1 on sait moins, c’est qu’il fut aussi le président de deux institutions d’un tout autre ordre, au sort desquelles j’avais e

2 qu’il fut aussi le président de deux institutions d’ un tout autre ordre, au sort desquelles j’avais eu le bonheur de l’int

3 e ordre, au sort desquelles j’avais eu le bonheur de l’intéresser activement : le Centre européen de la culture, à Genève,

4 ntiellement Robert Schuman jugeait-il la fonction de ces deux entreprises, si modestes au regard des réalisations de Luxem

5 treprises, si modestes au regard des réalisations de Luxembourg, puis de Bruxelles ? Relisant le précieux recueil de texte

6 es au regard des réalisations de Luxembourg, puis de Bruxelles ? Relisant le précieux recueil de textes Pour l’Europe, réu

7 puis de Bruxelles ? Relisant le précieux recueil de textes Pour l’Europe, réunis à la fin de sa vie, je trouve ces mots q

8 recueil de textes Pour l’Europe, réunis à la fin de sa vie, je trouve ces mots qu’on ne saurait souhaiter plus éclairants

9 saurait souhaiter plus éclairants, et qui servent de titre au deuxième chapitre : L’Europe, avant d’être une alliance mili

10 t de titre au deuxième chapitre : L’Europe, avant d’ être une alliance militaire ou une entité politique, doit être une com

11 s ce chapitre, je souligne cette phrase : L’unité de l’Europe ne se fera ni uniquement ni principalement par des instituti

12 mmun à tous les textes ici réunis par le prétexte d’ un anniversaire : le Centre européen de la culture aura vingt ans à l’

13 70. ⁂ Selon Littré, cheminement signifie « action de cheminer », et cheminer, « faire du chemin, surtout en ce sens que le

14 ’entends par échecs les impasses où il lui arrive de se fourvoyer, comme tout chercheur, bien content si ce n’est qu’une f

15 u’on appelle se répéter — et cela m’arrivera plus d’ une fois, non seulement dans ce recueil mais dans deux ou trois autres

16 e recueil mais dans deux ou trois autres traitant de l’Europe. Ces retours (ou repères) sont utiles, au surplus, pour situ

17 avance, recule, ou tourne en rond dans les forêts de l’inconnu, la brousse des résistances à l’ordre de l’esprit ? ⁂ Il y

18 e l’inconnu, la brousse des résistances à l’ordre de l’esprit ? ⁂ Il y a vingt ans, quand le mot « Europe » apparaissait d

19 pavoisaient. Aujourd’hui ? Regardez les journaux de ce matin ou n’importe quel magazine, et vous pourrez mesurer l’avance

20 e quel magazine, et vous pourrez mesurer l’avance de l’Idée — ou faut-il dire la banalisation de l’entreprise d’union de n

21 vance de l’Idée — ou faut-il dire la banalisation de l’entreprise d’union de nos pays ? Mais les jeunes me diront qu’ils n

22 — ou faut-il dire la banalisation de l’entreprise d’ union de nos pays ? Mais les jeunes me diront qu’ils ne sont pas frapp

23 t-il dire la banalisation de l’entreprise d’union de nos pays ? Mais les jeunes me diront qu’ils ne sont pas frappés par l

24 ront qu’ils ne sont pas frappés par les résultats de cette avance. Admettons-le : rien de moins « révolutionnaire » que le

25 es résultats de cette avance. Admettons-le : rien de moins « révolutionnaire » que le mode de progression par cheminement.

26 e : rien de moins « révolutionnaire » que le mode de progression par cheminement. Les pionniers ne sont pas des casseurs,

27 par tous ». Pourtant, le fourmillement universel d’ inventions pas à pas, de créations quotidiennes, d’efforts patients d’

28 e fourmillement universel d’inventions pas à pas, de créations quotidiennes, d’efforts patients d’infiltration de l’Idée,

29 ’inventions pas à pas, de créations quotidiennes, d’ efforts patients d’infiltration de l’Idée, qui caractérise l’œuvre des

30 as, de créations quotidiennes, d’efforts patients d’ infiltration de l’Idée, qui caractérise l’œuvre des fédéralistes depui

31 s quotidiennes, d’efforts patients d’infiltration de l’Idée, qui caractérise l’œuvre des fédéralistes depuis vingt ans, év

32 ssi la « marche progressive des travaux offensifs d’ un siège », et cheminer, c’est aussi « s’avancer vers une place assiég

33 arlant des mineurs qui travaillent sous terre, ou de l’artillerie et du génie qui poussent en avant leurs travaux ». Et vo

34 voilà qui décrit l’action que l’on doit attendre de plusieurs des activités du CEC, dont la « Campagne d’éducation civiqu

35 lusieurs des activités du CEC, dont la « Campagne d’ éducation civique européenne » fournit sans doute le meilleur exemple.

36 fournit sans doute le meilleur exemple. Il s’agit d’ investir les obstacles à l’union, qui sont d’abord dans les esprits, n

37 prits, non dans les faits. Traduisons : il s’agit d’ éduquer, et c’est le domaine par excellence où patience et longueur de

38 le domaine par excellence où patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. ⁂ Un dernier sens du mot, d’ap

39 à un développement concerté, donc à une politique de la culture, de l’éducation et des recherches. Ce souci d’équilibre da

40 ent concerté, donc à une politique de la culture, de l’éducation et des recherches. Ce souci d’équilibre dans un mouvement

41 lture, de l’éducation et des recherches. Ce souci d’ équilibre dans un mouvement d’ensemble, ou de pondération dynamique, e

42 echerches. Ce souci d’équilibre dans un mouvement d’ ensemble, ou de pondération dynamique, explique la présence dans ce re

43 ouci d’équilibre dans un mouvement d’ensemble, ou de pondération dynamique, explique la présence dans ce recueil de quelqu

44 n dynamique, explique la présence dans ce recueil de quelques textes sur la technique, ou l’université, ou le destin des a

45 des activités propres du Centre, mais le service de l’Europe, qui est sa fin générale. D. de R.

46 service de l’Europe, qui est sa fin générale. D. de R.

47 Le mouvement européen1 Nécessité et urgence de l’union Quand un Américain déclare que votre idée est généreuse, c

48 e, une idée généreuse…, c’est qu’il n’a pas envie d’ y croire, qu’il ne fera rien, qu’il pense qu’il est sérieux et que vou

49 s réflexes, imite à sa manière le cynisme frivole de la noblesse à la veille de la Révolution. Mais le grand style se perd

50 ère le cynisme frivole de la noblesse à la veille de la Révolution. Mais le grand style se perd et Staline est aux portes.

51 d et Staline est aux portes. Il s’agit en réalité de la vie ou de la mort d’une civilisation. Fédérer nos petits peuples i

52 est aux portes. Il s’agit en réalité de la vie ou de la mort d’une civilisation. Fédérer nos petits peuples in extremis es

53 tes. Il s’agit en réalité de la vie ou de la mort d’ une civilisation. Fédérer nos petits peuples in extremis est notre seu

54 petits peuples in extremis est notre seule chance de salut. On se demande en vain ce qu’il peut y avoir de « généreux » da

55 alut. On se demande en vain ce qu’il peut y avoir de « généreux » dans une opération de ce genre. Qu’il suffise de rappele

56 l peut y avoir de « généreux » dans une opération de ce genre. Qu’il suffise de rappeler les données qui en déterminent ex

57 x » dans une opération de ce genre. Qu’il suffise de rappeler les données qui en déterminent exactement l’urgence. La guer

58 séquences principales, d’une part, l’affaissement de l’Europe et, d’autre part, le surgissement au plan mondial de la Russ

59 et, d’autre part, le surgissement au plan mondial de la Russie et de l’Amérique. Ces deux colosses sont en train de s’obse

60 , le surgissement au plan mondial de la Russie et de l’Amérique. Ces deux colosses sont en train de s’observer par-dessus

61 bserver par-dessus nos têtes. Ils n’ont pas envie de se battre, affirment-ils. Ils proclament au contraire leur amour de l

62 rment-ils. Ils proclament au contraire leur amour de la paix, et ils le prouvent, l’un en relevant nos ruines, et l’autre

63 et l’autre en annexant 700 000 kilomètres carrés de nos terres. Si bien qu’on ne voit plus très clairement s’il s’agit de

64 en qu’on ne voit plus très clairement s’il s’agit de poser les bases de la paix ou de s’assurer des bases pour faire la gu

65 us très clairement s’il s’agit de poser les bases de la paix ou de s’assurer des bases pour faire la guerre, mais il reste

66 ment s’il s’agit de poser les bases de la paix ou de s’assurer des bases pour faire la guerre, mais il reste évident que s

67 cune des nations qui la composent se voit menacée d’ annexion politique ou de colonisation économique. Voici le fait fondam

68 composent se voit menacée d’annexion politique ou de colonisation économique. Voici le fait fondamental qu’énonçait au con

69 Voici le fait fondamental qu’énonçait au congrès de La Haye le Message aux Européens  : « Aucun de nos pays ne peut prét

70 s de La Haye le Message aux Européens  : « Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indép

71 s ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les probl

72 à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économi

73 ie moderne. » Les conclusions que l’on doit tirer de cette double constatation sont d’une tragique simplicité. Si les chos

74 l’on doit tirer de cette double constatation sont d’ une tragique simplicité. Si les choses continuent comme elles vont : 1

75 tinuent comme elles vont : 1° les différents pays de l’Europe seront annexés ou colonisés l’un après l’autre ; 2° la quest

76 ui sortira vaincue. Si nous voulons sauver chacun de nos pays, il faut donc commencer par les unir. Et si nous voulons sau

77 e, c’est-à-dire cette troisième puissance capable d’ imposer un compromis, de l’inventer pour les deux autres. Que si l’on

78 oisième puissance capable d’imposer un compromis, de l’inventer pour les deux autres. Que si l’on me dit alors que l’Europ

79 je répondrai par un seul chiffre : la population de l’Europe occidentale, à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 320 m

80 tion de l’Europe occidentale, à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 320 millions d’habitants : c’est deux fois plus qu

81 rope occidentale, à l’ouest du rideau de fer, est d’ environ 320 millions d’habitants : c’est deux fois plus que l’Amérique

82 uest du rideau de fer, est d’environ 320 millions d’ habitants : c’est deux fois plus que l’Amérique, autant que la Russie

83 ussie et tous ses satellites. Si ces 320 millions d’ habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu’il

84 qu’ils se déclarent neutres, soit qu’ils menacent de porter tout leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir,

85 s, soit qu’ils menacent de porter tout leur poids d’ un seul côté, ils seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agre

86 leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure d’ agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. S

87 ds d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. Sur quoi

88 mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. Sur quoi j’imagine bien que personne n’osera

89 e s’ajoute à la nécessité. J’essaierai maintenant de répondre à ceux qui demandent ce qu’on a fait déjà, et ce qu’on peut

90 eut Sully, qu’aime à citer Churchill : il rêvait d’ une coalition. Il y eut Montesquieu, premier critique du nationalisme

91 rations, ou l’humanité recommencera un purgatoire de mille ans. » C’était vers 1860. Mais ces rêves et ces prophéties ne p

92 ilieu du xixe siècle, quand la réalité politique de l’Europe était l’essor des grands nationalismes. Il y eut enfin, aprè

93 iand, qui prêta sa grande voix traînarde à l’idée d’ une union continentale. Mais ces premières ferveurs devaient bientôt s

94 se perdre dans la rumeur polyglotte des couloirs de la SDN. On en était aux constructions diplomatiques. Elles s’écroulèr

95 t à la première épreuve. Aux yeux des jeunes gens de l’époque, il fallait quelque chose de plus profond, de plus prégnant,

96 personnalistes. Ils réunirent quelques centaines d’ adhérents, quelques milliers de lecteurs pour leurs revues. Ces derniè

97 quelques centaines d’adhérents, quelques milliers de lecteurs pour leurs revues. Ces dernières n’étaient pas d’une lecture

98 rs pour leurs revues. Ces dernières n’étaient pas d’ une lecture très facile. On y parlait beaucoup de l’engagement — un mo

99 epuis dans d’autres bouches. On y faisait surtout de la doctrine. On s’attachait à définir cette conception fondamentale d

100 attachait à définir cette conception fondamentale de l’homme que l’on baptisait la personne — l’homme « à la fois libre et

101 politique sans droits. Mais puisqu’il s’agissait de s’engager, on s’appliquait à tirer de la doctrine ses conséquences po

102 s’agissait de s’engager, on s’appliquait à tirer de la doctrine ses conséquences politiques et sociales, et c’est ainsi q

103 us formions ce qu’on appelle avec un peu de pitié de « petits groupes d’intellectuels ». Survint la Seconde Guerre mondial

104 appelle avec un peu de pitié de « petits groupes d’ intellectuels ». Survint la Seconde Guerre mondiale et l’occupation de

105 urvint la Seconde Guerre mondiale et l’occupation de l’Europe. On put croire un moment que tout notre travail allait être

106 our toujours. C’était compter sans les mouvements de Résistance. Dans les réseaux clandestins, dans les camps, dans les jo

107 opularisaient, nos livres et nos revues passaient de main en main. Les événements que nous avions prévus parlaient pour no

108 nous, en dépit de toutes les censures. Et l’idée d’ un avenir fédéraliste de l’Europe devenait, pour beaucoup, le symbole

109 s les censures. Et l’idée d’un avenir fédéraliste de l’Europe devenait, pour beaucoup, le symbole de l’espoir à l’horizon

110 e de l’Europe devenait, pour beaucoup, le symbole de l’espoir à l’horizon de la Libération2. C’est pourquoi, dès l’année 1

111 pour beaucoup, le symbole de l’espoir à l’horizon de la Libération2. C’est pourquoi, dès l’année 1945, on vit surgir dans

112 on vit surgir dans toute l’Europe un pullulement de petits groupes fédéralistes. On y retrouvait toutes les nuances polit

113 s, nationales et religieuses qui font la richesse de l’Europe, et qui la rendent si difficile à gouverner. La première tâc

114 verner. La première tâche qui s’imposait, c’était de fédérer tous ces fédéralistes dispersés. Dès 1946, ce fut chose faite

115 se constituait et pouvait convoquer pour le mois d’ août 1947, à Montreux, son premier Congrès. Qu’étions-nous à l’époque,

116 demi ? Cent-cinquante à deux-cents délégués venus d’ une dizaine de pays, et représentant une cinquantaine d’associations d

117 nquante à deux-cents délégués venus d’une dizaine de pays, et représentant une cinquantaine d’associations de toutes les t

118 dizaine de pays, et représentant une cinquantaine d’ associations de toutes les tailles, dont plusieurs n’étaient guère qu’

119 , et représentant une cinquantaine d’associations de toutes les tailles, dont plusieurs n’étaient guère qu’un nom abstrait

120 bitieux, comme par exemple : Comité international d’ amitié, ou Front humain des citoyens du monde… Nous nous sentions ento

121 s du monde… Nous nous sentions entourés à la fois de sympathies faciles et d’un scepticisme profond. Devant la tâche urgen

122 tions entourés à la fois de sympathies faciles et d’ un scepticisme profond. Devant la tâche urgente, mais qui pouvait para

123 he urgente, mais qui pouvait paraître surhumaine, de fédérer l’Europe, c’est-à-dire de mettre sur pied, contre vents et ma

124 tre surhumaine, de fédérer l’Europe, c’est-à-dire de mettre sur pied, contre vents et marées, des institutions continental

125 ents et marées, des institutions continentales et de les faire admettre par les États, nous n’étions qu’une poignée d’homm

126 ettre par les États, nous n’étions qu’une poignée d’ hommes de bonne volonté, remarquablement dépourvus de moyens matériels

127 les États, nous n’étions qu’une poignée d’hommes de bonne volonté, remarquablement dépourvus de moyens matériels, presque

128 ommes de bonne volonté, remarquablement dépourvus de moyens matériels, presque sans troupes derrière nous, et sans aucun a

129 ur faire l’Europe, tout simplement. On s’étonnera de la part que je viens de faire à la doctrine personnaliste dans la gen

130 faire à la doctrine personnaliste dans la genèse de nos mouvements. Il est vrai que beaucoup de petits groupes qui se for

131 mouvement vers l’Europe unie, à partir du congrès de Montreux jusqu’à ceux de La Haye, de Rome et, tout récemment, de Brux

132 nie, à partir du congrès de Montreux jusqu’à ceux de La Haye, de Rome et, tout récemment, de Bruxelles. Parmi bien d’autre

133 r du congrès de Montreux jusqu’à ceux de La Haye, de Rome et, tout récemment, de Bruxelles. Parmi bien d’autres influences

134 qu’à ceux de La Haye, de Rome et, tout récemment, de Bruxelles. Parmi bien d’autres influences conjuguées, celle-ci demeur

135 lus constante et la plus aisément discernable. De Montreux à Bruxelles Le congrès de Montreux n’était pas terminé qu

136 ernable. De Montreux à Bruxelles Le congrès de Montreux n’était pas terminé que l’idée naissait parmi nous d’en élar

137 ’était pas terminé que l’idée naissait parmi nous d’ en élargir l’action en convoquant, pour le printemps de l’année suivan

138 élargir l’action en convoquant, pour le printemps de l’année suivante, des états généraux de l’Europe. Sur-le-champ, des a

139 printemps de l’année suivante, des états généraux de l’Europe. Sur-le-champ, des accords furent esquissés avec les représe

140 eprésentants d’autres mouvements venus en qualité d’ observateurs. Les envoyés du United Europe Committee nous informèrent

141 urope Committee nous informèrent que le président de ce groupement, Winston Churchill, avait également l’intention de conv

142 t, Winston Churchill, avait également l’intention de convoquer un « Congrès de l’Europe ». Il ne s’agissait pas, dans son

143 t également l’intention de convoquer un « Congrès de l’Europe ». Il ne s’agissait pas, dans son esprit, d’une entreprise «

144 ’Europe ». Il ne s’agissait pas, dans son esprit, d’ une entreprise « fédéraliste » au sens précis, mais plutôt d’une actio

145 prise « fédéraliste » au sens précis, mais plutôt d’ une action de propagande destinée à faciliter cette « union » des État

146 aliste » au sens précis, mais plutôt d’une action de propagande destinée à faciliter cette « union » des États de l’Europe

147 Churchill avait réclamée dans son grand discours de Zurich. C’est de ces deux initiatives indépendantes, et de leur renco

148 réclamée dans son grand discours de Zurich. C’est de ces deux initiatives indépendantes, et de leur rencontre à Montreux,

149 . C’est de ces deux initiatives indépendantes, et de leur rencontre à Montreux, que devait sortir le congrès de La Haye. D

150 encontre à Montreux, que devait sortir le congrès de La Haye. Dès l’automne 1947, un Comité de coordination des mouvements

151 congrès de La Haye. Dès l’automne 1947, un Comité de coordination des mouvements pour l’union de l’Europe dressait les pla

152 omité de coordination des mouvements pour l’union de l’Europe dressait les plans de travail pour La Haye. Il groupait les

153 ments pour l’union de l’Europe dressait les plans de travail pour La Haye. Il groupait les quatre organisations suivantes 

154 ope Committee (W. Churchill) ; Ligue indépendante de coopération économique (Paul van Zeeland) ; Comité français pour l’Eu

155 rs du Parlement néerlandais, s’ouvrait le Congrès de l’Europe. Nous étions cette fois-ci plus de huit-cents délégués, parm

156 ngrès de l’Europe. Nous étions cette fois-ci plus de huit-cents délégués, parmi lesquels des ex-Premiers tels que Churchil

157 ivains, des professeurs et des évêques, ainsi que de nombreux représentants des mouvements féminins et universitaires. Tro

158 prévoyait, comme prochaine étape, la convocation d’ une Assemblée européenne, dont les membres seraient élus « dans leur s

159 au point très rapidement, au lendemain du congrès de La Haye. Par l’intermédiaire de M. Bidault, il fut présenté à la réun

160 res étrangères des cinq pays signataires du pacte de Bruxelles. Le 18 août notre Memorandum sur l’Assemblée européenne se

161 nt belge. Quelques semaines plus tard, à la suite d’ une décision des Cinq et sur la demande réitérée de nos mouvements, un

162 ’une décision des Cinq et sur la demande réitérée de nos mouvements, une conférence restreinte de dix-huit ministres et ex

163 érée de nos mouvements, une conférence restreinte de dix-huit ministres et experts était convoquée à Paris, aux fins d’étu

164 tres et experts était convoquée à Paris, aux fins d’ étudier la constitution d’un Parlement et d’un Conseil des ministres e

165 oquée à Paris, aux fins d’étudier la constitution d’ un Parlement et d’un Conseil des ministres européens. Le 28 janvier 19

166 fins d’étudier la constitution d’un Parlement et d’ un Conseil des ministres européens. Le 28 janvier 1949, la conférence

167 accord, et pouvait annoncer la création prochaine d’ un Conseil de l’Europe, comprenant d’une part un Comité de ministre, d

168 seil de l’Europe, comprenant d’une part un Comité de ministre, d’autre part un Corps consultatif, dont les attributions re

169 ursuivions bien d’autres tâches : l’élargissement de nos mouvements et leur liaison, l’étude juridique des institutions à

170 juridique des institutions à créer, la formation d’ un Centre européen de la culture et de nombreux travaux économiques. A

171 a formation d’un Centre européen de la culture et de nombreux travaux économiques. Au début de novembre 1948, l’Union euro

172 ture et de nombreux travaux économiques. Au début de novembre 1948, l’Union européenne des fédéralistes réunissait à Rome

173 us avions tenu nos séances dans une modeste salle d’ hôtel. À Rome, on nous offrit le palais de Venise et toutes ses salles

174 e salle d’hôtel. À Rome, on nous offrit le palais de Venise et toutes ses salles immenses, restées vides depuis la fuite d

175 vides depuis la fuite du dernier locataire. L’une de nos commissions siégeait dans le cabinet de travail du dictateur, et

176 L’une de nos commissions siégeait dans le cabinet de travail du dictateur, et les séances plénières eurent lieu dans la sa

177 alle même du Grand Conseil fasciste, sur les murs de laquelle on avait substitué aux faisceaux de licteur les grandes lett

178 murs de laquelle on avait substitué aux faisceaux de licteur les grandes lettres du mot Europe. Le Congrès fut inauguré en

179 e tous les ministres par un discours du président de la République, lui-même fédéraliste convaincu. Le comte Sforza vint à

180 nduite par les fédéralistes. Peu avant le congrès de Rome, le Comité de coordination des groupements militant pour l’union

181 ralistes. Peu avant le congrès de Rome, le Comité de coordination des groupements militant pour l’union de l’Europe avait

182 oordination des groupements militant pour l’union de l’Europe avait pris le nom de Mouvement européen, ses quatre présiden

183 litant pour l’union de l’Europe avait pris le nom de Mouvement européen, ses quatre présidents d’honneur étant Léon Blum,

184 nom de Mouvement européen, ses quatre présidents d’ honneur étant Léon Blum, Winston Churchill, Alcide de Gasperi et Paul-

185 n : « Qu’a-t-on fait jusqu’ici pour la fédération de l’Europe ? » cet historique succinct permet donc de répondre : nous a

186 l’Europe ? » cet historique succinct permet donc de répondre : nous avons lancé un mouvement, nous avons conjugué les eff

187 vement, nous avons conjugué les efforts entrepris de tous côtés par des tendances diverses, et nous sommes parvenus, plus

188 nistères, comme quelque chose qu’il faut réaliser d’ urgence, et qui a les plus grandes chances de se réaliser. Nous sommes

189 iser d’urgence, et qui a les plus grandes chances de se réaliser. Nous sommes donc arrivés à pied d’œuvre. Ici commence la

190 s de se réaliser. Nous sommes donc arrivés à pied d’ œuvre. Ici commence la bataille décisive. Objectifs immédiats L’

191 listes ayant fait triompher à La Haye le principe d’ une représentation aussi large que possible non seulement des parlemen

192 rtis politiques), mais aussi des « forces vives » de chaque nation (syndicats, religions, universités, etc.), le Mouvement

193 accepté par les Cinq : à l’Assemblée constituante de l’Europe, qui pourra seule contraindre les États à s’incliner devant

194 ues. La position dite britannique (en fait, celle de M. Bevin) tend, au contraire, à réduire l’Assemblée au rôle purement

195 réduire l’Assemblée au rôle purement consultatif d’ un petit Congrès d’experts nommés par les gouvernements. Tout le pouvo

196 e au rôle purement consultatif d’un petit Congrès d’ experts nommés par les gouvernements. Tout le pouvoir, dans ce cas, re

197 dans ce cas, reviendrait aux ministres. Essayons de comprendre une attitude qui risque de se confondre, aux yeux de nos m

198 s. Essayons de comprendre une attitude qui risque de se confondre, aux yeux de nos militants, avec une volonté sournoise d

199 yeux de nos militants, avec une volonté sournoise de sabotage. Les Britanniques respectent leur gouvernement. Ils pensent

200 On sait qu’une Charte des droits de l’homme vient d’ être adoptée par l’ONU. Elle restera malheureusement inopérante tant q

201 nt souverains. Car c’est la protection des droits de la personne et des droits des minorités contre l’État qu’il s’agit de

202 s droits des minorités contre l’État qu’il s’agit de sauvegarder aujourd’hui. Et cela suppose l’institution d’une Cour sup

