1 n me demande un livre sur la Suisse. « Quel genre de livre ? Il y en a tant sur ce pays. J’en ai fait au moins deux moi-mê

2 … » Cette honnête et curieuse proposition émanait de Marcel Thiébaut, directeur d’une nouvelle collection sur les pays de

3 proposition émanait de Marcel Thiébaut, directeur d’ une nouvelle collection sur les pays de toute la terre. Marcel Thiébau

4 directeur d’une nouvelle collection sur les pays de toute la terre. Marcel Thiébaut passait à juste titre pour le critiqu

5 nd il vous demandait un article pour cette Revue de Paris qu’il faisait presque seul, on aimait se laisser convaincre de

6 ait presque seul, on aimait se laisser convaincre de lui donner un texte qui allât dans le sens que suggérait son amitié :

7 Et Marcel Thiébaut ajoutait : « Je n’attends pas de vous du Siegfried, vous voyez cela, mais quelque chose de plus intime

8 livres sur la Suisse : ils tiennent tout un rayon de ma bibliothèque. Il m’a semblé que l’on avait tout dit. Non seulement

9 l’on avait tout dit. Non seulement sur l’histoire de cette nation, et de chacun de ses vingt-cinq États, mais sur les arts

10 Non seulement sur l’histoire de cette nation, et de chacun de ses vingt-cinq États, mais sur les arts et les institutions

11 ment sur l’histoire de cette nation, et de chacun de ses vingt-cinq États, mais sur les arts et les institutions, la natur

12 se ou la monographie, mais encore avec une espèce d’ unanimité convaincante dans l’interprétation et le jugement, dans le b

13 les découvrent. Peu de problèmes en friche, point de grandes controverses. Un ouvrage d’ensemble ne pouvait apporter qu’un

14 friche, point de grandes controverses. Un ouvrage d’ ensemble ne pouvait apporter qu’un nouvel arrangement de matières bien

15 mble ne pouvait apporter qu’un nouvel arrangement de matières bien connues. Rien là qui m’émeuve à écrire. Je m’avisai, po

16 à écrire. Je m’avisai, pour comble, que le livre d’ images que l’on me proposait de composer existait bel et bien, et que

17 mble, que le livre d’images que l’on me proposait de composer existait bel et bien, et que c’était un chef-d’œuvre : Cités

18 Pays suisses, par Gonzague de Reynold. Les hommes de ma génération et de celle qui l’a précédée doivent à Reynold la décou

19 nzague de Reynold. Les hommes de ma génération et de celle qui l’a précédée doivent à Reynold la découverte du vrai passé

20 dée doivent à Reynold la découverte du vrai passé de leur patrie et d’une dimension nouvelle de sa réalité vivante. Tout c

21 old la découverte du vrai passé de leur patrie et d’ une dimension nouvelle de sa réalité vivante. Tout ce que les guides i

22 passé de leur patrie et d’une dimension nouvelle de sa réalité vivante. Tout ce que les guides ignorent et que les cartes

23 norent et que les cartes postales sont incapables de faire voir, la durée, la saveur d’une tradition, la mémoire des temps

24 ont incapables de faire voir, la durée, la saveur d’ une tradition, la mémoire des temps héroïques restituée par la méditat

25 roïques restituée par la méditation sur une place de bourg médiéval ou sur un horizon de collines boisées et de vergers en

26 sur une place de bourg médiéval ou sur un horizon de collines boisées et de vergers en fleurs auprès d’un lac qui virent l

27 médiéval ou sur un horizon de collines boisées et de vergers en fleurs auprès d’un lac qui virent la fuite du Téméraire, l

28 e collines boisées et de vergers en fleurs auprès d’ un lac qui virent la fuite du Téméraire, la liberté des villes d’Empir

29 rent la fuite du Téméraire, la liberté des villes d’ Empire, le génie de la cité, les structures de la terre, le message ch

30 méraire, la liberté des villes d’Empire, le génie de la cité, les structures de la terre, le message chiffré des monuments

31 les d’Empire, le génie de la cité, les structures de la terre, le message chiffré des monuments et la vérité des légendes,

32 tes ces sources directes, immédiates et sensibles de la vie de nos petits pays — et même les chartes et les parchemins son

33 urces directes, immédiates et sensibles de la vie de nos petits pays — et même les chartes et les parchemins sont auprès d

34 et même les chartes et les parchemins sont auprès d’ elles des documents de seconde main — c’est tout cela que Reynold sut

35 les parchemins sont auprès d’elles des documents de seconde main — c’est tout cela que Reynold sut nous apprendre à voir,

36 , rajeunissant notre regard et balayant un siècle de clichés officiels. Son œuvre entière d’historien, de dramaturge et de

37 un siècle de clichés officiels. Son œuvre entière d’ historien, de dramaturge et de polémiste illustre, avec autant d’agres

38 clichés officiels. Son œuvre entière d’historien, de dramaturge et de polémiste illustre, avec autant d’agreste poésie que

39 . Son œuvre entière d’historien, de dramaturge et de polémiste illustre, avec autant d’agreste poésie que de science bien

40 dramaturge et de polémiste illustre, avec autant d’ agreste poésie que de science bien humanisée et de liberté d’esprit ge

41 émiste illustre, avec autant d’agreste poésie que de science bien humanisée et de liberté d’esprit gentiment insolente, le

42 d’agreste poésie que de science bien humanisée et de liberté d’esprit gentiment insolente, le « génie du fédéralisme ». Il

43 oésie que de science bien humanisée et de liberté d’ esprit gentiment insolente, le « génie du fédéralisme ». Il y a chez c

44  génie du fédéralisme ». Il y a chez ce châtelain de Cressier près Morat, patricien de Fribourg et descendant des fondateu

45 ez ce châtelain de Cressier près Morat, patricien de Fribourg et descendant des fondateurs de la Suisse primitive, un lyri

46 atricien de Fribourg et descendant des fondateurs de la Suisse primitive, un lyrique de la terre sacrée, des morts sacrés

47 des fondateurs de la Suisse primitive, un lyrique de la terre sacrée, des morts sacrés et des bannières flammées, un citoy

48 en toujours prompt à servir l’idéal qu’il se fait de son pays, à se charger de délicates missions diplomatiques, et un Eur

49 r l’idéal qu’il se fait de son pays, à se charger de délicates missions diplomatiques, et un Européen de vision large, qui

50 délicates missions diplomatiques, et un Européen de vision large, qui fut un membre très actif de la Coopération intellec

51 éen de vision large, qui fut un membre très actif de la Coopération intellectuelle, aux beaux temps de la SDN. Tous ces tr

52 de la Coopération intellectuelle, aux beaux temps de la SDN. Tous ces traits font de lui, me semble-t-il, un Chateaubriand

53 , aux beaux temps de la SDN. Tous ces traits font de lui, me semble-t-il, un Chateaubriand de l’helvétisme. Mais la Suisse

54 its font de lui, me semble-t-il, un Chateaubriand de l’helvétisme. Mais la Suisse qu’il nous a restituée, il la voit surto

55 passé bien plus qu’à l’avenir. » ⁂ Sur la Suisse d’ aujourd’hui et ses problèmes — industriels, sociaux et politiques —, i

56 omment ce petit pays avait pu tenir le rôle moral d’ une grande nation. Mais dans le monde en mutation de cette seconde moi

57 une grande nation. Mais dans le monde en mutation de cette seconde moitié du xxe siècle, la Suisse est-elle une survivanc

58 le une survivance, ou bien le signe avant-coureur d’ un avenir possible de l’Europe ? Tout au long de l’ouvrage exemplaire

59 bien le signe avant-coureur d’un avenir possible de l’Europe ? Tout au long de l’ouvrage exemplaire qu’il publiait en 194

60 r d’un avenir possible de l’Europe ? Tout au long de l’ouvrage exemplaire qu’il publiait en 1948, La Suisse, démocratie té

61 ed s’est posé cette question. Mais il s’est gardé d’ y répondre, ou plutôt il n’y a répondu que par la bande, la bande roug

62 ge qui ornait le livre : « C’est une grande folie de croire qu’on peut être sage tout seul. » (La Rochefoucauld.) Maxime q

63 e, industrialisée, démocrate à l’extrême, jalouse de ses diversités, unie par le refus de les uniformiser, libérale et dis

64 ême, jalouse de ses diversités, unie par le refus de les uniformiser, libérale et disciplinée, traditionnelle et progressi

65 mée. Il nous décrit un pays que la nature a privé de matières premières et qui parvient à exporter une part plus grande de

66 s et qui parvient à exporter une part plus grande de sa production qu’aucun autre pays du monde, tour de force technique «

67 sa production qu’aucun autre pays du monde, tour de force technique « à base de culture », c’est-à-dire de science appliq

68 rce technique « à base de culture », c’est-à-dire de science appliquée, et j’ajouterai : de savoir-faire, de tour de main,

69 est-à-dire de science appliquée, et j’ajouterai : de savoir-faire, de tour de main, qui est d’abord un tour de pensée. Il

70 ence appliquée, et j’ajouterai : de savoir-faire, de tour de main, qui est d’abord un tour de pensée. Il nous fait voir un

71 liquée, et j’ajouterai : de savoir-faire, de tour de main, qui est d’abord un tour de pensée. Il nous fait voir un jeu d’i

72 r-faire, de tour de main, qui est d’abord un tour de pensée. Il nous fait voir un jeu d’institutions dont la complexité s’

73 abord un tour de pensée. Il nous fait voir un jeu d’ institutions dont la complexité s’est révélée pratique, en servant les

74 qui soit allé si loin dans l’analyse des variétés de l’expérience fédérale sans s’exposer aux démentis amers de ceux qui e

75 rience fédérale sans s’exposer aux démentis amers de ceux qui en vivent et qui en chérissent toutes les nuances. Sa pruden

76 à chaque pas, écoutez-le : « Je me garderai bien de dire que certains cantons sont moins authentiquement suisses que d’au

77 tration bien entendue, dont le seul but avoué est d’ assurer aux hommes plus de bien-être et d’avantages sociaux. En somme,

78 t le seul but avoué est d’assurer aux hommes plus de bien-être et d’avantages sociaux. En somme, à cette « démocratie témo

79 oué est d’assurer aux hommes plus de bien-être et d’ avantages sociaux. En somme, à cette « démocratie témoin », ce visiteu

80 témoin », ce visiteur sérieux et averti n’adresse d’ autre critique, si c’en est une, que d’avoir résolu ses problèmes par

81 n’adresse d’autre critique, si c’en est une, que d’ avoir résolu ses problèmes par des moyens valables pour elle seule. Da

82 vivons, semble-t-il dire, n’est-il pas imprudent d’ être aussi sage ? Et c’est ici que nous retrouvons la maxime de La Roc

83 sage ? Et c’est ici que nous retrouvons la maxime de La Rochefoucauld, et en ce point j’ai décidé d’écrire ce livre, dans

84 e de La Rochefoucauld, et en ce point j’ai décidé d’ écrire ce livre, dans l’espoir de la réfuter. ⁂ Il est fou d’être sage

85 oint j’ai décidé d’écrire ce livre, dans l’espoir de la réfuter. ⁂ Il est fou d’être sage tout seul, mais non moins fou de

86 livre, dans l’espoir de la réfuter. ⁂ Il est fou d’ être sage tout seul, mais non moins fou de renoncer à une sagesse qu’o

87 est fou d’être sage tout seul, mais non moins fou de renoncer à une sagesse qu’on se voit seul à professer. Voici donc le

88 cole. En d’autres termes : si l’Europe continuait d’ être folle à l’unanimité de ses nations, la fédération suisse serait p

89 si l’Europe continuait d’être folle à l’unanimité de ses nations, la fédération suisse serait perdue sans nul doute. Mais

90 erait perdue. Or je vois qu’elle peut être sauvée d’ une balkanisation sans gloire si elle accepte de s’helvétiser, j’enten

91 e d’une balkanisation sans gloire si elle accepte de s’helvétiser, j’entends bien : de se fédérer. On répète que la sagess

92 si elle accepte de s’helvétiser, j’entends bien : de se fédérer. On répète que la sagesse suisse, qui est le bon sens fédé

93 qui est le bon sens fédéraliste, n’est pas objet d’ exportation, n’a pas de valeur universelle. C’est ce que pensent aussi

94 déraliste, n’est pas objet d’exportation, n’a pas de valeur universelle. C’est ce que pensent aussi trop de Suisses, et vo

95 leur universelle. C’est ce que pensent aussi trop de Suisses, et voilà bien le reproche qu’il faut leur faire si l’on admi

96 solution. Certes le fédéralisme est le contraire d’ un système. Ce n’est pas une structure abstraite et géométrique, ce n’

97 principes, et ceux-ci m’apparaissent susceptibles d’ être appliqués à l’échelle de l’Europe, mutatis mutandis bien entendu 

98 aissent susceptibles d’être appliqués à l’échelle de l’Europe, mutatis mutandis bien entendu : c’est précisément la méthod

99 inement la clef du passé suisse, mais celle aussi de l’avenir européen, car les deux sont inséparables : essayer de penser

100 uropéen, car les deux sont inséparables : essayer de penser l’un, c’est interroger l’autre. Les Suisses ont-ils suffisamme

101 ffisamment compris à quel point leur régime, loin d’ être menacé par une fédération de l’Europe entière, y trouverait sa me

102 eur régime, loin d’être menacé par une fédération de l’Europe entière, y trouverait sa meilleure garantie ? Et quant aux m

103 it sa meilleure garantie ? Et quant aux militants de l’union européenne, ils ne sauraient étudier d’assez près cette expér

104 s de l’union européenne, ils ne sauraient étudier d’ assez près cette expérience de laboratoire poursuivie depuis un siècle

105 e sauraient étudier d’assez près cette expérience de laboratoire poursuivie depuis un siècle au cœur même de l’Europe avec

106 oratoire poursuivie depuis un siècle au cœur même de l’Europe avec un succès indéniable, mais au prix de certains sacrific

107 pense d’ailleurs sur ce sujet, qui est au centre de mon ouvrage, il n’est peut-être pas sans intérêt de connaître, au-del

108 mon ouvrage, il n’est peut-être pas sans intérêt de connaître, au-delà des clichés, une histoire qui dément la sagesse pr

109 re qui dément la sagesse proverbiale : l’histoire d’ un peuple heureux. ⁂ J’ai pris le parti de montrer d’abord comment se

110 istoire d’un peuple heureux. ⁂ J’ai pris le parti de montrer d’abord comment se forme une fédération. Puis comment elle fo

111 on y crée. Enfin, ce qu’elle peut donner au monde de demain. Je m’adresse donc d’abord aux « étrangers », à mes compatriot

112 nous pourrions expliquer cette incongrue machine d’ une folle complexité que nous avons montée tous ensemble, que nous ne

113 s avons montée tous ensemble, que nous ne cessons d’ ajuster, et qui marche à la grâce de Dieu malgré la confusion des homm

114 us ne cessons d’ajuster, et qui marche à la grâce de Dieu malgré la confusion des hommes, — et mieux qu’une autre, en fin

115 ront me reprocher, les unes sont dues à un manque d’ intérêt, les autres à un défaut de compétence. Je suis homme et, je l’

116 ues à un manque d’intérêt, les autres à un défaut de compétence. Je suis homme et, je l’avoue sans remords excessif mais n

117 peut tout savoir », comme le rappelait la devise de Nicolas Manuel, peintre, poète, soldat, réformateur, banneret de Bern

118 el, peintre, poète, soldat, réformateur, banneret de Berne, et Suisse selon mon cœur. Ferney-Voltaire, mai 1964.

119 sance du mythe C’est une heure grave et pleine de méditations que celle où l’on a sous les yeux la Suisse, ce nœud puis

120 l’on a sous les yeux la Suisse, ce nœud puissant d’ hommes forts et de hautes montagnes inextricablement noué au milieu de

121 eux la Suisse, ce nœud puissant d’hommes forts et de hautes montagnes inextricablement noué au milieu de l’Europe, qui a é

122 ué au milieu de l’Europe, qui a ébréché la cognée de l’Autriche et rompu la formidable épée de Charles le Téméraire. La Pr

123 cognée de l’Autriche et rompu la formidable épée de Charles le Téméraire. La Providence a fait les montagnes, Guillaume T

124 Victor Hugo en 1839. Le Righi se situe au centre de la Suisse, à l’intersection des deux droites joignant les points extr

125 ion des deux droites joignant les points extrêmes de la Suisse actuelle : Genève et Saint-Gall, Porrentruy et le Stelvio.

126 on voit par temps clair la chaîne sombre du Jura, de l’ouest au nord ; la plus grande partie du plateau onduleux qui s’éta

127 rueux figé au milieu de la tempête par le souffle de Jéhovah ». Après une heure passée sur le Righi, Hugo se sent devenir

128 obe qu’on a sous les yeux, c’est aussi un segment de l’histoire. Le touriste y vient chercher un point de vue ; le penseur

129 t une phrase, où chaque village est un accent, et d’ où sortent pêle-mêle comme une fumée deux-mille ans de souvenirs… J’ét

130 sortent pêle-mêle comme une fumée deux-mille ans de souvenirs… J’étais seul, je rêvais — qui n’eût rêvé ? — et les quatre

131 rêvais — qui n’eût rêvé ? — et les quatre géants de l’histoire européenne venaient comme d’eux-mêmes devant l’œil de ma p

132 re géants de l’histoire européenne venaient comme d’ eux-mêmes devant l’œil de ma pensée se poser debout aux quatre points

133 uropéenne venaient comme d’eux-mêmes devant l’œil de ma pensée se poser debout aux quatre points cardinaux de ce colossal

134 ensée se poser debout aux quatre points cardinaux de ce colossal paysage : Annibal dans les Alpes allobroges, Charlemagne

135 rtes à leur juste ampleur. Une certaine tradition de l’histoire suisse est ici fixée pour un siècle : Guillaume Tell, pâtr

136 ateur, triomphant des despotes féodaux et fondant d’ un seul trait d’arbalète dans une pomme la plus ancienne démocratie du

137 t des despotes féodaux et fondant d’un seul trait d’ arbalète dans une pomme la plus ancienne démocratie du monde. Du premi

138 schudi (xvie siècle) jusqu’aux manuels scolaires de mon enfance, en passant par l’Histoire des Suisses de Jean de Müller,

139 ini mit en musique pour le samedi soir des villes d’ eaux, par l’imagerie de 1848 et par beaucoup de peinture éloquente, la

140 le samedi soir des villes d’eaux, par l’imagerie de 1848 et par beaucoup de peinture éloquente, la légende helvétique s’e

141 s levées sous les étoiles, au Grütli, le 1er août de 1291, et voici la Suisse fédérale, égalitaire, neutre et pacifique, t

142 lui assignait la Providence, dans ses frontières d’ aujourd’hui. Cette tradition touchante et belle ne recoupe presque en

143 vérifiables, mais elle n’en fait pas moins partie de l’histoire suisse, parce qu’avec une puissance plus étendue que celle

144 ement en quelques mois au milieu du xixe siècle, d’ un État suisse très composite mais fortement noué, et stable depuis lo

145 té, le goût et parfois la passion qu’ont les gens de ce pays d’être Suisses sont des bienfaits que la connaissance exacte

146 et parfois la passion qu’ont les gens de ce pays d’ être Suisses sont des bienfaits que la connaissance exacte des antiqui

147 dans leur complexité réelle n’eût pas été capable de susciter. Il arrive que le mythe gouverne les faits d’histoire pour l

148 sciter. Il arrive que le mythe gouverne les faits d’ histoire pour le meilleur et pour le pire, comme il gouverne dans nos

149 res fédérales sont bien articulées, il n’y a plus de danger à distinguer dans l’histoire de sa formation la part accidente

150 n’y a plus de danger à distinguer dans l’histoire de sa formation la part accidentelle de la légende et la part des donnée

151 s l’histoire de sa formation la part accidentelle de la légende et la part des données vérifiables. Ces dernières nous per

152 érifiables. Ces dernières nous permettront seules de transposer certaines constantes et de projeter dans l’avenir certaine

153 ront seules de transposer certaines constantes et de projeter dans l’avenir certaines conclusions politiques qu’il est ten

154 ertaines conclusions politiques qu’il est tentant de dégager de notre expérience fédérale, au moment où l’Europe cherche u

155 nclusions politiques qu’il est tentant de dégager de notre expérience fédérale, au moment où l’Europe cherche une formule

156 dérale, au moment où l’Europe cherche une formule d’ union. Plutôt que de conter une fois de plus, en un fallacieux raccour

157 l’Europe cherche une formule d’union. Plutôt que de conter une fois de plus, en un fallacieux raccourci, la chronique des

158 Ligues suisses jusqu’au xixe siècle, puis celle de la Suisse fédérée à partir de 1848, je vais tenter de confronter les

159 a Suisse fédérée à partir de 1848, je vais tenter de confronter les thèmes et les clichés les plus fameux de l’« helvétism

160 fronter les thèmes et les clichés les plus fameux de l’« helvétisme » littéraire et populaire avec les faits d’histoire le

161 lvétisme » littéraire et populaire avec les faits d’ histoire les plus certains. Et je renvoie en appendice le récit de l’i

162 lus certains. Et je renvoie en appendice le récit de l’invention de Guillaume Tell, moins connue que les actes du héros. N

163 t je renvoie en appendice le récit de l’invention de Guillaume Tell, moins connue que les actes du héros. Non certes dans

164 u héros. Non certes dans l’idée sotte ou perverse de réduire le sublime au sordide ou seulement à l’insignifiant, mais par

165 parce que je crois au contraire que les réalités de l’histoire suisse dépassent largement la fiction quant aux leçons d’a

166 e dépassent largement la fiction quant aux leçons d’ avenir qu’elles nous proposent, et qu’elles peuvent suggérer à l’Europ

167 ume Tell » Le Suisse moyen, quand il lui arrive de penser à son histoire, imagine le serment du Grütli comme un point de

168 oire, imagine le serment du Grütli comme un point de départ absolu. C’est l’aube des temps, tout ce qui précède n’est que

169 91, cela se situe tout à la fin du deuxième tiers de notre ère. Avant que se noue le premier germe de ce qui deviendra, si

170 de notre ère. Avant que se noue le premier germe de ce qui deviendra, si Dieu lui prête vie, la Suisse actuelle, il y a e

171 Suisse actuelle, il y a eu déjà plusieurs siècles d’ Europe et la grande floraison du Moyen Âge. Il y a eu l’essor des mona

172 es, les grandes écoles théologiques, le printemps de l’amour courtois, la chevalerie et les communes. Tous ces mouvements

173 rie et les communes. Tous ces mouvements profonds de l’âme, toutes ces révolutions du sentiment, de l’esprit, de la vie co

174 ds de l’âme, toutes ces révolutions du sentiment, de l’esprit, de la vie communautaire, ont recouvert le continent ; ils o

175 toutes ces révolutions du sentiment, de l’esprit, de la vie communautaire, ont recouvert le continent ; ils ont formé et t

176 formé et transformé les hommes, modelé le visage de leurs pays ; mais déjà la plupart d’entre eux, en cette fin du xiiie

177 r déclin ou sont en crise. Tout cela, les Suisses d’ aujourd’hui l’ont en commun avec l’Europe entière, et leurs ancêtres y

178 ice dont les traces monumentales restent visibles de nos jours. Et cependant, lorsque, en 1308, l’avocat normand Pierre Du

179 présente à Philippe le Bel le premier plan connu d’ une union de l’Europe en vue de renouveler les croisades, il propose d

180 Philippe le Bel le premier plan connu d’une union de l’Europe en vue de renouveler les croisades, il propose de fédérer un

181 pe en vue de renouveler les croisades, il propose de fédérer un très grand nombre de royaumes, principautés ou républiques

182 sades, il propose de fédérer un très grand nombre de royaumes, principautés ou républiques qu’il énumère, mais la Suisse n

183 né plus qu’un autre, n’a jamais possédé jusque-là d’ individualité distincte ? L’histoire de cette région, en tant que « Su

184 jusque-là d’individualité distincte ? L’histoire de cette région, en tant que « Suisse », n’aurait-elle pas bien d’autres

185  Suisse », n’aurait-elle pas bien d’autres points de départ possibles, pour le moins aussi convaincants que 1291 ? Il y eu

186 n premier nom qui désigna la plus grande part, et de tout temps la plus peuplée, du territoire de la Suisse actuelle, et c

187 , et de tout temps la plus peuplée, du territoire de la Suisse actuelle, et ce fut le nom des Helvètes. Ces Celtes, nous d

188 au nord, les Alpes et le Léman au sud, passionnés de la guerre, persuadés de leur force, ils décidèrent de quitter leur pa

189 Léman au sud, passionnés de la guerre, persuadés de leur force, ils décidèrent de quitter leur pays et de faire de la Gau

190 a guerre, persuadés de leur force, ils décidèrent de quitter leur pays et de faire de la Gaule entière leur empire. Quand

191 eur force, ils décidèrent de quitter leur pays et de faire de la Gaule entière leur empire. Quand ils se croient prêts po

192 , ils décidèrent de quitter leur pays et de faire de la Gaule entière leur empire. Quand ils se croient prêts pour cette

193 aux flammes : ainsi, en s’interdisant tout espoir de retour, ils seraient mieux préparés à braver les hasards à venir ; et

194 rds à venir ; et ils ordonnent que chacun emporte de la farine pour trois mois. César les poursuit avec ses légions levée

195 ns levées à la hâte, les rejoint à Bibracte, près d’ Autun, les bat et oblige leurs débris à regagner leur pays d’origine,

196 s bat et oblige leurs débris à regagner leur pays d’ origine, quitte à rebâtir leurs cités. Les Helvètes auraient-ils fondé

197 onné lieu d’une part à la désignation « sublime » de la Suisse : c’est la « libre Helvétie » des romantiques et de nos cha

198  : c’est la « libre Helvétie » des romantiques et de nos chants patriotiques, ou l’Helvetia des inscriptions latines, des

199 s-poste — et d’autre part à une certaine dérision de nos vertus autant que de nos travers : l’honnêteté ou le sérieux des

200 à une certaine dérision de nos vertus autant que de nos travers : l’honnêteté ou le sérieux des Suisses sont souvent qual

201 ou le sérieux des Suisses sont souvent qualifiés d’ « helvétiques » comme leur lourdeur3. Tel personnage de Giraudoux s’ir

