1 1936, Penser avec les mains (1972). Première partie. La commune mesure — I. Le problème de la culture
1 parle ». Et voilà, par exemple, une situation qui nous pose un problème réel ! Mais après tout, qu’est-ce qu’un problème ? A
2 e leur présence, quand elles font leur plein dans nos vies, elles laissent toujours une petite place à notre doute, à nos q
3 vies, elles laissent toujours une petite place à notre doute, à nos questions, à notre sentiment privé. Il ne faut donc pas
4 issent toujours une petite place à notre doute, à nos questions, à notre sentiment privé. Il ne faut donc pas s’étonner de
5 ne petite place à notre doute, à nos questions, à notre sentiment privé. Il ne faut donc pas s’étonner de la multitude des pr
6 c pas s’étonner de la multitude des problèmes que nous sommes en état de poser, sinon de résoudre du tout. (Mais la vie ne s
7 aines permet qu’au sein de l’ordre le plus ferme, notre esprit trouve lieu de s’ébattre autour des forces et des faits qui l’
8 t des faits qui l’animent, et qui le soutiennent. Nous avons tout loisir de jouer le jeu des grandes questions métaphysiques
9 ébranler l’autorité spirituelle ou politique qui nous commande — tant qu’elle nous commande vraiment. Mais autre chose est
10 lle ou politique qui nous commande — tant qu’elle nous commande vraiment. Mais autre chose est de poser des questions au sei
11 et déjà la crise est ouverte. Insuffisance de nos refus Si la culture nous pose un problème, c’est donc, et tout d’a
12 te. Insuffisance de nos refus Si la culture nous pose un problème, c’est donc, et tout d’abord, qu’elle est en décaden
13 une amertume voilée de complaisance. Au point où nous voici, la seule chose possible, c’est de repartir avec une grande pas
14 plir. Les critiques perspicaces et pessimistes de notre état social et culturel en plein déclin n’aboutissent, on l’a remarqu
15 . Ils semblent n’avoir d’autre rôle que d’attiser notre mauvaise conscience. Ce sont les hommes les plus intelligents du sièc
16 n Proust, un Gide et d’une manière générale, tous nos romanciers à la mode, bourgeois confus de l’être encore, habiles dans
17 poussée, le coup de pouce simplificateur. Méfions- nous des critiques « impartiales », des « je vous parle en toute sincérité
18 main. L’esprit n’est vrai que dans son acte, que nos clercs qualifient d’abaissement. C’est en effet un abaissement pour l
19 Je voudrais prudemment insister. La décadence de notre culture provient à mon avis d’un ensemble de causes économiques, poli
20 t cela sous l’éternel prétexte invoqué par toutes nos lâchetés : le prétexte de l’impuissance. « Une aussi sotte race que l
21 t pur. Sacrifice inutile au reste : la science ne nous apprend-elle pas que les lois de l’histoire sont des lois, et que l’e
22 quoi écrire et de quoi me laver les mains. Voilà nos clercs. C’est pour avoir refusé de s’abaisser à hauteur d’homme, au n
23 baisser à hauteur d’homme, au niveau du réel, que notre culture se défait. Faute de s’être montrée « à la hauteur » d’une tâc
24 ite l’opinion ; qu’il dise au financier : « Entre nous , cher monsieur, tout cela n’a guère d’importance, c’est une simple qu
25 ulture. J’ai dit que tout problème réel se pose à nous à partir du moment où son objet (Dieu, la culture, l’amour, la nation
26 e construction. Ces constatations préalables vont nous guider dans l’examen du concept de culture en soi — de ses apparition
27 ître en Russie et en Allemagne. 5. Ce monument doit être érigé au centre de l’Exposition de 1937. On se demande, non sans
2 1936, Penser avec les mains (1972). Première partie. La commune mesure — II. D’une culture qui parle dans le vide
28 e allemand, E. R. Curtius, écrit6 : « Il y a dans notre langue peu de mots aussi usés, aussi éventés que celui de culture ; i
29 on : “la gymnastique est de la culture”, voilà où nous en sommes. La majeure partie de ce que l’on dit aujourd’hui sur la cu
30 ouvent accouplé au substantif héritage : « sauver notre héritage culturel ». Cet automatisme en dit long sur la notion couran
31 idée de culture s’associe tout naturellement dans notre esprit l’idée de l’homme cultivé, plutôt que celle du créateur ; l’id
32 adaptation de la production à la consommation, il nous reste à prendre conscience d’un parallélisme frappant entre la crise
33 ordination de l’une à l’autre ou origine commune. Nous y reviendrons. Prendre conscience de la crise culturelle, c’est d’abo
34 oncière inadaptation de la culture, telle qu’elle nous est transmise, aux besoins que l’époque nous crée. Surproduction ou s
35 elle nous est transmise, aux besoins que l’époque nous crée. Surproduction ou sous-consommation ? C’est bien le même dilemme
36 ous-consommation ? C’est bien le même dilemme que nous pose le capitalisme sur le plan de la quantité. Sur le plan de la qua
37 s, la culture ne « rend » plus. Elle n’est plus à notre mesure, elle nous offre des nourritures de luxe, et nous avons besoin
38 rend » plus. Elle n’est plus à notre mesure, elle nous offre des nourritures de luxe, et nous avons besoin de pain de ménage
39 sure, elle nous offre des nourritures de luxe, et nous avons besoin de pain de ménage. Elle nous offre des spécialités pharm
40 uxe, et nous avons besoin de pain de ménage. Elle nous offre des spécialités pharmaceutiques et nous avons besoin de tonifia
41 lle nous offre des spécialités pharmaceutiques et nous avons besoin de tonifiants élémentaires, de vitamines naturelles. Lai
42 s qui pourraient encore égarer : la culture qu’on nous donne ne nous commande plus rien. Elle parle dans le vide. Elle parle
43 nt encore égarer : la culture qu’on nous donne ne nous commande plus rien. Elle parle dans le vide. Elle parle dans les audi
44 ’une évolution, ou mieux d’une décomposition dont nous sommes les victimes, par surcroît de malheur, inconscientes. On peut
45 issement de la culture. Je ne vois qu’un seul de nos contemporains qui ait étudié sérieusement les causes historiques de c
46 orel — restera le premier témoignage important de notre prise de conscience culturelle, j’entends de notre prise de mauvaise
47 otre prise de conscience culturelle, j’entends de notre prise de mauvaise conscience. C’est aussi qu’il est le premier à défi
48 , qu’on choisit par un acte de foi, qui détermine notre vision rétrospective. C’est elle seule qui donne aux faits passés une
49 s celle des fins, et c’est pourquoi la vigueur de nos prises sur les documents de l’histoire n’est qu’un aspect de notre pu
50 les documents de l’histoire n’est qu’un aspect de notre puissance personnelle d’anticipation. L’histoire n’est qu’une prophét
51 entière ; et l’Église, en tant que directrice du devoir universel, fait sienne cette exigence. Ainsi il n’est plus seulement
52 l n’est plus seulement dit : “Celui qui travaille doit être honoré” mais il est encore dit : “Chacun doit travailler pour êt
53 oit être honoré” mais il est encore dit : “Chacun doit travailler pour être honoré en ce monde et être sauvé dans l’autre” »
54 tre sauvé dans l’autre” » (page 137). Ce principe nous est devenu familier. Mais au déclin du Moyen Âge il apparaît comme un
55 riomphante, dans le domaine conquis. La charnière doit être située aux confins du xiiie et du xive siècle, pendant la brèv
56 Interprétons maintenant ces faits économiques de notre point de vue culturel. L’éthique générale des bourgeois, qui les a po
57 oisifs » qui la « cultivent » pour elle-même. Que nous enseigne cette évolution ? Il me semble qu’on peut en tirer une const
58 C’est ici qu’une question plus profonde me paraît devoir être posée : l’éthique des maîtres oisifs est-elle vraiment la négati
59 mplets et durables, de la bourgeoisie d’Occident, nous permettra peut-être de répondre à cette question décisive. L’établiss
60 et des débuts du xxe siècle vont-ils sans doute nous révéler plus aisément la nature spirituelle de l’erreur qui, peut-êtr
61 ure bourgeoises. Quelques remarques préliminaires nous aideront à interpréter les illustrations qui vont suivre. 6. Dans D
62 ent prise au sérieux : ce dont la phrase suivante nous permet de douter : « Par conséquent, la seule représentation réelle à
3 1936, Penser avec les mains (1972). Première partie. La commune mesure — III. Fatalités du rationalisme bourgeois
63 i l’on se demande quel est le principe central de notre société bourgeoise, son lieu commun fondamental, son arme défensive e
64 e raison ennemie de tout ce que le xviiie siècle devait flétrir du nom d’obscurantisme. La « philosophie des lumières » en es
65 i est à l’origine de la Révolution française, qui devait par ailleurs rendre un culte à la Raison déifiée. Mais cette raison e
66 de gladiateurs, les marquises encyclopédistes, et nos belles excitées des meetings communistes symbolisent non sans pittore
67 evêt un masque passionné que la raison peut duper notre foi. Mais il n’est pas dans sa nature de composer longtemps avec les
68 s la raison n’est pas seulement cet instrument de notre domination sur les choses. Elle est aussi une défense nécessaire cont
69 la tyrannie des mythes. C’est peut-être elle qui nous a délivrés de l’empire des magies primitives10. Il y a une santé auth
70 tères despotiques peut être un moment héroïque de notre lutte contre la mort. Imposer l’ordre et la mesure humaine à l’anarch
71 usurpe les pouvoirs des royautés obscures qu’elle nous avait permis de vaincre. Elle se met à régner à leur place, et sa tyr
72 s doctrines les plus puissantes du dernier siècle nous fournira l’illustration de cette thèse. 9. Je prends le mot « poéti
4 1936, Penser avec les mains (1972). Première partie. La commune mesure — IV. Hegel, Comte, Marx, ou la rationalisation
73 obéissant à la logique interne de la raison, dont nous avons montré quelles étaient les fatalités ; et une série économique,
74 mentaux, politiques et littéraires, très tenaces, nous empêche bien souvent de distinguer la similitude profonde des deux gr
75 in. Elles s’accordent pour affirmer que l’homme «  doit de plus en plus17 se subordonner à l’Humanité » (Comte), c’est-à-dire
76 de. Le temporel et le spirituel sont devenus dans notre langage : la police et la propagande. Et la raison : raison d’État. P
77 s’en offusqueraient, aux yeux des libertaires qui devraient la combattre, mais dont la débile passion se satisfait à moindre risq
78 ans l’illusion d’une liberté tout « intérieure ». Nous aurons donc deux espèces de clercs : les conformistes et les rêveurs.
