1 1962, Les Chances de l’Europe. I. L’aventure mondiale des Européens
1 e d’une véritable histoire universelle — celle où nous sommes bel et bien engagés dans cette seconde moitié du xxe siècle,
2 sans précédent et sans parallèle dans l’histoire, nous n’arriverons jamais à le comprendre dans son mouvement, sa significat
3 en partant des données physiques et naturelles de notre petit continent, comme le veut une pensée héritée d’un xixe siècle s
4 là des atouts, mais qui sont loin d’inscrire dans notre sol l’histoire mondiale qui sera la nôtre. On ne peut y lire un desti
5 re dans notre sol l’histoire mondiale qui sera la nôtre . On ne peut y lire un destin. Chaque géographe en tire d’ailleurs ce
6 le passage : En sortant des mains de la nature, notre partie du monde n’avait reçu aucun titre à cette glorieuse prééminenc
7 qui possède le moins de richesses territoriales… nous ne sommes riches que d’emprunts. Tel est néanmoins le pouvoir de l’es
8 r la carte des densités de peuplement de la Terre nous fait voir que l’humanité s’est concentrée depuis longtemps dans trois
9 lus dix millions. Le grand essor démographique de nos nations ne date que du xixe siècle. Comment se fait-il alors que l’I
10 porains ? Cela se discute. Hippocrate et Strabon, nous venons de le voir, mais aussi Hérodote, Platon et Aristote nous parle
11 le voir, mais aussi Hérodote, Platon et Aristote nous parlent déjà d’une Europe et la contrastent même avec l’Asie, mais ce
12 re des chrétiens, durant le premier millénaire de notre ère, obéit à l’ordre du Christ : Allez et évangélisez toutes les nati
13 s puissamment contribué à la synthèse européenne. Notre idée de la science en dérive, comme l’a montré Jaspers, commentant Ni
14 ntant Nietzsche7 (ce très lucide antichrétien) et nos principes politiques en dérivent. Or notre idée de la science et nos
15 tien) et nos principes politiques en dérivent. Or notre idée de la science et nos principes d’égalité, de liberté et de justi
16 iques en dérivent. Or notre idée de la science et nos principes d’égalité, de liberté et de justice ont sans doute été déci
17 phénomène Europe, le christianisme. Mais non sans nous poser cette question difficile que je vais laisser sans réponse : pou
18 prédisposition européenne au christianisme ? Ceci nous laisse en plein mystère. Et les autres explications du phénomène euro
19 européen par des données physiques et matérielles nous laissent en pleine ambiguïté : ces données ont agi, chacune à sa mani
20 rendre compte du phénomène global que l’histoire nous oblige à constater : la fonction mondiale de l’Europe. Décrivons donc
21 xplication d’un phénomène par ses causes a dominé notre xixe siècle, mais c’était aux dépens de la compréhension du phénomèn
22 recs, transformé en taureau, traduit l’Histoire : notre Europe est effectivement venue du Proche-Orient. Après la disparition
23 du bois et du rocher » (comme dit Vigny) dont ne nous restent plus que les peintures rupestres de Lascaux et d’Altamira, l’
24 biguë, comme toutes les choses divines, ménageant notre liberté d’interprétation et de décision… Voici ce que l’on peut en ti
25 es du Proche-Orient dans la péninsule d’Occident. Nous avons vu que les populations, les religions, les procédés techniques
26 ui me semble illustrer les traits fondamentaux de notre Europe, légendaire, historique, physique, païenne et chrétienne à la
27 ade utopique. Derrière l’audace inouïe de Colomb, nous retrouvons ainsi le jeu complexe, le conflit perpétuel, souvent fécon
28 oire à partir des années 1880 à 1900. Au début de notre xxe siècle, on peut dire que l’Europe a placé sur orbite sa civilisa
29 aractères constants du phénomène européen tel que nous venons d’en retracer le cours, et de l’esprit qui a soutenu pendant d
30 venture, mais le début d’une autre histoire, dont nous sommes bien loin d’être quittes. Christophe Colomb, le père des Décou
31 uffise de citer, pour l’illustrer, l’ambiguïté de notre essor technique : nous allons toujours plus vite, mais vers quoi ? No
32 illustrer, l’ambiguïté de notre essor technique : nous allons toujours plus vite, mais vers quoi ? Nous gagnons du temps, ma
33 nous allons toujours plus vite, mais vers quoi ? Nous gagnons du temps, mais pour en faire quoi ? Nous augmentons notre pui
34 Nous gagnons du temps, mais pour en faire quoi ? Nous augmentons notre puissance, mais qu’en est-il de nos moyens de la maî
35 temps, mais pour en faire quoi ? Nous augmentons notre puissance, mais qu’en est-il de nos moyens de la maîtriser et de la f
36 augmentons notre puissance, mais qu’en est-il de nos moyens de la maîtriser et de la faire servir au bonheur, à la justice
37 ent de systole qui est en train de s’achever sous nos yeux — l’indépendance de l’Algérie en marquant peut-être le terme — n
38 nce de l’Algérie en marquant peut-être le terme — nous aurons à considérer successivement trois ordres de réalités : — les d
39 ôt universelle ; et enfin : — la fonction qu’elle doit encore remplir en dépit des prophètes de sa décadence, dans un monde
40 i a sauvé des malades à la mort : défends-toi, tu dois vivre, car j’ai besoin de toi. 1. Hippocrate est le premier auteur,
41 de toi. 1. Hippocrate est le premier auteur, à notre connaissance, qui ait décrit l’Europe comme une entité, en la contras
2 1962, Les Chances de l’Europe. II. Secret du dynamisme européen
42 aux deux guerres mondiales, et ce reflux qui sous nos yeux s’achève, ramenant l’Europe à ses limites du xve siècle. Et je