202 elvétiques » comme leur lourdeur3. Tel personnage de Giraudoux s’irrite contre Rousseau : « Décevant Helvète ! » Mais l’He

203 n venait de l’Illyrie, aujourd’hui yougoslave, et de la Vénétie — cessa vite de former dans l’Empire une unité territorial

204 urd’hui yougoslave, et de la Vénétie — cessa vite de former dans l’Empire une unité territoriale. Aux 110 000 rescapés de

205 pire une unité territoriale. Aux 110 000 rescapés de Bibracte, rapatriés par Jules César, se mêlèrent les légions romaines

206 romaines, les administrateurs, les constructeurs de routes et de nombreuses cités prospères (dont plus d’une mérita le ti

207 s administrateurs, les constructeurs de routes et de nombreuses cités prospères (dont plus d’une mérita le titre d’Augusta

208 outes et de nombreuses cités prospères (dont plus d’ une mérita le titre d’Augusta), enfin des colonies de vétérans. L’héré

209 cités prospères (dont plus d’une mérita le titre d’ Augusta), enfin des colonies de vétérans. L’hérédité helvète des Suiss

210 ne mérita le titre d’Augusta), enfin des colonies de vétérans. L’hérédité helvète des Suisses d’aujourd’hui est donc dilué

211 onies de vétérans. L’hérédité helvète des Suisses d’ aujourd’hui est donc diluée à l’extrême, les Alamans et les Burgondes

212 llo-romaines. Mais un autre héritage plus certain de l’époque helvéto-romaine s’est transmis à la Suisse médiévale et régi

213 régionale. Les pagi jouissaient chez les Helvètes d’ une vie locale plus libre et plus diversifiée que celle qu’on a pu con

214 où plusieurs historiens modernes voient l’origine de l’existence avant tout cantonale des Suisses. La formation des royaum

215 des Suisses. La formation des royaumes successifs de Bourgogne et du duché d’Alamanie provoquera aux siècles suivants une

216 des royaumes successifs de Bourgogne et du duché d’ Alamanie provoquera aux siècles suivants une diversification d’une aut

217 ovoquera aux siècles suivants une diversification d’ une autre sorte : à l’est s’implanteront des dialectes germaniques, à

218 Conquise par les Francs puis intégrée à l’empire de Charlemagne, la région du Plateau et des Alpes ne connaîtra plus d’un

219 région du Plateau et des Alpes ne connaîtra plus d’ unité distincte pendant des siècles. Après le partage de Verdun, un se

220 é distincte pendant des siècles. Après le partage de Verdun, un second royaume de Bourgogne et le duché d’Alamanie s’allie

221 es. Après le partage de Verdun, un second royaume de Bourgogne et le duché d’Alamanie s’allient provisoirement pour faire

222 erdun, un second royaume de Bourgogne et le duché d’ Alamanie s’allient provisoirement pour faire face aux raids des Hongro

223 nnent du sud. Mais bientôt la dissolution féodale de ces deux souverainetés, dont héritent les rois du Saint-Empire, donne

224 e, donne naissance à une bigarrure indescriptible de fiefs enchevêtrés, de cités libres, d’abbayes, d’évêchés, d’avoueries

225 ne bigarrure indescriptible de fiefs enchevêtrés, de cités libres, d’abbayes, d’évêchés, d’avoueries impériales, et de com

226 scriptible de fiefs enchevêtrés, de cités libres, d’ abbayes, d’évêchés, d’avoueries impériales, et de communautés foncière

227 de fiefs enchevêtrés, de cités libres, d’abbayes, d’ évêchés, d’avoueries impériales, et de communautés foncières ou propri

228 chevêtrés, de cités libres, d’abbayes, d’évêchés, d’ avoueries impériales, et de communautés foncières ou propriétés collec

229 d’abbayes, d’évêchés, d’avoueries impériales, et de communautés foncières ou propriétés collectives, selon la formule de

230 ières ou propriétés collectives, selon la formule de l’Allmend héritée du droit germanique, et qui a subsisté jusqu’à nous

231 fondu dans le grand corps du Saint-Empire romain de nation germanique. À la faveur de la faiblesse de ce lien trop lointa

232 t-Empire romain de nation germanique. À la faveur de la faiblesse de ce lien trop lointain, trop idéal, des familles gouve

233 de nation germanique. À la faveur de la faiblesse de ce lien trop lointain, trop idéal, des familles gouvernantes se const

234 lles gouvernantes se constituent. Dans le domaine de l’actuelle Suisse, les principales seront les Zähringen, les Lenzbour

235 t enfin les Habsbourg. Bertold de Villingen, fils d’ un « homme libre » du Brisgau, reçoit de l’empereur Henri IV le titre

236 gen, fils d’un « homme libre » du Brisgau, reçoit de l’empereur Henri IV le titre de duc de Zähringen et l’avouerie impéri

237 u Brisgau, reçoit de l’empereur Henri IV le titre de duc de Zähringen et l’avouerie impériale de Zurich, dont le couvent d

238 titre de duc de Zähringen et l’avouerie impériale de Zurich, dont le couvent de Fraumünster possède la suzeraineté de la v

239 le couvent de Fraumünster possède la suzeraineté de la vallée d’Uri. Ses descendants vont dominer la plus grande partie d

240 e Fraumünster possède la suzeraineté de la vallée d’ Uri. Ses descendants vont dominer la plus grande partie du pays, entre

241 Le duc Conrad est investi par l’empereur du titre de « recteur de Bourgogne ». Son petit-fils, Berthold V, se voit offrir

242 est investi par l’empereur du titre de « recteur de Bourgogne ». Son petit-fils, Berthold V, se voit offrir la couronne i

243 la couronne impériale par les gibelins, à la mort d’ Henri IV, mais la refuse. Les Savoie lui ont déjà repris une partie de

244 refuse. Les Savoie lui ont déjà repris une partie de la Romandie, lorsqu’il meurt sans enfants en 1218. Jamais la Suisse n

245 s Bernois restèrent longtemps fidèles au souvenir de leurs ducs. Il est curieux de replacer dans ce contexte le fait que B

246 fidèles au souvenir de leurs ducs. Il est curieux de replacer dans ce contexte le fait que Berne est aujourd’hui la « vill

247 t que Berne est aujourd’hui la « ville fédérale » de la Suisse. Quant à l’héritage immédiat des Zähringen, il donne lieu à

248 des Zähringen, il donne lieu à des contestations d’ une infinie complexité. Les Kybourg et les Savoie tentent d’arrondir l

249 nie complexité. Les Kybourg et les Savoie tentent d’ arrondir leurs possessions, aux dépens les uns des autres. Leur lutte,

250 vec le deuxième tiers du xiiie siècle, au profit d’ un troisième larron. En Alsace et en Argovie, aux alentours de l’an mi

251 me larron. En Alsace et en Argovie, aux alentours de l’an mille, une famille dont le nom primitif serait Habicht commence

252 fester. Vers 1025, elle construit le château fort de la Habsbourg tout près des ruines de Vindonissa, autrefois capitale m

253 château fort de la Habsbourg tout près des ruines de Vindonissa, autrefois capitale militaire de l’Helvétie romanisée. Les

254 uines de Vindonissa, autrefois capitale militaire de l’Helvétie romanisée. Les Habsbourg ont déjà le génie des mariages :

255 ui ramènent dans la famille les héritages en voie de dispersion. Rodolphe Ier qui est né en 1218, l’année de l’extinction

256 persion. Rodolphe Ier qui est né en 1218, l’année de l’extinction des Zähringen, se trouve ainsi le successeur de la majeu

257 tion des Zähringen, se trouve ainsi le successeur de la majeure partie du domaine des Kybourg lorsque cette dynastie s’éte

258 a fonder la Suisse ? Il ne s’en faudrait plus que de quelques campagnes pour ramener sous son obédience les villes romande

259 r sous son obédience les villes romandes, le pays de Vaud et Bâle. S’il pouvait au surplus resserrer son emprise sur les c

260 Alpes, il serait enfin le maître et l’unificateur de l’ancien territoire des Helvètes. Par l’astuce et la force alternées,

261 ’y réussir. Il a mis le siège devant la résidence de l’évêque de Bâle, en 1273. Mais c’est là que lui parvient la nouvelle

262 Il a mis le siège devant la résidence de l’évêque de Bâle, en 1273. Mais c’est là que lui parvient la nouvelle de son élec

263 1273. Mais c’est là que lui parvient la nouvelle de son élection à l’Empire. Désormais, le destin des Habsbourg va se dét

264 le destin des Habsbourg va se détacher rapidement de celui de leur pays d’origine. Tandis que les premiers confédérés, len

265 des Habsbourg va se détacher rapidement de celui de leur pays d’origine. Tandis que les premiers confédérés, lentement, v

266 g va se détacher rapidement de celui de leur pays d’ origine. Tandis que les premiers confédérés, lentement, ville à ville,

267 le à ville, en trois siècles, étendront le réseau de leurs ligues sur les fiefs alémanes de Rodolphe et en chasseront ses

268 le réseau de leurs ligues sur les fiefs alémanes de Rodolphe et en chasseront ses descendants, c’est aux dimensions de l’

269 chasseront ses descendants, c’est aux dimensions de l’Europe et bientôt de deux Amériques que les Habsbourg, dans le même

270 ants, c’est aux dimensions de l’Europe et bientôt de deux Amériques que les Habsbourg, dans le même temps, étendront leur

271 e, Charles Quint aura sans doute perdu le berceau de sa famille, mais il régnera sur le monde. J’anticipe, mais c’est pour

272 êmes lieux et des mêmes circonstances : la maison de Habsbourg et la Suisse. Vers 1900, au cours d’une réception à la Hofb

273 on de Habsbourg et la Suisse. Vers 1900, au cours d’ une réception à la Hofburg, un secrétaire de légation issu d’une vieil

274 cours d’une réception à la Hofburg, un secrétaire de légation issu d’une vieille famille de la Suisse orientale fut présen

275 tion à la Hofburg, un secrétaire de légation issu d’ une vieille famille de la Suisse orientale fut présenté à l’empereur e

276 secrétaire de légation issu d’une vieille famille de la Suisse orientale fut présenté à l’empereur et jugea spirituel de l

277 tale fut présenté à l’empereur et jugea spirituel de lui rappeler que des Habsbourg avaient été vassaux de ses ancêtres, p

278 ui rappeler que des Habsbourg avaient été vassaux de ses ancêtres, pour certains fiefs, au xiie siècle. « Il faut avouer

279 te fédération républicaine survit à la fédération de monarchies qui fut le chef-d’œuvre des Habsbourg. ⁂ Les unités ou fo

280 on vient de rappeler la succession furent autant de « Suisses » avant la lettre, beaucoup plus vastes par leur territoire

281 omposition que la ligue qui va se former à partir d’ un noyau minuscule en cette fin du xiiie siècle. On pourrait donc fai

282 s Zähringen, ou au domaine des Habsbourg : autant d’ origines éligibles. Mais le fait est que les historiens de ce pays, tr

283 es éligibles. Mais le fait est que les historiens de ce pays, traduisant le sentiment populaire autant qu’ils ont contribu

284 renforcer, n’ont jamais hésité à fixer pour point de départ de notre évolution, un pacte conclu entre les trois vallées d’

285 n’ont jamais hésité à fixer pour point de départ de notre évolution, un pacte conclu entre les trois vallées d’Uri, de Sc

286 volution, un pacte conclu entre les trois vallées d’ Uri, de Schwyz et de Nidwald aux environs de 1300. Ce choix révèle que

287 n, un pacte conclu entre les trois vallées d’Uri, de Schwyz et de Nidwald aux environs de 1300. Ce choix révèle quelque ch

288 onclu entre les trois vallées d’Uri, de Schwyz et de Nidwald aux environs de 1300. Ce choix révèle quelque chose d’essenti

289 llées d’Uri, de Schwyz et de Nidwald aux environs de 1300. Ce choix révèle quelque chose d’essentiel quant à la nature mêm

290 x environs de 1300. Ce choix révèle quelque chose d’ essentiel quant à la nature même de la Suisse. Il signifie que la Suis

291 quelque chose d’essentiel quant à la nature même de la Suisse. Il signifie que la Suisse, aux yeux des citoyens qui s’en

292 aume des Capétiens, mais un régime ou une formule d’ association. L’Helvétie n’était guère qu’une unité de race et de géogr

293 ssociation. L’Helvétie n’était guère qu’une unité de race et de géographie. Et le duché des Zähringen ne fut que l’unité t

294 L’Helvétie n’était guère qu’une unité de race et de géographie. Et le duché des Zähringen ne fut que l’unité territoriale

295 Mais la Suisse s’est constituée comme un système d’ unions jurées, garantissant des libertés particulières. Ce n’est pas l

296 s libertés particulières. Ce n’est pas l’ambition de créer une puissance collective et d’étendre ses bases territoriales,

297 s l’ambition de créer une puissance collective et d’ étendre ses bases territoriales, mais au contraire la volonté de sauve

298 bases territoriales, mais au contraire la volonté de sauvegarder des indépendances locales, qui explique la naissance de c

299 indépendances locales, qui explique la naissance de cette communauté et sa continuité profonde jusqu’à nos jours. Il conv

300 ontinuité profonde jusqu’à nos jours. Il convient de remonter à ces données premières si l’on veut expliquer notre civisme

301 te perspective qu’il faut interpréter la décision de dater notre histoire d’un pacte qui demeura longtemps inaperçu, et qu

302 t interpréter la décision de dater notre histoire d’ un pacte qui demeura longtemps inaperçu, et que l’on prit après coup p

303 nant à quelles réalités cette tradition si pleine de sens se réfère. ⁂ Le cadre de l’action est le Saint-Empire. Le lieu,

304 radition si pleine de sens se réfère. ⁂ Le cadre de l’action est le Saint-Empire. Le lieu, une région très réduite, au so

305 pire. Le lieu, une région très réduite, au sommet de cet arc des Alpes qui sépare la partie septentrionale et la partie mé

306 la partie septentrionale et la partie méridionale de l’Empire. Les protagonistes sont l’empereur, les Habsbourg et les Wal

307 par l’aménagement, dès le début du xiiie siècle, de la route traversant le Saint-Gothard : c’est le seul col qui relie d’

308 nt le Saint-Gothard : c’est le seul col qui relie d’ un seul trait les deux moitiés du Saint-Empire, des plaines lombardes

309 ois chaînes à traverser. L’Anglais Coxe, voyageur de talent, le décrit en ces termes au xviiie siècle : Le passage du Go

310 u xviiie siècle : Le passage du Gothard est une de ces créations étonnantes qui prouvent jusqu’à quel point les efforts

311 antes qui prouvent jusqu’à quel point les efforts de l’homme peuvent triompher de la nature. Le chemin, qui a quatre lieue

312 el point les efforts de l’homme peuvent triompher de la nature. Le chemin, qui a quatre lieues depuis Altdorf jusqu’à Airo

313 s depuis Altdorf jusqu’à Airolo, n’a jamais moins de dix pieds de large et ordinairement en a douze ou quinze ; il est pav

314 orf jusqu’à Airolo, n’a jamais moins de dix pieds de large et ordinairement en a douze ou quinze ; il est pavé dans la plu

315 u quinze ; il est pavé dans la plus grande partie de sa longueur en quartiers de granit, et semble être un ruban jeté négl

316 la plus grande partie de sa longueur en quartiers de granit, et semble être un ruban jeté négligemment sur les montagnes q

317 Arrêtons-nous d’abord en ce lieu remarquable qui de tout temps a fasciné les voyageurs doués de quelque sens poétique de

318 e qui de tout temps a fasciné les voyageurs doués de quelque sens poétique de l’histoire et des influences telluriques. Li

319 ciné les voyageurs doués de quelque sens poétique de l’histoire et des influences telluriques. Lieu de passage, mais aussi

320 de l’histoire et des influences telluriques. Lieu de passage, mais aussi lieu de sources, col impérial et naissance des fl

321 ces telluriques. Lieu de passage, mais aussi lieu de sources, col impérial et naissance des fleuves les plus prestigieux d

322 ial et naissance des fleuves les plus prestigieux de l’Europe. Or, tous les seuils détiennent un caractère sacré et toutes

323 la entre en composition dans le mystère qui émane de ce massif central, de cette croix de vallées et de ce château d’eau.

324 n dans le mystère qui émane de ce massif central, de cette croix de vallées et de ce château d’eau. À peine distantes de q

325 re qui émane de ce massif central, de cette croix de vallées et de ce château d’eau. À peine distantes de quelques lieues

326 e ce massif central, de cette croix de vallées et de ce château d’eau. À peine distantes de quelques lieues du col : sourc

327 ntral, de cette croix de vallées et de ce château d’ eau. À peine distantes de quelques lieues du col : source du Rhin, sou

328 vallées et de ce château d’eau. À peine distantes de quelques lieues du col : source du Rhin, source du Rhône, sources de

329 du col : source du Rhin, source du Rhône, sources de l’Inn et du Tessin, affluents principaux du Danube et du Pô. Ce qui f

330 nube et du Pô. Ce qui faisait écrire au chevalier de Boufflers que du sommet du Saint-Gothard « l’on peut cracher dans l’O

331 pice du Saint-Gothard, cube granitique et nu près d’ un lac pur ; une vallée s’enfonce vers le Nord germanique entre deux p

332 enfonce vers le Nord germanique entre deux parois de roches noires, creusée par un torrent qu’enjambe le pont du Diable.

333 u Diable. Vers l’est et vers l’ouest deux routes de col commencent la vallée du Rhin par l’Oberalp qui conduit aux Grison

334 it au Valais latin. Et, au milieu, dans un cirque de prairies à l’herbe grasse, environné de hautes pentes dénudées que co

335 un cirque de prairies à l’herbe grasse, environné de hautes pentes dénudées que couronne parfois la tranche d’un glacier,

336 s pentes dénudées que couronne parfois la tranche d’ un glacier, les villages d’Andermatt et d’Hospental se groupent autour

337 nne parfois la tranche d’un glacier, les villages d’ Andermatt et d’Hospental se groupent autour d’une grosse église baroqu

338 tranche d’un glacier, les villages d’Andermatt et d’ Hospental se groupent autour d’une grosse église baroque et d’un donjo

339 ges d’Andermatt et d’Hospental se groupent autour d’ une grosse église baroque et d’un donjon romain sur un rocher. Au fron

340 se groupent autour d’une grosse église baroque et d’ un donjon romain sur un rocher. Au fronton de la chapelle Saint-Charle

341 e et d’un donjon romain sur un rocher. Au fronton de la chapelle Saint-Charles, à Hospental, quelques vers disent avec sim

342 quelques vers disent avec simplicité ce sentiment d’ être au cœur de l’Europe qui ne manque pas de m’émouvoir chaque fois q

343 isent avec simplicité ce sentiment d’être au cœur de l’Europe qui ne manque pas de m’émouvoir chaque fois que je m’arrête

344 ment d’être au cœur de l’Europe qui ne manque pas de m’émouvoir chaque fois que je m’arrête au Gothard : Ici les chemins

345 sainte ? Ou bien vers l’ouest, au loin, en terre de France ? Quelques siècles plus tard, un poète français fait dire à s

346 les saisons et les sites : Et je me souviendrai de ce lieu où l’hiver Demeure au cœur des mois d’été : Ce lieu de glace,

347 ai de ce lieu où l’hiver Demeure au cœur des mois d’ été : Ce lieu de glace, et de rocs noirs, et de cieux noirs, Où, dans

348 l’hiver Demeure au cœur des mois d’été : Ce lieu de glace, et de rocs noirs, et de cieux noirs, Où, dans le pur silence.

349 ure au cœur des mois d’été : Ce lieu de glace, et de rocs noirs, et de cieux noirs, Où, dans le pur silence. Au-dessus de

350 is d’été : Ce lieu de glace, et de rocs noirs, et de cieux noirs, Où, dans le pur silence. Au-dessus de toute l’Europe se

351 e cieux noirs, Où, dans le pur silence. Au-dessus de toute l’Europe se rencontrent La Germanie et Rome.4 ⁂ En ce lieu se

352 t Rome.4 ⁂ En ce lieu se sont noués les destins de la Suisse, au xiiie siècle. Voyons les personnages du drame. Frédéri

353 es ou communes forestières, associations des gens d’ une vallée possédant la terre en indivision. Ces communautés sont régi

354 , c’est au nord du lac, dans un cirque bien évasé de pâturages dominés par les hauts rochers des Mythen, le débouché vers

355 et la Souabe. À l’ouest, les collines et vallées de l’Obwald et du Nidwald dominent l’autre extrémité du lac, et descende

356 extrémité du lac, et descendent jusqu’aux abords de la ville de Lucerne, débouché vers Bâle et la Rhénanie. Ce carrefour

357 u lac, et descendent jusqu’aux abords de la ville de Lucerne, débouché vers Bâle et la Rhénanie. Ce carrefour de distribut

358 , débouché vers Bâle et la Rhénanie. Ce carrefour de distribution du trafic alpestre, autour du lac aux nombreux bras en f

359 r pour les souverains qui tiennent à garder libre de toute intervention des seigneurs locaux la route la plus courte joign

360 int-Empire. Voilà pourquoi Henri, fils et vicaire de Frédéric II, accorde à la vallée d’Uri, dès l’an 1231, l’immédiateté

361 ls et vicaire de Frédéric II, accorde à la vallée d’ Uri, dès l’an 1231, l’immédiateté impériale, franchise habituellement

362 ellement réservée aux villes5 et qui a pour effet de les libérer de la suzeraineté des comtes locaux. Une communauté « imm

363 ée aux villes5 et qui a pour effet de les libérer de la suzeraineté des comtes locaux. Une communauté « immédiate à l’Empi

364 nauté « immédiate à l’Empire » ne dépend plus que de la couronne européenne. En 1240, la commune de Schwyz, menacée par l’

365 ue de la couronne européenne. En 1240, la commune de Schwyz, menacée par l’extension des Habsbourg, obtient de Frédéric lu

366 z, menacée par l’extension des Habsbourg, obtient de Frédéric lui-même une lettre l’assurant de sa protection spéciale. Da

367 btient de Frédéric lui-même une lettre l’assurant de sa protection spéciale. Dans le même temps, deux communes se forment

368 liance militaire en 1273, au moment de l’élection de Rodolphe. Il est certain que leurs libertés se voient garanties par l

369 tés se voient garanties par l’Empire à proportion de leur proximité du Saint-Gothard. L’empereur et les communes affranchi

370 les communes affranchies pour assurer la liberté de passage du col ont partie liée contre les Habsbourg, lesquels s’effor

371 es Habsbourg, lesquels s’efforcent méthodiquement de rassembler en un tout continu leurs fiefs épars sur le plateau et dan

372 teau et dans les vallées qui entourent le lac, et de multiplier châteaux forts et péages contrôlant le trafic du Gothard.

373 trafic du Gothard. L’interrègne qui suit la mort de Frédéric (de 1250 à 1273) a laissé les Waldstätten sans recours suprê

374 thard. L’interrègne qui suit la mort de Frédéric ( de 1250 à 1273) a laissé les Waldstätten sans recours suprême. Livrés à

375 e. Livrés à eux-mêmes, ils ont pris des habitudes d’ autogouvernement, tandis que les Habsbourg renforçaient leur pression.

