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’elle garderait le dernier mot et que ce pourrait
être
aux dépens de la vie même, non seulement de la vie végétale, mais de
2
ée — labourée, fécondée, cultivée —, l’initiative
fut
assumée au nom de l’espèce par quelques héros légendaires, Prométhée
3
s naturelles, neutralisées en bonne partie : il n’
est
plus guère que les tremblements de terre et les typhons que nous ayon
4
i de nos efforts individuels, la réponse ancienne
était
: survivre. Au vers quoi de notre action collective, la réponse moder
5
ive, la réponse moderne, dès le xviiie siècle, a
été
le Progrès — un progrès que nous pensions indéfini. Or nous découvron
6
ndéfini. Or nous découvrons, depuis peu, que nous
sommes
devenus plus forts que la Nature, ici et là, sectoriellement ou local
7
temps nous découvrons que le Progrès ne peut pas
être
« indéfini ». À cela, une raison décisive, indiscutable : la finitude
8
s émergées, c’est beaucoup, direz-vous, mais ce n’
est
pas élastique. Et bientôt, dans cent ans, ce ne sera plus assez pour
9
t pas élastique. Et bientôt, dans cent ans, ce ne
sera
plus assez pour une population humaine toujours plus dense et toujour
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ensemble des terres arables et des terres à bâtir
est
limité une fois pour toutes, et il n’offre à la boulimie sans cesse a
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des ressources naturelles. Cette notion de limite
est
neuve, et demeure presque aussi scandaleuse pour l’homme moderne qu’à
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entielle. Mais il suffit que la notion de limite
soit
posée, imposée par les faits, pour qu’aussitôt surgissent les grandes
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, ou vers l’Apocalypse ? a. Les sous-titres ont
été
rajoutés pour cette édition en ligne afin d’en établir le sommaire.
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rte aux gens heureux, et qui ont bien raison de l’
être
et Vive la société de consommation ! Les auteurs de cette seconde éco
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re destinée à faire vendre sa dextrose — dextrose
étant
synonyme, je le rappelle, de glucose, liquide sucré qui facilite le s
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aux produits de notre industrie. Ces sept plaies
sont
la pollution de l’air, des eaux, des sols et des aliments, et la poll
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paiseurs ! Hélas ! Faire confiance au Progrès, ce
serait
faire confiance au virus pour nous tirer de la maladie qu’il cause, a
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oserait la mettre en doute un seul instant, qu’il
soit
anathème ! anathema sit ! Faire confiance aux « leçons du Passé » ne
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la fameuse intuition ? Je reste convaincu qu’elle
est
la voie royale de la recherche fondamentale et de la création tant sc
20
exe des interactions dont dépend notre avenir. Il
est
trop clair qu’on ne peut pas conduire un Boeing 747 en faisant confia
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747 en faisant confiance à l’intuition, et qu’il
est
préférable d’analyser d’abord les effets combinés que l’on obtient en
22
s : les facteurs dynamiques de notre civilisation
sont
devenus tellement interdépendants qu’il est fréquent qu’une action do
23
tion sont devenus tellement interdépendants qu’il
est
fréquent qu’une action donnée entraîne, outre l’effet désiré et prévu
24
re à un système global d’interrégulations. Compte
tenu
du fantastique enchevêtrement des interactions que je viens de rappel
25
ppuyé par les fondations Volkswagen et Agnelli, s’
est
adressé en 1970 à un économiste américain, J. W. Forrester, qui étudi
26
araître en un volume intitulé World Dynamics. Je
tiens
beaucoup à vous donner au moins un aperçu de ce travail — dont il me
27
exagérer la portée pour notre siècle, quelles que
soient
les réserves que l’on puisse formuler sur sa démarche. S’étant donné
28
erves que l’on puisse formuler sur sa démarche. S’
étant
donné pour objectif général de répondre au défi du monde moderne, qui
29
général de répondre au défi du monde moderne, qui
est
, dit-il, de passer de la croissance à l’équilibre, M. Forrester a com
30
ollution et qualité de vie. (Ce dernier paramètre
étant
dérivé à la fois du niveau de vie matériel, de l’alimentation et des
31
es cinq paramètres, si les tendances actuelles ne
sont
pas contrariées ou modifiées, donc si on les laisse au libre jeu de l
