1
e d’une véritable histoire universelle — celle où
nous
sommes bel et bien engagés dans cette seconde moitié du xxe siècle,
2
sans précédent et sans parallèle dans l’histoire,
nous
n’arriverons jamais à le comprendre dans son mouvement, sa significat
3
en partant des données physiques et naturelles de
notre
petit continent, comme le veut une pensée héritée d’un xixe siècle s
4
là des atouts, mais qui sont loin d’inscrire dans
notre
sol l’histoire mondiale qui sera la nôtre. On ne peut y lire un desti
5
re dans notre sol l’histoire mondiale qui sera la
nôtre
. On ne peut y lire un destin. Chaque géographe en tire d’ailleurs ce
6
le passage : En sortant des mains de la nature,
notre
partie du monde n’avait reçu aucun titre à cette glorieuse prééminenc
7
qui possède le moins de richesses territoriales…
nous
ne sommes riches que d’emprunts. Tel est néanmoins le pouvoir de l’es
8
r la carte des densités de peuplement de la Terre
nous
fait voir que l’humanité s’est concentrée depuis longtemps dans trois
9
lus dix millions. Le grand essor démographique de
nos
nations ne date que du xixe siècle. Comment se fait-il alors que l’I
10
porains ? Cela se discute. Hippocrate et Strabon,
nous
venons de le voir, mais aussi Hérodote, Platon et Aristote nous parle
11
le voir, mais aussi Hérodote, Platon et Aristote
nous
parlent déjà d’une Europe et la contrastent même avec l’Asie, mais ce
12
re des chrétiens, durant le premier millénaire de
notre
ère, obéit à l’ordre du Christ : Allez et évangélisez toutes les nati
13
s puissamment contribué à la synthèse européenne.
Notre
idée de la science en dérive, comme l’a montré Jaspers, commentant Ni
14
ntant Nietzsche7 (ce très lucide antichrétien) et
nos
principes politiques en dérivent. Or notre idée de la science et nos
15
tien) et nos principes politiques en dérivent. Or
notre
idée de la science et nos principes d’égalité, de liberté et de justi
16
iques en dérivent. Or notre idée de la science et
nos
principes d’égalité, de liberté et de justice ont sans doute été déci
17
phénomène Europe, le christianisme. Mais non sans
nous
poser cette question difficile que je vais laisser sans réponse : pou
18
prédisposition européenne au christianisme ? Ceci
nous
laisse en plein mystère. Et les autres explications du phénomène euro
19
européen par des données physiques et matérielles
nous
laissent en pleine ambiguïté : ces données ont agi, chacune à sa mani
20
rendre compte du phénomène global que l’histoire
nous
oblige à constater : la fonction mondiale de l’Europe. Décrivons donc
21
xplication d’un phénomène par ses causes a dominé
notre
xixe siècle, mais c’était aux dépens de la compréhension du phénomèn
22
recs, transformé en taureau, traduit l’Histoire :
notre
Europe est effectivement venue du Proche-Orient. Après la disparition
23
du bois et du rocher » (comme dit Vigny) dont ne
nous
restent plus que les peintures rupestres de Lascaux et d’Altamira, l’
24
biguë, comme toutes les choses divines, ménageant
notre
liberté d’interprétation et de décision… Voici ce que l’on peut en ti
25
es du Proche-Orient dans la péninsule d’Occident.
Nous
avons vu que les populations, les religions, les procédés techniques
26
ui me semble illustrer les traits fondamentaux de
notre
Europe, légendaire, historique, physique, païenne et chrétienne à la
27
ade utopique. Derrière l’audace inouïe de Colomb,
nous
retrouvons ainsi le jeu complexe, le conflit perpétuel, souvent fécon
28
oire à partir des années 1880 à 1900. Au début de
notre
xxe siècle, on peut dire que l’Europe a placé sur orbite sa civilisa
29
aractères constants du phénomène européen tel que
nous
venons d’en retracer le cours, et de l’esprit qui a soutenu pendant d
30
venture, mais le début d’une autre histoire, dont
nous
sommes bien loin d’être quittes. Christophe Colomb, le père des Décou
31
uffise de citer, pour l’illustrer, l’ambiguïté de
notre
essor technique : nous allons toujours plus vite, mais vers quoi ? No
32
illustrer, l’ambiguïté de notre essor technique :
nous
allons toujours plus vite, mais vers quoi ? Nous gagnons du temps, ma
33
nous allons toujours plus vite, mais vers quoi ?
Nous
gagnons du temps, mais pour en faire quoi ? Nous augmentons notre pui
34
Nous gagnons du temps, mais pour en faire quoi ?
Nous
augmentons notre puissance, mais qu’en est-il de nos moyens de la maî
35
temps, mais pour en faire quoi ? Nous augmentons
notre
puissance, mais qu’en est-il de nos moyens de la maîtriser et de la f
36
augmentons notre puissance, mais qu’en est-il de
nos
moyens de la maîtriser et de la faire servir au bonheur, à la justice
37
ent de systole qui est en train de s’achever sous
nos
yeux — l’indépendance de l’Algérie en marquant peut-être le terme — n
38
nce de l’Algérie en marquant peut-être le terme —
nous
aurons à considérer successivement trois ordres de réalités : — les d
39
ôt universelle ; et enfin : — la fonction qu’elle
doit
encore remplir en dépit des prophètes de sa décadence, dans un monde
40
i a sauvé des malades à la mort : défends-toi, tu
dois
vivre, car j’ai besoin de toi. 1. Hippocrate est le premier auteur,
41
de toi. 1. Hippocrate est le premier auteur, à
notre
connaissance, qui ait décrit l’Europe comme une entité, en la contras
42
aux deux guerres mondiales, et ce reflux qui sous
nos
yeux s’achève, ramenant l’Europe à ses limites du xve siècle. Et je
43
de l’Aventure ? Tout pronostic relatif à l’Europe
doit
se baser, à mon avis, sur l’examen de nos trois facteurs déterminants
44
Europe doit se baser, à mon avis, sur l’examen de
nos
trois facteurs déterminants pour les chances d’avenir du sujet : sa v
45
l’histoire de l’humanité, qui a permis jusqu’ici
notre
aventure mondiale ? Ces secrets de notre expansion sont-ils encore vi
46
usqu’ici notre aventure mondiale ? Ces secrets de
notre
expansion sont-ils encore vivants et agissants ? Examinons pour comme
47
nons pour commencer la situation géoéconomique de
notre
petit continent, au point présent de l’évolution du monde. Nous allon
48
tinent, au point présent de l’évolution du monde.
