1
mes de ma génération et de celle qui l’a précédée
doivent
à Reynold la découverte du vrai passé de leur patrie et d’une dimensi
2
es directes, immédiates et sensibles de la vie de
nos
petits pays — et même les chartes et les parchemins sont auprès d’ell
3
de seconde main — c’est tout cela que Reynold sut
nous
apprendre à voir, rajeunissant notre regard et balayant un siècle de
4
e Reynold sut nous apprendre à voir, rajeunissant
notre
regard et balayant un siècle de clichés officiels. Son œuvre entière
5
ateaubriand de l’helvétisme. Mais la Suisse qu’il
nous
a restituée, il la voit surtout menacée : « Car je crois au passé bie
6
blèmes — industriels, sociaux et politiques —, il
nous
faut chercher d’autres guides. Reynold nous a montré comment ce petit
7
—, il nous faut chercher d’autres guides. Reynold
nous
a montré comment ce petit pays avait pu tenir le rôle moral d’une gra
8
i claire qu’il y paraît à première vue. Siegfried
nous
montre une Suisse prospère, industrialisée, démocrate à l’extrême, ja
9
aditionnelle et progressiste, neutre et armée. Il
nous
décrit un pays que la nature a privé de matières premières et qui par
10
ur de main, qui est d’abord un tour de pensée. Il
nous
fait voir un jeu d’institutions dont la complexité s’est révélée prat
11
moyens valables pour elle seule. Dans le monde où
nous
vivons, semble-t-il dire, n’est-il pas imprudent d’être aussi sage ?
12
as imprudent d’être aussi sage ? Et c’est ici que
nous
retrouvons la maxime de La Rochefoucauld, et en ce point j’ai décidé
13
Suisses pour leur dire : Voici peut-être comment
nous
pourrions expliquer cette incongrue machine d’une folle complexité qu
14
ette incongrue machine d’une folle complexité que
nous
avons montée tous ensemble, que nous ne cessons d’ajuster, et qui mar
15
mplexité que nous avons montée tous ensemble, que
nous
ne cessons d’ajuster, et qui marche à la grâce de Dieu malgré la conf
16
ques sérieux pourront me reprocher, les unes sont
dues
à un manque d’intérêt, les autres à un défaut de compétence. Je suis
17
pas existé, mais sans lui la Suisse fédérale que
nous
connaissons aujourd’hui ne serait peut-être pas devenue réalité. La v
18
meilleur et pour le pire, comme il gouverne dans
nos
existences les passions et souvent les décisions vitales. Mais aujour
19
et la part des données vérifiables. Ces dernières
nous
permettront seules de transposer certaines constantes et de projeter
20
usions politiques qu’il est tentant de dégager de
notre
expérience fédérale, au moment où l’Europe cherche une formule d’unio
21
ent la fiction quant aux leçons d’avenir qu’elles
nous
proposent, et qu’elles peuvent suggérer à l’Europe.
22
cela se situe tout à la fin du deuxième tiers de
notre
ère. Avant que se noue le premier germe de ce qui deviendra, si Dieu
23
dont les traces monumentales restent visibles de
nos
jours. Et cependant, lorsque, en 1308, l’avocat normand Pierre Dubois
24
uelle, et ce fut le nom des Helvètes. Ces Celtes,
nous
dit Jules César, surpassaient en valeur guerrière tous les autres Gau
25
s, et aux maisons isolées ; tout le blé qu’ils ne
devaient
pas emporter, ils le livrent aux flammes : ainsi, en s’interdisant to
26
c’est la « libre Helvétie » des romantiques et de
nos
chants patriotiques, ou l’Helvetia des inscriptions latines, des monn
27
oste — et d’autre part à une certaine dérision de
nos
vertus autant que de nos travers : l’honnêteté ou le sérieux des Suis
28
une certaine dérision de nos vertus autant que de
nos
travers : l’honnêteté ou le sérieux des Suisses sont souvent qualifié
29
Mais l’Helvétie assujettie par les Romains, comme
devait
l’être un peu plus tard la Rhétie alpestre — dont la population venai
30
ée du droit germanique, et qui a subsisté jusqu’à
nous
dans les vallées centrales des Alpes. Tout cela, fondu dans le grand
31
ains fiefs, au xiie siècle. « Il faut avouer que
nous
avons mieux réussi ! », dit François-Joseph en souriant. Mais la peti
32
ont jamais hésité à fixer pour point de départ de
notre
évolution, un pacte conclu entre les trois vallées d’Uri, de Schwyz e
33
ette communauté et sa continuité profonde jusqu’à
nos
jours. Il convient de remonter à ces données premières si l’on veut e
34
er à ces données premières si l’on veut expliquer
notre
civisme, notre attachement de plus en plus conscient aux procédés féd
35
s premières si l’on veut expliquer notre civisme,
notre
attachement de plus en plus conscient aux procédés fédéralistes, et f
36
onscient aux procédés fédéralistes, et finalement
notre
neutralité moderne. C’est dans cette perspective qu’il faut interprét
37
ctive qu’il faut interpréter la décision de dater
notre
histoire d’un pacte qui demeura longtemps inaperçu, et que l’on prit
38
mment sur les montagnes qu’il franchit. Arrêtons-
nous
d’abord en ce lieu remarquable qui de tout temps a fasciné les voyage
39
ende, le Pacte entre les trois communautés. Et de
nos
jours encore, chaque année, au soir du 1er août, la Suisse entière se
40
l’Empire. Quant aux serfs des vallées alpestres,
nous
avons vu qu’ils participent aux assemblées locales, avec les autres c
41
plus concret, le moins moderne du mot. Revenons à
nos
trois protagonistes. Où en sont-ils en 1291 ? Certes, on ne peut accu
42
signature, aucune indication de lieu. Cependant,
nous
savons par un document de la même année, le 16 octobre — un premier t
43
de simples serfs, étaient devenus en 1291 ce que
nous
appelons aujourd’hui des « nouveaux riches ». Ces hommes ne sont en a
44
subsisté sans variations et sans rupture jusqu’à
nos
jours. Devenue lentement invisible dans la complexité et l’enchevêtre
45
dice des services que chacun, selon sa condition,
doit
rendre à son Seigneur. Et nous statuons et ordonnons, d’un accord una
46
elon sa condition, doit rendre à son Seigneur. Et
nous
statuons et ordonnons, d’un accord unanime, que nous ne reconnaîtrons
47
s statuons et ordonnons, d’un accord unanime, que
nous
ne reconnaîtrons dans les susdites vallées aucun juge qui aurait ache
48
les vallées assistera et protégera ce malfaiteur,
devra
réparer de ses biens le dommage souffert. Et si l’un des confédérés p
49
uste, à indemniser le lésé. En outre, personne ne
doit
prendre un gage d’autrui, sinon des débiteurs ou cautions manifestes,
50
ce cas, obtenu l’autorisation du juge. Et chacun
doit
obéir à son juge et indiquer, s’il est besoin, quel est dans le pays
51
recevoir jugement ou composition, les confédérés
devront
prendre la cause de l’autre partie. Tout ce que dessus, statué pour l
52
s jurandes florentines. C’est à cause du Gothard,
nous
l’avons vu, qu’Uri et Schwyz avaient reçu de l’Empire des franchises
53
jà relevé qu’aucune des communautés nouvelles qui
devaient
peu à peu se lier jusqu’à former la Suisse actuelle n’a jamais « adhé
54
liances et ligues concerne le secours que les uns
doivent
donner aux autres, contre ceux qui les voudraient attaquer à tort. Ap
55
ns l’évolution des Ligues suisses vers l’État que
nous
connaissons, tout ne s’est pas opéré en vertu d’une impeccable dialec
56
eprésentants de Leurs Excellences de Berne. « Ils
nous
ont tout volé sauf les hirondelles ! », me disait un fermier vaudois.
57
Aucun homme ni aucun État n’a provoqué l’union de
nos
premières Ligues puis la fédération proprement dite qui leur a succéd
58
mmun, liguant tout contre lui, où le trouver dans
notre
histoire réelle ? On pourrait alléguer que les Habsbourg ont joué ce
59
e, parce qu’une guerre ou un conflit de droits ne
doit
pas se terminer par l’oblitération de l’une des parties en présence,
60
e me propose de commenter plus tard. Mais gardons-
nous
de l’anachronisme qui nous ferait attribuer au seul goût de la paix l
61
lus tard. Mais gardons-nous de l’anachronisme qui
nous
ferait attribuer au seul goût de la paix le système de ligues et de p
62
, casqué et revêtu de son long manteau pourpre, a
dû
sentir qu’il assistait au crépuscule de la puissance européenne des S
63
nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ! Ici
doit
être notre cimetière ! » s’est écrié le landamman de Zoug bénissant l
64
e, et du Fils, et du Saint-Esprit ! Ici doit être
notre
cimetière ! » s’est écrié le landamman de Zoug bénissant l’avant-gard
65
s ne me paraissent pas avoir surpris outre mesure
nos
historiens. Ils y voient un hommage à la bravoure des Suisses, reconn
66
il. Pourtant, indemniser l’ennemi, surtout battu,
devrait
à première vue choquer l’esprit moderne. Car nos idées de la guerre,
67
rait à première vue choquer l’esprit moderne. Car
nos
idées de la guerre, de l’armée et de l’ennemi ne sont plus celles du
68
noble et même presque sacré, dont la tauromachie
nous
donne quelque idée. L’ennemi n’était encore que l’adversaire désigné
69
e Marignan, la Coupe d’Europe. Les contingents de
nos
cantons faisaient la guerre en partie pour servir la politique des Ha
70
auparavant. Ce n’est pas la puissance militaire,
nous
l’avons vu, qui a fait défaut aux grands desseins des Diesbach, des W
71
les peintres du temps, Urs Graf, Manuel, Holbein,
nous
ont laissé l’image truculente et farouche ? Il va falloir les exporte
72
t rapporté aux cantons des sommes telles qu’un de
nos
historiens admet qu’elles sont « incalculables au cours actuel de l’a
73
un jour au général des Suisses : « Avec l’or que
nous
vous avons déjà donné, l’on pourrait paver une route allant de Paris
74
Bâle », l’officier répliqua : « Avec le sang que
nos
hommes ont versé pour la France, on pourrait remplir un canal allant
75
nces étrangers, tantôt coalisées tantôt ennemies,
devait
provoquer des situations tragiques. On a vu que les Suisses de Milan
76
e militaire. Ici éclate l’absurdité finale à quoi
devait
mener le service étranger. Cela se passait le 26 novembre 1812. Treiz
77
yau d’une armée fédérale est créé : chaque canton
doit
fournir des effectifs égaux à 2 % de sa population. (Le service étran
78
it être destinée ! Situation inverse de celle que
nous
avons vue résulter de la défaite de 1515. Aussi l’armée de milices pr
79
n’était pas encore suisse. Ainsi tout au long de
notre
histoire joue ce réflexe qui est l’une des composantes essentielles d
80
rd à cette caste patricienne qui allait gouverner
nos
cantons jusqu’aux débuts du siècle dernier. On a vu le rôle historiqu
81
dynastes de cette époque subsistent encore parmi
nous
. Quelles sont alors les origines de la noblesse qui gouverna la plupa
82
i. Quelques « prises » dans la petite histoire de
nos
villes et de nos cantons permettront tout au moins de se former une i
83
ses » dans la petite histoire de nos villes et de
nos
cantons permettront tout au moins de se former une idée de la variété
84
s distribuées à la manière des croix et rubans de
nos
jours ; et l’on se contentera, en général, de les ajouter simplement
85
s de dimensions réduites. Rien de comparable chez
nous
pour le prestige et la puissance aux Albe, aux Colonna ou aux Montmor
86
hui, dans un autre ordre, rien de comparable chez
nous
aux Rothschild, Rockefeller ou Nuffield, mais en revanche un pourcent
87
, simplicité robuste, et quelque chose encore qui
devait
fasciner l’auteur des Cahiers de Malte Laurids Brigge 26. Désormais,
88
oreille un disque plat de cuivre ou d’or. Quant à
nos
villes, toutes leurs plus belles demeures et rues — leurs caractères
89
de ? Eh bien, durant l’époque dite patricienne de
notre
histoire — du xvie au xixe siècle — elle coexiste avec les aristocr
90
avec aucune de celles du même genre29. » Gardons-
nous
donc de confondre la démocratie des cantons à Landsgemeinde avec aucu
91
auvaise presse pendant tout le xixe siècle, dans
nos
manuels d’histoire notamment : c’est qu’elle controuvait la légende d
92
galitarisme foncier des Suisses, — concept auquel
nous
revenons après quelques détours, mais nous voici mieux informés. Résu
93
auquel nous revenons après quelques détours, mais
nous
voici mieux informés. Résumons-nous. Le refus de se laisser gouverner
94
détours, mais nous voici mieux informés. Résumons-
nous
. Le refus de se laisser gouverner par autrui est sans doute à la base
95
r par autrui est sans doute à la base des Ligues.
