1
, décrit la stupidité de l’enseignement tel qu’il
est
pratiqué dans nos collèges. Mon dessein est assez différent, moins ph
2
qu’il est pratiqué dans nos collèges. Mon dessein
est
assez différent, moins philosophique et point du tout technique. J’ap
3
s un régime radical à sécrétion socialiste, qui a
été
établi par coup de force, que les libéraux ont admis, conformément à
4
areils souvenirs légitiment toutes les haines. Je
serai
méchant, parce que j’en ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écr
5
ne peut servir à rien. — Alors ? — Justement. Il
est
un reproche auquel je compte ne pas échapper : celui de naïveté. Défi
6
nds pas même parler au nom de ma génération, ne m’
étant
pas livré à l’enquête préalable qui seule eût pu, à la rigueur, me do
7
Pourtant je sais qu’à droite comme à gauche, ils
sont
plus nombreux qu’on ne le pense, ceux qui refusent d’être complices d
8
s nombreux qu’on ne le pense, ceux qui refusent d’
être
complices dans cet attentat à l’intégrité humaine qu’est en fait l’es
9
plices dans cet attentat à l’intégrité humaine qu’
est
en fait l’esprit démocratique. Là-dessus, ces messieurs se lamentent,
10
mour, où tout se confond miraculeusement, gémir n’
est
pas un argument. Je demande le droit de démolir. Et me l’accorde auss
11
e l’accorde aussitôt. Sans conditions. Mon rôle n’
est
pas de proposer une nouvelle forme politique. Je me contente de vitup
12
. Je me contente de vitupérer ce que je vois, qui
est
laid. Quand la soupe est brûlée, on la renvoie, même si l’on n’est pa
13
érer ce que je vois, qui est laid. Quand la soupe
est
brûlée, on la renvoie, même si l’on n’est pas capable d’en faire soi-
14
a soupe est brûlée, on la renvoie, même si l’on n’
est
pas capable d’en faire soi-même une meilleure. Mais j’aperçois là-bas
15
lique, on crie sur tous les bancs : « Alors, vous
êtes
pour un retour à la barbarie ? » Si ce réflexe indique un mépris vrai
16
attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je
tiens
à les classer par avance en deux catégories dont je vais régler le co
17
type : on ne peut pas aller contre l’époque, vous
êtes
un pauvre utopiste, etc. Ce sont les positivistes qui parlent ainsi,
18
e l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce
sont
les positivistes qui parlent ainsi, ceux qui croient aux faits. Je le
19
qui rira le dernier. B. Réponses du type : vous
êtes
un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc. Ce sont les partisans d’
20
s un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc. Ce
sont
les partisans d’une démocratie progressiste et tolérante qui se livre
21
ant de laideurs et d’outrages au bon sens peuvent
être
légitimés par le but final de notre institution-tabou. 1. Je ne p
22
s trop au sérieux pour faire ici du sentiment, je
suis
sensible au charme de cette fantaisie. Mais ce qui fait très bien dan
23
plier le tapissier par le prix du mètre courant n’
est
pas une fantaisie pour ce petit être qui s’énerve, qui embrouille les
24
tre courant n’est pas une fantaisie pour ce petit
être
qui s’énerve, qui embrouille les règles, qui a sommeil, qui a peur de
25
mmêlent… Et c’est cela l’enfance insouciante ? Qu’
est
-ce qui ressemble plus au souci quotidien des grandes personnes ? Mais
26
quotidien des grandes personnes ? Mais l’enfance
est
ailleurs. Je revois ce fond de jardin où l’on trouve des cloportes da
27
guliers… L’École, dans ce concert de souvenirs, n’
est
qu’une dissonance douloureuse. 3 Deux angoisses dominent mon enfance
28
ci qui renaît chaque jour, je pense que tout cela
tient
trop de place dans notre enfance. À 5 ans, j’avais appris à lire, en
29
école, parce que c’est la loi. La première classe
fut
agréable : j’alignais des bâtons en rêvant à je ne sais quoi, j’étais
30
lignais des bâtons en rêvant à je ne sais quoi, j’
étais
délicieusement seul parmi ces petits êtres en tabliers bleus qui alig
31
uoi, j’étais délicieusement seul parmi ces petits
êtres
en tabliers bleus qui alignaient leurs bâtons en rêvant à leur manièr
32
nd venait mon tour, je savais rarement où l’on en
était
. Cela m’attira des reproches acides, et naturellement, la phrase sacr
33
se plus aucune velléité d’originalité. Mais pour
être
rentrée, ma colère n’en fut que plus malfaisante. L’école me rendit a
34
ginalité. Mais pour être rentrée, ma colère n’en
fut
que plus malfaisante. L’école me rendit au monde, vers l’âge de 18 an
35
type 2 et 2 font 4, ou : tous les hommes doivent
être
égaux en tout. Deux fois deux quatre, c’est stérile, mais ça ne fait
36
un certain temps pour m’habituer à cette idée. Je
tenais
cette clef et n’osais m’en servir craignant peut-être des découvertes
37
vris, c’est-à-dire que je me posais la question :
est
-ce vrai que tous les hommes doivent être égaux en tout ? Et la premiè
38
uestion : est-ce vrai que tous les hommes doivent
être
égaux en tout ? Et la première réponse fut : Il faut que ce soit vrai
39
ivent être égaux en tout ? Et la première réponse
fut
: Il faut que ce soit vrai, pour que la démocratie prospère et étende
40
out ? Et la première réponse fut : Il faut que ce
soit
vrai, pour que la démocratie prospère et étende ses conquêtes. C’étai
41
marque indélébile de l’éducation jésuite ». Nous
étions
marqués par Numa Droz, par l’esprit petit-bourgeois, qui est une géné
42
par Numa Droz, par l’esprit petit-bourgeois, qui
est
une généralisation de l’avarice, et par les dogmes démocratiques, qui
43
e l’avarice, et par les dogmes démocratiques, qui
sont
une généralisation de la règle de trois, aussi profondément certes qu
44
rois, aussi profondément certes qu’un Voltaire le
fut
par les jésuites : du moins ceux-ci lui laissèrent-ils assez de verde
45
é des décrets humains. Le prix de mes souffrances
était
donc ce conformisme indispensable aux « immortels principes ». Je n’a
46
ettre en doute : mais un jour je compris que ce n’
étaient
que des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce monde simplif
47
compris que ce n’étaient que des principes. Et ce
