1 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Avant-propos
1 vrage récent sur l’histoire de l’idée européenne, n’ont été retenus que les meilleurs ou les plus significatifs. J’ai c
2 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Première partie. Les Origines d’Hésiode à Charlemagne, (du ixe siècle av. J.-C. au xie siècle de notre ère)
2 siècle av. J.-C. au xie siècle de notre ère) D’ vient le nom ? Quel est son sens ? Depuis quand parle-t-on de l’Europ
3 c et dans les Cévennes, atteint le plateau suisse il établit ses cités lacustres, occupe le bassin de la Seine, et s’av
4 l’exclusion toutefois de l’Italie et de la Grèce, ils n’ont fait que de rapides incursions (à Rome et à Delphes). Leur
5 à l’Europe, il ne paraît pas que l’on sache, ni d’ elle a tiré ce nom ni qui le lui a donné, à moins que nous ne disions
6 ve aux rives de l’Asie pour la conduire en Crète, elle deviendra reine, et mère des rois de la dynastie de Minos. De ce
7 gravées. Il a fixé pour nous le décor printanier les poètes, sculpteurs et peintres de vingt siècles occidentaux feron
8 is envoya à Europé un doux songe. C’était l’heure commence le troisième tiers de la nuit et où l’aurore est proche, l’h
9 eure où commence le troisième tiers de la nuit et l’aurore est proche, l’heure où le sommeil, plus doux que le miel, po
10 ers de la nuit et où l’aurore est proche, l’heure le sommeil, plus doux que le miel, posé sur les paupières des hommes,
11 ettant à leurs yeux un tendre lien, l’heure aussi s’ébat la troupe des songes véridiques ; alors, la fille encore vierg
12 ’elle ses regards, elle fit entendre ces mots : «  m’emportes-tu, taureau divin ? Qui es-tu ? Comment peux-tu parcourir
13 n sans l’aide de Zeus lui-même. Le thème du songe deux femmes se disputent apparaît déjà dans les Perses, l’admirable r
14 om qu’Adam, qui signifie « rouge » ou Phœnix, — d’ Phéniciens. (Hérodote pense que les Phéniciens viennent de la mer Éry
15 e j’ai trahi, ô piété qu’a vaincue mon délire ! D’ suis-je venue, et où ? Une seule mort est trop légère pour la faute d
16 qu’a vaincue mon délire ! D’où suis-je venue, et  ? Une seule mort est trop légère pour la faute des vierges. Suis-je é
17 iens ! Voici l’île sainte aux antres prophétiques tu célébreras ton hymen glorieux, Et de toi sortiront des Enfants hér
18 on de la terre et de la fécondité, la Grande Mère tout est un et divers à la fois. Dès que ce mythe arrive au bord de l
19 n, dans la Grèce continentale. Et voici le moment le génie grec s’en empare pour le faire entrer dans son polythéisme e
20 jusque dans les régions syriennes et phéniciennes le mythe retrouve son point de départ. Cependant, les légendes et les
21 Europe comme continent distinct, même aux époques le nom d’Europe n’éveillait plus, dans les esprits, que la seule idée
22 che, sur l’ordre de leur père. Comme ils ignorent est allé le taureau, ils prennent chacun une direction différente. Ph
23 st, dépasse la Libye, atteint la future Carthage, il donne son nom aux Punici (de Pœni) puis revient en Canaan, qui ser
24 là, à Delphes. Il interroge l’oracle pour savoir il trouvera Europe. La Pythie lui conseille d’abandonner sa Quête, et
25 nner sa Quête, et de suivre plutôt une vache : là cette vache tombera de fatigue, Cadmus devra bâtir une ville. Il achè
26 , jusqu’à ce qu’elle s’effondre, épuisée, au lieu s’élèvera la ville de Thèbes. On voit donc que la Quête d’Europe — se
27 cette « belle Amenât », de ce Couchant mystérieux l’Égypte plaçait le séjour éternel et bienheureux de ses morts. De ce
28 — l’Atlantide — s’était effondrée dans ces eaux, quelques-uns de nos navigateurs modernes ont pensé la retrouver, où c
29 nos navigateurs modernes ont pensé la retrouver, certains de nos géographes et géologues s’entêtent encore à l’entrevo
30 mariage légitime ; Ur, excellent, Hop, espoir : d’ réussit Europ soit espoir excellent d’un mariage légitime, lequel a é
31 e : « Leur excuse est qu’ils vivaient en un temps l’on croyait encore qu’Adam parlait bas-breton, au moins depuis son e
32 ns peuples orientaux qui vivaient dans les pays d’ se lève le soleil, c’est-à-dire en Asie, par le mot Europe, on entend
33 en Asie, par le mot Europe, on entendait le pays le soleil se couche. De leur côté, la lumière ; du nôtre, l’obscurité
34 tagne, aux Îles Britanniques et à la mer du Nord, le Monde cesse… De Carthage, colonie de Tyr (fondée nous l’avons vu,
35 pérature la plus habituelle en est plus douce ; d’ il suit encore que les peuples qui l’habitent sont d’un naturel plus
36 gouvernée par des rois, il en résulte que partout les hommes ne sont ni maîtres de leurs volontés, ni gouvernés par les
37 e, emporté, par cela même que vivant sous un ciel l’esprit éprouve continuellement des secousses, celles-ci rendent l’h
38 les Asiatiques, car j’ai déjà observé que partout les peuples sont soumis à des rois, ils sont nécessairement très-lâch
39 s ont réussi à faire des montagnes et des rochers ils étaient confinés un beau et agréable séjour, grâce à leur adminis
40 le. Mais dans le reste de la partie habitable, là le sol de l’Europe est uni et son climat tempéré, la nature semble av
41 ès vaste continent à découvrir les premières îles il aborde. Quelques siècles plus tard, il apparaît clairement que la
42 gnificative sur la position centrale de la Crète, Zeus avait fait Europe reine : Il n’y a au monde aucune partie qui p
43 rties occidentales de l’Espagne jusqu’à l’endroit commence la mer Méditerranée ; ensuite du côté méridional : ils ont d
44 habitée par les hommes, excepté une petite partie à cause du froid on n’aime pas volontiers à demeurer, du côté de minu
45 res montagnes, et là c’est dur de rester. Mais là c’est plat, c’est un bon pays, et y croissent toutes choses avec une
46 des évangiles célébrant l’Orient comme le lieu d’ vient le salut. Ainsi Matthieu 24, 27 : Comme l’éclair part de l’Ori
47 a première fois « les Européens » dans un passage il repousse toute possibilité que les Asiates, les Européens et Libye
3 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Deuxième partie. Prises de conscience européennes. De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre, (xive au xixe siècle) — 1. Sur plusieurs siècles de silence « européen »
48 — son « toit », dit l’un d’entre eux — ces temps nos ancêtres n’ont manifesté nulle conscience de former une Europe ?