Nous
allons découvrir que cette situation est plus centrale que jamais, si
49
, si bizarre que puisse paraître l’expression. On
nous
a beaucoup mis en garde, depuis les débuts de ce siècle (et récemment
50
core, Toynbee), contre l’illusion provinciale qui
nous
ferait tenir l’Europe pour le centre du monde. De tels avertissements
51
l’infinité des hémisphères qu’on peut tracer sur
notre
globe, il en existe un — et un seul ! — qui se trouve contenir à la f
52
Berlin selon les Allemands, mais en tout cas sur
notre
continent. Ainsi, d’un point choisi au zénith de Nantes, assez loin d
53
Voici donc un fait mesurable qui ne dépend ni de
notre
orgueil, ni de notre humilité d’Européens, un fait aisément vérifiabl
54
esurable qui ne dépend ni de notre orgueil, ni de
notre
humilité d’Européens, un fait aisément vérifiable et dont les données
55
able et dont les données objectives se lisent sur
nos
mappemondes et cartes économiques, en attendant d’être photographiées
56
ut à fait différente de ce qu’elle est devenue de
nos
jours. Il semble bien que ce soit, au contraire, à partir de l’Europe
57
nt l’histoire mondiale de l’Europe. Si maintenant
nous
désirons voir comment ces alternances ont été liées aux données de la
58
plement sur une mappemonde indiquant les reliefs)
nous
permet de constater que l’Europe actuelle, amputée des plaines russes
59
continent qui n’ait point de déserts. Continuons
notre
descente vers les terres du centre du monde : comparez les photos aér
60
curieusement les photos prises du haut des airs,
nous
nous posons enfin sur le sol de l’Europe, dans la rumeur humaine d’un
61
eusement les photos prises du haut des airs, nous
nous
posons enfin sur le sol de l’Europe, dans la rumeur humaine d’une pla
62
ans trop d’erreurs les structures essentielles de
notre
civilisation. Un service religieux, une séance au conseil municipal,
63
traient de trouver quelques-uns des secrets (pour
nous
trop évidents) du dynamisme européen, c’est-à-dire la communauté spir
64
enant ce portrait de l’Europe telle que chacun de
nous
peut la voir, ce portrait composé non point à partir de définitions e
65
lités visibles et tangibles, qui sont le cadre de
nos
vies. Essayons de présenter l’Europe non point par sa philosophie mai
66
lle suggère une méthode inédite d’enseignement de
notre
vie civique, basée sur la photo et sur le film, et permettant beaucou
67
ruire l’Europe en partant de la place communale.
Nos
villes et nos villages ne sont pas nés autour de places préalablement
68
en partant de la place communale. Nos villes et
nos
villages ne sont pas nés autour de places préalablement dessinées, ma
69
uropéens à la réalité communautaire, fondement de
notre
civilisation. On sent bien que ce ne sont pas des masses informes, ni
70
parades. Tout au contraire, la place centrale de
nos
villes et villages est rarement régulière, hors des périodes de relâc
71
ia ou le Forum romain lui-même, ancêtre commun de
nos
places, Plätze, plazas, praças, piazze, ou Pleins selon le pays. Quan
72
e la cité : celui de l’unanimité fondamentale qui
doit
transcender les partis, les ambitions et les doctrines en vogue. Si l
73
a fonction de l’école est demeurée la même : elle
doit
d’une part communiquer les connaissances acquises et le respect des v
74
uises et le respect des valeurs communes, et elle
doit
d’autre part éveiller le sens critique et le jugement individuel. Édu
75
n et d’initiative, qui marquent les deux pôles de
notre
éducation. (L’Orient et les cultures traditionnelles n’ont guère conn
76
ltures traditionnelles n’ont guère connu, jusqu’à
nos
jours, d’autre forme d’éducation qu’initiatique18.) Quant au marché,
77
symbolique de toute l’économie européenne jusqu’à
nos
jours. (Même après que le port — même racine qu’exporter et importer
78
s principales fonctions qui constituent la place,
nous
rend ainsi sensible et comme visible la pulsation originelle des éner
79
originelle des énergies formatrices de l’Europe.