fut
ma seconde découverte : ce monde simplifié, si évident, si parfaiteme
48
t comme l’achèvement idéal et nécessaire — et qui
était
le seul pour lequel on nous préparait — c’était un système d’abstract
49
nisé des esprits moyens, prosaïques et rassis qui
tiennent
aujourd’hui les charges de l’État, piliers d’un régime dont ils sont
50
s charges de l’État, piliers d’un régime dont ils
sont
les seuls à s’accommoder parce qu’ils l’ont établi à la mesure exacte
51
-être matériel. Nous savions qu’un fils d’ouvrier
est
l’égal d’un petit Dauphin — et même nous ne pouvions nous empêcher de
52
ions nous empêcher de croire que le petit ouvrier
est
bien plus malin. Nous savions un tas de choses douloureusement ennuye
53
s un tas de choses douloureusement ennuyeuses qui
sont
dans les livres — et nulle part ailleurs. Nous arrivions dans la vie
54
ient changé ! On s’entendait d’autant mieux qu’on
était
devenu plus différents. Car ces différences sont les premières marque
55
était devenu plus différents. Car ces différences
sont
les premières marques de la vie vécue et l’on aime à y découvrir la s
56
eux-là n’avaient pas bougé. Et pour cause : ils n’
étaient
jamais sortis de l’école. Rien ne ressemble plus à un bon élève qu’un
57
a pas de solution de continuité, la différence n’
était
qu’une question d’âge, non d’expérience vécue. Ce que je vais dire es
58
’âge, non d’expérience vécue. Ce que je vais dire
est
sans doute injuste et faux dans un très grand nombre de cas, mais pou
59
e de le dire ? L’instituteur sous l’uniforme peut
être
défini par son incompréhension méthodique des hommes et son mépris po
60
des hommes et son mépris pour les paysans. Qu’il
soit
officier ou troupier, on le reconnaît à une façon pédante d’être cons
61
u troupier, on le reconnaît à une façon pédante d’
être
consciencieux, à une façon blessante d’être supérieur, à une façon li
62
nte d’être consciencieux, à une façon blessante d’
être
supérieur, à une façon livresque d’expliquer les choses, à une façon
63
er les choses, à une façon théorique de juger les
êtres
. Ces distributeurs automatiques (brevetés par le gouvernement) de la
64
auraient souvent l’occasion de s’en douter s’ils
étaient
sensibles aux finesses de l’ironie paysanne. Mais je n’en dirai pas p
65
ne à quoi peut mener l’enseignement donné par des
êtres
qui brouillent à ce point les méthodes. Simple remarque, pendant que
66
es méthodes. Simple remarque, pendant que nous en
sommes
aux instituteurs : ils sortent tous de la même classe sociale, de la
67
la même classe sociale, de la petite bourgeoisie.
Est
-ce que l’esprit petit-bourgeois qui imprègne l’enseignement primaire
68
de Numa Droz attirait les mouches ? (Le verre en
était
toujours jaune.) Je n’ai ni le droit ni l’envie de dire du mal des pe
69
l’envie de dire du mal des petits-bourgeois. Ils
sont
au moins aussi sympathiques que n’importe quelle autre classe de la s
70
t et tel qu’il se manifeste dans l’école primaire
est
un véritable virus de mesquinerie, et devrait être soigné au même tit
71
est un véritable virus de mesquinerie, et devrait
être
soigné au même titre que certaines autres maladies dites « sociales »
72
ersonnes, le décor. La laideur des « collèges » n’
est
pas accidentelle. C’est celle même du régime. L’architecture de nos «
73
un grand progrès sur la Nature. Quelle peut bien
être
la vertu éducatrice d’un tel milieu, moral et matériel ? L’école publ
74
riel ? L’école publique, telle que nous la voyons
est
semblable à tous ces monuments « de la mauvaise époque » qui sont dan
75
tous ces monuments « de la mauvaise époque » qui
sont
dans nos villes l’apport du xixe siècle. Ils ne parviennent ni à la
76
parviennent ni à la beauté ni à l’utilité, et ils
sont
déjà démodés. On dit que le style 1880 n’en est pas un : mais l’absen
77
sont déjà démodés. On dit que le style 1880 n’en
est
pas un : mais l’absence de style est encore un style : c’est même le
78
le 1880 n’en est pas un : mais l’absence de style
est
encore un style : c’est même le pire.
79
ne me contestera pas ces raisons puisqu’elles me
sont
absolument personnelles et qu’elles ont la valeur d’un témoignage, ni
80
la valeur d’un témoignage, ni plus ni moins — il
est
temps que je fasse passer un petit examen aux principes de cette inst
81
mpris ». Aux yeux de beaucoup de gens, la passion
est
aveuglante : cela tient pour une bonne part à ce que ces personnes on
82
eaucoup de gens, la passion est aveuglante : cela
tient
pour une bonne part à ce que ces personnes ont les yeux faibles. Il s
83
t à ce que ces personnes ont les yeux faibles. Il
serait
plus juste de dire que la passion n’a qu’une clairvoyance intéressée
84
’a qu’une clairvoyance intéressée : mais celle-là
est
la plus vive. Enfin, je tiens à reconnaître qu’ici je ne cherche poin
85
essée : mais celle-là est la plus vive. Enfin, je
tiens
à reconnaître qu’ici je ne cherche point l’équité. Pas plus que vous,
86
. L’esprit d’équité, avec son préjugé pacifiste n’
est
pas toujours l’esprit de vérité, il s’en faut. Or je ne suis pas de c
87
ujours l’esprit de vérité, il s’en faut. Or je ne
suis
pas de ceux qui subordonnent la vérité à la tranquillité bourgeoise.
88
onnent la vérité à la tranquillité bourgeoise. Je
tiens
le « gain de paix » pour illusoire : il consiste à repousser la diffi
89
uante ans de radicalisme sur les bras. L’écheveau
est
tellement embrouillé que déjà plusieurs proposent de trancher le nœud
90
res par semaine, au jugé. On s’arrange pour faire
tenir
dans cette classification le plus possible de « connaissances » qui d
91
es. La somme et l’arrangement des parties doivent
être
identiques pour tous les écoliers. Ce plan régit les huit années régl
92
rectangulaires, bien proprement). Évidemment, il
est
préférable de savoir aussi les noms des sciences élémentaires. Mais i
93
ssi les noms des sciences élémentaires. Mais il n’
est
en aucune façon nécessaire de connaître la psychologie des enfants, n
94
s sciences dont on écrit le nom dans les casiers.
