1 1963, L’Opportunité chrétienne. Préface
1 Préfacea Les essais qui composent ce volume ne sont pas d’un théologien ni d’un apologiste d’une dénomination quelconque,
2 tous ceux, chrétiens ou non, pour qui la religion est une réalité, ou du moins un problème permanent. Personnaliste en phil
3 e nos jours, le phénomène religieux au sens large est tenu pour suspect non seulement par les rationalistes et les athées,
4 s jours, le phénomène religieux au sens large est tenu pour suspect non seulement par les rationalistes et les athées, mais
5 ue qui domine le protestantisme, et qui se trouve être celle dont j’ai le plus appris. Il me faut bien avouer ce paradoxe, c
6 ppris. Il me faut bien avouer ce paradoxe, car il est au cœur de mon livre. Tout ce qu’il peut y avoir de solide dans le ca
7 assimilée. Éviter, dénoncer l’erreur systématique est vital pour celui qui enseigne, mais accepter les risques d’erreur ou
8 mais accepter les risques d’erreur ou d’hérésie n’ est pas moins vital pour celui qui est entré dans la quête spirituelle, q
9 ou d’hérésie n’est pas moins vital pour celui qui est entré dans la quête spirituelle, qui doit inventer sa personne et qui
10 mirable, mais en songeant à ses disciples (dont j’ étais lorsque j’écrivis plusieurs chapitres de ce livre), à ceux qui ne pen
11 i de circonscrire et d’imposer à tout jamais : là est la grâce, et pas ailleurs, et tout le reste est incroyance, ou même r
12 à est la grâce, et pas ailleurs, et tout le reste est incroyance, ou même révolte… Ce pathos luthéro-calviniste fait la for
13 e œcuménique. Point d’Église sans orthodoxie, qui est la connaissance rectifiée (recta cognitio Dei, selon Calvin) telle qu
14 s sacrements. Mais dans la vie de l’esprit, qui n’ est pas collective, l’Esprit seul peut montrer la voie de l’appropriation
15 l’appropriation de la vérité. Or, il révèle qu’il est autant de voies que de personnes créées par lui. Je me dis parfois qu
16 s créées par lui. Je me dis parfois que ces voies sont toutes « hérétiques » aux yeux de la doctrine cohérente de l’Église,
17 me dis aussi que les découvertes de la science ne sont pas faites par ceux qui appliquent les règles, mais par celui qui ose
18 ra se glisser vers la vérité qui l’attend, et qui était réservée pour lui seul. Je ne crois pas à l’homme en général, der Me
19 mo latin, auquel a cru l’Europe classique, et qui était invariable, éternel, de telle manière qu’on pouvait spéculer sur ses
20 de la société — de laquelle le système trinitaire est inséparable — ni la conception de la « personne » qui suppose la trad
21 ue la vérité. Mais il ne peut que sa théologie ne soit liée, indissolublement, à une histoire de la pensée occidentale, à un
22 ans un avenir encore inexistant pour nous, et qui seraient absurdes aujourd’hui. Le fait que toutes nos langues sont transitoire
23 urdes aujourd’hui. Le fait que toutes nos langues sont transitoires, qu’elles évoluent et qu’elles passeront un jour ne saur
24 excuser nos sophismes ou nos étourderies. Mais ce serait une erreur dès maintenant que de lier l’absolu divin à nos formulatio
25 orrectif posé, il me faut ajouter que, quelle que soit l’évolution de ma pensée depuis vingt ans — certains des essais qu’on
26 e besoin de modifier ou de retrancher quoi que ce soit d’important dans mes textes anciens. Ce n’est pas sur tel point préci
27 ce soit d’important dans mes textes anciens. Ce n’ est pas sur tel point précis que j’ai varié ; ce sont plutôt les perspect
28 ’est pas sur tel point précis que j’ai varié ; ce sont plutôt les perspectives dans lesquelles mes anciennes conclusions peu
2 1963, L’Opportunité chrétienne. Première partie. L’opportunité chrétienne dans un monde sécularisé — 1. Une fausse nouvelle : « Dieu est mort »
29 1. Une fausse nouvelle : « Dieu est mort »b Le thème de la mort de Dieu a constitué depuis la fin de l
30 ins que les circonstances rendaient influents, il est quotidiennement répété par leurs disciples et cité comme allant de so
31 s, qui devraient savoir que l’existence de Dieu n’ est pas affectée par une polémique locale dans le temps et dans l’espace.
32 le temps et dans l’espace. Mais l’inconséquence n’ est pas moindre dans le camp, d’ailleurs divisé, des agnostiques. Déjà l’
33 ne vois pas que ce thème, partout mentionné, ait été vraiment discuté, jusqu’ici. Du défi désespéré de Nietzsche, de l’aff
34 a-t-on jamais demandé à ceux qui disent que Dieu est mort, ce qu’ils entendent exactement par là ? De quel Dieu s’agit-il,
35 Exiger sur tout cela un peu d’honnête clarté, ce serait le moyen de faire entrevoir quelques difficultés inextricables, où ce
36 du type occidental. Gardons-nous d’admettre — ce serait leur faire injure — qu’ils aient voulu dire simplement : « Pour ce qu
37 scuterai pas l’inventeur de la phrase : Nietzsche est un cas suffisamment connu1. Et, d’ailleurs, il a partiellement dément
38 ant un jour ceci : « La réfutation de Dieu : ce n’ est que le Dieu moral qui est réfuté. » (Œuvres posthumes.) Tout autre es
39 futation de Dieu : ce n’est que le Dieu moral qui est réfuté. » (Œuvres posthumes.) Tout autre est le cas de l’auteur conte
40 qui est réfuté. » (Œuvres posthumes.) Tout autre est le cas de l’auteur contemporain auquel l’ignorance générale fait remo
41 pprimerait la responsabilité de l’homme. Si telle est bien sa position, l’on en déduit nécessairement qu’aux yeux de Sartre
42 t qu’aux yeux de Sartre, la valeur morale suprême est la responsabilité, et que cette valeur morale est plus importante que
43 est la responsabilité, et que cette valeur morale est plus importante que tout, puisqu’en son nom l’on peut trancher une qu
44 rs la responsabilité de l’homme en pâtirait. Nous sommes donc en présence d’une morale fanatique, c’est-à-dire d’une morale pr
45 -ci fasse obstacle à la passion maîtresse dont on est animéc. « La vérité est peut-être triste », disait Renan. Il était lo
46 passion maîtresse dont on est animéc. « La vérité est peut-être triste », disait Renan. Il était loin de s’en réjouir, mais
47 a vérité est peut-être triste », disait Renan. Il était loin de s’en réjouir, mais pour autant, n’allait pas jusqu’à nier que
48 s jusqu’à nier que la vérité existât. La vérité n’ est peut-être pas existentialiste. Dieu limite peut-être fortement la res
49 écrète que Dieu n’existe pas, et bien plus, qu’il est mort. D’où peut lui venir cette passion de la responsabilité ? D’une
50 is au sens de « capable de décider » (de ce qu’on est et sera) ; non pas au sens chargé de mission, mais à celui d’aventuri
51 ens de « capable de décider » (de ce qu’on est et sera ) ; non pas au sens chargé de mission, mais à celui d’aventurier qui a
52 d’un homme, mais bien d’un dieu. Ce dernier trait est capital. On sent qu’il trahit un refus de la réalité donnée, la sienn
53 sition peu compliquées. Sartre annonçant que Dieu est mort nous dit seulement que l’homme doit refuser Dieu tel que Sartre
54 ons maintenant la crédibilité de la nouvelle. (Il est clair qu’elle ne peut être estimée sur le fait qu’une majorité la réc
55 ité de la nouvelle. (Il est clair qu’elle ne peut être estimée sur le fait qu’une majorité la récuse.) Hors du plan de la po
56 ajorité la récuse.) Hors du plan de la polémique, soit nietzschéenne, soit anticléricale, littéralement et logique, la phras
57 Hors du plan de la polémique, soit nietzschéenne, soit anticléricale, littéralement et logique, la phrase « Dieu est mort »
58 icale, littéralement et logique, la phrase « Dieu est mort » est un non-sens. Car où bien « Dieu » ne signifie rien — et da
59 éralement et logique, la phrase « Dieu est mort » est un non-sens. Car où bien « Dieu » ne signifie rien — et dans ce cas i
60 bien il signifie la Vie, l’Éternité, le Total, l’ Être en soi, l’Inconnaissable, et, dans ce cas, dire qu’il est mort, revie
61 oi, l’Inconnaissable, et, dans ce cas, dire qu’il est mort, revient à faire du bruit avec la bouche. Car si Dieu l’Éternel
62 bruit avec la bouche. Car si Dieu l’Éternel avait été vivant, puis était mort, il n’eût jamais été Dieu l’Éternel, en sorte
63 che. Car si Dieu l’Éternel avait été vivant, puis était mort, il n’eût jamais été Dieu l’Éternel, en sorte qu’il faudrait dir
64 vait été vivant, puis était mort, il n’eût jamais été Dieu l’Éternel, en sorte qu’il faudrait dire que s’il est mort, c’est
65 l’Éternel, en sorte qu’il faudrait dire que s’il est mort, c’est qu’il n’a pas vécu : ce qui est absurde. Si Dieu l’Inconn
66 s’il est mort, c’est qu’il n’a pas vécu : ce qui est absurde. Si Dieu l’Inconnaissable était mort, cela reviendrait à dire
67 cu : ce qui est absurde. Si Dieu l’Inconnaissable était mort, cela reviendrait à dire que l’on sait tout ; ce qui est absurde
68 la reviendrait à dire que l’on sait tout ; ce qui est absurde. Si Dieu le Révélé était mort, après avoir vécu en tant que p
69 sait tout ; ce qui est absurde. Si Dieu le Révélé était mort, après avoir vécu en tant que personne, il se serait donc produi
70 ort, après avoir vécu en tant que personne, il se serait donc produit, à un certain moment précis, dans le temps et dans l’esp
71 mique sans précédent, « un événement concernant l’ être  », précise Jaspers. Comment croire que Nietzsche seul l’ait appris, q
72 ue Nietzsche seul l’ait appris, que Sartre en ait été spécialement informé ? Si l’on tient pour problématique la révélation
73 Sartre en ait été spécialement informé ? Si l’on tient pour problématique la révélation du Dieu vivant par l’Évangile, que d
74 inverse que nous apportent ces deux hommes ? Nous sommes en pleine absurdité. La crédibilité de la nouvelle est nulle. Reste
75 n pleine absurdité. La crédibilité de la nouvelle est nulle. Reste le fait que le Dieu du christianisme, du judaïsme et de
76 rdités que je viens d’énumérer. À vrai dire, ce n’ est pas surprenant. C’est même aisément explicable. Un Dieu personnel est
77 C’est même aisément explicable. Un Dieu personnel est incroyable et absurde, en effet, dans une vue statistique du monde et
78 ascal. Et de même, l’énergie fondamentale ne peut être décelée et étudiée que dans le noyau de l’atome, dans ce cœur du réel
79 , dans ce cœur du réel physique. Si nos savants s’ étaient bornés à considérer des paysages, des villes, la mer, le ciel, des au
80 s, l’énergie nucléaire non seulement n’eût jamais été visible ou sensible, mais encore elle fût demeurée inimaginable. De m
81 jamais été visible ou sensible, mais encore elle fût demeurée inimaginable. De même, il est absurde de « chercher Dieu dan
82 ncore elle fût demeurée inimaginable. De même, il est absurde de « chercher Dieu dans la nature » ou dans l’Histoire, ou en
83 politiques, économiques et sociales. Puisqu’il n’ est sensible qu’au cœur, c’est-à-dire au plus intime d’une personne bien
84 ntime d’une personne bien réelle et distincte. Il est donc normal que le Dieu personnel reste l’Absurde, en dehors d’une re
85 me. 2. Car Dieu, même si quelqu’un croit qu’il n’ est pas, reste en tout cas une réalité pour l’écrasante majorité des homm
86 t paru en français (« Une fausse nouvelle : “Dieu est mort” », Liberté de l’esprit, Paris, n° 41, juin-juillet 1953, p. 141
3 1963, L’Opportunité chrétienne. Première partie. L’opportunité chrétienne dans un monde sécularisé — 2. Sécularisme
87 2. Sécularismef Le mot « sécularisme » est devenu courant dans les cercles chrétiens germaniques ou anglo-saxons
88 ne croit plus au « siècle des siècles »i. Quelle est la forme que doit revêtir l’évangélisation de notre époque ? Comment
89 lise, salut, vocation, foi, obéissance, adoration sont autant de mensonges, d’illusions, de niaiseries, ou de fuites devant
90 doctrines, que devons-nous dire et faire si nous sommes des chrétiens ? La question ainsi simplifiée paraît proprement écrasa
91 ’y répondre. La situation du chrétien aujourd’hui est vraiment folle, si l’on songe que chacun de nous est contraint de viv
92 vraiment folle, si l’on songe que chacun de nous est contraint de vivre et de penser selon sa foi dans un monde où tout ni
93 pire encore : dans un monde où le christianisme n’ est accepté ou au contraire ridiculisé que sous la forme de ses déviation
94 ionnelles, dans ses caricatures, bref, là où il n’ est pas. En effet, certains l’acceptent comme une garantie de l’ordre bou
95 urgeois, et d’autres le ridiculisent comme s’il n’ était qu’un système de morale et d’évasions plus ou moins hypocrites. C’est
96 te pour demander le bon usage de cette maladie qu’ est le siècle, et dont nous sommes tous les victimes. Un siècle qui se
97 e de cette maladie qu’est le siècle, et dont nous sommes tous les victimes. Un siècle qui se limite à lui-même Commençons
98 chrétiens partent de l’idée banale que ce siècle est très spécialement mauvais, et qu’il est moins chrétien que d’autres,
99 ce siècle est très spécialement mauvais, et qu’il est moins chrétien que d’autres, mettons que ceux du Moyen Âge. En conséq
100 nt comme sacrés. Les chefs d’État démocratique ne sont plus des personnages rituellement isolés, costumés et consacrés comme
101 ituellement isolés, costumés et consacrés comme l’ étaient les rois. La guerre n’est plus un jeu réglé, un drame solennel rappel
102 t consacrés comme l’étaient les rois. La guerre n’ est plus un jeu réglé, un drame solennel rappelant les ordalies ou jugeme
103 la presque totalité des paraboles et comparaisons est tirée de l’agriculture (le semeur, le grain qui doit nourrir, le cep
104 catholiques, dont la religion reste sacrale, s’en sont inquiétés récemment. Des prêtres et des religieux français se sont de
105 cemment. Des prêtres et des religieux français se sont demandé si, dans ce décalage entre le cadre pastoral des évangiles et
106 ne et des machines, et déclarer que la vie rurale est seule conforme à l’ordre divin de la Création ? Ou au contraire, fall
107 onclure que c’est le langage de l’Église qui doit être modernisé ? Nous aurons à revenir à des dilemmes fort analogues, un p
108 ularisme, la désacralisation de l’existence, peut être un bien autant qu’un mal pour notre foi. Elle peut être un mal si ell
109 n bien autant qu’un mal pour notre foi. Elle peut être un mal si elle prive les hommes du sens du mystère, du sens des corre
110 elles et du sens de la vénération. Mais elle peut être un bien, aussi, dans la mesure où elle détruit l’équivoque entre la r
111 progrès dans le fait que les hommes d’aujourd’hui sont moins tentés de confondre le christianisme avec telle ou telle forme
112 . Et c’est ainsi que les révolutions modernes ont été amenées, comme par une loi sociologique, à recréer des symboles pseud
113 scendance, donc de Dieu dans sa royautéj. L’homme est devenu le seul but de l’homme, la vie le seul but de la vie, et le te
114 plans de la vie humaine, sans exception. Je m’en tiendrai à trois illustrations, l’une prise dans la philosophie, l’autre dans
115 iècle proclame à la suite de Nietzsche que « Dieu est mort ». Il semble bien que ce soit là le thème central (plus central
116 sche que « Dieu est mort ». Il semble bien que ce soit là le thème central (plus central même qu’ils ne voudraient l’avouer)
117 , — comme si pour eux, vraiment, la question ne s’ était jamais posée, comme si l’ère du sérieux humain et de la pensée honnêt
118 a pensée honnête avait commencé avec Marx et ne s’ était continuée que par Freud et M. John Deweyl. Toute la jeune philosophie
119 s cohérente qui se fonde aujourd’hui sur le dogme est celle de l’existentialisme parisien. « L’existentialisme, écrit le ch
120 ’existentialisme, écrit le chef de cette école, n’ est pas autre chose qu’un effort pour tirer toutes les conséquences d’une
121 ose étrange, je ne connais pas de philosophie qui soit plus proche du christianisme dans sa description de la condition huma
122 ption de la condition humaine. L’homme, dit-elle, est responsable de ce qu’il est. L’homme choisit m dans l’angoisse, parce
123 e. L’homme, dit-elle, est responsable de ce qu’il est . L’homme choisit m dans l’angoisse, parce que ses choix éthiques enga
124 toute l’humanité. L’homme, si Dieu n’existe pas, est entièrement délaissé, c’est-à-dire abandonné au risque total de son c
125 nné au risque total de son choix. L’homme enfin n’ est pas ce qu’il se rêve, ni ce qu’il se sent, mais ce qu’il se fait n. T
126 é, d’un péché qui existait avant lui mais dont il est responsable pourtant, à chacun de ses actes. Je disais un jour au che
127 illusion ni mauvaise foi. Et je pense qu’il faut être content qu’il y ait parmi nous un mouvement existentialiste, et qu’il
128 e aussi franchement les vraies questions. Il faut être content que la croyance, ou plutôt l’incroyance fondamentale du siècl
129 cohérente. Il faut y voir un grand progrès, s’il est vrai que le progrès véritable réside dans la clarification des vrais
130 out dans l’attitude de l’homme. L’existentialisme est à cet égard un cas privilégié. En effet, il use d’une terminologie ch
131 ntière. C’est angoissant, en effet, car cet homme est responsable de ce qu’il décide et pourtant il ne peut décider qu’en v
132 réalité « indémontrable » aux yeux d’autrui, qui est sa foi. Mais voici la différence : si le chrétien choisit mal, à caus
133 ndis que si l’homme athée choisit mal, alors tout est faux, sans recours. « Nous sommes seuls, sans excuses », dit un exist
134 it mal, alors tout est faux, sans recours. « Nous sommes seuls, sans excuses », dit un existentialiste. Le chrétien lui aussi
135 existentialiste. Le chrétien lui aussi sait qu’il est sans excuses — mais non point sans pardon. Son angoisse a un sens : e
136 point sans pardon. Son angoisse a un sens : elle est dirigée vers Dieu et vers son ordre, comme un appel. Elle ne reste pa
137 pas béante sur le néant, mais sur le pardon. Elle est toute mêlée d’espérance et de confiance. Et c’est pourquoi je pense q
138 ste tout autrement que l’angoisse de l’athée, qui est une angoisse pure, trop pure et indéterminée pour être bien réelle, s
139 une angoisse pure, trop pure et indéterminée pour être bien réelle, si pure qu’elle se ramène pratiquement à une simple ince
140 ien vivre ». De même la responsabilité de l’athée est beaucoup moins réelle que celle du chrétien. Car le chrétien doit vra
141 e ses actes devant Dieu. Mais l’athée, devant qui sera-t -il responsable ? À qui doit-il rendre des comptes ? Au futur qui déci
142 pas ici et maintenant. Car alors, l’engagement n’ est plus un acte mais la simple constatation d’un état de fait, d’une con
143 t, et qui ne mène à rien de défini ; la liberté n’ est plus qu’un pari dans le vide ; et le délaissement se résout dans une
144 espèce d’indifférence vaguement inquiète, où tout est permis, où il n’y a pas de sanctions, mais pas non plus d’ordres donn
145 e athée que nous donne la philosophie séculariste est à la fois exacte et privée de sens. C’est un portrait où tout est jus
146 acte et privée de sens. C’est un portrait où tout est juste, dans le détail, mais l’impression d’ensemble est fausse, ou in
147 ste, dans le détail, mais l’impression d’ensemble est fausse, ou inexistante. Vous reconnaissez le nez, les yeux, la bouche
148 cultivées, sinon dans l’esprit des vrais savants, est une sécularisation de l’idée d’ordre divin de la création — de même q
149 e même que le destin que l’on invoque aujourd’hui est une sécularisation de la Providence. Dans les deux cas, le processus
150 ngement brusque et salutaire au niveau collectif, est une sécularisation de la notion chrétienne de conversion individuelle
151 endance. La politique des régimes totalitaires en est la conséquence directe et fatale. Les marxistes tout comme les fascis
152 sans nous faire d’illusions : l’État totalitaire est l’organisation normale de l’ici-bas, s’il n’y a pas d’au-delà. Si Die
153 ’il n’y a pas d’au-delà. Si Dieu n’existe pas, où est la vérité ? Elle est dans l’idéal ou dans le système des plus forts.
