1
I. « Toute culture est création
de
diversité » J’aime beaucoup les anniversaires. Ils nous invitent à
2
ires. Ils nous invitent à déclarer des sentiments
d’
amitié trop souvent tacites, qui vont sans dire mais qui vont tellemen
3
Et ils invitent aussi à des retours sur le passé
de
ceux que l’on fête, à des prises de conscience renouvelées de ce qu’i
4
sur le passé de ceux que l’on fête, à des prises
de
conscience renouvelées de ce qu’ils ont été et de ce que l’on attend
5
l’on fête, à des prises de conscience renouvelées
de
ce qu’ils ont été et de ce que l’on attend d’eux. L’anniversaire qui
6
de conscience renouvelées de ce qu’ils ont été et
de
ce que l’on attend d’eux. L’anniversaire qui nous réunit aujourd’hui
7
ées de ce qu’ils ont été et de ce que l’on attend
d’
eux. L’anniversaire qui nous réunit aujourd’hui me touche d’autant plu
8
nniversaire qui nous réunit aujourd’hui me touche
d’
autant plus personnellement qu’il m’offre l’occasion — et l’honneur, a
9
on — et l’honneur, auquel je suis très sensible —
de
vous entretenir d’un sujet qui depuis bien des années m’a beaucoup oc
10
auquel je suis très sensible — de vous entretenir
d’
un sujet qui depuis bien des années m’a beaucoup occupé, dans tous les
11
es années m’a beaucoup occupé, dans tous les sens
de
l’expression, qui peut sembler par ses prolongements européens voire
12
uropéens voire mondiaux, m’avoir beaucoup éloigné
de
mes sources neuchâteloises, et qui au contraire m’y ramène, non seule
13
donc saisir cette heureuse occasion pour essayer
de
vous dire et de vous faire sentir comment je crois voir converger le
14
te heureuse occasion pour essayer de vous dire et
de
vous faire sentir comment je crois voir converger le rôle d’un instit
15
re sentir comment je crois voir converger le rôle
d’
un institut régional tel que celui que nous célébrons, et les efforts
16
tel que celui que nous célébrons, et les efforts
de
ceux qui ont entrepris d’élargir la formule fédéraliste aux dimension
17
lébrons, et les efforts de ceux qui ont entrepris
d’
élargir la formule fédéraliste aux dimensions de l’Europe entière. Nou
18
s d’élargir la formule fédéraliste aux dimensions
de
l’Europe entière. Nous vivons à l’heure de l’Europe, de son union sou
19
nsions de l’Europe entière. Nous vivons à l’heure
de
l’Europe, de son union souhaitée par tous et commencée par quelques-u
20
urope entière. Nous vivons à l’heure de l’Europe,
de
son union souhaitée par tous et commencée par quelques-uns. Mais beau
21
ques-uns. Mais beaucoup craignent que cette union
de
l’Europe ne soit acquise qu’au prix d’une uniformisation de nos cultu
22
ette union de l’Europe ne soit acquise qu’au prix
d’
une uniformisation de nos cultures diverses et de nos originalités rég
23
e ne soit acquise qu’au prix d’une uniformisation
de
nos cultures diverses et de nos originalités régionales ou locales. I
24
d’une uniformisation de nos cultures diverses et
de
nos originalités régionales ou locales. Ils redoutent, comme le profe
25
ns de recevoir — et je le cite — « la grande pâte
d’
une Europe une et indivisible, une Europe jacobine, saint-simonienne,
26
angoisse le professeur Röpke ne correspond à rien
de
réel en Europe. À supposer que le Marché commun ait jamais eu cette i
27
délibérée qu’on lui prête vraiment sans justice,
d’
« écraser toutes nos particularités spirituelles et morales », on ne v
28
larités spirituelles et morales », on ne voit pas
de
quels moyens il disposerait pour arriver à ces fins criminelles, qui
29
es, qui étaient plutôt si je ne me trompe, celles
d’
un Staline, ou d’un Hitler, avec lesquels rien n’autorise à confondre
30
lutôt si je ne me trompe, celles d’un Staline, ou
d’
un Hitler, avec lesquels rien n’autorise à confondre des hommes tels q
31
e à confondre des hommes tels que Robert Schuman,
De
Gasperi, Adenauer, ni même le général de Gaulle. Il me paraît tout à
32
é proposée par personne, par aucun des promoteurs
de
l’union de nos pays, mais encore n’aurait pas la moindre chance de se
33
par personne, par aucun des promoteurs de l’union
de
nos pays, mais encore n’aurait pas la moindre chance de se réaliser j
34
pays, mais encore n’aurait pas la moindre chance
de
se réaliser jamais sur l’initiative d’Européens sains d’esprit, et pa
35
dre chance de se réaliser jamais sur l’initiative
d’
Européens sains d’esprit, et par le libre consentement nos peuples. Éc
36
éaliser jamais sur l’initiative d’Européens sains
d’
esprit, et par le libre consentement nos peuples. Écartons ce fantôme
37
ons ce fantôme lugubre. Restent deux possibilités
de
réaliser notre union : l’une c’est l’Europe des États, l’autre c’est
38
st l’Europe fédérée. L’Europe des États (vrai nom
de
« l’Europe des patries »), ce serait pratiquement un système d’allian
39
des patries »), ce serait pratiquement un système
d’
alliances entre les grands pays qui se disent encore absolument souver
40
notoirement insuffisant pour assurer notre unité
d’
action à l’échelle mondiale, aboutirait au surplus a une Europe dominé
41
randes pour assurer encore la vitalité culturelle
de
leurs régions : ce sont elles que l’on peut accuser, à bon droit, d’a
42
ce sont elles que l’on peut accuser, à bon droit,
d’
avoir délibérément uniformisé les « particularités politiques, spiritu
43
s, unifiées et privées plus ou moins complètement
de
leurs anciennes autonomies. En revanche, la formule fédéraliste a pou
44
e fédéraliste a pour fin et pour règle principale
de
préserver les particularités, les autonomies politiques ou culturelle
45
tés, les autonomies politiques ou culturelles, et
de
les préserver par le moyen d’une union à la fois forte et limitée, j’
46
ou culturelles, et de les préserver par le moyen
d’
une union à la fois forte et limitée, j’entends : plus forte que la so
47
e et limitée, j’entends : plus forte que la somme
de
ses parties, mais strictement limitée par le contrat librement conclu
48
