1 1963, L’Opportunité chrétienne. Préface
1 Les essais qui composent ce volume ne sont pas d’ un théologien ni d’un apologiste d’une dénomination quelconque, mais d
2 omposent ce volume ne sont pas d’un théologien ni d’ un apologiste d’une dénomination quelconque, mais d’un écrivain libre,
3 me ne sont pas d’un théologien ni d’un apologiste d’ une dénomination quelconque, mais d’un écrivain libre, je veux dire :
4 un apologiste d’une dénomination quelconque, mais d’ un écrivain libre, je veux dire : qui ne représente que lui-même et ne
5 surplus longtemps occupé par les mythes créateurs de toute poésie et par les archétypes de l’amour tel qu’on l’exprime en
6 s créateurs de toute poésie et par les archétypes de l’amour tel qu’on l’exprime en Occident, je vois bien que dans tous c
7 en que dans tous ces ordres, je n’ai jamais cessé de rechercher une certaine cohérence fondamentale dont je vaudrais ici i
8 vaudrais ici indiquer le principe. Qu’il s’agisse de métaphysique ou de morale pratique, d’action politique ou de poésie,
9 er le principe. Qu’il s’agisse de métaphysique ou de morale pratique, d’action politique ou de poésie, si je m’inquiète du
10 l s’agisse de métaphysique ou de morale pratique, d’ action politique ou de poésie, si je m’inquiète du sens dernier de ce
11 ique ou de morale pratique, d’action politique ou de poésie, si je m’inquiète du sens dernier de ce que je vis, écris, ou
12 ue ou de poésie, si je m’inquiète du sens dernier de ce que je vis, écris, ou fais, c’est toujours à certaines options de
13 cris, ou fais, c’est toujours à certaines options de nature proprement religieuse que se trouve ramenée ma pensée. Le phén
14 ’entends, inclut certaines recherches subversives de la poésie d’avant-garde autant que l’effort de mise en ordre des dogm
15 lut certaines recherches subversives de la poésie d’ avant-garde autant que l’effort de mise en ordre des dogmatiques tradi
16 es de la poésie d’avant-garde autant que l’effort de mise en ordre des dogmatiques traditionnelles et que les spéculations
17 par ailleurs tout semblait opposer sans recours : de Karl Barth à André Breton ou au Père Teilhard de Chardin ; des théolo
18 ard de Chardin ; des théologiens les plus stricts de l’Europe et des États-Unis aux écrivains les plus éloignés de tout do
19 et des États-Unis aux écrivains les plus éloignés de tout dogme, pour peu qu’il se donne pour chrétien ; enfin des Occiden
20 étien ; enfin des Occidentaux les plus conscients de leurs valeurs à certains spirituels de l’islam et de l’Inde. Faute de
21 conscients de leurs valeurs à certains spirituels de l’islam et de l’Inde. Faute de pouvoir établir le dialogue entre ces
22 leurs valeurs à certains spirituels de l’islam et de l’Inde. Faute de pouvoir établir le dialogue entre ces hommes extrême
23 ertains spirituels de l’islam et de l’Inde. Faute de pouvoir établir le dialogue entre ces hommes extrêmes qui me touchent
24 ialogue entre ces hommes extrêmes qui me touchent de si près mais qui demeurent convaincus qu’ils n’ont rien à se dire, j’
25 sé ma dialogique personnelle. Au cours des prises de position occasionnelles que représentent les chapitres de ce livre, j
26 ion occasionnelles que représentent les chapitres de ce livre, je crois bien que j’ai toujours tenu compte de la diversité
27 ivre, je crois bien que j’ai toujours tenu compte de la diversité des interlocuteurs intimes qui ont nourri ma recherche d
28 nterlocuteurs intimes qui ont nourri ma recherche d’ une unité vivante. Or, je constate que de nos jours, le phénomène reli
29 echerche d’une unité vivante. Or, je constate que de nos jours, le phénomène religieux au sens large est tenu pour suspect
30 faut bien avouer ce paradoxe, car il est au cœur de mon livre. Tout ce qu’il peut y avoir de solide dans le cadre théolog
31 au cœur de mon livre. Tout ce qu’il peut y avoir de solide dans le cadre théologique de mes essais, je le dois sans nul d
32 peut y avoir de solide dans le cadre théologique de mes essais, je le dois sans nul doute à Karl Barth. Toutefois, l’homm
33 doute à Karl Barth. Toutefois, l’homme ne vit pas de discipline, mais de vérité assimilée. Éviter, dénoncer l’erreur systé
34 Toutefois, l’homme ne vit pas de discipline, mais de vérité assimilée. Éviter, dénoncer l’erreur systématique est vital po
35 our celui qui enseigne, mais accepter les risques d’ erreur ou d’hérésie n’est pas moins vital pour celui qui est entré dan
36 i enseigne, mais accepter les risques d’erreur ou d’ hérésie n’est pas moins vital pour celui qui est entré dans la quête s
37 ont j’étais lorsque j’écrivis plusieurs chapitres de ce livre), à ceux qui ne pensent plus que dans son style exagérément
38  » inlassablement martelés, sa manière dramatique d’ exclure sans cesse tout ce qui risquerait de distraire l’attention de
39 tique d’exclure sans cesse tout ce qui risquerait de distraire l’attention de l’esprit, l’attente de l’âme, loin du point
40 e tout ce qui risquerait de distraire l’attention de l’esprit, l’attente de l’âme, loin du point qu’il importe au docteur
41 t de distraire l’attention de l’esprit, l’attente de l’âme, loin du point qu’il importe au docteur de la foi de circonscri
42 de l’âme, loin du point qu’il importe au docteur de la foi de circonscrire et d’imposer à tout jamais : là est la grâce,
43 loin du point qu’il importe au docteur de la foi de circonscrire et d’imposer à tout jamais : là est la grâce, et pas ail
44 l importe au docteur de la foi de circonscrire et d’ imposer à tout jamais : là est la grâce, et pas ailleurs, et tout le r
45 calviniste fait la force, mais aussi la faiblesse d’ une école qui a su redresser la pensée proprement protestante et qui e
46 ble, au seuil du grand dialogue œcuménique. Point d’ Église sans orthodoxie, qui est la connaissance rectifiée (recta cogni
47 ceux qui servent les sacrements. Mais dans la vie de l’esprit, qui n’est pas collective, l’Esprit seul peut montrer la voi
48 as collective, l’Esprit seul peut montrer la voie de l’appropriation de la vérité. Or, il révèle qu’il est autant de voies
49 prit seul peut montrer la voie de l’appropriation de la vérité. Or, il révèle qu’il est autant de voies que de personnes c
50 tion de la vérité. Or, il révèle qu’il est autant de voies que de personnes créées par lui. Je me dis parfois que ces voie
51 rité. Or, il révèle qu’il est autant de voies que de personnes créées par lui. Je me dis parfois que ces voies sont toutes
52 « hérétiques » aux yeux de la doctrine cohérente de l’Église, mais sauvées par leur convergence au-delà des anathema sit.
53 anathema sit. Je me dis aussi que les découvertes de la science ne sont pas faites par ceux qui appliquent les règles, mai
54 règles, mais par celui qui ose imaginer à partir d’ un défaut minuscule de la règle (négligé par les professeurs) quelque
55 i qui ose imaginer à partir d’un défaut minuscule de la règle (négligé par les professeurs) quelque chose qui met en quest
56 es professeurs) quelque chose qui met en question de grandes prémisses indiscutées à l’échelle des réalités de la vie cour
57 es prémisses indiscutées à l’échelle des réalités de la vie courante. De même un homme peut découvrir dans l’orthodoxie qu
58 rope classique, et qui était invariable, éternel, de telle manière qu’on pouvait spéculer sur ses rapports justes ou faux
59 y aura des hommes pour qui toutes les catégories de pensée dans lesquelles opèrent la dialectique barthienne, ou la raiso
60 lent les paraboles évangéliques, ni les relations de filiation ou de justice égalitaire, ni l’organisation patriarcale de
61 es évangéliques, ni les relations de filiation ou de justice égalitaire, ni l’organisation patriarcale de la société — de
62 justice égalitaire, ni l’organisation patriarcale de la société — de laquelle le système trinitaire est inséparable — ni l
63 re, ni l’organisation patriarcale de la société — de laquelle le système trinitaire est inséparable — ni la conception de
64 ème trinitaire est inséparable — ni la conception de la « personne » qui suppose la tradition grecque et le vocabulaire ro
65 e et le vocabulaire romain, ni même la conception de l’Unité ou de la pluralité dans l’Unité. Depuis près d’un million d’a
66 laire romain, ni même la conception de l’Unité ou de la pluralité dans l’Unité. Depuis près d’un million d’années (paraît-
67 nité ou de la pluralité dans l’Unité. Depuis près d’ un million d’années (paraît-il) qu’il vit et meurt et pense un peu, « 
68 pluralité dans l’Unité. Depuis près d’un million d’ années (paraît-il) qu’il vit et meurt et pense un peu, « l’homme » a t
69 l’homme » a tellement changé — et ses conceptions de base — qu’on ne peut affirmer sans un orgueil borné qu’au cours des s
70 ours des siècles, des millénaires ou des millions d’ années à venir, il ne changera pas d’une manière beaucoup plus radical
71 des millions d’années à venir, il ne changera pas d’ une manière beaucoup plus radicale encore, et que seule imaginent parm
72 et que seule imaginent parmi nous les intuitions de rares esprits aventureux, assez mal vus. Barth nous a convaincus que
73 ie ne soit liée, indissolublement, à une histoire de la pensée occidentale, à une tranche très brève de l’histoire (3000 a
74 e la pensée occidentale, à une tranche très brève de l’histoire (3000 ans, 8000 ans, il n’importe), à une province, à un s
75 il n’importe), à une province, à un simple canton de l’évolution de l’homme dans l’espace et le temps. Qu’on ne tire pas d
76 à une province, à un simple canton de l’évolution de l’homme dans l’espace et le temps. Qu’on ne tire pas de cet argument
77 omme dans l’espace et le temps. Qu’on ne tire pas de cet argument un refus de conclure hic et nunc sur les relations de l’
78 temps. Qu’on ne tire pas de cet argument un refus de conclure hic et nunc sur les relations de l’homme présent et de l’Esp
79 n refus de conclure hic et nunc sur les relations de l’homme présent et de l’Esprit, ou des spéculations fondées dans un a
80 c et nunc sur les relations de l’homme présent et de l’Esprit, ou des spéculations fondées dans un avenir encore inexistan
81 passeront un jour ne saurait justifier nos fautes de syntaxe ou de vocabulaire. Et le fait que nos modes actuels de pensée
82 our ne saurait justifier nos fautes de syntaxe ou de vocabulaire. Et le fait que nos modes actuels de pensée restent liés
83 de vocabulaire. Et le fait que nos modes actuels de pensée restent liés à la vieille logique grecque, par exemple, ne sau
84 ies. Mais ce serait une erreur dès maintenant que de lier l’absolu divin à nos formulations les plus « fidèles », et d’exc
85 divin à nos formulations les plus « fidèles », et d’ exclure ainsi par avance tout ce qui peut vivre hors d’elles en Dieu.
86 lure ainsi par avance tout ce qui peut vivre hors d’ elles en Dieu.   Ce correctif posé, il me faut ajouter que, quelle que
87 me faut ajouter que, quelle que soit l’évolution de ma pensée depuis vingt ans — certains des essais qu’on va lire datent
88 gt ans — certains des essais qu’on va lire datent de 1942 —, je n’ai pas éprouvé le besoin de modifier ou de retrancher qu
89 e datent de 1942 —, je n’ai pas éprouvé le besoin de modifier ou de retrancher quoi que ce soit d’important dans mes texte
90 2 —, je n’ai pas éprouvé le besoin de modifier ou de retrancher quoi que ce soit d’important dans mes textes anciens. Ce n
91 oin de modifier ou de retrancher quoi que ce soit d’ important dans mes textes anciens. Ce n’est pas sur tel point précis q
92 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 241.
2 1963, L’Opportunité chrétienne. Première partie. L’opportunité chrétienne dans un monde sécularisé — 1. Une fausse nouvelle : « Dieu est mort »
93 fausse nouvelle : « Dieu est mort »b Le thème de la mort de Dieu a constitué depuis la fin de la guerre la hantise d’u
94 velle : « Dieu est mort »b Le thème de la mort de Dieu a constitué depuis la fin de la guerre la hantise d’une partie a
95 hème de la mort de Dieu a constitué depuis la fin de la guerre la hantise d’une partie assez importante de la littérature
96 a constitué depuis la fin de la guerre la hantise d’ une partie assez importante de la littérature contemporaine. Repris de
97 a guerre la hantise d’une partie assez importante de la littérature contemporaine. Repris de Nietzsche vers 1944 par des é
98 mportante de la littérature contemporaine. Repris de Nietzsche vers 1944 par des écrivains que les circonstances rendaient
99 t répété par leurs disciples et cité comme allant de soi par ceux qui vivent de l’écho. Les bien-pensants s’indignent, com
100 s et cité comme allant de soi par ceux qui vivent de l’écho. Les bien-pensants s’indignent, comme si l’on avait proféré un
101 ’indignent, comme si l’on avait proféré un propos d’ une extrême gravité : attitude incompréhensible de la part des chrétie
102 s chrétiens, qui devraient savoir que l’existence de Dieu n’est pas affectée par une polémique locale dans le temps et dan
103 ailleurs divisé, des agnostiques. Déjà l’on parle de mystiques sans Dieu, des saints sans Dieu. Malraux se demande si la m
104 s saints sans Dieu. Malraux se demande si la mort de Dieu n’entraîne pas celle de l’homme, — pensée difficile à comprendre
105 e demande si la mort de Dieu n’entraîne pas celle de l’homme, — pensée difficile à comprendre. De jeunes romanciers s’auto
106 elle de l’homme, — pensée difficile à comprendre. De jeunes romanciers s’autorisent de la « mort de Dieu » pour s’abandonn
107 e à comprendre. De jeunes romanciers s’autorisent de la « mort de Dieu » pour s’abandonner au plaisir masochiste de décrir
108 e. De jeunes romanciers s’autorisent de la « mort de Dieu » pour s’abandonner au plaisir masochiste de décrire un monde « 
109 de Dieu » pour s’abandonner au plaisir masochiste de décrire un monde « absurde ». Cependant, je ne vois pas que ce thème,
110 té vraiment discuté, jusqu’ici. Du défi désespéré de Nietzsche, de l’affirmation méthodique de Sartre, on a (plutôt vaguem
111 scuté, jusqu’ici. Du défi désespéré de Nietzsche, de l’affirmation méthodique de Sartre, on a (plutôt vaguement) supputé l
112 sespéré de Nietzsche, de l’affirmation méthodique de Sartre, on a (plutôt vaguement) supputé les effets sur la psychologie
113 est mort, ce qu’ils entendent exactement par là ? De quel Dieu s’agit-il, en somme ? De celui qu’ils imaginent ou de celui
114 ement par là ? De quel Dieu s’agit-il, en somme ? De celui qu’ils imaginent ou de celui que beaucoup prient ? D’une carica
115 ’agit-il, en somme ? De celui qu’ils imaginent ou de celui que beaucoup prient ? D’une caricature commode ou de la premièr
116 u’ils imaginent ou de celui que beaucoup prient ? D’ une caricature commode ou de la première Personne de la Trinité ? Du D
117 que beaucoup prient ? D’une caricature commode ou de la première Personne de la Trinité ? Du Dieu des philosophes ou du Di
118 une caricature commode ou de la première Personne de la Trinité ? Du Dieu des philosophes ou du Dieu des Prophètes ? D’une
119 u Dieu des philosophes ou du Dieu des Prophètes ? D’ une attitude psychologique ou d’une réalité ontologique ? Ou seulement
120 u des Prophètes ? D’une attitude psychologique ou d’ une réalité ontologique ? Ou seulement du mot de passe d’un nouveau co
121 u d’une réalité ontologique ? Ou seulement du mot de passe d’un nouveau conformisme ? Exiger sur tout cela un peu d’honnêt
122 éalité ontologique ? Ou seulement du mot de passe d’ un nouveau conformisme ? Exiger sur tout cela un peu d’honnête clarté,
123 nouveau conformisme ? Exiger sur tout cela un peu d’ honnête clarté, ce serait le moyen de faire entrevoir quelques difficu
124 cela un peu d’honnête clarté, ce serait le moyen de faire entrevoir quelques difficultés inextricables, où cette affirmat
125 ù cette affirmation jette non seulement la pensée de ses auteurs récents, mais toute la pensée du type occidental. Gardons
126 toute la pensée du type occidental. Gardons-nous d’ admettre — ce serait leur faire injure — qu’ils aient voulu dire simpl
127 u romantisme ou même aux platitudes rationalistes de l’athéisme occidental, qu’ils ont largement reniés. Ils insistent, au
128 ent, au contraire, par ce tour dramatique au goût de l’immédiate après-guerre, sur la nouveauté du message, et sur son obj
129 ndent annoncer une nouvelle, la mauvaise nouvelle de la mort récente de Dieu, c’est-à-dire un anti-évangile (evangelos : l
130 nouvelle, la mauvaise nouvelle de la mort récente de Dieu, c’est-à-dire un anti-évangile (evangelos : la bonne nouvelle).
131  : la bonne nouvelle). Nous voici donc contraints d’ examiner premièrement les sources et, secondement, la crédibilité de l
132 ement les sources et, secondement, la crédibilité de l’information. Je ne discuterai pas l’inventeur de la phrase : Nietzs
133 e l’information. Je ne discuterai pas l’inventeur de la phrase : Nietzsche est un cas suffisamment connu1. Et, d’ailleurs,
134 essage en écrivant un jour ceci : « La réfutation de Dieu : ce n’est que le Dieu moral qui est réfuté. » (Œuvres posthumes
135 futé. » (Œuvres posthumes.) Tout autre est le cas de l’auteur contemporain auquel l’ignorance générale fait remonter la ru
136 ur dont je parle, J.-P. Sartre. L’argument majeur de ce philosophe ne porte pas, bien entendu, sur l’essence de Dieu et du
137 losophe ne porte pas, bien entendu, sur l’essence de Dieu et du diable, mais sur leur existence qui, selon lui, diminuerai
138 ui, diminuerait ou supprimerait la responsabilité de l’homme. Si telle est bien sa position, l’on en déduit nécessairement
139 puisqu’en son nom l’on peut trancher une question d’ existence réelle. Il ne faut pas que Dieu et le diable existent, car a
140 t le diable existent, car alors la responsabilité de l’homme en pâtirait. Nous sommes donc en présence d’une morale fanati
141 en présence d’une morale fanatique, c’est-à-dire d’ une morale prête à nier telle ou telle réalité2, pour peu que celle-ci
142 fortement la responsabilité — cependant réelle — de l’homme. Il suffit pour que Sartre décrète que Dieu n’existe pas, et
143 Dieu n’existe pas, et bien plus, qu’il est mort. D’ où peut lui venir cette passion de la responsabilité ? D’une volonté d
144 qu’il est mort. D’où peut lui venir cette passion de la responsabilité ? D’une volonté d’affirmer l’homme et ses pouvoirs,
145 ut lui venir cette passion de la responsabilité ? D’ une volonté d’affirmer l’homme et ses pouvoirs, répondrait-il. Et c’es
146 ette passion de la responsabilité ? D’une volonté d’ affirmer l’homme et ses pouvoirs, répondrait-il. Et c’est d’une manièr
147 l’homme et ses pouvoirs, répondrait-il. Et c’est d’ une manière analogue que Malraux et Jaspers interprètent ici le cri de
148 ue que Malraux et Jaspers interprètent ici le cri de Nietzsche : comme une proclamation de l’avènement de l’homme. Ceci co
149 ici le cri de Nietzsche : comme une proclamation de l’avènement de l’homme. Ceci couvre une étrange équivoque. En effet,
150 Nietzsche : comme une proclamation de l’avènement de l’homme. Ceci couvre une étrange équivoque. En effet, Sartre ne prend
151 t « responsable » au sens authentique et littéral de « capable de répondre » (de ses actes et pensées devant Dieu ou devan
152 le » au sens authentique et littéral de « capable de répondre » (de ses actes et pensées devant Dieu ou devant autrui), ma
153 thentique et littéral de « capable de répondre » ( de ses actes et pensées devant Dieu ou devant autrui), mais au sens de «
154 nsées devant Dieu ou devant autrui), mais au sens de « capable de décider » (de ce qu’on est et sera) ; non pas au sens ch
155 Dieu ou devant autrui), mais au sens de « capable de décider » (de ce qu’on est et sera) ; non pas au sens chargé de missi
156 autrui), mais au sens de « capable de décider » ( de ce qu’on est et sera) ; non pas au sens chargé de mission, mais à cel
157 de ce qu’on est et sera) ; non pas au sens chargé de mission, mais à celui d’aventurier qui assume ses risques et périls e
158 ; non pas au sens chargé de mission, mais à celui d’ aventurier qui assume ses risques et périls et qui les choisit souvera
159 qui les choisit souverainement ; non pas au sens de créature, mais bien à celui de démiurge ; non pas au sens d’un homme,
160  ; non pas au sens de créature, mais bien à celui de démiurge ; non pas au sens d’un homme, mais bien d’un dieu. Ce dernie
161 , mais bien à celui de démiurge ; non pas au sens d’ un homme, mais bien d’un dieu. Ce dernier trait est capital. On sent q
162 démiurge ; non pas au sens d’un homme, mais bien d’ un dieu. Ce dernier trait est capital. On sent qu’il trahit un refus d
163 trait est capital. On sent qu’il trahit un refus de la réalité donnée, la sienne d’abord (« Je vais me faire à mon idée »
164 Je vais me faire à mon idée ») et par suite celle d’ autrui (« L’enfer, c’estd les autres »). Il n’en marque pas moins la l
165 les autres »). Il n’en marque pas moins la limite de l’arrogance intellectuelle, le terme délirant d’un individualisme de
166 de l’arrogance intellectuelle, le terme délirant d’ un individualisme de surcompensation, qui ne pourra plus que se nier l
167 llectuelle, le terme délirant d’un individualisme de surcompensation, qui ne pourra plus que se nier lui-même s’il veut re
168 t rejoindre la morale. Il se niera donc au profit de quelque dictature collectiviste, car là seulement il croira retrouver
169 p du communisme, où naguère encore on le traitait de rat visqueux, ou d’une manière plus précise, d’individualiste petit-b
170 naguère encore on le traitait de rat visqueux, ou d’ une manière plus précise, d’individualiste petit-bourgeois.e Ce rapi
171 t de rat visqueux, ou d’une manière plus précise, d’ individualiste petit-bourgeois.e Ce rapide examen des sources nous r
172 apide examen des sources nous ramène à des prises de position peu compliquées. Sartre annonçant que Dieu est mort nous dit
173 r l’homme. Il n’en résulte pas que Dieu ait cessé d’ exister, d’aider l’homme ou de le juger. Et dans le fait, numériquemen
174 Il n’en résulte pas que Dieu ait cessé d’exister, d’ aider l’homme ou de le juger. Et dans le fait, numériquement, il n’y a
175 que Dieu ait cessé d’exister, d’aider l’homme ou de le juger. Et dans le fait, numériquement, il n’y a jamais eu dans l’H
176 uement, il n’y a jamais eu dans l’Histoire autant d’ hommes qu’aujourd’hui pour affirmer qu’ils croient leur Dieu vivant. (
177 u vivant. (Cf. les statistiques du christianisme, de l’islam et de bien des religions que nous nommons païennes.) Voyons m
178 les statistiques du christianisme, de l’islam et de bien des religions que nous nommons païennes.) Voyons maintenant la c
179 mmons païennes.) Voyons maintenant la crédibilité de la nouvelle. (Il est clair qu’elle ne peut être estimée sur le fait q
180 le fait qu’une majorité la récuse.) Hors du plan de la polémique, soit nietzschéenne, soit anticléricale, littéralement e
181 évélation du Dieu vivant par l’Évangile, que dire de la révélation inverse que nous apportent ces deux hommes ? Nous somme
182 ? Nous sommes en pleine absurdité. La crédibilité de la nouvelle est nulle. Reste le fait que le Dieu du christianisme, d
183 fait que le Dieu du christianisme, du judaïsme et de l’islam, le Dieu qui s’intéresse à chaque homme (et même à chaque pas
184 au dit l’Évangile), et cela dans le détail intime de sa vie, le Dieu que tant de milliards d’humains souffrants ou méditan
185 l intime de sa vie, le Dieu que tant de milliards d’ humains souffrants ou méditants, génies ou pauvres types essayant de s
186 ts ou méditants, génies ou pauvres types essayant de s’en tirer, ont prié et prient encore pour qu’il les assiste individu
187 et absurde que toutes les absurdités que je viens d’ énumérer. À vrai dire, ce n’est pas surprenant. C’est même aisément ex
188 gination aujourd’hui courante du cosmos. Question d’ échelle. Cette vermine fugitive que représente l’homme sur la terre, a
189 gitive que représente l’homme sur la terre, atome d’ un système solaire, atome lui-même d’une galaxie, atome à son tour de
190 terre, atome d’un système solaire, atome lui-même d’ une galaxie, atome à son tour de l’espace-temps d’un univers à l’expan
191 e, atome lui-même d’une galaxie, atome à son tour de l’espace-temps d’un univers à l’expansion indéfinie… Et compter les c
192 d’une galaxie, atome à son tour de l’espace-temps d’ un univers à l’expansion indéfinie… Et compter les cheveux de sa tête 
193 s à l’expansion indéfinie… Et compter les cheveux de sa tête ! Mais à l’inverse, le Dieu personnel redevient non seulement
194 non seulement croyable mais indiscutable au sens de chaque vie, dès que le regard se tourne vers l’homme, vers un homme b
195 , et le voit de plus en plus près, dans le secret de son cœur, dans le noyau de son esprit. « Dieu sensible au cœur », dis
196 s près, dans le secret de son cœur, dans le noyau de son esprit. « Dieu sensible au cœur », disait Pascal. Et de même, l’é
197 ne peut être décelée et étudiée que dans le noyau de l’atome, dans ce cœur du réel physique. Si nos savants s’étaient born
198 es villes, la mer, le ciel, des autos, des livres d’ économie politique ou le sort des masses, l’énergie nucléaire non seul
199 ût demeurée inimaginable. De même, il est absurde de « chercher Dieu dans la nature » ou dans l’Histoire, ou encore dans n
200 sensible qu’au cœur, c’est-à-dire au plus intime d’ une personne bien réelle et distincte. Il est donc normal que le Dieu
201 r lieu que dans l’intime, comme la transformation de l’énergie que dans l’infime, et comme l’amour nulle part ailleurs que
202 s un cœur. 1. Voir le bref et admirable ouvrage de Karl Jaspers : Nietzsche et le christianisme. 2. Car Dieu, même si q
203  Une fausse nouvelle : “Dieu est mort” », Liberté de l’esprit, Paris, n° 41, juin-juillet 1953, p. 141-142), puis en angla
204 2). c. L’édition américaine traduit ainsi la fin de la phrase : « a morality ready to negate any reality that gets in the
3 1963, L’Opportunité chrétienne. Première partie. L’opportunité chrétienne dans un monde sécularisé — 2. Sécularisme
205 r les Français, il n’évoquerait que des souvenirs de la Révolution, c’est-à-dire la confiscation par l’État des richesses
206 u christianisme par des hommes ou par des groupes d’ hommes qui ne croient plus au christianisme. L’attitude, c’est celle d
207 nt plus au christianisme. L’attitude, c’est celle de la très grande majorité de nos contemporains qui ne croient pas en un
208 ’attitude, c’est celle de la très grande majorité de nos contemporains qui ne croient pas en une transcendance. C’est l’at
209 ent vécu et pratiqué, et de plus en plus dépourvu de ses éléments de polémiques, au moins conscients. Cette « mort de Dieu
210 iqué, et de plus en plus dépourvu de ses éléments de polémiques, au moins conscients. Cette « mort de Dieu », en tant que
211 de polémiques, au moins conscients. Cette « mort de Dieu », en tant que phénomène psychologique et non ontologique, pose
212 le est la forme que doit revêtir l’évangélisation de notre époque ? Comment parler à tous ces gens autour de nous qui ont
213 r de nous qui ont décidé que le mot Dieu n’a plus de sens ? Et qui semblent persuadés que les mots Église, salut, vocation
214 vocation, foi, obéissance, adoration sont autant de mensonges, d’illusions, de niaiseries, ou de fuites devant la réalité
215 , obéissance, adoration sont autant de mensonges, d’ illusions, de niaiseries, ou de fuites devant la réalité ? En face du
216 adoration sont autant de mensonges, d’illusions, de niaiseries, ou de fuites devant la réalité ? En face du siècle pratiq
217 tant de mensonges, d’illusions, de niaiseries, ou de fuites devant la réalité ? En face du siècle pratiquement athée dans
218 , démesurée pour les forces et pour l’information d’ aucun homme existant de nos jours. En cependant chacun de nous se voit
219 rces et pour l’information d’aucun homme existant de nos jours. En cependant chacun de nous se voit bien forcé d’y répondr
220 homme existant de nos jours. En cependant chacun de nous se voit bien forcé d’y répondre. La situation du chrétien aujour
221 s. En cependant chacun de nous se voit bien forcé d’ y répondre. La situation du chrétien aujourd’hui est vraiment folle, s
222 ’hui est vraiment folle, si l’on songe que chacun de nous est contraint de vivre et de penser selon sa foi dans un monde o
223 e, si l’on songe que chacun de nous est contraint de vivre et de penser selon sa foi dans un monde où tout nie la foi, dan
224 onge que chacun de nous est contraint de vivre et de penser selon sa foi dans un monde où tout nie la foi, dans un monde q
225 epté ou au contraire ridiculisé que sous la forme de ses déviations traditionnelles, dans ses caricatures, bref, là où il
226 En effet, certains l’acceptent comme une garantie de l’ordre bourgeois, et d’autres le ridiculisent comme s’il n’était qu’
227 le ridiculisent comme s’il n’était qu’un système de morale et d’évasions plus ou moins hypocrites. C’est dans cette situa
228 ent comme s’il n’était qu’un système de morale et d’ évasions plus ou moins hypocrites. C’est dans cette situation à peu pr
229 ivent, vous ne sentiez pas un instant l’assurance d’ un monsieur qui développe ses idées, mais plutôt une espèce de prière
230 r qui développe ses idées, mais plutôt une espèce de prière tâtonnante pour demander le bon usage de cette maladie qu’est
231 e de prière tâtonnante pour demander le bon usage de cette maladie qu’est le siècle, et dont nous sommes tous les victimes
232 r décrire la maladie. La plupart des descriptions de notre temps faites par des analystes chrétiens partent de l’idée bana
233 temps faites par des analystes chrétiens partent de l’idée banale que ce siècle est très spécialement mauvais, et qu’il e
234 iècle lui-même, dans sa forme réelle. J’essaierai d’ éviter ce travers autant que possible. La sécularisation de l’existenc
235 ce travers autant que possible. La sécularisation de l’existence au xxe siècle revêt deux aspects qu’il ne faut pas confo
236 nfondre : perte du sens du sacré et perte du sens de la transcendance. Nous assistons aux dernières phases d’une longue dé
237 ranscendance. Nous assistons aux dernières phases d’ une longue dégradation, ou même d’une destruction des éléments sacrés
238 ernières phases d’une longue dégradation, ou même d’ une destruction des éléments sacrés de la vie publique et privée. Cett
239 on, ou même d’une destruction des éléments sacrés de la vie publique et privée. Cette profanation générale résulte de nomb
240 que et privée. Cette profanation générale résulte de nombreuses causes concomitantes, telles que le rationalisme vulgaire,
241 on et la démocratisation croissante. Sous l’effet de ces divers facteurs, l’humanité du xxe siècle tend à éliminer les fo
242 rame solennel rappelant les ordalies ou jugements de Dieu. L’agriculture en se mécanisant perd ses caractères magiques et
243 uaient un si grand rôle dans les mythes religieux de l’Antiquité. À ce propos, relevons que dans les évangiles, la presque
244 totalité des paraboles et comparaisons est tirée de l’agriculture (le semeur, le grain qui doit nourrir, le cep et les sa
245 ériles, etc.). Ce langage symbolique, tout chargé d’ éléments de religion naturelle, ne tend-il pas à perdre son efficacité
246 .). Ce langage symbolique, tout chargé d’éléments de religion naturelle, ne tend-il pas à perdre son efficacité et son pou
247 poque des avions, des boulons fabriqués en série, de la radio et des transports rapides ? Les catholiques, dont la religio
248 adre pastoral des évangiles et la vie quotidienne d’ un ouvrier d’usine, il n’y avait pas l’une des raisons du décalage plu
249 des évangiles et la vie quotidienne d’un ouvrier d’ usine, il n’y avait pas l’une des raisons du décalage plus général ent
250 es urbaines. Fallait-il en tirer une condamnation de la vie urbaine et des machines, et déclarer que la vie rurale est seu
251 la vie rurale est seule conforme à l’ordre divin de la Création ? Ou au contraire, fallait-il en conclure que c’est le la
252 aire, fallait-il en conclure que c’est le langage de l’Église qui doit être modernisé ? Nous aurons à revenir à des dilemm
253 nalogues, un peu plus tard, et je n’essaierai pas de prendre position dans ce cas particulier. D’autant moins qu’en dépit
254 pas de prendre position dans ce cas particulier. D’ autant moins qu’en dépit des inquiétudes peut-être légitimes que je vi
255 , j’inclinerais à penser que cette première forme de sécularisme, la désacralisation de l’existence, peut être un bien aut
256 première forme de sécularisme, la désacralisation de l’existence, peut être un bien autant qu’un mal pour notre foi. Elle
257 du sens des correspondances naturelles et du sens de la vénération. Mais elle peut être un bien, aussi, dans la mesure où
258 la religion naturelle et la foi, par soustraction de la première. Du point de vue de la foi pure, en effet, on peut estime
259 par soustraction de la première. Du point de vue de la foi pure, en effet, on peut estimer qu’il y a un progrès dans le f
260 qu’il y a un progrès dans le fait que les hommes d’ aujourd’hui sont moins tentés de confondre le christianisme avec telle
261 it que les hommes d’aujourd’hui sont moins tentés de confondre le christianisme avec telle ou telle forme de la religion a
262 fondre le christianisme avec telle ou telle forme de la religion ancestrale, patriarcale, champêtre ou monarchique. Au res
263 reste, le sacré ou le sacral appartient au règne de la Nature, de la physique sociale, de l’immanence, et c’est pourquoi
264 ré ou le sacral appartient au règne de la Nature, de la physique sociale, de l’immanence, et c’est pourquoi il n’a pas man
265 nt au règne de la Nature, de la physique sociale, de l’immanence, et c’est pourquoi il n’a pas manqué d’éveiller la méfian
266 l’immanence, et c’est pourquoi il n’a pas manqué d’ éveiller la méfiance des Apôtres et des premiers chrétiens. Il tend à
267 nne du Moyen Âge a reconstitué une notion sacrale de la vie. Et c’est ainsi que les révolutions modernes ont été amenées,
268 pour les masses. Je ne pense pas qu’il y ait lieu de se féliciter de ces renaissances, plus que de déplorer la décadence d
269 Je ne pense pas qu’il y ait lieu de se féliciter de ces renaissances, plus que de déplorer la décadence des anciennes for
270 ieu de se féliciter de ces renaissances, plus que de déplorer la décadence des anciennes formules du sacré. Du point de vu
271 des anciennes formules du sacré. Du point de vue de la foi, ces phénomènes resteront toujours ambivalents. Il en va tout
272 nt toujours ambivalents. Il en va tout autrement de la seconde forme de sécularisme, celle que j’ai nommée la perte du se
273 nts. Il en va tout autrement de la seconde forme de sécularisme, celle que j’ai nommée la perte du sens de la transcendan
274 cularisme, celle que j’ai nommée la perte du sens de la transcendance. C’est ici que notre analyse doit s’appliquer. Dans
275 imité à lui-même. Elle supprime donc la dimension de l’au-delà, c’est-à-dire de l’éternité, de la transcendance, donc de D
276 rime donc la dimension de l’au-delà, c’est-à-dire de l’éternité, de la transcendance, donc de Dieu dans sa royautéj. L’hom
277 mension de l’au-delà, c’est-à-dire de l’éternité, de la transcendance, donc de Dieu dans sa royautéj. L’homme est devenu l
278 t-à-dire de l’éternité, de la transcendance, donc de Dieu dans sa royautéj. L’homme est devenu le seul but de l’homme, la
279 dans sa royautéj. L’homme est devenu le seul but de l’homme, la vie le seul but de la vie, et le temps le seul but du tem
280 devenu le seul but de l’homme, la vie le seul but de la vie, et le temps le seul but du temps. Il en résulte des conséquen
281 e des conséquences décisives, dans tous les plans de la vie humaine, sans exception. Je m’en tiendrai à trois illustration
282 te politique et la dernière dans la religion même de nos Églises.k Philosophie La philosophie du xxe siècle proclam
283 et écrivains français. Ils se distinguent en ceci de leurs contemporains anglo-saxons, qui paraissent ne point même éprouv
284 , qui paraissent ne point même éprouver le besoin de formuler cette mort de Dieu, — comme si pour eux, vraiment, la questi
285 nt même éprouver le besoin de formuler cette mort de Dieu, — comme si pour eux, vraiment, la question ne s’était jamais po
286 jamais posée, comme si l’ère du sérieux humain et de la pensée honnête avait commencé avec Marx et ne s’était continuée qu
287 e, discutent dans les cafés à partir de la « mort de Dieu », considérée comme un dogme indiscutable, qu’il s’agisse des ex
288 e qui se fonde aujourd’hui sur le dogme est celle de l’existentialisme parisien. « L’existentialisme, écrit le chef de cet
289 isme parisien. « L’existentialisme, écrit le chef de cette école, n’est pas autre chose qu’un effort pour tirer toutes les
290 e qu’un effort pour tirer toutes les conséquences d’ une position athée cohérente. » Chose étrange, je ne connais pas de ph
291 hée cohérente. » Chose étrange, je ne connais pas de philosophie qui soit plus proche du christianisme dans sa description
292 plus proche du christianisme dans sa description de la condition humaine. L’homme, dit-elle, est responsable de ce qu’il
293 ition humaine. L’homme, dit-elle, est responsable de ce qu’il est. L’homme choisit m dans l’angoisse, parce que ses choix
294 délaissé, c’est-à-dire abandonné au risque total de son choix. L’homme enfin n’est pas ce qu’il se rêve, ni ce qu’il se s
295 semble à s’y méprendre à la conception chrétienne de l’homme plongé dans le monde du péché, d’un péché qui existait avant
296 étienne de l’homme plongé dans le monde du péché, d’ un péché qui existait avant lui mais dont il est responsable pourtant,
297 i mais dont il est responsable pourtant, à chacun de ses actes. Je disais un jour au chef de l’école existentialisteo : « 
298 à chacun de ses actes. Je disais un jour au chef de l’école existentialisteo : « En somme votre philosophie peut se résum
299 e votre philosophie peut se résumer dans ce titre de Pascal : Misère de l’homme sans Dieu. » À quoi il me répondit : « D’a
300 peut se résumer dans ce titre de Pascal : Misère de l’homme sans Dieu. » À quoi il me répondit : « D’accord mais avec cet
301 ec cette seule différence : c’est qu’il n’y a pas de Dieu. » On ne saurait mieux résumer la situation séculariste, considé
302 sumer. Je ne vais pas entreprendre une discussion de l’existentialisme athée. Mais je saisirai cet exemple pour mieux décr
303 cet exemple pour mieux décrire la sécularisation de la pensée moderne, on pour mieux montrer à quel point son refus de la
304 rne, on pour mieux montrer à quel point son refus de la transcendance change tout dans l’attitude de l’homme. L’existentia
305 s de la transcendance change tout dans l’attitude de l’homme. L’existentialisme est à cet égard un cas privilégié. En effe
306 t à cet égard un cas privilégié. En effet, il use d’ une terminologie chrétienne dans sa source — et cela permet une confro
307 transcendance, l’existentialisme déforme et vide de leur sens chrétien les mots-clés qu’il emploie sans cesse, et qu’il s
308 à Kierkegaard. Ce mot définit à leurs yeux l’état de l’homme qui choisit en toute liberté, mais qui engage par son choix l
309 goissant, en effet, car cet homme est responsable de ce qu’il décide et pourtant il ne peut décider qu’en vertu d’un mouve
310 isse du chrétien ressemble extérieurement à celle de cet homme athée. En effet, le chrétien doit choisir lui aussi ; il en
311 il engage lui aussi par son choix tout le destin de l’humanité ; il se sait lui aussi responsable, et pourtant il ne peut
312 er que sur une réalité « indémontrable » aux yeux d’ autrui, qui est sa foi. Mais voici la différence : si le chrétien choi
313 e néant, mais sur le pardon. Elle est toute mêlée d’ espérance et de confiance. Et c’est pourquoi je pense qu’elle existe t
314 ur le pardon. Elle est toute mêlée d’espérance et de confiance. Et c’est pourquoi je pense qu’elle existe tout autrement q
315 ense qu’elle existe tout autrement que l’angoisse de l’athée, qui est une angoisse pure, trop pure et indéterminée pour êt
316 u’il faut bien vivre ». De même la responsabilité de l’athée est beaucoup moins réelle que celle du chrétien. Car le chrét
317 chrétien doit vraiment répondre à Dieu, répondre de ses actes devant Dieu. Mais l’athée, devant qui sera-t-il responsable
318 bstraction. Et il en va de même pour l’engagement de l’athée, pour sa liberté, et pour son délaissement. Tous ces mots per
319 nt n’est plus un acte mais la simple constatation d’ un état de fait, d’une condition que l’on subit, et qui ne mène à rien
320 lus un acte mais la simple constatation d’un état de fait, d’une condition que l’on subit, et qui ne mène à rien de défini
321 te mais la simple constatation d’un état de fait, d’ une condition que l’on subit, et qui ne mène à rien de défini ; la lib
322 e condition que l’on subit, et qui ne mène à rien de défini ; la liberté n’est plus qu’un pari dans le vide ; et le délais
323 de ; et le délaissement se résout dans une espèce d’ indifférence vaguement inquiète, où tout est permis, où il n’y a pas d
324 ent inquiète, où tout est permis, où il n’y a pas de sanctions, mais pas non plus d’ordres donnés. Ainsi la description de
325 , où il n’y a pas de sanctions, mais pas non plus d’ ordres donnés. Ainsi la description de l’homme athée que nous donne la
326 as non plus d’ordres donnés. Ainsi la description de l’homme athée que nous donne la philosophie séculariste est à la fois
327 sophie séculariste est à la fois exacte et privée de sens. C’est un portrait où tout est juste, dans le détail, mais l’imp
328 tout est juste, dans le détail, mais l’impression d’ ensemble est fausse, ou inexistante. Vous reconnaissez le nez, les yeu
329 e, celui qu’une vocation met en question et somme de répondre. Nous pourrions nous livrer à des critiques du même genre au
330 ous livrer à des critiques du même genre au sujet d’ un grand nombre de notions chrétiennes que les modernes ont sécularisé
331 ritiques du même genre au sujet d’un grand nombre de notions chrétiennes que les modernes ont sécularisées. Je n’en indiqu
332 x. Le déterminisme scientifique, avec son système de lois rigides, tel qu’il subsiste encore dans l’esprit des masses demi
333 ’esprit des vrais savants, est une sécularisation de l’idée d’ordre divin de la création — de même que le destin que l’on
334 s vrais savants, est une sécularisation de l’idée d’ ordre divin de la création — de même que le destin que l’on invoque au
335 s, est une sécularisation de l’idée d’ordre divin de la création — de même que le destin que l’on invoque aujourd’hui est
336 e l’on invoque aujourd’hui est une sécularisation de la Providence. Dans les deux cas, le processus consiste à remplacer l
337 x cas, le processus consiste à remplacer l’action de la Personne divine par un système impersonnel, contre lequel il n’y a
338 n système impersonnel, contre lequel il n’y a pas de recours. Et enfin, on doit dire que l’idée moderne de révolution, de
339 ecours. Et enfin, on doit dire que l’idée moderne de révolution, de changement brusque et salutaire au niveau collectif, e
340 n, on doit dire que l’idée moderne de révolution, de changement brusque et salutaire au niveau collectif, est une séculari
341 taire au niveau collectif, est une sécularisation de la notion chrétienne de conversion individuelle.p Politique Si
342 f, est une sécularisation de la notion chrétienne de conversion individuelle.p Politique Si nous passons maintenant
343 Politique Si nous passons maintenant au plan de la politique, nous allons voir les résultats concrets de cette notion
344 olitique, nous allons voir les résultats concrets de cette notion de l’homme sans Dieu, de l’homme privé de la notion de t
345 llons voir les résultats concrets de cette notion de l’homme sans Dieu, de l’homme privé de la notion de transcendance. La
346 ts concrets de cette notion de l’homme sans Dieu, de l’homme privé de la notion de transcendance. La politique des régimes
347 tte notion de l’homme sans Dieu, de l’homme privé de la notion de transcendance. La politique des régimes totalitaires en
348 l’homme sans Dieu, de l’homme privé de la notion de transcendance. La politique des régimes totalitaires en est la conséq
349 ut comme les fascistes ont insisté sur leur refus de la transcendance, et en ont seul tiré les conséquences logiques. Tout
350 s brutales. Disons-le avec eux et sans nous faire d’ illusions : l’État totalitaire est l’organisation normale de l’ici-bas
351 s : l’État totalitaire est l’organisation normale de l’ici-bas, s’il n’y a pas d’au-delà. Si Dieu n’existe pas, où est la
352 organisation normale de l’ici-bas, s’il n’y a pas d’ au-delà. Si Dieu n’existe pas, où est la vérité ? Elle est dans l’idéa
353 r, ils exigeront normalement l’obéissance absolue de tout l’homme, puisqu’il n’y a rien de plus haut que l’État ou la nati
354 érieur aux rois et aux États. Mais s’il n’y a pas de Dieu, la révolte individuelle est une pure et simple sottise, qui mér
355 duelle est une pure et simple sottise, qui mérite d’ être corrigée par les moyens que l’on sait. Il faut bien voir que la q
356 que l’on sait. Il faut bien voir que la question de l’État totalitaire n’est pas simplement politique. Dans le fond, c’es
357 très simple. Si Dieu n’existe pas, s’il n’y a pas de transcendance, si l’ici-bas est toute la réalité de l’homme, alors le
358 transcendance, si l’ici-bas est toute la réalité de l’homme, alors les totalitaires ont raison. Ils ont raison contre les
359 sérieux les conditions du siècle, s’il n’y a pas d’ éternité. De même que les existentialistes nous donnent une descriptio
360 stentialistes nous donnent une description exacte de l’homme sans Dieu, les totalitaires nous donnent une application exac
361 totalitaires nous donnent une application exacte de la politique sans Dieu. Et ici encore, je le répète, c’est un progrès
362 tout de même Dieu existe. Mais on leur demandera de le démontrer. Et comme Dieu n’est pas démontrable, on leur demandera
363 mme Dieu n’est pas démontrable, on leur demandera de donner au moins la preuve qu’ils croient en lui. C’est ici que les ch
364 et que nous faisons tous partie, à quelque degré, de la cinquième colonne. Je voudrais vous en donner quelques exemples ra
365 part de leurs fidèles sont pratiquement des clubs de gens moraux plutôt que des assemblées de pécheurs qui attendent dans
366 es clubs de gens moraux plutôt que des assemblées de pécheurs qui attendent dans l’adoration et la prière la venue du sièc
367 ces Églises et leurs fidèles défendent est celle de la bourgeoisie, ou au mieux celle de Kant. C’est une morale tournée t
368 nt est celle de la bourgeoisie, ou au mieux celle de Kant. C’est une morale tournée tout entière vers le siècle — vers le
369 ècle spécialement ! – et qui ne semble plus faire de place aux interventions réelles du transcendant. Je vous citerai là-d
370 sus une anecdote qui résume tout. Un petit garçon de 6 ans disait à sa grand-mère, bonne protestante de Genève : « Grand-m
371 e 6 ans disait à sa grand-mère, bonne protestante de Genève : « Grand-maman, je prie tous les matins pour savoir ce que je
372 e dans la journée. » Et la vieille dame, inquiète de voir des traces d’illuminisme dans son petit-fils, lui répondit : « M
373 » Et la vieille dame, inquiète de voir des traces d’ illuminisme dans son petit-fils, lui répondit : « Mon petit, je n’ai p
374 répondit : « Mon petit, je n’ai pas besoin, moi, de déranger le bon Dieu pour savoir ce que je dois faire ! » Cette excel
375 excellente dame traduisait fidèlement l’attitude de beaucoup de chrétiens actuels : ils n’ont pas besoin de Dieu, puisqu’
376 ucoup de chrétiens actuels : ils n’ont pas besoin de Dieu, puisqu’ils ont la morale. Mais cette morale est celle du siècle
377 ires que le christianisme est le meilleur système de vie dans le siècle, celui qui peut empêcher les grèves, maintenir la
378 laristes avec un ton solennel, et en se prévalant de l’autorité de la Parole de Dieu, qui semble couvrir et garantir cette
379 un ton solennel, et en se prévalant de l’autorité de la Parole de Dieu, qui semble couvrir et garantir cette marchandise d
380 el, et en se prévalant de l’autorité de la Parole de Dieu, qui semble couvrir et garantir cette marchandise de pacotille p
381 qui semble couvrir et garantir cette marchandise de pacotille petite-bourgeoise. La pensée est sécularisée au dernier deg
382 s politiques, banquets, cérémonies pour les morts de la guerre, inauguration, etc., s’appliquent en général à parler comme
383 euse » à ces manifestations. Je traite ces hommes de collaborationnistes. Car après avoir flatté le siècle, par toute leur
384 cle, par toute leur attitude et par la forme même de leur pensée, lorsqu’ils donnent cette « note religieuse », ce ne peut
385 omplément nécessaire, ou un ornement traditionnel de notre civilisation. J’affirme pour ma part que la « note religieuse »
386 ortable dissonance qui ait jamais percé le tympan d’ un homme, chrétien ou non. Le dilemme Voici donc le dilemme qui
387 siècle. D’une part, le siècle a pris conscience de lui-même. Il a osé tirer les conséquences de son athéisme, avec une b
388 ence de lui-même. Il a osé tirer les conséquences de son athéisme, avec une belle rigueur, dans le plan des idées comme da
389 si la transcendance n’était pas leur seule raison d’ être, comme si elles n’y croyaient pas vraiment, comme si elles espéra
390 politiques, ou même religieuses, au sens naturel de ce terme, au sens où l’on dit à juste titre : il faut une religion po
391 situation, apparemment si compromise, aucun motif de nous décourager. Car si les Églises redeviennent de vraies Églises, e
392 nous décourager. Car si les Églises redeviennent de vraies Églises, elles n’ont pas grand-chose à craindre du sécularisme
393 sécularisme, même triomphant. Or il ne dépend que de nous qu’elles redeviennent de vraies Églises. Et le défi parfaitement
394 Or il ne dépend que de nous qu’elles redeviennent de vraies Églises. Et le défi parfaitement net et clair que nous portent
395 re une chance inespérée, peut-être la plus grande de toute l’histoire, de répondre sans équivoques. Je ne prétends pas app
396 ée, peut-être la plus grande de toute l’histoire, de répondre sans équivoques. Je ne prétends pas apporter cette réponse à
397 . Je vous donnerai seulement quelques indications d’ ordres divers, à titre de petite contribution individuelle, à l’énorme
398 à l’énorme travail collectif que le siècle attend de l’Église.q Réponses chrétiennes au sécularisme Quand les quest
399 ns sont sérieuses et totalesr, comme c’est le cas de la question séculariste, on ne peut y répondre par des arguments, mai
400 ts, mais seulement avec son être, avec sa manière d’ être, avec la puissance d’être qu’on manifeste derrière toute argument
401 n être, avec sa manière d’être, avec la puissance d’ être qu’on manifeste derrière toute argumentation, et au-delà d’elle.
