1 1970, L’Un et le Divers ou la Cité européenne. I. Pour une nouvelle définition du fédéralisme
1 1 En 1863 paraissait le dernier grand ouvrage de Proudhon, Du Principe fédératif, où l’on pouvait lire cette phrase de
2 rations, ou l’humanité recommencera un purgatoire de mille ans. » Dans quelle voie sommes-nous engagés après un siècle ? C
3 ngagés après un siècle ? Celle des fédérations et de l’harmonie des peuples, ou celle d’une renaissance des particularisme
4 édérations et de l’harmonie des peuples, ou celle d’ une renaissance des particularismes nationaux ? Je répondrai : dans le
5 est pas contradictoire. Un phénomène très général de convergence inspire les mouvements d’union continentale qui créent le
6 rès général de convergence inspire les mouvements d’ union continentale qui créent le Conseil de l’Europe et le Marché comm
7 s plus ou moins réussies dans l’empire communiste d’ Europe, dans le monde arabe, en Afrique et en Amérique latine, cependa
8 plus ou moins réussies dans l’empire communiste d’ Europe , dans le monde arabe, en Afrique et en Amérique latine, cependant qu’
9 e et en Amérique latine, cependant qu’une volonté d’ union mondiale anime les Nations unies et l’Unesco, le Conseil œcuméni
10 en sens inverse, un phénomène tout aussi général d’ affirmation des diversités, des autonomies et des volontés d’indépenda
11 on des diversités, des autonomies et des volontés d’ indépendance, inspire les mouvements de résurgences communalistes, rég
12 s volontés d’indépendance, inspire les mouvements de résurgences communalistes, régionalistes et nationalistes, qu’on voit
13 qu’on voit partout en plein essor, qu’il s’agisse de Nations en instance de divorce avec l’OTAN ou avec le Pacte de Varsov
14 lein essor, qu’il s’agisse de Nations en instance de divorce avec l’OTAN ou avec le Pacte de Varsovie, ou de nations au se
15 instance de divorce avec l’OTAN ou avec le Pacte de Varsovie, ou de nations au sens ancien du mot, régions ou ethnies en
16 orce avec l’OTAN ou avec le Pacte de Varsovie, ou de nations au sens ancien du mot, régions ou ethnies en révolte plus ou
17 re leur imposa l’élément formateur ou hégémonique de chacun de nos États unitaires. Renaissance donc des micro-nationalism
18 posa l’élément formateur ou hégémonique de chacun de nos États unitaires. Renaissance donc des micro-nationalismes locaux,
19 evendiquent leur autonomie au nom de leur langue, de leurs coutumes, ou des nécessités économiques nouvelles, et qui enfiè
20 effets complémentaires, j’entends le dépassement de l’État-nation à la fois par en haut et par en bas, d’une part, vers d
21 re part, vers un fédéralisme régional. La victime de ce double mouvement contradictoire, c’est en effet l’État-nation, tel
22 e, c’est en effet l’État-nation, tel qu’il est né de la Révolution et du Premier Empire, produit de la confiscation d’une
23 né de la Révolution et du Premier Empire, produit de la confiscation d’une mystique — la Nation — par un appareil administ
24 et du Premier Empire, produit de la confiscation d’ une mystique — la Nation — par un appareil administratif et policier —
25 e : la France, bientôt imitée par presque toute l’ Europe — et au xxe siècle, par une centaine de Nations nouvelles. Centralis
26 te l’Europe — et au xxe siècle, par une centaine de Nations nouvelles. Centralisé, atomisé et trituré par les dynamismes
27 namismes contraires du xxe siècle, l’État-nation européen nous apparaît, tel que les accidents de l’Histoire nous l’ont laissé,
28 ion européen nous apparaît, tel que les accidents de l’Histoire nous l’ont laissé, à la fois trop petit et trop grand. Il
29 endance et sa souveraineté absolue : car nul pays de notre Europe n’est plus en mesure de jouer un rôle mondial, d’assurer
30 t sa souveraineté absolue : car nul pays de notre Europe n’est plus en mesure de jouer un rôle mondial, d’assurer seul sa défe
31 car nul pays de notre Europe n’est plus en mesure de jouer un rôle mondial, d’assurer seul sa défense, de se nourrir seul,
32 pe n’est plus en mesure de jouer un rôle mondial, d’ assurer seul sa défense, de se nourrir seul, au spirituel comme au phy
33 jouer un rôle mondial, d’assurer seul sa défense, de se nourrir seul, au spirituel comme au physique. Et en même temps, pr
34 la vie économique, culturelle et surtout civique de leurs régions : celles-ci se sentent exploitées par l’État, ses burea
35 État, ses bureaux ou sa capitale, et les accusent de colonialisme. Il est certain que la prétention à une politique indépe
36 S et surtout les USA, s’ils acceptaient toutefois d’ en payer le prix, lequel serait celui d’une autarcie presque totale ou
37 toutefois d’en payer le prix, lequel serait celui d’ une autarcie presque totale ou d’une sorte d’isolation paranoïaque. En
38 uel serait celui d’une autarcie presque totale ou d’ une sorte d’isolation paranoïaque. En fait, les États-Unis, quoique de
39 elui d’une autarcie presque totale ou d’une sorte d’ isolation paranoïaque. En fait, les États-Unis, quoique de loin les pl
40 ion paranoïaque. En fait, les États-Unis, quoique de loin les plus forts, dépendent autant de l’opinion mondiale que celle
41 quoique de loin les plus forts, dépendent autant de l’opinion mondiale que celle-ci du dollar ou de la télévision. Une in
42 t de l’opinion mondiale que celle-ci du dollar ou de la télévision. Une interdépendance universelle dans tous les ordres t
43 ans tous les ordres tend à réduire l’indépendance d’ un État à une certaine liberté dans le choix de ses dépendances, à un
44 ce d’un État à une certaine liberté dans le choix de ses dépendances, à un certain jeu dans l’aménagement de ses réseaux d
45 dépendances, à un certain jeu dans l’aménagement de ses réseaux de relations plus ou moins contraignantes. Au surplus, je
46 un certain jeu dans l’aménagement de ses réseaux de relations plus ou moins contraignantes. Au surplus, je ne vois guère
47 oins contraignantes. Au surplus, je ne vois guère d’ État-nation de type unitaire que ce double mouvement de convergence mo
48 antes. Au surplus, je ne vois guère d’État-nation de type unitaire que ce double mouvement de convergence mondiale et de d
49 t-nation de type unitaire que ce double mouvement de convergence mondiale et de diversification locale ne mette en crise p
50 ue ce double mouvement de convergence mondiale et de diversification locale ne mette en crise permanente : 855 votes en qu
51 èglement du statut des régions autonomes. Risques d’ éclatement de la Belgique. En France, floraison de projets officiels o
52 tatut des régions autonomes. Risques d’éclatement de la Belgique. En France, floraison de projets officiels ou révolutionn
53 d’éclatement de la Belgique. En France, floraison de projets officiels ou révolutionnaires tendant à régionaliser l’Hexago
54 Mais en même temps, multiplication des jumelages européens entre communes de ces mêmes régions, créations d’organismes de coopér
55 iplication des jumelages européens entre communes de ces mêmes régions, créations d’organismes de coopérations multination
56 ns entre communes de ces mêmes régions, créations d’ organismes de coopérations multinationales du type de la Regio Basilie
57 unes de ces mêmes régions, créations d’organismes de coopérations multinationales du type de la Regio Basiliensis, unions
58 rganismes de coopérations multinationales du type de la Regio Basiliensis, unions professionnelles et industrielles tendan
59 qui perd. Il ne correspond plus ni aux conditions de liberté et de participation civique, apanage des petites communautés
60 e correspond plus ni aux conditions de liberté et de participation civique, apanage des petites communautés ou cités libre
61 e Rousseau l’avait si bien vu ; ni aux conditions de développement, de rentabilité et de sécurité, auxquelles ne peuvent r
62 si bien vu ; ni aux conditions de développement, de rentabilité et de sécurité, auxquelles ne peuvent répondre que de gra
63 ux conditions de développement, de rentabilité et de sécurité, auxquelles ne peuvent répondre que de grands espaces économ
64 t de sécurité, auxquelles ne peuvent répondre que de grands espaces économiques constitués à la mesure des possibilités et
65 itués à la mesure des possibilités et des besoins de l’ère scientifico-technique. Cet échec de la politique centralisatric
66 besoins de l’ère scientifico-technique. Cet échec de la politique centralisatrice et unitaire, secrètement obsédée par un
67 rice et unitaire, secrètement obsédée par un rêve d’ autarcie, et cette mise en question, voire en accusation, de la formul
68 , et cette mise en question, voire en accusation, de la formule stato-nationale élaborée par le xixe siècle, nous renvoie
69 nous renvoient l’un comme l’autre à des formules de type fédéraliste. À la question que je me posais sur la prophétie pro
70 e réponse : oui, nous sommes bel et bien au seuil d’ une ère potentiellement fédéraliste. Peut-on dire plus ? Sur les quel
71 e humanité, je ne compte guère que deux douzaines d’ États fédératifs, mais ils regroupent 40 % de la population du globe,
72 ines d’États fédératifs, mais ils regroupent 40 % de la population du globe, et il est frappant de constater qu’on trouve
73 0 % de la population du globe, et il est frappant de constater qu’on trouve parmi eux les plus grands États des cinq conti
74 l’Europe de l’Ouest et la Yougoslavie pour celle de l’Est, et au-delà, l’URSS, l’Inde et l’Australie. Voilà qui réfute le
75 Mais l’étiquette fédérale couvre des marchandises de qualités pour le moins diverses selon qu’il s’agit par exemple de l’e
76 le moins diverses selon qu’il s’agit par exemple de l’empire soviétique, du Nigeria, ou de la Confédération suisse. Car l
77 ar exemple de l’empire soviétique, du Nigeria, ou de la Confédération suisse. Car la double exigence antinomique de la con
78 ration suisse. Car la double exigence antinomique de la convergence et de la diversification n’est pas tellement mieux sat
79 double exigence antinomique de la convergence et de la diversification n’est pas tellement mieux satisfaite dans ces troi
80 oqué (non sans paradoxe d’ailleurs), pour refuser de se laisser entraîner par des mouvements de convergence européenne et
81 efuser de se laisser entraîner par des mouvements de convergence européenne et mondiale, même s’ils disent s’inspirer du p