32
ns l’histoire ; après quoi la qualité de vie, qui
était
tombée très bas, fait une remontée en flèche pour les 2 milliards de
33
ni le bon sens, ni l’expérience acquise n’eussent
été
capables d’imaginer et encore moins de nous faire accepter : — Si nou
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la transition de la croissance à l’équilibre, qui
serait
le seul salut de notre société, il faudra tout réduire, et simultaném
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t-à-dire la stabilisation des courbes, ne saurait
être
obtenu selon le modèle que par les taux de réduction suivants, appliq
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20 % Ces conditions — évidemment draconiennes —
seront
-elles acceptables et acceptées ? se demande Forrester. Il paraît excl
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amais à les imposer par la force. Et puisqu’elles
sont
, comme l’auteur le répète, « contre-intuitives », elles demanderaient
38
ète, « contre-intuitives », elles demanderaient à
être
étudiées, testées, et surtout expliquées à tous pendant des années, «
39
de conclure par ces mots : « Un équilibre mondial
est
théoriquement concevable. Savoir s’il pourra se réaliser est une autr
40
uement concevable. Savoir s’il pourra se réaliser
est
une autre histoire… Probablement, une pression accrue de l’environnem
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pression accrue de l’environnement sur l’humanité
sera-t
-elle nécessaire avant que l’on prenne conscience du sérieux de la sit
42
. Mais alors, le temps qui nous restera pour agir
sera
encore plus court… » Ces conclusions relativement pessimistes, et si
43
s irritées. J’entends dire, par exemple (et je me
suis
dit à moi-même) : comment croire à des prédictions basées sur une réd
44
nt, Forrester répond lui-même que si son modèle n’
était
pas simplifié à l’extrême il ne serait pas utilisable : le propre d’u
45
on modèle n’était pas simplifié à l’extrême il ne
serait
pas utilisable : le propre d’un modèle est d’être infiniment plus sim
46
ne serait pas utilisable : le propre d’un modèle
est
d’être infiniment plus simple que la réalité infiniment complexe dont
47
rait pas utilisable : le propre d’un modèle est d’
être
infiniment plus simple que la réalité infiniment complexe dont il ne
48
tends dire aussi qu’après tout les ordinateurs ne
sont
pas infaillibles et qu’il serait dangereux de les croire quand ils co
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les ordinateurs ne sont pas infaillibles et qu’il
serait
dangereux de les croire quand ils contredisent diamétralement les exp
50
et l’intuition. À quoi l’on peut répondre qu’il n’
est
pas de domaine où l’intuition trompe davantage que celui de la prospe
51
ompe davantage que celui de la prospective ; on y
est
plus que partout ailleurs en danger de prendre ses désirs ou ses crai
52
trompent, c’est précisément dans la mesure où ils
sont
informés selon nos intuitions ; mais à égalité d’information il y a t
53
iger des facteurs psychosociologiques qui peuvent
être
décisifs, tels que la peur de l’avenir en général, ou du chômage en p
54
de liberté ou de manque de liberté (« La liberté
est
une sensation. Cela se respire », écrivait Paul Valéry — donc cela ne
55
ance, je veux parler de la menace de guerre. Elle
est
de nature à modifier tous nos paramètres : c’est en son nom que tel m
56
ander si le dogme de la croissance industrielle n’
est
pas devenu sacro-saint dans la mesure même où il participait de la fi
57
tats-nations de modèle napoléonien… Quoi qu’il en
soit
d’ailleurs de ces critiques, des améliorations de méthode et des corr
58
nis Meadows et son équipe du MIT3, Forrester aura
été
le premier à montrer l’interdépendance des paramètres de base de notr
59
e pour tous. » 2. Les trois figures reproduites
sont
empruntées à un Rapport demeuré inédit qui date de 1970. Elles ne pré
60
orld Dynamics. 3. Depuis que cette conférence a
été
prononcée, l’ouvrage de Dennis L. Meadows et de ses collaborateurs, T
61
et de ses collaborateurs, The Limits to Growth, a
été
publié à New York (Universe Books) et doit paraître incessamment en f
62
abilité de son action sur la Nature, et qu’elle y
est
contrainte par la grandeur même des pouvoirs qu’elle s’est acquis grâ
63
ainte par la grandeur même des pouvoirs qu’elle s’
est
acquis grâce à la science et à la technologie. Ou encore, pour exprim
64
personnel et celui de l’espèce humaine — et il y
est
contraint du seul fait qu’il en a, pour la première fois, la liberté.