203 garder aujourd’hui. Et cela suppose l’institution d’ une Cour suprême, c’est-à-dire d’une instance supérieure aux États, do

204 se l’institution d’une Cour suprême, c’est-à-dire d’ une instance supérieure aux États, dotée des pouvoirs nécessaires pour

205 ernational du Mouvement européen, dans sa réunion de Bruxelles, a recommandé que soit créée, par convention entre les État

206 oit créée, par convention entre les États membres de l’union européenne, une Cour des droits de l’homme et une Commission

207 une Cour des droits de l’homme et une Commission d’ enquête indépendante des gouvernements. Ces deux organes formeraient l

208 vernements. Ces deux organes formeraient le noyau d’ un véritable pouvoir fédéral. Il me paraît clair qu’ils impliquent la

209 Il me paraît clair qu’ils impliquent la création d’ une force de police fédérale. Car enfin, de quoi s’agit-il, sinon de c

210 t clair qu’ils impliquent la création d’une force de police fédérale. Car enfin, de quoi s’agit-il, sinon de créer un trib

211 éation d’une force de police fédérale. Car enfin, de quoi s’agit-il, sinon de créer un tribunal devant lequel puisse être

212 ice fédérale. Car enfin, de quoi s’agit-il, sinon de créer un tribunal devant lequel puisse être déféré, le cas échéant, t

213 t pas abouti. La sagesse des experts, dans chacun de nos pays, se réduit au conseil classique : augmenter les exportations

214 l classique : augmenter les exportations. L’homme de la rue s’étonne de voir cette farce rééditée chaque jour avec tant de

215 nter les exportations. L’homme de la rue s’étonne de voir cette farce rééditée chaque jour avec tant de gravité. Il se dit

216 evient importation chez le voisin. Une conférence d’ économistes européens, convoquée pour le mois d’avril à Westminster, e

217 e d’économistes européens, convoquée pour le mois d’ avril à Westminster, essaiera de dépasser le plan des absurdités offic

218 quée pour le mois d’avril à Westminster, essaiera de dépasser le plan des absurdités officielles. Parmi les mesures que dé

219 ogressif des barrières douanières, l’instauration d’ une monnaie européenne, la création d’une régie fédérale des houillère

220 nstauration d’une monnaie européenne, la création d’ une régie fédérale des houillères (solution du problème de la Ruhr). O

221 gie fédérale des houillères (solution du problème de la Ruhr). On doit attendre avec curiosité le résultat des discussions

222 tendre avec curiosité le résultat des discussions de notre section économique, si l’on songe qu’elle a pu réunir, sous le

223 si l’on songe qu’elle a pu réunir, sous le signe de l’Europe, des hommes aussi divers que le dirigiste André Philip, le l

224 ante, un sentiment commun auquel il soit possible de faire appel dès maintenant, une civilisation occidentale. Réveiller,

225 e. Réveiller, exprimer, informer cette conscience de notre unité dans la richesse de nos diversités, telle doit être, avan

226 cette conscience de notre unité dans la richesse de nos diversités, telle doit être, avant tout comme après tout, la voca

227 it être, avant tout comme après tout, la vocation de notre Mouvement européen. S’il ne mettait la culture à sa place, qui

228 est à la fois primordiale et finale, il cesserait de mériter l’adjectif de son titre. C’est pourquoi le congrès de La Haye

229 ale et finale, il cesserait de mériter l’adjectif de son titre. C’est pourquoi le congrès de La Haye a réclamé l’instituti

230 ’adjectif de son titre. C’est pourquoi le congrès de La Haye a réclamé l’institution rapide d’un Centre européen de la cul

231 congrès de La Haye a réclamé l’institution rapide d’ un Centre européen de la culture, capable de « donner une voix à la co

232 apide d’un Centre européen de la culture, capable de « donner une voix à la conscience de l’Europe et des peuples qui lui

233 ure, capable de « donner une voix à la conscience de l’Europe et des peuples qui lui sont associés ». Il ne s’agit nulleme

234 s qui lui sont associés ». Il ne s’agit nullement de fomenter on ne sait quel nationalisme européen, mais au contraire de

235 ux yeux du monde entier : une certaine conception de la personne humaine et de ses libertés fondamentales, antérieures et

236 une certaine conception de la personne humaine et de ses libertés fondamentales, antérieures et supérieures à l’État ; un

237 ieures et supérieures à l’État ; un certain refus de l’uniformité, un certain sens du dialogue permanent, condition de not

238 un certain sens du dialogue permanent, condition de notre liberté ; une manière de « chercher à comprendre » qui est notr

239 rmanent, condition de notre liberté ; une manière de « chercher à comprendre » qui est notre forme intime de résistance au

240 hercher à comprendre » qui est notre forme intime de résistance aux mises au pas totalitaires… De tous côtés surgissent, d

241 time de résistance aux mises au pas totalitaires… De tous côtés surgissent, dans nos divers pays, des instituts qui veulen

242 . Coordonner toutes ces initiatives dans le cadre d’ un grand mouvement qui leur donnera le moyen de concourir à l’édificat

243 re d’un grand mouvement qui leur donnera le moyen de concourir à l’édification d’un ordre libre ; former une opinion europ

244 eur donnera le moyen de concourir à l’édification d’ un ordre libre ; former une opinion européenne ; offrir un lieu de ren

245  ; former une opinion européenne ; offrir un lieu de rencontres à nos meilleurs esprits, ce sont là quelques-unes des ambi

246 qui s’ouvrira bientôt en Suisse. ⁂ Il n’est point d’ ordre économique possible sans une volonté préalable de mise en ordre

247 re économique possible sans une volonté préalable de mise en ordre politique. Il n’est point d’ordre politique qui serve l

248 alable de mise en ordre politique. Il n’est point d’ ordre politique qui serve l’homme, s’il n’est orienté dès le départ pa

249 ue c’est Dewey qui sera élu), parce qu’une équipe de véritables résistants — ceux qui résistent à la fatalité — l’auront v

250 . Contre vents et marées, contre tous les experts de son époque, il se mit en route pour la joindre. Mais nous, quel conti

251 el continent nouveau, tout imprévu, risquons-nous d’ aborder ? Et quel bonheur, auquel il suffirait peut-être d’oser croire

252  ? Et quel bonheur, auquel il suffirait peut-être d’ oser croire ? Se peut-il que ce soit tout simplement l’Europe, redécou

253 out simplement l’Europe, redécouverte à la faveur de son union ? Une Europe rajeunie qui deviendrait soudain, pour nos yeu

254 Terre promise. 1. Article paru dans La Revue de Paris d’avril 1949. 2. Voir le recueil de documents intitulé L’Europ

255 omise. 1. Article paru dans La Revue de Paris d’ avril 1949. 2. Voir le recueil de documents intitulé L’Europe de dema

256 Revue de Paris d’avril 1949. 2. Voir le recueil de documents intitulé L’Europe de demain (à la Baconnière) qui groupe le

257 2. Voir le recueil de documents intitulé L’Europe de demain (à la Baconnière) qui groupe les déclarations fédéralistes des

258 oupe les déclarations fédéralistes des mouvements de la Résistance dans neuf pays.

259 pport général présenté à la Conférence européenne de la culture, Lausanne, du 8 au 12 décembre 1949 Il est vrai que l’Eu

260 oire dans laquelle nous sommes engagés. Il dépend de nous, en partie, que l’espoir ait raison du désespoir, mais il faut a

261 e s’esquissent à Strasbourg les cadres politiques de l’Europe unie, il est grand temps de définir la visée humaine qui doi

262 s politiques de l’Europe unie, il est grand temps de définir la visée humaine qui doit présider à cette action, la vocatio

263 ine qui doit présider à cette action, la vocation de notre communauté européenne. Tel est le but général de la conférence

264 tre communauté européenne. Tel est le but général de la conférence de Lausanne, le sens profond qui doit se dégager de ses

265 ropéenne. Tel est le but général de la conférence de Lausanne, le sens profond qui doit se dégager de ses travaux. Elle do

266 de Lausanne, le sens profond qui doit se dégager de ses travaux. Elle doit montrer que nos forces culturelles peuvent con

267 s forces culturelles peuvent contribuer à l’union de l’Europe, et qu’en retour, l’Europe unie sera seule capable de sauver

268 et qu’en retour, l’Europe unie sera seule capable de sauver nos cultures dans leur précieuse diversité. C’est le double pr

269 eur précieuse diversité. C’est le double problème de la liberté de l’esprit et de sa responsabilité qui se pose à la Confé

270 diversité. C’est le double problème de la liberté de l’esprit et de sa responsabilité qui se pose à la Conférence. Deux fo

271 t le double problème de la liberté de l’esprit et de sa responsabilité qui se pose à la Conférence. Deux formules peuvent

272 ules peuvent le résumer : « La Culture au service de l’Europe » souligne les responsabilités de l’esprit. « L’Europe unie

273 ervice de l’Europe » souligne les responsabilités de l’esprit. « L’Europe unie au service de nos cultures » indique le moy

274 sabilités de l’esprit. « L’Europe unie au service de nos cultures » indique le moyen de protéger la liberté de l’esprit, m

275 nie au service de nos cultures » indique le moyen de protéger la liberté de l’esprit, menacée du dedans et du dehors. Mai

276 ultures » indique le moyen de protéger la liberté de l’esprit, menacée du dedans et du dehors. Mais sous peine de se perd

277 ieuses et sans conséquences, le Congrès fera bien de reconnaître d’abord l’état réel de la culture en Europe, les misères

278 grès fera bien de reconnaître d’abord l’état réel de la culture en Europe, les misères dont elle souffre, les dangers qui

279 ent. C’est pourquoi les deux thèmes qui serviront de point de départ aux débats seront d’une part les conditions matériell

280 t pourquoi les deux thèmes qui serviront de point de départ aux débats seront d’une part les conditions matérielles et mor

281 d’une part les conditions matérielles et morales de la vie et de l’esprit en Europe, et d’autre part l’étude des institut

282 es conditions matérielles et morales de la vie et de l’esprit en Europe, et d’autre part l’étude des institutions et réfor

283 ère section Les conditions matérielles et morales de la vie de l’esprit en Europe Destruction. — Les destructions dire

284 n Les conditions matérielles et morales de la vie de l’esprit en Europe Destruction. — Les destructions directes causé

285 comme l’Allemagne (bibliothèques, musées, maisons d’ édition) et la Grèce (laboratoires détruits ou pillés dans leur presqu

286 uctions indirectes et la stérilisation temporaire de sources de culture, dont souffrent la plupart des pays qui participèr

287 irectes et la stérilisation temporaire de sources de culture, dont souffrent la plupart des pays qui participèrent aux hos

288 participèrent aux hostilités : beaucoup de livres de fonds, de classiques, de manuels, n’ont pas été réédités depuis 1940,

289 ent aux hostilités : beaucoup de livres de fonds, de classiques, de manuels, n’ont pas été réédités depuis 1940, et très s

290 tés : beaucoup de livres de fonds, de classiques, de manuels, n’ont pas été réédités depuis 1940, et très souvent l’équipe

291 es publiques. Non seulement il est très difficile de se procurer les œuvres de J.-S. Bach, par suite de la destruction tot

292 t il est très difficile de se procurer les œuvres de J.-S. Bach, par suite de la destruction totale des maisons qui éditai

293 agne, mais encore en France même on ne trouve pas de réédition de Debussy ! Ces destructions matérielles, toutefois, sembl

294 core en France même on ne trouve pas de réédition de Debussy ! Ces destructions matérielles, toutefois, semblent plus faci

295 structions humaines résultant des déportations et de la vie dans les camps. Il faut rappeler ici le problème tragique des

296 lème tragique des intellectuels réfugiés des pays de l’Est. Faute de pouvoir trouver dans l’Europe de l’Ouest un emploi co

297 s intellectuels réfugiés des pays de l’Est. Faute de pouvoir trouver dans l’Europe de l’Ouest un emploi correspondant à le

298 leurs capacités, la plupart se voient contraints d’ émigrer hors d’Europe, et souvent d’accepter un travail de manœuvre ou

299 s, la plupart se voient contraints d’émigrer hors d’ Europe, et souvent d’accepter un travail de manœuvre ou d’ouvrier agri

300 nt contraints d’émigrer hors d’Europe, et souvent d’ accepter un travail de manœuvre ou d’ouvrier agricole. Ils sont ainsi

301 r hors d’Europe, et souvent d’accepter un travail de manœuvre ou d’ouvrier agricole. Ils sont ainsi perdus à la fois pour

302 , et souvent d’accepter un travail de manœuvre ou d’ ouvrier agricole. Ils sont ainsi perdus à la fois pour l’Europe et pou

303 pe et pour la Culture. Ils forment dans les camps de DP le « résidu » que des organisations comme l’OIR ne parviennent pas

304 tacles aux échanges obligent à un degré croissant d’ autarcie, régime onéreux. L’État ne parvient pas à remplacer le mécène

305 e mécène privé. Bien qu’il soit parfois difficile d’ obtenir dans ce domaine des chiffres même approximatifs, il semble que

306 é à l’encouragement des recherches scientifiques, de l’éducation, et des arts et lettres, varie entre ½ ‰ et 1 ‰, selon le

307 e ½ ‰ et 1 ‰, selon les pays (et selon la manière d’ établir les budgets ! Car dans les pays de dictature on arrive en appa

308 manière d’établir les budgets ! Car dans les pays de dictature on arrive en apparence à des pourcentages plus élevés mais

309 ervent en réalité essentiellement à des activités de propagande politique). II est curieux de constater que dans les pays

310 ctivités de propagande politique). II est curieux de constater que dans les pays où l’État semble accorder des subsides co

311 ’Italie), on se plaint plus qu’ailleurs des taxes d’ État qui frappent lourdement l’exploitation. (Exemple : au Danemark, l

312 ’industrie du film des subsides se montant à plus de 7 millions de couronnes ; il perçoit d’autre part près de 34 millions

313 film des subsides se montant à plus de 7 millions de couronnes ; il perçoit d’autre part près de 34 millions de couronnes

314 nes ; il perçoit d’autre part près de 34 millions de couronnes par l’impôt sur les spectacles.) Un autre exemple frappant

315 ôt sur les spectacles.) Un autre exemple frappant de l’insuffisance des cadres nationaux actuels est fourni par l’industri

316 rgissement du marché à toute l’Europe débarrassée de ses barrières, doublé d’une coopération organisée à l’échelle europée

317 ute l’Europe débarrassée de ses barrières, doublé d’ une coopération organisée à l’échelle européenne pourraient sauver d’u

318 rganisée à l’échelle européenne pourraient sauver d’ une ruine imminente plusieurs de nos plus grandes industries « nationa

319 pourraient sauver d’une ruine imminente plusieurs de nos plus grandes industries « nationales » du film. Les subsides acco

320 tarder cette décadence fatale. Partout, le budget de la culture ne représente qu’une fraction dérisoire du budget militair

321 clare « ruineux pour l’État » un subside culturel d’ un million, on trouvera cent-millions pour une arme nouvelle. Le salai

322 cent-millions pour une arme nouvelle. Le salaire d’ un interne d’hôpital souvent ne dépasse pas celui de la balayeuse, tan

323 s pour une arme nouvelle. Le salaire d’un interne d’ hôpital souvent ne dépasse pas celui de la balayeuse, tandis qu’un pro

324 un interne d’hôpital souvent ne dépasse pas celui de la balayeuse, tandis qu’un professeur d’université est moins payé qu’

325 as celui de la balayeuse, tandis qu’un professeur d’ université est moins payé qu’un ouvrier qualifié et ne dispose pas des

326 vrier qualifié et ne dispose pas des mêmes moyens de défense professionnelle ou de pression sur l’État. Ces faits bien con

327 as des mêmes moyens de défense professionnelle ou de pression sur l’État. Ces faits bien connus semblent indiquer un étran

328 rs, une étrange méconnaissance des forces réelles de l’Europe. Ils risquent de tarir les sources vives de sa puissance et

329 ance des forces réelles de l’Europe. Ils risquent de tarir les sources vives de sa puissance et de son rayonnement. Obsta

330 l’Europe. Ils risquent de tarir les sources vives de sa puissance et de son rayonnement. Obstacles aux échanges culturels

331 ent de tarir les sources vives de sa puissance et de son rayonnement. Obstacles aux échanges culturels. — La circulation

332 onnes est généralement entravée par des questions de passeports, de visas et de devises. Les voyages ne sont plus impossib

333 alement entravée par des questions de passeports, de visas et de devises. Les voyages ne sont plus impossibles, mais ils n

334 avée par des questions de passeports, de visas et de devises. Les voyages ne sont plus impossibles, mais ils nécessitent e

335 ssibles, mais ils nécessitent encore une quantité de démarches préalables entraînant des retards tels que souvent l’objet

336 rs déplacements reste négligeable dans l’ensemble d’ un budget d’État, mais peut jouer un rôle décisif dans la vie intellec

337 nts reste négligeable dans l’ensemble d’un budget d’ État, mais peut jouer un rôle décisif dans la vie intellectuelle. La c

338 udre. Partout les États invoquent la « protection de la monnaie nationale » pour prendre des mesures qui se révèlent ineff

339 ons qui interviennent fréquemment dans les quotas d’ importation et les taux de change, créent un état de crise et d’incert

340 uemment dans les quotas d’importation et les taux de change, créent un état de crise et d’incertitude permanente dans l’éd

341 importation et les taux de change, créent un état de crise et d’incertitude permanente dans l’édition. Les taxes douanière

342 et les taux de change, créent un état de crise et d’ incertitude permanente dans l’édition. Les taxes douanières prélevées

343 n. Les taxes douanières prélevées sur les disques de gramophones et sur les films d’art ou de science tendent à rendre imp

344 s sur les disques de gramophones et sur les films d’ art ou de science tendent à rendre impraticables beaucoup d’exécutions

345 disques de gramophones et sur les films d’art ou de science tendent à rendre impraticables beaucoup d’exécutions de quali

346 e science tendent à rendre impraticables beaucoup d’ exécutions de qualité, et beaucoup de projections d’un intérêt majeur,

347 dent à rendre impraticables beaucoup d’exécutions de qualité, et beaucoup de projections d’un intérêt majeur, mais qui ne

348 exécutions de qualité, et beaucoup de projections d’ un intérêt majeur, mais qui ne sont pas de nature à faire de grosses r

349 ections d’un intérêt majeur, mais qui ne sont pas de nature à faire de grosses recettes. La multiplication des barrières d

350 êt majeur, mais qui ne sont pas de nature à faire de grosses recettes. La multiplication des barrières douanières à l’inté

351 Un groupe hollandais désirant publier un magazine de propagande européenne en trois éditions — anglaise, française, allema

352 se, allemande — a dû renoncer à son projet, faute d’ avoir pu obtenir les licences d’exportation ou de publication nécessai

353 son projet, faute d’avoir pu obtenir les licences d’ exportation ou de publication nécessaires dans certains grands pays d’

354 d’avoir pu obtenir les licences d’exportation ou de publication nécessaires dans certains grands pays d’Europe, alors que

355 publication nécessaires dans certains grands pays d’ Europe, alors que les magazines d’outre-mer publient des éditions spéc

356 ins grands pays d’Europe, alors que les magazines d’ outre-mer publient des éditions spéciales et circulent sans difficulté

357 qui est tout naturel) mais fermée à la diffusion de produits spécifiquement européens. Nationalisation de la Culture. — 

358 oduits spécifiquement européens. Nationalisation de la Culture. — Le nationalisme qui s’est développé durant tout le xixe

359 nséquences extrêmes au xxe siècle avec la notion d’ autarcie, a créé une situation générale que l’on peut définir comme su

360 autres, et sont devenues par là même dépendantes de l’État. Pour s’être voulues nationalistes, elles sont en voie de « na

361 s’être voulues nationalistes, elles sont en voie de « nationalisation », c’est-à-dire qu’elles se trouvent de plus en plu

362 itiques, voire militaires, en fait aux mécanismes de l’État. À quel stade en sommes-nous, dans cette évolution qui affecte

363 e plus ou moins tous nos pays ? Il n’est possible de répondre qu’en citant une série d’exemples. À la question : « L’ensei

364 n’est possible de répondre qu’en citant une série d’ exemples. À la question : « L’enseignement (chez vous) subit-il des in

365 nces politiques ? » tous nos rapporteurs des pays de l’Ouest ont répondu non, tous ceux des pays de l’Est3 oui, avec une é

366 ys de l’Ouest ont répondu non, tous ceux des pays de l’Est3 oui, avec une égale emphase. Cette opposition, absolue en prin

367 si l’on examine un problème précis, tel que celui de manuels d’histoire, ou celui du statut des universités, ou celui de l

368 mine un problème précis, tel que celui de manuels d’ histoire, ou celui du statut des universités, ou celui de la radio, on

369 ire, ou celui du statut des universités, ou celui de la radio, on s’aperçoit que certains éléments de « totalitarisme » ex

370 de la radio, on s’aperçoit que certains éléments de « totalitarisme » existent en puissance à l’Ouest aussi : le national

371 l’Ouest aussi : le nationalisme et l’étatisation de l’esprit partisan. Il est incontestable que la volonté commune à tous

372 ue la volonté commune à tous nos États souverains de « développer la conscience nationale » par le moyen de l’école primai

373 développer la conscience nationale » par le moyen de l’école primaire aboutit à certaines déformations des perspectives hi

374 L’important, c’est que dans tous les pays libres de l’Ouest, ce danger est avoué, dénoncé. Il est devenu, d’ailleurs, d’a

375 er est avoué, dénoncé. Il est devenu, d’ailleurs, d’ autant plus apparent que les pays de dictature semblent avoir à cœur d

376 , d’ailleurs, d’autant plus apparent que les pays de dictature semblent avoir à cœur de l’illustrer ad absurdum. Il faut q

377 t que les pays de dictature semblent avoir à cœur de l’illustrer ad absurdum. Il faut que cet avertissement brutal soit co

378 utal soit compris, non pas comme un motif de plus d’ indignation, mais comme la révélation de certaines menaces potentielle

379 f de plus d’indignation, mais comme la révélation de certaines menaces potentielles dans nos pays. Citons ici trois des ré

380 r belge « croit pouvoir dire » que les historiens de son pays sont attachés aux principes suivants : « Éliminer soigneusem

381 s suivants : « Éliminer soigneusement tout esprit de nationalisme linguistique ou économique, ou toute dialectique matéria

382 ou toute dialectique matérialiste visant à faire de l’enseignement de l’histoire un instrument de combat ou de propagande

383 que matérialiste visant à faire de l’enseignement de l’histoire un instrument de combat ou de propagande. Saluer avec joie

384 ire de l’enseignement de l’histoire un instrument de combat ou de propagande. Saluer avec joie toute possibilité d’apprend

385 ignement de l’histoire un instrument de combat ou de propagande. Saluer avec joie toute possibilité d’apprendre à la jeune

386 de propagande. Saluer avec joie toute possibilité d’ apprendre à la jeunesse à estimer et à aimer les peuples pacifiques, n

387 peuples pacifiques, notamment ceux des deux rives de l’Atlantique… » À l’inverse et symétriquement, le rapporteur bulgare

388 ent, le rapporteur bulgare écrit que les prémices de l’enseignement historique dans son pays sont aujourd’hui les suivante

389 « grande sœur Slave », l’URSS… Négation à priori de toute influence occidentale sur le pays… On demande à l’Histoire de d

390 occidentale sur le pays… On demande à l’Histoire de démontrer que l’Europe est morte tandis que la Russie vit toujours. »

391 universités, en Europe occidentale, est très loin d’ être uniforme, comme on sait. Dans presque tous nos pays, l’on trouve

392 tous nos pays, l’on trouve à côté des universités d’ État, des universités libres, souvent confessionnelles, vivant de dona

393 versités libres, souvent confessionnelles, vivant de donations privées, ou dépendant d’une municipalité. Cette bigarrure,

394 nelles, vivant de donations privées, ou dépendant d’ une municipalité. Cette bigarrure, ce régime mixte, s’opposent assez e

395 ssez effectivement à une « mise au pas » générale de l’enseignement supérieur. Mais souvent encore, les nominations de pro

396 t supérieur. Mais souvent encore, les nominations de professeurs sont faites par l’État ou par les pouvoirs politiques loc

397 te que les influences partisanes s’y font sentir, d’ une manière qui pourrait devenir dangereuse dans la mesure où le parti

398 la Grande-Bretagne fait exception), un professeur d’ université doit avoir la nationalité du pays où il enseigne. (Dans les

399 ationalité du pays où il enseigne. (Dans les pays de l’Est, la nationalité russe suffit.) Certaines dérogations à cette rè

400 ritage du nationalisme du xixe siècle. Le régime de la radio et celui de l’information donneraient lieu à des remarques a

401 e du xixe siècle. Le régime de la radio et celui de l’information donneraient lieu à des remarques analogues. Là encore,

402 atique) qui s’opposent seuls à une emprise totale de la politique partisane sur l’expression des idées et la critique. Dan

403 omaines, il faut bien avouer qu’un certain défaut d’ organisation reste la meilleure sauvegarde de la liberté de l’esprit,

404 faut d’organisation reste la meilleure sauvegarde de la liberté de l’esprit, tant que l’on n’aura pas abouti à la solution

405 ation reste la meilleure sauvegarde de la liberté de l’esprit, tant que l’on n’aura pas abouti à la solution idéale, qui s

