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urgatoire de mille ans. » Dans quelle voie sommes-
nous
engagés après un siècle ? Celle des fédérations et de l’harmonie des
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a l’élément formateur ou hégémonique de chacun de
nos
États unitaires. Renaissance donc des micro-nationalismes locaux, qui
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contraires du xxe siècle, l’État-nation européen
nous
apparaît, tel que les accidents de l’Histoire nous l’ont laissé, à la
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ous apparaît, tel que les accidents de l’Histoire
nous
l’ont laissé, à la fois trop petit et trop grand. Il est trop petit p
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ance et sa souveraineté absolue : car nul pays de
notre
Europe n’est plus en mesure de jouer un rôle mondial, d’assurer seul
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comme au physique. Et en même temps, presque tous
nos
États centralisés — dans la mesure même où ils sont centralisés — se
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ule stato-nationale élaborée par le xixe siècle,
nous
renvoient l’un comme l’autre à des formules de type fédéraliste. À la
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dhonienne, voici donc une première réponse : oui,
nous
sommes bel et bien au seuil d’une ère potentiellement fédéraliste. P
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lque cent-trente nations souveraines qui divisent
notre
humanité, je ne compte guère que deux douzaines d’États fédératifs, m
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, doctrine du gouvernement fédératif. » Ce qui ne
nous
apprend rien, d’autant que « fédératif » est défini plus loin comme c
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es et de gros volumes parus sur le sujet auraient
dû
suffire, semble-t-il, à clarifier un terme que le problème européen e
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à clarifier un terme que le problème européen et
nos
situations nationales nous amènent à utiliser quotidiennement. Mais p
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le problème européen et nos situations nationales
nous
amènent à utiliser quotidiennement. Mais pas du tout : le malheur con
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lques années, on put entendre le recteur d’une de
nos
universités cantonales condamner le principe d’une subvention fédéral
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ne subvention fédérale « parce qu’ici, disait-il,
nous
sommes fédéralistes ! » Si pareils malentendus sont le fait d’Europée
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ucture de relations bipolaires dont le « modèle »
nous
est connu : c’est celui qu’ont élaboré les fondateurs de la philosoph
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on du modèle des contraires en tension créatrice,
nous
le trouvons dans le christianisme des grands conciles. À Nicée, puis
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une et double de Jésus-Christ. Et ils écrivent :
Nous
enseignons un seul et même Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai h
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vrais corpuscules mais aussi de vraies ondes…) ⁂
Notre
modèle de pensée fédéraliste ainsi posé à la clé de l’histoire europé
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typiques d’un problème fédéraliste. À la base de
notre
analyse, plaçons une conception de l’homme analogue au modèle bipolai
21
s Personnes divines, et surtout à la deuxième, va
nous
servir de module. La personne humaine, c’est l’homme considéré dans s
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avec d’autres hommes, ses semblables. Ces groupes
devront
être, à leur tour, à la fois autonomes et solidaires : pour eux aussi
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sme n’est-il pas le même en sa forme que ceux que
nous
venons d’évoquer, puisqu’il consiste à concilier des confessions dist
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itaire. De plus, les aires d’opération peuvent et
doivent
différer selon les tâches, j’entends selon qu’elles intéressent tous
25
it facile, mais qu’elle soit juste et éclairée.)
Nous
allons voir, enfin, que nos critères d’évaluation des dimensions et d
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juste et éclairée.) Nous allons voir, enfin, que
nos
critères d’évaluation des dimensions et d’attribution des niveaux déc
27
que — c’est le même mot, selon l’étymologie — que
nous
allons enfin retrouver le problème classique du fédéralisme : comment
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ique concrète que sont en train de se former sous
nos
yeux, en Europe, plus d’une centaine de régions à métropole destinées
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ement mis en vedette l’importance historique4. »
Nous
voici loin de la forme politique bonne pour les sauvages dont parlait
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roitement légales et constitutionnelles du xixe .
