1
Les essais qui composent ce volume ne sont pas
d’
un théologien ni d’un apologiste d’une dénomination quelconque, mais d
2
omposent ce volume ne sont pas d’un théologien ni
d’
un apologiste d’une dénomination quelconque, mais d’un écrivain libre,
3
me ne sont pas d’un théologien ni d’un apologiste
d’
une dénomination quelconque, mais d’un écrivain libre, je veux dire :
4
un apologiste d’une dénomination quelconque, mais
d’
un écrivain libre, je veux dire : qui ne représente que lui-même et ne
5
surplus longtemps occupé par les mythes créateurs
de
toute poésie et par les archétypes de l’amour tel qu’on l’exprime en
6
s créateurs de toute poésie et par les archétypes
de
l’amour tel qu’on l’exprime en Occident, je vois bien que dans tous c
7
en que dans tous ces ordres, je n’ai jamais cessé
de
rechercher une certaine cohérence fondamentale dont je vaudrais ici i
8
vaudrais ici indiquer le principe. Qu’il s’agisse
de
métaphysique ou de morale pratique, d’action politique ou de poésie,
9
er le principe. Qu’il s’agisse de métaphysique ou
de
morale pratique, d’action politique ou de poésie, si je m’inquiète du
10
l s’agisse de métaphysique ou de morale pratique,
d’
action politique ou de poésie, si je m’inquiète du sens dernier de ce
11
ique ou de morale pratique, d’action politique ou
de
poésie, si je m’inquiète du sens dernier de ce que je vis, écris, ou
12
ue ou de poésie, si je m’inquiète du sens dernier
de
ce que je vis, écris, ou fais, c’est toujours à certaines options de
13
cris, ou fais, c’est toujours à certaines options
de
nature proprement religieuse que se trouve ramenée ma pensée. Le phén
14
’entends, inclut certaines recherches subversives
de
la poésie d’avant-garde autant que l’effort de mise en ordre des dogm
15
lut certaines recherches subversives de la poésie
d’
avant-garde autant que l’effort de mise en ordre des dogmatiques tradi
16
es de la poésie d’avant-garde autant que l’effort
de
mise en ordre des dogmatiques traditionnelles et que les spéculations
17
par ailleurs tout semblait opposer sans recours :
de
Karl Barth à André Breton ou au Père Teilhard de Chardin ; des théolo
18
ard de Chardin ; des théologiens les plus stricts
de
l’Europe et des États-Unis aux écrivains les plus éloignés de tout do
19
et des États-Unis aux écrivains les plus éloignés
de
tout dogme, pour peu qu’il se donne pour chrétien ; enfin des Occiden
20
étien ; enfin des Occidentaux les plus conscients
de
leurs valeurs à certains spirituels de l’islam et de l’Inde. Faute de
21
conscients de leurs valeurs à certains spirituels
de
l’islam et de l’Inde. Faute de pouvoir établir le dialogue entre ces
22
leurs valeurs à certains spirituels de l’islam et
de
l’Inde. Faute de pouvoir établir le dialogue entre ces hommes extrême
23
ertains spirituels de l’islam et de l’Inde. Faute
de
pouvoir établir le dialogue entre ces hommes extrêmes qui me touchent
24
ialogue entre ces hommes extrêmes qui me touchent
de
si près mais qui demeurent convaincus qu’ils n’ont rien à se dire, j’
25
sé ma dialogique personnelle. Au cours des prises
de
position occasionnelles que représentent les chapitres de ce livre, j
26
ion occasionnelles que représentent les chapitres
de
ce livre, je crois bien que j’ai toujours tenu compte de la diversité
27
ivre, je crois bien que j’ai toujours tenu compte
de
la diversité des interlocuteurs intimes qui ont nourri ma recherche d
28
nterlocuteurs intimes qui ont nourri ma recherche
d’
une unité vivante. Or, je constate que de nos jours, le phénomène reli
29
echerche d’une unité vivante. Or, je constate que
de
nos jours, le phénomène religieux au sens large est tenu pour suspect
30
faut bien avouer ce paradoxe, car il est au cœur
de
mon livre. Tout ce qu’il peut y avoir de solide dans le cadre théolog
31
au cœur de mon livre. Tout ce qu’il peut y avoir
de
solide dans le cadre théologique de mes essais, je le dois sans nul d
32
peut y avoir de solide dans le cadre théologique
de
mes essais, je le dois sans nul doute à Karl Barth. Toutefois, l’homm
33
doute à Karl Barth. Toutefois, l’homme ne vit pas
de
discipline, mais de vérité assimilée. Éviter, dénoncer l’erreur systé
34
Toutefois, l’homme ne vit pas de discipline, mais
de
vérité assimilée. Éviter, dénoncer l’erreur systématique est vital po
35
our celui qui enseigne, mais accepter les risques
d’
erreur ou d’hérésie n’est pas moins vital pour celui qui est entré dan
36
i enseigne, mais accepter les risques d’erreur ou
d’
hérésie n’est pas moins vital pour celui qui est entré dans la quête s
37
ont j’étais lorsque j’écrivis plusieurs chapitres
de
ce livre), à ceux qui ne pensent plus que dans son style exagérément
38
» inlassablement martelés, sa manière dramatique
d’
exclure sans cesse tout ce qui risquerait de distraire l’attention de
39
tique d’exclure sans cesse tout ce qui risquerait
de
distraire l’attention de l’esprit, l’attente de l’âme, loin du point
40
e tout ce qui risquerait de distraire l’attention
de
l’esprit, l’attente de l’âme, loin du point qu’il importe au docteur
41
t de distraire l’attention de l’esprit, l’attente
de
l’âme, loin du point qu’il importe au docteur de la foi de circonscri
42
de l’âme, loin du point qu’il importe au docteur
de
la foi de circonscrire et d’imposer à tout jamais : là est la grâce,
43
loin du point qu’il importe au docteur de la foi
de
circonscrire et d’imposer à tout jamais : là est la grâce, et pas ail
44
l importe au docteur de la foi de circonscrire et
d’
imposer à tout jamais : là est la grâce, et pas ailleurs, et tout le r
45
calviniste fait la force, mais aussi la faiblesse
d’
une école qui a su redresser la pensée proprement protestante et qui e
46
ble, au seuil du grand dialogue œcuménique. Point
d’
Église sans orthodoxie, qui est la connaissance rectifiée (recta cogni
47
ceux qui servent les sacrements. Mais dans la vie
de
l’esprit, qui n’est pas collective, l’Esprit seul peut montrer la voi
48
as collective, l’Esprit seul peut montrer la voie
de
l’appropriation de la vérité. Or, il révèle qu’il est autant de voies
49
prit seul peut montrer la voie de l’appropriation
de
la vérité. Or, il révèle qu’il est autant de voies que de personnes c
50
tion de la vérité. Or, il révèle qu’il est autant
de
voies que de personnes créées par lui. Je me dis parfois que ces voie
51
rité. Or, il révèle qu’il est autant de voies que
de
personnes créées par lui. Je me dis parfois que ces voies sont toutes
52
« hérétiques » aux yeux de la doctrine cohérente
de
l’Église, mais sauvées par leur convergence au-delà des anathema sit.
53
anathema sit. Je me dis aussi que les découvertes
de
la science ne sont pas faites par ceux qui appliquent les règles, mai
54
règles, mais par celui qui ose imaginer à partir
d’
un défaut minuscule de la règle (négligé par les professeurs) quelque
55
i qui ose imaginer à partir d’un défaut minuscule
de
la règle (négligé par les professeurs) quelque chose qui met en quest
56
es professeurs) quelque chose qui met en question
de
grandes prémisses indiscutées à l’échelle des réalités de la vie cour
57
es prémisses indiscutées à l’échelle des réalités
de
la vie courante. De même un homme peut découvrir dans l’orthodoxie qu
58
rope classique, et qui était invariable, éternel,
de
telle manière qu’on pouvait spéculer sur ses rapports justes ou faux
59
y aura des hommes pour qui toutes les catégories
de
pensée dans lesquelles opèrent la dialectique barthienne, ou la raiso
60
lent les paraboles évangéliques, ni les relations
de
filiation ou de justice égalitaire, ni l’organisation patriarcale de
61
es évangéliques, ni les relations de filiation ou
de
justice égalitaire, ni l’organisation patriarcale de la société — de
62
justice égalitaire, ni l’organisation patriarcale
de
la société — de laquelle le système trinitaire est inséparable — ni l
63
re, ni l’organisation patriarcale de la société —
de
laquelle le système trinitaire est inséparable — ni la conception de
64
ème trinitaire est inséparable — ni la conception
de
la « personne » qui suppose la tradition grecque et le vocabulaire ro
65
e et le vocabulaire romain, ni même la conception
de
l’Unité ou de la pluralité dans l’Unité. Depuis près d’un million d’a
66
laire romain, ni même la conception de l’Unité ou
de
la pluralité dans l’Unité. Depuis près d’un million d’années (paraît-
67
nité ou de la pluralité dans l’Unité. Depuis près
d’
un million d’années (paraît-il) qu’il vit et meurt et pense un peu, «
68
pluralité dans l’Unité. Depuis près d’un million
d’
années (paraît-il) qu’il vit et meurt et pense un peu, « l’homme » a t
69
l’homme » a tellement changé — et ses conceptions
de
base — qu’on ne peut affirmer sans un orgueil borné qu’au cours des s
70
ours des siècles, des millénaires ou des millions
d’
années à venir, il ne changera pas d’une manière beaucoup plus radical
71
des millions d’années à venir, il ne changera pas
d’
une manière beaucoup plus radicale encore, et que seule imaginent parm
72
et que seule imaginent parmi nous les intuitions
de
rares esprits aventureux, assez mal vus. Barth nous a convaincus que
73
ie ne soit liée, indissolublement, à une histoire
de
la pensée occidentale, à une tranche très brève de l’histoire (3000 a
74
e la pensée occidentale, à une tranche très brève
de
l’histoire (3000 ans, 8000 ans, il n’importe), à une province, à un s
75
il n’importe), à une province, à un simple canton
de
l’évolution de l’homme dans l’espace et le temps. Qu’on ne tire pas d
76
à une province, à un simple canton de l’évolution
de
l’homme dans l’espace et le temps. Qu’on ne tire pas de cet argument
77
omme dans l’espace et le temps. Qu’on ne tire pas
de
cet argument un refus de conclure hic et nunc sur les relations de l’
78
temps. Qu’on ne tire pas de cet argument un refus
de
conclure hic et nunc sur les relations de l’homme présent et de l’Esp
79
n refus de conclure hic et nunc sur les relations
de
l’homme présent et de l’Esprit, ou des spéculations fondées dans un a
80
c et nunc sur les relations de l’homme présent et
de
l’Esprit, ou des spéculations fondées dans un avenir encore inexistan
81
passeront un jour ne saurait justifier nos fautes
de
syntaxe ou de vocabulaire. Et le fait que nos modes actuels de pensée
82
our ne saurait justifier nos fautes de syntaxe ou
de
vocabulaire. Et le fait que nos modes actuels de pensée restent liés
83
de vocabulaire. Et le fait que nos modes actuels
de
pensée restent liés à la vieille logique grecque, par exemple, ne sau
84
ies. Mais ce serait une erreur dès maintenant que
de
lier l’absolu divin à nos formulations les plus « fidèles », et d’exc
85
divin à nos formulations les plus « fidèles », et
d’
exclure ainsi par avance tout ce qui peut vivre hors d’elles en Dieu.
86
lure ainsi par avance tout ce qui peut vivre hors
d’
elles en Dieu. Ce correctif posé, il me faut ajouter que, quelle que
87
me faut ajouter que, quelle que soit l’évolution
de
ma pensée depuis vingt ans — certains des essais qu’on va lire datent
88
gt ans — certains des essais qu’on va lire datent
de
1942 —, je n’ai pas éprouvé le besoin de modifier ou de retrancher qu
89
e datent de 1942 —, je n’ai pas éprouvé le besoin
de
modifier ou de retrancher quoi que ce soit d’important dans mes texte
90
2 —, je n’ai pas éprouvé le besoin de modifier ou
de
retrancher quoi que ce soit d’important dans mes textes anciens. Ce n
91
oin de modifier ou de retrancher quoi que ce soit
d’
important dans mes textes anciens. Ce n’est pas sur tel point précis q
92
servé à la Bibliothèque publique et universitaire
de
Neuchâtel sous l’identifiant 241.
93
fausse nouvelle : « Dieu est mort »b Le thème
de
la mort de Dieu a constitué depuis la fin de la guerre la hantise d’u
94
velle : « Dieu est mort »b Le thème de la mort
de
Dieu a constitué depuis la fin de la guerre la hantise d’une partie a
95
hème de la mort de Dieu a constitué depuis la fin
de
la guerre la hantise d’une partie assez importante de la littérature
96
a constitué depuis la fin de la guerre la hantise
d’
une partie assez importante de la littérature contemporaine. Repris de
97
a guerre la hantise d’une partie assez importante
de
la littérature contemporaine. Repris de Nietzsche vers 1944 par des é
98
mportante de la littérature contemporaine. Repris
de
Nietzsche vers 1944 par des écrivains que les circonstances rendaient
99
t répété par leurs disciples et cité comme allant
de
soi par ceux qui vivent de l’écho. Les bien-pensants s’indignent, com
100
s et cité comme allant de soi par ceux qui vivent
de
l’écho. Les bien-pensants s’indignent, comme si l’on avait proféré un
101
’indignent, comme si l’on avait proféré un propos
d’
une extrême gravité : attitude incompréhensible de la part des chrétie
102
s chrétiens, qui devraient savoir que l’existence
de
Dieu n’est pas affectée par une polémique locale dans le temps et dan
103
ailleurs divisé, des agnostiques. Déjà l’on parle
de
mystiques sans Dieu, des saints sans Dieu. Malraux se demande si la m
104
s saints sans Dieu. Malraux se demande si la mort
de
Dieu n’entraîne pas celle de l’homme, — pensée difficile à comprendre
105
e demande si la mort de Dieu n’entraîne pas celle
de
l’homme, — pensée difficile à comprendre. De jeunes romanciers s’auto
106
elle de l’homme, — pensée difficile à comprendre.
De
jeunes romanciers s’autorisent de la « mort de Dieu » pour s’abandonn
107
e à comprendre. De jeunes romanciers s’autorisent
de
la « mort de Dieu » pour s’abandonner au plaisir masochiste de décrir
108
e. De jeunes romanciers s’autorisent de la « mort
de
Dieu » pour s’abandonner au plaisir masochiste de décrire un monde «
109
de Dieu » pour s’abandonner au plaisir masochiste
de
décrire un monde « absurde ». Cependant, je ne vois pas que ce thème,
110
té vraiment discuté, jusqu’ici. Du défi désespéré
de
Nietzsche, de l’affirmation méthodique de Sartre, on a (plutôt vaguem
111
scuté, jusqu’ici. Du défi désespéré de Nietzsche,
de
l’affirmation méthodique de Sartre, on a (plutôt vaguement) supputé l
112
sespéré de Nietzsche, de l’affirmation méthodique
de
Sartre, on a (plutôt vaguement) supputé les effets sur la psychologie
113
est mort, ce qu’ils entendent exactement par là ?
De
quel Dieu s’agit-il, en somme ? De celui qu’ils imaginent ou de celui
114
ement par là ? De quel Dieu s’agit-il, en somme ?
De
celui qu’ils imaginent ou de celui que beaucoup prient ? D’une carica
115
’agit-il, en somme ? De celui qu’ils imaginent ou
de
celui que beaucoup prient ? D’une caricature commode ou de la premièr
116
u’ils imaginent ou de celui que beaucoup prient ?
D’
une caricature commode ou de la première Personne de la Trinité ? Du D
117
que beaucoup prient ? D’une caricature commode ou
de
la première Personne de la Trinité ? Du Dieu des philosophes ou du Di
118
une caricature commode ou de la première Personne
de
la Trinité ? Du Dieu des philosophes ou du Dieu des Prophètes ? D’une
119
u Dieu des philosophes ou du Dieu des Prophètes ?
D’
une attitude psychologique ou d’une réalité ontologique ? Ou seulement
120
u des Prophètes ? D’une attitude psychologique ou
d’
une réalité ontologique ? Ou seulement du mot de passe d’un nouveau co
121
u d’une réalité ontologique ? Ou seulement du mot
de
passe d’un nouveau conformisme ? Exiger sur tout cela un peu d’honnêt
122
éalité ontologique ? Ou seulement du mot de passe
d’
un nouveau conformisme ? Exiger sur tout cela un peu d’honnête clarté,
123
nouveau conformisme ? Exiger sur tout cela un peu
d’
honnête clarté, ce serait le moyen de faire entrevoir quelques difficu
124
cela un peu d’honnête clarté, ce serait le moyen
de
faire entrevoir quelques difficultés inextricables, où cette affirmat
125
ù cette affirmation jette non seulement la pensée
de
ses auteurs récents, mais toute la pensée du type occidental. Gardons
126
toute la pensée du type occidental. Gardons-nous
d’
admettre — ce serait leur faire injure — qu’ils aient voulu dire simpl
127
u romantisme ou même aux platitudes rationalistes
de
l’athéisme occidental, qu’ils ont largement reniés. Ils insistent, au
128
ent, au contraire, par ce tour dramatique au goût
de
l’immédiate après-guerre, sur la nouveauté du message, et sur son obj
129
ndent annoncer une nouvelle, la mauvaise nouvelle
de
la mort récente de Dieu, c’est-à-dire un anti-évangile (evangelos : l
130
nouvelle, la mauvaise nouvelle de la mort récente
de
Dieu, c’est-à-dire un anti-évangile (evangelos : la bonne nouvelle).
131
: la bonne nouvelle). Nous voici donc contraints
d’
examiner premièrement les sources et, secondement, la crédibilité de l
132
ement les sources et, secondement, la crédibilité
de
l’information. Je ne discuterai pas l’inventeur de la phrase : Nietzs
133
e l’information. Je ne discuterai pas l’inventeur
de
la phrase : Nietzsche est un cas suffisamment connu1. Et, d’ailleurs,
134
essage en écrivant un jour ceci : « La réfutation
de
Dieu : ce n’est que le Dieu moral qui est réfuté. » (Œuvres posthumes
135
futé. » (Œuvres posthumes.) Tout autre est le cas
de
l’auteur contemporain auquel l’ignorance générale fait remonter la ru
136
ur dont je parle, J.-P. Sartre. L’argument majeur
de
ce philosophe ne porte pas, bien entendu, sur l’essence de Dieu et du
137
losophe ne porte pas, bien entendu, sur l’essence
de
Dieu et du diable, mais sur leur existence qui, selon lui, diminuerai
138
ui, diminuerait ou supprimerait la responsabilité
de
l’homme. Si telle est bien sa position, l’on en déduit nécessairement
139
puisqu’en son nom l’on peut trancher une question
d’
existence réelle. Il ne faut pas que Dieu et le diable existent, car a
140
t le diable existent, car alors la responsabilité
de
l’homme en pâtirait. Nous sommes donc en présence d’une morale fanati
141
en présence d’une morale fanatique, c’est-à-dire
d’
une morale prête à nier telle ou telle réalité2, pour peu que celle-ci
142
fortement la responsabilité — cependant réelle —
de
l’homme. Il suffit pour que Sartre décrète que Dieu n’existe pas, et
143
Dieu n’existe pas, et bien plus, qu’il est mort.
D’
où peut lui venir cette passion de la responsabilité ? D’une volonté d
144
qu’il est mort. D’où peut lui venir cette passion
de
la responsabilité ? D’une volonté d’affirmer l’homme et ses pouvoirs,
145
ut lui venir cette passion de la responsabilité ?
D’
une volonté d’affirmer l’homme et ses pouvoirs, répondrait-il. Et c’es
146
ette passion de la responsabilité ? D’une volonté
d’
affirmer l’homme et ses pouvoirs, répondrait-il. Et c’est d’une manièr
147
l’homme et ses pouvoirs, répondrait-il. Et c’est
d’
une manière analogue que Malraux et Jaspers interprètent ici le cri de
148
ue que Malraux et Jaspers interprètent ici le cri
de
Nietzsche : comme une proclamation de l’avènement de l’homme. Ceci co
149
ici le cri de Nietzsche : comme une proclamation
de
l’avènement de l’homme. Ceci couvre une étrange équivoque. En effet,
150
Nietzsche : comme une proclamation de l’avènement
de
l’homme. Ceci couvre une étrange équivoque. En effet, Sartre ne prend
151
t « responsable » au sens authentique et littéral
de
« capable de répondre » (de ses actes et pensées devant Dieu ou devan
152
le » au sens authentique et littéral de « capable
de
répondre » (de ses actes et pensées devant Dieu ou devant autrui), ma
153
thentique et littéral de « capable de répondre » (
de
ses actes et pensées devant Dieu ou devant autrui), mais au sens de «
154
nsées devant Dieu ou devant autrui), mais au sens
de
« capable de décider » (de ce qu’on est et sera) ; non pas au sens ch
155
Dieu ou devant autrui), mais au sens de « capable
de
décider » (de ce qu’on est et sera) ; non pas au sens chargé de missi
156
autrui), mais au sens de « capable de décider » (
de
ce qu’on est et sera) ; non pas au sens chargé de mission, mais à cel
157
de ce qu’on est et sera) ; non pas au sens chargé
de
mission, mais à celui d’aventurier qui assume ses risques et périls e
158
; non pas au sens chargé de mission, mais à celui
d’
aventurier qui assume ses risques et périls et qui les choisit souvera
159
qui les choisit souverainement ; non pas au sens
de
créature, mais bien à celui de démiurge ; non pas au sens d’un homme,
160
; non pas au sens de créature, mais bien à celui
de
démiurge ; non pas au sens d’un homme, mais bien d’un dieu. Ce dernie
161
, mais bien à celui de démiurge ; non pas au sens
d’
un homme, mais bien d’un dieu. Ce dernier trait est capital. On sent q
162
démiurge ; non pas au sens d’un homme, mais bien
d’
un dieu. Ce dernier trait est capital. On sent qu’il trahit un refus d
163
trait est capital. On sent qu’il trahit un refus
de
la réalité donnée, la sienne d’abord (« Je vais me faire à mon idée »
164
Je vais me faire à mon idée ») et par suite celle
d’
autrui (« L’enfer, c’estd les autres »). Il n’en marque pas moins la l
165
les autres »). Il n’en marque pas moins la limite
de
l’arrogance intellectuelle, le terme délirant d’un individualisme de
166
de l’arrogance intellectuelle, le terme délirant
d’
un individualisme de surcompensation, qui ne pourra plus que se nier l
167
llectuelle, le terme délirant d’un individualisme
de
surcompensation, qui ne pourra plus que se nier lui-même s’il veut re
168
t rejoindre la morale. Il se niera donc au profit
de
quelque dictature collectiviste, car là seulement il croira retrouver
169
p du communisme, où naguère encore on le traitait
de
rat visqueux, ou d’une manière plus précise, d’individualiste petit-b
170
naguère encore on le traitait de rat visqueux, ou
d’
une manière plus précise, d’individualiste petit-bourgeois.e Ce rapi
171
t de rat visqueux, ou d’une manière plus précise,
d’
individualiste petit-bourgeois.e Ce rapide examen des sources nous r
172
apide examen des sources nous ramène à des prises
de
position peu compliquées. Sartre annonçant que Dieu est mort nous dit
173
r l’homme. Il n’en résulte pas que Dieu ait cessé
d’
exister, d’aider l’homme ou de le juger. Et dans le fait, numériquemen
174
Il n’en résulte pas que Dieu ait cessé d’exister,
d’
aider l’homme ou de le juger. Et dans le fait, numériquement, il n’y a
175
que Dieu ait cessé d’exister, d’aider l’homme ou
de
le juger. Et dans le fait, numériquement, il n’y a jamais eu dans l’H
176
uement, il n’y a jamais eu dans l’Histoire autant
d’
hommes qu’aujourd’hui pour affirmer qu’ils croient leur Dieu vivant. (
177
u vivant. (Cf. les statistiques du christianisme,
de
l’islam et de bien des religions que nous nommons païennes.) Voyons m
178
les statistiques du christianisme, de l’islam et
de
bien des religions que nous nommons païennes.) Voyons maintenant la c
179
mmons païennes.) Voyons maintenant la crédibilité
de
la nouvelle. (Il est clair qu’elle ne peut être estimée sur le fait q
180
le fait qu’une majorité la récuse.) Hors du plan
de
la polémique, soit nietzschéenne, soit anticléricale, littéralement e
181
évélation du Dieu vivant par l’Évangile, que dire
de
la révélation inverse que nous apportent ces deux hommes ? Nous somme
182
? Nous sommes en pleine absurdité. La crédibilité
de
la nouvelle est nulle. Reste le fait que le Dieu du christianisme, d
183
fait que le Dieu du christianisme, du judaïsme et
de
l’islam, le Dieu qui s’intéresse à chaque homme (et même à chaque pas
184
au dit l’Évangile), et cela dans le détail intime
de
sa vie, le Dieu que tant de milliards d’humains souffrants ou méditan
185
l intime de sa vie, le Dieu que tant de milliards
d’
humains souffrants ou méditants, génies ou pauvres types essayant de s
186
ts ou méditants, génies ou pauvres types essayant
de
s’en tirer, ont prié et prient encore pour qu’il les assiste individu
187
et absurde que toutes les absurdités que je viens
d’
énumérer. À vrai dire, ce n’est pas surprenant. C’est même aisément ex
188
gination aujourd’hui courante du cosmos. Question
d’
échelle. Cette vermine fugitive que représente l’homme sur la terre, a
189
gitive que représente l’homme sur la terre, atome
d’
un système solaire, atome lui-même d’une galaxie, atome à son tour de
190
terre, atome d’un système solaire, atome lui-même
d’
une galaxie, atome à son tour de l’espace-temps d’un univers à l’expan
191
e, atome lui-même d’une galaxie, atome à son tour
de
l’espace-temps d’un univers à l’expansion indéfinie… Et compter les c
192
d’une galaxie, atome à son tour de l’espace-temps
d’
un univers à l’expansion indéfinie… Et compter les cheveux de sa tête
193
s à l’expansion indéfinie… Et compter les cheveux
de
sa tête ! Mais à l’inverse, le Dieu personnel redevient non seulement
194
non seulement croyable mais indiscutable au sens
de
chaque vie, dès que le regard se tourne vers l’homme, vers un homme b
195
, et le voit de plus en plus près, dans le secret
de
son cœur, dans le noyau de son esprit. « Dieu sensible au cœur », dis
196
s près, dans le secret de son cœur, dans le noyau
de
son esprit. « Dieu sensible au cœur », disait Pascal. Et de même, l’é
197
ne peut être décelée et étudiée que dans le noyau
de
l’atome, dans ce cœur du réel physique. Si nos savants s’étaient born
198
es villes, la mer, le ciel, des autos, des livres
d’
économie politique ou le sort des masses, l’énergie nucléaire non seul
199
ût demeurée inimaginable. De même, il est absurde
de
« chercher Dieu dans la nature » ou dans l’Histoire, ou encore dans n
200
sensible qu’au cœur, c’est-à-dire au plus intime
d’
une personne bien réelle et distincte. Il est donc normal que le Dieu
201
r lieu que dans l’intime, comme la transformation
de
l’énergie que dans l’infime, et comme l’amour nulle part ailleurs que
202
s un cœur. 1. Voir le bref et admirable ouvrage
de
Karl Jaspers : Nietzsche et le christianisme. 2. Car Dieu, même si q
203
Une fausse nouvelle : “Dieu est mort” », Liberté
de
l’esprit, Paris, n° 41, juin-juillet 1953, p. 141-142), puis en angla
204
2). c. L’édition américaine traduit ainsi la fin
de
la phrase : « a morality ready to negate any reality that gets in the
205
r les Français, il n’évoquerait que des souvenirs
de
la Révolution, c’est-à-dire la confiscation par l’État des richesses
206
u christianisme par des hommes ou par des groupes
d’
hommes qui ne croient plus au christianisme. L’attitude, c’est celle d
207
nt plus au christianisme. L’attitude, c’est celle
de
la très grande majorité de nos contemporains qui ne croient pas en un
208
’attitude, c’est celle de la très grande majorité
de
nos contemporains qui ne croient pas en une transcendance. C’est l’at
209
ent vécu et pratiqué, et de plus en plus dépourvu
de
ses éléments de polémiques, au moins conscients. Cette « mort de Dieu
210
iqué, et de plus en plus dépourvu de ses éléments
de
polémiques, au moins conscients. Cette « mort de Dieu », en tant que
211
de polémiques, au moins conscients. Cette « mort
de
Dieu », en tant que phénomène psychologique et non ontologique, pose
212
le est la forme que doit revêtir l’évangélisation
de
notre époque ? Comment parler à tous ces gens autour de nous qui ont
213
r de nous qui ont décidé que le mot Dieu n’a plus
de
sens ? Et qui semblent persuadés que les mots Église, salut, vocation
214
vocation, foi, obéissance, adoration sont autant
de
mensonges, d’illusions, de niaiseries, ou de fuites devant la réalité
215
, obéissance, adoration sont autant de mensonges,
d’
illusions, de niaiseries, ou de fuites devant la réalité ? En face du
216
adoration sont autant de mensonges, d’illusions,
de
niaiseries, ou de fuites devant la réalité ? En face du siècle pratiq
217
tant de mensonges, d’illusions, de niaiseries, ou
de
fuites devant la réalité ? En face du siècle pratiquement athée dans
218
, démesurée pour les forces et pour l’information
d’
aucun homme existant de nos jours. En cependant chacun de nous se voit
219
rces et pour l’information d’aucun homme existant
de
nos jours. En cependant chacun de nous se voit bien forcé d’y répondr
220
homme existant de nos jours. En cependant chacun
de
nous se voit bien forcé d’y répondre. La situation du chrétien aujour
221
s. En cependant chacun de nous se voit bien forcé
d’
y répondre. La situation du chrétien aujourd’hui est vraiment folle, s
222
’hui est vraiment folle, si l’on songe que chacun
de
nous est contraint de vivre et de penser selon sa foi dans un monde o
223
e, si l’on songe que chacun de nous est contraint
de
vivre et de penser selon sa foi dans un monde où tout nie la foi, dan
224
onge que chacun de nous est contraint de vivre et
de
penser selon sa foi dans un monde où tout nie la foi, dans un monde q
225
epté ou au contraire ridiculisé que sous la forme
de
ses déviations traditionnelles, dans ses caricatures, bref, là où il
226
En effet, certains l’acceptent comme une garantie
de
l’ordre bourgeois, et d’autres le ridiculisent comme s’il n’était qu’
227
le ridiculisent comme s’il n’était qu’un système
de
morale et d’évasions plus ou moins hypocrites. C’est dans cette situa
228
ent comme s’il n’était qu’un système de morale et
d’
évasions plus ou moins hypocrites. C’est dans cette situation à peu pr
229
ivent, vous ne sentiez pas un instant l’assurance
d’
un monsieur qui développe ses idées, mais plutôt une espèce de prière
230
r qui développe ses idées, mais plutôt une espèce
de
prière tâtonnante pour demander le bon usage de cette maladie qu’est
231
e de prière tâtonnante pour demander le bon usage
de
cette maladie qu’est le siècle, et dont nous sommes tous les victimes
232
r décrire la maladie. La plupart des descriptions
de
notre temps faites par des analystes chrétiens partent de l’idée bana
233
temps faites par des analystes chrétiens partent
de
l’idée banale que ce siècle est très spécialement mauvais, et qu’il e
234
iècle lui-même, dans sa forme réelle. J’essaierai
d’
éviter ce travers autant que possible. La sécularisation de l’existenc
235
ce travers autant que possible. La sécularisation
de
l’existence au xxe siècle revêt deux aspects qu’il ne faut pas confo
236
nfondre : perte du sens du sacré et perte du sens
de
la transcendance. Nous assistons aux dernières phases d’une longue dé
237
ranscendance. Nous assistons aux dernières phases
d’
une longue dégradation, ou même d’une destruction des éléments sacrés
238
ernières phases d’une longue dégradation, ou même
d’
une destruction des éléments sacrés de la vie publique et privée. Cett
239
on, ou même d’une destruction des éléments sacrés
de
la vie publique et privée. Cette profanation générale résulte de nomb
240
que et privée. Cette profanation générale résulte
de
nombreuses causes concomitantes, telles que le rationalisme vulgaire,
241
on et la démocratisation croissante. Sous l’effet
de
ces divers facteurs, l’humanité du xxe siècle tend à éliminer les fo
242
rame solennel rappelant les ordalies ou jugements
de
Dieu. L’agriculture en se mécanisant perd ses caractères magiques et
243
uaient un si grand rôle dans les mythes religieux
de
l’Antiquité. À ce propos, relevons que dans les évangiles, la presque
244
totalité des paraboles et comparaisons est tirée
de
l’agriculture (le semeur, le grain qui doit nourrir, le cep et les sa
245
ériles, etc.). Ce langage symbolique, tout chargé
d’
éléments de religion naturelle, ne tend-il pas à perdre son efficacité
246
.). Ce langage symbolique, tout chargé d’éléments
de
religion naturelle, ne tend-il pas à perdre son efficacité et son pou
247
poque des avions, des boulons fabriqués en série,
de
la radio et des transports rapides ? Les catholiques, dont la religio
248
adre pastoral des évangiles et la vie quotidienne
d’
un ouvrier d’usine, il n’y avait pas l’une des raisons du décalage plu
249
des évangiles et la vie quotidienne d’un ouvrier
d’
usine, il n’y avait pas l’une des raisons du décalage plus général ent
250
es urbaines. Fallait-il en tirer une condamnation
de
la vie urbaine et des machines, et déclarer que la vie rurale est seu
251
la vie rurale est seule conforme à l’ordre divin
de
la Création ? Ou au contraire, fallait-il en conclure que c’est le la
252
aire, fallait-il en conclure que c’est le langage
de
l’Église qui doit être modernisé ? Nous aurons à revenir à des dilemm
253
nalogues, un peu plus tard, et je n’essaierai pas
de
prendre position dans ce cas particulier. D’autant moins qu’en dépit
254
pas de prendre position dans ce cas particulier.
D’
autant moins qu’en dépit des inquiétudes peut-être légitimes que je vi
255
, j’inclinerais à penser que cette première forme
de
sécularisme, la désacralisation de l’existence, peut être un bien aut
256
première forme de sécularisme, la désacralisation
de
l’existence, peut être un bien autant qu’un mal pour notre foi. Elle
257
du sens des correspondances naturelles et du sens
de
la vénération. Mais elle peut être un bien, aussi, dans la mesure où
258
la religion naturelle et la foi, par soustraction
de
la première. Du point de vue de la foi pure, en effet, on peut estime
259
par soustraction de la première. Du point de vue
de
la foi pure, en effet, on peut estimer qu’il y a un progrès dans le f
260
qu’il y a un progrès dans le fait que les hommes
d’
aujourd’hui sont moins tentés de confondre le christianisme avec telle
261
it que les hommes d’aujourd’hui sont moins tentés
de
confondre le christianisme avec telle ou telle forme de la religion a
262
fondre le christianisme avec telle ou telle forme
de
la religion ancestrale, patriarcale, champêtre ou monarchique. Au res
263
reste, le sacré ou le sacral appartient au règne
de
la Nature, de la physique sociale, de l’immanence, et c’est pourquoi
264
ré ou le sacral appartient au règne de la Nature,
de
la physique sociale, de l’immanence, et c’est pourquoi il n’a pas man
265
nt au règne de la Nature, de la physique sociale,
de
l’immanence, et c’est pourquoi il n’a pas manqué d’éveiller la méfian
266
l’immanence, et c’est pourquoi il n’a pas manqué
d’
éveiller la méfiance des Apôtres et des premiers chrétiens. Il tend à
267
nne du Moyen Âge a reconstitué une notion sacrale
de
la vie. Et c’est ainsi que les révolutions modernes ont été amenées,
268
pour les masses. Je ne pense pas qu’il y ait lieu
de
se féliciter de ces renaissances, plus que de déplorer la décadence d
269
Je ne pense pas qu’il y ait lieu de se féliciter
de
ces renaissances, plus que de déplorer la décadence des anciennes for
270
ieu de se féliciter de ces renaissances, plus que
de
déplorer la décadence des anciennes formules du sacré. Du point de vu
271
des anciennes formules du sacré. Du point de vue
de
la foi, ces phénomènes resteront toujours ambivalents. Il en va tout
272
nt toujours ambivalents. Il en va tout autrement
de
la seconde forme de sécularisme, celle que j’ai nommée la perte du se
273
nts. Il en va tout autrement de la seconde forme
de
sécularisme, celle que j’ai nommée la perte du sens de la transcendan
274
cularisme, celle que j’ai nommée la perte du sens
de
la transcendance. C’est ici que notre analyse doit s’appliquer. Dans
275
imité à lui-même. Elle supprime donc la dimension
de
l’au-delà, c’est-à-dire de l’éternité, de la transcendance, donc de D
276
rime donc la dimension de l’au-delà, c’est-à-dire
de
l’éternité, de la transcendance, donc de Dieu dans sa royautéj. L’hom
277
mension de l’au-delà, c’est-à-dire de l’éternité,
de
la transcendance, donc de Dieu dans sa royautéj. L’homme est devenu l
278
t-à-dire de l’éternité, de la transcendance, donc
de
Dieu dans sa royautéj. L’homme est devenu le seul but de l’homme, la
279
dans sa royautéj. L’homme est devenu le seul but
de
l’homme, la vie le seul but de la vie, et le temps le seul but du tem
280
devenu le seul but de l’homme, la vie le seul but
de
la vie, et le temps le seul but du temps. Il en résulte des conséquen
281
e des conséquences décisives, dans tous les plans
de
la vie humaine, sans exception. Je m’en tiendrai à trois illustration
282
te politique et la dernière dans la religion même
de
nos Églises.k Philosophie La philosophie du xxe siècle proclam
283
et écrivains français. Ils se distinguent en ceci
de
leurs contemporains anglo-saxons, qui paraissent ne point même éprouv
284
, qui paraissent ne point même éprouver le besoin
de
formuler cette mort de Dieu, — comme si pour eux, vraiment, la questi
285
nt même éprouver le besoin de formuler cette mort
de
Dieu, — comme si pour eux, vraiment, la question ne s’était jamais po
286
jamais posée, comme si l’ère du sérieux humain et
de
la pensée honnête avait commencé avec Marx et ne s’était continuée qu
287
e, discutent dans les cafés à partir de la « mort
de
Dieu », considérée comme un dogme indiscutable, qu’il s’agisse des ex
288
e qui se fonde aujourd’hui sur le dogme est celle
de
l’existentialisme parisien. « L’existentialisme, écrit le chef de cet
289
isme parisien. « L’existentialisme, écrit le chef
de
cette école, n’est pas autre chose qu’un effort pour tirer toutes les
290
e qu’un effort pour tirer toutes les conséquences
d’
une position athée cohérente. » Chose étrange, je ne connais pas de ph
291
hée cohérente. » Chose étrange, je ne connais pas
de
philosophie qui soit plus proche du christianisme dans sa description
292
plus proche du christianisme dans sa description
de
la condition humaine. L’homme, dit-elle, est responsable de ce qu’il
293
ition humaine. L’homme, dit-elle, est responsable
de
ce qu’il est. L’homme choisit m dans l’angoisse, parce que ses choix
294
délaissé, c’est-à-dire abandonné au risque total
de
son choix. L’homme enfin n’est pas ce qu’il se rêve, ni ce qu’il se s
295
semble à s’y méprendre à la conception chrétienne
de
l’homme plongé dans le monde du péché, d’un péché qui existait avant
296
étienne de l’homme plongé dans le monde du péché,
d’
un péché qui existait avant lui mais dont il est responsable pourtant,
297
i mais dont il est responsable pourtant, à chacun
de
ses actes. Je disais un jour au chef de l’école existentialisteo : «
298
à chacun de ses actes. Je disais un jour au chef
de
l’école existentialisteo : « En somme votre philosophie peut se résum
299
e votre philosophie peut se résumer dans ce titre
de
Pascal : Misère de l’homme sans Dieu. » À quoi il me répondit : « D’a
300
peut se résumer dans ce titre de Pascal : Misère
de
l’homme sans Dieu. » À quoi il me répondit : « D’accord mais avec cet
301
ec cette seule différence : c’est qu’il n’y a pas
de
Dieu. » On ne saurait mieux résumer la situation séculariste, considé
302
sumer. Je ne vais pas entreprendre une discussion
de
l’existentialisme athée. Mais je saisirai cet exemple pour mieux décr
303
cet exemple pour mieux décrire la sécularisation
de
la pensée moderne, on pour mieux montrer à quel point son refus de la
304
rne, on pour mieux montrer à quel point son refus
de
la transcendance change tout dans l’attitude de l’homme. L’existentia
305
s de la transcendance change tout dans l’attitude
de
l’homme. L’existentialisme est à cet égard un cas privilégié. En effe
306
t à cet égard un cas privilégié. En effet, il use
d’
une terminologie chrétienne dans sa source — et cela permet une confro
307
transcendance, l’existentialisme déforme et vide
de
leur sens chrétien les mots-clés qu’il emploie sans cesse, et qu’il s
308
à Kierkegaard. Ce mot définit à leurs yeux l’état
de
l’homme qui choisit en toute liberté, mais qui engage par son choix l
309
goissant, en effet, car cet homme est responsable
de
ce qu’il décide et pourtant il ne peut décider qu’en vertu d’un mouve
310
isse du chrétien ressemble extérieurement à celle
de
cet homme athée. En effet, le chrétien doit choisir lui aussi ; il en
311
il engage lui aussi par son choix tout le destin
de
l’humanité ; il se sait lui aussi responsable, et pourtant il ne peut
312
er que sur une réalité « indémontrable » aux yeux
d’
autrui, qui est sa foi. Mais voici la différence : si le chrétien choi
313
e néant, mais sur le pardon. Elle est toute mêlée
d’
espérance et de confiance. Et c’est pourquoi je pense qu’elle existe t
314
ur le pardon. Elle est toute mêlée d’espérance et
de
confiance. Et c’est pourquoi je pense qu’elle existe tout autrement q
315
ense qu’elle existe tout autrement que l’angoisse
de
l’athée, qui est une angoisse pure, trop pure et indéterminée pour êt
316
u’il faut bien vivre ». De même la responsabilité
de
l’athée est beaucoup moins réelle que celle du chrétien. Car le chrét
317
chrétien doit vraiment répondre à Dieu, répondre
de
ses actes devant Dieu. Mais l’athée, devant qui sera-t-il responsable
318
bstraction. Et il en va de même pour l’engagement
de
l’athée, pour sa liberté, et pour son délaissement. Tous ces mots per
319
nt n’est plus un acte mais la simple constatation
d’
un état de fait, d’une condition que l’on subit, et qui ne mène à rien
320
lus un acte mais la simple constatation d’un état
de
fait, d’une condition que l’on subit, et qui ne mène à rien de défini
321
te mais la simple constatation d’un état de fait,
d’
une condition que l’on subit, et qui ne mène à rien de défini ; la lib
322
e condition que l’on subit, et qui ne mène à rien
de
défini ; la liberté n’est plus qu’un pari dans le vide ; et le délais
323
de ; et le délaissement se résout dans une espèce
d’
indifférence vaguement inquiète, où tout est permis, où il n’y a pas d
324
ent inquiète, où tout est permis, où il n’y a pas
de
sanctions, mais pas non plus d’ordres donnés. Ainsi la description de
325
, où il n’y a pas de sanctions, mais pas non plus
d’
ordres donnés. Ainsi la description de l’homme athée que nous donne la
326
as non plus d’ordres donnés. Ainsi la description
de
l’homme athée que nous donne la philosophie séculariste est à la fois
327
sophie séculariste est à la fois exacte et privée
de
sens. C’est un portrait où tout est juste, dans le détail, mais l’imp
328
tout est juste, dans le détail, mais l’impression
d’
ensemble est fausse, ou inexistante. Vous reconnaissez le nez, les yeu
329
e, celui qu’une vocation met en question et somme
de
répondre. Nous pourrions nous livrer à des critiques du même genre au
330
ous livrer à des critiques du même genre au sujet
d’
un grand nombre de notions chrétiennes que les modernes ont sécularisé
331
ritiques du même genre au sujet d’un grand nombre
de
notions chrétiennes que les modernes ont sécularisées. Je n’en indiqu
332
x. Le déterminisme scientifique, avec son système
de
lois rigides, tel qu’il subsiste encore dans l’esprit des masses demi
333
’esprit des vrais savants, est une sécularisation
de
l’idée d’ordre divin de la création — de même que le destin que l’on
334
s vrais savants, est une sécularisation de l’idée
d’
ordre divin de la création — de même que le destin que l’on invoque au
335
s, est une sécularisation de l’idée d’ordre divin
de
la création — de même que le destin que l’on invoque aujourd’hui est
336
e l’on invoque aujourd’hui est une sécularisation
de
la Providence. Dans les deux cas, le processus consiste à remplacer l
337
x cas, le processus consiste à remplacer l’action
de
la Personne divine par un système impersonnel, contre lequel il n’y a
338
n système impersonnel, contre lequel il n’y a pas
de
recours. Et enfin, on doit dire que l’idée moderne de révolution, de
339
ecours. Et enfin, on doit dire que l’idée moderne
de
révolution, de changement brusque et salutaire au niveau collectif, e
340
n, on doit dire que l’idée moderne de révolution,
de
changement brusque et salutaire au niveau collectif, est une séculari
341
taire au niveau collectif, est une sécularisation
de
la notion chrétienne de conversion individuelle.p Politique Si
342
f, est une sécularisation de la notion chrétienne
de
conversion individuelle.p Politique Si nous passons maintenant
343
Politique Si nous passons maintenant au plan
de
la politique, nous allons voir les résultats concrets de cette notion
344
olitique, nous allons voir les résultats concrets
de
cette notion de l’homme sans Dieu, de l’homme privé de la notion de t
345
llons voir les résultats concrets de cette notion
de
l’homme sans Dieu, de l’homme privé de la notion de transcendance. La
346
ts concrets de cette notion de l’homme sans Dieu,
de
l’homme privé de la notion de transcendance. La politique des régimes
347
tte notion de l’homme sans Dieu, de l’homme privé
de
la notion de transcendance. La politique des régimes totalitaires en
348
l’homme sans Dieu, de l’homme privé de la notion
de
transcendance. La politique des régimes totalitaires en est la conséq
349
ut comme les fascistes ont insisté sur leur refus
de
la transcendance, et en ont seul tiré les conséquences logiques. Tout
350
s brutales. Disons-le avec eux et sans nous faire
d’
illusions : l’État totalitaire est l’organisation normale de l’ici-bas
351
s : l’État totalitaire est l’organisation normale
de
l’ici-bas, s’il n’y a pas d’au-delà. Si Dieu n’existe pas, où est la
352
organisation normale de l’ici-bas, s’il n’y a pas
d’
au-delà. Si Dieu n’existe pas, où est la vérité ? Elle est dans l’idéa
353
r, ils exigeront normalement l’obéissance absolue
de
tout l’homme, puisqu’il n’y a rien de plus haut que l’État ou la nati
354
érieur aux rois et aux États. Mais s’il n’y a pas
de
Dieu, la révolte individuelle est une pure et simple sottise, qui mér
355
duelle est une pure et simple sottise, qui mérite
d’
être corrigée par les moyens que l’on sait. Il faut bien voir que la q
356
que l’on sait. Il faut bien voir que la question
de
l’État totalitaire n’est pas simplement politique. Dans le fond, c’es
357
très simple. Si Dieu n’existe pas, s’il n’y a pas
de
transcendance, si l’ici-bas est toute la réalité de l’homme, alors le
358
transcendance, si l’ici-bas est toute la réalité
de
l’homme, alors les totalitaires ont raison. Ils ont raison contre les
359
sérieux les conditions du siècle, s’il n’y a pas
d’
éternité. De même que les existentialistes nous donnent une descriptio
360
stentialistes nous donnent une description exacte
de
l’homme sans Dieu, les totalitaires nous donnent une application exac
361
totalitaires nous donnent une application exacte
de
la politique sans Dieu. Et ici encore, je le répète, c’est un progrès
362
tout de même Dieu existe. Mais on leur demandera
de
le démontrer. Et comme Dieu n’est pas démontrable, on leur demandera
363
mme Dieu n’est pas démontrable, on leur demandera
de
donner au moins la preuve qu’ils croient en lui. C’est ici que les ch
364
et que nous faisons tous partie, à quelque degré,
de
la cinquième colonne. Je voudrais vous en donner quelques exemples ra
365
part de leurs fidèles sont pratiquement des clubs
de
gens moraux plutôt que des assemblées de pécheurs qui attendent dans
366
es clubs de gens moraux plutôt que des assemblées
de
pécheurs qui attendent dans l’adoration et la prière la venue du sièc
367
ces Églises et leurs fidèles défendent est celle
de
la bourgeoisie, ou au mieux celle de Kant. C’est une morale tournée t
368
nt est celle de la bourgeoisie, ou au mieux celle
de
Kant. C’est une morale tournée tout entière vers le siècle — vers le
369
ècle spécialement ! – et qui ne semble plus faire
de
place aux interventions réelles du transcendant. Je vous citerai là-d
370
sus une anecdote qui résume tout. Un petit garçon
de
6 ans disait à sa grand-mère, bonne protestante de Genève : « Grand-m
371
e 6 ans disait à sa grand-mère, bonne protestante
de
Genève : « Grand-maman, je prie tous les matins pour savoir ce que je
372
e dans la journée. » Et la vieille dame, inquiète
de
voir des traces d’illuminisme dans son petit-fils, lui répondit : « M
373
» Et la vieille dame, inquiète de voir des traces
d’
illuminisme dans son petit-fils, lui répondit : « Mon petit, je n’ai p
374
répondit : « Mon petit, je n’ai pas besoin, moi,
de
déranger le bon Dieu pour savoir ce que je dois faire ! » Cette excel
375
excellente dame traduisait fidèlement l’attitude
de
beaucoup de chrétiens actuels : ils n’ont pas besoin de Dieu, puisqu’
376
ucoup de chrétiens actuels : ils n’ont pas besoin
de
Dieu, puisqu’ils ont la morale. Mais cette morale est celle du siècle
377
ires que le christianisme est le meilleur système
de
vie dans le siècle, celui qui peut empêcher les grèves, maintenir la
378
laristes avec un ton solennel, et en se prévalant
de
l’autorité de la Parole de Dieu, qui semble couvrir et garantir cette
379
un ton solennel, et en se prévalant de l’autorité
de
la Parole de Dieu, qui semble couvrir et garantir cette marchandise d
380
el, et en se prévalant de l’autorité de la Parole
de
Dieu, qui semble couvrir et garantir cette marchandise de pacotille p
381
qui semble couvrir et garantir cette marchandise
de
pacotille petite-bourgeoise. La pensée est sécularisée au dernier deg
382
s politiques, banquets, cérémonies pour les morts
de
la guerre, inauguration, etc., s’appliquent en général à parler comme
383
euse » à ces manifestations. Je traite ces hommes
de
collaborationnistes. Car après avoir flatté le siècle, par toute leur
384
cle, par toute leur attitude et par la forme même
de
leur pensée, lorsqu’ils donnent cette « note religieuse », ce ne peut
385
omplément nécessaire, ou un ornement traditionnel
de
notre civilisation. J’affirme pour ma part que la « note religieuse »
386
ortable dissonance qui ait jamais percé le tympan
d’
un homme, chrétien ou non. Le dilemme Voici donc le dilemme qui
387
siècle. D’une part, le siècle a pris conscience
de
lui-même. Il a osé tirer les conséquences de son athéisme, avec une b
388
ence de lui-même. Il a osé tirer les conséquences
de
son athéisme, avec une belle rigueur, dans le plan des idées comme da
389
si la transcendance n’était pas leur seule raison
d’
être, comme si elles n’y croyaient pas vraiment, comme si elles espéra
390
politiques, ou même religieuses, au sens naturel
de
ce terme, au sens où l’on dit à juste titre : il faut une religion po
391
situation, apparemment si compromise, aucun motif
de
nous décourager. Car si les Églises redeviennent de vraies Églises, e
392
nous décourager. Car si les Églises redeviennent
de
vraies Églises, elles n’ont pas grand-chose à craindre du sécularisme
393
sécularisme, même triomphant. Or il ne dépend que
de
nous qu’elles redeviennent de vraies Églises. Et le défi parfaitement
394
Or il ne dépend que de nous qu’elles redeviennent
de
vraies Églises. Et le défi parfaitement net et clair que nous portent
395
re une chance inespérée, peut-être la plus grande
de
toute l’histoire, de répondre sans équivoques. Je ne prétends pas app
396
ée, peut-être la plus grande de toute l’histoire,
de
répondre sans équivoques. Je ne prétends pas apporter cette réponse à
397
. Je vous donnerai seulement quelques indications
d’
ordres divers, à titre de petite contribution individuelle, à l’énorme
398
à l’énorme travail collectif que le siècle attend
de
l’Église.q Réponses chrétiennes au sécularisme Quand les quest
399
ns sont sérieuses et totalesr, comme c’est le cas
de
la question séculariste, on ne peut y répondre par des arguments, mai
400
ts, mais seulement avec son être, avec sa manière
d’
être, avec la puissance d’être qu’on manifeste derrière toute argument
401
n être, avec sa manière d’être, avec la puissance
d’
être qu’on manifeste derrière toute argumentation, et au-delà d’elle.