154 là. Si Dieu n’existe pas, où est la vérité ? Elle est dans l’idéal ou dans le système des plus forts. Et bien entendu, tous
155 plus forts. Et bien entendu, tous les moyens leur seront permis pour prendre le pouvoir, puisque ce but est le plus haut que l
156 nt permis pour prendre le pouvoir, puisque ce but est le plus haut que les hommes puissent concevoir. Et une fois qu’ils se
157 les hommes puissent concevoir. Et une fois qu’ils seront au pouvoir, ils exigeront normalement l’obéissance absolue de tout l’
158 s s’il n’y a pas de Dieu, la révolte individuelle est une pure et simple sottise, qui mérite d’être corrigée par les moyens
159 elle est une pure et simple sottise, qui mérite d’ être corrigée par les moyens que l’on sait. Il faut bien voir que la quest
160 bien voir que la question de l’État totalitaire n’ est pas simplement politique. Dans le fond, c’est une question métaphysiq
161 e question métaphysique et religieuse. Le dilemme est très simple. Si Dieu n’existe pas, s’il n’y a pas de transcendance, s
162 as, s’il n’y a pas de transcendance, si l’ici-bas est toute la réalité de l’homme, alors les totalitaires ont raison. Ils o
163 ontre tous nos goûts et préjugés individuels. Ils sont les seuls à prendre vraiment au sérieux les conditions du siècle, s’i
164 e le répète, c’est un progrès. Car désormais tout est clair. Les confusions longuement entretenues entre les intérêts du si
165 cle et les prétextes pieux ont disparu. Si Dieu n’ est pas, tout m’est permis, dit l’existentialiste. Si Dieu n’est pas, l’É
166 xtes pieux ont disparu. Si Dieu n’est pas, tout m’ est permis, dit l’existentialiste. Si Dieu n’est pas, l’État est tout, di
167 ut m’est permis, dit l’existentialiste. Si Dieu n’ est pas, l’État est tout, dit le totalitaire. Que vont répondre les chrét
168 dit l’existentialiste. Si Dieu n’est pas, l’État est tout, dit le totalitaire. Que vont répondre les chrétiens ? L’Égli
169 L’Église Ils vont répondre que ces prétentions sont abusives, parce que tout de même Dieu existe. Mais on leur demandera
170 n leur demandera de le démontrer. Et comme Dieu n’ est pas démontrable, on leur demandera de donner au moins la preuve qu’il
171 abord, nos Églises et la plupart de leurs fidèles sont pratiquement des clubs de gens moraux plutôt que des assemblées de pé
172 morale que ces Églises et leurs fidèles défendent est celle de la bourgeoisie, ou au mieux celle de Kant. C’est une morale
173 Dieu, puisqu’ils ont la morale. Mais cette morale est celle du siècle, en fait, et je le répète : du xixe siècle bourgeois
174 xpliquent à leurs auditoires que le christianisme est le meilleur système de vie dans le siècle, celui qui peut empêcher le
175 handise de pacotille petite-bourgeoise. La pensée est sécularisée au dernier degré, mais le ton seul prétend rester pieux,
176 faire bien voir, pour se faire « accepter », mais tiennent à terminer leur discours par quelques allusions au « Tout-Puissant »
177 ils donnent cette « note religieuse », ce ne peut être qu’une fausse note, qu’on leur pardonne d’ailleurs bien volontiers, v
178 ibuent aussi à faire croire à beaucoup que Dieu n’ est pas l’Unique Réalité, mais seulement un complément nécessaire, ou un
179 J’affirme pour ma part que la « note religieuse » est la plus horrible et insupportable dissonance qui ait jamais percé le
180 aible. Absurde parce que tout ce qu’elles croient est tenu pour illusion ou mauvaise foi par les systèmes qui triomphent da
181 e. Absurde parce que tout ce qu’elles croient est tenu pour illusion ou mauvaise foi par les systèmes qui triomphent dans le
182 rce qu’elles agissent comme si la transcendance n’ était pas leur seule raison d’être, comme si elles n’y croyaient pas vraime
183 la transcendance n’était pas leur seule raison d’ être , comme si elles n’y croyaient pas vraiment, comme si elles espéraient
184 chrétiennes au sécularisme Quand les questions sont sérieuses et totalesr, comme c’est le cas de la question séculariste,
185 pondre par des arguments, mais seulement avec son être , avec sa manière d’être, avec la puissance d’être qu’on manifeste der
186 , mais seulement avec son être, avec sa manière d’ être , avec la puissance d’être qu’on manifeste derrière toute argumentatio
187 être, avec sa manière d’être, avec la puissance d’ être qu’on manifeste derrière toute argumentation, et au-delà d’elle. Or l
188 ière toute argumentation, et au-delà d’elle. Or l’ être même du christianisme est une tension entre la transcendance et l’imm
189 t au-delà d’elle. Or l’être même du christianisme est une tension entre la transcendance et l’immanence. C’est-à-dire qu’il
190 es, mais au nom de ce qui les transcende. Or nous sommes très loin de cela. Ce que l’on trouve en fait dans la plupart de nos
191 ière prêchée en termes sentencieux, et ce mélange est doublement inefficace, primo parce que nos contemporains répugnent à
192 fois la barrière franchie, on s’aperçoit que ce n’ était pas la peine de venir dans une église pour entendre de telles platitu
193 e telles platitudes. Vous pensez peut-être que je suis bien dur. Mais nos contemporains le sont encore plus que moi, quand i
194 e que je suis bien dur. Mais nos contemporains le sont encore plus que moi, quand ils entrent en contact avec nos cultes. Je
195 es. Je voudrais pour ma part que tous les sermons soient introduits par la formule « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Espri
196 du Fils et du Saint-Esprit » et que cette formule soit prise au sérieux par le prédicateur à tel point que s’en trouve élimi
197 ue s’en trouve éliminé du sermon tout ce qui peut être dit au nom de n’importe quoi d’autre que la Trinité. Et je voudrais a
198 oudrais aussi que les vérités qu’on nous déclare, soient déclarées avec sérieux, ou avec joie, avec sobriété ou avec passion,
199 e voudrais que nos églises protestantes cessent d’ être des lieux totalement séculiers par le décor, l’architecture et l’orne
200 le, que nous croyons au siècle des siècles ? J’en suis arrivé à penser que le témoignage d’un chrétien hors de l’église, c’e
201 -certitudes du siècle. Car là où la transcendance est niée, comme chez les totalitaires, il n’y a plus de doute permis quan
202 ouer responsable. Ne l’oublions pas : le chrétien est celui qui croit au transcendant, donc aussi celui qui doute des faux
203 celui qui doute des faux absolus de ce siècle. Il est celui qui doute au nom de sa foi. J’ai décrit rapidement quelques-uns
204 ation qui me semble extrêmement importanteu. Ce n’ est point par hasard, ce n’est point par une coïncidence privée de sens q
205 ment importanteu. Ce n’est point par hasard, ce n’ est point par une coïncidence privée de sens que les premiers mouvements
206 nt l’homme totalement à ce siècle et à l’ici-bas, sont apparus presque en même temps que la première possibilité concrète de
207 la limite de cette liberté enfin atteinte. : ce n’ est rien d’autre que la liberté de nous détruire en une seconde. Ainsi se
208 re d’un grand saut collectif dans le néant. Ainsi sommes -nous entrés dans l’ère des risques et des choix décisifs, globaux, to
209 n cœur libre et confiant. Libre parce que nous ne sommes pas liés totalement, comme les incroyants, à la forme présente de ce
210 l doit sauter un de ces jours, le drame des temps est déjà joué, la vérité est déjà victorieuse au-delà des temps, par celu
211 ours, le drame des temps est déjà joué, la vérité est déjà victorieuse au-delà des temps, par celui qui a pu dire sur la cr
212 emps, par celui qui a pu dire sur la croix : Tout est accompli ! f. Édition réalisée sur la base du manuscrit conservé à
213 lieu) prononcée après la guerre. g. Cette phrase est traduite directement de l’édition américaine : « The word “secularism
214 dition américaine. i. Les deux dernières phrases sont traduites partiellement de l’édition américaine : « This “death of Go
215 from a Christianized world. » q. Ce paragraphe n’ est pas repris dans l’édition américaine. r. « When a question is both s
216 ns l’édition américaine. s. La dernière phrase n’ est pas reprise dans l’édition américaine. t. L’édition américaine tradu
217 genuine truth look ridiculous ». u. Cette phrase est absente du manuscrit et n’apparaît que sur l’édition américaine.
4 1963, L’Opportunité chrétienne. Première partie. L’opportunité chrétienne dans un monde sécularisé — 3. L’opportunité chrétienne
218 endre leurs pouvoirs spirituels, certains États s’ étant laissé aller à les revendiquer injustement. Les docteurs de l’Église
219 me même, du moins à cette véhémence flambante qui fut toujours signe et symbole de l’Esprit. Un fils soumis de Rome, le gra
220 lisme) qu’ils croyaient pouvoir tolérer ; qu’il a été abattu finalement, dans ses formes déclarées et spectaculaires tout a
221  ; et que son élévation brutale puis sa chute ont été pour toutes les Églises une épreuve de force, un challenge, une purif
222 e devant l’assaut de dictatures barbares : elle s’ est reconnue impuissante à donner des buts de vie, des idéaux, une morale
223 d’une puissante et purifiée Église orthodoxe à l’ Est . Mais dire que l’époque de la défensive est terminée pour elles, dans
224 e à l’Est. Mais dire que l’époque de la défensive est terminée pour elles, dans notre temps, c’est poser aux Églises chréti
225 es presque aussi grands que ceux qu’elles eussent été contraintes de subir en se rendant. (Dans ce « presque » est la diffé
226 ntes de subir en se rendant. (Dans ce « presque » est la différence entre honneur et honte, vie et mort.) Et que trouvent a
227 s, mais un vide doctrinal sans précédent. Ce vide est un appel, urgent et dramatique. Un appel à l’attaque, à l’offensive,
228 les sombres, avant la floraison du Moyen Âge, qui fut son œuvre. Il s’agit de restaurer le sens de la communauté vivante, q
229 ses réglementations, souvent utiles, mais qui ne sont jamais règles de vie. Je voudrais une sociologie chrétienne pour le s
230 t — musique, peinture, philosophie, littérature — est sortie des églises et des couvents. Hélas, elle en est bien sortie !
231 ortie des églises et des couvents. Hélas, elle en est bien sortie ! Il est temps que nous sortions à sa recherche pour la r
232 des couvents. Hélas, elle en est bien sortie ! Il est temps que nous sortions à sa recherche pour la ramener ! 3° Que l’Égl
233 ndement d’une morale spécifiquement chrétienne. «  Soyez bien sages », nous disaient les prédicateurs depuis deux siècles. « S
234 disaient les prédicateurs depuis deux siècles. «  Soyez fous ! », dit saint Paul aux Corinthiens. « Osez être l’invraisemblab
235 fous ! », dit saint Paul aux Corinthiens. « Osez être l’invraisemblable ! »3 dit Kierkegaard. Ce sont ces voix que les meil
236 z être l’invraisemblable ! »3 dit Kierkegaard. Ce sont ces voix que les meilleurs aujourd’hui, hors des Églises, me paraisse
237 s Américains, s’instaure sur notre planète, ce ne sera qu’au nom de ce qui transcende nos attachements nationaux, politiques
238 action chrétienne. Celle-ci se fera, comme elle s’ est toujours faite, par des personnes et par des petits groupes ; par que
239 cation précise », et il ajoute : « toute vocation est sans précédent, et paraît donc ‟invraisemblable” à celui qui la reçoi
5 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 4. La responsabilité culturelle de l’Église
240 ar les grandes conférences œcuméniquesaa. Mais il est non moins remarquable qu’aucun de ces documents ne fasse allusion à l
241 asse allusion à l’ordre culturel de demain. Et il est cependant certain que si les Églises continuent à négliger cette ques
242 a jeunesse de presque tous les pays du monde aura été soumise à plusieurs années de service militaire et à une interruption
243 e en Europe après la Première Guerre mondiale. Ce sera , cette fois, beaucoup plus violent car la Deuxième Guerre mondiale a
244 logies beaucoup plus puissantes et dynamiques. Il serait romantique de supposer que la guerre actuelle a détruit toutes les ét
245 nouveaux noms. Les générations d’après-guerre ne seront pas nécessairement plus positives ou plus cyniques — tout en prétenda
246 positives ou plus cyniques — tout en prétendant l’ être , à coup sûr. Mais sans aucun doute leur faim sera plus grande et leur
247 être, à coup sûr. Mais sans aucun doute leur faim sera plus grande et leur soif de réponses à leurs questions, de conseils,
248 domaine de la culture. Car l’époque bourgeoise a été une ère de division, d’absence de parenté et de commune mesure entre
249 umaines et sociales.ab Les années d’après-guerre seront probablement caractérisées par les traits suivants : des lacunes inte
250 s religieux et virulents. Mais si une Église veut être en mesure d’intervenir dans le développement de la culture, elle doit
251 ir dans le développement de la culture, elle doit être fondée sur une doctrine ferme, sur une théologie qui soit en même tem
252 dée sur une doctrine ferme, sur une théologie qui soit en même temps rigoureuse et vitale à l’intérieur de l’Église. Une Égl
253 térieur de l’Église. Une Église dont la théologie est vague n’a plus rien à dire dans le domaine de la culture. Une telle É
254 nisme. Mais, dans le domaine de la culture, il en est tout à fait autrement. Ici une Église ne peut adopter des idéologies
255 ogie. C’est ainsi que l’Église catholique romaine fut à la tête du mouvement philosophique du Moyen Âge, que les réformes d
256 an, ou Renoir, sans seulement se demander si cela était compatible avec sa foi. Car en fait la théologie avait cessé d’être v
257 ec sa foi. Car en fait la théologie avait cessé d’ être vivante, précise et exigeante, et donc source d’inspiration. Le thomi
258 ne charpente et qu’il ne fixait aucune limite qui soit en même temps un stimulant et un guide. Premièrement, donc, si l’Égli
259 ière s’en trouvera appauvrie et désorientée. Elle sera coupée de ses racines. Car toute la culture occidentale est née de la
260 de ses racines. Car toute la culture occidentale est née de la théologie et de la liturgie chrétienne ; soit en se soumett
261 ée de la théologie et de la liturgie chrétienne ; soit en se soumettant au code chrétien, soit en se révoltant contre lui. (
262 étienne ; soit en se soumettant au code chrétien, soit en se révoltant contre lui. (Les grandes philosophies modernes, celle
263 ophies modernes, celles de Descartes et de Hegel, sont nées d’une controverse manifestement théologique à ses origines.) Et,
264 Les forces de création lui échappent. Tout ce qui est créé est alors créé en dehors de l’Église ou en opposition à elle et
265 s de création lui échappent. Tout ce qui est créé est alors créé en dehors de l’Église ou en opposition à elle et devient d
266 rer dans une conception chrétienne du monde. Ceci est particulièrement frappant dans les pays protestants où le souci de ra
267 forces de création intellectuelles parce qu’elle est attentive à préserver les droits et les devoirs de la critique théolo
268 e. Les Églises pourront agir et inspirer si elles sont fondées sur une doctrine ferme et complète. Elles auront autorité dan
269 a plus féconde dans le domaine culturel et social est celle de vocation (au sens calviniste et luthérien du mot, qui est pl
270 tion (au sens calviniste et luthérien du mot, qui est plus large que celui dans lequel l’entend Rome). L’Évangile nous appr
271 d Rome). L’Évangile nous apprend que chaque homme est susceptible de recevoir une vocation, un appel spécial qui le disting
272 uée à une nation ou même à une génération. Chaque être individuel ou collectif, pour lequel l’Église peut prier, est suscept
273 el ou collectif, pour lequel l’Église peut prier, est susceptible de recevoir une vocation. Maintenant les grandes maladies
274 une : elles nient la vocation personnelle (que ce soient les collectivismes nationalistes, de race ou de classe, ou les matéri
275 s, moraux ou bourgeois). De même l’individualisme est une déviation morbide du sens de la vocation car elle nie ses conséqu
276 itique que l’on puisse adresser à ce point de vue est la suivante : une idéologie qui nie la vocation personnelle ou un rég
277 uille l’homme de la liberté d’obéir à sa vocation sont incompatibles avec le christianisme. Par exemple, toutes les idéologi
278 réactionnaire, individualiste, antisociale. Elles sont , par conséquent, incompatibles avec l’ordre chrétien qui présuppose l
279 blir une homogénéité mécanique et rigide, qu’elle soit imposée d’en haut (État, tyran), ou d’en bas (égalitarisme poussé à l
280 nt comme dangereuse et scandaleuse. Ces doctrines sont par là incompatibles avec l’ordre chrétien, qui implique l’union et n
281 dans le Royaume de Dieu. Un ordre social ne peut être qualifié de chrétien à moins qu’il ne soit fondé sur le respect de la
282 e peut être qualifié de chrétien à moins qu’il ne soit fondé sur le respect de la vocation, et qu’il n’assure à chaque homme
283 , unique et inaliénable. Un ordre social chrétien sera ainsi œcuménique plutôt qu’unitarien. Il sera fédéral plutôt que cent
284 ien sera ainsi œcuménique plutôt qu’unitarien. Il sera fédéral plutôt que centralisé (dans les domaines culturels, religieux
285 les devoirs de l’État (l’organisme dont le devoir est d’assurer la liberté de l’individu au point de vue matériel). Les
286 ns. Il va sans dire que l’organisation de l’armée est telle qu’un capitaine aura toujours les moyens d’accomplir son devoir
287 nes bureaucratiques dans lesquelles les individus sont abstraitement dirigés selon les besoins de la machine et non selon le
288 mouvement des biens de la puissance matérielle y est fonction des hasards d’opérations de Bourse, par exemple, et non des
289 u la prospérité économique. Le devoir des Églises est de repenser toutes ces catégories et de les critiquer d’un point de v
290 nement d’une doctrine chrétienne de la vocation. ( Être libre à l’abri de la nécessité, ne signifie pas que l’on prend pour b
291 bli, ou à la réforme du moment. Elles cesseront d’ être traînées dans le sillage de mouvements entrepris par d’autres, avec d
292 d’autres, avec des motifs et pour des buts qui ne sont pas nécessairement chrétiens. Les conséquences culturelles Deux
293 pirituelle. La vocation d’un homme ou d’un groupe est à la fois distinction et intégration. Ces deux éléments devraient êtr
294 ction et intégration. Ces deux éléments devraient être conciliés et sauvegardés avec vigilance — l’élément d’universalisatio
295 nt d’universalisation et celui de distinction. Il est grandement souhaitable, par exemple, que des établissements d’enseign
296 lissements d’enseignement (collèges, universités) soient fondés sur une base confessionnelle clairement établie, à côté d’étab
297 t que tout l’enseignement, dans chaque matière, y soit dominé par la doctrine de l’Église en question, comme c’est le cas da
298 ps, pour sauvegarder le facteur universaliste, il est nécessaire que, dans les écoles confessionnelles, un enseignement suf
299 nement suffisamment poussé des autres confessions soit donné : la partie œcuménique. Car ce n’est qu’en apprenant à connaîtr
300 sions soit donné : la partie œcuménique. Car ce n’ est qu’en apprenant à connaître les autres que nous en venons à nous conn
301 en venons à nous connaître nous-mêmes, comme ce n’ est qu’en nous comprenant nous-mêmes que nous parvenons à connaître les a
302 enons à connaître les autres. L’attitude générale serait alors d’approfondir et d’intégrer le plus possible chaque vocation cu
303 sible chaque vocation culturelle du groupe (qu’il soit religieux ou national), le tout en vue de l’union (fédérale ou œcumén
304 à les comparer. Le deuxième problème à envisager est celui d’une collaboration plus étroite entre l’Église et l’Intelligen
305 ce plan tout reste à créer. Et quelque chose doit être créé si nous voulons éviter que la culture de demain se développe sel
306 human and social activities. » ac. Ce paragraphe est absent de l’édition américaine. ad. L’édition américaine ajoute : « 
6 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 5. Un langage commun
307 lorsqu’après une absente de plusieurs années, j’y suis rentré en 1946. Une grande alertness intellectuelle souvent alliée à
308 ’équivalent de la plupart de ces traits, comme il est naturel, pouvait s’observer dans la pensée religieuse. Mais ce qui me
309 dans la pensée religieuse. Mais ce qui me surprit fut de constater chez cette dernière une conscience vive du problème de l
310 rganisée de formes politiques nouvelles : on s’en tenait au vieux régime des partis, ou à la solution totalitaire de type marx
311 e de type marxiste. La conscience communautaire a été réveillée dans les Églises d’Europe par la Résistance autant que par
312 par la Résistance autant que par la misère : elle est donc missionnaire autant que charitable, offensive autant que défensi
313 orthodoxe ou protestante de l’Évangile. Le but n’ est pas, d’ailleurs, de se rapprocher des autres confessions, mais de ren
314 ace. De leur côté, plusieurs Églises luthériennes sont en train de faire un retour prononcé à leur liturgie originale, après
315 nts en théologie et de laïques influents, on n’en est plus à discuter la légitimité de la liturgie en soi — comme avant la
316 n et sa liturgie de Strasbourg, le Décalogue doit être récité après les promesses de grâce.) Notons que les jeunes barthiens
317 a liturgie (« du théâtre », disait-il un jour) ne sont pas les moins actifs dans ce domaine. En Suisse romande, le mouvement
318 Quelques « communautés » de femmes ou d’hommes ce sont créées à la campagne. J’en connais trois en Suisse et une en Bourgogn
319 e l’ancienne abbaye de Cluny. La vie liturgique y tient une place sans cesse croissante. Ce sont là des signes épars, et qu’o
320 gique y tient une place sans cesse croissante. Ce sont là des signes épars, et qu’on n’observe pour l’instant que dans des é
321 intes. Quelle importance doit-on leur attribuer ? Sommes -nous en présence des germes d’une véritable renaissance liturgique, o
322 confusion de morales contradictoires, car le fait est que dans une même journée il nous arrive de juger tantôt au nom de la
323 ourd’hui les standards d’évaluationaf — cessent d’ être vraiment communs, deviennent eux-mêmes indéterminés. Les termes de li
324 i la guerre éclate dans un proche avenir, on peut être certain que tous les pays la feront au nom de la liberté, de la justi
325 à parler des langues différentes. Notre situation est pire : nous prononçons tous les mêmes mots, mais en leur donnant des
326 même, signe et gage de la communauté humaine, qui est atteint au cœur, et qui est en train de perdre ses fonctions primordi
327 mmunauté humaine, qui est atteint au cœur, et qui est en train de perdre ses fonctions primordiales de mise en ordre et de
328 le problème de la communauté et celui du langage sont étroitement liés. À l’anarchie moderne du vocabulaire, donc des jugem
329 anarchie sémantique que je viens de définir comme étant à la fois signe et cause de la dissolution communautaire dont nous so
330 ci pour deux raisons principales : 1. la liturgie est agie par le peuple, elle appelle sa participation, son adhésion manif
331 té : la situation de l’homme qui communie devrait être considérée comme le vrai fondement de toute sociologie chrétienne ; 2
332 t de toute sociologie chrétienne ; 2. la liturgie est un langage en phrases et gestes coordonnés ; elle garantit ainsi et d
333 observer que des termes tels que grâce ou liberté sont définis par les théologiens et les philosophes d’une manière analytiq
334 tandis que la liturgie en fait des réflexes de l’ être entier. Prenons une autre comparaison : on sent toute la différence q
335 paix, justice, vérité, société, bien et mal, nous est donné dans notre civilisation occidentale par la Bible. Et la liturgi
336 se à leur étymologie spirituelle. Car la liturgie est composée principalement de citations des psaumes, des évangiles et de
337 vangiles et des épîtres5 ak. Bien entendu, ce qui est vrai de tant de mots isolés l’est aussi d’un grand nombre d’expressio
338 entendu, ce qui est vrai de tant de mots isolés l’ est aussi d’un grand nombre d’expressions composées, de proverbes et dict
339 gique dans le monde d’aujourd’hui, où les Églises sont minoriséesam. Mais ce qui me paraît hors de doute, c’est l’importance
340 voit requis le premier. Il arrive que la réaction soit négative, et que le visiteur se sente repoussé, estranged, par ce qui
341 ais le sentiment de respect qui donne sa raison d’ être à la cérémonie, le fait que tous sont tournés vers la croix de l’aute
342 sa raison d’être à la cérémonie, le fait que tous sont tournés vers la croix de l’autel, l’attente des actes successifs, tou
343 voir raison : il renvoie la balle, il ne veut pas être touché ; tandis que celui qui assiste à un culte est pris dans une si
344 touché ; tandis que celui qui assiste à un culte est pris dans une situation existentielle, où il se sent mis en question
345 estion d’une manière plus fondamentale. Même s’il est en état de refus intérieur, la suspension imposée à l’expression de c
346 turgique et la plupart les paroles prononcées lui sont intimement connues. Et parce qu’il est familier avec ce langage, il l
347 ncées lui sont intimement connues. Et parce qu’il est familier avec ce langage, il lui est plus facile de distinguer ce qu’
348 parce qu’il est familier avec ce langage, il lui est plus facile de distinguer ce qu’il y a de vraiment spécifique dans l’
349 nie orthodoxe, romaine, anglicane ou luthérienne, sera tenté d’attacher une importance excessive aux vêtements, à la musique
350 or. S’il s’y arrête, c’est lui qui à ce moment-là sera la victime du « matérialisme », du « sensualisme » et des formes « th
351 sprit seul importe à ceux qui s’y engagent. Et il sera tenté de rejeter tout espoir de fraternité avec une Église qu’il n’au
352 et concrètes vers les quatre autres confessions6. Est -il permis d’espérer d’autre part qu’en insistant pour que la messe so
353 er d’autre part qu’en insistant pour que la messe soit dite en langue vivante (comme elle l’était à l’origine) les jeunes pr
354 a messe soit dite en langue vivante (comme elle l’ était à l’origine) les jeunes prêtres romains songent également à faciliter
355 t une liturgie complète et quand la messe romaine sera dite en français, je ne dis pas que l’union sera faite, mais je dis q
356 sera dite en français, je ne dis pas que l’union sera faite, mais je dis que le peuple des Églises verra mieux que ce n’est
357 is que le peuple des Églises verra mieux que ce n’ est pas l’usage des cierges ou quelques vêtements brodés qui séparent les
358 paroles prononcées dans les diverses Églises ; il sera mis en mesureau d’évaluer beaucoup plus justement ce qui nous unit et
359 eaucoup plus justement ce qui nous unit et ce qui est encore irréductible. Ce ne sera sans doute qu’un premier pas vers la
360 ous unit et ce qui est encore irréductible. Ce ne sera sans doute qu’un premier pas vers la fédération souhaitée. Et s’il es
361 premier pas vers la fédération souhaitée. Et s’il est bien certain qu’il ne sera pas suffisant, sa nécessité ne m’en paraît
362 tion souhaitée. Et s’il est bien certain qu’il ne sera pas suffisant, sa nécessité ne m’en paraît pas moins claire. Pour
363 je me fais l’avocat d’un « retour » à quoi que ce soit . Constater que la liturgie répond à l’exigence communautaire de notre
364 (entre chrétiens d’abord) un langage commun, ce n’ est pas en appeler au passé, mais au contraire à une création. L’erreur d
365 eût disparu, et surtout à l’époque des puritains, fut justement de s’imaginer qu’ils retrouveraient la « pureté et la simpl
366 en supprimant la liturgie : or l’Église primitive était liturgique, nous le savons aujourd’hui. Tous les retours au passé que
367 ans cette mesure mêmeav restent imaginaires. Ce n’ est donc point parce que les tout premiers chrétiens avaient une liturgie
368 ourir sans raison. N’oublions pas que le gothique était moderne au Moyen Âge. Il nous faut un culte moderne. Il nous faut un
369 nérables » textes, une liturgie jeune. Or le fait est que l’évolution liturgique semble presque arrêtée depuis des siècles.