376 rg renforçaient leur pression. Mais voici le coup de tonnerre : Habsbourg devient empereur ! Le protecteur lointain et le

377 t-circuit allume les feux sur la montagne, signes de résistance concertée qui salueront bientôt, selon la légende, le Pact

378 légende, le Pacte entre les trois communautés. Et de nos jours encore, chaque année, au soir du 1er août, la Suisse entièr

379 soir du 1er août, la Suisse entière se constelle de milliers de feux sur les hauteurs et sur les places publiques. Devant

380 août, la Suisse entière se constelle de milliers de feux sur les hauteurs et sur les places publiques. Devant eux, tout l

381 . l’emploi du terme « Albion », le plus vieux nom de l’Angleterre, pour désigner les défauts traditionnels attribués à cet

382 bués à cette nation. 4. Valery Larbaud, Épilogue de A. O. Barnabooth. 5. À cette époque, sont déjà « villes impériales »

383 « La Suisse est née de la révolte de pâtres libertaires contre le despote autrichien6 » Qu

384 « La Suisse est née de la révolte de pâtres libertaires contre le despote autrichien6 » Quel est l’état

385 moment du drame initial qui les oppose aux comtes de Habsbourg ? Les trois communautés foncières et d’exploitation7, quoiq

386 de Habsbourg ? Les trois communautés foncières et d’ exploitation7, quoique habitant des vallées contiguës, parlant même la

387 de à Schwyz, qui compte à cette époque deux tiers de libres, tandis que ces derniers ne constituent qu’à peine un tiers de

388 e ces derniers ne constituent qu’à peine un tiers de la population de l’Obwald et du Nidwald. Que sont les libres ? Des pr

389 constituent qu’à peine un tiers de la population de l’Obwald et du Nidwald. Que sont les libres ? Des propriétaires et pa

390 s, et qui sont ou se disent socialement les égaux de la noblesse, laquelle se marie parmi eux sans déroger. (Tout libre pe

391 décadence et glissant au servage, s’est maintenue d’ une manière exceptionnelle dans ce petit coin de l’Empire. Quant aux s

392 e d’une manière exceptionnelle dans ce petit coin de l’Empire. Quant aux serfs des vallées alpestres, nous avons vu qu’ils

393 c les autres classes, et ont part au gouvernement de leur commune. Ceux qui relèvent des abbayes jouissent d’un statut à p

394 commune. Ceux qui relèvent des abbayes jouissent d’ un statut à peu près comparable à celui des libres. Dans l’ensemble, l

395 une des populations les plus riches en privilèges de toutes celles qui relèvent de l’Empire. Mais c’est Uri qui a reçu les

396 iches en privilèges de toutes celles qui relèvent de l’Empire. Mais c’est Uri qui a reçu les premières lettres d’immédiate

397 . Mais c’est Uri qui a reçu les premières lettres d’ immédiateté, tandis que l’Unterwald n’en a pas, et que les franchises

398 que l’Unterwald n’en a pas, et que les franchises de Schwyz resteront longtemps contestables. Cependant, ces communautés o

399 es communautés ont à compter avec un grand nombre de biens, parcelles et droits fonciers que possèdent dans leurs vallées,

400 riaux du couvent d’Einsiedeln, près de Schwyz, et de la vallée d’Urseren, située au cœur du Gothard. Des baillis ou intend

401 ent d’Einsiedeln, près de Schwyz, et de la vallée d’ Urseren, située au cœur du Gothard. Des baillis ou intendants, leurs c

402 s baillis ou intendants, leurs créatures, tentent de gouverner le pays. Or, ces baillis sont presque tous choisis dans la

403 lpestres. Mais ils redoutent l’emprise croissante de cette famille sur la route du Saint-Gothard, cause directe de leurs p

404 ille sur la route du Saint-Gothard, cause directe de leurs privilèges et symbole très concret de leur mission commune : il

405 recte de leurs privilèges et symbole très concret de leur mission commune : ils en sont la grand-garde pour l’Empire, cont

406 les intendants ministériaux : c’est une question d’ honneur, et ce n’est pas du tout une réaction de « démocrates ». Un « 

407 n d’honneur, et ce n’est pas du tout une réaction de « démocrates ». Un « libre » ne saurait être jugé par un bailli fraîc

408 saurait être jugé par un bailli fraîchement issu de la servitude, et qui au surplus vient d’Argovie, ou de Zurich, par la

409 ent issu de la servitude, et qui au surplus vient d’ Argovie, ou de Zurich, par la seule grâce du comte Rodolphe. Seul, ce

410 servitude, et qui au surplus vient d’Argovie, ou de Zurich, par la seule grâce du comte Rodolphe. Seul, ce second motif d

411 le grâce du comte Rodolphe. Seul, ce second motif de résistance est expressément invoqué dans le pacte de 1291. Ce que les

412 résistance est expressément invoqué dans le pacte de 1291. Ce que les Waldstätten refusent, ce sont les juges « étrangers

413 ils en 1291 ? Certes, on ne peut accuser Rodolphe d’ avoir abusé de ses pouvoirs. Il n’a pas été un despote. Il a maintenu

414 Certes, on ne peut accuser Rodolphe d’avoir abusé de ses pouvoirs. Il n’a pas été un despote. Il a maintenu les libertés d

415 e accepté pour juge en certains cas. Mais si l’un de ses fils lui succède à l’Empire, que se passera-t-il ? À la suite des

416 Autriche, la Styrie, la Carinthie, et leur centre de gravité n’est plus l’Argovie proche, mais Vienne. S’il leur prenait e

417 ovie proche, mais Vienne. S’il leur prenait envie de mêler un peu les intérêts de l’Empire et ceux de leur famille ? Sait-

418 l leur prenait envie de mêler un peu les intérêts de l’Empire et ceux de leur famille ? Sait-on jamais ? Rodolphe meurt à

419 de mêler un peu les intérêts de l’Empire et ceux de leur famille ? Sait-on jamais ? Rodolphe meurt à Spire, le 15 juillet

420 illet. Quinze jours plus tard, les trois communes d’ Uri, de Schwyz et d’Unterwald renouvellent à tout événement le traité

421 Quinze jours plus tard, les trois communes d’Uri, de Schwyz et d’Unterwald renouvellent à tout événement le traité d’assis

422 plus tard, les trois communes d’Uri, de Schwyz et d’ Unterwald renouvellent à tout événement le traité d’assistance mutuell

423 Unterwald renouvellent à tout événement le traité d’ assistance mutuelle sans doute conclu un demi-siècle ou une vingtaine

424 sans doute conclu un demi-siècle ou une vingtaine d’ années auparavant. Cet acte étant resté longtemps secret, il faut bie

425 secret, il faut bien croire qu’il n’a pas résulté de délibération des assemblées réunies sur la place des bourgades princi

426 1291 ne porte aucune signature, aucune indication de lieu. Cependant, nous savons par un document de la même année, le 16

427 n de lieu. Cependant, nous savons par un document de la même année, le 16 octobre — un premier traité avec Zurich — les no

428 I, baron d’Attinghausen, dès 1291 landamman à vie d’ Uri ; le noble Arnold de Silinen, fils de chevalier, également d’Uri,

429 an à vie d’Uri ; le noble Arnold de Silinen, fils de chevalier, également d’Uri, en attendant que sa famille se transplant

430 e Arnold de Silinen, fils de chevalier, également d’ Uri, en attendant que sa famille se transplante dans le Valais ; Konra

431 iétaires — ils étaient donc, socialement parlant, d’ une classe supérieure à celle de la petite noblesse et des chevaliers 

432 ialement parlant, d’une classe supérieure à celle de la petite noblesse et des chevaliers ; Burkard Schüpfer, lui aussi pa

433 fer, lui aussi paysan libre, le premier landamman d’ Uri mentionné dans les documents, chargé en 1257 d’une médiation diffi

434 ’Uri mentionné dans les documents, chargé en 1257 d’ une médiation difficile par le comte Rodolphe de Habsbourg ; enfin Con

435 in Conrad d’Erstfeld dont la famille avait acquis de l’abbaye de Fraumünster à Zurich, la charge d’intendant pour la vallé

436 Erstfeld dont la famille avait acquis de l’abbaye de Fraumünster à Zurich, la charge d’intendant pour la vallée d’Uri : ce

437 is de l’abbaye de Fraumünster à Zurich, la charge d’ intendant pour la vallée d’Uri : ces Erstfeld, à leurs débuts de simpl

438 er à Zurich, la charge d’intendant pour la vallée d’ Uri : ces Erstfeld, à leurs débuts de simples serfs, étaient devenus e

439 ur la vallée d’Uri : ces Erstfeld, à leurs débuts de simples serfs, étaient devenus en 1291 ce que nous appelons aujourd’h

440 éducation politique et militaire.9 Donc, point de pâtres en cette affaire. Pas davantage de démocrates au sens moderne,

441 , point de pâtres en cette affaire. Pas davantage de démocrates au sens moderne, ni de révoltés : les promoteurs du pacte

442 . Pas davantage de démocrates au sens moderne, ni de révoltés : les promoteurs du pacte se promettent seulement de s’entra

443 : les promoteurs du pacte se promettent seulement de s’entraider pour maintenir, en cas de besoin, leurs droits acquis. Po

444 t seulement de s’entraider pour maintenir, en cas de besoin, leurs droits acquis. Point de despote. Et pas même d’Autrichi

445 nir, en cas de besoin, leurs droits acquis. Point de despote. Et pas même d’Autrichiens ! En effet, les Habsbourg, à cette

446 eurs droits acquis. Point de despote. Et pas même d’ Autrichiens ! En effet, les Habsbourg, à cette date, peuvent-ils être

447 ses. Il n’y a pas, en cette fin du xiiie siècle, de conflit entre deux nations, les méchants Autrichiens opprimant les bo

448 tiques des communes du Gothard, quant au maintien de leur statut particulier. D’où le besoin qu’ils éprouvent de resserrer

449 rd, quant au maintien de leur statut particulier. D’ où le besoin qu’ils éprouvent de resserrer et confirmer leur solidarit

450 atut particulier. D’où le besoin qu’ils éprouvent de resserrer et confirmer leur solidarité. Les circonstances qui ont don

451 es dans leur réalité — qui est quasi le contraire de la légende et des images populaires — considérons maintenant le pacte

452 uelques mots se résume toute une littérature qui, de Schiller à Hugo, a inventé le peuple des « vachers de la Suisse, serf

453 chiller à Hugo, a inventé le peuple des « vachers de la Suisse, serfs révoltés des Autrichiens » (Michelet). 7. On les ap

454 hales celto-ligures et alpins ou rhétiques, mêlés d’ une minorité de dolichocéphales alamano-burgondes. 9. G. de Reynold,

455 ures et alpins ou rhétiques, mêlés d’une minorité de dolichocéphales alamano-burgondes. 9. G. de Reynold, Conscience de

456 alamano-burgondes. 9. G. de Reynold, Conscience de la Suisse, 1939, p. 191-193. 10. Ce n’est guère que dans la seconde

457 la seconde moitié du xive siècle que les villes de Berne, Zurich, Soleure et Zoug concluent une alliance contre Léopold

458 les Waldstätten et les Habsbourg en tant que ducs d’ Autriche, aboutissant à la victoire décisive de Sempach en 1386. Mais

459 cs d’Autriche, aboutissant à la victoire décisive de Sempach en 1386. Mais à Sempach encore, l’armée du duc est composée d

460 ais à Sempach encore, l’armée du duc est composée de chevaliers des régions actuellement suisses.

461 « Le pacte de 1291 a fondé la Suisse » À strictement parler, la Suisse n’est un É

462 vement liés pendant des siècles par toutes sortes d’ alliances et de ligues partielles. Une seule d’entre elles, d’ailleurs

463 dant des siècles par toutes sortes d’alliances et de ligues partielles. Une seule d’entre elles, d’ailleurs jurée comme « 

464 st en quelque sorte évanouie dans le succès final de sa formule : la Suisse actuelle. De ce pacte scellé « au commencement

465 succès final de sa formule : la Suisse actuelle. De ce pacte scellé « au commencement d’août », en 1291, voici le texte j

466 se actuelle. De ce pacte scellé « au commencement d’ août », en 1291, voici le texte justement célèbre, dans une traduction

467 C’est chose honnête et profitable au bien public, de consolider les traités dans un état de paix et de tranquillité. Soit

468 en public, de consolider les traités dans un état de paix et de tranquillité. Soit donc notoire à tous que les hommes de l

469 de consolider les traités dans un état de paix et de tranquillité. Soit donc notoire à tous que les hommes de la vallée d’

470 quillité. Soit donc notoire à tous que les hommes de la vallée d’Uri, la commune de la vallée de Schwyz et la commune de c

471 t donc notoire à tous que les hommes de la vallée d’ Uri, la commune de la vallée de Schwyz et la commune de ceux de la val

472 ous que les hommes de la vallée d’Uri, la commune de la vallée de Schwyz et la commune de ceux de la vallée inférieure d’U

473 ommes de la vallée d’Uri, la commune de la vallée de Schwyz et la commune de ceux de la vallée inférieure d’Unterwald, con

474 , la commune de la vallée de Schwyz et la commune de ceux de la vallée inférieure d’Unterwald, considérant la malice des t

475 mune de la vallée de Schwyz et la commune de ceux de la vallée inférieure d’Unterwald, considérant la malice des temps et

476 wyz et la commune de ceux de la vallée inférieure d’ Unterwald, considérant la malice des temps et afin de se défendre et m

477 mps et afin de se défendre et maintenir avec plus d’ efficace, ont pris de bonne foi l’engagement de s’assister mutuellemen

478 endre et maintenir avec plus d’efficace, ont pris de bonne foi l’engagement de s’assister mutuellement de toutes leurs for

479 us d’efficace, ont pris de bonne foi l’engagement de s’assister mutuellement de toutes leurs forces, secours et bons offic

480 bonne foi l’engagement de s’assister mutuellement de toutes leurs forces, secours et bons offices, tant au-dedans qu’au-de

481 ors du pays, envers et contre quiconque tenterait de leur faire violence, de les inquiéter ou molester en leurs personnes

482 ontre quiconque tenterait de leur faire violence, de les inquiéter ou molester en leurs personnes et en leurs biens. Et, à

483 autés promet à l’autre de venir à son aide en cas de besoin, de la défendre, à ses propres frais, contre les entreprises d

484 t à l’autre de venir à son aide en cas de besoin, de la défendre, à ses propres frais, contre les entreprises de ses ennem

485 ndre, à ses propres frais, contre les entreprises de ses ennemis, et de venger sa querelle, prêtant un serment sans dol ni

486 frais, contre les entreprises de ses ennemis, et de venger sa querelle, prêtant un serment sans dol ni fraude, et renouve

487 re à son Seigneur. Et nous statuons et ordonnons, d’ un accord unanime, que nous ne reconnaîtrons dans les susdites vallées

488 ées aucun juge qui aurait acheté sa charge à prix d’ argent ou de quelque autre manière, ou qui ne serait indigène ou habit

489 ge qui aurait acheté sa charge à prix d’argent ou de quelque autre manière, ou qui ne serait indigène ou habitant de ces c

490 re manière, ou qui ne serait indigène ou habitant de ces contrées. Si quelque discorde venait à s’émouvoir entre les confé

491 tuerait un autre, serait, au cas qu’on se saisît de lui, puni de mort selon son mérite ; et s’il parvenait à s’échapper,

492 utre, serait, au cas qu’on se saisît de lui, puni de mort selon son mérite ; et s’il parvenait à s’échapper, il ne pourra

493 trer dans le pays. Pour les fauteurs et receleurs d’ un tel criminel, ils seront bannis des vallées jusqu’à ce qu’ils aient

494 té dûment rappelés par les confédérés. Celui qui, de jour ou de nuit, aura méchamment causé un incendie, perdra pour jamai

495 appelés par les confédérés. Celui qui, de jour ou de nuit, aura méchamment causé un incendie, perdra pour jamais ses droit

496 causé un incendie, perdra pour jamais ses droits de concitoyen ; et quiconque dans les vallées assistera et protégera ce

497 sistera et protégera ce malfaiteur, devra réparer de ses biens le dommage souffert. Et si l’un des confédérés porte attein

498 l’un des confédérés porte atteinte à la propriété d’ autrui par vol ou de toute autre manière, les biens que le coupable po

499 porte atteinte à la propriété d’autrui par vol ou de toute autre manière, les biens que le coupable pourrait posséder dans

500 lésé. En outre, personne ne doit prendre un gage d’ autrui, sinon des débiteurs ou cautions manifestes, et après avoir, mê

501 elqu’un refusait obéissance au jugement, au point de faire dommage par sa résistance à l’un des confédérés, tous les confé

502 es confédérés, tous les confédérés seraient tenus de contraindre le contumace à donner satisfaction. En cas de guerre ou d

503 aindre le contumace à donner satisfaction. En cas de guerre ou de discorde entre confédérés, si l’une des parties se refus

504 tumace à donner satisfaction. En cas de guerre ou de discorde entre confédérés, si l’une des parties se refuse à recevoir

505 position, les confédérés devront prendre la cause de l’autre partie. Tout ce que dessus, statué pour l’utilité commune, de

506 nt, s’il plaît à Dieu, durer à perpétuité. En foi de quoi le présent acte a été dressé, à la requête des prénommés, et mun

507 s. Fait en l’an du Seigneur 1291, au commencement d’ août. Le style est beau, de fière et franche allure, les mots calligr

508 1291, au commencement d’août. Le style est beau, de fière et franche allure, les mots calligraphiés et abrégés de main de

509 franche allure, les mots calligraphiés et abrégés de main de maître. L’utilité d’un tel pacte en latin, pour les peuples d

510 allure, les mots calligraphiés et abrégés de main de maître. L’utilité d’un tel pacte en latin, pour les peuples des trois

511 igraphiés et abrégés de main de maître. L’utilité d’ un tel pacte en latin, pour les peuples des trois vallées, eût été pou

512 té pour le moins problématique dans une situation de révolte. Il est clair qu’il s’agit d’autre chose que d’une conjuratio

513 e situation de révolte. Il est clair qu’il s’agit d’ autre chose que d’une conjuration de maquisards. Il s’agit d’un acte s

514 olte. Il est clair qu’il s’agit d’autre chose que d’ une conjuration de maquisards. Il s’agit d’un acte sacré, engageant de

515 qu’il s’agit d’autre chose que d’une conjuration de maquisards. Il s’agit d’un acte sacré, engageant devant Dieu et leur

516 se que d’une conjuration de maquisards. Il s’agit d’ un acte sacré, engageant devant Dieu et leur peuple, des responsables

517 ’usage des traités. Guillaume le Simplet, le Tell de la légende, n’eût pas entendu ce latin-là. Ni les pâtres en Lederhose

518 communautés forestières recouraient aux services de greffiers et notaires qui venaient d’Italie par le col du Gothard, et

519 ux services de greffiers et notaires qui venaient d’ Italie par le col du Gothard, et qui savaient rédiger les traités à la

520 d, nous l’avons vu, qu’Uri et Schwyz avaient reçu de l’Empire des franchises analogues à celles des villes libres, et c’es

521 , l’idée fédéraliste ne survivra que dans ce coin de l’Europe, partout ailleurs en proie aux triomphes pesants du principe

522 édéralisme à venir ? Les conditions fondamentales d’ une authentique fédération sont réunies : diversité des communautés co

523 es : diversité des communautés contiguës, volonté d’ autonomie de chaque gouvernement local, besoin de mettre en commun les

524 té des communautés contiguës, volonté d’autonomie de chaque gouvernement local, besoin de mettre en commun les forces néce

525 d’autonomie de chaque gouvernement local, besoin de mettre en commun les forces nécessaires pour sauver les autonomies, e

526 sauver les autonomies, enfin pacte juré, fœdus —  d’ où vient le mot fédération. Mais ce qui manque à cette structure, c’es

527 t un pouvoir central ou supérieur au gouvernement de chaque groupe : il n’en est pas question dans le texte du pacte, et i

528 atries » ou des États, jusqu’au jour où les vices d’ un tel système provoqueront une crise mortelle, et l’État fédéral en n

529 n naîtra. Pour l’heure, les Waldstätten n’ont pas d’ autre unité que celle qui tient à leur mouvance directe de l’Empire (d

530 unité que celle qui tient à leur mouvance directe de l’Empire (donc au Gothard), à leur commune volonté de rester chacun m

531 ’Empire (donc au Gothard), à leur commune volonté de rester chacun maître chez soi et à la bonne entente du groupe des res

532 entente du groupe des responsables qui ont « pris de bonne foi l’engagement de s’assister mutuellement… tant au-dedans qu’

533 onsables qui ont « pris de bonne foi l’engagement de s’assister mutuellement… tant au-dedans qu’au-dehors du pays ». Il y

534 s vallées. Pays réel, sinon légal, et qui n’a pas de constitution ni même de nom ! Pendant longtemps, on le désignera comm

535 non légal, et qui n’a pas de constitution ni même de nom ! Pendant longtemps, on le désignera comme celui des « Ligues de

536 ngtemps, on le désignera comme celui des « Ligues de la Haute-Allemagne », et ses chefs seront nommés dans les traités « c

537 moitié du xive siècle, l’habitude va se répandre d’ appeler « Schwyzer » l’ensemble des confédérés, du nom de ceux d’entre

538 er « Schwyzer » l’ensemble des confédérés, du nom de ceux d’entre eux qui se sont signalés par leur valeur guerrière à Mor

539 rrière à Morgarten13. Plus tard encore, les armes de Schwyz deviendront également le signe de ralliement de tous les guerr

540 es armes de Schwyz deviendront également le signe de ralliement de tous les guerriers des Ligues : une croix blanche sur c

541 hwyz deviendront également le signe de ralliement de tous les guerriers des Ligues : une croix blanche sur champ rouge, c’

542 , c’est-à-dire le symbole chrétien sur la couleur de l’Empire — cette dernière signifiant le rattachement direct au Roi ro

543 e rattachement direct au Roi romain des libres et de leurs communes. Mais comment rattacher ce pays, et plus tard cette na

544 la Suisse actuelle n’a jamais « adhéré » au pacte de 1291, et n’a jamais été requise de le signer pour devenir membre de l

545 éré » au pacte de 1291, et n’a jamais été requise de le signer pour devenir membre de la Confédération. Cette constatation

546 mais été requise de le signer pour devenir membre de la Confédération. Cette constatation peut surprendre. Elle déconcerte

547 on peut surprendre. Elle déconcerte les habitudes d’ esprit modernes, plus légalistes que réalistes, et plus logiques qu’or

548 histoire suisse mais saisir le mouvement créateur d’ une fédération progressive. Le pacte de 1291 est demeuré longtemps sec

549 t créateur d’une fédération progressive. Le pacte de 1291 est demeuré longtemps secret. On s’y réfère lors du renouvelleme

550 lement — qui est aussi la première proclamation — de l’alliance des Waldstâtten au lendemain de la bataille de Morgarten :

551 tion — de l’alliance des Waldstâtten au lendemain de la bataille de Morgarten : à Brunnen, en 1315. Puis il reste enfoui d

552 iance des Waldstâtten au lendemain de la bataille de Morgarten : à Brunnen, en 1315. Puis il reste enfoui dans des archive

553 H. Gleser en découvre une copie dans les archives de Stans, la traduit en allemand et la publie « pour la première fois »,

554 ut le voir aujourd’hui, bien exposé, aux Archives de Schwyz, où les touristes essaient en vain de déchiffrer ses dix-sept

555 ives de Schwyz, où les touristes essaient en vain de déchiffrer ses dix-sept longues lignes bien droites et artistement de

556 tement dessinées. (Deux sceaux subsistent ; celui de Schwyz, détaché de son ruban, a disparu.) On ne sait si les négociate

557 Deux sceaux subsistent ; celui de Schwyz, détaché de son ruban, a disparu.) On ne sait si les négociateurs des alliances u

558 Gleser, ont ignoré son existence. Le Livre blanc de Sarnen en 1470, les chroniqueurs Simler et Tschudi au xvie siècle, e

559 les autres jusqu’en 1760 attribuent la naissance de la Suisse au serment légendaire qui aurait été juré sur la prairie du

560 bliée, puis ignorée, et cependant seule base sûre de tout le développement ultérieur des alliances… Mais revenons aux fait

561 enons aux faits attestés. En 1332, la petite cité de Lucerne, place commerciale bien située au débouché nord-ouest de la r

562 ce commerciale bien située au débouché nord-ouest de la route du Gothard, est la première commune urbaine qui « entre en c

563 comme à un tout, bien que par un traité distinct de celui qui a formé ce tout, le pacte secret de 1291 publiquement renou

564 nct de celui qui a formé ce tout, le pacte secret de 1291 publiquement renouvelé à Brunnen. Pourquoi Lucerne n’a-t-elle pa

565 n fief Habsbourg, tandis que les Vallées relèvent de l’Empire. Cette inégalité des droits nécessite une forme spéciale d’a

566 inégalité des droits nécessite une forme spéciale d’ association. Et le jeu va se reproduire, va même se compliquer pendant

567 nouvelle se joindra au réseau des Ligues. Autant de membres nouveaux, autant de pactes ad hoc. Pourtant, il est frappant

568 au des Ligues. Autant de membres nouveaux, autant de pactes ad hoc. Pourtant, il est frappant que l’on retrouve dans toute

569 mitif : assistance mutuelle, arbitrage, autonomie de l’administration et de la justice. L’esprit est bien le même, parfois

570 elle, arbitrage, autonomie de l’administration et de la justice. L’esprit est bien le même, parfois la lettre. Qu’on en ju

571 , parfois la lettre. Qu’on en juge par cette page d’ un chroniqueur zurichois du xvie siècle, Josias Simler : Le principa

572 er : Le principal et premier chapitre ou article de toutes les alliances et ligues concerne le secours que les uns doiven

573 attaquer à tort. Après que l’on a établi l’équité de la cause et l’outrage reçu, le canton intéressé peut requérir les con

574 le canton intéressé peut requérir les confédérés de le secourir. Cependant, il ne peut pas recourir à qui bon lui semble,

575 semble, mais seulement à celui qui lui est allié de façon spéciale. Car chaque canton n’est pas allié avec tous les autre

576 lié aux six cantons du centre d’une part, à Berne de l’autre ; Berne, aux trois Waldstätten ; ceux-ci, à tous les cantons 

577 toutefois si un canton requiert un ou deux alliés de le venir secourir, tous les cantons s’assemblent, les premiers appelé

578 oses, ils envoient leurs ambassades à la chapelle de l’ermitage, ou en un lieu nommé Kienholtz, et s’il est question d’un

579 en un lieu nommé Kienholtz, et s’il est question d’ un fait qui touche les Bernois, par exemple, ils avisent ensemble aux

580 ois, par exemple, ils avisent ensemble aux moyens d’ apaiser les différends à l’amiable, ou selon le droit ; ou si cela ne

581 nt que ceux qui sont appelés au secours n’useront d’ aucune fraude et tromperie, ni d’excuse vaine, mais aideront de tout l

582 ecours n’useront d’aucune fraude et tromperie, ni d’ excuse vaine, mais aideront de tout leur pouvoir. Et comme il pourrait

583 de et tromperie, ni d’excuse vaine, mais aideront de tout leur pouvoir. Et comme il pourrait arriver qu’un canton soit ass

584 et par conséquent le canton n’aurait aucun moyen de demander secours par lettres ni par ambassades, ils ont pourvu à cela

585 ar exprès qu’en tel cas, et lorsqu’il sera besoin d’ avoir prompt secours, tous les cantons confédérés aideront de toutes l

586 mpt secours, tous les cantons confédérés aideront de toutes leurs forces, comme s’ils étaient nommément appelés… Ceux qui

587 à leurs dépens sans aucun gage. Seule l’alliance de Berne avec Uri, Schwyz et Unterwald fait mention d’une solde, à savoi

588 Berne avec Uri, Schwyz et Unterwald fait mention d’ une solde, à savoir d’un sou par jour à chaque homme de pied. Je ne p

589 z et Unterwald fait mention d’une solde, à savoir d’ un sou par jour à chaque homme de pied. Je ne puis songer à retracer

590 solde, à savoir d’un sou par jour à chaque homme de pied. Je ne puis songer à retracer ici la chronique des alliances in

591 les cantons entre eux et avec les cités et ligues de l’Alsace, de la Souabe, de la Savoie, de la Lombardie, etc. Mais il f

592 ntre eux et avec les cités et ligues de l’Alsace, de la Souabe, de la Savoie, de la Lombardie, etc. Mais il faut rappeler

593 ec les cités et ligues de l’Alsace, de la Souabe, de la Savoie, de la Lombardie, etc. Mais il faut rappeler les étapes et

594 t ligues de l’Alsace, de la Souabe, de la Savoie, de la Lombardie, etc. Mais il faut rappeler les étapes et les dates de c

595 tc. Mais il faut rappeler les étapes et les dates de celles des « confédérations » qui ont duré jusqu’à la Suisse actuelle

596 usqu’à la Suisse actuelle. En 1351, la cité libre de Zurich conclut un pacte avec Lucerne et les Waldstätten, mais réserve

597 ucerne et les Waldstätten, mais réserve son droit d’ alliances extérieures. En 1352, les confédérés conquièrent la vallée d

