1 1963, L’Opportunité chrétienne. Préface
1 ensée. Le phénomène religieux, au sens très large je l’entends, inclut certaines recherches subversives de la poésie d’
2 ste aussi grand ou juste aussi petit que lui, par il pourra se glisser vers la vérité qui l’attend, et qui était réserv
2 1963, L’Opportunité chrétienne. Première partie. L’opportunité chrétienne dans un monde sécularisé — 1. Une fausse nouvelle : « Dieu est mort »
3 ire entrevoir quelques difficultés inextricables, cette affirmation jette non seulement la pensée de ses auteurs récent
4 ieu n’existe pas, et bien plus, qu’il est mort. D’ peut lui venir cette passion de la responsabilité ? D’une volonté d’a
5 ue Sartre vient de joindre le camp du communisme, naguère encore on le traitait de rat visqueux, ou d’une manière plus
6 la phrase « Dieu est mort » est un non-sens. Car bien « Dieu » ne signifie rien — et dans ce cas il ne peut pas mourir
7 ment précis, dans le temps et dans l’espace (mais et quand ?), un événement cosmique sans précédent, « un événement con
3 1963, L’Opportunité chrétienne. Première partie. L’opportunité chrétienne dans un monde sécularisé — 2. Sécularisme
8 de vivre et de penser selon sa foi dans un monde tout nie la foi, dans un monde qui l’ignore plus ou moins sereinement
9 moins sereinement, ou pire encore : dans un monde le christianisme n’est accepté ou au contraire ridiculisé que sous la
10 s traditionnelles, dans ses caricatures, bref, là il n’est pas. En effet, certains l’acceptent comme une garantie de l’
11 ais elle peut être un bien, aussi, dans la mesure elle détruit l’équivoque entre la religion naturelle et la foi, par s
12 Tous ces mots perdent leur réalité dès l’instant l’on déclare que Dieu n’existe pas ici et maintenant. Car alors, l’en
13 ans une espèce d’indifférence vaguement inquiète, tout est permis, où il n’y a pas de sanctions, mais pas non plus d’or
14 ifférence vaguement inquiète, où tout est permis, il n’y a pas de sanctions, mais pas non plus d’ordres donnés. Ainsi l
15 fois exacte et privée de sens. C’est un portrait tout est juste, dans le détail, mais l’impression d’ensemble est faus
16 , s’il n’y a pas d’au-delà. Si Dieu n’existe pas, est la vérité ? Elle est dans l’idéal ou dans le système des plus for
17 religieuses, au sens naturel de ce terme, au sens l’on dit à juste titre : il faut une religion pour le peuple. Cependa
18 ce siècle athée, nous avons à dresser des églises l’on adore en fait la transcendance, et où l’on parle à notre temps d
19 glises où l’on adore en fait la transcendance, et l’on parle à notre temps de ses problèmes, mais au nom de ce qui les
20 piétisme, l’un se manifestant presque toujours là c’est l’autre qu’on devait attendre. Je disais tout à l’heure que la
21 galement, il me semble qu’on les a sécularisés là il ne fallait pas, et rendus ésotériques quand il fallait les rendre
22 église. Maintenant, si nous sortons du sanctuaire nous venons d’adorer ensemble le transcendant, celui qui juge et sauv
23 e d’un chrétien hors de l’église, c’est-à-dire là il s’agit non plus d’adorer Dieu mais d’informer et de convaincre des
24 en doute les pseudo-certitudes du siècle. Car là la transcendance est niée, comme chez les totalitaires, il n’y a plus
4 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 4. La responsabilité culturelle de l’Église
25 rticulièrement frappant dans les pays protestants le souci de rattacher tout travail de culture à une théologie stricte
26 et complète. Elles auront autorité dans la mesure elles interviendront au nom de leur théologie. Elles auront autorité
27 ui confère une dignité inaliénable dans la mesure il obéit à cet appel. C’est le principe fondamental de tout ordre soc
28 amnera le système du capital privé dans la mesure le mouvement des biens de la puissance matérielle y est fonction des
5 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 5. Un langage commun
29 tauration liturgique dans le monde d’aujourd’hui, les Églises sont minoriséesam. Mais ce qui me paraît hors de doute, c
30 culte est pris dans une situation existentielle, il se sent mis en question d’une manière plus fondamentale. Même s’il
6 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 6. Vocation et destin d’Israël
31 déborde ici singulièrement le culte des images d’ elle tire son nom. Elle embrasse tout ce qui n’est pas foi, mais vue,
32 r. Que devient en effet la culture, dans un monde n’est tolérée que « la seule chose nécessaire ? » L’homme qui a une
33 de l’Occident chrétien sera grande dans la mesure elle sera biblique ou grecque, sublime dans la mesure où la synthèse
34 sera biblique ou grecque, sublime dans la mesure la synthèse des deux traditions sera dominée par l’élément biblique.)