82 isser entraîner par des mouvements de convergence européenne et mondiale, même s’ils disent s’inspirer du propre exemple de la féd
83 e, même s’ils disent s’inspirer du propre exemple de la fédération des cantons suisses ! Il est certain que dans ces trois
84 as, c’est moins le fédéralisme qu’on est en droit d’ incriminer que sa trahison pure et simple, ou son usage mal compris, o
85 mal compris, ou son blocage délibéré aux limites d’ un État fédéral. Il ne s’agit pas d’un défaut du fédéralisme, mais d’u
86 é aux limites d’un État fédéral. Il ne s’agit pas d’ un défaut du fédéralisme, mais d’un défaut de fédéralisme. Et l’on est
87 Il ne s’agit pas d’un défaut du fédéralisme, mais d’ un défaut de fédéralisme. Et l’on est en droit de penser que l’applica
88 pas d’un défaut du fédéralisme, mais d’un défaut de fédéralisme. Et l’on est en droit de penser que l’application correct
89 d’un défaut de fédéralisme. Et l’on est en droit de penser que l’application correcte de la méthode fédéraliste rétablira
90 est en droit de penser que l’application correcte de la méthode fédéraliste rétablirait bientôt ce double mouvement de dia
91 déraliste rétablirait bientôt ce double mouvement de diastole et de systole, vers des autonomies plus locales et vers des
92 lirait bientôt ce double mouvement de diastole et de systole, vers des autonomies plus locales et vers des unions plus vas
93 ns plus vastes, qui est le battement même du cœur d’ un régime sain, j’entends immunisé contre le virus totalitaire. Mais s
94 il faudrait, avant de le prescrire, être très sûr de sa formule. Or je ne vois pas de terme du langage politique qui prête
95 e, être très sûr de sa formule. Or je ne vois pas de terme du langage politique qui prête à pires malentendus ! Un Françai
96  fédération », c’est simplement « union politique d’ États » (mais on a soin de préciser qu’en vers, cela fait cinq syllabe
97 ement « union politique d’États » (mais on a soin de préciser qu’en vers, cela fait cinq syllabes). Cette définition est a
98 dant la Révolution, projet attribué aux girondins de rompre l’unité nationale et de transformer la France en une fédératio
99 ibué aux girondins de rompre l’unité nationale et de transformer la France en une fédération de petits États. » Pour le Fr
100 ale et de transformer la France en une fédération de petits États. » Pour le Français cultivé, donc, la cause est jugée. I
101 çais cultivé, donc, la cause est jugée. Il s’agit d’ un système qui est bon pour les sauvages, et qui semble n’avoir été pr
102 à la République… Il est vrai que mon Littré date de 1865 : « fédéralisme » y est encore qualifié de néologisme ». C’était
103 e de 1865 : « fédéralisme » y est encore qualifié de néologisme ». C’était deux ans après le livre de Proudhon. Depuis lor
104 de néologisme ». C’était deux ans après le livre de Proudhon. Depuis lors, les centaines d’études et de gros volumes paru
105 le livre de Proudhon. Depuis lors, les centaines d’ études et de gros volumes parus sur le sujet auraient dû suffire, semb
106 Proudhon. Depuis lors, les centaines d’études et de gros volumes parus sur le sujet auraient dû suffire, semble-t-il, à c
107 semble-t-il, à clarifier un terme que le problème européen et nos situations nationales nous amènent à utiliser quotidiennement.
108 tout : le malheur congénital du fédéralisme reste d’ être un concept dialectique, ambigu, et qui autorise — ou incite en to
109 quelques années, je suggérai au comité directeur d’ un congrès européen qu’une journée fût réservée à des travaux sur le f
110 ées, je suggérai au comité directeur d’un congrès européen qu’une journée fût réservée à des travaux sur le fédéralisme. Le repr
111 de l’Europe tint à déclarer aussitôt que le terme de fédéralisme étant tabou à Strasbourg, il se verrait obligé de quitter
112 me étant tabou à Strasbourg, il se verrait obligé de quitter le comité si l’on adoptait ma proposition. Je compris par la
113 nctionnaire tenait le fédéralisme pour un système d’ unification intégrale, sans respect pour les diversités et les autonom
114 embres, c’est-à-dire très exactement le contraire de ce qu’il est. À l’inverse, le fédéralisme est assimilé par beaucoup à
115 éralisme est assimilé par beaucoup à une attitude de suspicion envers tout pouvoir central, et à la défense ombrageuse des
116 ainsi qu’un illustre homme d’État belge, et grand Européen , écrivait récemment : « Ce n’est pas dans le fédéralisme, ce n’est pa
117 l y a quelques années, on put entendre le recteur d’ une de nos universités cantonales condamner le principe d’une subventi
118 quelques années, on put entendre le recteur d’une de nos universités cantonales condamner le principe d’une subvention féd
119 nos universités cantonales condamner le principe d’ une subvention fédérale « parce qu’ici, disait-il, nous sommes fédéral
120 éralistes ! » Si pareils malentendus sont le fait d’ Européens professionnels ou de gardiens jaloux des traditions helvètes
121 alistes ! » Si pareils malentendus sont le fait d’ Européens professionnels ou de gardiens jaloux des traditions helvètes, que ser
122 tendus sont le fait d’Européens professionnels ou de gardiens jaloux des traditions helvètes, que sera-ce ailleurs ? Le fé
123 ni ceci, ni cela, mais la coexistence en tension de ceci et de cela, il semble que le danger d’interprétations partielles
124 i cela, mais la coexistence en tension de ceci et de cela, il semble que le danger d’interprétations partielles, donc ruin
125 nsion de ceci et de cela, il semble que le danger d’ interprétations partielles, donc ruineuses dans son cas, lui soit pour
126 nsi dire congénital. Or s’il est vrai que l’Union de l’Europe est l’entreprise capitale de ce siècle, et s’il est vraisemb
127 ire congénital. Or s’il est vrai que l’Union de l’ Europe est l’entreprise capitale de ce siècle, et s’il est vraisemblable que
128 que l’Union de l’Europe est l’entreprise capitale de ce siècle, et s’il est vraisemblable que cette union sera fédérale ou
129 que j’ai dits, et par suite l’importance pratique de tout effort de clarification des concepts de fédération et de fédéral
130 et par suite l’importance pratique de tout effort de clarification des concepts de fédération et de fédéralisme. Pour ma p
131 ique de tout effort de clarification des concepts de fédération et de fédéralisme. Pour ma part, je voudrais maintenant pr
132 rt de clarification des concepts de fédération et de fédéralisme. Pour ma part, je voudrais maintenant proposer quelques d
133 ot. ⁂ Tout d’abord, trois définitions. Je propose d’ appeler problème fédéraliste une situation dans laquelle s’affrontent
134 antinomiques mais également valables et vitales, de telle sorte que la solution ne puisse être cherchée ni dans la réduct
135 tion ne puisse être cherchée ni dans la réduction de l’un des termes, ni dans la subordination de l’un à l’autre, mais seu
136 tion de l’un des termes, ni dans la subordination de l’un à l’autre, mais seulement dans une création qui englobe, satisfa
137 i englobe, satisfasse et transcende les exigences de l’un et de l’autre. J’appellerai donc solution fédéraliste toute solu
138 satisfasse et transcende les exigences de l’un et de l’autre. J’appellerai donc solution fédéraliste toute solution qui pr
139 n fédéraliste toute solution qui prend pour règle de respecter les deux termes antinomiques en conflit tout en les composa
140 mes antinomiques en conflit tout en les composant de telle manière que la résultante de leur tension soit positive. (On di
141 les composant de telle manière que la résultante de leur tension soit positive. (On dirait, dans le langage de la théorie
142 ension soit positive. (On dirait, dans le langage de la théorie des jeux de von Neumann et Morgenstern, qu’il s’agit de dé
143 On dirait, dans le langage de la théorie des jeux de von Neumann et Morgenstern, qu’il s’agit de déterminer l’optimum en l
144 jeux de von Neumann et Morgenstern, qu’il s’agit de déterminer l’optimum en lequel se concilient deux maxima contradictoi
145 lus large du terme. Avant de chercher à quel type d’ homme correspond une telle politique, et quel type d’homme elle entend
146 omme correspond une telle politique, et quel type d’ homme elle entend préparer ou éduquer, constatons qu’elle traduit une
147 ou éduquer, constatons qu’elle traduit une forme de pensée, une structure de relations bipolaires dont le « modèle » nous
148 u’elle traduit une forme de pensée, une structure de relations bipolaires dont le « modèle » nous est connu : c’est celui
149 connu : c’est celui qu’ont élaboré les fondateurs de la philosophie occidentale dans le dialogue opposant les éléates aux
150 aux ioniens au sujet de l’antinomie fondamentale de l’Un et du Divers, ou encore de la permanence et du changement. Paral
151 omie fondamentale de l’Un et du Divers, ou encore de la permanence et du changement. Parallèlement se constituaient les pr
152 lement se constituaient les premières définitions de l’homme comme individu distinct, et de la cité ou auto-nomie (littéra
153 éfinitions de l’homme comme individu distinct, et de la cité ou auto-nomie (littéralement auto-réglage) comme cellule de b
154 -nomie (littéralement auto-réglage) comme cellule de base des ligues et fédérations. Voilà qui est proprement occidental :
155 t proprement occidental : devant ce même problème de l’un et du divers, les métaphysiques orientales prennent le parti de
156 s, les métaphysiques orientales prennent le parti de supprimer le conflit en réduisant l’un de ses termes — le Divers — au
157 e parti de supprimer le conflit en réduisant l’un de ses termes — le Divers — au prix d’une longue ascèse exténuante. Pour
158 éduisant l’un de ses termes — le Divers — au prix d’ une longue ascèse exténuante. Pour le brahmane, pour le bouddhiste, le
159 Pour le brahmane, pour le bouddhiste, le but est d’ effacer l’individu, la différence, de tout fondre dans l’Un sans disti
160 , le but est d’effacer l’individu, la différence, de tout fondre dans l’Un sans distinction. Mais l’Occident, dès l’aube g
161 ais bien en tension créatrice, et c’est le succès de cet effort toujours renouvelé et toujours menacé, qui dénote la santé