49 tte période d’unité exemplaire serait aussi celle le sujet de cette unité eût ignoré qu’il existât ? J. Calmette ouvre
4 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Deuxième partie. Prises de conscience européennes. De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre, (xive au xixe siècle) — 2. Premiers plans d’union
50 ainte : tu l’as placé peu au-dessous des anges. D’ il suit que la paix universelle est le meilleur de tous les moyens qu
51 nsi qu’il résulte du cinquième livre à Nicomaque, le Philosophe recommande l’interprétation. Nations, royaumes et ville
52 ient de ces pays jusqu’au promontoire de l’Italie commence la mer Adriatique, ainsi que la Sicile. Quant aux gens de la
53 x environs. Il étudia dans l’Université de Paris, il entendit saint Thomas d’Aquin prononcer un sermon et Siger de Brab
54 bois embrassa la carrière des lois au moment même s’opérait dans la judicature française la plus importante des révolut
55 composa le plus important de ses ouvrages, celui il s’est plu à rassembler toutes ses idées de politique et de réforme
56 nts : les trouble-paix seront déportés en Orient, ils auront l’occasion de développer leurs capacités militaires contre
57 nser, lorsqu’il lamente la décadence d’une Europe , dans plusieurs régions, « le Christ est inconnu ou méconnu » : Tran
58 de toi ? Comment a disparu ton éclat sans rival ? est la vigueur de ton peuple ? Où, le respect que toutes les nations
59 at sans rival ? Où est la vigueur de ton peuple ? , le respect que toutes les nations te portaient ? Où, ta majesté roya
60 le respect que toutes les nations te portaient ? , ta majesté royale ? Où ta gloire ? Que t’ont servi tant de victoires
61 es nations te portaient ? Où, ta majesté royale ? ta gloire ? Que t’ont servi tant de victoires, si tu devais si vite ê
62 sorte de Consistoire général qui siégera au lieu l’Assemblée elle-même se trouvera pour le moment, et d’où, comme d’un
63 emblée elle-même se trouvera pour le moment, et d’ , comme d’une source, découleront de partout les ruisseaux de la justi
64 e nom de Pie II en 1458, l’année même, notons-le, Georges Podiebrad était élu roi de Bohême. Byzance venait de tomber a
65 à exposer sa propre vie ? Rien n’y fit. À Ancône, il avait donné rendez-vous aux princes chrétiens, en 1464 — l’année m
66 ous aux princes chrétiens, en 1464 — l’année même Podiebrad avait proposé de réunir à Bâle la première Assemblée fédéra
67 se de Benozzo Gozzoli (Le départ des trois Mages) l’on peut le voir chevauchant vers le concile de Bâle, dans un paysag
5 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Deuxième partie. Prises de conscience européennes. De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre, (xive au xixe siècle) — 3. Le problème de la guerre et l’essor des États (xvie siècle)
68 e l’autorité de la raison ou du droit des gens. D’ il résulte que ce monde est comme une grande cité et tous les hommes
69 nt le temps jaloux a effacé le nom ; car l’époque les vertus ont brillé d’un plus grand éclat, est celle où il s’est tr
70 ertus ont brillé d’un plus grand éclat, est celle il s’est trouvé le plus d’États à les favoriser, poussés par la néces
71 que peu d’hommes illustres. Cette immense contrée dominait pour ainsi dire un seul maître et où, en raison de la grande
72 rée où dominait pour ainsi dire un seul maître et , en raison de la grandeur du continent, la paix régnait trop souvent,
73 e de croire que pendant les cent-cinquante années les Samnites et les Toscans combattirent les Romains avant d’être vai
74 raisons, n’ont pas à redouter une ruine totale. sont les temps où un Sulpice Sévère, louait l’Europe pour ses saints,
75 s à redouter une ruine totale. Où sont les temps un Sulpice Sévère, louait l’Europe pour ses saints, et ne la mettait
6 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Deuxième partie. Prises de conscience européennes. De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre, (xive au xixe siècle) — 4. « Têtes de Turcs »
76 un seul prince… meilleure image du Dieu unique d’ procède l’ordre du monde. Un tel monarque universel ne saurait être
7 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Deuxième partie. Prises de conscience européennes. De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre, (xive au xixe siècle) — 5. Les grands desseins du xviie siècle
77 niens, il seroit necessaire de choisir une ville, tous les Souverains eussent perpétuellement leurs ambassadeurs, afin
78 ation. Voici tout de même un assez court fragment , par une chance rare, le Dessein se résume, mais encore incomplet. En
79 rofusion des symboles saints de sorte que chacun, qu’il se tourne, trouve matière à de saintes réflexions. § 15. Enfin,
80 érusalem merveilleusement édifiée, la seule ville sont dressés les trônes de la justice, les trônes de la maison de Dav
81 . On sait les circonstances de l’Europe à la date William Penn rédige son Essay : l’agression de Louis XIV contre le Pa
82 eilleure et la plus riche contrée du monde connu, les religions, les sciences, la courtoisie et les arts ont leur place
83 aux hommes la connaissance d’eux-mêmes, du monde ils sont nés, et les moyens d’être utiles aux autres et à eux aussi e
84 endrait valable. Ceux qui ont voyagé en Allemagne il y a un si grand nombre d’États se rendent compte de la nécessité e