Est
-ce que l’étude du trapézoïde est particulièrement indiquée pour prépa
95
ans les casiers. Est-ce que l’étude du trapézoïde
est
particulièrement indiquée pour préparer les élèves à une composition
96
comprenons pas la plaisanterie et que notre temps
est
précieux. D’ailleurs, les enfants ne se plaignent pas, de quoi vous p
97
t ils n’en meurent pas. 3.b. Les examens Ce
sont
en principe des « contrôles » comparables à ceux que l’on établit lor
98
urveiller. Mais en matière de sport, la tricherie
est
difficile, tandis qu’à l’école elle est de règle. Car la qualité et l
99
tricherie est difficile, tandis qu’à l’école elle
est
de règle. Car la qualité et la quantité des réponses « fournies » par
100
nt je disais tout à l’heure que la connaissance n’
est
pas exigée de ceux qui établissent les programmes et les examens. « L
101
divers maîtres primaires et secondaires. Ils n’en
sont
pas moins devenus le but même de l’instruction ; la fin qui justifie
102
aisanteries de gros calibre, car à la vérité ce n’
est
pas d’enseigner qu’il s’agit, mais de soumettre les esprits au contrô
103
nnaissances De l’existence des programmes, qui
est
un fait, et de l’existence de la Démocratie, qui est une prétention (
104
un fait, et de l’existence de la Démocratie, qui
est
une prétention (réservons le mot d’idéal), découle cette exigence thé
105
éorique : tous les enfants doivent à tout instant
être
en mesure 1° d’ingurgiter la même quantité de « matière » ; 2° d’en r
106
mps. Contentons-nous de remarquer que ce principe
est
à la base du système ; qui repose donc sur une tranquille méconnaissa
107
âchent tout rouge quand on leur dit que la Suisse
est
caractérisée, aux yeux de l’étranger impartial, par sa culture intens
108
e plus parfait s’appelle le manuel. Un bon manuel
est
un résumé clair et portatif des résultats actuels d’une science. Le b
109
dent à aucune réalité. Ils ne renferment rien qui
soit
de première main, rien qui soit authentique. Ils négligent toutes les
110
nferment rien qui soit de première main, rien qui
soit
authentique. Ils négligent toutes les particularités, toutes les « pr
111
’il faut pour assimiler ce qu’ils apprennent. Ils
sont
forcés de gâcher leur travail. Or ce travail n’a qu’une valeur éducat
112
ce travail n’a qu’une valeur éducatrice : s’il n’
est
pas modèle, il est absurde. Mais où sont à l’école les modèles de ce
113
une valeur éducatrice : s’il n’est pas modèle, il
est
absurde. Mais où sont à l’école les modèles de ce qu’on nommait autre
114
: s’il n’est pas modèle, il est absurde. Mais où
sont
à l’école les modèles de ce qu’on nommait autrefois la belle ouvrage
115
e conception pénitentiaire de l’école. Mais, s’il
est
des disciplines qui renforcent, il en est d’autres qui amoindrissent.
116
s, s’il est des disciplines qui renforcent, il en
est
d’autres qui amoindrissent. La discipline scolaire consiste à faire t
117
drissent. La discipline scolaire consiste à faire
tenir
les enfants immobiles et muets 6 heures par jour durant 8 ans. Il par
118
de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il
soit
de nature à légitimer l’énormité de l’effort qu’on demande à ces peti
119
ue la discipline perd tout son sens éducatif et n’
est
plus qu’une entrave énervante, un système de vexations mesquines, pro
120
ue Tous les pontifes de l’instruction publique
sont
d’accord sur ce point : l’école primaire doit être une école de Démoc
121
ont d’accord sur ce point : l’école primaire doit
être
une école de Démocratie. Ils insistent sur le fait que les leçons d’i
122
sur le fait que les leçons d’instruction civique
sont
insuffisantes pour former le petit citoyen : il faut que l’enseigneme
123
citoyen : il faut que l’enseignement tout entier
soit
occasion de développer les vertus sociales de l’élève. « Une classe e
124
pper les vertus sociales de l’élève. « Une classe
est
une société en miniature. » Ceci est une énorme bourde. Juxtaposez tr
125
« Une classe est une société en miniature. » Ceci
est
une énorme bourde. Juxtaposez trente enfants sur les bancs d’une sall
126
e, vous n’aurez rien qui ressemble en quoi que ce
soit
à aucun état social existant. Ce qui est vrai, c’est que le fait, abs
127
que ce soit à aucun état social existant. Ce qui
est
vrai, c’est que le fait, absolument nouveau dans l’Histoire, que l’on
128
La culture de l’esprit démocratique telle qu’elle
est
comprise par les instituteurs — et elle ne peut être comprise autreme
129
t comprise par les instituteurs — et elle ne peut
être
comprise autrement — est essentiellement négative. Elle consiste à pe
130
teurs — et elle ne peut être comprise autrement —
est
essentiellement négative. Elle consiste à persécuter ceux qui, en que
131
à persécuter ceux qui, en quelque manière que ce
soit
, voudraient se « distinguer ». (Le mépris que notre peuple met dans c
132
y a pas d’égalité réelle possible tant que la loi
est
la même pour tous. Je ne parle pas des manuels d’histoire, dont il es
133
. Je ne parle pas des manuels d’histoire, dont il
est
aujourd’hui démontré qu’ils donnent une image mensongère de l’ancienn
134
’usage du peuple souverain qui ne manque pas d’en
être
flatté. Et puis, quelle est cette préparation à la vie qui commence p
135
i ne manque pas d’en être flatté. Et puis, quelle
est
cette préparation à la vie qui commence par nous soustraire à l’influ
136
nous soustraire à l’influence de la vie ? Quelle
est
cette éducation sociale qui enlève l’enfant à la famille ? 5 Quel est
137
sociale qui enlève l’enfant à la famille ? 5 Quel
est
cet instrument de perfectionnement civique qui assure l’écrasement de
138
on élève Le bon sens voudrait que le bon élève
soit
celui qui sait utiliser pour son profit humain la petite somme de con
139
, ni plus ni moins). Ou encore : que le bon élève
soit
celui qui supporte le mieux le traitement scolaire ; celui dont la va
140
ées par l’école publique. Mais l’idéal de l’école
est
autre ; il est même tout contraire. On ne peut pas exiger qu’il soit
141
publique. Mais l’idéal de l’école est autre ; il
est
même tout contraire. On ne peut pas exiger qu’il soit tout de nobless
142
même tout contraire. On ne peut pas exiger qu’il
soit
tout de noblesse, de vertu et de grandeur. Mais on peut s’étonner de
143
grandeur. Mais on peut s’étonner de voir qu’il n’
est
que ridicule et mesquinerie. Il y a là une préméditation de médiocrit
144
uis m’empêcher de trouver suspecte. Le bon élève
est