402
anifeste derrière toute argumentation, et au-delà
d’
elle. Or l’être même du christianisme est une tension entre la transce
403
nence. C’est-à-dire qu’il ne s’agit pas pour nous
d’
opposer au siècle un transcendant verbal, pur et isolé, mais au contra
404
faut-il nous affirmer comme le parti du sacré et
de
la transcendance ? Je répondrai : il faut faire tous les deux à la fo
405
les deux à la fois, selon les cas, et en général,
d’
une manière inverse de celle que nous pratiquons aujourd’hui. Devant c
406
lon les cas, et en général, d’une manière inverse
de
celle que nous pratiquons aujourd’hui. Devant ce siècle et dans ce si
407
la transcendance, et où l’on parle à notre temps
de
ses problèmes, mais au nom de ce qui les transcende. Or nous sommes t
408
plupart de nos églises, c’est un mauvais mélange
de
sécularisme et de piétisme, l’un se manifestant presque toujours là o
409
lises, c’est un mauvais mélange de sécularisme et
de
piétisme, l’un se manifestant presque toujours là où c’est l’autre qu
410
eulement en Amérique, consistent en lieux communs
de
morale bourgeoise, donc séculière, mais exprimés sur un ton pieux et
411
éculière, mais exprimés sur un ton pieux et ornés
de
formules bibliques, au hasard de l’association des idées. Or c’est ex
412
n pieux et ornés de formules bibliques, au hasard
de
l’association des idées. Or c’est exactement l’inverse que nous devon
413
est exactement l’inverse que nous devons attendre
de
la prédication : une réflexion non séculière, biblique, consciente de
414
une réflexion non séculière, biblique, consciente
de
la présence du transcendant, mais exprimée dans le langage le plus na
415
s répugnent à ce langage-là, qui met une barrière
d’
un demi-siècle entre eux et l’orateur ; secundo, parce qu’une fois la
416
anchie, on s’aperçoit que ce n’était pas la peine
de
venir dans une église pour entendre de telles platitudes. Vous pensez
417
s la peine de venir dans une église pour entendre
de
telles platitudes. Vous pensez peut-être que je suis bien dur. Mais n
418
out ce qui peut être dit au nom de n’importe quoi
d’
autre que la Trinité. Et je voudrais aussi que les vérités qu’on nous
419
avec passion, mais jamais sur ce ton pseudo-sacré
d’
une emphase triste et correcte qui ne trompe personne, et qui suffirai
420
iculiser n’importe qu’elle vérité simple habillée
de
la sorte.t Quant à nos lieux de culte, également, il me semble qu’on
421
simple habillée de la sorte.t Quant à nos lieux
de
culte, également, il me semble qu’on les a sécularisés là où il ne fa
422
Je voudrais que nos églises protestantes cessent
d’
être des lieux totalement séculiers par le décor, l’architecture et l’
423
par le décor, l’architecture et l’ornementation,
de
simples salles de conférence, mais difficiles d’accès et presque touj
424
rchitecture et l’ornementation, de simples salles
de
conférence, mais difficiles d’accès et presque toujours closes ; et q
425
de simples salles de conférence, mais difficiles
d’
accès et presque toujours closes ; et qu’elles redeviennent, au contra
426
t, au contraire, des lieux consacrés mais faciles
d’
accès, des sanctuaires mais toujours ouverts. J’ai parlé des églises d
427
mal, car « le Jugement va commencer par la maison
de
Dieu », écrit l’apôtre Pierre. De plus, si nous voulons agir sur le s
428
ant, si nous sortons du sanctuaire où nous venons
d’
adorer ensemble le transcendant, celui qui juge et sauve le siècle, no
429
e qu’aucun Dieu ne le sauve, qui nous met au défi
d’
y croire et qui attend avec une certaine anxiété inavouée une réponse
430
les ? J’en suis arrivé à penser que le témoignage
d’
un chrétien hors de l’église, c’est-à-dire là où il s’agit non plus d’
431
e l’église, c’est-à-dire là où il s’agit non plus
d’
adorer Dieu mais d’informer et de convaincre des hommes, peut revêtir
432
-dire là où il s’agit non plus d’adorer Dieu mais
d’
informer et de convaincre des hommes, peut revêtir deux formes, l’une
433
s’agit non plus d’adorer Dieu mais d’informer et
de
convaincre des hommes, peut revêtir deux formes, l’une positive, l’au
434
ecte. La forme positive du témoignage, je la vois
de
moins en moins dans la « réunion d’appel », dans l’adjuration pathéti
435
e, je la vois de moins en moins dans la « réunion
d’
appel », dans l’adjuration pathétique aux foules, dans tous ces procéd
436
ngt ans. Je ne pense pas que nous devions essayer
de
rivaliser avec le siècle sur ce plan-là. Je pense que nous avons au c
437
que nous croyons, avec sobriété, et sans accepter
de
discussion sur l’existence ou la non-existence de l’objet et du sujet
438
de discussion sur l’existence ou la non-existence
de
l’objet et du sujet de notre foi. Dison : — C’est ainsi, je crois cel
439
stence ou la non-existence de l’objet et du sujet
de
notre foi. Dison : — C’est ainsi, je crois cela parce que c’est ainsi
440
D’ailleurs, la preuve que je crois à l’existence
de
Dieu, c’est justement que je n’éprouve pas le besoin de faire de la p
441
u, c’est justement que je n’éprouve pas le besoin
de
faire de la propagande en sa faveur. On ne fait pas de la propagande
442
justement que je n’éprouve pas le besoin de faire
de
la propagande en sa faveur. On ne fait pas de la propagande pour prou
443
ire de la propagande en sa faveur. On ne fait pas
de
la propagande pour prouver, par exemple, que les Alpes existent. Car
444
lpes existent. Car elles existent, il suffit donc
de
le dire. On fait de la propagande pour ce qui n’existe pas encore et
445
lles existent, il suffit donc de le dire. On fait
de
la propagande pour ce qui n’existe pas encore et que l’on veut créer
446
rand nombre. Laissons donc au siècle ses méthodes
de
propagande, qui ne conviennent pas à la certitude. Et si l’on nous de
447
niée, comme chez les totalitaires, il n’y a plus
de
doute permis quant aux réalités immanentes. Aussitôt celles-ci s’abso
448
s, des dieux, souvent sanguinaires. Cette absence
de
doute sur les réalités immanentes bâtit ou laisse se bâtir peu à peu
449
e se bâtir peu à peu autour de nous tout un monde
de
« nécessités », qui à leur tour tendent à exclure la possibilité même
450
, si nous croyons au transcendant, nous douterons
de
ces nécessités que le siècle vénère sous le nom de lois, et qu’il a f
451
e ces nécessités que le siècle vénère sous le nom
de
lois, et qu’il a fabriquées lui-même, pour éviter de s’avouer respons
452
lois, et qu’il a fabriquées lui-même, pour éviter
de
s’avouer responsable. Ne l’oublions pas : le chrétien est celui qui c
453
dant, donc aussi celui qui doute des faux absolus
de
ce siècle. Il est celui qui doute au nom de sa foi. J’ai décrit rapid
454
om de sa foi. J’ai décrit rapidement quelques-uns
de
ces faux absolus athées, dans la philosophie et dans la politique. La
455
sécularistes nous donnent une chance très grande
de
faire face aux vrais dilemmes, aux vraies questions, celles qui porte
456
vraies questions, celles qui portent sur le tout
de
l’homme et de son destin. Pour conclure, je voudrais donner une illus
457
ons, celles qui portent sur le tout de l’homme et
de
son destin. Pour conclure, je voudrais donner une illustration qui me
458
hasard, ce n’est point par une coïncidence privée
de
sens que les premiers mouvements vraiment totalitaires, dans l’histoi
459
n même temps que la première possibilité concrète
de
détruire par nos mains ce siècle et l’ici-bas. Je parle de la bombe a
460
re par nos mains ce siècle et l’ici-bas. Je parle
de
la bombe atomique. À peine les hommes avaient-ils décrété l’autonomie
461
les hommes avaient-ils décrété l’autonomie totale
de
cette Terre et la mort de Dieu, voici qu’ils trouvent le moyen de pro
462
rété l’autonomie totale de cette Terre et la mort
de
Dieu, voici qu’ils trouvent le moyen de provoquer la destruction tota
463
t la mort de Dieu, voici qu’ils trouvent le moyen
de
provoquer la destruction totale de la Terre et la mort de l’homme. À
464
uvent le moyen de provoquer la destruction totale
de
la Terre et la mort de l’homme. À peine avaient-ils dit : nous ne cro
465
quer la destruction totale de la Terre et la mort
de
l’homme. À peine avaient-ils dit : nous ne croyons qu’à ce monde-ci,
466
ci, voilà qu’ils se voient confrontés avec la fin
de
ce monde-ci, machinée par leurs soins, dans leur pleine liberté ! Et
467
ans leur pleine liberté ! Et voilà donc la limite
de
cette liberté enfin atteinte. : ce n’est rien d’autre que la liberté
468
de cette liberté enfin atteinte. : ce n’est rien
d’
autre que la liberté de nous détruire en une seconde. Ainsi se pose, à
469
atteinte. : ce n’est rien d’autre que la liberté
de
nous détruire en une seconde. Ainsi se pose, à l’homme d’aujourd’hui,
470
détruire en une seconde. Ainsi se pose, à l’homme
d’
aujourd’hui, d’une manière imprévue et simpliste, l’alternative d’un a
471
seconde. Ainsi se pose, à l’homme d’aujourd’hui,
d’
une manière imprévue et simpliste, l’alternative d’un au-delà, d’un en
472
’une manière imprévue et simpliste, l’alternative
d’
un au-delà, d’un en-face, de quelque chose qui transcende nos folies —
473
mprévue et simpliste, l’alternative d’un au-delà,
d’
un en-face, de quelque chose qui transcende nos folies — ou au contrai
474
pliste, l’alternative d’un au-delà, d’un en-face,
de
quelque chose qui transcende nos folies — ou au contraire d’un grand
475
chose qui transcende nos folies — ou au contraire
d’
un grand saut collectif dans le néant. Ainsi sommes-nous entrés dans l
476
choix décisifs, globaux, totaux. C’est la chance
de
grandeur de notre temps, et nous devons l’affronter d’un cœur libre e
477
fs, globaux, totaux. C’est la chance de grandeur
de
notre temps, et nous devons l’affronter d’un cœur libre et confiant.
478
andeur de notre temps, et nous devons l’affronter
d’
un cœur libre et confiant. Libre parce que nous ne sommes pas liés tot
479
lement, comme les incroyants, à la forme présente
de
ce monde, mais bien plutôt à sa transformation. Et confiant parce que
480
il arrive à ce monde, et même s’il doit sauter un
de
ces jours, le drame des temps est déjà joué, la vérité est déjà victo
481
servé à la Bibliothèque publique et universitaire
de
Neuchâtel sous l’identifiant 242. Il s’agit d’une conférence (sans da
482
re de Neuchâtel sous l’identifiant 242. Il s’agit
d’
une conférence (sans date ni lieu) prononcée après la guerre. g. Cett
483
guerre. g. Cette phrase est traduite directement
de
l’édition américaine : « The word “secularism » has become current in
484
h. On a purgé en introduction quelques éléments
d’
oralité propres à la conférence, présents dans le manuscrit français e
485
ux dernières phrases sont traduites partiellement
de
l’édition américaine : « This “death of God” as a psychological, not
486
” ». k. L’édition américaine donne pour le début
de
ce paragraphe : « Every aspect of human life, without exception, is t
487
ition américaine met « Sartre » au lieu de « chef
de
l’école existentialiste ». p. L’édition américaine ajoute : « It is
488
aller à les revendiquer injustement. Les docteurs
de
l’Église se défendaient contre les attaques successives du scepticism
489
contre les attaques successives du scepticisme né
de
la science cartésienne, de l’historisme, de la philologie, puis des s
490
ives du scepticisme né de la science cartésienne,
de
l’historisme, de la philologie, puis des systèmes sociologiques et ph
491
me né de la science cartésienne, de l’historisme,
de
la philologie, puis des systèmes sociologiques et philosophiques qui
492
otidienne, innombrable, et sans cesse accrue mais
d’
une manière imperceptible, d’habitudes de pensée et de vie de moins en
493
ns cesse accrue mais d’une manière imperceptible,
d’
habitudes de pensée et de vie de moins en moins conformes aux lois spi
494
rue mais d’une manière imperceptible, d’habitudes
de
pensée et de vie de moins en moins conformes aux lois spirituelles :
495
e manière imperceptible, d’habitudes de pensée et
de
vie de moins en moins conformes aux lois spirituelles : sans le savoi
496
re imperceptible, d’habitudes de pensée et de vie
de
moins en moins conformes aux lois spirituelles : sans le savoir, sans
497
é doucement persécutée. Cette persécution à coups
d’
épingle, de demi-sourires et d’ironies intellectuelles basées sur « le
498
persécutée. Cette persécution à coups d’épingle,
de
demi-sourires et d’ironies intellectuelles basées sur « les derniers
499
ersécution à coups d’épingle, de demi-sourires et
d’
ironies intellectuelles basées sur « les derniers progrès de la scienc
500
intellectuelles basées sur « les derniers progrès
de
la science », cette tolérance même qui se manifestait à l’égard des «
501
rd des « survivances religieuses », firent autant
de
mal aux Églises que les persécutions romaines aux premiers temps leur
502
érentes confessions. On reculait sous la pression
de
l’incroyance, on frisait la part du feu, on cédait les positions trop
503
mence flambante qui fut toujours signe et symbole
de
l’Esprit. Un fils soumis de Rome, le grand Paul Claudel, pouvait écri
504
ours signe et symbole de l’Esprit. Un fils soumis
de
Rome, le grand Paul Claudel, pouvait écrire vers la fin de cette péri
505
le grand Paul Claudel, pouvait écrire vers la fin
de
cette période qu’à la question : « Si le sel perd sa saveur, avec quo
506
minoritaire des chrétiens ; qu’il les a attaqués
de
front au nom des principes non chrétiens (comme le nationalisme) qu’i
507
chute ont été pour toutes les Églises une épreuve
de
force, un challenge, une purification, une occasion de réveil. C’est
508
rce, un challenge, une purification, une occasion
de
réveil. C’est un fait que la culture laïque, a-chrétienne ou antichré
509
démontré son impuissance réelle devant l’assaut
de
dictatures barbares : elle s’est reconnue impuissante à donner des bu
510
elle s’est reconnue impuissante à donner des buts
de
vie, des idéaux, une morale, plus efficace que le christianisme. C’es
511
ianisme. C’est un fait que « les derniers progrès
de
la science » autorisent de moins en moins — et non de plus en plus, c
512
« les derniers progrès de la science » autorisent
de
moins en moins — et non de plus en plus, comme au siècle passé — à me
513
a Création du monde par Dieu, sa Fin, l’existence
de
l’esprit, etc., paraît close pour longtemps. C’est enfin un fait que
514
nt retrouvé depuis une ou deux décades le courage
de
réaffirmer leurs positions parfois les plus extrêmes, avec une belle
515
ec une belle indépendance vis-à-vis des critiques
de
l’extérieur. Renaissance du thomisme et des études mystiques chez les
516
des mystiques chez les catholiques ; restauration
de
la dogmatique réformée grâce au mouvement initié par Karl Barth chez
517
ar Karl Barth chez les protestants ; réapparition
d’
une puissante et purifiée Église orthodoxe à l’Est. Mais dire que l’ép
518
Église orthodoxe à l’Est. Mais dire que l’époque
de
la défensive est terminée pour elles, dans notre temps, c’est poser a
519
ormir, ou bien à passer à l’attaque. Ce lendemain
d’
une guerre de Trente Ans ne ressemble guère à une victoire, il faut bi
520
n à passer à l’attaque. Ce lendemain d’une guerre
de
Trente Ans ne ressemble guère à une victoire, il faut bien le dire. L
521
grands que ceux qu’elles eussent été contraintes
de
subir en se rendant. (Dans ce « presque » est la différence entre hon
522
Les uns s’abandonnent aux vieilleries et tentent
de
restaurer le nationalisme, condamné par les catastrophes récentes. Le
523
angera la vie… D’autres enfin, faisant la théorie
de
leur faiblesse, formulent des doctrines nihilistes dans un jargon phi
524
our le moins inoffensives. Devant cette démission
de
la pensée et de la morale, l’État se voit forcé d’étendre ses pouvoir
525
ffensives. Devant cette démission de la pensée et
de
la morale, l’État se voit forcé d’étendre ses pouvoirs, à coups de dé
526
e la pensée et de la morale, l’État se voit forcé
d’
étendre ses pouvoirs, à coups de décrets si généraux que chaque vocati
527
tat se voit forcé d’étendre ses pouvoirs, à coups
de
décrets si généraux que chaque vocation personnelle s’en trouve néces
528
s ont moins que jamais à se soucier, aujourd’hui,
de
réfuter les arguments de l’incroyance : elles ont, tout simplement à
529
se soucier, aujourd’hui, de réfuter les arguments
de
l’incroyance : elles ont, tout simplement à donner leurs croyances, a
530
nt dans l’Église, et voyant au-dehors ses chances
d’
action, et la misère du temps qui appelle, j’attends ceci : 1° Que l’É
531
e, j’attends ceci : 1° Que l’Église offre un type
de
relations humaines viables, comme elle le fit aux siècles sombres, av
532
raison du Moyen Âge, qui fut son œuvre. Il s’agit
de
restaurer le sens de la communauté vivante, que le gigantisme de nos
533
qui fut son œuvre. Il s’agit de restaurer le sens
de
la communauté vivante, que le gigantisme de nos machines administrati
534
sens de la communauté vivante, que le gigantisme
de
nos machines administratives, le règne de l’argent, le nomadisme indu
535
antisme de nos machines administratives, le règne
de
l’argent, le nomadisme industriel, et les déportations en masse, ont
536
s, souvent utiles, mais qui ne sont jamais règles
de
vie. Je voudrais une sociologie chrétienne pour le siècle. 2° Que l’É
537
nne pour le siècle. 2° Que l’Église offre un type
de
relations culturelles viables ; qu’elle ose de nouveau soutenir et gu
538
s’agit que nos théologiens adoptent une politique
d’
intervention, et non de vertueuse indignation, à l’égard des écoles no
539
ens adoptent une politique d’intervention, et non
de
vertueuse indignation, à l’égard des écoles nouvelles, dépourvues de
540
ation, à l’égard des écoles nouvelles, dépourvues
de
principe d’intégration, de commune mesure, d’ambitions spirituelles.
541
gard des écoles nouvelles, dépourvues de principe
d’
intégration, de commune mesure, d’ambitions spirituelles. Sans « dévot
542
nouvelles, dépourvues de principe d’intégration,
de
commune mesure, d’ambitions spirituelles. Sans « dévotion » à rien d’
543
ues de principe d’intégration, de commune mesure,
d’
ambitions spirituelles. Sans « dévotion » à rien d’avouable…x Toute la
544
’ambitions spirituelles. Sans « dévotion » à rien
d’
avouable…x Toute la culture de l’Occident — musique, peinture, philoso
545
« dévotion » à rien d’avouable…x Toute la culture
de
l’Occident — musique, peinture, philosophie, littérature — est sortie
546
recherche pour la ramener ! 3° Que l’Église cesse
de
défendre la triste et inefficace moralité bourgeoise, avec laquelle t
547
nefficace moralité bourgeoise, avec laquelle trop
de
chrétiens confondent aujourd’hui la vertu ; et qu’elle restaure chez
548
tu ; et qu’elle restaure chez les fidèles le sens
de
la vocation personnelle, seul fondement d’une morale spécifiquement c
549
e sens de la vocation personnelle, seul fondement
d’
une morale spécifiquement chrétienne. « Soyez bien sages », nous disai
550
jourd’hui, hors des Églises, me paraissent avides
d’
entendre. La « folie de la Croix » non la sagesse bourgeoise. Quelque
551
ises, me paraissent avides d’entendre. La « folie
de
la Croix » non la sagesse bourgeoise. Quelque chose qui entraîne en a
552
là, non pas ce qui retient en arrière des risques
de
la vie. 4° Que l’Église affirme avec force, dans le domaine politique
553
orce, dans le domaine politique, la Transcendance
de
son chef, contre tous les absolutismes nationaux, étatiques, partisan
554
dans notre siècle : il peut offrir le modèle même
d’
une union mondiale dans le respect des diversités nationales. Que dis-
555
nationales. Que dis-je, il peut ! Il le doit, et
de
toute urgence ! S’il y échoue, je ne vois aucune raison d’attendre au
556
urgence ! S’il y échoue, je ne vois aucune raison
d’
attendre autre chose, pour le monde, que des tyrans, leurs guerres, et
557
e, qui résume à mes yeux les plus grandes chances
d’
action du christianisme au xxe siècle, resterait une pure utopie si l
558
s et par des petits groupes ; par quelques « fous
de
Dieu » comme saint François d’Assise ; par des gens de peu réunis dan
559
eu » comme saint François d’Assise ; par des gens
de
peu réunis dans une chambre ; par des mystiques qui n’auront l’air de
560
ne chambre ; par des mystiques qui n’auront l’air
de
rien ; par des hommes dont on dira qu’ils exagèrent, qu’ils rêvent, q
561
là : « l’incomparable, l’unique, celui qui a reçu
de
Dieu une vocation précise », et il ajoute : « toute vocation est sans
562
3). Nous avons repris pour cette édition le texte
de
la parution française. w. L’édition américaine donne ceci pour ce pa
563
américaine. y. On a supprimé la dernière phrase
de
la publication parue en 1947 dans Third Hour : « Peut-être même par d
564
4. La responsabilité culturelle
de
l’Églisez Il y a un accord frappant entre les principes de la Char
565
Il y a un accord frappant entre les principes
de
la Charte de l’Atlantique et les affirmations formulées par les grand
566
accord frappant entre les principes de la Charte
de
l’Atlantique et les affirmations formulées par les grandes conférence
567
uesaa. Mais il est non moins remarquable qu’aucun
de
ces documents ne fasse allusion à l’ordre culturel de demain. Et il e
568
es documents ne fasse allusion à l’ordre culturel
de
demain. Et il est cependant certain que si les Églises continuent à n
569
a cessation des hostilités introduira une période
de
la plus grande confusion. La jeunesse de presque tous les pays du mon
570
période de la plus grande confusion. La jeunesse
de
presque tous les pays du monde aura été soumise à plusieurs années de
571
pays du monde aura été soumise à plusieurs années
de
service militaire et à une interruption plus ou moins complète de tou
572
aire et à une interruption plus ou moins complète
de
toute activité intellectuelle. Il nous faut donc prévoir un abaisseme
573
aut donc prévoir un abaissement général du niveau
d’
instruction, une déflation de la culture classique, non seulement dans
574
nt général du niveau d’instruction, une déflation
de
la culture classique, non seulement dans les pays ruinés par la guerr
575
intellectuel : la propagande, la nécessité vitale
de
simplifier tous les problèmes, de juger selon des besoins utilitaires
576
écessité vitale de simplifier tous les problèmes,
de
juger selon des besoins utilitaires plutôt que selon les exigences de
577
esoins utilitaires plutôt que selon les exigences
de
la vérité, de penser par masses ou par majorités, de placer tout le m
578
ires plutôt que selon les exigences de la vérité,
de
penser par masses ou par majorités, de placer tout le mal d’un côté e
579
la vérité, de penser par masses ou par majorités,
de
placer tout le mal d’un côté et tout le bon de l’autre, de soupçonner
580
ar masses ou par majorités, de placer tout le mal
d’
un côté et tout le bon de l’autre, de soupçonner de sabotage ceux qui
581
s, de placer tout le mal d’un côté et tout le bon
de
l’autre, de soupçonner de sabotage ceux qui maintiennent une attitude
582
tout le mal d’un côté et tout le bon de l’autre,
de
soupçonner de sabotage ceux qui maintiennent une attitude de critique
583
’un côté et tout le bon de l’autre, de soupçonner
de
sabotage ceux qui maintiennent une attitude de critique exigeante ou
584
er de sabotage ceux qui maintiennent une attitude
de
critique exigeante ou un sens normal de la justice. En outre, la guer
585
attitude de critique exigeante ou un sens normal
de
la justice. En outre, la guerre a toujours pour effet de démoder les
586
ustice. En outre, la guerre a toujours pour effet
de
démoder les types de culture de la période d’avant-guerre, même dans
587
guerre a toujours pour effet de démoder les types
de
culture de la période d’avant-guerre, même dans les pays vainqueurs.
588
ujours pour effet de démoder les types de culture
de
la période d’avant-guerre, même dans les pays vainqueurs. Dans les pa
589
fet de démoder les types de culture de la période
d’
avant-guerre, même dans les pays vainqueurs. Dans les pays conquis la
590
les pays conquis la jeunesse accusera la culture
de
la génération précédente, celle de ses parents d’avoir amené la catas
591
era la culture de la génération précédente, celle
de
ses parents d’avoir amené la catastrophe. Beaucoup des chefs, même de
592
de la génération précédente, celle de ses parents
d’
avoir amené la catastrophe. Beaucoup des chefs, même de la génération
593
ir amené la catastrophe. Beaucoup des chefs, même
de
la génération présente, auront disparu. Il y aura une impérieuse exig
594
auront disparu. Il y aura une impérieuse exigence
de
chefs nouveaux, de valeurs nouvelles, d’un idéal nouveau ; un désir p
595
y aura une impérieuse exigence de chefs nouveaux,
de
valeurs nouvelles, d’un idéal nouveau ; un désir puissant de repartir
596
exigence de chefs nouveaux, de valeurs nouvelles,
d’
un idéal nouveau ; un désir puissant de repartir à neuf et de ne pas r
597
nouvelles, d’un idéal nouveau ; un désir puissant
de
repartir à neuf et de ne pas retomber dans les erreurs traditionnelle
598
nouveau ; un désir puissant de repartir à neuf et
de
ne pas retomber dans les erreurs traditionnelles ou revenir aux disci
599
rreurs traditionnelles ou revenir aux disciplines
de
l’ère bourgeoise. Il se pourrait que cette exigence, surgissant d’un
600
se. Il se pourrait que cette exigence, surgissant
d’
un chaos matériel et spirituel, présente à nouveau l’apparence d’un fa
601
riel et spirituel, présente à nouveau l’apparence
d’
un fascisme culturel : le besoin de chefs, la violence de la guerre tr
602
au l’apparence d’un fascisme culturel : le besoin
de
chefs, la violence de la guerre transportée dans le domaine de l’espr
603
scisme culturel : le besoin de chefs, la violence
de
la guerre transportée dans le domaine de l’esprit, un goût d’aventure
604
violence de la guerre transportée dans le domaine
de
l’esprit, un goût d’aventure, mais aussi une extrême simplification i
605
transportée dans le domaine de l’esprit, un goût
d’
aventure, mais aussi une extrême simplification intellectuelle. Nous a
606
lectuelle. Nous avons vu apparaître quelque chose
d’
analogue en Europe après la Première Guerre mondiale. Ce sera, cette f
607
us puissantes et dynamiques. Il serait romantique
de
supposer que la guerre actuelle a détruit toutes les éternelles illus
608
ctuelle a détruit toutes les éternelles illusions
de
l’humanité. Nous avons des raisons de craindre, au contraire, qu’elle
609
s illusions de l’humanité. Nous avons des raisons
de
craindre, au contraire, qu’elles ne trouvent une nouvelle virulence s
610
qu’elles ne trouvent une nouvelle virulence sous
de
nouveaux noms. Les générations d’après-guerre ne seront pas nécessair
611
virulence sous de nouveaux noms. Les générations
d’
après-guerre ne seront pas nécessairement plus positives ou plus cyniq
612
cun doute leur faim sera plus grande et leur soif
de
réponses à leurs questions, de conseils, d’idéaux catholiques — au se
613
rande et leur soif de réponses à leurs questions,
de
conseils, d’idéaux catholiques — au sens étymologique du mot — de sol
614
soif de réponses à leurs questions, de conseils,
d’
idéaux catholiques — au sens étymologique du mot — de solutions « tota
615
déaux catholiques — au sens étymologique du mot —
de
solutions « totale » dans le domaine de la culture. Car l’époque bour
616
du mot — de solutions « totale » dans le domaine
de
la culture. Car l’époque bourgeoise a été une ère de division, d’abse
617
la culture. Car l’époque bourgeoise a été une ère
de
division, d’absence de parenté et de commune mesure entre idéal et pr
618
ar l’époque bourgeoise a été une ère de division,
d’
absence de parenté et de commune mesure entre idéal et pratique, entre
619
e bourgeoise a été une ère de division, d’absence
de
parenté et de commune mesure entre idéal et pratique, entre les diver
620
été une ère de division, d’absence de parenté et
de
commune mesure entre idéal et pratique, entre les diverses discipline
621
idéal et pratique, entre les diverses disciplines
de
l’esprit, entre les diverses activités humaines et sociales.ab Les a
622
ses activités humaines et sociales.ab Les années
d’
après-guerre seront probablement caractérisées par les traits suivants
623
suivants : des lacunes intellectuelles, une soif
d’
aventures spirituelles (chez les meilleurs), un besoin de direction fe
624
ures spirituelles (chez les meilleurs), un besoin
de
direction ferme et de réalisations expéditives d’allures totalitaires
625
z les meilleurs), un besoin de direction ferme et
de
réalisations expéditives d’allures totalitaires.ac Le devoir des É
626
de direction ferme et de réalisations expéditives
d’
allures totalitaires.ac Le devoir des Églises Si les Églises chr
627
vraiment catholique (embrassant tous les aspects
de
la vie), l’abîme s’élargira entre le monde religieux et la culture. C
628
: science, (scientisme), eudémonisme païen, culte
de
ces valeurs que l’on dit « appartenir à la vie », création de nouveau
629
rs que l’on dit « appartenir à la vie », création
de
nouveaux nationalismes religieux et virulents. Mais si une Église veu
630
virulents. Mais si une Église veut être en mesure
d’
intervenir dans le développement de la culture, elle doit être fondée
631
être en mesure d’intervenir dans le développement
de
la culture, elle doit être fondée sur une doctrine ferme, sur une thé
632
ie est vague n’a plus rien à dire dans le domaine
de
la culture. Une telle Église peut donner un avis sur le plan politiqu
633
ar exemple, approuver un document comme la Charte
de
l’Atlantique qui n’émane pas d’une théologie, ni même directement du
634
t comme la Charte de l’Atlantique qui n’émane pas
d’
une théologie, ni même directement du christianisme. Elle peut se rall
635
pirée par un pur humanisme. Mais, dans le domaine
de
la culture, il en est tout à fait autrement. Ici une Église ne peut a
636
idéologies créées par d’autres. Sa parole n’aura
de
poids que si elle parle au nom de sa propre théologie, et en rattacha
637
propre théologie, et en rattachant ce qu’elle dit
de
la façon la plus directe à cette théologie. C’est ainsi que l’Église
638
ment philosophique du Moyen Âge, que les réformes
de
Luther et de Calvin combattirent avec succès la Renaissance et inspir
639
hique du Moyen Âge, que les réformes de Luther et
de
Calvin combattirent avec succès la Renaissance et inspirèrent un vast
640
exemple, pouvait croire aux doctrines officielles
de
sa confession et en même temps admirer Wagner, Whitman, ou Renoir, sa
641
avec sa foi. Car en fait la théologie avait cessé
d’
être vivante, précise et exigeante, et donc source d’inspiration. Le t
642
tre vivante, précise et exigeante, et donc source
d’
inspiration. Le thomisme a inspiré Dante, le calvinisme Rembrandt, le
643
lise n’a rien à donner, si elle n’a rien à exiger
de
la culture, cette dernière s’en trouvera appauvrie et désorientée. El
644
ouvera appauvrie et désorientée. Elle sera coupée
de
ses racines. Car toute la culture occidentale est née de la théologie
645
racines. Car toute la culture occidentale est née
de
la théologie et de la liturgie chrétienne ; soit en se soumettant au
646
la culture occidentale est née de la théologie et
de
la liturgie chrétienne ; soit en se soumettant au code chrétien, soit
647
e lui. (Les grandes philosophies modernes, celles
de
Descartes et de Hegel, sont nées d’une controverse manifestement théo
648
des philosophies modernes, celles de Descartes et
de
Hegel, sont nées d’une controverse manifestement théologique à ses or
649
ernes, celles de Descartes et de Hegel, sont nées
d’
une controverse manifestement théologique à ses origines.) Et, en seco
650
ulte, l’Église perd ses moyens les plus efficaces
d’
agir sur le siècle, de transformer ses croyances en action créatrice.
651
s moyens les plus efficaces d’agir sur le siècle,
de
transformer ses croyances en action créatrice. Les forces de création
652
mer ses croyances en action créatrice. Les forces
de
création lui échappent. Tout ce qui est créé est alors créé en dehors
653
nt frappant dans les pays protestants où le souci
de
rattacher tout travail de culture à une théologie stricte a entièreme
654
protestants où le souci de rattacher tout travail
de
culture à une théologie stricte a entièrement disparu — en raison du
655
ricte a entièrement disparu — en raison du manque
de
stricte théologie. L’Église romaine a mieux retenu les forces de créa
656
logie. L’Église romaine a mieux retenu les forces
de
création intellectuelles parce qu’elle est attentive à préserver les
657
t attentive à préserver les droits et les devoirs
de
la critique théologique sur tous les plans et pas seulement d’une faç
658
e théologique sur tous les plans et pas seulement
d’
une façon négative et restrictive. Que peuvent alors faire les Églises
659
s faire les Églises pour collaborer à la création
d’
un ordre culturel dans le chaos de demain ? Nous proposons une réponse
660
r à la création d’un ordre culturel dans le chaos
de
demain ? Nous proposons une réponse simple. Les Églises pourront agir
661
ontrent exigeantes au lieu de se désintéresser ou
de
suivre avec retard les tendances du jour. Vocation : le principe f
662
Vocation : le principe fondamental Pour passer
de
la théologie d’une Église à des applications sociales, culturelles, p
663
incipe fondamental Pour passer de la théologie
d’
une Église à des applications sociales, culturelles, politiques ou éco
664
les, politiques ou économiques, il semblerait bon
de
fixer certains principes ou stades intermédiaires entre la théologie
665
onde dans le domaine culturel et social est celle
de
vocation (au sens calviniste et luthérien du mot, qui est plus large
666
ile nous apprend que chaque homme est susceptible
de
recevoir une vocation, un appel spécial qui le distingue de son genre
667
r une vocation, un appel spécial qui le distingue
de
son genre et qui lui confère une dignité inaliénable dans la mesure o
668
obéit à cet appel. C’est le principe fondamental
de
tout ordre social que l’on peut appeler chrétien. On peut aussi accep
669
t appeler chrétien. On peut aussi accepter l’idée
d’
une vocation générale ou collective, appliquée à une nation ou même à
670
pour lequel l’Église peut prier, est susceptible
de
recevoir une vocation. Maintenant les grandes maladies sociales et cu
671
(que ce soient les collectivismes nationalistes,
de
race ou de classe, ou les matérialismes biologiques, moraux ou bourge
672
ient les collectivismes nationalistes, de race ou
de
classe, ou les matérialismes biologiques, moraux ou bourgeois). De mê
673
’individualisme est une déviation morbide du sens
de
la vocation car elle nie ses conséquences sociales et communautaires.
674
onnelle ou un régime social qui dépouille l’homme
de
la liberté d’obéir à sa vocation sont incompatibles avec le christian
675
régime social qui dépouille l’homme de la liberté
d’
obéir à sa vocation sont incompatibles avec le christianisme. Par exem
676
ologies totalitaires nient par définition le fait
de
la vocation personnelle. Elles la remplacent par un ersatz : la fonct
677
eur de l’État ou du Parti, conformément au décret
de
l’État ou du Parti. Elles nient l’existence de toute différenciation
678
et de l’État ou du Parti. Elles nient l’existence
de
toute différenciation ou la qualifient de morbide, réactionnaire, ind
679
istence de toute différenciation ou la qualifient
de
morbide, réactionnaire, individualiste, antisociale. Elles sont, par
680
généité mécanique et rigide, qu’elle soit imposée
d’
en haut (État, tyran), ou d’en bas (égalitarisme poussé à l’extrême) n
681
qu’elle soit imposée d’en haut (État, tyran), ou
d’
en bas (égalitarisme poussé à l’extrême) nient la vocation personnelle
682
me) nient la vocation personnelle, ou la vocation
d’
un groupe et la considèrent comme dangereuse et scandaleuse. Ces doctr
683
n même corps, beaucoup de maisons dans le Royaume
de
Dieu. Un ordre social ne peut être qualifié de chrétien à moins qu’il
684
me de Dieu. Un ordre social ne peut être qualifié
de
chrétien à moins qu’il ne soit fondé sur le respect de la vocation, e
685
rétien à moins qu’il ne soit fondé sur le respect
de
la vocation, et qu’il n’assure à chaque homme (et à chaque groupe ou
686
à chaque groupe ou entité collective) la liberté
de
réaliser cette vocation divine, unique et inaliénable. Un ordre socia
687
et sociaux). Il placera les droits et les devoirs
de
l’individu (c’est-à-dire de l’individu chargé d’une vocation) avant l
688
droits et les devoirs de l’individu (c’est-à-dire
de
l’individu chargé d’une vocation) avant les droits et les devoirs de
689
de l’individu (c’est-à-dire de l’individu chargé
d’
une vocation) avant les droits et les devoirs de l’État (l’organisme d
690
é d’une vocation) avant les droits et les devoirs
de
l’État (l’organisme dont le devoir est d’assurer la liberté de l’indi
691
devoirs de l’État (l’organisme dont le devoir est
d’
assurer la liberté de l’individu au point de vue matériel). Les con
692
organisme dont le devoir est d’assurer la liberté
de
l’individu au point de vue matériel). Les conséquences sociales de
693
nt de vue matériel). Les conséquences sociales
de
la vocation 1. Une doctrine chrétienne, centrée sur l’idée de la v
694
1. Une doctrine chrétienne, centrée sur l’idée
de
la vocation des individus, mettra toujours l’accent sur le devoir plu
695
voir plutôt que sur les droits. Prenons l’exemple
de
l’armée : les règlements militaires ne fixent pas les droits d’un cap
696
es règlements militaires ne fixent pas les droits
d’
un capitaine mais seulement ses devoirs et ses fonctions. Il va sans d
697
ses fonctions. Il va sans dire que l’organisation
de
l’armée est telle qu’un capitaine aura toujours les moyens d’accompli
698
st telle qu’un capitaine aura toujours les moyens
d’
accomplir son devoir : c’est là sa liberté, il n’en a pas d’autres. Or
699
le à une constitution abstraite fixant les droits
de
l’individu indépendamment des devoirs de sa charge. 2. Une doctrine c
700
s droits de l’individu indépendamment des devoirs
de
sa charge. 2. Une doctrine chrétienne qui prend au sérieux le fait de
701
doctrine chrétienne qui prend au sérieux le fait
de
la vocation divine d’un homme ou d’un organisme collectif condamnera
702
ui prend au sérieux le fait de la vocation divine
d’
un homme ou d’un organisme collectif condamnera tout système qui, méca
703
rieux le fait de la vocation divine d’un homme ou
d’
un organisme collectif condamnera tout système qui, mécaniquement, emp
704
ystème qui, mécaniquement, empêche la réalisation
de
cette vocation. Elle condamnera, par conséquent, au nom de la théolog
705
idus sont abstraitement dirigés selon les besoins
de
la machine et non selon leur vocation réelle. Elle condamnera le syst
706
al privé dans la mesure où le mouvement des biens
de
la puissance matérielle y est fonction des hasards d’opérations de Bo
707
a puissance matérielle y est fonction des hasards
d’
opérations de Bourse, par exemple, et non des droits conférés par l’ex
708
atérielle y est fonction des hasards d’opérations
de
Bourse, par exemple, et non des droits conférés par l’exercice d’une
709
xemple, et non des droits conférés par l’exercice
d’
une vocation. Elle condamnera tout système économique qui fait de l’ho
710
Elle condamnera tout système économique qui fait
de
l’homme le jouet des intérêts de l’État, d’un trust, de la production
711
nomique qui fait de l’homme le jouet des intérêts
de
l’État, d’un trust, de la production matérielle, de la volonté de pui
712
fait de l’homme le jouet des intérêts de l’État,
d’
un trust, de la production matérielle, de la volonté de puissance indi
713
omme le jouet des intérêts de l’État, d’un trust,
de
la production matérielle, de la volonté de puissance individuelle ou
714
l’État, d’un trust, de la production matérielle,
de
la volonté de puissance individuelle ou collective. 3. Les Églises co
715
trust, de la production matérielle, de la volonté
de
puissance individuelle ou collective. 3. Les Églises combattront pour
716
llectif la liberté légale et les moyens matériels
d’
accomplir sa vocation. Elles le feront au nom de leur doctrine, et ave
717
ent neutres comme le progrès, la justice sociale (
de
gauche), ou l’ordre social (de droite), l’intérêt national ou la pros
718
a justice sociale (de gauche), ou l’ordre social (
de
droite), l’intérêt national ou la prospérité économique. Le devoir de
719
prospérité économique. Le devoir des Églises est
de
repenser toutes ces catégories et de les critiquer d’un point de vue
720
Églises est de repenser toutes ces catégories et
de
les critiquer d’un point de vue spécifiquement chrétien. Il doit y av
721
epenser toutes ces catégories et de les critiquer
d’
un point de vue spécifiquement chrétien. Il doit y avoir, par exemple,
722
ition des « quatre libertés » dans les conditions
de
fonctionnement d’une doctrine chrétienne de la vocation. (Être libre
723
libertés » dans les conditions de fonctionnement
d’
une doctrine chrétienne de la vocation. (Être libre à l’abri de la néc
724
tions de fonctionnement d’une doctrine chrétienne
de
la vocation. (Être libre à l’abri de la nécessité, ne signifie pas qu
725
e chrétienne de la vocation. (Être libre à l’abri
de
la nécessité, ne signifie pas que l’on prend pour but la prospérité,
726
’on demande la possibilité matérielle pour chacun
de
réaliser sa vocation, etc.) Alors, et alors seulement, les Églises re
727
rouveront une autorité effective. Elles cesseront
de
s’identifier aux yeux de l’homme de la rue à une certaine classe soci
728
les cesseront de s’identifier aux yeux de l’homme
de
la rue à une certaine classe sociale, à un ordre établi, ou à la réfo
729
tabli, ou à la réforme du moment. Elles cesseront
d’
être traînées dans le sillage de mouvements entrepris par d’autres, av
730
. Elles cesseront d’être traînées dans le sillage
de
mouvements entrepris par d’autres, avec des motifs et pour des buts q
731
ngers menacent la culture moderne au point de vue
d’
une éthique fondée sur la vocation : a) un faux universalisme fruit d’
732
sur la vocation : a) un faux universalisme fruit
d’
une éducation sans couleur confessionnelle, philosophique ni régionale
733
nationalisme, autarchie spirituelle. La vocation
d’
un homme ou d’un groupe est à la fois distinction et intégration. Ces
734
autarchie spirituelle. La vocation d’un homme ou
d’
un groupe est à la fois distinction et intégration. Ces deux éléments
735
nciliés et sauvegardés avec vigilance — l’élément
d’
universalisation et celui de distinction. Il est grandement souhaitabl
736
vigilance — l’élément d’universalisation et celui
de
distinction. Il est grandement souhaitable, par exemple, que des étab
737
souhaitable, par exemple, que des établissements
d’
enseignement (collèges, universités) soient fondés sur une base confes
738
e base confessionnelle clairement établie, à côté
d’
établissements laïques, neutres ou non chrétiens, et que tout l’enseig
739
ans chaque matière, y soit dominé par la doctrine
de
l’Église en question, comme c’est le cas dans les instituts catholiqu
740
nstituts catholiques et à l’Université calviniste
de
Hollande.ad Mais, en même temps, pour sauvegarder le facteur univers
741
ître les autres. L’attitude générale serait alors
d’
approfondir et d’intégrer le plus possible chaque vocation culturelle
742
L’attitude générale serait alors d’approfondir et
d’
intégrer le plus possible chaque vocation culturelle du groupe (qu’il
743
e tout en vue de l’union (fédérale ou œcuménique)
de
ces vocations dans un ensemble beaucoup plus large — le corps et ses
744
parer. Le deuxième problème à envisager est celui
d’
une collaboration plus étroite entre l’Église et l’Intelligentzia. Dan
745
méniques ont donné l’occasion à un certain nombre
de
savants, historiens et écrivains de travailler pour les Églises dans
746
ertain nombre de savants, historiens et écrivains
de
travailler pour les Églises dans leur ensemble. Mais la plupart des c
747
écialement les protestantes) n’ont pas les moyens
de
mettre en contact organique les créateurs de culture et l’Église comm
748
yens de mettre en contact organique les créateurs
de
culture et l’Église comme telle — l’Église comme corps de doctrine et
749
re et l’Église comme telle — l’Église comme corps
de
doctrine et comme communauté. Sur ce plan tout reste à créer. Et quel
750
t être créé si nous voulons éviter que la culture
de
demain se développe selon des voies qui s’éloignent de plus en plus d
751
e selon des voies qui s’éloignent de plus en plus
d’
une conception chrétienne du monde. z. Texte paru initialement en a
752
puis en français (« La responsabilité culturelle
de
l’Église », Le Semeur, Paris, n° 5, mars 1945, p. 17-25). Nous avons
753
5). Nous avons repris pour cette édition le texte
de
la parution française. aa. L’édition américaine donne ceci : « There
754
ocial activities. » ac. Ce paragraphe est absent
de
l’édition américaine. ad. L’édition américaine ajoute : « This would
755
vait bien des surprises, lorsqu’après une absente
de
plusieurs années, j’y suis rentré en 1946. Une grande alertness intel
756
ertness intellectuelle souvent alliée à une sorte
de
cynisme facilement explicable ; un profond besoin de réalisme mais tr
757
cynisme facilement explicable ; un profond besoin
de
réalisme mais trop peu d’informations sur l’état du monde pour le nou
758
ble ; un profond besoin de réalisme mais trop peu
d’
informations sur l’état du monde pour le nourrir ; un intérêt renouvel
759
ontraient les milieux intellectuels. L’équivalent
de
la plupart de ces traits, comme il est naturel, pouvait s’observer da
760
la pensée religieuse. Mais ce qui me surprit fut
de
constater chez cette dernière une conscience vive du problème de la v
761
ez cette dernière une conscience vive du problème
de
la vraie communauté et de ses structures à recréer, alors que je ne v
762
cience vive du problème de la vraie communauté et
de
ses structures à recréer, alors que je ne voyais chez les intellectue
763
ique nulle invention et nulle recherche organisée
de
formes politiques nouvelles : on s’en tenait au vieux régime des part
764
x régime des partis, ou à la solution totalitaire
de
type marxiste. La conscience communautaire a été réveillée dans les É
765
ce communautaire a été réveillée dans les Églises
d’
Europe par la Résistance autant que par la misère : elle est donc miss
766
nnaire, elle se manifeste d’une part par un souci
d’
action sociale qui amènerait l’Église à intervenir dans la cité en y p
767
nstitutions plus conformes à la notion chrétienne
de
l’homme ; d’autre part, par un souci d’action sur l’Église même, qui
768
hrétienne de l’homme ; d’autre part, par un souci
d’
action sur l’Église même, qui amènerait celle-ci à offrir dans son cul
769
s protestants comme chez les catholiques la forme
d’
un renouveau liturgique. Mais avant de pousser plus loin, je voudrais
770
loin, je voudrais souligner le fait que le souci
d’
action sociale et le renouveau liturgique, loin de s’exclure l’un l’au
771
ue, loin de s’exclure l’un l’autre en principe ou
de
manifester deux tendances en conflit dans l’Église — comme il arriva
772
il arriva trop souvent au xixe siècle — relèvent
d’
une seule et même attitude spirituelle. En effet, si d’une part les ch
773
s uns et les autres entendent s’ordonner au dogme
de
l’Incarnation, à la lumière duquel leurs efforts apparaissent comme é
774
Life and Work rejoint Faith and Order. Signes
d’
un renouveau liturgique Citons tout d’abord quelques faits. Un mouv
775
its. Un mouvement se précise chez les catholiques
de
France pour dire la messe en français et pour en populariser les trad
776
ues influents recommandent aux fidèles la lecture
de
la Bible. Dans plusieurs séminaires — aux dires des jeunes prêtres qu
777
ennent de terminer leurs études —, l’on s’efforce
de
purifier la doctrine sacramentaire des conceptions aristotéliciennes
778
ble avec les conceptions orthodoxe ou protestante
de
l’Évangile. Le but n’est pas, d’ailleurs, de se rapprocher des autres
779
ante de l’Évangile. Le but n’est pas, d’ailleurs,
de
se rapprocher des autres confessions, mais de rendre la liturgie roma
780
rs, de se rapprocher des autres confessions, mais
de
rendre la liturgie romaine plus appealing et efficace. De leur côté,
781
e la liturgie romaine plus appealing et efficace.
De
leur côté, plusieurs Églises luthériennes sont en train de faire un r
782
s que nous pouvons le mieux observer le phénomène
de
restauration liturgique, parce qu’il se produit là comme à l’état nai
783
se produit là comme à l’état naissant sur un fond
de
nudité presque totale. En France et en Suisse dans les milieux calvin
784
ux calvinistes, chez beaucoup de jeunes pasteurs,
d’
étudiants en théologie et de laïques influents, on n’en est plus à dis
785
p de jeunes pasteurs, d’étudiants en théologie et
de
laïques influents, on n’en est plus à discuter la légitimité de la li
786
luents, on n’en est plus à discuter la légitimité
de
la liturgie en soi — comme avant la guerre — mais bien les divers pro
787
me avant la guerre — mais bien les divers projets
d’
ordre du culte présentés par les comités d’Église, et certains problèm
788
rojets d’ordre du culte présentés par les comités
d’
Église, et certains problèmes précis comme la place qu’il convient d’a
789
ns problèmes précis comme la place qu’il convient
d’
assigner au Décalogue dans le service. (Selon Calvin et sa liturgie de
790
gue dans le service. (Selon Calvin et sa liturgie
de
Strasbourg, le Décalogue doit être récité après les promesses de grâc
791
le Décalogue doit être récité après les promesses
de
grâce.) Notons que les jeunes barthiens, malgré la méfiance que Karl
792
hiens, malgré la méfiance que Karl Barth continue
d’
afficher à l’égard de la liturgie (« du théâtre », disait-il un jour)
793
ntitulé « Église et Liturgie », librement inspiré
de
l’anglicanisme, a déjà conquis plusieurs paroisses. Quelques « commun
794
uis plusieurs paroisses. Quelques « communautés »
de
femmes ou d’hommes ce sont créées à la campagne. J’en connais trois e
795
paroisses. Quelques « communautés » de femmes ou
d’
hommes ce sont créées à la campagne. J’en connais trois en Suisse et u
796
se et une en Bourgogne, près de l’ancienne abbaye
de
Cluny. La vie liturgique y tient une place sans cesse croissante. Ce
797
ur attribuer ? Sommes-nous en présence des germes
d’
une véritable renaissance liturgique, ou seulement de reviviscences sp
798
ne véritable renaissance liturgique, ou seulement
de
reviviscences sporadiques, accidentelles et peu durables ? Y a-t-il d
799
a-t-il derrière ces préoccupations et ces débuts
de
réalisation un mouvement plus ample qui se prépare, une nécessité com
800
peut répondre quant à l’avenir. Mais si j’essaie
de
situer dans l’époque les quelques signes que je viens de mentionner,
801
araissent aussitôt correspondre à l’appel profond
de
ce temps. Communauté et langage Tout le monde le sent, beaucoup
802
sent, beaucoup l’ont dit : notre siècle n’a plus
de
véritables loci communes. Il a perdu cette commune mesure spirituelle
803
Nous vivons par exemple dans une grande confusion
de
morales contradictoires, car le fait est que dans une même journée il
804
fait est que dans une même journée il nous arrive
de
juger tantôt au nom de la conscience, tantôt au nom d’une science que
805
au nom d’une science quelconque, ou des intérêts
d’
une nation, ou des préjugés d’une classe, ou d’un modèle romanesque ou
806
ue, ou des intérêts d’une nation, ou des préjugés
d’
une classe, ou d’un modèle romanesque ou d’une mode, ou d’une théorie
807
ts d’une nation, ou des préjugés d’une classe, ou
d’
un modèle romanesque ou d’une mode, ou d’une théorie psychoanalytique,
808
éjugés d’une classe, ou d’un modèle romanesque ou
d’
une mode, ou d’une théorie psychoanalytique, ou d’une hygiène, d’un pa
809
asse, ou d’un modèle romanesque ou d’une mode, ou
d’
une théorie psychoanalytique, ou d’une hygiène, d’un parti, etc. il en
810
d’une mode, ou d’une théorie psychoanalytique, ou
d’
une hygiène, d’un parti, etc. il en résulte que les lieux communs — on
811
d’une théorie psychoanalytique, ou d’une hygiène,
d’
un parti, etc. il en résulte que les lieux communs — on dirait aujourd
812
eux communs — on dirait aujourd’hui les standards
d’
évaluationaf — cessent d’être vraiment communs, deviennent eux-mêmes i
813
ujourd’hui les standards d’évaluationaf — cessent
d’
être vraiment communs, deviennent eux-mêmes indéterminés. Les termes d
814
ns, deviennent eux-mêmes indéterminés. Les termes
de
liberté, autorité, esprit, justice, démocratie, vérité, prennent auta
815
rit, justice, démocratie, vérité, prennent autant
de
sens différents — et souvent incompatibles — qu’il y a de standards d
816
différents — et souvent incompatibles — qu’il y a
de
standards d’évaluationag dans nos têtes. C’est au point que si la gue
817
et souvent incompatibles — qu’il y a de standards
d’
évaluationag dans nos têtes. C’est au point que si la guerre éclate da
818
que tous les pays la feront au nom de la liberté,
de
la justice, de la démocratie, ces mots désignant des réalités telleme
819
ys la feront au nom de la liberté, de la justice,
de
la démocratie, ces mots désignant des réalités tellement contradictoi
820
s tellement contradictoires qu’il ne restera plus
d’
autre échange ni d’autre arbitrage possible que celui des bombes atomi
821
ictoires qu’il ne restera plus d’autre échange ni
d’
autre arbitrage possible que celui des bombes atomiques. À Babel, les
822
ts. C’est donc le langage lui-même, signe et gage
de
la communauté humaine, qui est atteint au cœur, et qui est en train d
823
est en train de perdre ses fonctions primordiales
de
mise en ordre et de communication. Les régimes totalitaires ont bien
824
re ses fonctions primordiales de mise en ordre et
de
communication. Les régimes totalitaires ont bien compris que le probl
825
mes totalitaires ont bien compris que le problème
de
la communauté et celui du langage sont étroitement liés. À l’anarchie
826
table sens des mots, recréant ainsi une apparence
d’
ordre. C’est le parti qui fournit également et qui impose les nouveaux
827
iturgique vient s’intégrer dans le jeu des forces
de
l’époque : il représente en effet la seule tentative sérieuse, parmi
828
s de définir comme étant à la fois signe et cause
de
la dissolution communautaire dont nous souffrons. Liturgie et séma
829
ommunautaire. De plus c’est une réalité créatrice
de
la vraie communauté, et ceci pour deux raisons principales : 1. la li
830
lustre ainsi son existence et fournit le type pur
d’
un ordre public librement accepté : la situation de l’homme qui commun
831
’un ordre public librement accepté : la situation
de
l’homme qui communie devrait être considérée comme le vrai fondement
832
e devrait être considérée comme le vrai fondement
de
toute sociologie chrétienne ; 2. la liturgie est un langage en phrase
833
ie jouent plus exactement que la liturgie le rôle
d’
activités définissantes du vocabulaire. Mais il faut observer que des
834
nt définis par les théologiens et les philosophes
d’
une manière analytique, abstraction faite (dans une certaine mesure mé
835
ns une certaine mesure méthodiquement inévitable)
de
leur contexte vécu. Au contraire, il me semble que la liturgie défini
836
e semble que la liturgie définit ces mêmes termes
d’
une manière synthétique, dans le corps même de la communauté, par le c
837
mes d’une manière synthétique, dans le corps même
de
la communauté, par le contexte entier du service, et en liaison imméd
838
nclusion, par un enrichissement du sens au profit
de
son efficacité. En simplifiant pour la symétrie, on pourrait dire que
839
rmes, tandis que la liturgie en fait des réflexes
de
l’être entier. Prenons une autre comparaison : on sent toute la diffé
840
gue, et le mot Attention !ai prononcé par le chef
d’
une troupe4, ou encore par un prêtre orthodoxe dans la Divine Liturgy
841
rtis, doctrines et sectes révolutionnaires tirent
de
leur côté et précisent abusivement dans une seule direction, finissan
842
é, leur sens total, immédiat et concret. (La paix
de
Dieu qui surpasse toute connaissance, allez en paix, deliver us from
843
tc.aj) En dernière analyse, le sens le plus plein
de
termes devenus par ailleurs si difficiles à définir comme autorité, g
844
elle. Car la liturgie est composée principalement
de
citations des psaumes, des évangiles et des épîtres5 ak. Bien entendu
845
et des épîtres5 ak. Bien entendu, ce qui est vrai
de
tant de mots isolés l’est aussi d’un grand nombre d’expressions compo
846
e qui est vrai de tant de mots isolés l’est aussi
d’
un grand nombre d’expressions composées, de proverbes et dictons popul
847
tant de mots isolés l’est aussi d’un grand nombre
d’
expressions composées, de proverbes et dictons populaires, issus de la
848
aussi d’un grand nombre d’expressions composées,
de
proverbes et dictons populaires, issus de la Bible, transmis par des
849
posées, de proverbes et dictons populaires, issus
de
la Bible, transmis par des liturgies, et qui forment une partie impor
850
s liturgies, et qui forment une partie importante
de
nos littératures. Ôtez la Bible et supprimez les liturgies nationales
851
s non seulement la littérature du Moyen Âge, mais
d’
innombrables allusions, tournures de phrases, citations sans guillemet
852
yen Âge, mais d’innombrables allusions, tournures
de
phrases, citations sans guillemets, procédés poétiques, qualification
853
poétiques, qualifications sémantiques, structures
de
raisonnement exclamations, etc., dans des œuvres aussi diverses que l
854
iverses que le Faust de Goethe, les Fleurs du mal
de
Baudelaire, le Zarathustra de Nietzsche, les Four Quartets d’Eliot et
855
ietzsche, les Four Quartets d’Eliot et les romans
de
Gide. Il y aurait un gros livre à écrire sur cette question : dans qu
856
ommun que conservent nos vocabulaires provient-il
de
souvenirs bibliques et liturgiques ?al Liturgie et œcuménisme
857
isme J’admets qu’on puisse discuter longuement
d’
un point de vue strictement sociologique et culturel l’importance prat
858
nt sociologique et culturel l’importance pratique
d’
une vaste restauration liturgique dans le monde d’aujourd’hui, où les
859
d’une vaste restauration liturgique dans le monde
d’
aujourd’hui, où les Églises sont minoriséesam. Mais ce qui me paraît h
860
paraît hors de doute, c’est l’importance pratique
d’
une telle restauration pour le rapprochement des différentes confessio
861
participé avant et après la guerre, en Europe, à
de
nombreuses rencontres d’intellectuels organisées aux fins de confront
862
la guerre, en Europe, à de nombreuses rencontres
d’
intellectuels organisées aux fins de confronter les positions théologi
863
ues des trois grandes confessions chrétiennes, et
de
trouver un terrain d’entente. Mais de ces discussions chacun sortait
864
confessions chrétiennes, et de trouver un terrain
d’
entente. Mais de ces discussions chacun sortait avec un sentiment accr
865
tiennes, et de trouver un terrain d’entente. Mais
de
ces discussions chacun sortait avec un sentiment accru de sa propre c
866
iscussions chacun sortait avec un sentiment accru
de
sa propre cohérence, ce qui me paraît contraire au but visé. Et en ef
867
l’union n’aurait puan s’opérer que sous la forme
d’
un compromisao, ou par l’abdication d’une des doctrines en présence, l
868
us la forme d’un compromisao, ou par l’abdication
d’
une des doctrines en présence, l’un et l’autre rendus improbables, voi
869
e rendus improbables, voire exclus, par le regain
de
cohérence éprouvéap. Il en va bien différemment lorsqu’un chrétien as
870
qu’un chrétien assiste ou participe à la liturgie
d’
une autre confession. Alors qu’une discussion, même fraternelle, met e
871
rnelle, met en jeu, exerce et excite les facultés
de
distinction et d’exclusion, ici, devant la réalité vécue d’une autre
872
, exerce et excite les facultés de distinction et
d’
exclusion, ici, devant la réalité vécue d’une autre expérience religie
873
tion et d’exclusion, ici, devant la réalité vécue
d’
une autre expérience religieuse, c’est l’esprit de compréhension et de
874
d’une autre expérience religieuse, c’est l’esprit
de
compréhension et de communion qui se voit requis le premier. Il arriv
875
ce religieuse, c’est l’esprit de compréhension et
de
communion qui se voit requis le premier. Il arrive que la réaction so
876
se levant lui et autour de lui. Mais le sentiment
de
respect qui donne sa raison d’être à la cérémonie, le fait que tous s
877
Mais le sentiment de respect qui donne sa raison
d’
être à la cérémonie, le fait que tous sont tournés vers la croix de l’
878
onie, le fait que tous sont tournés vers la croix
de
l’autel, l’attente des actes successifs, tout engage l’attention dans
879
ccessifs, tout engage l’attention dans un courant
de
participation, suspendaq le jugement, et dispose à une sorte d’accuei
880
on, suspendaq le jugement, et dispose à une sorte
d’
accueil que l’intellect s’interdirait trop aisément. L’homme qui discu
881
voit réduit à la nécessité mineure mais immédiate
d’
avoir raison : il renvoie la balle, il ne veut pas être touché ; tandi
882
tion existentielle, où il se sent mis en question
d’
une manière plus fondamentale. Même s’il est en état de refus intérieu
883
manière plus fondamentale. Même s’il est en état
de
refus intérieur, la suspension imposée à l’expression de ce refus per
884
s intérieur, la suspension imposée à l’expression
de
ce refus permet un acte de compréhension plus profond et concret. C’e
885
imposée à l’expression de ce refus permet un acte
de
compréhension plus profond et concret. C’est pourquoi les orthodoxes
886
s orthodoxes et certains anglicans n’ont pas tort
de
répondre à ceux qui leur posent des questions sur la doctrine de leur
887
eux qui leur posent des questions sur la doctrine
de
leur Église : lisez nos liturgies, ou plutôt prenez partar à nos serv
888
familier avec ce langage, il lui est plus facile
de
distinguer ce qu’il y a de vraiment spécifique dans l’esprit et le st
889
il lui est plus facile de distinguer ce qu’il y a
de
vraiment spécifique dans l’esprit et le style de l’Église qu’il visit
890
de vraiment spécifique dans l’esprit et le style
de
l’Église qu’il visite. Au contraire, le fidèle d’une Église non litur
891
de l’Église qu’il visite. Au contraire, le fidèle
d’
une Église non liturgique assistant à une cérémonie orthodoxe, romaine
892
xe, romaine, anglicane ou luthérienne, sera tenté
d’
attacher une importance excessive aux vêtements, à la musique, au ton,
893
importe à ceux qui s’y engagent. Et il sera tenté
de
rejeter tout espoir de fraternité avec une Église qu’il n’aura jugée
894
engagent. Et il sera tenté de rejeter tout espoir
de
fraternité avec une Église qu’il n’aura jugée en fait que sur des app
895
au moins à la compréhension, viendra dans ce cas
de
l’absence d’un langage commun, de ce langage précisément que la litur
896
a compréhension, viendra dans ce cas de l’absence
d’
un langage commun, de ce langage précisément que la liturgie offre aux
897
dra dans ce cas de l’absence d’un langage commun,
de
ce langage précisément que la liturgie offre aux autres Églises. Nous
898
u liturgique, en particulier chez les protestants
de
tradition calviniste. L’un entraîne l’autre, le requiert et le favori
899
cultes, ils redécouvrent les grands lieux communs
de
la chrétienté primitive, et ménagent en même temps (sans rien céder s
900
temps (sans rien céder sur la doctrine) des voies
d’
approche beaucoup plus justes et concrètes vers les quatre autres conf
901
ers les quatre autres confessions6. Est-il permis
d’
espérer d’autre part qu’en insistant pour que la messe soit dite en la
902
ns les diverses Églises ; il sera mis en mesureau
d’
évaluer beaucoup plus justement ce qui nous unit et ce qui est encore
903
lecteur sur l’impression que je me fais l’avocat
d’
un « retour » à quoi que ce soit. Constater que la liturgie répond à l
904
que la liturgie répond à l’exigence communautaire
de
notre temps, et pourrait nous permettre de rétablir (entre chrétiens
905
utaire de notre temps, et pourrait nous permettre
de
rétablir (entre chrétiens d’abord) un langage commun, ce n’est pas en
906
passé, mais au contraire à une création. L’erreur
de
beaucoup de protestants, une fois que la génération de Luther et de C
907
aucoup de protestants, une fois que la génération
de
Luther et de Calvin eût disparu, et surtout à l’époque des puritains,
908
testants, une fois que la génération de Luther et
de
Calvin eût disparu, et surtout à l’époque des puritains, fut justemen
909
t surtout à l’époque des puritains, fut justement
de
s’imaginer qu’ils retrouveraient la « pureté et la simplicité du cult
910
au passé que nous tentons comportent des erreurs
de
ce genre, et dans cette mesure mêmeav restent imaginaires. Ce n’est d
911
en avoir une, mais c’est en vertu des nécessités
d’
aujourd’hui, et en vue de l’avenir. Et nous ne répondrons pas à ces né
912
e romaine a été subitement fixée après le concile
de
Trente, sur un type unique, et n’a plus varié. La grande vitalité, la
913
prolongées quelque temps dans les Églises issues
de
la Réformation, puis là aussi se sont bientôt figées, ou n’ont plus v
914
ntôt figées, ou n’ont plus varié que dans le sens
d’
un appauvrissement continuel. Mais c’est peut-être l’excès même de cet
915
ment continuel. Mais c’est peut-être l’excès même
de
cet appauvrissement, parallèle à la dissolution des réalités communau
916
auvries, les plus nues, qui vont indiquer la voie
d’
une nouvelle vie liturgique. Deux raisons principales m’incitent à le
917
m’incitent à le croire. Ces Églises, du fait même
de
la pauvreté de leur culte, se voient plus libres que les autres d’inv
918
croire. Ces Églises, du fait même de la pauvreté
de
leur culte, se voient plus libres que les autres d’inventer, c’est-à-
919
leur culte, se voient plus libres que les autres
d’
inventer, c’est-à-dire de répondre d’une manière directe et neuve à la
920
us libres que les autres d’inventer, c’est-à-dire
de
répondre d’une manière directe et neuve à la question vitale d’aujour
921
e les autres d’inventer, c’est-à-dire de répondre
d’
une manière directe et neuve à la question vitale d’aujourd’hui. Et il
922
une manière directe et neuve à la question vitale
d’
aujourd’hui. Et il se trouve que ces Églises, par ailleurs, viennent d
923
se trouve que ces Églises, par ailleurs, viennent
d’
opérer un redressement théologique impressionnant, sans parallèle dans
924
confessions7. Elles me paraissent donc en mesure
d’
éviter le double péril de la timidité traditionaliste et de la fantais
925
araissent donc en mesure d’éviter le double péril
de
la timidité traditionaliste et de la fantaisie irresponsable dans l’i
926
le double péril de la timidité traditionaliste et
de
la fantaisie irresponsable dans l’innovation. Le vrai problème du siè
927
’innovation. Le vrai problème du siècle est celui
de
la communauté. Il est lié à celui d’un langage commun. La liturgie pe
928
le est celui de la communauté. Il est lié à celui
d’
un langage commun. La liturgie peut contribuer à recréer et garantir u
929
ne forme contemporaine. C’est donc dans un effort
de
création, au-delà de nos richesses et de nos pauvretés, dans une remi
930
e. C’est donc dans un effort de création, au-delà
de
nos richesses et de nos pauvretés, dans une remise en mouvement génér
931
n effort de création, au-delà de nos richesses et
de
nos pauvretés, dans une remise en mouvement générale, que nos divisio
932
es rédacteurs des épîtres des premières liturgies
de
l’Église. C’est du moins la thèse soutenue par le professeur Cullmann
933
enue par le professeur Cullmann de Bâle. 6. L’un
de
ces jeunes pasteurs a republié récemment des fragments importants de
934
urs a republié récemment des fragments importants
de
la liturgie de Calvin. (Cf. Joie du Ciel sur la Terre, par Max Thuria
935
récemment des fragments importants de la liturgie
de
Calvin. (Cf. Joie du Ciel sur la Terre, par Max Thurian, 1946). On y
936
e, en Suisse et en Hollande, depuis une vingtaine
d’
années. ae. Ce texte a d’abord paru en anglais : « A common language
937
servé à la Bibliothèque publique et universitaire
de
Neuchâtel sous l’identifiant 459. Outre les variantes les plus notabl
938
ifiant 459. Outre les variantes les plus notables
de
l’édition américaine, on indique en notes les corrections et annotati
939
n indique en notes les corrections et annotations
de
l’auteur mentionnées sur le tapuscrit. af. L’auteur a barré le mot «
940
ard of values ». ag. L’auteur a de nouveau barré
d’
une croix le mot « standard ». ah. Le verbe « dire » a été barré par
941
aj. Ici, l’auteur note en marge : « Donner plus
d’
exemples proprement liturgiques. » ak. Cette note de bas de page est
942
xemples proprement liturgiques. » ak. Cette note
de
bas de page est dans le corps du texte dans l’édition américaine. al
943
te dans l’édition américaine. al. Note illisible
de
l’auteur en marge du tapuscrit. am. On n’a pas transcrit l’adverbe «
944
uis « l’un et l’autre rendus… » : ajout manuscrit
de
l’auteur, remplaçant « peu probable ». aq. L’auteur a barré le mot «
945
6. Vocation et destin
d’
Israëlaw Sens de « l’histoire » d’Israël Un prophète, a écrit
946
6. Vocation et destin d’Israëlaw Sens
de
« l’histoire » d’Israël Un prophète, a écrit Karl Barth, est un ho
947
et destin d’Israëlaw Sens de « l’histoire »
d’
Israël Un prophète, a écrit Karl Barth, est un homme sans biographi
948
e avec sa mission. » Nous ne savons rien du reste
de
sa vie, et n’avons nul besoin d’en rien connaître pour reconnaître la
949
ns rien du reste de sa vie, et n’avons nul besoin
d’
en rien connaître pour reconnaître la portée de son message puisque c’
950
in d’en rien connaître pour reconnaître la portée
de
son message puisque c’est le message de Dieu. Jérémie n’eût été qu’un
951
la portée de son message puisque c’est le message
de
Dieu. Jérémie n’eût été qu’un berger bègue si l’Éternel n’avait parlé
952
ternel n’avait parlé par lui. Voici qui est digne
de
remarque : le seul détail précis que rapporte la Bible à son sujet, c
953
cette difficulté à s’exprimer. Non seulement rien
d’
historiquement notable ne le prédestinait à jouer le rôle d’un grand p
954
uement notable ne le prédestinait à jouer le rôle
d’
un grand prophète, — les psychologues s’y épuiseront — mais encore il
955
raît le plus décisif, à vues humaines, s’agissant
d’
un homme appelé au ministère de la Parole. Ce qui est vrai du prophète
956
maines, s’agissant d’un homme appelé au ministère
de
la Parole. Ce qui est vrai du prophète l’est aussi de son peuple, — p
957
a Parole. Ce qui est vrai du prophète l’est aussi
de
son peuple, — peuple entre tous prophétique. Ce qui est vrai de la bi
958
— peuple entre tous prophétique. Ce qui est vrai
de
la biographie d’un homme que l’Éternel choisit n’est pas moins vrai d
959
ous prophétique. Ce qui est vrai de la biographie
d’
un homme que l’Éternel choisit n’est pas moins vrai de l’histoire prof
960
homme que l’Éternel choisit n’est pas moins vrai
de
l’histoire profane des Juifs, porteurs eux aussi d’une mission que ri
961
l’histoire profane des Juifs, porteurs eux aussi
d’
une mission que rien en eux ne semblait préparer. On peut le dire sans
962
peut le dire sans paradoxe : Israël n’eût pas eu
d’
histoire sans la promesse que Dieu fit à Abraham. Cette tribu « se lèv
963
ou matérialiste-dialectique, se donne pour tâche
de
reconstituer l’évolution immanente d’un peuple, telle qu’on peut vrai
964
pour tâche de reconstituer l’évolution immanente
d’
un peuple, telle qu’on peut vraisemblablement la styliser et la chiffr
965
ïvement positiviste. Que nous apprend une science
de
cet ordre sur le destin auquel étaient promises les infimes tribus no
966
nation juive ? Une similitude facile nous permet
de
l’imaginer : l’histoire n’a pas la plus petite raison de supposer que
967
aginer : l’histoire n’a pas la plus petite raison
de
supposer que le peuple d’Israël, s’il n’avait pas été « élu », eût év
968
s la plus petite raison de supposer que le peuple
d’
Israël, s’il n’avait pas été « élu », eût évolué d’une autre sorte que
969
’Israël, s’il n’avait pas été « élu », eût évolué
d’
une autre sorte que tant de tribus d’Arabie qui nous offrent encore au
970
, eût évolué d’une autre sorte que tant de tribus
d’
Arabie qui nous offrent encore aujourd’hui, avec une persistance bien
971
bien remarquable tous les traits caractéristiques
de
la coutume pastorale des temps d’Abraham. Nous ne possédons pas un re
972
aractéristiques de la coutume pastorale des temps
d’
Abraham. Nous ne possédons pas un renseignement d’ordre profane, qui n
973
d’Abraham. Nous ne possédons pas un renseignement
d’
ordre profane, qui nous explique pourquoi cette tribu-là échappa au de
974
te à construire et à conquérir… Ainsi les annales
d’
Israël sont celles d’une puissance imprévue et humainement imprévisibl
975
conquérir… Ainsi les annales d’Israël sont celles
d’
une puissance imprévue et humainement imprévisible, qui ne fut jamais
976
ns médiocres des Hébreux. Ce que nous connaissons
de
leur « histoire » — mais le mot prend ici un sens nouveau — c’est la
977
d ici un sens nouveau — c’est la suite des gestes
de
Dieu dont ils ne furent que les instruments. Mais les instruments ind
978
révoltes constantes, leurs faux pas, leurs accès
d’
incroyance. Et toute leur grandeur est à Dieu, c’est-à-dire à la vocat
979
vocation qui les arrache, malgré eux, à ce destin
de
très piètre envergure. Foi et idolâtrie La considération du con
980
raiment grandiose à cette opposition fondamentale
d’
une vocation et d’un destin, hors de laquelle on ne peut rien comprend
981
à cette opposition fondamentale d’une vocation et
d’
un destin, hors de laquelle on ne peut rien comprendre de ce qui touch
982
stin, hors de laquelle on ne peut rien comprendre
de
ce qui touche à la nation des Juifs. Destin nomade, vocation messiani
983
ule l’élève, l’assemble et donne un sens à la vie
de
chacun. Ce peuple errait sans « fin » dans le désert, sans but jusqu’
984
l vient de Dieu, il va vers Dieu, et c’est la loi
de
Dieu qui l’y conduit. C’est pourquoi son télos (sa fin dernière), est
985
e en son essence, comme Dieu, et comme Dieu objet
de
la foi seule. De la foi, et non de la vue ! Catégories absolument nou
986
comme Dieu, et comme Dieu objet de la foi seule.