598 es. En 1352, les confédérés conquièrent la vallée de Glaris, puis la petite ville de Zoug, et les reçoivent dans leur alli

599 uièrent la vallée de Glaris, puis la petite ville de Zoug, et les reçoivent dans leur alliance. En 1353, Berne, ville d’Em

600 çoivent dans leur alliance. En 1353, Berne, ville d’ Empire déjà puissante, s’allie aux Waldstätten, probablement pour prév

601 ldstätten, probablement pour prévenir l’extension de ces derniers dans l’Oberland, que les Bernois sont en train de conqué

602 pactes différents, entre en conflit avec les ducs d’ Autriche, et, au lendemain de ses victoires définitives sur les Habsbo

603 onflit avec les ducs d’Autriche, et, au lendemain de ses victoires définitives sur les Habsbourg, se donne un embryon d’un

604 éfinitives sur les Habsbourg, se donne un embryon d’ unité judiciaire et militaire : par le Convenant de Sempach, en 1393,

605 ’unité judiciaire et militaire : par le Convenant de Sempach, en 1393, les droits des membres sont égalisés. Dès 1412, les

606 des Alpes, tandis que Berne et Lucerne s’emparent de l’Argovie, fief originel des Habsbourg et leur dernière possession im

607 our toujours » à l’Empire, cependant que le droit de glaive et de haute juridiction leur est conféré. À la fin du xve si

608 » à l’Empire, cependant que le droit de glaive et de haute juridiction leur est conféré. À la fin du xve siècle, les écl

609 es l’entrée dans la Confédération des deux villes de Fribourg et Soleure (1481). Au début du xvie siècle, l’heureuse conc

610 u xvie siècle, l’heureuse conclusion des guerres de Souabe, menées contre l’empereur Maximilien, amène Bâle et Schaffhous

611 eau et des communes alpestres unies par un réseau de pactes. Vues du dehors, par ceux qu’elles ont battus, les Ligues se p

612 e présentent comme un État, bien qu’elles n’aient d’ autre organe commun qu’une diète sans nul pouvoir contraignant15. Mais

613 . Mais au cours des trois siècles suivants, point d’ admissions nouvelles dans le lien confédéral, lequel est mis à rude ép

614 les cantons primitifs et les villes protestantes de Zurich et de Berne paralyse l’extension normale des Ligues et produit

615 primitifs et les villes protestantes de Zurich et de Berne paralyse l’extension normale des Ligues et produit même leur ré

616 . Successivement, l’action du parti catholique et de ses alliés étrangers fait perdre aux Suisses le val d’Ossola au Sud,

617 s alliés étrangers fait perdre aux Suisses le val d’ Ossola au Sud, Constance au nord-est, le pays de Gex et les rives savo

618 l d’Ossola au Sud, Constance au nord-est, le pays de Gex et les rives savoyardes du Léman à l’ouest. Ces territoires ne se

619 lus tard pour Mulhouse et la Valteline, l’absence de politique commune fait perdre à la Confédération nombre de pays assoc

620 que commune fait perdre à la Confédération nombre de pays associés ou sujets. Le cas de Genève est le plus scandaleux : ce

621 ération nombre de pays associés ou sujets. Le cas de Genève est le plus scandaleux : cette ville ayant demandé d’adhérer a

622 st le plus scandaleux : cette ville ayant demandé d’ adhérer aux Ligues, les cinq cantons du Centre, auxquels se joint Frib

623 nacité des Genevois, lors de la fameuse tentative d’ escalade de 1602. En 1713, les trois Waldstätten renouvellent le légen

624 Genevois, lors de la fameuse tentative d’escalade de 1602. En 1713, les trois Waldstätten renouvellent le légendaire Serme

625 onfédération ! Ce geste extrême, d’ailleurs privé de suites pratiques par la victoire des protestants à Villmergen, révèle

626 tants à Villmergen, révèle un aspect très curieux de l’ancienne Suisse : au fond, les cantons primitifs ne se montrèrent j

627 rent jamais favorables à la formation progressive d’ une plus vaste union politique englobant une pluralité de confessions,

628 lus vaste union politique englobant une pluralité de confessions, de langues et de régimes alliés sur pied d’égalité. C’es

629 politique englobant une pluralité de confessions, de langues et de régimes alliés sur pied d’égalité. C’est malgré eux que

630 obant une pluralité de confessions, de langues et de régimes alliés sur pied d’égalité. C’est malgré eux que la Suisse une

631 essions, de langues et de régimes alliés sur pied d’ égalité. C’est malgré eux que la Suisse une et diverse s’est constitué

632 Suisse une et diverse s’est constituée… à partir d’ eux et de leur pacte fondamental ! La secousse imprimée par la Révolut

633 ne et diverse s’est constituée… à partir d’eux et de leur pacte fondamental ! La secousse imprimée par la Révolution à l’é

634 e en cantons libres les bailliages et pays sujets d’ Argovie, de Thurgovie, de Vaud et du Tessin. Saint-Gall et les Griso

635 s libres les bailliages et pays sujets d’Argovie, de Thurgovie, de Vaud et du Tessin. Saint-Gall et les Grisons, qui ava

636 ailliages et pays sujets d’Argovie, de Thurgovie, de Vaud et du Tessin. Saint-Gall et les Grisons, qui avaient mené jusq

637 s au « corps helvétique ». Enfin, la Restauration de 1815 amène l’entrée de Genève, du Valais et de Neuchâtel dans une con

638  ». Enfin, la Restauration de 1815 amène l’entrée de Genève, du Valais et de Neuchâtel dans une confédération renouvelée.

639 on de 1815 amène l’entrée de Genève, du Valais et de Neuchâtel dans une confédération renouvelée. Encore, le dernier de ce

640 une confédération renouvelée. Encore, le dernier de ces trois États, principauté dont le souverain est le roi de Prusse,

641 mutation des Ligues en État fédéral. Ce processus d’ agrégation, assez bizarre et sans analogie dans l’histoire des nations

642 traits fondamentaux et spécifiques du mode suisse d’ exister comme État et d’agir sur le plan politique. L’inégalité des a

643 pécifiques du mode suisse d’exister comme État et d’ agir sur le plan politique. L’inégalité des alliances, par exemple, p

644 er différents ! Leur solidarité avait pour raison d’ être non la puissance collective, mais l’autonomie de chacun. D’où les

645 tre non la puissance collective, mais l’autonomie de chacun. D’où les clauses communes aux pactes les plus variés, du xiii

646 puissance collective, mais l’autonomie de chacun. D’ où les clauses communes aux pactes les plus variés, du xiiie au xixe

647 u xiiie au xixe siècle : assistance automatique de tous si l’un est attaqué ; garantie du régime interne de chaque membr

648 si l’un est attaqué ; garantie du régime interne de chaque membre ; arbitrage obligatoire « si quelque discorde vient à s

649 issés aux uns et refusés aux autres — comme celui de conclure des alliances étrangères, et de rester fidèle à certaines al

650 me celui de conclure des alliances étrangères, et de rester fidèle à certaines allégeances spirituelles ou temporelles —,

651 uelles ou temporelles —, puisque le but n’est pas de devenir uniformes, mais au contraire de demeurer chacun soi-même ? En

652 u’on a nommé l’« égalité des inégaux », fondement de toute alliance en tant que fédérale. Quelles que soient l’étendue d’u

653 n tant que fédérale. Quelles que soient l’étendue d’ un État, sa richesse, sa population et sa puissance militaire, il est

654 nce militaire, il est tenu pour l’égal en qualité de tout autre État dans l’alliance. Il en résulte deux séries de conséqu

655 e État dans l’alliance. Il en résulte deux séries de conséquences, qu’illustre abondamment l’histoire des Ligues. L’assist

656 ues. L’assistance collective promise aux victimes d’ une agression, et la procédure d’arbitrage, tenue pour sacrée, jouent

657 ise aux victimes d’une agression, et la procédure d’ arbitrage, tenue pour sacrée, jouent dans le même sens : elles favoris

658 its et dépriment systématiquement toute tentative d’ hégémonie. Qu’un « grand » État tel que Zurich entre en conflit avec l

659  » État tel que Zurich entre en conflit avec l’un de ses petits voisins tel que Schwyz, aussitôt tous les autres s’unissen

660 les autres s’unissent contre Zurich, qui devient de ce fait le plus faible. Si bien que l’arbitrage qui termine la guerre

661 haque fois, l’alliance confédérale sort renforcée de ces querelles, même très sanglantes. Cette même procédure, d’autre pa

662 rt, tend à réduire progressivement les disparités de régime entre les membres, dans la mesure où elles nuiraient à la « co

663 é commune ». Certes, l’union a pour motif premier de permettre à chacun de rester comme il veut, mais il y a des manières

664 ’union a pour motif premier de permettre à chacun de rester comme il veut, mais il y a des manières d’être qui se révèlent

665 de rester comme il veut, mais il y a des manières d’ être qui se révèlent à la longue incompatibles avec les conditions de

666 ent à la longue incompatibles avec les conditions de toute union : ainsi le fait pour Neuchâtel de rester la seule monarch

667 ons de toute union : ainsi le fait pour Neuchâtel de rester la seule monarchie au sein de la Confédération. Vient un momen

668 que les « libres Helvètes » faisaient bénéficier de leur autorité paternelle. (C’était un tiers du territoire des Ligues,

669 Bellinzone, chef-lieu du seul canton « italien » de la Suisse, trois forteresses crénelées dominant la petite cité. Les V

670 soient montrés beaucoup moins durs que le Gessler de la légende de Tell — légende qui s’est formée d’ailleurs à l’époque m

671 beaucoup moins durs que le Gessler de la légende de Tell — légende qui s’est formée d’ailleurs à l’époque même où les « S

672 ire en réalité ce qu’ils accusaient les Habsbourg d’ avoir fait contre leurs ancêtres. Le canton de Vaud conserve discrètem

673 urg d’avoir fait contre leurs ancêtres. Le canton de Vaud conserve discrètement les nombreuses demeures seigneuriales bâti

674 ou occupées dès la Réforme par les représentants de Leurs Excellences de Berne. « Ils nous ont tout volé sauf les hironde

675 éforme par les représentants de Leurs Excellences de Berne. « Ils nous ont tout volé sauf les hirondelles ! », me disait u

676 un fermier vaudois. Finalement, la libre adhésion de vingt-cinq États à la Constitution de 1848 fut préparée par une série

677 re adhésion de vingt-cinq États à la Constitution de 1848 fut préparée par une série de petites révolutions locales qui un

678 a Constitution de 1848 fut préparée par une série de petites révolutions locales qui unifièrent quelque peu les régimes ca

679 lamaient du grand exemple des pâtres du Grütli et de Guillaume Tell, — ancêtres apocryphes mais non moins efficaces. Une c

680 ocryphes mais non moins efficaces. Une conclusion d’ intérêt très actuel se dégage de cette brève analyse. On répète qu’une

681 s. Une conclusion d’intérêt très actuel se dégage de cette brève analyse. On répète qu’une fédération ne saurait se former

682 fédération ne saurait se former que par l’action d’ un chef ou d’un État fédérateur, — ou bien pour résister à un ennemi c

683 e saurait se former que par l’action d’un chef ou d’ un État fédérateur, — ou bien pour résister à un ennemi commun. Mais l

684 Mais l’histoire suisse qui est, après tout, celle de la seule fédération réussie jusqu’ici en Europe, réfute absolument ce

685 s. Aucun homme ni aucun État n’a provoqué l’union de nos premières Ligues puis la fédération proprement dite qui leur a su

686 cédé en 1848. Au contraire, cette union a résulté de la convergence d’intérêts d’un certain nombre de communautés décidées

687 ontraire, cette union a résulté de la convergence d’ intérêts d’un certain nombre de communautés décidées à défendre leur a

688 ette union a résulté de la convergence d’intérêts d’ un certain nombre de communautés décidées à défendre leur autonomie et

689 de la convergence d’intérêts d’un certain nombre de communautés décidées à défendre leur autonomie et trouvant dans l’all

690 t l’arbitrage, les meilleures garanties pratiques de leurs diversités et souverainetés. Que l’union devenue fédérale ait j

691 evenue fédérale ait joué à la longue dans le sens d’ une égalisation des régimes et des droits, voilà qui est vrai, mais au

692 s moins alliés des Ligues à la veille des guerres de Bourgogne. Le seul agent fédérateur dont l’histoire suisse permette

693 agent fédérateur dont l’histoire suisse permette de vérifier l’action, dès l’origine, c’est la passion de se gouverner so

694 érifier l’action, dès l’origine, c’est la passion de se gouverner soi-même. D’où les ligues, conclues ou renouvelées, chaq

695 igine, c’est la passion de se gouverner soi-même. D’ où les ligues, conclues ou renouvelées, chaque fois que l’autonomie lo

696 eux qui sont disposés à vous aider sans nul désir de vous assimiler, et à charge de revanche, le cas échéant. On défend en

697 der sans nul désir de vous assimiler, et à charge de revanche, le cas échéant. On défend en commun le droit de rester dive

698 che, le cas échéant. On défend en commun le droit de rester divers. Cette passion fondamentale détermine deux conduites co

699 — l’arbitrage, parce qu’une guerre ou un conflit de droits ne doit pas se terminer par l’oblitération de l’une des partie

700 droits ne doit pas se terminer par l’oblitération de l’une des parties en présence, mise au pas ou absorbée par l’autre, m

701 la méfiance vigilante à l’égard de toute velléité d’ hégémonie, parce que le pouvoir d’un seul ne respecte jamais ni les di

702 toute velléité d’hégémonie, parce que le pouvoir d’ un seul ne respecte jamais ni les diversités, ni les coutumes, ni les

703 leurs, auxquels on préfère les médiocres par gain de paix. Tout cela pour expliquer la genèse historique de certains trait

704 ix. Tout cela pour expliquer la genèse historique de certains traits de famille des Suisses modernes, que je me propose de

705 expliquer la genèse historique de certains traits de famille des Suisses modernes, que je me propose de commenter plus tar

706 e famille des Suisses modernes, que je me propose de commenter plus tard. Mais gardons-nous de l’anachronisme qui nous fer

707 propose de commenter plus tard. Mais gardons-nous de l’anachronisme qui nous ferait attribuer au seul goût de la paix le s

708 achronisme qui nous ferait attribuer au seul goût de la paix le système de ligues et de pactes pratiqué par les confédérés

709 rait attribuer au seul goût de la paix le système de ligues et de pactes pratiqué par les confédérés. Car en fait, leur pa

710 r au seul goût de la paix le système de ligues et de pactes pratiqué par les confédérés. Car en fait, leur passion de l’au

711 qué par les confédérés. Car en fait, leur passion de l’autonomie et des libertés politiques fut longtemps liée chez eux à

712 crûment : à l’instinct combatif, au goût primitif de la lutte. 11. L’article 7 de la Constitution fédérale de 1848 dit :

713 , au goût primitif de la lutte. 11. L’article 7 de la Constitution fédérale de 1848 dit : « Toute alliance particulière

714 te. 11. L’article 7 de la Constitution fédérale de 1848 dit : « Toute alliance particulière et tout traité d’une nature

715 it : « Toute alliance particulière et tout traité d’ une nature politique entre cantons sont interdits. » Le Pacte de 1291

716 olitique entre cantons sont interdits. » Le Pacte de 1291 était donc tombé en désuétude, puisque nul n’a jugé nécessaire d

717 mbé en désuétude, puisque nul n’a jugé nécessaire de relever qu’il était incompatible avec la lettre de cet article 7. 12

718 e relever qu’il était incompatible avec la lettre de cet article 7. 12. Cf. Ernest Gagliardi, Histoire de la Suisse, livr

719 et article 7. 12. Cf. Ernest Gagliardi, Histoire de la Suisse, livre II, chap. 1er. 13. Les hommes de Schwyz étant réput

720 e la Suisse, livre II, chap. 1er. 13. Les hommes de Schwyz étant réputés pour leur brutalité dans les combats, leur nom s

721 nom sera d’abord un sobriquet infligé aux alliés de ces « bêtes sauvages, plutôt qu’hommes », comme le disent les chroniq

722 primum in luce editum. Bâle, 1760. 15. Dans son De Republica Helvetiorum (1576), Josias Simler se demande si la « louabl

723 ntiment commun ; non en ce sens qu’elles manquent d’ institutions communes. Simler souhaite dans la dédicace que son livre

724 tout le chapitre consacré à « La Crise zurichoise de 1436-1450 ».

725 Ce « petit peuple pacifique… » S’il est juste d’ attribuer après coup la naissance de la Suisse à un pacte secret, c’es

726 ’il est juste d’attribuer après coup la naissance de la Suisse à un pacte secret, c’est une bataille d’une rare brutalité

727 e la Suisse à un pacte secret, c’est une bataille d’ une rare brutalité qui révèle pour la première fois l’existence distin

728 évèle pour la première fois l’existence distincte de ce petit pays, aujourd’hui synonyme de refuge de la paix. Les Schwyzo

729 distincte de ce petit pays, aujourd’hui synonyme de refuge de la paix. Les Schwyzois ne cessaient d’attaquer l’abbaye d’E

730 de ce petit pays, aujourd’hui synonyme de refuge de la paix. Les Schwyzois ne cessaient d’attaquer l’abbaye d’Ensiedeln,

731 de refuge de la paix. Les Schwyzois ne cessaient d’ attaquer l’abbaye d’Ensiedeln, avouerie impériale confiée aux Habsbour

732 x. Les Schwyzois ne cessaient d’attaquer l’abbaye d’ Ensiedeln, avouerie impériale confiée aux Habsbourg, et à plusieurs re

733 n trésor. Si bien qu’ils furent frappés deux fois d’ excommunication collective et d’interdit, et enfin mis au ban de l’Emp

734 frappés deux fois d’excommunication collective et d’ interdit, et enfin mis au ban de l’Empire. D’autre part, les trois Wal

735 ion collective et d’interdit, et enfin mis au ban de l’Empire. D’autre part, les trois Waldstätten étaient en conflit perm

736 t le trafic du Gothard. À bout de patience et sûr de sa victoire, Léopold de Habsbourg — landgrave d’Alsace et petit-fils

737 de sa victoire, Léopold de Habsbourg — landgrave d’ Alsace et petit-fils de Rodolphe Ier — lève une armée et marche contre

738 d de Habsbourg — landgrave d’Alsace et petit-fils de Rodolphe Ier — lève une armée et marche contre Schwyz, le 15 novembre

739 e contre Schwyz, le 15 novembre 1315. Une colonne de deux-mille chevaliers cuirassés, suivie d’une nombreuse infanterie re

740 olonne de deux-mille chevaliers cuirassés, suivie d’ une nombreuse infanterie recrutée dans les villes du Plateau, longe le

741 ée dans les villes du Plateau, longe le petit lac d’ Ägeri, atteint le défilé du Morgarten, au sud du lac, à la frontière d

742 rten, au sud du lac, à la frontière du territoire de Schwyz, et s’y engage sans méfiance. Tout d’un coup, sa tête et son a

743 oire de Schwyz, et s’y engage sans méfiance. Tout d’ un coup, sa tête et son arrière-garde sont clouées sur place par des a

744 e-garde sont clouées sur place par des avalanches de pierre et de troncs d’arbre. La Panzerdivision embouteillée ne peut s

745 clouées sur place par des avalanches de pierre et de troncs d’arbre. La Panzerdivision embouteillée ne peut se déployer au

746 r place par des avalanches de pierre et de troncs d’ arbre. La Panzerdivision embouteillée ne peut se déployer au fond du d

747 raissent les terribles Schwyzois. Les pieds munis de crampons de fer, ils dévalent les pentes herbues, s’agrippent au sol

748 terribles Schwyzois. Les pieds munis de crampons de fer, ils dévalent les pentes herbues, s’agrippent au sol juste au-des

749 sus des cavaliers qu’ils démontent à grands coups de hallebardes. Culbutés, rejetés vers les marais et vers le lac où ils

750 , l’alliance des Waldstätten, révélée par ce coup d’ éclat, est publiquement annoncée à Brunnen. Désormais, vassaux et clie

751 nen. Désormais, vassaux et clients des Habsbourg, de Constance à Lucerne et à Zoug, vont se rallier l’un après l’autre aux

752 n qui ont détruit d’un seul coup les trois quarts de la noblesse du pays. (Car il faut préciser que l’armée du duc n’était

753 préciser que l’armée du duc n’était pas composée d’ « Autrichiens », mais de seigneurs et de bourgeois des régions et des

754 duc n’était pas composée d’« Autrichiens », mais de seigneurs et de bourgeois des régions et des villes voisines, tous an

755 composée d’« Autrichiens », mais de seigneurs et de bourgeois des régions et des villes voisines, tous ancêtres des Suiss

756 et des villes voisines, tous ancêtres des Suisses d’ aujourd’hui !) Les deux siècles suivants verront se développer la répu

757 pper la réputation militaire des Ligues, au cours d’ une série stupéfiante de campagnes victorieuses. Les Habsbourg sont ch

758 aire des Ligues, au cours d’une série stupéfiante de campagnes victorieuses. Les Habsbourg sont chassés du pays à la suite

759 urg sont chassés du pays à la suite des batailles de Sempach et de Næfels, Charles le Téméraire, délibérément provoqué à l

760 és du pays à la suite des batailles de Sempach et de Næfels, Charles le Téméraire, délibérément provoqué à l’instigation d

761 Téméraire, délibérément provoqué à l’instigation de Louis XI et du duc Sigismond d’Autriche, est battu à Grandson et à Mo

762 tribunaux impériaux, est vaincu lors des guerres de Souabe. Ayant ainsi rejeté (dès 1499) leurs obligations légales enver

763 envers le Saint-Empire — pourtant premier garant de leurs libertés — les Confédérés se voient tentés d’agir comme une pui

764 leurs libertés — les Confédérés se voient tentés d’ agir comme une puissance indépendante et conquérante. Et certes, leurs

765 pereur lui-même et sur le roi de France, ont fait d’ eux la première puissance militaire d’Europe : Svizzeri armatissimi e

766 e, ont fait d’eux la première puissance militaire d’ Europe : Svizzeri armatissimi e liberissimi ! peut alors écrire Machia

767 bardie, installent Maximilien Sforza sur le trône de Milan, et lui imposent leur protectorat, après avoir assujetti les va

768 ar les lansquenets allemands l’éclatante victoire de Novare. Rien ne paraît plus pouvoir contenir l’expansion torrentueuse

769 au premier rang desquels Mathieu Schiner, ce fils de paysans valaisans devenu cardinal, diplomate et stratège, ont repris

770 a faire échouer ce grand dessein, c’est l’absence d’ un pouvoir central capable d’imposer aux treize cantons l’unité de vue

771 ein, c’est l’absence d’un pouvoir central capable d’ imposer aux treize cantons l’unité de vues indispensable au succès de

772 tral capable d’imposer aux treize cantons l’unité de vues indispensable au succès de leurs ambitions. La puissance militai

773 e cantons l’unité de vues indispensable au succès de leurs ambitions. La puissance militaire est là, mais l’État fédéral n

774 n’existe pas. Les Suisses n’ont pas la politique de leurs moyens. Lorsque François Ier revient en Lombardie à la tête d’u

775 rsque François Ier revient en Lombardie à la tête d’ une armée considérable, il ne trouve devant lui que la moitié des trou

776 retiré leurs contingents et signé la paix séparée de Gallarate. Dès le moment où s’engage, en fin d’après-midi du 13 septe

777 e de Gallarate. Dès le moment où s’engage, en fin d’ après-midi du 13 septembre de 1515, la « bataille de géants » de Marig

778 où s’engage, en fin d’après-midi du 13 septembre de 1515, la « bataille de géants » de Marignan, le cardinal et prince d’

779 après-midi du 13 septembre de 1515, la « bataille de géants » de Marignan, le cardinal et prince d’Empire Mathieu Schiner,

780 u 13 septembre de 1515, la « bataille de géants » de Marignan, le cardinal et prince d’Empire Mathieu Schiner, à cheval su

781 r, à cheval sur sa mule blanche, casqué et revêtu de son long manteau pourpre, a dû sentir qu’il assistait au crépuscule d

782 ourpre, a dû sentir qu’il assistait au crépuscule de la puissance européenne des Suisses. Et d’autres chefs l’ont pressent

783 être notre cimetière ! » s’est écrié le landamman de Zoug bénissant l’avant-garde à genoux ; puis il donne l’ordre d’avanc

784 nt l’avant-garde à genoux ; puis il donne l’ordre d’ avancer contre l’artillerie des Français, cependant que mugit lugubrem

785 Français, cependant que mugit lugubrement le cor d’ Uri. La retraite lente et solennelle des Suisses, emportant vers Milan

786 rtillerie et leurs enseignes, après deux journées de bataille, marque la fin d’une épopée. Une année après Marignan, à Fri

787 s, après deux journées de bataille, marque la fin d’ une épopée. Une année après Marignan, à Fribourg en 1516, les Ligues c

788 les Ligues concluent avec François Ier un traité de paix perpétuelle qui sera respecté durant près de trois siècles. Les

789 s reçoivent 400 000 couronnes en rachat du traité de Dijon, et 300 000 couronnes d’indemnité pour la campagne de Marignan,

790 n rachat du traité de Dijon, et 300 000 couronnes d’ indemnité pour la campagne de Marignan, sans compter les pensions acco

791 et 300 000 couronnes d’indemnité pour la campagne de Marignan, sans compter les pensions accordées aux Ligues rhétiques, a

792 mière vue choquer l’esprit moderne. Car nos idées de la guerre, de l’armée et de l’ennemi ne sont plus celles du xvie siè

793 uer l’esprit moderne. Car nos idées de la guerre, de l’armée et de l’ennemi ne sont plus celles du xvie siècle. La guerre

794 oderne. Car nos idées de la guerre, de l’armée et de l’ennemi ne sont plus celles du xvie siècle. La guerre, en ces temps

795 core l’explosion contrôlée et hautement organisée de la passion collective d’une nation résolue à défendre jusqu’au bout l

796 e et hautement organisée de la passion collective d’ une nation résolue à défendre jusqu’au bout la Justice ou la Liberté,

797 ence et par position, collectivement et en chacun de ses citoyens, civils autant ou plus que militaires, tels que peuvent

