1 1972, Les Dirigeants et les finalités de la société occidentale (1972). « Un monde fini »
1 , se produisit la plus impressionnante révolution de toute l’histoire : la découverte par l’homme occidental qu’il atteign
2 s limites infranchissables. Il se voyait en passe de se libérer par la science et par la technique industrialisée des gran
3 s signes dramatiques, comparables aux sept plaies d’ Égypte, qu’elle garderait le dernier mot et que ce pourrait être aux d
4 ait être aux dépens de la vie même, non seulement de la vie végétale, mais de la vie animale et donc humaine aussi. Jusqu’
5 vie même, non seulement de la vie végétale, mais de la vie animale et donc humaine aussi. Jusqu’à nos jours, depuis le si
6 ait que répondre tant bien que mal aux durs défis de la Nature — ceux de son corps et ceux de son environnement. Il s’agis
7 t bien que mal aux durs défis de la Nature — ceux de son corps et ceux de son environnement. Il s’agissait pour lui de sur
8 rs défis de la Nature — ceux de son corps et ceux de son environnement. Il s’agissait pour lui de survivre, donc de contin
9 ceux de son environnement. Il s’agissait pour lui de survivre, donc de continuer ce qui avait réussi à quelques-uns de ses
10 nnement. Il s’agissait pour lui de survivre, donc de continuer ce qui avait réussi à quelques-uns de ses ancêtres. Lorsque
11 c de continuer ce qui avait réussi à quelques-uns de ses ancêtres. Lorsque apparut la civilisation, au début de l’ère néol
12 cêtres. Lorsque apparut la civilisation, au début de l’ère néolithique, c’est-à-dire le premier dialogue entre l’homme et
13 érieurs, mais toujours victorieux pour le progrès de l’espèce. Vingt millénaires d’un effort sans relâche de l’homme contr
14 ux pour le progrès de l’espèce. Vingt millénaires d’ un effort sans relâche de l’homme contre le destin que la Nature lui i
15 spèce. Vingt millénaires d’un effort sans relâche de l’homme contre le destin que la Nature lui imposait ont finalement pe
16 du mouvement général des civilisations : « Il va de l’agriculture au paradoxe », comme l’a justement observé un philosoph
17 n. L’agriculture, c’est en effet le premier moyen de commander à la Nature en obéissant à ses lois : imperare parendo. Mai
18 partie : il n’est plus guère que les tremblements de terre et les typhons que nous ayons encore du mal à contrôler — mais
19 ôler — mais cela viendra. Libérée des contraintes de la faim, de la peur, du froid, de la foudre et des loups, une partie
20 cela viendra. Libérée des contraintes de la faim, de la peur, du froid, de la foudre et des loups, une partie de l’humanit
21 des contraintes de la faim, de la peur, du froid, de la foudre et des loups, une partie de l’humanité — l’occidentale — se
22 , du froid, de la foudre et des loups, une partie de l’humanité — l’occidentale — se met à créer ce qu’elle désire, et non
23 vre et survivre, se font jour désormais, altérées de réponse. Au pour quoi de nos efforts individuels, la réponse ancienne
24 jour désormais, altérées de réponse. Au pour quoi de nos efforts individuels, la réponse ancienne était : survivre. Au ver
25 a réponse ancienne était : survivre. Au vers quoi de notre action collective, la réponse moderne, dès le xviiie siècle, a
26 nous survivra, puisqu’il n’y aura peut-être plus de vie à la surface de la Terre. Mais qu’elle durera sans nous, au-delà
27 qu’il n’y aura peut-être plus de vie à la surface de la Terre. Mais qu’elle durera sans nous, au-delà de toute vie. Et en
28 la Terre. Mais qu’elle durera sans nous, au-delà de toute vie. Et en même temps nous découvrons que le Progrès ne peut pa
29 , une raison décisive, indiscutable : la finitude de l’espace et des ressources dont l’homme dispose sur la Terre. 135 mil
30 s dont l’homme dispose sur la Terre. 135 millions de kilomètres carrés de terres vierges émergées, c’est beaucoup, direz-v
31 e sur la Terre. 135 millions de kilomètres carrés de terres vierges émergées, c’est beaucoup, direz-vous, mais ce n’est pa
32 es, et il n’offre à la boulimie sans cesse accrue de populations qui doublent tous les trente-cinq ans qu’un espace vital
33 ra nourrir tout le monde, m’assure un spécialiste de l’alimentation, mais il faudra manger debout.) « Le temps du monde f
34 s les années 1930. Il l’entendait au sens spatial d’ un monde rétréci par la vitesse et la facilité des déplacements. Mais
35 ons désormais calculer l’épuisement non seulement de l’espace habitable, mais du pétrole existant, des forêts, de l’uraniu
36 habitable, mais du pétrole existant, des forêts, de l’uranium, de l’air et de l’eau sur la Terre, et partout le calcul pr
37 is du pétrole existant, des forêts, de l’uranium, de l’air et de l’eau sur la Terre, et partout le calcul prospectif nous
38 e existant, des forêts, de l’uranium, de l’air et de l’eau sur la Terre, et partout le calcul prospectif nous révèle les l
39 s limites des ressources naturelles. Cette notion de limite est neuve, et demeure presque aussi scandaleuse pour l’homme m
40 hus le premier l’a formulée, dans le seul domaine de l’alimentation qui, selon lui, devait borner la croissance démographi
41 à notre esprit réticent, à cause des succès mêmes de l’expansion dans tous les domaines — démographie, investissements, in
42 ésormais prévisibles et calculables à moyen terme de cette croissance exponentielle. Mais il suffit que la notion de limi
43 ance exponentielle. Mais il suffit que la notion de limite soit posée, imposée par les faits, pour qu’aussitôt surgissent
2 1972, Les Dirigeants et les finalités de la société occidentale (1972). « La religion du Progrès »
44 ature consacrée depuis une décennie aux problèmes de la protection de la Nature, de l’environnement naturel et urbain, de
45 epuis une décennie aux problèmes de la protection de la Nature, de l’environnement naturel et urbain, de la pollution, des
46 nnie aux problèmes de la protection de la Nature, de l’environnement naturel et urbain, de la pollution, des nuisances et
