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eptionnelle en apparence : le mythe de Tristan et
Iseut
. Il nous faut ce repère fabuleux, cet exemple éclatant et « banal » —
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e européen de l’adultère : le Roman de Tristan et
Iseut
. Au travers du désordre extrême de nos mœurs, dans la confusion des m
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d ici toute sa force : la passion de Tristan et d’
Iseut
est littéralement « contenue » par les règles de la chevalerie. C’est
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réactions qu’il provoque. Le mythe de Tristan et
Iseut
, ce ne sera plus seulement le Roman, mais le phénomène qu’il illustre
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de-t-il d’avouer son nom et l’origine de son mal.
Iseut
, princesse royale, le soigne et le guérit. C’est le Prologue. Quelque
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par le monstre, Tristan est soigné de nouveau par
Iseut
. Un jour, cette princesse découvre que le blessé n’est autre que le m
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révèle la mission dont le roi Marc l’a chargé. Et
Iseut
lui fait grâce, car elle veut être reine. (Selon certains auteurs, c’
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e du philtre, et présente l’amour de Tristan et d’
Iseut
comme une affection spontanée, apparue dès la scène du bain. Eilhart,
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la mission qu’il a reçue du roi. Il conduit donc
Iseut
à Marc, malgré leur trahison. Brangien, substituée à Iseut par ruse,
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arc, malgré leur trahison. Brangien, substituée à
Iseut
par ruse, passera la première nuit nuptiale avec le roi, sauvant ains
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félons » dénoncent au roi l’amour de Tristan et d’
Iseut
. Tristan est banni. Mais à la faveur d’une nouvelle ruse (scène du ve
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de blé. La preuve de l’adultère est ainsi faite.
Iseut
sera livrée à une troupe de lépreux et Tristan condamné à mort. Il s’
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rt. Il s’évade (scène de la chapelle). Il délivre
Iseut
, et avec elle s’enfonce dans la forêt de Morois. Trois ans durant, il
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inq versions). Alors seulement Tristan se repent,
Iseut
se met à regretter la cour… Ils vont trouver l’ermite Ogrin, par l’en
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amants se séparent à l’approche du cortège royal.
Iseut
supplie encore Tristan de demeurer dans le pays jusqu’à ce qu’il soit
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er, « pour son nom et pour sa beauté »4 une autre
Iseut
, l’Iseut « aux blanches mains ». Et en effet, Tristan la laissera vie
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r son nom et pour sa beauté »4 une autre Iseut, l’
Iseut
« aux blanches mains ». Et en effet, Tristan la laissera vierge, car
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et, Tristan la laissera vierge, car il regrette «
Iseut
la bloie ». Enfin, blessé à mort, et de nouveau empoisonné par cette
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aisseau arbore une voile blanche, signe d’espoir.
Iseut
aux blanches mains guettait son arrivée. Tourmentée par la jalousie,
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ui annonce que la voile est noire. Tristan meurt.
Iseut
la blonde débarque à cet instant, monte au château, embrasse le corps
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réduisent à fort peu de choses : Tristan conduit
Iseut
au roi parce qu’il est lié par la fidélité du chevalier ; — les amant
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ce que le philtre cesse d’agir ; — Tristan épouse
Iseut
aux blanches mains « pour son nom et pour sa beauté ». Maintenant, ce
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e extérieure ne saurait donc l’empêcher d’enlever
Iseut
et d’obéir à son destin. Les mœurs du temps sanctionnent le droit du
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oserait à son retour auprès du roi, donc auprès d’
Iseut
… D’autre part, n’est-il pas fort étrange que les poètes du xiie sièc
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n’a de cesse qu’il ne rentre à la cour, auprès d’
Iseut
… Et ce philtre qui cesse d’agir, n’était-il pas destiné aux époux ? A
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heur d’un couple. Et quand Tristan épouse l’autre
Iseut
« pour son nom et pour sa beauté » mais cependant la laisse vierge, n
27
Un moderne commentateur du Roman de Tristan et
Iseut
veut y voir un « conflit cornélien entre l’amour et le devoir ». Cett
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fait pas. Or, dans Tristan, les barons dénoncent
Iseut
au roi Marc : ils devraient donc passer pour « féaux » et loyaux. Et
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tels que ceux de l’épée de chasteté, du retour d’
Iseut
à son mari après la retraite dans le Morois, ou même du mariage blanc
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ent les modernes, permettrait à Tristan d’enlever
Iseut
, après qu’ils ont bu le philtre. Cependant il la livre à Marc : c’est
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l’audace de poser la question : Tristan aime-t-il
Iseut
? Est-il aimé par elle ? (Seules les questions « stupides » peuvent n
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ventionnelle. Et quand Tristan revient en quête d’
Iseut
, on se souvient que cette politesse fait place à la plus franche host
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ié partir, N’ele de moi… Ainsi parle Tristan. Et
Iseut
après lui : Sire, por Dieu omnipotent, Il ne m’aime pas, ne je lui,
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en beles chambres… portendues de dras de soie ».