798 core que l’adversaire désigné par les conventions d’ un jeu complexe, celui des ambitions des grands dynastes et des « droi

799 très grandes occasions, comme Marignan, la Coupe d’ Europe. Les contingents de nos cantons faisaient la guerre en partie p

800 omme Marignan, la Coupe d’Europe. Les contingents de nos cantons faisaient la guerre en partie pour servir la politique de

801 pour le sport, mais comme professionnels. « Point d’ argent, point de Suisses », bien entendu. Mais après tout, les grands

802 ais comme professionnels. « Point d’argent, point de Suisses », bien entendu. Mais après tout, les grands as du football q

803 ans un club rival ou même dans l’équipe nationale d’ un pays qui n’est pas le leur, sont plus chers qu’un tableau de Picass

804 n’est pas le leur, sont plus chers qu’un tableau de Picasso, qu’une création de Stravinsky, et personne ne crie au scanda

805 s chers qu’un tableau de Picasso, qu’une création de Stravinsky, et personne ne crie au scandale. La paix de Fribourg et l

806 avinsky, et personne ne crie au scandale. La paix de Fribourg et l’alliance perpétuelle marquent la fin de la politique in

807 ribourg et l’alliance perpétuelle marquent la fin de la politique indépendante et conquérante initiée par les Ligues lors

808 nquérante initiée par les Ligues lors des guerres de Bourgogne, moins d’un demi-siècle auparavant. Ce n’est pas la puissan

809 r les Ligues lors des guerres de Bourgogne, moins d’ un demi-siècle auparavant. Ce n’est pas la puissance militaire, nous l

810 des Reding et des Schiner, mais bien cette unité de gouvernement, ce pouvoir national unifiant qu’interdisait, dès le pri

811 Réforme allait ajouter aux diversités primitives de nouvelles et plus graves occasions de discorde. La neutralité qui s’i

812 primitives de nouvelles et plus graves occasions de discorde. La neutralité qui s’instaure au lendemain de la défaite de

813 scorde. La neutralité qui s’instaure au lendemain de la défaite de Marignan résulte donc nécessairement du système des all

814 tralité qui s’instaure au lendemain de la défaite de Marignan résulte donc nécessairement du système des alliances inégale

815 uisses ne pourront plus se permettre la politique de leur tempérament. Dans un pays condamné à la paix, que faire de toute

816 ament. Dans un pays condamné à la paix, que faire de toute cette turbulence belliqueuse, de tous ces hallebardiers empanac

817 que faire de toute cette turbulence belliqueuse, de tous ces hallebardiers empanachés dont les peintres du temps, Urs Gra

818 rouche ? Il va falloir les exporter, et, par gain de paix chez soi, nourrir les guerres des autres18 ! C’est ainsi qu’à la

819 rres des autres18 ! C’est ainsi qu’à la politique de compromis systématique qui sera désormais celle d’une Suisse neutre,

820 e compromis systématique qui sera désormais celle d’ une Suisse neutre, correspond le phénomène compensatoire du service ét

821 étranger. On voit qu’il serait bien insuffisant de l’expliquer par des raisons purement économiques, ou par une singuliè

822 ait rapporté aux cantons des sommes telles qu’un de nos historiens admet qu’elles sont « incalculables au cours actuel de

823 met qu’elles sont « incalculables au cours actuel de l’argent19 ». Il convient d’ajouter que les sept-cents généraux et le

824 bles au cours actuel de l’argent19 ». Il convient d’ ajouter que les sept-cents généraux et les milliers d’officiers supéri

825 outer que les sept-cents généraux et les milliers d’ officiers supérieurs que la Suisse procura aux armées de l’Europe ne r

826 ciers supérieurs que la Suisse procura aux armées de l’Europe ne revinrent pas tous les mains vides. Beaucoup rapportaient

827 t pas tous les mains vides. Beaucoup rapportaient de leurs campagnes de l’or, de l’argenterie, des vaisselles rares, des m

828 s vides. Beaucoup rapportaient de leurs campagnes de l’or, de l’argenterie, des vaisselles rares, des meubles, des tableau

829 Beaucoup rapportaient de leurs campagnes de l’or, de l’argenterie, des vaisselles rares, des meubles, des tableaux et des

830 s rares, des meubles, des tableaux et des bijoux. De considérables richesses s’accumulèrent ainsi dans les châteaux, les m

831 saurait être assimilé à un commerce, à une espèce de traite du sang. Les troupes suisses au « service de France » n’étaien

832 traite du sang. Les troupes suisses au « service de France » n’étaient nullement des corps de mercenaires. La Diète avait

833 service de France » n’étaient nullement des corps de mercenaires. La Diète avait signé avec le roi une série de traités d’

834 aires. La Diète avait signé avec le roi une série de traités d’alliance qu’on nommait « capitulations ». Les cantons ou ce

835 iète avait signé avec le roi une série de traités d’ alliance qu’on nommait « capitulations ». Les cantons ou certaines fam

836 aient autorisés à lever des troupes dans le cadre de ces traités, et ces troupes servaient les souverains, mais sous les o

837 es servaient les souverains, mais sous les ordres de leurs propres officiers, les régiments portant le nom de leur colonel

838 s propres officiers, les régiments portant le nom de leur colonel. Les premiers souverains alliés furent les rois de Franc

839 l. Les premiers souverains alliés furent les rois de France. Le régiment Pfyffer, recruté à Lucerne, sauva Charles IX et s

840 , sauva Charles IX et sa cour lors de la retraite de Meaux (1567), et cela valut à tout héritier mâle des Pfyffer zu Altis

841 héritier mâle des Pfyffer zu Altishofen le droit de garder son chapeau sur la tête en présence du monarque français20. Le

842 des Tuileries, l’ordre royal leur ayant interdit de tirer sur la foule pour se défendre. Et c’est pourtant à ce glorieux

843 fendre. Et c’est pourtant à ce glorieux « service de France » que remonte le dicton : « Point d’argent, point de Suisses. 

844 rvice de France » que remonte le dicton : « Point d’ argent, point de Suisses. » Il apparaît au temps de la Fronde, dans un

845 » que remonte le dicton : « Point d’argent, point de Suisses. » Il apparaît au temps de la Fronde, dans un libelle rédigé

846 dats et des officiers suisses, qui se plaignaient de n’avoir pas reçu leur solde. « Les Suisses ne se paient pas de parole

847 s reçu leur solde. « Les Suisses ne se paient pas de paroles ! » avait écrit déjà Biaise de Montluc. Et comme un prince ro

848 paient pas de paroles ! » avait écrit déjà Biaise de Montluc. Et comme un prince royal de France disait un jour au général

849 déjà Biaise de Montluc. Et comme un prince royal de France disait un jour au général des Suisses : « Avec l’or que nous v

850 déjà donné, l’on pourrait paver une route allant de Paris à Bâle », l’officier répliqua : « Avec le sang que nos hommes o

851 ur la France, on pourrait remplir un canal allant de Bâle à Paris. » Mais on trouve bientôt des corps suisses au service d

852 is on trouve bientôt des corps suisses au service de bien d’autres princes et nations : rois de Prusse, d’Angleterre, d’Es

853 ervice de bien d’autres princes et nations : rois de Prusse, d’Angleterre, d’Espagne et des Deux-Siciles, états généraux d

854 ien d’autres princes et nations : rois de Prusse, d’ Angleterre, d’Espagne et des Deux-Siciles, états généraux de Hollande,

855 rinces et nations : rois de Prusse, d’Angleterre, d’ Espagne et des Deux-Siciles, états généraux de Hollande, ducs de Savoi

856 re, d’Espagne et des Deux-Siciles, états généraux de Hollande, ducs de Savoie, empereurs d’Autriche. Les Suisses se batten

857 es Deux-Siciles, états généraux de Hollande, ducs de Savoie, empereurs d’Autriche. Les Suisses se battent dans toutes les

858 s généraux de Hollande, ducs de Savoie, empereurs d’ Autriche. Les Suisses se battent dans toutes les guerres européennes21

859 s21 mais aussi en Asie et en Afrique. Le régiment de Meuron, neuchâtelois, prend d’assaut Seringapatam, ville des Indes, p

860 rique. Le régiment de Meuron, neuchâtelois, prend d’ assaut Seringapatam, ville des Indes, pour le compte des Anglais. D’au

861 ent à Bornéo pour la Hollande22. Cette dispersion de l’énergie guerrière des Suisses dans les armées de princes étrangers,

862 e l’énergie guerrière des Suisses dans les armées de princes étrangers, tantôt coalisées tantôt ennemies, devait provoquer

863 es Suisses de Milan s’étaient retirés devant ceux de Louis XII, et de même, à la veille d’Ivry, en 1590, les corps suisses

864 devant ceux de Louis XII, et de même, à la veille d’ Ivry, en 1590, les corps suisses au service d’Henri IV accordèrent une

865 lle d’Ivry, en 1590, les corps suisses au service d’ Henri IV accordèrent une retraite honorable à ceux de leurs compatriot

866 enri IV accordèrent une retraite honorable à ceux de leurs compatriotes qui s’étaient engagés dans les rangs de la Ligue.

867 compatriotes qui s’étaient engagés dans les rangs de la Ligue. Mais déjà en 1709, à Malplaquet, deux régiments bernois aux

868 ents bernois aux parements jaune et bleu, couleur de la famille von May, l’un servant Louis XIV et l’autre la Hollande, se

869 re leur prince Frédéric II. En 1704, sur la place de Zoug, on voit le général de Zurlauben enrôler pour la France en même

870 Ces scandales cent fois répétés et cette absence de réaction des Ligues constituent un symptôme frappant de l’espèce de s

871 ction des Ligues constituent un symptôme frappant de l’espèce de schizophrénie dont j’ai rappelé les origines : dissociati

872 gues constituent un symptôme frappant de l’espèce de schizophrénie dont j’ai rappelé les origines : dissociation entre la

873 lé les origines : dissociation entre la politique de passive neutralité et le tempérament violent des Suisses. Dès la fin

874 et les ambassadeurs des pays étrangers éprouvent de croissantes difficultés à recruter les régiments « capitulés ». À mes

875 ique, la passion batailleuse des Suisses y trouve de moins en moins son compte et leur réputation militaire se dégrade. Da

876 ées des princes, désormais permanentes, une série de nouveautés qui répugnent aux descendants des « Schwyzer » à tête chau

877 e le drill et la discipline formaliste des places d’ armes. Ces fiers-à-bras qu’Urs Graf a dessinés dans leurs costumes d’u

878 à-bras qu’Urs Graf a dessinés dans leurs costumes d’ une fantaisie exubérante — pas deux pareils ! — sont humiliés par l’un

879 miliés par l’uniforme qui leur est imposé, livrée de valets. Ces anciens « libres » supportent mal la réglementation toujo

880 désormais officiers nobles et troupiers. L’esprit d’ aventure est frustré. La bravoure et l’exploit individuel sont portés

881 nt portés au compte du « drapeau », qui est celui d’ une nation étrangère. Le butin personnel que les grands hallebardiers

882 des armes est devenu routine sans gloire. Le coup de grâce sera donné par la Révolution française. Car, désormais, ce n’es

883 se. Car, désormais, ce n’est plus le déchaînement de l’instinct combatif qui sera le moteur de la guerre, ni l’honneur sa

884 înement de l’instinct combatif qui sera le moteur de la guerre, ni l’honneur sa seule justification morale. Le soldat sera

885 les voit encore couvrir héroïquement la retraite de Napoléon, au passage de la Bérézina, et invoquer avant ce dernier fai

886 héroïquement la retraite de Napoléon, au passage de la Bérézina, et invoquer avant ce dernier fait d’armes « la gloire et

887 de la Bérézina, et invoquer avant ce dernier fait d’ armes « la gloire et l’honneur de la patrie suisse », mais ils se font

888 ce dernier fait d’armes « la gloire et l’honneur de la patrie suisse », mais ils se font tuer au service d’un despote qui

889 patrie suisse », mais ils se font tuer au service d’ un despote qui, dans le même temps, opprime et humilie cette patrie la

890 taurée. En 1815, les régiments suisses au service de la France reçoivent l’ordre de rentrer au pays. Et il est vrai que, d

891 suisses au service de la France reçoivent l’ordre de rentrer au pays. Et il est vrai que, dès 1816, les cantons s’empresse

892 est vrai que, dès 1816, les cantons s’empressent de signer de nouvelles capitulations militaires avec huit souverains, ma

893 que, dès 1816, les cantons s’empressent de signer de nouvelles capitulations militaires avec huit souverains, mais le noya

894 ns militaires avec huit souverains, mais le noyau d’ une armée fédérale est créé : chaque canton doit fournir des effectifs

895 que canton doit fournir des effectifs égaux à 2 % de sa population. (Le service étranger en absorbe à peu près la même pro

896 d, l’État fédératif est proclamé. La Constitution de 1848, dans ses articles militaires, commence par déclarer : « Il ne p

897 commence par déclarer : « Il ne peut être conclu de capitulations militaires » (art. 11). À cette exécution sommaire du s

898 service étranger correspond aussitôt la création d’ une armée fédérale dans le vrai sens du terme. Ce sera une force unifi

899 ns du terme. Ce sera une force unifiée (condition d’ efficacité) mais formée de contingents fournis par les cantons (respec

900 orce unifiée (condition d’efficacité) mais formée de contingents fournis par les cantons (respect de l’autonomie des États

901 e de contingents fournis par les cantons (respect de l’autonomie des États membres). Elle ne sera pas permanente, car on s

902 es). Elle ne sera pas permanente, car on se méfie d’ une caste militaire et l’on ne veut pas donner à l’État fédéral un pou

903 r dont il puisse abuser. Elle sera donc une armée de milices, formée de tous les citoyens en état de porter les armes, et

904 user. Elle sera donc une armée de milices, formée de tous les citoyens en état de porter les armes, et chacun gardera son

905 e de milices, formée de tous les citoyens en état de porter les armes, et chacun gardera son fusil23. Ainsi entend-on assu

906 on assurer le caractère démocratique et populaire de la défense du pays. Car il ne peut s’agir que de défense. Il est inté

907 de la défense du pays. Car il ne peut s’agir que de défense. Il est intéressant de remarquer qu’en se donnant une armée u

908 ne peut s’agir que de défense. Il est intéressant de remarquer qu’en se donnant une armée unifiée, garantissant la cohésio

909 rantissant la cohésion des cantons désormais hors d’ état de nouer des alliances séparées, la Suisse de 1848 se donnait aus

910 ant la cohésion des cantons désormais hors d’état de nouer des alliances séparées, la Suisse de 1848 se donnait aussi, et

911 d’état de nouer des alliances séparées, la Suisse de 1848 se donnait aussi, et pour la première fois, les moyens d’une pol

912 nnait aussi, et pour la première fois, les moyens d’ une politique étrangère cohérente et suivie. Pour la première fois, de

913 lus pour elle une nécessité imposée par l’absence de cohésion des États membres. Pourtant, l’état d’esprit des Suisses, le

914 nt, l’état d’esprit des Suisses, le tonus général de la population et des élites dirigeantes avaient changé de telle maniè

915 pulation et des élites dirigeantes avaient changé de telle manière que, désormais, c’est à défendre la neutralité que l’ar

916 l’armée allait être destinée ! Situation inverse de celle que nous avons vue résulter de la défaite de 1515. Aussi l’armé

917 tion inverse de celle que nous avons vue résulter de la défaite de 1515. Aussi l’armée de milices prendra-t-elle rapidemen

918 e celle que nous avons vue résulter de la défaite de 1515. Aussi l’armée de milices prendra-t-elle rapidement des caractèr

919 vue résulter de la défaite de 1515. Aussi l’armée de milices prendra-t-elle rapidement des caractères bien différents de c

920 -t-elle rapidement des caractères bien différents de ceux que l’on a décrits plus haut en parlant des guerres d’Italie. El

921 e l’on a décrits plus haut en parlant des guerres d’ Italie. Elle ne sera plus la parade héroïque, la fête et l’aventure, l

922 chaînement des violences primitives et l’occasion de hauts faits individuels, mais, en contraste radical avec tout cela, e

923 ec tout cela, elle sera d’abord une école : école de discipline, de service uniformisant, et de bonne tenue civique, c’est

924 lle sera d’abord une école : école de discipline, de service uniformisant, et de bonne tenue civique, c’est-à-dire d’égali

925 école de discipline, de service uniformisant, et de bonne tenue civique, c’est-à-dire d’égalitarisme. C’est depuis que la

926 ormisant, et de bonne tenue civique, c’est-à-dire d’ égalitarisme. C’est depuis que la Suisse a une armée unique au service

927 epuis que la Suisse a une armée unique au service d’ un État solidement fédéré, que les Suisses sont devenus ce que l’on cr

928 s et humanitaires, des arbitres, des négociateurs de bons offices, et la Croix-Rouge — née à Genève. Jusqu’au xixe siècle

929 les guerres ; aujourd’hui : soigner les victimes de toutes les guerres. Les agents de l’étranger ne viennent plus recrute

930 er les victimes de toutes les guerres. Les agents de l’étranger ne viennent plus recruter chez eux des officiers et des so

931 s’y battre, mais pour y déposer les armes : ainsi de l’armée Bourbaki en 1871, du IVe C.A. français et d’une division polo

932 l’armée Bourbaki en 1871, du IVe C.A. français et d’ une division polonaise en 1940, et de plusieurs milliers de combattant

933 français et d’une division polonaise en 1940, et de plusieurs milliers de combattants, américains, russes, italiens, inte

934 ision polonaise en 1940, et de plusieurs milliers de combattants, américains, russes, italiens, internés en Suisse pendant

935 dernière guerre mondiale. Quant aux hallebardiers de la Renaissance, ils ont été rassemblés au musée de Bâle : le Suisse m

936 e la Renaissance, ils ont été rassemblés au musée de Bâle : le Suisse moyen ne les y regarde pas sans quelque gêne. À Bern

937 ne et à Lucerne, debout sur des fontaines peintes de pourpre, de bleu-vert et d’or, cuirassés et bannière au poing, quelqu

938 rne, debout sur des fontaines peintes de pourpre, de bleu-vert et d’or, cuirassés et bannière au poing, quelques-uns regar

939 des fontaines peintes de pourpre, de bleu-vert et d’ or, cuirassés et bannière au poing, quelques-uns regardent encore pass

940 par les Finlandais, en 1940, contre les colonnes de blindés soviétiques, et avec le même succès. 18. L’Anglais Abraham S

941 isses ne drainaient pas continuellement leur pays de ces troupes entretenues par le service étranger, il y en aurait bient

942 entôt une telle pléthore relativement à l’étendue de leur territoire et à sa fertilité, qu’en toute probabilité ils feraie

943 plus loin. » 19. Cf. Ernest Gagliardi, Histoire de la Suisse, tome I, II, 3, p. 351. Sully dit avoir payé aux Suisses, s

944 . Sully dit avoir payé aux Suisses, sur le trésor d’ Henri IV, 36 millions de livres entre 1595 et 1605. 20. Les Pfyffer r

945 ux Suisses, sur le trésor d’Henri IV, 36 millions de livres entre 1595 et 1605. 20. Les Pfyffer renoncèrent à porter tout

946 Les Pfyffer renoncèrent à porter tout autre titre de ceux qui leur furent décernés, avant et après ce haut fait. Un jour,

947 rque un gentilhomme resté couvert et s’approchant de lui : « Je sais, dit-il, vous êtes M. de Pfyffer. Mais songez que je

948 D’après une évaluation modérée, pendant la guerre de Succession d’Espagne, il y avait vingt mille hommes en France seuleme

949 aluation modérée, pendant la guerre de Succession d’ Espagne, il y avait vingt mille hommes en France seulement, treize mil

950 oie, trois-mille à Milan et deux-mille au service de l’empereur. » (E. Gagliardi, op. cit., tome I, p. 415). En 1748, soix

951 x suisses, qui ont fait rire à Paris : le Bernois d’ Erlach commande la flotte du Danemark à la fin du xviie siècle, le Ge

952 la flotte russe, l’Argovien Eberle est à la tête de la marine des États-Unis en 1923, etc. 23. Cette dernière dispositio

953 veut que l’homme libre soit celui qui a le droit de porter l’épée.

954 s libertés traditionnelles, mais c’étaient autant de « privilèges ». Le trait le plus démocratique au sens moderne que l’o

955 Esprit corporatif mais non collectiviste, esprit de la cité grecque mais re-tribalisée par l’Allmend, propriété coopérati

956 été coopérative. Et la structure sociale n’a rien d’ égalitaire. S’il est vrai que les trois classes participent à la Lands

957 ns une commune et plus encore dans une fédération de communes, ce que l’on redoute avant tout, c’est le pouvoir excessif d

958 ’on redoute avant tout, c’est le pouvoir excessif d’ un des membres, État, corporation, famille ou individu. On veut bien q

959 famille ou individu. On veut bien que les barons d’ Attinghausen jouent un rôle décisif dans la défense d’Uri contre les p

960 tinghausen jouent un rôle décisif dans la défense d’ Uri contre les prétentions des Habsbourg. Mais dès qu’ils prennent tro

961 ions des Habsbourg. Mais dès qu’ils prennent trop d’ importance dans la communauté et s’en distinguent par une fortune trop

962 quer des révoltes —, mais il était Français, chef d’ Église en Europe, et Genève en ce temps n’était pas encore suisse. Ain

963 mps n’était pas encore suisse. Ainsi tout au long de notre histoire joue ce réflexe qui est l’une des composantes essentie

964 éflexe qui est l’une des composantes essentielles d’ une structure fédéraliste, et cette méfiance qui ne pardonne pas à l’e

965 mplement qui se « distinguent ». Cela dit, la vie de la cité ne va pas sans gouvernement. Mais la passion de l’égalité int

966 cité ne va pas sans gouvernement. Mais la passion de l’égalité interdisant que l’on obéisse à un égal qui prétendrait donn

967 s dans une certaine caste, ou tenant leur pouvoir d’ un verdict absolu, devant lequel l’individu s’incline sans discussion.

968 e est bien connu des ethnographes, qui l’étudient de préférence dans les îles de l’Océanie. Au Moyen Âge, il a donné naiss

969 aphes, qui l’étudient de préférence dans les îles de l’Océanie. Au Moyen Âge, il a donné naissance à la noblesse, et plus

970 ait l’Empire, et elle l’a eu. Et très peu de noms de moindres dynastes de cette époque subsistent encore parmi nous. Quell

971 l’a eu. Et très peu de noms de moindres dynastes de cette époque subsistent encore parmi nous. Quelles sont alors les ori

972 ncore parmi nous. Quelles sont alors les origines de la noblesse qui gouverna la plupart des cantons durant la période pat

973 nne, du xve au xixe siècle ? Je n’ai pas trouvé d’ études bien valables ou d’ensemble permettant de répondre à cette ques

974 le ? Je n’ai pas trouvé d’études bien valables ou d’ ensemble permettant de répondre à cette question, curieusement négligé

975 é d’études bien valables ou d’ensemble permettant de répondre à cette question, curieusement négligée jusqu’ici. Quelques

976 ’ici. Quelques « prises » dans la petite histoire de nos villes et de nos cantons permettront tout au moins de se former u

977 prises » dans la petite histoire de nos villes et de nos cantons permettront tout au moins de se former une idée de la var

978 illes et de nos cantons permettront tout au moins de se former une idée de la variété des origines, des statuts et du rôle

979 s permettront tout au moins de se former une idée de la variété des origines, des statuts et du rôle historique d’une clas

980 é des origines, des statuts et du rôle historique d’ une classe dont beaucoup d’étrangers répètent — comme Keyserling — qu’

981 et du rôle historique d’une classe dont beaucoup d’ étrangers répètent — comme Keyserling — qu’elle n’existe pas, « qu’il

982 serling — qu’elle n’existe pas, « qu’il n’y a pas de noblesse en Suisse »… Il est vrai qu’en un certain sens il n’y a pas

983 »… Il est vrai qu’en un certain sens il n’y a pas de noblesse « suisse », créée ou confirmée par un souverain autochtone.

