1 1970, Le Cheminement des esprits. Préface. Cheminements
1 e une alliance militaire ou une entité politique, doit être une communauté culturelle. Et dans ce chapitre, je souligne cett
2 l dire la banalisation de l’entreprise d’union de nos pays ? Mais les jeunes me diront qu’ils ne sont pas frappés par les r
3 travaux ». Et voilà qui décrit l’action que l’on doit attendre de plusieurs des activités du CEC, dont la « Campagne d’éduc
4 en troupes diverses. » Voilà qui correspond, dans notre plan, à un développement concerté, donc à une politique de la culture
2 1970, Le Cheminement des esprits. Historique — Le mouvement européen
5 la vie ou de la mort d’une civilisation. Fédérer nos petits peuples in extremis est notre seule chance de salut. On se dem
6 ation. Fédérer nos petits peuples in extremis est notre seule chance de salut. On se demande en vain ce qu’il peut y avoir de
7 x colosses sont en train de s’observer par-dessus nos têtes. Ils n’ont pas envie de se battre, affirment-ils. Ils proclamen
8 de la paix, et ils le prouvent, l’un en relevant nos ruines, et l’autre en annexant 700 000 kilomètres carrés de nos terre
9 l’autre en annexant 700 000 kilomètres carrés de nos terres. Si bien qu’on ne voit plus très clairement s’il s’agit de pos
10 e La Haye le Message aux Européens  : « Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépenda
11 ne défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économie mo
12 se l’économie moderne. » Les conclusions que l’on doit tirer de cette double constatation sont d’une tragique simplicité. Si
13 t l’humanité tout entière qui sortira vaincue. Si nous voulons sauver chacun de nos pays, il faut donc commencer par les uni
14 sortira vaincue. Si nous voulons sauver chacun de nos pays, il faut donc commencer par les unir. Et si nous voulons sauver
15 pays, il faut donc commencer par les unir. Et si nous voulons sauver la paix, ou plutôt faire la paix, il nous faut commenc
16 ulons sauver la paix, ou plutôt faire la paix, il nous faut commencer par faire l’Europe, c’est-à-dire cette troisième puiss
17 e union continentale. Mais ces premières ferveurs devaient bientôt se perdre dans la rumeur polyglotte des couloirs de la SDN. O
18  » que l’on opposait d’une part à l’individu sans devoirs , et d’autre part à l’homme collectiviste, au soldat politique sans dr
19 nticapitaliste mais antiétatique. Le grand public nous ignorait. Nous formions ce qu’on appelle avec un peu de pitié de « pe
20 mais antiétatique. Le grand public nous ignorait. Nous formions ce qu’on appelle avec un peu de pitié de « petits groupes d’
21 ion de l’Europe. On put croire un moment que tout notre travail allait être effacé pour toujours. C’était compter sans les mo
22 ollande, en Pologne, en Italie et en Yougoslavie, nos idées personnalistes se popularisaient, nos livres et nos revues pass
23 avie, nos idées personnalistes se popularisaient, nos livres et nos revues passaient de main en main. Les événements que no
24 s personnalistes se popularisaient, nos livres et nos revues passaient de main en main. Les événements que nous avions prév
25 ues passaient de main en main. Les événements que nous avions prévus parlaient pour nous, en dépit de toutes les censures. E
26 événements que nous avions prévus parlaient pour nous , en dépit de toutes les censures. Et l’idée d’un avenir fédéraliste d
27 1947, à Montreux, son premier Congrès. Qu’étions- nous à l’époque, il y a un an et demi ? Cent-cinquante à deux-cents délégu
28 d’amitié, ou Front humain des citoyens du monde… Nous nous sentions entourés à la fois de sympathies faciles et d’un scepti
29 itié, ou Front humain des citoyens du monde… Nous nous sentions entourés à la fois de sympathies faciles et d’un scepticisme
30 inentales et de les faire admettre par les États, nous n’étions qu’une poignée d’hommes de bonne volonté, remarquablement dé
31 e moyens matériels, presque sans troupes derrière nous , et sans aucun appui de la part des gouvernements. C’est ainsi qu’à M
32 part des gouvernements. C’est ainsi qu’à Montreux nous sommes partis — nous sommes partis pour faire l’Europe, tout simpleme
33 s. C’est ainsi qu’à Montreux nous sommes partis —  nous sommes partis pour faire l’Europe, tout simplement. On s’étonnera de
34 ire à la doctrine personnaliste dans la genèse de nos mouvements. Il est vrai que beaucoup de petits groupes qui se formère
35 spontanément dans les camps et dans les maquis ne devaient rien à cette doctrine. Mais il est non moins vrai que les grands thèm
36 eux n’était pas terminé que l’idée naissait parmi nous d’en élargir l’action en convoquant, pour le printemps de l’année sui
37 ervateurs. Les envoyés du United Europe Committee nous informèrent que le président de ce groupement, Winston Churchill, ava
38 dépendantes, et de leur rencontre à Montreux, que devait sortir le congrès de La Haye. Dès l’automne 1947, un Comité de coordi
39 nt néerlandais, s’ouvrait le Congrès de l’Europe. Nous étions cette fois-ci plus de huit-cents délégués, parmi lesquels des
40 ays signataires du pacte de Bruxelles. Le 18 août notre Memorandum sur l’Assemblée européenne se voyait accepté sans réserve
41 e décision des Cinq et sur la demande réitérée de nos mouvements, une conférence restreinte de dix-huit ministres et expert
42 à cette action rapide sur le plan gouvernemental, nous poursuivions bien d’autres tâches : l’élargissement de nos mouvements
43 uivions bien d’autres tâches : l’élargissement de nos mouvements et leur liaison, l’étude juridique des institutions à crée
44 t à Rome son deuxième congrès annuel. À Montreux, nous avions tenu nos séances dans une modeste salle d’hôtel. À Rome, on no
45 ième congrès annuel. À Montreux, nous avions tenu nos séances dans une modeste salle d’hôtel. À Rome, on nous offrit le pal
46 éances dans une modeste salle d’hôtel. À Rome, on nous offrit le palais de Venise et toutes ses salles immenses, restées vid
47 es depuis la fuite du dernier locataire. L’une de nos commissions siégeait dans le cabinet de travail du dictateur, et les
48 nvaincu. Le comte Sforza vint à l’une des séances nous parler comme un militant : « On n’ose plus nous appeler des utopistes
49 s nous parler comme un militant : « On n’ose plus nous appeler des utopistes et des rêveurs ! s’écria-t-il. En réalité, vous
50 es rêveurs ! s’écria-t-il. En réalité, vous êtes, nous sommes, la vérité en marche. » Et finalement, les congressistes furen
51 cet historique succinct permet donc de répondre : nous avons lancé un mouvement, nous avons conjugué les efforts entrepris d
52 donc de répondre : nous avons lancé un mouvement, nous avons conjugué les efforts entrepris de tous côtés par des tendances
53 pris de tous côtés par des tendances diverses, et nous sommes parvenus, plus rapidement que nous n’osions l’imaginer, à engr
54 ses, et nous sommes parvenus, plus rapidement que nous n’osions l’imaginer, à engrener sur les rouages des principaux gouver
55 et qui a les plus grandes chances de se réaliser. Nous sommes donc arrivés à pied d’œuvre. Ici commence la bataille décisive
56 re. Décrivons rapidement les forces en présence : nos plans, les résistances à vaincre. L’Assemblée.— Les fédéralistes ay
57 attitude qui risque de se confondre, aux yeux de nos militants, avec une volonté sournoise de sabotage. Les Britanniques r
58 insularité… Step by step, répètent les Anglais. Nous leur disons : « Vous ne pouvez franchir un abîme pas à pas, il faut s
59 ures économiques. — Le contradicteur moyen aime à nous dire que nos plans « généreux » vaudront le papier qui les supporte,
60 es. — Le contradicteur moyen aime à nous dire que nos plans « généreux » vaudront le papier qui les supporte, tant que nous
61 x » vaudront le papier qui les supporte, tant que nous n’aurons pas résolu les grands problèmes économiques. Nous sommes un
62 rons pas résolu les grands problèmes économiques. Nous sommes un certain nombre à penser qu’au contraire, la plupart des pro
63 conomiques resteront insolubles en fait, tant que nos plans politiques n’auront pas abouti. La sagesse des experts, dans ch
64 as abouti. La sagesse des experts, dans chacun de nos pays, se réduit au conseil classique : augmenter les exportations. L’
65 houillères (solution du problème de la Ruhr). On doit attendre avec curiosité le résultat des discussions de notre section
66 dre avec curiosité le résultat des discussions de notre section économique, si l’on songe qu’elle a pu réunir, sous le signe
67 Centre européen de la culture. — Finalement, il nous paraît clair que toutes les mesures économiques et politiques que pou
68 ’existait, en deçà et au-delà des divisions qu’il nous faut surmonter, une entité européenne bien vivante, un sentiment comm
69 Réveiller, exprimer, informer cette conscience de notre unité dans la richesse de nos diversités, telle doit être, avant tout
70 tte conscience de notre unité dans la richesse de nos diversités, telle doit être, avant tout comme après tout, la vocation
71 e unité dans la richesse de nos diversités, telle doit être, avant tout comme après tout, la vocation de notre Mouvement eur
72 être, avant tout comme après tout, la vocation de notre Mouvement européen. S’il ne mettait la culture à sa place, qui est à
73 certain sens du dialogue permanent, condition de notre liberté ; une manière de « chercher à comprendre » qui est notre form
74 une manière de « chercher à comprendre » qui est notre forme intime de résistance aux mises au pas totalitaires… De tous côt
75 pas totalitaires… De tous côtés surgissent, dans nos divers pays, des instituts qui veulent travailler pour l’Europe. Coor
76 inion européenne ; offrir un lieu de rencontres à nos meilleurs esprits, ce sont là quelques-unes des ambitions du Centre e
77 époque, il se mit en route pour la joindre. Mais nous , quel continent nouveau, tout imprévu, risquons-nous d’aborder ? Et q
78 s, quel continent nouveau, tout imprévu, risquons- nous d’aborder ? Et quel bonheur, auquel il suffirait peut-être d’oser cro
79 Une Europe rajeunie qui deviendrait soudain, pour nos yeux étonnés, la Terre promise. 1. Article paru dans La Revue de
3 1970, Le Cheminement des esprits. Historique — Rapport général présenté à la Conférence européenne de la culture, Lausanne, du 8 au 12 décembre 1949
80 lle est la situation contradictoire dans laquelle nous sommes engagés. Il dépend de nous, en partie, que l’espoir ait raison
81 e dans laquelle nous sommes engagés. Il dépend de nous , en partie, que l’espoir ait raison du désespoir, mais il faut aller
82 l est grand temps de définir la visée humaine qui doit présider à cette action, la vocation de notre communauté européenne.
83 qui doit présider à cette action, la vocation de notre communauté européenne. Tel est le but général de la conférence de Lau
84 de la conférence de Lausanne, le sens profond qui doit se dégager de ses travaux. Elle doit montrer que nos forces culturell
85 profond qui doit se dégager de ses travaux. Elle doit montrer que nos forces culturelles peuvent contribuer à l’union de l’
86 se dégager de ses travaux. Elle doit montrer que nos forces culturelles peuvent contribuer à l’union de l’Europe, et qu’en
87 etour, l’Europe unie sera seule capable de sauver nos cultures dans leur précieuse diversité. C’est le double problème de l
88 ilités de l’esprit. « L’Europe unie au service de nos cultures » indique le moyen de protéger la liberté de l’esprit, menac
89 rraient sauver d’une ruine imminente plusieurs de nos plus grandes industries « nationales » du film. Les subsides accordés
90 périphérie, produit des résultats paradoxaux dont nous citerons un exemple précis. Un groupe hollandais désirant publier un
91 ois éditions — anglaise, française, allemande — a renoncer à son projet, faute d’avoir pu obtenir les licences d’export
92 spéciales et circulent sans difficulté dans tous nos pays. On le voit : l’Europe est ouverte aux influences extracontinent
93 aux mécanismes de l’État. À quel stade en sommes- nous , dans cette évolution qui affecte plus ou moins tous nos pays ? Il n’
94 ns cette évolution qui affecte plus ou moins tous nos pays ? Il n’est possible de répondre qu’en citant une série d’exemple
95 vous) subit-il des influences politiques ? » tous nos rapporteurs des pays de l’Ouest ont répondu non, tous ceux des pays d
96 rincipe — et dans l’intention des gouvernements — doit être nuancée en fait. Car si l’on examine un problème précis, tel que
97 l est incontestable que la volonté commune à tous nos États souverains de « développer la conscience nationale » par le moy
98 révélation de certaines menaces potentielles dans nos pays. Citons ici trois des réponses que nous avons reçues à notre enq
99 dans nos pays. Citons ici trois des réponses que nous avons reçues à notre enquête. Le rapporteur belge « croit pouvoir dir
100 ns ici trois des réponses que nous avons reçues à notre enquête. Le rapporteur belge « croit pouvoir dire » que les historien
101 d’être uniforme, comme on sait. Dans presque tous nos pays, l’on trouve à côté des universités d’État, des universités libr
102 tagne fait exception), un professeur d’université doit avoir la nationalité du pays où il enseigne. (Dans les pays de l’Est,
103 pas trop grave, à l’Ouest, dans les domaines que nous venons de mentionner. Mais s’il est vrai qu’aux yeux des Soviétiques
104 itique » est encore synonyme « d’occidental », on doit constater d’autre part que les libertés dont nous bénéficions (indépe
105 doit constater d’autre part que les libertés dont nous bénéficions (indépendance relative de la culture par rapport aux pres
106 ionalistes, étatiques) sont protégées surtout par nos mœurs et coutumes, par l’esprit dans lequel on interprète les règleme
107 le degré à un haut degré d’organisation, pour que nos régimes libéraux deviennent totalitaires, sans qu’il y ait lieu de ch
108 nationalisme et par le dogme de l’État souverain. Nos garanties de liberté sont donc dans une large mesure, négatives. Elle
109 r marquer l’aboutissement extrême de plusieurs de nos propres tendances — nous voyons se former une véritable culture censo
110 t extrême de plusieurs de nos propres tendances — nous voyons se former une véritable culture censoriale. Le critère politiq
111 nulle part. C’est ainsi que le rapport rédigé par nos amis bulgares en exil peut affirmer que dans un État communiste, la c
112 n des physiciens mérite une mention particulière. Nous nous bornerons à citer à ce sujet deux extraits d’un article de M. Je
113 physiciens mérite une mention particulière. Nous nous bornerons à citer à ce sujet deux extraits d’un article de M. Jean Th
114 és modernes. — L’exemple des recherches atomiques nous donne un inquiétant avertissement. Il suggère que si la culture reste
115 anière générale, la condition de la culture, dans nos pays, a subi de profondes transformations pendant l’ère des nationali
116 quer autrement qu’il soit admis sans question, de nos jours, que l’esprit subordonne ses intérêts à ceux de l’économie, de
117 énat privé (et avec moins d’avantages en retour), notre culture se voit contrainte d’obéir à des « nécessités » qui lui sont
118 des misères matérielles ou institutionnelles que nous avons énumérées plus haut. À l’inverse, les régimes totalitaires de l
119 saires devient évident. S’il est vrai qu’aucun de nos pays ne peut plus se défendre ni subsister seul, au triple point de v
120 inster et à Strasbourg, ont cherché les moyens de nous libérer) ; il en subsiste aussi des habitudes mentales, des préjugés
121 les, des préjugés tenaces, et des pratiques qu’il nous appartiendra de dénoncer, parfois de corriger, mais plus souvent de s
122 corriger, mais plus souvent de supprimer. Or il nous semble que certaines expressions, qui font florès dans les discours d
123 vertes, et l’union fédérale de l’Europe réalisée. Nos cultures, prisonnières des cadres nationaux, ne doivent pas chercher
124 s cultures, prisonnières des cadres nationaux, ne doivent pas chercher des moyens de correspondre plus facilement d’une prison
125 dre plus facilement d’une prison à l’autre. Elles doivent au contraire exiger leur « élargissement » immédiat, sans condition.
