dans la diversité Fon
11238
sceptible de servir de support à ce qui lui reste
d’
âme. 4.L’Unité dans la diversité Fondement de l’Union fédérale
11239
d’âme. 4.L’Unité dans la diversité Fondement
de
l’Union fédérale Si telle est bien la vocation particulière de l’E
11240
ale Si telle est bien la vocation particulière
de
l’Europe dans le Monde réveillé par nos œuvres, deux conclusions géné
11241
Si telle est bien la vocation particulière de l’
Europe
dans le Monde réveillé par nos œuvres, deux conclusions générales en
11242
ons générales en résultent : 1° l’union politique
de
nos peuples est désormais la condition non seulement de leur survie m
11243
peuples est désormais la condition non seulement
de
leur survie mais du juste exercice de leur fonction mondiale ; 2° cet
11244
n seulement de leur survie mais du juste exercice
de
leur fonction mondiale ; 2° cette union doit prendre la forme que dic
11245
res historiques et vivantes du complexe organisme
de
notre culture : donc une forme fédéraliste. L’union politique suppos
11246
fédéraliste. L’union politique suppose une prise
de
« conscience européenne commune », disait Christopher Dawson dès 1932
11247
union politique suppose une prise de « conscience
européenne
commune », disait Christopher Dawson dès 1932 : Au cours du xviiie
11248
du xviiie et du xixe siècle, quand le prestige
de
la civilisation européenne était tel qu’elle semblait n’avoir point d
11249
ixe siècle, quand le prestige de la civilisation
européenne
était tel qu’elle semblait n’avoir point de rivales et qu’elle s’iden
11250
ropéenne était tel qu’elle semblait n’avoir point
de
rivales et qu’elle s’identifiait à la civilisation en général, il éta
11251
vilisation en général, il était sans doute facile
de
perdre de vue cette unité ; mais il n’en va plus du tout de même aujo
11252
en général, il était sans doute facile de perdre
de
vue cette unité ; mais il n’en va plus du tout de même aujourd’hui, o
11253
lus du tout de même aujourd’hui, où l’on conteste
de
tous côtés l’hégémonie de l’Europe ; où il devient impossible de cons
11254
d’hui, où l’on conteste de tous côtés l’hégémonie
de
l’Europe ; où il devient impossible de considérer plus longtemps la R
11255
, où l’on conteste de tous côtés l’hégémonie de l’
Europe
; où il devient impossible de considérer plus longtemps la Russie et
11256
’hégémonie de l’Europe ; où il devient impossible
de
considérer plus longtemps la Russie et l’Amérique comme des colonies
11257
gtemps la Russie et l’Amérique comme des colonies
de
culture européenne, puisqu’elles commencent à rivaliser avec l’Europe
11258
ussie et l’Amérique comme des colonies de culture
européenne
, puisqu’elles commencent à rivaliser avec l’Europe en population et e
11259
éenne, puisqu’elles commencent à rivaliser avec l’
Europe
en population et en richesse et à développer des civilisations qui le
11260
tions qui leur sont propres, où enfin les peuples
de
l’Orient font valoir à nouveau les droits de la civilisation oriental
11261
ples de l’Orient font valoir à nouveau les droits
de
la civilisation orientale et où nous-mêmes nous perdons notre confian
11262
nous perdons notre confiance dans la supériorité
de
nos traditions. Personne, malheureusement, n’a la charge de plaider
11263
itions. Personne, malheureusement, n’a la charge
de
plaider la cause de l’Europe. Chaque nation, du fait qu’elle existe,
11264
alheureusement, n’a la charge de plaider la cause
de
l’Europe. Chaque nation, du fait qu’elle existe, se crée tout un ense
11265
reusement, n’a la charge de plaider la cause de l’
Europe
. Chaque nation, du fait qu’elle existe, se crée tout un ensemble d’in
11266
du fait qu’elle existe, se crée tout un ensemble
d’
intérêts auxquels est lié le soin de sa défense ; la cause de l’intern
11267
t un ensemble d’intérêts auxquels est lié le soin
de
sa défense ; la cause de l’internationalisme a, elle aussi, ses champ
11268
auxquels est lié le soin de sa défense ; la cause
de
l’internationalisme a, elle aussi, ses champions dans les forces du l
11269
dans les forces du libéralisme, du socialisme et
de
la finance internationale ; il n’est pas jusqu’aux civilisations orie
11270
ilisations orientales qui n’aient pris conscience
d’
elles-mêmes en empruntant au nationalisme occidental ses formes et en
11271
mes et en développant, à leur tour, sur le modèle
de
la propagande occidentale, une propagande nationaliste ; mais personn
11272
liste ; mais personne n’a jamais songé à nommer l’
Europe
une nation. Aussi la cause de l’Europe est-elle d’avance perdue, par
11273
ongé à nommer l’Europe une nation. Aussi la cause
de
l’Europe est-elle d’avance perdue, par défaut. Si pourtant notre civi
11274
à nommer l’Europe une nation. Aussi la cause de l’
Europe
est-elle d’avance perdue, par défaut. Si pourtant notre civilisation
11275
e une nation. Aussi la cause de l’Europe est-elle
d’
avance perdue, par défaut. Si pourtant notre civilisation doit survivr
11276
l est essentiel qu’elle atteigne à une conscience
européenne
commune et qu’elle acquière le sens de son unité historique et organi
11277
ce européenne commune et qu’elle acquière le sens
de
son unité historique et organique. On n’a pas à craindre de porter ai
11278
té historique et organique. On n’a pas à craindre
de
porter ainsi préjudice à la cause de la paix internationale ou d’accr
11279
s à craindre de porter ainsi préjudice à la cause
de
la paix internationale ou d’accroître l’hostilité entre l’Europe et l
11280
préjudice à la cause de la paix internationale ou
d’
accroître l’hostilité entre l’Europe et les sociétés non européennes.
11281
internationale ou d’accroître l’hostilité entre l’
Europe
et les sociétés non européennes. L’Oriental qui nous en veut de notre
11282
re l’hostilité entre l’Europe et les sociétés non
européennes
. L’Oriental qui nous en veut de notre arrogante prétention à affirmer
11283
étés non européennes. L’Oriental qui nous en veut
de
notre arrogante prétention à affirmer que notre civilisation est la s
11284
qui compte, regardera celle-ci, sans aucun doute,
d’
un œil beaucoup plus sympathique lorsqu’il apercevra le tout spirituel
11285
éhension mutuelle309. Quant à l’unité culturelle
de
base, sur laquelle devra s’édifier notre fédération, il s’agit de la
11286
uelle devra s’édifier notre fédération, il s’agit
de
la retrouver et de la restituer, en deçà et au-delà des « nations » c
11287
er notre fédération, il s’agit de la retrouver et
de
la restituer, en deçà et au-delà des « nations » constituées au cours
11288
es : … Seulement, avant qu’il nous soit possible
de
donner à la culture européenne la place qui lui revient dans la socié
11289
t qu’il nous soit possible de donner à la culture
européenne
la place qui lui revient dans la société internationale de l’avenir,
11290
ce qui lui revient dans la société internationale
de
l’avenir, il faut nous défaire des fausses représentations du passé q
11291
du dernier siècle et recouvrer le sens historique
de
la tradition européenne ; il nous faut récrire notre histoire du poin
11292
e et recouvrer le sens historique de la tradition
européenne
; il nous faut récrire notre histoire du point de vue européen et nou
11293
nous faut récrire notre histoire du point de vue
européen
et nous donner, pour comprendre l’unité de notre civilisation commune
11294
européen et nous donner, pour comprendre l’unité
de
notre civilisation commune, autant de peine que nous en avons pris po
11295
dre l’unité de notre civilisation commune, autant
de
peine que nous en avons pris pour étudier nos individualités national
11296
énéralement admise est dû avant tout à ce qu’on a
d’
ordinaire écrit l’histoire moderne du point de vue nationaliste. Quelq
11297
isme, et leurs histoires sont souvent des manuels
de
propagande nationaliste. Cette tendance est manifeste tant chez les h
11298
ilosophes, qui tenaient l’idéalisation hégélienne
de
l’État pour la suprême expression de l’idée universelle, que chez des
11299
n hégélienne de l’État pour la suprême expression
de
l’idée universelle, que chez des écrivains comme Treitschke et Froude
11300
reitschke et Froude, qui furent les représentants
d’
un nationalisme purement politique. Au cours du xixe siècle, la consc
11301
conscience populaire en a été imprégnée, et c’est
de
là qu’est issue la conception que l’homme moyen se fait de l’histoire
11302
est issue la conception que l’homme moyen se fait
de
l’histoire. Celle-ci a filtré de l’Université à l’école primaire et d
11303
me moyen se fait de l’histoire. Celle-ci a filtré
de
l’Université à l’école primaire et du penseur au journaliste et au ro
11304
ncier. Il en résulte que chaque nation se réclame
d’
une unité et d’une indépendance de culture qu’elle ne possède point et
11305
sulte que chaque nation se réclame d’une unité et
d’
une indépendance de culture qu’elle ne possède point et que chacune co
11306
tion se réclame d’une unité et d’une indépendance
de
culture qu’elle ne possède point et que chacune considère son lot de
11307
ne possède point et que chacune considère son lot
de
tradition européenne comme son œuvre propre et originale, sans tenir
11308
int et que chacune considère son lot de tradition
européenne
comme son œuvre propre et originale, sans tenir aucun compte du sol c
11309
elle a miné et vicié toute la vie internationale
de
l’Europe moderne, elle a trouvé sa revanche dans la guerre européenne
11310
a miné et vicié toute la vie internationale de l’
Europe
moderne, elle a trouvé sa revanche dans la guerre européenne, qui a p
11311
moderne, elle a trouvé sa revanche dans la guerre
européenne
, qui a provoqué dans la vie de l’Europe un schisme beaucoup plus prof
11312
la guerre européenne, qui a provoqué dans la vie
de
l’Europe un schisme beaucoup plus profond que toutes les guerres pass
11313
uerre européenne, qui a provoqué dans la vie de l’
Europe
un schisme beaucoup plus profond que toutes les guerres passées, et l
11314
dans les folles rivalités nationales qui menacent
de
ruiner l’économie de l’Europe entière. … Le mal du nationalisme ne ré
11315
ités nationales qui menacent de ruiner l’économie
de
l’Europe entière. … Le mal du nationalisme ne réside ni dans sa fidél
11316
nationales qui menacent de ruiner l’économie de l’
Europe
entière. … Le mal du nationalisme ne réside ni dans sa fidélité aux t
11317
aux traditions du passé, ni dans sa revendication
de
l’unité nationale et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, mai
11318
nité nationale et du droit des peuples à disposer
d’
eux-mêmes, mais bien plutôt dans le fait qu’il identifie cette unité à
11319
ans le fait qu’il identifie cette unité à l’unité
de
culture, laquelle dépasse les nations. Les vrais fondements de notre
11320
aquelle dépasse les nations. Les vrais fondements
de
notre culture sont non pas l’État national, mais l’unité européenne.3
11321
ulture sont non pas l’État national, mais l’unité
européenne
.310 C’est à démontrer cette thèse que se sont attachés les historio
11322
te thèse que se sont attachés les historiographes
de
l’Europe considérée comme unité de culture. C’est pourquoi la plupart
11323
èse que se sont attachés les historiographes de l’
Europe
considérée comme unité de culture. C’est pourquoi la plupart — de Daw
11324
istoriographes de l’Europe considérée comme unité
de
culture. C’est pourquoi la plupart — de Dawson à Heer en passant par
11325
mme unité de culture. C’est pourquoi la plupart —
de
Dawson à Heer en passant par Halphen, Marc Bloch, Reynold, Denys Hay
11326
her — ont centré leurs travaux sur la « formation
de
l’Europe », c’est-à-dire sur les périodes pré-nationales de notre his
11327
ont centré leurs travaux sur la « formation de l’
Europe
», c’est-à-dire sur les périodes pré-nationales de notre histoire. Le
11328
e », c’est-à-dire sur les périodes pré-nationales
de
notre histoire. Le plus récent d’entre eux, Henri Brugmans, résume en
11329
ble un concept à manier avec prudence… L’histoire
européenne
ne s’explique point par les histoires nationales considérées comme de
11330
, des entités immuables : elle n’est pas la somme
de
leurs histoires nationales juxtaposées. C’est l’Europe, au contraire,
11331
e leurs histoires nationales juxtaposées. C’est l’
Europe
, au contraire, qui est antérieure et qui explique les nations. Or l’E
11332
est antérieure et qui explique les nations. Or l’
Europe
et les nations sont sujettes au changement. … même le nationalisme fu
11333
e nationalisme fut international, et les conflits
de
l’impérialisme moderne démontrent une convergence européenne des appé
11334
l’impérialisme moderne démontrent une convergence
européenne
des appétits. Partout, la collectivité européenne et son destin forme
11335
européenne des appétits. Partout, la collectivité
européenne
et son destin forment la toile de fond de notre histoire. … Civilisat
11336
ctivité européenne et son destin forment la toile
de
fond de notre histoire. … Civilisation incomparablement dynamique, l’
11337
européenne et son destin forment la toile de fond
de
notre histoire. … Civilisation incomparablement dynamique, l’Europe r
11338
ire. … Civilisation incomparablement dynamique, l’
Europe
réinterprète sans cesse ses grandes autorités traditionnelles. Les va
11339
grandes autorités traditionnelles. Les variations
de
son histoire ne s’expliquent que par un fonds commun.311 Il est fra
11340
ent que par un fonds commun.311 Il est frappant
de
constater que l’unanimité des auteurs qui ont contribué au xxe siècl
11341
contribué au xxe siècle à la prise de conscience
de
notre unité de culture, la conçoivent comme unité dans la diversité.
11342
e siècle à la prise de conscience de notre unité
de
culture, la conçoivent comme unité dans la diversité. Mais qu’entende
11343
meuse diversité ? S’agirait-il d’abord et surtout
de
la multiplicité de nos nations actuelles, comme on le croit trop faci
11344
’agirait-il d’abord et surtout de la multiplicité
de
nos nations actuelles, comme on le croit trop facilement ? Non, la di
11345
e on le croit trop facilement ? Non, la diversité
européenne
est plus organique et profonde, comme nous le rappelle Ortega : Lors
11346
rsque Guizot, par exemple, oppose la civilisation
européenne
à toutes les autres, en faisant remarquer que jamais en Europe aucun
11347
es les autres, en faisant remarquer que jamais en
Europe
aucun principe, aucune idée, aucun groupe, aucune classe n’a triomphé
11348
ractère progressif, nous ne pouvons nous empêcher
de
dresser l’oreille. Cet homme sait ce qu’il dit… La liberté et le plur
11349
constituent toutes les deux l’essence permanente
de
l’Europe. Le découpage de l’Europe moderne en nations n’exprime pas
11350
tituent toutes les deux l’essence permanente de l’
Europe
. Le découpage de l’Europe moderne en nations n’exprime pas cette « e
11351
x l’essence permanente de l’Europe. Le découpage
de
l’Europe moderne en nations n’exprime pas cette « essence permanente
11352
ssence permanente de l’Europe. Le découpage de l’
Europe
moderne en nations n’exprime pas cette « essence permanente », ne tra
11353
écondes, mais au contraire, explique le sentiment
de
paralysie et de décadence qui a régné sur la première moitié de notre
11354
contraire, explique le sentiment de paralysie et
de
décadence qui a régné sur la première moitié de notre siècle312 : La
11355
t de décadence qui a régné sur la première moitié
de
notre siècle312 : La seule chose qui apparaisse (et sans grande préc
11356
sion) lorsqu’on veut définir l’actuelle décadence
de
l’Europe, c’est l’ensemble des difficultés économiques devant lesquel
11357
lorsqu’on veut définir l’actuelle décadence de l’
Europe
, c’est l’ensemble des difficultés économiques devant lesquelles se tr
11358
quelles se trouve aujourd’hui chacune des nations
européennes
. Mais quand on veut préciser un peu le caractère de ces difficultés,
11359
. Mais quand on veut préciser un peu le caractère
de
ces difficultés, on remarque qu’aucune d’elles n’affecte sérieusement
11360
ractère de ces difficultés, on remarque qu’aucune
d’
elles n’affecte sérieusement le pouvoir de création de richesse, et qu
11361
’aucune d’elles n’affecte sérieusement le pouvoir
de
création de richesse, et que l’ancien continent est passé par des cri
11362
les n’affecte sérieusement le pouvoir de création
de
richesse, et que l’ancien continent est passé par des crises de ce ge
11363
t que l’ancien continent est passé par des crises
de
ce genre beaucoup plus graves. Est-ce que, par hasard, l’Allemand ou
11364
glais ne se sentiraient plus capables aujourd’hui
de
produire plus et mieux que jamais ? Pas du tout. Et il importe beauco
11365
Et il importe beaucoup de définir l’état d’esprit
de
cet Allemand ou de cet Anglais dans cette dimension de l’économique.