celui qui a de bons points. Or les bons points vont aux parfaits imit
145
, c’est comme des petits morceaux de vouate. » Il
est
évident que Sylvie est supérieure à Victoria dans la mesure où l’inve
146
s morceaux de vouate. » Il est évident que Sylvie
est
supérieure à Victoria dans la mesure où l’invention est supérieure à
147
périeure à Victoria dans la mesure où l’invention
est
supérieure à l’imitation. Mais Victoria montre une âme docile, un ras
148
qui voient avec leurs yeux d’élèves. Le bon élève
est
aussi l’élève discipliné. L’école veut que partout la valeur cède le
149
mbéciles ou d’impuissants, qui d’ailleurs ne peut
être
qu’à l’avantage des gens en place, vieille histoire. On m’objectera s
150
un grand nombre de régents, ne laissent pas que d’
être
assez spéciales. Il arrive en effet que nos petits futurs grands cito
151
bons élèves de diverses classes d’un collège ont
été
frappés de constater que la force et l’originalité de leur jugement s
152
er que la force et l’originalité de leur jugement
sont
en raison inverse du nombre d’années d’instruction publique qu’ils on
153
u’accidentellement avec ceux du bon sens. Je m’en
tiendrai
là, renonçant pour cette fois à démontrer, ce qui serait facile, qu’i
154
là, renonçant pour cette fois à démontrer, ce qui
serait
facile, qu’ils constituent une inversion méthodique de toutes les loi
155
ode d’abâtardissement du peuple. D’autre part, il
est
aisé de voir que tous ces principes dérivent nécessairement du fait q
156
cipes dérivent nécessairement du fait que l’école
est
publique, obligatoire, et soumise au contrôle de l’État. Alors ? Ou b
157
vous combattez l’instruction publique — mais vous
êtes
, de ce fait, contre le régime. Il y a là, dirait M. Prudhomme, un bie
158
. Prudhomme, un bien grave dilemme. 4. Ce ne
sont
pas seulement les meilleurs qui sont sacrifiés. Voici ce que M. E. Du
159
4. Ce ne sont pas seulement les meilleurs qui
sont
sacrifiés. Voici ce que M. E. Duvillard dit des enfants peu doués pou
160
et au vice. » L’école de demain, page 12. 5. Il
est
peut-être avantageux dans certains cas de soustraire l’enfant à l’inf
161
re ? 6. Justice démocratique, égalité, légalité,
sont
les meilleures armes de la bassesse contre toute valeur réelle, absol
162
L’illusion réformiste Bien entendu, tout cela a
été
dit. (Un peu autrement, j’en conviens). On n’a pas attendu ma colère
163
ique. Les réformes qu’ils ont proposées jusqu’ici
sont
en général judicieuses, dictées par le bon sens 7, et retouchées par
164
toute science. On a constaté que l’école actuelle
est
fondée sur une remarquable ignorance de la psychologie infantile. Où
165
oms des rues et places de leur ville, comme s’ils
étaient
tous destinés à la profession de chauffeurs de taxi. Si cette concept
166
taxi. Si cette conception du pratique prévaut, il
est
à craindre que l’école nouvelle n’apporte bientôt sa méthode rationne
167
s déponents ; désormais l’étude des verbes actifs
sera
active aussi, un élève se mettra à marcher dans le couloir en s’écria
168
ue juste la spontanéité nécessaire pour que ça ne
soit
pas une lourde farce. Ces exagérations ne sont pas bien graves, parce
169
ne soit pas une lourde farce. Ces exagérations ne
sont
pas bien graves, parce qu’elles sont comiques précisément. Je ferai à
170
gérations ne sont pas bien graves, parce qu’elles
sont
comiques précisément. Je ferai à l’école nouvelle un reproche d’une a
171
ar eux-mêmes ce qu’ils doivent apprendre. Mais qu’
est
-ce qu’une liberté méthodiquement organisée ? En réalité, cet amusemen
172
êmes de sa liberté. « Instruire en amusant » peut
être
la formule d’une tromperie subtile et plus grave que la brutalité pri
173
ts… Je reconnais que les buts de l’école nouvelle
sont
honnêtement scientifiques, et désintéressés. Mais l’enfant-cobaye vau
174
us ces mouvements des possibilités lointaines qui
sont
pour me plaire ; un grignotement du système officiel qui pourrait bie
175
e songe au maître antique, dont toute la personne
était
un enseignement, et qui n’avait pas des élèves, mais des disciples. C
176
qui se moquent des programmes et dont les classes
sont
de vraies foires ; ils ont toute mon amitié. Cela me permet de leur f
177
ents et organisés. Je crains que ce malentendu ne
soit
décidément trop gros pour échapper plus longtemps à MM. les Inspecteu
178
progresse qu’à la faveur de malentendus (si tant
est
qu’il progresse.) L’école nouvelle n’échappe à l’absurdité primaire q
179
as. Mais du point de vue de la vérité, force nous
est
de reconnaître que notre dilemme subsiste dans son intégrité et son u
180
rité et son urgence. 7. Ou des appareils qui en
tiennent
lieu. 8. Voir à l’appendice le sens que je donne à ce mot, p. 57.
181
rpétue ; de quel droit il nous écrase. La réponse
est
simple, terriblement simple : du droit de la Démocratie. L’instructio
182
mocratie. L’instruction publique et la Démocratie
sont
sœurs siamoises. Elles sont nées en même temps. Elles ont crû et embe
183
ique et la Démocratie sont sœurs siamoises. Elles
sont
nées en même temps. Elles ont crû et embelli d’un même mouvement. Mor
184
ntends qu’on ne me conteste pas cette thèse. Elle
est
glorifiée dans tous les banquets officiels par des orateurs émus et i
185
correspondre à des faits patents et simples ; il
serait
vraiment dommage de priver ces Messieurs d’une aubaine pour eux si ra
186
est que la Démocratie sans l’instruction publique
est
pratiquement irréalisable. Ici, je demanderai poliment au lecteur de
187
it pas le temps de se rendre compte que tout cela
est
absurde. Pour qu’on n’ait pas le temps d’écouter la nature qui répète
188
fois, une seule fois, sait bien que tout le reste
est
absurde. Et voilà pour les sœurs siamoises. Continuons. La démocrati
189
ocratie doit à l’École de vivre encore. Mais ce n’
est
de la part de notre Institutrice qu’un rendu. Car dans ce monde-là «
190
utant 10. Je dis simplement ceci : leur œuvre n’a
été
possible que parce qu’elle était liée aux intérêts de la démocratie.
191
i : leur œuvre n’a été possible que parce qu’elle
était
liée aux intérêts de la démocratie. Car il faut bien se représenter q
192
cratie. Car il faut bien se représenter qu’elle n’
était
encore au xviiie siècle qu’une utopie de partisans. Il ne serait guè
193
xviiie siècle qu’une utopie de partisans. Il ne
serait
guère plus fou de proposer aujourd’hui qu’on répande universellement
194
atoirement l’art du saxophone ou de la balalaïka.