162 renouvelé et toujours menacé, qui dénote la santé de la pensée européenne, sa justesse, sa mesure conquise sur le chaos de
163 toujours menacé, qui dénote la santé de la pensée européenne , sa justesse, sa mesure conquise sur le chaos de la masse indistincte
164 nne, sa justesse, sa mesure conquise sur le chaos de la masse indistincte autant que sur l’anarchie des individus isolés,
165 es ou physiques, esthétiques ou politiques. C’est de la lutte des contraires que procède la plus belle harmonie, dit un fr
166 e la plus belle harmonie, dit un fragment célèbre d’ Héraclite. L’art et la science de cette mise en tension, de cette comp
167 fragment célèbre d’Héraclite. L’art et la science de cette mise en tension, de cette composition de réalités contraires ma
168 te. L’art et la science de cette mise en tension, de cette composition de réalités contraires mais également valables, voi
169 ce de cette mise en tension, de cette composition de réalités contraires mais également valables, voilà je crois ce qui dé
170 is ce qui définit l’apport original et spécifique de la pensée occidentale ; or cette définition vaut également et intégra
171 r la Grèce des grands siècles avec sa dialectique de l’individu et de la cité, conciliée dans la notion de citoyen. Mais l
172 ands siècles avec sa dialectique de l’individu et de la cité, conciliée dans la notion de citoyen. Mais le moment crucial
173 ’individu et de la cité, conciliée dans la notion de citoyen. Mais le moment crucial de toute l’évolution spécifiquement o
174 dans la notion de citoyen. Mais le moment crucial de toute l’évolution spécifiquement occidentale vers l’approfondissement
175 À Nicée, puis à Chalcédoine, plusieurs centaines d’ évêques et de docteurs se mettent d’accord pour définir en grec la nat
176 s à Chalcédoine, plusieurs centaines d’évêques et de docteurs se mettent d’accord pour définir en grec la nature à la fois
177 nt-Esprit, et la personne à la fois une et double de Jésus-Christ. Et ils écrivent : Nous enseignons un seul et même Seign
178 res, mais plutôt elle a sauvegardé les propriétés de chaque nature, qui se rencontrent dans une seule personne… Abstracti
179 trent dans une seule personne… Abstraction faite de la foi que l’on accorde ou non à la substance de ces énoncés, je reti
180 de la foi que l’on accorde ou non à la substance de ces énoncés, je retiens que leurs formes et structures posent un cert
181 leurs formes et structures posent un certain type de relations, posent donc une société et une politique. De même que le m
182 u devenir historico-politique — source principale de la méthode marxienne — de même le modèle de la coexistence des deux n
183 ipale de la méthode marxienne — de même le modèle de la coexistence des deux natures sans confusion ni séparation et de l’
184 des deux natures sans confusion ni séparation et de l’union qui loin de supprimer la différence des natures sauvegarde le
185 occidentaux respectueux du réel et des conditions de la vie, qui sont : antinomies, oppositions, lutte des contraires « d’
186 : antinomies, oppositions, lutte des contraires «  d’ où procède la plus belle harmonie ». Je pense d’abord, bien sûr, aux e
187 ville et Proudhon, mais aussi aux écoles récentes de physiciens et de logiciens pour lesquels la complémentarité de phénom
188 , mais aussi aux écoles récentes de physiciens et de logiciens pour lesquels la complémentarité de phénomènes, définis com
189 et de logiciens pour lesquels la complémentarité de phénomènes, définis comme exclusifs l’un de l’autre, a cessé d’être u
190 arité de phénomènes, définis comme exclusifs l’un de l’autre, a cessé d’être un scandale, est même devenu principe fondame
191 définis comme exclusifs l’un de l’autre, a cessé d’ être un scandale, est même devenu principe fondamental d’interprétatio
192 un scandale, est même devenu principe fondamental d’ interprétation du réel. (Je pense notamment aux théories de L. de Brog
193 étation du réel. (Je pense notamment aux théories de L. de Broglie sur la lumière, faite de vrais corpuscules mais aussi d
194 n du réel. (Je pense notamment aux théories de L. de Broglie sur la lumière, faite de vrais corpuscules mais aussi de vrai
195 x théories de L. de Broglie sur la lumière, faite de vrais corpuscules mais aussi de vraies ondes…) ⁂ Notre modèle de pens
196 la lumière, faite de vrais corpuscules mais aussi de vraies ondes…) ⁂ Notre modèle de pensée fédéraliste ainsi posé à la c
197 cules mais aussi de vraies ondes…) ⁂ Notre modèle de pensée fédéraliste ainsi posé à la clé de l’histoire européenne, il r
198 modèle de pensée fédéraliste ainsi posé à la clé de l’histoire européenne, il reste à repérer les principaux domaines de
199 sée fédéraliste ainsi posé à la clé de l’histoire européenne , il reste à repérer les principaux domaines de la réalité moderne où
200 éenne, il reste à repérer les principaux domaines de la réalité moderne où l’on retrouve les structures typiques d’un prob
201 moderne où l’on retrouve les structures typiques d’ un problème fédéraliste. À la base de notre analyse, plaçons une conce
202 res typiques d’un problème fédéraliste. À la base de notre analyse, plaçons une conception de l’homme analogue au modèle b
203 la base de notre analyse, plaçons une conception de l’homme analogue au modèle bipolaire posé par le concile de Chalcédoi
204 analogue au modèle bipolaire posé par le concile de Chalcédoine. La personne humaine, notion déduite des dogmes relatifs
205 divines, et surtout à la deuxième, va nous servir de module. La personne humaine, c’est l’homme considéré dans sa double r
206 e, c’est l’homme considéré dans sa double réalité d’ individu distinct et de citoyen engagé dans la société. Pourvu de libe
207 éré dans sa double réalité d’individu distinct et de citoyen engagé dans la société. Pourvu de libertés mais de responsabi
208 inct et de citoyen engagé dans la société. Pourvu de libertés mais de responsabilités, solitaire et solidaire (selon le mo
209 n engagé dans la société. Pourvu de libertés mais de responsabilités, solitaire et solidaire (selon le mot de Victor Hugo
210 onsabilités, solitaire et solidaire (selon le mot de Victor Hugo repris par Camus), distingué du troupeau par cette vocati
211 n mieux : l’un — la solidarité — sera la garantie de l’autre — l’autonomie. Quelques exemples : 1. Le problème des univers
212 exemples : 1. Le problème des universités résulte d’ un couple d’exigences contradictoires, qui paraissent exclusives l’une
213 . Le problème des universités résulte d’un couple d’ exigences contradictoires, qui paraissent exclusives l’une de l’autre
214 contradictoires, qui paraissent exclusives l’une de l’autre quoique indispensables l’une à l’autre : la spécialisation et
215 et la culture générale. 2. Les problèmes actuels de l’habitat et de l’urbanisme résultent de la croissante difficulté de
216 nérale. 2. Les problèmes actuels de l’habitat et de l’urbanisme résultent de la croissante difficulté de satisfaire les e
217 actuels de l’habitat et de l’urbanisme résultent de la croissante difficulté de satisfaire les exigences, également valab
218 l’urbanisme résultent de la croissante difficulté de satisfaire les exigences, également valables mais également frustrées
219 is également frustrées dans les grands ensembles, de solitude et de sociabilité, de recueillement et de communication avec
220 ustrées dans les grands ensembles, de solitude et de sociabilité, de recueillement et de communication avec les autres. 3.
221 grands ensembles, de solitude et de sociabilité, de recueillement et de communication avec les autres. 3. Au niveau de la
222 e solitude et de sociabilité, de recueillement et de communication avec les autres. 3. Au niveau de la vie civique et poli
223 nt à concilier les besoins contraires mais vitaux d’ autonomie locale et de grands espaces communs, de participation effica
224 oins contraires mais vitaux d’autonomie locale et de grands espaces communs, de participation efficace à la vie d’un group
225 d’autonomie locale et de grands espaces communs, de participation efficace à la vie d’un groupe concret et d’horizons ouv
226 paces communs, de participation efficace à la vie d’ un groupe concret et d’horizons ouverts, d’adhésion à des communautés
227 cipation efficace à la vie d’un groupe concret et d’ horizons ouverts, d’adhésion à des communautés plus vastes et de cadre
228 la vie d’un groupe concret et d’horizons ouverts, d’ adhésion à des communautés plus vastes et de cadres qui rassurent, d’e
229 erts, d’adhésion à des communautés plus vastes et de cadres qui rassurent, d’enracinement et de mobilité… La situation de
230 mmunautés plus vastes et de cadres qui rassurent, d’ enracinement et de mobilité… La situation de l’homme qui veut à la foi
231 tes et de cadres qui rassurent, d’enracinement et de mobilité… La situation de l’homme qui veut à la fois sa vie privée et
232 rent, d’enracinement et de mobilité… La situation de l’homme qui veut à la fois sa vie privée et une vie sociale est homol
233 e et une vie sociale est homologue à la situation de la région qui veut à la fois son autonomie et sa participation à un p
234 le, en association. 4. Enfin, le problème général de l’œcuménisme n’est-il pas le même en sa forme que ceux que nous venon
235 pas le même en sa forme que ceux que nous venons d’ évoquer, puisqu’il consiste à concilier des confessions distinctes dan
236 concilier des confessions distinctes dans l’unité de l’Église, c’est-à-dire, en dernière analyse, des vocations particuliè
237 es vocations particulières au sein de l’Être même de l’Universel, source et fin de toute communauté. Dans tous ces domaine
238 sein de l’Être même de l’Universel, source et fin de toute communauté. Dans tous ces domaines d’existence, quels seront le
239 t fin de toute communauté. Dans tous ces domaines d’ existence, quels seront les principes de méthode dictés par le souci f
240 domaines d’existence, quels seront les principes de méthode dictés par le souci fédéraliste de respect des diversités, de
241 ncipes de méthode dictés par le souci fédéraliste de respect des diversités, des conditions contradictoires de la vie, com
242 ct des diversités, des conditions contradictoires de la vie, comme la liberté des personnes et la force de la communauté ?