11366
oup de définir l’état d’esprit de cet Allemand ou
de
cet Anglais dans cette dimension de l’économique. Car le fait véritab
11367
t Allemand ou de cet Anglais dans cette dimension
de
l’économique. Car le fait véritablement curieux est précisément que l
11368
blement curieux est précisément que la dépression
de
leurs âmes ne provient pas de ce qu’ils se sentent peu capables, mais
11369
t que la dépression de leurs âmes ne provient pas
de
ce qu’ils se sentent peu capables, mais au contraire de ce que, senta
11370
t à certaines barrières fatales qui les empêchent
de
réaliser ce qu’ils pourraient fort bien faire. Ces frontières fatales
11371
ourraient fort bien faire. Ces frontières fatales
de
l’économie actuelle allemande, anglaise, française, sont les frontièr
11372
nomiques qui se posent, mais dans ce que la forme
de
vie publique où doivent se mouvoir les capacités économiques, n’est p
11373
sur l’âme continentale ressemble beaucoup à celui
de
l’oiseau à grandes ailes qui, en battant l’air, se blesse contre les
11374
, en battant l’air, se blesse contre les barreaux
de
sa cage. La meilleure preuve en est que cette combinaison se répète d
11375
s se sent aujourd’hui à l’étroit dans les limites
de
sa nation, sent sa nationalité comme une limitation absolue… Si l’on
11376
périence purement imaginaire — à vivre uniquement
de
ce que nous sommes, en tant que « nationaux », et que, par un artific
11377
errifié. Il verrait qu’il ne lui est pas possible
de
vivre avec ce maigre recours purement national, mais que les quatre c
11378
purement national, mais que les quatre cinquièmes
de
son avoir intime sont des biens de la communauté européenne. On ne vo
11379
tre cinquièmes de son avoir intime sont des biens
de
la communauté européenne. On ne voit guère quelle autre chose d’impor
11380
son avoir intime sont des biens de la communauté
européenne
. On ne voit guère quelle autre chose d’importance nous pourrions bien
11381
é européenne. On ne voit guère quelle autre chose
d’
importance nous pourrions bien faire, nous qui existons de ce côté de
11382
ance nous pourrions bien faire, nous qui existons
de
ce côté de la planète, si ce n’est de réaliser la promesse que, depui
11383
ourrions bien faire, nous qui existons de ce côté
de
la planète, si ce n’est de réaliser la promesse que, depuis quatre si
11384
ui existons de ce côté de la planète, si ce n’est
de
réaliser la promesse que, depuis quatre siècles, signifie le mot Euro
11385
messe que, depuis quatre siècles, signifie le mot
Europe
. Seul s’y oppose le préjugé des vieilles « nations », l’idée de natio
11386
ppose le préjugé des vieilles « nations », l’idée
de
nation en tant que passé. On va voir de nos jours si les Européens so
11387
», l’idée de nation en tant que passé. On va voir
de
nos jours si les Européens sont eux aussi les enfants de la femme de
11388
en tant que passé. On va voir de nos jours si les
Européens
sont eux aussi les enfants de la femme de Loth et s’ils s’obstinent à
11389
jours si les Européens sont eux aussi les enfants
de
la femme de Loth et s’ils s’obstinent à faire de l’Histoire en regard
11390
Européens sont eux aussi les enfants de la femme
de
Loth et s’ils s’obstinent à faire de l’Histoire en regardant derrière
11391
de la femme de Loth et s’ils s’obstinent à faire
de
l’Histoire en regardant derrière eux. Quant à lui, Ortega croit que
11392
eux. Quant à lui, Ortega croit que la nécessité
de
l’union politique est inscrite dans nos réalités présentes : L’unit
11393
inscrite dans nos réalités présentes : L’unité
de
l’Europe n’est pas une fantaisie. Elle est la réalité même ; et ce qu
11394
rite dans nos réalités présentes : L’unité de l’
Europe
n’est pas une fantaisie. Elle est la réalité même ; et ce qui est fan
11395
aussi mûre que celle que forment déjà les peuples
européens
, ne soit pas près de créer l’appareil politique d’un État, pour donne
11396
s, ne soit pas près de créer l’appareil politique
d’
un État, pour donner une forme à l’exercice du pouvoir public européen
11397
r donner une forme à l’exercice du pouvoir public
européen
déjà existant. … C’est le réalisme historique qui m’a appris à reconn
11398
storique qui m’a appris à reconnaître que l’unité
de
l’Europe comme société n’est pas un idéal mais un fait de très ancien
11399
que qui m’a appris à reconnaître que l’unité de l’
Europe
comme société n’est pas un idéal mais un fait de très ancienne quotid
11400
ope comme société n’est pas un idéal mais un fait
de
très ancienne quotidienneté. Et lorsqu’on a vu cela, la probabilité d
11401
idienneté. Et lorsqu’on a vu cela, la probabilité
d’
un État général européen s’impose mécaniquement. Quant à l’occasion qu
11402
qu’on a vu cela, la probabilité d’un État général
européen
s’impose mécaniquement. Quant à l’occasion qui subitement portera le
11403
n terme, elle peut être Dieu sait quoi ! la natte
d’
un Chinois émergeant de derrière les Ourals ou bien la secousse du gra
11404
Dieu sait quoi ! la natte d’un Chinois émergeant
de
derrière les Ourals ou bien la secousse du grand magma islamique.313
11405
que l’union est inscrite dans la logique profonde
de
l’Europe : L’Europe se constitue parce que ce qu’il y a de commun ch
11406
’union est inscrite dans la logique profonde de l’
Europe
: L’Europe se constitue parce que ce qu’il y a de commun chez tous l
11407
nscrite dans la logique profonde de l’Europe : L’
Europe
se constitue parce que ce qu’il y a de commun chez tous les Européens
11408
e : L’Europe se constitue parce que ce qu’il y a
de
commun chez tous les Européens prend de plus en plus d’importance par
11409
ue parce que ce qu’il y a de commun chez tous les
Européens
prend de plus en plus d’importance par rapport à ce qui les sépare, e
11410
mun chez tous les Européens prend de plus en plus
d’
importance par rapport à ce qui les sépare, en face d’une humanité non
11411
t à ce qui les sépare, en face d’une humanité non
européenne
devenue dangereusement plus proche et bien supérieure en force matéri
11412
miner dans la conscience. Aujourd’hui donc, une «
Europe
» vivante se forme comme membre de l’œcuménicité humaine. Chez tous l
11413
onc, une « Europe » vivante se forme comme membre
de
l’œcuménicité humaine. Chez tous les esprits dirigeants elle existe d
11414
cet inconscient qui décide, en dernière instance,
de
la position par rapport au monde extérieur — commence à agir dans la
11415
caractère allemand pouvait être considérée comme
d’
une importance primaire. Aujourd’hui c’est la conscience de la différe
11416
ortance primaire. Aujourd’hui c’est la conscience
de
la différence par rapport au caractère russe et surtout au caractère
11417
asiatique qui prédomine. […] Ainsi les habitants
de
l’Europe prennent de plus en plus conscience qu’il y a en Europe, au-
11418
tique qui prédomine. […] Ainsi les habitants de l’
Europe
prennent de plus en plus conscience qu’il y a en Europe, au-dessus de
11419
prennent de plus en plus conscience qu’il y a en
Europe
, au-dessus des peuples et des cultures, une nouvelle réalité vivante
11420
es cultures, une nouvelle réalité vivante : celle
de
l’Européen. En conséquence, le Français, l’Allemand, etc., deviennent
11421
ltures, une nouvelle réalité vivante : celle de l’
Européen
. En conséquence, le Français, l’Allemand, etc., deviennent différents
11422
Français, l’Allemand, etc., deviennent différents
de
ce qu’ils étaient autrefois : c’est que leurs relations avec le tout
11423
s avec le tout se sont modifiées. L’instauration
d’
une « supranationalité » européenne (le terme apparaît ici pour la pre
11424
fiées. L’instauration d’une « supranationalité »
européenne
(le terme apparaît ici pour la première fois, croyons-nous) ne doit c
11425
ne doit cependant pas entraîner l’uniformisation
de
nos peuples. D’une part, face aux autres cultures, nos oppositions in
11426
t relativisées ; d’autre part, au sein de l’unité
européenne
, elles feront place à un sentiment plus fort de complémentarité dans
11427
enne, elles feront place à un sentiment plus fort
de
complémentarité dans la diversité des styles : L’Européen, et avec l
11428
complémentarité dans la diversité des styles : L’
Européen
, et avec lui l’Europe, se constitue, nous l’avons vu, par nécessité n
11429
diversité des styles : L’Européen, et avec lui l’
Europe
, se constitue, nous l’avons vu, par nécessité naturelle. Il se consti
11430
écessité naturelle. Il se constitue comme produit
de
différenciation spécifique au sein de l’humanité sentie intérieuremen
11431
ence qui fait de plus en plus prédominer chez les
Européens
le sentiment de ce qui les unit sur ce qui les sépare. Or, si notre v
11432
n plus prédominer chez les Européens le sentiment
de
ce qui les unit sur ce qui les sépare. Or, si notre voyage spirituel
11433
sépare. Or, si notre voyage spirituel à travers l’
Europe
nous a appris quelque chose, c’est bien la variété et la division ext
11434
t la division extraordinaires qui caractérisent l’
Europe
comme formation. C’est pourquoi il ne saurait être question d’une uni
11435
ation. C’est pourquoi il ne saurait être question
d’
une unification effaçant les différences, si on aspire à un avenir mei
11436
rences, si on aspire à un avenir meilleur. Exiger
de
l’Europe qu’elle s’unifie comme l’Amérique ou la Russie, c’est la méc
11437
s, si on aspire à un avenir meilleur. Exiger de l’
Europe
qu’elle s’unifie comme l’Amérique ou la Russie, c’est la méconnaître
11438
oir sa ruine. Si tout va bien, une nouvelle unité
d’
ordre supérieur se constituera au-dessus des nations, lesquelles subsi
11439
e, avec leur ancienne vigueur… … La glorification
de
sa propre nation au détriment des autres, qui jusqu’à présent allait
11440
Grillparzer, lorsqu’il déclarait que « le chemin
de
l’humanité, en passant par la nationalité, mène à la bestialité ». Le
11441
Certes, Keyserling ne sous-estime pas les dangers
d’
un « supranationalisme virulent », mais il y voit cependant un progrès
11442
t », mais il y voit cependant un progrès pour les
Européens
unis : L’Européen serait-il alors l’homme suprême au sens absolu ? S
11443
cependant un progrès pour les Européens unis : L’
Européen
serait-il alors l’homme suprême au sens absolu ? Sûrement, il y aura
11444
tionalisme le fut jamais ; ce serait l’équivalent
européen
de l’américanisme messianique. Il va sans dire que l’Européen, lui no
11445
e le fut jamais ; ce serait l’équivalent européen
de
l’américanisme messianique. Il va sans dire que l’Européen, lui non p
11446
l’américanisme messianique. Il va sans dire que l’
Européen
, lui non plus, n’est pas naturellement l’homme idéal. Mais il peut de
11447
peut devenir supérieur à n’importe quel habitant
de
l’ancienne Europe, parce qu’il est d’envergure plus vaste. Toute supé
11448
supérieur à n’importe quel habitant de l’ancienne
Europe
, parce qu’il est d’envergure plus vaste. Toute supériorité repose sur
11449
el habitant de l’ancienne Europe, parce qu’il est
d’
envergure plus vaste. Toute supériorité repose sur l’intégration en un
11450
supériorité repose sur l’intégration en une unité
d’
ordre supérieur des éléments qui, dans leur plan, s’excluaient mutuell
11451
observions plus haut que les diversités fécondes
de
l’Europe existent sur un plan plus profond et plus organique que celu
11452
rvions plus haut que les diversités fécondes de l’
Europe
existent sur un plan plus profond et plus organique que celui du fait
11453
que celui du fait national. Paul Valéry, tentant
de
définir l’Europe, ne mentionne même pas la nation au nombre des diver
11454
fait national. Paul Valéry, tentant de définir l’
Europe
, ne mentionne même pas la nation au nombre des diversités qui, selon
11455
qui, selon lui, constituent le « système » nommé
Europe
: Cette Europe peu à peu se construit comme une ville gigantesque. E
11456
constituent le « système » nommé Europe : Cette
Europe
peu à peu se construit comme une ville gigantesque. Elle a ses musées
11457
. Au point de vue physique, c’est un chef-d’œuvre
de
tempérament et de rapprochement des conditions favorables à l’homme.