85 ui puisse tomber dans l’esprit humain. Je ne sais j’irai, mais je sais ce que disait Socrate : Que l’on va loin lorsqu’
86 oyaume, instruit par mes yeux de l’extrême misère les Peuples sont réduits par les grandes Impositions, informé par div
87 er par faire quelques réflexions sur la nécessité sont les Souverains d’Europe, comme les autres hommes, de vivre en Pa
88 anente, pour vivre plus heureux, sur la nécessité ils se trouvent d’avoir des Guerres entre eux, pour la possession ou
89 dans des Traitez de Commerce, de Trêve, de Paix, l’on règle les limites du Territoire, & les autres prétentions ré
90 eront décidez à l’ordinaire par les Juges du lieu demeure le Défenseur : chaque Souverain prêtera la main à l’exécution
8 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Deuxième partie. Prises de conscience européennes. De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre, (xive au xixe siècle) — 6. En marge des grands plans, l’utopie prolifère
91 s souvent vaudraient d’être cités, dans la mesure ils nomment l’Europe comme unité, mais il y faudrait trop de pages. B
92 pe qui puisse y lancer de grandes révolutions. D’ l’idée d’instituer deux grands groupes : une Confédération d’Occident
9 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Troisième partie. L’ère des philosophes. De Leibniz à Condorcet — 1. Perspectives élargies
93 ’orthodoxie russe, il s’épuise à les concilier, d’ sa correspondance fameuse avec Bossuet : œcuménisme. Européen conscie
94 ons tant par les relations nouvelles de la Chine, le christianisme vient d’être autorisé et appuyé d’un édit du roy, qu
95 1674, donne une description sommaire de l’Europe déjà se retrouvent tous les clichés sur la psychologie des peuples qu
96 pas d’aller visiter les savants de tous les lieux ils passent, et de le leur présenter afin qu’ils y mettent leur nom…
97 s plus de dommage que de profit dans les endroits ils logent. Les Anglais, au contraire, sortent d’Angleterre avec de b
98 s, pamphlétaire au service des États en Hollande, il mourut l’année 1701. Des savants enrichissaient leur science de vi
99 ouan, qui fut en 1713 à Paris, en 1715 à Londres, il intervint dans la querelle du calcul infinitésimal ; il se rendit
100 sont fort cultivées ; il en est de même des Indes l’on s’adonne surtout aux occupations pacifiques ; Persans et Turcs e
101 établir dans ces pays. Dans cette partie du monde l’on cultive beaucoup les sciences, il y a un plus grand nombre d’Éta
102 sses et les Provinces-Unies ou États de Hollande, plusieurs cités libres à gouvernement populaire ont formé par leur un
103 s tous les coins du monde. Il n’y a point de pays l’on trouve plus de gens qui aient voyagé qu’on en trouve en France.
10 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Troisième partie. L’ère des philosophes. De Leibniz à Condorcet — 2. L’Europe des lumières
104 les yeux sur l’Europe, nous verrons que les États les lettres sont les plus cultivées ont aussi, à proportion, plus de
105 dans celle de l’avenir. « Il faut examiner l’état l’on est, et non l’état où l’on ne peut être. » Ni Rousseau ni l’abbé
106 l faut examiner l’état où l’on est, et non l’état l’on ne peut être. » Ni Rousseau ni l’abbé de Saint-Pierre ne le conv
107 tulé De la Paix perpétuelle, par le Dr Goodheart, l’on peut lire : La seule paix perpétuelle qui puisse être établie c
108 ne l’était quand César descendit dans votre île, il vous trouva à moitié nus ? A. — Je le crois fermement ; de bonnes
109 reux chez moi à ma façon. Il faut examiner l’état l’on est, et non l’état où l’on ne peut être. Voltaire se tient donc
110 l faut examiner l’état où l’on est, et non l’état l’on ne peut être. Voltaire se tient donc à mi-chemin entre les détr
111 ifisme intégral. Considérant l’Europe dans l’état elle est, pleine d’abus et d’intolérance mais aussi de « lumières » n
112 u fédéralisme « matière toute neuve, écrit-il, et les principes sont encore à établir » ; et peut-être l’a-t-il été. Il
113 pèces de diètes générales sous le nom de congrès, l’on se rend solennellement de tous les états de l’Europe pour s’en r
114 s états de l’Europe pour s’en retourner de même ; l’on s’assemble pour ne rien dire ; où toutes les affaires publiques
115 de même ; où l’on s’assemble pour ne rien dire ; toutes les affaires publiques se traitent en particulier ; où l’on dé
116 s affaires publiques se traitent en particulier ; l’on délibère en commun si la table sera ronde ou carrée, si la salle
117 presseurs. C’est là, ce me semble, l’unique asile la force ne peut ni l’atteindre ni la détruire. On vient d’en voir un
118 es traités : il n’y aura pas une guerre en Europe vous n’ayez l’honneur d’être fourrés : si le bonheur vous en veut, vo
119 prosopopée typique du siècle : … Superbe Grèce ! sont ces villes sans nombre que ta splendeur avait rendues si brillan
120 a transmis dans nos mains ces ouvrages immortels nous puisons encore les préceptes et les exemples du goût le plus pur
121 e, et si d’Europe elle n’eût passé en Amérique, d’ elle a fait le tour du globe, l’homme ne serait encore que le plus es
11 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Troisième partie. L’ère des philosophes. De Leibniz à Condorcet — 3. Évolution : vers le progrès ou vers la décadence ?