Soyez
certains qu’il ne manque à cette plaisanterie, pour prendre corps, qu
195
re instrument de progrès par excellence. Car il n’
est
qu’une explication vraisemblable de cette incurie : l’école, sous sa
196
it suffisamment son rôle politique et social, qui
est
de fabriquer des électeurs (si possible radicaux, en tout cas démocra
197
il torve. Durant l’opération, tous les crânes ont
été
décervelés et dotés d’une petite mécanique à quatre sous qui suffit à
198
taux qui peuvent apparaître chez les enfants ? Ce
serait
de l’art pour l’art. On ne peut pas en demander tant aux gouvernement
199
vernements. La réforme scolaire, politiquement, n’
est
pas rentable. Il est clair que si le but principal de l’instruction p
200
e scolaire, politiquement, n’est pas rentable. Il
est
clair que si le but principal de l’instruction publique était d’éduqu
201
que si le but principal de l’instruction publique
était
d’éduquer le peuple d’une façon désintéressée, les gouvernements sera
202
uple d’une façon désintéressée, les gouvernements
seraient
un peu plus fous qu’on n’ose les imaginer de ne pas entreprendre sur
203
les gouvernements savent ce qu’ils font. Tout se
tient
, comme vous dites, sans doute pour m’ôter l’envie de bousculer quoi q
204
oute pour m’ôter l’envie de bousculer quoi que ce
soit
. J’aime bien les tremblements de terre, vous tombez mal. J’appartiens
205
. Et quand vous les démoliriez tous, ma rage n’en
serait
pas moins légitime. Je lui donne raison par définition. Après tout, p
206
gies politiques, et peu m’importerait que l’École
soit
une machine à fabriquer de la démocratie — si je ne sentais menacées
207
ns cette aventure des valeurs d’âme auxquelles je
tiens
plus qu’à tout. Ma haine de la démocratie est l’aboutissement de l’év
208
e tiens plus qu’à tout. Ma haine de la démocratie
est
l’aboutissement de l’évolution dont je viens de décrire la marche néc
209
ourgeois. Essayez de venir me dire ça chez moi, n’
est
-ce pas, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où je participais
210
our amorcer le dégel de ces principes, et ce peut
être
le signal de la grande débâcle printanière. Il n’y a pas de révolutio
211
. 10. Voir note A à la fin du livre, p. 65. 11.
Est
-il besoin de déclarer formellement qu’une telle attitude n’est en auc
212
de déclarer formellement qu’une telle attitude n’
est
en aucune façon tributaire de l’idéologie réactionnaire à la mode. Ma
213
le procureur prit un ton plus grave). L’école s’
est
vendue à des intérêts politiques. C’était là, nous venons de le voir,
214
s promet de tous côtés de belles catastrophes. Je
suis
de ceux qui s’en réjouissent mauvaisement. (« C’est bien fait. C’étai
215
étend ouvertement nous éduquer. D’ailleurs elle y
est
obligée dans la mesure où elle réalise son ambition : soustraire les
216
ais schématiques. Or l’École radicale ne peut pas
être
idéaliste : car elle deviendrait un danger pour le désordre établi. L
217
it un danger pour le désordre établi. L’idéalisme
est
forcément révolutionnaire dans un monde organisé pour la production.
218
ion. Ceci fait, constatez avec moi que la famille
était
encore un milieu naturel, donc normatif. Le collège au contraire est
219
u naturel, donc normatif. Le collège au contraire
est
un milieu antinaturel, et les normes sociales qu’on prétend y substit
220
qu’on prétend y substituer à celles de la famille
sont
falsifiées. Non seulement l’École ne constitue pas le pôle idéaliste
221
e époque ! On parle sans cesse de ses besoins. Il
est
vrai qu’elle est anormalement insatiable… Je crois qu’elle a surtout
222
le sans cesse de ses besoins. Il est vrai qu’elle
est
anormalement insatiable… Je crois qu’elle a surtout besoin d’une purg
223
je répondrai que dans la mesure où cette exigence
est
satisfaite naît un nouveau besoin qui est précisément d’échapper à ce
224
xigence est satisfaite naît un nouveau besoin qui
est
précisément d’échapper à cette organisation. Or il semble bien que no
225
cette organisation. Or il semble bien que nous en
soyons
-là, s’il faut en croire les signes de révolte qui apparaissent de tou
226
s d’une renaissance de l’esprit dont elle devrait
être
la mère. Elle favorise le culte exclusif de l’utile, l’incompréhensio
227
u contraire, elle prépare des esclaves du mot. Il
est
clair, par exemple, que seules les victimes de l’instruction helvétiq
228
e seules les victimes de l’instruction helvétique
sont
capables d’absorber sans fou rire les discours de tirs fédéraux. On a
229
se résigner à l’état de citoyen bagnard auquel il
est
promis. Mais elle tue tout ce qui lui donnerait l’envie de se libérer
230
le procès de la bêtise humaine qu’en tant qu’elle
est
cultivée par l’État), l’École, après avoir entraîné l’âme moderne dan
231
et d’ailleurs, vous aimez les idées généreuses, n’
est
-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit
232
s aimez les idées généreuses, n’est-ce pas ? J’en
étais
sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre, et mêm
233
étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne
soit
pas le vôtre, et même que sa nature ne l’entraîne dans une direction
234
férez le surplace. Ainsi l’instruction publique s’
est
arrêtée aux environs de 1880 et depuis lors n’a guère bougé. Le moteu
235
public perçoit que « l’instrument de progrès » n’
est
qu’un camouflage à l’abri duquel on distille du radicalisme intégral.
236
observer que beaucoup des servants de la machine
sont
socialistes ou conservateurs : voilà qui ne change pas le rendement,
237
: avoir obtenu un conformisme de la curiosité. Il
est
vrai qu’il ne fallait pas moins pour assurer la sécurité d’un régime
238
auteuils ; car un peuple d’électeurs fantaisistes
serait
parfois tenté de retirer brusquement ces sièges, farce connue et qui
239
celle-ci : je prétends que l’instruction publique
est
une puissance conservatrice. — Pas moins ! Elle est destinée à légiti
240
t une puissance conservatrice. — Pas moins ! Elle
est
destinée à légitimer par la force de l’inertie et à perpétuer mécaniq
241
’inertie et à perpétuer mécaniquement tout ce qui
est
depuis Numa Droz. Conservatrice, et non pas réactionnaire, non, même
242
gent, stimulent, vivifient. L’École se contente d’
être
figée. Est-ce un frein ? Même pas. C’est plutôt une vase où s’enlise
243
ent, vivifient. L’École se contente d’être figée.