79 nnelles qui furent un temps celles du Progrès. Et nous voici revenus à cette crise dont nous avions en débutant posé le fait
80 Progrès. Et nous voici revenus à cette crise dont nous avions en débutant posé le fait. 12. On se rappelle que Condorcet f
81 ciété et ne devient complet que par elle. Et cela nous donnera Maurras, et certains éléments du fascisme. Aux noms de Hegel,
82 que marxiste : que l’œuvre étatiste de Staline ne nous le fasse pas oublier ! 17. C’est la seconde fois que nous retrouvons
83 asse pas oublier ! 17. C’est la seconde fois que nous retrouvons ce « de plus en plus » dans une formule fondamentale de Co
5 1936, Penser avec les mains (1972). Première partie. La commune mesure — V. Importance de la notion de commune mesure
84 ée du réel, se flattait d’une absurde liberté. Or nous voyons que cette pratique et cette doctrine n’ont plus entre elles de
85 érêt de cette constatation me paraît double. Elle nous fait voir, premièrement, de quel complexe économique et spirituel not
86 èrement, de quel complexe économique et spirituel notre culture tire son origine. Elle nous permet ainsi de mieux comprendre
87 et spirituel notre culture tire son origine. Elle nous permet ainsi de mieux comprendre les raisons de la crise présente, te
88 e de producteurs à une éthique d’assurances. Elle nous permet en second lieu d’apercevoir qu’une culture peut être définie p
89 qui domine l’action et la pensée de leur époque. Nous avons vu que l’époque bourgeoise honore un principe rationnel. Or la
90 omme il arrive quand les premiers succès comblent nos appétits les plus violents, qui sont aussi, par malheur, les moins no
91 , — aussitôt la raison s’émancipe et bientôt elle nous rend ses esclaves. Elle poursuit, sans souci des fins dernières de l’
92 homme et la nature de la raison, pour prophétiser notre crise. On voit maintenant l’importance décisive de ce que j’appelle
93 omène aussi complexe, en apparence tout au moins. Nous considérerons alors quatre autres moments culturels qui paraissent pr
94 idéal d’une mesure à la fois souveraine et vraie, nous le trouverons chez les anciens Hébreux. Le Moyen Âge à son déclin nou
95 ez les anciens Hébreux. Le Moyen Âge à son déclin nous donnera l’occasion de saisir d’un coup d’œil l’instant où une mesure,
96 esure, pourtant vraie, se corrompt. L’anarchie de notre langage révélera l’anarchie spirituelle d’un monde où la mesure est m
97 ovation qui sont en cours en URSS et en Allemagne nous montreront le négatif de notre état : une culture unifiée par la forc
98 RSS et en Allemagne nous montreront le négatif de notre état : une culture unifiée par la force, et dont la mesure actuelle e
6 1936, Penser avec les mains (1972). Première partie. La commune mesure — VI. L’Arche de l’Alliance
99 cience permanente d’une finalité commune à toutes nos œuvres. En second lieu, je dirai qu’une mesure vérifiée par ce crit
100 irai qu’une mesure vérifiée par ce critère formel doit être en même temps vérifiée par son actualité intrinsèque. On pourrai
101 nt. C’est le cas présent de la mesure bourgeoise, nous le verrons, et ce fut le cas de la mesure qui domina l’Europe du Moye
102 ève et qu’il tombe avec son ministère. Que savons- nous de ces tribus infimes ? Leurs annales sont celles d’une puissance qui
103 is immanente à leurs médiocres conditions. Ce que nous connaissons de leur « histoire », c’est l’histoire des gestes de Dieu
104 proclamait que la justice à l’ancienne manière ne devait jamais être sacrifiée.21 » Ainsi toute tentative de culture profane s
105 mercial et industriel. » Que reste-t-il de ce que nous nommons culture ? Philosophie, beaux-arts, fictions écrites, science,
106 esure chrétienne en tant qu’instituée et sacrée ? Notre culture moderne serait-elle née de cette mystérieuse convergence dans
107 fins. La décadence du latin à la fin du Moyen Âge nous offrira un autre exemple de cette espèce d’idolâtrie. 21. Renan, H
7 1936, Penser avec les mains (1972). Première partie. La commune mesure — VII. Sur le déclin du Moyen Âge
108 ut dire d’une théologie catholique, on peut et on doit l’affirmer de la théologie en général. Elle fut bien le sous-entendu
109 s ecclésiastiques, intellectuelles et temporelles nous entraînerait beaucoup plus loin qu’il n’est utile pour le dessein de
110 est utile pour le dessein de cet ouvrage. Bornons- nous donc à l’examen d’un signe ou mieux d’un instrument qui fut commun à
111 mple qui détermine l’échelle des valeurs. Lorsque nous agissons en tant qu’hommes simplement, c’est la vertu qui est notre m
112 tant qu’hommes simplement, c’est la vertu qui est notre mesure ; lorsque nous agissons en citoyens : la loi ; lorsque nous ag
113 nt, c’est la vertu qui est notre mesure ; lorsque nous agissons en citoyens : la loi ; lorsque nous agissons en « hommes lat
114 sque nous agissons en citoyens : la loi ; lorsque nous agissons en « hommes latins », ce sont alors certains « signes très s
115 lle au xiiie siècle. Le titre même de son traité nous met en garde contre cette interprétation. Les « signes » latins, selo
116 ils commencent à distinguer les voix… ; celui que nous apprenons sans aucune règle en imitant notre nourrice ». La langue la
117 i que nous apprenons sans aucune règle en imitant notre nourrice ». La langue latine, « locutio secundaria », est au contrair
118 latine, « locutio secundaria », est au contraire notre « grammaire ». Et des deux langues, c’est la vulgaire qui est la plus
119 arum quoque nobilior est vulgaris : parce qu’elle nous est naturelle, et l’autre plus artificielle…) Mais parmi les idiomes
120 il est essentiel, pour Dante, que les outils que nous manions n’imposent pas leurs conditions à l’activité culturelle26 : i
121 oïncidence est frappante : c’est la même date que nous donnions à la première « crise » bourgeoise. Un fait notable illustre
122 pieds et des mains !34 » 24. Toute mesure vraie doit être « universelle » dans le temps de sa vérité et les limites du mon
123 session des moyens avait obscurci la fin commune. Nous retrouverons cette parabole ! 27. « Ineptias, quas omnibus, et mihi
8 1936, Penser avec les mains (1972). Première partie. La commune mesure — VIII. Décadence des lieux communs
124 Alice au pays des merveilles. On peut penser que notre langue est plus malade que n’était le latin à l’époque de la Renaissa
125 péens. On ne saurait en dire autant du langage de nos bons écrivains. Car non seulement il est mal entendu par la grande ma
126 sage : un sens commun. La plupart des débats qui nous occupent, qu’il s’agisse de politique, de religion ou de littérature,
127 isse de politique, de religion ou de littérature, nous offrent l’image d’un jeu dont les différents partenaires changent la
128 de guerre : « Qu’on lui coupe la tête ! » — Ainsi nos mots se déforment entre nos mains, nos problèmes se déplacent au hasa
129 e la tête ! » — Ainsi nos mots se déforment entre nos mains, nos problèmes se déplacent au hasard, chacun joue sa partie co
130  » — Ainsi nos mots se déforment entre nos mains, nos problèmes se déplacent au hasard, chacun joue sa partie comme il le p
131 s plus fréquents dans le langage et les écrits de notre temps : esprit, révolution, liberté, ordre, patrie. Voilà les instrum
132 struments du jeu philosophique, ou politique, que nous sommes en train de jouer, écrivains ou lecteurs, citoyens ou hommes d
133 fois l’un contre l’autre deux hommes qui auraient « s’entendre » et s’allier : c’est que pour l’un, esprit signifie éva
134 e, présence effective de la pensée et de la foi à nos misères, activité concrète et créatrice, et garantie contre les préju
135 és. « Voyez, gémit Alice, l’arceau sous lequel je dois passer se promène à l’autre bout du jeu et j’aurais dû croquer le hér
136 sser se promène à l’autre bout du jeu et j’aurais croquer le hérisson de la Reine s’il ne s’était mis à courir juste au
137 évolution. Mais là, aux neuf sens très précis que nous donne le dictionnaire, il nous faut ajouter une dizaine de sens parfo
138 ns très précis que nous donne le dictionnaire, il nous faut ajouter une dizaine de sens parfois contradictoires, créés par l
139 uire une volonté d’action bientôt jugée vulgaire. Nous décrirons plus loin l’aspect spirituel de cette maladie du langage, d
140 spect spirituel de cette maladie du langage, dont nous venons d’énumérer quelques causes accidentelles. La vraie raison de t
141 . La vraie raison de tout le mal — et le fait qui nous intéresse directement dans ce chapitre — c’est que la civilisation oc
142 un principe communautaire vivant et puissant dans nos vies, c’est le drame de la civilisation, de la culture, de la cité mo
143 l trompe. Cette fin commune, cet idéal commun que nous devions servir ensemble dans la fraternité que crée l’œuvre unanime,
144 mpe. Cette fin commune, cet idéal commun que nous devions servir ensemble dans la fraternité que crée l’œuvre unanime, nous les
145 mble dans la fraternité que crée l’œuvre unanime, nous les cherchions en vain, et sans le savoir, dans la cité qu’on nous a
146 ns en vain, et sans le savoir, dans la cité qu’on nous a faite. C’est une faim, une soif, une nostalgie que tous nos gestes,
147 C’est une faim, une soif, une nostalgie que tous nos gestes, à notre insu, trahissent. Mais quelqu’un s’en est aperçu. Que
148 m, une soif, une nostalgie que tous nos gestes, à notre insu, trahissent. Mais quelqu’un s’en est aperçu. Quelqu’un a formé l
149 is été vivants pour cette génération sans but. On nous en donnera donc de nouveaux fabriqués à notre mesure, — et quelle mis
150 . On nous en donnera donc de nouveaux fabriqués à notre mesure, — et quelle misérable mesure ! « Slogans » publicitaires, mot
151 e politiques, tels sont les ersatz pitoyables que nous proposent l’Argent et l’État. Giovinezza ! Tod den Juden ! Nous feron
152 l’Argent et l’État. Giovinezza ! Tod den Juden ! Nous ferons mieux que l’Amérique ! Achetez français ! Passez vos vacances
153 ciplines extérieures, à des ambitions inhumaines. Nous vivons à l’âge des mots d’ordre. On peut penser que c’est une espèce
154 lace des lieux communs spirituels et affectifs ne nous ordonnent qu’à des fins provisoires ou dégradantes : l’état totalitai
155 xes et d’obsessions ? N’est-elle pas une somme de nos défaites intimes, de nos dénis d’humanité, — le contraire absolu de l
156 st-elle pas une somme de nos défaites intimes, de nos dénis d’humanité, — le contraire absolu de la culture, si la culture
157 re, trahissent en somme l’impuissance pratique de notre langue. Si les mots « portaient » réellement, les écrivains seraient
9 1936, Penser avec les mains (1972). Première partie. La commune mesure — IX. Tentatives de restauration d’une commune mesure
158 Au cours des analyses historiques qui précèdent, nous avons vu comment les grandes cultures, et les communautés nationales
159 Baudelaire, Dostoïevski, Rimbaud et Nietzsche… Si nous disons qu’ils furent les plus grands de ce siècle, quelle est la mesu
160 lus grands de ce siècle, quelle est la mesure qui nous permet de porter un tel jugement ? Si nous disons qu’ils ont sauvé l’
161 re qui nous permet de porter un tel jugement ? Si nous disons qu’ils ont sauvé l’esprit et la culture, quelles définitions d
162 éfinitions de l’esprit et de la culture supposons- nous  ? Le triomphe de la bourgeoisie était complet. Rationalisme, producti
163 — tout allait dans le même sens, tout paraissait devoir unifier la pensée et l’action, et les aspirations des masses. Et cepe
164 « Je veux un corps ! », gémissait Kierkegaard. Et nous voici au seuil de ces années où le chant séculaire de l’angoisse, apr
165 d’elles-mêmes qu’elles avaient trop longtemps cru devoir ignorer ou mépriser. ⁂ S’il pouvait subsister quelque doute sur l’imp
10 1936, Penser avec les mains (1972). Première partie. La commune mesure — X. La mesure soviétique
166 t actuellement plus importantes et plus dignes de nous retenir que l’élan titanique du Troisième Plan. Je comprends très bie
167 dirai-je, d’essayer d’élargir cette critique, et notre idée de la culture s’il le faut. Quand l’esprit « perd ses droits »,
168 faut. Quand l’esprit « perd ses droits », c’est à nous de les lui rendre. Poussé par les nécessités de la polémique antispir
169 ion de la vie, — qui requiert surtout la pensée — doivent s’ordonner à une mesure commune en vue de réaliser cette fin commune
170 ce des militants en l’évolution « mécanique ». On doit admettre que les définitions de la culture que je viens de citer selo
171 ses conducteurs, en vue d’une fin à laquelle tout doit s’ordonner. Je ne sais si dans l’histoire universelle, on trouverait
172 de l’opérer, avec une sorte de bonne volonté qui devrait empêcher que l’on en rie… Poursuivons donc avec sérieux notre examen
173 er que l’on en rie… Poursuivons donc avec sérieux notre examen de la valeur du Plan considéré comme mesure culturelle, sans p
174 ns en particulier d’appliquer au plan quinquennal nos deux critères objectifs de vérité de la mesure. 1° Le Plan joue-t-il
175 onse me paraît évidente. Tous les témoignages que nous possédons sur l’état d’esprit des membres du Parti communiste d’une p
176 et policière exercée par ce Parti, d’autre part, nous permettent d’affirmer que, de gré ou de force, le Plan est bien ce ra
177 Russes sont officiellement de bonne humeur et si nous sommes de mauvaise humeur, c’est qu’ils savent pourquoi ils travaille
178 est qu’ils savent pourquoi ils travaillent et que nous l’ignorons généralement ; c’est qu’ils acceptent les buts de leur tra
179 qu’ils acceptent les buts de leur travail et que nous nous méfions généralement des buts obscurs, peut-être criminels, du n
180 ls acceptent les buts de leur travail et que nous nous méfions généralement des buts obscurs, peut-être criminels, du nôtre.
