1 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Introduction
1 à voir, rajeunissant notre regard et balayant un siècle de clichés officiels. Son œuvre entière d’historien, de dramaturge et
2 te expérience de laboratoire poursuivie depuis un siècle au cœur même de l’Europe avec un succès indéniable, mais au prix de c
2 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Première partie. Le paysage historique, ou comment se forme une fédération — Puissance du mythe
3 dition de l’histoire suisse est ici fixée pour un siècle  : Guillaume Tell, pâtre libérateur, triomphant des despotes féodaux e
3 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Première partie. Le paysage historique, ou comment se forme une fédération — « L’histoire suisse commence avec Guillaume Tell »
4 vie, la Suisse actuelle, il y a eu déjà plusieurs siècles d’Europe et la grande floraison du Moyen Âge. Il y a eu l’essor des m
5 e Bourgogne et du duché d’Alamanie provoquera aux siècles suivants une diversification d’une autre sorte : à l’est s’implantero
6 s ne connaîtra plus d’unité distincte pendant des siècles . Après le partage de Verdun, un second royaume de Bourgogne et le duc
7 rs confédérés, lentement, ville à ville, en trois siècles , étendront le réseau de leurs ligues sur les fiefs alémanes de Rodolp
8 l’ouest, au loin, en terre de France ? Quelques siècles plus tard, un poète français fait dire à son héros quittant l’Europe
4 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Première partie. Le paysage historique, ou comment se forme une fédération — « Le pacte de 1291 a fondé la Suisse »
9 des territoires progressivement liés pendant des siècles par toutes sortes d’alliances et de ligues partielles. Une seule d’en
10 ’en sera pas davantage question au cours des cinq siècles suivants. Les Ligues ne seront donc qu’une confédération, une « Suiss
11 entement composé, a remplacé pendant près de cinq siècles la réalité du pacte latin, totalement oubliée, puis ignorée, et cepen
12 se reproduire, va même se compliquer pendant des siècles , chaque fois qu’une ville ou une région nouvelle se joindra au réseau
13 l pouvoir contraignant15. Mais au cours des trois siècles suivants, point d’admissions nouvelles dans le lien confédéral, leque
14 La Franche-Comté, alliée des Suisses depuis deux siècles , n’est pas défendue contre Louis XIV, et là encore, comme il en advie
15 Uri, Schwyz et Unterwald y ont logé pendant trois siècles leurs baillis, et rien ne porte à croire que ces baillis se soient mo
5 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Première partie. Le paysage historique, ou comment se forme une fédération — Ce « petit peuple pacifique… »
16 us ancêtres des Suisses d’aujourd’hui !) Les deux siècles suivants verront se développer la réputation militaire des Ligues, au
17 erpétuelle qui sera respecté durant près de trois siècles . Les Suisses perdent Milan mais gardent le Tessin et plusieurs vallée
6 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Première partie. Le paysage historique, ou comment se forme une fédération — « Ce petit peuple égalitaire… »
18 allait gouverner nos cantons jusqu’aux débuts du siècle dernier. On a vu le rôle historique des dynasties féodales avant le P
19 5) à nos jours, c’est-à-dire pendant près de huit siècles . 26. Cf. Rilke et la Suisse, par Jean-Rodolphe de Salis. Pierre-Jean
7 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Première partie. Le paysage historique, ou comment se forme une fédération — « Un pays traditionnellement neutre »
20 n’ait trouvé son premier historien qu’à la fin du siècle dernier34. Elle n’est devenue qu’au xxe siècle la maxime intangible
21 ieuses qui allaient déchirer le pays pendant deux siècles , révélèrent sa nécessité interne pour sauver l’union des cantons. Zwi
22 par notre peuple et par ses gouvernants depuis un siècle , et qui eût bien suffi à lui seul pour empêcher la Suisse de se jeter
23 nniques, bref, d’une évolution marquée, depuis un siècle , vers « l’introversion politique » comme n’hésite pas à le reconnaîtr
8 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Première partie. Le paysage historique, ou comment se forme une fédération — « Il a fallu plus de six siècles pour fédérer les cantons suisses »
24 « Il a fallu plus de six siècles pour fédérer les cantons suisses » L’argument est souvent invoqué p
25 n quelques lustres, puisqu’il a fallu plus de six siècles aux vingt-cinq petits États suisses pour y arriver. Mais l’histoire n
26 ntre au contraire : 1° Qu’il a fallu plus de cinq siècles aux cantons suisses pour ne pas se fédérer solidement et pour faire l
