1 1970, L’Un et le Divers ou la Cité européenne. I. Pour une nouvelle définition du fédéralisme
1 ra un purgatoire de mille ans. » Dans quelle voie sommes -nous engagés après un siècle ? Celle des fédérations et de l’harmonie
2 Je répondrai : dans les deux à la fois, et cela n’ est pas contradictoire. Un phénomène très général de convergence inspire
3 dictoire, c’est en effet l’État-nation, tel qu’il est né de la Révolution et du Premier Empire, produit de la confiscation
4 nt laissé, à la fois trop petit et trop grand. Il est trop petit pour assurer ce qu’on persiste à nommer son indépendance e
5 eraineté absolue : car nul pays de notre Europe n’ est plus en mesure de jouer un rôle mondial, d’assurer seul sa défense, d
6 os États centralisés — dans la mesure même où ils sont centralisés — se révèlent trop grands pour animer la vie économique,
7 sa capitale, et les accusent de colonialisme. Il est certain que la prétention à une politique indépendante, au plein sens
8 indépendante, au plein sens du terme, ne saurait être soutenue à la rigueur que par la Chine, l’URSS et surtout les USA, s’
9 acceptaient toutefois d’en payer le prix, lequel serait celui d’une autarcie presque totale ou d’une sorte d’isolation parano
10 enne, voici donc une première réponse : oui, nous sommes bel et bien au seuil d’une ère potentiellement fédéraliste. Peut-on
11 regroupent 40 % de la population du globe, et il est frappant de constater qu’on trouve parmi eux les plus grands États de
12 rope de l’Ouest et la Yougoslavie pour celle de l’ Est , et au-delà, l’URSS, l’Inde et l’Australie. Voilà qui réfute le clich
13 ique de la convergence et de la diversification n’ est pas tellement mieux satisfaite dans ces trois États officiellement fé
14 tifs que dans les nations unitaires : en URSS, ce sont les autonomies régionales et les diversités religieuses et politiques
15 s et les diversités religieuses et politiques qui sont opprimées par l’État central dont un Parti unique s’est emparé ; au N
16 primées par l’État central dont un Parti unique s’ est emparé ; au Nigeria, c’est au contraire une des régions fédérées qui
17 exemple de la fédération des cantons suisses ! Il est certain que dans ces trois cas, c’est moins le fédéralisme qu’on est
18 s ces trois cas, c’est moins le fédéralisme qu’on est en droit d’incriminer que sa trahison pure et simple, ou son usage ma
19 ralisme, mais d’un défaut de fédéralisme. Et l’on est en droit de penser que l’application correcte de la méthode fédéralis
20 plus locales et vers des unions plus vastes, qui est le battement même du cœur d’un régime sain, j’entends immunisé contre
21 nationalisme, il faudrait, avant de le prescrire, être très sûr de sa formule. Or je ne vois pas de terme du langage politiq
22 ne nous apprend rien, d’autant que « fédératif » est défini plus loin comme ce « qui a rapport à une confédération ». Quan
23 vers, cela fait cinq syllabes). Cette définition est assurément moins éclairante que les deux citations qui l’illustrent :
24 citations qui l’illustrent : 1) « Le fédéralisme était une des formes politiques les plus communes employées par les sauvage
25 États. » Pour le Français cultivé, donc, la cause est jugée. Il s’agit d’un système qui est bon pour les sauvages, et qui s
26 c, la cause est jugée. Il s’agit d’un système qui est bon pour les sauvages, et qui semble n’avoir été préconisé que par de
27 est bon pour les sauvages, et qui semble n’avoir été préconisé que par des traîtres à la République… Il est vrai que mon L
28 réconisé que par des traîtres à la République… Il est vrai que mon Littré date de 1865 : « fédéralisme » y est encore quali
29 i que mon Littré date de 1865 : « fédéralisme » y est encore qualifié de néologisme ». C’était deux ans après le livre de P
30 ut : le malheur congénital du fédéralisme reste d’ être un concept dialectique, ambigu, et qui autorise — ou incite en tout c
31 té directeur d’un congrès européen qu’une journée fût réservée à des travaux sur le fédéralisme. Le représentant du Conseil
32 déralisme. Le représentant du Conseil de l’Europe tint à déclarer aussitôt que le terme de fédéralisme étant tabou à Strasbo
33 t à déclarer aussitôt que le terme de fédéralisme étant tabou à Strasbourg, il se verrait obligé de quitter le comité si l’on
34 Je compris par la suite que ce haut fonctionnaire tenait le fédéralisme pour un système d’unification intégrale, sans respect
35 t-à-dire très exactement le contraire de ce qu’il est . À l’inverse, le fédéralisme est assimilé par beaucoup à une attitude
36 aire de ce qu’il est. À l’inverse, le fédéralisme est assimilé par beaucoup à une attitude de suspicion envers tout pouvoir
37 e, et grand Européen, écrivait récemment : « Ce n’ est pas dans le fédéralisme, ce n’est pas en se repliant sur elle-même qu
38 emment : « Ce n’est pas dans le fédéralisme, ce n’ est pas en se repliant sur elle-même que la Wallonie trouvera son salut. 