35 » — cela condamne la mythologie et la fabulation, les Aryens puisent leur art de tromper et de se satisfaire d’illusion
36 che le capitalisme à des attitudes religieuses, d’ serait partie l’impulsion, attitudes analogues en ceci tout au moins
37 le d’Israël. Tout dépend de lui, et il refuse ! D’ la haine sourde, et en même temps le respect religieux qu’on lui port
38 dans un volume intitulé Penser avec les mains , l’on trouvera un raccourci de la présente étude. Du point de vue de l
39 duction abstraite… » (Renan, op. cit., I, p. 49). Renan voit un obscurcissement, je vois le gage d’une vive actualité,
7 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 7. Théologie et littérature
40 i moins fécond à observer.bb 2. Depuis les temps la philosophie n’était que la servante de la théologie, ses efforts d
41 dant comment en nier l’importance, dans un siècle la littérature exerce sur le public cultivé un empire comparable à ce
42 es hypothèses de travail. 5. L’ignorance générale sont les écrivains modernes des rudiments de la théologie a pour cons
43 octrine fut reprise par les auteurs du Tristan, d’ sont issus presque tous nos romans, étaient nourris de l’hérésie mani
44 gique parfaitement cohérente et intransigeante, d’ son influence profonde et indéniable sur Ibsen, sur Unamuno, sur Rilk
8 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 8. La mission de l’artiste
45 respecter qu’en vertu d’une espèce de préjugé. D’ l’on pourrait déduire, soit dit en passant, la vanité totale des tent
46 artiste remplit bien sa mission 1. dans la mesure il est bon artisan, et 2. dans la mesure où ses ouvrages signifient d
47 esure où il est bon artisan, et 2. dans la mesure ses ouvrages signifient d’une manière efficace. Ceci appelle, naturel
48 osé bon artisan remplit sa mission dans la mesure ses ouvrages : provoquent chez les spectateurs, lecteurs ou auditeurs
49 dépasser le stade de totale inculture théologique nous les voyons aujourd’hui. C’est dans cette perspective que je vais
50 tant, est un fait d’expérience indéniable. Mais d’ vient-elle ? Ce que Paul Valéry appelle « les dieux », sans se compro
51 e réponds vraiment à un appel venu d’ailleurs ? D’ vient la voix ? Qui parle ? Moi, ou l’Autre ? Telle est la situation
9 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 9. La crise moderne du mariage
52 Ce choix qu’on peut dire « libre » dans la mesure il n’est plus prédéterminé ou limité par des règles collectives, ce c
53 à l’éditeur d’un magazine américain d’un article je voulais décrire l’extraordinaire inflation du love interest dans l
54 nos mœurs occidentales, dans l’atmosphère morale baignent l’immense majorité de nos contemporains, le mariage (et donc
55 sentiment tout en lui refusant l’accomplissement il s’apaiserait. Il semble que la violence de la passion soit en rais
56 onde occidental la contagion de l’amor de lonh, d’ devaient sortir pendant des siècles tous nos poèmes et nos romans, co
57 qui la porte débouche trop vite dans la réalité, il s’enlise. « Ce n’est pas Amour, qui tourne à la réalité », écrivai
58 Or l’évolution générale des mœurs, dans les pays elle se produit librement « tourne à la réalité », précisément. Le mo
59 s dans la rue. Nous touchons aujourd’hui au point la romance, loin d’être un état d’exception délicieusement intéressan
60 erait une erreur, car elle fascine dans la mesure elle constitue un interdit, et meurt lorsqu’elle est universellement
10 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 10. Le défi du marxisme
61 i donc parle-t-on lorsqu’on parle de communisme ? le prendre ? En quoi peut résider l’identité d’une doctrine qui préte
62 érialiste », au sens vulgaire, que dans la mesure la mentalité de l’époque peut être qualifiée — et se qualifie elle-mê
63 t les lois d’un monde qu’il condamne ! Car alors, serait son refus ? Et quelle preuve aurions-nous de sa transformation
64 là ce que pensent les marxistes, mais c’est aussi apparaît leur erreur initiale sur l’homme. Leur ignorance ou leur ave
65 porter mon péché et ses effets dans le monde réel vivent les hommes — où meurent les hommes. Reproches réciproques q
66 effets dans le monde réel où vivent les hommes — meurent les hommes. Reproches réciproques que s’adressent les chré
67 la, s’il a pu paraître cela, c’est dans la mesure le christianisme, aux yeux des masses, n’a plus osé se montrer chréti
68 rinale, intrinsèquement, et dans la mesure exacte l’on est un marxiste convaincu, non point dans la mesure où l’on trah
69 t un marxiste convaincu, non point dans la mesure l’on trahit le marxisme, on fait une erreur fatale, irrévocable, aujo
70 transformation, nécessaire dans tous les domaines son activité peut se développer38. Mais le marxiste, quelles que soie