Est
-ce un frein ? Même pas. C’est plutôt une vase où s’enlise notre civil
244
rver des siècles encore… Or si je dis que l’École
est
contre le progrès, c’est que le progrès consiste à dépasser la Démocr
245
dant point de le dire, avec ce sens du cliché qui
est
un hommage à vos maîtres respectés. La Démocratie, par le moyen de l’
246
e opération deux temps : d’abord critiquer ce qui
est
— par la comparaison avec ce qui fut ou ce qui devrait être ; ensuite
247
iquer ce qui est — par la comparaison avec ce qui
fut
ou ce qui devrait être ; ensuite, préparer le terrain pour les jeux n
248
la comparaison avec ce qui fut ou ce qui devrait
être
; ensuite, préparer le terrain pour les jeux nouveaux que l’humanité
249
social correspond à un recul humain. Par exemple,
est
-ce un progrès que d’avoir remplacé les hiérarchies de tradition, avec
250
t de grandeur que ce mot comporte — quelles qu’en
soient
d’ailleurs les réalisations —, par des hiérarchies rond-de-cuiresques
251
des hiérarchies rond-de-cuiresques dont l’origine
est
un pis-aller, dont la méthode est le tirage au flanc lucratif, dont l
252
dont l’origine est un pis-aller, dont la méthode
est
le tirage au flanc lucratif, dont l’esprit est la jalousie rancie arm
253
de est le tirage au flanc lucratif, dont l’esprit
est
la jalousie rancie armée de pédantisme, et je ne parle pas du décor,
254
critique du fonctionnarisme, vous alliez le dire,
est
un ramassis de lieux communs. Mais il s’en faut, hélas, de beaucoup p
255
électeurs les considèrent comme tels. Et je ne me
tiendrai
pas pour battu quand on m’aura fait remarquer que la plupart des inte
256
ait remarquer que la plupart des intellectuels se
sont
convertis depuis longtemps à ces idées antidémocratiques : il est tem
257
puis longtemps à ces idées antidémocratiques : il
est
temps qu’elles débordent ce cercle étroit et distingué. Il y a de gra
258
ponse que je lui réserve ? L’instruction publique
est
la forme la plus commune de la peste rationaliste qui sévit dans le m
259
alistes. En vérité, démocratie et rationalisme ne
sont
que deux aspects, l’un politique, l’autre intellectuel, d’une même me
260
’autre intellectuel, d’une même mentalité. Elle s’
est
développée au xviiie dans l’aristocratie qui n’y voyait qu’un jeu. D
261
i n’y voyait qu’un jeu. Durant tout le xixe elle
est
descendue dans la bourgeoisie et dans le peuple ; elle y est devenue
262
ue dans la bourgeoisie et dans le peuple ; elle y
est
devenue une tyrannie. Avant il y avait la Raison et les sentiments. M
263
mière tâche constitue un programme si riche qu’il
est
superflu d’en formuler une seconde. Laissons ce soin, à des génératio
264
gélienne ; on y retrouve facilement les triades :
être
— négation de l’être — nouvel être. Notre époque serait le deuxième t
265
uve facilement les triades : être — négation de l’
être
— nouvel être. Notre époque serait le deuxième temps d’une de ces tri
266
les triades : être — négation de l’être — nouvel
être
. Notre époque serait le deuxième temps d’une de ces triades. Son rati
267
— négation de l’être — nouvel être. Notre époque
serait
le deuxième temps d’une de ces triades. Son rationalisme nie l’être s
268
emps d’une de ces triades. Son rationalisme nie l’
être
sous toutes ses formes, traduit tout en relations et veut rendre tout
269
existences particulières, ou bien c’est qu’elles
sont
déjà mortes. Mais le temps vient où elles renaîtront à une vie nouvel
270
périeur d’inconscience, si je puis dire. Alors ce
sera
au tour de l’instinct d’intégrer la raison. Je crois que nous approch
271
çonnaient-ils que la république qu’ils appelaient
serait
livrée cent ans plus tard à peine à la folie démocratique, cette dans
272
déjà secrètement, que ce mépris et ce scepticisme
sont
d’un ridicule écrasant, sous lequel vous ne tarderez pas à périr.
273
us rassurer quant à ma santé morale.) La question
est
de savoir si nous serons des hommes de chair et d’esprit, ou des pant
274
santé morale.) La question est de savoir si nous
serons
des hommes de chair et d’esprit, ou des pantins articulés. (Qui tiend
275
chair et d’esprit, ou des pantins articulés. (Qui
tiendra
les ficelles, peu importe.) Les économistes (mot stupide) et les phil
276
s s’accordent sur un point : le salut de l’Europe
est
lié à la naissance d’une nouvelle attitude de l’âme. Ceci revient à d
277
tue ce manque d’imagination dont les conséquences
seront
matériellement catastrophiques pour peu que cela continue. Qu’on ne s
278
. Qu’on ne s’y trompe pas : le sens technique qui
tient
lieu d’imagination à l’homme moderne n’est pas créateur d’êtres spiri
279
qui tient lieu d’imagination à l’homme moderne n’
est
pas créateur d’êtres spirituellement vivants, ni d’aucune grandeur su
280
magination à l’homme moderne n’est pas créateur d’
êtres
spirituellement vivants, ni d’aucune grandeur supérieure à la somme d
281
publique. Cela promet des grabuges inouïs. Il ne
tient
peut-être qu’à une forte équipe d’idéalistes pratiques d’en faire sor
282
ants de l’ordre spirituel retrouvent le courage d’
être
, malgré les mots 14, des anarchistes et des utopistes. J’appelle anar
283
des utopistes. J’appelle anarchiste, tout ce qui
est
violemment et intégralement humain. L’anarchie est un degré d’intensi
284
st violemment et intégralement humain. L’anarchie
est
un degré d’intensité dans la vie, non pas un parti. Tout extrémiste,
285
extrémiste, de droite comme de gauche, se trouve
être
dans une certaine mesure un anarchiste s’il défend son opinion de tou
286
un anarchiste embrigadé. L’anarchiste que j’aime
est
simplement un homme libre qui a une foi (ou un amour) et qui s’y cons
287
l’inventeur. Les sots vont répétant que c’est un
être
qui ignore le réel. C’est justement parce qu’il le connaît mieux qu’e
288
ignifie pas s’y soumettre sans combat. L’utopiste
est
celui qui ne se résigne à aucun état des choses. Il est pour le « mie
289
lui qui ne se résigne à aucun état des choses. Il
est
pour le « mieux » contre le « bien ». Sans lui l’humanité s’avachirai
290
s lui l’humanité s’avachirait totalement. Mais il
est
dans l’ordre qu’elle beugle longuement tout en le suivant. Que faire,
291
ple, je vous demande une fois pour toutes si vous
tenez
, oui ou non, M. W. Rosier, auteur de manuels d’histoire et de géograp
292
us, pour l’esprit le plus dangereusement plat qui
soit
. (Il est plus que plat : il est creux.) Si beaucoup de personnes répo
293
’esprit le plus dangereusement plat qui soit. (Il
est
plus que plat : il est creux.) Si beaucoup de personnes répondent oui
294
usement plat qui soit. (Il est plus que plat : il
est
creux.) Si beaucoup de personnes répondent oui, cela finira par créer
295
t là l’occasion de racheter bien des choses. Ce n’
est
rien de moins qu’une rédemption du journalisme, ce que je propose-là.