De
la foi, et non de la vue ! Catégories absolument nouvelles, et qui jo
987
mme Dieu objet de la foi seule. De la foi, et non
de
la vue ! Catégories absolument nouvelles, et qui joueront un rôle dét
988
t qui joueront un rôle déterminant dans l’éthique
de
l’Occident, même sous les noms paganisés d’idéalisme et de réalisme a
989
hique de l’Occident, même sous les noms paganisés
d’
idéalisme et de réalisme au sens courant. Mais le conflit de la foi et
990
dent, même sous les noms paganisés d’idéalisme et
de
réalisme au sens courant. Mais le conflit de la foi et de la vue n’es
991
e et de réalisme au sens courant. Mais le conflit
de
la foi et de la vue n’est en somme qu’un autre aspect du conflit de l
992
sme au sens courant. Mais le conflit de la foi et
de
la vue n’est en somme qu’un autre aspect du conflit de la vocation et
993
vue n’est en somme qu’un autre aspect du conflit
de
la vocation et du destin. Il fait comprendre l’esprit de révolte qui
994
ocation et du destin. Il fait comprendre l’esprit
de
révolte qui tourmenta sans fin les douze tribus. Car un but invisible
995
diats » qui se voient par trop négligés au profit
d’
on ne sait quel futur. Et une angoisse contre laquelle il est fatal qu
996
que l’on cherche à se protéger par quelque chose
de
visible et de tangible. Ainsi les Hébreux se rebellent, ils fuient da
997
che à se protéger par quelque chose de visible et
de
tangible. Ainsi les Hébreux se rebellent, ils fuient dans le culte de
998
ulte des faux dieux, rassurants parce que « faits
de
main d’homme »… Mais sans relâche, des prophètes reviennent pour rail
999
faux dieux, rassurants parce que « faits de main
d’
homme »… Mais sans relâche, des prophètes reviennent pour railler dure
1000
Et c’est son bâton qui lui parle ! Car l’esprit
de
prostitution égare Et ils se prostituent loin de leur Dieu ! (Osée,
1001
t loin de leur Dieu ! (Osée, 4, 12) Cet « esprit
de
prostitution », cette idolâtrie qui renaît dès qu’Israël cesse de cro
1002
», cette idolâtrie qui renaît dès qu’Israël cesse
de
croire à ce que ses yeux ne peuvent voir, et qui pourtant fait toute
1003
ême que cette révolte, et ce destin, et ce besoin
de
voir, sont symbolisés au concret par les statues des idoles étrangère
1004
— car c’est le voisin qu’on imite lorsqu’on doute
de
sa vocation — de même cette vocation et la foi qu’elle implique ont u
1005
ique ont un symbole, unique et univoque : l’Arche
de
l’Alliance présente au sein du peuple, aussi nommée arche du témoigna
1006
du témoignage, parce qu’elle atteste les volontés
de
Dieu, les conditions de son alliance. La mesureax Dans l’Arche
1007
elle atteste les volontés de Dieu, les conditions
de
son alliance. La mesureax Dans l’Arche sont les Tables de la L
1008
. La mesureax Dans l’Arche sont les Tables
de
la Loi. La Loi est la « mesure » sacrée : c’est elle qui rappelle à l
1009
, tout est « mesuré » et jugé dans la perspective
de
la fin assignée à toute la nation : l’Éternel Dieu et son service. Ai
1010
on : l’Éternel Dieu et son service. Ainsi l’Arche
de
l’Alliance nous apparaît comme l’exemple à peu près idéal de ce que l
1011
ce nous apparaît comme l’exemple à peu près idéal
de
ce que l’on peut nommer (d’un terme d’ailleurs emprunté à l’antiquité
1012
mple à peu près idéal de ce que l’on peut nommer (
d’
un terme d’ailleurs emprunté à l’antiquité hellénique) la mesure d’une
1013
eurs emprunté à l’antiquité hellénique) la mesure
d’
une civilisation, le canon d’une culture et d’un ordre social, le prin
1014
ellénique) la mesure d’une civilisation, le canon
d’
une culture et d’un ordre social, le principe initial et final régulat
1015
ure d’une civilisation, le canon d’une culture et
d’
un ordre social, le principe initial et final régulateur et en même te
1016
al et final régulateur et en même temps animateur
de
toutes les œuvres d’une nation, tant matérielles que politiques et sp
1017
r et en même temps animateur de toutes les œuvres
d’
une nation, tant matérielles que politiques et spirituelles9. L’histoi
1018
s offre certes d’autres exemples assez grandioses
de
communes mesures rigoureuses. (Inde ancienne, Grèce de Périclès, Rome
1019
Mais la mesure des tribus hébraïques se distingue
de
toutes les autres en ce qu’elle est une vocation adressée par un Dieu
1020
l, transcendant. Elle n’est pas le produit normal
d’
une évolution historique fécondée et cristallisée par l’intervention d
1021
rique fécondée et cristallisée par l’intervention
d’
un grand chef. Elle est donc plus « totalitaire » que toute mesure hum
1022
t concevable, puisqu’elle ne tire pas son origine
de
circonstances ou de personnes nécessairement imparfaites ou partielle
1023
’elle ne tire pas son origine de circonstances ou
de
personnes nécessairement imparfaites ou partielles. Elle ne laisse au
1024
laisse aucune contingence, ni aucune possibilité
de
retrait ou de dépassement. Aucun refuge « loin de la face de l’Éterne
1025
contingence, ni aucune possibilité de retrait ou
de
dépassement. Aucun refuge « loin de la face de l’Éternel ». Parce qu’
1026
ou de dépassement. Aucun refuge « loin de la face
de
l’Éternel ». Parce qu’elle est la loi de Dieu, et que ce Dieu est l’É
1027
la face de l’Éternel ». Parce qu’elle est la loi
de
Dieu, et que ce Dieu est l’Éternel, la Loi est la conscience finale d
1028
ale du peuple hébreu. Et parce qu’elle est la loi
de
Dieu — qui définit la vérité —, elle porte en elle la règle permanent
1029
vérité —, elle porte en elle la règle permanente
de
toute action et de toute pensée. Vraie mesure donc, et parfaitement c
1030
te en elle la règle permanente de toute action et
de
toute pensée. Vraie mesure donc, et parfaitement commune. On porte l’
1031
vant des armées, dans la guerre, comme le symbole
de
l’unité du peuple, mais son usage est interdit pendant les guerres ci
1032
oncent leur idolâtrie10. Remarquons que la notion
d’
idolâtrie déborde ici singulièrement le culte des images d’où elle tir
1033
ie déborde ici singulièrement le culte des images
d’
où elle tire son nom. Elle embrasse tout ce qui n’est pas foi, mais vu
1034
ui n’est pas foi, mais vue, tout ce qui est refus
d’
obéissance, et imagination d’un autre bien. Idole tout ce qui détourne
1035
out ce qui est refus d’obéissance, et imagination
d’
un autre bien. Idole tout ce qui détourne de la seule vocation. Idole
1036
ation d’un autre bien. Idole tout ce qui détourne
de
la seule vocation. Idole toute action ou pensée, si belle ou si fécon
1037
des idolâtries, c’est celle qui prend pour objet
de
son culte la mesure même, la Loi en soi, abstraite des fins pour lesq
1038
qui consiste à soumettre l’homme à la « lettre »
d’
une législation divine, mais dont l’homme s’est emparé, et dont il fai
1039
les plus grands rigoristes, les savants docteurs
de
la Loi, ceux que le peuple honorait à peu près comme on le fit plus t
1040
raît plus propre à confirmer cette interprétation
de
la Loi, comme mesure du peuple hébreu, qu’un texte que je trouve dans
1041
s, mais il a veillé à ce qu’elles fussent connues
de
tous. Cette connaissance produit parmi nous une admirable conformité
1042
rable conformité, parce que rien n’est si capable
de
la faire naître et de l’entretenir, que d’avoir les mêmes sentiments
1043
e que rien n’est si capable de la faire naître et
de
l’entretenir, que d’avoir les mêmes sentiments de la grandeur de Dieu
1044
apable de la faire naître et de l’entretenir, que
d’
avoir les mêmes sentiments de la grandeur de Dieu, et d’être élevés da
1045
de l’entretenir, que d’avoir les mêmes sentiments
de
la grandeur de Dieu, et d’être élevés dans une même manière de vivre,
1046
, que d’avoir les mêmes sentiments de la grandeur
de
Dieu, et d’être élevés dans une même manière de vivre, et dans les mê
1047
r les mêmes sentiments de la grandeur de Dieu, et
d’
être élevés dans une même manière de vivre, et dans les mêmes coutumes
1048
r de Dieu, et d’être élevés dans une même manière
de
vivre, et dans les mêmes coutumes ; car on n’entend point parmi nous
1049
r on n’entend point parmi nous parler diversement
de
Dieu, comme il arrive parmi les autres peuples, non seulement entre l
1050
en sont persuadés comme nous : on peut apprendre
de
leur bouche les règles de la conduite de notre vie, et que toutes nos
1051
ous : on peut apprendre de leur bouche les règles
de
la conduite de notre vie, et que toutes nos actions doivent avoir pou
1052
pprendre de leur bouche les règles de la conduite
de
notre vie, et que toutes nos actions doivent avoir pour objet de plai
1053
t que toutes nos actions doivent avoir pour objet
de
plaire à Dieu.11 Une culture pauvre, mais fidèle Un homme du
1054
le ne peut, me semble-t-il, qu’éprouver une sorte
d’
effroi au spectacle d’un ordre social, spirituel et matériel, aussi fa
1055
t-il, qu’éprouver une sorte d’effroi au spectacle
d’
un ordre social, spirituel et matériel, aussi fanatiquement lié et sus
1056
é créatrice dans laquelle il met son orgueil. Que
de
richesses perdues, songe-t-il, que d’inventions négligées, méprisées
1057
rgueil. Que de richesses perdues, songe-t-il, que
d’
inventions négligées, méprisées ! Nous adorons la vie et le progrès, l
1058
toute mesure ne serait à nos yeux qu’une occasion
de
dépassement… Oui, la richesse est notre dernier dieu, et c’est peut-ê
1059
notre dernier dieu, et c’est peut-être le secret
de
l’expansion, mais aussi de l’anarchie finale de notre culture moderne
1060
st peut-être le secret de l’expansion, mais aussi
de
l’anarchie finale de notre culture moderne. Culture dont les éléments
1061
t de l’expansion, mais aussi de l’anarchie finale
de
notre culture moderne. Culture dont les éléments progressivement désu
1062
les éléments progressivement désunis, puis coupés
de
toute base commune, en viennent à ne plus même pouvoir communiquer, n
1063
lité, se forgeant une langue singulière au mépris
de
tout « sens » commun, et convoquant enfin, à grands frais d’invention
1064
ens » commun, et convoquant enfin, à grands frais
d’
inventions, la vieille malédiction de la tour de Babel, qui est la dis
1065
grands frais d’inventions, la vieille malédiction
de
la tour de Babel, qui est la dispersion du genre humain. Le dilemme q
1066
s d’inventions, la vieille malédiction de la tour
de
Babel, qui est la dispersion du genre humain. Le dilemme qui se trouv
1067
lemme qui se trouve posé à toute civilisation, et
d’
une manière très urgente à la nôtre, est assez clairement défini par l
1068
ent défini par la comparaison que l’on peut faire
de
notre richesse anarchique, et rendue presque vaine par ses excès, ave
1069
sque vaine par ses excès, avec la pauvreté pleine
de
sens et de grandeur qu’imposait la Loi d’Israël. Ce que l’on perd et
1070
par ses excès, avec la pauvreté pleine de sens et
de
grandeur qu’imposait la Loi d’Israël. Ce que l’on perd et ce que l’on
1071
pleine de sens et de grandeur qu’imposait la Loi
d’
Israël. Ce que l’on perd et ce que l’on gagne à sacrifier à une « mesu
1072
’exemple juif nous permettra mieux que tout autre
de
juger. Que devient en effet la culture, dans un monde où n’est toléré
1073
’avenir religieux du monde. Dès qu’il était tenté
de
s’oublier dans les voies vulgaires des autres peuples, une sorte de g
1074
les voies vulgaires des autres peuples, une sorte
de
génie sombre lui montrait l’envers de toute chose, et avec des accent
1075
, une sorte de génie sombre lui montrait l’envers
de
toute chose, et avec des accents d’amère ironie, proclamait que la ju
1076
rait l’envers de toute chose, et avec des accents
d’
amère ironie, proclamait que la justice à l’ancienne manière ne devait
1077
jamais être sacrifiée.12 Ainsi toute tentative
de
culture profane se voit assimilée à une révolte d’orgueil contre Dieu
1078
e culture profane se voit assimilée à une révolte
d’
orgueil contre Dieu. La culture d’Israël sera pauvre à raison même de
1079
e à une révolte d’orgueil contre Dieu. La culture
d’
Israël sera pauvre à raison même de sa pureté. Sa pauvreté sera la con
1080
eu. La culture d’Israël sera pauvre à raison même
de
sa pureté. Sa pauvreté sera la condition de sa grandeur. Car ce qui e
1081
même de sa pureté. Sa pauvreté sera la condition
de
sa grandeur. Car ce qui est grand, c’est ce qui comble la mesure, et
1082
st pourquoi sa pauvreté même garantit la fidélité
de
la culture du peuple hébreu. C’est une ascèse : il s’agit de détruire
1083
re du peuple hébreu. C’est une ascèse : il s’agit
de
détruire en germe tout ce qui comblerait trop tôt, ou trop humainemen
1084
humainement, la grande attente messianique. Point
d’
abstractions : c’est que le culte qu’il faut rendre au Dieu vivant est
1085
vérité ». Or abstraire, c’est d’abord s’abstraire
de
l’immédiat. Et c’est aussi, dans une certaine mesure, douter… Ainsi d
1086
dès l’origine à cette vocation supérieure ; dénué
de
termes abstraits, impropre à toute métaphysique13 il contraint les au
1087
e13 il contraint les auteurs sacrés à l’invention
de
métaphores qui enrobent les notions les plus hautes dans un vêtement
1088
s un vêtement quotidien ; on dirait : un vêtement
de
travail. Cette « pauvreté » philosophique — mais quand un peuple a de
1089
is quand un peuple a des prophètes, a-t-il besoin
de
philosophes ? — est ainsi l’aspect négatif d’une splendeur poétique i
1090
oin de philosophes ? — est ainsi l’aspect négatif
d’
une splendeur poétique inégalée. (La poésie de l’Occident chrétien ser
1091
tif d’une splendeur poétique inégalée. (La poésie
de
l’Occident chrétien sera grande dans la mesure où elle sera biblique
1092
ands discours prophétiques, parmi tous les chants
de
la terre, ont réellement rythmé l’action et vérifié l’étymologie grec
1093
t rythmé l’action et vérifié l’étymologie grecque
de
poésie, qui est agir. Point d’arts figuratifs ou imaginatifs. La loi
1094
étymologie grecque de poésie, qui est agir. Point
d’
arts figuratifs ou imaginatifs. La loi les interdit par le deuxième et
1095
t le troisième commandement. « Tu ne te feras pas
d’
image taillée, ni de représentation des choses qui sont en haut dans l
1096
ndement. « Tu ne te feras pas d’image taillée, ni
de
représentation des choses qui sont en haut dans les cieux, en bas sur
1097
us bas que la terre. » Cela condamne toute espèce
d’
art plastique. « Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face » — cela
1098
et la fabulation, où les Aryens puisent leur art
de
tromper et de se satisfaire d’illusions. Point de science purement te
1099
ion, où les Aryens puisent leur art de tromper et
de
se satisfaire d’illusions. Point de science purement technique : la s
1100
s puisent leur art de tromper et de se satisfaire
d’
illusions. Point de science purement technique : la sagesse de Salomon
1101
de tromper et de se satisfaire d’illusions. Point
de
science purement technique : la sagesse de Salomon n’est pas une conn
1102
Point de science purement technique : la sagesse
de
Salomon n’est pas une connaissance des « causes » mais bien des « sig
1103
pement commercial et industriel. » Que reste-t-il
de
ce que nous nommons culture ? Philosophie, beaux-arts, fictions écrit
1104
é à la seule chose nécessaire : l’accomplissement
d’
une vocation spirituelle. Et les moyens de cet accomplissement sont le
1105
ssement d’une vocation spirituelle. Et les moyens
de
cet accomplissement sont les moyens les plus élémentaires que les hom
1106
s moyens les plus élémentaires que les hommes ont
de
commercer : l’écriture, la parole et l’action, — la tradition, la pro
1107
la guerre… Mais cet extrême dénuement, ce résidu
d’
exclusions fanatiques, se trouve sauver et garantir la possession de c
1108
iques, se trouve sauver et garantir la possession
de
ce que notre Occident lui-même a défini comme le bien souverain : l’h
1109
n : l’harmonie dans le dynamisme, le sens général
de
la vie. Si l’on admet que la destination de toute culture, c’est de c
1110
néral de la vie. Si l’on admet que la destination
de
toute culture, c’est de concentrer les puissances de la nature et de
1111
admet que la destination de toute culture, c’est
de
concentrer les puissances de la nature et de la société dans les, mai
1112
toute culture, c’est de concentrer les puissances
de
la nature et de la société dans les, mains de l’homme responsable, et
1113
’est de concentrer les puissances de la nature et
de
la société dans les, mains de l’homme responsable, et dont l’esprit c
1114
ces de la nature et de la société dans les, mains
de
l’homme responsable, et dont l’esprit connaît un but auquel il dédie
1115
u, fut aussi la plus convenable aux fins suprêmes
de
l’esprit. Toutefois, non tant à cause de sa pauvreté même, qu’à cause
1116
cause de sa pauvreté même, qu’à cause de l’absolu
de
sa mesure, et de la promesse qu’elle portait. Revenons encore à Josè
1117
eté même, qu’à cause de l’absolu de sa mesure, et
de
la promesse qu’elle portait. Revenons encore à Josèphe : Quant à ce
1118
ce que l’on nous reproche comme un grand défaut,
de
ne nous point étudier à inventer des choses nouvelles, soit dans les
1119
e les autres peuples méritent beaucoup de louange
d’
y apporter de continuels changements, nous attribuons au contraire à v
1120
peuples méritent beaucoup de louange d’y apporter
de
continuels changements, nous attribuons au contraire à vertu et prude
1121
nous attribuons au contraire à vertu et prudence,
de
demeurer constamment dans l’observation des lois et des coutumes de n
1122
mment dans l’observation des lois et des coutumes
de
nos ancêtres, parce que c’est une preuve qu’elles ont été parfaitemen
1123
s qui n’ont pas cet avantage que l’on soit obligé
de
changer, lorsque l’expérience fait connaître le besoin d’en corriger
1124
er, lorsque l’expérience fait connaître le besoin
d’
en corriger les défauts. Ainsi, comme nous ne doutons point que ce ne
1125
it Dieu qui nous a donné ces lois par l’entremise
de
Moïse, pourrions-nous, sans impiété, ne nous pas efforcer de les obse
1126
ourrions-nous, sans impiété, ne nous pas efforcer
de
les observer très religieusement ? Et quelle conduite peut être plus
1127
plus sainte, que celle dont ce souverain Monarque
de
l’univers est l’auteur… Quelle forme de gouvernement peut donc être p
1128
Monarque de l’univers est l’auteur… Quelle forme
de
gouvernement peut donc être plus parfaite que la nôtre, et quels plus
1129
e toutes choses ne sont pas mieux réglées le jour
d’
une fête solennelle, qu’elles le sont toujours parmi nous ? Chute
1130
qu’elles le sont toujours parmi nous ? Chute
d’
Israël Tout était suspendu à la Loi, qui était elle-même suspendue
1131
née. Et les juifs l’ont méconnue prenant prétexte
de
la Loi, cette « ombre des biens à venir. » (Héb. 10, 1), pour repouss
1132
rist, qui était « l’esprit » et la réalité finale
de
la Loi. Dès lors, la Loi est « accomplie » comme le dit Jésus-Christ
1133
comme le dit Jésus-Christ lui-même, et elle l’est
d’
une double manière : parce qu’elle a abouti — le Messie est venu — et
1134
eur des messies qui ne viendront pas… Héritage
d’
Israël Le christianisme par sa nature même, brisait avec le nation
1135
isme exclusif du judaïsme et assumait une mission
de
portée universelle. Il revendiquait toutefois en même temps l’héritag
1136
l revendiquait toutefois en même temps l’héritage
d’
Israël, et l’attraction qu’il exerçait venait non des principes généra
1137
qu’il exerçait venait non des principes généraux
de
la pensée hellénistique, mais de la pure tradition hébraïque, représe
1138
incipes généraux de la pensée hellénistique, mais
de
la pure tradition hébraïque, représentée par la Loi et les Prophètes.
1139
d Israël, l’héritière du Royaume promis au Peuple
de
Dieu. Aussi conserva-t-elle à l’égard du monde des gentils cette atti
1140
’égard du monde des gentils cette attitude voulue
de
séparatisme spirituel, cet esprit d’irréconciliable opposition dont s
1141
itude voulue de séparatisme spirituel, cet esprit
d’
irréconciliable opposition dont s’était nourrie toute la tradition jud
1142
la tradition judaïque. C’est précisément ce sens
de
la continuité historique et de la solidarité sociale qui distingua l’
1143
récisément ce sens de la continuité historique et
de
la solidarité sociale qui distingua l’Église chrétienne des religions
1144
ligions à mystères et des autres cultes orientaux
de
cette époque, et qui fit d’elle dès son apparition la seule rivale vé
1145
tres cultes orientaux de cette époque, et qui fit
d’
elle dès son apparition la seule rivale véritable et la seule remplaça
1146
rivale véritable et la seule remplaçante possible
de
la religion officielle de l’Empire15. Ces quelques lignes de Dawson
1147
le remplaçante possible de la religion officielle
de
l’Empire15. Ces quelques lignes de Dawson me paraissent définir en r
1148
on officielle de l’Empire15. Ces quelques lignes
de
Dawson me paraissent définir en raccourci le double héritage que l’Ég
1149
age que l’Église et l’Europe ont repris des mains
d’
Israël : héritage divin de l’« élection collective », d’une part, — ca
1150
pe ont repris des mains d’Israël : héritage divin
de
l’« élection collective », d’une part, — car la postérité d’Abraham,
1151
tion collective », d’une part, — car la postérité
d’
Abraham, après le Christ, c’est l’ensemble de tous les croyants, genti
1152
rité d’Abraham, après le Christ, c’est l’ensemble
de
tous les croyants, gentils ou Juifs convertis, donc l’Église — hérita
1153
s, donc l’Église — héritage humain, d’autre part,
de
cette notion de la mesure « totalitaire » qui devait assurer la grand
1154
— héritage humain, d’autre part, de cette notion
de
la mesure « totalitaire » qui devait assurer la grandeur de l’Église
1155
re « totalitaire » qui devait assurer la grandeur
de
l’Église — mais dont les déviations et perversions ravagent l’Europe
1156
depuis le xviie siècle, et menacent aujourd’hui
de
la détruire16. Il ne saurait être question de retracer ici dans son e
1157
hui de la détruire16. Il ne saurait être question
de
retracer ici dans son ensemble l’évolution des éléments culturels et
1158
urels et civilisateurs qui survécurent à la chute
d’
Israël, au moins aussi fondamentaux pour l’Occident que la raison des
1159
et l’ordre des Romains. Il m’appartient seulement
de
préciser en quelques traits le sens que prend l’héritage d’Israël pou
1160
r en quelques traits le sens que prend l’héritage
d’
Israël pour la foi chrétienne protestante. On sait le rôle joué dans l
1161
out cela vit encore dans les Églises évangéliques
de
nos jours ? Dès les bancs de « l’école du dimanche », tout jeune prot
1162
Églises évangéliques de nos jours ? Dès les bancs
de
« l’école du dimanche », tout jeune protestant est nourri aux sources
1163
u par ses frères, Jonas dans sa baleine, l’ânesse
de
Balaam, David et Jonathan, Absalon pris par les cheveux, le jeune Sam
1164
en Testament était la vraie Antiquité des peuples
de
l’Europe protestante. Mais il y a bien davantage que cet arrière-plan
1165
ge que cet arrière-plan poétique, et ces exemples
d’
une morale parfois scandaleusement antibourgeoise ! Le thème de la voc
1166
parfois scandaleusement antibourgeoise ! Le thème
de
la vocation et le thème du peuple élu sont de ceux qui émeuvent le pl
1167
ème de la vocation et le thème du peuple élu sont
de
ceux qui émeuvent le plus profondément la « sensibilité spirituelle »
1168
plus profondément la « sensibilité spirituelle »
d’
un réformé.ay Le simple fait que le calvinisme ait été dès le début
1169
s et celui du « petit troupeau » longtemps chassé
de
son pays ; ni les ressemblances entre les formes d’activité et d’atti
1170
son pays ; ni les ressemblances entre les formes
d’
activité et d’attitude sociale adoptées par les deux « nations »18. Ce
1171
les ressemblances entre les formes d’activité et
d’
attitude sociale adoptées par les deux « nations »18. Ce qui est déter
1172
in spirituel, dans un monde incrédule et rebelle,
de
ceux que Dieu s’est « choisis » pour témoins, en tant que collectivit
1173
tu de cette « élection » dont ils ont l’assurance
d’
être l’objet, par une grâce périlleuse, et dans la foi, les calviniste
1174
fin du xvie siècle, se considèrent comme chargés
d’
une mission au sein d’un monde pécheur que Dieu n’abandonne pas. De mê
1175
heur que Dieu n’abandonne pas. De même que la loi
de
Moïse maintenait le peuple juif, malgré le péché, dans une économie p
1176
matique des calvinistes les amène à la conception
d’
une intendance des biens terrestres, dont ils auraient à assumer l’off
1177
res, dont ils auraient à assumer l’office : usant
de
ces richesses « comme n’en usant pas », au nom et par la charge du Se
1178
ue c’était là l’origine du capitalisme moderne et
de
ses principales valeurs éthiques. Mais Sombart lui répond que le capi
1179
que le capitalisme est plus ancien, et qu’il est
d’
origine judaïque19. Ce n’est pas ici le lieu de prendre parti entre ce
1180
st d’origine judaïque19. Ce n’est pas ici le lieu
de
prendre parti entre ces deux explications d’un phénomène économique q
1181
lieu de prendre parti entre ces deux explications
d’
un phénomène économique que par ailleurs personne — non pas même Marx,
1182
tache le capitalisme à des attitudes religieuses,
d’
où serait partie l’impulsion, attitudes analogues en ceci tout au moin
1183
ut au moins qu’elles mettent l’accent sur le fait
de
l’élection. Il est curieux de noter que le parallélisme peut être le
1184
’accent sur le fait de l’élection. Il est curieux
de
noter que le parallélisme peut être le mieux constaté dans les déviat
1185
lifiées par lesquelles le spiritualisme des Juifs
d’
Orient, au contact des coutumes occidentales, se mue en son contraire.
1186
ue en son contraire. Bien sûr, ceux qui ont cessé
de
croire à la mission de leur peuple et qui travaillent en vase clos, e
1187
en sûr, ceux qui ont cessé de croire à la mission
de
leur peuple et qui travaillent en vase clos, en exerçant des facultés
1188
tement développées dans leur race par des siècles
d’
attente du Messie, sont les plus susceptibles de déformer leur propre
1189
s d’attente du Messie, sont les plus susceptibles
de
déformer leur propre force.az De même, l’ascétisme vigoureux, le pess
1190
formé dans le Nouveau Monde d’une part en volonté
de
puissance abstraite (les fondateurs des trusts au siècle dernier), d’
1191
litarisme platement moralisant ; l’une et l’autre
de
ces déviations traduisant une totale perte de conscience des fins rel
1192
tre de ces déviations traduisant une totale perte
de
conscience des fins religieuses de l’éthique puritaine, et transforma
1193
e totale perte de conscience des fins religieuses
de
l’éthique puritaine, et transformant en tyrannie absurde ce qui était
1194
nie absurde ce qui était à l’origine une attitude
d’
obéissance à la foi, et de renoncement à soi-même. Corruptio optimi pe
1195
l’origine une attitude d’obéissance à la foi, et
de
renoncement à soi-même. Corruptio optimi pessima… La vocation coll
1196
amènent au problème central que pose à la pensée
d’
un protestant, et particulièrement d’un calviniste, l’exemple d’Israël
1197
à la pensée d’un protestant, et particulièrement
d’
un calviniste, l’exemple d’Israël et de sa chute. Toute la théologie é
1198
t, et particulièrement d’un calviniste, l’exemple
d’
Israël et de sa chute. Toute la théologie éthique de Calvin est centré
1199
ulièrement d’un calviniste, l’exemple d’Israël et
de
sa chute. Toute la théologie éthique de Calvin est centrée sur la voc
1200
Israël et de sa chute. Toute la théologie éthique
de
Calvin est centrée sur la vocation : vocation du « petit troupeau » o
1201
r la vocation : vocation du « petit troupeau » ou
de
l’Église ; vocation personnelle de chaque membre de l’Église. Or, Isr
1202
troupeau » ou de l’Église ; vocation personnelle
de
chaque membre de l’Église. Or, Israël qui était le peuple élu, a trah
1203
l’Église ; vocation personnelle de chaque membre
de
l’Église. Or, Israël qui était le peuple élu, a trahi sa mission et s
1204
sion en est le châtiment. Serait-il donc possible
de
perdre sa vocation ? Et que devient celui qui la trahit, soit qu’il r
1205
ordres, soit qu’il la prenne pour idole, refusant
d’
en reconnaître la vraie fin lorsqu’elle lui apparaît incarnée ? Est-il
1206
e vocation est-elle donc « amissible » ? Le refus
de
l’homme serait-il donc capable de modifier un arrêt éternel, alors qu
1207
le » ? Le refus de l’homme serait-il donc capable
de
modifier un arrêt éternel, alors que Dieu prédestine tout homme dès a
1208
Ce problème n’est pas gratuit : il touche au cœur
de
la foi réformée. Or c’est lui justement que traite saint Paul au chap
1209
ui justement que traite saint Paul au chapitre XI
de
l’Épître aux Romains. Et sans doute ce texte illumine aussi profondém
1210
rofondément qu’il est possible le mystère dernier
d’
Israël. « Je demande maintenant : Dieu a-t-il rejeté son peuple ? Non
1211
ple ? Non certes, car je suis moi-même israélite,
de
la postérité d’Abraham, de la tribu de Benjamin. Dieu n’a point rejet
1212
, car je suis moi-même israélite, de la postérité
d’
Abraham, de la tribu de Benjamin. Dieu n’a point rejeté son peuple qu’
1213
is moi-même israélite, de la postérité d’Abraham,
de
la tribu de Benjamin. Dieu n’a point rejeté son peuple qu’il a connu
1214
israélite, de la postérité d’Abraham, de la tribu
de
Benjamin. Dieu n’a point rejeté son peuple qu’il a connu d’avance » (
1215
n. Dieu n’a point rejeté son peuple qu’il a connu
d’
avance » (c’est-à-dire prédestiné) (Rom., II, 1-2). Cependant, « Israë
1216
Ainsi, « c’est par suite de la faute des enfants
d’
Israël que le salut est parvenu aux païens, afin d’exciter leur propre
1217
s ont perdu le bénéfice national, comme exclusif,
de
la Révélation. Mais c’est ici que saint Paul indique le mystérieux re
1218
e veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère,
de
peur que vous ne présumiez trop de votre sagesse : c’est qu’une parti
1219
ez ce mystère, de peur que vous ne présumiez trop
de
votre sagesse : c’est qu’une partie d’Israël est tombée dans l’endurc
1220
umiez trop de votre sagesse : c’est qu’une partie
d’
Israël est tombée dans l’endurcissement jusqu’à ce que la totalité des
1221
ra sauvé » (v. 25-26) … « Car les dons et l’appel
de
Dieu sont irrévocables » (v. 29). Hoc est verbum praeclarum ! Voilà
1222
rdue, même si celui qui en est l’objet s’y oppose
de
toutes ses forces ! Car sa révolte même se trouve servir les desseins
1223
volte même se trouve servir les desseins éternels
de
Dieu. Elle étend à l’humanité entière le bénéfice de la Promesse qu’i
1224
Dieu. Elle étend à l’humanité entière le bénéfice
de
la Promesse qu’il a reçue, cependant que son destin final demeure ent
1225
al demeure entre les mains du plus secret conseil
de
Dieu. « Quant à moi, écrit Calvin, j’étends ce nom d’Israël à tout le
1226
ieu. « Quant à moi, écrit Calvin, j’étends ce nom
d’
Israël à tout le peuple de Dieu, en ce sens, après que les gentils ser
1227
Calvin, j’étends ce nom d’Israël à tout le peuple
de
Dieu, en ce sens, après que les gentils seront entrés dedans (l’Églis
1228
dans (l’Église), lors les Juifs aussi se retirant
de
leur révoltement, se rangeront à l’obéissance de la foi… toutefois qu
1229
de leur révoltement, se rangeront à l’obéissance
de
la foi… toutefois que les Juifs tiendront le premier lieu, comme étan
1230
lieu, comme étant les enfants aînés en la maison
de
Dieu. » (Commentaires, sur Rom. II, 26.) Le sort du monde, et l’on po
1231
rt du monde, et l’on pourrait même dire : la date
de
son salut final, dépend ainsi de la conversion des Juifs. Et ceci nou
1232
e dire : la date de son salut final, dépend ainsi
de
la conversion des Juifs. Et ceci nous révèle la plus profonde raison
1233
s « ambivalents », comme dirait Freud, qu’ont eus
de
tout temps les chrétiens à l’égard du peuple d’Israël. Tout dépend de
1234
s de tout temps les chrétiens à l’égard du peuple
d’
Israël. Tout dépend de lui, et il refuse ! D’où la haine sourde, et en
1235
rétiens à l’égard du peuple d’Israël. Tout dépend
de
lui, et il refuse ! D’où la haine sourde, et en même temps le respect
1236
uple d’Israël. Tout dépend de lui, et il refuse !
D’
où la haine sourde, et en même temps le respect religieux qu’on lui po
1237
qu’on lui porte. Peut-être n’est-il pas excessif
de
voir dans cette passion contradictoire le secret des soudaines explos
1238
contradictoire le secret des soudaines explosions
de
rancune qui apparurent périodiquement au Moyen Âge. Je ne sais si cet
1239
s, éternellement lié au sien en vertu d’un décret
de
Dieu, mais encore qu’elle se doit de juger Israël autrement que ne fa
1240
d’un décret de Dieu, mais encore qu’elle se doit
de
juger Israël autrement que ne fait « le monde ». Ce n’est pas au nom
1241
ons à prendre position, mais au nom des promesses
de
la foi, et dans une perspective missionnaire qui réduit à leurs juste
1242
ncevoir nos polémiques. Et son issue ne dépend ni
de
nous seuls, ni d’eux seuls. On dit : les Juifs sont ceci, les Juifs s
1243
ques. Et son issue ne dépend ni de nous seuls, ni
d’
eux seuls. On dit : les Juifs sont ceci, les Juifs sont cela, ils se s
1244
nt ceci, les Juifs sont cela, ils se sont emparés
de
nos richesses, etc. Mais de quels biens se préoccupe le croyant ? Leu
1245
, ils se sont emparés de nos richesses, etc. Mais
de
quels biens se préoccupe le croyant ? Leur faute a fait la richesse d
1246
tifié à l’origine que par la vocation spirituelle
de
ce peuple. Il n’est pas du tout biologique. Il ne le devient qu’acces
1247
soirement, à mesure que l’on prend les « signes »
de
la vocation pour des réalités valables en elles-mêmes. Mais sans dout
1248
ils n’en épousaient point qui aient été captives,
de
peur qu’elles n’aient eu quelque commerce avec des étrangers. Peut-il
1249
des pièces si authentiques, prouver leur descente
de
père en fils depuis deux-mille ans ? Que si quelqu’un manque d’observ
1250
s depuis deux-mille ans ? Que si quelqu’un manque
d’
observer cet ordre, on le sépare de l’autel, sans qu’il lui soit plus
1251
elqu’un manque d’observer cet ordre, on le sépare
de
l’autel, sans qu’il lui soit plus permis de faire aucune des fonction
1252
épare de l’autel, sans qu’il lui soit plus permis
de
faire aucune des fonctions sacerdotales. » [Note de l’éditeur] L’édit
1253
faire aucune des fonctions sacerdotales. » [Note
de
l’éditeur] L’édition américaine supprime la fin de cette note : « Il
1254
e l’éditeur] L’édition américaine supprime la fin
de
cette note : « Il est curieux de noter que les lois racistes hitlérie
1255
supprime la fin de cette note : « Il est curieux
de
noter que les lois racistes hitlériennes privent de tous droits civiq
1256
noter que les lois racistes hitlériennes privent
de
tous droits civiques les personnes qui ne peuvent prouver par les reg
1257
ui ne peuvent prouver par les registres la pureté
de
leurs origines : c’est que l’exercice des droits civiques est bien un
1258
l’exercice des droits civiques est bien une sorte
de
« sacerdoce » national. On voit ainsi que l’eugénisme n’est pas le se
1259
oit ainsi que l’eugénisme n’est pas le seul motif
de
la législation raciste. » 9. Sur l’importance capitale de cette noti
1260
islation raciste. » 9. Sur l’importance capitale
de
cette notion de commune mesure pour toute culture ou civilisation, j’
1261
. » 9. Sur l’importance capitale de cette notion
de
commune mesure pour toute culture ou civilisation, j’ai donné de plus
1262
er avec les mains , où l’on trouvera un raccourci
de
la présente étude. Du point de vue de l’histoire du peuple juif, ce r
1263
n raccourci de la présente étude. Du point de vue
de
l’histoire du peuple juif, ce raccourci souffre, entre autres, d’une
1264
peuple juif, ce raccourci souffre, entre autres,
d’
une très grave lacune en ce qu’il paraît conclure sur l’abandon final
1265
e en ce qu’il paraît conclure sur l’abandon final
d’
Israël à son destin, après la mort de Jésus-Christ. Je suis heureux de
1266
bandon final d’Israël à son destin, après la mort
de
Jésus-Christ. Je suis heureux de pouvoir donner ci-après un développe
1267
n, après la mort de Jésus-Christ. Je suis heureux
de
pouvoir donner ci-après un développement qui n’avait pas sa place dan
1268
hétisme, c’est-à-dire l’élément le plus finaliste
de
la religion d’Israël qui aurait donné au peuple l’expression légale d
1269
à-dire l’élément le plus finaliste de la religion
d’
Israël qui aurait donné au peuple l’expression légale de sa commune me
1270
ël qui aurait donné au peuple l’expression légale
de
sa commune mesure : le Décalogue. Ainsi la fin crée ses moyens. Cette
1271
le Moïse — aurait bel et bien donné les rudiments
de
la Loi au peuple juif dès la sortie d’Égypte. Les prophètes seraient
1272
rudiments de la Loi au peuple juif dès la sortie
d’
Égypte. Les prophètes seraient alors ceux qui rappellent le peuple au
1273
xcès du légalisme. 11. Livre II, chap. VI, trad.
d’
Arnaud d’Andilly. 12. Ernest Renan, Histoire du peuple d’Israël, t.
1274
d’Andilly. 12. Ernest Renan, Histoire du peuple
d’
Israël, t. II, p. 265. 13. « L’embarras de l’hébreu pour expliquer le
1275
peuple d’Israël, t. II, p. 265. 13. « L’embarras
de
l’hébreu pour expliquer les notions philosophiques les plus simples,
1276
ns philosophiques les plus simples, dans le Livre
de
Job, dans l’Ecclésiaste, est quelque chose de surprenant. L’image phy
1277
vre de Job, dans l’Ecclésiaste, est quelque chose
de
surprenant. L’image physique qui, dans les langues sémitiques, est en
1278
, dans les langues sémitiques, est encore à fleur
de
sol, obscurcit la déduction abstraite… » (Renan, op. cit., I, p. 49).
1279
Où Renan voit un obscurcissement, je vois le gage
d’
une vive actualité, ou efficacité, du langage des clercs, identique à
1280
u « le jour du Seigneur ». Saint Paul et l’auteur
de
l’Épître aux Hébreux (chap. II) insistent fortement sur cette unicité
1281
(chap. II) insistent fortement sur cette unicité
de
la Révélation. C’est un grand lieu commun de la théologie réformée qu
1282
cité de la Révélation. C’est un grand lieu commun
de
la théologie réformée que de voir dans l’Ancien Testament l’histoire
1283
un grand lieu commun de la théologie réformée que
de
voir dans l’Ancien Testament l’histoire du Christ avant qu’il vienne,
1284
Prophètes après le Christ. Ainsi la Bible n’a pas
d’
autre sens que de désigner l’Incarnation qui est son centre, au-delà d
1285
e Christ. Ainsi la Bible n’a pas d’autre sens que
de
désigner l’Incarnation qui est son centre, au-delà d’elle-même. Tolle
1286
ésigner l’Incarnation qui est son centre, au-delà
d’
elle-même. Tolle Christum e scripturis, quid amplius invenies in illis
1287
turis, quid amplius invenies in illis ? (Luther :
De
servo arbitrio.) 15. Christopher Dawson, Les Origines de l’Europe et
1288
arbitrio.) 15. Christopher Dawson, Les Origines
de
l’Europe et de la civilisation européenne, trad. française, chez Ried
1289
. Christopher Dawson, Les Origines de l’Europe et
de
la civilisation européenne, trad. française, chez Rieder, 1934, p. 43
1290
eder, 1934, p. 43. 16. Sitôt que la mesure cesse
d’
être transcendante, devient humaine, contingente et partielle, et n’ét
1291
eut encore totalitaire, on a l’État-nation-Police
de
type fasciste ou stalinien. Bien entendu, il serait absurde de rendre
1292
ste ou stalinien. Bien entendu, il serait absurde
de
rendre Israël responsable de ce qui n’est que « profanations » de la
1293
u, il serait absurde de rendre Israël responsable
de
ce qui n’est que « profanations » de la notion de mesure totalitaire.
1294
responsable de ce qui n’est que « profanations »
de
la notion de mesure totalitaire. 17. Cf. Ramuz. 18. Par exemple : c
1295
de ce qui n’est que « profanations » de la notion
de
mesure totalitaire. 17. Cf. Ramuz. 18. Par exemple : cohésion spiri
1296
sion spirituelle et matérielle des divers membres
de
ces nations éparses ou persécutées, esprit à la fois traditionaliste
1297
te et hardiment novateur, génie financier, niveau
de
culture élevé, etc. 19. D’autres auteurs, tels que Labriola, font re
1298
ter le phénomène capitaliste à l’« accumulation »
de
richesses des couvents anglais au Moyen Âge, et aux banques de l’Ital
1299
des couvents anglais au Moyen Âge, et aux banques
de
l’Italie du Nord. Les responsabilités se partageraient donc équitable
1300
trois religions ! 20. Calvin, toujours soucieux
de
ne pas spéculer arbitrairement sur les textes, note en effet cette re
1301
riction : « Et aussi ne faut-il pas entendre ceci
de
toute vocation, mais de celle par laquelle Dieu a adopté en son allia
1302
faut-il pas entendre ceci de toute vocation, mais
de
celle par laquelle Dieu a adopté en son alliance la postérité d’Abrah
1303
quelle Dieu a adopté en son alliance la postérité
d’
Abraham : vu que le propos était nommément et spécialement d’icelle vo
1304
vu que le propos était nommément et spécialement
d’
icelle vocation. » (Commentaires, sur Rom. II, 29). aw. Texte paru in
1305
u initialement en français : « Vocation et destin
d’
Israël », Les Juifs, Paris, Plon, 1937, p. 143-165. ax. L’édition amé
1306
traduit par « The Rule ». ay. Paragraphe absent
de
l’édition américaine. az. En raison des coupes importantes opérées p
1307
importantes opérées par rapport au texte original
de
1937, les deux dernières phrases sont ici traduites directement depui
1308
l faut tenir la théologie chrétienne pour la mère
de
la pensée occidentale, de même que l’Église, par son culte, est la mè
1309
de même que l’Église, par son culte, est la mère
de
presque tous nos arts. La musique est née dans le chœur des églises e
1310
st née dans le chœur des églises et des chapelles
de
couvents. La peinture et la sculpture se sont constituées sur les aut
1311
s rythmes poétiques ont été propagés par le latin
d’
Église. Et ce n’est point que tous ces arts classiques ne soient sorti
1312
int que tous ces arts classiques ne soient sortis
de
l’enceinte ecclésiastique dès le déclin du Moyen Âge, mais il n’en es
1313
toire ne manifestent à chaque instant l’influence
de
telles origines. Or le lien de filiation entre nos disciplines de pen
1314
nstant l’influence de telles origines. Or le lien
de
filiation entre nos disciplines de pensée et la théologie, pour être
1315
es. Or le lien de filiation entre nos disciplines
de
pensée et la théologie, pour être moins généralement reconnu, n’en es
1316
s temps où la philosophie n’était que la servante
de
la théologie, ses efforts d’émancipation les plus violents, et même c
1317
tait que la servante de la théologie, ses efforts
d’
émancipation les plus violents, et même couronnés de succès, n’ont pu
1318
émancipation les plus violents, et même couronnés
de
succès, n’ont pu que confirmer une dépendance qui n’est certes plus d
1319
ue confirmer une dépendance qui n’est certes plus
de
droit, mais n’en demeure pas moins de fait et de nature, autant que d
1320
certes plus de droit, mais n’en demeure pas moins
de
fait et de nature, autant que d’origine. Les grandes doctrines encore
1321
de droit, mais n’en demeure pas moins de fait et
de
nature, autant que d’origine. Les grandes doctrines encore vivantes e
1322
emeure pas moins de fait et de nature, autant que
d’
origine. Les grandes doctrines encore vivantes et agissantes au xxe s
1323
rits du jeune Marx sur la dialectique hégélienne.
