1
, se produisit la plus impressionnante révolution
de
toute l’histoire : la découverte par l’homme occidental qu’il atteign
2
s limites infranchissables. Il se voyait en passe
de
se libérer par la science et par la technique industrialisée des gran
3
s signes dramatiques, comparables aux sept plaies
d’
Égypte, qu’elle garderait le dernier mot et que ce pourrait être aux d
4
ait être aux dépens de la vie même, non seulement
de
la vie végétale, mais de la vie animale et donc humaine aussi. Jusqu’
5
vie même, non seulement de la vie végétale, mais
de
la vie animale et donc humaine aussi. Jusqu’à nos jours, depuis le si
6
ait que répondre tant bien que mal aux durs défis
de
la Nature — ceux de son corps et ceux de son environnement. Il s’agis
7
t bien que mal aux durs défis de la Nature — ceux
de
son corps et ceux de son environnement. Il s’agissait pour lui de sur
8
rs défis de la Nature — ceux de son corps et ceux
de
son environnement. Il s’agissait pour lui de survivre, donc de contin
9
ceux de son environnement. Il s’agissait pour lui
de
survivre, donc de continuer ce qui avait réussi à quelques-uns de ses
10
nnement. Il s’agissait pour lui de survivre, donc
de
continuer ce qui avait réussi à quelques-uns de ses ancêtres. Lorsque
11
c de continuer ce qui avait réussi à quelques-uns
de
ses ancêtres. Lorsque apparut la civilisation, au début de l’ère néol
12
cêtres. Lorsque apparut la civilisation, au début
de
l’ère néolithique, c’est-à-dire le premier dialogue entre l’homme et
13
érieurs, mais toujours victorieux pour le progrès
de
l’espèce. Vingt millénaires d’un effort sans relâche de l’homme contr
14
ux pour le progrès de l’espèce. Vingt millénaires
d’
un effort sans relâche de l’homme contre le destin que la Nature lui i
15
spèce. Vingt millénaires d’un effort sans relâche
de
l’homme contre le destin que la Nature lui imposait ont finalement pe
16
du mouvement général des civilisations : « Il va
de
l’agriculture au paradoxe », comme l’a justement observé un philosoph
17
n. L’agriculture, c’est en effet le premier moyen
de
commander à la Nature en obéissant à ses lois : imperare parendo. Mai
18
partie : il n’est plus guère que les tremblements
de
terre et les typhons que nous ayons encore du mal à contrôler — mais
19
ôler — mais cela viendra. Libérée des contraintes
de
la faim, de la peur, du froid, de la foudre et des loups, une partie
20
cela viendra. Libérée des contraintes de la faim,
de
la peur, du froid, de la foudre et des loups, une partie de l’humanit
21
des contraintes de la faim, de la peur, du froid,
de
la foudre et des loups, une partie de l’humanité — l’occidentale — se
22
, du froid, de la foudre et des loups, une partie
de
l’humanité — l’occidentale — se met à créer ce qu’elle désire, et non
23
vre et survivre, se font jour désormais, altérées
de
réponse. Au pour quoi de nos efforts individuels, la réponse ancienne
24
jour désormais, altérées de réponse. Au pour quoi
de
nos efforts individuels, la réponse ancienne était : survivre. Au ver
25
a réponse ancienne était : survivre. Au vers quoi
de
notre action collective, la réponse moderne, dès le xviiie siècle, a
26
nous survivra, puisqu’il n’y aura peut-être plus
de
vie à la surface de la Terre. Mais qu’elle durera sans nous, au-delà
27
qu’il n’y aura peut-être plus de vie à la surface
de
la Terre. Mais qu’elle durera sans nous, au-delà de toute vie. Et en
28
la Terre. Mais qu’elle durera sans nous, au-delà
de
toute vie. Et en même temps nous découvrons que le Progrès ne peut pa
29
, une raison décisive, indiscutable : la finitude
de
l’espace et des ressources dont l’homme dispose sur la Terre. 135 mil
30
s dont l’homme dispose sur la Terre. 135 millions
de
kilomètres carrés de terres vierges émergées, c’est beaucoup, direz-v
31
e sur la Terre. 135 millions de kilomètres carrés
de
terres vierges émergées, c’est beaucoup, direz-vous, mais ce n’est pa
32
es, et il n’offre à la boulimie sans cesse accrue
de
populations qui doublent tous les trente-cinq ans qu’un espace vital
33
ra nourrir tout le monde, m’assure un spécialiste
de
l’alimentation, mais il faudra manger debout.) « Le temps du monde f
34
s les années 1930. Il l’entendait au sens spatial
d’
un monde rétréci par la vitesse et la facilité des déplacements. Mais
35
ons désormais calculer l’épuisement non seulement
de
l’espace habitable, mais du pétrole existant, des forêts, de l’uraniu
36
habitable, mais du pétrole existant, des forêts,
de
l’uranium, de l’air et de l’eau sur la Terre, et partout le calcul pr
37
is du pétrole existant, des forêts, de l’uranium,
de
l’air et de l’eau sur la Terre, et partout le calcul prospectif nous
38
e existant, des forêts, de l’uranium, de l’air et
de
l’eau sur la Terre, et partout le calcul prospectif nous révèle les l
39
s limites des ressources naturelles. Cette notion
de
limite est neuve, et demeure presque aussi scandaleuse pour l’homme m
40
hus le premier l’a formulée, dans le seul domaine
de
l’alimentation qui, selon lui, devait borner la croissance démographi
41
à notre esprit réticent, à cause des succès mêmes
de
l’expansion dans tous les domaines — démographie, investissements, in
42
ésormais prévisibles et calculables à moyen terme
de
cette croissance exponentielle. Mais il suffit que la notion de limi
43
ance exponentielle. Mais il suffit que la notion
de
limite soit posée, imposée par les faits, pour qu’aussitôt surgissent