Nous
voici sur le seuil de l’ère des grandes unions et des petites unités
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11, novembre 1965, p. 1-13 [NdE] On trouvera dans
notre
édition en ligne la version publiée dans le Bulletin du Centre europé
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une alliance militaire ou une entité économique,
doit
être une communauté culturelle. L’unité de l’Europe ne se fera ni uni
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e, avec Robert Schuman, qu’il est possible d’unir
nos
pays pour cette raison littéralement fondamentale qu’une unité de bas
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cultivés » ou non, conscients ou non de ce qu’ils
doivent
, en fait, à la culture. Unité non pas homogène et qui ne résulte pas
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es continents découverts tour à tour, conquis par
nos
aventuriers puis libérés au nom de nos principes, molestés, réveillés
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onquis par nos aventuriers puis libérés au nom de
nos
principes, molestés, réveillés, mis en mouvement, fût‑ce contre nous,
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estés, réveillés, mis en mouvement, fût‑ce contre
nous
, pour le meilleur et pour le pire. Et de là viennent aussi nos divisi
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meilleur et pour le pire. Et de là viennent aussi
nos
divisions mortelles, nos efforts pour les surmonter par le recours à
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Et de là viennent aussi nos divisions mortelles,
nos
efforts pour les surmonter par le recours à des instances universelle
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cités d’Ionie où prit naissance la dialectique de
notre
histoire, Héraclite écrivait cette phrase décisive, qu’il faut tenir
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de la plus belle harmonie. De ce temps jusqu’au
nôtre
, tout concourt à nourrir ce paradoxe qui paraît bien être la loi cons
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adoxe qui paraît bien être la loi constitutive de
notre
histoire et le ressort de notre pensée : l’antinomie de l’Un et du Di
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i constitutive de notre histoire et le ressort de
notre
pensée : l’antinomie de l’Un et du Divers, l’Unité dans la Diversité,
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ur autant : entre leurs triomphes alternés, elles
durent
dans l’ombre de l’histoire, dans la tradition, dans les livres, et da
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n au xxe siècle ? Tout cela dure, agit et vit en
nous
de mille manières. Tout cela se combine en figures et en structures v
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este et les rénove. Tout cela préforme, dès avant
notre
naissance, nos sensibilités et nos jugements moraux, nos réflexes soc
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e. Tout cela préforme, dès avant notre naissance,
nos
sensibilités et nos jugements moraux, nos réflexes sociaux et nos bes
48
e, dès avant notre naissance, nos sensibilités et
nos
jugements moraux, nos réflexes sociaux et nos besoins économiques. To
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ssance, nos sensibilités et nos jugements moraux,
nos
réflexes sociaux et nos besoins économiques. Tout cela nous incite au
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et nos jugements moraux, nos réflexes sociaux et
nos
besoins économiques. Tout cela nous incite aussi à remettre en questi
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xes sociaux et nos besoins économiques. Tout cela
nous
incite aussi à remettre en question ces déterminations, et nous en fo
52
ssi à remettre en question ces déterminations, et
nous
en fournit les moyens. Enfin tout cela dénote l’Europe comme patrie d
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l’Europe. Le goût furieux de différer, par lequel
nous
nous ressemblons tous, c’est notre mal et notre bien, il faut en pren
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ope. Le goût furieux de différer, par lequel nous
nous
ressemblons tous, c’est notre mal et notre bien, il faut en prendre s
55
rer, par lequel nous nous ressemblons tous, c’est
notre
mal et notre bien, il faut en prendre son parti, et c’est là-dessus q
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el nous nous ressemblons tous, c’est notre mal et
notre
bien, il faut en prendre son parti, et c’est là-dessus qu’il faut bât
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re son parti, et c’est là-dessus qu’il faut bâtir
notre
union, si l’on veut qu’elle mérite le nom d’Europe. ⁂ Si l’on me dem
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d’autre réponse imaginable au défi que l’Histoire
nous
pose dans les termes les plus précis et sans échappatoire possible dé
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appatoire possible désormais : s’unir, au‑delà de
nos
fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités — créer u
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delà de nos fausses souverainetés, pour préserver
nos
vraies diversités — créer un pouvoir fédéral pour la sauvegarde de no
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— créer un pouvoir fédéral pour la sauvegarde de
nos
autonomies. Car ces autonomies seront perdues une à une, si nous refu
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. Car ces autonomies seront perdues une à une, si
nous
refusons l’union qui ferait leur force ; mais en retour, cette union
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fait toute ma thèse : étant donné que la base de
notre
unité est une culture pluraliste, on ne peut fonder sur elle qu’une u
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dans ce sens, depuis près de vingt‑cinq ans qu’on
nous
déclare, avec Churchill dans son fameux discours de Zurich — qu’il n’
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s l’autre tout au long du xixe siècle, suivis de
nos
jours par le reste du monde, notamment par le tiers-monde, mal décolo
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incapable de répondre aux exigences concrètes de
notre
temps, puisqu’il est à la fois trop petit pour agir à l’échelle mondi
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n projet rationnel. Or voici l’ironie tragique de
notre
Histoire : c’est sur la base de cet obstacle radical à toute union qu
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oi l’on n’a pas avancé d’un mètre en direction de
notre
union politique. Entre l’union de l’Europe et les États-nations sacra
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ituation de choisir librement son avenir. Jusqu’à
nous
, point de choix économiques ni même peut-être politiques longuement d
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somme du superflu. Mais dès lors que ce choix de
notre
avenir est libre, nous voici contraints de le faire, à nos risques et
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dès lors que ce choix de notre avenir est libre,
nous
voici contraints de le faire, à nos risques et périls ! Nous voici co
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r est libre, nous voici contraints de le faire, à
nos
risques et périls ! Nous voici contraints de nous demander ce que nou
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contraints de le faire, à nos risques et périls !