181 alement des buts obscurs, peut-être criminels, du nôtre . 2° Mais le Plan possède-t-il vraiment cette actualité intrinsèque, c
182 alité intrinsèque, cette puissance animatrice qui doit être, en tous les domaines, le caractère d’une mesure vivante ? L’idé
183 humaines de création, d’espérance, d’amour ? Pour nous borner à un exemple : les disciplines imposées par le Plan à la créat
184 ve. Le succès même des premiers plans de cinq ans devait manifester l’insuffisance d’un principe de communion aussi pauvre. Ca
185 he de la classe ouvrière. La phrase de de Man que nous citions plus haut donne la formule de ce changement de méthode : pour
186 imprévisible, en vue duquel la culture communiste devrait dorénavant s’organiser (le paradoxe est soutenable) se substitue dans
187 re d’opposition, de la culture séparée, qui, sous nos yeux, vient de se renouer au cœur de la construction socialiste. La t
188 on par des moyens mis en œuvre pour l’atteindre — devait résulter une scission, et le désir d’une mesure plus vivante. La scis
189 rer de tout cela une conclusion concrète qui peut nous être utile pour une future construction : la mesure pseudo-marxiste q
190 l’heure sa malfaisance « culturelle ». Mais pour nous , il ne s’agit plus de découvrir les semelles-crêpe et le métro. Notre
191 plus de découvrir les semelles-crêpe et le métro. Notre espérance est au-delà de ces réussites utiles. Vis-à-vis de la jeune
192 s réussites utiles. Vis-à-vis de la jeune Russie, notre devoir n’est pas de railler des naïvetés plus sympathiques que nos as
193 sites utiles. Vis-à-vis de la jeune Russie, notre devoir n’est pas de railler des naïvetés plus sympathiques que nos astuces,
194 pas de railler des naïvetés plus sympathiques que nos astuces, mais il n’est pas non plus de les admirer ; il n’est pas de
195 pas de dire non à tout, ni oui à tout ; c’est un devoir de critique lucide ; et j’ajouterai : de critique méfiante, dans la m
196 ns la mesure où les jeunes communistes viennent à nous avec cette morgue que l’on disait naguère américaine, et qui ressembl
197 le à celle des nouveaux riches de tous les temps. Nous avons fait des expériences dont ils ne soupçonnent pas la gravité, et
198 avant longtemps. Ils retrouveront avant longtemps nos problèmes spirituels. Toute la question est alors de savoir si nous l
199 rituels. Toute la question est alors de savoir si nous les aurons résolus, dans nos catégories occidentales. Sinon, il sera
200 alors de savoir si nous les aurons résolus, dans nos catégories occidentales. Sinon, il sera toujours temps d’aller demand
201 era toujours temps d’aller demander là-bas ce qui nous manque. 37. Pas tous d’ailleurs, ni les plus marquants… 38. C’étai
11 1936, Penser avec les mains (1972). Première partie. La commune mesure — XI. La mesure nationale-socialiste
202 let désaccord avec la géographie physique. À lire nos revues, à écouter les débats les plus acharnés qui surexcitent les in
203 volution nationale-socialiste ? À peu près ce que nous savions de la Russie vers les années 1920 : ce qu’en rapportent quelq
204 s faits qui la distinguent radicalement de toutes nos possibilités occidentales : la richesse d’un énorme territoire et l’é
205 e socialisme que la traduction française du terme nous invite à imaginer. Il exprime en une seule formule l’aspect politique
206 on libre peuple. Ses paroles sont le programme de notre lutte. Elles sont les sources du nouveau droit qui s’établit. Ses pen
207 action49. » — Voilà les fins auxquelles la mesure doit conduire, avec une rigueur fanatique, — ce fanatisme traduisant néces
208 rée, au nom de doctrines et de buts dont certains nous paraissent à jamais incompatibles. Dans les deux cas, la prise de pou
209 sse, qui assure le futur automatisme du régime. «  Nos expériences actuelles nous montrent que seule la victoire d’une conce
210 utomatisme du régime. « Nos expériences actuelles nous montrent que seule la victoire d’une conception du monde unifiée peut
211 emblables. Le schématisme même dont j’ai parlé va nous permettre ici de comparer formellement, terme à terme, les « valeurs 
212 à peu près identiques des deux côtés. Le travail doit remplacer la guerre. (« La lutte contre le froid et la faim est notre
213 uerre. (« La lutte contre le froid et la faim est notre guerre ! » peut-on lire sur les panneaux de propagande du Secours d’h
214 il sert est immanent aux intérêts du Volkstum, et doit se confondre avec ces intérêts sous peine de mort. La Diesseitigkeit
215 conception ascétique ou moyenâgeuse de la vie : «  Nous condamnons tous les systèmes d’éducation qui se fondaient d’une façon
216 isse de l’imagination. Au lieu de la résignation, nous avons exalté la fierté ; au lieu de cultiver le sentiment d’infériori
217 ; au lieu de cultiver le sentiment d’infériorité, nous avons mis sur le pavois le sentiment de l’honneur. Et au lieu de cult
218 au lieu de cultiver l’angoisse de l’imagination, nous avons poussé à l’estime de soi-même. » Avec des différences d’accent
219 ois, par les circonstances de départ différentes, nous retrouvons dans les deux régimes la même condamnation orgueilleuse de
12 1936, Penser avec les mains (1972). Première partie. La commune mesure — XII. Leçon des dictatures
220 Ils me diront comme ils ont dit souvent déjà : a) Nous ne pouvions pas faire autre chose. Nos circonstances économiques et h
221 déjà : a) Nous ne pouvions pas faire autre chose. Nos circonstances économiques et historiques étaient telles qu’il fallait
222 e à la vie de continuer. Il est incontestable que nous avons établi cet ordre : on ne se mitraille plus dans nos rues, l’Éta
223 s établi cet ordre : on ne se mitraille plus dans nos rues, l’État combat la misère et le chômage, nous avons supprimé les
224 nos rues, l’État combat la misère et le chômage, nous avons supprimé les partis et leurs luttes épuisantes et stériles. Le
225 alade, il fallait l’opérer d’urgence, à chaud, et nous y avons porté le fer d’une main assurée. Vos critiques ne nous touche
226 porté le fer d’une main assurée. Vos critiques ne nous touchent pas, parce qu’elles ne tiennent pas compte des faits qui nou
227 rce qu’elles ne tiennent pas compte des faits qui nous ont imposé leurs conditions. b) Vous souffrez vous aussi, dans vos d
228 entaires, des maux qui étaient devenus aigus chez nous  : luttes sociales, injustices économiques, décadence d’une culture sé
229 nduit ses adeptes. Si vous ne faites rien, que de nous critiquer, vous en serez bientôt au point où nous étions quand la rév
230 nous critiquer, vous en serez bientôt au point où nous étions quand la révolution a éclaté. Si au contraire vous essayez de
231 je ne sais ; mais ce que je sais, c’est que tous nos pays se trouveront un jour futur en face des mêmes tâches décisives d
232 d’un matériel de base beaucoup plus puissant que le nôtre  ; mais nous gardons l’avantage important d’une tradition de liberté.
233 e base beaucoup plus puissant que le nôtre ; mais nous gardons l’avantage important d’une tradition de liberté. Et vos premi
234 radition de liberté. Et vos premières expériences nous enseignent. Toute la question est alors de savoir si nous saurons uti
235 eignent. Toute la question est alors de savoir si nous saurons utiliser ces avantages, et le temps de réflexion ou de manœuv
236 ages, et le temps de réflexion ou de manœuvre qui nous reste, pour calculer et préparer spirituellement une révolution qui s
237 préparer spirituellement une révolution qui soit nôtre , sans brutalités extérieures, sans destructions aveugles, sans propag
238 s propagande de masse abêtissante. Autrement dit, nous avons à créer un nouveau type de révolution, dont l’exemple vous sera
239 sera certainement plus utile que les critiques de nos vieillards. Dans cette tâche-là, je vois le seul fondement d’une nouv
240 nouvelle culture européenne… b) Il est faux que nous soyons obligés de commencer par l’extérieur, si nous voulons rétablir
241 s soyons obligés de commencer par l’extérieur, si nous voulons rétablir une mesure commune à la pensée et à l’action. Car un
242 évidence, et qui n’est pas moins actuelle. 52. Nous voulons passer, dit Rosenberg, « de la confession et de la classe au
13 1936, Penser avec les mains (1972). Première partie. La commune mesure — XIII. commune mesure et acte de foi
243 rtaines ont perdu leur pouvoir parce que ceux qui devaient l’exercer ont failli à leur vocation. C’est la vraie trahison des cle
244 vient pas et ne parviendra jamais à unifier toute notre vie, toutes nos actions et toute notre pensée, — parce qu’il y a quel
245 rviendra jamais à unifier toute notre vie, toutes nos actions et toute notre pensée, — parce qu’il y a quelque chose encore
246 fier toute notre vie, toutes nos actions et toute notre pensée, — parce qu’il y a quelque chose encore à côté d’elle ou derri
247 au-delà, que l’esprit ne peut pas oublier. Ainsi notre cœur se partage et se condamne dans ce qu’il veut. Car il veut bien c
248 des fins. La grandeur, l’importance de chacune de nos vies, la dignité que nous attribuons à nos actions, si minuscules qu’
249 importance de chacune de nos vies, la dignité que nous attribuons à nos actions, si minuscules qu’elles soient au regard de
250 une de nos vies, la dignité que nous attribuons à nos actions, si minuscules qu’elles soient au regard de l’histoire, la pa
251 ent au regard de l’histoire, la passion même dont nous les chargeons, tout cela vient uniquement de la fin à laquelle nous l
252 , tout cela vient uniquement de la fin à laquelle nous les dédions. Or, c’est là ce que le très grand nombre ignore ou préfè
253 nombre ignore ou préfère ignorer. Comment jugeons- nous , par exemple, au nom de quoi refusons-nous ce qui paraît vrai au vois
254 ugeons-nous, par exemple, au nom de quoi refusons- nous ce qui paraît vrai au voisin ? Nous nous payons sans cesse de prétext
255 quoi refusons-nous ce qui paraît vrai au voisin ? Nous nous payons sans cesse de prétextes « pratiques » ou d’arguments appr
256 refusons-nous ce qui paraît vrai au voisin ? Nous nous payons sans cesse de prétextes « pratiques » ou d’arguments appris à
257 es » ou d’arguments appris à droite et à gauche ; nous prétendons juger objectivement, rationnellement, etc., et nous nous e
258 ns juger objectivement, rationnellement, etc., et nous nous embrouillons dans une foule de raisons qui dissimulent bien plus
259 ger objectivement, rationnellement, etc., et nous nous embrouillons dans une foule de raisons qui dissimulent bien plus qu’e
260 qui dissimulent bien plus qu’elles ne traduisent notre passion fondamentale, la fin dernière vers quoi tend notre vie, et qu
261 sion fondamentale, la fin dernière vers quoi tend notre vie, et qui seule donne un sens à cette vie. Nous croyons que nous ju
262 otre vie, et qui seule donne un sens à cette vie. Nous croyons que nous jugeons au nom de certaines raisons, et nous jugeons
263 seule donne un sens à cette vie. Nous croyons que nous jugeons au nom de certaines raisons, et nous jugeons en vérité au nom
264 que nous jugeons au nom de certaines raisons, et nous jugeons en vérité au nom de la religion que nous suivons, plus ou moi
265 nous jugeons en vérité au nom de la religion que nous suivons, plus ou moins consciemment d’ailleurs. Il importe avant tout
266 précédents chapitres —, l’on peut aussi, et l’on doit , mettre en doute la vérité qui vérifie ces mêmes critères. Or, à ce d
267 aire ou ne pas faire l’acte de foi que réclame de nous ce système, l’acte de foi dans l’avenir communiste, cette espèce d’au
268 mple aussi considérable une leçon qui vaille pour nous , pour notre action ici et maintenant, pour le choix que nous avons à
269 considérable une leçon qui vaille pour nous, pour notre action ici et maintenant, pour le choix que nous avons à faire dans d
270 notre action ici et maintenant, pour le choix que nous avons à faire dans des circonstances différentes. Et qu’il advienne d
271 qu’il advienne de la Russie ce que Dieu voudra ! Nous avons bien assez de notre sort pour en être aujourd’hui responsables.
272 sie ce que Dieu voudra ! Nous avons bien assez de notre sort pour en être aujourd’hui responsables. À la question que je posa
273 ondre premièrement : c’est par un acte de foi que nous pouvons le trouver. Mais il s’agit de prendre cette expression dans s
274 raison qu’un idéal est toujours dans l’avenir, et notre action toujours dans le présent. Ensuite parce que tout idéal comport
275 ertitude, qui le rend impropre à unifier vraiment nos vies. Je vois bien dix définitions de l’Homme nouveau : cet idéal m’a
276 ait même qu’il prend sa source dans les désirs de nos cœurs actuels. Or, ce n’est pas une image flatteuse conçue comme un n
277 e conçue comme un négatif du désordre, qui pourra nous sauver de ce désordre. Car, ou bien elle nous reste extérieure, ou bi
278 rra nous sauver de ce désordre. Car, ou bien elle nous reste extérieure, ou bien elle est complice de nos faiblesses. Elle n
279 us reste extérieure, ou bien elle est complice de nos faiblesses. Elle n’est pas vraie en soi. Elle n’est pas plus vraie qu
280 t pas vraie en soi. Elle n’est pas plus vraie que nous , tels que nous sommes, dans le désordre établi. Par acte de foi, j’en
281 soi. Elle n’est pas plus vraie que nous, tels que nous sommes, dans le désordre établi. Par acte de foi, j’entends préciséme
282 taine, et en même temps assez totale pour mériter notre acte de foi ? ⁂ Le lecteur qui n’est pas philosophe ne manquera pas d
283 il n’en pourra jamais remonter. Reste à savoir si nous voulons des réponses simples et faciles, ou bien la vérité qui est so
284 , ou bien la vérité qui est souvent difficile. Si nous refusons de descendre au cœur de ce problème, qui est métaphysique et
285 e ce problème, qui est métaphysique et religieux, nous nous condamnons en même temps à ne jamais le résoudre totalement. Or,
286 problème, qui est métaphysique et religieux, nous nous condamnons en même temps à ne jamais le résoudre totalement. Or, c’es
287 le reproche qu’il y a lieu de faire, ici et dans nos conditions, et en vertu de notre destinée, à la mesure soviétique ou
288 faire, ici et dans nos conditions, et en vertu de notre destinée, à la mesure soviétique ou à la mesure hitlérienne, c’est qu
289 très bien que ce mot n’est pas le dernier mot de notre vocation humaine. Ce qui est d’un parti est partiel. Ce qui est parti
290 le aussi cette vérité a le pouvoir d’unifier tout notre être lorsqu’il tend activement vers elle. La mesure que nous cherchon
291 orsqu’il tend activement vers elle. La mesure que nous cherchons ne peut donc être définie qu’en relation avec la vérité der
292 itude de pensée et d’action, indistinctement, qui nous rapproche de cette vérité. Mais à l’inverse, on pourrait dire que cet
293 ette vérité même est indiquée par une attitude de notre être, telle que la pensée et l’action s’y confondent indistinctement.
294 n s’y confondent indistinctement. Autrement dit : notre chemin est éclairé par la seule vérité du but. Mais à l’inverse, le b
295 seule vérité du but. Mais à l’inverse, le but ne nous devient visible que lorsque nous marchons et avançons sur le chemin.
296 verse, le but ne nous devient visible que lorsque nous marchons et avançons sur le chemin. C’est donc ce chemin qu’il va fal
297 sur l’épaule. Il n’est pas tout tracé par l’État. Nous avons à le construire nous-mêmes au prix d’un effort quotidien : c’es
298 nous-mêmes au prix d’un effort quotidien : c’est notre risque et notre bonne conscience. Et d’abord, il faudra déblayer et d
299 rix d’un effort quotidien : c’est notre risque et notre bonne conscience. Et d’abord, il faudra déblayer et débrousser le poi
300 s’orienter et inventer une méthode de marche qui nous procure à chaque pas la certitude d’obéir au seul appel du but final.