984 e ou confirmée par un souverain autochtone. Faute d’ un tel souverain, tous les titres portés par des familles actuellement

985 u’au milieu du xive siècle24, ils étaient le nom d’ une fonction, puis d’un fief. Sous les royautés absolues, ils ne seron

986 siècle24, ils étaient le nom d’une fonction, puis d’ un fief. Sous les royautés absolues, ils ne seront plus guère que des

987 ions distribuées à la manière des croix et rubans de nos jours ; et l’on se contentera, en général, de les ajouter simplem

988 de nos jours ; et l’on se contentera, en général, de les ajouter simplement au patronyme de la famille. C’est ainsi que la

989 n général, de les ajouter simplement au patronyme de la famille. C’est ainsi que la grande majorité des titres de barons,

990 le. C’est ainsi que la grande majorité des titres de barons, comtes et marquis qu’on trouve en Suisse proviennent du servi

991 illes suisses dites « qualifiées », c’est la date d’ entrée au Petit Conseil (ou Sénat) d’une ville ou d’un canton que l’on

992 ’est la date d’entrée au Petit Conseil (ou Sénat) d’ une ville ou d’un canton que l’on indique d’abord, en tête de chaque n

993 entrée au Petit Conseil (ou Sénat) d’une ville ou d’ un canton que l’on indique d’abord, en tête de chaque notice, marquant

994 ou d’un canton que l’on indique d’abord, en tête de chaque notice, marquant ainsi que l’aristocratie dont il s’agit est a

995 aussi considérable en Suisse qu’ailleurs, quoique d’ une manière souvent très différente : moins de faste et plus de civism

996 que d’une manière souvent très différente : moins de faste et plus de civisme, comme il convient à un pays qui n’a jamais

997 souvent très différente : moins de faste et plus de civisme, comme il convient à un pays qui n’a jamais connu de cour, ma

998 comme il convient à un pays qui n’a jamais connu de cour, mais en revanche quantité de conseils exerçant le pouvoir réel

999 a jamais connu de cour, mais en revanche quantité de conseils exerçant le pouvoir réel dans des États de dimensions réduit

1000 conseils exerçant le pouvoir réel dans des États de dimensions réduites. Rien de comparable chez nous pour le prestige et

1001 réel dans des États de dimensions réduites. Rien de comparable chez nous pour le prestige et la puissance aux Albe, aux C

1002 Et de même aujourd’hui, dans un autre ordre, rien de comparable chez nous aux Rothschild, Rockefeller ou Nuffield, mais en

1003 ller ou Nuffield, mais en revanche un pourcentage de millionnaires supérieur à celui des pays voisins.) Ensuite, ce rôle d

1004 rieur à celui des pays voisins.) Ensuite, ce rôle de la noblesse fut très variable selon les cantons et les villes. Dans l

1005 illes dominent les vallées. Leurs chefs sont ceux de la commune, ils président aux assemblées et aux conseils, commandent

1006 ne, Soleure, Fribourg, quelques anciennes lignées de petits seigneurs des campagnes environnantes s’unissent très tôt aux

1007 tes s’unissent très tôt aux hommes nouveaux issus de la classe des marchands et artisans, prévôts de corporations à privil

1008 s de la classe des marchands et artisans, prévôts de corporations à privilèges, et forment avec eux le groupe des familles

1009 il ». Cette oligarchie fournit les avoyers (chefs de la république), les hauts magistrats, les bannerets ou capitaines des

1010 s qu’il est l’apanage de plus en plus héréditaire d’ un petit nombre de familles, nobles ou non. Neuchâtel est un cas spéci

1011 age de plus en plus héréditaire d’un petit nombre de familles, nobles ou non. Neuchâtel est un cas spécial, à cause des pr

1012 a petite ville en pierre jaune fut celui des rois de Bourgogne transjurane, au xe siècle, puis des comtes dont les statue

1013 in : un Brandebourg, qui vient de fonder le trône de Prusse. Dans le gouvernement curieusement compliqué de ce minuscule p

1014 usse. Dans le gouvernement curieusement compliqué de ce minuscule pays souverain, le Conseil d’État formait l’exécutif. Se

1015 pliqué de ce minuscule pays souverain, le Conseil d’ État formait l’exécutif. Ses membres étaient choisis dans une vingtain

1016 f. Ses membres étaient choisis dans une vingtaine de familles presque toutes « reconnues » ou anoblies par les Longueville

1017 ou anoblies par les Longueville puis par les rois de Prusse. Ce régime très particulier de monarchie républicaine ne fut r

1018 ar les rois de Prusse. Ce régime très particulier de monarchie républicaine ne fut renversé qu’en 1848. À Genève, Zurich e

1019 libres et impériales, les bourgeois, sous le nom de parti populaire, saisirent très tôt le pouvoir. Mais l’absence de nob

1020 re, saisirent très tôt le pouvoir. Mais l’absence de noblesse autochtone, ou son exclusion des conseils, comme à Bâle, n’e

1021 on des conseils, comme à Bâle, n’entraînèrent pas de différences fondamentales entre les formes de gouvernement de ces rép

1022 pas de différences fondamentales entre les formes de gouvernement de ces républiques et celles des villes aristocratiques 

1023 es fondamentales entre les formes de gouvernement de ces républiques et celles des villes aristocratiques : mêmes disposit

1024 êmes discriminations entre les citoyens (capables de faire partie du Sénat ou Petit Conseil), les bourgeois (admis au Gran

1025 urs, un patriciat fermé se constitue dès l’époque de la Réforme. Il intègre, à Genève surtout, plusieurs familles de la no

1026 Il intègre, à Genève surtout, plusieurs familles de la noblesse italienne ou française devenues protestantes et chassées

1027 ne ou française devenues protestantes et chassées de leurs pays. Enfin, dans le pays de Vaud, démembré du royaume de Bourg

1028 es et chassées de leurs pays. Enfin, dans le pays de Vaud, démembré du royaume de Bourgogne lui aussi, puis domaine des Sa

1029 Enfin, dans le pays de Vaud, démembré du royaume de Bourgogne lui aussi, puis domaine des Savoie, finalement assujetti pa

1030 oie, finalement assujetti par « Leurs Excellences de Berne », des familles très anciennes conserveront longtemps leurs châ

1031 serveront longtemps leurs châteaux forts flanqués de quatre tours, Grandson, Champvent, Vufflens, Lucens, La Sarraz ou Blo

1032 . Mais c’est dans les Grisons que l’on peut voir, de la manière la plus frappante et immédiate, à quel point la noblesse a

1033 iate, à quel point la noblesse a modelé le visage de l’ancienne Suisse, et marqué ses mœurs et coutumes. Lorsque vous remo

1034 en direction des Alpes la route qui longe le lac de Côme et que vous atteignez l’entrée de la petite ville de Chiavenna,

1035 nge le lac de Côme et que vous atteignez l’entrée de la petite ville de Chiavenna, tournez à droite : vous aurez devant vo

1036 et que vous atteignez l’entrée de la petite ville de Chiavenna, tournez à droite : vous aurez devant vous deux parois haut

1037 bavure, presque verticale. C’est l’une des portes de la Suisse. Par elle ont pénétré les ancêtres des Rhètes, les légions

1038 , et les armées du duc de Rohan pendant la guerre de Trente Ans ; par elle aussi les contingents grisons et suisses dévala

1039 nt à conquérir la Valteline et à faire les chiens de garde dans tout le Milanais. Passez cette porte redoutable, entre deu

1040 impe par brefs lacets dans la forêt. Tout au haut de la pente paraît un fin clocher ajouré, puis le bord d’un village aux

1041 pente paraît un fin clocher ajouré, puis le bord d’ un village aux maisons blanches et toits d’ardoises : Soglio, altitude

1042 e bord d’un village aux maisons blanches et toits d’ ardoises : Soglio, altitude 1090 m. Engagez-vous dans les rues très ét

1043 aroque et lourdes armoiries sur le porche encadré de colonnes. En retrait, les écuries aux vantaux cloutés de masques de b

1044 nnes. En retrait, les écuries aux vantaux cloutés de masques de bronze. À droite, dans l’alignement, deux autres bâtiments

1045 trait, les écuries aux vantaux cloutés de masques de bronze. À droite, dans l’alignement, deux autres bâtiments de même ha

1046 même hauteur. L’ensemble représente une centaine de mètres de façade. Casa Battista, Casa Max, Casa Antonio : était-ce en

1047 eur. L’ensemble représente une centaine de mètres de façade. Casa Battista, Casa Max, Casa Antonio : était-ce entre gens d

1048 sta, Casa Max, Casa Antonio : était-ce entre gens de la famille qu’on donnait à chacune le prénom du cousin qui l’avait co

1049 . À l’intérieur, car vous pouvez y entrer — celle de Battista est devenue un hôtel, celle de Max un musée d’art populaire

1050 r — celle de Battista est devenue un hôtel, celle de Max un musée d’art populaire grison — vous serez saisi par l’atmosphè

1051 tista est devenue un hôtel, celle de Max un musée d’ art populaire grison — vous serez saisi par l’atmosphère à la fois fas

1052 des hautes salles carrées qui occupent le centre de chaque étage et autour desquelles sont disposées les chambres. Escali

1053 sont disposées les chambres. Escalier aux marches de granit noir. Panoplies d’armes et têtes d’élans, portes sculptées et

1054 s. Escalier aux marches de granit noir. Panoplies d’ armes et têtes d’élans, portes sculptées et grands buffets en bois d’a

1055 arches de granit noir. Panoplies d’armes et têtes d’ élans, portes sculptées et grands buffets en bois d’arolle clair à gro

1056 élans, portes sculptées et grands buffets en bois d’ arolle clair à gros nœuds sombres, lourdes ferrures, lits à colonnes,

1057 lourdes ferrures, lits à colonnes, plafonds ornés de stucs bleus et blancs. Hauteur, ampleur, simplicité robuste, et quelq

1058 e encore qui devait fasciner l’auteur des Cahiers de Malte Laurids Brigge 26. Désormais, dans toutes les vallées grisonnes

1059 26. Désormais, dans toutes les vallées grisonnes, de Sils-Maria jusqu’à Coire, vous retrouverez les armes des Salis au fro

1060 , vous retrouverez les armes des Salis au fronton de ces amples demeures qui tiennent toujours un peu de la maison forte p

1061 a maison forte paysanne, du palais Renaissance et de la folie baroque. Mais les Salis eurent des rivaux puissants dans les

1062 dans les trois Ligues des Grisons. Chaque village de l’Engadine semble être né du groupe des grandes demeures portant les

1063 du groupe des grandes demeures portant les armes d’ une même famille et qui entourent la place principale : ainsi Zuoz et

1064 rt et blancs couvrant la voûte unique, baptistère de marbre noir et rose tenant la place de l’autel, boiseries sculptées ;

1065 baptistère de marbre noir et rose tenant la place de l’autel, boiseries sculptées ; et par les hautes fenêtres sans vitrau

1066 hautes fenêtres sans vitraux, on voit des pentes d’ herbe rase, des pans de forêts, des rochers sur le ciel. Ces noms même

1067 itraux, on voit des pentes d’herbe rase, des pans de forêts, des rochers sur le ciel. Ces noms mêmes et l’histoire de ces

1068 rochers sur le ciel. Ces noms mêmes et l’histoire de ces familles — à la fois patriarcales et cosmopolites — révèlent une

1069 s et cosmopolites — révèlent une convergence rare d’ influences italiennes, autrichiennes et françaises, dans un petit pays

1070 , autrichiennes et françaises, dans un petit pays d’ une grande violence de mœurs. Et l’admirable est bien qu’il en soit né

1071 nçaises, dans un petit pays d’une grande violence de mœurs. Et l’admirable est bien qu’il en soit né un style unique d’arc

1072 mirable est bien qu’il en soit né un style unique d’ architecture, commun aux fermes et aux palais, qui n’a rien de composi

1073 re, commun aux fermes et aux palais, qui n’a rien de composite et ne ressemble à rien, et qui domine toute l’Engadine27. M

1074 e27. Mais une fois sensibilisés par la découverte de Soglio et des Grisons, vous retrouverez des phénomènes analogues dans

1075 s phénomènes analogues dans bien d’autres régions de la Suisse : dans le Valais, tout couvert des demeures des Courten, se

1076 ; à Schwyz, où toutes les grandes maisons à toits de fermes ornés de pignons baroques sont à coup sûr celles des comtes de

1077 outes les grandes maisons à toits de fermes ornés de pignons baroques sont à coup sûr celles des comtes de Reding, dynasti

1078 ignons baroques sont à coup sûr celles des comtes de Reding, dynastie de Landamman 28 de cette commune d’Empire et chefs d

1079 à coup sûr celles des comtes de Reding, dynastie de Landamman 28 de cette commune d’Empire et chefs du peuple au temps de

1080 es des comtes de Reding, dynastie de Landamman 28 de cette commune d’Empire et chefs du peuple au temps de Morgarten comme

1081 Reding, dynastie de Landamman 28 de cette commune d’ Empire et chefs du peuple au temps de Morgarten comme au temps de la r

1082 forment avec l’église baroque la place somptueuse de Trogen, — petit village au cœur d’un haut pays de collines chauves se

1083 ace somptueuse de Trogen, — petit village au cœur d’ un haut pays de collines chauves semées de chalets aux toits pointus,

1084 de Trogen, — petit village au cœur d’un haut pays de collines chauves semées de chalets aux toits pointus, aux fenêtres mi

1085 au cœur d’un haut pays de collines chauves semées de chalets aux toits pointus, aux fenêtres minuscules en rangs serrés, e

1086 ysans trapus se fixent à l’oreille un disque plat de cuivre ou d’or. Quant à nos villes, toutes leurs plus belles demeures

1087 se fixent à l’oreille un disque plat de cuivre ou d’ or. Quant à nos villes, toutes leurs plus belles demeures et rues — le

1088 cle « fédéral » n’a produit, en architecture, que d’ énormes bâtiments de postes et d’administration, d’un uniforme ennui s

1089 produit, en architecture, que d’énormes bâtiments de postes et d’administration, d’un uniforme ennui scolaire. Le Palais f

1090 rchitecture, que d’énormes bâtiments de postes et d’ administration, d’un uniforme ennui scolaire. Le Palais fédéral, siège

1091 ’énormes bâtiments de postes et d’administration, d’ un uniforme ennui scolaire. Le Palais fédéral, siège du gouvernement e

1092 e plus grave à se faire pardonner dans le domaine de l’esthétique. Et cependant, si l’on compare le régime patricien des L

1093 nd. La corruption, la tyrannie mesquine, l’esprit de caste allié à la vénalité des familles dirigeantes du xviiie siècle,

1094 faits du régime fédéral instauré par les radicaux de 1848 sont indéniables. Faut-il penser que l’art et l’honnêteté civiqu

1095 té, ne feront jamais bon ménage ? Ou que le style d’ une époque dépend moins qu’on ne le pense des circonstances politiques

1096 es, qui viennent d’ailleurs et ne se soucient pas d’ exprimer l’esprit d’un régime ? ⁂ Mais, dira-t-on, que devient dans to

1097 illeurs et ne se soucient pas d’exprimer l’esprit d’ un régime ? ⁂ Mais, dira-t-on, que devient dans tout cela cette fameus

1098 , tout au moins littéraire, des cantons primitifs de la Suisse, gouvernés par une Landsgemeinde ? Eh bien, durant l’époque

1099 einde ? Eh bien, durant l’époque dite patricienne de notre histoire — du xvie au xixe siècle — elle coexiste avec les ar

1100  ; 2° le principe même des Ligues est l’autonomie de chacun. Les jacobins n’y ont rien compris : cette absence de système

1101 Les jacobins n’y ont rien compris : cette absence de système les eût épouvantés. Ils admiraient les Suisses mythiques de J

1102 épouvantés. Ils admiraient les Suisses mythiques de Jean-Jacques et de Schiller. Mais un Anglais qui voyageait en Suisse

1103 miraient les Suisses mythiques de Jean-Jacques et de Schiller. Mais un Anglais qui voyageait en Suisse vers la fin de l’ép

1104 is un Anglais qui voyageait en Suisse vers la fin de l’époque dont je parle, et qui avait étudié de près la constitution d

1105 in de l’époque dont je parle, et qui avait étudié de près la constitution de chaque canton, a cette remarque judicieuse :

1106 arle, et qui avait étudié de près la constitution de chaque canton, a cette remarque judicieuse : « Si l’on considérait th

1107 e : « Si l’on considérait théoriquement la nature de l’Aristocratie et de la Démocratie, on croirait à peine possible de d

1108 rait théoriquement la nature de l’Aristocratie et de la Démocratie, on croirait à peine possible de diviser ces deux forme

1109 et de la Démocratie, on croirait à peine possible de diviser ces deux formes de gouvernement en autant d’espèces que la Su

1110 irait à peine possible de diviser ces deux formes de gouvernement en autant d’espèces que la Suisse en présente. Car dans

1111 diviser ces deux formes de gouvernement en autant d’ espèces que la Suisse en présente. Car dans ce pays, il n’est pas une

1112 e manière à ne pouvoir être confondue avec aucune de celles du même genre29. » Gardons-nous donc de confondre la démocrati

1113 ne de celles du même genre29. » Gardons-nous donc de confondre la démocratie des cantons à Landsgemeinde avec aucun autre

1114 ame aujourd’hui du même nom. L’assemblée annuelle de tous les citoyens portant leur épée à la main en signe de l’antique l

1115 les citoyens portant leur épée à la main en signe de l’antique liberté — dans l’autre main, un parapluie —, la présence vi

1116 et littéralement majestueuse sur la grande place d’ une bourgade, de celui qu’on appelle toujours en Suisse « le souverain

1117 t majestueuse sur la grande place d’une bourgade, de celui qu’on appelle toujours en Suisse « le souverain », voilà bien l

1118 là bien le seul exemple, depuis la Grèce antique, d’ une démocratie véritable — « gouvernement du peuple par le peuple et p

1119 r le peuple et pour le peuple », selon la formule de Lincoln. Mais la Landsgemeinde est une action sacrée, non moins qu’un

1120 ’une pratique raisonnable tant que les dimensions de la commune s’y prêtent. Entre cela et ce qu’on appelle démocratie au

1121 appelle démocratie au xxe siècle, qu’il s’agisse de démocraties populaires — ce mensonge déguisé en pléonasme — ou du sys

1122 idental des parlements, partis, presse et groupes de pression, le tout manipulé par la télévision, quoi de commun ? Landsg

1123 ression, le tout manipulé par la télévision, quoi de commun ? Landsgemeinde à part, que l’univers acclame30, cette ancienn

1124 se pendant tout le xixe siècle, dans nos manuels d’ histoire notamment : c’est qu’elle controuvait la légende de l’égalita

1125 notamment : c’est qu’elle controuvait la légende de l’égalitarisme foncier des Suisses, — concept auquel nous revenons ap

1126 ous voici mieux informés. Résumons-nous. Le refus de se laisser gouverner par autrui est sans doute à la base des Ligues.

1127 Ligues. Nous avons vu qu’il signifiait la volonté de sauvegarder les franchises impériales. Ce réflexe est antiégalitaire.

1128 la ligue des autonomes ne peut souffrir que l’un de ses membres devienne trop puissant ou trop voyant, car il en profiter

1129 n profiterait bientôt pour unifier les conditions de tous, ruinant ainsi la raison d’être de la Ligue. Or ce second réflex

1130 r les conditions de tous, ruinant ainsi la raison d’ être de la Ligue. Or ce second réflexe joue dans un sens égalisant. Le

1131 onditions de tous, ruinant ainsi la raison d’être de la Ligue. Or ce second réflexe joue dans un sens égalisant. Les deux

1132 ement liées et jumelées, s’observent tout au long de notre histoire. Parfois l’une, parfois l’autre prévaut, mais elles so

1133 ont toujours là, simultanées. Pendant les guerres de Souabe et d’Italie, l’individualisme impétueux l’emporte sur le sens

1134 là, simultanées. Pendant les guerres de Souabe et d’ Italie, l’individualisme impétueux l’emporte sur le sens des solidarit

1135 voir aussi que, par là même, la société s’efforce de mettre un frein aux ambitions aventurières qui pourraient bouleverser

1136 ervateurs étrangers, témoins directs et objectifs de l’état de choses qui règne en Suisse à la fin de la période patricien

1137 de l’état de choses qui règne en Suisse à la fin de la période patricienne. À Bâle, note l’Anglais William Coxe31, « tout

1138 noble et qui, par choix, veut conserver son titre de noblesse, est exclu sans retour du nombre des éligibles au Conseil so

1139 esures contre la noblesse prises par le patriciat de Bâle et plus tard par celui de Fribourg que se référait Pascal, génér

1140 s par le patriciat de Bâle et plus tard par celui de Fribourg que se référait Pascal, généralisant un peu trop, lorsqu’il

1141 p, lorsqu’il écrivait : « Les Suisses s’offensent d’ être dits gentilshommes, et prouvent leur roture de race pour être jug

1142 ’être dits gentilshommes, et prouvent leur roture de race pour être jugés dignes des grands emplois. » De son côté, Ramond

1143 race pour être jugés dignes des grands emplois. » De son côté, Ramond, traducteur de Coxe, rapporte le trait suivant, à pr

1144 grands emplois. » De son côté, Ramond, traducteur de Coxe, rapporte le trait suivant, à propos d’une Landsgemeinde : Rien

1145 sgemeinde : Rien de plus critique dans ces temps de Comices, que l’état d’un magistrat que l’on soupçonne d’avoir abusé d

1146 us critique dans ces temps de Comices, que l’état d’ un magistrat que l’on soupçonne d’avoir abusé de son autorité ou d’un

1147 ces, que l’état d’un magistrat que l’on soupçonne d’ avoir abusé de son autorité ou d’un citoyen dont on craint l’ascendant

1148 t d’un magistrat que l’on soupçonne d’avoir abusé de son autorité ou d’un citoyen dont on craint l’ascendant. Il risque d’

1149 e l’on soupçonne d’avoir abusé de son autorité ou d’ un citoyen dont on craint l’ascendant. Il risque d’être jugé sur l’heu

1150 ’un citoyen dont on craint l’ascendant. Il risque d’ être jugé sur l’heure avec toute la précipitation qui caractérise les

1151 ui caractérise les jugements du peuple irrité, et de succomber aussitôt à la fureur de ses adversaires. On en a des exempl

1152 uple irrité, et de succomber aussitôt à la fureur de ses adversaires. On en a des exemples terribles ; mais pour ne point

1153 ribles ; mais pour ne point affliger par le récit de quelques aventures tragiques, je ne citerai qu’une procédure singuliè

1154 giques, je ne citerai qu’une procédure singulière de ce genre sommaire. C’est le canton de Zoug qui en a donné le dernier

1155 singulière de ce genre sommaire. C’est le canton de Zoug qui en a donné le dernier exemple. Un paysan offusquoit ses conc

1156 se disproportionnée, qui sans augmenter le nombre de ses jouissances, pouvoit lui donner sur eux un ascendant funeste à la

1157 e à la liberté ; l’assemblée générale lui ordonna d’ apporter une déclaration de ses biens ; on les divisa en deux parties,

1158 e générale lui ordonna d’apporter une déclaration de ses biens ; on les divisa en deux parties, dont l’une lui resta et le

1159 Exemples curieusement révélateurs des diversités de nos coutumes : chez les démocrates tout purs des petits cantons à Lan

1160 très souvent sont élus landamman, et même parfois de père en fils), tandis qu’à Bâle, le régime aristocratique mitigé se m

1161 ’à Bâle, le régime aristocratique mitigé se méfie de la noblesse mais non des grandes fortunes. C’est qu’à Zoug, à Schwyz,

1162 sé son prince-évêque à la Réforme, ne confère pas de titres de noblesse : ceux-ci viennent donc d’ailleurs, récompenses su

1163 nce-évêque à la Réforme, ne confère pas de titres de noblesse : ceux-ci viennent donc d’ailleurs, récompenses suspectes dé

1164 onc d’ailleurs, récompenses suspectes décernées à de virtuels agents de l’étranger32. Cette méfiance des bourgeois au pouv

1165 ompenses suspectes décernées à de virtuels agents de l’étranger32. Cette méfiance des bourgeois au pouvoir s’est traduite

1166 is au pouvoir s’est traduite dans la Constitution de la Suisse actuelle par un article ainsi conçu : Art. 12. — Les memb

1167 édérales, les fonctionnaires civils et militaires de la Confédération et les représentants ou les commissaires fédéraux ne

1168 ou les commissaires fédéraux ne peuvent recevoir d’ un gouvernement étranger ni pensions, ni traitements, ni titres, prése

1169 nts ou décorations. S’ils sont déjà en possession de pensions, de titres ou de décorations, ils devront renoncer à jouir d

1170 tions. S’ils sont déjà en possession de pensions, de titres ou de décorations, ils devront renoncer à jouir de leurs pensi

1171 sont déjà en possession de pensions, de titres ou de décorations, ils devront renoncer à jouir de leurs pensions et à port

1172 s ou de décorations, ils devront renoncer à jouir de leurs pensions et à porter leurs titres et leurs décorations pendant

1173 eurs titres et leurs décorations pendant la durée de leurs fonctions. Toutefois les employés inférieurs peuvent être autor

1174 le ne peut expliquer d’autres traits bien curieux d’ égalitarisme social qui se manifestent dès 1848. Jusqu’à nos jours, le

1175 estent dès 1848. Jusqu’à nos jours, le commandant d’ une brigade, d’une division, d’un corps d’armée, ne porte que le grade

1176 . Jusqu’à nos jours, le commandant d’une brigade, d’ une division, d’un corps d’armée, ne porte que le grade de colonel ; c

1177 urs, le commandant d’une brigade, d’une division, d’ un corps d’armée, ne porte que le grade de colonel ; celui de général

1178 mandant d’une brigade, d’une division, d’un corps d’ armée, ne porte que le grade de colonel ; celui de général n’étant déc

1179 vision, d’un corps d’armée, ne porte que le grade de colonel ; celui de général n’étant décerné qu’en cas de guerre, et au

1180 d’armée, ne porte que le grade de colonel ; celui de général n’étant décerné qu’en cas de guerre, et au seul commandant en

1181 onel ; celui de général n’étant décerné qu’en cas de guerre, et au seul commandant en chef de l’armée. Si bien que les rec

1182 u’en cas de guerre, et au seul commandant en chef de l’armée. Si bien que les recrues inspectées par un officier supérieur

1183 isionnaire ! » ou : « Oui, mon colonel commandant de corps ! » ce qui est d’un effet singulier. De même, jusqu’en 1955, no

1184 i, mon colonel commandant de corps ! » ce qui est d’ un effet singulier. De même, jusqu’en 1955, nos chefs de mission diplo

1185 ffet singulier. De même, jusqu’en 1955, nos chefs de mission diplomatique ne portaient que le titre de ministre, qui leur

1186 de mission diplomatique ne portaient que le titre de ministre, qui leur valait partout des places en bout de table. Dans c

1187 istre, qui leur valait partout des places en bout de table. Dans certains cantons, la réaction démocratique a été jusqu’à

1188 primer la particule nobiliaire dans les registres d’ état civil. Et partout dans nos villes et nos villages, la revendicati

1189 revendication égalitaire — le devoir pour chacun d’ être comme tous — a remplacé l’ancien réflexe confédéral de la défense

1190 mme tous — a remplacé l’ancien réflexe confédéral de la défense des « libertés » traditionnelles, — du droit d’être chacun

1191 ense des « libertés » traditionnelles, — du droit d’ être chacun à sa manière. Le péché, désormais, c’est de se distinguer.