43 de l’Aventure ? Tout pronostic relatif à l’Europe doit se baser, à mon avis, sur l’examen de nos trois facteurs déterminants
44 Europe doit se baser, à mon avis, sur l’examen de nos trois facteurs déterminants pour les chances d’avenir du sujet : sa v
45 l’histoire de l’humanité, qui a permis jusqu’ici notre aventure mondiale ? Ces secrets de notre expansion sont-ils encore vi
46 usqu’ici notre aventure mondiale ? Ces secrets de notre expansion sont-ils encore vivants et agissants ? Examinons pour comme
47 nons pour commencer la situation géoéconomique de notre petit continent, au point présent de l’évolution du monde. Nous allon
48 tinent, au point présent de l’évolution du monde. Nous allons découvrir que cette situation est plus centrale que jamais, si
49 , si bizarre que puisse paraître l’expression. On nous a beaucoup mis en garde, depuis les débuts de ce siècle (et récemment
50 core, Toynbee), contre l’illusion provinciale qui nous ferait tenir l’Europe pour le centre du monde. De tels avertissements
51 l’infinité des hémisphères qu’on peut tracer sur notre globe, il en existe un — et un seul ! — qui se trouve contenir à la f
52 Berlin selon les Allemands, mais en tout cas sur notre continent. Ainsi, d’un point choisi au zénith de Nantes, assez loin d
53 Voici donc un fait mesurable qui ne dépend ni de notre orgueil, ni de notre humilité d’Européens, un fait aisément vérifiabl
54 esurable qui ne dépend ni de notre orgueil, ni de notre humilité d’Européens, un fait aisément vérifiable et dont les données
55 able et dont les données objectives se lisent sur nos mappemondes et cartes économiques, en attendant d’être photographiées
56 ut à fait différente de ce qu’elle est devenue de nos jours. Il semble bien que ce soit, au contraire, à partir de l’Europe
57 nt l’histoire mondiale de l’Europe. Si maintenant nous désirons voir comment ces alternances ont été liées aux données de la
58 plement sur une mappemonde indiquant les reliefs) nous permet de constater que l’Europe actuelle, amputée des plaines russes
59 continent qui n’ait point de déserts. Continuons notre descente vers les terres du centre du monde : comparez les photos aér
60 curieusement les photos prises du haut des airs, nous nous posons enfin sur le sol de l’Europe, dans la rumeur humaine d’un
61 eusement les photos prises du haut des airs, nous nous posons enfin sur le sol de l’Europe, dans la rumeur humaine d’une pla
62 ans trop d’erreurs les structures essentielles de notre civilisation. Un service religieux, une séance au conseil municipal,
63 traient de trouver quelques-uns des secrets (pour nous trop évidents) du dynamisme européen, c’est-à-dire la communauté spir
64 enant ce portrait de l’Europe telle que chacun de nous peut la voir, ce portrait composé non point à partir de définitions e
65 lités visibles et tangibles, qui sont le cadre de nos vies. Essayons de présenter l’Europe non point par sa philosophie mai
66 lle suggère une méthode inédite d’enseignement de notre vie civique, basée sur la photo et sur le film, et permettant beaucou
67 ruire l’Europe en partant de la place communale. Nos villes et nos villages ne sont pas nés autour de places préalablement
68 en partant de la place communale. Nos villes et nos villages ne sont pas nés autour de places préalablement dessinées, ma
69 uropéens à la réalité communautaire, fondement de notre civilisation. On sent bien que ce ne sont pas des masses informes, ni
70 parades. Tout au contraire, la place centrale de nos villes et villages est rarement régulière, hors des périodes de relâc
71 ia ou le Forum romain lui-même, ancêtre commun de nos places, Plätze, plazas, praças, piazze, ou Pleins selon le pays. Quan
72 e la cité : celui de l’unanimité fondamentale qui doit transcender les partis, les ambitions et les doctrines en vogue. Si l
73 a fonction de l’école est demeurée la même : elle doit d’une part communiquer les connaissances acquises et le respect des v
74 uises et le respect des valeurs communes, et elle doit d’autre part éveiller le sens critique et le jugement individuel. Édu
75 n et d’initiative, qui marquent les deux pôles de notre éducation. (L’Orient et les cultures traditionnelles n’ont guère conn
76 ltures traditionnelles n’ont guère connu, jusqu’à nos jours, d’autre forme d’éducation qu’initiatique18.) Quant au marché,
77 symbolique de toute l’économie européenne jusqu’à nos jours. (Même après que le port — même racine qu’exporter et importer 
78 s principales fonctions qui constituent la place, nous rend ainsi sensible et comme visible la pulsation originelle des éner
79 originelle des énergies formatrices de l’Europe. Nous avons retrouvé à l’intérieur de chacun des domaines représentés le sp
80 comme veulent l’être les régimes totalitaires de notre temps. Civilisation à base d’antagonismes, de conflits toujours renou
81 es coopératives ; ainsi de l’éducation elle-même, nous l’avons vu ; et finalement, de l’idée du progrès. Dans la mesure où c
82 uropéen et des périodes de diastole planétaire de notre civilisation. ⁂ Sommes-nous au seuil d’une telle période ? Ou au cont
83 astole planétaire de notre civilisation. ⁂ Sommes- nous au seuil d’une telle période ? Ou au contraire, l’état de santé de l’
84 ssi mauvais que le proclament une bonne partie de nos intellectuels ? Plus sérieusement, la technique triomphante ne va-t-e
85 e triomphante ne va-t-elle pas rapidement effacer nos plus fécondes diversités, et imposer au continent et à ses peuples un