44
ature consacrée depuis une décennie aux problèmes
de
la protection de la Nature, de l’environnement naturel et urbain, de
45
epuis une décennie aux problèmes de la protection
de
la Nature, de l’environnement naturel et urbain, de la pollution, des
46
nnie aux problèmes de la protection de la Nature,
de
l’environnement naturel et urbain, de la pollution, des nuisances et
47
la Nature, de l’environnement naturel et urbain,
de
la pollution, des nuisances et des catastrophes écologiques qu’il s’a
48
nces et des catastrophes écologiques qu’il s’agit
de
prévoir si l’on veut les prévenir. Une revue paraît, qui s’intitule S
49
nous décrivent, non sans passion dans leur souci
d’
objectivité scientifique, les catastrophes que menace de provoquer not
50
ctivité scientifique, les catastrophes que menace
de
provoquer notre génie occidental, par les succès mêmes de sa science,
51
quer notre génie occidental, par les succès mêmes
de
sa science, de sa technique et de l’efficacité de ses méthodes. Contr
52
e occidental, par les succès mêmes de sa science,
de
sa technique et de l’efficacité de ses méthodes. Contre eux se dresse
53
es succès mêmes de sa science, de sa technique et
de
l’efficacité de ses méthodes. Contre eux se dressent les champions du
54
de sa science, de sa technique et de l’efficacité
de
ses méthodes. Contre eux se dressent les champions du Progrès indéfin
55
se dressent les champions du Progrès indéfini et
de
la société de consommation, qui voit le bonheur dans la multiplicatio
56
es champions du Progrès indéfini et de la société
de
consommation, qui voit le bonheur dans la multiplication des objets o
57
lication des objets offerts à l’homme. Les livres
de
deux porte-paroles récents de cette tendance optimiste portent eux au
58
l’homme. Les livres de deux porte-paroles récents
de
cette tendance optimiste portent eux aussi des titres qui suffisent à
59
ouverte aux gens heureux, et qui ont bien raison
de
l’être et Vive la société de consommation ! Les auteurs de cette seco
60
qui ont bien raison de l’être et Vive la société
de
consommation ! Les auteurs de cette seconde école traitent ceux de la
61
et Vive la société de consommation ! Les auteurs
de
cette seconde école traitent ceux de la première de lugubres farceurs
62
Les auteurs de cette seconde école traitent ceux
de
la première de lugubres farceurs. Pire encore : dans sa Lettre ouvert
63
cette seconde école traitent ceux de la première
de
lugubres farceurs. Pire encore : dans sa Lettre ouverte aux gens heur
64
nts qui s’en occupent : « Je donne aux inventeurs
de
cette psychose le Nobel de l’escroquerie. » Quand on lui demande ce q
65
e donne aux inventeurs de cette psychose le Nobel
de
l’escroquerie. » Quand on lui demande ce qu’il pense du commandant Co
66
ce qu’il pense du commandant Cousteau, fondateur
d’
un Institut d’études sous-marines et champion de la lutte contre la po
67
e du commandant Cousteau, fondateur d’un Institut
d’
études sous-marines et champion de la lutte contre la pollution des oc
68
r d’un Institut d’études sous-marines et champion
de
la lutte contre la pollution des océans, il répond (dans de nombreuse
69
e contre la pollution des océans, il répond (dans
de
nombreuses interviews) qu’il ne s’agit là que d’une « opération publi
70
de nombreuses interviews) qu’il ne s’agit là que
d’
une « opération publicitaire destinée à recueillir des fonds ». On pou
71
t lui rétorquer que lorsqu’il se fait le champion
de
la lutte contre ce qu’il nomme la « sinistrose », c’est-à-dire l’atti
72
és par la technologie, eh bien ! il ne s’agit que
d’
une opération publicitaire destinée à faire vendre sa dextrose — dextr
73
xtrose — dextrose étant synonyme, je le rappelle,
de
glucose, liquide sucré qui facilite le sommeil des personnes âgées. L
74
acilite le sommeil des personnes âgées. Le succès
de
son livre me paraît d’ailleurs plus significatif que le livre lui-mêm
75
crée par le Conseil de l’Europe à la Préservation
de
la Nature, a provoqué dans le grand public européen deux réactions co
76
onscience des réalités écologiques et des dangers
de
la pollution beaucoup plus générale qu’on n’osait l’espérer, surtout
77
r, surtout dans la jeunesse ; — et puis une sorte
de
rumeur de ricanements irrités ou moqueurs, révélant une réaction de r
78
dans la jeunesse ; — et puis une sorte de rumeur
de
ricanements irrités ou moqueurs, révélant une réaction de refus de ce
79
ements irrités ou moqueurs, révélant une réaction
de
refus de cette prise de conscience, analogue au rejet d’une greffe, r
80
rités ou moqueurs, révélant une réaction de refus
de
cette prise de conscience, analogue au rejet d’une greffe, réaction d
81
s de cette prise de conscience, analogue au rejet
d’
une greffe, réaction de scepticisme qui cache probablement une certain
82
science, analogue au rejet d’une greffe, réaction
de
scepticisme qui cache probablement une certaine anxiété, ou la peur,
83
ou la peur, et qui explique le succès du pamphlet
de
Pauwels : beaucoup de personnes, surtout âgées, ne demandent qu’à se
84
oulagement profond et jubilant dans les illusions
d’
hier, et voilà ce bon Monsieur qui vient leur dire, dans son titre mêm
85
dire, dans son titre même, qu’ils ont bien raison
de
le faire ! Ah ! l’habile homme ! De la fenêtre du vingtième étage d’u
86
t bien raison de le faire ! Ah ! l’habile homme !