Nous
avons retrouvé à l’intérieur de chacun des domaines représentés le sp
80
comme veulent l’être les régimes totalitaires de
notre
temps. Civilisation à base d’antagonismes, de conflits toujours renou
81
es coopératives ; ainsi de l’éducation elle-même,
nous
l’avons vu ; et finalement, de l’idée du progrès. Dans la mesure où c
82
uropéen et des périodes de diastole planétaire de
notre
civilisation. ⁂ Sommes-nous au seuil d’une telle période ? Ou au cont
83
astole planétaire de notre civilisation. ⁂ Sommes-
nous
au seuil d’une telle période ? Ou au contraire, l’état de santé de l’
84
ssi mauvais que le proclament une bonne partie de
nos
intellectuels ? Plus sérieusement, la technique triomphante ne va-t-e
85
e triomphante ne va-t-elle pas rapidement effacer
nos
plus fécondes diversités, et imposer au continent et à ses peuples un
86
des institutions traditionnelles que concrétisent
nos
bâtiments-symboles, réunis autour de la Place. Comment s’adaptent-ils
87
ce. Comment s’adaptent-ils à l’ère technique ? Je
dois
me borner ici à quelques indications sommaires, purement factuelles,
88
neté. La plupart sont aux trois quarts vides dans
nos
villages, qui n’en possèdent pourtant qu’une seule, le plus souvent,
89
L’église, en Amérique, est restée, mieux que chez
nous
, le centre de la vie sociale d’un village. Elle y joue un grand rôle
90
s et leurs prêtres s’inspirent de plus en plus de
nos
théologiens. Les trois noms qui dominent aujourd’hui la pensée religi
91
opiées sur les modèles combinés des basiliques de
notre
Moyen Âge, tandis que dans toute l’Europe, on construit des églises e
92
vec la tolérance des hiérarchies ecclésiastiques,
nous
assistons dans cette génération à un phénomène de convergence chrétie
93
, et se rapproche, dans cette mesure du moins, de
nos
formules européennes19. Passons à la mairie, symbole de la commune, q
94
de centralisation systématique dans l’ensemble de
nos
pays. On pouvait croire que l’ère technique, qui est celle des plans
95
é plus prospère qu’aujourd’hui, et cela dans tous
nos
pays, qu’il s’agisse du Marché commun des Six, ou de l’économie des p
96
e libre et le prestige des cafés littéraires dans
nos
grandes villes, ces deux faits, inégaux d’importance mais très typiqu
97
faits, inégaux d’importance mais très typiques de
notre
Europe, restent des signes non trompeurs de la vitalité d’une culture
98
t créé le décor sale et sans âme des faubourgs de
nos
capitales, elle a créé le prolétariat, elle a soumis toute une classe
99
ion de la technique a fait beaucoup plus de mal à
notre
espèce que les explosions nucléaires qui nous épouvantent aujourd’hui
100
à notre espèce que les explosions nucléaires qui
nous
épouvantent aujourd’hui. (Seulement, la presse n’en parlait pas, et s
101
l’innovation, et c’est le problème fondamental de
notre
temps. Or elle est seule à disposer, pour le résoudre, d’une expérien
102
Américains viennent de l’Europe et dans ce sens,
notre
Moyen Âge est aussi le leur. Mais nous avons chez nous, au centre de
103
ce sens, notre Moyen Âge est aussi le leur. Mais
nous
avons chez nous, au centre de nos villes, les témoins quotidiens et f
104
Moyen Âge est aussi le leur. Mais nous avons chez
nous
, au centre de nos villes, les témoins quotidiens et familiers de notr
105
le leur. Mais nous avons chez nous, au centre de
nos
villes, les témoins quotidiens et familiers de notre passé, ruines ro
106
os villes, les témoins quotidiens et familiers de
notre
passé, ruines romaines, ruelles et cathédrales, palais classiques et
107
et non chrétien, dans beaucoup de pays voisins du
nôtre
— le monument aux morts des dernières guerres ? 14. Les premiers tr
108
onialisme, et fonde une longue tradition, jusqu’à
nos
jours tradition européenne, soulignons-le. Le célèbre moine Francisco
109
portants sur l’état des problèmes municipaux dans
nos
pays, notamment Die Grosse Stadt und die Kleine Gemeinde, Wiener Kong
110
III. L’Europe s’unit Les organes vitaux de
notre
société, pris un à un, me paraissent donc en assez bon état. Reste à
111
que. Dans l’ensemble, elle consiste a transformer
nos
vivantes et vitales diversités en divisions rigides et morbides — div
112
ssent par s’attaquer même à cette base commune de
nos
diversités : l’unité de notre culture traditionnelle et créatrice. En
113
cette base commune de nos diversités : l’unité de
notre
culture traditionnelle et créatrice. En bref, cette maladie peut être
114
périr à deux reprises dans la première moitié de
notre
siècle. Et c’est aussi ce mal, disséminé par nous sur plusieurs conti
115
otre siècle. Et c’est aussi ce mal, disséminé par
nous
sur plusieurs continents naguère colonisés, qui cause les fièvres et
116
e de l’Europe, c’est donc la volonté de surmonter
nos
divisions nationalistes et de libérer par là même le jeu normal et sa
117
t de libérer par là même le jeu normal et sain de
nos
diversités. La volonté d’union sera le signe d’une santé renouvelée d
118
ans la mesure où elle prendra pour but de fédérer
nos
différences et non pas de les effacer ni d’uniformiser la vie du cont
119
able de remonter aux origines de ces tendances de
notre
esprit, et de rechercher d’où procède la discussion sur l’union de l’
120
ans les replacer tout d’abord dans le contexte de
notre
histoire. Ils apparaissent au terme provisoire d’une longue évolution
121
siècles. Ce qui est en passe de se réaliser sous
nos
yeux, d’une manière encore bien imparfaite il est vrai, c’est ce que
122
ts. La paix d’abord, qu’il s’agit d’assurer entre
nos
peuples, déchirés par des guerres intérieures à l’Europe et cela par
123
et Bentham, vers 1800, jusqu’au Marché commun de
nos
jours. Le thème de la menace étrangère, ou de la défense commune, que
124