402 anifeste derrière toute argumentation, et au-delà d’ elle. Or l’être même du christianisme est une tension entre la transce
403 nence. C’est-à-dire qu’il ne s’agit pas pour nous d’ opposer au siècle un transcendant verbal, pur et isolé, mais au contra
404 faut-il nous affirmer comme le parti du sacré et de la transcendance ? Je répondrai : il faut faire tous les deux à la fo
405 les deux à la fois, selon les cas, et en général, d’ une manière inverse de celle que nous pratiquons aujourd’hui. Devant c
406 lon les cas, et en général, d’une manière inverse de celle que nous pratiquons aujourd’hui. Devant ce siècle et dans ce si
407 la transcendance, et où l’on parle à notre temps de ses problèmes, mais au nom de ce qui les transcende. Or nous sommes t
408 plupart de nos églises, c’est un mauvais mélange de sécularisme et de piétisme, l’un se manifestant presque toujours là o
409 lises, c’est un mauvais mélange de sécularisme et de piétisme, l’un se manifestant presque toujours là où c’est l’autre qu
410 eulement en Amérique, consistent en lieux communs de morale bourgeoise, donc séculière, mais exprimés sur un ton pieux et
411 éculière, mais exprimés sur un ton pieux et ornés de formules bibliques, au hasard de l’association des idées. Or c’est ex
412 n pieux et ornés de formules bibliques, au hasard de l’association des idées. Or c’est exactement l’inverse que nous devon
413 est exactement l’inverse que nous devons attendre de la prédication : une réflexion non séculière, biblique, consciente de
414 une réflexion non séculière, biblique, consciente de la présence du transcendant, mais exprimée dans le langage le plus na
415 s répugnent à ce langage-là, qui met une barrière d’ un demi-siècle entre eux et l’orateur ; secundo, parce qu’une fois la
416 anchie, on s’aperçoit que ce n’était pas la peine de venir dans une église pour entendre de telles platitudes. Vous pensez
417 s la peine de venir dans une église pour entendre de telles platitudes. Vous pensez peut-être que je suis bien dur. Mais n
418 out ce qui peut être dit au nom de n’importe quoi d’ autre que la Trinité. Et je voudrais aussi que les vérités qu’on nous
419 avec passion, mais jamais sur ce ton pseudo-sacré d’ une emphase triste et correcte qui ne trompe personne, et qui suffirai
420 iculiser n’importe qu’elle vérité simple habillée de la sorte.t Quant à nos lieux de culte, également, il me semble qu’on
421 simple habillée de la sorte.t Quant à nos lieux de culte, également, il me semble qu’on les a sécularisés là où il ne fa
422 Je voudrais que nos églises protestantes cessent d’ être des lieux totalement séculiers par le décor, l’architecture et l’
423 par le décor, l’architecture et l’ornementation, de simples salles de conférence, mais difficiles d’accès et presque touj
424 rchitecture et l’ornementation, de simples salles de conférence, mais difficiles d’accès et presque toujours closes ; et q
425 de simples salles de conférence, mais difficiles d’ accès et presque toujours closes ; et qu’elles redeviennent, au contra
426 t, au contraire, des lieux consacrés mais faciles d’ accès, des sanctuaires mais toujours ouverts. J’ai parlé des églises d
427 mal, car « le Jugement va commencer par la maison de Dieu », écrit l’apôtre Pierre. De plus, si nous voulons agir sur le s
428 ant, si nous sortons du sanctuaire où nous venons d’ adorer ensemble le transcendant, celui qui juge et sauve le siècle, no
429 e qu’aucun Dieu ne le sauve, qui nous met au défi d’ y croire et qui attend avec une certaine anxiété inavouée une réponse
430 les ? J’en suis arrivé à penser que le témoignage d’ un chrétien hors de l’église, c’est-à-dire là où il s’agit non plus d’
431 e l’église, c’est-à-dire là où il s’agit non plus d’ adorer Dieu mais d’informer et de convaincre des hommes, peut revêtir
432 -dire là où il s’agit non plus d’adorer Dieu mais d’ informer et de convaincre des hommes, peut revêtir deux formes, l’une
433 s’agit non plus d’adorer Dieu mais d’informer et de convaincre des hommes, peut revêtir deux formes, l’une positive, l’au
434 ecte. La forme positive du témoignage, je la vois de moins en moins dans la « réunion d’appel », dans l’adjuration pathéti
435 e, je la vois de moins en moins dans la « réunion d’ appel », dans l’adjuration pathétique aux foules, dans tous ces procéd
436 ngt ans. Je ne pense pas que nous devions essayer de rivaliser avec le siècle sur ce plan-là. Je pense que nous avons au c
437 que nous croyons, avec sobriété, et sans accepter de discussion sur l’existence ou la non-existence de l’objet et du sujet
438 de discussion sur l’existence ou la non-existence de l’objet et du sujet de notre foi. Dison : — C’est ainsi, je crois cel
439 stence ou la non-existence de l’objet et du sujet de notre foi. Dison : — C’est ainsi, je crois cela parce que c’est ainsi
440 D’ailleurs, la preuve que je crois à l’existence de Dieu, c’est justement que je n’éprouve pas le besoin de faire de la p
441 u, c’est justement que je n’éprouve pas le besoin de faire de la propagande en sa faveur. On ne fait pas de la propagande
442 justement que je n’éprouve pas le besoin de faire de la propagande en sa faveur. On ne fait pas de la propagande pour prou
443 ire de la propagande en sa faveur. On ne fait pas de la propagande pour prouver, par exemple, que les Alpes existent. Car
444 lpes existent. Car elles existent, il suffit donc de le dire. On fait de la propagande pour ce qui n’existe pas encore et
445 lles existent, il suffit donc de le dire. On fait de la propagande pour ce qui n’existe pas encore et que l’on veut créer
446 rand nombre. Laissons donc au siècle ses méthodes de propagande, qui ne conviennent pas à la certitude. Et si l’on nous de
447 niée, comme chez les totalitaires, il n’y a plus de doute permis quant aux réalités immanentes. Aussitôt celles-ci s’abso
448 s, des dieux, souvent sanguinaires. Cette absence de doute sur les réalités immanentes bâtit ou laisse se bâtir peu à peu
449 e se bâtir peu à peu autour de nous tout un monde de « nécessités », qui à leur tour tendent à exclure la possibilité même
450 , si nous croyons au transcendant, nous douterons de ces nécessités que le siècle vénère sous le nom de lois, et qu’il a f
451 e ces nécessités que le siècle vénère sous le nom de lois, et qu’il a fabriquées lui-même, pour éviter de s’avouer respons
452 lois, et qu’il a fabriquées lui-même, pour éviter de s’avouer responsable. Ne l’oublions pas : le chrétien est celui qui c
453 dant, donc aussi celui qui doute des faux absolus de ce siècle. Il est celui qui doute au nom de sa foi. J’ai décrit rapid
454 om de sa foi. J’ai décrit rapidement quelques-uns de ces faux absolus athées, dans la philosophie et dans la politique. La
455 sécularistes nous donnent une chance très grande de faire face aux vrais dilemmes, aux vraies questions, celles qui porte
456 vraies questions, celles qui portent sur le tout de l’homme et de son destin. Pour conclure, je voudrais donner une illus
457 ons, celles qui portent sur le tout de l’homme et de son destin. Pour conclure, je voudrais donner une illustration qui me
458 hasard, ce n’est point par une coïncidence privée de sens que les premiers mouvements vraiment totalitaires, dans l’histoi
459 n même temps que la première possibilité concrète de détruire par nos mains ce siècle et l’ici-bas. Je parle de la bombe a
460 re par nos mains ce siècle et l’ici-bas. Je parle de la bombe atomique. À peine les hommes avaient-ils décrété l’autonomie
461 les hommes avaient-ils décrété l’autonomie totale de cette Terre et la mort de Dieu, voici qu’ils trouvent le moyen de pro
462 rété l’autonomie totale de cette Terre et la mort de Dieu, voici qu’ils trouvent le moyen de provoquer la destruction tota
463 t la mort de Dieu, voici qu’ils trouvent le moyen de provoquer la destruction totale de la Terre et la mort de l’homme. À
464 uvent le moyen de provoquer la destruction totale de la Terre et la mort de l’homme. À peine avaient-ils dit : nous ne cro
465 quer la destruction totale de la Terre et la mort de l’homme. À peine avaient-ils dit : nous ne croyons qu’à ce monde-ci,
466 ci, voilà qu’ils se voient confrontés avec la fin de ce monde-ci, machinée par leurs soins, dans leur pleine liberté ! Et
467 ans leur pleine liberté ! Et voilà donc la limite de cette liberté enfin atteinte. : ce n’est rien d’autre que la liberté
468 de cette liberté enfin atteinte. : ce n’est rien d’ autre que la liberté de nous détruire en une seconde. Ainsi se pose, à
469 atteinte. : ce n’est rien d’autre que la liberté de nous détruire en une seconde. Ainsi se pose, à l’homme d’aujourd’hui,
470 détruire en une seconde. Ainsi se pose, à l’homme d’ aujourd’hui, d’une manière imprévue et simpliste, l’alternative d’un a
471 seconde. Ainsi se pose, à l’homme d’aujourd’hui, d’ une manière imprévue et simpliste, l’alternative d’un au-delà, d’un en
472 ’une manière imprévue et simpliste, l’alternative d’ un au-delà, d’un en-face, de quelque chose qui transcende nos folies —
473 mprévue et simpliste, l’alternative d’un au-delà, d’ un en-face, de quelque chose qui transcende nos folies — ou au contrai
474 pliste, l’alternative d’un au-delà, d’un en-face, de quelque chose qui transcende nos folies — ou au contraire d’un grand
475 chose qui transcende nos folies — ou au contraire d’ un grand saut collectif dans le néant. Ainsi sommes-nous entrés dans l
476 choix décisifs, globaux, totaux. C’est la chance de grandeur de notre temps, et nous devons l’affronter d’un cœur libre e
477 fs, globaux, totaux. C’est la chance de grandeur de notre temps, et nous devons l’affronter d’un cœur libre et confiant.
478 andeur de notre temps, et nous devons l’affronter d’ un cœur libre et confiant. Libre parce que nous ne sommes pas liés tot
479 lement, comme les incroyants, à la forme présente de ce monde, mais bien plutôt à sa transformation. Et confiant parce que
480 il arrive à ce monde, et même s’il doit sauter un de ces jours, le drame des temps est déjà joué, la vérité est déjà victo
481 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 242. Il s’agit d’une conférence (sans da
482 re de Neuchâtel sous l’identifiant 242. Il s’agit d’ une conférence (sans date ni lieu) prononcée après la guerre. g. Cett
483 guerre. g. Cette phrase est traduite directement de l’édition américaine : « The word “secularism » has become current in
484 h. On a purgé en introduction quelques éléments d’ oralité propres à la conférence, présents dans le manuscrit français e
485 ux dernières phrases sont traduites partiellement de l’édition américaine : « This “death of God” as a psychological, not
486 ” ». k. L’édition américaine donne pour le début de ce paragraphe : « Every aspect of human life, without exception, is t
487 ition américaine met « Sartre » au lieu de « chef de l’école existentialiste ». p. L’édition américaine ajoute : « It is
4 1963, L’Opportunité chrétienne. Première partie. L’opportunité chrétienne dans un monde sécularisé — 3. L’opportunité chrétienne
488 aller à les revendiquer injustement. Les docteurs de l’Église se défendaient contre les attaques successives du scepticism
489 contre les attaques successives du scepticisme né de la science cartésienne, de l’historisme, de la philologie, puis des s
490 ives du scepticisme né de la science cartésienne, de l’historisme, de la philologie, puis des systèmes sociologiques et ph
491 me né de la science cartésienne, de l’historisme, de la philologie, puis des systèmes sociologiques et philosophiques qui
492 otidienne, innombrable, et sans cesse accrue mais d’ une manière imperceptible, d’habitudes de pensée et de vie de moins en
493 ns cesse accrue mais d’une manière imperceptible, d’ habitudes de pensée et de vie de moins en moins conformes aux lois spi
494 rue mais d’une manière imperceptible, d’habitudes de pensée et de vie de moins en moins conformes aux lois spirituelles :
495 e manière imperceptible, d’habitudes de pensée et de vie de moins en moins conformes aux lois spirituelles : sans le savoi
496 re imperceptible, d’habitudes de pensée et de vie de moins en moins conformes aux lois spirituelles : sans le savoir, sans
497 é doucement persécutée. Cette persécution à coups d’ épingle, de demi-sourires et d’ironies intellectuelles basées sur « le
498 persécutée. Cette persécution à coups d’épingle, de demi-sourires et d’ironies intellectuelles basées sur « les derniers
499 ersécution à coups d’épingle, de demi-sourires et d’ ironies intellectuelles basées sur « les derniers progrès de la scienc
500 intellectuelles basées sur « les derniers progrès de la science », cette tolérance même qui se manifestait à l’égard des «
501 rd des « survivances religieuses », firent autant de mal aux Églises que les persécutions romaines aux premiers temps leur
502 érentes confessions. On reculait sous la pression de l’incroyance, on frisait la part du feu, on cédait les positions trop
503 mence flambante qui fut toujours signe et symbole de l’Esprit. Un fils soumis de Rome, le grand Paul Claudel, pouvait écri
504 ours signe et symbole de l’Esprit. Un fils soumis de Rome, le grand Paul Claudel, pouvait écrire vers la fin de cette péri
505 le grand Paul Claudel, pouvait écrire vers la fin de cette période qu’à la question : « Si le sel perd sa saveur, avec quo
506 minoritaire des chrétiens ; qu’il les a attaqués de front au nom des principes non chrétiens (comme le nationalisme) qu’i
507 chute ont été pour toutes les Églises une épreuve de force, un challenge, une purification, une occasion de réveil. C’est
508 rce, un challenge, une purification, une occasion de réveil. C’est un fait que la culture laïque, a-chrétienne ou antichré
509 démontré son impuis­sance réelle devant l’assaut de dictatures barbares : elle s’est reconnue impuissante à donner des bu
510 elle s’est reconnue impuissante à donner des buts de vie, des idéaux, une morale, plus efficace que le christianisme. C’es
511 ianisme. C’est un fait que « les derniers progrès de la science » autorisent de moins en moins — et non de plus en plus, c
512 « les derniers progrès de la science » autorisent de moins en moins — et non de plus en plus, comme au siècle passé — à me
513 a Création du monde par Dieu, sa Fin, l’existence de l’esprit, etc., paraît close pour longtemps. C’est enfin un fait que
514 nt retrouvé depuis une ou deux décades le courage de réaffirmer leurs positions parfois les plus extrêmes, avec une belle
515 ec une belle indépendance vis-à-vis des critiques de l’extérieur. Renaissance du thomisme et des études mystiques chez les
516 des mystiques chez les catholiques ; restauration de la dogmatique réformée grâce au mouvement initié par Karl Barth chez
517 ar Karl Barth chez les protestants ; réapparition d’ une puissante et purifiée Église orthodoxe à l’Est. Mais dire que l’ép
518 Église orthodoxe à l’Est. Mais dire que l’époque de la défensive est terminée pour elles, dans notre temps, c’est poser a
519 ormir, ou bien à passer à l’attaque. Ce lendemain d’ une guerre de Trente Ans ne ressemble guère à une victoire, il faut bi
520 n à passer à l’attaque. Ce lendemain d’une guerre de Trente Ans ne ressemble guère à une victoire, il faut bien le dire. L
521 grands que ceux qu’elles eussent été contraintes de subir en se rendant. (Dans ce « presque » est la différence entre hon
522 Les uns s’abandonnent aux vieilleries et tentent de restaurer le nationalisme, condamné par les catastrophes récentes. Le
523 angera la vie… D’autres enfin, faisant la théorie de leur faiblesse, formulent des doctrines nihilistes dans un jargon phi
524 our le moins inoffensives. Devant cette démission de la pensée et de la morale, l’État se voit forcé d’étendre ses pouvoir
525 ffensives. Devant cette démission de la pensée et de la morale, l’État se voit forcé d’étendre ses pouvoirs, à coups de dé
526 e la pensée et de la morale, l’État se voit forcé d’ étendre ses pouvoirs, à coups de décrets si généraux que chaque vocati
527 tat se voit forcé d’étendre ses pouvoirs, à coups de décrets si généraux que chaque vocation personnelle s’en trouve néces
528 s ont moins que jamais à se soucier, aujourd’hui, de réfuter les arguments de l’incroyance : elles ont, tout simplement à
529 se soucier, aujourd’hui, de réfuter les arguments de l’incroyance : elles ont, tout simplement à donner leurs croyances, a
530 nt dans l’Église, et voyant au-dehors ses chances d’ action, et la misère du temps qui appelle, j’attends ceci : 1° Que l’É
531 e, j’attends ceci : 1° Que l’Église offre un type de relations humaines viables, comme elle le fit aux siècles sombres, av
532 raison du Moyen Âge, qui fut son œuvre. Il s’agit de restaurer le sens de la communauté vivante, que le gigantisme de nos
533 qui fut son œuvre. Il s’agit de restaurer le sens de la communauté vivante, que le gigantisme de nos machines administrati
534 sens de la communauté vivante, que le gigantisme de nos machines administratives, le règne de l’argent, le nomadisme indu
535 antisme de nos machines administratives, le règne de l’argent, le nomadisme industriel, et les déportations en masse, ont
536 s, souvent utiles, mais qui ne sont jamais règles de vie. Je voudrais une sociologie chrétienne pour le siècle. 2° Que l’É
537 nne pour le siècle. 2° Que l’Église offre un type de relations culturelles viables ; qu’elle ose de nouveau soutenir et gu
538 s’agit que nos théologiens adoptent une politique d’ intervention, et non de vertueuse indignation, à l’égard des écoles no
539 ens adoptent une politique d’intervention, et non de vertueuse indignation, à l’égard des écoles nouvelles, dépourvues de
540 ation, à l’égard des écoles nouvelles, dépourvues de principe d’intégration, de commune mesure, d’ambitions spirituelles.
541 gard des écoles nouvelles, dépourvues de principe d’ intégration, de commune mesure, d’ambitions spirituelles. Sans « dévot
542 nouvelles, dépourvues de principe d’intégration, de commune mesure, d’ambitions spirituelles. Sans « dévotion » à rien d’
543 ues de principe d’intégration, de commune mesure, d’ ambitions spirituelles. Sans « dévotion » à rien d’avouable…x Toute la
544 ’ambitions spirituelles. Sans « dévotion » à rien d’ avouable…x Toute la culture de l’Occident — musique, peinture, philoso
545 « dévotion » à rien d’avouable…x Toute la culture de l’Occident — musique, peinture, philosophie, littérature — est sortie
546 recherche pour la ramener ! 3° Que l’Église cesse de défendre la triste et inefficace moralité bourgeoise, avec laquelle t
547 nefficace moralité bourgeoise, avec laquelle trop de chrétiens confondent aujourd’hui la vertu ; et qu’elle restaure chez
548 tu ; et qu’elle restaure chez les fidèles le sens de la vocation personnelle, seul fondement d’une morale spécifiquement c
549 e sens de la vocation personnelle, seul fondement d’ une morale spécifiquement chrétienne. « Soyez bien sages », nous disai
550 jourd’hui, hors des Églises, me paraissent avides d’ entendre. La « folie de la Croix » non la sagesse bourgeoise. Quelque
551 ises, me paraissent avides d’entendre. La « folie de la Croix » non la sagesse bourgeoise. Quelque chose qui entraîne en a
552 là, non pas ce qui retient en arrière des risques de la vie. 4° Que l’Église affirme avec force, dans le domaine politique
553 orce, dans le domaine politique, la Transcendance de son chef, contre tous les absolutismes nationaux, étatiques, partisan
554 dans notre siècle : il peut offrir le modèle même d’ une union mondiale dans le respect des diversités nationales. Que dis-
555 nationales. Que dis-je, il peut ! Il le doit, et de toute urgence ! S’il y échoue, je ne vois aucune raison d’attendre au
556 urgence ! S’il y échoue, je ne vois aucune raison d’ attendre autre chose, pour le monde, que des tyrans, leurs guerres, et
557 e, qui résume à mes yeux les plus grandes chances d’ action du christianisme au xxe siècle, resterait une pure utopie si l
558 s et par des petits groupes ; par quelques « fous de Dieu » comme saint François d’Assise ; par des gens de peu réunis dan
559 eu » comme saint François d’Assise ; par des gens de peu réunis dans une chambre ; par des mystiques qui n’auront l’air de
560 ne chambre ; par des mystiques qui n’auront l’air de rien ; par des hommes dont on dira qu’ils exagèrent, qu’ils rêvent, q
561 là : « l’incomparable, l’unique, celui qui a reçu de Dieu une vocation précise », et il ajoute : « toute vocation est sans
562 3). Nous avons repris pour cette édition le texte de la parution française. w. L’édition américaine donne ceci pour ce pa
563 américaine. y. On a supprimé la dernière phrase de la publication parue en 1947 dans Third Hour : « Peut-être même par d
5 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 4. La responsabilité culturelle de l’Église
564 4. La responsabilité culturelle de l’Églisez Il y a un accord frappant entre les principes de la Char
565 Il y a un accord frappant entre les principes de la Charte de l’Atlantique et les affirmations formulées par les grand
566 accord frappant entre les principes de la Charte de l’Atlantique et les affirmations formulées par les grandes conférence
567 uesaa. Mais il est non moins remarquable qu’aucun de ces documents ne fasse allusion à l’ordre culturel de demain. Et il e
568 es documents ne fasse allusion à l’ordre culturel de demain. Et il est cependant certain que si les Églises continuent à n
569 a cessation des hostilités introduira une période de la plus grande confusion. La jeunesse de presque tous les pays du mon
570 période de la plus grande confusion. La jeunesse de presque tous les pays du monde aura été soumise à plusieurs années de
571 pays du monde aura été soumise à plusieurs années de service militaire et à une interruption plus ou moins complète de tou
572 aire et à une interruption plus ou moins complète de toute activité intellectuelle. Il nous faut donc prévoir un abaisseme
573 aut donc prévoir un abaissement général du niveau d’ instruction, une déflation de la culture classique, non seulement dans
574 nt général du niveau d’instruction, une déflation de la culture classique, non seulement dans les pays ruinés par la guerr
575 intellectuel : la propagande, la nécessité vitale de simplifier tous les problèmes, de juger selon des besoins utilitaires
576 écessité vitale de simplifier tous les problèmes, de juger selon des besoins utilitaires plutôt que selon les exigences de
577 esoins utilitaires plutôt que selon les exigences de la vérité, de penser par masses ou par majorités, de placer tout le m
578 ires plutôt que selon les exigences de la vérité, de penser par masses ou par majorités, de placer tout le mal d’un côté e
579 la vérité, de penser par masses ou par majorités, de placer tout le mal d’un côté et tout le bon de l’autre, de soupçonner
580 ar masses ou par majorités, de placer tout le mal d’ un côté et tout le bon de l’autre, de soupçonner de sabotage ceux qui
581 s, de placer tout le mal d’un côté et tout le bon de l’autre, de soupçonner de sabotage ceux qui maintiennent une attitude
582 tout le mal d’un côté et tout le bon de l’autre, de soupçonner de sabotage ceux qui maintiennent une attitude de critique
583 ’un côté et tout le bon de l’autre, de soupçonner de sabotage ceux qui maintiennent une attitude de critique exigeante ou
584 er de sabotage ceux qui maintiennent une attitude de critique exigeante ou un sens normal de la justice. En outre, la guer
585 attitude de critique exigeante ou un sens normal de la justice. En outre, la guerre a toujours pour effet de démoder les
586 ustice. En outre, la guerre a toujours pour effet de démoder les types de culture de la période d’avant-guerre, même dans
587 guerre a toujours pour effet de démoder les types de culture de la période d’avant-guerre, même dans les pays vainqueurs.
588 ujours pour effet de démoder les types de culture de la période d’avant-guerre, même dans les pays vainqueurs. Dans les pa
589 fet de démoder les types de culture de la période d’ avant-guerre, même dans les pays vainqueurs. Dans les pays conquis la
590 les pays conquis la jeunesse accusera la culture de la génération précédente, celle de ses parents d’avoir amené la catas
591 era la culture de la génération précédente, celle de ses parents d’avoir amené la catastrophe. Beaucoup des chefs, même de
592 de la génération précédente, celle de ses parents d’ avoir amené la catastrophe. Beaucoup des chefs, même de la génération
593 ir amené la catastrophe. Beaucoup des chefs, même de la génération présente, auront disparu. Il y aura une impérieuse exig
594 auront disparu. Il y aura une impérieuse exigence de chefs nouveaux, de valeurs nouvelles, d’un idéal nouveau ; un désir p
595 y aura une impérieuse exigence de chefs nouveaux, de valeurs nouvelles, d’un idéal nouveau ; un désir puissant de repartir
596 exigence de chefs nouveaux, de valeurs nouvelles, d’ un idéal nouveau ; un désir puissant de repartir à neuf et de ne pas r
597 nouvelles, d’un idéal nouveau ; un désir puissant de repartir à neuf et de ne pas retomber dans les erreurs traditionnelle
598 nouveau ; un désir puissant de repartir à neuf et de ne pas retomber dans les erreurs traditionnelles ou revenir aux disci
599 rreurs traditionnelles ou revenir aux disciplines de l’ère bourgeoise. Il se pourrait que cette exigence, surgissant d’un
600 se. Il se pourrait que cette exigence, surgissant d’ un chaos matériel et spirituel, présente à nouveau l’apparence d’un fa
601 riel et spirituel, présente à nouveau l’apparence d’ un fascisme culturel : le besoin de chefs, la violence de la guerre tr
602 au l’apparence d’un fascisme culturel : le besoin de chefs, la violence de la guerre transportée dans le domaine de l’espr
603 scisme culturel : le besoin de chefs, la violence de la guerre transportée dans le domaine de l’esprit, un goût d’aventure
604 violence de la guerre transportée dans le domaine de l’esprit, un goût d’aventure, mais aussi une extrême simplification i
605 transportée dans le domaine de l’esprit, un goût d’ aventure, mais aussi une extrême simplification intellectuelle. Nous a
606 lectuelle. Nous avons vu apparaître quelque chose d’ analogue en Europe après la Première Guerre mondiale. Ce sera, cette f
607 us puissantes et dynamiques. Il serait romantique de supposer que la guerre actuelle a détruit toutes les éternelles illus
608 ctuelle a détruit toutes les éternelles illusions de l’humanité. Nous avons des raisons de craindre, au contraire, qu’elle
609 s illusions de l’humanité. Nous avons des raisons de craindre, au contraire, qu’elles ne trouvent une nouvelle virulence s
610 qu’elles ne trouvent une nouvelle virulence sous de nouveaux noms. Les générations d’après-guerre ne seront pas nécessair
611 virulence sous de nouveaux noms. Les générations d’ après-guerre ne seront pas nécessairement plus positives ou plus cyniq
612 cun doute leur faim sera plus grande et leur soif de réponses à leurs questions, de conseils, d’idéaux catholiques — au se
613 rande et leur soif de réponses à leurs questions, de conseils, d’idéaux catholiques — au sens étymologique du mot — de sol
614 soif de réponses à leurs questions, de conseils, d’ idéaux catholiques — au sens étymologique du mot — de solutions « tota
615 déaux catholiques — au sens étymologique du mot — de solutions « totale » dans le domaine de la culture. Car l’époque bour
616 du mot — de solutions « totale » dans le domaine de la culture. Car l’époque bourgeoise a été une ère de division, d’abse
617 la culture. Car l’époque bourgeoise a été une ère de division, d’absence de parenté et de commune mesure entre idéal et pr
618 ar l’époque bourgeoise a été une ère de division, d’ absence de parenté et de commune mesure entre idéal et pratique, entre
619 e bourgeoise a été une ère de division, d’absence de parenté et de commune mesure entre idéal et pratique, entre les diver
620 été une ère de division, d’absence de parenté et de commune mesure entre idéal et pratique, entre les diverses discipline
621 idéal et pratique, entre les diverses disciplines de l’esprit, entre les diverses activités humaines et sociales.ab Les a
622 ses activités humaines et sociales.ab Les années d’ après-guerre seront probablement caractérisées par les traits suivants
623 suivants : des lacunes intellectuelles, une soif d’ aventures spirituelles (chez les meilleurs), un besoin de direction fe
624 ures spirituelles (chez les meilleurs), un besoin de direction ferme et de réalisations expéditives d’allures totalitaires
625 z les meilleurs), un besoin de direction ferme et de réalisations expéditives d’allures totalitaires.ac Le devoir des É
626 de direction ferme et de réalisations expéditives d’ allures totalitaires.ac Le devoir des Églises Si les Églises chr
627 vraiment catholique (embrassant tous les aspects de la vie), l’abîme s’élargira entre le monde religieux et la culture. C
628 : science, (scientisme), eudémonisme païen, culte de ces valeurs que l’on dit « appartenir à la vie », création de nouveau
629 rs que l’on dit « appartenir à la vie », création de nouveaux nationalismes religieux et virulents. Mais si une Église veu
630 virulents. Mais si une Église veut être en mesure d’ intervenir dans le développement de la culture, elle doit être fondée
631 être en mesure d’intervenir dans le développement de la culture, elle doit être fondée sur une doctrine ferme, sur une thé
632 ie est vague n’a plus rien à dire dans le domaine de la culture. Une telle Église peut donner un avis sur le plan politiqu
633 ar exemple, approuver un document comme la Charte de l’Atlantique qui n’émane pas d’une théologie, ni même directement du
634 t comme la Charte de l’Atlantique qui n’émane pas d’ une théologie, ni même directement du christianisme. Elle peut se rall
635 pirée par un pur humanisme. Mais, dans le domaine de la culture, il en est tout à fait autrement. Ici une Église ne peut a
636 idéologies créées par d’autres. Sa parole n’aura de poids que si elle parle au nom de sa propre théologie, et en rattacha
637 propre théologie, et en rattachant ce qu’elle dit de la façon la plus directe à cette théologie. C’est ainsi que l’Église
638 ment philosophique du Moyen Âge, que les réformes de Luther et de Calvin combattirent avec succès la Renaissance et inspir
639 hique du Moyen Âge, que les réformes de Luther et de Calvin combattirent avec succès la Renaissance et inspirèrent un vast
640 exemple, pouvait croire aux doctrines officielles de sa confession et en même temps admirer Wagner, Whitman, ou Renoir, sa
641 avec sa foi. Car en fait la théologie avait cessé d’ être vivante, précise et exigeante, et donc source d’inspiration. Le t
642 tre vivante, précise et exigeante, et donc source d’ inspiration. Le thomisme a inspiré Dante, le calvinisme Rembrandt, le
643 lise n’a rien à donner, si elle n’a rien à exiger de la culture, cette dernière s’en trouvera appauvrie et désorientée. El
644 ouvera appauvrie et désorientée. Elle sera coupée de ses racines. Car toute la culture occidentale est née de la théologie
645 racines. Car toute la culture occidentale est née de la théologie et de la liturgie chrétienne ; soit en se soumettant au
646 la culture occidentale est née de la théologie et de la liturgie chrétienne ; soit en se soumettant au code chrétien, soit
647 e lui. (Les grandes philosophies modernes, celles de Descartes et de Hegel, sont nées d’une controverse manifestement théo
648 des philosophies modernes, celles de Descartes et de Hegel, sont nées d’une controverse manifestement théologique à ses or
649 ernes, celles de Descartes et de Hegel, sont nées d’ une controverse manifestement théologique à ses origines.) Et, en seco
650 ulte, l’Église perd ses moyens les plus efficaces d’ agir sur le siècle, de transformer ses croyances en action créatrice.
651 s moyens les plus efficaces d’agir sur le siècle, de transformer ses croyances en action créatrice. Les forces de création
652 mer ses croyances en action créatrice. Les forces de création lui échappent. Tout ce qui est créé est alors créé en dehors
653 nt frappant dans les pays protestants où le souci de rattacher tout travail de culture à une théologie stricte a entièreme
654 protestants où le souci de rattacher tout travail de culture à une théologie stricte a entièrement disparu — en raison du
655 ricte a entièrement disparu — en raison du manque de stricte théologie. L’Église romaine a mieux retenu les forces de créa
656 logie. L’Église romaine a mieux retenu les forces de création intellectuelles parce qu’elle est attentive à préserver les
657 t attentive à préserver les droits et les devoirs de la critique théologique sur tous les plans et pas seulement d’une faç
658 e théologique sur tous les plans et pas seulement d’ une façon négative et restrictive. Que peuvent alors faire les Églises
659 s faire les Églises pour collaborer à la création d’ un ordre culturel dans le chaos de demain ? Nous proposons une réponse
660 r à la création d’un ordre culturel dans le chaos de demain ? Nous proposons une réponse simple. Les Églises pourront agir
661 ontrent exigeantes au lieu de se désintéresser ou de suivre avec retard les tendances du jour. Vocation : le principe f
662 Vocation : le principe fondamental Pour passer de la théologie d’une Église à des applications sociales, culturelles, p
663 incipe fondamental Pour passer de la théologie d’ une Église à des applications sociales, culturelles, politiques ou éco
664 les, politiques ou économiques, il semblerait bon de fixer certains principes ou stades intermédiaires entre la théologie
665 onde dans le domaine culturel et social est celle de vocation (au sens calviniste et luthérien du mot, qui est plus large
666 ile nous apprend que chaque homme est susceptible de recevoir une vocation, un appel spécial qui le distingue de son genre
667 r une vocation, un appel spécial qui le distingue de son genre et qui lui confère une dignité inaliénable dans la mesure o
668 obéit à cet appel. C’est le principe fondamental de tout ordre social que l’on peut appeler chrétien. On peut aussi accep
669 t appeler chrétien. On peut aussi accepter l’idée d’ une vocation générale ou collective, appliquée à une nation ou même à
670 pour lequel l’Église peut prier, est susceptible de recevoir une vocation. Maintenant les grandes maladies sociales et cu
671 (que ce soient les collectivismes nationalistes, de race ou de classe, ou les matérialismes biologiques, moraux ou bourge
672 ient les collectivismes nationalistes, de race ou de classe, ou les matérialismes biologiques, moraux ou bourgeois). De mê
673 ’individualisme est une déviation morbide du sens de la vocation car elle nie ses conséquences sociales et communautaires.
674 onnelle ou un régime social qui dépouille l’homme de la liberté d’obéir à sa vocation sont incompatibles avec le christian
675 régime social qui dépouille l’homme de la liberté d’ obéir à sa vocation sont incompatibles avec le christianisme. Par exem
676 ologies totalitaires nient par définition le fait de la vocation personnelle. Elles la remplacent par un ersatz : la fonct
677 eur de l’État ou du Parti, conformément au décret de l’État ou du Parti. Elles nient l’existence de toute différenciation
678 et de l’État ou du Parti. Elles nient l’existence de toute différenciation ou la qualifient de morbide, réactionnaire, ind
679 istence de toute différenciation ou la qualifient de morbide, réactionnaire, individualiste, antisociale. Elles sont, par
680 généité mécanique et rigide, qu’elle soit imposée d’ en haut (État, tyran), ou d’en bas (égalitarisme poussé à l’extrême) n
681 qu’elle soit imposée d’en haut (État, tyran), ou d’ en bas (égalitarisme poussé à l’extrême) nient la vocation personnelle
682 me) nient la vocation personnelle, ou la vocation d’ un groupe et la considèrent comme dangereuse et scandaleuse. Ces doctr
683 n même corps, beaucoup de maisons dans le Royaume de Dieu. Un ordre social ne peut être qualifié de chrétien à moins qu’il
684 me de Dieu. Un ordre social ne peut être qualifié de chrétien à moins qu’il ne soit fondé sur le respect de la vocation, e
685 rétien à moins qu’il ne soit fondé sur le respect de la vocation, et qu’il n’assure à chaque homme (et à chaque groupe ou
686 à chaque groupe ou entité collective) la liberté de réaliser cette vocation divine, unique et inaliénable. Un ordre socia
687 et sociaux). Il placera les droits et les devoirs de l’individu (c’est-à-dire de l’individu chargé d’une vocation) avant l
688 droits et les devoirs de l’individu (c’est-à-dire de l’individu chargé d’une vocation) avant les droits et les devoirs de
689 de l’individu (c’est-à-dire de l’individu chargé d’ une vocation) avant les droits et les devoirs de l’État (l’organisme d
690 é d’une vocation) avant les droits et les devoirs de l’État (l’organisme dont le devoir est d’assurer la liberté de l’indi
691 devoirs de l’État (l’organisme dont le devoir est d’ assurer la liberté de l’individu au point de vue matériel). Les con
692 organisme dont le devoir est d’assurer la liberté de l’individu au point de vue matériel). Les conséquences sociales de
693 nt de vue matériel). Les conséquences sociales de la vocation 1. Une doctrine chrétienne, centrée sur l’idée de la v
694 1. Une doctrine chrétienne, centrée sur l’idée de la vocation des individus, mettra toujours l’accent sur le devoir plu
695 voir plutôt que sur les droits. Prenons l’exemple de l’armée : les règlements militaires ne fixent pas les droits d’un cap
696 es règlements militaires ne fixent pas les droits d’ un capitaine mais seulement ses devoirs et ses fonctions. Il va sans d
697 ses fonctions. Il va sans dire que l’organisation de l’armée est telle qu’un capitaine aura toujours les moyens d’accompli
698 st telle qu’un capitaine aura toujours les moyens d’ accomplir son devoir : c’est là sa liberté, il n’en a pas d’autres. Or
699 le à une constitution abstraite fixant les droits de l’individu indépendamment des devoirs de sa charge. 2. Une doctrine c
700 s droits de l’individu indépendamment des devoirs de sa charge. 2. Une doctrine chrétienne qui prend au sérieux le fait de
701 doctrine chrétienne qui prend au sérieux le fait de la vocation divine d’un homme ou d’un organisme collectif condamnera
702 ui prend au sérieux le fait de la vocation divine d’ un homme ou d’un organisme collectif condamnera tout système qui, méca
703 rieux le fait de la vocation divine d’un homme ou d’ un organisme collectif condamnera tout système qui, mécaniquement, emp
704 ystème qui, mécaniquement, empêche la réalisation de cette vocation. Elle condamnera, par conséquent, au nom de la théolog
705 idus sont abstraitement dirigés selon les besoins de la machine et non selon leur vocation réelle. Elle condamnera le syst
706 al privé dans la mesure où le mouvement des biens de la puissance matérielle y est fonction des hasards d’opérations de Bo
707 a puissance matérielle y est fonction des hasards d’ opérations de Bourse, par exemple, et non des droits conférés par l’ex
708 atérielle y est fonction des hasards d’opérations de Bourse, par exemple, et non des droits conférés par l’exercice d’une
709 xemple, et non des droits conférés par l’exercice d’ une vocation. Elle condamnera tout système économique qui fait de l’ho
710 Elle condamnera tout système économique qui fait de l’homme le jouet des intérêts de l’État, d’un trust, de la production
711 nomique qui fait de l’homme le jouet des intérêts de l’État, d’un trust, de la production matérielle, de la volonté de pui
712 fait de l’homme le jouet des intérêts de l’État, d’ un trust, de la production matérielle, de la volonté de puissance indi
713 omme le jouet des intérêts de l’État, d’un trust, de la production matérielle, de la volonté de puissance individuelle ou
714 l’État, d’un trust, de la production matérielle, de la volonté de puissance individuelle ou collective. 3. Les Églises co
715 trust, de la production matérielle, de la volonté de puissance individuelle ou collective. 3. Les Églises combattront pour
716 llectif la liberté légale et les moyens matériels d’ accomplir sa vocation. Elles le feront au nom de leur doctrine, et ave
717 ent neutres comme le progrès, la justice sociale ( de gauche), ou l’ordre social (de droite), l’intérêt national ou la pros
718 a justice sociale (de gauche), ou l’ordre social ( de droite), l’intérêt national ou la prospérité économique. Le devoir de
719 prospérité économique. Le devoir des Églises est de repenser toutes ces catégories et de les critiquer d’un point de vue
720 Églises est de repenser toutes ces catégories et de les critiquer d’un point de vue spécifiquement chrétien. Il doit y av
721 epenser toutes ces catégories et de les critiquer d’ un point de vue spécifiquement chrétien. Il doit y avoir, par exemple,
722 ition des « quatre libertés » dans les conditions de fonctionnement d’une doctrine chrétienne de la vocation. (Être libre
723 libertés » dans les conditions de fonctionnement d’ une doctrine chrétienne de la vocation. (Être libre à l’abri de la néc
724 tions de fonctionnement d’une doctrine chrétienne de la vocation. (Être libre à l’abri de la nécessité, ne signifie pas qu
725 e chrétienne de la vocation. (Être libre à l’abri de la nécessité, ne signifie pas que l’on prend pour but la prospérité,
726 ’on demande la possibilité matérielle pour chacun de réaliser sa vocation, etc.) Alors, et alors seulement, les Églises re
727 rouveront une autorité effective. Elles cesseront de s’identifier aux yeux de l’homme de la rue à une certaine classe soci
728 les cesseront de s’identifier aux yeux de l’homme de la rue à une certaine classe sociale, à un ordre établi, ou à la réfo
729 tabli, ou à la réforme du moment. Elles cesseront d’ être traînées dans le sillage de mouvements entrepris par d’autres, av
730 . Elles cesseront d’être traînées dans le sillage de mouvements entrepris par d’autres, avec des motifs et pour des buts q
731 ngers menacent la culture moderne au point de vue d’ une éthique fondée sur la vocation : a) un faux universalisme fruit d’
732 sur la vocation : a) un faux universalisme fruit d’ une éducation sans couleur confessionnelle, philosophique ni régionale
733 nationalisme, autarchie spirituelle. La vocation d’ un homme ou d’un groupe est à la fois distinction et intégration. Ces
734 autarchie spirituelle. La vocation d’un homme ou d’ un groupe est à la fois distinction et intégration. Ces deux éléments
735 nciliés et sauvegardés avec vigilance — l’élément d’ universalisation et celui de distinction. Il est grandement souhaitabl
736 vigilance — l’élément d’universalisation et celui de distinction. Il est grandement souhaitable, par exemple, que des étab
737 souhaitable, par exemple, que des établissements d’ enseignement (collèges, universités) soient fondés sur une base confes
738 e base confessionnelle clairement établie, à côté d’ établissements laïques, neutres ou non chrétiens, et que tout l’enseig
739 ans chaque matière, y soit dominé par la doctrine de l’Église en question, comme c’est le cas dans les instituts catholiqu
740 nstituts catholiques et à l’Université calviniste de Hollande.ad Mais, en même temps, pour sauvegarder le facteur univers
741 ître les autres. L’attitude générale serait alors d’ approfondir et d’intégrer le plus possible chaque vocation culturelle
742 L’attitude générale serait alors d’approfondir et d’ intégrer le plus possible chaque vocation culturelle du groupe (qu’il
743 e tout en vue de l’union (fédérale ou œcuménique) de ces vocations dans un ensemble beaucoup plus large — le corps et ses
744 parer. Le deuxième problème à envisager est celui d’ une collaboration plus étroite entre l’Église et l’Intelligentzia. Dan
745 méniques ont donné l’occasion à un certain nombre de savants, historiens et écrivains de travailler pour les Églises dans
746 ertain nombre de savants, historiens et écrivains de travailler pour les Églises dans leur ensemble. Mais la plupart des c
747 écialement les protestantes) n’ont pas les moyens de mettre en contact organique les créateurs de culture et l’Église comm
748 yens de mettre en contact organique les créateurs de culture et l’Église comme telle — l’Église comme corps de doctrine et
749 re et l’Église comme telle — l’Église comme corps de doctrine et comme communauté. Sur ce plan tout reste à créer. Et quel
750 t être créé si nous voulons éviter que la culture de demain se développe selon des voies qui s’éloignent de plus en plus d
751 e selon des voies qui s’éloignent de plus en plus d’ une conception chrétienne du monde. z. Texte paru initialement en a
752 puis en français (« La responsabilité culturelle de l’Église », Le Semeur, Paris, n° 5, mars 1945, p. 17-25). Nous avons
753 5). Nous avons repris pour cette édition le texte de la parution française. aa. L’édition américaine donne ceci : « There
754 ocial activities. » ac. Ce paragraphe est absent de l’édition américaine. ad. L’édition américaine ajoute : « This would
6 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 5. Un langage commun
755 vait bien des surprises, lorsqu’après une absente de plusieurs années, j’y suis rentré en 1946. Une grande alertness intel
756 ertness intellectuelle souvent alliée à une sorte de cynisme facilement explicable ; un profond besoin de réalisme mais tr
757 cynisme facilement explicable ; un profond besoin de réalisme mais trop peu d’informations sur l’état du monde pour le nou
758 ble ; un profond besoin de réalisme mais trop peu d’ informations sur l’état du monde pour le nourrir ; un intérêt renouvel
759 ontraient les milieux intellectuels. L’équivalent de la plupart de ces traits, comme il est naturel, pouvait s’observer da
760 la pensée religieuse. Mais ce qui me surprit fut de constater chez cette dernière une conscience vive du problème de la v
761 ez cette dernière une conscience vive du problème de la vraie communauté et de ses structures à recréer, alors que je ne v
762 cience vive du problème de la vraie communauté et de ses structures à recréer, alors que je ne voyais chez les intellectue
763 ique nulle invention et nulle recherche organisée de formes politiques nouvelles : on s’en tenait au vieux régime des part
764 x régime des partis, ou à la solution totalitaire de type marxiste. La conscience communautaire a été réveillée dans les É
765 ce communautaire a été réveillée dans les Églises d’ Europe par la Résistance autant que par la misère : elle est donc miss
766 nnaire, elle se manifeste d’une part par un souci d’ action sociale qui amènerait l’Église à intervenir dans la cité en y p
767 nstitutions plus conformes à la notion chrétienne de l’homme ; d’autre part, par un souci d’action sur l’Église même, qui
768 hrétienne de l’homme ; d’autre part, par un souci d’ action sur l’Église même, qui amènerait celle-ci à offrir dans son cul
769 s protestants comme chez les catholiques la forme d’ un renouveau liturgique. Mais avant de pousser plus loin, je voudrais
770 loin, je voudrais souligner le fait que le souci d’ action sociale et le renouveau liturgique, loin de s’exclure l’un l’au
771 ue, loin de s’exclure l’un l’autre en principe ou de manifester deux tendances en conflit dans l’Église — comme il arriva
772 il arriva trop souvent au xixe siècle — relèvent d’ une seule et même attitude spirituelle. En effet, si d’une part les ch
773 s uns et les autres entendent s’ordonner au dogme de l’Incarnation, à la lumière duquel leurs efforts apparaissent comme é
774 Life and Work rejoint Faith and Order. Signes d’ un renouveau liturgique Citons tout d’abord quelques faits. Un mouv
775 its. Un mouvement se précise chez les catholiques de France pour dire la messe en français et pour en populariser les trad
776 ues influents recommandent aux fidèles la lecture de la Bible. Dans plusieurs séminaires — aux dires des jeunes prêtres qu
777 ennent de terminer leurs études —, l’on s’efforce de purifier la doctrine sacramentaire des conceptions aristotéliciennes
778 ble avec les conceptions orthodoxe ou protestante de l’Évangile. Le but n’est pas, d’ailleurs, de se rapprocher des autres
779 ante de l’Évangile. Le but n’est pas, d’ailleurs, de se rapprocher des autres confessions, mais de rendre la liturgie roma
780 rs, de se rapprocher des autres confessions, mais de rendre la liturgie romaine plus appealing et efficace. De leur côté,
781 e la liturgie romaine plus appealing et efficace. De leur côté, plusieurs Églises luthériennes sont en train de faire un r
782 s que nous pouvons le mieux observer le phénomène de restauration liturgique, parce qu’il se produit là comme à l’état nai
783 se produit là comme à l’état naissant sur un fond de nudité presque totale. En France et en Suisse dans les milieux calvin
784 ux calvinistes, chez beaucoup de jeunes pasteurs, d’ étudiants en théologie et de laïques influents, on n’en est plus à dis
785 p de jeunes pasteurs, d’étudiants en théologie et de laïques influents, on n’en est plus à discuter la légitimité de la li
786 luents, on n’en est plus à discuter la légitimité de la liturgie en soi — comme avant la guerre — mais bien les divers pro
787 me avant la guerre — mais bien les divers projets d’ ordre du culte présentés par les comités d’Église, et certains problèm
788 rojets d’ordre du culte présentés par les comités d’ Église, et certains problèmes précis comme la place qu’il convient d’a
789 ns problèmes précis comme la place qu’il convient d’ assigner au Décalogue dans le service. (Selon Calvin et sa liturgie de
790 gue dans le service. (Selon Calvin et sa liturgie de Strasbourg, le Décalogue doit être récité après les promesses de grâc
791 le Décalogue doit être récité après les promesses de grâce.) Notons que les jeunes barthiens, malgré la méfiance que Karl
792 hiens, malgré la méfiance que Karl Barth continue d’ afficher à l’égard de la liturgie (« du théâtre », disait-il un jour)
793 ntitulé « Église et Liturgie », librement inspiré de l’anglicanisme, a déjà conquis plusieurs paroisses. Quelques « commun
794 uis plusieurs paroisses. Quelques « communautés » de femmes ou d’hommes ce sont créées à la campagne. J’en connais trois e
795 paroisses. Quelques « communautés » de femmes ou d’ hommes ce sont créées à la campagne. J’en connais trois en Suisse et u
796 se et une en Bourgogne, près de l’ancienne abbaye de Cluny. La vie liturgique y tient une place sans cesse croissante. Ce
797 ur attribuer ? Sommes-nous en présence des germes d’ une véritable renaissance liturgique, ou seulement de reviviscences sp
798 ne véritable renaissance liturgique, ou seulement de reviviscences sporadiques, accidentelles et peu durables ? Y a-t-il d
799 a-t-il derrière ces préoccupations et ces débuts de réalisation un mouvement plus ample qui se prépare, une nécessité com
800 peut répondre quant à l’avenir. Mais si j’essaie de situer dans l’époque les quelques signes que je viens de mentionner,
801 araissent aussitôt correspondre à l’appel profond de ce temps. Communauté et langage Tout le monde le sent, beaucoup
802 sent, beaucoup l’ont dit : notre siècle n’a plus de véritables loci communes. Il a perdu cette commune mesure spirituelle
803 Nous vivons par exemple dans une grande confusion de morales contradictoires, car le fait est que dans une même journée il
804 fait est que dans une même journée il nous arrive de juger tantôt au nom de la conscience, tantôt au nom d’une science que
805 au nom d’une science quelconque, ou des intérêts d’ une nation, ou des préjugés d’une classe, ou d’un modèle romanesque ou
806 ue, ou des intérêts d’une nation, ou des préjugés d’ une classe, ou d’un modèle romanesque ou d’une mode, ou d’une théorie
807 ts d’une nation, ou des préjugés d’une classe, ou d’ un modèle romanesque ou d’une mode, ou d’une théorie psychoanalytique,
808 éjugés d’une classe, ou d’un modèle romanesque ou d’ une mode, ou d’une théorie psychoanalytique, ou d’une hygiène, d’un pa
809 asse, ou d’un modèle romanesque ou d’une mode, ou d’ une théorie psychoanalytique, ou d’une hygiène, d’un parti, etc. il en
810 d’une mode, ou d’une théorie psychoanalytique, ou d’ une hygiène, d’un parti, etc. il en résulte que les lieux communs — on
811 d’une théorie psychoanalytique, ou d’une hygiène, d’ un parti, etc. il en résulte que les lieux communs — on dirait aujourd
812 eux communs — on dirait aujourd’hui les standards d’ évaluationaf — cessent d’être vraiment communs, deviennent eux-mêmes i
813 ujourd’hui les standards d’évaluationaf — cessent d’ être vraiment communs, deviennent eux-mêmes indéterminés. Les termes d
814 ns, deviennent eux-mêmes indéterminés. Les termes de liberté, autorité, esprit, justice, démocratie, vérité, prennent auta
815 rit, justice, démocratie, vérité, prennent autant de sens différents — et souvent incompatibles — qu’il y a de standards d
816 différents — et souvent incompatibles — qu’il y a de standards d’évaluationag dans nos têtes. C’est au point que si la gue
817 et souvent incompatibles — qu’il y a de standards d’ évaluationag dans nos têtes. C’est au point que si la guerre éclate da
818 que tous les pays la feront au nom de la liberté, de la justice, de la démocratie, ces mots désignant des réalités telleme
819 ys la feront au nom de la liberté, de la justice, de la démocratie, ces mots désignant des réalités tellement contradictoi
820 s tellement contradictoires qu’il ne restera plus d’ autre échange ni d’autre arbitrage possible que celui des bombes atomi
821 ictoires qu’il ne restera plus d’autre échange ni d’ autre arbitrage possible que celui des bombes atomiques. À Babel, les
822 ts. C’est donc le langage lui-même, signe et gage de la communauté humaine, qui est atteint au cœur, et qui est en train d
823 est en train de perdre ses fonctions primordiales de mise en ordre et de communication. Les régimes totalitaires ont bien
824 re ses fonctions primordiales de mise en ordre et de communication. Les régimes totalitaires ont bien compris que le probl
825 mes totalitaires ont bien compris que le problème de la communauté et celui du langage sont étroitement liés. À l’anarchie
826 table sens des mots, recréant ainsi une apparence d’ ordre. C’est le parti qui fournit également et qui impose les nouveaux
827 iturgique vient s’intégrer dans le jeu des forces de l’époque : il représente en effet la seule tentative sérieuse, parmi
828 s de définir comme étant à la fois signe et cause de la dissolution communautaire dont nous souffrons. Liturgie et séma
829 ommunautaire. De plus c’est une réalité créatrice de la vraie communauté, et ceci pour deux raisons principales : 1. la li
830 lustre ainsi son existence et fournit le type pur d’ un ordre public librement accepté : la situation de l’homme qui commun
831 ’un ordre public librement accepté : la situation de l’homme qui communie devrait être considérée comme le vrai fondement
832 e devrait être considérée comme le vrai fondement de toute sociologie chrétienne ; 2. la liturgie est un langage en phrase
833 ie jouent plus exactement que la liturgie le rôle d’ activités définissantes du vocabulaire. Mais il faut observer que des
834 nt définis par les théologiens et les philosophes d’ une manière analytique, abstraction faite (dans une certaine mesure mé
835 ns une certaine mesure méthodiquement inévitable) de leur contexte vécu. Au contraire, il me semble que la liturgie défini
836 e semble que la liturgie définit ces mêmes termes d’ une manière synthétique, dans le corps même de la communauté, par le c
837 mes d’une manière synthétique, dans le corps même de la communauté, par le contexte entier du service, et en liaison imméd
838 nclusion, par un enrichissement du sens au profit de son efficacité. En simplifiant pour la symétrie, on pourrait dire que
839 rmes, tandis que la liturgie en fait des réflexes de l’être entier. Prenons une autre comparaison : on sent toute la diffé
840 gue, et le mot Attention !ai prononcé par le chef d’ une troupe4, ou encore par un prêtre orthodoxe dans la Divine Liturgy
841 rtis, doctrines et sectes révolutionnaires tirent de leur côté et précisent abusivement dans une seule direction, finissan
842 é, leur sens total, immédiat et concret. (La paix de Dieu qui surpasse toute connaissance, allez en paix, deliver us from
843 tc.aj) En dernière analyse, le sens le plus plein de termes devenus par ailleurs si difficiles à définir comme autorité, g
844 elle. Car la liturgie est composée principalement de citations des psaumes, des évangiles et des épîtres5 ak. Bien entendu
845 et des épîtres5 ak. Bien entendu, ce qui est vrai de tant de mots isolés l’est aussi d’un grand nombre d’expressions compo
846 e qui est vrai de tant de mots isolés l’est aussi d’ un grand nombre d’expressions composées, de proverbes et dictons popul
847 tant de mots isolés l’est aussi d’un grand nombre d’ expressions composées, de proverbes et dictons populaires, issus de la
848 aussi d’un grand nombre d’expressions composées, de proverbes et dictons populaires, issus de la Bible, transmis par des
849 posées, de proverbes et dictons populaires, issus de la Bible, transmis par des liturgies, et qui forment une partie impor
850 s liturgies, et qui forment une partie importante de nos littératures. Ôtez la Bible et supprimez les liturgies nationales
851 s non seulement la littérature du Moyen Âge, mais d’ innombrables allusions, tournures de phrases, citations sans guillemet
852 yen Âge, mais d’innombrables allusions, tournures de phrases, citations sans guillemets, procédés poétiques, qualification
853 poétiques, qualifications sémantiques, structures de raisonnement exclamations, etc., dans des œuvres aussi diverses que l
854 iverses que le Faust de Goethe, les Fleurs du mal de Baudelaire, le Zarathustra de Nietzsche, les Four Quartets d’Eliot et
855 ietzsche, les Four Quartets d’Eliot et les romans de Gide. Il y aurait un gros livre à écrire sur cette question : dans qu
856 ommun que conservent nos vocabulaires provient-il de souvenirs bibliques et liturgiques ?al Liturgie et œcuménisme
857 isme J’admets qu’on puisse discuter longuement d’ un point de vue strictement sociologique et culturel l’importance prat
858 nt sociologique et culturel l’importance pratique d’ une vaste restauration liturgique dans le monde d’aujourd’hui, où les
859 d’une vaste restauration liturgique dans le monde d’ aujourd’hui, où les Églises sont minoriséesam. Mais ce qui me paraît h
860 paraît hors de doute, c’est l’importance pratique d’ une telle restauration pour le rapprochement des différentes confessio
861 participé avant et après la guerre, en Europe, à de nombreuses rencontres d’intellectuels organisées aux fins de confront
862 la guerre, en Europe, à de nombreuses rencontres d’ intellectuels organisées aux fins de confronter les positions théologi
863 ues des trois grandes confessions chrétiennes, et de trouver un terrain d’entente. Mais de ces discussions chacun sortait
864 confessions chrétiennes, et de trouver un terrain d’ entente. Mais de ces discussions chacun sortait avec un sentiment accr
865 tiennes, et de trouver un terrain d’entente. Mais de ces discussions chacun sortait avec un sentiment accru de sa propre c
866 iscussions chacun sortait avec un sentiment accru de sa propre cohérence, ce qui me paraît contraire au but visé. Et en ef
867 l’union n’aurait puan s’opérer que sous la forme d’ un compromisao, ou par l’abdication d’une des doctrines en présence, l
868 us la forme d’un compromisao, ou par l’abdication d’ une des doctrines en présence, l’un et l’autre rendus improbables, voi
869 e rendus improbables, voire exclus, par le regain de cohérence éprouvéap. Il en va bien différemment lorsqu’un chrétien as
870 qu’un chrétien assiste ou participe à la liturgie d’ une autre confession. Alors qu’une discussion, même fraternelle, met e