65
ne politique, au sens le plus large du terme, qui
est
aussi le sens originel : l’aménagement des rapports humains dans la c
66
se son lecteur, aux dernières pages de son livre,
est
celui-ci : « Définir de nouveaux Buts humains — de nouvelles finalité
67
s résultant des analyses de Forrester ne pourront
être
démenties que si d’abord nous y croyons, et si nous adoptons en consé
68
treprise, une société, un groupe ou une Nation, n’
est
plus : comment devenir plus fort que mes voisins ? mais bien : que fa
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: que faire ensemble contre l’Apocalypse ? Elle n’
est
plus : comment croître à tout prix et s’assurer le plus de profit, ma
70
ibre entre l’homme, la Société et la Nature. Nous
sommes
socialisés par le danger commun. La seule politique impossible serait
71
r le danger commun. La seule politique impossible
serait
alors de n’en pas avoir, c’est-à-dire de renoncer à contrôler ensembl
72
… Je voudrais bien que vous ne pensiez pas que je
suis
en train de noyer le poisson ou de perdre de vue mon sujet, en engage
73
otre attention dans ces perspectives globales. Je
suis
conscient de parler ici à des dirigeants d’entreprises, c’est-à-dire
74
oûteront très cher, c’est entendu, et la question
sera
de savoir si on leur sacrifie le profit, ou l’inverse ; ou à tout le
75
t appeler bénéficiaire une société dont le profit
serait
acquis aux dépens de la santé des citoyens et de l’équilibre de l’env
76
(et sauver la Nature du même coup). Bien sûr, il
est
plus facile de mesurer la croissance d’un PNB que de déterminer les c
77
ls, nous forcent à choisir un cours nouveau. Nous
sommes
libres de notre choix, mais nous sommes contraints de choisir. Or ce
78
eau. Nous sommes libres de notre choix, mais nous
sommes
contraints de choisir. Or ce choix global désormais entre Puissance,
79
et Liberté, Service, Équilibre d’autre part, qui
est
le choix politique par excellence, nous découvrons maintenant qu’il s
80
l se confond avec le choix écologique. L’Écologie
est
l’axe ou le carrefour par lequel passent toutes les options fondament
81
umérer comportent un enjeu écologique. Mais si ce
fut
l’erreur tragique de l’ère industrielle que de prendre le PNB pour in
82
our indicateur unique et suffisant du Progrès, ce
serait
une erreur utopique que de vouloir éliminer totalement le motif du pr
83
r éliminer totalement le motif du profit : ce qui
est
requis d’urgence, c’est d’accorder la priorité aux facteurs d’équilib
84
des fleuves comme le Rhin et le Rhône, ne peuvent
être
traités qu’au niveau continental et appellent un Pouvoir européen, un
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spondent plus aux réalités de la société moderne,
étant
à la fois trop petits pour se charger des tâches de dimensions contin
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res d’équilibre écologique nécessaires pourraient
être
adoptées, en l’absence d’un pouvoir mondial ou même continental capab
87
ules possibilités qui subsistent, me semble-t-il,
sont
celles de l’information massive et de l’éducation, c’est-à-dire des m
88
e principe qu’il faudrait inculquer dès l’enfance
est
que l’économie n’a pas sa fin en soi, mais au service de l’homme, et
89
t Tinbergen (mais je persiste à penser que le N y
est
de trop, et empêche tout). À quoi j’ose ajouter que l’économie me par
90
conduite aux soins des seuls économistes, qu’ils
soient
d’ailleurs marxistes ou libéraux : elle doit être au service de final
91
ient d’ailleurs marxistes ou libéraux : elle doit
être
au service de finalités humaines que les économistes spécialisés n’on
92
par les seuls impératifs de l’équilibre. Je m’en
suis
tenu aujourd’hui, en ma qualité de généraliste, et sans prétendre abo
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les seuls impératifs de l’équilibre. Je m’en suis
tenu
aujourd’hui, en ma qualité de généraliste, et sans prétendre aborder
94
au niveau où la politique préconisée peut et doit
être
mise en œuvre. J’ai voulu poser le problème de la nécessité d’une pol
95
aration des fins globales de notre société. Je me
suis
gardé, je l’espère, d’un alarmisme exagéré, malgré la mode. Et j’imag
96
gré la mode. Et j’imagine que mon propos pourrait
être
résumé par un seul signe : un de ces grands points d’exclamation qui
97
Post-scriptum Depuis que cette conférence a
été
prononcée, à Lausanne en octobre 1971, et à Bruxelles en mars 1972, l
98
pour virulentes et parfois même sincères qu’elles
soient
, nous apprennent que le « modèle Forrester » n’est conforme aux schém
99
nt, nous apprennent que le « modèle Forrester » n’
est
conforme aux schémas ni de la gauche, ni de la droite : on s’en douta
100
e, ni de la droite : on s’en doutait. Savoir s’il
est
conforme aux réalités du siècle n’intéresse pas ces partisans : on de
101
a presse dans son ensemble estime qu’il faut s’en
tenir
à « un juste milieu » entre les dangers objectifs signalés par Forres
102
u refusent d’en penser) la droite, la gauche et l’
Est
enfin réunis dans une alliance littéralement contre-Nature. Que peut
103
plus en plus clairement que le salut de l’Europe
est
dans la recherche d’une politique d’équilibre dynamique entre l’Homme
104
ique de la croissance matérielle à tout prix, qui
est
le contraire d’une politique. D. de R. Avril 1972 P.P.S. : Sur l’i