86 des institutions traditionnelles que concrétisent nos bâtiments-symboles, réunis autour de la Place. Comment s’adaptent-ils
87 ce. Comment s’adaptent-ils à l’ère technique ? Je dois me borner ici à quelques indications sommaires, purement factuelles,
88 neté. La plupart sont aux trois quarts vides dans nos villages, qui n’en possèdent pourtant qu’une seule, le plus souvent,
89 L’église, en Amérique, est restée, mieux que chez nous , le centre de la vie sociale d’un village. Elle y joue un grand rôle
90 s et leurs prêtres s’inspirent de plus en plus de nos théologiens. Les trois noms qui dominent aujourd’hui la pensée religi
91 opiées sur les modèles combinés des basiliques de notre Moyen Âge, tandis que dans toute l’Europe, on construit des églises e
92 vec la tolérance des hiérarchies ecclésiastiques, nous assistons dans cette génération à un phénomène de convergence chrétie
93 , et se rapproche, dans cette mesure du moins, de nos formules européennes19. Passons à la mairie, symbole de la commune, q
94 de centralisation systématique dans l’ensemble de nos pays. On pouvait croire que l’ère technique, qui est celle des plans
95 é plus prospère qu’aujourd’hui, et cela dans tous nos pays, qu’il s’agisse du Marché commun des Six, ou de l’économie des p
96 e libre et le prestige des cafés littéraires dans nos grandes villes, ces deux faits, inégaux d’importance mais très typiqu
97 faits, inégaux d’importance mais très typiques de notre Europe, restent des signes non trompeurs de la vitalité d’une culture
98 t créé le décor sale et sans âme des faubourgs de nos capitales, elle a créé le prolétariat, elle a soumis toute une classe
99 ion de la technique a fait beaucoup plus de mal à notre espèce que les explosions nucléaires qui nous épouvantent aujourd’hui
100 à notre espèce que les explosions nucléaires qui nous épouvantent aujourd’hui. (Seulement, la presse n’en parlait pas, et s
101 l’innovation, et c’est le problème fondamental de notre temps. Or elle est seule à disposer, pour le résoudre, d’une expérien
102 Américains viennent de l’Europe et dans ce sens, notre Moyen Âge est aussi le leur. Mais nous avons chez nous, au centre de
103 ce sens, notre Moyen Âge est aussi le leur. Mais nous avons chez nous, au centre de nos villes, les témoins quotidiens et f
104 Moyen Âge est aussi le leur. Mais nous avons chez nous , au centre de nos villes, les témoins quotidiens et familiers de notr
105 le leur. Mais nous avons chez nous, au centre de nos villes, les témoins quotidiens et familiers de notre passé, ruines ro
106 os villes, les témoins quotidiens et familiers de notre passé, ruines romaines, ruelles et cathédrales, palais classiques et
107 et non chrétien, dans beaucoup de pays voisins du nôtre — le monument aux morts des dernières guerres ? 14. Les premiers tr
108 onialisme, et fonde une longue tradition, jusqu’à nos jours tradition européenne, soulignons-le. Le célèbre moine Francisco
109 portants sur l’état des problèmes municipaux dans nos pays, notamment Die Grosse Stadt und die Kleine Gemeinde, Wiener Kong
3 1962, Les Chances de l’Europe. III. L’Europe s’unit
110 III. L’Europe s’unit Les organes vitaux de notre société, pris un à un, me paraissent donc en assez bon état. Reste à
111 que. Dans l’ensemble, elle consiste a transformer nos vivantes et vitales diversités en divisions rigides et morbides — div
112 ssent par s’attaquer même à cette base commune de nos diversités : l’unité de notre culture traditionnelle et créatrice. En
113 cette base commune de nos diversités : l’unité de notre culture traditionnelle et créatrice. En bref, cette maladie peut être
114 périr à deux reprises dans la première moitié de notre siècle. Et c’est aussi ce mal, disséminé par nous sur plusieurs conti
115 otre siècle. Et c’est aussi ce mal, disséminé par nous sur plusieurs continents naguère colonisés, qui cause les fièvres et
116 e de l’Europe, c’est donc la volonté de surmonter nos divisions nationalistes et de libérer par là même le jeu normal et sa
117 t de libérer par là même le jeu normal et sain de nos diversités. La volonté d’union sera le signe d’une santé renouvelée d
118 ans la mesure où elle prendra pour but de fédérer nos différences et non pas de les effacer ni d’uniformiser la vie du cont
119 able de remonter aux origines de ces tendances de notre esprit, et de rechercher d’où procède la discussion sur l’union de l’
120 ans les replacer tout d’abord dans le contexte de notre histoire. Ils apparaissent au terme provisoire d’une longue évolution
121 siècles. Ce qui est en passe de se réaliser sous nos yeux, d’une manière encore bien imparfaite il est vrai, c’est ce que
122 ts. La paix d’abord, qu’il s’agit d’assurer entre nos peuples, déchirés par des guerres intérieures à l’Europe et cela par
123 et Bentham, vers 1800, jusqu’au Marché commun de nos jours. Le thème de la menace étrangère, ou de la défense commune, que
124 ccessoire, et se révèle d’ailleurs inopérant dans notre histoire. Soit contre les Turcs soit contre les Soviets, il sert de p
125 rs au monde, et s’ils sont en conflit, devant qui doivent -ils plaider ? », Dubois répond : non pas devant le monarque universel
126 utes les propositions de paix et d’union, jusqu’à nos jours. (Il faudra la menace de la bombe atomique pour que les peuples
127 de dangereux imbéciles.) L’idée de Pierre Dubois devait pourtant survivre. Cent-cinquante ans plus tard, en 1462, un pauvre g
128 ctement, sous le nom d’Europe des patries, et qui nous ramènerait à une Europe des États souverains, alliance paradoxale en