1192 e chacun à sa manière. Le péché, désormais, c’est de se distinguer. Ce renversement radical des coutumes d’une ancienne Su

1193 distinguer. Ce renversement radical des coutumes d’ une ancienne Suisse toute fourmillante de privilèges, toute colorée de

1194 coutumes d’une ancienne Suisse toute fourmillante de privilèges, toute colorée des signes extérieurs des dignités consulai

1195 oratives et militaires, — ce n’est pas le produit d’ une brusque subversion mais d’une longue évolution interne, accroissem

1196 ’est pas le produit d’une brusque subversion mais d’ une longue évolution interne, accroissement de l’entropie sociale. Au

1197 ais d’une longue évolution interne, accroissement de l’entropie sociale. Au sein de l’État fédéral constitué en 1848, le v

1198 iste, l’esprit des communes urbaines sur l’esprit de la paysannerie, l’hostilité zwinglienne à toutes cérémonies sur l’att

1199 uisse », non sans quelque raison mais il convient de s’entendre. Certes, il plonge des racines profondes dans l’ancienne C

1200 tion, mais il faut bien avouer qu’il l’a couverte d’ un badigeon universel gris-vert, couleur de l’uniforme de nos troupes

1201 uverte d’un badigeon universel gris-vert, couleur de l’uniforme de nos troupes et des bâtiments fédéraux. Il est typique d

1202 digeon universel gris-vert, couleur de l’uniforme de nos troupes et des bâtiments fédéraux. Il est typique d’une certaine

1203 troupes et des bâtiments fédéraux. Il est typique d’ une certaine Suisse moderne, celle qu’un de mes instituteurs illustrai

1204 ypique d’une certaine Suisse moderne, celle qu’un de mes instituteurs illustrait on ne peut mieux lorsqu’il commençait sa

1205 peut mieux lorsqu’il commençait sa première leçon d’ instruction civique en ces termes : « En Suisse, on est tous égaux. C’

1206 pas parce qu’il y en a qui s’amusent à mettre un de devant leur nom qu’il faut qu’ils se croient plus que les autres ! »

1207 jour-là mon innocence sociale33. 24. L’Almanach de Gotha publiait toujours deux séries d’édition de ses annuaires de la

1208 L’Almanach de Gotha publiait toujours deux séries d’ édition de ses annuaires de la noblesse germanique : Uradel, familles

1209 de Gotha publiait toujours deux séries d’édition de ses annuaires de la noblesse germanique : Uradel, familles féodales d

1210 t toujours deux séries d’édition de ses annuaires de la noblesse germanique : Uradel, familles féodales dont la qualité no

1211 tres et brevets après cette date. 25. Le château de Blonay est resté propriété de la famille qui en porte le nom des orig

1212 te. 25. Le château de Blonay est resté propriété de la famille qui en porte le nom des origines (1175) à nos jours, c’est

1213 e-Jean Jouve a situé dans ce même palais un récit d’ une noire beauté, intitulé Dans les années profondes. 27. À l’excepti

1214 es années profondes. 27. À l’exception toutefois de Saint-Moritz, qui entasse ses hôtels disparates sur une sorte de verr

1215 , qui entasse ses hôtels disparates sur une sorte de verrue, au seul lieu sans beauté de la vallée. Les touristes qui conn

1216 sur une sorte de verrue, au seul lieu sans beauté de la vallée. Les touristes qui connaissent Saint-Moritz n’ont pas vu l’

1217 gadine réelle, mais seulement la Suisse hôtelière de 1900. 28. Président du gouvernement. 29. Lettres de M. William Cox

1218 00. 28. Président du gouvernement. 29. Lettres de M. William Coxe sur l’État politique, civil et naturel de la Suisse,

1219 lliam Coxe sur l’État politique, civil et naturel de la Suisse, traduites de l’anglais (par Ramond de Carbonnières, qui aj

1220 litique, civil et naturel de la Suisse, traduites de l’anglais (par Ramond de Carbonnières, qui ajoute à cette édition d’i

1221 amond de Carbonnières, qui ajoute à cette édition d’ intéressants commentaires et souvenirs personnels), à Paris, 1782, tom

1222 défendaient encore avec quelque succès les droits de la bourgeoisie, sinon du peuple. 31. Op. cit., tome II, p. 314. 32

1223 du peuple. 31. Op. cit., tome II, p. 314. 32. De fait, beaucoup de familles influentes de l’ancienne Suisse soutenaien

1224 14. 32. De fait, beaucoup de familles influentes de l’ancienne Suisse soutenaient ouvertement l’un des partis européens a

1225 33. Mon instituteur eût cependant pu se prévaloir d’ une vieille tradition suisse d’hostilité contre tout ce qui prétend « 

1226 nt pu se prévaloir d’une vieille tradition suisse d’ hostilité contre tout ce qui prétend « mieux valoir ». Par exemple : «

1227 ne, demandèrent au curé ce qu’ils devaient penser de la noblesse suisse ; il leur répondit, à ce que l’on rapporte, qu’on

1228 laume Fröhlich, commandant des Suisses au service de la France, n’était pas noble, et il répondit que non. Interrogé ensui

1229 « Les Pfyffer ne sont pas nobles ; ils descendent d’ un simple tailleur, et encore n’était-ce pas un bon tailleur. — Et le

1230 eigneur dans le pays, mais si quelqu’un s’avisait de dire qu’il valait mieux que les autres paysans, on ferait de lui un g

1231 il valait mieux que les autres paysans, on ferait de lui un gardeur de moutons », etc. (A.-Ph. von Segesser, Ludwig Pfyffe

1232 e les autres paysans, on ferait de lui un gardeur de moutons », etc. (A.-Ph. von Segesser, Ludwig Pfyffer, I, p. 660-661).

1233 « Un pays traditionnellement neutre » Parlant de traditions, une question se pose : celle de leur ancienneté relative.

1234 rlant de traditions, une question se pose : celle de leur ancienneté relative. Il est remarquable que la neutralité de not

1235 té relative. Il est remarquable que la neutralité de notre pays n’ait trouvé son premier historien qu’à la fin du siècle d

1236 qu’au xxe siècle la maxime intangible et absolue de la politique du Conseil fédéral. Les premiers traités internationaux

1237 a définissent et la sanctionnent sont les traités de Vienne et de Paris, au lendemain de la chute de Napoléon. Et ce n’est

1238 et la sanctionnent sont les traités de Vienne et de Paris, au lendemain de la chute de Napoléon. Et ce n’est guère « qu’a

1239 t les traités de Vienne et de Paris, au lendemain de la chute de Napoléon. Et ce n’est guère « qu’au cours du xviie siècl

1240 s de Vienne et de Paris, au lendemain de la chute de Napoléon. Et ce n’est guère « qu’au cours du xviie siècle que ce mot

1241  qu’au cours du xviie siècle que ce mot étranger de neutralité, issu du bas latin et intelligible en tout pays, doit être

1242 nifeste en tant que politique qu’au dernier tiers de l’histoire des « louables cantons ». Les partisans de l’abstention — 

1243 ’histoire des « louables cantons ». Les partisans de l’abstention — Stillesitzen — dans les conflits locaux ou généraux qu

1244 rs prévalu. Ce qui est sûr, c’est que la pratique de l’arbitrage s’inscrit dans nos premiers pactes d’alliance et y survit

1245 de l’arbitrage s’inscrit dans nos premiers pactes d’ alliance et y survit à la dislocation de l’Empire en nations souverain

1246 rs pactes d’alliance et y survit à la dislocation de l’Empire en nations souveraines n’admettant plus aucune instance supé

1247 ns, les Suisses sont demeurés fidèles au principe de la paix impériale, et certains veulent y voir les racines lointaines

1248 et certains veulent y voir les racines lointaines de la neutralité moderne. Mais en fait, on l’a dit plus haut, les canton

1249 ’a dit plus haut, les cantons ne se privèrent pas d’ intervenir dans les conflits européens — guerres de Bourgogne, de Soua

1250 ’intervenir dans les conflits européens — guerres de Bourgogne, de Souabe et d’Italie — tant qu’ils y trouvèrent leur prof

1251 ns les conflits européens — guerres de Bourgogne, de Souabe et d’Italie — tant qu’ils y trouvèrent leur profit. Leur promp

1252 ts européens — guerres de Bourgogne, de Souabe et d’ Italie — tant qu’ils y trouvèrent leur profit. Leur promptitude à reco

1253 r des arbitrages. C’est finalement la nature même de leurs alliances — entre eux et avec l’étranger — qui les contraignit

1254 Savoie, la Lorraine et Milan, les princes-évêques de Coire, de Constance et de Saint-Gall, variablement coalisés, souvent

1255 Lorraine et Milan, les princes-évêques de Coire, de Constance et de Saint-Gall, variablement coalisés, souvent en guerre

1256 an, les princes-évêques de Coire, de Constance et de Saint-Gall, variablement coalisés, souvent en guerre les uns contre l

1257 e les uns contre les autres, accumulaient les cas d’ incompatibilité. Le système devait se gripper. Marignan fut le signal

1258 système devait se gripper. Marignan fut le signal d’ alarme décisif. La neutralité militaire fut au début la résultante d’u

1259 a neutralité militaire fut au début la résultante d’ une impuissance congénitale des Ligues à suivre une politique commune

1260 se traduisirent à l’extérieur par une neutralité de fait : abandon progressif des alliances séparées. L’épreuve majeure f

1261 s alliances séparées. L’épreuve majeure fut celle de la guerre de Trente Ans. Sollicitée par Gustave-Adolphe d’un côté, pa

1262 éparées. L’épreuve majeure fut celle de la guerre de Trente Ans. Sollicitée par Gustave-Adolphe d’un côté, par l’Autriche

1263 rre de Trente Ans. Sollicitée par Gustave-Adolphe d’ un côté, par l’Autriche de l’autre, la Diète manœuvra prudemment. En d

1264 tée par Gustave-Adolphe d’un côté, par l’Autriche de l’autre, la Diète manœuvra prudemment. En dépit des sermons enflammés

1265 épit des sermons enflammés du pasteur Breitinger, de Zurich, sur le texte de l’Apocalypse : « Parce que tu es tiède et que

1266 és du pasteur Breitinger, de Zurich, sur le texte de l’Apocalypse : « Parce que tu es tiède et que tu n’es ni froid ni cha

1267 e et que tu n’es ni froid ni chaud, je te vomirai de ma bouche » ; et malgré les pamphlets qui maudissaient « le monstre h

1268 saient « le monstre horrible, infâme et répugnant de la neutralité »36, l’opinion générale des Ligues appuya les mesures d

1269 l’opinion générale des Ligues appuya les mesures d’ abstention prises par la Diète. (Seules, les Ligues grisonnes se laiss

1270 .) Cette neutralité forcée était encore très loin d’ être une doctrine. Certes, en 1689, des membres de la Diète pouvaient

1271 d’être une doctrine. Certes, en 1689, des membres de la Diète pouvaient décrire la neutralité comme un des « fondements de

1272 t décrire la neutralité comme un des « fondements de la République », mais c’étaient surtout les puissances étrangères qui

1273 es étrangères qui insistaient sur « la neutralité de l’honorable Confédération, considérée de tout temps comme une solide

1274 utralité de l’honorable Confédération, considérée de tout temps comme une solide colonne maîtresse de sa quiétude »37. Rie

1275 de tout temps comme une solide colonne maîtresse de sa quiétude »37. Rien ne pouvait mieux servir les intérêts des souver

1276 française et Napoléon vinrent bouleverser ce jeu d’ intérêts convergents. Les idéologies ne s’accommodent guère de comprom

1277 onvergents. Les idéologies ne s’accommodent guère de compromis utiles mais peu logiques. « Vis-à-vis de moi votre neutrali

1278 Vis-à-vis de moi votre neutralité est un mot vide de sens ! », déclarait Bonaparte aux délégués de la Diète. La chute de l

1279 ide de sens ! », déclarait Bonaparte aux délégués de la Diète. La chute de l’ancienne Suisse, l’occupation française, puis

1280 rait Bonaparte aux délégués de la Diète. La chute de l’ancienne Suisse, l’occupation française, puis la libération du terr

1281 , puis la libération du territoire par les armées de l’Autriche amenèrent les meilleures têtes du pays à voir dans la neut

1282 ns la neutralité non plus seulement une condition d’ union interne mais une garantie d’indépendance. Et c’est pourquoi Pict

1283 t une condition d’union interne mais une garantie d’ indépendance. Et c’est pourquoi Pictet de Rochemont, représentant la S

1284 t de Rochemont, représentant la Suisse au congrès de Vienne, n’eut de cesse qu’il n’eût obtenu pour son pays la reconnaiss

1285 eprésentant la Suisse au congrès de Vienne, n’eut de cesse qu’il n’eût obtenu pour son pays la reconnaissance officielle d

1286 obtenu pour son pays la reconnaissance officielle de sa neutralité systématique. C’est à lui que l’on doit la phrase décis

1287 que. C’est à lui que l’on doit la phrase décisive de l’acte de neutralité octroyé en 1815 et joint au traité de Paris : L

1288 à lui que l’on doit la phrase décisive de l’acte de neutralité octroyé en 1815 et joint au traité de Paris : Les Puissan

1289 de neutralité octroyé en 1815 et joint au traité de Paris : Les Puissances signataires… reconnaissent authentiquement pa

1290 présent acte que la neutralité et l’inviolabilité de la Suisse et son indépendance de toute influence étrangère sont dans

1291 l’inviolabilité de la Suisse et son indépendance de toute influence étrangère sont dans les vrais intérêts de la politiqu

1292 influence étrangère sont dans les vrais intérêts de la politique de l’Europe entière. On a beaucoup discuté sur la porté

1293 gère sont dans les vrais intérêts de la politique de l’Europe entière. On a beaucoup discuté sur la portée des mots « dan

1294 iscuté sur la portée des mots « dans les intérêts de l’Europe entière ». Pictet de Rochemont lui-même les expliquait ainsi

1295 Rochemont lui-même les expliquait ainsi : la paix de l’Europe, désormais dominée par la Sainte-Alliance, tient au fait que

1296 ait que la Suisse demeure inaccessible aux armées de l’Autriche comme à celles de la France38. Cette clause européenne lim

1297 ccessible aux armées de l’Autriche comme à celles de la France38. Cette clause européenne limitait quelque peu l’absolue s

1298 éenne limitait quelque peu l’absolue souveraineté de l’État dont elle garantissait l’indépendance : la Suisse se voyait in

1299 e : la Suisse se voyait interdire toute politique d’ intervention et toute alliance militaire. Mais c’était désormais par l

1300 itaire. Mais c’était désormais par libre choix et d’ un consentement unanime qu’elle se liait les mains juridiquement. C’es

1301 accuser plus tard (dans la Jeune Suisse, à la fin de 1835) d’avoir cédé à la pression d’une Sainte-Alliance désireuse de l

1302 lus tard (dans la Jeune Suisse, à la fin de 1835) d’ avoir cédé à la pression d’une Sainte-Alliance désireuse de la retranc

1303 sse, à la fin de 1835) d’avoir cédé à la pression d’ une Sainte-Alliance désireuse de la retrancher du jeu de la politique

1304 édé à la pression d’une Sainte-Alliance désireuse de la retrancher du jeu de la politique européenne et de la mettre sous

1305 Sainte-Alliance désireuse de la retrancher du jeu de la politique européenne et de la mettre sous tutelle. (Metternich n’a

1306 a retrancher du jeu de la politique européenne et de la mettre sous tutelle. (Metternich n’avait accepté qu’à contrecœur l

1307 Metternich n’avait accepté qu’à contrecœur l’acte de neutralité, qui arrangeait mieux la France.) Il faut reconnaître auss

1308 upes égales en nombre et supérieures en puissance d’ attaque. Le rapport déficient entre une union politique faible et un p

1309 vait contraint l’ancienne Suisse à une neutralité de fait, se trouvait de la sorte inversé, et la neutralité devait à nouv

1310 enne Suisse à une neutralité de fait, se trouvait de la sorte inversé, et la neutralité devait à nouveau en résulter, mais

1311 ait à nouveau en résulter, mais elle avait changé de motifs. Elle allait devenir « l’étoile fixe de la politique étrangère

1312 gé de motifs. Elle allait devenir « l’étoile fixe de la politique étrangère de la Confédération »39, et plus encore : une

1313 devenir « l’étoile fixe de la politique étrangère de la Confédération »39, et plus encore : une attitude morale, toujours

1314 ne attitude morale, toujours plus caractéristique de la nouvelle Suisse fédérale. Il faut cependant souligner que la neutr

1315 ue la neutralité ne figure pas au nombre des buts de l’alliance fédérale, dans la Constitution de 1848. Comment s’explique

1316 buts de l’alliance fédérale, dans la Constitution de 1848. Comment s’explique cette omission, évidemment trop remarquable

1317 élibérée ? Si l’on se reporte aux comptes rendus de la commission qui rédigea la Constitution, et de la Diète qui l’exami

1318 de la commission qui rédigea la Constitution, et de la Diète qui l’examina40, on s’aperçoit que trois motifs distincts am

1319 . 1° La neutralité suisse, garantie par le traité de Vienne, était invoquée par les Puissances pour contester à la Confédé

1320 sances pour contester à la Confédération le droit de modifier son régime intérieur. Il paraissait donc inopportun de la me

1321 n régime intérieur. Il paraissait donc inopportun de la mettre en évidence dans la Constitution nouvelle. 2° « On ne pouva

1322 faudrait pas une fois l’abandonner dans l’intérêt de l’indépendance nationale », lit-on dans le recès de la Diète du 17 ma

1323 l’indépendance nationale », lit-on dans le recès de la Diète du 17 mai 1848, qui résume les débats sur l’article 2 de la

1324 7 mai 1848, qui résume les débats sur l’article 2 de la Constitution. « La neutralité est un moyen en vue d’un but ; elle

1325 Constitution. « La neutralité est un moyen en vue d’ un but ; elle est une mesure politique qui apparaît comme bien adaptée

1326 comme bien adaptée à la défense de l’indépendance de la Suisse ; mais la Confédération doit se réserver le droit, dans cer

1327 ces, pour autant qu’elle l’estimerait convenable, de sortir de sa situation neutre. » 3° Toutefois, la neutralité est en e

1328 autant qu’elle l’estimerait convenable, de sortir de sa situation neutre. » 3° Toutefois, la neutralité est en effet si bi

1329 os traditions et à notre sécurité, qu’il convient de faire obligation aux autorités de la respecter, dans leurs décisions

1330 qu’il convient de faire obligation aux autorités de la respecter, dans leurs décisions politiques. D’où les articles de l

1331 de la respecter, dans leurs décisions politiques. D’ où les articles de la Constitution de 1848, chargeant l’Assemblée fédé

1332 ans leurs décisions politiques. D’où les articles de la Constitution de 1848, chargeant l’Assemblée fédérale puis le Conse

1333 politiques. D’où les articles de la Constitution de 1848, chargeant l’Assemblée fédérale puis le Conseil fédéral de « vei

1334 eant l’Assemblée fédérale puis le Conseil fédéral de « veiller au maintien de l’indépendance et de la neutralité » de la C

1335 puis le Conseil fédéral de « veiller au maintien de l’indépendance et de la neutralité » de la Confédération. Ainsi la Su

1336 ral de « veiller au maintien de l’indépendance et de la neutralité » de la Confédération. Ainsi la Suisse, implicitement,

1337 maintien de l’indépendance et de la neutralité » de la Confédération. Ainsi la Suisse, implicitement, se déclarait la seu

1338 e, implicitement, se déclarait la seule maîtresse de sa neutralité. En omettant d’en faire un principe constitutionnel, ma

1339 la seule maîtresse de sa neutralité. En omettant d’ en faire un principe constitutionnel, mais en chargeant ses gouvernant

1340 onstitutionnel, mais en chargeant ses gouvernants de la maintenir à titre de politique servant son indépendance, elle se d

1341 vant son indépendance, elle se donnait le pouvoir de la modifier ou de l’abandonner, sans pour autant fournir prétexte aux

1342 nce, elle se donnait le pouvoir de la modifier ou de l’abandonner, sans pour autant fournir prétexte aux Puissances garant

1343 r autant fournir prétexte aux Puissances garantes d’ intervenir dans ses affaires intérieures. De fait, à deux reprises au

1344 ntes d’intervenir dans ses affaires intérieures. De fait, à deux reprises au moins, le statut de neutralité a subi des al

1345 es. De fait, à deux reprises au moins, le statut de neutralité a subi des altérations fondamentales. Les traités de Paris

1346 a subi des altérations fondamentales. Les traités de Paris et de Vienne l’avaient défini par rapport à l’Europe. Mais la c

1347 ltérations fondamentales. Les traités de Paris et de Vienne l’avaient défini par rapport à l’Europe. Mais la création de l

1348 t défini par rapport à l’Europe. Mais la création de la Société des Nations, puis celle des Nations unies posèrent des pro

1349 le ? Elle avait été conçue d’une part comme pièce de l’équilibre européen, d’autre part comme garantie de la cohésion des

1350 l’équilibre européen, d’autre part comme garantie de la cohésion des cantons. Ces deux motifs perdaient beaucoup de leur p

1351 tifs perdaient beaucoup de leur poids, s’agissant de sanctions contre un État agresseur (à l’époque de la SDN) ou de l’opp

1352 de sanctions contre un État agresseur (à l’époque de la SDN) ou de l’opposition entre l’Est totalitaire et l’Ouest démocra

1353 ontre un État agresseur (à l’époque de la SDN) ou de l’opposition entre l’Est totalitaire et l’Ouest démocratique, à l’épo

1354 le a posé pour condition à son entrée dans la SDN d’ être dispensée de toute participation aux sanctions militaires que la

1355 ndition à son entrée dans la SDN d’être dispensée de toute participation aux sanctions militaires que la Société pourrait

1356 ésisté à l’épreuve des faits : dès 1937, refusant d’ appliquer même les sanctions économiques contre l’Italie fasciste, qui

1357 é dite « intégrale ». Mais en 1945, par son refus de signer la Charte de l’ONU, qui cependant se prêtait mieux que celle d

1358 . Mais en 1945, par son refus de signer la Charte de l’ONU, qui cependant se prêtait mieux que celle de la SDN à l’admissi

1359 e l’ONU, qui cependant se prêtait mieux que celle de la SDN à l’admission d’un État neutre, la Suisse a fait un acte dont

1360 e prêtait mieux que celle de la SDN à l’admission d’ un État neutre, la Suisse a fait un acte dont je doute parfois qu’elle

1361 t mesuré toute la portée. Dégageant sa neutralité de toutes les circonstances européennes et intérieures qui l’avaient jus

1362 t justifiée jusqu’alors, elle en a fait une sorte d’ absolu, elle l’a comme dégagée de l’Histoire, elle l’a élevée à la hau

1363 a fait une sorte d’absolu, elle l’a comme dégagée de l’Histoire, elle l’a élevée à la hauteur d’un principe moral intangib

1364 gagée de l’Histoire, elle l’a élevée à la hauteur d’ un principe moral intangible, indépendant des contingences politiques

1365 ant des contingences politiques et même peut-être de ses propres intérêts. L’évolution qu’on vient de retracer se résume d

1366 er se résume donc très bien par la maxime : Faire de nécessité vertu, qu’il faut prendre au sens littéral. Tout au long du

1367 , il demeure convaincu qu’il doit à sa neutralité d’ avoir échappé aux désastres qui ont fondu sur tous ses voisins : par d

1368 ité militaire pouvait seule empêcher l’éclatement d’ un État dont la partie alémanique souhaitait généralement la victoire

1369 ie alémanique souhaitait généralement la victoire de l’Allemagne, tandis que la partie romande faisait sienne la cause des

1370 nte41. Qu’on n’oublie pas toutefois que la guerre de 1914 ne mettait pas en cause l’essence même de la Suisse. En dépit de

1371 re de 1914 ne mettait pas en cause l’essence même de la Suisse. En dépit des intempérances de langage dont les Romands sur

1372 nce même de la Suisse. En dépit des intempérances de langage dont les Romands surtout ne se privèrent pas, cette guerre ét

1373 tout ne se privèrent pas, cette guerre était loin d’ opposer deux conceptions de l’homme et de la société dont l’une eût en

1374 ette guerre était loin d’opposer deux conceptions de l’homme et de la société dont l’une eût entraîné par son triomphe la

1375 ait loin d’opposer deux conceptions de l’homme et de la société dont l’une eût entraîné par son triomphe la destruction in

1376 traîné par son triomphe la destruction inévitable de nos libertés fédérales. La Suisse n’avait en somme pas de raison maje

1377 ibertés fédérales. La Suisse n’avait en somme pas de raison majeure d’intervenir dans le combat douteux des nationalismes

1378 La Suisse n’avait en somme pas de raison majeure d’ intervenir dans le combat douteux des nationalismes en délire. Il sera

1379 nationalismes en délire. Il serait donc excessif d’ affirmer qu’elle doit à sa neutralité de s’être tenue à l’écart d’une

1380 excessif d’affirmer qu’elle doit à sa neutralité de s’être tenue à l’écart d’une guerre qui ne la concernait pas, et qu’e

1381 le doit à sa neutralité de s’être tenue à l’écart d’ une guerre qui ne la concernait pas, et qu’elle fut ainsi protégée d’u

1382 la concernait pas, et qu’elle fut ainsi protégée d’ une menace que personne ne brandissait contre elle. Tout autre était l

1383 autre était la situation lorsque éclata la guerre de 1939. Hitler estimait sans nul doute, à l’instar de Napoléon, que la

1384 , que la neutralité n’était plus qu’« un mot vide de sens », et ce n’est pas elle qu’il respecta et qui le retint un seul

1385 e qu’il respecta et qui le retint un seul instant de nous envahir. En revanche, il pouvait à tout moment nous accuser de l

1386 n revanche, il pouvait à tout moment nous accuser de la violer nous-mêmes, et en prendre prétexte pour nous attaquer. Elle

1387 Mais cette évaluation simplement réaliste du rôle de la neutralité pendant les deux guerres mondiales n’est pas généraleme

1388 moquait en 1939, ils vous répondent que le statut de neutralité a empêché la Suisse de se mêler à ces guerres. Dans la mes

1389 t que le statut de neutralité a empêché la Suisse de se mêler à ces guerres. Dans la mesure où c’est vrai, cela tendrait à

1390 c’est vrai, cela tendrait à prouver que le statut de neutralité est une diminution de notre souveraineté : il nous protège

1391 er que le statut de neutralité est une diminution de notre souveraineté : il nous protège en somme contre nous-mêmes. Mais

1392 u’on nous retienne ? Je pense plutôt que l’esprit de neutralité est une espèce d’habitus acquis par notre peuple et par se

1393 plutôt que l’esprit de neutralité est une espèce d’ habitus acquis par notre peuple et par ses gouvernants depuis un siècl

1394 eût bien suffi à lui seul pour empêcher la Suisse de se jeter dans ces guerres. Il s’agit d’une vieille propension à « con

1395 la Suisse de se jeter dans ces guerres. Il s’agit d’ une vieille propension à « concilier dans la pratique les incompatibil

1396 e les incompatibilités couchées sur le papier » ; d’ une forme d’esprit qui érige la prudence en vertu politique majeure ;

1397 atibilités couchées sur le papier » ; d’une forme d’ esprit qui érige la prudence en vertu politique majeure ; et d’un syst

1398 érige la prudence en vertu politique majeure ; et d’ un système de réflexes que l’on peut comparer à l’insularité des Brita

1399 ence en vertu politique majeure ; et d’un système de réflexes que l’on peut comparer à l’insularité des Britanniques, bref

1400 t comparer à l’insularité des Britanniques, bref, d’ une évolution marquée, depuis un siècle, vers « l’introversion politiq

1401 ’hésite pas à le reconnaître l’historien consacré de notre neutralité43. J’aurai l’occasion, par la suite, de confronter c

1402 e neutralité43. J’aurai l’occasion, par la suite, de confronter ce comportement psychologique avec les réalités de l’Europ

1403 r ce comportement psychologique avec les réalités de l’Europe contemporaine, qui la mettent à la plus rude épreuve. 34.