243 a vie, comme la liberté des personnes et la force de la communauté ? L’analyse fédéraliste d’une situation part du concret
244 la force de la communauté ? L’analyse fédéraliste d’ une situation part du concret, en ce sens que d’abord elle considère l
245 , en ce sens que d’abord elle considère la nature d’ une tâche ou d’une fonction particulière dont on aura reconnu la néces
246 e d’abord elle considère la nature d’une tâche ou d’ une fonction particulière dont on aura reconnu la nécessité ou l’agrém
247 euxième étape : elle évalue les dimensions optima de l’aire d’exécution requise, et elle le fait en fonction des trois fac
248 ape : elle évalue les dimensions optima de l’aire d’ exécution requise, et elle le fait en fonction des trois facteurs suiv
249 nction des trois facteurs suivants : possibilités de participation (civique, intellectuelle, économique), efficacité, écon
250 lon les cas), il ne reste qu’à désigner le niveau de compétence où seront prises les décisions relatives à cette tâche. Il
251 che. Il peut y avoir d’ailleurs plusieurs niveaux de décisions, hiérarchisés. Séparer les pouvoirs, les disperser, les rép
252 selon le bon sens, voilà le programme proudhonien de division fédéraliste de l’État, inverse exact de l’utopie totalitaire
253 le programme proudhonien de division fédéraliste de l’État, inverse exact de l’utopie totalitaire. De plus, les aires d’o
254 de division fédéraliste de l’État, inverse exact de l’utopie totalitaire. De plus, les aires d’opération peuvent et doive
255 exact de l’utopie totalitaire. De plus, les aires d’ opération peuvent et doivent différer selon les tâches, j’entends selo
256 ntends selon qu’elles intéressent tous les hommes de toutes les régions, certains hommes de toutes les régions, certains h
257 les hommes de toutes les régions, certains hommes de toutes les régions, certains hommes de certaines régions, tous les ho
258 ins hommes de toutes les régions, certains hommes de certaines régions, tous les hommes de quelques régions, ou d’une seul
259 ains hommes de certaines régions, tous les hommes de quelques régions, ou d’une seule. Je conviendrai que le nombre des co
260 régions, tous les hommes de quelques régions, ou d’ une seule. Je conviendrai que le nombre des combinaisons auxquelles pe
261 inaisons auxquelles peut conduire cette méthode a de quoi donner le vertige aux fonctionnaires de tradition unitaire. Mais
262 de a de quoi donner le vertige aux fonctionnaires de tradition unitaire. Mais les ordinateurs vont prendre la relève. Léni
263 s ordinateurs, c’est-à-dire le respect du réel et de ses infinies complexités enfin rendu possible par la technique modern
264 ble par la technique moderne. (Ce débat n’est pas d’ aujourd’hui. Aux projets de découpage géométrique de la France en carr
265 e. (Ce débat n’est pas d’aujourd’hui. Aux projets de découpage géométrique de la France en carrés réguliers de dix-huit li
266 aujourd’hui. Aux projets de découpage géométrique de la France en carrés réguliers de dix-huit lieues de côté, comme le pr
267 page géométrique de la France en carrés réguliers de dix-huit lieues de côté, comme le proposait Sieyès sous prétexte de s
268 la France en carrés réguliers de dix-huit lieues de côté, comme le proposait Sieyès sous prétexte de simplifier les contr
269 u répondait déjà par cette grande phrase : Le but de la société n’est pas que l’administration soit facile, mais qu’elle s
270 irée.) Nous allons voir, enfin, que nos critères d’ évaluation des dimensions et d’attribution des niveaux décisionnels — 
271 , que nos critères d’évaluation des dimensions et d’ attribution des niveaux décisionnels — la participation, l’efficacité
272 nt en interdépendance générale. Prenons l’exemple de l’habitat : le gigantisme des villes, l’entassement dans les grands e
273 conçus pour rapporter, ont produit une situation de crise dont l’acuité se mesure notamment par le chiffre élevé des suic
274 le anonyme… Mais c’est une mauvaise solitude, née de l’absence de communication avec ceux que l’on côtoie comme s’ils n’ét
275 ais c’est une mauvaise solitude, née de l’absence de communication avec ceux que l’on côtoie comme s’ils n’étaient pas là.
276 La solution consisterait à recréer les conditions de communauté, et tout d’abord certaines dimensions et structures archit
277 nsions et structures architecturales : des unités d’ habitation de 5000 à 25 000 habitants, dotées non seulement d’espaces
278 uctures architecturales : des unités d’habitation de 5000 à 25 000 habitants, dotées non seulement d’espaces verts mais de
279 de 5000 à 25 000 habitants, dotées non seulement d’ espaces verts mais de rues réservées aux seuls piétons et d’une place
280 itants, dotées non seulement d’espaces verts mais de rues réservées aux seuls piétons et d’une place remplissant la foncti
281 verts mais de rues réservées aux seuls piétons et d’ une place remplissant la fonction de l’agora ou du forum dans la cité
282 ls piétons et d’une place remplissant la fonction de l’agora ou du forum dans la cité antique : place délimitée par tous l
283 lace délimitée par tous les bâtiments symboliques de la vie communautaire, églises, mairie, marchés, cafés, lieu de rencon
284 munautaire, églises, mairie, marchés, cafés, lieu de rencontres, d’intrigues, de flirts, de criée des journaux et de manif
285 ises, mairie, marchés, cafés, lieu de rencontres, d’ intrigues, de flirts, de criée des journaux et de manifestations. La p
286 marchés, cafés, lieu de rencontres, d’intrigues, de flirts, de criée des journaux et de manifestations. La possibilité ph
287 afés, lieu de rencontres, d’intrigues, de flirts, de criée des journaux et de manifestations. La possibilité physique et m
288 d’intrigues, de flirts, de criée des journaux et de manifestations. La possibilité physique et morale de participation à
289 manifestations. La possibilité physique et morale de participation à la vie communale dépend de tels aménagements. Les dim
290 morale de participation à la vie communale dépend de tels aménagements. Les dimensions d’ailleurs, peuvent être numériques
291 re générale au sens traditionnel et l’acquisition d’ un savoir professionnel souvent d’autant plus rentable qu’il est plus
292 t l’acquisition d’un savoir professionnel souvent d’ autant plus rentable qu’il est plus étroitement spécialisé ; mais la r
293 é ; mais la révolte actuelle des étudiants, sorte de tourbillon dans l’égarement, est aussi le résultat mécanique de l’exp
294 dans l’égarement, est aussi le résultat mécanique de l’explosion des effectifs. Multipliez par dix les dimensions des marc
295 fs. Multipliez par dix les dimensions des marches d’ un escalier, il devient impraticable. De même, le décuplement des effe
296 n réelle à la recherche et compromet l’efficacité de l’enseignement. Remède fédéraliste : commencer par réévaluer les dime
297 éraliste : commencer par réévaluer les dimensions d’ une université digne du nom, ménageant des possibilités de recherches
298 iversité digne du nom, ménageant des possibilités de recherches très spécialisées et de travail interdisciplinaire. L’anal
299 s possibilités de recherches très spécialisées et de travail interdisciplinaire. L’analyse conduit à souhaiter l’adoption,
300 yse conduit à souhaiter l’adoption, comme module, de petits groupes ou unités de base de douze à quinze étudiants autour d
301 option, comme module, de petits groupes ou unités de base de douze à quinze étudiants autour d’un enseignant (c’étaient le
302 comme module, de petits groupes ou unités de base de douze à quinze étudiants autour d’un enseignant (c’étaient les dimens
303 unités de base de douze à quinze étudiants autour d’ un enseignant (c’étaient les dimensions d’un studium de la Sorbonne au
304 autour d’un enseignant (c’étaient les dimensions d’ un studium de la Sorbonne au xiiie siècle) puis une fédération de ces
305 enseignant (c’étaient les dimensions d’un studium de la Sorbonne au xiiie siècle) puis une fédération de ces petites unit
306 la Sorbonne au xiiie siècle) puis une fédération de ces petites unités en départements, et je retrouve ici les solutions
307 les solutions préconisées lors du fameux colloque de Caen, en 1966, mais aussi les conclusions de mon discours de Göttinge
308 oque de Caen, en 1966, mais aussi les conclusions de mon discours de Göttingen aux recteurs européens en 1964.3 L’univers
309 1966, mais aussi les conclusions de mon discours de Göttingen aux recteurs européens en 1964.3 L’université fut une comm
310 lusions de mon discours de Göttingen aux recteurs européens en 1964.3 L’université fut une commune libre au Moyen Âge. Toute vie
311 ique du fédéralisme : comment assurer la cohésion d’ un ensemble assez vaste pour pouvoir se charger de tâches communes (te
312 d’un ensemble assez vaste pour pouvoir se charger de tâches communes (telles que la défense, les affaires étrangères et la
313 r les droits essentiels et l’autonomie des unités de base ? Comment devenir assez grand pour être fort, tout en restant as
314 ssez petit pour être libre ? Ce n’est pas le vote d’ une constitution, de type plus ou moins fédéral, qui peut résoudre une
315 libre ? Ce n’est pas le vote d’une constitution, de type plus ou moins fédéral, qui peut résoudre une fois pour toutes ce
316 ntreprendre, répartir en conséquence les pouvoirs de décision, opérer les concentrations de forces proportionnées à la pui
317 s pouvoirs de décision, opérer les concentrations de forces proportionnées à la puissance que l’on veut obtenir et en même