ccessoire, et se révèle d’ailleurs inopérant dans
notre
histoire. Soit contre les Turcs soit contre les Soviets, il sert de p
125
rs au monde, et s’ils sont en conflit, devant qui
doivent
-ils plaider ? », Dubois répond : non pas devant le monarque universel
126
utes les propositions de paix et d’union, jusqu’à
nos
jours. (Il faudra la menace de la bombe atomique pour que les peuples
127
de dangereux imbéciles.) L’idée de Pierre Dubois
devait
pourtant survivre. Cent-cinquante ans plus tard, en 1462, un pauvre g
128
ctement, sous le nom d’Europe des patries, et qui
nous
ramènerait à une Europe des États souverains, alliance paradoxale en
129
isait-il, c’est en Europe même, c’est-à-dire dans
notre
patrie, dans notre propre maison, que nous sommes attaqués et tués. »
130
Europe même, c’est-à-dire dans notre patrie, dans
notre
propre maison, que nous sommes attaqués et tués. »26 Deux siècles pa
131
dans notre patrie, dans notre propre maison, que
nous
sommes attaqués et tués. »26 Deux siècles passent, et la face de l’E
132
onc « œcuméniques » au sens qu’a pris ce terme de
nos
jours, impliquant le rapprochement des confessions chrétiennes. C’est
133
des créateurs d’institutions européennes, jusqu’à
nous
. Ces quatre plans, dans l’ordre chronologique, sont : le Nouveau Cyné
134
ent un Tribunal d’arbitrage supérieur aux États —
nous
dirions supranational ; une Assemblée, ou Conseil de l’Europe ; des m
135
. Et citons cette phrase mémorable : « La lumière
doit
être apportée aux autres peuples au nom de notre patrie européenne ;
136
e doit être apportée aux autres peuples au nom de
notre
patrie européenne ; et c’est pourquoi nous devons tout d’abord nous u
137
om de notre patrie européenne ; et c’est pourquoi
nous
devons tout d’abord nous unir entre nous ; car, nous autres Européens
138
notre patrie européenne ; et c’est pourquoi nous
devons
tout d’abord nous unir entre nous ; car, nous autres Européens, nous
139
enne ; et c’est pourquoi nous devons tout d’abord
nous
unir entre nous ; car, nous autres Européens, nous devons être consid
140
pourquoi nous devons tout d’abord nous unir entre
nous
; car, nous autres Européens, nous devons être considérés comme des v
141
s devons tout d’abord nous unir entre nous ; car,
nous
autres Européens, nous devons être considérés comme des voyageurs emb
142
ous unir entre nous ; car, nous autres Européens,
nous
devons être considérés comme des voyageurs embarqués sur un seul et m
143
nir entre nous ; car, nous autres Européens, nous
devons
être considérés comme des voyageurs embarqués sur un seul et même nav
144
faite, parce qu’elle l’est dans leurs esprits et
doit
donc exister en raison — et passons à la Révolution française. L’un d
145
e de Dante, à la différence près que cette utopie
devrait
être imposée au genre humain, précise Cloots, par « la guerre ! la gu
146
du Marché commun, en ceci que, pour lui, l’union
doit
naître de la « force coactive » des institutions économiques, force q
147
siècle. Ils n’aboutissent exactement à rien. Mais
nous
y retrouvons, pendant vingt ans, environné d’un long tonnerre d’accla
148
agne, la Bourgogne, la Lorraine, l’Alsace, toutes
nos
provinces se sont fondues dans la France. Un jour viendra où il n’y a
149
ne s’est pas perdu, mais tout s’est senti périr…
Nous
autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelle
150
out s’est senti périr… Nous autres civilisations,
nous
savons maintenant que nous sommes mortelles.41 L’Europe avait touch
151
autres civilisations, nous savons maintenant que
nous
sommes mortelles.41 L’Europe avait touché le fond, une première foi
152
s. Rien de nouveau, sinon ceci, qui est décisif :
nous
n’avons plus affaire à des voix isolées, à vingt ou cent années de di
153
agir, dès la guerre finie. Il en naît, dans tous
nos
pays, un foisonnement de petits groupes, associations, mouvements et
154
te ait été, comme on le répète, le vrai moteur de
notre
union, son fédérateur par l’angoisse, la première institution europée
155
ière institution européenne acceptée eût été, eût
dû
être logiquement la CED : or c’est en fait la seule qui ait été refus
156
, permettant la fusion des intérêts essentiels de
nos
nations : production industrielle, législation sociale, tarifs douani
157
le veut le pluralisme européen, vrai fondement de
notre
unité — plus d’une centaine d’instituts, associations, maisons de l’E
158
utes de réveiller et d’entretenir le sentiment de
notre
commune appartenance à l’aventure spirituelle de l’Europe. Le mouveme
159
prudents des traités. Il semble bien que cet élan
doive
trouver sous peu son couronnement politique, dans quelque forme d’ass
160
école primaire et secondaire, dans une dizaine de
nos
pays, le sens de l’union s’enracine dans les nouvelles générations. P
161
ment vers l’union qui s’amorce et s’accélère sous
nos
yeux. Je voudrais vous montrer, dans ma dernière leçon, vers quoi ce
162
s ma dernière leçon, vers quoi ce grand mouvement
nous
mène, peut nous mener, doit nous mener. Et je crois que c’est vers le
163
çon, vers quoi ce grand mouvement nous mène, peut
nous
mener, doit nous mener. Et je crois que c’est vers le monde, vers l’u
164
oi ce grand mouvement nous mène, peut nous mener,
doit
nous mener. Et je crois que c’est vers le monde, vers l’unité finale
165
grand mouvement nous mène, peut nous mener, doit
nous
mener. Et je crois que c’est vers le monde, vers l’unité finale du ge
166
ien et le mal, § 256, puis fragment posthume (que
nous
citons) sur le même thème. 40. Jean Variot, Propos de Georges Sorel,
167
… de ce travail urgent, la France et l’Allemagne
doivent
prendre la direction ensemble. La Grande-Bretagne, l’Empire britanniq
168
a Russie soviétique — car alors tout irait bien —