370 ue arrêtée depuis des siècles. La messe romaine a été subitement fixée après le concile de Trente, sur un type unique, et n
371 on des rites qui caractérisaient le Moyen Âge, se sont prolongées quelque temps dans les Églises issues de la Réformation, p
372 glises issues de la Réformation, puis là aussi se sont bientôt figées, ou n’ont plus varié que dans le sens d’un appauvrisse
373 au renouveau que je signalais en débutant. Et ce sont peut-être les Églises les plus appauvries, les plus nues, qui vont in
374 ble dans l’innovation. Le vrai problème du siècle est celui de la communauté. Il est lié à celui d’un langage commun. La li
375 problème du siècle est celui de la communauté. Il est lié à celui d’un langage commun. La liturgie peut contribuer à recrée
376 logiques que nos liturgies tirent des épîtres ont été tirées elles-mêmes par les rédacteurs des épîtres des premières litur
377 ax Thurian, 1946). On y remarque que le Décalogue est mis en vers français, et qu’il doit être chanté, ainsi d’ailleurs que
378 Décalogue est mis en vers français, et qu’il doit être chanté, ainsi d’ailleurs que la plupart des prières, le Credo et les
379 anguage », Christendom, New York, vol. XII, n° 3, été 1947, p. 290-298. Notre édition est réalisée sur la base du tapuscrit
380 l. XII, n° 3, été 1947, p. 290-298. Notre édition est réalisée sur la base du tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique
381 oix le mot « standard ». ah. Le verbe « dire » a été barré par l’auteur et remplacé par « penser ». ai. La version améric
382 ent liturgiques. » ak. Cette note de bas de page est dans le corps du texte dans l’édition américaine. al. Note illisible
383 e ». au. L’auteur a barré « enfin » (« enfin, il sera mis en mesure… »). av. L’auteur a barré « c’est-à-dire » pour le rem
7 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 6. Vocation et destin d’Israël
384 re » d’Israël Un prophète, a écrit Karl Barth, est un homme sans biographie. « Er steht und fallt mit seiner Mission »,
385 e puisque c’est le message de Dieu. Jérémie n’eût été qu’un berger bègue si l’Éternel n’avait parlé par lui. Voici qui est
386 gue si l’Éternel n’avait parlé par lui. Voici qui est digne de remarque : le seul détail précis que rapporte la Bible à son
387 un homme appelé au ministère de la Parole. Ce qui est vrai du prophète l’est aussi de son peuple, — peuple entre tous proph
388 stère de la Parole. Ce qui est vrai du prophète l’ est aussi de son peuple, — peuple entre tous prophétique. Ce qui est vrai
389 n peuple, — peuple entre tous prophétique. Ce qui est vrai de la biographie d’un homme que l’Éternel choisit n’est pas moin
390 la biographie d’un homme que l’Éternel choisit n’ est pas moins vrai de l’histoire profane des Juifs, porteurs eux aussi d’
391 liser et la chiffrer, c’est-à-dire, telle qu’elle fut déterminée par des facteurs en partie mesurables (géographiques, écon
392 end une science de cet ordre sur le destin auquel étaient promises les infimes tribus nomades qui constituaient, aux origines,
393 supposer que le peuple d’Israël, s’il n’avait pas été « élu », eût évolué d’une autre sorte que tant de tribus d’Arabie qui
394 truire et à conquérir… Ainsi les annales d’Israël sont celles d’une puissance imprévue et humainement imprévisible, qui ne f
395 ance imprévue et humainement imprévisible, qui ne fut jamais immanente aux conditions médiocres des Hébreux. Ce que nous co
396 u — c’est la suite des gestes de Dieu dont ils ne furent que les instruments. Mais les instruments indociles ! Ce qui est à eu
397 truments. Mais les instruments indociles ! Ce qui est à eux, dans ces annales, c’est ce qui les rabat à leur destin, ce son
398 annales, c’est ce qui les rabat à leur destin, ce sont leurs révoltes constantes, leurs faux pas, leurs accès d’incroyance.
399 leurs accès d’incroyance. Et toute leur grandeur est à Dieu, c’est-à-dire à la vocation qui les arrache, malgré eux, à ce
400 ut jusqu’à ce que Dieu l’élise. Désormais sa voie est fixée, mais ce n’est plus sa « propre » voie. Il vient de Dieu, il va
401 u l’élise. Désormais sa voie est fixée, mais ce n’ est plus sa « propre » voie. Il vient de Dieu, il va vers Dieu, et c’est
402 duit. C’est pourquoi son télos (sa fin dernière), est transcendant et mystérieux comme Dieu, unique en son essence, comme D
403 courant. Mais le conflit de la foi et de la vue n’ est en somme qu’un autre aspect du conflit de la vocation et du destin. I
404 es douze tribus. Car un but invisible aux mortels est une menace et une angoisse, au moins autant qu’une promesse. Une mena
405 it quel futur. Et une angoisse contre laquelle il est fatal que l’on cherche à se protéger par quelque chose de visible et
406 ette révolte, et ce destin, et ce besoin de voir, sont symbolisés au concret par les statues des idoles étrangères — car c’e
407 de son alliance. La mesureax Dans l’Arche sont les Tables de la Loi. La Loi est la « mesure » sacrée : c’est elle qu
408 Dans l’Arche sont les Tables de la Loi. La Loi est la « mesure » sacrée : c’est elle qui rappelle à la fois l’origine et
409 fois l’origine et la fin du peuple en tant qu’il est un « nouveau » peuple, élu par Dieu et « mis à part »8. C’est à elle
410 n seulement tout geste, mais toute pensée. Rien n’ est plus neutre ou laissé au hasard, tout est « mesuré » et jugé dans la
411 Rien n’est plus neutre ou laissé au hasard, tout est « mesuré » et jugé dans la perspective de la fin assignée à toute la
412 s se distingue de toutes les autres en ce qu’elle est une vocation adressée par un Dieu personnel, unique, éternel, transce
413 personnel, unique, éternel, transcendant. Elle n’ est pas le produit normal d’une évolution historique fécondée et cristall
414 tallisée par l’intervention d’un grand chef. Elle est donc plus « totalitaire » que toute mesure humainement concevable, pu
415 e « loin de la face de l’Éternel ». Parce qu’elle est la loi de Dieu, et que ce Dieu est l’Éternel, la Loi est la conscienc
416 Parce qu’elle est la loi de Dieu, et que ce Dieu est l’Éternel, la Loi est la conscience finale du peuple hébreu. Et parce
417 loi de Dieu, et que ce Dieu est l’Éternel, la Loi est la conscience finale du peuple hébreu. Et parce qu’elle est la loi de
418 science finale du peuple hébreu. Et parce qu’elle est la loi de Dieu — qui définit la vérité —, elle porte en elle la règle
419 e le symbole de l’unité du peuple, mais son usage est interdit pendant les guerres civiles : c’est que la mesure est indivi
420 pendant les guerres civiles : c’est que la mesure est indivisible. Dieu est au ciel, sa loi est sur la terre, et les prêtre
421 viles : c’est que la mesure est indivisible. Dieu est au ciel, sa loi est sur la terre, et les prêtres sont là pour veiller
422 mesure est indivisible. Dieu est au ciel, sa loi est sur la terre, et les prêtres sont là pour veiller sur l’Alliance. Et
423 au ciel, sa loi est sur la terre, et les prêtres sont là pour veiller sur l’Alliance. Et si ces « clercs » viennent à trahi
424 connu, s’ils oublient que le Dieu qu’ils servent est un Dieu qui se nomme « jaloux », les Prophètes se lèvent contre eux e
425 où elle tire son nom. Elle embrasse tout ce qui n’ est pas foi, mais vue, tout ce qui est refus d’obéissance, et imagination
426 tout ce qui n’est pas foi, mais vue, tout ce qui est refus d’obéissance, et imagination d’un autre bien. Idole tout ce qui
427 action ou pensée, si belle ou si féconde qu’elle soit , qui ne puisse être consacrée au ministère sacerdotal du peuple élu.
428 i belle ou si féconde qu’elle soit, qui ne puisse être consacrée au ministère sacerdotal du peuple élu. Idole, tout ce qui n
429 re sacerdotal du peuple élu. Idole, tout ce qui n’ est pas ordonné à la fin que les prophètes annoncent sans relâche. Mais l
430 e » d’une législation divine, mais dont l’homme s’ est emparé, et dont il fait sa chose, oubliant son Auteur. C’est alors qu
431 eur (Moïse), écrit-il dans sa Réponse à Appion, a été le seul dont les actions et les paroles ont été conformes. » Car il n
432 a été le seul dont les actions et les paroles ont été conformes. » Car il n’a pas seulement formulé des lois justes, complè
433 t très détaillées, mais il a veillé à ce qu’elles fussent connues de tous. Cette connaissance produit parmi nous une admirable
434 i nous une admirable conformité, parce que rien n’ est si capable de la faire naître et de l’entretenir, que d’avoir les mêm
435 les mêmes sentiments de la grandeur de Dieu, et d’ être élevés dans une même manière de vivre, et dans les mêmes coutumes ; c
436 se dans le monde. Nos femmes et nos serviteurs en sont persuadés comme nous : on peut apprendre de leur bouche les règles de
437 foisonnement et la diversité, et toute mesure ne serait à nos yeux qu’une occasion de dépassement… Oui, la richesse est notre
438 qu’une occasion de dépassement… Oui, la richesse est notre dernier dieu, et c’est peut-être le secret de l’expansion, mais
439 , la vieille malédiction de la tour de Babel, qui est la dispersion du genre humain. Le dilemme qui se trouve posé à toute
440 sation, et d’une manière très urgente à la nôtre, est assez clairement défini par la comparaison que l’on peut faire de not
441 e devient en effet la culture, dans un monde où n’ est tolérée que « la seule chose nécessaire ? » L’homme qui a une vocati
442 hose nécessaire ? » L’homme qui a une vocation n’ est pas bon à autre chose. Israël portait dans son sein l’avenir religieu
443 s son sein l’avenir religieux du monde. Dès qu’il était tenté de s’oublier dans les voies vulgaires des autres peuples, une s
444 la justice à l’ancienne manière ne devait jamais être sacrifiée.12 Ainsi toute tentative de culture profane se voit assim
445 évolte d’orgueil contre Dieu. La culture d’Israël sera pauvre à raison même de sa pureté. Sa pauvreté sera la condition de s
446 ra pauvre à raison même de sa pureté. Sa pauvreté sera la condition de sa grandeur. Car ce qui est grand, c’est ce qui combl
447 reté sera la condition de sa grandeur. Car ce qui est grand, c’est ce qui comble la mesure, et non pas ce qui la dépasse. C
448 ble la mesure, et non pas ce qui la dépasse. Ce n’ est pas la richesse, mais la fidélité. Ce ne sont pas les moyens en eux-m
449 Ce n’est pas la richesse, mais la fidélité. Ce ne sont pas les moyens en eux-mêmes mais les moyens mesurés par la fin. C’est
450 est que le culte qu’il faut rendre au Dieu vivant est une obéissance directe « en esprit et en vérité ». Or abstraire, c’es
451 a des prophètes, a-t-il besoin de philosophes ? —  est ainsi l’aspect négatif d’une splendeur poétique inégalée. (La poésie
452 tique inégalée. (La poésie de l’Occident chrétien sera grande dans la mesure où elle sera biblique ou grecque, sublime dans
453 ident chrétien sera grande dans la mesure où elle sera biblique ou grecque, sublime dans la mesure où la synthèse des deux t
454 dans la mesure où la synthèse des deux traditions sera dominée par l’élément biblique.) Seuls les grands discours prophétiqu
455 on et vérifié l’étymologie grecque de poésie, qui est agir. Point d’arts figuratifs ou imaginatifs. La loi les interdit par
456 mage taillée, ni de représentation des choses qui sont en haut dans les cieux, en bas sur la terre, et dans les eaux plus ba
457 ence purement technique : la sagesse de Salomon n’ est pas une connaissance des « causes » mais bien des « signatures » natu
458 , fictions écrites, science, industrie, tout cela est sacrifié à la seule chose nécessaire : l’accomplissement d’une vocati
459 spirituelle. Et les moyens de cet accomplissement sont les moyens les plus élémentaires que les hommes ont de commercer : l’
460 res, l’on voit que la culture la plus pauvre, qui fut celle du peuple hébreu, fut aussi la plus convenable aux fins suprême
461 e la plus pauvre, qui fut celle du peuple hébreu, fut aussi la plus convenable aux fins suprêmes de l’esprit. Toutefois, no
462 us point étudier à inventer des choses nouvelles, soit dans les arts, ou dans le langage, au lieu que les autres peuples mér
463 ancêtres, parce que c’est une preuve qu’elles ont été parfaitement bien établies, puisqu’il n’y a que celles qui n’ont pas
464 a que celles qui n’ont pas cet avantage que l’on soit obligé de changer, lorsque l’expérience fait connaître le besoin d’en
465 uts. Ainsi, comme nous ne doutons point que ce ne soit Dieu qui nous a donné ces lois par l’entremise de Moïse, pourrions-no
466 ver très religieusement ? Et quelle conduite peut être plus juste, plus excellente et plus sainte, que celle dont ce souvera
467 que celle dont ce souverain Monarque de l’univers est l’auteur… Quelle forme de gouvernement peut donc être plus parfaite q
468 l’auteur… Quelle forme de gouvernement peut donc être plus parfaite que la nôtre, et quels plus grands honneurs peut-on ren
469 ands honneurs peut-on rendre à Dieu, puisque nous sommes toujours préparés à nous acquitter du culte que nous lui devons ; que
470 ulte que nous lui devons ; que nos Sacrificateurs sont établis pour veiller sans cesse à ce qu’il ne se fasse rien qui y soi
471 ller sans cesse à ce qu’il ne se fasse rien qui y soit contraire, et que toutes choses ne sont pas mieux réglées le jour d’u
472 ien qui y soit contraire, et que toutes choses ne sont pas mieux réglées le jour d’une fête solennelle, qu’elles le sont tou
473 églées le jour d’une fête solennelle, qu’elles le sont toujours parmi nous ? Chute d’Israël Tout était suspendu à la
474 toujours parmi nous ? Chute d’Israël Tout était suspendu à la Loi, qui était elle-même suspendue à la promesse messia
475 ute d’Israël Tout était suspendu à la Loi, qui était elle-même suspendue à la promesse messianique donnée par Dieu dès les
476 temps primitifs14. Mais cette promesse, enfin, s’ est incarnée. Et les juifs l’ont méconnue prenant prétexte de la Loi, cet
477 ir. » (Héb. 10, 1), pour repousser le Christ, qui était « l’esprit » et la réalité finale de la Loi. Dès lors, la Loi est « a
478 et la réalité finale de la Loi. Dès lors, la Loi est « accomplie » comme le dit Jésus-Christ lui-même, et elle l’est d’une
479 e » comme le dit Jésus-Christ lui-même, et elle l’ est d’une double manière : parce qu’elle a abouti — le Messie est venu —
480 uble manière : parce qu’elle a abouti — le Messie est venu — et parce qu’elle a perdu son sens en condamnant celui qu’elle
481 re, fondant ainsi un nouvel Israël. Bien plus, il est lui-même cette mesure, cette Alliance, et ce sont ceux qui adorent en
482 est lui-même cette mesure, cette Alliance, et ce sont ceux qui adorent encore l’ancienne Loi, « déclarée vieillie », qui so
483 encore l’ancienne Loi, « déclarée vieillie », qui sont maintenant les idolâtres. Voilà pourquoi le peuple juif, qui n’a pas
484 uvelle mesure, c’est-à-dire la Nouvelle Alliance, est aujourd’hui le peuple sans mesure, sans limites et sans foyer. Sans e
485 l, cet esprit d’irréconciliable opposition dont s’ était nourrie toute la tradition judaïque. C’est précisément ce sens de la
486 acent aujourd’hui de la détruire16. Il ne saurait être question de retracer ici dans son ensemble l’évolution des éléments c
487 de « l’école du dimanche », tout jeune protestant est nourri aux sources mêmes du judaïsme préchrétien. C’est là sa Fable,
488 ne Samuel appelé trois fois par Jéhovah, — que ce soit histoire ou légende, ces personnages lui sont incomparablement plus f
489 ce soit histoire ou légende, ces personnages lui sont incomparablement plus familiers que les métamorphoses des dieux païen
490 Si bien qu’on a pu dire17 que l’Ancien Testament était la vraie Antiquité des peuples de l’Europe protestante. Mais il y a b
491 Le thème de la vocation et le thème du peuple élu sont de ceux qui émeuvent le plus profondément la « sensibilité spirituell
492 éformé.ay   Le simple fait que le calvinisme ait été dès le début une Église minoritaire, en butte à la persécution, ne su
493 ciale adoptées par les deux « nations »18. Ce qui est déterminant pour cette analogie, ce qui lui donne son seul sens accep
494 ux cas, la persécution et l’isolement minoritaire sont considérés comme « normaux » : ils expriment le destin spirituel, dan
495 un monde incrédule et rebelle, de ceux que Dieu s’ est « choisis » pour témoins, en tant que collectivité, peuple ou Église.
496 de cette « élection » dont ils ont l’assurance d’ être l’objet, par une grâce périlleuse, et dans la foi, les calvinistes, d
497 nt pas », au nom et par la charge du Seigneur qui est venu, et qui doit revenir. Telle est sans doute la racine authentique
498 Seigneur qui est venu, et qui doit revenir. Telle est sans doute la racine authentique du puritanisme qui apparaît dans le
499 iques. Mais Sombart lui répond que le capitalisme est plus ancien, et qu’il est d’origine judaïque19. Ce n’est pas ici le l
500 pond que le capitalisme est plus ancien, et qu’il est d’origine judaïque19. Ce n’est pas ici le lieu de prendre parti entre
501 s ancien, et qu’il est d’origine judaïque19. Ce n’ est pas ici le lieu de prendre parti entre ces deux explications d’un phé
502 es mettent l’accent sur le fait de l’élection. Il est curieux de noter que le parallélisme peut être le mieux constaté dans
503 Il est curieux de noter que le parallélisme peut être le mieux constaté dans les déviations qualifiées par lesquelles le sp
504 ns leur race par des siècles d’attente du Messie, sont les plus susceptibles de déformer leur propre force.az De même, l’asc
505 x tentations du succès immédiat et contrôlable, s’ est transformé dans le Nouveau Monde d’une part en volonté de puissance a
506 taine, et transformant en tyrannie absurde ce qui était à l’origine une attitude d’obéissance à la foi, et de renoncement à s
507 de sa chute. Toute la théologie éthique de Calvin est centrée sur la vocation : vocation du « petit troupeau » ou de l’Égli
508 elle de chaque membre de l’Église. Or, Israël qui était le peuple élu, a trahi sa mission et s’est livré à son destin. Sa dis
509 qui était le peuple élu, a trahi sa mission et s’ est livré à son destin. Sa dispersion en est le châtiment. Serait-il donc
510 ion et s’est livré à son destin. Sa dispersion en est le châtiment. Serait-il donc possible de perdre sa vocation ? Et que
511 à son destin. Sa dispersion en est le châtiment. Serait -il donc possible de perdre sa vocation ? Et que devient celui qui la
512 sa vocation ? Et que devient celui qui la trahit, soit qu’il rejette ses ordres, soit qu’il la prenne pour idole, refusant d
513 lui qui la trahit, soit qu’il rejette ses ordres, soit qu’il la prenne pour idole, refusant d’en reconnaître la vraie fin lo
514 la vraie fin lorsqu’elle lui apparaît incarnée ? Est -il rejeté à tout jamais ? Une vocation est-elle donc « amissible » ?
515 rnée ? Est-il rejeté à tout jamais ? Une vocation est -elle donc « amissible » ? Le refus de l’homme serait-il donc capable
516 est-elle donc « amissible » ? Le refus de l’homme serait -il donc capable de modifier un arrêt éternel, alors que Dieu prédesti
517 avant sa naissance et ses œuvres ? Ce problème n’ est pas gratuit : il touche au cœur de la foi réformée. Or c’est lui just
518 doute ce texte illumine aussi profondément qu’il est possible le mystère dernier d’Israël. « Je demande maintenant : Dieu
519 ieu a-t-il rejeté son peuple ? Non certes, car je suis moi-même israélite, de la postérité d’Abraham, de la tribu de Benjami
520 he : mais les élus l’ont obtenu et les autres ont été endurcis » (v. 7). Ainsi, « c’est par suite de la faute des enfants d
521 ite de la faute des enfants d’Israël que le salut est parvenu aux païens, afin d’exciter leur propre émulation » (v. 11). E
522 p de votre sagesse : c’est qu’une partie d’Israël est tombée dans l’endurcissement jusqu’à ce que la totalité des païens so
523 urcissement jusqu’à ce que la totalité des païens soit entrée (dans l’Église) ; et ainsi tout Israël sera sauvé » (v. 25-26)
524 oit entrée (dans l’Église) ; et ainsi tout Israël sera sauvé » (v. 25-26) … « Car les dons et l’appel de Dieu sont irrévocab
525  » (v. 25-26) … « Car les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables » (v. 29). Hoc est verbum praeclarum ! Voilà une parole
526 l’appel de Dieu sont irrévocables » (v. 29). Hoc est verbum praeclarum ! Voilà une parole admirable, s’écrie Luther, à pro
527 ». Ainsi la vocation, du moins cette vocation20 — est réellement inamissible, c’est-à-dire ne peut être perdue, même si cel
528 est réellement inamissible, c’est-à-dire ne peut être perdue, même si celui qui en est l’objet s’y oppose de toutes ses for
529 -à-dire ne peut être perdue, même si celui qui en est l’objet s’y oppose de toutes ses forces ! Car sa révolte même se trou
530 peuple de Dieu, en ce sens, après que les gentils seront entrés dedans (l’Église), lors les Juifs aussi se retirant de leur ré
531 à l’obéissance de la foi… toutefois que les Juifs tiendront le premier lieu, comme étant les enfants aînés en la maison de Dieu. 
532 is que les Juifs tiendront le premier lieu, comme étant les enfants aînés en la maison de Dieu. » (Commentaires, sur Rom. II,
533 le respect religieux qu’on lui porte. Peut-être n’ est -il pas excessif de voir dans cette passion contradictoire le secret d
534 ore pour l’antisémitisme des hitlériens, qui n’en serait en tout cas que le plus impur exemple. Il reste que la chrétienté non
535 r Israël autrement que ne fait « le monde ». Ce n’ est pas au nom d’intérêts passagers que nous avons à prendre position, ma
536 les thèses des politiques nationalistes. Le drame est bien plus vaste que ne peuvent le concevoir nos polémiques. Et son is
537 de nous seuls, ni d’eux seuls. On dit : les Juifs sont ceci, les Juifs sont cela, ils se sont emparés de nos richesses, etc.
538 ux seuls. On dit : les Juifs sont ceci, les Juifs sont cela, ils se sont emparés de nos richesses, etc. Mais de quels biens
539 les Juifs sont ceci, les Juifs sont cela, ils se sont emparés de nos richesses, etc. Mais de quels biens se préoccupe le cr
540 8. Il faut bien voir que le « racisme » juif n’ est justifié à l’origine que par la vocation spirituelle de ce peuple. Il
541 ue par la vocation spirituelle de ce peuple. Il n’ est pas du tout biologique. Il ne le devient qu’accessoirement, à mesure
542 lles-mêmes. Mais sans doute ce glissement fatal s’ est -il dessiné dès le début, à mesure que l’on codifiait les relations de
543 entils ». On sait à quel point cette codification fut poussée. L’historien juif Josèphe écrit dans sa Réponse à Appion (I,
544 ’est-à-dire appartenant aux familles des prêtres) était tenu par les sacrificateurs. « Et ils n’en épousaient point qui aient
545 -dire appartenant aux familles des prêtres) était tenu par les sacrificateurs. « Et ils n’en épousaient point qui aient été
546 cateurs. « Et ils n’en épousaient point qui aient été captives, de peur qu’elles n’aient eu quelque commerce avec des étran
547 et ordre, on le sépare de l’autel, sans qu’il lui soit plus permis de faire aucune des fonctions sacerdotales. » [Note de l’
548 n américaine supprime la fin de cette note : « Il est curieux de noter que les lois racistes hitlériennes privent de tous d
549 igines : c’est que l’exercice des droits civiques est bien une sorte de « sacerdoce » national. On voit ainsi que l’eugénis
550 rdoce » national. On voit ainsi que l’eugénisme n’ est pas le seul motif de la législation raciste. » 9. Sur l’importance c
551 l à son destin, après la mort de Jésus-Christ. Je suis heureux de pouvoir donner ci-après un développement qui n’avait pas s
552 mon livre. 10. La rédaction des livres mosaïques est attribuée par Wellhausen et son école à des disciples des grands prop
553 on école à des disciples des grands prophètes. Ce serait donc le prophétisme, c’est-à-dire l’élément le plus finaliste de la r
554 ue. Ainsi la fin crée ses moyens. Cette hypothèse est aujourd’hui démodée. On revient à la conception ancienne : un chef hé
555 peuple juif dès la sortie d’Égypte. Les prophètes seraient alors ceux qui rappellent le peuple au culte du vrai Dieu — contre le
556 imples, dans le Livre de Job, dans l’Ecclésiaste, est quelque chose de surprenant. L’image physique qui, dans les langues s
557 ’image physique qui, dans les langues sémitiques, est encore à fleur de sol, obscurcit la déduction abstraite… » (Renan, op
558 as d’autre sens que de désigner l’Incarnation qui est son centre, au-delà d’elle-même. Tolle Christum e scripturis, quid am
559 er, 1934, p. 43. 16. Sitôt que la mesure cesse d’ être transcendante, devient humaine, contingente et partielle, et n’étant
560 , devient humaine, contingente et partielle, et n’ étant plus totale, se veut encore totalitaire, on a l’État-nation-Police de
561 e de type fasciste ou stalinien. Bien entendu, il serait absurde de rendre Israël responsable de ce qui n’est que « profanatio
562 absurde de rendre Israël responsable de ce qui n’ est que « profanations » de la notion de mesure totalitaire. 17. Cf. Ram
563 lliance la postérité d’Abraham : vu que le propos était nommément et spécialement d’icelle vocation. » (Commentaires, sur Rom
564 exte original de 1937, les deux dernières phrases sont ici traduites directement depuis l’édition américaine.