318 ir et en même temps multiplier les petites unités de base, de manière à maintenir ou renforcer les possibilités de partici
319 manière à maintenir ou renforcer les possibilités de participation civiques, intellectuelles et affectives. C’est dans ce
320 fectives. C’est dans ce double dynamisme créateur d’ unions plus vastes à proportion de tâches nouvelles, mais aussi de com
321 amisme créateur d’unions plus vastes à proportion de tâches nouvelles, mais aussi de communautés plus petites correspondan
322 stes à proportion de tâches nouvelles, mais aussi de communautés plus petites correspondant aux exigences de l’habitat, de
323 munautés plus petites correspondant aux exigences de l’habitat, de la formation des esprits et de l’exercice du civisme, c
324 petites correspondant aux exigences de l’habitat, de la formation des esprits et de l’exercice du civisme, c’est dans cett
325 nces de l’habitat, de la formation des esprits et de l’exercice du civisme, c’est dans cette dialectique concrète que sont
326 que sont en train de se former sous nos yeux, en Europe , plus d’une centaine de régions à métropole destinées à devenir — à p
327 train de se former sous nos yeux, en Europe, plus d’ une centaine de régions à métropole destinées à devenir — à plus ou mo
328 mer sous nos yeux, en Europe, plus d’une centaine de régions à métropole destinées à devenir — à plus ou moins long terme 
329 devenir — à plus ou moins long terme — les unités de base de la future fédération continentale, en lieu et place des États
330 — à plus ou moins long terme — les unités de base de la future fédération continentale, en lieu et place des États-nations
331 ssiques, n’était en réalité qu’un cas particulier d’ une conception beaucoup plus large des relations humaines dans la cité
332 clos, lorsqu’il relevait que « le fédéralisme vit d’ une vie que la forme institutionnelle dénommée État ne suffit pas à qu
333 ridique ou politique : il est un des grands types d’ aménagement du rapport politique et peut-être plus encore, un des gran
334 ue et peut-être plus encore, un des grands styles de vie et de civilisation capable, au même titre que le libéralisme, le
335 -être plus encore, un des grands styles de vie et de civilisation capable, au même titre que le libéralisme, le socialisme
336 e le libéralisme, le socialisme ou la démocratie, d’ alimenter la pensée des sociétés et de dicter aux hommes ces “images d
337 démocratie, d’alimenter la pensée des sociétés et de dicter aux hommes ces “images de comportement” dont Bertrand de Jouve
338 des sociétés et de dicter aux hommes ces “images de comportement” dont Bertrand de Jouvenel a si justement mis en vedette
339 stitutionnelles du xixe . Nous voici sur le seuil de l’ère des grandes unions et des petites unités fonctionnelles, et l’o
340 e trouver, dans les techniques avancées, le moyen de leur composition. En tant que méthode générale d’aménagement des rela
341 de leur composition. En tant que méthode générale d’ aménagement des relations humaines, le fédéralisme tel que j’ai tenté
342 tions humaines, le fédéralisme tel que j’ai tenté de le définir ne fait que commencer. Il n’est pas matière historique, ma
343 s matière historique, mais prospective. Il a plus d’ avenir que de passé. 1. Texte d’une communication à l’Académie des s
344 torique, mais prospective. Il a plus d’avenir que de passé. 1. Texte d’une communication à l’Académie des sciences moral
345 tive. Il a plus d’avenir que de passé. 1. Texte d’ une communication à l’Académie des sciences morales et politiques, Par
346  » 3. « Université et universalité », La Revue de Paris , n° 11, novembre 1965, p. 1-13 [NdE] On trouvera dans notre éd
2 1970, L’Un et le Divers ou la Cité européenne. II. La Cité européenne
347 II. La Cité européenne5 L’ Europe , avant d’être une alliance militaire ou une entité économique, doit ê
348 II. La Cité européenne5 L’Europe, avant d’ être une alliance militaire ou une entité économique, doit être une co
349 que, doit être une communauté culturelle. L’unité de l’Europe ne se fera ni uniquement ni principalement par des instituti
350 doit être une communauté culturelle. L’unité de l’ Europe ne se fera ni uniquement ni principalement par des institutions europ
351 uniquement ni principalement par des institutions européennes  ; leur création suivra le cheminement des esprits. Robert Schuman, Po
352 e cheminement des esprits. Robert Schuman, Pour l’ Europe . Je pense, avec Robert Schuman, qu’il est possible d’unir nos pays
353 Je pense, avec Robert Schuman, qu’il est possible d’ unir nos pays pour cette raison littéralement fondamentale qu’une unit
354 te raison littéralement fondamentale qu’une unité de base existe, sur laquelle fonder cette union. Il s’agit de l’unité d
355 iste, sur laquelle fonder cette union. Il s’agit de l’unité d’une culture, de laquelle participent tous les Européens, qu
356 aquelle fonder cette union. Il s’agit de l’unité d’ une culture, de laquelle participent tous les Européens, qu’ils soient
357 cette union. Il s’agit de l’unité d’une culture, de laquelle participent tous les Européens, qu’ils soient d’ailleurs « c
358 é d’une culture, de laquelle participent tous les Européens , qu’ils soient d’ailleurs « cultivés » ou non, conscients ou non de c
359 d’ailleurs « cultivés » ou non, conscients ou non de ce qu’ils doivent, en fait, à la culture. Unité non pas homogène et q
360 ure. Unité non pas homogène et qui ne résulte pas d’ un processus forcé d’uniformisation, de nivellement et d’exclusion de
361 mogène et qui ne résulte pas d’un processus forcé d’ uniformisation, de nivellement et d’exclusion de ce qui diffère, mais
362 ésulte pas d’un processus forcé d’uniformisation, de nivellement et d’exclusion de ce qui diffère, mais qui au contraire e
363 ocessus forcé d’uniformisation, de nivellement et d’ exclusion de ce qui diffère, mais qui au contraire englobe, et compose
364 é d’uniformisation, de nivellement et d’exclusion de ce qui diffère, mais qui au contraire englobe, et compose largement,
365 des valeurs bien souvent antinomiques, provenant d’ origines multiples, dont les contrastes et les combinaisons entretienn
366 etiennent des tensions renouvelées sans répit. Et de là vient l’irrépressible dynamisme qui a porté la civilisation europé
367 répressible dynamisme qui a porté la civilisation européenne sur tous les continents découverts tour à tour, conquis par nos avent
368 contre nous, pour le meilleur et pour le pire. Et de là viennent aussi nos divisions mortelles, nos efforts pour les surmo
369 verselles, et toutes les créations qui ne cessent de jaillir de cette discorde permanente. Dès l’aube de la philosophie oc
370 et toutes les créations qui ne cessent de jaillir de cette discorde permanente. Dès l’aube de la philosophie occidentale,
371 jaillir de cette discorde permanente. Dès l’aube de la philosophie occidentale, dans l’une de ces cités d’Ionie où prit n
372 l’aube de la philosophie occidentale, dans l’une de ces cités d’Ionie où prit naissance la dialectique de notre histoire,
373 philosophie occidentale, dans l’une de ces cités d’ Ionie où prit naissance la dialectique de notre histoire, Héraclite éc
374 es cités d’Ionie où prit naissance la dialectique de notre histoire, Héraclite écrivait cette phrase décisive, qu’il faut
375 e décisive, qu’il faut tenir pour la formule même d’ une unité spécifiquement européenne : Ce qui s’oppose coopère, et de l
376 r pour la formule même d’une unité spécifiquement européenne  : Ce qui s’oppose coopère, et de la lutte des contraires procède la p
377 iquement européenne : Ce qui s’oppose coopère, et de la lutte des contraires procède la plus belle harmonie. De ce temps
378 des contraires procède la plus belle harmonie. De ce temps jusqu’au nôtre, tout concourt à nourrir ce paradoxe qui para
379 paradoxe qui paraît bien être la loi constitutive de notre histoire et le ressort de notre pensée : l’antinomie de l’Un et
380 loi constitutive de notre histoire et le ressort de notre pensée : l’antinomie de l’Un et du Divers, l’Unité dans la Dive
381 toire et le ressort de notre pensée : l’antinomie de l’Un et du Divers, l’Unité dans la Diversité, et la coexistence fécon
382 ses dernières conséquences, découvre ainsi l’idée de l’atome et celle de l’individu, d’où les excès de l’individualisme he
383 uences, découvre ainsi l’idée de l’atome et celle de l’individu, d’où les excès de l’individualisme hellénistique qui ne m
384 e ainsi l’idée de l’atome et celle de l’individu, d’ où les excès de l’individualisme hellénistique qui ne manqueront pas d
385 de l’atome et celle de l’individu, d’où les excès de l’individualisme hellénistique qui ne manqueront pas d’appeler la tyr
386 ndividualisme hellénistique qui ne manqueront pas d’ appeler la tyrannie. Rome, en réponse à ce défi de l’anarchie, invente
387 d’appeler la tyrannie. Rome, en réponse à ce défi de l’anarchie, invente l’État et les institutions centralisées : elle po
388 ’irrémédiable et dangereux Ennui, jusqu’à ce vide de l’âme inoccupée qui appelle les tempêtes et les révolutions. Le chris
389 Le christianisme apporte alors un troisième monde de valeurs, assez mal conciliables avec celles de la sagesse grecque, et
390 de de valeurs, assez mal conciliables avec celles de la sagesse grecque, et totalement contraires à celles de Rome. À la m
391 agesse grecque, et totalement contraires à celles de Rome. À la morale de la mesure et de la raison utilitaire, il oppose