122 e anxieux sur le destin de notre civilisation : d’ la naissance exactement simultanée des idées de Progrès à l’infini et
123 ner l’étude de l’Histoire à cette période surtout les différentes Puissances de l’Europe s’étant plus étroitement unies
124 de l’Europe formèrent un vaste système politique, chacune prit un rang, qu’elle a conservé depuis avec beaucoup plus de
125 nce à ces formes particulières de gouvernement, d’ résulta une si grande variété dans le caractère et le génie des natio
126 et l’Europe renaîtrait et fleurirait en Amérique, elle a déjà fait passer ses institutions avec ses nombreuses colonies
127 tionale139. Nous citerons les pages de l’Esquisse il prévoit avec lucidité (mais résout avec trop d’optimisme) les prob
128 s se rapprocher un jour de l’état de civilisation sont parvenus les peuples les plus éclairés, les plus libres, les plu
129 ’abord obtenu. Mais l’instant approche sans doute , cessant de ne leur montrer que des corrupteurs ou des tyrans, nous d
130 ns ces routes aujourd’hui solitaires. En ces murs règne un morne silence, retentissaient sans cesse le bruit des arts,
131 à ma pensée ; je me rappelai ces siècles anciens vingt peuples fameux existaient en ces contrées ; … Cette Syrie, me d
132 t de brillantes créations de la main de l’homme ? sont-ils ces remparts de Ninive, ces murs de Babylonie, ces palais de
133 sépolis, ces temples de Balbeck et de Jérusalem ? sont ces flottes de Tyr, ces chantiers d’Arad, ces ateliers de Sidon,
134 ds, j’arrêtai toutes mes pensées sur la situation je l’avais quittée. Je me rappelai ses campagnes si richement cultivé
135 ves de la Seine, de la Tamise ou du Zuydersée, là maintenant, dans le tourbillon de tant de jouissances, le cœur et les
136 ble patrie des arts et des sciences, le continent la culture a atteint son apogée et qui a conquis pour toujours l’hégé
137 vage et sombre. Et cela en Europe, dans un siècle l’art et la science, le goût, la civilisation et le raffinement ont g
12 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 1. La Révolution française et l’Europe
138  ? Il n’est pas loin de nous peut-être, ce moment la liberté, régnant sans rivale sur les deux mondes, réalisera le vœu
139 r de la Révolution et de la tradition jacobine. D’ le malentendu permanent qui les oppose dès cette date, aux démocrates
13 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 2. Plans d’union européenne contemporains de la Révolution
140 puissances, envoyant chacune deux députés au lieu il se réunirait ; l’un étant le principal, l’autre agissant à l’occas
141 à moins que ce ne fût par ironie, et dans le sens le définissait ce prince gaulois : « (le droit) est l’avantage que la
142 d’un moment dans l’histoire récente de l’Europe, tous les gouvernements eussent préféré avec empressement la sécurité
143 ment sur toute la surface de la Terre que le jour tous les États pourront s’unir en un seul ; ce qui est absolument imp
144 serait de même dans les procès entre les peuples, , peut-être plus souvent encore que dans les litiges d’ordre privé, la
145 jamais ébranlé et déchiré la société. À l’époque éclata la Révolution française, l’Europe avait vraiment déjà fait que
146 au xxe siècle, en Angleterre et aux États-Unis, le « néo-conservatisme » s’autorise de la pondération et du sens réal
147 s la guerre. J’irai plus loin. Il y eut des temps des communautés apparemment en paix les unes avec les autres, furent
148 ment abolies ni confondues dans le despotisme, là prévalait la monarchie. Dans les rares contrées qui avaient rejeté ce
14 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 3. Synthèses historico-philosophiques (I)
149 moyen de la loi, dans les conditions de propriété on le trouve. On a négligé le devoir plus profond de l’État qui consi
150 prix. L’introduction et l’usage des marchandises il n’est tenu compte que de l’opinion, peuvent même être interdits su
151 ant, il part d’Asie, par le nord rejoint l’Europe il submerge l’autre courant… S’il en est ainsi, le troisième courant
15 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 4. Napoléon et l’Europe
152 tre du roi Jérôme de Westphalie. C’était le temps la Gazette de France écrivait sous le titre de « Tableau de l’Europe 
153 eposera l’Europe entière. C’était le temps aussi un Laplace, préconisant le système décimal et une rationalisation gén
154 t être plus favorable à leur adoption, que celle, Napoléon le Grand réunit la moitié de l’Europe sous son empire et par
155 des motifs qui animaient son action politique. D’ les déclarations fréquentes faites à Las Cases sur l’organisation qu’
16 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 5. L’Europe des adversaires de l’empereur
156 ellion ! Qu’arrive-t-il ? que dans tous les États l’on détruit ainsi toute vie partielle, un petit État se forme au cen
157 vie : l’uniformité, c’est la mort. L’année même paraissait la brochure de Constant, manifeste du libéralisme politiqu
158 de Constant, manifeste du libéralisme politique, mourait Fichte, théoricien du nationalisme autarcique, où Napoléon pa
159 it Fichte, théoricien du nationalisme autarcique, Napoléon partait pour Sainte-Hélène tandis que Gentz, le « chevalier
160 nt ce que j’ai vu… Il viendra sans doute un temps tous les peuples de l’Europe sentiront qu’il faut régler les points d
161 on appelle la liberté, c’est-à-dire vers cet État le gouvernement est aussi peu gouvernant, et le gouverné aussi peu go