406 ’aura pas abouti à la solution idéale, qui serait d’ organiser les libertés, c’est-à-dire de les garantir statutairement co

407 qui serait d’organiser les libertés, c’est-à-dire de les garantir statutairement contre les mécanismes étatiques. Le régim

408 rement contre les mécanismes étatiques. Le régime de l’information fournit un test très simple pour distinguer les pays to

409 s pays totalitaires des autres. Là où les agences d’ information sont privées — comme dans presque tous les pays de l’Ouest

410 n sont privées — comme dans presque tous les pays de l’Ouest4 — il y a possibilité, sinon garantie, d’objectivité. Là où l

411 de l’Ouest4 — il y a possibilité, sinon garantie, d’ objectivité. Là où l’information n’est qu’un service des Affaires étra

412 des Affaires étrangères, comme dans tous les pays de l’Est et l’Espagne, il y a totalitarisme caractérisé. En apparence, l

413 ’aux yeux des Soviétiques l’épithète injurieuse «  d’ a-politique » est encore synonyme « d’occidental », on doit constater

414 njurieuse « d’a-politique » est encore synonyme «  d’ occidental », on doit constater d’autre part que les libertés dont nou

415 rtés dont nous bénéficions (indépendance relative de la culture par rapport aux pressions politiques, nationalistes, étati

416 el on interprète les règlements, par la diversité de ces derniers, et même par un certain désordre qu’ils ménagent. Or si

417 énagent. Or si cet esprit s’affaiblit, si un état de guerre suspend certains scrupules, et si un parti au pouvoir se décid

418 s, et si un parti au pouvoir se décide à « mettre de l’ordre » à sa manière dans tel ou tel pays, il sera facile à ce part

419 e dans tel ou tel pays, il sera facile à ce parti d’ étatiser, au nom des lois qui existent, la radio et l’information, l’e

420 ignement et la recherche scientifique. Il suffira de passer d’un stade de désordre relatif à un ordre plus « rationnel »,

421 t la recherche scientifique. Il suffira de passer d’ un stade de désordre relatif à un ordre plus « rationnel », d’un faibl

422 che scientifique. Il suffira de passer d’un stade de désordre relatif à un ordre plus « rationnel », d’un faible degré à u

423 e désordre relatif à un ordre plus « rationnel », d’ un faible degré à un haut degré d’organisation, pour que nos régimes l

424 « rationnel », d’un faible degré à un haut degré d’ organisation, pour que nos régimes libéraux deviennent totalitaires, s

425 ux deviennent totalitaires, sans qu’il y ait lieu de changer les prémices fournies par le nationalisme et par le dogme de

426 ices fournies par le nationalisme et par le dogme de l’État souverain. Nos garanties de liberté sont donc dans une large m

427 t par le dogme de l’État souverain. Nos garanties de liberté sont donc dans une large mesure, négatives. Elles courent le

428 ure, négatives. Elles courent le risque permanent d’ être tournées, par des moyens que les dictatures de l’Est ont fort bie

429 ’être tournées, par des moyens que les dictatures de l’Est ont fort bien illustrés. Le plus facile à définir est la censur

430  et souvent frappent en fait — plusieurs domaines de la vie culturelle, d’une manière indirecte, apparemment légale. Moyen

431 n fait — plusieurs domaines de la vie culturelle, d’ une manière indirecte, apparemment légale. Moyens : nominations ou non

432 , apparemment légale. Moyens : nominations ou non de professeurs et d’administrateurs par l’État ou par un conseil local,

433 le. Moyens : nominations ou non de professeurs et d’ administrateurs par l’État ou par un conseil local, selon les opinions

434 tiques du candidat ; choix des manuels ; licences de publication octroyées ou non par l’État, pour les journaux, les livre

435 pour les journaux, les livres, les revues ; quota de papier alloué ou non à telle maison d’édition ; subsides, permis d’ex

436 u non à telle maison d’édition ; subsides, permis d’ exportation ou d’importation accordés ou non. On invoque en général le

437 son d’édition ; subsides, permis d’exportation ou d’ importation accordés ou non. On invoque en général les circonstances é

438 miques, pour dissimuler les motifs politiques (ou d’ intérêt privé) des décisions prises. À l’Est — il faut toujours y reve

439 rs y revenir pour marquer l’aboutissement extrême de plusieurs de nos propres tendances — nous voyons se former une vérita

440 pour marquer l’aboutissement extrême de plusieurs de nos propres tendances — nous voyons se former une véritable culture c

441 y réfère avec une rigueur telle que le style même d’ un écrivain ou d’un peintre peut être attaqué par les fonctionnaires d

442 rigueur telle que le style même d’un écrivain ou d’ un peintre peut être attaqué par les fonctionnaires de l’État, qualifi

443 peintre peut être attaqué par les fonctionnaires de l’État, qualifié de sabotage et châtié (sans jeu de mots). La censure

444 ttaqué par les fonctionnaires de l’État, qualifié de sabotage et châtié (sans jeu de mots). La censure politique est si pa

445 l’État, qualifié de sabotage et châtié (sans jeu de mots). La censure politique est si parfaitement préventive, qu’elle p

446 itement préventive, qu’elle peut s’offrir le luxe de disparaître en tant qu’activité distincte de répression. Elle est par

447 luxe de disparaître en tant qu’activité distincte de répression. Elle est partout et nulle part. C’est ainsi que le rappor

448 r toute censure suppose une certaine indépendance de la production intellectuelle ou des sources d’information, or cette i

449 ce de la production intellectuelle ou des sources d’ information, or cette indépendance est exclue à priori. « Informateur

450 tile tout contrôle. » Voilà donc une presse libre de toute contrainte sensible… Nationalisation de la recherche scientifi

451 re de toute contrainte sensible… Nationalisation de la recherche scientifique. — La situation des physiciens mérite une m

452 s nous bornerons à citer à ce sujet deux extraits d’ un article de M. Jean Thibaud, directeur de l’Institut français de phy

453 ons à citer à ce sujet deux extraits d’un article de M. Jean Thibaud, directeur de l’Institut français de physique atomiqu

454 traits d’un article de M. Jean Thibaud, directeur de l’Institut français de physique atomique. « Dans le domaine de la phy

455 M. Jean Thibaud, directeur de l’Institut français de physique atomique. « Dans le domaine de la physique, écrit-il, des ré

456 français de physique atomique. « Dans le domaine de la physique, écrit-il, des résultats d’une incroyable portée intellec

457 e domaine de la physique, écrit-il, des résultats d’ une incroyable portée intellectuelle sont actuellement maintenus secre

458 lieu, comme avant la guerre, à des communications de portée internationale. Il y a loin de la situation présente à celle d

459 ale. Il y a loin de la situation présente à celle d’ il y a dix ans, où certaines découvertes étaient annoncées par télégra

460 mondiale… » L’État fait peser sur les recherches de la physique nucléaire un lourd contrôle et « des suspicions quasi pol

461 État moderne, non anarchique, où existe une ligne de conduite officielle dans la conduite des affaires extérieures comme i

462 s affaires extérieures comme intérieures, l’homme de science comme l’artiste, comme le littérateur, représente, pour le go

463 avance technique sur ses rivaux. Seuls des hommes de science politiquement “engagés” — et engagés dans la ligne que souhai

464 que souhaite le régime — pourraient être assurés de la confiance de ce dernier. » Situation de la culture dans les socié

465 régime — pourraient être assurés de la confiance de ce dernier. » Situation de la culture dans les sociétés modernes. — 

466 surés de la confiance de ce dernier. » Situation de la culture dans les sociétés modernes. — L’exemple des recherches ato

467 ucune « utilité pratique ». Inversement, si l’une de ses activités se révèle « pratiquement utilisable » (au service de la

468 se révèle « pratiquement utilisable » (au service de la politique), ceux qui s’y livrent sont aussitôt privés des libertés

469 ssitôt privés des libertés élémentaires : liberté de recherche, liberté d’échange, liberté de publication, dans certains c

470 rtés élémentaires : liberté de recherche, liberté d’ échange, liberté de publication, dans certains cas, liberté de circule

471 liberté de recherche, liberté d’échange, liberté de publication, dans certains cas, liberté de circuler. D’une manière gé

472 iberté de publication, dans certains cas, liberté de circuler. D’une manière générale, la condition de la culture, dans no

473 lication, dans certains cas, liberté de circuler. D’ une manière générale, la condition de la culture, dans nos pays, a sub

474 de circuler. D’une manière générale, la condition de la culture, dans nos pays, a subi de profondes transformations pendan

475 la condition de la culture, dans nos pays, a subi de profondes transformations pendant l’ère des nationalismes et de la so

476 ransformations pendant l’ère des nationalismes et de la souveraineté sans limites de l’État. Créatrice des richesses, de l

477 nationalismes et de la souveraineté sans limites de l’État. Créatrice des richesses, de la puissance et du prestige mondi

478 sans limites de l’État. Créatrice des richesses, de la puissance et du prestige mondial de l’Europe, on pourrait croire q

479 richesses, de la puissance et du prestige mondial de l’Europe, on pourrait croire qu’elle n’est plus, aujourd’hui, qu’un a

480 , un luxe des classes possédantes, ou un ensemble de spécialités et de techniques ésotériques, qui ne concernent pas l’hom

481 ses possédantes, ou un ensemble de spécialités et de techniques ésotériques, qui ne concernent pas l’homme de la rue, ni l

482 niques ésotériques, qui ne concernent pas l’homme de la rue, ni l’industriel ou le banquier. Jadis centrale, la situation

483 riel ou le banquier. Jadis centrale, la situation de la culture est devenue périphérique. Comment expliquer autrement qu’i

484 pliquer autrement qu’il soit admis sans question, de nos jours, que l’esprit subordonne ses intérêts à ceux de l’économie,

485 ours, que l’esprit subordonne ses intérêts à ceux de l’économie, de la politique ou de la défense nationale ? Et que perso

486 rit subordonne ses intérêts à ceux de l’économie, de la politique ou de la défense nationale ? Et que personne ne s’avise

487 intérêts à ceux de l’économie, de la politique ou de la défense nationale ? Et que personne ne s’avise de soutenir qu’il f

488 la défense nationale ? Et que personne ne s’avise de soutenir qu’il faudrait inverser cette hiérarchie ? Rendue matérielle

489 tte hiérarchie ? Rendue matériellement dépendante de l’État, plus qu’elle ne le fut jamais du mécénat privé (et avec moins

490 ne le fut jamais du mécénat privé (et avec moins d’ avantages en retour), notre culture se voit contrainte d’obéir à des «

491 ages en retour), notre culture se voit contrainte d’ obéir à des « nécessités » qui lui sont étrangères et la dégradent. El

492 pensée et l’action ; entre une pensée qui accepte d’ être inefficace, et une action par conséquent désorientée, à courtes v

493 ar conséquent désorientée, à courtes vues, privée de cohérence profonde. Tel est le mal profond dont souffre l’Occident. I

494 plus haut. À l’inverse, les régimes totalitaires de l’Est ont si bien vu l’importance primordiale de la culture, qu’ils l

495 de l’Est ont si bien vu l’importance primordiale de la culture, qu’ils l’ont immédiatement étatisée. Ils lui ont rendu of

496 veux spontanés, criant sur tous les modes l’éloge de ses bourreaux : elle est devenue la Propagande. Les conditions morale

497 est devenue la Propagande. Les conditions morales de la vie de l’esprit au xxe siècle se résument donc dans le paradoxe s

498 e la Propagande. Les conditions morales de la vie de l’esprit au xxe siècle se résument donc dans le paradoxe suivant : C

499 outes les misères et entraves dont souffre la vie de l’esprit en Europe se ramènent en dernière analyse à une seule et mêm

500 nt du grand Domaine occidental en nations bardées de frontières, hérissées de tarifs douaniers et de mesures prétendues « 

501 ental en nations bardées de frontières, hérissées de tarifs douaniers et de mesures prétendues « protectionnistes » qui, l

502 s de frontières, hérissées de tarifs douaniers et de mesures prétendues « protectionnistes » qui, loin de protéger, étouff

503 , échanges paralysés, fiscalité excessive, manque d’ air et de circulation vivifiante, moyens matériels ridiculement réduit

504 s paralysés, fiscalité excessive, manque d’air et de circulation vivifiante, moyens matériels ridiculement réduits, ou reç

505 tériels ridiculement réduits, ou reçus en échange de certaines libertés essentielles : tout cela provient du nationalisme

506 cela tend, pratiquement, à faire dépendre la vie de l’esprit d’une économie désorganisée, souvent absurde, derrière laque

507 pratiquement, à faire dépendre la vie de l’esprit d’ une économie désorganisée, souvent absurde, derrière laquelle se prépa

508 cessaires devient évident. S’il est vrai qu’aucun de nos pays ne peut plus se défendre ni subsister seul, au triple point

509 itaire, cela est vrai plus encore au point de vue de la culture. La phase relativement créatrice des nationalismes se trou

510 rop étroits et vermoulus (dont d’autres partisans de l’Europe unie, à La Haye, à Westminster et à Strasbourg, ont cherché

511 stminster et à Strasbourg, ont cherché les moyens de nous libérer) ; il en subsiste aussi des habitudes mentales, des préj

512 tenaces, et des pratiques qu’il nous appartiendra de dénoncer, parfois de corriger, mais plus souvent de supprimer. Or il

513 ques qu’il nous appartiendra de dénoncer, parfois de corriger, mais plus souvent de supprimer. Or il nous semble que cert

514 dénoncer, parfois de corriger, mais plus souvent de supprimer. Or il nous semble que certaines expressions, qui font flo

515 les, ou reconnaissent implicitement le bien-fondé de certaines pratiques qu’il s’agirait d’éliminer radicalement. On parle

516 bien-fondé de certaines pratiques qu’il s’agirait d’ éliminer radicalement. On parle beaucoup, par exemple, « d’organiser l

517 r radicalement. On parle beaucoup, par exemple, «  d’ organiser les échanges culturels ». Observons qu’il n’en serait pas qu

518 frontières étaient ouvertes, et l’union fédérale de l’Europe réalisée. Nos cultures, prisonnières des cadres nationaux, n

519 res nationaux, ne doivent pas chercher des moyens de correspondre plus facilement d’une prison à l’autre. Elles doivent au

520 ercher des moyens de correspondre plus facilement d’ une prison à l’autre. Elles doivent au contraire exiger leur « élargis

521 ement » immédiat, sans condition. Le terme même «  d’ échanges culturels », avouons-le, est devenu bien déplaisant, à force

522 , avouons-le, est devenu bien déplaisant, à force d’ avoir servi d’échappatoire facile aux fonctionnaires chargés (malgré e

523 est devenu bien déplaisant, à force d’avoir servi d’ échappatoire facile aux fonctionnaires chargés (malgré eux, bien souve

524 , bien souvent) des problèmes réputés secondaires de la culture. Ils tentent de s’en tirer en consentant à la culture ce p

525 es réputés secondaires de la culture. Ils tentent de s’en tirer en consentant à la culture ce petit va-et-vient d’échanges

526 r en consentant à la culture ce petit va-et-vient d’ échanges surveillés que leurs douaniers et leurs agents fiscaux sauron

527 ux quelques petits décrets concernant les voyages de quelques professeurs bien vus des pouvoirs, de quelques boursiers bon

528 es de quelques professeurs bien vus des pouvoirs, de quelques boursiers bons élèves ; et quelques phrases bien plates sur

529 hrases bien plates sur l’indispensable solidarité de nos nations. Une hypocrisie ennuyeuse. Prétendre « organiser les écha

530 d’une part reconnaître que l’État reste le maître d’ élever ou d’abaisser des obstacles arbitraires à la circulation normal

531 econnaître que l’État reste le maître d’élever ou d’ abaisser des obstacles arbitraires à la circulation normale des idées,

532 insi à faire représenter un peuple, à l’étranger, de préférence par des médiocres. Si l’on veut que les échanges redevienn

533 nent ce qu’ils ont toujours été dans les périodes de vitalité de la culture — des échanges de découvertes à l’état naissan

534 ls ont toujours été dans les périodes de vitalité de la culture — des échanges de découvertes à l’état naissant, de produi

535 périodes de vitalité de la culture — des échanges de découvertes à l’état naissant, de produits originaux, de curiosités a

536 — des échanges de découvertes à l’état naissant, de produits originaux, de curiosités avides, d’expressions authentiques

537 uvertes à l’état naissant, de produits originaux, de curiosités avides, d’expressions authentiques de la sensibilité, de p

538 ant, de produits originaux, de curiosités avides, d’ expressions authentiques de la sensibilité, de passions mêmes, et non

539 de curiosités avides, d’expressions authentiques de la sensibilité, de passions mêmes, et non pas de simples déplacements

540 es, d’expressions authentiques de la sensibilité, de passions mêmes, et non pas de simples déplacements de forts en thème 

541 de la sensibilité, de passions mêmes, et non pas de simples déplacements de forts en thème — nous devons : 1) abandonner,

542 assions mêmes, et non pas de simples déplacements de forts en thème — nous devons : 1) abandonner, et au besoin dénoncer l

543 : 1) abandonner, et au besoin dénoncer la méthode de « l’organisation des échanges », 2) exiger la suppression immédiate d

544 ion des personnes, des œuvres, et des instruments de travail dans toute l’étendue de l’Europe. Toutes nos cultures sont n

545 t des instruments de travail dans toute l’étendue de l’Europe. Toutes nos cultures sont nées d’un fonds commun, qu’elles

546 endue de l’Europe. Toutes nos cultures sont nées d’ un fonds commun, qu’elles ont progressivement diversifié. Elles se son

547 sont nourries les unes des autres, elles ont vécu de l’échange de leurs découvertes et de leurs méthodes de leurs procédés

548 les unes des autres, elles ont vécu de l’échange de leurs découvertes et de leurs méthodes de leurs procédés techniques o

549 les ont vécu de l’échange de leurs découvertes et de leurs méthodes de leurs procédés techniques ou rhétoriques, des forme

550 échange de leurs découvertes et de leurs méthodes de leurs procédés techniques ou rhétoriques, des formes musicales et lit

551 ans la mesure où elles vivent. L’unité culturelle de l’Europe n’a plus à être faite : elle existait aux origines, et elle

552 x origines, et elle n’a cessé pendant les siècles de se reformer, de s’enrichir de mille diversités. Il ne s’agit pas de l

553 lle n’a cessé pendant les siècles de se reformer, de s’enrichir de mille diversités. Il ne s’agit pas de la créer ou de l’

554 pendant les siècles de se reformer, de s’enrichir de mille diversités. Il ne s’agit pas de la créer ou de l’organiser par

555 s’enrichir de mille diversités. Il ne s’agit pas de la créer ou de l’organiser par décret, mais simplement de la laisser

556 mille diversités. Il ne s’agit pas de la créer ou de l’organiser par décret, mais simplement de la laisser se manifester,

557 éer ou de l’organiser par décret, mais simplement de la laisser se manifester, et de ne plus l’empêcher d’évoluer selon se

558 , mais simplement de la laisser se manifester, et de ne plus l’empêcher d’évoluer selon ses lois et sa liberté propres. L’

559 a laisser se manifester, et de ne plus l’empêcher d’ évoluer selon ses lois et sa liberté propres. L’Europe ouverte, et rie

560 res. L’Europe ouverte, et rien de plus, mais rien de moins, voilà la solution, voilà le remède pratique à presque tous les

561 t positif. Il serait en effet insuffisant et vain de vouloir revenir à la condition libérale qui était celle de l’esprit e

562 r revenir à la condition libérale qui était celle de l’esprit en Europe avant la guerre de 1914, puisqu’elle n’a pas suffi

563 était celle de l’esprit en Europe avant la guerre de 1914, puisqu’elle n’a pas suffi à réduire les nationalismes, mais que

564 titutions qui garantissent et manifestent l’unité de nos cultures dans leur diversité. Il faut doter l’Europe unie d’instr

565 dans leur diversité. Il faut doter l’Europe unie d’ instruments de travail à l’échelle continentale.il faut aussi former l

566 ersité. Il faut doter l’Europe unie d’instruments de travail à l’échelle continentale.il faut aussi former les jeunes homm

567 er les jeunes hommes qui deviendront les porteurs de l’idée fédérale, sans laquelle nos réformes techniques et matérielles

568 cuments et rapports spéciaux mis à la disposition de la Conférence donnent le détail des projets à l’étude. Nous nous born

569 que le xxe siècle a vus naître, il est frappant de constater qu’il n’en existe pas un seul qui ait pour objet l’Europe c

570 une nation, à une région géographique (le bassin de la Méditerranée ou la Scandinavie, par exemple), ou à une discipline

571 ys constituent un ensemble, un complexe organique de culture, facile à distinguer de ses voisins, et qu’en tout cas, ceux-

572 omplexe organique de culture, facile à distinguer de ses voisins, et qu’en tout cas, ceux-ci distinguent souvent mieux que

573 ulture occidentale l’englobent dans une « unité » de réprobation bien significative6.) Il est étrange que cet ensemble n’a

574 mble n’ait pas encore été étudié en tant que tel, d’ une manière systématique ; et qu’il n’existe aucune institution capabl

575 ue ; et qu’il n’existe aucune institution capable de renseigner sur l’Europe en général, sa situation présente, l’état de

576 ’Europe en général, sa situation présente, l’état de ses forces, ses possibilités et ses lacunes. Dès le congrès de La Hay

577 , ses possibilités et ses lacunes. Dès le congrès de La Haye (mai 1948) le Mouvement européen avait reconnu la nécessité d

578 le Mouvement européen avait reconnu la nécessité d’ instituer un Centre européen de la culture, dont les attributions fure

579 par la Résolution culturelle du Congrès. Au mois de février 1949, le Mouvement européen ouvrait à Genève un Bureau d’étud

580 le Mouvement européen ouvrait à Genève un Bureau d’ études, chargé de préparer l’œuvre du Centre, et d’assurer dans la mes

581 opéen ouvrait à Genève un Bureau d’études, chargé de préparer l’œuvre du Centre, et d’assurer dans la mesure du possible c

582 ’études, chargé de préparer l’œuvre du Centre, et d’ assurer dans la mesure du possible certaines de ses fonctions, en atte

583 et d’assurer dans la mesure du possible certaines de ses fonctions, en attendant qu’il puisse être officiellement constitu

584 sse être officiellement constitué. Enfin, au mois de septembre de la même année, l’Assemblée consultative de Strasbourg vo

585 ciellement constitué. Enfin, au mois de septembre de la même année, l’Assemblée consultative de Strasbourg votait à l’unan

586 tembre de la même année, l’Assemblée consultative de Strasbourg votait à l’unanimité une recommandation tendant à la créat

587 nanimité une recommandation tendant à la création d’ un Centre européen de la culture. Le travail du Bureau d’études de Gen

588 ntre européen de la culture. Le travail du Bureau d’ études de Genève, depuis quelques mois, a permis de serrer de plus prè

589 péen de la culture. Le travail du Bureau d’études de Genève, depuis quelques mois, a permis de serrer de plus près la ques

590 ’études de Genève, depuis quelques mois, a permis de serrer de plus près la question, et nous a conduits aux premières con

591 premières conclusions que voici. a) Trois ordres d’ activité apparaissent nécessaires et sont immédiatement réalisables, s

592 ode la plus féconde paraît être celle des groupes de travail restreints, réunissant pendant quelques jours sous le même to

593 ts personnels qui se nouent alors n’ont pas moins de valeur que les résultats pratiques obtenus, résultats auxquels on par

594 s auxquels on parvient d’ailleurs plus rapidement de cette manière que par correspondance. c) Le Centre culturel, prenant

595 nales, devrait restreindre par principe le nombre de ses collaborateurs, de ses employés et de ses bureaux. Il adopterait

596 dre par principe le nombre de ses collaborateurs, de ses employés et de ses bureaux. Il adopterait une politique sévère de

597 nombre de ses collaborateurs, de ses employés et de ses bureaux. Il adopterait une politique sévère de déflation administ

598 e ses bureaux. Il adopterait une politique sévère de déflation administrative et de guerre au papier. Les bureaux du Centr

599 e politique sévère de déflation administrative et de guerre au papier. Les bureaux du Centre proprement dit (à Genève) lim

600 eux et spécialisé (université européenne, centres de recherches scientifiques, etc.), elles seraient exercées dans d’autre

601 raient exercées dans d’autres pays, et jouiraient d’ une large autonomie. Ainsi le Centre resterait un organe de coordinati

602 ge autonomie. Ainsi le Centre resterait un organe de coordination, mais il serait, si l’on peut dire, décentralisé. Il est

603 t, si l’on peut dire, décentralisé. Il est facile de voir que cette structure présenterait de grands avantages, tant au po

604 t facile de voir que cette structure présenterait de grands avantages, tant au point de vue de l’efficacité qu’à celui du

605 nterait de grands avantages, tant au point de vue de l’efficacité qu’à celui du financement. d) Dans l’ensemble complexe

606 u à créer — Équivalence des diplômes et des cours d’ études — Révision des manuels — II. Culture. Bibliothèque européenne —

607 e — Documentation et archives — Offices européens de l’édition, du cinéma, de la radio, des festivals — Centres de recherc

608 ives — Offices européens de l’édition, du cinéma, de la radio, des festivals — Centres de recherches scientifiques — Index

609 , du cinéma, de la radio, des festivals — Centres de recherches scientifiques — Index critique des traductions — Publicati

610 Publications propres du Centre — Revues — Groupes de travail et Congrès professionnels. III. Relations de la culture avec

611 travail et Congrès professionnels. III. Relations de la culture avec les instances politiques, économiques, sociales, juri

612 es politiques, économiques, sociales, juridiques. De plusieurs côtés, on a émis l’idée d’une sorte de Comité de vigilance,

613 juridiques. De plusieurs côtés, on a émis l’idée d’ une sorte de Comité de vigilance, qui par ses interventions publiques

614 De plusieurs côtés, on a émis l’idée d’une sorte de Comité de vigilance, qui par ses interventions publiques et par sa pa

615 urs côtés, on a émis l’idée d’une sorte de Comité de vigilance, qui par ses interventions publiques et par sa participatio

616 été occidentale, et lui permettrait, en tout cas, d’ exercer avec plus d’efficacité son rôle de critique et d’inspiration.