126 ses bien plates sur l’indispensable solidarité de nos nations. Une hypocrisie ennuyeuse. Prétendre « organiser les échanges
127 n pas de simples déplacements de forts en thème — nous devons : 1) abandonner, et au besoin dénoncer la méthode de « l’organ
128 de simples déplacements de forts en thème — nous devons  : 1) abandonner, et au besoin dénoncer la méthode de « l’organisation
129 travail dans toute l’étendue de l’Europe. Toutes nos cultures sont nées d’un fonds commun, qu’elles ont progressivement di
130 là le remède pratique à presque tous les maux que nous avons recensés. Deuxième section Institutions spécifiquement europ
131 es matériels et des entraves morales aux échanges doit correspondre un effort positif. Il serait en effet insuffisant et vai
132 utions qui garantissent et manifestent l’unité de nos cultures dans leur diversité. Il faut doter l’Europe unie d’instrumen
133 nt les porteurs de l’idée fédérale, sans laquelle nos réformes techniques et matérielles resteront lettre morte. Une civili
134 nférence donnent le détail des projets à l’étude. Nous nous bornerons donc ici à motiver la politique générale qui devrait p
135 nce donnent le détail des projets à l’étude. Nous nous bornerons donc ici à motiver la politique générale qui devrait présid
136 rons donc ici à motiver la politique générale qui devrait présider à ces diverses créations. Centre européen de la culture. — 
137 particulière. Pourtant, il est incontestable que nos pays constituent un ensemble, un complexe organique de culture, facil
138 n tout cas, ceux-ci distinguent souvent mieux que nous . (C’est ainsi que les attaques dirigées par l’URSS contre notre cultu
139 ainsi que les attaques dirigées par l’URSS contre notre culture occidentale l’englobent dans une « unité » de réprobation bie
140 , a permis de serrer de plus près la question, et nous a conduits aux premières conclusions que voici. a) Trois ordres d’ac
141 courants dans les organisations internationales, devrait restreindre par principe le nombre de ses collaborateurs, de ses empl
142 s charges écrasantes ou leurs bénéfices diminués. Nous invoquerons le fait que, si le sentiment d’un destin spirituel commun
143 économie privée courent à leur perte inéluctable. Nous devons mettre nos gouvernements devant un choix. Un ordre de priorité
144 mie privée courent à leur perte inéluctable. Nous devons mettre nos gouvernements devant un choix. Un ordre de priorité doit ê
145 rent à leur perte inéluctable. Nous devons mettre nos gouvernements devant un choix. Un ordre de priorité doit être établi.
146 uvernements devant un choix. Un ordre de priorité doit être établi. Il est probable que le prix de revient d’une seule bombe
147 e largement le budget annuel des institutions que nous venons de proposer. Le prix d’une seule bombe atomique couvrirait don
148 Conclusions Pour quelles fins réelles voulons- nous ces moyens de culture, et cette éducation d’une conscience commune de
149 ’une conscience commune de l’Europe ? La question doit être posée. Elle est d’ailleurs spécifiquement « européenne ». Qu’il
150 uement « européenne ». Qu’il soit bien clair que nous n’entendons pas substituer aux nationalismes locaux une sorte de nati
151 valeurs universelles. Il ne s’agit donc pas pour nous d’opposer une nation européenne aux grandes nations de l’Est et de l’
152 « culture européenne » synthétique, valable pour nous seuls et fermée sur elle-même : ce serait trahir le génie de l’Europe
153 couper de ses sources chrétiennes et humanistes. Notre ambition est de contribuer à l’union de nos pays, qui sera leur seul
154 es. Notre ambition est de contribuer à l’union de nos pays, qui sera leur seul salut, par le moyen d’une renaissance de leu
155 la liberté de l’esprit, qui est leur vraie force. Notre objet ne sera pas non plus de dénoncer ce qui se pratique ailleurs, c
156 plus de dénoncer ce qui se pratique ailleurs, car nous ne pouvons réformer que nous-mêmes. Nous n’acceptons pas la scission
157 urs, car nous ne pouvons réformer que nous-mêmes. Nous n’acceptons pas la scission que symbolise le rideau de fer ; mais nou
158 la scission que symbolise le rideau de fer ; mais nous pensons que le meilleur moyen de ramener vers l’Occident les peuples
159 vigilance dont les intellectuels des pays libres doivent se sentir plus que jamais responsables. Il leur incombe de rappeler s
160 ses droits à l’existence et à l’autonomie. Europe doit signifier d’abord union dans la diversité, et respect des diversités.
161 ionale — politique, religieuse, ou linguistique — doit reconnaître en fait qu’elle est minoritaire dans l’ensemble du contin
162 nécessairement une école de la tolérance. Elle ne doit condamner — dans son sein tout d’abord — que les régimes qui obligent
163 t secrets et se tiennent à portes fermées. Europe doit signifier encore cité ouverte, où les hommes, les idées et les biens
164 ogique s’appelle le camp de concentration. Europe doit signifier enfin dialogue. L’union que nous voulons est celle qui lie
165 Europe doit signifier enfin dialogue. L’union que nous voulons est celle qui lie tacitement deux hommes qui dialoguent. Elle
166 où nul ne reconnaît plus sa propre voix. L’Europe doit être et devenir de plus en plus le lieu du monde où la personne humai
167 puisse encore faire entendre sa voix. Ce principe doit fournir la mesure des institutions fédérales vers lesquelles tend l’e
168 lesquelles tend l’espoir des hommes libres. ⁂ Si nous exerçons, à Lausanne, cette action de vigilance publique, on pourra d
169 de vigilance publique, on pourra dire vraiment de notre Conférence qu’elle fut le congrès de la conscience européenne. Une co
170 omme toute conscience, en dernière analyse. C’est notre lot d’Européens, et c’est notre passion profonde, que de préférer la
171 re analyse. C’est notre lot d’Européens, et c’est notre passion profonde, que de préférer la conscience au bonheur. Vocation
172 nce au bonheur. Vocation tragique et féconde, qui nous apparaît plus clairement depuis que se dressent à l’Est comme à l’Oue
173 uest deux civilisations plus jeunes, filles de la nôtre , et qui chacune à sa façon, cultivent un idéal eudémonique, l’idéal d
174 est par la musique seule de Bach ou de Mozart que nous en possédons la substance idéale, que nous en respirons le climat nos
175 rt que nous en possédons la substance idéale, que nous en respirons le climat nostalgique. Mais, nous, ici, nous ne sommes p
176 ue nous en respirons le climat nostalgique. Mais, nous , ici, nous ne sommes pas réunis pour tracer des plans d’innocence et
177 respirons le climat nostalgique. Mais, nous, ici, nous ne sommes pas réunis pour tracer des plans d’innocence et de prospéri
178 des plans d’innocence et de prospérité organisée. Nous tenterons, sobrement, de trouver les moyens qui permettent le libre e
179 er les moyens qui permettent le libre exercice de nos vocations tourmentées ; des moyens de vivre, oui, mais selon notre fo
180 ourmentées ; des moyens de vivre, oui, mais selon notre foi, sans renier nos raisons de vivre. Sauvons l’Europe tragique, pou
181 de vivre, oui, mais selon notre foi, sans renier nos raisons de vivre. Sauvons l’Europe tragique, pour que nos descendants
182 ons de vivre. Sauvons l’Europe tragique, pour que nos descendants puissent encore habiter en esprit, par la grâce des chefs
4 1970, Le Cheminement des esprits. Historique — Naissance du Centre
183 C’est là qu’il faut chercher les vrais secrets de notre puissance, même matérielle, et donc de notre indépendance. Si mainten
184 s de notre puissance, même matérielle, et donc de notre indépendance. Si maintenant nous voulons fonder l’Europe unie sur une
185 lle, et donc de notre indépendance. Si maintenant nous voulons fonder l’Europe unie sur une base ferme et réaliste, fondons-
186 nt le plus pressé, ce n’est pas nécessairement de nous écraser sous le poids des armes matérielles, mais c’est peut-être aus
187 à justifier s’il est besoin, la première tâche de notre Centre. Je n’hésite pas à lui donner son nom, bien qu’il soit très ma
188 ui donner son nom, bien qu’il soit très mal vu de nos élites : c’est une mission de propagande qui nous incombe, et je vais
189 nos élites : c’est une mission de propagande qui nous incombe, et je vais m’expliquer sur ce mot. On peut, et l’on doit dét
190 je vais m’expliquer sur ce mot. On peut, et l’on doit détester la propagande. Mais on ne peut pas nier qu’elle existe, et q
191 elle joue, avec quel succès, contre tout ce qu’il nous faut défendre. On peut détester les microbes, mais cette opinion ne l
192 les élites, qui ne sont pas moins contaminées… Si notre première tâche est de réveiller chez nos compatriotes européens la co
193 es… Si notre première tâche est de réveiller chez nos compatriotes européens la conscience de leurs forces et de leur vraie
194 cience de leurs forces et de leur vraie richesse, notre second objectif sera de regrouper ces forces et ces richesses éparses
195 là se font les complices d’une barbarie nouvelle. Nous ne pouvons pas reconnaître à l’État le droit d’intervenir dans ce dom
196 s, d’œuvres d’art, d’étudiants ou de professeurs. Nous réclamons la liberté, la libération totale et sans condition de ces é
197 iècle, avant d’être étranglés et désorganisés par nos frontières et par nos règlements de douanes. (Imaginez que dans certa
198 ranglés et désorganisés par nos frontières et par nos règlements de douanes. (Imaginez que dans certains pays, on taxe les
199 es choses se fassent. L’idéal d’un institut comme le nôtre doit être de disparaître une fois que tout est fait, et de s’évanouir
200 se fassent. L’idéal d’un institut comme le nôtre doit être de disparaître une fois que tout est fait, et de s’évanouir dans
201 st fait, et de s’évanouir dans son propre succès… Notre programme n’est pas systématique, et il n’est pas non plus rigide. Il
5 1970, Le Cheminement des esprits. Historique — Naissance d’une Fondation
202 ar leur intérêt actif pour la cause de l’union de nos peuples. Le 14 novembre 1953, une quinzaine de personnes — industriel
203 i s’attaque aux fondements comme aux conquêtes de notre civilisation occidentale, parce qu’elle s’attaque à la notion de l’ho
204 s scientifiques existent, ils sont à l’œuvre sous nos yeux. Situation de l’Europe Foyer de la civilisation occidental
205 d’autres groupes de nations. Le nationalisme qui nous divise devient, ailleurs, principe d’union à nos dépens. Les sources
206 nous divise devient, ailleurs, principe d’union à nos dépens. Les sources extérieures de nos richesses tarissent. De grands
207 d’union à nos dépens. Les sources extérieures de nos richesses tarissent. De grands marchés se ferment à nos produits. Des
208 chesses tarissent. De grands marchés se ferment à nos produits. Des empires concurrents se dressent. Ainsi, au moment où le
209 t. Ainsi, au moment où les valeurs secondaires de notre civilisation ont conquis le monde, l’Europe en perd naturellement le
210 ntent impuissants devant cette montée des périls. Nous sentons et pensons encore nationalement, dans l’ère des grands empire
211 des grands marchés, et de la stratégie mondiale. Nous nous croyons en conséquence trop petits pour le siècle, et condamnés
212 grands marchés, et de la stratégie mondiale. Nous nous croyons en conséquence trop petits pour le siècle, et condamnés à per
213 tits pour le siècle, et condamnés à perdre, après nos dernières positions dans le monde, notre indépendance politique, écon
214 dre, après nos dernières positions dans le monde, notre indépendance politique, économique, et par suite morale. Tout ce qui
215 ar suite morale. Tout ce qui fait le sens même de nos vies. Le dilemme En vérité, l’Europe perdra tout cela, si elle
216 ingt-cinq ans, disait récemment la reine Juliana, nous vivrons tous dans une même maison, ou nous mourrons tous dans les mêm
217 liana, nous vivrons tous dans une même maison, ou nous mourrons tous dans les mêmes ruines. » Nature des obstacles à l’un
218 le et sont devenues en partie fictives : aucun de nos pays ne peut se défendre seul plus de quelques heures ; — sectarisme
219 pinion réelle indiquent sans exception, dans tous nos pays, qu’une large majorité des Européens veut l’union. Mais cela n’e
220 e et générale du danger que courent ensemble tous nos pays, mais aussi des ressources immenses dont l’Europe disposerait en
221 tives pour tous ceux qui ont compris que l’Europe doit s’unir, mais que le développement de l’esprit européen reste la condi
222 el et moral de l’Europe, en restaurant le sens de notre indépendance et de notre vocation particulière. Il ne s’agit pas ici
223 en restaurant le sens de notre indépendance et de notre vocation particulière. Il ne s’agit pas ici d’idéalisme facile, mais
224 e are the empires of the mind. L’Empire européen, notre Union fédérale, se fera dans les esprits d’abord. Mais l’esprit agit
225 dans les esprits d’abord. Mais l’esprit agit par nos mains, par le moyen de nos engagements et de nos sacrifices personnel
226 Mais l’esprit agit par nos mains, par le moyen de nos engagements et de nos sacrifices personnels. L’Europe ne se fera pas
227 nos mains, par le moyen de nos engagements et de nos sacrifices personnels. L’Europe ne se fera pas toute seule. Elle ne s
6 1970, Le Cheminement des esprits. Historique — Trois initiales, ou raison d’être et objectifs du CEC
228 itiales, ou raison d’être et objectifs du CEC9 Notre nom même provoque généralement les trois questions suivantes : — qu’e
229 ce sera définir du même coup la raison d’être de notre institution, l’esprit qui l’anime et les objectifs qu’elle s’est donn
230 n lui attribue des contenus assez divers. Mais si nous négligeons les disputes pédantes, il est facile de définir un sens co
231 omme, sur les choses ou sur l’homme lui-même. Dès notre Antiquité gréco-romaine, « cultiver » la terre ou l’esprit signifie :
232 ut faire des propagandes de guerre en 1914.) Pour nous , qui ne sommes d’aucun parti nationaliste, s’il fallait prendre posit
233 ste, s’il fallait prendre position dans le débat, nous dirions que la culture représente à nos yeux l’activité humaine créat
234 e débat, nous dirions que la culture représente à nos yeux l’activité humaine créatrice de valeurs, de sens, d’œuvres nouve
235 é le monde, de la Renaissance jusqu’aux débuts de notre siècle. Ce qui a permis de passer du « petit cap de l’Asie » à cette
236 pas un luxe, mais une nécessité vitale pour tous nos peuples. En effet, leur niveau de vie et leur statut social dépendent
237 rituel qui demeure l’origine permanente de ce que nous appelons la culture, et de son dynamisme aventureux. Europe , qui f
238 ie étant à Sem, l’Afrique à Cham — l’Europe est à nos yeux une unité de culture. Sur la base de cette unité intégrant les a
239 et supérieure à tous les découpages successifs de nos frontières nationales, l’union économique et politique de nos peuples
240 es nationales, l’union économique et politique de nos peuples peut et doit aujourd’hui s’édifier. On nous demande : quelles
241 on économique et politique de nos peuples peut et doit aujourd’hui s’édifier. On nous demande : quelles seront ses limites ?
242 os peuples peut et doit aujourd’hui s’édifier. On nous demande : quelles seront ses limites ? Nous refusons cette question m
243 r. On nous demande : quelles seront ses limites ? Nous refusons cette question mal posée. Car une culture ne saurait être dé
244 ipes et par sa force de rayonnement. L’Europe que nous voulons doit être à la mesure de cette force de rayonnement. Son déco
245 a force de rayonnement. L’Europe que nous voulons doit être à la mesure de cette force de rayonnement. Son découpage acciden
246 , dépend d’un jeu de forces politiques sur lequel nous sommes sans pouvoir, mais dont nous devons anticiper le dépassement.