Nous
avons vu qu’il signifiait la volonté de sauvegarder les franchises im
96
nt liées et jumelées, s’observent tout au long de
notre
histoire. Parfois l’une, parfois l’autre prévaut, mais elles sont tou
97
emples curieusement révélateurs des diversités de
nos
coutumes : chez les démocrates tout purs des petits cantons à Landsge
98
ion de pensions, de titres ou de décorations, ils
devront
renoncer à jouir de leurs pensions et à porter leurs titres et leurs
99
risme social qui se manifestent dès 1848. Jusqu’à
nos
jours, le commandant d’une brigade, d’une division, d’un corps d’armé
100
les recrues inspectées par un officier supérieur
doivent
apprendre à lui répondre : « À vos ordres, mon colonel divisionnaire
101
est d’un effet singulier. De même, jusqu’en 1955,
nos
chefs de mission diplomatique ne portaient que le titre de ministre,
102
dans les registres d’état civil. Et partout dans
nos
villes et nos villages, la revendication égalitaire — le devoir pour
103
stres d’état civil. Et partout dans nos villes et
nos
villages, la revendication égalitaire — le devoir pour chacun d’être
104
et nos villages, la revendication égalitaire — le
devoir
pour chacun d’être comme tous — a remplacé l’ancien réflexe confédéra
105
nstitué en 1848, le vieux réflexe antihégémonique
devait
l’emporter finalement sur le réflexe particulariste, l’esprit des com
106
essif et tatillon, tout à fait sui generis et que
nos
visiteurs tiennent pour « typiquement suisse », non sans quelque rais
107
eon universel gris-vert, couleur de l’uniforme de
nos
troupes et des bâtiments fédéraux. Il est typique d’une certaine Suis
108
famille qui en porte le nom des origines (1175) à
nos
jours, c’est-à-dire pendant près de huit siècles. 26. Cf. Rilke et l
109
ment l’un des partis européens aux prises hors de
nos
frontières, — le français, l’autrichien, le savoyard, l’espagnol ou l
110
g, près de Lucerne, demandèrent au curé ce qu’ils
devaient
penser de la noblesse suisse ; il leur répondit, à ce que l’on rappor
111
qu’on l’avait expulsée et que le plus haut placé
devait
garder les vaches. Ils lui demandèrent alors si le colonel Guillaume
112
relative. Il est remarquable que la neutralité de
notre
pays n’ait trouvé son premier historien qu’à la fin du siècle dernier
113
, issu du bas latin et intelligible en tout pays,
doit
être entré dans l’usage des Suisses35. La neutralité suisse est donc
114
multipliaient au Moyen Âge n’ont pas manqué chez
nous
, mais on ne peut affirmer qu’ils aient plus qu’ailleurs prévalu. Ce q
115
est que la pratique de l’arbitrage s’inscrit dans
nos
premiers pactes d’alliance et y survit à la dislocation de l’Empire e
116
ccumulaient les cas d’incompatibilité. Le système
devait
se gripper. Marignan fut le signal d’alarme décisif. La neutralité mi
117
sa neutralité systématique. C’est à lui que l’on
doit
la phrase décisive de l’acte de neutralité octroyé en 1815 et joint a
118
ains juridiquement. C’est donc à tort que Mazzini
devait
l’accuser plus tard (dans la Jeune Suisse, à la fin de 1835) d’avoir
119
se trouvait de la sorte inversé, et la neutralité
devait
à nouveau en résulter, mais elle avait changé de motifs. Elle allait
120
n s’aperçoit que trois motifs distincts amenèrent
nos
législateurs à observer sur ce chapitre une discrétion très significa
121
indépendance de la Suisse ; mais la Confédération
doit
se réserver le droit, dans certaines circonstances, pour autant qu’el
122
té est en effet si bien « adaptée à la défense de
notre
indépendance », à nos traditions et à notre sécurité, qu’il convient
123
« adaptée à la défense de notre indépendance », à
nos
traditions et à notre sécurité, qu’il convient de faire obligation au
124
se de notre indépendance », à nos traditions et à
notre
sécurité, qu’il convient de faire obligation aux autorités de la resp
125
littéral. Tout au long du xixe siècle et jusqu’à
nous
, le peuple suisse s’est accoutumé à tenir pour vertu morale ce qui n’
126
aits. Dans l’ensemble, il demeure convaincu qu’il
doit
à sa neutralité d’avoir échappé aux désastres qui ont fondu sur tous
127
îné par son triomphe la destruction inévitable de
nos
libertés fédérales. La Suisse n’avait en somme pas de raison majeure
128
élire. Il serait donc excessif d’affirmer qu’elle
doit
à sa neutralité de s’être tenue à l’écart d’une guerre qui ne la conc
129
u’il respecta et qui le retint un seul instant de
nous
envahir. En revanche, il pouvait à tout moment nous accuser de la vio
130
us envahir. En revanche, il pouvait à tout moment
nous
accuser de la violer nous-mêmes, et en prendre prétexte pour nous att
131
la violer nous-mêmes, et en prendre prétexte pour
nous
attaquer. Elle nous rendait donc vulnérables, loin de nous protéger,
132
, et en prendre prétexte pour nous attaquer. Elle
nous
rendait donc vulnérables, loin de nous protéger, comme on le répète.
133
quer. Elle nous rendait donc vulnérables, loin de
nous
protéger, comme on le répète. Ce qui a sauvé la Suisse à ce moment-là
134
que le statut de neutralité est une diminution de
notre
souveraineté : il nous protège en somme contre nous-mêmes. Mais avons
135
ité est une diminution de notre souveraineté : il
nous
protège en somme contre nous-mêmes. Mais avons-nous encore besoin qu’
136
us protège en somme contre nous-mêmes. Mais avons-
nous
encore besoin qu’on nous retienne ? Je pense plutôt que l’esprit de n
137
e nous-mêmes. Mais avons-nous encore besoin qu’on
nous
retienne ? Je pense plutôt que l’esprit de neutralité est une espèce
138
de neutralité est une espèce d’habitus acquis par
notre
peuple et par ses gouvernants depuis un siècle, et qui eût bien suffi
139
site pas à le reconnaître l’historien consacré de
notre
neutralité43. J’aurai l’occasion, par la suite, de confronter ce comp
140
rendit parfois très difficile l’établissement de
nos
plans de défense (p. 27, p. ex.). 43. Edgar Bonjour, op. cit., 7 et
141
ent est souvent invoqué par ceux qui estiment que
notre
continent n’est pas mûr pour unir ses vingt-cinq nations. On déclare
142
its États suisses pour y arriver. Mais l’histoire
nous
montre au contraire : 1° Qu’il a fallu plus de cinq siècles aux canto
143
illaume Tell, n’est devenue bien consciente parmi
nous
que vers la fin du xixe siècle et ne s’est vraiment déclarée qu’au p
144
ette vue générale, les étapes de l’évolution dont
nous
avons, aux précédents chapitres, décrit quelques aspects particuliers
145
Suisse des patries », seule admise par la Diète,
devait
conduire à un désastre militaire et à l’instauration artificielle de
146
ire de cette juste critique que l’ancienne Suisse
devait
tomber parce que le ver était dans le fruit de la Liberté, ou pour to
147
ditions de la bonne mort d’un régime. Ce que l’on
doit
constater, et que l’on peut admirer, c’est la durée exceptionnelle du
148
qu’on le limite à la période patricienne, ce qui
nous
donne encore au moins trois siècles. Sa richesse plus que sa corrupti
149
n’ont pas pu se défendre comme un tout. Arrêtons-
nous
ici pour nous demander si, avant le coup de force français créant la
150
se défendre comme un tout. Arrêtons-nous ici pour
nous
demander si, avant le coup de force français créant la République ind
151
les de rassembler en un seul corps les nations de
notre
continent sont bien placés pour nous répondre puisqu’ils devaient com
152
nations de notre continent sont bien placés pour
nous
répondre puisqu’ils devaient compter, recompter et jauger les membres
153
nt sont bien placés pour nous répondre puisqu’ils
devaient
compter, recompter et jauger les membres virtuels de l’union proposée
154
stituée, la Suisse d’alors est assez comparable à
notre
Europe du xxe siècle. Elle joue le rôle d’une entité dont on peut me
155
échec rapide. Entre cette peste et ce choléra, il
devait
y avoir place pour un régime qui eût représenté la santé. Bonaparte,
156
ssi. Précisons les données du conflit dans lequel
nous
allons le voir intervenir. C’est au plan de l’économie que les insuff
157
’égard des autres. Presque toutes les erreurs que
nous
avons vu commettre, de nos jours, en Europe, ont eu leurs précédents
158
outes les erreurs que nous avons vu commettre, de
nos
jours, en Europe, ont eu leurs précédents sous la Restauration, au se
159
: La patrie suisse ! elle a aussi son siège dans
nos
cœurs. Le nom de Suisse en est à lui seul la preuve ; il est à lui se
160
est à lui seul un grand fait national. Qui sommes-
nous
hors de nos foyers, quel nom invoquons-nous, de quel nom sommes-nous
161
l un grand fait national. Qui sommes-nous hors de
nos
foyers, quel nom invoquons-nous, de quel nom sommes-nous fiers, quell
162
ommes-nous hors de nos foyers, quel nom invoquons-
nous
, de quel nom sommes-nous fiers, quelle histoire rappelons-nous, quel
163
yers, quel nom invoquons-nous, de quel nom sommes-
nous
fiers, quelle histoire rappelons-nous, quel est le nom de notre drape
164
nom sommes-nous fiers, quelle histoire rappelons-
nous
, quel est le nom de notre drapeau, de nos soldats, de leur loyauté, d
165
uelle histoire rappelons-nous, quel est le nom de
notre
drapeau, de nos soldats, de leur loyauté, de leur bravoure ? Suisse.
166
pelons-nous, quel est le nom de notre drapeau, de
nos
soldats, de leur loyauté, de leur bravoure ? Suisse. Ce mot domine no
167
loyauté, de leur bravoure ? Suisse. Ce mot domine
nos
diversités de langage, de mœurs, de religion, d’industrie ; ce mot av
168
re, il les absorbe en lui-même. Seul, il est pour
nous
, dans notre langage, la véritable antithèse de l’étranger. C’est lui
169
absorbe en lui-même. Seul, il est pour nous, dans
notre
langage, la véritable antithèse de l’étranger. C’est lui qui nous imp
170
véritable antithèse de l’étranger. C’est lui qui
nous
imprime un cachet ineffaçable de nationalité commune… Oui, l’idée d’u
171
lité commune… Oui, l’idée d’une commune patrie ne
nous
est point étrangère ; le sentiment de la nationalité existe dans nos
172
gère ; le sentiment de la nationalité existe dans
nos
cœurs. Et quoi qu’en disent les détracteurs des temps modernes, c’est
173
timent plus d’énergie. Ce mémorable progrès, tout
nous
le révèle. Les paroles, les écrits, les fêtes nationales, les société
174
ouveau Pacte, dans une Confédération plus solide,
doit
se trouver le remède aux maux qui affligent la patrie.50 Je ne décr
175
s trois reproches majeurs auxquels se heurtent de
nos
jours tous les projets d’union de l’Europe, et notamment la CEE.) Rep
176
ous les ordres du général Dufour (ce Genevois qui
devait
plus tard devenir l’un des cinq fondateurs de la Croix-Rouge) battit
177
u’elle n’est pas souhaitable, se trouve bloqué de
nos
jours par un sophisme. Les partisans de l’union immédiate exigent que
178
pourrait voir, qu’en réalité les souverainetés de
nos
États européens ont cessé depuis longtemps d’être absolues, et ne son
179
⁂ Comment la solution fédérale a-t-elle joué chez
nous
depuis 1848 et comment les cantons et l’État ont-ils trouvé en elle l
180
’État ont-ils trouvé en elle leur modus vivendi ?