129 isait-il, c’est en Europe même, c’est-à-dire dans notre patrie, dans notre propre maison, que nous sommes attaqués et tués. »
130 Europe même, c’est-à-dire dans notre patrie, dans notre propre maison, que nous sommes attaqués et tués. »26 Deux siècles pa
131 dans notre patrie, dans notre propre maison, que nous sommes attaqués et tués. »26 Deux siècles passent, et la face de l’E
132 onc « œcuméniques » au sens qu’a pris ce terme de nos jours, impliquant le rapprochement des confessions chrétiennes. C’est
133 des créateurs d’institutions européennes, jusqu’à nous . Ces quatre plans, dans l’ordre chronologique, sont : le Nouveau Cyné
134 ent un Tribunal d’arbitrage supérieur aux États —  nous dirions supranational ; une Assemblée, ou Conseil de l’Europe ; des m
135 . Et citons cette phrase mémorable : « La lumière doit être apportée aux autres peuples au nom de notre patrie européenne ;
136 e doit être apportée aux autres peuples au nom de notre patrie européenne ; et c’est pourquoi nous devons tout d’abord nous u
137 om de notre patrie européenne ; et c’est pourquoi nous devons tout d’abord nous unir entre nous ; car, nous autres Européens
138 notre patrie européenne ; et c’est pourquoi nous devons tout d’abord nous unir entre nous ; car, nous autres Européens, nous
139 enne ; et c’est pourquoi nous devons tout d’abord nous unir entre nous ; car, nous autres Européens, nous devons être consid
140 pourquoi nous devons tout d’abord nous unir entre nous  ; car, nous autres Européens, nous devons être considérés comme des v
141 s devons tout d’abord nous unir entre nous ; car, nous autres Européens, nous devons être considérés comme des voyageurs emb
142 ous unir entre nous ; car, nous autres Européens, nous devons être considérés comme des voyageurs embarqués sur un seul et m
143 nir entre nous ; car, nous autres Européens, nous devons être considérés comme des voyageurs embarqués sur un seul et même nav
144 faite, parce qu’elle l’est dans leurs esprits et doit donc exister en raison — et passons à la Révolution française. L’un d
145 e de Dante, à la différence près que cette utopie devrait être imposée au genre humain, précise Cloots, par « la guerre ! la gu
146 du Marché commun, en ceci que, pour lui, l’union doit naître de la « force coactive » des institutions économiques, force q
147 siècle. Ils n’aboutissent exactement à rien. Mais nous y retrouvons, pendant vingt ans, environné d’un long tonnerre d’accla
148 agne, la Bourgogne, la Lorraine, l’Alsace, toutes nos provinces se sont fondues dans la France. Un jour viendra où il n’y a
149 ne s’est pas perdu, mais tout s’est senti périr… Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelle
150 out s’est senti périr… Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.41 L’Europe avait touch
151 autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.41 L’Europe avait touché le fond, une première foi
152 s. Rien de nouveau, sinon ceci, qui est décisif : nous n’avons plus affaire à des voix isolées, à vingt ou cent années de di
153 agir, dès la guerre finie. Il en naît, dans tous nos pays, un foisonnement de petits groupes, associations, mouvements et
154 te ait été, comme on le répète, le vrai moteur de notre union, son fédérateur par l’angoisse, la première institution europée
155 ière institution européenne acceptée eût été, eût être logiquement la CED : or c’est en fait la seule qui ait été refus
156 , permettant la fusion des intérêts essentiels de nos nations : production industrielle, législation sociale, tarifs douani
157 le veut le pluralisme européen, vrai fondement de notre unité — plus d’une centaine d’instituts, associations, maisons de l’E
158 utes de réveiller et d’entretenir le sentiment de notre commune appartenance à l’aventure spirituelle de l’Europe. Le mouveme
159 prudents des traités. Il semble bien que cet élan doive trouver sous peu son couronnement politique, dans quelque forme d’ass
160 école primaire et secondaire, dans une dizaine de nos pays, le sens de l’union s’enracine dans les nouvelles générations. P
161 ment vers l’union qui s’amorce et s’accélère sous nos yeux. Je voudrais vous montrer, dans ma dernière leçon, vers quoi ce
162 s ma dernière leçon, vers quoi ce grand mouvement nous mène, peut nous mener, doit nous mener. Et je crois que c’est vers le
163 çon, vers quoi ce grand mouvement nous mène, peut nous mener, doit nous mener. Et je crois que c’est vers le monde, vers l’u
164 oi ce grand mouvement nous mène, peut nous mener, doit nous mener. Et je crois que c’est vers le monde, vers l’unité finale
165 grand mouvement nous mène, peut nous mener, doit nous mener. Et je crois que c’est vers le monde, vers l’unité finale du ge
166 ien et le mal, § 256, puis fragment posthume (que nous citons) sur le même thème. 40. Jean Variot, Propos de Georges Sorel,
167  … de ce travail urgent, la France et l’Allemagne doivent prendre la direction ensemble. La Grande-Bretagne, l’Empire britanniq
168 a Russie soviétique — car alors tout irait bien — doivent être amis et garants de la nouvelle Europe et défendre son droit à la
4 1962, Les Chances de l’Europe. IV. Les nouvelles chances de l’Europe
169 l’Europe Donc l’Europe est en train de s’unir, nous avons vu pour quelles raisons, à la fois séculaires et modernes. Troi
170 celle de la fédération. Mais une raison nouvelle doit forcer leur accord : c’est la nécessité matérielle et morale de répon