247 es sur lequel nous sommes sans pouvoir, mais dont nous devons anticiper le dépassement. Nous travaillons ici pour la plus gr
248 r lequel nous sommes sans pouvoir, mais dont nous devons anticiper le dépassement. Nous travaillons ici pour la plus grande Eu
249 , mais dont nous devons anticiper le dépassement. Nous travaillons ici pour la plus grande Europe, pour elle seule, à son se
250 de l’unité mondiale. Si réduits que soient encore nos moyens en proportion d’une telle mission, nous savons que cette faibl
251 ore nos moyens en proportion d’une telle mission, nous savons que cette faiblesse matérielle est la rançon de notre indépend
252 s que cette faiblesse matérielle est la rançon de notre indépendance de tous partis, intérêts nationaux, groupements d’États
253 tionaux, groupements d’États ou même super-États. Nous entretenons avec eux tous des contacts souvent utiles et toujours ami
254 cts souvent utiles et toujours amicaux. Plusieurs nous ont aidés dans notre tâche. Mais tous paraissent avoir compris — et c
255 t toujours amicaux. Plusieurs nous ont aidés dans notre tâche. Mais tous paraissent avoir compris — et certains nous l’ont di
256 Mais tous paraissent avoir compris — et certains nous l’ont dit expressément — qu’il était juste et nécessaire de laisser l
257 Où sont les obstacles majeurs à cette union ? On nous répète qu’ils seraient dans les faits, dans les intérêts matériels. M
258 dans les faits, dans les intérêts matériels. Mais nous pensons qu’ils sont d’abord dans les esprits, leurs préjugés et leurs
259 urs préjugés et leurs routines. C’est donc là que nous avons à les combattre, en agissant en premier lieu sur ceux qui forme
260 par leur faute et par leur mérite. Voilà définie notre Europe : c’est un champ de forces culturelles, sans frontières à l’ex
261 orme polie d’une objection fondamentale) que l’on nous pose bien souvent : « Pourquoi faut-il un Centre, s’il s’agit de cult
262 cif, que l’idée d’un Centre. Cela posé, regardons notre époque et le concret de ses problèmes. Voici le tableau, tel qu’il s’
263 roblèmes. Voici le tableau, tel qu’il s’offrait à nous il y a dix ans. À l’idée de culture en général, et d’unité de culture
264 itique et scientifique, et qui est commune à tous nos peuples, se trouve cloisonnée par des barrières de préjugés partisans
265 inéastes, hygiénistes, pédagogues, sportifs même… Nous sommes sur la bonne voie. Mais deux dangers subsistent : les centres
266 0, faut-il encore un Centre ? Après vingt ans, si nous nous interrogeons sur la méthode du CEC, nous constatons qu’elle n’a
267 ut-il encore un Centre ? Après vingt ans, si nous nous interrogeons sur la méthode du CEC, nous constatons qu’elle n’a cessé
268 si nous nous interrogeons sur la méthode du CEC, nous constatons qu’elle n’a cessé d’illustrer, avant la lettre, cette règl
269 parce que ceux-ci se révélaient inaccessibles, vu nos moyens. À partir de 1963, le capital d’expériences et de connaissance
270 ce qui serait perdu dans l’opération. Chacune de nos Associations ou activités se trouve colorée et modifiée du fait de so
271 ience politique fédérale, qui ont fait l’objet de nos travaux depuis vingt ans. Le problème des régions, à lui seul, peut s
7 1970, Le Cheminement des esprits. Diagnostics de la culture — L’Europe contestée par elle-même
272 urope contestée par elle-même L’esprit peut-il nous tirer de l’état où il nous a mis ? Paul Valéry La maladie de l’es
273 me L’esprit peut-il nous tirer de l’état où il nous a mis ? Paul Valéry La maladie de l’esprit européen10 Comparé
274 premier régime totalitaire, celui de Lénine, dont devaient s’inspirer peu après Mussolini puis Hitler. Or le régime totalitaire,
275 iables, illustrent ce diagnostic. Chacun voit que nos inventions les plus hardies tournent irrésistiblement à notre destruc
276 ions les plus hardies tournent irrésistiblement à notre destruction, parce qu’elles ne sont pas dominées dans leur conception
277 menté depuis un siècle. Et enfin, chacun voit que notre culture est en contradiction avec notre réalité même, et qu’elle devi
278 voit que notre culture est en contradiction avec notre réalité même, et qu’elle devient une révolte permanente. Depuis cinqu
279 s raisons contradictoires. Il est remarquable que notre xxe siècle n’ait retenu du xixe que les génies antisociaux, les hér
280 remettent tout en question ; et que ceux-là seuls nous paraissent vraiment grands : Kierkegaard, Nietzsche, Rimbaud, Dostoïe
281 souci fondamental avoue et prouve à lui seul que notre pensée a perdu ses prises sur la réalité. Mais cette révolte de la cu
282 is cette révolte de la culture contre le monde où nous vivons reste sans efficacité directe. Elle n’agit que sur des élites
283 re ce qui est encore pensé comme juste et bon par nos orthodoxies diverses, par la morale bourgeoise, ou par la sagesse des
284 cette anarchie profonde installée au cœur même de notre civilisation, qu’il faut remonter si l’on veut expliquer les phénomèn
285 tante n’est pas de celles qui empêchent de dormir nos hommes d’État. Certes, ils savent orner leurs discours de phrases sur
286 , ne compte plus guère. Les troisièmes critiquent notre temps et proposent des remèdes — comme Berdiaev, Maritain, Eliot, Jas
287 lus d’un pays, d’une école, d’une confession. Or, nous avons une vingtaine de pays, et je ne sais combien d’écoles, de relig
288 ues chances de succès, un remède à cette anarchie devrait répondre à trois conditions principales. — Il devrait intéresser d’u
289 it répondre à trois conditions principales. — Il devrait intéresser d’une manière vitale à la fois les politiciens, les économ
290 laborer effectivement à une construction. — Il ne devrait pas être l’apanage d’un parti, d’une nation, d’une tendance intellect
291 une sauvegarde des diversités authentiques. — Il devrait se baser sur les traditions qui ont fait la puissance de l’Europe, ma
292 e à ces trois conditions. Depuis quelques années, nous l’avons vu grouper dans un même mouvement général des hommes de tous
293 matériels et spirituels, la vitalité créatrice de notre civilisation. Dans ce mouvement sans précédent, j’entrevois notre mei
294 on. Dans ce mouvement sans précédent, j’entrevois notre meilleure chance de réunir enfin la pensée et l’action, de conjuguer
295 nité de la culture européenne Depuis cent ans, nos divers peuples ont prétendu posséder des cultures authentiques et dis
296 ont été conjugués pendant les premiers siècles de notre ère. À quoi sont venus s’ajouter l’esprit critique et la science dès
297 raciales devient évidente dès que l’on considère nos formes d’expression dans les domaines les plus divers : le sonnet, le
298 int et l’harmonie dans tous les arts et dans tous nos pays ; les liturgies, toutes comparables ; le vote majoritaire, le sy
299 autre, mais adoptée en quelques semaines par tous nos peuples. Mais au-delà et en deçà des formes, il y a les concepts fond
300 ée du sens de l’opposition et du non-conformisme, notre civilisation se fût arrêtée à l’âge romain. Elle eût éliminé l’esprit
301 goût et la passion de différer, communs à toutes nos élites, et plus qu’on ne le croit aux individus qui forment en réalit
302 rares qui n’en sont pas ont appris leur métier de nos maîtres, dans nos écoles, aux terrasses des cafés de Paris, ou dans n
303 t pas ont appris leur métier de nos maîtres, dans nos écoles, aux terrasses des cafés de Paris, ou dans nos livres. Je dira
304 écoles, aux terrasses des cafés de Paris, ou dans nos livres. Je dirai plus. Le monde moderne en tant que tel peut être app
305 our le bien comme pour le mal, il imite à la fois nos mœurs et nos objets, nos procédés d’art et de construction, de transp
306 omme pour le mal, il imite à la fois nos mœurs et nos objets, nos procédés d’art et de construction, de transport et de gou
307 mal, il imite à la fois nos mœurs et nos objets, nos procédés d’art et de construction, de transport et de gouvernement, d
308 t de gouvernement, d’industrie et de médecine, et nos armes. Les Hindous, les Chinois, les Noirs, copient d’Europe pour tou
309 rs, copient d’Europe pour toutes ces choses, mais nous , nous copions tout au plus quelques citations de leurs sages, quelque
310 pient d’Europe pour toutes ces choses, mais nous, nous copions tout au plus quelques citations de leurs sages, quelques stat
311 une fraîcheur plus robuste dans l’exploitation de nos découvertes. Nous concevons un prototype, elles produisent des séries
312 s robuste dans l’exploitation de nos découvertes. Nous concevons un prototype, elles produisent des séries. D’où résultent p
313 alement importantes : une tentation d’orgueil qui nous ferait dire : « Nous sommes les seuls, les vrais civilisés », et une
314 une tentation d’orgueil qui nous ferait dire : «  Nous sommes les seuls, les vrais civilisés », et une tentation d’infériori
315 s civilisés », et une tentation d’infériorité qui nous ferait penser : « Tout notre esprit nous a conduits à perdre notre hé
316 ion d’infériorité qui nous ferait penser : « Tout notre esprit nous a conduits à perdre notre hégémonie, nous avons exporté n
317 rité qui nous ferait penser : « Tout notre esprit nous a conduits à perdre notre hégémonie, nous avons exporté nos secrets c
318 er : « Tout notre esprit nous a conduits à perdre notre hégémonie, nous avons exporté nos secrets créateurs, sans nulle prude
319 esprit nous a conduits à perdre notre hégémonie, nous avons exporté nos secrets créateurs, sans nulle prudence, et maintena
320 uits à perdre notre hégémonie, nous avons exporté nos secrets créateurs, sans nulle prudence, et maintenant on les retourne
321 le prudence, et maintenant on les retourne contre nous , avec une énergie que nous avons perdue ». Spirituellement conquérant
322 on les retourne contre nous, avec une énergie que nous avons perdue ». Spirituellement conquérante ou décadente, ou les deux
323 st pas encore un objet de science, mais un drame. Nous avons à la défendre contre la menace totalitaire, contre l’esprit de
324 térilisant que favorisent les mass médias, contre nos divisions enfin, qui paralysent les échanges vitaux. Nous avons à rap
325 isions enfin, qui paralysent les échanges vitaux. Nous avons à rappeler aux élites, à révéler aux masses, que les vraies sou
326 cap n’est pas un luxe, mais la condition même de notre vie. Et nous avons à créer la synthèse des connaissances acquises en
327 un luxe, mais la condition même de notre vie. Et nous avons à créer la synthèse des connaissances acquises en divergence, c
328 ard, par l’ère moderne : c’est le souci majeur de nos meilleurs esprits. Dans la lutte pour l’union fédérale de l’Europe, c
329 lement créateur. On peut donc dire que l’unité de notre culture existe par et dans cette lutte. C’est une « Unité d’avenir ».
330 tout ce qui précède vous concerne aussi bien que nous Européens, pour l’essentiel. Car si l’on a pu dire que l’Amérique est
331 ue l’Europe est l’étymologie des maux américains. Nos maladies sont, ou seront un jour les vôtres, non point dans leurs man
332 à l’autre de l’océan. Vous êtes plus menacés que nous par la dictature psychique des mass médias, alors que nous sommes sur
333 la dictature psychique des mass médias, alors que nous sommes surtout menacés par nos divisions nationales, partisanes, indi
334 médias, alors que nous sommes surtout menacés par nos divisions nationales, partisanes, individualistes. En Europe, la diss
335 de conscience. Avec une sorte de sadomasochisme, nous en tirons les conséquences extrêmes, guerre, totalitarisme, doctrines
336 -vous dire. « Précisons impitoyablement, poussons nos questions jusqu’au bout et même plus loin », dit toute notre culture
337 ions jusqu’au bout et même plus loin », dit toute notre culture avec Kafka. Mais plusieurs des symptômes européens du mal co
338 re unité est faite — s’adresse à vous autant qu’à nous . La tentation est moins forte pour vous. Mais craignez qu’un peu plus
339 ne panique ne la renforce. Vous êtes intéressés à notre guérison. Car dans un sens, nous sommes vos cobayes ; et dans un autr
340 es intéressés à notre guérison. Car dans un sens, nous sommes vos cobayes ; et dans un autre, votre hérédité. Ce que vous de
341 s ; et dans un autre, votre hérédité. Ce que vous devez attendre de l’Europe, c’est qu’elle découvre rapidement les antitoxin
342 re lesquels vous n’êtes pas immunisés. En retour, nous attendons de vous bien autre chose que des dollars — si indispensable
343 ue des dollars — si indispensables qu’ils soient. Nous attendons que vous trouviez comment l’homme peut demeurer humain, dem
344 la tendance à fuir devant soi-même dans la masse. Nous vous prions de ne pas désespérer de l’Europe malade. Ce serait désesp
345 n à Toynbee, et d’Einstein à Fermi, beaucoup déjà nous ont quittés, sont devenus vôtres. Mais nous pouvons encore en être he
346 déjà nous ont quittés, sont devenus vôtres. Mais nous pouvons encore en être heureux pour vous : il nous en reste assez, et
347 ous pouvons encore en être heureux pour vous : il nous en reste assez, et nous en ferons bien d’autres. Aidez-nous en retour
348 re heureux pour vous : il nous en reste assez, et nous en ferons bien d’autres. Aidez-nous en retour à renaître des ruines m
349 ste assez, et nous en ferons bien d’autres. Aidez- nous en retour à renaître des ruines morales et physiques de deux guerres,
350 des préjugés stupides — vous êtes « barbares » et nous sommes « décadents » — mais pour échanger des espoirs. Que chacun dis
351 uristes, la morale calviniste, puis la Raison. Il nous reste l’Argent, qui n’est pas une mesure vivante. Quant à la Science,
8 1970, Le Cheminement des esprits. Diagnostics de la culture — Préface à « L’Œuvre du xxe siècle »
352 ue soir du 30 avril au 2 juin. L’initiative était due au Congrès pour la liberté de la culture et à son secrétaire général
353 e rendre compte » est l’un des plus constants. Il nous fit inventer la boussole et la montre, mais aussi la science historiq
354 urt le monde depuis plus de vingt ans : l’état de nos arts et de nos lettres, en Occident, serait la preuve de notre décade
355 puis plus de vingt ans : l’état de nos arts et de nos lettres, en Occident, serait la preuve de notre décadence. N’est-il p
356 de nos lettres, en Occident, serait la preuve de notre décadence. N’est-il pas curieux d’observer que ce jugement se trouve
357 progressistes ? Cette part du grand public, chez nous , qui en est restée au tableau de genre, au pleinairisme, au réalisme,
358 qui s’installait pour mille ans, mourut en douze. Notre art « dégénéré », disait-elle, lui survit. L’autre voudrait maintenan
359 ait-elle, lui survit. L’autre voudrait maintenant nous faire douter de la validité et de la vitalité de notre culture en lib
360 faire douter de la validité et de la vitalité de notre culture en libre essor. Elle appuie son accusation sur une doctrine.
361 ché originel naquit le formalisme occidental, qui devait conduire à Picasso lequel, tout communiste qu’il soit, sert Wall Stre
362 d’environ 1880 que par la couleur des parements. Nous proposons au grand public contemporain de juger ce procès sur pièces.
363 vie par la propagande des conformismes officiels, nous avons choisi d’opposer les chefs-d’œuvre de l’art et de la pensée lib
364 — ne va pas sans désordre, apparent ou réel. Mais nous pensons que la liberté d’expression et de création reste la condition
365 qui ne sera pas seulement rétrospective, si elle nous aide et nous anime à mieux comprendre d’où nous venons, où nous en so
366 pas seulement rétrospective, si elle nous aide et nous anime à mieux comprendre d’où nous venons, où nous en sommes, où nous
367 e nous aide et nous anime à mieux comprendre d’où nous venons, où nous en sommes, où nous allons… Mais la riposte, ici, tran
368 ous anime à mieux comprendre d’où nous venons, où nous en sommes, où nous allons… Mais la riposte, ici, transcende le défi.