doivent
être amis et garants de la nouvelle Europe et défendre son droit à la
169
l’Europe Donc l’Europe est en train de s’unir,
nous
avons vu pour quelles raisons, à la fois séculaires et modernes. Troi
170
celle de la fédération. Mais une raison nouvelle
doit
forcer leur accord : c’est la nécessité matérielle et morale de répon
171
lle et morale de répondre aux appels que le monde
nous
adresse, par sa faim, par sa peur et même par sa haine. C’est la néce
172
peur et même par sa haine. C’est la nécessité de
nous
porter enfin à la hauteur de notre vocation universelle. S’il est vra
173
la nécessité de nous porter enfin à la hauteur de
notre
vocation universelle. S’il est vrai que la fonction crée l’organe, c’
174
e l’organe, c’est de cette vocation elle-même que
doit
venir l’impulsion décisive, qui nous oblige à rassembler les forces d
175
lle-même que doit venir l’impulsion décisive, qui
nous
oblige à rassembler les forces dispersées de nos nations, de manière
176
nous oblige à rassembler les forces dispersées de
nos
nations, de manière à réaliser, pour la première fois dans l’histoire
177
fois dans l’histoire, la « capacité globale » de
notre
continent. La vocation d’un homme, d’un groupe ou d’une culture, c’es
178
ur chance contre leur destin… Cela dit, regardons
notre
jeu. L’appel du monde, provoqué par nos œuvres, atteint l’Europe dans
179
gardons notre jeu. L’appel du monde, provoqué par
nos
œuvres, atteint l’Europe dans une situation qui me paraît définie par
180
est au cours des quinze années pendant lesquelles
nos
États ont perdu leurs empires, que l’Europe s’est mise à s’unir. Les
181
, sont les mêmes dates, exactement, que celles de
nos
premières étapes vers l’union 1945 à 1962, et tout porte à prévoir qu
182
mme un péché mortel de l’Europe, en ce sens qu’il
devait
aggraver la dissolution du corps européen en nations rivales. Et de f
183
s, et avaient conclu les traités de 1919, et ceci
devait
amener les colonies à réclamer leur émancipation, voire à découvrir p
184
de juguler leurs sanglants chauvinismes, et cela
devait
amener, nous l’avons vu, le réveil des projets d’union. Accessoiremen
185
rs sanglants chauvinismes, et cela devait amener,
nous
l’avons vu, le réveil des projets d’union. Accessoirement, il ne sera
186
retrait colonial eût signifié l’arrêt de mort de
notre
économie. Or ce retrait se trouve coïncider non seulement avec notre
187
ce retrait se trouve coïncider non seulement avec
notre
union, mais avec une prospérité sans précédent de l’ensemble du conti
188
sans précédent de l’ensemble du continent. Jamais
notre
cap de l’Asie n’avait connu croissance économique aussi rapide que de
189
régimes traditionnels. Au nom de quelques-unes de
nos
plus vraies valeurs — la liberté, la dignité de la personne, l’égalit
190
les et des races — mais aussi de quelques-unes de
nos
folies les plus contagieuses, comme le nationalisme, ils se sont mis
191
e, ils se sont mis à revendiquer les avantages de
notre
civilisation et la souveraineté de leurs États, pour la plupart créés
192
raineté de leurs États, pour la plupart créés par
nous
. Quant aux nations colonialistes de l’Europe, presque ruinées à deux
193
xième grand fait, non moins paradoxal, qui domine
notre
situation : le retrait politique de l’Europe coïncide avec l’adoption
194
de l’Europe coïncide avec l’adoption accélérée de
notre
civilisation par le tiers-monde. Je le disais d’entrée de jeu : l’Eu
195
on effectivement universelle. Cette civilisation,
nous
le savons tous, est tenue pour responsable, à tort ou à raison, d’aut
196
ses origines raciales, politiques et religieuses.
Nous
savons tous aussi comment s’est opérée sa diffusion mondiale dès la R
197
e désormais dans toutes ses dimensions physiques,
nous
ne pouvons plus faire d’erreurs de cette taille ; son histoire égalem
198
plus de traditions oubliées par leurs peuples que
nos
armées et nos missions n’en ont jamais détruites ou dénaturées. Mais
199
ions oubliées par leurs peuples que nos armées et
nos
missions n’en ont jamais détruites ou dénaturées. Mais alors, le retr
200
iquent une tendance prononcée vers l’expansion de
notre
culture dans les colonies libérées. Le retrait des Anglais de l’Inde
201
, celle de l’époque coloniale, seule l’élite sait
notre
langue… On n’apprend plus le français dans ces pays parce qu’on y est
202
les nations neuves du tiers-monde, il a suffi que
nos
administrateurs civils et militaires s’en aillent, pour que soit décr
203
lite indigène. Ces idéaux, on les retourne contre
nous
, et contre nos pratiques trop souvent immorales : c’est qu’ils valaie
204
es idéaux, on les retourne contre nous, et contre
nos
pratiques trop souvent immorales : c’est qu’ils valaient sans doute m
205
ales : c’est qu’ils valaient sans doute mieux que
nous
ne l’avions cru, et mieux que nous : tant pis pour nous, et tant mieu
206
oute mieux que nous ne l’avions cru, et mieux que
nous
: tant pis pour nous, et tant mieux pour nos idéaux ! Je ne les vois,
207
e l’avions cru, et mieux que nous : tant pis pour
nous
, et tant mieux pour nos idéaux ! Je ne les vois, pour ma part, nullem
208
que nous : tant pis pour nous, et tant mieux pour
nos
idéaux ! Je ne les vois, pour ma part, nullement menacés par la décol
209
e colonisés. Mais voici le troisième grand fait :
nos
idéaux et nos pratiques ont été diffusés en désordre, sans aucun plan
210
ais voici le troisième grand fait : nos idéaux et
nos
pratiques ont été diffusés en désordre, sans aucun plan, sans nulle s
211
équences qui risquent d’être aussi fâcheuses pour
nous
, Européens, que pour les peuples du tiers-monde. Fâcheuses pour nous
212
e pour les peuples du tiers-monde. Fâcheuses pour
nous