617 lui permettrait, en tout cas, d’exercer avec plus d’ efficacité son rôle de critique et d’inspiration. Ce département serai

618 ut cas, d’exercer avec plus d’efficacité son rôle de critique et d’inspiration. Ce département serait conçu comme l’agent

619 er avec plus d’efficacité son rôle de critique et d’ inspiration. Ce département serait conçu comme l’agent de ce que Paul

620 ration. Ce département serait conçu comme l’agent de ce que Paul Valéry nommait « une politique de l’esprit ». Il s’agit l

621 ent de ce que Paul Valéry nommait « une politique de l’esprit ». Il s’agit là, bien entendu, d’une vue lointaine, qui ne s

622 itique de l’esprit ». Il s’agit là, bien entendu, d’ une vue lointaine, qui ne saurait faire l’objet d’une résolution à la

623 d’une vue lointaine, qui ne saurait faire l’objet d’ une résolution à la Conférence. (Plusieurs pages du Rapport sont alor

624 illée des institutions à créer, telles le Collège d’ Europe à Bruges, et les instituts d’études européennes ; mais aussi un

625 es le Collège d’Europe à Bruges, et les instituts d’ études européennes ; mais aussi une Université européenne, des Lycées

626 ropéenne, des Lycées européens, un Fonds européen de Recherches scientifiques, un Centre européen de recherches nucléaires

627 n de Recherches scientifiques, un Centre européen de recherches nucléaires — le futur CERN.) Financement des institutions

628 ient être créés par le blocage au titre européen, d’ une partie du budget de l’Éducation nationale dans chaque pays. Les go

629 blocage au titre européen, d’une partie du budget de l’Éducation nationale dans chaque pays. Les gouvernements et l’économ

630 és. Nous invoquerons le fait que, si le sentiment d’ un destin spirituel commun, et l’énergie créatrice des Européens ne so

631 ettre nos gouvernements devant un choix. Un ordre de priorité doit être établi. Il est probable que le prix de revient d’u

632 ité doit être établi. Il est probable que le prix de revient d’une seule bombe atomique dépasse largement le budget annuel

633 re établi. Il est probable que le prix de revient d’ une seule bombe atomique dépasse largement le budget annuel des instit

634 institutions que nous venons de proposer. Le prix d’ une seule bombe atomique couvrirait donc le budget global d’une renais

635 e bombe atomique couvrirait donc le budget global d’ une renaissance de la culture européenne. Construire des engins de mor

636 ouvrirait donc le budget global d’une renaissance de la culture européenne. Construire des engins de mort qui coûtent des

637 e de la culture européenne. Construire des engins de mort qui coûtent des milliards, quand on refuse de trouver les millio

638 e mort qui coûtent des milliards, quand on refuse de trouver les millions qui permettraient de développer la recherche sci

639 refuse de trouver les millions qui permettraient de développer la recherche scientifique pour la paix et la vie, c’est la

640 ientifique pour la paix et la vie, c’est la folie de l’Occident moderne. La Conférence faillirait à sa mission, si elle n’

641 Pour quelles fins réelles voulons-nous ces moyens de culture, et cette éducation d’une conscience commune de l’Europe ? La

642 ns-nous ces moyens de culture, et cette éducation d’ une conscience commune de l’Europe ? La question doit être posée. Elle

643 ture, et cette éducation d’une conscience commune de l’Europe ? La question doit être posée. Elle est d’ailleurs spécifiqu

644 pas substituer aux nationalismes locaux une sorte de nationalisme européen. L’Europe s’est, de tout temps, ouverte au mond

645 e sorte de nationalisme européen. L’Europe s’est, de tout temps, ouverte au monde entier. À tort ou à raison, par idéalism

646 toujours conçu sa civilisation comme un ensemble de valeurs universelles. Il ne s’agit donc pas pour nous d’opposer une n

647 urs universelles. Il ne s’agit donc pas pour nous d’ opposer une nation européenne aux grandes nations de l’Est et de l’Oue

648 opposer une nation européenne aux grandes nations de l’Est et de l’Ouest ; ni de vouloir une « culture européenne » synthé

649 nation européenne aux grandes nations de l’Est et de l’Ouest ; ni de vouloir une « culture européenne » synthétique, valab

650 e aux grandes nations de l’Est et de l’Ouest ; ni de vouloir une « culture européenne » synthétique, valable pour nous seu

651 fermée sur elle-même : ce serait trahir le génie de l’Europe, le couper de ses sources chrétiennes et humanistes. Notre a

652 ce serait trahir le génie de l’Europe, le couper de ses sources chrétiennes et humanistes. Notre ambition est de contribu

653 ces chrétiennes et humanistes. Notre ambition est de contribuer à l’union de nos pays, qui sera leur seul salut, par le mo

654 istes. Notre ambition est de contribuer à l’union de nos pays, qui sera leur seul salut, par le moyen d’une renaissance de

655 nos pays, qui sera leur seul salut, par le moyen d’ une renaissance de leur culture dans la liberté de l’esprit, qui est l

656 a leur seul salut, par le moyen d’une renaissance de leur culture dans la liberté de l’esprit, qui est leur vraie force. N

657 d’une renaissance de leur culture dans la liberté de l’esprit, qui est leur vraie force. Notre objet ne sera pas non plus

658 eur vraie force. Notre objet ne sera pas non plus de dénoncer ce qui se pratique ailleurs, car nous ne pouvons réformer qu

659 acceptons pas la scission que symbolise le rideau de fer ; mais nous pensons que le meilleur moyen de ramener vers l’Occid

660 de fer ; mais nous pensons que le meilleur moyen de ramener vers l’Occident les peuples séparés, c’est de leur offrir l’i

661 amener vers l’Occident les peuples séparés, c’est de leur offrir l’image d’une Europe rénovée par l’union dans la liberté,

662 les peuples séparés, c’est de leur offrir l’image d’ une Europe rénovée par l’union dans la liberté, d’une Europe qui prend

663 d’une Europe rénovée par l’union dans la liberté, d’ une Europe qui prend au sérieux sa vocation particulière dans le monde

664 blie et divisée par vingt nationalismes et autant de barrières de douanes ne saurait plus être un pôle d’attraction. Une E

665 ée par vingt nationalismes et autant de barrières de douanes ne saurait plus être un pôle d’attraction. Une Europe proclam

666 barrières de douanes ne saurait plus être un pôle d’ attraction. Une Europe proclamant des principes sans les appliquer fer

667 ppliquer fermement n’aurait bientôt plus le droit de parler. Prendre au sérieux la vocation européenne, c’est une mission

668 sérieux la vocation européenne, c’est une mission de vigilance dont les intellectuels des pays libres doivent se sentir pl

669 tir plus que jamais responsables. Il leur incombe de rappeler sans relâche aux gouvernements et aux politiciens comme aux

670 eurs sociaux et aux experts, qu’un certain nombre de principes moraux ne sauraient être négligés dans la pratique sans que

671 et respect des diversités. Que jamais une partie de la cité ne prétende imposer le silence à toutes les autres ; que jama

672 ouvoir pour écraser l’opposition, car la minorité d’ aujourd’hui sera peut-être la majorité de demain, et c’est dans les mi

673 minorité d’aujourd’hui sera peut-être la majorité de demain, et c’est dans les minorités qu’on fait l’apprentissage de la

674 est dans les minorités qu’on fait l’apprentissage de la liberté. Bien plus, l’Europe est si diverse que chaque majorité lo

675 inent. L’Europe est donc nécessairement une école de la tolérance. Elle ne doit condamner — dans son sein tout d’abord — q

676 aient encore plus, mais lui enlèveraient le droit de dénoncer en bonne conscience les régimes de cité fermée, dont le symb

677 droit de dénoncer en bonne conscience les régimes de cité fermée, dont le symbole et le terme logique s’appelle le camp de

678 le symbole et le terme logique s’appelle le camp de concentration. Europe doit signifier enfin dialogue. L’union que nous

679 es. ⁂ Si nous exerçons, à Lausanne, cette action de vigilance publique, on pourra dire vraiment de notre Conférence qu’el

680 on de vigilance publique, on pourra dire vraiment de notre Conférence qu’elle fut le congrès de la conscience européenne.

681 aiment de notre Conférence qu’elle fut le congrès de la conscience européenne. Une conscience malheureuse, il est vrai, to

682 conscience, en dernière analyse. C’est notre lot d’ Européens, et c’est notre passion profonde, que de préférer la conscie

683 d’Européens, et c’est notre passion profonde, que de préférer la conscience au bonheur. Vocation tragique et féconde, qui

684 à l’Ouest deux civilisations plus jeunes, filles de la nôtre, et qui chacune à sa façon, cultivent un idéal eudémonique,

685 sa façon, cultivent un idéal eudémonique, l’idéal d’ un bonheur assuré. Il est frappant que le bonheur, en Europe n’ait tro

686 mes, quelques prières. C’est par la musique seule de Bach ou de Mozart que nous en possédons la substance idéale, que nous

687 es prières. C’est par la musique seule de Bach ou de Mozart que nous en possédons la substance idéale, que nous en respiro

688 , nous ne sommes pas réunis pour tracer des plans d’ innocence et de prospérité organisée. Nous tenterons, sobrement, de tr

689 s pas réunis pour tracer des plans d’innocence et de prospérité organisée. Nous tenterons, sobrement, de trouver les moyen

690 prospérité organisée. Nous tenterons, sobrement, de trouver les moyens qui permettent le libre exercice de nos vocations

691 ouver les moyens qui permettent le libre exercice de nos vocations tourmentées ; des moyens de vivre, oui, mais selon notr

692 xercice de nos vocations tourmentées ; des moyens de vivre, oui, mais selon notre foi, sans renier nos raisons de vivre. S

693 ui, mais selon notre foi, sans renier nos raisons de vivre. Sauvons l’Europe tragique, pour que nos descendants puissent e

694 t, par la grâce des chefs-d’œuvre futurs, au ciel de la musique, dans une Europe heureuse. Conclusion du discours de prés

695 dans une Europe heureuse. Conclusion du discours de présentation du Rapport général, lors de la séance inaugurale du 8 dé

696 écembre 1949. 3. Rappelons que ces rapporteurs de l’Est sont en exil. 4. Exceptions : en Grèce, l’Agence d’Athènes est

697 sont en exil. 4. Exceptions : en Grèce, l’Agence d’ Athènes est semi-officielle mais elle distribue les dépêches d’agences

698 semi-officielle mais elle distribue les dépêches d’ agences étrangères. En France, l’Agence France-Presse est dotée d’un s

699 ères. En France, l’Agence France-Presse est dotée d’ un statut provisoire qui la met sous la dépendance partielle de l’État

700 rovisoire qui la met sous la dépendance partielle de l’État et du Parlement ; ce statut est en voie de révision, dans le s

701 de l’État et du Parlement ; ce statut est en voie de révision, dans le sens d’une libération de toute influence gouverneme

702 ; ce statut est en voie de révision, dans le sens d’ une libération de toute influence gouvernementale. 5. Au mépris de to

703 n voie de révision, dans le sens d’une libération de toute influence gouvernementale. 5. Au mépris de toute qualification

704 de toute influence gouvernementale. 5. Au mépris de toute qualification professionnelle. Il suffit d’être un bon militant

705 de toute qualification professionnelle. Il suffit d’ être un bon militant pour devenir professeur d’université. À Sofia, Pe

706 it d’être un bon militant pour devenir professeur d’ université. À Sofia, Petko Kounin, ancien tailleur, occupe la chaire d

707 rches économiques. À Prague, un débardeur du port de Barcelone, devenu général communiste, enseigne la littérature espagno

708 lée Les deux cultures, par I. Kemenov. (Documents de la conférence de Lausanne.)

709 ures, par I. Kemenov. (Documents de la conférence de Lausanne.)

710 ssance du Centre7 Le Centre est né pour tâcher de répondre à certaines exigences d’une situation qui est celle de l’Eur

711 né pour tâcher de répondre à certaines exigences d’ une situation qui est celle de l’Europe d’aujourd’hui, c’est-à-dire d’

712 certaines exigences d’une situation qui est celle de l’Europe d’aujourd’hui, c’est-à-dire d’une Europe mise en question da

713 igences d’une situation qui est celle de l’Europe d’ aujourd’hui, c’est-à-dire d’une Europe mise en question dans son exist

714 est celle de l’Europe d’aujourd’hui, c’est-à-dire d’ une Europe mise en question dans son existence même, matérielle et mor

715 on dans son existence même, matérielle et morale, d’ une Europe qui ne peut se sauver qu’en regroupant ses forces et qu’en

716 qu’en les refondant sur les bases les plus sûres de son histoire… On peut discuter à l’infini sur l’opportunité et sur le

717 le contenu du mot « culture ». Je me contenterai de le définir ici d’une manière pragmatique et globale : appelons « cult

718 « culture ». Je me contenterai de le définir ici d’ une manière pragmatique et globale : appelons « culture » ce qui a fai

719 e et globale : appelons « culture » ce qui a fait de l’Europe autre chose que ce qu’elle est physiquement, autre chose qu’

720 e. C’est là qu’il faut chercher les vrais secrets de notre puissance, même matérielle, et donc de notre indépendance. Si m

721 rets de notre puissance, même matérielle, et donc de notre indépendance. Si maintenant nous voulons fonder l’Europe unie s

722 -la sur sa force principale, qui est dans l’ordre de l’esprit… Je serais ravi que ces quelques remarques apparaissent comm

723 ces quelques remarques apparaissent comme autant d’ évidences et même de banalités. Il s’en faut cependant de beaucoup que

724 ues apparaissent comme autant d’évidences et même de banalités. Il s’en faut cependant de beaucoup que les Européens les p

725 nces et même de banalités. Il s’en faut cependant de beaucoup que les Européens les prennent pratiquement au sérieux. Ce q

726 ement le plus pressé, ce n’est pas nécessairement de nous écraser sous le poids des armes matérielles, mais c’est peut-êtr

727 des armes matérielles, mais c’est peut-être aussi de réveiller en Europe l’esprit de résistance et l’esprit d’invention sa

728 t peut-être aussi de réveiller en Europe l’esprit de résistance et l’esprit d’invention sans lesquels tous les chars ne se

729 ller en Europe l’esprit de résistance et l’esprit d’ invention sans lesquels tous les chars ne serviront à rien, et seront

730 r, à justifier s’il est besoin, la première tâche de notre Centre. Je n’hésite pas à lui donner son nom, bien qu’il soit t

731 à lui donner son nom, bien qu’il soit très mal vu de nos élites : c’est une mission de propagande qui nous incombe, et je

732 oit très mal vu de nos élites : c’est une mission de propagande qui nous incombe, et je vais m’expliquer sur ce mot. On pe

733 mployer, les enrôler, pour ainsi dire, au service de la santé. Utilisons de cette manière la propagande, pour vacciner con

734 our ainsi dire, au service de la santé. Utilisons de cette manière la propagande, pour vacciner contre elle les masses eur

735 as moins contaminées… Si notre première tâche est de réveiller chez nos compatriotes européens la conscience de leurs forc

736 ler chez nos compatriotes européens la conscience de leurs forces et de leur vraie richesse, notre second objectif sera de

737 riotes européens la conscience de leurs forces et de leur vraie richesse, notre second objectif sera de regrouper ces forc

738 e leur vraie richesse, notre second objectif sera de regrouper ces forces et ces richesses éparses et divisées. Ici se dre

739 divisées. Ici se dresse le spectre menaçant, armé d’ ennui mortel, de la « Culture organisée ». Écartons-le d’un geste réso

740 dresse le spectre menaçant, armé d’ennui mortel, de la « Culture organisée ». Écartons-le d’un geste résolu — et d’un sou

741 mortel, de la « Culture organisée ». Écartons-le d’ un geste résolu — et d’un sourire. J’allais dire : mieux vaudrait poin

742 e organisée ». Écartons-le d’un geste résolu — et d’ un sourire. J’allais dire : mieux vaudrait point de Culture du tout, q

743 ’un sourire. J’allais dire : mieux vaudrait point de Culture du tout, que de la Culture organisée. Mais en fait, cela revi

744 re : mieux vaudrait point de Culture du tout, que de la Culture organisée. Mais en fait, cela revient au même. La Culture

745 res que ceux qui entendent l’organiser au service de l’État ou d’un parti. Et ceux qui demandent qu’on organise d’en haut

746 qui entendent l’organiser au service de l’État ou d’ un parti. Et ceux qui demandent qu’on organise d’en haut — si l’État e

747 d’un parti. Et ceux qui demandent qu’on organise d’ en haut — si l’État est en haut ! — les échanges culturels, ceux-là se

748 échanges culturels, ceux-là se font les complices d’ une barbarie nouvelle. Nous ne pouvons pas reconnaître à l’État le dro

749 Nous ne pouvons pas reconnaître à l’État le droit d’ intervenir dans ce domaine, ni pour interdire, ni même pour faciliter

750 , ni même pour faciliter tardivement les échanges de livres, de films, d’œuvres d’art, d’étudiants ou de professeurs. Nous

751 our faciliter tardivement les échanges de livres, de films, d’œuvres d’art, d’étudiants ou de professeurs. Nous réclamons

752 ter tardivement les échanges de livres, de films, d’ œuvres d’art, d’étudiants ou de professeurs. Nous réclamons la liberté

753 les échanges de livres, de films, d’œuvres d’art, d’ étudiants ou de professeurs. Nous réclamons la liberté, la libération

754 livres, de films, d’œuvres d’art, d’étudiants ou de professeurs. Nous réclamons la liberté, la libération totale et sans

755 a liberté, la libération totale et sans condition de ces échanges internationaux, vitaux pour la Culture et tels qu’ils on

756 ls qu’ils ont existé jusqu’au xixe siècle, avant d’ être étranglés et désorganisés par nos frontières et par nos règlement

757 rganisés par nos frontières et par nos règlements de douanes. (Imaginez que dans certains pays, on taxe les livres au kilo

758 orgueilleuse qu’impérialiste : « Que rien ne soit d’ un autre qui puisse être de moi »8. La devise du Centre est inverse :

759 e : « Que rien ne soit d’un autre qui puisse être de moi »8. La devise du Centre est inverse : « Que rien ne soit à moi qu

760 portant, c’est que les choses se fassent. L’idéal d’ un institut comme le nôtre doit être de disparaître une fois que tout

761 t. L’idéal d’un institut comme le nôtre doit être de disparaître une fois que tout est fait, et de s’évanouir dans son pro

762 tre de disparaître une fois que tout est fait, et de s’évanouir dans son propre succès… Notre programme n’est pas systémat

763 il est moins décisif en soi que l’existence même de ce Centre par où j’entends que le principal, c’est qu’il y ait en Eur

764 consacrent leurs efforts, sans relâche, à l’union de l’Europe, c’est-à-dire au service d’une cause qui se confond aujourd’

765 e, à l’union de l’Europe, c’est-à-dire au service d’ une cause qui se confond aujourd’hui avec celle des hommes libres. 7

766 ’hui avec celle des hommes libres. 7. Fragments d’ un discours pour l’inauguration du Centre européen de la culture, à Ge

767 Naissance d’ une Fondation L’idée naquit en décembre 1952. Elle se précisa jusqu’

768 rent aussitôt favorables. Il s’agissait à la fois d’ élargir le cercle des amis du Centre européen de la culture et de rass

769 rcle des amis du Centre européen de la culture et de rassembler autour d’un grand projet — celui d’une fondation à l’échel

770 re européen de la culture et de rassembler autour d’ un grand projet — celui d’une fondation à l’échelle européenne — des h

771 et de rassembler autour d’un grand projet — celui d’ une fondation à l’échelle européenne — des hommes qui s’étaient signal

772 es hommes qui s’étaient signalés dans leur sphère d’ influence par leur intérêt actif pour la cause de l’union de nos peupl

773 d’influence par leur intérêt actif pour la cause de l’union de nos peuples. Le 14 novembre 1953, une quinzaine de personn

774 e par leur intérêt actif pour la cause de l’union de nos peuples. Le 14 novembre 1953, une quinzaine de personnes — indust

775 e nos peuples. Le 14 novembre 1953, une quinzaine de personnes — industriels, banquiers, hommes politiques, dirigeants d’o

776 striels, banquiers, hommes politiques, dirigeants d’ organisations internationales et intellectuels — se réunirent au Pavil

777 nnée du texte suivant : habeas animam Situation de l’homme au xxe siècle Le totalitarisme règne aujourd’hui sur un t

778 Le totalitarisme règne aujourd’hui sur un tiers de l’humanité. Il agit dans les deux autres tiers non seulement par sa p

779 pagande et sa diplomatie, mais par la fascination de ses mythes et par la terreur même qu’il exerce. Dans les pays demeuré

780 . Dans les pays demeurés libres, le développement de l’étatisme aux dépens du sens civique, d’une part, l’absence d’un idé

781 aux dépens du sens civique, d’une part, l’absence d’ un idéal commun, d’autre part, minent la résistance spirituelle et pol

782 irituelle et politique, préparant ainsi les voies de la tyrannie collectiviste. Celle-ci s’attaque aux fondements comme au

783 e-ci s’attaque aux fondements comme aux conquêtes de notre civilisation occidentale, parce qu’elle s’attaque à la notion d

784 occidentale, parce qu’elle s’attaque à la notion de l’homme qui fut l’origine décisive de cette civilisation, et qui en r

785 à la notion de l’homme qui fut l’origine décisive de cette civilisation, et qui en restera le plus haut achèvement. Ce n’e

786 ut achèvement. Ce n’est plus seulement la liberté de la personne — l’habeas corpus — qui est contestée au xxe siècle, mai

787 au xxe siècle, mais déjà son identité, le droit de chaque homme à son âme, l’habeas animam, comme l’a dit Ignazio Silone

788 ilone. La tyrannie possède aujourd’hui les moyens de modifier la pensée, les sentiments, et jusqu’au sens de la vérité che

789 ifier la pensée, les sentiments, et jusqu’au sens de la vérité chez un homme. La mise en esclavage mental d’une grande par

790 vérité chez un homme. La mise en esclavage mental d’ une grande partie de l’humanité n’est plus une utopie : ses moyens sci

791 . La mise en esclavage mental d’une grande partie de l’humanité n’est plus une utopie : ses moyens scientifiques existent,

792 t, ils sont à l’œuvre sous nos yeux. Situation de l’Europe Foyer de la civilisation occidentale, l’Europe a pour mis

793 sous nos yeux. Situation de l’Europe Foyer de la civilisation occidentale, l’Europe a pour mission suprême et impér

794 le, l’Europe a pour mission suprême et impérieuse de susciter la résistance à cette immense offensive anonyme contre l’hum

795 tés et opprimés retournent contre elle les idéaux de liberté et d’égalité qui avaient assuré son prestige. Les progrès de

796 s retournent contre elle les idéaux de liberté et d’ égalité qui avaient assuré son prestige. Les progrès de l’hygiène, rép

797 lité qui avaient assuré son prestige. Les progrès de l’hygiène, répandus par les Européens, ont pour effet de bouleverser

798 giène, répandus par les Européens, ont pour effet de bouleverser totalement les rapports démographiques entre l’Europe et

799 démographiques entre l’Europe et d’autres groupes de nations. Le nationalisme qui nous divise devient, ailleurs, principe

800 lisme qui nous divise devient, ailleurs, principe d’ union à nos dépens. Les sources extérieures de nos richesses tarissent

801 ipe d’union à nos dépens. Les sources extérieures de nos richesses tarissent. De grands marchés se ferment à nos produits.