369 omprendre d’où nous venons, où nous en sommes, où nous allons… Mais la riposte, ici, transcende le défi. Elle le réduit au r
370 ts et de leurs censures, dans le développement de nos arts. L’Œuvre du xxe siècle pose bien d’autres problèmes. Le premier
371 s Jeux dont la fonction, selon l’oracle sibyllin, devait être de restaurer ou de maintenir la cité dans sa gloire. Une telle c
372 s créateurs, le public, et leur manière de sentir notre temps. Comme l’acte d’observer dans la microphysique, cet acte d’expo
373 définir. Combien de seuils et de limites n’avons- nous pas forcés dans notre siècle — seuil de l’atome ou seuil de l’inconsc
374 seuils et de limites n’avons-nous pas forcés dans notre siècle — seuil de l’atome ou seuil de l’inconscient, sens de la vue e
375 ce à trois dimensions… ? Chacune de ces victoires nous a jetés dans un complexe nouveau de paradoxes. Prenons l’exemple de l
376 hénomènes serait-il la rançon de l’autre ? Sommes- nous dans une situation globale de disjonctions irrémédiables, de divorce,
377 hé comme de leur gloire. Cette aventure va-t-elle nous apparaître comme un passé déjà, ou comme l’effervescence d’un ordre n
378 e du xxe Siècle s’inaugure dans le vrai style de notre époque : la réponse qu’elle apporte, d’une part, est, de l’autre, une
9 1970, Le Cheminement des esprits. Diagnostics de la culture — Conclusions sur l’avenir et la liberté de la culture
379 . I Poser publiquement la question de l’avenir de notre culture, voilà qui me paraît absolument typique du xxe siècle. Un éc
380 ociété. Pourquoi donc, et comment, la question de notre avenir et de l’avenir de notre culture peut-elle se poser parmi nous 
381 nt, la question de notre avenir et de l’avenir de notre culture peut-elle se poser parmi nous ? Je vais en indiquer pour ma p
382 ’avenir de notre culture peut-elle se poser parmi nous  ? Je vais en indiquer pour ma part trois raisons. La première, c’est
383 our ma part trois raisons. La première, c’est que nous n’avons plus, dans notre monde occidental, de témoignage incontesté d
384 s. La première, c’est que nous n’avons plus, dans notre monde occidental, de témoignage incontesté d’une présence sacrée. Et
385 sacrée. Et dès lors qu’il n’y a plus de garant en nous et parmi nous d’un au-delà, d’un transcendant présent, nous nous voyo
386 lors qu’il n’y a plus de garant en nous et parmi nous d’un au-delà, d’un transcendant présent, nous nous voyons contraints
387 rmi nous d’un au-delà, d’un transcendant présent, nous nous voyons contraints de le chercher dans l’avenir, d’en référer aux
388 ous d’un au-delà, d’un transcendant présent, nous nous voyons contraints de le chercher dans l’avenir, d’en référer aux temp
389 ’une postérité, d’un espace vital historique. Or, nous voici contraints de lutter aujourd’hui pour sauver cette visée, cette
390 visés aussi précisément à la tête et au cœur. Si nous sommes réunis ce soir sur ce plateau, au lieu d’être à nos tables de
391 s réunis ce soir sur ce plateau, au lieu d’être à nos tables de travail, comme nous l’eussions tous préféré, c’est sans la
392 au, au lieu d’être à nos tables de travail, comme nous l’eussions tous préféré, c’est sans la moindre forfanterie, c’est par
393 ’est sans la moindre forfanterie, c’est parce que nous avons reconnu que nous sommes visés, que notre fonction dans la cité
394 rfanterie, c’est parce que nous avons reconnu que nous sommes visés, que notre fonction dans la cité est menacée, notre aven
395 que nous avons reconnu que nous sommes visés, que notre fonction dans la cité est menacée, notre avenir mis en question. Nous
396 sés, que notre fonction dans la cité est menacée, notre avenir mis en question. Nous sommes là pour vous avertir, pour vous m
397 a cité est menacée, notre avenir mis en question. Nous sommes là pour vous avertir, pour vous montrer que nous sommes décidé
398 ommes là pour vous avertir, pour vous montrer que nous sommes décidés à la défense, à la riposte. Écoutez-nous, non pas du t
399 ommes décidés à la défense, à la riposte. Écoutez- nous , non pas du tout comme des hommes qui essaieraient de briller sur la
400 un combat qui est aussi le vôtre, et dont l’enjeu nous dépasse tous. II Il ne saurait être question de tirer de nos quatre d
401 tous. II Il ne saurait être question de tirer de nos quatre débats et de nos deux conférences des conclusions collectives
402 être question de tirer de nos quatre débats et de nos deux conférences des conclusions collectives et unanimes. Nous avons
403 férences des conclusions collectives et unanimes. Nous avons entendu depuis quinze jours une quarantaine de prises de positi
404 ersonnelles faisant le point d’une évolution dont nous sommes à la fois les sujets et les objets. Je me bornerai donc à soul
405 rai donc à souligner un caractère très général de nos débats. Tous les sujets que nous avons discutés, que ce soit l’écriva
406 e très général de nos débats. Tous les sujets que nous avons discutés, que ce soit l’écrivain dans la cité, l’isolement de l
407 seul : l’individu créateur et la société. Or, on nous a très bien montré les dangers de l’isolement, et l’on a fort bien dé
408 niquer avec les masses, et nul n’a déclaré devant nous qu’il connaissait et assumait les conditions d’une communion nouvelle
409 dire quelques mots. Il est trop clair qu’aucun de nous ne se risquerait à en donner la recette. Il en existe dans ce siècle,
410 de la tyrannie dans laquelle ils sont nés13. Mais nous  ? Nous qui avons parmi nous des témoins, des victimes toutes récentes
411 yrannie dans laquelle ils sont nés13. Mais nous ? Nous qui avons parmi nous des témoins, des victimes toutes récentes de ces
412 ils sont nés13. Mais nous ? Nous qui avons parmi nous des témoins, des victimes toutes récentes de ces tortures ? Nous qui
413 s, des victimes toutes récentes de ces tortures ? Nous qui avons pu garder le droit de savoir, le devoir de nous informer, d
414 ? Nous qui avons pu garder le droit de savoir, le devoir de nous informer, de dire et de crier, nous ne sommes plus pardonnabl
415 avons pu garder le droit de savoir, le devoir de nous informer, de dire et de crier, nous ne sommes plus pardonnables de no
416 le devoir de nous informer, de dire et de crier, nous ne sommes plus pardonnables de nous taire. Alors, que faire ? Tout d’
417 et de crier, nous ne sommes plus pardonnables de nous taire. Alors, que faire ? Tout d’abord protester, publiquement et ave
418 emble contre les tyrannies de toutes couleurs qui nous salissent, qui salissent toute l’humanité, victime directe ou non des
419 ens du mot qui est à la fois refus et témoignage. Notre concert inaugural dans une église était dédié à la mémoire des victim
420 s tyrannies du xxe siècle. Il convenait d’ouvrir nos manifestations par cet acte de piété, par ce Magnificat à la mémoire
421 té, par ce Magnificat à la mémoire des martyrs de notre siècle. Puis, il y eut cet ensemble éblouissant de chefs-d’œuvre des
422 ur créatrice de la liberté. Maintenant, qu’allons- nous conclure ? Je pense qu’il ne se trouvera pas un seul d’entre nous, po
423 Je pense qu’il ne se trouvera pas un seul d’entre nous , poètes, romanciers, critiques et philosophes, qui ont pris part à ce
424 osophes, qui ont pris part à ces entretiens, pour nous dire : « Et maintenant, allons-y, serrons les rangs, opposons à la di
425 nsinuante ! » Au contraire, je suis convaincu que nous approuvons tous ici cette excellente définition de la propagande que
426 re ceux qui y croient encore. Comment donc allons- nous répondre au défi des totalitaires si nous nous privons de leurs armes
427 allons-nous répondre au défi des totalitaires si nous nous privons de leurs armes ? Si nous refusons la fausse communion fo
428 ns-nous répondre au défi des totalitaires si nous nous privons de leurs armes ? Si nous refusons la fausse communion fomenté
429 litaires si nous nous privons de leurs armes ? Si nous refusons la fausse communion fomentée par la propagande et maintenue
430 ande et maintenue par la police et la terreur, si nous refusons la calomnie, si nous refusons tous les insignes et tous les
431 e et la terreur, si nous refusons la calomnie, si nous refusons tous les insignes et tous les signes extérieurs de communion
432 es et tous les signes extérieurs de communion, si nous allons même jusqu’à éviter d’en parler, parce que — disons-le bien fr
433 ns transition, en visant le cœur du problème. Que nous soyons ici chrétiens ou non, nous sommes tous tenus de constater le f
434 u problème. Que nous soyons ici chrétiens ou non, nous sommes tous tenus de constater le fait historique que voici : la plus
435 rd’hui, et par la faute d’une dictature encore, à notre grand concert européen. C’est une phrase de Miguel de Unamuno dans so
436 13. Les révélations du Rapport Khrouchtchev ne devaient éclater que deux ans plus tard.
10 1970, Le Cheminement des esprits. Diagnostics de la culture — À la table ronde du Conseil de l’Europe
437 uin, un grand triptyque qu’il peignit au seuil de notre siècle, s’intitule : D’où venons-nous ? Où sommes-nous ? Où allons-no
438 u seuil de notre siècle, s’intitule : D’où venons- nous  ? Où sommes-nous ? Où allons-nous ? Je n’imagine pas de meilleur mott
439 siècle, s’intitule : D’où venons-nous ? Où sommes- nous  ? Où allons-nous ? Je n’imagine pas de meilleur motto pour cette tabl
440 pendant quatre journées mémorables. Où en sommes- nous , nous autres Européens de 1953 ? Une phrase prononcée l’an dernier pa
441 nt quatre journées mémorables. Où en sommes-nous, nous autres Européens de 1953 ? Une phrase prononcée l’an dernier par le p
442 pond d’une manière dramatique à cette question. «  Nous autres Européens, nous vivons, depuis la dernière guerre, dans la peu
443 atique à cette question. « Nous autres Européens, nous vivons, depuis la dernière guerre, dans la peur des Russes et de la c
444 » La raison de ce paradoxe est des plus simples. Nous ne nous sentons pas en réalité, 330 millions d’Européens, mais seulem
445 ison de ce paradoxe est des plus simples. Nous ne nous sentons pas en réalité, 330 millions d’Européens, mais seulement 42 m
446 , 8 millions de Belges, 3 millions de Norvégiens… Nous pensons et sentons par nations cloisonnées, dans l’ère des grands emp
447 des grands marchés, et de la stratégie mondiale. Nous nous sentons, en conséquence, trop petits pour le siècle, et condamné
448 grands marchés, et de la stratégie mondiale. Nous nous sentons, en conséquence, trop petits pour le siècle, et condamnés à p
449 tits pour le siècle, et condamnés à perdre, après nos dernières positions dans le monde, notre indépendance politique, écon
450 dre, après nos dernières positions dans le monde, notre indépendance politique, économique et peut-être morale. Et certes, no
451 tique, économique et peut-être morale. Et certes, nous perdrons tout cela, tout ce qui fait le sens même de nos vies, si nou
452 drons tout cela, tout ce qui fait le sens même de nos vies, si nous persistons à demeurer une vingtaine de nations, de cant
453 la, tout ce qui fait le sens même de nos vies, si nous persistons à demeurer une vingtaine de nations, de cantons désunis. M
454 e nations, de cantons désunis. Mais au contraire, nous pouvons tout sauver par une union qui ferait de l’Europe, dans la réa
455 a conscience des périls qu’elle encourt, que tous nos pays courent ensemble, — et la conscience aussi des ressources immens
456 ion concrète et raisonnable en faveur de l’union, notre salut prochain. C’est ainsi, j’imagine, que l’on voyait les choses, d
457 nesse actuelle accueille avec un scepticisme amer nos plus éloquents bavardages. Il fallait donc d’une part approfondir l’i
458 eux effort d’information. La tâche de méditer sur nos destins, le Conseil de l’Europe l’a confiée à un petit groupe de six
459 dominant de la table ronde était de dégager, pour nos contemporains, une large vision de notre situation, capable d’oriente
460 ager, pour nos contemporains, une large vision de notre situation, capable d’orienter l’action prochaine. Pour mieux savoir o
461 orienter l’action prochaine. Pour mieux savoir où nous allons, il fallait voir d’abord d’où nous venons. Cette recherche des
462 voir où nous allons, il fallait voir d’abord d’où nous venons. Cette recherche des origines communes à tous les peuples de l
463 origines communes à tous les peuples de l’Europe, nous l’avons faite sous la conduite magistrale et souriante d’un des plus
464 e et souriante d’un des plus grands historiens de notre temps, M. Toynbee. Et nous avons vu se dessiner la courbe de l’extrao
465 grands historiens de notre temps, M. Toynbee. Et nous avons vu se dessiner la courbe de l’extraordinaire aventure collectiv
466 enture collective de l’Occident : la naissance de notre civilisation au confluent des trois courants issus d’Athènes, de Rome
467 dans le monde entier ; l’exportation pêle-mêle de nos idéaux religieux, de nos formes politiques, aussi, et enfin des secre
468 exportation pêle-mêle de nos idéaux religieux, de nos formes politiques, aussi, et enfin des secrets techniques de notre pu
469 tiques, aussi, et enfin des secrets techniques de notre puissance, chez tous les peuples de la terre ; et puis soudain, au xx
470 xxe siècle, le renversement subit et complet de notre position dans le monde ; la montée des empires unifiés, devant nos di
471 le monde ; la montée des empires unifiés, devant nos divisions sanglantes, la crise de nos idéaux devant la propagande mas
472 iés, devant nos divisions sanglantes, la crise de nos idéaux devant la propagande massive des dictatures ; les moyens matér
473 atures ; les moyens matériels et intellectuels de notre domination retournés contre nous. Nous avons vu clairement que nos pa
474 ntellectuels de notre domination retournés contre nous . Nous avons vu clairement que nos pays n’avaient plus d’autre issue p
475 ctuels de notre domination retournés contre nous. Nous avons vu clairement que nos pays n’avaient plus d’autre issue pratiqu
476 tournés contre nous. Nous avons vu clairement que nos pays n’avaient plus d’autre issue pratique, d’autre avenir possible q
477 utre avenir possible que dans l’union. Voilà d’où nous venons, et voilà les raisons de craindre et d’espérer que nous porton
478 et voilà les raisons de craindre et d’espérer que nous portons en nous, dans notre chair et notre sang, dans la mémoire comm
479 sons de craindre et d’espérer que nous portons en nous , dans notre chair et notre sang, dans la mémoire commune de notre vie
480 indre et d’espérer que nous portons en nous, dans notre chair et notre sang, dans la mémoire commune de notre vieille famille
481 rer que nous portons en nous, dans notre chair et notre sang, dans la mémoire commune de notre vieille famille européenne, si
482 e chair et notre sang, dans la mémoire commune de notre vieille famille européenne, si profondément unie en deçà et au-dessou
483 ne, si profondément unie en deçà et au-dessous de nos récentes divisions nationales et linguistiques, qui se révèlent alors
484 ivement superficielles. Le diagnostic ainsi posé, nous nous sommes tournés vers l’avenir : où allons-nous ? Et c’est M. Robe
485 nt superficielles. Le diagnostic ainsi posé, nous nous sommes tournés vers l’avenir : où allons-nous ? Et c’est M. Robert Sc
486 : où allons-nous ? Et c’est M. Robert Schuman qui nous a présenté le tableau des mesures politiques et institutionnelles cap
487 itiques et institutionnelles capables de traduire notre communauté. Nous n’avons pas trouvé de solutions faciles, ni de recet
488 tionnelles capables de traduire notre communauté. Nous n’avons pas trouvé de solutions faciles, ni de recettes miraculeuses
489 délai garanti, or you get your money back ! Mais nous avons déterminé clairement nos responsabilités immédiates devant l’Eu
490 money back ! Mais nous avons déterminé clairement nos responsabilités immédiates devant l’Europe et devant le monde, et nou
491 immédiates devant l’Europe et devant le monde, et nous avons formulé les buts communs qui peuvent unir les Européens. Car ce
492 des certitudes relatives fondées sur la science, nous avons posé la nécessité du dialogue fécond, de la mise en question ré
493 on réciproque dans la tolérance mutuelle. Et cela nous a conduits à esquisser les principes d’une morale civique, européenne
494 ction apparente entre l’exigence d’unification de nos pays, et l’exigence de sauver les diversités qui ont fait la richesse
495 diversités qui ont fait la richesse de l’Europe, nous avons posé la nécessité de structures politiques nouvelles, d’institu
496 pe nouveau, permettant de mettre en commun ce qui doit l’être pour bien marcher, afin de mieux faire vivre et de sauver ce q
497 er, afin de mieux faire vivre et de sauver ce qui doit normalement demeurer distinct, privé, original. Nous n’avons pas dre
498 normalement demeurer distinct, privé, original. Nous n’avons pas dressé les plans d’une civilisation modèle. Mais nous avo
499 dressé les plans d’une civilisation modèle. Mais nous avons pensé que le devoir et le salut des Européens consistait aujour
500 civilisation modèle. Mais nous avons pensé que le devoir et le salut des Européens consistait aujourd’hui à édifier des modèle
501 du monde. Un seul exemple : le nationalisme a été notre invention commune. Nous l’avons communiqué, « donné » au monde entier
502  : le nationalisme a été notre invention commune. Nous l’avons communiqué, « donné » au monde entier et cette liqueur tout d
503 ord enivrante est bientôt devenue poison. C’est à nous qu’il appartient donc, aujourd’hui, d’inventer l’antidote de ce toxiq
504 hui, d’inventer l’antidote de ce toxique. C’est à nous d’inventer pour tous les moyens de dépasser notre nationalisme, sans
505 nous d’inventer pour tous les moyens de dépasser notre nationalisme, sans perdre cependant ce qu’il a pu garder de valable ;
506 e nouveau de souveraineté commune, à l’échelle de notre fédération. Et certes, de telles créations entraîneront certains sacr
507 traîneront certains sacrifices. Il faut le dire à nos contemporains. Mais ce seront des sacrifices raisonnables, les condit
508 un grand et grave exemple. On compare volontiers notre Europe à Byzance. Cet empire qui sombra pour toujours il y a cinq siè
509 faire le pool patriotique des faibles sommes qui devaient assurer leur salut. L’assaut fut décidé après des mois d’attente, Byz
510 il dépend d’efforts comme le vôtre, il dépend de nous tous Européens, d’écrire une autre histoire pour une Europe nouvelle.