8 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 7. Théologie et littérature
565 7. Théologie et littératureba 1. Il faut tenir la théologie chrétienne pour la mère de la pensée occidentale, de mêm
566 occidentale, de même que l’Église, par son culte, est la mère de presque tous nos arts. La musique est née dans le chœur de
567 est la mère de presque tous nos arts. La musique est née dans le chœur des églises et des chapelles de couvents. La peintu
568 elles de couvents. La peinture et la sculpture se sont constituées sur les autels, dans les nefs, et autour des architecture
569 tures sacrées. Nos premiers rythmes poétiques ont été propagés par le latin d’Église. Et ce n’est point que tous ces arts c
570 s ont été propagés par le latin d’Église. Et ce n’ est point que tous ces arts classiques ne soient sortis de l’enceinte ecc
571 Et ce n’est point que tous ces arts classiques ne soient sortis de l’enceinte ecclésiastique dès le déclin du Moyen Âge, mais
572 iastique dès le déclin du Moyen Âge, mais il n’en est aucun dont l’esprit et l’histoire ne manifestent à chaque instant l’i
573 e nos disciplines de pensée et la théologie, pour être moins généralement reconnu, n’en est pas moins étroit ni moins fécond
574 logie, pour être moins généralement reconnu, n’en est pas moins étroit ni moins fécond à observer.bb 2. Depuis les temps o
575 erver.bb 2. Depuis les temps où la philosophie n’ était que la servante de la théologie, ses efforts d’émancipation les plus
576 ccès, n’ont pu que confirmer une dépendance qui n’ est certes plus de droit, mais n’en demeure pas moins de fait et de natur
577 élienne. De nos jours, le vocabulaire technique s’ est transformé, les références aux dogmes ont disparu, l’appareil logique
578 rapports entre la théologie et la littérature ne sont pas aussi clairs, ni aussi facilement définissables et contrôlables.
579 ussi facilement définissables et contrôlables. Il est vrai que certaines influences directes, attestées par les écrivains e
580 paraît pas que le problème dans son ensemble ait été clairement posé ou étudié, ni par les docteurs de l’Église, ni par le
581 iproque dans laquelle théologiens et écrivains se sont installés pour la plupart, est-elle vraiment sans conséquence pour le
582 s et écrivains se sont installés pour la plupart, est -elle vraiment sans conséquence pour les uns et les autres, et pour l’
583 ns et les autres, et pour l’élite en général ? Il est clair que la théologie n’a pas besoin de la littérature et peut s’en
584 e critiquer le dogme chrétien dans l’Église, elle est en droit de laisser à d’autres le soin d’appliquer ses critères hors
585 ’appliquer ses critères hors de l’Église. Mais il est beaucoup moins évident que la littérature puisse se passer impunément
586 uisse se passer impunément de la théologie. Et il est bien certain que lorsqu’elle s’en passe, les effets s’en font sentir
587 qu’elles envisagent, les valeurs morales qu’elles tiennent pour allant de soi, tout est devenu trop différent, et presque sans c
588 orales qu’elles tiennent pour allant de soi, tout est devenu trop différent, et presque sans commune mesure. À qui la faute
589 ns commune mesure. À qui la faute ? 4. Certes, je suis le premier à redouter que les théologiens se mettent à faire de la cr
590 et à faire oublier leur « spécialité ». Mon idée serait bien plutôt d’exiger des critiques littéraires un minimum de connaiss
591 se montrent cruellement dépourvus. Et de même, je suis le premier à protester contre ces citations d’auteurs à la mode — ou
592 ernes ont coutume « d’orner » leurs sermons. Ce n’ est pas la littérature qui doit prêter secours à la Parole de Dieu, mais
593 e homme. Ceci dit, j’en reviens à mon propos, qui était de soulever une question, et de suggérer pour son étude quelques hypo
594 hypothèses de travail. 5. L’ignorance générale où sont les écrivains modernes des rudiments de la théologie a pour conséquen
595 de n’avoir point connu l’existence de traditions soit orthodoxes soit hérétiques, c’est le cas le plus fréquent, dont à gra
596 t connu l’existence de traditions soit orthodoxes soit hérétiques, c’est le cas le plus fréquent, dont à grands frais ils re
597 montrer comment les troubadours, dont la doctrine fut reprise par les auteurs du Tristan, d’où sont issus presque tous nos
598 rine fut reprise par les auteurs du Tristan, d’où sont issus presque tous nos romans, étaient nourris de l’hérésie manichéen
599 Tristan, d’où sont issus presque tous nos romans, étaient nourris de l’hérésie manichéenne, et l’ont ainsi fait vivre jusqu’à n
600 bras au ciel, ou pointer le doigt du moraliste, n’ est pas faire acte de charité à l’égard des efforts de l’avant-garde, d’a
601 ecours ? Va-t-on lui tourner le dos parce qu’elle est tapageuse, scandaleuse et d’une conduite peu régulière, la confirmant
602 confirmant ainsi dans sa persuasion que l’Église est bonne pour les petits bourgeois, n’a rien à dire aux esprits libres e
603 e leur donnait rien. Exemple : Kierkegaard. Il ne fut pas un théologien au sens strict, mais toute son œuvre manifeste une
604 s deux Amériques. Notons que si cette influence s’ est montrée décisive dans beaucoup de conversions, elle n’a pas eu pour e
605 adhésion des convertis à une Église déterminée. N’ est -ce point là le signe d’une incompatibilité inquiétante entre l’élite
606 traitent de sujets religieux. Ici encore, « ce ne sont pas ceux qui disent : Seigneur ! Seigneur !… mais ceux qui font la vo
607 ieux. Faire la volonté de Dieu, en écrivant, ce n’ est pas simplement parler de Dieu et de sa volonté, ni même en parler ave
608 d’ouvrages religieux dont le style journalistique est incompatible avec aucune espèce de réalité spirituelle. L’auteur ne c
609 ’est que toute œuvre littéraire, si profane qu’en soit le sujet, implique une théologie (fût-ce à l’insu de son auteur), et
610 fane qu’en soit le sujet, implique une théologie ( fût -ce à l’insu de son auteur), et qu’elle l’exprime par les mouvements m
611 par son argumentation. Expliciter cette théologie serait rendre un service important aux auteurs non moins qu’au public. Ces
612 le texte paru en volume. bb. La dernière phrase est absente de l’édition américaine.
9 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 8. La mission de l’artiste
613 prit humain ». Je n’aurais pas répondu, s’il ne s’ était agi d’une journée d’étude « œcuménique », groupant avec des artistes
614 doxes. Il m’a semblé que ce titre, dès lors qu’il était proposé par des chrétiens précisément, et non par de vagues humaniste
615 ur moi, cela sonne faux. L’art avec une majuscule est une de ces allégories officielles que nous avons héritées du xixe si
616 les discours d’inauguration. L’Art avec majuscule est quelque chose d’idéal, de distingué, qui est vaguement en rapport ave
617 cule est quelque chose d’idéal, de distingué, qui est vaguement en rapport avec l’Infini, qui ne sert à rien, qui est respe
618 en rapport avec l’Infini, qui ne sert à rien, qui est respectable, qui intéresse les femmes plus que les hommes, qui est l’
619 qui intéresse les femmes plus que les hommes, qui est l’affaire de certains spécialistes, qui permet de fuir pendant quelqu
620 emporains se font de la religion chrétienne. Ce n’ est pas sérieux si l’on admet avec Talleyrand que « tout ce qui est exagé
621 x si l’on admet avec Talleyrand que « tout ce qui est exagéré manque de sérieux ». Aucun artiste sérieux ne dit qu’il fait
622 olicier soupçonneux. D’autre part, le mot « art » est un terme commode, qui désigne l’ensemble des activités artistiques et
623 agération romantique, ou d’un terme générique, il est évident que l’art, avec ou sans majuscule, ne peut pas avoir de missi
624 sur l’adjectif « créatrice », dans le titre qui m’ est proposé. L’emploi du verbe « créer » en relation avec l’activité huma
625 rbe « créer » en relation avec l’activité humaine est , je crois, plutôt récent. Cette manière de parler de l’acte humain en
626 nce au Dieu créateur dans l’époque moderne. Je ne suis pas sûr du tout que l’homme soit capable de créer, au vrai sens de ce
627 e moderne. Je ne suis pas sûr du tout que l’homme soit capable de créer, au vrai sens de ce terme, c’est-à-dire de produire
628 n nomme couramment aujourd’hui une « création » n’ est en réalité qu’un arrangement un peu différent d’éléments connus, selo
629 —, nous chercherons à savoir, aujourd’hui, quelle est la mission — s’ils en ont une — des hommes qui composent des livres,
630 jardins, des poèmes. Et surtout d’abord : quelle est la nature de leur activité, et quelles sont ses fins. Nature de l’a
631 quelle est la nature de leur activité, et quelles sont ses fins. Nature de l’activité artistique Toutes sortes de gens
632 d’un tableau, d’une statue. Les produits de l’art sont un luxe, et les autres produits sont des nécessités. Toute notre éduc
633 its de l’art sont un luxe, et les autres produits sont des nécessités. Toute notre éducation nous porte à croire cela, et s’
634 t sa fin en soi, et ne servirait donc à rien qu’à être contemplé — traduisons : honoré d’un coup d’œil en passant à la salle
635 part, ou de gratuité, d’inutilité, d’autre part, sont inconsistants, et absolument superficiels. Ils ne nous apprennent rie
636 de bois, sculpté ou peint d’une certaine manière, sont infiniment plus « utiles » que pour nous un rasoir électrique. Ces ob
637  » que pour nous un rasoir électrique. Ces objets sont tenus pour éminemment utiles, parce qu’ils détiennent une puissance,
638 e pour nous un rasoir électrique. Ces objets sont tenus pour éminemment utiles, parce qu’ils détiennent une puissance, une ve
639 une vertu exaltante ou terrifiante, un sens ; ils sont pris au sérieux par les peuples qui croient que le sens de la vie, la
640 e de la mort, l’angoisse devant le pouvoir sacré, sont des choses sérieuses, tandis que nous considérons comme sérieux, donc
641 vers quel but. Le fait que même en théorie, nous tenons l’œuvre d’art pour dépourvue d’utilité directe, ce fait prouve simple
642 ne espèce de préjugé. D’où l’on pourrait déduire, soit dit en passant, la vanité totale des tentatives actuelles pour vulgar
643 e critère d’utilité ou de manque d’utilité, comme étant trop relatif, mobile, et sujet à changer de signe selon l’état religi
644 autre produit de l’action humaine, l’œuvre d’art est un objet dont la raison d’être nécessaire et suffisante, est de signi
645 aine, l’œuvre d’art est un objet dont la raison d’ être nécessaire et suffisante, est de signifier. Qu’elle consiste en une s
646 t dont la raison d’être nécessaire et suffisante, est de signifier. Qu’elle consiste en une structure de sons, de formes, o
647 prendre au piège, — et en même temps d’orienter l’ être vers quelque chose qui transcende les sons et les formes, ou les mots
648 lés. C’est un piège, mais un piège orienté. Et il est vrai qu’une équation est un objet qui n’a d’autre fonction que de sig
649 un piège orienté. Et il est vrai qu’une équation est un objet qui n’a d’autre fonction que de signifier. Cependant sa stru
650 analysable, réductible à ses éléments qui peuvent être groupés d’autres manières — comme le prouve le signe égal — sans dest
651 al — sans destruction de signification ; ce qui n’ est pas le cas de l’œuvre d’art. Mais si, cherchant quelle est la nature
652 e cas de l’œuvre d’art. Mais si, cherchant quelle est la nature de l’œuvre d’art, je la définis comme un piège à méditation
653 tion, on voit que la connaissance de cette nature est liée à celle de son but : un piège est fait pour prendre quelque chos
654 tte nature est liée à celle de son but : un piège est fait pour prendre quelque chose. Dans l’œuvre d’art, nature et but, e
655 ans l’œuvre d’art, nature et but, essence et fin, sont inséparables. Il s’agit d’une seule et même fonction, qui est de sign
656 bles. Il s’agit d’une seule et même fonction, qui est de signifier quelque chose par des moyens sensibles. But de l’acti
657 Celles-ci veulent, en effet, que le but de l’art soit la beauté, et que la fonction propre à l’artiste soit « de créer de l
658 la beauté, et que la fonction propre à l’artiste soit « de créer de la beauté », comme on dit. J’avouerai que je n’en suis
659 la beauté », comme on dit. J’avouerai que je n’en suis pas sûr. Et je vous proposerai, sur ce point, trois remarques, d’impo
660 d’importance très inégale d’ailleurs. La première est une simple constatation de fait, que je verse au débat sans juger. Le
661 . Les principaux artistes de notre époque, que ce soit Picasso ou Braque, Joyce ou Kafka, Stravinsky, T. S. Eliot ou André B
662 et refuseraient sans doute de dire que la beauté est le but de leurs ouvrages. Que ce soit beau ou laid, charmant ou atroc
663 ue la beauté est le but de leurs ouvrages. Que ce soit beau ou laid, charmant ou atroce pour les sens et l’esprit, peu leur
664 les sens et l’esprit, peu leur importe : leur but est d’exprimer, de décrire des réalités, à tout prix, et même au prix de
665 re à faire beau, ou flatteur. Ma seconde remarque est de nature beaucoup plus grave. Il me semble que la beauté n’est pas u
666 beaucoup plus grave. Il me semble que la beauté n’ est pas une notion ni un terne biblique. La Bible nous parle de vérité, d
667 ou point de beauté. Elle ne nous dit pas que Dieu est beauté, nais que Dieu est amour. Le Christ ne dit pas non plus qu’il
668 e nous dit pas que Dieu est beauté, nais que Dieu est amour. Le Christ ne dit pas non plus qu’il est la beauté, mais qu’il
669 eu est amour. Le Christ ne dit pas non plus qu’il est la beauté, mais qu’il est le chemin, la vérité et la vie. Ce chemin n
670 dit pas non plus qu’il est la beauté, mais qu’il est le chemin, la vérité et la vie. Ce chemin n’est pas beau, mais rocail
671 l est le chemin, la vérité et la vie. Ce chemin n’ est pas beau, mais rocailleux, et douloureux. Cette vérité n’est pas bell
672 u, mais rocailleux, et douloureux. Cette vérité n’ est pas belle, mais libératrice. Cette vie ne s’épanouit pas en belles ha
673 une « lacune terrible » ? Lacune que l’idéal grec serait venu combler, en s’amalgamant à la tradition chrétienne — quitte à s’
674 traire se demander si notre notion de la beauté n’ est pas sujette à de sérieuses révisions ? Enfin, ma troisième remarque,
675 variées, telles qu’un paysage ou un bâtiment, un être humain ou une œuvre d’art, un avion, un exploit sportif, un fruit, un
676 e qu’elle a d’hétéroclite, montre que la beauté n’ est pas un caractère spécifique de l’œuvre d’art. N’importe quoi peut êtr
677 spécifique de l’œuvre d’art. N’importe quoi peut être décrit comme beau. C’est une qualification subjective, un terme commo
678 ague, une exclamation. Si je m’écrie qu’une œuvre est belle, il est facile de voir que cette « beauté » que je lui attribue
679 amation. Si je m’écrie qu’une œuvre est belle, il est facile de voir que cette « beauté » que je lui attribue se résout à l
680 e : comme c’est bien fait ! comme les proportions sont justes ! comme on se sent plus libre, ou plus fort d’avoir vu cela !
681 Faire l’économie du concept grec de beauté, ce n’ est donc pas renier l’art. Constater que la Bible ne parle guère de beaut
682 tater que la Bible ne parle guère de beauté, ce n’ est pas dire un seul instant que la Bible exclut l’art ; et de même, cons
683 é en soi et d’abord, ne signifie nullement qu’ils sont de mauvais artistes, bien au contraire, tout cela revient à dire que
684 au contraire, tout cela revient à dire que l’art est autre chose qu’une recherche de la beauté, et que celui qui fait une
685 que l’artiste arrive à signifier n’a nul besoin d’ être connu par lui préalablement à l’œuvre. Il n’y a pas d’abord un certai
686 duction ou d’abstraction. Mais en réalité le sens est lié à chaque détail comme au tout de l’œuvre — si elle est bonne — et
687 chaque détail comme au tout de l’œuvre — si elle est bonne — et il n’existe vraiment qu’en elle. S’il avait pu être exprim
688 et il n’existe vraiment qu’en elle. S’il avait pu être exprimé par d’autres moyens, l’œuvre perdrait sa raison d’être. On qu
689 par d’autres moyens, l’œuvre perdrait sa raison d’ être . On qualifiera donc de grande œuvre celle qui commande le plus impéri
690 ons et de peuples. L’expression courante : « j’ai été pris par cette œuvre » est tout à fait exacte et révélatrice, à cet é
691 sion courante : « j’ai été pris par cette œuvre » est tout à fait exacte et révélatrice, à cet égard. Mission de l’artis
692 , à cet égard. Mission de l’artiste Si tels sont bien la nature et le but de l’œuvre d’art, nous pouvons nous demander
693 e remplit bien sa mission 1. dans la mesure où il est bon artisan, et 2. dans la mesure où ses ouvrages signifient d’une ma
694 est Fargue ou Valéry qui a écrit : « Le bourgeois est celui qui croit qu’il y a au monde quelque chose de plus important qu
695 ’une convention. » Citons encore Baudelaire : Il est évident que les rhétoriques et les prosodies ne sont pas des tyrannie
696 t évident que les rhétoriques et les prosodies ne sont pas des tyrannies inventées arbitrairement, mais une collection de rè
697 de règles réclamées par l’organisation même de l’ être spirituel et jamais les prosodies et les rhétoriques n’ont empêché l’
698 ir qu’elles ont aidé l’éclosion de l’originalité, serait infiniment plus vrai. La sincérité n’a guère de sens en art. Elle n’
699 s’agit du métier de l’artiste, puisque ce métier est , par définition, artifices. Les modernes ont commis sur ce point une
700 xprimer quelque chose au moyen d’une œuvre d’art, est absolument incapable d’exprimer ce qu’il veut s’il n’a pas maîtrisé d
701 pas seulement dans les milieux chrétiens —, qu’il est impossible de « délivrer un message » (comme on le dit encore) tant q
702 essage » (comme on le dit encore) tant qu’on ne s’ est pas rendu maître de ses moyens d’expression au point de pouvoir les a
703 lier que ce qu’on perçoit, dans l’œuvre d’art, ce sont d’abord les moyens — les mots, les couleurs ou les formes, les sons e
704 es du jeu et si on les applique avec soin, l’on n’ est jamais sûr de gagner, — en d’autres termes : l’artiste n’est jamais s
705 sûr de gagner, — en d’autres termes : l’artiste n’ est jamais sûr que le public perçoit vraiment ce qu’il a voulu dire — mai
706 ’y a pas de drame, c’est que l’un des deux termes est fortement déficient, ou même absent. Dans ce cas, il n’y a donc pas d
707 sans art, justement. Ou encore : si les moyens ne sont pas mis en question (ou à la question) par une signification très exi
708 tre part, la signification que l’on veut exprimer est trop intense et impérieuse pour les moyens dont on dispose, on tomber
709 ème condition, la signification ou le message. Je serai bref sur ce point et me bornerai à quelques formules. Je pense qu’un
710 r davantage. Une seule remarque sur ce point : il est évident qu’une œuvre d’art classique, une œuvre de Bach, par exemple,
711 is eu et ne peut pas avoir un autre objet. Telles étant les deux conditions qu’un artiste doit remplir pour être égal à sa mi
712 s deux conditions qu’un artiste doit remplir pour être égal à sa mission, il devient clair que la critique, l’évaluation des
713 ar ces moyens. C’est dire que la critique devrait être à la fois technique d’une part, et d’autre part métaphysique ou éthiq
714 , mais aussi les théologiens. Ils diront que ce n’ est pas leur affaire, qu’ils ont à s’occuper des dogmes de l’Église. J’en
715 que je ne dis pas que cette critique théologique serait nécessairement l’affaire des théologiens. Ils y sont souvent mal prép
716 t nécessairement l’affaire des théologiens. Ils y sont souvent mal préparés par une tournure d’esprit forcément didactique —
717 urnure d’esprit forcément didactique — la plupart sont chargés de quelque enseignement — et dans le cas particulier, il s’ag
718 la critique d’art — et tout artiste peu ou prou, est de ce nombre — fassent un effort pour dépasser le stade de totale inc
719 canon des arts, mais un thème de méditation, qui serait peut-être de nature à soutenir, et à mieux motiver les jugements qu’o
720 e dans ses œuvres certaines réalités, et 3. qu’il est inspiré. Je le répète, ces trois verbes sont absurdes, et méritent la
721 qu’il est inspiré. Je le répète, ces trois verbes sont absurdes, et méritent la plus juste sévérité de la part des théologie
722 . Si l’on a pu dire de l’artiste qu’il crée, ce n’ est pas seulement par l’effet d’une surestimation prométhéenne ou lucifér
723 avec ce qu’il a compris du monde et avec ce qu’il est intérieurement, un ouvrage extérieur à lui-même, l’homme imite symbol
724 ue cet ouvrage humain ajoute au monde quoi que ce soit qui n’y était pas. L’homme ne peut que ré-arranger ce que Dieu a créé
725 e humain ajoute au monde quoi que ce soit qui n’y était pas. L’homme ne peut que ré-arranger ce que Dieu a créé ex nihilo. Ma
726 ment l’aime-t-il ? En quoi cet objet de Son amour est -il distinct de Lui, et de quelle autonomie jouit-il ? Ces questions e
727 œuvre d’art tend à signifier quelque chose qui ne serait pas perceptible autrement. Ne disons pas qu’il incarne une réalité, p
728 ? Il se passe que l’expression peut voiler ce qui est exprimé, tout en le manifestant à nos sens. Car ce qui est exprimé n’
729 mé, tout en le manifestant à nos sens. Car ce qui est exprimé n’est pas séparable des moyens de l’expression, ou ne l’est q
730 manifestant à nos sens. Car ce qui est exprimé n’ est pas séparable des moyens de l’expression, ou ne l’est que par abus. C
731 pas séparable des moyens de l’expression, ou ne l’ est que par abus. Ce qui montre est, en même temps, ce qui cache. Le sens
732 pression, ou ne l’est que par abus. Ce qui montre est , en même temps, ce qui cache. Le sens d’un tableau, par exemple, n’es
733 e qui cache. Le sens d’un tableau, par exemple, n’ est pas distinct des couleurs, des formes, des proportions, du style par
734 tion de son mystère. En troisième lieu, l’artiste est qualifié couramment d’inspiré. Les adversaires les plus déterminés du
735 é que l’impulsion primitive d’un ouvrage d’art ne soit un « don des dieux » — un seul vers, par exemple, ou la vision d’une
736 nt les opérations de la technique. L’inspiration, soit qu’elle agisse à chaque instant, soit qu’elle n’intervienne qu’au dép
737 nspiration, soit qu’elle agisse à chaque instant, soit qu’elle n’intervienne qu’au départ, et dans un seul instant, est un f
738 ntervienne qu’au départ, et dans un seul instant, est un fait d’expérience indéniable. Mais d’où vient-elle ? Ce que Paul V
739 y appelle « les dieux », sans se compromettre, ce sera pour certains le Saint-Esprit, et pour d’autres un message de l’incon
740 lus consciemment encore, le savant d’aujourd’hui. Est -ce que j’invente, se dit-il, ou bien est-ce que je découvre une réali
741 urd’hui. Est-ce que j’invente, se dit-il, ou bien est -ce que je découvre une réalité ? Est-ce que je projette dans le cosmo
742 -il, ou bien est-ce que je découvre une réalité ? Est -ce que je projette dans le cosmos les structures de mon esprit, ou bi
743 s le cosmos les structures de mon esprit, ou bien est -ce que j’épouse par l’esprit des structures objectives du réel ? Et l
744 ion vit dans ce doute jusqu’à l’angoisse parfois. Est -ce que je cède à quelque obscure détermination de mon désir, ou bien
745 elque obscure détermination de mon désir, ou bien est -ce que je réponds vraiment à un appel venu d’ailleurs ? D’où vient la
746 ent la voix ? Qui parle ? Moi, ou l’Autre ? Telle est la situation que crée dans l’homme l’intervention du Saint-Esprit. En
747 déficientes d’un point de la doctrine trinitaire. Est -il permis d’imaginer que les déviations ou les excès représentés par
748 lètent ces hérésies, ou peut-être en procèdent, —  fût -ce à l’insu de ceux qui les représentent ? Et n’aurait-on pas là le p
749 itique théologique du développement des arts ? Il est certain que si c’était le cas, l’on pourrait enfin dépasser le stade
750 des tentatives dans ce sens vaudraient la peine d’ être risquées — par des laïques en premier lieu. Fonction de l’art P
751 aquelle se fondent les pages qui précèdent. L’art est un exercice de tout l’être humain non point pour rivaliser avec Dieu,
752 es qui précèdent. L’art est un exercice de tout l’ être humain non point pour rivaliser avec Dieu, mais pour mieux coïncider
753 Edited by Stanley Romaine Hopper). Notre édition est réalisée sur la base de deux tapuscrits et d’un manuscrit français co
10 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 9. La crise moderne du mariage
754 idental du terme, sans un mariage à l’origine, il est clair que tous les problèmes de la famille sont pratiquement subordon
755 il est clair que tous les problèmes de la famille sont pratiquement subordonnés à ceux du couple. Tout ce qui touche aux rel
756 n couple fondant une famille. Cette éventualité n’ est pas imaginaire : notre société actuelle est bien près de la réaliser.