39 bvention fédérale « parce qu’ici, disait-il, nous sommes fédéralistes ! » Si pareils malentendus sont le fait d’Européens prof
40 us sommes fédéralistes ! » Si pareils malentendus sont le fait d’Européens professionnels ou de gardiens jaloux des traditio
41 u de gardiens jaloux des traditions helvètes, que sera -ce ailleurs ? Le fédéralisme n’étant ni ceci, ni cela, mais la coexis
42 helvètes, que sera-ce ailleurs ? Le fédéralisme n’ étant ni ceci, ni cela, mais la coexistence en tension de ceci et de cela,
43 ions partielles, donc ruineuses dans son cas, lui soit pour ainsi dire congénital. Or s’il est vrai que l’Union de l’Europe
44 cas, lui soit pour ainsi dire congénital. Or s’il est vrai que l’Union de l’Europe est l’entreprise capitale de ce siècle,
45 génital. Or s’il est vrai que l’Union de l’Europe est l’entreprise capitale de ce siècle, et s’il est vraisemblable que cet
46 e est l’entreprise capitale de ce siècle, et s’il est vraisemblable que cette union sera fédérale ou ne sera pas, on sent t
47 siècle, et s’il est vraisemblable que cette union sera fédérale ou ne sera pas, on sent tous les dangers qu’entraînent en fa
48 vraisemblable que cette union sera fédérale ou ne sera pas, on sent tous les dangers qu’entraînent en fait les malentendus q
49 vitales, de telle sorte que la solution ne puisse être cherchée ni dans la réduction de l’un des termes, ni dans la subordin
50 e telle manière que la résultante de leur tension soit positive. (On dirait, dans le langage de la théorie des jeux de von N
51 e de relations bipolaires dont le « modèle » nous est connu : c’est celui qu’ont élaboré les fondateurs de la philosophie o
52 lule de base des ligues et fédérations. Voilà qui est proprement occidental : devant ce même problème de l’un et du divers,
53 nte. Pour le brahmane, pour le bouddhiste, le but est d’effacer l’individu, la différence, de tout fondre dans l’Un sans di
54 ue. De même que le modèle trinitaire des conciles sera utilisé par Kepler dans ses spéculations sur le cercle et leurs appli
55 érence des natures sauvegarde leurs propriétés 2, sera repris par tous les penseurs occidentaux respectueux du réel et des c
56 pectueux du réel et des conditions de la vie, qui sont  : antinomies, oppositions, lutte des contraires « d’où procède la plu
57 éfinis comme exclusifs l’un de l’autre, a cessé d’ être un scandale, est même devenu principe fondamental d’interprétation du
58 sifs l’un de l’autre, a cessé d’être un scandale, est même devenu principe fondamental d’interprétation du réel. (Je pense
59 utres hommes, ses semblables. Ces groupes devront être , à leur tour, à la fois autonomes et solidaires : pour eux aussi, l’u
60 sans l’autre, bien mieux : l’un — la solidarité — sera la garantie de l’autre — l’autonomie. Quelques exemples : 1. Le probl
61 i veut à la fois sa vie privée et une vie sociale est homologue à la situation de la région qui veut à la fois son autonomi
62 . 4. Enfin, le problème général de l’œcuménisme n’ est -il pas le même en sa forme que ceux que nous venons d’évoquer, puisqu
63 analyse, des vocations particulières au sein de l’ Être même de l’Universel, source et fin de toute communauté. Dans tous ces
64 unauté. Dans tous ces domaines d’existence, quels seront les principes de méthode dictés par le souci fédéraliste de respect d
65 ne reste qu’à désigner le niveau de compétence où seront prises les décisions relatives à cette tâche. Il peut y avoir d’aille
66 du possible par la technique moderne. (Ce débat n’ est pas d’aujourd’hui. Aux projets de découpage géométrique de la France
67 par cette grande phrase : Le but de la société n’ est pas que l’administration soit facile, mais qu’elle soit juste et écla
68 but de la société n’est pas que l’administration soit facile, mais qu’elle soit juste et éclairée.) Nous allons voir, enfi
69 as que l’administration soit facile, mais qu’elle soit juste et éclairée.) Nous allons voir, enfin, que nos critères d’éval
70 cipation, l’efficacité et l’économie des moyens — sont en interdépendance générale. Prenons l’exemple de l’habitat : le giga