802 s sources extérieures de nos richesses tarissent. De grands marchés se ferment à nos produits. Des empires concurrents se

803 sent. Ainsi, au moment où les valeurs secondaires de notre civilisation ont conquis le monde, l’Europe en perd naturelleme

804 l’ère des grands empires, des grands marchés, et de la stratégie mondiale. Nous nous croyons en conséquence trop petits p

805 t par suite morale. Tout ce qui fait le sens même de nos vies. Le dilemme En vérité, l’Europe perdra tout cela, si e

806 elle persiste dans sa division, cause principale de son présent abaissement. Elle ne pourra survivre, et sauver la civili

807 obstacles à l’union européenne sont actuellement d’ ordre moral, bien plus que matériel. Voici les principaux : — manque d

808 lus que matériel. Voici les principaux : — manque de confiance des Européens en eux-mêmes, et défaitisme devant « le mouve

809 -mêmes, et défaitisme devant « le mouvement fatal de l’Histoire » ; — attachement fétichiste à des « souverainetés nationa

810 iècle et sont devenues en partie fictives : aucun de nos pays ne peut se défendre seul plus de quelques heures ; — sectari

811 : aucun de nos pays ne peut se défendre seul plus de quelques heures ; — sectarisme politique, égoïsme à courte vue, qui s

812 empêchent les gouvernants autant que les peuples de réaliser la nature des périls menaçant de tous côtés l’ensemble de l’

813 peuples de réaliser la nature des périls menaçant de tous côtés l’ensemble de l’Europe ; — enfin et surtout, préjugés nati

814 ture des périls menaçant de tous côtés l’ensemble de l’Europe ; — enfin et surtout, préjugés nationaux à l’égard des voisi

815 préjugés nationaux à l’égard des voisins, hérités de plusieurs guerres, ou inculqués par l’enseignement à tous les degrés,

816 à tous les degrés, depuis un siècle. Les efforts d’ union entrepris depuis 1946 se voient aujourd’hui freinés par tous ces

817 aidissent, et se démasquent. Certes, les sondages de l’opinion réelle indiquent sans exception, dans tous nos pays, qu’une

818 Mais cela n’empêche pas des fractions importantes de ceux qui prétendent parler pour l’opinion, et qui disposent des moyen

819 écessaires dans les parlements et dans la presse, de se conformer avec ensemble aux mots d’ordre lancés par les centrales,

820 nce nationale », « danger allemand », « offensive de paix russe », « impérialisme américain ». Le temps que l’on perd ains

821 ain ». Le temps que l’on perd ainsi pour le salut de l’Europe, d’autres le gagnent pour sa ruine. Nécessité de réveille

822 , d’autres le gagnent pour sa ruine. Nécessité de réveiller un sentiment commun des Européens Il est donc évident qu

823 attitude morale des Européens eux-mêmes. À défaut d’ une prise de conscience assez rapide et générale du danger que courent

824 l’Europe disposerait encore à la seule condition de s’unir — tous les traités et pactes que l’on pourra conclure seront i

825 teront lettre morte. Si au contraire le sentiment de leur destin commun se réveille chez les Européens, la plupart des obs

826 sans, méfiances non fondées, et surtout ignorance de la vraie situation. Le Centre européen de la culture a été fondé pour

827 uropéen. Il a commencé par agir dans les domaines de la vie culturelle où il semblait possible d’obtenir rapidement des ré

828 ines de la vie culturelle où il semblait possible d’ obtenir rapidement des résultats concrets. Il a créé une série d’assoc

829 ement des résultats concrets. Il a créé une série d’ associations et communautés de travail qui fonctionnent dès maintenant

830 Il a créé une série d’associations et communautés de travail qui fonctionnent dès maintenant sur un plan supranational, co

831 national, comme si déjà l’Europe était unie. Fort de ces premières réalisations, qui lui assurent une base d’utilité techn

832 premières réalisations, qui lui assurent une base d’ utilité technique, le Centre peut aborder maintenant d’une manière plu

833 lité technique, le Centre peut aborder maintenant d’ une manière plus large sa vraie mission : devenir toujours mieux un li

834 sa vraie mission : devenir toujours mieux un lieu de ralliement et un foyer d’initiatives pour tous ceux qui ont compris q

835 toujours mieux un lieu de ralliement et un foyer d’ initiatives pour tous ceux qui ont compris que l’Europe doit s’unir, m

836 e l’Europe doit s’unir, mais que le développement de l’esprit européen reste la condition primordiale et vitale de l’union

837 européen reste la condition primordiale et vitale de l’union institutionnelle. Parmi les tâches les plus urgentes, la créa

838 . Parmi les tâches les plus urgentes, la création d’ une Fondation européenne de la culture serait de nature à modifier, pa

839 urgentes, la création d’une Fondation européenne de la culture serait de nature à modifier, par sa seule existence, le cl

840 n d’une Fondation européenne de la culture serait de nature à modifier, par sa seule existence, le climat intellectuel et

841 seule existence, le climat intellectuel et moral de l’Europe, en restaurant le sens de notre indépendance et de notre voc

842 ctuel et moral de l’Europe, en restaurant le sens de notre indépendance et de notre vocation particulière. Il ne s’agit pa

843 e, en restaurant le sens de notre indépendance et de notre vocation particulière. Il ne s’agit pas ici d’idéalisme facile,

844 notre vocation particulière. Il ne s’agit pas ici d’ idéalisme facile, mais bien du véritable et du seul réalisme, dans une

845 d. Mais l’esprit agit par nos mains, par le moyen de nos engagements et de nos sacrifices personnels. L’Europe ne se fera

846 par nos mains, par le moyen de nos engagements et de nos sacrifices personnels. L’Europe ne se fera pas toute seule. Elle

847 ations passionnés, ni par un soulèvement spontané de la masse, ni par des textes juridiques. Elle se fera par les hommes q

848 les hommes qui comprennent que son destin dépend de leur action d’abord. Il faut que quelques-uns au moins relèvent ce dé

849 l faut que quelques-uns au moins relèvent ce défi de l’Histoire. Sans orgueil, mais aussi sans lâche humilité. Quelques-un

850 pent, et s’ils agissent à temps. ⁂ Après lecture de ce texte, approuvé par toutes les personnes présentes, le groupe réun

851 nnes présentes, le groupe réuni par le CEC décida de prendre le nom de Club européen, et se donna pour première tâche conc

852 groupe réuni par le CEC décida de prendre le nom de Club européen, et se donna pour première tâche concrète la réalisatio

853 donna pour première tâche concrète la réalisation d’ une Fondation européenne de la culture. Celle-ci fut créée le 16 décem

854 oncrète la réalisation d’une Fondation européenne de la culture. Celle-ci fut créée le 16 décembre 1954 au siège du CEC à

855 à Genève. Robert Schuman signa l’acte en qualité de président du Conseil des Gouverneurs, les autres signataires étant MM

856 Trois initiales, ou raison d’ être et objectifs du CEC9 Notre nom même provoque généralement les

857 ns suivantes : — qu’entendez-vous par culture ? — de quelle Europe s’agit-il ? — pourquoi faut-il un Centre en pareil doma

858 légitimes, ce sera définir du même coup la raison d’ être de notre institution, l’esprit qui l’anime et les objectifs qu’el

859 es, ce sera définir du même coup la raison d’être de notre institution, l’esprit qui l’anime et les objectifs qu’elle s’es

860 onnés dès sa création. Culture a la réputation d’ être un mot vague. Et il est vrai qu’on lui attribue des contenus asse

861 s négligeons les disputes pédantes, il est facile de définir un sens commun à toutes les acceptions du terme. La culture a

862 La culture a toujours désigné l’action créatrice de l’homme, sur les choses ou sur l’homme lui-même. Dès notre Antiquité

863 ntage que la Nature seule n’eût produit. Un champ de blé, une maison, un poème, une statue, un outil, une équation, résult

864 me, une statue, un outil, une équation, résultent d’ actes culturels — artificiels. L’homme est cet animal qui tire de la N

865 ls — artificiels. L’homme est cet animal qui tire de la Nature tout ce qui, sans lui, serait demeuré virtuel, et qui par l

866 emeuré virtuel, et qui par lui devient le domaine de l’humain ; domaine du sens et de l’opération, de la transformation et

867 vient le domaine de l’humain ; domaine du sens et de l’opération, de la transformation et de la puissance ; domaine d’une

868 de l’humain ; domaine du sens et de l’opération, de la transformation et de la puissance ; domaine d’une création au seco

869 u sens et de l’opération, de la transformation et de la puissance ; domaine d’une création au second degré. Culture, en so

870 de la transformation et de la puissance ; domaine d’ une création au second degré. Culture, en somme, égale nature plus hom

871 re — Newman, Matthew Arnold —, on se met à parler de la culture tout court, non plus seulement de la culture du sol, ou de

872 rler de la culture tout court, non plus seulement de la culture du sol, ou des lettres, ou de quelque activité précise. Le

873 eulement de la culture du sol, ou des lettres, ou de quelque activité précise. Le terme étant entré dans l’usage courant,

874 ose fréquemment, pour mieux le préciser, au terme de civilisation. (Mais Français et Allemands s’entendent mal sur la défi

875 finition et la valeur des deux termes, distingués d’ une manière polémique : « Kultur » et « Civilisation » deviennent les

876 viennent les slogans à tout faire des propagandes de guerre en 1914.) Pour nous, qui ne sommes d’aucun parti nationaliste,

877 ndes de guerre en 1914.) Pour nous, qui ne sommes d’ aucun parti nationaliste, s’il fallait prendre position dans le débat,

878 eprésente à nos yeux l’activité humaine créatrice de valeurs, de sens, d’œuvres nouvelles et d’inventions ; la civilisatio

879 nos yeux l’activité humaine créatrice de valeurs, de sens, d’œuvres nouvelles et d’inventions ; la civilisation étant plut

880 l’activité humaine créatrice de valeurs, de sens, d’ œuvres nouvelles et d’inventions ; la civilisation étant plutôt l’ense

881 atrice de valeurs, de sens, d’œuvres nouvelles et d’ inventions ; la civilisation étant plutôt l’ensemble ou le système des

882 pense, un fait demeure indiscutable : le concept de culture en soi, d’activité prospective de l’esprit non liée par les r

883 eure indiscutable : le concept de culture en soi, d’ activité prospective de l’esprit non liée par les règles du sacré ou l

884 concept de culture en soi, d’activité prospective de l’esprit non liée par les règles du sacré ou les décrets de la politi

885 t non liée par les règles du sacré ou les décrets de la politique, est un concept typiquement européen. Et cela seul peut

886 en. Et cela seul peut expliquer ce grand paradoxe de l’Histoire : que l’Europe, qui représente à peine 4 % des terres du g

887 nde ou que la Chine, ait en fait dominé le monde, de la Renaissance jusqu’aux débuts de notre siècle. Ce qui a permis de p

888 miné le monde, de la Renaissance jusqu’aux débuts de notre siècle. Ce qui a permis de passer du « petit cap de l’Asie » à

889 jusqu’aux débuts de notre siècle. Ce qui a permis de passer du « petit cap de l’Asie » à cette royauté longtemps incontest

890 res formes purifiées et libérales — ce n’est rien de naturel, rien de purement physique ; c’est précisément la culture. L’

891 ées et libérales — ce n’est rien de naturel, rien de purement physique ; c’est précisément la culture. L’Europe, c’est trè

892 pratiquement, à définir le rôle actif et créateur de la culture, à faire voir qu’elle n’est pas un luxe, mais une nécessit

893 eur niveau de vie et leur statut social dépendent de leur économie ; celle-ci dépend de la technique et donc des sciences 

894 cial dépendent de leur économie ; celle-ci dépend de la technique et donc des sciences ; or les sciences ne sont nées en E

895 ral et spirituel qui demeure l’origine permanente de ce que nous appelons la culture, et de son dynamisme aventureux. Eu

896 permanente de ce que nous appelons la culture, et de son dynamisme aventureux. Europe , qui fut d’abord un mythe sémite

897 hique — l’Ereb hébreux, le pays du couchant, part de Japhet, l’Asie étant à Sem, l’Afrique à Cham — l’Europe est à nos yeu

898 frique à Cham — l’Europe est à nos yeux une unité de culture. Sur la base de cette unité intégrant les apports les plus di

899 est à nos yeux une unité de culture. Sur la base de cette unité intégrant les apports les plus divers au cours des siècle

900 re et supérieure à tous les découpages successifs de nos frontières nationales, l’union économique et politique de nos peu

901 ières nationales, l’union économique et politique de nos peuples peut et doit aujourd’hui s’édifier. On nous demande : que

902 eulement par son contenu vivant, par la cohérence de ses principes et par sa force de rayonnement. L’Europe que nous voulo

903 par la cohérence de ses principes et par sa force de rayonnement. L’Europe que nous voulons doit être à la mesure de cette

904 . L’Europe que nous voulons doit être à la mesure de cette force de rayonnement. Son découpage accidentel et temporaire en

905 nous voulons doit être à la mesure de cette force de rayonnement. Son découpage accidentel et temporaire en Europe de l’Ou

906 accidentel et temporaire en Europe de l’Ouest et de l’Est, en groupements de Six, de Sept, de Quinze, ou de Dix-Huit à la

907 en Europe de l’Ouest et de l’Est, en groupements de Six, de Sept, de Quinze, ou de Dix-Huit à la recherche difficile de l

908 pe de l’Ouest et de l’Est, en groupements de Six, de Sept, de Quinze, ou de Dix-Huit à la recherche difficile de leur unio

909 uest et de l’Est, en groupements de Six, de Sept, de Quinze, ou de Dix-Huit à la recherche difficile de leur union, dépend

910 st, en groupements de Six, de Sept, de Quinze, ou de Dix-Huit à la recherche difficile de leur union, dépend d’un jeu de f

911 e Quinze, ou de Dix-Huit à la recherche difficile de leur union, dépend d’un jeu de forces politiques sur lequel nous somm

912 it à la recherche difficile de leur union, dépend d’ un jeu de forces politiques sur lequel nous sommes sans pouvoir, mais

913 echerche difficile de leur union, dépend d’un jeu de forces politiques sur lequel nous sommes sans pouvoir, mais dont nous

914 , pour elle seule, à son seul service, conscients de servir du même coup la cause de l’unité mondiale. Si réduits que soie

915 rvice, conscients de servir du même coup la cause de l’unité mondiale. Si réduits que soient encore nos moyens en proporti

916 éduits que soient encore nos moyens en proportion d’ une telle mission, nous savons que cette faiblesse matérielle est la r

917 vons que cette faiblesse matérielle est la rançon de notre indépendance de tous partis, intérêts nationaux, groupements d’

918 se matérielle est la rançon de notre indépendance de tous partis, intérêts nationaux, groupements d’États ou même super-Ét

919 e de tous partis, intérêts nationaux, groupements d’ États ou même super-États. Nous entretenons avec eux tous des contacts

920 it expressément — qu’il était juste et nécessaire de laisser libre de tous liens un Institut dont la mission est justement

921 qu’il était juste et nécessaire de laisser libre de tous liens un Institut dont la mission est justement de voir plus loi

922 s liens un Institut dont la mission est justement de voir plus loin, de préparer le terrain pour une plus vaste union. Où

923 dont la mission est justement de voir plus loin, de préparer le terrain pour une plus vaste union. Où sont les obstacles

924 nion, mais également en saisissant toute occasion de réveiller chez les Européens les plus actifs la conscience de leur un

925 chez les Européens les plus actifs la conscience de leur unité, de leur communauté de destin historique, et de leur missi

926 éens les plus actifs la conscience de leur unité, de leur communauté de destin historique, et de leur mission commune dans

927 s la conscience de leur unité, de leur communauté de destin historique, et de leur mission commune dans un monde transform

928 nité, de leur communauté de destin historique, et de leur mission commune dans un monde transformé par leur faute et par l

929 rite. Voilà définie notre Europe : c’est un champ de forces culturelles, sans frontières à l’extérieur, mais tout encombré

930 sans frontières à l’extérieur, mais tout encombré de barrières et de chicanes périmées. Il s’agit donc d’une part de libér

931 à l’extérieur, mais tout encombré de barrières et de chicanes périmées. Il s’agit donc d’une part de libérer ses diversité

932 t de chicanes périmées. Il s’agit donc d’une part de libérer ses diversités créatrices, en favorisant leurs échanges et le

933 nges et leurs opérations communes ; d’autre part, de donner à l’ensemble ses meilleures chances de rayonnement mondial. Co

934 rt, de donner à l’ensemble ses meilleures chances de rayonnement mondial. Coordonner à l’intérieur, pour mieux représenter

935 culture, évoque des images trop précises : celle d’ une organisation géométrique, celle d’une bureaucratie, celle d’une un

936 ses : celle d’une organisation géométrique, celle d’ une bureaucratie, celle d’une uniformité de traitement imposée aux obj

937 tion géométrique, celle d’une bureaucratie, celle d’ une uniformité de traitement imposée aux objets les plus divers et les

938 celle d’une bureaucratie, celle d’une uniformité de traitement imposée aux objets les plus divers et les plus éloignés ;

939 particulièrement incompatibles avec les réalités de la culture créatrice telle que l’on vient de les décrire. D’où la que

940 re créatrice telle que l’on vient de les décrire. D’ où la question (forme polie d’une objection fondamentale) que l’on nou

941 ent de les décrire. D’où la question (forme polie d’ une objection fondamentale) que l’on nous pose bien souvent : « Pourqu

942 uvent : « Pourquoi faut-il un Centre, s’il s’agit de culture ? » D’une manière générale et dans une vue théorique de la cu

943 uoi faut-il un Centre, s’il s’agit de culture ? » D’ une manière générale et dans une vue théorique de la culture, rien ne

944 D’une manière générale et dans une vue théorique de la culture, rien ne semble moins nécessaire, ou disons-le : plus prét

945 ns-le : plus prétentieux, voire nocif, que l’idée d’ un Centre. Cela posé, regardons notre époque et le concret de ses prob

946 . Cela posé, regardons notre époque et le concret de ses problèmes. Voici le tableau, tel qu’il s’offrait à nous il y a di

947 l qu’il s’offrait à nous il y a dix ans. À l’idée de culture en général, et d’unité de culture européenne en particulier,

948 l y a dix ans. À l’idée de culture en général, et d’ unité de culture européenne en particulier, les chauvinismes et totali

949 x ans. À l’idée de culture en général, et d’unité de culture européenne en particulier, les chauvinismes et totalitarismes

950 n particulier, les chauvinismes et totalitarismes de toute couleur opposent la notion de « cultures nationales », qui est

951 otalitarismes de toute couleur opposent la notion de « cultures nationales », qui est aussi fausse en fait qu’en droit. La

952 s peuples, se trouve cloisonnée par des barrières de préjugés partisans et nationalistes, plus paralysantes que les taxes

953 aralysantes que les taxes frappant la circulation de ses instruments et de ses produits. Chaque groupement national croit

954 xes frappant la circulation de ses instruments et de ses produits. Chaque groupement national croit avoir ses problèmes un

955 ensemble… en Amérique. Mais ici, chacun se plaint de manquer de fonds, parce que chacun s’enferme dans son trop petit pays

956 n Amérique. Mais ici, chacun se plaint de manquer de fonds, parce que chacun s’enferme dans son trop petit pays. Partout l

957 out la concurrence tue les initiatives, qu’un peu d’ esprit de coopération ferait réussir. Il faut un Centre, et il se crée

958 ncurrence tue les initiatives, qu’un peu d’esprit de coopération ferait réussir. Il faut un Centre, et il se crée, à la su

959 un Centre, et il se crée, à la suite des congrès de La Haye et de Lausanne. Non dans l’idée de faire lui-même œuvre de cr

960 il se crée, à la suite des congrès de La Haye et de Lausanne. Non dans l’idée de faire lui-même œuvre de créateur, bien e

961 ongrès de La Haye et de Lausanne. Non dans l’idée de faire lui-même œuvre de créateur, bien entendu — un Centre n’écrit pa

962 Lausanne. Non dans l’idée de faire lui-même œuvre de créateur, bien entendu — un Centre n’écrit pas de poèmes — mais pour

963 de créateur, bien entendu — un Centre n’écrit pas de poèmes — mais pour qu’il y ait quelque part en Europe un lieu où l’on

964 elque part en Europe un lieu où l’on se préoccupe de poser les problèmes communs et de grouper ceux qui peuvent les résoud

965 on se préoccupe de poser les problèmes communs et de grouper ceux qui peuvent les résoudre. Cinq ans plus tard, 1955 : l’i

966 t les résoudre. Cinq ans plus tard, 1955 : l’idée de coopération est entrée dans les mœurs, même culturelles. Les associat

967 Les associations se sont multipliées : instituts de recherches nucléaires, d’enseignement européen dans les universités,

968 multipliées : instituts de recherches nucléaires, d’ enseignement européen dans les universités, d’éducation scolaire et po

969 es, d’enseignement européen dans les universités, d’ éducation scolaire et populaire ; festivals, guildes du livre, et du d

970 stivals, guildes du livre, et du disque ; agences de presse ; juristes, historiens, sociologues, éditeurs, ingénieurs, cin

971 voie. Mais deux dangers subsistent : les centres de coordination se sont multipliés au point de poser à leur tour un grav

972 ntres de coordination se sont multipliés au point de poser à leur tour un grave problème de coordination… et de financemen

973 s au point de poser à leur tour un grave problème de coordination… et de financement ; et les déclarations d’intention eur

974 à leur tour un grave problème de coordination… et de financement ; et les déclarations d’intention européenne et fédéralis

975 dination… et de financement ; et les déclarations d’ intention européenne et fédéraliste tendent à devenir une rhétorique s

976 devenir une rhétorique superficielle. Un travail de recherches en profondeur s’impose. On voit donc apparaître, dès 1955,

977 Bruxelles, Strasbourg) qui se proposent à la fois de regrouper et de financer les initiatives dispersées ; d’autre part de

978 bourg) qui se proposent à la fois de regrouper et de financer les initiatives dispersées ; d’autre part des séminaires de

979 tiatives dispersées ; d’autre part des séminaires de recherches, des thèses, des enquêtes, des sondages, des numéros spéci

980 des enquêtes, des sondages, des numéros spéciaux de revues, et toute une bibliothèque d’ouvrages spécialisés sur les prob

981 ros spéciaux de revues, et toute une bibliothèque d’ ouvrages spécialisés sur les problèmes européens. L’action du CEC, en

982 isible à l’œil nu. Elle a donc justifié la raison d’ être de l’institution — pour ceux qui savent ; plus rarement, il est v

983 à l’œil nu. Elle a donc justifié la raison d’être de l’institution — pour ceux qui savent ; plus rarement, il est vrai, au

984 qui savent ; plus rarement, il est vrai, aux yeux d’ un grand public naturellement indifférent sinon aux produits de la cul

985 blic naturellement indifférent sinon aux produits de la culture, du moins à ses problèmes de création, distribution, final

986 produits de la culture, du moins à ses problèmes de création, distribution, finalités sociales… Post-scriptum 1970 E

987 méthode du CEC, nous constatons qu’elle n’a cessé d’ illustrer, avant la lettre, cette règle d’or du fédéralisme formulée p

988 a cessé d’illustrer, avant la lettre, cette règle d’ or du fédéralisme formulée par Louis Armand : « Développons en commun

989 « Développons en commun ce qui est neuf. Laissons de côté les héritages du passé, dont l’unification prendrait trop de tem

990 tages du passé, dont l’unification prendrait trop de temps, demanderait trop d’énergie, et soulèverait trop d’opposition. 