296
er. Il s’agit de lui faire comprendre que l’école
est
le plus gros obstacle à sa culture. Et c’est cela, préparer le terrai
297
e terrain. D’autre part, il faut partir de ce qui
est
. Mais comment retourner contre l’ennemi ses propres batteries ? Autre
298
d’une concentration, dans quelque domaine que ce
soit
. Si l’Occident comprenait cette vérité élémentaire et en tirait des c
299
rait des conclusions immédiates, non seulement il
serait
sauvé du désastre, mais il recouvrerait la domination du monde 16 et
300
piration. Il ne s’agit nullement de cela. Nous ne
sommes
pas aux Indes, je vous jure que je m’en doute. Mais l’Occidental auss
301
des sources d’énergie nouvelle. Le parallèle peut
être
poussé dans les détails. Il s’agit bien d’un geste identique, exécuté
302
que, exécuté dans deux plans différents. Le drill
est
un yoga corporel, le yoga est un drill de l’esprit. Je sais que ces d
303
ifférents. Le drill est un yoga corporel, le yoga
est
un drill de l’esprit. Je sais que ces deux mots sont bien dangereux e
304
t un drill de l’esprit. Je sais que ces deux mots
sont
bien dangereux et impopulaires. Tout comme ce qu’ils désignent d’aill
305
regarder. De faire connaissance. Je ne sais s’il
est
très exagéré de dire que tout homme gagnerait à posséder une plus gra
306
re les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’il
soit
bon que tous progressent de la même manière. Dans un système de cultu
307
sants. De même, le bien supérieur de quelques-uns
est
plus utile à tous que le bien médiocre de beaucoup. La valeur vaut mi
308
nce. Et c’est pourquoi l’aristocratie de l’esprit
est
nécessaire au bien public. Certains proposent en rougissant de leur h
309
… Par la force des choses et de l’Esprit, l’homme
sera-t
-il sauvé de sa folie démocratique ? Areuse, 26 décembre 1928-10 ja
310
e, 26 décembre 1928-10 janvier 1929. NOTE A On
est
toujours tenté d’attribuer à ses adversaires des intentions noires et
311
noires et consciemment criminelles. Ce travers a
été
développé jusqu’au ridicule par la démocratie. Les journaux, les cerc
312
re : « Mais Monsieur, M. Machin que vous attaquez
est
pourtant un très brave homme, il fait partie du conseil de la paroiss
313
e du conseil de paroisse. Je préciserai donc : je
tiens
l’École pour criminelle. Mais je ne tiens pas tous les instituteurs p
314
nc : je tiens l’École pour criminelle. Mais je ne
tiens
pas tous les instituteurs pour gibier de potence. Ils font beaucoup d
315
er de potence. Ils font beaucoup de mal, mais ils
sont
les premières victimes d’un système qu’ils propagent et qui les fait
316
rend conscience de la nocivité de son action… Ils
sont
consciencieux, certes, mais sont-ils dans la même mesure conscients d
317
son action… Ils sont consciencieux, certes, mais
sont
-ils dans la même mesure conscients des fins qu’on assigne à leur acti
318
que a une foi et la conscience de cette foi, il n’
est
d’enseignement véritable que religieux. Mais les questions confession
319
ez de la grande vulgarité de mes attaques. Ce qui
est
vulgaire, au plein sens du mot, c’est le genre distingué de la bourge
320
is. 16. On promet des confitures à l’enfant s’il
est
sage. Moi je m’en moque. Je n’aime que la liberté.
321
me en colère, aussi injuste qu’un pamphlet doit l’
être
, j’ai le triste plaisir de constater que mon texte n’a pas vieilli, p
322
l écrit aujourd’hui ceci : L’Éducation nationale
est
à l’image exacte du système étatique dont elle est l’un des complémen
323
st à l’image exacte du système étatique dont elle
est
l’un des compléments vitaux 17. Loin de partager l’illusion d’un Vic
324
e textes ». J’observais que les instituteurs « ne
sont
jamais sortis de l’école » et que du « bon élève » à l’instituteur la
325
du « bon élève » à l’instituteur la différence n’
est
qu’une question d’âge, non d’expérience de la vie ; et j’entends un j
326
issance de crétinisation lente » dont le seul but
était
le « rendement » et la vraie religion, celle de la production. Le 28
327
écoliers. Nous nous ennuyons continuellement… Qu’
est
-ce qu’ils ont à vouloir nous abrutir dans cette société basée sur le
328
entes de mon pamphlet de 1928. Toutes les écoles
sont
de parfaits abattoirs où des fournées de gosses vont quotidiennement
329
iliation, la répression, l’égalisation de tous en
êtres
uniformes… l’Éducation apparaît comme un des meilleurs piliers de nos
330
gies sous-entendues par une aspiration égalitaire
soient
remises en cause » 22. Faut-il vraiment que l’École ait peu changé po
331
au droit à l’instruction ». En effet, l’École s’
est
chargée — ou plutôt : l’État l’a chargée — de l’ensemble des attribut
332
l’a chargée — de l’ensemble des attributions qui
furent
naguère celles de l’Église et de la Morale publique et de la Famille,
333
ille, en plus de celles du maître ès arts. « Elle
est
la gardienne des enfants, elle a la charge de la sélection, de l’endo
334
er à l’école ; ils apprennent à l’école ; l’école
est
le seul endroit où ils puissent apprendre. » Mais confondre l’éducati
335
confondre le salut et l’Église ». (p. 27) L’École
est
devenue la religion de l’État-nation. (p. 27) Elle doit en inculquer
336
ont le traitement revient aux écoles, afin qu’ils
soient
prêts à être absorbés par la machine industrielle ». (p. 114) 24 Mai
337
nt revient aux écoles, afin qu’ils soient prêts à
être
absorbés par la machine industrielle ». (p. 114) 24 Mais l’École s’e
338
chine industrielle ». (p. 114) 24 Mais l’École s’
est
laissé étatiser, l’État en retour s’est laissé scolariser, et toute l
339
l’École s’est laissé étatiser, l’État en retour s’
est
laissé scolariser, et toute la société en subit les effets. « On peut
340
’éducation, mais la réalité sociale elle-même, se
sont
scolarisées. » (p. 13) Un cercle vicieux s’institue (dès la fin du xi
341
’ils s’y instruisent. Mais cette sagesse, d’où la
tenons
-nous, sinon des écoles ? » (p. 56) Ivan Illich propose alors trois th
342
llich propose alors trois thèses : — « La Société
est
susceptible désormais d’être déscolarisée. » (p. 9) — « Nous avons ma
343
èses : — « La Société est susceptible désormais d’
être
déscolarisée. » (p. 9) — « Nous avons maintenant besoin d’une séparat
344
première thèse que je bute ; si convaincu que je
sois
de la nécessité de libérer l’homme des modes de vivre, d’agir et de p
345
par nos écoles, je ne crois pas que notre société
soit
« susceptible » d’être déscolarisée. Si elle le pouvait, ce serait un
346
rois pas que notre société soit « susceptible » d’
être
déscolarisée. Si elle le pouvait, ce serait une autre société. On ne
347
ble » d’être déscolarisée. Si elle le pouvait, ce
serait
une autre société. On ne changera pas l’École sans changer l’État qui
348
société, ceux qui pourraient changer l’État, ont
été
formés par l’École pour le servir : ils n’admettront jamais l’idée de
349
État rénové, contrairement à ce que chacun croit,
est
réalisable en pratique, mais impossible en imagination. L’obstacle es
350
tique, mais impossible en imagination. L’obstacle
est
dans les têtes, non dans les faits. Quant à séparer l’École de l’État
351
rofit. Si donc la forme de l’État vient un jour à
être
changée, cela ne pourra se produire que par l’intervention de facteur
352
pourra redécouvrir ses finalités véritables, qui
sont
universelles et personnelles. ⁂ Illich est convaincu que l’homme naît
353
, qui sont universelles et personnelles. ⁂ Illich
est
convaincu que l’homme naît bon, mais que l’École étatique le corrompt
354
té sécurisante. Ces craintes, je le reconnais, ne
sont
guère moins arbitraires et guère moins sujettes à caution que les esp
355
le sous toutes ses formes. ⁂ « Notre enseignement
est
irréel. Il se condamne à l’échec parce qu’il continue de proposer les
356
oser les images et les mythes d’une société qui n’
est
plus la nôtre. Il rend nos enfants méfiants à l’égard de ce qui sera
357
Il rend nos enfants méfiants à l’égard de ce qui
sera
la réalité de leur vie. » Ainsi parle, à Paris, le plus récent minis
358
que je n’en sais rien encore, conditionné que je
suis
par le système qu’il s’agirait précisément d’éliminer. Avant d’imagin
359
qui me paraisse utilisable : l’avenir de l’École
sera
lié — comme le fut sa genèse — au sort de l’État national. Napoléon c
360
lisable : l’avenir de l’École sera lié — comme le
fut
sa genèse — au sort de l’État national. Napoléon crée le modèle de la
361
1880. Les deux guerres mondiales de 1914 et 1939
sont
les résultantes nécessaires du stato-nationalisme et elles le renforc
362
ionalisme et elles le renforcent par rétroaction.