Nous
avons vu que les deux réalités antagonistes sans lesquelles il n’est
181
champions des droits particuliers, les autres des
devoirs
communs. Car il s’agit de maintenir ces deux tendances en équilibre,
182
Hans Nabholz voient en lui le principe d’union de
nos
petites républiques, et cela dès les origines, encore qu’il soit deme
183
communales. Avec un poète de l’histoire, qui a su
nous
faire redécouvrir derrière les façades officielles le vrai visage de
184
evient une philosophie générale : j’ai dit ce que
nous
devons à Gonzague de Reynold. Enfin, avec les groupes personnalistes
185
t une philosophie générale : j’ai dit ce que nous
devons
à Gonzague de Reynold. Enfin, avec les groupes personnalistes (où mil
186
de réaliser. Il se révèle absolument moderne. Et
nos
après-venants découvriront peut-être qu’au moment où il s’est affirmé
187
rté d’écrire paraisse bannie c’est bien Berne. On
nous
enlèverait volontiers, si on le pouvait, la liberté de penser. » Ains
188
ionnante rigueur, dès la phrase : « Ce mot domine
nos
diversités… » 51. Sonderbund : alliance séparée. C’est ainsi que l’
189
s partisans du nouveau pacte ? Ils veulent ce que
nous
ne pouvons pas vouloir, une république fédérative au lieu d’une réuni
190
hique, des mœurs, des antécédents, une langue qui
nous
distinguent des confédérés, nous ne pouvons vouloir un ordre de chose
191
, une langue qui nous distinguent des confédérés,
nous
ne pouvons vouloir un ordre de choses qui nous engagerait au sacrific
192
s, nous ne pouvons vouloir un ordre de choses qui
nous
engagerait au sacrifice plus ou moins étendu de notre nationalité. »
193
s engagerait au sacrifice plus ou moins étendu de
notre
nationalité. » La nationalité est donc cantonale, non pas suisse, pou
194
ve W. Rappard. Concession qui, hélas ! aggrave de
nos
jours la confusion qui règne dans beaucoup d’esprits quant au vocabul
195
ou mal comprise à l’extérieur, et notamment chez
nos
voisins français, épris de logique et centralisateurs. Un Français cu
196
e au cœur même de l’Europe des nations unitaires.
Nous
avons vu comment cette fédération s’est agencée comme d’un seul coup
197
ion. Voyons maintenant comment elle fonctionne de
nos
jours, c’est-à-dire dans des conditions qui ne pouvaient être prévues
198
s pour la plupart à l’époque de sa mise en place.
Nous
sommes ici devant une expérience d’intérêt majeur pour l’Europe. Car
199
ssement de cette espèce de prototype. Après quoi,
nous
tenterons de prévoir ses possibilités d’adaptation à l’Europe qui évo
200
de civilisation qui sont en train de naître sous
nos
yeux. La commune : un petit État La fédération des États-Unis d’
201
autonomie de la commune… C’est à ces origines que
nos
cantons doivent de n’être jamais devenus des États bureaucratiques et
202
la commune… C’est à ces origines que nos cantons
doivent
de n’être jamais devenus des États bureaucratiques et centralisés, ma
203
tiques et centralisés, mais d’être restés jusqu’à
nos
jours des États populaires, fondés sur le droit et dont la première m
204
ministration vis-à-vis de la justice »59. Et ceci
nous
rappelle le Livre blanc de Sarnen et les légendes décrivant la lutte
205
anneret « gardien des libertés du peuple », etc.,
nous
n’avons plus qu’un exécutif de cinq membres et un législatif d’une qu
206
commune, parfois appelé syndic ou maire, d’une de
nos
villes, est aujourd’hui un technicien du département qu’il dirige, et
207
els, syndicaux ou capitalistes, des accords qu’il
devra
défendre devant un conseil vétilleux. Dans ses discours, il ne doit p
208
nt un conseil vétilleux. Dans ses discours, il ne
doit
pas manquer d’exalter le génie du lieu, les traditions les plus chère
209
: cas unique dans l’ensemble des communautés qui
devaient
peu à peu former la Suisse. Les communes, les cités, les ligues et le
210
n des nationalismes modernes fait que beaucoup de
nos
contemporains jugent étrange, et presque contradictoire dans les term
211
on ensemble, trait particulier à la Suisse et que
nous
retrouverons à l’échelon fédéral. Le législatif, ou Grand Conseil, es
212
Et pourtant il s’agit d’une société politique de
notre
temps, dans un canton fort évolué : sur les 42 000 habitants qu’il co
213
é. » Cette dernière remarque est importante. Elle
nous
fait entrevoir la condition des libertés civiques dans un régime fédé
214
fédération, la culture aux cantons), écrit un de
nos
bons publicistes, en un raccourci pertinent63. Mais les grands travau
215
le cantonal » et « le fédéral » comme on dit dans
notre
jargon. Les cantons, comme les particuliers, se montrent jaloux de le
216
continuellement réajusté entre les droits et les
devoirs
réciproques des communautés de base et de leur service commun, donc e
217
des institutions communes. L’exemple de la Suisse
nous
inciterait à renvoyer dos à dos les deux camps. Car en fait notre féd
218
à renvoyer dos à dos les deux camps. Car en fait
notre
fédération s’est constituée et fonctionne bien sans que les peuples d
219
tituée et fonctionne bien sans que les peuples de
nos
divers cantons aient eu besoin de se connaître d’abord, d’établir des
220
nales et cantonales. Utilité publique : fédérale.
Nous
avons vu pour quelles raisons économiques et militaires une ligue d’É
221
éenne. Je lui demande comment vont les travaux. «
Nous
butons, me dit-il, sur le problème de l’exécutif. — Prenez donc notre
222
-il, sur le problème de l’exécutif. — Prenez donc
notre
formule suisse ! — Qu’est-ce que c’est ? » J’explique alors en quelqu
223
bras au ciel. Ce cri du cœur m’a donné à penser.
Nos
institutions suisses sont mal connues à l’étranger, le fédéralisme y
224
le : 1° de décrire les deux rouages principaux de
notre
système fédéral : le Parlement bicaméral et le gouvernement collégial
225
jorité des Suisses s’y refuse. Le Conseil fédéral
doit
rester au-dessus des luttes partisanes, en tant qu’il constitue le ch
226
s, en tant qu’il constitue le chef de l’État ; il
doit
rester une équipe de « sages » autant que de « managers » en tant qu’
227
u’il administre les affaires fédérales ; et il ne
doit
pas être lié trop étroitement aux cantons, en tant qu’il exerce une f
228
leur petit parti garde un certain prestige, il le
doit
surtout au rayonnement intellectuel de ses journaux, et à l’appui qu’
229
sse à Berne et si le gouvernement sera renversé :
nous
avons vu qu’il ne peut jamais l’être. Les arguments techniques exposé
230
uent à ces droits populaires que le régime suisse
doit
d’être qualifié de démocratie semi-directe. La Constitution prévoit q
231
s lois et les arrêtés fédéraux de portée générale
doivent
être soumis à l’adoption ou au rejet du peuple lorsque la demande en
232
entimes le prix du litre d’essence. Cette surtaxe
doit
contribuer au financement des autoroutes. Mais la loi, comme toutes c
233
ffrent les partis, et de la « dépolitisation » de
notre
peuple. Ces raisons me paraissent assez claires. Les partis méritent
234
’on peut s’en féliciter. Les libertés politiques,
nous
les avons. Les programmes de la gauche et de la droite se réclament d
235
moins, pourraient être connus, et que l’électeur
devrait
connaître… Le vrai problème ne me paraît pas d’essayer de rallumer on
236
e comprendre aux électeurs les données de base de
notre
société, et l’enjeu des débats en cours, qui leur échappe très généra
237
lement. C’est un problème d’éducation civique. Or
nous
n’avons, dans nos écoles, qu’une « instruction civique » mortelle d’e
238
oblème d’éducation civique. Or nous n’avons, dans
nos
écoles, qu’une « instruction civique » mortelle d’ennui : énumération
239
e sait ni d’où ils viennent ni où ils sont censés
nous
mener. Rien qui éveille l’intérêt des élèves pour la vie politique de
240
de l’économie moderne, la nature particulière de
notre
système fédéral, ses origines dans notre histoire, l’évolution de l’E
241
lière de notre système fédéral, ses origines dans
notre
histoire, l’évolution de l’Europe vers son intégration, et le rôle qu
242
ble, c’est moins à l’école qu’à l’armée qu’il est
dû
. L’empreinte commune la plus profonde que reçoivent les citoyens suis
243
n leur accordait le droit de vote. Cette taxe est
due
par tous les hommes reconnus inaptes au service, ou par les officiers
244
eçons d’instruction civique. On prétend aussi que
notre
peuple est si fréquemment consulté que les femmes, un dimanche sur si
245
ent consulté que les femmes, un dimanche sur six,
devraient
choisir entre les urnes et les casseroles. Pour que des arguments de
246
ctifs s’en trouvaient doublés… Cet exemple précis
nous
ramène à la réalité primordiale du civisme en Suisse : le canton, et
247
le leur fait sentir sans scrupules. En En Suisse,
nous
l’avons vu, le problème des minorités ne se pose pas : chaque groupe
248
redevient San Murezzan pour les Engadinois. Mais
nous
avons vu également qu’en l’absence de toute autre raison naturelle, c
249
xixe siècle : Un peuple qui a la structure du
nôtre
, et qui est accoutumé à la démocratie fédérative, a, dans chacun de s
250
tralisé. Le moindre morceau de la Suisse qu’un de
nos
voisins voudrait s’annexer lui pèserait à l’estomac bien plus que de
251
Laissons aux cantons leur particularisme, comme à
nos
régiments leurs particularités. Nous ne voulons pas nous fondre dans
252
isme, comme à nos régiments leurs particularités.
Nous
ne voulons pas nous fondre dans le même moule ! Il serait aussi vain
253
giments leurs particularités. Nous ne voulons pas
nous
fondre dans le même moule ! Il serait aussi vain de vouloir unifier l
254
éducation générale qu’un peuple, aussi divers que
le nôtre
, peut admettre, l’esprit du régiment de Genève n’est cependant pas ce
255
enève ! Cette variété dans l’unité — Dieu veuille
nous
la conserver ! — voilà la véritable école de l’amitié ! Et quand une
256
ouverainetés et de bourgeoisies, à travers lequel
devait
être tamisée la majorité de droit… je fus saisi du désir exalté de m’
257
destin. Mais tant de choses ont changé autour de
nous
et nous mettent au défi de changer dans un monde d’interactions subit
258
Mais tant de choses ont changé autour de nous et
nous
mettent au défi de changer dans un monde d’interactions subitement ét
259
tionnelles que toute l’évolution technique semble
devoir
oblitérer et niveler, cet idéal fédéraliste n’est-il pas menacé d’ana
260
gards ambiguë : car si l’étude du passé récent de
notre
existence fédérale (de 1848 à nos jours) permet de juger que les rela
261
ssé récent de notre existence fédérale (de 1848 à
nos
jours) permet de juger que les relations entre l’économie et le fédér
262
sme ont été dans l’ensemble bonnes — surtout pour
notre
économie — il se peut qu’un avenir prochain les mette en crise, et no
263
peut qu’un avenir prochain les mette en crise, et
nous
force à des choix douloureux entre nos intérêts et nos principes. À m
264
crise, et nous force à des choix douloureux entre
nos
intérêts et nos principes. À moins que la grande révolution technique
265
orce à des choix douloureux entre nos intérêts et
nos
principes. À moins que la grande révolution technique en cours (autom
266
visiblement que dans le reste de l’Europe, il est
dû
à la seule action fabricatrice d’hommes acharnés à faire flèche de to
267
emière importée plus du travail. Et telle est, de
nos
jours encore, la principale source de richesses des Suisses. Leurs tr
268
s certaines branches et pour un certain temps, ne
devait
pas suffire à la longue pour soutenir la concurrence des grands pays
269
urs traditions scientifiques qu’ils firent appel.