s membres. Ainsi la Suisse a préservé l’autonomie
de
ses vingt-deux cantons, qui étaient et sont encore, selon la Constitu
49
s pour créer une force commune, après des siècles
de
dissensions et de guerres civiles. Ils ont été sauvés par leur union,
50
orce commune, après des siècles de dissensions et
de
guerres civiles. Ils ont été sauvés par leur union, et non pas unifor
51
s États européens, qui se trouvent être au nombre
de
vingt-cinq, comme nos cantons et demi-cantons, cette forme d’union fé
52
q, comme nos cantons et demi-cantons, cette forme
d’
union fédérale, forte mais limitée, me paraît la seule praticable dans
53
fédéralisme, en Europe, me paraît liée à la cause
de
la culture. Car la culture européenne a dépendu pendant des siècles d
54
culture européenne a dépendu pendant des siècles
de
l’existence et de la vitalité d’un certain nombre de foyers locaux de
55
e a dépendu pendant des siècles de l’existence et
de
la vitalité d’un certain nombre de foyers locaux de création — qu’il
56
dant des siècles de l’existence et de la vitalité
d’
un certain nombre de foyers locaux de création — qu’il s’agisse de pet
57
l’existence et de la vitalité d’un certain nombre
de
foyers locaux de création — qu’il s’agisse de petites cités comme cel
58
la vitalité d’un certain nombre de foyers locaux
de
création — qu’il s’agisse de petites cités comme celles qui ont fait
59
bre de foyers locaux de création — qu’il s’agisse
de
petites cités comme celles qui ont fait la Renaissance, ou de villes
60
ités comme celles qui ont fait la Renaissance, ou
de
villes comme Paris, Vienne, Milan ou Göttingen, considérées en tant q
61
lan ou Göttingen, considérées en tant que centres
d’
art et de recherches scientifiques ; de régions comme l’Ombrie, les Fl
62
ttingen, considérées en tant que centres d’art et
de
recherches scientifiques ; de régions comme l’Ombrie, les Flandres, l
63
ue centres d’art et de recherches scientifiques ;
de
régions comme l’Ombrie, les Flandres, la Provence ; de très petits Ét
64
gions comme l’Ombrie, les Flandres, la Provence ;
de
très petits États comme Venise, ou Mantoue, Genève ou Weimar ; ou enc
65
onomes, comme elles l’étaient toutes aux origines
de
notre culture commune, Padoue, Bologne, la Sorbonne, Oxford, Coimbra
66
bra ou Cracovie. Or s’il est vrai que la vitalité
de
notre culture dépend de celle de ces foyers locaux de création, on ne
67
est vrai que la vitalité de notre culture dépend
de
celle de ces foyers locaux de création, on ne peut la maintenir aujou
68
que la vitalité de notre culture dépend de celle
de
ces foyers locaux de création, on ne peut la maintenir aujourd’hui qu
69
otre culture dépend de celle de ces foyers locaux
de
création, on ne peut la maintenir aujourd’hui qu’en mettant ces foyer
70
d’hui qu’en mettant ces foyers au double bénéfice
de
l’autonomie politique et de la liberté des échanges ; je voudrais dir
71
rs au double bénéfice de l’autonomie politique et
de
la liberté des échanges ; je voudrais dire : en rendant ces foyers «
72
rs « immédiats à l’Europe »: donc en les libérant
de
l’emprise de l’État national. C’est cela précisément que revendiquent
73
s à l’Europe »: donc en les libérant de l’emprise
de
l’État national. C’est cela précisément que revendiquent les fédérali
74
isée souffre au xxe siècle du double désavantage
d’
être à la fois trop petite et trop grande, la formule fédérale offrira
75
vers pays, dans l’Europe unie, le double avantage
de
participer à un grand ensemble tout en conservant les bénéfices socia
76
ront immédiatement revalorisées ; et alors le jeu
de
leurs échanges et de leurs affinités réciproques pourra de nouveau s’
77
valorisées ; et alors le jeu de leurs échanges et
de
leurs affinités réciproques pourra de nouveau s’exercer librement san
78
France une tendance très marquée vers la création
de
« métropoles régionales », prenant pour foyer une grande ville ou un
79
mme Aix-Marseille-Étang de Berre), et s’efforçant
de
retrouver une autonomie à la fois économique, administrative et cultu
80
vu, au cours des quinze dernières années, le Val
d’
Aoste, la Sardaigne et la Sicile obtenir des statuts d’autonomie parti
81
te, la Sardaigne et la Sicile obtenir des statuts
d’
autonomie partielle. Ceci me paraît important du point de vue de la cu
82
rtielle. Ceci me paraît important du point de vue
de
la culture en Europe. Car toute culture est création de diversité, de
83
culture en Europe. Car toute culture est création
de
diversité, de différences de niveau, toute culture est lutte permanen
84
ope. Car toute culture est création de diversité,
de
différences de niveau, toute culture est lutte permanente contre ce q
85
culture est création de diversité, de différences
de
niveau, toute culture est lutte permanente contre ce que les physicie
86
e contre ce que les physiciens ont baptisé la loi
de
l’entropie, loi de l’égalisation croissante des différences de potent
87
physiciens ont baptisé la loi de l’entropie, loi
de
l’égalisation croissante des différences de potentiel, de la dégradat
88
, loi de l’égalisation croissante des différences
de
potentiel, de la dégradation croissante et irréversible des énergies
89
lisation croissante des différences de potentiel,
de
la dégradation croissante et irréversible des énergies les plus haute
90
en simple chaleur, qui est la forme la plus basse
de
l’énergie, et qui entraîne ainsi le cosmos tout entier vers « la mort
91
tout entier vers « la mort tiède », vers un état
d’
indifférence générale annonciateur de la fin. Toute culture digne de c
92
vers un état d’indifférence générale annonciateur
de
la fin. Toute culture digne de ce nom est une victoire sur l’entropie
93
érale annonciateur de la fin. Toute culture digne
de
ce nom est une victoire sur l’entropie, sur l’uniformité des goûts et
94
ure consiste à maintenir ou à recréer des centres
d’
énergie plus élevée que la moyenne, plus éclairante, plus rayonnante.