757 ité n’est pas imaginaire : notre société actuelle est bien près de la réaliser. La crise du couple, qui existe à l’état lar
758 rchie, la distinction des classes, le capitalisme étaient tombés les uns après les autres en divers pays, sans entraîner de mod
759 profonde s’opère sans bruit. Ses conséquences ne sont pas faciles à prévoir. Je me bornerai dans cette étude à décrire quel
760 iquement négligeable. Aujourd’hui, la situation s’ est retournée. Dans la majorité des cas, les facteurs collectifs que l’on
761 . (Notons que l’expression de « problème sexuel » est toute récente, elle n’apparaît que vers 1830.) Ce choix qu’on peut di
762 qu’on peut dire « libre » dans la mesure où il n’ est plus prédéterminé ou limité par des règles collectives, ce choix indi
763 ande majorité des mariages modernes, en Occident, est une fièvre généralement légère, considérée comme infiniment intéressa
764 étérogènes mais concomitantes, dont la romance ne serait que l’une et peut-être la moindre. À ses yeux, toutes les considérati
765 ives, de communion intellectuelle ou spirituelle, sont devenues secondaires : ce qui prime tout, c’est la romance. S’ils s’a
766 ables importent pour peu ou pour rien. Le temps n’ est plus, croit-on, des mariages de raison, de convention ou de convenanc
767 s de raison, de convention ou de convenance. Nous sommes libres, et cela signifie que nous épousons la femme ou l’homme que no
768 l, advienne que pourra. La seule chose importante est de s’assurer de l’authenticité du sentiment. S’il est vrai, il vaincr
769 de s’assurer de l’authenticité du sentiment. S’il est vrai, il vaincra tous les obstacles. Bien plus, il s’en nourrira, il
770 les. Bien plus, il s’en nourrira, il s’exaltera d’ être combattu par les conventions (jugées stupides par définition, ou tyra
771 es stupides par définition, ou tyranniques) et ce sera pour lui une promesse de durée, s’il en faut une. Mais c’est ici, pré
772 mance peut et doit vaincre tous les obstacles, on est cependant bien forcé de reconnaître qu’il est une chose contre laquel
773 on est cependant bien forcé de reconnaître qu’il est une chose contre laquelle elle ne peut rien, et qui en retour peut to
774 le : c’est la durée. Or il se trouve que la durée est le sens même, la raison d’être du mariage, du point de vue de la fami
775 trouve que la durée est le sens même, la raison d’ être du mariage, du point de vue de la famille et de la vie en société. On
776 même au nom duquel on le contracte encore. Telle est , à mon avis, la raison principale (je ne dis pas unique) du nombre de
777 des divorces et de sa constante croissance. Nous sommes en train d’essayer — et de rater — l’une des expériences les plus fol
778 ées une société civilisée : baser le mariage, qui est durée, sur la romance, qui est excitation passagère. De tous les moti
779 er le mariage, qui est durée, sur la romance, qui est excitation passagère. De tous les motifs de mariage que je résumais t
780 anière indirecte d’avouer que romance et durée ne sont pas compatibles. Au lieu de s’épuiser en vains efforts pour résoudre
781 départ les deux thèses suivantes : 1° La romance est par nature incompatible avec le mariage (même si elle l’a provoqué) c
782 vec le mariage (même si elle l’a provoqué) car il est de son essence de se nourrir d’obstacles, de retards, de séparation e
783 retards, de séparation et de rêve), tandis qu’il est de l’essence du mariage de réduire ou de supprimer quotidiennement mê
784 ariage pour les raisons précises au nom duquel il fut conclu. Éros et Agapè Il est clair qu’en parlant de « romance »
785 nom duquel il fut conclu. Éros et Agapè Il est clair qu’en parlant de « romance » je n’ai pas en vue l’amour en géné
786 en général, mais une certaine espèce d’amour qui est celle que cultive notre époque, et qu’elle prend trop souvent pour l’
787 ur faire voir à quel point ce pattern de relation est peu compatible avec le mariage, il convient d’en indiquer d’abord l’o
788 passion réciproque mais malheureuse. Cet obstacle sera d’abord le mari légitime (le roi Marc), et nous avons le fameux trian
789 deviendra la loi féodale chrétienne ; ou bien il sera symbolisé tout simplement par la séparation dans l’espace ; enfin il
790 leur amour, une épée nue, signe de chasteté. Quel est le rapport entre l’homme et la femme, dans cette passion ? C’est un r
791 C’est un rapport essentiellement imaginaire. Ce n’ est pas une communication réelle d’être à être, mais au contraire une dou
792 aginaire. Ce n’est pas une communication réelle d’ être à être, mais au contraire une double projection, une double fabulatio
793 e. Ce n’est pas une communication réelle d’être à être , mais au contraire une double projection, une double fabulation, une
794 aiserait. Il semble que la violence de la passion soit en raison directe de la solidité des obstacles, et non pas des qualit
795 n pas des qualités réelles des amants (lesquelles sont indiquées de la manière la plus vague et conventionnelle, dans le rom
796 vague et conventionnelle, dans le roman : Tristan est simplement « le plus fort », Iseut « la plus belle et blonde »). Si b
797 Iseut « la plus belle et blonde »). Si bien qu’on est en droit de dire que Tristan n’aime pas l’Iseut réelle, ni Iseut le T
798 t dans leur cœur, la brûlure elle-même, l’autre n’ étant que prétexte à brûler. Enfin, il faut relever le caractère d’intoxica
799 Le goût d’aimer, ou mieux, de se sentir aimer, d’ être in love, s’il s’est choisi des obstacles convenables, peut aller jusq
800 mieux, de se sentir aimer, d’être in love, s’il s’ est choisi des obstacles convenables, peut aller jusqu’à faire préférer à
801 sur le cadavre de Tristan : l’obstacle suprême qu’ est la mort a porté la passion à son climax. Cet amour lointain s’oppose
802 ans une construction quotidienne de la paix. L’un est désir, l’autre don et possession. L’un est passion (chose subie), l’a
803 . L’un est désir, l’autre don et possession. L’un est passion (chose subie), l’autre est action. L’amour-passion relève d’É
804 ssession. L’un est passion (chose subie), l’autre est action. L’amour-passion relève d’Éros, et l’amour-action d’Agapè 21.
805 ement. En termes de morale courante, Tristan peut être défini comme une glorification de l’adultère. Et l’on a vu que tous l
806 n a vu que tous les éléments de l’Éros passionnel sont propres à ruiner le mariage, ou au contraire à péricliter si le maria
807 maintenant de marquer que la romance parmi nous n’ est que le sous-produit vulgarisé de la passion illustrée par Tristan. Co
808 lustrée par Tristan. Comme la passion, la romance est une intoxication qui fait dire à ses victimes complaisantes : « C’est
809 ont perdu leur solidité et finissent toujours par être vaincus ou tournés, en sorte que la romance au lieu de culminer dans
810 ans un happy ending. Comme la passion, la romance est une manière de sentir l’amour plutôt que de l’agir, d’être in love pl
811 manière de sentir l’amour plutôt que de l’agir, d’ être in love plutôt que de love. Comme la passion donc, finalement, la rom
812 ve. Comme la passion donc, finalement, la romance est une forme narcissique de l’amour s’adressant à l’image de l’autre et
813 s’adressant à l’image de l’autre et non pas à son être concret, une projection de nostalgies intimes ou inconscientes et non
814 ntre passion et romance, c’est que cette dernière est par définition passagère, et cela tient à la débilité des obstacles d
815 te dernière est par définition passagère, et cela tient à la débilité des obstacles dont elle trouve encore à se nourrir. La
816 e fidélité jusqu’à la mort, fidélité à un rêve il est vrai, fidélité à ses propres désirs plutôt qu’à la personne qui était
817 à ses propres désirs plutôt qu’à la personne qui était le prétexte, mais conservant au moins ces deux traits importants de l
818 rendant la poursuite si excitante, voici qu’elle est devenue un être bien réel à mes côtés, et qui passe des heures, jour
819 rsuite si excitante, voici qu’elle est devenue un être bien réel à mes côtés, et qui passe des heures, jour et nuit, à chang
820 eaux mariages sans plus d’avenir. Cette situation est devenue la plus banale dans notre société. À tel point que nos contem
821 notre société. À tel point que nos contemporains sont convaincus que « la vie va ainsi », qu’elle l’a toujours été et le re
822 cus que « la vie va ainsi », qu’elle l’a toujours été et le restera toujours. Croyance doublement erronée, au regard de l’h
823 de l’historien des mœurs. Car primo, si « la vie est ainsi », c’est qu’à partir du xiie siècle, les Occidentaux ont adopt
824 ratures, aujourd’hui de nos films. Et secundo, il est fort peu probable que si « la vie est ainsi » elle le restera toujour
825 secundo, il est fort peu probable que si « la vie est ainsi » elle le restera toujours, car aucune société humaine ne saura
826 Au seuil de l’anarchie qui nous menace, il ne serait que trop facile d’énumérer les « remèdes » ou les correctifs aptes à
827 x vertus ancestrales ». Par malheur, ces conseils seraient vains. On ne « revient » jamais à rien, surtout dans le domaine des m
828 nes des vertus qu’affirmaient nos ancêtres, ce ne serait pas à la suite des conseils que quelques sages lui prodigueraient, ma
829 collectiviste. nazis, fascistes et stalinistes se sont accordés sur ce point : la famille, cette cellule sociale, ne doit pl
830 : la famille, cette cellule sociale, ne doit plus être exposée aux atteintes du plus antisocial des sentiments : la passion,
831 la procréation en général. La « science » sociale était chargée d’éliminer progressivement toute espèce de choix arbitraire,
832 t de certificats politiques. La Russie n’a jamais été si loin. Après avoir balayé sous Lénine toutes les lois relatives au
833 tives au mariage, au divorce, aux enfants, elle s’ est bornée à recréer un code qui ressemble à s’y méprendre à celui des pa
834 on extrême des valeurs romanesques ou romantiques est en train de se révéler beaucoup plus dangereuse pour la romance que l
835 mme la vraie passion, a besoin pour s’enflammer d’ être combattue, empêchée, et dans une certaine mesure officiellement répro
836 trop vite dans la réalité, où il s’enlise. « Ce n’ est pas Amour, qui tourne à la réalité », écrivait au xiie siècle déjà u
837 galité politique, juridique et surtout économique est peut-être le facteur principal de cette évolution. Le seul fait que l
838 e à elle, oblige l’homme à la considérer comme un être réel et autonome, avec lequel il devra composer pratiquement, et dont
839 t dont il devra respecter les initiatives. Un tel être se prête assez mal à la projection nostalgique du rêve intime de l’am
840 ction nostalgique du rêve intime de l’amant. Ce n’ est plus un objet de contemplation, mais un sujet agissant pour son compt
841 a double rêverie narcissique. Et dans ce dialogue seront réintroduites les considérations de milieu social, de ressources maté
842 mercialisation de la romance. Nous avons vu qu’il est de l’essence de la passion de s’exalter dans la révolte contre les do
843 is la passion perd son ressort intime lorsqu’elle est advertisée à chaque page des magazines et à chaque pas dans la rue. N
844 uchons aujourd’hui au point où la romance, loin d’ être un état d’exception délicieusement intéressant même dans ses tourment
845 re une conduite conformiste. Le jeune homme qui n’ est pas in love essaie de cacher cette particularité à ses camarades, se
846 ses camarades, se demande ce qui lui manque pour être comme tout-le-monde, c’est-à-dire comme les héros des films ou des sh
847 hème littéraire par excellence (la paix du couple étant au contraire « sans histoire », donc très difficile à décrire) a cont
848 a Rochefoucauld se demandait : « Combien d’hommes seraient amoureux s’ils n’avaient pas entendu parler d’amour ? » Nous pouvons
849 ce, ces créations artificielles de l’Occident, ne sont liées à la sexualité que d’une manière dialectique, paradoxale. Dévie
850 e d’une manière dialectique, paradoxale. Dévier n’ est pas synonyme d’être in love, et la possession prématurée de l’être qu
851 lectique, paradoxale. Dévier n’est pas synonyme d’ être in love, et la possession prématurée de l’être qu’on désire tue bien
852 d’être in love, et la possession prématurée de l’ être qu’on désire tue bien souvent les possibilités de romance. « D’Amor m
853 t la chasteté, disait un troubadour : l’inverse n’ est pas moins vrai. C’est pourquoi les périodes romantiques de la littéra
854 c les périodes puritaines. (Le roman victorien en est le meilleur exemple.) Or il semble que nous entrions dans une période
855 er le goût de la romance, au moment où celle-ci s’ est répandue jusque dans les masses populaires, et met en cause la stabil
856 alliance des égaux Il faut s’y résoudre : tout est paradoxe de ce qui touche à la passion. Elle se nourrit des obstacles
857 ourir un homme pour l’image d’une femme dont il n’ est pas sûr qu’il l’aimerait s’il devait partager son existence ; elle ap
858 l donc déplorer sa décadence ou s’en réjouir ? Il serait vain de répondre à cette question d’une manière unilatérale. Si, par
859 e dans les rapports entre l’homme et la femme, il est probable que nos descendants s’ennuieront. Ils éprouveront un manque
860 la place.) Tuer la romance, ou ce qu’il en reste, sera perdre autant que gagner. Seule une vie spirituelle intense serait ca
861 ant que gagner. Seule une vie spirituelle intense serait capable de combler l’absence du « tourment délicieux », et de rendre
862 bg S’attaquer à la romance au nom de la moralité serait une erreur, car elle fascine dans la mesure où elle constitue un inte
863 elle constitue un interdit, et meurt lorsqu’elle est universellement approuvée. Nous pourrions limiter ses qualités danger
864 en montrant simplement aux jeunes que, quelle que soit sa valeur, la romance ne peut être au fondement du mariage. Épouser q
865 ue, quelle que soit sa valeur, la romance ne peut être au fondement du mariage. Épouser quelqu’un « pour la vie » à cause d’
866 pour la vie » à cause d’une fièvre de deux mois n’ est pas un acte de courage mais de stupidité. Nous ferions sans doute bie
867 stupidité. Nous ferions sans doute bien de ne pas être aussi sévères à l’égard des films et des romans qualifiés d’« indécen
868 e nous montrer un type de mariage moderne, qui ne soit plus basé uniquement sur « l’amour », le quiproquo de deux rêves, mai
869 nt les attitudes morales actuelles quant à ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. L’apport de Freud réside dans le f
870 lles quant à ce qui est acceptable et ce qui ne l’ est pas. L’apport de Freud réside dans le fait qu’il nous a permis de dis
871 t en prolongeant la soif de romance, même si elle est condamnée par les nouvelles réalités sociales. Ceux qui parlent de no
872 alités sociales. Ceux qui parlent de notre époque seraient utiles s’ils exprimaient des valeurs qui correspondent aux faits soci
873 a perte des illusions romantiques. Leur influence serait importante s’ils décrivaient des exemples de fidélité promise, de par
874 du jeu toujours changeant des sentiments. Car ce sont ces valeurs positives qui constituent le véritable style et l’excelle
875 1949. Edited by Ruth Nanda Anshen). Notre édition est réalisée sur la base du manuscrit conservé à la Bibliothèque publique
876 édaction du texte. bf. L’intertitre du manuscrit est « Réactions à prévoir ». bg. Depuis « Cela fait… » jusqu’à la fin du
877 Cela fait… » jusqu’à la fin du chapitre, le texte est directement traduit de l’édition américaine, en raison d’une page man
11 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 10. Le défi du marxisme
878 os, que l’opération les laisse indifférents : ils sont sur le plan de l’histoire, non des vérités éternelles. Placez-vous do
879 xemple. Constatez, comme beaucoup l’ont fait (qui sont sans aucun doute les plus honnêtes), que la dictature de Staline se r
880 venir dialectique », dont la dictature actuelle n’ est qu’un stade nécessaire, mais provisoire. Vous voilà rejeté sur le pla
881 tte fameuse dialectique : vous apprendrez qu’elle fut inventée par Hegel, qui eut le tort de la fonder sur l’Esprit, ce qui
882 qui eut le tort de la fonder sur l’Esprit, ce qui était proprement la poser sur la tête : que le génie de Marx l’a remise sur
883 et agir au niveau du réel ; que son but primitif était de détruire l’État au profit de l’homme concret, non sans avoir d’abo
884 e-même, avec les derniers opposants. Vous pensiez être dans l’histoire, dans le réel : on vous invite maintenant à n’en pas
885 ici, un jugement d’allure politique. Mais ce qui est grave, c’est de voir tant d’intellectuels défendre ces manœuvres au n
886 sert alors de discuter, de confronter ? « Rien ne sera juste à cette balance » (Pascal). Je m’en voudrais d’exploiter l’équi
887 et qu’il faut donc transformer toutes choses, tel est , je crois, l’acte initial, mais aussi la passion constante du communi
888 dans sa forme, avec le mouvement du chrétien (qui est sa lutte contre le péché) les plus frappantes analogies ? Sur ce plan
889 ce plan seul, il m’apparaît qu’une confrontation soit possible. L’homme d’abord, ou le monde d’abord ? Le marxiste, t
890 reconnu que l’homme n’existe pas isolément, qu’il est un être « en relation », qu’il est lié à une société23. Mais encore,
891 que l’homme n’existe pas isolément, qu’il est un être « en relation », qu’il est lié à une société23. Mais encore, à l’inst
892 olément, qu’il est un être « en relation », qu’il est lié à une société23. Mais encore, à l’instar du chrétien, le marxiste
893 r le tout de l’homme, et ne le peut pas. Car elle est divisée contre elle-même, et fait de l’homme qui s’abandonne à elle u
894 ême, et fait de l’homme qui s’abandonne à elle un être antinomique, « divisé », et comme « aliéné » de ce qu’il y a de plus
895 te de « cette aliénation de soi », qui selon Marx serait le fait de toutes les sociétés passées, y compris le communisme primi
896 reconnaissance d’une corruption fondamentale, qui est le péché originel. Il s’ensuit que pour le marxiste, aussi bien que p
897 Ne vous conformez pas à ce siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre sens, afin que vous discer
898 nt de votre sens, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. Dans les de
899 discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. Dans les deux cas, il s’agit du même mot :
900 er ; et il s’agit de transformer en tant que l’on est proprement humain (c’est-à-dire en tant que l’on obéit à l’Esprit, po
901 x). Il s’agit donc d’action. Il s’agit d’attester soit la foi, par une réalisation des volontés de Dieu, contrariant celles
902 volontés de Dieu, contrariant celles du siècle, —  soit la pensée, par une action26 qui ne peut être que révolutionnaire. Et
903 e, — soit la pensée, par une action26 qui ne peut être que révolutionnaire. Et cependant l’opposition de Marx et de l’apôtre
904 fait de cette opposition centrale qu’il importe d’ être bien au clair, si l’on veut comprendre pourquoi la pratique et les fi
905 a jamais assez que la doctrine originelle de Marx est avant tout la mise en forme d’une polémique. Elle est, très consciemm
906 avant tout la mise en forme d’une polémique. Elle est , très consciemment, conditionnée par la situation de l’Europe occiden
907 la volonté de la changer. En particulier, elle n’ est « matérialiste », au sens vulgaire, que dans la mesure où la mentalit
908 e dans la mesure où la mentalité de l’époque peut être qualifiée — et se qualifie elle-même — de spiritualiste, au sens le p
909 ste, au sens le plus contestable du terme. Quelle était , du point de vue religieux, la situation qui se présentait à Marx ? C
910 ouvriers. Ni d’appeler justice, au besoin, ce qui était utile aux maîtres. La religion ne semblait plus gêner personne27. Ell
911 arx ne perd pas son temps à dénoncer l’erreur qui est à la base d’une pareille imposture : il la sait trop profondément enr
912 ait trop profondément enracinée dans l’homme pour être atteinte par une simple critique philosophique28. Or cette critique p
913 philosophique28. Or cette critique philosophique est la seule arme dont il disposerait sur le plan de l’« esprit », car il
914 l disposerait sur le plan de l’« esprit », car il est incroyant. D’ailleurs, ce n’est pas l’« esprit » qu’il veut sauver, m
915  esprit », car il est incroyant. D’ailleurs, ce n’ est pas l’« esprit » qu’il veut sauver, mais l’homme, que les spiritualis
916 guments : ceux que l’on dit « matérialistes ». Ce seront d’une part la violence prolétarienne, d’autre part la « science » inf
917 disons : la culture, l’esprit, et l’âme si l’on y tient — il faut commencer par le nier. L’« esprit » du bourgeois spirituali
918 e nier. L’« esprit » du bourgeois spiritualiste n’ est qu’une caricature, mais ses ravages sont déjà tels qu’on ne peut plus
919 ualiste n’est qu’une caricature, mais ses ravages sont déjà tels qu’on ne peut plus songer à rétablir la vérité par des moye
920 s matérialisme dialectique, pour indiquer qu’il n’ est que provisoire, instrumental, qu’il doit servir au bout du compte la
921 quelle contient aussi l’« esprit » — bref qu’il n’ est en somme qu’une tactique. Faisons de nécessité vertu. Proposons-nous
922 pas démontré déjà que la culture, par exemple, n’ est qu’un « reflet » du processus économique ? On voit ainsi comment Marx
923 Marx lui-même se prend à son jeu polémique. Ce ne fut guère qu’à la fin de sa carrière que son ami Engels en découvrit le d
924 e danger. « Marx et moi — écrit-il en 1890 — nous sommes peut-être responsables de ce que parfois nos disciples ont insisté pl
925 l ne convenait sur les facteurs économiques. Nous étions forcés d’insister sur leur caractère fondamental, par opposition à no
926 En effet, de ce « mensonge » opportuniste qu’ était le matérialisme polémique, promu par un glissement inévitable au rang
927 vulgaire, que Marx avait tout d’abord combattu29, est devenu, après lui, un mensonge absolu exactement symétrique de celui
928 ’homme à croire que la cause de tous ses malheurs est dans les choses, et non dans lui. (Il n’en fut pas conscient, et pour
929 rs est dans les choses, et non dans lui. (Il n’en fut pas conscient, et pourtant il en est responsable, nous reviendrons pl
930 ui. (Il n’en fut pas conscient, et pourtant il en est responsable, nous reviendrons plus tard sur ce point.) Le peuple — et
931 qui prêchent que l’argent ne fait pas le bonheur, sont simplement des exploiteurs, qui ont l’argent et qui veulent le garder
932 ctrine de Marx ? Qu’importe, puisque le but final est la richesse, mère du bonheur. N’est-ce pas là ce que voulait Marx ? R
933 le but final est la richesse, mère du bonheur. N’ est -ce pas là ce que voulait Marx ? Résumons : Marx n’a pas voulu le maté
934 idéologie », de « tactique » communistes. Mais ce serait introduire une confusion irrémédiable que de parler dans le même sens
935 r la théorie d’une pratique30. Le christianisme n’ est pas un programme ; ni, comme le disent certains primaires marxistes,
936 e. (Je dirais bien totalitaire, si le mot n’avait été pareillement perverti par les caricatures séculières de la révolution
937 a pour mission actuelle d’obéir à une Parole qui est Jésus-Christ, le Médiateur. Mais cette Parole juge « le monde » qui l
938 31 constituent la révolution la plus radicale qui soit , disons mieux : la seule radicale. Et toutes les autres, dans notre O
939 cident troublé par un message qu’il méconnaît, ne sont que les reflets énigmatiques de cet événement primordial — ses succéd
940 « Ne vous conformez pas à ce siècle présent, mais soyez transformés… » Cela ne signifie pas, pour un chrétien, que « le monde
941 signifie pas, pour un chrétien, que « le monde » soit abandonné. Cela ne signifie pas qu’une fois opérée cette transformati
942 es lois d’un monde qu’il condamne ! Car alors, où serait son refus ? Et quelle preuve aurions-nous de sa transformation ? Une
943 mé par la foi. L’homme nouveau, selon l’Évangile, est un homme qui a changé de sens. Il est orienté autrement, comme l’indi
944 l’Évangile, est un homme qui a changé de sens. Il est orienté autrement, comme l’indique le mot conversion. Obéissant à la
945 sponsable à l’endroit du monde. Car si le monde s’ est livré à l’injustice et au désordre, c’est par la faute de l’homme, qu
946 t au désordre, c’est par la faute de l’homme, qui était son roi, et qui a trahi. Et tout péché individuel répète et aggrave c
947 e, obligation d’agir pour racheter le mal commis, sont trois moments indivisibles de la « transformation » dont parle Paul.