871 rnelle, met en jeu, exerce et excite les facultés de distinction et d’exclusion, ici, devant la réalité vécue d’une autre
872 , exerce et excite les facultés de distinction et d’ exclusion, ici, devant la réalité vécue d’une autre expérience religie
873 tion et d’exclusion, ici, devant la réalité vécue d’ une autre expérience religieuse, c’est l’esprit de compréhension et de
874 d’une autre expérience religieuse, c’est l’esprit de compréhension et de communion qui se voit requis le premier. Il arriv
875 ce religieuse, c’est l’esprit de compréhension et de communion qui se voit requis le premier. Il arrive que la réaction so
876 se levant lui et autour de lui. Mais le sentiment de respect qui donne sa raison d’être à la cérémonie, le fait que tous s
877 Mais le sentiment de respect qui donne sa raison d’ être à la cérémonie, le fait que tous sont tournés vers la croix de l’
878 onie, le fait que tous sont tournés vers la croix de l’autel, l’attente des actes successifs, tout engage l’attention dans
879 ccessifs, tout engage l’attention dans un courant de participation, suspendaq le jugement, et dispose à une sorte d’accuei
880 on, suspendaq le jugement, et dispose à une sorte d’ accueil que l’intellect s’interdirait trop aisément. L’homme qui discu
881 voit réduit à la nécessité mineure mais immédiate d’ avoir raison : il renvoie la balle, il ne veut pas être touché ; tandi
882 tion existentielle, où il se sent mis en question d’ une manière plus fondamentale. Même s’il est en état de refus intérieu
883 manière plus fondamentale. Même s’il est en état de refus intérieur, la suspension imposée à l’expression de ce refus per
884 s intérieur, la suspension imposée à l’expression de ce refus permet un acte de compréhension plus profond et concret. C’e
885 imposée à l’expression de ce refus permet un acte de compréhension plus profond et concret. C’est pourquoi les orthodoxes
886 s orthodoxes et certains anglicans n’ont pas tort de répondre à ceux qui leur posent des questions sur la doctrine de leur
887 eux qui leur posent des questions sur la doctrine de leur Église : lisez nos liturgies, ou plutôt prenez partar à nos serv
888 familier avec ce langage, il lui est plus facile de distinguer ce qu’il y a de vraiment spécifique dans l’esprit et le st
889 il lui est plus facile de distinguer ce qu’il y a de vraiment spécifique dans l’esprit et le style de l’Église qu’il visit
890 de vraiment spécifique dans l’esprit et le style de l’Église qu’il visite. Au contraire, le fidèle d’une Église non litur
891 de l’Église qu’il visite. Au contraire, le fidèle d’ une Église non liturgique assistant à une cérémonie orthodoxe, romaine
892 xe, romaine, anglicane ou luthérienne, sera tenté d’ attacher une importance excessive aux vêtements, à la musique, au ton,
893 importe à ceux qui s’y engagent. Et il sera tenté de rejeter tout espoir de fraternité avec une Église qu’il n’aura jugée
894 engagent. Et il sera tenté de rejeter tout espoir de fraternité avec une Église qu’il n’aura jugée en fait que sur des app
895 au moins à la compréhension, viendra dans ce cas de l’absence d’un langage commun, de ce langage précisément que la litur
896 a compréhension, viendra dans ce cas de l’absence d’ un langage commun, de ce langage précisément que la liturgie offre aux
897 dra dans ce cas de l’absence d’un langage commun, de ce langage précisément que la liturgie offre aux autres Églises. Nous
898 u liturgique, en particulier chez les protestants de tradition calviniste. L’un entraîne l’autre, le requiert et le favori
899 cultes, ils redécouvrent les grands lieux communs de la chrétienté primitive, et ménagent en même temps (sans rien céder s
900 temps (sans rien céder sur la doctrine) des voies d’ approche beaucoup plus justes et concrètes vers les quatre autres conf
901 ers les quatre autres confessions6. Est-il permis d’ espérer d’autre part qu’en insistant pour que la messe soit dite en la
902 ns les diverses Églises ; il sera mis en mesureau d’ évaluer beaucoup plus justement ce qui nous unit et ce qui est encore
903 lecteur sur l’impression que je me fais l’avocat d’ un « retour » à quoi que ce soit. Constater que la liturgie répond à l
904 que la liturgie répond à l’exigence communautaire de notre temps, et pourrait nous permettre de rétablir (entre chrétiens
905 utaire de notre temps, et pourrait nous permettre de rétablir (entre chrétiens d’abord) un langage commun, ce n’est pas en
906 passé, mais au contraire à une création. L’erreur de beaucoup de protestants, une fois que la génération de Luther et de C
907 aucoup de protestants, une fois que la génération de Luther et de Calvin eût disparu, et surtout à l’époque des puritains,
908 testants, une fois que la génération de Luther et de Calvin eût disparu, et surtout à l’époque des puritains, fut justemen
909 t surtout à l’époque des puritains, fut justement de s’imaginer qu’ils retrouveraient la « pureté et la simplicité du cult
910 au passé que nous tentons comportent des erreurs de ce genre, et dans cette mesure mêmeav restent imaginaires. Ce n’est d
911 en avoir une, mais c’est en vertu des nécessités d’ aujourd’hui, et en vue de l’avenir. Et nous ne répondrons pas à ces né
912 e romaine a été subitement fixée après le concile de Trente, sur un type unique, et n’a plus varié. La grande vitalité, la
913 prolongées quelque temps dans les Églises issues de la Réformation, puis là aussi se sont bientôt figées, ou n’ont plus v
914 ntôt figées, ou n’ont plus varié que dans le sens d’ un appauvrissement continuel. Mais c’est peut-être l’excès même de cet
915 ment continuel. Mais c’est peut-être l’excès même de cet appauvrissement, parallèle à la dissolution des réalités communau
916 auvries, les plus nues, qui vont indiquer la voie d’ une nouvelle vie liturgique. Deux raisons principales m’incitent à le
917 m’incitent à le croire. Ces Églises, du fait même de la pauvreté de leur culte, se voient plus libres que les autres d’inv
918 croire. Ces Églises, du fait même de la pauvreté de leur culte, se voient plus libres que les autres d’inventer, c’est-à-
919 leur culte, se voient plus libres que les autres d’ inventer, c’est-à-dire de répondre d’une manière directe et neuve à la
920 us libres que les autres d’inventer, c’est-à-dire de répondre d’une manière directe et neuve à la question vitale d’aujour
921 e les autres d’inventer, c’est-à-dire de répondre d’ une manière directe et neuve à la question vitale d’aujourd’hui. Et il
922 une manière directe et neuve à la question vitale d’ aujourd’hui. Et il se trouve que ces Églises, par ailleurs, viennent d
923 se trouve que ces Églises, par ailleurs, viennent d’ opérer un redressement théologique impressionnant, sans parallèle dans
924 confessions7. Elles me paraissent donc en mesure d’ éviter le double péril de la timidité traditionaliste et de la fantais
925 araissent donc en mesure d’éviter le double péril de la timidité traditionaliste et de la fantaisie irresponsable dans l’i
926 le double péril de la timidité traditionaliste et de la fantaisie irresponsable dans l’innovation. Le vrai problème du siè
927 ’innovation. Le vrai problème du siècle est celui de la communauté. Il est lié à celui d’un langage commun. La liturgie pe
928 le est celui de la communauté. Il est lié à celui d’ un langage commun. La liturgie peut contribuer à recréer et garantir u
929 ne forme contemporaine. C’est donc dans un effort de création, au-delà de nos richesses et de nos pauvretés, dans une remi
930 e. C’est donc dans un effort de création, au-delà de nos richesses et de nos pauvretés, dans une remise en mouvement génér
931 n effort de création, au-delà de nos richesses et de nos pauvretés, dans une remise en mouvement générale, que nos divisio
932 es rédacteurs des épîtres des premières liturgies de l’Église. C’est du moins la thèse soutenue par le professeur Cullmann
933 enue par le professeur Cullmann de Bâle. 6. L’un de ces jeunes pasteurs a republié récemment des fragments importants de
934 urs a republié récemment des fragments importants de la liturgie de Calvin. (Cf. Joie du Ciel sur la Terre, par Max Thuria
935 récemment des fragments importants de la liturgie de Calvin. (Cf. Joie du Ciel sur la Terre, par Max Thurian, 1946). On y
936 e, en Suisse et en Hollande, depuis une vingtaine d’ années. ae. Ce texte a d’abord paru en anglais : « A common language 
937 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 459. Outre les variantes les plus notabl
938 ifiant 459. Outre les variantes les plus notables de l’édition américaine, on indique en notes les corrections et annotati
939 n indique en notes les corrections et annotations de l’auteur mentionnées sur le tapuscrit. af. L’auteur a barré le mot «
940 ard of values ». ag. L’auteur a de nouveau barré d’ une croix le mot « standard ». ah. Le verbe « dire » a été barré par
941 aj. Ici, l’auteur note en marge : « Donner plus d’ exemples proprement liturgiques. » ak. Cette note de bas de page est
942 xemples proprement liturgiques. » ak. Cette note de bas de page est dans le corps du texte dans l’édition américaine. al
943 te dans l’édition américaine. al. Note illisible de l’auteur en marge du tapuscrit. am. On n’a pas transcrit l’adverbe «
944 uis « l’un et l’autre rendus… » : ajout manuscrit de l’auteur, remplaçant « peu probable ». aq. L’auteur a barré le mot «
7 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 6. Vocation et destin d’Israël
945 6. Vocation et destin d’ Israëlaw Sens de « l’histoire » d’Israël Un prophète, a écrit
946 6. Vocation et destin d’Israëlaw Sens de « l’histoire » d’Israël Un prophète, a écrit Karl Barth, est un ho
947 et destin d’Israëlaw Sens de « l’histoire » d’ Israël Un prophète, a écrit Karl Barth, est un homme sans biographi
948 e avec sa mission. » Nous ne savons rien du reste de sa vie, et n’avons nul besoin d’en rien connaître pour reconnaître la
949 ns rien du reste de sa vie, et n’avons nul besoin d’ en rien connaître pour reconnaître la portée de son message puisque c’
950 in d’en rien connaître pour reconnaître la portée de son message puisque c’est le message de Dieu. Jérémie n’eût été qu’un
951 la portée de son message puisque c’est le message de Dieu. Jérémie n’eût été qu’un berger bègue si l’Éternel n’avait parlé
952 ternel n’avait parlé par lui. Voici qui est digne de remarque : le seul détail précis que rapporte la Bible à son sujet, c
953 cette difficulté à s’exprimer. Non seulement rien d’ historiquement notable ne le prédestinait à jouer le rôle d’un grand p
954 uement notable ne le prédestinait à jouer le rôle d’ un grand prophète, — les psychologues s’y épuiseront — mais encore il
955 raît le plus décisif, à vues humaines, s’agissant d’ un homme appelé au ministère de la Parole. Ce qui est vrai du prophète
956 maines, s’agissant d’un homme appelé au ministère de la Parole. Ce qui est vrai du prophète l’est aussi de son peuple, — p
957 a Parole. Ce qui est vrai du prophète l’est aussi de son peuple, — peuple entre tous prophétique. Ce qui est vrai de la bi
958 — peuple entre tous prophétique. Ce qui est vrai de la biographie d’un homme que l’Éternel choisit n’est pas moins vrai d
959 ous prophétique. Ce qui est vrai de la biographie d’ un homme que l’Éternel choisit n’est pas moins vrai de l’histoire prof
960 homme que l’Éternel choisit n’est pas moins vrai de l’histoire profane des Juifs, porteurs eux aussi d’une mission que ri
961 l’histoire profane des Juifs, porteurs eux aussi d’ une mission que rien en eux ne semblait préparer. On peut le dire sans
962 peut le dire sans paradoxe : Israël n’eût pas eu d’ histoire sans la promesse que Dieu fit à Abraham. Cette tribu « se lèv
963 ou matérialiste-dialectique, se donne pour tâche de reconstituer l’évolution immanente d’un peuple, telle qu’on peut vrai
964 pour tâche de reconstituer l’évolution immanente d’ un peuple, telle qu’on peut vraisemblablement la styliser et la chiffr
965 ïvement positiviste. Que nous apprend une science de cet ordre sur le destin auquel étaient promises les infimes tribus no
966 nation juive ? Une similitude facile nous permet de l’imaginer : l’histoire n’a pas la plus petite raison de supposer que
967 aginer : l’histoire n’a pas la plus petite raison de supposer que le peuple d’Israël, s’il n’avait pas été « élu », eût év
968 s la plus petite raison de supposer que le peuple d’ Israël, s’il n’avait pas été « élu », eût évolué d’une autre sorte que
969 ’Israël, s’il n’avait pas été « élu », eût évolué d’ une autre sorte que tant de tribus d’Arabie qui nous offrent encore au
970 , eût évolué d’une autre sorte que tant de tribus d’ Arabie qui nous offrent encore aujourd’hui, avec une persistance bien
971 bien remarquable tous les traits caractéristiques de la coutume pastorale des temps d’Abraham. Nous ne possédons pas un re
972 aractéristiques de la coutume pastorale des temps d’ Abraham. Nous ne possédons pas un renseignement d’ordre profane, qui n
973 d’Abraham. Nous ne possédons pas un renseignement d’ ordre profane, qui nous explique pourquoi cette tribu-là échappa au de
974 te à construire et à conquérir… Ainsi les annales d’ Israël sont celles d’une puissance imprévue et humainement imprévisibl
975 conquérir… Ainsi les annales d’Israël sont celles d’ une puissance imprévue et humainement imprévisible, qui ne fut jamais
976 ns médiocres des Hébreux. Ce que nous connaissons de leur « histoire » — mais le mot prend ici un sens nouveau — c’est la
977 d ici un sens nouveau — c’est la suite des gestes de Dieu dont ils ne furent que les instruments. Mais les instruments ind
978 révoltes constantes, leurs faux pas, leurs accès d’ incroyance. Et toute leur grandeur est à Dieu, c’est-à-dire à la vocat
979 vocation qui les arrache, malgré eux, à ce destin de très piètre envergure. Foi et idolâtrie La considération du con
980 raiment grandiose à cette opposition fondamentale d’ une vocation et d’un destin, hors de laquelle on ne peut rien comprend
981 à cette opposition fondamentale d’une vocation et d’ un destin, hors de laquelle on ne peut rien comprendre de ce qui touch
982 stin, hors de laquelle on ne peut rien comprendre de ce qui touche à la nation des Juifs. Destin nomade, vocation messiani
983 ule l’élève, l’assemble et donne un sens à la vie de chacun. Ce peuple errait sans « fin » dans le désert, sans but jusqu’
984 l vient de Dieu, il va vers Dieu, et c’est la loi de Dieu qui l’y conduit. C’est pourquoi son télos (sa fin dernière), est
985 e en son essence, comme Dieu, et comme Dieu objet de la foi seule. De la foi, et non de la vue ! Catégories absolument nou
986 comme Dieu, et comme Dieu objet de la foi seule. De la foi, et non de la vue ! Catégories absolument nouvelles, et qui jo
987 mme Dieu objet de la foi seule. De la foi, et non de la vue ! Catégories absolument nouvelles, et qui joueront un rôle dét
988 t qui joueront un rôle déterminant dans l’éthique de l’Occident, même sous les noms paganisés d’idéalisme et de réalisme a
989 hique de l’Occident, même sous les noms paganisés d’ idéalisme et de réalisme au sens courant. Mais le conflit de la foi et
990 dent, même sous les noms paganisés d’idéalisme et de réalisme au sens courant. Mais le conflit de la foi et de la vue n’es
991 e et de réalisme au sens courant. Mais le conflit de la foi et de la vue n’est en somme qu’un autre aspect du conflit de l
992 sme au sens courant. Mais le conflit de la foi et de la vue n’est en somme qu’un autre aspect du conflit de la vocation et
993 vue n’est en somme qu’un autre aspect du conflit de la vocation et du destin. Il fait comprendre l’esprit de révolte qui
994 ocation et du destin. Il fait comprendre l’esprit de révolte qui tourmenta sans fin les douze tribus. Car un but invisible
995 diats » qui se voient par trop négligés au profit d’ on ne sait quel futur. Et une angoisse contre laquelle il est fatal qu
996 que l’on cherche à se protéger par quelque chose de visible et de tangible. Ainsi les Hébreux se rebellent, ils fuient da
997 che à se protéger par quelque chose de visible et de tangible. Ainsi les Hébreux se rebellent, ils fuient dans le culte de
998 ulte des faux dieux, rassurants parce que « faits de main d’homme »… Mais sans relâche, des prophètes reviennent pour rail
999 faux dieux, rassurants parce que « faits de main d’ homme »… Mais sans relâche, des prophètes reviennent pour railler dure
1000 Et c’est son bâton qui lui parle ! Car l’esprit de prostitution égare Et ils se prostituent loin de leur Dieu ! (Osée,
1001 t loin de leur Dieu ! (Osée, 4, 12) Cet « esprit de prostitution », cette idolâtrie qui renaît dès qu’Israël cesse de cro
1002 », cette idolâtrie qui renaît dès qu’Israël cesse de croire à ce que ses yeux ne peuvent voir, et qui pourtant fait toute
1003 ême que cette révolte, et ce destin, et ce besoin de voir, sont symbolisés au concret par les statues des idoles étrangère
1004 — car c’est le voisin qu’on imite lorsqu’on doute de sa vocation — de même cette vocation et la foi qu’elle implique ont u
1005 ique ont un symbole, unique et univoque : l’Arche de l’Alliance présente au sein du peuple, aussi nommée arche du témoigna
1006 du témoignage, parce qu’elle atteste les volontés de Dieu, les conditions de son alliance. La mesureax Dans l’Arche
1007 elle atteste les volontés de Dieu, les conditions de son alliance. La mesureax Dans l’Arche sont les Tables de la L
1008 . La mesureax Dans l’Arche sont les Tables de la Loi. La Loi est la « mesure » sacrée : c’est elle qui rappelle à l
1009 , tout est « mesuré » et jugé dans la perspective de la fin assignée à toute la nation : l’Éternel Dieu et son service. Ai
1010 on : l’Éternel Dieu et son service. Ainsi l’Arche de l’Alliance nous apparaît comme l’exemple à peu près idéal de ce que l
1011 ce nous apparaît comme l’exemple à peu près idéal de ce que l’on peut nommer (d’un terme d’ailleurs emprunté à l’antiquité
1012 mple à peu près idéal de ce que l’on peut nommer ( d’ un terme d’ailleurs emprunté à l’antiquité hellénique) la mesure d’une
1013 eurs emprunté à l’antiquité hellénique) la mesure d’ une civilisation, le canon d’une culture et d’un ordre social, le prin
1014 ellénique) la mesure d’une civilisation, le canon d’ une culture et d’un ordre social, le principe initial et final régulat
1015 ure d’une civilisation, le canon d’une culture et d’ un ordre social, le principe initial et final régulateur et en même te
1016 al et final régulateur et en même temps animateur de toutes les œuvres d’une nation, tant matérielles que politiques et sp
1017 r et en même temps animateur de toutes les œuvres d’ une nation, tant matérielles que politiques et spirituelles9. L’histoi
1018 s offre certes d’autres exemples assez grandioses de communes mesures rigoureuses. (Inde ancienne, Grèce de Périclès, Rome
1019 Mais la mesure des tribus hébraïques se distingue de toutes les autres en ce qu’elle est une vocation adressée par un Dieu
1020 l, transcendant. Elle n’est pas le produit normal d’ une évolution historique fécondée et cristallisée par l’intervention d
1021 rique fécondée et cristallisée par l’intervention d’ un grand chef. Elle est donc plus « totalitaire » que toute mesure hum
1022 t concevable, puisqu’elle ne tire pas son origine de circonstances ou de personnes nécessairement imparfaites ou partielle
1023 ’elle ne tire pas son origine de circonstances ou de personnes nécessairement imparfaites ou partielles. Elle ne laisse au
1024 laisse aucune contingence, ni aucune possibilité de retrait ou de dépassement. Aucun refuge « loin de la face de l’Éterne
1025 contingence, ni aucune possibilité de retrait ou de dépassement. Aucun refuge « loin de la face de l’Éternel ». Parce qu’
1026 ou de dépassement. Aucun refuge « loin de la face de l’Éternel ». Parce qu’elle est la loi de Dieu, et que ce Dieu est l’É
1027 la face de l’Éternel ». Parce qu’elle est la loi de Dieu, et que ce Dieu est l’Éternel, la Loi est la conscience finale d
1028 ale du peuple hébreu. Et parce qu’elle est la loi de Dieu — qui définit la vérité —, elle porte en elle la règle permanent
1029 vérité —, elle porte en elle la règle permanente de toute action et de toute pensée. Vraie mesure donc, et parfaitement c
1030 te en elle la règle permanente de toute action et de toute pensée. Vraie mesure donc, et parfaitement commune. On porte l’
1031 vant des armées, dans la guerre, comme le symbole de l’unité du peuple, mais son usage est interdit pendant les guerres ci
1032 oncent leur idolâtrie10. Remarquons que la notion d’ idolâtrie déborde ici singulièrement le culte des images d’où elle tir
1033 ie déborde ici singulièrement le culte des images d’ où elle tire son nom. Elle embrasse tout ce qui n’est pas foi, mais vu
1034 ui n’est pas foi, mais vue, tout ce qui est refus d’ obéissance, et imagination d’un autre bien. Idole tout ce qui détourne
1035 out ce qui est refus d’obéissance, et imagination d’ un autre bien. Idole tout ce qui détourne de la seule vocation. Idole
1036 ation d’un autre bien. Idole tout ce qui détourne de la seule vocation. Idole toute action ou pensée, si belle ou si fécon
1037 des idolâtries, c’est celle qui prend pour objet de son culte la mesure même, la Loi en soi, abstraite des fins pour lesq
1038 qui consiste à soumettre l’homme à la « lettre » d’ une législation divine, mais dont l’homme s’est emparé, et dont il fai
1039 les plus grands rigoristes, les savants docteurs de la Loi, ceux que le peuple honorait à peu près comme on le fit plus t
1040 raît plus propre à confirmer cette interprétation de la Loi, comme mesure du peuple hébreu, qu’un texte que je trouve dans
1041 s, mais il a veillé à ce qu’elles fussent connues de tous. Cette connaissance produit parmi nous une admirable conformité
1042 rable conformité, parce que rien n’est si capable de la faire naître et de l’entretenir, que d’avoir les mêmes sentiments
1043 e que rien n’est si capable de la faire naître et de l’entretenir, que d’avoir les mêmes sentiments de la grandeur de Dieu
1044 apable de la faire naître et de l’entretenir, que d’ avoir les mêmes sentiments de la grandeur de Dieu, et d’être élevés da
1045 de l’entretenir, que d’avoir les mêmes sentiments de la grandeur de Dieu, et d’être élevés dans une même manière de vivre,
1046 , que d’avoir les mêmes sentiments de la grandeur de Dieu, et d’être élevés dans une même manière de vivre, et dans les mê
1047 r les mêmes sentiments de la grandeur de Dieu, et d’ être élevés dans une même manière de vivre, et dans les mêmes coutumes
1048 r de Dieu, et d’être élevés dans une même manière de vivre, et dans les mêmes coutumes ; car on n’entend point parmi nous
1049 r on n’entend point parmi nous parler diversement de Dieu, comme il arrive parmi les autres peuples, non seulement entre l
1050 en sont persuadés comme nous : on peut apprendre de leur bouche les règles de la conduite de notre vie, et que toutes nos
1051 ous : on peut apprendre de leur bouche les règles de la conduite de notre vie, et que toutes nos actions doivent avoir pou
1052 pprendre de leur bouche les règles de la conduite de notre vie, et que toutes nos actions doivent avoir pour objet de plai
1053 t que toutes nos actions doivent avoir pour objet de plaire à Dieu.11 Une culture pauvre, mais fidèle Un homme du
1054 le ne peut, me semble-t-il, qu’éprouver une sorte d’ effroi au spectacle d’un ordre social, spirituel et matériel, aussi fa
1055 t-il, qu’éprouver une sorte d’effroi au spectacle d’ un ordre social, spirituel et matériel, aussi fanatiquement lié et sus
1056 é créatrice dans laquelle il met son orgueil. Que de richesses perdues, songe-t-il, que d’inventions négligées, méprisées 
1057 rgueil. Que de richesses perdues, songe-t-il, que d’ inventions négligées, méprisées ! Nous adorons la vie et le progrès, l
1058 toute mesure ne serait à nos yeux qu’une occasion de dépassement… Oui, la richesse est notre dernier dieu, et c’est peut-ê
1059 notre dernier dieu, et c’est peut-être le secret de l’expansion, mais aussi de l’anarchie finale de notre culture moderne
1060 st peut-être le secret de l’expansion, mais aussi de l’anarchie finale de notre culture moderne. Culture dont les éléments
1061 t de l’expansion, mais aussi de l’anarchie finale de notre culture moderne. Culture dont les éléments progressivement désu
1062 les éléments progressivement désunis, puis coupés de toute base commune, en viennent à ne plus même pouvoir communiquer, n
1063 lité, se forgeant une langue singulière au mépris de tout « sens » commun, et convoquant enfin, à grands frais d’invention
1064 ens » commun, et convoquant enfin, à grands frais d’ inventions, la vieille malédiction de la tour de Babel, qui est la dis
1065 grands frais d’inventions, la vieille malédiction de la tour de Babel, qui est la dispersion du genre humain. Le dilemme q
1066 s d’inventions, la vieille malédiction de la tour de Babel, qui est la dispersion du genre humain. Le dilemme qui se trouv
1067 lemme qui se trouve posé à toute civilisation, et d’ une manière très urgente à la nôtre, est assez clairement défini par l
1068 ent défini par la comparaison que l’on peut faire de notre richesse anarchique, et rendue presque vaine par ses excès, ave
1069 sque vaine par ses excès, avec la pauvreté pleine de sens et de grandeur qu’imposait la Loi d’Israël. Ce que l’on perd et
1070 par ses excès, avec la pauvreté pleine de sens et de grandeur qu’imposait la Loi d’Israël. Ce que l’on perd et ce que l’on
1071 pleine de sens et de grandeur qu’imposait la Loi d’ Israël. Ce que l’on perd et ce que l’on gagne à sacrifier à une « mesu
1072 ’exemple juif nous permettra mieux que tout autre de juger. Que devient en effet la culture, dans un monde où n’est toléré
1073 ’avenir religieux du monde. Dès qu’il était tenté de s’oublier dans les voies vulgaires des autres peuples, une sorte de g
1074 les voies vulgaires des autres peuples, une sorte de génie sombre lui montrait l’envers de toute chose, et avec des accent
1075 , une sorte de génie sombre lui montrait l’envers de toute chose, et avec des accents d’amère ironie, proclamait que la ju
1076 rait l’envers de toute chose, et avec des accents d’ amère ironie, proclamait que la justice à l’ancienne manière ne devait
1077 jamais être sacrifiée.12 Ainsi toute tentative de culture profane se voit assimilée à une révolte d’orgueil contre Dieu
1078 e culture profane se voit assimilée à une révolte d’ orgueil contre Dieu. La culture d’Israël sera pauvre à raison même de
1079 e à une révolte d’orgueil contre Dieu. La culture d’ Israël sera pauvre à raison même de sa pureté. Sa pauvreté sera la con
1080 eu. La culture d’Israël sera pauvre à raison même de sa pureté. Sa pauvreté sera la condition de sa grandeur. Car ce qui e
1081 même de sa pureté. Sa pauvreté sera la condition de sa grandeur. Car ce qui est grand, c’est ce qui comble la mesure, et
1082 st pourquoi sa pauvreté même garantit la fidélité de la culture du peuple hébreu. C’est une ascèse : il s’agit de détruire
1083 re du peuple hébreu. C’est une ascèse : il s’agit de détruire en germe tout ce qui comblerait trop tôt, ou trop humainemen
1084 humainement, la grande attente messianique. Point d’ abstractions : c’est que le culte qu’il faut rendre au Dieu vivant est
1085 vérité ». Or abstraire, c’est d’abord s’abstraire de l’immédiat. Et c’est aussi, dans une certaine mesure, douter… Ainsi d
1086 dès l’origine à cette vocation supérieure ; dénué de termes abstraits, impropre à toute métaphysique13 il contraint les au
1087 e13 il contraint les auteurs sacrés à l’invention de métaphores qui enrobent les notions les plus hautes dans un vêtement
1088 s un vêtement quotidien ; on dirait : un vêtement de travail. Cette « pauvreté » philosophique — mais quand un peuple a de
1089 is quand un peuple a des prophètes, a-t-il besoin de philosophes ? — est ainsi l’aspect négatif d’une splendeur poétique i
1090 oin de philosophes ? — est ainsi l’aspect négatif d’ une splendeur poétique inégalée. (La poésie de l’Occident chrétien ser
1091 tif d’une splendeur poétique inégalée. (La poésie de l’Occident chrétien sera grande dans la mesure où elle sera biblique
1092 ands discours prophétiques, parmi tous les chants de la terre, ont réellement rythmé l’action et vérifié l’étymologie grec
1093 t rythmé l’action et vérifié l’étymologie grecque de poésie, qui est agir. Point d’arts figuratifs ou imaginatifs. La loi
1094 étymologie grecque de poésie, qui est agir. Point d’ arts figuratifs ou imaginatifs. La loi les interdit par le deuxième et
1095 t le troisième commandement. « Tu ne te feras pas d’ image taillée, ni de représentation des choses qui sont en haut dans l
1096 ndement. « Tu ne te feras pas d’image taillée, ni de représentation des choses qui sont en haut dans les cieux, en bas sur
1097 us bas que la terre. » Cela condamne toute espèce d’ art plastique. « Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face » — cela
1098 et la fabulation, où les Aryens puisent leur art de tromper et de se satisfaire d’illusions. Point de science purement te
1099 ion, où les Aryens puisent leur art de tromper et de se satisfaire d’illusions. Point de science purement technique : la s
1100 s puisent leur art de tromper et de se satisfaire d’ illusions. Point de science purement technique : la sagesse de Salomon
1101 de tromper et de se satisfaire d’illusions. Point de science purement technique : la sagesse de Salomon n’est pas une conn
1102 Point de science purement technique : la sagesse de Salomon n’est pas une connaissance des « causes » mais bien des « sig
1103 pement commercial et industriel. » Que reste-t-il de ce que nous nommons culture ? Philosophie, beaux-arts, fictions écrit
1104 é à la seule chose nécessaire : l’accomplissement d’ une vocation spirituelle. Et les moyens de cet accomplissement sont le
1105 ssement d’une vocation spirituelle. Et les moyens de cet accomplissement sont les moyens les plus élémentaires que les hom
1106 s moyens les plus élémentaires que les hommes ont de commercer : l’écriture, la parole et l’action, — la tradition, la pro
1107 la guerre… Mais cet extrême dénuement, ce résidu d’ exclusions fanatiques, se trouve sauver et garantir la possession de c
1108 iques, se trouve sauver et garantir la possession de ce que notre Occident lui-même a défini comme le bien souverain : l’h
1109 n : l’harmonie dans le dynamisme, le sens général de la vie. Si l’on admet que la destination de toute culture, c’est de c
1110 néral de la vie. Si l’on admet que la destination de toute culture, c’est de concentrer les puissances de la nature et de
1111 admet que la destination de toute culture, c’est de concentrer les puissances de la nature et de la société dans les, mai
1112 toute culture, c’est de concentrer les puissances de la nature et de la société dans les, mains de l’homme responsable, et
1113 ’est de concentrer les puissances de la nature et de la société dans les, mains de l’homme responsable, et dont l’esprit c
1114 ces de la nature et de la société dans les, mains de l’homme responsable, et dont l’esprit connaît un but auquel il dédie
1115 u, fut aussi la plus convenable aux fins suprêmes de l’esprit. Toutefois, non tant à cause de sa pauvreté même, qu’à cause
1116 cause de sa pauvreté même, qu’à cause de l’absolu de sa mesure, et de la promesse qu’elle portait. Revenons encore à Josè
1117 eté même, qu’à cause de l’absolu de sa mesure, et de la promesse qu’elle portait. Revenons encore à Josèphe : Quant à ce
1118 ce que l’on nous reproche comme un grand défaut, de ne nous point étudier à inventer des choses nouvelles, soit dans les
1119 e les autres peuples méritent beaucoup de louange d’ y apporter de continuels changements, nous attribuons au contraire à v
1120 peuples méritent beaucoup de louange d’y apporter de continuels changements, nous attribuons au contraire à vertu et prude
1121 nous attribuons au contraire à vertu et prudence, de demeurer constamment dans l’observation des lois et des coutumes de n
1122 mment dans l’observation des lois et des coutumes de nos ancêtres, parce que c’est une preuve qu’elles ont été parfaitemen
1123 s qui n’ont pas cet avantage que l’on soit obligé de changer, lorsque l’expérience fait connaître le besoin d’en corriger
1124 er, lorsque l’expérience fait connaître le besoin d’ en corriger les défauts. Ainsi, comme nous ne doutons point que ce ne
1125 it Dieu qui nous a donné ces lois par l’entremise de Moïse, pourrions-nous, sans impiété, ne nous pas efforcer de les obse
1126 ourrions-nous, sans impiété, ne nous pas efforcer de les observer très religieusement ? Et quelle conduite peut être plus
1127 plus sainte, que celle dont ce souverain Monarque de l’univers est l’auteur… Quelle forme de gouvernement peut donc être p
1128 Monarque de l’univers est l’auteur… Quelle forme de gouvernement peut donc être plus parfaite que la nôtre, et quels plus
1129 e toutes choses ne sont pas mieux réglées le jour d’ une fête solennelle, qu’elles le sont toujours parmi nous ? Chute
1130 qu’elles le sont toujours parmi nous ? Chute d’ Israël Tout était suspendu à la Loi, qui était elle-même suspendue
1131 née. Et les juifs l’ont méconnue prenant prétexte de la Loi, cette « ombre des biens à venir. » (Héb. 10, 1), pour repouss
1132 rist, qui était « l’esprit » et la réalité finale de la Loi. Dès lors, la Loi est « accomplie » comme le dit Jésus-Christ
1133 comme le dit Jésus-Christ lui-même, et elle l’est d’ une double manière : parce qu’elle a abouti — le Messie est venu — et
1134 eur des messies qui ne viendront pas… Héritage d’ Israël Le christianisme par sa nature même, brisait avec le nation
1135 isme exclusif du judaïsme et assumait une mission de portée universelle. Il revendiquait toutefois en même temps l’héritag
1136 l revendiquait toutefois en même temps l’héritage d’ Israël, et l’attraction qu’il exerçait venait non des principes généra
1137 qu’il exerçait venait non des principes généraux de la pensée hellénistique, mais de la pure tradition hébraïque, représe
1138 incipes généraux de la pensée hellénistique, mais de la pure tradition hébraïque, représentée par la Loi et les Prophètes.
1139 d Israël, l’héritière du Royaume promis au Peuple de Dieu. Aussi conserva-t-elle à l’égard du monde des gentils cette atti
1140 ’égard du monde des gentils cette attitude voulue de séparatisme spirituel, cet esprit d’irréconciliable opposition dont s
1141 itude voulue de séparatisme spirituel, cet esprit d’ irréconciliable opposition dont s’était nourrie toute la tradition jud
1142 la tradition judaïque. C’est précisément ce sens de la continuité historique et de la solidarité sociale qui distingua l’
1143 récisément ce sens de la continuité historique et de la solidarité sociale qui distingua l’Église chrétienne des religions
1144 ligions à mystères et des autres cultes orientaux de cette époque, et qui fit d’elle dès son apparition la seule rivale vé
1145 tres cultes orientaux de cette époque, et qui fit d’ elle dès son apparition la seule rivale véritable et la seule remplaça
1146 rivale véritable et la seule remplaçante possible de la religion officielle de l’Empire15. Ces quelques lignes de Dawson
1147 le remplaçante possible de la religion officielle de l’Empire15. Ces quelques lignes de Dawson me paraissent définir en r
1148 on officielle de l’Empire15. Ces quelques lignes de Dawson me paraissent définir en raccourci le double héritage que l’Ég
1149 age que l’Église et l’Europe ont repris des mains d’ Israël : héritage divin de l’« élection collective », d’une part, — ca
1150 pe ont repris des mains d’Israël : héritage divin de l’« élection collective », d’une part, — car la postérité d’Abraham,
1151 tion collective », d’une part, — car la postérité d’ Abraham, après le Christ, c’est l’ensemble de tous les croyants, genti
1152 rité d’Abraham, après le Christ, c’est l’ensemble de tous les croyants, gentils ou Juifs convertis, donc l’Église — hérita
1153 s, donc l’Église — héritage humain, d’autre part, de cette notion de la mesure « totalitaire » qui devait assurer la grand
1154 — héritage humain, d’autre part, de cette notion de la mesure « totalitaire » qui devait assurer la grandeur de l’Église
1155 re « totalitaire » qui devait assurer la grandeur de l’Église — mais dont les déviations et perversions ravagent l’Europe
1156 depuis le xviie siècle, et menacent aujourd’hui de la détruire16. Il ne saurait être question de retracer ici dans son e
1157 hui de la détruire16. Il ne saurait être question de retracer ici dans son ensemble l’évolution des éléments culturels et
1158 urels et civilisateurs qui survécurent à la chute d’ Israël, au moins aussi fondamentaux pour l’Occident que la raison des
1159 et l’ordre des Romains. Il m’appartient seulement de préciser en quelques traits le sens que prend l’héritage d’Israël pou
1160 r en quelques traits le sens que prend l’héritage d’ Israël pour la foi chrétienne protestante. On sait le rôle joué dans l
1161 out cela vit encore dans les Églises évangéliques de nos jours ? Dès les bancs de « l’école du dimanche », tout jeune prot
1162 Églises évangéliques de nos jours ? Dès les bancs de « l’école du dimanche », tout jeune protestant est nourri aux sources
1163 u par ses frères, Jonas dans sa baleine, l’ânesse de Balaam, David et Jonathan, Absalon pris par les cheveux, le jeune Sam
1164 en Testament était la vraie Antiquité des peuples de l’Europe protestante. Mais il y a bien davantage que cet arrière-plan
1165 ge que cet arrière-plan poétique, et ces exemples d’ une morale parfois scandaleusement antibourgeoise ! Le thème de la voc
1166 parfois scandaleusement antibourgeoise ! Le thème de la vocation et le thème du peuple élu sont de ceux qui émeuvent le pl
1167 ème de la vocation et le thème du peuple élu sont de ceux qui émeuvent le plus profondément la « sensibilité spirituelle »
1168 plus profondément la « sensibilité spirituelle » d’ un réformé.ay   Le simple fait que le calvinisme ait été dès le début
1169 s et celui du « petit troupeau » longtemps chassé de son pays ; ni les ressemblances entre les formes d’activité et d’atti
1170 son pays ; ni les ressemblances entre les formes d’ activité et d’attitude sociale adoptées par les deux « nations »18. Ce
1171 les ressemblances entre les formes d’activité et d’ attitude sociale adoptées par les deux « nations »18. Ce qui est déter
1172 in spirituel, dans un monde incrédule et rebelle, de ceux que Dieu s’est « choisis » pour témoins, en tant que collectivit
1173 tu de cette « élection » dont ils ont l’assurance d’ être l’objet, par une grâce périlleuse, et dans la foi, les calviniste
1174 fin du xvie siècle, se considèrent comme chargés d’ une mission au sein d’un monde pécheur que Dieu n’abandonne pas. De mê
1175 heur que Dieu n’abandonne pas. De même que la loi de Moïse maintenait le peuple juif, malgré le péché, dans une économie p
1176 matique des calvinistes les amène à la conception d’ une intendance des biens terrestres, dont ils auraient à assumer l’off
1177 res, dont ils auraient à assumer l’office : usant de ces richesses « comme n’en usant pas », au nom et par la charge du Se
1178 ue c’était là l’origine du capitalisme moderne et de ses principales valeurs éthiques. Mais Sombart lui répond que le capi
1179 que le capitalisme est plus ancien, et qu’il est d’ origine judaïque19. Ce n’est pas ici le lieu de prendre parti entre ce
1180 st d’origine judaïque19. Ce n’est pas ici le lieu de prendre parti entre ces deux explications d’un phénomène économique q
1181 lieu de prendre parti entre ces deux explications d’ un phénomène économique que par ailleurs personne — non pas même Marx,
1182 tache le capitalisme à des attitudes religieuses, d’ où serait partie l’impulsion, attitudes analogues en ceci tout au moin
1183 ut au moins qu’elles mettent l’accent sur le fait de l’élection. Il est curieux de noter que le parallélisme peut être le
1184 ’accent sur le fait de l’élection. Il est curieux de noter que le parallélisme peut être le mieux constaté dans les déviat
1185 lifiées par lesquelles le spiritualisme des Juifs d’ Orient, au contact des coutumes occidentales, se mue en son contraire.
1186 ue en son contraire. Bien sûr, ceux qui ont cessé de croire à la mission de leur peuple et qui travaillent en vase clos, e
1187 en sûr, ceux qui ont cessé de croire à la mission de leur peuple et qui travaillent en vase clos, en exerçant des facultés
1188 tement développées dans leur race par des siècles d’ attente du Messie, sont les plus susceptibles de déformer leur propre
1189 s d’attente du Messie, sont les plus susceptibles de déformer leur propre force.az De même, l’ascétisme vigoureux, le pess
1190 formé dans le Nouveau Monde d’une part en volonté de puissance abstraite (les fondateurs des trusts au siècle dernier), d’
1191 litarisme platement moralisant ; l’une et l’autre de ces déviations traduisant une totale perte de conscience des fins rel
1192 tre de ces déviations traduisant une totale perte de conscience des fins religieuses de l’éthique puritaine, et transforma
1193 e totale perte de conscience des fins religieuses de l’éthique puritaine, et transformant en tyrannie absurde ce qui était
1194 nie absurde ce qui était à l’origine une attitude d’ obéissance à la foi, et de renoncement à soi-même. Corruptio optimi pe
1195 l’origine une attitude d’obéissance à la foi, et de renoncement à soi-même. Corruptio optimi pessima… La vocation coll
1196 amènent au problème central que pose à la pensée d’ un protestant, et particulièrement d’un calviniste, l’exemple d’Israël
1197 à la pensée d’un protestant, et particulièrement d’ un calviniste, l’exemple d’Israël et de sa chute. Toute la théologie é
1198 t, et particulièrement d’un calviniste, l’exemple d’ Israël et de sa chute. Toute la théologie éthique de Calvin est centré
1199 ulièrement d’un calviniste, l’exemple d’Israël et de sa chute. Toute la théologie éthique de Calvin est centrée sur la voc
1200 Israël et de sa chute. Toute la théologie éthique de Calvin est centrée sur la vocation : vocation du « petit troupeau » o
1201 r la vocation : vocation du « petit troupeau » ou de l’Église ; vocation personnelle de chaque membre de l’Église. Or, Isr
1202 troupeau » ou de l’Église ; vocation personnelle de chaque membre de l’Église. Or, Israël qui était le peuple élu, a trah
1203 l’Église ; vocation personnelle de chaque membre de l’Église. Or, Israël qui était le peuple élu, a trahi sa mission et s
1204 sion en est le châtiment. Serait-il donc possible de perdre sa vocation ? Et que devient celui qui la trahit, soit qu’il r
1205 ordres, soit qu’il la prenne pour idole, refusant d’ en reconnaître la vraie fin lorsqu’elle lui apparaît incarnée ? Est-il
1206 e vocation est-elle donc « amissible » ? Le refus de l’homme serait-il donc capable de modifier un arrêt éternel, alors qu
1207 le » ? Le refus de l’homme serait-il donc capable de modifier un arrêt éternel, alors que Dieu prédestine tout homme dès a
1208 Ce problème n’est pas gratuit : il touche au cœur de la foi réformée. Or c’est lui justement que traite saint Paul au chap
1209 ui justement que traite saint Paul au chapitre XI de l’Épître aux Romains. Et sans doute ce texte illumine aussi profondém
1210 rofondément qu’il est possible le mystère dernier d’ Israël. « Je demande maintenant : Dieu a-t-il rejeté son peuple ? Non
1211 ple ? Non certes, car je suis moi-même israélite, de la postérité d’Abraham, de la tribu de Benjamin. Dieu n’a point rejet
1212 , car je suis moi-même israélite, de la postérité d’ Abraham, de la tribu de Benjamin. Dieu n’a point rejeté son peuple qu’
1213 is moi-même israélite, de la postérité d’Abraham, de la tribu de Benjamin. Dieu n’a point rejeté son peuple qu’il a connu
1214 israélite, de la postérité d’Abraham, de la tribu de Benjamin. Dieu n’a point rejeté son peuple qu’il a connu d’avance » (
1215 n. Dieu n’a point rejeté son peuple qu’il a connu d’ avance » (c’est-à-dire prédestiné) (Rom., II, 1-2). Cependant, « Israë
1216 Ainsi, « c’est par suite de la faute des enfants d’ Israël que le salut est parvenu aux païens, afin d’exciter leur propre
1217 s ont perdu le bénéfice national, comme exclusif, de la Révélation. Mais c’est ici que saint Paul indique le mystérieux re
1218 e veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère, de peur que vous ne présumiez trop de votre sagesse : c’est qu’une parti
1219 ez ce mystère, de peur que vous ne présumiez trop de votre sagesse : c’est qu’une partie d’Israël est tombée dans l’endurc
1220 umiez trop de votre sagesse : c’est qu’une partie d’ Israël est tombée dans l’endurcissement jusqu’à ce que la totalité des
1221 ra sauvé » (v. 25-26) … « Car les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables » (v. 29). Hoc est verbum praeclarum ! Voilà
1222 rdue, même si celui qui en est l’objet s’y oppose de toutes ses forces ! Car sa révolte même se trouve servir les desseins
1223 volte même se trouve servir les desseins éternels de Dieu. Elle étend à l’humanité entière le bénéfice de la Promesse qu’i
1224 Dieu. Elle étend à l’humanité entière le bénéfice de la Promesse qu’il a reçue, cependant que son destin final demeure ent
1225 al demeure entre les mains du plus secret conseil de Dieu. « Quant à moi, écrit Calvin, j’étends ce nom d’Israël à tout le
1226 ieu. « Quant à moi, écrit Calvin, j’étends ce nom d’ Israël à tout le peuple de Dieu, en ce sens, après que les gentils ser
1227 Calvin, j’étends ce nom d’Israël à tout le peuple de Dieu, en ce sens, après que les gentils seront entrés dedans (l’Églis
1228 dans (l’Église), lors les Juifs aussi se retirant de leur révoltement, se rangeront à l’obéissance de la foi… toutefois qu
1229 de leur révoltement, se rangeront à l’obéissance de la foi… toutefois que les Juifs tiendront le premier lieu, comme étan
1230 lieu, comme étant les enfants aînés en la maison de Dieu. » (Commentaires, sur Rom. II, 26.) Le sort du monde, et l’on po
1231 rt du monde, et l’on pourrait même dire : la date de son salut final, dépend ainsi de la conversion des Juifs. Et ceci nou
1232 e dire : la date de son salut final, dépend ainsi de la conversion des Juifs. Et ceci nous révèle la plus profonde raison
1233 s « ambivalents », comme dirait Freud, qu’ont eus de tout temps les chrétiens à l’égard du peuple d’Israël. Tout dépend de
1234 s de tout temps les chrétiens à l’égard du peuple d’ Israël. Tout dépend de lui, et il refuse ! D’où la haine sourde, et en
1235 rétiens à l’égard du peuple d’Israël. Tout dépend de lui, et il refuse ! D’où la haine sourde, et en même temps le respect
1236 uple d’Israël. Tout dépend de lui, et il refuse ! D’ où la haine sourde, et en même temps le respect religieux qu’on lui po
1237 qu’on lui porte. Peut-être n’est-il pas excessif de voir dans cette passion contradictoire le secret des soudaines explos
1238 contradictoire le secret des soudaines explosions de rancune qui apparurent périodiquement au Moyen Âge. Je ne sais si cet
1239 s, éternellement lié au sien en vertu d’un décret de Dieu, mais encore qu’elle se doit de juger Israël autrement que ne fa
1240 d’un décret de Dieu, mais encore qu’elle se doit de juger Israël autrement que ne fait « le monde ». Ce n’est pas au nom
1241 ons à prendre position, mais au nom des promesses de la foi, et dans une perspective missionnaire qui réduit à leurs juste
1242 ncevoir nos polémiques. Et son issue ne dépend ni de nous seuls, ni d’eux seuls. On dit : les Juifs sont ceci, les Juifs s
1243 ques. Et son issue ne dépend ni de nous seuls, ni d’ eux seuls. On dit : les Juifs sont ceci, les Juifs sont cela, ils se s
1244 nt ceci, les Juifs sont cela, ils se sont emparés de nos richesses, etc. Mais de quels biens se préoccupe le croyant ? Leu
1245 , ils se sont emparés de nos richesses, etc. Mais de quels biens se préoccupe le croyant ? Leur faute a fait la richesse d
1246 tifié à l’origine que par la vocation spirituelle de ce peuple. Il n’est pas du tout biologique. Il ne le devient qu’acces
1247 soirement, à mesure que l’on prend les « signes » de la vocation pour des réalités valables en elles-mêmes. Mais sans dout
1248 ils n’en épousaient point qui aient été captives, de peur qu’elles n’aient eu quelque commerce avec des étrangers. Peut-il
1249 des pièces si authentiques, prouver leur descente de père en fils depuis deux-mille ans ? Que si quelqu’un manque d’observ
1250 s depuis deux-mille ans ? Que si quelqu’un manque d’ observer cet ordre, on le sépare de l’autel, sans qu’il lui soit plus
1251 elqu’un manque d’observer cet ordre, on le sépare de l’autel, sans qu’il lui soit plus permis de faire aucune des fonction
1252 épare de l’autel, sans qu’il lui soit plus permis de faire aucune des fonctions sacerdotales. » [Note de l’éditeur] L’édit
1253 faire aucune des fonctions sacerdotales. » [Note de l’éditeur] L’édition américaine supprime la fin de cette note : « Il
1254 e l’éditeur] L’édition américaine supprime la fin de cette note : « Il est curieux de noter que les lois racistes hitlérie
1255 supprime la fin de cette note : « Il est curieux de noter que les lois racistes hitlériennes privent de tous droits civiq
1256 noter que les lois racistes hitlériennes privent de tous droits civiques les personnes qui ne peuvent prouver par les reg
1257 ui ne peuvent prouver par les registres la pureté de leurs origines : c’est que l’exercice des droits civiques est bien un
1258 l’exercice des droits civiques est bien une sorte de « sacerdoce » national. On voit ainsi que l’eugénisme n’est pas le se
1259 oit ainsi que l’eugénisme n’est pas le seul motif de la législation raciste. » 9. Sur l’importance capitale de cette noti
1260 islation raciste. » 9. Sur l’importance capitale de cette notion de commune mesure pour toute culture ou civilisation, j’
1261 . » 9. Sur l’importance capitale de cette notion de commune mesure pour toute culture ou civilisation, j’ai donné de plus
1262 er avec les mains , où l’on trouvera un raccourci de la présente étude. Du point de vue de l’histoire du peuple juif, ce r
1263 n raccourci de la présente étude. Du point de vue de l’histoire du peuple juif, ce raccourci souffre, entre autres, d’une
1264 peuple juif, ce raccourci souffre, entre autres, d’ une très grave lacune en ce qu’il paraît conclure sur l’abandon final
1265 e en ce qu’il paraît conclure sur l’abandon final d’ Israël à son destin, après la mort de Jésus-Christ. Je suis heureux de
1266 bandon final d’Israël à son destin, après la mort de Jésus-Christ. Je suis heureux de pouvoir donner ci-après un développe
1267 n, après la mort de Jésus-Christ. Je suis heureux de pouvoir donner ci-après un développement qui n’avait pas sa place dan
1268 hétisme, c’est-à-dire l’élément le plus finaliste de la religion d’Israël qui aurait donné au peuple l’expression légale d
1269 à-dire l’élément le plus finaliste de la religion d’ Israël qui aurait donné au peuple l’expression légale de sa commune me
1270 ël qui aurait donné au peuple l’expression légale de sa commune mesure : le Décalogue. Ainsi la fin crée ses moyens. Cette
1271 le Moïse — aurait bel et bien donné les rudiments de la Loi au peuple juif dès la sortie d’Égypte. Les prophètes seraient
1272 rudiments de la Loi au peuple juif dès la sortie d’ Égypte. Les prophètes seraient alors ceux qui rappellent le peuple au
1273 xcès du légalisme. 11. Livre II, chap. VI, trad. d’ Arnaud d’Andilly. 12. Ernest Renan, Histoire du peuple d’Israël, t.
1274 d’Andilly. 12. Ernest Renan, Histoire du peuple d’ Israël, t. II, p. 265. 13. « L’embarras de l’hébreu pour expliquer le
1275 peuple d’Israël, t. II, p. 265. 13. « L’embarras de l’hébreu pour expliquer les notions philosophiques les plus simples,
1276 ns philosophiques les plus simples, dans le Livre de Job, dans l’Ecclésiaste, est quelque chose de surprenant. L’image phy
1277 vre de Job, dans l’Ecclésiaste, est quelque chose de surprenant. L’image physique qui, dans les langues sémitiques, est en
1278 , dans les langues sémitiques, est encore à fleur de sol, obscurcit la déduction abstraite… » (Renan, op. cit., I, p. 49).
1279 Où Renan voit un obscurcissement, je vois le gage d’ une vive actualité, ou efficacité, du langage des clercs, identique à
1280 u « le jour du Seigneur ». Saint Paul et l’auteur de l’Épître aux Hébreux (chap. II) insistent fortement sur cette unicité
1281 (chap. II) insistent fortement sur cette unicité de la Révélation. C’est un grand lieu commun de la théologie réformée qu
1282 cité de la Révélation. C’est un grand lieu commun de la théologie réformée que de voir dans l’Ancien Testament l’histoire
1283 un grand lieu commun de la théologie réformée que de voir dans l’Ancien Testament l’histoire du Christ avant qu’il vienne,
1284 Prophètes après le Christ. Ainsi la Bible n’a pas d’ autre sens que de désigner l’Incarnation qui est son centre, au-delà d
1285 e Christ. Ainsi la Bible n’a pas d’autre sens que de désigner l’Incarnation qui est son centre, au-delà d’elle-même. Tolle
1286 ésigner l’Incarnation qui est son centre, au-delà d’ elle-même. Tolle Christum e scripturis, quid amplius invenies in illis
1287 turis, quid amplius invenies in illis ? (Luther : De servo arbitrio.) 15. Christopher Dawson, Les Origines de l’Europe et
1288 arbitrio.) 15. Christopher Dawson, Les Origines de l’Europe et de la civilisation européenne, trad. française, chez Ried
1289 . Christopher Dawson, Les Origines de l’Europe et de la civilisation européenne, trad. française, chez Rieder, 1934, p. 43
1290 eder, 1934, p. 43. 16. Sitôt que la mesure cesse d’ être transcendante, devient humaine, contingente et partielle, et n’ét
1291 eut encore totalitaire, on a l’État-nation-Police de type fasciste ou stalinien. Bien entendu, il serait absurde de rendre
1292 ste ou stalinien. Bien entendu, il serait absurde de rendre Israël responsable de ce qui n’est que « profanations » de la
1293 u, il serait absurde de rendre Israël responsable de ce qui n’est que « profanations » de la notion de mesure totalitaire.
1294 responsable de ce qui n’est que « profanations » de la notion de mesure totalitaire. 17. Cf. Ramuz. 18. Par exemple : c
1295 de ce qui n’est que « profanations » de la notion de mesure totalitaire. 17. Cf. Ramuz. 18. Par exemple : cohésion spiri
1296 sion spirituelle et matérielle des divers membres de ces nations éparses ou persécutées, esprit à la fois traditionaliste
1297 te et hardiment novateur, génie financier, niveau de culture élevé, etc. 19. D’autres auteurs, tels que Labriola, font re
1298 ter le phénomène capitaliste à l’« accumulation » de richesses des couvents anglais au Moyen Âge, et aux banques de l’Ital
1299 des couvents anglais au Moyen Âge, et aux banques de l’Italie du Nord. Les responsabilités se partageraient donc équitable
1300 trois religions ! 20. Calvin, toujours soucieux de ne pas spéculer arbitrairement sur les textes, note en effet cette re
1301 riction : « Et aussi ne faut-il pas entendre ceci de toute vocation, mais de celle par laquelle Dieu a adopté en son allia
1302 faut-il pas entendre ceci de toute vocation, mais de celle par laquelle Dieu a adopté en son alliance la postérité d’Abrah
1303 quelle Dieu a adopté en son alliance la postérité d’ Abraham : vu que le propos était nommément et spécialement d’icelle vo
1304 vu que le propos était nommément et spécialement d’ icelle vocation. » (Commentaires, sur Rom. II, 29). aw. Texte paru in
1305 u initialement en français : « Vocation et destin d’ Israël », Les Juifs, Paris, Plon, 1937, p. 143-165. ax. L’édition amé
1306 traduit par « The Rule ». ay. Paragraphe absent de l’édition américaine. az. En raison des coupes importantes opérées p
1307 importantes opérées par rapport au texte original de 1937, les deux dernières phrases sont ici traduites directement depui
8 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 7. Théologie et littérature
1308 l faut tenir la théologie chrétienne pour la mère de la pensée occidentale, de même que l’Église, par son culte, est la mè
1309 de même que l’Église, par son culte, est la mère de presque tous nos arts. La musique est née dans le chœur des églises e
1310 st née dans le chœur des églises et des chapelles de couvents. La peinture et la sculpture se sont constituées sur les aut
1311 s rythmes poétiques ont été propagés par le latin d’ Église. Et ce n’est point que tous ces arts classiques ne soient sorti
1312 int que tous ces arts classiques ne soient sortis de l’enceinte ecclésiastique dès le déclin du Moyen Âge, mais il n’en es
1313 toire ne manifestent à chaque instant l’influence de telles origines. Or le lien de filiation entre nos disciplines de pen
1314 nstant l’influence de telles origines. Or le lien de filiation entre nos disciplines de pensée et la théologie, pour être
1315 es. Or le lien de filiation entre nos disciplines de pensée et la théologie, pour être moins généralement reconnu, n’en es
1316 s temps où la philosophie n’était que la servante de la théologie, ses efforts d’émancipation les plus violents, et même c
1317 tait que la servante de la théologie, ses efforts d’ émancipation les plus violents, et même couronnés de succès, n’ont pu
1318 émancipation les plus violents, et même couronnés de succès, n’ont pu que confirmer une dépendance qui n’est certes plus d
1319 ue confirmer une dépendance qui n’est certes plus de droit, mais n’en demeure pas moins de fait et de nature, autant que d
1320 certes plus de droit, mais n’en demeure pas moins de fait et de nature, autant que d’origine. Les grandes doctrines encore
1321 de droit, mais n’en demeure pas moins de fait et de nature, autant que d’origine. Les grandes doctrines encore vivantes e
1322 emeure pas moins de fait et de nature, autant que d’ origine. Les grandes doctrines encore vivantes et agissantes au xxe s
1323 rits du jeune Marx sur la dialectique hégélienne. De nos jours, le vocabulaire technique s’est transformé, les références
1324 ou non, qu’on l’admette comme Bergson vers la fin de sa carrière, qu’on cherche à le camoufler comme Heidegger, ou qu’on p
1325 ées par les écrivains eux-mêmes, ont fait l’objet de travaux fameux : ainsi l’influence de saint Thomas sur Dante, de Calv
1326 ait l’objet de travaux fameux : ainsi l’influence de saint Thomas sur Dante, de Calvin sur d’Aubigné, du jansénisme sur Pa
1327 ux : ainsi l’influence de saint Thomas sur Dante, de Calvin sur d’Aubigné, du jansénisme sur Pascal et Racine, de Swedenbo
1328 nfluence de saint Thomas sur Dante, de Calvin sur d’ Aubigné, du jansénisme sur Pascal et Racine, de Swedenborg sur Balzac,
1329 ur d’Aubigné, du jansénisme sur Pascal et Racine, de Swedenborg sur Balzac, de Newman sur Gerard Manley Hopkins. Mais il n
1330 e sur Pascal et Racine, de Swedenborg sur Balzac, de Newman sur Gerard Manley Hopkins. Mais il ne me paraît pas que le pro
1331 té clairement posé ou étudié, ni par les docteurs de l’Église, ni par les critiques littéraires. Et cependant comment en n
1332 ur le public cultivé un empire comparable à celui de la radio sur les masses, tandis que la prédication chrétienne semble
1333 nne semble réduite, dans la cité, aux proportions d’ un chuchotement intermittent ? L’ignorance réciproque dans laquelle th
1334 al ? Il est clair que la théologie n’a pas besoin de la littérature et peut s’en désintéresser sans grand dommage. Si l’on
1335 age. Si l’on admet qu’elle a pour objet principal de formuler et de critiquer le dogme chrétien dans l’Église, elle est en
1336 met qu’elle a pour objet principal de formuler et de critiquer le dogme chrétien dans l’Église, elle est en droit de laiss
1337 e dogme chrétien dans l’Église, elle est en droit de laisser à d’autres le soin d’appliquer ses critères hors de l’Église.