27 s — comme l’ont fait la plupart des historiens du siècle passé — ou plutôt à l’absence d’institutions communes ? Certes, les r
28 ricienne, ce qui nous donne encore au moins trois siècles . Sa richesse plus que sa corruption fit sa perte. En fait, c’est le c
29 réalité fédérale. Ceux qui ont tenté au cours des siècles de rassembler en un seul corps les nations de notre continent sont bi
30 sulter tardivement — guère avant les débuts de ce siècle  — une prise de conscience toute nouvelle du fédéralisme comme doctrin
31 forment la société contemporaine. Il a rejoint le siècle en s’y définissant. Désormais il n’est plus seulement résistance au g
9 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Deuxième partie. L’union, sauvegarde de la diversité ou comment fonctionne une fédération — 1. Les institutions et la vie politique
32 gime fédéral de la Suisse n’a qu’un peu plus d’un siècle d’existence mais cela suffit à faire de lui l’un des plus anciens de
33 me d’un seul coup pendant l’année 1848, après des siècles d’approches réticentes et d’expériences malheureuses d’autres système
34 le prestigieux Avoyer, qui joua pendant plusieurs siècles un rôle à peu près comparable à celui des doges à Venise. (Il ne pouv
35 Genève, en 1530, il demeura pendant plus de deux siècles et demi sujet de Leurs Excellences de Berne. Le grand complexe de val
36 ait l’ambassadeur de Venise, valut aux Rhètes des siècles de libertés communales très réelles mais aussi de chaos politique, de
37 notion d’une souveraineté limitée. Cependant, un siècle d’expérience heureuse a rendu cette notion familière aux Suisses. Ils
38 r sa réalité sociale. Cet édifice élevé il y a un siècle , lui paraît en tous points se conformer aux exigences de la vie natio
39 a compris le fédéralisme. La persistance après un siècle des caractères distinctifs de chaque communauté cantonale, en dépit d
40 é les plus nombreux aux Chambres durant près d’un siècle , de 1848 à 1943. Les socialistes les ont supplantés pendant une légis
41 n de principe à leur sujet. Elles lui ont valu un siècle de prospérité, de sécurité, de dignité gouvernementale. Ce sont les c
42 nébranlablement fondée sur le serment. Après cinq siècles d’existence à la fois communale et impériale, puis cantonale et en so
43 t cependant unis sous le même drapeau. Près d’un siècle auparavant, Gottfried Keller, le grand romancier zurichois, voyait dé
10 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Deuxième partie. L’union, sauvegarde de la diversité ou comment fonctionne une fédération — 2. Les paradoxes de la vie économique
44 chologiques qu’elles ont déterminées au cours des siècles et leur parallélisme remarquable dans le domaine de l’économie et dan
45 tisanales les préparaient à cet effort depuis des siècles . Bien avant l’apparition des machines, les populations de la Suisse o
46 xxe siècle et un régime fédéraliste qui date du siècle précédent. En voici d’autres dans le domaine du commerce et dans celu
11 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Troisième partie. La morale quotidienne et le climat de culture ou comment on vit dans une fédération
47 a puissance qu’il exerçait jusqu’aux débuts de ce siècle sur les nominations dans la fonction publique, et nul autre parti ne
48 peu obsédante assombrit la prédication pendant un siècle . Il est d’autant plus remarquable que le Suisse moyen formé à cette é
49 e », comme l’était la conduite inverse au dernier siècle .) Se rendre utile. — Pays pauvre au départ et dont les seules riches
50 la réalité fédéraliste. On nous répète depuis un siècle que les Suisses, selon la langue qu’ils parlent et pour cette seule r
51 spond avant tout, et depuis les débuts du dernier siècle , à des prétentions politiques émises d’abord par la France et l’Allem
52 ette croyance si rarement mise en doute depuis un siècle et demi, en l’existence de cultures nationales ? C’est avant tout le
53 qu’elle dominera sans conteste jusqu’à la fin du siècle , et qu’elle a contribué à faire entrer dans la littérature universell
54 tretenus à Lausanne (née à l’indépendance avec le siècle seulement) par des moralistes et philosophes protestants tels qu’Alex
55 z Vital Troxler. Dans la première moitié de notre siècle , le tour de Genève revient une fois de plus : Ferdinand de Saussure f
56 se est la conscience de sa brève vanité. Dix-huit siècles de chrétienté ont prêché sur le thème du memento mori, mais nous préf
57 J’ai mentionné les Tessinois des xvie et xviie siècles  : les frères Giovanni et Domenico Fontana, et Carlo Maderno leur neve
