1 1970, L’Un et le Divers ou la Cité européenne. I. Pour une nouvelle définition du fédéralisme
1 urgatoire de mille ans. » Dans quelle voie sommes- nous engagés après un siècle ? Celle des fédérations et de l’harmonie des
2 a l’élément formateur ou hégémonique de chacun de nos États unitaires. Renaissance donc des micro-nationalismes locaux, qui
3 contraires du xxe siècle, l’État-nation européen nous apparaît, tel que les accidents de l’Histoire nous l’ont laissé, à la
4 ous apparaît, tel que les accidents de l’Histoire nous l’ont laissé, à la fois trop petit et trop grand. Il est trop petit p
5 ance et sa souveraineté absolue : car nul pays de notre Europe n’est plus en mesure de jouer un rôle mondial, d’assurer seul
6 comme au physique. Et en même temps, presque tous nos États centralisés — dans la mesure même où ils sont centralisés — se
7 ule stato-nationale élaborée par le xixe siècle, nous renvoient l’un comme l’autre à des formules de type fédéraliste. À la
8 dhonienne, voici donc une première réponse : oui, nous sommes bel et bien au seuil d’une ère potentiellement fédéraliste. P
9 lque cent-trente nations souveraines qui divisent notre humanité, je ne compte guère que deux douzaines d’États fédératifs, m
10 , doctrine du gouvernement fédératif. » Ce qui ne nous apprend rien, d’autant que « fédératif » est défini plus loin comme c
11 es et de gros volumes parus sur le sujet auraient suffire, semble-t-il, à clarifier un terme que le problème européen e
12 à clarifier un terme que le problème européen et nos situations nationales nous amènent à utiliser quotidiennement. Mais p
13 le problème européen et nos situations nationales nous amènent à utiliser quotidiennement. Mais pas du tout : le malheur con
14 lques années, on put entendre le recteur d’une de nos universités cantonales condamner le principe d’une subvention fédéral
15 ne subvention fédérale « parce qu’ici, disait-il, nous sommes fédéralistes ! » Si pareils malentendus sont le fait d’Europée
16 ucture de relations bipolaires dont le « modèle » nous est connu : c’est celui qu’ont élaboré les fondateurs de la philosoph
17 on du modèle des contraires en tension créatrice, nous le trouvons dans le christianisme des grands conciles. À Nicée, puis
18 une et double de Jésus-Christ. Et ils écrivent : Nous enseignons un seul et même Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai h
19 vrais corpuscules mais aussi de vraies ondes…) ⁂ Notre modèle de pensée fédéraliste ainsi posé à la clé de l’histoire europé
20 typiques d’un problème fédéraliste. À la base de notre analyse, plaçons une conception de l’homme analogue au modèle bipolai
21 s Personnes divines, et surtout à la deuxième, va nous servir de module. La personne humaine, c’est l’homme considéré dans s
22 avec d’autres hommes, ses semblables. Ces groupes devront être, à leur tour, à la fois autonomes et solidaires : pour eux aussi
23 sme n’est-il pas le même en sa forme que ceux que nous venons d’évoquer, puisqu’il consiste à concilier des confessions dist
24 itaire. De plus, les aires d’opération peuvent et doivent différer selon les tâches, j’entends selon qu’elles intéressent tous
25 it facile, mais qu’elle soit juste et éclairée.) Nous allons voir, enfin, que nos critères d’évaluation des dimensions et d
26 juste et éclairée.) Nous allons voir, enfin, que nos critères d’évaluation des dimensions et d’attribution des niveaux déc
27 que — c’est le même mot, selon l’étymologie — que nous allons enfin retrouver le problème classique du fédéralisme : comment
28 ique concrète que sont en train de se former sous nos yeux, en Europe, plus d’une centaine de régions à métropole destinées
29 ement mis en vedette l’importance historique4. » Nous voici loin de la forme politique bonne pour les sauvages dont parlait
30 roitement légales et constitutionnelles du xixe . Nous voici sur le seuil de l’ère des grandes unions et des petites unités
31 11, novembre 1965, p. 1-13 [NdE] On trouvera dans notre édition en ligne la version publiée dans le Bulletin du Centre europé
2 1970, L’Un et le Divers ou la Cité européenne. II. La Cité européenne
32 une alliance militaire ou une entité économique, doit être une communauté culturelle. L’unité de l’Europe ne se fera ni uni
33 e, avec Robert Schuman, qu’il est possible d’unir nos pays pour cette raison littéralement fondamentale qu’une unité de bas
34 cultivés » ou non, conscients ou non de ce qu’ils doivent , en fait, à la culture. Unité non pas homogène et qui ne résulte pas