11 1970, Le Cheminement des esprits. Diagnostics de la culture — Pronostics 1969 (une interview)
511 r est une civilisation de dimension continentale. Nous parlons de culture française, de culture allemande, cela n’existe pas
512 fférences, des nuances de langue. D’abord, toutes nos langues sont parentes, ensuite toutes les formes générales de la cult
513 outes les dictatures communistes. Pensez-vous que nous sommes entrés dans une ère de révolutions ? R. — Il y a une nécessité
514 onnaire qui vient de cette mauvaise adaptation de nos unités de base aux tâches nouvelles qu’il faudrait accomplir. Comme d
515 tation des possibilités de choix. Pensez-vous que nous assistons à la mort de la civilisation occidentale ? R. — C’est impos
516  ? R. — C’est impossible. Paul Valéry a écrit : «  Nous autres, civilisations, nous savons aujourd’hui que nous sommes mortel
517 ul Valéry a écrit : « Nous autres, civilisations, nous savons aujourd’hui que nous sommes mortelles ». C’est doublement inex
518 utres, civilisations, nous savons aujourd’hui que nous sommes mortelles ». C’est doublement inexact : en premier lieu, la ci
519 ifférente, et qui ait de meilleures solutions que les nôtres . Or, nous constatons un gigantesque effort pour imposer aux Chinois u
520 i ait de meilleures solutions que les nôtres. Or, nous constatons un gigantesque effort pour imposer aux Chinois une partie
521 françaises qui étaient des pouvoirs impersonnels nous instruit. La première a abouti à Napoléon. La seconde à Louis-Napoléo
522 de l’influencer : et c’est à cela que l’art peut nous aider. Kafka nous a révélé dès 1930 le style et l’habitus des régimes
523 et c’est à cela que l’art peut nous aider. Kafka nous a révélé dès 1930 le style et l’habitus des régimes policiers que la
524 e. Par quoi cette période anarchique que traverse notre siècle a-t-elle été préparée ? R. — Je vous dirai sans trop réfléchir
525 ion. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le passé de notre désordre, mais les moyens d’en sortir. C’est-à-dire de créer un ordre
526 demandez pas si je crois que cela réussira : car nous ne sommes pas là pour essayer de prévoir l’avenir, mais pour le faire
12 1970, Le Cheminement des esprits. Champs d’activité — Éducation, civisme et culture
527 e doute résulte d’une attitude très répandue dans nos démocraties, et qui consiste à séparer radicalement l’Art, domaine de
528 gent et s’appuient dans l’optique de l’Europe que nous voulons unir ; cette Europe qu’il s’agit de faire vivre tout d’abord
529 ur citoyen, commence normalement par recevoir. Il doit apprendre le système des institutions et les principes sur lesquels o
530 t les principes sur lesquels on les a fondées. Il doit assimiler les règles de conduite, lois et conventions qui régissent l
531 conventions qui régissent la vie en société, dans nos démocraties. Tout cela, c’est l’instruction civique, mais pas encore
532 éducation pour le civisme. Celle-ci, en effet, ne doit pas se contenter d’inculquer un savoir, de donner des réflexes, de di
533 es réflexes, de discipliner l’individu, mais elle doit l’inciter à agir, à se manifester activement dans la communauté, à y
534 sion. C’est là l’un des principes fondamentaux de notre droit, et l’un des plus fréquemment invoqués devant les tribunaux. In
535 vers son risque personnel, en fin de compte. ⁂ Si nous demandons maintenant ce qu’est la culture, nous allons voir que sa dé
536 i nous demandons maintenant ce qu’est la culture, nous allons voir que sa définition formelle ressemble étrangement, en Euro
537 l’enfant, l’adolescent, le débutant de tout âge, doit d’abord en recevoir des impressions et tenter de les assimiler, de le
538 et tenter de les assimiler, de les comprendre. Il doit prendre connaissance des chefs-d’œuvre, apprendre quand et comment il
539 ins religieuses et sociales, dans quel esprit. Il doit donc tout d’abord apprendre à voir, à lire, à écouter ces chefs-d’œuv
540 e serait pour un danseur hindou, par exemple, qui doit exécuter exactement les rites, ou pour un peintre officiel sous Stali
541 l appartient au bon maître de distinguer l’erreur due à la maladresse de l’« erreur » qui révèle l’exigence intime d’une pe
542 sanction suprême de la communauté — même s’il ne doit l’obtenir qu’à titre posthume. Nous retrouvons ici nos deux catégorie
543  même s’il ne doit l’obtenir qu’à titre posthume. Nous retrouvons ici nos deux catégories fondamentales : liberté et respons
544 ’obtenir qu’à titre posthume. Nous retrouvons ici nos deux catégories fondamentales : liberté et responsabilité. Qu’il s’ag
545 cle n’avait été plus farouchement iconoclaste que le nôtre , jamais aucun n’avait ressuscité autant de modes et d’œuvres du passé
546 parlants et convaincants que les chefs-d’œuvre de nos arts, comparés et compris dans leur généalogie et dans leurs « messag
547 une glorieuse indifférence une bonne douzaine de nos frontières actuelles. Elles relient des cités, des foyers de création
548 utes au départ, il n’est pas une seule branche de notre culture qui ne résulte de mille échanges, tissant l’œuvre commune des
549 le champ limité par les frontières d’une seule de nos nations actuelles. Il n’y a pas plus de « peinture française » que de
550 rselle, gratuite et obligatoire. Et de même, dans nos démocraties, tout homme peut être un citoyen. Pourquoi l’art serait-i
551 nt passif et en dehors du coup. Une culture saine doit être vivante dans chaque membre de la communauté. Tout le monde n’a p
552 le » n’intéressant que les sujets vraiment doués, devrait occuper une place importante dans tous nos programmes scolaires. Car
553 s, devrait occuper une place importante dans tous nos programmes scolaires. Car s’il est vrai comme le disait Pascal que le
554 ble — selon la formule européenne. Voilà pourquoi notre Campagne pour l’éducation civique des jeunes Européens doit comporter
555 gne pour l’éducation civique des jeunes Européens doit comporter une campagne pour l’éducation artistique des futurs citoyen
556 tistique des futurs citoyens — et peut-être même, doit -elle commencer par là. 16. Introduction à deux stages de la Campag
13 1970, Le Cheminement des esprits. Champs d’activité — Le civisme commence au respect des forêts
557 au Pérou et en Turquie, inondations en Roumanie, nous rappellent que la nature n’a pas répondu à l’Année de la protection d
558 tion civique commence avec le respect des forêts. Notre campagne, en tant que civique, se doit donc d’envisager les problèmes
559 s forêts. Notre campagne, en tant que civique, se doit donc d’envisager les problèmes du milieu au sens large : habitat rura
560 és de disparaître définitivement18. 5. L’écologie nous amène ainsi, de tous côtés, à des choix politiques, portant sur les b
561 s choix politiques, portant sur les buts mêmes de notre société, et ses priorités morales et politiques : — veut-on par exemp
562 es écologiques et psychologiques ? — la priorité doit -elle être donnée au niveau de vie quantitatif (productivité, salaires
563 .) ? Car dans le concret de l’existence actuelle, nous sommes constamment obligés à des choix difficiles. Deux exemples : —
564 allée de la Maurienne subit l’aluminium, elle lui doit aussi sa richesse. Fermer les usines condamnerait la vallée à la misè
565 urs, Carcassonne et les villages des environs ont être ravitaillés par des camions-citernes. L’enquête est délicate : l
566 es pour sauvegarder l’environnement et sa qualité doivent être harmonisées dans la mesure nécessaire au niveau européen. La Co
567 n environnement sain et non dégradé. Ce protocole devrait consacrer le droit de respirer un air et de boire une eau raisonnable
568 la montagne. 7. Je n’en déduis pas seulement que notre Campagne a toutes les raisons d’inclure l’écologie dans son programme
569 uropéens. En leur montrant la situation réelle de notre société, les menaces qui pèsent sur le milieu humain (psychologique e
14 1970, Le Cheminement des esprits. Champs d’activité — Sur la fabrication des nouvelles et des faits
570 les et de leurs dirigeants. Et non seulement elle nous fabrique les faits (au point qu’il n’y en a plus si elle se met en gr
571 de ces informations que se décide la politique de nos États ; que votent les parlements et même parfois les peuples ; et qu
572 provient de ceci : que la « réalité » à laquelle nous croyons chaque matin n’est faite que par la presse et la radio, et n’
573 t faite que pour elles. Les agences seraient donc nos vrais maîtres ? C’est trop dire. Car elles sont irresponsables. Troi
574 rrêtent une doctrine et un programme précis, d’où devait résulter toute l’action ultérieure pour la fédération de l’Europe. Ri
575 oudrait plutôt qu’ils suspendent leur jugement et nous conseillent d’en faire autant. Un exemple au hasard du jour : combien
576 omme s’il était suspect de s’en soucier. — Quoi ? nous parler de chiffres quand il s’agit de morale ? On voit bien votre jeu
577 ez de détourner l’attention de la seule chose qui nous intéresse dans la politique d’aujourd’hui : les scandales qui déchire
578 tique d’aujourd’hui : les scandales qui déchirent notre nation et que nous sommes là pour dénoncer. On peut aussi considérer
579 : les scandales qui déchirent notre nation et que nous sommes là pour dénoncer. On peut aussi considérer que la politique re
580 x-là vraiment feront les faits qui vont gouverner nos humeurs, les votes des députés et les cotes de la Bourse. Telle est l
581 de la Bourse. Telle est la base de la plupart de nos convictions politiques, dans la mesure — souvent faible d’ailleurs —
582 , dans la mesure — souvent faible d’ailleurs — où nous les modelons sur les faits. Comment mettre un peu d’ordre en ces mati
583 acte, c’en serait fait des dernières libertés qui nous restent — celle de ne pas croire ou de croire ce qui nous plaît, cell
584 tent — celle de ne pas croire ou de croire ce qui nous plaît, celle de douter, ou de soupçonner un piège. En bref, la libert
585 ref, la liberté de critique. Or c’est précisément notre plus sûr recours. Réformer la presse d’information me paraît impossib
15 1970, Le Cheminement des esprits. Champs d’activité — Université et universalité dans l’Europe d’aujourd’hui
586 ctuels, et aussi des plus angoissants de ceux que nous a légués l’antiquité proche-orientale, si étroitement mêlée aux origi
587 venus à l’œuvre parlant une seule et même langue, dussent la quitter parlant des langues diverses, et incapables de plus jamais
588 titution dont le nom même semble indiquer qu’elle devrait résumer l’ensemble de nos activités intellectuelles, et donc artifici
589 le indiquer qu’elle devrait résumer l’ensemble de nos activités intellectuelles, et donc artificielles — elle fait songer à
590 oubli des buts finaux de l’existence dans lequel nous voyons s’enfoncer, inexorablement, le spécialiste. Nous assistons, au
591 oyons s’enfoncer, inexorablement, le spécialiste. Nous assistons, au xxe siècle, à deux mouvements de sens contraire, qui a
592 ugnante, à l’Asie brahmanique ou chinoise, et qui devait aboutir à la condamnation puis à la suppression — mais après combien
593 e part plus visible et facile à observer que dans nos universités. Tout le monde sait ici de quoi je veux parler : nous ass
594 . Tout le monde sait ici de quoi je veux parler : nous assistons en fait à une double explosion au sein des institutions d’e
595 xies dans le cosmos en expansion vertigineuse que nous décrivent les astronomes contemporains. D’où résultent les deux consé
596 is aussi des hommes d’outre-mer qui viennent chez nous en pèlerinage aux sources vives de la nouvelle culture mondiale. Or,
597 autaire, et le sens synthétique ou universaliste. Nos universités ne sont plus guère, en fait, que des agglomérats ou juxta
598 t un corps vivant. Sur l’explosion des effectifs, nous disposons d’une grande richesse de statistiques. Un seul exemple peut
599 est plus difficile à chiffrer. Robert Oppenheimer nous affirme que 85 % des scientifiques, depuis l’aube de l’histoire, sont
600 Armand me disait un jour : « Si vous et moi, dans nos années d’études, il y a trente à trente-cinq ans, avions appris toute
601 ppris toute la chimie et n’en avions rien oublié, nous ne saurions qu’un dixième de ce qu’elle est aujourd’hui. » Ces donnée
602 t gardé ses pouvoirs régulateurs de l’ensemble de nos croyances : un théologien d’aujourd’hui, lisant l’œuvre d’un physicie
603 lusions du physicien et la dogmatique de l’Église doit être estimé négatif, positif ou indifférent. J’ajoute que le physicie
604 onflits dès longtemps périmés21. Faudra-t-il donc nous résigner à ce que l’accroissement même du savoir entraîne pour conséq
605 ’un observateur non prévenu, jugeant sur ce qu’il nous voit faire, il semblerait que la très grande majorité des Européens t
606 ils l’avaient entreprise. Mais l’Université, dans nos pays, paraît plus florissante que jamais : loin d’être abandonnée, el
607 L’incommunicabilité des savoirs est ressentie par notre esprit comme une frustration, comme une blessure intime et comme une
608 ’est pourquoi sans doute on les pose si rarement. Notre enseignement vise-t-il à former des personnes réelles et complètes, o
609 là qu’ils se posent à eux-mêmes ces questions, et nous les posent avec une insistance gênante. Le problème qu’on soulève ici
610 ici, et qui est celui du principe de cohérence de notre civilisation, me paraît absolument spécifique de l’Europe. Seule en e
611 licité des disciplines spécialisées provient chez nous de la sécularisation de la philosophie et de la recherche qui s’est m
612 s hommes nourris de cultures différentes viennent nous poser leurs grandes questions naïves et pénétrantes : — Pourquoi l’Eu
613 e vos passions et vos désirs ? — bien peu d’entre nous sont capables de donner une réponse satisfaisante. Le spécialiste se
614 a doctrine physique du Temps, aux discussions qui durent déjà depuis un siècle sur le principe de Carnot et Clausius, sur la d
615 s ? Dans le domaine politique de l’intégration de nos pays, sauvegardant leur autonomie, c’est la méthode fédéraliste qui p
616 urnir la formule de synthèse. Dans le domaine qui nous occupe ici de l’enseignement supérieur, trois solutions paraissent co
617 . La vie est trop courte, même prolongée comme on nous le promet, jusqu’à une moyenne de quatre-vingt-dix ans, pour que l’es
618 tielle, que tous les gains partiels, additionnés, dus à la spécialisation, ne combleront jamais, et toujours moins. C’est g
619 ns mon souvenir dès l’adolescence : D’autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons
620 nnaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons Dieu. Je la transpose au domaine moins sublime que j’essa
621 dans l’analyse de certains cas particuliers, qui nous conduisent le plus sûrement au général, ou tout au moins au seuil des
622 ue l’œuvre de synthèse qu’exige l’état présent de notre culture et de nos universités, devrait d’abord être confiée à des gro
623 se qu’exige l’état présent de notre culture et de nos universités, devrait d’abord être confiée à des groupes de chercheurs
624 t présent de notre culture et de nos universités, devrait d’abord être confiée à des groupes de chercheurs représentant des dis
625 e, convenablement informée, ferait beaucoup mieux notre affaire. Ce qui importe, c’est que la synthèse s’actualise, qu’elle s
626 utilité au sens le plus élevé du terme. Ce qu’il nous faut enfin, ce qui nous manque, ce sont des hommes de synthèse, un ty
627 élevé du terme. Ce qu’il nous faut enfin, ce qui nous manque, ce sont des hommes de synthèse, un type nouveau d’hommes de p
628 e une conscience conjoncturelle de l’évolution de nos recherches, un sens constamment alerté de leurs corrélations virtuell
629 oilà sans doute le genre de solution concrète que nous pourrions préconiser, si nous voulons tenter de faire face au problèm
630 lution concrète que nous pourrions préconiser, si nous voulons tenter de faire face au problème posé par l’accroissement bab
631 la division du savoir en langages spécialisés. Il nous faut donc envisager maintenant la création d’instituts de synthèse ét
632 erait le plus malaisé de traiter dans le cadre de nos facultés classiques. Voici quelques-uns de ceux que, pour ma part, je
633 isciplines farouches qu’imposent à la majorité de nos contemporains les impératifs de la croissance de production, et de l’
634 ts. 5. Européologie. Il existe dans la plupart de nos grandes universités des départements d’indianisme, de sinologie, d’is
635 rdination de leurs politiques économiques. Ce qui nous manque encore, c’est une étude quasi ethnographique des caractères sp
636 uasi ethnographique des caractères spécifiques de notre civilisation, à l’heure où elle se répand d’une manière anarchique su
637 era sans peine. L’introduction, si désirable dans nos mœurs universitaires, d’une année sabbatique de type américain, perme
638 emise en question générale, et c’est aussi ce que nous attendons tous de nos vacances. Après un an, les professeurs détachés
639 ale, et c’est aussi ce que nous attendons tous de nos vacances. Après un an, les professeurs détachés reviendraient à leur
640 l’union dans la diversité, qui est la formule de notre grand passé et de notre avenir fédéré, le seul possible. L’Europe, c’
641 té, qui est la formule de notre grand passé et de notre avenir fédéré, le seul possible. L’Europe, c’est très peu de chose pl
642 ipliés par une culture qui a fait le Monde et qui doit aujourd’hui, plus que jamais, faire des hommes. 20. « Discours sole
643 langage mathématique, même une fois maîtrisé par nos économistes, philosophes, psychologues, politistes, biologistes, voir
644 fectives et personnelles, essentielles au sens de nos vies. 22. Ainsi Comenius, dans sa grande utopie pansophique, la Pane
16 1970, Le Cheminement des esprits. Champs d’activité — Le rôle de la recherche en Europe
645 s parler aujourd’hui du rôle de la recherche dans notre monde et plus spécialement eu Europe. N’étant ni technicien, ni savan
646  ? » Elle dit : « J’ai faim. » Ils lui dirent : «  Nous t’avons donné toute la nourriture du pays. » Elle dit : « Quand vous
647 qu’on peut avoir ou même savoir ; au-delà même de notre angoisse fondamentale devant la vie, le monde et l’inconnu. Et c’est
648 le monde pendant des siècles. Elle est encore, à notre époque, celle qu’on imite partout, même quand on la combat. Elle est
649 us de sécurité et beaucoup moins de problèmes que nos libres démocraties. (C’est là tout le secret du succès provisoire des
650 ils offrent et imposent des certitudes massives.) Nous , au contraire, en Occident, et en Europe bien plus qu’en Amérique, no
651 Occident, et en Europe bien plus qu’en Amérique, nous souffrons d’une espèce d’inquiétude générale. Nous ne cessons de parl
652 ous souffrons d’une espèce d’inquiétude générale. Nous ne cessons de parler du « désarroi de l’époque ». Nous avons l’impres
653 ne cessons de parler du « désarroi de l’époque ». Nous avons l’impression de vivre dans un chaos sans cesse croissant, dans
654 pense même qu’ils remontent aux sources vives de notre civilisation, et qu’ils en sont inséparables. Je les rattache à nos p
655 et qu’ils en sont inséparables. Je les rattache à nos plus grandes traditions : le christianisme et l’esprit scientifique.