95
nos mœurs et coutumes ont reçu un puissant appui
de
la technique. Si vous songez que dans nos grands pays — et pas seulem
96
rique — chaque soir, dix millions, vingt millions
d’
hommes, de femmes et d’enfants subissent à la même heure le même spect
97
aque soir, dix millions, vingt millions d’hommes,
de
femmes et d’enfants subissent à la même heure le même spectacle, les
98
x millions, vingt millions d’hommes, de femmes et
d’
enfants subissent à la même heure le même spectacle, les mêmes émotion
99
multanéité sans précédent des émotions provoquées
de
l’extérieur vous donnera une petite idée des forces de malaxage moral
100
extérieur vous donnera une petite idée des forces
de
malaxage moral et affectif qui sont à l’œuvre dans notre société occi
101
es moyens que la technique moderne met au service
de
la culture des masses : TV, radio et cinéma, voyages à bon marché, li
102
TV, radio et cinéma, voyages à bon marché, livres
de
poche vendus par millions ; je m’en réjouis, bien au contraire, pour
103
’en réjouis, bien au contraire, pour les millions
de
jeunes gens qui trouvent ainsi l’occasion d’accéder à la culture. Mai
104
ions de jeunes gens qui trouvent ainsi l’occasion
d’
accéder à la culture. Mais d’autre part, je ne puis pas oublier qu’il
105
je ne puis pas oublier qu’il s’agit là seulement
de
moyens de diffusion, répandant au hasard les produits culturels les p
106
s pas oublier qu’il s’agit là seulement de moyens
de
diffusion, répandant au hasard les produits culturels les plus hétéro
107
uits culturels les plus hétéroclites — et non pas
de
culture graduellement enseignée et assimilée, moins encore de culture
108
raduellement enseignée et assimilée, moins encore
de
culture créatrice. Cette culture de masse peut devenir un danger dans
109
moins encore de culture créatrice. Cette culture
de
masse peut devenir un danger dans la mesure où elle habituera des cen
110
er dans la mesure où elle habituera des centaines
de
millions d’Européens à gober passivement les mêmes nourritures, sans
111
esure où elle habituera des centaines de millions
d’
Européens à gober passivement les mêmes nourritures, sans rapports (ou
112
indifférenciée, uniformisante, il me paraît vital
d’
opposer une demande toujours plus exigeante et sélective, toujours plu
113
ixe siècle, et que la propagande dans les années
de
triomphes totalitaires : elle joue le même rôle que l’État français i
114
le joue le même rôle que l’État français imposant
de
Paris les mêmes slogans nationalistes à toutes les provinces, voire a
115
u’a produit ce système : le titre du livre fameux
d’
un sociologue contemporain, J.-F. Gravier, le résume d’une manière fra
116
sociologue contemporain, J.-F. Gravier, le résume
d’
une manière frappante : Paris et le désert français. Les régions, jadi
117
s créatrices, sont devenues la province, synonyme
de
l’ennui et de la médiocrité sans espoir. Il faut donc, plus que jamai
118
sont devenues la province, synonyme de l’ennui et
de
la médiocrité sans espoir. Il faut donc, plus que jamais, ranimer les
119
Il faut donc, plus que jamais, ranimer les foyers
de
la culture régionale et locale. Il faut que chaque cité vivante redev
120
e cité vivante redevienne comme jadis la capitale
d’
une région bien typique, bien intégrée — peu importe ses dimensions, o
121
u mieux vaut qu’elles ne soient pas trop vastes —
d’
une région qui possède, comme le dit Valéry dans un beau vers : « Cett
122
r, et devant les promesses mais aussi les dangers
de
la culture de masse, il importe plus que jamais de maintenir ou de cr
123
es promesses mais aussi les dangers de la culture
de
masse, il importe plus que jamais de maintenir ou de créer des foyers
124
e la culture de masse, il importe plus que jamais
de
maintenir ou de créer des foyers régionaux de culture vécue, assimilé
125
masse, il importe plus que jamais de maintenir ou
de
créer des foyers régionaux de culture vécue, assimilée par une commun
126
ais de maintenir ou de créer des foyers régionaux
de
culture vécue, assimilée par une communauté bien liée et consciente d
127
imilée par une communauté bien liée et consciente
de
ses valeurs. C’est dire le rôle vital qui incombe aujourd’hui à des i
128
nos divers pays, courent un risque majeur : celui
de
se refermer sur eux-mêmes, d’adopter une attitude défensive et craint
129
sque majeur : celui de se refermer sur eux-mêmes,
d’
adopter une attitude défensive et craintive, voire réactionnaire, de l
130
tude défensive et craintive, voire réactionnaire,
de
livrer un combat d’arrière-garde contre le siècle — et cela, au nom d
131
aintive, voire réactionnaire, de livrer un combat
d’
arrière-garde contre le siècle — et cela, au nom de certaines devises
132
prenant trop à la lettre, on en fait les devises
d’
une certaine facilité ou paresse d’esprit, d’un certain conservatisme
133
it les devises d’une certaine facilité ou paresse
d’
esprit, d’un certain conservatisme qui risque bien de ne rien conserve
134
ises d’une certaine facilité ou paresse d’esprit,
d’
un certain conservatisme qui risque bien de ne rien conserver de valab
135
sprit, d’un certain conservatisme qui risque bien
de
ne rien conserver de valable. Il me paraît utile, pour nous tous — ca
136
onservatisme qui risque bien de ne rien conserver
de
valable. Il me paraît utile, pour nous tous — car nous sommes tous fé