1338 , elle est en droit de laisser à d’autres le soin d’ appliquer ses critères hors de l’Église. Mais il est beaucoup moins év
1339 nt que la littérature puisse se passer impunément de la théologie. Et il est bien certain que lorsqu’elle s’en passe, les
1340 e des fidèles ne sauraient échapper à l’influence de leurs lectures, cependant qu’ils éprouvent une difficulté croissante
1341 ulté croissante à juger celles-ci du point de vue de leur foi : le vocabulaire de la piété et celui de la littérature, les
1342 s-ci du point de vue de leur foi : le vocabulaire de la piété et celui de la littérature, les atmosphères qu’elles créent,
1343 de leur foi : le vocabulaire de la piété et celui de la littérature, les atmosphères qu’elles créent, les problèmes qu’ell
1344 les valeurs morales qu’elles tiennent pour allant de soi, tout est devenu trop différent, et presque sans commune mesure.
1345 à redouter que les théologiens se mettent à faire de la critique littéraire, comme il arrive qu’on en lise sous leur nom d
1346 rrive qu’on en lise sous leur nom dans les revues de pensée religieuse : il s’agit trop souvent de comptes rendus d’amateu
1347 ues de pensée religieuse : il s’agit trop souvent de comptes rendus d’amateurs qui cherchent à parler des livres « comme t
1348 gieuse : il s’agit trop souvent de comptes rendus d’ amateurs qui cherchent à parler des livres « comme tout le monde » et
1349 leur « spécialité ». Mon idée serait bien plutôt d’ exiger des critiques littéraires un minimum de connaissances théologiq
1350 tôt d’exiger des critiques littéraires un minimum de connaissances théologiques, dont ils se montrent cruellement dépourvu
1351 suis le premier à protester contre ces citations d’ auteurs à la mode — ou plus souvent à la mode d’il y a cinquante ans —
1352 s d’auteurs à la mode — ou plus souvent à la mode d’ il y a cinquante ans — dont les prédicateurs modernes ont coutume « d’
1353 ns — dont les prédicateurs modernes ont coutume «  d’ orner » leurs sermons. Ce n’est pas la littérature qui doit prêter sec
1354 a littérature qui doit prêter secours à la Parole de Dieu, mais c’est le contraire. S’il arrive qu’un pasteur ou un prêtre
1355 l arrive qu’un pasteur ou un prêtre juge opportun de parler d’un livre, j’attends, à la fois comme fidèle et comme écrivai
1356 u’un pasteur ou un prêtre juge opportun de parler d’ un livre, j’attends, à la fois comme fidèle et comme écrivain, qu’il e
1357 , à la critique et même, cas échéant, à une sorte de direction spirituelle des tendances littéraires de leur époque ; mais
1358 e direction spirituelle des tendances littéraires de leur époque ; mais ceci, je le répète en tant que théologiens, non po
1359 , non point en tant qu’écrivains-amateurs ou gens de goût. Sans rien préjuger du succès ou de l’influence possible d’une i
1360 ou gens de goût. Sans rien préjuger du succès ou de l’influence possible d’une intervention de ce genre, elle aurait en t
1361 ien préjuger du succès ou de l’influence possible d’ une intervention de ce genre, elle aurait en tout cas l’avantage de do
1362 cès ou de l’influence possible d’une intervention de ce genre, elle aurait en tout cas l’avantage de donner aux fidèles —
1363 n de ce genre, elle aurait en tout cas l’avantage de donner aux fidèles — et à leur clergé — certains critères de jugement
1364 ux fidèles — et à leur clergé — certains critères de jugement, un certain vocabulaire, et par suite une certaine orientati
1365 ocabulaire, et par suite une certaine orientation de l’esprit propres à rétablir, petit à petit, des éléments de commune m
1366 t propres à rétablir, petit à petit, des éléments de commune mesure entre le croyant et le lecteur dans un même homme. Cec
1367 e. Ceci dit, j’en reviens à mon propos, qui était de soulever une question, et de suggérer pour son étude quelques hypothè
1368 on propos, qui était de soulever une question, et de suggérer pour son étude quelques hypothèses de travail. 5. L’ignoranc
1369 et de suggérer pour son étude quelques hypothèses de travail. 5. L’ignorance générale où sont les écrivains modernes des r
1370 rale où sont les écrivains modernes des rudiments de la théologie a pour conséquence immédiate qu’ils se condamnent à déco
1371 rire une histoire des principales écoles modernes d’ un point de vue strictement théologique ? Une histoire qui nous montre
1372 s, à leur insu, doivent à l’atmosphère religieuse de leur époque, mais surtout comment ils pâtissent de n’avoir point conn
1373 e leur époque, mais surtout comment ils pâtissent de n’avoir point connu l’existence de traditions soit orthodoxes soit hé
1374 ils pâtissent de n’avoir point connu l’existence de traditions soit orthodoxes soit hérétiques, c’est le cas le plus fréq
1375 rop court (After Strange Gods) a donné l’esquisse d’ une étude des hérésies dans la littérature moderne. Pour ma part, j’ai
1376 la littérature moderne. Pour ma part, j’ai tenté de montrer comment les troubadours, dont la doctrine fut reprise par les
1377 doctrine fut reprise par les auteurs du Tristan, d’ où sont issus presque tous nos romans, étaient nourris de l’hérésie ma
1378 nt issus presque tous nos romans, étaient nourris de l’hérésie manichéenne, et l’ont ainsi fait vivre jusqu’à nous et parm
1379 mi nous, bien que vulgarisée et déprimée au point d’ en devenir méconnaissable. Petit exemple que je mentionne faute de mie
1380 ire sur la renaissance endémique, dans nos écoles d’ avant-garde, des déviations les plus connues du mysticisme, du gnostic
1381 s les plus connues du mysticisme, du gnosticisme, de l’arianisme et du libéralisme romantique. Qui voudra et pourra l’expl
1382 e. Qui voudra et pourra l’expliquer aux disciples de ces mouvements ? Il y faudrait un théologien. Lever les bras au ciel,
1383 inter le doigt du moraliste, n’est pas faire acte de charité à l’égard des efforts de l’avant-garde, d’autant qu’ils jouen
1384 t pas faire acte de charité à l’égard des efforts de l’avant-garde, d’autant qu’ils jouent, aux yeux de beaucoup et des me
1385 ils jouent, aux yeux de beaucoup et des meilleurs de nos contemporains, le rôle d’une spiritualité ardente et courageuse.
1386 up et des meilleurs de nos contemporains, le rôle d’ une spiritualité ardente et courageuse. Pourquoi faudrait-il qu’à l’ob
1387 l’obscurantisme théologique qui dénote la culture d’ aujourd’hui, réponde chez les théologiens un « refus d’informer » symé
1388 ourd’hui, réponde chez les théologiens un « refus d’ informer » symétrique, fait de méfiance, d’incuriosité, de réprobation
1389 ologiens un « refus d’informer » symétrique, fait de méfiance, d’incuriosité, de réprobation morale et de timidité bourgeo
1390  refus d’informer » symétrique, fait de méfiance, d’ incuriosité, de réprobation morale et de timidité bourgeoise, plutôt q
1391 er » symétrique, fait de méfiance, d’incuriosité, de réprobation morale et de timidité bourgeoise, plutôt que de rigueur t
1392 méfiance, d’incuriosité, de réprobation morale et de timidité bourgeoise, plutôt que de rigueur théologique ? Au nom des b
1393 tion morale et de timidité bourgeoise, plutôt que de rigueur théologique ? Au nom des besoins de la paroisse de campagne,
1394 t que de rigueur théologique ? Au nom des besoins de la paroisse de campagne, trop souvent prise comme prétexte chez les p
1395 r théologique ? Au nom des besoins de la paroisse de campagne, trop souvent prise comme prétexte chez les protestants, va-
1396 e dos parce qu’elle est tapageuse, scandaleuse et d’ une conduite peu régulière, la confirmant ainsi dans sa persuasion que
1397 u dernier siècle ? Au lecteur convaincu comme moi de la nécessité de rétablir des ponts entre la théologie et les lettres
1398  ? Au lecteur convaincu comme moi de la nécessité de rétablir des ponts entre la théologie et les lettres vivantes, je sou
1399 logie et les lettres vivantes, je soumets à titre d’ exemples et sans nul ordre préconçu, les thèses suivantes. 6. C’est l’
1400 que le libéralisme tendait à se mettre à l’école de leurs complaisances, et par suite ne leur donnait rien. Exemple : Kie
1401 logique parfaitement cohérente et intransigeante, d’ où son influence profonde et indéniable sur Ibsen, sur Unamuno, sur Ri
1402 sur Rilke, sur Kafka, et sur un très grand nombre de poètes, de romanciers et d’essayistes des plus jeunes générations, en
1403 sur Kafka, et sur un très grand nombre de poètes, de romanciers et d’essayistes des plus jeunes générations, en Europe, en
1404 un très grand nombre de poètes, de romanciers et d’ essayistes des plus jeunes générations, en Europe, en Angleterre et da
1405 une Église déterminée. N’est-ce point là le signe d’ une incompatibilité inquiétante entre l’élite active et les « milieux
1406 inquiétante entre l’élite active et les « milieux d’ Église » ? 7. Une théologie orthodoxe (je ne dis pas sclérosée) favori
1407 lérosée) favorise, soutient et nourrit des œuvres de style classique, tandis qu’une théologie libérale se lie aux mouvemen
1408 vain romantique croit voir dans les dogmes autant d’ entraves à l’essor créateur, tandis que le classique y trouve à la foi
1409 ênes fécondes. Le premier, semblable à la colombe de Kant, s’imagine qu’il volerait mieux dans le vide. Le second, mieux a
1410 erait mieux dans le vide. Le second, mieux assuré de la force de ses ailes, cherche une atmosphère dense pour exercer en p
1411 dans le vide. Le second, mieux assuré de la force de ses ailes, cherche une atmosphère dense pour exercer en plein ses éne
1412 ne résistance effective et valable aux incartades de l’imagination. Ainsi fait le fougueux d’Aubigné s’armant de la doctri
1413 cartades de l’imagination. Ainsi fait le fougueux d’ Aubigné s’armant de la doctrine de Calvin. À l’inverse, je soupçonne l
1414 nation. Ainsi fait le fougueux d’Aubigné s’armant de la doctrine de Calvin. À l’inverse, je soupçonne les romantiques d’av
1415 ait le fougueux d’Aubigné s’armant de la doctrine de Calvin. À l’inverse, je soupçonne les romantiques d’avoir cherché dan
1416 Calvin. À l’inverse, je soupçonne les romantiques d’ avoir cherché dans la théologie de leur époque et sous le nom de liber
1417 les romantiques d’avoir cherché dans la théologie de leur époque et sous le nom de liberté, de coûteuses licences intellec
1418 é dans la théologie de leur époque et sous le nom de liberté, de coûteuses licences intellectuelles, ou de simples facilit
1419 éologie de leur époque et sous le nom de liberté, de coûteuses licences intellectuelles, ou de simples facilités… 8. La li
1420 iberté, de coûteuses licences intellectuelles, ou de simples facilités… 8. La littérature en général trouve à se nourrir m
1421 ique régnante que dans l’atmosphère et l’ambiance de controverses théologiques mêlées à des questions politiques. Exemples
1422 abéthains ; et parmi nous, la renaissance notable d’ une poésie d’inspiration religieuse en France, pendant l’occupation et
1423 t parmi nous, la renaissance notable d’une poésie d’ inspiration religieuse en France, pendant l’occupation et tôt après. 9
1424 tion donnée. Je me bornerai à citer ici l’exemple de l’Église anglicane dont le Prayer Book a formé la langue des poètes d
1425 l’histoire des lettres anglaises s’avère capital, de John Donne à T. S. Eliot, en passant par le Doyen Swift, l’évêque Ber
1426 contre le ritualisme, mais indique une direction de recherches peut-être féconde. 10. Une critique théologique de la litt
1427 s peut-être féconde. 10. Une critique théologique de la littérature devra mettre en garde son public contre l’illusion cou
1428 chrétiens » ou « religieux » que ceux qui parlent de Dieu et traitent de sujets religieux. Ici encore, « ce ne sont pas ce
1429 igieux » que ceux qui parlent de Dieu et traitent de sujets religieux. Ici encore, « ce ne sont pas ceux qui disent : Seig
1430 gneur ! Seigneur !… mais ceux qui font la volonté de mon Père… » que nous devons prendre au sérieux. Faire la volonté de D
1431 nous devons prendre au sérieux. Faire la volonté de Dieu, en écrivant, ce n’est pas simplement parler de Dieu et de sa vo
1432 Dieu, en écrivant, ce n’est pas simplement parler de Dieu et de sa volonté, ni même en parler avec cette simplicité trop a
1433 rivant, ce n’est pas simplement parler de Dieu et de sa volonté, ni même en parler avec cette simplicité trop aisément att
1434 ntrent un goût immodéré. Je connais un bon nombre d’ ouvrages religieux dont le style journalistique est incompatible avec
1435 ournalistique est incompatible avec aucune espèce de réalité spirituelle. L’auteur ne cesse de mentionner cette réalité, m
1436 espèce de réalité spirituelle. L’auteur ne cesse de mentionner cette réalité, mais en fait il échoue à l’exprimer ; il se
1437 à l’exprimer ; il se livre à des efforts visibles de propagande en faveur des « valeurs spirituelles », mais par là même,
1438 là même, il trahit peut-être une certaine absence de l’Esprit dans la genèse de son œuvre. Il oublie que le style d’un écr
1439 e une certaine absence de l’Esprit dans la genèse de son œuvre. Il oublie que le style d’un écrit transmet pour son compte
1440 ns la genèse de son œuvre. Il oublie que le style d’ un écrit transmet pour son compte et par lui-même un « message » souve
1441 tement dans l’esprit du lecteur. Ce qu’il importe de rappeler ici, c’est que toute œuvre littéraire, si profane qu’en soit
1442 le sujet, implique une théologie (fût-ce à l’insu de son auteur), et qu’elle l’exprime par les mouvements mêmes du style,
1443 les mouvements mêmes du style, plus fidèlement et d’ une manière plus contraignante que par son argumentation. Expliciter c
1444 ittérature », Hommage et reconnaissance : recueil de travaux publiés à l’occasion du soixantième anniversaire de Karl Bart
1445 publiés à l’occasion du soixantième anniversaire de Karl Barth, Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1946, p. 162-167) et en
1446 ru en volume. bb. La dernière phrase est absente de l’édition américaine.
9 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 8. La mission de l’artiste
1447 8. La mission de l’artistebc On m’a demandé, récemment, de parler de la « Mission d
1448 sion de l’artistebc On m’a demandé, récemment, de parler de la « Mission de l’Art en tant qu’expression créatrice de l’
1449 artistebc On m’a demandé, récemment, de parler de la « Mission de l’Art en tant qu’expression créatrice de l’esprit hum
1450 m’a demandé, récemment, de parler de la « Mission de l’Art en tant qu’expression créatrice de l’esprit humain ». Je n’aura
1451  Mission de l’Art en tant qu’expression créatrice de l’esprit humain ». Je n’aurais pas répondu, s’il ne s’était agi d’une
1452 n ». Je n’aurais pas répondu, s’il ne s’était agi d’ une journée d’étude « œcuménique », groupant avec des artistes et écri
1453 is pas répondu, s’il ne s’était agi d’une journée d’ étude « œcuménique », groupant avec des artistes et écrivains des théo
1454 proposé par des chrétiens précisément, et non par de vagues humanistes, méritait une sérieuse mise au point. « Mission de
1455 s, méritait une sérieuse mise au point. « Mission de l’Art » pour moi, cela sonne faux. L’art avec une majuscule est une d
1456 cela sonne faux. L’art avec une majuscule est une de ces allégories officielles que nous avons héritées du xixe siècle, e
1457 xixe siècle, et du romantisme avec l’admiration de Wagner et de Baudelaire, que nos ancêtres condamnaient, et frappaient
1458 , et du romantisme avec l’admiration de Wagner et de Baudelaire, que nos ancêtres condamnaient, et frappaient d’amendes… C
1459 ire, que nos ancêtres condamnaient, et frappaient d’ amendes… Cette allégorie signale l’existence d’une sorte de « religion
1460 nt d’amendes… Cette allégorie signale l’existence d’ une sorte de « religion de l’Art », née dans les confréries et sectes
1461 … Cette allégorie signale l’existence d’une sorte de « religion de l’Art », née dans les confréries et sectes romantiques,
1462 rie signale l’existence d’une sorte de « religion de l’Art », née dans les confréries et sectes romantiques, préraphaélite
1463 ques, préraphaélites, symbolistes, et qui a perdu de nos jours sa virulence sacrée, mais qui subsiste sous la forme d’un p
1464 virulence sacrée, mais qui subsiste sous la forme d’ un préjugé très répandu, dans la bourgeoisie, dans le peuple, à Hollyw
1465 dans le peuple, à Hollywood et dans les discours d’ inauguration. L’Art avec majuscule est quelque chose d’idéal, de disti
1466 uguration. L’Art avec majuscule est quelque chose d’ idéal, de distingué, qui est vaguement en rapport avec l’Infini, qui n
1467 . L’Art avec majuscule est quelque chose d’idéal, de distingué, qui est vaguement en rapport avec l’Infini, qui ne sert à
1468 les femmes plus que les hommes, qui est l’affaire de certains spécialistes, qui permet de fuir pendant quelques moments le
1469 st l’affaire de certains spécialistes, qui permet de fuir pendant quelques moments les soucis trop réels de la vie quotidi
1470 ir pendant quelques moments les soucis trop réels de la vie quotidienne, qui élève l’âme et adoucit les mœurs, — bref, qui
1471 ’idée que la plupart de nos contemporains se font de la religion chrétienne. Ce n’est pas sérieux si l’on admet avec Talle
1472 c Talleyrand que « tout ce qui est exagéré manque de sérieux ». Aucun artiste sérieux ne dit qu’il fait de l’« Art », sino
1473 érieux ». Aucun artiste sérieux ne dit qu’il fait de l’« Art », sinon pour se défendre contre le percepteur ou le policier
1474 sultent. Dans l’un et l’autre cas, qu’il s’agisse d’ une exagération romantique, ou d’un terme générique, il est évident qu
1475 , qu’il s’agisse d’une exagération romantique, ou d’ un terme générique, il est évident que l’art, avec ou sans majuscule,
1476 l’art, avec ou sans majuscule, ne peut pas avoir de mission. Un faux dieu, ou un mot, n’ont pas de mission. Seul un homme
1477 ir de mission. Un faux dieu, ou un mot, n’ont pas de mission. Seul un homme peut en recevoir une. Ensuite, j’ai quelque do
1478 maine est, je crois, plutôt récent. Cette manière de parler de l’acte humain en le comparant, ou même en l’égalant à l’act
1479 je crois, plutôt récent. Cette manière de parler de l’acte humain en le comparant, ou même en l’égalant à l’acte divin, n
1480 l’acte divin, ne relève pas seulement à l’origine d’ une doctrine synergiste qui demande examen, mais coïncide historiqueme
1481 historiquement avec l’affaiblissement ou la perte de la croyance au Dieu créateur dans l’époque moderne. Je ne suis pas sû
1482 ne suis pas sûr du tout que l’homme soit capable de créer, au vrai sens de ce terme, c’est-à-dire de produire un changeme
1483 t que l’homme soit capable de créer, au vrai sens de ce terme, c’est-à-dire de produire un changement absolu, une nouveaut
1484 de créer, au vrai sens de ce terme, c’est-à-dire de produire un changement absolu, une nouveauté absolue dans l’univers.
1485 est en réalité qu’un arrangement un peu différent d’ éléments connus, selon des lois connues ou connaissables. C’est donc u
1486 nne ne connaît la totalité des choses existantes, de leurs structures et de leurs rapports. Bornons-nous donc au terme cla
1487 ité des choses existantes, de leurs structures et de leurs rapports. Bornons-nous donc au terme classique de « composition
1488 rs rapports. Bornons-nous donc au terme classique de « composition », en parlant des œuvres d’art. Ceci posé — et maintenu
1489 assique de « composition », en parlant des œuvres d’ art. Ceci posé — et maintenu —, nous chercherons à savoir, aujourd’hui
1490 poèmes. Et surtout d’abord : quelle est la nature de leur activité, et quelles sont ses fins. Nature de l’activité artis
1491 leur activité, et quelles sont ses fins. Nature de l’activité artistique Toutes sortes de gens font des choses, des o
1492 Nature de l’activité artistique Toutes sortes de gens font des choses, des objets, et des instruments : homo faber dés
1493 nstruments : homo faber désigne une grande partie de l’humanité : ouvriers, artistes, savants, législateurs et artisans. D
1494 a entre l’homme qui fait un poème, une partition de musique, un tableau, une façade, et l’homme qui fait une machine, une
1495 photo. Depuis deux siècles environ, on a coutume de répondre à cette question d’une manière simple en apparence. On pense
1496 nviron, on a coutume de répondre à cette question d’ une manière simple en apparence. On pense que les artistes font des ob
1497 tatistiques, des outils. On ne peut pas se passer d’ un rasoir, dit l’homme moderne, mais on peut à la rigueur — et même sa
1498 ur — et même sans beaucoup de rigueur — se passer d’ un tableau, d’une statue. Les produits de l’art sont un luxe, et les a
1499 ans beaucoup de rigueur — se passer d’un tableau, d’ une statue. Les produits de l’art sont un luxe, et les autres produits
1500 e passer d’un tableau, d’une statue. Les produits de l’art sont un luxe, et les autres produits sont des nécessités. Toute
1501 professeurs recourent à certaines interprétations de Kant selon lesquelles un objet d’art aurait sa fin en soi, et ne serv
1502 interprétations de Kant selon lesquelles un objet d’ art aurait sa fin en soi, et ne servirait donc à rien qu’à être contem
1503 à rien qu’à être contemplé — traduisons : honoré d’ un coup d’œil en passant à la salle à manger. Ces critères d’utilité,
1504 ’œil en passant à la salle à manger. Ces critères d’ utilité, de nécessité, d’une part, ou de gratuité, d’inutilité, d’autr
1505 sant à la salle à manger. Ces critères d’utilité, de nécessité, d’une part, ou de gratuité, d’inutilité, d’autre part, son
1506 critères d’utilité, de nécessité, d’une part, ou de gratuité, d’inutilité, d’autre part, sont inconsistants, et absolumen
1507 tilité, de nécessité, d’une part, ou de gratuité, d’ inutilité, d’autre part, sont inconsistants, et absolument superficiel
1508 iciels. Ils ne nous apprennent rien sur la nature de l’œuvre d’art. Mais ils nous apprennent quelque chose sur la nature e
1509 ne nous apprennent rien sur la nature de l’œuvre d’ art. Mais ils nous apprennent quelque chose sur la nature et l’attitud
1510 rennent quelque chose sur la nature et l’attitude de la société qui les admet : à savoir que cette société a perdu le sens
1511 steront, pour lesquelles une pierre ou un morceau de bois, sculpté ou peint d’une certaine manière, sont infiniment plus «
1512 ne pierre ou un morceau de bois, sculpté ou peint d’ une certaine manière, sont infiniment plus « utiles » que pour nous un
1513 u sérieux par les peuples qui croient que le sens de la vie, la crainte de la mort, l’angoisse devant le pouvoir sacré, so
1514 les qui croient que le sens de la vie, la crainte de la mort, l’angoisse devant le pouvoir sacré, sont des choses sérieuse
1515 sidérons comme sérieux, donc utile, ce qui permet d’ aller plus vite, par exemple, peu importe pour quel motif et vers quel
1516 théorie, nous tenons l’œuvre d’art pour dépourvue d’ utilité directe, ce fait prouve simplement que l’art ne répond pas au
1517 que l’art ne répond pas au désir le plus puissant de l’homme moderne ; que ce dernier pourrait donc s’en passer, qu’il n’e
1518 roit devoir le respecter qu’en vertu d’une espèce de préjugé. D’où l’on pourrait déduire, soit dit en passant, la vanité t
1519 le respecter qu’en vertu d’une espèce de préjugé. D’ où l’on pourrait déduire, soit dit en passant, la vanité totale des te
1520 s actuelles pour vulgariser l’art, pour lui faire de la publicité. C’est le besoin de l’art qu’il faudrait réveiller. Et p
1521 , pour lui faire de la publicité. C’est le besoin de l’art qu’il faudrait réveiller. Et pour cela, il faudrait endormir le
1522 nt. Donc modifier toute l’attitude, l’orientation de l’homme moderne… (avant de se mettre à distribuer des reproductions d
1523 avant de se mettre à distribuer des reproductions de Van Gogh). Si donc j’écarte le critère d’utilité ou de manque d’utili
1524 uctions de Van Gogh). Si donc j’écarte le critère d’ utilité ou de manque d’utilité, comme étant trop relatif, mobile, et s
1525 n Gogh). Si donc j’écarte le critère d’utilité ou de manque d’utilité, comme étant trop relatif, mobile, et sujet à change
1526 i donc j’écarte le critère d’utilité ou de manque d’ utilité, comme étant trop relatif, mobile, et sujet à changer de signe
1527 me étant trop relatif, mobile, et sujet à changer de signe selon l’état religieux d’une société, je me retrouve devant la
1528 t sujet à changer de signe selon l’état religieux d’ une société, je me retrouve devant la question initiale : en quoi l’ac
1529 tistique se distingue-t-elle des autres activités de l’homme ? J’avancerai la réponse que voici : à la différence de tout
1530 ’avancerai la réponse que voici : à la différence de tout autre produit de l’action humaine, l’œuvre d’art est un objet do
1531 que voici : à la différence de tout autre produit de l’action humaine, l’œuvre d’art est un objet dont la raison d’être né
1532 umaine, l’œuvre d’art est un objet dont la raison d’ être nécessaire et suffisante, est de signifier. Qu’elle consiste en u
1533 nt la raison d’être nécessaire et suffisante, est de signifier. Qu’elle consiste en une structure de sons, de formes, ou d
1534 t de signifier. Qu’elle consiste en une structure de sons, de formes, ou d’idées, l’œuvre a pour fonction spécifique de ca
1535 ifier. Qu’elle consiste en une structure de sons, de formes, ou d’idées, l’œuvre a pour fonction spécifique de capter l’at
1536 consiste en une structure de sons, de formes, ou d’ idées, l’œuvre a pour fonction spécifique de capter l’attention, d’aim
1537 s, ou d’idées, l’œuvre a pour fonction spécifique de capter l’attention, d’aimanter la sensibilité, de fasciner la méditat
1538 a pour fonction spécifique de capter l’attention, d’ aimanter la sensibilité, de fasciner la méditation, de la prendre au p
1539 de capter l’attention, d’aimanter la sensibilité, de fasciner la méditation, de la prendre au piège, — et en même temps d’
1540 manter la sensibilité, de fasciner la méditation, de la prendre au piège, — et en même temps d’orienter l’être vers quelqu
1541 ation, de la prendre au piège, — et en même temps d’ orienter l’être vers quelque chose qui transcende les sons et les form
1542 il est vrai qu’une équation est un objet qui n’a d’ autre fonction que de signifier. Cependant sa structure reste entièrem
1543 quation est un objet qui n’a d’autre fonction que de signifier. Cependant sa structure reste entièrement analysable, réduc
1544 comme le prouve le signe égal — sans destruction de signification ; ce qui n’est pas le cas de l’œuvre d’art. Mais si, ch
1545 uction de signification ; ce qui n’est pas le cas de l’œuvre d’art. Mais si, cherchant quelle est la nature de l’œuvre d’a
1546 ignification ; ce qui n’est pas le cas de l’œuvre d’ art. Mais si, cherchant quelle est la nature de l’œuvre d’art, je la d
1547 re d’art. Mais si, cherchant quelle est la nature de l’œuvre d’art, je la définis comme un piège à méditation, on voit que
1548 n piège à méditation, on voit que la connaissance de cette nature est liée à celle de son but : un piège est fait pour pre
1549 la connaissance de cette nature est liée à celle de son but : un piège est fait pour prendre quelque chose. Dans l’œuvre
1550 but, essence et fin, sont inséparables. Il s’agit d’ une seule et même fonction, qui est de signifier quelque chose par des
1551 . Il s’agit d’une seule et même fonction, qui est de signifier quelque chose par des moyens sensibles. But de l’activit
1552 er quelque chose par des moyens sensibles. But de l’activité artistique Vous allez penser que je fais bon marché de
1553 tique Vous allez penser que je fais bon marché de la beauté dans tout ceci, et que mes définitions vont à l’encontre de
1554 l’encontre des conceptions classiques autant que de nos idées courantes et banales. Celles-ci veulent, en effet, que le b
1555 banales. Celles-ci veulent, en effet, que le but de l’art soit la beauté, et que la fonction propre à l’artiste soit « de
1556 uté, et que la fonction propre à l’artiste soit «  de créer de la beauté », comme on dit. J’avouerai que je n’en suis pas s
1557 ue la fonction propre à l’artiste soit « de créer de la beauté », comme on dit. J’avouerai que je n’en suis pas sûr. Et je
1558 e vous proposerai, sur ce point, trois remarques, d’ importance très inégale d’ailleurs. La première est une simple constat
1559 ailleurs. La première est une simple constatation de fait, que je verse au débat sans juger. Les principaux artistes de no
1560 erse au débat sans juger. Les principaux artistes de notre époque, que ce soit Picasso ou Braque, Joyce ou Kafka, Stravins
1561 chent pas à faire beau et refuseraient sans doute de dire que la beauté est le but de leurs ouvrages. Que ce soit beau ou
1562 aient sans doute de dire que la beauté est le but de leurs ouvrages. Que ce soit beau ou laid, charmant ou atroce pour les
1563 sens et l’esprit, peu leur importe : leur but est d’ exprimer, de décrire des réalités, à tout prix, et même au prix de la
1564 prit, peu leur importe : leur but est d’exprimer, de décrire des réalités, à tout prix, et même au prix de la laideur, si
1565 faire beau, ou flatteur. Ma seconde remarque est de nature beaucoup plus grave. Il me semble que la beauté n’est pas une
1566 notion ni un terne biblique. La Bible nous parle de vérité, de justice, de liberté, et d’amour, mais peu ou point de beau
1567 un terne biblique. La Bible nous parle de vérité, de justice, de liberté, et d’amour, mais peu ou point de beauté. Elle ne
1568 lique. La Bible nous parle de vérité, de justice, de liberté, et d’amour, mais peu ou point de beauté. Elle ne nous dit pa
1569 nous parle de vérité, de justice, de liberté, et d’ amour, mais peu ou point de beauté. Elle ne nous dit pas que Dieu est
1570 ustice, de liberté, et d’amour, mais peu ou point de beauté. Elle ne nous dit pas que Dieu est beauté, nais que Dieu est a
1571 belles harmonies, mais passe par la porte étroite de la mort. Faut-il penser, comme on l’a écrit, qu’il s’agit là dans la
1572 omme on l’a écrit, qu’il s’agit là dans la Bible, d’ une « lacune terrible » ? Lacune que l’idéal grec serait venu combler,
1573 — quitte à s’en distinguer de nouveau à l’époque de la Renaissance ? Ou faut-il au contraire se demander si notre notion
1574 faut-il au contraire se demander si notre notion de la beauté n’est pas sujette à de sérieuses révisions ? Enfin, ma troi
1575 si notre notion de la beauté n’est pas sujette à de sérieuses révisions ? Enfin, ma troisième remarque, tout à fait indép
1576 indépendante des deux premières, prendra la forme d’ un aveu. Je me sens incapable de faire usage du concept de beauté en s
1577 prendra la forme d’un aveu. Je me sens incapable de faire usage du concept de beauté en soi. Évidemment, il m’arrive auss
1578 u. Je me sens incapable de faire usage du concept de beauté en soi. Évidemment, il m’arrive aussi souvent qu’à n’importe q
1579 ent, il m’arrive aussi souvent qu’à n’importe qui de m’écrier : comme c’est beau ! devant toutes sortes de choses, des plu
1580 ’écrier : comme c’est beau ! devant toutes sortes de choses, des plus variées, telles qu’un paysage ou un bâtiment, un êtr
1581 ntiment… Mais cette énumération, par ce qu’elle a d’ hétéroclite, montre que la beauté n’est pas un caractère spécifique de
1582 e que la beauté n’est pas un caractère spécifique de l’œuvre d’art. N’importe quoi peut être décrit comme beau. C’est une
1583 auté n’est pas un caractère spécifique de l’œuvre d’ art. N’importe quoi peut être décrit comme beau. C’est une qualificati
1584 je m’écrie qu’une œuvre est belle, il est facile de voir que cette « beauté » que je lui attribue se résout à l’analyse,
1585 ustes ! comme on se sent plus libre, ou plus fort d’ avoir vu cela ! comme c’est passionnant ! ou d’un intérêt inépuisable 
1586 rt d’avoir vu cela ! comme c’est passionnant ! ou d’ un intérêt inépuisable ! ou simplement : comme j’aime ! Car on appelle
1587 rté, ou l’amour. Faire l’économie du concept grec de beauté, ce n’est donc pas renier l’art. Constater que la Bible ne par
1588 nier l’art. Constater que la Bible ne parle guère de beauté, ce n’est pas dire un seul instant que la Bible exclut l’art ;
1589 soi et d’abord, ne signifie nullement qu’ils sont de mauvais artistes, bien au contraire, tout cela revient à dire que l’a
1590 à dire que l’art est autre chose qu’une recherche de la beauté, et que celui qui fait une œuvre d’art s’assigne un but bie
1591 différent. Je crois que le but (conscient ou non) de tout artiste véritable, c’est de composer des objets significatifs ;
1592 onscient ou non) de tout artiste véritable, c’est de composer des objets significatifs ; c’est donc de signifier ; c’est d
1593 de composer des objets significatifs ; c’est donc de signifier ; c’est de rendre attentif au sens du monde et de la vie. B
1594 s significatifs ; c’est donc de signifier ; c’est de rendre attentif au sens du monde et de la vie. Bien entendu, ce que l
1595 er ; c’est de rendre attentif au sens du monde et de la vie. Bien entendu, ce que l’artiste arrive à signifier n’a nul bes
1596 e que l’artiste arrive à signifier n’a nul besoin d’ être connu par lui préalablement à l’œuvre. Il n’y a pas d’abord un ce
1597 s d’abord un certain sens, et ensuite une volonté de l’illustrer par une œuvre. Mais c’est par l’œuvre, et en elle seule,
1598 ou parfois l’artiste lui-même essaieront ensuite de « dégager » ce sens, de l’isoler de l’œuvre par un effort de traducti
1599 i-même essaieront ensuite de « dégager » ce sens, de l’isoler de l’œuvre par un effort de traduction ou d’abstraction. Mai
1600 eront ensuite de « dégager » ce sens, de l’isoler de l’œuvre par un effort de traduction ou d’abstraction. Mais en réalité
1601 r » ce sens, de l’isoler de l’œuvre par un effort de traduction ou d’abstraction. Mais en réalité le sens est lié à chaque
1602 ’isoler de l’œuvre par un effort de traduction ou d’ abstraction. Mais en réalité le sens est lié à chaque détail comme au
1603 ité le sens est lié à chaque détail comme au tout de l’œuvre — si elle est bonne — et il n’existe vraiment qu’en elle. S’i
1604 é par d’autres moyens, l’œuvre perdrait sa raison d’ être. On qualifiera donc de grande œuvre celle qui commande le plus im
1605 vre perdrait sa raison d’être. On qualifiera donc de grande œuvre celle qui commande le plus impérieusement et le plus lon
1606 ntion, celle qui porte la plus loin la méditation de l’homme sur son destin et sur l’ordre des choses. Et l’on dira durabl
1607 Et l’on dira durable l’œuvre qui jouera son rôle de piège efficace pour un grand nombre de générations et de peuples. L’e
1608 a son rôle de piège efficace pour un grand nombre de générations et de peuples. L’expression courante : « j’ai été pris pa
1609 e efficace pour un grand nombre de générations et de peuples. L’expression courante : « j’ai été pris par cette œuvre » es
1610 it exacte et révélatrice, à cet égard. Mission de l’artiste Si tels sont bien la nature et le but de l’œuvre d’art,
1611 ’artiste Si tels sont bien la nature et le but de l’œuvre d’art, nous pouvons nous demander maintenant à quelles condit
1612 ère. J’en vois deux que j’indiquerai tout d’abord d’ une manière presque simpliste : l’artiste remplit bien sa mission 1. d
1613 , et 2. dans la mesure où ses ouvrages signifient d’ une manière efficace. Ceci appelle, naturellement, quelques commentair
1614 es. Le bon artisan, c’est celui qui a la maîtrise de ses moyens, qui joue bien les règles de son jeu particulier, bref, qu
1615 maîtrise de ses moyens, qui joue bien les règles de son jeu particulier, bref, qui construit exactement et avec astuce se
1616 s tout cela, c’est-à-dire l’ensemble des procédés de métier et des règles de composition, la rhétorique. C’est si l’on veu
1617 e l’ensemble des procédés de métier et des règles de composition, la rhétorique. C’est si l’on veut la part des artifices.
1618 est précisément le respect des artifices, l’amour de leur usage et de leurs lois, qui distingue tout d’abord l’artiste vra
1619 e respect des artifices, l’amour de leur usage et de leurs lois, qui distingue tout d’abord l’artiste vrai de l’amateur, j
1620 s lois, qui distingue tout d’abord l’artiste vrai de l’amateur, j’entends du premier venu qui se sent inspiré ou ému, et c
1621 ies inventées arbitrairement, mais une collection de règles réclamées par l’organisation même de l’être spirituel et jamai
1622 ction de règles réclamées par l’organisation même de l’être spirituel et jamais les prosodies et les rhétoriques n’ont emp
1623 es et les rhétoriques n’ont empêché l’originalité de se produire distinctement. Le contraire, à savoir qu’elles ont aidé l
1624 contraire, à savoir qu’elles ont aidé l’éclosion de l’originalité, serait infiniment plus vrai. La sincérité n’a guère d
1625 ait infiniment plus vrai. La sincérité n’a guère de sens en art. Elle n’en a certainement aucune quand il s’agit du métie
1626 n a certainement aucune quand il s’agit du métier de l’artiste, puisque ce métier est, par définition, artifices. Les mode
1627 trange erreur, lorsqu’à la suite du romantisme et de ses sous-produits, ils ont cru devoir se mettre, comme ils disent, « 
1628 u devoir se mettre, comme ils disent, « à l’école de la Nature », et ne plus accepter d’autre guide que la sincérité voire
1629 , « à l’école de la Nature », et ne plus accepter d’ autre guide que la sincérité voire la naïveté. Je mets en fait qu’un h
1630 . Je mets en fait qu’un homme saisi par le besoin de s’exprimer, ou d’exprimer quelque chose au moyen d’une œuvre d’art, e
1631 qu’un homme saisi par le besoin de s’exprimer, ou d’ exprimer quelque chose au moyen d’une œuvre d’art, est absolument inca
1632 s’exprimer, ou d’exprimer quelque chose au moyen d’ une œuvre d’art, est absolument incapable d’exprimer ce qu’il veut s’i
1633 moyen d’une œuvre d’art, est absolument incapable d’ exprimer ce qu’il veut s’il n’a pas maîtrisé d’abord sa rhétorique. Lo
1634 ean-Paul Sartre donne à ses disciples le précepte de ne pas « écrire », c’est-à-dire de s’expliquer n’importe comment, san
1635 es le précepte de ne pas « écrire », c’est-à-dire de s’expliquer n’importe comment, sans chercher à « bien écrire », il do
1636 rne, et de plus il prive ses disciples des moyens d’ exprimer réellement leur message. Remarquons aussi, à propos de ce ter
1637 ans les milieux chrétiens —, qu’il est impossible de « délivrer un message » (comme on le dit encore) tant qu’on ne s’est
1638 dit encore) tant qu’on ne s’est pas rendu maître de ses moyens d’expression au point de pouvoir les adapter, les faire se
1639 ant qu’on ne s’est pas rendu maître de ses moyens d’ expression au point de pouvoir les adapter, les faire servir, les orie
1640 rendu maître de ses moyens d’expression au point de pouvoir les adapter, les faire servir, les orienter — et cela jusqu’a
1641 indre détail — dans la direction et selon le sens de ce que l’on désire communiquer. Exprimer un message de vérité, mais «
1642 que l’on désire communiquer. Exprimer un message de vérité, mais « n’importe comment », c’est presque à coup sûr exprimer
1643 tion — à savoir le désordre du langage, l’absence de tenue intérieure, et finalement, de la non-vérité. C’est oublier que
1644 ge, l’absence de tenue intérieure, et finalement, de la non-vérité. C’est oublier que ce qu’on perçoit, dans l’œuvre d’art
1645 on les applique avec soin, l’on n’est jamais sûr de gagner, — en d’autres termes : l’artiste n’est jamais sûr que le publ
1646 lu dire — mais du moins faut-il mettre le maximum de chances de son côté. On pourrait m’objecter que le public perçoit en
1647 ais du moins faut-il mettre le maximum de chances de son côté. On pourrait m’objecter que le public perçoit en premier lie
1648 s les moyens techniques en eux-mêmes, mais plutôt de style de l’auteur. Si je n’ai pas mentionné le style comme troisième
1649 ens techniques en eux-mêmes, mais plutôt de style de l’auteur. Si je n’ai pas mentionné le style comme troisième condition
1650 pas mentionné le style comme troisième condition d’ une mission d’artiste bien remplie, c’est qu’à mon sens le style naît
1651 le style comme troisième condition d’une mission d’ artiste bien remplie, c’est qu’à mon sens le style naît du conflit ent
1652 qu’on veut signifier, le message. S’il n’y a pas de style, dans un ouvrage, c’est qu’il n’y a pas de drame entre les moye
1653 de style, dans un ouvrage, c’est qu’il n’y a pas de drame entre les moyens d’expression et ce que l’on veut exprimer, ent
1654 , c’est qu’il n’y a pas de drame entre les moyens d’ expression et ce que l’on veut exprimer, entre la technique et la sign
1655 re la rhétorique et le message. Et s’il n’y a pas de drame, c’est que l’un des deux termes est fortement déficient, ou mêm
1656 t, ou même absent. Dans ce cas, il n’y a donc pas d’ art proprement dit. Il n’y a qu’une forme à peu près vide — et c’est l
1657 rès exigeante, on tombera dans ce qu’on appelle «  de la pure rhétorique » dans l’éloquence et le formalisme. Si d’autre pa
1658 spectateurs, lecteurs ou auditeurs une impression de libération, rendent une vérité sensible, manifestent le vrai, évoquen
1659 , évoquent l’ordre du monde ou les lois du destin de l’homme ; édifient ou révèlent des structures dans les sensations, l’
1660 t évident qu’une œuvre d’art classique, une œuvre de Bach, par exemple, crée de l’ordre dans l’homme, évoque l’ordre du mo
1661 t classique, une œuvre de Bach, par exemple, crée de l’ordre dans l’homme, évoque l’ordre du monde, rend ses lois sensible
1662 s œuvres toutes différentes, qui semblent n’avoir d’ autre objet que d’évoquer le désordre présent, le chaos et l’absurdité
1663 fférentes, qui semblent n’avoir d’autre objet que d’ évoquer le désordre présent, le chaos et l’absurdité, le bruit et la f
1664 surdité, le bruit et la fureur des choses privées de sens et contées par un homme ivre — je pense à certaines parties de l
1665 par un homme ivre — je pense à certaines parties de l’œuvre d’un Joyce, au Waste Land de T. S. Eliot, aux romans de Faulk
1666 me ivre — je pense à certaines parties de l’œuvre d’ un Joyce, au Waste Land de T. S. Eliot, aux romans de Faulkner, à la p
1667 n Joyce, au Waste Land de T. S. Eliot, aux romans de Faulkner, à la peinture de Picasso — ces œuvres-là, dialectiquement,
1668 . S. Eliot, aux romans de Faulkner, à la peinture de Picasso — ces œuvres-là, dialectiquement, nostalgiquement, dans la ré
1669 éfi, portent encore un témoignage à l’ordre perdu de ce monde ; — car l’art, tout art digne de ce nom, n’a jamais eu et ne
1670 e perdu de ce monde ; — car l’art, tout art digne de ce nom, n’a jamais eu et ne peut pas avoir un autre objet. Telles éta
1671 ’est-à-dire en fin de compte théologique. Plan d’ une méditation chrétienne sur l’activité de l’artiste Je sens bien
1672 Plan d’une méditation chrétienne sur l’activité de l’artiste Je sens bien qu’en parlant d’une critique théologique de
1673 tivité de l’artiste Je sens bien qu’en parlant d’ une critique théologique des œuvres d’art, je choquerai non seulement
1674 rt, je choquerai non seulement l’immense majorité de mes contemporains, côté public, et pas mal d’artistes, mais aussi les
1675 ité de mes contemporains, côté public, et pas mal d’ artistes, mais aussi les théologiens. Ils diront que ce n’est pas leur
1676 s leur affaire, qu’ils ont à s’occuper des dogmes de l’Église. J’en tombe d’accord. Notez que je ne dis pas que cette crit
1677 Ils y sont souvent mal préparés par une tournure d’ esprit forcément didactique — la plupart sont chargés de quelque ensei
1678 it forcément didactique — la plupart sont chargés de quelque enseignement — et dans le cas particulier, il s’agitait de dé
1679 nement — et dans le cas particulier, il s’agitait de développer d’abord un pouvoir de compréhension et de le nourrir d’une
1680 er, il s’agitait de développer d’abord un pouvoir de compréhension et de le nourrir d’une expérience vécue de l’art. Mais
1681 développer d’abord un pouvoir de compréhension et de le nourrir d’une expérience vécue de l’art. Mais peut-être pourrait-o
1682 bord un pouvoir de compréhension et de le nourrir d’ une expérience vécue de l’art. Mais peut-être pourrait-on proposer que
1683 réhension et de le nourrir d’une expérience vécue de l’art. Mais peut-être pourrait-on proposer que ceux qui se livrent à
1684 critique d’art — et tout artiste peu ou prou, est de ce nombre — fassent un effort pour dépasser le stade de totale incult
1685 nombre — fassent un effort pour dépasser le stade de totale inculture théologique où nous les voyons aujourd’hui. C’est da
1686 je vais me risquer à suggérer non pas une échelle de jugements ni une doctrine, ni un canon des arts, mais un thème de méd
1687 une doctrine, ni un canon des arts, mais un thème de méditation, qui serait peut-être de nature à soutenir, et à mieux mot
1688 mais un thème de méditation, qui serait peut-être de nature à soutenir, et à mieux motiver les jugements qu’on porte sur l
1689 rendant plus attentifs à la situation spirituelle de l’artiste. Que fait l’artiste, en vérité ? Dans le langage exagéré qu
1690 léchir du tout à la portée des mots, on a coutume de dire au xxe siècle : 1. que l’artiste crée 2. qu’il incarne dans se
1691 is l’abus même exorbitant suggère une possibilité d’ usage fidèle et sobre. Les trois verbes courants que je viens de citer
1692 inspirer, évoquent irrésistiblement les attributs de la Sainte Trinité. Si l’on a pu dire de l’artiste qu’il crée, ce n’es
1693 attributs de la Sainte Trinité. Si l’on a pu dire de l’artiste qu’il crée, ce n’est pas seulement par l’effet d’une surest
1694 te qu’il crée, ce n’est pas seulement par l’effet d’ une surestimation prométhéenne ou luciférienne des pouvoirs humains. E
1695 r ce que Dieu a créé ex nihilo. Mais dans l’amour de l’artiste pour l’œuvre qu’il détache de lui — non dans cette œuvre en
1696 s l’amour de l’artiste pour l’œuvre qu’il détache de lui — non dans cette œuvre en soi — il y a une parabole du geste pate
1697 me le Père l’a aimée. Pourquoi Dieu a-t-il séparé de lui-même le monde ? Pourquoi et comment l’aime-t-il ? En quoi cet obj
1698 urquoi et comment l’aime-t-il ? En quoi cet objet de Son amour est-il distinct de Lui, et de quelle autonomie jouit-il ? C
1699  ? En quoi cet objet de Son amour est-il distinct de Lui, et de quelle autonomie jouit-il ? Ces questions et bien d’autres
1700 cet objet de Son amour est-il distinct de Lui, et de quelle autonomie jouit-il ? Ces questions et bien d’autres analogues
1701 écisent à l’esprit qui s’arrête devant le mystère de la Première Personne. Ainsi méditer sur le mystère du Père pourrait c
1702 rait conduire à mieux comprendre à la fois l’acte de l’artiste, et ses limites ou sa relativité. En second lieu, nous avon
1703 u’il incarne une réalité, puisqu’il ne s’agit pas de chair. Mais il rend cette réalité sensible, lisible, audible, par des
1704 se-t-il alors, du côté du spectateur, du lecteur, de l’auditeur ? Il se passe que l’expression peut voiler ce qui est expr
1705 ce qui est exprimé n’est pas séparable des moyens de l’expression, ou ne l’est que par abus. Ce qui montre est, en même te
1706 montre est, en même temps, ce qui cache. Le sens d’ un tableau, par exemple, n’est pas distinct des couleurs, des formes,
1707 as d’autres ? — et pourtant nous ne saurions rien d’ elle sans eux… Je n’insiste pas, je dois me borner ici à indiquer le p
1708 te pas, je dois me borner ici à indiquer le point de départ possible d’une dialectique, qui trouverait son modèle et peut-
1709 borner ici à indiquer le point de départ possible d’ une dialectique, qui trouverait son modèle et peut-être ses normes dan
1710 n modèle et peut-être ses normes dans la doctrine de la deuxième Personne de la Trinité, et dans une méditation de son mys
1711 s normes dans la doctrine de la deuxième Personne de la Trinité, et dans une méditation de son mystère. En troisième lieu,
1712 me Personne de la Trinité, et dans une méditation de son mystère. En troisième lieu, l’artiste est qualifié couramment d’i
1713 troisième lieu, l’artiste est qualifié couramment d’ inspiré. Les adversaires les plus déterminés du romantisme, comme Valé
1714 aléry, n’ont jamais nié que l’impulsion primitive d’ un ouvrage d’art ne soit un « don des dieux » — un seul vers, par exem
1715 jamais nié que l’impulsion primitive d’un ouvrage d’ art ne soit un « don des dieux » — un seul vers, par exemple, ou la vi
1716 dieux » — un seul vers, par exemple, ou la vision d’ une forme, sur lesquels ensuite se développent les opérations de la te
1717 ur lesquels ensuite se développent les opérations de la technique. L’inspiration, soit qu’elle agisse à chaque instant, so
1718 u’au départ, et dans un seul instant, est un fait d’ expérience indéniable. Mais d’où vient-elle ? Ce que Paul Valéry appel
1719 nstant, est un fait d’expérience indéniable. Mais d’ où vient-elle ? Ce que Paul Valéry appelle « les dieux », sans se comp
1720 ains le Saint-Esprit, et pour d’autres un message de l’inconscient. Parfois, l’on s’imagine que cette vision instantanée a
1721 n instantanée a révélé dans un éclair l’existence d’ un chemin secret, qu’il ne restera plus qu’à suivre et parfois l’on a
1722 ais aussi, et plus consciemment encore, le savant d’ aujourd’hui. Est-ce que j’invente, se dit-il, ou bien est-ce que je dé
1723 -ce que je projette dans le cosmos les structures de mon esprit, ou bien est-ce que j’épouse par l’esprit des structures o
1724 st-ce que je cède à quelque obscure détermination de mon désir, ou bien est-ce que je réponds vraiment à un appel venu d’a
1725 je réponds vraiment à un appel venu d’ailleurs ? D’ où vient la voix ? Qui parle ? Moi, ou l’Autre ? Telle est la situatio
1726 entends ici que suggérer des directions possibles de pensée. Je me borne à soumettre cette idée : que la méditation chréti
1727 ue la méditation chrétienne sur l’acte et l’œuvre de l’artiste semble pouvoir s’approfondir, s’informer et s’instruire dan
1728 rofondir, s’informer et s’instruire dans le cadre d’ une méditation sur la doctrine et le mystère de la Trinité ; et que la
1729 re d’une méditation sur la doctrine et le mystère de la Trinité ; et que la méditation chrétienne trouvera dans le vocabul
1730 depuis près de vingt siècles par les théologiens de la Trinité, toute une problématique dont je reste frappé qu’elle intr
1731 oduise mieux qu’aucune autre aux mystères humains de l’acte d’art. J’ajouterai une dernière suggestion. On sait que la plu
1732 ux qu’aucune autre aux mystères humains de l’acte d’ art. J’ajouterai une dernière suggestion. On sait que la plupart des h
1733 . On sait que la plupart des hérésies ont résulté d’ interprétations tantôt abusives et tantôt déficientes d’un point de la
1734 rprétations tantôt abusives et tantôt déficientes d’ un point de la doctrine trinitaire. Est-il permis d’imaginer que les d
1735 tantôt abusives et tantôt déficientes d’un point de la doctrine trinitaire. Est-il permis d’imaginer que les déviations o
1736 un point de la doctrine trinitaire. Est-il permis d’ imaginer que les déviations ou les excès représentés par telle ou tell
1737 ies, ou peut-être en procèdent, — fût-ce à l’insu de ceux qui les représentent ? Et n’aurait-on pas là le principe d’une c
1738 représentent ? Et n’aurait-on pas là le principe d’ une critique théologique du développement des arts ? Il est certain qu
1739 ou non des œuvres d’art, jugements qui se fondent d’ ordinaire sur la mode d’avant-hier, sur la prudence bourgeoise, ou sur
1740 jugements qui se fondent d’ordinaire sur la mode d’ avant-hier, sur la prudence bourgeoise, ou sur l’envie de les contredi
1741 -hier, sur la prudence bourgeoise, ou sur l’envie de les contredire. Il me semble que des tentatives dans ce sens vaudraie
1742 e des tentatives dans ce sens vaudraient la peine d’ être risquées — par des laïques en premier lieu. Fonction de l’art
1743 es — par des laïques en premier lieu. Fonction de l’art Pour terminer, j’essaierai de résumer en deux phrases la con
1744 Fonction de l’art Pour terminer, j’essaierai de résumer en deux phrases la conception que je me fais de l’art, et sur
1745 umer en deux phrases la conception que je me fais de l’art, et sur laquelle se fondent les pages qui précèdent. L’art est
1746 nt les pages qui précèdent. L’art est un exercice de tout l’être humain non point pour rivaliser avec Dieu, mais pour mieu
1747 avec Dieu, mais pour mieux coïncider avec l’ordre de la Création, pour mieux l’aimer, et pour nous restaurer nous-mêmes en
1748 ent confuse), correspondant à la deuxième demande de l’oraison dominicale : « Que Ton règne vienne. » bc. Ce texte paru
1749 e Hopper). Notre édition est réalisée sur la base de deux tapuscrits et d’un manuscrit français conservés à la Bibliothèqu
1750 on est réalisée sur la base de deux tapuscrits et d’ un manuscrit français conservés à la Bibliothèque publique et universi
1751 ervés à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 469. Il s’agit du texte d’une conférence
1752 châtel sous l’identifiant 469. Il s’agit du texte d’ une conférence donnée à l’Institut œcuménique de Bossey (Céligny, Suis
1753 e d’une conférence donnée à l’Institut œcuménique de Bossey (Céligny, Suisse) en mai 1950.