1404 n Neutralität, 1895. 35. Edgar Bonjour, Histoire de la neutralité suisse, Bâle, 1946 ; Neuchâtel, 1949. 36. Gespräche u

1405 Evangelischer Eydtgenossen… Trois libelles datant de 1632. Cf. E. Bonjour, op. cit., p. 15 et 375. 37. P. Valkenier, envo

1406 op. cit., p. 15 et 375. 37. P. Valkenier, envoyé de la Hollande auprès de la Diète, en 1692. Cf. Bonjour, op. cit., p. 37

1407  cit., p. 376. Relevons l’expression « considérée de tout temps » (« allezeit erachtet »), exagération classique dans ce g

1408 erachtet »), exagération classique dans ce genre de discours. 38. E. Bonjour, op. cit., p. 147. 39. E. bonjour, op. ci

1409 s voudraient bien faire la paix, mais la Gazette de Lausanne ne le permet pas. » 42. Cf. sur tout cela le Rapport du gé

1410 45. Relevons que selon le général, « l’observance de la neutralité » rendit parfois très difficile l’établissement de nos

1411 é » rendit parfois très difficile l’établissement de nos plans de défense (p. 27, p. ex.). 43. Edgar Bonjour, op. cit., 7

1412 rfois très difficile l’établissement de nos plans de défense (p. 27, p. ex.). 43. Edgar Bonjour, op. cit., 7 et 19.

1413 « Il a fallu plus de six siècles pour fédérer les cantons suisses » L’argument est souve

1414 dérer en quelques lustres, puisqu’il a fallu plus de six siècles aux vingt-cinq petits États suisses pour y arriver. Mais

1415 nous montre au contraire : 1° Qu’il a fallu plus de cinq siècles aux cantons suisses pour ne pas se fédérer solidement et

1416 périence complète des avantages et des faiblesses d’ un complexe système d’alliances « confédérales » entre États souverain

1417 avantages et des faiblesses d’un complexe système d’ alliances « confédérales » entre États souverains, sans pouvoir supéri

1418 Qu’il a fallu exactement neuf mois, au lendemain d’ une crise décisive, pour passer de la Ligue d’États de l’ancienne Suis

1419 s, au lendemain d’une crise décisive, pour passer de la Ligue d’États de l’ancienne Suisse à un État fédératif ; 3° Que la

1420 ain d’une crise décisive, pour passer de la Ligue d’ États de l’ancienne Suisse à un État fédératif ; 3° Que la notion de f

1421 e crise décisive, pour passer de la Ligue d’États de l’ancienne Suisse à un État fédératif ; 3° Que la notion de fédéralis

1422 nne Suisse à un État fédératif ; 3° Que la notion de fédéralisme, loin de remonter à Guillaume Tell, n’est devenue bien co

1423 u’au premier tiers du xxe siècle. Il s’agit donc d’ un phénomène moderne dans l’histoire des doctrines politiques. Repasso

1424 s rapidement, dans cette vue générale, les étapes de l’évolution dont nous avons, aux précédents chapitres, décrit quelque

1425 s, décrit quelques aspects particuliers. Le Pacte de 1291 n’instituait aucun pouvoir ni aucune politique commune, hors l’a

1426 es trois vallées des Waldstätten. Or il n’y a pas de fédération réelle sans quelque institution centrale, totalisant des f

1427 isant des forces réunies mais y ajoutant la force de l’union. La Confédération des treize cantons, qui a duré jusqu’à la f

1428 duré jusqu’à la fin du xviiie siècle, n’a pas eu d’ autre institution commune que la Diète, qui se réunissait ici ou là, e

1429 e la Diète, qui se réunissait ici ou là, en temps de crise, et ne pouvait presque rien décider, paralysée par le veto d’un

1430 uvait presque rien décider, paralysée par le veto d’ un « grand » canton ou par l’opposition des petits coalisés. Si faible

1431 pêcher les guerres civiles acharnées, comme celle de six cantons contre Zurich au xve siècle et comme les guerres dites d

1432 Zurich au xve siècle et comme les guerres dites de religion, renouvelées durant trois-cents ans. Songeant aux troupes qu

1433 nt au service étranger, et à la quasi-inexistence d’ une force défensive du territoire suisse, on peut affirmer que les Lig

1434 Ligues formaient un ensemble inférieur à la somme de ses parties — et ceci définit précisément l’absence d’une vraie fédér

1435 s parties — et ceci définit précisément l’absence d’ une vraie fédération. Quand les armées de la Révolution les envahirent

1436 ’absence d’une vraie fédération. Quand les armées de la Révolution les envahirent, les Ligues ne purent opposer une armée

1437 France, et tous unifiés par la force. La volonté de rester soi-même, qui était la base de leurs alliances, faute d’avoir

1438 La volonté de rester soi-même, qui était la base de leurs alliances, faute d’avoir su trouver les moyens de sa fin, about

1439 même, qui était la base de leurs alliances, faute d’ avoir su trouver les moyens de sa fin, aboutissait à sa totale négatio

1440 rs alliances, faute d’avoir su trouver les moyens de sa fin, aboutissait à sa totale négation. Et la « Suisse des patries 

1441 sastre militaire et à l’instauration artificielle de la République helvétique, « une et indivisible », à la française. Fau

1442 istoriens du siècle passé — ou plutôt à l’absence d’ institutions communes ? Certes, les régimes cantonaux étaient pour la

1443 qui venaient de s’enthousiasmer pour les légendes de Tell et du Grütli, ne manquaient pas de juger scandaleux le contraste

1444 légendes de Tell et du Grütli, ne manquaient pas de juger scandaleux le contraste entre un tel passé et le présent. Ainsi

1445 e présent. Ainsi Goethe écrivait dans son journal de voyage : Un jour, les Suisses se délivrèrent d’un tyran. Ils purent

1446 de voyage : Un jour, les Suisses se délivrèrent d’ un tyran. Ils purent se croire libres un moment : mais le soleil fécon

1447 ent : mais le soleil fécond fit éclore du cadavre de l’oppresseur un essaim de petits tyrans. À présent, ils continuent de

1448 d fit éclore du cadavre de l’oppresseur un essaim de petits tyrans. À présent, ils continuent de répéter le vieux conte. O

1449 ssaim de petits tyrans. À présent, ils continuent de répéter le vieux conte. On les entend dire, jusqu’à satiété, qu’ils s

1450 re leurs murailles, ils ne sont plus esclaves que de leurs lois et de leurs coutumes, de leurs commérages et de leurs préj

1451 s, ils ne sont plus esclaves que de leurs lois et de leurs coutumes, de leurs commérages et de leurs préjugés bourgeois.

1452 esclaves que de leurs lois et de leurs coutumes, de leurs commérages et de leurs préjugés bourgeois. Mais on ne saurait

1453 lois et de leurs coutumes, de leurs commérages et de leurs préjugés bourgeois. Mais on ne saurait déduire de cette juste

1454 s préjugés bourgeois. Mais on ne saurait déduire de cette juste critique que l’ancienne Suisse devait tomber parce que le

1455 evait tomber parce que le ver était dans le fruit de la Liberté, ou pour toute autre cause morale. Ce serait faire preuve

1456 toute autre cause morale. Ce serait faire preuve de trop d’optimisme historique. Tous les régimes quels qu’ils soient, bo

1457 utre cause morale. Ce serait faire preuve de trop d’ optimisme historique. Tous les régimes quels qu’ils soient, bons ou mé

1458 l : et personne n’a jamais formulé les conditions de la bonne mort d’un régime. Ce que l’on doit constater, et que l’on pe

1459 ’a jamais formulé les conditions de la bonne mort d’ un régime. Ce que l’on doit constater, et que l’on peut admirer, c’est

1460 irer, c’est la durée exceptionnelle du régime dit de l’ancienne Suisse, soit qu’on le compte en partant des premières Ligu

1461 a corruption fit sa perte. En fait, c’est le choc de l’attaque française, venant de l’extérieur, accident de l’Histoire bi

1462 ait, c’est le choc de l’attaque française, venant de l’extérieur, accident de l’Histoire bien plus qu’aboutissement d’un p

1463 ttaque française, venant de l’extérieur, accident de l’Histoire bien plus qu’aboutissement d’un processus interne et d’une

1464 accident de l’Histoire bien plus qu’aboutissement d’ un processus interne et d’une révolte endémique mais impuissante, qui

1465 n plus qu’aboutissement d’un processus interne et d’ une révolte endémique mais impuissante, qui provoqua la chute de l’anc

1466 endémique mais impuissante, qui provoqua la chute de l’ancienne Suisse. Et cela ne prouve pas nécessairement que les régim

1467 cantons étaient mauvais — il est d’autres raisons de les croire tels — mais à coup sûr qu’ils n’ont pas pu se défendre com

1468 ons-nous ici pour nous demander si, avant le coup de force français créant la République indivisible, il existait vraiment

1469 fédérale. Ceux qui ont tenté au cours des siècles de rassembler en un seul corps les nations de notre continent sont bien

1470 iècles de rassembler en un seul corps les nations de notre continent sont bien placés pour nous répondre puisqu’ils devaie

1471 compter, recompter et jauger les membres virtuels de l’union proposée. Or, on a vu que Pierre Dubois, en 1306, ne connaiss

1472 , ne connaissait encore aucun pays portant le nom de Suisse. Il faut attendre le milieu du xviie siècle, pour que Sully i

1473 rope unie une « République helvétique » augmentée de la Franche-Comté, de l’Alsace et du Tyrol. William Penn, dans son Ess

1474 lique helvétique » augmentée de la Franche-Comté, de l’Alsace et du Tyrol. William Penn, dans son Essay towards the Presen

1475 s, ce qui trahit quelque flottement dans son idée de la Suisse en tant qu’État distinct : on ne savait trop, à l’époque si

1476 at bien cohérent ou seulement à une constellation de souverainetés et d’associés dont les limites et le contour extérieur

1477 seulement à une constellation de souverainetés et d’ associés dont les limites et le contour extérieur ne paraissaient pas

1478 y trouver refuge : En entrant sur le territoire de Berne, je fis arrêter ; je descendis, je me prosternai, j’embrassai,

1479 m’écriai dans mon transport : « Ciel, protecteur de la vertu, je te loue, je touche une terre de liberté ! » Le Citoyen

1480 teur de la vertu, je te loue, je touche une terre de liberté ! » Le Citoyen de Genève sait donc très bien ce que symbolis

1481 e, je touche une terre de liberté ! » Le Citoyen de Genève sait donc très bien ce que symbolise déjà le nom de la Suisse,

1482 sait donc très bien ce que symbolise déjà le nom de la Suisse, lié au mythe de Tell45. Et le seigneur de Ferney le sait a

1483 symbolise déjà le nom de la Suisse, lié au mythe de Tell45. Et le seigneur de Ferney le sait aussi, qui aime à signer « L

1484 la Suisse, lié au mythe de Tell45. Et le seigneur de Ferney le sait aussi, qui aime à signer « Le Suisse Voltaire », bien

1485 rance. Idée plus que réalité instituée, la Suisse d’ alors est assez comparable à notre Europe du xxe siècle. Elle joue le

1486 à notre Europe du xxe siècle. Elle joue le rôle d’ une entité dont on peut mettre en doute les limites exactes et la cohé

1487 totalement différents les uns des autres. Passer de la « Suisse des patries », formule vétuste, à l’utopie brutale d’une

1488 es patries », formule vétuste, à l’utopie brutale d’ une nation unifiée, c’était un exercice intempestif, promis à un échec

1489 orps vivant, il déclarait en préambule à l’octroi d’ une nouvelle constitution (connue sous le nom d’Acte de Médiation) : «

1490 i d’une nouvelle constitution (connue sous le nom d’ Acte de Médiation) : « La nature a fait votre État fédératif’, vouloir

1491 nouvelle constitution (connue sous le nom d’Acte de Médiation) : « La nature a fait votre État fédératif’, vouloir la vai

1492 tre État fédératif’, vouloir la vaincre n’est pas d’ un homme sage. » Et il ajoutait : « Songez bien à l’importance d’avoir

1493 . » Et il ajoutait : « Songez bien à l’importance d’ avoir des traits caractéristiques ; ce sont eux qui, en éloignant l’id

1494 éristiques ; ce sont eux qui, en éloignant l’idée de ressemblance avec les autres États, écartent celle de vous confondre

1495 essemblance avec les autres États, écartent celle de vous confondre avec eux et de vous y incorporer. »46 L’Acte de Média

1496 ats, écartent celle de vous confondre avec eux et de vous y incorporer. »46 L’Acte de Médiation confirmait la libération

1497 dre avec eux et de vous y incorporer. »46 L’Acte de Médiation confirmait la libération des anciens pays sujets, élevés au

1498 ibération des anciens pays sujets, élevés au rang de cantons, mais rendait aussi aux cantons vieux et neufs une très large

1499 aux cantons vieux et neufs une très large mesure d’ autonomie. On admet que le Premier Consul espérait introduire de la so

1500 n admet que le Premier Consul espérait introduire de la sorte un principe de faiblesse chez ses voisins. (Ses successeurs

1501 onsul espérait introduire de la sorte un principe de faiblesse chez ses voisins. (Ses successeurs à la tête de la France,

1502 esse chez ses voisins. (Ses successeurs à la tête de la France, au xxe siècle, imposeront dans le même dessein une formul

1503 édérale à l’Allemagne.) Et en effet, le mouvement de retour à la souveraineté absolue des États membres allait s’exagérer

1504 embres allait s’exagérer pendant toute la période de Restauration qui suivit la chute de l’Empire, et déprimer par cet exc

1505 te la période de Restauration qui suivit la chute de l’Empire, et déprimer par cet excès la force du nouveau lien confédér

1506 du nouveau lien confédéral, institué par le pacte de 1815. Pourtant, le processus dialectique dont le temps de synthèse es

1507 Pourtant, le processus dialectique dont le temps de synthèse est la fédération, se déclencha durant ces mêmes années. Un

1508 n, se déclencha durant ces mêmes années. Un parti d’ hommes nouveaux entreprit d’opposer la Régénération à la Restauration,

1509 êmes années. Un parti d’hommes nouveaux entreprit d’ opposer la Régénération à la Restauration, c’est-à-dire la tendance un

1510 autonomiste mais autoritaire. Ni l’un ni l’autre de ces deux partis ne se disait encore « fédéraliste ». Ni l’un ni l’aut

1511 ernés allait permettre peu à peu la mise au point de solutions non pas moyennes mais en tension, qui sont tout le secret d

1512 ut le secret du vrai fédéralisme. L’homme capital de cette période où se forme la Suisse fédérale n’est pas un Suisse : c’

1513 uel nous allons le voir intervenir. C’est au plan de l’économie que les insuffisances du lien « confédéral » (alliance des

1514 riantes. Citons ici William Martin, bon historien de la Suisse moderne parce qu’il fut bon observateur de l’Europe pendant

1515 la Suisse moderne parce qu’il fut bon observateur de l’Europe pendant l’entre-deux-guerres : Les cantons, incapables de s

1516 t l’entre-deux-guerres : Les cantons, incapables de s’entendre pour pratiquer à l’égard de la France une politique douani

1517 ue les uns aux autres. On comptait en Suisse plus de quatre-cents taxes sur le trafic des marchandises, cantonales, commun

1518 eures. Le canton du Tessin ne prélevait pas moins de treize taxes différentes sur la route du Gothard, avec obligation de

1519 férentes sur la route du Gothard, avec obligation de décharger chaque fois la marchandise pour la peser. Dans la plupart d

1520 Suisse plutôt qu’à la traverser. Les industriels de Saint-Gall envoyaient leurs produits à Genève par Besançon et en Ital

1521 r. Ce pays, voué par la nature au transit et doté d’ un réseau de routes excellentes, était parvenu, par la faute de ses in

1522 voué par la nature au transit et doté d’un réseau de routes excellentes, était parvenu, par la faute de ses institutions,

1523 ute de ses institutions, à se priver complètement d’ une ressource importante. La Suisse ressemblait, sous le pacte de 1815

1524 importante. La Suisse ressemblait, sous le pacte de 1815, à l’Europe d’aujourd’hui. Les cantons étaient souverains, maîtr

1525 se ressemblait, sous le pacte de 1815, à l’Europe d’ aujourd’hui. Les cantons étaient souverains, maîtres incontestés de le

1526 s cantons étaient souverains, maîtres incontestés de leur politique économique. On comptait alors en Suisse onze mesures d

1527 nomique. On comptait alors en Suisse onze mesures de pied, soixante espèces d’aunes, quatre-vingt-sept mesures de grains,

1528 en Suisse onze mesures de pied, soixante espèces d’ aunes, quatre-vingt-sept mesures de grains, quatre-vingt-une pour les

1529 ixante espèces d’aunes, quatre-vingt-sept mesures de grains, quatre-vingt-une pour les liquides et cinquante poids différe

1530 iquides et cinquante poids différents. Incapables de s’entendre sur aucune mesure commune, les cantons multipliaient les m

1531 e toutes les erreurs que nous avons vu commettre, de nos jours, en Europe, ont eu leurs précédents sous la Restauration, a

1532 au sein de la Confédération.47 Lors de la Diète de 1832, un grand débat s’institua sur la nécessité d’élaborer un systèm

1533 1832, un grand débat s’institua sur la nécessité d’ élaborer un système de douanes nationales extérieures remplaçant les p

1534 s’institua sur la nécessité d’élaborer un système de douanes nationales extérieures remplaçant les péages entre les canton

1535 ère fois son ambiguïté essentielle. Les partisans de l’unité parlent d’édicter des « ordonnances fédérales » en matière éc

1536 ïté essentielle. Les partisans de l’unité parlent d’ édicter des « ordonnances fédérales » en matière économique. Fédératio

1537 nion supracantonale : Un pour Tous. Les partisans de la souveraineté totale des États membres invoquent inversement les « 

1538 années suivantes, où l’on assiste au renversement de plusieurs oligarchies urbaines. En 1829, le vieil historien Henri Zsc

1539 bruit : Il est manifeste que la grande majorité de la nation se sépare de plus en plus de la majorité des gouvernements

1540 e majorité de la nation se sépare de plus en plus de la majorité des gouvernements cantonaux dans son évolution et dans se

1541 Alors que le peuple tend passionnément à l’union de toutes les forces nationales, les gouvernements cantonaux se repousse

1542 nte souveraineté. En 1832, la Diète décide enfin de mettre à l’étude un projet de constitution fédérale, présenté sous la

1543 Diète décide enfin de mettre à l’étude un projet de constitution fédérale, présenté sous la forme prudente d’une révision

1544 itution fédérale, présenté sous la forme prudente d’ une révision du pacte de 1815. (Les Waldstätten, ainsi que Glaris et l

1545 té sous la forme prudente d’une révision du pacte de 1815. (Les Waldstätten, ainsi que Glaris et le Tessin s’abstenant ou

1546 festant leur hostilité au projet.) Une commission de quinze membres se réunit à Lucerne. C’est alors que paraît Pellegrino

1547 , venu en Suisse comme réfugié politique au début de la Restauration, il fut le premier professeur catholique à l’Académie

1548 fut le premier professeur catholique à l’Académie de Calvin et l’ornement du Conseil représentatif genevois, avant de deve

1549 if genevois, avant de devenir ambassadeur et pair de France, et de mourir assassiné, chef du gouvernement pontifical de Pi

1550 vant de devenir ambassadeur et pair de France, et de mourir assassiné, chef du gouvernement pontifical de Pie IX, en 1848.

1551 mourir assassiné, chef du gouvernement pontifical de Pie IX, en 1848. Doué d’une exceptionnelle capacité de travail, d’un

1552 gouvernement pontifical de Pie IX, en 1848. Doué d’ une exceptionnelle capacité de travail, d’un grand talent d’exposition

1553 e IX, en 1848. Doué d’une exceptionnelle capacité de travail, d’un grand talent d’exposition et d’une éloquence « à faire

1554 8. Doué d’une exceptionnelle capacité de travail, d’ un grand talent d’exposition et d’une éloquence « à faire fondre le ma

1555 ptionnelle capacité de travail, d’un grand talent d’ exposition et d’une éloquence « à faire fondre le marbre », ainsi que

1556 ité de travail, d’un grand talent d’exposition et d’ une éloquence « à faire fondre le marbre », ainsi que le nota son coll

1557 gue saint-gallois à Lucerne, il fut le rapporteur de la commission et l’un des principaux rédacteurs du projet qui, à tort

1558 eurs du projet qui, à tort du reste, porte le nom de pacte Rossi.49 Le rapport de Rossi critique le pacte de 1815 : la f

1559 este, porte le nom de pacte Rossi.49 Le rapport de Rossi critique le pacte de 1815 : la faiblesse du lien qu’il institue

1560 Rossi.49 Le rapport de Rossi critique le pacte de 1815 : la faiblesse du lien qu’il institue entre les cantons, la lent

1561 titue entre les cantons, la lenteur des processus de décision qu’il concède à la Diète, la position fausse où il place les

1562 rs allégeances. Rossi plaide pour l’établissement d’ un gouvernement fédéral, synthèse vivante de l’unité et des diversités

1563 ement d’un gouvernement fédéral, synthèse vivante de l’unité et des diversités. Tout en reconnaissant que « l’idée de la s

1564 es diversités. Tout en reconnaissant que « l’idée de la souveraineté cantonale est toujours l’idée dominante », il n’hésit

1565 te pas à préconiser la conception révolutionnaire d’ une « nationalité suisse » englobant toutes les traditions locales, et

1566 les traditions locales, et dans un beau mouvement d’ éloquence latine il s’écrie : La patrie suisse ! elle a aussi son siè

1567 e ! elle a aussi son siège dans nos cœurs. Le nom de Suisse en est à lui seul la preuve ; il est à lui seul un grand fait

1568 nous hors de nos foyers, quel nom invoquons-nous, de quel nom sommes-nous fiers, quelle histoire rappelons-nous, quel est

1569 , quelle histoire rappelons-nous, quel est le nom de notre drapeau, de nos soldats, de leur loyauté, de leur bravoure ? Su

1570 rappelons-nous, quel est le nom de notre drapeau, de nos soldats, de leur loyauté, de leur bravoure ? Suisse. Ce mot domin

1571 quel est le nom de notre drapeau, de nos soldats, de leur loyauté, de leur bravoure ? Suisse. Ce mot domine nos diversités

1572 e notre drapeau, de nos soldats, de leur loyauté, de leur bravoure ? Suisse. Ce mot domine nos diversités de langage, de m

1573 r bravoure ? Suisse. Ce mot domine nos diversités de langage, de mœurs, de religion, d’industrie ; ce mot avec tout le cor

1574 Suisse. Ce mot domine nos diversités de langage, de mœurs, de religion, d’industrie ; ce mot avec tout le cortège d’idées

1575 e mot domine nos diversités de langage, de mœurs, de religion, d’industrie ; ce mot avec tout le cortège d’idées qui l’acc

1576 nos diversités de langage, de mœurs, de religion, d’ industrie ; ce mot avec tout le cortège d’idées qui l’accompagnent, pl

1577 ligion, d’industrie ; ce mot avec tout le cortège d’ idées qui l’accompagnent, plane au-dessus des traditions locales, ou,

1578 nous, dans notre langage, la véritable antithèse de l’étranger. C’est lui qui nous imprime un cachet ineffaçable de natio

1579 C’est lui qui nous imprime un cachet ineffaçable de nationalité commune… Oui, l’idée d’une commune patrie ne nous est poi

1580 t ineffaçable de nationalité commune… Oui, l’idée d’ une commune patrie ne nous est point étrangère ; le sentiment de la na

1581 patrie ne nous est point étrangère ; le sentiment de la nationalité existe dans nos cœurs. Et quoi qu’en disent les détrac

1582 acteurs des temps modernes, c’est une des gloires de ces temps, que cette idée ait acquis plus de netteté, ce sentiment pl

1583 ires de ces temps, que cette idée ait acquis plus de netteté, ce sentiment plus d’énergie. Ce mémorable progrès, tout nous

1584 dée ait acquis plus de netteté, ce sentiment plus d’ énergie. Ce mémorable progrès, tout nous le révèle. Les paroles, les é

1585 és littéraires et savantes, les vœux, les projets d’ un grand nombre de cantons, et cette anxiété elle-même, et ce malaise

1586 savantes, les vœux, les projets d’un grand nombre de cantons, et cette anxiété elle-même, et ce malaise général qu’il est

1587 -même, et ce malaise général qu’il est impossible de méconnaître, et cette espérance que, dans un nouveau Pacte, dans une

1588 es principales se retrouvent dans la Constitution de 1848. En revanche, il est intéressant d’indiquer les causes principal

1589 titution de 1848. En revanche, il est intéressant d’ indiquer les causes principales de son échec : elles définissent en né

1590 est intéressant d’indiquer les causes principales de son échec : elles définissent en négatif la formule d’équilibre dynam

1591 n échec : elles définissent en négatif la formule d’ équilibre dynamique qui est la marque d’authenticité d’un régime de fé

1592 a formule d’équilibre dynamique qui est la marque d’ authenticité d’un régime de fédération. À gauche, on accusa Rossi de r

1593 ilibre dynamique qui est la marque d’authenticité d’ un régime de fédération. À gauche, on accusa Rossi de respecter d’une