Soit
que l’État s’avoue franchement totalitaire, ou qu’il se donne encore
363
t militaire. Si l’État exige que tous les enfants
soient
scolarisés, c’est parce qu’autrement il y aurait déficit dans la main
364
bles de modification. Voici comment : Les régions
sont
formées quant à leur territoire et à leur administration, par des syn
365
s citoyens. Les conditions d’une vraie communauté
étant
ainsi restituées, une intégration plus éducative et plus heureuse des
366
us ne pouvons ni savoir ni voir clairement ce que
sera
l’École demain. Nous pouvons seulement reconnaître que le fait de for
367
six heures par jour pendant huit ans et quels que
soient
leurs dons ou leurs désirs, à suivre le même cours d’étude, dans les
368
d’étude, dans les mêmes branches et sans bouger,
est
une bien trop longue brimade, une torture, à la limite, pour les meil
369
torture, à la limite, pour les meilleurs. L’école
est
devenue synonyme de malheur quotidien pour des millions d’enfants. No
370
jour, permettra d’animer la société même dont il
sera
l’expression, tout en ayant contribué à la former, — par rétroaction
371
évèleront peut-être un jour complémentaires. ⁂ Il
est
clair qu’on apprend beaucoup plus vite, dans le bonheur et l’excitati
372
oposa de nous faire à nous deux une langue qui ne
serait
connue que de nous ; je me passionnais pour cette idée. Nous formâmes
373
un Dictionnaire, dans lequel chaque mot français
était
traduit d’un mot grec. Tout cela se gravait merveilleusement dans ma
374
ma tête, parce que je m’en croyais l’inventeur… J’
étais
alors âgé de 5 ans. » Et voilà qui confirme Illich, si l’on admet tou
375
e que nie systématiquement l’École primaire. ⁂ Il
serait
donc possible, et l’on en voit le profit, de raccourcir de moitié ou
376
ême destination. « Le jour viendra — et peut-être
est
-il déjà venu — où les enfants apprendront beaucoup plus vite au conta
377
et se prend pour sa propre fin, c’était fatal. Qu’
est
-ce qu’un enseignant ? C’est un enseigné qui se lève au premier rang p
378
ement a pour objectif réel le diplôme. Le diplôme
est
l’ennemi mortel de la culture » (Paul Valéry). Car la fin du diplôme
379
culture » (Paul Valéry). Car la fin du diplôme n’
est
pas la connaissance, ni la sagesse, ni l’art ou science d’un équilibr
380
ps ? Pourquoi cette discipline de la classe qui n’
est
nullement une discipline de l’esprit ? Cette « correction » contraire
381
é ? Parce que le but tacite et dernier de l’École
est
de former des agents d’accroissement du PNB, si l’on est aux États-Un
382
former des agents d’accroissement du PNB, si l’on
est
aux États-Unis ; des sujets obéissants d’une nation prêts au sacrific
383
’une nation prêts au sacrifice militaire, si l’on
est
en Europe de l’Ouest ; ou enfin des militants conditionnés dans les p
384
vrai dire partout, mais assez inégales.) Quel que
soit
le régime régnant, capitaliste ou socialiste d’étiquette, c’est encor
385
cependant pareil en Russie soviétique à ce qu’il
est
dans nos démocraties, républicaines ou monarchiques d’ailleurs — expl
386
surément de la même chose que nous parlions. Mais
était
-ce le fait d’un « fasciste » ou d’un « réactionnaire » que de l’attaq
387
ent ce que j’appelais en 1928 « démocratie ». Il
est
clair que le mot peut avoir d’autres sens, supporter d’autres définit
388
par Proudhon, a soutenu que la vraie démocratie n’
est
concevable et pratiquée en fait que dans les petites communautés. « P
389
ique convient aux petits États… ceux où le peuple
est
plus facile à rassembler. » 26 Plus un État est populeux, plus le pou
390
e est plus facile à rassembler. » 26 Plus un État
est
populeux, plus le pouvoir doit y être concentré. À la limite, il faut
391
Plus un État est populeux, plus le pouvoir doit y
être
concentré. À la limite, il faut un dictateur. Et ceci nous ramène aux
392
à la vie de leur communauté. Or, la communauté n’
est
pas réelle au niveau de l’État-nation, mais bien plus haut — l’Europe
393
sponsable, il faut lui en donner les moyens ; qui
sont
d’abord une ou plusieurs communautés réelles, ensuite l’information r
394
rope, en juillet 1972, demande deux choses que je
tiens
pour décisives : « Régionaliser aux degrés primaire et secondaire l’e
395
réalités économiques et sociales, qui se trouvent
être
, comme les réalités écologiques d’ailleurs, les plus propres à faire
396
lution sociale et scolaire que j’appelle : elle n’
est
ni de gauche ni de droite, elle n’oppose au profit sacralisé que l’ho
397
’a pas prouvé que l’éducation scolaire officielle
était
indispensable pour faire un bon citoyen… », la Cour suprême acquitte
398
c les droits ou les intérêts d’autrui, ne saurait
être
condamnée parce qu’elle est différente. Et rien ne nous permet de pré
399
d’autrui, ne saurait être condamnée parce qu’elle
est
différente. Et rien ne nous permet de présumer que la majorité actuel
400
t tort de mener leur vie comme ils la mènent… Je
tiens
ces phrases pour simplement sublimes. À Ferney, juillet 1972.