991 ication prendrait trop de temps, demanderait trop d’ énergie, et soulèverait trop d’opposition. » Ce qui était neuf il y a

992 , demanderait trop d’énergie, et soulèverait trop d’ opposition. » Ce qui était neuf il y a vingt ans, c’était en sciences

993 ls ; et dans l’enseignement, la notion subversive d’ une entité européenne qui ne fût pas simple addition des nations. Le C

994 nc par réunir le 12 décembre 1952, les directeurs d’ agences nucléaires de six pays. De cette initiative naîtra le CERN. Pu

995 écembre 1952, les directeurs d’agences nucléaires de six pays. De cette initiative naîtra le CERN. Puis il fonde une Commu

996 les directeurs d’agences nucléaires de six pays. De cette initiative naîtra le CERN. Puis il fonde une Communauté europée

997 s du livre, qui va rassembler dans huit pays plus d’ un million et demi de lecteurs. Et en même temps, il crée l’Associatio

998 ssembler dans huit pays plus d’un million et demi de lecteurs. Et en même temps, il crée l’Association européenne des fest

999 s, il crée l’Association européenne des festivals de musique, qui groupe aujourd’hui trente-trois des plus grands festival

1000 er à améliorer la peste, je veux dire les manuels d’ histoire nationale, le CEC multiplie les publications, plans de causer

1001 tionale, le CEC multiplie les publications, plans de causeries, numéros spéciaux de revues, stages et conférences tendant

1002 ublications, plans de causeries, numéros spéciaux de revues, stages et conférences tendant à présenter dans tous les domai

1003 l’Europe entière comme seule « unité intelligible de recherches historiques », selon la formule d’Arnold Toynbee. Certaine

1004 ble de recherches historiques », selon la formule d’ Arnold Toynbee. Certaines de ces activités, initiées par le CEC, se so

1005 s », selon la formule d’Arnold Toynbee. Certaines de ces activités, initiées par le CEC, se sont constituées hors de lui (

1006 hors de lui (comme le CERN) ou se sont détachées de lui (comme la Fondation européenne) conformément au plan initial. D’a

1007 bles, vu nos moyens. À partir de 1963, le capital d’ expériences et de connaissances européennes créé au CEC a été investi

1008 ns. À partir de 1963, le capital d’expériences et de connaissances européennes créé au CEC a été investi dans deux domaine

1009 ent supérieur et la formation des futurs citoyens de l’Europe. Certes, l’Institut universitaire d’études européennes ne dé

1010 ens de l’Europe. Certes, l’Institut universitaire d’ études européennes ne dépend pas du CEC, mais il n’eût pas vu le jour

1011 il n’eût pas vu le jour sans lui, et il ne cesse de bénéficier de ses acquis. Et certes, la Campagne d’éducation civique

1012 vu le jour sans lui, et il ne cesse de bénéficier de ses acquis. Et certes, la Campagne d’éducation civique européenne ne

1013 bénéficier de ses acquis. Et certes, la Campagne d’ éducation civique européenne ne dépend pas seulement du CEC, mais tout

1014 nouveaux pour la Cité fédérale. Mais qu’en est-il de l’avenir du Centre ? La reprise par d’autres institutions — officiell

1015 d’autres institutions — officielles ou privées — de la plupart des associations et activités actuellement groupées à la V

1016 ant, si l’on envisage objectivement l’éventualité d’ une telle dispersion, on sent aussitôt ce qui serait perdu dans l’opér

1017 tôt ce qui serait perdu dans l’opération. Chacune de nos Associations ou activités se trouve colorée et modifiée du fait d

1018 u activités se trouve colorée et modifiée du fait de son voisinage avec les autres, des influences qu’elle en reçoit (fût-

1019 fluences qu’elle en reçoit (fût-ce à son insu) et d’ une certaine communauté à la fois d’inspiration et de finalité europée

1020 son insu) et d’une certaine communauté à la fois d’ inspiration et de finalité européenne. C’est cela que chacune perdrait

1021 ne certaine communauté à la fois d’inspiration et de finalité européenne. C’est cela que chacune perdrait en s’isolant. Un

1022 it en s’isolant. Un peu de son âme, peut-être, ou de son principe animant… Mais il y a plus. Je demeure convaincu que la d

1023 tification la moins douteuse. Il est devenu banal de constater que les thèmes nouveaux d’activité et de recherche se défin

1024 devenu banal de constater que les thèmes nouveaux d’ activité et de recherche se définissent de plus en plus comme des carr

1025 e constater que les thèmes nouveaux d’activité et de recherche se définissent de plus en plus comme des carrefours interdi

1026 ution se trouve avoir pour vocation, précisément, d’ accueillir ce qui est neuf et de fonder sur du neuf les modèles et str

1027 ion, précisément, d’accueillir ce qui est neuf et de fonder sur du neuf les modèles et structures de l’Europe fédérale. Ou

1028 t de fonder sur du neuf les modèles et structures de l’Europe fédérale. Ou faudrait-il créer un nouvel Institut par thème

1029 un nouvel Institut par thème nouveau ? Ce serait d’ une mauvaise économie intellectuelle et financière. L’exemple des étud

1030 ur la région illustre et concrétise ces remarques d’ une manière on ne peut plus opportune. Tout semblait en effet préparer

1031 et l’Institut qui est dans ses murs, à se saisir d’ un thème majeur en lequel viennent converger les problèmes de foyers d

1032 majeur en lequel viennent converger les problèmes de foyers de culture, d’écoles aux trois degrés, de recherches scientifi

1033 lequel viennent converger les problèmes de foyers de culture, d’écoles aux trois degrés, de recherches scientifiques, d’hi

1034 ent converger les problèmes de foyers de culture, d’ écoles aux trois degrés, de recherches scientifiques, d’histoire dénat

1035 de foyers de culture, d’écoles aux trois degrés, de recherches scientifiques, d’histoire dénationalisée, d’économie sans

1036 es aux trois degrés, de recherches scientifiques, d’ histoire dénationalisée, d’économie sans frontières et de science poli

1037 herches scientifiques, d’histoire dénationalisée, d’ économie sans frontières et de science politique fédérale, qui ont fai

1038 ire dénationalisée, d’économie sans frontières et de science politique fédérale, qui ont fait l’objet de nos travaux depui

1039 science politique fédérale, qui ont fait l’objet de nos travaux depuis vingt ans. Le problème des régions, à lui seul, pe

1040 9. Introduction à la brochure intitulée Dix ans d’ activité du CEC, 1960.

1041 stée par elle-même L’esprit peut-il nous tirer de l’état où il nous a mis ? Paul Valéry La maladie de l’esprit euro

1042 tat où il nous a mis ? Paul Valéry La maladie de l’esprit européen10 Comparée à celle de 1900, l’Europe de 1950, a

1043 ladie de l’esprit européen10 Comparée à celle de 1900, l’Europe de 1950, au premier coup d’œil, paraît malade : un tie

1044 européen10 Comparée à celle de 1900, l’Europe de 1950, au premier coup d’œil, paraît malade : un tiers de son territoi

1045 , au premier coup d’œil, paraît malade : un tiers de son territoire à l’est, amputé ; un grand nombre de ses cités, en rui

1046 son territoire à l’est, amputé ; un grand nombre de ses cités, en ruines ; ses frontières intérieures sclérosées, entrava

1047 x et des marchandises ; enfin ses idéaux modernes de progrès matériel et de justice sociale émigrés, laissant derrière eux

1048 enfin ses idéaux modernes de progrès matériel et de justice sociale émigrés, laissant derrière eux, l’un la résignation e

1049 e, et comme mise à pied par l’Histoire, au profit de deux colosses neufs qui menacent d’engager une guerre sur son sol, et

1050 re, au profit de deux colosses neufs qui menacent d’ engager une guerre sur son sol, et — se dit-elle — à ses dépens. Pouss

1051 n sol, et — se dit-elle — à ses dépens. Poussière de petits États dont les plus populeux ne sauraient prétendre un seul in

1052 tre à l’échelle des réalités modernes ; encombrée de barrières intérieures et de tarifs « protectionnistes » qui ne peuven

1053 modernes ; encombrée de barrières intérieures et de tarifs « protectionnistes » qui ne peuvent plus rien protéger mais fo

1054 turelle des deux empires américain et russe qu’un de ces vides dont l’Histoire n’a pas moins horreur que la Nature. Les ra

1055 ins horreur que la Nature. Les raisons immédiates de cette décadence sont claires. Deux guerres totales déclenchées en Eur

1056 rdes, mais au contraire des accidents révélateurs d’ une maladie plus ancienne et profonde. Aux origines de la guerre de 19

1057 e maladie plus ancienne et profonde. Aux origines de la guerre de 1914, on s’accorde aujourd’hui à reconnaître que la ques

1058 s ancienne et profonde. Aux origines de la guerre de 1914, on s’accorde aujourd’hui à reconnaître que la question des nati

1059 if. Elle se trouvait posée par le nationalisme né de la Révolution française et exalté par le xixe siècle. Cette passion

1060 que industrielle, a produit la « guerre totale ». De la guerre totale est sorti le premier régime totalitaire, celui de Lé

1061 le est sorti le premier régime totalitaire, celui de Lénine, dont devaient s’inspirer peu après Mussolini puis Hitler. Or

1062 is Hitler. Or le régime totalitaire, c’est l’état de guerre en permanence dans les esprits et dans les relations internati

1063 dans les relations internationales, même en temps de paix militaire. Ainsi se ferme le cercle vicieux au xxe siècle. Pour

1064 e totalitarisme, ne sont encore que les symptômes d’ une évolution morbide, non la cause même du mal. Cette cause, il faut

1065 e cause, il faut enfin la désigner comme la perte d’ une commune mesure entre la pensée et l’action, comme la dissociation

1066 re les volontés et les résultats, dans l’ensemble de la civilisation moderne de l’Europe. (Je prends ici le mot dissociati

1067 ltats, dans l’ensemble de la civilisation moderne de l’Europe. (Je prends ici le mot dissociation au sens que suggère son

1068 nt détruit au hasard, sans qu’il y ait eu volonté de personne ni plan prémédité, les cadres sociaux et les groupes naturel

1069 e avec acharnement la morale bourgeoise (détachée de ses racines religieuses) ou qu’elle dénonce les conventions en généra

1070 ventions en général (sans lesquelles il n’y a pas de vie sociale possible) ; soit qu’elle s’efforce de restaurer des ortho

1071 de vie sociale possible) ; soit qu’elle s’efforce de restaurer des orthodoxies rigides, en protestation contre l’anarchie

1072 es spirituels et des jugements éthiques. Les noms d’ André Gide, de Marcel Proust, d’André Breton, de Kafka, de Joyce, ains

1073 et des jugements éthiques. Les noms d’André Gide, de Marcel Proust, d’André Breton, de Kafka, de Joyce, ainsi que de Freud

1074 thiques. Les noms d’André Gide, de Marcel Proust, d’ André Breton, de Kafka, de Joyce, ainsi que de Freud, illustrent la pr

1075 s d’André Gide, de Marcel Proust, d’André Breton, de Kafka, de Joyce, ainsi que de Freud, illustrent la première tendance 

1076 Gide, de Marcel Proust, d’André Breton, de Kafka, de Joyce, ainsi que de Freud, illustrent la première tendance ; ceux de

1077 st, d’André Breton, de Kafka, de Joyce, ainsi que de Freud, illustrent la première tendance ; ceux de Claudel, d’Eliot, de

1078 de Freud, illustrent la première tendance ; ceux de Claudel, d’Eliot, de Maritain, ainsi que de Karl Barth, la seconde. L

1079 llustrent la première tendance ; ceux de Claudel, d’ Eliot, de Maritain, ainsi que de Karl Barth, la seconde. Le surréalism

1080 la première tendance ; ceux de Claudel, d’Eliot, de Maritain, ainsi que de Karl Barth, la seconde. Le surréalisme et le f

1081 ceux de Claudel, d’Eliot, de Maritain, ainsi que de Karl Barth, la seconde. Le surréalisme et le futurisme décident de dé

1082 seconde. Le surréalisme et le futurisme décident de détruire toutes les règles, mais en même temps, un Braque, un Valéry,

1083 Valéry, voient dans la règle rigoureuse l’essence de l’art. Les uns et les autres paraissent obscurs au grand public, pour

1084 he, Rimbaud, Dostoïevski. Quant à la philosophie, de Bergson aux divers existentialismes chrétiens ou athées, il suffira d

1085 existentialismes chrétiens ou athées, il suffira de remarquer qu’elle cherche désespérément à rejoindre l’être et l’exist

1086 rdu ses prises sur la réalité. Mais cette révolte de la culture contre le monde où nous vivons reste sans efficacité direc

1087 s du courant général, à les dissocier encore plus de l’action politique et de la vie sociale ou économique, lesquelles sui

1088 es dissocier encore plus de l’action politique et de la vie sociale ou économique, lesquelles suivent leurs lois propres,

1089 conomique, lesquelles suivent leurs lois propres, de moins en moins acceptables pour l’esprit. Entre un homme d’affaires,

1090 ilke ou un Heidegger, d’autre part, il n’y a plus de langage commun, de vision ou d’estimation commune des buts de la vie

1091 r, d’autre part, il n’y a plus de langage commun, de vision ou d’estimation commune des buts de la vie et de la société. I

1092 rt, il n’y a plus de langage commun, de vision ou d’ estimation commune des buts de la vie et de la société. Il n’y a plus

1093 ommun, de vision ou d’estimation commune des buts de la vie et de la société. Il n’y a plus en commun que des mots vagues,

1094 ion ou d’estimation commune des buts de la vie et de la société. Il n’y a plus en commun que des mots vagues, comme libert

1095 donne un sens différent. Nulle autorité reconnue de tous n’est plus en mesure de « dire le vrai », d’énoncer la commune m

1096 le autorité reconnue de tous n’est plus en mesure de « dire le vrai », d’énoncer la commune mesure. Presque tout ce qui se

1097 de tous n’est plus en mesure de « dire le vrai », d’ énoncer la commune mesure. Presque tout ce qui se fait, en Europe, con

1098 à cette anarchie profonde installée au cœur même de notre civilisation, qu’il faut remonter si l’on veut expliquer les ph

1099 Nationalisme, guerre et totalitarisme sont autant de réactions mécaniques et collectives au vide social créé par la dissol

1100 ollectives au vide social créé par la dissolution de toute commune mesure vivante, de tout principe d’intégration11. L’

1101 r la dissolution de toute commune mesure vivante, de tout principe d’intégration11. L’insécurité de l’homme européen

1102 de toute commune mesure vivante, de tout principe d’ intégration11. L’insécurité de l’homme européen Pour illustrer c

1103 de tout principe d’intégration11. L’insécurité de l’homme européen Pour illustrer ce diagnostic, voyons comment l’Eu

1104 et réagit en fait, à cette situation qu’il subit d’ ordinaire sans la comprendre. Les cadres et les structures de sa vie s

1105 sans la comprendre. Les cadres et les structures de sa vie sociale sont en bonne partie détruits. Autrefois, le fils d’un

1106 sont en bonne partie détruits. Autrefois, le fils d’ un drapier devenait drapier, le fils d’un noble, officier, le fils d’u

1107 s, le fils d’un drapier devenait drapier, le fils d’ un noble, officier, le fils d’un paysan, paysan. Aujourd’hui, il peut

1108 it drapier, le fils d’un noble, officier, le fils d’ un paysan, paysan. Aujourd’hui, il peut devenir n’importe quoi, mais t

1109 mais pour quoi ? C’est le problème. Un sentiment d’ arbitraire le domine. La morale bourgeoise n’est plus impérative, ne p

1110 e n’est plus impérative, ne peut plus lui fournir de directives bien claires. Battue en brèche par les pratiques courantes

1111 t en termes de monnaie, quand la monnaie n’a plus de valeur constante, — la morale a perdu sa force animatrice et son pres

1112 lui qui ne la suit plus en garde encore une sorte de mauvaise conscience, mais celui qui la suit se sent frustré. Ni la co

1113 lus le grand nombre. Jamais pourtant la nécessité de directives fermes et claires n’a semblé plus urgente, dans les vertig

1114 plus urgente, dans les vertigineuses complexités de la vie moderne et dans l’instabilité qui la caractérise. Voici donc l

1115 ète en province. Comment s’orienter dans le choix d’ une carrière ? Toutes sont devenues possibles, en théorie, ce qui augm

1116 e inspiration quelconque ? Or, tout paraît frappé d’ hypocrisie. C’est à cette anxiété de l’homme déraciné, isolé et désori

1117 paraît frappé d’hypocrisie. C’est à cette anxiété de l’homme déraciné, isolé et désorienté qu’ont répondu les passions col

1118 ubstitué au patriotisme local. Première tentative de l’État moderne (appuyé par l’école et l’armée) pour créer un ersatz i

1119 cole et l’armée) pour créer un ersatz idéologique de l’attachement instinctif au sol, au milieu natal, à l’indépendance co

1120 concrète du groupe. Cependant, malgré les efforts d’ un Barrès ou d’un Maurras en France, et de nombreux théoriciens allema

1121 upe. Cependant, malgré les efforts d’un Barrès ou d’ un Maurras en France, et de nombreux théoriciens allemands, le nationa

1122 efforts d’un Barrès ou d’un Maurras en France, et de nombreux théoriciens allemands, le nationalisme bourgeois eût échoué

1123 ût échoué à donner à l’homme des masses une règle de vie, une discipline d’action et de pensée, si l’élément social n’étai

1124 homme des masses une règle de vie, une discipline d’ action et de pensée, si l’élément social n’était venu se conjuguer ave

1125 sses une règle de vie, une discipline d’action et de pensée, si l’élément social n’était venu se conjuguer avec lui, après

1126 ler, tous deux fortement influencés par l’exemple de Lénine, ont eu le génie de comprendre les premiers, c’est que l’homme

1127 fluencés par l’exemple de Lénine, ont eu le génie de comprendre les premiers, c’est que l’homme des masses vit dans l’ango

1128 c’est que l’homme des masses vit dans l’angoisse de l’arbitraire, et qu’il en est réduit à désirer qu’on le libère d’une

1129 et qu’il en est réduit à désirer qu’on le libère d’ une liberté sans contenu. Il cherche un guide. Duce, Führer, Caudillo,

1130 sse en même temps qu’il lui enseigne une doctrine d’ unité. Ce n’est point par méchanceté ou par perversité que tant d’homm

1131 t point par méchanceté ou par perversité que tant d’ hommes en Europe sont devenus fascistes et deviennent aujourd’hui comm

1132 urd’hui communistes. C’est parce qu’ils ont senti de tout leur être le besoin d’un principe d’unité, que seules les dictat

1133 arce qu’ils ont senti de tout leur être le besoin d’ un principe d’unité, que seules les dictatures se proclamaient prêtes

1134 t senti de tout leur être le besoin d’un principe d’ unité, que seules les dictatures se proclamaient prêtes à fournir. Tan

1135 raties occidentales n’auront pas mesuré la nature de leur carence fondamentale, et l’intensité aveuglante de la tentation

1136 r carence fondamentale, et l’intensité aveuglante de la tentation totalitaire qui en résulte, leur polémique contre les di

1137 Zéro et l’Infini il avait reçu plusieurs lettres d’ étudiants lui disant en substance ceci : « Monsieur, je crois exacte v

1138 communiste. Car c’est précisément une discipline de ce genre que je cherchais. » Entre l’angoisse de l’arbitraire et la «

1139 de ce genre que je cherchais. » Entre l’angoisse de l’arbitraire et la « sécurité » des dictatures, la liberté demeure en

1140 rait redevenir, pour l’homme européen, une raison de vivre, d’espérer, et par suite, de résister. On n’accepte de mourir q

1141 enir, pour l’homme européen, une raison de vivre, d’ espérer, et par suite, de résister. On n’accepte de mourir que pour de

1142 en, une raison de vivre, d’espérer, et par suite, de résister. On n’accepte de mourir que pour des raisons de vivre. Où

1143 ’espérer, et par suite, de résister. On n’accepte de mourir que pour des raisons de vivre. Où sont les remèdes ? Il

1144 ster. On n’accepte de mourir que pour des raisons de vivre. Où sont les remèdes ? Il serait naïf de supposer que les

1145 vivre. Où sont les remèdes ? Il serait naïf de supposer que les hommes politiques européens tiennent en réserve des

1146 ste. Si l’un d’entre eux prenait un jour le temps de s’en apercevoir, il se garderait d’en parler, craignant avant tout de

1147 jour le temps de s’en apercevoir, il se garderait d’ en parler, craignant avant tout de passer pour un « intellectuel », au

1148 il se garderait d’en parler, craignant avant tout de passer pour un « intellectuel », aux yeux de ses collègues, c’est-à-d

1149 es collègues, c’est-à-dire pour un homme dépourvu de « réalisme ». On aurait tort de le lui reprocher. La technique politi

1150 un homme dépourvu de « réalisme ». On aurait tort de le lui reprocher. La technique politique est une chose, la direction

1151 atique, impressionnée, semble attendre maintenant de ses propres hommes d’État qu’ils fassent pour elle au moins un peu de

1152 s un peu de ce qu’un Hitler fit pour l’Allemagne, de ce qu’un Staline fait pour ses Russes : qu’ils définissent un nouveau

1153 u’ils définissent un nouveau way of life, capable d’ être opposé victorieusement à celui des totalitaires. Cette exigence e

1154 otalitaires. Cette exigence exorbitante n’est pas de celles qui empêchent de dormir nos hommes d’État. Certes, ils savent

1155 nce exorbitante n’est pas de celles qui empêchent de dormir nos hommes d’État. Certes, ils savent orner leurs discours de

1156 s d’État. Certes, ils savent orner leurs discours de phrases sur les glorieuses libertés de l’Europe et la défense des val

1157 s discours de phrases sur les glorieuses libertés de l’Europe et la défense des valeurs spirituelles. Mais leur métier n’e

1158 valeurs spirituelles. Mais leur métier n’est pas de repenser l’époque, et encore moins la situation de l’homme en elle. L

1159 e repenser l’époque, et encore moins la situation de l’homme en elle. La philosophie de leur politique, quand elle n’est p

1160 s la situation de l’homme en elle. La philosophie de leur politique, quand elle n’est pas en fait le matérialisme de « bon

1161 que, quand elle n’est pas en fait le matérialisme de « bon sens » de la bourgeoisie (« Donnez-leur la sécurité, du travail

1162 n’est pas en fait le matérialisme de « bon sens » de la bourgeoisie (« Donnez-leur la sécurité, du travail et un logement,

1163 , si grands soient-ils, qu’il faut aller demander de recréer la commune mesure évanouie. Et ce n’est pas non plus aux part

1164 démo-chrétiens ou socialistes : ce serait exiger d’ eux qu’ils essaient à leur tour de devenir totalitaires. Aucun n’est e

1165 e serait exiger d’eux qu’ils essaient à leur tour de devenir totalitaires. Aucun n’est en mesure d’y prétendre, et d’autre

1166 ur de devenir totalitaires. Aucun n’est en mesure d’ y prétendre, et d’autre part chacun représente un élément irréductible

1167 re part chacun représente un élément irréductible de ce complexe d’antinomies qu’on nomme l’Europe. Quant aux doctrines éc

1168 représente un élément irréductible de ce complexe d’ antinomies qu’on nomme l’Europe. Quant aux doctrines économiques class

1169 lus défini, ou au fait que la politique a négligé de soumettre l’une à l’autre. Restent les intellectuels. Il peut sembler

1170 vocation précise, dans une telle situation, soit de rendre à l’Europe des mesures, une sagesse théorique et pratique, une

1171 gesse théorique et pratique, une juste conception de l’homme, d’où découleraient des conséquences nécessaires que les expe

1172 que et pratique, une juste conception de l’homme, d’ où découleraient des conséquences nécessaires que les experts sauraien

1173 justement, l’un des symptômes les plus frappants de la crise que traverse l’Europe — et avec elle tout l’Occident — c’est

1174 en trois classes. Les premiers se désintéressent de toute action sur la réalité contemporaine, en tant qu’écrivains, arti

1175 econds, au contraire, « s’engagent », et décident d’ agir sur l’époque, mais pratiquement se contentent le plus souvent de

1176 , mais pratiquement se contentent le plus souvent de servir la tactique d’un parti, dont la doctrine, faite sans leur aide

1177 contentent le plus souvent de servir la tactique d’ un parti, dont la doctrine, faite sans leur aide d’ailleurs, ne compte

1178 ndraient guère s’ils les lisaient. Comment passer de ces analyses profondes à la réalité des combinaisons parlementaires,

1179 té des combinaisons parlementaires, à la conduite d’ une fabrique d’armes, ou aux revendications d’un syndicat ? D’ailleurs

1180 sons parlementaires, à la conduite d’une fabrique d’ armes, ou aux revendications d’un syndicat ? D’ailleurs, ces excellent

1181 ite d’une fabrique d’armes, ou aux revendications d’ un syndicat ? D’ailleurs, ces excellents esprits ne sont pas souvent d

1182 religions antagonistes. Ainsi l’action réelle va d’ un côté, privée de guides spirituels ; et la pensée parle dans le vide

1183 istes. Ainsi l’action réelle va d’un côté, privée de guides spirituels ; et la pensée parle dans le vide, ou dans des cerc

1184 ucune doctrine particulière n’a la moindre chance de convertir une solide majorité des Européens, et de recréer cette comm

1185 e convertir une solide majorité des Européens, et de recréer cette commune mesure, faute de laquelle une civilisation ne p

1186 peuvent offrir des remèdes acceptables pour plus d’ un pays, d’une école, d’une confession. Or, nous avons une vingtaine d

1187 frir des remèdes acceptables pour plus d’un pays, d’ une école, d’une confession. Or, nous avons une vingtaine de pays, et

1188 des acceptables pour plus d’un pays, d’une école, d’ une confession. Or, nous avons une vingtaine de pays, et je ne sais co

1189 e, d’une confession. Or, nous avons une vingtaine de pays, et je ne sais combien d’écoles, de religions et d’anti-religion

1190 vons une vingtaine de pays, et je ne sais combien d’ écoles, de religions et d’anti-religions. Pour avoir quelques chances

1191 ingtaine de pays, et je ne sais combien d’écoles, de religions et d’anti-religions. Pour avoir quelques chances de succès,

1192 , et je ne sais combien d’écoles, de religions et d’ anti-religions. Pour avoir quelques chances de succès, un remède à cet

1193 et d’anti-religions. Pour avoir quelques chances de succès, un remède à cette anarchie devrait répondre à trois condition

1194 conditions principales. — Il devrait intéresser d’ une manière vitale à la fois les politiciens, les économistes, les int

1195 llectuels, et les masses, et leur offrir le moyen de collaborer effectivement à une construction. — Il ne devrait pas être

1196 construction. — Il ne devrait pas être l’apanage d’ un parti, d’une nation, d’une tendance intellectuelle, cherchant l’hég

1197 n. — Il ne devrait pas être l’apanage d’un parti, d’ une nation, d’une tendance intellectuelle, cherchant l’hégémonie, mais

1198 rait pas être l’apanage d’un parti, d’une nation, d’ une tendance intellectuelle, cherchant l’hégémonie, mais au contraire

1199 aser sur les traditions qui ont fait la puissance de l’Europe, mais permettre en même temps une rénovation de la prospérit

1200 rope, mais permettre en même temps une rénovation de la prospérité et de la créativité du Vieux Monde. Seul, l’idéal de la

1201 en même temps une rénovation de la prospérité et de la créativité du Vieux Monde. Seul, l’idéal de la fédération européen

1202 et de la créativité du Vieux Monde. Seul, l’idéal de la fédération européenne semble répondre à ces trois conditions. Depu

1203 grouper dans un même mouvement général des hommes de tous les partis (sauf les staliniens), de tous les pays, de toutes le

1204 hommes de tous les partis (sauf les staliniens), de tous les pays, de toutes les confessions et de toutes les professions

1205 s partis (sauf les staliniens), de tous les pays, de toutes les confessions et de toutes les professions. Il ne tend pas à

1206 ), de tous les pays, de toutes les confessions et de toutes les professions. Il ne tend pas à supprimer leurs différences