137
je pense, tout au moins à l’échelle du canton et
de
la Suisse — de rester bien conscients de cette tentation permanente d
138
au moins à l’échelle du canton et de la Suisse —
de
rester bien conscients de cette tentation permanente du régionalisme
139
anton et de la Suisse — de rester bien conscients
de
cette tentation permanente du régionalisme contre laquelle, je m’empr
140
te du régionalisme contre laquelle, je m’empresse
de
le dire, l’Institut neuchâtelois me paraît avoir fort bien résisté, d
141
sté, dès ses débuts. Prenons d’abord l’expression
de
l’enracinement local, des racines que tout individu serait censé plon
142
l incolore ou subversif, dévirilisé, pauvre jouet
de
toutes les idéologies. C’est Maurice Barrès, comme on sait, qui a fa
143
rice Barrès, comme on sait, qui a fait la fortune
de
ce terme. Barrès écrivait en un temps où les nationalismes se faisaie
144
le commençait à manifester son pouvoir inquiétant
de
transformer les paysans attachés à la glèbe en ouvriers citadins et n
145
a glèbe en ouvriers citadins et nomades, déplacés
d’
une usine ou d’une ville à l’autre par la loi de l’offre et de la dema
146
iers citadins et nomades, déplacés d’une usine ou
d’
une ville à l’autre par la loi de l’offre et de la demande. Toute une
147
s d’une usine ou d’une ville à l’autre par la loi
de
l’offre et de la demande. Toute une littérature s’est développée auto
148
ou d’une ville à l’autre par la loi de l’offre et
de
la demande. Toute une littérature s’est développée autour de cette no
149
ttérature s’est développée autour de cette notion
de
racines, d’enracinement, et contre les « déracinés », titre du plus f
150
est développée autour de cette notion de racines,
d’
enracinement, et contre les « déracinés », titre du plus fameux roman
151
tre les « déracinés », titre du plus fameux roman
de
Barrès. Je reviendrai sur ce qu’il y a de vrai dans cette image. Pour
152
x roman de Barrès. Je reviendrai sur ce qu’il y a
de
vrai dans cette image. Pour l’instant, je voudrais signaler ses dange
153
vrai que la culture au sens actuel dérive son nom
de
l’agriculture, c’est-à-dire de la culture des produits de la terre, i
154
uel dérive son nom de l’agriculture, c’est-à-dire
de
la culture des produits de la terre, il n’en est pas moins vrai que s
155
iculture, c’est-à-dire de la culture des produits
de
la terre, il n’en est pas moins vrai que son progrès consiste à dépas
156
e son progrès consiste à dépasser ce stade humain
de
la fixation d’un clan dans une clairière, conquête de l’âge néolithiq
157
onsiste à dépasser ce stade humain de la fixation
d’
un clan dans une clairière, conquête de l’âge néolithique. Un excellen
158
a fixation d’un clan dans une clairière, conquête
de
l’âge néolithique. Un excellent essayiste contemporain, le Roumain de
159
. Un excellent essayiste contemporain, le Roumain
de
Paris Cioran, prétend que les voies de la civilisation conduisent les
160
le Roumain de Paris Cioran, prétend que les voies
de
la civilisation conduisent les Européens « de l’agriculture au parado
161
ies de la civilisation conduisent les Européens «
de
l’agriculture au paradoxe ». Sans aller jusqu’au paradoxe, je crois q
162
er jusqu’au paradoxe, je crois qu’il est loisible
d’
affirmer que nous ne tenons pas nos valeurs culturelles de la terre, d
163
er que nous ne tenons pas nos valeurs culturelles
de
la terre, du terroir natal, mais plutôt de la circulation d’idées, vo
164
relles de la terre, du terroir natal, mais plutôt
de
la circulation d’idées, voire de modes nées dans des esprits ou dans
165
, du terroir natal, mais plutôt de la circulation
d’
idées, voire de modes nées dans des esprits ou dans des cours « étrang
166
tal, mais plutôt de la circulation d’idées, voire
de
modes nées dans des esprits ou dans des cours « étrangers », le plus
167
angers », le plus souvent très loin de notre lieu
de
naissance. Le christianisme par exemple, ou l’humanisme, ou les scien
168
humanisme, ou les sciences, ou les styles majeurs
de
nos arts, ne sont pas des produits tirés de notre sol par le moyen de
169
jeurs de nos arts, ne sont pas des produits tirés
de
notre sol par le moyen de racines imaginaires ou symboliques. Ils nou
170
pas des produits tirés de notre sol par le moyen
de
racines imaginaires ou symboliques. Ils nous sont venus de loin, port
171
boliques. Ils nous sont venus de loin, portés par
de
grands vents qui ont fait le tour du continent, et parfois de la terr
172
nts qui ont fait le tour du continent, et parfois
de
la terre entière. L’homme est un animal, et non pas un légume ! Il es
173
oyageur sur la terre », qui est à la fois le lieu
de
son exil et sa patrie partout où il ira, comme disait le pape Urbain
174
oisade. Et d’ailleurs, même si l’on admet l’image
de
l’enracinement, en tant qu’image, on fera bien de ne jamais oublier q
175
de l’enracinement, en tant qu’image, on fera bien
de
ne jamais oublier que le légume qui a la plus grosse racine, qui est
176
t comme des graines ailées, voyageant sur la face
de
la terre. Et certes il faut qu’une graine se pose quelque part pour y
177
es idées, des concepts, des valeurs, des procédés
de
l’art, germer et fleurir subitement dans les petites cités républicai
178
t dans les petites cités républicaines ou ducales
de
l’Italie du xve siècle, et donner lieu à la Renaissance. Idées nomad