Iseut
de son côté, à la même heure, conçoit les mêmes regrets. Le soir venu
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ur obtenir son pardon — et celui du roi Marc pour
Iseut
. Ici se place le court dialogue si dramatique entre l’ermite et les d
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a réponse favorable du roi acceptant de reprendre
Iseut
: Dex ! dist Tristan, quel départie ! Mot est dolenz qui pert s’amie
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le réponse demeure ici digne du mythe. Tristan et
Iseut
ne s’aiment pas, ils l’ont dit et tout le confirme. Ce qu’ils aiment,
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aimer, bien plus qu’il n’aime Iseut la Blonde. Et
Iseut
ne fait rien pour retenir Tristan près d’elle : il lui suffit d’un rê
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: celui d’Iseut la Blonde avec le roi, et celui d’
Iseut
aux blanches mains avec Tristan. Le premier de ces mariages est l’obs
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nne pas plus de trois ans à l’amour de Tristan et
Iseut
. Et en effet, la grande sagesse du vieux Béroul, c’est d’avoir limité
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r limité à cette durée l’action du philtre : « La
mère Iseut
qui le bollit. — À trois anz d’amistié le fist. » Sans le mari, il ne
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ne conçoit pas que Tristan puisse jamais épouser
Iseut
. Elle est le type de femme qu’on n’épouse point, car alors on cessera
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res. Lorsque Tristan soupire à voix basse après l’
Iseut
perdue, le frère d’Iseut aux blanches mains croit son ami amoureux de
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mythe, il n’y aurait pas de roman, si Tristan et
Iseut
pouvaient dire quelle est la fin qu’ils se préparent de toute leur vo
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ythe. Amour réciproque, en ce sens que Tristan et
Iseut
« s’entr’aiment », ou du moins, qu’ils en sont persuadés. Et il est v
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e tuer. — Navigation et philtre, péché consommé ;
Iseut
livrée. — Tristan banni de la cour. Rendez-vous sous l’arbre. — Trist
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oigne. — Longue séparation, mariage de Tristan. —
Iseut
approche et Tristan meurt. Puis mort d’Iseut. Résumons encore : une s
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n. — Iseut approche et Tristan meurt. Puis mort d’
Iseut
. Résumons encore : une seule longue période de réunion (l’aspre vie)
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rien connu de semblable à l’amour de Tristan et d’
Iseut
. On sait assez que pour les Grecs et les Romains, l’amour est une mal
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par ailleurs que l’anneau (échangé par Tristan et
Iseut
) est le signe d’une fidélité qui justement n’est pas celle des corps.
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t et c’est d’elle que l’on apprend la magie ». (L’
Iseut
celtique était aussi une magicienne, « objet de contemplation, specta
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voir dans la liaison malheureuse de Tristan et d’
Iseut
le résultat d’un complexe œdipien : à quoi s’oppose toutefois le fait
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uait avec profondeur que le roman de Tristan et d’
Iseut
rend un son particulier, qui ne se trouve guère dans la littérature d
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s cruel conflit, lorsqu’au soir de ses noces avec
Iseut
aux blanches mains, il ne peut se résoudre à posséder sa femme : « Tr
55
e résoudre à posséder sa femme : « Tristan désire
Iseut
aux blanches mains pour son nom et pour sa beauté, car, quelle qu’eût
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dont il doublera son tourment. » Du seul fait qu’
Iseut
aux blanches mains est devenue sa femme légitime, il ne doit plus et
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ur ; c) il décide que le mariage de Tristan avec
Iseut
aux blanches mains ne fut pas « blanc », mais consommé. Son long poèm
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nteurs ou les parjures étaient brûlés. On sait qu’
Iseut
, soupçonnée de trahir sa fidélité au roi Marc, s’offre au jugement pa
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ried. c) Le mariage « consommé » avec la seconde
Iseut
rétablit le parallèle — évité par Thomas — avec le mariage sans amour
60
r d’un vulgaire roman d’adultère : l’infidélité d’
Iseut
, c’est l’hérésie, c’est la vertu mystique des « purs », c’est une ver
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s avons perdu le monde, et le monde nous », gémit
Iseut
(dans le Roman en prose). Et Tristan de répondre : « Si le monde enti
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nt à une nécessité tout intérieure de la passion.