948 de la « transformation » dont parle Paul. L’un n’ est pas concevable, sérieusement, sans l’autre. « Toute droite connaissan
949 Dieu naît de l’obéissance », écrit Calvin. Et que serait une obéissance qui ne se manifesterait pas ? La transformation person
950 e l’Évangile, ne peut donc se traduire, si elle s’ est faite, que par une action du chrétien : contre le monde dans sa forme
951 i devient transformateur du monde — ou sinon il n’ est pas converti — mais encore toute transformation de la forme actuelle
952 formation de la forme actuelle des choses, qui ne serait pas l’effet d’une conversion des hommes, ne doit être aux yeux du chr
953 pas l’effet d’une conversion des hommes, ne doit être aux yeux du chrétien, qu’une réforme sans grande portée. Voilà qui pa
954 paraîtra plus scandaleux. Et cependant l’Évangile est formel : « Que servirait à un homme de gagner le monde, s’il perdait
955 eul gage du salut total ? Alors, va-t-on, si l’on est converti, laisser le monde aller son train, et les guerres se déchaîn
956 se déchaîner, et les chômeurs mourir de faim ? Ce serait prouver qu’on n’est pas converti. J’agirai donc, toutefois non pour l
957 ômeurs mourir de faim ? Ce serait prouver qu’on n’ est pas converti. J’agirai donc, toutefois non pour le monde, et non pour
958 formé. Si je n’avais pas cette reconnaissance, ce serait que j’ignore mon salut. Mais si je connais mon salut, je ne puis supp
959 adressent les chrétiens et les marxistes Telle étant donc la conception chrétienne de l’homme, seul responsable du mal qui
960 hrétienne de l’homme, seul responsable du mal qui est dans le monde, on comprendra que l’état d’esprit marxiste lui apparai
961 éviation grossière, dira-t-on ; mais pouvait-elle être évitée ? Marx n’avait-il pas dit qu’il fallait commencer par changer
962 mps plus paisibles l’évangélisation — sa raison d’ être — il se fût consacré aux tâches plus urgentes : donner du pain et des
963 ibles l’évangélisation — sa raison d’être — il se fût consacré aux tâches plus urgentes : donner du pain et des spectacles
964 r du pain et des spectacles à la foule. Mais Paul était apôtre et non pas dictateur. C’est pourquoi son message nous est enco
965 on pas dictateur. C’est pourquoi son message nous est encore prêché. Il annonçait aux hommes non pas la haine et le cynisme
966 mme changé. Trop beau tout cela ! Trop beau pour être vrai, dit le marxiste. (Chrétien, changé, je suis encore assez « viei
967 être vrai, dit le marxiste. (Chrétien, changé, je suis encore assez « vieil homme » pour le comprendre.) Sur quoi repose cet
968 fit-il à vous nourrir, personnellement, mais ce n’ est pas cela qui supprime la misère, qui empêche la guerre, qui change le
969 stes, si aveuglement enthousiastes, c’est qu’il s’ est trouvé seul à protester contre le monde tel qu’il va. On dira : c’est
970 tout le malheur dont en vérité le péché de chacun est responsable. L’observation est juste ; elle est insuffisante. Ce qui
971 le péché de chacun est responsable. L’observation est juste ; elle est insuffisante. Ce qui explique en dernier ressort le
972 n est responsable. L’observation est juste ; elle est insuffisante. Ce qui explique en dernier ressort le succès « religieu
973 la seule espérance véritable et certaine n’a plus été prêchée au monde avec une force d’attaque assez gênante et bouleversa
974 bouleversante. C’est que l’« esprit » qui devait être l’agent du changement total, perpétuel et seul réel, est devenu le ga
975 gent du changement total, perpétuel et seul réel, est devenu le gardien des conformismes, ou du moins n’a pas su, par excès
976 es foules le considèrent comme tel. Les chrétiens sont bien plus responsables des succès de Marx auprès des foules, que le m
977 ccès de Marx auprès des foules, que le marxisme n’ est responsable du déclin des Églises dans le monde moderne. C’est pourqu
978 st pourquoi les reproches du marxiste au chrétien sont humainement bien plus valables que ceux du chrétien au marxiste. En g
979 Marx se trompe et réussit, c’est parce que Christ est mal prêché par ses disciples (que ce soit en paroles ou en actes). Si
980 e Christ est mal prêché par ses disciples (que ce soit en paroles ou en actes). Si les chrétiens gardaient une conscience pl
981 te ne vaut rien, alors que l’objection chrétienne est imparable. Quand un marxiste me reproche de me contenter d’un changem
982 et qui n’affecte en rien le cours des choses, je suis fondé à lui répondre : « Ton reproche s’adresse à mon hypocrisie, à m
983 non pas du tout à la foi. Car la foi, dit Luther, est ‟une chose inquiète”, on ne l’a pas impunément, et si on l’a, cela se
984 ent. Ce que tu me reproches, c’est, en fait, de n’ être pas assez chrétien ! Tu m’incites donc à le devenir davantage, quand
985 pour un dialecticien ! Si tu dis que le chrétien est celui qui ne fait rien, tu prouves simplement que tu ignores tout du
986 ores tout du christianisme. » (Je répète que ce n’ est pas sa faute, à ce marxiste, mais notre faute, et tout d’abord la mie
987 aliste actuelle, je ne passe pas à côté de ce qui est essentiel chez Marx. Je ne critique pas une erreur contingente. Je ne
988 as une erreur contingente. Je ne dis pas : vous n’ êtes pas assez marxistes ! Je dis : dès le départ, dès l’origine doctrinal
989 intrinsèquement, et dans la mesure exacte où l’on est un marxiste convaincu, non point dans la mesure où l’on trahit le mar
990 véritable décision. Certains, frappés comme je le suis , par les ressemblances formelles indiscutables que présentent la volo
991 stinctions décisives. La pratique du communisme n’ est justiciable, en soi, que d’une critique politique, économique, histor
992 sous le coup de la seule critique théologique, ce sont les buts derniers du communisme et les postulats qu’il suppose. Qu’on
993 postulats qu’il suppose. Qu’on me permette ici d’ être un peu schématique pour plus de clarté. Il me paraît que l’opposition
994 le christianisme prépare un Royaume éternel, qui sera celui de Dieu, non de la Terre. Tous deux sont eschatologiques, en ce
995 ui sera celui de Dieu, non de la Terre. Tous deux sont eschatologiques, en ce sens qu’ils rapportent leur accomplissement à
996 ela pour sauver l’URSS.) Mais l’eschaton chrétien est au-delà de ce temps, est éternel, et par là même peut être immédiatem
997 Mais l’eschaton chrétien est au-delà de ce temps, est éternel, et par là même peut être immédiatement présent dans notre cœ
998 elà de ce temps, est éternel, et par là même peut être immédiatement présent dans notre cœur37 alors que l’eschaton marxiste
999 la Révélation en Personne. Et du coup le Royaume est au-dedans de lui. Cet homme n’est plus le maître de sa vie. Il est l’
1000 coup le Royaume est au-dedans de lui. Cet homme n’ est plus le maître de sa vie. Il est l’agent d’une vocation venue d’aille
1001 lui. Cet homme n’est plus le maître de sa vie. Il est l’agent d’une vocation venue d’ailleurs, mais pour lui seul et ici-ba
1002 pensée la plus intime. Dès maintenant sa personne est recréée. Dès maintenant, elle entre en conflit avec le monde et ses f
1003 Présence actuelle. Il fait un pari dont l’objet n’ est pas accessible aujourd’hui. Il mise son action immédiate sur un fait
1004 i. Il mise son action immédiate sur un fait qui n’ est pas accompli, l’histoire n’ayant jamais connu de réalisation de commu
1005 ommunisme. Ainsi, des deux, c’est le marxiste qui est l’utopiste ; et c’est le chrétien qui est le réaliste. (J’entends bie
1006 ste qui est l’utopiste ; et c’est le chrétien qui est le réaliste. (J’entends bien : le chrétien véritable…) Le marxiste di
1007 de lui ce qui s’oppose à son bien souverain. S’il est chrétien, il sait qu’il est membre d’un corps qui porte toutes les ma
1008 bien souverain. S’il est chrétien, il sait qu’il est membre d’un corps qui porte toutes les marques du péché. Il est alors
1009 n corps qui porte toutes les marques du péché. Il est alors en face du monde, et au nom même de sa foi, dans la posture d’u
1010 ut se développer38. Mais le marxiste, quelles que soient la souffrance et la colère qu’il éprouve devant les injustices présen
1011 tes, du fait qu’il croit que l’intérêt de l’homme est seul en jeu — et de l’homme tel qu’il le conçoit, être social — se ve
1012 seul en jeu — et de l’homme tel qu’il le conçoit, être social — se verra fatalement neutralisé dans son effort par les gains
1013 t final. Car cet accomplissement, ou plénitude, n’ est jamais qu’un futur théorique, — si passionnée que soit l’espérance du
1014 jamais qu’un futur théorique, — si passionnée que soit l’espérance du marxiste — et non pas une présence exigeante et totale
1015 omme en 1789 et en 1917), il faudrait que l’homme soit délivré de son péché, « changé », sorti du plan, précisément, où le m
1016 quement une volonté de changer tout ce qui peut l’ être  ; mais aussi, cela suppose certains moyens d’action qui ne sauraient
1017 suppose certains moyens d’action qui ne sauraient être les mêmes dans les deux cas, si la fin seule justifie les moyens39. L
1018 présent, la loi d’amour et de justice, même s’il était commis au nom des intérêts de l’Église chrétienne, détruirait en fait
1019 el abstrait. Car le gage de l’action chrétienne n’ est pas futur, mais éternel et donc présent. Si, pour sauver le futur de
1020 cifie le Christ et je m’oppose à son retour. Il n’ est donc pas d’» opportunisme » chrétien qui tienne, et tous les moyens d
1021 Il n’est donc pas d’» opportunisme » chrétien qui tienne , et tous les moyens du chrétien doivent être aussi purs que sa fin. T
1022 ui tienne, et tous les moyens du chrétien doivent être aussi purs que sa fin. Tout autre est le cas du marxiste. N’ayant pas
1023 en doivent être aussi purs que sa fin. Tout autre est le cas du marxiste. N’ayant pas derrière lui de modèle accompli, ni e
1024 de marxistes s’en indigner, mais je doute qu’ils soient bien conséquents, et que leur indignation traduise la vraie volonté d
1025 , plutôt qu’un reste d’humanisme libéral. Le fait est que la grosse majorité des communistes suit Staline. D’où il résulte
1026 ison d’État », et jusqu’à la guerre s’il le faut, sont des moyens parfaitement acceptables en tant qu’ils servent le progrès
1027 s de salut présent ni éternel, puisque le salut n’ est pas pour eux de toute façon, mais pour les descendants de leurs desce
1028 liter en sa faveur : l’alternative où il se place est sans issue. Car ou bien il accepte les disciplines d’action que lui i
1029 s alors pour sauver le monde, il perd sa raison d’ être personnelle, et renie justement cette foi qu’il croyait mieux servir
1030 formuler simplement : la fin dernière du chrétien est présente en chacun de ses actes, ou bien n’est pas ; tandis que la fi
1031 en est présente en chacun de ses actes, ou bien n’ est pas ; tandis que la fin dernière du marxiste est un avenir absolument
1032 ’est pas ; tandis que la fin dernière du marxiste est un avenir absolument hétérogène aux actions qu’il peut faire aujourd’
1033 fini, et n’engage que certaines dispositions de l’ être , celles-là précisément que l’avenir socialiste, la société sans class
1034 nsformation de l’homme importe seule, puisqu’elle est , en effet, l’essentiel, et le but de tout autre changement. J’en vois
1035 j’entends bien que les sacrifices qu’ils font ne sont pas seulement « spirituels », entraînent des risques financiers, et m
1036 ne peut pas tout faire ! Quand beaucoup d’hommes seront changés, beaucoup de problèmes se poseront autrement… » Je veux les c
1037 courent au plus pressé. Mais le marxiste aussi me tenait ce raisonnement, pour justifier une action tout inverse. Je pense qu’
1038 itualiste qui menace notre vie chrétienne, et qui est la cause certaine des succès du marxisme. Tant que les chrétiens ne c
1039 , me semble-t-il, une question de solidarité, qui est une forme de la charité. Parfois aussi le devoir chrétien peut appara
1040 s, ce que signifie la menace totalitaire, qu’elle soit fasciste ou soviétique : c’est la « mise au pas » de nos vies et de t
1041 s, au service de l’État déifié. Cette situation n’ est pas sans rappeler celle de l’Empire romain au premier âge du christia
1042 lus haut. Toutefois, l’un des facteurs au moins s’ est modifié notablement : les chrétiens ne forment plus des groupuscules
1043 alogue, et au devoir d’amour chrétien. Le conflit est inévitable. Suffira-t-il dès lors de se laisser persécuter ? N’avons-
1044 ous-mêmes à sauver, alors que nos erreurs passées sont pour une part, peut-être capitale, dans le malheur universel qui vien
1045 ? Or toute attente passive, si courageuse qu’elle soit , devient dans le cas présent une complicité. L’État totalitaire ne sa
1046 n protestant, et je précise : un calviniste, doit être ici en mesure de répondre. De toutes les Églises chrétiennes, l’Églis
1047 utes les Églises chrétiennes, l’Église calviniste est en effet la plus antitotalitaire par essence. Je ne rappelle qu’en pa
1048 religion qui les précèdent : on sait assez que ce fut la lutte d’une royauté déjà « totalitaire » contre des groupes, loyal
1049 « totalitaire » contre des groupes, loyalistes il est vrai, mais réfractaires à certaine mise au pas. Il serait peut-être a
1050 rai, mais réfractaires à certaine mise au pas. Il serait peut-être abusif de déduire d’une situation déterminée par la persécu
1051 nité spirituelle. Et les suites de cette création sont encore visibles aujourd’hui : nulle part l’esprit totalitaire n’a tro
1052 tte des Églises contre l’emprise morale de l’État fut menée, on le sait, par Karl Barth : c’est-à-dire par un calviniste… J
1053 ndre la portée de ce fait en l’opposant, comme il serait facile, à l’esprit unitaire et impérial qui anime l’Église de Rome. L
1054 nisme, que nous voyons gagner toutes les Églises, est une promesse à laquelle nous devons croire de toute la force de notre
1055 strictement personnel, un « charisme » dont nous sommes responsables. Nous ne pouvons donc pas approuver une forme d’État qui
1056 munauté pour tous les hommes qui la composent. Ne fût -ce que pour cette seule raison — et j’en ai mentionné plusieurs autre
1057 e, le stalinisme : une guerre de religions qui ne sont pas les nôtres. Je prends ici parti contre une telle entreprise, pour
1058 es aspirations valables et généreuses du marxisme sont autant d’essais de sauvetage de vérités chrétiennes égarées, déformée
1059  mises sous le boisseau par les chrétiens ». Cela est vrai même de l’aspiration totalitaire, qui est monstrueuse dans ses f
1060 la est vrai même de l’aspiration totalitaire, qui est monstrueuse dans ses formes actuelles, mais qui traduit encore, obscu
1061 en, vers une économie sauvée : le Royaume où Dieu est « tout en tous ». Si les Églises chrétiennes ont à souffrir demain pa
1062 tyrannique, il faut qu’elles sachent qu’elles en sont responsables, dans la mesure où elles cédèrent, jadis, aux tentations
1063 lières. Si la culture et si nos libertés civiques sont brimées, par le fait d’une doctrine et d’un État « matérialistes », i
1064 tat « matérialistes », il faut savoir que nous en sommes les responsables, dans la mesure où nous cultivons un esprit détaché
1065 tentation spiritualiste. 22. « Le communisme n’ est pas pour nous un état qui doive être créé, un idéal… Nous appelons co
1066 communisme n’est pas pour nous un état qui doive être créé, un idéal… Nous appelons communisme le mouvement effectif qui su
1067 réalité présente. Les conditions de ce mouvement sont données par cette situation » (Marx, Deutsche Ideologie). 23. « Nous
1068 tuation » (Marx, Deutsche Ideologie). 23. « Nous sommes tous membres les uns des autres » (Rom., 12, 5). D’autre part, Marx n
1069 e même pour le chrétien, la foi sans les œuvres n’ est pas la foi (Jacq., 2, 26). Et Luther même n’a jamais dit autre chose,
1070 faut en user, certes, mais elle ne suffit pas. «  Être radical consiste à attaquer le mal dans la racine. Mais la racine, c’
1071 humains personnels, sans quoi le matérialisme ne serait pas « dialectique ». « La coïncidence de la modification des circonst
1072 é humaine, ou transformation personnelle, ne peut être rationnellement comprise que comme une activité révolutionnaire. » Ph
1073 0. Selon Karl Barth, par exemple, la dogmatique n’ est qu’une question perpétuelle, une autocritique si l’on veut, que l’Égl
1074 te d’humilité ; car toute parole humaine sur Dieu est nécessairement inadéquate en soi, et ne peut être qu’un renvoi à la R
1075 est nécessairement inadéquate en soi, et ne peut être qu’un renvoi à la Révélation seule parfaite, à Jésus-Christ. La « doc
1076 seule parfaite, à Jésus-Christ. La « doctrine » n’ est ainsi qu’une mesure critique que l’Église prend de son message sous l
1077 . Elle ne présente rien que l’on puisse comparer, fût -ce le plus superficiellement, à un programme théorique qu’il s’agirai
1078 établir un parallèle — sans doute dangereux — ce serait la Personne vivante de Jésus-Christ, et non pas la théologie, simple
1079 dire ici : « tendre vers… » 32. Ma supposition n’ est pas toute gratuite : elle s’est réalisée plus tard sous Constantin pa
1080 Ma supposition n’est pas toute gratuite : elle s’ est réalisée plus tard sous Constantin par des moyens légaux, il est vrai
1081 us tard sous Constantin par des moyens légaux, il est vrai, mais avec les mêmes inconvénients. Certes il y a des lois de l’
1082 utes les révolutions de l’histoire de l’Occident, sont sorties de la religion chrétienne. Toute autre cause est secondaire. 
1083 ties de la religion chrétienne. Toute autre cause est secondaire. » Et Henri de Man : « Je crois qu’il n’y a jamais eu de t
1084 jamais eu de tentative révolutionnaire qui n’ait été d’origine chrétienne. S’il n’y a pas de socialisme en Asie, cela tien
1085 ienne. S’il n’y a pas de socialisme en Asie, cela tient à l’absence du christianisme. » Je note ici, à l’appui des dires de d
1086 de Man, que le mouvement syndicaliste au Japon a été fondé par un chrétien, Kagawa. 34. Je ne dis pas « les conditions ph
1087 it observer que des facteurs très essentiels de l’ être même peuvent varier selon les milieux et la nature des institutions.
1088 tendu « primordial » de propriété, peut très bien être anéanti chez l’homme par un régime communiste.) Que reste-t-il dans l
1089 par un régime communiste.) Que reste-t-il dans l’ être humain d’absolument irréductible à toute transformation sociale ? La
1090 te d’une de ces conditions conduit nécessairement soit à l’idéalisme, soit à son renversement matérialiste. Le stalinisme to
1091 itions conduit nécessairement soit à l’idéalisme, soit à son renversement matérialiste. Le stalinisme totalitaire résulte né
1092 re à frapper les regards et l’on ne dira pas : il est ici, ou bien : il est là ! Car voici que le Royaume de Dieu est au-de
1093 ds et l’on ne dira pas : il est ici, ou bien : il est là ! Car voici que le Royaume de Dieu est au-dedans de vous ! » (Luc,
1094 en : il est là ! Car voici que le Royaume de Dieu est au-dedans de vous ! » (Luc, 17, 20-25.) 38. Je parle ici, l’on m’ent
1095 Je parle ici, l’on m’entend bien, de ce que doit être un chrétien conséquent. Il est trop clair que nous restons, tous tant
1096 n, de ce que doit être un chrétien conséquent. Il est trop clair que nous restons, tous tant que nous sommes, bien en arriè
1097 t trop clair que nous restons, tous tant que nous sommes , bien en arrière de notre vocation. La plupart de nos trahisons vienn
1098 plus pieux du recueil anglais, sir John Browning, est le même homme qui contraignit la Chine, sous la menace des canons, à
1099 . 39. Je prends l’expression dans ce sens, qui n’ est pas le sens jésuite courant : que la fin seule doit indiquer les moye
1100 la préparent. Et non pas justifier des moyens qui seraient en soi contraires à la justice, — ou à l’essence de la fin souhaitée.