71 on péché, « changé », sorti du plan, précisément, le marxisme le maintient. Moyens d’action du chrétien et du marxis
72 a grosse majorité des communistes suit Staline. D’ il résulte à l’évidence que pour la grosse majorité des communistes,
73 uniste ou de militer en sa faveur : l’alternative il se place est sans issue. Car ou bien il accepte les disciplines d’
74 re aujourd’hui, dans un ordre non socialiste. Par l’on voit qu’en dépit du langage, la transcendance de la foi chrétien
75 de François Ier, c’est-à-dire jusqu’à une époque la passion totalitaire des gouvernants n’avait pas encore pu s’affirm
76 ésistance déclarée que dans les pays calvinistes, la notion de l’autonomie des groupes reste vivace (Angleterre, Écosse
77 s chrétien, vers une économie sauvée : le Royaume Dieu est « tout en tous ». Si les Églises chrétiennes ont à souffrir
78 ent qu’elles en sont responsables, dans la mesure elles cédèrent, jadis, aux tentations théocratiques ou séculières. Si
79 e nous en sommes les responsables, dans la mesure nous cultivons un esprit détaché du réel, une liberté abstentionniste
80 sens qu’on retrouve les mêmes mécanismes partout l’esprit démissionne ! 33. « Je ne vois jamais le christianisme deve
11 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 11. La baleine qui avait faim
81 lieu de l’apaiser, excite encore son appétit. Par l’on voit que l’esprit de recherche n’est pas un instinct animal, mai
82 dictions morales, intellectuelles et pratiques. D’ vient cette inquiétude fondamentale ? D’où, ce désordre permanent que
83 ues. D’où vient cette inquiétude fondamentale ? D’ , ce désordre permanent que les meilleurs esprits déplorent depuis des
12 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 12. Le mouvement œcuménique et le fédéralisme
84 dra réel aux yeux des peuples qu’à partir du jour il sera capable de répondre avec force et autorité aux questions poli
85 . Leur action fut puissante dans la mesure exacte elle fut l’expression directe de leur être. Si le mouvement œcuméniqu
86 propose de surmonter. C’est dans la mesure exacte les Églises ont voulu transformer la foi à l’Una Sancta en une assura
87 tion ou de doctrine), c’est dans la mesure exacte elles ont douté d’une union par essence incontrôlable, qu’elles ont p
88 hodoxie de l’Église se « ferme » sur elle-même. D’ les schismes nombreux, dès cette époque, dans les Églises calvinistes
89 vide social. C’est une sorte d’angoisse diffuse d’ naît l’appel à une communauté nouvelle et plus solide, où l’individu
90 l’appel à une communauté nouvelle et plus solide, l’individu isolé retrouve des contraintes qui le rassurent, et où l’É
91 olé retrouve des contraintes qui le rassurent, et l’État reprend sa puissance. C’est Rome alors qui nous donnera le sym
92 glise primitive, dans la perspective sociologique nous nous plaçons ici ? Une communauté spirituelle formée de communau
93 équilibre, il y a un principe vivant d’union. Là est l’Esprit, là est la liberté, mais là aussi est la vraie communion
94 ion, une doctrine et une tactique nouvelles. Mais sont-elles ? Qui les prépare ?bs La seule espérance et aussi la seul
95 u’il demande. Dans l’état d’impuissance apparente se voient aujourd’hui les Églises, si cette foi seule demeure, elle s
96 (Les partis socialistes subsistant dans les pays les Soviets ne règnent pas, sont en voie de divergence et non de conv
13 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 13. La fin du pessimisme
97 groupe d’opérateurs, signifie simplement, partout elle fonctionne, la suppression de la condition prolétarienne. Généra
14 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 14. Sur l’avenir du christianisme
98 plénitude conquise. D’ailleurs, dans l’hypothèse le progrès réussirait, où nos besoins terrestres se tiendraient pour
99 leurs, dans l’hypothèse où le progrès réussirait, nos besoins terrestres se tiendraient pour comblés, ce n’est pas seul
100 La nature de l’homme est de dépasser la Nature. D’ je conclus qu’une religion qui aurait à redouter la réussite du progr
101 s tantôt rivaux tantôt coalisésbw) dans la mesure il se présente aux yeux du monde non seulement comme vérité révélée,
102 istianisme est aussi une idéologie dans la mesure il reste lié à une culture déterminée qui a sa source historique en E
103 e et Caucase, Égypte et Éthiopie) puis en Europe, il s’est organisé en calquant les structures de l’Empire romain d’Occ
104 ellence de l’Europe et de ses conquêtes. Au seuil nous voici, d’une histoire du monde presque subitement unifiée par le
105 lus profonde que nos contemporains ne le croient) le christianisme a suscité, catalysé et qualifié d’une manière décisi
106 r, et donc rendre communicable. 2. Dans la mesure le culte communautaire reste une part essentielle du christianisme, i