47 la Nature, de l’environnement naturel et urbain, de la pollution, des nuisances et des catastrophes écologiques qu’il s’a
48 nces et des catastrophes écologiques qu’il s’agit de prévoir si l’on veut les prévenir. Une revue paraît, qui s’intitule S
49 nous décrivent, non sans passion dans leur souci d’ objectivité scientifique, les catastrophes que menace de provoquer not
50 ctivité scientifique, les catastrophes que menace de provoquer notre génie occidental, par les succès mêmes de sa science,
51 quer notre génie occidental, par les succès mêmes de sa science, de sa technique et de l’efficacité de ses méthodes. Contr
52 e occidental, par les succès mêmes de sa science, de sa technique et de l’efficacité de ses méthodes. Contre eux se dresse
53 es succès mêmes de sa science, de sa technique et de l’efficacité de ses méthodes. Contre eux se dressent les champions du
54 de sa science, de sa technique et de l’efficacité de ses méthodes. Contre eux se dressent les champions du Progrès indéfin
55 se dressent les champions du Progrès indéfini et de la société de consommation, qui voit le bonheur dans la multiplicatio
56 es champions du Progrès indéfini et de la société de consommation, qui voit le bonheur dans la multiplication des objets o
57 lication des objets offerts à l’homme. Les livres de deux porte-paroles récents de cette tendance optimiste portent eux au
58 l’homme. Les livres de deux porte-paroles récents de cette tendance optimiste portent eux aussi des titres qui suffisent à
59 ouverte aux gens heureux, et qui ont bien raison de l’être et Vive la société de consommation ! Les auteurs de cette seco
60 qui ont bien raison de l’être et Vive la société de consommation ! Les auteurs de cette seconde école traitent ceux de la
61 et Vive la société de consommation ! Les auteurs de cette seconde école traitent ceux de la première de lugubres farceurs
62 Les auteurs de cette seconde école traitent ceux de la première de lugubres farceurs. Pire encore : dans sa Lettre ouvert
63 cette seconde école traitent ceux de la première de lugubres farceurs. Pire encore : dans sa Lettre ouverte aux gens heur
64 nts qui s’en occupent : « Je donne aux inventeurs de cette psychose le Nobel de l’escroquerie. » Quand on lui demande ce q
65 e donne aux inventeurs de cette psychose le Nobel de l’escroquerie. » Quand on lui demande ce qu’il pense du commandant Co
66 ce qu’il pense du commandant Cousteau, fondateur d’ un Institut d’études sous-marines et champion de la lutte contre la po
67 e du commandant Cousteau, fondateur d’un Institut d’ études sous-marines et champion de la lutte contre la pollution des oc
68 r d’un Institut d’études sous-marines et champion de la lutte contre la pollution des océans, il répond (dans de nombreuse
69 e contre la pollution des océans, il répond (dans de nombreuses interviews) qu’il ne s’agit là que d’une « opération publi
70 de nombreuses interviews) qu’il ne s’agit là que d’ une « opération publicitaire destinée à recueillir des fonds ». On pou
71 t lui rétorquer que lorsqu’il se fait le champion de la lutte contre ce qu’il nomme la « sinistrose », c’est-à-dire l’atti
72 és par la technologie, eh bien ! il ne s’agit que d’ une opération publicitaire destinée à faire vendre sa dextrose — dextr
73 xtrose — dextrose étant synonyme, je le rappelle, de glucose, liquide sucré qui facilite le sommeil des personnes âgées. L
74 acilite le sommeil des personnes âgées. Le succès de son livre me paraît d’ailleurs plus significatif que le livre lui-mêm
75 crée par le Conseil de l’Europe à la Préservation de la Nature, a provoqué dans le grand public européen deux réactions co
76 onscience des réalités écologiques et des dangers de la pollution beaucoup plus générale qu’on n’osait l’espérer, surtout
77 r, surtout dans la jeunesse ; — et puis une sorte de rumeur de ricanements irrités ou moqueurs, révélant une réaction de r
78 dans la jeunesse ; — et puis une sorte de rumeur de ricanements irrités ou moqueurs, révélant une réaction de refus de ce
79 ements irrités ou moqueurs, révélant une réaction de refus de cette prise de conscience, analogue au rejet d’une greffe, r
80 rités ou moqueurs, révélant une réaction de refus de cette prise de conscience, analogue au rejet d’une greffe, réaction d
81 s de cette prise de conscience, analogue au rejet d’ une greffe, réaction de scepticisme qui cache probablement une certain
82 science, analogue au rejet d’une greffe, réaction de scepticisme qui cache probablement une certaine anxiété, ou la peur,
83 ou la peur, et qui explique le succès du pamphlet de Pauwels : beaucoup de personnes, surtout âgées, ne demandent qu’à se
84 oulagement profond et jubilant dans les illusions d’ hier, et voilà ce bon Monsieur qui vient leur dire, dans son titre mêm
85 dire, dans son titre même, qu’ils ont bien raison de le faire ! Ah ! l’habile homme ! De la fenêtre du vingtième étage d’u
86 t bien raison de le faire ! Ah ! l’habile homme ! De la fenêtre du vingtième étage d’un gratte-ciel, il tend son livre à c
87 l’habile homme ! De la fenêtre du vingtième étage d’ un gratte-ciel, il tend son livre à ceux qui tombent du quarantième en
88 nuez ! » Mais lorsqu’il attaque ceux qu’il traite de bouffons de la contestation et ces lugubres farceurs qui font métier
89 s lorsqu’il attaque ceux qu’il traite de bouffons de la contestation et ces lugubres farceurs qui font métier de dénoncer
90 estation et ces lugubres farceurs qui font métier de dénoncer la pollution, je ne puis m’empêcher de penser à une merveill
91 r de dénoncer la pollution, je ne puis m’empêcher de penser à une merveilleuse petite parabole de Kierkegaard, le plus gra
92 cher de penser à une merveilleuse petite parabole de Kierkegaard, le plus grand penseur religieux du siècle dernier, que j
93 e : Il arriva que le feu prît dans les coulisses d’ un théâtre. Le bouffon vint en avertir le public. On pensa qu’il voula
94 oiront à une farce. Je parlais des « Sept plaies d’ Égypte » qui aujourd’hui nous avertissent non pas de l’irritation de J