10 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 9. La crise moderne du mariage
1754 crise moderne du mariagebd Puisqu’il n’y a pas de famille au sens occidental du terme, sans un mariage à l’origine, il
1755 à l’origine, il est clair que tous les problèmes de la famille sont pratiquement subordonnés à ceux du couple. Tout ce qu
1756 les problèmes familiaux changeraient radicalement d’ aspect dans une société qui mettrait systématiquement en question les
1757 stion les causes, les modes, les buts et la durée de l’union d’un homme et d’une femme en un couple fondant une famille. C
1758 auses, les modes, les buts et la durée de l’union d’ un homme et d’une femme en un couple fondant une famille. Cette éventu
1759 es, les buts et la durée de l’union d’un homme et d’ une femme en un couple fondant une famille. Cette éventualité n’est pa
1760 s le monde occidental depuis des siècles, atteint de nos jours une phase aiguë qu’un seul chiffre suffit à caractériser :
1761 s après les autres en divers pays, sans entraîner de modifications notables de statut familial. Mais de nos jours, une rév
1762 rs pays, sans entraîner de modifications notables de statut familial. Mais de nos jours, une révolution beaucoup plus prof
1763 e modifications notables de statut familial. Mais de nos jours, une révolution beaucoup plus profonde s’opère sans bruit.
1764 bornerai dans cette étude à décrire quelques-uns de ses symptômes, et à marquer l’une de ses causes, la plus généralement
1765 quelques-uns de ses symptômes, et à marquer l’une de ses causes, la plus généralement inaperçue. Le mariage moderne, fon
1766 it que le mariage occidental moderne se distingue de tous les autres par un premier caractère bien précis : il tend de plu
1767 à reposer sur un choix libre, purement individuel de ses motivations. Dans toutes les autres civilisations, et la nôtre ju
1768 ne, le choix mutuel des époux dépendait largement de facteurs collectifs : règles sacrées de l’exogamie ou de l’endogamie,
1769 largement de facteurs collectifs : règles sacrées de l’exogamie ou de l’endogamie, du lévirat ou du sororat pour ne mentio
1770 eurs collectifs : règles sacrées de l’exogamie ou de l’endogamie, du lévirat ou du sororat pour ne mentionner que les plus
1771 rang social, race, religion, et plus tard, niveau d’ éducation et de fortune. La marge de choix purement individuel que mén
1772 ce, religion, et plus tard, niveau d’éducation et de fortune. La marge de choix purement individuel que ménagèrent ces ens
1773 tard, niveau d’éducation et de fortune. La marge de choix purement individuel que ménagèrent ces ensembles de règles, de
1774 purement individuel que ménagèrent ces ensembles de règles, de tabous et de conventions, restait dans bien des cas pratiq
1775 ndividuel que ménagèrent ces ensembles de règles, de tabous et de conventions, restait dans bien des cas pratiquement négl
1776 ménagèrent ces ensembles de règles, de tabous et de conventions, restait dans bien des cas pratiquement négligeable. Aujo
1777 é des cas, les facteurs collectifs que l’on vient d’ indiquer non seulement ne jouent plus le rôle décisif, mais encore ne
1778 ais encore ne suffisent même plus à jouer le rôle d’ obstacle ou de frein qu’on pouvait encore leur attribuer au xixe sièc
1779 suffisent même plus à jouer le rôle d’obstacle ou de frein qu’on pouvait encore leur attribuer au xixe siècle. Cette évol
1780 siècle. Cette évolution semble parallèle à celle de la sexualité qui, avec l’époque chrétienne, se détache en partie de l
1781 i, avec l’époque chrétienne, se détache en partie de l’inconscient collectif, s’affranchit des rites sacrés, et tend à s’i
1782 r à la dialectique individuelle, par un processus d’ intériorisation et d’accession à la conscience. (Notons que l’expressi
1783 dividuelle, par un processus d’intériorisation et d’ accession à la conscience. (Notons que l’expression de « problème sexu
1784 cession à la conscience. (Notons que l’expression de « problème sexuel » est toute récente, elle n’apparaît que vers 1830.
1785 ndividuel, sur quoi va-t-il se baser maintenant ? De tous les éléments qui, traditionnellement, contribuaient à le motiver
1786 siste : c’est l’amour. Encore faut-il se demander de quelle sorte d’amour il s’agit, et si ce sentiment isolé du complexe
1787 amour. Encore faut-il se demander de quelle sorte d’ amour il s’agit, et si ce sentiment isolé du complexe dans lequel il s
1788 emps des sociétés sacrées, religieuses, ou dotées de conventions sévères, n’a pas changé de caractère, ou peut-être même d
1789 ou dotées de conventions sévères, n’a pas changé de caractère, ou peut-être même de nature. La romance L’espèce d’a
1790 s, n’a pas changé de caractère, ou peut-être même de nature. La romance L’espèce d’amour sur lequel se fonde la gran
1791 ut-être même de nature. La romance L’espèce d’ amour sur lequel se fonde la grande majorité des mariages modernes, en
1792 r, et que les Anglo-Saxons appellent « romance », d’ un mot qui indique son origine romane (Midi de la France), sur laquell
1793 drai tout à l’heure. Comme je parlais à l’éditeur d’ un magazine américain d’un article où je voulais décrire l’extraordina
1794 me je parlais à l’éditeur d’un magazine américain d’ un article où je voulais décrire l’extraordinaire inflation du love in
1795 Mais mon cher, si l’on ne se mariait plus à cause d’ une romance, pourquoi diable se marierait-on ? » Cette phrase toute sp
1796 et surtout en Amérique, ne conçoit simplement pas d’ autre raison possible au mariage que la romance. Il ne lui vient pas à
1797 puisse ou qu’on doive se marier pour une douzaine de raisons différentes, hétérogènes mais concomitantes, dont la romance
1798 la moindre. À ses yeux, toutes les considérations de niveau social ou d’éducation, de convenance des caractères, d’origine
1799 ux, toutes les considérations de niveau social ou d’ éducation, de convenance des caractères, d’origine, d’âge, de ressourc
1800 s considérations de niveau social ou d’éducation, de convenance des caractères, d’origine, d’âge, de ressources matérielle
1801 ial ou d’éducation, de convenance des caractères, d’ origine, d’âge, de ressources matérielles, de perspectives d’avenir, d
1802 ucation, de convenance des caractères, d’origine, d’ âge, de ressources matérielles, de perspectives d’avenir, de milieux f
1803 , de convenance des caractères, d’origine, d’âge, de ressources matérielles, de perspectives d’avenir, de milieux familiau
1804 res, d’origine, d’âge, de ressources matérielles, de perspectives d’avenir, de milieux familiaux, de carrière, de confessi
1805 d’âge, de ressources matérielles, de perspectives d’ avenir, de milieux familiaux, de carrière, de confession religieuse, d
1806 ressources matérielles, de perspectives d’avenir, de milieux familiaux, de carrière, de confession religieuse, de concepti
1807 , de perspectives d’avenir, de milieux familiaux, de carrière, de confession religieuse, de conceptions éducatives, de com
1808 ives d’avenir, de milieux familiaux, de carrière, de confession religieuse, de conceptions éducatives, de communion intell
1809 familiaux, de carrière, de confession religieuse, de conceptions éducatives, de communion intellectuelle ou spirituelle, s
1810 confession religieuse, de conceptions éducatives, de communion intellectuelle ou spirituelle, sont devenues secondaires :
1811 ut, c’est la romance. S’ils s’aiment, pense-t-il ( de cette espèce d’amour), qu’ils se marient ! Car la romance a tous les
1812 ance. S’ils s’aiment, pense-t-il (de cette espèce d’ amour), qu’ils se marient ! Car la romance a tous les droits, et l’on
1813 rien. Le temps n’est plus, croit-on, des mariages de raison, de convention ou de convenance. Nous sommes libres, et cela s
1814 mps n’est plus, croit-on, des mariages de raison, de convention ou de convenance. Nous sommes libres, et cela signifie que
1815 roit-on, des mariages de raison, de convention ou de convenance. Nous sommes libres, et cela signifie que nous épousons la
1816 dvienne que pourra. La seule chose importante est de s’assurer de l’authenticité du sentiment. S’il est vrai, il vaincra t
1817 ourra. La seule chose importante est de s’assurer de l’authenticité du sentiment. S’il est vrai, il vaincra tous les obsta
1818 acles. Bien plus, il s’en nourrira, il s’exaltera d’ être combattu par les conventions (jugées stupides par définition, ou
1819 ou tyranniques) et ce sera pour lui une promesse de durée, s’il en faut une. Mais c’est ici, précisément, qu’apparaît la
1820 c’est ici, précisément, qu’apparaît la faiblesse de cette vue de la vie. Si l’on admet avec tous les romans, les chansons
1821 récisément, qu’apparaît la faiblesse de cette vue de la vie. Si l’on admet avec tous les romans, les chansons populaires,
1822 e tous les obstacles, on est cependant bien forcé de reconnaître qu’il est une chose contre laquelle elle ne peut rien, et
1823 e trouve que la durée est le sens même, la raison d’ être du mariage, du point de vue de la famille et de la vie en société
1824 ême, la raison d’être du mariage, du point de vue de la famille et de la vie en société. On peut donc affirmer que dans l’
1825 être du mariage, du point de vue de la famille et de la vie en société. On peut donc affirmer que dans l’état présent de n
1826 té. On peut donc affirmer que dans l’état présent de nos mœurs occidentales, dans l’atmosphère morale où baignent l’immens
1827 ’atmosphère morale où baignent l’immense majorité de nos contemporains, le mariage (et donc la famille) se voit systématiq
1828 (je ne dis pas unique) du nombre des divorces et de sa constante croissance. Nous sommes en train d’essayer — et de rater
1829 e croissance. Nous sommes en train d’essayer — et de rater — l’une des expériences les plus folles qu’ait jamais imaginées
1830 ée, sur la romance, qui est excitation passagère. De tous les motifs de mariage que je résumais tout à l’heure, nous ne ga
1831 qui est excitation passagère. De tous les motifs de mariage que je résumais tout à l’heure, nous ne gardons pratiquement
1832 e dirai que c’est alors le rôle mineur et décisif d’ un catalyseur — qui peut s’évaporer sans nul dommage une fois la combi
1833 e. Nous voyons au contraire toute une littérature de magazines pour-les-familles s’évertuer sans espoir à suggérer aux fem
1834 tuer sans espoir à suggérer aux femmes des moyens de sauver la romance dans le mariage. C’est une manière indirecte d’avou
1835 ance dans le mariage. C’est une manière indirecte d’ avouer que romance et durée ne sont pas compatibles. Au lieu de s’épui
1836 n vains efforts pour résoudre cette contradiction de nature, ne ferait-on pas mieux de face the facts, et d’admettre au dé
1837 e contradiction de nature, ne ferait-on pas mieux de face the facts, et d’admettre au départ les deux thèses suivantes : 1
1838 ure, ne ferait-on pas mieux de face the facts, et d’ admettre au départ les deux thèses suivantes : 1° La romance est par n
1839 le mariage (même si elle l’a provoqué) car il est de son essence de se nourrir d’obstacles, de retards, de séparation et d
1840 e si elle l’a provoqué) car il est de son essence de se nourrir d’obstacles, de retards, de séparation et de rêve), tandis
1841 provoqué) car il est de son essence de se nourrir d’ obstacles, de retards, de séparation et de rêve), tandis qu’il est de
1842 il est de son essence de se nourrir d’obstacles, de retards, de séparation et de rêve), tandis qu’il est de l’essence du
1843 on essence de se nourrir d’obstacles, de retards, de séparation et de rêve), tandis qu’il est de l’essence du mariage de r
1844 nourrir d’obstacles, de retards, de séparation et de rêve), tandis qu’il est de l’essence du mariage de réduire ou de supp
1845 ards, de séparation et de rêve), tandis qu’il est de l’essence du mariage de réduire ou de supprimer quotidiennement même
1846 e rêve), tandis qu’il est de l’essence du mariage de réduire ou de supprimer quotidiennement même les obstacles, de se réa
1847 s qu’il est de l’essence du mariage de réduire ou de supprimer quotidiennement même les obstacles, de se réaliser dans l’i
1848 de supprimer quotidiennement même les obstacles, de se réaliser dans l’immédiat et la proximité constante. 2° Le résultat
1849 imité constante. 2° Le résultat logique et normal d’ un mariage fondé sur la romance seule, c’est le divorce ; car le maria
1850 u. Éros et Agapè Il est clair qu’en parlant de « romance » je n’ai pas en vue l’amour en général, mais une certaine
1851 vue l’amour en général, mais une certaine espèce d’ amour qui est celle que cultive notre époque, et qu’elle prend trop so
1852 t que décrivent et qu’exaltent la grande majorité de nos romans à succès et tous nos films, représente un type (pattern) t
1853 ms, représente un type (pattern) très particulier de relations entre l’homme et la femme. Pour faire voir à quel point ce
1854 la femme. Pour faire voir à quel point ce pattern de relation est peu compatible avec le mariage, il convient d’en indique
1855 n est peu compatible avec le mariage, il convient d’ en indiquer d’abord l’origine. « Romance » vient de « roman » qui veut
1856 eut dire à la foi novel et histoire dans le style de la Provence, du Midi de la France. C’est à la grande révolution senti
1857 es troubadours suffit à la caractériser : l’amour de lonh, l’amour lointain, l’amour à grande distance, c’est-à-dire l’amo
1858 de Tripoli, la « princesse lointaine ». Le roman de Tristan et Iseut, un peu plus tard, va fixer pour des siècles le modè
1859 eu plus tard, va fixer pour des siècles le modèle de presque tous les romans d’amour en Occident : un homme, une femme, et
1860 des siècles le modèle de presque tous les romans d’ amour en Occident : un homme, une femme, et un obstacle entre eux, int
1861 tre Iseut et lui, chassés dans la forêt et libres de s’abandonner à leur amour, une épée nue, signe de chasteté. Quel est
1862 de s’abandonner à leur amour, une épée nue, signe de chasteté. Quel est le rapport entre l’homme et la femme, dans cette p
1863 imaginaire. Ce n’est pas une communication réelle d’ être à être, mais au contraire une double projection, une double fabul
1864 uble projection, une double fabulation, une sorte de complicité dans la création perpétuelle d’obstacles et de résistances
1865 sorte de complicité dans la création perpétuelle d’ obstacles et de résistances, calculés exactement de manière à enflamme
1866 icité dans la création perpétuelle d’obstacles et de résistances, calculés exactement de manière à enflammer le sentiment
1867 ent où il s’apaiserait. Il semble que la violence de la passion soit en raison directe de la solidité des obstacles, et no
1868 la violence de la passion soit en raison directe de la solidité des obstacles, et non pas des qualités réelles des amants
1869 tés réelles des amants (lesquelles sont indiquées de la manière la plus vague et conventionnelle, dans le roman : Tristan
1870 us belle et blonde »). Si bien qu’on est en droit de dire que Tristan n’aime pas l’Iseut réelle, ni Iseut le Tristan réel,
1871 xte à brûler. Enfin, il faut relever le caractère d’ intoxication que comporte cette passion. Le goût d’aimer, ou mieux, de
1872 ’intoxication que comporte cette passion. Le goût d’ aimer, ou mieux, de se sentir aimer, d’être in love, s’il s’est choisi
1873 omporte cette passion. Le goût d’aimer, ou mieux, de se sentir aimer, d’être in love, s’il s’est choisi des obstacles conv
1874 n. Le goût d’aimer, ou mieux, de se sentir aimer, d’ être in love, s’il s’est choisi des obstacles convenables, peut aller
1875 crie l’Isolde de Wagner en mourant sur le cadavre de Tristan : l’obstacle suprême qu’est la mort a porté la passion à son
1876 n, « court, vole et se réjouit ». L’un se nourrit d’ absence, de rêve et de nostalgie, l’autre de présence, de connaissance
1877 vole et se réjouit ». L’un se nourrit d’absence, de rêve et de nostalgie, l’autre de présence, de connaissance et d’échan
1878 réjouit ». L’un se nourrit d’absence, de rêve et de nostalgie, l’autre de présence, de connaissance et d’échange immédiat
1879 urrit d’absence, de rêve et de nostalgie, l’autre de présence, de connaissance et d’échange immédiat. L’un s’exalte dans l
1880 ce, de rêve et de nostalgie, l’autre de présence, de connaissance et d’échange immédiat. L’un s’exalte dans la lutte, la p
1881 ostalgie, l’autre de présence, de connaissance et d’ échange immédiat. L’un s’exalte dans la lutte, la poursuite et l’échec
1882 tre s’accomplit dans une construction quotidienne de la paix. L’un est désir, l’autre don et possession. L’un est passion
1883 ubie), l’autre est action. L’amour-passion relève d’ Éros, et l’amour-action d’Agapè 21. On sait que la poésie des troubado
1884 L’amour-passion relève d’Éros, et l’amour-action d’ Agapè 21. On sait que la poésie des troubadours, qui répandit dans le
1885 ui répandit dans le monde occidental la contagion de l’amor de lonh, d’où devaient sortir pendant des siècles tous nos poè
1886 t dans le monde occidental la contagion de l’amor de lonh, d’où devaient sortir pendant des siècles tous nos poèmes et nos
1887 monde occidental la contagion de l’amor de lonh, d’ où devaient sortir pendant des siècles tous nos poèmes et nos romans,
1888 Tristan peut être défini comme une glorification de l’adultère. Et l’on a vu que tous les éléments de l’Éros passionnel s
1889 de l’adultère. Et l’on a vu que tous les éléments de l’Éros passionnel sont propres à ruiner le mariage, ou au contraire à
1890 reusement et dure. Pour découvrir le grand secret de la crise moderne du mariage, il nous suffira maintenant de marquer qu
1891 se moderne du mariage, il nous suffira maintenant de marquer que la romance parmi nous n’est que le sous-produit vulgarisé
1892 ce parmi nous n’est que le sous-produit vulgarisé de la passion illustrée par Tristan. Comme la passion, la romance est un
1893 ing. Comme la passion, la romance est une manière de sentir l’amour plutôt que de l’agir, d’être in love plutôt que de lov
1894 ance est une manière de sentir l’amour plutôt que de l’agir, d’être in love plutôt que de love. Comme la passion donc, fin
1895 e manière de sentir l’amour plutôt que de l’agir, d’ être in love plutôt que de love. Comme la passion donc, finalement, la
1896 r plutôt que de l’agir, d’être in love plutôt que de love. Comme la passion donc, finalement, la romance est une forme nar
1897 finalement, la romance est une forme narcissique de l’amour s’adressant à l’image de l’autre et non pas à son être concre
1898 orme narcissique de l’amour s’adressant à l’image de l’autre et non pas à son être concret, une projection de nostalgies i
1899 tre et non pas à son être concret, une projection de nostalgies intimes ou inconscientes et non pas un dialogue réel. La g
1900 dont elle trouve encore à se nourrir. La passion de Tristan fondait une sorte de fidélité jusqu’à la mort, fidélité à un
1901 nourrir. La passion de Tristan fondait une sorte de fidélité jusqu’à la mort, fidélité à un rêve il est vrai, fidélité à
1902 is conservant au moins ces deux traits importants de la fidélité véritable : la durée « pour la vie » et le sens d’un dest
1903 é véritable : la durée « pour la vie » et le sens d’ un destin assumé (ou subi) « advienne que pourra ». La romance, au con
1904 outisse à un bonheur normal, a toutes les chances de s’évanouir. Cette femme de rêve, pense Joe, qui ressemblait à ma star
1905 , a toutes les chances de s’évanouir. Cette femme de rêve, pense Joe, qui ressemblait à ma star préférée, et dont tant d’o
1906 qui ressemblait à ma star préférée, et dont tant d’ obstacles me séparaient, rendant la poursuite si excitante, voici qu’e
1907 anger les langes du bébé. Je l’ai épousée à cause d’ une romance. Aucune romance ne pourrait subsister dans l’odeur de cuis
1908 Aucune romance ne pourrait subsister dans l’odeur de cuisine qui baigne nos trois petites pièces… Et Sally pense de son cô
1909 i baigne nos trois petites pièces… Et Sally pense de son côté qu’elle vaut mieux que cela, et qu’avec Bob elle donnerait s
1910 t sa mesure… Les voici mûrs, après deux ans, pour de nouvelles romances qui ne manqueront pas de les « surprendre », parce
1911 pour de nouvelles romances qui ne manqueront pas de les « surprendre », parce qu’ils les appellent de leurs vœux secrets,
1912 de les « surprendre », parce qu’ils les appellent de leurs vœux secrets, et qui les conduiront logiquement — s’ils ont gar
1913 om desquels ils se marièrent — à un divorce suivi de nouveaux mariages sans plus d’avenir. Cette situation est devenue la
1914 à un divorce suivi de nouveaux mariages sans plus d’ avenir. Cette situation est devenue la plus banale dans notre société.
1915 Occidentaux ont adopté de plus en plus une morale de l’amour plus glamourous que d’autres, non reconnue mais mieux suivie,
1916 es, non reconnue mais mieux suivie, ennemie jurée de nos institutions matrimoniales, et qui bénéficie de la propagande con
1917 nos institutions matrimoniales, et qui bénéficie de la propagande constante de nos littératures, aujourd’hui de nos films
1918 ales, et qui bénéficie de la propagande constante de nos littératures, aujourd’hui de nos films. Et secundo, il est fort p
1919 agande constante de nos littératures, aujourd’hui de nos films. Et secundo, il est fort peu probable que si « la vie est a
1920 et la révolte contre le romantismebf Au seuil de l’anarchie qui nous menace, il ne serait que trop facile d’énumérer l
1921 hie qui nous menace, il ne serait que trop facile d’ énumérer les « remèdes » ou les correctifs aptes à établir un ordre to
1922 u’on valorise à ses dépens des caprices qualifiés de « vitaux ») ; rendre à la raison sa primauté pratique sur le sentimen
1923 des ; restaurer chez les jeunes gens le sentiment de leur responsabilité sociale ; bref, « revenir aux vertus ancestrales 
1924 ossible la société moderne donnait les apparences d’ un retour à certaines des vertus qu’affirmaient nos ancêtres, ce ne se
1925 ient, mais par la force irrésistible des réflexes de défense du corps social. Je vois deux de ces réflexes s’amorcer dans
1926 réflexes de défense du corps social. Je vois deux de ces réflexes s’amorcer dans ce siècle. 1. La réaction totalitaire
1927 lérer l’anarchie individualiste qui ruine la base de son système d’impôts, du recrutement de ses armées, et d’une manière
1928 e individualiste qui ruine la base de son système d’ impôts, du recrutement de ses armées, et d’une manière plus générale,
1929 e la base de son système d’impôts, du recrutement de ses armées, et d’une manière plus générale, des disciplines d’éducati
1930 ystème d’impôts, du recrutement de ses armées, et d’ une manière plus générale, des disciplines d’éducation collectiviste.
1931 , et d’une manière plus générale, des disciplines d’ éducation collectiviste. nazis, fascistes et stalinistes se sont accor
1932 en général. La « science » sociale était chargée d’ éliminer progressivement toute espèce de choix arbitraire, individuel,
1933 t chargée d’éliminer progressivement toute espèce de choix arbitraire, individuel, sentimental, pour lui substituer une so
1934 iduel, sentimental, pour lui substituer une sorte de fiche de mariage, établie par les fonctionnaires du parti sur la base
1935 ntimental, pour lui substituer une sorte de fiche de mariage, établie par les fonctionnaires du parti sur la base de mensu
1936 ablie par les fonctionnaires du parti sur la base de mensurations physiques, de pedigrees, et de certificats politiques. L
1937 s du parti sur la base de mensurations physiques, de pedigrees, et de certificats politiques. La Russie n’a jamais été si
1938 base de mensurations physiques, de pedigrees, et de certificats politiques. La Russie n’a jamais été si loin. Après avoir
1939 la romance, les chansons sentimentales, et l’idée de bonheur individuel, considérée comme décadente. Les primes aux famill
1940 la situation matrimoniale en URSS. Mais il s’agit d’ un état de mobilisation permanente de la nation (caractéristique de to
1941 on matrimoniale en URSS. Mais il s’agit d’un état de mobilisation permanente de la nation (caractéristique de tout régime
1942 is il s’agit d’un état de mobilisation permanente de la nation (caractéristique de tout régime totalitaire) et l’on n’en p
1943 lisation permanente de la nation (caractéristique de tout régime totalitaire) et l’on n’en peut rien inférer pour l’avenir
1944 otalitaires ont rendu vraisemblable l’imagination d’ un régime de mariage entièrement soumis à quelque science officielle d
1945 ont rendu vraisemblable l’imagination d’un régime de mariage entièrement soumis à quelque science officielle de l’eugénism
1946 e entièrement soumis à quelque science officielle de l’eugénisme, permettant à l’État de limiter à l’extrême la marge de c
1947 ce officielle de l’eugénisme, permettant à l’État de limiter à l’extrême la marge de choix individuel. Peut-être alors ver
1948 rmettant à l’État de limiter à l’extrême la marge de choix individuel. Peut-être alors verrait-on se reproduire les condit
1949 passions secrètes et mortelles, dignes du modèle de Tristan, mais rares, décriées et honteuses, par là même sans danger d
1950 er du point de vue collectiviste. 2. Décadence de la romance Dans les pays bourgeois et démocratiques, je constate u
1951 ion générale des tabous sexuels et l’émancipation de la femme agissent dans le même sens. C’est que la romance, comme la v
1952 comme la vraie passion, a besoin pour s’enflammer d’ être combattue, empêchée, et dans une certaine mesure officiellement r
1953 e certaine mesure officiellement réprouvée. Faute d’ obstacles sérieux, le mouvement qui la porte débouche trop vite dans l
1954 à la réalité », précisément. Le mouvement général d’ accession de la femme à l’égalité politique, juridique et surtout écon
1955  », précisément. Le mouvement général d’accession de la femme à l’égalité politique, juridique et surtout économique est p
1956 out économique est peut-être le facteur principal de cette évolution. Le seul fait que la femme ait une profession, c’est-
1957 ez mal à la projection nostalgique du rêve intime de l’amant. Ce n’est plus un objet de contemplation, mais un sujet agiss
1958 du rêve intime de l’amant. Ce n’est plus un objet de contemplation, mais un sujet agissant pour son compte. Le dialogue vi
1959 dialogue seront réintroduites les considérations de milieu social, de ressources matérielles, d’éducation, d’aptitudes, d
1960 éintroduites les considérations de milieu social, de ressources matérielles, d’éducation, d’aptitudes, de caractère, de bu
1961 ions de milieu social, de ressources matérielles, d’ éducation, d’aptitudes, de caractère, de buts de vie, etc., que la rom
1962 u social, de ressources matérielles, d’éducation, d’ aptitudes, de caractère, de buts de vie, etc., que la romance croyait
1963 ressources matérielles, d’éducation, d’aptitudes, de caractère, de buts de vie, etc., que la romance croyait pouvoir surmo
1964 érielles, d’éducation, d’aptitudes, de caractère, de buts de vie, etc., que la romance croyait pouvoir surmonter en les né
1965 , d’éducation, d’aptitudes, de caractère, de buts de vie, etc., que la romance croyait pouvoir surmonter en les négligeant
1966 mance croyait pouvoir surmonter en les négligeant d’ enthousiasme. Un second facteur notable, c’est la commercialisation de
1967 econd facteur notable, c’est la commercialisation de la romance. Nous avons vu qu’il est de l’essence de la passion de s’e
1968 ialisation de la romance. Nous avons vu qu’il est de l’essence de la passion de s’exalter dans la révolte contre les donné
1969 la romance. Nous avons vu qu’il est de l’essence de la passion de s’exalter dans la révolte contre les données prosaïques
1970 ous avons vu qu’il est de l’essence de la passion de s’exalter dans la révolte contre les données prosaïques et tyrannique
1971 olte contre les données prosaïques et tyranniques de la société, de la morale, et plus profondément de la vie en soi. Mais
1972 données prosaïques et tyranniques de la société, de la morale, et plus profondément de la vie en soi. Mais la passion per
1973 de la société, de la morale, et plus profondément de la vie en soi. Mais la passion perd son ressort intime lorsqu’elle es
1974 touchons aujourd’hui au point où la romance, loin d’ être un état d’exception délicieusement intéressant même dans ses tour
1975 iste. Le jeune homme qui n’est pas in love essaie de cacher cette particularité à ses camarades, se demande ce qui lui man
1976 héros des films ou des short-stories qui servent de modèle à sa génération. Mais voici que ces modèles eux-mêmes commence
1977 ci que ces modèles eux-mêmes commencent à changer de nature. La littérature sérieuse et créatrice de ces dernières décades
1978 r de nature. La littérature sérieuse et créatrice de ces dernières décades compte peu ou point de grands romans d’amour, e
1979 rice de ces dernières décades compte peu ou point de grands romans d’amour, elle abandonne ce thème, de plus en plus, aux
1980 ères décades compte peu ou point de grands romans d’ amour, elle abandonne ce thème, de plus en plus, aux fabricants de bes
1981 andonne ce thème, de plus en plus, aux fabricants de best-sellers. Le dogme de Hollywood sur la nécessité d’introduire du
1982 en plus, aux fabricants de best-sellers. Le dogme de Hollywood sur la nécessité d’introduire du love interest à tout prix
1983 t-sellers. Le dogme de Hollywood sur la nécessité d’ introduire du love interest à tout prix dans n’importe quel film (même
1984 jà dans bien des scénarios le happy ending obligé de naguère. Il se peut que cette réaction se prononce avec énergie dans
1985 les années qui viennent, et elle ne manquera pas d’ influencer les mœurs. Car la romance, thème littéraire par excellence
1986 décrire) a contaminé l’Occident par le truchement de la littérature, avant que le cinéma ne s’en mêle. La Rochefoucauld se
1987 n mêle. La Rochefoucauld se demandait : « Combien d’ hommes seraient amoureux s’ils n’avaient pas entendu parler d’amour ? 
1988 aient amoureux s’ils n’avaient pas entendu parler d’ amour ? » Nous pouvons nous demander combien d’hommes auront encore l’
1989 er d’amour ? » Nous pouvons nous demander combien d’ hommes auront encore l’idée de tomber amoureux quand on ne leur en par
1990 us demander combien d’hommes auront encore l’idée de tomber amoureux quand on ne leur en parlera plus. Soulignons à ce pro
1991 e passion et romance, ces créations artificielles de l’Occident, ne sont liées à la sexualité que d’une manière dialectiqu
1992 s de l’Occident, ne sont liées à la sexualité que d’ une manière dialectique, paradoxale. Dévier n’est pas synonyme d’être
1993 ialectique, paradoxale. Dévier n’est pas synonyme d’ être in love, et la possession prématurée de l’être qu’on désire tue b
1994 onyme d’être in love, et la possession prématurée de l’être qu’on désire tue bien souvent les possibilités de romance. « D
1995 re qu’on désire tue bien souvent les possibilités de romance. « D’Amor mou castitaz », d’amour naît la chasteté, disait un
1996 e tue bien souvent les possibilités de romance. «  D’ Amor mou castitaz », d’amour naît la chasteté, disait un troubadour :
1997 possibilités de romance. « D’Amor mou castitaz », d’ amour naît la chasteté, disait un troubadour : l’inverse n’est pas moi
1998 ins vrai. C’est pourquoi les périodes romantiques de la littérature occidentale coïncident avec les périodes puritaines. (
1999 ) Or il semble que nous entrions dans une période de mœurs sexuelles faciles ou relâchées, comparables à celles de la prem
2000 uelles faciles ou relâchées, comparables à celles de la première moitié du xviiie siècle. La liquidation des tabous du vi
2001 t du puritanisme sous les influences convergentes de la psychanalyse vulgarisée, de la vie dans les grandes cités, de la r
2002 ences convergentes de la psychanalyse vulgarisée, de la vie dans les grandes cités, de la révolte contre la bourgeoisie et
2003 yse vulgarisée, de la vie dans les grandes cités, de la révolte contre la bourgeoisie et de la libération de la femme, va
2004 des cités, de la révolte contre la bourgeoisie et de la libération de la femme, va tarir l’une des sources principales du
2005 révolte contre la bourgeoisie et de la libération de la femme, va tarir l’une des sources principales du romantisme. Tout
2006 du romantisme. Tout concourt donc, vers le milieu de ce siècle, à miner le goût de la romance, au moment où celle-ci s’est
2007 onc, vers le milieu de ce siècle, à miner le goût de la romance, au moment où celle-ci s’est répandue jusque dans les mass
2008 es, et met en cause la stabilité du mariage, base de la vie de la famille. Vers une alliance des égaux Il faut s’y
2009 en cause la stabilité du mariage, base de la vie de la famille. Vers une alliance des égaux Il faut s’y résoudre :
2010 égaux Il faut s’y résoudre : tout est paradoxe de ce qui touche à la passion. Elle se nourrit des obstacles qu’elle ren
2011 eur plat ; elle fait mourir un homme pour l’image d’ une femme dont il n’est pas sûr qu’il l’aimerait s’il devait partager
2012 s la beauté et l’amour infini, mais c’est au prix d’ une négation de l’amour réel ; elle exalte et déprime à la fois ses vi
2013 l’amour infini, mais c’est au prix d’une négation de l’amour réel ; elle exalte et déprime à la fois ses victimes ; elle a
2014 édulcorée, vulgarisée, elle provoque des millions de mariages qu’elle se charge bientôt de détruire. Faut-il donc déplorer
2015 es millions de mariages qu’elle se charge bientôt de détruire. Faut-il donc déplorer sa décadence ou s’en réjouir ? Il ser
2016 rer sa décadence ou s’en réjouir ? Il serait vain de répondre à cette question d’une manière unilatérale. Si, par suite d’
2017 uir ? Il serait vain de répondre à cette question d’ une manière unilatérale. Si, par suite d’un réflexe de défense de notr
2018 question d’une manière unilatérale. Si, par suite d’ un réflexe de défense de notre société menacée d’anarchie, la romance
2019 e manière unilatérale. Si, par suite d’un réflexe de défense de notre société menacée d’anarchie, la romance se voit refou
2020 d’un réflexe de défense de notre société menacée d’ anarchie, la romance se voit refoulée pour faire place au seul réalism
2021 ur « nous modernes », il faut bien l’avouer, gens de petite foi et de peu de religion, la vie sentimentale figure encore u
2022 s », il faut bien l’avouer, gens de petite foi et de peu de religion, la vie sentimentale figure encore une espèce d’idéal
2023 ion, la vie sentimentale figure encore une espèce d’ idéal ou d’évasion de choix, la moins mauvaise approximation d’un subs
2024 sentimentale figure encore une espèce d’idéal ou d’ évasion de choix, la moins mauvaise approximation d’un substitut aux j
2025 ale figure encore une espèce d’idéal ou d’évasion de choix, la moins mauvaise approximation d’un substitut aux joies et so
2026 évasion de choix, la moins mauvaise approximation d’ un substitut aux joies et soucis de l’esprit. (Déjà la passion politiq
2027 approximation d’un substitut aux joies et soucis de l’esprit. (Déjà la passion politique chez les totalitaires, surtout,
2028 Seule une vie spirituelle intense serait capable de combler l’absence du « tourment délicieux », et de rendre Agapè plus
2029 e combler l’absence du « tourment délicieux », et de rendre Agapè plus exaltant qu’Éros. Mais nous n’avons pas le droit de
2030 exaltant qu’Éros. Mais nous n’avons pas le droit de compter sur un miracle collectif… De fait, nous ne pouvons agir sur l
2031 pas le droit de compter sur un miracle collectif… De fait, nous ne pouvons agir sur l’évolution que j’ai décrite que par u
2032 rise de conscience : en dévoilant la vraie nature de la passion et en définissant ce type de relations humaines qu’elle su
2033 ie nature de la passion et en définissant ce type de relations humaines qu’elle suppose et qu’elle favorise. (C’est en som
2034 e et qu’elle favorise. (C’est en somme la méthode de la psychanalyse.) Cela fait, nous pouvons alors proposer de nouvelles
2035 hanalyse.) Cela fait, nous pouvons alors proposer de nouvelles orientations pour l’éducation de la société.bg S’attaquer
2036 oposer de nouvelles orientations pour l’éducation de la société.bg S’attaquer à la romance au nom de la moralité serait u
2037 ariage. Épouser quelqu’un « pour la vie » à cause d’ une fièvre de deux mois n’est pas un acte de courage mais de stupidité
2038 er quelqu’un « pour la vie » à cause d’une fièvre de deux mois n’est pas un acte de courage mais de stupidité. Nous ferion
2039 cause d’une fièvre de deux mois n’est pas un acte de courage mais de stupidité. Nous ferions sans doute bien de ne pas êtr
2040 re de deux mois n’est pas un acte de courage mais de stupidité. Nous ferions sans doute bien de ne pas être aussi sévères
2041 e mais de stupidité. Nous ferions sans doute bien de ne pas être aussi sévères à l’égard des films et des romans qualifiés
2042 vères à l’égard des films et des romans qualifiés d’ « indécents » par les normes puritaines qu’à l’égard de ceux qui dépei
2043 Nous devrions également demander à nos romanciers d’ abandonner pour un temps leurs triangles romantiques et de nous montre
2044 nner pour un temps leurs triangles romantiques et de nous montrer un type de mariage moderne, qui ne soit plus basé unique
2045 triangles romantiques et de nous montrer un type de mariage moderne, qui ne soit plus basé uniquement sur « l’amour », le
2046 lus basé uniquement sur « l’amour », le quiproquo de deux rêves, mais sur l’alliance jurée de deux égaux. Nous ne pouvons
2047 uiproquo de deux rêves, mais sur l’alliance jurée de deux égaux. Nous ne pouvons peser sur la moralité qu’en modifiant ou
2048 qu’en modifiant ou en inversant certaines normes de jugement, par des styles renouvelant les attitudes morales actuelles
2049 i est acceptable et ce qui ne l’est pas. L’apport de Freud réside dans le fait qu’il nous a permis de discuter de l’incons
2050 de Freud réside dans le fait qu’il nous a permis de discuter de l’inconscient et de la sexualité. Les troubadours ont exe
2051 side dans le fait qu’il nous a permis de discuter de l’inconscient et de la sexualité. Les troubadours ont exercé un impac
2052 ’il nous a permis de discuter de l’inconscient et de la sexualité. Les troubadours ont exercé un impact profond en rendant
2053 rs ont exercé un impact profond en rendant la joy d’ amor à la mode. Les films et la littérature bon marché nous affectent
2054 bon marché nous affectent en prolongeant la soif de romance, même si elle est condamnée par les nouvelles réalités social
2055 les nouvelles réalités sociales. Ceux qui parlent de notre époque seraient utiles s’ils exprimaient des valeurs qui corres
2056 serait importante s’ils décrivaient des exemples de fidélité promise, de partenariat pratique, le frisson d’une aventure
2057 ils décrivaient des exemples de fidélité promise, de partenariat pratique, le frisson d’une aventure commune et constructi
2058 lité promise, de partenariat pratique, le frisson d’ une aventure commune et constructive entreprise à tout risque, libres
2059 out risque, libres des « intermittences du cœur » de Proust et du jeu toujours changeant des sentiments. Car ce sont ces v
2060 et Agapè. On trouvera une discussion approfondie de ces deux livres dans M. D’Arcy, S. J., The Mind and Heart of Love, Ne
2061 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 592. be. Le manuscrit date de 1947 cett
2062 el sous l’identifiant 592. be. Le manuscrit date de 1947 cette statistique — probablement la date de rédaction du texte.
2063 de 1947 cette statistique — probablement la date de rédaction du texte. bf. L’intertitre du manuscrit est « Réactions à
2064 fin du chapitre, le texte est directement traduit de l’édition américaine, en raison d’une page manquante dans le manuscri
2065 tement traduit de l’édition américaine, en raison d’ une page manquante dans le manuscrit français.
11 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 10. Le défi du marxisme
2066 éfi du marxismebh Le caractère insaisissable de la doctrine communistebi Opposez les dogmes chrétiens aux axiomes
2067 tebi Opposez les dogmes chrétiens aux axiomes de Marx et d’Engels, les communistes vous répondront, non sans apparence
2068 posez les dogmes chrétiens aux axiomes de Marx et d’ Engels, les communistes vous répondront, non sans apparence d’à-propos
2069 s communistes vous répondront, non sans apparence d’ à-propos, que l’opération les laisse indifférents : ils sont sur le pl
2070 on les laisse indifférents : ils sont sur le plan de l’histoire, non des vérités éternelles. Placez-vous donc sur ce plan
2071 aucun doute les plus honnêtes), que la dictature de Staline se rapproche des régimes fascistes. Essayez d’en conclure que
2072 aline se rapproche des régimes fascistes. Essayez d’ en conclure que le communisme c’est cela, s’il se confond, comme on no
2073 rejeté sur le plan doctrinal. Informez-vous alors de cette fameuse dialectique : vous apprendrez qu’elle fut inventée par
2074 z qu’elle fut inventée par Hegel, qui eut le tort de la fonder sur l’Esprit, ce qui était proprement la poser sur la tête 
2075 it proprement la poser sur la tête : que le génie de Marx l’a remise sur ses pieds en la fondant sur la matière économique
2076 ir au niveau du réel ; que son but primitif était de détruire l’État au profit de l’homme concret, non sans avoir d’abord
2077 n but primitif était de détruire l’État au profit de l’homme concret, non sans avoir d’abord renforcé cet État jusqu’à l’e
2078 enfin cette dictature disparaîtra nécessairement, d’ elle-même, avec les derniers opposants. Vous pensiez être dans l’histo
2079 ous demeurez sceptique : Staline, après vingt ans de pouvoir des Soviets, annonce une constitution qui renforce encore l’é
2080 renforce encore l’étatisme, et ne parle même plus de sa suppression future. Au contraire, il fait fusiller ceux qui en par
2081 n parlent. On vous répond que c’est une nécessité de la tactique, dûment prévue d’ailleurs par les dialecticiens. Alors, p
2082 ’obéissance aveugle à Staline, dépositaire unique de la doctrine. Quitter le plan des vérités éternelles pour entrer dans
2083 n des vérités éternelles pour entrer dans le plan de l’histoire, cela signifiait donc, précisément, renoncer à la vérité,
2084 r à la vérité, et ne croire plus qu’à la tactique d’ un dictateur, lequel changera la vérité tous les six mois. Mais alors
2085 changera la vérité tous les six mois. Mais alors de quoi donc parle-t-on lorsqu’on parle de communisme ? Où le prendre ?
2086 ais alors de quoi donc parle-t-on lorsqu’on parle de communisme ? Où le prendre ? En quoi peut résider l’identité d’une do
2087 ? Où le prendre ? En quoi peut résider l’identité d’ une doctrine qui prétend justifier théoriquement, à quelques années d’
2088 rétend justifier théoriquement, à quelques années d’ intervalle, la démocratie des Soviets, puis la dictature de Staline ;
2089 lle, la démocratie des Soviets, puis la dictature de Staline ; le pacifisme à tout prix des débuts et l’impérialisme actue
2090 e contre l’État, et en même temps, le capitalisme d’ État de Lénine ; l’expropriation des patrons en 1918, puis la restaura
2091 riation des patrons en 1918, puis la restauration de la propriété privée en 1933 ; la suppression de l’héritage puis son r
2092 n de la propriété privée en 1933 ; la suppression de l’héritage puis son rétablissement ; l’antimilitarisme et la création
2093 t ; l’antimilitarisme et la création enthousiaste d’ une armée abondamment pourvue de maréchaux ; l’égalité sociale absolue
2094 tion enthousiaste d’une armée abondamment pourvue de maréchaux ; l’égalité sociale absolue puis la course aux salaires et
2095 s la course aux salaires et aux grades ; la ruine de la famille puis sa réfection systématique ; la critique acerbe de la
2096 is sa réfection systématique ; la critique acerbe de la SDN puis l’entrée dans cet organisme ? Tout cela peut s’expliquer,
2097 gentes, et je n’ai pas à porter, ici, un jugement d’ allure politique. Mais ce qui est grave, c’est de voir tant d’intellec
2098 d’allure politique. Mais ce qui est grave, c’est de voir tant d’intellectuels défendre ces manœuvres au nom de la doctrin
2099 itique. Mais ce qui est grave, c’est de voir tant d’ intellectuels défendre ces manœuvres au nom de la doctrine, et les jus
2100 airement, un simple opportunisme ? Que sert alors de discuter, de confronter ? « Rien ne sera juste à cette balance » (Pas
2101 simple opportunisme ? Que sert alors de discuter, de confronter ? « Rien ne sera juste à cette balance » (Pascal). Je m’en
2102 uste à cette balance » (Pascal). Je m’en voudrais d’ exploiter l’équivoque. Mais il fallait au moins rappeler son existence
2103 dixièmes des adversaires du marxisme — et combien de marxistes eux-mêmes !) Si maintenant j’essaie de saisir l’identité fo
2104 de marxistes eux-mêmes !) Si maintenant j’essaie de saisir l’identité foncière et la continuité de l’attitude communiste,
2105 ie de saisir l’identité foncière et la continuité de l’attitude communiste, au travers des contradictions violentes de ses
2106 mmuniste, au travers des contradictions violentes de ses témoignages successifs, je trouve tout de même, en fin de compte,
2107 ompte, une grande volonté invariable : la volonté de changer le monde. Or une telle volonté ne saurait prendre son élan qu
2108 ndre son élan que dans le sentiment insupportable d’ un défaut inhérent au monde. Connaître qu’il existe un mal universel,
2109 plus tortueux, mettons les détours dialectiques, de l’action du parti communiste22. La « cause » justifie les moyens… Mai
2110 te croit que la société présente n’a pas le droit de déterminer le tout de l’homme, et ne le peut pas. Car elle est divisé
2111 é présente n’a pas le droit de déterminer le tout de l’homme, et ne le peut pas. Car elle est divisée contre elle-même, et
2112 s. Car elle est divisée contre elle-même, et fait de l’homme qui s’abandonne à elle un être antinomique, « divisé », et co
2113 être antinomique, « divisé », et comme « aliéné » de ce qu’il y a de plus humain en lui. À la découverte de « cette aliéna
2114 qu’il y a de plus humain en lui. À la découverte de « cette aliénation de soi », qui selon Marx serait le fait de toutes
2115 ain en lui. À la découverte de « cette aliénation de soi », qui selon Marx serait le fait de toutes les sociétés passées,
2116 liénation de soi », qui selon Marx serait le fait de toutes les sociétés passées, y compris le communisme primitif, corres
2117 t, dans le diagnostic chrétien, la reconnaissance d’ une corruption fondamentale, qui est le péché originel. Il s’ensuit qu
2118 de et se « regagner totalement »24 qu’à la faveur d’ une économie25 radicalement renouvelée. Une réaction semblable — toujo
2119 nc le chrétien et le marxiste contre toute espèce de statisme, contre toute spéculation idéaliste, détachée et inactuelle,
2120 et contre toute activité qui ne concourrait pas, d’ une façon ou d’une autre, à transformer, à changer quelque chose, — à
2121 e activité qui ne concourrait pas, d’une façon ou d’ une autre, à transformer, à changer quelque chose, — à lutter efficace
2122 ntre le mal universel. Cette volonté fondamentale de transformation, je la trouve formulée et résumée, de part et d’autre,
2123 transformation, je la trouve formulée et résumée, de part et d’autre, par deux propositions parfaitement claires qui, tout
2124 ion, je la trouve formulée et résumée, de part et d’ autre, par deux propositions parfaitement claires qui, tout en affirma
2125 qui, tout en affirmant avec vigueur la nécessité d’ un « changement », et d’un changement pratique, concret, visible, dive
2126 avec vigueur la nécessité d’un « changement », et d’ un changement pratique, concret, visible, divergent cependant, d’une m
2127 pratique, concret, visible, divergent cependant, d’ une manière significative, quant aux voies et moyens qu’elles préconis
2128 voies et moyens qu’elles préconisent. La 2e thèse de Marx sur Feuerbach affirme : Les philosophes n’ont fait jusqu’ici qu
2129 er diversement le monde ; or il s’agit maintenant de le transformer. Et l’apôtre Paul écrit dans sa Lettre aux Romains (1
2130 ent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre sens, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, c
2131 s, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. Dans les deux cas, il s’a
2132 l s’agit du même mot : transformer ; et il s’agit de transformer en tant que l’on est proprement humain (c’est-à-dire en t
2133 on fait la révolution, pour Marx). Il s’agit donc d’ action. Il s’agit d’attester soit la foi, par une réalisation des volo
2134 n, pour Marx). Il s’agit donc d’action. Il s’agit d’ attester soit la foi, par une réalisation des volontés de Dieu, contra
2135 ter soit la foi, par une réalisation des volontés de Dieu, contrariant celles du siècle, — soit la pensée, par une action2
2136 re que révolutionnaire. Et cependant l’opposition de Marx et de l’apôtre éclate en ceci : que Paul veut transformer l’homm
2137 lutionnaire. Et cependant l’opposition de Marx et de l’apôtre éclate en ceci : que Paul veut transformer l’homme d’abord —
2138 d’abord, — et l’homme par lui. C’est sur le fait de cette opposition centrale qu’il importe d’être bien au clair, si l’on
2139 e fait de cette opposition centrale qu’il importe d’ être bien au clair, si l’on veut comprendre pourquoi la pratique et le
2140 les dérivent d’ailleurs obscurément, mais coupées de leurs liens éternels, abandonnées aux seules lois du Temps. De la
2141 ternels, abandonnées aux seules lois du Temps. De la polémique antispiritualiste à la doctrine marxiste On ne répéte
2142 répétera jamais assez que la doctrine originelle de Marx est avant tout la mise en forme d’une polémique. Elle est, très
2143 riginelle de Marx est avant tout la mise en forme d’ une polémique. Elle est, très consciemment, conditionnée par la situat
2144 très consciemment, conditionnée par la situation de l’Europe occidentale vers le milieu du xixe siècle, et par la volont
2145 vers le milieu du xixe siècle, et par la volonté de la changer. En particulier, elle n’est « matérialiste », au sens vulg
2146 sens vulgaire, que dans la mesure où la mentalité de l’époque peut être qualifiée — et se qualifie elle-même — de spiritua
2147 peut être qualifiée — et se qualifie elle-même — de spiritualiste, au sens le plus contestable du terme. Quelle était, du
2148 ituation qui se présentait à Marx ? C’était celle de la Restauration. Professeurs et bourgeois libéraux, grands patrons du
2149 issant en Angleterre et en Allemagne, théologiens de l’école hégélienne, ou adversaires du christianisme, tous, dans un co
2150 fait que le constater. Elle n’empêchait nullement de faire des affaires. Ni d’opprimer les ouvriers. Ni d’appeler justice,
2151 e n’empêchait nullement de faire des affaires. Ni d’ opprimer les ouvriers. Ni d’appeler justice, au besoin, ce qui était u
2152 aire des affaires. Ni d’opprimer les ouvriers. Ni d’ appeler justice, au besoin, ce qui était utile aux maîtres. La religio
2153 s son temps à dénoncer l’erreur qui est à la base d’ une pareille imposture : il la sait trop profondément enracinée dans l
2154 est la seule arme dont il disposerait sur le plan de l’« esprit », car il est incroyant. D’ailleurs, ce n’est pas l’« espr
2155 ain. Il lui faudra donc recourir à un autre ordre d’ arguments : ceux que l’on dit « matérialistes ». Ce seront d’une part
2156 d’autre part la « science » infaillible des lois de l’évolution économique, qu’il formule. Je résume et je simplifie ce p
2157 étendent réformer « l’intérieur » se gardent bien de toucher à l’extérieur. Marx dira donc, contre eux, qu’il faut d’abord
2158 songe spiritualiste, opposons l’argument frappant d’ un matérialisme polémique : nous l’appellerons matérialisme dialectiqu
2159 ref qu’il n’est en somme qu’une tactique. Faisons de nécessité vertu. Proposons-nous de changer les choses et leurs rappor
2160 tique. Faisons de nécessité vertu. Proposons-nous de changer les choses et leurs rapports, de changer « le monde », c’est-
2161 ons-nous de changer les choses et leurs rapports, de changer « le monde », c’est-à-dire les rapports économiques et sociau
2162 angerons l’homme. D’ailleurs, peut-être suffit-il de changer le cadre matériel pour que le contenu se transforme ? N’a-t-o
2163 à son jeu polémique. Ce ne fut guère qu’à la fin de sa carrière que son ami Engels en découvrit le danger. « Marx et moi
2164 t-il en 1890 — nous sommes peut-être responsables de ce que parfois nos disciples ont insisté plus qu’il ne convenait sur
2165 sur les facteurs économiques. Nous étions forcés d’ insister sur leur caractère fondamental, par opposition à nos adversai
2166 nous n’eûmes pas toujours le temps ni l’occasion de rendre justice aux autres facteurs. » De la doctrine marxiste à la
2167 asion de rendre justice aux autres facteurs. » De la doctrine marxiste à la tactique soviétiquebj En effet, de ce «
2168 marxiste à la tactique soviétiquebj En effet, de ce « mensonge » opportuniste qu’était le matérialisme polémique, prom
2169 mique, promu par un glissement inévitable au rang de doctrine du parti, devait sortir la « vérité » tactique du matérialis
2170 ire, celui que la presse bourgeoise a si beau jeu d’ attaquer aujourd’hui — encore qu’elle le pratique elle-même sans vergo
2171 sans vergogne, tout en le niant pour les besoins de sa cause. Ce matérialisme vulgaire, que Marx avait tout d’abord comba
2172 rès lui, un mensonge absolu exactement symétrique de celui des idéalistes : la croyance que si l’on change l’ordre des cho
2173 e erreur non moins grave que celle des défenseurs de l’esprit pur : l’erreur qui porte l’homme à croire que la cause de to
2174 l’erreur qui porte l’homme à croire que la cause de tous ses malheurs est dans les choses, et non dans lui. (Il n’en fut
2175 mes — dont on a fait des résumés — qu’il a raison de croire cela. Bien plus, Marx vient lui démontrer que ceux qui prétend
2176 , car l’argent distribué aux masses ne manque pas de créer du bonheur. Pour réussir, il faut une discipline. Pour la maint
2177 , aux scrupuleux, libre au camarade Gide lui-même de s’indigner : il faut ce qu’il faut. L’étatisme dictatorial contredit
2178 aut. L’étatisme dictatorial contredit la doctrine de Marx ? Qu’importe, puisque le but final est la richesse, mère du bonh
2179 ulu le matérialisme vulgaire. Mais les nécessités de la polémique d’une part, — et sa définition de l’homme concret, purem
2180 és de la polémique d’une part, — et sa définition de l’homme concret, purement social, d’autre part, l’ont amené à mettre
2181 ienne devant le « monde » On parle avec raison de « doctrine » marxiste, d’» idéologie », de « tactique » communistes.