Nous
rencontrons ici l’un des traits permanents du caractère des Suisses (
270
racines dans un terroir de haute science, qui ne
doit
point nous dissimuler un esprit pratique instinctivement tourné vers
271
ns un terroir de haute science, qui ne doit point
nous
dissimuler un esprit pratique instinctivement tourné vers l’applicati
272
s, dans toutes les parties du monde. L’horlogerie
doit
une impulsion décisive à un prix Nobel de physique, Charles Édouard G
273
t particulièrement défavorables, la nature suisse
devait
enfin venir en aide au xxe siècle, de la manière la plus imprévisibl
274
ette réputation, qui est de fraîche date, elle la
doit
en partie à son électrification : cuisines astiquées, trains sans fum
275
rd, sinon par la structure trop compartimentée de
notre
économie traduisant fidèlement nos structures politiques ? L’entrepri
276
rtimentée de notre économie traduisant fidèlement
nos
structures politiques ? L’entreprise ou le canton sont trop petits po
277
t qu’en 1964 l’économie suisse en était arrivée à
devoir
embaucher jusqu’à 800 000 travailleurs étrangers, soit un étranger po
278
s pas, dans leur statut précaire, la condition de
notre
prospérité ? Mais surtout, leur présence oblige le Suisse moyen, qui
279
tes, et qui, de plus en plus, l’internationalise,
nous
avons vu qu’elle reflète fidèlement les données d’origine du pays et
280
depuis une vingtaine d’années, et si les Suisses
devaient
un jour choisir entre le maintien de leur prospérité et celui de leur
281
vée, entre l’évolution économique du pays jusqu’à
nos
jours, et la mentalité des Suisses, leurs attitudes devant la vie. No
282
alité des Suisses, leurs attitudes devant la vie.
Nous
avons vu comment un bon sens souvent un peu étroit, un certain utilit
283
à pas, et appuyées par les progrès de la science.
Nous
avons vu aussi que l’industrie suisse n’est pas, comme dans les grand
284
plé. On pourrait épiloguer sur ces faits. Bornons-
nous
à les rapprocher de ceux que nous avons mentionnés en décrivant les o
285
faits. Bornons-nous à les rapprocher de ceux que
nous
avons mentionnés en décrivant les origines de l’industrie suisse. Cet
286
dans son ensemble, est adapté à son économie, il
doit
en résulter un certain équilibre social. Et c’est en effet l’impressi
287
une mention particulière : elles font revivre de
nos
jours la plus ancienne tradition suisse, et répondent, comme les Mark
288
’une action de résistance, en 1940, pour laquelle
nous
avions travaillé en commun, et c’est aussi l’image que nous laissent
289
s travaillé en commun, et c’est aussi l’image que
nous
laissent ses écrits et ses propos. Ce non-conformiste intégral, qui a
290
ique. » Et il écrivait un jour : « L’éphémère est
notre
destin, mais ce doit être un éphémère joyeux. Il n’y a pas de plus gr
291
un jour : « L’éphémère est notre destin, mais ce
doit
être un éphémère joyeux. Il n’y a pas de plus grand pécheur sur la te
292
rand pécheur sur la terre que celui qui assombrit
notre
courte rêverie. » Il admirait dans la tradition suisse les grands esp
293
qu’à certaines apparences matérielles qu’elle le
doit
. En réalité, nous sommes en présence d’une société hiérarchisée par d
294
parences matérielles qu’elle le doit. En réalité,
nous
sommes en présence d’une société hiérarchisée par des traditions et p
295
e les autonomies locales et l’union fédérale, que
nous
avons décrit en parlant des institutions politiques. Certes, la lutte
296
tionalisées qui ait été parfois bénéficiaires, de
nos
jours). Les forces motrices sont pour 70 % aux mains des corporations
297
nde de leur économie, si « dangereusement » liée,
nous
l’avons dit, à la conjoncture européenne. Quoi d’étonnant si, dans ce
298
ses ? Et pourtant, la question « inopportune » de
notre
indépendance politique, de son degré de réalité, et de la durée possi
299
ois de ces organismes centraux. Le rôle du Vorort
doit
être souligné. Au sujet de « l’attribution au Vorort par de nombreux
300
à Berne d’un bureau dans le Palais fédéral même…
Nous
avons depuis longtemps la certitude que l’un des éléments de la force
301
3.Interaction de l’économique et du politique «
Notre
régime économique a fait ses preuves. Il convient à nos aspirations.
302
gime économique a fait ses preuves. Il convient à
nos
aspirations. Comment pourrait-il menacer le régime politique dont il
303
e Suisse moyen au sujet de la neutralité : « Elle
nous
a préservés jusqu’ici, gardons-la. » Mais l’Europe de la Sainte-Allia
304
l’Europe de la Sainte-Alliance, qui avait reconnu
notre
neutralité comme étant « dans ses intérêts » autant que dans ceux de
305
ant « dans ses intérêts » autant que dans ceux de
notre
« indépendance de toute influence étrangère », cette Europe a vécu et
306
e ? Tout a changé, depuis 1848, sauf le nombre de
nos
cantons. Cette constatation des plus simples me semble résumer le pro
307
le conflit entre les intérêts et les principes de
notre
politique traditionnelle : indépendance, neutralité, fédéralisme. Exa
308
res qu’on ne peut plus guère les distinguer.79
Nous
rejoignons ici le problème initial de ce chapitre : l’économie étant
309
ndance politique réelle d’une fédération comme la
nôtre
? C’est notre essor économique, normal et réjouissant, approuvé par c
310
ue réelle d’une fédération comme la nôtre ? C’est
notre
essor économique, normal et réjouissant, approuvé par chacun, qui a p
311
pas très rapidement l’indépendance politique que
nous
continuons de proclamer dans les termes d’un traité vieux de cent-cin
312
té vieux de cent-cinquante ans, — tandis que dans
nos
frontières mêmes s’affirme indiscutablement la prédominance de fait d
313
ation d’indépendance d’une petite nation comme la
nôtre
est vide de sens dans le monde actuel ? Ou bien, n’est-ce pas plutôt
314
dans les discours, n’est qu’un mythe romantique.
Nous
savons bien que l’autarcie économique n’existe pas ; que l’autarcie c
315
ns la société des nations équivaut à une sorte de
devoir
d’entretien. C’est une responsabilité que l’on assume. Et cette auton
316
t au plan national entre l’économisme niveleur et
nos
structures fédéralistes ? Nous avons vu que c’est l’essor, l’expansio
317
nomisme niveleur et nos structures fédéralistes ?
Nous
avons vu que c’est l’essor, l’expansion même de l’économie suisse qui
318
’essor, l’expansion même de l’économie suisse qui
nous
rend toujours plus tributaires de l’extérieur d’une part, et qui appe
319
ns un système fédéraliste, chaque communauté a le
devoir
— autant que le droit — de s’administrer comme elle l’entend. Mais qu
320
l’autre. » Accordons ce point aux centralistes ;
nous
allons le regagner avec les autoroutes, problème apparemment beaucoup
321
suffisance, et qu’un réflexe vraiment fédéraliste
devrait
jouer ici en faveur d’une intervention de l’État, voire d’ententes in
322
rdent évidemment celles d’un État de la taille du
nôtre
, de même que les dimensions des autoroutes débordaient celles des can
323
e conception de la nation tout à fait étrangère à
notre
tradition — l’on décidait de bloquer le processus au niveau de cet Ét
324
la jouissance de leur présente autonomie : elles
devraient
tout demander à l’État, et cet État deviendrait unitaire, contraireme
325
s sûr moyen de perdre l’indépendance relative que
nous
gardons, au sein de l’interdépendance des nations composant l’Europe.
326
(Le retour au pays est un des thèmes constants de
notre
littérature.) Les gros plans tout d’un coup, aux approches de la gare
327
lise, mais pourquoi pas ? S’il me fallait décrire
nos
petits déplacements du point de vue de l’usager moyen, je dirais que
328
voire prévenante, qui fait la force principale de
notre
régime fédéral. Revenant en Suisse après la longue absence de mes ann
329
par ce trait national — le seul sans doute, chez
nous
, qui mérite l’adjectif — je me dis : C’est notre force, oui, et ce se
330
z nous, qui mérite l’adjectif — je me dis : C’est
notre
force, oui, et ce sera peut-être un jour, au dernier jour — car les p
331
res du monde ont une fin — la fatale faiblesse de
notre
État : cette habitude de nous sentir « en règle », et donc de nous cr
332
atale faiblesse de notre État : cette habitude de
nous
sentir « en règle », et donc de nous croire protégés par toutes les l
333
habitude de nous sentir « en règle », et donc de
nous
croire protégés par toutes les lois divines et humaines, comme si le
334
es lois divines et humaines, comme si le monde où
nous
vivons était fait à notre mesure, comme si l’humanité où nous plongeo
335
es, comme si le monde où nous vivons était fait à
notre
mesure, comme si l’humanité où nous plongeons se conformait aux règle
336
était fait à notre mesure, comme si l’humanité où
nous
plongeons se conformait aux règles de la bonne conduite. L’aspect d’u
337
il respire naturellement l’honnêteté, tendrait à
nous
faire oublier que la correction, la décence, et la sécurité des citoy
338
, lubrique, rapace, irresponsable et affamée ; et
notre
âme un cloaque de crimes potentiels, comme l’ont dit Freud, Shakespea
339
Ce sont les cas d’ordre, de paix et de raison qui
doivent
nous étonner quand ils paraissent, phénomènes hautement improbables,
340
les cas d’ordre, de paix et de raison qui doivent
nous
étonner quand ils paraissent, phénomènes hautement improbables, très
341
arement observés sur la planète, et que la presse
devrait
mettre en vedette, au lieu de nous rebattre les oreilles du train-tra
342
e la presse devrait mettre en vedette, au lieu de
nous
rebattre les oreilles du train-train du désordre universel. Donc les
343
trangers sensibles lorsqu’ils prennent place dans
nos
trains locaux ? L’expérience de la vie new-yorkaise, où personne ne v
344
Tout se passe en somme, inconsciemment, comme si
notre
système de sécurité devait être à chaque instant vérifié, mis au poin
345
nconsciemment, comme si notre système de sécurité
devait
être à chaque instant vérifié, mis au point, méticuleusement nettoyé
346
ux monsieur en noir, au col rond, dur et haut, ce
doit
être un évêque anglican, somnole. En face de lui, la beauté même, « ô
347
nte-deux actuellement existantes.) Que deviennent
nos
fameuses diversités dans cette moyenne qui semble les nier ? Réponse
348
se recoupent d’une manière remarquable, et toutes
nous
donnent du Suisse moyen un portrait statistique qui ressemble à s’y m
349
aller au théâtre, écouter des conférences est un
devoir
avant d’être un plaisir : devoir envers soi-même, car « il faut se cu
350
nférences est un devoir avant d’être un plaisir :
devoir
envers soi-même, car « il faut se cultiver », comme il faut se mainte
351
nt qu’il explique leur succès dans la majorité de
nos
cantons. « Simplifions », « C’est plus simple ainsi », « Rassurez-vou
352
Suisse et se lever à 9 heures ? » À l’origine du
devoir
et du goût de se lever tôt pour travailler, il y a la Bible autant qu
353
aient bien fortes en ce pays pour que la religion
dût
consacrer tant d’efforts à les refréner ; d’autre part, que la religi
354
ts à les refréner ; d’autre part, que la religion
devait
exercer un empire bien puissant pour que ses disciplines et jugements
355
ndices viennent-ils corroborer cette conclusion ?
Nous
en trouverons sans doute dans les enquêtes en cours sur le régime de
356
mariait dans la tribu : la commune, le milieu, «
nos
familles », et très rarement hors du canton, et dans ce cas plutôt ho
357
ns une communauté humaine bien plus de choses que
nos
instruments d’analyse des consciences actuelles n’en peuvent compter
358
es. Laissant le Suisse moyen à son contentement —
nous
le retrouverons un peu plus tard — voyons maintenant les Suisses exce
359
re Orson Welles et la Bombe. Il faut admettre que
notre
aurea mediocritas saute aux yeux du premier venu, tandis que les gran
360
’un étranger le voie ? Si cet étranger vient chez
nous
et cite l’un des Suisses qu’il connaît par sa réputation mondiale, il
361
e cour. C’est tout cela qu’interdisent moralement
nos
principes, et physiquement nos petits compartiments. Que fera dans ce
362
rdisent moralement nos principes, et physiquement
nos
petits compartiments. Que fera dans ces conditions l’homme de talent
363
fiques que lui imposent les petites dimensions de
notre
État et les conditions de sa paix. Se rendre invisible, passer inape
364
Roulez tambours, pour couvrir la frontière… Dans
nos
cantons, chaque enfant naît soldat ! ») et des cours de philosophie d
365
est resté mémorable ont camouflé le passage parmi
nous
du génie de l’introspection. Dix-sept-mille pages de Journal furent é
366
ucieux d’applications humanitaires ou techniques,
nous
les voyons tous assurer des devoirs sociaux ou civiques, éducatifs ou
367
s ou techniques, nous les voyons tous assurer des
devoirs
sociaux ou civiques, éducatifs ou spirituels, comme si le fait d’être
368
de leur conscience helvétique et de leur peuple.