1101 des bourgeois, aux yeux desquels tout bolcheviste est un criminel en puissance. Les communistes représentent chez nous, en
1102 (prêchée par Marx) et la guerre (pour peu qu’elle soit censée défendre l’URSS). 41. Je n’entends pas porter ici un jugement
1103 Le rédacteur de cette « discipline » paraît avoir été le pasteur Antoine de Chandieu, mais l’intervention personnelle de Ca
1104 glises se fédèrent par région. L’instance d’appel est « la cour suprême du synode national ». (John Viénot, Histoire de la
1105 e : fondée sur la notion de vocation. 44. L’URSS est le seul État totalement totalitaire, disait récemment Victor Serge, é
12 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 11. La baleine qui avait faim
1106 ui avait faimbk Pourquoi le besoin de chercher est -il si vital dans les monde occidental ? Concernant la recherche en gé
1107 de répondre : un homme qui cherche, c’est qu’il n’ est pas satisfait de ce qu’il a. Mais cette réponse ne vaut que pour le c
1108 ournal. La recherche dont je voudrais vous parler est en réalité tout autre chose. C’est une passion. Et cela revient à dir
1109 e passion. Et cela revient à dire qu’elle ne peut être satisfaite par aucun résultat concret et limité. L’esprit de recherch
1110 L’esprit de recherche a pour caractère décisif d’ être sans fin ni cesse, d’être indéfiniment avide. Chaque nourriture qu’il
1111 our caractère décisif d’être sans fin ni cesse, d’ être indéfiniment avide. Chaque nourriture qu’il trouve, au lieu de l’apai
1112 tit. Par où l’on voit que l’esprit de recherche n’ est pas un instinct animal, mais une passion spirituelle. Je ne saurais m
1113 ale et définitive. Elle voulait quelque chose qui fût au-delà de toute réponse partielle, précise, utile : au-delà de tout
1114 le monde et l’inconnu. Et c’est pourquoi sa faim était inextinguible. Seuls les très grands mystiques vont ainsi droit au bu
1115 que par l’intelligence mathématique, non par leur être tout entier. Et le reste des hommes s’arrête en chemin, plus ou moins
1116 formuler l’objet précis de leur recherche, qui n’ est jamais ceci ou cela seulement, mais un mélange — conscient ou inconsc
1117 uer. Ce qu’ils ont en commun, du fait même qu’ils sont hommes et non pas simples animaux, c’est le besoin profond de dépasse
1118 ces — cet horizon dernier reste le même, quel que soit le nom qu’on lui donne ou qu’on se refuse à lui donner. Ayant ainsi t
1119 de la recherche occidentale. La civilisation qui est née en Europe a dominé le monde pendant des siècles. Elle est encore,
1120 urope a dominé le monde pendant des siècles. Elle est encore, à notre époque, celle qu’on imite partout, même quand on la c
1121 u’on imite partout, même quand on la combat. Elle est donc encore la plus forte. Pourtant, si on la compare aux autres, pas
1122 ’en distingue par deux grands traits généralement tenus pour des causes de faiblesse : je veux parler d’une certaine incertit
1123 ne pense pas que cette inquiétude et ce désordre soient accidentels. Je pense même qu’ils remontent aux sources vives de notr
1124 sources vives de notre civilisation, et qu’ils en sont inséparables. Je les rattache à nos plus grandes traditions : le chri
1125 iétude provient de notre foi, et nos incertitudes sont créées par la nature même de nos certitudes. Ce paradoxe s’explique d
1126 te, pas même un seul » et que pourtant il devrait être saint. Il sait que le péché consiste à être séparé de la Vérité vivan
1127 vrait être saint. Il sait que le péché consiste à être séparé de la Vérité vivante, et que tous les hommes sont pécheurs. Il
1128 paré de la Vérité vivante, et que tous les hommes sont pécheurs. Il cherche donc. Il cherche à se rapprocher de la vérité et
1129 la sainteté. Dans cet effort sans fin ni cesse il est pourtant soutenu par sa foi dans la grâce. Il est donc un inquiet per
1130 est pourtant soutenu par sa foi dans la grâce. Il est donc un inquiet perpétuel, mais qui sait les raisons de son inquiétud
1131 t les raisons de son inquiétude ; il sait qu’elle est normale, et non désespérée, puisqu’elle est produite par sa foi, c’es
1132 ’elle est normale, et non désespérée, puisqu’elle est produite par sa foi, c’est-à-dire par sa certitude. Prenons ensuite l
1133 « vérités » qu’établissent les écoles successives sont relatives et provisoires, ont été dépassées l’une après l’autre, et q
1134 es successives sont relatives et provisoires, ont été dépassées l’une après l’autre, et que pourtant la raison d’être de la
1135 l’une après l’autre, et que pourtant la raison d’ être de la Science est de saisir des vérités certaines. Dans cet effort sa
1136 e, et que pourtant la raison d’être de la Science est de saisir des vérités certaines. Dans cet effort sans fin ni cesse —
1137 e — pour s’approcher d’un but toujours fuyant, il est soutenu par sa confiance en la raison et l’expérience vérifiante. La
1138 ertitudes que l’on croyait acquises, d’autre part est le gage d’un progrès vers le vrai. Ainsi donc, du désordre vers un ce
1139 dominer, alors que nous Européens, n’avons jamais été découverts par personne, notez-le bien. C’est une passion inquiète de
1140 ans cesse le pouvoir de l’homme sur la nature qui est à l’origine des expériences physiologiques, physiques et mécaniques,
1141 t surtout au xxe siècle, à la technique. Or quel est le but final de notre effort technique, considéré dans son ensemble ?
1142 tâché de faire voir que le génie de la recherche est le génie même de l’Europe. J’ajouterai une dernière remarque : le gén
1143 dernière remarque : le génie de la recherche pure est la condition même de la survie de l’Europe. C’est en effet la techniq
1144 turel et spirituel de notre civilisation. Rien ne serait donc plus faux ni plus dangereux pour nous que de maintenir des clois
1145 ns jamais que la culture pure, la recherche pure, est l’origine réelle de nos progrès techniques. Et là-dessus une petite h
1146 choses, les turbines, c’est sérieux, la culture n’ est qu’un luxe, et que l’important était d’abord de lutter contre le comm
1147 , la culture n’est qu’un luxe, et que l’important était d’abord de lutter contre le communisme, qu’il confondait, je le crain
1148 sa puissance de la turbine, mais après tout ce n’ est pas lui qui l’inventa. Qui donc ? J’ouvris une encyclopédie, et trouv
1149 mathématicien. Il s’appelait Léonard Euler, et il était né à Bâle, entre France et Allemagne, dans une atmosphère très savant
1150 Océan, d’énormes capitaux s’amassent. 45. Je la tiens du grand écrivain russe exilé, Alexis Remizov. bk. Texte initialemen
13 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 12. Le mouvement œcuménique et le fédéralisme
1151 el aux yeux des peuples qu’à partir du jour où il sera capable de répondre avec force et autorité aux questions politiques d
1152 ues » improvisées à la veille de la guerre. Qu’il soit encore très loin d’une vision dynamique de l’action immédiate, c’est
1153 l’élan d’une volonté précise et combative. Elles sont un respectable résultat, mais non pas un point de départ. Sans doute
1154 lan politique, provient sans doute du fait qu’ils sont des compromis, des accords minima, obtenus non sans peine et forcémen
1155 x. Mais il y a plus. L’erreur commise jusqu’ici a été d’essayer de choisir prudemment une attitude politique plus ou moins
1156 plus ou moins acceptable de l’autre. Sans doute n’ était -il pas possible de faire davantage à ce moment. En fait, on a examiné
1157 pu influencer le cours des événements. L’histoire est faite d’initiatives, non de retouches, de vœux et d’amendements. Et p
1158 e autant et plus qu’une prudence, il faut qu’elle soit portée par une passion qui jaillisse du tréfonds de sa foi créatrice.
1159 foi créatrice. Les hommes qui ont fait l’histoire sont ceux qui avaient une vision passionnée de leur but et qui ont su plie
1160 connues ou supposées de leur époque. Leur action fut puissante dans la mesure exacte où elle fut l’expression directe de l
1161 ction fut puissante dans la mesure exacte où elle fut l’expression directe de leur être. Si le mouvement œcuménique veut ag
1162 e exacte où elle fut l’expression directe de leur être . Si le mouvement œcuménique veut agir, et il le doit, il faut qu’il r
1163 que parte de lui-même, de ce qu’il a, de ce qu’il est , et de sa foi constitutive. Il n’a pas à emprunter ici et là pour com
1164 termes d’organisation pratique les principes qui sont impliqués dans la vision de l’œcuménisme. Rien que cela, mais tout ce
1165 marquons tout de suite que ces divers conflits ne sont en réalité que les aspects d’une seule et même opposition fondamental
1166 uite que chacun de ces termes opposés deux à deux est également faux en soi, c’est-à-dire à la fois excessif et incomplet.
1167 leur plan, il n’y a pas de solution possible. Ils sont inconciliables parce que, de la combinaison de deux erreurs, on ne pe
1168 ment une erreur aggravée. De même l’orthodoxie ne sera jamais retrouvée en faisant une somme d’hérésies. Du conflit politiqu
1169 és. Pour résoudre l’opposition unité-division, il serait vain de rechercher une solution intermédiaire ou « libérale », à mi-c
1170 uver l’attitude centrale dont ces deux erreurs ne sont que des déviations morbides. Entre la peste et le choléra, il n’y a n
1171 le et sur leur nécessaire hiérarchie. Notre thèse étant la suivante : la théologie de l’œcuménisme implique une philosophie d
1172 une philosophie de la personne dont l’application est une politique du fédéralisme. Théologie du mouvement œcuménique
1173 stantes, ou doctrine nouvelle qui risquerait de n’ être compatible avec aucune des théologies existantes. Ce qui nous intéres
1174 ts qui importent à notre entreprise. Le principal est celui-ci : la théologie de l’œcuménisme subsiste et tombe avec la foi
1175 ’union des chrétiens en Christ, cette foi pouvant être connotée par le rejet de l’hérésie unitaire. Certes, il n’est pas de
1176 par le rejet de l’hérésie unitaire. Certes, il n’ est pas de pire menace pour le mouvement œcuménique que l’utopie et la te
1177 trine positive de l’union au nom de laquelle doit être condamnée l’hérésie unitaire. Doctrine de la multiplicité des dons ac
1178 té des membres d’un seul et même corps : quel que soit le nom qu’on lui donne, en aucun cas elle ne manquera de fondements b
1179 ités. Ce qui me paraît d’une excellente méthode.) Est -il permis d’en appeler aussi au précédent des sept Églises d’Asie, po
1180 e, possédant chacune leur ange ? Ou à la parole «  Soyez un comme le Père et moi sommes un », qui établit le modèle même de l’
1181  ? Ou à la parole « Soyez un comme le Père et moi sommes un », qui établit le modèle même de l’union dans la distinction des p
1182 onsidère que la diversité des vocations divines n’ est pas une imperfection de l’union, mais sa vie même. Un deuxième trait,
1183 n deuxième trait, complémentaire d’ailleurs, doit être au moins rappelé ici : la théologie de l’œcuménisme ne vise pas à dém
1184 bres les plus fidèles. Toutefois, cette méthode n’ est compatible qu’avec des orthodoxies que j’appellerai ouvertes. Elle ne
1185 lus de recours direct au chef de l’Église, lequel est au ciel à la droite de Dieu, et non pas sur la terre, dans telle vill
1186 local. Certes, aucune Église ou secte n’a jamais été capable, grâce à Dieu, de se fermer totalement aux inspirations du Sa
1187 Église ou secte n’a jamais nié que son chef réel fût au ciel, mais plusieurs ont agi comme s’il était sur la terre, c’est-
1188 el fût au ciel, mais plusieurs ont agi comme s’il était sur la terre, c’est-à-dire à leur disposition. Plusieurs ont identifi
1189 vec amertume, et l’Église qu’il fondera peut-être sera opposée à l’ancienne, au lieu d’être seulement plus vraie, donc plus
1190 ra peut-être sera opposée à l’ancienne, au lieu d’ être seulement plus vraie, donc plus universelle. Elle sera déformée à reb
1191 seulement plus vraie, donc plus universelle. Elle sera déformée à rebours, au lieu d’être réformée, je n’épiloguerai pas ici
1192 verselle. Elle sera déformée à rebours, au lieu d’ être réformée, je n’épiloguerai pas ici sur l’unité d’organisation romaine
1193 s isolée et génératrice de schismes. Son attitude est donc doublement antiœcuménique. Sa volonté d’unité s’oppose à l’union
1194 fférence dogmatique. Car l’harmonie des membres n’ est pas une tolérance, mais une nécessité vitale. Le poumon n’a pas à « t
1195 Le poumon n’a pas à « tolérer » le cœur ! Il doit être un vrai poumon, et dans cette mesure même, il aidera le cœur à être u
1196 n, et dans cette mesure même, il aidera le cœur à être un bon cœur. Notons aussi que les Églises qui ne représentent pas spi
1197 storiques susceptibles de faire image. L’individu est une invention grecque, et sa naissance signale la naissance même de l
1198 lors le groupe expulse le « non-conformiste ». Ce sont ces expulsés de divers groupes qui fondent les premières thiases grec
1199 tion collective. La victoire de Rome sur la Grèce est la première victoire fatale de l’étatisme sur l’individualisme devenu
1200 Entre individualisme et dictature, l’opposition n’ est pas aussi profonde qu’on l’imagine. Il s’agit plutôt d’une succession
1201 ère dont le vide s’oppose au plein : plus le vide est absolu, plus l’appel est puissant. À bien des égards même, l’étatisme
1202 au plein : plus le vide est absolu, plus l’appel est puissant. À bien des égards même, l’étatisme ne fait qu’achever le pr
1203 e prive de toute inspiration créatrice. L’homme n’ est plus qu’une fonction sociale, un « soldat politique », dirait-on de n
1204 iste. De nouveau se recrée le vide social. Quelle sera la nouvelle société ? En ce point crucial de l’histoire — dans une si
1205 on des temps la réponse éternelle de l’Église. Qu’ est -ce que l’Église primitive, dans la perspective sociologique où nous n
1206 sur quelque autre réalité collective. Leur lien n’ est pas terrestre d’abord, ni leur chef : il s’est assis au ciel à la dro
1207 n’est pas terrestre d’abord, ni leur chef : il s’ est assis au ciel à la droite de Dieu. Leur ambition non plus n’est pas t
1208 iel à la droite de Dieu. Leur ambition non plus n’ est pas terrestre : elles attendent la fin des temps. Et cependant, elles
1209 l revêt une dignité humaine nouvelle, puisqu’il a été racheté, et qu’il a reçu la promesse de sa résurrection individuelle.
1210 u la promesse de sa résurrection individuelle. Il est donc à la fois engagé et libéré, et ceci en vertu d’un seul et même f
1211 reçue de l’Éternel. Cet homme d’un type nouveau n’ est pas l’individu grec, puisqu’il se soucie davantage de servir que de s
1212 ie davantage de servir que de se distinguer. Il n’ est pas non plus le simple rouage, la simple fonction dans l’État qu’étai
1213 simple rouage, la simple fonction dans l’État qu’ était le citoyen romain, puisqu’il possède une dignité indépendante de son
1214 l’homme dans un monde christianisé. Car cet homme est , lui aussi, à la fois autonome et en relation. Ainsi, le mot personne
1215 ens nouveau, et la réalité sociale qu’il désigne, sont bel et bien des créations chrétiennes, ou pour mieux dire, des créati
1216 lations concrètes avec ses semblables. La liberté est assurée par la possibilité constante de recourir directement à l’Éter
1217 nel, au-dessus de la communauté. Et la communauté est liée par sa fidélité à l’Éternel. Ainsi les droits et les devoirs du
1218 e les droits et les devoirs de l’ensemble. Ils ne sont plus contradictoires. Ce qui libère un homme est aussi ce qui le rend
1219 sont plus contradictoires. Ce qui libère un homme est aussi ce qui le rend responsable vis-à-vis d’autrui. En retour, ce qu
1220 is d’autrui. En retour, ce qui unit la communauté est aussi ce qui l’oblige à respecter les vocations individuelles. La lib
1221 ci encore, insistons sur ce point : la personne n’ est pas un moyen-terme entre l’individu trop flottant et le soldat politi
1222 lottant et le soldat politique trop esclave. Elle est l’homme intégral, dont les deux autres ne sont que des maladies. Dans
1223 lle est l’homme intégral, dont les deux autres ne sont que des maladies. Dans le plan humain immanent, il n’y a pas d’équili
1224 uilibre, il y a un principe vivant d’union. Là où est l’Esprit, là est la liberté, mais là aussi est la vraie communion. Il
1225 n principe vivant d’union. Là où est l’Esprit, là est la liberté, mais là aussi est la vraie communion. Il nous reste à dév
1226 où est l’Esprit, là est la liberté, mais là aussi est la vraie communion. Il nous reste à développer maintenant les implica
1227 fédéralisme Nous en avons assez dit pour qu’il soit désormais facile de voir qu’à l’attitude œcuménique en religion ne pe
1228 ique. Quant à la philosophie de la personne, elle sera normalement celle du bon citoyen d’une fédération. La devise paradoxa
1229 isme helvétique : « Un pour tous, tous pour un », est également valable sur ces trois plans. L’œcuménisme exclut l’orthodox
1230 ïste. (Remarquons d’ailleurs que l’impérialisme n’ est que l’individualisme d’un groupe ; et l’individualisme, l’impérialism
1231 isme d’un homme isolé. De même que l’État cesse d’ être un vrai État dès qu’il se veut souverain absolu, l’homme cesse d’être
1232 s qu’il se veut souverain absolu, l’homme cesse d’ être un homme intégral dès qu’il absolutise sa liberté.) Le fédéralisme pa
1233 sonne peut se réaliser. Car les tâches civiques y sont à l’échelle de l’individu et l’engagement concret dans la communauté
1234 ne suffit pas, on peut changer de groupe. L’on n’ est donc pas isolé, comme l’individu se trouve isolé dans une grande vill
1235 dans un vaste État centralisé. D’autre part, on n’ est pas non plus tyrannisé par une loi rigide et uniforme, puisque dans u
1236 son équivalent dans l’œcuménisme ecclésiastique — est exclue par le régime totalitaire, qui prétend faire coïncider les fro
1237 ivités sociales, spirituelles ou privées — ce qui est la définition même de l’oppression. Le fédéralisme, comme l’œcuménism
1238 uménisme, reconnaît que les diversités régionales sont la vie même de l’Union. Mais par l’organe central qui lie toutes les
1239 ses membres et non cette caricature de l’ordre qu’ est l’unité dans l’uniformité. Au lieu de pétrifier les frontières extéri
1240 ar « Églises » et par « régions ».bo Notre objet était d’établir les relations suivantes : l’œcuménisme, le personnalisme et
1241 l’œcuménisme, le personnalisme et le fédéralisme sont les aspects divers d’une seule et même attitude spirituelle. Ils s’en
1242 oir le fédéralisme sans accepter l’œcuménisme, ce serait priver l’organisation politique de ses fondements spirituels. Mais ac
1243 ménisme sans vouloir également le fédéralisme, ce serait ne pas accepter vraiment l’œcuménisme, j’entends avec toutes ses cons
1244 es ses conséquences. Car la foi sans les œuvres n’ est pas la foi.46 Le fédéralisme et le mouvement œcuméniquebp Et
1245 nant nous voici dans le drame de la lutte entre l’ Est et l’Ouestbq. Nous constatons que le conflit en cours est insoluble d
1246 ’Ouestbq. Nous constatons que le conflit en cours est insoluble dans son plan. Si le totalitarisme triomphe définitivement
1247 risme triomphe définitivement des démocraties, ce sera la mort d’une culture et d’une économie, sans doute, mais ce sera sur
1248 ne culture et d’une économie, sans doute, mais ce sera surtout la suppression de toute possibilité œcuménique, la subversion
1249 et individualistes triomphent, aucun problème ne sera résolu de ce fait. Tout le monde sent ou pressent d’ailleurs que les
1250 ailleurs que les deux termes de cette alternative sont également improbables, et que les destructions en cours et à venirbr
1251 , une doctrine et une tactique nouvelles. Mais où sont -elles ? Qui les prépare ?bs La seule espérance et aussi la seule pos
1252 talisme individualiste et au totalitarisme qui en est né. Mais qui peut aujourd’hui proposer cette réponse ?bt Avant même
1253 ns la réalité de la foi ? Certes ! Si les Églises sont fidèles à leur chef, elles savent qu’il règne et crée pour ceux qui c
1254 hui les Églises, si cette foi seule demeure, elle sera suffisante. Aussi bien, certaines raisons de croire que l’Église peut
1255 lise peut agir, raisons que nous allons énumérer, sont -elles moins destinées à combattre des doutes qu’à fortifier des espér
1256 romaines, — alors qu’il n’en existe aucune qui se soit développée en pays calvinistes, ou seulement influencés par des éléme
1257 des éléments calvinistes, même laïcisés, comme ce fut le cas de la France sous la Troisième République ? Comment expliquer
1258 stinction entre l’Église et l’État n’avait jamais été établie d’une manière satisfaisante. Il en résultait, dans le peuple,
1259 la séparation de l’Église et de l’État a toujours été réelle — même lorsqu’elle n’était pas strictement établie par la loi.