58 e » et centre alpin de la culture bénédictine. Le siècle suivant, comme partout, restaure et construit sans créer. Si l’on tro
59 Il a construit en France la plus belle église du siècle , Ronchamp ; en Inde une capitale, Chandigarh, et une partie d’Ahmedab
60 on voit dans ce pays et qui en compose depuis des siècles le décor. Je ne parle pas des cathédrales gothiques et des grandes ab
61 s si la Suisse n’a pas créé de musique durant ces siècles , la musique a créé la Suisse du sentiment, peut-être autant que l’ont
62 ittérature française, qui se distingue depuis des siècles de celle de l’usage quotidien ; mais il n’a pas, dans cet usage, la r
63 and théologien et le plus grand psychologue de ce siècle , jusqu’ici, soient deux Suisses : Karl Barth et C. G. Jung. En eux la
64 orthodoxie. Jamais voix plus autoritaire après un siècle de libéralisme, plus humaine et plus réaliste après un siècle de form
65 béralisme, plus humaine et plus réaliste après un siècle de formalisme puritain et sentimental, ne s’était élevée dans les Égl
66 philosophes de la Souabe. Vers le milieu de notre siècle , c’est encore à des historiens, et à des critiques romands, tels Gonz
67 et de l’américain. Pendant la première moitié du siècle , la Suisse bénéficiait encore des traditions plusieurs fois séculaire
68 s élites sociales, qui avaient fourni pendant des siècles presque tous les savants de nos cantons, se voient déjà réduites à pe
69 qu’on la voit requise en cette seconde moitié du siècle , impliquerait deux à trois fois plus d’étudiants, des professeurs bea
70 ible une nouvelle guerre du Sonderbund dans notre siècle . Cet apaisement, cette paix officielle traduisent-ils une compréhensi
71 protestants les plus influents des xixe et xxe siècles . Les uns et les autres s’accordent sur une définition de l’homme à la
72 ens du pays, l’État et la vie politique depuis un siècle n’ont cessé de se séculariser. Aux causes générales de ce phénomène,
73 ligieuse, et que le conflit religieux, depuis des siècles , par les prétextes qu’il offrait à l’intervention étrangère, constitu
12 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Quatrième partie. La Suisse, dans l’avenir européen
74 allégeance européenne, qui peut marquer la fin du siècle . Et ce faisant j’ai passé par-dessous la période des nationalismes et
75 là qui me paraît typique de ce pays : pendant des siècles , on croit s’en tenir à l’ancien, on accepte de retarder sur l’évoluti
76 videmment inadéquat aux exigences reconnues de ce siècle . Ultime tentative pour prolonger le statut des nations dites « souver
77 Plateau, de Genève à Romanshorn, avant la fin du siècle , quand la population aura doublé. Mais que la Suisse entre ou non dan
78 droit de vote mais « cuit à l’électricité », six siècles de fédéralisme, pédagogie universelle et mutuelle, terre de refuge (d
79 ’un très long processus historique, englobant des siècles d’histoire commune à tous nos peuples et les diversités que l’on sait
80 place que je leur ai donnée dans mes Vingt-huit siècles d’Europe (Paris, 1961) : Reynold est largement cité dans le premier
81 u moins mentionner. L’Europe dépendait depuis des siècles de l’Afrique, de l’Arabie, de l’Orient asiatique et des Amériques pou
82 enne qui va se prononcer dans le dernier tiers du siècle . 144. Seuls accessibles pour le moment. On pourrait aussi commencer
13 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Appendice. Bref historique de la légende de Tell
83 . Cette chronique date de 1470-1472. Près de deux siècles se sont donc écoulés depuis les hauts faits qu’elle rapporte, et qu’a
84 s ne remontent pas au xiiie mais aux xe et xie siècles . L’historien Helmut de Boor les a traduites et réunies en un volume i
85 s réformateurs Zwingli et Bullinger, au milieu du siècle , font l’éloge de Tell, « auteur des libertés confédérées ». Mais c’es
86 honnête homme. C’est Tschudi qui a fixé pour des siècles l’image classique d’une Confédération née de la révolte de Tell et de
87 iographie de son maître. Ce n’est toutefois qu’au siècle suivant qu’une école d’historiens plus rigoureuse et mieux formée à l
14 1970, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Préface 1970
88 ent européen, avec continuité et depuis plus d’un siècle . J’appelle heureux ce peuple — d’ailleurs non moins soucieux et aussi
89 s de la Révolution et du Premier Empire, après un siècle et demi de « services historiques » tels que la colonisation de l’Afr
90 ion constructive, peut-être la première depuis un siècle qui soit inspirée par une conception dynamique de la vie collective,