11458
physique, c’est un chef-d’œuvre de tempérament et
de
rapprochement des conditions favorables à l’homme. Et l’homme y est d
11459
s favorables à l’homme. Et l’homme y est devenu l’
Européen
. Vous m’excuserez de donner à ces mots d’Europe et d’Européen une sig
11460
l’homme y est devenu l’Européen. Vous m’excuserez
de
donner à ces mots d’Europe et d’Européen une signification un peu plu
11461
l’Européen. Vous m’excuserez de donner à ces mots
d’
Europe et d’Européen une signification un peu plus que géographique, e
11462
Européen. Vous m’excuserez de donner à ces mots d’
Europe
et d’Européen une signification un peu plus que géographique, et un p
11463
Vous m’excuserez de donner à ces mots d’Europe et
d’
Européen une signification un peu plus que géographique, et un peu plu
11464
us m’excuserez de donner à ces mots d’Europe et d’
Européen
une signification un peu plus que géographique, et un peu plus qu’his
11465
onctionnelle. Je dirai presque, ma pensée abusant
de
mon langage, qu’une Europe est une espèce de système formé d’une cert
11466
presque, ma pensée abusant de mon langage, qu’une
Europe
est une espèce de système formé d’une certaine diversité humaine et d
11467
sant de mon langage, qu’une Europe est une espèce
de
système formé d’une certaine diversité humaine et d’une localité part
11468
ge, qu’une Europe est une espèce de système formé
d’
une certaine diversité humaine et d’une localité particulièrement favo
11469
système formé d’une certaine diversité humaine et
d’
une localité particulièrement favorable ; façonnée enfin par une histo
11470
singulièrement mouvementée et vivante. Le produit
de
cette conjoncture de circonstances est un Européen. Valéry, écrivant
11471
entée et vivante. Le produit de cette conjoncture
de
circonstances est un Européen. Valéry, écrivant en 1922, dans une Fr
11472
duit de cette conjoncture de circonstances est un
Européen
. Valéry, écrivant en 1922, dans une France victorieuse, pouvait s’ab
11473
nnoncer le dépassement des nations et l’avènement
d’
une fédération démocratique, lorsqu’on écrivait en Allemagne : c’est c
11474
e fut publié qu’en 1946. Approfondissant le thème
de
l’unité dans la diversité, Jünger imagine qu’une future Constitution
11475
ersité, Jünger imagine qu’une future Constitution
européenne
devrait soigneusement tenir compte des deux principes maintenus en te
11476
des deux principes maintenus en tension : l’unité
d’
organisation devrait régner sur l’économie, la technique, le commerce,
11477
oteur, l’avion, la radio et l’énergie jaillissant
de
l’atome le signifient aujourd’hui sur d’autres plans et dans d’autres
11478
e serait devenu trop étroit. Au libre déploiement
de
nos moyens s’opposent les frontières et les structures nationales et
11479
des hommes et des biens. Ceci vaut surtout pour l’
Europe
, riche d’un antique héritage et qui porte en multiples fragments le f
11480
des biens. Ceci vaut surtout pour l’Europe, riche
d’
un antique héritage et qui porte en multiples fragments le fardeau de
11481
ge et qui porte en multiples fragments le fardeau
de
l’Histoire vécue et soufferte. On comprend alors que ce soit ici, en
11482
aussi pourquoi la guérison doit commencer ici. L’
Europe
doit devenir la partenaire des grands empires qui s’édifient sur la p
11483
itesse héritée. … Il s’agit, dans cette fondation
de
l’Europe, de conférer une unité géopolitique à un espace divisé par l
11484
e héritée. … Il s’agit, dans cette fondation de l’
Europe
, de conférer une unité géopolitique à un espace divisé par l’évolutio
11485
e. … Il s’agit, dans cette fondation de l’Europe,
de
conférer une unité géopolitique à un espace divisé par l’évolution hi
11486
ce divisé par l’évolution historique. … Le besoin
d’
espace sera satisfait par l’union des peuples ; et il n’est pas de sol
11487
tisfait par l’union des peuples ; et il n’est pas
de
solution plus juste. Les formes de vie commune dans la maison nouvell
11488
t il n’est pas de solution plus juste. Les formes
de
vie commune dans la maison nouvelle seront instaurées par la Constitu
11489
itution. Entrer ici dans les détails n’aurait pas
de
sens. Mais il est deux principes supérieurs qui doivent s’exprimer da
11490
les deux tendances qui se partagent la démocratie
de
notre temps, celle de l’État libéral et celle de l’État autoritaire.
11491
se partagent la démocratie de notre temps, celle
de
l’État libéral et celle de l’État autoritaire. Les deux sont valables
11492
de notre temps, celle de l’État libéral et celle
de
l’État autoritaire. Les deux sont valables et motivées, et pourtant l
11493
otalement livrée au libre arbitre. Il s’agit donc
de
distinguer les niveaux auxquels chacune d’elles est le mieux adaptée.
11494
t donc de distinguer les niveaux auxquels chacune
d’
elles est le mieux adaptée. Les formes autoritaires de l’ordre étatiqu
11495
les est le mieux adaptée. Les formes autoritaires
de
l’ordre étatique sont adéquates là où les hommes et les choses sont t
11496
e plus profonde est à l’œuvre… Doit être organisé
d’
une manière uniforme tout ce qui relève de la technique, de l’industri
11497
rganisé d’une manière uniforme tout ce qui relève
de
la technique, de l’industrie, de l’économie, des transports, du comme
11498
ière uniforme tout ce qui relève de la technique,
de
l’industrie, de l’économie, des transports, du commerce, des mesures,
11499
ut ce qui relève de la technique, de l’industrie,
de
l’économie, des transports, du commerce, des mesures, et de la défens
11500
mie, des transports, du commerce, des mesures, et
de
la défense… La liberté au contraire doit régner dans le multiple et l
11501
et leur religion. Là, il ne saurait y avoir trop
de
couleurs sur la palette. La Constitution européenne doit donc disting
11502
trop de couleurs sur la palette. La Constitution
européenne
doit donc distinguer et séparer avec art, comme cadre et tableau, ce
11503
r avec art, comme cadre et tableau, ce qui relève
de
la civilisation et ce qui relève de la culture, pour mieux les réunir
11504
ce qui relève de la civilisation et ce qui relève
de
la culture, pour mieux les réunir au bénéfice de l’homme. Elle doit c
11505
de la culture, pour mieux les réunir au bénéfice
de
l’homme. Elle doit créer un espace politique unifié en tenant compte
11506
mplique également que soient délimités le domaine
de
la technique et celui de la vie organique. L’État symbole suprême de
11507
ent délimités le domaine de la technique et celui
de
la vie organique. L’État symbole suprême de la technique, jette son f
11508
celui de la vie organique. L’État symbole suprême
de
la technique, jette son filet sur les peuples, mais ils vivent en lib
11509
a protection. L’Histoire ensuite interviendra, et
de
nouveaux contenus apparaîtront… Dans ce cadre, grands et petits peupl
11510
grands et petits peuples s’épanouiront avec plus
de
vigueur qu’auparavant. À mesure que la concurrence des nations s’étei
11511
ilien315. Une distinction assez analogue entre l’
Europe
comme organisation politique (union à créer) et l’Europe comme organi
11512
comme organisation politique (union à créer) et l’
Europe
comme organisme culturel (unité existante) sera proposée et précisée
11513
ais (destinés à la radio allemande) sur « L’Unité
de
la culture européenne ». Les rapports entre la culture et la politiqu
11514
à la radio allemande) sur « L’Unité de la culture
européenne
». Les rapports entre la culture et la politique y sont clairement dé
11515
t clairement définis316 : La structure politique
d’
une nation affecte sa culture, et inversement. Mais nos divers pays au
11516
alors qu’ils ont trop peu de contacts sur le plan
de
la culture. Or, le fait de confondre culture et politique peut mener
11517
e contacts sur le plan de la culture. Or, le fait
de
confondre culture et politique peut mener dans deux directions différ
11518
toutes les cultures avoisinantes. Une des erreurs
de
l’Allemagne hitlérienne a été précisément de poser en principe que to
11519
eurs de l’Allemagne hitlérienne a été précisément
de
poser en principe que toute culture autre que la sienne était ou déca
11520
était ou décadente ou barbare. Finissons-en avec
de
telles prétentions ! L’autre aboutissement possible d’une confusion d
11521
lles prétentions ! L’autre aboutissement possible
d’
une confusion de la politique et de la culture, c’est l’idéal d’un Éta
11522
! L’autre aboutissement possible d’une confusion
de
la politique et de la culture, c’est l’idéal d’un État mondial dans l
11523
ement possible d’une confusion de la politique et
de
la culture, c’est l’idéal d’un État mondial dans lequel, pour finir,
11524
n de la politique et de la culture, c’est l’idéal
d’
un État mondial dans lequel, pour finir, il n’y aurait plus qu’une seu
11525
re uniforme. Je ne critique pas tel ou tel projet
d’
organisation mondiale. Ces projets relèvent du domaine de l’organisati
11526
isation mondiale. Ces projets relèvent du domaine
de
l’organisation, de l’ingéniosité organisatrice. Et certes, il faut un
11527
es projets relèvent du domaine de l’organisation,
de
l’ingéniosité organisatrice. Et certes, il faut une organisation, et
11528
a pas vous plaindre si vous constatez qu’un gland
de
chêne a produit un chêne au lieu de produire un orme. Or, une structu
11529
hommes ; et partiellement croissance liée à celle
de
la culture d’une nation donnée et se nourrissant d’elle — et dans cet
11530
rtiellement croissance liée à celle de la culture
d’
une nation donnée et se nourrissant d’elle — et dans cette mesure elle
11531
la culture d’une nation donnée et se nourrissant
d’
elle — et dans cette mesure elle est différente de la structure politi
11532
d’elle — et dans cette mesure elle est différente
de
la structure politique d’autres nations. Il importe d’être bien clair
11533
structure politique d’autres nations. Il importe
d’
être bien clair sur le sens que nous donnons à ce mot de « culture »,
11534
bien clair sur le sens que nous donnons à ce mot
de
« culture », de manière à faire clairement ressortir la distinction e
11535
tion entre, d’une part, l’organisation matérielle
de
l’Europe, et, d’autre part, cet organisme spirituel propre qu’est l’E
11536
entre, d’une part, l’organisation matérielle de l’
Europe
, et, d’autre part, cet organisme spirituel propre qu’est l’Europe. Si
11537
tre part, cet organisme spirituel propre qu’est l’
Europe
. Si l’Europe meurt en tant qu’organisme spirituel, ce qui restera à o
11538
organisme spirituel propre qu’est l’Europe. Si l’
Europe
meurt en tant qu’organisme spirituel, ce qui restera à organiser maté
11539
restera à organiser matériellement ne sera plus l’
Europe
, mais une foule amorphe d’êtres humains parlant différentes langues.
11540
ent ne sera plus l’Europe, mais une foule amorphe
d’
êtres humains parlant différentes langues. Ajoutons que ces êtres huma
11541
ues. Ajoutons que ces êtres humains n’auront plus
de
raison valable de parler des langues différentes, parce qu’ils n’auro
11542
ces êtres humains n’auront plus de raison valable
de
parler des langues différentes, parce qu’ils n’auront plus rien à dir
11543
à l’heure qu’il ne saurait y avoir une culture «
européenne
» si les divers pays d’Europe sont isolés les uns des autres ; j’ajou
11544
oir une culture « européenne » si les divers pays
d’
Europe sont isolés les uns des autres ; j’ajouterai à présent qu’il ne
11545
r une culture « européenne » si les divers pays d’
Europe
sont isolés les uns des autres ; j’ajouterai à présent qu’il ne saura
11546
u’il ne saurait pas davantage y avoir une culture
européenne
si ces divers pays sont ramenés à un état d’uniformité. Nous avons be
11547
opéenne si ces divers pays sont ramenés à un état
d’
uniformité. Nous avons besoin de diversité dans l’unité ; non pas dans
11548
ramenés à un état d’uniformité. Nous avons besoin
de
diversité dans l’unité ; non pas dans l’unité d’organisation mais dan
11549
de diversité dans l’unité ; non pas dans l’unité
d’
organisation mais dans l’unité de nature. T. S. Eliot met en garde co
11550
pas dans l’unité d’organisation mais dans l’unité
de
nature. T. S. Eliot met en garde contre toute planification européen
11551
S. Eliot met en garde contre toute planification
européenne
qui ne respecterait pas la nature particulière de notre unité culture
11552
ne qui ne respecterait pas la nature particulière
de
notre unité culturelle317 : Le monde occidental tient son unité prop
11553
317 : Le monde occidental tient son unité propre
de
son patrimoine culturel, du christianisme et des anciennes civilisati
11554
, du christianisme et des anciennes civilisations
de
la Grèce, de Rome et d’Israël, dont deux millénaires de chrétienté no
11555
nisme et des anciennes civilisations de la Grèce,
de
Rome et d’Israël, dont deux millénaires de chrétienté nous ont tous f
11556
s anciennes civilisations de la Grèce, de Rome et
d’
Israël, dont deux millénaires de chrétienté nous ont tous faits les hé
11557
Grèce, de Rome et d’Israël, dont deux millénaires
de
chrétienté nous ont tous faits les héritiers… C’est cette unité défin
11558
placer ce que nous donne cette unité fondamentale
de
culture. Si nous dissipons ou si nous aliénons ce commun patrimoine c
11559
esprits les plus ingénieux, ne pourra nous tirer
d’
affaire ou nous rapprocher les uns des autres. Cette unité culturelle,
11560
traire une pluralité des allégeances. Il est faux
de
penser que le seul devoir de l’individu serait son devoir envers l’Ét
11561
geances. Il est faux de penser que le seul devoir
de
l’individu serait son devoir envers l’État ; et il est exorbitant de
11562
t son devoir envers l’État ; et il est exorbitant
de
considérer comme le devoir suprême de l’individu celui qui le lierait
11563
exorbitant de considérer comme le devoir suprême
de
l’individu celui qui le lierait à quelque super-État. Quant à cette
11564
ierait à quelque super-État. Quant à cette unité
de
culture toute nourrie de nos diversités, T. S. Eliot en donne un exem
11565
at. Quant à cette unité de culture toute nourrie
de
nos diversités, T. S. Eliot en donne un exemple d’autant plus frappan
11566
e nos diversités, T. S. Eliot en donne un exemple
d’
autant plus frappant qu’il est emprunté au domaine de la poésie, que l
11567
utant plus frappant qu’il est emprunté au domaine
de
la poésie, que le romantisme nous faisait considérer comme le plus «
11568
nal » et le plus fermé aux échanges318 : L’unité
de
la culture européenne est un sujet très vaste, en vérité, et nul ne d
11569
us fermé aux échanges318 : L’unité de la culture
européenne
est un sujet très vaste, en vérité, et nul ne devrait l’aborder qu’à
11570
iculière qu’il possède… Je suis poète et critique
de
la poésie. Je tenterai de montrer ce que cette profession peut avoir
11571
suis poète et critique de la poésie. Je tenterai
de
montrer ce que cette profession peut avoir à faire avec mon sujet et
11572
expérience me conduit. On a souvent soutenu que,
de
toutes les langues de l’Europe moderne, c’est l’anglais qui offre le
11573
. On a souvent soutenu que, de toutes les langues
de
l’Europe moderne, c’est l’anglais qui offre le plus de richesses à qu
11574
a souvent soutenu que, de toutes les langues de l’
Europe
moderne, c’est l’anglais qui offre le plus de richesses à qui veut éc
11575
Europe moderne, c’est l’anglais qui offre le plus
de
richesses à qui veut écrire de la poésie. Je le crois pour ma part. E
11576
qui offre le plus de richesses à qui veut écrire
de
la poésie. Je le crois pour ma part. Et j’en vois la raison dans la v
11577
conquête normande. Survient alors une succession
d’
influences françaises, vérifiables grâce aux mots adoptés à différente
11578
… Enfin, moins facile à détecter, mais à mon sens
d’
une importance considérable, il y a l’élément celtique. Mais je ne pen
11579
bord, à propos de la poésie, aux Rythmes. Chacune
de
ces langues a apporté sa musique propre, et la richesse poétique de l
11580
pporté sa musique propre, et la richesse poétique
de
l’anglais consiste surtout dans la variété de ses éléments métriques.