1207 s ensemble (à sauver leur autonomie) par le moyen de l’union fédérale. Enfin, il cherche à rétablir l’ancienne communauté

1208 isés, mais en même temps il offre une possibilité de dépasser les vieilles luttes partisanes, et de renouveler, en libéran

1209 té de dépasser les vieilles luttes partisanes, et de renouveler, en libérant les échanges matériels et spirituels, la vita

1210 es matériels et spirituels, la vitalité créatrice de notre civilisation. Dans ce mouvement sans précédent, j’entrevois not

1211 ans précédent, j’entrevois notre meilleure chance de réunir enfin la pensée et l’action, de conjuguer les intérêts au serv

1212 ure chance de réunir enfin la pensée et l’action, de conjuguer les intérêts au service d’un même but que l’esprit peut fai

1213 et l’action, de conjuguer les intérêts au service d’ un même but que l’esprit peut faire sien, et de surmonter ainsi le div

1214 ce d’un même but que l’esprit peut faire sien, et de surmonter ainsi le divorce profond qui est à l’origine des plus grand

1215 us grands maux du siècle. Cependant, l’expérience de ces dernières années a montré que les mesures politiques, économiques

1216 taires dans les différents pays, etc.). La raison de cette paralysie en dépit du danger immédiat et commun, c’est que l’es

1217 ’est pas encore réveillée, malgré tous les éclats de voix d’un Vychinski condamnant l’Occident en bloc et proclamant ainsi

1218 encore réveillée, malgré tous les éclats de voix d’ un Vychinski condamnant l’Occident en bloc et proclamant ainsi son uni

1219 malgré le plan Marshall, dont le but déclaré est d’ aider l’Europe comme un tout. Aucun des sacrifices nécessaires ne ser

1220 forment en réalité une même nation, qu’ils vivent d’ une même culture, laquelle dépend en tout d’un même système de valeurs

1221 ivent d’une même culture, laquelle dépend en tout d’ un même système de valeurs menacées ; qu’ils périront ou se sauveront

1222 ulture, laquelle dépend en tout d’un même système de valeurs menacées ; qu’ils périront ou se sauveront ensemble. Qu’en es

1223 iront ou se sauveront ensemble. Qu’en est-il donc de l’unité réelle de ce continent, si riche de ses diversités, si malade

1224 ont ensemble. Qu’en est-il donc de l’unité réelle de ce continent, si riche de ses diversités, si malade de ses divisions 

1225 donc de l’unité réelle de ce continent, si riche de ses diversités, si malade de ses divisions ? Unité de la culture e

1226 continent, si riche de ses diversités, si malade de ses divisions ? Unité de la culture européenne Depuis cent ans,

1227 diversités, si malade de ses divisions ? Unité de la culture européenne Depuis cent ans, nos divers peuples ont prét

1228 uthentiques et distinctes. On parle non seulement de culture française, mais de culture danoise, irlandaise ou croate. C’e

1229 On parle non seulement de culture française, mais de culture danoise, irlandaise ou croate. C’est un effet de l’ignorance

1230 ure danoise, irlandaise ou croate. C’est un effet de l’ignorance entretenue par la passion nationaliste, les manuels des é

1231 la littérature romantique. En fait, aux origines de la culture européenne, il y a trois éléments communs, Athènes, Rome,

1232 ui ont été conjugués pendant les premiers siècles de notre ère. À quoi sont venus s’ajouter l’esprit critique et la scienc

1233 ixe siècle, la technique au xxe siècle. L’unité de la civilisation européenne au-delà et en deçà des diversités linguist

1234 evient évidente dès que l’on considère nos formes d’ expression dans les domaines les plus divers : le sonnet, le roman, le

1235 et l’esprit critique ; le vêtement et les moyens de transport ; et même la mode changeant d’une année à l’autre, mais ado

1236 s moyens de transport ; et même la mode changeant d’ une année à l’autre, mais adoptée en quelques semaines par tous nos pe

1237 oncepts fondamentaux, qu’on peut dire spécifiques de l’Europe : la révolte méthodique et critique contre toutes les lois d

1238 s lois du sacré tribal et collectif ; les notions d’ individu, de personne, et de vocation personnelle, en contradiction av

1239 cré tribal et collectif ; les notions d’individu, de personne, et de vocation personnelle, en contradiction avec les rites

1240 llectif ; les notions d’individu, de personne, et de vocation personnelle, en contradiction avec les rites et coutumes irr

1241 ême des religions, est une condition fondamentale de la créativité et de l’esprit d’invention. Privée du sens de l’opposit

1242 st une condition fondamentale de la créativité et de l’esprit d’invention. Privée du sens de l’opposition et du non-confor

1243 tion fondamentale de la créativité et de l’esprit d’ invention. Privée du sens de l’opposition et du non-conformisme, notre

1244 tivité et de l’esprit d’invention. Privée du sens de l’opposition et du non-conformisme, notre civilisation se fût arrêtée

1245 prophétique — ou bien eût succombé aux invasions de l’Est. Ce complexe de contradictions fondamentales et d’antagonismes

1246 eût succombé aux invasions de l’Est. Ce complexe de contradictions fondamentales et d’antagonismes spirituels, s’est révé

1247 t. Ce complexe de contradictions fondamentales et d’ antagonismes spirituels, s’est révélé au cours des âges comme étant le

1248 lé au cours des âges comme étant le plus créateur de toute l’histoire des civilisations. Il explique seul que malgré sa pe

1249 uelle, quels que soient ses vices et les éléments de décadence qu’elle se refuse à éliminer, reste par excellence la terre

1250 algré tout les plus différenciés, les plus avides d’ expérimenter les limites de l’esprit, de toucher le fond des choses et

1251 nciés, les plus avides d’expérimenter les limites de l’esprit, de toucher le fond des choses et de prendre conscience d’eu

1252 us avides d’expérimenter les limites de l’esprit, de toucher le fond des choses et de prendre conscience d’eux-mêmes, soit

1253 tes de l’esprit, de toucher le fond des choses et de prendre conscience d’eux-mêmes, soit pour s’accepter, soit pour se ré

1254 ucher le fond des choses et de prendre conscience d’ eux-mêmes, soit pour s’accepter, soit pour se révolter. Un des caractè

1255 se révolter. Un des caractères les plus frappants de l’unité européenne, je le trouve précisément dans le goût et la passi

1256 le trouve précisément dans le goût et la passion de différer, communs à toutes nos élites, et plus qu’on ne le croit aux

1257 réalité les masses. Dans le champ des inventions de tous les ordres qui ont modifié l’aspect du monde depuis cinquante an

1258 répondérante. Et je dis bien : des Européens, non de tel de leurs pays. Car chacune de leurs découvertes est née du grand

1259 rante. Et je dis bien : des Européens, non de tel de leurs pays. Car chacune de leurs découvertes est née du grand dialogu

1260 Européens, non de tel de leurs pays. Car chacune de leurs découvertes est née du grand dialogue entre les esprits du pass

1261 s frontières ; chacune est prise dans le contexte d’ une réflexion européenne (contexte qui tend d’ailleurs de plus en plus

1262 n plus à s’étendre aux États-Unis). Qu’il suffise de mentionner : le marxisme et la psychanalyse ; l’existentialisme et le

1263 re : presque tous leurs grands noms sont des noms de l’Europe, et les très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier

1264 ès rares qui n’en sont pas ont appris leur métier de nos maîtres, dans nos écoles, aux terrasses des cafés de Paris, ou da

1265 maîtres, dans nos écoles, aux terrasses des cafés de Paris, ou dans nos livres. Je dirai plus. Le monde moderne en tant qu

1266 e à la fois nos mœurs et nos objets, nos procédés d’ art et de construction, de transport et de gouvernement, d’industrie e

1267 is nos mœurs et nos objets, nos procédés d’art et de construction, de transport et de gouvernement, d’industrie et de méde

1268 os objets, nos procédés d’art et de construction, de transport et de gouvernement, d’industrie et de médecine, et nos arme

1269 rocédés d’art et de construction, de transport et de gouvernement, d’industrie et de médecine, et nos armes. Les Hindous,

1270 de construction, de transport et de gouvernement, d’ industrie et de médecine, et nos armes. Les Hindous, les Chinois, les

1271 , de transport et de gouvernement, d’industrie et de médecine, et nos armes. Les Hindous, les Chinois, les Noirs, copient

1272 mes. Les Hindous, les Chinois, les Noirs, copient d’ Europe pour toutes ces choses, mais nous, nous copions tout au plus qu

1273 ous, nous copions tout au plus quelques citations de leurs sages, quelques statues de leurs dieux, ou quelques rythmes de

1274 elques citations de leurs sages, quelques statues de leurs dieux, ou quelques rythmes de leurs danses. (Demain pourtant, c

1275 lques statues de leurs dieux, ou quelques rythmes de leurs danses. (Demain pourtant, c’est l’Amérique ou la Russie qu’ils

1276 ne depuis les origines, l’autre dans ce qu’elle a de moderne précisément — des créations de la culture européenne, il n’en

1277 qu’elle a de moderne précisément — des créations de la culture européenne, il n’en reste pas moins que l’avenir paraît bi

1278 nt une fraîcheur plus robuste dans l’exploitation de nos découvertes. Nous concevons un prototype, elles produisent des sé

1279 cevons un prototype, elles produisent des séries. D’ où résultent pour l’Europe deux conséquences également importantes : u

1280 onséquences également importantes : une tentation d’ orgueil qui nous ferait dire : « Nous sommes les seuls, les vrais civi

1281 es seuls, les vrais civilisés », et une tentation d’ infériorité qui nous ferait penser : « Tout notre esprit nous a condui

1282 is, l’Europe n’en est pas moins demeurée le foyer de la civilisation contemporaine, occidentale, — c’est-à-dire de la seul

1283 sation contemporaine, occidentale, — c’est-à-dire de la seule civilisation qui ait su remplacer toutes les autres, arrêtée

1284 firaient pas à maintenir la créativité spécifique de l’Europe, le sens inné de ses diversités, ses traditions transmises d

1285 a créativité spécifique de l’Europe, le sens inné de ses diversités, ses traditions transmises de personne à personne et d

1286 inné de ses diversités, ses traditions transmises de personne à personne et de maître à disciple, bien plus que de profess

1287 s traditions transmises de personne à personne et de maître à disciple, bien plus que de professeurs à élèves. Le cœur aur

1288 à personne et de maître à disciple, bien plus que de professeurs à élèves. Le cœur aurait cessé de palpiter. Il ne restera

1289 que de professeurs à élèves. Le cœur aurait cessé de palpiter. Il ne resterait qu’un musée. L’unité supranationale de la c

1290 ne resterait qu’un musée. L’unité supranationale de la culture européenne est quelque chose qu’il s’agit aujourd’hui bien

1291 quelque chose qu’il s’agit aujourd’hui bien moins de définir que de sauver, et aussi d’illustrer en créations. Dieu merci,

1292 u’il s’agit aujourd’hui bien moins de définir que de sauver, et aussi d’illustrer en créations. Dieu merci, elle n’est pas

1293 hui bien moins de définir que de sauver, et aussi d’ illustrer en créations. Dieu merci, elle n’est pas encore un objet de

1294 tions. Dieu merci, elle n’est pas encore un objet de science, mais un drame. Nous avons à la défendre contre la menace tot

1295 dre contre la menace totalitaire, contre l’esprit de simplification stérilisant que favorisent les mass médias, contre nos

1296 tes, à révéler aux masses, que les vraies sources de la puissance européenne sont spirituelles, morales, intellectuelles,

1297 tit cap n’est pas un luxe, mais la condition même de notre vie. Et nous avons à créer la synthèse des connaissances acquis

1298 hasard, par l’ère moderne : c’est le souci majeur de nos meilleurs esprits. Dans la lutte pour l’union fédérale de l’Europ

1299 eurs esprits. Dans la lutte pour l’union fédérale de l’Europe, cette défense prend l’aspect positif d’un rassemblement cré

1300 de l’Europe, cette défense prend l’aspect positif d’ un rassemblement créateur. On peut donc dire que l’unité de notre cult

1301 emblement créateur. On peut donc dire que l’unité de notre culture existe par et dans cette lutte. C’est une « Unité d’ave

1302 existe par et dans cette lutte. C’est une « Unité d’ avenir ». Ce que cela signifie pour l’Amérique Lecteur américain

1303 u dire que l’Amérique est un « miroir grossissant de l’Europe » (Léo Ferrero), il est vrai aussi que l’Europe est l’étymol

1304 rincipe. Après tout, vos ancêtres ne sont pas nés de votre terre, mais ils y ont été comme projetés par le jeu des contrad

1305 e projetés par le jeu des contradictions internes de l’Europe, religieuses d’abord, puis nationales et sociales, enfin éco

1306 omiques et parfois politiques. Le mal fondamental de l’Europe du xxe siècle, c’est la dissolution de la commune mesure. Q

1307 de l’Europe du xxe siècle, c’est la dissolution de la commune mesure. Qui pourrait dire que l’Amérique n’en souffre pas 

1308 tiendrait aux symptômes extérieurs, si différents d’ un côté à l’autre de l’océan. Vous êtes plus menacés que nous par la d

1309 plutôt à provoquer un abaissement moyen du niveau de conscience. Avec une sorte de sadomasochisme, nous en tirons les cons

1310 ent moyen du niveau de conscience. Avec une sorte de sadomasochisme, nous en tirons les conséquences extrêmes, guerre, tot

1311 uences extrêmes, guerre, totalitarisme, doctrines de l’absurde ; je vous sens au contraire tentés de noyer le problème ou

1312 s de l’absurde ; je vous sens au contraire tentés de noyer le problème ou de le refuser. « Simplifions, posons moins de qu

1313 sens au contraire tentés de noyer le problème ou de le refuser. « Simplifions, posons moins de questions, tout s’arranger

1314 ème ou de le refuser. « Simplifions, posons moins de questions, tout s’arrangera », semblez-vous dire. « Précisons impitoy

1315 se retrouvent en Amérique : l’isolement croissant de l’élite créatrice, la contradiction des morales, l’insécurité spiritu

1316 ins forte pour vous. Mais craignez qu’un peu plus de conscience ou une panique ne la renforce. Vous êtes intéressés à notr

1317 autre, votre hérédité. Ce que vous devez attendre de l’Europe, c’est qu’elle découvre rapidement les antitoxines des virus

1318 s n’êtes pas immunisés. En retour, nous attendons de vous bien autre chose que des dollars — si indispensables qu’ils soie

1319 r devant soi-même dans la masse. Nous vous prions de ne pas désespérer de l’Europe malade. Ce serait désespérer de votre p

1320 s la masse. Nous vous prions de ne pas désespérer de l’Europe malade. Ce serait désespérer de votre propre civilisation, d

1321 sespérer de l’Europe malade. Ce serait désespérer de votre propre civilisation, de son essence. L’Europe dispose encore de

1322 e serait désespérer de votre propre civilisation, de son essence. L’Europe dispose encore des plus grandes réserves créatr

1323 spose encore des plus grandes réserves créatrices de l’humanité : les cinquante premières années du siècle l’ont prouvé. N

1324 est perdue, sacrifiée anyway, et qu’il est temps de drainer ses dernières valeurs, musiciens, écrivains, professeurs et s

1325 rs, musiciens, écrivains, professeurs et savants. De Stravinsky à Hindemith, de Thomas Mann à Aldous Huxley, de Maritain à

1326 rofesseurs et savants. De Stravinsky à Hindemith, de Thomas Mann à Aldous Huxley, de Maritain à Toynbee, et d’Einstein à F

1327 nsky à Hindemith, de Thomas Mann à Aldous Huxley, de Maritain à Toynbee, et d’Einstein à Fermi, beaucoup déjà nous ont qui

1328 s Mann à Aldous Huxley, de Maritain à Toynbee, et d’ Einstein à Fermi, beaucoup déjà nous ont quittés, sont devenus vôtres.

1329 retour à renaître des ruines morales et physiques de deux guerres, de la folie nationaliste, et d’une longue maladie total

1330 des ruines morales et physiques de deux guerres, de la folie nationaliste, et d’une longue maladie totalitaire provoquée

1331 ues de deux guerres, de la folie nationaliste, et d’ une longue maladie totalitaire provoquée par un déséquilibre dont vous

1332 spoirs. Que chacun dise à l’autre ce qu’il attend de lui, espère de lui. J’ai connu des malades qu’on a sauvés en leur dis

1333 cun dise à l’autre ce qu’il attend de lui, espère de lui. J’ai connu des malades qu’on a sauvés en leur disant seulement a

1334 qu’on a sauvés en leur disant seulement au creux de l’oreille : « Tu sais que j’ai besoin de toi. » 10. Étude demandée

1335 au creux de l’oreille : « Tu sais que j’ai besoin de toi. » 10. Étude demandée par la Saturday Review of Literature pou

1336 Préface à « L’Œuvre du xxe siècle » Le mois de mai 1952, à Paris, fut animé par une grandiose manifestation destinée

1337 s et débats publics par les plus grands écrivains d’ Europe et des Amériques se succédèrent chaque soir du 30 avril au 2 ju

1338 L’initiative était due au Congrès pour la liberté de la culture et à son secrétaire général Nicolas Nabokov. C’est en tant

1339 les traits qui définissent l’Occidental, le goût de « se rendre compte » est l’un des plus constants. Il nous fit invente

1340 ralement, un compte rendu. Exposition, biographie d’ une époque, essai d’orientation parmi tant de recherches, d’égarements

1341 rendu. Exposition, biographie d’une époque, essai d’ orientation parmi tant de recherches, d’égarements et de trouvailles,

1342 ue, essai d’orientation parmi tant de recherches, d’ égarements et de trouvailles, elle veut montrer plutôt que démontrer,

1343 ntation parmi tant de recherches, d’égarements et de trouvailles, elle veut montrer plutôt que démontrer, et faire voir au

1344 qu’on le veuille ou non, le caractère et la vertu d’ un manifeste. Une rumeur court le monde depuis plus de vingt ans : l’é

1345 manifeste. Une rumeur court le monde depuis plus de vingt ans : l’état de nos arts et de nos lettres, en Occident, serait

1346 court le monde depuis plus de vingt ans : l’état de nos arts et de nos lettres, en Occident, serait la preuve de notre dé

1347 depuis plus de vingt ans : l’état de nos arts et de nos lettres, en Occident, serait la preuve de notre décadence. N’est-

1348 et de nos lettres, en Occident, serait la preuve de notre décadence. N’est-il pas curieux d’observer que ce jugement se t

1349 a preuve de notre décadence. N’est-il pas curieux d’ observer que ce jugement se trouve être à la fois celui des « passéist

1350 i des « passéistes » en art, et celui des adeptes de partis qui se proclament progressistes ? Cette part du grand public,

1351 d public, chez nous, qui en est restée au tableau de genre, au pleinairisme, au réalisme, et qui prend pour la tradition c

1352 e, et qui prend pour la tradition ces innovations d’ avant-hier, voit ses goûts confirmés et sanctionnés par les décrets de

1353 es goûts confirmés et sanctionnés par les décrets de deux révolutions avides d’avenir. L’une, qui s’installait pour mille

1354 ionnés par les décrets de deux révolutions avides d’ avenir. L’une, qui s’installait pour mille ans, mourut en douze. Notre

1355 it. L’autre voudrait maintenant nous faire douter de la validité et de la vitalité de notre culture en libre essor. Elle a

1356 it maintenant nous faire douter de la validité et de la vitalité de notre culture en libre essor. Elle appuie son accusati

1357 ous faire douter de la validité et de la vitalité de notre culture en libre essor. Elle appuie son accusation sur une doct

1358 entré dans la peinture, dit-elle, avec les pommes de Cézanne, pommes de pure forme, sans contenu social. De ce péché origi

1359 ure, dit-elle, avec les pommes de Cézanne, pommes de pure forme, sans contenu social. De ce péché originel naquit le forma

1360 zanne, pommes de pure forme, sans contenu social. De ce péché originel naquit le formalisme occidental, qui devait conduir

1361 à l’avenir, il serait représenté par les tableaux de genre militaire du réalisme socialiste, qui ne se distinguent de la p

1362 ire du réalisme socialiste, qui ne se distinguent de la peinture bourgeoise d’environ 1880 que par la couleur des parement

1363 , qui ne se distinguent de la peinture bourgeoise d’ environ 1880 que par la couleur des parements. Nous proposons au grand

1364 ents. Nous proposons au grand public contemporain de juger ce procès sur pièces. À l’entreprise de dénigrement poursuivie

1365 ain de juger ce procès sur pièces. À l’entreprise de dénigrement poursuivie par la propagande des conformismes officiels,

1366 nde des conformismes officiels, nous avons choisi d’ opposer les chefs-d’œuvre de l’art et de la pensée libre : ils parlero

1367 ls, nous avons choisi d’opposer les chefs-d’œuvre de l’art et de la pensée libre : ils parleront d’eux-mêmes et leur langa

1368 ns choisi d’opposer les chefs-d’œuvre de l’art et de la pensée libre : ils parleront d’eux-mêmes et leur langage convaincr

1369 re de l’art et de la pensée libre : ils parleront d’ eux-mêmes et leur langage convaincra mieux que tous les arguments. Le

1370 ents. Le xxe siècle a vu se développer une série d’ expériences toujours plus audacieuses, et dont plusieurs laisseront l’

1371 ses, et dont plusieurs laisseront l’homme enrichi de nouveaux styles, de nouvelles techniques d’expression, et de nouveaux

1372 rs laisseront l’homme enrichi de nouveaux styles, de nouvelles techniques d’expression, et de nouveaux domaines à explorer

1373 richi de nouveaux styles, de nouvelles techniques d’ expression, et de nouveaux domaines à explorer. Tant de diversités spo

1374 styles, de nouvelles techniques d’expression, et de nouveaux domaines à explorer. Tant de diversités spontanées ou voulue

1375 nt autant qu’elles le comblent. Une telle passion de liberté — d’ailleurs contemporaine des dictatures totales — ne va pas

1376 pparent ou réel. Mais nous pensons que la liberté d’ expression et de création reste la condition première — non point la s

1377 Mais nous pensons que la liberté d’expression et de création reste la condition première — non point la seule — du dégage

1378 ion première — non point la seule — du dégagement d’ un ordre supérieur ; et que la tyrannie est le pire des désordres. C’e

1379 est dans cette vue que le Congrès pour la Liberté de la Culture a voulu rassembler au foyer même de l’aventure moderne, da

1380 té de la Culture a voulu rassembler au foyer même de l’aventure moderne, dans Paris, des œuvres dont la « nouveauté » semb

1381 des œuvres dont la « nouveauté » semblait capable de durer, de témoigner encore dans la durée du siècle au-delà des surpri

1382 dont la « nouveauté » semblait capable de durer, de témoigner encore dans la durée du siècle au-delà des surprises initia

1383 ns la même liberté. Jamais convocation plus ample de ses forces n’aura marqué l’été d’un siècle ! Ce concours des génies e

1384 tion plus ample de ses forces n’aura marqué l’été d’ un siècle ! Ce concours des génies et des merveilles de l’art renouvel

1385 siècle ! Ce concours des génies et des merveilles de l’art renouvelle, dans un temps menacé, la fonction des jeux séculair

1386 acé, la fonction des jeux séculaires, mainteneurs de la foi d’une cité dans son âme, et de la confiance d’une civilisation

1387 nction des jeux séculaires, mainteneurs de la foi d’ une cité dans son âme, et de la confiance d’une civilisation dans sa f

1388 mainteneurs de la foi d’une cité dans son âme, et de la confiance d’une civilisation dans sa fécondité, dans son avenir. H

1389 a foi d’une cité dans son âme, et de la confiance d’ une civilisation dans sa fécondité, dans son avenir. Heureux donc ceux

1390 n avenir. Heureux donc ceux qui auront pu prendre de leur âge cette vue d’ensemble assurément sans précédent, et qui ne se

1391 ceux qui auront pu prendre de leur âge cette vue d’ ensemble assurément sans précédent, et qui ne sera pas seulement rétro

1392 i elle nous aide et nous anime à mieux comprendre d’ où nous venons, où nous en sommes, où nous allons… Mais la riposte, ic

1393 ment, fut toujours celui des pouvoirs politiques, de leurs goûts et de leurs censures, dans le développement de nos arts.