De
la fenêtre du vingtième étage d’un gratte-ciel, il tend son livre à c
87
l’habile homme ! De la fenêtre du vingtième étage
d’
un gratte-ciel, il tend son livre à ceux qui tombent du quarantième en
88
nuez ! » Mais lorsqu’il attaque ceux qu’il traite
de
bouffons de la contestation et ces lugubres farceurs qui font métier
89
s lorsqu’il attaque ceux qu’il traite de bouffons
de
la contestation et ces lugubres farceurs qui font métier de dénoncer
90
estation et ces lugubres farceurs qui font métier
de
dénoncer la pollution, je ne puis m’empêcher de penser à une merveill
91
r de dénoncer la pollution, je ne puis m’empêcher
de
penser à une merveilleuse petite parabole de Kierkegaard, le plus gra
92
cher de penser à une merveilleuse petite parabole
de
Kierkegaard, le plus grand penseur religieux du siècle dernier, que j
93
e : Il arriva que le feu prît dans les coulisses
d’
un théâtre. Le bouffon vint en avertir le public. On pensa qu’il voula
94
oiront à une farce. Je parlais des « Sept plaies
d’
Égypte » qui aujourd’hui nous avertissent non pas de l’irritation de J
95
Égypte » qui aujourd’hui nous avertissent non pas
de
l’irritation de Jéhovah, mais d’une espèce d’allergie de la Nature et
96
ourd’hui nous avertissent non pas de l’irritation
de
Jéhovah, mais d’une espèce d’allergie de la Nature et de l’homme natu
97
rtissent non pas de l’irritation de Jéhovah, mais
d’
une espèce d’allergie de la Nature et de l’homme naturel aux produits
98
pas de l’irritation de Jéhovah, mais d’une espèce
d’
allergie de la Nature et de l’homme naturel aux produits de notre indu
99
ritation de Jéhovah, mais d’une espèce d’allergie
de
la Nature et de l’homme naturel aux produits de notre industrie. Ces
100
vah, mais d’une espèce d’allergie de la Nature et
de
l’homme naturel aux produits de notre industrie. Ces sept plaies sont
101
e de la Nature et de l’homme naturel aux produits
de
notre industrie. Ces sept plaies sont la pollution de l’air, des eaux
102
otre industrie. Ces sept plaies sont la pollution
de
l’air, des eaux, des sols et des aliments, et la pollution de l’homme
103
s eaux, des sols et des aliments, et la pollution
de
l’homme par le bruit, par le stress urbain (ou densité excessive de l
104
bruit, par le stress urbain (ou densité excessive
de
la population) et par les propagandes. Ces sept plaies nous annoncent
105
haine du monde occidental. Sur quoi les partisans
de
l’« apaisement » dans la bataille de l’environnement nous disent, et
106
es partisans de l’« apaisement » dans la bataille
de
l’environnement nous disent, et je les cite : « qu’il faut faire conf
107
graves depuis le Déluge, et qu’en conséquence, «
d’
une manière ou d’une autre, il faudra bien que ça s’arrange », cette f
108
Déluge, et qu’en conséquence, « d’une manière ou
d’
une autre, il faudra bien que ça s’arrange », cette fois encore : ils
109
e serait faire confiance au virus pour nous tirer
de
la maladie qu’il cause, aussi longtemps que la religion du Progrès au
110
el coût humain et naturel, et pour unique article
de
foi la croyance en l’éternelle, inconditionnelle et absolue nécessité
111
lle, inconditionnelle et absolue nécessité en soi
de
la croissance industrielle — et celui qui oserait la mettre en doute
112
ter des situations sans précédent dans l’histoire
de
l’humanité, situations créées par l’approche de limites auxquelles pe
113
e de l’humanité, situations créées par l’approche
de
limites auxquelles personne ne pouvait croire hier encore, limites, j
114
ouvait croire hier encore, limites, je le répète,
de
l’espace habitable mais aussi des ressources naturelles qui soudain s
115
in se révèlent bel et bien épuisables, et limites
de
la tolérance tant animale que végétale à la pollution sous toutes ses
116
tion sous toutes ses formes. Faut-il en désespoir
de
cause faire confiance à la fameuse intuition ? Je reste convaincu qu’
117
n ? Je reste convaincu qu’elle est la voie royale
de
la recherche fondamentale et de la création tant scientifique qu’arti
118
st la voie royale de la recherche fondamentale et
de
la création tant scientifique qu’artistique, de la saisie du réel par
119
t de la création tant scientifique qu’artistique,
de
la saisie du réel par notre esprit. Mais dans la crise présente de no
120
éel par notre esprit. Mais dans la crise présente
de
notre civilisation, elle ne peut plus suffire à nous guider dans le s
121
confiance à l’intuition, et qu’il est préférable
d’
analyser d’abord les effets combinés que l’on obtient en manipulant le
122
anipulant les commandes et les boutons du tableau
de
bord. Il y a plus : les facteurs dynamiques de notre civilisation son
123
au de bord. Il y a plus : les facteurs dynamiques
de
notre civilisation sont devenus tellement interdépendants qu’il est f
124
l’effet désiré et prévu à court terme, une série
de
conséquences à long terme aussi indésirables qu’imprévues. Par exempl
125
anté publique a pour conséquence un accroissement
de
la population et donc une diminution de la qualité de vie. Telle élév
126
oissement de la population et donc une diminution
de
la qualité de vie. Telle élévation du niveau de vie par un effort d’i
127
a population et donc une diminution de la qualité
de
vie. Telle élévation du niveau de vie par un effort d’industrialisati
128
e. Telle élévation du niveau de vie par un effort
d’
industrialisation se trouve ensevelie sous la pollution subitement acc
129
crue » — qui à son tour entraînera une diminution
de
la qualité de vie, puis une mortalité accrue, et ainsi de suite. Il c
130
son tour entraînera une diminution de la qualité
de
vie, puis une mortalité accrue, et ainsi de suite. Il convient donc a
131
alité de vie, puis une mortalité accrue, et ainsi
de
suite. Il convient donc aujourd’hui de prendre des décisions en fonct
132
, et ainsi de suite. Il convient donc aujourd’hui
de
prendre des décisions en fonction de la dynamique du système social,
133
onction de la dynamique du système social, et non
d’
un secteur particulier. « Autrement nous ne ferons que prolonger les t
134
« Passer
de
la croissance à l’équilibre » La finitude des ressources naturelles
135
ble et cultivable) nous oblige désormais à passer
de
l’expansion sauvage à l’équilibre dynamique, c’est-à-dire à un systèm
136
libre dynamique, c’est-à-dire à un système global
d’
interrégulations. Compte tenu du fantastique enchevêtrement des intera
137
ne sauraient suffire à déterminer les conditions
d’
un tel équilibre. C’est dans cette vue que le club de Rome, créé par q
138
Forrester, qui étudiait au MIT depuis une dizaine