392 talement contraires à celles de Rome. À la morale de la mesure et de la raison utilitaire, il oppose les élans de l’amour
393 res à celles de Rome. À la morale de la mesure et de la raison utilitaire, il oppose les élans de l’amour sans calcul, au
394 e et de la raison utilitaire, il oppose les élans de l’amour sans calcul, au droit de la force, le service du prochain, au
395 ète. Bien plus, il porte la contradiction au cœur de l’Être, et la traduit dans l’énoncé de ses dogmes fondamentaux : la T
396 on au cœur de l’Être, et la traduit dans l’énoncé de ses dogmes fondamentaux : la Trinité transporte en Dieu lui-même le p
397 a Trinité transporte en Dieu lui-même le paradoxe de l’Un et du Divers, tandis que l’Incarnation porte à l’extrême la coex
398 existence des contraires, l’impensable définition de la Personne de Jésus‑Christ comme « vrai Dieu et vrai homme » à la fo
399 ontraires, l’impensable définition de la Personne de Jésus‑Christ comme « vrai Dieu et vrai homme » à la fois, selon les f
400 omme » à la fois, selon les formules conciliaires de Nicée et de Chalcédoine. Or, ces valeurs grecques, romaines et chréti
401 fois, selon les formules conciliaires de Nicée et de Chalcédoine. Or, ces valeurs grecques, romaines et chrétiennes, qui s
402 urs triomphes alternés, elles durent dans l’ombre de l’histoire, dans la tradition, dans les livres, et dans l’inconscient
403 nt toutes, sans exception, dans la vie des hommes d’ aujourd’hui. Un seul exemple : le dogme de la Trinité, hors de la trad
404 hommes d’aujourd’hui. Un seul exemple : le dogme de la Trinité, hors de la tradition ecclésiastique, a fourni le modèle d
405 e la tradition ecclésiastique, a fourni le modèle de la dialectique hégélienne, repris par Marx, puis par Lénine avec les
406 que l’on sait jusque dans l’existence quotidienne de 700 millions de Chinois qui se croyaient confucianistes, bouddhistes,
407 sque dans l’existence quotidienne de 700 millions de Chinois qui se croyaient confucianistes, bouddhistes, ou sans croyanc
408 n’est pas tout. Avec les trois sources classiques d’ Athènes, de Rome et de Jérusalem, viennent confluer dans le haut Moyen
409 out. Avec les trois sources classiques d’Athènes, de Rome et de Jérusalem, viennent confluer dans le haut Moyen Âge la sou
410 es trois sources classiques d’Athènes, de Rome et de Jérusalem, viennent confluer dans le haut Moyen Âge la source germani
411 droit communautaire et personnel, et les valeurs d’ honneur et de fidélité, la seconde apportant le sens du rêve et le gra
412 autaire et personnel, et les valeurs d’honneur et de fidélité, la seconde apportant le sens du rêve et le grand thème de l
413 conde apportant le sens du rêve et le grand thème de la Quête aventureuse d’un Lancelot et d’un Perceval ou d’un Tristan,
414 du rêve et le grand thème de la Quête aventureuse d’ un Lancelot et d’un Perceval ou d’un Tristan, symbole mystique. Faut‑i
415 nd thème de la Quête aventureuse d’un Lancelot et d’ un Perceval ou d’un Tristan, symbole mystique. Faut‑il enfin rappeler
416 ête aventureuse d’un Lancelot et d’un Perceval ou d’ un Tristan, symbole mystique. Faut‑il enfin rappeler l’apport arabe, q
417 l’apport arabe, qui ne se limite pas au « retour d’ Aristote », ni au zéro, ni à la suite des chiffres « arabes », mais qu
418 bes », mais qui est l’une des sources principales de la poésie amoureuse, donc de l’amour tel qu’on le parle et qu’on croi
419 sources principales de la poésie amoureuse, donc de l’amour tel qu’on le parle et qu’on croit le sentir en Occident ; l’a
420 xxe siècle ? Tout cela dure, agit et vit en nous de mille manières. Tout cela se combine en figures et en structures vari
421 variées à l’infini, mais dont la plus fréquente, de très loin, est le couple d’antinomies inséparables : autorité et libe
422 nt la plus fréquente, de très loin, est le couple d’ antinomies inséparables : autorité et liberté, personne et communauté,
423 ence, hérésie créatrice et saine doctrine, besoin de sécurité et goût du risque, conformité qui maintient les valeurs et o
424 s en fournit les moyens. Enfin tout cela dénote l’ Europe comme patrie de la diversité. L’Européen moyen déclare parfois et pen
425 ens. Enfin tout cela dénote l’Europe comme patrie de la diversité. L’Européen moyen déclare parfois et pense toujours : « 
426 a dénote l’Europe comme patrie de la diversité. L’ Européen moyen déclare parfois et pense toujours : « Quelle est ma raison d’êt
427 arfois et pense toujours : « Quelle est ma raison d’ être, si je suis comme tout le monde ? » À ses yeux — et cela peut ser
428 e distinguer » ou « être distingué » est synonyme d’ honneur mérité ou reçu, non pas d’impardonnable faute de goût, de tent
429  » est synonyme d’honneur mérité ou reçu, non pas d’ impardonnable faute de goût, de tentative déviationniste, ou de blasph
430 é ou reçu, non pas d’impardonnable faute de goût, de tentative déviationniste, ou de blasphème, comme ce serait le cas dan
431 le faute de goût, de tentative déviationniste, ou de blasphème, comme ce serait le cas dans les sociétés primitives, dans
432 totalitaires, ou dans l’Inde religieuse. Le goût de différer, si peu que ce soit, est si cher aux Européens qu’il les por
433 de différer, si peu que ce soit, est si cher aux Européens qu’il les porte à exagérer d’une manière tout à fait extravagante l’i
434 si cher aux Européens qu’il les porte à exagérer d’ une manière tout à fait extravagante l’importance de ce qui les distin
435 une manière tout à fait extravagante l’importance de ce qui les distingue. C’est ainsi qu’ils en viennent à penser sincère
436 s’il le faut, du fait qu’ils n’ont en somme rien de commun ! Un jour, tandis que je présidais une table ronde du Conseil
437 ronde du Conseil de l’Europe, irrité par ce genre d’ objections à l’union, j’écrivis sur une page de bloc‑notes « à faire c
438 re d’objections à l’union, j’écrivis sur une page de bloc‑notes « à faire circuler » autour du tapis vert l’essai de défin
439 « à faire circuler » autour du tapis vert l’essai de définition suivant : L’Européen ne serait‑il pas cet homme étrange q
440 du tapis vert l’essai de définition suivant : L’ Européen ne serait‑il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen da
441 t‑il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans la mesure précise où il doute qu’il le soit, et prétend au contr
442 er soit avec l’homme universel, soit avec l’homme d’ une seule nation de cette Europe dont il révèle ainsi qu’il fait parti
443 e universel, soit avec l’homme d’une seule nation de cette Europe dont il révèle ainsi qu’il fait partie, par le seul fait
444 el, soit avec l’homme d’une seule nation de cette Europe dont il révèle ainsi qu’il fait partie, par le seul fait qu’il le con
445 e ? On ne changera pas cela, ce ne serait plus l’ Europe . Le goût furieux de différer, par lequel nous nous ressemblons tous,
446 cela, ce ne serait plus l’Europe. Le goût furieux de différer, par lequel nous nous ressemblons tous, c’est notre mal et n
447 r notre union, si l’on veut qu’elle mérite le nom d’ Europe. ⁂ Si l’on me demande maintenant comment on peut traduire en t
448 notre union, si l’on veut qu’elle mérite le nom d’ Europe . ⁂ Si l’on me demande maintenant comment on peut traduire en termes
449 re en termes de structures politiques cette unité de culture non unitaire et si hautement diversifiée, je répondrai que la
450 ent par l’union dans la diversité, et cette forme d’ union porte un nom bien connu dans l’histoire des régimes politiques,
451 nnu dans l’histoire des régimes politiques, c’est de toute évidence : fédéralisme. Je ne vois pas d’autre forme d’union q
452 de toute évidence : fédéralisme. Je ne vois pas d’ autre forme d’union qui réponde à la double exigence du respect des di
453 ence : fédéralisme. Je ne vois pas d’autre forme d’ union qui réponde à la double exigence du respect des diversités et de
454 à la double exigence du respect des diversités et de l’instauration d’une force suffisante pour garantir leur concurrence
455 ce du respect des diversités et de l’instauration d’ une force suffisante pour garantir leur concurrence féconde, dans la p
456 concurrence féconde, dans la paix. Je ne vois pas d’ autre réponse imaginable au défi que l’Histoire nous pose dans les ter
457 échappatoire possible désormais : s’unir, au‑delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités — cré
458 tés — créer un pouvoir fédéral pour la sauvegarde de nos autonomies. Car ces autonomies seront perdues une à une, si nous
459 qui fait toute ma thèse : étant donné que la base de notre unité est une culture pluraliste, on ne peut fonder sur elle qu
460 déclare, avec Churchill dans son fameux discours de Zurich — qu’il n’y a pas une minute à perdre ! Quel est l’obstacle ap
461 ns mystérieux : l’obstacle à toute union possible de l’Europe (donc à toute union fédérale) n’est autre que l’État‑nation,
462 stérieux : l’obstacle à toute union possible de l’ Europe (donc à toute union fédérale) n’est autre que l’État‑nation, tel que
463 e la guerre. C’est ce modèle que tous les peuples de l’Europe, grands et petits, ont imité l’un après l’autre tout au long
464 guerre. C’est ce modèle que tous les peuples de l’ Europe , grands et petits, ont imité l’un après l’autre tout au long du xixe
465 près l’autre tout au long du xixe siècle, suivis de nos jours par le reste du monde, notamment par le tiers-monde, mal dé
466  ? C’est soumettre toute une nation, ou un groupe de nations conquises par l’une d’entre elles, aux pouvoirs absolus de l’