171 lle et morale de répondre aux appels que le monde nous adresse, par sa faim, par sa peur et même par sa haine. C’est la néce
172 peur et même par sa haine. C’est la nécessité de nous porter enfin à la hauteur de notre vocation universelle. S’il est vra
173 la nécessité de nous porter enfin à la hauteur de notre vocation universelle. S’il est vrai que la fonction crée l’organe, c’
174 e l’organe, c’est de cette vocation elle-même que doit venir l’impulsion décisive, qui nous oblige à rassembler les forces d
175 lle-même que doit venir l’impulsion décisive, qui nous oblige à rassembler les forces dispersées de nos nations, de manière
176 nous oblige à rassembler les forces dispersées de nos nations, de manière à réaliser, pour la première fois dans l’histoire
177 fois dans l’histoire, la « capacité globale » de notre continent. La vocation d’un homme, d’un groupe ou d’une culture, c’es
178 ur chance contre leur destin… Cela dit, regardons notre jeu. L’appel du monde, provoqué par nos œuvres, atteint l’Europe dans
179 gardons notre jeu. L’appel du monde, provoqué par nos œuvres, atteint l’Europe dans une situation qui me paraît définie par
180 est au cours des quinze années pendant lesquelles nos États ont perdu leurs empires, que l’Europe s’est mise à s’unir. Les
181 , sont les mêmes dates, exactement, que celles de nos premières étapes vers l’union 1945 à 1962, et tout porte à prévoir qu
182 mme un péché mortel de l’Europe, en ce sens qu’il devait aggraver la dissolution du corps européen en nations rivales. Et de f
183 s, et avaient conclu les traités de 1919, et ceci devait amener les colonies à réclamer leur émancipation, voire à découvrir p
184 de juguler leurs sanglants chauvinismes, et cela devait amener, nous l’avons vu, le réveil des projets d’union. Accessoiremen
185 rs sanglants chauvinismes, et cela devait amener, nous l’avons vu, le réveil des projets d’union. Accessoirement, il ne sera
186 retrait colonial eût signifié l’arrêt de mort de notre économie. Or ce retrait se trouve coïncider non seulement avec notre
187 ce retrait se trouve coïncider non seulement avec notre union, mais avec une prospérité sans précédent de l’ensemble du conti
188 sans précédent de l’ensemble du continent. Jamais notre cap de l’Asie n’avait connu croissance économique aussi rapide que de
189 régimes traditionnels. Au nom de quelques-unes de nos plus vraies valeurs — la liberté, la dignité de la personne, l’égalit
190 les et des races — mais aussi de quelques-unes de nos folies les plus contagieuses, comme le nationalisme, ils se sont mis
191 e, ils se sont mis à revendiquer les avantages de notre civilisation et la souveraineté de leurs États, pour la plupart créés
192 raineté de leurs États, pour la plupart créés par nous . Quant aux nations colonialistes de l’Europe, presque ruinées à deux
193 xième grand fait, non moins paradoxal, qui domine notre situation : le retrait politique de l’Europe coïncide avec l’adoption
194 de l’Europe coïncide avec l’adoption accélérée de notre civilisation par le tiers-monde. Je le disais d’entrée de jeu : l’Eu
195 on effectivement universelle. Cette civilisation, nous le savons tous, est tenue pour responsable, à tort ou à raison, d’aut
196 ses origines raciales, politiques et religieuses. Nous savons tous aussi comment s’est opérée sa diffusion mondiale dès la R
197 e désormais dans toutes ses dimensions physiques, nous ne pouvons plus faire d’erreurs de cette taille ; son histoire égalem
198 plus de traditions oubliées par leurs peuples que nos armées et nos missions n’en ont jamais détruites ou dénaturées. Mais
199 ions oubliées par leurs peuples que nos armées et nos missions n’en ont jamais détruites ou dénaturées. Mais alors, le retr
200 iquent une tendance prononcée vers l’expansion de notre culture dans les colonies libérées. Le retrait des Anglais de l’Inde
201 , celle de l’époque coloniale, seule l’élite sait notre langue… On n’apprend plus le français dans ces pays parce qu’on y est
202 les nations neuves du tiers-monde, il a suffi que nos administrateurs civils et militaires s’en aillent, pour que soit décr
203 lite indigène. Ces idéaux, on les retourne contre nous , et contre nos pratiques trop souvent immorales : c’est qu’ils valaie
204 es idéaux, on les retourne contre nous, et contre nos pratiques trop souvent immorales : c’est qu’ils valaient sans doute m
205 ales : c’est qu’ils valaient sans doute mieux que nous ne l’avions cru, et mieux que nous : tant pis pour nous, et tant mieu
206 oute mieux que nous ne l’avions cru, et mieux que nous  : tant pis pour nous, et tant mieux pour nos idéaux ! Je ne les vois,
207 e l’avions cru, et mieux que nous : tant pis pour nous , et tant mieux pour nos idéaux ! Je ne les vois, pour ma part, nullem
208 que nous : tant pis pour nous, et tant mieux pour nos idéaux ! Je ne les vois, pour ma part, nullement menacés par la décol
209 e colonisés. Mais voici le troisième grand fait : nos idéaux et nos pratiques ont été diffusés en désordre, sans aucun plan
210 ais voici le troisième grand fait : nos idéaux et nos pratiques ont été diffusés en désordre, sans aucun plan, sans nulle s
211 équences qui risquent d’être aussi fâcheuses pour nous , Européens, que pour les peuples du tiers-monde. Fâcheuses pour nous
212 e pour les peuples du tiers-monde. Fâcheuses pour nous d’abord. Car il est évident que notre civilisation ne s’est rendue as
213 cheuses pour nous d’abord. Car il est évident que notre civilisation ne s’est rendue assimilable et transportable qu’au prix