11581
que de l’anglais consiste surtout dans la variété
de
ses éléments métriques. Voici le rythme des premiers vers saxons, le
11582
franco-normand, le rythme gallois, et l’influence
de
générations d’étude de la poésie latine et grecque. Aujourd’hui encor
11583
le rythme gallois, et l’influence de générations
d’
étude de la poésie latine et grecque. Aujourd’hui encore, l’anglais di
11584
me gallois, et l’influence de générations d’étude
de
la poésie latine et grecque. Aujourd’hui encore, l’anglais dispose de
11585
et grecque. Aujourd’hui encore, l’anglais dispose
de
possibilités permanentes de se rafraîchir à ces sources : sans même p
11586
re, l’anglais dispose de possibilités permanentes
de
se rafraîchir à ces sources : sans même parler du vocabulaire, les po
11587
tique, c’est qu’il combine en lui tant de sources
européennes
. La possibilité, pour chaque littérature, de se renouveler, d’accéder
11588
péennes. La possibilité, pour chaque littérature,
de
se renouveler, d’accéder à une nouvelle étape créatrice, et de découv
11589
ilité, pour chaque littérature, de se renouveler,
d’
accéder à une nouvelle étape créatrice, et de découvrir de nouveaux us
11590
ler, d’accéder à une nouvelle étape créatrice, et
de
découvrir de nouveaux usages des mots, dépend de deux choses : premiè
11591
r à une nouvelle étape créatrice, et de découvrir
de
nouveaux usages des mots, dépend de deux choses : premièrement, de sa
11592
de découvrir de nouveaux usages des mots, dépend
de
deux choses : premièrement, de sa faculté d’assimiler des influences
11593
s des mots, dépend de deux choses : premièrement,
de
sa faculté d’assimiler des influences étrangères, secondement, de sa
11594
pend de deux choses : premièrement, de sa faculté
d’
assimiler des influences étrangères, secondement, de sa faculté de rev
11595
assimiler des influences étrangères, secondement,
de
sa faculté de revenir à ses sources et de s’en instruire. Quant à la
11596
influences étrangères, secondement, de sa faculté
de
revenir à ses sources et de s’en instruire. Quant à la première condi
11597
dement, de sa faculté de revenir à ses sources et
de
s’en instruire. Quant à la première condition : lorsque les diverses
11598
première condition : lorsque les diverses nations
de
l’Europe sont coupées les unes des autres et que les poètes ne lisent
11599
ère condition : lorsque les diverses nations de l’
Europe
sont coupées les unes des autres et que les poètes ne lisent plus d’a
11600
unes des autres et que les poètes ne lisent plus
d’
autre littérature que celle de leur propre langue, la poésie dépérit n
11601
ètes ne lisent plus d’autre littérature que celle
de
leur propre langue, la poésie dépérit nécessairement dans chaque pays
11602
s qui lui soient propres et qui remontent du fond
de
son histoire ; mais d’une importance au moins égale m’apparaissent le
11603
s et qui remontent du fond de son histoire ; mais
d’
une importance au moins égale m’apparaissent les sources auxquelles no
11604
xquelles nous puisons en commun, les littératures
de
Rome, de la Grèce et d’Israël. Ce que j’ai dit de la poésie me paraît
11605
nous puisons en commun, les littératures de Rome,
de
la Grèce et d’Israël. Ce que j’ai dit de la poésie me paraît aussi vr
11606
commun, les littératures de Rome, de la Grèce et
d’
Israël. Ce que j’ai dit de la poésie me paraît aussi vrai des autres a
11607
de Rome, de la Grèce et d’Israël. Ce que j’ai dit
de
la poésie me paraît aussi vrai des autres arts… Dans la pratique de c
11608
raît aussi vrai des autres arts… Dans la pratique
de
chacun d’eux nous découvrons les trois mêmes éléments : la tradition
11609
vrai des autres arts… Dans la pratique de chacun
d’
eux nous découvrons les trois mêmes éléments : la tradition locale, la
11610
êmes éléments : la tradition locale, la tradition
européenne
commune, et l’influence réciproque de l’art d’un pays sur celui d’un
11611
ion européenne commune, et l’influence réciproque
de
l’art d’un pays sur celui d’un autre. Nul n’a mieux illustré ces éch
11612
éenne commune, et l’influence réciproque de l’art
d’
un pays sur celui d’un autre. Nul n’a mieux illustré ces échanges d’i
11613
influence réciproque de l’art d’un pays sur celui
d’
un autre. Nul n’a mieux illustré ces échanges d’influences au sein de
11614
d’un autre. Nul n’a mieux illustré ces échanges
d’
influences au sein de l’unité foncière de la littérature européenne qu
11615
échanges d’influences au sein de l’unité foncière
de
la littérature européenne que celui qui fut le plus grand « comparati
11616
ces au sein de l’unité foncière de la littérature
européenne
que celui qui fut le plus grand « comparatiste » de la littérature de
11617
que celui qui fut le plus grand « comparatiste »
de
la littérature de notre temps : Ernst Robert Curtius. Dans l’introduc
11618
le plus grand « comparatiste » de la littérature
de
notre temps : Ernst Robert Curtius. Dans l’introduction de son dernie
11619
temps : Ernst Robert Curtius. Dans l’introduction
de
son dernier ouvrage il insiste sur l’impossibilité d’interpréter aucu
11620
on dernier ouvrage il insiste sur l’impossibilité
d’
interpréter aucune de nos « littératures nationales » en l’isolant art
11621
insiste sur l’impossibilité d’interpréter aucune
de
nos « littératures nationales » en l’isolant artificiellement des aut
11622
des autres, comme le font encore nos manuels : L’
Europe
n’est qu’un nom, « un terme géographique » (comme Metternich le disai
11623
terme géographique » (comme Metternich le disait
de
l’Italie) si elle n’est pas perçue comme une entité historique. C’est
11624
orique. C’est ce que l’histoire à l’ancienne mode
de
nos manuels ne peut nous montrer : pour elle, l’histoire générale de
11625
eut nous montrer : pour elle, l’histoire générale
de
l’Europe n’existe pas ; c’est simplement une coexistence d’histoires
11626
ous montrer : pour elle, l’histoire générale de l’
Europe
n’existe pas ; c’est simplement une coexistence d’histoires sans lien
11627
e n’existe pas ; c’est simplement une coexistence
d’
histoires sans liens, de peuples et d’États… « L’européanisation du ta
11628
implement une coexistence d’histoires sans liens,
de
peuples et d’États… « L’européanisation du tableau historique », qu’i
11629
coexistence d’histoires sans liens, de peuples et
d’
États… « L’européanisation du tableau historique », qu’il nous faut en
11630
tendre également à la littérature… La littérature
européenne
est co-extensive dans le temps, avec la culture européenne. Elle embr
11631
e est co-extensive dans le temps, avec la culture
européenne
. Elle embrasse donc une période de vingt-six siècles (d’Homère à Goet
11632
ulture européenne. Elle embrasse donc une période
de
vingt-six siècles (d’Homère à Goethe)… Elle constitue une « unité int
11633
e embrasse donc une période de vingt-six siècles (
d’
Homère à Goethe)… Elle constitue une « unité intelligible », qui s’éva
11634
emporel » qui est une caractéristique essentielle
de
la littérature, signifie que la littérature du passé peut toujours êt
11635
Euripide dans l’Iphigénie de Racine et dans celle
de
Goethe. Ou, de nos jours, les Mille et Une Nuits et Calderon dans Hof
11636
’Iphigénie de Racine et dans celle de Goethe. Ou,
de
nos jours, les Mille et Une Nuits et Calderon dans Hofmannsthal, l’Od
11637
pe, Sémiramis, Faust, Don Juan. La dernière œuvre
d’
André Gide, et la plus mûre, fut un Thésée 319. C’est également de so
11638
la plus mûre, fut un Thésée 319. C’est également
de
son expérience d’écrivain que partait Jean-Paul Sartre, lorsqu’il déf
11639
un Thésée 319. C’est également de son expérience
d’
écrivain que partait Jean-Paul Sartre, lorsqu’il définissait, en 19493
11640
lorsqu’il définissait, en 1949320, les conditions
d’
une défense de nos diversités culturelles : il les voyait, lui aussi,
11641
voyait, lui aussi, dans une intégration à l’unité
de
la culture européenne : Peut-on défendre la culture française en tan
11642
ssi, dans une intégration à l’unité de la culture
européenne
: Peut-on défendre la culture française en tant que telle ? À cela,
11643
implement : non. … Avons-nous donc un autre moyen
de
sauver les éléments essentiels de cette culture ? Oui. Mais à la cond
11644
un autre moyen de sauver les éléments essentiels
de
cette culture ? Oui. Mais à la condition de reprendre le problème d’u
11645
Oui. Mais à la condition de reprendre le problème
d’
une façon entièrement différente et de comprendre qu’aujourd’hui il ne
11646
le problème d’une façon entièrement différente et
de
comprendre qu’aujourd’hui il ne peut plus être question d’une culture
11647
ndre qu’aujourd’hui il ne peut plus être question
d’
une culture française, pas plus que d’une culture hollandaise ou suiss
11648
re question d’une culture française, pas plus que
d’
une culture hollandaise ou suisse ou allemande. Si nous voulons que la
11649
e reste, il faut qu’elle soit intégrée aux cadres
d’
une grande culture européenne. Et il ajoutait, passant comme malgré l
11650
lle soit intégrée aux cadres d’une grande culture
européenne
. Et il ajoutait, passant comme malgré lui à des conclusions politiqu
11651
vernements, aux associations ou aux particuliers,
d’
inaugurer une politique culturelle ; bien sûr, on peut multiplier les
11652
rnationaux. Tout cela a été tenté avant la guerre
de
1939. Aujourd’hui ces réalisations, qui ne manquent pas d’intérêt, se
11653
Aujourd’hui ces réalisations, qui ne manquent pas
d’
intérêt, seraient inefficaces parce que nous aurions alors une superst
11654
aucune unité des infrastructures. Il s’agit donc
de
concevoir — et c’est ici que je m’arrêterai, parce que je souhaite év
11655
éviter la question politique — l’unité culturelle
européenne
comme la seule capable de sauver, dans son sein, les cultures de chaq
11656
nité culturelle européenne comme la seule capable
de
sauver, dans son sein, les cultures de chaque pays en ce qu’elles ont
11657
le capable de sauver, dans son sein, les cultures
de
chaque pays en ce qu’elles ont de valable. C’est en visant à une unit
11658
n, les cultures de chaque pays en ce qu’elles ont
de
valable. C’est en visant à une unité de culture européenne que nous s
11659
elles ont de valable. C’est en visant à une unité
de
culture européenne que nous sauverons la culture française ; mais cet
11660
e valable. C’est en visant à une unité de culture
européenne
que nous sauverons la culture française ; mais cette unité de culture
11661
sauverons la culture française ; mais cette unité
de
culture n’aura aucun sens et ne sera faite que de mots, si elle ne se
11662
de culture n’aura aucun sens et ne sera faite que
de
mots, si elle ne se place pas dans le cadre d’un effort beaucoup plus
11663
ue de mots, si elle ne se place pas dans le cadre
d’
un effort beaucoup plus profond pour réaliser une unité économique et
11664
d pour réaliser une unité économique et politique
de
l’Europe. Au thème de l’unité dans la diversité, Arthur Koestler lie
11665
r réaliser une unité économique et politique de l’
Europe
. Au thème de l’unité dans la diversité, Arthur Koestler lie étroitem
11666
té économique et politique de l’Europe. Au thème
de
l’unité dans la diversité, Arthur Koestler lie étroitement celui de l
11667
diversité, Arthur Koestler lie étroitement celui
de
la continuité dans le changement321 qui est sa traduction dans le tem
11668
ce dont nulle autre région ou culture ne fournit
d’
exemples, hors des deux millénaires et demi d’histoire européenne. L’a
11669
nit d’exemples, hors des deux millénaires et demi
d’
histoire européenne. L’art égyptien, représente peut-être le plus haut
11670
les, hors des deux millénaires et demi d’histoire
européenne
. L’art égyptien, représente peut-être le plus haut degré connu de con
11671
en, représente peut-être le plus haut degré connu
de
continuité pendant 2.000 ans ou plus, mais il se produisit dans une c
11672
ui demeura statique durant toute cette période. L’
Europe
, d’autre part, est le continent dont la science et la technologie ouv
11673
tout, a modifié l’environnement naturel et social
de
l’homo sapiens d’une manière si radicale qu’on dirait qu’une espèce n
11674
environnement naturel et social de l’homo sapiens
d’
une manière si radicale qu’on dirait qu’une espèce nouvelle s’est étab
11675
ers des profonds changements qui l’ont précédé, l’
Europe
a réussi à préserver une identité continue et bien distincte, une sor
11676
ne identité continue et bien distincte, une sorte
de
personnalité historique. Continuité dans le changement, unité dans la
11677
té, semblent bien être (comme les quatre éléments
d’
Aristote : la terre et l’air, l’eau et le feu) les constituants d’une
11678
terre et l’air, l’eau et le feu) les constituants
d’
une culture vivante, et plus spécifiquement, d’une culture européenne.