2182 On parle avec raison de « doctrine » marxiste, d’ » idéologie », de « tactique » communistes. Mais ce serait introduire
2183 raison de « doctrine » marxiste, d’» idéologie », de « tactique » communistes. Mais ce serait introduire une confusion irr
2184 serait introduire une confusion irrémédiable que de parler dans le même sens d’une « doctrine » du christianisme. Le chré
2185 sion irrémédiable que de parler dans le même sens d’ une « doctrine » du christianisme. Le chrétien, et surtout le protesta
2186 s dogmes théologiques puissent figurer la théorie d’ une pratique30. Le christianisme n’est pas un programme ; ni, comme le
2187 ; ni une tactique, cela va de soi. Parlons plutôt d’ une attitude. Et d’une attitude totale. (Je dirais bien totalitaire, s
2188 cela va de soi. Parlons plutôt d’une attitude. Et d’ une attitude totale. (Je dirais bien totalitaire, si le mot n’avait ét
2189 eillement perverti par les caricatures séculières de la révolution chrétienne.) La vie et la pensée chrétiennes, en effet,
2190 èrent à chaque instant à ce qui détermine le tout de l’homme : son origine, sa fin, et sa mission présente. Le chrétien sa
2191 t de Dieu, le Créateur ; qu’il va vers le Royaume de Dieu, le Réconciliateur ; et qu’il a pour mission actuelle d’obéir à
2192 Réconciliateur ; et qu’il a pour mission actuelle d’ obéir à une Parole qui est Jésus-Christ, le Médiateur. Mais cette Paro
2193 l méconnaît, ne sont que les reflets énigmatiques de cet événement primordial — ses succédanés temporels, en dérive vers l
2194 s qu’à attendre, et à subir en gémissant les lois d’ un monde qu’il condamne ! Car alors, où serait son refus ? Et quelle p
2195 serait son refus ? Et quelle preuve aurions-nous de sa transformation ? Une mauvaise humeur résignée ? Une simple réticen
2196 leur aveuglement quant au devoir, et au pouvoir, de l’homme transformé par la foi. L’homme nouveau, selon l’Évangile, est
2197 veau, selon l’Évangile, est un homme qui a changé de sens. Il est orienté autrement, comme l’indique le mot conversion. Ob
2198 se, il reconnaît du même coup l’origine et le but de sa vie : il connaît dès lors son péché, tout ce qui l’écartait de sa
2199 onnaît dès lors son péché, tout ce qui l’écartait de sa voie. Mais il se connaît du même coup responsable à l’endroit du m
2200 faute. Ainsi : conscience du péché, connaissance de la fin et de l’origine, obligation d’agir pour racheter le mal commis
2201  : conscience du péché, connaissance de la fin et de l’origine, obligation d’agir pour racheter le mal commis, sont trois
2202 onnaissance de la fin et de l’origine, obligation d’ agir pour racheter le mal commis, sont trois moments indivisibles de l
2203 er le mal commis, sont trois moments indivisibles de la « transformation » dont parle Paul. L’un n’est pas concevable, sér
2204 sement, sans l’autre. « Toute droite connaissance de Dieu naît de l’obéissance », écrit Calvin. Et que serait une obéissan
2205 l’autre. « Toute droite connaissance de Dieu naît de l’obéissance », écrit Calvin. Et que serait une obéissance qui ne se
2206 as ? La transformation personnelle, au sens total de l’Évangile, ne peut donc se traduire, si elle s’est faite, que par un
2207 t pas converti — mais encore toute transformation de la forme actuelle des choses, qui ne serait pas l’effet d’une convers
2208 me actuelle des choses, qui ne serait pas l’effet d’ une conversion des hommes, ne doit être aux yeux du chrétien, qu’une r
2209 ’Évangile est formel : « Que servirait à un homme de gagner le monde, s’il perdait son âme ? » Son âme, c’est-à-dire la co
2210 t son âme ? » Son âme, c’est-à-dire la conscience de son origine et de sa fin, du sens même de son action, de sa pensée, d
2211 âme, c’est-à-dire la conscience de son origine et de sa fin, du sens même de son action, de sa pensée, de sa vie corporell
2212 science de son origine et de sa fin, du sens même de son action, de sa pensée, de sa vie corporelle ! Précisons, car nous
2213 origine et de sa fin, du sens même de son action, de sa pensée, de sa vie corporelle ! Précisons, car nous ne parlons pas
2214 sa fin, du sens même de son action, de sa pensée, de sa vie corporelle ! Précisons, car nous ne parlons pas de vérités « p
2215 e corporelle ! Précisons, car nous ne parlons pas de vérités « purement théologiques » comme le dirait un incroyant. Que s
2216 servirait à l’homme, tel que le voit le chrétien, de sauver sa vie matérielle et morale, d’échapper à la guerre, à la misè
2217 chrétien, de sauver sa vie matérielle et morale, d’ échapper à la guerre, à la misère, à l’oppression, s’il ignore ou refu
2218 les guerres se déchaîner, et les chômeurs mourir de faim ? Ce serait prouver qu’on n’est pas converti. J’agirai donc, tou
2219 stes Telle étant donc la conception chrétienne de l’homme, seul responsable du mal qui est dans le monde, on comprendra
2220 i apparaisse nécessairement borné. Je me servirai d’ une image. L’enfant qui rate son coup, ou qui se heurte contre un meub
2221 », criait l’enfant Rimbaud ! Et les intellectuels de gauche reprennent aujourd’hui cette devise, pour l’opposer au « spiri
2222 ti chrétien » eût triomphé, rien ne l’eût empêché de subir le sort fatal des révoltes politiques : il eût revêtu les forme
2223 temps plus paisibles l’évangélisation — sa raison d’ être — il se fût consacré aux tâches plus urgentes : donner du pain et
2224 nouvelle, absolument nouvelle, venant d’ailleurs, d’ au-delà de ce monde, de leur transformation en Christ, venu au monde.
2225 absolument nouvelle, venant d’ailleurs, d’au-delà de ce monde, de leur transformation en Christ, venu au monde. Il n’annon
2226 uvelle, venant d’ailleurs, d’au-delà de ce monde, de leur transformation en Christ, venu au monde. Il n’annonçait pas un f
2227 ement salutaire, au nom d’une Personne vivante et de son amour éternel. Il annonçait l’homme changé. Trop beau tout cela 
2228 ne foi que ma raison refuse, et qu’elle m’ordonne d’ ignorer. Je ne vois pas les effets d’une telle foi dans l’histoire de
2229 le m’ordonne d’ignorer. Je ne vois pas les effets d’ une telle foi dans l’histoire de notre Occident33. Si je n’ai pas votr
2230 is pas les effets d’une telle foi dans l’histoire de notre Occident33. Si je n’ai pas votre foi, je ne les vois pas. Je vo
2231 êchant la résignation. C’est vraiment trop facile de se mettre en règle avec sa mauvaise conscience, en prétextant que l’i
2232 nt que l’intérieur importe seul, et que le « pain de vie » suffit à nourrir l’homme ! Peut-être suffit-il à vous nourrir,
2233 ovoqué parmi les « exploités » un tel soulèvement d’ espérances, de telles vagues d’adhésions enthousiastes, si aveuglement
2234 es « exploités » un tel soulèvement d’espérances, de telles vagues d’adhésions enthousiastes, si aveuglement enthousiastes
2235 un tel soulèvement d’espérances, de telles vagues d’ adhésions enthousiastes, si aveuglement enthousiastes, c’est qu’il s’e
2236 xistence, tout le malheur dont en vérité le péché de chacun est responsable. L’observation est juste ; elle est insuffisan
2237 ’est sa volonté proclamée, concrète et immédiate, de changer tout ; et non pas seulement l’« esprit » ou l’« intérieur ».
2238 aine n’a plus été prêchée au monde avec une force d’ attaque assez gênante et bouleversante. C’est que l’« esprit » qui dev
2239 s conformismes, ou du moins n’a pas su, par excès de prudence, empêcher que les foules le considèrent comme tel. Les chrét
2240 chrétiens sont bien plus responsables des succès de Marx auprès des foules, que le marxisme n’est responsable du déclin d
2241 conscience plus fidèle, partant plus douloureuse de ce fait, je crois qu’ils éviteraient d’attaquer le marxisme dans les
2242 uloureuse de ce fait, je crois qu’ils éviteraient d’ attaquer le marxisme dans les mêmes termes que la réaction. Mais ceci
2243 ntenu, il reste qu’en doctrine, et indépendamment de toutes nos fautes, l’objection marxiste ne vaut rien, alors que l’obj
2244 enne est imparable. Quand un marxiste me reproche de me contenter d’un changement tout spirituel, et qui n’affecte en rien
2245 le. Quand un marxiste me reproche de me contenter d’ un changement tout spirituel, et qui n’affecte en rien le cours des ch
2246 sse à mon hypocrisie, à ma lâcheté, à mon absence de foi, mais non pas du tout à la foi. Car la foi, dit Luther, est ‟une
2247 changent. Ce que tu me reproches, c’est, en fait, de n’être pas assez chrétien ! Tu m’incites donc à le devenir davantage,
2248 eligion. Ton athéisme devient prédication ! Drôle d’ aventure, pour un dialecticien ! Si tu dis que le chrétien est celui q
2249 ntiel du marxisme, je le répète, c’est sa volonté de changer le monde, le monde d’abord, et non pas l’homme d’abord, et le
2250 l’excès du matérialisme, non point par la malice de Staline, mais par l’effet des conditions physiques et spirituelles de
2251 l’effet des conditions physiques et spirituelles de l’homme en ce qu’elles ont d’irréductibles à toute détermination soci
2252 ues et spirituelles de l’homme en ce qu’elles ont d’ irréductibles à toute détermination sociale ou historique imaginable,
2253 ir34. Le problème des fins dernières : Royaume de Dieu ou paradis terrestre ? Nous arrivons maintenant, toute équivo
2254 le problème se posait avec urgence, aux environs de 1933, de réunir dans un même enthousiasme, « les deux Karl », c’est-à
2255 ème se posait avec urgence, aux environs de 1933, de réunir dans un même enthousiasme, « les deux Karl », c’est-à-dire Bar
2256 ue proprement théologique se révèle seule capable de marquer les limites existant en fait, et les distinctions décisives.
2257 ique du communisme n’est justiciable, en soi, que d’ une critique politique, économique, historique, etc.36 Et je ne vois p
2258 nique. Mais ce qui tombe directement sous le coup de la seule critique théologique, ce sont les buts derniers du communism
2259 es postulats qu’il suppose. Qu’on me permette ici d’ être un peu schématique pour plus de clarté. Il me paraît que l’opposi
2260 permette ici d’être un peu schématique pour plus de clarté. Il me paraît que l’opposition finale entre la croyance marxis
2261 prépare un paradis terrestre, le paradis temporel de l’homme ; le christianisme prépare un Royaume éternel, qui sera celui
2262 anisme prépare un Royaume éternel, qui sera celui de Dieu, non de la Terre. Tous deux sont eschatologiques, en ce sens qu’
2263 e un Royaume éternel, qui sera celui de Dieu, non de la Terre. Tous deux sont eschatologiques, en ce sens qu’ils rapporten
2264 à un terme futur et total, accessible au travers d’ une longue tribulation, d’une longue passion temporelle. Et c’est la «
2265 , accessible au travers d’une longue tribulation, d’ une longue passion temporelle. Et c’est la « foi », substance des chos
2266 , substance des choses espérées, qui permet seule de supporter les maux que l’on endure au nom du but dernier. (Le chrétie
2267 te sur son bûcher, le komsomol accepte un salaire de famine s’il faut cela pour sauver l’URSS.) Mais l’eschaton chrétien e
2268 ver l’URSS.) Mais l’eschaton chrétien est au-delà de ce temps, est éternel, et par là même peut être immédiatement présent
2269 xister hic et nunc. Comment l’opposition radicale de ces deux fins, la temporelle et l’éternelle, va-t-elle maintenant se
2270 nt se manifester dans notre siècle ? Le phénomène de la « conversion » le fait bien voir. Un homme qui se convertit au chr
2271 au-dedans de lui. Cet homme n’est plus le maître de sa vie. Il est l’agent d’une vocation venue d’ailleurs, mais pour lui
2272 me n’est plus le maître de sa vie. Il est l’agent d’ une vocation venue d’ailleurs, mais pour lui seul et ici-bas, et qui a
2273 elle porte témoignage en faveur du fait accompli d’ une révolution humaine. Le chrétien converti commence donc par la fin
2274 ossède déjà l’essentiel, que Marx voyait au terme de l’histoire : la personne. Et alors, il attaque le monde ! Mais un hom
2275 est pas accompli, l’histoire n’ayant jamais connu de réalisation de communisme. Ainsi, des deux, c’est le marxiste qui est
2276 i, l’histoire n’ayant jamais connu de réalisation de communisme. Ainsi, des deux, c’est le marxiste qui est l’utopiste ; e
2277 ée, me montre dès maintenant un peu de la réalité de mes espérances. » Mais l’espérance finale du communisme, c’est la lib
2278 pérance finale du communisme, c’est la libération de l’homme. Et moi je lui montre un homme libéré, tandis qu’il ne peut m
2279 me montrer que quelques conditions préliminaires d’ une libération toujours future. Je marquerai encore une autre différen
2280 ar là même, il se voit contraint à chaque instant de transformer autour de lui ce qui s’oppose à son bien souverain. S’il
2281 rain. S’il est chrétien, il sait qu’il est membre d’ un corps qui porte toutes les marques du péché. Il est alors en face d
2282 hé. Il est alors en face du monde, et au nom même de sa foi, dans la posture d’un révolutionnaire permanent. Non seulement
2283 monde, et au nom même de sa foi, dans la posture d’ un révolutionnaire permanent. Non seulement il se voit contraint de ve
2284 ire permanent. Non seulement il se voit contraint de venir en aide à son prochain, mais encore rien ne peut le satisfaire
2285 prochain, mais encore rien ne peut le satisfaire de ce qu’il obtient, par cet effort, s’il compare ce mieux-être relatif
2286 reçu en Christ. Il possède en lui-même la mesure d’ une perpétuelle transformation, nécessaire dans tous les domaines où s
2287 ices présentes, du fait qu’il croit que l’intérêt de l’homme est seul en jeu — et de l’homme tel qu’il le conçoit, être so
2288 oit que l’intérêt de l’homme est seul en jeu — et de l’homme tel qu’il le conçoit, être social — se verra fatalement neutr
2289 t entre les intérêts sociaux présents et le désir d’ aller au-delà, d’aller jusqu’à l’accomplissement final. Car cet accomp
2290 êts sociaux présents et le désir d’aller au-delà, d’ aller jusqu’à l’accomplissement final. Car cet accomplissement, ou plé
2291 déviations dites « réformistes » ou « étatistes » de la révolution matérialiste. Pour qu’une telle pesanteur ne gagne pas
2292 et en 1917), il faudrait que l’homme soit délivré de son péché, « changé », sorti du plan, précisément, où le marxisme le
2293 écisément, où le marxisme le maintient. Moyens d’ action du chrétien et du marxiste Préparer le royaume de l’homme, o
2294 du chrétien et du marxiste Préparer le royaume de l’homme, ou témoigner par des actes visibles en faveur du retour d’un
2295 oigner par des actes visibles en faveur du retour d’ un Royaume déjà réalisé en Christ, cela suppose identiquement une volo
2296 en Christ, cela suppose identiquement une volonté de changer tout ce qui peut l’être ; mais aussi, cela suppose certains m
2297 l’être ; mais aussi, cela suppose certains moyens d’ action qui ne sauraient être les mêmes dans les deux cas, si la fin se
2298 seule justifie les moyens39. La fin, ou le télos de l’action du chrétien, c’est le royaume de justice et d’amour. Tout ac
2299 e télos de l’action du chrétien, c’est le royaume de justice et d’amour. Tout acte qui contredirait, dans le présent, la l
2300 ction du chrétien, c’est le royaume de justice et d’ amour. Tout acte qui contredirait, dans le présent, la loi d’amour et
2301 ut acte qui contredirait, dans le présent, la loi d’ amour et de justice, même s’il était commis au nom des intérêts de l’É
2302 contredirait, dans le présent, la loi d’amour et de justice, même s’il était commis au nom des intérêts de l’Église chrét
2303 stice, même s’il était commis au nom des intérêts de l’Église chrétienne, détruirait en fait cette Église en tant qu’elle
2304 fait cette Église en tant qu’elle vit dans chacun de ses membres, et non pas dans un ciel abstrait. Car le gage de l’actio
2305 es, et non pas dans un ciel abstrait. Car le gage de l’action chrétienne n’est pas futur, mais éternel et donc présent. Si
2306 éternel et donc présent. Si, pour sauver le futur de l’Église, je désobéis dans le présent, je perds tout du même coup, pr
2307 st et je m’oppose à son retour. Il n’est donc pas d’ » opportunisme » chrétien qui tienne, et tous les moyens du chrétien d
2308 est le cas du marxiste. N’ayant pas derrière lui de modèle accompli, ni en lui de Présence souveraine, il se sent libre d
2309 nt pas derrière lui de modèle accompli, ni en lui de Présence souveraine, il se sent libre d’appliquer les moyens qu’il ju
2310 i en lui de Présence souveraine, il se sent libre d’ appliquer les moyens qu’il juge adéquats aux intérêts momentanés de so
2311 oyens qu’il juge adéquats aux intérêts momentanés de son Parti et de sa classe. Ainsi Staline peut justifier en bonne doct
2312 adéquats aux intérêts momentanés de son Parti et de sa classe. Ainsi Staline peut justifier en bonne doctrine « dialectiq
2313 ialectique » ses négations actuelles du but final de Marx. Il légitime son étatisme totalitaire en arguant que c’est le se
2314 me totalitaire en arguant que c’est le seul moyen d’ accéder à un stade économique plus favorable au développement du socia
2315 la vraie volonté du marxisme, plutôt qu’un reste d’ humanisme libéral. Le fait est que la grosse majorité des communistes
2316 la grosse majorité des communistes suit Staline. D’ où il résulte à l’évidence que pour la grosse majorité des communistes
2317 ’oppression, l’hypocrisie suprême nommée « raison d’ État », et jusqu’à la guerre s’il le faut, sont des moyens parfaitemen
2318 te » personnelle et actuelle, puisqu’il n’y a pas de salut présent ni éternel, puisque le salut n’est pas pour eux de tout
2319 t ni éternel, puisque le salut n’est pas pour eux de toute façon, mais pour les descendants de leurs descendants ? C’est a
2320 our eux de toute façon, mais pour les descendants de leurs descendants ? C’est ainsi qu’on a vu Zinoviev, par « fidélité »
2321 Imaginez maintenant qu’un vrai chrétien juge bon de s’inscrire au parti communiste ou de militer en sa faveur : l’alterna
2322 ien juge bon de s’inscrire au parti communiste ou de militer en sa faveur : l’alternative où il se place est sans issue. C
2323 ans issue. Car ou bien il accepte les disciplines d’ action que lui impose son parti, et qui comportent la haine et le mens
2324 ais alors pour sauver le monde, il perd sa raison d’ être personnelle, et renie justement cette foi qu’il croyait mieux ser
2325 ieux servir dans le communisme ; ou bien il tâche de n’agir qu’en chrétien ; mais alors il devient un opposant, un « trotz
2326 a fin dernière du chrétien est présente en chacun de ses actes, ou bien n’est pas ; tandis que la fin dernière du marxiste
2327 ’on voit qu’en dépit du langage, la transcendance de la foi chrétienne se manifeste ici et maintenant et engage le tout de
2328 se manifeste ici et maintenant et engage le tout de l’homme ; tandis que l’immanence de la croyance marxiste renvoie sans
2329 ngage le tout de l’homme ; tandis que l’immanence de la croyance marxiste renvoie sans cesse le fait humain total dans un
2330 indéfini, et n’engage que certaines dispositions de l’être, celles-là précisément que l’avenir socialiste, la société san
2331 le chrétien sait que le bien naît du parfait. D’ une conséquence politique de la foi Je m’adresserai maintenant aux
2332 n naît du parfait. D’une conséquence politique de la foi Je m’adresserai maintenant aux chrétiens déclarés. J’en voi
2333 vois beaucoup qui estiment que la transformation de l’homme importe seule, puisqu’elle est, en effet, l’essentiel, et le
2334 puisqu’elle est, en effet, l’essentiel, et le but de tout autre changement. J’en vois beaucoup qui jugent que l’action per
2335 vois beaucoup qui jugent que l’action personnelle de charité et de sacrifice, pour le mieux-être du prochain, suffit à com
2336 qui jugent que l’action personnelle de charité et de sacrifice, pour le mieux-être du prochain, suffit à compléter, si je
2337 des risques financiers, et même parfois l’abandon de tous biens et d’intérêts humains très chers. Mais je demande à ces ch
2338 ciers, et même parfois l’abandon de tous biens et d’ intérêts humains très chers. Mais je demande à ces chrétiens « changés
2339 isme le plus « activiste ». Pourquoi refusent-ils de s’occuper de politique ? Comment se fait-il qu’un grand nombre d’entr
2340 « activiste ». Pourquoi refusent-ils de s’occuper de politique ? Comment se fait-il qu’un grand nombre d’entre eux s’en dé
2341 nt : « On ne peut pas tout faire ! Quand beaucoup d’ hommes seront changés, beaucoup de problèmes se poseront autrement… »
2342 ations toutes théoriques : elle doit nous avertir de corriger sans trêve la déviation spiritualiste qui menace notre vie c
2343 ue leur foi doit se manifester sur tous les plans de l’activité humaine, y compris le plan politique, ils ne répondront pa
2344 olitique chrétienne, déduite une fois pour toutes de la théologie. Mais je crois que le christianisme, aussitôt qu’il se m
2345 intime, à la création d’autres formes. Il importe de savoir lesquelles, et de les préparer consciemment. Sinon nous laisse
2346 utres formes. Il importe de savoir lesquelles, et de les préparer consciemment. Sinon nous laisserons le champ libre à tou
2347 ntes. Il se pose là, me semble-t-il, une question de solidarité, qui est une forme de la charité. Parfois aussi le devoir
2348 il, une question de solidarité, qui est une forme de la charité. Parfois aussi le devoir chrétien peut apparaître plus his
2349 fasciste ou soviétique : c’est la « mise au pas » de nos vies et de tous les aspects de nos vies, tant spirituels que maté
2350 iétique : c’est la « mise au pas » de nos vies et de tous les aspects de nos vies, tant spirituels que matériels, au servi
2351  mise au pas » de nos vies et de tous les aspects de nos vies, tant spirituels que matériels, au service de l’État déifié.
2352 s vies, tant spirituels que matériels, au service de l’État déifié. Cette situation n’est pas sans rappeler celle de l’Emp
2353 ié. Cette situation n’est pas sans rappeler celle de l’Empire romain au premier âge du christianisme, telle que nous l’évo
2354 p bien organisées). On parle, à tort ou à raison, d’ États chrétiens, ou de nations, de forces, de civilisation chrétiennes
2355 parle, à tort ou à raison, d’États chrétiens, ou de nations, de forces, de civilisation chrétiennes. Tout cela se trouve
2356 rt ou à raison, d’États chrétiens, ou de nations, de forces, de civilisation chrétiennes. Tout cela se trouve mis au défi
2357 son, d’États chrétiens, ou de nations, de forces, de civilisation chrétiennes. Tout cela se trouve mis au défi par l’exige
2358 xigence totalitaire, comme le prouve le spectacle de l’Allemagne. L’État nouveau veut qu’on l’adore, sinon déjà dans des f
2359 sent aux commandements du Décalogue, et au devoir d’ amour chrétien. Le conflit est inévitable. Suffira-t-il dès lors de se
2360 Le conflit est inévitable. Suffira-t-il dès lors de se laisser persécuter ? N’avons-nous rien à faire qu’à subir le marty
2361 Ou qu’à revêtir vis-à-vis de l’État une attitude d’ objecteurs de conscience ? N’avons-nous rien que nous-mêmes à sauver,
2362 tir vis-à-vis de l’État une attitude d’objecteurs de conscience ? N’avons-nous rien que nous-mêmes à sauver, alors que nos
2363 précise : un calviniste, doit être ici en mesure de répondre. De toutes les Églises chrétiennes, l’Église calviniste est
2364 calviniste, doit être ici en mesure de répondre. De toutes les Églises chrétiennes, l’Église calviniste est en effet la p
2365 elle qu’en passant les dragonnades et les guerres de religion qui les précèdent : on sait assez que ce fut la lutte d’une
2366 les précèdent : on sait assez que ce fut la lutte d’ une royauté déjà « totalitaire » contre des groupes, loyalistes il est
2367 certaine mise au pas. Il serait peut-être abusif de déduire d’une situation déterminée par la persécution brutale, que le
2368 ise au pas. Il serait peut-être abusif de déduire d’ une situation déterminée par la persécution brutale, que les Églises c
2369 Mais si nous remontons plus haut, jusqu’au règne de François Ier, c’est-à-dire jusqu’à une époque où la passion totalitai
2370 nsciemment fédérative42. Or il ne s’agit plus ici de contingences historiques. C’est le fond même de la doctrine calvinist
2371 i de contingences historiques. C’est le fond même de la doctrine calviniste qui s’exprime par cette structure. L’importanc
2372 ure. L’importance attachée par Calvin à la notion de vocation personnelle suffit à expliquer ce processus. À une éthique c
2373 spond nécessairement une organisation fédéraliste de l’Église, et même de l’État. Calvin n’a pas fondé, comme le répètent
2374 une organisation fédéraliste de l’Église, et même de l’État. Calvin n’a pas fondé, comme le répètent tous les manuels, une
2375 , une société théocratique, mais bien une société de type fédératif, respectant les diversités, voulues par Dieu, dans l’u
2376 par Dieu, dans l’unité spirituelle. Et les suites de cette création sont encore visibles aujourd’hui : nulle part l’esprit
2377 nulle part l’esprit totalitaire n’a trouvé moins de complicité et plus de résistance déclarée que dans les pays calvinist
2378 otalitaire n’a trouvé moins de complicité et plus de résistance déclarée que dans les pays calvinistes, où la notion de l’
2379 larée que dans les pays calvinistes, où la notion de l’autonomie des groupes reste vivace (Angleterre, Écosse, Suisse, Hol
2380 gne, la lutte des Églises contre l’emprise morale de l’État fut menée, on le sait, par Karl Barth : c’est-à-dire par un ca
2381 viniste… Je ne voudrais pas restreindre la portée de ce fait en l’opposant, comme il serait facile, à l’esprit unitaire et
2382 l’esprit unitaire et impérial qui anime l’Église de Rome. Le grand souci d’œcuménisme, que nous voyons gagner toutes les
2383 périal qui anime l’Église de Rome. Le grand souci d’ œcuménisme, que nous voyons gagner toutes les Églises, est une promess
2384 s, est une promesse à laquelle nous devons croire de toute la force de notre foi. Aussi ne veux-je tirer de mon exemple qu
2385 e à laquelle nous devons croire de toute la force de notre foi. Aussi ne veux-je tirer de mon exemple qu’une conclusion qu
2386 ute la force de notre foi. Aussi ne veux-je tirer de mon exemple qu’une conclusion que je crois valable pour tout chrétien
2387 ue Église qu’il appartienne. Nous avons tous reçu de Dieu un appel strictement personnel, un « charisme » dont nous sommes
2388 les. Nous ne pouvons donc pas approuver une forme d’ État qui, par définition, contredit toute diversité, toute autonomie s
2389 mie spirituelle au sein de la communauté. Il y va de notre tout, personnel, mais aussi de la valeur de la communauté pour
2390 uté. Il y va de notre tout, personnel, mais aussi de la valeur de la communauté pour tous les hommes qui la composent. Ne
2391 de notre tout, personnel, mais aussi de la valeur de la communauté pour tous les hommes qui la composent. Ne fût-ce que po
2392 Elle entraîne beaucoup de braves gens au service d’ une cause présentée comme une valeur de pères de famille. C’est en vér
2393 au service d’une cause présentée comme une valeur de pères de famille. C’est en vérité la croisade du matérialisme hypocri
2394 e d’une cause présentée comme une valeur de pères de famille. C’est en vérité la croisade du matérialisme hypocrite contre
2395 mes contre leur frère, le stalinisme : une guerre de religions qui ne sont pas les nôtres. Je prends ici parti contre une
2396 uniste. On nous donne à choisir entre deux sortes de matérialisme. Mais le communisme, au moins, voulait changer le monde…
2397 anger le monde… Contre les arguments démagogiques de nos croisés, je répète, après Berdiaev, après Gide : la « vérité » du
2398 après Gide : la « vérité » du communisme résulte de la trahison du christianisme par la chrétienté. Toutes les aspiration
2399 ns valables et généreuses du marxisme sont autant d’ essais de sauvetage de vérités chrétiennes égarées, déformées, ou « mi
2400 es et généreuses du marxisme sont autant d’essais de sauvetage de vérités chrétiennes égarées, déformées, ou « mises sous
2401 ses du marxisme sont autant d’essais de sauvetage de vérités chrétiennes égarées, déformées, ou « mises sous le boisseau p
2402 boisseau par les chrétiens ». Cela est vrai même de l’aspiration totalitaire, qui est monstrueuse dans ses formes actuell
2403 ais qui traduit encore, obscurément, l’aspiration d’ un Occident jadis chrétien, vers une économie sauvée : le Royaume où D
2404 ses chrétiennes ont à souffrir demain par le fait d’ un État tyrannique, il faut qu’elles sachent qu’elles en sont responsa
2405 i nos libertés civiques sont brimées, par le fait d’ une doctrine et d’un État « matérialistes », il faut savoir que nous e
2406 iques sont brimées, par le fait d’une doctrine et d’ un État « matérialistes », il faut savoir que nous en sommes les respo
2407 e. Tout le mal vient de notre esprit. C’est à lui de faire pénitence, car c’était lui qui devait témoigner de sa primauté
2408 e pénitence, car c’était lui qui devait témoigner de sa primauté salutaire. Mais il faut aussi repartir. La tragédie de Ma
2409 lutaire. Mais il faut aussi repartir. La tragédie de Marx et du marxisme, c’est de n’avoir pas su, ou pas pu opposer au me
2410 partir. La tragédie de Marx et du marxisme, c’est de n’avoir pas su, ou pas pu opposer au mensonge spiritualiste, la vérit
2411 ns pas à nous dresser contre la « vérité » déviée de Marx, contre une vérité orpheline, coupée des liens vivants qui l’att
2412  ! », disait l’Apôtre. Malheur à moi si je refuse de réaliser l’Évangile dans tous les domaines de la vie. La seule lutte
2413 use de réaliser l’Évangile dans tous les domaines de la vie. La seule lutte efficace contre le matérialisme, c’est la lutt
2414 ui supprimera la réalité présente. Les conditions de ce mouvement sont données par cette situation » (Marx, Deutsche Ideol
2415 » (Rom., 12, 5). D’autre part, Marx n’a pas cessé de critiquer l’« individu isolé et abstrait » (Thèses sur Feuerbach). 2
2416 ait » (Thèses sur Feuerbach). 24. Marx, Critique de la philosophie hégélienne du droit. 25. Au sens le plus large du ter
2417 t désigner aussi bien la « société sans classes » de Marx, que le « Royaume de Dieu » chrétien. 26. « Dans la pratique, l
2418  société sans classes » de Marx, que le « Royaume de Dieu » chrétien. 26. « Dans la pratique, l’homme doit prouver la vér
2419  Dans la pratique, l’homme doit prouver la vérité de sa pensée, c’est-à-dire sa réalité et sa puissance concrète. Réalité
2420 réalité et sa puissance concrète. Réalité ou non de la pensée humaine isolée du domaine pratique, c’est querelle de pure
2421 umaine isolée du domaine pratique, c’est querelle de pure scolastique » (Marx, 2e thèse sur Feuerbach). De même pour le ch
2422 s dit autre chose, contrairement aux affirmations de polémistes ignorants, ou qui jouent sur les deux sens du mot œuvres (
2423 et action concrète). 27. Je parle, bien entendu, de la religion telle que Marx la voyait, telle qu’elle lui apparaissait
2424 que a vu le grand réveil piétiste. 28. « L’armée de la critique ne peut évidemment remplacer la critique des armes » (Mar
2425 remplacer la critique des armes » (Marx, Critique de le philosophie hégélienne). Il faut en user, certes, mais elle ne suf
2426 e ne serait pas « dialectique ». « La coïncidence de la modification des circonstances et de la modification de l’activité
2427 ïncidence de la modification des circonstances et de la modification de l’activité humaine, ou transformation personnelle,
2428 ification des circonstances et de la modification de l’activité humaine, ou transformation personnelle, ne peut être ratio
2429 me ! Mais combien oubliée par le communiste moyen de nos jours ! 30. Selon Karl Barth, par exemple, la dogmatique n’est q
2430 ise s’adresse à elle-même, et qui a pour fonction de corriger sans cesse, de rectifier le message annoncé par la prédicati
2431 e, et qui a pour fonction de corriger sans cesse, de rectifier le message annoncé par la prédication et par les sacrements
2432 prédication et par les sacrements. C’est un acte d’ obéissance, et c’est aussi un acte d’humilité ; car toute parole humai
2433 ’est un acte d’obéissance, et c’est aussi un acte d’ humilité ; car toute parole humaine sur Dieu est nécessairement inadéq
2434 t ainsi qu’une mesure critique que l’Église prend de son message sous le rapport de sa fidélité à son fondement, à son con
2435 un programme théorique qu’il s’agirait maintenant d’ appliquer. En bref, la doctrine chrétienne, si l’on veut établir un pa
2436 s doute dangereux — ce serait la Personne vivante de Jésus-Christ, et non pas la théologie, simple autocritique de l’Églis
2437 ist, et non pas la théologie, simple autocritique de l’Église et du message que l’on prêche dans l’Église. 31. « S’attend
2438 c les mêmes inconvénients. Certes il y a des lois de l’histoire en ce sens qu’on retrouve les mêmes mécanismes partout où
2439 Mühlestein, rétorquait : « Toutes les révolutions de l’histoire de l’Occident, sont sorties de la religion chrétienne. Tou
2440 torquait : « Toutes les révolutions de l’histoire de l’Occident, sont sorties de la religion chrétienne. Toute autre cause
2441 lutions de l’histoire de l’Occident, sont sorties de la religion chrétienne. Toute autre cause est secondaire. » Et Henri
2442 t Henri de Man : « Je crois qu’il n’y a jamais eu de tentative révolutionnaire qui n’ait été d’origine chrétienne. S’il n’
2443 ais eu de tentative révolutionnaire qui n’ait été d’ origine chrétienne. S’il n’y a pas de socialisme en Asie, cela tient à
2444 ui n’ait été d’origine chrétienne. S’il n’y a pas de socialisme en Asie, cela tient à l’absence du christianisme. » Je not
2445 christianisme. » Je note ici, à l’appui des dires de de Man, que le mouvement syndicaliste au Japon a été fondé par un chr
2446 ions physiques et spirituelles en ce qu’elles ont de permanent », car alors, le marxiste me ferait observer que des facteu
2447 ferait observer que des facteurs très essentiels de l’être même peuvent varier selon les milieux et la nature des institu
2448 tutions. (Ainsi le besoin prétendu « primordial » de propriété, peut très bien être anéanti chez l’homme par un régime com
2449 me communiste.) Que reste-t-il dans l’être humain d’ absolument irréductible à toute transformation sociale ? La mort physi
2450 é. Mais aussi : la qualité, la fonction créatrice de l’esprit. En somme, tout l’essentiel ! — Je dis que toute doctrine qu
2451 Je dis que toute doctrine qui ne tient pas compte d’ une de ces conditions conduit nécessairement soit à l’idéalisme, soit
2452 que toute doctrine qui ne tient pas compte d’une de ces conditions conduit nécessairement soit à l’idéalisme, soit à son
2453 Le stalinisme totalitaire résulte nécessairement d’ une conception de l’homme purement social, qui néglige la fonction spi
2454 talitaire résulte nécessairement d’une conception de l’homme purement social, qui néglige la fonction spirituelle (créatri
2455 arisation du christianisme résulte nécessairement de l’Évangile ! 35. Déclaration d’un étudiant chinois au congrès mondia
2456 e nécessairement de l’Évangile ! 35. Déclaration d’ un étudiant chinois au congrès mondial de la Fédération des étudiants
2457 laration d’un étudiant chinois au congrès mondial de la Fédération des étudiants chrétiens. (Cf. Student World, automne 19
2458 erner Sombart, un de Man, et en France, le groupe de l’Ordre nouveau. (Cf. en particulier la Révolution nécessaire, par Ar
2459 n nécessaire, par Aron et Dandieu, et sa critique de la notion d’échange chez Marx.) 37. « Les pharisiens lui ayant deman
2460 par Aron et Dandieu, et sa critique de la notion d’ échange chez Marx.) 37. « Les pharisiens lui ayant demandé quand vien
2461 iens lui ayant demandé quand viendrait le Royaume de Dieu, Jésus leur répondit : Le Royaume de Dieu ne vient pas de manièr
2462 Royaume de Dieu, Jésus leur répondit : Le Royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards et l’on ne dira pa
2463 i, ou bien : il est là ! Car voici que le Royaume de Dieu est au-dedans de vous ! » (Luc, 17, 20-25.) 38. Je parle ici, l
2464 7, 20-25.) 38. Je parle ici, l’on m’entend bien, de ce que doit être un chrétien conséquent. Il est trop clair que nous r
2465 isons viennent de ceci : que nous n’acceptons pas de tout soumettre aux volontés de Dieu. Nous réservons certaines activit
2466 us n’acceptons pas de tout soumettre aux volontés de Dieu. Nous réservons certaines activités, celles-là précisément dont
2467 , et ceux des autres ! Exemple typique : l’auteur d’ un des cantiques les plus pieux du recueil anglais, sir John Browning,
2468 sous la menace des canons, à s’ouvrir au commerce de l’opium. Un tel fait donne raison en apparence à la critique marxiste
2469 en soi contraires à la justice, — ou à l’essence de la fin souhaitée. 40. Je ne cède pas ici à l’imagerie polémique des
2470 istes représentent chez nous, en général, l’élite de leur classe. Je ne les traite pas de menteurs, d’hypocrites, etc. Mai
2471 ral, l’élite de leur classe. Je ne les traite pas de menteurs, d’hypocrites, etc. Mais je dis qu’en tant qu’ils approuvent
2472 de leur classe. Je ne les traite pas de menteurs, d’ hypocrites, etc. Mais je dis qu’en tant qu’ils approuvent la politique
2473 je dis qu’en tant qu’ils approuvent la politique de Staline et ses moyens, connus de tous, ils approuvent le mensonge (af
2474 ent la politique de Staline et ses moyens, connus de tous, ils approuvent le mensonge (affaire Zinoviev), l’hypocrisie (en
2475 déportation des paysans, des écrivains), la haine de classe (prêchée par Marx) et la guerre (pour peu qu’elle soit censée
2476 r ici un jugement quelconque sur les groupes dits d’ Oxford. Je ne les cite qu’au seul titre d’exemple topique. 42. Le réd
2477 es dits d’Oxford. Je ne les cite qu’au seul titre d’ exemple topique. 42. Le rédacteur de cette « discipline » paraît avoi
2478 u seul titre d’exemple topique. 42. Le rédacteur de cette « discipline » paraît avoir été le pasteur Antoine de Chandieu,
2479 oine de Chandieu, mais l’intervention personnelle de Calvin dans l’élaboration du document ne fait pas de doute. « C’est,
2480 Calvin dans l’élaboration du document ne fait pas de doute. « C’est, dit F. de Schickler, une constitution très serrée en
2481 ratique, fédérative et parlementaire. » À la base de tout, il y a l’église locale, ou paroisse. Ces églises se fédèrent pa
2482 e. Ces églises se fédèrent par région. L’instance d’ appel est « la cour suprême du synode national ». (John Viénot, Histoi
2483 rême du synode national ». (John Viénot, Histoire de la Réforme française, I, p. 271.) 43. C’est-à-dire : fondée sur la n
2484 p. 271.) 43. C’est-à-dire : fondée sur la notion de vocation. 44. L’URSS est le seul État totalement totalitaire, disait
2485 isait récemment Victor Serge, écrivain communiste d’ opposition, au retour de sa déportation en Sibérie. bh. Texte initial
2486 erge, écrivain communiste d’opposition, au retour de sa déportation en Sibérie. bh. Texte initialement paru en français :
2487 ns du communisme » dans le texte original. bj. «  De la doctrine marxiste à la tactique stalinienne » dans l’original.
12 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 11. La baleine qui avait faim
2488 La baleine qui avait faimbk Pourquoi le besoin de chercher est-il si vital dans les monde occidental ? Concernant la re
2489 rnant la recherche en généralbl, il paraît facile de répondre : un homme qui cherche, c’est qu’il n’est pas satisfait de c
2490 omme qui cherche, c’est qu’il n’est pas satisfait de ce qu’il a. Mais cette réponse ne vaut que pour le chercheur occasion
2491 place, s’il en trouve une très bonne, il cessera de mettre des annonces dans le journal. La recherche dont je voudrais vo
2492 te par aucun résultat concret et limité. L’esprit de recherche a pour caractère décisif d’être sans fin ni cesse, d’être i
2493 é. L’esprit de recherche a pour caractère décisif d’ être sans fin ni cesse, d’être indéfiniment avide. Chaque nourriture q
2494 pour caractère décisif d’être sans fin ni cesse, d’ être indéfiniment avide. Chaque nourriture qu’il trouve, au lieu de l’
2495 encore son appétit. Par où l’on voit que l’esprit de recherche n’est pas un instinct animal, mais une passion spirituelle.
2496 mieux le définir qu’en vous résumant une légende de l’ancienne Russie orthodoxe et mystique, la légende de la Grande Bale
2497 ancienne Russie orthodoxe et mystique, la légende de la Grande Baleine45. Il y avait une fois une grande baleine que les h
2498 ait une fois une grande baleine que les habitants d’ un village avaient prise vivante, et qu’ils aimaient beaucoup. Elle av
2499 ce publique, on lui apporta des quantités énormes de nourriture, elle mangea tout, et dit qu’elle avait encore faim, aussi
2500 veux Dieu. » Cette légende marque le but extrême de toute la recherche des hommes. La Baleine voulait l’absolu, le Tout,
2501 itive. Elle voulait quelque chose qui fût au-delà de toute réponse partielle, précise, utile : au-delà de tout ce qu’on pe
2502 toute réponse partielle, précise, utile : au-delà de tout ce qu’on peut avoir ou même savoir : au-delà même de notre angoi
2503 ce qu’on peut avoir ou même savoir : au-delà même de notre angoisse fondamentale devant la vie, le monde et l’inconnu. Et
2504 ont ainsi droit au but, brûlant toutes les étapes de la recherche. Quelques-uns des plus grands savants, un Newton, un Ein
2505 plupart auraient peine à formuler l’objet précis de leur recherche, qui n’est jamais ceci ou cela seulement, mais un méla
2506 ent, mais un mélange — conscient ou inconscient — de tous les buts que je viens d’indiquer. Ce qu’ils ont en commun, du fa
2507 nt ou inconscient — de tous les buts que je viens d’ indiquer. Ce qu’ils ont en commun, du fait même qu’ils sont hommes et
2508 non pas simples animaux, c’est le besoin profond de dépasser leur condition présente, leurs données natives ou sociales.
2509 onnées natives ou sociales. Et l’horizon lointain de la recherche humaine, dans tous les ordres — de la mystique à la tech
2510 n de la recherche humaine, dans tous les ordres — de la mystique à la technique en passant par les arts et les sciences —
2511 u qu’on se refuse à lui donner. Ayant ainsi tenté de définir le sens dernier de la recherche en général, je me tournerai m
2512 ner. Ayant ainsi tenté de définir le sens dernier de la recherche en général, je me tournerai maintenant vers le problème
2513 tournerai maintenant vers le problème particulier de la recherche occidentale. La civilisation qui est née en Europe a dom
2514 grands traits généralement tenus pour des causes de faiblesse : je veux parler d’une certaine incertitude ou inquiétude,
2515 nus pour des causes de faiblesse : je veux parler d’ une certaine incertitude ou inquiétude, d’un certain désordre permanen
2516 parler d’une certaine incertitude ou inquiétude, d’ un certain désordre permanent. Les Chinois anciens et les Égyptiens, l
2517 iétique offre ou impose à l’homme des masses plus de sécurité et beaucoup moins de problèmes que nos libres démocraties. (
2518 mme des masses plus de sécurité et beaucoup moins de problèmes que nos libres démocraties. (C’est là tout le secret du suc
2519 n Europe bien plus qu’en Amérique, nous souffrons d’ une espèce d’inquiétude générale. Nous ne cessons de parler du « désar
2520 plus qu’en Amérique, nous souffrons d’une espèce d’ inquiétude générale. Nous ne cessons de parler du « désarroi de l’époq
2521 une espèce d’inquiétude générale. Nous ne cessons de parler du « désarroi de l’époque ». Nous avons l’impression de vivre
2522 générale. Nous ne cessons de parler du « désarroi de l’époque ». Nous avons l’impression de vivre dans un chaos sans cesse
2523 « désarroi de l’époque ». Nous avons l’impression de vivre dans un chaos sans cesse croissant, dans un maquis de contradic
2524 ans un chaos sans cesse croissant, dans un maquis de contradictions morales, intellectuelles et pratiques. D’où vient cett
2525 radictions morales, intellectuelles et pratiques. D’ où vient cette inquiétude fondamentale ? D’où, ce désordre permanent q
2526 iques. D’où vient cette inquiétude fondamentale ? D’ où, ce désordre permanent que les meilleurs esprits déplorent depuis d
2527 Je pense même qu’ils remontent aux sources vives de notre civilisation, et qu’ils en sont inséparables. Je les rattache à
2528 l’esprit scientifique. Notre inquiétude provient de notre foi, et nos incertitudes sont créées par la nature même de nos
2529 t nos incertitudes sont créées par la nature même de nos certitudes. Ce paradoxe s’explique d’une manière assez simple. Pr
2530 re même de nos certitudes. Ce paradoxe s’explique d’ une manière assez simple. Prenons l’exemple de l’homme chrétien. Il pe
2531 que d’une manière assez simple. Prenons l’exemple de l’homme chrétien. Il peut lire dans les Écritures « qu’il n’y a pas u
2532 aint. Il sait que le péché consiste à être séparé de la Vérité vivante, et que tous les hommes sont pécheurs. Il cherche d
2533 eurs. Il cherche donc. Il cherche à se rapprocher de la vérité et de la sainteté. Dans cet effort sans fin ni cesse il est
2534 donc. Il cherche à se rapprocher de la vérité et de la sainteté. Dans cet effort sans fin ni cesse il est pourtant souten
2535 c un inquiet perpétuel, mais qui sait les raisons de son inquiétude ; il sait qu’elle est normale, et non désespérée, puis
2536 -dire par sa certitude. Prenons ensuite l’exemple de l’homme scientifique. Celui-ci lit l’histoire des sciences. Elle lui
2537 es l’une après l’autre, et que pourtant la raison d’ être de la Science est de saisir des vérités certaines. Dans cet effor
2538 e après l’autre, et que pourtant la raison d’être de la Science est de saisir des vérités certaines. Dans cet effort sans
2539 t que pourtant la raison d’être de la Science est de saisir des vérités certaines. Dans cet effort sans fin ni cesse — ici
2540 sans fin ni cesse — ici encore — pour s’approcher d’ un but toujours fuyant, il est soutenu par sa confiance en la raison e
2541 ison et l’expérience vérifiante. La même exigence de rigueur, qui d’une part, sans relâche vient remettre en question les
2542 e l’on croyait acquises, d’autre part est le gage d’ un progrès vers le vrai. Ainsi donc, du désordre vers un certain ordre
2543 désordre, puis vers une nouvelle façon plus large de l’interpréter, la Science avance. Cette inquiétude perpétuelle, déter
2544 isations antiques et asiatiques, comme des essais de civilisations totalitaires. À la vérité sacrée et intangible réglant
2545 vérité sacrée et intangible réglant chaque détail de la vie, à l’ordre total et définitif décrétés par le roi-prêtre ou pa
2546 dictateur, l’Europe oppose l’idée et la pratique d’ une remise en question permanente de tout, d’une insatisfaction sans f
2547 t la pratique d’une remise en question permanente de tout, d’une insatisfaction sans fin, d’une inquiétude créatrice de dé
2548 ique d’une remise en question permanente de tout, d’ une insatisfaction sans fin, d’une inquiétude créatrice de désordres,
2549 ermanente de tout, d’une insatisfaction sans fin, d’ une inquiétude créatrice de désordres, et de révolutions bien sûr, mai
2550 satisfaction sans fin, d’une inquiétude créatrice de désordres, et de révolutions bien sûr, mais créatrice aussi de libert
2551 fin, d’une inquiétude créatrice de désordres, et de révolutions bien sûr, mais créatrice aussi de liberté. Incertitude et
2552 et de révolutions bien sûr, mais créatrice aussi de liberté. Incertitude et insatisfaction, contradictions, désordre, dés
2553 tion, contradictions, désordre, désarroi : autant de causes de faiblesse et de ruine, semble-t-il. Et pourtant, c’est tout
2554 radictions, désordre, désarroi : autant de causes de faiblesse et de ruine, semble-t-il. Et pourtant, c’est tout cela qui
2555 rdre, désarroi : autant de causes de faiblesse et de ruine, semble-t-il. Et pourtant, c’est tout cela qui a fait l’Europe.
2556 quiète et insatiable qui a poussé les navigateurs de la Renaissance à découvrir les autres peuples de la Terre, pour les c
2557 de la Renaissance à découvrir les autres peuples de la Terre, pour les convertir et les dominer, alors que nous Européens
2558 rsonne, notez-le bien. C’est une passion inquiète de vérifier sans cesse le pouvoir de l’homme sur la nature qui est à l’o
2559 assion inquiète de vérifier sans cesse le pouvoir de l’homme sur la nature qui est à l’origine des expériences physiologiq
2560 ues et mécaniques, que certains eurent le courage de risquer à la même époque. Et voici, à partir de ces pionniers, tout l
2561 siècle, à la technique. Or quel est le but final de notre effort technique, considéré dans son ensemble ? Déjà l’on nous
2562 éjà l’on nous fait entrevoir que les applications de l’énergie nucléaire et solaire permettront, vers la fin de ce siècle,
2563 gie nucléaire et solaire permettront, vers la fin de ce siècle, de réduire le travail des ouvriers à quelques dizaines d’h
2564 et solaire permettront, vers la fin de ce siècle, de réduire le travail des ouvriers à quelques dizaines d’heures par an,
2565 duire le travail des ouvriers à quelques dizaines d’ heures par an, pour une production décuplée. La technique conduit donc
2566 hnique conduit donc, en fait, vers une libération de l’homme. Mais cet homme libéré du travail, que va-t-il faire de ses l
2567 is cet homme libéré du travail, que va-t-il faire de ses loisirs, qui deviendront l’essentiel de sa vie ? Problème immense
2568 faire de ses loisirs, qui deviendront l’essentiel de sa vie ? Problème immense et tout nouveau, qui viendra se substituer
2569 e substituer aux problèmes économiques et sociaux d’ aujourd’hui, portant alors au premier plan les grandes questions d’édu
2570 rtant alors au premier plan les grandes questions d’ éducation et de culture. Ainsi, chaque réussite de la recherche occide
2571 premier plan les grandes questions d’éducation et de culture. Ainsi, chaque réussite de la recherche occidentale crée de n
2572 d’éducation et de culture. Ainsi, chaque réussite de la recherche occidentale crée de nouvelles incertitudes, appelant de
2573 chaque réussite de la recherche occidentale crée de nouvelles incertitudes, appelant de nouveaux progrès, c’est-à-dire de
2574 identale crée de nouvelles incertitudes, appelant de nouveaux progrès, c’est-à-dire de nouvelles recherches. J’ai tâché de
2575 tudes, appelant de nouveaux progrès, c’est-à-dire de nouvelles recherches. J’ai tâché de faire voir que le génie de la rec
2576 c’est-à-dire de nouvelles recherches. J’ai tâché de faire voir que le génie de la recherche est le génie même de l’Europe
2577 recherches. J’ai tâché de faire voir que le génie de la recherche est le génie même de l’Europe. J’ajouterai une dernière
2578 ir que le génie de la recherche est le génie même de l’Europe. J’ajouterai une dernière remarque : le génie de la recherch
2579 ope. J’ajouterai une dernière remarque : le génie de la recherche pure est la condition même de la survie de l’Europe. C’e
2580 génie de la recherche pure est la condition même de la survie de l’Europe. C’est en effet la technique et son progrès con
2581 recherche pure est la condition même de la survie de l’Europe. C’est en effet la technique et son progrès constant qui a p
2582 ontinent, simple « cap de l’Asie » comme on sait, de dominer toute la Planète. C’est la technique et son progrès constant
2583 ppé nos procédés et nos méthodes. Mais le progrès de la technique dépend de la recherche pure. Et celle-ci dépend à son to
2584 méthodes. Mais le progrès de la technique dépend de la recherche pure. Et celle-ci dépend à son tour de tout l’ensemble c
2585 la recherche pure. Et celle-ci dépend à son tour de tout l’ensemble culturel et spirituel de notre civilisation. Rien ne
2586 son tour de tout l’ensemble culturel et spirituel de notre civilisation. Rien ne serait donc plus faux ni plus dangereux p
2587 it donc plus faux ni plus dangereux pour nous que de maintenir des cloisons étanches entre la culture en général et la tec
2588 ure pure, la recherche pure, est l’origine réelle de nos progrès techniques. Et là-dessus une petite histoire vraie. C’éta
2589 . C’était il y a quatre ou cinq ans. Je cherchais de l’argent, comme il arrive, pour une entreprise culturelle. J’allai vo
2590 lturelle. J’allai voir un industriel qui fabrique d’ énormes turbines. Il m’écouta, distrait d’abord, puis impatient ; m’ex
2591 ’est qu’un luxe, et que l’important était d’abord de lutter contre le communisme, qu’il confondait, je le crains, avec les
2592 le crains, avec les réformes sociales. En sortant de chez lui, les mains vides, je me dis ceci : cet homme tire sa puissan
2593 des, je me dis ceci : cet homme tire sa puissance de la turbine, mais après tout ce n’est pas lui qui l’inventa. Qui donc 
2594 , dans une atmosphère très savante, mais pénétrée de spiritualité. Influencé par le piétisme, il pensait que sa science ab
2595 que sa science abstraite ne devait pas l’empêcher de se rendre utile aux hommes. Aussi dessina-t-il, à temps perdu, les pl
2596 mes. Aussi dessina-t-il, à temps perdu, les plans d’ une machine d’un type nouveau, qu’il baptisa turbine. Ainsi grâce au g
2597 sina-t-il, à temps perdu, les plans d’une machine d’ un type nouveau, qu’il baptisa turbine. Ainsi grâce au génie d’Euler,
2598 veau, qu’il baptisa turbine. Ainsi grâce au génie d’ Euler, au milieu culturel de Bâle, et au piétisme, des milliers d’ouvr
2599 Ainsi grâce au génie d’Euler, au milieu culturel de Bâle, et au piétisme, des milliers d’ouvriers et d’ingénieurs gagnent
2600 eu culturel de Bâle, et au piétisme, des milliers d’ ouvriers et d’ingénieurs gagnent leur vie, des paquebots traversent l’
2601 Bâle, et au piétisme, des milliers d’ouvriers et d’ ingénieurs gagnent leur vie, des paquebots traversent l’Océan, d’énorm
2602 gnent leur vie, des paquebots traversent l’Océan, d’ énormes capitaux s’amassent. 45. Je la tiens du grand écrivain russe
2603 . Texte initialement paru en français : « Le rôle de la recherche en Europe », Bulletin du Centre européen de la culture,
2604 4-janvier 1955, p. 9-13. bl. Traduit directement de l’édition américaine.