95 Égypte » qui aujourd’hui nous avertissent non pas de l’irritation de Jéhovah, mais d’une espèce d’allergie de la Nature et
96 ourd’hui nous avertissent non pas de l’irritation de Jéhovah, mais d’une espèce d’allergie de la Nature et de l’homme natu
97 rtissent non pas de l’irritation de Jéhovah, mais d’ une espèce d’allergie de la Nature et de l’homme naturel aux produits
98 pas de l’irritation de Jéhovah, mais d’une espèce d’ allergie de la Nature et de l’homme naturel aux produits de notre indu
99 ritation de Jéhovah, mais d’une espèce d’allergie de la Nature et de l’homme naturel aux produits de notre industrie. Ces
100 vah, mais d’une espèce d’allergie de la Nature et de l’homme naturel aux produits de notre industrie. Ces sept plaies sont
101 e de la Nature et de l’homme naturel aux produits de notre industrie. Ces sept plaies sont la pollution de l’air, des eaux
102 otre industrie. Ces sept plaies sont la pollution de l’air, des eaux, des sols et des aliments, et la pollution de l’homme
103 s eaux, des sols et des aliments, et la pollution de l’homme par le bruit, par le stress urbain (ou densité excessive de l
104 bruit, par le stress urbain (ou densité excessive de la population) et par les propagandes. Ces sept plaies nous annoncent
105 haine du monde occidental. Sur quoi les partisans de l’« apaisement » dans la bataille de l’environnement nous disent, et
106 es partisans de l’« apaisement » dans la bataille de l’environnement nous disent, et je les cite : « qu’il faut faire conf
107 graves depuis le Déluge, et qu’en conséquence, «  d’ une manière ou d’une autre, il faudra bien que ça s’arrange », cette f
108 Déluge, et qu’en conséquence, « d’une manière ou d’ une autre, il faudra bien que ça s’arrange », cette fois encore : ils
109 e serait faire confiance au virus pour nous tirer de la maladie qu’il cause, aussi longtemps que la religion du Progrès au
110 el coût humain et naturel, et pour unique article de foi la croyance en l’éternelle, inconditionnelle et absolue nécessité
111 lle, inconditionnelle et absolue nécessité en soi de la croissance industrielle — et celui qui oserait la mettre en doute
112 ter des situations sans précédent dans l’histoire de l’humanité, situations créées par l’approche de limites auxquelles pe
113 e de l’humanité, situations créées par l’approche de limites auxquelles personne ne pouvait croire hier encore, limites, j
114 ouvait croire hier encore, limites, je le répète, de l’espace habitable mais aussi des ressources naturelles qui soudain s
115 in se révèlent bel et bien épuisables, et limites de la tolérance tant animale que végétale à la pollution sous toutes ses
116 tion sous toutes ses formes. Faut-il en désespoir de cause faire confiance à la fameuse intuition ? Je reste convaincu qu’
117 n ? Je reste convaincu qu’elle est la voie royale de la recherche fondamentale et de la création tant scientifique qu’arti
118 st la voie royale de la recherche fondamentale et de la création tant scientifique qu’artistique, de la saisie du réel par
119 t de la création tant scientifique qu’artistique, de la saisie du réel par notre esprit. Mais dans la crise présente de no
120 éel par notre esprit. Mais dans la crise présente de notre civilisation, elle ne peut plus suffire à nous guider dans le s
121 confiance à l’intuition, et qu’il est préférable d’ analyser d’abord les effets combinés que l’on obtient en manipulant le
122 anipulant les commandes et les boutons du tableau de bord. Il y a plus : les facteurs dynamiques de notre civilisation son
123 au de bord. Il y a plus : les facteurs dynamiques de notre civilisation sont devenus tellement interdépendants qu’il est f
124 l’effet désiré et prévu à court terme, une série de conséquences à long terme aussi indésirables qu’imprévues. Par exempl
125 anté publique a pour conséquence un accroissement de la population et donc une diminution de la qualité de vie. Telle élév
126 oissement de la population et donc une diminution de la qualité de vie. Telle élévation du niveau de vie par un effort d’i
127 a population et donc une diminution de la qualité de vie. Telle élévation du niveau de vie par un effort d’industrialisati
128 e. Telle élévation du niveau de vie par un effort d’ industrialisation se trouve ensevelie sous la pollution subitement acc
129 crue » — qui à son tour entraînera une diminution de la qualité de vie, puis une mortalité accrue, et ainsi de suite. Il c
130 son tour entraînera une diminution de la qualité de vie, puis une mortalité accrue, et ainsi de suite. Il convient donc a
131 alité de vie, puis une mortalité accrue, et ainsi de suite. Il convient donc aujourd’hui de prendre des décisions en fonct
132 , et ainsi de suite. Il convient donc aujourd’hui de prendre des décisions en fonction de la dynamique du système social,
133 onction de la dynamique du système social, et non d’ un secteur particulier. « Autrement nous ne ferons que prolonger les t
3 1972, Les Dirigeants et les finalités de la société occidentale (1972). « Passer de la croissance à l’équilibre »
134 « Passer de la croissance à l’équilibre » La finitude des ressources naturelles
135 ble et cultivable) nous oblige désormais à passer de l’expansion sauvage à l’équilibre dynamique, c’est-à-dire à un systèm
136 libre dynamique, c’est-à-dire à un système global d’ interrégulations. Compte tenu du fantastique enchevêtrement des intera
137 ne sauraient suffire à déterminer les conditions d’ un tel équilibre. C’est dans cette vue que le club de Rome, créé par q
138 Forrester, qui étudiait au MIT depuis une dizaine d’ années la « dynamique industrielle » — et le résultat de cette recherc
139 es la « dynamique industrielle » — et le résultat de cette recherche vient de paraître en un volume intitulé World Dynamic
140 e tiens beaucoup à vous donner au moins un aperçu de ce travail — dont il me paraît impossible d’exagérer la portée pour n
141 erçu de ce travail — dont il me paraît impossible d’ exagérer la portée pour notre siècle, quelles que soient les réserves