656 ions : le christianisme et l’esprit scientifique. Notre inquiétude provient de notre foi, et nos incertitudes sont créées par
657 esprit scientifique. Notre inquiétude provient de notre foi, et nos incertitudes sont créées par la nature même de nos certit
658 fique. Notre inquiétude provient de notre foi, et nos incertitudes sont créées par la nature même de nos certitudes. Ce par
659 os incertitudes sont créées par la nature même de nos certitudes. Ce paradoxe s’explique d’une manière assez simple. Prenon
660 s un juste, pas même un seul » et que pourtant il devrait être saint. Il sait que le péché consiste à être séparé de la Vérité
661 e par les deux forces principales qui ont produit notre civilisation, voilà ce qui définit le mieux l’Europe. Et c’est par là
662 re, pour les convertir et les dominer. (Alors que nous . Européens, n’avons jamais été découverts par personne, notez-le bien
663 cle, à la technique. Or quel est le but final de notre effort technique, considéré dans son ensemble ? Déjà l’on nous fait e
664 echnique, considéré dans son ensemble ? Déjà l’on nous fait entrevoir — je pense aux travaux du professeur Fourastié, notamm
665 d’avenir, me direz-vous, encore bien éloignées de nos réalités quotidiennes. J’en conviens. Mais n’est-il pas bon de s’arrê
666 ter quelquefois — et l’inauguration d’aujourd’hui nous en offre une belle occasion — pour se demander vers quoi l’on va ? J’
667 pure est la condition nécessaire de la survie de notre Europe. C’est en effet la technique et son progrès constant qui a per
668 technique et son progrès constant qui a permis à notre continent, simple cap de l’Asie, comme on sait, de dominer toute la P
669 e. C’est la technique et son progrès constant qui doit maintenir nos positions, devant la concurrence croissante des empires
670 hnique et son progrès constant qui doit maintenir nos positions, devant la concurrence croissante des empires neufs qui ont
671 nte des empires neufs qui ont adopté et développé nos procédés et nos méthodes. Mais le progrès de la technique dépend de l
672 neufs qui ont adopté et développé nos procédés et nos méthodes. Mais le progrès de la technique dépend de la recherche pure
673 tour de tout l’ensemble culturel et spirituel de notre civilisation. Rien ne serait donc plus faux ni plus dangereux, pour n
674 ne serait donc plus faux ni plus dangereux, pour nous , que de maintenir des cloisons étanches entre la culture en général e
675 pure, la recherche pure, est l’origine réelle de nos progrès techniques. J’illustrerai cette dernière thèse par une petite
676 piétisme, il pensait que sa science abstraite ne devait pas l’empêcher de se rendre utile aux hommes. Aussi dessina-t-il, à t
17 1970, Le Cheminement des esprits. Champs d’activité — Culture et technique en Europe et dans le monde
677 hui est dominée par l’industrie ; or le moteur de notre développement industriel, c’est la technique, fille de la science, et
678 s machines. Toutes ces contradictions définissent notre drame, et ce n’est pas seulement le drame de l’Occident, c’est celui
679 progressistes ; d’autre part, ceux qui défendent nos traditions humanistes, s’opposent de toutes leurs forces instinctives
680 plutôt que d’autres, — recherches qui à leur tour devaient conduire à certaines découvertes plutôt qu’à d’autres — et cette chaî
681 e, comme ceux de Nicée et de Chalcédoine, jusqu’à notre bombe atomique. Voilà qui peut surprendre, mais qui est en somme très
682 rtie du voile de Maya que tout l’effort spirituel devrait tendre à dissiper, comme le veulent les religions brahmanique et boud
683 sé par les dons gratuits de la Nature — j’entends notre péninsule occidentale de l’Asie — et vous aurez les conditions enfin
684 constants de l’homme, rêves qui déterminent dans nos vies ce qu’on nomme les hasards, les trouvailles par hasard, rêves qu
685 ssi les grands thèmes directeurs des créations de notre culture. Pourquoi l’homme fabrique-t-il des outils ? Quels sont donc
686 s les historiens de la technique répètent jusqu’à nos jours que les grandes inventions ont « répondu à des besoins » économ
687 alimentaires et matériels. Quelques-uns cependant nous disent : si l’homme invente, c’est par défi aux dieux, c’est pour rav
688 l, comme Prométhée, et pour soumettre la Nature à notre volonté de puissance et de richesse. Et pourtant, la plupart des exem
689 du sort de la technique moderne, et par suite de notre économie, nous ne trouvons pas le désir de gain, ni le besoin de conf
690 echnique moderne, et par suite de notre économie, nous ne trouvons pas le désir de gain, ni le besoin de confort, ni la volo
691 énie inventèrent un beau jour ces mécaniques, qui devaient permettre l’industrie moderne. Si le besoin matériel expliquait les c
692 nomique, entièrement fausse pour les périodes qui nous précèdent, peut nous sembler en train de devenir vraie. La plupart de
693 fausse pour les périodes qui nous précèdent, peut nous sembler en train de devenir vraie. La plupart des brevets d’invention
694 termes physiques. Les très grandes inventions de notre siècle vérifient, en revanche, la thèse du rêve créateur : l’exemple
695 sommes — des milliards de dollars — que dépensent nos plus grands États, sont affectées à la recherche des moyens d’explore
696 iversel et proprement irrésistible. Et si un jour nous découvrons sur Mars je ne sais quelles substances nouvelles qui procu
697 sais quelles substances nouvelles qui procurent à nos industries ou à nos États de nouveaux moyens d’enrichissement ou de p
698 ces nouvelles qui procurent à nos industries ou à nos États de nouveaux moyens d’enrichissement ou de puissance, nos descen
699 nouveaux moyens d’enrichissement ou de puissance, nos descendants diront : c’est à cause de cela, c’est pour cela, que les
700 remiers astronautes quittèrent la Terre. Mais ici nous sommes tous témoins qu’il n’en est rien. Comme les rois catholiques f
701 action, devenue l’une des branches principales de notre économie. L’histoire du vol d’Icare est le récit d’un rêve que presqu
702 issances scientifiques », cherchait à construire, nous dit-il, une « locomotive routière » qui ne fût pas astreinte à suivre
703 ainsi le processus automatique ; et il fit cela, nous disent les récits de l’époque, afin de pouvoir aller jouer. James Wat
704 ins pratiques, utilitaires : on le voit bien dans nos villes embouteillées, et quand il faut payer les autoroutes. Si je ve
705 s. Premières conclusions C’est la nature de nos rêves constants qui détermine nos découvertes, donc nos techniques. M
706 st la nature de nos rêves constants qui détermine nos découvertes, donc nos techniques. Mais nos rêves à leur tour, d’où vi
707 ves constants qui détermine nos découvertes, donc nos techniques. Mais nos rêves à leur tour, d’où viennent-ils ? Ils expri
708 ermine nos découvertes, donc nos techniques. Mais nos rêves à leur tour, d’où viennent-ils ? Ils expriment nos croyances au
709 es à leur tour, d’où viennent-ils ? Ils expriment nos croyances autant que nos instincts, les interdits sociaux et religieu
710 nent-ils ? Ils expriment nos croyances autant que nos instincts, les interdits sociaux et religieux autant que les désirs s
711 r qu’ils se nourrissent en retour de la culture : nos lectures, les tableaux que nous avons vus, les images du divin que no
712 ur de la culture : nos lectures, les tableaux que nous avons vus, les images du divin que nous livrent les siècles de notre
713 leaux que nous avons vus, les images du divin que nous livrent les siècles de notre civilisation, modifient sans nul doute n
714 s images du divin que nous livrent les siècles de notre civilisation, modifient sans nul doute notre pouvoir de rêve, son ima
715 s de notre civilisation, modifient sans nul doute notre pouvoir de rêve, son imagerie et ses orientations — qui sont celles d
716 imagerie et ses orientations — qui sont celles de nos découvertes. Je voudrais résumer, ramasser en deux phrases ce premier
717 n deux phrases ce premier point de mon exposé : — notre technique occidentale est née du rêve occidental, de ce même rêve qui
718 ée du rêve occidental, de ce même rêve qui a créé notre culture ; — la technique n’est donc pas un destin objectif et que nou
719 echnique n’est donc pas un destin objectif et que nous aurions à subir, mais bien au contraire, elle exprime des vœux profon
720 au contraire, elle exprime des vœux profonds dont nous sommes responsables. Il en résulte que la culture et la technique ne
721 iveau de leur création, puisqu’elles procèdent de nos mêmes rêves fondamentaux. Questions populaires — et sérieuses R
722 que enchaîne l’individu ou si elle le libère ; si nous sommes les esclaves de nos machines ou si elles nous servent ; et sur
723 i elle le libère ; si nous sommes les esclaves de nos machines ou si elles nous servent ; et surtout si l’humanité saura ma
724 s sommes les esclaves de nos machines ou si elles nous servent ; et surtout si l’humanité saura maîtriser la bombe atomique,
725 gone, ou au Kremlin, ou même à l’Élysée, la bombe nous anéantira. Ces questions sont très populaires, non seulement dans la
726 ines ? Dans la première moitié du xxe siècle, nous avons assisté à ce que l’on nomme souvent l’envahissement de notre vi
727 té à ce que l’on nomme souvent l’envahissement de notre vie par la machine. Tous nos grands penseurs, suivis à quelques année
728 l’envahissement de notre vie par la machine. Tous nos grands penseurs, suivis à quelques années de distance par les journal
729 par les journalistes et par l’opinion moyenne de nos élites, se sont mis à se lamenter sur le matérialisme occidental, sur
730 de cuisine a sûrement fait plus de victimes dans notre histoire que les deux engins atomiques largués sur le Japon. Prenons
731 ombe effrayante, ou du téléphone agaçant, ce sont nos passions, nos manies, c’est l’homme lui-même qui reste responsable, e
732 e, ou du téléphone agaçant, ce sont nos passions, nos manies, c’est l’homme lui-même qui reste responsable, et non pas la m
733 mais une douloureuse tragédie pour une partie de nos populations occidentales, ce fut le sort des travailleurs industriels
734 progrès, mais au contraire en les accélérant, que nous sommes parvenus au seuil d’une ère nouvelle, cette ère qui doit et pe
735 rvenus au seuil d’une ère nouvelle, cette ère qui doit et peut, progressivement, nous permettre non plus seulement d’amélior
736 lle, cette ère qui doit et peut, progressivement, nous permettre non plus seulement d’améliorer la condition prolétarienne,
737 ui semblait tellement inhumain tant que l’ouvrier devait y adapter son rythme, devient au contraire libérateur dès qu’il est p
738 près idéalement les effets bénéfiques que peut et doit produire cette technique que l’on accusait de nous asservir. Mais il
739 oit produire cette technique que l’on accusait de nous asservir. Mais il y a plus. Le principal produit de la technique mode
740 e que se développera l’automation. Imaginons donc notre humanité occidentale partiellement libérée du travail mécanique, pour
741 ’elle n’a pas le temps de se cultiver ! Bien sûr, nous ne confondrons pas le simple loisir et la culture. La culture ne cons
742 ier sera gagné pour la culture, ou pourra l’être. Nous allons vers un temps où les loisirs deviendront quantitativement, fin
743 asservisse l’homme et tue la vraie culture ; mais nous voyons que les progrès techniques les plus récents nous ramènent au c
744 oyons que les progrès techniques les plus récents nous ramènent au contraire vers la culture, et lui donnent un sérieux nouv
745 Technique et la Paix C’est à la technique que nous devons le blocage de la guerre en Europe et au sein du plus grand Occ
746 nique et la Paix C’est à la technique que nous devons le blocage de la guerre en Europe et au sein du plus grand Occident.