301 el du but final. Cette méthode sera la mesure que nous cherchons : à la fois intime et active, réglant la pensée et l’action
302 onde partie de ce livre. Mais il reste à tirer de notre examen de quelques mesures anciennes ou actuelles, la conclusion préc
303 u actuelles, la conclusion précise en vue de quoi nous sommes partis. 53. Cf. Politique de la personne, chap. iii : « Préc
14 1936, Penser avec les mains (1972). Première partie. La commune mesure — XIV. L’appel à la commune mesure, ou l’Europe du xxe siècle
304 minées, et tirant justement de ces mesures ce que nous appelons leur grandeur. L’Inde ancienne, la Grèce d’Homère et la Grèc
305 de toute problématique culturelle. Mais cependant nous avons vu qu’elle ne comporte pas de réponse en soi. Une mesure n’est
306 dont j’ai dit qu’il est acte de foi — déterminera notre jugement sur cette mesure. ⁂ Si nous voulons restaurer une mesure dan
307 déterminera notre jugement sur cette mesure. ⁂ Si nous voulons restaurer une mesure dans notre civilisation défaite, il nous
308 sure. ⁂ Si nous voulons restaurer une mesure dans notre civilisation défaite, il nous faudra donc commencer par ce qui déterm
309 er une mesure dans notre civilisation défaite, il nous faudra donc commencer par ce qui détermine toute mesure : il nous fau
310 commencer par ce qui détermine toute mesure : il nous faudra commencer par la fin ! Et non pas emprunter ici ou là, dans le
311 créés par d’autres pour des fins qui ne sont pas les nôtres . On ne refait une mesure qu’en retrouvant une foi. Mais on ne retrouv
312 el unique. C’est là seulement qu’elle se révèle à nous , comme un jugement porté sur cette situation. Je ne crois pas aux voi
313 el des faits. Considérons les temps, les lieux où nous vivons, la situation précise qui nous est faite, et l’appel concret q
314 es lieux où nous vivons, la situation précise qui nous est faite, et l’appel concret qui en résulte ; et après cela jugeons,
315 ; et après cela jugeons, c’est-à-dire choisissons nos buts prochains au nom d’une vérité finale qui ne connaît pas nos cont
316 ins au nom d’une vérité finale qui ne connaît pas nos contingences. Voilà la tension créatrice : réalité et vérité assumées
317 rminent, fût-ce même contre eux. 2° Situation qui nous est faite. — Au terme du libéralisme, à l’origine des dictatures, une
318 n ou mauvais selon vos idées, c’est ce régime qui nous a délivrés de la misère54. Et cela suffit à le justifier pour le mome
319 unauté moderne. Elle est la toile de fond de tous nos drames, de nos pensées, de nos actions et même de nos utopies. Il n’e
320 Elle est la toile de fond de tous nos drames, de nos pensées, de nos actions et même de nos utopies. Il n’est pas difficil
321 le de fond de tous nos drames, de nos pensées, de nos actions et même de nos utopies. Il n’est pas difficile, après coup, d
322 drames, de nos pensées, de nos actions et même de nos utopies. Il n’est pas difficile, après coup, de distinguer les très p
323 ècles cet abaissement de niveau communautaire 55. Nous en avons défini quelques-unes au cours des précédents chapitres. Nous
324 quelques-unes au cours des précédents chapitres. Nous avons essayé de dégager quelques-unes des fatalités internes qui abou
325 es qui précèdent. La dictature de cette crise sur nos esprits et sur nos corps signifie sans erreur possible, et à elle seu
326 a dictature de cette crise sur nos esprits et sur nos corps signifie sans erreur possible, et à elle seule, que toute commu
327 e seule, que toute commune mesure est morte parmi nous , et que nulle mesure vraie n’est encore restaurée. Le régime libéral
328 la raison, l’individu, et la science cartésienne. Nous savons aujourd’hui que la raison n’est pas un idéal, mais un outil ;
329 s. Je parle ici du vide ou du vertige que crée en nous la ruine de l’individualisme. Là où nulle conscience nationale ne pou
330 qui désarme instantanément les hommes d’État que nous leur opposons, vieux juristes ou parlementaires professionnels, coupé
331 tradition qui survit sans grandeur à ses racines. Notre seule chance de salut, à nous autres nations libérales, est dans la c
332 eur à ses racines. Notre seule chance de salut, à nous autres nations libérales, est dans la création d’une communauté libre
333 les, est dans la création d’une communauté libre. Notre chance est dans l’invention, et non dans la défense, ou dans l’imitat
334 rce nouvelle qui résolve la crise dans le sens de notre destin. 5° Le dilemme. — Je parle ici de forces totales, de crise tot
335 es et culturels. L’Europe des religions nouvelles nous met au défi de résoudre sur tous les plans le grand dilemme que voici
336 us les plans le grand dilemme que voici : ou bien nous perdrons notre temps et notre chance dans l’histoire à critiquer ce q
337 e grand dilemme que voici : ou bien nous perdrons notre temps et notre chance dans l’histoire à critiquer ce que d’autres ont
338 que voici : ou bien nous perdrons notre temps et notre chance dans l’histoire à critiquer ce que d’autres ont dû faire ; et
339 e dans l’histoire à critiquer ce que d’autres ont faire ; et alors, d’ici vingt ou cent ans, nous serons réduits à l’ét
340 ont dû faire ; et alors, d’ici vingt ou cent ans, nous serons réduits à l’état de colonies économiques et culturelles par l’
341 omiques et culturelles par l’expansion normale de nos voisins ; ou bien nous recréerons notre commune mesure originale, à
342 par l’expansion normale de nos voisins ; ou bien nous recréerons notre commune mesure originale, à la faveur d’une révoluti
343 normale de nos voisins ; ou bien nous recréerons notre commune mesure originale, à la faveur d’une révolution qui nous appor
344 esure originale, à la faveur d’une révolution qui nous apporte au moins l’équivalent des dynamismes nationaux. Nous avons de
345 e au moins l’équivalent des dynamismes nationaux. Nous avons des valeurs à défendre. Mais nous avons surtout des valeurs à c
346 ationaux. Nous avons des valeurs à défendre. Mais nous avons surtout des valeurs à créer, et que nous seuls pouvons créer. N
347 is nous avons surtout des valeurs à créer, et que nous seuls pouvons créer. Nous ne sommes pas en retard sur les Soviets ou
348 valeurs à créer, et que nous seuls pouvons créer. Nous ne sommes pas en retard sur les Soviets ou sur l’Allemagne, tout au c
349 ts ou sur l’Allemagne, tout au contraire. Mais si nous ne marquons pas notre avance historique par des créations aussi forte
350 , tout au contraire. Mais si nous ne marquons pas notre avance historique par des créations aussi fortes que celles qui nous
351 que par des créations aussi fortes que celles qui nous défient là-bas, nous serons colonisés, comme la Grèce par Rome. Cesso
352 aussi fortes que celles qui nous défient là-bas, nous serons colonisés, comme la Grèce par Rome. Cessons de loucher avec mé
353 en face, connaissons-les : c’est le seul moyen de nous reconnaître. Ils ont fondé des religions dont le but est la force com
354 su se créer des symboles grandioses. Ces symboles nous paraissent « barbares », et cela est juste. Nous pouvons éprouver la
355 nous paraissent « barbares », et cela est juste. Nous pouvons éprouver la puissance de ces nouvelles religions, nous pouvon
356 éprouver la puissance de ces nouvelles religions, nous pouvons nous mêler à leurs cérémonies, vibrer à l’unisson de leur pan
357 uissance de ces nouvelles religions, nous pouvons nous mêler à leurs cérémonies, vibrer à l’unisson de leur panique sacrée :
358 nisson de leur panique sacrée : c’est l’animal en nous qui frémira. Mais la protestation totale de notre esprit nous avertir
359 nous qui frémira. Mais la protestation totale de notre esprit nous avertira d’un danger : ici commence un monde étrange, ici
360 mira. Mais la protestation totale de notre esprit nous avertira d’un danger : ici commence un monde étrange, ici règne une n
361 mence un monde étrange, ici règne une nation dont nous ne sommes pas, et qui nous est hostile, non point par volonté méchant
362 règne une nation dont nous ne sommes pas, et qui nous est hostile, non point par volonté méchante, ni par avidité ou jalous
363 re mais du seul fait que sa religion n’est pas la nôtre . Étudions les doctrines provisoires ou les tactiques de ces révolutio
364 oires ou les tactiques de ces révolutions, mêlons- nous à leurs masses déifiées, distinguons leurs raisons profondes, leurs n
365 ue certaines erreurs que commettent leurs chefs : nous ne pourrons jamais faire davantage, nous ne pourrons jamais en être,
366 chefs : nous ne pourrons jamais faire davantage, nous ne pourrons jamais en être, nous sommes nés sous d’autres astres, et
367 faire davantage, nous ne pourrons jamais en être, nous sommes nés sous d’autres astres, et notre vocation est différente. No
368 en être, nous sommes nés sous d’autres astres, et notre vocation est différente. Nous ne sommes pas de ces religions. Leur li
369 ’autres astres, et notre vocation est différente. Nous ne sommes pas de ces religions. Leur lieu saint nous demeure impénétr
370 s ne sommes pas de ces religions. Leur lieu saint nous demeure impénétrable56. Nos fins sont d’autres fins, et la mesure qui
371 ons. Leur lieu saint nous demeure impénétrable56. Nos fins sont d’autres fins, et la mesure qui doit les incarner ne sera i
372 56. Nos fins sont d’autres fins, et la mesure qui doit les incarner ne sera inventée que par nous. Non seulement nos meilleu
373 re qui doit les incarner ne sera inventée que par nous . Non seulement nos meilleures traditions, mais encore notre situation
374 rner ne sera inventée que par nous. Non seulement nos meilleures traditions, mais encore notre situation dans l’histoire co
375 seulement nos meilleures traditions, mais encore notre situation dans l’histoire contemporaine, nous indiquent aujourd’hui p
376 re notre situation dans l’histoire contemporaine, nous indiquent aujourd’hui plus clairement que jamais nos buts prochains,
377 indiquent aujourd’hui plus clairement que jamais nos buts prochains, nos fins dernières. Si nous condamnons ces religions,
378 ui plus clairement que jamais nos buts prochains, nos fins dernières. Si nous condamnons ces religions, c’est dans leur ter
379 jamais nos buts prochains, nos fins dernières. Si nous condamnons ces religions, c’est dans leur terme, au nom d’un acte de
380 acte de foi contraire. Elles veulent la force, et nous voulons la vérité. Elles veulent la force du grand nombre, et nous vo
381 érité. Elles veulent la force du grand nombre, et nous voulons la force personnelle, celle que donne la vérité. Notre mesure
382 la force personnelle, celle que donne la vérité. Notre mesure commune ne sera pas collective, extérieure à notre personne :
383 sure commune ne sera pas collective, extérieure à notre personne : cela n’a pas de sens pour nous. Elle ne sera pas non plus
384 eure à notre personne : cela n’a pas de sens pour nous . Elle ne sera pas non plus individuelle : on ne peut pas ressusciter
385 elations actives avec tous ses prochains. C’est à nous qu’il incombe aujourd’hui d’opérer cette synthèse concrète qui résoud
386 et de la masse. 6° La violence nécessaire. — Car notre force est personnelle, non collective. Elle réside dans les petits gr
387 n seul, et non le gigantisme national. La société doit être un corps, non pas une construction mécanisée. Et la santé et la
388 personnes et de groupes organiques, c’est obéir à notre vocation présente, mais c’est aussi assurer pour l’avenir l’efficacit
389 c’est aussi assurer pour l’avenir l’efficacité de notre action dans la culture européenne. Sinon nous serons colonisés, je n’
390 de notre action dans la culture européenne. Sinon nous serons colonisés, je n’ai pas fini de le répéter. Est-ce à dire qu’af
391 pas fini de le répéter. Est-ce à dire qu’affirmer notre force, en face d’impérialismes conquérants, mène à la guerre ? Oui, s
392 rialismes conquérants, mène à la guerre ? Oui, si nous l’affirmons sans l’exercer avec puissance, si nous refusons d’aller j
393 ous l’affirmons sans l’exercer avec puissance, si nous refusons d’aller jusqu’au terme concret de nos pensées. Car alors il
394 i nous refusons d’aller jusqu’au terme concret de nos pensées. Car alors il faudra subir les brutalités excitées par nos né
395 alors il faudra subir les brutalités excitées par nos négations irritantes. Contre les brutales poussées de masses qui ne s
396 us, seule la violence de l’esprit est pacifiante. Notre seule chance de collaboration féconde avec les peuples impériaux, est
397 leurs monuments sacrés à l’Est. Pour le présent, notre devoir européen est d’exercer la vocation de vérité qui est la nôtre,
398 monuments sacrés à l’Est. Pour le présent, notre devoir européen est d’exercer la vocation de vérité qui est la nôtre, avec u
399 en est d’exercer la vocation de vérité qui est la nôtre , avec un maximum de violence créatrice. 54. Les Russes ajoutent : d
15 1936, Penser avec les mains (1972). Deuxième partie. Penser avec les mains — Préambule
400 bruyantes n’ont eu jusqu’ici d’autre effet que de nous détourner de notre rôle, lequel est d’incarner l’esprit au service de
401 jusqu’ici d’autre effet que de nous détourner de notre rôle, lequel est d’incarner l’esprit au service de la vérité. Je défi
402 pportunisme de la vérité. Je ne perds pas de vue nos conditions actuelles, le temps et les lieux où j’écris ; mais je les
403 c’est pour prendre élan vers ce que je crois qui doit être, vers ce que je pressens, vers cette nouvelle mesure que l’élan
404 ir va préciser. ⁂ Il m’a semblé qu’à l’origine de notre crise et de la décomposition des vieilles mesures, il y avait une cri
405 ne défection de la culture ; et que par suite, si nous voulions rebâtir, il fallait commencer par refaire des fondements, et
406 mme d’envisager tous les aspects de la mesure que nous ne faisons que pressentir. C’est pourquoi, laissant dans les marges l
407 ude de pensée, le parti pris fondamental qui peut nous orienter dès à présent vers une communauté solide et libérale ? ⁂ Je
408 cessaires pour affirmer le sens encore obscur que nous avons d’une mesure nouvelle. Essai d’éthique de la pensée — qui est p
409 ins. — La formule est brutale et je pense qu’elle doit l’être. Nos circonstances sont plus brutales encore, et nous invitent
410 mule est brutale et je pense qu’elle doit l’être. Nos circonstances sont plus brutales encore, et nous invitent à parler ne
411 . Nos circonstances sont plus brutales encore, et nous invitent à parler net. Il ne s’agit plus aujourd’hui de nuancer des v
16 1936, Penser avec les mains (1972). Deuxième partie. Penser avec les mains — I. La pensée prolétarisée
412 mentale Toute œuvre qui ne met pas en question notre situation personnelle dans l’univers ne sert de rien à l’humanité, re
413 ’est que des siècles d’abandon charmant, derrière nous , aboutissent à une catastrophe dont pourraient seules nous sauver les
414 utissent à une catastrophe dont pourraient seules nous sauver les violences d’une foi nouvelle. Il s’agit de fonder maintena
415 archie monumentale, et il s’agit de lui soumettre nos jugements les plus intimes avec une fidélité pesante et très sévère.