162 une mobilière, absolument libre de la transporter il voudroit, sûr d’ailleurs d’une protection parfaite sur le sol euro
17 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 6. Goethe
163 pagés… Voici d’abord un choix de propos de Goethe l’on retrouvera les mêmes idées, parfois presque dans les mêmes terme
164 rés inférieurs de la culture. Or, il est un degré elle disparaît complètement et où l’on est en quelque sorte au-dessus
165 il est un degré où elle disparaît complètement et l’on est en quelque sorte au-dessus des nations, où l’on sent le bonh
166 l’on est en quelque sorte au-dessus des nations, l’on sent le bonheur et le malheur de la nation voisine comme si c’ét
167 e formes, lui donna de tout autres idées du point l’humanité peut parvenir. Il aima mieux prendre part à ces immenses a
18 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Quatrième Partie. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — 7. Synthèses historico-philosophiques (II)
168 and poète. Belle et brillante époque, que celle l’Europe était une terre chrétienne, où une seule et unique chrétient
169 que celle où l’Europe était une terre chrétienne, une seule et unique chrétienté habitait ce continent humainement arti
170 la religion sera menée selon un vaste plan divin rien ne sera négligé. Personne ne protestera plus alors contre la con
171 nécessairement, l’âge sacré de la paix éternelle la Jérusalem nouvelle sera la capitale de l’univers. Jusque-là demeur
172 article anonyme sur « La République européenne » l’Europe est décrite comme une création des Germains. En 1819, il sal
173 L’Asie, pourrait-on dire, est le pays de l’unité, tout s’épanouit en grandes masses et dans des circonstances on ne peu
174 es dans l’histoire. La première période est celle seul domine le destin ; force absolument aveugle, il détruit impitoya
175 et de vœux éternels. La seconde période est celle ce qui dans la première apparaissait comme destin, c’est-à-dire comme
176 l’État universel. La troisième période sera celle les forces que dans les périodes précédentes l’on attribuait au desti
177 individuel, sans une fédération de tous les États chacun d’entre eux serait le garant de la constitution de l’autre. Ce
178 rans s’est toujours appesanti dans la mesure même ils croyaient pouvoir se passer de l’unité spirituelle. Il est certai
19 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Cinquième Partie. L’Ère des nations, (de 1848 à 1914) — 1. De l’harmonie entre les nations libérées à l’anarchie des États souverains
179 donnera nécessairement la guerre, au point précis la grande Dialectique idéaliste prévoyait l’avènement de la paix. Ina
180 aginer au monde de plus faux, car sur notre Terre nulle feuille n’est pareille à une autre et où l’on ne peut mener deu
181 re où nulle feuille n’est pareille à une autre et l’on ne peut mener deux chevaux de la même façon, seule une sagesse d
182 tu ne m’as pas écoutée ; va donc en servitude, là il y aura le sifflement du knout et le cliquetis des ukases. Et la Li
183 t tu m’as méprisée ; va donc dans la servitude là il y aura le sifflement du knout et cliquetis des ukases. Je vous le
184 ente toute la bonne volonté humaine, parce que là les autres nations sont seulement des sœurs, elle est mère. Cette mat
185 aris206, Hugo s’élève à des sommets d’éloquence d’ l’on voit l’Europe elle-même se fondre dans l’immensité de l’humanité
186 iste. Alors qu’eût été Proudhon ? Chacun est bien il est : Dieu dans le ciel, et Proudhon sur la terre ; Proudhon cherc
20 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Cinquième Partie. L’Ère des nations, (de 1848 à 1914) — 2. Un idéal de compensation : les États-Unis d’Europe
187 jouer le beau jeu de la dialectique idéaliste. D’ le besoin d’une souveraineté nouvelle, d’une instance supérieure aux
188 n penseur, Mazzini est avant tout un agitateur. D’ l’emploi différent des idées, chez l’un et l’autre. Le philosophe vér
189 moins de ses idéaux. En 1850, réfugié à Londres, il subit les sarcasmes d’un exilé qui va mieux réussir, Karl Marx, Ma
190 , si quelqu’un, il y a quatre siècles, à l’époque la guerre existait de commune à commune, de ville à ville, de provinc
191 ce, au Dauphiné, à la Bourgogne : Un jour viendra vous ne vous ferez plus la guerre, un jour viendra où vous ne lèverez
192 ous ne vous ferez plus la guerre, un jour viendra vous ne lèverez plus d’hommes d’armes les uns contre les autres, un j
193 ’armes les uns contre les autres, un jour viendra l’on ne dira plus : — Les Normands ont attaqué les Picards, les Lorra
194 t cette chimère c’est la réalité… Un jour viendra les armes vous tomberont des mains, à vous aussi ! Un jour viendra où
195 mberont des mains, à vous aussi ! Un jour viendra la guerre vous paraîtra aussi absurde et aussi impossible entre Paris
196 ns, entre Boston et Philadelphie. Un jour viendra vous France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagn
197 s se sont fondues dans la France. Un jour viendra il n’y aura plus d’autres champs de bataille que les marchés s’ouvran
198 les esprits s’ouvrant aux idées. Un jour viendra les boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suff
199 ée législative est à la France !… Un jour viendra l’on verra ces deux groupes immenses, les États-Unis d’Amérique, les
200 voir. Ce fait, le voici : on assassine un peuple.  ? en Europe. Ce fait a-t-il des témoins ? Un témoin, le monde entier.