747 et industrielle, qu’un conflit armé entre deux de nos nations est devenu impraticable. Le charbon et l’acier, l’énergie éle
748 guère utilisables de nation à nation, en Europe : nous sommes trop près les uns des autres, et celui qui en lancerait une ri
749 ombées mortelles. Ces armes d’une puissance folle nous laissent à la merci d’une saute de vent. Mais si l’on peut admettre q
750 n, les peuples du tiers-monde ne connaissaient de nous que d’assez rares exemplaires de colons et de soldats, qui n’avaient
751 jourd’hui, le cinéma leur fait voir de leurs yeux nos villes, nos mœurs, le cadre de nos vies et notre luxe matériel, quelq
752 e cinéma leur fait voir de leurs yeux nos villes, nos mœurs, le cadre de nos vies et notre luxe matériel, quelque peu idéal
753 de leurs yeux nos villes, nos mœurs, le cadre de nos vies et notre luxe matériel, quelque peu idéalisé. Désormais la compa
754 ux nos villes, nos mœurs, le cadre de nos vies et notre luxe matériel, quelque peu idéalisé. Désormais la comparaison entre l
755 ormais la comparaison entre leur sort précaire et notre sort prospère s’impose à eux et suscite leur envie. Ils prennent cons
756 leure ou différente. Ils voient cela, ils exigent nos machines, mais ne voient pas ce qui les a rendues possibles. Ils croi
757 eurs frais d’investissement humain, le travail de nos masses ouvrières, de nos savants et de nos ingénieurs, le sens de l’e
758 nt humain, le travail de nos masses ouvrières, de nos savants et de nos ingénieurs, le sens de l’exactitude rigoureuse, de
759 ail de nos masses ouvrières, de nos savants et de nos ingénieurs, le sens de l’exactitude rigoureuse, de la véracité, et d’
760 . Il a suffi de leur communiquer les rudiments de notre hygiène pour provoquer chez eux un accroissement démographique vertig
761 ’aggrave et augmente le déséquilibre entre eux et nous . Tout le monde sent bien qu’un tel déséquilibre peut devenir un jour
762 ce désastre qui serait bien pire que tout ce que nous faisait redouter la guerre froide au temps de Staline ? Il semble hor
763 frein dans le tiers-monde. Les philanthropes qui nous adjurent de nous priver de notre superflu pour apaiser la faim du mon
764 ers-monde. Les philanthropes qui nous adjurent de nous priver de notre superflu pour apaiser la faim du monde sont hélas en
765 philanthropes qui nous adjurent de nous priver de notre superflu pour apaiser la faim du monde sont hélas en pleine utopie. I
766 de sont hélas en pleine utopie. Ils entretiennent notre mauvaise conscience sans fournir les moyens de nous en délivrer par u
767 re mauvaise conscience sans fournir les moyens de nous en délivrer par une action concrète, réalisable. Tous nos surplus ali
768 élivrer par une action concrète, réalisable. Tous nos surplus alimentaires et les investissements les plus massifs de nos c
769 taires et les investissements les plus massifs de nos capitaux réunis arriveraient peut-être à couvrir au maximum un sixièm
770 moins doublé d’ici vingt ans. À supposer même que notre science découvre les moyens de créer des aliments synthétiques, tirés
771 bligés de manger debout — selon les prévisions de nos démographes. On ne peut pas agrandir la Terre. Il faut donc que notre
772 n ne peut pas agrandir la Terre. Il faut donc que notre technique qui a créé sans le vouloir ce problème gigantesque, branché
773 elle qui cause les guerres, ce sont au contraire nos passions, qui utilisent la technique comme instrument. C’est l’explos
774 vention technique, laquelle tient à l’ensemble de notre culture et à ses rêves directeurs. La branche sur laquelle est assise
775 es directeurs. La branche sur laquelle est assise notre puissance technicienne se nomme la culture générale. Les plus grands
776 lliers d’ingénieurs. Mais si l’on subordonne tout notre enseignement à leur seule formation spécialisée, il en résultera, pri
777 ormation spécialisée, il en résultera, primo, que nous aurons sans doute moins de grands inventeurs et, secundo, que c’est a
778 rands inventeurs et, secundo, que c’est alors que nous courrons le risque d’être spirituellement soumis à nos machines, étan
779 ourrons le risque d’être spirituellement soumis à nos machines, étant dressés d’avance à les servir, au lieu d’être éduqués
780 au dépôt de mes dernières conclusions. 1. Gardons- nous d’opposer théoriquement culture et technique, comme s’il s’agissait d
781 catrice, poétique au sens étymologique du mot. Et nous pouvons aisément vérifier que leurs effets, au stade présent de leur
782 roduit la technique, celle-ci le lui rend bien de nos jours. La technique ne permet pas seulement une augmentation quantita
783 mait si anxieusement un « supplément d’âme » pour notre société technique, se voit doté, grâce aux paperbacks, d’un supplémen
784 e de 200 000 lecteurs aux États-Unis ! 2. Gardons- nous d’opposer technique et culture générale dans nos programmes d’éducati
785 nous d’opposer technique et culture générale dans nos programmes d’éducation scolaire et universitaire. Car cela reviendra
786 ela reviendrait à opposer l’arbre et le fruit. On nous répète que notre société a besoin d’innombrables techniciens, et qu’i
787 à opposer l’arbre et le fruit. On nous répète que notre société a besoin d’innombrables techniciens, et qu’il s’agit de les f
788 décrivit ses méthodes et conclut : « Vous voyez, notre activité réelle, c’est un mélange de poésie et de cuisine. Les procéd
789 ue n’aboutisse pas à des monstruosités. Puisqu’il nous faut davantage de techniciens et de chercheurs scientifiques, il nous
790 de techniciens et de chercheurs scientifiques, il nous faut davantage de culture générale, et non pas moins. Et seulement un
791 ys sous-développés, à l’insu des bénéficiaires de nos techniques, mais alors d’une manière anarchique, souvent néfaste. Les
792 culturel » (au sens physique du mot champ), et si nous l’ignorons, cela signifie que nous négligerons de fournir l’effort éd
793 champ), et si nous l’ignorons, cela signifie que nous négligerons de fournir l’effort éducatif correspondant à notre effort
794 rons de fournir l’effort éducatif correspondant à notre effort d’assistance matérielle et technique. Nous donnerons aux pays
795 otre effort d’assistance matérielle et technique. Nous donnerons aux pays sous-développés des objets explosifs, destructeurs
796 gers et les bienfaits virtuels, conditionnels, de notre apport. Nous leur donnerons des drogues sans mode d’emploi, et nos re
797 enfaits virtuels, conditionnels, de notre apport. Nous leur donnerons des drogues sans mode d’emploi, et nos remèdes deviend
798 leur donnerons des drogues sans mode d’emploi, et nos remèdes deviendront des poisons. Il est donc temps, pour nous Occiden
799 deviendront des poisons. Il est donc temps, pour nous Occidentaux, d’adjoindre à l’assistance technique dont tout le monde
800 tance éducatrice et culturelle sans laquelle tous nos dons, mêmes désintéressés, ne créeront outre-mer que le chaos, et n’e
801 le, qui sait bien qu’elle dépend de la technique, doit comprendre aussi que la technique dépend de la culture créatrice. L’
802 éatrice. L’avenir de l’Occident ne dépend pas de nos dividendes immédiats ni du niveau de nos salaires, mais de notre facu
803 d pas de nos dividendes immédiats ni du niveau de nos salaires, mais de notre faculté d’imaginer un développement plus harm
804 s immédiats ni du niveau de nos salaires, mais de notre faculté d’imaginer un développement plus harmonieux de nos rêves et d
805 té d’imaginer un développement plus harmonieux de nos rêves et de notre action. L’avenir de l’Occident ne peut se lire dans
806 développement plus harmonieux de nos rêves et de notre action. L’avenir de l’Occident ne peut se lire dans les indices de pr
807 nt là leur commune responsabilité. Le moyen de nos passions et de nos rêves Tantôt révérée comme instance et compéten
808 responsabilité. Le moyen de nos passions et de nos rêves Tantôt révérée comme instance et compétence suprêmes, quand
809 lle aurait produit le danger atomique ou voudrait nous réduire à l’état de robots, la technique ne mérite en vérité ni cet e
810 ur ni cette indignité. Elle n’est que le moyen de nos passions et de nos rêves, le moyen de nos vraies fins, que nous vouli
811 té. Elle n’est que le moyen de nos passions et de nos rêves, le moyen de nos vraies fins, que nous voulions ignorer, ou bie
812 oyen de nos passions et de nos rêves, le moyen de nos vraies fins, que nous voulions ignorer, ou bien que nous avons perdu
813 et de nos rêves, le moyen de nos vraies fins, que nous voulions ignorer, ou bien que nous avons perdu de vue, et alors nous
814 aies fins, que nous voulions ignorer, ou bien que nous avons perdu de vue, et alors nous trichons, et nous nous persuadons q
815 er, ou bien que nous avons perdu de vue, et alors nous trichons, et nous nous persuadons qu’elle n’est, après tout, qu’un en
816 us avons perdu de vue, et alors nous trichons, et nous nous persuadons qu’elle n’est, après tout, qu’un ensemble de procédés
817 ons perdu de vue, et alors nous trichons, et nous nous persuadons qu’elle n’est, après tout, qu’un ensemble de procédés ingé
818 oup, par une inexplicable malice des choses, dont nous ne serions pas du tout responsables, elle menace au contraire d’anéan
819 de la tyrannie des choses, soit de la liberté de notre action. Mais surtout, par ses progrès mêmes, par les moyens de puissa
820 idables et facilement maniables qu’elle met entre nos mains — il suffit du plus petit geste, comme de presser sur un bouton
821 grands effets de toute l’Histoire — la technique nous met au défi de prendre conscience de nos options réelles. Telle qu’el
822 chnique nous met au défi de prendre conscience de nos options réelles. Telle qu’elle est devenue de nos jours, obsédée d’ef
823 nos options réelles. Telle qu’elle est devenue de nos jours, obsédée d’efficacité immédiate et rentable à court terme, pour
824 e en soi. Mais en même temps, il n’en est pas qui nous contraigne davantage, et avec une urgence plus dramatique (dans le ca
825 ussi des techniques chimiques et biologiques)26 à nous interroger sur le meilleur usage des pouvoirs inouïs qui sont devenus
826 illeur usage des pouvoirs inouïs qui sont devenus les nôtres . Ainsi, qu’on le veuille ou non, c’est la technique elle-même qui nou
827 veuille ou non, c’est la technique elle-même qui nous oblige à reconsidérer d’une manière tout à fait concrète la question
828 ut à fait concrète la question des vraies fins de notre vie et de la vraie nature de l’homme. Ne serait-ce pas là, peut-être,
18 1970, Le Cheminement des esprits. Champs d’activité — Pour une politique de la recherche
829 cela, pour simplifier, culture, et du même coup, nous aurons dit que la culture n’est pas un luxe pour nos peuples, mais un
830 aurons dit que la culture n’est pas un luxe pour nos peuples, mais une nécessité vitale. Tout cela n’est pas nouveau, mais
831 ces images en termes tout pratiques : l’avenir de notre Europe étant lié à l’avenir de sa culture, c’est aux activités de rec
832 e, c’est aux activités de recherche créatrice que doit aller d’abord le soutien financier du mécénat européen. Problème g
833 concret, l’aide à la culture créatrice ? Jusqu’à notre temps, c’est bien simple. Certes, on ne finance pas un poème, une int
834 . Cependant, un phénomène nouveau se manifeste de nos jours : c’est celui de la subvention, qui n’est plus l’aide aux créat
835 Rien de pareil au xvie siècle ni, de fait, avant notre époque. Et ceci modifie profondément les méthodes et l’objet du mécén
836 princes capables de dépense. Car il existe parmi nous autant ou plus de grandes fortunes qu’à la Renaissance ou au Grand Si
837 rand Siècle. Le problème est posé par le fait que nos virtuels mécènes à l’ancienne mode ne sont plus en mesure — sauf de r
838 ens commercial que l’on sait. Dès lors le mécénat doit se tourner vers des domaines très différents, où il est moins facile
839 et souvent fort lointains) de son appui. Qu’avons- nous de ce genre, en Europe ? Quantité d’instituts nationaux — ministères,
840 lture est encore plus choquante, si possible, que nos divisions nationales, et n’est pas moins débilitante. Non seulement e
841 ns du monde.) Le Conseil européen de la Recherche devrait grouper essentiellement des représentants qualifiés (créateurs plutôt
842 inspirer pour trouver ce qu’il faut. Les besoins devraient être formulés dans toute la liberté de l’imagination la mieux nourrie
843 des domaines envisagés et des perspectives qu’ils nous ouvrent. Après quoi, d’autres comités, composé d’organisateurs, de fi
844 e part intégrante de la stratégie à long terme de notre monde occidental. Il faut donc établir en Europe une politique de la
845 effet, il faut absolument que les responsables de notre vie économique et politique saisissent la réalité du xxe siècle : c’
19 1970, Le Cheminement des esprits. Champs d’activité — Il n’y a pas de « musique moderne »
846 ssayer de comprendre tout ce qui fut composé dans notre siècle. Bref, la « musique moderne » est celle que l’on n’aime pas. (
847 de style aussi radicales que celles qui séparent nos « modernes », Hindemith et Berg, par exemple, ou Bartók et Britten, o
848 e époque peut-être n’a connu moins d’unité que la nôtre . Aucune en tout cas n’a fait montre d’une volonté aussi délibérée de
849 profonde parenté entre les œuvres principales de notre siècle, malgré tous les efforts de leurs auteurs, ce n’est pas cette
850 i que le choix des règles détermine le contenu de nos rêves — et notre style : négativement. La seule unité que confère aux
851 des règles détermine le contenu de nos rêves — et notre style : négativement. La seule unité que confère aux œuvres des conte
852 ant les lieux communs du temps, et c’est pourquoi nous les voyons chercher la naïveté comme une vertu de l’art. Combien de f
853 pirer : « Après x ou y on ne sait plus que faire. Nous sommes dans une impasse… » Cette impasse est purement « historique »,
854 nd donc plus aux « nécessités de l’époque » et de nos grands marchés, il n’est nullement prouvé que l’œuvre d’un compositeu
855 les autres époques ont été « modernes », sauf la nôtre  ! Notre grand public se nourrit de musiques des époques révolues. Qua
856 res époques ont été « modernes », sauf la nôtre ! Notre grand public se nourrit de musiques des époques révolues. Quand il ne
857 de Haydn : on jouait sa dernière production. Mais nos grands concerts du dimanche ne jouent plus que les modernes d’autres
858 usiques d’aujourd’hui. De là peut-être aussi chez nos compositeurs, séparés d’un public devenu trop vaste, et privés de la
859 le résultat est une « époque ». Je ne sais pas si nous en vivons une, mais peut-être sommes-nous sur le seuil. Au mois de ma
860 pas si nous en vivons une, mais peut-être sommes- nous sur le seuil. Au mois de mai 1952, L’Œuvre du xxe siècle a donné à P
861 étrange que de vivre en son temps soit devenu de nos jours une exception notable, une aventure, un risque financier ? À la
862 la musique moderne de tous les temps, et même du nôtre — la plus rare. » 28. Pierre Boulez, Éventuellement… dans la « Revu
20 1970, Le Cheminement des esprits. Champs d’activité — L’Europe, l’été…
863 e : ceux d’une nature humanisée par les styles de nos grandes époques. Entre ces points extrêmes de nos diversités européen
864 nos grandes époques. Entre ces points extrêmes de nos diversités européennes que relient une ou deux heures d’avion, au cœu
865 … ou d’avoir trouvé leur formule. Quelle ville de nos pays n’a-t-elle pas essayé de lancer son festival, de pousser sa peti
866 note séductrice dans la grande rumeur musicale de nos étés européens ? Si je n’en ai nommé qu’une trentaine, c’est parce qu
867 se sont bardées de frontières sourcilleuses, dans notre Europe jadis ouverte à tous vents de l’esprit et tous échanges humain
868 ie en crescendo perpétuel, et le bruit des canons devait en marquer l’inévitable conclusion. Deux cataclysmes de dimensions mo
869 économie de paix, on vit aussi renaître dans tous nos pays, d’une part, des initiatives locales animées par des amateurs de
870 lles de toute l’Europe à la recherche de l’union. Notre entente fut immédiate, et les plans vite tracés. Tous nos grands fest
871 nte fut immédiate, et les plans vite tracés. Tous nos grands festivals de musique furent invités à déléguer leurs directeur
872 à résoudre les problèmes de l’union politique de nos peuples, mais elle atteste mieux que la science — autre produit typiq
873 a science — autre produit typique de l’Occident — notre unité fondamentale. Unité dans la diversité — est-il besoin de le rép
874 ilà pourquoi dans les domaines les plus variés de notre existence, le politique et l’institutionnel, l’économique et l’artist
875 t l’institutionnel, l’économique et l’artistique, nous retrouverons toujours le même type de problèmes : unir sans uniformis
876 tenir à l’unisson. En un mot fédérer, mot-clé de notre Centre. Je prie les historiens de prendre note d’un petit fait qui a