71 rop serré avec d’autres chez soi, et qui voudrait être enfin seul, sort et se mêle à la foule anonyme… Mais c’est une mauvai
72 unication avec ceux que l’on côtoie comme s’ils n’ étaient pas là. La solution consisterait à recréer les conditions de communau
73 aménagements. Les dimensions d’ailleurs, peuvent être numériques aussi bien qu’architecturales : prenez les conflits actuel
74 rofessionnel souvent d’autant plus rentable qu’il est plus étroitement spécialisé ; mais la révolte actuelle des étudiants,
75 étudiants, sorte de tourbillon dans l’égarement, est aussi le résultat mécanique de l’explosion des effectifs. Multipliez
76 en aux recteurs européens en 1964.3 L’université fut une commune libre au Moyen Âge. Toute vie civique, depuis la cité gre
77 n Âge. Toute vie civique, depuis la cité grecque, est communale d’abord, municipale. C’est au niveau de la vie civique et p
78 unités de base ? Comment devenir assez grand pour être fort, tout en restant assez petit pour être libre ? Ce n’est pas le v
79 pour être fort, tout en restant assez petit pour être libre ? Ce n’est pas le vote d’une constitution, de type plus ou moin
80 out en restant assez petit pour être libre ? Ce n’ est pas le vote d’une constitution, de type plus ou moins fédéral, qui pe
81 ivisme, c’est dans cette dialectique concrète que sont en train de se former sous nos yeux, en Europe, plus d’une centaine d
82 is en considération par les auteurs classiques, n’ était en réalité qu’un cas particulier d’une conception beaucoup plus large
83 re à épuiser »… Et il ajoutait : « Le fédéralisme est autre chose qu’une simple recette juridique ou politique : il est un
84 qu’une simple recette juridique ou politique : il est un des grands types d’aménagement du rapport politique et peut-être p
85 i tenté de le définir ne fait que commencer. Il n’ est pas matière historique, mais prospective. Il a plus d’avenir que de p
86 ns Le Fédéralisme contemporain : « Le fédéralisme est présence au pouvoir global des éléments particuliers — demeurant dist
87 connaissables — dont se compose la fédération. Il est une symbiose sans confusion ni disparition des spécificités. » 3. «
2 1970, L’Un et le Divers ou la Cité européenne. II. La Cité européenne
88 II. La Cité européenne5 L’Europe, avant d’ être une alliance militaire ou une entité économique, doit être une commun
89 alliance militaire ou une entité économique, doit être une communauté culturelle. L’unité de l’Europe ne se fera ni uniqueme
90 l’Europe. Je pense, avec Robert Schuman, qu’il est possible d’unir nos pays pour cette raison littéralement fondamentale
91 e laquelle participent tous les Européens, qu’ils soient d’ailleurs « cultivés » ou non, conscients ou non de ce qu’ils doiven
92 principes, molestés, réveillés, mis en mouvement, fût ‑ce contre nous, pour le meilleur et pour le pire. Et de là viennent a
93 aclite écrivait cette phrase décisive, qu’il faut tenir pour la formule même d’une unité spécifiquement européenne : Ce qui s
94 ut concourt à nourrir ce paradoxe qui paraît bien être la loi constitutive de notre histoire et le ressort de notre pensée :
95 Bien plus, il porte la contradiction au cœur de l’ Être , et la traduit dans l’énoncé de ses dogmes fondamentaux : la Trinité
96 , bouddhistes, ou sans croyance aucune… Mais ce n’ est pas tout. Avec les trois sources classiques d’Athènes, de Rome et de
97 , ni à la suite des chiffres « arabes », mais qui est l’une des sources principales de la poésie amoureuse, donc de l’amour
98 nfini, mais dont la plus fréquente, de très loin, est le couple d’antinomies inséparables : autorité et liberté, personne e
99 oyen déclare parfois et pense toujours : « Quelle est ma raison d’être, si je suis comme tout le monde ? » À ses yeux — et
100 fois et pense toujours : « Quelle est ma raison d’ être , si je suis comme tout le monde ? » À ses yeux — et cela peut servir
101 e toujours : « Quelle est ma raison d’être, si je suis comme tout le monde ? » À ses yeux — et cela peut servir à le définir
102 peut servir à le définir — « se distinguer » ou «  être distingué » est synonyme d’honneur mérité ou reçu, non pas d’impardon