416 tif, de rétablir une situation désespérée qui fut notre douceur de vivre, mais qui sera la honte de notre mort si nous n’y po
417 notre douceur de vivre, mais qui sera la honte de notre mort si nous n’y portons des mains fortes. Il est temps de proclamer
418 de vivre, mais qui sera la honte de notre mort si nous n’y portons des mains fortes. Il est temps de proclamer vaine toute œ
419 trop de drames inoffensifs se nouent par jeu dans nos romans, trop de scribes inoffensifs nous singent la fureur, ou la rév
420 jeu dans nos romans, trop de scribes inoffensifs nous singent la fureur, ou la révolte, l’indulgence sceptique ou la paix d
421 je suis vrai », écrivait Rilke. Et c’est pourquoi nous prendrons au sérieux cette distinction : il y a des hommes qui sont l
422 inction : il y a des hommes qui sont l’orgueil de notre esprit, — et d’autres qui s’enorgueillissent de notre esprit. Il y a
423 e esprit, — et d’autres qui s’enorgueillissent de notre esprit. Il y a des hommes qui créent, d’autres qui enregistrent : il
424 peinant peut-être en pure perte, si ce n’est pour notre perte à tous. Or, ces gens forment l’opinion, sans aucun doute, et il
425 s de penser, que vas-tu faire de ton cerveau ? », nous dit ce bon esprit au nom de beaucoup de sa sorte. Ce qui revient à di
426 c’est avec les roues de son auto qu’on roule, que doit -on faire de son moteur ? » Mais nous ne partons pas pour plaisanter a
427 n roule, que doit-on faire de son moteur ? » Mais nous ne partons pas pour plaisanter avec les bons esprits. Qu’est-ce en ef
428 lière que de se vouloir inoffensif et impuissant. Nous l’avons dit souvent déjà, et nous aurons sans doute l’occasion d’y re
429 et impuissant. Nous l’avons dit souvent déjà, et nous aurons sans doute l’occasion d’y revenir avec toute l’insistance que
430 onfondre ce que des siècles de culture bourgeoise nous ont appris à distinguer et opposer : le cerveau et les mains dans le
431 cte qui les unit. Il est temps d’embrayer, disons- nous . Il est grand temps que l’on s’avise de penser avec les mains. Les
432 r avec les mains. Les mains Quelles mains ? Notre siècle « à mains » ne serait-il pas assez maniaque comme cela ? Oui,
433 amais fini de soupeser leurs doutes opportuns. Il nous faut des mains maîtrisées, mais qui pèsent. Non pas ces mains qui man
434 ’initiative ? Cependant, ne soyons pas dupe de notre image. N’allons pas lui permettre de se préciser à sa façon, au détri
435 iplines de pensée60. Je ne vais pas recommander à notre culture décadente une cure de petits travaux manuels, quand nous avon
436 cadente une cure de petits travaux manuels, quand nous avons besoin d’abord d’un gros œuvre intellectuel. Louis XVI n’a pas
437 ouis XVI n’a pas sauvé un régime moins malade que le nôtre en forgeant quelques pièces de serrurerie. Si la pensée, selon le mot
438 ts, au sens précis et décisif de l’expression. Si nous ne partons pas, dès nos premières démarches, d’une définition concrèt
439 isif de l’expression. Si nous ne partons pas, dès nos premières démarches, d’une définition concrète des mots en jeu, la pa
440 es. Je doute qu’il en existe de cette sorte parmi nous . Mais au moins trouverons-nous un arbitre qui rende à notre jeu quelq
441 cette sorte parmi nous. Mais au moins trouverons- nous un arbitre qui rende à notre jeu quelque sérieux, fût-il tout proviso
442 s au moins trouverons-nous un arbitre qui rende à notre jeu quelque sérieux, fût-il tout provisoire ? Peut-être l’étymologie
443 out provisoire ? Peut-être l’étymologie peut-elle nous secourir. Il s’agit ici de deux mots : pensée et main. Au sujet de la
444 alors sur le mot pensée, et il est clair qu’elle doit reposer là, si la pensée est bien l’agent initiateur qui qualifie la
445 e qu’il pèse 61 et que la pensée est un poids que nous jetons dans la balance. Poids, de pensum, chose pesée. Mais la chose
446 ien au poids ? Telle est l’équivoque du mot. Elle nous jette aussitôt dans un choix. Pour les uns, la pensée reste l’office
447 coup. Et ceci dictera le plan de cette section de notre recherche. Nous suivrons d’une part la logique de la pensée qui n’est
448 tera le plan de cette section de notre recherche. Nous suivrons d’une part la logique de la pensée qui n’est que descriptive
449 ue descriptive — pensée balance. Et d’autre part, nous essaierons d’énumérer les conditions que la pensée en actes — pensée
450 mbolise tout le reste. Ainsi l’esprit « moderne » nous apparaît dans son ensemble défini par la phrase fameuse de M. Teste :
451 ent vers elle. C’est donc de cette situation que nous partons. C’est parce qu’elle existe autour de nous, et nous en elle s
452 ous partons. C’est parce qu’elle existe autour de nous , et nous en elle sans trop le savoir peut-être, c’est parce qu’elle a
453 ns. C’est parce qu’elle existe autour de nous, et nous en elle sans trop le savoir peut-être, c’est parce qu’elle affecte l’
454 sée, et par suite, la communauté que cette pensée devait régir, qu’il n’est pas vain de l’envisager. Mais il faudra, pour la m
455  ? Entre les deux définitions de la pensée que nous avons formulées tout à l’heure, l’élite bourgeoise a choisi. Elle est
456 amen d’une maxime dont l’apparence inoffensive ne doit pas nous faire oublier qu’elle pourrait servir d’épigraphe à toute la
457 e maxime dont l’apparence inoffensive ne doit pas nous faire oublier qu’elle pourrait servir d’épigraphe à toute la culture
458 e le décrire et non plus de le conduire au salut. Nous tenons ici la première supposition impliquée par la maxime bourgeoise
459 efforts qu’il faut le prendre. Car il arrive que nos succès nous jugent plus sévèrement que nos échecs. Dans tous les cas,
460 ’il faut le prendre. Car il arrive que nos succès nous jugent plus sévèrement que nos échecs. Dans tous les cas, il faut all
461 ve que nos succès nous jugent plus sévèrement que nos échecs. Dans tous les cas, il faut aller plus loin que la plus juste
462 d’honnêteté, une louange assez commune. Que l’on doive y voir en même temps le synonyme d’une certaine lâcheté, d’un certain
463 On parle volontiers, mais vaguement, de culture. Nous avons vu quel est alors le sens du mot : c’est héritage, patrimoine,
464 devenu trop intime. J’examinerai donc maintenant notre appareil intellectuel dans la perspective de l’acte créateur, de l’in
465 rtu et d’un si sobre détachement. Lorsqu’un clerc nous dira qu’en toute impartialité il estime… nous saurons donc qu’il juge
466 erc nous dira qu’en toute impartialité il estime… nous saurons donc qu’il juge au nom de l’appareil interposé par sa culture
467 ui jouit dans le siècle d’un si curieux prestige, nous saurons qu’il invoque un ensemble de lois, un ensemble de dogmes et d
468 qu’un clerc enfin louera le sérieux d’un ouvrage, nous saurons qu’il s’agit d’un ouvrage dont la composition révèle un emplo
469 iale, cultivée, objective, sérieuse, c’est ce que nos grandes écoles proposent comme idéal à leurs élèves, dans un ordre de
470 je voudrais faire observer que la délicatesse de nos balances est excessive dans l’état où nous sommes. Notre horlogerie i
471 esse de nos balances est excessive dans l’état où nous sommes. Notre horlogerie intellectuelle, tous ces rouages et ces ress
472 alances est excessive dans l’état où nous sommes. Notre horlogerie intellectuelle, tous ces rouages et ces ressorts presque i
473 nd le prochain congrès… Je ne dirai pas de mal de nos outils. Mais je les voudrais utilisables. Machines à penser Il
474 de leurs mains ces appareils de quelque utilité, nous saurons bien à notre tour les approprier à nos fins. C’est un romanti
475 appareils de quelque utilité, nous saurons bien à notre tour les approprier à nos fins. C’est un romantisme assez plat, un ar
476 , nous saurons bien à notre tour les approprier à nos fins. C’est un romantisme assez plat, un archéologisme heureusement d
477 imés et truffés d’insolences. Celui qui veut agir doit aimer ses outils. Non, je ne vais pas demander qu’on détruise les mac
478 it le contester ? Elle ne fait, en somme, que son devoir … Ainsi les maîtres du siècle dernier — et nous en subissons encore l
479 devoir… Ainsi les maîtres du siècle dernier — et nous en subissons encore la coutume — ont réduit toute activité de penser
480 garantissent la correction formelle d’une pensée. Nous voici donc de plus en plus guindés par l’automatisme de plus en plus
481 ent séduisant à force de commodité, c’est lui qui nous contrôle, c’est lui qui, sans douleur, marque tant de « travaux » de
482 e méthodisme exagéré que vous pourriez sans doute nous fournir en quantité, après tant d’autres, pour ridicules qu’ils soien
483 épercussions dans les domaines les plus imprévus. Nous y viendrons. Écoutons Nietzsche, qui ricane sa sagesse : « Ne pas pér
484 ent la pensée. Seule, et d’abord, l’irritation de notre sensibilité éthique nous avertit du danger et nous presse de recherch
485 ’abord, l’irritation de notre sensibilité éthique nous avertit du danger et nous presse de rechercher et de nommer ses cause
486 tre sensibilité éthique nous avertit du danger et nous presse de rechercher et de nommer ses causes. Au risque de forcer le
487 te pauvre notion d’une correction intellectuelle. Nous assistons, du côté de l’esprit, à cette phase du désordre que l’on po
488 s valeurs qu’elle violente n’ayant pas cours dans nos démocraties72, nul ne s’étonne plus qu’on puisse parler de la pondéra
489 dération ou du sérieux d’un qui vient par exemple nous condamner Pascal au nom de je ne sais quelle arithmétique, d’un autre
490 s en soi, et non moins graves en tant que signes, nous prouvent que l’élite établie a perdu le sens des hiérarchies ; qu’ell
491 ien de plus frappant aujourd’hui que le destin de notre économie. C’est qu’entre la crise matérielle et la crise de la pensée
492 sance et de honte est suspendue à l’abdication de nos « maîtres » devant les normes et devant l’appareil d’une sécurité fat
493 il d’une sécurité fatale à la vie qu’elle abrite. Nous avons décelé dans la logique interne d’un certain rationalisme73 l’or
494 étymologie. Elle est l’arrêt d’une immanente loi. Nous y voici justement parvenus. Déjà l’on subordonne l’invention aux lois
495 ant du progrès. — La technique a ses exigences. —  Nous ne sommes pas le gouvernement. — Sauvegardons l’impartialité de l’int
496  Sauvegardons l’impartialité de l’intelligence. —  Nous sommes des psychologues, non pas des moralistes. » Ces incroyants nou
497 ologues, non pas des moralistes. » Ces incroyants nous ont peuplé le monde de divinités impuissantes, et pourtant propres à
498 ur et le labeur automatique, cette dichotomie qui devait être à la base de notre régime du travail, nul n’aurait pu la prendre
499 ue, cette dichotomie qui devait être à la base de notre régime du travail, nul n’aurait pu la prendre en considération : elle
500 cit. Fatalité prolétarienne ! Diverses dictatures nous en montrent déjà l’aboutissement impitoyablement logique. La machine,
501 icte ses lois au producteur : c’est la formule de notre crise industrielle comme aussi de la fameuse prolétarisation des mass
502 anger présent dans le développement magnifique de nos instruments de pensée, et s’il est vrai en général que le danger n’es
503 est vrai en général que le danger n’est pas dans nos outils, mais bien dans la faiblesse de nos mains, il n’est pas moins
504 s dans nos outils, mais bien dans la faiblesse de nos mains, il n’est pas moins urgent de préciser qu’une pensée qui s’aban
505 ement. Admirable désintéressement de l’élite ! Il nous oblige, hélas, maintenant, par une injuste et nécessaire révolte, à l
506 En vérité, c’est une dure ironie qui fit glisser nos maîtres distingués, par le détour de cette distinction même, à la con
507 t de l’attaque ? En vertu de certaines théories ? Nous l’avons vu. Mais pourquoi, dira-t-on, ces théories, et non pas d’autr
508 er aux côtés du peuple. (Le désir de compensation doit les porter naturellement de ce côté.) C’est qu’en effet l’intelligenc
509 ce — ces trois vertus seront toujours liées — que doit s’adresser la pitié. La pensée sans douleur Cette sobriété méfi
510 tions », une morale de rhéteurs et non d’apôtres. Nous voici donc à ce point d’étrangeté où l’on oppose la pensée et l’actio
511 erne et cartésienne, admet ainsi, d’une part, que notre conduite peut être aliénée au premier automatisme venu, même moral, c
512 me venu, même moral, cependant que, d’autre part, notre esprit débrayé, bavarde impunément à travers les systèmes. La philoso
513 anger d’un écart, par ailleurs confortable, entre nos idéaux généreux et nos petites activités, s’étant manifesté avec quel
514 illeurs confortable, entre nos idéaux généreux et nos petites activités, s’étant manifesté avec quelque insistance depuis 1
515 n caractère permanent de l’anarchie dans laquelle nous vivons nous rend son examen relativement aisé. La pensée sans douleur
516 permanent de l’anarchie dans laquelle nous vivons nous rend son examen relativement aisé. La pensée sans douleur, en effet,
517 ne pensée systématique. Cet adjectif évoque dans nos esprits modernes une vision d’ordre ou d’ordonnance. Et cette vision
518 Illusion rationaliste, dont le crédit repose sur notre instinct de fuite devant les responsabilités. Comme si le désordre ré
519 art, l’origine réelle du concept de dictature que nos bons libéraux voudraient attribuer à je ne sais quel satanisme dont i
520 se justifiait pas, dès l’origine, sans recours à nos conventions morales et sociales78. Le fameux « compromis social » à l
521 peints par un Rembrandt sont bien davantage pour nous une description du regard de Rembrandt, et par là même de son visage,
522 on visage, qu’une reproduction de ses modèles qui nous importent assez peu. Cette particularité de la nature humaine me para
523 t pas une inversion de la durée, une extension de notre propre absence de style à des époques de grand style ? Est-ce que leu
524 a démission spirituelle de la pensée bourgeoise ? Nous touchons ici au dernier chaînon de notre cycle. Bon gré mal gré, le c