142 sa démarche. S’étant donné pour objectif général de répondre au défi du monde moderne, qui est, dit-il, de passer de la c
143 pondre au défi du monde moderne, qui est, dit-il, de passer de la croissance à l’équilibre, M. Forrester a commencé par ét
144 défi du monde moderne, qui est, dit-il, de passer de la croissance à l’équilibre, M. Forrester a commencé par établir un m
145 nvironnement). Modèle simple constitué par le jeu de cinq paramètres mondiaux : population, investissements, ressources na
146 ents, ressources naturelles, pollution et qualité de vie. (Ce dernier paramètre étant dérivé à la fois du niveau de vie ma
147 étant dérivé à la fois du niveau de vie matériel, de l’alimentation et des nuisances dues à la surpopulation.) Puis, sur l
148 ances dues à la surpopulation.) Puis, sur la base d’ observations et de données d’expérience, il a établi un tableau des mu
149 rpopulation.) Puis, sur la base d’observations et de données d’expérience, il a établi un tableau des multiples relations
150 .) Puis, sur la base d’observations et de données d’ expérience, il a établi un tableau des multiples relations entre ces c
151 figure que l’on voit ci-contre2 donne les courbes d’ évolution prévisible des cinq paramètres, si les tendances actuelles n
152 ou modifiées, donc si on les laisse au libre jeu de leurs interactions. Il convient de noter la diminution rapide des re
153 au libre jeu de leurs interactions. Il convient de noter la diminution rapide des ressources naturelles correspondant à
154 ources naturelles correspondant à l’accroissement de la population, des investissements et de la pollution durant les quar
155 issement de la population, des investissements et de la pollution durant les quarante, ou soixante, ou quatre-vingts année
156 viennent, puis la diminution rapide, en cascade, de ces trois derniers facteurs. Quant à la « qualité de vie », elle a at
157 ces trois derniers facteurs. Quant à la « qualité de vie », elle a atteint son maximum vers 1960, puis se met à décroître
158 enir la décadence générale annoncée par ce modèle de base. Que se passerait-il si l’on diminuait la pollution ? ou la nata
159 ou à diminuer l’un ou l’autre, ou deux contre un de ses paramètres, et à chaque coup les résultantes s’annoncent de plus
160 ait, selon le modèle Forrester, si l’on réduisait de 75 % l’exploitation des ressources naturelles dès 1970, tout en augme
161 essources naturelles dès 1970, tout en augmentant de 20 % les investissements, et en diminuant de 50 % le taux d’accroisse
162 tant de 20 % les investissements, et en diminuant de 50 % le taux d’accroissement de la pollution : On notera que la popu
163 investissements, et en diminuant de 50 % le taux d’ accroissement de la pollution : On notera que la population croît par
164 , et en diminuant de 50 % le taux d’accroissement de la pollution : On notera que la population croît parallèlement aux i
165 stissements, ce qui déclenche une montée critique de la pollution, laquelle entraîne une mortalité proprement catastrophiq
166 ité proprement catastrophique : les cinq sixièmes de la population meurent dans l’espace d’une vingtaine d’années — c’est-
167 q sixièmes de la population meurent dans l’espace d’ une vingtaine d’années — c’est-à-dire, à supposer que cela se passe en
168 population meurent dans l’espace d’une vingtaine d’ années — c’est-à-dire, à supposer que cela se passe entre 2040 et 2060
169 ela se passe entre 2040 et 2060, 9 à 10 milliards de cadavres en deux décennies, catastrophe sans précédent dans l’histoir
170 précédent dans l’histoire ; après quoi la qualité de vie, qui était tombée très bas, fait une remontée en flèche pour les
171 fait une remontée en flèche pour les 2 milliards de survivants. Ayant ainsi joué — en simulation et sur ordinateur — une
172 — en simulation et sur ordinateur — une vingtaine de combinaisons résultant de l’augmentation ou de la réduction d’un seul
173 inateur — une vingtaine de combinaisons résultant de l’augmentation ou de la réduction d’un seul ou de deux ou de trois pa
174 ne de combinaisons résultant de l’augmentation ou de la réduction d’un seul ou de deux ou de trois paramètres, Forrester a
175 ns résultant de l’augmentation ou de la réduction d’ un seul ou de deux ou de trois paramètres, Forrester aboutit à une con
176 de l’augmentation ou de la réduction d’un seul ou de deux ou de trois paramètres, Forrester aboutit à une conclusion que n
177 tation ou de la réduction d’un seul ou de deux ou de trois paramètres, Forrester aboutit à une conclusion que ni l’intuiti
178 s, ni l’expérience acquise n’eussent été capables d’ imaginer et encore moins de nous faire accepter : — Si nous voulons ré
179 n’eussent été capables d’imaginer et encore moins de nous faire accepter : — Si nous voulons réussir la transition de la c
180 ccepter : — Si nous voulons réussir la transition de la croissance à l’équilibre, qui serait le seul salut de notre sociét
181 roissance à l’équilibre, qui serait le seul salut de notre société, il faudra tout réduire, et simultanément. On notera
182 rait être obtenu selon le modèle que par les taux de réduction suivants, appliqués par hypothèse dès 1970 : Exploitation
183 ation des ressources naturelles 75 % Production de pollution 50 % Investissements 40 % Natalité 30 % Production d’
184 Investissements 40 % Natalité 30 % Production d’ aliments (« qualité de vie ») 20 % Ces conditions — évidemment draco
185 Natalité 30 % Production d’aliments (« qualité de vie ») 20 % Ces conditions — évidemment draconiennes — seront-elles
186 quées à tous pendant des années, « peut-être plus d’ années qu’il ne nous en reste… », ajoute-t-il sombrement, avant de con
187 autre histoire… Probablement, une pression accrue de l’environnement sur l’humanité sera-t-elle nécessaire avant que l’on
188 saire avant que l’on prenne conscience du sérieux de la situation. Mais alors, le temps qui nous restera pour agir sera en
189 si contraires aux idées reçues, ne manqueront pas de provoquer — provoquent déjà — des objections plus ou moins irritées.