201 udhon n’aura sa revanche que dans la seule mesure l’Europe saura découvrir que le fédéralisme est la santé de ses peupl
202 La Suisse, pays de montagnes en Europe centrale, les grands fleuves européens, le Rhin, le Danube et le Pô ont leurs s
203 ent d’une liberté politique générale dans ce pays règne la paix, ont la possibilité et le devoir d’aborder, par eux-mêm
204 tourne le dos aux faits, cela signifie, au train vont les choses actuellement, que la formation d’un pur État unitaire
205 ’abord qu’elle s’établisse sur une base réelle, d’ , par la suite, l’impulsion pourra être donnée… Si c’est l’Allemagne,
206 pulsion pourra être donnée… Si c’est l’Allemagne, a commencé la scission de l’Église, qui a contribué le plus à la déca
21 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Cinquième Partie. L’Ère des nations, (de 1848 à 1914) — 3. Un problème séculaire : la Russie et l’Europe
207 ance anglaise et russe relativement à l’Europe », il démontre que l’Amérique (« cette seconde Angleterre ») et la Russi
208 e plus longuement) : Lorsque je considère l’état sont déjà arrivées plusieurs nations européennes et celui où toutes l
209 à arrivées plusieurs nations européennes et celui toutes les autres tendent, je me sens porté à croire que bientôt parm
210 me » ne cessera de s’amplifier jusqu’à nos jours, elle deviendra le lieu commun des nationalistes d’extrême gauche et d
211 fait déclarer fou, il publie L’Apologie d’un fou, il réitère sa condamnation du passé russe mais sa foi dans la destiné
212 cette autocritique jusqu’au point « dialectique » elle se renverse : du désert russe sortira le messie de la culture eu
213 que les Anglais, et nous ne sommes plus au temps toutes les révolutions de l’Orient partaient de l’Asie centrale. La n
214 que c’est mon intime conviction. Un jour viendra nous nous placerons au milieu de l’Europe politique, plus puissants a
215 ulé « Les Décembristes », ait pu railler l’époque l’on vit : … des revues, brandissant les bannières les plus diverses
216 vénient de notre position, c’est cette obligation nous sommes d’appeler du nom d’Europe un fait qui ne devrait jamais s
217 ne question qui ne peut échapper à l’homme russe. donc est le vrai Russe qui ne pense pas avant tout à l’Europe ?… Jama
218 lité, selon Dostoïevski, ne s’effacera qu’au jour l’humanité tout entière sera réunie dans la vraie religion — ou absor
219 e temps-là, mais à celle de tout le xixe siècle, Schiller, citoyen français et ami de l’humanité, n’a jamais été connu
220 s révolutionnaires non seulement pour détruire là nous n’avons rien construit, comme des Huns et des Tartares, mais en
221 tombe de Caïn. C’est notre temps qui l’a compris. le classer ? Tout l’existentialisme vient de lui, et c’est le contrai
222 , tandis que dix autres reprendraient le problème ils l’ont laissé, quitte à devenir fous eux-mêmes, — cette voie est b
22 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Cinquième Partie. L’Ère des nations, (de 1848 à 1914) — 4. De l’historisme au pessimisme
223 ies il pénètre jusqu’au fond de la lointaine Asie il n’y a guère que la Chine qui puisse encore lui barrer le passage ;
224 aussi vit dans un univers spirituel et historique la prééminence de l’Europe dans la civilisation mondiale ne saurait ê
225 xembourg doivent être allemands. Nul ne peut dire cette archéologie s’arrêterait. Presque partout où les patriotes foug
226 ù cette archéologie s’arrêterait. Presque partout les patriotes fougueux de l’Allemagne réclament un droit germanique,
227 faites l’histoire sont les pairs d’un grand sénat chaque membre est inviolable. L’Europe est une confédération d’États
228 à quelque précision en ces questions difficiles, la moindre confusion sur le sens des mots, à l’origine du raisonnemen
229 des empires ; elle n’eut guère la nation au sens nous la comprenons. Athènes, Sparte, Sidon, Tyr sont de petits centre
230 cernent les époques très reculées, celles d’abord vécurent les peuples aryens en Inde et aussi en Perse, ensuite celles
231 aryens en Inde et aussi en Perse, ensuite celles des contacts s’établirent entre les Hindous et les Assyriens, Perses,
232 ons Européens », nous aussi nous avons des heures nous nous permettons un patriotisme plein de courage, un bond et un r
233 nce nationale, d’angoisse patriotique, des heures bien d’autres sentiments antiques nous submergent. Des esprits plus l
234 ue chose qui l’entende ! Hélas ! le temps viendra tout cela sera bien fini. — Mais n’en doutez pas, l’intelligence et l
235 , des Schiller, des Shelley, des Byron, la langue s’exprima cette même destinée de l’Europe qui chantait en Beethoven !