525 rgeoise ? Nous touchons ici au dernier chaînon de notre cycle. Bon gré mal gré, le clerc enseigne. C’est l’élément pédagogiqu
526 ’est l’élément pédagogique de son activité qui va nous révéler que le cercle est vicieux. L’histoire, la psychologie, la phi
527 oujours ses présuppositions dès l’instant qu’elle doit être enseignée. En se vulgarisant, pour se vulgariser, elle se voit c
528 s autres forment l’homme… » Qui sont ces autres ? Nous le savons maintenant : ce sont ces lois nées du dessaisissement de la
529 indépendants de ses pouvoirs. Ce sont les lois de nos savants, correspondant au « ils » du peuple (d’où cette connivence pa
530 une doctrine de l’homme idéal et du progrès. Mais nous avons été menés plus loin que le constat tout théorique — ou provisoi
531 stés et prolongés selon leur mécanique propre. Et nous voici plus empêtrés qu’on ne le croirait dans le matérialisme univers
532 on ne le croirait dans le matérialisme universel, notre crise. Cependant que l’esprit surnage, un esprit assez purifié de vul
533 e chez les fascistes devant les lois biologiques, nous ne sommes pas rentrés pour si peu dans le concret, j’entends dans le
534 s inactuelles, et le cliquetis de leurs luttes ne doit plus effrayer que la réaction qui s’excite au fond des provinces. b)
535 vinces. b) Mais la notion d’assurance matérielle nous révèle une attache plus intime encore, s’il se peut, de l’étatisme au
536 ts publicitaires, les dictateurs. Ironie, disions- nous  : communistes, bourgeois, libéraux et fascistes ont tout mis à feu et
537 s ont tout mis à feu et à sang pour installer sur notre terre le règne du « confort moderne ». Peut-être verra-t-on qu’il vau
538 nd temps d’au moins reconnaître une situation que nous pâtirions tous de voir tranchée par la seule brutalité des événements
539 fficielles, on croirait en effet que plusieurs de nos clercs, fort bourgeois par ailleurs, mais peut-être conscients de la
540 re protection que le spectacle des fatalités dont nous avons encombré le passé. Le monde n’ira pas son train selon nos « loi
541 mbré le passé. Le monde n’ira pas son train selon nos « lois » ; la loi du monde n’est pas la loi que nous tirons de notre
542 s « lois » ; la loi du monde n’est pas la loi que nous tirons de notre défection au monde. La loi du monde est que l’homme l
543 loi du monde n’est pas la loi que nous tirons de notre défection au monde. La loi du monde est que l’homme lutte contre le m
544 pesamment le monde — pour le faire. Car ce refus nous tient debout et rassemblés. Et c’est là notre vocation d’hommes qui p
545 efus nous tient debout et rassemblés. Et c’est là notre vocation d’hommes qui pensent, notre partialité fondamentale et créat
546 Et c’est là notre vocation d’hommes qui pensent, notre partialité fondamentale et créatrice. Partialité de l’homme debout, e
547 lle déficience morale, dans tel refus précis dont nous sommes responsables aujourd’hui ? L’implication éthique de la serve p
548 s-les tous maintenant dans une imprécation qui ne nous laisse pas intacts : tous ceux de nos contemporains qui déclarent s’e
549 ion qui ne nous laisse pas intacts : tous ceux de nos contemporains qui déclarent s’en remettre aux faits lorsqu’il s’agit
550 de doute, une allusion à l’infinie complexité de nos problèmes ; tous ceux qui cherchent un refuge dans l’idéal quand il f
551 ontre le rythme singulier qui trahit en chacun de nous la lutte ouverte de la vie et de la mort ; tous ceux qui refusent l’i
552 distinguée, de sa révolte contre la condition qui nous est assignée, — créatrice ; tous ceux-là fondent, ici et maintenant,
553 sciste, peu importe — ces noms sont insensés pour nous  — l’État qui sanctionnera la lâcheté sociale par décret des tyrans, l
554 qui, sous le nom d’histoire, impose simplement à nos esprits une certaine métaphysique, une certaine mythologie déterminis
555 es, elles sont constituées, précisément, par tous nos refus des extrêmes : vérités d’ordre statistique, donc irréelles par
556 igne une revendication que tout homme raisonnable doit faire sienne. Mais cette revendication ne sera justement humaine que
557 vie n’est d’ailleurs qu’une caricature du « Donne- nous chaque jour notre pain quotidien ». Le bourgeois athée, le fasciste e
558 urs qu’une caricature du « Donne-nous chaque jour notre pain quotidien ». Le bourgeois athée, le fasciste et le communiste di
559 à l’État-providence : « Assure-nous pour toujours notre minimum de vie. » Toutes les fois que l’humanitarisme veut singer le
560 Elle ne peut qu’être créée. 82. Des réalistes nous diront : oui, mais les États totalitaires procurent aux ouvriers des
17 1936, Penser avec les mains (1972). Deuxième partie. Penser avec les mains — II. Éléments d’une morale de la pensée
561 ’est en vertu d’une vision positive et créatrice, nous l’avons dit, que nous pouvons critiquer la culture, ses déviations et
562 sion positive et créatrice, nous l’avons dit, que nous pouvons critiquer la culture, ses déviations et leurs aboutissements
563 ses déviations et leurs aboutissements pratiques. Notre critique n’avait pas d’autre but que de préciser, par une voie négati
564 u quelque réalité en mouvement, comme par exemple notre mesure nouvelle, on peut décrire la situation d’où le mouvement résul
565 turelle La décadence de la culture en Occident nous pose pour la première fois dans notre histoire le problème global de
566 en Occident nous pose pour la première fois dans notre histoire le problème global de la culture : d’où vient-elle ? — qu’es
567 vient-elle ? — qu’est-elle ? — où va-t-elle ? Si nous persévérons dans notre état, certaines imitations de fascisme ou de c
568 -elle ? — où va-t-elle ? Si nous persévérons dans notre état, certaines imitations de fascisme ou de communisme en tireront b
569 ascisme ou de communisme en tireront bientôt chez nous les conclusions inévitables. Je crains ces renaissances toutes corrom
570 ons. Et cette crainte n’est pas théorique. Car si notre culture libérale se révèle impuissante à ressaisir les secrets de sa
571 rvation des biens acquis. La liberté de penser ne doit pas signifier que la pensée est libre au sens idéaliste, qu’on lui do
572 histoire dure, — après tout ce n’est pas cela qui nous importe — mais pour le salut de la pensée et pour que l’homme reste h
573 homme reste humain, ou le devienne. Certes, quand nous parlons d’une durée de l’histoire, faut-il entendre qu’elle relève de
574 crois cela. Mais cette longanimité agit aussi par nos mains d’hommes. Si nous voulons la reconnaître utilement, reconnaisso
575 longanimité agit aussi par nos mains d’hommes. Si nous voulons la reconnaître utilement, reconnaissons d’abord la pensée cré
576 t, reconnaissons d’abord la pensée créatrice dans nos vies, celle qui demeure l’ouvrière efficace et méconnue d’un siècle c
577 efficacité les inventions instituées par l’homme. Nous vivons d’elles, même si nous les nions. Nous vivons d’elles, même et
578 tituées par l’homme. Nous vivons d’elles, même si nous les nions. Nous vivons d’elles, même et surtout lorsqu’elles attaquen
579 mme. Nous vivons d’elles, même si nous les nions. Nous vivons d’elles, même et surtout lorsqu’elles attaquent nos habitudes
580 s d’elles, même et surtout lorsqu’elles attaquent nos habitudes les plus chères. Je dis que la mission de la culture est de
581 l’action, à l’élite et au peuple que cette élite devrait aider. C’est surtout incarner cette mesure par des actes, et transfor
582 udre en création. Voilà la grande opposition d’où nous partons. Il ne suffit pas de la poser. Il faut en exprimer successive
583 r des hommes responsables. La pensée prolétarisée nous a donc menés à ce point — il n’est question ni de s’en réjouir ni d’e
584 ’en gémir, mais de le bien voir — où le choix qui nous est imposé n’est plus qu’entre vérités statistiques, et vérités perso
585 r en tant que penseur. Évolution contre Personne. Nous retrouvons ici le conflit entre les marxistes et Nietzsche. Mais derr
586 rkegaard dominent et résument ce débat. Désormais nous les découvrirons aux prises à tous les degrés de notre activité. Les
587 les découvrirons aux prises à tous les degrés de notre activité. Les attaques de Kierkegaard contre la philosophie dialectiq
588 ie dialectique de l’histoire, d’où Marx et Engels devaient tirer le matérialisme historique, — attaques doublées sur le plan pol
589 me de la pensée occidentale vient s’incarner dans notre génération. (Et déjà ce n’est plus qu’à notre situation géographique
590 ans notre génération. (Et déjà ce n’est plus qu’à notre situation géographique que nous devons de pouvoir trancher le débat s
591 n’est plus qu’à notre situation géographique que nous devons de pouvoir trancher le débat sans risquer le camp de concentra
592 t plus qu’à notre situation géographique que nous devons de pouvoir trancher le débat sans risquer le camp de concentration. J
593 ierkegaard est probablement le penseur capital de notre ère. Je veux dire l’objection la plus absolue, la plus fondamentale q
594 ontraire l’a priori éthique. Kierkegaard est pour notre temps une figure littéralement gênante, un appel presque insupportabl
595 applaudir à ses thèses pour apaiser ce regard qui nous perce… Reprenons par exemple son objection au doute cartésien en mora
596 tation critique qu’on peut accepter facilement de nos jours, Kierkegaard conclut par un renversement soudain : « Cela ne vi
597 un désespoir. Il y avait bien leurs idéaux qu’ils nous conseillaient d’appliquer. Mais comment peut-on appliquer ce qui n’a
598 ainsi un acte dont j’ai dit qu’il est le concret. Nous sommes ici au cœur de la difficulté de notre entreprise. Quel est cet
599 cret. Nous sommes ici au cœur de la difficulté de notre entreprise. Quel est cet acte ? Comment le définir ? Pourquoi l’appel
600 a pensée, et qu’elle subit des lois que la pensée doit se borner à décrire. Je répondrais qu’une telle culture est ou bien u
601 crivain qui parle de la culture ; à son discours. Nous allons donc raisonner à partir de cet acte indicible, et c’est la sui
602 , et c’est la suite de ses contrecoups moraux qui nous permettra seul de le décrire. Un acte n’est rien s’il ne comporte des
603 « valeurs » au sens nietzschéen — qu’un critique devrait retrouver dans tel ouvrage qui s’ordonnerait à la mesure que nous che
604 ans tel ouvrage qui s’ordonnerait à la mesure que nous cherchons. Première vertu : le réalisme Tout le malheur de l’ho
605 eulement contre des hommes qui se trompent ou qui nous trompent, ou qui sont faibles, — ou contre moi. Je le dis surtout con
606 exe typiquement moderne se fondent presque toutes nos exagérations, utopies morales, subtilités intempérantes, ou enthousia
607 e ou du désir et de son acte. C’est pour cela que nous sommes si fiévreux et excessifs, pessimistes ou optimistes, cyniques
608 gement personnel et réfléchi. (Au lieu de cela on nous propose partout des engagements collectifs et sentimentaux !) Il faut
609 a place au faire, et cela dans tous les ordres de nos activités, non seulement dans la politique ou la religion, où cela va
610 d’une vision commune, un acte d’incarnation dans nos limites finies. Nous avons grand besoin d’une cure d’assobrissement.
611 e, un acte d’incarnation dans nos limites finies. Nous avons grand besoin d’une cure d’assobrissement. (Et c’est peut-être à
612 de vue particulier que le travail manuel pourrait nous apporter d’utiles disciplines de pensée.) Quand nous reconnaîtrons le
613 s apporter d’utiles disciplines de pensée.) Quand nous reconnaîtrons les vrais problèmes, les vrais dilemmes que pose la vie
614 èmes, les vrais dilemmes que pose la vie commune, nous toucherons enfin le vrai tragique, qui est celui du péché et de la fo
615 euse mystification, dont le plus sûr effet est de nous empêcher d’envisager les problèmes derniers. Je ne dis pas que ses vi
616 sérieux de la vie et sa réalité ne se révèlent à nous qu’au point où nous heurtons ces limites extrêmes de notre condition.
617 t sa réalité ne se révèlent à nous qu’au point où nous heurtons ces limites extrêmes de notre condition. Mais il nous faut a
618 au point où nous heurtons ces limites extrêmes de notre condition. Mais il nous faut apprendre que ce qui est exagéré est le
619 ces limites extrêmes de notre condition. Mais il nous faut apprendre que ce qui est exagéré est le contraire de ce qui est
620 le contraire de ce qui est extrême. Les extrêmes nous touchent, et c’était pour les fuir que nous nous évadions dans des ex
621 rêmes nous touchent, et c’était pour les fuir que nous nous évadions dans des excès imaginés. Deuxième vertu : la violenc
622 nous touchent, et c’était pour les fuir que nous nous évadions dans des excès imaginés. Deuxième vertu : la violence
623 sens pas, à la lecture d’un livre, que l’auteur a violenter ses habitudes, ou celles de son milieu, ses faiblesses, la
624 e spirituelle. Elle resterait purement théorique. Nous n’avons plus d’autorité, autant se taire si l’on ne veut pas crier av
625 pouvait faire dans ses limites. Dès cet instant, notre pensée se mit à mentir, à dire ce qui n’est pas et qu’on ne veut pas
626 critique libérale a prétendu légitimer ce mal. Il nous faut revenir encore au méchant couple des frères ennemis, spiritualis
627 future, dévaste le champ des possibles, appauvrit nos images et débilite nos prises sur le concret. Pourquoi donc voudrait-
628 p des possibles, appauvrit nos images et débilite nos prises sur le concret. Pourquoi donc voudrait-on que les foules aient
629 i trouve l’argent pour payer les soldats. Lorsque nous parlons d’une force spirituelle, il s’agit de la force d’un Pascal ou
630 à des systèmes, y a perdu le sentiment. Résumons- nous  : pour la pensée active, rien n’est pratique ou théorique, tout est c
631 sens de l’immédiate prise de l’esprit. Cependant nous sommes dans le temps, et le temps nous sépare sans cesse de l’immédia
632 Cependant nous sommes dans le temps, et le temps nous sépare sans cesse de l’immédiat, de l’instant actuel, du risque vrai.