d’abord. Car il est évident que notre civilisation ne s’est rendue as
213
cheuses pour nous d’abord. Car il est évident que
notre
civilisation ne s’est rendue assimilable et transportable qu’au prix
214
es et ses valeurs fondamentales. Le monde accepte
nos
machines et quelques-uns de nos slogans, mais non pas l’arrière-plan
215
Le monde accepte nos machines et quelques-uns de
nos
slogans, mais non pas l’arrière-plan religieux, philosophique et cult
216
r intégration, bon an mal an, dans le complexe de
nos
coutumes et de nos équilibres humains. Il faut l’admettre : les versi
217
an mal an, dans le complexe de nos coutumes et de
nos
équilibres humains. Il faut l’admettre : les versions simplifiées de
218
t sembler que leurs chances soient meilleures que
les nôtres
. Le tiers-monde les accueille sans méfiance de principe. Il ne dit pa
219
monde, en cette affaire, a bien plus à perdre que
nous
. Ses meilleurs esprits le découvrent. Mais aussitôt, ils nous accable
220
illeurs esprits le découvrent. Mais aussitôt, ils
nous
accablent de reproches. Je vous citerai, à ce propos, un professeur i
221
cho des ressentiments du tiers-monde à l’égard de
notre
culture et de sa diffusion désordonnée. Rappelant que les pays sous-d
222
isme culturel.50 C’est une assez bonne liste de
nos
vices, tels qu’ils se sont manifestés, du moins à partir des débuts d
223
lle. Il serait trop facile de répondre à ceux qui
nous
tiennent ce langage : pourquoi n’avez-vous pas adopté nos vertus, don
224
nent ce langage : pourquoi n’avez-vous pas adopté
nos
vertus, dont la liste est aussi facile à faire ? Et pourquoi nous imi
225
t la liste est aussi facile à faire ? Et pourquoi
nous
imitez-vous, en général ? Pourquoi nous reprochez-vous notre athéisme
226
pourquoi nous imitez-vous, en général ? Pourquoi
nous
reprochez-vous notre athéisme et plus encore, notre matérialisme, qua
227
z-vous, en général ? Pourquoi nous reprochez-vous
notre
athéisme et plus encore, notre matérialisme, quand c’est notre aide m
228
ous reprochez-vous notre athéisme et plus encore,
notre
matérialisme, quand c’est notre aide matérielle que vous exigez à gra
229
e et plus encore, notre matérialisme, quand c’est
notre
aide matérielle que vous exigez à grands cris, et pas du tout nos mis
230
lle que vous exigez à grands cris, et pas du tout
nos
missionnaires ? Cette réponse serait trop facile, car nous sommes lar
231
ionnaires ? Cette réponse serait trop facile, car
nous
sommes largement responsables des erreurs que commet le tiers-monde q
232
es des erreurs que commet le tiers-monde quand il
nous
juge. Ce ne sont pas nos meilleurs représentants, les plus conscients
233
le tiers-monde quand il nous juge. Ce ne sont pas
nos
meilleurs représentants, les plus conscients des vraies valeurs europ
234
us conscients des vraies valeurs européennes, que
nous
envoyons outre-mer, mais des agents de nos États et de nos firmes, qu
235
, que nous envoyons outre-mer, mais des agents de
nos
États et de nos firmes, qui transportent là-bas toutes nos rivalités,
236
ons outre-mer, mais des agents de nos États et de
nos
firmes, qui transportent là-bas toutes nos rivalités, des assistants
237
et de nos firmes, qui transportent là-bas toutes
nos
rivalités, des assistants techniques qui ne savent pas grand-chose du
238
gitateurs politiques, des commerçants incultes et
nos
plus mauvais films. Nous exportons pêle-mêle nos sous-produits, nos a
239
s commerçants incultes et nos plus mauvais films.
Nous
exportons pêle-mêle nos sous-produits, nos aventuriers et nos livres,
240
nos plus mauvais films. Nous exportons pêle-mêle
nos
sous-produits, nos aventuriers et nos livres, nos querelles nationale
241
ilms. Nous exportons pêle-mêle nos sous-produits,
nos
aventuriers et nos livres, nos querelles nationales, nos machines et
242
s pêle-mêle nos sous-produits, nos aventuriers et
nos
livres, nos querelles nationales, nos machines et nos dogmes, dans l’
243
nos sous-produits, nos aventuriers et nos livres,
nos
querelles nationales, nos machines et nos dogmes, dans l’irresponsabi
244
nturiers et nos livres, nos querelles nationales,
nos
machines et nos dogmes, dans l’irresponsabilité la plus totale, sans
245
livres, nos querelles nationales, nos machines et
nos
dogmes, dans l’irresponsabilité la plus totale, sans respect ni pour
246
e, sans respect ni pour leurs cultures ni pour la
nôtre
. Telle est la situation concrète de l’Europe dans le monde actuel. Je
247
actuel. Je la résume : la décolonisation, loin de
nous
ruiner, coïncide avec notre union, laquelle promet une prospérité san
248
écolonisation, loin de nous ruiner, coïncide avec
notre
union, laquelle promet une prospérité sans précédent ; le monde entie
249
s précédent ; le monde entier se met à l’école de
notre
civilisation ; mais il n’en tire pas le meilleur, loin de là, et nous
250
mais il n’en tire pas le meilleur, loin de là, et
nous
méprise autant qu’il nous jalouse. C’est en fin de compte notre faute
251
eilleur, loin de là, et nous méprise autant qu’il
nous
jalouse. C’est en fin de compte notre faute, car nous n’avons jamais
252
autant qu’il nous jalouse. C’est en fin de compte
notre
faute, car nous n’avons jamais conçu une politique de civilisation ré
253
jalouse. C’est en fin de compte notre faute, car
nous
n’avons jamais conçu une politique de civilisation répondant à l’ampl
254
pondant à l’ampleur des exigences du siècle et de
nos
responsabilités mondiales. La question qui se pose est dès lors la su
255
bee et de Sorel à Sartre51, semble avoir persuadé
nos
élites comme nos masses que l’Europe est une pauvre chose écrasée ent
256
Sartre51, semble avoir persuadé nos élites comme
nos
masses que l’Europe est une pauvre chose écrasée entre deux colosses.