190 l’extrême il ne serait pas utilisable : le propre d’ un modèle est d’être infiniment plus simple que la réalité infiniment
191 serait pas utilisable : le propre d’un modèle est d’ être infiniment plus simple que la réalité infiniment complexe dont il
192 ctions, mécanismes. Au surplus, il faut se garder de prendre ses résultats pour des prédictions, notamment quant aux dates
193 nements décrits : il ne s’agit pour Forrester que de mettre en lumière les interactions dynamiques de quelques facteurs de
194 de mettre en lumière les interactions dynamiques de quelques facteurs de base de notre société industrielle. Il ne dit pa
195 les interactions dynamiques de quelques facteurs de base de notre société industrielle. Il ne dit pas « voilà ce qui se p
196 eractions dynamiques de quelques facteurs de base de notre société industrielle. Il ne dit pas « voilà ce qui se passera e
197 e sont pas infaillibles et qu’il serait dangereux de les croire quand ils contredisent diamétralement les expériences acqu
198 uition. À quoi l’on peut répondre qu’il n’est pas de domaine où l’intuition trompe davantage que celui de la prospective ;
199 domaine où l’intuition trompe davantage que celui de la prospective ; on y est plus que partout ailleurs en danger de pren
200 ve ; on y est plus que partout ailleurs en danger de prendre ses désirs ou ses craintes pour des réalités. Si les ordinate
201 nt informés selon nos intuitions ; mais à égalité d’ information il y a toutes les chances pour qu’ils se trompent moins qu
202 ulerais deux réserves sur le choix des paramètres de Forrester. Tout d’abord, sa définition de la « qualité de vie » comme
203 amètres de Forrester. Tout d’abord, sa définition de la « qualité de vie » comme résultante de l’alimentation, du niveau d
204 ster. Tout d’abord, sa définition de la « qualité de vie » comme résultante de l’alimentation, du niveau de vie matérielle
205 inition de la « qualité de vie » comme résultante de l’alimentation, du niveau de vie matérielle et des nuisances dues à l
206 iques qui peuvent être décisifs, tels que la peur de l’avenir en général, ou du chômage en particulier, capables de déclen
207 n général, ou du chômage en particulier, capables de déclencher de graves troubles sociaux ; le sentiment de liberté ou de
208 du chômage en particulier, capables de déclencher de graves troubles sociaux ; le sentiment de liberté ou de manque de lib
209 lencher de graves troubles sociaux ; le sentiment de liberté ou de manque de liberté (« La liberté est une sensation. Cela
210 ves troubles sociaux ; le sentiment de liberté ou de manque de liberté (« La liberté est une sensation. Cela se respire »,
211 es sociaux ; le sentiment de liberté ou de manque de liberté (« La liberté est une sensation. Cela se respire », écrivait
212 cela ne se mesure pas) ; et aussi la possibilité d’ éprouver jusqu’au désespoir et à la révolte une pénurie de sens de la
213 er jusqu’au désespoir et à la révolte une pénurie de sens de la vie au milieu de la surabondance des machines, des objets
214 ’au désespoir et à la révolte une pénurie de sens de la vie au milieu de la surabondance des machines, des objets offerts
215 achines, des objets offerts et des sollicitations de consommer. En second lieu, Forrester ne tient pas compte d’un facteur
216 er. En second lieu, Forrester ne tient pas compte d’ un facteur qui me paraît responsable plus que tout autre de l’expansio
217 eur qui me paraît responsable plus que tout autre de l’expansion à outrance, je veux parler de la menace de guerre. Elle e
218 t autre de l’expansion à outrance, je veux parler de la menace de guerre. Elle est de nature à modifier tous nos paramètre
219 expansion à outrance, je veux parler de la menace de guerre. Elle est de nature à modifier tous nos paramètres : c’est en
220 , je veux parler de la menace de guerre. Elle est de nature à modifier tous nos paramètres : c’est en son nom que tel mini
221 vorise une forte natalité, alors que son collègue de l’hygiène sociale cherche à la diminuer ; c’est elle qui pousse aux i
222 facteur qu’elle fasse diminuer, c’est la qualité de vie. Si bien qu’on peut se demander si le dogme de la croissance indu
223 e vie. Si bien qu’on peut se demander si le dogme de la croissance industrielle n’est pas devenu sacro-saint dans la mesur
224 sacro-saint dans la mesure même où il participait de la finalité guerrière de nos États-nations de modèle napoléonien… Quo
225 e même où il participait de la finalité guerrière de nos États-nations de modèle napoléonien… Quoi qu’il en soit d’ailleur
226 ait de la finalité guerrière de nos États-nations de modèle napoléonien… Quoi qu’il en soit d’ailleurs de ces critiques, d
227 modèle napoléonien… Quoi qu’il en soit d’ailleurs de ces critiques, des améliorations de méthode et des corrections de rés
228 it d’ailleurs de ces critiques, des améliorations de méthode et des corrections de résultats que l’on peut attendre de la
229 , des améliorations de méthode et des corrections de résultats que l’on peut attendre de la poursuite de ces travaux par l
230 s corrections de résultats que l’on peut attendre de la poursuite de ces travaux par l’Institut Battelle, sous la directio
231 résultats que l’on peut attendre de la poursuite de ces travaux par l’Institut Battelle, sous la direction de M. Hugo Thi
232 ravaux par l’Institut Battelle, sous la direction de M. Hugo Thiemann, et par le professeur Dennis Meadows et son équipe d
233 remier à montrer l’interdépendance des paramètres de base de notre société, et par suite la nécessité d’une concentration
234 montrer l’interdépendance des paramètres de base de notre société, et par suite la nécessité d’une concentration globale,
235 base de notre société, et par suite la nécessité d’ une concentration globale, au-delà du stade de croissance industrielle
236 ité d’une concentration globale, au-delà du stade de croissance industrielle sauvage, dominée par la maxime utopique : « C
237 t empruntées à un Rapport demeuré inédit qui date de 1970. Elles ne présentent que des différences négligeables avec celle
238 s que cette conférence a été prononcée, l’ouvrage de Dennis L. Meadows et de ses collaborateurs, The Limits to Growth, a é
239 été prononcée, l’ouvrage de Dennis L. Meadows et de ses collaborateurs, The Limits to Growth, a été publié à New York (Un
4 1972, Les Dirigeants et les finalités de la société occidentale (1972). « L’homme se voit contraint de choisir librement son avenir »
240 « L’homme se voit contraint de choisir librement son avenir » Une certitude s’impose d’ores et déj
241 res et déjà à notre esprit : c’est que l’humanité d’ aujourd’hui se voit contrainte d’assumer consciemment la responsabilit
242 t que l’humanité d’aujourd’hui se voit contrainte d’ assumer consciemment la responsabilité de son action sur la Nature, et
243 ntrainte d’assumer consciemment la responsabilité de son action sur la Nature, et qu’elle y est contrainte par la grandeur