633 l’immédiat, de l’instant actuel, du risque vrai. Notre durée agit comme une force centrifuge : nous remettons à demain les c
634 ai. Notre durée agit comme une force centrifuge : nous remettons à demain les conclusions pratiques… D’où la nécessité d’un
635 risque sur la sécurité, comme fondement de toutes nos hiérarchies intellectuelles. Quatrième vertu : le goût du risque
636 il faut y tendre sans relâche. Ne fût-ce que pour nous prémunir contre les tentations du réformisme. Et par exemple, craigno
637 ignons les médecins malades, ceux qui feignent de nous comprendre, ceux dont la sollicitude va seulement à ménager le patien
638 tion est d’ailleurs symbolique du relâchement que nous avons décrit. On établit d’abord un conformisme91, une sécurité de l’
639 de « créations ».) On s’imagine que la révolution doit apporter de l’inédit, du jamais vu. C’est un exotisme de plus. Ou sin
640 le aussi, en un certain sens. Elle constitue pour nous une tentation perpétuelle. Et déjà beaucoup pensent que la révolution
641 laborer à nouveau un dictionnaire des origines de nos mots. L’étymologie pourrait bien être une des sciences les plus subve
642 tôt après, reparaît. C’est à de tels instants que nous devons de subsister, malgré le temps qui nous dissout ; de durer malg
643 près, reparaît. C’est à de tels instants que nous devons de subsister, malgré le temps qui nous dissout ; de durer malgré la d
644 que nous devons de subsister, malgré le temps qui nous dissout ; de durer malgré la durée. Notre être véritable est donc dis
645 emps qui nous dissout ; de durer malgré la durée. Notre être véritable est donc discontinu : nous ne sommes que par instant v
646 durée. Notre être véritable est donc discontinu : nous ne sommes que par instant vraiment humains. Et nous avons à conquérir
647 us ne sommes que par instant vraiment humains. Et nous avons à conquérir sans cesse le propre, le concret, l’original de not
648 r sans cesse le propre, le concret, l’original de notre vie : d’où la nécessité de subordonner toutes nos valeurs à cet acte
649 tre vie : d’où la nécessité de subordonner toutes nos valeurs à cet acte qui constitue l’étalon de toute existence, et par
650 à l’acte de l’expression, à la parole qui scande notre durée muette et qui témoigne de notre humanité. Rien n’est, que ce qu
651 qui scande notre durée muette et qui témoigne de notre humanité. Rien n’est, que ce qui s’exprime. Cette définition, absolue
652 l’espace et toutes les limitations qui composent notre condition recréent sans cesse une différence. Que l’être et l’express
653 oujours dire ce qui est, cela ne signifie pas que nous ayons le droit de spéculer impunément94. Cela signifiera pour nous to
654 it de spéculer impunément94. Cela signifiera pour nous tout au contraire que nous avons à regagner notre humanité véritable
655 . Cela signifiera pour nous tout au contraire que nous avons à regagner notre humanité véritable sur l’abstraction et le men
656 nous tout au contraire que nous avons à regagner notre humanité véritable sur l’abstraction et le mensonge des mots, partout
657 straction et le mensonge des mots, partout où ils nous ont tentés, et ne cessent de nous tenter. Sous cette forme générale,
658 partout où ils nous ont tentés, et ne cessent de nous tenter. Sous cette forme générale, nous posons ici le principe d’une
659 essent de nous tenter. Sous cette forme générale, nous posons ici le principe d’une ascèse d’incarnation : volonté d’assumer
660 lonté d’assumer dans une prise unique tout ce que notre péché sépare ; méfiance active à l’égard des habitudes et mécanismes
661 ns ; tension qui se résout en acte, et tout acte, nous l’avons vu, est à contre-courant, à contretemps, à contre-espace. Ain
662 r conforme à l’ordre christique tel que cet ordre nous est adressé ; l’autre ascèse, antihumaine et spiritualiste — celle qu
663 conforme à l’ordre religieux tel que, pécheurs95, nous prétendons l’organiser pour notre usage. L’ascèse chrétienne est une
664 que, pécheurs95, nous prétendons l’organiser pour notre usage. L’ascèse chrétienne est une lutte contre le péché même, en son
665 e part les idées, et de l’autre les mots. Bornons- nous à cela qui nous est immédiat, tandis que j’écris et tandis que vous l
666 , et de l’autre les mots. Bornons-nous à cela qui nous est immédiat, tandis que j’écris et tandis que vous lisez. Comment ré
667 fets. Pour prévenir les pires erreurs sur l’acte, nous disposons d’un seul moyen, et c’est la connaissance de ce qui, certai
668 x tentations perpétuelles menacent de déprimer en nous la volonté d’incarnation, c’est-à-dire de transformation du monde. Ce
669 e devant le conflit humain tel qu’il se joue dans nos limites charnelles. Mais ce qui est sûr, c’est que le conformisme et
670 t à cela même qu’on peut reconnaître sa présence. Nous appellerons dès lors incarnation un acte qui ne sera réductible ni à
671 ent de décrire ce qui est, il faut décrire ce qui doit être, ce que l’on veut qui soit, mais qui n’est pas encore, ce que l’
672 ns. La dialectique du conformisme et de l’évasion nous indiquera au moins ce qu’ils ne doivent pas être. Il existe une espè
673 de l’évasion nous indiquera au moins ce qu’ils ne doivent pas être. Il existe une espèce d’imagination que l’on peut qualifier
674 hes populaires avec un succès qui en dit long sur notre état social96. Non seulement elle « se paye de mots », mais comme il
675 qualité de la langue des auteurs à succès — pour nous borner à cet aspect de leur production — n’est de leur part qu’une ha
676 égradations de la langue, et de l’imagination qui devait maintenir la langue vivante, il ne suffirait pas d’opposer, par exemp
677 ntime. Oui, c’est un fanatisme qui fait descendre nos images dans nos mains, c’est une émeute contre les sécurités apprises
678 t un fanatisme qui fait descendre nos images dans nos mains, c’est une émeute contre les sécurités apprises qui joint avec
679 etour aux origines n’est qu’un moyen de retremper nos armes pour un combat dont l’enjeu est à venir. Imaginer, c’est voir l
680 les traduira dans des formes qui les trahissent. Nous retrouvons ici la division du mot et de la pensée, qui a pour premier
681 enser, de parler et d’écrire sans tenir compte de nos données concrètes, soit que l’on sacrifie à un académisme, soit que l
682 a situation, au lieu de rappeler des sources. Que nos écrits figurent les microcosmes de cet ordre nouveau qu’ils revendiqu
683 espèce d’homme qui se hâte », écrivait Nietzsche. Nous dirions : Ne rien écrire d’autre que ce qui pourrait désespérer l’esp
684 e premier pas dans l’immédiat. Alors, n’acceptons- nous plus un seul maître ? Ce serait oublier ceux qui nous ont appris à no
685 plus un seul maître ? Ce serait oublier ceux qui nous ont appris à nous méfier des maîtres. Je viens de nommer Nietzsche, —
686 re ? Ce serait oublier ceux qui nous ont appris à nous méfier des maîtres. Je viens de nommer Nietzsche, — Nietzsche qui, le
687 t la « réalité rugueuse »… « Et allons !… » — Ils nous disent tous d’aller à notre vie. La mesure occidentale Depuis q
688 « Et allons !… » — Ils nous disent tous d’aller à notre vie. La mesure occidentale Depuis quelques milliers d’années qu
689 s que les peuples édifient des civilisations dont nous connaissons la chronique, il est frappant de voir qu’ils n’ont imagin
690 is XIV, la raison d’État incarnée par le roi ; et nous voyons les Russes bâtir une mesure matérielle et les Allemands une me
691 s, l’autorité spirituelle et le pouvoir organisé. Nous ne reverrons pas ce miracle. C’est que nous héritons d’une faillite s
692 nisé. Nous ne reverrons pas ce miracle. C’est que nous héritons d’une faillite sociale, c’est-à-dire d’une culture et d’une
693 de mesure commune depuis cent-cinquante ans déjà. Nous assistons à des essais de reconstruction qui se fondent par exemple s
694 esprit créateur de ses élites intellectuelles. Si nous voulons reprendre notre marche sans retomber dans l’ornière séculaire
695 élites intellectuelles. Si nous voulons reprendre notre marche sans retomber dans l’ornière séculaire, c’est une élite qu’il
696 r dans l’ornière séculaire, c’est une élite qu’il nous faut reformer, une élite d’hommes porteurs de la conscience du but co
697 d’une autorité effective. C’est l’esprit seul qui nous sauvera, et non l’État, l’esprit autoritaire et incarné, l’esprit qui
698 esterait une description abstraite du concret, si nous n’arrivions pas à situer, à baptiser, l’incarnation de cette mesure s
699 e construction parfois séculaire des pouvoirs. Et nous n’en sommes qu’aux premiers cris. Si nous parvenons aujourd’hui à pre
700 irs. Et nous n’en sommes qu’aux premiers cris. Si nous parvenons aujourd’hui à prendre une conscience ferme des nécessités d
701 s nécessités de l’esprit et de l’éthique qu’elles nous imposent dans la situation où nous sommes, peut-être aurons-nous fait
702 hique qu’elles nous imposent dans la situation où nous sommes, peut-être aurons-nous fait ce que devait faire notre générati
703 ans la situation où nous sommes, peut-être aurons- nous fait ce que devait faire notre génération. C’est le principe spiritue
704 où nous sommes, peut-être aurons-nous fait ce que devait faire notre génération. C’est le principe spirituel de la mesure qu’i
705 s, peut-être aurons-nous fait ce que devait faire notre génération. C’est le principe spirituel de la mesure qu’il nous faut
706 n. C’est le principe spirituel de la mesure qu’il nous faut tout d’abord définir, et le signe naîtra ensuite. Or ce principe
707 uiétude métaphysique et de l’angoisse sociale qui nous obsèdent. Individu et masses, telles sont les déviations d’une tradit
708 ès maintenant l’ordre nouveau, communautaire, que nous appelons. Incarnation de la mesure occidentale : la personne Je
709 qui s’en sont occupés100. La personne, c’est pour nos contemporains la découverte non pas du moi, mais bien du toi. La déco
710 secret du service commun dans la cité, secret que nous avait fait perdre un siècle de sociologies collectivistes ou individu
711 emière fois cette évidence monumentale : que tout notre désordre vient de ce que les centres auxquels se rapportaient jusqu’à
712 oment, un ordre ou une tentation. Quand cesserons- nous d’agiter des problèmes qui n’ont jamais été notre problème ? Car un p
713 -nous d’agiter des problèmes qui n’ont jamais été notre problème ? Car un problème n’est jamais réel que pour celui qui peut
714 s premières déviations politiques. Pour éviter de nous perdre dans des jugements historiques pour lesquels nous ne serons ja
715 rdre dans des jugements historiques pour lesquels nous ne serons jamais assez documentés, ramenons cet examen à une grammair
716 enons cet examen à une grammaire de la personne : nous gagnerons en précision ce que nous perdrons sans doute, mais volontie
717 la personne : nous gagnerons en précision ce que nous perdrons sans doute, mais volontiers, en pittoresque superficiel et d
718 scutable. Des philosophes aux disciples puissants nous assurent aujourd’hui que le conflit fécond, la communion du toi et du
719 n du toi et du moi se résout pratiquement dans un nous , que l’on oppose aux ils des sociologues positivistes. Cette opératio
720 c’est le fascisme, ou le national-socialisme. Le nous , c’est le groupe, le faisceau, la troupe d’assaut, puis le Parti ou l
721 les entendre, si certains spectacles de masses ne nous rendaient un peu plus que méfiants à l’endroit d’une philosophie qui,
722 et de faire la leçon au monde entier en vertu de notre vieille sagesse. Le nous national-socialiste n’est pas seulement un c
723 onde entier en vertu de notre vieille sagesse. Le nous national-socialiste n’est pas seulement un concept philosophique, il
724 onde de la Nation, à la réalité précise du Parti. Nous n’avons pas à « corriger » de tels faits ou de telles religions. Mais
725 de tels faits ou de telles religions. Mais ce que nous pouvons faire, et qui est utile, c’est de juger les propositions géné
726 faits, et qui pourraient tenter certains d’entre nous . Et par exemple, je me demande sérieusement si, dans nos conditions,
727 par exemple, je me demande sérieusement si, dans nos conditions, ce nous qu’on nous propose pourrait être autre chose qu’u
728 demande sérieusement si, dans nos conditions, ce nous qu’on nous propose pourrait être autre chose qu’une moyenne entre le
729 rieusement si, dans nos conditions, ce nous qu’on nous propose pourrait être autre chose qu’une moyenne entre le je des libé
730 des libéraux et le ils des collectivistes ? Selon nos mœurs et notre vocabulaire, n’est-il pas, lui aussi, un être « abstra
731 et le ils des collectivistes ? Selon nos mœurs et notre vocabulaire, n’est-il pas, lui aussi, un être « abstrait », ne laisse
732 ement son risque vis-à-vis du « prochain » ? Pour nous « l’erreur fasciste » est peut-être plus grave que les erreurs qu’ell
733 se, à la transformer en un « état » alors qu’elle devrait être un acte. C’est faire simplement abstraction de la tension, de la
734 coup objectivés et prisonniers de ce rapport, le nous . Le groupe ainsi est défini par l’extérieur, disons par sa circonfére
735 urs mains. Pour chacun d’eux, le tu est devenu le nous , il a donc cessé d’être une question directe, cessé d’être un des pôl
