1 1970, Lettre ouverte aux Européens. Lettre ouverte
1 jeunes se cherchent et se trouvent par-dessus les frontières , en France, en Suisse, en Grande-Bretagne et en Belgique, mais aussi
2 ement des forces vives de la culture, au-delà des frontières et des nationalismes. Tout est parti de La Haye, je le répète : car,
3 L’idée d’union en général, la désacralisation des frontières , la conscience d’une communauté de destin continentale ont progressé
4 ige des études et des plans qui se moquent de nos frontières , comme l’ont fait de tout temps les vents et les oiseaux, comme le fo
2 1970, Lettre ouverte aux Européens. I. L’unité de culture
5 e » ? Et la Turquie d’Asie ? Il est clair que les frontières de l’Europe n’ont cessé de varier au cours des siècles, surtout à l’E
6 ur longtemps : voir aujourd’hui le rideau de fer, frontière aussi peu « naturelle » que possible et qui ne traduit qu’un certain
7 e des forces militaires et idéologiques. Mais les frontières de toutes nos nations n’ont cessé de varier, elles aussi, dans une me
8 on objet. Tant que nous restons nez à nez sur nos frontières multipliées dans tous les ordres, nous ne voyons que des différences.
9 a pu suffire à caractériser un seul État dans ses frontières politiques, ni une seule de ces « personnalités nationales » (en réal
10 tes dans toute l’Europe sans nul respect pour les frontières étatiques ; – et enfin qu’il n’y a pas de cultures nationales. 12.
11 cinement dans le sol « sacré » que délimitent les frontières actuelles de leur État, ils oublient que l’homme n’est pas un légume,
12 glorieuse indifférence une bonne douzaine de nos frontières actuelles. Elles relient des cités, des foyers de création, des maîtr
13 euse ou intelligible dans le champ limité par les frontières d’une seule de nos nations actuelles. Il n’y a pas plus de « peinture
14 es esprits du passé et du présent, par-dessus les frontières  ; chacune est prise dans le contexte d’une réflexion européenne (cont
3 1970, Lettre ouverte aux Européens. II. L’union fédérale
15 nelles et industrielles tendant à dévaloriser les frontières … À tous les coups, c’est donc l’État-nation qui perd. Il ne correspon
4 1970, Lettre ouverte aux Européens. III. La puissance ou la liberté
16 ogènes, qui n’ont aucune raison d’avoir les mêmes frontières , comme la langue et l’économie, l’état civil et l’exploitation du sou
17 ne fédération continentale). À l’intérieur de ses frontières , qu’il déclare naturelles contre toute évidence23, l’État-nation n’ad
18 uand celle-ci se trouve être majoritaire dans les frontières actuelles (et en somme accidentelles) de l’État en question. La confu
19 n qu’il se trouvait d’un côté ou de l’autre de la frontière des langues, prolongée dans le sous-sol muet. La tendance à l’autarci
20 e. On prétend que les idées ne connaissent pas de frontières , mais l’instruction publique a changé cela. (Et l’Université, en dépi
21 fondamentale de l’État-nation : imposer les mêmes frontières au patriotisme, à l’administration, à la langue, à l’économie et à la
22 asser, de démystifier leur sacré, de percer leurs frontières comme des écumoires, de narguer ces frontières sur terre, sous terre
23 rs frontières comme des écumoires, de narguer ces frontières sur terre, sous terre et dans les airs, et de ne pas perdre une occas
24 ment de bien traiter ces problèmes. Ce statut des frontières , doublement déficient, est caractéristique de tout ce qui touche à l’
25 rits » dont parlait Robert Schuman traverse leurs frontières sans les apercevoir : dans ce plan, elles n’existent pas. Il n’y a pa
26 us également, et ne coïncident jamais avec aucune frontière . Elles traversent aussi nos partis, nos confessions et nos régions ;
5 1970, Lettre ouverte aux Européens. IV. Vers une fédération des régions
27 ’est d’ailleurs plus définie primairement par une frontière marquée sur le terrain à l’aide de bornes ou de réseaux de barbelés,
28 uelle, à l’ouest de l’Empire soviétique32. 47. Frontières effacées, régions libérées En 1962, un colloque organisé par le fe
29 ns l’Europe de demain, libérée de la tyrannie des frontières politiques et administratives imposées aux réalités ethniques et écon
30 qui les auront formées, par-dessus les anciennes frontières nationales désormais réduites au rôle mineur et invisible à l’œil nu
31 bilité révolutionnaire de régions chevauchant des frontières , d’unités socioéconomiques plurinationales. Prenez la région lilloise
32 Marché commun de demain, tout change : effacée la frontière qui depuis cent-cinquante ans coupait la région de son aire d’expansi
33 e pôles, de polarisations ; là où l’on parlait de frontières , on parle d’ajustements variables définis par des aires d’influence ;
34 contourner ou survoler, de passer à travers leurs frontières comme sans les voir, pour composer dès maintenant (sans attendre ni e
35 s découper vos régions ? » « Quelles seront leurs frontières exactes ? » « Faut-il qu’elles aient des superficies ou des populatio
36 les, spirituelles ou affectives, qui n’ont pas de frontières communes, et la plupart du temps pas de frontières du tout. Si l’on e
37 rontières communes, et la plupart du temps pas de frontières du tout. Si l’on exigeait que tout cela soit unifié et uniformisé dan
38 cessé de se multiplier depuis 1946, à travers les frontières et malgré elles, dans tous les domaines du commerce des esprits et de
39 flux d’échanges réels entre régions à travers les frontières nationales seront devenus plus forts que les liens juridiques entre t
40 continent ; plus de douaniers ni de barrières aux frontières , plus d’économies ni de monnaies nationales, mais une concertation à
41 tiplier les accords entre régions, sans égard aux frontières stato-nationales, dans les domaines où l’État central se révèle par n
42 oin, et continuer un peu plus outre, en dépit des frontières actuelles et des allégeances monopolisées. 5. Installer et alimenter
6 1970, Lettre ouverte aux Européens. Lettre ouverte, suite et fin
43 marquable « expansion ». Mais pourquoi ouvrir les frontières , si c’est aux mêmes États-nations qui les ont établies l’un contre l’
44 ne certaine politique, résultant d’une absence de frontières , entraînerait pour une nation donnée, sans voir que cette absence sup