244 nce et à la technologie. Ou encore, pour exprimer d’ une manière plus générale ce même paradoxe majeur de notre temps, nous
245 une manière plus générale ce même paradoxe majeur de notre temps, nous pourrions dire : pour la première fois dans l’histo
246  : pour la première fois dans l’histoire, l’homme d’ aujourd’hui se voit contraint de choisir librement son avenir personne
247 histoire, l’homme d’aujourd’hui se voit contraint de choisir librement son avenir personnel et celui de l’espèce humaine —
248 e choisir librement son avenir personnel et celui de l’espèce humaine — et il y est contraint du seul fait qu’il en a, pou
249 s, la liberté. Mais, dès lors que le succès même de l’effort civilisateur nous force à choisir notre avenir, à le décider
250 er librement, du même coup il nous met en demeure de formuler et de vouloir une politique, au sens le plus large du terme,
251 u même coup il nous met en demeure de formuler et de vouloir une politique, au sens le plus large du terme, qui est aussi
252 Forrester laisse son lecteur, aux dernières pages de son livre, est celui-ci : « Définir de nouveaux Buts humains — de nou
253 ères pages de son livre, est celui-ci : « Définir de nouveaux Buts humains — de nouvelles finalités — pour remplacer la se
254 t celui-ci : « Définir de nouveaux Buts humains — de nouvelles finalités — pour remplacer la seule poursuite de la croissa
255 les finalités — pour remplacer la seule poursuite de la croissance et du progrès économique. » Car désormais, ajoute-t-il,
256 rmais, ajoute-t-il, « c’est l’avenir à long terme de la Terre que nous devons prendre pour guide de l’action présente. » C
257 me de la Terre que nous devons prendre pour guide de l’action présente. » Ceci revient à dire, pratiquement, que les prévi
258 es prévisions désastreuses résultant des analyses de Forrester ne pourront être démenties que si d’abord nous y croyons, e
259 conséquence une politique globale, au double sens de l’adjectif. La question, pour une entreprise, une société, un groupe
260 comment croître à tout prix et s’assurer le plus de profit, mais : comment rétablir et servir l’équilibre entre l’homme,
261 ommun. La seule politique impossible serait alors de n’en pas avoir, c’est-à-dire de renoncer à contrôler ensemble les fac
262 ible serait alors de n’en pas avoir, c’est-à-dire de renoncer à contrôler ensemble les facteurs de croissance du système g
263 ire de renoncer à contrôler ensemble les facteurs de croissance du système global. Car alors les pires prévisions calculée
264 tique, cela suppose : poser les grandes finalités de la cité puis y adapter notre action, nos moyens, nos productions et c
265 z pas que je suis en train de noyer le poisson ou de perdre de vue mon sujet, en engageant votre attention dans ces perspe
266 je suis en train de noyer le poisson ou de perdre de vue mon sujet, en engageant votre attention dans ces perspectives glo
267 dans ces perspectives globales. Je suis conscient de parler ici à des dirigeants d’entreprises, c’est-à-dire à des oriente
268 Je suis conscient de parler ici à des dirigeants d’ entreprises, c’est-à-dire à des orienteurs ; et je pense que, bien plu
269 pense que, bien plus encore que d’autres membres de notre société occidentale mise en question, ils éprouveront le besoin
270 ntale mise en question, ils éprouveront le besoin de s’orienter eux-mêmes dans la situation sans précédent, si complexe et
271 ans précédent, si complexe et si riche en menaces de cette fin du xxe siècle. Mais s’orienter, c’est découvrir des points
272 ècle. Mais s’orienter, c’est découvrir des points de repère lointains et fixes, l’étoile polaire de notre marche — la fina
273 ts de repère lointains et fixes, l’étoile polaire de notre marche — la finalité de notre action. Et cette orientation, une
274 s, l’étoile polaire de notre marche — la finalité de notre action. Et cette orientation, une fois déterminée, va se tradui
275 udget, c’est-à-dire dans la traduction financière d’ une politique, que se révèlent les vraies finalités que l’on entend se
276 stes, dans les débats qui précèdent l’inscription d’ une somme ou son élimination ; dans les choix que l’on fait quand il y
277 l’on sert. Voilà le lieu délimité, le champ clos de la bataille proprement politique ! Or, des choix politiques de cet or
278 e proprement politique ! Or, des choix politiques de cet ordre, nous aurons à en faire de plus en plus dans l’industrie. L
279 ire de plus en plus dans l’industrie. Les mesures d’ anti-pollution — telles que l’absorption des fumées et gaz délétères d
280 ont très cher, c’est entendu, et la question sera de savoir si on leur sacrifie le profit, ou l’inverse ; ou à tout le moi
281 elle finalité l’on sert en vérité. Rendant compte de l’ouvrage d’un bon écologiste américain, Barry Commoner, un magazine
282 l’on sert en vérité. Rendant compte de l’ouvrage d’ un bon écologiste américain, Barry Commoner, un magazine de New York é
283 écologiste américain, Barry Commoner, un magazine de New York écrivait l’autre jour que l’auteur préconise le retour à des
284 et que cette politique impliquerait la fermeture d’ importantes industries et coûterait au moins 600 millions de dollars a
285 tes industries et coûterait au moins 600 millions de dollars aux États-Unis. Or l’auteur ne dit pas où on les trouverait,
286 on publique posait aux grands États le même genre de question avant qu’ils entreprennent une guerre (comme celle du Vietna
287 e celle du Vietnam, qui a déjà coûté 80 milliards de dollars), on se demande ce que ces États oseraient répondre quant aux
288 disponibles, outre la finalité toujours alléguée de la « défense de la paix » qui justifie tous les sacrifices, comme cha
289 ait acquis aux dépens de la santé des citoyens et de l’équilibre de l’environnement ? Comment appeler équilibré un budget
290 dépens de la santé des citoyens et de l’équilibre de l’environnement ? Comment appeler équilibré un budget qui ne prendrai
291 ou neutraliser ces nuisances ? Au fur et à mesure de la prise de conscience des réalités écologiques, qui s’opère avec une
292 , comment statuer sur les priorités dans la série d’ antinomies suivantes : — Produire plus pour gagner plus ou produire mi
293 lle un nouveau concordat ? — Assurer la puissance de l’État ou favoriser les échanges ? — Réunir les conditions d’hégémoni
294 favoriser les échanges ? — Réunir les conditions d’ hégémonie ou essayer de se rendre utile, voire indispensable aux voisi
295  ? — Réunir les conditions d’hégémonie ou essayer de se rendre utile, voire indispensable aux voisins ? — Se préparer à ga
296 éparer à gagner une guerre ou se mettre en mesure d’ animer la paix ? — Uniformiser au maximum, broyer les diversités, ou u
297 églementer, conditionner la nation dans le carcan de l’État, ou créer des communautés librement liées par la foi ou l’espo
5 1972, Les Dirigeants et les finalités de la société occidentale (1972). « Gagner le monde ou sauver son âme »
298 ature du même coup). Bien sûr, il est plus facile de mesurer la croissance d’un PNB que de déterminer les conditions d’une