214 es et ses valeurs fondamentales. Le monde accepte nos machines et quelques-uns de nos slogans, mais non pas l’arrière-plan
215 Le monde accepte nos machines et quelques-uns de nos slogans, mais non pas l’arrière-plan religieux, philosophique et cult
216 r intégration, bon an mal an, dans le complexe de nos coutumes et de nos équilibres humains. Il faut l’admettre : les versi
217 an mal an, dans le complexe de nos coutumes et de nos équilibres humains. Il faut l’admettre : les versions simplifiées de
218 t sembler que leurs chances soient meilleures que les nôtres . Le tiers-monde les accueille sans méfiance de principe. Il ne dit pa
219 monde, en cette affaire, a bien plus à perdre que nous . Ses meilleurs esprits le découvrent. Mais aussitôt, ils nous accable
220 illeurs esprits le découvrent. Mais aussitôt, ils nous accablent de reproches. Je vous citerai, à ce propos, un professeur i
221 cho des ressentiments du tiers-monde à l’égard de notre culture et de sa diffusion désordonnée. Rappelant que les pays sous-d
222 isme culturel.50 C’est une assez bonne liste de nos vices, tels qu’ils se sont manifestés, du moins à partir des débuts d
223 lle. Il serait trop facile de répondre à ceux qui nous tiennent ce langage : pourquoi n’avez-vous pas adopté nos vertus, don
224 nent ce langage : pourquoi n’avez-vous pas adopté nos vertus, dont la liste est aussi facile à faire ? Et pourquoi nous imi
225 t la liste est aussi facile à faire ? Et pourquoi nous imitez-vous, en général ? Pourquoi nous reprochez-vous notre athéisme
226 pourquoi nous imitez-vous, en général ? Pourquoi nous reprochez-vous notre athéisme et plus encore, notre matérialisme, qua
227 z-vous, en général ? Pourquoi nous reprochez-vous notre athéisme et plus encore, notre matérialisme, quand c’est notre aide m
228 ous reprochez-vous notre athéisme et plus encore, notre matérialisme, quand c’est notre aide matérielle que vous exigez à gra
229 e et plus encore, notre matérialisme, quand c’est notre aide matérielle que vous exigez à grands cris, et pas du tout nos mis
230 lle que vous exigez à grands cris, et pas du tout nos missionnaires ? Cette réponse serait trop facile, car nous sommes lar
231 ionnaires ? Cette réponse serait trop facile, car nous sommes largement responsables des erreurs que commet le tiers-monde q
232 es des erreurs que commet le tiers-monde quand il nous juge. Ce ne sont pas nos meilleurs représentants, les plus conscients
233 le tiers-monde quand il nous juge. Ce ne sont pas nos meilleurs représentants, les plus conscients des vraies valeurs europ
234 us conscients des vraies valeurs européennes, que nous envoyons outre-mer, mais des agents de nos États et de nos firmes, qu
235 , que nous envoyons outre-mer, mais des agents de nos États et de nos firmes, qui transportent là-bas toutes nos rivalités,
236 ons outre-mer, mais des agents de nos États et de nos firmes, qui transportent là-bas toutes nos rivalités, des assistants
237 et de nos firmes, qui transportent là-bas toutes nos rivalités, des assistants techniques qui ne savent pas grand-chose du
238 gitateurs politiques, des commerçants incultes et nos plus mauvais films. Nous exportons pêle-mêle nos sous-produits, nos a
239 s commerçants incultes et nos plus mauvais films. Nous exportons pêle-mêle nos sous-produits, nos aventuriers et nos livres,
240 nos plus mauvais films. Nous exportons pêle-mêle nos sous-produits, nos aventuriers et nos livres, nos querelles nationale
241 ilms. Nous exportons pêle-mêle nos sous-produits, nos aventuriers et nos livres, nos querelles nationales, nos machines et
242 s pêle-mêle nos sous-produits, nos aventuriers et nos livres, nos querelles nationales, nos machines et nos dogmes, dans l’
243 nos sous-produits, nos aventuriers et nos livres, nos querelles nationales, nos machines et nos dogmes, dans l’irresponsabi
244 nturiers et nos livres, nos querelles nationales, nos machines et nos dogmes, dans l’irresponsabilité la plus totale, sans
245 livres, nos querelles nationales, nos machines et nos dogmes, dans l’irresponsabilité la plus totale, sans respect ni pour
246 e, sans respect ni pour leurs cultures ni pour la nôtre . Telle est la situation concrète de l’Europe dans le monde actuel. Je
247 actuel. Je la résume : la décolonisation, loin de nous ruiner, coïncide avec notre union, laquelle promet une prospérité san
248 écolonisation, loin de nous ruiner, coïncide avec notre union, laquelle promet une prospérité sans précédent ; le monde entie
249 s précédent ; le monde entier se met à l’école de notre civilisation ; mais il n’en tire pas le meilleur, loin de là, et nous
250 mais il n’en tire pas le meilleur, loin de là, et nous méprise autant qu’il nous jalouse. C’est en fin de compte notre faute
251 eilleur, loin de là, et nous méprise autant qu’il nous jalouse. C’est en fin de compte notre faute, car nous n’avons jamais
252 autant qu’il nous jalouse. C’est en fin de compte notre faute, car nous n’avons jamais conçu une politique de civilisation ré
253 jalouse. C’est en fin de compte notre faute, car nous n’avons jamais conçu une politique de civilisation répondant à l’ampl
254 pondant à l’ampleur des exigences du siècle et de nos responsabilités mondiales. La question qui se pose est dès lors la su
255 bee et de Sorel à Sartre51, semble avoir persuadé nos élites comme nos masses que l’Europe est une pauvre chose écrasée ent
256 Sartre51, semble avoir persuadé nos élites comme nos masses que l’Europe est une pauvre chose écrasée entre deux colosses.