467 ses par l’une d’entre elles, aux pouvoirs absolus de l’État. C’est vouloir faire coïncider sur un même territoire, défini
468 e sort des guerres et du coup baptisé « sol sacré de la patrie », des réalités absolument hétérogènes, qui n’ont aucune ra
469 s absolument hétérogènes, qui n’ont aucune raison d’ avoir les mêmes frontières, comme la langue et l’économie, l’état civi
470 encore, les idéologies ou les religions, sommées de s’arrêter sur une ligne de barbelés électrifiés. C’est livrer sans re
471 les religions, sommées de s’arrêter sur une ligne de barbelés électrifiés. C’est livrer sans recours toute l’existence hum
472 rs toute l’existence humaine aux seules décisions de bureaux installés dans une seule capitale, et interdire toute allégea
473 siècle. Rien donc de plus hostile à toute espèce d’ union tant soit peu sérieuse ou sincère, que cet État-nation qui, par
474 tat-nation qui, par ailleurs, se révèle incapable de répondre aux exigences concrètes de notre temps, puisqu’il est à la f
475 èle incapable de répondre aux exigences concrètes de notre temps, puisqu’il est à la fois trop petit pour agir à l’échelle
476 r un projet rationnel. Or voici l’ironie tragique de notre Histoire : c’est sur la base de cet obstacle radical à toute un
477 ie tragique de notre Histoire : c’est sur la base de cet obstacle radical à toute union que l’on s’efforce depuis vingt-ci
478 te union que l’on s’efforce depuis vingt-cinq ans d’ unir l’Europe ! Voilà qui explique suffisamment, je crois, pourquoi l’
479 que l’on s’efforce depuis vingt-cinq ans d’unir l’ Europe  ! Voilà qui explique suffisamment, je crois, pourquoi l’on n’a pas av
480 fisamment, je crois, pourquoi l’on n’a pas avancé d’ un mètre en direction de notre union politique. Entre l’union de l’Eur
481 rquoi l’on n’a pas avancé d’un mètre en direction de notre union politique. Entre l’union de l’Europe et les États-nations
482 direction de notre union politique. Entre l’union de l’Europe et les États-nations sacralisés, entre une nécessité humaine
483 tion de notre union politique. Entre l’union de l’ Europe et les États-nations sacralisés, entre une nécessité humaine des plus
484 é humaine des plus concrètes et le culte prolongé d’ un mythe, il faut choisir. Pour la première fois dans son histoire, l
485 istoire, l’homme se voit aujourd’hui en situation de choisir librement son avenir. Jusqu’à nous, point de choix économique
486 choisir librement son avenir. Jusqu’à nous, point de choix économiques ni même peut-être politiques longuement délibérés,
487 nécessaire est assuré, on se bat pour le contrôle de zones d’influence plus idéologiques que commerciales (voir le Vietnam
488 e est assuré, on se bat pour le contrôle de zones d’ influence plus idéologiques que commerciales (voir le Vietnam) et l’on
489 en somme du superflu. Mais dès lors que ce choix de notre avenir est libre, nous voici contraints de le faire, à nos risq
490 de notre avenir est libre, nous voici contraints de le faire, à nos risques et périls ! Nous voici contraints de nous dem
491 , à nos risques et périls ! Nous voici contraints de nous demander ce que nous attendons de notre vie et de la Société, ce
492 contraints de nous demander ce que nous attendons de notre vie et de la Société, ce que nous voulons réellement, principal
493 us demander ce que nous attendons de notre vie et de la Société, ce que nous voulons réellement, principalement, et contra
494 voulons réellement, principalement, et contraints de tirer des plans en conséquence. Voulons-nous par exemple à tout prix
495 rix sommes-nous prêts à payer pour cela ? Le prix de certaines libertés, ou le prix d’un confort toujours accru ? Ces dile
496 cela ? Le prix de certaines libertés, ou le prix d’ un confort toujours accru ? Ces dilemmes se posent aujourd’hui à tous
497 peuples avancés sous le rapport de l’industrie et de la technique. Et ils les forcent à reposer des questions difficiles,
498 s difficiles, voire angoissantes sur le sens même de la vie… D’une façon plus précise, en Europe, il nous faut décider si
499 , voire angoissantes sur le sens même de la vie… D’ une façon plus précise, en Europe, il nous faut décider si notre union
500 ens même de la vie… D’une façon plus précise, en Europe , il nous faut décider si notre union aura pour but la Puissance colle
501 cider, en toute conscience, et vite, car le choix de la fin implique évidemment celui des moyens adéquats ; mais à l’inver
502 adéquats ; mais à l’inverse, si vous vous trompez de moyens, ils risquent bien de vous conduire où vous ne vouliez pas all
503 si vous vous trompez de moyens, ils risquent bien de vous conduire où vous ne vouliez pas aller… Voici donc le dilemme pré
504 sent : Si nous attribuons pour finalité à la Cité européenne de demain la Puissance, c’est‑à‑dire la puissance industrielle et mil
505 ous attribuons pour finalité à la Cité européenne de demain la Puissance, c’est‑à‑dire la puissance industrielle et milita
506 re la puissance industrielle et militaire massive d’ une sorte de Troisième Grand préoccupé principalement de tenir tête au
507 nce industrielle et militaire massive d’une sorte de Troisième Grand préoccupé principalement de tenir tête aux deux autre
508 sorte de Troisième Grand préoccupé principalement de tenir tête aux deux autres, alors il faut créer un super État-nation
509 t agressif, comme la France de Napoléon, et faire de nos États autant de départements. Il faut tout unifier par des lois i
510 France de Napoléon, et faire de nos États autant de départements. Il faut tout unifier par des lois inflexibles, sans éga
511 ttre la production industrielle au seul impératif de l’élévation perpétuelle du PNB — cette tour de Babel du xxe siècle !
512 if de l’élévation perpétuelle du PNB — cette tour de Babel du xxe siècle ! Une politique européenne de ce type, simple tr
513 ette tour de Babel du xxe siècle ! Une politique européenne de ce type, simple transposition de la formule d’État-nation à l’éche
514 e Babel du xxe siècle ! Une politique européenne de ce type, simple transposition de la formule d’État-nation à l’échelle
515 tique européenne de ce type, simple transposition de la formule d’État-nation à l’échelle continentale, serait capable san
516 ne de ce type, simple transposition de la formule d’ État-nation à l’échelle continentale, serait capable sans nul doute de
517 helle continentale, serait capable sans nul doute de créer une Europe très forte, mais qui serait très peu européenne. San
518 ntale, serait capable sans nul doute de créer une Europe très forte, mais qui serait très peu européenne. Sans compter qu’un S
519 r une Europe très forte, mais qui serait très peu européenne . Sans compter qu’un Super État-nation ne pourrait être imposé à tous
520 ait être imposé à tous nos peuples qu’à la faveur d’ une guerre générale selon la loi de formation de l’État-nation dès ses
521 qu’à la faveur d’une guerre générale selon la loi de formation de l’État-nation dès ses débuts. Il s’agit donc d’une utopi
522 r d’une guerre générale selon la loi de formation de l’État-nation dès ses débuts. Il s’agit donc d’une utopie catastrophi
523 n de l’État-nation dès ses débuts. Il s’agit donc d’ une utopie catastrophique, mais dont la réalisation ne saurait être ex
524 ontraire, si nous donnons pour finalité à la Cité européenne la liberté, c’est-à-dire les plus grandes possibilités d’épanouisseme
525 berté, c’est-à-dire les plus grandes possibilités d’ épanouissement des personnes, de participation des citoyens et d’auton
526 ndes possibilités d’épanouissement des personnes, de participation des citoyens et d’autonomie des communautés (la product
527 t des personnes, de participation des citoyens et d’ autonomie des communautés (la production industrielle n’étant qu’un de
528 production industrielle n’étant qu’un des moyens de ces libertés), alors il faut reconnaître que l’État-nation n’est pas
529 jourd’hui radicalement incompatible avec les fins de l’Europe et de la liberté. Il faut adopter sans délai les méthodes le
530 ’hui radicalement incompatible avec les fins de l’ Europe et de la liberté. Il faut adopter sans délai les méthodes les plus pr
531 alement incompatible avec les fins de l’Europe et de la liberté. Il faut adopter sans délai les méthodes les plus propres
532 nalismes, et se consacrer sérieusement à la tâche de construire des modèles neufs pour une cité rendue à l’usage de l’homm
533 des modèles neufs pour une cité rendue à l’usage de l’homme. Il faut mettre en commun à l’échelle fédérale continentale,
534 e qui est nécessaire pour garantir les autonomies de tous ordres, régionales, communales et personnelles, mais rien de plu
535 idéologiques et religieuses, contre la prétention de l’État-nation à leur monopole absolu. Il faut distribuer les pouvoirs
536 uer les pouvoirs étatiques aux différents niveaux de décision — le communal, le régional, le fédéral — indiqués par la nat
537 la nature des tâches, leurs dimensions et celles de la communauté la plus apte à les administrer. En un mot, il faut appl
538 é : ces deux finalités commandent deux politiques d’ union, dont je crains bien qu’on ne puisse pas impunément continuer à
539 continuer à mêler les moyens. On ne manquera pas de m’objecter en ce point que la politique a toujours eu pour fin réelle
540 s ont choisi la puissance comme seul but réaliste de la société politique ; le reste — la justice, la paix, la liberté — é
541  la justice, la paix, la liberté — étant manières de parler plus ou moins nobles, ou pure et simple captatio démagogique.