11679
ts d’une culture vivante, et plus spécifiquement,
d’
une culture européenne. La continuité sans changement caractérise quel
11680
re vivante, et plus spécifiquement, d’une culture
européenne
. La continuité sans changement caractérise quelques-unes des plus hau
11681
érise quelques-unes des plus hautes civilisations
de
l’Asie ; le changement mais sans conscience profonde d’une continuité
11682
sie ; le changement mais sans conscience profonde
d’
une continuité enracinée dans le passé, caractérise les nations de pio
11683
enracinée dans le passé, caractérise les nations
de
pionniers des continents américain et australien. Mais les humanistes
11684
australien. Mais les humanistes révolutionnaires
de
la Renaissance et les têtes chaudes de la Réformation puisèrent leurs
11685
tionnaires de la Renaissance et les têtes chaudes
de
la Réformation puisèrent leurs inspirations modernes dans les vieux t
11686
ion française emprunta ses symboles et les titres
de
ses fonctions d’État aux institutions républicaines de Rome, et les e
11687
runta ses symboles et les titres de ses fonctions
d’
État aux institutions républicaines de Rome, et les enseignements de M
11688
s fonctions d’État aux institutions républicaines
de
Rome, et les enseignements de Marx lui-même ont leurs archétypes et l
11689
tions républicaines de Rome, et les enseignements
de
Marx lui-même ont leurs archétypes et leurs racines dans le pathos de
11690
pes et leurs racines dans le pathos des Prophètes
de
l’Ancien Testament, dans les éléments platoniciens de la philosophie
11691
’Ancien Testament, dans les éléments platoniciens
de
la philosophie de Hegel, et dans les acrobaties dialectiques de l’Éco
11692
dans les éléments platoniciens de la philosophie
de
Hegel, et dans les acrobaties dialectiques de l’École aristotélicienn
11693
hie de Hegel, et dans les acrobaties dialectiques
de
l’École aristotélicienne. Il y a toujours quelque chose de nouveau so
11694
toujours quelque chose de nouveau sous le soleil
européen
, mais c’est la nouveauté organique des jeunes pousses d’un vieil arbr
11695
s c’est la nouveauté organique des jeunes pousses
d’
un vieil arbre, nourries par les sucs de ses racines souterraines. Res
11696
s pousses d’un vieil arbre, nourries par les sucs
de
ses racines souterraines. Reste l’autre polarité : l’unité dans la di
11697
autre polarité : l’unité dans la diversité. Que l’
Europe
évolue vers des formes d’union plus étroite et d’intégration plus pou
11698
la diversité. Que l’Europe évolue vers des formes
d’
union plus étroite et d’intégration plus poussée, nul n’en peut plus d
11699
pe évolue vers des formes d’union plus étroite et
d’
intégration plus poussée, nul n’en peut plus douter ; mais le temps es
11700
er ; mais le temps est une dimension qu’il s’agit
de
prendre au sérieux, et le rythme de cette évolution est de nature à n
11701
qu’il s’agit de prendre au sérieux, et le rythme
de
cette évolution est de nature à nous inquiéter sérieusement. Il ne m’
11702
e au sérieux, et le rythme de cette évolution est
de
nature à nous inquiéter sérieusement. Il ne m’a fallu que trois heure
11703
alogues visant à nous unir, rappelle plutôt celle
d’
un char à bœufs grec peinant dans la boue de la Thessalie. Reconnaisso
11704
celle d’un char à bœufs grec peinant dans la boue
de
la Thessalie. Reconnaissons ici, et dans la fragmentation persistante
11705
aissons ici, et dans la fragmentation persistante
de
l’Europe, le plus grand anachronisme du xxe siècle322. Condensant e
11706
ns ici, et dans la fragmentation persistante de l’
Europe
, le plus grand anachronisme du xxe siècle322. Condensant et clarifi
11707
siècle322. Condensant et clarifiant les apports
de
ses aînés, anticipant sur ceux de ses cadets, l’animateur de la Revu
11708
ant les apports de ses aînés, anticipant sur ceux
de
ses cadets, l’animateur de la Revue de Genève , Robert de Traz (1884
11709
s, anticipant sur ceux de ses cadets, l’animateur
de
la Revue de Genève , Robert de Traz (1884-1951) appelait l’Europe, d
11710
sur ceux de ses cadets, l’animateur de la Revue
de
Genève , Robert de Traz (1884-1951) appelait l’Europe, dès 1929, à re
11711
de Genève , Robert de Traz (1884-1951) appelait l’
Europe
, dès 1929, à relever le défi de l’Histoire en s’unissant : Héritiers
11712
1) appelait l’Europe, dès 1929, à relever le défi
de
l’Histoire en s’unissant : Héritiers magnifiquement privilégiés, les
11713
Héritiers magnifiquement privilégiés, les hommes
d’
Occident n’ont aucun motif de déserter leur propre cause. Qu’ils se ra
11714
vilégiés, les hommes d’Occident n’ont aucun motif
de
déserter leur propre cause. Qu’ils se rapprochent donc pour mieux en
11715
er. Qu’ils fassent, avec sang-froid, l’inventaire
de
leur patrimoine commun. La civilisation européenne est le produit d’u
11716
ntaire de leur patrimoine commun. La civilisation
européenne
est le produit d’une collaboration séculaire et l’on ne saurait en su
11717
commun. La civilisation européenne est le produit
d’
une collaboration séculaire et l’on ne saurait en supprimer l’apport d
11718
éculaire et l’on ne saurait en supprimer l’apport
d’
aucun peuple sans la défigurer et l’affaiblir. Or notre génie d’invent
11719
sans la défigurer et l’affaiblir. Or notre génie
d’
invention est intact. Nos méthodes critiques doivent à leurs principes
11720
éthodes critiques doivent à leurs principes mêmes
de
pouvoir toujours s’adapter aux circonstances imprévues. Une égale pas
11721
er aux circonstances imprévues. Une égale passion
de
l’effort nous anime encore, de l’effort qui conquiert, qui utilise, e
11722
Une égale passion de l’effort nous anime encore,
de
l’effort qui conquiert, qui utilise, et surtout qui transfigure. Car
11723
possibilité réside peut-être dans notre capacité
de
renouvellement. Je dirai mieux : notre capacité de résurrection. À fo
11724
e renouvellement. Je dirai mieux : notre capacité
de
résurrection. À force d’imagination et de courage, nos rêves ne se pe
11725
i mieux : notre capacité de résurrection. À force
d’
imagination et de courage, nos rêves ne se perdent pas dans une extase
11726
apacité de résurrection. À force d’imagination et
de
courage, nos rêves ne se perdent pas dans une extase somnolente : ils
11727
olente : ils sont actifs. Est-ce rêver encore que
de
conseiller à l’Europe, pour se redresser, pour imposer silence à ses
11728
actifs. Est-ce rêver encore que de conseiller à l’
Europe
, pour se redresser, pour imposer silence à ses détracteurs, de se rec
11729
edresser, pour imposer silence à ses détracteurs,
de
se reconnaître une mission nouvelle ? En affirmant son unité conquise
11730
es dangers du dedans, elle aurait conclu un pacte
d’
alliance entre ses fils : ce pacte elle le proposerait ensuite à l’uni
11731
tur, elle les désarmerait en harmonisant non plus
de
petits États que divisent quelques collines, mais des continents que
11732
éans séparent. Elle prendrait la tête des nations
de
la terre parce qu’elle serait seule à leur fournir des principes d’or
11733
qu’elle serait seule à leur fournir des principes
d’
ordre rationnel, un programme d’actions conjuguées, en un mot les dire
11734
nir des principes d’ordre rationnel, un programme
d’
actions conjuguées, en un mot les directives du commandement.323 Ces
11735
rs mots répercutent l’écho des pages prophétiques
d’
Ortega, citées plus haut. Ils s’adressent aux Européens pour leur rapp
11736
s d’Ortega, citées plus haut. Ils s’adressent aux
Européens
pour leur rappeler une vocation plus difficile que le dénigrement de
11737
er une vocation plus difficile que le dénigrement
de
soi-même : celle de faire l’Europe parce qu’il faut faire le Monde, e
11738
difficile que le dénigrement de soi-même : celle
de
faire l’Europe parce qu’il faut faire le Monde, et parce que l’Europe
11739
que le dénigrement de soi-même : celle de faire l’
Europe
parce qu’il faut faire le Monde, et parce que l’Europe seule, en fais
11740
e parce qu’il faut faire le Monde, et parce que l’
Europe
seule, en faisant le Monde, accomplirait sa propre vocation. 278.
11741
ation. 278. Dans une conférence à l’Université
de
Zurich, nov. 1922. Cf. Variété I, Gallimard, Paris, 1924. 279. Dans
11742
tons, résumant les développements du chapitre III
de
ce livre, est extrait d’une conférence de Karl Jaspers recueillie dan
11743
ppements du chapitre III de ce livre, est extrait
d’
une conférence de Karl Jaspers recueillie dans l’Esprit européen, Édit
11744
tre III de ce livre, est extrait d’une conférence
de
Karl Jaspers recueillie dans l’Esprit européen, Éditions de la Baconn
11745
nférence de Karl Jaspers recueillie dans l’Esprit
européen
, Éditions de la Baconnière, 1947, p. 303-304. 280. Die Entdeckung d
11746
spers recueillie dans l’Esprit européen, Éditions
de
la Baconnière, 1947, p. 303-304. 280. Die Entdeckung des Geistes, C
11747
à 42 (chapitre intitulé : « L’Iliade ou le poème
de
la force »). 285. L’Enracinement, Gallimard, Paris, 1949. 286. Le
11748
inement, Gallimard, Paris, 1949. 286. Le Déclin
de
l’Occident, trad. Tazerout, coll. « Bibliothèque des idées », Gallima
11749
and Cudahy, New York, 1957- 288. R. Schneider :
Europa
als Lebensform, Hegner, 1957. 289. Formation de l’Europe, t. VII, 3
11750
pa als Lebensform, Hegner, 1957. 289. Formation
de
l’Europe, t. VII, 340, Plon, Paris, 1937. 290. Cette expression que
11751
s Lebensform, Hegner, 1957. 289. Formation de l’
Europe
, t. VII, 340, Plon, Paris, 1937. 290. Cette expression que nous avon
11752
ression que nous avons citée plus haut (rex pater
Europæ
) n’est pas seulement symbolique. Si l’on en croit O. Forst de Battagl
11753
l’on en croit O. Forst de Battaglia et son Traité
de
généalogie, Lausanne, 1945, on peut évaluer à 20 millions le nombre d
11754
t évaluer à 20 millions le nombre des descendants
de
Charlemagne actuellement en vie ! 291. The Making of Europe, 1932.
11755
emagne actuellement en vie ! 291. The Making of
Europe
, 1932. Nous citons d’après l’édition de Meridian Books, New York, 195
11756
ng of Europe, 1932. Nous citons d’après l’édition
de
Meridian Books, New York, 1958, p. 16-17. 292. Id. ibid., p. 243-44
11757
ag, Einsiedeln. 294. S. de Madariaga : L’Esprit
de
l’Europe, Mouvement européen, Bruxelles, 1952. 295. E. Husserl : Die
11758
insiedeln. 294. S. de Madariaga : L’Esprit de l’
Europe
, Mouvement européen, Bruxelles, 1952. 295. E. Husserl : Die Krisis d
11759
S. de Madariaga : L’Esprit de l’Europe, Mouvement
européen
, Bruxelles, 1952. 295. E. Husserl : Die Krisis der Europäischen Wiss
11760
, tome VI des Œuvres complètes, sous la direction
de
H. L. van Breda, Martinus Nijhoff, La Haye, 1954. 296. Benedetto Cro
11761
anç. Librairie Plon, Paris, 1960. 297. L’Esprit
de
l’Europe, édité par le Mouvement européen, Bruxelles, 1952, chapitre
11762
Librairie Plon, Paris, 1960. 297. L’Esprit de l’
Europe
, édité par le Mouvement européen, Bruxelles, 1952, chapitre 5. 298.
11763
97. L’Esprit de l’Europe, édité par le Mouvement
européen
, Bruxelles, 1952, chapitre 5. 298. Id. ibid., chap. 2. 299. Karl J
11764
Id. ibid., chap. 2. 299. Karl Jaspers : L’Esprit
européen
, La Baconnière, Neuchâtel, 1957, p. 298 à 302. 300. Op. cit., p. 42
11765
p. 424. 301. Id. ibid., p. 433. 302. L’Esprit
européen
, Éditions de la Baconnière, Neuchâtel, 1949, p. 148-156. 303. Confér
11766
ibid., p. 433. 302. L’Esprit européen, Éditions
de
la Baconnière, Neuchâtel, 1949, p. 148-156. 303. Conférence prononcé
11767
1946, et publiée dans le recueil des Conférences
de
l’Unesco, Éditions de la revue Fontaine, Paris, 1947. 304. Extraits
11768
le recueil des Conférences de l’Unesco, Éditions
de
la revue Fontaine, Paris, 1947. 304. Extraits de The World and the W
11769
de la revue Fontaine, Paris, 1947. 304. Extraits
de
The World and the West, Oxford University Press, 1953. 305. Extraits
11770
st, Oxford University Press, 1953. 305. Extraits
d’
une conférence donnée à Vienne en 1956, parue dans le Bulletin du Cent
11771
en de la culture, n° 2, 1957. 306. El Rapto del
Europa
, chap. II et Épilogue, trad. française par M. Pomès. Le Rapt de l’Eur
11772
t Épilogue, trad. française par M. Pomès. Le Rapt
de
l’Europe, Stock, Paris, 1960. 307. Spektrum Europas, 19. 308. Publ
11773
logue, trad. française par M. Pomès. Le Rapt de l’
Europe
, Stock, Paris, 1960. 307. Spektrum Europas, 19. 308. Publié par la
11774
ibrairie Stock, Paris, 1960. 309. The Making of
Europe
, Meridian Books, New York. 310. Ibid. 311. Les Origines de la civ
11775
Books, New York. 310. Ibid. 311. Les Origines
de
la civilisation européenne, 1958, I. 312. Rappelons qu’Ortega écriva
11776
10. Ibid. 311. Les Origines de la civilisation
européenne
, 1958, I. 312. Rappelons qu’Ortega écrivait ceci en 1930. 313. La
11777
Francke Verlag, Berne 1948. 320. Dans un article
de
la revue Politique étrangère, dont les extraits furent présentés à la
11778
ont les extraits furent présentés à la Conférence
européenne
de la culture, Lausanne, 1949. 321. Cf. plus haut la citation de Ste
11779
raits furent présentés à la Conférence européenne
de
la culture, Lausanne, 1949. 321. Cf. plus haut la citation de Stephe
11780
, Lausanne, 1949. 321. Cf. plus haut la citation
de
Stephen Spender. 322. Extrait d’une conférence à Vienne, mars 1958,
11781
aut la citation de Stephen Spender. 322. Extrait
d’
une conférence à Vienne, mars 1958, Texte allemand dans Forum, Vienne,
11782
anglais communiqué par l’auteur. 323. L’Esprit
de
Genève, Grasset, Paris 1929, p. 259-260.
11783
Appendice Manifestes pour l’union
européenne
(de 1922 à 1960) Parmi les centaines de textes de toute nature, man
11784
Appendice Manifestes pour l’union européenne (
de
1922 à 1960) Parmi les centaines de textes de toute nature, manifes
11785
européenne (de 1922 à 1960) Parmi les centaines
de
textes de toute nature, manifestes de mouvements, déclarations de con
11786
(de 1922 à 1960) Parmi les centaines de textes
de
toute nature, manifestes de mouvements, déclarations de congrès, réso
11787
s centaines de textes de toute nature, manifestes
de
mouvements, déclarations de congrès, résolutions de parlements, disco
11788
te nature, manifestes de mouvements, déclarations
de
congrès, résolutions de parlements, discours d’hommes d’État, préambu
11789
mouvements, déclarations de congrès, résolutions
de
parlements, discours d’hommes d’État, préambules aux traités et conve
11790
s de congrès, résolutions de parlements, discours
d’
hommes d’État, préambules aux traités et conventions, qui balisent le
11791
traités et conventions, qui balisent le parcours
de
l’Idée européenne depuis un tiers de siècle, ceux que l’on va citer o
11792
t conventions, qui balisent le parcours de l’Idée
européenne
depuis un tiers de siècle, ceux que l’on va citer ont marqué des étap
11793
le parcours de l’Idée européenne depuis un tiers
de
siècle, ceux que l’on va citer ont marqué des étapes, à divers titres
11794
e Richard Coudenhove-Kalergi lançait, par la voie
de
la presse allemande et autrichienne, un premier appel à créer la « Pa
11795
éen, dont nous extrayons les passages suivants :
Européens
! Européennes ! L’heure du destin de l’Europe a sonné ! Dans les usin
11796
us extrayons les passages suivants : Européens !
Européennes
! L’heure du destin de l’Europe a sonné ! Dans les usines de toute l’
11797
ts : Européens ! Européennes ! L’heure du destin
de
l’Europe a sonné ! Dans les usines de toute l’Europe, on forge chaque
11798
Européens ! Européennes ! L’heure du destin de l’
Europe
a sonné ! Dans les usines de toute l’Europe, on forge chaque jour des
11799
e du destin de l’Europe a sonné ! Dans les usines
de
toute l’Europe, on forge chaque jour des armes destinées au massacre
11800
de l’Europe a sonné ! Dans les usines de toute l’
Europe
, on forge chaque jour des armes destinées au massacre des hommes de l
11801
e jour des armes destinées au massacre des hommes
de
l’Europe, — dans les laboratoires européens, on prépare des poisons d
11802
r des armes destinées au massacre des hommes de l’
Europe
, — dans les laboratoires européens, on prépare des poisons destinés à
11803
e des hommes de l’Europe, — dans les laboratoires
européens
, on prépare des poisons destinés à l’anéantissement des femmes et des
11804
inés à l’anéantissement des femmes et des enfants
de
l’Europe. Avec une inconcevable légèreté, l’Europe joue ses destinées
11805
à l’anéantissement des femmes et des enfants de l’
Europe
. Avec une inconcevable légèreté, l’Europe joue ses destinées, avec un
11806
ts de l’Europe. Avec une inconcevable légèreté, l’
Europe
joue ses destinées, avec un inconcevable aveuglement elle refuse de v
11807
ées, avec un inconcevable aveuglement elle refuse
de
voir ce qui vient, avec une inconcevable passivité elle se laisse pou
11808
t réside dans la Paneurope, dans le rassemblement
de
tous les États démocratiques du continent en un groupement politique
11809
es dans ses affaires. … Sans une garantie durable
de
la paix en Europe, toute union douanière européenne reste impossible.