Nous
n’avons pas en Suisse de poètes de génie, ni de peintres qui aient fa
369
rale », leur eussent été formellement refusés par
nos
coutumes les plus invétérées. En revanche, les grands noms qu’on cite
370
suisse. Et c’est à eux que la Suisse, en retour,
doit
une densité de conscience communautaire, mais aussi d’efficacité tran
371
th. Son canton — ou l’Europe. Et il est vrai que
nos
meilleurs esprits, hors de l’étroit compartiment natal, iront cherche
372
f : C. G. Jung. Mais ce n’est pas en grimpant sur
nos
Alpes comme Horace-Bénédict de Saussure que ces hommes s’illustrèrent
373
ays voisins ou de l’Amérique, que leur réputation
nous
est revenue, comme importée. « Son canton — ou l’Europe », c’est la f
374
te ; non, bien plutôt libres pour elle… Mais ceci
nous
amène à la question centrale de la « situation suisse » dans la cultu
375
n fond d’unité essentielle. Quelle est donc, pour
nous
autres Suisses, l’unité de base, d’origine et de but, à laquelle nous
376
l’unité de base, d’origine et de but, à laquelle
nous
nous référons implicitement dans toutes nos œuvres, le fond commun su
377
ité de base, d’origine et de but, à laquelle nous
nous
référons implicitement dans toutes nos œuvres, le fond commun sur leq
378
elle nous nous référons implicitement dans toutes
nos
œuvres, le fond commun sur lequel se détache notre individualité, et
379
nos œuvres, le fond commun sur lequel se détache
notre
individualité, et dont elle tire ses nourritures élémentaires ? Ce ne
380
ité de culture, organique et complète, à laquelle
nous
puissions nous rattacher directement, nous qui n’avons pas eu la chan
381
organique et complète, à laquelle nous puissions
nous
rattacher directement, nous qui n’avons pas eu la chance, ou le malhe
382
quelle nous puissions nous rattacher directement,
nous
qui n’avons pas eu la chance, ou le malheur, d’avoir une soi-disant «
383
ture nationale », intermédiaire entre l’Europe et
nos
cités. Je bute ici sur un concept aussi néfaste qu’invétéré, et qui m
384
ment incompatible avec la réalité fédéraliste. On
nous
répète depuis un siècle que les Suisses, selon la langue qu’ils parle
385
une glorieuse indifférence une bonne douzaine de
nos
frontières actuelles. Elles relient des cités, des foyers de création
386
er approximativement avec les frontières d’une de
nos
nations modernes. Mais il y a plus. La langue ne saurait à elle seule
387
qui ont découpé et longtemps déchiré le corps de
notre
continent. Or il se trouve que les Suisses sont préservés — ou devrai
388
il se trouve que les Suisses sont préservés — ou
devraient
l’être mieux que les autres — de l’illusion des cultures nationales,
389
ntie de liberté contre les princes de l’époque, —
nous
dirions aujourd’hui : contre les États-nations. La véritable unité de
390
même langue, je trouve ceci : 1° La culture, dans
nos
cantons, n’est pas liée à l’État, et n’a jamais été un moyen de puiss
391
e puissance de l’État87 ; 2° La culture vit chez
nous
dans de petits compartiments naturels ou historiques — cité de Genève
392
provinces françaises, sous plusieurs régimes ; 3°
Nous
sommes de vieilles républiques fondées sur une large autonomie des co
393
sse romande ; il a déterminé une grande partie de
nos
mœurs, notre exigeant souci moral et notre méfiance pour les cérémoni
394
; il a déterminé une grande partie de nos mœurs,
notre
exigeant souci moral et notre méfiance pour les cérémonies, — à moins
395
artie de nos mœurs, notre exigeant souci moral et
notre
méfiance pour les cérémonies, — à moins que son adoption n’ait résult
396
nies, — à moins que son adoption n’ait résulté de
notre
tempérament particulier, mais cela revient au même ; 5° Nous ne somme
397
ament particulier, mais cela revient au même ; 5°
Nous
ne sommes pas seulement voisins du monde germanique : nous sommes en
398
ommes pas seulement voisins du monde germanique :
nous
sommes en osmose avec lui, bien davantage que beaucoup d’entre nous n
399
ose avec lui, bien davantage que beaucoup d’entre
nous
n’en ont conscience ou ne voudraient l’admettre. D’où résulte qu’un S
400
aliste : le droit d’appartenir à plusieurs clubs.
Nos
meilleurs écrivains de Suisse romande (pour ne prendre que cet exempl
401
r le savant, l’architecte ou le musicien) ont été
nos
meilleurs Européens ; de Rousseau à Gonzague de Reynold, en passant p
402
sant par le groupe de Coppet dans le passé, et de
nos
jours par un Robert de Traz, ou un Charles-Albert Cingria, Européens
403
ent naturellement aux sources les plus variées de
notre
culture commune, germaniques et anglo-saxonnes autant que françaises
404
olitiques ; et par des traditions communes à tous
nos
peuples, comme la grecque, la romaine, la judéo-chrétienne, la celte,
405
antérieures aux découpages en couleurs plates de
nos
atlas. La multiplicité des foyers créateurs fournit à la culture ses
406
re. Marquons maintenant les principales étapes de
notre
histoire culturelle, considérée comme celle de foyers de créations su
407
, Ignaz Vital Troxler. Dans la première moitié de
notre
siècle, le tour de Genève revient une fois de plus : Ferdinand de Sau
408
u hasard, tout indépendamment les uns des autres,
nous
révèle certes une densité remarquable de créations dont beaucoup fire
409
plus près. J’irai donc me promener librement dans
notre
paysage culturel, prenant des notes comme on le fait parfois en parco
410
re, qui menaçait à bout portant, et la neutralité
nous
obligeait à ne pas dire un mot plus haut que l’autre. Une exposition
411
e crotte sur le nez, trois dans la barbe »88 Mais
nous
voici mieux muselés que ces ours du duc de Milan ramenés en laisse, a
412
ils fait à la mort, dans leurs rêves, la part que
nous
fîmes à l’amour ? Urs Graf, Holbein, Grünewald et tant d’autres, conn
413
as de majuscule, et qu’elle est quelque chose qui
doit
brûler, flamber, et non pas rapporter du trois pour cent. Sérieuse co
414
nté ont prêché sur le thème du memento mori, mais
nous
préférons aujourd’hui l’éloge de la vie au grand air. Et tout se pass
415
ui de l’épargne dans tous les domaines tuaient en
nous
le sens métaphysique. Sobre dans la plus libre fantaisie, mais énergi
416
e d’admirer chez Manuel la plupart des vertus qui
nous
manquent. Böcklin manque de sobriété, Hodler aussi. D’où l’espèce de
417
architecture théologique, c’est à peu près ce que
nous
avons perdu par une longue suite de « libérations » qui ne laissent e
418
bien moins encore ces planches de minéralogie que
nous
bariolent les peintres d’Alpe. Ce qu’il peint, lui, c’est la terre de
419
dédie « à la gloire de Dieu ». Quand on dit chez
nous
de quelqu’un « qu’il a fait un peu tous les métiers », ce n’est pas u
420
nduire leur vie vers un but qui transcende toutes
nos
activités. Fougueux et appliqué dans sa peinture, Manuel n’hésite pas
421
té n’a plus de vraies mesures, c’est l’Église qui
doit
les refaire. Qu’elle s’y refuse, il faut la réformer. Après quoi l’on
422
pour s’excuser, comme s’il croyait au fond qu’on
devrait
tout savoir, et que pourtant… C’est la passion de la Renaissance, si
423
a mieux éclairé — écrit un chroniqueur du temps —
notre
banneret Manuel apparut parmi nous comme un flambeau brûlant et éclat
424
ur du temps — notre banneret Manuel apparut parmi
nous
comme un flambeau brûlant et éclatant. Survint alors la maladie qui n
425
brûlant et éclatant. Survint alors la maladie qui
nous
l’arrache dans sa quarante-sixième année. » Le seul autoportrait qui
426
année. » Le seul autoportrait qui subsiste de lui
nous
le montre à la fin de sa vie : un regard doux et perspicace, un visag
427
de la littérature symboliste. Voilà une gloire —
due
à l’Allemagne surtout — qui ne me paraît guère récupérable. (Mais « L
428
isolés, délicieux ou extravagants, dont le succès
nous
est revenu de Paris, de Londres ou de Munich, cela ne fait pas encore
429
le après lui de voir les Alpes comme les voyaient
nos
romantiques — Calame, Diday, Meuron —, majestueuses et bien composées
430
sées dans une distance brumeuse rose et dorée. Il
nous
les montre à bout portant, chaos de surfaces éclatantes et impérieuse
431
ès de là, Soglio, dont j’ai parlé.) L’an dernier,
nous
remontions d’Italie vers l’Engadine, et nous arrêtant à Stampa (altit
432
ier, nous remontions d’Italie vers l’Engadine, et
nous
arrêtant à Stampa (altitude 1026 m) pour admirer une façade ornée de
433
r admirer une façade ornée de sgraffiti baroques,
nous
lûmes sur une maison voisine : « Ici est né Augusto Giacometti. » Un
434
court à une fenêtre, appelle, une tête paraît et
nous
répond : « Pour Alberto, c’est la maison au-dessus de la poste ! » No
435
lberto, c’est la maison au-dessus de la poste ! »
Nous
l’avons surpris dans son atelier, en train de triturer une mince colo
436
Je ne comprends pas, c’est plus fort que moi… »
Nous
admirons un portrait de son père, fait de mémoire, quelques traits gr
437
nation de l’école nouvelle, celle qui prospère de
nos
jours sur les traces d’un grand aîné. Charles-Édouard Jeanneret, dit
438
e jeune revue, à Paris, vers 1932, je lui dis que
nous
étions compatriotes. « Oui, me répondit-il, mais mes ancêtres ont mis
439
e en revue dans mon souvenir l’extrême variété de
nos
styles régionaux, ces maisons aux façades entièrement couvertes de fr
440
apportées du pays de Galles par le Réveil de 1830
nous
reviennent aujourd’hui d’Amérique sous forme de negro spirituals. Mai
441
s compositeurs qu’on peut nommer, de la Réforme à
nos
jours, n’ont guère qu’un intérêt archéologique ou patriotique. Faut-i
442
ève. Aujourd’hui, les chœurs mixtes d’amateurs de
nos
petites villes, surtout vaudoises, sont capables d’exécuter passions,
443
et partout on fabriquerait les costumes. Le sujet
devait
être national, et s’exposer sur une scène sans décors ni rideau, de 3
444
a, en son honneur, au Vatican, l’oratorio tiré de
notre
« légende dramatique » : deux auteurs protestants célébraient pour le
445
blique, mais très suisse en cela que la Bible est
notre
véritable Antiquité, comme l’a bien vu Ramuz. Avec « La Belle de Moud
446
n suisse. Quant à Oscar Eberle, Lucernois, on lui
doit
entre autres les admirables mises en scène du Théâtre du Monde de Cal
447
l’Europe. Mais cette conjonction n’a pas eu lieu.
Notre
théâtre est devenu ce qu’il est partout ailleurs en Occident : intell
448
isés en trois espèces de langues, forme, seule de
nos
trois régions, un public suffisant pour des éditeurs et des revues. E
449
de Schwyz, de Bâle ou de Glaris, quand il publie,
doit
écrire une langue qui n’est pas son dialecte, mais qui est un « allem
450
ez une conversation au hasard, en Suisse romande.