542 tio démagogique. Mais je vois aussi que seuls des Européens , rares mais exemplaires, ont osé proclamer, d’Aristote à Rousseau et
543 péens, rares mais exemplaires, ont osé proclamer, d’ Aristote à Rousseau et de William Penn à Proudhon, que les libertés pe
544 ires, ont osé proclamer, d’Aristote à Rousseau et de William Penn à Proudhon, que les libertés personnelles et les communa
545 nomes valent mieux que la puissance collective. L’ Europe unie sera seule capable de réaliser leur vision. On me dira peut‑être
546 ance collective. L’Europe unie sera seule capable de réaliser leur vision. On me dira peut‑être aussi que je radicalise in
547 e au dilemme Puissance ou Liberté comme finalités de l’union. Mais je ne crois pas qu’il y ait un tiers parti tenable. Je
548 oquait le général de Gaulle, et qui serait formée d’ États-nations conservant jalousement leurs prétentions à la souveraine
549 amicale des misanthropes. Je crois à la nécessité de défaire nos États‑nations. Ou plutôt, de les dépasser, de démystifier
550 écessité de défaire nos États‑nations. Ou plutôt, de les dépasser, de démystifier leur sacré, de percer leurs frontières c
551 re nos États‑nations. Ou plutôt, de les dépasser, de démystifier leur sacré, de percer leurs frontières comme des écumoire
552 utôt, de les dépasser, de démystifier leur sacré, de percer leurs frontières comme des écumoires, de narguer ces frontière
553 , de percer leurs frontières comme des écumoires, de narguer ces frontières sur terre, sous terre et dans les airs, et de
554 tières sur terre, sous terre et dans les airs, et de ne pas perdre une occasion de faire voir à quel point elles sont absu
555 t dans les airs, et de ne pas perdre une occasion de faire voir à quel point elles sont absurdes. Elles sont encore effica
556 it aider : les échanges culturels, les mouvements de personnes, la concertation rationnelle des productions industrielles
557 tre : les tempêtes et les épidémies, la pollution de l’air et des fleuves, les attaques aériennes, les ondes de la propaga
558 et des fleuves, les attaques aériennes, les ondes de la propagande et les grandes contagions dites idéologiques. Elles emp
559 ns dites idéologiques. Elles empêchent simplement de bien traiter ces problèmes. Ce statut des frontières, doublement défi
560 tières, doublement déficient, est caractéristique de tout ce qui touche à l’État-nation : néfaste dans la mesure où il est
561 ous les pays à la fois…) ne sont pas le type même de faux problèmes, résultant de la seule fiction d’économies dites natio
562 ont pas le type même de faux problèmes, résultant de la seule fiction d’économies dites nationales, qui ne correspondent à
563 de faux problèmes, résultant de la seule fiction d’ économies dites nationales, qui ne correspondent à rien d’économique.
564 ies dites nationales, qui ne correspondent à rien d’ économique. Mais ce que je sais de science certaine, c’est que les Éta
565 spondent à rien d’économique. Mais ce que je sais de science certaine, c’est que les États-nations n’existent pas dans l’h
566 les États-nations n’existent pas dans l’histoire de la culture, et que le « cheminement des esprits » dont parlait Robert
567 dans ce plan, elles n’existent pas. Il n’y a pas de « cultures nationales », en dépit des manuels scolaires, il n’y a que
568 traires opérées après coup dans l’ensemble vivant de la culture européenne. Et les diversités que nous devons respecter ne
569 s après coup dans l’ensemble vivant de la culture européenne . Et les diversités que nous devons respecter ne sont pas celles de ce
570 ités que nous devons respecter ne sont pas celles de ces États-nations nés d’hier : elles les traversent et les divisent t
571 ecter ne sont pas celles de ces États-nations nés d’ hier : elles les traversent et les divisent tous également, et ne coïn
572 frontière. Nos États-nations, obsédés par l’idée de « se faire respecter », oublient qu’ils n’y arriveraient qu’en se ren
573 ace, qui doit être mis au service des citoyens et de leurs cités ; et non l’inverse. Cessez donc, Messieurs les ministres,
574 l’inverse. Cessez donc, Messieurs les ministres, d’ essayer d’apaiser les ennemis de l’union en jurant de ne jamais touche
575 . Cessez donc, Messieurs les ministres, d’essayer d’ apaiser les ennemis de l’union en jurant de ne jamais toucher aux droi
576 rs les ministres, d’essayer d’apaiser les ennemis de l’union en jurant de ne jamais toucher aux droits sacrés de vos États
577 ssayer d’apaiser les ennemis de l’union en jurant de ne jamais toucher aux droits sacrés de vos États-nations ! Vous savez
578 en jurant de ne jamais toucher aux droits sacrés de vos États-nations ! Vous savez bien que vous ne pourrez pas unir l’Eu
579  ! Vous savez bien que vous ne pourrez pas unir l’ Europe en proclamant votre attachement aux causes mêmes de sa division ! Pou
580 en proclamant votre attachement aux causes mêmes de sa division ! Pourquoi ne pas le dire ouvertement ? Tous les sondages
581 oi ne pas le dire ouvertement ? Tous les sondages d’ opinion le montrent : on vous suivrait, si vous osiez marcher. Il faut
582 tribuer et répartir l’État aux différents niveaux de décision où il peut servir une entité vivante, civique, économique ou
583 trôlé par l’usager, distribuer et répartir l’État de la commune et de l’entreprise à la région et aux groupements de régio
584 r, distribuer et répartir l’État de la commune et de l’entreprise à la région et aux groupements de régions jusqu’au nivea
585 et de l’entreprise à la région et aux groupements de régions jusqu’au niveau européen ; là, des Agences fédérales, du type
586 ion et aux groupements de régions jusqu’au niveau européen  ; là, des Agences fédérales, du type de la Communauté de Bruxelles, s
587 eau européen ; là, des Agences fédérales, du type de la Communauté de Bruxelles, seront chargées de la concertation des gr
588 , des Agences fédérales, du type de la Communauté de Bruxelles, seront chargées de la concertation des grandes tâches d’in
589 pe de la Communauté de Bruxelles, seront chargées de la concertation des grandes tâches d’intérêt public, tâches politique
590 nt chargées de la concertation des grandes tâches d’ intérêt public, tâches politiques au sens originel du mot : l’économie
591 ontinentales. Et vous noterez que je ne parle pas de relations ou d’affaires étrangères : c’est un mot qu’il nous faut ban
592 vous noterez que je ne parle pas de relations ou d’ affaires étrangères : c’est un mot qu’il nous faut bannir du vocabulai
593 ous faut bannir du vocabulaire politique dans une Europe fédérée, au seuil de l’ère du monde uni. Voilà donc le modèle fédéral
594 laire politique dans une Europe fédérée, au seuil de l’ère du monde uni. Voilà donc le modèle fédéraliste de la Cité europ
595 re du monde uni. Voilà donc le modèle fédéraliste de la Cité européenne : la complexité des régions rendra justice à ses f
596 uni. Voilà donc le modèle fédéraliste de la Cité européenne  : la complexité des régions rendra justice à ses fécondes diversités,
597 a justice à ses fécondes diversités, et l’ampleur de la fédération exprimera l’unité millénaire de sa culture. Dira-t-on q
598 eur de la fédération exprimera l’unité millénaire de sa culture. Dira-t-on que ce programme est révolutionnaire ? Il l’est
599 tionnaire ? Il l’est, bien sûr : on ne fera pas l’ Europe sans casser des œufs, nous le voyons depuis vingt-cinq ans. Mais il l
600 finalités politiques. Donner comme but à la Cité européenne la Liberté non la Puissance, un mode de vie qualitatif, non pas un « 
601  niveau de vie » déterminé en termes de profit et de PNB, c’est passer du matérialisme capitaliste et communiste à la mise
602 et communiste à la mise en question du sens même de nos vies, et des vrais buts de nos activités communautaires et person
603 stion du sens même de nos vies, et des vrais buts de nos activités communautaires et personnelles. Si sérieux que soient l
604 personnelles. Si sérieux que soient les problèmes de prix du lait, du blé ou même du vin, il est clair que l’Europe des ma
605 u lait, du blé ou même du vin, il est clair que l’ Europe des marchandages entre économies étatiques ne peut pas entraîner d’ad
606 s entre économies étatiques ne peut pas entraîner d’ adhésions enthousiastes. Les jeunes gens d’aujourd’hui ne seront pas c
607 raîner d’adhésions enthousiastes. Les jeunes gens d’ aujourd’hui ne seront pas convaincus par des avantages matériels : ils
608 urement, c’est un but transcendant, c’est un sens de la vie, maintenant que la guerre n’est plus leur exutoire, l’alibi de
609 rre n’est plus leur exutoire, l’alibi des raisons de vivre inexistantes. La réponse à la contestation de la jeunesse, dans
610 vivre inexistantes. La réponse à la contestation de la jeunesse, dans le monde entier, ne relève pas de l’économie, et en
611 la jeunesse, dans le monde entier, ne relève pas de l’économie, et encore moins de la politique au sens étroit et partisa
612 ier, ne relève pas de l’économie, et encore moins de la politique au sens étroit et partisan du terme. Elle exige la recré
613 it et partisan du terme. Elle exige la recréation de communautés véritables. Et la Cité européenne — Res publica europaea
614 recréation de communautés véritables. Et la Cité européenne — Res publica europaea — fondée sur les communes et les régions libre
615 i l’on me dit maintenant que c’est une utopie que de vouloir dépasser l’État‑nation, je réponds que c’est au contraire la
616 que c’est au contraire la grande tâche politique de notre temps. Précisons : des vingt ans qui viennent. Car à ce prix se
617 i viennent. Car à ce prix seulement nous ferons l’ Europe , et nous la ferons pour toute l’humanité, nous lui devons cela. Une E
618 pour toute l’humanité, nous lui devons cela. Une Europe qui ne sera pas nécessairement la plus puissante ou la plus riche, ma
619 lus puissante ou la plus riche, mais bien ce coin de la planète indispensable au monde de demain, et où les hommes pourron
620 bien ce coin de la planète indispensable au monde de demain, et où les hommes pourront trouver non pas le plus de bonheur,
621 et où les hommes pourront trouver non pas le plus de bonheur, peut‑être, mais le plus de saveur, le plus de sens à la vie.
622 n pas le plus de bonheur, peut‑être, mais le plus de saveur, le plus de sens à la vie. 5. Discours prononcé à l’Universi
623 nheur, peut‑être, mais le plus de saveur, le plus de sens à la vie. 5. Discours prononcé à l’Université de Bonn, le 15 a
624 s à la vie. 5. Discours prononcé à l’Université de Bonn, le 15 avril 1970, pour la réception du prix Robert Schumann déc