1394 celui des pouvoirs politiques, de leurs goûts et de leurs censures, dans le développement de nos arts. L’Œuvre du xxe si

1395 goûts et de leurs censures, dans le développement de nos arts. L’Œuvre du xxe siècle pose bien d’autres problèmes. Le pre

1396 autres problèmes. Le premier me paraît être celui de la prise de conscience d’une époque non par ses héritiers, mais par c

1397 er me paraît être celui de la prise de conscience d’ une époque non par ses héritiers, mais par ceux qui la vivent. On ne v

1398 iers, mais par ceux qui la vivent. On ne voit pas de précédent à l’entreprise, dans l’ère moderne. Mais on songe à ces Jeu

1399 la fonction, selon l’oracle sibyllin, devait être de restaurer ou de maintenir la cité dans sa gloire. Une telle concentra

1400 on l’oracle sibyllin, devait être de restaurer ou de maintenir la cité dans sa gloire. Une telle concentration d’œuvres fa

1401 r la cité dans sa gloire. Une telle concentration d’ œuvres fameuses, qu’on les juge monstres ou merveilles, ne peut pas re

1402 ets sur les créateurs, le public, et leur manière de sentir notre temps. Comme l’acte d’observer dans la microphysique, ce

1403 leur manière de sentir notre temps. Comme l’acte d’ observer dans la microphysique, cet acte d’exposer ne laissera pas int

1404 l’acte d’observer dans la microphysique, cet acte d’ exposer ne laissera pas intact son objet même. Cet objet, c’est peut-ê

1405 lue, créée, et ressentie comme telle. Une passion d’ expérimenter à tous risques peut la définir. Combien de seuils et de l

1406 érimenter à tous risques peut la définir. Combien de seuils et de limites n’avons-nous pas forcés dans notre siècle — seui

1407 ous risques peut la définir. Combien de seuils et de limites n’avons-nous pas forcés dans notre siècle — seuil de l’atome

1408 n’avons-nous pas forcés dans notre siècle — seuil de l’atome ou seuil de l’inconscient, sens de la vue et de l’ouïe exercé

1409 cés dans notre siècle — seuil de l’atome ou seuil de l’inconscient, sens de la vue et de l’ouïe exercés au-delà de leur po

1410  seuil de l’atome ou seuil de l’inconscient, sens de la vue et de l’ouïe exercés au-delà de leur portée naturelle, conquêt

1411 tome ou seuil de l’inconscient, sens de la vue et de l’ouïe exercés au-delà de leur portée naturelle, conquête du ciel, vi

1412 ient, sens de la vue et de l’ouïe exercés au-delà de leur portée naturelle, conquête du ciel, victoire de l’intellect sur

1413 leur portée naturelle, conquête du ciel, victoire de l’intellect sur l’espace à trois dimensions… ? Chacune de ces victoir

1414 ellect sur l’espace à trois dimensions… ? Chacune de ces victoires nous a jetés dans un complexe nouveau de paradoxes. Pre

1415 s victoires nous a jetés dans un complexe nouveau de paradoxes. Prenons l’exemple de l’artiste pénétrant les structures de

1416 complexe nouveau de paradoxes. Prenons l’exemple de l’artiste pénétrant les structures de l’Inconscient. Qu’il soit peint

1417 s l’exemple de l’artiste pénétrant les structures de l’Inconscient. Qu’il soit peintre, poète ou conteur, plus il s’avance

1418 dans le même temps, vient lui proposer des moyens de communiquer avec des masses immenses. Mais ces deux maxima, celui de

1419 des masses immenses. Mais ces deux maxima, celui de la découverte et celui de l’audience accessible, se révèlent pratique

1420 ces deux maxima, celui de la découverte et celui de l’audience accessible, se révèlent pratiquement contradictoires. Faut

1421 opter, ou faut-il au contraire viser cette forme de compromis que fournit la notion nouvelle d’optimum ? Faut-il se faire

1422 forme de compromis que fournit la notion nouvelle d’ optimum ? Faut-il se faire soit monstre, soit vedette — ou bien tenter

1423 faire soit monstre, soit vedette — ou bien tenter de se faire classique ? Autre paralogisme de ce siècle : jamais on n’ava

1424 tenter de se faire classique ? Autre paralogisme de ce siècle : jamais on n’avait vu pareille liberté de recherche et de

1425 ce siècle : jamais on n’avait vu pareille liberté de recherche et de formulation, jamais moins de scrupules d’expression,

1426 is on n’avait vu pareille liberté de recherche et de formulation, jamais moins de scrupules d’expression, dans les science

1427 erté de recherche et de formulation, jamais moins de scrupules d’expression, dans les sciences, les arts et les lettres ;

1428 rche et de formulation, jamais moins de scrupules d’ expression, dans les sciences, les arts et les lettres ; jamais non pl

1429 iences, les arts et les lettres ; jamais non plus de conformismes plus pesants, plus acharnés à contrôler les sources même

1430 ants, plus acharnés à contrôler les sources mêmes de la création. S’agit-il de compensations, ou bien l’un des deux phénom

1431 rôler les sources mêmes de la création. S’agit-il de compensations, ou bien l’un des deux phénomènes serait-il la rançon d

1432 bien l’un des deux phénomènes serait-il la rançon de l’autre ? Sommes-nous dans une situation globale de disjonctions irré

1433 l’autre ? Sommes-nous dans une situation globale de disjonctions irrémédiables, de divorce, allant vers le chaos et vers

1434 situation globale de disjonctions irrémédiables, de divorce, allant vers le chaos et vers la décadence ? Ou bien dans un

1435 os et vers la décadence ? Ou bien dans un système de tensions créatrices sans cesse accrues, orienté vers la restitution d

1436 s sans cesse accrues, orienté vers la restitution d’ un classicisme vif, d’une commune mesure élargie ? Ces problèmes et bi

1437 orienté vers la restitution d’un classicisme vif, d’ une commune mesure élargie ? Ces problèmes et bien d’autres se trouven

1438 bien d’autres se trouvent posés, par le seul fait de leurs illustrations, ensemble exposées dans Paris. Le choix de la vil

1439 strations, ensemble exposées dans Paris. Le choix de la ville n’est pas sans signification. Paris fut, pendant ce demi-siè

1440 fut, pendant ce demi-siècle, le lieu géométrique de l’aventure moderne : cubisme, Apollinaire, ballets de Diaghilev, Écol

1441 ’aventure moderne : cubisme, Apollinaire, ballets de Diaghilev, École de Paris, groupe des Six, surréalisme, Proust, Gide

1442 cubisme, Apollinaire, ballets de Diaghilev, École de Paris, groupe des Six, surréalisme, Proust, Gide et Valéry, et leurs

1443 et Valéry, et leurs commentateurs et adversaires de tout bord, et le foyer mondial de leur marché comme de leur gloire. C

1444 et adversaires de tout bord, et le foyer mondial de leur marché comme de leur gloire. Cette aventure va-t-elle nous appar

1445 ut bord, et le foyer mondial de leur marché comme de leur gloire. Cette aventure va-t-elle nous apparaître comme un passé

1446 tre comme un passé déjà, ou comme l’effervescence d’ un ordre neuf en son état naissant ? L’Œuvre du xxe Siècle s’inaugure

1447 uvre du xxe Siècle s’inaugure dans le vrai style de notre époque : la réponse qu’elle apporte, d’une part, est, de l’autr

1448 ue : la réponse qu’elle apporte, d’une part, est, de l’autre, une remise en question. 12. « Picasso ne crée pas ses œuvr

1449 s ses œuvres morbides et repoussantes dans le but de critiquer les contradictions de la réalité et de réveiller la haine d

1450 antes dans le but de critiquer les contradictions de la réalité et de réveiller la haine des spectateurs pour les forces d

1451 de critiquer les contradictions de la réalité et de réveiller la haine des spectateurs pour les forces de la réaction, ma

1452 éveiller la haine des spectateurs pour les forces de la réaction, mais dans le but de faire l’apologie esthétique du capit

1453 pour les forces de la réaction, mais dans le but de faire l’apologie esthétique du capitalisme. » I. V. Kemenov, Les Deux

1454 scou, 1947. Ce Kemenov était à l’époque président de la VOKS, c’est-à-dire chef des relations culturelles de l’URSS avec l

1455 VOKS, c’est-à-dire chef des relations culturelles de l’URSS avec l’étranger. Sa brochure est un texte officiel, répandu à

1456 ure est un texte officiel, répandu à des millions d’ exemplaires.

1457 Conclusions sur l’avenir et la liberté de la culture « L’Œuvre du xx e siècle » se termina le 30 mai 1952 par

1458 les discours qu’allaient prononcer sur « l’Avenir de la Culture » Wystan H. Auden, Salvador de Madariaga, William Faulkner

1459 André Malraux ; le second tirait les conclusions de l’ensemble des manifestations. I Poser publiquement la question de l’

1460 manifestations. I Poser publiquement la question de l’avenir de notre culture, voilà qui me paraît absolument typique du

1461 ons. I Poser publiquement la question de l’avenir de notre culture, voilà qui me paraît absolument typique du xxe siècle.

1462 ent typique du xxe siècle. Un écrivain du siècle de Louis XIV ou du siècle d’Élisabeth ne s’interrogeait pas sur l’avenir

1463 . Un écrivain du siècle de Louis XIV ou du siècle d’ Élisabeth ne s’interrogeait pas sur l’avenir des lettres ou de la cult

1464 ne s’interrogeait pas sur l’avenir des lettres ou de la culture en général ; il ne les voyait pas dans la complexité de le

1465 général ; il ne les voyait pas dans la complexité de leur devenir historique ; il ne sentait peser sur elles aucune menace

1466 Il avait en lui et devant lui, les gages certains d’ une présence sacrée : dogmes, liturgies, royauté, et tous les ordres d

1467  : dogmes, liturgies, royauté, et tous les ordres de la société. Pourquoi donc, et comment, la question de notre avenir et

1468 a société. Pourquoi donc, et comment, la question de notre avenir et de l’avenir de notre culture peut-elle se poser parmi

1469 donc, et comment, la question de notre avenir et de l’avenir de notre culture peut-elle se poser parmi nous ? Je vais en

1470 mment, la question de notre avenir et de l’avenir de notre culture peut-elle se poser parmi nous ? Je vais en indiquer pou

1471 e nous n’avons plus, dans notre monde occidental, de témoignage incontesté d’une présence sacrée. Et dès lors qu’il n’y a

1472 notre monde occidental, de témoignage incontesté d’ une présence sacrée. Et dès lors qu’il n’y a plus de garant en nous et

1473 une présence sacrée. Et dès lors qu’il n’y a plus de garant en nous et parmi nous d’un au-delà, d’un transcendant présent,

1474 qu’il n’y a plus de garant en nous et parmi nous d’ un au-delà, d’un transcendant présent, nous nous voyons contraints de

1475 lus de garant en nous et parmi nous d’un au-delà, d’ un transcendant présent, nous nous voyons contraints de le chercher da

1476 transcendant présent, nous nous voyons contraints de le chercher dans l’avenir, d’en référer aux temps qui viennent. La se

1477 s voyons contraints de le chercher dans l’avenir, d’ en référer aux temps qui viennent. La seconde raison c’est que tout cr

1478 aison c’est que tout créateur a besoin devant lui d’ une perspective, d’un temps libre pour méditer, pour publier, pour êtr

1479 t créateur a besoin devant lui d’une perspective, d’ un temps libre pour méditer, pour publier, pour être lu. Il a besoin d

1480 méditer, pour publier, pour être lu. Il a besoin d’ une postérité, d’un espace vital historique. Or, nous voici contraints

1481 blier, pour être lu. Il a besoin d’une postérité, d’ un espace vital historique. Or, nous voici contraints de lutter aujour

1482 space vital historique. Or, nous voici contraints de lutter aujourd’hui pour sauver cette visée, cette possibilité : elles

1483 jamais les hommes n’avaient été aussi conscients d’ une menace immédiate et totale sur leur culture, leur civilisation, le

1484 sur leur culture, leur civilisation, le sens même de leur existence. Vous savez tous de quoi je parle et que ce n’est pas

1485 , le sens même de leur existence. Vous savez tous de quoi je parle et que ce n’est pas seulement de la Bombe. Jamais les h

1486 us de quoi je parle et que ce n’est pas seulement de la Bombe. Jamais les hommes, et particulièrement les créateurs, ne s’

1487 soir sur ce plateau, au lieu d’être à nos tables de travail, comme nous l’eussions tous préféré, c’est sans la moindre fo

1488 non pas du tout comme des hommes qui essaieraient de briller sur la scène, mais comme des hommes qui ont à vous dire ceci 

1489 nous dépasse tous. II Il ne saurait être question de tirer de nos quatre débats et de nos deux conférences des conclusions

1490 sse tous. II Il ne saurait être question de tirer de nos quatre débats et de nos deux conférences des conclusions collecti

1491 it être question de tirer de nos quatre débats et de nos deux conférences des conclusions collectives et unanimes. Nous av

1492 avons entendu depuis quinze jours une quarantaine de prises de position toutes personnelles faisant le point d’une évoluti

1493 ndu depuis quinze jours une quarantaine de prises de position toutes personnelles faisant le point d’une évolution dont no

1494 de position toutes personnelles faisant le point d’ une évolution dont nous sommes à la fois les sujets et les objets. Je

1495 rnerai donc à souligner un caractère très général de nos débats. Tous les sujets que nous avons discutés, que ce soit l’éc

1496 que ce soit l’écrivain dans la cité, l’isolement de l’artiste au temps des moyens de communication avec les masses, ou l’

1497 ité, l’isolement de l’artiste au temps des moyens de communication avec les masses, ou l’opposition entre la révolte irrép

1498 ciété. Or, on nous a très bien montré les dangers de l’isolement, et l’on a fort bien dénoncé les excès de la révolte ; ma

1499 ’isolement, et l’on a fort bien dénoncé les excès de la révolte ; mais on a beaucoup moins insisté sur l’acceptation tranq

1500 ation tranquille et confiante des moyens modernes de communiquer avec les masses, et nul n’a déclaré devant nous qu’il con

1501 nous qu’il connaissait et assumait les conditions d’ une communion nouvelle entre les hommes. C’est précisément sur ce thèm

1502 es hommes. C’est précisément sur ce thème capital de la communion que je voudrais dire quelques mots. Il est trop clair qu

1503 is dire quelques mots. Il est trop clair qu’aucun de nous ne se risquerait à en donner la recette. Il en existe dans ce si

1504 us savez à quoi elles mènent. Que vaut le bonheur d’ un peuple, que vaut sa communion, quand elle est établie par la police

1505 ion, quand elle est établie par la police au prix d’ un homme sur dix dans les camps sibériens ? Que vaut la communion des

1506 s ignorent sans doute l’étendue et la vraie visée de la tyrannie dans laquelle ils sont nés13. Mais nous ? Nous qui avons

1507 mi nous des témoins, des victimes toutes récentes de ces tortures ? Nous qui avons pu garder le droit de savoir, le devoir

1508 ces tortures ? Nous qui avons pu garder le droit de savoir, le devoir de nous informer, de dire et de crier, nous ne somm

1509 qui avons pu garder le droit de savoir, le devoir de nous informer, de dire et de crier, nous ne sommes plus pardonnables

1510 r le droit de savoir, le devoir de nous informer, de dire et de crier, nous ne sommes plus pardonnables de nous taire. Alo

1511 de savoir, le devoir de nous informer, de dire et de crier, nous ne sommes plus pardonnables de nous taire. Alors, que fai

1512 ire et de crier, nous ne sommes plus pardonnables de nous taire. Alors, que faire ? Tout d’abord protester, publiquement e

1513 protester, publiquement et avec éclat ; question de salubrité publique, quelle qu’en soit l’efficacité. L’Œuvre du xxe s

1514 a protesté dans son ensemble contre les tyrannies de toutes couleurs qui nous salissent, qui salissent toute l’humanité, v

1515 me directe ou non des dictatures et des arguments de leurs complices. Elle a protesté au double sens du mot qui est à la f

1516 une église était dédié à la mémoire des victimes de toutes les tyrannies du xxe siècle. Il convenait d’ouvrir nos manife

1517 toutes les tyrannies du xxe siècle. Il convenait d’ ouvrir nos manifestations par cet acte de piété, par ce Magnificat à l

1518 onvenait d’ouvrir nos manifestations par cet acte de piété, par ce Magnificat à la mémoire des martyrs de notre siècle. Pu

1519 piété, par ce Magnificat à la mémoire des martyrs de notre siècle. Puis, il y eut cet ensemble éblouissant de chefs-d’œuvr

1520 e siècle. Puis, il y eut cet ensemble éblouissant de chefs-d’œuvre des arts modernes qui a rempli ce mois de mai de Paris,

1521 fs-d’œuvre des arts modernes qui a rempli ce mois de mai de Paris, qui a témoigné, qui a protesté, pour la valeur créatric

1522 vre des arts modernes qui a rempli ce mois de mai de Paris, qui a témoigné, qui a protesté, pour la valeur créatrice de la

1523 émoigné, qui a protesté, pour la valeur créatrice de la liberté. Maintenant, qu’allons-nous conclure ? Je pense qu’il ne s

1524 s approuvons tous ici cette excellente définition de la propagande que donnait l’autre jour Wystan Auden : l’emploi de la

1525 que donnait l’autre jour Wystan Auden : l’emploi de la magie par ceux qui n’y croient plus contre ceux qui y croient enco

1526 dre au défi des totalitaires si nous nous privons de leurs armes ? Si nous refusons la fausse communion fomentée par la pr

1527 s tous les insignes et tous les signes extérieurs de communion, si nous allons même jusqu’à éviter d’en parler, parce que

1528 de communion, si nous allons même jusqu’à éviter d’ en parler, parce que — disons-le bien franchement — il est gênant de p

1529 que — disons-le bien franchement — il est gênant de parler de cela quand on y croit, dans un tel lieu, et sous le feu des

1530 ons-le bien franchement — il est gênant de parler de cela quand on y croit, dans un tel lieu, et sous le feu des projecteu

1531 rai à côté de la question apparente par une sorte de parabole, sans transition, en visant le cœur du problème. Que nous so

1532 yons ici chrétiens ou non, nous sommes tous tenus de constater le fait historique que voici : la plus vaste communion jama

1533 la plus profonde, et la plus libre par les modes d’ adhésion qu’elle implique, s’est faite autour, non pas d’une idée, d’u

1534 ion qu’elle implique, s’est faite autour, non pas d’ une idée, d’une doctrine, ou d’un système de valeurs, ni même autour d

1535 implique, s’est faite autour, non pas d’une idée, d’ une doctrine, ou d’un système de valeurs, ni même autour d’une cause,

1536 te autour, non pas d’une idée, d’une doctrine, ou d’ un système de valeurs, ni même autour d’une cause, mais bien d’un sacr

1537 n pas d’une idée, d’une doctrine, ou d’un système de valeurs, ni même autour d’une cause, mais bien d’un sacrifice individ

1538 trine, ou d’un système de valeurs, ni même autour d’ une cause, mais bien d’un sacrifice individuel, autour d’un seul, auto

1539 de valeurs, ni même autour d’une cause, mais bien d’ un sacrifice individuel, autour d’un seul, autour d’un homme qui est m

1540 ause, mais bien d’un sacrifice individuel, autour d’ un seul, autour d’un homme qui est mort dans l’isolement total, dans l

1541 un sacrifice individuel, autour d’un seul, autour d’ un homme qui est mort dans l’isolement total, dans la révolte la plus

1542 andonné des hommes — et ce serait peu — abandonné de Dieu lui-même. N’oublions pas que là, et là seulement, le mot de comm

1543 e. N’oublions pas que là, et là seulement, le mot de communion a pris son sens, et qu’il tend à le perdre à mesure qu’il s

1544 uel. Pour terminer, une simple citation. Elle est d’ un Espagnol, c’est dire qu’elle frappe une de ces notes d’éloquence à

1545 est d’un Espagnol, c’est dire qu’elle frappe une de ces notes d’éloquence à la fois sèche, dure et profonde qui manque tr

1546 agnol, c’est dire qu’elle frappe une de ces notes d’ éloquence à la fois sèche, dure et profonde qui manque trop souvent au

1547 manque trop souvent aujourd’hui, et par la faute d’ une dictature encore, à notre grand concert européen. C’est une phrase

1548 à notre grand concert européen. C’est une phrase de Miguel de Unamuno dans son Commentaire à Don Quichotte : « Mets-toi e

1549 ul ; mais vous formerez un bataillon sacré, celui de la sainte, de l’inachevable croisade. » 13. Les révélations du Rapp

1550 formerez un bataillon sacré, celui de la sainte, de l’inachevable croisade. » 13. Les révélations du Rapport Khrouchtch

1551 seil de l’Europe Discours prononcé au Capitole de Rome, lors de la séance de clôture de la table ronde organisée par le

1552 s prononcé au Capitole de Rome, lors de la séance de clôture de la table ronde organisée par le Conseil de l’Europe, en oc

1553 au Capitole de Rome, lors de la séance de clôture de la table ronde organisée par le Conseil de l’Europe, en octobre 1953.

1554 t les pays membres du Conseil de l’Europe, autour d’ un groupe de six « Sages » : Alcide de Gasperi, Robert Schuman, Arnold

1555 embres du Conseil de l’Europe, autour d’un groupe de six « Sages » : Alcide de Gasperi, Robert Schuman, Arnold Toynbee, l’

1556 e professeur Eugen Kogon, et M. Löfstedt, recteur de l’Université d’Upsal. L’une des œuvres les plus célèbres de Gauguin,

1557 en Kogon, et M. Löfstedt, recteur de l’Université d’ Upsal. L’une des œuvres les plus célèbres de Gauguin, un grand tripty

1558 sité d’Upsal. L’une des œuvres les plus célèbres de Gauguin, un grand triptyque qu’il peignit au seuil de notre siècle, s

1559 auguin, un grand triptyque qu’il peignit au seuil de notre siècle, s’intitule : D’où venons-nous ? Où sommes-nous ? Où all

1560 il peignit au seuil de notre siècle, s’intitule : D’ où venons-nous ? Où sommes-nous ? Où allons-nous ? Je n’imagine pas de

1561 ù sommes-nous ? Où allons-nous ? Je n’imagine pas de meilleur motto pour cette table ronde de l’Europe, dont je viens d’av

1562 gine pas de meilleur motto pour cette table ronde de l’Europe, dont je viens d’avoir l’honneur de diriger les débats penda

1563 pour cette table ronde de l’Europe, dont je viens d’ avoir l’honneur de diriger les débats pendant quatre journées mémorabl

1564 onde de l’Europe, dont je viens d’avoir l’honneur de diriger les débats pendant quatre journées mémorables. Où en sommes-n

1565 orables. Où en sommes-nous, nous autres Européens de 1953 ? Une phrase prononcée l’an dernier par le président de l’Assemb

1566 ne phrase prononcée l’an dernier par le président de l’Assemblée consultative de Strasbourg, Paul-Henri Spaak, répond d’un

1567 nier par le président de l’Assemblée consultative de Strasbourg, Paul-Henri Spaak, répond d’une manière dramatique à cette

1568 sultative de Strasbourg, Paul-Henri Spaak, répond d’ une manière dramatique à cette question. « Nous autres Européens, nous

1569 is la dernière guerre, dans la peur des Russes et de la charité des Américains. » Je traduis cette phrase en chiffres, et

1570 urieux résultat que voici : « À l’ouest du rideau de fer, 330 millions d’hommes vivent dans la peur de 190 millions et de

1571 oici : « À l’ouest du rideau de fer, 330 millions d’ hommes vivent dans la peur de 190 millions et de la charité de 160 mil

1572 de fer, 330 millions d’hommes vivent dans la peur de 190 millions et de la charité de 160 millions. » La raison de ce par

1573 s d’hommes vivent dans la peur de 190 millions et de la charité de 160 millions. » La raison de ce paradoxe est des plus

1574 ent dans la peur de 190 millions et de la charité de 160 millions. » La raison de ce paradoxe est des plus simples. Nous

1575 ns et de la charité de 160 millions. » La raison de ce paradoxe est des plus simples. Nous ne nous sentons pas en réalité

1576 Nous ne nous sentons pas en réalité, 330 millions d’ Européens, mais seulement 42 millions de Français, 8 millions de Belge

1577 millions d’Européens, mais seulement 42 millions de Français, 8 millions de Belges, 3 millions de Norvégiens… Nous penson

1578 ais seulement 42 millions de Français, 8 millions de Belges, 3 millions de Norvégiens… Nous pensons et sentons par nations

1579 ons de Français, 8 millions de Belges, 3 millions de Norvégiens… Nous pensons et sentons par nations cloisonnées, dans l’è

1580 ands empires continentaux, des grands marchés, et de la stratégie mondiale. Nous nous sentons, en conséquence, trop petits

1581 perdrons tout cela, tout ce qui fait le sens même de nos vies, si nous persistons à demeurer une vingtaine de nations, de

1582 vies, si nous persistons à demeurer une vingtaine de nations, de cantons désunis. Mais au contraire, nous pouvons tout sau

1583 s persistons à demeurer une vingtaine de nations, de cantons désunis. Mais au contraire, nous pouvons tout sauver par une

1584 nous pouvons tout sauver par une union qui ferait de l’Europe, dans la réalité vivante et dans les cœurs, ce qu’elle n’est

1585 rejoindre un salut tout proche et comme à portée de la main ? Il ne lui manque peut-être qu’une seule chose : la conscien

1586 à, dont elle peut disposer — à la seule condition de s’unir. Une prise de conscience. Un réveil. Telle paraît donc la con

1587 n réveil. Telle paraît donc la condition première de toute action concrète et raisonnable en faveur de l’union, notre salu

1588 de l’Europe où germa, voici quelques mois, l’idée d’ une table ronde européenne. La construction de l’Europe avançait mais

1589 dée d’une table ronde européenne. La construction de l’Europe avançait mais lentement : économique, politique, militaire.

1590 l fallait donc d’une part approfondir l’idée même de l’Europe unie, par une sérieuse méditation ; d’autre part nourrir l’o

1591 utre part nourrir l’opinion par un sérieux effort d’ information. La tâche de méditer sur nos destins, le Conseil de l’Euro

1592 ion par un sérieux effort d’information. La tâche de méditer sur nos destins, le Conseil de l’Europe l’a confiée à un peti