Notre
« pensée » se trouve souvent réduite à l’état de velléités, de morcea
451
à seule fin d’éviter qu’autrui ne s’occupe d’eux…
Nous
qui en sommes, nous savons bien que nous ne sommes pas « Suisses », m
452
qu’autrui ne s’occupe d’eux… Nous qui en sommes,
nous
savons bien que nous ne sommes pas « Suisses », mais Neuchâtelois, co
453
e d’eux… Nous qui en sommes, nous savons bien que
nous
ne sommes pas « Suisses », mais Neuchâtelois, comme vous, ou Vaudois,
454
n’y a que les boîtes aux lettres et l’uniforme de
nos
milices qui présentent quelque uniformité.98 Il eût été facile de l
455
qui fut longtemps commune aux créateurs issus de
nos
divers cantons. La Nouvelle Héloïse, premier roman suisse, Léonard et
456
se ait un avenir. J’en vois peu de repousses chez
nos
plus jeunes auteurs. Le roman, remis en question avec les modes de vi
457
le prestige. La Suisse alémanique, plus engagée,
nous
donne un pamphlétaire-poète en la personne du pasteur Kurt Marti, et
458
le seul poète romand dont la réputation ait passé
nos
limites avant le xxe siècle : Chaucer l’a traduit en anglais. La Sui
459
t : « Je ne suis pas le poète de la nation : chez
nous
, c’est encore et toujours Keller. Je ne me suis jamais senti un Suiss
460
riche. La poésie moderne n’a rien de grand chez
nous
, mais elle a pris en Suisse deux de ses sources avant de devenir euro
461
Rhin ne deviennent de grands fleuves qu’une fois
nos
frontières traversées. Vers la fin du xixe siècle, un ancien profess
462
llage le centre de tourisme que l’on sait. On lui
doit
également un recueil de Rimas Romaunchas (Rimes Romanches). Il eut po
463
Flugi d’Aspermunt engendra quatre fils, dont deux
nous
intéressent. Emmanuel devint médecin, puis moine, administra l’évêché
464
s dans une communauté proche et concrète : il lui
doit
d’être intelligible (d’autant plus qu’il est professeur) et responsab
465
tre, j’essaierai de me rendre compte de ce que je
dois
à l’un autant qu’à l’autre de ces maîtres incompatibles.) « Helvet
466
rands philosophes de la Souabe. Vers le milieu de
notre
siècle, c’est encore à des historiens, et à des critiques romands, te
467
onzague de Reynold ou Albert Béguin que la France
devra
de connaître, traduits non seulement dans sa langue mais dans une for
468
ion d’intermédiaire culturel qui paraît dévolue à
nos
cités. Helvetia mediatrix est le titre d’un petit ouvrage classique d
469
ire vivante, ainsi dans le cyclone de Dantzig qui
devait
mener à la guerre en dépit d’une ultime et dramatique intervention au
470
profonde méfiance à l’endroit de ce qui vient, de
notre
monde moderne en général, mais son goût puissant de la vie et son sen
471
ce qui se fait ailleurs, dans le monde entier. Et
nous
aurons, me semble-t-il, un complexe de dispositions aussi favorables
472
s. À l’aube de l’histoire des sciences en Suisse,
nous
avons trouvé Paracelse 112, fondateur d’une médecine à la fois expéri
473
des scientifiques de tous les temps vivent parmi
nous
, hommes du milieu du xxe siècle, il est facile d’imaginer que la tra
474
nières à leur régime ? Les chiffres seuls peuvent
nous
donner une réponse provisoire, qu’il appartient aux sociologues d’int
475
i pendant des siècles presque tous les savants de
nos
cantons, se voient déjà réduites à peu de chose, en nombre relatif et
476
ciences. Or, le total des étudiants inscrits dans
nos
dix établissements supérieurs était à peine de 26 000 en 1962-1963, p
477
est donc, en proportion égale, 45 000 Suisses qui
devraient
étudier aujourd’hui dans l’ensemble de nos hautes écoles. L’expansion
478
devraient étudier aujourd’hui dans l’ensemble de
nos
hautes écoles. L’expansion des universités, telle qu’on la voit requi
479
s permet-elle un effort de cette ampleur ? Toutes
nos
universités et hautes écoles, sauf deux, relèvent d’un canton. La Con
480
Les universités suisses, et romandes d’abord, se
devraient
donc d’envisager d’urgence une nouvelle division du travail, un regro
481
onestations religieuses. Le civisme helvétique de
nos
jours repose essentiellement sur cette propension à l’éducation mutue
482
tits d’homme : « Regardez un écolier préparer ses
devoirs
: il apprend les questions aussi bien que les réponses. J’avoue que j
483
odore Flournoy n’avait pas craint de déclarer : «
Nous
aurions cherché un moyen d’abrutir nos enfants que nous n’aurions pas
484
larer : « Nous aurions cherché un moyen d’abrutir
nos
enfants que nous n’aurions pas pu trouver quelque chose qui répondît
485
urions cherché un moyen d’abrutir nos enfants que
nous
n’aurions pas pu trouver quelque chose qui répondît mieux à ce but qu
486
ver quelque chose qui répondît mieux à ce but que
notre
système scolaire actuel. » Hélas, en 1942, Edmond Gilliard (qui avait
487
st à ces novateurs, anciens et modernes, que l’on
doit
attribuer la réputation universelle des pédagogues suisses et de leur
488
morale, traduit une mentalité très générale dans
nos
écoles primaires. Un milliard par an aux universités ne suffira pas,
489
e avec les grands féodaux : les cantons primitifs
devront
s’armer contre eux aussi souvent que contre les Habsbourg. L’un des p
490
impossible une nouvelle guerre du Sonderbund dans
notre
siècle. Cet apaisement, cette paix officielle traduisent-ils une comp
491
tions moins réconfortantes que l’on peut faire ne
doivent
pas laisser oublier le fait déjà remarquable que le peuple suisse est
492
, correspond au démocratisme profond et inné dont
nous
avons vu qu’il se manifeste, en Suisse, par une résistance instinctiv
493
toire » ; est-ce que ça va durer, est-ce qu’on va
nous
laisser longtemps encore tranquilles dans notre coin ? (Motif accesso
494
va nous laisser longtemps encore tranquilles dans
notre
coin ? (Motif accessoire : faisons-nous ce qu’il faut pour garder not
495
les dans notre coin ? (Motif accessoire : faisons-
nous
ce qu’il faut pour garder notre rang ?) Inquiétude du patriote : dans
496
cessoire : faisons-nous ce qu’il faut pour garder
notre
rang ?) Inquiétude du patriote : dans le monde des technocrates, des
497
nds ensembles politiques en formation, est-ce que
nos
libertés, et la Suisse elle-même, en tant qu’État, gardent encore un
498
et de prospérité n’ont pas été gagnées au prix de
notre
âme ? Au prix de nos vraies raisons d’être ? L’autocritique est deven
499
pas été gagnées au prix de notre âme ? Au prix de
nos
vraies raisons d’être ? L’autocritique est devenue, au cours des dern
500
mmun, s’interroger sur l’avenir suisse est devenu
notre
sport national, et je ne vois pas d’autre pays qui puisse nous battre
501
tional, et je ne vois pas d’autre pays qui puisse
nous
battre sur ce terrain-là. (C’est le seul record qui nous reste, d’ail
502
ttre sur ce terrain-là. (C’est le seul record qui
nous
reste, d’ailleurs.) Il paraîtrait que les Suisses ne cessent de répét
503
sses ne cessent de répéter : « Y en a point comme
nous
! » Je n’ai jamais entendu cette fameuse phrase que dans la bouche de
504
up de chances pour que cela signifie : Voilà bien
notre
manière mesquine d’envisager les choses. L’intellectuel français app
505
mais non pas pleutres ! », déclaraient fièrement
nos
publicistes, qui surcompensaient le reproche qu’ils devinaient chez l
506
Cari Spitteler prononça son fameux discours sur «
Notre
point de vue suisse », dont voici un passage très significatif : Par
507
», dont voici un passage très significatif : Par
notre
modestie, nous témoignons aux grandes puissances notre reconnaissance
508
passage très significatif : Par notre modestie,
nous
témoignons aux grandes puissances notre reconnaissance de ce qu’elles
509
modestie, nous témoignons aux grandes puissances
notre
reconnaissance de ce qu’elles nous dispensent de nous mêler à leurs s
510
es puissances notre reconnaissance de ce qu’elles
nous
dispensent de nous mêler à leurs sanglants différends. Par notre mode
511
reconnaissance de ce qu’elles nous dispensent de
nous
mêler à leurs sanglants différends. Par notre modestie, nous payons à
512
t de nous mêler à leurs sanglants différends. Par
notre
modestie, nous payons à l’Europe blessée le tribut qu’il convient de
513
à leurs sanglants différends. Par notre modestie,
nous
payons à l’Europe blessée le tribut qu’il convient de payer à la doul
514
nt de payer à la douleur : le respect. Enfin, par
notre
modestie, nous nous excusons. « S’excuser de quoi ? » Quiconque s’est
515
douleur : le respect. Enfin, par notre modestie,
nous
nous excusons. « S’excuser de quoi ? » Quiconque s’est jamais trouvé
516
eur : le respect. Enfin, par notre modestie, nous
nous
excusons. « S’excuser de quoi ? » Quiconque s’est jamais trouvé au ch
517
ale que le jugement de Dieu qui pèse sur le monde
nous
devient clair. Ceci ne nous dispense nullement de notre double devoir
518
qui pèse sur le monde nous devient clair. Ceci ne
nous
dispense nullement de notre double devoir de reconnaissance et de res
519
devient clair. Ceci ne nous dispense nullement de
notre
double devoir de reconnaissance et de responsabilité [à l’égard de no
520
. Ceci ne nous dispense nullement de notre double
devoir
de reconnaissance et de responsabilité [à l’égard de notre patrie], m
521
reconnaissance et de responsabilité [à l’égard de
notre
patrie], mais ce devoir est celui d’un accusé et d’un coupable. Helve
522
sponsabilité [à l’égard de notre patrie], mais ce
devoir
est celui d’un accusé et d’un coupable. Helveticus sum, homo sum, pec
523
es derniers temps, et là-dessus l’on peut et l’on
doit
discuter —, mais la traiter de péché n’est pas une solution et empêch
524
lle est un péché, il faut le révoquer, ou si elle
nous
fait tomber dans le péché, il faut « l’arracher et la jeter loin de n
525
e péché, il faut « l’arracher et la jeter loin de
nous
», sur-le-champ, sans demi-mesure : il faut participer aux guerres. I
526
par les innombrables essais sur le malaise suisse
dus
à de jeunes auteurs progressistes, on ne peut que lui donner raison,
527
e là, attendant qu’on les examine une fois passés
nos
examens de conscience. « Quels problèmes ? », me demande l’Européen q
528
mes ? », me demande l’Européen qui venait admirer
notre
libre Helvétie et qui est un peu déconcerté… Eh bien, lisez nos quoti
529
étie et qui est un peu déconcerté… Eh bien, lisez
nos
quotidiens : on y parle à longueur d’éditoriaux de la surchauffe et d
530
el, père de l’ennui égal pour tous. — Mais quoi !
nous
connaissons tout cela et c’est bien pire chez nous ! s’écrie l’Europé
531
ous connaissons tout cela et c’est bien pire chez
nous
! s’écrie l’Européen de Düsseldorf, d’Anvers, de Lyon, de Manchester,
532
rien ne prouve que ça va durer. Le Marché commun
nous
menace. Notre neutralité n’est pas toujours comprise. Notre fédéralis
533
ve que ça va durer. Le Marché commun nous menace.
Notre
neutralité n’est pas toujours comprise. Notre fédéralisme est comprom
534
ce. Notre neutralité n’est pas toujours comprise.