35 es continents découverts tour à tour, conquis par nos aventuriers puis libérés au nom de nos principes, molestés, réveillés
36 onquis par nos aventuriers puis libérés au nom de nos principes, molestés, réveillés, mis en mouvement, fût‑ce contre nous,
37 estés, réveillés, mis en mouvement, fût‑ce contre nous , pour le meilleur et pour le pire. Et de là viennent aussi nos divisi
38 meilleur et pour le pire. Et de là viennent aussi nos divisions mortelles, nos efforts pour les surmonter par le recours à
39 Et de là viennent aussi nos divisions mortelles, nos efforts pour les surmonter par le recours à des instances universelle
40 cités d’Ionie où prit naissance la dialectique de notre histoire, Héraclite écrivait cette phrase décisive, qu’il faut tenir
41 de la plus belle harmonie. De ce temps jusqu’au nôtre , tout concourt à nourrir ce paradoxe qui paraît bien être la loi cons
42 adoxe qui paraît bien être la loi constitutive de notre histoire et le ressort de notre pensée : l’antinomie de l’Un et du Di
43 i constitutive de notre histoire et le ressort de notre pensée : l’antinomie de l’Un et du Divers, l’Unité dans la Diversité,
44 ur autant : entre leurs triomphes alternés, elles durent dans l’ombre de l’histoire, dans la tradition, dans les livres, et da
45 n au xxe siècle ? Tout cela dure, agit et vit en nous de mille manières. Tout cela se combine en figures et en structures v
46 este et les rénove. Tout cela préforme, dès avant notre naissance, nos sensibilités et nos jugements moraux, nos réflexes soc
47 e. Tout cela préforme, dès avant notre naissance, nos sensibilités et nos jugements moraux, nos réflexes sociaux et nos bes
48 e, dès avant notre naissance, nos sensibilités et nos jugements moraux, nos réflexes sociaux et nos besoins économiques. To
49 ssance, nos sensibilités et nos jugements moraux, nos réflexes sociaux et nos besoins économiques. Tout cela nous incite au
50 et nos jugements moraux, nos réflexes sociaux et nos besoins économiques. Tout cela nous incite aussi à remettre en questi
51 xes sociaux et nos besoins économiques. Tout cela nous incite aussi à remettre en question ces déterminations, et nous en fo
52 ssi à remettre en question ces déterminations, et nous en fournit les moyens. Enfin tout cela dénote l’Europe comme patrie d
53 l’Europe. Le goût furieux de différer, par lequel nous nous ressemblons tous, c’est notre mal et notre bien, il faut en pren
54 ope. Le goût furieux de différer, par lequel nous nous ressemblons tous, c’est notre mal et notre bien, il faut en prendre s
55 rer, par lequel nous nous ressemblons tous, c’est notre mal et notre bien, il faut en prendre son parti, et c’est là-dessus q
56 el nous nous ressemblons tous, c’est notre mal et notre bien, il faut en prendre son parti, et c’est là-dessus qu’il faut bât
57 re son parti, et c’est là-dessus qu’il faut bâtir notre union, si l’on veut qu’elle mérite le nom d’Europe. ⁂ Si l’on me dem
58 d’autre réponse imaginable au défi que l’Histoire nous pose dans les termes les plus précis et sans échappatoire possible dé
59 appatoire possible désormais : s’unir, au‑delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités — créer u
60 delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités — créer un pouvoir fédéral pour la sauvegarde de no
61 — créer un pouvoir fédéral pour la sauvegarde de nos autonomies. Car ces autonomies seront perdues une à une, si nous refu
62 . Car ces autonomies seront perdues une à une, si nous refusons l’union qui ferait leur force ; mais en retour, cette union
63 fait toute ma thèse : étant donné que la base de notre unité est une culture pluraliste, on ne peut fonder sur elle qu’une u
64 dans ce sens, depuis près de vingt‑cinq ans qu’on nous déclare, avec Churchill dans son fameux discours de Zurich — qu’il n’
65 s l’autre tout au long du xixe siècle, suivis de nos jours par le reste du monde, notamment par le tiers-monde, mal décolo
66 incapable de répondre aux exigences concrètes de notre temps, puisqu’il est à la fois trop petit pour agir à l’échelle mondi
67 n projet rationnel. Or voici l’ironie tragique de notre Histoire : c’est sur la base de cet obstacle radical à toute union qu
68 oi l’on n’a pas avancé d’un mètre en direction de notre union politique. Entre l’union de l’Europe et les États-nations sacra
69 ituation de choisir librement son avenir. Jusqu’à nous , point de choix économiques ni même peut-être politiques longuement d
70 somme du superflu. Mais dès lors que ce choix de notre avenir est libre, nous voici contraints de le faire, à nos risques et