257
te des faits. Dès le xviiie siècle, elle hantait
nos
esprits. Voici ce qu’écrit à Catherine de Russie le baron Grimm, gaze
258
côté de l’Orient, et l’Amérique, devenue libre de
nos
jours, du côté de l’Occident ; et nous autres, peuple du noyau, nous
259
ue libre de nos jours, du côté de l’Occident ; et
nous
autres, peuple du noyau, nous serons trop dégradés, trop avilis, pour
260
de l’Occident ; et nous autres, peuple du noyau,
nous
serons trop dégradés, trop avilis, pour savoir autrement que par une
261
nt que par une vague et stupide tradition, ce que
nous
avons été.52 En 1847, Sainte-Beuve résume ainsi l’opinion de l’hist
262
sont très loin d’additionner leurs forces contre
nous
: ils sont plutôt rivaux, et l’un est notre allié. Mais vous me direz
263
contre nous : ils sont plutôt rivaux, et l’un est
notre
allié. Mais vous me direz que la puissance réelle de l’Europe n’est p
264
et qu’il faut donc absolument la faire, pour que
notre
capacité globale se réalise, non seulement dans les statistiques, mai
265
e, non seulement dans les statistiques, mais dans
notre
conscience. L’Europe a tout ce qu’il faut pour être encore la premièr
266
ntellectuelle occidentale désespère bruyamment de
nos
valeurs et dénie toute espèce de vocation à l’Occident, tel que le re
267
sance et non une décadence. Mais il y a plus : on
nous
dit que les valeurs nouvelles, capables d’entraîner le monde et de lu
268
éen au xixe siècle. Ce sont donc des valeurs qui
nous
sont propres que les Russes nous renvoient aujourd’hui, fort simplifi
269
des valeurs qui nous sont propres que les Russes
nous
renvoient aujourd’hui, fort simplifiées et appauvries d’ailleurs, sou
270
d’un autre successeur, hypothétique, reprenant de
nos
mains débiles ce qu’on appelait jadis « le flambeau de la civilisatio
271
ne vois pas une seule culture indépendante de la
nôtre
, foncièrement différente de la nôtre, qui serait mieux capable que no
272
ndante de la nôtre, foncièrement différente de la
nôtre
, qui serait mieux capable que nous d’exercer la fonction planétaire u
273
férente de la nôtre, qui serait mieux capable que
nous
d’exercer la fonction planétaire unifiante qui sera désormais, dans l
274
emière d’une civilisation. Un regard sur le globe
nous
fait voir au contraire que les peuples nouveaux se tournent vers l’Eu
275
, une création de l’Europe ! Le cycle se referme,
nous
ramenant à l’Europe. Où trouver, dans tout cela, nos successeurs ? Je
276
ramenant à l’Europe. Où trouver, dans tout cela,
nos
successeurs ? Je ne vois que des imitateurs, un peu en retard, qui bi
277
, un peu en retard, qui bien souvent caricaturent
nos
pires défauts. Non, nous n’échapperons pas à notre vocation en prétex
278
bien souvent caricaturent nos pires défauts. Non,
nous
n’échapperons pas à notre vocation en prétextant notre faiblesse, ou
279
nos pires défauts. Non, nous n’échapperons pas à
notre
vocation en prétextant notre faiblesse, ou ces crimes d’un passé réce
280
n’échapperons pas à notre vocation en prétextant
notre
faiblesse, ou ces crimes d’un passé récent dont le tiers-monde nous t
281
ces crimes d’un passé récent dont le tiers-monde
nous
tient pour responsables. Car cette faiblesse, je l’ai montré, ne trad
282
e l’ai montré, ne traduit rien qu’une division de
nos
forces — et nous sommes en bon train de les unir — mai non pas une ab
283
e traduit rien qu’une division de nos forces — et
nous
sommes en bon train de les unir — mai non pas une absence de force po
284
ce potentielle. Et ces crimes, qui furent ceux de
nos
nationalismes, du racisme, et dans une certaine mesure du colonialism
285
s une certaine mesure du colonialisme, exigent de
nous
bien autre chose qu’un mea culpa rageur et masochiste, tellement plus
286
’Europe est inscrite dans des faits de ce genre :
nos
exportations représentent à peu près 40 % de notre commerce et nos im
287
nos exportations représentent à peu près 40 % de
notre
commerce et nos importations atteignent le même taux, cependant que l
288
représentent à peu près 40 % de notre commerce et
nos
importations atteignent le même taux, cependant que les États-Unis ne
289
rienter vers un dialogue fécond. Tout, et d’abord
nos
traditions, non seulement de curiosité mais de respect des valeurs sp
290
té et les moyens de dialoguer, non seulement avec
nous
, mais entre elles. Équilibrer les créations humaines est le second a
291
ésente une expérience humaine dont le tiers-monde
devrait
beaucoup apprendre, lui qui veut à tout prix nos belles machines, san
292
rait beaucoup apprendre, lui qui veut à tout prix
nos
belles machines, sans se douter qu’elles peuvent détruire de proche e
293
agesse d’Ulysse, prototype de l’Européen. Et ceci
nous
conduit naturellement au troisième verbe typique de notre vocation, q
294
nduit naturellement au troisième verbe typique de
notre
vocation, qui est fédérer. Défendre et illustrer le fédéralisme, c’es
295
us prétexte de se libérer des dernières traces de
notre
impérialisme, ils copient trop souvent ses tares les plus visibles. L
296
souvent ses tares les plus visibles. L’Europe se
doit
donc de produire, d’attester et de diffuser les anticorps de ce virus
297
litaires qui en sont l’aboutissement logique dans
notre
siècle, c’est l’attitude et la pratique fédéraliste : l’union dans la
298
e en commun des droits « souverains » qu’aucun de
nos
pays n’est plus en mesure d’exercer à lui seul, dans le monde actuel.
299
s la coïncidence que j’ai révélée entre la fin de
notre
impérialisme colonial, les débuts de notre union fédérale, et l’essor
300
fin de notre impérialisme colonial, les débuts de
notre
union fédérale, et l’essor de notre économie, il y a sans doute une g
301
les débuts de notre union fédérale, et l’essor de
notre
économie, il y a sans doute une grande leçon pour le tiers-monde, mai
302
sie comprises — pour l’ensemble d’un Occident qui
devra
bien se réconcilier avec lui-même… Nous pourrons voir cela, dans cett
303
dent qui devra bien se réconcilier avec lui-même…
Nous
pourrons voir cela, dans cette génération, si l’Europe, d’où le mal e
304
l. Le temps n’est plus de douter sans vergogne de
nos
valeurs occidentales. Au contraire, le temps est venu de les prendre
305
ps est venu de les prendre nous-mêmes au sérieux.
Nous
n’avons simplement pas le droit de répondre à l’attente des jeunes na
306
’Occident, par un tardif et impuissant mea culpa.
Nous
ne sommes pas seuls en cause dans cette affaire. Nous sommes pour les
307
ne sommes pas seuls en cause dans cette affaire.