11810
faires. … Sans une garantie durable de la paix en
Europe
, toute union douanière européenne reste impossible. Aussi longtemps q
11811
rable de la paix en Europe, toute union douanière
européenne
reste impossible. Aussi longtemps que chaque État vit dans la peur co
11812
emps que chaque État vit dans la peur continuelle
de
ses voisins, il doit s’assurer de sa subsistance autonome en temps de
11813
eur continuelle de ses voisins, il doit s’assurer
de
sa subsistance autonome en temps de guerre, comme une place assiégée.
11814
oit s’assurer de sa subsistance autonome en temps
de
guerre, comme une place assiégée. Il lui faut pour cela des industrie
11815
et des cordons douaniers. Seule, la substitution
de
l’arbitrage obligatoire au risque de guerre pourrait ouvrir la voie à
11816
ion des frontières douanières et au libre-échange
européen
. … La communauté des intérêts pave le chemin qui mène à la Communauté
11817
n qui mène à la Communauté politique. La Question
européenne
, la voici : « Est-il possible que sur la petite presqu’île européenne
11818
: « Est-il possible que sur la petite presqu’île
européenne
, 25 États vivent côte à côte dans l’anarchie internationale, sans qu’
11819
he politique, économique et culturelle ? L’avenir
de
l’Europe dépend de la réponse qui sera donnée à cette question. Il es
11820
litique, économique et culturelle ? L’avenir de l’
Europe
dépend de la réponse qui sera donnée à cette question. Il est donc en
11821
mique et culturelle ? L’avenir de l’Europe dépend
de
la réponse qui sera donnée à cette question. Il est donc entre les ma
11822
à cette question. Il est donc entre les mains des
Européens
. Vivant dans des États démocratiques, nous sommes co-responsables de
11823
États démocratiques, nous sommes co-responsables
de
la politique de nos gouvernements. Nous n’avons pas le droit de nous
11824
ques, nous sommes co-responsables de la politique
de
nos gouvernements. Nous n’avons pas le droit de nous borner à la crit
11825
e de nos gouvernements. Nous n’avons pas le droit
de
nous borner à la critique, nous avons le devoir de contribuer à l’éla
11826
e nous borner à la critique, nous avons le devoir
de
contribuer à l’élaboration de nos destins politiques. Si les peuples
11827
ous avons le devoir de contribuer à l’élaboration
de
nos destins politiques. Si les peuples de l’Europe le veulent, la Pan
11828
oration de nos destins politiques. Si les peuples
de
l’Europe le veulent, la Paneurope se réalisera : Il leur suffit, pour
11829
on de nos destins politiques. Si les peuples de l’
Europe
le veulent, la Paneurope se réalisera : Il leur suffit, pour cela, de
11830
neurope se réalisera : Il leur suffit, pour cela,
de
refuser leurs voix à tous les candidats et partis dont le programme e
11831
gramme est antieuropéen. Il ne faut pas se lasser
de
répéter cette vérité simple : une Europe divisée conduit à la guerre,
11832
as se lasser de répéter cette vérité simple : une
Europe
divisée conduit à la guerre, à l’oppression, à la misère, une Europe
11833
uit à la guerre, à l’oppression, à la misère, une
Europe
unie à la paix, à la prospérité ! Sauvez l’Europe et vos enfants ! L
11834
Europe unie à la paix, à la prospérité ! Sauvez l’
Europe
et vos enfants ! Le programme et le Manifeste furent adoptés par un
11835
grès qui se réunit à Vienne en 1927. Les effigies
de
Sully, Comenius, l’abbé de Saint-Pierre, Kant, Mazzini, Hugo et Nietz
11836
ministre des Affaires étrangères, décida en 1928
de
soumettre à la Société des Nations un projet de Confédération europée
11837
8 de soumettre à la Société des Nations un projet
de
Confédération européenne. Devenu président du Conseil en 1929, et par
11838
la Société des Nations un projet de Confédération
européenne
. Devenu président du Conseil en 1929, et parlant au nom de la France,
11839
ce, il prononça le 5 septembre devant l’assemblée
de
la Société des Nations à Genève, un discours retentissant, appelant l
11840
e, un discours retentissant, appelant les peuples
de
l’Europe à nouer une « sorte de lien fédéral » : Je me suis associé
11841
discours retentissant, appelant les peuples de l’
Europe
à nouer une « sorte de lien fédéral » : Je me suis associé pendant c
11842
elant les peuples de l’Europe à nouer une « sorte
de
lien fédéral » : Je me suis associé pendant ces dernières années à u
11843
en faveur d’une idée qu’on a bien voulu qualifier
de
généreuse, peut-être pour se dispenser de la qualifier d’imprudente.
11844
alifier de généreuse, peut-être pour se dispenser
de
la qualifier d’imprudente. Cette idée, qui est née il y a bien des an
11845
euse, peut-être pour se dispenser de la qualifier
d’
imprudente. Cette idée, qui est née il y a bien des années, qui a hant
11846
qui leur a valu ce qu’on peut appeler des succès
d’
estime, cette idée a progressé dans les esprits par sa valeur propre.
11847
i sont géographiquement groupés comme les peuples
d’
Europe, il doit exister une sorte de lien fédéral […]. C’est ce lien q
11848
sont géographiquement groupés comme les peuples d’
Europe
, il doit exister une sorte de lien fédéral […]. C’est ce lien que je
11849
e les peuples d’Europe, il doit exister une sorte
de
lien fédéral […]. C’est ce lien que je voudrais m’efforcer d’établir.
11850
ral […]. C’est ce lien que je voudrais m’efforcer
d’
établir. Évidemment, l’association agira surtout dans le domaine écono
11851
, le lien fédéral, sans toucher à la souveraineté
d’
aucune des nations qui pourraient faire partie d’une telle association
11852
d’aucune des nations qui pourraient faire partie
d’
une telle association, peut être bienfaisant. Il fut décidé peu après
11853
é par la France. Le Mémorandum sur l’organisation
d’
un régime d’union fédérale européenne, daté du 1er mai 1930 et présent
11854
nce. Le Mémorandum sur l’organisation d’un régime
d’
union fédérale européenne, daté du 1er mai 1930 et présenté à la Socié
11855
m sur l’organisation d’un régime d’union fédérale
européenne
, daté du 1er mai 1930 et présenté à la Société des Nations en septemb
11856
et présenté à la Société des Nations en septembre
de
la même année, fut rédigé par Alexis Léger, le plus proche collaborat
11857
gé par Alexis Léger, le plus proche collaborateur
de
Briand. (On sait qu’Alexis Léger est aussi le grand poète qui signe S
11858
t-John Perse.) En voici deux brefs extraits tirés
de
l’introduction et de la conclusion : … Nul ne doute aujourd’hui que
11859
ci deux brefs extraits tirés de l’introduction et
de
la conclusion : … Nul ne doute aujourd’hui que le manque de cohésion
11860
usion : … Nul ne doute aujourd’hui que le manque
de
cohésion dans le groupement des forces matérielles et morales de l’Eu
11861
s le groupement des forces matérielles et morales
de
l’Europe ne constitue, pratiquement, le plus sérieux obstacle au déve
11862
groupement des forces matérielles et morales de l’
Europe
ne constitue, pratiquement, le plus sérieux obstacle au développement
11863
rieux obstacle au développement et à l’efficacité
de
toutes institutions politiques ou juridiques sur quoi tendent à se fo
11864
uoi tendent à se fonder les premières entreprises
d’
une organisation universelle de la paix. Cette dispersion de forces ne
11865
mières entreprises d’une organisation universelle
de
la paix. Cette dispersion de forces ne limite pas moins gravement, en
11866
nisation universelle de la paix. Cette dispersion
de
forces ne limite pas moins gravement, en Europe, les possibilités d’é
11867
rsion de forces ne limite pas moins gravement, en
Europe
, les possibilités d’élargissement du marché économique, les tentative
11868
pas moins gravement, en Europe, les possibilités
d’
élargissement du marché économique, les tentatives d’intensification e
11869
largissement du marché économique, les tentatives
d’
intensification et d’amélioration de la production industrielle, et pa
11870
é économique, les tentatives d’intensification et
d’
amélioration de la production industrielle, et par là même toutes gara
11871
es tentatives d’intensification et d’amélioration
de
la production industrielle, et par là même toutes garanties contre le
11872
s garanties contre les crises du travail, sources
d’
instabilité politique aussi bien que sociale. Or, le danger d’un tel m
11873
é politique aussi bien que sociale. Or, le danger
d’
un tel morcellement se trouve encore accru du fait de l’étendue des fr
11874
n tel morcellement se trouve encore accru du fait
de
l’étendue des frontières nouvelles (plus de 20.000 kilomètres de barr
11875
fait de l’étendue des frontières nouvelles (plus
de
20.000 kilomètres de barrières douanières) que les Traités de paix on
11876
s frontières nouvelles (plus de 20.000 kilomètres
de
barrières douanières) que les Traités de paix ont dû créer pour faire
11877
lomètres de barrières douanières) que les Traités
de
paix ont dû créer pour faire droit, en Europe, aux aspirations nation
11878
Traités de paix ont dû créer pour faire droit, en
Europe
, aux aspirations nationales… C’est sur le plan de la souveraineté abs
11879
pe, aux aspirations nationales… C’est sur le plan
de
la souveraineté absolue et de l’entière indépendance politique que do
11880
… C’est sur le plan de la souveraineté absolue et
de
l’entière indépendance politique que doit être réalisée l’entente ent
11881
ue que doit être réalisée l’entente entre Nations
européennes
. […] Avec les droits de souveraineté, n’est-ce pas le génie même de c
11882
te entre Nations européennes. […] Avec les droits
de
souveraineté, n’est-ce pas le génie même de chaque nation qui peut tr
11883
roits de souveraineté, n’est-ce pas le génie même
de
chaque nation qui peut trouver à s’affirmer encore plus consciemment,
11884
particulière à l’œuvre collective, sous un régime
d’
Union fédérale pleinement compatible avec le respect des traditions et
11885
lus propice ni plus pressante pour l’inauguration
d’
une œuvre constructive en Europe. Le règlement des principaux problème
11886
e pour l’inauguration d’une œuvre constructive en
Europe
. Le règlement des principaux problèmes, matériels et moraux, consécut
11887
cutifs à la dernière guerre aura bientôt libéré l’
Europe
nouvelle de ce qui grevait le plus lourdement sa psychologie, autant
11888
ière guerre aura bientôt libéré l’Europe nouvelle
de
ce qui grevait le plus lourdement sa psychologie, autant que son écon
11889
réponde à un ordre nouveau. Heure décisive, où l’
Europe
attentive peut disposer elle-même de son propre destin. S’unir pour v
11890
ve, où l’Europe attentive peut disposer elle-même
de
son propre destin. S’unir pour vivre et prospérer : telle est la stri
11891
devant laquelle se trouvent désormais les Nations
d’
Europe. Il semble que le sentiment des peuples se soit déjà clairement
11892
vant laquelle se trouvent désormais les Nations d’
Europe
. Il semble que le sentiment des peuples se soit déjà clairement manif
11893
lairement manifesté à ce sujet. Aux gouvernements
d’
assumer aujourd’hui leurs responsabilités, sous peine d’abandonner au
11894
mer aujourd’hui leurs responsabilités, sous peine
d’
abandonner au risque d’initiatives particulières et d’entreprises déso
11895
esponsabilités, sous peine d’abandonner au risque
d’
initiatives particulières et d’entreprises désordonnées le groupement
11896
andonner au risque d’initiatives particulières et
d’
entreprises désordonnées le groupement de forces matérielles et morale
11897
ières et d’entreprises désordonnées le groupement
de
forces matérielles et morales dont il leur appartient de garder la ma
11898
es matérielles et morales dont il leur appartient
de
garder la maîtrise collective, au bénéfice de la communauté européenn
11899
ent de garder la maîtrise collective, au bénéfice
de
la communauté européenne autant que de l’humanité. La proposition fr
11900
maîtrise collective, au bénéfice de la communauté
européenne
autant que de l’humanité. La proposition française n’eut pas de suit
11901
u bénéfice de la communauté européenne autant que
de
l’humanité. La proposition française n’eut pas de suites concrètes :
11902
e l’humanité. La proposition française n’eut pas
de
suites concrètes : d’une part, tout en préconisant une conférence des
11903
n comité politique, un secrétariat et un tribunal
européen
, elle entendait sauvegarder les « souverainetés absolues » ce qui eût
11904
e part, la Grande-Bretagne affirmait une attitude
d’
isolation, cependant qu’Hitler remportait son premier grand succès éle
11905
mme raisonnables, échouait devant le déchaînement
de
souverainetés devenues folles. La guerre de 1939 était dès lors fatal
11906
ement de souverainetés devenues folles. La guerre
de
1939 était dès lors fatale. On n’a pas oublié qu’Hitler prétendait lu
11907
pas oublié qu’Hitler prétendait lui aussi faire l’
Europe
. Il ne trompa personne dans le camp fédéraliste. Et c’est précisément
11908
ne dans le camp fédéraliste. Et c’est précisément
de
la Résistance que ressurgit l’idée d’union. Dès 1942, un groupe de pr
11909
précisément de la Résistance que ressurgit l’idée
d’
union. Dès 1942, un groupe de prisonniers politiques concentrés dans l
11910
que ressurgit l’idée d’union. Dès 1942, un groupe
de
prisonniers politiques concentrés dans l’Île de Ventotene fait circul
11911
in, réunis en grand secret à Genève, au printemps
de
1944, les représentants des mouvements de résistance de neuf pays met
11912
intemps de 1944, les représentants des mouvements
de
résistance de neuf pays mettent au point la déclaration suivante :
11913
4, les représentants des mouvements de résistance
de
neuf pays mettent au point la déclaration suivante : Projet de décl