d’
années la « dynamique industrielle » — et le résultat de cette recherc
139
es la « dynamique industrielle » — et le résultat
de
cette recherche vient de paraître en un volume intitulé World Dynamic
140
e tiens beaucoup à vous donner au moins un aperçu
de
ce travail — dont il me paraît impossible d’exagérer la portée pour n
141
erçu de ce travail — dont il me paraît impossible
d’
exagérer la portée pour notre siècle, quelles que soient les réserves
142
sa démarche. S’étant donné pour objectif général
de
répondre au défi du monde moderne, qui est, dit-il, de passer de la c
143
pondre au défi du monde moderne, qui est, dit-il,
de
passer de la croissance à l’équilibre, M. Forrester a commencé par ét
144
défi du monde moderne, qui est, dit-il, de passer
de
la croissance à l’équilibre, M. Forrester a commencé par établir un m
145
nvironnement). Modèle simple constitué par le jeu
de
cinq paramètres mondiaux : population, investissements, ressources na
146
ents, ressources naturelles, pollution et qualité
de
vie. (Ce dernier paramètre étant dérivé à la fois du niveau de vie ma
147
étant dérivé à la fois du niveau de vie matériel,
de
l’alimentation et des nuisances dues à la surpopulation.) Puis, sur l
148
ances dues à la surpopulation.) Puis, sur la base
d’
observations et de données d’expérience, il a établi un tableau des mu
149
rpopulation.) Puis, sur la base d’observations et
de
données d’expérience, il a établi un tableau des multiples relations
150
.) Puis, sur la base d’observations et de données
d’
expérience, il a établi un tableau des multiples relations entre ces c
151
figure que l’on voit ci-contre2 donne les courbes
d’
évolution prévisible des cinq paramètres, si les tendances actuelles n
152
ou modifiées, donc si on les laisse au libre jeu
de
leurs interactions. Il convient de noter la diminution rapide des re
153
au libre jeu de leurs interactions. Il convient
de
noter la diminution rapide des ressources naturelles correspondant à
154
ources naturelles correspondant à l’accroissement
de
la population, des investissements et de la pollution durant les quar
155
issement de la population, des investissements et
de
la pollution durant les quarante, ou soixante, ou quatre-vingts année
156
viennent, puis la diminution rapide, en cascade,
de
ces trois derniers facteurs. Quant à la « qualité de vie », elle a at
157
ces trois derniers facteurs. Quant à la « qualité
de
vie », elle a atteint son maximum vers 1960, puis se met à décroître
158
enir la décadence générale annoncée par ce modèle
de
base. Que se passerait-il si l’on diminuait la pollution ? ou la nata
159
ou à diminuer l’un ou l’autre, ou deux contre un
de
ses paramètres, et à chaque coup les résultantes s’annoncent de plus
160
ait, selon le modèle Forrester, si l’on réduisait
de
75 % l’exploitation des ressources naturelles dès 1970, tout en augme
161
essources naturelles dès 1970, tout en augmentant
de
20 % les investissements, et en diminuant de 50 % le taux d’accroisse
162
tant de 20 % les investissements, et en diminuant
de
50 % le taux d’accroissement de la pollution : On notera que la popu
163
investissements, et en diminuant de 50 % le taux
d’
accroissement de la pollution : On notera que la population croît par
164
, et en diminuant de 50 % le taux d’accroissement
de
la pollution : On notera que la population croît parallèlement aux i
165
stissements, ce qui déclenche une montée critique
de
la pollution, laquelle entraîne une mortalité proprement catastrophiq
166
ité proprement catastrophique : les cinq sixièmes
de
la population meurent dans l’espace d’une vingtaine d’années — c’est-
167
q sixièmes de la population meurent dans l’espace
d’
une vingtaine d’années — c’est-à-dire, à supposer que cela se passe en
168
population meurent dans l’espace d’une vingtaine
d’
années — c’est-à-dire, à supposer que cela se passe entre 2040 et 2060
169
ela se passe entre 2040 et 2060, 9 à 10 milliards
de
cadavres en deux décennies, catastrophe sans précédent dans l’histoir
170
précédent dans l’histoire ; après quoi la qualité
de
vie, qui était tombée très bas, fait une remontée en flèche pour les
171
fait une remontée en flèche pour les 2 milliards
de
survivants. Ayant ainsi joué — en simulation et sur ordinateur — une
172
— en simulation et sur ordinateur — une vingtaine
de
combinaisons résultant de l’augmentation ou de la réduction d’un seul
173
inateur — une vingtaine de combinaisons résultant
de
l’augmentation ou de la réduction d’un seul ou de deux ou de trois pa
174
ne de combinaisons résultant de l’augmentation ou
de
la réduction d’un seul ou de deux ou de trois paramètres, Forrester a
175
ns résultant de l’augmentation ou de la réduction
d’
un seul ou de deux ou de trois paramètres, Forrester aboutit à une con
176
de l’augmentation ou de la réduction d’un seul ou
de
deux ou de trois paramètres, Forrester aboutit à une conclusion que n
177
tation ou de la réduction d’un seul ou de deux ou
de
trois paramètres, Forrester aboutit à une conclusion que ni l’intuiti
178
s, ni l’expérience acquise n’eussent été capables
d’
imaginer et encore moins de nous faire accepter : — Si nous voulons ré
179
n’eussent été capables d’imaginer et encore moins
de
nous faire accepter : — Si nous voulons réussir la transition de la c
180
ccepter : — Si nous voulons réussir la transition
de
la croissance à l’équilibre, qui serait le seul salut de notre sociét
181
roissance à l’équilibre, qui serait le seul salut
de
notre société, il faudra tout réduire, et simultanément. On notera
182
rait être obtenu selon le modèle que par les taux
de
réduction suivants, appliqués par hypothèse dès 1970 : Exploitation
183
ation des ressources naturelles 75 % Production
de
pollution 50 % Investissements 40 % Natalité 30 % Production d’
184
Investissements 40 % Natalité 30 % Production
d’
aliments (« qualité de vie ») 20 % Ces conditions — évidemment draco
185
Natalité 30 % Production d’aliments (« qualité
de
vie ») 20 % Ces conditions — évidemment draconiennes — seront-elles
186
quées à tous pendant des années, « peut-être plus
d’
années qu’il ne nous en reste… », ajoute-t-il sombrement, avant de con
187
autre histoire… Probablement, une pression accrue
de
l’environnement sur l’humanité sera-t-elle nécessaire avant que l’on
188
saire avant que l’on prenne conscience du sérieux
de
la situation. Mais alors, le temps qui nous restera pour agir sera en
189
si contraires aux idées reçues, ne manqueront pas
de
provoquer — provoquent déjà — des objections plus ou moins irritées.