103 définir — « se distinguer » ou « être distingué » est synonyme d’honneur mérité ou reçu, non pas d’impardonnable faute de g
104 ntative déviationniste, ou de blasphème, comme ce serait le cas dans les sociétés primitives, dans les États totalitaires, ou
105 de religieuse. Le goût de différer, si peu que ce soit , est si cher aux Européens qu’il les porte à exagérer d’une manière t
106 igieuse. Le goût de différer, si peu que ce soit, est si cher aux Européens qu’il les porte à exagérer d’une manière tout à
107 rt l’essai de définition suivant : L’Européen ne serait ‑il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans la mesu
108 opéen dans la mesure précise où il doute qu’il le soit , et prétend au contraire s’identifier soit avec l’homme universel, so
109 ’il le soit, et prétend au contraire s’identifier soit avec l’homme universel, soit avec l’homme d’une seule nation de cette
110 ntraire s’identifier soit avec l’homme universel, soit avec l’homme d’une seule nation de cette Europe dont il révèle ainsi
111 ’il le conteste ? On ne changera pas cela, ce ne serait plus l’Europe. Le goût furieux de différer, par lequel nous nous ress
112 sauvegarde de nos autonomies. Car ces autonomies seront perdues une à une, si nous refusons l’union qui ferait leur force ; m
113 ur force ; mais en retour, cette union ne saurait être acquise au prix des libertés qu’elle est censée servir. Rien de plus
114 saurait être acquise au prix des libertés qu’elle est censée servir. Rien de plus limpide que la déduction qui fait toute m
115 impide que la déduction qui fait toute ma thèse : étant donné que la base de notre unité est une culture pluraliste, on ne pe
116 ma thèse : étant donné que la base de notre unité est une culture pluraliste, on ne peut fonder sur elle qu’une union fédér
117 ifficile à expliquer, c’est que rien n’ait encore été fait dans ce sens, depuis près de vingt‑cinq ans qu’on nous déclare,
118 rich — qu’il n’y a pas une minute à perdre ! Quel est l’obstacle apparemment insurmontable à cette union que tout indique,
119 ersonne ne fait ? Eh bien, chacun le sait, rien n’ est moins mystérieux : l’obstacle à toute union possible de l’Europe (don
120 sible de l’Europe (donc à toute union fédérale) n’ est autre que l’État‑nation, tel que Napoléon en a posé le modèle, intégr
121 ar le tiers-monde, mal décolonisé à cet égard… Qu’ est ‑ce en somme qu’instituer un État-nation ? C’est soumettre toute une n
122 donc de plus hostile à toute espèce d’union tant soit peu sérieuse ou sincère, que cet État-nation qui, par ailleurs, se ré
123 aux exigences concrètes de notre temps, puisqu’il est à la fois trop petit pour agir à l’échelle mondiale ; trop grand pour
124 ttre pour survivre. Aujourd’hui que le nécessaire est assuré, on se bat pour le contrôle de zones d’influence plus idéologi
125 le Vietnam) et l’on travaille pour le profit, qui est en somme du superflu. Mais dès lors que ce choix de notre avenir est
126 rflu. Mais dès lors que ce choix de notre avenir est libre, nous voici contraints de le faire, à nos risques et périls ! N
127 tat décent, une communauté vivante ? Et quel prix sommes -nous prêts à payer pour cela ? Le prix de certaines libertés, ou le p
128 te de Troisième Grand préoccupé principalement de tenir tête aux deux autres, alors il faut créer un super État-nation contin
129 a formule d’État-nation à l’échelle continentale, serait capable sans nul doute de créer une Europe très forte, mais qui serai
130 ul doute de créer une Europe très forte, mais qui serait très peu européenne. Sans compter qu’un Super État-nation ne pourrait
131 Sans compter qu’un Super État-nation ne pourrait être imposé à tous nos peuples qu’à la faveur d’une guerre générale selon
132 tastrophique, mais dont la réalisation ne saurait être exclue pour autant. Au contraire, si nous donnons pour finalité à la
133 mie des communautés (la production industrielle n’ étant qu’un des moyens de ces libertés), alors il faut reconnaître que l’Ét