11914
ttent au point la déclaration suivante : Projet
de
déclaration des Résistances européennes (extrait)324 Quelques milita
11915
uivante : Projet de déclaration des Résistances
européennes
(extrait)324 Quelques militants des mouvements de résistance du Dane
11916
s (extrait)324 Quelques militants des mouvements
de
résistance du Danemark, de France, d’Italie, de Norvège, des Pays-Bas
11917
litants des mouvements de résistance du Danemark,
de
France, d’Italie, de Norvège, des Pays-Bas, de Pologne, de Tchécoslov
11918
mouvements de résistance du Danemark, de France,
d’
Italie, de Norvège, des Pays-Bas, de Pologne, de Tchécoslovaquie et de
11919
s de résistance du Danemark, de France, d’Italie,
de
Norvège, des Pays-Bas, de Pologne, de Tchécoslovaquie et de Yougoslav
11920
k, de France, d’Italie, de Norvège, des Pays-Bas,
de
Pologne, de Tchécoslovaquie et de Yougoslavie, et le représentant d’u
11921
, d’Italie, de Norvège, des Pays-Bas, de Pologne,
de
Tchécoslovaquie et de Yougoslavie, et le représentant d’un groupe de
11922
, des Pays-Bas, de Pologne, de Tchécoslovaquie et
de
Yougoslavie, et le représentant d’un groupe de militants antinazis en
11923
coslovaquie et de Yougoslavie, et le représentant
d’
un groupe de militants antinazis en Allemagne, se sont réunis dans une
11924
et de Yougoslavie, et le représentant d’un groupe
de
militants antinazis en Allemagne, se sont réunis dans une ville d’Eur
11925
nazis en Allemagne, se sont réunis dans une ville
d’
Europe les 31 mars, 29 avril, 20 mai, 6 et 7 juillet. Ils ont élaboré
11926
zis en Allemagne, se sont réunis dans une ville d’
Europe
les 31 mars, 29 avril, 20 mai, 6 et 7 juillet. Ils ont élaboré le pro
11927
20 mai, 6 et 7 juillet. Ils ont élaboré le projet
de
déclaration ci-dessous qu’ils ont soumis à la discussion et à l’appro
11928
ils ont soumis à la discussion et à l’approbation
de
leurs mouvements respectifs et de l’ensemble des mouvements de résist
11929
à l’approbation de leurs mouvements respectifs et
de
l’ensemble des mouvements de résistance européens… La résistance à l’
11930
ements respectifs et de l’ensemble des mouvements
de
résistance européens… La résistance à l’oppression nazie qui unit les
11931
ifs et de l’ensemble des mouvements de résistance
européens
… La résistance à l’oppression nazie qui unit les peuples d’Europe dan
11932
istance à l’oppression nazie qui unit les peuples
d’
Europe dans un même combat a créé entre eux une solidarité et une comm
11933
tance à l’oppression nazie qui unit les peuples d’
Europe
dans un même combat a créé entre eux une solidarité et une communauté
11934
a créé entre eux une solidarité et une communauté
de
but et d’intérêts qui prennent toute leur signification et toute leur
11935
re eux une solidarité et une communauté de but et
d’
intérêts qui prennent toute leur signification et toute leur portée da
11936
rtée dans le fait que les délégués des mouvements
de
résistance européens se sont réunis pour rédiger la présente déclarat
11937
ait que les délégués des mouvements de résistance
européens
se sont réunis pour rédiger la présente déclaration. … Souscrivant au
11938
tion. … Souscrivant aux déclarations essentielles
de
la Charte de l’Atlantique, ils affirment que la vie des peuples qu’il
11939
rivant aux déclarations essentielles de la Charte
de
l’Atlantique, ils affirment que la vie des peuples qu’ils représenten
11940
’ils représentent doit être fondée sur le respect
de
la personne, la sécurité, la justice sociale, l’utilisation intégrale
11941
ctivité tout entière et l’épanouissement autonome
de
la vie nationale. Ces buts ne peuvent être atteints que si les divers
11942
tteints que si les divers pays du monde acceptent
de
dépasser le dogme de la souveraineté absolue des États en s’intégrant
11943
vers pays du monde acceptent de dépasser le dogme
de
la souveraineté absolue des États en s’intégrant dans une unique orga
11944
nt dans une unique organisation fédérale. La paix
européenne
est la clé de voûte de la paix du monde. En effet, dans l’espace d’un
11945
anisation fédérale. La paix européenne est la clé
de
voûte de la paix du monde. En effet, dans l’espace d’une seule généra
11946
fédérale. La paix européenne est la clé de voûte
de
la paix du monde. En effet, dans l’espace d’une seule génération, l’E
11947
oûte de la paix du monde. En effet, dans l’espace
d’
une seule génération, l’Europe a été l’épicentre de deux conflits mond
11948
En effet, dans l’espace d’une seule génération, l’
Europe
a été l’épicentre de deux conflits mondiaux qui ont eu avant tout pou
11949
’une seule génération, l’Europe a été l’épicentre
de
deux conflits mondiaux qui ont eu avant tout pour origine l’existence
11950
nt tout pour origine l’existence sur ce continent
de
trente États souverains. Il importe de remédier à cette anarchie par
11951
continent de trente États souverains. Il importe
de
remédier à cette anarchie par la création d’une Union fédérale entre
11952
orte de remédier à cette anarchie par la création
d’
une Union fédérale entre les peuples européens. Seule une Union fédéra
11953
a création d’une Union fédérale entre les peuples
européens
. Seule une Union fédérale permettra la participation du peuple allema
11954
ttra la participation du peuple allemand à la vie
européenne
sans qu’il soit un danger pour les autres peuples. Seule une Union fé
11955
utres peuples. Seule une Union fédérale permettra
de
résoudre les problèmes des tracés de frontières dans les zones de pop
11956
le permettra de résoudre les problèmes des tracés
de
frontières dans les zones de population mixte, qui cesseront ainsi d’
11957
problèmes des tracés de frontières dans les zones
de
population mixte, qui cesseront ainsi d’être l’objet des folles convo
11958
es zones de population mixte, qui cesseront ainsi
d’
être l’objet des folles convoitises nationalistes et deviendront de si
11959
s folles convoitises nationalistes et deviendront
de
simples questions de délimitation territoriale, de pure compétence ad
11960
nationalistes et deviendront de simples questions
de
délimitation territoriale, de pure compétence administrative. Seule u
11961
e simples questions de délimitation territoriale,
de
pure compétence administrative. Seule une Union fédérale permettra la
11962
ra la solution logique et naturelle des problèmes
de
l’accès à la mer des pays situés à l’intérieur du continent, de l’uti
11963
a mer des pays situés à l’intérieur du continent,
de
l’utilisation rationnelle des fleuves qui traversent plusieurs États,
11964
ent plusieurs États, du contrôle des détroits et,
d’
une manière générale, de la plupart des problèmes qui ont troublé les
11965
contrôle des détroits et, d’une manière générale,
de
la plupart des problèmes qui ont troublé les relations internationale
11966
exercer une juridiction directe dans les limites
de
ses attributions. 2. Une armée placée sous les ordres de ce gouvernem
11967
attributions. 2. Une armée placée sous les ordres
de
ce gouvernement et excluant toute autre armée nationale. 3. Un tribun
11968
toutes les questions relatives à l’interprétation
de
la Constitution fédérale et tranchera les différends éventuels entre
11969
ntre les États et la fédération. … Les mouvements
de
résistance soussignés s’engagent à considérer leurs problèmes nationa
11970
ectifs comme des aspects particuliers du problème
européen
dans son ensemble et ils décident de constituer dès à présent un bure
11971
oblème européen dans son ensemble et ils décident
de
constituer dès à présent un bureau permanent chargé de coordonner leu
11972
nstituer dès à présent un bureau permanent chargé
de
coordonner leurs efforts pour la libération de leurs pays, pour l’org
11973
gé de coordonner leurs efforts pour la libération
de
leurs pays, pour l’organisation de l’Union fédérale des peuples europ
11974
la libération de leurs pays, pour l’organisation
de
l’Union fédérale des peuples européens et pour l’instauration de la p
11975
ur l’organisation de l’Union fédérale des peuples
européens
et pour l’instauration de la paix et de la justice dans le monde. Le
11976
rale des peuples européens et pour l’instauration
de
la paix et de la justice dans le monde. Les mouvements fédéralistes
11977
es européens et pour l’instauration de la paix et
de
la justice dans le monde. Les mouvements fédéralistes qui se constit
11978
ux, en septembre 1947, leur premier grand congrès
européen
après la guerre, sont animés par de jeunes chefs issus de la Résistan
11979
congrès européen après la guerre, sont animés par
de
jeunes chefs issus de la Résistance : Spinelli, Kogon, Brugmans, Fren
11980
la guerre, sont animés par de jeunes chefs issus
de
la Résistance : Spinelli, Kogon, Brugmans, Frenay. En même temps, que
11981
ême temps, quelques hommes politiques qui ont été
de
ceux qu’Hitler a emprisonnés ou exilés, ou de ceux qui ont conduit la
11982
été de ceux qu’Hitler a emprisonnés ou exilés, ou
de
ceux qui ont conduit la lutte contre les totalitaires, se prononcent
11983
prononcent en faveur d’une « union plus étroite »
de
nos peuples. Les militants travaillent, écrivent et organisent ; les
11984
Zurich, le 16 septembre 1946, propose « une sorte
d’
États-Unis d’Europe325 : Ce noble continent est le foyer des grandes
11985
tinent est le foyer des grandes races ancestrales
de
l’Occident. Il est la source de la foi et de l’éthique chrétienne. Il
11986
races ancestrales de l’Occident. Il est la source
de
la foi et de l’éthique chrétienne. Il est le berceau de la civilisati
11987
ales de l’Occident. Il est la source de la foi et
de
l’éthique chrétienne. Il est le berceau de la civilisation occidental
11988
foi et de l’éthique chrétienne. Il est le berceau
de
la civilisation occidentale. Et pourtant, c’est de l’Europe que sont
11989
e la civilisation occidentale. Et pourtant, c’est
de
l’Europe que sont issues toutes les terribles querelles nationalistes
11990
civilisation occidentale. Et pourtant, c’est de l’
Europe
que sont issues toutes les terribles querelles nationalistes qui, par
11991
es nationalistes qui, par deux fois dans le temps
de
nos vies, sont venues briser la paix et obscurcir l’avenir de toute l
11992
sont venues briser la paix et obscurcir l’avenir
de
toute l’humanité. Quel est donc le sort misérable auquel l’Europe se
11993
umanité. Quel est donc le sort misérable auquel l’
Europe
se voit réduite ? Quelques-uns des petits États ont certes réussi à s
11994
ts États ont certes réussi à se relever, mais sur
de
vastes territoires des masses tremblantes d’êtres humains tourmentés
11995
sur de vastes territoires des masses tremblantes
d’
êtres humains tourmentés et angoissés, affamés, rongés de soucis et se
11996
humains tourmentés et angoissés, affamés, rongés
de
soucis et se sentant perdus ouvrent des yeux agrandis sur les ruines
11997
t perdus ouvrent des yeux agrandis sur les ruines
de
leurs villes et de leurs foyers, et scrutent le sombre horizon, cherc
11998
s yeux agrandis sur les ruines de leurs villes et
de
leurs foyers, et scrutent le sombre horizon, cherchant d’où vont veni
11999
foyers, et scrutent le sombre horizon, cherchant
d’
où vont venir les nouveaux périls, la tyrannie ou la terreur. Parmi le
12000
ie ou la terreur. Parmi les vainqueurs, une Babel
de
voix confuses ; parmi les vaincus le morne silence du désespoir. N’ét
12001
is désormais que la ruine et la mise en esclavage
de
l’Europe scelleraient aussi leur propre destin, les temps sombres du
12002
sormais que la ruine et la mise en esclavage de l’
Europe
scelleraient aussi leur propre destin, les temps sombres du Moyen Âge
12003
erait comme par miracle toute la scène, et ferait
de
l’Europe, en peu d’années, une terre aussi libre et heureuse que cell
12004
comme par miracle toute la scène, et ferait de l’
Europe
, en peu d’années, une terre aussi libre et heureuse que celle de la S
12005
cle toute la scène, et ferait de l’Europe, en peu
d’
années, une terre aussi libre et heureuse que celle de la Suisse d’auj
12006
nées, une terre aussi libre et heureuse que celle
de
la Suisse d’aujourd’hui. Quel est ce remède souverain ? C’est de refo
12007
re aussi libre et heureuse que celle de la Suisse
d’
aujourd’hui. Quel est ce remède souverain ? C’est de reformer la famil
12008
aujourd’hui. Quel est ce remède souverain ? C’est
de
reformer la famille européenne, dans toute la mesure où nous le pouvo
12009
e remède souverain ? C’est de reformer la famille
européenne
, dans toute la mesure où nous le pouvons encore, et de l’assurer d’un
12010
ans toute la mesure où nous le pouvons encore, et
de
l’assurer d’une structure à l’abri de laquelle elle puisse vivre en p
12011
mesure où nous le pouvons encore, et de l’assurer
d’
une structure à l’abri de laquelle elle puisse vivre en paix et en séc
12012
encore, et de l’assurer d’une structure à l’abri
de
laquelle elle puisse vivre en paix et en sécurité. Nous devons constr
12013
et en sécurité. Nous devons construire une sorte
d’
États-Unis d’Europe. Ainsi seulement, des centaines de millions de tra
12014
ats-Unis d’Europe. Ainsi seulement, des centaines
de
millions de travailleurs seront capables de retrouver les simples joi
12015
urope. Ainsi seulement, des centaines de millions
de
travailleurs seront capables de retrouver les simples joies et les es
12016
aines de millions de travailleurs seront capables
de
retrouver les simples joies et les espoirs qui rendent la vie digne d
12017
les joies et les espoirs qui rendent la vie digne
d’
être vécue. De la conjonction d’une vingtaine de « mouvements fédéral
12018
s espoirs qui rendent la vie digne d’être vécue.