179
ades, trouvant leur lieu privilégié au croisement
de
divers courants, dans un milieu qui les attend, qui les accueille. Se
180
qui les accueille. Serait-ce à cause de la nature
de
son sol et de son terroir ? Non, c’est à cause d’une certaine soif la
181
lle. Serait-ce à cause de la nature de son sol et
de
son terroir ? Non, c’est à cause d’une certaine soif latente, d’une c
182
de son sol et de son terroir ? Non, c’est à cause
d’
une certaine soif latente, d’une certaine clientèle en puissance, et d
183
? Non, c’est à cause d’une certaine soif latente,
d’
une certaine clientèle en puissance, et d’une attitude collective créé
184
atente, d’une certaine clientèle en puissance, et
d’
une attitude collective créée peut-être par un prince ou par des maîtr
185
ions. On évoquera ici le génie du lieu. La région
de
Sienne, dira-t-on, est un paysage qui porte à peindre. Mais si l’une
186
e qui porte à peindre. Mais si l’une des couleurs
de
la palette porte en effet le nom de terre de Sienne, c’est bien moins
187
des couleurs de la palette porte en effet le nom
de
terre de Sienne, c’est bien moins à la terre du pays qu’elle le doit
188
eurs de la palette porte en effet le nom de terre
de
Sienne, c’est bien moins à la terre du pays qu’elle le doit — on trou
189
lustré cette petite ville, et qui ne sont pas nés
d’
un paysage, mais de la rencontre de maîtres errants, d’influences byza
190
ville, et qui ne sont pas nés d’un paysage, mais
de
la rencontre de maîtres errants, d’influences byzantines orientales,
191
e sont pas nés d’un paysage, mais de la rencontre
de
maîtres errants, d’influences byzantines orientales, et d’une ville a
192
paysage, mais de la rencontre de maîtres errants,
d’
influences byzantines orientales, et d’une ville aristocratique, puis
193
s errants, d’influences byzantines orientales, et
d’
une ville aristocratique, puis commerçante, qui passait des commandes
194
s commandes et qui exigeait beaucoup. Les maîtres
de
l’école de Sienne, de Duccio aux Lorenzetti en passant par Simone Mar
195
et qui exigeait beaucoup. Les maîtres de l’école
de
Sienne, de Duccio aux Lorenzetti en passant par Simone Martini, n’ont
196
geait beaucoup. Les maîtres de l’école de Sienne,
de
Duccio aux Lorenzetti en passant par Simone Martini, n’ont jamais pen
197
ion européenne, puis mondiale, des grandes écoles
d’
architecture, de peinture, de musique et de littérature, du style roma
198
puis mondiale, des grandes écoles d’architecture,
de
peinture, de musique et de littérature, du style roman au baroque, et
199
, des grandes écoles d’architecture, de peinture,
de
musique et de littérature, du style roman au baroque, et de là aux ab
200
écoles d’architecture, de peinture, de musique et
de
littérature, du style roman au baroque, et de là aux abstraits, rédui
201
et de littérature, du style roman au baroque, et
de
là aux abstraits, réduit à fort peu de choses ou presque à rien le rô
202
la création artistique. Et si l’on me cite le cas
d’
Aix-en-Provence, qui a la réputation d’offrir aux peintres un « génie
203
ite le cas d’Aix-en-Provence, qui a la réputation
d’
offrir aux peintres un « génie du lieu » favorable, j’observerai qu’Ai
204
pendant que les nombreux peintres qui vivent près
d’
Aix de nos jours y sont attirés par le souvenir de Cézanne, et par le
205
t que les nombreux peintres qui vivent près d’Aix
de
nos jours y sont attirés par le souvenir de Cézanne, et par le climat
206
d’Aix de nos jours y sont attirés par le souvenir
de
Cézanne, et par le climat. Et puis, la peinture hollandaise doit plus
207
t aux dissidents calvinistes, dans le cas typique
de
Rembrandt. Ce n’est pas dans la terre, dans les racines, ni dans les
208
raphiques, qu’il faut chercher les justifications
d’
une culture régionale, ni même ses véritables origines. Des analyses d
209
le, ni même ses véritables origines. Des analyses
de
ce type, faciles à multiplier, auraient vite fait de nous montrer que
210
ce type, faciles à multiplier, auraient vite fait
de
nous montrer que les foyers d’art et de pensée qui ont illustré notre
211
auraient vite fait de nous montrer que les foyers
d’
art et de pensée qui ont illustré notre culture européenne sont tous n
212
vite fait de nous montrer que les foyers d’art et
de
pensée qui ont illustré notre culture européenne sont tous nés aux po
213
notre culture européenne sont tous nés aux points
d’
intersection de grands courants européens et de conditions locales, d’
214
uropéenne sont tous nés aux points d’intersection
de
grands courants européens et de conditions locales, d’ordre social, c
215
ts d’intersection de grands courants européens et
de
conditions locales, d’ordre social, créées et entretenues par certain
216
ands courants européens et de conditions locales,
d’
ordre social, créées et entretenues par certains groupes humains. Le c
217
monde. Or ce sont bel et bien ces grands courants
d’
idées qui ont nourri la vie culturelle de nos régions, dans la mesure
218
courants d’idées qui ont nourri la vie culturelle
de
nos régions, dans la mesure où ces régions ont su fixer ces courants
219
ines époques. Qu’en est-il, dans ces conditions,
de
l’expression devenue courante : Rester soi-même ? La question qui se
220
qu’elle est difficile à résoudre : à quel moment
de
l’histoire serions-nous devenus « nous-mêmes » une fois pour toutes ?