257 te des faits. Dès le xviiie siècle, elle hantait nos esprits. Voici ce qu’écrit à Catherine de Russie le baron Grimm, gaze
258 côté de l’Orient, et l’Amérique, devenue libre de nos jours, du côté de l’Occident ; et nous autres, peuple du noyau, nous
259 ue libre de nos jours, du côté de l’Occident ; et nous autres, peuple du noyau, nous serons trop dégradés, trop avilis, pour
260 de l’Occident ; et nous autres, peuple du noyau, nous serons trop dégradés, trop avilis, pour savoir autrement que par une
261 nt que par une vague et stupide tradition, ce que nous avons été.52 En 1847, Sainte-Beuve résume ainsi l’opinion de l’hist
262 sont très loin d’additionner leurs forces contre nous  : ils sont plutôt rivaux, et l’un est notre allié. Mais vous me direz
263 contre nous : ils sont plutôt rivaux, et l’un est notre allié. Mais vous me direz que la puissance réelle de l’Europe n’est p
264 et qu’il faut donc absolument la faire, pour que notre capacité globale se réalise, non seulement dans les statistiques, mai
265 e, non seulement dans les statistiques, mais dans notre conscience. L’Europe a tout ce qu’il faut pour être encore la premièr
266 ntellectuelle occidentale désespère bruyamment de nos valeurs et dénie toute espèce de vocation à l’Occident, tel que le re
267 sance et non une décadence. Mais il y a plus : on nous dit que les valeurs nouvelles, capables d’entraîner le monde et de lu
268 éen au xixe siècle. Ce sont donc des valeurs qui nous sont propres que les Russes nous renvoient aujourd’hui, fort simplifi
269 des valeurs qui nous sont propres que les Russes nous renvoient aujourd’hui, fort simplifiées et appauvries d’ailleurs, sou
270 d’un autre successeur, hypothétique, reprenant de nos mains débiles ce qu’on appelait jadis « le flambeau de la civilisatio
271 ne vois pas une seule culture indépendante de la nôtre , foncièrement différente de la nôtre, qui serait mieux capable que no
272 ndante de la nôtre, foncièrement différente de la nôtre , qui serait mieux capable que nous d’exercer la fonction planétaire u
273 férente de la nôtre, qui serait mieux capable que nous d’exercer la fonction planétaire unifiante qui sera désormais, dans l
274 emière d’une civilisation. Un regard sur le globe nous fait voir au contraire que les peuples nouveaux se tournent vers l’Eu
275 , une création de l’Europe ! Le cycle se referme, nous ramenant à l’Europe. Où trouver, dans tout cela, nos successeurs ? Je
276 ramenant à l’Europe. Où trouver, dans tout cela, nos successeurs ? Je ne vois que des imitateurs, un peu en retard, qui bi
277 , un peu en retard, qui bien souvent caricaturent nos pires défauts. Non, nous n’échapperons pas à notre vocation en prétex
278 bien souvent caricaturent nos pires défauts. Non, nous n’échapperons pas à notre vocation en prétextant notre faiblesse, ou
279 nos pires défauts. Non, nous n’échapperons pas à notre vocation en prétextant notre faiblesse, ou ces crimes d’un passé réce
280 n’échapperons pas à notre vocation en prétextant notre faiblesse, ou ces crimes d’un passé récent dont le tiers-monde nous t
281 ces crimes d’un passé récent dont le tiers-monde nous tient pour responsables. Car cette faiblesse, je l’ai montré, ne trad
282 e l’ai montré, ne traduit rien qu’une division de nos forces — et nous sommes en bon train de les unir — mai non pas une ab
283 e traduit rien qu’une division de nos forces — et nous sommes en bon train de les unir — mai non pas une absence de force po
284 ce potentielle. Et ces crimes, qui furent ceux de nos nationalismes, du racisme, et dans une certaine mesure du colonialism
285 s une certaine mesure du colonialisme, exigent de nous bien autre chose qu’un mea culpa rageur et masochiste, tellement plus
286 ’Europe est inscrite dans des faits de ce genre : nos exportations représentent à peu près 40 % de notre commerce et nos im
287 nos exportations représentent à peu près 40 % de notre commerce et nos importations atteignent le même taux, cependant que l
288 représentent à peu près 40 % de notre commerce et nos importations atteignent le même taux, cependant que les États-Unis ne
289 rienter vers un dialogue fécond. Tout, et d’abord nos traditions, non seulement de curiosité mais de respect des valeurs sp
290 té et les moyens de dialoguer, non seulement avec nous , mais entre elles. Équilibrer les créations humaines est le second a
291 ésente une expérience humaine dont le tiers-monde devrait beaucoup apprendre, lui qui veut à tout prix nos belles machines, san
292 rait beaucoup apprendre, lui qui veut à tout prix nos belles machines, sans se douter qu’elles peuvent détruire de proche e
293 agesse d’Ulysse, prototype de l’Européen. Et ceci nous conduit naturellement au troisième verbe typique de notre vocation, q
294 nduit naturellement au troisième verbe typique de notre vocation, qui est fédérer. Défendre et illustrer le fédéralisme, c’es
295 us prétexte de se libérer des dernières traces de notre impérialisme, ils copient trop souvent ses tares les plus visibles. L
296 souvent ses tares les plus visibles. L’Europe se doit donc de produire, d’attester et de diffuser les anticorps de ce virus
297 litaires qui en sont l’aboutissement logique dans notre siècle, c’est l’attitude et la pratique fédéraliste : l’union dans la
298 e en commun des droits « souverains » qu’aucun de nos pays n’est plus en mesure d’exercer à lui seul, dans le monde actuel.