134 s), alors il faut reconnaître que l’État-nation n’ est pas seulement un modèle périmé, mais qu’il est en fait aujourd’hui ra
135 n’est pas seulement un modèle périmé, mais qu’il est en fait aujourd’hui radicalement incompatible avec les fins de l’Euro
136 un à l’échelle fédérale continentale, tout ce qui est nécessaire pour garantir les autonomies de tous ordres, régionales, c
137 ue ; le reste — la justice, la paix, la liberté — étant manières de parler plus ou moins nobles, ou pure et simple captatio d
138 mieux que la puissance collective. L’Europe unie sera seule capable de réaliser leur vision. On me dira peut‑être aussi que
139 capable de réaliser leur vision. On me dira peut‑ être aussi que je radicalise indûment l’antithèse État-nation / fédération
140 ration » qu’évoquait le général de Gaulle, et qui serait formée d’États-nations conservant jalousement leurs prétentions à la
141 dre une occasion de faire voir à quel point elles sont absurdes. Elles sont encore efficaces, il est vrai, pour gêner ce qu’
142 aire voir à quel point elles sont absurdes. Elles sont encore efficaces, il est vrai, pour gêner ce qu’il faudrait aider : l
143 es sont absurdes. Elles sont encore efficaces, il est vrai, pour gêner ce qu’il faudrait aider : les échanges culturels, le
144 t absolument à rien pour arrêter ce qui devrait l’ être  : les tempêtes et les épidémies, la pollution de l’air et des fleuves
145 . Ce statut des frontières, doublement déficient, est caractéristique de tout ce qui touche à l’État-nation : néfaste dans
146 he à l’État-nation : néfaste dans la mesure où il est encore réel, inexistant quand on voudrait compter sur lui. Je ne sais
147 quand on voudrait compter sur lui. Je ne sais, n’ étant pas économiste, si nos États-nations délimités pour la plupart au xix
148 ose leur balance commerciale (laquelle ne saurait être positive, me semble-t-il, dans tous les pays à la fois…) ne sont pas
149 me semble-t-il, dans tous les pays à la fois…) ne sont pas le type même de faux problèmes, résultant de la seule fiction d’é
150 e. Et les diversités que nous devons respecter ne sont pas celles de ces États-nations nés d’hier : elles les traversent et
151 ant la « majesté de l’État ». Mais non ! l’État n’ est pas un Dieu, ce n’est qu’un appareil plus ou moins efficace, qui doit
152 État ». Mais non ! l’État n’est pas un Dieu, ce n’ est qu’un appareil plus ou moins efficace, qui doit être mis au service d
153 t qu’un appareil plus ou moins efficace, qui doit être mis au service des citoyens et de leurs cités ; et non l’inverse. Ces
154 té vivante, civique, économique ou culturelle, et être contrôlé par l’usager, distribuer et répartir l’État de la commune et
155 fédérales, du type de la Communauté de Bruxelles, seront chargées de la concertation des grandes tâches d’intérêt public, tâch
156 lénaire de sa culture. Dira-t-on que ce programme est révolutionnaire ? Il l’est, bien sûr : on ne fera pas l’Europe sans c
157 -t-on que ce programme est révolutionnaire ? Il l’ est , bien sûr : on ne fera pas l’Europe sans casser des œufs, nous le voy
158 , nous le voyons depuis vingt-cinq ans. Mais il l’ est moins parce qu’il demande qu’on dépasse les États-nations que parce q
159 és communautaires et personnelles. Si sérieux que soient les problèmes de prix du lait, du blé ou même du vin, il est clair qu
160 blèmes de prix du lait, du blé ou même du vin, il est clair que l’Europe des marchandages entre économies étatiques ne peut
161 s enthousiastes. Les jeunes gens d’aujourd’hui ne seront pas convaincus par des avantages matériels : ils sont presque comblés
162 pas convaincus par des avantages matériels : ils sont presque comblés à cet égard. Ce qui leur manque le plus durement, c’e
163 est un sens de la vie, maintenant que la guerre n’ est plus leur exutoire, l’alibi des raisons de vivre inexistantes. La rép
164 humanité, nous lui devons cela. Une Europe qui ne sera pas nécessairement la plus puissante ou la plus riche, mais bien ce c
165 pourront trouver non pas le plus de bonheur, peut‑ être , mais le plus de saveur, le plus de sens à la vie. 5. Discours pron