Iseut
est une femme aimée, mais elle est aussi autre chose, le symbole de l
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ur. Au point qu’il doutera même de l’« amitié » d’
Iseut
, qu’il la tiendra un temps pour ennemie, et qu’il acceptera le « mari
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qu’il acceptera le « mariage blanc » avec l’autre
Iseut
— l’autre « foi » — l’autre Église dont il doit refuser la communion
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quand, le philtre ayant cessé d’agir, Tristan et
Iseut
vont trouver l’ermite Ogrin dans sa cellule. Rencontre de celui qui s
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e repentent (c’est la première et dernière fois).
Iseut
va revenir à l’époux légitime — l’hérésie rentrer au giron. Mais tand
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me » selon la formule des manuels. Dans le cas où
Iseut
ne serait qu’une belle femme — comme le croiront les siècles à venir
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t extérieur. Ainsi nous avons vu que Tristan aime
Iseut
non point dans sa réalité, mais en tant qu’elle éveille en lui la brû
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ée ennemie », et gémit, tel Tristan se séparant d’
Iseut
lorsqu’il la rend à son époux : Ô dure départie Pourquoi m’as-tu de
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dans la forêt. Tristan avait le recours de rendre
Iseut
à son mari. Alidor est contraint d’inventer un rival. Souffrant de ce
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dont nous possédons les lettres à Abélard, évoque
Iseut
, Juliette et Mlle de Lespinasse, beaucoup plus que Julie d’Étange. Et
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re possédé. Nous savions que Tristan n’aimait pas
Iseut
pour elle-même, mais seulement pour l’amour de l’Amour dont sa beauté
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le Cocu ; Tristan, le jeune premier, ou gigolo ;
Iseut
, l’épouse insatisfaite, oisive et lectrice de romans. Ici encore, deu
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c’est la brûlure d’amour plus que la possession d’
Iseut
. Car la brûlure intense et dévorante de la passion le divinise, et co
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et se rend méprisable. Mais Tristan, s’il enlève
Iseut
, vit un roman, et se rend admirable… Ce qui était « faute » et ne pou
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erce, c’est-à-dire par la nouveauté. 4.Épouser
Iseut
? Supposons maintenant que, malgré tout, l’homme parvienne à se fi
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e de son désir et de sa plus secrète nostalgie, l’
Iseut
du rêve191 ; elle est mariée, naturellement. Qu’elle divorce, et il l
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blic) : l’amant comblé va-t-il encore aimer cette
Iseut
une fois épousée ? Une nostalgie que l’on chérissait est-elle encore
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est-elle encore désirable une fois rejointe ? Car
Iseut
, c’est toujours l’étrangère, l’étrangeté même de la femme, et tout ce
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uffrir, et faire souffrir. Lorsque Tristan emmène
Iseut
dans la forêt, où plus rien ne s’oppose à leur union, le génie de la
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que s’est refermé depuis longtemps. Pour Tristan,
Iseut
figurait le symbole du Désir lumineux : son au-delà, c’était la mort
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ératrice des liens terrestres. Il fallait donc qu’
Iseut
fût l’Impossible, car tout amour possible nous ramène à ces liens, no
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sent la dégradation d’un Tristan qui a plusieurs
Iseut
? Pourtant ce n’est pas lui qu’il convient d’accuser, mais il est la
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cette consomption. Mais Don Juan ne connaît pas d’
Iseut
, ni de passion inaccessible, ni de passé ni d’avenir, ni de déchireme
85
e notre nostalgie), est la meilleure définition d’
Iseut
. L’amour-passion veut « la Princesse lointaine » tandis que l’amour c
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du point de vue des romantiques — si l’on croit à
Iseut
— soit du point de vue du clerc parfait — si l’on croit à son œuvre —
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s comblez et au-delà tous mes désirs, vous êtes l’
Iseut
toute belle et désirable — et munie d’une dot adéquate — dont je veux
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simplement celui qui a reconnu dans sa femme une
Iseut
? Lorsque l’amant de la légende manichéenne a traversé les grandes ép