736 sé d’être un des pôles de la personne. De fait le nous n’est rien qu’un biais : c’est un tu sans visage qui vient se confond
737 e donne en vertu de sa vocation. Les partisans du nous ont fait erreur sur la personne. Si la personne est au principe la mi
738 ’eux-mêmes, fût-ce au-dessus d’eux-mêmes, dans le nous (la Gesamtperson). Pour nous aimer, nous entraider, nous devons faire
739 d’eux-mêmes, dans le nous (la Gesamtperson). Pour nous aimer, nous entraider, nous devons faire chacun tout le chemin qui no
740 dans le nous (la Gesamtperson). Pour nous aimer, nous entraider, nous devons faire chacun tout le chemin qui nous sépare le
741 a Gesamtperson). Pour nous aimer, nous entraider, nous devons faire chacun tout le chemin qui nous sépare les uns des autres
742 amtperson). Pour nous aimer, nous entraider, nous devons faire chacun tout le chemin qui nous sépare les uns des autres. Et c’
743 ider, nous devons faire chacun tout le chemin qui nous sépare les uns des autres. Et c’est au seul moment où je t’atteins en
744 je t’atteins en toi, où tu m’atteins en moi, que nous devenons deux personnes, et l’un pour l’autre le prochain. Ainsi le p
745 ce pour qu’une idée devienne ce mythe qui vive en nous et dans lequel nous vivions, jusqu’au point que chacun de nos gestes
746 devienne ce mythe qui vive en nous et dans lequel nous vivions, jusqu’au point que chacun de nos gestes — oui, même ce signe
747 lequel nous vivions, jusqu’au point que chacun de nos gestes — oui, même ce signe de la main — trahisse son immanente puiss
748 il concevait mais redoutait, et qui devient alors notre sang et nos songes ! Le sang, les songes, tour à tour nous poussent v
749 ais redoutait, et qui devient alors notre sang et nos songes ! Le sang, les songes, tour à tour nous poussent vers les être
750 et nos songes ! Le sang, les songes, tour à tour nous poussent vers les êtres, et guident notre main. Par eux s’incarne la
751 r à tour nous poussent vers les êtres, et guident notre main. Par eux s’incarne la pensée, et c’est là l’héroïsme de l’esprit
752 sans autre transition logique, à l’acte créateur. Nous avons constaté que cet acte fonde toute existence en tant qu’elle est
753 ute existence. Cette dynamique de l’incarnation, nous avons essayé d’en surprendre le fait dans l’expression écrite. Beauco
754 qu’un tel problème ressortit aux règles de l’art. Nous l’avons ramené à des conflits éthiques. Au cœur de tout conflit fécon
755 e peut l’approcher que par la voie des négations. Nous avons proposé une dialectique critique dont les deux termes négatifs
756 termes négatifs sont évasion et conformisme. Elle nous a permis de cerner le lieu et le moment de l’action créatrice, dans l
757 ice, dans l’exercice de deux vertus maîtresses de notre éthique, l’imagination et le style. Enfin, nous avons assumé, et con
758 notre éthique, l’imagination et le style. Enfin, nous avons assumé, et concentré toutes ces tensions dans la tension origin
759 er le même et l’autre, toi et moi. Par ces voies, nous sommes parvenus au centre des problèmes du monde moderne, en même tem
760 e. Car si toutes les contradictions qui empêtrent nos vies et la vie des nations depuis cent ans restent stériles, c’est qu
761 Personne, celui que l’Évangile a révélé lorsqu’il nous a montré dans chaque homme le Prochain. Les contradictions du monde n
762 t. Si quelques-uns m’ont suivi jusqu’ici, je leur dois bien la franchise d’avouer que ma conscience n’est pas encore à l’ais
763 le d’abord qui a péché. Mais du péché dans lequel nous nous voyons plongés, nous ne pouvons donner qu’une description tout e
764 abord qui a péché. Mais du péché dans lequel nous nous voyons plongés, nous ne pouvons donner qu’une description tout empiri
765 is du péché dans lequel nous nous voyons plongés, nous ne pouvons donner qu’une description tout empirique, par là même insu
766 ique, par là même insuffisante. La cause première nous échappe, puisque le péché, justement, c’est d’être séparé de notre or
767 isque le péché, justement, c’est d’être séparé de notre origine absolue. Toucherait-on ici au quiétisme, au fatalisme ? Mais
768 t actuelle de toute répétition du péché primitif, nous pouvons la nommer, la décrire. Ainsi, dans une certaine mesure, nous
769 mer, la décrire. Ainsi, dans une certaine mesure, nous la tenons dans notre puissance. L’origine de l’histoire, c’est la chu
770 si, dans une certaine mesure, nous la tenons dans notre puissance. L’origine de l’histoire, c’est la chute dans le temps. Le
771 le refus de l’obéissance instantanée à l’Éternel. Nous avons lâché la rampe, et désormais l’accélération de notre chute dans
772 ns lâché la rampe, et désormais l’accélération de notre chute dans le temps et l’espace est entièrement déterminée par les lo
773 rminée par les lois mécaniques. Fatalement, elles nous entraînent dans une dissolution atomique : elles nous ramènent à la p
774 entraînent dans une dissolution atomique : elles nous ramènent à la poussière. Mais au fond de l’abîme de la Séparation, la
775 de son corps tel que Dieu le forma. Ainsi l’acte nous réincarne. La primauté du spirituel, c’est la primauté du créant, de
776 e joie absolue et pour certains presque mortelle. Notre vie s’anéantirait dans ce contact avec l’éternité, et notre acte sera
777 s’anéantirait dans ce contact avec l’éternité, et notre acte serait comme un suicide, si nous osions agir, une seule fois, de
778 ernité, et notre acte serait comme un suicide, si nous osions agir, une seule fois, de toutes les forces que la foi nous off
779 , une seule fois, de toutes les forces que la foi nous offre. Nous ne faisons en réalité que nous approcher de cette mort. E
780 fois, de toutes les forces que la foi nous offre. Nous ne faisons en réalité que nous approcher de cette mort. Et voici le d
781 la foi nous offre. Nous ne faisons en réalité que nous approcher de cette mort. Et voici le dernier paradoxe : c’est cet ins
782 voici le dernier paradoxe : c’est cet instant où nous touchons la mort qui recrée notre vie temporelle. Tout aussitôt, nous
783 t cet instant où nous touchons la mort qui recrée notre vie temporelle. Tout aussitôt, nous replongeons dans le monde des rés
784 t qui recrée notre vie temporelle. Tout aussitôt, nous replongeons dans le monde des résistances, dont nous savons qu’elles
785 s replongeons dans le monde des résistances, dont nous savons qu’elles conditionnent notre durée. Mais la force de notre att
786 istances, dont nous savons qu’elles conditionnent notre durée. Mais la force de notre attaque a suscité des obstacles plus gr
787 elles conditionnent notre durée. Mais la force de notre attaque a suscité des obstacles plus grands et plus profonds. Sans do
788 lus grands et plus profonds. Sans doute n’oserons- nous jamais les vaincre une fois pour toutes. Car un acte total, un oui to
789 n oui total à l’instant éternel dresserait contre nous l’univers totalement unifié dans le non, — la pleine stature de mort.
790 es dans l’instant qu’il ranime l’être. Le sens de notre liberté est défini par cette contradiction. Aux yeux de Dieu, notre a
791 défini par cette contradiction. Aux yeux de Dieu, notre acte est seulement restaurateur. À la mesure de sa violence, il tente
792 res dans leur état incorruptible. Il n’est pas en notre pouvoir d’étonner l’Éternel, ni d’inventer quoi que ce soit qu’il n’a
793 ce soit qu’il n’ait prévu, qu’il n’ait donné, que nous n’ayons perdu par notre chute dans le temps. Cette connaissance derni
794 vu, qu’il n’ait donné, que nous n’ayons perdu par notre chute dans le temps. Cette connaissance dernière est celle de la foi
795 Elle est don de l’Esprit, révélation. Elle tue en nous le faux dieu du moi pur, pour ressusciter le vrai Dieu. C’est pourquo
796 s le temps tout se renverse. Chacun des actes que nous osons faire nous apparaît comme une création absolue. Chacune de nos
797 e renverse. Chacun des actes que nous osons faire nous apparaît comme une création absolue. Chacune de nos victoires est une
798 s apparaît comme une création absolue. Chacune de nos victoires est une nouveauté absolue dans les âges, quelque chose de j
799 te action recréatrice. Car c’est en espérance que nous sommes sauvés, mais cette espérance est certaine. Car le temps détrui
800 ant ensuite le champ de mes observations à ce qui nous concerne pratiquement, j’ai cherché la formule de nos désordres en dé
801 concerne pratiquement, j’ai cherché la formule de nos désordres en décrivant notre élite libérale. J’ai fait un pas de plus
802 cherché la formule de nos désordres en décrivant notre élite libérale. J’ai fait un pas de plus vers le concret en situant d
803 e aboutisse ou qu’elle échoue — et l’effort qu’il nous faut entreprendre — qu’il aboutisse ou qu’il échoue — pour situer en
804 ne pas le sentiment, bien sûr ! C’est par lui que nous avons connaissance du milieu où il faut agir, des destins que notre a
805 ssance du milieu où il faut agir, des destins que notre acte inclinera. 89. « Murmurer avec les loups » serait plus exact, s
806 nt pas d’action réelle. 91. Qu’est-ce qui, dans notre langage ou notre pensée, n’est pas conformiste ? C’est ce qui est cré
807 éelle. 91. Qu’est-ce qui, dans notre langage ou notre pensée, n’est pas conformiste ? C’est ce qui est créé, c’est-à-dire c
808 e possible sans résistance sur le plan humain. Ne nous plaignons jamais des résistances, mais seulement de leur mauvaise qua
809 même de la science, c’est entendu, et la science nous permet d’accroître nos prises sur la réalité. Mais il faudrait alors
810 st entendu, et la science nous permet d’accroître nos prises sur la réalité. Mais il faudrait alors un accroissement corres
811 le pouvoir de prophétiser. (Apoc. 10,9.) 104. «  Nous  » : vous et moi, lecteurs et auteur, ensemble s’il se peut au terme d
18 1972, Penser avec les mains (1972). Préface 1972
812 nnées 1930 et celles des années 1970 de ce siècle nous frappent d’abord par leurs contrastes. En ce temps-là, le principe d
813 emps-là, le principe du désordre à l’intérieur de nos démocraties capitalistes était d’autant plus mal perçu et dénoncé que
814 . D’où les polémiques perpétuelles qui opposaient nos mouvements doctrinaux au bataillon discipliné des intellectuels du PC
815 au bataillon discipliné des intellectuels du PC. Nous accusions ces inconditionnels de l’URSS de s’aveugler sur la nature d
816 oncer l’État-nation sous sa forme imparfaite dans nos démocraties, s’ils refusaient d’y voir sous sa forme achevée l’aspect
817 uer à l’élan révolutionnaire des Internationales. Nous ne cessions, pour notre part, de répéter que cette religion de l’État
818 naire des Internationales. Nous ne cessions, pour notre part, de répéter que cette religion de l’État-nation exigeait la guer
819 ons nationales portées au rouge, qui allait jeter notre génération dans une guerre qui ne serait pas la nôtre mais la sienne.
820 e génération dans une guerre qui ne serait pas la nôtre mais la sienne. Or nous serions forcés de la faire, ne fût-ce que pou
821 rre qui ne serait pas la nôtre mais la sienne. Or nous serions forcés de la faire, ne fût-ce que pour tenter de sauver, cont
822 s préservées en espoir par l’imperfection même de nos régimes et, comble d’ironie, par les incohérences que nous ne cession
823 mes et, comble d’ironie, par les incohérences que nous ne cessions d’y dénoncer… Nous savions que nous n’aurions pas le temp
824 s incohérences que nous ne cessions d’y dénoncer… Nous savions que nous n’aurions pas le temps de nous faire entendre utilem
825 e nous ne cessions d’y dénoncer… Nous savions que nous n’aurions pas le temps de nous faire entendre utilement avant la cata
826 … Nous savions que nous n’aurions pas le temps de nous faire entendre utilement avant la catastrophe. Nous parlions par colè
827 us faire entendre utilement avant la catastrophe. Nous parlions par colère et pour mieux nous comprendre, mais aussi pour mo
828 tastrophe. Nous parlions par colère et pour mieux nous comprendre, mais aussi pour montrer des pistes vers un avenir « possi
829 encore que peu probable. (Beaucoup de résistants devaient s’en souvenir.) Aujourd’hui, l’hitlérisme a été écrasé, le fascisme
830 contestataire. À tel point qu’en mai 1968, elle a susciter son Ennemi, le provoquer par l’érection de barricades — ces
831 pées des masses. (Rares contacts par la TV.) Chez nous  ? Je ne vois que l’entreprise du fédéralisme européen à base de régio
832 jourd’hui, toute révolution liée à un État-nation doit périr par les soins du Pouvoir qu’elle instaure. Ses chefs sont conda
833 ux-là seuls seront en mesure de comprendre ce que nous appelions, dans les années 1930, l’engagement. Dès 1935 apparaît dan
834 t toute espèce d’engagement. […] Voyez donc comme nos libéraux se mettent d’eux-mêmes en rangs dès qu’une menace se précise
835 e de l’« union sacrée » qui vient de souffler sur notre élite en est l’ahurissant exemple. Du moins a-t-elle eu cela de bon :
836 fins, et comme les fins dernières n’agissent sur nous qu’en vertu d’une anticipation créatrice des choses espérées, de cell
837 issance matérielle à une Sagesse équilibrante. Or nous découvrons depuis peu que ce choix politique se confond avec le choix
838 ite ou du centre. Erreur courante, inexcusable de nos jours : car chacun voit que ce ne sont pas les communistes bon teint