De
nos jours, le vocabulaire technique s’est transformé, les références
1324
ou non, qu’on l’admette comme Bergson vers la fin
de
sa carrière, qu’on cherche à le camoufler comme Heidegger, ou qu’on p
1325
ées par les écrivains eux-mêmes, ont fait l’objet
de
travaux fameux : ainsi l’influence de saint Thomas sur Dante, de Calv
1326
ait l’objet de travaux fameux : ainsi l’influence
de
saint Thomas sur Dante, de Calvin sur d’Aubigné, du jansénisme sur Pa
1327
ux : ainsi l’influence de saint Thomas sur Dante,
de
Calvin sur d’Aubigné, du jansénisme sur Pascal et Racine, de Swedenbo
1328
nfluence de saint Thomas sur Dante, de Calvin sur
d’
Aubigné, du jansénisme sur Pascal et Racine, de Swedenborg sur Balzac,
1329
ur d’Aubigné, du jansénisme sur Pascal et Racine,
de
Swedenborg sur Balzac, de Newman sur Gerard Manley Hopkins. Mais il n
1330
e sur Pascal et Racine, de Swedenborg sur Balzac,
de
Newman sur Gerard Manley Hopkins. Mais il ne me paraît pas que le pro
1331
té clairement posé ou étudié, ni par les docteurs
de
l’Église, ni par les critiques littéraires. Et cependant comment en n
1332
ur le public cultivé un empire comparable à celui
de
la radio sur les masses, tandis que la prédication chrétienne semble
1333
nne semble réduite, dans la cité, aux proportions
d’
un chuchotement intermittent ? L’ignorance réciproque dans laquelle th
1334
al ? Il est clair que la théologie n’a pas besoin
de
la littérature et peut s’en désintéresser sans grand dommage. Si l’on
1335
age. Si l’on admet qu’elle a pour objet principal
de
formuler et de critiquer le dogme chrétien dans l’Église, elle est en
1336
met qu’elle a pour objet principal de formuler et
de
critiquer le dogme chrétien dans l’Église, elle est en droit de laiss
1337
e dogme chrétien dans l’Église, elle est en droit
de
laisser à d’autres le soin d’appliquer ses critères hors de l’Église.
1338
, elle est en droit de laisser à d’autres le soin
d’
appliquer ses critères hors de l’Église. Mais il est beaucoup moins év
1339
nt que la littérature puisse se passer impunément
de
la théologie. Et il est bien certain que lorsqu’elle s’en passe, les
1340
e des fidèles ne sauraient échapper à l’influence
de
leurs lectures, cependant qu’ils éprouvent une difficulté croissante
1341
ulté croissante à juger celles-ci du point de vue
de
leur foi : le vocabulaire de la piété et celui de la littérature, les
1342
s-ci du point de vue de leur foi : le vocabulaire
de
la piété et celui de la littérature, les atmosphères qu’elles créent,
1343
de leur foi : le vocabulaire de la piété et celui
de
la littérature, les atmosphères qu’elles créent, les problèmes qu’ell
1344
les valeurs morales qu’elles tiennent pour allant
de
soi, tout est devenu trop différent, et presque sans commune mesure.
1345
à redouter que les théologiens se mettent à faire
de
la critique littéraire, comme il arrive qu’on en lise sous leur nom d
1346
rrive qu’on en lise sous leur nom dans les revues
de
pensée religieuse : il s’agit trop souvent de comptes rendus d’amateu
1347
ues de pensée religieuse : il s’agit trop souvent
de
comptes rendus d’amateurs qui cherchent à parler des livres « comme t
1348
gieuse : il s’agit trop souvent de comptes rendus
d’
amateurs qui cherchent à parler des livres « comme tout le monde » et
1349
leur « spécialité ». Mon idée serait bien plutôt
d’
exiger des critiques littéraires un minimum de connaissances théologiq
1350
tôt d’exiger des critiques littéraires un minimum
de
connaissances théologiques, dont ils se montrent cruellement dépourvu
1351
suis le premier à protester contre ces citations
d’
auteurs à la mode — ou plus souvent à la mode d’il y a cinquante ans —
1352
s d’auteurs à la mode — ou plus souvent à la mode
d’
il y a cinquante ans — dont les prédicateurs modernes ont coutume « d’
1353
ns — dont les prédicateurs modernes ont coutume «
d’
orner » leurs sermons. Ce n’est pas la littérature qui doit prêter sec
1354
a littérature qui doit prêter secours à la Parole
de
Dieu, mais c’est le contraire. S’il arrive qu’un pasteur ou un prêtre
1355
l arrive qu’un pasteur ou un prêtre juge opportun
de
parler d’un livre, j’attends, à la fois comme fidèle et comme écrivai
1356
u’un pasteur ou un prêtre juge opportun de parler
d’
un livre, j’attends, à la fois comme fidèle et comme écrivain, qu’il e
1357
, à la critique et même, cas échéant, à une sorte
de
direction spirituelle des tendances littéraires de leur époque ; mais
1358
e direction spirituelle des tendances littéraires
de
leur époque ; mais ceci, je le répète en tant que théologiens, non po
1359
, non point en tant qu’écrivains-amateurs ou gens
de
goût. Sans rien préjuger du succès ou de l’influence possible d’une i
1360
ou gens de goût. Sans rien préjuger du succès ou
de
l’influence possible d’une intervention de ce genre, elle aurait en t
1361
ien préjuger du succès ou de l’influence possible
d’
une intervention de ce genre, elle aurait en tout cas l’avantage de do
1362
cès ou de l’influence possible d’une intervention
de
ce genre, elle aurait en tout cas l’avantage de donner aux fidèles —
1363
n de ce genre, elle aurait en tout cas l’avantage
de
donner aux fidèles — et à leur clergé — certains critères de jugement
1364
ux fidèles — et à leur clergé — certains critères
de
jugement, un certain vocabulaire, et par suite une certaine orientati
1365
ocabulaire, et par suite une certaine orientation
de
l’esprit propres à rétablir, petit à petit, des éléments de commune m
1366
t propres à rétablir, petit à petit, des éléments
de
commune mesure entre le croyant et le lecteur dans un même homme. Cec
1367
e. Ceci dit, j’en reviens à mon propos, qui était
de
soulever une question, et de suggérer pour son étude quelques hypothè
1368
on propos, qui était de soulever une question, et
de
suggérer pour son étude quelques hypothèses de travail. 5. L’ignoranc
1369
et de suggérer pour son étude quelques hypothèses
de
travail. 5. L’ignorance générale où sont les écrivains modernes des r
1370
rale où sont les écrivains modernes des rudiments
de
la théologie a pour conséquence immédiate qu’ils se condamnent à déco
1371
rire une histoire des principales écoles modernes
d’
un point de vue strictement théologique ? Une histoire qui nous montre
1372
s, à leur insu, doivent à l’atmosphère religieuse
de
leur époque, mais surtout comment ils pâtissent de n’avoir point conn
1373
e leur époque, mais surtout comment ils pâtissent
de
n’avoir point connu l’existence de traditions soit orthodoxes soit hé
1374
ils pâtissent de n’avoir point connu l’existence
de
traditions soit orthodoxes soit hérétiques, c’est le cas le plus fréq
1375
rop court (After Strange Gods) a donné l’esquisse
d’
une étude des hérésies dans la littérature moderne. Pour ma part, j’ai
1376
la littérature moderne. Pour ma part, j’ai tenté
de
montrer comment les troubadours, dont la doctrine fut reprise par les
1377
doctrine fut reprise par les auteurs du Tristan,
d’
où sont issus presque tous nos romans, étaient nourris de l’hérésie ma
1378
nt issus presque tous nos romans, étaient nourris
de
l’hérésie manichéenne, et l’ont ainsi fait vivre jusqu’à nous et parm
1379
mi nous, bien que vulgarisée et déprimée au point
d’
en devenir méconnaissable. Petit exemple que je mentionne faute de mie
1380
ire sur la renaissance endémique, dans nos écoles
d’
avant-garde, des déviations les plus connues du mysticisme, du gnostic
1381
s les plus connues du mysticisme, du gnosticisme,
de
l’arianisme et du libéralisme romantique. Qui voudra et pourra l’expl
1382
e. Qui voudra et pourra l’expliquer aux disciples
de
ces mouvements ? Il y faudrait un théologien. Lever les bras au ciel,
1383
inter le doigt du moraliste, n’est pas faire acte
de
charité à l’égard des efforts de l’avant-garde, d’autant qu’ils jouen
1384
t pas faire acte de charité à l’égard des efforts
de
l’avant-garde, d’autant qu’ils jouent, aux yeux de beaucoup et des me
1385
ils jouent, aux yeux de beaucoup et des meilleurs
de
nos contemporains, le rôle d’une spiritualité ardente et courageuse.
1386
up et des meilleurs de nos contemporains, le rôle
d’
une spiritualité ardente et courageuse. Pourquoi faudrait-il qu’à l’ob
1387
l’obscurantisme théologique qui dénote la culture
d’
aujourd’hui, réponde chez les théologiens un « refus d’informer » symé
1388
ourd’hui, réponde chez les théologiens un « refus
d’
informer » symétrique, fait de méfiance, d’incuriosité, de réprobation
1389
ologiens un « refus d’informer » symétrique, fait
de
méfiance, d’incuriosité, de réprobation morale et de timidité bourgeo
1390
refus d’informer » symétrique, fait de méfiance,
d’
incuriosité, de réprobation morale et de timidité bourgeoise, plutôt q
1391
er » symétrique, fait de méfiance, d’incuriosité,
de
réprobation morale et de timidité bourgeoise, plutôt que de rigueur t
1392
méfiance, d’incuriosité, de réprobation morale et
de
timidité bourgeoise, plutôt que de rigueur théologique ? Au nom des b
1393
tion morale et de timidité bourgeoise, plutôt que
de
rigueur théologique ? Au nom des besoins de la paroisse de campagne,
1394
t que de rigueur théologique ? Au nom des besoins
de
la paroisse de campagne, trop souvent prise comme prétexte chez les p
1395
r théologique ? Au nom des besoins de la paroisse
de
campagne, trop souvent prise comme prétexte chez les protestants, va-
1396
e dos parce qu’elle est tapageuse, scandaleuse et
d’
une conduite peu régulière, la confirmant ainsi dans sa persuasion que
1397
u dernier siècle ? Au lecteur convaincu comme moi
de
la nécessité de rétablir des ponts entre la théologie et les lettres
1398
? Au lecteur convaincu comme moi de la nécessité
de
rétablir des ponts entre la théologie et les lettres vivantes, je sou
1399
logie et les lettres vivantes, je soumets à titre
d’
exemples et sans nul ordre préconçu, les thèses suivantes. 6. C’est l’
1400
que le libéralisme tendait à se mettre à l’école
de
leurs complaisances, et par suite ne leur donnait rien. Exemple : Kie
1401
logique parfaitement cohérente et intransigeante,
d’
où son influence profonde et indéniable sur Ibsen, sur Unamuno, sur Ri
1402
sur Rilke, sur Kafka, et sur un très grand nombre
de
poètes, de romanciers et d’essayistes des plus jeunes générations, en
1403
sur Kafka, et sur un très grand nombre de poètes,
de
romanciers et d’essayistes des plus jeunes générations, en Europe, en
1404
un très grand nombre de poètes, de romanciers et
d’
essayistes des plus jeunes générations, en Europe, en Angleterre et da
1405
une Église déterminée. N’est-ce point là le signe
d’
une incompatibilité inquiétante entre l’élite active et les « milieux
1406
inquiétante entre l’élite active et les « milieux
d’
Église » ? 7. Une théologie orthodoxe (je ne dis pas sclérosée) favori
1407
lérosée) favorise, soutient et nourrit des œuvres
de
style classique, tandis qu’une théologie libérale se lie aux mouvemen
1408
vain romantique croit voir dans les dogmes autant
d’
entraves à l’essor créateur, tandis que le classique y trouve à la foi
1409
ênes fécondes. Le premier, semblable à la colombe
de
Kant, s’imagine qu’il volerait mieux dans le vide. Le second, mieux a
1410
erait mieux dans le vide. Le second, mieux assuré
de
la force de ses ailes, cherche une atmosphère dense pour exercer en p
1411
dans le vide. Le second, mieux assuré de la force
de
ses ailes, cherche une atmosphère dense pour exercer en plein ses éne
1412
ne résistance effective et valable aux incartades
de
l’imagination. Ainsi fait le fougueux d’Aubigné s’armant de la doctri
1413
cartades de l’imagination. Ainsi fait le fougueux
d’
Aubigné s’armant de la doctrine de Calvin. À l’inverse, je soupçonne l
1414
nation. Ainsi fait le fougueux d’Aubigné s’armant
de
la doctrine de Calvin. À l’inverse, je soupçonne les romantiques d’av
1415
ait le fougueux d’Aubigné s’armant de la doctrine
de
Calvin. À l’inverse, je soupçonne les romantiques d’avoir cherché dan
1416
Calvin. À l’inverse, je soupçonne les romantiques
d’
avoir cherché dans la théologie de leur époque et sous le nom de liber
1417
les romantiques d’avoir cherché dans la théologie
de
leur époque et sous le nom de liberté, de coûteuses licences intellec
1418
é dans la théologie de leur époque et sous le nom
de
liberté, de coûteuses licences intellectuelles, ou de simples facilit
1419
éologie de leur époque et sous le nom de liberté,
de
coûteuses licences intellectuelles, ou de simples facilités… 8. La li
1420
iberté, de coûteuses licences intellectuelles, ou
de
simples facilités… 8. La littérature en général trouve à se nourrir m
1421
ique régnante que dans l’atmosphère et l’ambiance
de
controverses théologiques mêlées à des questions politiques. Exemples
1422
abéthains ; et parmi nous, la renaissance notable
d’
une poésie d’inspiration religieuse en France, pendant l’occupation et
1423
t parmi nous, la renaissance notable d’une poésie
d’
inspiration religieuse en France, pendant l’occupation et tôt après. 9
1424
tion donnée. Je me bornerai à citer ici l’exemple
de
l’Église anglicane dont le Prayer Book a formé la langue des poètes d
1425
l’histoire des lettres anglaises s’avère capital,
de
John Donne à T. S. Eliot, en passant par le Doyen Swift, l’évêque Ber
1426
contre le ritualisme, mais indique une direction
de
recherches peut-être féconde. 10. Une critique théologique de la litt
1427
s peut-être féconde. 10. Une critique théologique
de
la littérature devra mettre en garde son public contre l’illusion cou
1428
chrétiens » ou « religieux » que ceux qui parlent
de
Dieu et traitent de sujets religieux. Ici encore, « ce ne sont pas ce
1429
igieux » que ceux qui parlent de Dieu et traitent
de
sujets religieux. Ici encore, « ce ne sont pas ceux qui disent : Seig
1430
gneur ! Seigneur !… mais ceux qui font la volonté
de
mon Père… » que nous devons prendre au sérieux. Faire la volonté de D
1431
nous devons prendre au sérieux. Faire la volonté
de
Dieu, en écrivant, ce n’est pas simplement parler de Dieu et de sa vo
1432
Dieu, en écrivant, ce n’est pas simplement parler
de
Dieu et de sa volonté, ni même en parler avec cette simplicité trop a
1433
rivant, ce n’est pas simplement parler de Dieu et
de
sa volonté, ni même en parler avec cette simplicité trop aisément att
1434
ntrent un goût immodéré. Je connais un bon nombre
d’
ouvrages religieux dont le style journalistique est incompatible avec
1435
ournalistique est incompatible avec aucune espèce
de
réalité spirituelle. L’auteur ne cesse de mentionner cette réalité, m
1436
espèce de réalité spirituelle. L’auteur ne cesse
de
mentionner cette réalité, mais en fait il échoue à l’exprimer ; il se
1437
à l’exprimer ; il se livre à des efforts visibles
de
propagande en faveur des « valeurs spirituelles », mais par là même,
1438
là même, il trahit peut-être une certaine absence
de
l’Esprit dans la genèse de son œuvre. Il oublie que le style d’un écr
1439
e une certaine absence de l’Esprit dans la genèse
de
son œuvre. Il oublie que le style d’un écrit transmet pour son compte
1440
ns la genèse de son œuvre. Il oublie que le style
d’
un écrit transmet pour son compte et par lui-même un « message » souve
1441
tement dans l’esprit du lecteur. Ce qu’il importe
de
rappeler ici, c’est que toute œuvre littéraire, si profane qu’en soit
1442
le sujet, implique une théologie (fût-ce à l’insu
de
son auteur), et qu’elle l’exprime par les mouvements mêmes du style,
1443
les mouvements mêmes du style, plus fidèlement et
d’
une manière plus contraignante que par son argumentation. Expliciter c
1444
ittérature », Hommage et reconnaissance : recueil
de
travaux publiés à l’occasion du soixantième anniversaire de Karl Bart
1445
publiés à l’occasion du soixantième anniversaire
de
Karl Barth, Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1946, p. 162-167) et en
1446
ru en volume. bb. La dernière phrase est absente
de
l’édition américaine.
1447
8. La mission
de
l’artistebc On m’a demandé, récemment, de parler de la « Mission d
1448
sion de l’artistebc On m’a demandé, récemment,
de
parler de la « Mission de l’Art en tant qu’expression créatrice de l’
1449
artistebc On m’a demandé, récemment, de parler
de
la « Mission de l’Art en tant qu’expression créatrice de l’esprit hum
1450
m’a demandé, récemment, de parler de la « Mission
de
l’Art en tant qu’expression créatrice de l’esprit humain ». Je n’aura
1451
Mission de l’Art en tant qu’expression créatrice
de
l’esprit humain ». Je n’aurais pas répondu, s’il ne s’était agi d’une
1452
n ». Je n’aurais pas répondu, s’il ne s’était agi
d’
une journée d’étude « œcuménique », groupant avec des artistes et écri
1453
is pas répondu, s’il ne s’était agi d’une journée
d’
étude « œcuménique », groupant avec des artistes et écrivains des théo
1454
proposé par des chrétiens précisément, et non par
de
vagues humanistes, méritait une sérieuse mise au point. « Mission de
1455
s, méritait une sérieuse mise au point. « Mission
de
l’Art » pour moi, cela sonne faux. L’art avec une majuscule est une d
1456
cela sonne faux. L’art avec une majuscule est une
de
ces allégories officielles que nous avons héritées du xixe siècle, e
1457
xixe siècle, et du romantisme avec l’admiration
de
Wagner et de Baudelaire, que nos ancêtres condamnaient, et frappaient
1458
, et du romantisme avec l’admiration de Wagner et
de
Baudelaire, que nos ancêtres condamnaient, et frappaient d’amendes… C
1459
ire, que nos ancêtres condamnaient, et frappaient
d’
amendes… Cette allégorie signale l’existence d’une sorte de « religion
1460
nt d’amendes… Cette allégorie signale l’existence
d’
une sorte de « religion de l’Art », née dans les confréries et sectes
1461
… Cette allégorie signale l’existence d’une sorte
de
« religion de l’Art », née dans les confréries et sectes romantiques,
1462
rie signale l’existence d’une sorte de « religion
de
l’Art », née dans les confréries et sectes romantiques, préraphaélite
1463
ques, préraphaélites, symbolistes, et qui a perdu
de
nos jours sa virulence sacrée, mais qui subsiste sous la forme d’un p
1464
virulence sacrée, mais qui subsiste sous la forme
d’
un préjugé très répandu, dans la bourgeoisie, dans le peuple, à Hollyw
1465
dans le peuple, à Hollywood et dans les discours
d’
inauguration. L’Art avec majuscule est quelque chose d’idéal, de disti
1466
uguration. L’Art avec majuscule est quelque chose
d’
idéal, de distingué, qui est vaguement en rapport avec l’Infini, qui n
1467
. L’Art avec majuscule est quelque chose d’idéal,
de
distingué, qui est vaguement en rapport avec l’Infini, qui ne sert à
1468
les femmes plus que les hommes, qui est l’affaire
de
certains spécialistes, qui permet de fuir pendant quelques moments le
1469
st l’affaire de certains spécialistes, qui permet
de
fuir pendant quelques moments les soucis trop réels de la vie quotidi
1470
ir pendant quelques moments les soucis trop réels
de
la vie quotidienne, qui élève l’âme et adoucit les mœurs, — bref, qui
1471
’idée que la plupart de nos contemporains se font
de
la religion chrétienne. Ce n’est pas sérieux si l’on admet avec Talle
1472
c Talleyrand que « tout ce qui est exagéré manque
de
sérieux ». Aucun artiste sérieux ne dit qu’il fait de l’« Art », sino
1473
érieux ». Aucun artiste sérieux ne dit qu’il fait
de
l’« Art », sinon pour se défendre contre le percepteur ou le policier
1474
sultent. Dans l’un et l’autre cas, qu’il s’agisse
d’
une exagération romantique, ou d’un terme générique, il est évident qu
1475
, qu’il s’agisse d’une exagération romantique, ou
d’
un terme générique, il est évident que l’art, avec ou sans majuscule,
1476
l’art, avec ou sans majuscule, ne peut pas avoir
de
mission. Un faux dieu, ou un mot, n’ont pas de mission. Seul un homme
1477
ir de mission. Un faux dieu, ou un mot, n’ont pas
de
mission. Seul un homme peut en recevoir une. Ensuite, j’ai quelque do
1478
maine est, je crois, plutôt récent. Cette manière
de
parler de l’acte humain en le comparant, ou même en l’égalant à l’act
1479
je crois, plutôt récent. Cette manière de parler
de
l’acte humain en le comparant, ou même en l’égalant à l’acte divin, n
1480
l’acte divin, ne relève pas seulement à l’origine
d’
une doctrine synergiste qui demande examen, mais coïncide historiqueme
1481
historiquement avec l’affaiblissement ou la perte
de
la croyance au Dieu créateur dans l’époque moderne. Je ne suis pas sû
1482
ne suis pas sûr du tout que l’homme soit capable
de
créer, au vrai sens de ce terme, c’est-à-dire de produire un changeme
1483
t que l’homme soit capable de créer, au vrai sens
de
ce terme, c’est-à-dire de produire un changement absolu, une nouveaut
1484
de créer, au vrai sens de ce terme, c’est-à-dire
de
produire un changement absolu, une nouveauté absolue dans l’univers.
1485
est en réalité qu’un arrangement un peu différent
d’
éléments connus, selon des lois connues ou connaissables. C’est donc u
1486
nne ne connaît la totalité des choses existantes,
de
leurs structures et de leurs rapports. Bornons-nous donc au terme cla
1487
ité des choses existantes, de leurs structures et
de
leurs rapports. Bornons-nous donc au terme classique de « composition
1488
rs rapports. Bornons-nous donc au terme classique
de
« composition », en parlant des œuvres d’art. Ceci posé — et maintenu
1489
assique de « composition », en parlant des œuvres
d’
art. Ceci posé — et maintenu —, nous chercherons à savoir, aujourd’hui
1490
poèmes. Et surtout d’abord : quelle est la nature
de
leur activité, et quelles sont ses fins. Nature de l’activité artis
1491
leur activité, et quelles sont ses fins. Nature
de
l’activité artistique Toutes sortes de gens font des choses, des o
1492
Nature de l’activité artistique Toutes sortes
de
gens font des choses, des objets, et des instruments : homo faber dés
1493
nstruments : homo faber désigne une grande partie
de
l’humanité : ouvriers, artistes, savants, législateurs et artisans. D
1494
a entre l’homme qui fait un poème, une partition
de
musique, un tableau, une façade, et l’homme qui fait une machine, une
1495
photo. Depuis deux siècles environ, on a coutume
de
répondre à cette question d’une manière simple en apparence. On pense
1496
nviron, on a coutume de répondre à cette question
d’
une manière simple en apparence. On pense que les artistes font des ob
1497
tatistiques, des outils. On ne peut pas se passer
d’
un rasoir, dit l’homme moderne, mais on peut à la rigueur — et même sa
1498
ur — et même sans beaucoup de rigueur — se passer
d’
un tableau, d’une statue. Les produits de l’art sont un luxe, et les a
1499
ans beaucoup de rigueur — se passer d’un tableau,
d’
une statue. Les produits de l’art sont un luxe, et les autres produits
1500
e passer d’un tableau, d’une statue. Les produits
de
l’art sont un luxe, et les autres produits sont des nécessités. Toute
1501
professeurs recourent à certaines interprétations
de
Kant selon lesquelles un objet d’art aurait sa fin en soi, et ne serv
1502
interprétations de Kant selon lesquelles un objet
d’
art aurait sa fin en soi, et ne servirait donc à rien qu’à être contem
1503
à rien qu’à être contemplé — traduisons : honoré
d’
un coup d’œil en passant à la salle à manger. Ces critères d’utilité,
1504
’œil en passant à la salle à manger. Ces critères
d’
utilité, de nécessité, d’une part, ou de gratuité, d’inutilité, d’autr
1505
sant à la salle à manger. Ces critères d’utilité,
de
nécessité, d’une part, ou de gratuité, d’inutilité, d’autre part, son
1506
critères d’utilité, de nécessité, d’une part, ou
de
gratuité, d’inutilité, d’autre part, sont inconsistants, et absolumen
1507
tilité, de nécessité, d’une part, ou de gratuité,
d’
inutilité, d’autre part, sont inconsistants, et absolument superficiel
1508
iciels. Ils ne nous apprennent rien sur la nature
de
l’œuvre d’art. Mais ils nous apprennent quelque chose sur la nature e
1509
ne nous apprennent rien sur la nature de l’œuvre
d’
art. Mais ils nous apprennent quelque chose sur la nature et l’attitud
1510
rennent quelque chose sur la nature et l’attitude
de
la société qui les admet : à savoir que cette société a perdu le sens
1511
steront, pour lesquelles une pierre ou un morceau
de
bois, sculpté ou peint d’une certaine manière, sont infiniment plus «
1512
ne pierre ou un morceau de bois, sculpté ou peint
d’
une certaine manière, sont infiniment plus « utiles » que pour nous un
1513
u sérieux par les peuples qui croient que le sens
de
la vie, la crainte de la mort, l’angoisse devant le pouvoir sacré, so
1514
les qui croient que le sens de la vie, la crainte
de
la mort, l’angoisse devant le pouvoir sacré, sont des choses sérieuse
1515
sidérons comme sérieux, donc utile, ce qui permet
d’
aller plus vite, par exemple, peu importe pour quel motif et vers quel
1516
théorie, nous tenons l’œuvre d’art pour dépourvue
d’
utilité directe, ce fait prouve simplement que l’art ne répond pas au
1517
que l’art ne répond pas au désir le plus puissant
de
l’homme moderne ; que ce dernier pourrait donc s’en passer, qu’il n’e
1518
roit devoir le respecter qu’en vertu d’une espèce
de
préjugé. D’où l’on pourrait déduire, soit dit en passant, la vanité t
1519
le respecter qu’en vertu d’une espèce de préjugé.
D’
où l’on pourrait déduire, soit dit en passant, la vanité totale des te
1520
s actuelles pour vulgariser l’art, pour lui faire
de
la publicité. C’est le besoin de l’art qu’il faudrait réveiller. Et p
1521
, pour lui faire de la publicité. C’est le besoin
de
l’art qu’il faudrait réveiller. Et pour cela, il faudrait endormir le
1522
nt. Donc modifier toute l’attitude, l’orientation
de
l’homme moderne… (avant de se mettre à distribuer des reproductions d
1523
avant de se mettre à distribuer des reproductions
de
Van Gogh). Si donc j’écarte le critère d’utilité ou de manque d’utili
1524
uctions de Van Gogh). Si donc j’écarte le critère
d’
utilité ou de manque d’utilité, comme étant trop relatif, mobile, et s
1525
n Gogh). Si donc j’écarte le critère d’utilité ou
de
manque d’utilité, comme étant trop relatif, mobile, et sujet à change
1526
i donc j’écarte le critère d’utilité ou de manque
d’
utilité, comme étant trop relatif, mobile, et sujet à changer de signe
1527
me étant trop relatif, mobile, et sujet à changer
de
signe selon l’état religieux d’une société, je me retrouve devant la
1528
t sujet à changer de signe selon l’état religieux
d’
une société, je me retrouve devant la question initiale : en quoi l’ac
1529
tistique se distingue-t-elle des autres activités
de
l’homme ? J’avancerai la réponse que voici : à la différence de tout
1530
’avancerai la réponse que voici : à la différence
de
tout autre produit de l’action humaine, l’œuvre d’art est un objet do
1531
que voici : à la différence de tout autre produit
de
l’action humaine, l’œuvre d’art est un objet dont la raison d’être né
1532
umaine, l’œuvre d’art est un objet dont la raison
d’
être nécessaire et suffisante, est de signifier. Qu’elle consiste en u
1533
nt la raison d’être nécessaire et suffisante, est
de
signifier. Qu’elle consiste en une structure de sons, de formes, ou d
1534
t de signifier. Qu’elle consiste en une structure
de
sons, de formes, ou d’idées, l’œuvre a pour fonction spécifique de ca
1535
ifier. Qu’elle consiste en une structure de sons,
de
formes, ou d’idées, l’œuvre a pour fonction spécifique de capter l’at
1536
consiste en une structure de sons, de formes, ou
d’
idées, l’œuvre a pour fonction spécifique de capter l’attention, d’aim
1537
s, ou d’idées, l’œuvre a pour fonction spécifique
de
capter l’attention, d’aimanter la sensibilité, de fasciner la méditat
1538
a pour fonction spécifique de capter l’attention,
d’
aimanter la sensibilité, de fasciner la méditation, de la prendre au p
1539
de capter l’attention, d’aimanter la sensibilité,
de
fasciner la méditation, de la prendre au piège, — et en même temps d’
1540
manter la sensibilité, de fasciner la méditation,
de
la prendre au piège, — et en même temps d’orienter l’être vers quelqu
1541
ation, de la prendre au piège, — et en même temps
d’
orienter l’être vers quelque chose qui transcende les sons et les form
1542
il est vrai qu’une équation est un objet qui n’a
d’
autre fonction que de signifier. Cependant sa structure reste entièrem
1543
quation est un objet qui n’a d’autre fonction que
de
signifier. Cependant sa structure reste entièrement analysable, réduc
1544
comme le prouve le signe égal — sans destruction
de
signification ; ce qui n’est pas le cas de l’œuvre d’art. Mais si, ch
1545
uction de signification ; ce qui n’est pas le cas
de
l’œuvre d’art. Mais si, cherchant quelle est la nature de l’œuvre d’a
1546
ignification ; ce qui n’est pas le cas de l’œuvre
d’
art. Mais si, cherchant quelle est la nature de l’œuvre d’art, je la d
1547
re d’art. Mais si, cherchant quelle est la nature
de
l’œuvre d’art, je la définis comme un piège à méditation, on voit que
1548
n piège à méditation, on voit que la connaissance
de
cette nature est liée à celle de son but : un piège est fait pour pre
1549
la connaissance de cette nature est liée à celle
de
son but : un piège est fait pour prendre quelque chose. Dans l’œuvre
1550
but, essence et fin, sont inséparables. Il s’agit
d’
une seule et même fonction, qui est de signifier quelque chose par des
1551
. Il s’agit d’une seule et même fonction, qui est
de
signifier quelque chose par des moyens sensibles. But de l’activit
1552
er quelque chose par des moyens sensibles. But
de
l’activité artistique Vous allez penser que je fais bon marché de
1553
tique Vous allez penser que je fais bon marché
de
la beauté dans tout ceci, et que mes définitions vont à l’encontre de
1554
l’encontre des conceptions classiques autant que
de
nos idées courantes et banales. Celles-ci veulent, en effet, que le b
1555
banales. Celles-ci veulent, en effet, que le but
de
l’art soit la beauté, et que la fonction propre à l’artiste soit « de
1556
uté, et que la fonction propre à l’artiste soit «
de
créer de la beauté », comme on dit. J’avouerai que je n’en suis pas s
1557
ue la fonction propre à l’artiste soit « de créer
de
la beauté », comme on dit. J’avouerai que je n’en suis pas sûr. Et je
1558
e vous proposerai, sur ce point, trois remarques,
d’
importance très inégale d’ailleurs. La première est une simple constat
1559
ailleurs. La première est une simple constatation
de
fait, que je verse au débat sans juger. Les principaux artistes de no
1560
erse au débat sans juger. Les principaux artistes
de
notre époque, que ce soit Picasso ou Braque, Joyce ou Kafka, Stravins
1561
chent pas à faire beau et refuseraient sans doute
de
dire que la beauté est le but de leurs ouvrages. Que ce soit beau ou
1562
aient sans doute de dire que la beauté est le but
de
leurs ouvrages. Que ce soit beau ou laid, charmant ou atroce pour les
1563
sens et l’esprit, peu leur importe : leur but est
d’
exprimer, de décrire des réalités, à tout prix, et même au prix de la
1564
prit, peu leur importe : leur but est d’exprimer,
de
décrire des réalités, à tout prix, et même au prix de la laideur, si
1565
faire beau, ou flatteur. Ma seconde remarque est
de
nature beaucoup plus grave. Il me semble que la beauté n’est pas une
1566
notion ni un terne biblique. La Bible nous parle
de
vérité, de justice, de liberté, et d’amour, mais peu ou point de beau
1567
un terne biblique. La Bible nous parle de vérité,
de
justice, de liberté, et d’amour, mais peu ou point de beauté. Elle ne
1568
lique. La Bible nous parle de vérité, de justice,
de
liberté, et d’amour, mais peu ou point de beauté. Elle ne nous dit pa
1569
nous parle de vérité, de justice, de liberté, et
d’
amour, mais peu ou point de beauté. Elle ne nous dit pas que Dieu est
1570
ustice, de liberté, et d’amour, mais peu ou point
de
beauté. Elle ne nous dit pas que Dieu est beauté, nais que Dieu est a
1571
belles harmonies, mais passe par la porte étroite
de
la mort. Faut-il penser, comme on l’a écrit, qu’il s’agit là dans la
1572
omme on l’a écrit, qu’il s’agit là dans la Bible,
d’
une « lacune terrible » ? Lacune que l’idéal grec serait venu combler,
1573
— quitte à s’en distinguer de nouveau à l’époque
de
la Renaissance ? Ou faut-il au contraire se demander si notre notion
1574
faut-il au contraire se demander si notre notion
de
la beauté n’est pas sujette à de sérieuses révisions ? Enfin, ma troi
1575
si notre notion de la beauté n’est pas sujette à
de
sérieuses révisions ? Enfin, ma troisième remarque, tout à fait indép
1576
indépendante des deux premières, prendra la forme
d’
un aveu. Je me sens incapable de faire usage du concept de beauté en s
1577
prendra la forme d’un aveu. Je me sens incapable
de
faire usage du concept de beauté en soi. Évidemment, il m’arrive auss
1578
u. Je me sens incapable de faire usage du concept
de
beauté en soi. Évidemment, il m’arrive aussi souvent qu’à n’importe q
1579
ent, il m’arrive aussi souvent qu’à n’importe qui
de
m’écrier : comme c’est beau ! devant toutes sortes de choses, des plu
1580
’écrier : comme c’est beau ! devant toutes sortes
de
choses, des plus variées, telles qu’un paysage ou un bâtiment, un êtr
1581
ntiment… Mais cette énumération, par ce qu’elle a
d’
hétéroclite, montre que la beauté n’est pas un caractère spécifique de
1582
e que la beauté n’est pas un caractère spécifique
de
l’œuvre d’art. N’importe quoi peut être décrit comme beau. C’est une
1583
auté n’est pas un caractère spécifique de l’œuvre
d’
art. N’importe quoi peut être décrit comme beau. C’est une qualificati
1584
je m’écrie qu’une œuvre est belle, il est facile
de
voir que cette « beauté » que je lui attribue se résout à l’analyse,
1585
ustes ! comme on se sent plus libre, ou plus fort
d’
avoir vu cela ! comme c’est passionnant ! ou d’un intérêt inépuisable
1586
rt d’avoir vu cela ! comme c’est passionnant ! ou
d’
un intérêt inépuisable ! ou simplement : comme j’aime ! Car on appelle
1587
rté, ou l’amour. Faire l’économie du concept grec
de
beauté, ce n’est donc pas renier l’art. Constater que la Bible ne par
1588
nier l’art. Constater que la Bible ne parle guère
de
beauté, ce n’est pas dire un seul instant que la Bible exclut l’art ;
1589
soi et d’abord, ne signifie nullement qu’ils sont
de
mauvais artistes, bien au contraire, tout cela revient à dire que l’a
1590
à dire que l’art est autre chose qu’une recherche
de
la beauté, et que celui qui fait une œuvre d’art s’assigne un but bie
1591
différent. Je crois que le but (conscient ou non)
de
tout artiste véritable, c’est de composer des objets significatifs ;
1592
onscient ou non) de tout artiste véritable, c’est
de
composer des objets significatifs ; c’est donc de signifier ; c’est d
1593
de composer des objets significatifs ; c’est donc
de
signifier ; c’est de rendre attentif au sens du monde et de la vie. B
1594
s significatifs ; c’est donc de signifier ; c’est
de
rendre attentif au sens du monde et de la vie. Bien entendu, ce que l
1595
er ; c’est de rendre attentif au sens du monde et
de
la vie. Bien entendu, ce que l’artiste arrive à signifier n’a nul bes
1596
e que l’artiste arrive à signifier n’a nul besoin
d’
être connu par lui préalablement à l’œuvre. Il n’y a pas d’abord un ce
1597
s d’abord un certain sens, et ensuite une volonté
de
l’illustrer par une œuvre. Mais c’est par l’œuvre, et en elle seule,
1598
ou parfois l’artiste lui-même essaieront ensuite
de
« dégager » ce sens, de l’isoler de l’œuvre par un effort de traducti
1599
i-même essaieront ensuite de « dégager » ce sens,
de
l’isoler de l’œuvre par un effort de traduction ou d’abstraction. Mai
1600
eront ensuite de « dégager » ce sens, de l’isoler
de
l’œuvre par un effort de traduction ou d’abstraction. Mais en réalité
1601
r » ce sens, de l’isoler de l’œuvre par un effort
de
traduction ou d’abstraction. Mais en réalité le sens est lié à chaque
1602
’isoler de l’œuvre par un effort de traduction ou
d’
abstraction. Mais en réalité le sens est lié à chaque détail comme au
1603
ité le sens est lié à chaque détail comme au tout
de
l’œuvre — si elle est bonne — et il n’existe vraiment qu’en elle. S’i
1604
é par d’autres moyens, l’œuvre perdrait sa raison
d’
être. On qualifiera donc de grande œuvre celle qui commande le plus im
1605
vre perdrait sa raison d’être. On qualifiera donc
de
grande œuvre celle qui commande le plus impérieusement et le plus lon
1606
ntion, celle qui porte la plus loin la méditation
de
l’homme sur son destin et sur l’ordre des choses. Et l’on dira durabl
1607
Et l’on dira durable l’œuvre qui jouera son rôle
de
piège efficace pour un grand nombre de générations et de peuples. L’e
1608
a son rôle de piège efficace pour un grand nombre
de
générations et de peuples. L’expression courante : « j’ai été pris pa
1609
e efficace pour un grand nombre de générations et
de
peuples. L’expression courante : « j’ai été pris par cette œuvre » es
1610
it exacte et révélatrice, à cet égard. Mission
de
l’artiste Si tels sont bien la nature et le but de l’œuvre d’art,
1611
’artiste Si tels sont bien la nature et le but
de
l’œuvre d’art, nous pouvons nous demander maintenant à quelles condit
1612
ère. J’en vois deux que j’indiquerai tout d’abord
d’
une manière presque simpliste : l’artiste remplit bien sa mission 1. d
1613
, et 2. dans la mesure où ses ouvrages signifient
d’
une manière efficace. Ceci appelle, naturellement, quelques commentair
1614
es. Le bon artisan, c’est celui qui a la maîtrise
de
ses moyens, qui joue bien les règles de son jeu particulier, bref, qu
1615
maîtrise de ses moyens, qui joue bien les règles
de
son jeu particulier, bref, qui construit exactement et avec astuce se
1616
s tout cela, c’est-à-dire l’ensemble des procédés
de
métier et des règles de composition, la rhétorique. C’est si l’on veu
1617
e l’ensemble des procédés de métier et des règles
de
composition, la rhétorique. C’est si l’on veut la part des artifices.
1618
est précisément le respect des artifices, l’amour
de
leur usage et de leurs lois, qui distingue tout d’abord l’artiste vra
1619
e respect des artifices, l’amour de leur usage et
de
leurs lois, qui distingue tout d’abord l’artiste vrai de l’amateur, j
1620
s lois, qui distingue tout d’abord l’artiste vrai
de
l’amateur, j’entends du premier venu qui se sent inspiré ou ému, et c
1621
ies inventées arbitrairement, mais une collection
de
règles réclamées par l’organisation même de l’être spirituel et jamai
1622
ction de règles réclamées par l’organisation même
de
l’être spirituel et jamais les prosodies et les rhétoriques n’ont emp
1623
es et les rhétoriques n’ont empêché l’originalité
de
se produire distinctement. Le contraire, à savoir qu’elles ont aidé l
1624
contraire, à savoir qu’elles ont aidé l’éclosion
de
l’originalité, serait infiniment plus vrai. La sincérité n’a guère d
1625
ait infiniment plus vrai. La sincérité n’a guère
de
sens en art. Elle n’en a certainement aucune quand il s’agit du métie
1626
n a certainement aucune quand il s’agit du métier
de
l’artiste, puisque ce métier est, par définition, artifices. Les mode
1627
trange erreur, lorsqu’à la suite du romantisme et
de
ses sous-produits, ils ont cru devoir se mettre, comme ils disent, «
1628
u devoir se mettre, comme ils disent, « à l’école
de
la Nature », et ne plus accepter d’autre guide que la sincérité voire
1629
, « à l’école de la Nature », et ne plus accepter
d’
autre guide que la sincérité voire la naïveté. Je mets en fait qu’un h
1630
. Je mets en fait qu’un homme saisi par le besoin
de
s’exprimer, ou d’exprimer quelque chose au moyen d’une œuvre d’art, e
1631
qu’un homme saisi par le besoin de s’exprimer, ou
d’
exprimer quelque chose au moyen d’une œuvre d’art, est absolument inca
1632
s’exprimer, ou d’exprimer quelque chose au moyen
d’
une œuvre d’art, est absolument incapable d’exprimer ce qu’il veut s’i
1633
moyen d’une œuvre d’art, est absolument incapable
d’
exprimer ce qu’il veut s’il n’a pas maîtrisé d’abord sa rhétorique. Lo
1634
ean-Paul Sartre donne à ses disciples le précepte
de
ne pas « écrire », c’est-à-dire de s’expliquer n’importe comment, san
1635
es le précepte de ne pas « écrire », c’est-à-dire
de
s’expliquer n’importe comment, sans chercher à « bien écrire », il do
1636
rne, et de plus il prive ses disciples des moyens
d’
exprimer réellement leur message. Remarquons aussi, à propos de ce ter
1637
ans les milieux chrétiens —, qu’il est impossible
de
« délivrer un message » (comme on le dit encore) tant qu’on ne s’est
1638
dit encore) tant qu’on ne s’est pas rendu maître
de
ses moyens d’expression au point de pouvoir les adapter, les faire se
1639
ant qu’on ne s’est pas rendu maître de ses moyens
d’
expression au point de pouvoir les adapter, les faire servir, les orie
1640
rendu maître de ses moyens d’expression au point
de
pouvoir les adapter, les faire servir, les orienter — et cela jusqu’a
1641
indre détail — dans la direction et selon le sens
de
ce que l’on désire communiquer. Exprimer un message de vérité, mais «
1642
que l’on désire communiquer. Exprimer un message
de
vérité, mais « n’importe comment », c’est presque à coup sûr exprimer
1643
tion — à savoir le désordre du langage, l’absence
de
tenue intérieure, et finalement, de la non-vérité. C’est oublier que
1644
ge, l’absence de tenue intérieure, et finalement,
de
la non-vérité. C’est oublier que ce qu’on perçoit, dans l’œuvre d’art
1645
on les applique avec soin, l’on n’est jamais sûr
de
gagner, — en d’autres termes : l’artiste n’est jamais sûr que le publ
1646
lu dire — mais du moins faut-il mettre le maximum
de
chances de son côté. On pourrait m’objecter que le public perçoit en
1647
ais du moins faut-il mettre le maximum de chances
de
son côté. On pourrait m’objecter que le public perçoit en premier lie
1648
s les moyens techniques en eux-mêmes, mais plutôt
de
style de l’auteur. Si je n’ai pas mentionné le style comme troisième
1649
ens techniques en eux-mêmes, mais plutôt de style
de
l’auteur. Si je n’ai pas mentionné le style comme troisième condition
1650
pas mentionné le style comme troisième condition
d’
une mission d’artiste bien remplie, c’est qu’à mon sens le style naît
1651
le style comme troisième condition d’une mission
d’
artiste bien remplie, c’est qu’à mon sens le style naît du conflit ent
1652
qu’on veut signifier, le message. S’il n’y a pas
de
style, dans un ouvrage, c’est qu’il n’y a pas de drame entre les moye
1653
de style, dans un ouvrage, c’est qu’il n’y a pas
de
drame entre les moyens d’expression et ce que l’on veut exprimer, ent
1654
, c’est qu’il n’y a pas de drame entre les moyens
d’
expression et ce que l’on veut exprimer, entre la technique et la sign
1655
re la rhétorique et le message. Et s’il n’y a pas
de
drame, c’est que l’un des deux termes est fortement déficient, ou mêm
1656
t, ou même absent. Dans ce cas, il n’y a donc pas
d’
art proprement dit. Il n’y a qu’une forme à peu près vide — et c’est l
1657
rès exigeante, on tombera dans ce qu’on appelle «
de
la pure rhétorique » dans l’éloquence et le formalisme. Si d’autre pa
1658
spectateurs, lecteurs ou auditeurs une impression
de
libération, rendent une vérité sensible, manifestent le vrai, évoquen
1659
, évoquent l’ordre du monde ou les lois du destin
de
l’homme ; édifient ou révèlent des structures dans les sensations, l’
1660
t évident qu’une œuvre d’art classique, une œuvre
de
Bach, par exemple, crée de l’ordre dans l’homme, évoque l’ordre du mo
1661
t classique, une œuvre de Bach, par exemple, crée
de
l’ordre dans l’homme, évoque l’ordre du monde, rend ses lois sensible
1662
s œuvres toutes différentes, qui semblent n’avoir
d’
autre objet que d’évoquer le désordre présent, le chaos et l’absurdité
1663
fférentes, qui semblent n’avoir d’autre objet que
d’
évoquer le désordre présent, le chaos et l’absurdité, le bruit et la f
1664
surdité, le bruit et la fureur des choses privées
de
sens et contées par un homme ivre — je pense à certaines parties de l
1665
par un homme ivre — je pense à certaines parties
de
l’œuvre d’un Joyce, au Waste Land de T. S. Eliot, aux romans de Faulk
1666
me ivre — je pense à certaines parties de l’œuvre
d’
un Joyce, au Waste Land de T. S. Eliot, aux romans de Faulkner, à la p
1667
n Joyce, au Waste Land de T. S. Eliot, aux romans
de
Faulkner, à la peinture de Picasso — ces œuvres-là, dialectiquement,
1668
. S. Eliot, aux romans de Faulkner, à la peinture
de
Picasso — ces œuvres-là, dialectiquement, nostalgiquement, dans la ré
1669
éfi, portent encore un témoignage à l’ordre perdu
de
ce monde ; — car l’art, tout art digne de ce nom, n’a jamais eu et ne
1670
e perdu de ce monde ; — car l’art, tout art digne
de
ce nom, n’a jamais eu et ne peut pas avoir un autre objet. Telles éta
1671
’est-à-dire en fin de compte théologique. Plan
d’
une méditation chrétienne sur l’activité de l’artiste Je sens bien
1672
Plan d’une méditation chrétienne sur l’activité
de
l’artiste Je sens bien qu’en parlant d’une critique théologique de
1673
tivité de l’artiste Je sens bien qu’en parlant
d’
une critique théologique des œuvres d’art, je choquerai non seulement
1674
rt, je choquerai non seulement l’immense majorité
de
mes contemporains, côté public, et pas mal d’artistes, mais aussi les
1675
ité de mes contemporains, côté public, et pas mal
d’
artistes, mais aussi les théologiens. Ils diront que ce n’est pas leur
1676
s leur affaire, qu’ils ont à s’occuper des dogmes
de
l’Église. J’en tombe d’accord. Notez que je ne dis pas que cette crit
1677
Ils y sont souvent mal préparés par une tournure
d’
esprit forcément didactique — la plupart sont chargés de quelque ensei
1678
it forcément didactique — la plupart sont chargés
de
quelque enseignement — et dans le cas particulier, il s’agitait de dé
1679
nement — et dans le cas particulier, il s’agitait
de
développer d’abord un pouvoir de compréhension et de le nourrir d’une
1680
er, il s’agitait de développer d’abord un pouvoir
de
compréhension et de le nourrir d’une expérience vécue de l’art. Mais
1681
développer d’abord un pouvoir de compréhension et
de
le nourrir d’une expérience vécue de l’art. Mais peut-être pourrait-o
1682
bord un pouvoir de compréhension et de le nourrir
d’
une expérience vécue de l’art. Mais peut-être pourrait-on proposer que
1683
réhension et de le nourrir d’une expérience vécue
de
l’art. Mais peut-être pourrait-on proposer que ceux qui se livrent à
1684
critique d’art — et tout artiste peu ou prou, est
de
ce nombre — fassent un effort pour dépasser le stade de totale incult
1685
nombre — fassent un effort pour dépasser le stade
de
totale inculture théologique où nous les voyons aujourd’hui. C’est da
1686
je vais me risquer à suggérer non pas une échelle
de
jugements ni une doctrine, ni un canon des arts, mais un thème de méd
1687
une doctrine, ni un canon des arts, mais un thème
de
méditation, qui serait peut-être de nature à soutenir, et à mieux mot
1688
mais un thème de méditation, qui serait peut-être
de
nature à soutenir, et à mieux motiver les jugements qu’on porte sur l
1689
rendant plus attentifs à la situation spirituelle
de
l’artiste. Que fait l’artiste, en vérité ? Dans le langage exagéré qu
1690
léchir du tout à la portée des mots, on a coutume
de
dire au xxe siècle : 1. que l’artiste crée 2. qu’il incarne dans se
1691
is l’abus même exorbitant suggère une possibilité
d’
usage fidèle et sobre. Les trois verbes courants que je viens de citer
1692
inspirer, évoquent irrésistiblement les attributs
de
la Sainte Trinité. Si l’on a pu dire de l’artiste qu’il crée, ce n’es
1693
attributs de la Sainte Trinité. Si l’on a pu dire
de
l’artiste qu’il crée, ce n’est pas seulement par l’effet d’une surest
1694
te qu’il crée, ce n’est pas seulement par l’effet
d’
une surestimation prométhéenne ou luciférienne des pouvoirs humains. E
1695
r ce que Dieu a créé ex nihilo. Mais dans l’amour
de
l’artiste pour l’œuvre qu’il détache de lui — non dans cette œuvre en
1696
s l’amour de l’artiste pour l’œuvre qu’il détache
de
lui — non dans cette œuvre en soi — il y a une parabole du geste pate
1697
me le Père l’a aimée. Pourquoi Dieu a-t-il séparé
de
lui-même le monde ? Pourquoi et comment l’aime-t-il ? En quoi cet obj
1698
urquoi et comment l’aime-t-il ? En quoi cet objet
de
Son amour est-il distinct de Lui, et de quelle autonomie jouit-il ? C
1699
? En quoi cet objet de Son amour est-il distinct
de
Lui, et de quelle autonomie jouit-il ? Ces questions et bien d’autres
1700
cet objet de Son amour est-il distinct de Lui, et
de
quelle autonomie jouit-il ? Ces questions et bien d’autres analogues
1701
écisent à l’esprit qui s’arrête devant le mystère
de
la Première Personne. Ainsi méditer sur le mystère du Père pourrait c
1702
rait conduire à mieux comprendre à la fois l’acte
de
l’artiste, et ses limites ou sa relativité. En second lieu, nous avon
1703
u’il incarne une réalité, puisqu’il ne s’agit pas
de
chair. Mais il rend cette réalité sensible, lisible, audible, par des
1704
se-t-il alors, du côté du spectateur, du lecteur,
de
l’auditeur ? Il se passe que l’expression peut voiler ce qui est expr
1705
ce qui est exprimé n’est pas séparable des moyens
de
l’expression, ou ne l’est que par abus. Ce qui montre est, en même te
1706
montre est, en même temps, ce qui cache. Le sens
d’
un tableau, par exemple, n’est pas distinct des couleurs, des formes,
1707
as d’autres ? — et pourtant nous ne saurions rien
d’
elle sans eux… Je n’insiste pas, je dois me borner ici à indiquer le p
1708
te pas, je dois me borner ici à indiquer le point
de
départ possible d’une dialectique, qui trouverait son modèle et peut-
1709
borner ici à indiquer le point de départ possible
d’
une dialectique, qui trouverait son modèle et peut-être ses normes dan
1710
n modèle et peut-être ses normes dans la doctrine
de
la deuxième Personne de la Trinité, et dans une méditation de son mys
1711
s normes dans la doctrine de la deuxième Personne
de
la Trinité, et dans une méditation de son mystère. En troisième lieu,
1712
me Personne de la Trinité, et dans une méditation
de
son mystère. En troisième lieu, l’artiste est qualifié couramment d’i
1713
troisième lieu, l’artiste est qualifié couramment
d’
inspiré. Les adversaires les plus déterminés du romantisme, comme Valé
1714
aléry, n’ont jamais nié que l’impulsion primitive
d’
un ouvrage d’art ne soit un « don des dieux » — un seul vers, par exem
1715
jamais nié que l’impulsion primitive d’un ouvrage
d’
art ne soit un « don des dieux » — un seul vers, par exemple, ou la vi
1716
dieux » — un seul vers, par exemple, ou la vision
d’
une forme, sur lesquels ensuite se développent les opérations de la te
1717
ur lesquels ensuite se développent les opérations
de
la technique. L’inspiration, soit qu’elle agisse à chaque instant, so
1718
u’au départ, et dans un seul instant, est un fait
d’
expérience indéniable. Mais d’où vient-elle ? Ce que Paul Valéry appel
1719
nstant, est un fait d’expérience indéniable. Mais
d’
où vient-elle ? Ce que Paul Valéry appelle « les dieux », sans se comp
1720
ains le Saint-Esprit, et pour d’autres un message
de
l’inconscient. Parfois, l’on s’imagine que cette vision instantanée a
1721
n instantanée a révélé dans un éclair l’existence
d’
un chemin secret, qu’il ne restera plus qu’à suivre et parfois l’on a
1722
ais aussi, et plus consciemment encore, le savant
d’
aujourd’hui. Est-ce que j’invente, se dit-il, ou bien est-ce que je dé
1723
-ce que je projette dans le cosmos les structures
de
mon esprit, ou bien est-ce que j’épouse par l’esprit des structures o
1724
st-ce que je cède à quelque obscure détermination
de
mon désir, ou bien est-ce que je réponds vraiment à un appel venu d’a
1725
je réponds vraiment à un appel venu d’ailleurs ?
D’
où vient la voix ? Qui parle ? Moi, ou l’Autre ? Telle est la situatio
1726
entends ici que suggérer des directions possibles
de
pensée. Je me borne à soumettre cette idée : que la méditation chréti
1727
ue la méditation chrétienne sur l’acte et l’œuvre
de
l’artiste semble pouvoir s’approfondir, s’informer et s’instruire dan
1728
rofondir, s’informer et s’instruire dans le cadre
d’
une méditation sur la doctrine et le mystère de la Trinité ; et que la
1729
re d’une méditation sur la doctrine et le mystère
de
la Trinité ; et que la méditation chrétienne trouvera dans le vocabul
1730
depuis près de vingt siècles par les théologiens
de
la Trinité, toute une problématique dont je reste frappé qu’elle intr
1731
oduise mieux qu’aucune autre aux mystères humains
de
l’acte d’art. J’ajouterai une dernière suggestion. On sait que la plu
1732
ux qu’aucune autre aux mystères humains de l’acte
d’
art. J’ajouterai une dernière suggestion. On sait que la plupart des h
1733
. On sait que la plupart des hérésies ont résulté
d’
interprétations tantôt abusives et tantôt déficientes d’un point de la
1734
rprétations tantôt abusives et tantôt déficientes
d’
un point de la doctrine trinitaire. Est-il permis d’imaginer que les d
1735
tantôt abusives et tantôt déficientes d’un point
de
la doctrine trinitaire. Est-il permis d’imaginer que les déviations o
1736
un point de la doctrine trinitaire. Est-il permis
d’
imaginer que les déviations ou les excès représentés par telle ou tell
1737
ies, ou peut-être en procèdent, — fût-ce à l’insu
de
ceux qui les représentent ? Et n’aurait-on pas là le principe d’une c
1738
représentent ? Et n’aurait-on pas là le principe
d’
une critique théologique du développement des arts ? Il est certain qu
1739
ou non des œuvres d’art, jugements qui se fondent
d’
ordinaire sur la mode d’avant-hier, sur la prudence bourgeoise, ou sur
1740
jugements qui se fondent d’ordinaire sur la mode
d’
avant-hier, sur la prudence bourgeoise, ou sur l’envie de les contredi
1741
-hier, sur la prudence bourgeoise, ou sur l’envie
de
les contredire. Il me semble que des tentatives dans ce sens vaudraie
1742
e des tentatives dans ce sens vaudraient la peine
d’
être risquées — par des laïques en premier lieu. Fonction de l’art
1743
es — par des laïques en premier lieu. Fonction
de
l’art Pour terminer, j’essaierai de résumer en deux phrases la con
1744
Fonction de l’art Pour terminer, j’essaierai
de
résumer en deux phrases la conception que je me fais de l’art, et sur
1745
umer en deux phrases la conception que je me fais
de
l’art, et sur laquelle se fondent les pages qui précèdent. L’art est
1746
nt les pages qui précèdent. L’art est un exercice
de
tout l’être humain non point pour rivaliser avec Dieu, mais pour mieu
1747
avec Dieu, mais pour mieux coïncider avec l’ordre
de
la Création, pour mieux l’aimer, et pour nous restaurer nous-mêmes en
1748
ent confuse), correspondant à la deuxième demande
de
l’oraison dominicale : « Que Ton règne vienne. » bc. Ce texte paru
1749
e Hopper). Notre édition est réalisée sur la base
de
deux tapuscrits et d’un manuscrit français conservés à la Bibliothèqu
1750
on est réalisée sur la base de deux tapuscrits et
d’
un manuscrit français conservés à la Bibliothèque publique et universi
1751
ervés à la Bibliothèque publique et universitaire
de
Neuchâtel sous l’identifiant 469. Il s’agit du texte d’une conférence
1752
châtel sous l’identifiant 469. Il s’agit du texte
d’
une conférence donnée à l’Institut œcuménique de Bossey (Céligny, Suis
1753
e d’une conférence donnée à l’Institut œcuménique
de
Bossey (Céligny, Suisse) en mai 1950.