190
l’extrême il ne serait pas utilisable : le propre
d’
un modèle est d’être infiniment plus simple que la réalité infiniment
191
serait pas utilisable : le propre d’un modèle est
d’
être infiniment plus simple que la réalité infiniment complexe dont il
192
ctions, mécanismes. Au surplus, il faut se garder
de
prendre ses résultats pour des prédictions, notamment quant aux dates
193
nements décrits : il ne s’agit pour Forrester que
de
mettre en lumière les interactions dynamiques de quelques facteurs de
194
de mettre en lumière les interactions dynamiques
de
quelques facteurs de base de notre société industrielle. Il ne dit pa
195
les interactions dynamiques de quelques facteurs
de
base de notre société industrielle. Il ne dit pas « voilà ce qui se p
196
eractions dynamiques de quelques facteurs de base
de
notre société industrielle. Il ne dit pas « voilà ce qui se passera e
197
e sont pas infaillibles et qu’il serait dangereux
de
les croire quand ils contredisent diamétralement les expériences acqu
198
uition. À quoi l’on peut répondre qu’il n’est pas
de
domaine où l’intuition trompe davantage que celui de la prospective ;
199
domaine où l’intuition trompe davantage que celui
de
la prospective ; on y est plus que partout ailleurs en danger de pren
200
ve ; on y est plus que partout ailleurs en danger
de
prendre ses désirs ou ses craintes pour des réalités. Si les ordinate
201
nt informés selon nos intuitions ; mais à égalité
d’
information il y a toutes les chances pour qu’ils se trompent moins qu
202
ulerais deux réserves sur le choix des paramètres
de
Forrester. Tout d’abord, sa définition de la « qualité de vie » comme
203
amètres de Forrester. Tout d’abord, sa définition
de
la « qualité de vie » comme résultante de l’alimentation, du niveau d
204
ster. Tout d’abord, sa définition de la « qualité
de
vie » comme résultante de l’alimentation, du niveau de vie matérielle
205
inition de la « qualité de vie » comme résultante
de
l’alimentation, du niveau de vie matérielle et des nuisances dues à l
206
iques qui peuvent être décisifs, tels que la peur
de
l’avenir en général, ou du chômage en particulier, capables de déclen
207
n général, ou du chômage en particulier, capables
de
déclencher de graves troubles sociaux ; le sentiment de liberté ou de
208
du chômage en particulier, capables de déclencher
de
graves troubles sociaux ; le sentiment de liberté ou de manque de lib
209
lencher de graves troubles sociaux ; le sentiment
de
liberté ou de manque de liberté (« La liberté est une sensation. Cela
210
ves troubles sociaux ; le sentiment de liberté ou
de
manque de liberté (« La liberté est une sensation. Cela se respire »,
211
es sociaux ; le sentiment de liberté ou de manque
de
liberté (« La liberté est une sensation. Cela se respire », écrivait
212
cela ne se mesure pas) ; et aussi la possibilité
d’
éprouver jusqu’au désespoir et à la révolte une pénurie de sens de la
213
er jusqu’au désespoir et à la révolte une pénurie
de
sens de la vie au milieu de la surabondance des machines, des objets
214
’au désespoir et à la révolte une pénurie de sens
de
la vie au milieu de la surabondance des machines, des objets offerts
215
achines, des objets offerts et des sollicitations
de
consommer. En second lieu, Forrester ne tient pas compte d’un facteur
216
er. En second lieu, Forrester ne tient pas compte
d’
un facteur qui me paraît responsable plus que tout autre de l’expansio
217
eur qui me paraît responsable plus que tout autre
de
l’expansion à outrance, je veux parler de la menace de guerre. Elle e
218
t autre de l’expansion à outrance, je veux parler
de
la menace de guerre. Elle est de nature à modifier tous nos paramètre
219
expansion à outrance, je veux parler de la menace
de
guerre. Elle est de nature à modifier tous nos paramètres : c’est en
220
, je veux parler de la menace de guerre. Elle est
de
nature à modifier tous nos paramètres : c’est en son nom que tel mini
221
vorise une forte natalité, alors que son collègue
de
l’hygiène sociale cherche à la diminuer ; c’est elle qui pousse aux i
222
facteur qu’elle fasse diminuer, c’est la qualité
de
vie. Si bien qu’on peut se demander si le dogme de la croissance indu
223
e vie. Si bien qu’on peut se demander si le dogme
de
la croissance industrielle n’est pas devenu sacro-saint dans la mesur
224
sacro-saint dans la mesure même où il participait
de
la finalité guerrière de nos États-nations de modèle napoléonien… Quo
225
e même où il participait de la finalité guerrière
de
nos États-nations de modèle napoléonien… Quoi qu’il en soit d’ailleur
226
ait de la finalité guerrière de nos États-nations
de
modèle napoléonien… Quoi qu’il en soit d’ailleurs de ces critiques, d
227
modèle napoléonien… Quoi qu’il en soit d’ailleurs
de
ces critiques, des améliorations de méthode et des corrections de rés
228
it d’ailleurs de ces critiques, des améliorations
de
méthode et des corrections de résultats que l’on peut attendre de la
229
, des améliorations de méthode et des corrections
de
résultats que l’on peut attendre de la poursuite de ces travaux par l
230
s corrections de résultats que l’on peut attendre
de
la poursuite de ces travaux par l’Institut Battelle, sous la directio
231
résultats que l’on peut attendre de la poursuite
de
ces travaux par l’Institut Battelle, sous la direction de M. Hugo Thi
232
ravaux par l’Institut Battelle, sous la direction
de
M. Hugo Thiemann, et par le professeur Dennis Meadows et son équipe d
233
remier à montrer l’interdépendance des paramètres
de
base de notre société, et par suite la nécessité d’une concentration
234
montrer l’interdépendance des paramètres de base
de
notre société, et par suite la nécessité d’une concentration globale,
235
base de notre société, et par suite la nécessité
d’
une concentration globale, au-delà du stade de croissance industrielle
236
ité d’une concentration globale, au-delà du stade
de
croissance industrielle sauvage, dominée par la maxime utopique : « C
237
t empruntées à un Rapport demeuré inédit qui date
de
1970. Elles ne présentent que des différences négligeables avec celle
238
s que cette conférence a été prononcée, l’ouvrage
de
Dennis L. Meadows et de ses collaborateurs, The Limits to Growth, a é
239
été prononcée, l’ouvrage de Dennis L. Meadows et
de
ses collaborateurs, The Limits to Growth, a été publié à New York (Un
240
« L’homme se voit contraint
de
choisir librement son avenir » Une certitude s’impose d’ores et déj
241
res et déjà à notre esprit : c’est que l’humanité
d’
aujourd’hui se voit contrainte d’assumer consciemment la responsabilit
242
t que l’humanité d’aujourd’hui se voit contrainte
d’
assumer consciemment la responsabilité de son action sur la Nature, et
243
ntrainte d’assumer consciemment la responsabilité
de
son action sur la Nature, et qu’elle y est contrainte par la grandeur
244
nce et à la technologie. Ou encore, pour exprimer
d’
une manière plus générale ce même paradoxe majeur de notre temps, nous