236 t cet immense risque de cesser d’être la voix par s’énonce l’âme de l’Europe et de tomber au rang médiocre d’une chose
237 la suite de l’ensorcelante et folle demi-barbarie l’Europe a été précipitée par le mélange démocratique des rangs et de
238 s qu’il y eut jamais au monde. Et, dans la mesure la part la plus importante de la culture fut jusqu’à présent une demi
239 sa volonté à en mourir ! Paralysie de la volonté, ne rencontre-t-on pas aujourd’hui cette infirmité ! Et parfois on la
240 force et sous les aspects les plus variés partout la civilisation est depuis le plus longtemps acclimatée ; elle tend à
241 climatée ; elle tend à disparaître dans la mesure le « barbare » réussit à maintenir — ou à revendiquer — ses droits so
242 us étonnante dans ce prodigieux empire du milieu, l’Europe reflue pour ainsi dire vers l’Asie — en Russie. C’est là que
243 négative — attend d’une façon menaçante le moment elle sera déclenchée, pour emprunter leur mot favori aux physiciens d
244 tes, il note dans ses cahiers inédits (à l’époque il écrit Humain, trop humain) : La diversité des langues, surtout, e
245 la déchéance des nationalismes sautent aux yeux, toute la valeur, tout le sens de la civilisation présente consiste à
246 présente consiste à se fondre en un seul ensemble les parties se féconderont réciproquement !260 Mais les conditions
247 ions nationales, nul ne peut le prévoir à l’heure j’écris. Il semble au moins aussi vraisemblable de penser que le nati
248 crime contre l’Europe et contre la civilisation, les peuples avaient été conduits par la politique de leurs gouverneme
23 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Sixième Partie. L’Europe en question : de Spengler à Ortega — 1. « Tout s’est senti périr »
249 ions et du succès des entreprises totalitaires, d’ devait résulter la Deuxième Guerre mondiale. Paul Valéry les juge ai
250 puissances extérieures du chaos et sur l’instinct ces puissances se sont réfugiées avec leur rancune. Ce n’est pas seul
251 i mystique avec la matière étendue, avec l’espace elle veut, par lequel elle veut se réaliser. Quand le but est atteint
252 ans cette culture, et à ce moment de son devenir, l’argent célèbre ses dernières victoires et où son héritier, le césar
253 r, où l’argent célèbre ses dernières victoires et son héritier, le césarisme, approche doucement et irrésistiblement, l
254 aliste global, et citoyen d’un monde polyphonique antiquité et christianisme s’amalgament en un tardif alliage, fut ce
255 e européenne fratricide, et l’on en sera au point nous ne pourrons plus que contaminer le reste du monde avec nos miasm
256 roïsme, en retrouvant Dieu. Au crépuscule du soir nous sommes, quelques signes donnent à penser que se mêlent déjà les
257 jeu de la perte que nous éprouvons au moment même nous la subissons. Mais dans un proche avenir les hommes ne le sauron
24 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Sixième Partie. L’Europe en question : de Spengler à Ortega — 2. Crépuscule ou nouvelle aurore ?
258 n à lui, repousse résolument toute idée d’Europe, il ne voit qu’idéalisme stupide. En conséquence logique de son œuvre,
259 u Niémen jusqu’à l’Atlantique s’établit un régime chaque État s’enferme dans une religion de lui-même, dans un mépris d
260 , de la peinture française d’Ingres à Cézanne. Là une grande pensée est conçue, là est l’Europe. Si elle est conçue dan
261 uples n’est qu’un plus sombre passé d’oubli, mais l’Europe vit encore par trente livres très anciens, et qui ne vieilli
25 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Septième Partie. L’Ère des fédérations. De l’Unité de culture à l’union politique
262 ui perd son importance dans une période si courte chacun réagit à tous les autres et presque simultanément — pour cette
263 on salut cherche d’abord à remonter aux sources d’ dérivent ses valeurs constituantes et spécifiques ; pour mieux voir c
264 vais dire. La première est celle de Rome. Partout l’Empire romain a dominé, et partout où sa puissance s’est fait senti
265 . Partout où l’Empire romain a dominé, et partout sa puissance s’est fait sentir ; et même partout où l’Empire a été l’
266 sa puissance s’est fait sentir ; et même partout l’Empire a été l’objet de crainte, d’admiration et d’envie ; partout
267 jet de crainte, d’admiration et d’envie ; partout le poids du glaive romain s’est fait sentir, partout où la majesté de
268 poids du glaive romain s’est fait sentir, partout la majesté des institutions et des lois, où l’appareil et la dignité
269 rtout où la majesté des institutions et des lois, l’appareil et la dignité de la magistrature ont été reconnus, copiés,
270 européen peut habiter dans sa plénitude. Partout les noms de César, de Gaius, de Trajan et de Virgile, partout où les
271 César, de Gaius, de Trajan et de Virgile, partout les noms de Moïse et de saint Paul, partout où les noms d’Aristote, d
272 ut où les noms de Moïse et de saint Paul, partout les noms d’Aristote, de Platon et d’Euclide ont eu une signification
273 ement une introduction et un moyen pédagogique. D’ vient la science moderne, quelles impulsions l’ont engendrée ? Elle n
274 r la faveur de leur Dieu et dans la mesure exacte ils lui obéissaient. Les Romains méprisaient les étrangers, les ennem
275 r tout empire simplement temporel. Dans la mesure nous héritons la civilisation de l’Europe, nous sommes encore tous ci
276 t philosophique de Virgile lui-même. Car, au sens un poète est un philosophe (par opposition au sens où un grand poète
277 n poète est un philosophe (par opposition au sens un grand poète peut incarner une grande philosophie dans une grande œ
278 imperium.289 Ce peuple sera celui des Francs, d’ est issu Charlemagne, « Père de l’Europe »290. La première tentative
279 e Contrat social ou le Capital, on lit un passage l’Église, durant son pèlerinage sur la terre, chemine en compagnie de
280 rel qui ne tolérait pas de rivaux. Dans la mesure le christianisme a détruit ou écarté les croyances « naturelles » paï