1754
crise moderne du mariagebd Puisqu’il n’y a pas
de
famille au sens occidental du terme, sans un mariage à l’origine, il
1755
à l’origine, il est clair que tous les problèmes
de
la famille sont pratiquement subordonnés à ceux du couple. Tout ce qu
1756
les problèmes familiaux changeraient radicalement
d’
aspect dans une société qui mettrait systématiquement en question les
1757
stion les causes, les modes, les buts et la durée
de
l’union d’un homme et d’une femme en un couple fondant une famille. C
1758
auses, les modes, les buts et la durée de l’union
d’
un homme et d’une femme en un couple fondant une famille. Cette éventu
1759
es, les buts et la durée de l’union d’un homme et
d’
une femme en un couple fondant une famille. Cette éventualité n’est pa
1760
s le monde occidental depuis des siècles, atteint
de
nos jours une phase aiguë qu’un seul chiffre suffit à caractériser :
1761
s après les autres en divers pays, sans entraîner
de
modifications notables de statut familial. Mais de nos jours, une rév
1762
rs pays, sans entraîner de modifications notables
de
statut familial. Mais de nos jours, une révolution beaucoup plus prof
1763
e modifications notables de statut familial. Mais
de
nos jours, une révolution beaucoup plus profonde s’opère sans bruit.
1764
bornerai dans cette étude à décrire quelques-uns
de
ses symptômes, et à marquer l’une de ses causes, la plus généralement
1765
quelques-uns de ses symptômes, et à marquer l’une
de
ses causes, la plus généralement inaperçue. Le mariage moderne, fon
1766
it que le mariage occidental moderne se distingue
de
tous les autres par un premier caractère bien précis : il tend de plu
1767
à reposer sur un choix libre, purement individuel
de
ses motivations. Dans toutes les autres civilisations, et la nôtre ju
1768
ne, le choix mutuel des époux dépendait largement
de
facteurs collectifs : règles sacrées de l’exogamie ou de l’endogamie,
1769
largement de facteurs collectifs : règles sacrées
de
l’exogamie ou de l’endogamie, du lévirat ou du sororat pour ne mentio
1770
eurs collectifs : règles sacrées de l’exogamie ou
de
l’endogamie, du lévirat ou du sororat pour ne mentionner que les plus
1771
rang social, race, religion, et plus tard, niveau
d’
éducation et de fortune. La marge de choix purement individuel que mén
1772
ce, religion, et plus tard, niveau d’éducation et
de
fortune. La marge de choix purement individuel que ménagèrent ces ens
1773
tard, niveau d’éducation et de fortune. La marge
de
choix purement individuel que ménagèrent ces ensembles de règles, de
1774
purement individuel que ménagèrent ces ensembles
de
règles, de tabous et de conventions, restait dans bien des cas pratiq
1775
ndividuel que ménagèrent ces ensembles de règles,
de
tabous et de conventions, restait dans bien des cas pratiquement négl
1776
ménagèrent ces ensembles de règles, de tabous et
de
conventions, restait dans bien des cas pratiquement négligeable. Aujo
1777
é des cas, les facteurs collectifs que l’on vient
d’
indiquer non seulement ne jouent plus le rôle décisif, mais encore ne
1778
ais encore ne suffisent même plus à jouer le rôle
d’
obstacle ou de frein qu’on pouvait encore leur attribuer au xixe sièc
1779
suffisent même plus à jouer le rôle d’obstacle ou
de
frein qu’on pouvait encore leur attribuer au xixe siècle. Cette évol
1780
siècle. Cette évolution semble parallèle à celle
de
la sexualité qui, avec l’époque chrétienne, se détache en partie de l
1781
i, avec l’époque chrétienne, se détache en partie
de
l’inconscient collectif, s’affranchit des rites sacrés, et tend à s’i
1782
r à la dialectique individuelle, par un processus
d’
intériorisation et d’accession à la conscience. (Notons que l’expressi
1783
dividuelle, par un processus d’intériorisation et
d’
accession à la conscience. (Notons que l’expression de « problème sexu
1784
cession à la conscience. (Notons que l’expression
de
« problème sexuel » est toute récente, elle n’apparaît que vers 1830.
1785
ndividuel, sur quoi va-t-il se baser maintenant ?
De
tous les éléments qui, traditionnellement, contribuaient à le motiver
1786
siste : c’est l’amour. Encore faut-il se demander
de
quelle sorte d’amour il s’agit, et si ce sentiment isolé du complexe
1787
amour. Encore faut-il se demander de quelle sorte
d’
amour il s’agit, et si ce sentiment isolé du complexe dans lequel il s
1788
emps des sociétés sacrées, religieuses, ou dotées
de
conventions sévères, n’a pas changé de caractère, ou peut-être même d
1789
ou dotées de conventions sévères, n’a pas changé
de
caractère, ou peut-être même de nature. La romance L’espèce d’a
1790
s, n’a pas changé de caractère, ou peut-être même
de
nature. La romance L’espèce d’amour sur lequel se fonde la gran
1791
ut-être même de nature. La romance L’espèce
d’
amour sur lequel se fonde la grande majorité des mariages modernes, en
1792
r, et que les Anglo-Saxons appellent « romance »,
d’
un mot qui indique son origine romane (Midi de la France), sur laquell
1793
drai tout à l’heure. Comme je parlais à l’éditeur
d’
un magazine américain d’un article où je voulais décrire l’extraordina
1794
me je parlais à l’éditeur d’un magazine américain
d’
un article où je voulais décrire l’extraordinaire inflation du love in
1795
Mais mon cher, si l’on ne se mariait plus à cause
d’
une romance, pourquoi diable se marierait-on ? » Cette phrase toute sp
1796
et surtout en Amérique, ne conçoit simplement pas
d’
autre raison possible au mariage que la romance. Il ne lui vient pas à
1797
puisse ou qu’on doive se marier pour une douzaine
de
raisons différentes, hétérogènes mais concomitantes, dont la romance
1798
la moindre. À ses yeux, toutes les considérations
de
niveau social ou d’éducation, de convenance des caractères, d’origine
1799
ux, toutes les considérations de niveau social ou
d’
éducation, de convenance des caractères, d’origine, d’âge, de ressourc
1800
s considérations de niveau social ou d’éducation,
de
convenance des caractères, d’origine, d’âge, de ressources matérielle
1801
ial ou d’éducation, de convenance des caractères,
d’
origine, d’âge, de ressources matérielles, de perspectives d’avenir, d
1802
ucation, de convenance des caractères, d’origine,
d’
âge, de ressources matérielles, de perspectives d’avenir, de milieux f
1803
, de convenance des caractères, d’origine, d’âge,
de
ressources matérielles, de perspectives d’avenir, de milieux familiau
1804
res, d’origine, d’âge, de ressources matérielles,
de
perspectives d’avenir, de milieux familiaux, de carrière, de confessi
1805
d’âge, de ressources matérielles, de perspectives
d’
avenir, de milieux familiaux, de carrière, de confession religieuse, d
1806
ressources matérielles, de perspectives d’avenir,
de
milieux familiaux, de carrière, de confession religieuse, de concepti
1807
, de perspectives d’avenir, de milieux familiaux,
de
carrière, de confession religieuse, de conceptions éducatives, de com
1808
ives d’avenir, de milieux familiaux, de carrière,
de
confession religieuse, de conceptions éducatives, de communion intell
1809
familiaux, de carrière, de confession religieuse,
de
conceptions éducatives, de communion intellectuelle ou spirituelle, s
1810
confession religieuse, de conceptions éducatives,
de
communion intellectuelle ou spirituelle, sont devenues secondaires :
1811
ut, c’est la romance. S’ils s’aiment, pense-t-il (
de
cette espèce d’amour), qu’ils se marient ! Car la romance a tous les
1812
ance. S’ils s’aiment, pense-t-il (de cette espèce
d’
amour), qu’ils se marient ! Car la romance a tous les droits, et l’on
1813
rien. Le temps n’est plus, croit-on, des mariages
de
raison, de convention ou de convenance. Nous sommes libres, et cela s
1814
mps n’est plus, croit-on, des mariages de raison,
de
convention ou de convenance. Nous sommes libres, et cela signifie que
1815
roit-on, des mariages de raison, de convention ou
de
convenance. Nous sommes libres, et cela signifie que nous épousons la
1816
dvienne que pourra. La seule chose importante est
de
s’assurer de l’authenticité du sentiment. S’il est vrai, il vaincra t
1817
ourra. La seule chose importante est de s’assurer
de
l’authenticité du sentiment. S’il est vrai, il vaincra tous les obsta
1818
acles. Bien plus, il s’en nourrira, il s’exaltera
d’
être combattu par les conventions (jugées stupides par définition, ou
1819
ou tyranniques) et ce sera pour lui une promesse
de
durée, s’il en faut une. Mais c’est ici, précisément, qu’apparaît la
1820
c’est ici, précisément, qu’apparaît la faiblesse
de
cette vue de la vie. Si l’on admet avec tous les romans, les chansons
1821
récisément, qu’apparaît la faiblesse de cette vue
de
la vie. Si l’on admet avec tous les romans, les chansons populaires,
1822
e tous les obstacles, on est cependant bien forcé
de
reconnaître qu’il est une chose contre laquelle elle ne peut rien, et
1823
e trouve que la durée est le sens même, la raison
d’
être du mariage, du point de vue de la famille et de la vie en société
1824
ême, la raison d’être du mariage, du point de vue
de
la famille et de la vie en société. On peut donc affirmer que dans l’
1825
être du mariage, du point de vue de la famille et
de
la vie en société. On peut donc affirmer que dans l’état présent de n
1826
té. On peut donc affirmer que dans l’état présent
de
nos mœurs occidentales, dans l’atmosphère morale où baignent l’immens
1827
’atmosphère morale où baignent l’immense majorité
de
nos contemporains, le mariage (et donc la famille) se voit systématiq
1828
(je ne dis pas unique) du nombre des divorces et
de
sa constante croissance. Nous sommes en train d’essayer — et de rater
1829
e croissance. Nous sommes en train d’essayer — et
de
rater — l’une des expériences les plus folles qu’ait jamais imaginées
1830
ée, sur la romance, qui est excitation passagère.
De
tous les motifs de mariage que je résumais tout à l’heure, nous ne ga
1831
qui est excitation passagère. De tous les motifs
de
mariage que je résumais tout à l’heure, nous ne gardons pratiquement
1832
e dirai que c’est alors le rôle mineur et décisif
d’
un catalyseur — qui peut s’évaporer sans nul dommage une fois la combi
1833
e. Nous voyons au contraire toute une littérature
de
magazines pour-les-familles s’évertuer sans espoir à suggérer aux fem
1834
tuer sans espoir à suggérer aux femmes des moyens
de
sauver la romance dans le mariage. C’est une manière indirecte d’avou
1835
ance dans le mariage. C’est une manière indirecte
d’
avouer que romance et durée ne sont pas compatibles. Au lieu de s’épui
1836
n vains efforts pour résoudre cette contradiction
de
nature, ne ferait-on pas mieux de face the facts, et d’admettre au dé
1837
e contradiction de nature, ne ferait-on pas mieux
de
face the facts, et d’admettre au départ les deux thèses suivantes : 1
1838
ure, ne ferait-on pas mieux de face the facts, et
d’
admettre au départ les deux thèses suivantes : 1° La romance est par n
1839
le mariage (même si elle l’a provoqué) car il est
de
son essence de se nourrir d’obstacles, de retards, de séparation et d
1840
e si elle l’a provoqué) car il est de son essence
de
se nourrir d’obstacles, de retards, de séparation et de rêve), tandis
1841
provoqué) car il est de son essence de se nourrir
d’
obstacles, de retards, de séparation et de rêve), tandis qu’il est de
1842
il est de son essence de se nourrir d’obstacles,
de
retards, de séparation et de rêve), tandis qu’il est de l’essence du
1843
on essence de se nourrir d’obstacles, de retards,
de
séparation et de rêve), tandis qu’il est de l’essence du mariage de r
1844
nourrir d’obstacles, de retards, de séparation et
de
rêve), tandis qu’il est de l’essence du mariage de réduire ou de supp
1845
ards, de séparation et de rêve), tandis qu’il est
de
l’essence du mariage de réduire ou de supprimer quotidiennement même
1846
e rêve), tandis qu’il est de l’essence du mariage
de
réduire ou de supprimer quotidiennement même les obstacles, de se réa
1847
s qu’il est de l’essence du mariage de réduire ou
de
supprimer quotidiennement même les obstacles, de se réaliser dans l’i
1848
de supprimer quotidiennement même les obstacles,
de
se réaliser dans l’immédiat et la proximité constante. 2° Le résultat
1849
imité constante. 2° Le résultat logique et normal
d’
un mariage fondé sur la romance seule, c’est le divorce ; car le maria
1850
u. Éros et Agapè Il est clair qu’en parlant
de
« romance » je n’ai pas en vue l’amour en général, mais une certaine
1851
vue l’amour en général, mais une certaine espèce
d’
amour qui est celle que cultive notre époque, et qu’elle prend trop so
1852
t que décrivent et qu’exaltent la grande majorité
de
nos romans à succès et tous nos films, représente un type (pattern) t
1853
ms, représente un type (pattern) très particulier
de
relations entre l’homme et la femme. Pour faire voir à quel point ce
1854
la femme. Pour faire voir à quel point ce pattern
de
relation est peu compatible avec le mariage, il convient d’en indique
1855
n est peu compatible avec le mariage, il convient
d’
en indiquer d’abord l’origine. « Romance » vient de « roman » qui veut
1856
eut dire à la foi novel et histoire dans le style
de
la Provence, du Midi de la France. C’est à la grande révolution senti
1857
es troubadours suffit à la caractériser : l’amour
de
lonh, l’amour lointain, l’amour à grande distance, c’est-à-dire l’amo
1858
de Tripoli, la « princesse lointaine ». Le roman
de
Tristan et Iseut, un peu plus tard, va fixer pour des siècles le modè
1859
eu plus tard, va fixer pour des siècles le modèle
de
presque tous les romans d’amour en Occident : un homme, une femme, et
1860
des siècles le modèle de presque tous les romans
d’
amour en Occident : un homme, une femme, et un obstacle entre eux, int
1861
tre Iseut et lui, chassés dans la forêt et libres
de
s’abandonner à leur amour, une épée nue, signe de chasteté. Quel est
1862
de s’abandonner à leur amour, une épée nue, signe
de
chasteté. Quel est le rapport entre l’homme et la femme, dans cette p
1863
imaginaire. Ce n’est pas une communication réelle
d’
être à être, mais au contraire une double projection, une double fabul
1864
uble projection, une double fabulation, une sorte
de
complicité dans la création perpétuelle d’obstacles et de résistances
1865
sorte de complicité dans la création perpétuelle
d’
obstacles et de résistances, calculés exactement de manière à enflamme
1866
icité dans la création perpétuelle d’obstacles et
de
résistances, calculés exactement de manière à enflammer le sentiment
1867
ent où il s’apaiserait. Il semble que la violence
de
la passion soit en raison directe de la solidité des obstacles, et no
1868
la violence de la passion soit en raison directe
de
la solidité des obstacles, et non pas des qualités réelles des amants
1869
tés réelles des amants (lesquelles sont indiquées
de
la manière la plus vague et conventionnelle, dans le roman : Tristan
1870
us belle et blonde »). Si bien qu’on est en droit
de
dire que Tristan n’aime pas l’Iseut réelle, ni Iseut le Tristan réel,
1871
xte à brûler. Enfin, il faut relever le caractère
d’
intoxication que comporte cette passion. Le goût d’aimer, ou mieux, de
1872
’intoxication que comporte cette passion. Le goût
d’
aimer, ou mieux, de se sentir aimer, d’être in love, s’il s’est choisi
1873
omporte cette passion. Le goût d’aimer, ou mieux,
de
se sentir aimer, d’être in love, s’il s’est choisi des obstacles conv
1874
n. Le goût d’aimer, ou mieux, de se sentir aimer,
d’
être in love, s’il s’est choisi des obstacles convenables, peut aller
1875
crie l’Isolde de Wagner en mourant sur le cadavre
de
Tristan : l’obstacle suprême qu’est la mort a porté la passion à son
1876
n, « court, vole et se réjouit ». L’un se nourrit
d’
absence, de rêve et de nostalgie, l’autre de présence, de connaissance
1877
vole et se réjouit ». L’un se nourrit d’absence,
de
rêve et de nostalgie, l’autre de présence, de connaissance et d’échan
1878
réjouit ». L’un se nourrit d’absence, de rêve et
de
nostalgie, l’autre de présence, de connaissance et d’échange immédiat
1879
urrit d’absence, de rêve et de nostalgie, l’autre
de
présence, de connaissance et d’échange immédiat. L’un s’exalte dans l
1880
ce, de rêve et de nostalgie, l’autre de présence,
de
connaissance et d’échange immédiat. L’un s’exalte dans la lutte, la p
1881
ostalgie, l’autre de présence, de connaissance et
d’
échange immédiat. L’un s’exalte dans la lutte, la poursuite et l’échec
1882
tre s’accomplit dans une construction quotidienne
de
la paix. L’un est désir, l’autre don et possession. L’un est passion
1883
ubie), l’autre est action. L’amour-passion relève
d’
Éros, et l’amour-action d’Agapè 21. On sait que la poésie des troubado
1884
L’amour-passion relève d’Éros, et l’amour-action
d’
Agapè 21. On sait que la poésie des troubadours, qui répandit dans le
1885
ui répandit dans le monde occidental la contagion
de
l’amor de lonh, d’où devaient sortir pendant des siècles tous nos poè
1886
t dans le monde occidental la contagion de l’amor
de
lonh, d’où devaient sortir pendant des siècles tous nos poèmes et nos
1887
monde occidental la contagion de l’amor de lonh,
d’
où devaient sortir pendant des siècles tous nos poèmes et nos romans,
1888
Tristan peut être défini comme une glorification
de
l’adultère. Et l’on a vu que tous les éléments de l’Éros passionnel s
1889
de l’adultère. Et l’on a vu que tous les éléments
de
l’Éros passionnel sont propres à ruiner le mariage, ou au contraire à
1890
reusement et dure. Pour découvrir le grand secret
de
la crise moderne du mariage, il nous suffira maintenant de marquer qu
1891
se moderne du mariage, il nous suffira maintenant
de
marquer que la romance parmi nous n’est que le sous-produit vulgarisé
1892
ce parmi nous n’est que le sous-produit vulgarisé
de
la passion illustrée par Tristan. Comme la passion, la romance est un
1893
ing. Comme la passion, la romance est une manière
de
sentir l’amour plutôt que de l’agir, d’être in love plutôt que de lov
1894
ance est une manière de sentir l’amour plutôt que
de
l’agir, d’être in love plutôt que de love. Comme la passion donc, fin
1895
e manière de sentir l’amour plutôt que de l’agir,
d’
être in love plutôt que de love. Comme la passion donc, finalement, la
1896
r plutôt que de l’agir, d’être in love plutôt que
de
love. Comme la passion donc, finalement, la romance est une forme nar
1897
finalement, la romance est une forme narcissique
de
l’amour s’adressant à l’image de l’autre et non pas à son être concre
1898
orme narcissique de l’amour s’adressant à l’image
de
l’autre et non pas à son être concret, une projection de nostalgies i
1899
tre et non pas à son être concret, une projection
de
nostalgies intimes ou inconscientes et non pas un dialogue réel. La g
1900
dont elle trouve encore à se nourrir. La passion
de
Tristan fondait une sorte de fidélité jusqu’à la mort, fidélité à un
1901
nourrir. La passion de Tristan fondait une sorte
de
fidélité jusqu’à la mort, fidélité à un rêve il est vrai, fidélité à
1902
is conservant au moins ces deux traits importants
de
la fidélité véritable : la durée « pour la vie » et le sens d’un dest
1903
é véritable : la durée « pour la vie » et le sens
d’
un destin assumé (ou subi) « advienne que pourra ». La romance, au con
1904
outisse à un bonheur normal, a toutes les chances
de
s’évanouir. Cette femme de rêve, pense Joe, qui ressemblait à ma star
1905
, a toutes les chances de s’évanouir. Cette femme
de
rêve, pense Joe, qui ressemblait à ma star préférée, et dont tant d’o
1906
qui ressemblait à ma star préférée, et dont tant
d’
obstacles me séparaient, rendant la poursuite si excitante, voici qu’e
1907
anger les langes du bébé. Je l’ai épousée à cause
d’
une romance. Aucune romance ne pourrait subsister dans l’odeur de cuis
1908
Aucune romance ne pourrait subsister dans l’odeur
de
cuisine qui baigne nos trois petites pièces… Et Sally pense de son cô
1909
i baigne nos trois petites pièces… Et Sally pense
de
son côté qu’elle vaut mieux que cela, et qu’avec Bob elle donnerait s
1910
t sa mesure… Les voici mûrs, après deux ans, pour
de
nouvelles romances qui ne manqueront pas de les « surprendre », parce
1911
pour de nouvelles romances qui ne manqueront pas
de
les « surprendre », parce qu’ils les appellent de leurs vœux secrets,
1912
de les « surprendre », parce qu’ils les appellent
de
leurs vœux secrets, et qui les conduiront logiquement — s’ils ont gar
1913
om desquels ils se marièrent — à un divorce suivi
de
nouveaux mariages sans plus d’avenir. Cette situation est devenue la
1914
à un divorce suivi de nouveaux mariages sans plus
d’
avenir. Cette situation est devenue la plus banale dans notre société.
1915
Occidentaux ont adopté de plus en plus une morale
de
l’amour plus glamourous que d’autres, non reconnue mais mieux suivie,
1916
es, non reconnue mais mieux suivie, ennemie jurée
de
nos institutions matrimoniales, et qui bénéficie de la propagande con
1917
nos institutions matrimoniales, et qui bénéficie
de
la propagande constante de nos littératures, aujourd’hui de nos films
1918
ales, et qui bénéficie de la propagande constante
de
nos littératures, aujourd’hui de nos films. Et secundo, il est fort p
1919
agande constante de nos littératures, aujourd’hui
de
nos films. Et secundo, il est fort peu probable que si « la vie est a
1920
et la révolte contre le romantismebf Au seuil
de
l’anarchie qui nous menace, il ne serait que trop facile d’énumérer l
1921
hie qui nous menace, il ne serait que trop facile
d’
énumérer les « remèdes » ou les correctifs aptes à établir un ordre to
1922
u’on valorise à ses dépens des caprices qualifiés
de
« vitaux ») ; rendre à la raison sa primauté pratique sur le sentimen
1923
des ; restaurer chez les jeunes gens le sentiment
de
leur responsabilité sociale ; bref, « revenir aux vertus ancestrales
1924
ossible la société moderne donnait les apparences
d’
un retour à certaines des vertus qu’affirmaient nos ancêtres, ce ne se
1925
ient, mais par la force irrésistible des réflexes
de
défense du corps social. Je vois deux de ces réflexes s’amorcer dans
1926
réflexes de défense du corps social. Je vois deux
de
ces réflexes s’amorcer dans ce siècle. 1. La réaction totalitaire
1927
lérer l’anarchie individualiste qui ruine la base
de
son système d’impôts, du recrutement de ses armées, et d’une manière
1928
e individualiste qui ruine la base de son système
d’
impôts, du recrutement de ses armées, et d’une manière plus générale,
1929
e la base de son système d’impôts, du recrutement
de
ses armées, et d’une manière plus générale, des disciplines d’éducati
1930
ystème d’impôts, du recrutement de ses armées, et
d’
une manière plus générale, des disciplines d’éducation collectiviste.
1931
, et d’une manière plus générale, des disciplines
d’
éducation collectiviste. nazis, fascistes et stalinistes se sont accor
1932
en général. La « science » sociale était chargée
d’
éliminer progressivement toute espèce de choix arbitraire, individuel,
1933
t chargée d’éliminer progressivement toute espèce
de
choix arbitraire, individuel, sentimental, pour lui substituer une so
1934
iduel, sentimental, pour lui substituer une sorte
de
fiche de mariage, établie par les fonctionnaires du parti sur la base
1935
ntimental, pour lui substituer une sorte de fiche
de
mariage, établie par les fonctionnaires du parti sur la base de mensu
1936
ablie par les fonctionnaires du parti sur la base
de
mensurations physiques, de pedigrees, et de certificats politiques. L
1937
s du parti sur la base de mensurations physiques,
de
pedigrees, et de certificats politiques. La Russie n’a jamais été si
1938
base de mensurations physiques, de pedigrees, et
de
certificats politiques. La Russie n’a jamais été si loin. Après avoir
1939
la romance, les chansons sentimentales, et l’idée
de
bonheur individuel, considérée comme décadente. Les primes aux famill
1940
la situation matrimoniale en URSS. Mais il s’agit
d’
un état de mobilisation permanente de la nation (caractéristique de to
1941
on matrimoniale en URSS. Mais il s’agit d’un état
de
mobilisation permanente de la nation (caractéristique de tout régime
1942
is il s’agit d’un état de mobilisation permanente
de
la nation (caractéristique de tout régime totalitaire) et l’on n’en p
1943
lisation permanente de la nation (caractéristique
de
tout régime totalitaire) et l’on n’en peut rien inférer pour l’avenir
1944
otalitaires ont rendu vraisemblable l’imagination
d’
un régime de mariage entièrement soumis à quelque science officielle d
1945
ont rendu vraisemblable l’imagination d’un régime
de
mariage entièrement soumis à quelque science officielle de l’eugénism
1946
e entièrement soumis à quelque science officielle
de
l’eugénisme, permettant à l’État de limiter à l’extrême la marge de c
1947
ce officielle de l’eugénisme, permettant à l’État
de
limiter à l’extrême la marge de choix individuel. Peut-être alors ver
1948
rmettant à l’État de limiter à l’extrême la marge
de
choix individuel. Peut-être alors verrait-on se reproduire les condit
1949
passions secrètes et mortelles, dignes du modèle
de
Tristan, mais rares, décriées et honteuses, par là même sans danger d
1950
er du point de vue collectiviste. 2. Décadence
de
la romance Dans les pays bourgeois et démocratiques, je constate u
1951
ion générale des tabous sexuels et l’émancipation
de
la femme agissent dans le même sens. C’est que la romance, comme la v
1952
comme la vraie passion, a besoin pour s’enflammer
d’
être combattue, empêchée, et dans une certaine mesure officiellement r
1953
e certaine mesure officiellement réprouvée. Faute
d’
obstacles sérieux, le mouvement qui la porte débouche trop vite dans l
1954
à la réalité », précisément. Le mouvement général
d’
accession de la femme à l’égalité politique, juridique et surtout écon
1955
», précisément. Le mouvement général d’accession
de
la femme à l’égalité politique, juridique et surtout économique est p
1956
out économique est peut-être le facteur principal
de
cette évolution. Le seul fait que la femme ait une profession, c’est-
1957
ez mal à la projection nostalgique du rêve intime
de
l’amant. Ce n’est plus un objet de contemplation, mais un sujet agiss
1958
du rêve intime de l’amant. Ce n’est plus un objet
de
contemplation, mais un sujet agissant pour son compte. Le dialogue vi
1959
dialogue seront réintroduites les considérations
de
milieu social, de ressources matérielles, d’éducation, d’aptitudes, d
1960
éintroduites les considérations de milieu social,
de
ressources matérielles, d’éducation, d’aptitudes, de caractère, de bu
1961
ions de milieu social, de ressources matérielles,
d’
éducation, d’aptitudes, de caractère, de buts de vie, etc., que la rom
1962
u social, de ressources matérielles, d’éducation,
d’
aptitudes, de caractère, de buts de vie, etc., que la romance croyait
1963
ressources matérielles, d’éducation, d’aptitudes,
de
caractère, de buts de vie, etc., que la romance croyait pouvoir surmo
1964
érielles, d’éducation, d’aptitudes, de caractère,
de
buts de vie, etc., que la romance croyait pouvoir surmonter en les né
1965
, d’éducation, d’aptitudes, de caractère, de buts
de
vie, etc., que la romance croyait pouvoir surmonter en les négligeant
1966
mance croyait pouvoir surmonter en les négligeant
d’
enthousiasme. Un second facteur notable, c’est la commercialisation de
1967
econd facteur notable, c’est la commercialisation
de
la romance. Nous avons vu qu’il est de l’essence de la passion de s’e
1968
ialisation de la romance. Nous avons vu qu’il est
de
l’essence de la passion de s’exalter dans la révolte contre les donné
1969
la romance. Nous avons vu qu’il est de l’essence
de
la passion de s’exalter dans la révolte contre les données prosaïques
1970
ous avons vu qu’il est de l’essence de la passion
de
s’exalter dans la révolte contre les données prosaïques et tyrannique
1971
olte contre les données prosaïques et tyranniques
de
la société, de la morale, et plus profondément de la vie en soi. Mais
1972
données prosaïques et tyranniques de la société,
de
la morale, et plus profondément de la vie en soi. Mais la passion per
1973
de la société, de la morale, et plus profondément
de
la vie en soi. Mais la passion perd son ressort intime lorsqu’elle es
1974
touchons aujourd’hui au point où la romance, loin
d’
être un état d’exception délicieusement intéressant même dans ses tour
1975
iste. Le jeune homme qui n’est pas in love essaie
de
cacher cette particularité à ses camarades, se demande ce qui lui man
1976
héros des films ou des short-stories qui servent
de
modèle à sa génération. Mais voici que ces modèles eux-mêmes commence
1977
ci que ces modèles eux-mêmes commencent à changer
de
nature. La littérature sérieuse et créatrice de ces dernières décades
1978
r de nature. La littérature sérieuse et créatrice
de
ces dernières décades compte peu ou point de grands romans d’amour, e
1979
rice de ces dernières décades compte peu ou point
de
grands romans d’amour, elle abandonne ce thème, de plus en plus, aux
1980
ères décades compte peu ou point de grands romans
d’
amour, elle abandonne ce thème, de plus en plus, aux fabricants de bes
1981
andonne ce thème, de plus en plus, aux fabricants
de
best-sellers. Le dogme de Hollywood sur la nécessité d’introduire du
1982
en plus, aux fabricants de best-sellers. Le dogme
de
Hollywood sur la nécessité d’introduire du love interest à tout prix
1983
t-sellers. Le dogme de Hollywood sur la nécessité
d’
introduire du love interest à tout prix dans n’importe quel film (même
1984
jà dans bien des scénarios le happy ending obligé
de
naguère. Il se peut que cette réaction se prononce avec énergie dans
1985
les années qui viennent, et elle ne manquera pas
d’
influencer les mœurs. Car la romance, thème littéraire par excellence
1986
décrire) a contaminé l’Occident par le truchement
de
la littérature, avant que le cinéma ne s’en mêle. La Rochefoucauld se
1987
n mêle. La Rochefoucauld se demandait : « Combien
d’
hommes seraient amoureux s’ils n’avaient pas entendu parler d’amour ?
1988
aient amoureux s’ils n’avaient pas entendu parler
d’
amour ? » Nous pouvons nous demander combien d’hommes auront encore l’
1989
er d’amour ? » Nous pouvons nous demander combien
d’
hommes auront encore l’idée de tomber amoureux quand on ne leur en par
1990
us demander combien d’hommes auront encore l’idée
de
tomber amoureux quand on ne leur en parlera plus. Soulignons à ce pro
1991
e passion et romance, ces créations artificielles
de
l’Occident, ne sont liées à la sexualité que d’une manière dialectiqu
1992
s de l’Occident, ne sont liées à la sexualité que
d’
une manière dialectique, paradoxale. Dévier n’est pas synonyme d’être
1993
ialectique, paradoxale. Dévier n’est pas synonyme
d’
être in love, et la possession prématurée de l’être qu’on désire tue b
1994
onyme d’être in love, et la possession prématurée
de
l’être qu’on désire tue bien souvent les possibilités de romance. « D
1995
re qu’on désire tue bien souvent les possibilités
de
romance. « D’Amor mou castitaz », d’amour naît la chasteté, disait un
1996
e tue bien souvent les possibilités de romance. «
D’
Amor mou castitaz », d’amour naît la chasteté, disait un troubadour :
1997
possibilités de romance. « D’Amor mou castitaz »,
d’
amour naît la chasteté, disait un troubadour : l’inverse n’est pas moi
1998
ins vrai. C’est pourquoi les périodes romantiques
de
la littérature occidentale coïncident avec les périodes puritaines. (
1999
) Or il semble que nous entrions dans une période
de
mœurs sexuelles faciles ou relâchées, comparables à celles de la prem
2000
uelles faciles ou relâchées, comparables à celles
de
la première moitié du xviiie siècle. La liquidation des tabous du vi
2001
t du puritanisme sous les influences convergentes
de
la psychanalyse vulgarisée, de la vie dans les grandes cités, de la r
2002
ences convergentes de la psychanalyse vulgarisée,
de
la vie dans les grandes cités, de la révolte contre la bourgeoisie et
2003
yse vulgarisée, de la vie dans les grandes cités,
de
la révolte contre la bourgeoisie et de la libération de la femme, va
2004
des cités, de la révolte contre la bourgeoisie et
de
la libération de la femme, va tarir l’une des sources principales du
2005
révolte contre la bourgeoisie et de la libération
de
la femme, va tarir l’une des sources principales du romantisme. Tout
2006
du romantisme. Tout concourt donc, vers le milieu
de
ce siècle, à miner le goût de la romance, au moment où celle-ci s’est
2007
onc, vers le milieu de ce siècle, à miner le goût
de
la romance, au moment où celle-ci s’est répandue jusque dans les mass
2008
es, et met en cause la stabilité du mariage, base
de
la vie de la famille. Vers une alliance des égaux Il faut s’y
2009
en cause la stabilité du mariage, base de la vie
de
la famille. Vers une alliance des égaux Il faut s’y résoudre :
2010
égaux Il faut s’y résoudre : tout est paradoxe
de
ce qui touche à la passion. Elle se nourrit des obstacles qu’elle ren
2011
eur plat ; elle fait mourir un homme pour l’image
d’
une femme dont il n’est pas sûr qu’il l’aimerait s’il devait partager
2012
s la beauté et l’amour infini, mais c’est au prix
d’
une négation de l’amour réel ; elle exalte et déprime à la fois ses vi
2013
l’amour infini, mais c’est au prix d’une négation
de
l’amour réel ; elle exalte et déprime à la fois ses victimes ; elle a
2014
édulcorée, vulgarisée, elle provoque des millions
de
mariages qu’elle se charge bientôt de détruire. Faut-il donc déplorer
2015
es millions de mariages qu’elle se charge bientôt
de
détruire. Faut-il donc déplorer sa décadence ou s’en réjouir ? Il ser
2016
rer sa décadence ou s’en réjouir ? Il serait vain
de
répondre à cette question d’une manière unilatérale. Si, par suite d’
2017
uir ? Il serait vain de répondre à cette question
d’
une manière unilatérale. Si, par suite d’un réflexe de défense de notr
2018
question d’une manière unilatérale. Si, par suite
d’
un réflexe de défense de notre société menacée d’anarchie, la romance
2019
e manière unilatérale. Si, par suite d’un réflexe
de
défense de notre société menacée d’anarchie, la romance se voit refou
2020
d’un réflexe de défense de notre société menacée
d’
anarchie, la romance se voit refoulée pour faire place au seul réalism
2021
ur « nous modernes », il faut bien l’avouer, gens
de
petite foi et de peu de religion, la vie sentimentale figure encore u
2022
s », il faut bien l’avouer, gens de petite foi et
de
peu de religion, la vie sentimentale figure encore une espèce d’idéal
2023
ion, la vie sentimentale figure encore une espèce
d’
idéal ou d’évasion de choix, la moins mauvaise approximation d’un subs
2024
sentimentale figure encore une espèce d’idéal ou
d’
évasion de choix, la moins mauvaise approximation d’un substitut aux j
2025
ale figure encore une espèce d’idéal ou d’évasion
de
choix, la moins mauvaise approximation d’un substitut aux joies et so
2026
évasion de choix, la moins mauvaise approximation
d’
un substitut aux joies et soucis de l’esprit. (Déjà la passion politiq
2027
approximation d’un substitut aux joies et soucis
de
l’esprit. (Déjà la passion politique chez les totalitaires, surtout,
2028
Seule une vie spirituelle intense serait capable
de
combler l’absence du « tourment délicieux », et de rendre Agapè plus
2029
e combler l’absence du « tourment délicieux », et
de
rendre Agapè plus exaltant qu’Éros. Mais nous n’avons pas le droit de
2030
exaltant qu’Éros. Mais nous n’avons pas le droit
de
compter sur un miracle collectif… De fait, nous ne pouvons agir sur l
2031
pas le droit de compter sur un miracle collectif…
De
fait, nous ne pouvons agir sur l’évolution que j’ai décrite que par u
2032
rise de conscience : en dévoilant la vraie nature
de
la passion et en définissant ce type de relations humaines qu’elle su
2033
ie nature de la passion et en définissant ce type
de
relations humaines qu’elle suppose et qu’elle favorise. (C’est en som
2034
e et qu’elle favorise. (C’est en somme la méthode
de
la psychanalyse.) Cela fait, nous pouvons alors proposer de nouvelles
2035
hanalyse.) Cela fait, nous pouvons alors proposer
de
nouvelles orientations pour l’éducation de la société.bg S’attaquer
2036
oposer de nouvelles orientations pour l’éducation
de
la société.bg S’attaquer à la romance au nom de la moralité serait u
2037
ariage. Épouser quelqu’un « pour la vie » à cause
d’
une fièvre de deux mois n’est pas un acte de courage mais de stupidité
2038
er quelqu’un « pour la vie » à cause d’une fièvre
de
deux mois n’est pas un acte de courage mais de stupidité. Nous ferion
2039
cause d’une fièvre de deux mois n’est pas un acte
de
courage mais de stupidité. Nous ferions sans doute bien de ne pas êtr
2040
re de deux mois n’est pas un acte de courage mais
de
stupidité. Nous ferions sans doute bien de ne pas être aussi sévères
2041
e mais de stupidité. Nous ferions sans doute bien
de
ne pas être aussi sévères à l’égard des films et des romans qualifiés
2042
vères à l’égard des films et des romans qualifiés
d’
« indécents » par les normes puritaines qu’à l’égard de ceux qui dépei
2043
Nous devrions également demander à nos romanciers
d’
abandonner pour un temps leurs triangles romantiques et de nous montre
2044
nner pour un temps leurs triangles romantiques et
de
nous montrer un type de mariage moderne, qui ne soit plus basé unique
2045
triangles romantiques et de nous montrer un type
de
mariage moderne, qui ne soit plus basé uniquement sur « l’amour », le
2046
lus basé uniquement sur « l’amour », le quiproquo
de
deux rêves, mais sur l’alliance jurée de deux égaux. Nous ne pouvons
2047
uiproquo de deux rêves, mais sur l’alliance jurée
de
deux égaux. Nous ne pouvons peser sur la moralité qu’en modifiant ou
2048
qu’en modifiant ou en inversant certaines normes
de
jugement, par des styles renouvelant les attitudes morales actuelles
2049
i est acceptable et ce qui ne l’est pas. L’apport
de
Freud réside dans le fait qu’il nous a permis de discuter de l’incons
2050
de Freud réside dans le fait qu’il nous a permis
de
discuter de l’inconscient et de la sexualité. Les troubadours ont exe
2051
side dans le fait qu’il nous a permis de discuter
de
l’inconscient et de la sexualité. Les troubadours ont exercé un impac
2052
’il nous a permis de discuter de l’inconscient et
de
la sexualité. Les troubadours ont exercé un impact profond en rendant
2053
rs ont exercé un impact profond en rendant la joy
d’
amor à la mode. Les films et la littérature bon marché nous affectent
2054
bon marché nous affectent en prolongeant la soif
de
romance, même si elle est condamnée par les nouvelles réalités social
2055
les nouvelles réalités sociales. Ceux qui parlent
de
notre époque seraient utiles s’ils exprimaient des valeurs qui corres
2056
serait importante s’ils décrivaient des exemples
de
fidélité promise, de partenariat pratique, le frisson d’une aventure
2057
ils décrivaient des exemples de fidélité promise,
de
partenariat pratique, le frisson d’une aventure commune et constructi
2058
lité promise, de partenariat pratique, le frisson
d’
une aventure commune et constructive entreprise à tout risque, libres
2059
out risque, libres des « intermittences du cœur »
de
Proust et du jeu toujours changeant des sentiments. Car ce sont ces v
2060
et Agapè. On trouvera une discussion approfondie
de
ces deux livres dans M. D’Arcy, S. J., The Mind and Heart of Love, Ne
2061
servé à la Bibliothèque publique et universitaire
de
Neuchâtel sous l’identifiant 592. be. Le manuscrit date de 1947 cett
2062
el sous l’identifiant 592. be. Le manuscrit date
de
1947 cette statistique — probablement la date de rédaction du texte.
2063
de 1947 cette statistique — probablement la date
de
rédaction du texte. bf. L’intertitre du manuscrit est « Réactions à
2064
fin du chapitre, le texte est directement traduit
de
l’édition américaine, en raison d’une page manquante dans le manuscri
2065
tement traduit de l’édition américaine, en raison
d’
une page manquante dans le manuscrit français.
2066
éfi du marxismebh Le caractère insaisissable
de
la doctrine communistebi Opposez les dogmes chrétiens aux axiomes
2067
tebi Opposez les dogmes chrétiens aux axiomes
de
Marx et d’Engels, les communistes vous répondront, non sans apparence
2068
posez les dogmes chrétiens aux axiomes de Marx et
d’
Engels, les communistes vous répondront, non sans apparence d’à-propos
2069
s communistes vous répondront, non sans apparence
d’
à-propos, que l’opération les laisse indifférents : ils sont sur le pl
2070
on les laisse indifférents : ils sont sur le plan
de
l’histoire, non des vérités éternelles. Placez-vous donc sur ce plan
2071
aucun doute les plus honnêtes), que la dictature
de
Staline se rapproche des régimes fascistes. Essayez d’en conclure que
2072
aline se rapproche des régimes fascistes. Essayez
d’
en conclure que le communisme c’est cela, s’il se confond, comme on no
2073
rejeté sur le plan doctrinal. Informez-vous alors
de
cette fameuse dialectique : vous apprendrez qu’elle fut inventée par
2074
z qu’elle fut inventée par Hegel, qui eut le tort
de
la fonder sur l’Esprit, ce qui était proprement la poser sur la tête
2075
it proprement la poser sur la tête : que le génie
de
Marx l’a remise sur ses pieds en la fondant sur la matière économique
2076
ir au niveau du réel ; que son but primitif était
de
détruire l’État au profit de l’homme concret, non sans avoir d’abord
2077
n but primitif était de détruire l’État au profit
de
l’homme concret, non sans avoir d’abord renforcé cet État jusqu’à l’e
2078
enfin cette dictature disparaîtra nécessairement,
d’
elle-même, avec les derniers opposants. Vous pensiez être dans l’histo
2079
ous demeurez sceptique : Staline, après vingt ans
de
pouvoir des Soviets, annonce une constitution qui renforce encore l’é
2080
renforce encore l’étatisme, et ne parle même plus
de
sa suppression future. Au contraire, il fait fusiller ceux qui en par
2081
n parlent. On vous répond que c’est une nécessité
de
la tactique, dûment prévue d’ailleurs par les dialecticiens. Alors, p
2082
’obéissance aveugle à Staline, dépositaire unique
de
la doctrine. Quitter le plan des vérités éternelles pour entrer dans
2083
n des vérités éternelles pour entrer dans le plan
de
l’histoire, cela signifiait donc, précisément, renoncer à la vérité,
2084
r à la vérité, et ne croire plus qu’à la tactique
d’
un dictateur, lequel changera la vérité tous les six mois. Mais alors
2085
changera la vérité tous les six mois. Mais alors
de
quoi donc parle-t-on lorsqu’on parle de communisme ? Où le prendre ?
2086
ais alors de quoi donc parle-t-on lorsqu’on parle
de
communisme ? Où le prendre ? En quoi peut résider l’identité d’une do
2087
? Où le prendre ? En quoi peut résider l’identité
d’
une doctrine qui prétend justifier théoriquement, à quelques années d’
2088
rétend justifier théoriquement, à quelques années
d’
intervalle, la démocratie des Soviets, puis la dictature de Staline ;
2089
lle, la démocratie des Soviets, puis la dictature
de
Staline ; le pacifisme à tout prix des débuts et l’impérialisme actue
2090
e contre l’État, et en même temps, le capitalisme
d’
État de Lénine ; l’expropriation des patrons en 1918, puis la restaura
2091
riation des patrons en 1918, puis la restauration
de
la propriété privée en 1933 ; la suppression de l’héritage puis son r
2092
n de la propriété privée en 1933 ; la suppression
de
l’héritage puis son rétablissement ; l’antimilitarisme et la création
2093
t ; l’antimilitarisme et la création enthousiaste
d’
une armée abondamment pourvue de maréchaux ; l’égalité sociale absolue
2094
tion enthousiaste d’une armée abondamment pourvue
de
maréchaux ; l’égalité sociale absolue puis la course aux salaires et
2095
s la course aux salaires et aux grades ; la ruine
de
la famille puis sa réfection systématique ; la critique acerbe de la
2096
is sa réfection systématique ; la critique acerbe
de
la SDN puis l’entrée dans cet organisme ? Tout cela peut s’expliquer,
2097
gentes, et je n’ai pas à porter, ici, un jugement
d’
allure politique. Mais ce qui est grave, c’est de voir tant d’intellec
2098
d’allure politique. Mais ce qui est grave, c’est
de
voir tant d’intellectuels défendre ces manœuvres au nom de la doctrin
2099
itique. Mais ce qui est grave, c’est de voir tant
d’
intellectuels défendre ces manœuvres au nom de la doctrine, et les jus
2100
airement, un simple opportunisme ? Que sert alors
de
discuter, de confronter ? « Rien ne sera juste à cette balance » (Pas
2101
simple opportunisme ? Que sert alors de discuter,
de
confronter ? « Rien ne sera juste à cette balance » (Pascal). Je m’en
2102
uste à cette balance » (Pascal). Je m’en voudrais
d’
exploiter l’équivoque. Mais il fallait au moins rappeler son existence
2103
dixièmes des adversaires du marxisme — et combien
de
marxistes eux-mêmes !) Si maintenant j’essaie de saisir l’identité fo
2104
de marxistes eux-mêmes !) Si maintenant j’essaie
de
saisir l’identité foncière et la continuité de l’attitude communiste,
2105
ie de saisir l’identité foncière et la continuité
de
l’attitude communiste, au travers des contradictions violentes de ses
2106
mmuniste, au travers des contradictions violentes
de
ses témoignages successifs, je trouve tout de même, en fin de compte,
2107
ompte, une grande volonté invariable : la volonté
de
changer le monde. Or une telle volonté ne saurait prendre son élan qu
2108
ndre son élan que dans le sentiment insupportable
d’
un défaut inhérent au monde. Connaître qu’il existe un mal universel,
2109
plus tortueux, mettons les détours dialectiques,
de
l’action du parti communiste22. La « cause » justifie les moyens… Mai
2110
te croit que la société présente n’a pas le droit
de
déterminer le tout de l’homme, et ne le peut pas. Car elle est divisé
2111
é présente n’a pas le droit de déterminer le tout
de
l’homme, et ne le peut pas. Car elle est divisée contre elle-même, et
2112
s. Car elle est divisée contre elle-même, et fait
de
l’homme qui s’abandonne à elle un être antinomique, « divisé », et co
2113
être antinomique, « divisé », et comme « aliéné »
de
ce qu’il y a de plus humain en lui. À la découverte de « cette aliéna
2114
qu’il y a de plus humain en lui. À la découverte
de
« cette aliénation de soi », qui selon Marx serait le fait de toutes
2115
ain en lui. À la découverte de « cette aliénation
de
soi », qui selon Marx serait le fait de toutes les sociétés passées,
2116
liénation de soi », qui selon Marx serait le fait
de
toutes les sociétés passées, y compris le communisme primitif, corres
2117
t, dans le diagnostic chrétien, la reconnaissance
d’
une corruption fondamentale, qui est le péché originel. Il s’ensuit qu
2118
de et se « regagner totalement »24 qu’à la faveur
d’
une économie25 radicalement renouvelée. Une réaction semblable — toujo
2119
nc le chrétien et le marxiste contre toute espèce
de
statisme, contre toute spéculation idéaliste, détachée et inactuelle,
2120
et contre toute activité qui ne concourrait pas,
d’
une façon ou d’une autre, à transformer, à changer quelque chose, — à
2121
e activité qui ne concourrait pas, d’une façon ou
d’
une autre, à transformer, à changer quelque chose, — à lutter efficace
2122
ntre le mal universel. Cette volonté fondamentale
de
transformation, je la trouve formulée et résumée, de part et d’autre,
2123
transformation, je la trouve formulée et résumée,
de
part et d’autre, par deux propositions parfaitement claires qui, tout
2124
ion, je la trouve formulée et résumée, de part et
d’
autre, par deux propositions parfaitement claires qui, tout en affirma
2125
qui, tout en affirmant avec vigueur la nécessité
d’
un « changement », et d’un changement pratique, concret, visible, dive
2126
avec vigueur la nécessité d’un « changement », et
d’
un changement pratique, concret, visible, divergent cependant, d’une m
2127
pratique, concret, visible, divergent cependant,
d’
une manière significative, quant aux voies et moyens qu’elles préconis
2128
voies et moyens qu’elles préconisent. La 2e thèse
de
Marx sur Feuerbach affirme : Les philosophes n’ont fait jusqu’ici qu
2129
er diversement le monde ; or il s’agit maintenant
de
le transformer. Et l’apôtre Paul écrit dans sa Lettre aux Romains (1
2130
ent, mais soyez transformés par le renouvellement
de
votre sens, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, c
2131
s, afin que vous discerniez quelle est la volonté
de
Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. Dans les deux cas, il s’a
2132
l s’agit du même mot : transformer ; et il s’agit
de
transformer en tant que l’on est proprement humain (c’est-à-dire en t
2133
on fait la révolution, pour Marx). Il s’agit donc
d’
action. Il s’agit d’attester soit la foi, par une réalisation des volo
2134
n, pour Marx). Il s’agit donc d’action. Il s’agit
d’
attester soit la foi, par une réalisation des volontés de Dieu, contra
2135
ter soit la foi, par une réalisation des volontés
de
Dieu, contrariant celles du siècle, — soit la pensée, par une action2
2136
re que révolutionnaire. Et cependant l’opposition
de
Marx et de l’apôtre éclate en ceci : que Paul veut transformer l’homm
2137
lutionnaire. Et cependant l’opposition de Marx et
de
l’apôtre éclate en ceci : que Paul veut transformer l’homme d’abord —
2138
d’abord, — et l’homme par lui. C’est sur le fait
de
cette opposition centrale qu’il importe d’être bien au clair, si l’on
2139
e fait de cette opposition centrale qu’il importe
d’
être bien au clair, si l’on veut comprendre pourquoi la pratique et le
2140
les dérivent d’ailleurs obscurément, mais coupées
de
leurs liens éternels, abandonnées aux seules lois du Temps. De la
2141
ternels, abandonnées aux seules lois du Temps.
De
la polémique antispiritualiste à la doctrine marxiste On ne répéte
2142
répétera jamais assez que la doctrine originelle
de
Marx est avant tout la mise en forme d’une polémique. Elle est, très
2143
riginelle de Marx est avant tout la mise en forme
d’
une polémique. Elle est, très consciemment, conditionnée par la situat
2144
très consciemment, conditionnée par la situation
de
l’Europe occidentale vers le milieu du xixe siècle, et par la volont
2145
vers le milieu du xixe siècle, et par la volonté
de
la changer. En particulier, elle n’est « matérialiste », au sens vulg
2146
sens vulgaire, que dans la mesure où la mentalité
de
l’époque peut être qualifiée — et se qualifie elle-même — de spiritua
2147
peut être qualifiée — et se qualifie elle-même —
de
spiritualiste, au sens le plus contestable du terme. Quelle était, du
2148
ituation qui se présentait à Marx ? C’était celle
de
la Restauration. Professeurs et bourgeois libéraux, grands patrons du
2149
issant en Angleterre et en Allemagne, théologiens
de
l’école hégélienne, ou adversaires du christianisme, tous, dans un co
2150
fait que le constater. Elle n’empêchait nullement
de
faire des affaires. Ni d’opprimer les ouvriers. Ni d’appeler justice,
2151
e n’empêchait nullement de faire des affaires. Ni
d’
opprimer les ouvriers. Ni d’appeler justice, au besoin, ce qui était u
2152
aire des affaires. Ni d’opprimer les ouvriers. Ni
d’
appeler justice, au besoin, ce qui était utile aux maîtres. La religio
2153
s son temps à dénoncer l’erreur qui est à la base
d’
une pareille imposture : il la sait trop profondément enracinée dans l
2154
est la seule arme dont il disposerait sur le plan
de
l’« esprit », car il est incroyant. D’ailleurs, ce n’est pas l’« espr
2155
ain. Il lui faudra donc recourir à un autre ordre
d’
arguments : ceux que l’on dit « matérialistes ». Ce seront d’une part
2156
d’autre part la « science » infaillible des lois
de
l’évolution économique, qu’il formule. Je résume et je simplifie ce p
2157
étendent réformer « l’intérieur » se gardent bien
de
toucher à l’extérieur. Marx dira donc, contre eux, qu’il faut d’abord
2158
songe spiritualiste, opposons l’argument frappant
d’
un matérialisme polémique : nous l’appellerons matérialisme dialectiqu
2159
ref qu’il n’est en somme qu’une tactique. Faisons
de
nécessité vertu. Proposons-nous de changer les choses et leurs rappor
2160
tique. Faisons de nécessité vertu. Proposons-nous
de
changer les choses et leurs rapports, de changer « le monde », c’est-
2161
ons-nous de changer les choses et leurs rapports,
de
changer « le monde », c’est-à-dire les rapports économiques et sociau
2162
angerons l’homme. D’ailleurs, peut-être suffit-il
de
changer le cadre matériel pour que le contenu se transforme ? N’a-t-o
2163
à son jeu polémique. Ce ne fut guère qu’à la fin
de
sa carrière que son ami Engels en découvrit le danger. « Marx et moi
2164
t-il en 1890 — nous sommes peut-être responsables
de
ce que parfois nos disciples ont insisté plus qu’il ne convenait sur
2165
sur les facteurs économiques. Nous étions forcés
d’
insister sur leur caractère fondamental, par opposition à nos adversai
2166
nous n’eûmes pas toujours le temps ni l’occasion
de
rendre justice aux autres facteurs. » De la doctrine marxiste à la
2167
asion de rendre justice aux autres facteurs. »
De
la doctrine marxiste à la tactique soviétiquebj En effet, de ce «
2168
marxiste à la tactique soviétiquebj En effet,
de
ce « mensonge » opportuniste qu’était le matérialisme polémique, prom
2169
mique, promu par un glissement inévitable au rang
de
doctrine du parti, devait sortir la « vérité » tactique du matérialis
2170
ire, celui que la presse bourgeoise a si beau jeu
d’
attaquer aujourd’hui — encore qu’elle le pratique elle-même sans vergo
2171
sans vergogne, tout en le niant pour les besoins
de
sa cause. Ce matérialisme vulgaire, que Marx avait tout d’abord comba
2172
rès lui, un mensonge absolu exactement symétrique
de
celui des idéalistes : la croyance que si l’on change l’ordre des cho
2173
e erreur non moins grave que celle des défenseurs
de
l’esprit pur : l’erreur qui porte l’homme à croire que la cause de to
2174
l’erreur qui porte l’homme à croire que la cause
de
tous ses malheurs est dans les choses, et non dans lui. (Il n’en fut
2175
mes — dont on a fait des résumés — qu’il a raison
de
croire cela. Bien plus, Marx vient lui démontrer que ceux qui prétend
2176
, car l’argent distribué aux masses ne manque pas
de
créer du bonheur. Pour réussir, il faut une discipline. Pour la maint
2177
, aux scrupuleux, libre au camarade Gide lui-même
de
s’indigner : il faut ce qu’il faut. L’étatisme dictatorial contredit
2178
aut. L’étatisme dictatorial contredit la doctrine
de
Marx ? Qu’importe, puisque le but final est la richesse, mère du bonh
2179
ulu le matérialisme vulgaire. Mais les nécessités
de
la polémique d’une part, — et sa définition de l’homme concret, purem
2180
és de la polémique d’une part, — et sa définition
de
l’homme concret, purement social, d’autre part, l’ont amené à mettre
2181
ienne devant le « monde » On parle avec raison
de
« doctrine » marxiste, d’» idéologie », de « tactique » communistes.