De
la conjonction d’une vingtaine de « mouvements fédéralistes », de que
12019
ent la vie digne d’être vécue. De la conjonction
d’
une vingtaine de « mouvements fédéralistes », de quelques grands homme
12020
d’être vécue. De la conjonction d’une vingtaine
de
« mouvements fédéralistes », de quelques grands hommes politiques, et
12021
n d’une vingtaine de « mouvements fédéralistes »,
de
quelques grands hommes politiques, et de plusieurs centaines de déput
12022
istes », de quelques grands hommes politiques, et
de
plusieurs centaines de députés, dirigeants syndicalistes, intellectue
12023
ands hommes politiques, et de plusieurs centaines
de
députés, dirigeants syndicalistes, intellectuels et économistes, conj
12024
, le Polonais Joseph Retinger, résulte le Congrès
de
l’Europe, qui se réunit à La Haye le 7 mai 1948. Le document que nous
12025
Polonais Joseph Retinger, résulte le Congrès de l’
Europe
, qui se réunit à La Haye le 7 mai 1948. Le document que nous citons,
12026
e la séance finale : Message aux Européens326 L’
Europe
est menacée, l’Europe est divisée, et la plus grave menace vient de s
12027
Message aux Européens326 L’Europe est menacée, l’
Europe
est divisée, et la plus grave menace vient de ses divisions. Appauvri
12028
nace vient de ses divisions. Appauvrie, encombrée
de
barrières qui empêchent ses biens de circuler, mais qui ne sauraient
12029
e, encombrée de barrières qui empêchent ses biens
de
circuler, mais qui ne sauraient plus la protéger, notre Europe désuni
12030
er, mais qui ne sauraient plus la protéger, notre
Europe
désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à
12031
éger, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun
de
nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indép
12032
s ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse
de
son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les probl
12033
à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun
de
nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économi
12034
oblèmes que lui pose l’économie moderne. À défaut
d’
une union librement consentie, notre anarchie présente nous exposera d
12035
n à l’unification forcée, soit par l’intervention
d’
un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un parti du dedans. L’heu
12036
tion d’un empire du dehors, soit par l’usurpation
d’
un parti du dedans. L’heure est venue d’entreprendre une action qui so
12037
surpation d’un parti du dedans. L’heure est venue
d’
entreprendre une action qui soit à la mesure du danger. Tous ensemble,
12038
le, demain, nous pouvons édifier avec les peuples
d’
outre-mer associés à nos destinées, la plus grande formation politique
12039
on politique et le plus vaste ensemble économique
de
notre temps. Jamais l’histoire du monde n’aura connu un si puissant r
12040
u monde n’aura connu un si puissant rassemblement
d’
hommes libres. Jamais la guerre, la peur et la misère n’auront été mis
12041
grand péril et cette grande espérance la vocation
de
l’Europe se définit clairement. Elle est d’unir ses peuples selon leu
12042
péril et cette grande espérance la vocation de l’
Europe
se définit clairement. Elle est d’unir ses peuples selon leur vrai gé
12043
ation de l’Europe se définit clairement. Elle est
d’
unir ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la diversité,
12044
ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui
de
la diversité, et dans les conditions du xxe siècle, qui sont celles
12045
ns les conditions du xxe siècle, qui sont celles
de
la communauté, afin d’ouvrir au monde la voie qu’il cherche, la voie
12046
herche, la voie des libertés organisées. Elle est
de
ranimer ses pouvoirs d’invention pour la défense et pour l’illustrati
12047
rtés organisées. Elle est de ranimer ses pouvoirs
d’
invention pour la défense et pour l’illustration des droits et des dev
12048
et pour l’illustration des droits et des devoirs
de
la personne humaine, dont malgré toute ses infidélités, l’Europe deme
12049
nne humaine, dont malgré toute ses infidélités, l’
Europe
demeure aux yeux du monde le grand témoin. La conquête suprême de l’E
12050
eux du monde le grand témoin. La conquête suprême
de
l’Europe s’appelle la dignité de l’homme et sa vraie force est dans l
12051
u monde le grand témoin. La conquête suprême de l’
Europe
s’appelle la dignité de l’homme et sa vraie force est dans la liberté
12052
conquête suprême de l’Europe s’appelle la dignité
de
l’homme et sa vraie force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final
12053
force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final
de
notre lutte. C’est pour sauver nos libertés acquises, mais aussi pour
12054
éfice à tous les hommes, que nous voulons l’union
de
notre continent. Sur cette union l’Europe joue son destin et celui de
12055
ons l’union de notre continent. Sur cette union l’
Europe
joue son destin et celui de la paix du monde. Soit donc notoire à tou
12056
Sur cette union l’Europe joue son destin et celui
de
la paix du monde. Soit donc notoire à tous que nous, Européens, rasse
12057
paix du monde. Soit donc notoire à tous que nous,
Européens
, rassemblés pour donner une voix à tous les peuples de ce continent,
12058
assemblés pour donner une voix à tous les peuples
de
ce continent, déclarons solennellement notre commune volonté dans les
12059
adoptées par notre Congrès : 1° Nous voulons une
Europe
unie, rendue dans toute son étendue à la libre circulation des hommes
12060
des droits de l’homme, garantissant les libertés
de
pensée, de réunion et d’expression, ainsi que le libre exercice d’une
12061
de l’homme, garantissant les libertés de pensée,
de
réunion et d’expression, ainsi que le libre exercice d’une opposition
12062
arantissant les libertés de pensée, de réunion et
d’
expression, ainsi que le libre exercice d’une opposition politique. 3°
12063
nion et d’expression, ainsi que le libre exercice
d’
une opposition politique. 3° Nous voulons une Cour de justice capable
12064
ne opposition politique. 3° Nous voulons une Cour
de
justice capable d’appliquer les sanctions nécessaires pour que soit r
12065
ique. 3° Nous voulons une Cour de justice capable
d’
appliquer les sanctions nécessaires pour que soit respectée la Charte.
12066
espectée la Charte. 4° Nous voulons une Assemblée
européenne
, où soient représentées les forces vives de toutes nos nations. 5° Et
12067
ropéenne, où soient représentées les forces vives
de
toutes nos nations. 5° Et nous prenons de bonne foi l’engagement d’ap
12068
s vives de toutes nos nations. 5° Et nous prenons
de
bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers
12069
ons. 5° Et nous prenons de bonne foi l’engagement
d’
appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos pa
12070
nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer
de
tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans
12071
t les gouvernements qui travaillent à cette œuvre
de
salut public, suprême chance de la paix et gage d’un grand avenir, po
12072
ent à cette œuvre de salut public, suprême chance
de
la paix et gage d’un grand avenir, pour cette génération et celles qu
12073
e salut public, suprême chance de la paix et gage
d’
un grand avenir, pour cette génération et celles qui la suivront. Du
12074
génération et celles qui la suivront. Du congrès
de
La Haye naît le Mouvement européen, dont l’action immédiate aboutit,
12075
uivront. Du congrès de La Haye naît le Mouvement
européen
, dont l’action immédiate aboutit, un an plus tard, à la création du C
12076
à la création du Conseil de l’Europe. Le congrès
de
La Haye, dans sa Résolution politique, avait proclamé : « L’heure est
12077
t proclamé : « L’heure est venue pour les nations
de
l’Europe de transférer certains de leurs droits souverains pour les e
12078
clamé : « L’heure est venue pour les nations de l’
Europe
de transférer certains de leurs droits souverains pour les exercer dé
12079
« L’heure est venue pour les nations de l’Europe
de
transférer certains de leurs droits souverains pour les exercer désor
12080
ur les nations de l’Europe de transférer certains
de
leurs droits souverains pour les exercer désormais en commun. » En fa
12081
e à ce vœu, se trouva réaliser plutôt les projets
d’
Aristide Briand. La conférence des délégués nationaux, le comité polit
12082
olitique, le secrétariat permanent et le tribunal
européen
préconisés par le Mémorandum de 1930 trouvent en effet leur réalisati
12083
le tribunal européen préconisés par le Mémorandum
de
1930 trouvent en effet leur réalisation dans l’Assemblée consultative
12084
, le secrétariat et la Cour des droits de l’homme
de
Strasbourg. Aussi n’est-il pas question de « lien fédéral » ni de « t
12085
’homme de Strasbourg. Aussi n’est-il pas question
de
« lien fédéral » ni de « transfert de souveraineté », mais seulement
12086
ussi n’est-il pas question de « lien fédéral » ni
de
« transfert de souveraineté », mais seulement « d’union plus étroite
12087
as question de « lien fédéral » ni de « transfert
de
souveraineté », mais seulement « d’union plus étroite » dans l’articl
12088
e « transfert de souveraineté », mais seulement «
d’
union plus étroite » dans l’article 1er du Statut du Conseil de l’Euro
12089
rticle 1er (a) Le but du Conseil de l’Europe est
de
réaliser une union plus étroite entre ses Membres afin de sauvegarder
12090
étroite entre ses Membres afin de sauvegarder et
de
promouvoir les idéaux et les principes qui sont leur patrimoine commu
12091
les principes qui sont leur patrimoine commun et
de
favoriser leur progrès économique et social. (b) Ce but sera poursuiv
12092
es organes du Conseil, par l’examen des questions
d’
intérêt commun, par la conclusion d’accords et par l’adoption d’une ac
12093
des questions d’intérêt commun, par la conclusion
d’
accords et par l’adoption d’une action commune dans les domaines écono
12094
un, par la conclusion d’accords et par l’adoption
d’
une action commune dans les domaines économique, social, culturel, sci
12095
ions relatives à la défense nationale ne sont pas
de
la compétence du Conseil de l’Europe. En revanche, trois ans plus ta
12096
ui répond, dès son préambule, aux vœux du congrès
de
La Haye, en parlant d’une « fusion des intérêts essentiels » et « d’i
12097
mbule, aux vœux du congrès de La Haye, en parlant
d’
une « fusion des intérêts essentiels » et « d’institutions communes ca
12098
ant d’une « fusion des intérêts essentiels » et «
d’
institutions communes capables d’orienter un destin désormais partagé
12099
ssentiels » et « d’institutions communes capables
d’
orienter un destin désormais partagé ». Les six parties contractantes
12100
menacent ; Convaincus que la contribution qu’une
Europe
organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensabl
12101
tien des relations pacifiques ; Conscients que l’
Europe
ne se construira que par des réalisations concrètes créant d’abord un
12102
lisations concrètes créant d’abord une solidarité
de
fait, et par l’établissement de bases communes de développement écono
12103
rd une solidarité de fait, et par l’établissement
de
bases communes de développement économique ; Soucieux de concourir p
12104
de fait, et par l’établissement de bases communes
de
développement économique ; Soucieux de concourir par l’expansion de
12105
communes de développement économique ; Soucieux
de
concourir par l’expansion de leurs productions fondamentales au relèv
12106
onomique ; Soucieux de concourir par l’expansion
de
leurs productions fondamentales au relèvement du niveau de la vie et
12107
productions fondamentales au relèvement du niveau
de
la vie et au progrès des œuvres de paix ; Résolus à substituer aux r
12108
ment du niveau de la vie et au progrès des œuvres
de
paix ; Résolus à substituer aux rivalités séculaires une fusion de l
12109
à substituer aux rivalités séculaires une fusion
de
leurs intérêts essentiels, à fonder par l’instauration d’une communau
12110
intérêts essentiels, à fonder par l’instauration
d’
une communauté économique les premières assises d’une communauté plus
12111
d’une communauté économique les premières assises
d’
une communauté plus large et plus profonde entre des peuples longtemps
12112
ar des divisions sanglantes, et à jeter les bases
d’
institutions capables d’orienter un destin désormais partagé ; Ont dé
12113
tes, et à jeter les bases d’institutions capables
d’
orienter un destin désormais partagé ; Ont décidé de créer une Commun
12114
rienter un destin désormais partagé ; Ont décidé
de
créer une Communauté européenne du charbon et de l’acier… Et l’artic
12115
igné à Rome le 25 mars 1957) revient à la formule
de
l’union « plus étroite » : mais ce comparatif prend cette fois-ci un
12116
end cette fois-ci un sens concret, puisqu’on part
d’
une union existante réalisée par la CECA. Les chefs des États membres
12117
ne action commune le progrès économique et social
de
leur pays en éliminant les barrières qui divisent l’Europe… Soucieux
12118
ur pays en éliminant les barrières qui divisent l’
Europe
… Soucieux de renforcer l’unité de leurs économies et d’en assurer le
12119
ant les barrières qui divisent l’Europe… Soucieux
de
renforcer l’unité de leurs économies et d’en assurer le développement
12120
divisent l’Europe… Soucieux de renforcer l’unité
de
leurs économies et d’en assurer le développement harmonieux en réduis
12121
ucieux de renforcer l’unité de leurs économies et
d’
en assurer le développement harmonieux en réduisant l’écart entre les
12122
gions et le retard des moins favorisées. Désireux
de
contribuer, grâce à une politique commerciale commune, à la suppressi
12123
instituant la CECA. Quant aux aspects politiques
de
l’union, les porte-paroles des gouvernements ne les évoquent encore q
12124
des gouvernements ne les évoquent encore qu’avec
d’
infinies précautions. Ainsi le général de Gaulle, dans son discours du
12125
il que les nations qui s’associent ne cessent pas
d’
être elles-mêmes et que la voie suivie soit celle d’une coopération or
12126
être elles-mêmes et que la voie suivie soit celle
d’
une coopération organisée des États, en attendant d’en venir, peut-êtr
12127
une coopération organisée des États, en attendant
d’
en venir, peut-être, à une imposante Confédération. Cette attente, ce
12128
er devant les menaces immédiates qui pèsent sur l’
Europe
désunie ? « Vous êtes trop pressés », répètent les hommes d’État aux
12129
essés », répètent les hommes d’État aux pionniers
de
la fédération. Pour le malheur de l’Europe et du monde, ils le répète
12130
t aux pionniers de la fédération. Pour le malheur
de
l’Europe et du monde, ils le répètent depuis six siècles et demi — ex
12131
pionniers de la fédération. Pour le malheur de l’
Europe
et du monde, ils le répètent depuis six siècles et demi — exactement
12132
ècles et demi — exactement depuis 1306. Le projet
de
Pierre Dubois était « prématuré », comme le furent ceux de Podiebrad
12133
Dubois était « prématuré », comme le furent ceux
de
Podiebrad et de Crucé, de Sully et de Comenius, de William Penn et de
12134
prématuré », comme le furent ceux de Podiebrad et
de
Crucé, de Sully et de Comenius, de William Penn et de l’abbé de Saint
12135
», comme le furent ceux de Podiebrad et de Crucé,
de
Sully et de Comenius, de William Penn et de l’abbé de Saint-Pierre, d
12136
furent ceux de Podiebrad et de Crucé, de Sully et
de
Comenius, de William Penn et de l’abbé de Saint-Pierre, de Kant, de S
12137
e Podiebrad et de Crucé, de Sully et de Comenius,
de
William Penn et de l’abbé de Saint-Pierre, de Kant, de Saint-Simon, d
12138
rucé, de Sully et de Comenius, de William Penn et
de
l’abbé de Saint-Pierre, de Kant, de Saint-Simon, de Mazzini, de Coude
12139
us, de William Penn et de l’abbé de Saint-Pierre,
de
Kant, de Saint-Simon, de Mazzini, de Coudenhove et de Briand, enfin d
12140
lliam Penn et de l’abbé de Saint-Pierre, de Kant,
de
Saint-Simon, de Mazzini, de Coudenhove et de Briand, enfin du congrès
12141
l’abbé de Saint-Pierre, de Kant, de Saint-Simon,
de
Mazzini, de Coudenhove et de Briand, enfin du congrès de La Haye. Les
12142
aint-Pierre, de Kant, de Saint-Simon, de Mazzini,
de
Coudenhove et de Briand, enfin du congrès de La Haye. Les conditions
12143
ant, de Saint-Simon, de Mazzini, de Coudenhove et
de
Briand, enfin du congrès de La Haye. Les conditions de « maturité » d
12144
ini, de Coudenhove et de Briand, enfin du congrès
de
La Haye. Les conditions de « maturité » de la fédération politique n’
12145
iand, enfin du congrès de La Haye. Les conditions
de
« maturité » de la fédération politique n’ayant pas été définies, ce
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ongrès de La Haye. Les conditions de « maturité »
de
la fédération politique n’ayant pas été définies, ce jeu peut continu
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eu peut continuer aussi longtemps que les ennemis
de
l’Europe lui en laisseront le loisir, pas davantage. 324. Texte com
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ut continuer aussi longtemps que les ennemis de l’
Europe
lui en laisseront le loisir, pas davantage. 324. Texte complet, lar
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ement commenté, dans L’Europe de Demain, Éditions
de
la Baconnière, Neuchâtel, 1945. 325. Cf. le discours de Briand, supr
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aconnière, Neuchâtel, 1945. 325. Cf. le discours
de
Briand, supra : « une sorte de lien fédéral ». La gaucherie de ces fo
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5. Cf. le discours de Briand, supra : « une sorte
de
lien fédéral ». La gaucherie de ces formules traduit bien l’hésitatio
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pra : « une sorte de lien fédéral ». La gaucherie
de
ces formules traduit bien l’hésitation de la pensée politique. 326.
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ucherie de ces formules traduit bien l’hésitation
de
la pensée politique. 326. Texte recueilli dans l’Europe en Jeu, par
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la pensée politique. 326. Texte recueilli dans l’
Europe
en Jeu, par D. de Rougemont, Éditions de la Baconnière, Neuchâtel, 19
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ns l’Europe en Jeu, par D. de Rougemont, Éditions
de
la Baconnière, Neuchâtel, 1948.