281 l’accompagnent d’un plus ardent amour qu’au temps il n’y avait personne pour l’offenser ou pour révoquer en doute son a
282 révoquer en doute son absolue maîtrise, au temps le vulgaire se pressait autour d’elle en acclamant son nom et par là
283 ’un critère de perfection acceptable pour tous. D’ provient cette présupposition ? De l’intuition de « l’esprit humain »
284 pays des dures réalités. Située entre l’Amérique, la volonté l’emporte sur l’esprit, et l’Inde, où l’esprit a la prédom
285 où la volonté l’emporte sur l’esprit, et l’Inde, l’esprit a la prédominance sur la volonté, la caractéristique essenti
286 t ultraindividualiste, suivie d’une seconde phase l’esprit l’emportant sur la volonté, essaie de mettre de l’ordre dans
287 ation de Dieu et coopérer à sa rédemption. Mais d’ viennent encore un coup ces passions pratiquement conjuguées de la li
288 al de sa conscience et de la raison (qui, partout elle se réfère à l’évidence, n’est autre chose que la conscience indi
289 nous semblait donc plus grande qu’elle n’était. D’ l’effet de choc que produisit dans nos esprits, au lendemain de l’aut
290 a nature de leur recherche. Colomb savait mieux d’ il partait qu’où il irait. Et nous ne pouvons fonder une attitude hum
291 recherche. Colomb savait mieux d’où il partait qu’ il irait. Et nous ne pouvons fonder une attitude humaine que sur le t
292 que sur le tragique parce que l’homme ne sait pas il va, et sur l’humanisme parce qu’il sait d’où il part et où est sa
293 s où il va, et sur l’humanisme parce qu’il sait d’ il part et où est sa volonté… … Nous sommes au point crucial où la vo
294 sur l’humanisme parce qu’il sait d’où il part et est sa volonté… … Nous sommes au point crucial où la volonté européen
295 où est sa volonté… … Nous sommes au point crucial la volonté européenne doit se souvenir que tout grand héritier ignore
296 de nos jours la culture occidentale. À une époque la civilisation indigène des Amériques n’avait pas encore fait son ap
297 é dans l’histoire gréco-romaine, au-delà du point s’arrête notre propre expérience, et en transposant littéralement les
298 tal que ne le fut notre propre histoire. Au stade nous voici, pleins de remords quant à notre passé colonialiste, et co
299 notre vieille Europe est la seule partie du monde nul fossé ne sépare aujourd’hui d’hier. Cette vérité éclate avec le p
300 ’elle a été le mieux absorbée. Tandis qu’en Asie, tel un corps étranger elle a été imposée de l’extérieur, son appariti
301 que. C’est une espèce de renversement gigantesque les idées, les habitudes, les styles propres à l’Europe, après des tr
302 e la « polis » grecque. Mais, dans la perspective nous le voyons maintenant, le moment où s’emboîtent l’époque hellène
303 rspective où nous le voyons maintenant, le moment s’emboîtent l’époque hellène et l’époque hellénistique, ce demi-tour
304 on, leurs infléchissements dans le nouveau milieu ils pénètrent plutôt que la conjoncture même du rapt, pour une bonne
305 roprié les données et le moteur même, sur le plan la distinction entre culture et civilisation disparaît ou s’atténue f
306 ; même la spiritualité la plus forte ne peut rien celui à qui elle s’adresse ne l’accueille pas ; qu’on songe à la lége
307 ir vient de ce que l’esprit ne peut régner que là tout l’accent est placé sur l’unique et sa valeur. Toutes les valeurs
308 ais nous ne nous demandions pas ce qu’elle était, résidait le secret ressort de son incomparable hégémonie. Le secret
309 . Mais le secret de cette puissance industrielle, se cache-t-il ? La source initiale peut en être cherchée dans l’anti
310 isation s’était déplacé vers les contrées du Nord il faisait froid, où il fallait mieux se loger, se nourrir, se vêtir,
311 cé vers les contrées du Nord où il faisait froid, il fallait mieux se loger, se nourrir, se vêtir, bref se soucier dava
312 rce qu’elle se nourrit d’esprit. L’esprit souffle il veut, c’est sa nature, mais il lui faut un branchement particulier
313 ment transportable. La revendication d’un domaine règne la liberté de l’esprit est typiquement européenne, et si nous y
314 isme susceptible de ménager quelque jardin secret la pensée puisse fleurir selon ses propres lois. L’individu n’y est p
315 ie, repose sur une société collective et anonyme, la masse, dont on attend tout efficacité, prime l’individu. Il semble
316 mais il n’en va plus du tout de même aujourd’hui, l’on conteste de tous côtés l’hégémonie de l’Europe ; où il devient i
317 conteste de tous côtés l’hégémonie de l’Europe ; il devient impossible de considérer plus longtemps la Russie et l’Amé
318 velopper des civilisations qui leur sont propres, enfin les peuples de l’Orient font valoir à nouveau les droits de la
319 ouveau les droits de la civilisation orientale et nous-mêmes nous perdons notre confiance dans la supériorité de nos tr
320 originale, sans tenir aucun compte du sol commun a pris racine sa tradition individuelle. Et cette erreur n’est pas le
321 posent, mais dans ce que la forme de vie publique doivent se mouvoir les capacités économiques, n’est pas en rapport av
322 utoritaires de l’ordre étatique sont adéquates là les hommes et les choses sont techniquement organisables. En revanche
323 ganisables. En revanche la liberté doit régner là une vie organique plus profonde est à l’œuvre… Doit être organisé d’u
26 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Appendice. Manifestes pour l’union européenne, (de 1922 à 1960)
324 t qui réponde à un ordre nouveau. Heure décisive, l’Europe attentive peut disposer elle-même de son propre destin. S’un
325 oyers, et scrutent le sombre horizon, cherchant d’ vont venir les nouveaux périls, la tyrannie ou la terreur. Parmi les
326 ormer la famille européenne, dans toute la mesure nous le pouvons encore, et de l’assurer d’une structure à l’abri de l
327 Charte. 4° Nous voulons une Assemblée européenne, soient représentées les forces vives de toutes nos nations. 5° Et nou