2182
On parle avec raison de « doctrine » marxiste,
d’
» idéologie », de « tactique » communistes. Mais ce serait introduire
2183
raison de « doctrine » marxiste, d’» idéologie »,
de
« tactique » communistes. Mais ce serait introduire une confusion irr
2184
serait introduire une confusion irrémédiable que
de
parler dans le même sens d’une « doctrine » du christianisme. Le chré
2185
sion irrémédiable que de parler dans le même sens
d’
une « doctrine » du christianisme. Le chrétien, et surtout le protesta
2186
s dogmes théologiques puissent figurer la théorie
d’
une pratique30. Le christianisme n’est pas un programme ; ni, comme le
2187
; ni une tactique, cela va de soi. Parlons plutôt
d’
une attitude. Et d’une attitude totale. (Je dirais bien totalitaire, s
2188
cela va de soi. Parlons plutôt d’une attitude. Et
d’
une attitude totale. (Je dirais bien totalitaire, si le mot n’avait ét
2189
eillement perverti par les caricatures séculières
de
la révolution chrétienne.) La vie et la pensée chrétiennes, en effet,
2190
èrent à chaque instant à ce qui détermine le tout
de
l’homme : son origine, sa fin, et sa mission présente. Le chrétien sa
2191
t de Dieu, le Créateur ; qu’il va vers le Royaume
de
Dieu, le Réconciliateur ; et qu’il a pour mission actuelle d’obéir à
2192
Réconciliateur ; et qu’il a pour mission actuelle
d’
obéir à une Parole qui est Jésus-Christ, le Médiateur. Mais cette Paro
2193
l méconnaît, ne sont que les reflets énigmatiques
de
cet événement primordial — ses succédanés temporels, en dérive vers l
2194
s qu’à attendre, et à subir en gémissant les lois
d’
un monde qu’il condamne ! Car alors, où serait son refus ? Et quelle p
2195
serait son refus ? Et quelle preuve aurions-nous
de
sa transformation ? Une mauvaise humeur résignée ? Une simple réticen
2196
leur aveuglement quant au devoir, et au pouvoir,
de
l’homme transformé par la foi. L’homme nouveau, selon l’Évangile, est
2197
veau, selon l’Évangile, est un homme qui a changé
de
sens. Il est orienté autrement, comme l’indique le mot conversion. Ob
2198
se, il reconnaît du même coup l’origine et le but
de
sa vie : il connaît dès lors son péché, tout ce qui l’écartait de sa
2199
onnaît dès lors son péché, tout ce qui l’écartait
de
sa voie. Mais il se connaît du même coup responsable à l’endroit du m
2200
faute. Ainsi : conscience du péché, connaissance
de
la fin et de l’origine, obligation d’agir pour racheter le mal commis
2201
: conscience du péché, connaissance de la fin et
de
l’origine, obligation d’agir pour racheter le mal commis, sont trois
2202
onnaissance de la fin et de l’origine, obligation
d’
agir pour racheter le mal commis, sont trois moments indivisibles de l
2203
er le mal commis, sont trois moments indivisibles
de
la « transformation » dont parle Paul. L’un n’est pas concevable, sér
2204
sement, sans l’autre. « Toute droite connaissance
de
Dieu naît de l’obéissance », écrit Calvin. Et que serait une obéissan
2205
l’autre. « Toute droite connaissance de Dieu naît
de
l’obéissance », écrit Calvin. Et que serait une obéissance qui ne se
2206
as ? La transformation personnelle, au sens total
de
l’Évangile, ne peut donc se traduire, si elle s’est faite, que par un
2207
t pas converti — mais encore toute transformation
de
la forme actuelle des choses, qui ne serait pas l’effet d’une convers
2208
me actuelle des choses, qui ne serait pas l’effet
d’
une conversion des hommes, ne doit être aux yeux du chrétien, qu’une r
2209
’Évangile est formel : « Que servirait à un homme
de
gagner le monde, s’il perdait son âme ? » Son âme, c’est-à-dire la co
2210
t son âme ? » Son âme, c’est-à-dire la conscience
de
son origine et de sa fin, du sens même de son action, de sa pensée, d
2211
âme, c’est-à-dire la conscience de son origine et
de
sa fin, du sens même de son action, de sa pensée, de sa vie corporell
2212
science de son origine et de sa fin, du sens même
de
son action, de sa pensée, de sa vie corporelle ! Précisons, car nous
2213
origine et de sa fin, du sens même de son action,
de
sa pensée, de sa vie corporelle ! Précisons, car nous ne parlons pas
2214
sa fin, du sens même de son action, de sa pensée,
de
sa vie corporelle ! Précisons, car nous ne parlons pas de vérités « p
2215
e corporelle ! Précisons, car nous ne parlons pas
de
vérités « purement théologiques » comme le dirait un incroyant. Que s
2216
servirait à l’homme, tel que le voit le chrétien,
de
sauver sa vie matérielle et morale, d’échapper à la guerre, à la misè
2217
chrétien, de sauver sa vie matérielle et morale,
d’
échapper à la guerre, à la misère, à l’oppression, s’il ignore ou refu
2218
les guerres se déchaîner, et les chômeurs mourir
de
faim ? Ce serait prouver qu’on n’est pas converti. J’agirai donc, tou
2219
stes Telle étant donc la conception chrétienne
de
l’homme, seul responsable du mal qui est dans le monde, on comprendra
2220
i apparaisse nécessairement borné. Je me servirai
d’
une image. L’enfant qui rate son coup, ou qui se heurte contre un meub
2221
», criait l’enfant Rimbaud ! Et les intellectuels
de
gauche reprennent aujourd’hui cette devise, pour l’opposer au « spiri
2222
ti chrétien » eût triomphé, rien ne l’eût empêché
de
subir le sort fatal des révoltes politiques : il eût revêtu les forme
2223
temps plus paisibles l’évangélisation — sa raison
d’
être — il se fût consacré aux tâches plus urgentes : donner du pain et
2224
nouvelle, absolument nouvelle, venant d’ailleurs,
d’
au-delà de ce monde, de leur transformation en Christ, venu au monde.
2225
absolument nouvelle, venant d’ailleurs, d’au-delà
de
ce monde, de leur transformation en Christ, venu au monde. Il n’annon
2226
uvelle, venant d’ailleurs, d’au-delà de ce monde,
de
leur transformation en Christ, venu au monde. Il n’annonçait pas un f
2227
ement salutaire, au nom d’une Personne vivante et
de
son amour éternel. Il annonçait l’homme changé. Trop beau tout cela
2228
ne foi que ma raison refuse, et qu’elle m’ordonne
d’
ignorer. Je ne vois pas les effets d’une telle foi dans l’histoire de
2229
le m’ordonne d’ignorer. Je ne vois pas les effets
d’
une telle foi dans l’histoire de notre Occident33. Si je n’ai pas votr
2230
is pas les effets d’une telle foi dans l’histoire
de
notre Occident33. Si je n’ai pas votre foi, je ne les vois pas. Je vo
2231
êchant la résignation. C’est vraiment trop facile
de
se mettre en règle avec sa mauvaise conscience, en prétextant que l’i
2232
nt que l’intérieur importe seul, et que le « pain
de
vie » suffit à nourrir l’homme ! Peut-être suffit-il à vous nourrir,
2233
ovoqué parmi les « exploités » un tel soulèvement
d’
espérances, de telles vagues d’adhésions enthousiastes, si aveuglement
2234
es « exploités » un tel soulèvement d’espérances,
de
telles vagues d’adhésions enthousiastes, si aveuglement enthousiastes
2235
un tel soulèvement d’espérances, de telles vagues
d’
adhésions enthousiastes, si aveuglement enthousiastes, c’est qu’il s’e
2236
xistence, tout le malheur dont en vérité le péché
de
chacun est responsable. L’observation est juste ; elle est insuffisan
2237
’est sa volonté proclamée, concrète et immédiate,
de
changer tout ; et non pas seulement l’« esprit » ou l’« intérieur ».
2238
aine n’a plus été prêchée au monde avec une force
d’
attaque assez gênante et bouleversante. C’est que l’« esprit » qui dev
2239
s conformismes, ou du moins n’a pas su, par excès
de
prudence, empêcher que les foules le considèrent comme tel. Les chrét
2240
chrétiens sont bien plus responsables des succès
de
Marx auprès des foules, que le marxisme n’est responsable du déclin d
2241
conscience plus fidèle, partant plus douloureuse
de
ce fait, je crois qu’ils éviteraient d’attaquer le marxisme dans les
2242
uloureuse de ce fait, je crois qu’ils éviteraient
d’
attaquer le marxisme dans les mêmes termes que la réaction. Mais ceci
2243
ntenu, il reste qu’en doctrine, et indépendamment
de
toutes nos fautes, l’objection marxiste ne vaut rien, alors que l’obj
2244
enne est imparable. Quand un marxiste me reproche
de
me contenter d’un changement tout spirituel, et qui n’affecte en rien
2245
le. Quand un marxiste me reproche de me contenter
d’
un changement tout spirituel, et qui n’affecte en rien le cours des ch
2246
sse à mon hypocrisie, à ma lâcheté, à mon absence
de
foi, mais non pas du tout à la foi. Car la foi, dit Luther, est ‟une
2247
changent. Ce que tu me reproches, c’est, en fait,
de
n’être pas assez chrétien ! Tu m’incites donc à le devenir davantage,
2248
eligion. Ton athéisme devient prédication ! Drôle
d’
aventure, pour un dialecticien ! Si tu dis que le chrétien est celui q
2249
ntiel du marxisme, je le répète, c’est sa volonté
de
changer le monde, le monde d’abord, et non pas l’homme d’abord, et le
2250
l’excès du matérialisme, non point par la malice
de
Staline, mais par l’effet des conditions physiques et spirituelles de
2251
l’effet des conditions physiques et spirituelles
de
l’homme en ce qu’elles ont d’irréductibles à toute détermination soci
2252
ues et spirituelles de l’homme en ce qu’elles ont
d’
irréductibles à toute détermination sociale ou historique imaginable,
2253
ir34. Le problème des fins dernières : Royaume
de
Dieu ou paradis terrestre ? Nous arrivons maintenant, toute équivo
2254
le problème se posait avec urgence, aux environs
de
1933, de réunir dans un même enthousiasme, « les deux Karl », c’est-à
2255
ème se posait avec urgence, aux environs de 1933,
de
réunir dans un même enthousiasme, « les deux Karl », c’est-à-dire Bar
2256
ue proprement théologique se révèle seule capable
de
marquer les limites existant en fait, et les distinctions décisives.
2257
ique du communisme n’est justiciable, en soi, que
d’
une critique politique, économique, historique, etc.36 Et je ne vois p
2258
nique. Mais ce qui tombe directement sous le coup
de
la seule critique théologique, ce sont les buts derniers du communism
2259
es postulats qu’il suppose. Qu’on me permette ici
d’
être un peu schématique pour plus de clarté. Il me paraît que l’opposi
2260
permette ici d’être un peu schématique pour plus
de
clarté. Il me paraît que l’opposition finale entre la croyance marxis
2261
prépare un paradis terrestre, le paradis temporel
de
l’homme ; le christianisme prépare un Royaume éternel, qui sera celui
2262
anisme prépare un Royaume éternel, qui sera celui
de
Dieu, non de la Terre. Tous deux sont eschatologiques, en ce sens qu’
2263
e un Royaume éternel, qui sera celui de Dieu, non
de
la Terre. Tous deux sont eschatologiques, en ce sens qu’ils rapporten
2264
à un terme futur et total, accessible au travers
d’
une longue tribulation, d’une longue passion temporelle. Et c’est la «
2265
, accessible au travers d’une longue tribulation,
d’
une longue passion temporelle. Et c’est la « foi », substance des chos
2266
, substance des choses espérées, qui permet seule
de
supporter les maux que l’on endure au nom du but dernier. (Le chrétie
2267
te sur son bûcher, le komsomol accepte un salaire
de
famine s’il faut cela pour sauver l’URSS.) Mais l’eschaton chrétien e
2268
ver l’URSS.) Mais l’eschaton chrétien est au-delà
de
ce temps, est éternel, et par là même peut être immédiatement présent
2269
xister hic et nunc. Comment l’opposition radicale
de
ces deux fins, la temporelle et l’éternelle, va-t-elle maintenant se
2270
nt se manifester dans notre siècle ? Le phénomène
de
la « conversion » le fait bien voir. Un homme qui se convertit au chr
2271
au-dedans de lui. Cet homme n’est plus le maître
de
sa vie. Il est l’agent d’une vocation venue d’ailleurs, mais pour lui
2272
me n’est plus le maître de sa vie. Il est l’agent
d’
une vocation venue d’ailleurs, mais pour lui seul et ici-bas, et qui a
2273
elle porte témoignage en faveur du fait accompli
d’
une révolution humaine. Le chrétien converti commence donc par la fin
2274
ossède déjà l’essentiel, que Marx voyait au terme
de
l’histoire : la personne. Et alors, il attaque le monde ! Mais un hom
2275
est pas accompli, l’histoire n’ayant jamais connu
de
réalisation de communisme. Ainsi, des deux, c’est le marxiste qui est
2276
i, l’histoire n’ayant jamais connu de réalisation
de
communisme. Ainsi, des deux, c’est le marxiste qui est l’utopiste ; e
2277
ée, me montre dès maintenant un peu de la réalité
de
mes espérances. » Mais l’espérance finale du communisme, c’est la lib
2278
pérance finale du communisme, c’est la libération
de
l’homme. Et moi je lui montre un homme libéré, tandis qu’il ne peut m
2279
me montrer que quelques conditions préliminaires
d’
une libération toujours future. Je marquerai encore une autre différen
2280
ar là même, il se voit contraint à chaque instant
de
transformer autour de lui ce qui s’oppose à son bien souverain. S’il
2281
rain. S’il est chrétien, il sait qu’il est membre
d’
un corps qui porte toutes les marques du péché. Il est alors en face d
2282
hé. Il est alors en face du monde, et au nom même
de
sa foi, dans la posture d’un révolutionnaire permanent. Non seulement
2283
monde, et au nom même de sa foi, dans la posture
d’
un révolutionnaire permanent. Non seulement il se voit contraint de ve
2284
ire permanent. Non seulement il se voit contraint
de
venir en aide à son prochain, mais encore rien ne peut le satisfaire
2285
prochain, mais encore rien ne peut le satisfaire
de
ce qu’il obtient, par cet effort, s’il compare ce mieux-être relatif
2286
reçu en Christ. Il possède en lui-même la mesure
d’
une perpétuelle transformation, nécessaire dans tous les domaines où s
2287
ices présentes, du fait qu’il croit que l’intérêt
de
l’homme est seul en jeu — et de l’homme tel qu’il le conçoit, être so
2288
oit que l’intérêt de l’homme est seul en jeu — et
de
l’homme tel qu’il le conçoit, être social — se verra fatalement neutr
2289
t entre les intérêts sociaux présents et le désir
d’
aller au-delà, d’aller jusqu’à l’accomplissement final. Car cet accomp
2290
êts sociaux présents et le désir d’aller au-delà,
d’
aller jusqu’à l’accomplissement final. Car cet accomplissement, ou plé
2291
déviations dites « réformistes » ou « étatistes »
de
la révolution matérialiste. Pour qu’une telle pesanteur ne gagne pas
2292
et en 1917), il faudrait que l’homme soit délivré
de
son péché, « changé », sorti du plan, précisément, où le marxisme le
2293
écisément, où le marxisme le maintient. Moyens
d’
action du chrétien et du marxiste Préparer le royaume de l’homme, o
2294
du chrétien et du marxiste Préparer le royaume
de
l’homme, ou témoigner par des actes visibles en faveur du retour d’un
2295
oigner par des actes visibles en faveur du retour
d’
un Royaume déjà réalisé en Christ, cela suppose identiquement une volo
2296
en Christ, cela suppose identiquement une volonté
de
changer tout ce qui peut l’être ; mais aussi, cela suppose certains m
2297
l’être ; mais aussi, cela suppose certains moyens
d’
action qui ne sauraient être les mêmes dans les deux cas, si la fin se
2298
seule justifie les moyens39. La fin, ou le télos
de
l’action du chrétien, c’est le royaume de justice et d’amour. Tout ac
2299
e télos de l’action du chrétien, c’est le royaume
de
justice et d’amour. Tout acte qui contredirait, dans le présent, la l
2300
ction du chrétien, c’est le royaume de justice et
d’
amour. Tout acte qui contredirait, dans le présent, la loi d’amour et
2301
ut acte qui contredirait, dans le présent, la loi
d’
amour et de justice, même s’il était commis au nom des intérêts de l’É
2302
contredirait, dans le présent, la loi d’amour et
de
justice, même s’il était commis au nom des intérêts de l’Église chrét
2303
stice, même s’il était commis au nom des intérêts
de
l’Église chrétienne, détruirait en fait cette Église en tant qu’elle
2304
fait cette Église en tant qu’elle vit dans chacun
de
ses membres, et non pas dans un ciel abstrait. Car le gage de l’actio
2305
es, et non pas dans un ciel abstrait. Car le gage
de
l’action chrétienne n’est pas futur, mais éternel et donc présent. Si
2306
éternel et donc présent. Si, pour sauver le futur
de
l’Église, je désobéis dans le présent, je perds tout du même coup, pr
2307
st et je m’oppose à son retour. Il n’est donc pas
d’
» opportunisme » chrétien qui tienne, et tous les moyens du chrétien d
2308
est le cas du marxiste. N’ayant pas derrière lui
de
modèle accompli, ni en lui de Présence souveraine, il se sent libre d
2309
nt pas derrière lui de modèle accompli, ni en lui
de
Présence souveraine, il se sent libre d’appliquer les moyens qu’il ju
2310
i en lui de Présence souveraine, il se sent libre
d’
appliquer les moyens qu’il juge adéquats aux intérêts momentanés de so
2311
oyens qu’il juge adéquats aux intérêts momentanés
de
son Parti et de sa classe. Ainsi Staline peut justifier en bonne doct
2312
adéquats aux intérêts momentanés de son Parti et
de
sa classe. Ainsi Staline peut justifier en bonne doctrine « dialectiq
2313
ialectique » ses négations actuelles du but final
de
Marx. Il légitime son étatisme totalitaire en arguant que c’est le se
2314
me totalitaire en arguant que c’est le seul moyen
d’
accéder à un stade économique plus favorable au développement du socia
2315
la vraie volonté du marxisme, plutôt qu’un reste
d’
humanisme libéral. Le fait est que la grosse majorité des communistes
2316
la grosse majorité des communistes suit Staline.
D’
où il résulte à l’évidence que pour la grosse majorité des communistes
2317
’oppression, l’hypocrisie suprême nommée « raison
d’
État », et jusqu’à la guerre s’il le faut, sont des moyens parfaitemen
2318
te » personnelle et actuelle, puisqu’il n’y a pas
de
salut présent ni éternel, puisque le salut n’est pas pour eux de tout
2319
t ni éternel, puisque le salut n’est pas pour eux
de
toute façon, mais pour les descendants de leurs descendants ? C’est a
2320
our eux de toute façon, mais pour les descendants
de
leurs descendants ? C’est ainsi qu’on a vu Zinoviev, par « fidélité »
2321
Imaginez maintenant qu’un vrai chrétien juge bon
de
s’inscrire au parti communiste ou de militer en sa faveur : l’alterna
2322
ien juge bon de s’inscrire au parti communiste ou
de
militer en sa faveur : l’alternative où il se place est sans issue. C
2323
ans issue. Car ou bien il accepte les disciplines
d’
action que lui impose son parti, et qui comportent la haine et le mens
2324
ais alors pour sauver le monde, il perd sa raison
d’
être personnelle, et renie justement cette foi qu’il croyait mieux ser
2325
ieux servir dans le communisme ; ou bien il tâche
de
n’agir qu’en chrétien ; mais alors il devient un opposant, un « trotz
2326
a fin dernière du chrétien est présente en chacun
de
ses actes, ou bien n’est pas ; tandis que la fin dernière du marxiste
2327
’on voit qu’en dépit du langage, la transcendance
de
la foi chrétienne se manifeste ici et maintenant et engage le tout de
2328
se manifeste ici et maintenant et engage le tout
de
l’homme ; tandis que l’immanence de la croyance marxiste renvoie sans
2329
ngage le tout de l’homme ; tandis que l’immanence
de
la croyance marxiste renvoie sans cesse le fait humain total dans un
2330
indéfini, et n’engage que certaines dispositions
de
l’être, celles-là précisément que l’avenir socialiste, la société san
2331
le chrétien sait que le bien naît du parfait.
D’
une conséquence politique de la foi Je m’adresserai maintenant aux
2332
n naît du parfait. D’une conséquence politique
de
la foi Je m’adresserai maintenant aux chrétiens déclarés. J’en voi
2333
vois beaucoup qui estiment que la transformation
de
l’homme importe seule, puisqu’elle est, en effet, l’essentiel, et le
2334
puisqu’elle est, en effet, l’essentiel, et le but
de
tout autre changement. J’en vois beaucoup qui jugent que l’action per
2335
vois beaucoup qui jugent que l’action personnelle
de
charité et de sacrifice, pour le mieux-être du prochain, suffit à com
2336
qui jugent que l’action personnelle de charité et
de
sacrifice, pour le mieux-être du prochain, suffit à compléter, si je
2337
des risques financiers, et même parfois l’abandon
de
tous biens et d’intérêts humains très chers. Mais je demande à ces ch
2338
ciers, et même parfois l’abandon de tous biens et
d’
intérêts humains très chers. Mais je demande à ces chrétiens « changés
2339
isme le plus « activiste ». Pourquoi refusent-ils
de
s’occuper de politique ? Comment se fait-il qu’un grand nombre d’entr
2340
« activiste ». Pourquoi refusent-ils de s’occuper
de
politique ? Comment se fait-il qu’un grand nombre d’entre eux s’en dé
2341
nt : « On ne peut pas tout faire ! Quand beaucoup
d’
hommes seront changés, beaucoup de problèmes se poseront autrement… »
2342
ations toutes théoriques : elle doit nous avertir
de
corriger sans trêve la déviation spiritualiste qui menace notre vie c
2343
ue leur foi doit se manifester sur tous les plans
de
l’activité humaine, y compris le plan politique, ils ne répondront pa
2344
olitique chrétienne, déduite une fois pour toutes
de
la théologie. Mais je crois que le christianisme, aussitôt qu’il se m
2345
intime, à la création d’autres formes. Il importe
de
savoir lesquelles, et de les préparer consciemment. Sinon nous laisse
2346
utres formes. Il importe de savoir lesquelles, et
de
les préparer consciemment. Sinon nous laisserons le champ libre à tou
2347
ntes. Il se pose là, me semble-t-il, une question
de
solidarité, qui est une forme de la charité. Parfois aussi le devoir
2348
il, une question de solidarité, qui est une forme
de
la charité. Parfois aussi le devoir chrétien peut apparaître plus his
2349
fasciste ou soviétique : c’est la « mise au pas »
de
nos vies et de tous les aspects de nos vies, tant spirituels que maté
2350
iétique : c’est la « mise au pas » de nos vies et
de
tous les aspects de nos vies, tant spirituels que matériels, au servi
2351
mise au pas » de nos vies et de tous les aspects
de
nos vies, tant spirituels que matériels, au service de l’État déifié.
2352
s vies, tant spirituels que matériels, au service
de
l’État déifié. Cette situation n’est pas sans rappeler celle de l’Emp
2353
ié. Cette situation n’est pas sans rappeler celle
de
l’Empire romain au premier âge du christianisme, telle que nous l’évo
2354
p bien organisées). On parle, à tort ou à raison,
d’
États chrétiens, ou de nations, de forces, de civilisation chrétiennes
2355
parle, à tort ou à raison, d’États chrétiens, ou
de
nations, de forces, de civilisation chrétiennes. Tout cela se trouve
2356
rt ou à raison, d’États chrétiens, ou de nations,
de
forces, de civilisation chrétiennes. Tout cela se trouve mis au défi
2357
son, d’États chrétiens, ou de nations, de forces,
de
civilisation chrétiennes. Tout cela se trouve mis au défi par l’exige
2358
xigence totalitaire, comme le prouve le spectacle
de
l’Allemagne. L’État nouveau veut qu’on l’adore, sinon déjà dans des f
2359
sent aux commandements du Décalogue, et au devoir
d’
amour chrétien. Le conflit est inévitable. Suffira-t-il dès lors de se
2360
Le conflit est inévitable. Suffira-t-il dès lors
de
se laisser persécuter ? N’avons-nous rien à faire qu’à subir le marty
2361
Ou qu’à revêtir vis-à-vis de l’État une attitude
d’
objecteurs de conscience ? N’avons-nous rien que nous-mêmes à sauver,
2362
tir vis-à-vis de l’État une attitude d’objecteurs
de
conscience ? N’avons-nous rien que nous-mêmes à sauver, alors que nos
2363
précise : un calviniste, doit être ici en mesure
de
répondre. De toutes les Églises chrétiennes, l’Église calviniste est
2364
calviniste, doit être ici en mesure de répondre.
De
toutes les Églises chrétiennes, l’Église calviniste est en effet la p
2365
elle qu’en passant les dragonnades et les guerres
de
religion qui les précèdent : on sait assez que ce fut la lutte d’une
2366
les précèdent : on sait assez que ce fut la lutte
d’
une royauté déjà « totalitaire » contre des groupes, loyalistes il est
2367
certaine mise au pas. Il serait peut-être abusif
de
déduire d’une situation déterminée par la persécution brutale, que le
2368
ise au pas. Il serait peut-être abusif de déduire
d’
une situation déterminée par la persécution brutale, que les Églises c
2369
Mais si nous remontons plus haut, jusqu’au règne
de
François Ier, c’est-à-dire jusqu’à une époque où la passion totalitai
2370
nsciemment fédérative42. Or il ne s’agit plus ici
de
contingences historiques. C’est le fond même de la doctrine calvinist
2371
i de contingences historiques. C’est le fond même
de
la doctrine calviniste qui s’exprime par cette structure. L’importanc
2372
ure. L’importance attachée par Calvin à la notion
de
vocation personnelle suffit à expliquer ce processus. À une éthique c
2373
spond nécessairement une organisation fédéraliste
de
l’Église, et même de l’État. Calvin n’a pas fondé, comme le répètent
2374
une organisation fédéraliste de l’Église, et même
de
l’État. Calvin n’a pas fondé, comme le répètent tous les manuels, une
2375
, une société théocratique, mais bien une société
de
type fédératif, respectant les diversités, voulues par Dieu, dans l’u
2376
par Dieu, dans l’unité spirituelle. Et les suites
de
cette création sont encore visibles aujourd’hui : nulle part l’esprit
2377
nulle part l’esprit totalitaire n’a trouvé moins
de
complicité et plus de résistance déclarée que dans les pays calvinist
2378
otalitaire n’a trouvé moins de complicité et plus
de
résistance déclarée que dans les pays calvinistes, où la notion de l’
2379
larée que dans les pays calvinistes, où la notion
de
l’autonomie des groupes reste vivace (Angleterre, Écosse, Suisse, Hol
2380
gne, la lutte des Églises contre l’emprise morale
de
l’État fut menée, on le sait, par Karl Barth : c’est-à-dire par un ca
2381
viniste… Je ne voudrais pas restreindre la portée
de
ce fait en l’opposant, comme il serait facile, à l’esprit unitaire et
2382
l’esprit unitaire et impérial qui anime l’Église
de
Rome. Le grand souci d’œcuménisme, que nous voyons gagner toutes les
2383
périal qui anime l’Église de Rome. Le grand souci
d’
œcuménisme, que nous voyons gagner toutes les Églises, est une promess
2384
s, est une promesse à laquelle nous devons croire
de
toute la force de notre foi. Aussi ne veux-je tirer de mon exemple qu
2385
e à laquelle nous devons croire de toute la force
de
notre foi. Aussi ne veux-je tirer de mon exemple qu’une conclusion qu
2386
ute la force de notre foi. Aussi ne veux-je tirer
de
mon exemple qu’une conclusion que je crois valable pour tout chrétien
2387
ue Église qu’il appartienne. Nous avons tous reçu
de
Dieu un appel strictement personnel, un « charisme » dont nous sommes
2388
les. Nous ne pouvons donc pas approuver une forme
d’
État qui, par définition, contredit toute diversité, toute autonomie s
2389
mie spirituelle au sein de la communauté. Il y va
de
notre tout, personnel, mais aussi de la valeur de la communauté pour
2390
uté. Il y va de notre tout, personnel, mais aussi
de
la valeur de la communauté pour tous les hommes qui la composent. Ne
2391
de notre tout, personnel, mais aussi de la valeur
de
la communauté pour tous les hommes qui la composent. Ne fût-ce que po
2392
Elle entraîne beaucoup de braves gens au service
d’
une cause présentée comme une valeur de pères de famille. C’est en vér
2393
au service d’une cause présentée comme une valeur
de
pères de famille. C’est en vérité la croisade du matérialisme hypocri
2394
e d’une cause présentée comme une valeur de pères
de
famille. C’est en vérité la croisade du matérialisme hypocrite contre
2395
mes contre leur frère, le stalinisme : une guerre
de
religions qui ne sont pas les nôtres. Je prends ici parti contre une
2396
uniste. On nous donne à choisir entre deux sortes
de
matérialisme. Mais le communisme, au moins, voulait changer le monde…
2397
anger le monde… Contre les arguments démagogiques
de
nos croisés, je répète, après Berdiaev, après Gide : la « vérité » du
2398
après Gide : la « vérité » du communisme résulte
de
la trahison du christianisme par la chrétienté. Toutes les aspiration
2399
ns valables et généreuses du marxisme sont autant
d’
essais de sauvetage de vérités chrétiennes égarées, déformées, ou « mi
2400
es et généreuses du marxisme sont autant d’essais
de
sauvetage de vérités chrétiennes égarées, déformées, ou « mises sous
2401
ses du marxisme sont autant d’essais de sauvetage
de
vérités chrétiennes égarées, déformées, ou « mises sous le boisseau p
2402
boisseau par les chrétiens ». Cela est vrai même
de
l’aspiration totalitaire, qui est monstrueuse dans ses formes actuell
2403
ais qui traduit encore, obscurément, l’aspiration
d’
un Occident jadis chrétien, vers une économie sauvée : le Royaume où D
2404
ses chrétiennes ont à souffrir demain par le fait
d’
un État tyrannique, il faut qu’elles sachent qu’elles en sont responsa
2405
i nos libertés civiques sont brimées, par le fait
d’
une doctrine et d’un État « matérialistes », il faut savoir que nous e
2406
iques sont brimées, par le fait d’une doctrine et
d’
un État « matérialistes », il faut savoir que nous en sommes les respo
2407
e. Tout le mal vient de notre esprit. C’est à lui
de
faire pénitence, car c’était lui qui devait témoigner de sa primauté
2408
e pénitence, car c’était lui qui devait témoigner
de
sa primauté salutaire. Mais il faut aussi repartir. La tragédie de Ma
2409
lutaire. Mais il faut aussi repartir. La tragédie
de
Marx et du marxisme, c’est de n’avoir pas su, ou pas pu opposer au me
2410
partir. La tragédie de Marx et du marxisme, c’est
de
n’avoir pas su, ou pas pu opposer au mensonge spiritualiste, la vérit
2411
ns pas à nous dresser contre la « vérité » déviée
de
Marx, contre une vérité orpheline, coupée des liens vivants qui l’att
2412
! », disait l’Apôtre. Malheur à moi si je refuse
de
réaliser l’Évangile dans tous les domaines de la vie. La seule lutte
2413
use de réaliser l’Évangile dans tous les domaines
de
la vie. La seule lutte efficace contre le matérialisme, c’est la lutt
2414
ui supprimera la réalité présente. Les conditions
de
ce mouvement sont données par cette situation » (Marx, Deutsche Ideol
2415
» (Rom., 12, 5). D’autre part, Marx n’a pas cessé
de
critiquer l’« individu isolé et abstrait » (Thèses sur Feuerbach). 2
2416
ait » (Thèses sur Feuerbach). 24. Marx, Critique
de
la philosophie hégélienne du droit. 25. Au sens le plus large du ter
2417
t désigner aussi bien la « société sans classes »
de
Marx, que le « Royaume de Dieu » chrétien. 26. « Dans la pratique, l
2418
société sans classes » de Marx, que le « Royaume
de
Dieu » chrétien. 26. « Dans la pratique, l’homme doit prouver la vér
2419
Dans la pratique, l’homme doit prouver la vérité
de
sa pensée, c’est-à-dire sa réalité et sa puissance concrète. Réalité
2420
réalité et sa puissance concrète. Réalité ou non
de
la pensée humaine isolée du domaine pratique, c’est querelle de pure
2421
umaine isolée du domaine pratique, c’est querelle
de
pure scolastique » (Marx, 2e thèse sur Feuerbach). De même pour le ch
2422
s dit autre chose, contrairement aux affirmations
de
polémistes ignorants, ou qui jouent sur les deux sens du mot œuvres (
2423
et action concrète). 27. Je parle, bien entendu,
de
la religion telle que Marx la voyait, telle qu’elle lui apparaissait
2424
que a vu le grand réveil piétiste. 28. « L’armée
de
la critique ne peut évidemment remplacer la critique des armes » (Mar
2425
remplacer la critique des armes » (Marx, Critique
de
le philosophie hégélienne). Il faut en user, certes, mais elle ne suf
2426
e ne serait pas « dialectique ». « La coïncidence
de
la modification des circonstances et de la modification de l’activité
2427
ïncidence de la modification des circonstances et
de
la modification de l’activité humaine, ou transformation personnelle,
2428
ification des circonstances et de la modification
de
l’activité humaine, ou transformation personnelle, ne peut être ratio
2429
me ! Mais combien oubliée par le communiste moyen
de
nos jours ! 30. Selon Karl Barth, par exemple, la dogmatique n’est q
2430
ise s’adresse à elle-même, et qui a pour fonction
de
corriger sans cesse, de rectifier le message annoncé par la prédicati
2431
e, et qui a pour fonction de corriger sans cesse,
de
rectifier le message annoncé par la prédication et par les sacrements
2432
prédication et par les sacrements. C’est un acte
d’
obéissance, et c’est aussi un acte d’humilité ; car toute parole humai
2433
’est un acte d’obéissance, et c’est aussi un acte
d’
humilité ; car toute parole humaine sur Dieu est nécessairement inadéq
2434
t ainsi qu’une mesure critique que l’Église prend
de
son message sous le rapport de sa fidélité à son fondement, à son con
2435
un programme théorique qu’il s’agirait maintenant
d’
appliquer. En bref, la doctrine chrétienne, si l’on veut établir un pa
2436
s doute dangereux — ce serait la Personne vivante
de
Jésus-Christ, et non pas la théologie, simple autocritique de l’Églis
2437
ist, et non pas la théologie, simple autocritique
de
l’Église et du message que l’on prêche dans l’Église. 31. « S’attend
2438
c les mêmes inconvénients. Certes il y a des lois
de
l’histoire en ce sens qu’on retrouve les mêmes mécanismes partout où
2439
Mühlestein, rétorquait : « Toutes les révolutions
de
l’histoire de l’Occident, sont sorties de la religion chrétienne. Tou
2440
torquait : « Toutes les révolutions de l’histoire
de
l’Occident, sont sorties de la religion chrétienne. Toute autre cause
2441
lutions de l’histoire de l’Occident, sont sorties
de
la religion chrétienne. Toute autre cause est secondaire. » Et Henri
2442
t Henri de Man : « Je crois qu’il n’y a jamais eu
de
tentative révolutionnaire qui n’ait été d’origine chrétienne. S’il n’
2443
ais eu de tentative révolutionnaire qui n’ait été
d’
origine chrétienne. S’il n’y a pas de socialisme en Asie, cela tient à
2444
ui n’ait été d’origine chrétienne. S’il n’y a pas
de
socialisme en Asie, cela tient à l’absence du christianisme. » Je not
2445
christianisme. » Je note ici, à l’appui des dires
de
de Man, que le mouvement syndicaliste au Japon a été fondé par un chr
2446
ions physiques et spirituelles en ce qu’elles ont
de
permanent », car alors, le marxiste me ferait observer que des facteu
2447
ferait observer que des facteurs très essentiels
de
l’être même peuvent varier selon les milieux et la nature des institu
2448
tutions. (Ainsi le besoin prétendu « primordial »
de
propriété, peut très bien être anéanti chez l’homme par un régime com
2449
me communiste.) Que reste-t-il dans l’être humain
d’
absolument irréductible à toute transformation sociale ? La mort physi
2450
é. Mais aussi : la qualité, la fonction créatrice
de
l’esprit. En somme, tout l’essentiel ! — Je dis que toute doctrine qu
2451
Je dis que toute doctrine qui ne tient pas compte
d’
une de ces conditions conduit nécessairement soit à l’idéalisme, soit
2452
que toute doctrine qui ne tient pas compte d’une
de
ces conditions conduit nécessairement soit à l’idéalisme, soit à son
2453
Le stalinisme totalitaire résulte nécessairement
d’
une conception de l’homme purement social, qui néglige la fonction spi
2454
talitaire résulte nécessairement d’une conception
de
l’homme purement social, qui néglige la fonction spirituelle (créatri
2455
arisation du christianisme résulte nécessairement
de
l’Évangile ! 35. Déclaration d’un étudiant chinois au congrès mondia
2456
e nécessairement de l’Évangile ! 35. Déclaration
d’
un étudiant chinois au congrès mondial de la Fédération des étudiants
2457
laration d’un étudiant chinois au congrès mondial
de
la Fédération des étudiants chrétiens. (Cf. Student World, automne 19
2458
erner Sombart, un de Man, et en France, le groupe
de
l’Ordre nouveau. (Cf. en particulier la Révolution nécessaire, par Ar
2459
n nécessaire, par Aron et Dandieu, et sa critique
de
la notion d’échange chez Marx.) 37. « Les pharisiens lui ayant deman
2460
par Aron et Dandieu, et sa critique de la notion
d’
échange chez Marx.) 37. « Les pharisiens lui ayant demandé quand vien
2461
iens lui ayant demandé quand viendrait le Royaume
de
Dieu, Jésus leur répondit : Le Royaume de Dieu ne vient pas de manièr
2462
Royaume de Dieu, Jésus leur répondit : Le Royaume
de
Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards et l’on ne dira pa
2463
i, ou bien : il est là ! Car voici que le Royaume
de
Dieu est au-dedans de vous ! » (Luc, 17, 20-25.) 38. Je parle ici, l
2464
7, 20-25.) 38. Je parle ici, l’on m’entend bien,
de
ce que doit être un chrétien conséquent. Il est trop clair que nous r
2465
isons viennent de ceci : que nous n’acceptons pas
de
tout soumettre aux volontés de Dieu. Nous réservons certaines activit
2466
us n’acceptons pas de tout soumettre aux volontés
de
Dieu. Nous réservons certaines activités, celles-là précisément dont
2467
, et ceux des autres ! Exemple typique : l’auteur
d’
un des cantiques les plus pieux du recueil anglais, sir John Browning,
2468
sous la menace des canons, à s’ouvrir au commerce
de
l’opium. Un tel fait donne raison en apparence à la critique marxiste
2469
en soi contraires à la justice, — ou à l’essence
de
la fin souhaitée. 40. Je ne cède pas ici à l’imagerie polémique des
2470
istes représentent chez nous, en général, l’élite
de
leur classe. Je ne les traite pas de menteurs, d’hypocrites, etc. Mai
2471
ral, l’élite de leur classe. Je ne les traite pas
de
menteurs, d’hypocrites, etc. Mais je dis qu’en tant qu’ils approuvent
2472
de leur classe. Je ne les traite pas de menteurs,
d’
hypocrites, etc. Mais je dis qu’en tant qu’ils approuvent la politique
2473
je dis qu’en tant qu’ils approuvent la politique
de
Staline et ses moyens, connus de tous, ils approuvent le mensonge (af
2474
ent la politique de Staline et ses moyens, connus
de
tous, ils approuvent le mensonge (affaire Zinoviev), l’hypocrisie (en
2475
déportation des paysans, des écrivains), la haine
de
classe (prêchée par Marx) et la guerre (pour peu qu’elle soit censée
2476
r ici un jugement quelconque sur les groupes dits
d’
Oxford. Je ne les cite qu’au seul titre d’exemple topique. 42. Le réd
2477
es dits d’Oxford. Je ne les cite qu’au seul titre
d’
exemple topique. 42. Le rédacteur de cette « discipline » paraît avoi
2478
u seul titre d’exemple topique. 42. Le rédacteur
de
cette « discipline » paraît avoir été le pasteur Antoine de Chandieu,
2479
oine de Chandieu, mais l’intervention personnelle
de
Calvin dans l’élaboration du document ne fait pas de doute. « C’est,
2480
Calvin dans l’élaboration du document ne fait pas
de
doute. « C’est, dit F. de Schickler, une constitution très serrée en
2481
ratique, fédérative et parlementaire. » À la base
de
tout, il y a l’église locale, ou paroisse. Ces églises se fédèrent pa
2482
e. Ces églises se fédèrent par région. L’instance
d’
appel est « la cour suprême du synode national ». (John Viénot, Histoi
2483
rême du synode national ». (John Viénot, Histoire
de
la Réforme française, I, p. 271.) 43. C’est-à-dire : fondée sur la n
2484
p. 271.) 43. C’est-à-dire : fondée sur la notion
de
vocation. 44. L’URSS est le seul État totalement totalitaire, disait
2485
isait récemment Victor Serge, écrivain communiste
d’
opposition, au retour de sa déportation en Sibérie. bh. Texte initial
2486
erge, écrivain communiste d’opposition, au retour
de
sa déportation en Sibérie. bh. Texte initialement paru en français :
2487
ns du communisme » dans le texte original. bj. «
De
la doctrine marxiste à la tactique stalinienne » dans l’original.
2488
La baleine qui avait faimbk Pourquoi le besoin
de
chercher est-il si vital dans les monde occidental ? Concernant la re
2489
rnant la recherche en généralbl, il paraît facile
de
répondre : un homme qui cherche, c’est qu’il n’est pas satisfait de c
2490
omme qui cherche, c’est qu’il n’est pas satisfait
de
ce qu’il a. Mais cette réponse ne vaut que pour le chercheur occasion
2491
place, s’il en trouve une très bonne, il cessera
de
mettre des annonces dans le journal. La recherche dont je voudrais vo
2492
te par aucun résultat concret et limité. L’esprit
de
recherche a pour caractère décisif d’être sans fin ni cesse, d’être i
2493
é. L’esprit de recherche a pour caractère décisif
d’
être sans fin ni cesse, d’être indéfiniment avide. Chaque nourriture q
2494
pour caractère décisif d’être sans fin ni cesse,
d’
être indéfiniment avide. Chaque nourriture qu’il trouve, au lieu de l’
2495
encore son appétit. Par où l’on voit que l’esprit
de
recherche n’est pas un instinct animal, mais une passion spirituelle.
2496
mieux le définir qu’en vous résumant une légende
de
l’ancienne Russie orthodoxe et mystique, la légende de la Grande Bale
2497
ancienne Russie orthodoxe et mystique, la légende
de
la Grande Baleine45. Il y avait une fois une grande baleine que les h
2498
ait une fois une grande baleine que les habitants
d’
un village avaient prise vivante, et qu’ils aimaient beaucoup. Elle av
2499
ce publique, on lui apporta des quantités énormes
de
nourriture, elle mangea tout, et dit qu’elle avait encore faim, aussi
2500
veux Dieu. » Cette légende marque le but extrême
de
toute la recherche des hommes. La Baleine voulait l’absolu, le Tout,
2501
itive. Elle voulait quelque chose qui fût au-delà
de
toute réponse partielle, précise, utile : au-delà de tout ce qu’on pe
2502
toute réponse partielle, précise, utile : au-delà
de
tout ce qu’on peut avoir ou même savoir : au-delà même de notre angoi
2503
ce qu’on peut avoir ou même savoir : au-delà même
de
notre angoisse fondamentale devant la vie, le monde et l’inconnu. Et
2504
ont ainsi droit au but, brûlant toutes les étapes
de
la recherche. Quelques-uns des plus grands savants, un Newton, un Ein
2505
plupart auraient peine à formuler l’objet précis
de
leur recherche, qui n’est jamais ceci ou cela seulement, mais un méla
2506
ent, mais un mélange — conscient ou inconscient —
de
tous les buts que je viens d’indiquer. Ce qu’ils ont en commun, du fa
2507
nt ou inconscient — de tous les buts que je viens
d’
indiquer. Ce qu’ils ont en commun, du fait même qu’ils sont hommes et
2508
non pas simples animaux, c’est le besoin profond
de
dépasser leur condition présente, leurs données natives ou sociales.
2509
onnées natives ou sociales. Et l’horizon lointain
de
la recherche humaine, dans tous les ordres — de la mystique à la tech
2510
n de la recherche humaine, dans tous les ordres —
de
la mystique à la technique en passant par les arts et les sciences —
2511
u qu’on se refuse à lui donner. Ayant ainsi tenté
de
définir le sens dernier de la recherche en général, je me tournerai m
2512
ner. Ayant ainsi tenté de définir le sens dernier
de
la recherche en général, je me tournerai maintenant vers le problème
2513
tournerai maintenant vers le problème particulier
de
la recherche occidentale. La civilisation qui est née en Europe a dom
2514
grands traits généralement tenus pour des causes
de
faiblesse : je veux parler d’une certaine incertitude ou inquiétude,
2515
nus pour des causes de faiblesse : je veux parler
d’
une certaine incertitude ou inquiétude, d’un certain désordre permanen
2516
parler d’une certaine incertitude ou inquiétude,
d’
un certain désordre permanent. Les Chinois anciens et les Égyptiens, l
2517
iétique offre ou impose à l’homme des masses plus
de
sécurité et beaucoup moins de problèmes que nos libres démocraties. (
2518
mme des masses plus de sécurité et beaucoup moins
de
problèmes que nos libres démocraties. (C’est là tout le secret du suc
2519
n Europe bien plus qu’en Amérique, nous souffrons
d’
une espèce d’inquiétude générale. Nous ne cessons de parler du « désar
2520
plus qu’en Amérique, nous souffrons d’une espèce
d’
inquiétude générale. Nous ne cessons de parler du « désarroi de l’époq
2521
une espèce d’inquiétude générale. Nous ne cessons
de
parler du « désarroi de l’époque ». Nous avons l’impression de vivre
2522
générale. Nous ne cessons de parler du « désarroi
de
l’époque ». Nous avons l’impression de vivre dans un chaos sans cesse
2523
« désarroi de l’époque ». Nous avons l’impression
de
vivre dans un chaos sans cesse croissant, dans un maquis de contradic
2524
ans un chaos sans cesse croissant, dans un maquis
de
contradictions morales, intellectuelles et pratiques. D’où vient cett
2525
radictions morales, intellectuelles et pratiques.
D’
où vient cette inquiétude fondamentale ? D’où, ce désordre permanent q
2526
iques. D’où vient cette inquiétude fondamentale ?
D’
où, ce désordre permanent que les meilleurs esprits déplorent depuis d
2527
Je pense même qu’ils remontent aux sources vives
de
notre civilisation, et qu’ils en sont inséparables. Je les rattache à
2528
l’esprit scientifique. Notre inquiétude provient
de
notre foi, et nos incertitudes sont créées par la nature même de nos
2529
t nos incertitudes sont créées par la nature même
de
nos certitudes. Ce paradoxe s’explique d’une manière assez simple. Pr
2530
re même de nos certitudes. Ce paradoxe s’explique
d’
une manière assez simple. Prenons l’exemple de l’homme chrétien. Il pe
2531
que d’une manière assez simple. Prenons l’exemple
de
l’homme chrétien. Il peut lire dans les Écritures « qu’il n’y a pas u
2532
aint. Il sait que le péché consiste à être séparé
de
la Vérité vivante, et que tous les hommes sont pécheurs. Il cherche d
2533
eurs. Il cherche donc. Il cherche à se rapprocher
de
la vérité et de la sainteté. Dans cet effort sans fin ni cesse il est
2534
donc. Il cherche à se rapprocher de la vérité et
de
la sainteté. Dans cet effort sans fin ni cesse il est pourtant souten
2535
c un inquiet perpétuel, mais qui sait les raisons
de
son inquiétude ; il sait qu’elle est normale, et non désespérée, puis
2536
-dire par sa certitude. Prenons ensuite l’exemple
de
l’homme scientifique. Celui-ci lit l’histoire des sciences. Elle lui
2537
es l’une après l’autre, et que pourtant la raison
d’
être de la Science est de saisir des vérités certaines. Dans cet effor
2538
e après l’autre, et que pourtant la raison d’être
de
la Science est de saisir des vérités certaines. Dans cet effort sans
2539
t que pourtant la raison d’être de la Science est
de
saisir des vérités certaines. Dans cet effort sans fin ni cesse — ici
2540
sans fin ni cesse — ici encore — pour s’approcher
d’
un but toujours fuyant, il est soutenu par sa confiance en la raison e
2541
ison et l’expérience vérifiante. La même exigence
de
rigueur, qui d’une part, sans relâche vient remettre en question les
2542
e l’on croyait acquises, d’autre part est le gage
d’
un progrès vers le vrai. Ainsi donc, du désordre vers un certain ordre
2543
désordre, puis vers une nouvelle façon plus large
de
l’interpréter, la Science avance. Cette inquiétude perpétuelle, déter
2544
isations antiques et asiatiques, comme des essais
de
civilisations totalitaires. À la vérité sacrée et intangible réglant
2545
vérité sacrée et intangible réglant chaque détail
de
la vie, à l’ordre total et définitif décrétés par le roi-prêtre ou pa
2546
dictateur, l’Europe oppose l’idée et la pratique
d’
une remise en question permanente de tout, d’une insatisfaction sans f
2547
t la pratique d’une remise en question permanente
de
tout, d’une insatisfaction sans fin, d’une inquiétude créatrice de dé
2548
ique d’une remise en question permanente de tout,
d’
une insatisfaction sans fin, d’une inquiétude créatrice de désordres,
2549
ermanente de tout, d’une insatisfaction sans fin,
d’
une inquiétude créatrice de désordres, et de révolutions bien sûr, mai
2550
satisfaction sans fin, d’une inquiétude créatrice
de
désordres, et de révolutions bien sûr, mais créatrice aussi de libert
2551
fin, d’une inquiétude créatrice de désordres, et
de
révolutions bien sûr, mais créatrice aussi de liberté. Incertitude et
2552
et de révolutions bien sûr, mais créatrice aussi
de
liberté. Incertitude et insatisfaction, contradictions, désordre, dés
2553
tion, contradictions, désordre, désarroi : autant
de
causes de faiblesse et de ruine, semble-t-il. Et pourtant, c’est tout
2554
radictions, désordre, désarroi : autant de causes
de
faiblesse et de ruine, semble-t-il. Et pourtant, c’est tout cela qui
2555
rdre, désarroi : autant de causes de faiblesse et
de
ruine, semble-t-il. Et pourtant, c’est tout cela qui a fait l’Europe.
2556
quiète et insatiable qui a poussé les navigateurs
de
la Renaissance à découvrir les autres peuples de la Terre, pour les c
2557
de la Renaissance à découvrir les autres peuples
de
la Terre, pour les convertir et les dominer, alors que nous Européens
2558
rsonne, notez-le bien. C’est une passion inquiète
de
vérifier sans cesse le pouvoir de l’homme sur la nature qui est à l’o
2559
assion inquiète de vérifier sans cesse le pouvoir
de
l’homme sur la nature qui est à l’origine des expériences physiologiq
2560
ues et mécaniques, que certains eurent le courage
de
risquer à la même époque. Et voici, à partir de ces pionniers, tout l
2561
siècle, à la technique. Or quel est le but final
de
notre effort technique, considéré dans son ensemble ? Déjà l’on nous
2562
éjà l’on nous fait entrevoir que les applications
de
l’énergie nucléaire et solaire permettront, vers la fin de ce siècle,
2563
gie nucléaire et solaire permettront, vers la fin
de
ce siècle, de réduire le travail des ouvriers à quelques dizaines d’h
2564
et solaire permettront, vers la fin de ce siècle,
de
réduire le travail des ouvriers à quelques dizaines d’heures par an,
2565
duire le travail des ouvriers à quelques dizaines
d’
heures par an, pour une production décuplée. La technique conduit donc
2566
hnique conduit donc, en fait, vers une libération
de
l’homme. Mais cet homme libéré du travail, que va-t-il faire de ses l
2567
is cet homme libéré du travail, que va-t-il faire
de
ses loisirs, qui deviendront l’essentiel de sa vie ? Problème immense
2568
faire de ses loisirs, qui deviendront l’essentiel
de
sa vie ? Problème immense et tout nouveau, qui viendra se substituer
2569
e substituer aux problèmes économiques et sociaux
d’
aujourd’hui, portant alors au premier plan les grandes questions d’édu
2570
rtant alors au premier plan les grandes questions
d’
éducation et de culture. Ainsi, chaque réussite de la recherche occide
2571
premier plan les grandes questions d’éducation et
de
culture. Ainsi, chaque réussite de la recherche occidentale crée de n
2572
d’éducation et de culture. Ainsi, chaque réussite
de
la recherche occidentale crée de nouvelles incertitudes, appelant de
2573
chaque réussite de la recherche occidentale crée
de
nouvelles incertitudes, appelant de nouveaux progrès, c’est-à-dire de
2574
identale crée de nouvelles incertitudes, appelant
de
nouveaux progrès, c’est-à-dire de nouvelles recherches. J’ai tâché de
2575
tudes, appelant de nouveaux progrès, c’est-à-dire
de
nouvelles recherches. J’ai tâché de faire voir que le génie de la rec
2576
c’est-à-dire de nouvelles recherches. J’ai tâché
de
faire voir que le génie de la recherche est le génie même de l’Europe
2577
recherches. J’ai tâché de faire voir que le génie
de
la recherche est le génie même de l’Europe. J’ajouterai une dernière
2578
ir que le génie de la recherche est le génie même
de
l’Europe. J’ajouterai une dernière remarque : le génie de la recherch
2579
ope. J’ajouterai une dernière remarque : le génie
de
la recherche pure est la condition même de la survie de l’Europe. C’e
2580
génie de la recherche pure est la condition même
de
la survie de l’Europe. C’est en effet la technique et son progrès con
2581
recherche pure est la condition même de la survie
de
l’Europe. C’est en effet la technique et son progrès constant qui a p
2582
ontinent, simple « cap de l’Asie » comme on sait,
de
dominer toute la Planète. C’est la technique et son progrès constant
2583
ppé nos procédés et nos méthodes. Mais le progrès
de
la technique dépend de la recherche pure. Et celle-ci dépend à son to
2584
méthodes. Mais le progrès de la technique dépend
de
la recherche pure. Et celle-ci dépend à son tour de tout l’ensemble c
2585
la recherche pure. Et celle-ci dépend à son tour
de
tout l’ensemble culturel et spirituel de notre civilisation. Rien ne
2586
son tour de tout l’ensemble culturel et spirituel
de
notre civilisation. Rien ne serait donc plus faux ni plus dangereux p
2587
it donc plus faux ni plus dangereux pour nous que
de
maintenir des cloisons étanches entre la culture en général et la tec
2588
ure pure, la recherche pure, est l’origine réelle
de
nos progrès techniques. Et là-dessus une petite histoire vraie. C’éta
2589
. C’était il y a quatre ou cinq ans. Je cherchais
de
l’argent, comme il arrive, pour une entreprise culturelle. J’allai vo
2590
lturelle. J’allai voir un industriel qui fabrique
d’
énormes turbines. Il m’écouta, distrait d’abord, puis impatient ; m’ex
2591
’est qu’un luxe, et que l’important était d’abord
de
lutter contre le communisme, qu’il confondait, je le crains, avec les
2592
le crains, avec les réformes sociales. En sortant
de
chez lui, les mains vides, je me dis ceci : cet homme tire sa puissan
2593
des, je me dis ceci : cet homme tire sa puissance
de
la turbine, mais après tout ce n’est pas lui qui l’inventa. Qui donc
2594
, dans une atmosphère très savante, mais pénétrée
de
spiritualité. Influencé par le piétisme, il pensait que sa science ab
2595
que sa science abstraite ne devait pas l’empêcher
de
se rendre utile aux hommes. Aussi dessina-t-il, à temps perdu, les pl
2596
mes. Aussi dessina-t-il, à temps perdu, les plans
d’
une machine d’un type nouveau, qu’il baptisa turbine. Ainsi grâce au g
2597
sina-t-il, à temps perdu, les plans d’une machine
d’
un type nouveau, qu’il baptisa turbine. Ainsi grâce au génie d’Euler,
2598
veau, qu’il baptisa turbine. Ainsi grâce au génie
d’
Euler, au milieu culturel de Bâle, et au piétisme, des milliers d’ouvr
2599
Ainsi grâce au génie d’Euler, au milieu culturel
de
Bâle, et au piétisme, des milliers d’ouvriers et d’ingénieurs gagnent
2600
eu culturel de Bâle, et au piétisme, des milliers
d’
ouvriers et d’ingénieurs gagnent leur vie, des paquebots traversent l’
2601
Bâle, et au piétisme, des milliers d’ouvriers et
d’
ingénieurs gagnent leur vie, des paquebots traversent l’Océan, d’énorm
2602
gnent leur vie, des paquebots traversent l’Océan,
d’
énormes capitaux s’amassent. 45. Je la tiens du grand écrivain russe
2603
. Texte initialement paru en français : « Le rôle
de
la recherche en Europe », Bulletin du Centre européen de la culture,
2604
4-janvier 1955, p. 9-13. bl. Traduit directement
de
l’édition américaine.
2605
es peuples qu’à partir du jour où il sera capable
de
répondre avec force et autorité aux questions politiques de notre tem
2606
e avec force et autorité aux questions politiques
de
notre temps. Qu’il le pressente, qu’il ait au moins une sorte de cons
2607
Qu’il le pressente, qu’il ait au moins une sorte
de
conscience anxieuse de l’œuvre à faire, c’est ce que prouvent ses « e
2608
’il ait au moins une sorte de conscience anxieuse
de
l’œuvre à faire, c’est ce que prouvent ses « encycliques » improvisée
2609
uvent ses « encycliques » improvisées à la veille
de
la guerre. Qu’il soit encore très loin d’une vision dynamique de l’ac
2610
veille de la guerre. Qu’il soit encore très loin
d’
une vision dynamique de l’action immédiate, c’est ce que prouvent ces
2611
u’il soit encore très loin d’une vision dynamique
de
l’action immédiate, c’est ce que prouvent ces mêmes déclarations. Ell
2612
es mêmes déclarations. Elles souffrent avant tout
d’
un manque de ton, qui révèle un manque de nécessité intérieure. Elles
2613
larations. Elles souffrent avant tout d’un manque
de
ton, qui révèle un manque de nécessité intérieure. Elles expriment l’
2614
ant tout d’un manque de ton, qui révèle un manque
de
nécessité intérieure. Elles expriment l’accord d’un certain nombre de
2615
de nécessité intérieure. Elles expriment l’accord
d’
un certain nombre de bonnes volontés, non pas l’élan d’une volonté pré
2616
ure. Elles expriment l’accord d’un certain nombre
de
bonnes volontés, non pas l’élan d’une volonté précise et combative. E
2617
certain nombre de bonnes volontés, non pas l’élan
d’
une volonté précise et combative. Elles sont un respectable résultat,
2618
nt un respectable résultat, mais non pas un point
de
départ. Sans doute garderont-elles une valeur historique. Mais comme
2619
auront passé inaperçues en leur temps. Ce manque
d’
efficacité des messages œcuméniques, dans le plan politique, provient
2620
ais il y a plus. L’erreur commise jusqu’ici a été
d’
essayer de choisir prudemment une attitude politique plus ou moins jus
2621
plus. L’erreur commise jusqu’ici a été d’essayer
de
choisir prudemment une attitude politique plus ou moins juste d’une p
2622
moins juste d’une part, plus ou moins acceptable
de
l’autre. Sans doute n’était-il pas possible de faire davantage à ce m
2623
le de l’autre. Sans doute n’était-il pas possible
de
faire davantage à ce moment. En fait, on a examiné la situation mondi
2624
n a examiné la situation mondiale et l’on a tenté
de
l’améliorer, conformément à des principes indiscutés de morale chréti
2625
méliorer, conformément à des principes indiscutés
de
morale chrétienne et naturelle. Or le réformisme moral n’a jamais pu
2626
cer le cours des événements. L’histoire est faite
d’
initiatives, non de retouches, de vœux et d’amendements. Et pour qu’un
2627
énements. L’histoire est faite d’initiatives, non
de
retouches, de vœux et d’amendements. Et pour qu’une initiative abouti
2628
stoire est faite d’initiatives, non de retouches,
de
vœux et d’amendements. Et pour qu’une initiative aboutisse, il faut q
2629
faite d’initiatives, non de retouches, de vœux et
d’
amendements. Et pour qu’une initiative aboutisse, il faut qu’elle repr
2630
portée par une passion qui jaillisse du tréfonds
de
sa foi créatrice. Les hommes qui ont fait l’histoire sont ceux qui av
2631
toire sont ceux qui avaient une vision passionnée
de
leur but et qui ont su plier les circonstances à leur dessein. Dans u
2632
ain sens, nous dirons qu’ils partaient sans cesse
d’
eux-mêmes, de leur foi ou de leur ambition, la plus profonde, et non p
2633
s dirons qu’ils partaient sans cesse d’eux-mêmes,
de
leur foi ou de leur ambition, la plus profonde, et non pas des donnée
2634
partaient sans cesse d’eux-mêmes, de leur foi ou
de
leur ambition, la plus profonde, et non pas des données et des aspira
2635
ons plus ou moins exactement connues ou supposées
de
leur époque. Leur action fut puissante dans la mesure exacte où elle
2636
la mesure exacte où elle fut l’expression directe
de
leur être. Si le mouvement œcuménique veut agir, et il le doit, il fa
2637
qu’il reconnaisse d’abord cette loi fondamentale
de
l’action. En d’autres termes, il faut que son action politique parte
2638
es termes, il faut que son action politique parte
de
lui-même, de ce qu’il a, de ce qu’il est, et de sa foi constitutive.