245
une manière plus générale ce même paradoxe majeur
de
notre temps, nous pourrions dire : pour la première fois dans l’histo
246
: pour la première fois dans l’histoire, l’homme
d’
aujourd’hui se voit contraint de choisir librement son avenir personne
247
histoire, l’homme d’aujourd’hui se voit contraint
de
choisir librement son avenir personnel et celui de l’espèce humaine —
248
e choisir librement son avenir personnel et celui
de
l’espèce humaine — et il y est contraint du seul fait qu’il en a, pou
249
s, la liberté. Mais, dès lors que le succès même
de
l’effort civilisateur nous force à choisir notre avenir, à le décider
250
er librement, du même coup il nous met en demeure
de
formuler et de vouloir une politique, au sens le plus large du terme,
251
u même coup il nous met en demeure de formuler et
de
vouloir une politique, au sens le plus large du terme, qui est aussi
252
Forrester laisse son lecteur, aux dernières pages
de
son livre, est celui-ci : « Définir de nouveaux Buts humains — de nou
253
ères pages de son livre, est celui-ci : « Définir
de
nouveaux Buts humains — de nouvelles finalités — pour remplacer la se
254
t celui-ci : « Définir de nouveaux Buts humains —
de
nouvelles finalités — pour remplacer la seule poursuite de la croissa
255
les finalités — pour remplacer la seule poursuite
de
la croissance et du progrès économique. » Car désormais, ajoute-t-il,
256
rmais, ajoute-t-il, « c’est l’avenir à long terme
de
la Terre que nous devons prendre pour guide de l’action présente. » C
257
me de la Terre que nous devons prendre pour guide
de
l’action présente. » Ceci revient à dire, pratiquement, que les prévi
258
es prévisions désastreuses résultant des analyses
de
Forrester ne pourront être démenties que si d’abord nous y croyons, e
259
conséquence une politique globale, au double sens
de
l’adjectif. La question, pour une entreprise, une société, un groupe
260
comment croître à tout prix et s’assurer le plus
de
profit, mais : comment rétablir et servir l’équilibre entre l’homme,
261
ommun. La seule politique impossible serait alors
de
n’en pas avoir, c’est-à-dire de renoncer à contrôler ensemble les fac
262
ible serait alors de n’en pas avoir, c’est-à-dire
de
renoncer à contrôler ensemble les facteurs de croissance du système g
263
ire de renoncer à contrôler ensemble les facteurs
de
croissance du système global. Car alors les pires prévisions calculée
264
tique, cela suppose : poser les grandes finalités
de
la cité puis y adapter notre action, nos moyens, nos productions et c
265
z pas que je suis en train de noyer le poisson ou
de
perdre de vue mon sujet, en engageant votre attention dans ces perspe
266
je suis en train de noyer le poisson ou de perdre
de
vue mon sujet, en engageant votre attention dans ces perspectives glo
267
dans ces perspectives globales. Je suis conscient
de
parler ici à des dirigeants d’entreprises, c’est-à-dire à des oriente
268
Je suis conscient de parler ici à des dirigeants
d’
entreprises, c’est-à-dire à des orienteurs ; et je pense que, bien plu
269
pense que, bien plus encore que d’autres membres
de
notre société occidentale mise en question, ils éprouveront le besoin
270
ntale mise en question, ils éprouveront le besoin
de
s’orienter eux-mêmes dans la situation sans précédent, si complexe et
271
ans précédent, si complexe et si riche en menaces
de
cette fin du xxe siècle. Mais s’orienter, c’est découvrir des points
272
ècle. Mais s’orienter, c’est découvrir des points
de
repère lointains et fixes, l’étoile polaire de notre marche — la fina
273
ts de repère lointains et fixes, l’étoile polaire
de
notre marche — la finalité de notre action. Et cette orientation, une
274
s, l’étoile polaire de notre marche — la finalité
de
notre action. Et cette orientation, une fois déterminée, va se tradui
275
udget, c’est-à-dire dans la traduction financière
d’
une politique, que se révèlent les vraies finalités que l’on entend se
276
stes, dans les débats qui précèdent l’inscription
d’
une somme ou son élimination ; dans les choix que l’on fait quand il y
277
l’on sert. Voilà le lieu délimité, le champ clos
de
la bataille proprement politique ! Or, des choix politiques de cet or
278
e proprement politique ! Or, des choix politiques
de
cet ordre, nous aurons à en faire de plus en plus dans l’industrie. L
279
ire de plus en plus dans l’industrie. Les mesures
d’
anti-pollution — telles que l’absorption des fumées et gaz délétères d
280
ont très cher, c’est entendu, et la question sera
de
savoir si on leur sacrifie le profit, ou l’inverse ; ou à tout le moi
281
elle finalité l’on sert en vérité. Rendant compte
de
l’ouvrage d’un bon écologiste américain, Barry Commoner, un magazine
282
l’on sert en vérité. Rendant compte de l’ouvrage
d’
un bon écologiste américain, Barry Commoner, un magazine de New York é
283
écologiste américain, Barry Commoner, un magazine
de
New York écrivait l’autre jour que l’auteur préconise le retour à des
284
et que cette politique impliquerait la fermeture
d’
importantes industries et coûterait au moins 600 millions de dollars a
285
tes industries et coûterait au moins 600 millions
de
dollars aux États-Unis. Or l’auteur ne dit pas où on les trouverait,
286
on publique posait aux grands États le même genre
de
question avant qu’ils entreprennent une guerre (comme celle du Vietna
287
e celle du Vietnam, qui a déjà coûté 80 milliards
de
dollars), on se demande ce que ces États oseraient répondre quant aux
288
disponibles, outre la finalité toujours alléguée
de
la « défense de la paix » qui justifie tous les sacrifices, comme cha
289
ait acquis aux dépens de la santé des citoyens et
de
l’équilibre de l’environnement ? Comment appeler équilibré un budget
290
dépens de la santé des citoyens et de l’équilibre
de
l’environnement ? Comment appeler équilibré un budget qui ne prendrai
291
ou neutraliser ces nuisances ? Au fur et à mesure
de
la prise de conscience des réalités écologiques, qui s’opère avec une
292
, comment statuer sur les priorités dans la série
d’
antinomies suivantes : — Produire plus pour gagner plus ou produire mi
293
lle un nouveau concordat ? — Assurer la puissance
de
l’État ou favoriser les échanges ? — Réunir les conditions d’hégémoni
294
favoriser les échanges ? — Réunir les conditions
d’
hégémonie ou essayer de se rendre utile, voire indispensable aux voisi
295
? — Réunir les conditions d’hégémonie ou essayer
de
se rendre utile, voire indispensable aux voisins ? — Se préparer à ga
296
éparer à gagner une guerre ou se mettre en mesure
d’
animer la paix ? — Uniformiser au maximum, broyer les diversités, ou u
297
églementer, conditionner la nation dans le carcan
de
l’État, ou créer des communautés librement liées par la foi ou l’espo
298
ature du même coup). Bien sûr, il est plus facile
de
mesurer la croissance d’un PNB que de déterminer les conditions d’une
299
sûr, il est plus facile de mesurer la croissance
d’