221
tes. Alors, où faut-il s’arrêter avec l’intention
de
nous y tenir ? Aux nobles troubadours de Grandson et de Neuchâtel ? À
222
ntention de nous y tenir ? Aux nobles troubadours
de
Grandson et de Neuchâtel ? À Guillaume Tell, qui est très probablemen
223
s y tenir ? Aux nobles troubadours de Grandson et
de
Neuchâtel ? À Guillaume Tell, qui est très probablement un personnage
224
un personnage mythique, et qui n’est sûrement pas
de
nos ancêtres ? À la chronique apocryphe dite des Chanoines ? Au grand
225
erwald, qu’on ne lit plus, merveilleux traducteur
de
la Bible, et que Newton qualifiait de vir omnium christianissimus, ho
226
traducteur de la Bible, et que Newton qualifiait
de
vir omnium christianissimus, homme le plus chrétien de tous ? À Léopo
227
r omnium christianissimus, homme le plus chrétien
de
tous ? À Léopold Robert ? À Alexis-Marie Piaget ? À Philippe Godet ?
228
dans la vie et pour son œuvre avec la seule idée
de
« rester soi-même »… ne deviendrait rien, en principe. Car à partir d
229
s ? 25 ans ? 60 ans ? On loue parfois un écrivain
de
rester fidèle à sa ligne : encore faut-il qu’à un certain moment il s
230
rs suffisant ? N’a-t-il pas le droit et le devoir
d’
aller plus loin ? Et de corriger ses erreurs, d’intégrer d’autres véri
231
pas le droit et le devoir d’aller plus loin ? Et
de
corriger ses erreurs, d’intégrer d’autres vérités, de mûrir, de deven
232
r d’aller plus loin ? Et de corriger ses erreurs,
d’
intégrer d’autres vérités, de mûrir, de devenir chaque jour, un peu mo
233
orriger ses erreurs, d’intégrer d’autres vérités,
de
mûrir, de devenir chaque jour, un peu moins mal, ce qu’il peut être ?
234
s erreurs, d’intégrer d’autres vérités, de mûrir,
de
devenir chaque jour, un peu moins mal, ce qu’il peut être ? S’il ne b
235
l se répète, qu’il est « fini ». Ainsi en va-t-il
d’
une culture — nationale, régionale, cantonale ou locale. Des hommes en
236
aractères spécifiques, sans même courir le risque
de
les renouveler, on réduit rapidement la culture au folklore, l’Écosse
237
— c’est refuser son geste créateur. Le vrai moyen
de
lui rester fidèle, c’est de la prolonger et non de la singer. Elle a
238
éateur. Le vrai moyen de lui rester fidèle, c’est
de
la prolonger et non de la singer. Elle a été créée ? Il faut créer pl
239
e lui rester fidèle, c’est de la prolonger et non
de
la singer. Elle a été créée ? Il faut créer plus loin. La vraie quest
240
loin. La vraie question qui se pose aux créateurs
de
la culture et de ses moyens, ce n’est donc pas de rester nous-mêmes,
241
estion qui se pose aux créateurs de la culture et
de
ses moyens, ce n’est donc pas de rester nous-mêmes, mais bien de deve
242
de la culture et de ses moyens, ce n’est donc pas
de
rester nous-mêmes, mais bien de devenir nous-mêmes, selon la grande f
243
ce n’est donc pas de rester nous-mêmes, mais bien
de
devenir nous-mêmes, selon la grande formule d’origine grecque, et si
244
en de devenir nous-mêmes, selon la grande formule
d’
origine grecque, et si goethéenne, de Nietzsche : Werde, was du bist !