2639
faut que son action politique parte de lui-même,
de
ce qu’il a, de ce qu’il est, et de sa foi constitutive. Il n’a pas à
2640
ction politique parte de lui-même, de ce qu’il a,
de
ce qu’il est, et de sa foi constitutive. Il n’a pas à emprunter ici e
2641
e de lui-même, de ce qu’il a, de ce qu’il est, et
de
sa foi constitutive. Il n’a pas à emprunter ici et là pour composer u
2642
à emprunter ici et là pour composer une mosaïque
de
mesures désirables, mais au contraire sa position politique doit expr
2643
au contraire sa position politique doit exprimer
d’
une façon nécessaire sa nature même. Ses déclarations doivent traduire
2644
e les principes qui sont impliqués dans la vision
de
l’œcuménisme. Rien que cela, mais tout cela, avec confiance, mais aus
2645
conséquence.bn Résumons-nous : il ne s’agit pas
d’
adopter une politique accidentellement ou indirectement « chrétienne »
2646
t ou indirectement « chrétienne », mais il s’agit
d’
actualiser la politique impliquée dès le début dans la volonté et l’es
2647
é et l’espérance œcuménique. Le présent essai n’a
d’
autre ambition que d’esquisser les grandes lignes de ce développement,
2648
énique. Le présent essai n’a d’autre ambition que
d’
esquisser les grandes lignes de ce développement, et d’en indiquer les
2649
autre ambition que d’esquisser les grandes lignes
de
ce développement, et d’en indiquer les articulations. Que l’on excuse
2650
uisser les grandes lignes de ce développement, et
d’
en indiquer les articulations. Que l’on excuse le schématisme des page
2651
e schématisme des pages qui suivent : c’est celui
d’
un plan de travail, d’un sommaire. Certains conflits permanents de l’
2652
sme des pages qui suivent : c’est celui d’un plan
de
travail, d’un sommaire. Certains conflits permanents de l’histoire o
2653
s qui suivent : c’est celui d’un plan de travail,
d’
un sommaire. Certains conflits permanents de l’histoire ont pris de n
2654
ail, d’un sommaire. Certains conflits permanents
de
l’histoire ont pris de nos jours un caractère de violence sans précéd
2655
rtains conflits permanents de l’histoire ont pris
de
nos jours un caractère de violence sans précédent. À travers les comp
2656
de l’histoire ont pris de nos jours un caractère
de
violence sans précédent. À travers les complexités infinies de nos di
2657
ans précédent. À travers les complexités infinies
de
nos difficultés économiques, sociales, politiques et religieuses, ils
2658
, politiques et religieuses, ils se dégagent avec
d’
autant plus de simplicité qu’ils ont atteint un climat presque mortel.
2659
t religieuses, ils se dégagent avec d’autant plus
de
simplicité qu’ils ont atteint un climat presque mortel. Conflit polit
2660
ivers conflits ne sont en réalité que les aspects
d’
une seule et même opposition fondamentale, réfractée à des niveaux dif
2661
niveaux différents. Remarquons ensuite que chacun
de
ces termes opposés deux à deux est également faux en soi, c’est-à-dir
2662
let. Il s’ensuit que dans leur plan, il n’y a pas
de
solution possible. Ils sont inconciliables parce que, de la combinais
2663
tion possible. Ils sont inconciliables parce que,
de
la combinaison de deux erreurs, on ne peut faire sortir une vérité, m
2664
sont inconciliables parce que, de la combinaison
de
deux erreurs, on ne peut faire sortir une vérité, mais seulement une
2665
xie ne sera jamais retrouvée en faisant une somme
d’
hérésies. Du conflit politique et économique, résultent pratiquement l
2666
oudre l’opposition unité-division, il serait vain
de
rechercher une solution intermédiaire ou « libérale », à mi-chemin de
2667
chemin des deux erreurs en lutte. Il faut changer
de
plan, et retrouver l’attitude centrale dont ces deux erreurs ne sont
2668
hie. Notre thèse étant la suivante : la théologie
de
l’œcuménisme implique une philosophie de la personne dont l’applicati
2669
héologie de l’œcuménisme implique une philosophie
de
la personne dont l’application est une politique du fédéralisme. Th
2670
it suggérer ce titre : nous ne voulons pas parler
d’
une « théologie œcuménique », synthèse utopique des théologies existan
2671
s existantes, ou doctrine nouvelle qui risquerait
de
n’être compatible avec aucune des théologies existantes. Ce qui nous
2672
reprise. Le principal est celui-ci : la théologie
de
l’œcuménisme subsiste et tombe avec la foi dans l’union des chrétiens
2673
ist, cette foi pouvant être connotée par le rejet
de
l’hérésie unitaire. Certes, il n’est pas de pire menace pour le mouve
2674
rejet de l’hérésie unitaire. Certes, il n’est pas
de
pire menace pour le mouvement œcuménique que l’utopie et la tentation
2675
mouvement œcuménique que l’utopie et la tentation
d’
une unité formelle, humainement vérifiable, assurée et définitive. Car
2676
ppositions que le mouvement œcuménique se propose
de
surmonter. C’est dans la mesure exacte où les Églises ont voulu trans
2677
na Sancta en une assurance visible et restrictive
de
l’unité (d’organisation ou de doctrine), c’est dans la mesure exacte
2678
une assurance visible et restrictive de l’unité (
d’
organisation ou de doctrine), c’est dans la mesure exacte où elles ont
2679
ible et restrictive de l’unité (d’organisation ou
de
doctrine), c’est dans la mesure exacte où elles ont douté d’une union
2680
), c’est dans la mesure exacte où elles ont douté
d’
une union par essence incontrôlable, qu’elles ont perdu leur communion
2681
u leur communion réelle. Rappelons ici l’histoire
de
la tour de Babel : la volonté de bâtir un monument visible à la gloir
2682
union réelle. Rappelons ici l’histoire de la tour
de
Babel : la volonté de bâtir un monument visible à la gloire de l’unit
2683
s ici l’histoire de la tour de Babel : la volonté
de
bâtir un monument visible à la gloire de l’unité des hommes, conduisi
2684
volonté de bâtir un monument visible à la gloire
de
l’unité des hommes, conduisit à la division de leur langage. Il convi
2685
re de l’unité des hommes, conduisit à la division
de
leur langage. Il convient de laisser aux théologiens le soin de défin
2686
duisit à la division de leur langage. Il convient
de
laisser aux théologiens le soin de définir la doctrine positive de l’
2687
e. Il convient de laisser aux théologiens le soin
de
définir la doctrine positive de l’union au nom de laquelle doit être
2688
éologiens le soin de définir la doctrine positive
de
l’union au nom de laquelle doit être condamnée l’hérésie unitaire. Do
2689
doit être condamnée l’hérésie unitaire. Doctrine
de
la multiplicité des dons accordés par le seul et même Père, ou doctri
2690
ns accordés par le seul et même Père, ou doctrine
de
la pluralité des demeures dans un seul et même ciel, ou encore doctri
2691
res dans un seul et même ciel, ou encore doctrine
de
la diversité des membres d’un seul et même corps : quel que soit le n
2692
l, ou encore doctrine de la diversité des membres
d’
un seul et même corps : quel que soit le nom qu’on lui donne, en aucun
2693
om qu’on lui donne, en aucun cas elle ne manquera
de
fondements bibliques indiscutables. (Pour ma part, je n’en vois pas d
2694
es indiscutables. (Pour ma part, je n’en vois pas
de
meilleur que la première Épître aux Corinthiens : c’est dans ses appe
2695
union, précisément, que Paul établit avec le plus
de
force la légitimité des diversités. Ce qui me paraît d’une excellente
2696
ce la légitimité des diversités. Ce qui me paraît
d’
une excellente méthode.) Est-il permis d’en appeler aussi au précédent
2697
e paraît d’une excellente méthode.) Est-il permis
d’
en appeler aussi au précédent des sept Églises d’Asie, possédant chacu
2698
d’en appeler aussi au précédent des sept Églises
d’
Asie, possédant chacune leur ange ? Ou à la parole « Soyez un comme le
2699
re et moi sommes un », qui établit le modèle même
de
l’union dans la distinction des personnes ? Posons ces questions-là a
2700
personnes ? Posons ces questions-là aux docteurs
de
l’Église. Mais voici ce que nous devons affirmer dès maintenant : la
2701
ous devons affirmer dès maintenant : la théologie
de
l’œcuménisme considère que la diversité des vocations divines n’est p
2702
des vocations divines n’est pas une imperfection
de
l’union, mais sa vie même. Un deuxième trait, complémentaire d’ailleu
2703
rs, doit être au moins rappelé ici : la théologie
de
l’œcuménisme ne vise pas à démanteler les orthodoxies existantes, dan
2704
ses, mais au contraire, elle a pour premier effet
de
les renforcer en les rendant plus conscientes de leurs valeurs authen
2705
de les renforcer en les rendant plus conscientes
de
leurs valeurs authentiques, et c’est par ce détour, précisément, qu’e
2706
écisément, qu’elle espère atteindre une communion
d’
esprit en profondeur. En d’autres termes, l’appel à l’union ne s’adres
2707
l’union ne s’adresse pas aux dissidents virtuels
de
chaque Église, mais à leurs membres les plus fidèles. Toutefois, cett
2708
it à se fermer sur elle-même et à n’admettre plus
de
recours direct au chef de l’Église, lequel est au ciel à la droite de
2709
me et à n’admettre plus de recours direct au chef
de
l’Église, lequel est au ciel à la droite de Dieu, et non pas sur la t
2710
chef de l’Église, lequel est au ciel à la droite
de
Dieu, et non pas sur la terre, dans telle ville, ou dans tels écrits,
2711
se ou secte n’a jamais été capable, grâce à Dieu,
de
se fermer totalement aux inspirations du Saint-Esprit. Aucune Église
2712
sation ou leur doctrine particulière. Au principe
d’
union transcendant qui assure la permanence de l’Église universelle, c
2713
ipe d’union transcendant qui assure la permanence
de
l’Église universelle, certaines ont ajouté, et peu à peu substitué en
2714
outé, et peu à peu substitué en fait, un principe
d’
unité immanent, c’est-à-dire humainement contrôlable. C’est la formule
2715
re humainement contrôlable. C’est la formule même
de
la tyrannie. Car, contre un principe d’unité immanent, mais pratiquem
2716
mule même de la tyrannie. Car, contre un principe
d’
unité immanent, mais pratiquement puis théoriquement absolutisé, il n’
2717
ement puis théoriquement absolutisé, il n’y a pas
de
recours ou d’appel possibles de la part du fidèle. Il doit se soumett
2718
oriquement absolutisé, il n’y a pas de recours ou
d’
appel possibles de la part du fidèle. Il doit se soumettre ou sortir.
2719
tre ou sortir. S’il se soumet, il court le risque
d’
obéir aux hommes plutôt qu’à Dieu. S’il sort, c’est avec amertume, et
2720
re réformée, je n’épiloguerai pas ici sur l’unité
d’
organisation romaine, considérée comme nécessaire au salut. Mais je ra
2721
testante du xviiie siècle : une certaine manière
de
proclamer le dogme de l’inspiration littérale des Écritures, par exem
2722
ècle : une certaine manière de proclamer le dogme
de
l’inspiration littérale des Écritures, par exemple, revient à dispose
2723
ement des Écritures. Car aussitôt que le principe
d’
unité apparaît humainement vérifiable, l’orthodoxie de l’Église se « f
2724
ité apparaît humainement vérifiable, l’orthodoxie
de
l’Église se « ferme » sur elle-même. D’où les schismes nombreux, dès
2725
rthodoxie de l’Église se « ferme » sur elle-même.
D’
où les schismes nombreux, dès cette époque, dans les Églises calvinist
2726
e qui prétend se suffire et posséder son principe
d’
unité, une Église qui tend à se fermer par le haut pour mieux assurer
2727
humaine, devient à la fois isolée et génératrice
de
schismes. Son attitude est donc doublement antiœcuménique. Sa volonté
2728
de est donc doublement antiœcuménique. Sa volonté
d’
unité s’oppose à l’union. Elle transforme la diversité en division. Al
2729
dans ses membres ! La vie normale du corps dépend
de
la vitalité de chacun de ses membres, et la vie d’un membre dépend de
2730
s ! La vie normale du corps dépend de la vitalité
de
chacun de ses membres, et la vie d’un membre dépend de son harmonie a
2731
normale du corps dépend de la vitalité de chacun
de
ses membres, et la vie d’un membre dépend de son harmonie avec les au
2732
e la vitalité de chacun de ses membres, et la vie
d’
un membre dépend de son harmonie avec les autres membres, assurée par
2733
acun de ses membres, et la vie d’un membre dépend
de
son harmonie avec les autres membres, assurée par l’appartenance à un
2734
rons plus loin, et à plusieurs reprises, ce thème
de
l’harmonie organique opposé au thème de l’unité systématique. Notons
2735
ce thème de l’harmonie organique opposé au thème
de
l’unité systématique. Notons qu’il n’entraîne aucunement un éloge de
2736
ique. Notons qu’il n’entraîne aucunement un éloge
de
la « tolérance » libérale à base d’indifférence dogmatique. Car l’har
2737
ment un éloge de la « tolérance » libérale à base
d’
indifférence dogmatique. Car l’harmonie des membres n’est pas une tolé
2738
lement la division ou la duplication accidentelle
d’
un même organe, n’ont rien de mieux à faire qu’à fusionner le plus tôt
2739
ication accidentelle d’un même organe, n’ont rien
de
mieux à faire qu’à fusionner le plus tôt possible. Philosophie de
2740
’à fusionner le plus tôt possible. Philosophie
de
la personne Les positions œcuméniques que nous venons d’esquisser
2741
onne Les positions œcuméniques que nous venons
d’
esquisser enveloppent une doctrine de l’homme. Au conflit qui oppose l
2742
nous venons d’esquisser enveloppent une doctrine
de
l’homme. Au conflit qui oppose l’unité et la division dans le plan de
2743
it qui oppose l’unité et la division dans le plan
de
l’Église, correspond terme à terme le conflit qui oppose la collectiv
2744
oppose la collectivité et l’individu dans le plan
de
la société. Et de même que l’œcuménisme retrouve la position spiritue
2745
personnalisme. Cherchons à illustrer les notions
d’
individu, de collectivité, et de personne par des exemples historiques
2746
me. Cherchons à illustrer les notions d’individu,
de
collectivité, et de personne par des exemples historiques susceptible
2747
strer les notions d’individu, de collectivité, et
de
personne par des exemples historiques susceptibles de faire image. L’
2748
ersonne par des exemples historiques susceptibles
de
faire image. L’individu est une invention grecque, et sa naissance si
2749
recque, et sa naissance signale la naissance même
de
l’hellénisme. C’est l’homme de la tribu qui se met à réfléchir « pour
2750
la naissance même de l’hellénisme. C’est l’homme
de
la tribu qui se met à réfléchir « pour son compte », et qui, de ce fa
2751
i se met à réfléchir « pour son compte », et qui,
de
ce fait même, se distingue et s’isole. Raisonner, c’est d’abord doute
2752
ulse le « non-conformiste ». Ce sont ces expulsés
de
divers groupes qui fondent les premières thiases grecques, communauté
2753
’intérêt commun et les contrats. Tous les membres
de
la tribu devaient agir de la même manière, minutieusement prescrite p
2754
trats. Tous les membres de la tribu devaient agir
de
la même manière, minutieusement prescrite par les usages, et toute di
2755
ent prescrite par les usages, et toute dissidence
de
conduite entraînait l’exécration ou la mort. Dans la cité, au contrai
2756
ncurrence, originalité, droits privés, conscience
de
soi, succèdent au respect des tabous et à la stricte observance du sa
2757
mouvement centrifuge par rapport à la communauté
d’
origine, s’il se confond d’abord avec l’intelligence et la raison, ne
2758
vers l’anarchie. À ce moment se crée un sentiment
de
vide social. C’est une sorte d’angoisse diffuse d’où naît l’appel à u
2759
crée un sentiment de vide social. C’est une sorte
d’
angoisse diffuse d’où naît l’appel à une communauté nouvelle et plus s
2760
e vide social. C’est une sorte d’angoisse diffuse
d’
où naît l’appel à une communauté nouvelle et plus solide, où l’individ
2761
st Rome alors qui nous donnera le symbole éternel
de
la réaction collective. La victoire de Rome sur la Grèce est la premi
2762
le éternel de la réaction collective. La victoire
de
Rome sur la Grèce est la première victoire fatale de l’étatisme sur l
2763
Rome sur la Grèce est la première victoire fatale
de
l’étatisme sur l’individualisme devenu anarchique. Entre individualis
2764
aussi profonde qu’on l’imagine. Il s’agit plutôt
d’
une succession inévitable. L’individu ne s’oppose à l’État qu’à la man
2765
même, l’étatisme ne fait qu’achever le processus
de
dissolution commencé par l’individualisme : il liquide les groupes ex
2766
es les initiatives individuelles. N’admettant pas
de
recours au-delà de son pouvoir, il se prive de toute inspiration créa
2767
individuelles. N’admettant pas de recours au-delà
de
son pouvoir, il se prive de toute inspiration créatrice. L’homme n’es
2768
as de recours au-delà de son pouvoir, il se prive
de
toute inspiration créatrice. L’homme n’est plus qu’une fonction socia
2769
ction sociale, un « soldat politique », dirait-on
de
nos jours. Et l’esprit périclite, faute de liberté. La Grèce individu
2770
te de liberté. La Grèce individualiste a triomphé
de
la communauté barbare du sang. Mais plus tard elle a sombré dans l’an
2771
rd elle a sombré dans l’anarchie. Rome a triomphé
de
l’anarchie et sombre maintenant sous le poids de son appareil collect
2772
de l’anarchie et sombre maintenant sous le poids
de
son appareil collectiviste. De nouveau se recrée le vide social. Quel
2773
le sera la nouvelle société ? En ce point crucial
de
l’histoire — dans une situation qui rappelle étrangement la lutte pré
2774
tisme totalitaire — se produit l’événement unique
de
l’Incarnation. Et il apporte à la question des temps la réponse étern
2775
orte à la question des temps la réponse éternelle
de
l’Église. Qu’est-ce que l’Église primitive, dans la perspective socio
2776
s plaçons ici ? Une communauté spirituelle formée
de
communautés locales ou « cellules ». Celles-ci ne se fondent pas sur
2777
ni leur chef : il s’est assis au ciel à la droite
de
Dieu. Leur ambition non plus n’est pas terrestre : elles attendent la
2778
pendant, elles constituent bel et bien les germes
d’
une société véritable. Elles ont leur organisation sociale, leurs chef
2779
s. L’homme qui se convertit et s’incorpore à l’un
de
ces groupes y trouve d’une part une activité sociale qui le relie à s
2780
sociale qui le relie à ses « frères » et le sauve
de
la solitude ; d’autre part, il revêt une dignité humaine nouvelle, pu
2781
squ’il a été racheté, et qu’il a reçu la promesse
de
sa résurrection individuelle. Il est donc à la fois engagé et libéré,
2782
’un seul et même fait : la vocation qu’il a reçue
de
l’Éternel. Cet homme d’un type nouveau n’est pas l’individu grec, pui
2783
la vocation qu’il a reçue de l’Éternel. Cet homme
d’
un type nouveau n’est pas l’individu grec, puisqu’il se soucie davanta
2784
as l’individu grec, puisqu’il se soucie davantage
de
servir que de se distinguer. Il n’est pas non plus le simple rouage,
2785
grec, puisqu’il se soucie davantage de servir que
de
se distinguer. Il n’est pas non plus le simple rouage, la simple fonc
2786
omain, puisqu’il possède une dignité indépendante
de
son rôle social. Comment le baptiser ? Il faut un mot nouveau. Ou plu
2787
les docteurs grecs avaient adopté le terme latin
de
persona (rôle social). C’est ce même terme qui servira aux premiers p
2788
miers philosophes chrétiens à désigner la réalité
de
l’homme dans un monde christianisé. Car cet homme est, lui aussi, à l
2789
ns chrétiennes, ou pour mieux dire, des créations
de
l’Église chrétienne. Dans la personne ainsi définie se résout l’étern
2790
ation qu’il envoie à l’homme, distingue cet homme
de
tous les autres et le remet en relations concrètes avec ses semblable
2791
liberté est assurée par la possibilité constante
de
recourir directement à l’Éternel, au-dessus de la communauté. Et la c
2792
te de recourir directement à l’Éternel, au-dessus
de
la communauté. Et la communauté est liée par sa fidélité à l’Éternel.
2793
t le même fondement que les droits et les devoirs
de
l’ensemble. Ils ne sont plus contradictoires. Ce qui libère un homme
2794
me est aussi ce qui le rend responsable vis-à-vis
d’
autrui. En retour, ce qui unit la communauté est aussi ce qui l’oblige
2795
chacun sa chance. Mais la liberté et l’engagement
de
la personne chrétienne se définissent du même coup par la formule : à
2796
ocation. Nous avons retrouvé, dans cette doctrine
de
l’homme, les mêmes structures que dans la doctrine de l’Église univer
2797
’homme, les mêmes structures que dans la doctrine
de
l’Église universelle esquissée plus haut ; la même position centrale
2798
les droits des parties. De même que la théologie
de
l’œcuménisme prévient d’une part l’orthodoxie fermée, d’autre part la
2799
autre part la dissidence obstinée, la philosophie
de
la personne prévient d’une part le collectivisme oppressif, d’autre p
2800
adies. Dans le plan humain immanent, il n’y a pas
d’
équilibre possible entre l’anarchie et l’unité forcée, l’individu et l
2801
mieux qu’un équilibre, il y a un principe vivant
d’
union. Là où est l’Esprit, là est la liberté, mais là aussi est la vra
2802
développer maintenant les implications politiques
de
cette théologie et de cette philosophie. Politique du fédéralisme
2803
les implications politiques de cette théologie et
de
cette philosophie. Politique du fédéralisme Nous en avons assez
2804
avons assez dit pour qu’il soit désormais facile
de
voir qu’à l’attitude œcuménique en religion ne peut correspondre que
2805
fédéraliste en politique. Quant à la philosophie
de
la personne, elle sera normalement celle du bon citoyen d’une fédérat
2806
sonne, elle sera normalement celle du bon citoyen
d’
une fédération. La devise paradoxale du fédéralisme helvétique : « Un
2807
’œcuménisme exclut l’orthodoxie fermée, créatrice
de
schismes, et la dissidence obstinée. Le fédéralisme exclut de même l’
2808
ralisme exclut de même l’impérialisme, générateur
de
guerres, et le régionalisme borné et égoïste. (Remarquons d’ailleurs
2809
urs que l’impérialisme n’est que l’individualisme
d’
un groupe ; et l’individualisme, l’impérialisme d’un homme isolé. De m
2810
d’un groupe ; et l’individualisme, l’impérialisme
d’
un homme isolé. De même que l’État cesse d’être un vrai État dès qu’il
2811
alisme d’un homme isolé. De même que l’État cesse
d’
être un vrai État dès qu’il se veut souverain absolu, l’homme cesse d’
2812
dès qu’il se veut souverain absolu, l’homme cesse
d’
être un homme intégral dès qu’il absolutise sa liberté.) Le fédéralism
2813
liser. Car les tâches civiques y sont à l’échelle
de
l’individu et l’engagement concret dans la communauté y devient donc
2814
on avec le groupe, on a la possibilité matérielle
d’
y faire entendre sa voix. Si cela ne suffit pas, on peut changer de gr
2815
e sa voix. Si cela ne suffit pas, on peut changer
de
groupe. L’on n’est donc pas isolé, comme l’individu se trouve isolé d
2816
l ou politique, ou professionnel. Cette pluralité
d’
appartenances — qui trouverait son équivalent dans l’œcuménisme ecclés
2817
taire, qui prétend faire coïncider les frontières
de
l’État avec celles de toutes les activités sociales, spirituelles ou
2818
re coïncider les frontières de l’État avec celles
de
toutes les activités sociales, spirituelles ou privées — ce qui est l
2819
uelles ou privées — ce qui est la définition même
de
l’oppression. Le fédéralisme, comme l’œcuménisme, reconnaît que les d
2820
ît que les diversités régionales sont la vie même
de
l’Union. Mais par l’organe central qui lie toutes les régions, il mén
2821
, il ménage un recours au citoyen contre les abus
de
pouvoirs locaux. Il cherche la coopération organique de ses membres e
2822
voirs locaux. Il cherche la coopération organique
de
ses membres et non cette caricature de l’ordre qu’est l’unité dans l’
2823
organique de ses membres et non cette caricature
de
l’ordre qu’est l’unité dans l’uniformité. Au lieu de pétrifier les fr
2824
édération, il cherche à vivifier leurs foyers. Et
de
la sorte, à l’équilibre méfiant et statique des puissances affrontées
2825
glises » et par « régions ».bo Notre objet était
d’
établir les relations suivantes : l’œcuménisme, le personnalisme et le
2826
nalisme et le fédéralisme sont les aspects divers
d’
une seule et même attitude spirituelle. Ils s’engendrent l’un l’autre
2827
mes ambitions. Ils opposent également à la notion
d’
unité rigide celle de communion ; à l’Empire, le Commonwealth ; à l’or
2828
posent également à la notion d’unité rigide celle
de
communion ; à l’Empire, le Commonwealth ; à l’ordre unitaire et géomé
2829
collaboration pluraliste et organique ; au couple
de
frères ennemis que forment l’individu déraciné et la masse totalitair
2830
ividu déraciné et la masse totalitaire, le couple
de
frères amis que forment la personne et la communauté fédérale. Vouloi
2831
énisme, ce serait priver l’organisation politique
de
ses fondements spirituels. Mais accepter l’œcuménisme sans vouloir ég
2832
iquebp Et maintenant nous voici dans le drame
de
la lutte entre l’Est et l’Ouestbq. Nous constatons que le conflit en
2833
e définitivement des démocraties, ce sera la mort
d’
une culture et d’une économie, sans doute, mais ce sera surtout la sup
2834
des démocraties, ce sera la mort d’une culture et
d’
une économie, sans doute, mais ce sera surtout la suppression de toute
2835
, sans doute, mais ce sera surtout la suppression
de
toute possibilité œcuménique, la subversion des valeurs universelles
2836
valeurs universelles créées par l’évangélisation
de
la conscience occidentale. D’autre part, si les démocraties capitalis
2837
alistes triomphent, aucun problème ne sera résolu
de
ce fait. Tout le monde sent ou pressent d’ailleurs que les deux terme
2838
e sent ou pressent d’ailleurs que les deux termes
de
cette alternative sont également improbables, et que les destructions
2839
rbr supprimeront pratiquement toutes possibilités
de
victoire réelle de l’un ou de l’autre parti. L’examen objectif des fo
2840
atiquement toutes possibilités de victoire réelle
de
l’un ou de l’autre parti. L’examen objectif des forces en présence ne
2841
toutes possibilités de victoire réelle de l’un ou
de
l’autre parti. L’examen objectif des forces en présence ne permet d’e
2842
’examen objectif des forces en présence ne permet
d’
envisager pour l’Europe et le monde de demain qu’une période de chaos
2843
e ne permet d’envisager pour l’Europe et le monde
de
demain qu’une période de chaos étatisé ; je ne dis même pas de « révo
2844
our l’Europe et le monde de demain qu’une période
de
chaos étatisé ; je ne dis même pas de « révolution ». Car pour qu’une
2845
une période de chaos étatisé ; je ne dis même pas
de
« révolution ». Car pour qu’une révolution se déclenche, il faut une
2846
confuses des peuples et aux nécessités pratiques
de
la paix. Elle seule s’oppose à la fois au capitalisme individualiste
2847
ujourd’hui proposer cette réponse ?bt Avant même
de
se demander si les Églises peuvent répondre, il faut qu’elles compren
2848
x termes ne se confondent-ils pas dans la réalité
de
la foi ? Certes ! Si les Églises sont fidèles à leur chef, elles save
2849
ègne et crée pour ceux qui croient la possibilité
de
faire ce qu’il demande. Dans l’état d’impuissance apparente où se voi
2850
ossibilité de faire ce qu’il demande. Dans l’état
d’
impuissance apparente où se voient aujourd’hui les Églises, si cette f
2851
le sera suffisante. Aussi bien, certaines raisons
de
croire que l’Église peut agir, raisons que nous allons énumérer, sont
2852
précédé et prédéterminé les structures politiques
d’
une nation. J’indiquerai trois groupes d’exemples de cette précédence
2853
litiques d’une nation. J’indiquerai trois groupes
d’
exemples de cette précédence des facteurs religieux. Voilà le premier.
2854
une nation. J’indiquerai trois groupes d’exemples
de
cette précédence des facteurs religieux. Voilà le premier. A-t-on rem
2855
e premier. A-t-on remarqué qu’il existe une forme
de
totalitarisme correspondant à la Russie orthodoxe, une seconde, corre
2856
s calvinistes, même laïcisés, comme ce fut le cas
de
la France sous la Troisième République ? Comment expliquer ce fait ?
2857
République ? Comment expliquer ce fait ? À défaut
d’
une étude nuancée — dont je ne puis donner ici que le thème —, je dira
2858
tre l’Église et l’État n’avait jamais été établie
d’
une manière satisfaisante. Il en résultait, dans le peuple, le sentime
2859
ni, se virent contraints par le sentiment général
de
reprendre à leur compte le césaropapisme ou la théocratie dont ils tr
2860
les pays calvinistes, au contraire, la séparation
de
l’Église et de l’État a toujours été réelle — même lorsqu’elle n’étai
2861
istes, au contraire, la séparation de l’Église et
de
l’État a toujours été réelle — même lorsqu’elle n’était pas stricteme
2862
rictement établie par la loi. De même les devoirs
de
la vocation personnelle ont toujours été mis au-dessus des devoirs en
2863
te carence ne s’y est pas traduite par l’éclosion
d’
une anti-religion totalitaire, mais par un phénomène contraire de disp
2864
gion totalitaire, mais par un phénomène contraire
de
dispersion individualiste. Autre exemple : l’Angleterre et les pays s
2865
ous voyons ce processus ecclésiastique se répéter
de
nos jours dans ces mêmes pays, cette fois-ci dans l’ordre politique e
2866
duit un contenu socialiste. (Là encore avec moins
de
secousses en Scandinavie qu’en Angleterre.) Troisième exemple : Calvi
2867
in s’est toujours refusé à établir une uniformité
de
gouvernement pour les diverses Églises qui se réclamaient de sa réfor
2868
ment pour les diverses Églises qui se réclamaient
de
sa réforme. L’Una Sancta nous apparaît ici-bas, selon ses propres ter
2869
ières ». Elle doit donc s’organiser en fédération
de
paroisses et de provinces, par synodes. Ce type de relations ecclésia
2870
it donc s’organiser en fédération de paroisses et
de
provinces, par synodes. Ce type de relations ecclésiastiques devait t
2871
e paroisses et de provinces, par synodes. Ce type
de
relations ecclésiastiques devait trouver sa traduction politique dans
2872
lth britannique, États-Unis d’Amérique. (La forme
de
« l’individualisme par groupes » dans ce dernier pays, étant prédéter
2873
e dernier pays, étant prédéterminée par le fait —
d’
ordre ecclésiastique — qu’il fut fondé par des seceders.) Et l’on sait
2874
par des seceders.) Et l’on sait que les réformés
de
France, au xvie siècle, préconisèrent une organisation fédérative du
2875
n « Grand Dessein », c’est-à-dire le premier plan
d’
une Europe confédérée. Il serait aisé de développer, de nuancer et de
2876
mier plan d’une Europe confédérée. Il serait aisé
de
développer, de nuancer et de multiplier de tels exemples. Je ne les i
2877
Europe confédérée. Il serait aisé de développer,
de
nuancer et de multiplier de tels exemples. Je ne les indique ici que
2878
érée. Il serait aisé de développer, de nuancer et
de
multiplier de tels exemples. Je ne les indique ici que pour montrer :
2879
t aisé de développer, de nuancer et de multiplier
de
tels exemples. Je ne les indique ici que pour montrer : 1° que la con
2880
nt tout effort fédératif sérieux. 2. La théologie
de
l’œcuménisme, et la philosophie de la personne qu’elle implique, sont
2881
. La théologie de l’œcuménisme, et la philosophie
de
la personne qu’elle implique, sont les seules bases actuellement conc
2882
es pour un ordre nouveau du monde. (La « religion
de
l’homme » que certains nous proposent est une contradiction dans les
2883
ns les termes, à moins qu’elle ne soit la formule
de
la religion totalitaire, sans transcendance, que précisément l’on se
2884
ns transcendance, que précisément l’on se propose
de
combattre !) D’autre part, la théologie de l’œcuménisme et la philoso
2885
ropose de combattre !) D’autre part, la théologie
de
l’œcuménisme et la philosophie de la personne sont les seules bases a
2886
t, la théologie de l’œcuménisme et la philosophie
de
la personne sont les seules bases actuellement existantes, et sur les
2887
puisse construire dès maintenant. (La « religion
de
l’homme », ou du surhomme, est encore à créer, et le temps presse !)
2888
st encore à créer, et le temps presse !) Chargées
d’
éléments traditionnels, condensant tout ce que nous avons d’expérience
2889
traditionnels, condensant tout ce que nous avons
d’
expérience de la paix, elles convoient et contiennent en même temps un
2890
s, condensant tout ce que nous avons d’expérience
de
la paix, elles convoient et contiennent en même temps un indiscutable
2891
organisation du Conseil œcuménique se trouve être
de
fait la seule Internationale en formation. On sait assez que les Inte
2892
pays où les Soviets ne règnent pas, sont en voie
de
divergence et non de convergence, sur le plan international. On a vu
2893
ne règnent pas, sont en voie de divergence et non
de
convergence, sur le plan international. On a vu les socialistes angla
2894
subsiste en dehors de l’œcuménisme, qui permette
de
mettre en relations des groupes nationaux non étatiques. Ce fait simp
2895
une vocation. 4. La renaissance liturgique qui va
de
pair, dans toutes les Églises, avec l’effort œcuménique, est en train
2896
n train de recréer un langage commun, un ensemble
de
communes mesures spirituelles. Ce langage au-dessus des langages répo
2897
répond exactement aux besoins les plus légitimes
de
notre temps. Il nous rend les vraies formules de la communauté vivant
2898
de notre temps. Il nous rend les vraies formules
de
la communauté vivante, celle qui rassemble les personnes, et non pas
2899
e et grossièrement encadrée, les individus privés
de
leur conscience normale. Du point de vue sociologique, la renaissance
2900
e par le mouvement œcuménique, marque l’avènement
d’
une attitude personnaliste, au-delà de l’antinomie individu isolé-mass
2901
l’avènement d’une attitude personnaliste, au-delà
de
l’antinomie individu isolé-masse militarisée. 5. La théologie de l’œc
2902
individu isolé-masse militarisée. 5. La théologie
de
l’œcuménisme, la philosophie de la personne et la politique du fédéra
2903
. 5. La théologie de l’œcuménisme, la philosophie
de
la personne et la politique du fédéralisme sont seules en mesure, auj
2904
u fédéralisme sont seules en mesure, aujourd’hui,
de
synthétiser les vérités disjointes et tournées en erreurs, qui subsis
2905
ements totalitaires. Ceci résulte, théoriquement,
de
ce que nous avons exposé aux chapitres 1-3. Le mouvement œcuménique e
2906
. Le mouvement œcuménique est donc seul en mesure
de
préparer la réconciliation des adversaires actuels. Il ne se fonde pa
2907
les deux camps. (N’oublions pas que l’on combat,
de
part et d’autre, sans grand espoir, mais avec une pathétique sincérit
2908
amps. (N’oublions pas que l’on combat, de part et
d’
autre, sans grand espoir, mais avec une pathétique sincérité.) Le tabl
2909
pathétique sincérité.) Le tableau que nous venons
d’
esquisser est ambitieux. Il veut l’être, parce qu’il doit l’être. L’ac
2910
l’être. L’action du chrétien n’est jamais partie
de
la prudente considération des forces dont il croyait pouvoir disposer
2911
des forces dont il croyait pouvoir disposer, mais
de
ce que Dieu voulait qu’il fît. C’est toujours une utopie apparente ;
2912
s auteurs isolés l’ont fait entendre. Des groupes
d’
intellectuels ont tenté de formuler certaines réponses partielles. Le
2913
t entendre. Des groupes d’intellectuels ont tenté
de
formuler certaines réponses partielles. Le sentiment obscur des peupl
2914
ités morales et politiques (personnalisme). Point
d’
action constructive sans idéologie. Mais point d’idéologie valable san
2915
d’action constructive sans idéologie. Mais point
d’
idéologie valable sans théologie. Et point de théologie efficace sans
2916
oint d’idéologie valable sans théologie. Et point
de
théologie efficace sans le soutien d’une catholicité réelle, d’une co
2917
e. Et point de théologie efficace sans le soutien
d’
une catholicité réelle, d’une communauté humaine fondée dans la commun
2918
fficace sans le soutien d’une catholicité réelle,
d’
une communauté humaine fondée dans la communion des saints. Cette comm
2919
on américaine : « Note. — On s’étonnera peut-être
de
ne pas voir figurer le terme de démocratie dans ce qui précède. C’est
2920
tonnera peut-être de ne pas voir figurer le terme
de
démocratie dans ce qui précède. C’est qu’il recouvre actuellement de
2921
ce qui précède. C’est qu’il recouvre actuellement
de
trop graves malentendus et abus. L’œcuménisme n’a pas à les reprendre
2922
. Dans le fédéralisme, démocrates et totalitaires
de
droite et de gauche pourront trouver la plénitude de leurs idéaux inc
2923
éralisme, démocrates et totalitaires de droite et
de
gauche pourront trouver la plénitude de leurs idéaux incomplets, sépa
2924
droite et de gauche pourront trouver la plénitude
de
leurs idéaux incomplets, séparés, et par là même déformés. À mon sens
2925
le fédéralisme est la seule possibilité pratique
de
réaliser la vraie démocratie. Mais il a le grand avantage de réaliser
2926
la vraie démocratie. Mais il a le grand avantage
de
réaliser en même temps ce qu’il y a de valable dans l’appel communaut
2927
d avantage de réaliser en même temps ce qu’il y a
de
valable dans l’appel communautaire que le totalitarisme a diaboliquem
2928
cette édition la version française, à l’exception
de
quelques coupes conservées de l’édition américaine, que nous mentionn
2929
aise, à l’exception de quelques coupes conservées
de
l’édition américaine, que nous mentionnons en note. bn. La dernière
2930
tionnons en note. bn. La dernière phrase absente
de
l’édition américaine. bo. Le paragraphe qui suit a été supprimé dans
2931
iste (centralisateur et individualiste à la fois)
d’
un régime coopératif. Mais ceci nous entraînerait dans un exposé qui d
2932
entraînerait dans un exposé qui déborde le cadre
de
ce schéma doctrinal. » bp. « Mission fédératrice de l’œcuménisme » d
2933
ce schéma doctrinal. » bp. « Mission fédératrice
de
l’œcuménisme » dans le texte de 1946. bq. Le texte de 1946 indique :
2934
ssion fédératrice de l’œcuménisme » dans le texte
de
1946. bq. Le texte de 1946 indique : « Et maintenant nous voici dans
2935
œcuménisme » dans le texte de 1946. bq. Le texte
de
1946 indique : « Et maintenant nous voici dans le drame de l’année 19
2936
ndique : « Et maintenant nous voici dans le drame
de
l’année 1941 », et précise en note : « Je n’ai pas un mot à changer a
2937
dans les deux camps. Le totalitarisme est un état
de
guerre, qui ne peut subsister normalement. Il ne reste donc à prévoir
2938
e a supprimé les passages qui suivent : « Le rôle
d’
Hitler est de détruire. Il détruit les contradictions intolérables d’u
2939
les passages qui suivent : « Le rôle d’Hitler est
de
détruire. Il détruit les contradictions intolérables d’une Europe qui
2940
ruire. Il détruit les contradictions intolérables
d’
une Europe qui s’obstinait à parler de justice et de droit en restant
2941
ntolérables d’une Europe qui s’obstinait à parler
de
justice et de droit en restant capitaliste et nationaliste, et qui re
2942
une Europe qui s’obstinait à parler de justice et
de
droit en restant capitaliste et nationaliste, et qui refusait de se f
2943
tant capitaliste et nationaliste, et qui refusait
de
se fédérer. Hitler abat les barrières, le passé. C’est toute sa force
2944
it. Il n’y aurait plus qu’une table rase couverte
de
ruines pulvérisées. Le rôle de Churchill est de faire la guerre. Mais
2945
able rase couverte de ruines pulvérisées. Le rôle
de
Churchill est de faire la guerre. Mais il ne pourra pas la gagner rée
2946
e de ruines pulvérisées. Le rôle de Churchill est
de
faire la guerre. Mais il ne pourra pas la gagner réellement s’il ne p
2947
agner réellement s’il ne propose rien aux peuples
de
l’Europe. Or il dit qu’il n’en a pas le temps… Quant au rôle de Stali
2948
r il dit qu’il n’en a pas le temps… Quant au rôle
de
Staline, il paraît être de profiter de la guerre des autres pour cons
2949
e temps… Quant au rôle de Staline, il paraît être
de
profiter de la guerre des autres pour consolider l’autarcie russe… Ce
2950
nt au rôle de Staline, il paraît être de profiter
de
la guerre des autres pour consolider l’autarcie russe… Cette carence
2951
velle. Si les Églises n’y répondent pas, personne
d’
autre, je le crains, ne répondra. »
2952
13. La fin du pessimismebu Le fameux sens
de
l’histoire, argument numéro 1 de la séduction progressiste, paraissai
2953
Le fameux sens de l’histoire, argument numéro 1
de
la séduction progressiste, paraissait avoir mis une fois pour toutes
2954
ilière ; voilà qu’il se détourne horrifié et vire
de
bord, aux accents de la Marseillaise, en direction de 1848. (André F
2955
se détourne horrifié et vire de bord, aux accents
de
la Marseillaise, en direction de 1848. (André Fontaine, Le Monde, au
2956
ord, aux accents de la Marseillaise, en direction
de
1848. (André Fontaine, Le Monde, au lendemain de la révolution hongr
2957
de 1848. (André Fontaine, Le Monde, au lendemain
de
la révolution hongroise.) Cinquante ans d’analyses pessimistes de not
2958
demain de la révolution hongroise.) Cinquante ans
d’
analyses pessimistes de notre société et de son destin ont culminé dan
2959
hongroise.) Cinquante ans d’analyses pessimistes
de
notre société et de son destin ont culminé dans l’utopie de George Or
2960
te ans d’analyses pessimistes de notre société et
de
son destin ont culminé dans l’utopie de George Orwell 1984. Il y eut
2961
ociété et de son destin ont culminé dans l’utopie
de
George Orwell 1984. Il y eut d’abord ce titre subversif à l’aube du s
2962
if à l’aube du siècle : Les Illusions du progrès,
de
Georges Sorel. Puis on se mit à citer Bergson, réclamant un supplémen
2963
n se mit à citer Bergson, réclamant un supplément
d’
âme pour ce corps subitement agrandi, le monde technique. Deux guerres
2964
ique. Deux guerres mondiales, ruinant le prestige
de
l’Europe et sa puissance, trois révolutions portant au pouvoir des ty
2965
e ce fut assez pour justifier le scepticisme amer
de
nos élites à l’égard de l’idée de progrès. Croire « encore » au progr
2966
cepticisme amer de nos élites à l’égard de l’idée
de
progrès. Croire « encore » au progrès disqualifiait son homme, et l’i
2967
rès disqualifiait son homme, et l’idée s’empressa
d’
émigrer aux États-Unis et en URSS. Les penseurs de l’Europe, à peu prè
2968
d’émigrer aux États-Unis et en URSS. Les penseurs
de
l’Europe, à peu près unanimes, entrèrent en dissidence et se mirent à
2969
tivement ou cyniquement, au nom de la réaction ou
de
la révolution, ils ne nous parlaient plus que d’une Crise de l’Esprit
2970
de la révolution, ils ne nous parlaient plus que
d’
une Crise de l’Esprit, d’une Décadence de l’Occident, d’une Trahison d
2971
ution, ils ne nous parlaient plus que d’une Crise
de
l’Esprit, d’une Décadence de l’Occident, d’une Trahison des Clercs, d
2972
nous parlaient plus que d’une Crise de l’Esprit,
d’
une Décadence de l’Occident, d’une Trahison des Clercs, d’un Monde san
2973
plus que d’une Crise de l’Esprit, d’une Décadence
de
l’Occident, d’une Trahison des Clercs, d’un Monde sans âme, de la Fra
2974
Crise de l’Esprit, d’une Décadence de l’Occident,
d’
une Trahison des Clercs, d’un Monde sans âme, de la France contre les
2975
cadence de l’Occident, d’une Trahison des Clercs,
d’
un Monde sans âme, de la France contre les robots, de la machine contr
2976
, d’une Trahison des Clercs, d’un Monde sans âme,
de
la France contre les robots, de la machine contre l’homme, de l’homme
2977
n Monde sans âme, de la France contre les robots,
de
la machine contre l’homme, de l’homme contre l’humain, de la fin des
2978
contre les robots, de la machine contre l’homme,
de
l’homme contre l’humain, de la fin des illusions, de la fin de tout.
2979
chine contre l’homme, de l’homme contre l’humain,
de
la fin des illusions, de la fin de tout. L’Anti-moderne de Maritain e
2980
l’homme contre l’humain, de la fin des illusions,
de
la fin de tout. L’Anti-moderne de Maritain et les Temps modernes de C
2981
ntre l’humain, de la fin des illusions, de la fin
de
tout. L’Anti-moderne de Maritain et les Temps modernes de Chaplin, la
2982
L’Anti-moderne de Maritain et les Temps modernes
de
Chaplin, la métaphysique pure et les clichés primaires, les dénonciat
2983
ne sans précédent, un asservissement sans recours
de
l’homme aux puissances anonymes, la machine, la police et l’État. Orw
2984
dre à l’Europe de l’Ouest, à supprimer le facteur
de
résistance humaine, à désespérer d’une manière exemplaire — convainqu
2985
er le facteur de résistance humaine, à désespérer
d’
une manière exemplaire — convainquant les lecteurs qu’il voulait révol
2986
prême. Et Kafka n’était plus que le Jean-Baptiste
d’
une sorte d’Évangile à rebours, « mauvaise nouvelle » d’une démission
2987
fka n’était plus que le Jean-Baptiste d’une sorte
d’
Évangile à rebours, « mauvaise nouvelle » d’une démission fatale. Les
2988
sorte d’Évangile à rebours, « mauvaise nouvelle »
d’
une démission fatale. Les émeutes de Poznań, la résistance de Varsovie
2989
se nouvelle » d’une démission fatale. Les émeutes
de
Poznań, la résistance de Varsovie et la révolution de Budapest ont re
2990
sion fatale. Les émeutes de Poznań, la résistance
de
Varsovie et la révolution de Budapest ont renversé le cours de cette
2991
oznań, la résistance de Varsovie et la révolution
de
Budapest ont renversé le cours de cette immense dérive et restauré d’
2992
t la révolution de Budapest ont renversé le cours
de
cette immense dérive et restauré d’un coup l’espoir. La nature humain
2993
ersé le cours de cette immense dérive et restauré
d’
un coup l’espoir. La nature humaine, niée par Sartre, triomphait dans
2994
qui n’avait appris que le mensonge. Ses pouvoirs
de
résistance à Big Brother, niés par Orwell, ont éclaté dans les rues d
2995
rother, niés par Orwell, ont éclaté dans les rues
de
Budapest. Sa faculté de revendiquer et d’imposer un sens positif à la
2996
ont éclaté dans les rues de Budapest. Sa faculté
de
revendiquer et d’imposer un sens positif à la vie, niée par Kafka, s’
2997
es rues de Budapest. Sa faculté de revendiquer et
d’
imposer un sens positif à la vie, niée par Kafka, s’est attestée dans
2998
des ouvriers unis aux étudiants. L’intelligentsia
de
l’Ouest voyait venir Quatre-vingt-quatre. Et soudain, celle de l’Est
2999
yait venir Quatre-vingt-quatre. Et soudain, celle
de
l’Est lui répond Quarante-huit. C’est quatre-vingt-quatre inversé. Ja
3000
e inversé. Jamais chiffres ne furent plus chargés
de
symboles. Essayons de les interpréter. Tout ce qui compte en Europe,
3001
fres ne furent plus chargés de symboles. Essayons
de
les interpréter. Tout ce qui compte en Europe, depuis un demi-siècle
3002
à la fois, sous peine de ne plus compter. Inutile
de
citer des noms : ce seraient ceux, justement, que tout le monde conna
3003
s. On pourrait m’objecter Valéry, hédoniste épris
de
la règle et persuadé de la valeur des conventions ; mais n’est-ce pas
3004
r Valéry, hédoniste épris de la règle et persuadé
de
la valeur des conventions ; mais n’est-ce pas lui qui ouvrit, en 1919
3005
re » ? On pourrait m’objecter Claudel, optimiste
de
style baroque et fonctionnaire du premier rang ; mais sa phrase est p
3006
pour tel dans les cafés, et sa foi prend l’allure
d’
un défi. On pourrait m’objecter Saint-John Perse, mais justement il a
3007
il en soi. Tous les autres sont contre le siècle,
d’
une manière encore plus évidente, soit qu’ils attaquent avec acharneme
3008
e aussi, fût-ce par son seul échec, la dissidence
de
la pensée dans le monde moderne. À partir de 1919, les influences dom
3009
dominantes sur nos élites créatrices sont celles
de
Nietzsche, de Rimbaud, de Kierkegaard et de Dostoïevski. Il est remar
3010
r nos élites créatrices sont celles de Nietzsche,
de
Rimbaud, de Kierkegaard et de Dostoïevski. Il est remarquable que ce
3011
créatrices sont celles de Nietzsche, de Rimbaud,
de
Kierkegaard et de Dostoïevski. Il est remarquable que ce siècle n’ait
3012
elles de Nietzsche, de Rimbaud, de Kierkegaard et
de
Dostoïevski. Il est remarquable que ce siècle n’ait retenu du précéde
3013
onc antibourgeois, j’entends bien dans le domaine
de
l’éthique et de l’esprit. Mais rien ne compte en fait que par la bour
3014
s, j’entends bien dans le domaine de l’éthique et
de
l’esprit. Mais rien ne compte en fait que par la bourgeoisie. C’est e
3015
ancêtres. Et c’est elle aujourd’hui qui est prise
d’
angoisse devant ce qu’ils dénonçaient en vain. C’est elle qui croit au
3016
le progrès. C’est elle enfin qui cède au vertige
de
l’histoire, s’imagine que son heure est passée, que le Prolétariat do
3017
vrai malgré lui. Curieux pouvoir des pessimistes
de
l’autre siècle sur les héritiers de leurs ennemis ! La bourgeoisie du
3018
s pessimistes de l’autre siècle sur les héritiers
de
leurs ennemis ! La bourgeoisie du xixe fut optimiste en dépit des so
3019
le travail l’enrichissait. Aujourd’hui, l’ouvrier
d’
usine bénéficie des soins jaloux de l’État. Encore un peu, et la techn
3020
hui, l’ouvrier d’usine bénéficie des soins jaloux
de
l’État. Encore un peu, et la technique elle-même l’aura délivré de la
3021
un peu, et la technique elle-même l’aura délivré
de
la chaîne. Mais c’est le bourgeois qui en vient alors à craindre le r
3022
rable des machines, et qui conçoit, avec cent ans
de
retard, un pessimisme fataliste et résigné. Dans ce décalage séculair
3023
laire entre la conscience et le réel, naît l’idée
d’
une pensée impuissante, d’une réalité terrifiante et d’un sens fatal d
3024
et le réel, naît l’idée d’une pensée impuissante,
d’
une réalité terrifiante et d’un sens fatal de l’Histoire, dont Big Bro
3025
pensée impuissante, d’une réalité terrifiante et
d’
un sens fatal de l’Histoire, dont Big Brother sera l’aboutissement. J’
3026
nte, d’une réalité terrifiante et d’un sens fatal
de
l’Histoire, dont Big Brother sera l’aboutissement. J’ai tu jusqu’ici
3027
ms, qui dominent pourtant ce tableau. L’influence
de
Marx et de Freud sur les classes dirigeantes de l’Occident dépasse de
3028
inent pourtant ce tableau. L’influence de Marx et
de
Freud sur les classes dirigeantes de l’Occident dépasse de loin la co
3029
e de Marx et de Freud sur les classes dirigeantes
de
l’Occident dépasse de loin la conscience qu’elles en ont, la connaiss
3030
sur les classes dirigeantes de l’Occident dépasse
de
loin la conscience qu’elles en ont, la connaissance qu’elles ont pu p
3031
onnaissance qu’elles ont pu prendre du Capital ou
de
la Science des rêves, et les jugements qu’elles avoueraient à leur su
3032
peu sadique. Ce succès n’est pas dû à la lecture
de
leurs œuvres ardues et complexes, mais à l’intention polémique qui di
3033
dirigea leur entreprise, et qui imposa leur angle
de
vision même à ceux qui refusaient leurs thèses ou contestaient leurs
3034
s arguments. Il s’agit, au plein sens des termes,
d’
un succès de scandale, d’un choc profanateur, d’un renversement des ta
3035
Il s’agit, au plein sens des termes, d’un succès
de
scandale, d’un choc profanateur, d’un renversement des tabous. La bou
3036
u plein sens des termes, d’un succès de scandale,
d’
un choc profanateur, d’un renversement des tabous. La bourgeoisie du x
3037
, d’un succès de scandale, d’un choc profanateur,
d’
un renversement des tabous. La bourgeoisie du xixe frappait d’interdi
3038
ment des tabous. La bourgeoisie du xixe frappait
d’
interdit deux sujets dans les conversations de la table de famille ou
3039
ait d’interdit deux sujets dans les conversations
de
la table de famille ou des salons, et c’étaient le sexe et l’argent.