un PNB que de déterminer les conditions d’une qualité de vie meilleure
300
plus facile de mesurer la croissance d’un PNB que
de
déterminer les conditions d’une qualité de vie meilleure, d’un meille
301
issance d’un PNB que de déterminer les conditions
d’
une qualité de vie meilleure, d’un meilleur équilibre vivant. Cependan
302
NB que de déterminer les conditions d’une qualité
de
vie meilleure, d’un meilleur équilibre vivant. Cependant, l’évidence
303
er les conditions d’une qualité de vie meilleure,
d’
un meilleur équilibre vivant. Cependant, l’évidence aveuglante des cri
304
i que les interactions si rapidement universelles
de
tous nos déséquilibres locaux ou sectoriels, nous forcent à choisir u
305
nt à choisir un cours nouveau. Nous sommes libres
de
notre choix, mais nous sommes contraints de choisir. Or ce choix glob
306
ibres de notre choix, mais nous sommes contraints
de
choisir. Or ce choix global désormais entre Puissance, Profit, Croiss
307
r lequel passent toutes les options fondamentales
de
la politique, au sens large de stratégie de l’espèce humaine. Tous le
308
ions fondamentales de la politique, au sens large
de
stratégie de l’espèce humaine. Tous les grands dilemmes que je viens
309
tales de la politique, au sens large de stratégie
de
l’espèce humaine. Tous les grands dilemmes que je viens d’énumérer co
310
ce humaine. Tous les grands dilemmes que je viens
d’
énumérer comportent un enjeu écologique. Mais si ce fut l’erreur tragi
311
njeu écologique. Mais si ce fut l’erreur tragique
de
l’ère industrielle que de prendre le PNB pour indicateur unique et su
312
e fut l’erreur tragique de l’ère industrielle que
de
prendre le PNB pour indicateur unique et suffisant du Progrès, ce ser
313
ant du Progrès, ce serait une erreur utopique que
de
vouloir éliminer totalement le motif du profit : ce qui est requis d’
314
totalement le motif du profit : ce qui est requis
d’
urgence, c’est d’accorder la priorité aux facteurs d’équilibre chaque
315
if du profit : ce qui est requis d’urgence, c’est
d’
accorder la priorité aux facteurs d’équilibre chaque fois qu’il y a co
316
rgence, c’est d’accorder la priorité aux facteurs
d’
équilibre chaque fois qu’il y a conflit déclaré entre croissance matér
317
non plus l’économie — comme indicateur principal
d’
une politique de Progrès réel, je veux dire : global. Une des leçons c
318
omie — comme indicateur principal d’une politique
de
Progrès réel, je veux dire : global. Une des leçons capitales que nou
319
ie, dans le domaine politique traditionnel, celui
de
l’État et des institutions, c’est ce que je nommerai la loi de double
320
des institutions, c’est ce que je nommerai la loi
de
double développement vers les ensembles continentaux d’une part, et r
321
s ensembles continentaux d’une part, et régionaux
de
l’autre. Chacun voit en effet que les problèmes écologiques posés par
322
llent un Pouvoir européen, un Département fédéral
de
l’Écologie étendant son autorité sur tous nos pays, indépendamment de
323
rien de plus local et régional que les décisions
d’
application à prendre pour assurer les équilibres entre nature et indu
324
États-nations ne correspondent plus aux réalités
de
la société moderne, étant à la fois trop petits pour se charger des t
325
à la fois trop petits pour se charger des tâches
de
dimensions continentales ou mondiales, et trop grands pour résoudre s
326
i tout bon fédéraliste suisse et européen se doit
de
faire siennes les options écologiques, et tout bon écologiste d’appuy
327
s les options écologiques, et tout bon écologiste
d’
appuyer les efforts pour l’union de nos peuples en deçà et au-delà de
328
bon écologiste d’appuyer les efforts pour l’union
de
nos peuples en deçà et au-delà de leurs États-nations. Quant aux chan
329
ts pour l’union de nos peuples en deçà et au-delà
de
leurs États-nations. Quant aux chances de réaliser ce beau programme
330
au-delà de leurs États-nations. Quant aux chances
de
réaliser ce beau programme d’écologie fédéraliste européenne profilé
331
. Quant aux chances de réaliser ce beau programme
d’
écologie fédéraliste européenne profilé sur un horizon mondial, je vou
332
terminer. Si l’on se demande comment les mesures
d’
équilibre écologique nécessaires pourraient être adoptées, en l’absenc
333
écessaires pourraient être adoptées, en l’absence
d’
un pouvoir mondial ou même continental capable d’imposer une politique
334
d’un pouvoir mondial ou même continental capable
d’
imposer une politique, il reste à élaborer et à faire connaître des mo
335
reste à élaborer et à faire connaître des modèles
de
conduite, à les rendre désirables, et à entraîner de la sorte un cons
336
conduite, à les rendre désirables, et à entraîner
de
la sorte un consensus des forces et des groupes les plus actifs. C’es
337
lités qui subsistent, me semble-t-il, sont celles
de
l’information massive et de l’éducation, c’est-à-dire des mass médias
338
ble-t-il, sont celles de l’information massive et
de
l’éducation, c’est-à-dire des mass médias et de l’École aux trois deg
339
t de l’éducation, c’est-à-dire des mass médias et
de
l’École aux trois degrés. Pour jouer son rôle d’information sérieuse
340
de l’École aux trois degrés. Pour jouer son rôle
d’
information sérieuse, la TV devrait échapper aux servitudes de la publ
341
n sérieuse, la TV devrait échapper aux servitudes
de
la publicité, car la publicité vise des fins d’expansion, non d’équil
342
s de la publicité, car la publicité vise des fins
d’
expansion, non d’équilibre. Et pour jouer son rôle d’initiation aux ré
343
, car la publicité vise des fins d’expansion, non
d’
équilibre. Et pour jouer son rôle d’initiation aux réalités du monde m
344
xpansion, non d’équilibre. Et pour jouer son rôle
d’
initiation aux réalités du monde moderne, l’École devrait instituer de
345
vrait instituer des cours théoriques et pratiques
d’
économie autant que d’écologie. Elle devrait battre en brèche la super
346
urs théoriques et pratiques d’économie autant que
d’
écologie. Elle devrait battre en brèche la superstition bourgeoise du
347
re en brèche la superstition bourgeoise du secret
de
l’économie et de la finance : après tout, les trois quarts des votati
348
uperstition bourgeoise du secret de l’économie et
de
la finance : après tout, les trois quarts des votations auxquelles l’
349
objets économiques, qui auraient dû faire l’objet
d’
un enseignement sans parties réservées ni carré blanc. Le principe qu’
350
l’économie n’a pas sa fin en soi, mais au service
de
l’homme, et qu’elle servira l’homme quand elle s’ordonnera non plus a
351
nbergen (mais je persiste à penser que le N y est
de
trop, et empêche tout). À quoi j’ose ajouter que l’économie me paraît
352
marxistes ou libéraux : elle doit être au service
de
finalités humaines que les économistes spécialisés n’ont pas plus qua
353
ur définir. Elle doit faire en permanence l’objet
d’
un grand débat public, dominé par les seuls impératifs de l’équilibre.