Nous
voici contraints de nous demander ce que nous attendons de notre vie
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nos risques et périls ! Nous voici contraints de
nous
demander ce que nous attendons de notre vie et de la Société, ce que
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s ! Nous voici contraints de nous demander ce que
nous
attendons de notre vie et de la Société, ce que nous voulons réelleme
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traints de nous demander ce que nous attendons de
notre
vie et de la Société, ce que nous voulons réellement, principalement,
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s attendons de notre vie et de la Société, ce que
nous
voulons réellement, principalement, et contraints de tirer des plans
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raints de tirer des plans en conséquence. Voulons-
nous
par exemple à tout prix élever notre niveau de vie, quantitatif — ou
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ence. Voulons-nous par exemple à tout prix élever
notre
niveau de vie, quantitatif — ou plutôt voulons-nous sauvegarder un ce
80
re niveau de vie, quantitatif — ou plutôt voulons-
nous
sauvegarder un certain mode de vie, qualitatif ? Voulons-nous contrib
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rder un certain mode de vie, qualitatif ? Voulons-
nous
contribuer à tout prix à l’accroissement indéfini du PNB (Produit Nat
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ent, une communauté vivante ? Et quel prix sommes-
nous
prêts à payer pour cela ? Le prix de certaines libertés, ou le prix d
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la vie… D’une façon plus précise, en Europe, il
nous
faut décider si notre union aura pour but la Puissance collective ou
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plus précise, en Europe, il nous faut décider si
notre
union aura pour but la Puissance collective ou la Liberté des personn
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ssance collective ou la Liberté des personnes. Il
nous
faut le décider, en toute conscience, et vite, car le choix de la fin
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iez pas aller… Voici donc le dilemme présent : Si
nous
attribuons pour finalité à la Cité européenne de demain la Puissance,
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gressif, comme la France de Napoléon, et faire de
nos
États autant de départements. Il faut tout unifier par des lois infle
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Super État-nation ne pourrait être imposé à tous
nos
peuples qu’à la faveur d’une guerre générale selon la loi de formatio
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saurait être exclue pour autant. Au contraire, si
nous
donnons pour finalité à la Cité européenne la liberté, c’est-à-dire l
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et je vois bien que toutes les civilisations que
nous
connaissons ont choisi la puissance comme seul but réaliste de la soc
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misanthropes. Je crois à la nécessité de défaire
nos
États‑nations. Ou plutôt, de les dépasser, de démystifier leur sacré,
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ne servent absolument à rien pour arrêter ce qui
devrait
l’être : les tempêtes et les épidémies, la pollution de l’air et des
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r sur lui. Je ne sais, n’étant pas économiste, si
nos
États-nations délimités pour la plupart au xixe et au xxe siècles,
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t de la culture européenne. Et les diversités que
nous
devons respecter ne sont pas celles de ces États-nations nés d’hier :
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la culture européenne. Et les diversités que nous
devons
respecter ne sont pas celles de ces États-nations nés d’hier : elles
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t, et ne coïncident jamais avec aucune frontière.
Nos
États-nations, obsédés par l’idée de « se faire respecter », oublient
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n’est qu’un appareil plus ou moins efficace, qui
doit
être mis au service des citoyens et de leurs cités ; et non l’inverse
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ons ou d’affaires étrangères : c’est un mot qu’il
nous
faut bannir du vocabulaire politique dans une Europe fédérée, au seui
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r : on ne fera pas l’Europe sans casser des œufs,
nous
le voyons depuis vingt-cinq ans. Mais il l’est moins parce qu’il dema
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communiste à la mise en question du sens même de
nos
vies, et des vrais buts de nos activités communautaires et personnell
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on du sens même de nos vies, et des vrais buts de
nos
activités communautaires et personnelles. Si sérieux que soient les p
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e c’est au contraire la grande tâche politique de
notre
temps. Précisons : des vingt ans qui viennent. Car à ce prix seulemen
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s vingt ans qui viennent. Car à ce prix seulement
nous
ferons l’Europe, et nous la ferons pour toute l’humanité, nous lui de
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Car à ce prix seulement nous ferons l’Europe, et
nous
la ferons pour toute l’humanité, nous lui devons cela. Une Europe qui
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’Europe, et nous la ferons pour toute l’humanité,
nous
lui devons cela. Une Europe qui ne sera pas nécessairement la plus pu
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et nous la ferons pour toute l’humanité, nous lui
devons
cela. Une Europe qui ne sera pas nécessairement la plus puissante ou