13 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 12. Le mouvement œcuménique et le fédéralisme
2605 es peuples qu’à partir du jour où il sera capable de répondre avec force et autorité aux questions politiques de notre tem
2606 e avec force et autorité aux questions politiques de notre temps. Qu’il le pressente, qu’il ait au moins une sorte de cons
2607 Qu’il le pressente, qu’il ait au moins une sorte de conscience anxieuse de l’œuvre à faire, c’est ce que prouvent ses « e
2608 ’il ait au moins une sorte de conscience anxieuse de l’œuvre à faire, c’est ce que prouvent ses « encycliques » improvisée
2609 uvent ses « encycliques » improvisées à la veille de la guerre. Qu’il soit encore très loin d’une vision dynamique de l’ac
2610 veille de la guerre. Qu’il soit encore très loin d’ une vision dynamique de l’action immédiate, c’est ce que prouvent ces
2611 u’il soit encore très loin d’une vision dynamique de l’action immédiate, c’est ce que prouvent ces mêmes déclarations. Ell
2612 es mêmes déclarations. Elles souffrent avant tout d’ un manque de ton, qui révèle un manque de nécessité intérieure. Elles
2613 larations. Elles souffrent avant tout d’un manque de ton, qui révèle un manque de nécessité intérieure. Elles expriment l’
2614 ant tout d’un manque de ton, qui révèle un manque de nécessité intérieure. Elles expriment l’accord d’un certain nombre de
2615 de nécessité intérieure. Elles expriment l’accord d’ un certain nombre de bonnes volontés, non pas l’élan d’une volonté pré
2616 ure. Elles expriment l’accord d’un certain nombre de bonnes volontés, non pas l’élan d’une volonté précise et combative. E
2617 certain nombre de bonnes volontés, non pas l’élan d’ une volonté précise et combative. Elles sont un respectable résultat,
2618 nt un respectable résultat, mais non pas un point de départ. Sans doute garderont-elles une valeur historique. Mais comme
2619 auront passé inaperçues en leur temps. Ce manque d’ efficacité des messages œcuméniques, dans le plan politique, provient
2620 ais il y a plus. L’erreur commise jusqu’ici a été d’ essayer de choisir prudemment une attitude politique plus ou moins jus
2621 plus. L’erreur commise jusqu’ici a été d’essayer de choisir prudemment une attitude politique plus ou moins juste d’une p
2622 moins juste d’une part, plus ou moins acceptable de l’autre. Sans doute n’était-il pas possible de faire davantage à ce m
2623 le de l’autre. Sans doute n’était-il pas possible de faire davantage à ce moment. En fait, on a examiné la situation mondi
2624 n a examiné la situation mondiale et l’on a tenté de l’améliorer, conformément à des principes indiscutés de morale chréti
2625 méliorer, conformément à des principes indiscutés de morale chrétienne et naturelle. Or le réformisme moral n’a jamais pu
2626 cer le cours des événements. L’histoire est faite d’ initiatives, non de retouches, de vœux et d’amendements. Et pour qu’un
2627 énements. L’histoire est faite d’initiatives, non de retouches, de vœux et d’amendements. Et pour qu’une initiative abouti
2628 stoire est faite d’initiatives, non de retouches, de vœux et d’amendements. Et pour qu’une initiative aboutisse, il faut q
2629 faite d’initiatives, non de retouches, de vœux et d’ amendements. Et pour qu’une initiative aboutisse, il faut qu’elle repr
2630 portée par une passion qui jaillisse du tréfonds de sa foi créatrice. Les hommes qui ont fait l’histoire sont ceux qui av
2631 toire sont ceux qui avaient une vision passionnée de leur but et qui ont su plier les circonstances à leur dessein. Dans u
2632 ain sens, nous dirons qu’ils partaient sans cesse d’ eux-mêmes, de leur foi ou de leur ambition, la plus profonde, et non p
2633 s dirons qu’ils partaient sans cesse d’eux-mêmes, de leur foi ou de leur ambition, la plus profonde, et non pas des donnée
2634 partaient sans cesse d’eux-mêmes, de leur foi ou de leur ambition, la plus profonde, et non pas des données et des aspira
2635 ons plus ou moins exactement connues ou supposées de leur époque. Leur action fut puissante dans la mesure exacte où elle
2636 la mesure exacte où elle fut l’expression directe de leur être. Si le mouvement œcuménique veut agir, et il le doit, il fa
2637 qu’il reconnaisse d’abord cette loi fondamentale de l’action. En d’autres termes, il faut que son action politique parte
2638 es termes, il faut que son action politique parte de lui-même, de ce qu’il a, de ce qu’il est, et de sa foi constitutive.
2639 faut que son action politique parte de lui-même, de ce qu’il a, de ce qu’il est, et de sa foi constitutive. Il n’a pas à
2640 ction politique parte de lui-même, de ce qu’il a, de ce qu’il est, et de sa foi constitutive. Il n’a pas à emprunter ici e
2641 e de lui-même, de ce qu’il a, de ce qu’il est, et de sa foi constitutive. Il n’a pas à emprunter ici et là pour composer u
2642 à emprunter ici et là pour composer une mosaïque de mesures désirables, mais au contraire sa position politique doit expr
2643 au contraire sa position politique doit exprimer d’ une façon nécessaire sa nature même. Ses déclarations doivent traduire
2644 e les principes qui sont impliqués dans la vision de l’œcuménisme. Rien que cela, mais tout cela, avec confiance, mais aus
2645 conséquence.bn Résumons-nous : il ne s’agit pas d’ adopter une politique accidentellement ou indirectement « chrétienne »
2646 t ou indirectement « chrétienne », mais il s’agit d’ actualiser la politique impliquée dès le début dans la volonté et l’es
2647 é et l’espérance œcuménique. Le présent essai n’a d’ autre ambition que d’esquisser les grandes lignes de ce développement,
2648 énique. Le présent essai n’a d’autre ambition que d’ esquisser les grandes lignes de ce développement, et d’en indiquer les
2649 autre ambition que d’esquisser les grandes lignes de ce développement, et d’en indiquer les articulations. Que l’on excuse
2650 uisser les grandes lignes de ce développement, et d’ en indiquer les articulations. Que l’on excuse le schématisme des page
2651 e schématisme des pages qui suivent : c’est celui d’ un plan de travail, d’un sommaire. Certains conflits permanents de l’
2652 sme des pages qui suivent : c’est celui d’un plan de travail, d’un sommaire. Certains conflits permanents de l’histoire o
2653 s qui suivent : c’est celui d’un plan de travail, d’ un sommaire. Certains conflits permanents de l’histoire ont pris de n
2654 ail, d’un sommaire. Certains conflits permanents de l’histoire ont pris de nos jours un caractère de violence sans précéd
2655 rtains conflits permanents de l’histoire ont pris de nos jours un caractère de violence sans précédent. À travers les comp
2656 de l’histoire ont pris de nos jours un caractère de violence sans précédent. À travers les complexités infinies de nos di
2657 ans précédent. À travers les complexités infinies de nos difficultés économiques, sociales, politiques et religieuses, ils
2658 , politiques et religieuses, ils se dégagent avec d’ autant plus de simplicité qu’ils ont atteint un climat presque mortel.
2659 t religieuses, ils se dégagent avec d’autant plus de simplicité qu’ils ont atteint un climat presque mortel. Conflit polit
2660 ivers conflits ne sont en réalité que les aspects d’ une seule et même opposition fondamentale, réfractée à des niveaux dif
2661 niveaux différents. Remarquons ensuite que chacun de ces termes opposés deux à deux est également faux en soi, c’est-à-dir
2662 let. Il s’ensuit que dans leur plan, il n’y a pas de solution possible. Ils sont inconciliables parce que, de la combinais
2663 tion possible. Ils sont inconciliables parce que, de la combinaison de deux erreurs, on ne peut faire sortir une vérité, m
2664 sont inconciliables parce que, de la combinaison de deux erreurs, on ne peut faire sortir une vérité, mais seulement une
2665 xie ne sera jamais retrouvée en faisant une somme d’ hérésies. Du conflit politique et économique, résultent pratiquement l
2666 oudre l’opposition unité-division, il serait vain de rechercher une solution intermédiaire ou « libérale », à mi-chemin de
2667 chemin des deux erreurs en lutte. Il faut changer de plan, et retrouver l’attitude centrale dont ces deux erreurs ne sont
2668 hie. Notre thèse étant la suivante : la théologie de l’œcuménisme implique une philosophie de la personne dont l’applicati
2669 héologie de l’œcuménisme implique une philosophie de la personne dont l’application est une politique du fédéralisme. Th
2670 it suggérer ce titre : nous ne voulons pas parler d’ une « théologie œcuménique », synthèse utopique des théologies existan
2671 s existantes, ou doctrine nouvelle qui risquerait de n’être compatible avec aucune des théologies existantes. Ce qui nous
2672 reprise. Le principal est celui-ci : la théologie de l’œcuménisme subsiste et tombe avec la foi dans l’union des chrétiens
2673 ist, cette foi pouvant être connotée par le rejet de l’hérésie unitaire. Certes, il n’est pas de pire menace pour le mouve
2674 rejet de l’hérésie unitaire. Certes, il n’est pas de pire menace pour le mouvement œcuménique que l’utopie et la tentation
2675 mouvement œcuménique que l’utopie et la tentation d’ une unité formelle, humainement vérifiable, assurée et définitive. Car
2676 ppositions que le mouvement œcuménique se propose de surmonter. C’est dans la mesure exacte où les Églises ont voulu trans
2677 na Sancta en une assurance visible et restrictive de l’unité (d’organisation ou de doctrine), c’est dans la mesure exacte
2678 une assurance visible et restrictive de l’unité ( d’ organisation ou de doctrine), c’est dans la mesure exacte où elles ont
2679 ible et restrictive de l’unité (d’organisation ou de doctrine), c’est dans la mesure exacte où elles ont douté d’une union
2680 ), c’est dans la mesure exacte où elles ont douté d’ une union par essence incontrôlable, qu’elles ont perdu leur communion
2681 u leur communion réelle. Rappelons ici l’histoire de la tour de Babel : la volonté de bâtir un monument visible à la gloir
2682 union réelle. Rappelons ici l’histoire de la tour de Babel : la volonté de bâtir un monument visible à la gloire de l’unit
2683 s ici l’histoire de la tour de Babel : la volonté de bâtir un monument visible à la gloire de l’unité des hommes, conduisi
2684 volonté de bâtir un monument visible à la gloire de l’unité des hommes, conduisit à la division de leur langage. Il convi
2685 re de l’unité des hommes, conduisit à la division de leur langage. Il convient de laisser aux théologiens le soin de défin
2686 duisit à la division de leur langage. Il convient de laisser aux théologiens le soin de définir la doctrine positive de l’
2687 e. Il convient de laisser aux théologiens le soin de définir la doctrine positive de l’union au nom de laquelle doit être
2688 éologiens le soin de définir la doctrine positive de l’union au nom de laquelle doit être condamnée l’hérésie unitaire. Do
2689 doit être condamnée l’hérésie unitaire. Doctrine de la multiplicité des dons accordés par le seul et même Père, ou doctri
2690 ns accordés par le seul et même Père, ou doctrine de la pluralité des demeures dans un seul et même ciel, ou encore doctri
2691 res dans un seul et même ciel, ou encore doctrine de la diversité des membres d’un seul et même corps : quel que soit le n
2692 l, ou encore doctrine de la diversité des membres d’ un seul et même corps : quel que soit le nom qu’on lui donne, en aucun
2693 om qu’on lui donne, en aucun cas elle ne manquera de fondements bibliques indiscutables. (Pour ma part, je n’en vois pas d
2694 es indiscutables. (Pour ma part, je n’en vois pas de meilleur que la première Épître aux Corinthiens : c’est dans ses appe
2695 union, précisément, que Paul établit avec le plus de force la légitimité des diversités. Ce qui me paraît d’une excellente
2696 ce la légitimité des diversités. Ce qui me paraît d’ une excellente méthode.) Est-il permis d’en appeler aussi au précédent
2697 e paraît d’une excellente méthode.) Est-il permis d’ en appeler aussi au précédent des sept Églises d’Asie, possédant chacu
2698 d’en appeler aussi au précédent des sept Églises d’ Asie, possédant chacune leur ange ? Ou à la parole « Soyez un comme le
2699 re et moi sommes un », qui établit le modèle même de l’union dans la distinction des personnes ? Posons ces questions-là a
2700 personnes ? Posons ces questions-là aux docteurs de l’Église. Mais voici ce que nous devons affirmer dès maintenant : la
2701 ous devons affirmer dès maintenant : la théologie de l’œcuménisme considère que la diversité des vocations divines n’est p
2702 des vocations divines n’est pas une imperfection de l’union, mais sa vie même. Un deuxième trait, complémentaire d’ailleu
2703 rs, doit être au moins rappelé ici : la théologie de l’œcuménisme ne vise pas à démanteler les orthodoxies existantes, dan
2704 ses, mais au contraire, elle a pour premier effet de les renforcer en les rendant plus conscientes de leurs valeurs authen
2705 de les renforcer en les rendant plus conscientes de leurs valeurs authentiques, et c’est par ce détour, précisément, qu’e
2706 écisément, qu’elle espère atteindre une communion d’ esprit en profondeur. En d’autres termes, l’appel à l’union ne s’adres
2707 l’union ne s’adresse pas aux dissidents virtuels de chaque Église, mais à leurs membres les plus fidèles. Toutefois, cett
2708 it à se fermer sur elle-même et à n’admettre plus de recours direct au chef de l’Église, lequel est au ciel à la droite de
2709 me et à n’admettre plus de recours direct au chef de l’Église, lequel est au ciel à la droite de Dieu, et non pas sur la t
2710 chef de l’Église, lequel est au ciel à la droite de Dieu, et non pas sur la terre, dans telle ville, ou dans tels écrits,
2711 se ou secte n’a jamais été capable, grâce à Dieu, de se fermer totalement aux inspirations du Saint-Esprit. Aucune Église
2712 sation ou leur doctrine particulière. Au principe d’ union transcendant qui assure la permanence de l’Église universelle, c
2713 ipe d’union transcendant qui assure la permanence de l’Église universelle, certaines ont ajouté, et peu à peu substitué en
2714 outé, et peu à peu substitué en fait, un principe d’ unité immanent, c’est-à-dire humainement contrôlable. C’est la formule
2715 re humainement contrôlable. C’est la formule même de la tyrannie. Car, contre un principe d’unité immanent, mais pratiquem
2716 mule même de la tyrannie. Car, contre un principe d’ unité immanent, mais pratiquement puis théoriquement absolutisé, il n’
2717 ement puis théoriquement absolutisé, il n’y a pas de recours ou d’appel possibles de la part du fidèle. Il doit se soumett
2718 oriquement absolutisé, il n’y a pas de recours ou d’ appel possibles de la part du fidèle. Il doit se soumettre ou sortir.
2719 tre ou sortir. S’il se soumet, il court le risque d’ obéir aux hommes plutôt qu’à Dieu. S’il sort, c’est avec amertume, et
2720 re réformée, je n’épiloguerai pas ici sur l’unité d’ organisation romaine, considérée comme nécessaire au salut. Mais je ra
2721 testante du xviiie siècle : une certaine manière de proclamer le dogme de l’inspiration littérale des Écritures, par exem
2722 ècle : une certaine manière de proclamer le dogme de l’inspiration littérale des Écritures, par exemple, revient à dispose
2723 ement des Écritures. Car aussitôt que le principe d’ unité apparaît humainement vérifiable, l’orthodoxie de l’Église se « f
2724 ité apparaît humainement vérifiable, l’orthodoxie de l’Église se « ferme » sur elle-même. D’où les schismes nombreux, dès
2725 rthodoxie de l’Église se « ferme » sur elle-même. D’ où les schismes nombreux, dès cette époque, dans les Églises calvinist
2726 e qui prétend se suffire et posséder son principe d’ unité, une Église qui tend à se fermer par le haut pour mieux assurer
2727 humaine, devient à la fois isolée et génératrice de schismes. Son attitude est donc doublement antiœcuménique. Sa volonté
2728 de est donc doublement antiœcuménique. Sa volonté d’ unité s’oppose à l’union. Elle transforme la diversité en division. Al
2729 dans ses membres ! La vie normale du corps dépend de la vitalité de chacun de ses membres, et la vie d’un membre dépend de
2730 s ! La vie normale du corps dépend de la vitalité de chacun de ses membres, et la vie d’un membre dépend de son harmonie a
2731 normale du corps dépend de la vitalité de chacun de ses membres, et la vie d’un membre dépend de son harmonie avec les au
2732 e la vitalité de chacun de ses membres, et la vie d’ un membre dépend de son harmonie avec les autres membres, assurée par
2733 acun de ses membres, et la vie d’un membre dépend de son harmonie avec les autres membres, assurée par l’appartenance à un
2734 rons plus loin, et à plusieurs reprises, ce thème de l’harmonie organique opposé au thème de l’unité systématique. Notons
2735 ce thème de l’harmonie organique opposé au thème de l’unité systématique. Notons qu’il n’entraîne aucunement un éloge de
2736 ique. Notons qu’il n’entraîne aucunement un éloge de la « tolérance » libérale à base d’indifférence dogmatique. Car l’har
2737 ment un éloge de la « tolérance » libérale à base d’ indifférence dogmatique. Car l’harmonie des membres n’est pas une tolé
2738 lement la division ou la duplication accidentelle d’ un même organe, n’ont rien de mieux à faire qu’à fusionner le plus tôt
2739 ication accidentelle d’un même organe, n’ont rien de mieux à faire qu’à fusionner le plus tôt possible. Philosophie de
2740 ’à fusionner le plus tôt possible. Philosophie de la personne Les positions œcuméniques que nous venons d’esquisser
2741 onne Les positions œcuméniques que nous venons d’ esquisser enveloppent une doctrine de l’homme. Au conflit qui oppose l
2742 nous venons d’esquisser enveloppent une doctrine de l’homme. Au conflit qui oppose l’unité et la division dans le plan de
2743 it qui oppose l’unité et la division dans le plan de l’Église, correspond terme à terme le conflit qui oppose la collectiv
2744 oppose la collectivité et l’individu dans le plan de la société. Et de même que l’œcuménisme retrouve la position spiritue
2745 personnalisme. Cherchons à illustrer les notions d’ individu, de collectivité, et de personne par des exemples historiques
2746 me. Cherchons à illustrer les notions d’individu, de collectivité, et de personne par des exemples historiques susceptible
2747 strer les notions d’individu, de collectivité, et de personne par des exemples historiques susceptibles de faire image. L’
2748 ersonne par des exemples historiques susceptibles de faire image. L’individu est une invention grecque, et sa naissance si
2749 recque, et sa naissance signale la naissance même de l’hellénisme. C’est l’homme de la tribu qui se met à réfléchir « pour
2750 la naissance même de l’hellénisme. C’est l’homme de la tribu qui se met à réfléchir « pour son compte », et qui, de ce fa
2751 i se met à réfléchir « pour son compte », et qui, de ce fait même, se distingue et s’isole. Raisonner, c’est d’abord doute
2752 ulse le « non-conformiste ». Ce sont ces expulsés de divers groupes qui fondent les premières thiases grecques, communauté
2753 ’intérêt commun et les contrats. Tous les membres de la tribu devaient agir de la même manière, minutieusement prescrite p
2754 trats. Tous les membres de la tribu devaient agir de la même manière, minutieusement prescrite par les usages, et toute di
2755 ent prescrite par les usages, et toute dissidence de conduite entraînait l’exécration ou la mort. Dans la cité, au contrai
2756 ncurrence, originalité, droits privés, conscience de soi, succèdent au respect des tabous et à la stricte observance du sa
2757 mouvement centrifuge par rapport à la communauté d’ origine, s’il se confond d’abord avec l’intelligence et la raison, ne
2758 vers l’anarchie. À ce moment se crée un sentiment de vide social. C’est une sorte d’angoisse diffuse d’où naît l’appel à u
2759 crée un sentiment de vide social. C’est une sorte d’ angoisse diffuse d’où naît l’appel à une communauté nouvelle et plus s
2760 e vide social. C’est une sorte d’angoisse diffuse d’ où naît l’appel à une communauté nouvelle et plus solide, où l’individ
2761 st Rome alors qui nous donnera le symbole éternel de la réaction collective. La victoire de Rome sur la Grèce est la premi
2762 le éternel de la réaction collective. La victoire de Rome sur la Grèce est la première victoire fatale de l’étatisme sur l
2763 Rome sur la Grèce est la première victoire fatale de l’étatisme sur l’individualisme devenu anarchique. Entre individualis
2764 aussi profonde qu’on l’imagine. Il s’agit plutôt d’ une succession inévitable. L’individu ne s’oppose à l’État qu’à la man
2765 même, l’étatisme ne fait qu’achever le processus de dissolution commencé par l’individualisme : il liquide les groupes ex
2766 es les initiatives individuelles. N’admettant pas de recours au-delà de son pouvoir, il se prive de toute inspiration créa
2767 individuelles. N’admettant pas de recours au-delà de son pouvoir, il se prive de toute inspiration créatrice. L’homme n’es
2768 as de recours au-delà de son pouvoir, il se prive de toute inspiration créatrice. L’homme n’est plus qu’une fonction socia
2769 ction sociale, un « soldat politique », dirait-on de nos jours. Et l’esprit périclite, faute de liberté. La Grèce individu
2770 te de liberté. La Grèce individualiste a triomphé de la communauté barbare du sang. Mais plus tard elle a sombré dans l’an
2771 rd elle a sombré dans l’anarchie. Rome a triomphé de l’anarchie et sombre maintenant sous le poids de son appareil collect
2772 de l’anarchie et sombre maintenant sous le poids de son appareil collectiviste. De nouveau se recrée le vide social. Quel
2773 le sera la nouvelle société ? En ce point crucial de l’histoire — dans une situation qui rappelle étrangement la lutte pré
2774 tisme totalitaire — se produit l’événement unique de l’Incarnation. Et il apporte à la question des temps la réponse étern
2775 orte à la question des temps la réponse éternelle de l’Église. Qu’est-ce que l’Église primitive, dans la perspective socio
2776 s plaçons ici ? Une communauté spirituelle formée de communautés locales ou « cellules ». Celles-ci ne se fondent pas sur
2777 ni leur chef : il s’est assis au ciel à la droite de Dieu. Leur ambition non plus n’est pas terrestre : elles attendent la
2778 pendant, elles constituent bel et bien les germes d’ une société véritable. Elles ont leur organisation sociale, leurs chef
2779 s. L’homme qui se convertit et s’incorpore à l’un de ces groupes y trouve d’une part une activité sociale qui le relie à s
2780 sociale qui le relie à ses « frères » et le sauve de la solitude ; d’autre part, il revêt une dignité humaine nouvelle, pu
2781 squ’il a été racheté, et qu’il a reçu la promesse de sa résurrection individuelle. Il est donc à la fois engagé et libéré,
2782 ’un seul et même fait : la vocation qu’il a reçue de l’Éternel. Cet homme d’un type nouveau n’est pas l’individu grec, pui
2783 la vocation qu’il a reçue de l’Éternel. Cet homme d’ un type nouveau n’est pas l’individu grec, puisqu’il se soucie davanta
2784 as l’individu grec, puisqu’il se soucie davantage de servir que de se distinguer. Il n’est pas non plus le simple rouage,
2785 grec, puisqu’il se soucie davantage de servir que de se distinguer. Il n’est pas non plus le simple rouage, la simple fonc
2786 omain, puisqu’il possède une dignité indépendante de son rôle social. Comment le baptiser ? Il faut un mot nouveau. Ou plu
2787 les docteurs grecs avaient adopté le terme latin de persona (rôle social). C’est ce même terme qui servira aux premiers p
2788 miers philosophes chrétiens à désigner la réalité de l’homme dans un monde christianisé. Car cet homme est, lui aussi, à l
2789 ns chrétiennes, ou pour mieux dire, des créations de l’Église chrétienne. Dans la personne ainsi définie se résout l’étern
2790 ation qu’il envoie à l’homme, distingue cet homme de tous les autres et le remet en relations concrètes avec ses semblable
2791 liberté est assurée par la possibilité constante de recourir directement à l’Éternel, au-dessus de la communauté. Et la c
2792 te de recourir directement à l’Éternel, au-dessus de la communauté. Et la communauté est liée par sa fidélité à l’Éternel.
2793 t le même fondement que les droits et les devoirs de l’ensemble. Ils ne sont plus contradictoires. Ce qui libère un homme
2794 me est aussi ce qui le rend responsable vis-à-vis d’ autrui. En retour, ce qui unit la communauté est aussi ce qui l’oblige
2795 chacun sa chance. Mais la liberté et l’engagement de la personne chrétienne se définissent du même coup par la formule : à
2796 ocation. Nous avons retrouvé, dans cette doctrine de l’homme, les mêmes structures que dans la doctrine de l’Église univer
2797 ’homme, les mêmes structures que dans la doctrine de l’Église universelle esquissée plus haut ; la même position centrale
2798 les droits des parties. De même que la théologie de l’œcuménisme prévient d’une part l’orthodoxie fermée, d’autre part la
2799 autre part la dissidence obstinée, la philosophie de la personne prévient d’une part le collectivisme oppressif, d’autre p
2800 adies. Dans le plan humain immanent, il n’y a pas d’ équilibre possible entre l’anarchie et l’unité forcée, l’individu et l
2801 mieux qu’un équilibre, il y a un principe vivant d’ union. Là où est l’Esprit, là est la liberté, mais là aussi est la vra
2802 développer maintenant les implications politiques de cette théologie et de cette philosophie. Politique du fédéralisme
2803 les implications politiques de cette théologie et de cette philosophie. Politique du fédéralisme Nous en avons assez
2804 avons assez dit pour qu’il soit désormais facile de voir qu’à l’attitude œcuménique en religion ne peut correspondre que
2805 fédéraliste en politique. Quant à la philosophie de la personne, elle sera normalement celle du bon citoyen d’une fédérat
2806 sonne, elle sera normalement celle du bon citoyen d’ une fédération. La devise paradoxale du fédéralisme helvétique : « Un
2807 ’œcuménisme exclut l’orthodoxie fermée, créatrice de schismes, et la dissidence obstinée. Le fédéralisme exclut de même l’
2808 ralisme exclut de même l’impérialisme, générateur de guerres, et le régionalisme borné et égoïste. (Remarquons d’ailleurs
2809 urs que l’impérialisme n’est que l’individualisme d’ un groupe ; et l’individualisme, l’impérialisme d’un homme isolé. De m
2810 d’un groupe ; et l’individualisme, l’impérialisme d’ un homme isolé. De même que l’État cesse d’être un vrai État dès qu’il
2811 alisme d’un homme isolé. De même que l’État cesse d’ être un vrai État dès qu’il se veut souverain absolu, l’homme cesse d’
2812 dès qu’il se veut souverain absolu, l’homme cesse d’ être un homme intégral dès qu’il absolutise sa liberté.) Le fédéralism
2813 liser. Car les tâches civiques y sont à l’échelle de l’individu et l’engagement concret dans la communauté y devient donc
2814 on avec le groupe, on a la possibilité matérielle d’ y faire entendre sa voix. Si cela ne suffit pas, on peut changer de gr
2815 e sa voix. Si cela ne suffit pas, on peut changer de groupe. L’on n’est donc pas isolé, comme l’individu se trouve isolé d
2816 l ou politique, ou professionnel. Cette pluralité d’ appartenances — qui trouverait son équivalent dans l’œcuménisme ecclés
2817 taire, qui prétend faire coïncider les frontières de l’État avec celles de toutes les activités sociales, spirituelles ou
2818 re coïncider les frontières de l’État avec celles de toutes les activités sociales, spirituelles ou privées — ce qui est l
2819 uelles ou privées — ce qui est la définition même de l’oppression. Le fédéralisme, comme l’œcuménisme, reconnaît que les d
2820 ît que les diversités régionales sont la vie même de l’Union. Mais par l’organe central qui lie toutes les régions, il mén
2821 , il ménage un recours au citoyen contre les abus de pouvoirs locaux. Il cherche la coopération organique de ses membres e
2822 voirs locaux. Il cherche la coopération organique de ses membres et non cette caricature de l’ordre qu’est l’unité dans l’
2823 organique de ses membres et non cette caricature de l’ordre qu’est l’unité dans l’uniformité. Au lieu de pétrifier les fr
2824 édération, il cherche à vivifier leurs foyers. Et de la sorte, à l’équilibre méfiant et statique des puissances affrontées
2825 glises » et par « régions ».bo Notre objet était d’ établir les relations suivantes : l’œcuménisme, le personnalisme et le
2826 nalisme et le fédéralisme sont les aspects divers d’ une seule et même attitude spirituelle. Ils s’engendrent l’un l’autre
2827 mes ambitions. Ils opposent également à la notion d’ unité rigide celle de communion ; à l’Empire, le Commonwealth ; à l’or
2828 posent également à la notion d’unité rigide celle de communion ; à l’Empire, le Commonwealth ; à l’ordre unitaire et géomé
2829 collaboration pluraliste et organique ; au couple de frères ennemis que forment l’individu déraciné et la masse totalitair
2830 ividu déraciné et la masse totalitaire, le couple de frères amis que forment la personne et la communauté fédérale. Vouloi
2831 énisme, ce serait priver l’organisation politique de ses fondements spirituels. Mais accepter l’œcuménisme sans vouloir ég
2832 iquebp Et maintenant nous voici dans le drame de la lutte entre l’Est et l’Ouestbq. Nous constatons que le conflit en
2833 e définitivement des démocraties, ce sera la mort d’ une culture et d’une économie, sans doute, mais ce sera surtout la sup
2834 des démocraties, ce sera la mort d’une culture et d’ une économie, sans doute, mais ce sera surtout la suppression de toute
2835 , sans doute, mais ce sera surtout la suppression de toute possibilité œcuménique, la subversion des valeurs universelles
2836 valeurs universelles créées par l’évangélisation de la conscience occidentale. D’autre part, si les démocraties capitalis
2837 alistes triomphent, aucun problème ne sera résolu de ce fait. Tout le monde sent ou pressent d’ailleurs que les deux terme
2838 e sent ou pressent d’ailleurs que les deux termes de cette alternative sont également improbables, et que les destructions
2839 rbr supprimeront pratiquement toutes possibilités de victoire réelle de l’un ou de l’autre parti. L’examen objectif des fo
2840 atiquement toutes possibilités de victoire réelle de l’un ou de l’autre parti. L’examen objectif des forces en présence ne
2841 toutes possibilités de victoire réelle de l’un ou de l’autre parti. L’examen objectif des forces en présence ne permet d’e
2842 ’examen objectif des forces en présence ne permet d’ envisager pour l’Europe et le monde de demain qu’une période de chaos
2843 e ne permet d’envisager pour l’Europe et le monde de demain qu’une période de chaos étatisé ; je ne dis même pas de « révo
2844 our l’Europe et le monde de demain qu’une période de chaos étatisé ; je ne dis même pas de « révolution ». Car pour qu’une
2845 une période de chaos étatisé ; je ne dis même pas de « révolution ». Car pour qu’une révolution se déclenche, il faut une
2846 confuses des peuples et aux nécessités pratiques de la paix. Elle seule s’oppose à la fois au capitalisme individualiste
2847 ujourd’hui proposer cette réponse ?bt Avant même de se demander si les Églises peuvent répondre, il faut qu’elles compren
2848 x termes ne se confondent-ils pas dans la réalité de la foi ? Certes ! Si les Églises sont fidèles à leur chef, elles save
2849 ègne et crée pour ceux qui croient la possibilité de faire ce qu’il demande. Dans l’état d’impuissance apparente où se voi
2850 ossibilité de faire ce qu’il demande. Dans l’état d’ impuissance apparente où se voient aujourd’hui les Églises, si cette f
2851 le sera suffisante. Aussi bien, certaines raisons de croire que l’Église peut agir, raisons que nous allons énumérer, sont
2852 précédé et prédéterminé les structures politiques d’ une nation. J’indiquerai trois groupes d’exemples de cette précédence
2853 litiques d’une nation. J’indiquerai trois groupes d’ exemples de cette précédence des facteurs religieux. Voilà le premier.
2854 une nation. J’indiquerai trois groupes d’exemples de cette précédence des facteurs religieux. Voilà le premier. A-t-on rem
2855 e premier. A-t-on remarqué qu’il existe une forme de totalitarisme correspondant à la Russie orthodoxe, une seconde, corre
2856 s calvinistes, même laïcisés, comme ce fut le cas de la France sous la Troisième République ? Comment expliquer ce fait ?
2857 République ? Comment expliquer ce fait ? À défaut d’ une étude nuancée — dont je ne puis donner ici que le thème —, je dira
2858 tre l’Église et l’État n’avait jamais été établie d’ une manière satisfaisante. Il en résultait, dans le peuple, le sentime
2859 ni, se virent contraints par le sentiment général de reprendre à leur compte le césaropapisme ou la théocratie dont ils tr
2860 les pays calvinistes, au contraire, la séparation de l’Église et de l’État a toujours été réelle — même lorsqu’elle n’étai
2861 istes, au contraire, la séparation de l’Église et de l’État a toujours été réelle — même lorsqu’elle n’était pas stricteme
2862 rictement établie par la loi. De même les devoirs de la vocation personnelle ont toujours été mis au-dessus des devoirs en
2863 te carence ne s’y est pas traduite par l’éclosion d’ une anti-religion totalitaire, mais par un phénomène contraire de disp
2864 gion totalitaire, mais par un phénomène contraire de dispersion individualiste. Autre exemple : l’Angleterre et les pays s
2865 ous voyons ce processus ecclésiastique se répéter de nos jours dans ces mêmes pays, cette fois-ci dans l’ordre politique e
2866 duit un contenu socialiste. (Là encore avec moins de secousses en Scandinavie qu’en Angleterre.) Troisième exemple : Calvi
2867 in s’est toujours refusé à établir une uniformité de gouvernement pour les diverses Églises qui se réclamaient de sa réfor
2868 ment pour les diverses Églises qui se réclamaient de sa réforme. L’Una Sancta nous apparaît ici-bas, selon ses propres ter
2869 ières ». Elle doit donc s’organiser en fédération de paroisses et de provinces, par synodes. Ce type de relations ecclésia
2870 it donc s’organiser en fédération de paroisses et de provinces, par synodes. Ce type de relations ecclésiastiques devait t
2871 e paroisses et de provinces, par synodes. Ce type de relations ecclésiastiques devait trouver sa traduction politique dans
2872 lth britannique, États-Unis d’Amérique. (La forme de « l’individualisme par groupes » dans ce dernier pays, étant prédéter
2873 e dernier pays, étant prédéterminée par le fait — d’ ordre ecclésiastique — qu’il fut fondé par des seceders.) Et l’on sait
2874 par des seceders.) Et l’on sait que les réformés de France, au xvie siècle, préconisèrent une organisation fédérative du
2875 n « Grand Dessein », c’est-à-dire le premier plan d’ une Europe confédérée. Il serait aisé de développer, de nuancer et de
2876 mier plan d’une Europe confédérée. Il serait aisé de développer, de nuancer et de multiplier de tels exemples. Je ne les i
2877 Europe confédérée. Il serait aisé de développer, de nuancer et de multiplier de tels exemples. Je ne les indique ici que
2878 érée. Il serait aisé de développer, de nuancer et de multiplier de tels exemples. Je ne les indique ici que pour montrer :
2879 t aisé de développer, de nuancer et de multiplier de tels exemples. Je ne les indique ici que pour montrer : 1° que la con
2880 nt tout effort fédératif sérieux. 2. La théologie de l’œcuménisme, et la philosophie de la personne qu’elle implique, sont
2881 . La théologie de l’œcuménisme, et la philosophie de la personne qu’elle implique, sont les seules bases actuellement conc
2882 es pour un ordre nouveau du monde. (La « religion de l’homme » que certains nous proposent est une contradiction dans les
2883 ns les termes, à moins qu’elle ne soit la formule de la religion totalitaire, sans transcendance, que précisément l’on se
2884 ns transcendance, que précisément l’on se propose de combattre !) D’autre part, la théologie de l’œcuménisme et la philoso
2885 ropose de combattre !) D’autre part, la théologie de l’œcuménisme et la philosophie de la personne sont les seules bases a
2886 t, la théologie de l’œcuménisme et la philosophie de la personne sont les seules bases actuellement existantes, et sur les
2887 puisse construire dès maintenant. (La « religion de l’homme », ou du surhomme, est encore à créer, et le temps presse !)
2888 st encore à créer, et le temps presse !) Chargées d’ éléments traditionnels, condensant tout ce que nous avons d’expérience
2889 traditionnels, condensant tout ce que nous avons d’ expérience de la paix, elles convoient et contiennent en même temps un
2890 s, condensant tout ce que nous avons d’expérience de la paix, elles convoient et contiennent en même temps un indiscutable
2891 organisation du Conseil œcuménique se trouve être de fait la seule Internationale en formation. On sait assez que les Inte
2892 pays où les Soviets ne règnent pas, sont en voie de divergence et non de convergence, sur le plan international. On a vu
2893 ne règnent pas, sont en voie de divergence et non de convergence, sur le plan international. On a vu les socialistes angla
2894 subsiste en dehors de l’œcuménisme, qui permette de mettre en relations des groupes nationaux non étatiques. Ce fait simp
2895 une vocation. 4. La renaissance liturgique qui va de pair, dans toutes les Églises, avec l’effort œcuménique, est en train
2896 n train de recréer un langage commun, un ensemble de communes mesures spirituelles. Ce langage au-dessus des langages répo
2897 répond exactement aux besoins les plus légitimes de notre temps. Il nous rend les vraies formules de la communauté vivant
2898 de notre temps. Il nous rend les vraies formules de la communauté vivante, celle qui rassemble les personnes, et non pas
2899 e et grossièrement encadrée, les individus privés de leur conscience normale. Du point de vue sociologique, la renaissance
2900 e par le mouvement œcuménique, marque l’avènement d’ une attitude personnaliste, au-delà de l’antinomie individu isolé-mass
2901 l’avènement d’une attitude personnaliste, au-delà de l’antinomie individu isolé-masse militarisée. 5. La théologie de l’œc
2902 individu isolé-masse militarisée. 5. La théologie de l’œcuménisme, la philosophie de la personne et la politique du fédéra
2903 . 5. La théologie de l’œcuménisme, la philosophie de la personne et la politique du fédéralisme sont seules en mesure, auj
2904 u fédéralisme sont seules en mesure, aujourd’hui, de synthétiser les vérités disjointes et tournées en erreurs, qui subsis
2905 ements totalitaires. Ceci résulte, théoriquement, de ce que nous avons exposé aux chapitres 1-3. Le mouvement œcuménique e
2906 . Le mouvement œcuménique est donc seul en mesure de préparer la réconciliation des adversaires actuels. Il ne se fonde pa
2907 les deux camps. (N’oublions pas que l’on combat, de part et d’autre, sans grand espoir, mais avec une pathétique sincérit
2908 amps. (N’oublions pas que l’on combat, de part et d’ autre, sans grand espoir, mais avec une pathétique sincérité.) Le tabl
2909 pathétique sincérité.) Le tableau que nous venons d’ esquisser est ambitieux. Il veut l’être, parce qu’il doit l’être. L’ac
2910 l’être. L’action du chrétien n’est jamais partie de la prudente considération des forces dont il croyait pouvoir disposer
2911 des forces dont il croyait pouvoir disposer, mais de ce que Dieu voulait qu’il fît. C’est toujours une utopie apparente ;
2912 s auteurs isolés l’ont fait entendre. Des groupes d’ intellectuels ont tenté de formuler certaines réponses partielles. Le
2913 t entendre. Des groupes d’intellectuels ont tenté de formuler certaines réponses partielles. Le sentiment obscur des peupl
2914 ités morales et politiques (personnalisme). Point d’ action constructive sans idéologie. Mais point d’idéologie valable san
2915 d’action constructive sans idéologie. Mais point d’ idéologie valable sans théologie. Et point de théologie efficace sans
2916 oint d’idéologie valable sans théologie. Et point de théologie efficace sans le soutien d’une catholicité réelle, d’une co
2917 e. Et point de théologie efficace sans le soutien d’ une catholicité réelle, d’une communauté humaine fondée dans la commun
2918 fficace sans le soutien d’une catholicité réelle, d’ une communauté humaine fondée dans la communion des saints. Cette comm
2919 on américaine : « Note. — On s’étonnera peut-être de ne pas voir figurer le terme de démocratie dans ce qui précède. C’est
2920 tonnera peut-être de ne pas voir figurer le terme de démocratie dans ce qui précède. C’est qu’il recouvre actuellement de
2921 ce qui précède. C’est qu’il recouvre actuellement de trop graves malentendus et abus. L’œcuménisme n’a pas à les reprendre
2922 . Dans le fédéralisme, démocrates et totalitaires de droite et de gauche pourront trouver la plénitude de leurs idéaux inc
2923 éralisme, démocrates et totalitaires de droite et de gauche pourront trouver la plénitude de leurs idéaux incomplets, sépa
2924 droite et de gauche pourront trouver la plénitude de leurs idéaux incomplets, séparés, et par là même déformés. À mon sens
2925 le fédéralisme est la seule possibilité pratique de réaliser la vraie démocratie. Mais il a le grand avantage de réaliser
2926 la vraie démocratie. Mais il a le grand avantage de réaliser en même temps ce qu’il y a de valable dans l’appel communaut
2927 d avantage de réaliser en même temps ce qu’il y a de valable dans l’appel communautaire que le totalitarisme a diaboliquem
2928 cette édition la version française, à l’exception de quelques coupes conservées de l’édition américaine, que nous mentionn
2929 aise, à l’exception de quelques coupes conservées de l’édition américaine, que nous mentionnons en note. bn. La dernière
2930 tionnons en note. bn. La dernière phrase absente de l’édition américaine. bo. Le paragraphe qui suit a été supprimé dans
2931 iste (centralisateur et individualiste à la fois) d’ un régime coopératif. Mais ceci nous entraînerait dans un exposé qui d
2932 entraînerait dans un exposé qui déborde le cadre de ce schéma doctrinal. » bp. « Mission fédératrice de l’œcuménisme » d
2933 ce schéma doctrinal. » bp. « Mission fédératrice de l’œcuménisme » dans le texte de 1946. bq. Le texte de 1946 indique :
2934 ssion fédératrice de l’œcuménisme » dans le texte de 1946. bq. Le texte de 1946 indique : « Et maintenant nous voici dans
2935 œcuménisme » dans le texte de 1946. bq. Le texte de 1946 indique : « Et maintenant nous voici dans le drame de l’année 19
2936 ndique : « Et maintenant nous voici dans le drame de l’année 1941 », et précise en note : « Je n’ai pas un mot à changer a
2937 dans les deux camps. Le totalitarisme est un état de guerre, qui ne peut subsister normalement. Il ne reste donc à prévoir
2938 e a supprimé les passages qui suivent : « Le rôle d’ Hitler est de détruire. Il détruit les contradictions intolérables d’u
2939 les passages qui suivent : « Le rôle d’Hitler est de détruire. Il détruit les contradictions intolérables d’une Europe qui
2940 ruire. Il détruit les contradictions intolérables d’ une Europe qui s’obstinait à parler de justice et de droit en restant
2941 ntolérables d’une Europe qui s’obstinait à parler de justice et de droit en restant capitaliste et nationaliste, et qui re
2942 une Europe qui s’obstinait à parler de justice et de droit en restant capitaliste et nationaliste, et qui refusait de se f
2943 tant capitaliste et nationaliste, et qui refusait de se fédérer. Hitler abat les barrières, le passé. C’est toute sa force
2944 it. Il n’y aurait plus qu’une table rase couverte de ruines pulvérisées. Le rôle de Churchill est de faire la guerre. Mais
2945 able rase couverte de ruines pulvérisées. Le rôle de Churchill est de faire la guerre. Mais il ne pourra pas la gagner rée
2946 e de ruines pulvérisées. Le rôle de Churchill est de faire la guerre. Mais il ne pourra pas la gagner réellement s’il ne p
2947 agner réellement s’il ne propose rien aux peuples de l’Europe. Or il dit qu’il n’en a pas le temps… Quant au rôle de Stali
2948 r il dit qu’il n’en a pas le temps… Quant au rôle de Staline, il paraît être de profiter de la guerre des autres pour cons
2949 e temps… Quant au rôle de Staline, il paraît être de profiter de la guerre des autres pour consolider l’autarcie russe… Ce
2950 nt au rôle de Staline, il paraît être de profiter de la guerre des autres pour consolider l’autarcie russe… Cette carence
2951 velle. Si les Églises n’y répondent pas, personne d’ autre, je le crains, ne répondra. »
14 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 13. La fin du pessimisme
2952 13. La fin du pessimismebu Le fameux sens de l’histoire, argument numéro 1 de la séduction progressiste, paraissai
2953 Le fameux sens de l’histoire, argument numéro 1 de la séduction progressiste, paraissait avoir mis une fois pour toutes
2954 ilière ; voilà qu’il se détourne horrifié et vire de bord, aux accents de la Marseillaise, en direction de 1848. (André F
2955 se détourne horrifié et vire de bord, aux accents de la Marseillaise, en direction de 1848. (André Fontaine, Le Monde, au
2956 ord, aux accents de la Marseillaise, en direction de 1848. (André Fontaine, Le Monde, au lendemain de la révolution hongr
2957 de 1848. (André Fontaine, Le Monde, au lendemain de la révolution hongroise.) Cinquante ans d’analyses pessimistes de not
2958 demain de la révolution hongroise.) Cinquante ans d’ analyses pessimistes de notre société et de son destin ont culminé dan
2959 hongroise.) Cinquante ans d’analyses pessimistes de notre société et de son destin ont culminé dans l’utopie de George Or
2960 te ans d’analyses pessimistes de notre société et de son destin ont culminé dans l’utopie de George Orwell 1984. Il y eut
2961 ociété et de son destin ont culminé dans l’utopie de George Orwell 1984. Il y eut d’abord ce titre subversif à l’aube du s
2962 if à l’aube du siècle : Les Illusions du progrès, de Georges Sorel. Puis on se mit à citer Bergson, réclamant un supplémen
2963 n se mit à citer Bergson, réclamant un supplément d’ âme pour ce corps subitement agrandi, le monde technique. Deux guerres
2964 ique. Deux guerres mondiales, ruinant le prestige de l’Europe et sa puissance, trois révolutions portant au pouvoir des ty
2965 e ce fut assez pour justifier le scepticisme amer de nos élites à l’égard de l’idée de progrès. Croire « encore » au progr
2966 cepticisme amer de nos élites à l’égard de l’idée de progrès. Croire « encore » au progrès disqualifiait son homme, et l’i
2967 rès disqualifiait son homme, et l’idée s’empressa d’ émigrer aux États-Unis et en URSS. Les penseurs de l’Europe, à peu prè
2968 d’émigrer aux États-Unis et en URSS. Les penseurs de l’Europe, à peu près unanimes, entrèrent en dissidence et se mirent à
2969 tivement ou cyniquement, au nom de la réaction ou de la révolution, ils ne nous parlaient plus que d’une Crise de l’Esprit
2970 de la révolution, ils ne nous parlaient plus que d’ une Crise de l’Esprit, d’une Décadence de l’Occident, d’une Trahison d
2971 ution, ils ne nous parlaient plus que d’une Crise de l’Esprit, d’une Décadence de l’Occident, d’une Trahison des Clercs, d
2972 nous parlaient plus que d’une Crise de l’Esprit, d’ une Décadence de l’Occident, d’une Trahison des Clercs, d’un Monde san
2973 plus que d’une Crise de l’Esprit, d’une Décadence de l’Occident, d’une Trahison des Clercs, d’un Monde sans âme, de la Fra
2974 Crise de l’Esprit, d’une Décadence de l’Occident, d’ une Trahison des Clercs, d’un Monde sans âme, de la France contre les
2975 cadence de l’Occident, d’une Trahison des Clercs, d’ un Monde sans âme, de la France contre les robots, de la machine contr
2976 , d’une Trahison des Clercs, d’un Monde sans âme, de la France contre les robots, de la machine contre l’homme, de l’homme
2977 n Monde sans âme, de la France contre les robots, de la machine contre l’homme, de l’homme contre l’humain, de la fin des
2978 contre les robots, de la machine contre l’homme, de l’homme contre l’humain, de la fin des illusions, de la fin de tout.
2979 chine contre l’homme, de l’homme contre l’humain, de la fin des illusions, de la fin de tout. L’Anti-moderne de Maritain e
2980 l’homme contre l’humain, de la fin des illusions, de la fin de tout. L’Anti-moderne de Maritain et les Temps modernes de C
2981 ntre l’humain, de la fin des illusions, de la fin de tout. L’Anti-moderne de Maritain et les Temps modernes de Chaplin, la
2982 L’Anti-moderne de Maritain et les Temps modernes de Chaplin, la métaphysique pure et les clichés primaires, les dénonciat
2983 ne sans précédent, un asservissement sans recours de l’homme aux puissances anonymes, la machine, la police et l’État. Orw
2984 dre à l’Europe de l’Ouest, à supprimer le facteur de résistance humaine, à désespérer d’une manière exemplaire — convainqu
2985 er le facteur de résistance humaine, à désespérer d’ une manière exemplaire — convainquant les lecteurs qu’il voulait révol
2986 prême. Et Kafka n’était plus que le Jean-Baptiste d’ une sorte d’Évangile à rebours, « mauvaise nouvelle » d’une démission
2987 fka n’était plus que le Jean-Baptiste d’une sorte d’ Évangile à rebours, « mauvaise nouvelle » d’une démission fatale. Les
2988 sorte d’Évangile à rebours, « mauvaise nouvelle » d’ une démission fatale. Les émeutes de Poznań, la résistance de Varsovie
2989 se nouvelle » d’une démission fatale. Les émeutes de Poznań, la résistance de Varsovie et la révolution de Budapest ont re
2990 sion fatale. Les émeutes de Poznań, la résistance de Varsovie et la révolution de Budapest ont renversé le cours de cette
2991 oznań, la résistance de Varsovie et la révolution de Budapest ont renversé le cours de cette immense dérive et restauré d’
2992 t la révolution de Budapest ont renversé le cours de cette immense dérive et restauré d’un coup l’espoir. La nature humain
2993 ersé le cours de cette immense dérive et restauré d’ un coup l’espoir. La nature humaine, niée par Sartre, triomphait dans
2994 qui n’avait appris que le mensonge. Ses pouvoirs de résistance à Big Brother, niés par Orwell, ont éclaté dans les rues d
2995 rother, niés par Orwell, ont éclaté dans les rues de Budapest. Sa faculté de revendiquer et d’imposer un sens positif à la
2996 ont éclaté dans les rues de Budapest. Sa faculté de revendiquer et d’imposer un sens positif à la vie, niée par Kafka, s’
2997 es rues de Budapest. Sa faculté de revendiquer et d’ imposer un sens positif à la vie, niée par Kafka, s’est attestée dans
2998 des ouvriers unis aux étudiants. L’intelligentsia de l’Ouest voyait venir Quatre-vingt-quatre. Et soudain, celle de l’Est
2999 yait venir Quatre-vingt-quatre. Et soudain, celle de l’Est lui répond Quarante-huit. C’est quatre-vingt-quatre inversé. Ja
3000 e inversé. Jamais chiffres ne furent plus chargés de symboles. Essayons de les interpréter. Tout ce qui compte en Europe,
3001 fres ne furent plus chargés de symboles. Essayons de les interpréter. Tout ce qui compte en Europe, depuis un demi-siècle
3002 à la fois, sous peine de ne plus compter. Inutile de citer des noms : ce seraient ceux, justement, que tout le monde conna
3003 s. On pourrait m’objecter Valéry, hédoniste épris de la règle et persuadé de la valeur des conventions ; mais n’est-ce pas
3004 r Valéry, hédoniste épris de la règle et persuadé de la valeur des conventions ; mais n’est-ce pas lui qui ouvrit, en 1919
3005 re »  ? On pourrait m’objecter Claudel, optimiste de style baroque et fonctionnaire du premier rang ; mais sa phrase est p
3006 pour tel dans les cafés, et sa foi prend l’allure d’ un défi. On pourrait m’objecter Saint-John Perse, mais justement il a
3007 il en soi. Tous les autres sont contre le siècle, d’ une manière encore plus évidente, soit qu’ils attaquent avec acharneme
3008 e aussi, fût-ce par son seul échec, la dissidence de la pensée dans le monde moderne. À partir de 1919, les influences dom
3009 dominantes sur nos élites créatrices sont celles de Nietzsche, de Rimbaud, de Kierkegaard et de Dostoïevski. Il est remar
3010 r nos élites créatrices sont celles de Nietzsche, de Rimbaud, de Kierkegaard et de Dostoïevski. Il est remarquable que ce
3011 créatrices sont celles de Nietzsche, de Rimbaud, de Kierkegaard et de Dostoïevski. Il est remarquable que ce siècle n’ait
3012 elles de Nietzsche, de Rimbaud, de Kierkegaard et de Dostoïevski. Il est remarquable que ce siècle n’ait retenu du précéde
3013 onc antibourgeois, j’entends bien dans le domaine de l’éthique et de l’esprit. Mais rien ne compte en fait que par la bour
3014 s, j’entends bien dans le domaine de l’éthique et de l’esprit. Mais rien ne compte en fait que par la bourgeoisie. C’est e
3015 ancêtres. Et c’est elle aujourd’hui qui est prise d’ angoisse devant ce qu’ils dénonçaient en vain. C’est elle qui croit au
3016 le progrès. C’est elle enfin qui cède au vertige de l’histoire, s’imagine que son heure est passée, que le Prolétariat do
3017 vrai malgré lui. Curieux pouvoir des pessimistes de l’autre siècle sur les héritiers de leurs ennemis ! La bourgeoisie du
3018 s pessimistes de l’autre siècle sur les héritiers de leurs ennemis ! La bourgeoisie du xixe fut optimiste en dépit des so
3019 le travail l’enrichissait. Aujourd’hui, l’ouvrier d’ usine bénéficie des soins jaloux de l’État. Encore un peu, et la techn
3020 hui, l’ouvrier d’usine bénéficie des soins jaloux de l’État. Encore un peu, et la technique elle-même l’aura délivré de la
3021 un peu, et la technique elle-même l’aura délivré de la chaîne. Mais c’est le bourgeois qui en vient alors à craindre le r
3022 rable des machines, et qui conçoit, avec cent ans de retard, un pessimisme fataliste et résigné. Dans ce décalage séculair
3023 laire entre la conscience et le réel, naît l’idée d’ une pensée impuissante, d’une réalité terrifiante et d’un sens fatal d
3024 et le réel, naît l’idée d’une pensée impuissante, d’ une réalité terrifiante et d’un sens fatal de l’Histoire, dont Big Bro
3025 pensée impuissante, d’une réalité terrifiante et d’ un sens fatal de l’Histoire, dont Big Brother sera l’aboutissement. J’
3026 nte, d’une réalité terrifiante et d’un sens fatal de l’Histoire, dont Big Brother sera l’aboutissement. J’ai tu jusqu’ici
3027 ms, qui dominent pourtant ce tableau. L’influence de Marx et de Freud sur les classes dirigeantes de l’Occident dépasse de
3028 inent pourtant ce tableau. L’influence de Marx et de Freud sur les classes dirigeantes de l’Occident dépasse de loin la co
3029 e de Marx et de Freud sur les classes dirigeantes de l’Occident dépasse de loin la conscience qu’elles en ont, la connaiss
3030 sur les classes dirigeantes de l’Occident dépasse de loin la conscience qu’elles en ont, la connaissance qu’elles ont pu p
3031 onnaissance qu’elles ont pu prendre du Capital ou de la Science des rêves, et les jugements qu’elles avoueraient à leur su
3032 peu sadique. Ce succès n’est pas dû à la lecture de leurs œuvres ardues et complexes, mais à l’intention polémique qui di
3033 dirigea leur entreprise, et qui imposa leur angle de vision même à ceux qui refusaient leurs thèses ou contestaient leurs
3034 s arguments. Il s’agit, au plein sens des termes, d’ un succès de scandale, d’un choc profanateur, d’un renversement des ta
3035 Il s’agit, au plein sens des termes, d’un succès de scandale, d’un choc profanateur, d’un renversement des tabous. La bou
3036 u plein sens des termes, d’un succès de scandale, d’ un choc profanateur, d’un renversement des tabous. La bourgeoisie du x
3037 , d’un succès de scandale, d’un choc profanateur, d’ un renversement des tabous. La bourgeoisie du xixe frappait d’interdi
3038 ment des tabous. La bourgeoisie du xixe frappait d’ interdit deux sujets dans les conversations de la table de famille ou
3039 ait d’interdit deux sujets dans les conversations de la table de famille ou des salons, et c’étaient le sexe et l’argent.