71 dès lors que ce choix de notre avenir est libre, nous voici contraints de le faire, à nos risques et périls ! Nous voici co
72 r est libre, nous voici contraints de le faire, à nos risques et périls ! Nous voici contraints de nous demander ce que nou
73 contraints de le faire, à nos risques et périls ! Nous voici contraints de nous demander ce que nous attendons de notre vie
74 nos risques et périls ! Nous voici contraints de nous demander ce que nous attendons de notre vie et de la Société, ce que
75 s ! Nous voici contraints de nous demander ce que nous attendons de notre vie et de la Société, ce que nous voulons réelleme
76 traints de nous demander ce que nous attendons de notre vie et de la Société, ce que nous voulons réellement, principalement,
77 s attendons de notre vie et de la Société, ce que nous voulons réellement, principalement, et contraints de tirer des plans
78 raints de tirer des plans en conséquence. Voulons- nous par exemple à tout prix élever notre niveau de vie, quantitatif — ou
79 ence. Voulons-nous par exemple à tout prix élever notre niveau de vie, quantitatif — ou plutôt voulons-nous sauvegarder un ce
80 re niveau de vie, quantitatif — ou plutôt voulons- nous sauvegarder un certain mode de vie, qualitatif ? Voulons-nous contrib
81 rder un certain mode de vie, qualitatif ? Voulons- nous contribuer à tout prix à l’accroissement indéfini du PNB (Produit Nat
82 ent, une communauté vivante ? Et quel prix sommes- nous prêts à payer pour cela ? Le prix de certaines libertés, ou le prix d
83 la vie… D’une façon plus précise, en Europe, il nous faut décider si notre union aura pour but la Puissance collective ou
84 plus précise, en Europe, il nous faut décider si notre union aura pour but la Puissance collective ou la Liberté des personn
85 ssance collective ou la Liberté des personnes. Il nous faut le décider, en toute conscience, et vite, car le choix de la fin
86 iez pas aller… Voici donc le dilemme présent : Si nous attribuons pour finalité à la Cité européenne de demain la Puissance,
87 gressif, comme la France de Napoléon, et faire de nos États autant de départements. Il faut tout unifier par des lois infle
88 Super État-nation ne pourrait être imposé à tous nos peuples qu’à la faveur d’une guerre générale selon la loi de formatio
89 saurait être exclue pour autant. Au contraire, si nous donnons pour finalité à la Cité européenne la liberté, c’est-à-dire l
90 et je vois bien que toutes les civilisations que nous connaissons ont choisi la puissance comme seul but réaliste de la soc
91 misanthropes. Je crois à la nécessité de défaire nos États‑nations. Ou plutôt, de les dépasser, de démystifier leur sacré,
92 ne servent absolument à rien pour arrêter ce qui devrait l’être : les tempêtes et les épidémies, la pollution de l’air et des
93 r sur lui. Je ne sais, n’étant pas économiste, si nos États-nations délimités pour la plupart au xixe et au xxe siècles,
94 t de la culture européenne. Et les diversités que nous devons respecter ne sont pas celles de ces États-nations nés d’hier :
95 la culture européenne. Et les diversités que nous devons respecter ne sont pas celles de ces États-nations nés d’hier : elles
96 t, et ne coïncident jamais avec aucune frontière. Nos États-nations, obsédés par l’idée de « se faire respecter », oublient
97 n’est qu’un appareil plus ou moins efficace, qui doit être mis au service des citoyens et de leurs cités ; et non l’inverse
98 ons ou d’affaires étrangères : c’est un mot qu’il nous faut bannir du vocabulaire politique dans une Europe fédérée, au seui
99 r : on ne fera pas l’Europe sans casser des œufs, nous le voyons depuis vingt-cinq ans. Mais il l’est moins parce qu’il dema
100 communiste à la mise en question du sens même de nos vies, et des vrais buts de nos activités communautaires et personnell
101 on du sens même de nos vies, et des vrais buts de nos activités communautaires et personnelles. Si sérieux que soient les p
102 e c’est au contraire la grande tâche politique de notre temps. Précisons : des vingt ans qui viennent. Car à ce prix seulemen
103 s vingt ans qui viennent. Car à ce prix seulement nous ferons l’Europe, et nous la ferons pour toute l’humanité, nous lui de
104 Car à ce prix seulement nous ferons l’Europe, et nous la ferons pour toute l’humanité, nous lui devons cela. Une Europe qui
105 ’Europe, et nous la ferons pour toute l’humanité, nous lui devons cela. Une Europe qui ne sera pas nécessairement la plus pu
106 et nous la ferons pour toute l’humanité, nous lui devons cela. Une Europe qui ne sera pas nécessairement la plus puissante ou