Notre
fédéralisme est compromis, et ce qu’il en reste freine l’élan des ent
535
s entreprises. Est-ce qu’il y aura une place pour
nous
dans le monde qui vient ? Satiriques, vengeurs ou navrés, les sermons
536
ils n’ouvriront pas les voies d’un dépassement de
nos
petitesses. « Besoin de grandeur », gémit Ramuz, crispé. Mais démontr
537
e d’un avenir humain de l’Europe ! Il est menacé,
nous
dit-on ? Rien de tel pour tirer un homme de ses doutes brumeux et de
538
niversitaire de Paris, et c’était une commande de
nos
autorités, mais pas en Suisse. 93. Ouvrage refusé partout en France,
539
seule responsable, bien sûr, mais c’est elle qui
devrait
réagir contre le laisser-aller langagier, et aussi contre l’influence
540
te école genevoise du sentiment. Sa langue déliée
doit
plus au Paris de sa jeunesse qu’à l’accent du terroir, et il en va de
541
l’âme en pur langage de nature : voilà sans doute
nos
meilleurs artisans du vers et de la prose soutenue. Ce sont aussi d’a
542
ivial au sublime avec une liberté sans égale dans
nos
lettres. 102. Tout cela raconté dans Vol à voile, Lausanne, 1932, pe
543
16 février 1963. Lévi-Strauss dit aussi ce qu’il
doit
, en tant qu’ethnologue, à la « science des signes » saussurienne. 11
544
Appenzell. Il meurt à Salzbourg en 1541. 113. On
doit
à Jacques Bernoulli (1654-1705) le développement du calcul différenti
545
4 8 L’augmentation de 4,9 % des catholiques est
due
pour moitié à l’afflux des résidents étrangers. 125. En 1850, 97 %
546
Le monde vivant des religieux, 1964, où l’auteur
nous
révèle la grande tradition du fédéralisme bénédictin. 129. Karl Bart
547
x, pièges magiques, jusqu’aux pièges cosmiques de
nos
laboratoires, le fédéralisme n’apparaît qu’au cours des cinq dernière
548
hique, technologique et culturelle ? C’est ce que
nous
porterait à croire une forme de pensée certes courante encore, mais q
549
priétaire terrien, gérant d’un État national. Or,
nous
avons vu que la Suisse n’est pas d’abord un territoire mais une fonct
550
e tout mon livre. Je suis remonté aux origines de
notre
histoire, et j’ai suivi son labyrinthe, de la liberté des communes et
551
s. Enfin, je me suis interrogé sur la fonction de
nos
élites créatrices et sur la morale civique dans un peuple à tel point
552
rope, demain Prenons les grandes dimensions de
notre
planète en mutation. C’est l’Europe qui a tout déclenché, et son rôle
553
rs, c’est parler un langage européen. Or l’Europe
doit
s’unir pour durer, j’entends pour continuer à exercer demain sa vocat
554
utant dire pour bien peu de temps. Broyant toutes
nos
diversités traditionnelles, elle causerait à court terme une chute de
555
rès que les six États conservent des pouvoirs que
nos
cantons ont abandonnés depuis longtemps. L’Europe de formule unitaire
556
n. Avant 1848, un député de Genève ou des Grisons
devait
compter deux ou trois jours pour se rendre à la Diète fédérale, alors
557
a la moindre chance de succès, s’agissant d’unir
nos
pays, hors une solution fédérale. Ici, l’exemple de la Suisse… On s’é
558
e des États conviendrait à ravir à la majorité de
nos
dirigeants politiques et industriels, mais elle nous perdrait tous ta
559
s dirigeants politiques et industriels, mais elle
nous
perdrait tous tant que nous sommes, dans l’espace d’une génération. U
560
ndustriels, mais elle nous perdrait tous tant que
nous
sommes, dans l’espace d’une génération. Une Europe unitaire, c’est fi
561
es. Mais une Europe fédérale, seule possible pour
nous
comme pour l’Europe — qui la propose ? Les Suisses devant le proje
562
d-garde du Gothard, elle a seule conservé jusqu’à
nos
jours le principe de l’Empire d’Occident, l’union sans unification, q
563
cial, il s’y fait l’avocat d’une confédération de
nos
pays inspirée du « corps germanique », des états généraux de Hollande
564
nifiée par un despote ou par une idéologie : elle
devrait
être une Europe des cités, formée de très petits États « où tous les
565
personnelle à Coppet, où les meilleurs esprits de
nos
diverses nations se lient d’amitié, soit par des livres comme De l’Al
566
anton natal, Bluntschli connaît les mécanismes de
notre
vie civique : il n’hésite pas à les proposer en modèle pour l’édifica
567
un jour, écrit-il en 1875, la nationalité suisse
devra
s’incorporer à la communauté de la Grande Europe. De cette façon, ell
568
vain ni sans gloire »134. Pratiquement ignoré de
nos
jours par les fédéralistes européens, le projet très précis du jurist
569
nne, discussion généralisée sur les formes que va
devoir
prendre l’union politique de l’Europe. Impossible d’omettre, dans ce
570
squ’aux environs de 1960, il faut reconnaître que
nos
autorités et notre presse ont été dans l’ensemble pour le moins réser
571
de 1960, il faut reconnaître que nos autorités et
notre
presse ont été dans l’ensemble pour le moins réservées, et que notre
572
é dans l’ensemble pour le moins réservées, et que
notre
peuple l’est sans doute plus encore, s’agissant du projet européen. L
573
ur chimérique. « Fumeux idéalisme ! Subversion de
nos
vieilles coutumes ! Temps perdu ! Ça ne se fera jamais ! » Je me souv
574
e micro, en février 1953, au cours duquel l’un de
nos
plus célèbres professeurs de sciences politiques déclara au sujet du
575
ste pour la Suisse, à cause de ses incidences sur
nos
transports. Trois jours plus tard, le premier train de charbon libre
576
llemande. Bien d’autres faits, non moins patents,
devaient
réduire l’une après l’autre les objections du scepticisme invétéré (o
577
et la faculté de prévision de ceux qui faisaient
notre
opinion. L’union de l’Europe s’avérait bel et bien réalisable, puisqu
578
alisable, puisqu’elle devenait réalité, mais elle
nous
prenait par surprise, et chaque démarche de nos gouvernants pour rejo
579
nous prenait par surprise, et chaque démarche de
nos
gouvernants pour rejoindre l’histoire en train de se faire, semblait
580
rain de se faire, semblait prématurée aux yeux de
nos
sages et de nos experts, quoique trop tardive aux yeux du reste de l’
581
, semblait prématurée aux yeux de nos sages et de
nos
experts, quoique trop tardive aux yeux du reste de l’Europe. Notre en
582
oique trop tardive aux yeux du reste de l’Europe.
Notre
entrée à l’OECE fut accueillie avec méfiance par la presse moyenne de
583
trangères, plutôt mal vues à cause de l’adjectif.
Notre
demande d’association au Marché commun prit pour certains une allure
584
Canossa sans agenouillement, donc sans pardon. Et
notre
arrivée tardive au Conseil de l’Europe n’a jamais été justifiée, — co
585
tiques : La neutralité intégrale reste la base de
notre
indépendance et « l’étoile fixe sur laquelle se règle la politique ét
586
amais été qu’un moyen politique mis au service de
notre
indépendance ; elle n’est pas affirmée par la Constitution ; « elle n
587
on. »137 Pendant les seize années où il conduisit
notre
politique étrangère, dès 1945, M. Max Petitpierre eut pour devise : n
588
nt transformé le sens, la portée et la réalité de
notre
neutralité. »139 Cette dernière est devenue en partie factice. La Sui
589
dernière est devenue en partie factice. La Suisse
doit
donc tendre à participer « sans réserve et de plein droit » à l’édifi
590
’est-à-dire contre son essence fédéraliste ; mais
nous
aurons perdu le droit auquel beaucoup d’entre nous tiennent le plus :
591
ous aurons perdu le droit auquel beaucoup d’entre
nous
tiennent le plus : le droit de nous plaindre. À quoi l’on pourrait aj
592
ucoup d’entre nous tiennent le plus : le droit de
nous
plaindre. À quoi l’on pourrait ajouter : 1° que s’il est vrai que not
593
l’on pourrait ajouter : 1° que s’il est vrai que
notre
neutralité a permis les interventions de la Croix-Rouge lors des conf
594
ctuelles. Déclarer, par exemple, que la Suisse se
devrait
de rester neutre, même en cas de conflit entre l’Europe d’une part, e
595
ien la Chine), c’est opérer un coup d’État contre
notre
présent statut de neutralité, et c’est absurde : car la Suisse fait p
596
es ennemis, ce serait vouloir rester neutre entre
nos
ennemis et nous-mêmes. Neutres entre le pompier et l’incendie, entre
597
le régime fiscal, pour ne citer que ces exemples,
devraient
être uniformisés selon des directives européennes. Ce serait contrair
598
re à la Constitution, et ce serait même la fin de
notre
fédéralisme, n’hésitent pas à déclarer de nombreux politiciens et jou
599
tiques, qu’elle reste libre d’avancer140. Et ceci
nous
renvoie au groupe d’arguments précédent. Arguments économiques : La
600
es globaux sont connus. En mai 1963, par exemple,
nos
importations provenaient pour 65,3 % des Six, pour 13,4 % des Sept, p
601
3,4 % des Sept, pour 21,3 % du reste du monde. De
nos
exportations, 2/3 allaient à l’Europe. Il est vrai que durant ce mois
602
ent à l’Europe. Il est vrai que durant ce mois-là
notre
balance commerciale restait déficitaire avec l’Europe (de 447 million
603
que de tels chiffres ne suffisent pas à justifier
notre
refus de participer au Marché commun, ni d’ailleurs notre participati
604
fus de participer au Marché commun, ni d’ailleurs
notre
participation à l’AELE. La Suisse est si peu indépendante de l’Europe
605
in-d’œuvre européenne nécessaire à l’expansion de
notre
économie a dû passer de 90 000 personnes en 1950 à 800 000 en 1964. Q
606
enne nécessaire à l’expansion de notre économie a
dû
passer de 90 000 personnes en 1950 à 800 000 en 1964. Que peuvent bie
607
r prôner une autarcie plus impossible encore chez
nous
qu’ailleurs, n’en affirment pas moins que, s’il le faut un jour, la S
608
la Suisse fara da se et saura bien se défendre ?
Nous
ne sommes plus au défilé de Morgarten. Ce n’est pas avec des longues
609
de fer aux pieds et une résolution farouche, que
nous
pourrons faire face à une Europe unie — j’entends unie sans nous et m
610
aire face à une Europe unie — j’entends unie sans
nous
et malgré nous. Arguments traditionalistes : Des représentants de l’
611
Europe unie — j’entends unie sans nous et malgré
nous
. Arguments traditionalistes : Des représentants de l’industrie, et q
612
ope fédérée, respectueuse de ses diversités comme
nous
des nôtres, s’accorderait avec la vocation traditionnelle de la Suiss
613
Suisse. Mais se fera-t-elle ? Voilà qui dépend de
nous
aussi. C’est à nous de faire valoir dans les conseils qui élaborent l
614
-t-elle ? Voilà qui dépend de nous aussi. C’est à
nous
de faire valoir dans les conseils qui élaborent l’Europe future les a
615
aliste. Prétendre en conserver les bénéfices pour
nous
seuls serait le plus sûr moyen de les perdre. Il n’est pas vrai, d’ai
616
illeurs, que l’union de l’Europe menace d’effacer
nos
caractéristiques nationales. L’union de la Suisse, depuis 1848, n’a p
617
L’union de la Suisse, depuis 1848, n’a pas effacé
nos
caractéristiques cantonales. Et il est pour le moins bizarre qu’un po
618
fuser de rejoindre le Marché commun, mais il a le
devoir
de freiner l’expansion de l’industrie suisse, cause directe du « mal
619
été créée par le mouvement d’union européenne. De
nos
jours encore, à l’étranger, le nom de la Suisse évoque des vaches et
620
endu bien rare et difficile pour les habitants de
nos
grandes villes, soit définitivement interrompu pour ceux de la Mégalo
621
le Marché commun n’y changera rien. (À moins que
notre
isolement n’entraîne un retour à la misère naturelle du pays ?) Bref,
622
ugle, et sous le prétexte d’une indépendance dont
notre
peuple n’est pas disposé plus qu’un autre à payer le prix exorbitant.
623
s choses. Elle s’explique peut-être en partie par
nos
coutumes précisément fédéralistes de tolérance calculée et d’empirism
624
ce d’embarras. Ceux qui se réclament très haut de
nos
traditions savent bien que chacun sait qu’il s’agit d’intérêts et que
625
fre d’affaires qui définit le sens de la vie pour
nos
industriels « sérieux ». Et quant aux enthousiastes de l’Europe, ils
626
r trop fort, et c’est peut-être mieux ainsi. Mais
notre
peuple comprend mal ce qui est en jeu. Je ne suis d’accord, pour ma p
627
ni avec ceux qui refusent l’Europe en prétextant
notre
neutralité, ni avec ceux (beaucoup plus rares d’ailleurs) qui voudrai
628
é d’une fédération. Il n’y a pas une chance qu’on
nous
offre cela, si nous, Suisses, ne le proposons pas. Mais quant aux cha
629
Il n’y a pas une chance qu’on nous offre cela, si
nous
, Suisses, ne le proposons pas. Mais quant aux chances que nous le pro
630
, ne le proposons pas. Mais quant aux chances que
nous
le proposions… Tout le débat sur l’idée européenne paraît tourner dan
631
e débat sur l’idée européenne paraît tourner dans
notre
presse autour de la défense des intérêts particuliers de la Suisse. J
632
u’une Europe fédérée sauverait seule à long terme
nos
diversités et nos intérêts bien compris, et qu’il est dangereusement
633
ée sauverait seule à long terme nos diversités et
nos
intérêts bien compris, et qu’il est dangereusement irréalisable de ra
634
omme s’il était possible de dissocier durablement
notre
salut de celui de l’ensemble européen. Mais quand j’aurais tort sur c
635
, resterait l’autre aspect du problème : celui de
nos
responsabilités européennes en tant que Suisses, et comme État qui en
636
son d’être. Il s’agit de savoir et de dire ce que
nous
avons à donner, et non pas seulement à sauver ; ce que l’Europe est e
637
t largement bénéficiaire, et pas seulement ce que
nous
redoutons de l’action des autres. Au cœur géographique et historique
638
géographique et historique du continent européen,
nous
avons réussi beaucoup mieux que cette fameuse neutralité, — nécessité
639
neutralité, — nécessité subie, à l’origine, dont
nous
fîmes peu à peu vertu à partir du xixe siècle — nous avons réussi no
640
fîmes peu à peu vertu à partir du xixe siècle —
nous
avons réussi notre fédéralisme ! Différent en ceci de la neutralité,
641
ertu à partir du xixe siècle — nous avons réussi
notre
fédéralisme ! Différent en ceci de la neutralité, il tient à l’essenc
642
ci de la neutralité, il tient à l’essence même de
notre
État. C’est notre création majeure. Il nous oblige. Et en son nom, no
643
é, il tient à l’essence même de notre État. C’est
notre
création majeure. Il nous oblige. Et en son nom, nous nous devons dor
644
e de notre État. C’est notre création majeure. Il
nous
oblige. Et en son nom, nous nous devons dorénavant de prendre des ini
645
création majeure. Il nous oblige. Et en son nom,
nous
nous devons dorénavant de prendre des initiatives. Aux deux solutions
646
tion majeure. Il nous oblige. Et en son nom, nous
nous
devons dorénavant de prendre des initiatives. Aux deux solutions en p
647
majeure. Il nous oblige. Et en son nom, nous nous
devons
dorénavant de prendre des initiatives. Aux deux solutions en présence
648
oïsmes qu’on déguise en patriotisme, la Suisse se
doit
d’en opposer une troisième, la solution fédéraliste, qui maintient le
649
: si la Suisse ne la préconise pas, qui le fera ?