299 sûr, il est plus facile de mesurer la croissance d’ un PNB que de déterminer les conditions d’une qualité de vie meilleure
300 plus facile de mesurer la croissance d’un PNB que de déterminer les conditions d’une qualité de vie meilleure, d’un meille
301 issance d’un PNB que de déterminer les conditions d’ une qualité de vie meilleure, d’un meilleur équilibre vivant. Cependan
302 NB que de déterminer les conditions d’une qualité de vie meilleure, d’un meilleur équilibre vivant. Cependant, l’évidence
303 er les conditions d’une qualité de vie meilleure, d’ un meilleur équilibre vivant. Cependant, l’évidence aveuglante des cri
304 i que les interactions si rapidement universelles de tous nos déséquilibres locaux ou sectoriels, nous forcent à choisir u
305 nt à choisir un cours nouveau. Nous sommes libres de notre choix, mais nous sommes contraints de choisir. Or ce choix glob
306 ibres de notre choix, mais nous sommes contraints de choisir. Or ce choix global désormais entre Puissance, Profit, Croiss
307 r lequel passent toutes les options fondamentales de la politique, au sens large de stratégie de l’espèce humaine. Tous le
308 ions fondamentales de la politique, au sens large de stratégie de l’espèce humaine. Tous les grands dilemmes que je viens
309 tales de la politique, au sens large de stratégie de l’espèce humaine. Tous les grands dilemmes que je viens d’énumérer co
310 ce humaine. Tous les grands dilemmes que je viens d’ énumérer comportent un enjeu écologique. Mais si ce fut l’erreur tragi
311 njeu écologique. Mais si ce fut l’erreur tragique de l’ère industrielle que de prendre le PNB pour indicateur unique et su
312 e fut l’erreur tragique de l’ère industrielle que de prendre le PNB pour indicateur unique et suffisant du Progrès, ce ser
313 ant du Progrès, ce serait une erreur utopique que de vouloir éliminer totalement le motif du profit : ce qui est requis d’
314 totalement le motif du profit : ce qui est requis d’ urgence, c’est d’accorder la priorité aux facteurs d’équilibre chaque
315 if du profit : ce qui est requis d’urgence, c’est d’ accorder la priorité aux facteurs d’équilibre chaque fois qu’il y a co
316 rgence, c’est d’accorder la priorité aux facteurs d’ équilibre chaque fois qu’il y a conflit déclaré entre croissance matér
317 non plus l’économie — comme indicateur principal d’ une politique de Progrès réel, je veux dire : global. Une des leçons c
318 omie — comme indicateur principal d’une politique de Progrès réel, je veux dire : global. Une des leçons capitales que nou
319 ie, dans le domaine politique traditionnel, celui de l’État et des institutions, c’est ce que je nommerai la loi de double
320 des institutions, c’est ce que je nommerai la loi de double développement vers les ensembles continentaux d’une part, et r
321 s ensembles continentaux d’une part, et régionaux de l’autre. Chacun voit en effet que les problèmes écologiques posés par
322 llent un Pouvoir européen, un Département fédéral de l’Écologie étendant son autorité sur tous nos pays, indépendamment de
323 rien de plus local et régional que les décisions d’ application à prendre pour assurer les équilibres entre nature et indu
324 États-nations ne correspondent plus aux réalités de la société moderne, étant à la fois trop petits pour se charger des t
325 à la fois trop petits pour se charger des tâches de dimensions continentales ou mondiales, et trop grands pour résoudre s
326 i tout bon fédéraliste suisse et européen se doit de faire siennes les options écologiques, et tout bon écologiste d’appuy
327 s les options écologiques, et tout bon écologiste d’ appuyer les efforts pour l’union de nos peuples en deçà et au-delà de
328 bon écologiste d’appuyer les efforts pour l’union de nos peuples en deçà et au-delà de leurs États-nations. Quant aux chan
329 ts pour l’union de nos peuples en deçà et au-delà de leurs États-nations. Quant aux chances de réaliser ce beau programme
330 au-delà de leurs États-nations. Quant aux chances de réaliser ce beau programme d’écologie fédéraliste européenne profilé
331 . Quant aux chances de réaliser ce beau programme d’ écologie fédéraliste européenne profilé sur un horizon mondial, je vou
332 terminer. Si l’on se demande comment les mesures d’ équilibre écologique nécessaires pourraient être adoptées, en l’absenc
333 écessaires pourraient être adoptées, en l’absence d’ un pouvoir mondial ou même continental capable d’imposer une politique
334 d’un pouvoir mondial ou même continental capable d’ imposer une politique, il reste à élaborer et à faire connaître des mo
335 reste à élaborer et à faire connaître des modèles de conduite, à les rendre désirables, et à entraîner de la sorte un cons
336 conduite, à les rendre désirables, et à entraîner de la sorte un consensus des forces et des groupes les plus actifs. C’es
337 lités qui subsistent, me semble-t-il, sont celles de l’information massive et de l’éducation, c’est-à-dire des mass médias
338 ble-t-il, sont celles de l’information massive et de l’éducation, c’est-à-dire des mass médias et de l’École aux trois deg
339 t de l’éducation, c’est-à-dire des mass médias et de l’École aux trois degrés. Pour jouer son rôle d’information sérieuse
340 de l’École aux trois degrés. Pour jouer son rôle d’ information sérieuse, la TV devrait échapper aux servitudes de la publ
341 n sérieuse, la TV devrait échapper aux servitudes de la publicité, car la publicité vise des fins d’expansion, non d’équil
342 s de la publicité, car la publicité vise des fins d’ expansion, non d’équilibre. Et pour jouer son rôle d’initiation aux ré
343 , car la publicité vise des fins d’expansion, non d’ équilibre. Et pour jouer son rôle d’initiation aux réalités du monde m
344 xpansion, non d’équilibre. Et pour jouer son rôle d’ initiation aux réalités du monde moderne, l’École devrait instituer de
345 vrait instituer des cours théoriques et pratiques d’ économie autant que d’écologie. Elle devrait battre en brèche la super
346 urs théoriques et pratiques d’économie autant que d’ écologie. Elle devrait battre en brèche la superstition bourgeoise du
347 re en brèche la superstition bourgeoise du secret de l’économie et de la finance : après tout, les trois quarts des votati
348 uperstition bourgeoise du secret de l’économie et de la finance : après tout, les trois quarts des votations auxquelles l’
349 objets économiques, qui auraient dû faire l’objet d’ un enseignement sans parties réservées ni carré blanc. Le principe qu’
350 l’économie n’a pas sa fin en soi, mais au service de l’homme, et qu’elle servira l’homme quand elle s’ordonnera non plus a
351 nbergen (mais je persiste à penser que le N y est de trop, et empêche tout). À quoi j’ose ajouter que l’économie me paraît
352 marxistes ou libéraux : elle doit être au service de finalités humaines que les économistes spécialisés n’ont pas plus qua
353 ur définir. Elle doit faire en permanence l’objet d’ un grand débat public, dominé par les seuls impératifs de l’équilibre.