3040
it deux sujets dans les conversations de la table
de
famille ou des salons, et c’étaient le sexe et l’argent. Tout devait
3041
ient le sexe et l’argent. Tout devait avoir l’air
de
se passer dans le monde comme si ces choses n’existaient pas. Les gra
3042
enfants naissaient dans les choux, et le langage
d’
un homme tel que Victor Hugo (sauf dans ses petits carnets intimes) re
3043
s intimes) restait prude. Subitement Marx attaque
de
sa voix grasseyante : parlons d’argent, c’est le secret du drame soci
3044
ent Marx attaque de sa voix grasseyante : parlons
d’
argent, c’est le secret du drame social. Mais Freud un peu plus tard :
3045
t le secret du drame individuel. Et voilà le choc
de
la reconnaissance, l’illumination fulgurante, l’illusion que le facte
3046
es. Appliquer l’analyse marxiste au milieu social
de
Freud, la psychanalyse au cas individuel de Marx, les critères freudi
3047
ocial de Freud, la psychanalyse au cas individuel
de
Marx, les critères freudiens et marxistes à la Bourgeoisie même et au
3048
Bourgeoisie même et au Prolétariat (cette figure
de
terreur longtemps refoulée dans l’inconscient de la Société) — tout c
3049
de terreur longtemps refoulée dans l’inconscient
de
la Société) — tout cela met en lumière l’intention polémique qui anim
3050
mes, sans doute, méritèrent à ce point qu’on dise
d’
eux qu’ils ont « fait leur temps », au double sens de l’expression. Qu
3051
ux qu’ils ont « fait leur temps », au double sens
de
l’expression. Que Freud soit dépassé dans son propre domaine, et surt
3052
omaine, et surtout débordé par le retour en force
de
réalités religieuses qu’il tenait pour autant d’illusions ; que Marx
3053
de réalités religieuses qu’il tenait pour autant
d’
illusions ; que Marx se soit trompé dans toutes ses prévisions (sauf d
3054
, se voient aujourd’hui démentis. L’élargissement
de
la conscience humaine aux dimensions de la planète fait apparaître la
3055
gissement de la conscience humaine aux dimensions
de
la planète fait apparaître la psyché du monde bourgeois (seule étudié
3056
s l’espace et le temps. D’autre part, l’ascension
d’
un Staline, son long règne et sa chute posthume, les grandes explosion
3057
plosions libertaires du « Printemps » polonais et
de
l’Octobre hongrois, enfin l’essor libérateur de la technique dans les
3058
t de l’Octobre hongrois, enfin l’essor libérateur
de
la technique dans les régimes capitalistes avancés, tout échappe à la
3059
capitalistes avancés, tout échappe à la prévision
de
la fameuse dialectique marxiste. Toujours prônée par ses disciples co
3060
ts, en est réduite à restaurer des dogmes à coups
de
mensonges. Si les ouvriers de Czepel ne sont pas des « fascistes impo
3061
des dogmes à coups de mensonges. Si les ouvriers
de
Czepel ne sont pas des « fascistes importés », la dialectique n’est p
3062
» comme eût dit Marx lui-même, et le « mouvement
de
l’histoire » un mauvais alibi pour nos démissions personnelles. Le dr
3063
alibi pour nos démissions personnelles. Le droit
d’
opposition redevient créateur. Et la question n’est plus de supputer l
3064
ion redevient créateur. Et la question n’est plus
de
supputer le « sens inévitable » de l’Histoire, mais de la faire. L’u
3065
ion n’est plus de supputer le « sens inévitable »
de
l’Histoire, mais de la faire. L’utopie masochiste d’Orwell prolongea
3066
pputer le « sens inévitable » de l’Histoire, mais
de
la faire. L’utopie masochiste d’Orwell prolongeait le cauchemar stal
3067
’Histoire, mais de la faire. L’utopie masochiste
d’
Orwell prolongeait le cauchemar stalinien, l’épurait, si j’ose dire, l
3068
Tout portait l’intelligentsia à confondre ce rêve
d’
angoisse avec notre avenir historique, à tenir cette logique démente p
3069
que, à tenir cette logique démente pour l’annonce
d’
une fatalité. A-t-il vraiment suffi d’un « dégel » temporaire, d’une r
3070
r l’annonce d’une fatalité. A-t-il vraiment suffi
d’
un « dégel » temporaire, d’une révolution écrasée, d’une révolte larvé
3071
A-t-il vraiment suffi d’un « dégel » temporaire,
d’
une révolution écrasée, d’une révolte larvée de la jeunesse russe elle
3072
n « dégel » temporaire, d’une révolution écrasée,
d’
une révolte larvée de la jeunesse russe elle-même, pour briser le cour
3073
e, d’une révolution écrasée, d’une révolte larvée
de
la jeunesse russe elle-même, pour briser le cours de cette fatalité e
3074
la jeunesse russe elle-même, pour briser le cours
de
cette fatalité et pour renverser nos destins ? Le traumatisme provoqu
3075
URSS, n’aurait-il pas créé l’illusion romantique
d’
un renouveau de la liberté, d’un faux réveil rêvé pendant un long cauc
3076
-il pas créé l’illusion romantique d’un renouveau
de
la liberté, d’un faux réveil rêvé pendant un long cauchemar qui serai
3077
illusion romantique d’un renouveau de la liberté,
d’
un faux réveil rêvé pendant un long cauchemar qui serait, en fin de co
3078
lité ? On pourrait s’inquiéter si d’autres séries
de
faits, indépendants d’ailleurs des récents événements de l’Est, ne ve
3079
s, indépendants d’ailleurs des récents événements
de
l’Est, ne venaient corroborer un optimisme neuf. Budapest a gagné sa
3080
ettons que cela n’est pas tout. Mais qu’en est-il
de
l’Occident ? Trois représentations vagues, mais obsédantes assombriss
3081
du plan total, ordonnant toute la vie au service
de
l’État. Un certain déterminisme historique faisait prévoir la « décad
3082
minisme historique faisait prévoir la « décadence
de
l’Occident » et considérait comme fatal l’écrasement de l’Europe entr
3083
ccident » et considérait comme fatal l’écrasement
de
l’Europe entre les blocs. Un certain déterminisme technologique, enfi
3084
évèle une tendance générale au réveil des valeurs
de
liberté. Première illusion fataliste : « L’URSS est l’avenir ». L’URS
3085
« L’URSS est l’avenir ». L’URSS était le paradis
de
la classe ouvrière, les USA le dernier bastion du capitalisme exploit
3086
les USA se voyaient condamnés par le « mouvement
de
l’histoire ». Telle était la religion des « progressistes ». Voyons l
3087
marxistes, mais les jette dans des crises aiguës
de
dialectique. Ils le jugent grossièrement matérialiste, et au surplus
3088
jugent grossièrement matérialiste, et au surplus
de
mauvaise foi. Plus finement, Bertrand de Jouvenel, comparant les écon
3089
uvenel, comparant les économies des États-Unis et
de
l’URSS, a montré que l’entreprise communiste n’apporte rien qui la di
3090
e n’apporte rien qui la distingue essentiellement
de
l’entreprise capitaliste dans son développement historique, mais qu’a
3091
e définie par la remise au travailleur des fruits
de
son travail, serait l’œuvre du communisme. Or l’examen des chiffres e
3092
l’URSS est l’avenir ! », répéteront nos maniaques
de
l’Histoire. Drôle d’avenir, qui s’essouffle à rejoindre un « passé »
3093
», répéteront nos maniaques de l’Histoire. Drôle
d’
avenir, qui s’essouffle à rejoindre un « passé » rituellement dénoncé
3094
es prospectus publicitaires vantant les bienfaits
de
la cure, on se contente d’en vérifier les résultats, on voit que le p
3095
vantant les bienfaits de la cure, on se contente
d’
en vérifier les résultats, on voit que le progrès est à l’Ouest, le se
3096
ue le progrès est à l’Ouest, le servage et la loi
d’
airain à l’Est, et qu’une classe ouvrière mieux informée qu’endoctriné
3097
ieux informée qu’endoctrinée, si elle a à choisir
d’
émigrer, choisirait en masse l’Amérique. Comme l’ont fait la plupart d
3098
ouvriers hongrois réfugiés en Autriche et libres
de
parler. Il n’en reste pas moins frappant de constater que l’avenir, a
3099
ibres de parler. Il n’en reste pas moins frappant
de
constater que l’avenir, aux yeux de ces Hongrois, s’il n’est pas l’UR
3100
cinq États « souverains » — incapables d’ailleurs
de
prouver qu’ils le sont — se voyait promise par l’Histoire à des parta
3101
ent vers l’union fédérale, déclenché au lendemain
de
la guerre par les congrès de Montreux et de La Haye, a produit le Con
3102
clenché au lendemain de la guerre par les congrès
de
Montreux et de La Haye, a produit le Conseil de l’Europe, CECA, le Ma
3103
emain de la guerre par les congrès de Montreux et
de
La Haye, a produit le Conseil de l’Europe, CECA, le Marché commun et
3104
e dans l’esprit des nationalistes attardés. Aucun
de
nos États ne peut se défendre seul. Aucun ne peut faire la guerre san
3105
mble, et ils commencent à le savoir. 330 millions
d’
habitants à l’ouest du rideau de fer, plus 100 millions récupérés à l’
3106
oir. 330 millions d’habitants à l’ouest du rideau
de
fer, plus 100 millions récupérés à l’Est, feraient un ensemble supéri
3107
ns additionnés. Je ne parle que des chiffres, non
de
la qualité. Alors les prophéties lugubres d’un Spengler, ou les spécu
3108
non de la qualité. Alors les prophéties lugubres
d’
un Spengler, ou les spéculations fascinantes d’un Toynbee, inspirées p
3109
es d’un Spengler, ou les spéculations fascinantes
d’
un Toynbee, inspirées par l’idée mythique d’Évolution, — on monte, on
3110
antes d’un Toynbee, inspirées par l’idée mythique
d’
Évolution, — on monte, on culmine, on chancelle, on décline, et l’on m
3111
lement — se verront démenties par le nouvel essor
d’
une Europe reprenant la tête du progrès. Et c’est une autre prophétie,
3112
t une autre prophétie, qui deviendra vraie, celle
de
Proudhon, qui fut quarante-huitard : « Le xxe siècle ouvrira l’ère d
3113
rations, ou l’humanité recommencera un purgatoire
de
mille ans. » Au fait, nous en sommes là, ce n’est plus une hypothèse.
3114
plus une hypothèse. L’Histoire dépend de nouveau
de
ce que nous en ferons, et non plus d’une courbe mythique, d’une Évolu
3115
de nouveau de ce que nous en ferons, et non plus
d’
une courbe mythique, d’une Évolution bien tracée, ou d’un processus di
3116
ous en ferons, et non plus d’une courbe mythique,
d’
une Évolution bien tracée, ou d’un processus dialectique, dont un Part
3117
courbe mythique, d’une Évolution bien tracée, ou
d’
un processus dialectique, dont un Parti qu’on connaît trop tire les fi
3118
rti qu’on connaît trop tire les ficelles. Cessons
de
chercher le sens de l’Histoire, alibi du refus de notre vocation ; ap
3119
op tire les ficelles. Cessons de chercher le sens
de
l’Histoire, alibi du refus de notre vocation ; apprenons à le décider
3120
de chercher le sens de l’Histoire, alibi du refus
de
notre vocation ; apprenons à le décider. Troisième illusion fatalist
3121
t déjà nos corps, dictent nos gestes et le rythme
de
nos journées. Encore un peu, et les cerveaux électroniques dicteront
3122
miner nos existences disciplinées. C’en sera fait
de
la liberté, et du droit d’hésiter, d’errer… Les savants, apprentis so
3123
linées. C’en sera fait de la liberté, et du droit
d’
hésiter, d’errer… Les savants, apprentis sorciers, ont déchaîné dans l
3124
n sera fait de la liberté, et du droit d’hésiter,
d’
errer… Les savants, apprentis sorciers, ont déchaîné dans le monde des
3125
est faux dans ce langage ; tout n’est que manière
de
parler abusivement prise à la lettre, et donc fautive. Les machines e
3126
trée dans ma cour, spontanément, dans l’intention
de
m’envahir. Et pas même une machine à laver. Que de mal, au contraire,
3127
e m’envahir. Et pas même une machine à laver. Que
de
mal, au contraire, dans ma campagne, pour obtenir le téléphone ! Vous
3128
pagne, pour obtenir le téléphone ! Vous me parlez
de
l’esclavage du téléphone ? Mais a-t-on jamais vu qu’un appareil, pren
3129
Vous n’êtes donc pas l’esclave du téléphone, mais
de
votre seule curiosité. Le règne des machines, à vous entendre, nous i
3130
gne des machines, à vous entendre, nous isolerait
de
la Nature ? Mais je vois au contraire que l’express et l’avion, le sc
3131
a Nature, et non l’homme, qui aurait ici le droit
de
se plaindre. Vous citez l’apprenti sorcier. Et qui ne l’a pas cité, q
3132
la Bombe n’a jamais rien fait sans l’ordre exprès
d’
un président, d’un général. Ce n’est pas elle qui est dangereuse, c’es
3133
ais rien fait sans l’ordre exprès d’un président,
d’
un général. Ce n’est pas elle qui est dangereuse, c’est l’homme. Et le
3134
que vous l’aurez bien mérité. L’Apprenti sorcier
de
la légende déchaînait une force inconnue. Mais nos savants font tout
3135
ls humains que je connaisse qui aient eu le droit
de
maudire la technique, ce ne sont pas les bourgeois de ce siècle, ni l
3136
audire la technique, ce ne sont pas les bourgeois
de
ce siècle, ni leurs penseurs, mais bien les ouvriers du xixe et les
3137
se sont vus transformés en « compléments vivants
d’
un mécanisme mort », selon l’expression terrible et juste de Marx. Or
3138
isme mort », selon l’expression terrible et juste
de
Marx. Or il se trouve précisément que les robots viennent les délivre
3139
précisément que les robots viennent les délivrer
de
la chaîne. Éloquemment entretenu par Bernanos, un malentendu sans par
3140
’est pas un homme automatique, comme des millions
de
personnes le croient encore sur la foi de quelques films et de la sci
3141
illions de personnes le croient encore sur la foi
de
quelques films et de la science-fiction. C’est encore moins un homme
3142
le croient encore sur la foi de quelques films et
de
la science-fiction. C’est encore moins un homme esclave de la machine
3143
ence-fiction. C’est encore moins un homme esclave
de
la machine. C’est une machine, ni plus ni moins, c’est un outil, que
3144
t si rarement dénoncée, a provoqué la destruction
de
plusieurs millions de vies humaines. C’est ici qu’il convient de rapp
3145
, a provoqué la destruction de plusieurs millions
de
vies humaines. C’est ici qu’il convient de rappeler le décalage de la
3146
llions de vies humaines. C’est ici qu’il convient
de
rappeler le décalage de la conscience dont j’ai parlé. Le mal dénoncé
3147
C’est ici qu’il convient de rappeler le décalage
de
la conscience dont j’ai parlé. Le mal dénoncé en son temps par Karl M
3148
n n’écoutait pas, tenait à la semi-automatisation
de
la production industrielle. Tout retour en arrière étant exclu, le re
3149
tomatisme total, libérant l’ouvrier non seulement
de
ses efforts sur la matière trop lourde ou dangereuse à manier, mais a
3150
re trop lourde ou dangereuse à manier, mais aussi
de
la monotonie et du rythme inhumain de travail qu’imposaient la machin
3151
mais aussi de la monotonie et du rythme inhumain
de
travail qu’imposaient la machine et la chaîne. Le remède était donc l
3152
pplication générale prit récemment le nom anglais
d’
automation. Il est curieux que la pensée occidentale, découvrant le pé
3153
ée occidentale, découvrant le péril avec cent ans
de
retard, ait porté sa colère contre le remède… L’automatisation complè
3154
olère contre le remède… L’automatisation complète
de
l’usine, loin d’augmenter le mal si longuement déploré par ceux qui n
3155
emède… L’automatisation complète de l’usine, loin
d’
augmenter le mal si longuement déploré par ceux qui ne le subissaient
3156
roduisant jour et nuit sous la seule surveillance
d’
un groupe d’opérateurs, signifie simplement, partout où elle fonctionn
3157
ur et nuit sous la seule surveillance d’un groupe
d’
opérateurs, signifie simplement, partout où elle fonctionne, la suppre
3158
ement, partout où elle fonctionne, la suppression
de
la condition prolétarienne. Généralisée dans l’avenir, elle rendra su
3159
ndra superflu et sans objet le moment dialectique
de
la révolution donnant le pouvoir aux ouvriers d’usine. C’est ainsi le
3160
de la révolution donnant le pouvoir aux ouvriers
d’
usine. C’est ainsi le développement plus poussé de la technique, non l
3161
d’usine. C’est ainsi le développement plus poussé
de
la technique, non l’action du parti communiste, ni même de la classe
3162
hnique, non l’action du parti communiste, ni même
de
la classe ouvrière, qui sera l’agent du dépassement concret des confl
3163
et des techniciens. C’est le problème des moyens
de
culture, qui seront mis à contribution, sur une échelle brusquement a
3164
s, tous alertés, au-delà des problèmes classiques
de
plein-emploi et de temps de travail, le problème de l’emploi du temps
3165
-delà des problèmes classiques de plein-emploi et
de
temps de travail, le problème de l’emploi du temps, qui se pose à l’h
3166
problèmes classiques de plein-emploi et de temps
de
travail, le problème de l’emploi du temps, qui se pose à l’homme. Le
3167
plein-emploi et de temps de travail, le problème
de
l’emploi du temps, qui se pose à l’homme. Le problème de la liberté.
3168
ploi du temps, qui se pose à l’homme. Le problème
de
la liberté. Le problème du sens de nos vies… Je propose à nos philos
3169
e. Le problème de la liberté. Le problème du sens
de
nos vies… Je propose à nos philosophes du déclin de la bourgeoisie,
3170
nos vies… Je propose à nos philosophes du déclin
de
la bourgeoisie, du déclin de l’Occident, du déclin de la culture, et
3171
hilosophes du déclin de la bourgeoisie, du déclin
de
l’Occident, du déclin de la culture, et de la fatalité des tyrannies
3172
a bourgeoisie, du déclin de l’Occident, du déclin
de
la culture, et de la fatalité des tyrannies prochaines, de laisser po
3173
déclin de l’Occident, du déclin de la culture, et
de
la fatalité des tyrannies prochaines, de laisser pour un temps ces su
3174
ture, et de la fatalité des tyrannies prochaines,
de
laisser pour un temps ces sujets affligeants, leur ayant accordé asse
3175
ces sujets affligeants, leur ayant accordé assez
de
complaisance, et de considérer la nouveauté de l’époque : bel exercic
3176
nts, leur ayant accordé assez de complaisance, et
de
considérer la nouveauté de l’époque : bel exercice pour une pensée ré
3177
ez de complaisance, et de considérer la nouveauté
de
l’époque : bel exercice pour une pensée régulatrice, que d’en maîtris
3178
e : bel exercice pour une pensée régulatrice, que
d’
en maîtriser les vertiges ! Je propose la clôture d’un demi-siècle de
3179
en maîtriser les vertiges ! Je propose la clôture
d’
un demi-siècle de rumination pessimiste, longtemps justifiée, nous le
3180
vertiges ! Je propose la clôture d’un demi-siècle
de
rumination pessimiste, longtemps justifiée, nous le savons, mais qui
3181
ous le savons, mais qui court désormais le danger
de
survivre aux dangers prévus. Je propose à l’intelligence un rôle nouv
3182
propose à l’intelligence un rôle nouveau : celui
de
créer la liberté en la cherchant, en acceptant d’envisager ses risque
3183
de créer la liberté en la cherchant, en acceptant
d’
envisager ses risques et de les courir d’abord en imagination. Je prop
3184
herchant, en acceptant d’envisager ses risques et
de
les courir d’abord en imagination. Je propose une idée renouvelée du
3185
e propose une idée renouvelée du Progrès, au-delà
de
nos illusions, mais aussi de nos scepticismes. Ce n’est pas l’accrois
3186
du Progrès, au-delà de nos illusions, mais aussi
de
nos scepticismes. Ce n’est pas l’accroissement de nos biens, ni la so
3187
de nos scepticismes. Ce n’est pas l’accroissement
de
nos biens, ni la solution de nos maux, car toute solution concevable
3188
pas l’accroissement de nos biens, ni la solution
de
nos maux, car toute solution concevable serait la fin de notre libert
3189
maux, car toute solution concevable serait la fin
de
notre liberté. J’imagine au contraire le progrès véritable dans l’acc
3190
ir du christianismebv « Mais alors — me disent
de
bonnes âmes très attachées à leurs croyances chrétiennes et que mon o
3191
la psychanalyse réussissent à résoudre, à la fin
de
ce siècle, les grands problèmes matériels et moraux, individuels et c
3192
isée ? Le salut, le pardon, la grâce et la prière
d’
intercession garderont-ils un sens pour des humains comblés ? » Il ser
3193
our des humains comblés ? » Il serait trop facile
de
répondre que les prouesses actuelles du progrès ne seront jamais inté
3194
alement tenues. Car le fait est qu’elles ont plus
de
chances que jamais de l’être, en tout cas partiellement. Et même si e
3195
fait est qu’elles ont plus de chances que jamais
de
l’être, en tout cas partiellement. Et même si elles n’étaient pas ten
3196
i elles n’étaient pas tenues du tout, la question
de
principe subsiste : Est-il vrai que l’inquiétude religieuse dépende d
3197
: Est-il vrai que l’inquiétude religieuse dépende
de
l’insatisfaction de nos besoins matériels, sociaux et psychologiques
3198
inquiétude religieuse dépende de l’insatisfaction
de
nos besoins matériels, sociaux et psychologiques ? Faut-il prévoir pa
3199
évoir par suite que l’une diminuerait à la mesure
de
la satisfaction croissante des autres ? Remarquons d’abord qu’une rel
3200
ède ne vaut mieux que la santé ; comme une espèce
de
tranquillisant de type archaïque (médiéval) permettant de prendre en
3201
que la santé ; comme une espèce de tranquillisant
de
type archaïque (médiéval) permettant de prendre en patience nos maux
3202
uillisant de type archaïque (médiéval) permettant
de
prendre en patience nos maux inévitables, mais aucun apaisant n’est p
3203
ble à la paix réelle ; enfin, comme le complément
d’
une déficience, et elle n’aurait donc pas de raison de survivre, une f
3204
ément d’une déficience, et elle n’aurait donc pas
de
raison de survivre, une fois la plénitude conquise. D’ailleurs, dans
3205
e déficience, et elle n’aurait donc pas de raison
de
survivre, une fois la plénitude conquise. D’ailleurs, dans l’hypothès
3206
eulement cette religion-remède qui serait menacée
de
s’éteindre faute d’emploi, mais tout autant, ou plus encore, la reche
3207
ion-remède qui serait menacée de s’éteindre faute
d’
emploi, mais tout autant, ou plus encore, la recherche scientifique et
3208
, je pressens une double erreur : sur la fonction
de
la religion, et sur la nature même de l’homme. Car la fonction de la
3209
la fonction de la religion, et sur la nature même
de
l’homme. Car la fonction de la religion n’est pas de compenser nos ma
3210
et sur la nature même de l’homme. Car la fonction
de
la religion n’est pas de compenser nos maux ou de nous les faire oubl
3211
l’homme. Car la fonction de la religion n’est pas
de
compenser nos maux ou de nous les faire oublier, mais d’orienter tout
3212
de la religion n’est pas de compenser nos maux ou
de
nous les faire oublier, mais d’orienter tout l’être vers la vérité, e
3213
enser nos maux ou de nous les faire oublier, mais
d’
orienter tout l’être vers la vérité, et d’affirmer une vérité qui nous
3214
r, mais d’orienter tout l’être vers la vérité, et
d’
affirmer une vérité qui nous transcende. Et la fonction du christianis
3215
ui se distingue en cela des autres religions, est
d’
amener l’homme à incarner la vérité : cette vérité transformant l’homm
3216
rité transformant l’homme « par le renouvellement
de
son entendement »47 l’amène ensuite à transformer le monde, et non pa
3217
on pas à s’y conformer. L’ambition désacralisante
de
la science et de la technique, celle du marxisme aussi, et de toutes
3218
ormer. L’ambition désacralisante de la science et
de
la technique, celle du marxisme aussi, et de toutes les doctrines du
3219
e et de la technique, celle du marxisme aussi, et
de
toutes les doctrines du progrès, sont les suites plus ou moins direct
3220
égitimes que l’Occident, croyant ou non, a tirées
de
l’attitude chrétienne devant le monde. D’autre part, la nature de l’h
3221
rétienne devant le monde. D’autre part, la nature
de
l’homme diffère de celle de l’animal en ce qu’il « ne vit pas de pain
3222
monde. D’autre part, la nature de l’homme diffère
de
celle de l’animal en ce qu’il « ne vit pas de pain seulement ». Ce ve
3223
autre part, la nature de l’homme diffère de celle
de
l’animal en ce qu’il « ne vit pas de pain seulement ». Ce verset de l
3224
ère de celle de l’animal en ce qu’il « ne vit pas
de
pain seulement ». Ce verset de l’Évangile n’exprime pas un vœu ou une
3225
qu’il « ne vit pas de pain seulement ». Ce verset
de
l’Évangile n’exprime pas un vœu ou une objurgation, c’est une simple
3226
imple constatation, l’homme est ainsi : incapable
d’
être satisfait et de bien vivre quand ses besoins physiques sont seuls
3227
l’homme est ainsi : incapable d’être satisfait et
de
bien vivre quand ses besoins physiques sont seuls comblés. (Sinon, le
3228
ysiques sont seuls comblés. (Sinon, les occupants
de
nos prisons modernes « vivraient » mieux que les deux tiers du genre
3229
e, disait Pascal, bien avant Nietzsche. La nature
de
l’homme est de dépasser la Nature. D’où je conclus qu’une religion qu
3230
l, bien avant Nietzsche. La nature de l’homme est
de
dépasser la Nature. D’où je conclus qu’une religion qui aurait à redo
3231
. La nature de l’homme est de dépasser la Nature.
D’
où je conclus qu’une religion qui aurait à redouter la réussite du pro
3232
e véritable. On m’opposera sans doute les utopies
de
George Orwell et d’Aldous Huxley. Elles décrivent des conditionnement
3233
posera sans doute les utopies de George Orwell et
d’
Aldous Huxley. Elles décrivent des conditionnements psychophysiques si
3234
hysiques si merveilleusement réussis que le souci
de
la vérité et de la recherche permanente se voit totalement évacué, l’
3235
eilleusement réussis que le souci de la vérité et
de
la recherche permanente se voit totalement évacué, l’homme n’étant pl
3236
alement évacué, l’homme n’étant plus qu’une sorte
de
bétail savant. Les utopies supposent, en somme, un autofreinage du pr
3237
u progrès par les moyens actuellement imaginables
de
la science et de la technique au service de la propagande. Logiquemen
3238
moyens actuellement imaginables de la science et
de
la technique au service de la propagande. Logiquement, le processus e
3239
ables de la science et de la technique au service
de
la propagande. Logiquement, le processus est impensable : si la techn
3240
essus est impensable : si la technique triomphait
de
l’homme, elle s’annulerait du même coup. Car plus elle s’approcherait
3241
lerait du même coup. Car plus elle s’approcherait
de
cette limite, plus les sources de son énergie s’affaibliraient. Prati
3242
s’approcherait de cette limite, plus les sources
de
son énergie s’affaibliraient. Pratiquement, nos deux utopistes prévoi
3243
ment, nos deux utopistes prévoient l’intervention
d’
un groupe humain qui resterait à l’extérieur du processus et donnerait
3244
t à l’extérieur du processus et donnerait le coup
de
pouce nécessaire pour que l’asymptote rejoigne l’axe, en dépit des lo
3245
ès de réussir ce suicide télécommandé des régions
de
l’humanité soumises à leur pouvoir total, à la fois hypnotique et pol
3246
e notre histoire — nous rassure quant aux chances
de
l’homme contemporain. Il n’est plus, pour croire à ces fous, que quel
3247
bourgeois), peu de disciples et nul martyr. Rien
de
commun avec l’Église primitive. Le danger véritable n’est pas là. Mai
3248
t pas là. Mais si nous admettons que le phénomène
de
la « mort de Dieu » reste localisé dans certains milieux très restrei
3249
s si nous admettons que le phénomène de la « mort
de
Dieu » reste localisé dans certains milieux très restreints quoiqu’in
3250
triomphes à venir de l’organisation scientifique
de
la vie n’élimineront pas les besoins religieux de l’immense majorité
3251
de la vie n’élimineront pas les besoins religieux
de
l’immense majorité des hommes ; si nous admettons au surplus que les
3252
technique favoriseront au contraire la diffusion
de
la culture, et par là même l’inquiétude métaphysique chez un nombre c
3253
’inquiétude métaphysique chez un nombre croissant
d’
humains de toutes les races, un défi d’un tout autre ordre risque d’êt
3254
e métaphysique chez un nombre croissant d’humains
de
toutes les races, un défi d’un tout autre ordre risque d’être lancé a
3255
croissant d’humains de toutes les races, un défi
d’
un tout autre ordre risque d’être lancé au christianisme : non pas cel
3256
s les races, un défi d’un tout autre ordre risque
d’
être lancé au christianisme : non pas celui de l’athéisme, ni celui de
3257
que d’être lancé au christianisme : non pas celui
de
l’athéisme, ni celui de l’indifférence religieuse, mais celui d’autre
3258
stianisme : non pas celui de l’athéisme, ni celui
de
l’indifférence religieuse, mais celui d’autres religions. Les culture
3259
pénétrer de plus en plus. Les anciennes religions
de
l’Asie, les magies noires, les gnoses ressuscitées et modernisées, le
3260
able ? Quelles sont ses chances, à vues humaines,
de
relever un tel défi ? On ne saurait certes envisager ces chances com
3261
t certes envisager ces chances comme on le ferait
de
celles d’un parti ou d’une nation, d’une idéologie ou d’une civilisat
3262
nvisager ces chances comme on le ferait de celles
d’
un parti ou d’une nation, d’une idéologie ou d’une civilisation, car l
3263
hances comme on le ferait de celles d’un parti ou
d’
une nation, d’une idéologie ou d’une civilisation, car le christianism
3264
n le ferait de celles d’un parti ou d’une nation,
d’
une idéologie ou d’une civilisation, car le christianisme est essentie
3265
es d’un parti ou d’une nation, d’une idéologie ou
d’
une civilisation, car le christianisme est essentiellement autre chose
3266
ner à me répondre : le christianisme étant parole
de
Dieu aux hommes, son avenir ne dépend que de Dieu, et ne mérite pas d
3267
role de Dieu aux hommes, son avenir ne dépend que
de
Dieu, et ne mérite pas de préoccuper l’Église. Et plus d’un fidèle in
3268
on avenir ne dépend que de Dieu, et ne mérite pas
de
préoccuper l’Église. Et plus d’un fidèle invoquera les « promesses »
3269
et ne mérite pas de préoccuper l’Église. Et plus
d’
un fidèle invoquera les « promesses » données à l’Église, pour me conv
3270
romesses » données à l’Église, pour me convaincre
de
manque de foi, si ce n’est de vaine curiosité frisant le blasphème. M
3271
données à l’Église, pour me convaincre de manque
de
foi, si ce n’est de vaine curiosité frisant le blasphème. Mais s’il e
3272
pour me convaincre de manque de foi, si ce n’est
de
vaine curiosité frisant le blasphème. Mais s’il est vrai que le chris
3273
es religions et les confondant toutes sous le nom
de
paganisme, synonyme d’erreur scandaleuse et de nuit de l’esprit. Le c
3274
fondant toutes sous le nom de paganisme, synonyme
d’
erreur scandaleuse et de nuit de l’esprit. Le christianisme historique
3275
om de paganisme, synonyme d’erreur scandaleuse et
de
nuit de l’esprit. Le christianisme historique est aussi un parti, ou
3276
ganisme, synonyme d’erreur scandaleuse et de nuit
de
l’esprit. Le christianisme historique est aussi un parti, ou même un
3277
istorique est aussi un parti, ou même un ensemble
de
partis, il est aussi une idéologie, et il est lié à une certaine civi
3278
ransformé mais non sans se couler dans ses formes
de
pensée et dans ses structures d’organisation, les unes et les autres
3279
dans ses formes de pensée et dans ses structures
d’
organisation, les unes et les autres constituées bien avant la venue a
3280
s autres constituées bien avant la venue au monde
de
Jésus. Ses chances d’avenir dépendent donc aussi des chances des conf
3281
ien avant la venue au monde de Jésus. Ses chances
d’
avenir dépendent donc aussi des chances des confessions qui le compose
3282
s des confessions qui le composent et des chances
de
la civilisation occidentale dans le monde. Mais elles en dépendent de
3283
ccidentale dans le monde. Mais elles en dépendent
de
deux manières bien distinctes. Le christianisme peut triompher ou pér
3284
se détacher plus ou moins des cadres et des modes
de
penser spécifiques de l’Occident, et leur survivre, sauvant son âme e
3285
ins des cadres et des modes de penser spécifiques
de
l’Occident, et leur survivre, sauvant son âme en renonçant à ses form
3286
gagnant le monde. C’est ce que je voudrais tenter
d’
imaginer maintenant d’une manière aussi précise que le permet l’art de
3287
t ce que je voudrais tenter d’imaginer maintenant
d’
une manière aussi précise que le permet l’art de la conjecture histori
3288
t d’une manière aussi précise que le permet l’art
de
la conjecture historique et sociologique, art dont on sait qu’il est
3289
rigoureuse, mais qui ne s’en distingue pas moins
de
la rêverie utopique. Car l’utopie n’est que la projection dans un ave
3290
st que la projection dans un avenir an-historique
de
nos désirs et de nos craintes : c’est une image de compensation qui n
3291
ion dans un avenir an-historique de nos désirs et
de
nos craintes : c’est une image de compensation qui n’apprend rien sur
3292
e nos désirs et de nos craintes : c’est une image
de
compensation qui n’apprend rien sur un avenir possible mais décrit se
3293
nversant, notre vision partielle du présent, vidé
de
toutes les connexions et interrelations nécessaires qui déterminent s
3294
christianisme est un parti (ou plutôt un ensemble
de
partis tantôt rivaux tantôt coalisésbw) dans la mesure où il se prése
3295
ment comme vérité révélée, mais comme un ensemble
d’
Églises organisées possédant chacune sa doctrine, son organisation, so
3296
reil » et ses effectifs enregistrés. La pluralité
de
ses confessions n’a peut-être pas retardé ou gêné sa diffusion en Afr
3297
licisme et le protestantisme seraient en position
d’
y prétendre, sinon d’y réussir. Le catholicisme a pour lui son aspirat
3298
antisme seraient en position d’y prétendre, sinon
d’
y réussir. Le catholicisme a pour lui son aspiration fondamentale, et
3299
rée admirablement efficace après quatre-cents ans
d’
usage48 et que les grands mouvements politico-sociaux de l’ère contemp
3300
e48 et que les grands mouvements politico-sociaux
de
l’ère contemporaine (le parti communiste et les divers régimes totali
3301
lectuelle non moins remarquable, qui lui a permis
de
s’adapter, en dépit de sa discipline doctrinale, à des milieux cultur
3302
s formés par les puritains. La subsistance en lui
d’
une certaine pensée magique et d’un ritualisme agissant ex opere opera
3303
bsistance en lui d’une certaine pensée magique et
d’
un ritualisme agissant ex opere operato, héritages de religions antiqu
3304
n ritualisme agissant ex opere operato, héritages
de
religions antiques et orientales (culte des reliques, transsubstantia
3305
r le monde dit païen, bien qu’au prix du maintien
d’
équivoques spirituelles dans les premières générations « converties »
3306
les dans les premières générations « converties »
de
la sorte. En revanche, le catholicisme a contre lui son absolutisme f
3307
bsolutisme foncier, moins affirmé dans le domaine
de
la doctrine que dans celui de l’éducation et de la discipline clérica
3308
rmé dans le domaine de la doctrine que dans celui
de
l’éducation et de la discipline cléricale ; sa centralisation à Rome,
3309
e de la doctrine que dans celui de l’éducation et
de
la discipline cléricale ; sa centralisation à Rome, symbole impérial
3310
symbole impérial plutôt qu’apostolique, et preuve
d’
un universalisme conçu en termes proprement européens ; ses attaches d
3311
trinales aristotéliciennes et sa longue tradition
d’
hostilité à la liberté de recherche comme aux aspirations démocratique
3312
s et sa longue tradition d’hostilité à la liberté
de
recherche comme aux aspirations démocratiques, qui l’obligent à ne re
3313
ncessions arrachées. Le protestantisme a pour lui
d’
être plus congénial aux développements présents de la culture scientif
3314
d’être plus congénial aux développements présents
de
la culture scientifique et technique49, et d’avoir été le père des ré
3315
nts de la culture scientifique et technique49, et
d’
avoir été le père des régimes de démocratie tempérée qui règnent aujou
3316
t technique49, et d’avoir été le père des régimes
de
démocratie tempérée qui règnent aujourd’hui sur les nations les plus
3317
les formes absolutistes du pouvoir, génératrices
de
révolutions brusques à prétentions totalitaires. Aucune doctrine tota
3318
velopper dans les royaumes et républiques marqués
de
l’empreinte calviniste, cependant que l’Autrichien Hitler, formé par
3319
o et Salazar ont exploité des situations typiques
de
l’habitus catholique, et que Staline, ancien séminariste, a repris à
3320
ocialisme, et des réalisations les plus concrètes
de
la démocratie la plus ouverte50. Fédéraliste, évolutif, favorable à l
3321
favorable à la recherche scientifique, éducateur
de
citoyens plus libres parce que plus responsables, le protestantisme p
3322
plus responsables, le protestantisme possède donc
de
meilleures chances que le catholicisme de contribuer à la formation p
3323
de donc de meilleures chances que le catholicisme
de
contribuer à la formation politico-sociale du monde de demain. En rev
3324
ntribuer à la formation politico-sociale du monde
de
demain. En revanche, il a contre lui sa propension de fait à la dispe
3325
emain. En revanche, il a contre lui sa propension
de
fait à la dispersion, au particularisme étroit, à la rigidité d’une m
3326
spersion, au particularisme étroit, à la rigidité
d’
une morale souvent plus bourgeoise qu’évangélique ; et d’une manière p
3327
orale souvent plus bourgeoise qu’évangélique ; et
d’
une manière plus générale, sa tendance à un rationalisme évacuant tout
3328
as plus chrétien au sens strict. Si le sacralisme
d’
origine païenne est la tentation naturelle du catholicisme, le sécular
3329
e abondamment cédé depuis des siècles. Il résulte
de
cette rapide analyse que les meilleures chances du christianisme dans
3330
miers signes positifs ? Sur le premier point, pas
de
doute. Une combinaison vivante du sens fédéraliste protestant et du s
3331
estant et du sens universaliste catholique serait
de
nature à protéger les uns de l’individualisme anarchique, les autres
3332
te catholique serait de nature à protéger les uns
de
l’individualisme anarchique, les autres du collectivisme autoritaire,
3333
ernaculaire chez les catholiques ; la renaissance
de
la liturgie et du sens de l’Église chez les protestants ; la découver
3334
liques ; la renaissance de la liturgie et du sens
de
l’Église chez les protestants ; la découverte des réalités sociales p
3335
ue et sur l’autonomie épiscopale ; enfin, l’essor
de
l’espérance et de la volonté œcuménique dans toutes les confessions.
3336
mie épiscopale ; enfin, l’essor de l’espérance et
de
la volonté œcuménique dans toutes les confessions. Tout cela s’est ma
3337
e dernières décennies : si l’on compare le rythme
de
ce phénomène de convergence avec celui des phénomènes de divergence q
3338
nnies : si l’on compare le rythme de ce phénomène
de
convergence avec celui des phénomènes de divergence qui ont dominé l’
3339
hénomène de convergence avec celui des phénomènes
de
divergence qui ont dominé l’évolution historico-sociologique du chris
3340
depuis quelque seize sièclesbx, il prend l’allure
d’
une mutation brusque — mutation vers l’union dans la diversité, au-del
3341
mutation vers l’union dans la diversité, au-delà
de
l’ère des volontés d’uniformité fanatique, multipliant et durcissant
3342
dans la diversité, au-delà de l’ère des volontés
d’
uniformité fanatique, multipliant et durcissant en fait les divisions.
3343
terminée qui a sa source historique en Europe. Né
de
la rencontre « fortuite », dit l’historien, ou « providentielle », di
3344
e, mais en tout cas ni rationnelle ni nécessaire,
de
trois phénomènes essentiellement hétéroclites : la philosophie grecqu
3345
sophie grecque, l’Empire romain, et la révélation
de
Jésus-Christ, proclamée dans le Temple juif. Le christianisme s’est r
3346
, où il s’est organisé en calquant les structures
de
l’Empire romain d’Occident. Au cours des seize siècles qui ont suivi,
3347
isé en calquant les structures de l’Empire romain
d’
Occident. Au cours des seize siècles qui ont suivi, sa reconnaissance
3348
onnaissance officielle par l’empereur Constantin (
édit
de Milan en 313), ses tentatives d’expansion vers l’Orient ont été ar
3349
ssance officielle par l’empereur Constantin (édit
de
Milan en 313), ses tentatives d’expansion vers l’Orient ont été arrêt
3350
Constantin (édit de Milan en 313), ses tentatives
d’
expansion vers l’Orient ont été arrêtées en Inde sur la côte de Malaba
3351
ers l’Orient ont été arrêtées en Inde sur la côte
de
Malabar, étouffées en Chine dès le xe siècle, puis barrées pour long
3352
es pour longtemps par l’apparition et le triomphe
de
l’islam sur tout le Proche-Orient, cependant qu’au contraire il s’ins
3353
ie, et s’implantait dans les colonies européennes
de
l’Afrique noire. Ainsi, les accidents de la conjoncture mondiale ont
3354
opéennes de l’Afrique noire. Ainsi, les accidents
de
la conjoncture mondiale ont fait du christianisme, pendant un milléna
3355
existence historique — la religion par excellence
de
l’Europe et de ses conquêtes. Au seuil où nous voici, d’une histoire
3356
rique — la religion par excellence de l’Europe et
de
ses conquêtes. Au seuil où nous voici, d’une histoire du monde presqu
3357
rope et de ses conquêtes. Au seuil où nous voici,
d’
une histoire du monde presque subitement unifiée par les effets de nos
3358
u monde presque subitement unifiée par les effets
de
nos techniques et la diffusion de nos valeurs, cette étroite cohérenc
3359
par les effets de nos techniques et la diffusion
de
nos valeurs, cette étroite cohérence du christianisme et de la cultur
3360
eurs, cette étroite cohérence du christianisme et
de
la culture née en Europe apparaît-elle comme une chance d’avenir ou c
3361
ture née en Europe apparaît-elle comme une chance
d’
avenir ou comme une tare originelle ? À vue mondaine, c’est une chance
3362
le christianisme a suscité, catalysé et qualifié
d’
une manière décisive tout ce contexte51, c’est donc une civilisation s
3363
e à faire sienne, avec des succès inégaux. Avides
de
nos produits immédiatement utiles, et généralement inconscients de ce
3364
mmédiatement utiles, et généralement inconscients
de
ce qui lie ces produits à nos valeurs, religieuses et morales à l’ori
3365
, les peuples récemment promus à une indépendance
de
type occidental se soumettent par là même à l’influence secrète des c
3366
tent par là même à l’influence secrète des champs
de
force spirituels que transportent chez eux nos machines. Si jamais re
3367
nos machines. Si jamais religion eut des chances
de
s’imposer par son contexte à la pensée, aux rythmes quotidiens, voire
3368
ou même les refusent, c’est bien le christianisme
d’
empreinte occidentale. Aucune autre grande religion — hindouisme, boud
3369
indouisme, bouddhisme, islam — n’a jamais disposé
de
pareils véhicules, de moyens de pénétration intellectuelle comparable
3370
islam — n’a jamais disposé de pareils véhicules,
de
moyens de pénétration intellectuelle comparables à ceux que représent
3371
’a jamais disposé de pareils véhicules, de moyens
de
pénétration intellectuelle comparables à ceux que représentent pour l
3372
déal du progrès, l’égalité des droits, le respect
de
la personne humaine, les sciences de la matière et de la vie, la tech
3373
, le respect de la personne humaine, les sciences
de
la matière et de la vie, la technique et l’esprit de recherche à tous
3374
a personne humaine, les sciences de la matière et
de
la vie, la technique et l’esprit de recherche à tous risques. Et je n
3375
la matière et de la vie, la technique et l’esprit
de
recherche à tous risques. Et je ne dis pas, bien sûr, que tous ces vé
3376
t je ne dis pas, bien sûr, que tous ces véhicules
de
la culture occidentale agissent à l’instar d’une armée de missionnair
3377
les de la culture occidentale agissent à l’instar
d’
une armée de missionnaires, et amènent les hommes au baptême, voire à
3378
lture occidentale agissent à l’instar d’une armée
de
missionnaires, et amènent les hommes au baptême, voire à la foi : je
3379
e historique, et dont seul il détient les secrets
de
bon usage éthique et spirituel. Je ne dis pas qu’il suffise à un Asia
3380
pas qu’il suffise à un Asiatique ou à un Africain
de
revendiquer des droits sociaux égaux pour tous, quelle que soit la ca
3381
ême coup la conception paulinienne ou évangélique
de
la société, la fraternité de tous « soit juifs, soit grecs, soit escl
3382
ienne ou évangélique de la société, la fraternité
de
tous « soit juifs, soit grecs, soit esclaves, soit libres », mais je
3383
iologues d’ailleurs agnostiques) que le phénomène
de
la révolution sociale est impensable dansby les régions de l’Asie et
3384
olution sociale est impensable dansby les régions
de
l’Asie et de l’Afrique qui n’ont pas été soumis à l’influence chrétie
3385
le est impensable dansby les régions de l’Asie et
de
l’Afrique qui n’ont pas été soumis à l’influence chrétienne52. Née de
3386
nt pas été soumis à l’influence chrétienne52. Née
de
l’Europe christianisée, c’est-à-dire d’un complexe longuement travail
3387
ne52. Née de l’Europe christianisée, c’est-à-dire
d’
un complexe longuement travaillé par un christianisme plus ou moins fi
3388
sation occidentale, que le monde entier s’efforce
d’
adopter, crée partout des conditions nouvelles et donc des problèmes n
3389
onc des problèmes nouveaux qui ne peuvent trouver
de
réponses adéquates dans les religions indigènes, et qui appellent don
3390
s indigènes, et qui appellent donc une conception
de
la vie soit dérivée du christianisme, soit chrétienne : nouvel aspect
3391
du christianisme, soit chrétienne : nouvel aspect
de
l’opportunité chrétienne. Cependant, si l’on admet qu’en fait l’exten
3392
. Cependant, si l’on admet qu’en fait l’extension
de
la civilisation occidentale prépare et appelle une extension correspo
3393
le. Elle peut aussi révéler, au contact quotidien
de
conditions humaines très différentes, ses faiblesses et ses lacunes.
3394
iblesses et ses lacunes. Elle peut enfin détruire
de
hautes valeurs spirituelles et culturelles nées de l’hindouisme, du b
3395
e hautes valeurs spirituelles et culturelles nées
de
l’hindouisme, du bouddhisme et de l’islam, sans leur substituer pour
3396
ulturelles nées de l’hindouisme, du bouddhisme et
de
l’islam, sans leur substituer pour autant les valeurs chrétiennes d’o
3397
ur substituer pour autant les valeurs chrétiennes
d’
origine, oubliées au cours du transport. Je me résume : une machine-ou
3398
achine-outil est le produit se reconstitue autour
d’
elle. Sinon, elle risque de produire plus de mal que de bien. Première
3399
se reconstitue autour d’elle. Sinon, elle risque
de
produire plus de mal que de bien. Première conclusion : la civilisati
3400
utour d’elle. Sinon, elle risque de produire plus
de
mal que de bien. Première conclusion : la civilisation occidentale pe
3401
e. Sinon, elle risque de produire plus de mal que
de
bien. Première conclusion : la civilisation occidentale peut préparer
3402
peuples comprennent quels sont les liens intimes,
d’
origine et de finalité, qui unissent la conception chrétienne du monde
3403
ennent quels sont les liens intimes, d’origine et
de
finalité, qui unissent la conception chrétienne du monde et la civili
3404
t aux chrétiens unis qu’il appartiendra désormais
de
prendre conscience de ces liens et de les expliquer au monde : progra
3405
u’il appartiendra désormais de prendre conscience
de
ces liens et de les expliquer au monde : programme missionnaire tout
3406
a désormais de prendre conscience de ces liens et
de
les expliquer au monde : programme missionnaire tout nouveau qui se t
3407
re tout nouveau qui se trouve exigé des chrétiens
d’
aujourd’hui, et dont la plupart sont très loin de soupçonner l’ampleur
3408
historico-sociologique. Si, d’une part, il s’agit
de
montrer aux peuples non chrétiens, fascinés et trop aisément convainc
3409
’en serait pas un, et qu’il reste impensable hors
d’
une conception chrétienne du monde, d’autre part, il n’est pas moins n
3410
onde, d’autre part, il n’est pas moins nécessaire
de
montrer aux chrétiens que la vérité de leur religion transcende les f
3411
nécessaire de montrer aux chrétiens que la vérité
de
leur religion transcende les formes historiques revêtues par le chris
3412
isme en Occident. Pour que se manifeste la valeur
de
vérité universelle de l’Évangile de Jésus, il faudra bien dissocier l
3413
que se manifeste la valeur de vérité universelle
de
l’Évangile de Jésus, il faudra bien dissocier le « message chrétien »
3414
ste la valeur de vérité universelle de l’Évangile
de
Jésus, il faudra bien dissocier le « message chrétien » de ses liens
3415
il faudra bien dissocier le « message chrétien »
de
ses liens accidentels avec les conditions et les coutumes des peuples
3416
leurs mœurs. Je me bornerai ici à trois exemples
de
dissociations nécessaires. 1. L’Église médiévale avait lié la vérité
3417
le avait lié la vérité chrétienne à la cosmologie
de
Ptolémée, à la philosophie d’Aristote, à la hiérarchie sociale tripar
3418
nne à la cosmologie de Ptolémée, à la philosophie
d’
Aristote, à la hiérarchie sociale tripartite du clergé, de la noblesse
3419
te, à la hiérarchie sociale tripartite du clergé,
de
la noblesse et du tiers état (d’origine indo-européenne, voir les cas
3420
rtite du clergé, de la noblesse et du tiers état (
d’
origine indo-européenne, voir les castes en Inde) et au régime monarch
3421
romano-germain. Elle a dû peu à peu se dissocier
de
ces formes historiques, récusées successivement par la science, par l
3422
ence, par la Réforme et par l’évolution vers plus
d’
égalité sociale. Notons qu’un Galilée, qu’un Luther, qu’un Rousseau se
3423
ilée, qu’un Luther, qu’un Rousseau se réclamaient
de
principes plus chrétiens à leur sens que ceux auxquels l’Église s’éta
3424
inal du christianisme. C’est dans le prolongement
de
cette « réforme permanente » du message chrétien, dans cet effort pou
3425
ffort pour le purifier toujours plus profondément
de
ses attaches circonstancielles avec des formes de culture, c’est-à-di
3426
de ses attaches circonstancielles avec des formes
de
culture, c’est-à-dire de pensée, de vie et d’organisations sociales d
3427
ncielles avec des formes de culture, c’est-à-dire
de
pensée, de vie et d’organisations sociales devenues périmées ou trop
3428
ec des formes de culture, c’est-à-dire de pensée,
de
vie et d’organisations sociales devenues périmées ou trop régionales,
3429
mes de culture, c’est-à-dire de pensée, de vie et
d’
organisations sociales devenues périmées ou trop régionales, que s’ins
3430
chances mondiales du christianisme. Il est juste
de
remarquer ici que les théologiens et penseurs chrétiens occidentaux n
3431
e en cette seconde moitié du xxe siècle. L’œuvre
d’
un Maritain et d’un Karl Barth pour ramener leur Église à l’essentiel
3432
e moitié du xxe siècle. L’œuvre d’un Maritain et
d’
un Karl Barth pour ramener leur Église à l’essentiel de son message ;
3433
Karl Barth pour ramener leur Église à l’essentiel
de
son message ; et d’autre part les travaux d’un Bultmann, d’un Paul Ti
3434
tiel de son message ; et d’autre part les travaux
d’
un Bultmann, d’un Paul Tillich, d’un Teilhard de Chardin, d’un Louis M
3435
sage ; et d’autre part les travaux d’un Bultmann,
d’
un Paul Tillich, d’un Teilhard de Chardin, d’un Louis Massignon pour l
3436
art les travaux d’un Bultmann, d’un Paul Tillich,
d’
un Teilhard de Chardin, d’un Louis Massignon pour libérer le message c
3437
ann, d’un Paul Tillich, d’un Teilhard de Chardin,
d’
un Louis Massignon pour libérer le message chrétien de tout ce qui pou
3438
Louis Massignon pour libérer le message chrétien
de
tout ce qui pourrait nuire à sa communication authentique aux spiritu
3439
ou la soutane au xxe siècle ? C’étaient l’habit
de
cérémonie ou le bleu de travail du xiie siècle européen. Mais ceci n
3440
iècle ? C’étaient l’habit de cérémonie ou le bleu
de
travail du xiie siècle européen. Mais ceci n’est encore qu’un signe
3441
e culture typique du bassin sémitico-gréco-romain
de
la Méditerranée. L’Asie et l’Afrique noire l’ignorent. Quel parti le
3442
L’islam connaît aussi le vin, mais l’interdit, et
de
cet interdit, les mystiques soufis des ixe au xiie siècles ont tiré
3443
s des ixe au xiie siècles ont tiré les symboles
de
leur lyrisme ésotérique… Je me contente d’indiquer ici certaines diff
3444
mboles de leur lyrisme ésotérique… Je me contente
d’
indiquer ici certaines difficultés qui ne sont apparues qu’à l’orée de
3445
ines difficultés qui ne sont apparues qu’à l’orée
de
l’époque mondiale, et dont il faudra s’occuper… 3. Le besoin d’une la
3446
ndiale, et dont il faudra s’occuper… 3. Le besoin
d’
une langue unique capable de traduire le langage universel de Jésus a
3447
occuper… 3. Le besoin d’une langue unique capable
de
traduire le langage universel de Jésus a conduit les Églises d’Orient
3448
e unique capable de traduire le langage universel
de
Jésus a conduit les Églises d’Orient à conserver le slavon ecclésiast
3449
langage universel de Jésus a conduit les Églises
d’
Orient à conserver le slavon ecclésiastique ou le copte, tandis que l’
3450
n ecclésiastique ou le copte, tandis que l’Église
d’
Occident s’arrêtait au latin liturgique : or plus personne ne comprend
3451
r que cette traduction linguistique en entraînera
de
proche en proche bien d’autres, éthiques, psychologiques, philosophiq
3452
e bourgeoise, voire victorienne — et qui risquent
de
gêner son expansion mondiale, son pouvoir d’être assimilé en tant que
3453
uent de gêner son expansion mondiale, son pouvoir
d’
être assimilé en tant que vérité pour tous les temps et pour toutes le
3454
rité pour tous les temps et pour toutes les races
de
la Terre. Il semble donc certain que le mouvement œcuménique ne devra
3455
ccès que représenterait pour lui l’union fédérale
de
toutes les confessions chrétiennes. Il faudra que cette union, à son
3456
l’islam. Et il faudra que les penseurs chrétiens
de
demain recherchent, en dialoguant avec les penseurs hindouistes et bo
3457
indouistes et bouddhistes, s’il existe des moyens
de
traduire en termes de vérité spirituelle commune les termes de grâce,
3458
n termes de vérité spirituelle commune les termes
de
grâce, de foi, de personne et surtout d’amour qui sont les fondements
3459
e vérité spirituelle commune les termes de grâce,
de
foi, de personne et surtout d’amour qui sont les fondements du christ
3460
spirituelle commune les termes de grâce, de foi,
de
personne et surtout d’amour qui sont les fondements du christianisme
3461
s termes de grâce, de foi, de personne et surtout
d’
amour qui sont les fondements du christianisme et que les traditions o
3462
s semblent exclure. Tout ceci, non dans un esprit
de
tolérance mutuelle un peu condescendante, de laxisme théologique, ou
3463
prit de tolérance mutuelle un peu condescendante,
de
laxisme théologique, ou simplement par gain de paix, mais au contrair
3464
e, de laxisme théologique, ou simplement par gain
de
paix, mais au contraire dans un esprit de catholicité réelle, incluse
3465
ar gain de paix, mais au contraire dans un esprit
de
catholicité réelle, incluse de toute vérité. Moyennant cet effort imm
3466
ire dans un esprit de catholicité réelle, incluse
de
toute vérité. Moyennant cet effort immense, véritablement planétaire,
3467
ions », nulle religion vivante ne paraît disposer
de
promesses d’avenir mondial comparables à celles de la religion du Chr
3468
religion vivante ne paraît disposer de promesses
d’
avenir mondial comparables à celles de la religion du Christ. Plus sus
3469
e promesses d’avenir mondial comparables à celles
de
la religion du Christ. Plus susceptible que toute autre d’être tradui
3470
igion du Christ. Plus susceptible que toute autre
d’
être traduite dans n’importe quel contexte culturel, seule soucieuses
3471
’importe quel contexte culturel, seule soucieuses
de
découvrir les voies et moyens de sa communication universelle, premiè
3472
seule soucieuses de découvrir les voies et moyens
de
sa communication universelle, première inspiratrice et par là même mo
3473
spiratrice et par là même modératrice prédestinée
de
la civilisation scientifique, la religion du Christ est aussi et surt
3474
ait pu résumer toute sa loi dans le commandement
de
l’Amour — amour de Dieu, amour de soi et du prochain, indissolubles —
3475
te sa loi dans le commandement de l’Amour — amour
de
Dieu, amour de soi et du prochain, indissolubles — et telle est à mes
3476
le commandement de l’Amour — amour de Dieu, amour
de
soi et du prochain, indissolubles — et telle est à mes yeux la seule
3477
et telle est à mes yeux la seule règle concevable
d’
une société des hommes non seulement pacifique mais ouverte à l’action
3478
s non seulement pacifique mais ouverte à l’action
de
l’Esprit de vérité. 47. Romains 12:2. Voir chapitre 10 : « Le défi
3479
ent pacifique mais ouverte à l’action de l’Esprit
de
vérité. 47. Romains 12:2. Voir chapitre 10 : « Le défi du marxisme
3480
isme ». 48. L’organisation actuelle, centralisée
de
l’Église romaine date en fait du concile de Trente, 1545-1563. 49. O
3481
lisée de l’Église romaine date en fait du concile
de
Trente, 1545-1563. 49. On a calculé que plus de 80 % des prix Nobel
3482
de Trente, 1545-1563. 49. On a calculé que plus
de
80 % des prix Nobel de sciences (physique, chimie, médecine et physio
3483
49. On a calculé que plus de 80 % des prix Nobel
de
sciences (physique, chimie, médecine et physiologie) sont allés à des
3484
e, médecine et physiologie) sont allés à des pays
de
majorité protestante, entre 1901 et 1960. L’indice est même de 90 % p
3485
rotestante, entre 1901 et 1960. L’indice est même
de
90 % pour la dernière période, 1941-1960. 50. Cf. supra, « Le mouvem
3486
Bros, 1957. En français : L’Aventure occidentale
de
l’homme , Paris, Albin Michel, 1957. 52. C’est de la côte de Malabar
3487
e l’homme , Paris, Albin Michel, 1957. 52. C’est
de
la côte de Malabar christianisée dès le viie siècle, que sont partis
3488
Paris, Albin Michel, 1957. 52. C’est de la côte
de
Malabar christianisée dès le viie siècle, que sont partis en Inde le
3489
st là que s’est constitué le seul État communiste
de
la péninsule, le Kerala. Gandhi lui-même avait subi, comme on sait, d
3490
erala. Gandhi lui-même avait subi, comme on sait,
de
fortes influences chrétiennes. Au Japon, l’essor du parti socialiste
3491
servé à la Bibliothèque publique et universitaire
de
Neuchâtel sous l’identifiant 988. bw. Le manuscrit français est peu
3492
mes co-operate) ». bx. Les premiers schismes nés
d’
hérésies chrétiennes datent des iiie et ive siècles : le manichéisme
3493
atisme, le monophysisme, etc., et ils n’ont cessé
de
se multiplier pendant et après le Moyen Âge : schisme entre Rome et B
3494
ns » ce qui est manifestement l’inverse du propos
de
l’auteur. On a corrigé sur la base de l’édition américaine. bz. L’éd
3495
e du propos de l’auteur. On a corrigé sur la base
de
l’édition américaine. bz. L’édition américaine donne : « its authent