1 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Préface à l’édition de 1956
1 recque m’ont amicalement reproché de contraster l’ Éros et l’Agapè d’une manière trop irrémédiable1, et qui ne laisse point d
2 des points de vue représentés par Anders Nygren ( Éros et Agapè) et par ce livre.
2 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre II. Les origines religieuses du mythe
3 ur d’être soi et d’être deux dans l’amour même. L’ Éros , c’est le Désir total, c’est l’Aspiration lumineuse, l’élan religieux
4 aboutit à ce qui est non-désir. La dialectique d’ Éros introduit dans la vie quelque chose de tout étranger aux rythmes de l
5 cturne : « Sais-tu que je suis fée ? », dit-elle. Éros a revêtu les apparences de la Femme, symbole de l’au-delà et de cette
6 t le Jour incréé. Et sa passion, c’est le culte d’ Éros , le Désir qui méprise Vénus, même quand il souffre volupté, même quan
7 limitée, obscurcie par la multiplicité immédiate. Éros , notre Désir suprême, n’exalte nos désirs que pour les sacrifier. L’a
8 aboutissent à condamner sa vie « finie ». Le dieu Éros exalte et sublime nos désirs, les rassemblant dans un Désir unique, q
9 on de l’amour fait apparaître le prochain. Pour l’ Éros , la créature n’était qu’un prétexte illusoire, une occasion de s’enfl
10 ne action positive, une action de transformation. Éros cherchait le dépassement à l’infini. L’amour chrétien est obéissance
11 e des religions.) ⁂ Maintenant, rappelons-nous qu’ Éros veut l’union, c’est-à-dire la fusion essentielle de l’individu dans l
12 e de notre désir. Nous aurons beau sublimer notre Éros , il ne sera jamais que nous-mêmes ! Point d’illusions ni d’optimisme
13 lité de sa détresse et de son espérance ; et si l’ Éros n’a pas de prochain — n’est-on pas en droit de conclure que cette for
14 ent se développer au sein des peuples qui adorent Éros  ? Et qu’au contraire, les peuples chrétiens — historiquement les peup
15 ue l’amour-passion, forme terrestre du culte de l’ Éros , envahit la psyché des élites mal converties et souffrant du mariage.
16 s et moyens historiques de cette renaissance de l’ Éros . Or nous avons déjà fixé sa date : vers le début du xiie siècle. (Da
17 union des corps, tandis que l’« Amor », qui est l’ Éros suprême, est l’élancement de l’âme vers l’union lumineuse, au-delà de
18 u cœur des clunisiens dans les mêmes termes que l’ Éros à l’Agapè… Incompatible au reste, faut-il le préciser, avec cet autre
3 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre III. Passion et mystique
19 aut, théoriquement, à toute mystique fondée sur l’ Éros lumineux. Mais il faut indiquer la dernière limite, qui est celle de
20 — selon la lettre du Roman — ou d’un symbole de l’ Éros lumineux, voire de l’Église d’Amour ? On conçoit donc que, par la sui
21 N’a-t-elle pas abusé la première du langage de l’ Éros païen ? 4.Les Mystiques orthodoxes et le langage de la passion
22 ident en ramenant leurs mystiques respectives à l’ Éros et à l’Agapè, d’une manière assez analogue à celle que nous proposion
23 nien n’est nullement l’Agapè chrétienne ; c’est l’ Éros grec, qui est jouissance, et jouissance d’une naturelle et surnaturel
24 ses plus subtiles sublimations quelque chose de l’ Éros du Symposium platonicien, grand Daimon qui, de la ferveur de l’instin
25 son Agapè n’a pas le moindre trait commun avec l’ Éros platonicien ou plotinien, mais encore elle figure la pureté même du s
26 venture : l’hérésie des « parfaits » descend de l’ Éros à Vénus, elle va jusqu’à confondre avec la poésie d’un amour qui sera
27 t possible, qui signifie non plus jouissance de l’ Éros , mais fécondité de l’Agapè. Ainsi la mystique orthodoxe apparaît-elle
28 de là vient que la confusion était fatale entre l’ Éros divinisant et l’Éros prisonnier de l’instinct. De là vient que la pas
29 nfusion était fatale entre l’Éros divinisant et l’ Éros prisonnier de l’instinct. De là vient que la passion « enthousiaste »
30 tentatives de plus en plus désespérées que fait l’ Éros , pour remplacer la transcendance mystique par une intensité émue. Mai
4 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre IV. Le mythe dans la littérature
31 celler le seul mariage qu’ait jamais pu vouloir l’ Éros . Voici « l’aube » profane, encore une fois, le monde encore une fois
32 e mélancolie de nature essentiellement trouble. L’ Éros courtois voulait nous libérer de la vie matérielle par la mort ; et l
33 quoique féminine, les confusions intéressées de l’ Éros et de l’Agapè. « La vertu est si nécessaire à nos cœurs que, quand on
34 lui-même.156 Et dans les Hymnes à la Nuit, où l’ Éros ténébreux supplie que le matin ne renaisse plus (thème des « aubes »)