354 and débat public, dominé par les seuls impératifs de l’équilibre. Je m’en suis tenu aujourd’hui, en ma qualité de générali
355 bre. Je m’en suis tenu aujourd’hui, en ma qualité de généraliste, et sans prétendre aborder (encore moins résoudre) les pr
356 (encore moins résoudre) les problèmes spécifiques d’ exécution, au niveau où la politique préconisée peut et doit être mise
357 être mise en œuvre. J’ai voulu poser le problème de la nécessité d’une politique, donc d’une démarche prospective impliqu
358 vre. J’ai voulu poser le problème de la nécessité d’ une politique, donc d’une démarche prospective impliquant le dépôt et
359 le problème de la nécessité d’une politique, donc d’ une démarche prospective impliquant le dépôt et la déclaration des fin
360 uant le dépôt et la déclaration des fins globales de notre société. Je me suis gardé, je l’espère, d’un alarmisme exagéré,
361 de notre société. Je me suis gardé, je l’espère, d’ un alarmisme exagéré, malgré la mode. Et j’imagine que mon propos pour
362 ropos pourrait être résumé par un seul signe : un de ces grands points d’exclamation qui dans la signalisation routière av
363 ésumé par un seul signe : un de ces grands points d’ exclamation qui dans la signalisation routière avertissent de redouble
364 on qui dans la signalisation routière avertissent de redoubler d’attention à l’approche d’un passage dangereux.
365 a signalisation routière avertissent de redoubler d’ attention à l’approche d’un passage dangereux.
366 avertissent de redoubler d’attention à l’approche d’ un passage dangereux.
6 1972, Les Dirigeants et les finalités de la société occidentale (1972). Post-scriptum
367 ettre adressée par M. Sicco Mansholt au président de la Commission des Communautés économiques européennes a rendu célèbre
368 onomiques européennes a rendu célèbres les thèses de Forrester, dont je faisais grand état, comme on vient de le voir. L’i
369 s grand état, comme on vient de le voir. L’impact de la lettre a provoqué des réactions curieusement inintelligentes, mais
370 nnonçaient qu’ils allaient « se défendre », faute d’ imaginer même qu’il y eût lieu de répondre sur le fond, après examen d
371 éfendre », faute d’imaginer même qu’il y eût lieu de répondre sur le fond, après examen de la thèse. Les réactions, pour v
372 y eût lieu de répondre sur le fond, après examen de la thèse. Les réactions, pour virulentes et parfois même sincères qu’
373  modèle Forrester » n’est conforme aux schémas ni de la gauche, ni de la droite : on s’en doutait. Savoir s’il est conform
374  » n’est conforme aux schémas ni de la gauche, ni de la droite : on s’en doutait. Savoir s’il est conforme aux réalités du
375 és par Forrester et ce qu’en pensent (ou refusent d’ en penser) la droite, la gauche et l’Est enfin réunis dans une allianc
376 entre les catastrophes prévues et le désir éperdu de survivre ? Ou la neutralité entre le virus et ses victimes ? Une fois
377 ctimes ? Une fois de plus on accuse le diagnostic de créer le mal qu’il décrit. Aux yeux d’une certaine droite, les travau
378 diagnostic de créer le mal qu’il décrit. Aux yeux d’ une certaine droite, les travaux du MIT font partie du complot communi
379 re entreprise occidentale : il s’agirait, dit-on, d’ étatiser toute l’industrie et de supprimer le motif du profit. Certain
380 ’agirait, dit-on, d’étatiser toute l’industrie et de supprimer le motif du profit. Certaine gauche dénonce au contraire la
381 vrier, son niveau de vie et ses salaires. Au-delà de ce stérile débat entre réflexes conditionnés par de vieilles idéologi
382 ce stérile débat entre réflexes conditionnés par de vieilles idéologies, il apparaît de plus en plus clairement que le sa
383 apparaît de plus en plus clairement que le salut de l’Europe est dans la recherche d’une politique d’équilibre dynamique
384 nt que le salut de l’Europe est dans la recherche d’ une politique d’équilibre dynamique entre l’Homme, la cité et la Natur
385 de l’Europe est dans la recherche d’une politique d’ équilibre dynamique entre l’Homme, la cité et la Nature, enfin substit
386 té et la Nature, enfin substituée au dogme unique de la croissance matérielle à tout prix, qui est le contraire d’une poli
387 ance matérielle à tout prix, qui est le contraire d’ une politique. D. de R. Avril 1972 P.P.S. : Sur l’incident de la ta
388 t prix, qui est le contraire d’une politique. D. de R. Avril 1972 P.P.S. : Sur l’incident de la tasse de thé tel que l’
389 e. D. de R. Avril 1972 P.P.S. : Sur l’incident de la tasse de thé tel que l’a rapporté Robert Aron, cité dans son intro
390 Avril 1972 P.P.S. : Sur l’incident de la tasse de thé tel que l’a rapporté Robert Aron, cité dans son introduction par
391 son introduction par Henri Rieben, je me réserve de donner ma propre version dans un ouvrage intitulé Journal d’un Europé
392 a propre version dans un ouvrage intitulé Journal d’ un Européen, 1946-1966, suite à mon Journal d’une époque, 1926-1946 .
393 al d’un Européen, 1946-1966, suite à mon Journal d’ une époque, 1926-1946 .