877 our la joie de centaines de milliers d’auditeurs. Nous sommes ici au centre d’un prestigieux complot contre l’ennui et la la
878 n, pas plus que vous ne trouverez l’équivalent de notre peinture de chevalet ou de nos portraits individualisés, de nos conce
879 l’équivalent de notre peinture de chevalet ou de nos portraits individualisés, de nos concerts ou de nos musées. À la fois
880 e chevalet ou de nos portraits individualisés, de nos concerts ou de nos musées. À la fois communautaire et adonnée au cult
881 s portraits individualisés, de nos concerts ou de nos musées. À la fois communautaire et adonnée au culte des vedettes, tra
882 urée permet de soutenir. Ce caractère d’exception doit lui être conféré non seulement par la haute qualité des œuvres produi
883 e. C’est grâce aux festivals qu’on s’est remis de nos jours à jouer Hamlet sur les remparts d’un château médiéval, comme à
884 es à la jeune sociologie. Pas un seul festival de notre Association n’est « national », soulignons-le : régionaux ou municipa
885 elque mascarade dite folklorique que déjà tant de nos régions aillent demander l’expression publique et sensible de leur êt
21 1970, Le Cheminement des esprits. Champs d’activité — Le Dialogue des cultures
886 ns raciales et religieuses. Les différences entre nous sautent aux yeux, et cependant les solutions que nous avons à trouver
887 sautent aux yeux, et cependant les solutions que nous avons à trouver désormais, face au monde du xxe siècle, et sur le pl
888 tures, car il me semble qu’un sujet de conférence devrait toujours être déterminé au point d’intersection de l’attente des audi
889 ue, œcuménique sur le plan religieux, et que cela devait me conduire nécessairement à engager ma réflexion — et mon action — a
890 onde et non pas refermée sur un nationalisme pour nous périmé —, devait me conduire nécessairement à une vision plus large e
891 refermée sur un nationalisme pour nous périmé —, devait me conduire nécessairement à une vision plus large et universaliste,
892 la Nature et ses puissances : c’est l’origine de nos magies, puis de nos sciences et de nos techniques. Dialogue de l’homm
893 issances : c’est l’origine de nos magies, puis de nos sciences et de nos techniques. Dialogue de l’homme avec sa condition
894 origine de nos magies, puis de nos sciences et de nos techniques. Dialogue de l’homme avec sa condition ou son destin : c’e
895 qu’il en fut de la culture des nazis. Cet exemple devrait nous suffire. Le Dialogue des cultures a toujours existé : preuve en
896 fut de la culture des nazis. Cet exemple devrait nous suffire. Le Dialogue des cultures a toujours existé : preuve en est
897 a toujours existé : preuve en est l’existence de nos cultures actuelles, dont pas une seule ne peut prétendre qu’elle s’es
898 ention de l’amour au xiie siècle, et le jazz, de notre temps. Au xiie siècle de l’ère chrétienne, une conception toute nouv
899 où le dialogue entre l’islam et le monde chrétien nous paraît aujourd’hui simplement inconcevable. J’ai montré dans plusieur
900 de mes livres les conséquences incalculables, sur nos mœurs, de cette interférence de cultures. Second exemple. Le jazz, st
901 bien. L’époque présente, en tant qu’elle prépare notre avenir, n’a plus la possibilité, ni le droit, de s’en remettre à des
902 de cette notion de l’unité du genre humain qu’il nous faut partir aujourd’hui si nous voulons penser l’avenir d’une manière
903 enre humain qu’il nous faut partir aujourd’hui si nous voulons penser l’avenir d’une manière à peu près raisonnable et tolér
904 ne et belle princesse, fille d’un roi de Tyr, qui devait donner son nom à notre continent. Dans ce sens, on a le droit de le d
905 ille d’un roi de Tyr, qui devait donner son nom à notre continent. Dans ce sens, on a le droit de le dire, littéralement, l’E
906 cielle. Elle tend à uniformiser les apparences de nos vies : j’entends par là le style architectural de nos maisons, hôtels
907 vies : j’entends par là le style architectural de nos maisons, hôtels, églises, usines, le costume, les moyens de transport
908 raire ! Et voici ma seconde constatation : Toutes nos cultures plus ou moins nationales, ou du moins qui se prétendent tell
909 éaction, un renouveau de nationalismes culturels. Nous voyons donc, d’une part, des moyens nouveaux de communiquer à l’échel
910 phénomènes antagonistes : car sans dialogue, ils nous conduisent tout droit soit à l’aplatissement universel de la culture,
911 ’un illogisme éclatant, mais inévitable. « Donnez- nous vos machines et vos secrets techniques, semblent dire aux Occidentaux
912 ; et avec vos machines et vos secrets techniques, nous aurons les moyens de vous détruire ! » Mais ce que nos machines et no
913 urons les moyens de vous détruire ! » Mais ce que nos machines et nos secrets techniques risquent bien de détruire en premi
914 de vous détruire ! » Mais ce que nos machines et nos secrets techniques risquent bien de détruire en premier lieu, c’est l
915 ques ou arabes, et même parfois européennes — car nous avons aussi des traditions que la technique menace, bien qu’elle soit
916 que la technique menace, bien qu’elle soit née de nous  — un certain état de névrose, une sorte de schizophrénie, ou un parta
917 ui m’a frappé : « Vous autres gens d’Europe, vous nous envoyez des machines-outils. Nous trouvons ces objets curieux, même b
918 d’Europe, vous nous envoyez des machines-outils. Nous trouvons ces objets curieux, même beaux, et sans doute utiles. Nos ou
919 objets curieux, même beaux, et sans doute utiles. Nos ouvriers n’ont jamais eu devant eux ces révoltes qui ont marqué en Eu
920 c’est vous qui avez fait les machines, et non pas nous , et comment cela s’explique dans le contexte de votre idée de la vie,
921 s’implique dans votre culture. Car autrement, je dois vous le dire : chacune de vos machines est un cheval de Troie, qui tr
922 hines est un cheval de Troie, qui transporte chez nous tout un champ de forces, peut-être destructrices de nos valeurs. » ⁂
923 ut un champ de forces, peut-être destructrices de nos valeurs. » ⁂ La prise de conscience des besoins et des dangers spécif
924 . La nécessité du dialogue existe pour chacune de nos cultures, mais ses motifs précis varient de l’une à l’autre. À chacun
925 de nature à rendre aux nationalistes attardés de nos vingt pays le sentiment concret de leur unité réelle. Pour ma part, c
926 elles. Dans le Dialogue des cultures, l’Europe se doit et doit au monde d’apporter son expérience de l’intégration difficile
927 ans le Dialogue des cultures, l’Europe se doit et doit au monde d’apporter son expérience de l’intégration difficile, voire
928 isme, de sinologie et d’études arabes dans toutes nos grandes universités, mais on aurait peine à trouver des chaires d’eur
929 même, les étudiants d’outre-mer qui viennent dans nos universités ont grand-peine à se faire une idée de la culture europée
930 ver le livre qui expliquerait utilement à l’un de nos « assistants techniques » la culture de la région où il va travailler
931 emple : la culture renaissante de l’Afrique noire doit faire face à des problèmes d’éducation qui nécessitent évidemment les
932 ui nécessitent évidemment les échanges, mais elle doit résoudre d’abord un problème de prise de conscience d’elle-même et de
933 monde arabe, peut l’aider à l’élucider. Si l’Inde doit sauver son passé, l’Afrique noire doit le découvrir. (« Nous allons ê
934 Si l’Inde doit sauver son passé, l’Afrique noire doit le découvrir. (« Nous allons être obligés de trouver son Histoire ! »
935 son passé, l’Afrique noire doit le découvrir. («  Nous allons être obligés de trouver son Histoire ! », disait récemment un
936 e peut y faire. Résumant cette première partie de notre exposé, sur la nécessité et les motifs du Dialogue, je dirai : Derriè
937 té et les motifs du Dialogue, je dirai : Derrière nos conflits politiques et nos inégalités économiques, il y a des réalité
938 e, je dirai : Derrière nos conflits politiques et nos inégalités économiques, il y a des réalités beaucoup plus durables et
939 tés beaucoup plus durables et profondes, qui sont nos cultures au sens large du terme, c’est-à-dire nos manières propres de
940 nos cultures au sens large du terme, c’est-à-dire nos manières propres de penser, de sentir et de croire, de légiférer, de
941 ces profondes des grands malentendus qui opposent nos régions sur le plan politique, économique et social. La méconnaissanc
942 « culturelles »est ce qui empêche le plus souvent nos négociateurs, nos hommes d’État, et nos opinions publiques de s’enten
943 ce qui empêche le plus souvent nos négociateurs, nos hommes d’État, et nos opinions publiques de s’entendre, de s’arranger
944 s souvent nos négociateurs, nos hommes d’État, et nos opinions publiques de s’entendre, de s’arranger et de régler des conf
945 onflits encore plus graves, à long terme. Si donc nous les intellectuels, qui n’avons pas d’autre pouvoir, décidons de contr
946 eilleure entente politique — et même économique — nous ne pourrons le faire qu’en travaillant à « améliorer le terrain », au
947 d’assurer une meilleure connaissance mutuelle de nos cultures. Et cela suppose un dialogue véritable, et un dialogue organ
948 indispensable. Dans quelle mesure les besoins que nous venons de signaler peuvent-ils être satisfaits à l’aide des moyens ex
949 satisfaisante — ce qui est généralement le cas — nous constatons cependant que peu d’entre elles répondent aux conditions d
950 d’ensemble soit touché. Le Dialogue des cultures doit s’établir entre des ensembles, et porter sur des problèmes vivants. 2
951 ite — possibilités, besoins et lacunes — ce qu’il nous reste à faire apparaît plus clairement. Ma thèse fondamentale consist
952 nt. Ma thèse fondamentale consiste à soutenir que nous devons dorénavant, en premier lieu, organiser le Dialogue des culture
953 a thèse fondamentale consiste à soutenir que nous devons dorénavant, en premier lieu, organiser le Dialogue des cultures, sur
954 iècle. Les régions culturelles qui constituent de nos jours des « champs d’étude intelligibles », pour citer un fois de plu
955 emprunté au xixe siècle européen. Pratiquement, nous pouvons distinguer une douzaine de régions culturelles assez bien déf
956 ’élever contre une erreur menaçante : le dialogue doit s’ouvrir entre les grands ensembles, c’est entendu, mais ceux-ci ne s
957 personnes, seules capables de parler entre elles, devront être représentatives soit d’une école de pensée dominante dans leur c
958 res. Enfin, ces interlocuteurs valables, sur quoi devront -ils discuter et surtout méditer ensemble ? Sur les grands thèmes du s
959 oire, que va poser la surpopulation de la Terre —  nous serons six milliards dans quarante ans, un homme par mètre carré vers
960 ré vers l’an 2400 ! — et il est clair qu’aucun de nos pays, qu’aucune de nos régions ne peut résoudre seule un problème de
961 t il est clair qu’aucun de nos pays, qu’aucune de nos régions ne peut résoudre seule un problème de pareille envergure… ⁂ L
962 communes et les problèmes nouveaux de chacune de nos grandes unités de culture ; — offrir un lieu de rencontre aux intelle
963 s ordres, sur une région donnée. (Aujourd’hui, on doit se renseigner dans une douzaine de capitales, auprès de services offi
964 conde moitié du xxe siècle. Il ne dépend plus de nous qu’il n’ait pas lieu, mais seulement qu’il se passe un peu moins mal
965 ent de bombes atomiques. Le Dialogue des cultures doit servir, soyons francs, les intérêts concrets de chacune de nos région
966 oyons francs, les intérêts concrets de chacune de nos régions : il est vital avant d’être philanthropique. Pourtant son but
967 ntente mutuelle des collectivités que d’augmenter nos chances personnelles, d’élargir l’horizon de nos vies, et de nous per
968 nos chances personnelles, d’élargir l’horizon de nos vies, et de nous permettre d’accéder à plus de vérité. Il faut que ch
969 sonnelles, d’élargir l’horizon de nos vies, et de nous permettre d’accéder à plus de vérité. Il faut que chacune de nos cult
970 ’accéder à plus de vérité. Il faut que chacune de nos cultures retrouve sa personnalité, c’est entendu, puisqu’il n’y a de
971 veulent et ce qu’ils sont. Mais pas une seule de nos cultures, ainsi personnifiée, n’est une fin en soi. Une culture, c’es
972 es au monde, et de vocations personnelles. Ce que nous pourrons trouver dans le Dialogue mondial, c’est donc, et finalement,
973 s le Dialogue mondial, c’est donc, et finalement, notre personne véritable, plus de sens dans la vie de plus d’hommes et de f
974 d’un progrès ambigu mais désormais irréversible. Nous ne serons jamais sauvés en masse, par races ou par nations, par cultu
22 1970, Le Cheminement des esprits. Champs d’activité — L’Europe des régions
975 s encore prêtes à s’unir ». Or, il est clair — il devrait être clair — qu’en tant qu’États souverains les nations ne seront jam
976 emblait à portée de la main. Les fédéralistes ont cependant déchanter, et leurs illusions perdues n’ont d’égales, aujou
977 e l’Europe n’a été prise de la fin de la guerre à nos jours. Le projet de constitution préparé par l’assemblée ad hoc du Co
978 t des frontières inamovibles qu’on a présentées à nos yeux, inlassablement, dès notre enfance. On a donc essayé, tout natur
979 u’on a présentées à nos yeux, inlassablement, dès notre enfance. On a donc essayé, tout naturellement, d’instituer l’Europe à
980 ifficulté d’être » de l’État ? R. — Tout d’abord, nous devons constater que la formule de l’État, qui bloque la construction
981 ulté d’être » de l’État ? R. — Tout d’abord, nous devons constater que la formule de l’État, qui bloque la construction de l’E
982 est destiné à devenir demain la vraie réalité de notre société, et je vais désigner par là une unité d’un type nouveau, à la
983 de participation civique que la nation telle que nous l’a léguée le siècle dernier : la région. — Comment définissez-vous
984 é. ») Le résultat visé sur le plan politique — où nous ne sommes encore qu’à zéro, contre 25 %, peut-être, sur le plan écono
985 rs l’Europe, en négligeant les frontières et sans devoir recourir à l’autorisation de la capitale. Les jumelages entre villes
986 égion, et de celle-ci à l’Europe ? Si les régions doivent s’institutionnaliser pour légaliser en quelque sorte leur existence e
987 nt encore trop de chefs… d’État. La Suisse Nous n’en sommes encore qu’à l’aube de la formation des régions, qui seron
988 eront les éléments de l’Europe à venir, mais déjà nous touchons au crépuscule des États-nations. — Venons-en maintenant à l
989 ucturation du continent. Beaucoup objecteront que notre pays, de par sa constitution déjà fédérale, qu’on donne en modèle à l
990 e. Elle n’est pourtant pas fondée. La position de notre pays face à une Europe renouvelée dans le sens indiqué jusqu’ici sera
991 à l’éclatement : je ne pense tout de même pas que nos raisons d’être dépendent des douaniers… Si l’on admet la pluralité de
992 des allégeances, pourquoi ne pas envisager ce que nous avons déjà effleuré précédemment : Genève se rattache économiquement
993 lité des régions n’est pas absent de Suisse. Mais nous nous sommes endormis et nous avons fait endosser aux cantons le même
994 des régions n’est pas absent de Suisse. Mais nous nous sommes endormis et nous avons fait endosser aux cantons le même unifo
995 sent de Suisse. Mais nous nous sommes endormis et nous avons fait endosser aux cantons le même uniforme qu’aux États. Le mic
996 re de préoccupations accessibles aux citoyens. Il doit donc surgir de la région elle-même, qui prend conscience de ses devoi
997 la région elle-même, qui prend conscience de ses devoirs . Il faut désormais partir des réalités et non du mythe national. L
998 vite, celle des États ou celle des régions ? R. —  Nous avons déjà constaté qu’au point de vue politique l’unité fondée sur l
23 1970, Le Cheminement des esprits. Champs d’activité — Fécondité des études régionales
999 sionnels. Arts et lettres. — Toute l’histoire de nos créations est à refaire sur cette double donnée de base : — les grand
1000 ux structuralistes de Paris. Trois auteurs seront nos guides en cette quête : T. S. Eliot dans ses Notes towards the Defini
1001 ’architecture… et il est clair que leurs méthodes devraient être appliquées à l’interprétation des écoles apparues après eux.) To
1002 on des écoles apparues après eux.) Tous les trois nous démontrent qu’il n’y a pas de rayonnement continental ou planétaire s
1003 des continents et des régions. Et cependant, elle doit tenir compte des obstacles que les États-nations mettent à toute stra
1004 e adaptabilité du genre humain. Enfin, l’écologie nous oblige à poser la question des vraies fins de la cité et de ses prior
1005 tout prix, ou un certain sens de la vie ? Et ceci doit remettre en cause les fameuses « nécessités » de l’Économie, science
24 1970, Le Cheminement des esprits. Postface. L’écrivain et l’événement
1006 c’est autant dire de fondateur. Ce que l’écrivain doit au monde et à l’événement, c’est de les créer. Et ce qu’il faut atten