Notre
fédéralisme est peu connu, ou très mal connu hors de Suisse ; notre n
650
est peu connu, ou très mal connu hors de Suisse ;
notre
neutralité n’y est que trop connue. Pourquoi parler toujours de cette
651
rtu qui ennuie, de cette pratique négative, quand
nous
avons cette expérience passionnante, remarquablement positive et tell
652
uvelles. Ce que les Européens peuvent attendre de
nous
, ce n’est pas l’exposé lassant des raisons de notre réserve devant to
653
ous, ce n’est pas l’exposé lassant des raisons de
notre
réserve devant tout ce que d’autres entreprennent, mais c’est un plan
654
res entreprennent, mais c’est un plan d’union qui
nous
convienne enfin, et auquel nous puissions adhérer « sans réserve et d
655
plan d’union qui nous convienne enfin, et auquel
nous
puissions adhérer « sans réserve et de plein droit ». Mais énoncer un
656
une politique. Et c’est à quoi le gouvernement de
notre
fédération se refuse avec vigilance ; non parce qu’il est mauvais, ma
657
jusqu’ici, a présidé avec succès aux destinées de
notre
pays. J’en donnerai un exemple tout récent : je le trouve dans les jo
658
par le Collège exécutif : 1° « Dans un pays comme
le nôtre
, les débats sur la politique générale risqueraient d’être stériles… L
659
nt contradictoire. J’ai tenté de montrer pourquoi
notre
système est foncièrement hostile à ce que l’on nomme ailleurs la poli
660
automatique à toute initiative capable de sauver
notre
régime fédéraliste en le faisant accepter au plan européen. Voici l’i
661
de prospective fédéraliste La science actuelle
nous
révèle un univers en perpétuelle évolution vers un ordre et des forme
662
pendant la dernière guerre : À l’heure actuelle,
notre
destinée se révèle. Le sort nous a confié une conception de l’État do
663
heure actuelle, notre destinée se révèle. Le sort
nous
a confié une conception de l’État dont la portée historique n’éclate
664
hui, un idéal national qui n’a pas de valeur pour
nous
seulement, mais pour l’Europe entière. Au moment où le principe des n
665
t où les civilisations opposées s’entredéchirent,
notre
petit État revendique l’honneur d’un idéal national dominant les nati
666
l a du reste du monde, le petit État échappe — ou
devrait
échapper — à l’exclusivisme, au fanatisme borné, à l’ignorance vanite
667
e qui ne lui ressemble pas. Enfin Max Frisch :
Notre
patrie est l’homme ; c’est à lui en premier lieu que doit aller notre
668
rie est l’homme ; c’est à lui en premier lieu que
doit
aller notre fidélité ; que patrie et humanité ne s’excluent pas, voil
669
omme ; c’est à lui en premier lieu que doit aller
notre
fidélité ; que patrie et humanité ne s’excluent pas, voilà où réside
670
isme authentique. Toute l’évolution prévisible de
nos
sociétés va dans ce sens. L’un des thèmes favoris des sociologues act
671
valorisation croissante des frontières nationales
doit
libérer le dynamisme des régions, traditionnelles et nouvelles. Déjà,
672
ide, par hasard, et pour l’instant, avec celui de
notre
population. Question : La Suisse ne sera-t-elle pas, d’ici à vingt a
673
s ou par nature trop vastes pour l’unité de base,
doivent
être construits en commun avec d’autres régions voisines. Seuls, ces
674
urope de l’Ouest144. Il serait présenté au nom de
notre
idéal et de notre usage du fédéralisme, mais « dans les intérêts de l
675
4. Il serait présenté au nom de notre idéal et de
notre
usage du fédéralisme, mais « dans les intérêts de l’Europe entière ».
676
ux bien qu’historiquement explicables, elle croit
devoir
s’y refuser. Pendant longtemps encore, et sans doute trop longtemps p
677
, englobant des siècles d’histoire commune à tous
nos
peuples et les diversités que l’on sait, le District fédéral ne saura
678
vaste dans l’Europe de 1980. Le District fédéral
doit
être situé au centre du continent. Il doit être facile à fermer et à
679
édéral doit être situé au centre du continent. Il
doit
être facile à fermer et à défendre en temps de troubles, mais d’accès
680
t si possible de tradition fédéraliste. Enfin, il
doit
accepter de demeurer, en tant qu’État, à l’écart des luttes politique
681
a de mon « utopie » que c’est bien joli, mais que
nous
ne sommes pas faits pour le rôle, et que le reste de l’Europe va peut
682
l’Europe. « Il était temps que ces petits Suisses
nous
offrent autre chose que leurs leçons. Mais ils vont peut-être un peu
683
la patrie du Ranz des Vaches… Mais après tout, si
notre
capitale n’est pas retenue, au bout du compte, plutôt que d’en choisi
684
sse officielle. Je vais donc le faire à sa place.
Nos
dirigeants se refusent expressément à toute espèce de programme polit
685
ute politique qui ne se résume pas à faire valoir
nos
bonnes raisons de n’en avoir aucune, — et c’est ce que l’on appelle «
686
e le bien commun de toute l’Europe, que perdrions-
nous
? Les seuls droits dont nous refusions obstinément de faire usage ! E
687
urope, que perdrions-nous ? Les seuls droits dont
nous
refusions obstinément de faire usage ! Et nous y trouverions en revan
688
nt nous refusions obstinément de faire usage ! Et
nous
y trouverions en revanche les garanties qui faisaient de plus en plus
689
menacée de désuétude par l’entente établie entre
nos
grands voisins. Les risques de guerre qui subsistent ne sont plus nat
690
e. Le grand réseau des relations continentales et
nos
petits réseaux serrés de relations cantonales et communales coexisten
691
e municipale à la veille d’une grande conférence.
Notre
climat passe pour être apaisant. Dans une Suisse devenue terre d’Euro
692
en quittant l’autoroute, le vrai pays — celui que
nous
seuls pourrions dénaturer. C’est eux, souvent, qui retiennent notre m
693
ons dénaturer. C’est eux, souvent, qui retiennent
notre
main, qui nous alertent, plus sensibles à des saveurs, à des beautés
694
’est eux, souvent, qui retiennent notre main, qui
nous
alertent, plus sensibles à des saveurs, à des beautés de nature, à de
695
des beautés de nature, à des bontés humaines que
nous
ne savions plus discerner. Amour des choses, des paysages, des accent
696
de gare où toutes les races du monde se mêlent à
nos
derniers paysans dans une odeur de bouillon Maggi et de cigares de Br
697
i bat le cœur de l’Europe. C’est ici que l’Europe
devrait
se déclarer, jurer son Pacte et se constituer. La Suisse fondrait alo
698
tes fins. Ce rêve peut devenir vrai demain, et il
doit
l’être, mais le sera-t-il jamais si nous restons muets ? Malgré tout
699
n, et il doit l’être, mais le sera-t-il jamais si
nous
restons muets ? Malgré tout ce qui nous retient mais nous pousse en m
700
jamais si nous restons muets ? Malgré tout ce qui
nous
retient mais nous pousse en même temps et nous oblige, je veux le cro
701
tons muets ? Malgré tout ce qui nous retient mais
nous
pousse en même temps et nous oblige, je veux le croire avec Victor Hu
702
ui nous retient mais nous pousse en même temps et
nous
oblige, je veux le croire avec Victor Hugo : La Suisse, dans l’Hist
703
ntre des Alpes. (Suicia = Suecia.) Mais reprenons
notre
chronologie du développement et de l’implantation de ce motif mythiqu
704
pique en Suisse. La première histoire imprimée de
notre
Confédération, Kronika von der loblichen Eydtgnoschaft, de Peterman E
705
pour modèles les anciens Romains et nomme Tell «
notre
Brutus ». Dans le même sens, les réformateurs Zwingli et Bullinger, a
706
me Tell ! » — enfin les manuels scolaires jusqu’à
nos
jours. Mais avant même que la publication des chroniques de Tschudi a
707
fort habile, avant de se faire érudit et poète de
nos
origines.) Joseph Eutych Kopp, historien lucernois, ouvre le feu en
708
llis n’apparaissent nulle part dans l’histoire de
nos
origines, et n’y ont pas leur place ; les Habsbourg ont été de bons s
709
prit corps la légende, au xvie siècle. Tout cela
nous
ramène au propos initial de mes chapitres sur la formation de la Suis
710
l n’est plus une entreprise paradoxale : c’est un
devoir
élémentaire de probité intellectuelle, puisqu’il est attesté que Tell
711
unies par la Suisse et presque par elle seule sur
notre
continent européen, avec continuité et depuis plus d’un siècle. J’app
712
ans sa gloire planétaire bleue, verte et blanche,
nous
avons su que la Terre était notre patrie. Et de sentir que nous pourr
713
erte et blanche, nous avons su que la Terre était
notre
patrie. Et de sentir que nous pourrions désormais la quitter sans ret
714
que la Terre était notre patrie. Et de sentir que
nous
pourrions désormais la quitter sans retour, perdus dans le noir sidér
715
le noir sidéral, a éveillé chez beaucoup d’entre
nous
un amour presque déchirant de ses prairies et de ses fleuves, de ses
716
et de ses fleuves, de ses ciels et de ses nuages.
Nous
avons vu, aussi, qu’elle était divisée en continents et non pas en do
717
ar des couleurs plates, comme les atlas scolaires
nous
le faisaient croire. Le continent européen, c’est aux États-Unis que
718
pes (malgré tout) dont s’inspire (sans le savoir)
notre
empirisme élevé à l’état de vertu, que dis-je, de mystère initiatique
719
descriptif et critique sur la Suisse. D’une part,
nous
avons tous été mis en demeure de jauger les régimes en conflit, et no
720
s en demeure de jauger les régimes en conflit, et
nous
nous sommes retrouvés presque unanimes à leur préférer nos pratiques,
721
demeure de jauger les régimes en conflit, et nous
nous
sommes retrouvés presque unanimes à leur préférer nos pratiques, dénu
722
sommes retrouvés presque unanimes à leur préférer
nos
pratiques, dénuées de système et d’idéologie. D’autre part, et au mom
723
Europe, il devenait de mode en Suisse de dénigrer
notre
prétendue bonne conscience, et de « contester » du même coup l’œuvre
724
de « contester » du même coup l’œuvre majeure de
notre
histoire. Parmi tous nos défauts, celui-là n’est pas le pire mais il
725
oup l’œuvre majeure de notre histoire. Parmi tous
nos
défauts, celui-là n’est pas le pire mais il est sans doute le plus so
726
est sans doute le plus sot : ricaner à propos de
nos
quelques vertus, crainte de ne pas suivre assez vite la mode faite à
727
itiques ont regretté la brièveté de mes pages sur
nos
auteurs et nos artistes. Mais ce n’était pas là mon sujet. Bien d’aut
728
retté la brièveté de mes pages sur nos auteurs et
nos
artistes. Mais ce n’était pas là mon sujet. Bien d’autres l’ont trait
729
européen. 2. Voir la terre de la lune, c’est voir
nos
frontières nulles, c’est voir le problème résolu. Mais il existe des