299 s la coïncidence que j’ai révélée entre la fin de notre impérialisme colonial, les débuts de notre union fédérale, et l’essor
300 fin de notre impérialisme colonial, les débuts de notre union fédérale, et l’essor de notre économie, il y a sans doute une g
301 les débuts de notre union fédérale, et l’essor de notre économie, il y a sans doute une grande leçon pour le tiers-monde, mai
302 sie comprises — pour l’ensemble d’un Occident qui devra bien se réconcilier avec lui-même… Nous pourrons voir cela, dans cett
303 dent qui devra bien se réconcilier avec lui-même… Nous pourrons voir cela, dans cette génération, si l’Europe, d’où le mal e
304 l. Le temps n’est plus de douter sans vergogne de nos valeurs occidentales. Au contraire, le temps est venu de les prendre
305 ps est venu de les prendre nous-mêmes au sérieux. Nous n’avons simplement pas le droit de répondre à l’attente des jeunes na
306 ’Occident, par un tardif et impuissant mea culpa. Nous ne sommes pas seuls en cause dans cette affaire. Nous sommes pour les
307 ne sommes pas seuls en cause dans cette affaire. Nous sommes pour les autres un espoir, qu’il s’agit de ne pas frustrer. Et
308 tion universelle, qui s’enracine dans le passé de notre culture, dans les données constitutives de l’Occident, et que tout ap
309 conde moitié du xxe siècle. Cette vocation fera notre force principale, si nous l’assumons dès maintenant, si nous prenons
310 . Cette vocation fera notre force principale, si nous l’assumons dès maintenant, si nous prenons résolument l’initiative d’
311 principale, si nous l’assumons dès maintenant, si nous prenons résolument l’initiative d’une politique mondiale de civilisat
312 feront. Elles dépendent de l’esprit, agissant par nos mains. Le temps n’est plus pour nous de chercher anxieusement à devin
313 agissant par nos mains. Le temps n’est plus pour nous de chercher anxieusement à deviner le cours prochain de notre histoir
314 rcher anxieusement à deviner le cours prochain de notre histoire : c’est à la faire que nous sommes appelés. 49. En 1916, L
315 prochain de notre histoire : c’est à la faire que nous sommes appelés. 49. En 1916, Lénine déclarait, dans L’Impérialisme,
316 : 302,16. Le rythme d’accroissement s’accélérant, nous aurions (même selon les données de cet ouvrage, en général inférieure
5 1962, Les Chances de l’Europe. Appendice : Sartre contre l’Europe
317 et l’organe d’équilibre. Je reviens en Europe, «  notre patrie » — comme disait Æneas Silvius au xve siècle. Qu’est-ce qu’on
318 ines d’ouvrages publiés en deux mois, dans toutes nos langues, sur l’intégration de l’Europe et sur les relations nouvelles
319 de la production et de l’exportation battent tous nos records. Sauf en Italie, le chômage a disparu, en dépit des progrès d
320 est « au plus bas », que « c’est la fin » et que nous voici tous « enchaînés, humiliés, malades de peur ». Ce n’est pas un
321 ». Ce n’est pas un expert, esclave des faits, qui nous dit cela, mais un éloquent moraliste, Jean-Paul Sartre ; et sa fureur
322 e faisant, « ils font l’histoire de l’homme », et nous serons ainsi du bon côté. Je n’invente pas : je cite et je condense c
323 et je condense cette dialectique humanitaire qui nous offre « un moyen du guérir l’Europe » en nous faisant tous passer dan
324 qui nous offre « un moyen du guérir l’Europe » en nous faisant tous passer dans le camp de ses ennemis. Ceux-ci n’auront qu’
325 ans le camp de ses ennemis. Ceux-ci n’auront qu’à nous assassiner « pour devenir hommes », on le précise à la page 17. Au pi
326 sa logique brutale certaine jeunesse dégoûtée de nos « valeurs » et qui exige à grands cris son lavage de cerveau. « Voic
327 ron, et en moyenne, quatre-vingts ans — de 1882 à nos jours pour les neuf dixièmes du continent. Cette colonisation n’a pas
328 ssières, et qui ne sont pas toutes honteuses pour nous . La première et la plus importante étant tout simplement un état de f
329 rent pour un temps colonies, et qui prennent sous nos yeux leur essor, après des siècles d’immobilité ou de continuelle déc
330 régimes traditionnels. Au nom de quelques-unes de nos valeurs (telles que l’égalité, la liberté, la dignité de la personne
331 ersonne et le droit à l’éducation), mais aussi de nos folies les plus contagieuses, le nationalisme et la fureur idéologiqu
332 euples se sont mis à revendiquer les avantages de notre civilisation et la souveraineté de leurs États. Quant aux nations col
333 là ces divagations. Revenons aux faits. Les faits nous montrent que les nations européennes, à peine libérées de la charge é
334 te. L’Europe n’est pas « finie », n’en déplaise à nos furieux, mais elle commence à peine et grandit puissamment. C’est tan
335 en est-il de Sartre en cette lugubre affaire ? Il nous faut expliquer l’anachronisme. Sartre se meut dans un village intelle
336 nce, il ne voit que le drame algérien. « Quittons notre province, je veux dire notre nation » voudrait-on lui répéter et ce n
337 algérien. « Quittons notre province, je veux dire notre nation » voudrait-on lui répéter et ce n’est pas ma faute si cette ph
338 pement social », ces philosophes croyaient servir nos vraies valeurs en nous mettant — vainement d’ailleurs — en garde cont
339 hilosophes croyaient servir nos vraies valeurs en nous mettant — vainement d’ailleurs — en garde contre notre expansion inév
340 mettant — vainement d’ailleurs — en garde contre notre expansion inévitable. Ils n’ont sauvé de la sorte que nos principes,
341 nsion inévitable. Ils n’ont sauvé de la sorte que nos principes, compromis ou trahis par nos pratiques. L’ère colonialiste
342 sorte que nos principes, compromis ou trahis par nos pratiques. L’ère colonialiste a pris fin, pour des raisons qu’ils ne
343 grandeur à la liquidation d’un empire colonial ? Nous avons mieux à faire qu’un mea culpa traduisant nos complexes personne
344 us avons mieux à faire qu’un mea culpa traduisant nos complexes personnels. Devant la crise économique et la fièvre nationa
345 orale de l’URSS, l’heure n’est pas de cracher sur nos valeurs, mais de les prendre nous-mêmes au sérieux et d’en tirer les
346 atiques, pour le tiers-monde et pour l’Europe qui doit l’aider. Nous n’avons pas le droit de frustrer la jeunesse soviétique
347 le tiers-monde et pour l’Europe qui doit l’aider. Nous n’avons pas le droit de frustrer la jeunesse soviétique, et les autre
348 , au moment où elles se tournent obscurément vers nous . Ce que nous devons offrir au monde et à nos fils, non, ce n’est pas
349 ù elles se tournent obscurément vers nous. Ce que nous devons offrir au monde et à nos fils, non, ce n’est pas notre mauvais
350 es se tournent obscurément vers nous. Ce que nous devons offrir au monde et à nos fils, non, ce n’est pas notre mauvaise consc
351 ers nous. Ce que nous devons offrir au monde et à nos fils, non, ce n’est pas notre mauvaise conscience, notre rage autopun
352 offrir au monde et à nos fils, non, ce n’est pas notre mauvaise conscience, notre rage autopunitive ou l’alliance de nos ren
353 ils, non, ce n’est pas notre mauvaise conscience, notre rage autopunitive ou l’alliance de nos reniements, mais un exemple ré
354 science, notre rage autopunitive ou l’alliance de nos reniements, mais un exemple réussi de dépassement de l’ère nationalis