1260 l’État a toujours été réelle — même lorsqu’elle n’ était pas strictement établie par la loi. De même les devoirs de la vocatio
1261 s devoirs de la vocation personnelle ont toujours été mis au-dessus des devoirs envers le Pouvoir politique. Lors donc que
1262 vers le Pouvoir politique. Lors donc que la foi s’ est affaiblie dans ces pays, cette carence ne s’y est pas traduite par l’
1263 est affaiblie dans ces pays, cette carence ne s’y est pas traduite par l’éclosion d’une anti-religion totalitaire, mais par
1264 ). Un contenu nouveau, calviniste ou luthérien, s’ est introduit dans les cadres et les rites anciens, jugés utilisables. Or
1265 e qu’en Angleterre.) Troisième exemple : Calvin s’ est toujours refusé à établir une uniformité de gouvernement pour les div
1266 ndividualisme par groupes » dans ce dernier pays, étant prédéterminée par le fait — d’ordre ecclésiastique — qu’il fut fondé
1267 inée par le fait — d’ordre ecclésiastique — qu’il fut fondé par des seceders.) Et l’on sait que les réformés de France, au
1268 -dire le premier plan d’une Europe confédérée. Il serait aisé de développer, de nuancer et de multiplier de tels exemples. Je
1269 t la philosophie de la personne qu’elle implique, sont les seules bases actuellement concevables pour un ordre nouveau du mo
1270 religion de l’homme » que certains nous proposent est une contradiction dans les termes, à moins qu’elle ne soit la formule
1271 contradiction dans les termes, à moins qu’elle ne soit la formule de la religion totalitaire, sans transcendance, que précis
1272 de l’œcuménisme et la philosophie de la personne sont les seules bases actuellement existantes, et sur lesquelles on puisse
1273 ant. (La « religion de l’homme », ou du surhomme, est encore à créer, et le temps presse !) Chargées d’éléments traditionne
1274 3. L’organisation du Conseil œcuménique se trouve être de fait la seule Internationale en formation. On sait assez que les I
1275 les Internationales idéologiques et politiques se sont désintégrées au cours des deux dernières décades. (Les partis sociali
1276 tant dans les pays où les Soviets ne règnent pas, sont en voie de divergence et non de convergence, sur le plan internationa
1277 un exemple.) À part la Croix-Rouge, dont la tâche est strictement limitée, rien ne subsiste en dehors de l’œcuménisme, qui
1278 ans toutes les Églises, avec l’effort œcuménique, est en train de recréer un langage commun, un ensemble de communes mesure
1279 hie de la personne et la politique du fédéralisme sont seules en mesure, aujourd’hui, de synthétiser les vérités disjointes
1280 exposé aux chapitres 1-3. Le mouvement œcuménique est donc seul en mesure de préparer la réconciliation des adversaires act
1281 incérité.) Le tableau que nous venons d’esquisser est ambitieux. Il veut l’être, parce qu’il doit l’être. L’action du chrét
1282 nous venons d’esquisser est ambitieux. Il veut l’ être , parce qu’il doit l’être. L’action du chrétien n’est jamais partie de
1283 est ambitieux. Il veut l’être, parce qu’il doit l’ être . L’action du chrétien n’est jamais partie de la prudente considératio
1284 , parce qu’il doit l’être. L’action du chrétien n’ est jamais partie de la prudente considération des forces dont il croyait
1285 toujours une utopie apparente ; en réalité, ce n’ est qu’une réponse. Une fois parti, je m’aperçois bientôt que je n’étais
1286 e. Une fois parti, je m’aperçois bientôt que je n’ étais faible que parce que je me tenais immobile, dans ma prudence. L’actio
1287 bientôt que je n’étais faible que parce que je me tenais immobile, dans ma prudence. L’action risquée m’apporte les forces don
1288 orces dont je manquais. De toutes parts, un appel est ressenti : je le nommerai la nostalgie fédéraliste. Des auteurs isolé
1289 onter maintenant. 46. Le paragraphe qui suit a été supprimé dans l’édition américaine : « Note. — On s’étonnera peut-êtr
1290 eprendre à sa charge. Et les peuples européens ne sont nullement prêts à se soulever pour rétablir ce qu’on nommait chez eux
1291 par là même déformés. À mon sens, le fédéralisme est la seule possibilité pratique de réaliser la vraie démocratie. Mais i
1292 édition américaine. bo. Le paragraphe qui suit a été supprimé dans l’édition américaine : « Enfin nous ne devons pas hésit
1293 ps mortels, dans les deux camps. Le totalitarisme est un état de guerre, qui ne peut subsister normalement. Il ne reste don
1294 imé les passages qui suivent : « Le rôle d’Hitler est de détruire. Il détruit les contradictions intolérables d’une Europe
1295 verte de ruines pulvérisées. Le rôle de Churchill est de faire la guerre. Mais il ne pourra pas la gagner réellement s’il n
1296 pas le temps… Quant au rôle de Staline, il paraît être de profiter de la guerre des autres pour consolider l’autarcie russe…
1297 e générale des chefs, des doctrines et des partis est un appel à une autorité nouvelle. Si les Églises n’y répondent pas, p
14 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 13. La fin du pessimisme
1298 les corps non moins que les âmes, mettons que ce fut assez pour justifier le scepticisme amer de nos élites à l’égard de l
1299 n avait trouvé son expression suprême. Et Kafka n’ était plus que le Jean-Baptiste d’une sorte d’Évangile à rebours, « mauvais
1300 poser un sens positif à la vie, niée par Kafka, s’ est attestée dans le soulèvement des écrivains unis aux paysans, des ouvr
1301 venir Quatre-vingt-quatre. Et soudain, celle de l’ Est lui répond Quarante-huit. C’est quatre-vingt-quatre inversé. Jamais c
1302 t quatre-vingt-quatre inversé. Jamais chiffres ne furent plus chargés de symboles. Essayons de les interpréter. Tout ce qui c
1303 tres, les arts et la philosophie, sait qu’il faut être subversif ou pessimiste, ou les deux à la fois, sous peine de ne plus
1304 e ne plus compter. Inutile de citer des noms : ce seraient ceux, justement, que tout le monde connaît, la liste complète des mei
1305 et persuadé de la valeur des conventions ; mais n’ est -ce pas lui qui ouvrit, en 1919, le grand courant du pessimisme europé
1306 qui nous rappelle d’abord que notre civilisation est mortelle comme les autres et prédit à la fin que nous allons vers la
1307 et fonctionnaire du premier rang ; mais sa phrase est plus subversive que tout ce qui passe pour tel dans les cafés, et sa
1308 tement il a choisi l’exil en soi. Tous les autres sont contre le siècle, d’une manière encore plus évidente, soit qu’ils att
1309 re le siècle, d’une manière encore plus évidente, soit qu’ils attaquent avec acharnement la morale dite bourgeoise ou les rè
1310 la morale dite bourgeoise ou les règles des arts, soit qu’ils opposent à l’anarchie flagrante des esprits quelque orthodoxie
1311 lque orthodoxie restaurée, justifiant elle aussi, fût -ce par son seul échec, la dissidence de la pensée dans le monde moder
1312 s influences dominantes sur nos élites créatrices sont celles de Nietzsche, de Rimbaud, de Kierkegaard et de Dostoïevski. Il
1313 de Rimbaud, de Kierkegaard et de Dostoïevski. Il est remarquable que ce siècle n’ait retenu du précédent que les génies an
1314 la Morale athéiste. Tout ce qui compte en Europe est donc antibourgeois, j’entends bien dans le domaine de l’éthique et de
1315 s par ses ancêtres. Et c’est elle aujourd’hui qui est prise d’angoisse devant ce qu’ils dénonçaient en vain. C’est elle qui
1316 au vertige de l’histoire, s’imagine que son heure est passée, que le Prolétariat doit la déposséder, comme elle avait elle-
1317 itiers de leurs ennemis ! La bourgeoisie du xixe fut optimiste en dépit des souffrances affreuses des prolétaires industri
1318 t d’un sens fatal de l’Histoire, dont Big Brother sera l’aboutissement. J’ai tu jusqu’ici deux grands noms, qui dominent pou
1319 un zèle amer et quelque peu sadique. Ce succès n’ est pas dû à la lecture de leurs œuvres ardues et complexes, mais à l’int
1320 emps », au double sens de l’expression. Que Freud soit dépassé dans son propre domaine, et surtout débordé par le retour en
1321 le retour en force de réalités religieuses qu’il tenait pour autant d’illusions ; que Marx se soit trompé dans toutes ses pré
1322 u’il tenait pour autant d’illusions ; que Marx se soit trompé dans toutes ses prévisions (sauf dans celle sur l’avenir du de
1323 ialectique, devenue sans prises sur les faits, en est réduite à restaurer des dogmes à coups de mensonges. Si les ouvriers
1324 coups de mensonges. Si les ouvriers de Czepel ne sont pas des « fascistes importés », la dialectique n’est plus qu’une « my
1325 pas des « fascistes importés », la dialectique n’ est plus qu’une « mystification » comme eût dit Marx lui-même, et le « mo
1326 d’opposition redevient créateur. Et la question n’ est plus de supputer le « sens inévitable » de l’Histoire, mais de la fai
1327 e rêve d’angoisse avec notre avenir historique, à tenir cette logique démente pour l’annonce d’une fatalité. A-t-il vraiment
1328 un faux réveil rêvé pendant un long cauchemar qui serait , en fin de compte, la vraie réalité ? On pourrait s’inquiéter si d’au
1329 dépendants d’ailleurs des récents événements de l’ Est , ne venaient corroborer un optimisme neuf. Budapest a gagné sa partie
1330 agné sa partie — moralement. Admettons que cela n’ est pas tout. Mais qu’en est-il de l’Occident ? Trois représentations vag
1331 nt. Admettons que cela n’est pas tout. Mais qu’en est -il de l’Occident ? Trois représentations vagues, mais obsédantes asso
1332 e liberté. Première illusion fataliste : « L’URSS est l’avenir ». L’URSS était le paradis de la classe ouvrière, les USA le
1333 usion fataliste : « L’URSS est l’avenir ». L’URSS était le paradis de la classe ouvrière, les USA le dernier bastion du capit
1334 paupérisation croissante des travailleurs. L’URSS était donc l’avenir, tandis que les USA se voyaient condamnés par le « mouv
1335 ndamnés par le « mouvement de l’histoire ». Telle était la religion des « progressistes ». Voyons les faits. Nul n’ignore que
1336 s les faits. Nul n’ignore que l’ouvrier américain est le plus riche du monde, l’ouvrier soviétique l’un des plus pauvres. C
1337 remise au travailleur des fruits de son travail, serait l’œuvre du communisme. Or l’examen des chiffres et des faits conduit
1338 uve dans la première. » « Il n’empêche que l’URSS est l’avenir ! », répéteront nos maniaques de l’Histoire. Drôle d’avenir,
1339 en vérifier les résultats, on voit que le progrès est à l’Ouest, le servage et la loi d’airain à l’Est, et qu’une classe ou
1340 est à l’Ouest, le servage et la loi d’airain à l’ Est , et qu’une classe ouvrière mieux informée qu’endoctrinée, si elle a à
1341 er que l’avenir, aux yeux de ces Hongrois, s’il n’ est pas l’URSS n’est pas non plus l’Europe… On devine, pour quelles raiso
1342 aux yeux de ces Hongrois, s’il n’est pas l’URSS n’ est pas non plus l’Europe… On devine, pour quelles raisons. Mais que vale
1343 elles ? Deuxième illusion fataliste : « L’Europe est condamnée ». L’Europe détrônée par deux guerres et ruinée par sa divi
1344 ns » — incapables d’ailleurs de prouver qu’ils le sont — se voyait promise par l’Histoire à des partages ignominieux : l’Est
1345 ise par l’Histoire à des partages ignominieux : l’ Est aux Russes, l’Ouest à l’Amérique, et le Centre neutralisé. Sa décaden
1346 e l’Europe, CECA, le Marché commun et Euratom. Il serait plus qu’étrange qu’on puisse l’arrêter là. L’Assemblée constituante e
1347 ’on puisse l’arrêter là. L’Assemblée constituante est sa prochaine étape. Un Pouvoir fédéral devrait en résulter, car tout
1348 t en résulter, car tout l’appelle et sa nécessité est inscrite dans les faits, si elle ne l’est pas encore dans l’esprit de
1349 cessité est inscrite dans les faits, si elle ne l’ est pas encore dans l’esprit des nationalistes attardés. Aucun de nos Éta
1350 que, ni commercer comme il l’entend. Aucun donc n’ est indépendant. Mais ils peuvent l’être tous ensemble, et ils commencent
1351 Aucun donc n’est indépendant. Mais ils peuvent l’ être tous ensemble, et ils commencent à le savoir. 330 millions d’habitant
1352 du rideau de fer, plus 100 millions récupérés à l’ Est , feraient un ensemble supérieur aux Soviétiques et aux Américains add
1353 étie, qui deviendra vraie, celle de Proudhon, qui fut quarante-huitard : « Le xxe siècle ouvrira l’ère des fédérations, ou
1354 ra un purgatoire de mille ans. » Au fait, nous en sommes là, ce n’est plus une hypothèse. L’Histoire dépend de nouveau de ce q
1355 de mille ans. » Au fait, nous en sommes là, ce n’ est plus une hypothèse. L’Histoire dépend de nouveau de ce que nous en fe
1356 ique va dominer nos existences disciplinées. C’en sera fait de la liberté, et du droit d’hésiter, d’errer… Les savants, appr
1357 es jours. Qui ne l’a pas dit ? Curieusement, tout est faux dans ce langage ; tout n’est que manière de parler abusivement p
1358 ieusement, tout est faux dans ce langage ; tout n’ est que manière de parler abusivement prise à la lettre, et donc fautive.
1359 s envahissent nos vies ? Si seulement ! Car elles sont très chères. Mais jamais une Talbot n’est entrée dans ma cour, sponta
1360 elles sont très chères. Mais jamais une Talbot n’ est entrée dans ma cour, spontanément, dans l’intention de m’envahir. Et
1361 vous agace, vous vous décidez à répondre. Vous n’ êtes donc pas l’esclave du téléphone, mais de votre seule curiosité. Le rè
1362 l’ordre exprès d’un président, d’un général. Ce n’ est pas elle qui est dangereuse, c’est l’homme. Et les cerveaux électroni
1363 un président, d’un général. Ce n’est pas elle qui est dangereuse, c’est l’homme. Et les cerveaux électroniques (par métapho
1364 aient eu le droit de maudire la technique, ce ne sont pas les bourgeois de ce siècle, ni leurs penseurs, mais bien les ouvr
1365 la tyrannie des rythmes mécaniques. Eux seuls se sont vus transformés en « compléments vivants d’un mécanisme mort », selon
1366 du sans pareil s’attache à ce mot synthétique. Qu’ est -ce qu’un robot ? Ce n’est pas un homme automatique, comme des million
1367 ce mot synthétique. Qu’est-ce qu’un robot ? Ce n’ est pas un homme automatique, comme des millions de personnes le croient
1368 r Karl Marx et Proudhon, que l’on n’écoutait pas, tenait à la semi-automatisation de la production industrielle. Tout retour e
1369 a production industrielle. Tout retour en arrière étant exclu, le remède devait être cherché dans l’automatisme total, libéra
1370 t retour en arrière étant exclu, le remède devait être cherché dans l’automatisme total, libérant l’ouvrier non seulement de
1371 qu’imposaient la machine et la chaîne. Le remède était donc le robot, dont l’application générale prit récemment le nom angl
1372 le prit récemment le nom anglais d’automation. Il est curieux que la pensée occidentale, découvrant le péril avec cent ans
1373 es servitudes mécaniques. Mais ses effets médiats seront plus étendus. Ils sont littéralement incalculables. L’usine sans ouvr
1374 Mais ses effets médiats seront plus étendus. Ils sont littéralement incalculables. L’usine sans ouvriers, produisant jour e
1375 ti communiste, ni même de la classe ouvrière, qui sera l’agent du dépassement concret des conflits institués par la techniqu
1376 ens. C’est le problème des moyens de culture, qui seront mis à contribution, sur une échelle brusquement agrandie. C’est, au-d
1377 s illusions, mais aussi de nos scepticismes. Ce n’ est pas l’accroissement de nos biens, ni la solution de nos maux, car tou
1378 lution de nos maux, car toute solution concevable serait la fin de notre liberté. J’imagine au contraire le progrès véritable
1379 il y a trop à dire, et d’autres vont parler. Je n’ étais pas venu pour conclure, mais pour ouvrir des portes. bu. Texte init
15 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 14. Sur l’avenir du christianisme
1380 es chrétiennes et que mon optimisme trouble comme étant par trop “séculier” : Si le monde s’organise dans la paix, si la pros
1381 flus ? L’inquiétude qui entretient leur besoin ne sera-t -elle pas apaisée ? Le salut, le pardon, la grâce et la prière d’inter
1382 eront-ils un sens pour des humains comblés ? » Il serait trop facile de répondre que les prouesses actuelles du progrès ne ser
1383 épondre que les prouesses actuelles du progrès ne seront jamais intégralement tenues. Car le fait est qu’elles ont plus de cha
1384 e seront jamais intégralement tenues. Car le fait est qu’elles ont plus de chances que jamais de l’être, en tout cas partie
1385 est qu’elles ont plus de chances que jamais de l’ être , en tout cas partiellement. Et même si elles n’étaient pas tenues du
1386 enues du tout, la question de principe subsiste : Est -il vrai que l’inquiétude religieuse dépende de l’insatisfaction de no
1387 ience nos maux inévitables, mais aucun apaisant n’ est préférable à la paix réelle ; enfin, comme le complément d’une défici
1388 progrès réussirait, où nos besoins terrestres se tiendraient pour comblés, ce n’est pas seulement cette religion-remède qui serait
1389 oins terrestres se tiendraient pour comblés, ce n’ est pas seulement cette religion-remède qui serait menacée de s’éteindre
1390 ce n’est pas seulement cette religion-remède qui serait menacée de s’éteindre faute d’emploi, mais tout autant, ou plus encor
1391 même de l’homme. Car la fonction de la religion n’ est pas de compenser nos maux ou de nous les faire oublier, mais d’orient
1392 de nous les faire oublier, mais d’orienter tout l’ être vers la vérité, et d’affirmer une vérité qui nous transcende. Et la f
1393 e, qui se distingue en cela des autres religions, est d’amener l’homme à incarner la vérité : cette vérité transformant l’h
1394 sme aussi, et de toutes les doctrines du progrès, sont les suites plus ou moins directes ou légitimes que l’Occident, croyan
1395 jurgation, c’est une simple constatation, l’homme est ainsi : incapable d’être satisfait et de bien vivre quand ses besoins
1396 ple constatation, l’homme est ainsi : incapable d’ être satisfait et de bien vivre quand ses besoins physiques sont seuls com
1397 fait et de bien vivre quand ses besoins physiques sont seuls comblés. (Sinon, les occupants de nos prisons modernes « vivrai
1398 ascal, bien avant Nietzsche. La nature de l’homme est de dépasser la Nature. D’où je conclus qu’une religion qui aurait à r
1399 n qui aurait à redouter la réussite du progrès ne serait en tout cas pas le christianisme véritable, et que l’homme qui se sen
1400 ement « apaisé » par cette réussite matérielle ne serait plus un homme véritable. On m’opposera sans doute les utopies de Geor
1401 e permanente se voit totalement évacué, l’homme n’ étant plus qu’une sorte de bétail savant. Les utopies supposent, en somme,
1402 rvice de la propagande. Logiquement, le processus est impensable : si la technique triomphait de l’homme, elle s’annulerait
1403 e quant aux chances de l’homme contemporain. Il n’ est plus, pour croire à ces fous, que quelques intellectuels naguère à la
1404 un avec l’Église primitive. Le danger véritable n’ est pas là. Mais si nous admettons que le phénomène de la « mort de Dieu 
1405 les races, un défi d’un tout autre ordre risque d’ être lancé au christianisme : non pas celui de l’athéisme, ni celui de l’i
1406 euse, mais celui d’autres religions. Les cultures sont destinées à s’interpénétrer de plus en plus. Les anciennes religions
1407 jours plus exorbitante, voire intenable ? Quelles sont ses chances, à vues humaines, de relever un tel défi ? On ne saurait
1408 logie ou d’une civilisation, car le christianisme est essentiellement autre chose que tout cela. Un Karl Barth pourrait don
1409 t donc se borner à me répondre : le christianisme étant parole de Dieu aux hommes, son avenir ne dépend que de Dieu, et ne mé
1410 ise, pour me convaincre de manque de foi, si ce n’ est de vaine curiosité frisant le blasphème. Mais s’il est vrai que le ch
1411 e vaine curiosité frisant le blasphème. Mais s’il est vrai que le christianisme est essentiellement différent, il est lié,
1412 lasphème. Mais s’il est vrai que le christianisme est essentiellement différent, il est lié, existentiellement, à des réali
1413 e christianisme est essentiellement différent, il est lié, existentiellement, à des réalités historiques et « mondaines » a
1414 de nuit de l’esprit. Le christianisme historique est aussi un parti, ou même un ensemble de partis, il est aussi une idéol
1415 aussi un parti, ou même un ensemble de partis, il est aussi une idéologie, et il est lié à une certaine civilisation qu’il
1416 mble de partis, il est aussi une idéologie, et il est lié à une certaine civilisation qu’il a certes transformé mais non sa
1417 istorique et sociologique, art dont on sait qu’il est loin de toute science rigoureuse, mais qui ne s’en distingue pas moin
1418 pas moins de la rêverie utopique. Car l’utopie n’ est que la projection dans un avenir an-historique de nos désirs et de no
1419 comme un système sans avenir ». Le christianisme est un parti (ou plutôt un ensemble de partis tantôt rivaux tantôt coalis
1420 iffusion en Afrique et en Asie jusqu’ici, mais il est peu probable qu’un des trois ou quatre grands « partis », le catholiq
1421 iques, seuls le catholicisme et le protestantisme seraient en position d’y prétendre, sinon d’y réussir. Le catholicisme a pour
1422 ommuniste et les divers régimes totalitaires) ont été amenés, par la nature des choses, à copier plus ou moins expressément
1423 essions arrachées. Le protestantisme a pour lui d’ être plus congénial aux développements présents de la culture scientifique
1424 a culture scientifique et technique49, et d’avoir été le père des régimes de démocratie tempérée qui règnent aujourd’hui su
1425 les seules monarchies demeurées stables en Europe sont les protestantes (Suède, Norvège, Danemark, Hollande et Grande-Bretag
1426 u sens strict. Si le sacralisme d’origine païenne est la tentation naturelle du catholicisme, le sécularisme moderne est la
1427 naturelle du catholicisme, le sécularisme moderne est la tentation naturelle du protestantisme, et nul ne peut nier qu’ils
1428 des deux confessions majeures. Cette convergence est -elle seulement souhaitable, ou pouvons-nous en déceler dans les faits
1429 te protestant et du sens universaliste catholique serait de nature à protéger les uns de l’individualisme anarchique, les autr
1430 que, les autres du collectivisme autoritaire, qui sont les déviations typiques du personnalisme chrétien, doctrine centrale
1431 uménique dans toutes les confessions. Tout cela s’ est manifesté et prononcé au cours des trois ou quatre dernières décennie
1432 urcissant en fait les divisions. Le christianisme est aussi une idéologie dans la mesure où il reste lié à une culture déte
1433 proclamée dans le Temple juif. Le christianisme s’ est répandu d’abord dans le Proche-Orient (Palestine et Liban, Asie Mineu
1434 case, Égypte et Éthiopie) puis en Europe, où il s’ est organisé en calquant les structures de l’Empire romain d’Occident. Au
1435 13), ses tentatives d’expansion vers l’Orient ont été arrêtées en Inde sur la côte de Malabar, étouffées en Chine dès le xe
1436 rales, sociales, économiques et politiques qui en furent le contexte séculaire se voient aujourd’hui adoptées par l’ensemble d
1437 er des droits sociaux égaux pour tous, quelle que soit la caste ou la tribu, pour que cet homme accepte du même coup la conc
1438 vangélique de la société, la fraternité de tous «  soit juifs, soit grecs, soit esclaves, soit libres », mais je constate (ap
1439 e la société, la fraternité de tous « soit juifs, soit grecs, soit esclaves, soit libres », mais je constate (après Henri de
1440 , la fraternité de tous « soit juifs, soit grecs, soit esclaves, soit libres », mais je constate (après Henri de Man et bien
1441 de tous « soit juifs, soit grecs, soit esclaves, soit libres », mais je constate (après Henri de Man et bien d’autres socio
1442 tiques) que le phénomène de la révolution sociale est impensable dansby les régions de l’Asie et de l’Afrique qui n’ont pas
1443 s régions de l’Asie et de l’Afrique qui n’ont pas été soumis à l’influence chrétienne52. Née de l’Europe christianisée, c’e
1444 s, et qui appellent donc une conception de la vie soit dérivée du christianisme, soit chrétienne : nouvel aspect de l’opport
1445 nception de la vie soit dérivée du christianisme, soit chrétienne : nouvel aspect de l’opportunité chrétienne. Cependant, si
1446 il ne s’en suit pas nécessairement que cet appel sera exaucé, ni que cette civilisation est la seule bonne. Elle peut être
1447 cet appel sera exaucé, ni que cette civilisation est la seule bonne. Elle peut être la plus efficace ou même la meilleure
1448 cette civilisation est la seule bonne. Elle peut être la plus efficace ou même la meilleure qui existe, sans être la meille
1449 us efficace ou même la meilleure qui existe, sans être la meilleure possible. Elle peut aussi révéler, au contact quotidien
1450 a formé la civilisation dont cette machine-outil est le produit se reconstitue autour d’elle. Sinon, elle risque de produi
1451 qui l’adoptent, si ces peuples comprennent quels sont les liens intimes, d’origine et de finalité, qui unissent la concepti
1452 é des chrétiens d’aujourd’hui, et dont la plupart sont très loin de soupçonner l’ampleur et l’urgence mondiale… Mais ceci n
1453 us par le progrès occidental, que ce progrès n’en serait pas un, et qu’il reste impensable hors d’une conception chrétienne du
1454 onception chrétienne du monde, d’autre part, il n’ est pas moins nécessaire de montrer aux chrétiens que la vérité de leur r
1455 la Méditerranée quand la doctrine chrétienne s’y est formée, ainsi que des peuples nordiques qui, par la suite, adoptèrent
1456 hrétiens à leur sens que ceux auxquels l’Église s’ était attachée et au nom desquels elle les condamnait. Ils contribuèrent ai
1457 rivent les chances mondiales du christianisme. Il est juste de remarquer ici que les théologiens et penseurs chrétiens occi
1458 e reste une part essentielle du christianisme, il est évident que ses symboles traditionnels, empruntés à la civilisation m
1459 runtés à la civilisation méditerranéenne, doivent être traduits, eux aussi, en termes de réalités correspondant aux autres c
1460 nts sacerdotaux des prêtres chrétiens se trouvent être ceux que portaient les prêtres du culte impérial romain, puis les roi
1461 de travail du xiie siècle européen. Mais ceci n’ est encore qu’un signe secondaire. Plus sérieux est l’usage du pain et du
1462 n’est encore qu’un signe secondaire. Plus sérieux est l’usage du pain et du vin pour la communion. La vigne est une culture
1463 age du pain et du vin pour la communion. La vigne est une culture typique du bassin sémitico-gréco-romain de la Méditerrané
1464 tente d’indiquer ici certaines difficultés qui ne sont apparues qu’à l’orée de l’époque mondiale, et dont il faudra s’occupe
1465 nouvelle langue vivante universelle — l’anglaise serait alors la mieux placée — ou décider que la liturgie sera dite partout
1466 lors la mieux placée — ou décider que la liturgie sera dite partout dans la langue du pays, formule protestante ? Mais il es
1467 la langue du pays, formule protestante ? Mais il est clair que cette traduction linguistique en entraînera de proche en pr
1468 même sociales… Des remarques analogues pourraient être faites au sujet de plusieurs autres traits spécifiquement européens,
1469 christianisme au cours des âges, mais qui ne lui sont pas essentiels — comme la morale bourgeoise, voire victorienne — et q
1470 nt de gêner son expansion mondiale, son pouvoir d’ être assimilé en tant que vérité pour tous les temps et pour toutes les ra
1471 grâce, de foi, de personne et surtout d’amour qui sont les fondements du christianisme et que les traditions orientales semb
1472 ort immense, véritablement planétaire, mais qui n’ est pas sans précédent (voir l’œuvre des jésuites au xiie siècle en Chin
1473 ion du Christ. Plus susceptible que toute autre d’ être traduite dans n’importe quel contexte culturel, seule soucieuses de d
1474 civilisation scientifique, la religion du Christ est aussi et surtout la seule qui ait pu résumer toute sa loi dans le com
1475 r de soi et du prochain, indissolubles — et telle est à mes yeux la seule règle concevable d’une société des hommes non seu
1476 ences (physique, chimie, médecine et physiologie) sont allés à des pays de majorité protestante, entre 1901 et 1960. L’indic
1477 ajorité protestante, entre 1901 et 1960. L’indice est même de 90 % pour la dernière période, 1941-1960. 50. Cf. supra, « L
1478 en Inde les mouvements sociaux et c’est là que s’ est constitué le seul État communiste de la péninsule, le Kerala. Gandhi
1479 t beaucoup à l’évangéliste Kagawa. En Afrique, ce sont des leaders éduqués en Europe, et devenus chrétiens, qui prennent la
1480 ous l’identifiant 988. bw. Le manuscrit français est peu lisible, l’édition américaine donne ceci : « Christianity is a pa
1481 Le manuscrit indique « hors des régions » ce qui est manifestement l’inverse du propos de l’auteur. On a corrigé sur la ba