35 t et retrouve par lui sa paix. Telle est la voie. Éros mortel, Éros vital — l’un appelle l’autre, et chacun d’eux n’a pour f
36 par lui sa paix. Telle est la voie. Éros mortel, Éros vital — l’un appelle l’autre, et chacun d’eux n’a pour fin véritable
5 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre V. Amour et guerre
37 e celui « qui tombe sous les traits inévitables d’ Éros  ». Plutarque fait voir que la morale sexuelle des Spartiates s’ordonn
6 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre VI. Le mythe contre le mariage
38 vérité la doctrine de l’Amour, c’est-à-dire de l’ Éros divinisant, en conflit éternel et angoissé avec la créature de chair
7 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre VII. L’amour action, ou de la fidélité
39 fférents les sens du mot aimer dans le monde de l’ Éros et dans le monde de l’Agapè. On le voit mieux encore si l’on constate
40 il est l’affirmation de l’être en acte. Et c’est Éros , l’amour-passion, l’amour païen, qui a répandu dans notre monde occid
41 sche injustement reproche au christianisme. C’est Éros , et non pas Agapè, qui a glorifié notre instinct de mort, et qui a vo
42 ui a voulu l’« idéaliser ». Mais Agapè se venge d’ Éros en le sauvant. Car Agapè ne sait pas détruire et ne veut même pas dét
43 e ne veux pas la mort du pécheur, mais sa vie. ⁂ Éros s’asservit à la mort parce qu’il veut exalter la vie au-dessus de not
44 égation. C’est la profonde misère, le désespoir d’ Éros , sa servitude inexprimable : — en l’exprimant, Agapè l’en délivre. Ag
45 ouvait pas l’imaginer. Il était condamné à croire Éros , à se confier dans son désir le plus puissant, à lui demander la déli
46 plus puissant, à lui demander la délivrance. Et l’ Éros ne pouvait le conduire qu’à la mort. Mais l’homme qui croit à la révé
47 est une autre délivrance du péché. Et voici que l’ Éros à son tour se voit relevé de sa fonction mortelle et délivré de son d
48 en ne pouvait autrement que de faire un dieu de l’ Éros  : c’était son pouvoir le plus fort, le plus dangereux et le plus myst
49 signe et la démonstration du triomphe d’Agapè sur Éros . Car l’amour réellement réciproque exige et crée l’égalité de ceux qu
50 ière tout à fait nouvelle, inconnue du monde de l’ Éros  : comme des personnes, non plus comme des reflets ou des objets. Cet
51 de ma personne. » Pieux mensonge204 du servant d’ Éros . Mais de combien de complaisances secrètes se compose une « fatalité 
52 meilleure garantie du plaisir, c’est-à-dire de l’ Éros purement charnel, et non du tout divinisé. Je répète toutefois que le
53 mettent en lumière l’opposition fondamentale de l’ Éros et de l’Agapè, c’est-à-dire des deux religions qui se disputent notre
54 202. Voir le remarquable essai de R. de Pury, «  Éros et Agapè » dans le recueil collectif intitulé Problèmes de la sexuali
55 ésences ») : « Un chrétien peut et doit accepter, Éros en tant qu’Éros, et justement pas en tant qu’Éros sublimé. Éros n’est
56 n chrétien peut et doit accepter, Éros en tant qu’ Éros , et justement pas en tant qu’Éros sublimé. Éros n’est pas le péché ;
57 Éros en tant qu’Éros, et justement pas en tant qu’ Éros sublimé. Éros n’est pas le péché ; le péché c’est la sublimation d’Ér
58 u’Éros, et justement pas en tant qu’Éros sublimé. Éros n’est pas le péché ; le péché c’est la sublimation d’Éros. » 203. En
59 st pas le péché ; le péché c’est la sublimation d’ Éros . » 203. En quoi consiste le respect, au sens où je le prends ici ? E
8 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Appendices
60 froyables massacres. Seule Agapè peut triompher d’ Éros . Mars déchaîné, même contre Éros, n’est guère qu’un autre aspect du «
61 peut triompher d’Éros. Mars déchaîné, même contre Éros , n’est guère qu’un autre aspect du « mal » qu’il veut détruire, et pl
62 ui voit une antithèse entre l’instinct de mort et Éros . L’analyse du mythe nous a montré que cette antithèse est purement ap
9 1972, L’Amour et l’Occident (1972). Post-scriptum
63 cela que j’entendais aussi lorsque je définissais Éros comme « le désir sans fin ». On voit ici comment l’amour courtois et
64 sécurité, extases-durée, passion-mariage, rêver l’ Éros et le subir ou vivre l’Agapè et l’agir. Et j’ai pensé qu’une fois mie
65 tue en hostilité au mariage ; que les finalités d’ Éros et d’Agapè soient en relation d’antinomie systématique, c’est ce que
66 ’un amour exigeant le mystère le mieux défendu, —  Éros et Agapè ne pourraient-ils nouer une alliance paradoxale au sein même
67 i est le mystère de l’autre, excitant à la fois l’ Éros et l’Agapè, ne serait-ce pas une troisième forme de l’amour, homologu
68 s en Jésus-Christ253 ; cependant que le conflit d’ Éros et d’Agapè anime leurs journées et leurs rêves. Enfin la politique, q