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s courtoises nous a révélé que Tristan n’aime pas
Iseut
mais l’amour même, et au-delà de cet amour, la mort, c’est-à-dire la
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t être symbolique, ce beau prétexte qui s’appelle
Iseut
, mais à sa plus profonde et secrète passion. Le mythe s’empare de l’«
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t la passion de Tristan). L’amour de Tristan et d’
Iseut
c’était l’angoisse d’être deux\ et son aboutissement suprême, c’était
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pouvoir attribuer aux personnages de Tristan et d’
Iseut
(ou Essylt) dans la mythologie celtique. Dès le viie siècle, Tristan
93
r exemple, dans laquelle Tristan fou veut emmener
Iseut
, était dans la mythologie druidique le vaisseau de la mort qui s’en v
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significatives. Dans Tristan, c’est la jalousie d’
Iseut
aux blanches mains qui provoque la catastrophe, tandis que dans Girar
95
r on n’a pas oublié que Tristan épouse la seconde
Iseut
alors qu’il croit que la première le néglige. Ce n’est point tant la
96
former sérieusement notre conception des amours d’
Iseut
et de Tristan, nous ne pouvons avoir de doutes sur la nature des sent
97
former sérieusement notre conception des amours d’
Iseut
et de Tristan »… 6.Freud et les surréalistes Sur les relations
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auvain, Perceval, la belle histoire de Tristan et
Iseut
». Aux exemples qu’il donne (Cercamon, Barbezieux, et le roman de Fla
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amoureux Tristan Qui endura maints tourments Pour
Iseut
la blonde Ah Dieu, que ne suis-je aronde Pour traverser l’air D’un vo
100
s lettres de ce Tristan châtié et repenti à cette
Iseut
devenue abbesse malgré elle, mais qui s’en tient avec obstination à s
101
ulpabilité. Et lorsqu’il couche par accident avec
Iseut
, qui est la femme promise de son « père », c’est-à-dire du roi Marc,
102
le philtre, ce haschich de l’époque. Il a conquis
Iseut
de haute lutte. Il aurait droit (selon d’anciennes coutumes) à sa pos
103
edevient le plus faible, et il choisit de faire d’
Iseut
l’épouse de Marc, son véritable « père » coutumier. Du même coup, il
104
é, il s’en va vers l’Irlande où il est soigné par
Iseut
, et lorsqu’il revient à la cour de Tintagel « le roi l’établit maître
105
ois. » Il envoie donc son neveu à la « queste » d’
Iseut
, qu’il veut pour femme, sachant bien que Tristan risque sa vie s’il r
106
ie en Irlande plutôt pour y mourir que pour avoir
Iseut
. » Mais il n’en jure pas moins devant Dieu « qu’il fera tout ce qui e
107
: « Tristan vous avez tant fait…, je vous remets
Iseut
pour vous ou pour votre oncle. » Tous ces géants, dragons et traîtres
108
es relations triangulaires entre Tristan, Marc et
Iseut
. Ces contradictions sont illustrées par tous les épisodes du roman, e
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tidienne partagée). Si Tristan décidait de garder
Iseut
pour lui, il violerait le tabou courtois. S’il couchait avec elle mar
110
ien là son « âpre tourment », soit qu’il retrouve
Iseut
ou qu’il se sépare d’elle ; soit qu’il vive avec elle dans la forêt,
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compliqués de drogue) comme celui de Tristan et d’
Iseut
. La passion une fois déclarée exige beaucoup plus que cette satisfact
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ésence de deux êtres. Dans le cas de Tristan et d’
Iseut
, il en va bien ainsi, selon Thomas ; mais selon Béroul, c’est le phil
113
ison Ge ne me pus de lié partir N’ele de moi… Et
Iseut
: Il ne m’aime pas, ne je lui. Fors par un herbe dont je bui Et il e
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poison »…), et quand l’amant se retrouve devant l’
Iseut
réelle, il s’aperçoit que ce n’est pas elle qu’il a aimée. On sait le
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t son épée et sa harpe. Cela finit en Irlande, où
Iseut
le guérit. Le deuxième voyage, en quête de la fiancée de Marc, répète
116
cains baptisent « voyage » : c’est le retour avec
Iseut
, la scène du philtre, « la poison » bue. Le dernier est celui d’Iseut
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hiltre, « la poison » bue. Le dernier est celui d’
Iseut
voguant vers son amant pour tenter de le guérir d’une nouvelle blessu
118
ois blessures liées à des navigations solitaires,
Iseut
intervient pour guérir Tristan des effets du poison, puis ils sont de
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t-il pas l’inaccessible, et toute femme aimée une
Iseut
, même si nul interdit moral ou nul tabou ne vient symboliser, pour le