245
ande formule d’origine grecque, et si goethéenne,
de
Nietzsche : Werde, was du bist ! Deviens ce que tu es. Avec quoi nous
246
-mêmes ! Et à l’image des racines, j’oppose celle
de
l’implantation, qui est une action délibérée de l’homme, et non pas u
247
e de l’implantation, qui est une action délibérée
de
l’homme, et non pas un destin subi. On peut s’implanter n’importe où,
248
faut-il s’implanter quelque part, dans le concert
d’
une communauté, d’abord très limitée, puis élargie à des allégeances m
249
ultiples. C’est ainsi que pour devenir un citoyen
de
la Confédération, il faut d’abord devenir un citoyen d’une commune et
250
Confédération, il faut d’abord devenir un citoyen
d’
une commune et c’est un trait fondamental de notre État fédéraliste. É
251
toyen d’une commune et c’est un trait fondamental
de
notre État fédéraliste. Étant citoyen d’une commune après une bonne d
252
damental de notre État fédéraliste. Étant citoyen
d’
une commune après une bonne douzaine d’années de séjour on l’est du mê
253
nt citoyen d’une commune après une bonne douzaine
d’
années de séjour on l’est du même coup d’un canton, c’est-à-dire d’un
254
n d’une commune après une bonne douzaine d’années
de
séjour on l’est du même coup d’un canton, c’est-à-dire d’un État souv
255
douzaine d’années de séjour on l’est du même coup
d’
un canton, c’est-à-dire d’un État souverain, membre de la Confédératio
256
r on l’est du même coup d’un canton, c’est-à-dire
d’
un État souverain, membre de la Confédération. Alors seulement, on reç
257
canton, c’est-à-dire d’un État souverain, membre
de
la Confédération. Alors seulement, on reçoit un passeport suisse. Sur
258
ement, on reçoit un passeport suisse. Sur le plan
de
la culture, cet exemple précis me paraît plein d’enseignement. Celui
259
de la culture, cet exemple précis me paraît plein
d’
enseignement. Celui qui veut participer de la culture européenne doit
260
t plein d’enseignement. Celui qui veut participer
de
la culture européenne doit s’intégrer d’abord à une communauté, qui a
261
mis cette culture et qui lui donne ses conditions
de
réalité, de création, de signification. Le but final de la culture es
262
lture et qui lui donne ses conditions de réalité,
de
création, de signification. Le but final de la culture est, en effet,
263
lui donne ses conditions de réalité, de création,
de
signification. Le but final de la culture est, en effet, de donner un
264
lité, de création, de signification. Le but final
de
la culture est, en effet, de donner un sens à la vie, plus de sens à
265
cation. Le but final de la culture est, en effet,
de
donner un sens à la vie, plus de sens à la vie de plus d’hommes, et d
266
e est, en effet, de donner un sens à la vie, plus
de
sens à la vie de plus d’hommes, et d’abord de chacun de nous, et ce s
267
r un sens à la vie, plus de sens à la vie de plus
d’
hommes, et d’abord de chacun de nous, et ce sens ne peut être abstrait
268
lus de sens à la vie de plus d’hommes, et d’abord
de
chacun de nous, et ce sens ne peut être abstrait. De même que l’on ne
269
s à la vie de plus d’hommes, et d’abord de chacun
de
nous, et ce sens ne peut être abstrait. De même que l’on ne peut deve
270
un Suisse en général, mais seulement si l’on est
d’
une commune, de même on ne saurait être un bon Européen, un bon partic
271
saurait être un bon Européen, un bon participant
de
cette unité grandiose dans la richesse de ses diversités qu’est la cu
272
icipant de cette unité grandiose dans la richesse
de
ses diversités qu’est la culture européenne, si l’on n’est pas d’abor
273
la culture européenne, si l’on n’est pas d’abord
de
quelque part. Tout de même qu’il faut produire quelque chose de concr
274
t. Tout de même qu’il faut produire quelque chose
de
concret, de vendable et de bien défini si l’on veut tenir sa place su
275
ême qu’il faut produire quelque chose de concret,
de
vendable et de bien défini si l’on veut tenir sa place sur le marché.
276
produire quelque chose de concret, de vendable et
de
bien défini si l’on veut tenir sa place sur le marché. Tout de même q
277
veut devenir une personne et pas un simple numéro
d’
état civil, interchangeable. C’est au sein de la personne, au plus int
278
ble. C’est au sein de la personne, au plus intime
de
l’être de chaque individu qu’inquiète une vocation — il l’entrevoit,
279
au sein de la personne, au plus intime de l’être
de
chaque individu qu’inquiète une vocation — il l’entrevoit, il la rech
280
u l’invente comme à tâtons — c’est au plus secret
de
chacun que se noue l’acte créateur, que se dévoile peu à peu le sens
281
l’acte créateur, que se dévoile peu à peu le sens
d’
une vie, et que l’on touche par instants l’universel. C’est le particu
282
conversation avec Ramuz sur les mérites comparés
de
la concentration sur un seul lieu, et de la circulation mondiale des
283
comparés de la concentration sur un seul lieu, et
de
la circulation mondiale des influences, je lui ai cité une phrase de
284
ondiale des influences, je lui ai cité une phrase
de
Spinoza qui a scellé notre accord profond — et je la trouve, non sans
285
on, reproduite dans ses Cahiers. C’est une phrase
de
l’Éthique — une des grandes phrases qui définissent le génie occident
286
s phrases qui définissent le génie occidental : «
D’
autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant plus n
287
t plus nous connaissons les choses particulières,
d’
autant plus nous connaissons Dieu. » Avec cela, je pourrais dire que t
288
u le ton, rapprochons-nous des humbles conditions
de
notre action, mais sans perdre de vue ses fins dernières. L’originali
289
bles conditions de notre action, mais sans perdre
de
vue ses fins dernières. L’originalité d’une existence culturelle loca
290