3040 it deux sujets dans les conversations de la table de famille ou des salons, et c’étaient le sexe et l’argent. Tout devait
3041 ient le sexe et l’argent. Tout devait avoir l’air de se passer dans le monde comme si ces choses n’existaient pas. Les gra
3042 enfants naissaient dans les choux, et le langage d’ un homme tel que Victor Hugo (sauf dans ses petits carnets intimes) re
3043 s intimes) restait prude. Subitement Marx attaque de sa voix grasseyante : parlons d’argent, c’est le secret du drame soci
3044 ent Marx attaque de sa voix grasseyante : parlons d’ argent, c’est le secret du drame social. Mais Freud un peu plus tard :
3045 t le secret du drame individuel. Et voilà le choc de la reconnaissance, l’illumination fulgurante, l’illusion que le facte
3046 es. Appliquer l’analyse marxiste au milieu social de Freud, la psychanalyse au cas individuel de Marx, les critères freudi
3047 ocial de Freud, la psychanalyse au cas individuel de Marx, les critères freudiens et marxistes à la Bourgeoisie même et au
3048 Bourgeoisie même et au Prolétariat (cette figure de terreur longtemps refoulée dans l’inconscient de la Société) — tout c
3049 de terreur longtemps refoulée dans l’inconscient de la Société) — tout cela met en lumière l’intention polémique qui anim
3050 mes, sans doute, méritèrent à ce point qu’on dise d’ eux qu’ils ont « fait leur temps », au double sens de l’expression. Qu
3051 ux qu’ils ont « fait leur temps », au double sens de l’expression. Que Freud soit dépassé dans son propre domaine, et surt
3052 omaine, et surtout débordé par le retour en force de réalités religieuses qu’il tenait pour autant d’illusions ; que Marx
3053 de réalités religieuses qu’il tenait pour autant d’ illusions ; que Marx se soit trompé dans toutes ses prévisions (sauf d
3054 , se voient aujourd’hui démentis. L’élargissement de la conscience humaine aux dimensions de la planète fait apparaître la
3055 gissement de la conscience humaine aux dimensions de la planète fait apparaître la psyché du monde bourgeois (seule étudié
3056 s l’espace et le temps. D’autre part, l’ascension d’ un Staline, son long règne et sa chute posthume, les grandes explosion
3057 plosions libertaires du « Printemps » polonais et de l’Octobre hongrois, enfin l’essor libérateur de la technique dans les
3058 t de l’Octobre hongrois, enfin l’essor libérateur de la technique dans les régimes capitalistes avancés, tout échappe à la
3059 capitalistes avancés, tout échappe à la prévision de la fameuse dialectique marxiste. Toujours prônée par ses disciples co
3060 ts, en est réduite à restaurer des dogmes à coups de mensonges. Si les ouvriers de Czepel ne sont pas des « fascistes impo
3061 des dogmes à coups de mensonges. Si les ouvriers de Czepel ne sont pas des « fascistes importés », la dialectique n’est p
3062  » comme eût dit Marx lui-même, et le « mouvement de l’histoire » un mauvais alibi pour nos démissions personnelles. Le dr
3063 alibi pour nos démissions personnelles. Le droit d’ opposition redevient créateur. Et la question n’est plus de supputer l
3064 ion redevient créateur. Et la question n’est plus de supputer le « sens inévitable » de l’Histoire, mais de la faire. L’u
3065 ion n’est plus de supputer le « sens inévitable » de l’Histoire, mais de la faire. L’utopie masochiste d’Orwell prolongea
3066 pputer le « sens inévitable » de l’Histoire, mais de la faire. L’utopie masochiste d’Orwell prolongeait le cauchemar stal
3067 ’Histoire, mais de la faire. L’utopie masochiste d’ Orwell prolongeait le cauchemar stalinien, l’épurait, si j’ose dire, l
3068 Tout portait l’intelligentsia à confondre ce rêve d’ angoisse avec notre avenir historique, à tenir cette logique démente p
3069 que, à tenir cette logique démente pour l’annonce d’ une fatalité. A-t-il vraiment suffi d’un « dégel » temporaire, d’une r
3070 r l’annonce d’une fatalité. A-t-il vraiment suffi d’ un « dégel » temporaire, d’une révolution écrasée, d’une révolte larvé
3071 A-t-il vraiment suffi d’un « dégel » temporaire, d’ une révolution écrasée, d’une révolte larvée de la jeunesse russe elle
3072 n « dégel » temporaire, d’une révolution écrasée, d’ une révolte larvée de la jeunesse russe elle-même, pour briser le cour
3073 e, d’une révolution écrasée, d’une révolte larvée de la jeunesse russe elle-même, pour briser le cours de cette fatalité e
3074 la jeunesse russe elle-même, pour briser le cours de cette fatalité et pour renverser nos destins ? Le traumatisme provoqu
3075 URSS, n’aurait-il pas créé l’illusion romantique d’ un renouveau de la liberté, d’un faux réveil rêvé pendant un long cauc
3076 -il pas créé l’illusion romantique d’un renouveau de la liberté, d’un faux réveil rêvé pendant un long cauchemar qui serai
3077 illusion romantique d’un renouveau de la liberté, d’ un faux réveil rêvé pendant un long cauchemar qui serait, en fin de co
3078 lité ? On pourrait s’inquiéter si d’autres séries de faits, indépendants d’ailleurs des récents événements de l’Est, ne ve
3079 s, indépendants d’ailleurs des récents événements de l’Est, ne venaient corroborer un optimisme neuf. Budapest a gagné sa
3080 ettons que cela n’est pas tout. Mais qu’en est-il de l’Occident ? Trois représentations vagues, mais obsédantes assombriss
3081 du plan total, ordonnant toute la vie au service de l’État. Un certain déterminisme historique faisait prévoir la « décad
3082 minisme historique faisait prévoir la « décadence de l’Occident » et considérait comme fatal l’écrasement de l’Europe entr
3083 ccident » et considérait comme fatal l’écrasement de l’Europe entre les blocs. Un certain déterminisme technologique, enfi
3084 évèle une tendance générale au réveil des valeurs de liberté. Première illusion fataliste : « L’URSS est l’avenir ». L’URS
3085 « L’URSS est l’avenir ». L’URSS était le paradis de la classe ouvrière, les USA le dernier bastion du capitalisme exploit
3086 les USA se voyaient condamnés par le « mouvement de l’histoire ». Telle était la religion des « progressistes ». Voyons l
3087 marxistes, mais les jette dans des crises aiguës de dialectique. Ils le jugent grossièrement matérialiste, et au surplus
3088 jugent grossièrement matérialiste, et au surplus de mauvaise foi. Plus finement, Bertrand de Jouvenel, comparant les écon
3089 uvenel, comparant les économies des États-Unis et de l’URSS, a montré que l’entreprise communiste n’apporte rien qui la di
3090 e n’apporte rien qui la distingue essentiellement de l’entreprise capitaliste dans son développement historique, mais qu’a
3091 e définie par la remise au travailleur des fruits de son travail, serait l’œuvre du communisme. Or l’examen des chiffres e
3092 l’URSS est l’avenir ! », répéteront nos maniaques de l’Histoire. Drôle d’avenir, qui s’essouffle à rejoindre un « passé »
3093  », répéteront nos maniaques de l’Histoire. Drôle d’ avenir, qui s’essouffle à rejoindre un « passé » rituellement dénoncé
3094 es prospectus publicitaires vantant les bienfaits de la cure, on se contente d’en vérifier les résultats, on voit que le p
3095 vantant les bienfaits de la cure, on se contente d’ en vérifier les résultats, on voit que le progrès est à l’Ouest, le se
3096 ue le progrès est à l’Ouest, le servage et la loi d’ airain à l’Est, et qu’une classe ouvrière mieux informée qu’endoctriné
3097 ieux informée qu’endoctrinée, si elle a à choisir d’ émigrer, choisirait en masse l’Amérique. Comme l’ont fait la plupart d
3098 ouvriers hongrois réfugiés en Autriche et libres de parler. Il n’en reste pas moins frappant de constater que l’avenir, a
3099 ibres de parler. Il n’en reste pas moins frappant de constater que l’avenir, aux yeux de ces Hongrois, s’il n’est pas l’UR
3100 cinq États « souverains » — incapables d’ailleurs de prouver qu’ils le sont — se voyait promise par l’Histoire à des parta
3101 ent vers l’union fédérale, déclenché au lendemain de la guerre par les congrès de Montreux et de La Haye, a produit le Con
3102 clenché au lendemain de la guerre par les congrès de Montreux et de La Haye, a produit le Conseil de l’Europe, CECA, le Ma
3103 emain de la guerre par les congrès de Montreux et de La Haye, a produit le Conseil de l’Europe, CECA, le Marché commun et
3104 e dans l’esprit des nationalistes attardés. Aucun de nos États ne peut se défendre seul. Aucun ne peut faire la guerre san
3105 mble, et ils commencent à le savoir. 330 millions d’ habitants à l’ouest du rideau de fer, plus 100 millions récupérés à l’
3106 oir. 330 millions d’habitants à l’ouest du rideau de fer, plus 100 millions récupérés à l’Est, feraient un ensemble supéri
3107 ns additionnés. Je ne parle que des chiffres, non de la qualité. Alors les prophéties lugubres d’un Spengler, ou les spécu
3108 non de la qualité. Alors les prophéties lugubres d’ un Spengler, ou les spéculations fascinantes d’un Toynbee, inspirées p
3109 es d’un Spengler, ou les spéculations fascinantes d’ un Toynbee, inspirées par l’idée mythique d’Évolution, — on monte, on
3110 antes d’un Toynbee, inspirées par l’idée mythique d’ Évolution, — on monte, on culmine, on chancelle, on décline, et l’on m
3111 lement — se verront démenties par le nouvel essor d’ une Europe reprenant la tête du progrès. Et c’est une autre prophétie,
3112 t une autre prophétie, qui deviendra vraie, celle de Proudhon, qui fut quarante-huitard : « Le xxe siècle ouvrira l’ère d
3113 rations, ou l’humanité recommencera un purgatoire de mille ans. » Au fait, nous en sommes là, ce n’est plus une hypothèse.
3114 plus une hypothèse. L’Histoire dépend de nouveau de ce que nous en ferons, et non plus d’une courbe mythique, d’une Évolu
3115 de nouveau de ce que nous en ferons, et non plus d’ une courbe mythique, d’une Évolution bien tracée, ou d’un processus di
3116 ous en ferons, et non plus d’une courbe mythique, d’ une Évolution bien tracée, ou d’un processus dialectique, dont un Part
3117 courbe mythique, d’une Évolution bien tracée, ou d’ un processus dialectique, dont un Parti qu’on connaît trop tire les fi
3118 rti qu’on connaît trop tire les ficelles. Cessons de chercher le sens de l’Histoire, alibi du refus de notre vocation ; ap
3119 op tire les ficelles. Cessons de chercher le sens de l’Histoire, alibi du refus de notre vocation ; apprenons à le décider
3120 de chercher le sens de l’Histoire, alibi du refus de notre vocation ; apprenons à le décider. Troisième illusion fatalist
3121 t déjà nos corps, dictent nos gestes et le rythme de nos journées. Encore un peu, et les cerveaux électroniques dicteront
3122 miner nos existences disciplinées. C’en sera fait de la liberté, et du droit d’hésiter, d’errer… Les savants, apprentis so
3123 linées. C’en sera fait de la liberté, et du droit d’ hésiter, d’errer… Les savants, apprentis sorciers, ont déchaîné dans l
3124 n sera fait de la liberté, et du droit d’hésiter, d’ errer… Les savants, apprentis sorciers, ont déchaîné dans le monde des
3125 est faux dans ce langage ; tout n’est que manière de parler abusivement prise à la lettre, et donc fautive. Les machines e
3126 trée dans ma cour, spontanément, dans l’intention de m’envahir. Et pas même une machine à laver. Que de mal, au contraire,
3127 e m’envahir. Et pas même une machine à laver. Que de mal, au contraire, dans ma campagne, pour obtenir le téléphone ! Vous
3128 pagne, pour obtenir le téléphone ! Vous me parlez de l’esclavage du téléphone ? Mais a-t-on jamais vu qu’un appareil, pren
3129 Vous n’êtes donc pas l’esclave du téléphone, mais de votre seule curiosité. Le règne des machines, à vous entendre, nous i
3130 gne des machines, à vous entendre, nous isolerait de la Nature ? Mais je vois au contraire que l’express et l’avion, le sc
3131 a Nature, et non l’homme, qui aurait ici le droit de se plaindre. Vous citez l’apprenti sorcier. Et qui ne l’a pas cité, q
3132 la Bombe n’a jamais rien fait sans l’ordre exprès d’ un président, d’un général. Ce n’est pas elle qui est dangereuse, c’es
3133 ais rien fait sans l’ordre exprès d’un président, d’ un général. Ce n’est pas elle qui est dangereuse, c’est l’homme. Et le
3134 que vous l’aurez bien mérité. L’Apprenti sorcier de la légende déchaînait une force inconnue. Mais nos savants font tout
3135 ls humains que je connaisse qui aient eu le droit de maudire la technique, ce ne sont pas les bourgeois de ce siècle, ni l
3136 audire la technique, ce ne sont pas les bourgeois de ce siècle, ni leurs penseurs, mais bien les ouvriers du xixe et les
3137 se sont vus transformés en « compléments vivants d’ un mécanisme mort », selon l’expression terrible et juste de Marx. Or
3138 isme mort », selon l’expression terrible et juste de Marx. Or il se trouve précisément que les robots viennent les délivre
3139 précisément que les robots viennent les délivrer de la chaîne. Éloquemment entretenu par Bernanos, un malentendu sans par
3140 ’est pas un homme automatique, comme des millions de personnes le croient encore sur la foi de quelques films et de la sci
3141 illions de personnes le croient encore sur la foi de quelques films et de la science-fiction. C’est encore moins un homme
3142 le croient encore sur la foi de quelques films et de la science-fiction. C’est encore moins un homme esclave de la machine
3143 ence-fiction. C’est encore moins un homme esclave de la machine. C’est une machine, ni plus ni moins, c’est un outil, que
3144 t si rarement dénoncée, a provoqué la destruction de plusieurs millions de vies humaines. C’est ici qu’il convient de rapp
3145 , a provoqué la destruction de plusieurs millions de vies humaines. C’est ici qu’il convient de rappeler le décalage de la
3146 llions de vies humaines. C’est ici qu’il convient de rappeler le décalage de la conscience dont j’ai parlé. Le mal dénoncé
3147 C’est ici qu’il convient de rappeler le décalage de la conscience dont j’ai parlé. Le mal dénoncé en son temps par Karl M
3148 n n’écoutait pas, tenait à la semi-automatisation de la production industrielle. Tout retour en arrière étant exclu, le re
3149 tomatisme total, libérant l’ouvrier non seulement de ses efforts sur la matière trop lourde ou dangereuse à manier, mais a
3150 re trop lourde ou dangereuse à manier, mais aussi de la monotonie et du rythme inhumain de travail qu’imposaient la machin
3151 mais aussi de la monotonie et du rythme inhumain de travail qu’imposaient la machine et la chaîne. Le remède était donc l
3152 pplication générale prit récemment le nom anglais d’ automation. Il est curieux que la pensée occidentale, découvrant le pé
3153 ée occidentale, découvrant le péril avec cent ans de retard, ait porté sa colère contre le remède… L’automatisation complè
3154 olère contre le remède… L’automatisation complète de l’usine, loin d’augmenter le mal si longuement déploré par ceux qui n
3155 emède… L’automatisation complète de l’usine, loin d’ augmenter le mal si longuement déploré par ceux qui ne le subissaient
3156 roduisant jour et nuit sous la seule surveillance d’ un groupe d’opérateurs, signifie simplement, partout où elle fonctionn
3157 ur et nuit sous la seule surveillance d’un groupe d’ opérateurs, signifie simplement, partout où elle fonctionne, la suppre
3158 ement, partout où elle fonctionne, la suppression de la condition prolétarienne. Généralisée dans l’avenir, elle rendra su
3159 ndra superflu et sans objet le moment dialectique de la révolution donnant le pouvoir aux ouvriers d’usine. C’est ainsi le
3160 de la révolution donnant le pouvoir aux ouvriers d’ usine. C’est ainsi le développement plus poussé de la technique, non l
3161 d’usine. C’est ainsi le développement plus poussé de la technique, non l’action du parti communiste, ni même de la classe
3162 hnique, non l’action du parti communiste, ni même de la classe ouvrière, qui sera l’agent du dépassement concret des confl
3163 et des techniciens. C’est le problème des moyens de culture, qui seront mis à contribution, sur une échelle brusquement a
3164 s, tous alertés, au-delà des problèmes classiques de plein-emploi et de temps de travail, le problème de l’emploi du temps
3165 -delà des problèmes classiques de plein-emploi et de temps de travail, le problème de l’emploi du temps, qui se pose à l’h
3166 problèmes classiques de plein-emploi et de temps de travail, le problème de l’emploi du temps, qui se pose à l’homme. Le
3167 plein-emploi et de temps de travail, le problème de l’emploi du temps, qui se pose à l’homme. Le problème de la liberté.
3168 ploi du temps, qui se pose à l’homme. Le problème de la liberté. Le problème du sens de nos vies… Je propose à nos philos
3169 e. Le problème de la liberté. Le problème du sens de nos vies… Je propose à nos philosophes du déclin de la bourgeoisie,
3170 nos vies… Je propose à nos philosophes du déclin de la bourgeoisie, du déclin de l’Occident, du déclin de la culture, et
3171 hilosophes du déclin de la bourgeoisie, du déclin de l’Occident, du déclin de la culture, et de la fatalité des tyrannies
3172 a bourgeoisie, du déclin de l’Occident, du déclin de la culture, et de la fatalité des tyrannies prochaines, de laisser po
3173 déclin de l’Occident, du déclin de la culture, et de la fatalité des tyrannies prochaines, de laisser pour un temps ces su
3174 ture, et de la fatalité des tyrannies prochaines, de laisser pour un temps ces sujets affligeants, leur ayant accordé asse
3175 ces sujets affligeants, leur ayant accordé assez de complaisance, et de considérer la nouveauté de l’époque : bel exercic
3176 nts, leur ayant accordé assez de complaisance, et de considérer la nouveauté de l’époque : bel exercice pour une pensée ré
3177 ez de complaisance, et de considérer la nouveauté de l’époque : bel exercice pour une pensée régulatrice, que d’en maîtris
3178 e : bel exercice pour une pensée régulatrice, que d’ en maîtriser les vertiges ! Je propose la clôture d’un demi-siècle de
3179 en maîtriser les vertiges ! Je propose la clôture d’ un demi-siècle de rumination pessimiste, longtemps justifiée, nous le
3180 vertiges ! Je propose la clôture d’un demi-siècle de rumination pessimiste, longtemps justifiée, nous le savons, mais qui
3181 ous le savons, mais qui court désormais le danger de survivre aux dangers prévus. Je propose à l’intelligence un rôle nouv
3182 propose à l’intelligence un rôle nouveau : celui de créer la liberté en la cherchant, en acceptant d’envisager ses risque
3183 de créer la liberté en la cherchant, en acceptant d’ envisager ses risques et de les courir d’abord en imagination. Je prop
3184 herchant, en acceptant d’envisager ses risques et de les courir d’abord en imagination. Je propose une idée renouvelée du
3185 e propose une idée renouvelée du Progrès, au-delà de nos illusions, mais aussi de nos scepticismes. Ce n’est pas l’accrois
3186 du Progrès, au-delà de nos illusions, mais aussi de nos scepticismes. Ce n’est pas l’accroissement de nos biens, ni la so
3187 de nos scepticismes. Ce n’est pas l’accroissement de nos biens, ni la solution de nos maux, car toute solution concevable
3188 pas l’accroissement de nos biens, ni la solution de nos maux, car toute solution concevable serait la fin de notre libert
3189 maux, car toute solution concevable serait la fin de notre liberté. J’imagine au contraire le progrès véritable dans l’acc
15 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 14. Sur l’avenir du christianisme
3190 ir du christianismebv « Mais alors — me disent de bonnes âmes très attachées à leurs croyances chrétiennes et que mon o
3191 la psychanalyse réussissent à résoudre, à la fin de ce siècle, les grands problèmes matériels et moraux, individuels et c
3192 isée ? Le salut, le pardon, la grâce et la prière d’ intercession garderont-ils un sens pour des humains comblés ? » Il ser
3193 our des humains comblés ? » Il serait trop facile de répondre que les prouesses actuelles du progrès ne seront jamais inté
3194 alement tenues. Car le fait est qu’elles ont plus de chances que jamais de l’être, en tout cas partiellement. Et même si e
3195 fait est qu’elles ont plus de chances que jamais de l’être, en tout cas partiellement. Et même si elles n’étaient pas ten
3196 i elles n’étaient pas tenues du tout, la question de principe subsiste : Est-il vrai que l’inquiétude religieuse dépende d
3197 : Est-il vrai que l’inquiétude religieuse dépende de l’insatisfaction de nos besoins matériels, sociaux et psychologiques 
3198 inquiétude religieuse dépende de l’insatisfaction de nos besoins matériels, sociaux et psychologiques ? Faut-il prévoir pa
3199 évoir par suite que l’une diminuerait à la mesure de la satisfaction croissante des autres ? Remarquons d’abord qu’une rel
3200 ède ne vaut mieux que la santé ; comme une espèce de tranquillisant de type archaïque (médiéval) permettant de prendre en
3201 que la santé ; comme une espèce de tranquillisant de type archaïque (médiéval) permettant de prendre en patience nos maux
3202 uillisant de type archaïque (médiéval) permettant de prendre en patience nos maux inévitables, mais aucun apaisant n’est p
3203 ble à la paix réelle ; enfin, comme le complément d’ une déficience, et elle n’aurait donc pas de raison de survivre, une f
3204 ément d’une déficience, et elle n’aurait donc pas de raison de survivre, une fois la plénitude conquise. D’ailleurs, dans
3205 e déficience, et elle n’aurait donc pas de raison de survivre, une fois la plénitude conquise. D’ailleurs, dans l’hypothès
3206 eulement cette religion-remède qui serait menacée de s’éteindre faute d’emploi, mais tout autant, ou plus encore, la reche
3207 ion-remède qui serait menacée de s’éteindre faute d’ emploi, mais tout autant, ou plus encore, la recherche scientifique et
3208 , je pressens une double erreur : sur la fonction de la religion, et sur la nature même de l’homme. Car la fonction de la
3209 la fonction de la religion, et sur la nature même de l’homme. Car la fonction de la religion n’est pas de compenser nos ma
3210 et sur la nature même de l’homme. Car la fonction de la religion n’est pas de compenser nos maux ou de nous les faire oubl
3211 l’homme. Car la fonction de la religion n’est pas de compenser nos maux ou de nous les faire oublier, mais d’orienter tout
3212 de la religion n’est pas de compenser nos maux ou de nous les faire oublier, mais d’orienter tout l’être vers la vérité, e
3213 enser nos maux ou de nous les faire oublier, mais d’ orienter tout l’être vers la vérité, et d’affirmer une vérité qui nous
3214 r, mais d’orienter tout l’être vers la vérité, et d’ affirmer une vérité qui nous transcende. Et la fonction du christianis
3215 ui se distingue en cela des autres religions, est d’ amener l’homme à incarner la vérité : cette vérité transformant l’homm
3216 rité transformant l’homme « par le renouvellement de son entendement »47 l’amène ensuite à transformer le monde, et non pa
3217 on pas à s’y conformer. L’ambition désacralisante de la science et de la technique, celle du marxisme aussi, et de toutes
3218 ormer. L’ambition désacralisante de la science et de la technique, celle du marxisme aussi, et de toutes les doctrines du
3219 e et de la technique, celle du marxisme aussi, et de toutes les doctrines du progrès, sont les suites plus ou moins direct
3220 égitimes que l’Occident, croyant ou non, a tirées de l’attitude chrétienne devant le monde. D’autre part, la nature de l’h
3221 rétienne devant le monde. D’autre part, la nature de l’homme diffère de celle de l’animal en ce qu’il « ne vit pas de pain
3222 monde. D’autre part, la nature de l’homme diffère de celle de l’animal en ce qu’il « ne vit pas de pain seulement ». Ce ve
3223 autre part, la nature de l’homme diffère de celle de l’animal en ce qu’il « ne vit pas de pain seulement ». Ce verset de l
3224 ère de celle de l’animal en ce qu’il « ne vit pas de pain seulement ». Ce verset de l’Évangile n’exprime pas un vœu ou une
3225 qu’il « ne vit pas de pain seulement ». Ce verset de l’Évangile n’exprime pas un vœu ou une objurgation, c’est une simple
3226 imple constatation, l’homme est ainsi : incapable d’ être satisfait et de bien vivre quand ses besoins physiques sont seuls
3227 l’homme est ainsi : incapable d’être satisfait et de bien vivre quand ses besoins physiques sont seuls comblés. (Sinon, le
3228 ysiques sont seuls comblés. (Sinon, les occupants de nos prisons modernes « vivraient » mieux que les deux tiers du genre
3229 e, disait Pascal, bien avant Nietzsche. La nature de l’homme est de dépasser la Nature. D’où je conclus qu’une religion qu
3230 l, bien avant Nietzsche. La nature de l’homme est de dépasser la Nature. D’où je conclus qu’une religion qui aurait à redo
3231 . La nature de l’homme est de dépasser la Nature. D’ où je conclus qu’une religion qui aurait à redouter la réussite du pro
3232 e véritable. On m’opposera sans doute les utopies de George Orwell et d’Aldous Huxley. Elles décrivent des conditionnement
3233 posera sans doute les utopies de George Orwell et d’ Aldous Huxley. Elles décrivent des conditionnements psychophysiques si
3234 hysiques si merveilleusement réussis que le souci de la vérité et de la recherche permanente se voit totalement évacué, l’
3235 eilleusement réussis que le souci de la vérité et de la recherche permanente se voit totalement évacué, l’homme n’étant pl
3236 alement évacué, l’homme n’étant plus qu’une sorte de bétail savant. Les utopies supposent, en somme, un autofreinage du pr
3237 u progrès par les moyens actuellement imaginables de la science et de la technique au service de la propagande. Logiquemen
3238 moyens actuellement imaginables de la science et de la technique au service de la propagande. Logiquement, le processus e
3239 ables de la science et de la technique au service de la propagande. Logiquement, le processus est impensable : si la techn
3240 essus est impensable : si la technique triomphait de l’homme, elle s’annulerait du même coup. Car plus elle s’approcherait
3241 lerait du même coup. Car plus elle s’approcherait de cette limite, plus les sources de son énergie s’affaibliraient. Prati
3242 s’approcherait de cette limite, plus les sources de son énergie s’affaibliraient. Pratiquement, nos deux utopistes prévoi
3243 ment, nos deux utopistes prévoient l’intervention d’ un groupe humain qui resterait à l’extérieur du processus et donnerait
3244 t à l’extérieur du processus et donnerait le coup de pouce nécessaire pour que l’asymptote rejoigne l’axe, en dépit des lo
3245 ès de réussir ce suicide télécommandé des régions de l’humanité soumises à leur pouvoir total, à la fois hypnotique et pol
3246 e notre histoire — nous rassure quant aux chances de l’homme contemporain. Il n’est plus, pour croire à ces fous, que quel
3247 bourgeois), peu de disciples et nul martyr. Rien de commun avec l’Église primitive. Le danger véritable n’est pas là. Mai
3248 t pas là. Mais si nous admettons que le phénomène de la « mort de Dieu » reste localisé dans certains milieux très restrei
3249 s si nous admettons que le phénomène de la « mort de Dieu » reste localisé dans certains milieux très restreints quoiqu’in
3250 triomphes à venir de l’organisation scientifique de la vie n’élimineront pas les besoins religieux de l’immense majorité
3251 de la vie n’élimineront pas les besoins religieux de l’immense majorité des hommes ; si nous admettons au surplus que les
3252 technique favoriseront au contraire la diffusion de la culture, et par là même l’inquiétude métaphysique chez un nombre c
3253 ’inquiétude métaphysique chez un nombre croissant d’ humains de toutes les races, un défi d’un tout autre ordre risque d’êt
3254 e métaphysique chez un nombre croissant d’humains de toutes les races, un défi d’un tout autre ordre risque d’être lancé a
3255 croissant d’humains de toutes les races, un défi d’ un tout autre ordre risque d’être lancé au christianisme : non pas cel
3256 s les races, un défi d’un tout autre ordre risque d’ être lancé au christianisme : non pas celui de l’athéisme, ni celui de
3257 que d’être lancé au christianisme : non pas celui de l’athéisme, ni celui de l’indifférence religieuse, mais celui d’autre
3258 stianisme : non pas celui de l’athéisme, ni celui de l’indifférence religieuse, mais celui d’autres religions. Les culture
3259 pénétrer de plus en plus. Les anciennes religions de l’Asie, les magies noires, les gnoses ressuscitées et modernisées, le
3260 able ? Quelles sont ses chances, à vues humaines, de relever un tel défi ? On ne saurait certes envisager ces chances com
3261 t certes envisager ces chances comme on le ferait de celles d’un parti ou d’une nation, d’une idéologie ou d’une civilisat
3262 nvisager ces chances comme on le ferait de celles d’ un parti ou d’une nation, d’une idéologie ou d’une civilisation, car l
3263 hances comme on le ferait de celles d’un parti ou d’ une nation, d’une idéologie ou d’une civilisation, car le christianism
3264 n le ferait de celles d’un parti ou d’une nation, d’ une idéologie ou d’une civilisation, car le christianisme est essentie
3265 es d’un parti ou d’une nation, d’une idéologie ou d’ une civilisation, car le christianisme est essentiellement autre chose
3266 ner à me répondre : le christianisme étant parole de Dieu aux hommes, son avenir ne dépend que de Dieu, et ne mérite pas d
3267 role de Dieu aux hommes, son avenir ne dépend que de Dieu, et ne mérite pas de préoccuper l’Église. Et plus d’un fidèle in
3268 on avenir ne dépend que de Dieu, et ne mérite pas de préoccuper l’Église. Et plus d’un fidèle invoquera les « promesses »
3269 et ne mérite pas de préoccuper l’Église. Et plus d’ un fidèle invoquera les « promesses » données à l’Église, pour me conv
3270 romesses » données à l’Église, pour me convaincre de manque de foi, si ce n’est de vaine curiosité frisant le blasphème. M
3271 données à l’Église, pour me convaincre de manque de foi, si ce n’est de vaine curiosité frisant le blasphème. Mais s’il e
3272 pour me convaincre de manque de foi, si ce n’est de vaine curiosité frisant le blasphème. Mais s’il est vrai que le chris
3273 es religions et les confondant toutes sous le nom de paganisme, synonyme d’erreur scandaleuse et de nuit de l’esprit. Le c
3274 fondant toutes sous le nom de paganisme, synonyme d’ erreur scandaleuse et de nuit de l’esprit. Le christianisme historique
3275 om de paganisme, synonyme d’erreur scandaleuse et de nuit de l’esprit. Le christianisme historique est aussi un parti, ou
3276 ganisme, synonyme d’erreur scandaleuse et de nuit de l’esprit. Le christianisme historique est aussi un parti, ou même un
3277 istorique est aussi un parti, ou même un ensemble de partis, il est aussi une idéologie, et il est lié à une certaine civi
3278 ransformé mais non sans se couler dans ses formes de pensée et dans ses structures d’organisation, les unes et les autres
3279 dans ses formes de pensée et dans ses structures d’ organisation, les unes et les autres constituées bien avant la venue a
3280 s autres constituées bien avant la venue au monde de Jésus. Ses chances d’avenir dépendent donc aussi des chances des conf
3281 ien avant la venue au monde de Jésus. Ses chances d’ avenir dépendent donc aussi des chances des confessions qui le compose
3282 s des confessions qui le composent et des chances de la civilisation occidentale dans le monde. Mais elles en dépendent de
3283 ccidentale dans le monde. Mais elles en dépendent de deux manières bien distinctes. Le christianisme peut triompher ou pér
3284 se détacher plus ou moins des cadres et des modes de penser spécifiques de l’Occident, et leur survivre, sauvant son âme e
3285 ins des cadres et des modes de penser spécifiques de l’Occident, et leur survivre, sauvant son âme en renonçant à ses form
3286 gagnant le monde. C’est ce que je voudrais tenter d’ imaginer maintenant d’une manière aussi précise que le permet l’art de
3287 t ce que je voudrais tenter d’imaginer maintenant d’ une manière aussi précise que le permet l’art de la conjecture histori
3288 t d’une manière aussi précise que le permet l’art de la conjecture historique et sociologique, art dont on sait qu’il est
3289 rigoureuse, mais qui ne s’en distingue pas moins de la rêverie utopique. Car l’utopie n’est que la projection dans un ave
3290 st que la projection dans un avenir an-historique de nos désirs et de nos craintes : c’est une image de compensation qui n
3291 ion dans un avenir an-historique de nos désirs et de nos craintes : c’est une image de compensation qui n’apprend rien sur
3292 e nos désirs et de nos craintes : c’est une image de compensation qui n’apprend rien sur un avenir possible mais décrit se
3293 nversant, notre vision partielle du présent, vidé de toutes les connexions et interrelations nécessaires qui déterminent s
3294 christianisme est un parti (ou plutôt un ensemble de partis tantôt rivaux tantôt coalisésbw) dans la mesure où il se prése
3295 ment comme vérité révélée, mais comme un ensemble d’ Églises organisées possédant chacune sa doctrine, son organisation, so
3296 reil » et ses effectifs enregistrés. La pluralité de ses confessions n’a peut-être pas retardé ou gêné sa diffusion en Afr
3297 licisme et le protestantisme seraient en position d’ y prétendre, sinon d’y réussir. Le catholicisme a pour lui son aspirat
3298 antisme seraient en position d’y prétendre, sinon d’ y réussir. Le catholicisme a pour lui son aspiration fondamentale, et
3299 rée admirablement efficace après quatre-cents ans d’ usage48 et que les grands mouvements politico-sociaux de l’ère contemp
3300 e48 et que les grands mouvements politico-sociaux de l’ère contemporaine (le parti communiste et les divers régimes totali
3301 lectuelle non moins remarquable, qui lui a permis de s’adapter, en dépit de sa discipline doctrinale, à des milieux cultur
3302 s formés par les puritains. La subsistance en lui d’ une certaine pensée magique et d’un ritualisme agissant ex opere opera
3303 bsistance en lui d’une certaine pensée magique et d’ un ritualisme agissant ex opere operato, héritages de religions antiqu
3304 n ritualisme agissant ex opere operato, héritages de religions antiques et orientales (culte des reliques, transsubstantia
3305 r le monde dit païen, bien qu’au prix du maintien d’ équivoques spirituelles dans les premières générations « converties »
3306 les dans les premières générations « converties » de la sorte. En revanche, le catholicisme a contre lui son absolutisme f
3307 bsolutisme foncier, moins affirmé dans le domaine de la doctrine que dans celui de l’éducation et de la discipline clérica
3308 rmé dans le domaine de la doctrine que dans celui de l’éducation et de la discipline cléricale ; sa centralisation à Rome,
3309 e de la doctrine que dans celui de l’éducation et de la discipline cléricale ; sa centralisation à Rome, symbole impérial
3310 symbole impérial plutôt qu’apostolique, et preuve d’ un universalisme conçu en termes proprement européens ; ses attaches d
3311 trinales aristotéliciennes et sa longue tradition d’ hostilité à la liberté de recherche comme aux aspirations démocratique
3312 s et sa longue tradition d’hostilité à la liberté de recherche comme aux aspirations démocratiques, qui l’obligent à ne re
3313 ncessions arrachées. Le protestantisme a pour lui d’ être plus congénial aux développements présents de la culture scientif
3314 d’être plus congénial aux développements présents de la culture scientifique et technique49, et d’avoir été le père des ré
3315 nts de la culture scientifique et technique49, et d’ avoir été le père des régimes de démocratie tempérée qui règnent aujou
3316 t technique49, et d’avoir été le père des régimes de démocratie tempérée qui règnent aujourd’hui sur les nations les plus
3317 les formes absolutistes du pouvoir, génératrices de révolutions brusques à prétentions totalitaires. Aucune doctrine tota
3318 velopper dans les royaumes et républiques marqués de l’empreinte calviniste, cependant que l’Autrichien Hitler, formé par
3319 o et Salazar ont exploité des situations typiques de l’habitus catholique, et que Staline, ancien séminariste, a repris à
3320 ocialisme, et des réalisations les plus concrètes de la démocratie la plus ouverte50. Fédéraliste, évolutif, favorable à l
3321 favorable à la recherche scientifique, éducateur de citoyens plus libres parce que plus responsables, le protestantisme p
3322 plus responsables, le protestantisme possède donc de meilleures chances que le catholicisme de contribuer à la formation p
3323 de donc de meilleures chances que le catholicisme de contribuer à la formation politico-sociale du monde de demain. En rev
3324 ntribuer à la formation politico-sociale du monde de demain. En revanche, il a contre lui sa propension de fait à la dispe
3325 emain. En revanche, il a contre lui sa propension de fait à la dispersion, au particularisme étroit, à la rigidité d’une m
3326 spersion, au particularisme étroit, à la rigidité d’ une morale souvent plus bourgeoise qu’évangélique ; et d’une manière p
3327 orale souvent plus bourgeoise qu’évangélique ; et d’ une manière plus générale, sa tendance à un rationalisme évacuant tout
3328 as plus chrétien au sens strict. Si le sacralisme d’ origine païenne est la tentation naturelle du catholicisme, le sécular
3329 e abondamment cédé depuis des siècles. Il résulte de cette rapide analyse que les meilleures chances du christianisme dans
3330 miers signes positifs ? Sur le premier point, pas de doute. Une combinaison vivante du sens fédéraliste protestant et du s
3331 estant et du sens universaliste catholique serait de nature à protéger les uns de l’individualisme anarchique, les autres
3332 te catholique serait de nature à protéger les uns de l’individualisme anarchique, les autres du collectivisme autoritaire,
3333 ernaculaire chez les catholiques ; la renaissance de la liturgie et du sens de l’Église chez les protestants ; la découver
3334 liques ; la renaissance de la liturgie et du sens de l’Église chez les protestants ; la découverte des réalités sociales p
3335 ue et sur l’autonomie épiscopale ; enfin, l’essor de l’espérance et de la volonté œcuménique dans toutes les confessions.
3336 mie épiscopale ; enfin, l’essor de l’espérance et de la volonté œcuménique dans toutes les confessions. Tout cela s’est ma
3337 e dernières décennies : si l’on compare le rythme de ce phénomène de convergence avec celui des phénomènes de divergence q
3338 nnies : si l’on compare le rythme de ce phénomène de convergence avec celui des phénomènes de divergence qui ont dominé l’
3339 hénomène de convergence avec celui des phénomènes de divergence qui ont dominé l’évolution historico-sociologique du chris
3340 depuis quelque seize sièclesbx, il prend l’allure d’ une mutation brusque — mutation vers l’union dans la diversité, au-del
3341 mutation vers l’union dans la diversité, au-delà de l’ère des volontés d’uniformité fanatique, multipliant et durcissant
3342 dans la diversité, au-delà de l’ère des volontés d’ uniformité fanatique, multipliant et durcissant en fait les divisions.
3343 terminée qui a sa source historique en Europe. Né de la rencontre « fortuite », dit l’historien, ou « providentielle », di
3344 e, mais en tout cas ni rationnelle ni nécessaire, de trois phénomènes essentiellement hétéroclites : la philosophie grecqu
3345 sophie grecque, l’Empire romain, et la révélation de Jésus-Christ, proclamée dans le Temple juif. Le christianisme s’est r
3346 , où il s’est organisé en calquant les structures de l’Empire romain d’Occident. Au cours des seize siècles qui ont suivi,
3347 isé en calquant les structures de l’Empire romain d’ Occident. Au cours des seize siècles qui ont suivi, sa reconnaissance
3348 ssance officielle par l’empereur Constantin (édit de Milan en 313), ses tentatives d’expansion vers l’Orient ont été arrêt
3349 Constantin (édit de Milan en 313), ses tentatives d’ expansion vers l’Orient ont été arrêtées en Inde sur la côte de Malaba
3350 ers l’Orient ont été arrêtées en Inde sur la côte de Malabar, étouffées en Chine dès le xe siècle, puis barrées pour long
3351 es pour longtemps par l’apparition et le triomphe de l’islam sur tout le Proche-Orient, cependant qu’au contraire il s’ins
3352 ie, et s’implantait dans les colonies européennes de l’Afrique noire. Ainsi, les accidents de la conjoncture mondiale ont
3353 opéennes de l’Afrique noire. Ainsi, les accidents de la conjoncture mondiale ont fait du christianisme, pendant un milléna
3354 existence historique — la religion par excellence de l’Europe et de ses conquêtes. Au seuil où nous voici, d’une histoire
3355 rique — la religion par excellence de l’Europe et de ses conquêtes. Au seuil où nous voici, d’une histoire du monde presqu
3356 rope et de ses conquêtes. Au seuil où nous voici, d’ une histoire du monde presque subitement unifiée par les effets de nos
3357 u monde presque subitement unifiée par les effets de nos techniques et la diffusion de nos valeurs, cette étroite cohérenc
3358 par les effets de nos techniques et la diffusion de nos valeurs, cette étroite cohérence du christianisme et de la cultur
3359 eurs, cette étroite cohérence du christianisme et de la culture née en Europe apparaît-elle comme une chance d’avenir ou c
3360 ture née en Europe apparaît-elle comme une chance d’ avenir ou comme une tare originelle ? À vue mondaine, c’est une chance
3361 le christianisme a suscité, catalysé et qualifié d’ une manière décisive tout ce contexte51, c’est donc une civilisation s
3362 e à faire sienne, avec des succès inégaux. Avides de nos produits immédiatement utiles, et généralement inconscients de ce
3363 mmédiatement utiles, et généralement inconscients de ce qui lie ces produits à nos valeurs, religieuses et morales à l’ori
3364 , les peuples récemment promus à une indépendance de type occidental se soumettent par là même à l’influence secrète des c
3365 tent par là même à l’influence secrète des champs de force spirituels que transportent chez eux nos machines. Si jamais re
3366 nos machines. Si jamais religion eut des chances de s’imposer par son contexte à la pensée, aux rythmes quotidiens, voire
3367 ou même les refusent, c’est bien le christianisme d’ empreinte occidentale. Aucune autre grande religion — hindouisme, boud
3368 indouisme, bouddhisme, islam — n’a jamais disposé de pareils véhicules, de moyens de pénétration intellectuelle comparable
3369 islam — n’a jamais disposé de pareils véhicules, de moyens de pénétration intellectuelle comparables à ceux que représent
3370 ’a jamais disposé de pareils véhicules, de moyens de pénétration intellectuelle comparables à ceux que représentent pour l
3371 déal du progrès, l’égalité des droits, le respect de la personne humaine, les sciences de la matière et de la vie, la tech
3372 , le respect de la personne humaine, les sciences de la matière et de la vie, la technique et l’esprit de recherche à tous
3373 a personne humaine, les sciences de la matière et de la vie, la technique et l’esprit de recherche à tous risques. Et je n
3374 la matière et de la vie, la technique et l’esprit de recherche à tous risques. Et je ne dis pas, bien sûr, que tous ces vé
3375 t je ne dis pas, bien sûr, que tous ces véhicules de la culture occidentale agissent à l’instar d’une armée de missionnair
3376 les de la culture occidentale agissent à l’instar d’ une armée de missionnaires, et amènent les hommes au baptême, voire à
3377 lture occidentale agissent à l’instar d’une armée de missionnaires, et amènent les hommes au baptême, voire à la foi : je
3378 e historique, et dont seul il détient les secrets de bon usage éthique et spirituel. Je ne dis pas qu’il suffise à un Asia
3379 pas qu’il suffise à un Asiatique ou à un Africain de revendiquer des droits sociaux égaux pour tous, quelle que soit la ca
3380 ême coup la conception paulinienne ou évangélique de la société, la fraternité de tous « soit juifs, soit grecs, soit escl
3381 ienne ou évangélique de la société, la fraternité de tous « soit juifs, soit grecs, soit esclaves, soit libres », mais je
3382 iologues d’ailleurs agnostiques) que le phénomène de la révolution sociale est impensable dansby les régions de l’Asie et
3383 olution sociale est impensable dansby les régions de l’Asie et de l’Afrique qui n’ont pas été soumis à l’influence chrétie
3384 le est impensable dansby les régions de l’Asie et de l’Afrique qui n’ont pas été soumis à l’influence chrétienne52. Née de
3385 nt pas été soumis à l’influence chrétienne52. Née de l’Europe christianisée, c’est-à-dire d’un complexe longuement travail
3386 ne52. Née de l’Europe christianisée, c’est-à-dire d’ un complexe longuement travaillé par un christianisme plus ou moins fi
3387 sation occidentale, que le monde entier s’efforce d’ adopter, crée partout des conditions nouvelles et donc des problèmes n
3388 onc des problèmes nouveaux qui ne peuvent trouver de réponses adéquates dans les religions indigènes, et qui appellent don
3389 s indigènes, et qui appellent donc une conception de la vie soit dérivée du christianisme, soit chrétienne : nouvel aspect
3390 du christianisme, soit chrétienne : nouvel aspect de l’opportunité chrétienne. Cependant, si l’on admet qu’en fait l’exten
3391 . Cependant, si l’on admet qu’en fait l’extension de la civilisation occidentale prépare et appelle une extension correspo
3392 le. Elle peut aussi révéler, au contact quotidien de conditions humaines très différentes, ses faiblesses et ses lacunes.
3393 iblesses et ses lacunes. Elle peut enfin détruire de hautes valeurs spirituelles et culturelles nées de l’hindouisme, du b
3394 e hautes valeurs spirituelles et culturelles nées de l’hindouisme, du bouddhisme et de l’islam, sans leur substituer pour
3395 ulturelles nées de l’hindouisme, du bouddhisme et de l’islam, sans leur substituer pour autant les valeurs chrétiennes d’o
3396 ur substituer pour autant les valeurs chrétiennes d’ origine, oubliées au cours du transport. Je me résume : une machine-ou
3397 achine-outil est le produit se reconstitue autour d’ elle. Sinon, elle risque de produire plus de mal que de bien. Première
3398 se reconstitue autour d’elle. Sinon, elle risque de produire plus de mal que de bien. Première conclusion : la civilisati
3399 utour d’elle. Sinon, elle risque de produire plus de mal que de bien. Première conclusion : la civilisation occidentale pe
3400 e. Sinon, elle risque de produire plus de mal que de bien. Première conclusion : la civilisation occidentale peut préparer
3401 peuples comprennent quels sont les liens intimes, d’ origine et de finalité, qui unissent la conception chrétienne du monde
3402 ennent quels sont les liens intimes, d’origine et de finalité, qui unissent la conception chrétienne du monde et la civili
3403 t aux chrétiens unis qu’il appartiendra désormais de prendre conscience de ces liens et de les expliquer au monde : progra
3404 u’il appartiendra désormais de prendre conscience de ces liens et de les expliquer au monde : programme missionnaire tout
3405 a désormais de prendre conscience de ces liens et de les expliquer au monde : programme missionnaire tout nouveau qui se t
3406 re tout nouveau qui se trouve exigé des chrétiens d’ aujourd’hui, et dont la plupart sont très loin de soupçonner l’ampleur
3407 historico-sociologique. Si, d’une part, il s’agit de montrer aux peuples non chrétiens, fascinés et trop aisément convainc
3408 ’en serait pas un, et qu’il reste impensable hors d’ une conception chrétienne du monde, d’autre part, il n’est pas moins n
3409 onde, d’autre part, il n’est pas moins nécessaire de montrer aux chrétiens que la vérité de leur religion transcende les f
3410 nécessaire de montrer aux chrétiens que la vérité de leur religion transcende les formes historiques revêtues par le chris
3411 isme en Occident. Pour que se manifeste la valeur de vérité universelle de l’Évangile de Jésus, il faudra bien dissocier l
3412 que se manifeste la valeur de vérité universelle de l’Évangile de Jésus, il faudra bien dissocier le « message chrétien »
3413 ste la valeur de vérité universelle de l’Évangile de Jésus, il faudra bien dissocier le « message chrétien » de ses liens
3414 il faudra bien dissocier le « message chrétien » de ses liens accidentels avec les conditions et les coutumes des peuples
3415 leurs mœurs. Je me bornerai ici à trois exemples de dissociations nécessaires. 1. L’Église médiévale avait lié la vérité
3416 le avait lié la vérité chrétienne à la cosmologie de Ptolémée, à la philosophie d’Aristote, à la hiérarchie sociale tripar
3417 nne à la cosmologie de Ptolémée, à la philosophie d’ Aristote, à la hiérarchie sociale tripartite du clergé, de la noblesse
3418 te, à la hiérarchie sociale tripartite du clergé, de la noblesse et du tiers état (d’origine indo-européenne, voir les cas
3419 rtite du clergé, de la noblesse et du tiers état ( d’ origine indo-européenne, voir les castes en Inde) et au régime monarch
3420 romano-germain. Elle a dû peu à peu se dissocier de ces formes historiques, récusées successivement par la science, par l
3421 ence, par la Réforme et par l’évolution vers plus d’ égalité sociale. Notons qu’un Galilée, qu’un Luther, qu’un Rousseau se
3422 ilée, qu’un Luther, qu’un Rousseau se réclamaient de principes plus chrétiens à leur sens que ceux auxquels l’Église s’éta
3423 inal du christianisme. C’est dans le prolongement de cette « réforme permanente » du message chrétien, dans cet effort pou
3424 ffort pour le purifier toujours plus profondément de ses attaches circonstancielles avec des formes de culture, c’est-à-di
3425 de ses attaches circonstancielles avec des formes de culture, c’est-à-dire de pensée, de vie et d’organisations sociales d
3426 ncielles avec des formes de culture, c’est-à-dire de pensée, de vie et d’organisations sociales devenues périmées ou trop
3427 ec des formes de culture, c’est-à-dire de pensée, de vie et d’organisations sociales devenues périmées ou trop régionales,
3428 mes de culture, c’est-à-dire de pensée, de vie et d’ organisations sociales devenues périmées ou trop régionales, que s’ins
3429 chances mondiales du christianisme. Il est juste de remarquer ici que les théologiens et penseurs chrétiens occidentaux n
3430 e en cette seconde moitié du xxe siècle. L’œuvre d’ un Maritain et d’un Karl Barth pour ramener leur Église à l’essentiel
3431 e moitié du xxe siècle. L’œuvre d’un Maritain et d’ un Karl Barth pour ramener leur Église à l’essentiel de son message ;
3432 Karl Barth pour ramener leur Église à l’essentiel de son message ; et d’autre part les travaux d’un Bultmann, d’un Paul Ti
3433 tiel de son message ; et d’autre part les travaux d’ un Bultmann, d’un Paul Tillich, d’un Teilhard de Chardin, d’un Louis M
3434 sage ; et d’autre part les travaux d’un Bultmann, d’ un Paul Tillich, d’un Teilhard de Chardin, d’un Louis Massignon pour l
3435 art les travaux d’un Bultmann, d’un Paul Tillich, d’ un Teilhard de Chardin, d’un Louis Massignon pour libérer le message c
3436 ann, d’un Paul Tillich, d’un Teilhard de Chardin, d’ un Louis Massignon pour libérer le message chrétien de tout ce qui pou
3437 Louis Massignon pour libérer le message chrétien de tout ce qui pourrait nuire à sa communication authentique aux spiritu
3438 ou la soutane au xxe siècle ? C’étaient l’habit de cérémonie ou le bleu de travail du xiie siècle européen. Mais ceci n
3439 iècle ? C’étaient l’habit de cérémonie ou le bleu de travail du xiie siècle européen. Mais ceci n’est encore qu’un signe
3440 e culture typique du bassin sémitico-gréco-romain de la Méditerranée. L’Asie et l’Afrique noire l’ignorent. Quel parti le
3441 L’islam connaît aussi le vin, mais l’interdit, et de cet interdit, les mystiques soufis des ixe au xiie siècles ont tiré
3442 s des ixe au xiie siècles ont tiré les symboles de leur lyrisme ésotérique… Je me contente d’indiquer ici certaines diff
3443 mboles de leur lyrisme ésotérique… Je me contente d’ indiquer ici certaines difficultés qui ne sont apparues qu’à l’orée de
3444 ines difficultés qui ne sont apparues qu’à l’orée de l’époque mondiale, et dont il faudra s’occuper… 3. Le besoin d’une la
3445 ndiale, et dont il faudra s’occuper… 3. Le besoin d’ une langue unique capable de traduire le langage universel de Jésus a
3446 occuper… 3. Le besoin d’une langue unique capable de traduire le langage universel de Jésus a conduit les Églises d’Orient
3447 e unique capable de traduire le langage universel de Jésus a conduit les Églises d’Orient à conserver le slavon ecclésiast
3448 langage universel de Jésus a conduit les Églises d’ Orient à conserver le slavon ecclésiastique ou le copte, tandis que l’
3449 n ecclésiastique ou le copte, tandis que l’Église d’ Occident s’arrêtait au latin liturgique : or plus personne ne comprend
3450 r que cette traduction linguistique en entraînera de proche en proche bien d’autres, éthiques, psychologiques, philosophiq
3451 e bourgeoise, voire victorienne — et qui risquent de gêner son expansion mondiale, son pouvoir d’être assimilé en tant que
3452 uent de gêner son expansion mondiale, son pouvoir d’ être assimilé en tant que vérité pour tous les temps et pour toutes le
3453 rité pour tous les temps et pour toutes les races de la Terre. Il semble donc certain que le mouvement œcuménique ne devra
3454 ccès que représenterait pour lui l’union fédérale de toutes les confessions chrétiennes. Il faudra que cette union, à son
3455 l’islam. Et il faudra que les penseurs chrétiens de demain recherchent, en dialoguant avec les penseurs hindouistes et bo
3456 indouistes et bouddhistes, s’il existe des moyens de traduire en termes de vérité spirituelle commune les termes de grâce,
3457 n termes de vérité spirituelle commune les termes de grâce, de foi, de personne et surtout d’amour qui sont les fondements
3458 e vérité spirituelle commune les termes de grâce, de foi, de personne et surtout d’amour qui sont les fondements du christ
3459 spirituelle commune les termes de grâce, de foi, de personne et surtout d’amour qui sont les fondements du christianisme
3460 s termes de grâce, de foi, de personne et surtout d’ amour qui sont les fondements du christianisme et que les traditions o
3461 s semblent exclure. Tout ceci, non dans un esprit de tolérance mutuelle un peu condescendante, de laxisme théologique, ou
3462 prit de tolérance mutuelle un peu condescendante, de laxisme théologique, ou simplement par gain de paix, mais au contrair
3463 e, de laxisme théologique, ou simplement par gain de paix, mais au contraire dans un esprit de catholicité réelle, incluse
3464 ar gain de paix, mais au contraire dans un esprit de catholicité réelle, incluse de toute vérité. Moyennant cet effort imm
3465 ire dans un esprit de catholicité réelle, incluse de toute vérité. Moyennant cet effort immense, véritablement planétaire,
3466 ions », nulle religion vivante ne paraît disposer de promesses d’avenir mondial comparables à celles de la religion du Chr
3467 religion vivante ne paraît disposer de promesses d’ avenir mondial comparables à celles de la religion du Christ. Plus sus
3468 e promesses d’avenir mondial comparables à celles de la religion du Christ. Plus susceptible que toute autre d’être tradui
3469 igion du Christ. Plus susceptible que toute autre d’ être traduite dans n’importe quel contexte culturel, seule soucieuses
3470 ’importe quel contexte culturel, seule soucieuses de découvrir les voies et moyens de sa communication universelle, premiè
3471 seule soucieuses de découvrir les voies et moyens de sa communication universelle, première inspiratrice et par là même mo
3472 spiratrice et par là même modératrice prédestinée de la civilisation scientifique, la religion du Christ est aussi et surt
3473 ait pu résumer toute sa loi dans le commandement de l’Amour — amour de Dieu, amour de soi et du prochain, indissolubles —
3474 te sa loi dans le commandement de l’Amour — amour de Dieu, amour de soi et du prochain, indissolubles — et telle est à mes
3475 le commandement de l’Amour — amour de Dieu, amour de soi et du prochain, indissolubles — et telle est à mes yeux la seule
3476 et telle est à mes yeux la seule règle concevable d’ une société des hommes non seulement pacifique mais ouverte à l’action
3477 s non seulement pacifique mais ouverte à l’action de l’Esprit de vérité. 47. Romains 12:2. Voir chapitre 10 : « Le défi
3478 ent pacifique mais ouverte à l’action de l’Esprit de vérité. 47. Romains 12:2. Voir chapitre 10 : « Le défi du marxisme 
3479 isme ». 48. L’organisation actuelle, centralisée de l’Église romaine date en fait du concile de Trente, 1545-1563. 49. O
3480 lisée de l’Église romaine date en fait du concile de Trente, 1545-1563. 49. On a calculé que plus de 80 % des prix Nobel
3481 de Trente, 1545-1563. 49. On a calculé que plus de 80 % des prix Nobel de sciences (physique, chimie, médecine et physio
3482 49. On a calculé que plus de 80 % des prix Nobel de sciences (physique, chimie, médecine et physiologie) sont allés à des
3483 e, médecine et physiologie) sont allés à des pays de majorité protestante, entre 1901 et 1960. L’indice est même de 90 % p
3484 rotestante, entre 1901 et 1960. L’indice est même de 90 % pour la dernière période, 1941-1960. 50. Cf. supra, « Le mouvem
3485 Bros, 1957. En français : L’Aventure occidentale de l’homme , Paris, Albin Michel, 1957. 52. C’est de la côte de Malabar
3486 e l’homme , Paris, Albin Michel, 1957. 52. C’est de la côte de Malabar christianisée dès le viie siècle, que sont partis
3487 Paris, Albin Michel, 1957. 52. C’est de la côte de Malabar christianisée dès le viie siècle, que sont partis en Inde le
3488 st là que s’est constitué le seul État communiste de la péninsule, le Kerala. Gandhi lui-même avait subi, comme on sait, d
3489 erala. Gandhi lui-même avait subi, comme on sait, de fortes influences chrétiennes. Au Japon, l’essor du parti socialiste
3490 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 988. bw. Le manuscrit français est peu
3491 mes co-operate) ». bx. Les premiers schismes nés d’ hérésies chrétiennes datent des iiie et ive siècles : le manichéisme
3492 atisme, le monophysisme, etc., et ils n’ont cessé de se multiplier pendant et après le Moyen Âge : schisme entre Rome et B
3493 ns » ce qui est manifestement l’inverse du propos de l’auteur. On a corrigé sur la base de l’édition américaine. bz. L’éd
3494 e du propos de l’auteur. On a corrigé sur la base de l’édition américaine. bz. L’édition américaine donne : « its authent