Nous
sommes pour les autres un espoir, qu’il s’agit de ne pas frustrer. Et
308
tion universelle, qui s’enracine dans le passé de
notre
culture, dans les données constitutives de l’Occident, et que tout ap
309
conde moitié du xxe siècle. Cette vocation fera
notre
force principale, si nous l’assumons dès maintenant, si nous prenons
310
. Cette vocation fera notre force principale, si
nous
l’assumons dès maintenant, si nous prenons résolument l’initiative d’
311
principale, si nous l’assumons dès maintenant, si
nous
prenons résolument l’initiative d’une politique mondiale de civilisat
312
feront. Elles dépendent de l’esprit, agissant par
nos
mains. Le temps n’est plus pour nous de chercher anxieusement à devin
313
agissant par nos mains. Le temps n’est plus pour
nous
de chercher anxieusement à deviner le cours prochain de notre histoir
314
rcher anxieusement à deviner le cours prochain de
notre
histoire : c’est à la faire que nous sommes appelés. 49. En 1916, L
315
prochain de notre histoire : c’est à la faire que
nous
sommes appelés. 49. En 1916, Lénine déclarait, dans L’Impérialisme,
316
: 302,16. Le rythme d’accroissement s’accélérant,
nous
aurions (même selon les données de cet ouvrage, en général inférieure
317
et l’organe d’équilibre. Je reviens en Europe, «
notre
patrie » — comme disait Æneas Silvius au xve siècle. Qu’est-ce qu’on
318
ines d’ouvrages publiés en deux mois, dans toutes
nos
langues, sur l’intégration de l’Europe et sur les relations nouvelles
319
de la production et de l’exportation battent tous
nos
records. Sauf en Italie, le chômage a disparu, en dépit des progrès d
320
est « au plus bas », que « c’est la fin » et que
nous
voici tous « enchaînés, humiliés, malades de peur ». Ce n’est pas un
321
». Ce n’est pas un expert, esclave des faits, qui
nous
dit cela, mais un éloquent moraliste, Jean-Paul Sartre ; et sa fureur
322
e faisant, « ils font l’histoire de l’homme », et
nous
serons ainsi du bon côté. Je n’invente pas : je cite et je condense c
323
et je condense cette dialectique humanitaire qui
nous
offre « un moyen du guérir l’Europe » en nous faisant tous passer dan
324
qui nous offre « un moyen du guérir l’Europe » en
nous
faisant tous passer dans le camp de ses ennemis. Ceux-ci n’auront qu’
325
ans le camp de ses ennemis. Ceux-ci n’auront qu’à
nous
assassiner « pour devenir hommes », on le précise à la page 17. Au pi
326
sa logique brutale certaine jeunesse dégoûtée de
nos
« valeurs » et qui exige à grands cris son lavage de cerveau. « Voic
327
ron, et en moyenne, quatre-vingts ans — de 1882 à
nos
jours pour les neuf dixièmes du continent. Cette colonisation n’a pas
328
ssières, et qui ne sont pas toutes honteuses pour
nous
. La première et la plus importante étant tout simplement un état de f
329
rent pour un temps colonies, et qui prennent sous
nos
yeux leur essor, après des siècles d’immobilité ou de continuelle déc
330
régimes traditionnels. Au nom de quelques-unes de
nos
valeurs (telles que l’égalité, la liberté, la dignité de la personne
331
ersonne et le droit à l’éducation), mais aussi de
nos
folies les plus contagieuses, le nationalisme et la fureur idéologiqu
332
euples se sont mis à revendiquer les avantages de
notre
civilisation et la souveraineté de leurs États. Quant aux nations col
333
là ces divagations. Revenons aux faits. Les faits
nous
montrent que les nations européennes, à peine libérées de la charge é
334
te. L’Europe n’est pas « finie », n’en déplaise à
nos
furieux, mais elle commence à peine et grandit puissamment. C’est tan
335
en est-il de Sartre en cette lugubre affaire ? Il
nous
faut expliquer l’anachronisme. Sartre se meut dans un village intelle
336
nce, il ne voit que le drame algérien. « Quittons
notre
province, je veux dire notre nation » voudrait-on lui répéter et ce n
337
algérien. « Quittons notre province, je veux dire
notre
nation » voudrait-on lui répéter et ce n’est pas ma faute si cette ph
338
pement social », ces philosophes croyaient servir
nos
vraies valeurs en nous mettant — vainement d’ailleurs — en garde cont
339
hilosophes croyaient servir nos vraies valeurs en
nous
mettant — vainement d’ailleurs — en garde contre notre expansion inév
340
mettant — vainement d’ailleurs — en garde contre
notre
expansion inévitable. Ils n’ont sauvé de la sorte que nos principes,
341
nsion inévitable. Ils n’ont sauvé de la sorte que
nos
principes, compromis ou trahis par nos pratiques. L’ère colonialiste
342
sorte que nos principes, compromis ou trahis par
nos
pratiques. L’ère colonialiste a pris fin, pour des raisons qu’ils ne
343
grandeur à la liquidation d’un empire colonial ?
Nous
avons mieux à faire qu’un mea culpa traduisant nos complexes personne
344
us avons mieux à faire qu’un mea culpa traduisant
nos
complexes personnels. Devant la crise économique et la fièvre nationa
345
orale de l’URSS, l’heure n’est pas de cracher sur
nos
valeurs, mais de les prendre nous-mêmes au sérieux et d’en tirer les
346
atiques, pour le tiers-monde et pour l’Europe qui
doit
l’aider. Nous n’avons pas le droit de frustrer la jeunesse soviétique
347
le tiers-monde et pour l’Europe qui doit l’aider.
Nous
n’avons pas le droit de frustrer la jeunesse soviétique, et les autre
348
, au moment où elles se tournent obscurément vers
nous
. Ce que nous devons offrir au monde et à nos fils, non, ce n’est pas
349
ù elles se tournent obscurément vers nous. Ce que
nous
devons offrir au monde et à nos fils, non, ce n’est pas notre mauvais
350
es se tournent obscurément vers nous. Ce que nous
devons
offrir au monde et à nos fils, non, ce n’est pas notre mauvaise consc
351
ers nous. Ce que nous devons offrir au monde et à
nos
fils, non, ce n’est pas notre mauvaise conscience, notre rage autopun
352
offrir au monde et à nos fils, non, ce n’est pas
notre
mauvaise conscience, notre rage autopunitive ou l’alliance de nos ren
353
ils, non, ce n’est pas notre mauvaise conscience,
notre
rage autopunitive ou l’alliance de nos reniements, mais un exemple ré
354
science, notre rage autopunitive ou l’alliance de
nos
reniements, mais un exemple réussi de dépassement de l’ère nationalis