354
and débat public, dominé par les seuls impératifs
de
l’équilibre. Je m’en suis tenu aujourd’hui, en ma qualité de générali
355
bre. Je m’en suis tenu aujourd’hui, en ma qualité
de
généraliste, et sans prétendre aborder (encore moins résoudre) les pr
356
(encore moins résoudre) les problèmes spécifiques
d’
exécution, au niveau où la politique préconisée peut et doit être mise
357
être mise en œuvre. J’ai voulu poser le problème
de
la nécessité d’une politique, donc d’une démarche prospective impliqu
358
vre. J’ai voulu poser le problème de la nécessité
d’
une politique, donc d’une démarche prospective impliquant le dépôt et
359
le problème de la nécessité d’une politique, donc
d’
une démarche prospective impliquant le dépôt et la déclaration des fin
360
uant le dépôt et la déclaration des fins globales
de
notre société. Je me suis gardé, je l’espère, d’un alarmisme exagéré,
361
de notre société. Je me suis gardé, je l’espère,
d’
un alarmisme exagéré, malgré la mode. Et j’imagine que mon propos pour
362
ropos pourrait être résumé par un seul signe : un
de
ces grands points d’exclamation qui dans la signalisation routière av
363
ésumé par un seul signe : un de ces grands points
d’
exclamation qui dans la signalisation routière avertissent de redouble
364
on qui dans la signalisation routière avertissent
de
redoubler d’attention à l’approche d’un passage dangereux.
365
a signalisation routière avertissent de redoubler
d’
attention à l’approche d’un passage dangereux.
366
avertissent de redoubler d’attention à l’approche
d’
un passage dangereux.
367
ettre adressée par M. Sicco Mansholt au président
de
la Commission des Communautés économiques européennes a rendu célèbre
368
onomiques européennes a rendu célèbres les thèses
de
Forrester, dont je faisais grand état, comme on vient de le voir. L’i
369
s grand état, comme on vient de le voir. L’impact
de
la lettre a provoqué des réactions curieusement inintelligentes, mais
370
nnonçaient qu’ils allaient « se défendre », faute
d’
imaginer même qu’il y eût lieu de répondre sur le fond, après examen d
371
éfendre », faute d’imaginer même qu’il y eût lieu
de
répondre sur le fond, après examen de la thèse. Les réactions, pour v
372
y eût lieu de répondre sur le fond, après examen
de
la thèse. Les réactions, pour virulentes et parfois même sincères qu’
373
modèle Forrester » n’est conforme aux schémas ni
de
la gauche, ni de la droite : on s’en doutait. Savoir s’il est conform
374
» n’est conforme aux schémas ni de la gauche, ni
de
la droite : on s’en doutait. Savoir s’il est conforme aux réalités du
375
és par Forrester et ce qu’en pensent (ou refusent
d’
en penser) la droite, la gauche et l’Est enfin réunis dans une allianc
376
entre les catastrophes prévues et le désir éperdu
de
survivre ? Ou la neutralité entre le virus et ses victimes ? Une fois
377
ctimes ? Une fois de plus on accuse le diagnostic
de
créer le mal qu’il décrit. Aux yeux d’une certaine droite, les travau
378
diagnostic de créer le mal qu’il décrit. Aux yeux
d’
une certaine droite, les travaux du MIT font partie du complot communi
379
re entreprise occidentale : il s’agirait, dit-on,
d’
étatiser toute l’industrie et de supprimer le motif du profit. Certain
380
’agirait, dit-on, d’étatiser toute l’industrie et
de
supprimer le motif du profit. Certaine gauche dénonce au contraire la
381
vrier, son niveau de vie et ses salaires. Au-delà
de
ce stérile débat entre réflexes conditionnés par de vieilles idéologi
382
ce stérile débat entre réflexes conditionnés par
de
vieilles idéologies, il apparaît de plus en plus clairement que le sa
383
apparaît de plus en plus clairement que le salut
de
l’Europe est dans la recherche d’une politique d’équilibre dynamique
384
nt que le salut de l’Europe est dans la recherche
d’
une politique d’équilibre dynamique entre l’Homme, la cité et la Natur
385
de l’Europe est dans la recherche d’une politique
d’
équilibre dynamique entre l’Homme, la cité et la Nature, enfin substit
386
té et la Nature, enfin substituée au dogme unique
de
la croissance matérielle à tout prix, qui est le contraire d’une poli
387
ance matérielle à tout prix, qui est le contraire
d’
une politique. D. de R. Avril 1972 P.P.S. : Sur l’incident de la ta
388
t prix, qui est le contraire d’une politique. D.
de
R. Avril 1972 P.P.S. : Sur l’incident de la tasse de thé tel que l’
389
e. D. de R. Avril 1972 P.P.S. : Sur l’incident
de
la tasse de thé tel que l’a rapporté Robert Aron, cité dans son intro
390
Avril 1972 P.P.S. : Sur l’incident de la tasse
de
thé tel que l’a rapporté Robert Aron, cité dans son introduction par
391
son introduction par Henri Rieben, je me réserve
de
donner ma propre version dans un ouvrage intitulé Journal d’un Europé
392
a propre version dans un ouvrage intitulé Journal
d’
un Européen, 1946-1966, suite à mon Journal d’une époque, 1926-1946 .
393
al d’un Européen, 1946-1966, suite à mon Journal
d’
une époque, 1926-1946 .