s perdre de vue ses fins dernières. L’originalité
d’
une existence culturelle locale n’est pas un but en soi, et ne saurait
291
tre une préoccupation première. On ne peut exiger
de
chaque petite cité des œuvres comparables à celles des plus grandes —
292
Barcelone, Oxford, Leyde ou Prague. L’originalité
d’
une culture ne vient pas seulement des grandes œuvres, celles qui font
293
plus encore à la densité culturelle, aux facultés
d’
accueil et de curiosité et d’assimilation d’une communauté. Avant les
294
la densité culturelle, aux facultés d’accueil et
de
curiosité et d’assimilation d’une communauté. Avant les œuvres qui se
295
urelle, aux facultés d’accueil et de curiosité et
d’
assimilation d’une communauté. Avant les œuvres qui se vendent, ce qui
296
ultés d’accueil et de curiosité et d’assimilation
d’
une communauté. Avant les œuvres qui se vendent, ce qui importe, c’est
297
les œuvres qui se vendent, ce qui importe, c’est
de
communiquer aux hommes d’une cité, d’une région, d’une vallée, d’un c
298
, ce qui importe, c’est de communiquer aux hommes
d’
une cité, d’une région, d’une vallée, d’un canton, un certain sens de
299
orte, c’est de communiquer aux hommes d’une cité,
d’
une région, d’une vallée, d’un canton, un certain sens de la vie. Plus
300
communiquer aux hommes d’une cité, d’une région,
d’
une vallée, d’un canton, un certain sens de la vie. Plus de sens pour
301
ux hommes d’une cité, d’une région, d’une vallée,
d’
un canton, un certain sens de la vie. Plus de sens pour un plus grand
302
égion, d’une vallée, d’un canton, un certain sens
de
la vie. Plus de sens pour un plus grand nombre, qu’il s’agit d’intégr
303
lée, d’un canton, un certain sens de la vie. Plus
de
sens pour un plus grand nombre, qu’il s’agit d’intégrer dans un group
304
s de sens pour un plus grand nombre, qu’il s’agit
d’
intégrer dans un groupe en croissance, de faire participer à l’esprit
305
l s’agit d’intégrer dans un groupe en croissance,
de
faire participer à l’esprit de ce groupe, de naturaliser culturelleme
306
upe en croissance, de faire participer à l’esprit
de
ce groupe, de naturaliser culturellement. Et Neuchâtel, comme toute l
307
nce, de faire participer à l’esprit de ce groupe,
de
naturaliser culturellement. Et Neuchâtel, comme toute la Suisse, vous
308
que nos cités suisses se distinguent si nettement
de
tant de villes ayant un nombre comparable d’habitants, dans l’un ou l
309
ment de tant de villes ayant un nombre comparable
d’
habitants, dans l’un ou l’autre des pays qui nous entourent. Nous avon
310
cela, nous possédons cette densité exceptionnelle
de
lecteurs, de chercheurs, d’inquiets, d’originaux, d’individus entrepr
311
ssédons cette densité exceptionnelle de lecteurs,
de
chercheurs, d’inquiets, d’originaux, d’individus entreprenants en tou
312
ensité exceptionnelle de lecteurs, de chercheurs,
d’
inquiets, d’originaux, d’individus entreprenants en tous domaines, et
313
tionnelle de lecteurs, de chercheurs, d’inquiets,
d’
originaux, d’individus entreprenants en tous domaines, et souvent à to
314
lecteurs, de chercheurs, d’inquiets, d’originaux,
d’
individus entreprenants en tous domaines, et souvent à tous risques, f
315
us risques, fût-ce au risque majeur qui est celui
d’
être désintéressé. Ce sont les conditions de base d’une vraie culture.
316
celui d’être désintéressé. Ce sont les conditions
de
base d’une vraie culture. Que faut-il pour les réaliser ? Il faut des
317
être désintéressé. Ce sont les conditions de base
d’
une vraie culture. Que faut-il pour les réaliser ? Il faut des maîtres
318
res comme ceux dont j’ai pu suivre à l’Université
de
Neuchâtel l’enseignement direct (car nous étions très peu nombreux) :
319
elle pléiade, assurément ! Il faut savoir attirer
de
tels maîtres, et les retenir ! Il faut pour cela un milieu qui répond
320
nce aux innovations, voire aux excès, aux erreurs
de
ceux qui créent et qui ne se contentent pas de protester, ou de décla
321
rs de ceux qui créent et qui ne se contentent pas
de
protester, ou de déclarer qu’ils se libèrent… d’on ne sait quoi. Il f
322
éent et qui ne se contentent pas de protester, ou
de
déclarer qu’ils se libèrent… d’on ne sait quoi. Il faut enfin, pour l
323
de protester, ou de déclarer qu’ils se libèrent…
d’
on ne sait quoi. Il faut enfin, pour les artistes, des commandes. Je c
324
es, des commandes. Je crois à la valeur créatrice
de
la commande très précise, j’en ai fait l’expérience et je la dois mêm
325
xpérience et je la dois même au premier président
de
cet Institut, le professeur et colonel Claude DuPasquier. Il n’a pas
326
pectacle neuchâtelois pour l’Exposition nationale
de
1939, celle qui fut interrompue par la guerre. Mon ami Arthur Honegge
327
ur ma demande, en écrivit la musique et le succès
de
la pièce lui appartient. Mais votre président avait pris un grand ris
328
otre président avait pris un grand risque : celui
de
créer, sans aucune garantie, une occasion de création. Point de vie c
329
elui de créer, sans aucune garantie, une occasion
de
création. Point de vie culturelle sans risque assumé : c’est la leçon
330
aucune garantie, une occasion de création. Point
de
vie culturelle sans risque assumé : c’est la leçon que je retiens de
331
ans risque assumé : c’est la leçon que je retiens
de
ces débuts de l’Institut. On peut bâtir ou agrandir une ville qui, s
332
umé : c’est la leçon que je retiens de ces débuts
de
l’Institut. On peut bâtir ou agrandir une ville qui, selon les meill
333
les meilleurs calculs, « rapportera », au mépris
de
la beauté. Mais la ville qui aura gagné en fin de compte, comme les p
334
a gagné en fin de compte, comme les petites cités
de
la Renaissance, c’est la ville qui aura su se rendre bien plus et bie